LL 2 ‘ RES iris onde etes Se es enr DE D y tr = ù dns dt ne ne CPP eme en ARE amp, * pp en Le A om 0 nm Cet ge SR A DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA - CITÉ DE BIOLOGIE 7 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (59° Année) ANNÉE 1907 — TOME PREMIER (SOIXANTE-DEUXIÈME DE LA COLLECTION) PARIS MASSON ET C:, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6°) 1907 LISTE : | DES AU 31 DÉCEMBRE 1907 ABRÉVIATIONS A A M, associé de l’Académie de médecine. AA s, associé de l’Académie des sciences. AE P, agrégé à l’École de pharmacie. A F M, agrégé à la Faculté de médecine. A H, accoucheur des Hôpitaux. A M, assistant au Muséum. c À M, correspondant de l’Académie de médecine. c À s, correspondant de l’Académie des sciences. c x, chirurgien des Hôpitaux. FRS, membre de la Société royale de Londres. .mAm, membre de l’Académie de médecine. MA s, membre de l’Académie des sciences. _mcrs, maître de conférences à la Faculté des sciences. - mx, médecin des Hôpitaux. “xx, médecin honoraire des Hôpitaux. mr, membre de l'Institut. P cr, professeur au Collège de France. PE, phoieseuRa à l'École de médecine. DE v, ; professeur à l'École vétérinaire. “_PFM, professeur à la Faculté de médecine. P F s, professeur à la Faculté des sciences. _P H, pharmacien des Hôpitaux. - px Fr", professeur honoraire à la Faculté de médecine. - P", professeur au Muséum. PU, professeur à l'Université. 1 MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. MM. Rayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878). Paul Bert (1879-1886). Présidents quinquennaux. MM. Brown-Séquard (1887-1892). Chauveau (1892-1896). Bouchard (1897-1901). Marey (1902-1904). COMPOSITION DU BUREAU (1907) Président: 2:12, mm M. Giard. Vice-présidents..... .......... M. Bouvier. M. Roger. Secrétaire général............ M. Gley. : M. Courtade. Secrétaires ordinaires. ....... M. Victor Henri. M. Lécaillon. : M. Portier. Trésorier tm ol. 04 M. G. Weiss. Archiviste. EL UMTS M. Pettit. MEMBRES HONORAIRES MM. MM. Albert (S. À. S.), Prince de Monaco. Lord Avebury, FRS, 6, Si-James square, à Londres. Beneden (Ed. van), cas, pu, à Liége. Chauveau, MAS, MAM, PM, 4, rue du Cloître-Notre-Dame (4°). Engelmann (W.), cas, pu, à Ber- lin. Haeckel (Ernst), pu, à léna. Hertwig (O.), AAM, pu, à Berlin. Leydig (F. von), PAU, à Bonn. Lord J. Lister, FRs, 12, Park Cres- cent, Regents-Park, à Londres. Metchnikoff, cas, AAM, sous-direc- teur de l'Institut Pasteur, rue Dutot (15°). Maupas, cas, bibliothécaire, à Al- ger. Pflüger, pu, à Bonn. Ray-Lankester, FRS, cAS, ex-direc- teur du British Museum, à Lon- dres. Strasburger, cAS, PU, à Bonn. Waldeyer (W.), cas, Pu, Lütherstr., 35, à Berlin. MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES MM. Arsonval (A. d’), MAS. MAM, PCF, 12, rue Claude-Bernard (5°). MM. Babinski, ma, 170 bis, boulevard Haussmann (8°). Se MR MM. Balzer, ma, 8, rue de l’Arcade (8°). Binet, directeur du laboratoire de psychologie physiologique à l'École des Hautes-Études, 9, rue du Départ, à Meudon. Blanchard (Raphaël), mAM, PFM, 226, boulevard Saint-Germain (7°). Bloch (A. M.), 43, rue St-Georges (D°). Bonnier (Gaston), mas, PFs, 15, rue de l’Estrapade (5°). Bonnier (Pierre), 166, rue du Fau- bourg-Saint-Honoré (8°). Bouchard, MAS, MAM, PFM, MHN, 174, rue de Rivoli (1°). Bourneville, Max, 14, rue des Car- mes (5°). Bourquelot, MAM, PEP, PH, 42, rue - de Sèvres (7°). Bouvier, mas, PM, 7, boulevard Arago (5°). Brissaud, PFM, Mu, 5, rue Bona- parte (6°). Camus (Lucien), chef technique de l’Institut supérieur de vaccine à l’Académie de médecine, 14, rue Monsieur-le-Prince (6°). Capitan, professeur à l'Ecole d’an- thropologie, 5, rue des Ursu- lines (5°). Chabrié, chargé de cours Fs,83, rue Denfert-Rochereau (14°). Chamberland, mam, sous-directeur de l’Institut Pasteur, 82, rue Du- tot (15°). Chatin (Joannès), MAS, MAM, Prs, 174, boul. Saint-Germain (6°). Cornil, MAM, PHFM, MHx, 19, rue Saint-Guillaume (1°). Darier, mx, 77, boul. Malesherbes (8°); Dastre, mas, prs, 1, rue Victor- Cousin (5°). MM. Dejerine, PrM, mx, 179, boulevard Saint-Germain (7°). Duguet, MAM, AFM, Mau, 60, rue de Londres (8°). Dupuy (E.), 53, avenue Montai- gne (8e). Fabre-Domergue, inspecteur géné- ral des pêches maritimes, 208, boulevard Raspail (14°). François-Franck, MAM, PCF, 5, rue Saint-Philippe-du-Roule (8°). Galippe, mam, 12, place Vendôme (PE Gellé, 40, avenue de ja Grande- Armée (17°). Giard, mas, PFs, 14, rue Stanislas (6°). Gilbert, MAm, PFM, ma, 27, rue de Rome (8°). Gley, MAM, AFM, AM, 14, rue Mon- sieur-le-Prince (6°). Gréhant, MaM, PM, 16, rue Cuvier (5°). Grimbert, PEP, PH, 47, quai de la Tournelle (5°). | Guignard, MAS, MAM, PEP, À, rue des Feuillantines (5°). Hallion, directeur-adjoint du labo- ratoire de physiologie patholo- sique à l'École des Hautes-Étu- des cr, 54, rue du Faubourg-St- Honoré (8°). Hallopeau, ma, AFM, Mau, 91, bou- levard Malesherbes (8°). | Hamy, MI, MAM, PM, 36, rue Geof- froy-Saint-Hilaire (5°). Hanriot, MAM, AFM, à la Mon- naie (6°). Hayem (G.), maAM, PFM, ME, 97, bou- levard Malesherbes (8°). Henneguy, MaAM, PCF, 9, rue Thénard + sie (5°) à VA & < À _ Héricourt, 12, rue de Douai (4): 204 3 ANT MM. Joffroy, mMAM, PFM, Mu, 195, boule- vard Saint-Germain (1°). Kaufmann, MAM, PEV, à Alfort. Künckel d’'Herculais, AM, 55, rue de Buffon (5°). Lancereaux, MAM, AFM, MHH, 44, rue de la Bienfaisance (8°). Landouzy, MAM, PFM, Mu, 15, rue de l'Université (T°). Langlois (J.-P.), AFM, 155, boul. St-Germain (6°). Lapicque, mers, 6, rue Dante (5°). Larcher (0.), 97, rue de Passy (16°). Laveran, MAS, MAM, 25, rue du Mont- parnasse (6°). Letulle, AFM, mu, 7, rue de Madge- bourg (16°). Leven, 26, avenue des Champs- Élysées (8°). Magnan, MAM, Mu, 1, rue Caba- nis (14°). Malassez, ma, 168, boulevard Saint-Germain (6°). Mangin, PM, 2, rue de la Sorbonne (5°). Marchal, professeur à l'Institut agronomique, 30, rue des Tou- louses, à Fontenay-aux-Roses (Seine) et l'hiver, à Paris, 142, boulevard Saint-Germain (6°). Mertin (Louis), chef de service à l'Institut Pasteur, 205, rue de Vaugirard (15e). Mesnil, chef de laboratoire à l’In- stitut Pasteur, 21, rue Ernest- Renan (15°). Netter, mamM, AFM, Mn, 129, boule- vard Saint-Germain (6°). Onimus, Cap Fleuri, Cap d’Ail (AI- pes-Maritimes). Perrier (Edmond), mas, MAM. PM, 57, rue Cuvier (5°). MM. Pettit, chef de laboratoire FM, 108, rue de Vaugirard (6°). Railliet, MAM, PEv, 9, avenue de l’Asile, à St-Maurice. Ranvier, MAS, MAM, PCF, à Thélys, C'° de Vendrange, par St-Sym- phorien de Lay (Loire). Raymond (F.), MAM, PFM, ME, 156, boulevard Häussmann (8°). Regnard (Paul), man, directeur de l'Institut agronomique, 73, boulevard du Montparnasse (6°). Rémy, AFM, 46, rue de Londres (8°). | Rénon, AFM, MH, dl, avenue Mon- taigne (8°). Retterer, AFM, 29, boulevard Saint- Marcel (13°). Richer (Paul), mr, Man, 30, rue du Luxembourg (6°). Richet (Ch.), ma, PrM, 15, rue de l'Université (1°). Robin (Albert), Mau, PFM, MH, 53, boulevard de Courcelles (8°). Roger (H.), PrM, Mu, 9, rue de Vil- lersexel (7°). Sinety (de), 14, place Vendôme (4°). Suchard, professeur suppléant cr, 75, rue Notre-Dame-des-Champs (6). Troisier, MAM, AFM, Ma, 25, rue La Boétie (8°). Trouessart, (5°). Vaillant (L.), PM, 2, rue de Buf- fon (5°). Varigny (Henri Lalo (16°). , Vaquez, AFM, Mu, 27, rue du Géné- ral-Foy (8°). PM, 57, rue Cuvier de), 18, rue — IX - MM. Weiss (G.), MAM, AFM, 20, avenue Jules-Janin (16°). Widal, mam, arm, M, 155, boule- vard Haussmann (8°). MM. Wurtz, AFM, Mu, 18, rue de Gre- nelle (7°). Yvon. mMAM, 26, avenue de l’Obser- vatoire (14°). : MEMBRES TITULAIRES \ Achard, Ar», mu, 164, rue du Fau- bourg-Saint-Honoré (8°) (21 fé- vrier 1903). Barrier, Mam, PEV, à Alfort (21 oc- lobre 1899). Bohn, préparateur-chef rs, 12, rue Cuvier (5°) (2 février 1907). Borrel, chef de laboratoire à l’Ins- titut Pasteur, 60, rue Mathu- # rin-Régnier (15°) (17 novembre DA 1900). 3 Camus (Jean), préparateur FM, 4, _ rue de Grenelle (7°) (21 décembre 1907). | Carnot (Paul), AFM, mu, 8, avenue Élisée-Reclus (7°) (5 mat 1900). rue Mizon (15°) (25 février 1905). Chantemesse, MAM, PFM, MH, 30, rue Boissy-d’Anglas (8°) (13 mai 1899). bourg-Saint-Honoré (8°) (17 mars 1906). ; - Delezenne, chef de service à l’In- _ Stitut Pasteur, 6, rue Mizon (15°) .… (12 juillet 1902). … Desgrez, Ar“, 78, boulevard Saint- Germain (5°) (29 avril 1899). —_ Gautier (Armand), MAS, MAM, PFM, - 9, place des Vosges (4°) (7 juin 1902). : Henri (Victor), préparateur rs, 13, rue du Val-de-Grâce (5°) (28 jan- vier 1905). ; _ Courtade (D.), 166, rue du Fau- MM. Eérissey, PH, 96, rue Didot (14°) (16 mars 1907). Jolly, mc à l'École des Hautes-Étu- des, 59, rue de Babylone (1°) (9 novembre 1901). Josué, uu, 7, avenue de Villiers (17°) (1° juin 1907). Lécaillon, préparateur cr, 28, rue Berthollet (5°) (21 juillet 1906). Linossier, cAM, 51, rue de Lille (7°) (15 décembre 1900). Loisel. 6, rue de l’École-de-Méde- cine (6°) (16 février 1901). Maillard, AFM, 26, rue des Écoles (5°) (23 novembre 1907). Manouvrier, professeur à l'École d'anthropologie, 15, rue de l’É- cole-de-Médecine (5°) (12 mars 1904). Marie (Pierre), PFM, ma, 209, boule- vard Saint-Germain (8°) (29 juillet 1899). Meillère, PH, 15, rue du Cherche- Midi (6°) (21 janvier 1902). Moussu, PEvV, à Alfort (12 décembre 1903). Nageotte, mx, 82, rue Notre-Dame- des-Champs (6°) (10 novembre 1906). Nicloux, AFM, 107, rue Monge (5°) (25 juin 1904). Portier (Paul), préparateur rs, 19, rue des Jardins, à Fontenay- aux-Roses (Seine) (10 février 1906). MM. Teissier (P.-J.), ArM, Mu, 205, boul. St-Germain (7°) (1* avril 1905). Vallée, PEv, à Alfort (15 décembre 1906). Thomas (André), 15, rue de Chail- lot (8°) (18 février 1899). . MM. Tissot (J.), AM, 57, rue Cuvier (5°) (25 novembre 1905). _ Vincent, mau, P à l'École d’appli- cation de la Médecine et de la Pharmacie militaires, au Val-de- Grâce (5°) (7 mai 1904). MEMBRES ASSOCIÉS MM. Arloing, CAS, AAM, PFM, PEV, à Lyon. Beaunis, PHFM, villa Printemps, Le Cannet, près Cannes. Cajal (Ramon y), AAM, PU, à Madrid. Dugès (Alfred), consul de France à Guanajuato (Mexique). Ehrlich, AaAm, P K. Institut f. expe- rimenteile Therapie, 44, Sand- hofstr., Frankfurt-a-M. Fredericq (Léon), pu, à Liége. Jolyet, cam, PFM, à Bordeaux. Koch (R.), 4AS, AAM, pu, à Berlin. Kronecker, PU, à Berne. Lépine, cAS, AAM, PFM, 30, place Bellecour, à Lyon. Lortet, CAS, CAM, PHrM, à Lyon. MM. Morat, cAM, PFM, à Lyon. Pavlov, AAM, professeur à l'Institut de médecine expérimentale, à Saint-Pétersbourg. Pitres, AAM, PFM, 119, cours d’Al- sace-Lorraine, à Bordeaux. Plateau, pu, à Gand. Recklinghausen (von), PU, à Stras- bourg. Renaut (J.), aAM, PrFM, 6, rue de l'Hôpital, à Lyon. Roux, MAS, MA, directeur de l’Ins- titut Pasteur, 25, rue Dutot (45°)° H. de Vries, pu, à Amsterdam. Weismann (A.), pu, à Fribourg-en- Brisgau. MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX MM. Abelous, cam, PFM, à Toulouse. Arthus, eu, à Lausanne. Baréty, à Nice. Bergonié, CAM, PFM, à Bordeaux. Calmette, cas, cAM, PrM, directeur de l’Institut Pasteur de Lille. Cazeneuve (Paul), cam, PFM, à Lyon. Charpentier, cam, Prm, à Nancy. Coÿne, cam, PFM, à Bordeaux (Gi- ronde). | MM. Courmont (Jules), Pr, à Lyon. Cuénot, prs, à Nancy. Debierre (Ch.), cam, Prm, à Lille. Doyon (Maurice), professeur -ad- joint FM, à Lyon. Dubois (Raphaël), Pres, à Lyon. Duret, AAM, professeur à l'Univer- sité libre, à Lille. Gilis, CAM, PF“, à Montpellier. Hédon, PF», à Montpellier. : ANRT ET DONS PTE ve ae .Ÿ Fret ‘ F - TR A SL Ga: Lie à MM. Herrmann (Georges), PrM, à Tou- louse. Imbert, cam, PrM, à Montpellier. Jobert (CL.), PFs, à Dijon. Jourdan, PFs, PEM, à Marseille. Jourdain, ancien PFs, à Portbail (Manche). Laguesse, PrM, à Lille. Lambling, Pr", à Lille. Lataste, ancien pu, à Cadillac (Gi- ronde). _ Livon, cam, PE, à Marseille. Lucet, AM, à Paris. Maurel, Pr, à Toulouse. Moynierde Villepoix,PEM, à Amiens. Nicolas, PFM, à Paris. OEchsner de Coninck, pFs, à Mont- pellier. MM. Nicolle (Ch.), directeur de l’Institut Pasteur de Tunis. Pachon, mc à l'École des Hautes- Études, 97, boul. Arago (14°). Pelvet, à Vire. Perraud, professeur de viticulture, à Villefranche (Rhône). Pierret, AAM, PFM, à Lyon. Prenant, PFM, à Paris. Remlinger, directeur de l’Institut Pasteur, à Constantinople. Rodet, PFM, à Montpellier. Sellier, chef de laboratoire FM, à Bordeaux. | Testut (Léo), cam, PFM, à Lyon. Tourneux (Fréd.), cam, PF, à Tou- louse. Vialleton, Pru, à Montpellier. Wertheimer, cAm, PFM, à Lille. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS Allemagne Behring, AAM, PU, à Marburg. Boveri, PU, à Würzburg. Dohrn (A.), directeur de la Station | zoologique internationale, à Na- ples. Fischer (Em.), cas, pu, à Berlin. Kossel (A.), cam, pu, à Heidel- berg. Roux (Wilhelm), pu, à Halle. Australie. Haswell, PU, à Sidney. Autriche-Hongrie. Cracovie. _ Vejdowski, pu, à Prague. Belgique. MM. Bambeke (Ch. van), pu, à Gand. Bordet, directeur de l’Institut Pas- teur de Bruxelles. Heger (P.), pu, à Bruxelles. Cuba. Sanchez Toledo, à Paris. États-Unis. Bowditch, PH Harvard University, Boston. Cœæb (J.), pu, à Berkeley (Califor- nie.) | Stiles (CI. W.), cam, chief of the Adamkiewicz (Albert), cam, PU, à | division of Zoology U. S. Public Health and Marine Hospital ser- vice, Washington. nn die MM. Minot (S.), P Harvard University, Boston. _ Finlande. Tigerstedt (R.), pu, à Helsingfors. Grande-Bretagne. Beevor (Ch.-Edw.), 33, street, à Londres, W. Ferrier (David), College, 34, Cavendish square, à Londres, W. Horsley (sir Victor), Frs, 80, Park street, Grosvenor square, à Londres, W. Langley, FRS, PU, à Cambridge. Sherrington, FRS, PU, à Liverpool. Waller (Aug.), Frs, 16, Grove End Road, à Londres. Harley Hollande. Hubrecht, pu, à Utrecht. Italie. Golgi, AAM, PU, à Pavie. Luciani, PU, à Rome. FRS, P Kings MM. ; Mosso (Angelo), CAS, CAM, pu, à Turin. Perroncito (Eduardo), cAM, PU, à Turin. Russie. Cyon (E. de), 8, rue Margueritte, Paris (17°). Dogiel, pu, à Kazan. Gamaleïa, à Saint-Pétersbourg. Mendelssohn (Maurice), cam, 49, rue de Courcelles, Paris (8°). Mierzejewsky, cam, 26, rue Ser- guievskaja, à Saint-Pétersbourg. Tarchanoff (de), ancien pu, Saint- Pétersbourg, 16, perspective An- glaise. Wedensky, pu, shourg. à Saint-Péter- Suède. Retzius (G.), cAS, PU, à Stockholm. Suisse. Bunge (G. von), cam, pu, à Bâle. Prevost, PU, à Genève. (emmener Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette. EE a td hell OR dE Ci 4, LAS COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES SÉANCE DU [2 JANVIER (907 SOMMAIRE ANCEL (P.) et ViccemiIN (F.): Sur la dégénérescence de la glande sémi- nale déterminée par l'ablation du feuillet pariétal de la vaginale. . . . ARmAND-DELILLE (P.) et LEENHARDT (E.) : Sur la spécificité des sérums Cyindemiqies. 1 +. us. NL 22 BérarD (L.) et TaévenoT (L.) : Note sur l’étiologie des goitres. . . Cazuerre (A.) : L'anthracose pui- monaire d'origine intestinale (à pro- pos des communications précé- dentes de M. Remlinger et de LE. EARE TIRER ER REAE Caarron (EpouaRb) : Un prostite nouveau Pansporella perplexa nov. gen., nov. sp., parasite des Daph- IS à 25 SRE RE ne Deccourr (A.) : Quelques obser- vations sur la variabilité de Nolo- REC CUT IRON Dcors (RAPHAEL) : Application de la radiographie à l'étude des mou- vements respiratoires en physiolo- EME dimparée 1.0. + 24. 0... Form : Etude expérimentale de l'influence de l'éclairage de l'œil sur la perception des couleurs. . . . .. Francors-Francx (Cx.-A.) : Etudes de mécanique respiratoire com- parée. Mouvements et variations de pression respiratoire chez le camé- Iscovesco (H.), Jorrrain et Mo- _ xer-Vinaro : Etude physico-chimi- I 22 11 17 12 1 que de quelques exsudats patholo- DIU SUR TT EC Rem es PeDoeS CNRS PRE ve JaAmmEs (L.) et MarriN (A.) : Sur les propriétés de la coque de l’As- CORISSOUUIONUN GE ZE NN LAGRIFFOUL : La vaccination anti- CHNERCUIEUSE AMENER LAMBERT (M.) : Sur l’action des extraits du corps jaune de l'ovaire. Lapricoue (L.) et Mme : Influence d’une variation locale de tempéra- ture sur l’excitabilité du nerf mo- Linossier (G.) et LEMOINE (G.-H.) : Essai de différenciation des albu- mines du sérum chez les animaux de même espèce, mais de races dif- TÉREDIIGSE CS ES RARE M TAN MarcHaxD (L.) : Lésions céré- brales dans l’épilepsie dite essen- (al Eee man US ee RER ONU) À î Mayer (Anpré) : Recherches sur les complexes colloïdaux d’albumi- noïde. — V. Influence des électro- lytes sur la précipitabilité et la so- lubilité des combinaisons d’adsorp- tion et des complexes colloïdaux dalbuntinoidesSPPEPE EE EENE Nicroux (MAURICE) : Sur l’anes- thésie par l'éther. — Elimination de l’éther contenu dans le sang après l’anesthésie, pendant la période de LOTOURRE ESS ee ne EAU More Porovrcr-BAzNosaxu (A.) : Sur la circulalion ventrale thoracique chez Biococte. CoMprEes RENDUS. — 19071. T. LXII. 1 DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 31 HR [we] 1O SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les neeCLeS tte ETS ENT RCE REMLINGER (P.) : Contribution à l'étude des phénomènes d'anaphy- Jaxe CE NN RENNES Re Vinaz (E.) : Sur les moyens de combattre l’action de la substance meurs des cancéreux traités par les sérums cytolytiques spécifiques . WEINBERG et STEINHOUS ( WILLIAMS R.) : Les plis de l’appendice. Leur rôle dans la topographie des lésions DPPENMCUITES UT EN CCE empêchante produite dans les hu- Présidence de M. A. Giard, président. L’ANTHRACOSE PULMONAIRE D ORIGINE INTESTINALE (A PROPOS DES COMMUNICATIONS PRÉCÉDENTES DE M. REMLINGER Ex DE M. Basset), par M. A. CALMETTE, Revenant à leurs précédentes affirmations, M. Remlinger et M. Basset, dans deux nouvelles notes à la Société de Biologie (1), déclarent qu'ils n'ont pas réussi à produire l’anthracose pulmonaire par voie digestive. Ils se refusent donc à admettre que cette anthracose puisse jamais être d'origine intestinale. Je regrette de ne pas être d'accord avec eux, mais, avec mes élèves, j'ai obtenu des lésions anthracosiques du poumon, interstitielles et sous- pleurales, tellement nettes, dans plus de cent expériences, soit après ingestion de noir de fumée, soit après introduction directe du noir dans une anse intestinale ou même simplement dans la cavité périlo- néale, que je suis obligé de rester sur mes positions. Si mes contradic- teurs s'en tenaient à la technique que j'ai décrite, ils obtiendraient, à coup sûr, des résultats identiques aux nôlres et à ceux qu'a publiés Herman (de Mons). Depuis que cette discussion s'est ouverte, j'ai montré nos coupes et nos pièces anatomiques à la Société d’études scientifiques de la tuber- culose, au laboratoire d'anatomie pathologique de l'hôpital Boucicaut et à l'Institut Pasteur. Tous ceux qui les ont vues ont pu observer la pré- sence des granulations noires, macrophagées en grand nombre dans les ganglions mésentériques el dans le tissu pulmonaire (surtout contre la plèvre) de nos animaux anthracosés par l'intestin. Les lésions sont les mêmes lorsqu'on injecte le noir dans le péritoine que lorsqu'on le fait absorber directement par ingestion à la sonde œsophagienne : il n’est donc pas possible de soutenir la thèse d'Uffenheimer et de Kast, d'après (1) Remlinger, 22 décembre; Basset, 29 décembre 1906. SÉANCE DU 12 JANVIER 3 laquelle les poussières rétrograderaient de l'estomac ou de l'intestin jusqu’au pharynx pour tomber dans la trachée. Je constate d’ailleurs que, dans sa dernière note, M. Remlinger émet déjà des conclusions moins absolues. « Il est fort possible, écrit-il, que, chez des animaux soumis à l'ingestion de charbon ou de noir de fumée, un certain nombre de poussières soient entrainées dans les voies lymphaliques et sanguines et, dans des cas heureux, retrouvées dans le poumon. » Mais sa concession nest pas suffisante. Je ne désespère pas de le convaincre que le processus indiqué s’observe, non pas seulement dans des cas heureux, mais normalement, à l'état physio- logique, surtout chez le cobaye, qui présente une grande perméabilité intestinale aux poussières. S'il examine au microscope les ganglions et les poumons de ses animaux, il relrouvera toujours des amas anthra- cosiques plus ou moins abondants dans les travées et dans la couche corticale des ganglions mésentériques, dans le parenchyme et sous Ja plèvre viscérale. Ces amas noirs sont, comme je l’ai montré, plus abon- dants dans les ganglions mésentériques chez les animaux jeunes (de 300 grammes environ), plus abondants dans le poumon chez les adultes. M. Remlinger me permettra de trouver qu'il a tort de chercher un appui à ses arguments dans le fait que les personnes atteintes d’affec- tions stomacales ou intestinales, qui absorbent fréquemment et pendant longtemps de fortes doses de charbon de Belloc, n’émeltent pourtant pas de crachats noirâtres, et qu'on n’a jamais noté qu’elles présen- tassent, après leur mort, des dépôts anthracosiques dans les poumons. Si ces personnes faisaient de l’anthracose, on ne serait guère fondé à l’attribuer au Charbon de Belloc qui est un charbon de bois dont les grains, le plus souvent volumineux, ne passent facilement à travers la muqueuse intestinale que lorsqu'on les soumet à la porphyrisation. Et si, bien qu ingérant des poussières noires suffisamment fines, elles ne font pas d’anthracose, cela peut tenir à ce que leur intestin, malade, absorbe mal. D'autre part, M. Remlinger parait admettre que les poussières _arrètées dans les capillaires du poumon et apportées par voie sanguine ou lymphatique doivent s'éliminer par les alvéoles et par les bronches avec les crachats. Rien ne permet de supposer qu'une telle élimination puisse avoir lieu. Seules, les poussières introduites par inhalation dans les cavités aériennes paraissent susceptibles d’être évacuées à l'extérieur par cette voie, tandis que les poussières charriées par le sang, phago- cytées par les leucocytes mononucléaires, finissent par être rejetées à lextérieur, soit par l'intestin, soit par les reins, avec les excrela de l'organisme. En ce qui concerne l’anthracose d'origine respiratoire, produite par un mécanisme tout différent de celle d’origine digestive, — et dont ni mes élèves n1 moi-même n’avons jamais songé à nier l'existence, — X. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aucun de nos contradicteurs n'a encore fait la preuve qu'elle s’accom- pagne d'une pénétration réelle et active des particules poussiéreuses dans le parenchyme pulmonaire. Cette pénétration ne peurs guère s'expliquer dans l'anlhracose physiologique, attendu qu'à l'état sain les alvéoles sont tapissées de cellules à poussières qui, dès qu’elles sont gorgées de celles-ci, se détachent de la paroi, tombent dans la cavité et sont évacuées au dehors avec le mucus bronchique, mais ne possèdent pas de propriétés ami- boïdes leur permettant de s'introduire activement — comme le font les leucocytes — dans le parenchyme ou dans les vaisseaux. Pour qu'il y ait pénétration active des poussières de l’alvéole dans le Lissu parenchymateux, il faut que les leucocytes poly ou menonucléaires soient appelés dans l’alvéole par une attraction chimiotactique, qui ne s'exerce que vis-à-vis des substances nutritives, des corps irritants ou des microbes, et non vis-à-vis des substances inertes, comme le noir de fumée. Jusqu'à ce qu’on démontre que les cellules à poussières jouissent des mêmes propriétés amiboïdes que les leucocytes et sont capables de pénétrer activement dans les tissus, nous devons admettre qu'elles interviennent seulement dans l'élimination directe des poussières de charbon par les crachats, et qu’elles ne prennent aucune part dans la genèse des lésions — toujours fugaces d’ailleurs, à l’état sain — de l’anthracose physiologique, laquelle doit bien être considérée comme relevant d'une origine intestinale ou vasculaire, dans tous les cas où ne préexiste pas une lésion des premières voies respiratoires ou du poumon. ESSAI DE DIFFÉRENCIATION DES ALBUMINES DU SÉRUM CHEZ LES ANIMAUX DE MÈME ESPÈCE, MAIS DE RACES DIFFÉRENTES, par MM. G. Linossier et G.-H. LEMOINE. Quand nous avons entrepris nos premières recherches sur les préci- pitines, il était admis que celles-ci précipilaient les sérums de tous les animaux de même espèce que celui dont le sang avait servi à injecter l’animal producteur de la précipitine; quelles agissaient même sur les sérums des animaux d'espèces lrès voisines, mais qu’elles élaient sans aucune action sur les sérums de tous les autres animaux. Nous avons montré (1) que cette spécificité n’est que relative, qu'une même précipiline peut provoquer des précipités dans des sérums (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 25 janvier, 8, 15, 22 mars, 12 avril 1902: SÉANCE DU 12 JANVIER 5 PAR Te una en Le TC, A et Re d'animaux d'espèces {rès différentes et que la sensibilité seule de la réaclion permet de distinguer des autres sérums le sérum de l'espèce animale correspondante à la précipitine. Cette différence de sensibilité est d’ailleurs assez considérable pour que des observations superficielles aient pu faire croire à une spécificité absolue. Nous rap- pellerons par exemple que, dans une de nos expériences, un sérum préparé par injection au lapin de sérum de bœuf précipitait ce sérum à la dilution de un cinq millième, alors qu'il ne précipitait le sérum humain qu'à une dilution moindre de un cinquantième. Très persuadés que les matières albuminoïdes constitutives des indi- vidus de même espèce, mais de race différente, présentent des diffé- rences dans leur composition chimique, et que de telles différences existent peut-être même entre des individus de même race, nous nous sommes demandé si les précipitines ne décèleraient pas ces différences par une inégale sensibilité de la réaction. Comme il fallait s'attendre à ce que les différences de sensibilité fussent très inférieures à celles que nous avions observées en étudiant les sérums d'espèces différentes, nous avons cherché à apporter dans cette recherche la plus grande précision possible. Un lapin fut préparé par trois injections de sérum d'une génisse de race limousine. L'animal saigné à blanc, et le sérum recueilli, son action fut essayée comparativement sur des sérums de bœufs de races limou- sine, charollaise, bretonne, normande, vendéenne, mis obligeamment à notre disposition par M. Guillaume, vétérinaire inspecteur des abat- ‘ toirs de la ville de Paris. Pour déceler de petites différences dans l’action précipitante, nous eümes recours à plusieurs procédés : 1° Comparaison de l’abondance des précipités provoqués par une même dose de sérum précipitant dans la même quantité des divers sérums également dilués; 2 Mesure, dans des solulions très diluées, du temps nécessaire à l’ap- parition d'un trouble appréciable ; 3° Recherche, pour chaque sérum, de la limite de dilution au-dessous de laquelle la réaction précipitante cesse d’être perceptible. Malgré la plus grande attention, nous ne sommes jamais parvenus à constater que le sérum ayant servi à préparer le lapin füt précipité plus nettement que les sérums des animaux de race différente. Nous avons fait une recherche analogue pour l'homme. Nous avons préparé un lapin au moyen d'injections de liquide d’ascite et avons cherché si le sérum du sujet à qui ce liquide était emprunté paraissait manifester une tendance plus grande à la précipitation par le sérum du lapin préparé que le sérum d’autres sujets. Ici encore nous n'avons obtenu qu'un résultat négatif. Il est vrai de dire que nous n'avons pas eu l'oc- casion de comparer des sérums de sujets de races très différentes. 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous ne concluons pas de ces recherches à l'identité absolue des albumines du sérum des animaux de même espèce et de races diffé- rentes; nous constalons seulement que les sérums précipitants, dans les conditions où nous les avons employés, sont incapables de mettre en évidence ces différences, si elles existent. Il nous a sembié que cette constatation négative mérilait d’être enregistrée. SUR LA DÉGENÉRESCENCE DE LA GLANDE SÉMINALE DÉTERMINÉE PAR L ABLATION DU FEUILLET PARIÉTAL DE LA VAGINALE. Note de MM. P. AnceL et F. VILLEMIN, présentée par M. RETTERER. Les deux glandes du testicule (glande séminale et glande intersti- tielle) sont relativement indépendantes l'une de l’autre. Cette indépen- dance se manifeste bien chez certains cryplorchides où l’on voit le testicule uniquement constitué par la glande interstitielle. Les tubes ne renferment aucun des représentants de la lignée spermatique, la glande séminale ne s'étant pas développée. On peut arriver expérimentalement à faire disparaître d’une facon complète la glande séminale, tout en conservant à la glande intersti- lielle son intégrité morphologique et fonctionnelle. Pour obtenir ce résultat, on peut employer les procédés suivants : 4° Section du canal déférent entre deux ligatures (Bouin et Ancel, Tournade, elc.). Dix à douze mois plus tard, la glande séminale a dis- paru; l'interstilielle est intacte. 2° Injeclions sclérogènes dans l’épididyme (Bouin et Ancel). Les résul- tats sont les mêmes, mais on les obtient beaucoup plus rapidement. Quinze à vingt jours après l'injection, la glande séminale à disparu; l'interstitielle n’a pas souffert. 3° Rcentgénisalion du testicule. Lorsqu'elle est suffisamment intense, mais ne dépasse pas certaines limites, la rœntgénisation du testicule amène, comme dans les cas précédents, la dégénérescence de la glande séminale, tandis que l’interstitielle conserve son intégrité (Seldin, Buschke et Schmidt, Bergonié et Tribondeau, Villemin, Regaud et Blanc). Les résultats sont obtenus beaucoup plus rapidement qu'après la ligature du canal déférent. 4° Ablation du feuillet pariétal de la vaginale. MM. Charrin, Moussu et Le Play ont avancé (1) que l’ablation du feuillet pariétal de la vaginale (1) Physiologie des séreuses. — Action sur la nutrition des organes sous- jacents. Société de Biologie, janvier 1905. — Modification testiculaire sous des influences diverses. — Expériences relatives à la physiologie des séreuses. Société anatomique de Paris, mai 1906. SÉANCE DU 1Â2 JANVIER 7 amène la dégénérescence de la glande séminale tout en laissant intacte la glande interstitielle : « Après plusieurs mois, disent ces auteurs, l'organe, ainsi privé de la cavité séreuse enveloppante, apparait plus petit, moins consistant, mais contenant encore quelques éléments sper- matiques. » Au boul de huit mois environ, chez un mouton, la dégéné- rescence de la glande séminale était complète; la glande interstitielle était plutôt augmentée de volume. Nous avons enlevé le feuillet pariétal de la vaginale à deux cobayes. Cette ablation a été faite de chaque côté et aussi complètement que possible. Les animaux en expérience ont été laissés tantôt seuls, tantôt avec des femelles. Six mois plus tard, nous avons sacrifié l’un de nos cobayes : les testicules sont dans les bourses, adhérents de toutes parts aux tissus voisins; ils ont perdu leur forme caractéristique et paraissent nettement diminués de volume. Les coupes microscopiques faites dans ces organes montrent que le feuillet viscéral de la vaginale est épaissi et que la structure du testicule : varie avec les endroits examinés. Dans certaines parties, de beaucoup les plus nombreuses, la glande séminale est incomplètement dégénérée et on ne trouve dans les tubes que des spermatogonies et des spermatocytes. Ailleurs, et surtout au voisinage de la surface, les tubes ne renferment plus que le syncytium sertolien : tous les éléments de la lignée spermatique ont disparu. Enfin, en quelques points du testicule, la glande séminale paraît normale. Quel que soit l’endroit du testicule examiné, la glande interstitielle paraît intacte. Les cellules interstitielles semblent un peu plus nom- breuses, mais cela n’est vraisemblablement qu’une apparence. Nous avons, pen après, enlevé un testicule à notre deuxième cobaye, et nous avons obtenu les mêmes résultats. Pour enlever l’autre testicule de ce deuxième cobaye, nous avons attendu un an et dix jours après l’ablation de la vaginale, espérant obtenir une dégénérescence complète de la glande séminale. A l’ouver- ture des bourses, nous trouvons un testicule adhérent aux tissus voisins par son bord postérieur, mais libre d’adhérences sur lout le reste de son étendue. Cet organe est un peu diminué de volume, mais il a con- servé sa forme; il baigne dans un liquide jaune citrin, qu'on retrouve dans l’abdomen et qui à pénétré dans les bourses par le canal inguinal. L'examen microscopique montre que le feuillet viscéral de la vaginale est épaissi, et que la plupart des tubes renferment tous les représen- _tants de la lignée spermatique. En certains points, cependant, la glande séminale est en voie de dégénérescence, et dans quelques tubes situés à la périphérie du testicule, on ne trouve plus que du syncytium sertolien. En somme, ces résultats viennent confirmer ceux de MM. Charrin, Moussu et Le Play, et nous pouvons conclure que l'ablation du feuillet pariétal amène lentement la dégénérescence de la glande séminale tout 8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE en conservant à la glande interstilielle son intégrité morphologique et fonctionnelle. Rappelons en terminant que l’activité génitale était normale chez nos opérés, et que le tractus génital verge, vésicules séminales) n avait subi aucune atrophie. Ce fait est une preuve de plus en faveur de l'opinion soutenue par l'un de nous, en collaboration avec P. Bouin (1), sur le rôle de la glande interstilielle du testicule. Nous pouvons affirmer que, quel que soit le procédé employé pour amener la dégénérescence de la glande séminale, celle-ci ne s’accom- pagne jamais de modifications de l’activité générale ou de dégénéres- cence du tractus, quand la glande interstitielle a conservé son intégrité. SUR L'ANESTHÉSIE PAR L'ÉTHER. — ELIMINATION DE L'ÉTHER CONTENU DANS LE SANG APRÈS L’ANESTHÉSIE, PENDANT LA PÉRIODE DE RETOUR, par M. Maurice Nicroux. La technique que j’ai suivie a été la suivante : Les animaux (chiens) sont anesthésiés par le procédé très simple décrit en détail dans ma précédente note (2); ce procédé, qui ne demande qu’une sur- veillance très réduite, consiste à faire respirer l'animal à travers les soupapes à eau de Müller, dans lesquelles la soupape d'inspiration contient un mélange d'éther et d'huile (3); un petit dispositif spécial, également décrit, permet d'introduire à chaque instant (4) dans cette soupape une certaine quantité d’éther destinée à remplacer celle qui s’évapore. L'anesthésie une fois déclarée et ayant duré un temps convenable, on cesse l'administration de l'éther, en même temps que l’on fait une prise de sang; on laisse alors les animaux revenir à eux, puis, périodiquement, on fait de nouvelles prises de (1) P. Bouin et P. Ancel. Recherches sur la signification physiologique de la glande interstitielle du testicule des mammifères. Journal de physiologie et de pathologie générales, novembre 1904. (2) Maurice Nicloux. Dosage de l’éther dans le sang (artériel et veineux) au seuil de l’anesthésie, pendant l’anesthésie, au moment de la mort. Société de Biologie, 1906, t. LXI, p. 728. (3) La soupape d'expiration peut être munie d’un large tube en caoutchouc ou en verre qui emmène au dehors l’excès de la vapeur d'éther; on évite ainsi tout danger d'inflammation ou d’explosion; en outre, FespÉRntsIes n’est pas le moins du monde incommodé par la vapeur d’éther. (4) On fera bien d'attendre cependant une dizaine de minutes avant de le faire fonctionner. : | SÉANCE DU À2 JANVIER 9 sang de 10, 15 ou 20 centimètres cubes, et on y dose l’éther par la méthode que j'ai décrite (1). Voici, résumés, les protocoles de mes expériences : Exe. I. — Chien (26 kil.) a fait l’objet de l'expérience VI de la note précé- dente (2); comme je l’ai déjà fait remarquer, cet animal a été le plus souvent _auseuil de l’anesthésie; des prises de 10 centimètres cubes de sang ont été faites régulièrement pendant toute la période d’anesthésie; les quantités d'éther ont oscillé entre 110 et 120 milligrammes dans le sang artériel. Après une heure trente-sept, on cesse l’anesthésie ; en même temps, on fait une prise de sang à la fois dans une artère (artère fémorale),et dansune veine (vraisemblablement dans la veine cave inférieure par une sonde introduite dans la jugulaire); ce mo- ment précis devient alors l’origine des temps à partir duquel l'élimination de l’éther va s'établir ; on fait de nouvelles prises régulières de sang (3) à des intervalles de temps convenablement choisis; on trouve TEMPS COMPTÉ QUANTITÉ D'ÉTHER EN MILLIGRAMMES depuis pour 100 cent. cubes de : la fin de l’anesthésie. Gus eme te vont. _ 0 minute. 115 102 3 minutes. Tes 92 6) — 63 80,5 15 — DAS 58,5 30 — 39 40 60 — 25 27,5 Exp. Il. — Chien, 6 kil. 500; l’anesthésie, conduite comme il a été dit, dure soixante minutes ; à la quarantième minute, un dosage d’éther dans le sang avait donné une proportion de 149 milligrammes d’éther pour 100 centimètres (1) Maurice Nicloux. Méthode de dosage de petites quantités d’éther (oxyde d'éthyle) : 1° dans l'air; 2° dans le sang ou dans un liquide quelconque de l'organisme; 3° dans les tissus. Société de Biologie, 1906, t. LXI, p. 606. (2) Loc. cit., note 1, page précédente. (3) L'expérience sur cet animal n’a pas comporté moins de 21 prises de sang : 9 pendant la période d’anesthésie, 12 après, pendant la période d'’éli- mination ; il est inutile de songer, comme bien l’on pense, à faire des dosages immédiats; on n’en a matériellement pas le temps, quelque simple et rapide que soit (a méthode de dosage; il faut donc nécessairement les remettre à plus tard. Voici, alors, comment il convient d'opérer : le sang (ordinairement 10 centimètres cubes) pris avec une seringue, est versé dans 60 à 70 centi- mètres cubes de la dissolution picrique introduite à l'avance dans un flacon de 90 centimètres cubes; en agite, et le flacon bien bouché est laissé à la glacière ou dans un nee très Has dans ces conditions, il n’y a pe perte d'éther, en vingt-quatre et même ne -huit heures, comme je m'en suis assuré par des dosages comparatifs. 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cubes de sang (artériel) ; à la soixantième minute, on fait une prise de sang (artériel) et on cesse l’anesthésie ; on trouve à ce moment et dans les temps successifs : TEMPS COMPTÉ ÉTHER EN MILLIGRAMMES depuis pour 100 cent. cubes la fin de l’anesthésie. de sang (artériel). 0 minute. 159 2 min. 30 secondes. 108 5 minutes. 80 15 minutes. 58 30 minutes. 41 l heure. 21 2 heures. Exp. II. — Chien, 12kil. 500. Même technique. L’anesthésie dure cinquante minutes; on trouve dans les temps successifs : TEMPS COMPTÉ ÉTHER EN MILLIGRAMMES depuis pour 100 cent. cubes la fin de l’anesthésie. de sang (artériel). 0 minute. 138 3 minutes. 86,5 5 minutes. 1855 15 minutes. 56 30 minutes. 29 1 heure. 19 2 heures. 6 4 heures, 0 Conclusions. — De cette série d'expériences qui se complètent mutuel- lement, on peut conclure que l’éther s’élimine très rapidement dès le début de la cessation de l’anesthésie; en cinq minutes, la quantité dans le sang (artériel) baisse environ de moitié, puis la disparition de l’éther se fait progressivement ; après deux heures, on n’en trouve plus qu’une trace ; après quatre heures, il a complètement disparu. Je noterai en outre les deux faits suivants : Si, comme je l’ai montré dans une précédente note, pendant la période d’anesthésie le sang artériel contient, au même instant, un peu. plus d’éther que le sang veineux (ce qui est tout à fait rationnel, étant données, d’une part, l'absorption au niveau des poumons et, d'autre part, la fixation par les tissus), pendant l'élimination, on observe l'inverse; ceci peut à son tour aisément s'expliquer, car l'élimination au niveau des poumons est plus rapide que la décharge par le sys- tème veineux au niveau des tissus (1). Toutefois je tiens à faire remarquer que ceci est vrai surtout pour les premières minutes (1) Ce fait a été mis en évidence pour le chloroforme par Tissot. Société de Biologie, 1906, t. LX, p. 202. ne on ali 1 hate he -CCE E à uE SÉANCE DU A2 JANVIER 11 qui suivent la cessation de l'administration de l'éther ; au bout de très peu de temps, en effet, les quantités, dans les sangs artériel et veineux, tendent à s’égaliser de plus en plus, et les différences devien- nent de l’ordre des erreurs d'expériences; de là, il résulte qu'il n’est pas nécessaire de suivre la disparition de l'agent anesthésique exclusi- vement dans le sang veineux pour être fixé sur son élimination (1). Enfin, en comparant l'élimination de l’éther à celle du chloroforme (2), on s'aperçoit que si, dans les cinq premières minutes, la quantité de chloroforme dans le sang (artériel) baisse également de moitié, dans les temps qui suivent le parallélisme n'existe plus, l’éther disparaissant relativement beaucoup plus rapidement; alors qu’au bout d’une heure, pour prendre un exemple, la quantité d’éther dans le sang n’est plus que d'environ le 1/7 ou le 1/8 de celle trouvée au moment où on cesse l’anesthésie ; la quantité de chloroforme, dans les mêmes conditions, est encore du 1/3 ou du 1/4, c’est-à-dire deux fois plus. (Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'Histoire naturelle et de la Faculté de médecine, Clinique Tarnier.) QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA VARIABILITÉ px /ÂVotonecta glauca 1, par M. À. DELcourr. Certains auteurs donnent le printemps comme époque de ponte de Notonecta glauca, d'autres l'automne, quelques-uns même avancent que l’on peut trouver toule l’année des individus présentant les organes génitaux mûrs; aucun d'eux n’indiquant la provenance des insectes considérés, je me suis demandé tout d’abord s’il ne fallait pas attribuer à une influence climalérique les différences constatées. Les observations que j'ai pu faire, à Paris, à Wimereux et à Berck- sur-Mer, sur des Notonectes de diverses provenances, limitées au centre (3) et au nord de la France, m'ont conduit à reconnaître que, (4) Geci est naturellement vrai pour le chloroforme ; c’est d’ailleurs dans le sang artériel que j'ai suivi l'élimination de ce dernier et, pour les raisons qui viennent d’être développées, il n’y a pas à y faire la moindre objection. (2) Maurice Nicloux. Sur l’anesthésie chloroformique : dosage du chlora- forme dans le sang après l’anesthésie, pendant la période de retour. Société de Biologie, 1906, t. LX, p. 147. (3) Qu'il me soit permis de remercier ici MM. Albert Chappellier et Fran- cois Picard, qui ont bien voulu me procurer des Notonectes du Loiret et de Saône-et-Loire. 12 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans ces limites restreintes d'habitat, il ne semble pas que les diffé- rences de climat aient une action appréciable sur l’évolution des indi- vidus appartenant à une même variété; par contre, il m'a paru que la diversité des renseignements, fournis par les auteurs, tenait à ce qu'ils avaient observé, sans y prêter attenlion, des variétés distinctes, qu'il est indispensable de déterminer. D'après Puton (1), le genre Notonecta est représenté en France par une seule espèce, N. glauca, dont les variétés sont : glauca L., marmorea Fab., furcata Fab. et umbrina Germ. Il écrit relativement à cette dernière : « Var. umbrina Germ. Elytres jaunâtres entièrement marbrées de nom- breuses taches brunes. Métanotum et dos de l'abdomen d’un beau jaune; celui ci avec une grande tache noire qui occupe les segments 2, 3, 4 et la moitié du 5°. Nervures de la base des ailes inférieures jaunes. Variété méri- dionale (Corse, Var), et un peu plus petite. Peut-être une espèce distincte. » J'ai constaté, dans le Centre et aux environs de Paris, l'existence de nom- breux individus se rapportant entièrement à cette description (2), à laquelle il convient d'ajouter la forme caractéristique des segments et en particulier du dernier sternite, dont les bords laléraux sont concaves au lieu d'être convexes comme chez les autres variétés (je reviendrai ultérieurement sur l’armure géni- tale). C’est entre wumbrina et les autres variétés de glauca que j'ai trouvé, relati- vement à la reproduction, des différences marquées : tandis que glauca s’ac- couple et pond au printemps, de janvier à mai, umbrina commence en oc- tobre et cesse probablement en janvier. Glauca insinue ses œufs dans une fente qu’elle pratique à la base des tiges des plantes aquatiques, umbrina les fait adhérer à un support quelconque, de préférence à la face inférieure, à l’aide d’une sorte de mucus. Les premiers sont d’un blanc jaunâtre et évo- luent en une vingtaine de jours, le chorion en est lisse et assez transparent. Les seconds prennent, après quelques jours, la couleur des feuilles mortes ayant séjourné longtemps dans l’eau (3) et mettent plus de deux mois à éclore; ils sont d’une taille sensiblement supérieure et leur chorion, plus épais et presque opaque, présente une structure alvéolaire tout à fait carac- téristique. Dans notre région, l'amphimixie, si elle est encore possible entre umbrina et glauca, ne l'est en fait que sur un faible espace de temps; en effet, dans leur habitat naturel, en 1906, je n’ai constaté d’accouplements de glauca qu'à (4) Puton. Synopsis des Hémiptères-Héléroptères de France. Remiremont, 1880. (2) La limite septentrionale de l'habitat d’umbrina me paraît être entre Paris et Amiens. Quant à la taille, si elle est plus petite que celle de furcata, elle est sensiblement égale à celle de glauca et de marmorea et supérieure à celle d’une sous-variété de glauca, que j'ai trouvée dans le Nord. (3) Celte teinte constitue un moyen efficace de protection, car elle se con- fond absolument avec celle des débris végétaux, sur ou parmi lesquels se trouvent les pontes. Il m'a semblé, sans que je puisse encore l’affirmer, que les œufs non fécondés restaient tels qu’ils avaient été pondus. REC AMC SÉANCE DU 12 JANVIER 13 la fin de janvier, à un moment où je ne trouvais plus d’umbrina. En aqua- rium, il y a encore des pontes d’umbrina à l'heure actuelle, 10 janvier 1907, et j'ai eu, du 20 au 25 décembre, une ponte de glauca qui commence à éclore ; mais cette dernière provient d'individus conservés, depuis novembre, à une température supérieure à la normale. Les essais de croisement que j'ai tentés n’ont pas réussi jusqu ici. Eu résumé, umbrina, que l’on range encore comme variété de glauca, parait bien être une espèce distincte, comme le suppose Puton, peut-être d’ailleurs n’est-elle même pas une variété fixée de glauca, mais provient-elle de l’évolution d’un type antérieur. Il est à remarquer, en effet, que si l’on trouve tous les passages entre les variétés marmorea et glauca {et même des types aberrants, dont certains, par leur fréquence et leur fixité, justifieraient la création d’autres variétés), je n'ai trouvé par contre aucun passage à umbrina. Je n’en ai pas trouvé davantage à furcata; les individus de celte variété, de taille notablement plus grande que tous les autres et d’allure bien tranchée, ont été trouvés cependant, en petit nombre il est vrai, dans toutes les localités étudiées par moi (Nord et Centre). Ils rappellent singulièrement certaines variétés du Japon et de Chine, dont le facies d’ailleurs se rapproche des nôtres, tandis que les variétés américaines sont sensiblement différentes et en général beaucoup plus petites (1). Je me propose de poursuivre mes recherches, en les étendant à des insectes de provenance de plus en plus lointaine, de continuer à suivre les générations successives produiles par des croisements méthodiques, et d'utiliser les indications que peuvent fournir l'anatomie et l’em- bryologie. Je poursuivrai également l'étude comparée de la spermatogenèse et de l'ovogenèse des diverses variélés, d'autant plus que les différences signalées par Pantel et de Sinéty (2) tiennent vraisembablement à ce qu'ils ont dû observer des glauca et des umbrina. (Travait du Laboratoire d'évolution des êtres organisés.) LÉSIONS CÉRÉBRALES DANS L'ÉPILEPSIE DITE ESSENTIELLE, par M. L. MARCHAND. À la suite de recherches histologiques faites sur un grand nombre de cerveaux de sujets atteints d'épilepsie essentielle, je suis arrivé à ce (1) D'après la belle collection de Notonecles du Muséum, que j'ai été heureux de pouvoir consulter. (2) J. Pantel et R. de Sinéty. Les cellules de la lignée mâle chez le Notoe necta glauca L. La Cellule, t. XXII, 1°r fascicule, 4906. ES O + S9 1% SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE résultat que la lésion la plus commune est l’adhérence plus ou moins diffuse des méninges molles au cortex. Chez des épileptiques qui avaient une intelligence bien développée, qui dans l'intervalle de leurs accès étaient normaux, je n’ai rencontré que cette lésion. Dans quelques cas, on pouvait constater macroscopi- quement les adhérences méningées, mais dans la plupart ce n’est que sur les coupes histologiques qu'on pouvait voir la symphyse méningo- corticale. Elle était ainsi caractérisée : pas de trace d’inflammation ; les parois vasculaires étaient normales et les méninges étaient peu ou pas épaissies ; le cortex était également sain et la seule lésion consistait en un accolement intime de la pie-mère à la couche névroglique qui borde normalement le cortex. Chez certains sujets, j'ai trouvé quelques cel- lules embryonnaires entre la pie-mère et le cortex. Les épileptiques à intelligence normale sont très rares ; un très grand nombre présentent une faiblesse intellectuelle ou une démence plus ou moins progressive. La lésion que j'ai rencontrée chez ces sujets est une sclérose névroglique localisée sous les adhérences méningées (méningo- corticalite chronique). Dans les régions sclérosées, j ai observé constam- ment une diminution des fibres tangentielles. Cette sclérose sous-méningée, cette encéphalite seléreuse a été décrite par M. Chaslin (1) et retrouvée par d’autres auteurs; mais elle n’est que le substratum anatomique de l’état démentiel puisqu'on ne la rencontre pas chez les épileptiques à intelligence normale. Si on se reporte d’ail- leurs aux observations de M. Chaslin, on constate que les sujets dont il a examiné les cerveaux étaient atteints de faiblesse intellectuelle mar- quée. TE Cette sclérose présente quelques caractères particuliers. Elle esi tou- jours localisée à la partie la plus superficielle des circonvolutions et est d'autant plus accentuée que les méninges sont plus épaissies, plus vas- cularisées et plus adhérentes au cortex. Généralement, il n'existe aucune trace de lésions inflammatoires dans le cortex et les méninges: dans quelques cas à évolution très rapide, j'ai observé des amas de noyaux inflammatoires, mais ils étaient toujours discrets. Ces lésions permettent d'expliquer pourquoi un certain nombre d’épi- leptiques ne présentent pas d’affaiblissement intellectuel, tandis que d'autres deviennent déments. Les premiers sont atteints de symphyse cortico-méningée sans lésion du cortex sous-jacent; les autres ont une encéphalite scléreuse sous-jacente aux méninges altérées et sont atteints de méningo-corticalite chronique. On comprend qu'entre l'épileptique à intelligence normale et l’épilep- tique idiot ou dément, il peut exister toute une série d’intermédiaires. (4) Chaslin. Note sur l'anatomie pathologique de l’épilepsie dite essentielle. Comptes rendus de la Société de Biologie, 2 mars 1889. SÉANCE DU 12 JANVIER 15 ne | SE ee Quand la selérose survient dans |le jeune âge, les sujets sont idiots ou imbéciles; quand la sclérose progresse à l’âge adulte, elle est le sub- stratum anatomique de la démence. Chez les épileptiques idiopathiques, la selérose se localise d’une façon diffuse à la partie du cortex sous-jacente aux méninges; cette consta- tation explique la rareté des troubles moteurs permanents qui suppo- seraient une lésion plus profonde, altérant ou délruisant les cellules pyramidales des régions motrices. Quant à la cause de ces lésions méningo-corticales, on peut admettre qu'elles sont le résultat de méningites du jeune âge qui ont guéri. On sait combien les convulsions accompagnées de fièvre sont fréquentes dans les antécédents des épileptiques; chez certains, l'épilepsie a fait suite immédiatement à ces crises convulsives; chez d’autres, l’épilepsie n’est survenue que plusieurs mois ou plusieurs années après elles. Dans ces cas, il n'y a aucun doute sur les rapports entre l'affection cérébrale qui a causé les convulsions et plus tard l’épilepsie. Cette thèse est encore renforcée par le fait qu’il reste quelquefois après les convulsions un état de faiblesse intellectuelle. Cependant certains sujets deviennent épileptiques sans que rien dans leur passé n'ait fait prévoir une telle infirmité, et dans leurs cerveaux on rencontre également des lésions méningo-corticales. J'ai montré dans plusieurs mémoires (1) qu'il exis- tait des méningites chroniques à évolution insidieuse et que cette maladie, surtout quand elle survient dans l'enfance et l'adolescence, à celte époque de la vie où le cerveau réagit si facilement par une attaque épi- leptique, était la cause du mal comitial. Ces méningites chroniques sont probablement d'origine toxique; ne les voit-on pas survenir chez l'adulte au cours de l'alcoolisme chronique dont les crises convulsives sont un des principaux symptômes? Il resterait à expliquer pourquoi une lésion permanente, telle que l'adhérence méningée, provoque des crises épilepliques essentiellement transitoires; mais c'est là un problème qui ne se pose pas seulement pour l’épilepsie dite idiopathique, mais pour tous les cas d’épilepsie symptomatique. SUR LES PROPRIÉTÉS DE LA COQUE DE L'Ascaris vilulorum GOzE, par MM. L. Jammes et A. MARTIN. Nous avons établi, précédemment, que les embryons laissés, à la fin de l’évolution intra-chorionaire, dans des solutions acides (acide (1) L. Marchand. Des méningites à évolution insidieuse comme cause d’alié- nation mentale. Gaz. des Hôpitaux, 6 avril 1903. 16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — chlorhydrique à 2 p. 1000, acide lactique à 10 p. 1000) s’immobilisent dans leur coque et ne tardent pas à présenter des signes d’altération. Au contraire, les embryons qui ont toujours séjourné, ou qui ontété transportés à temps dans des solutions alcalines telles que le chiorure de sodium à 8 p. 1000, gardent leur énergie, éclosent et, après leur naissance, continuent à se mouvoir dans le liquide. Les œufs peuvent donc évoluer et éclore, soit en passant dans un milieu acide, puis dans un milieu alcalin, comme cela se fait sur l'hôte naturel, soit, plus sim- plement, en restant, sans interruption, dans un milieu unique de nature alcaline. De tels faits ne sont pas conciliables avec une semi-perméabilité totale du chorion ovulaire. Dans nos expériences, l'embryon s'est montré, pendant la durée presque entière de son évolution, indifférent à la nature des substances dissoutes dans le liquide ambiant; tout s’est donc passé comme si le chorion ovulaire jouissait d'une semi-perméa- bilité à peu près parfaite. Mais on ne s'explique plus, à la fin de l’évo- lution, comment, toutes les conditions extérieures restant égales, les embryons périssent dans certaines solutions et continuent à vivre dans les autres. Il faut nécessairement admettre que le chorion ovulaire doit subir, dans sa slructure intime, des modifications aboutissant à une atténuation de la semi-perméabilité. Dès que cette enveloppe est plus largement pénétrable, elle peut laisser arriver jusqu’à l'embryon, non seulement l’eau des solutions ambiantes, mais aussi diverses substances qui s’y trouvent contenues. Si les matériaux introduils sont nocifs, comme l'acide chlorhydrique par exemple, l'embryon est détruit dans sa coque. Si au contraire la vie est compatible avec les substances qui pénètrent, l'embryon n'éprouve pas de gêne et garde son activité; l'enveloppe s'ouvre ensuite et le jeune ver passe, sans avoir été incom- modé, dans le milieu extérieur. Les expériences suivantes viennent confirmer ces vues : tandis que les œufs placés dans une solution ammoniacale à 5 p. 1000 se divisent, d'abord, normalement, d’autres, placés à la même température (33 degrés), dans des solutions plus riches en ammoniaque (10 et 15 p. 1000), non seulement ne se segmentent pas, mais présentent, en quel- ques heures, des marques non équivoques de désorganisation. De même, des œufs en cours d'évolution dans l'acide chlorhydrique à 2 p. 1000, transporiés dans une solution ammoriacale à 40 p. 1000 pré- sentent, environ vingt-quatre heures après, des marques de dégéné- rescence qui augmentent les jours suivants, jusqu’à destruction complète du contenu ovulaire. Comme tous ces phénomènes se pro- duisent rapidement, sans être accompagnés du gonflement de la coque et de la dilatation du protoplasme qui caractérisent la pénétration d'eau x en excès, nous sommes conduits à admettre que l’ammoniaque elle- ; SÉANCE DU 12 JANVIER 17 même passe à travers la membrane ovulaire. La toxicité de cette subs- tance serait la cause directe de la mort de l'embryon. Ces résultats concordent, d'autre part, avec les observations d’Hallez, sur la perméabilité spéciale de la membrane périvitelline aux gaz. Il convient d'ajouter que les développements dans des solutions acides très concentrées cités par Bataillon, et nos propres expériences, prouvent en effet que la coque ovulaire est, généralement, plus propice au pas- sage des gaz qu’à celui des matières non gazeuses contenues dans les dissolutions. La semi-perméabilité de la coque n’est donc ni parfaite pour toutes les substances, ni continue dans le temps pour une substance donnée. Nous montrerons dans une prochaine note comment découle, de nos diverses recherches, une explication simple du mécanisme de l’infes- tation par l’Ascaris vitulorum. APPLICATION DE LA RADIOGRAPHIE A L'ÉTUDE DES MOUVEMENTS RESPIRATOIRES EN PHYSIOLOGIE COMPARÉE, par M. RAPHAEL DuBors. Dans une note récente (1) j'ai fait ressortir l'importance des recher- ches de M. Marcel Soum faites en 1896, et de celles que vient de publier M. François-Franck, au point de vue de la connaissance du mécanisme réel de la respiration chez l’oiseau. Mais j'avais oublié que moi-même, en 1898, j'avais contrôlé l'exactitude des résultats de M. Soum, non seu- lement en assistant à ses expériences, mais aussi par une méthode dif- férente de celle qui a été employée par les deux expérimentateurs que j'ai cités (2). Grâce à l'extrême obligeance du D° Destot, de Lyon, qui avait bien voulu mettre à notre disposition son magnifique appareil radiographique à électricité statique et nous prêter son savant concours, nous avons pu constater de visu les mouvements synergiques des sacs aériens. On voyait aussi très nettement les mouvements de resserrement et de dila- (1) À propos d’une note de M. François-Franck sur la discussion de la théorie classique du fonctionnement des sacs aériens des oiseaux. Comptes rendus d: la Société de Biologie, t. LXI, p. 591. (2) Application des rayons X à l'étude du mécanisme respiratoire chez l'oiseau et application desrayons X à l'étude du mécanisme respiratoire chez les Chéloniens. Bullet. de la Société linnéenne de Lyon, 1898. — Application de la radiographie à l'étude de certains mécanismes en physiologie comparée. Comptes rendus du Congrès de Liége sur la radio-activité et l'isonation, 12 sep- tembre 1905. BroLocie. ComPTESs RENnuS. — 1907. T. LXII. I 18 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE tation du poumon, et j'ajoutais dans ma communication : «Il ne saurait donc subsister aucun doute sur le point capital de l'explication donnée par M. Soum du mécanisme respiratoire chez l'oiseau. » Malgré la présence des plaques osseuses qui lapissent l'intérieur de la carapace, nous avons pu également observer de visu les mouvements des ceintures pelvienne et thoracique chez la tortue et ceci a son impor- tance car la méthode graphique exige des délabrements susceptibles de troubler l'expérience. Nous avons pu voir, ainsi que l'avait noté M.Char- bonnel-Salle, que le déplacement de la ceinture thoracique est beaucoup plus important que celui de la ceinture pelvienne chez T'estudo græca ; mais, en outre, on observe une projection totale en avant de toute la ceinture antérieure au moment de l'inspiration, et une projection totale en arrière dans l'expiration. La possibilité de voir au travers des plaques osseuses minces et de l’écaille de la tortue ne doit pas surprendre, car nous avons pu radiogra- phier des perles fines au travers de la coquille d’huitres perlières (Mar- garitifera vulgaris Jans el Margaritana margaritifera) (4). Si je rappelle ces faits, c’est non seulement pour affirmer une fois de plus le bien fondé de la théorie du synergisme des sacs aériens, mais aussi pour atlirer de nouveau l'attention sur un procédé qui peutdonner d'intéressants résultats sur les mécanismes étudiés en physiologie com- parce. SUR L'ACTION DES EXTRAITS DU CORPS JAUNE DE L'OVAIRE (Note préliminaire), par M. M. LamBerr. Les expériences, récemment communiquées à la Société de Biolo-: gie (2), de MM. P. Bouin, Ancel et Villemin, qui tendent à confirmer le rôle de glande à sécrétion interne attribué au corps jaune de l'ovaire, m'ont conduit à examiner l’action de leurs extraits. Les corps jaunes provenaient d’ovaires frais de truie ou de vache. Ils étaient finement divisés, puis additionnés de leur poids de solution phy- siologique ou de liquide de Ringer. Le liquide était filtré au bout de trois ou quatre heures, neutralisé, car il est légèrement acide, et aussitôt employé. Injecté sous la peau de la grenouille, il détermine de la parésie, puis (4) Bull. de la Société linnéenne de Lyon, 1901, « Sur un nouveau procédé pour reconnaître la présence des perles fines dans les coquilles des Unios vivantes sans les ouvrir », et Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1903. (2) Séance du 17 novembre 1906, page 417. SÉANCE DU 12 JANVIER 19 de la paralysie. La respiration s'arrête, le cœur continue à baïtre très ralenti. Si la dose n’est pas trop forte, l'animal se rétablit complètement après être resté paralysé pendant plusieurs heures. Lorsqu'on sacrifie la grenouille pendant le stade de paralysie, on constate une diminution considérable de l’excitabilité nerveuse avec persistance de l’excitabilité musculaire. Instillé sur le cœur de grenouille mis à nu, l'extrait de corps jaune détermine de l’affaiblissement des systoles et du ralentissement. Mélangé à très faible dose à du liquide de Ringer circulant à travers un cœur de grenouille isolé, il provoque l'arrêt diastolique du ventri- cule d’abord, puis des oreillettes. Quand la dose n’est pas trop forte, les battements se rétablissent spontanément sans qu'il soit nécessaire de remplacer le liquide de circulation. Quand la dose est forte, le remplace- ment du liquide, après une courte période d'arrêt, suffit à assurer la reprise des battements cardiaques. Injecté sous la peau du lapin, l'extrait de corps jaune ne paraît pas déterminer de troubles aux doses où il nous a été possible de l’employer et dans les conditions ci-dessus indiquées de sa préparation. Au contraire, injecté dans le système vasculaire (veine marginale de l'oreille), l'extrait se montre doué d’une très grande toxicité. L'animal ne paraît, pendant les premières minutes qui suivent l'injection, rien présenter d’anormal. Puis le type respiratoire se modifie, on apercoit à _ travers la paroi abdominale de violentes contractions péristaltiques de l'intestin, les membres sont pris de soubresauts. Enfin, éclate un accès de tétanos typique simulant, à s'y méprendre, des convulsions strychniques, qui entraine rapidement la mort. Ces phénomènes peuvent s’observer à la suite d’une injection de 3 centimètres cubes d'extrait. A l’'autopsie, on constate l'existence de sérosité sanguinolente dans le péritoine, la plèvre, le péricarde et les cavités articulaires. Congestion du foie, du poumon et des méninges. La pression artérielle s'élève fortement au début de l'accès con- vulsif. Lorsqu'on injecte des doses mortelles, il se produit simplement de l'accélération passagère de la respiration et du cœur, et, de plus, une chute de la pression artérielle. Ces phénomènes ne s’observent pas avec l'ovaire privé de corps jaunes. | Je n'aurai garde de tirer des observations précédentes une hypothèse trop facile sur le mécanisme de la sécrélion interne du corps jaune. L'activité ou la toxicité d’un extrait organique quelconque n'autorise pas de semblables inductions. L'isolement de substances, fort intéres- x santes d’ailleurs, extraites des glandes à sécrétion interne les plus étudiées, n'a pas jusqu'ici conduit à des conclusions de tout repos sur leur rôle, 20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il n’en paraît pas moins important de signaler une analogie de plus entre les glandes à sécrétion interne et le corps jaune qui paraît devoir être rangé parmi les tissus doués de la plus grande toxicité. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Nancy.) SUR LA CIRCULATION VENTRALE THORACIQUE CHEZ LES INSECTES, par M. A. Popovict-Baznosanu (de Bucarest). Chez les insectes, outre le système circulatoire, il intervient dans l’accomplissement de l’acte de la circulation encore d'autres forces. Je tâcherai d'indiquer en quelques mots quelles sont ces forces et je décrirai la manière dont s'exécute la circulation dans la région thora- cique des Insectes. Par le mot système circulatoiré des Insectes nous comprenons, outre le cœur et]les vaisseaux sanguins, encore les ampoules pulsatiles (Bur- gess, Silvatico, Pawlowna, etc.). Chacun de ces organes est formé d’élé- ments plus ou moins contractiles qui déterminent un courant précis dans la circulation. Les principales forces qui interviennent dans la circulation du sang des insectes sont : 1° le septum péricardique (Graber), 2° le septum ventral abdominal (Graber), 3° la contraction des muscles du corps et spécialement des muscles respiraloires, 4° la contraction et le dépla- cement des différents organes du corps comme le tube digestif, le rec- tum des Ephémérines, elc. (Miall et Denny, A. Popovici-Baznosanu, etc.). Tous ces organes et fonctions dont nous avons parlé se rapportent à des recherches sur la circulation de la région abdominale, de sorte qu'il est naturel de se demander ce que devient le sang agg re dans la région thoracique ? quelles sont les forces qui le déplacent plus loin ? A la suite des observations que j'ai faites sur des exemplaires vivants des larves de Chloe, Siphlurus, Tricorythus, il résulte que dans la région thoracique ventrale de ces larves il existe un courant sanguin antéro-postérieur qui débouche dans le sinus ventral abdominal. Pour nous rendre compte de la manière dont s’exécule la circulation thora- cique, j'ai fait une série de coupes microscopiques dans le thorax de ces larves et j’ai trouvé un sinus ventral thoracique identique au sinus abdominal (Bauchsinus). Ce sinus existe par le fait que sur les deux lignes latéro- ventrales le tégument s’invagine et alors il se dégage une espèce de gouttière dans laquelle se loge le système nerveux. Sur les bords de cette gouttière se fixent des muscles à direction transversale; ces muscles sont identiques au musculus ventralis transversus décrit par Voss pour le thorax de Gryllus SÉANCE DU 12 JANVIER 21 —_— domesticus (1). Cet auteur s'exprime ainsi relativement à la fonction de ce muscle : « Wenn überhaupt wirksam, vermag er die Wôlbung des Sternits nach unten zu erhôhen. » Il est certain que chez les larves citées plus haut, ces muscles possèdent la fonction soupconnée par Voss, et dans ce cas-là, par les contractions, les bords du sinus ventral seront rapprochés; donc la cavité du sinus sera amoindrie et le sang qui s'y trouve refoulera vers l'abdomen. De cette manière la circulation du sang sur la face ventrale du corps des Insectes est continue, le liquide thoracique pouvant facilement passer dans le sinus abdominal. Conclusion. — Chez les larves de Chloe, Siphlurus, Tricorythus ïl existe un sinus ventral thoracique identique au sinus abdominal (Bauch- sinus) de Graber. Le sang qui se trouve dans ce sinus peut passer dans l’abdomen grâce aux contractions des ‘muscles ventraux (musculus ven- tralis transversus.) LA VACCINATION ANTITUBERCULEUSE, par M. Lacrirrouz (de Montpellier). Je me suis demandé si le bacille tuberculeux homogène ne pourrait pas, employé dans des conditions déterminées, manifester une propriété vaccinante vis-à-vis de l'infection tuberculeuse. Les expériences que je poursuis sur ce sujet depuis 1903 ont été faites avec l'échantillon de bacille tuberculeux homogène que MM. Ar- loing et Paul Courmont avaient bien voulu m'envoyer pour la pratique du séro-diagnostic de la tuberculose ; elles ont été l’objet d'une pre- mière communication auü Congrès pour l'avancement des sciences tenu à Lyon en août 1906. Les idées directrices qui m'ont engagé à aborder celte voie ont été les suivantes : d’une part, il m'a semblé qu’on pourrait arriver plus facile- ment à des résullats appréciables dans l'étude de la vaccination que dans l'étude de la sérothérapie. D'autre part, le bacille tuberculeux homogène m'a paru a priori être parliculièrement indiqué pour des essais de vaccination antituberculeuse. C’est en effet un bacille qui a perdu en grande partie sa résistance à la décoloration par les acides, et qui par suite a des chances d’être beaucoup plus sensible que le bacille tuberculeux humain aux actions humorales ou phagocytaires. L'étude de ses propriétés pathogènes que j'ai entreprise au préalable (4) Fr. Voss. Ueber den Thorax von Gryllus domesticus mit besonderer Berücksichtigung des Flügelgelencks und dessen Bewegung. Zeütsch. f. wiss. Zoologie, Bd LXX VIII, 1905. 99 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE n’a fait que me confirmer dans cette idée ; elles diffèrent en effet consi- dérablement de celles du bacille tuberculeux humain. La mort du cobaye n’est obtenue qu'avec des doses parfois considé- rables de culture. L’autopsie ne révèle aucun tubercule. Suivant les cas, on peut observer soit l'absence complète de lésions macroscopiques, soit une congestion plus ou moins intense des divers organes, soit enfin une transformation fibreuse plus ou moins accentuée de certains vis- cères, du foie en particulier. Avec des doses moindres, quoique encore relativement très élevées, l'animal survit. Il continue à présenter tous les attributs de la santé; il mange bien, augmente de poids ; il n'a pas de fièvre ; si celte fièvre se produit, ce n’est que très peu de temps après l'injection, et d’une facon tout à fait éphémère. Après avoir ainsi constaté ces effets pathogènes, si différents de ceux du bacille tuberculeux ordinaire, j'ai fait sur le cobaye des expériences multiples pour voir dans quelles conditions on pourrait déterminer un effet vaccinant. J’ai étudié à ce point de vue les cultures complètes et vivantes jeunes, les cultures anciennes et desséchées (neuf à dix mois), les cultures chauffées, les cultures filtrées. J'ai étudié les effets d'une seule ou de plusieurs inoculations, l’in- fluence de l'intervalle qu'on laisse s’écouler entre les inoculations vac- cinantes, ainsi qu'entre ces inoculations et l’inoculation d’épreuve. Je n’ai pu encore déterminer avec une précision absolue les effets relatifs à chacune de ces conditions. Il y a cependant quelques points qui m'ont paru se dégager avec assez de netteté. Un premier point des plus importants à trait au temps qui s'écoule entre la dernière inoculation vaccinante et l’inoculation d’épreuve. Ce temps doit être assez considérable ; si on fait l'inoculation d’épreuve au bout de peu de temps (quinze jours environ), on s'expose à un échec certain ; si au contraire celte inoculation d’épreuve n’est faite qu’au bout de deux à quatre mois, on pourra constater l'effet vaccinant. Le nombre et le dosage des inoculations vaccinantes joue aussi un grand rôle. Une seule inoculation faite à dose assez élevée, mais cependant {rès bien supportée, n'a produit qu'un effet vaccinant assez médiocre ; cer- tains cobayes traités eurent une survie variant de vingt à quarante jours ; la plupart succombèrent en même temps que les témoins; chez aucun, en tout cas, il n’y eut d'action favorisante. Pour le moment, les résultats les meilleurs m'ont été fournis par deux inoculations à dose assez faible, la seconde à dose moindre que la pre- mière, assez espacées l’une de l’autre, avec inoculation d'épreuve au bout de quatre mois. Une expérience faite dans ces conditions m'a donné des résultats qui SÉANCE DU 12 JANVIER 923 méritent d’être signalés. Les cinq cobaves témoins moururent dans un intervalle variant de trente à quarante jours ; il s'agissait donc d'une épreuve très sévère ; dix cobayes eurent une survie de un à quatre mois ; trois, une survie de six mois ; deux enfin, une survie définitive. Cette expérience nous prouve qu'employé dans des conditions déter- minées, le bacille tuberculeux homogène d’Arloing peut vacciner effica- cement contre la tuberculose. De nombreuses recherches sont certainement encore nécessaires pour mieux régler les temps de cette vaccination, et voir dans quelles condi- tions se manifeste son maximum d'activité, mais nous considérons comme démontrée la réalité de cette action vaccinante. Nous n'avons pas besoin de rappeler les belles recherches de M. le professeur Arloing sur la vaccination antituberculeuse à l’aide de son bacille tuberculeux homogène. Nos expériences viennent apporter une modeste contribution à cette œuvre, en confirmant l'existence de ce pouvoir vaccinant. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU PHÉNOMÈNE D ANAPHYLAXIE, par M. P. REMLINGER. Nous avons établi dans une précédente note 1) que, chez le cobaye, le lapin et le chien, l’inoculation sous-cutanée de virus rabique et de sérum antirabique, précédée ou suivie d’injections de sérum normal du mouton ou du cheval, de sérum antitétanique ou antidiphtérique, pou- vait être considérée comme inoffensive. Ces résultats se trouvant en désaccord avec de récents travaux sur la « maladie du sérum », il était intéressant de rechercher si les résultats négatifs de nos expériences étaient dus à la nalure des produits employés (virus rabique-sérum de mouton), ou s'ils se reproduiraient entre nos mains avec le sérum de cheval et les toxines antidiphtérique et antitétanique usités dans les travaux précités. C'est cette dernière hypothèse qui s'est trouvée réa- lisée et il peut n'être pas inutile d’attirer l'attention sur ce que les acci- dents imputés aux divers sérums thérapeutiques paraissent avoir été considérablement exagérés. 1° Hypersensibilité au sérum déterminée par des injections préalables ou phénomène d’Arthus. — Les expériences ont porté sur Le cobaye, le lapin et le chien, sur les sérums normaux de cheval et de mouton, sur les sérums anlidipthérique et antitétanique. Chez le chien, il n'a jamais été noté, quelles qu’aient été les conditions de l'expérience, de phéno- mènes locaux ou généraux de nature à faire supposer que des injections (1) Socisté de Biologie, 24 novembre 1906. 2% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE répétées pouvaient créer la moindre anaphylaxie. Chez le cobaye et le lapin, alors même que ces animaux avaient recu six et huit fois, à une semaine d'intervalle, 10 centimètres cubes de sérum normal ou anli- toxique, il n'a pas été observé de phénomènes locaux mais seulement et exceptionnellement des symptômes généraux. Une fois sur vingt en moyenne, les animaux ont présenté une à deux heures après l'injection de la torpeur, de l’inappétence, de la dyspnée, de l’incontinence des matières, de l’abaissement de la température, des mouvements convul- sifs de la face et des membres. Dans la moitié des cas environ, ces symptômes se sont rapidement terminés par la mort; dans l’autre moitié, les animaux se sont vite remis; le lendemain, ils paraissaient complètement rétablis. Plus fréquemment — une fois sur quinze en moyenne — les cobayes et les lapins n’ont présenté à la suite des injections de sérum aucun phénomène immédiat, mais trois ou quatre jours plus tard, ils ont commencé à maigrir et ils sont morts cachec- tiques du 10° au 12° jour. L'autopsie n’a révélé d’autre particularité qu’une émaciation extrème et une atrophie générale des organes splan- chniques. Nous n'avons vu se produire ces divers accidents que lorsque les injections de sérum avaient été répétées au moins trois ou quatre fois et lorsque la dernière injection remontail à moins d’un mois. Ils ne se sont manifestés qu'avec des doses de sérum supérieures à 5 centimètres cubes pour les premières injeclions et à huit pour la dernière. Le fait qu'un sérum est normal ou antitoxique est sans importance. La cachexie peut s’observer alors que les sérums injectés les différentes fois ne sont pas homologues. 2 Phénomène de Th. Smith (Mort rapide ou état très grave des ani- maux qui, ayant reçu un mélange de sérum et de toxine, sont inoculés ensuile avec du sérum normal). — Ces expériences ont porté exclusive- ment sur des cobayes ayant servi au titrage du sérum antidiphtérique ou antitétanique. Le sérum de cheval était injecté de deux à dix semaines après le litrage et à la dose de 5 à 15 centimètres cubes. Les accidents ont été un peu moins rares que dans la série d'expériences précédentes ; toutefois ils ne se sont encore montrés qu'exceptionnelle- ment. C'est en moyenne une fois sur huit que les cobayes ont présenté une à deux heures après l’inaculation des symptômes identiques à ceux décrits plus haut. Dans plus de la moitié des cas ils n'ont duré que quelques heures et les animaux étaient complètement remis le lende- main. Le reste du lemps, une mort rapide a terminé la scène. Les acci- dents se sont montrés exclusivement lorsque la dose de sérum injectée la deuxième fois était de 8 centimètres cubes au minimum. Leur fré- quence a paru identique suivant que les animaux avaient servi au titrage du sérum antidiphtérique ou antitétanique. Dans un cas la mort s’est produite alors que le sérum injecté la deuxième fois était du sérum.de mouton. Il n’a jamais été noté d'accidents moins de dix jours, Le. 19 Qc SÉANCE DU 12 JANVIER ni plus de deux mois après le titrage. Enfin le mode de titrage (injec- tion séparée de sérum et de toxine ou inoculalion d'un mélange de toxine et d’anlitoxine) paraît sans influence. Ces résultats diffèrent sensiblement de ceux oblenus par les auteurs qui avant nous ont étudié ces questions, Rosenau et Anderson en parti- eulier. Pour ces auteurs, 1/1000000 de centimètre cube pourrait suffire à produire l’anaphylaxie; celle-ci serait déterminée constamment par 1/250 à 1/1000 de centimètre cube et 1/10 de centimètre cube injecté la deuxième fois amènerait la mort à peu près fatalement. L'hypersensibi- lité au sérum pourrait être produite par l’ingestion de viande de cheval, : et chez le cobaye tout au moins cette hypersensibilité serait transmis- sible héréditairement. Ces faits seraient applicables à l’homme et la sérothérapie aurait une vingtaine de cas de mort à son passif. On con- coit quel discrédit ces expériences, sielles étaient reconnues exactes de tous points, pourraient jeter sur les sérums thérapeutiques. (nstitut impérial de Bactériologie à Constantinople.) - SUR LES MOYENS DE COMBATTRE L'ACTION DE LA SUBSTANCE EMPÉCHANTE PRODUITE DANS LES HUMEURS DES CANCÉREUX TRAITÉS PAR LES SÉRUUS CYTOLYTIQUES SPÉCIFIQUES, par M. E. Vipar (d'Arras). J’ai démontré dans une précédente note que, sous l'influence des sérums antinéoplasiques cytolytiques, il se produit progressivement dans les humeurs des cancéreux traités une substance nouvelle finis- sant par s'opposer presque complètement à la destruction cellulaire, si active au début. Ce phénomène, désastreux au point de vue thérapeu- : tique, peut être combattu par des moyens appropriés. Les quelques faits suivants peuvent le démontrer : I. — Une malade, atteinte d’un vaste cancer uicéré thoraco-mammaire (récidive), est traitée en 1902 par le sérum cytolytique obtenu à l’aide de sa propre tumeur, enlevée huit mois auparavant. Amélioration habi- tuelle, puis étal stationnaire, malgré le traitement. Survient un épan- chement pleurélique : le liquide pleural, comme le sang, contient en notable proportion la substance empéchante, car, introduit en propor- tion convenable dans un mélange de cellules vivantes lavées emprun- tées au néoplasme actuel et de sérum cytolytique, il s'oppose à la disso- lution, pourtant assez rapide en son absence. L'épanchement est ponctionné. Un chien N normal recoit tous les trois jours dans le péritoine et sous la peau 6 centimètres cubes de A ne 7 ue de AL dan 5 di be red éaatdiastée PES g pure Le * TRE he, à M 26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE liquide pleural. On le saigne après 10 injections et l’on prépare son sérum. L'examen microscopiqne comparatif donne alors : « : Cellules cancér. la- 6 : Cellules cancér. la- vées. Dissolution. vées. Sérum cytolytique. 1 partie sérum cyto- De lytique. Mssclution 20 parties sérosité pleu- rale chauffée à 550. y : Dans un mélange identique à 5, on ajoute 15 à 20 parties de sérum N: Î q Lorie : ? la dissolution s'opère : Conclusion : Sous l'influence des injections de liquide pleural (empè- chante), l'organisme N a réagi par la production d’une substance anti (que je désigne par V pour abréger), s’opposant aux effets du corps empêchant. L’expérimentation permet d’éclaircir le mécanisme général de son action : a) Le sérum N n’a par lui-même qu'un pouvoir cytolytique pratique- ment nul. Si, comme tout sérum frais, il contient de l’abrine, il n’a donc aucune sensibilisatrice capable de suppléer celle du sérum eytoly- tique détruite par le corps empêchant. b) Son action ne s'exerce pas par l’intermédiaire de son alexine venant . suppléer celle qu'a détruite le corps empêchant. Car, dans un mélange {B) ainsi proportionné, l'addition de sérum neutre frais (alexine) ne ramène pas la cytolyse. Elle reparaît par contre si à ce sérum neutre on ajoute une quantité convenable de sérum N chauffé à 55 degrés. c) C'est donc bien, semble-t-il, une action directe sur le corps empc- chant qu’exerce la substance N, — non une attaque supplémentaire de la cellule néoplasique. Le mécanisme intime de cette action paraît assez obscur. Tout se passe comme s’il existait entre l'empêchante et le corps N une affinité chi- mique plus grande qu'entre l'empêchante et la sensibilisatrice : le corps N semble s'opposer à la combinaison de ces deux dernières en s'empa- rant de l’empêchante ; mais il ne peut la délier lorsqu'elle a pu s’effec- tuer ; introduit en effet tardivement dans le mélange B, N ne peut : ramener la dissolution cellulaire. D'autre pari, N disparait en tant que corps actif en même temps que l’empêchante, puisqu'une quantité suf/fi- sante de sérum empêchant (très variable, mais supérieure à N) peut toujours, en présence de N, paralyser la cylolyse. | II. — Des constatalions parallèles ont été faites en remplaçant le liquide pleural, chez une seconde malade, par du sérum obtenu par saignée. Mêmes constatations chez deux chiennes atteintes de cancer mammaire. IT. — Un animal non cancéreux, traité longuement par un sérum cytolytique anticancéreux, produit aussi une substance empèéchant tn « SÉANCE DU 12 JANVIER vol vitro la cytolyse pour une tumeur de type et d’organe correspondant au sérum injecté. L'animal saigné, son sérum injecté à un autre sujet pro- duit à son tour un sérum de type N, jouissant assez fortement des pro- priétés décrites contre la substance empèchante ; une technique parli- culière doit être suivie, qui sera précisée plus tard. IV. — Quelques déductions thérapeutiques découlent de ces faits : L'échec relatif de la sérothérapie cytolytique du cancer tient en très grande partie à la production du corps empêchant qui annihile pro- sressivement l’action thérapeutique du sérum spécial. D’où l'indication d’adjoindre à l'injection cytolytique un sérum de type N exactement correspondant, préparé suivant les indications générales des para- graphes II et IIL (II de préférence, si la chose est possible). Chez trois animaux Cancéreux, arrivés à la période d'indifférence au traitement sérothérapique, j'ai pu constater à la fois in vitro et cliniquement le retour de la cytolyse et du recul de la tumeur. J’applique actuelle- ment la méthode à la clinique humaine, avec des résultats assez con- cordants, qui seront détaillés à leur tour. Fe à be) ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE L'INFLUENCE ht DE L'ÉCLAIRAGE DE L'OEIL SUR LA PERCEPTION DES COULEURS, \Z par M. Forrix. ; id: L’éclairage d’un objet ne variant pas, la coloration de cet osjet est percue différemment suivant que l’œil a ou n’a pas élé exposé à la lumière. En 1898, dans une séance de la Société française d'Ophtalmologie (Bull., pp. 401 et 402), Dufour fait remarquer que, quand un de ses yeux se trouve plus éclairé que l’autre, le blanc lui paraît vert-gris de l’œil éclairé, et semble rose-jaune de l’autre œil. En même temps, Tscherning insiste sur l'influence de l'éclairage de l'œil qui fait voir verdâtres des surfaces blanches, lesquelles, autrement, sont vues rougeâtres. En 1900, Sandford (Cours de psychologie expérimentale, p. 189; Schleicher, éditeurs) expose que, quand les deux yeux sont inégalement rapprochés d’une fenêtre, l'œil qui en est le plus voisin voit légèrement bleu-vert du blanc que l’autre voit rouge. Tscherning (Traité de physique biologique, p. #82) attribue cette différence de perception à un phé- nomène de contraste et au fait que la lumière se colore en rouge par son passage au travers des vaisseaux de l'œil. En 1902 et en 1903, dans le labora- toire de Tscherning, reprenant cette question dans le but d'en tirer une explication du phénomène dit de Purkinje, — comparaison d'un bleu et d'un rouge également saturés, — je constate que pour l'œil le plus éclairé, le bleu paraît plus saluré qu’il n’est en réalité et qu'en même temps pour cet œil. 28 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE S'il a été exposé directement à l’action de la lumière ou s'il s’est trouvé placé dans le voisinage de surfaces blanches la réfléchissant, l'œil ajoute en quelque sorle du bleu-vert à toutes les couleurs qu'il percoit. Pour lui, le blanc légèrement rosé devient blanc et tandis que les verts et les bleus gagnent en éclat, les rouges, orangés, jaunes perdent de leur caractère. Un ton jaune-vert également distant du jaune et du vert devient vert. Un ton lilas également distant du rouge et du bleu vire vers le bleu. De son côté, le D' Rémy, au cours de ses travaux sur le diploscope et ses applications (p. 65), avait observé dès 1901 que les disques blancs des con- sennes vus par l'œil éclairé prenaient une teinte gris-bleu. Il fut le premier qui eut l’idée de rapprocher de cette création de bleu par l'œil éclairé, la colo- ration bleue du ciel, et il défendit son opinion au moyen des expériences du puits et du tube. Pour lui, la vision bleue était due à une altération du pourpre rétinien après éclairage de l'œil. En même temps, il signalail d’autres faits intéressants (ciel noir, iconoscope, etc.). Comme il eut l'amabilité de me faire voir ses expériences, en 1903, lesquelles étaient très combattues à ce moment, je l’en félicilais et je lui communiquais les résultats auxquels j'étais arrivé sur d’autres points que ceux qu'il étudiait (1). ExPÉRIENCES. Première méthode. — Une première méthode consiste à placer les deux yeux en face de bandes de papier sur lesquelles ont été reproduites en une gamme continue toutes les nuances des différentes couleurs. La tête de l'observateur est tournée de telle facon qu'un œil ne recoit aucun éclairage latéral, {tandis que l’autre subit l’action soit de la lumière du jour, soit celle d’une surface blanche la réfléchissant. En procédant ainsi, on arrive à comparer facilement la perception de l'œil éclairé à celle de l'œil qui ne l’est pas. 11 suffit pour cela d'ouvrir alternativement les yeux, ou encore si on le pré- fère on peut provoquer une double image de l'échelle chromatique, soit en louchant, soit en la dédoublant par le moyen d'un prisme placé devant l'un des yeux. : Grâce à cet artifice, on a le moyen d'obtenir une comparaison simultanée des deux perceptions. Par le souvenir, il est en effet difficile de juger, à quelques minutes d'intervalle après variations d'éclairage, d'une différence des colorations, car non seulement nos points de repère se déplacent, mais aussi nous avons une tendance à attribuer toujours une même coloration à un même objet. Je cite un exer:ple : En présence d'une échelle chromatique graduée de facon à présenter toutes les nuances intermédiaires entre le bleu et le blanc, on constate que pour l’œil éclairé le bleu envahit très avant une région restée sensiblement blanche pour l’œil placé dans l'obscurité. Deuxième méthode. — Les deux yeux sont ouverts et on élale devant eux une reproduction colorée du spectre solaire. La reproduction choisie mesure (1) Modifications de la perception des couleurs après éclairage de l'œil. Union médicale du Nord-Est, janvier 1904. SÉANCE DU 1% JANVIER 929 70 centimètres et consiste en une bande spectrale empruntée à l'ouvrage de Chevreul. L’éclairage de cette bande reste invariable. Dans une première expérience, l'observateur a maintenu ses yeux quelques minutes dans l'obscurité et tout ce qui l’entoure, sauf le spectre, est recou- vert de papier noir. De cette façon aucune radiation lumineuse, sauf celles provenant du spectre, ne pénètre dans ses yeux. Avec une épingle sur la bande spectrale, l’on note dans le jaune-vert la région qui semble limite du vert et du jaune. On note également de la même facon dans le violet la limite du pourpre et du bleu. Dans une deuxième expérience, les papiers noirs ont été enlevés et rem- placés par des papiers blancs. Les yeux se trouvent de fait exposés à un éclai- rage direct et latéral. On s'aperçoit alors que les limites du vert et du jaune, ainsi que celles du pourpre et du bleu, se déplacent. Le vert envahit le jaune et le bleu envahit le pourpre. L’expérience se reproduit de même en mélangeant des pigments colorés à l'abri ou non de l’éclairage latéral. Remarques. — Il est à remarquer que la coloration vert-bleu ajoutée aux objets par l'œil éclairé est sensiblement la couleur complémentaire de l’'orangée rouge. C’est précisément de cette dernière couleur que le fond de l'œil se colore à l’examen ophtalmoscopique, plus ou moins suivant la plus ou moins grande pigmentation de la choroïde. D'autre part, si l’on porte les yeux les paupières fermées vers une vive lumière, on percoit d’abord une coloration rouge, puis rouge orangée, puis Jaune. Si alors on tourne les yeux vers un fond obscur toujours les paupières fermées, on percoit une couleur bleue foncée. Nous ne connaissons pas encore assez bien les différents mécanismes d'adaptation de l'œil à la lumière, migration du pigment, réaction photochi- mique, pour tenter une explication. ETUDE PHYSICO-CHIMIQUE DE QUELQUES EXSUDATS PATHOLOGIQUES, par MM. H. Iscovesco, JoLTraIN et MONIER-VINARD. Nous avons étudié un certain nombre de liquides pathologiques par les méthodes physico-chimiques, et nous donnons dans cette première note quelques-uns des résultats obtenus. I. Liquide provenant d'une ascite, qu'on soupconne être due à une cirrnose du foie au début. Le liquide est légèrement louche, non fibrineux et d'un jaune citrin. Sa conductibilité électrique est K— 71.10° à 25 degrés. Le transport électrique montre que le pigment jaune, tirant très légè- rement sur le vert, est éleclronégatif, par conséquent de même caté- gorie que le pigment normal du sérum. 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dialysé longuement (K — 21.10 ), et séparé des globulines (qui préci- pitent par dialyse), on constate: 1° que le liquide contient des albu- mines positives et des albumines négatives: 2% que les globulines précipitées ne sont que des globulines électropositives. Ces faits sont constatés aussi bien par les réactions précipitantes que par le transport électrique. Il. Aydrothorax : K = 111,83 à 26 degrés. Le liquide est centrifugé. Le culot contient des globulines électronégatives en grande partie. Le liquide, dialysé longuement, contient des albumines positives et des albumines négatives. En outre, les globulines OpIeuREs par dialyse se montrent exclusive- ment électropositives. Le pigment est électronégatif. III. Liquide d'ascite de cirrhose de Laënnec : K— 134.10 à 95 degrés. Le liquide contient un pigment électronégatif. Mis à dialyser, il laisse déposer ses globulines. Celles-ci sont séparées, la partie liquide est mise à dialyser à part. Les globulines sont d’un autre côté lavées à plu- sieurs reprises à l’eau distillée, puis étendues d'eau distillée, et remises au dialyseur (sacs en gélatine formolée). La partie liquide de lexsudat est examinée quand la conductivité tombe à K— 37.10". On constate que, comme tous les liquides de l’orga- nisme, elle contient des albumines positives et négatives. Quant aux globulines, elles sont formées par un mélange de globulines électropositives et électronégatives ; elles forment un complexe qui est dissociable par des réactifs colloïdes instables, ainsi que par le champ électrique. Rappelons que le sérum humain normal a comme conductivité élec- trique : 120 à 125. 10. Le liquide I présente donc une conductivité de beaucoup inférieure. Sa pauvreté en électrolytes d’une part, l'existence de globulines uni- quement électropositives d'autre part, sont des caractères qu ont de l'importance pour juger de la nalure de l’exsudat. Le liquide IT contient des éléments cellulaires qu'on a séparés par centrifugation, et ces éléments cellulaires fournissent des globulines négalives ; le liquide lui-même contient seulement des globulines posi- lives. Ce liquide en revanche donne une conductivité plus rapprochée de celle du sérum. Le liquide IIT présente une conductivité légèrement supérieure à celle du sérum, et sa partie liquide contient des globulines positives’et négatives en même temps. Or, la conductivité plus ou moins grande d’exsudats pathologiques Cab? : de AT ou 11008 cet a ER Ne in te ide à SÉANCE DU 12 JANVIER 31 montre une perméabilité plus ou moins grande de la séreuse examinée, pour les sels. La conductivité très petite du liquide I ne peut être due qu’à une per- méabilité très petite de la sérense pleurale pour les sels grâce à linté- grité de cette séreuse. En effet, lorsqu'on étudie l’épanchement pleural dû à une pleurésie fibrineuse, on trouve toujours des conductivités d'au moins 420.10. L'intégrité de la séreuse du liquide I est prouvée encore par ce fait: l'absence de globulines négatives. Les mêmes considérations appliquées au liquide IIT montrent que dans ce cas, au contraire, la séreuse est altérée, elle laisse passer les sels en beaucoup plus grande quantité; de plus les éléments cellulaires qui s’y {trouvent ainsi que les parois fournissent au liquide des globu- lines négatives. Le liquide Il présente des caractères intermédiaires entre [et II. De son examen, on peut conclure que le sérum est altéré, et que cette alté- ration est légère. Il résulte donc des considérations et des faits que nous venons d’ex- poser : 1° L'examen physico-chimique d’un exsudat permet de tirer des conclusions sur l’état de la membrane qui contenait l’exsudat. 2% Un liquide péritonéal ou pleural contenant des globulines néga- tives et à conductivité électrique supérieure à celle du sérum prouve que la séreuse est altérée. | 3° On peut affirmer l'intégrité de la séreuse lorsqu'on se trouve en présence d’un exsudat pleural ou péritonéal à conductivité électrique faible, ainsi que lorsque l'exsudat ne contient pas de globulines néga- tives. : | 4° L’épanchement péritonéal qû’on observe dans la cirrhose de Laënnec est accompagné d’altérations importantes de la séreuse périto- néale, altérations portant aussi bien sur la perméabilité de la séreuse à l'égard des sels, qu'à la présence d'éléments anormaux (globulines négalives) fournis au liquide par la paroi. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SUR LA SPÉCIFICITÉ DES SÉRUMS CYTOTOXIQUES, par MM. P. Armanp-DELILLE et E. LEENHARDT. Les recherches faites sur les cytotoxines, en ces dernières années, ont montré quil était possible d'obtenir, au moyen d’injections répétées de substance nerveuse d’une espèce animale déterminée à une autre espèce, 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un sérum doué de propriétés névrotoxiques, par injection dans les centres nerveux {1). Dans un travail récent, l’un de nous(2) a étudié les lésions que provoquent, daus le cerveau du chien, l'introduction d’un sérum de cobaye ainsi préparé, et a montré qu’en plus de la réaction congestive intense des méninges, on constate des altérations de chromatolyse très marquée des cellules de l'encéphale et en particulier des grandes cellules des noyaux moteurs du bulbe. Il a insisté en outre sur ce fait que l’action névrotoxique des sérums ainsi préparés doit bien être rapportée à la réaction provoquée par la matière nerveuse chez l'animal injecté, puisque Je sérum ne manifeste pas d'autre aclion cylotoxique et en par- ticulier pas d'action hémolytique. Si ces expériences montrent avec évidence que l’action de ces sérums se localise sur la cellule nerveuse, il était néanmoins intéressant de rechercher si d’autres sérums préparés, possédant des propriétés toxiques pour des éléments cellulaires autres que la cellule nerveuse, la respectaient au contraire. Dans ce but, nous avons d’abord préparé au moyen du cobaye un sérum hémolytique pour le chien (hémolyse complète en une demi-heure à 40 degrés à la dose de une partie de sérum pour une partie de sang); ce sérum en injec- tion intracérébrale a pu, dans certains cas, luer le chien à des doses à peine plus élevées que celles qui déterminent la mort pour les sérums névrotoxiques (1 centimètre cube par kilo au lieu de 0,8). Cette action des sérums hémolytiques ne doit pas être nécessairement atitri- buée à l'hémolysine, puisqu'un séro-sérum, préparé dans les mêmes conditions, et nullement hémolytique, a pu déterminer lui aussi, en injection intracéré- brale, des accidents nerveux graves et même la mort de l'animal. D'autre part, nous avons préparé un sérum hépatotoxique toujours dans les mêmes conditions, par l'injection, dans le péritoine du cobaye, de foie de chien lavé et broyé. Ge sérum, qui n’était pas hémolytique, tout au moins d'une facon appréciable dans les conditions ordinaires d'expérience, possédait éga- lement des propriétés toxiques pour les centres nerveux. Ces propriétés étaient cependant moins marquées, puisque la dose minima qui nous a permis de déterminer la mort du chien a été de 1 c. c. 3 par kilo. Ces faits nous ont amenés à supposer qu'il existe, dans les sérums d'animaux préparés avec divers organes, en dehors de l’anticorps spécial à ces organes, des substances pouvant exercer une action toxique vis-à-vis des centres ner- veux, réacüf particulièrement sensible, on le sait, aux toxines microbiennes ou organiques. : Ce qui semble autoriser une semblable interprétation, à savoir que ces substances ne sont pas identiques aux névrotoxines, c’est que nos examens (1\ Delezenne. Sérums névrotoxiques. Annales de l'Institut Pusteur, 1900. (2) P.-F. Armand-Delille. Contribution à l’étude des sérums névrotoxiques et des lésions qu'ils provoquent. Annales de l'Institut Pasteur, t. XX, oct. 1906, SÉANCE DU Â2 JANVIER 33 histologiques nous ont montré qu’elles ne produisent pas de lésions chroma- tolytiques, ou que si elles altèrent le protoplasma des cellules nerveuses, c’est à un degré incomparablement moindre que ne le font les névrotoxines. En présence de ces faits, nous avons voulu rechercher si un sérum plus spécifiquement électif pour un autre organe que le cerveau, possé- derait aussi une action névrotoxique. Nous avons donc, comme l'ont fait d’abord André Mayer et Bierry (1), puis Beebe (2), fait un sérum hépatotoxique, non plus eninjectant des émulsions de l'organe in foto, mais seulement des doses correspondantes de ses nucléo- albumines. Nos échantillons de sérum possédaient une action hépatotoxique tout à fait nette, puisque nous avons constaté, dix et trente jours après l’in- jection intrapéritonéale au chien, même de faibles doses, des lésions de dégé- nérescence graisseuse et de dégénérescence granuleuse des cellules hépatiques tout à fait comparables à celles qu'ont décrites Pettit et Bierry; ce sérum, : injecté à la dose de 1 c. c. 5 par kilo, non seulement n’a pas déterminé la mort, mais même n'a pas provoqué le moindre phénomène nerveux. Ces expériences élendent donc au sérum névrotoxique les observations faites par André Mayer et Bierry, par Beebe, pour d’autres organes, à savoir que si les sérums cytotoxiques préparés avec différents organes peuvent toucher d’autres tissus que celui qui a servi à l’immunisation, il est possible d'obtenir des sérums beaucoup plus rigoureusement spéci- fiques, lorsqu'on s'adresse non plus aux tissus complets, mais à un de leurs éléments essentiels, c'est-à-dire aux nucléo-albumines. De plus, il nous paraît légitime de tirer de ces expériences une con- clusion d’ordre général que nous formulerons ainsi : A côté des éléments qui caractérisent les cellules des différents organes, il existe des substances communes à Lous les lLissus, qui, dans les procédés habituels de préparation des cytotoxines, provoquent l'apparition, à côté des anlicorps respectifs, de substances à action polytoxique; en prépa- rant des animaux par l'injection de nucléo-albumines, on élimine vrai- semblablement la plupart de ces substances communes, et on obtient des cytotoxines plus hautement spécifiques. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Institut Pasteur.) (1) André Mayer et Bierry, — et Pettit, — Compte rendu de la Société de biologie, 1904. (2) Beebe. Cytotoxie, sérum, etc. Journ. of. exp. méd., 1905. Biococte. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. (UE 34 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉTUDES DE MÉCANIQUE RESPIRATOIRE COMPARÉE. MOUVEMENTS ET VARIATIONS DE PRESSION RESPIRATOIRE CHEZ LE CAMÉLÉON VULGAIRE. par M. Cn.-A. FRANÇoIS-FRANGK (1). I. — Le poumon du caméléon (fig. 1)(comme celui du lézard étudié par Paul Bert) réagit activement aux excitations qui sont appliquées directement à son tissu ou bien que lui transmet son nerf moteur le pneumogastrique excité sur son trajet ou dans ses centres. On pourrait répéter à ce propos ce que j'ai dit dans une précédente communication au sujet du pou- mon de la tortue terrestre. Les courbes des variations de la pres- sion intra-pulmonaire sont iden- tiques. J'y reviendrai dans une note ultérieure. La contractilité des prolonge- ments digitiformes est presque nulle par rapport à celle du corps Fic. 1. — Poumon digitiforme du caméléon de l’organe; différence qu'explique vulgaire. (Photographie sous l’eau avec l'examen histologique comparatif. éclairage diaphanoscopique). Il. — Le poumon subit d’énor- mes variations de volume pro- duites par les déplacements très étendus des parois thoraco-abdominales pendant l’inspiration'et l'expiration; l'animal peut rester gonflé au maximum ou s’aplatir au point de ne plus former qu’une lame sou-. ple suivant l’état de dilata- tion ou de retrait des parois; quand il respire rythmique- ment, il exécute des mouve- ments produisant dans les voies respiratoires des varia- tions de pression si rigoureu- sement semblables à celles qu’on observe chez la tortue qu'il est presque impossible 6. 2. — Courbes des variations respiratoires de de distinguer les courbesres- Ja pression daus le poumon (Pr. p) et dans la piratoires de ces deux ani- trachée [tube latéral Pr. T.]. Identité de ces va- maux, comme l’établit la fi- riations chez le caméléon et chez la tortue. gure 2. Malgré la dissem- blance radicale des mécanismes l'effet manométrique intrapulmonaire est identique. (1) Je dois à l'extrême obligeance de notre collègue, M. le D' Auguste Pettit, d’avoir pu étudier la mécauique respiratoire du caméléon sur plusieurs sujets qu'il a bien voulu se procurer à mon intention; ces mêmes animaux SÉANCE DU 12 JANVIER 35 a LaLELELZLZELE rm La même figure montre la décomposition d’une phase respiratoire chez le caméléon, (comme chez la tortue), en trois temps successifs : l'animal étant au repos (pause en demi-expiralion) exécute d’abord une expiration complé- mentaire (de { à 2), immédiatement suivie d’une inspiration toujours pro- fonde (2 à 3) à laquelle succède une demi-expiration ( 3 à 4) aboutissant à la pause plus ou moins prolongée (flèche horizontale). IL. — Parfois le rythme respiratoire du caméléon présente des irrégularités périodiques dont la figure 3 fournit un spécimen. Ici, j'ai enregistré simulta- nément les mouvements de la paroi costale fixée par sa partie supérieure au levier d’un tambour à air, les variations de la pression dans un poumon au moyen d'un trocart introduit entre deux côtes, ainsi que les variations de la pression latérale dans la trachée. On voit, dans cet exemple, un rythme géminé dans lequel se retrouvent les éléments du type simple de la figure 2, (reproduits, du reste, dans la pre- mière phase respiratoire, à la gauche de la figure 3). Les mouvements gé- minés se distinguent des mouvements normaux par l'absence de la pause expiratrice entre deux phases consé- cutives ; le long repos qui sépare deux périodes redoublées rappelle la pause compensatrice qui s’observe dans le cœur quand deux systolles se sont succédé sans diastolle complète inter- médiaire. Cette même figure présente aussi un détail intéressant au point de vue du mécanisme moteur : on y voit LT DITRUE iSSem ue 5 Rene Fig. 3. — Type respiratoire"ygéminé costale (1-2, ligne supérieure) coïn- chez le caméléon. Inscription simul- cider avec l'augmentation brusque ftanée des mouvements de la paroi de la pression dans le poumon et costale (Mouv. côtes) de la pression à dans la trachée au moment de l’expi- l'intérieur du poumon (Pr. p.) et de ration complémentaire qui succède à la pression latérale dans la trachée la pause intercalée entre deux séries (Pr. T.). de redoublements. IV. La section sous-bulbaire de la moelle produit une inhibition des mouve- ments respiratoires qui s'annonce devoir durerinfiniment en demi-expiration. Mais si l’on pratique quelques insufflations trachéales en maintenant ensuite les poumons distendus deux ou trois secondes, on voit toujours reparaître plusieurs mouvements de respiration spontanée (fig. 4); puis l’inhibition respiratoire se reproduit, indéfinie, si de nouvelles insufflations né sont pas pratiquées. Il semble bien qu'il s’agit ici d’une intervention de la moelle, indépendante du bulbe et capable de produire, par elle-même, mais pour un Ayo A 11 1 :fP] m'ont fourni des documents anatomiques (dissection et histologie) qui com- plètent en plusieurs points la description classique de Wiedersheim. Je prie mon ami M. Auguste Pettit d'accepter mes sincères remerciements. 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE temps très court, des mouvements respiratoires rythmiques : ce fait particulier peut être utilisé dans la discussion d’une ‘action respiratoire centrale de la moelle qui à besoin d'être entretenue normalement par des incitations motrices provenant de centres su- périeurs. V. L'étude de la mécanique res- piraloire du caméléon a été pour- suivie dans le détail par les exa- EEE mens photographiques pratiqués re | - 2e de plusieurs façons différentes. re A. Dans une série, nous avons EM MSMMMUE recueilli les images comparatives des changements de positions des ses pese arcs costaux tergaux et abdomi- Fig. 4. — fohibition respiraloire après SeC- haux sur des sujets engourdis tion sous-bulbaiïre de la moelle. dont la paroi costale avait cté Une série d’insufflations (Resp. arlif.) déter- mise à nu par l’ablation de la mine une reprise passagère de mouvements peau; cet examen direct nous respiratoires spontanés (Resp. sp.). a fourni, en outre, des renseigne- ments sur la topographie des muscles, dilatateurs et constricteurs de la cage thoraco-abdominale. B. Dans une autre série, a été appliqué notre procédé grapho-photogra- phique depuis longtemps exposé à la Société : la double figure ci-jointe (fig. 5) ho=fho Co gTaphiques ER v : x Fig. 5. — Epreuves grapho-photographiques montrant le caméléon dans les attitudes extrêmes de l'expiration (A) et de l'inspiration (B:), en même temps que les courbes de pression expiratrice et inspiratrice intra-trachéale. montrant, sur une même épreuve, d'une part (A) l'aspect de l’animal en- expiration avec la courbe manométrique trachéale correspondante, d'autre part (B) son aspect pendant l'inspiration avec le graphique de la dépression trachéale, permet de juger sans autres détails, des documents que peut fournir ce genre d'exploration photographique combinée. Le. LÉ SÉANCE DU 42 ‘JANVIER HE INFLUENCE D'UNE VARIATION LOCALE DE TEMPÉRATURE SUR L'EXCITABILITÉ DU NERF MOTEUR, par M. et M"° L. LaPicoue. Dans des expériences antérieures où l'excitation électrique était portée directement sur le muscle, nous avions constaté que le même muscle, à des températures différentes, présente une variation systéma- tique de la loi d’excitation. Le rapport des constantes, a : b, décroîit à mesure que la température S’élève (1). Dans les conditions où nous nous étions placés, pour des ondes d'une certaine durée (capacités de 1.107 à 1.10 déchargées sur une résistance de 2,5.10°) nous voyions que l'intensité nécessaire pour atleindre le seuil de l'excitation était d'autant plus faible que la lempérature était plus basse. C'est-à-dire que l’excitabilité paraissait augmentée. Les lois d’excitation, exprimées par la quantité en fonction de la capacité, s'échelonnaient l’une au-des- sous de l’autre, avec des inclinaisons différentes (2). Nous pensions, dès ce moment, que ces lois se couperaient, sans l'intervention du phénomène qui infléchit les courbes au voisinage de l'origine, et que nous avons traduit par le terme —v ajouté à la formule de Weiss; de sorte que si on pouvait éviler celte inflexion, on observerait, pour des durées plus courtes que l’abscisse du point de croisement, une varia- tion d’excitabilité inverse de ce qu’elle paraît pour les durées plus lon- gues, Nous avons exprimé cette De au Congrès de Physio- logie de Bruxelles, en 1904. Nous avons reconnu, plus tard, que la loi d’excitation d'un nerf moteur est en général B même que celle du muscle correspondant (3); mais la correction en —yv est beaucoup moins importante lfait dont nous espérons donner prochainement une interprétation). Il était donc indiqué de reprendre pour l'excitation indirecte nos recherches sur l'influence de la température. Gotch et Macdonald ont publié en 1896 (4) une série d'expériences remar- quables sur l’action d’un changement de température localisé au point excité; ils ont montré que cette action sur l’excitabilité (au sens ancien du mot) est de sens inverse, suivant que l’on emploie comme excitant des chocs d'induction d’une part, d'autre part des courants galvaniques même de courte durée (réduite jusqu’à un demi-centième de seconde) ou des décharges de condensateur (capacité de 5.10-7 déchargés sur une résistance de plus de 1.10). (1) Soc. de Biologie, 4 avril 1903. (2) Figure 8 dans Journal de Physiologie, 1903, p. 1004. (3) Soc. de Biologie, 26 mai 1906. (4) Journal of Physiology, 1896, vol, XX. 38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Waller a montré ensuite (1) que c'était uniquement la durée des ondes, et non la manière de les produire, qui faisait la différence, l’excitabilité augmentant pour les ondes brèves et diminuant pour les ondes plus prolongées avec l'élévation de la température. Gotch, dans un exposé daté de 1900, conclut ainsi ; « Ges faits ne peuvent s’accorder qu'avec l'interprétation suivante, suggérée d’ailleurs par diverses observations : les courants induits de rupture excitent par la production de changements qui ne sont pas de la même espèce que ceux produits par les courants galvaniques plus prolongés; le nerf échauffé étant dans un état de plus grande mobilité moléculaire est mieux excité par l'énergie qui lui est appliquée sous une forme rapide (2). » L'échauffement ou le refroidissement local du nerf, par un procédé ana- logue à celui de Gotch et Macdonald, nous a paru plus spécialement intéres- sant à étudier. Nous avons eu recours au dispositif suivant : Sur une grenouille entière, à bulbe sectionné, la circulation dans la patte étant conservée, le sciatique est coupé en haut de la cuisse et introduit dans un anneau formé d’un tube de verre aplati. Dans ce tube, circulant ainsi autour du nerf, passe de l’eau à la température voulue. Les électrodes sont des fils de platine soudés à la paroi du tube; des morceaux de liège, taillés en forme convenable et fixés par de la cire, complètent une petite chambre close sur la portion du nerf soumise à l’expérience. Les ondes électriques sont fournies par une série de capacités variant de 4 m. f. à un centième de m. f. Le circuit d’excitation comprend, outre le nerf (sur une longueur de 3 milli- mètres environ), une résistance de 110.000 ohms environ, et il est shunté par une résistance de 8.500 ohms. De la sorte, les variations de conductibilité du nerf ont une influence très faible, et les durées de décharge ne sont pas allon- gées. Les électrodes sont mises en court-circuit entre deux excitations. Pour éliminer l’erreur due à l'altération progressive du nerf, nous faisons des séries alternées d’échauffement et de refroidissement. Voici une expérience. (Température ambiante, 15 à 16°). Voltage correspondant au seuil de l'excitation. Capacité . 120 270 4130 250 1 10m 2,35 1,95 2,45 2,05 à —. 1,38 1,15 1,45 4,95 8 =, 0,75 0,70 0,82 0,80 De = | 0,35 0,60 0,60 0,65 DUR 0,30 0,45 0,35 0,42 Après une interruption de vingt minutes : Capacité. 290 99 AU 0 1,85 2,75 DR 1,08 1,95 SpiLs 0,80 0,82 DENIS 0,56 0,42 (4) Proc. physiol. Soc. Journal of Physiology, 1899, vol. XXIV. (2) Textbook of Physiology de Schäfer, t. II, p. 486. SÉANCE DU 12 JANVIER 39 On voit très nettement le croisement des courbes représentant le vol- tage (ou la quantité) en fonction de la capacité, c'est-à-dire de la durée grossièrement comprise. Le point de croisement, c'est-à-dire la durée des ondes pour lesquelles l’excitabilité reste sensiblement constante (capacité 5 ou 10. 10°), est de l’ordre du millième de seconde. Pour les durées plus courtes, l'élévation de la température permet de baisser l'intensité en restant au seuil de l'excitation. Pour les durées plus lon- gues, elle exige qu'on relève cette intensité, ce qui s’exprimerait dans la conception ancienne en disant que l’excitabilité est diminuée par une élévation de la température. C’est ce dernier fait, assurément d'apparence paradoxale, qui a sur- tout frappé Gotch; il en avait démontré la réalité par diverses contre- épreuves ingénieuses. Mais son interprétation ne peut se soutenir; les ondes brèves et les ondes plus prolongées agissent bien suivant le même mécanisme, puisqu'une série graduée de durées d’excitation présente l'influence de la température comme une fonction continue. Le point de croisement, très variable d'une expérience à l'autre, dépend de conditions que nous n'avons pas encore déterminées. En outre, les décharges de condensateur se prêtent mal à un calcul précis. Mais dès maintenant, nous pouvons dire que les paramètres de la formule de Weiss (ou de Hoorweg) Q — a + bt, sont affectés tous deux, en sens inverse, par la température. L’excitation d’un nerf, a dit Weiss interprétant cette formule, exige deux espèces de quantité d'électricité; l’une, constante, a; c’est celle qui représente réellement l'excitation ; et une autre, proportionnelle au temps, celle-ci employée à combattre, pendant la durée du passage du courant, un processus constant de retour à l’état primitif. L'action de la température confirme cette conception, la réalité objec- tive de deux phénomènes distincts auxquels correspondent les deux paramètres. Quand la température s'élève, a diminue; c’est-à-dire la quantité d'électricité exigée est plus petite, parce que l'effet d’une quantité donnée est plus grand; à augmente, le processus antagoniste étant activé aussi. Donc les deux phénomènes supposés augmentent, comme tous les phénomènes physiques, avec l'élévation de la température. Nous continuerons ces recherches, avec l'espoir qu’elles fourniront des renseignements sur la nature même de l'excitation électrique et permettront de remplacer par une véritable loi physique les règles empiriques auxquelles on a été limité jusqu’à présent, et qui ne repré- sentent que grossièrement la réalité. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 40 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LES PLIS DE L’APPENDICE. LEUR ROLE DANS LA TOPOGRAPHIE DES LÉSIONS APPENDICULAIRES, par MM. WEINBERG et R. STEINHOUS WILLIAMS. Lorsqu'on examine un appendice ouvert suivant son bord mésenté- rique, on constate, en général, que sa muqueuse est presque complète- ment lisse. Cependant, dans certains cas, la surface est mamelonnée. On trouve cet aspect mamelonné de la muqueuse surtout dans les appen- dices enlevés chirurgicalement. Cela s'explique par la contraction éner- gique des couches musculaires qui survient aussitôt aprts l’extirpation de l'organe. Cette disposition de l’appendice n’a rien de commun avec les plis dela muqueuse qu’on trouve dans d’autres points du tractus intestinal. Cependant, lorsqu'on étudie la muqueuse appendiculaire sur des coupes sagittales, on constate, dans certains cas, l'existence des véri- tables plis. Nous avons examiné à cet effet 112 appendices que nous devons surtout à l’obligeance de MM. Moty, Thiéry, Alexandre et Thévenard. Parmi ces appendices, 18 présentent des plis muqueux dont l'existence ne peut pas être mise sur le comple d’une contraction de l'appendice ni sur celui de l'inflammation. s Dans aucune de nos observalions, les plis muqueux en question n’occupent toute la circonférence de la cavité appendiculaire comme le fait, par exemple, la valvule connivente de l'intestin grêle. Tantôt ils sont isolés, tantôt ils sont groupés en cercle de facon à rétrécir la lumière de l’appendice. Ils sont tapissés par les glandes de Lieberkühn; la sous-muqueuse suit en partie le plissement de la muqueuse. On peut trouver parfois des follicules lymphatiques au niveau de ces plis, surtout lorsqu'ils atteignent de grandes dimensions. Leur siège de prédilection est l’extrémité inférieure de l’appendice; cependant, on peut les trouver disséminés d’une façon irrégulière sur toute la hauteur de l’appendice. La présence de ces plis joue, croyons-nous, un rôle important dans la topographie des lésions appendiculaires. | On comprend aisément que sous l'influence du moindre processus inflammatoire les plis tuméfiés de l’appendice rétrécissent et même ferment complètement à leur niveau la cavité intestinale et amènent ainsi la formation d’une cavité close au-dessous d'eux. Voici, pour donner un exemple, une observation dans laquelle les plis en question ont amené, d'une part, la formation d’une cavité elose dans la portion inférieure de l’appendice et, d'autre part, un rétrécisse- ment notable de sa portion supérieure. SÉANCE DU 1Â12 JANVIER 41 Enfant de quatorze ans ayant présenté 8 crises d’appendicite depuis un an. L'appendice réséqué par le D' Thévenard présente un renflement de la grosseur d’une noisette dans sa partie supérieure dû à la présence d’un gros calcul dur d’origine stercorale. Cette oblitération ne porte que sur une petite étendue au-dessous de laquelle on retrouve de nouveau la cavité de l’appen- dice. Au-dessus de la dilatation, l’appendice présente un rétrécissement notable. L'examen histologique montre des lésions chroniques atrophiques au niveau de la région dilatée. La muqueuse appendiculaire présente au niveau de la cavité close un nombre considérable de plis. Ces plis sont encore plus marqués au niveau du rétrécissement. De dimensions variables, ils atteignent jusqu'à 3 à 4 millimètres de longueur et oblitèrent presque complètement par leur ensemble le canal intestinal. Le tissu conjonctif de ces plis est fibrosé. On comprend donc qu'il s’agit ici de véritables plis, mais non pas de plica- tures dues à la contraction de l’appendice. La disposition irrégulière des plis doit expliquer pourquoi dans certains cas l’appendice s’oblitère loin de son extrémité libre. Lorsque les plis sont étagés, ils peuvent amener, à la suite d’une crise d'appendicite subaiguë, la formation d’une série d’oblitéralions, ainsi que nous avons pu le constater dans un appendice d’un jeune soldat opéré par M. Moty. Cet appendice présente 4 étranglements, ce qui lui donne l’aspect d’un chapelet. L'examen histologique de ce cas montre que tous ces étranglements correspondent à des placards d'oblitération dont la formation a été favorisée par la présence des plis. D’autres fois, on voit deux plis minces fusionner ensemble pour former de petits ponts muqueux qui vont d’une paroi de l’appendice à l’autre. Ces ponts muqueux peuvent être transversaux ou obliques. Un de ces ponts muqueux se présente dans une de nos observations sous la forme d’une bride étroite reliant obliquement le liers inférieur de l’appendice au tiers supérieur. L'étude de nos observations nous permet de faire les conclusions sui- vantes : 1° Il existe parfois dans l’appendice normal de véritables plis muqueux ; 2 Ces plis ont pour caractères essentiels : l'inégalité de leurs dimen- sions et l’irrégularité de leur siège ; 3° Ils sont surtout nombreux vers l'extrémité libre de l’appendice; cependant, on peut les trouver disposés irrégulièrement à différentes hauteurs de cet organe ; 4° Par leur siège et leurs dimensions, ces plis doivent jouer un rôle important dans la topographie des lésions appendiculaires. C'est à la présence de ces plis, croyons-nous, qu'il faut attribuer l’oblitération fréquente de l’extrémité libre de l’appendice ; c’est à eux également qu'il faut imputer souvent les rétrécissements ainsi que les 42 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE oblitérations multiples de l’appendice qui, de leur fait, peut prendre l’aspect d’un chapelet ; 5° La fusion des plis venant des parois opposées amène la formation des ponts muqueux obstruant incomplètement la lumière appendicu- laire. (Laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) UN PROTISTE NOUVEAU Pansporella perplexa nov. gen., nov. sp., PARASITE DES DAPHNIES, (Note préliminaire.) par M. Épouarn CHATTON. J'ai rencontré cet organisme dans Daphnia magna Straus et D. pulex (de Geer), des bassins aux Reptiles du Muséum, celles-là même qui m'ont déjà fourni des matériaux pour l'étude des Amœbidium. Sur les Daphnies vivantes et par transparence, on voit, surtout dans la partie antérieure de l'intestin moyen et comprimées entre l’épithélium digestif et la membrane péritrophique, des masses protoplasmiques sombres, à contours indécis et de taille variable. Ce sont les formes végétatives de Pansporella. Examinées après dilacération de l'hôte, elles se présentent sous forme de corps amæboïdes, dont les plus développés mesurent jusqu'à 804 de diamètre moyen. On y distingue un ectoplasme extrêmement hyalin, dépourvu de toute différenciation cuticulaire et un endoplasme obscur, fortement chargé de gra- nulations de calibre infime, mais régulier. Le noyau s’y distingue en silhouette claire. Il est sphérique et peut mesurer jusqu’à 20 & de diamètre. Sur les coupes il présente, avec un réseau chromatique banal, une ou deux calottes chromatiques massives, accolées à la membrane nucléaire. Pansporella est tantôt immobile et alors assez régulièrement arrondie, tantôt animée de mouvements amæboïdes très énergiques qu’elle effectue sans se déplacer. Elle n’est, en effet, pas habituellement libre dans l'intestin de l'hôte. Par un gros pseudopode différencié, elle adhère largement à la face externe de la membrane péritrophique. Mais ce n’est point là un appareil de fixation permanent. Le parasite peut le rétracter pour se libérer, et le reformer pour se fixer à nouveau. La nutrition et l’excrétion s'effectuent uniquement par voie osmotique. Les pseudopodes n’englobent jamais de particules solides qui, d’ailleurs, font défaut dans l’espace péritrophique, et il n’y a ni vacuoles alimentaires, ni vésicule pulsatile. Le parasite ne paraît pas susceptible de se multiplier par scissiparie dans l'intestin de l'hôte, et c’est en dehors de ce dernier, ou après sa mort, que s'effectue la reproduction. La reproduction comporte un enkystement avec sporulation, et les indi- SÉANCE DU 12 JANVIER 43 vidus, bien développés, les adultes seuls, en sont capables. Le kyste est sphé- rique. Il a une enveloppe mucilagineuse translucide et sans ornements. Le noyau se divise par mitose, sous ce kyste après résorption des calottes chro- matiques et de la membrane nucléaire. La multiplication nucléaire suit une progression géométrique. Lorsqu'elle est achevée, au bout de vingt-quatre heures environ, le cytoplasme se trouve constellé de petits noyaux où un caryosome central s’est constitué. La frag- mentation cytoplasmique s’effectue alors. Chaque future spore contient huil noyaux. Mais, à ce stade déjà, six d’entre eux sont frappés de dégénéres- cence, et toutes les spores mures sont binucléées. Ces spores sont ellipsoïdales. Elles mesurent 8 w sur 5p. Leur membrane bien individualisée, sans ornements, donne une coloration violette avec le réactif de Mangin (acide iodhydrique iodé). La déhiscence des kystes se fait par simple déchirement. Je n'ai pas assisté jusqu'ici à la germination des spores. Mais dans mes préparations, je retrouve aisément, mêlés aux aliments ou ayant déjà traversé la membrane péritrophique, de petits corps nus binucléés, issus de ces spores, et tous les stades de leur développement. _ Les deux noyaux sont identiques. Dans chacun d’eux le caryosome, d’abord central, s’accole à la membrane nucléaire, s'écrase de plus en plus contre elle et devient une calotte chromatique, qui, souvent, se fragmente ensuite. La calotte chromatique de Pansporella est donc l'équivalent cytologique d’un caryosome. Dans la plupart des amibes jeunes, je constate un contact intime des deux noyaux, marqué par l’aplatissement de leurs pôles tangents. Dans les amibes plus développées, ce contact ne paraît plus qu’accidentel. Il semble dû au jeu de l’amæboiïsme. Jamais dans le très grand nombre de ces amibes que j'ai examinées, je n’ai constaté de caryogamie. Jamais non plus de dégénérescence de l’un des noyaux. Le passage de l’état binucléé à l’état uninucléé se ferait par une plasmotomie très rapide entre les deux noyaux. Une étude in vivo élucidera cette question. Les corps uninucléés les plus petits mesurent 16 . Leur pro- toplasme périnucléaire élabore les granulations de l’endoplasme, et la forme végétative adulte dont je suis parti se trouve ainsi acquise. Il n’est pas douteux que dans ce développement, il y ait des phéno- mènes de sexualité. La régression d’un certain nombre de noyaux, au moment de la maturation des spores, est un phénomène d'épuration chromatique bien caractérisé. Le rapprochement intime et constant des deux noyaux restants est peut-être l'indice final d’une autogamie. Mais en raison de l'incertitude qui règne sur le début et le dénoue- ment de cette phase, je ne saurais en donner maintenant une interpré- tation bien fondée. Je remets aussi à la publication du mémoire définitif la discussion de la position systématique de Pansporella. Celle-ci pré- sente des ressemblances bien plutôt que de réelles affinités avec certains représentants de groupes eux-mêmes très artificiels : les Myxomycètes, les Amœæbiens et les Sporozoaires. (Laboratoire d'anatomie comparée à la Sorbonne.) 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR L’ÉTIOLOGIE DES GOITRES, par MM. L. BéÉRarD et L. TREVENOT. Les agents les plus variés, minéraux ou organiques, animés ou non, agissant pendant un temps suffisamment long et à dose suffisante sur la glande thyroïde, peuvent aboutir à la production de goitres, c’est-à- dire peuvent déterminer des hypertrophies thyroïdiennes durables, avec modification histologique de la glande dans le sens suivant. D'abord, survient une phase de congestion et d’inflammation à la fois conjonctive et épithéliale; il se produit une multiplication des cellules sécré- tantes, réalisant parfois le retour de la glande au type fœtal, et une hypersé- crétion de substance colloïde. En dernier lieu, il se fait une diffusion de la substance colloïde et des cellules épithéliales daus les espaces intervési- culaire et interlobulaire, réalisant soit l'hypertrophie diffuse du goitre paren- chymateux, soit les néoformations localisées du goitre nodulaire. En troisième lieu, il y a une transformation ultérieure de certains points les plus remaniés de la glande en goitre kystique, avec néoproduction de vaisseaux à parois fragiles ; il en résulte la production fréquente d’hémorragies intersti- tielles ou intra-kystiques. Ces hémorragies, autant que l’action prolongée directe des agents d'irritation ou d'infection, 1éalisent, indépendamment de tout agent spécifique, les diverses transformations que l’on peut observer dans les goitres, parenchymateux, kystiques, fibreux, calcifiés, etc. Ces données ont été fournies déjà à MM. Roger et Garnier par l’expé- rimentation, en ce qui concerne les thyroïdites chroniques, phase de transition vers les goitres. Elles sont étayées également sur de nombreuses constatations cliniques, montrant des goitres développés avec ou sans phase de thyroïdite subaiguë, chez des individus atteints de maladies infectieuses aiguës ou chroniques. Parmi les infections aiguës, les angines, les amygdalites, les bronchites, les broncho-pneu- monies, la fièvre typhoïde, etc., sont à incriminer. Parmi les infections chroniques, la première place revient à la tuberculose (Hamburger, Poncet et Costa). On peut incriminer également la syphilis, le palu- disme, etc. Expérimentalement, nous sommes parvenus à réaliser, par inocula- tion de cultures très atténuées dans la glande, des hypertrophies durables présentant les caractères du goitre folliculaire. Ces expérience feront d'ailleurs l'objet d'une communication. Nous avons égalemem démontré que si, assez fréquemment, les microbes sont en jeu dans le développement des goitres, il ne faut pas voir cependant dans les goitres des affections purement microbiennes dues au développement persis- tant, dans la glande malade, d'un microbe spécifique ou banal. En effet, SÉANCE DU 12 JANVIER si Jaboulay et Rivière et d’autres observateurs ont eu des cultures positives dans la plupart des inoculations de fragments de tumeurs en milieux appropriés, il n’est cependant pas rare de trouver des goitres où il est impossible de déceler aucun microbe, soit à l'examen direct des préparations histologiques, soit à l’ensemencement de parcelles de tumeurs en milieux nutritifs. Sur 10 cas nous avons obtenu les résultats suivants. OP FORME DURÉE PRÉSENCE de histologique. l'évolution.| de microbes. I|Goitre parenchym.| 12 ans. Oui. avec points colloïdes. Il|Goitre parenchym.| 21 ane. Non. 11l|Goitre parenchym.| 10 ans. Non (Goitre probablement tuberculeux). IV|Goitre kystique . .| 9 ans. Non. V|Goitre colloïde . .| 1 an. Oui. Vil|Goiïitre parenchym.| 1 an. Oui. VNIT|Goïitre parenchym.| 30 ans. Oui. VIT |Goitre parenchym.| 10 ans. Oui. IX|Goiïtre kystique . .| 20 ans. Non. X|Goiïtre parenchym.| 30 ans. Oui. NATURE des microbes. Diplocoque qui, à la culture, s'est montré en aspect de staphylocoque. Slaphylocoque. Staphylocoque. Staphylocoque. Staphylocoque. Staphylocoque. Y A-T-IL EU au cours du développement une poussée de thyroïdite ? Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. Non. En résumé, on voit d’après ce tableau que : 1° La présence des microbes n'est pas constante dans les goitres et que, quatre fois sur dix goitres en pleine évolulion, chez des sujets jeunes pour la plupart, les ensemencements sont restés aseptiques ; 2° les microbes que l’on rencontre dans les goitres paraissent être ceux que l’on à trouvés d'ordinaire dans les néoplasies bénignes, plus ou moins en relation avec les infections, c’est-à-dire des microcoques réalisant ici le type staphylocoque. Nous ferons remarquer ici qu'il s'agit de pièces enlevées très rapidement, sans dilacération, et sur le centre desquelles des prises ont été faites immédiatement, afin de se mettre, autant que possible, à l'abri d’une infection accidentelle au cours de l'opération ; il faut en effet toujours, en cas de microbe banal, garder une arrière-pensée pour une telle origine; 3° cet état de stérilité des goitres n implique pas cependant qu'au début de l'affection ne soit pas intervenue une action microbienne, car le corps thyroïde est un des organes qui résistent le mieux à l'infection et semble se débarrasser plus ou moins rapidement des microbes qui l'ont envahi. Il est facile de s’en . rendre compte dans les thyroïdites suppurées subaiguës, développées 26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE au cours ou au déclin de maladies infectieuses (grippe, amygdalite, tee) et dont le pus cependant avait été reconnu aseptique, soit à l'examen direct, soit à l'épreuve des cultures, ainsi que nous l’avons observé dans trois cas personnels. Dans une note ultérieure sera envisagé Le rôle des agents irritants, toxines microbiennes, poisons chimiques inorganiques, sur la glande pour réaliser la production des goitres. (Travail du service et du laboratoire du professeur Poncet de Lyon) RECHERCHES SUR LES COMPLEXES COLLOÏDAUX D'ALBUMINOÏDES. V. — Influence des Electrolytes sur la précipitabilité et la solubilité des combinaisons d'adsorplion et des complexes colloïidaux d'albuminoides, par M. ANDRÉ MAYER. L’ovalbumine est capable de former des combinaisons d’adsorption avec les acides, bases, sels neutres, sels de métaux lourds ; des com- plexes avec des colloïdes instables posilifs (hydrate ferrique) ; des com- plexes avec des colloïdes stables (mucine, caséine, nucléine, etc.). Dans une série de notes précédentes, je me suis altaché à montrer que, dans des conditions données, tous ces composés et ces complexes sont insolubles dans l’eau, qu'ils sont précipités. — Et j'ai fait voir que ces précipités sont partiellement ou lotalement remis en suspension en présence d'électrolytes. — Dans la présente note, je me propose de rechercher de quoi dépend cette précipitabilité et cette solubilité par les électrolytes. À. — PRÉCIPITABILITÉ. «) Première approximation: La précipitation des complexes d'albuminoïdes dépend des électrolytes présents dans la liqueur au moment de leur formation. Considérons trois cas : 1° Soit une ovalbumine impure, non dialysée, séparée du blanc d'œuf dilué par addition d'acide acétique, filtration, et exactement neutralisée. Cette albumine donne des combinaisons inso- lubles avec : les acides, les sels de métaux lourds ; des complexes insolubles avec les colloïdes instables positifs ; et avec un certain nombre de colloïdes stables ; albuminoïdes (mucine, etc.), ou hydrates de car- bone (amidon, glycogène). En d’autres termes, pour certaines propor- tions, tous ces corps précipitent l’ovalbumine impure. 2° Faisons dialyser cette ovalbumine jusqu’à ce que sa conductivité soit de l'ordre de K — 100° 10. Cette ovalbumine donne encore des SÉANCE DU 12 JANVIER 47 combinaisons d'adsorption insolubles et des complexes insolubles avec les corps cités plus hauts. 3° Poussons la dialyse plus loin encore ; on peut, en prenant les plus grandes précautions d’asepsie, obtenir quelquefois de l’ovalbumine dont la conductivité est de l’ordre de 10.10-*. Cette ovalbumine ne donne plus, en aucune proportion, de combinaisons insolubles avec les acides, les sels de Zn (elle ne précipite plus par les acides et les sels de Zn); elle ne donne plus de complexes insolubles avec la mucine, la nucléine, la easéine, la pepsine, si l’on emploie des solutions de ces corps dialysées à la limite. Elle précipite encore mais très lentement avec les sels de Cu, l’hydrate de fer colloïdal. 6. — Deuxième approximation : Quels sont les électrolytes dont la présence rend les composés et les complexes insolubies ? 4° L’insolu- bilité des composés et des complexes d'albumine ne dépend pas de la pré- sence de sels neutres. Considérons, par exemple, les combinaisons d’'ad- sorption avec les sels de Zn. Si, après s'être assuré qu'ovalbumine longlemps dialysée ne donne plus de combinaisons insolubles avec les sels de Zn, on l’additionne de sels neutres, on voit qu’elle continue à n’en pas donner, alors même qu'on augmente graduellement la concentration du sel neutre ; alors même que cette concentration du sel neutre dépasse ce qu’elle est dans l’ovalbumine naturelle non dialysée, qui, elle, précipite par les sels de Zn. Par exemple, une ovalbumine dont K — 18.105 ne précipite pas par les sels de Zn. Si on ajoute l'un des sels : Na Cl, Na? So*, NH° CI, Mg C, Mg So’, Ca CL jusqu'à la concentration 0,5 N, — elle continue, dans ces nouvelles conditions, à ne pas précipiter par les sels de Zn. 2° L’insolubilité des composés et des complexes d'albumine dépend de la présence d'acide ou de base, de sel acide ou de sel alcalin. Si à cette même albumine dont K —18.10, on ajoute un acide, une base, un sel acide ou alcalin, elle devient précipitable par les sels de Zn. Par exemple, elle est précipitable par Zn N0° à la concentration N—0,11 si on lui a précédemment ajouté : HCI : N — 0,025 NaOH : N —0,0002. On voit qu'il faut ajouter une très petite quantité de base, une quan- tité beaucoup plus notable d'acide. Comme j'ai montré précédemment que ces précipités sont remis en suspension si on ajoute de l’acide ou de l’alcali et qu'il faut pour cela beaucoup moins d'acide que d’alcali, il s'ensuit que, si on ajoute pro- gressivement de l’acide ou de l'alcali à une ovalbumine pure, la zone 48 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans laquelle elle est précipitable par les sels de Zn est bien moins étendue pour l'acide que pour l’alcali (1). B. — SOLUBILITÉ DES COMPOSÉS ET COMPLEXES PRÉCIPITÉS D'OVALBUMINE. La remise en suspension des combinaisons d'adsorption et complexes d'ovalbumine précipités est d'autant plus facile qu'il y avait moins d’élec- trolytes présents dans la liqueur au moment de la précipilalion. Ils sont entièrement reversibles s’il y en avait peu, partiellement seulement ou irréversibles s’il y en avait beaucoup. (Travail du laboratoire du P' Francois-Franck. Ecole des Hautes- Etudes). (4) Remarque. Il y a donc trois cas dans lesquels les combinaisons d’absorp- tion ou complexes de l’ovalbumine peuvent être en solution : 4° le cas où il y a très peu d’électrolytes (particulièrement acide ou base) présents dans la liqueur ; 2° le cas où il y a un excès suffisant pour remettre en suspension le complexe précipité; 3° le cas où le complexe est en solution grâce à un excès d’un de ses composants colloïdaux. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. MT PAR ETS LE. N'ES" 15 L. 2 CRE 49 SÉANCE DU AcHarDd (Cu.) et ÉmLe- WEiL (P.) : Le sang et les organes hématopoié- tiques du lapin après l'injection intra-veineuse de collargol . . . .. AcarD (CH.), GAILLARD (L.), B0T (A.) : Sur l'absorption périto- méaler. ne." Bonn (GEoRrGEs) : Quelques chiffres relatifs au rythme vital des Convo- Role ia tie sl Mende ee lat eireet je BourrarD (G.) : Sur l’étiologie de la Souma, trypanosomiase du Sou- HAMTADCANS EU 0e due lee Cesari (L.) : Recherche de la cho- line daus le liquide cérébro-spinal chez les chiens soumis à l’épilepsie _ CRÉTEIL ICE CHarRiN (A.) : Étude expérimen- tale des propriétés thérapeutiques de l'argent colloïdal. Mécanisme de so0 GONE RARE Dusoïs (R.) : Sur la coloration naturelle de la soie verte . . . . .. Duüsors (RAPHAEL) : La radiogra- phie appliquée à la recherche des MERISIER in se EnriQuez et AmBarD : Régime de l'élimination chlorurée dans les tu- berculoses au début . . . . ..... FrouIN (ALBERT) : Action de la sa- live sur la sécrétion et la digestion DOS RUE SON: le - le ce GAurier (J.) : Toxicité intravei- neuse d'un terpène ozoné. Réactions sanguines dues à l'injection de ce DEC CNE LOTO EM ER RE GuiLLIERMOND (A.) : Quelques re- marques sur la structure des ba- GES TENTOSPOTÉS. © ce à : Le à Lecièvee (A.) : Influence du ré- gime sur l'évolution de l'épithé- Line, FÉES ee Léoporn-Lévr et RorascniLp (HENRI bE) : Corps thyroïde et neuro-ar- ÉRRSRE RME D DE + Ne in à Lovez (Mile Marre) : Sur la vési- cule germinative des reptiles et des MRC 16000 re RIRE Mar (A.): Sur un nouvel appa- MeNRAMENOTACeNtÉSe ME 2 BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1907. T. [9 JANVIER [907 SOMMAIRE 93 90 51 71 66 13 80 88 Moreau (B.), Morez (A.) et Gau- TIER (CL) : Technique de dosage du‘fer dans'les tissus Morez (Cx.) et Darous (E.) : Sur les propriétés phagocytaires des cellules Cane eee ; NaceorTE (J.) : Greffe de gan- glions rachidiens, survie des élé- ments nobles et transformation des cellules unipolaires en cellules mul- DIPOLRE SEP TER Te Niczoux (MAURICE) : Sur la quan- tité d’éther dans les tissus et en particulier dans le tissu adipeux au moment de la mort par cet anes- LMÉSIMER ME Cl OR ee PréRon (HENRI) : La question des | rythmes spontanés et des phéno- mèênes d'anticipation en biologie. . Retrerer (Év.) : Du développe- ment et de la structure des or- Sanes élastiques MEN COMENT Turmier (TH,) et MAuTÉ (A.) : À propos des médications ioniques. . 61 T4 68 86 56 64 Réunion biologique de Bordeaux. BENOIT-GonIN et LArITE-Duponr : Destinée du canal semi-circulaire externe dans le passage de la station quadrupède à la station bipède. . . BERGONIÉ (J.) et TriBoNpEAU (L.) : Processus involutif des follicules ovariens après rôntgenisation de la glande génitale femelle 9 DENIGÈS (G.) : Nouvelle réaction DEA OS IEEE EE RER Une ee ET GAUTRELET (J.) et GRAVELLAT (H.) : De l'élimination des sulfo-conjugués consécutive à l'absorption de cer- taines couleurs d’aniline. . . . . .. GAUTRELET (J.) et GRAVELLAT (H.) : Effet de l’ablation du foie sur le mode d'élimination de certaines couleursdaniine ete Fe TRIBONDEAU (L.) et HupeLcer (G.) : Action des rayons X sur le foie du chat nouveau-né OO TO AT OO FOMONO DM VERGER et BRraNners : Infection microbienne expérimentale des TOTES RP RE D ANSE LS RUE LXIT. 4 98 105 101 96 > CE <= "00 . re # Se UE à: SEEN 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. A. Giard, président. OUVRAGE OFFERT M. GLEY. — J'ai l'honneur d'offrir à la Société, de la part de l'auteur, M. G. Lafon, professeur de physiologie à l'Ecole vétérinaire de Toulouse, sa thèse de doctorat en médecine, Recherches expérimentales sur le dia- bète et sur la glycogénie (in-8° de 202 p.). C'est un travail très soigné, rempli de faits d’un graud intérêt. L'auteur a particulièrement porté son effort sur la question de la formation de la glycose aux dépens des graisses et surtout aux dépens de l’albumine, c'est-à-dire sur la question du mécanisme intime de l'hvperglycémie et de la glycosurie. Il n’est pas une forme de diabète dans laquelle l'exerélion azotée ne dépasse, et souvent de beaucoup, la normale. M. Lafon montre que la quantité de sucre éliminé est propor- tionnelle à la quantité de viande ingérée. En même temps, la consom- mation d'oxygène augmente, et cette consommation supplémentaire est proporlionnelle à la fois à la quantité du sucre formé et à la quantité de l’albumine ingérée; elle est donc liée à la formation du sucre à partir de l’albumine. Toute cette parlie des recherches de l’auteur a été faite au moyen des méthodes et des appareils de notre regretté collègue Laulanié, dont M. Lafon fut l'élève. Cette formation du sucre aux dépens - des albuminoïdes procéderait de phénomènes d'oxydation, comme l’a soutenu Chauveau. De tout cet ensemble d'expériences très bien liées, l’auteur conclut que le diabète est caractérisé par la non-utilisation (plus ou moins com-. plète) des hydrates de carbone, par la non-utilisation de la glycose formée aux dépens de l’albumine et, enfin, par l'accroissement de l’excrétion azotée et par suite de la quantité de sucre formé aux dépens de l’albumine. Mais tout diabète ne présente pas ces trois caractères ou bien ne les présente pas toujours au même degré. Pour terminer, l’auteur s'efforce d'indiquer les causes de ces lrois grandes manifestations du trouble profond de la nutrition qui constitue le diabîte. On trouvera ici encore beaucoup de vues originales. La lecture de cet important travail s'impose aux physiologistes et aux pathologistes. SÉANCE DU 19 JANVIER © = . QUELQUES CHIFFRES RELATIFS AU RYTHME VITAL DES Convolula, par M. GEORGES Bon. Ces observations ont été failes à Saint-Jacut-de-la-Mer, du 13 au 26 septembre 1903, c’est-à-dire pendant une quinzaine correspondant à une morte-eau (16 septembre) et à une grande marée (23 septembre). Du 13, à 4 h. 13 matin, au 26, à 4 h. 4 soir, la mer est venue recouvrir 26 fois la plage, a effectué 26 oscillations, se ralentissant en morte-eau, s'accélérant en vive-eau. Dans les tableaux qui suivent, l'heure de la mer basse est indiquée de 2 en 2 marées; A représente l'écart avec l'heure correspondante du mouvement régularisé. Sur la plage, les Convoluta ont effeclué, dans l’espace de temps consi- déré, 26 oscillations représentées fort grossièrement parl e trait plein de la figure ci-jointe (la grisaille représente l'obscurité : nuit ou sabie). Les lots, a, b, c, d, ont été prélevés sur la petite plage, vis-à-vis le Guildo; les lots, A, B, sur la grande plage, regardant Saint-Briac. Ces premiers provenaient de bancs de sable qui restaient émergés à chaque marée en moyenne huit heures, jusqu’à dix heures en morte-eau, ct étaient constitués d'individus qui avaient l'habitude sur la plage de rester émergés au-dessus du sable huit heures, aussi bien en morte-eau qu'en vive-eau; pour les seconds, la durée de l’émersion était moindre. Tous les lots ont été placés en aquarium, sous une couche d’épaisseur constante d’une eau renouvelée fréquemment par fractions au moyen d'un système de siphons. Dans ces conditions, les oscillations ont persisté pendant douze et quatorze marées conséculives. Dans les tableaux j'indique l'heure où le sable à commencé à se teinter en vert, c'est-à-dire celle où a commencé la sortie. Observations en morte eau (Lots isolés le 14). Date 14 ; 15 ° 16 17 18 19 20 Basse mer. 4 52 m. 9.4 7. 06 8.38 10.03 145419 0.11 s0 QE — A9 HET + 0.59 + 120 TES n'en Entre Lot a. » IE rte » 4.00 5.30 6.45 TEE Lot à. » Id. » 4,415 5.45 (Ga) HENCS Lot A. » Id, » 4,30 6.15 FRS 8.15 52 SOCIÉTÉ DE BIOLGGIE Observations en vive eau (Lots iolés Le 18). Daté 19 20 21 22 93 24 25 Basse mer. 11.12 m. 0.11 s. 1.00 d4% M0) 2.58 3.31 À LL 1.35 + 1.40 DS OS 00 051 COS Lot c. 1.00 8.00 8.00 » 9.30 10.00 10.30 Lot d. 115 8.15 8.30 » 10.15 11.00 11.30 Lot B. 1.30 8.30 9.00 » 10.30 11.00 11.45 J'attends d’avoir donné d’autres chiffres pour tirer des conclusions; j'attirerai seulement l’attention sur les points suivants : 1° En aquarium, comme sur la plage d’ailleurs, les oscillations des Convoluta se ralentissent en morte-eau, tout en s’affaiblissant (taches moins vives à la surface du sable : fait reconnu par Gamble et Keeble), et s’accélèrent en vive-eau, ce qui fait qu'on n’observe pas d’écarts aussi considérables que ceux supposés par M. Lapicque (Société de Biologie, 1906, II, p. 708). J’expliquerai les écarts accidentels de la. courbe par des variations d’éclairement, l'intervention des phénomènes asphyxiques (par exemple, le 20 a été une journée particulièrement sombre), etc. ; 2 En aquarium, comme sur la plage, la sortie du sable commence entre 3 h, 40 et 5 heures avant la mer basse et dure environ deux heures, c'est-à-dire a lieu dans tous les cas au moment où la mer descend mani- festement; je persiste donc, malgré la critique de M. Lapicque, à trouver bonne l’expression : « quand la mer descend. » SUR LA COLORATION NATURELLE DE LA SOIE VERTE. Réponse à la deuxième note de M. Gautier (Cl.), par M. R. DuBors. Dans une note récente (1), j'ai dû rectifier certaines assertions inexactes relatives à des recherches que j'ai faites autrefois, en 1891, sur les matières colorantes de la soie verte du Saturnia Yama-maï et à celles plus récentes d’un de mes élèves M. Villard. En terminant, je proposais de clore la discussion, non pour mon profit (?), comme l’a prétendu depuis M. Gautier (C.), mais bien parce que les deux points sur lesquels il a tant insisté n'ont, à mon sens, aucune valeur scienti- fique, ainsi que je vais le démontrer. 1° Prétendue découverte de la solubilité de la matière verte ou chloroya- mamaine, de la soie verte du Saturnia Yama-mai (2). (!) Voyez Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXI, p. 615, 1906. (2) Je donne le nom de chloroyamamuine à la substance verte cristallisée que j'ai isolée des cocons du $. Yama-maï afin de la distinguer d’une subs- tance bleue qui l’accompagnait et que j'appellerai cyanoyamamaine. Je me SÉANCE DU 19 JANVIER 53 M. Gautier (C.) aurait bien dû penser que les solutions alcooliques que nous avons étudiées au spectroscope dans le laboratoire, il y a dix-sept ans, n'étaient pas en ébullition dans les cuvettes à faces parallèles assemblées avec du baume de Canada, qui nous servaient à cet usage. Nos solutions alcooliques étaient froides et bien colorées, nous avions donc sous les yeux des solutions de chloroyamamaïne dans l'alcool froid. Cette solubilité dans l'alcool froid que M. Gautier (C.) croit avoir découverte est donc connue depuis de longues années. M. Gautier, qui s’intéressait beaucoup aux recherches de ses voisins de laboratoire, a dû voir aussi que les solutions alcooliques de M. Villard étaient ‘également froides. En vérité, je trouve que M. Gautier (C.) s’est donné beaucoup trop de peine, avec ses triturations prolongées et répétées, ses centrifugations, ses concentrations, etc. Cela peut former une belle façade, mais derrière je ne vois rien de nouveau. ïl est pten évident qu'il ne s’agit pas d’une discussion de faits, mais d’une querelle de mots. Il est clair aussi que M. Villard a voulu indiquer simplement que la chloroyamamaïne est difficilement enlevée au cocon par l'alcool à froid; c’est pour cela d’ailleurs (est-il nécessaire de le dire?) que j'avais employé l'alcool bouillant; mais l'explication de la résistance en question que propose M. Gautier (C.) est absolument fausse, attendu qu'il y avait sur les cocons que j'ai examinés une abondante poussière composée en partie de cristaux libres de chloroyamamaïne formés spontanément à la surface. Si M. Gautier (C.) devait faire paraitre une cinquième note sur sa découverle prétendue, il pourrait, nous semble-t-il, la formuler ainsi pour ne plus laisser prise à aucun malentendu : « On savait depuis longtemps que la matière verte ou chloroyamamaine de M. hi. Dubois est soluble dans l'alcool froid, mais comme elle résistait à l'action de l'alcool à froid, M. R. Dubois a employé de l'alcool bouillant. Dix-sept ans plus tard, M. Gautier (C.) a démontré par de nombreuses expériences que M. Dubois s'était, dans la circonstance, évité, avec raison, la fatigue de longues et pénibles manipulations. Quant à M. Villard, il a remarqué que l’on n'a pas besoin de tout cela pour obtenir une solution alcoolique de chlorophylite de feuilles de chène, que cette dernière se fait très facilement dans l'alcool froid et que cela constitue une différence. » N'est-ce pas là la vérité dans sa plus grande simplicité? x suis décidé à créer ces deux néologismes, dont la formation ne me satisfait pas absolument, pour répondre à l'insinuation de M. Gautier qui peut faire supposer que J'ai prétendu avoir découvert une chlorophylle animale cristal- lisée, ce qui est inexact. Soit dit en passant, ces deux substances sont solubles dans l'alcool et, si l'on ne prend pas certaines précautions parti- culières, on s'expose à examiner spectroscopiquement non une solution de matière verte dans l'alcool, mais un mélange de deux substances colorantes. 54 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Prétendu spectre chlorophyllien de la chloroyamamaïine. J'ai fait observer à M. Gautier que les savants les plus autorisés exigent aujour- d’hui pour caractériser un spectre chlorophyllien une technique que M. Gautier (C.) a complètement négligée (voir ma note du 15 dé- cembre 1906). J'ajouterai que M. Gautier (C.) devrait savoir que la chlo- royamamaine est soluble dans l’eau, même bouillante, et que la chloro- phylle des feuilles de chêne l’est dans l’éther. J'ai l'espoir que M. Gautier (C.) ne me reprochera plus de n'avoir « dit mot » de sa principale découverte. J'aurais voulu que ce mot fût. élogieux, car, s'il m'est infiniment agréable de défendre mes élèves, quand leur cause me paraît juste, j'éprouve une grande répugnance à être forcé d'intervenir dans le cas contraire(4). LA RADIOGRAPHIE APPLIQUÉE A LA RECHERCHE DES PERLES FINES, par M. Rapuarz DuBois. En 1901, nous avons fait au laboratoire de physiologie générale et comparée de la Faculté des Sciences de Lyon des radiographies d’une perle contenue dans un Unio perlifère d’eaux douces (Margaritana margaritifera Dupuy). Malgré l’épaisseur relative des coquilles de ce bivalve, on voyait très bien avec les rayons X la situation de la perle- et ses contours, qui furent ensuite neltement fixés par les radio- sraphies. Celles-ci furent présentées à la Société Linnéenne de Lyon avec une- note dans laquelle je faisais remarquer que les rayons X pourraient être très ulilement appliqués à la recherche des perlés fines et qu'on éviterait ainsi la destruction d'une quantité considérable des précieux _ mollusques qui les produisent. Vers 1903, les journaux de la grande Presse, en Allemagne, annon- caient que les rayons X venaient de recevoir une nouvelle application et qu'on s’en servait à Ceylan pour la recherche des perles fines dans les huîtres perlières. J’envoyai alors une note à l’Académie des Sciences en 1905 pour établir la priorité de mon invention. À l’occasion de l'Exposition coloniale de Marseille, en 1906, M. Au- (1) Si l'on voulait classer les opinions des personnes qui ont repris l'étude de la coloration naturelle au point où je l’avais laissée en 1891, on pourrait faire trois groupes : 1° MM. Levrat et Conte, qui croient que ma chloroyama- maine est une chlorophylle; 2 M. Villard, qui démontre le contraire en s'appuyant sur mes anciens. travaux et sur des recherches nouvelles qui lui sont personnelles; 3° M. Gautier (C.) qui déclare qu'il n’en sait rien (voir sa dernière note) parce qu'il n’est pas documenté suffisamment; il était bien inutile de le dire! és Ë SÉANGE DU 19 JANVIER 55 guste Lumière, de Lyon, voulut bien, sur ma prière, faire la belle radio- graphie d'une perle enfermée dans les valves d’une huitre perlière (Margaritifera vulgaris Jamesan), que mon excellent collègue M. Fran- cois-Franck veut bien se charger de présenter à la Société de Biologie. Cette radiographie faisait partie des collections de perles et de coquilles . nacrières qui figuraient, avec d’autres documents, dans la vitrine du laboratoire maritime de biologie à l'Exposition (1). Ce sont nos recherches de physiologie comparée sur le mécanisme respiratoire des tortues au moyen des raçons X qui nous ont suggéré l'idée de l'application dont il vient d'être question. (1) Je prie M. Auguste Lumière de recevoir ici tous mes remerciements pour le savant et précieux concours qu’il nous a prêté si sracieusement, dans diverses circonstances, pour des recherches sc'entifiques. 56 SOUIÊTÉ DE BIOLOGIE Du DÉVELOPPEMENT ET DE LA STRUCTURE DES ORGANES ÉLASTIQUES, par M. Én. RETTERER. À diverses reprises, j'ai étudié les organes élastiques(1). De nouvelles recherches, portant sur le ligament cervical et l’aorte de chien, chat, cobaye et cheval, m'ont montré plusieurs faits qui me semblent intéres- sants. Exposé des faits. — Le ligament cervical et Faorte des Jeunes animaux possèdent des noyaux quise comportent, au point de vue des réactions micro- chimiques, comme ceux du derme. Lorsqu'on a coloré au carmin, au lithium ou au carmin aluné les coupes des tissus fixés préalablement, ces noyaux conservent leur teinte rouge malgré un séjour prolongé dans la fuchsine-ré- sorcine qui, on le sait, colore les fibres ou lamelles élastiques en noir. Il n’en va plus de même chez l'animal adulte ou vieux. Les noyaux continuent à avoir une grande élection pour le carmin; ils sont très nombreux et serrés, car on en compte (coupes épaisses de 7 p) 8 à 10 sur une surface carrée de 30 u. Longs de 7 à 9 p et larges de 2 à 3 pi, ils sont distants de 3 à 10 p dans le sens longitudinal, et de 3 à 7 & dans le sens transversal. Colorés préalable- ment par le carmin en rouge intense, ces noyaux pâlissent, puis se teignent en noir, dès qn'on laisse la coupe séjourner dix à vingt minutes dans la fuchsine-résorcine. Si on gradue l’action de ce dernier réactif et qu'on sou- mette les coupes préalablement colorées au carmin, à l'influence de la fuchsine-résorcine, on voit les phénomènes suivants : déjà au bout d’une minute, la fuchsine-résorcine a dessiné un contour noir autour du noyau, alors que la partie centrale du même noyau reste rouge. Après deux ou trois minules, la teinte noire s'étend vers le centre du noyau, qui offre encore un ou deux points rouges. Enfin, tout le noyau devient noir, de sorte qu'il est impossible de le distinguer d’une fibre élastique coupée en travers. Ces phé- nomènes ne s’observent que dans les noyaux intra-fasciculaires, car les noyaux du {issu conjonctif inter-fasciculaire dun ligament cervical restent rouges et se comportent comme ceux du derme, Les fibres élastiques du ligament cervical, épaisses de 2, 3 à 4 p sont séparées et réunies entre elles par un proleplasma homogène de 1 à 2 u. C’est dans ce protoplasma homogène que se trouvent les noyaux. Si, après avoir traité les coupes à la fuchsine-résorcine, ou les lave et qu’on les surcolore à l'hémato- xyline, on met en évidence, dans ce protoplasma qui paraît honiogène, un réticulum très fin, à mailles très étroites qui est en partie hématoxylinophile ou chromophile, en partie élastique. Le réticulum relie entre elles les grosses fibres élastiques et constitue un système alvéolaire continu avec ces fibres et cloisonnant le protoplasma homogène ou hyaloplasma. Dans l'aorte, la tunique moyenne, que j'envisage spécialement, a des grosses (1) Société de Biologie, 9 juillet 1898, p. 743 et suivantes, et Journal de l’Ana- tomie, 1904, p. 337, pl. IX et X. SÉANCE DU 19 JANVIER 517 fibres élastiques, disposées en réseaux serrés, en lamelles ou membranes concentriques à la lumière du vaisseau ; cés fibres sont, chez le chien, épaisses de 3 à 4 Lu, et atteignent, chez le cheval, des dimensions un peu plus consi- dérables. Sur les jeunes chiens (trois mois), les lamelles élastiques et concentriques de l'aorte sont séparées par des intervalles remplis d'éléments cellulaires dont les noyaux sont chromatiques et n’ont pas d'élection pour les réactifs de l’élastine. Dans l'intervalle ou à la périphérie de ces cellules, il existe cepen dant de fines fibrilles élastiques dirigées perpendiculairement ou obliquement par rapport aux lamelles élastiques. Sur le chien adulte, nombre de noyaux voisins des lamelles élastiques montrent la réaction de l’élastine. Sur les vieux chiens (j'en ai eu âgés de vingt ans), la plupart de ces noyaux, sinon tous, appartenant aux lamelles intermédiaires, après avoir été colorés en rouge intense par le carmin, se teignent ensuile en noir par la fuchsine-résorcine. Dans l'aorte du cheval adulte, les réseaux ou lamelles élastiques, épaisses de 3 à 6 p, sont séparées les unes des autres par des intervalles de 10, 12 ou 15 p, constitués par les mêmes éléments cellulaires que chez le chien et cloi- sonnés également par des fibrilles élastiques transversales ou obliques. Les éléments cellulaires offrent des caractères différents au centre des intervalles qui séparent les lamelles élastiques et au voisinage direct de ces lamelles. Dans les intervalles interlamellaires, les noyaux conservent une portion cen- trale rouge, quand, après coloration par le carmin, on traite es coupes par la füuchsine-résorcine. Lorsqu'on colore les coupes au bleu de toluidine, les cellules des intervalles interlamellaires, disposées sur 5 à 6 rangées, présentent sur une coupe longitudinale de l'aorte, l’aspect d’un épithélium stratifié : les noyaux, larges de 2 à 3 y, sont entourés d’un protoplasma clair, périnucléaire, formant une zone de 3 à 4 u. Le contour de la zone claire ressemble à une capsule très colorable par le bleu de toluidine et continue avec les capsules des éléments voisins. Au voisinage des lamelles élastiques, les noyaux fixent la fuchsine-résorcine, et l'épaisseur de la zone claire périnucléaire des cellules diminue, tandis que le protoplasma extra-capsuiaire augmente d'autant. Si, après avoir traité une coupe à la fuchsine-résorcine, on la colore au bleu de toluidine, on saisit toutes les phases de l’évolution protoplasmique : les noyaux des cellules juxta- lamellaires se montrent sous la forme de points bleus, la mince zone périnu- cléaire est incolore ou à peine teintée de bleu; enfin les capsules et les intervalles capsulaires sont rouges ou brun rougeätre. En un mot, les fibres, les lamelles et les réseaux élastiques se développent aux dépens de la couche périphérique des ce.lules des espaces interlamellaires. À mesure que la trame élastique augmente, le protoplasma clair de ces cellules se rétrécit, mais il persiste constamment une mince zone claire avec un rudiment de noyau. Ce sont ces restes des cellules originelles qui figurent les points clairs qu'on observe dans les lamelles élastiques de l'aorte, qui sont connues sous le nom de trous. La présence de ces espaces clairs a valu à ces lamelles le nom de membranes fenêétrées. | Résultats. — À l’origine, les organes élastiques sont exclusivement cellulaires et les cellules fusionnées sont formées d’un protoplasma C9 58 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE homogène. Dans le ligament cervical comme dans le derme, le proto- plasma périphérique des cellules produit des fibres d’abord hématoxy- linophiles ou chromophiles qui, plus tard, se transforment en fibrilles élastiques. Quant au protoplasma clair qui contient le noyau, il est capable de se différencier encore ultérieurement en réticulum chromo- phile d’abord, élastique ensuite, pour fournir de nouvelles fibrilles élastiques. F Dans l'aorte, les cellules formatives des fibres et des lamelles élastiques affectent la figure d'éléments fusiformes à disposition épithéliale. Ce sont là les éléments décrits sous le nom de fibres musculaires lisses. Leur protoplasma périphérique élabore des fibrilles élastiques qui se disposent en zones ou lamelles concentriques à la lumière du vaisseau. À mesure que le corps cellulaire se transforme, à sa périphérie, en éléments élastiques et prend, autour du noyau, une apparence claire, le noyau change de caractères et de composition. De chromatique, ül devient partiellement élastique. Cette métamorphose rappelle celle que j'ai signalée dans les noyaux de l’os(1); elle est cependant beaucoup plus prononcée dans les organes élastiques, où les réactifs de l’élastine remplacent et effacent les colorations chromatiques. Les fibres ou lamelles élastiques ne procèdent donc exclusivement ni du corps cellulaire, ni du noyau. C’est à la périphérie du corps cellulaire que débute la transformation du protoplasma en réticulum élastique; mais ce n'est là ni une origine extra-cellalaire aux dépens d’une substance fondamentale, ni une clasmatose. La portion périnueléaire reste claire et offre, avec le noyau, l'image d’une cellule vésiculeuse analogue aux éléments qu’on observe dans les ménisques interarticu- laires du genou du lapin (2). À mesure que la cellule se différencie à la périphérie en substance chromophile, puis élastique, la zone périnucléaire,; claire, se réduit et le noyau se modifie. Mais la place de ces restes cellulaires continue à être indiquée dans les lamelles élastiques sous la forme d'espaces clairs (prétendus trous des membranes fenétrées). Conclusion. — Les fibres et les lamelles élastiques représentent une élaboralion protoplasmique. Les noyaux subissent, pendant celte évolu- tion, un changement profond dans leur composition, car leur substance prend peu à peu les caractères de l’élastine. (1) Journal de l'Anatomie, 1906, p. 216. (2) Voir Retterer. Société de Biolog'e, 21 jar. vier 1905, p. 2 Re) SÉANCE DU Â9 JANVIER 59 INFLUENCE DU RÉGIME SUR L'ÉVOLUTION DE L'ÉPITHÉLIUM RÉNAL. Note de M. À. LELÈVRE, présentée par M. Éb. RETTERER. Pour rechercher l’évolution des tubes urinaires (segments contournés), j'ai expérimenté sur les souris que j'ai soumises à l'alimentation du son (sans boisson) ou à la viande de cheval (avec boisson). A. — Régime sec. J'ai soumis au régime sec des souris pendant une durée variable de 7, 14, 30 et 54 jours et je les ai nourries de son. Les tubes urinaires de ces animaux offrent sous l’influence de ce régime les modifica-- tions suivantes : Le revêtement épithélial devient plus épais; au lieu d'une rangée de noyaux, on en trouve deux, parfois trois. À mesure que le régime se prolonge, la lumière du tube se remplit de cellules en voie de desquamation ou de désa-- grégation, et enfin de véritables calculs cellulaires formés par des couches concentriques de cellules desquamées; protoplasma peu abondant, à noyau très réduit. Je n'’insisie pas sur les détails histologiques, car mes expériences sur les souris m'ont donné des résultats de tous points identiques à ceux de M. Ret- terer. Je renvoie à la description qu'il en donne en ce qui concerne le cobaye (1). B. — Régime carné. Mes expériences ont porté sur des souris blanches, maintenues pendant trente jours au régime carné (viande de cheval) et ayant de l’eau à leur disposition. Résultats. — Sur les coupes, on constate la présence de tubes urinaires à lumière ouverte et de tubes à lumière fermée, les premiers étant de beaucoup les plus nombreux. 1° Tubes à lumière ouverte. — Ces segments ont une lumière large ou étroite, «) Les cellules qui les tapissent, plus ou moins hautes, à striation de Heidenhain assez nette, renferment un ou deux noyaux; très souvent, dans les cellules binucléées, les noyaux sont superposés et présentent des dimen- sions variables, comme nous l’indiquerons en parlant des tubes à lumière fermée. Notons que la colorabilité de ces noyaux est sensiblement augmentée. 6) La cuticule est haute, homogène; elle laisse très rarement percevoir des- Stries. Elle manque souvent sur les cellules binucléées (par superposition), lorsque ces cellules bombent fortement dans la lumière canaliculaire. y) Cette lumière — large ou étroite — renferme dans tous les tubes un (1) Éd. Retterer. De l’épithélium rénal dans quelques états fonctionnels du rein. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, p. 611. — Du stroma rénal dans quelques états fonctionnels du rein. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, p. 560. — Contribution expérimentale à l’étude du rein. Comptes rendus de l'Association des Anatomistes, Bordeaux, 1906, 60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE réliculum très ténu, hématoxylinophile, des granulations protoplasmiques fuchsinophiles, et d’autres granulations fixant intensivement les colorants nucléaires, en particulier l’hématoxyline de Heidenhain. Ces granulations hématoxylinophiles ne se rencontrent jamais dans l'épaisseur de la cuticule, et elles deviennent de plus en plus manifestes et nombreuses en même temps que la lumière canaliculaire s’élargit, mais elles n'arrivent jamais à obstruer la cavité du tube urinaire. Elles peuvent se voir au niveau du collet du tubulus; elles n'existent pas dans les tubes de l’anse de Henle et les tubes urinifères. 20 Tubes à lumière fermée. — L'épithélium qui tapisse ces tubes présente les modifications suivantes : «) Sa hauteur est augmentée, et cet accroissement est fréquemment assez considérable pour que les extrémités distales des cellules soient au contact les unes des autres, obstruant ainsi presque totalement la lumière canaliculaire. Les granulations protoplasmiques ne sont plus ordonnancées en rangées linéaires, régulières comme à l’état normal. Il n'existe jamais de zones qui en soient dépourvues. 6) Ces cellules sont limitées du côté interne par une cuticule homogène, qui oblitère complètement la lumière; si les cellules sont en contact par leur pôle interne, elles ne présentent plus traces de cuticule. Notons enfin que l’on ne peut déceler par l'hématoxyline ferrique la présence de granulations fixant les colorants nucléaires, dans l'épaisseur de la culicule, lorsqu'elle existe. y) Les cellules de ces tubes à lumière fermée sont pourvues très fréquem- ment de deux noyaux superposés, parfois juxtaposés. Les cellules à trois noyaux superposés ne sont pas exceptionnelles. Le volume des noyaux est variable, le noyau interne étant tantôt de dimensions égales, tantôt de dimen- sions inférieures à celles du noyau périphérique; dans quelques cas, ce der- nier est le moins volumineux. Il existe encore des noyaux internes qui présentent des dimensions anormales; outre leur volume exagéré, ils sont remarquables par leur aspect clair, par la condensation de leur substance chromatique au niveau de la membrane nucléaire. Les noyaux internes frappés de pycnose sont rares. Conclusions. — Les moditications structurales observées dans les reins d'animaux maintenus au régime carné offrent une grande res- semblance avec celles que nous avons constatées dans les reins d'ani- maux de même espèce rendus anuriques par le régime sec. Sous l'influence du régime carné, le nombre des tubes ouverts est cependant plus grand qu'après le régime sec, mais la stratification nucléaire est aussi évidente. (Travail du laboratoire de Thérapeutique du Professeur Gilbert.) SÉANCE DU 19 JANVIER 61 TECHNIQUE DE DOSAGE DU FER DANS LES TISSUS, par MM. B. MOrEAù, À. Morez et CL. GAUTIER. 1° La calcination des échantillons, dans une capsule de platine avec leur poids d’une poudre suivant la formule : NHITATEMTEMPO RSS EN DUR MU ON RENE MATE ETS 8 parties. Carbonate de potasse pur et anhydre . : . . . . . . . 1 partie. Carbonaté de Soude pur et antydre 4 "5150; PRES permet, lorsqu'on arrive à la fusion des sels, la destruction complète de la matière organique, tandis que le fer passe tout entier à l’état de ses- quioxyde et de carbonate insolubles dans l’eau. Il est alors facile de séparer par filtration ou par cenitifugation ces composés ferrugineux, de les laver à l’eau et de les dissoudre inté- gralement dans l'acide chlorhydrique. 2° Dans cette solution chlorhydrique, le fer peut être dosé pondéra- lement avec une précision qui atteint presque 0 gr. 00001, par précipi- tation à l’aide du nitroso-B-naphtol, réactif déjà proposé par Jolles {1). La solution chlorhydrique est additionnée d’ammoniaque jusqu'à alcali- nité faible, puis d'acide acélique jusqu à réaction acide et redissolution des flocons ferrugineux, enfin de réactif de Jolles (2 centimètres cubes de réactif pour 0 gr. 0001 de Fe.). Nitroso-B-naphtol chimiquement pur . . . . . . . . . 1 gramme. Acide acétique cristal. étendu de son volume d’eau. . 100 cent. cubes. On attend douze heures que le précipité noir qui se forme lentement soit déposé. On sépare le précipité par décantalion après centrifugation, ou par filtration. On le lave à l’eau distillée jusqu’à ce que l’eau de lavage s'écoule incolore. On sèche à 190-105 degrés à poids constant. Pour la pesée de faibles quantités, il convient soit de peser le préci- pilé dans le tube à centrifuger lui-même (nous nous servons de tubes de 25 centimètres cubes où nous effectuons toutes les réactions pour éviter la moindre perte), soit de dissoudre sur filtre le précipité de nitroso-naphtolate de Fe. dans l'alcool bouillant, de recevoir cette disso- lution dans un vase taré, d’évaporer l'alcool, de sécher et de peser. Le poids de précipité multiplié par 0 gr. 0979 donne le poids de Fe. 3° Cette méthode est assez sensible et exacte pour permettre dé doser le Fe. dans À centimètre cube de sang de mammifère avec des erreurs inlérieures à 1/10. Voici quelques exemples de nos vérifications : (1) Jolles. Zeit. f. analyt. Chem., t. XXX VI, p. 149. 02 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a) Liqueur titrée de fer à 1 gramme par litre de Fe. (1). Dans 1! cent. cube, Fe. trouvé, 0 gr. 00098 Fe. trouvé par litre, 0 gr. 98 Dans 2 cent. cubes, Fe. trouvé. 0 gr. 00199 Fe. trouvé par litre, 0 gr. 995 Dans 5 cent. cubes, Fe. trouvé, 0 gr. 00491 Fe. trouvé par litre, 0 gr. 982 b) Sang de chien oxalaté rendu homogène par agitation dans un flacon (2). Dans 0 gr. 937, Fe. trouvé, 0 gr. 00039 Fe. trouvé par gr. de sang, 0 gr. 00042 Dans 2 gr. 105, Fe. trouvé, 0 gr. 00088 Fe. trouvé par gr. de sang, 0 gr. 00042 Dans 4 gr. 863, Fe. trouvé, 0 gr. 00219 Fe. trouvé par gr. de sang, 0 gr. 00045 c) Sang de chien laqué par 10 fois son poids d’eau distillée. Dans 5 c.c., Fe. trouvé, 0 gr. 00019 Fe. tr. par 100 c.c. de sang laqué, 0 gr. 0038 Dans 10 c.c., Fe. trouvé, 0 gr. 00040 Fe. tr. par 100 c.c. de sang laqué, 0 gr. C040 Dans 20 c.c., Fe. trouvé, 0 gr. 00078 Fe. tr. par 100 c.c. de sang laqué, 0 gr. 0039 (Laboratoire du professeur Cazeneuve. Faculté de médecine de Lyon.) GREFFE DE GANGLIONS RACHIDIENS, SURVIE DES ÉLÉMENTS NOBLES ET TRANSFORMATION DES CELLULES UNIPOLAIRES EN CELLULES MULTIPOLAIRES (Note préliminaire), par M. J. NAGEOTTE. Au cours d'expériences faites pour étudier la forme particulière de régénération des prolongements nerveux, que j'ai signalée récemment etfque j'ai appelée régénéralion collatérale, j'ai été amené à tenter des greffes de ganglions rachidiens. La résistance des cellules de ces organes à l’anémie temporaire dans l'expérience de Stenon m'avait fait supposer qu'il serait possible d'obtenir leur survie dans les greffes ; d'autre part, je pensais que l’état de souffrance déterminé par la trans- plantation amènerait des modifications dans la forme des cellules et pro- voquerait, en particulier, l'apparition de fibres nouvelles nées par régénération collatérale aux dépens des cellules conservées. Mon atlente n'a pas été vaine; j'ai obtenu la survie d'un certain nombre de cellules des ganglions greffés, cellules unipolaires comme on le sait, et leur transformation en cellules multipolaires de forme (1) Toute la série des manipulations, y compris la fusion avec la poudre nitratée, a été effectuée sur ces échantillons. (2) Le sang est pesé dans un petit pèse-filtre bouché et taré, plein d’eau, puis ce liquide évaporé dans la capsule de Pt. SÉANCE DU 19 JANVIER 63 extrêmement compliquée et d'aspect monstrueux. Une telle transfor- mation me paraissant présenter quelque intérêt au point de vue de la biologie des cellules nerveuses, j'ai cru devoir relater cette expérience, sans attendre les résultats d’une étude plus méthodique, que j'ai l’in- tention de faire. Les ganglions sacrés d’un l‘1pin jeune sont extirpés et insérés sous la peau de l'oreille d’un lapin plus âgé. Le quinzième jour, un de ces ganglions est reliré et traité par la méthode photographique de Cajal. On constate qu'à la périphérie du ganglion transplanté, il existe quel- ques cellules nerveuses qui ont survécu et qui ont pris un aspect très différent de l’aspect normal. Le corps cellulaire s’est un peu rétracté et laisse un espace vide entre la capsule et lui sur une certaine étendue de sa circonférence ; le noyau est excentrique ; on ne voit plus trace du glomérule formé par l’axone à l’état normal, mais il existe de nombreux prolongements, les uns très fins, les autres plus gros, qui partent de la cellule etrayonnent dans tous les sens. Les prolongements les plus fins naissent soit directement du corps cellulaire, soit des prolongements plus épais au voisinage de la cellule ; ils entrent pour la plupart dans la formation d'un plexus sous-capsulaire compliqué qui enserre le corps cellulaire; d’autres s'étendent au loin. Les prolongements les plus volumineux, au nombre de trois ou quatre au moins, affectent une dis- position singulière; à peu de distance de la celluie, ils présentent une série de renflements irréguliers, souvent très volumineux, qui donnent naissance à un grand nombre de branches; parmi ces branches, les unes sont courtes et trapues, terminées par des boules; les autres sont plus minces, longues, renflées à leur tour et ramifiées à l'infini; les ramifications ultimes de cette arborisation difforme sont constituées par d'innombrables fibres très fines, terminées par des boules, qui forment des bouquets au voisinage de la cellule et qui rappellent par leur disposilion certaines terminaisons nerveuses sensitives. Si l’on compare les cellules monstrueuses ainsi obtenues aux cellules pourvues d’appendices terminés en boule de Ramon y Cajal, qui exis- tent à l’état normal dans les ganglions et qui, ainsi que je l’ai montré, sont extrêmement abondantes chez les tabétiques, on voit qu'il n’y a entre elles aucune différence essentielle. L'abondance extrême des pro- longements dans les cellules transplantées et l'aspect difforme de leurs arborisations s’expliquent par ce fait que les causes de la transforma- Hüon sont infiniment plus puissantes et plus brutales dans ce cas que dans les états physiologiques ou pathologiques où l’on observe habi- tuellement les cellules à appendices. Dans le tabes la formation des fibres terminées en boule parait êlre déterminée par la destruction des fibres des racines postérieures, que les nouveaux axones s'efforcent de remplacer; ils se dirigent en effet tous vers le pôle médullaire du ganglion. Dans l'expérience que je viens 64 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de relater, on doit vraisemblablement considérer l'apparition des fibres nouvelles comme une tentative de restauration de la cellule, qui cherche à rétablir ses connexions perdues; mais il existe encore un facteur qui joue certainement un rôle important dans ce processus, c'est la perturbation qui s’est produite dans la nutrilion des cellules pendant la période dangereuse de la reprise de la greffe. Un très grand nombre de cellules ont succombé à ce moment et en particulier toutes celles du centre du ganglion; les rares cellules qui ont résisté et qui sont toutes situées en bordure, ont eu sans doute leur vitalité grave- ment compromise pendant un certain temps. Or, nous savons que dans les états de souffrance on observe chez les êtres organisés des phéno- mènes de reproduction hâtive, ou des tentatives de régénération; le forçage des plantes n'est que la mise en pratique de moyens destinés à faire souffrir méthodiquement les exemplaires qui doivent fournir une floraison abondante et hâtive. De même les éléments anatomiques peu- vent être le siège de processus analogues, par exemple le bourgeonne- ment dégénératif des noyaux. Il ne paraît pas douteux que dans la greffe des ganglions l’activité régénératrice intense des cellules, succé- dant à un état de mort imminente, ne doive rentrer dans la même caté- gorie de faits et être mise, au moins pour une part, sur le compte de l'excitation produite par la souffrance physiologique endurée. Enfin, on doit se demander si les différences individuelles qui peuvent exister entre les humeurs du lapin qui a fourni la greffe et celles du lapin qu l’a reçue, ne jouent pas un rôle dans ces phénomènes. (Travail du laboratoire d’histologie du Collège de France et du laboratoire de M. le D' Babinski à l'hôpital de la Pitié.) À PROPOS DES MÉDICATIONS IONIQUES, par MM. Tu. Turrier et A. MAUTÉ. L'examen histo-chimique des tissus dans lesquels on a cherché à in- troduire des substances médicamenteuses à l’aide du courant continu nous à permis non seulement de constater la pénétration de ces subs- tances, mais encore certaines particularités dans leur mode de péné- ration ou d'absorption. Nous nous sommes adressés principalement pour cette élude au trypanroth, à l'argent et à l'acide salieylique, que nous avons introduit dans la peau du cobaye ou du lapin. Avec le trypanroth en solution à 1 p. 100, nous avons conslaté, chez le cobaye, qu'après une séance de quarante minutes et une intensité de 8 à 10 milliampères par centimètre carré, la coloration se fait suivant SÉANCE DU 19 JANVIER 65 un pointillé distant d'environ un demi-millimetre el atleint en profon- deur l’épiderme et le derme jusqu'au tissu cellulaire sous-cutané, qui reste absolument intact. Dans les vaisseaux le sang à pris une colora- tion rouge intense. L'introduction de la malière colorante s’est faite à la fois par les glandes, la gaine des poils et le revêtement épidermique, qui ne présente aucune solution de continuité. Les cellules de Pépi- derme sont colorées d’une façon diffuse, les cellules du derme ont fixé la couleur sous forme de fines granulations. Sur le lapin, avec la même intensité et le même temps, on obtient seulement une coloration de l'épiderme et des régions du derme avoisinant le corps muqueux. La distribution de la malière colorante est la même sur les biopsies faites vingt-quatre heures après la séance. Avec une solution de nitrate d'argent à 1 p. 100 et avec la même intensité on retrouve chez le lapin des particules d'argent réduit entre les cellules polyédriques du corps muqueux et dans ces cellules elles- mêmes, sous forme de fines granulations remplissant le protoplasma comme les granulations d’'éléidine du stratum granulosum. Certaines cellules glandulaires en sont également remplies, et on les relrouve aussi dans la couche superficielle du derme. Au bout de vingt-quatre heures, alors que Mépédenres est à peine modifié, et seulement un peu tendu et aminei, le derme est le siège d'une infiltration leucocytique intense au milieu de laquelle on constate toujours la présence de fines et nombreuses particules d'argent. La pré- sence du métal peut être constatée dans la paroi et au centre même des vaisseaux. L'étude histologique des tissus permet de supposer que dans certains cas au moins les effets locaux du médicament diffèrent suivant qu'il est introduit à l’aide du courant ou par injeclion sous-cutanée. Il est en lout cas intéressant de faire remarquer qu'avec la même matière colo- rante on peut obtenir des actions difilérentes sur les protoplasmas cellu- laires suivant l’un ou l’autre mode d'introduction. C'est ainsi que si l'on fait une injection sous-cutanée d'une solution à 1 p. 100 de trypan- roth, une partie de cette couleur se fixe localement dans les tissus et donne une coloration rouge uniforme de tous les éléments anatomiques de l'épiderme et du derme. Au contraire, introduite à l’aide du courant la matière colorante se fixe sur les cellules du derme sous forme de granulations rouges irrégulières ressemblant aux granulations leucocytaires, de telle sorte que le tissu conjonctif dans les préparations apparaît comme bourré de maslzellen qui auraient été colorées par le bleu polychrome. Quelles que soient la concentration de la solution employée et l’inten- sité électrique, les médicaments nous ont paru rester dans la peau, où ils sont absorbés plus ou moins rapidement; en tous cas jamais nous n'avons pu les rencontrer dans la profondeur des tissus ni même les Biocogie. Comptes RENDuS. — 1907. T. L,XII. 6] “66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE voir atteindre le tissu cellulaire sous-cutané. C'est ainsi que si nous introduisons à travers la peau l'ion salicylique après avoir injecté dans Je tissu cellulaire sous-jacent une solution de perchlorure de fer, nous trouvons la réaction caractéristique dans les couches superficielles du derme sous forme de gros points noirs qui tendent à se rejoindre. Mais ni le Llissu cellulaire sous-cutané, ni le muscle sous-jacent ne pré- sentent la réaction qui se fait au contraire instantanément dans les tissus si l’on vient à les toucher avec une parcelle d’une solution très diluée d'acide salicylique. Il semble d’ailleurs qu'avec une épaisseur constante la pénétration soit plus facile dans les diverses parties d’un même tissu qu'à travers les parties constituantes de deux tissus juxlaposés. Il résulte de ces constatations : 1° que les médiéaments peuvent être introduits à l’aide du courant continu à travers la peau saine, où ils sont absorbés plus ou moins rapidement; 2° qu'ils semblent pouvoir former dans les protoplasmas cellulaires des combinaisons plus ou moins solubles et différentes de celles qu'ils présentent lorsqu'ils sont introduits par la voie sous-cutanée ; 3° que leur pénétration paraît rester superficielle. Cette dernière constatation n’est du reste pas en contradiction avec les résultats cliniques rapportés par M le professeur Leduc. Elle montre seulement qu’il faut considérer ici deux actions bien différentes : 1° L'action médicamenteuse vraie qui reste absolument localisée à la peau, sauf pour les médicaments toxiques à très faible dose qui peuvent produire des effets généraux après leur passage dans la circulation. 2° L'action due aux phénomènes biologiques qui se produisent sous l'influence du courant et indépendamment de la solution employée. De telle sorte que l’action sur les lissus profonds (arthrite, par exemple) n’est pas due à la présence du médicament lui-même sur les tissus arti- culaires, mais à l'action osmotique provoquée par le déplacement des ions de l’organisme. RECHERCHE DE LA CHOLINE DANS LE LIQUIDE CÉRÉBRO-SPINAL CHEZ LES CHIENS SOUMIS A L'ÉPILEPSIE EXPÉRIMENTALE, par M: L. CESARI. D'après Donath (1903) le liquide cérébro-spinal contient presque toujours de la choline dans les cas d’épilepsie ou dans d’autres maladies organiques des centres nerveux. Donath a c:nis l'hypothèse qu'on doit attribuer l'apparition des accès convulsifs à la présence de la choline dans le liquide cérébro-spinal. Il a en effet constaté que l’action convul- SÉANCE DU 19 JANVIER 67 sivante de la choline est surtout prononcée lorsqu'on applique cette substance directement en contact avec l'écorce cérébrale. La présence de la choline dans le liquide cérébro-spinal serait due à une décom- position trop élevée des lécithines. L'épilepsie serait donc, d'après Dovath, une auto-intoxication. L'hypothèse de Donath a donné lieu à plusieurs recherches expéri- mentales. Mansfeld admet que, dans ses observations, Donath a obtenu du chloroplatinate d’ammonium et non du chloroplatinate de choline. Allen (1904) n’a pas réussi à retrouver la choline dans les liquides du corps, dans les cas d’épilepsie, tandis qu’on peut constater la présence -de cette substance dans des lésions étendues des centres nerveux. Pour De Buck (1905) la présence de la choline dans le liquide serait l'effet d'une altération du système nerveux et non la cause. Dans un travail plus récent Donath (1905) confirme sa première observation que dans l’épilepsie et dans d’autres maladies nerveuses on retrouve la choline dans le liquide cérébro-spinal. Si les recherches de Donath sont exactes, l'interprétation sur la pré- sence de la choline dans le liquide cérébro-spinal reste toujours dou- teuse. On peut se demander avec De Buck si la destruction trop élevée des lécithines est la cause de différentes maladies nerveuses, ou bien au contraire si celte destruction n’est pas l’effet d'une fonction exagérée des centres nerveux. . Sur le conseil de M. Battelli j'ai recherché la choline dans le liquide -cérébro-spinal de chiens, chez lesquels on provoquait l'apparition de -convulsions épileptiformes au moven de courants électriques. L accès épileptique était obtenu en appliquant une électrode dans la bouche et l'autre derrière la nuque (procédé Battelli). On faisait passer un courant alternatif de 110 volts pendant une ou deux secondes. Comme on le sait, on a dans ces conditions un accès épileptique vio- lent, constitué par une crise de convulsions toniques pendant 20 secondes environ, suivie de convulsions cloniques pendant 30 secondes environ. On a ensuite une période de coma, à laquelle succède souvent une crise d’agitation violente. Pour recueillir le liquide cérébro-spinal chez le chien, je ne me suis pas servi de la méthode de Sicard consistant à ouvrir le canal-rachidien dans la région sacro-lombaire, parce que j'aurais dû employer l’anes- thésie, ce qui aurait pu modifier mes résultats. je me suis contenté de faire des ponctions sous-arachnoïdiennes au niveau de la membrane occipito-atloïdienne. On obtient ainsi des quantités assez élevées de liquide, le plus souvent limpide. Si dans quelquescas il contient un peu de sang, on le centrifuge. Pour la recherche de la choline j'ai fait usage du procédé déjà employé par d’autres auteurs. Le liquide, acidifié légèrement par l’acide chlorhydrique, est évaporé à siccité. Le résidu est repris par 63 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’aicoo!l absolu et filtré. On verse dans le filtrat quelques gouttes d’une solution alcoolique de chlorure de platine à:4 pour 100. J'ai fait une trentaine d'expériences. Dans quelques cas les chiens ont élé soumis à une seule crise épileptique ; dans d’autres cas on a. provoqué les convulsions plusieurs fois, à une ou deux heures d'’inter- valle. Chez plusieurs chiens on, a appliqué le courant cinq ou dix fois par jour pendant plusieurs jours. Le liquide cérébro-spinal a été recueilli à des intervalles de temps. différents après la production de la crise épileptique. ; Dans quelques cas on l’a pris immédiatement après les convulsions; dans d’autres cas après un quart d'heure, une demi-heure, une heure: ou deux heures. Le résultat a toujours élé négatif. L’addition de chlorure de platine: n’a jamais provoqué un précipité appréciable dans le liquide cérébro- spinal de ces chiens. Ce liquide ne renfermait donc pas de choline. Comme contrôle j'ai ajouté de très petites quantités de choline au liquide cérébro-spinal et j'ai toujours constaté sa présence après les manipulations que J'ai indiquées. Nous voyons ainsi qu'en provoquant une violente exagération dans les fonctions des centres nerveux, on ne réussit pas à faire apparaitre la choline dans le liquide cérébro-spinal. Conclusion. — Le liquide cérébro-spinal ne contient pas de choline: chez des chiens soumis à des crises épileptiques expérimentales, même souvent répétées. (Travail du laboratoire de Physiologie de l'Universilé de Genève.) SUR LA QUANTITÉ D'ÉTHER DANS LES TISSUS ET EN PARTICULIER DANS LE: TISSU ADIPEUX AU MOMENT DE LA MORT PAR CET ANESTHÉSIQUE, par M. Maurice Niccoux. L'animal (chien) est anesthésié par le procédé des soupapes, déjà décrit (1). Après un intervalle de temps variable, on pousse l’anesthésie- à fond en offrant à l’animal de l’air absolument surchargé de vapeur: d'éther; on obtient ce résultat soit en ajoutant une quantité abondante: d’éther dans la soupape d'inspiration, soit en immergeant cette sou- pape dans un bain d'eau tiède à 20 degrés; dans ces condilions, la. mort ne tarde pas à arriver, et à ce moment on fait une prise de sang. artériel ou veineux (ce détail sera noté dans chaque expérience). A (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. LXI, p. 728. SÉANCE DU 19 JANVIER 69 I EC on prélève 15 à 20 grammes {si faire se peut) de chacun des tissus à étudier, en suivant la technique ci-après : l'organe tout entier ou une portion de l'organe, rapidement détaché, est jeté dans un flacon taré contenant 40 à 50 centimètres cubes de la dissolution saturée à froid d'acide picrique. Il est ainsi immédiatement immergé et les pertes d'éther deviennent alors impossibles ; une seconde tare du flacon donne naturellement le poids de l’organe soumis à l'analyse. Pour terminer celle-ci, dans le flacon même, au sein de Ia dissolution picrique, on coupe le tissu avec des ciseaux, de façon à le réduire en morceaux excessivement fins, et à donner au mélange l’aspect d’une bouillie; puis, on fait couler le contenu du flacon dans un ballon et on amène le volume après lavage avec la solution picrique à 75-80 centimètres cubes; à partir de ce moment, on suit point pour point la technique déjà décrite pour le dosage de l’éther dans le sang (1), à savoir : distil- lation dans l'appareil de Schlæssing-Aubin et dosage de l’éther dans le distillat par mon procédé au bichromate. Voici tout. d’abord très résumés les protocoles de chacune des expé- riences. se Exp. I. — Cette expérience a été faite sur l'animal qui a été l’objet de d'expérience III de mon avant-dernière note (2). Le lecteur peut aisément s’y reporter. L’anesthésie a duré quarante-cinq minutes. La veine cave inférieure a été ponctionnée, le maximum de sang recueilli; le foie était pâle et -exsangue. Exe. II — Elle a fait l’objet de l'expérience V de la note citée. Durée de l’anesthésie : cinquante-cinq minutes. La veine cave ponctionnée a donné 130 centimètres cubes de sang, le dosage de l’éther dans le sang a été fait dans Je sang veineux, puis par la jugulaire au moyen d’une sonde, Exp. III. — Elle a fait l’objet de l'expérience VII de la note citée. Durée de J’anesthésie: soixante-dix minutes. La veine cave ponctionnée a fourni 160 cen- timètres cubes de sang, sang artériel pris dans la ho sang veineux par Ja jugulaire. Exp. IV. — Chien 10 kil. 5. Anesthésie par les soupapes, obtenue en nas minutes. Durée de l’anesthésie : quatre-vingt-deux minutes pendant lesquelles 100 centimètres cubes d’éther ont été surajoutés dans la soupape d’inspira- tion. On n’a pas fait de prise de sang dans la veine cave inférieure. Exp. V. —- Chien 11 k. 500. L’anesthésie est obtenue en deux minutes. Durée de l’anesthésie : soixante-treize minutes, pendant lesquelles 100 centi- mètres cubes d’éther ont été surajoutés. A l’autopsie la veine cave inférieure (4) Maurice Nicloux. Méthode de dosage de petites quantités d’éther (oxyde d'éthyle) : 1° Dans l'air; 2° dans le sang ou dans un liquide quelconque de d'organisme ; 3° dans les tissus. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. LXI, p. 606. (2) Maurice Nicloux. Sur l’anesthésie par l’éther. Dosage dans le sang (arté- riel et veineux) au seuil de l’anesthésie, pendant l’anesthésie, au moment de ‘la mort. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. EXI, p. 728. 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE n’a pas été poncltionnée. Le dosage dans le sang a été fait dans le sang vei- neux pris par la jugulaire et dans l'artère, au moment de la mort. Exp. VI. — Chien 9 kilogrammes. Durée de l’anesthésie : soixante-cinq minutes; prises de sang artériel au moment de la mort. Je donne maintenant réunis en tableau les résultats numériques de ces expériences ; les nombres qui y sont inscrits représentent les quan- tités d’éther (1) en milligrammes pour 100 grammes de chacun des tissus mentionnés dans la première colonne. TISSU ÉTUDIÉ Exp. Î Exp. [l exp. LIN æexPp. IV exe. V' Exp. VE San art éniel- NAPPES NE 161 — 175 176 165 16% nt ME GUERRE ENS RS — 166,5 169 — 160 — Cerveauen es ea near ne 160 154 163 — 153 157 ABUIDE APN RSA TS ee 167 158 154 158 156 156. ROLE PEN AE RE ERE RER EE CAD 139 12% 142 138 — SE EE EE ir TU AE Re 25 — 138 140 133 — Pate is ne ASTON enr rt AMEL 134 107 132 105 — CET CINE ER nt us MER ILQ 128 149 + 132 = MUSCIO Se Tr AEUE TELE HUg — 120 102 100 LLS — Graisse : a) sous la peau . . . — — 98 — 118 = ND) DIDIOON ER 256 363 135 — 307 — — c)adhérenteaux reins. 371 400 325 — 31% — Conclusions. — De ces expériences on peut conclure que tous les: tissus renferment de l’éther en quantité notable au moment de la mort par cet anesthésique ; parmi eux le cerveau et le bulbe, tenant vraisem- blablement cette propriété de la forte proportion de substances de com- position chimique voisine de celle des graisses qu’ils contiennent, sont ceux qui en renferment le plus. De plus un résultat imprévu, a priori, et intéressant au point de vue de l'étude comparée de l’anesthésie par le chloroforme et l’éther, est celui-ci : le cerveau et le bulbe renferment la même proportion d’éther (les différences quand elles existent sont de l’ordre d'erreurs d'expériences et de sens contraire); or, le bulbe ren- ferme 1,5 fois plus environ de chloroforme que le cerveau (2) lors de l’anesthésie par cette substance. ; Enfin, comme pour le chloroforme, le tissu adipeux est capable de fixer une très grande quantité d’éther, jusqu'à 400 milligrammes pour (1) C'est de l’éther, et de l’éther seul, qui est dosé par le bichromate. Je. reviendrai en détail sur cette démonstration dans ma prochaine note. (2) Maurice Nicloux. Sur la quantité de chloroforme dans les tissus et en particulier dans le tissu adipeux au moment de la mort par cet anesthésique. Comptes rendus de la Société de Bivlogie, 1906, t. LX, p. 206. MM. Tissot et Mansion, postérieurement à moi, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. LX, p. 241, ont confirmé ce résultat. SÉANCE DU 19 JANVIER 74 100 grammes ; ceci est tout à fait en rapport avec ia propriété que pos- sède l’éther de dissoudre les corps gras ou réciproquement; quant à la différence entre les quantités d'éther fixées par la graisse suivant sa topographie, elle tient vraisemblablement à une différence de vascula- risation. Je tiens à faire remarquer, en terminant, que Le tissu musculaire car- diaque renferme plus d’éther {ceci était vrai également pour le chloro- forme) que le tissu musculaire ordinaire. (Travail des laboraloires de Physiologie générale du Muséum d'Histoire naturelle et de la Faculté de Médecine, clinique Tarnier.) SUR L'ÉTIOLOGIE DE LA SOUMA, TRYPANOSOMIASE DU SOUDAN FRANÇAIS, par M. G. Bourrarr. La Souma, qui sévit sur les Bovidés et les Équidés du Soudan, ya été surtout étudiée par Cazalbou (1). L'agent, 7rypanosoma cazalboui, décrit par Laveran (2), offre cette particularité d’être très virulent pour les divers Ruminants et de ne pas infecter les singes, les chiens et les Rongeurs. Dès mon arrivée à Bamako, j'ai eu à étudier cette maladie qui sévis- sait avec violence sur un troupeau de 500 bœufs en pâturage à 3 kilo- mètres de Bamako; j'ai observé aussi la maladie sur les chevaux et les ânes. Je consacrerai ultérieurement à son étude un mémoire d'ensemble. Dans la présente note, je désire seuleinent attirer l'atlention sur le mode de propagation, qui n’a pas encore été élucidé, de cette trypano- somiase. Cazalbou a montré que les tsétsés devaient être mises hors de cause et qu'il est vraisemblable que c’est par l'intermédiaire des taons et des stomoxes que le mal se transmet et s'entretient. Une circonstance favo- rable m'a permis d'aborder le problème et m'a engagé à le soumettre à l’expérimentation. Des bœufs malades amenés dans l'enceinte du laboratoire ont conta- miné trois de mes génisses vaccinifères sur cinq; or, ils ne portaient que des tiques, des hippobosques et des stomoxes; ni taons, ni tsétsés. J'ai (1) Voir son article de la Revue gén. de médec. vétér., sept. 1906, qui résume et coordonne toutes les recherches. (2) Comptes rendus Acad. Sciences, t. CXLIT, 9 juillet 1906. 72 ._ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | donc pensé à instituer des expériences pour mettre en évidence le rôle des stomoxes et des hippobosques. Une première expérience faite sur deux moutons isolés, qui furent piqués par des hippobosques et des stomoxes, ne m'a donné qu'un résultat négatif. J'ai reconnu depuis que l'échec devait tenir à ce que je n'étais servi d'une race de moutons à poil ras, dite du Beledougou, presque réfractaire à l’infection. La race du Macina est au contraire très sensible, mais son épaisse toison gêne l'expérience. J'ai donc résolu d'opérer avec des veaux, très sensibles aussi à la maladie; et comme des renseignements recus de divers points du Soudan me portaient à incriminer tout parliculièrement les stomoxes, j'ai expé- rimenté avec ces seuls insectes. Voici l'expérience qui m a donné un résultat positif : Mon virus est conservé par passage sur mouton. Je me suis assuré, par l’inoculation, non suivie d'effet, de à centimètres cubes de sang viru- lent à un cobaye, à un singe et à un chien, que j'avais sûrement affaire à la Souma. Avec du sang d'un mouton à parasites nombreux, j’inocule sous la peau un veau de quinze mois (race sans bosse) que je sais indemne de trypanosomiase (l'injection de 20 centimètres cubes de sang n'ayant rien donné à un mouton de la race très sensible du Macina). Le 5° jour, les Trypanosomes apparaissent dans le sang et y sont très nombreux le 8° jour. Un second veau de même âge est surveillé depuis vingt-cinq jours il ne montre pas de parasites et 20 centimètres cubes de son sang n'in- fectent pas un mouton du Macina. Il est isolé dans une écurie grillagée où ne pénètre aucun insecte. Il a été débarrassé de ses tiques. Le premier veau malade, également débarrassé de ses tiques, est introduit dans cette écurie, suffisamment grande pour que les animaux soient é'oignés de { mètre et demi et ne puissent se toucher. J'y ai fait pénétrer 40 stomoxes, pris sur des animaux au pâturage. Évidemment, ces insectes peuvent être déjà infeclés; mais celte infec- lion possible n'enlève rien, je crois, à la précision de l'expérience. Le 1% jour, mis le malin à 10 heures, ils ont paru (je les examinai à travers le grillage) piquer pendant toute l'après-midi. Le lendemain, ils paraissaient avoir diminué de nombre; les nuits sont très fraiches et le refroidissement malinal a dû en luer une parlie. Au bout de qua- rante-huit heures, il en resle à peine une quinzaine. Le 3° jour, je n’en vois plus; pénétrant de bon matin dans l'écurie, je ramasse à terre une dizaine de mouches mortes; les aulres se perdent sans doute dans la litière et les excréments des animaux. Sachant le veau malade très parasité, je mainliens mes animaux isolés, pensant que les piqüres des deux après-midi ont pu suffire pour contaminer le veau sain. SÉANCE DU 19 JANVIER 73 Le veau inoculé meurt le 8° jour avec des parasites constants et nom- breux dans le sang. Le 12° jour seulement, apparaissent des Trypano- somes rares dans le sang du veau neuf. Ces parasites étaient non rares le lendemain et nombreux le 3° jour; le veau est encore vivant au 8° jour de l'infection et les trypanosomes sont nombreux. Le jetage muco-purulent et le larmoiement sont, comme toujours, très nette- ment accusés. L'expérience me semble probante et, le stomoxe étant ici extrême- ment répandu, on s'explique facilement les ravages causés par la Souma dans les troupeaux (1). Je vais maintenant étudier le rôle joué par les autres mouches piquantes, et en particulier les taons. Mais il est probablement de médiocre importance dans la nature, si on le compare à celui des sto- moxes. J'ai recu en effet plusieurs envois de mouches provenant des postes de la boucle du Niger où une mortalité excessive se manifeste chez les bœufs et les chevaux : pas un seul taon, ni une seule tsétsé, beaucoup de stomoxes et d’hippobosques. (Laboratoire du Haut-Sénégal et Niger, à Bamako.) RÉGIME DE L'ÉLIMINATION CHLORURÉE DANS LES TUBERCULOSES AU DÉBUT, par MM. ExRrIQUEz et AMBARD. Chez l’homme sain le passage d’un régime de chloruration normale a un régime strictement déchloruré produit, ainsi que l'ont montré MM. Widal et Javal, un excès d'élimination d'environ 15 grammes de NaCI sur Fingestion : cette déchloruration se fait en lysis et dure au minimum quatre jours. Divers observateurs, et en particulier MM. Claude, Mayer et Ambard, ont confirmé dans leur généralité les résultats de. M. Widal : leurs conclusions n’en diffèrent un peu qu'en ce qui concerne le lemps nécessaire pour arriver à l'équilibre chloruré, temps qui serait souvent un peu plus long (sept à huit jours en moyenne). Quoi qu’il en soit de cette dernière petite divergence, il reste acquis que chez l’homme sain la décharge chlorurée comporte en moyenne 15 grammes et dure un minimum de quatre jours. En répétant des recherches analogues sur des sujets tuberculeux au début, nous avons retrouvé, au point de vue de la totalité de la décharge chlorurée, le chiffre habituel d'environ 15 grammes, mais par contre la (1) La description de! ces stomoxés, d'espèce nouvelle, sera faite à la Soc. entomologique, par M. F. Picard. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = re durée de la décharge présente une allure qui lui semble tout à fait particulière. La décharge chlorurée au lieu de se faire en lysis peut se faire brusquement du jour au lendemain : le chiffre des chlorures étant très élevé le premier jour de la déchloruration peut tomber très bas le lendemain et l'équilibre chloruré est ainsi réalisé en vingt-quatre heures. C'est ce que nous avons observé chez deux tuberculeux; chez trois autres la durée de la déchloruration s'est prolongée un peu plus, mais n’a pas dépassé quarante-huit heures, ce qui représente une durée fort restreinte par rapport à la durée habituelle. 1°" malade (régime comportant 2 grammes de NaCl). 1er jour du régime. . . . . . . NaCl urinaire:: 22,8 2e Es Er Re = 3,4 ge = PRES ER = 1,91 2° malade. Même régime. ler jour du régime. . . . . . . NaCl urinaire : 20,95 2e — LE ET CV — b,4 3e TER 0 =2 2,1 3° malade. Même régime. 1er jour du régime. . . . . . .. NaCI urinaire : non dosé: De ee rer Te 4 1,85 3e = LORRET CS ae 1,90 4° malade. Même régime. 1er jour du régime. .. - : _ "NaCl urinare : “oil 2e e À A2 EU RE Le 2,10 3e rai DEN DR EE Ms 1,65 5e malade. Même régime. 1e jour dn régime . . . .. . . NaCl urinaire :" 13,40 2e — SRE EME — 2,45 SE — D ARTE T PURES — non dosé. SUR LES PROPRIÉTÉS PHAGOCYTAIRES DES CELLULRS GÉANTES, par MM. Cu. Morez et E. Darous. Les travaux de Metchnikoff et de ses élèves ont établi que les cellules géantes étaient « des formes éminemment vivaces, constituant la dé- fense essentielle de l'organisme contre le parasite de la tubereulose ». Soudakewitch a montré plus tard que les cellules géantes des lupus pouvaient englober et digérer des fibres élastiques. Récemment nous avons eu l’occasion d'observer un fait prouvant que dans la tuberculose ces éléments sont susceptibles de conserver très vraisemblablement pendant longtemp; leurs propriétés phagocytaires. SÉANCE DU 19 JANVIER 75 Un cobaye est infecté par l'insertion sous les téguments de l'abdomen de fragments de ganglions tuberculeux. Consécutivement, l’animal ne présente pas d’ulcère au point d’inoculation; l'hypertrophie légère des ganglions inguinaux accuse seule la réalisation de l'infection. Huit mois après l’inoculation, l'animal, qui ne présente pas d'amai- grissement notable, reçoit 1/2 centimètre cube d’une culture de bacté- ridie charbonneuse en bouillon et succombe au bout de soixantle- douze heures. A l’autopsie on remarque que la rate est extrêmement grosse; elle est beaucoup plus volumineuse, plus résistante et plus dure qu'elle ne l’est d'habitude chez les cobayes morts de charbon. Sur les coupes de cet organe, on voit que les vaisseaux sont litlérale- ment gorgés de bactéridies et on reconnaît, en outre, que la pulpe splé- nique est criblée de granulations tuberculeuses. Ces granulations sont de volume très inégal. Les plus grosses sont constituées par des cellules géantes entourées d'un amas de cellules épithélioïdes el de lymphocytes. Dans les cellules géantes, on voit quelques rares bacilles de Koch ; les bactéridies char- bonneuses n’ont pas pénétré dans ces tubercules. Les petites granulations sont formées par une cellule géante entourée d’une rangée unique de cellules épithélioïdes. Le protoplasma de l’un et de l’autre de ces éléments contient souvent des bactéridies charbon- neuses, parfois en assez grand nombre. Certaines bactéridies, très mani- festement altérées, montrent des contours irréguliers. à Il résulte de ces constatations : 1° que dans les tubercules, les élé- ments cellulaires sont susceptibles de conserver, tout au moins pendant un certain temps, leurs propriétés phagocytaires ; 2° que pendant cette période les celiules de Langhans sont des éléments vivaces; plus tard seulement elles répondent à la conception de Weigert et de Baumgarten affirmant que ce sont des éléments en voie de dégénération et déjà frappés de nécrose partielle. CoRPS THYROÏDE ET NEURO-ARTHRITISME, par MM. Léorozn-Lévr et HENRI DE ROTHSCHILD. Dans une série de recherches antérieures, nous avons montré qu'à l’hypothyroïdie ressortissaient certaines variétés de migraine, de rhu- matisme chronique, d'asthme, d’urticaire chronique, d’angines à répé- tition, d'herpès récidivants, d'hypothermie, d'œdèmes transitoires, de neurasthénie, d’altérations dentaires. Toutes manifestations morbides qu'on rattache communément à l’arthritisme. De ce fait, certain arthri- tisme peut être considéré comme d'essence hypothyroïdienne. ‘76 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans une communication récente, nous avons soutenu, d'autre part, l'opinion que certain nervosisme était réalisé par l’hyperthyroïdie. La réunion chez un même individu de nervosisme et d’arthritisme est fréquente. Il s’agit, dans ce cas, de sujets à la fois hypo et hyper- thyroïdiens qu'on peut ranger dans le groupe de l'instabilité thyroi- dienne. Mais les deux éléments qui constituent l'association neuro- arthritique se prêtent à de multiples combinaisons. Nous nous proposons d'étudier ici quelques particularités de cette instabilité thyroïdienne æt de fixer certains rapports réciproques de l’hypo et de l’hyperthy- roïdie. La conception à laquelle nous a conduits l'observation des faits profonde et m'en suis très bien trouvé. Depuis lors, j'ai plusieurs fois employé ce procédé, souvent avec de bons résultats, et sans accidents, ni même d'incidents en aucun cas. Voilà très succinctement exposé le premier fait sus-indiqué. Il s’agis- sait d’un homme de quarante-sept ans, atteint d'une pneumonie erra- tique d'intensité moyenne, limitée au poumon droit. Vers le septième jour, il fut pris de raideur de la nuque, tandis que la température mon- tait de 39 à 40 degrés et que le malade se mettait à délirer; Kernig net. Ces symptômes s’accentuèrent si bien que, vingt-quatre heures plus tard, il était pris d’un délire intense avec agitation extrême et inces- sante ; il se dressait debout sur son lit; température très élevée, raideur de la nuque, tremblement généralisé et état général tellement grave que je crus le malade perdu. Je voulus alors tenter l'emploi de la médication par le collargol d’une facon intensive. Mais, comme le malade remuait constamment, il élait impossible de tenter l'injection intraveineuse. Je songeai alors à la voie cutanée et lui fis au milieu de la nuil une injec- tion intramusculaire profonde (3 centimètres) à la partie antérieure de la cuisse, seul endroit possible, et encore en allant très vite. J'employai 2 centimètres cubes d’une solution à 2 p. 100 dans l’eau distillée. Deux heures après, j'en pratiquai une seconde, puis une troisième, trois heures plus tard. J'obtins un léger amendement des symptômes. J’es- paçai un peu les piqüres et en fis encore trois Jusque vers le milieu de la nuit suivante. Soit donc six en vingt-quatre heures, c'est-à-dire 24 centigrammes de collargol. Le lendemain matin, le malade était plus calme, il restait couché, et les symptômes graves s’amendèrent. Je lui fis encore quatre injections dans les vingt-quatre heures. L'amélioration se dessina rapidement. Le 3° jour, trois injections seulement. Le 4° jour, il avait repris connaissance, je ne fis plus que deux piqüres. Le 6° jour il entrait en convalescence. En somme, j'avais pu dans des circonstances parliculièrement diffi- ciles, où tout autre mode d'administration eût été impossible, faire pro- filer mon malade de l’action remarquable du collargol et le maintenir constamment sous cette influence par des injections répétées. J'ai pu dans quelques autres cas : ictère infectieux, grippes infec- tieuses, employer la même méthode avec des résultats variables, mais sans avoir jamais observé le moindre incident à la suite des piqures. Elles sont peu douloureuses et ne laissent qu'exceptionnellement une petite nodosité qui disparaît en quelques jours. Il faut d’ailleurs avoir soin d'avoir une longue aiguille et de l’enfoncer profondément, 3 centimètres au moins, et, lorsque la chose est possible, de faire l'injection dans le liers supérieur de la fesse. En somme, il s’agit là d'un procédé facile à employer, permettant d'utiliser en toutes circonstances un remarquable médicament. Il mérite donc d’être recommandé comme méthode thérapeutique courante pou- SÉANCE DU 2 FÉVRIER 181 vant souvent suppléer la méthode intraveineuse, beaucoup plus délicate et souvent difficile à mettre en œuvre. M. Nerrer. — La communication de M. Capitan établit très nettement l'utilité des injections sous-cutanées ou mieux intramusculaires de col- largol. Dans divers services, notamment chez M. Boissard, la même voie d'introduction s'est montrée efficace. J'ai eu rarement recours à cette méthode, préférant l'injection intra- veineuse dans les cas graves et employant les frictions, ingestions ou injections par le rectum dans les cas moins sévères. Au début de ma pratique, dans un cas très grave de grippe à détermination cardiaque où l'injection intraveineuse était impossible, j'ai dû me contenter d’injecter dans la paroi abdominale 20 centimètres cubes d’une solution à 1 p. 100. Le malade guérit, mais conserva longtemps une induration qui finit par se ramollir et donner issue à un magma purulent noirâtre. Dans nos injections intraveineuses chez les enfants, il nous est arrivé plusieurs fois d'introduire 4 ou 2 centimètres cubes de solution à 2 p. 400 dans le tissu cellulaire. L'induration a mis longtemps à disparaître. J'ai pu m'assurer que dans ces cas les effets thérapeutiques sont infiniment moins marqués que dans les inoculations intraveineuses. ÉTUDE SUR LES CONSTITUANTS COLLOÏDES DES HUMEURS DE L'ORGANISME. LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN NORMAL, par M. H. Iscovesco. Un échantillon de liquide céphalo-rachidien humain normal recueilli par ponction lombaire, étudié par moi, avait comme conductivité élec- trique K—14310 à 23 degrés. Très longuement dialysé, ce liquide (K — 68.10°) précipite seulement par le fer colloïdal et ne précipite pas par l’arsenic colloïdat. Il contient donc un colloïde électro-négatif. Mis dans un tube en U, dans lequel plongent deux électrodes en platine à travers les- quelles on fait passer un courant électrique de 5 à 6 milliampères, on _ constate que la branche négative du tube finit par ne plus contenir du tout de colloïde, et qu'au contraire sa quantité a augmenté dans la branche positive. | Un autre échantillon de liquide céphalo-rachidien humain, obtenu aussi par ponction lombaire, nous donne les résultats suivants : K — 158.10. Dialysé, il laisse un dépôt qui ressemble par ses caractères à une 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE x globuline. Celle-ci est recueillie à part, longuement lavée à l’eau dis- tillée, puis mise en suspension dans l’eau et introduite dans un tube en U, à travers lequel on fait passer un courant électrique, dans les conditions habituelles. La globuline se transporte vers a pôle positif, elle est donc électro- négative. La partie du liquide Pspnaine rachidien privée de ses globulines a continué à être soumise à la dialyse pendant quarante jours. Au bout de ce temps, on constate qu’elle contient un colloïde et que ce colloïde est électro-négatif. Il résulte donc de ces faits que le liquide céphalo-rachidien contient une matière albuminoïde ayant les propriétés d’une globuline et que cette substance est électro-négative; que, de plus, il contient un autre colloïde, soluble dans l’eau distillée, qui est électro-négatif. Ce colloïde n'a aucune des propriétés d’une albumine. On voit que la constitution du liquide céphalo-rachidien présente des différences notables avec celle de toutes les autres humeurs de l'organisme. {Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SUR LA PÉNÉTRATION IONIQUE D ÉLECTROLYTES A TRAVERS LES SELS COLLOÏDES, par MM. H, Iscovesco et A. MarTza. Après les publications de M. Stéphane Leduc, l’intéressante commu- nication, présentée par MM. Tuffier et Mauté à la dernière séance de la Société de Biologie, nous détermine à publier le résultat d'expériences que nous avions entreprises depuis quelque temps déjà. Nous avons voulu étudier comment passent certains électrolytes à travers de l'albumine ou tout simplement des blocs de gélatine rendue isotonique, afin de pouvoir comparer les résultats avec ee qui se passe pour l’organisme animal. Pour cela, on prend des tubes en U ayant à peu près 1 centimètre de dia- mètre et on verse de la gélatine chaude contenant 7 p. 1000 de NaCI, de manière à remplir la partie horizontale et le quart inférieur des deux bran- ches verticales. On refroidit, de manière à ce que la gélatine se solidifie, puis on remplit chacune des branches verticales avec le liquide en en solution l’électrolyte qu’on étudie. Ceci fait, on met le tube dans un circuit FENTE de 110 ir sur le trajet duquel on a intercalé une résistance telle qu’on n’ait que 6 à 8 milliam- pères. Des électrodes en platine plongent dans chacune des branches verti- cales, et on fait passer le courant. br lee tiérsdén in réf ris éd LE SÉANCE DU 2 FÉVRIER 183 Nous nous sommes servis de solutions. d’électrolytes colorées, telles que des solutions de permanganate de potasse, de sulfate de cuivre, acétate de fer. Pour le permanganate, voici ce qu'on observe : la branche contenant l’électrode positive ne change pas; dans la branche négative la solution de permauganate se décolore petit à petit, pendant que la partie de la colonne de gélatine immédiatement en contact se colore de plus en plus et seulement sur une hauteur assez petite : un demi à un centimètre tout au plus. Le temps n'augmente pas beaucoup la profondeur de la pénétration. Dans une expérience nous avons laissé passer le courant pendant vingt-quatre heures sans que la pénétration ait dépassé 1 centimètre de profondeur dans la gélatine. Il se forme en effet, là où l’ion permanganique pénètre, une sorte de membrane qui empêche la pénétration plus avancée. Si après avoir cessé l'expérience on recueille avec précaution la petite colonne de gélatine colorée par l'ion per- manganique, qu'on la mette dans un tube avec de l’eau un peu chaude, on sépare la gélatine du précipité et on constate que le précipité est formé par du bioxyde de manganèse. Dans les expériences avec le sulfate de cuivre.on constate, au bout de plu- sieurs heures, du côté positif, un anneau Lleuâtre d'à peu près un centimètre -de hauteur indiquant que du cuivre a pénétré à 1 centimètre de profondeur dans la colonne de gélatine du côlé positif, mais que là, ayant rencontré l'ion chlore, il s’est formé du chlorure de cuivre, dès que ce courant a cessé ; en d’autres termes, si la gélatine avait été un corps vivant ayant une circulation capable d'entraîner au loin les produits formés, il n’aurait pas enlevé du côté de l’électrode positive du sulfate de cuivre mais du chlorure cuivrique. L'expérience faite avec l’acétate de fer n’a permis de déceler presque aucun passage. Il y a simplement formation d’une espèce de croûte très mince, colorée au niveau de la surface libre de la gélatine du côté positif. La méthode que nous avons employée permet donc d'étudier d’une facon rigoureuse le passage des ions à travers des colloïdes contenant du chlorure de sodium et permet, beaucoup mieux que des expériences sur des animaux vivants, l'interprétation des phénomènes qu’on observe lorsqu'on croit obtenir la pénétration de certaines substances au moyen du courant électrique. Il résulte de ces expériences que, lorsqu'on applique une cathode impré- gnée de permanganate de potasse sur une peau, ce quise passe dans la peau ne va pas à une grande profondeur puisqu'il faut vingt-quatre heures pour avoir une pénétration de 1 centimètre, et, de plus, que ce n’est pas du tout l'ion permanganique qu'on y trouve ou même du permanganate de soude résultant de la combinaison de l’ion permanganique avec l’ion sodium qui se trouve libéré dans la peau par le courant. Ce qu'on trouve dans la peau, c’est du bioxyde, de manganèse, qui forme précipité et colore les tissus. Si on applique une anode en sulfate de cuivre, ce qu’on trouve dans letissu et ce qui peut être absorbé n’est pas du sulfate de cuivre, mais du chlorure cuivrique, et encore la pénétration est très lente. Il résulte donc de notre travail : 1° Le courant électrique fail pénétrer à travers la gélatine pour certains sels le cathion ou l’anion à une petite profondeur, même après une action très prolongée, et ce qu’on retrouve dans le tissu après le passage du courant, c'est 184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un sel nouveau formé par l'union du cathion ou de l’anion que le courant a fait pénétrer avec l’anion ou le cathion du tissu que le courant a libéré. 20 En somme, la pénétration d’un sel dans l’organisme, quand elle peut se faire, ne consiste qu’en un échange, avec l'organisme, de cathions et d’anions. 3° Il est permis de conclure que si on veut faire passer par exemple du sulfate d’atropine ou de l’iodure de potassium, au moyen du courant élec- trique daus l'organisme, on y arrive difficilement et seulement en employant de grandes quantités, de grandes surfaces et beaucoup de temps, et encore fait-on passer dans ces cas de l’iodure de sodium et du chlorhydrate d’atropine. On a donc le droit de se demander s’il n’est pas beaucoup plus simple, plus rapide et plus avantageux de faire tout simplement une injection hypoder- mique de ces substances. Mais nous nous proposons de revenir très prochainement sur ce point avec plus de détail. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) LES SULFO-ÉTHERS DANS L'ICTÈRE PAR RÉTENTION L par MM. Henri LABBÉ et G. Viry. Dans une série de notes précédentes (1), nous avons établi le métabo- lisme et recherché l’origine des sulfo-éthers urinaires à l’état normal; nous avons montré que la quantité des sulfo-éthers éliminés quoti- diennement par l'urine était sensiblement proportionnelle à la quantité d'une même albumine assimilée et était également fonction de la qualité de cette albumine. Nous continuons maintenant nos études en recher- chant les variations des sulfo-éthers urinaires dans les divers états pathologiques. Îctère par rélention. — Nous apportons les dosages quotidiens des sulfo-éthers urinaires d’un malade que nous avons pu suivre, dans le service du professeur Landouzy à la clinique médicale Laënnec, pendant plus de six semaines. Il s’agissait d’un homme qui a présenté à plu- sieurs reprises sous nos yeux des crises d'ictère par rétention. Chaque crise durait de cinq à six jours, et était due, comme l’a démontré l'opé- ration ultérieure, à des brides de péritonite sous-hépatique. Quoi qu'il en soit, ce malade présentait pendant quelques jours le tableau com- plet de l’ictère par rétention : coloration des téguments, décoloration des matières fécales, présence de pigments biliaires dans l'urine. Puis, la crise terminée, la bile passait de nouveau dans l'intestin et disparais- sait de l'urine jusqu’à l'arrivée d’une nouvelle poussée. Ainsi, se trou- (4) H. Labbé et G. Vitry. Comptes rendus de la Société de Biologie, 7 avril et 28 juillet 1906. hé ist = éduntins ‘ins De re ls EEE SG te de te GR Ed on à PERS MS TT SÉANCE DU ? FÉVRIER 185 vaient réalisées, avec une exactitude presque expérimentale, la suppres- sion et la réapparition de la bile dans l'intestin d’un même sujet auquel nous avons pu imposer un régime toujours identique. Nous étions donc dans les meilleures conditions pour apprécier l'influence que pouvait avoir sur la quantité de sulfo-éthers urinaires la présence ou l’absence de la bile dans le tube intestinal. Voici les résultats obtenus avec une alimentation constante compor- tant 2 litres de lait par jour : lre période. 21 au 25 nov. Bile dans l’urine. Moy., 0 gr. 2182 2e période. 29 nov. au 6 déc. Absence de bile dans l’urine. Moy., 0 gr. 1856 3e période. IDC HAMAENdÉC- Bile dans l'urine. Moy., 0 gr. 2650 4e période. 16 au 1$ déc. Absence de bile dans l’urine. Moy., 0 gr. 2192 5e période. 20 au 25 déc. Bile dans l'urine. Moy., 0 gr. 2641 6e période. 25 déc. au 3 janv. Absence de bile dans l'urine. Moy., 0 gr. 1553 De la lecture de ce tableau, il ressort avec la plus grande netteté que : toutes les fois que la bile a cessé de passer dans l'intestin et est apparue duns l'urine, la moyenne des sulfo-éthers urinaires éliminés a augmenté considérablement, pour Llomber à un taux voisin de la normale toutes les fois que, la crise étant passée, le cours de la bile à repris son cours normal. Pour chaque période la chute s’est effectuée d’une façon très sensible : de 0,2182 à 0,1866 pour la première crise; de 0,2650 à 0,2192 pour la seconde ; de 0,2641 à 0,1553 pour la troisième. Tel est le fait très net que montrent les chiffres de nos analyses; il ne reste qu’à en trouver une explication d'accord avec la physiologie et la pathologie. La première explication découle de la considération du rôle antiseptique direct que jouerait, suivant certains auteurs, la bile dans l’inteslin. Dans l'ictère par rétention, la bile étant détournée de son cours et absente de l'intestin, les putréfactions augmentent. Il en résulte que la proportion des sulfo-éthers augmente et qu'on les retrouve dans l'urine, leur voie normale d'élimination, en plus grande quantité. Mais Le rôle antiseptique de la bile est contesté. On peut supposer aussi que la bile contient normalement des Le éthers. En passant dans l'urine, elle augmente le chiffre des sulfo- éthers urinaires. Si cette hypothèse est vraie, et c’est ce que nous dirons dans une prochaine communication, on pourrait, du dosage des sulfo- éthers urinaires dans l’ictère par rétention, inslituer une mesure pro- portionnelle de la bile déviée dans l'urine, et par suite une mesure de l'intensité des phénomènes ictériques eux-mêmes. (Travail du Laboratoire et du Service du professeur Landouzy à la Clinique médicale Laënnec.) 186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À PROPOS DU RYTHME DES MARÉES ET DE LA MATIÈRE VIVANTE, par M. Én. RETTERER. Lors d’une des très intéressantes communications de M. Bohn (Soc. de Biologie, 29 décembre 1906), je fis remarquer que, dans les mers du Nord, il serait plus facile de déterminer la cause de l'ouverture et de la fermeture des Actinies, parce qu'on y éliminerait les influences de la marée et de la nuit. Dans le Varanger-Fjord (Laponie), par exemple, les marées sont peu marquées, et, du mois de juin au mois d’août, il y règne un jour perpétuel. Les renseignements que j'ai pu me procurer ne proviennent pas, il est vrai, d’une latitude aussi septentrionale. Voici, en effet, ce que m'écrit M. le D' Appellof, directeur du Muséum de Bergen (Norvège), dans une lettre datée du 95 janvier 1907 : « Je n'ai jamais observé de périodicité régulière dans l'épanouissement ou le retrait des tentacules des actinies. Naturellement, pendant la marée basse, toutes les espèces sont plus ou moins régulièrement rélractées sur elles-mêmes; mais une autre périodicité, je pense, n'existe pas. Nous avons conservé, pendant plusieurs années, des acti- nies dans notre aquarium à la station biologique; mais là aussi je n'ai pas trouvé une périodicité régulière. » SUR LES MOYENS DE CARACTÉRISER L'ÉTHER DANS LE SANG ET LES TISSUS LORS DE L’ANESTHÉSIE PAR CETTE SUBSTANCE. L’ÉTHER SE TRANSFORME-T-IL EN ALCOOL DANS L'ORGANISME ? par M. Maurice NicLoux. J'ai publié récemment, dans les Comptes Rendus de la Société de Biologie, un ensemble d'expériences sur l’anesthésie par l’éther, et notamment, chez l'animal anesthésié, sur les quantités d’éther dans le sang et les tissus. Les dosages, je le rappelle, ont été effectués en x employant le procédé très simple qui consiste à séparer l’éther par: distillation et à le doser dans le distillat par le bichromate de potasse. Il y avait lieu, pour éviter toute critique, de s'assurer que l’éther était la seule substance qui, extraite du sang et des tissus dans les condi- tions des expériences, était capable de réduire le bichromate, C'est cette démonstration, seulement annoncée dans mes notes anté- rieures, que j’exposerai aujourd'hui; je me permets d’en souligner tout l'intérêt, car elle est en définitive la justification, non seulement de mes 2 SÉANCE DU ® FÉVRIER 187 expériences antérieures, mais encore de celles qui, dans l'avenir, pour- raient être entreprises sur le même sujet. La méthode qui m'a permis dé caractériser l’éther dans le sang et les tissus, et la technique que j'ai suivie pour arriver à ce résultat, ont été décrites précédemment (1) à un point de vue tout à fait général. C'est leur application qui fait l'objet des expériences que je vais exposer. Ces expériences ont permis, en outre, de résoudre le problème inté- ressant de savoir si l'éther se transforme eu alcool dans l'organisme. En voici les protocoles résumés : 49 San : Exp. I. — A l’autopsie d’un chien ayant succombé par l’éther (ce chien fait l'objet de l’expérience II décrite dans ma note sur le dosage de léther dans les tissus, Soc. de Biologie, 1907, t. XLII, p. 68), on recueille 130 centimètres cubes de sang en ponctionnant la veine cave inférieure; ce sang est recu dans l’oxalate (1 centimètre cube d’une solution d’oxalate neutre de potasse à 15 p. 100 pour 100 centimètres cubes de sang). On en prélève 100 centimètres cubes que l’on place dans un grand ballon de ! lit. 1/2, on ajoute 650 centimètres cubes de la solution saturée d’acide picrique, puis 5 grammes environ d’acide picrique en nature. On distille dans l'appareil de Schlæsing. On recueille ainsi 41 centimètres cubes de distillat dans lesquels un dosage par le bichromate indique la présence d'une substance oxydable par le bichromate qui, comptée comme éther, y serait contenue dans la pro- portion de 2 milligr. 7 (2) par centimètre cube. Mais ce distillat peut renfer- mer, à côté de l’éther, des produits de sa transformation : l’acide acétique, ne réduisant pas le bichromate ne peut être mis en cause, la recherche de l’'aldéhyde acétique par le réactif : fuchsine, bisulfite de soude, acide sulfu- rique (3) et par le métadinitrobenzène (4) est négative, reste l'alcool éthylique ; dans ma note antérieure, j'ai indiqué en détail la technique qui permet de séparer quantitativement de petites quantités d’éther et d'alcool éthylique ; il suffit donc pour rechercher l'alcool de l'appliquer au distillat de mon expérience. À cet effet, 20 centimètres cubes de ce distillat sont placés dans un bar- botteur de Villiers; ce sera le barbotteur générateur; ov le fait suivre de sept barbotteurs semblables, les trois premiers renfermant chacun 20 centimètres cubes d’eau sont placés dans de l’eau à 40 degrés ; les quatre suivants ren- fermant chacun 20 centimètres cubes d'acide sulfurique étendu (50 p. 100 en (1) Maurice Nicloux. Remarques sur le dosage de l’éther par le bichromate; séparation quantitative et dosage simultané de petites quantités d’alcool éthylique et d’éther. (2) Le calcul montre que la quantité d'éther ainsi obtenue est moindre que celle indiquée par un dosage direct, mais il faut remarquer que la distillation d'aussi grandes quantités d’éther amène de légères pertes inévitables. (3) Préparé comme il est indiqué p. 134 de l'ouvrage : Armand (Gautier el M. Delépine, Cours de chimie organique. Masson, éditeur. (4) Chayassieu et Morel. Le métadinitrohenzène comme réactif des sucres. Société de Biologie, 1906, £. LXI, p. 582. 188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE volume) sont laissés à la température ordinaire. On aspire à la trompe, on élève la température du barbotteur générateur, on arrête le barbottage après vingt minutes; dans ces conditions, comme je l’ai antérieurement démontré (voir les détails dans ma note Loc. cit.), si on est en présence d’un mélange d'alcool et d’éther, l’alcool se retrouve quantativement dans les trois premiers barbotteurs, l’éther dans les quatre derniers; or, on trouve : Substance réduisant le bichromate, restant dans le barpotteur générateur . . . . . . . . . . . Néant. HxÉepar les ME EEE TS EN ATDONLEUTS SERRE RE T Néant. comptée comme éther fixée par le 4° barbotteur . . . . . . 34 — — par le 5° OEM AE. ARR 17 — — par le 6e ne SNS NCA Eee MS HD di] — — par le 7€ A le lee 0 Total : 56 milligrammes sur 54 mis en expérience. De cette expérience, on peut conclure que la substance capable de réduire le bichromate, extraite du sang d’un animal sous l'influence de l’éther, susbstance qui ne peut être que de l’éther ou des produits de sa transformation, ne renferme ni aldéhyde acétique, ni alcool éthylique ; elle est volatile à 40 degrés, elle est fixée par l’acide sulfurique étendu de son volume d’eau; c’est donc de l’éther et de l’éther seul. Exp. II. — Elle est conduite d’une facon identique à l'expérience I sur l’ensemble des résidus de dosage d’éther dans le sang de l'animal qui a fait l’objet de l’expérience VIT d’une note précédente (Soc. de Biologie, t. LXE, p. 728). Ces résidus sont distillés de manière à concentrer l’éther sous un plus petit volume. Sur 23 centimètres cubes du distillat renfermant par centimètre cube 1 milligr. 7 d’éther (ou compté comme tel}, on effectue la série d'opérations décrite plus haut. On trouve : Substance réduisant le bichromate, restantadans le barhotteum sénateur PNR EN 70 Néant. hxée parles Eee DATRONEUTS ENCRES Néant. comptée comme éther fixée par le 4e barbotteur. . . . . . 22 — — par le 5e CRE 14 —= — par le 6° = 7 DRASS. 5,5 — — par le 7e eh ss RAS ENT D IARE 0 Total : 41 milligr. 5 sur 42,5 mis en expérience. Les conclusions sont les mêmes que celles de l'expérience I. 2° Tissus : Exp. I. — Les résidus des dosages d’éther dans les tissus de l’animal qui à fait l’objet de l'expérience III de la note: sur les tissus (Soc. de Blologie, 1907, t. LXIT, p. 68), sont réunis et distillés. Le liquide ainsi obtenu est traité comme plus haut; on expérimente sur 25 centimètres cubes renfermant 34 milligr. 4 d’éther (ou compté comme tel). On trouve : SÉANCE DU 2 FÉVRIER 189 Substance réduisant le bichromate, restant dans le barbotteur générateur . . . . . . Mature iNéant: MMÉeparles er 28/efSe-barbofteurs., 1... Néant, . comptée comme éther fixée par le 4e barbotteur (1) . . . . 224, — — par le 5° — Dre) ES 8 — — par le 6e — DA ER 3, = — par le 7e — LATE 0 Total : 35 milligr. 5 sur 34,4 mis en œuvre. Les conclusions sont les mêmes que pour le sang. Conclusions générales. — 1° La substance oxydée par le bichromate contenue dans le sang et les tissus d’un animal soumis à l'influence de l’éther, est de l’éther seul. 2° L'éther ne se transforme pas en alcool éthylique dans l'organisme. (Travail des laboratoires de Physiologie générale du Muséum d'Histoire naturelle et de la Faculté de Médecine, Clinique Tarnier.) DE LA NATURE ET DE L'ORIGINE DES CELLULES ÉPITHÉLIOÏDES, par M. SPERoONI. Bien que depuis longtemps déjà les anatomistes aient déterminé d'une façon précise les éléments qui entrent dans la composition du tubercule, l'accord n'est pas encore fait sur la nature et l’origine des cellules qui le forment. Pour mieux exprimer ma pensée je me permettrai de dessiner un tubercule comme on le représente dans les traités classiques. Presque tous les histologistes sont aujourd'hui d'accord pour admettre que la cellule géante est due à la fusion de plusieurs cellules mononu- cléaires dérivées du sang. Quant aux cellules lymphoïdes l'accord est aussi presque complet pour les considérer comme des lymphocytes émigrés des vaisseaux, mais pour ce qui se rapporte aux cellules épi- thélioïdes, les avis sont partagés entre ceux qui les considèrent encore comme des cellules du tissu conjonctif proliféré, et ceux qui pensent que l’on a affaire à des cellules Iymphatiques modifiées. Nous croyons pouvoir démontrer que ces cellules sont des lymphocytes en état de dégénérescence caséeuse. Cette conviction nous vient de l’étude que nous avons faite, de dix cas de méningite tuberculeuse examinés à l’Institut pathologique de Berlin, (1) Ce barbotteur a été entouré d’eau froide (10°), ce qu'on n'avait pas fait dans les expériences précédentes. 190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et il nous semble que cette localisation de la tuberculose est une des plus propres à cette sorte d'investigation. Si l’on observe les tubercules développés sur les petites artères de la pie-mère et coupés dans le sens longitudinal et transversal du vaisseau, l’on constate toujours que ces néoformations sont composées de cellules qui infiltrent, dans les artères, l’adventice, dans les veines, toute la paroi vasculaire. La nature de ces cellules se reconnaît le plus facilement sur les tubercules non caséifiés et visibles seulement au microscope. Elles appartiennent à la classe des cellules lymphatiques; leur volume est celui des lymphocytes du sang et, comme ceux-ci, elles possèdent un noyau arrondi, riche en chromatine, et par conséquent fortement coloré, entouré d’un fin liseré de protoplasma, moins basophile que le noyau. Dans les préparations colorées selon la méthode de Pappenheim par le vert de méthyle et la pyronine, elles présentent la coloration caractéris- tique, pour cet auteur, des lymphocytes, un noyau brun café et un pro- toplasme rouge vif. Dans les plus jeunes tubercules, caractérisés par leur petit volume, l’absence de caséificalion, et Le défaut de réaction proliférative de l’en- darlère, ces éléments sont les seuls qui contribuent à leur formation; les plus avancés dans leur développement, ceux qui sont âgés d'environ six à huit jours, sont caractérisés par la présence d’un nouvel élément, la cellule épithélioide. Ces cellules sont plus grandes que les CT La forme de leur noyau est très variable : tantôt arrondi et vésiculeux, nettement limité, de volume pouvant être double de celui du noyau des lymphocytes, mais pauvre en chromatine et par cette raison faiblement coloré; tantôt en forme de massue, de bourgeon, ou présentant l'apparence d'une haltère, bâtonnet large ou étroit, ondulé ou recourbé, le bord lisse ou irrégulier; inais tantôt oval ou en feuille de trèfle; toujours cependant pauvre en chromatine, quoique de façon variable selon les noyaux. A l'échelon le plus élevé de cette pauvreté en chromatine, le noyau n'est plus composé que d’une membrane et des quelques corpuscules qu’elle contient. À ce stade, le corps cellulaire présente une vacuolisation irrégulière, cadavérique, qui prend mal ou irrégulièrement les colorants, et sa réaction normalement basophile se transforme progressivement en une réaction acidophile. Les noyaux qui possèdent une forme allongée ne présentent aucune disposition spéciale par rapport à la lumière vasculaire; ils sont situés perpendiculairement aussi bien que parallèlement ou qu’en travers. Plus on s'éloigne de la lumière vasculaire et plus ils se ressemblent, jusqu'à ce que l’on arrive à ne plus rencontrer que des cellules épithé- lioïdes à noyau arrondi. Dans les couches les plus externes du tubercule, se trouvent enfin les lymphocytes seuls comme dans les néoformalions les plus récentes. be et. t-nté de Lente à “>. + de CENT NT SÉANCE DU 2 FÉVRIER 1914 Ces cellules épithélioïdes prennent donc la place, d’abord occupée par les lymphocytes, et là où les premières augmentent, celles-ci diminuent - en nombre. Les différentes formes du noyau des cellules épithélioïdes rappellent les formes de dégénérescence qu’on rencontre dans les cellules de lexsudat libre : caryolyse dans les noyaux clairs vésiculeux, bourgeon- nement à un stade plus avancé, etc. Si nous examinons de dedans en dehors les trois zones du tubercule arrivé à un moment donné de son évolution : zone de la caséification, des cellules épithélioïdes et des Iÿmphocytes, si nous pouvons observer dans la suite du développement de la néoformation, la substitution à celle-ci de la zone précédente, l'idée s'impose nécessairement à nous, que les cellules épithélioïdes proprement dites ne sont autres que des lymphocytes à l’état de dégénérescence. En fait, on trouve toutes les formes intermédiaires des cellules, depuis les cellules caséifiées, les cellules épithélioïdes, jusqu'aux lymphocytes de la périphérie. Nous devons ainsi consitérer la cellule épithélioide comme la première manifestation de la dégénérescence du tubercule. Tant que celui-ci ne se compose que de lymphocytes, nous avons affaire à un tubercule jeune, en voie de développement, de quatre à cinq jours; s’il se compose éga- lement de cellules épithélioïdes, cela indique le début de la dégénéres- cence et nous pouvons évaluer son âge de huit à dix jours. En fait, l’on rencontre entre les cellules épithélioïdes des fragments libres de chro- maline épars, ce qui est un signe que beaucoup de ces cellules ont déjà subi la nécrose. Bien entendu, nous ne considérons comme cellules épithélioïdes que les cellules qui entourent le centre caséifié du tubercule et qui présentent les caractères ci-dessus indiqués, et non pas les mononucléaires du sang, de taille moyenne ou plus volumineuse, qui peuvent également contri- buer à la formation du tubercule, et qu'il n’est pas toujours facile de distinguer des premières; non plus les cellules conjonetives de la paroi vasculaire qui se trouvent accidentellement dans la néoformation. INFLUENCE DE L'ALIMENTATION DIURNE OU NOCTURNE SUR LA MARCHE -NYCHTHÉMÉRALE DE LA TEMPÉRATURE NORMALE, par M. E. MAUREL. Dans une noie précédente, j'ai indiqué les points sur lesquels les observalions de MM. Toulouse et Piéron sur les veilleuses sont venues appuyer celles que j'avais faites, dès 1882, sur des lapins; et, comme on à pu le voir, ces points ne sont pas les moins importants, puisqu'ils 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE comprennent celui capital de la possibilité de l’inversion de la marche nychthémérale de la température, possibilité qui, après certains travaux, était restée douteuse. Dans cette seconde note, je me propose d'examiner le point principal sur lequel les conclusions de ces deux expérimentateurs ne concordent pas avec les miennes. Ce point est celui relatif à l'influence de l’alimentation diurne ou noc- turne sur la marche nychthémérale de la température normale. Tandis, en effet, que mes observations m'avaient fait considérer cette influence comme la plus importante, les deux autres étant le mouvement et la lumière, MM. Toulouse et Piéron n'ont pas constaté cette influence. « Quoi qu’en ait dit Maurel, écrivent-ils, il n’y a pas d'action appréciable des repas sur la marche générale de la nuit, comme l’a montré Davy. » Je dois à ce propos faire une première observation. On pourrait croire d’après cette phrase, et MM. Toulouse et Piéron l'ont probablement cru, qu'après avoir opéré sur le lapin, j'avais généralisé mes conclusions. Or, la lecture de mon travail de 1889 ne peut laisser aucun doute à cet égard. Mes conclusions fermes sont restées limitées au lapin. Je n'ai pas cru pouvoir conclure de cet animal à l’homme ; et peut-être n’est-on pas plus autorisé à conclure de l’homme à cet animal. Ce premier point bien précisé, voyons si les conclusions données pour le lapin découlent bien des observations faites sur cet animal. Je prends dans ce but, dans mes expériences, ce qui a trait à ce point spécial. Exp. I. — Du # au 9 août 1882, l'animal mange le jour, est éclairé et vit immobile dans une caisse. Moyenne du matin : 39915, et du soir 39°75, soit une différence de 0°,6. — Du 10 au 17, les conditions d’alimentation sont renversées. L’auimal mange la nuil, est plongé dans l’obscurité pendant le jour et reste immobile. — Période de transition de trois jours; moyennes des cinq derniers : 39°80 le matin, 39016 le soir, soit une différence de 064%. Mais, de plus, comme je voulais connaître l'influence du mouvement et de la lumière opposée à celle de l'alimentation, l'animal continue à manger pendant la nuit, mais pendant le jour il est largement éclairé et vit en liberté. — Cette période va du 18 au 23 août et les moyennes sont : 39°80 le matin et 39935 le soir, soit seulement une différence de 0°45. La lumière et le mouvement ont bien diminué la différence en faveur du matin, mais l'influence de l’alimen- tation ne l’a pas moins emporté. Exr. IV. — Du 11 au 17 août 1882, l'animal mange la nuit; et, pendant le jour, il reste immobile et dans l’obscurité. Période de transition d’abord; puis du 13 au 17, 39°34 le matin, et 38°72 le soir; soit une différence de 0°62. — Du 18 au 21, l'animal continue à manger pendant la nuit; mais pendant le jour il est largement éclairé et vit en liberté. L'alimentation est donc de nouveau opposée à la lumière et au mouvement; or, les moyennes devien- nent : 39°55 le malin, et 39025 le soir, soit encore une différence de 0°30 en faveur de l'alimentation. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 193 Exp. V. — Mêmes cenditions de l'expérience; mêmes résultats. Du 7 au 12 septembre 1882, l'alimentation nocturne est opposée à la lumière et au mou- vement pendant le jour, et la différence se traduit encore par un écart de 0°,30 en faveur du malin, soit de l'alimentation (39°7 le matin et 3904 le soir). Y Ainsi donc, dans ces trois observations, dans lesquelles j'ai opposé nettement l'alimentation au mouvement et à la lumière, c’est toujours l'alimentalion, qu’elle fût diurne ou nocturne, qui l’a emporté; et je dois ajouter que je n’ai jamais trouvé un résultat contraire. Or, en pré- sence de résultats aussi nets et aussi constants, qu'auraient conclu MM. Toulouse et Piéron?. Je pense que, comme moi, ils seraient arrivés à cette conclusion qu'au moins chez le lapin, non seulement l'alimentation exerce une influence sur la marche nychthémérale de la température, mais même que cette influence l'emporte sur celles de la lumière et du mouvement. Pour le lapin, il ne me parait donc pas y avoir de doutes à cet égard; et je crois pouvoir rester ferme dans mes premières conclusions. MM. Toulouse et Piéron ont fait porter leurs observations, ce qui en relève l'intérêt, sur l'espèce humaine, et il s’est rencontré qu'ainsi que je l'avais prévu dans mon travail de 1889 (page 33), c'est une cause autre que l'alimentation, celle du mouvement, qui l’a emporté, dans presque la moitié des cas. _ D'après les renseignements demandés à M. Toulouse et obligeam- ment donnés par M. Piéron, les veilleuses, pendant le service de veille, conservaient une alimentation presque exclusivement diurne : repas à 9 heures du matin et à 7 heures du soir, quelques-unes ajoutant seule- ment un repas de lait à minuit ou une heure du matin. Or, en procé- dant ainsi, ils ont pu, trois fois sur sept, renverser la marche de la tem- pérature ; et forcément pour ces trois cas, on ne put nier que l’activité nocturne l'ait emporté sur l'alimentation et même sur la lumière si celle-ci a une action. Mais il me semble qu'il n’en reste pas moins quel- ques doutes sur l'influence possible de l'alimentation. Et d'abord, ne peut-on pas supposer que, s'ils n’ont pu renverser la température que trois fois sur sept, c'est que, pour les quatre autres, l'influence de l’ali- mentalion diurne l’a emporté sur celle de l’activité nocturne? Et même pour les trois cas d'inversion ne peut-on pas supposer également que Pécart en faveur du matin eût été encore plus marqué, si, à l'influence du travail de nuit, était venue se joindre celle de l'alimentation prise à des heures correspondant à celles des repas du jour ? En ce qui concerne L'ALIMENTATION, je conclus donc : 1° Que pour le lapin el dans les conditions dans lesquelles j'ai fail mes expériences, l'alimentation l'a emporté sur le mouvement et la lumière; 20 Que, pour l'espèce humaine, les observations de MM. Toulouse et - Biococrr. ComPTEs RENDUS. — 1907. T. LXII. 14 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Piéron ont prouvé que l'activité nocturne peut à elle seule l'emporter sur toutes les influences diurnes, y compris l'alimentation; 3° Et enfin, comme conséquence plus générale, que l'activité et l’alimen- tation qui, toutes les deux, me paraissent jouer un rôle dans la fixation de la marche nychthémérale de la température, peuvent, chacune à leur tour, acquérir la prépondérance selon les espèces animales et les conditions dans lesquelles elles vivent. HELMINTHIASE EXTRA-INTESTINALE ET NÉOPLASMES MALINS CHEZ LE RAT, par M. CL. REGauDr. L'intérêt qui s'attache actuellement aux cancers de la souris et du rat m'incile à publier les deux observations suivantes, recueillies en 1904 et 1902, mais dont l'importance ne m'est apparue qu'à la suite d’une communication de M. A. Borrel (1). Il s’agit de deux rats (Mus decu- manus, var. albinos). Os. IL. — Femelle adulte, portant à la mamelle abdominale droite une tumeur d'allure bénigne. Pendant les six semaines que l'animal resta en observation, l’abdomen prit un développement considérable. Mort spontanée. A l’autopsie, on trouva une carcinose généralisée à tout le péritoine, et une hémorragie péritonéale Au bord du foie pendait un kyste qui contenait un ver rubané. L'inoculation du néoplasme faite à cinq animaux (dont quatre, dans le péritoine), resta négative : mais l’autopsie avait élé faite deux jours après la mort. La tumeur de la mamelle est un adénome. Le néoplasme péritonéal est un sarcome à éléments fusiformes. Os. IL — Mâle adulte. L'animal ayant été trouvé mourant sans cause connue fut achevé. On trouva dans le péritoine une tumeur molle, grosse comme une noix, développée dans le grand épiploon, mais libre de toute adhérence dans le tube digestif. Nombreuses granulations miliaires autour de la tumeur. Au centre de la tumeur, on trouve une cavité lisse, renfermant un ver rubané long de 25 centimètres et vivant. L’inoculation intrapéritonéale, faite à cinq rats adultes, resta négative. La tumeur est un sarcome à cellules arrondies, faiblement adhérentes entre elles ; pas de stroma collagène. Beaucoup de cellules énormes à noyaux bourgeonnants et à noyaux multiples. Très nombreuses karyokinèses, sou- vent atypiques ou multipolaires. Dans aucun de ces deux cas je n'ai réussi à colorer de microbes dans les coupes. (1) A. Borrel. Infections vermineuses et spirochètes chez les souris cancé- reuses. Comptes rendus de la Société de Biologie, 6 mai 1905. SÉANCE DU 2 FÉVRIER 195 Les parasiles ont été récemment déterminés par M. le professeur Guiart, ee sont des cysticerques (Cyst. fasciolaris) du T'ænia crassicollis, parasite de l'intestin du chat. Plusieurs autres fois j'ai rencontré de tels cysticerques dans le foie des rats sacrifiés pour des recherches histologiques, mais il n’y avait pas de néoplasme. La coïncidence me semble rare. J'ajouterai que je n'ai observé que ces deux cas de cancer, chez le rat. Je n’oserais pas affirmer l'identité absolue des formations néopla- siques observées dans ces deux cas — et surtout dans le second — avec les sarcomes humains. Il y a toutefois entre les sarcomes humains et les productions en question une analogie remarquable. Il s’agit, à mon avis, d'une espèce ou d’une variété de tumeur maligne. Entre la tumeur épithéliale de la mamelle et le sarcome péritonéal, il n'y a peut-être qu'une simple coïncidence, bien que les observations récemment faites par Ehrlich et Apolant sur le cancer de la souris, fas- sent présumer que les deux espèces tissulaires de cancers dépendent du même virus. Avec M. Borrel, qui a publié récemment deux observations semblables aux miennes (1), je pense que le virus cancéreux inconnu peut, chez les souris et les rats, se surajouter accidentellement à l'infection vermi- neuse, et que l’embryon du cestode en est probablement le véhicule à travers les tissus. (Laboratoire d'Histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) À PROPOS DE LA MICROBIOLOGIE DE LA COQUELUCHE, par M A. Cavasse. En 1904, j'ai donné le signalement d'un microbe non encore décrit et de caractères particuliers, que je trouvais dans les crachats de la coque- luche {Archives générales de médecine, p. 1346). De nouvelles recherches m'ont donné de nouveaux renseignements sur ce microbe. Sans préjuger en rien de sa valeur pathogène, sans revenir sur les caractères déjà publiés, j'exposerai seulement ces nouvelles acquisitions: Isolement, culture, morphologie. — Plus simplement que par la digestion du crachat et la culture en sac, on peut procéder par inoculation sous-cutanée de la glaire au lapin. Cette inoculation détermine une septicémie, pure ou (4) A. Borrel. Tumeurs cancéreuses et helminthes. Rapport présenté à l'Aca- démie de médecine {24 juillet 1906, p. 141) par M. E. Roux. 496 SOCIÉLÉ DE BIOLOGIE impure (de pneumocoque par exemple). Pure, il n’y a qu'à ensemencer le sang; impure, il faut fillrer le sang préalablement centrifugé et défibriné : les microbes sont retenus, sauf le coecobacille qui passe: on fillrera à 2 p. 100 avec le liquide de culture même, c'est-à-dire ce bouillon de panse additionné de 8 à 10 p. 100 de sérum de cheval ou de bœuf qui convient à la péripneumonie (1); il paraît favorable surtout quand on l’additionue d’hémo- globine de sang de lapin dissous par l’eau. La translucidité absolue des eultures reste la règle; j'ai vu cependant cer- tains tubes avec des grains de sable d’or qui, agités, se dissolvent pour ne plus se reproduire ; une fois, un conglomérat de quelques millimètres de cou- leur et de consistance croûte de pain brûlé. — La thionine phéniquée m'a : donné de jolies figures de ce coccobacille auréolé mobile difficilement colorable et ne prenant pas le gram : formes isolées, de diplocoques, ou de bacilles en navette par la coloration plus forte des deux cocci opposés; chaïnettes à élé- ments diplococciques, # ou 5, à disposition rarement rectiligne, le plus souvent contournées en point d'interrogation, en s, en cercle (à 4 éléments doubles). Inoculation. — Elle prend plus de valeur du rapprochement avec l'inocula- tion de glaires. Celle-ci (éliminés les cas où la glaire contient trop d'agents virulents étrangers) détermine, avec un empâtement local qui peut aller jusqu'à l’abcès par action des pyogènes, des phénomènes généraux où dominent l’anorexie, la diarrhée (2) (parfois glaireuse vers le cinquième ou sixième jour), l’amaigrissement, et qui amènent la mort du sixième au dixième jour, progressive ou bien brutale: à un moment donné (souvent le quatrième Jour) l'animal, qui ne semblait pas plus mal qu’une heure aupara- vant (et dans les cas parfois où il paraissait le moins touché), tombe et meurt en quelques instants avec ou sans convulsions. L’injection de culture, 1 centimètre cube, amène ou n’amène pas la mort. Elle amène la mort avec trois phénoménalités possibles : a) Mort le troisième ou quatrième jour au milieu d’une santé d'apparence peu troublée, en quelques secondes dans un brusque accès de spasme laryngé et d'asphyxie, ou bien après plusieurs heures de respiration spasmodique ; b) Mort en six, huit, onze jours dans l’auorexie, la diarrhée (apparue le sixième jour), l’amaigrissement, l’affaiblissement progressif déterminé parois en parésie ou paralysie (surtout train postérieur). c) L'animal continuant à manger assez bien, amaigrissement extrême, sque- lettique, comme tuberculeux, jusqu’à la mort au bout d’un mois. L'injection sous-cutanée amène un œdème sans relation nette avec la forme clinique, mais plus considérable quand on injecte, non la culture en bouillon sérum, mais un sang septicémique. À l’autopsie (formes a et b), aucune trace des injections intra-veineuses, pleurales, péritonéales; septicémie pure; (1) Je le dois à l’obligeante amitié de M. Ed. Dujardin-Beaumelz. (2) G. Jacobson (de Bucharest) conclut ainsi un intéressant mémoire publié dans les Archives de médecine des enfants, 1903, p. 449 : « IL existe une forme clinique de coqueluche caractérisée par des phénomènes gastriques... et intes- tinaux (diarrhée, mucosités dans les selles), » . SÉANCE DU ? FÉVRIER 197 poumon par endroits cyanosé, par endroits exsangue, emphysémateux ; rale normale ; rein et foie congestionnés ; capsules surrénales grosses, couleur foie de raie, et laissant s'écouler à la coupe un liquide épais et noirâtre, comme si elles se vidaient de leur substance médullaire ramollie. Tractus gastro- intestinal ballonné parfois ecchymotique ; quelquefois, testicules ou vésicules gros. Quand l'injection de culture n’amêne pas la mort, c’est que l’animal se remet à la suite de la forme c, quelquefois de la forme b (mais jamais de la forme a), — ou sans qu'il se soit dénoncé touché autrement que par un peu d'anorexie ou de tristesse. Je ne sais à quoi tiennent les différences de la virulence ; peut-être l’action du filtre intervient-elle dans son atténuation. L'animal qui, inoculé de culture, ne meurt pas, peut se trouver immunisé dans une certaine mesure, d’abord contre l’inoculation d’une culture mortelle pour un témoin, et aussi contre l’inoculation de la glaire même; jene connais pas les délais extrêmes de cette immunisation; elle a existé après trois mois et demi. Outre les animaux de laboratoire, j'ai inoculé un âne. Pour une première injection, une dose de 10 centimètres cubes de culture chauffée pendant une heure à 56 degrés provoque déjà une réaction intense. Ce n’est que progressivement qu’on peut arriver à l'injection plus abondante d'une culture nor chauffée. L’injection (sous-cutanée) amène : a) Une réaction générale qui se traduit par une fièvre peu élevée (38-39), et, signe plus significatif d'injection, par une anorexie de trois ou quatre jours ; b) Un phénomène local d’autant plus remarquable qu’inconstant chez l’ani- mal de laboratoire, il est ici constant et excessif : c’est un œdème qui apparaît quelques heures après l'injection, dans son voisinage, plutôt qu'en son siège même, gagne de proche en proche tout un membre {si, par exemple, la piqüre a été faite au défaut de l’épaule), le déforme et Le raidit, douloureux, dépres- sible et fluctuant d'abord (formant au garrot une véritable poche), chaud et dur ensuite, empâtement pouvant prendre un volume énorme, devenir ligneux, et qui se résout cependant {très vite; l’évolution totale a duré une dizaine de jours, et la résolution s’est faite en deux ou trois jours après qu'on a craint la formation d’un vaste phlegmon. L'animal a été impotent dela jambe malade, mais aussi, dans les premières injections, il est, indépendamment de tout voi- sinage de piqûre, faible et raide du train postérieur. c) Des phénomènes respiratoires: dysphonie ; et petites secousses expira- toires nombreuses survenant au bout de quarante-huit heures pour durer deux ou trois jours, se produisañt par accès, ne s’'accompagnant d'aucun bruit, mais secouant les flancs et tout le corps et, par là, perceptibles à la main posée sur l'animal, et très nettement, même à la vue. 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR UN PHÉNOMÈNE DE SIMILI-CONJUGAISON CHEZ LES MICROBIOÏDES, par M. RapuaEz Dupois. Au milieu de diverses formes microbioïdiennes (1) obtenues par une culture minérale avec le chlorure de baryum et l’agar-agar, j'ai ren- contré des formations qui me paraissent assez intéressantes pour mériter d'être signalées. | Dans une photographie d'une préparation microscopique, que j'ai l'honneur de communiquer à la Société de Biologie, on distingue nette- ment dans les points marqués I, Il, IIT des corpuscüles accouplés deux par deux d’une manière très particulière. On croirait voir deux cellules en train de se conjuguer : s'il s'agissait d'éléments vivants, je crois que l'on n’hésiterait guère à voir là une figure de conjugaison. L'un des deux microbioïdes présente une expansion conique qui pénètre dans la substance de l’autre, lequel conserve sa forme arrondie. C'est un peu ce qui se passe quand le spermatozoïde pénètre dans l'œuf. Il est bien entendu qu'il ne s'agit ici que d’analogies — peut être lointaines — et que je n’ai nullement la pensée d'identifier les phéno- mènes dont il est question. C’est dans cet esprit seulement que je nommerai le premier microbioide mäle et le second micrubivide femelle. Je me propose de suivre ce curieux phénomène, mais le déterminisme de leur production ne parait pas aussi facile à établir qu'on pourrail le supposer au premier äbord. Dans la figure Il, les deux conjoints sont de même taille: en III, le mâle est déjà un peu plus petit, et en 1 l'élément femelle l’emiporte de beaucoup en volume sur le mâle, comme si la substance de ce dernier était venue s'ajouter, par un processus d'addition, à celle de la femelle. On peut supposer qu'il s’agit de trois phases différentes d’un même phénomène, mais on ne peut l’affirmer. Autour de ces microbioïdes accouplés, on voit d’autres microbioïdes (4) J'ai substitué les mots bioïdes et microbioïides à celui d'éobes qui prête à confusion. Par cette dénomination, j'avais voulu indiquer que dans mes cultures minérales et dans mes expériences de cytogenèse (v. Cultures minérales sur bouillons gélatineux, C. R. de la Société de Biologie, LVI, p. 697, avril 1904, et sur la cytogenèse minérale, 1bid., LVI, p. 805, mai 4904) on voyait pour ainsi dire poindre la vie par l'apparition de quelques pro- priétés des êtres vivants. Certaines personnes ont donné au mot « éobe » (aurore de la vie) une signification différente de celle que j'avais pourtant nettement exprimée dans mon discours de la séance solennelle de rentrée de l’Université de Lyon, en novembre 1904 (chez Storck, imprimeur-éditeur à Lyon), au sujet de ce qui devint, plusieurs mois plus tard, les radiobes de M. Burke, SÉANCE DU 2? FÉVRIER 199 organico-minéraux, dont la forme est comparable à ces vacuolides sur le rôle physiologique desquelles j'ai été le premier à attirer l’attention par des observations et des expériences précises, ainsi que par des figures, vacuolides desquelles j'ai, le premier aussi, fait dériver les leucites. En R sont photographiées des vacuolides au sein desquelles se sont formés des radio-cristaux et, enfin en R’, des agglomérats de cor- puscules à radio-eristaux déformés par pressions réciproques. Cetle apparence ne doit pas être confondue avec celle qui résulte de la segmentation des microbioïdes que M. Butler Burke a redécouverts plusieurs mois après mes publications (ainsi que l’a fait judicieuse- ment remarquer Aifred Giard, dés le début de la campagne de presse du physicien anglais) et que M. Burke a improprement appelés « radiobes ». Je joins à la photographie des microbioïdes conjugués les vacuolides et les radiocristaux, une autre photographie de microbioïdes en voie de segmentation. Ainsi qu'on peut le voir, ces microbioïdes ne sont nides corpuscules amorphes, ni des cristaux : ce sont des corps ayant une forme définie, donc morphologiquement organisés et ayant une existence et une évolution individuelles. Je suis bien surpris que M. Herrera ait pu dire que les corps que j'ai obtenus sont des « cristaux pleins d’impuretés graisseuses ». Avant d'écrire de semblables choses dans un journal comme la fevue scientifique, M. Herrera aurait dû établir deux choses : d’abord que ce sont des cristaux, ensuite qu'ils renferment de la graisse. Mon savant collègue de Mexico n’a oublié que ces deux points : ce qui fait que son affirmation ressemble plutôt à un article de foi — indiscutable par conséquent — qu’à une critique scien- tifique. J'aurai l’occasion de revenir prochainement sur la question des bioïdes et en particulier sur les conceptions théoriques de M. Herrera. LE FOIE DU PORC ET LE FOIE DE L'HOMME, par M. EMILE GÉRAUDEL. Le foie du porc est un foie multilobulé. Chaque lobule de structure simple est entouré d’une enveloppe conjonctive où rampent le vaisseau afférent, veine porte, et le vuisseau efférent, veine sus-hépatique ou sublo- bulaire. À ce niveau se placent également les voies biliaires avec l'artère, les veines etles lymphatiques qui les accompagnent. Le lobule est constitué essentiellement par un réseau cellulaire intriqué avec un réseau vasculaire. Le réseau vasculaire provient de la veine porte. Il est collecté par un vaisseau plus large, dirigé suivant l’axe du { \ , # 200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lobule, la veine centro-lobulaire.Gelte veine gagne la capsule et se jette dans la veine sus-hépatique sublobulaire. Le foie de l’homme est un foie monolobulé, mais le lobule qui le compose est un lobule gigantesque. Son enveloppe conjonctive ou cap- sule s’est invaginée partiellement, au niveau du hile porte, de telle sorte que la veine porte refoulant au-devant d'elle la capsule dont elle se coiffe comme d’une gaine, gaine de Glisson, reste extérieure au parenchyme hépatique quoique invaginée dans sa masse. De même pour les voies biliaires, avec l'artère, les veines et les lÿmphatiques qui les accompa- gnent. ; La veine sus-hépatique est peu ou pas invaginée,et de même reste exté- rieure au lobule. Le lobule est constitué essentiellement par un réseau cellulaire intri- quéavec un réseau vasculaire. Le réseau vasculaire naït de la veine porte invaginée. Il est collecté par une veine centro-lobulaire. Mais celle veine, au lieu d’être unique comme dans le lobule simple du porc, prend ici un développement consilérable puisque le lobule qu'elle draine est le foie tout entier. De plus, comme ce lobule gigantesque estpénétré par l’inva- gination ramifiée de la capsule refoulée par la veine porte et prend de ce chef une forme ramifiée, la veine centro-lobulaire qui le draine doit présenter aulant de ramifications qu’il y a de ramificalions parenchyma- teuses inlerglissonniennes. De plus, l'alternance régulière des invagina- tions portes et des ramifications centro-lobulaires, ou système sus-hépa- tique, résulte nécessairement de cette disposition. Le foie de l’homme est un foie monolobulé, le foie du porc est un foie mullilobulé. De même le rein du lapin est un rein monolobulé, le rein des Cétacés, des Ours, de la Loutre, etc., est un rein multilobulé. Ce que je dis du foie de l'homme est vrai pour le foie du chien, du lapin, du cobaye, de la souris. Le foie est donc tantôt constitué par un seul lobule, volumineux et complexe, tantôt composé de plusieurs lobules petits et simples. Il est possible qu'entre ces deux termes extrêmes, la série animale offre des cas intermédiaires. Déjà le foie du porc montre en assez grand nombre des lobules en forme de bissac, centrés par une veine centro- lobulaire non plus simple, mais ramifiée. D’autres lobules plus com- plexes peuvent être décrits. Puisque le foie de l'homme n'est fait que d'un lobule unique, il n'y a pas à parler de lobules hépatiqnes plus ou moins estompés en lesquels on pourrait le diviser; il n'y a pas de lobules au sens de Kiernan, pas plus qu’au sens de Sabourin. On peut cependant diviser ce gigantesque iobule hépatique en deux zones, l'une coiffant les invaginations glissonniennes, l'autre entourant les ramifications de la veine centrolobulaire. ; J'ai nommé zone porte la première des zones, zone sus-hépatique la SÉANCE DU ® FÉVRIER : 201 . seconde, et indiqué précédemment (1) comment ces zones diffèrent mor- phologiquement, fonctionnellement et pathologiquement. (Travail du laboratoire de M. le D' Rénon. DU RÔLE DU FOIE DANS LA FORMATION DES CIHROMOGÈNES INDOXYLIQUES, par MM. CI. Gaurier et Ch. HERVIEUX. Il est vraisemblable, d'après d'assez nombreux travaux, qu'il faille chercher dans le foie l'organe qui manipule l'indol, qui l'oxyde, pour le transformer en indoxyle, lequel est ensuite éthérifié, le plus générale- ment par l'acide sulfurique. Nous nous sommes proposé, par l’extirpalion de cet organe, de pré- ciser son rôle à ce sujet. Cette opération se réalise facilement chez la grenouille, moins aisément chez les oiseaux. Notre choix s'est porté sur les premiers de-ces animaux. Mais auparavant il était indiqué d’abord de procéder à l'examen de leurs urines normales et ensuite de voir si l'indol administré aux grenouilles est l’objet de transformalions identiques à celles que lui fait subir l'organisme des animaux supérieurs. 1° Zxamen des urines normales. — I] s'agit de grenouilles d'hiver à jeun. Chez le plus grand nombre, l'urine ne contenait pas de traces de chromogène indolique ou scatolique. Il nous à été cependant donné d'observer chez quelques-unes d’entre elles, à l’état de traces, il est vrai, la présence de l’un ou l’autre de ces chromogènes, quelquefois les deux, associés. Nous avons rencontré en effet des animaux qui quoique à jeun depuis plusieurs semaines avaient le gros inlestin bourré de matières fécales. La présence du scatol fut nettement décelée par le réactif au paradiméthylaminobenzaldéhyde après une extraction benzénique. L'urine, de son côté, donnait nettement la réaction du rouge scatolique. Il s'agissait d'animaux achetés chez des marchands en gros qui les entretiennent avec des détritus organiques de toutes sortes et des débris de viande. 2° Des injections d'indol. — L'indolinjecté sous la peau des grenouilles provoque, d'une façon remarquablement nette, le passage dans leur urine de chromogènes indoxvliques. La dose injectée en une seule fois na jamais dépassé un milligramme par animal. 3° Exlirpation du foie. — Nous avons procédé par groupes de deux (1) Modifications structurales du foie consécutives à l’oblitération des voies biliaires. Ictère et sécrétion biliaires, in Journal de physiologie et de pathologie générale, n° 1, janvier 1906. 202 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE séries de même nombre. Chez les sujets de l’une, le foie était enlevé et le lendemain l’indol était injecté. L'autre série servait de témoins. Dans l'une comme dans l’autre, tous les animaux avaient subi la résection du gros intestin. Alors que chez les animaux de cetle dernière le-chromo- gène indoxylique apparaissait dans l'urine rapidement — dans les pre- mières heures qui suivaient l'injection — et abondamment au point d’ob- tenir avec la réaction de Bouma des flocons d’indirubine, il n'en était pas du tout de même de ceux de la première série. Chez ces derniers, l'élaboration du chromogène est extrêment lente et la formation de l'indirubine n’est en général décelable que trente-six heures après l'injection. D'autre part, son élimination est considérablement réduite et la réaction de Bouma, qui est cependant d’une exquise sensibilité, n’en- traine la formation que de traces infinitésimales d’indirubine. La presque totalité de l'indol, en l’absence du foie, n’a donc pas subi de transformation en chromogène indoxylique. Le rôle de cet organe nous paraît donc évident et dans l'oxydation de l’indol en indoxyle et dans l’éthiérificalion consécutive de ce dernier. (Laboratoires des professeurs Porcher et Morat.) SUR LA PATHOGÉNIE DE L'ANTHRACOSE PULMONAIRE . (A PROPOS D'UNE COMMUNICATION PRÉCÉDENTE DE M. CALMETYE), par M. P. REMLINGER. Le terme d'anthracose pulmonaire éveille immédiatement l’idée d’un homme — un mineur le plus souvent — dont l’expectoration est noi- râtre et dont le poumon présente à l’autopsie un aspect marbré caracté- ristique. Non seulement cette anthracose était considérée jusqu'ici comme produite par inhalation, mais encore on la regardait comme le type des affections produites par ce mécanisme. S'il était démontré que cette conception est erronée et que, dans un nombre de cas tout au moins, l’anthracose est d’origine digestive, le fait aurait une impor- tance énorme, beaucoup moins pour l’anthracose elle-même que pour les autres affections également considérées comme produites par inhalation : tuberculose, pneumonie... elec. Cependant, il n'en est rien et l’anthracose pulmoñaire est bien produite par inhalation. L'expérimentateur le plus novice la reproduit par ce mécanisme avec la plus grande facilité. L'espèce animale, l’âge, le poids du sujet en expérience, la nature de la poussière employée.….., ete., tout cela importe peu. L’intensité des lésions est exactement proportionnelle à la durée des séances d’inhalation... Bref, la démonstration peut être étayée sur CT PPT TEE NE SÉANCE DU ©? FÉVRIER 203 ce qu’on appelle en logique les méthodes de présence, d'absence, de variations et des résidus, c'est-à-dire établie de façon parfaite. Sous le nom d'anthracose physiologique, M. Calmette et ses élèves nous otit lait connaitre quelque chose de bien différent (1). Cette variété d'anthracose se produit par ingestion, mais seulement avec certains produits (le charbon de Belloc, par exemple, ne saurait convenir), lorsque Pintestin n’est pas malade (auquel cas l'absorption ne se fait pas), chez des änimaux bien délimités : cobayes adultes de 600 à 800 grammes. Le läpin utilisé d’abord par MM. Vanstenberghe et Grisez dans ces expé- riences schématiques qui ont tant surpris (2) (inhalation de noir de fumée, ligature de l’æœsophage, pas d’anthracose pulmonaire ; inhalätion de noir de fumée, obturation d’une bronche, anthracose), le lapin a été récusé par la suite. Il est indispensable de sacrifier les animaux un temps très court après l’ingestion, douze heures de préférence, l’élimi- nalion étant.à peu à peu près complète au bout de quarante-huit. Enfin les poussières absorbées ne sont jamais éliminées par les crachats ; elles sont rejetées à l'extérieur par l'intestin ou par les reins. Tenons ces faits pour acquis. Leur importance se rétrécit considéra- ment et il devient inutile de verser à leur sujet tant d'encre... de Chine ou autre. Ils constituent en faveur de la possibilité de l’origine intesti- nale de la tuberculose ou de la pneumonie un argument un peu superflu, puisque nous en avons de plus directs, quoique d'ordre identique : le passage dans le sang et les organes pendant lä période digestive, non plus chez le cobaye, mais chez le chien et chez le cheval, qui se rappro- chent davantage de l’homme, de bactéries, streptocoque, staphylocoque, coli-bacille, bien plus voisins du bacille de Koch et du pneumocoque que des grains de noir de famée ou de vermillon. On ne peut que regretter l'appellation d'anthracose physiologique donnée à ce fait d'importance en somme secondaire, car elle est susceptible de prêter à confusion. Les auteurs qui ont décrit le passage dans le sang, pendant la période diges- tive, de coli-bacilles, de slaphylocoques, de pasteurelloses n'ont pas employé les termes de coli-bacillose, de staphylococcie, de pasteurellose physiologique, et il semble qu'ils aient eu raison. TRANSMISSION DES MICROBES PATHOGÈNES PAR DES LARVES D HELMINTHES, par M. WEINBERG. Les Helminthes inoculent les microbes en se fixant sur la muqueuse intestinale. Lorsque, à l’état adulte, ces parasites n’alteignent pas de (1) Société de Biologie, 8 décembre 1906 et 12 janvier 1907. (2) Annales de l’Institut Pasteur, décembre 1905. 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE grandes dimensions, ils sont capables, comme par exemple les oxyures et les spiroptères, de pénétrer entièrement dans la muqueuse ou dans la sous-muqueuse. Rarement, on les trouve dans les couches profondes de la paroi intestinale ou dans les autres organes internes. Il n’en est pas de même pour les embryons et les larves d'Helminthes. Gràce à leur grande mobilité et à leurs pelites dimensions, ces derniers tra- versent facilement, et souvent en nombre considérable, la muqueuse intestinale, passent dans les vaisseaux lymphatiques et sanguins, et, de . là, dans les différents organes de l’animal. C’est ce qui arrive pour les embryons de Zrichina spiralis, de Lingualula rhinaria, pour les larves de Sclerostomum equinum, pour celles des différentes espèces d'(Æso- phagostomum, ete. Nous avons voulu nous rendre compte si les larves, elles aussi, sont capables de transporter des microbes dans les organes où elles pénètrent. L'étude de l'œsophagostomose des singes et celle de la sclérostomose du cheval nous ont permis d’éclaircir cette question. A. — Larves du sclérostome du cheval. Les larves du sclérostome se fixent surtout sur la tunique interne de l'aorte et des grosses artères, dans la sous-muqueuse du gros intestin et dans le tissu conjonctif sous-péritonéal de l'abdomen. Nous donnerons bientôt, dans une note particulière, les résultats de nos recherches sur l’endartérite vermineuse. Nous ne consignerons ici que les résultats de l'étude bactériologique des kystes sous-muqueux et sous-périto- néaux. a) Kystes lurvaires sous-muqueux du gros intestin. — On choisit les kystes recouverts par la muqueuse absolument intacte. Quelquefois, la larve produit autour d'elle un odème assez considérable, dans lequel il est difficile de reconnaitre des microbes; d'autre part, la larve baigne dans un liquide puru- lent où nous avons trouvé différents microbes (gros bacille prenant le Gram, bacille fin, diplocoque, etc.). b) Kystes larvaires sous-péritonéaux. — Le contenu de 56 kystes examiné en frottis a montré 13 fois des microbes, en général en très petit nombre. Nous avous ensemencé sur gélose et dans le bouillon le contenu intestinal de 23 kystes provenant de différents chevaux. Dans 10 cas, nous avons obtenu des cultures (streptocoque, gros bacille, bacille fin, diplocoque). Dans une deuxième expérience, nous avons ensemencé le contenu de 24 kystes provenant aussi de différents chevaux. Cette fois, nous n'avons trouvé des microbes que dans 3 cas. Le contenu d'un de ces kystes ense- mencé sur gélose a donné lieu à la formation de 12 colonies microbiennes (bacille prenant le Gram et staphylocoque). B. — Larves de l’æsophagostome des singes. Nous avons décrit (1), chez le chimpanzé et les singes inférieurs, des kystes du gros intestin dont la formation est due à la pénétration des larves d’œso- phagostome dans la sous-muqueuse. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 3 mars 1906, p. #46. (IA SÉANCE DU ® FÉVRIER 20 L'étude histo-bactériologique d’un grand nombre de ces kystes larvaires sous-muqueux, provenant de 4 chimpanzés et 21 singes inférieurs, nous permet de les grouper en trois catégories : kystes nettement hémorragiques; kystes à contenu mixte, riches en leucocytes; kystes purulents. Le plus grand nombre des kystes appartiennent à la catégorie hémorra- — sique. Dans les kystes non suppurés mais riches en leucocytes, on trouve surtout des mononucléaires, mais pas de microbes. Les kystes suppurés doivent être divisés eux-mêmes en deux variétés. A la première variété appartiennent les kystes suppurés recouverts par la muqueuse absolument saine. Il est évident, dans ce cas, que la suppuration est due non pas au microbe venu du canal intestinal, mais bien au microbe apporté par la larve, ou bien encore au microbe qui se trouvait dans le sang épanché et qui a continué à se développer dans le foyer hémorragique. Dans la deuxième variété où la muqueuse est enflammée au niveau des kystes, la suppuration de ces derniers est due, dans certains cas, à la péné- tration des microbes intestinaux à travers la paroi distendue. Les kystes enflammés de cette facon peuvent amener une septicémie mor-. telle, ainsi que nous l’avons observé chez un chimpanté. Cet animal a présenté, à l’autopsie, quelques kystes sous-muqueux au niveau du gros intestin. Deux de ces kystes contenant chacun une grosse larve d'æœsophagostome étaient suppurés. L'examen du pus a montré la pré- sence d’un grand nombre de petites chaînettes de streptocoque. Tous les - viscères de ce singe étaient intacts. L'ensemencement du sang (du cœur, du foie et de la rate) a donné des cultures pures de streptocoque. La place nous manque pour donner les autres détails que nous avons observés à l'étude des lésions causées par les larves d'Helminthes. Nous pouvons formuler ainsi les conclusions auxquelles nous amène cette étude. 1° Les larves d'Helminthes, en traversant la muqueuse intestinale, sont, pour la plupart, dépouillées des microbes qu'elles portent à leur surface. Ces microbes sont :englobés et détruits par les phagocytes de cette région; 2° Certaines larves réussissent à introduire les microbes dans le cou- rant circulatoire, et mèême.dans la sous-muqueuse et la couche sous- péritonéale où elles peuvent s'enkyster d’une façon définitive ; 3° La suppuration des kystes larvaires hémorragiques (quel que soit leur siège) peut être également due aux microbes introduits par le sang épanché ; 4° Lorsque les kystes larvaires siègent au niveau du gros intestin, leur suppuration peut être aussi causée par des microbes du canal . intestinal. (Laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) 206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION DU COLLARGOL SUR LE POUVOIR GLYCOLXTIQUE DU SANG, par MM. R. LÉPINE et BouLup. À l’occasion de la récente communication de M. Charrin (1), nous tirons de notre régisire d'expériences le cas suivant, qui la complète en un point : Chien 2.643, jeune, sain et neuf, du poids de 19 kilogrammes; nourri quotidiennement avec plus d’un demi-kilogramme de viande et une pelite quantité d’hydrates de carbone, son état de nutrition est bon. On lui injecte à 7 h. et demie, dans une veine, 7 centigrammes de collargol en suspension dans une pelite quantité d’eau. Une heure après : 3993; à 11 heures, 40°2; à 1 heure, 40 degrés. À 3 heures, on fait une pelite saignée artérielle : le sucre du sang, dosé par la méthode de Bierry et Portier, modifiée par l'un de nous (2), est à un taux très bas (0 gr. 56). Si on laisse le sang une heure à 58 degrés(3), ce chiffre s'élève à 0 gr. 80. Il renferme donc une proportion au moins normale de sucre virtuel. Si on le laisse une heure à 39 degrés pour connaître son pouvoir glycolylique on n'a que 0 gr. 22. Ainsi, le pouvoir glycolytique de ce sang est irès supérieur à la normale, ce qui est d'accord avec la faible proportion de sucre constatée par le dosage direct (0 gr. 56). Le même jour, le chien mange comme d'habitude. Le lendemain matin il a 39 gr. 7 durée, pour l’urine des vingt-quatre heures, tandis que sa moyenne est 20 grammes (4). Quant au rapport des corps puriques à l'urée, il est sensiblement normal. Les jours suivants l’urée et les corps puriques (5) sont à leur chiffre normal. Le poids du chien n’apas varié; son état est excellent. Dix jours après l'injection, on fait une petite saignée : on trouve 0 gr. 64 sucre, et, après une heure à 39 degrés, seulement une trace. Ainsi, le pouvoir glycolytique est énormément augmenté, autant que si on avait injecté à ce chien un extrait de pancréas. Fort peu de substances donnent un pareil résultat. Il est donc incontestable que le collargol augmente, d’une manière non seulement transitoire mais durable, le pouvoir glycolytique du sang. Ce fait, qui est en harmonie avec ce qui a été déjà constaté quant à l’action du collargol, éveille l’idée d’applica- (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907, p. 83-85. (2) Voir une note de l’un de nous (Boulud) qui paraîtra prochainement dans le Bulletin de la Société chimique de Paris. (3) Voir Lépine et Barral. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 22 juin 1891 et Lépine et Boulud, idem, 2 novembre 1903 et 8 octobre 1906. (4) On ne peut affirmer que cette augmentation soit due tout entière au collargol : la saignée a dû y contribuer. (5) Le dosage des corps puriques a’été fait par M. Rochaix, préparateur de notre laboratoire, au moyen de la méthode Haycraft-Denigès. NT SÉANCE DU ® FÉVRIER 207 . tions thérapeutiques. Mais l'injection d’un médicament dans une veine est peu commode dans le traitement d'une maladie chronique. Il con- viendrait de recourir à la voie rectale. SUR LA PRÉSENCE CONSTANTE DE L'ENDOMYCES ALBICANS, PARASITE DU MUGUET DANS L'INTESTIN DES ENFANTS QUI NE SONT PAS NOURRIS AU SEIN, par MM. CuiRay et SARTORY. Au cours d’une série de recherches que nous avons entreprises sur les champignons et levures parasites du tube digestif chez l’homme, nous avons constaté la présence, presque constante, d’une levure blanche dans l'intestin des jeunes enfants. L'isolement de cette levure s'effectue par la méthode des boïiles de Pétri. Il est facile de séparer ses colonies de celles que forment les autres bactéries intestinales, colibacille, strepto- coque, staphylocoque, oïdium lactis. Les cultures sur liquide Raulin, bouillon, décocté de fruits, lait, carotte, gélatine, gélose, pomme de terre, nous permettent d'affirmer que ce microorganisme n'est autre chose que l'endomyces albicans ou muguet. Cette idée trouve une confirmation dans les caractères morphologiques du parasite. On observe en effet dans les cultures sur bouillon des filaments mycéliens droits ou incurvés portant au niveau des cloisons soit des articles globuleux, soit des ra- meaux cloisonnés simples ou ramifiés. Il existe enfin des clamydo- spores spécifiques latérales, parfois solitaires, parfois groupées par deux au sommet des rameaux. On peut donc affirmer que le muguet existe très souvent dans l'intestin des enfants puisque sur vingt-cinq examens dix ont été posilifs. L'intérêt de cette constatation réside surtout dans la loi qui semble lier la présence du muguet au mode d'alimentation. Nos sujets ont été divisés en deux groupes à ce point de vue compre- nant, le premier, les enfants nourris au sein, le second, ceux qui recoivent une autre nourriture que le lait maternel. Quinze sujets appartenaient à la première catégorie. Douze ne présen- taient pas trace du parasite. C’étaient des enfants respectivement âgés de trois, six, sept, huit, neuf jours, un, un et demi, deux trois, quatre, sept et neuf mois. Les cultures n'ont été positives que pour trois des petits malades, soit dans 20 p.100 des cas. Si l’on tient compte des causes d'erreur dues à ce que les enfants peuvent avoir reeu à un moment donné quelque boisson en dehors de leur régime habituel, ce qui fausse les résultats, on est porté à croire que le muguet ne se développe presque jamais dans l'intestin des enfants nourris au sein. D'ailleurs, dans les trois cas positifs que nous avons cilés, la levure n’a poussé que très tardivement, après cinq à six jours au lieu de deux, ce qui témoigne d'une très faible vilalité. 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'autre groupe étudié par nous comprend dix enfants recevant soit un allaitement neutre, soit simplement du lait de vache stérilisé coupé ou non d’eau sucrée, des bouillies ou des farines. Sur ces dix enfants sept ont présenté du muguet, soit 70 p. 100. C'étaient des sujets âgés de neuf, douze, vingt-cinq jours, un, trois, cinq, sept mois. Parmi les trois cas négatifs, deux appartenaient à des enfants atteints de bronchopneu- monie grave, ce qui peut avoir contribué à la disparition du microorga- nisme. En tout cas, il ressort de nos recherches que Le parasite du muguet est très banal dans l'intestin des enfants et qu'on le rencontre presque tou- jours chez ceux dont l'alimentation n'est pas exclusivement assurée par le sein maternel. La présence de cette levure si nettement acidophile dans un milieu alcalin comme l'intestin a lieu de surprendre. On peut même se de- mander si le microorganisme est purement parasite et s'il ne joue pas un rôle dans la genèse de certains troubles intestinaux de l’enfance. Dans une prochaine note, nous indiquerons les propriétés pathogènes du . muguet intestinal, car celles-ci nous paraissent beaucoup plus étendues qu'on ne l’a dit jusqu'à présent. Il est vrai que nos prédécesseurs n'ont expérimenté qu'avec le parasite prélevé dans la bouche des enfants. Nous croyons que celui qui réside dans l'intestin constitue une race spéciale infiniment plus virulente que l’autre. (Travail du laboratoire du professeur Roger.) N ÉLECTION D EN MEMBRE TITULAIRE. Liste de présentation. Première ligne Ne RO NIMNPEBOEN Deuxièmeplienetw#eere HÉRISSE y. Troisième ligne . - . «=. JOSUÉ, MaiLLaARD, À. MAYER, RaABau». Nombre de volants : 52. Ont oblenu : MM: Gr Bonn. 20 En NOM PO ES OST JOSUE ES un Re ET A ER TO re HÉRISSENC SERRES CERTES ER 1 — ANT ASIE RAT AE PE EE es D — ERRATUM Dans le tome II de l’aniée 1905, p. 24 des Mémoires, ligne 12, au lieu de : 1887, lire : 1867. Le Gérant : OcrAvE POoRÉE. Paris. — L. MAR£IHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1907 SOMMAIRE Backman (E.-Lours) : Influence de l'acide lactique sur le cœur isolé et survivant des mammifères . . . .. Box (GEORGES) : Sur l’impossibi- lité d'étudier avec une précision mathématique les oscillations de létat physiologique chez les ani- UT OT AUX Een NT ture CHarrin et Monrer-Vinarp : In- fluence des ligatures mésentériques sur l'intestin-grêle et le développe- mentdellorganisme. Dusors (R.) et Couvreur (E.) : Sur la prétendue fixation possible du carbone par les chrysalides. . . . . Fouquer (CH.) : Sur une forme rectiligne du spirochète pâle. Sa si- snification. Son rôle probable dans JESMESIONS Ten Ale SAN en - Présidence de FrouIx (A.) et Tuomas (P.) : Sur le dédoublement des glucosides CONMSMÉNEES LINE TEEN KOLLuANN (MAx) : Sur les granu- lations leucocytaires des Scorpio- nides et des Aranéides. . . . . . . . Makie (A.) : De l’activité des sé- TUMS ANTITAbIQUEN UN MAUREL : Influence de la lumière sur la marche nychthémérale de la température normale. Conclusions Prékon (H.) : L'adaptation à la re- cherche du nid chez les fourmis. . STASSANO (H.) : Nécessaire clini- que pour le séro-diagnostic . . . . . S'WELLENGREBEL (N -[[.): Sur la cy- tologie comparée des Spirochètes et JeSMODINIIES MERE RP APE PRE M. A. Giard, président. OUVRAGE OFFERT M. GLex. — J'ai l'honneur d'offrir à la Société, de la part de l’auteur, M. Paul Bar, professeur agrégé à la Faculté de médecine, accoucheur de l'hôpilal Saint-Antoine, un ouvrage considérable, Zecons de patho- logie obstétricale (1). La première partie est consacrée à l'étude du foie et des reins des éclamptiques. Je signalerai particulièrement la leçon où sont décrites les lésions du foie et des reins chez les fœtus nés de mères éclamp- tiques; outre un exposé critique très judicieux de tous ces fails, on y (1) Un vol. grand in-8° de 865 pages. Paris, Asselin et Houzeau, 107. Brocoare. Courtes RENDUS. — 1907. T. LXII. 15 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trouvera un grand nombre d'excellentes figures personnelles représen- tant les lésions dont il s’agit; et je signalerai aussi la lecon où, l'auteur ayant montré l'insuffisance des données histologiques pour expliquer l'éclampsie, il s'adresse à la physiologie expérimentale et éludie le fonctionnement du rein pendant la grossesse normale et comparative- ment pendant la grossesse compliquée d’albuminurie ou compliquée d’éclampsie. - La seconde partie de l'ouvrage et de beaucoup la plus étendue (p.159- 844 avec, en outre, 72 pages de pièces justificatives [observations et tableaux d’analyses|). C’esl une étude complète et dont la richesse et la précision imposeront désormais la connaissance à quiconque, physiolo- giste ou médecin, s’occupera des fonctions de reproduction et des modi- fications que la grossesse apporte à la nutrition. Pour déterminer la nature et la grandeur des besoins de l'organisme femelle en gestation, M. Bar s'est adressé à l’urologie; il considère successivement les be- soins de l'organisme en azote (balance des échanges azotés, teneur de l'urine en urée et en ammoniaque, taux du rapport azoturique, varia- tions de l’acide urique et des corps xanthiques), les besoins de sels mi- néraux (phosphore, chaux du fœlus et échanges calciques, fer du fœtus et statique du fer dans l’organisme, soufre, chlore), les échanges carbonés, pour autant qu'on peut les-apprécier d’après le dosage du - carbone urinaire. D'’utiles compléments portent sur la quantité et la densité de l'urine, son acidité, les matières colorantes, etc. Toutes ces - recherches, dont ces brèves indications suffisent à montrer l'ampleur, ont surtoutété faites sur des femmes et sur des chiennes (quelques-unes sur des lapines). Je rappellerai à la Société qu’au cours de l’année 1905, M. Bar lui a présenté, en collaboration avec M. Daunay, quelques-uns des princi- paux résultats qu'il a obtenus par ces longues et patientes analyses, en particulier de ceux qu'il a recueillis sur la nutrition azotée, celui-ci par exemple, que la fécondation provoque dans l'organisme maternel une tendance à la rétention d'azote, que cette rétention est, dans la seconde moitié de la portée, proportionnelle aux besoins du fœtus, bref, qu'il y a harmonie entre les besoins azotés du fœtus (et aussi de l’utérus et des mamelles) et la rétention d’azote chez la mère. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 911 SUR L'IMPOSSIBILITÉ D'ÉTUDIER AVEC UNE PRÉCISION MATHÉMATIQUE LES OSCILLATIONS DE L'ÉTAT PHYSIOLOGIQUE CHEZ LES ANIMAUX LITTORAUX, par M. GEORGES Boux. Dans les trois notes précédentes (1), j'ai donné les chiffres qui m'avaient été demandés; je voudrais maintenant montrer quelle est la valeur de ces chiffres. Des tableaux, il ressort nettement que les oscillations de l’état physio- logique des animaux littoraux correspondent à celles de la mer, sans se superposer exactement. Cependant le parallélisme est plus parfait que des idées préconçues auraient pu le faire croire. Le tableau de ma note du 29 décembre (p. 709), où j'ai calculé (ce qu’on ne trouve dans aucun almanach des marées) les différences de phase entre les oscil- lations du mouvement réel de la marée et celles du mouvement supposé régularisé, a l'intérêt tout particulier de montrer d’une facon précise que le mouvement réel résulte de la superposition de deux sortes d'oscillations, les unes d’une période de douze heures vingt-cinq environ, les autres d’une période de quatorze jours environ. Si l’on admet que les premières peuvent s’imprimer en quelque sorte dans la matière vivante, pourquoi n’admettrait-on pas que les secondes elles aussi puissent s'y imprimer? Croire le contraire serait même illogique. D'ailleurs il est facile de constater, en consultant les chiffres donnés pour les Convoluta (p. 51-52), que les oscillations de ces Vers, comme celles de la mer, se ralentissent et s’affaiblissent en morte eau, s’accé- lèrent et se renforcent en vive eau. Il y a là un contraste remarquable que présentent dans leurs réactions vis-à-vis des-divers agents les animaux littoraux, et cela d'autant mieux qu'ils vivent à un niveau plus élevé. La périodicité de quinzaine chez les Littorines supra-littorales est frappante; je l'ai signalée dans mon mémoire sur les Attractions et oscillations des animaux marins (2) : on enferme en morte eau des Zilto- rina rudis dans un cristallisoir; ces Mollusques restent immobiles même si l'air est humide; mais le jour où, en grande marée, la mer atteint les rochers sur lesquels ils vivaient, même si l’air est sec, ils sortent de leur torpeur; en ajoutant un peu d’eau, la mise en branle est instantanée et générale. Les oscillations des organismes littoraux peuvent être figurées sous (1) G. Bohn. Le rythme des marées et la matière vivante. Quelques chiffres relatifs au rythme vital des Convoluta. (Avec F. Fauvel) Le rythme des marées chez les Diatomées littorales. Comptes rendus de la Société de Biologie, 29 dé- cembre 1906, 9 et 16 janvier 1907. (2) G. Bohn. Mémoires de l'Institut général psychologique, 1, p. 1-141, 20 avril 1905. 212 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la forme de vagues sinusoïdes; toules les portions de la courbe n'offrent pas le même intérêt pour le physiologiste ; contrairement à ce que pense M. Lapicque (29 décembre 1906, p. 708), les portions qui offrent le moins d'intérêt au point de vue de la périodicité sont celles qui corres- pondent aux « espaces de Lemps durant lesquels les animaux liltoraux sont. émergés ou submergés »; pendant ces espaces de temps, pour lesquels les dérivés de la courbe ont des valeurs nulles ou faibles, les organismes se montrent en quelque sorte indécis, quant au signe des réactions; au contraire les portions de la courbe pour lesquelles les valeurs de la dérivée, posilives ou négatives, sont maxima, ont un réel intérêt; elles correspondent à des contrastes marqués subis par les organismes quant à leurs conditions de vie, c'est-à-dire aux phéno- mènes qui peuvent le plus influencer l’état physiologique de ces orga- nismes; alors les tropismes acquièrent une netteté et une précision remarquables; c'est le moment où les écrans noirs attirent les Littorines, où les Convoluta s'élèvent dans le sable et en sortent (géotropisme négatif), où les Diatomées viennent s’étaler sur le sable à la lumière (photolropisme posih}). Mais ce qui rend difficile l'observation des phénomènes de l'ordre de ceux que j'étudie, c’est qu'ils subissent des varialions continues; il est impossible de déterminer d'une facon précise le moment où un phéno- mène commence, celui où il finit. On pourrait être tenté de chercher à préciser les maxima et les minima de la courbe, qui semblent corres- pondre plus ou moins aux heures de la mer haute et de la mer basse; mais c’est dans ces conditions que l'indécision serait la plus grande : les organismes se montrent alors, comme je l'ai dit, indécis; en quelque sorte dégagés momentanément de la périodicité, ils ne résistent à aucune des impulsions dues aux facteurs actuels; les tropismes changent incessamment de signe et de valeur. Il faut donc chercher à établir d’autres points de la courbe. Pour les organismes qui sortent du sable et y rentrent, on peut noter avec autant de soin que possible l'heure de la sortie, celle de la rentrée; ce sont précisément les chiffres qui figurent dans les tableaux des deux notes précédentes. Mais là encore toute précision rigoureuse est absolu- ment illusoire, car les influences du moment, celles de la veille, entrent en jeu. Un chiffre par lui-même ne signifie rien tant que toutes les condi- lions présentes ef passées ne sont pas délerminées avec soin. Ainsi les 17, 18 et 19 septembre 1903, les Convoluta sortent plus tard qu’elles ne devraient le faire théoriquement. Or, les jours précédents, au moment où la sortie s’effectuait, il faisait nuit; maintenant il fait jour, et j'ai montré dans un mémoire ultérieur (1) que la lumière retarde la sortie (1) G. Bohn. Les Ccnvolula roscoffensis et la théorie des causes actuelles. Bulletin du Muséum, 1903, n° 7, p. 352 à 364. SÉANCE DU 9 FÉVRIER LS du sable (reculs successifs à la limite de séparation de l'ombre et de la lumière). Après la journée si sombre du 20 septembre, les Convoluta sont sorties plus tôt au contraire, en quelque sorte sous l'influence d’un état d’asphyxie et d'inanilion (moindre fonctionnement de la chloro- phylle). Des faits du même ordre s’observent couramment chez les Diatomées : quand il n'y a qu’une sortie par jour, la période d'émersion s'allonge beaucoup. Un troisième procédé pour tracer la courbe de la périodicilé des animaux liltoraux serait de mesurer l'intensité d’une réaction aux diverses heures de la journée (rapidité avec laquelle un écran noir attire une Littorine, durée de la fermeture d’une Aclinie sous un courant d'eau); mais chaque mesure entraîne infailliblement une perturbation de l’état physiologique, et si les mesures se succédaient à des intervalles” trop rapprochés il en résulterait une altération manifeste du rythme; on ne peut donc ainsi déterminer que des points très espacés de la courbe. Partout on est gêné par le conflit entre les influences passées et les influences actuelles. Les conditions les plus avantageuses sont celles où les premières l'emportent nettement sur les secondes, et cela dépend en grande partie des habitats. Ainsi chez les Convoluta de Saint-Jacut la périodicité est beaucoup plus accentuée que chez celles de Saint- Vaast. Pour les Actinies, la périodicité n’est apparente que chez les Aclinia equina qui subissent une dessiccalion au moment de la mer basse, et au bout de trois jours elle s’affaiblit au point d'être masquée par les causes actuelles, mais elle n’est que masquée. Je crois devoir dire, à ce propos, et pour terminer, que je ne partage pas l'opinion exprimée par M. Lapicque dans sa note du 29 décembre (fin p. 707 et commencement p. 708) : la mémoire des Actinies étant limitée à quelques jours, ces animaux doivent, en aquarium, être réglés sur le rythme des derniers jours. En réalité cette limile n'existe qu’en apparence, et les Actinies sont réglées sur le rythme des marées pendant les mois qui précèdent, au moins. SUR LA CYTOLOGIE COMPARÉE DES SPIROCHÈTES ET DES SPIRILLES, par M. N. H. SWELLENGREBEL. Prowazek (1), Hartmann (2) et bien d'autres affirment que les Spiro- _chètes sont des Protozoaires et, pour le prouver, ils donnent les argu- (1) Centralbl. f. Bakt. Abt. 1. Orig., t. XL, Ar6. Kuis, Gesamte, t. XXI. (@)MZeitschr. f. Hyg., t. LN. 212 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ments suivants : les Spirochètes ont une membrane ondulante et sont implasmolysables. La division est longitudinale, ou, en tout cas, par étranglement de la cellule mère. Il ne se forme pas de paroi transversale (les spirilles en ont une, dit Hartmann). D’autres auteurs, Borrel (1), Zettnow (2), n’acceptent pas cette manière de voir et croient que les Spirochètes ont des rapports étroits avec les Spirilles. Pour faire des comparaisons entre les spirilles et les spirochètes, j'ai examiné Spirillum giganteum Mig. et Spirochæta balbiant (Certes). Mes recherches sur Sp. buccalis ne sont pas encore finies. SPIRILLUM GIGANTEUM (du laboratoire de Kràl) montre, après coloration et aussi à l’état vivant, un filament chromatique en spirale, situé à la périphérie de la cellule. Les bandes transversales qui constituent ce filament ne sont pas des parois d’alvéoles, parce qu'on voit souvent, dans les tours de la spire, le filament former une anse, ce qu’on ne saurait expliquer en admettant que les bandes transversales sont des parois alvéolaires. Cette supposition devient tout à fait invraisemblable par le fait qu’on observe souvent dans la mème cellule, et les parois alvéolaires, et le filament chromatique. Le fila- ment peut se différencier en un filament achromatique et des granules chromatiques et se diviser ensuite longitudinalement, comme chez Bac. maximus. Les granules chromatiques sont distincts des grains de volutine. Me basant sur mes recherches (3) chez Bac. maximus, je crois qu'on a le droit de regarder le filament comme composé de substance nucléaire. A une (quelquefois à deux) extrémités de la cellule, est située une calotte périplastique plus faiblement colorée que l’endoplasme (ce n’est pas un produit de plasmolyse, car on la voit aussi à l’état vivant) d'où part une bande assez large, mais peu épaisse, qui entoure la cellule en une spirale plus ou moins prononcée. Cette bande (ou appendice périplastique, comme Jje la nommerai) s'étend quelquefois hors du contour cellulaire et se montre alors comme une membrane ondulante, souvent de structure alvéolaire, qui s'étend dans les concavités ou les convexités des courbes du spirille. L’appendice est très distinct dans les cellules d’une vieille culture; on voit qu’on n’a pas affaire à une membrane ondulante, mais à une périplaste s'étendant cà et là hors du contour cellulaire. Ces formes, décrites déjà par Bütschli (4), mais inter- prétées d’une autre manière, rappellent vivement les figures que Bütschli et Schaudinn (5) ont publiées de Sp. plicatilis (S. serpens). L'appendice de S. gigan- teum est donc vraisemblablement homologue à la « membrane ondulante » de Sp. plicatilis. Ellis (6) affirme que les figures que Bütschli donne de l’appendice ne sont que des produits d’une mauvaise préparation. Il résulte de mes recherches que cette supposition est injuste. (14) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LV. (2) Zeitsch. f. Hyg., t. LIL. (3) Centralbl. f. Bakt. Abt. IT, t, XVI. (CAC RAP OT IKCENTMIE (5) Deutsche med. Wochenschr., 1906. ‘6) Centralbl. f. Bakt. Abt. I. Orig., t. XXXIIT. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 215 a — La division cellulaire s'effectue par étranglement de la cellule mère. Il se forme dans l'isthme entre les deux cellules filles un entassement de proto- plasme, qui se divise, après quoi la division de la cellule s’accomplit. On a maintenant deux cellules, réunies par une bande pâle qui s'étire et se déchire enfin. Il ne se forme pas de paroi transversale, comme l’a vu aussi Ellis. Ce mode de division est donc le même que chez les Spirochètes. Chaque cellule à un cil qui peut cependant, en s’effilant, ressembler à une touffe de cils. Ce cil prend son origine dans la calotte apicale, il est donc une continuation de l’appendice. Les cils ont une siructure de spirale à longs tours. À la base du cil, se trouve fréquemment un granule, qui a peut-être des rapports avec le filament nucléaire. Chez les cellules en dégénérescence, on voit souvent des boules en forme de navette entourées de la membrane. Ces boules, qui ont une structure alvéolaire, se trouvent quelquefois au milieu, quelquefois à une des extrémités de la cellule. Elles ressemblent beaucoup aux boules plasmatiques que Prowazek décrit chez Sp. gallinarum. On voit donc que ce que Prowazek et autres ont pris pour des qualités différen- tielles, ce sont justement des caractères communs aux Spirochètes et aux Spirilles. SPIROCHÆTA BALBIANIT (des huîtres du Helder, Hollande septentrionale) a montré la même structure nucléaire que Spirillum giganteum, ce qui est d'accord avec la description de Perrin (1). La division cellulaire est trans- versale. Il se forme, au milieu de la cellule, deux granules pariétaux vis-à- vis l'un de l’autre, qui s'unissent en formant une paroi transversale. La membrane ondulante est composée de deux parties : 4° un appendice péri- plastique, tout à fait homologue à celui des spirilles, qui forme quelquelois une calotte à une des extrémités ; 2° une bande chromatique, courant le long de la cellule, suivant l’appendice, et commencant quelquefois par un _granule. Cetle bande peut se diviser en plusieurs cordons et donne ainsi l’illu- sion d’une division longitudinale de la « membrane ondulante ». Quelquefois il se forme des boules plasmatiques, de struclure alvéolaire homologue à celles des Spirilles. Ce sont là vraisemblablement les « kystes » de Perrin. Sauf en ce qui concerne la bande chromatique, Sp. balbianii montre une grande ressemblance avec les Spirilles. Je puis donc confirmer l'affirmation de Laveran et Mesnil (2) que cet organisme est une bactérie. En outre, on voit que les Spirilles sont en rapport étroit avec les Spirochètes, dont ils diffèrent par le manque de flexibilité, qualité due sans doute à l’action de la bande chromatique qui constitue vraisemblablement un élément contractile. CARE SEE PrOL. K,, LNIT. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1901. 216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L’ADAPTATION A LA RECHERCHE DU NID CUEZ LES FOURMIS, par M. H. PrÉRoN. Les observations qui ont été faites jusqu'ici sur l'orientalion chez les fourmis ont toujours élé données par les auteurs comme universelle- ment valables; or, il suffit de quelque attention pour s'apercevoir qu'il y a, dans la manière de se comporter des fourmis à la recherche de leur nid, des différences spécifiques extrêmement nettes, qui répondent à un mécanisme variable d'adaptation sensorielle. Ce mécanisme m'a paru pouvoir se rapporter à l’un des trois Lypes que je vais décrire : 1° Si l’on observe avec précaution, pour ne pas troubler leur activité, des Formica fusca,F.cinerea, F. rufibarbis, Camponotus pubescens, etc., on remarque que les & s’aventurent isolément très loin de leur nid, et, sauf dans des déménagements de fourmilières, qu'elles se comportent chacune avec une réelle in lépendance. En observant une % isolée depuis son départ du nid, on constate qu’elle se meut rapidement et revient en suivant une direction de retour analogue à celle du départ, mais non identique; elle marche vers l'embouchure du niä, lorsqu'elle eu est voisine, avec une grande précision. Si on interpose, sur le chemin de retour, des obstacles, des brindilles, de l’eau, des bouillons d’autres fourmis, elles peuvent être arrêtées un instant dans ce dernier cas, mais elles passent toujours outre (1). Privée d'antennes, l’5 a une marche moins rapide, cherche à explorer longuement les obstacles, mais retrouve son nid; privée de l'usage des yeux (peints d’une couleur opaque), elle a une marche lente, se guide bien à travers les obstacles, mais ne paraît pas retrouver son nid. Ce type d'orientation est essentiellement {non tout à fait exclusivement d’ailleurs) visuel. C’est chez ces espèces que se présente le phénomène du transport mutuel : une Ÿ, pour en conduire une autre en un lieu donné (retour au nid d’une égarée, par exemple), se contente de l'y porter. 29 Chez Aphænogaster barbara, Aph. testaceo-pilosa, etc., il n'en va plus de même. Ces fourmis, à peu près aveugles, et faciles, par là même, à observer, ne s’éloignent pas beaucoup du nid et ne manquent jamais, lorsqu'elles vont récolter des graines à quelques mètres, de s’y rendre en colonne, et de ne se disperser que sur un espace de moins de 50 centimètres carrés en général; la colonne suit un chemin assez souvent sinueux, mais dont les sinuo- sités diminuent avec le temps par raccourcissement progressif. Les & isolées reviennent au nid par le même chemin qu'elles ont suivi pour s’en éloigner, avec tous ses détours. Cela permet de supposer une piste olfactive, et il suffit en effet d’ôüter un obstacle normalement rencontré, ou d’ajouter un obstacle nouveau sur un passage, de creuser une rigole, de renverser de l’eau, et surtout des bouillons d’S étrangères, pour voir les fourmis désorientées ou (1) I faut prendre garde de ne pas faire de mouvements devant 15 qui, effrayée dès lors, ne cherche plus qu'à se dissimuler, restant immobile sous des brindilles. LA SÉANCE DU 9 FÉVRIER 217 effrayées, alors que, si elles réussissent à franchir ce mauvais pas, elles se comportent ensuite normalement (1). Mais si, lorsqu'une 6% rentre au nid, placé au bord d’un chemin uni qui lui reste à traverser, on la déplace, sur une motte de terre préparée à cet effet, par translation lente et prudente, on constate que l'5 se dirige tranquillement sur le chemin et, arrivée en un point qui, si elle avait suivi son chemin primitif, aurait correspondu à l'ouverture du nid, s'arrête, cherche, et ne bouge plus d’un cercle étroit, définitivement désorientée, bien qu'à quelques centimètres de ce nid. La possibilité de superposer son chemin à celui qui l'aurait amené au nid montre bien que l'orientation est essentiellement musculaire, mais ces fourmis, surtout dans les herbes, se servent de points de repère ollfactifs et tacliles tels, qu'en les modifiant par addition ou soustraction on les trouble jusqu’à provoquer (avec des odeurs d'5 étrangères) des paniques. 3° Chez Lasius flavus, et surtout L. fuliginosus, le rôle de l’olfaction prédo- mine davantage : les 6 suivent, la plupart du temps, des pistes collectives, dont la trace est donnée par leur odeur, forte et persistante; les additions ou suppressions d'obstacles mécaniques sur leur passage (en évitant toute odeur) sont à peu près sans aucune action, mais il suffit de poser le doigt sur le sol pour que ce point soit évité par un détour préalable; la donnée olfactive est donc d’une grande finesse. Les %, en chemin collectif, sont arrêtées dans la mesure où leur mémoire topographique olfactive est troublée par une odeur nouvelle. Mais des % isolées peuvent retrouver le nid en dehors de leur piste, guidées par des données musculaires, et surtout visuelles. Ainsi, dans l'adaptation à la recherche du nid, on peut noter trois types : un visuel, un olfaclif, un musculaire. Le premier permet l’orien- tation aux plus grandes distances, le dernier aux plus faibles. Mais, dans la plupart des cas, il existe des types intermédiaires : le Solenopsis se rapproche de l’Aphænogaster. Les Lasius emarginatus, L.niger, L. ali- cuus se rapprochent du Z. fuliginosus avec un rôle plus important encore des données visuelles. En réalité donc, le rôle de l’odorat dans l’orientation est relativement rare et n’est jamais exclusif. Enfin, il est à peu près impossible de déterminer sûrement le mode d'orientation des fourmis à vie presque exclusivement souterraine (Myrmecina Latreillei, par exemple) (2). (1) On à tendance à admettre que, si une odeur trouble les fourmis, quand on a placé la substance odorante sur leur passage, c’est que l'on modilie la piste olfactive. En réalité, le plus souvent, on risque d'’effrayer les 5, tout comme la présence trop rapprochée de la main de l'observateur peut provoquer des perturbations, des paniques, chez des fourmis à vision bien développée. (2) Dans un récent travail, Turner (Biological Bulletin, décembre 1906, p. 31) tire encore, d'expériences particulières, des conclusions trop générales; il attribue un rôle très important à la direction de la lumière (dont les varia- tions sont pourtant, dans la nature, si considérables). Parmi les espèces étu- diées, non encore énumérées, figurent Formica fusco-subsericea et Myrmica punctiventris. 218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DE L'ACIDE LACTIQUE SUR LE COUR ISOLÉ ET SURVIVANT DES MAMMIFÈRES, par M. E. Louis BackMan. (Note préalable.) Afin d'examiner sur le cœur du lapin l'influence de l'acide lactique (de la fabrique de M. Kahlbaum) provenant de la fermentation el ne possé- dant aucune action optique, je viens de faire une série d'expériences avec son sel de soude d’une réaction parfaitement neutre en me servant de la méthode de Langendorff-Locke avec les mêmes modifications du procédé et de l'enregistrement dont j'ai rendu compte dans mon travail sur l'influence de l'alcool éthylique sur le cœur des mammifères (1). Comme liquide de perfusion j'ai cette fois employé la solulion de sel de Güthlin (2), composée de 0,65 p. 100 de NaCI + 0,025 p. 100 de CaCI, + 0,05 p. 100 de KCI + 0,3 p. 100 de NaHCO. + eau distillée. Ces expériences me paraissent dignes d'intérêt, tant parce que l'acide lactique se rencontre dans le sang physiologique (dans celui du lapin par exemple en quantité moyenne de 0,1155 p. 100), que parce que la quantité de l'acide lactique dans le sang augmente en assez grande pro- portion après un travail musculaire. J'ai étudié l'influence du lactate de soude aux degrés de concentration de 0,5, 0,25, 0,1 et 0,03 p. 100. Les deux premiers degrés de concentration, savoir 0,5 et 0,25 p. 100, produisent une augmentalion constante de la fréquence des contrac- tions du cœur ayant lieu peu à peu et capable d'atteindre à la fin d'une perfusion avec du lactate un maximum qui est de 40 contractions par minute plus grand que la fréquence au commencement de la perfu- Sion. Tous les degrés de concentration examinés provoquent ure diminu- tion brusque el violente de l'amplitude des contractions, mais cette di- minution est pourtant bientôt remplacée par une augmentation lente qui, dans le cours des perfusions, ne ramène que très rarement l’ampli- tude des contractions à la grandeur qu’elle présentait au commence- meat des perfusions. (1) Backman (E.-L.). Die Wirkung des Aethylalkohols auf das isolirte und überlebende Säugetierherz. Skand. Arch. f. Physiol., t. XVILL, p. 322, 1906, et Upsala Lükarefürenings Fôrh., t. X (N. K.), p. 557, 1905. (2) Zachrisson (Fr.). Experimentella studier ôfver den intravenüsa och subkutana saltvatteninfusionens värde vid akut anämi {Études et expériences sur la valeur dans l’anémie aiguë de l’infusion intraveineuse et sous-cutanée d’une solution de sel). Diss., Upsala, 1902, et Upsala Universilets arsskrift (An- nales de l’Université d'Upsal), 1902. SÉANCE DU Ÿ FÉVRIER 219 Pendant les perfusions avec du lactate on peut cependant — en même temps que la diminution de l'amplitude des contractions et déjà avant le commencement de l'augmentation de la fréquence — observer une dilatation très nette des coronaires qui semble indiquer que l’aclion parésiante passagère de l'acide lactique sur les cellules musculaires du cœur est en réalité d'une nature assez durable. Ce qui rend cette sup- posilion‘encore plus acceptable, c’est qu'après le retour à la perfusion avec la solution de Gôthlin pure, l'amplitude des contractions augmente toujours considérablement en dépit de la diminution du calibre des vaisseaux coronaires. Il me semble que ces expériences pourraient servir à éclaircir la question de la nature des phénomènes de la fatigue, puisque les résul- tats obtenus paraissent prouver que l’on peut regarder l'acide lactique comme une des causes de la fatigue musculaire périphérique. (Travail de l’Institut physiologique de l'Université d’'Upsal.) SUR LA PRÉTENDUE FIXATION POSSIBLE DU CARBONE PAR LES CHRYSALIDES, par MM. R. Dugois et E. Couvreur. M'E Maria von Linden aurait observé récemment, chez un certain nombre de chrysalides passant l'hiver, entre autres celles de 2. Poda- hirius, un phénomène très intéressant et analogue à la fonction chloro- phyllienne, c'est-à-dire décomposition de CO? avec fixation de G, l'aug- mentation de poids pouvant atteindre jusqu'à 25 p. 100 (1). Chose curieuse cependant, le fait ne se produisait que dans certains lots de chrysalides, et parfois aussi bien à l'obscurité qu’à la lumière. Nous avons cherché à constater les mêmes faits chez Pieris brassicæ et n y avons pas réussi. , Dans une première série d'expériences, nous avons placé deux lots de vingt-deux chrysalides dans des cloches à atmosphère enrichie artifi- ciellement en CO?; le premier lot à la lumière, le deuxième à l’obscu- rité. Le séjour a été de soixante-quinze jours. À la lumière, le poids moyen d’une chrysalide au début de l'expérience était de 0,3212 et à la fin de 0 gr. 281, soit une perte totale de 0 gr. 0402 et journalière de 0,000536, soit en gros cinq dixièmes de milligramme. A l’obscurité le poids moyen d’une chrysalide étant de 0 gr. 345 au début, était de 0 gr. 3092 à la fin, soit une perte totale de 0 gr. 6358 et Journalière de 0.00047, soit en gros 4 dixièmes de milligramime. (4) Maria von Linden. C. R. Soc. de Biol., 1905. L’assimilation de CO? par les chrysalides de Lépidoptères. 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans un cas comme dans l’autre, les chrysalides, au lieu d'augmenter de poids, ont donc diminué (1). Mais on pouvait se demander si, tout en perdant du poids dans le C0”, les chrysalides n’en perdaient pas moins qu’à l’air libre, d’où une deuxième série d'expériences, faites alternativement dans l'air et l'air chargé de CO”, à la lumière et à l'obscurité (2). Dans l’air, sur un lot de trente etune chrysalides, la perte individuelle et journalière a été de 1,3 dixièmes de milligramme à la lumière, et de 4,9 à l'obscurité. Dans l'air chargé de C0”, sur un lot de trente et une chrysalides, la perle individuelle et journalière a été de 1,5 à la lumière et de 2,2 à l'obscurité. La perte dans ce deuxième cas a donc été aussi bien à la lumière qu’à l'obscurité plus forte avec CO* qu’à l'air libre. Sur six séries d'expériences faites sur Pieris brassicæ, nous n'avons donc pu retrouver les faits signalés par M'° von Linden sur P. Poda- lirius. (Laboratoire de physiologie générale et comparée de l'Université de Lyon.) INFLUENCE LE LA LUMIÈRE SUR LA MARCHE NYCUTHÉMÉRALE DE LA TEMPÉRATURE NORMALE. CONCLUSIONS SUR LES AUTRES INFLUENCES ; par M. MAUREL. Des doutes, il me semble, peuvent exister, en ce qui-concerne l’in- fluence de la lumière, sur la concordance ou la divergence des résultats obtenus par MM. Toulouse et Piéron, et ceux que j'ai moi-même cons- tatés. Ces deux expérimentateurs ont bien constaté que la vie nocturne ne donne pas une différence aussi grande en faveur de la température du malin que la vie diurne en faveur de celle du soir. Mais ils font remar- quer, avec raison, que surtout pour les veilleuses une série d’autres causes doivent intervenir pour expliquer cette différence; et ils en arrivent à celte conclusion que le repos et l'activité sont les deux fae- teurs de l’abaissement et de l'élévation de la température et que « la périodicité de la courbe thermique est neltement liée à la périodicité de l’activité humaine, plus sociale d’ailleurs que cosmique ». (1) Et même plus à la lumière qu'à l'obscurité. (2) Les quatre expériences menées par séries de deux ont eu une durée de vingt-six jours dans l'air avec CO?, de vingt-deux jours à l’air libre. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 291 Cette influence cosmique, qui, quoique faible, est encore admise par MM. Toulouse et Piéron, comprend-elle, dans leur pensée, celle de la lumière? Je le voudrais, mais il me semble qu'ils sont restés dans le doute à cet égard. C’est qu'en effet, dans leurs observalions, le facteur lumière se dégage difficilement des aulres influences diurnes. Dans les miennes, au contraire, j ai pu constater son existence et même l’évaluer au moins d’une manière approximalive. Mes conclusions à son égard s'appuient sur ces deux fails : 1° Que, les autres conditions restant les mêmes, alimentation et acti- vité, la différence des températures du matin et du soir a toujours été plus grande pendant le jour que pendant la nuit; 2° Que, pendant que j'opposais la lumière et le mouvement à l’alimen- tation, la différence, quoique restant en faveur de cette dernière, était plus marquée quand le mouvement et la lumière agissaient en même temps que quand le mouvement agissait tout seul. En résumé, les observations de MM. Toulouse et Piéron, qui sont d'autant plus intéressantes qu’elles ont porté sur l'espèce humaine, outre certains points sur lesquels ils ont le mérite d'appeler les premiers l’attention, sont venues appuyer les conclusions que j'avais tirées de mes expériences sur les lapins, en ce qui concerne : la possibilité de l’inver- sion de la marche nychthémérale de la température, la résistance qu'offre l'organisme à celle inversion, et l'influence du mouvement. Pour l'alimentation, pour laquelle nous différons d’opinion, je pense que les observations de MM. Toulouse et Piéron offrent cet intérêt, qu’elles ont prouvé qu'au moins dans des cas assez nombreux l’activité nocturne, à elle seule, quand elle acquiert une certaine intensilé, peut l'emporter sur toutes les influences diurnes, y compris l’alimentation ; et, comme on va le voir, ce résultat ne fait que confirmer mes prévisions. Quant à la lumière, sans lui donner trop d'importance, je pense qu’elle doit pouvoir jouer un certain rôle. Enfin, en ce qui concerne l’ensemble de leurs recherches et des miennes, je crois que l’on peut admettre que trois causes principales peuvent intervenir dans la marche nychthémérale de la température normale : l'alimentation, le mouvement et la lumière; mais, ainsi que je l'avais supposé, l'importance de chacune d'elles peut varier avec l'espèce animale et les conditions de son existence. _ Ces idées sur l'importance variable de ces causes ne sont pas du reste, je l’ai dit, des concessions faites après les recherches de MM. Tou- louse et Piéron, elles ont été exposées nettement dès 1889. Dans ce travail, je donnais d’abord les conclusions suivantes : « Chez le lapin : « 1° On peut à volonté déplacer le maximum de la lempérature nychthémérale et le faire passer à volonté du soir au matin et récipro- 299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quement. Il suffit pour cela de changer les conditions d'existence de l'animal ; « 2 Ce maximum varie de 0°5 à 0°9; « 3° Trois influences concourent à le produire : les repas, l'éclairage et le mouvement; « 4° De ces trois influences, c'est celle des repas qui est la plus impor- tante. Elle l’est à ce point que, même opposée aux deux autres, elle n’en conserve pas moins la prépondérance. Elle se traduit par une différence de 0°3 à 0°5. » Suivent des conclusions qui sont le complément des précédentes. Mais de plus, j'ajoutais en terminant (p. 32 et 33): « Ce sont là les conclusions auxquelles conduisent les expériences faites sur les lapins. « Ces mêmes conclusions scnt-elles applicables aux autres animaux et à l’homme en particulier? Les rapporteurs de la Commission nommée par l’Académie de médecine à laquelle j'avais présenté ce travail, ont fait des réserves à ce sujet; et je les crois tout à fait fondées. Quelque générale que puisse paraître une loi de physiologie, on ne saurait con- clure aveuglément d'une espèce animale à une autre, surtout quand elles occupent des places si éloignées dans l'échelle zoologique. « En saine logique, les expériences faites sur les lapins ne sont applicables qu'aux lapins. « Cependant, étant donné que les grandes lois qui régissent la tem- pérature des animaux supérieurs sont considérées comme identiques, il me semble probable que mes conclusions, dans ce qu’elles ont de général, puissent s'appliquer aux animaux du même.ordre et peut-être même du même embranchement. « Il se peut qu'à ces trois expériences d’autres viennent s'ajouter; il se peut que l'importance de chacune de celles que j'ai indiquées varie; ii se peut que le temps nécessaire pour arriver au déplacement du maximum de température soit augmenté ou diminué; il se peut entin que l'importance relative soit même modifiée à ce point que l’alimenta- tion, par exemple, qui a l'influence la plus grande chez le lapin, se voie reléguée au second plan par d’autres conditions de l'expérience chez d’autres animaux; maisje ne crois pas trop généraliser mes conclusions en disant que ces résultats rendent au moins probable que les trois influences que j'ai constatées chez les lapins se retrouveront chez les autres animaux, et que, quoique avec des valeurs variables, c’est encore surtout par elles qu’il faudra expliquer le maximum vespéral de la tem- pérature normale. » | Voilà ce que j'ai dit en 1889, en résumant les expériences faites * en 1882. Comme on le voit, ce sont encore les mêmes conclusions auxquelles j'arrive après les travaux faits depuis; et je suis heureux de pouvoir SÉANCE DU 9 FÉVRIER 29% constaler que j'avais su maintenir assez bien mes conclusions dans les limites des faits observés pour que, même après dix-sept ans, je n’aie rien à y changer. NÉCESSAIRE CLINIQUE POUR LE SÉRO-DIAGNOSTIC. Note de M. H. Srassano. Dans maintes circonstances l'examen clinique est insuffisant pour établir le diagnostic de la fièvre typhoïde. Il faut avoir recours dans ces cas aux procédés d'exploration relevant du laboratoire. Parmi ces pro- cédés, l'examen bactériologique du sang est certainement le plus sûr, mais c’est le séro-diagnostie qui l'emporte sur tous, joignant à un degré assez élevé de certitude l'avantage considérable, pour le médecin, d’être d’une réalisation beaucoup plus facile et exempte d'inconvénients. Néanmoins, le séro-diagnostic, tel qu’il est généralement exécuté, offre encore des difficultés qui en limitent beaucoup l'emploi, alors qu'il y aurait très grand intérêt à le pratiquer toutes les fois que le médecin croit se trouver en présence d'un cas de dothiénentérie. La principale difficulté est de disposer à tout moment d’une cullure récente. Mais même quand on parvient à s’en procurer une, il reste encore à préparer avec elle une culture de vingt-quatre heures en bouillon ou une émulsion dans de l’eau salée, manipulations très faciles certainement, mais qui, cependant, demandent un outillage et une certaine pratique de laboratoire. La manière elle-même de faire la réaction nécessite un apprentissage et une latitude que la grande majo- rité des médecins ne possède pas. Par l'emploi d’une culture en bouillon tuée par la chaleur ou par un antiseptique, ou d'une émulsion dans de l’eau salée, de bacilles également tués, on écarte la difficulté d'entretenir et de préparer chaque fois une culture en bouillon ou une émulsion. On supprime, en outre, le danger possible, mais réel en mains inexpérimentées, de propagation de la fièvre typhoïde, dans le transport el les manipulations de cultures vivantes. Bordet signala Le premier que les vibrions cholériques tués par le chlo- roforme présentent encore le phénomène de l’agglulination. Widal et Sicard montrèrent ensuite que les cultures de bacilles typhiques tués par la chaleur ou par des antiseptiques restent agglutinables. Mais c’est en Allemagne (1) que les bacilles morts sont entrés d'abord dans la pratique courante du séro-diagnostic. (1) Ficker. Berlin. klin. Woch., 1903, n° 45. 294. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai pensé que pour répandre la pralique du séro-diagnostic, que pour mettre ce précieux moyen d'exploration à la portée de n'importe quel médecin, à l'hôpital comme à la ville, comme à la campagne, il ne suffi- sait pas de mettre dans le commerce des émulsions de bacilles typhi- ques lués, comme l’ont déjà fait quelques industriels étrangers. J'ai cru qu'on s'approcherait mieux de ce but fortement désirable en combinant à l'emploi de ces émulsions de bacilles tués, la simplification notable de la technique que voici : E. — A la place du sérum, on utilise pour le diagnostic le sang lui- même, en l’étendant d'un volume égal d’eau distillée, ce qui permet de relirer du malade une quantité moindre de sang et épargne le temps que demande la prise en caillot et la séparation du sérum. IT. — On réalise les deux réactions habituelles à la dilution du 100° et du 50°, qui sont sont celles qui permettent praliquement de considérer la réaction comme positive ou négative, en ajoulant directement la dilu- tion primitive de sang à l'émulsion, à deux petits tubes à essai, portant vers le haut un trait gravé, correspondant respectivement aux volumes de 49 et de 48 gouttes du compte-gouttes dont on se sert pour l’addi- tion du sang dilué. Dans un troisième tube à essai on verse le restant de l’émulsion : c'est le tube témoin. La photogravure qui accompagne cette note représente le modèle de nécessaire que j'ai imaginé. C’est une boîte facilement transportable, d'aspect élégant, qui s'ouvre aisément, montrant immédiatement tout son contenu, à savoir : un support en bois noir, avec trois pelits Lubes à essai gravés; ce support a un fond en carlon noir. Un petit verre SÉANCE DU 9 FÉVRIER 295 cylindrique, servant à distribuer l'émulsion dans les pelits tubes à essai. Deux petits verres à pied, utiles pour diluer le saug dans un volume égal d'eau distillée. | Une pipette jaugée pour la prise de sang. Un compte-goultes, type Yvon. Deux ampoules d’émulsion de bacilles, pouvant servir pour deux séro-diagnostic. Deux petites ampoules d’eau distillée. En oulre, dans le pelit Lirotr. que l'on remarque vers le bas, à droite, on trouve un pelit caoutchouc à relier à la pipetlte à prise de sang ; un étui à plumes vaccinostyles et, enfin, une petite ampoule renfermant du sérum dilué agglutinant, pour un premier essai de la séro-réaction. (Laboratoire de Physiolagie à la Sorbonne). SUR UNE FORME RECTILIGNE DU SPIROCHÈTE PALE. SA SIGNIFICATION. SON ROLE PROBABLE DANS LES LÉSIONS TERTIAIRES, par M. Cu. Fououer. Depuis qu'on étudie le spirochète päle dans les différentes lésions syphilitiques, plusieurs auteurs ont pu observer qu'il existe à côté de la forme régulièrement spiralée des éléments dont la morphologie est un peu différente. Bose, Doutrelepont, Benda en ont signalé. Jacquet et Sézary, tout récemment, ont insisté, à la Société médicale des hôpitaux, sur ces formes atypiques. Ritter (Münch. mediz. VVoch. n° Al, 9 octobre 1906, p. 2004) dit qu'il à remarqué dans deux cas de syphilis tertiaire des spirochèles, dont une moitié avait conservé ses spires régu- lières et dont l’autre moilié était devenue rectiligne. Nous avons fréquemment observé ces différents aspects, et c’est sur la forme recliligne que nous voulons insister. Nous avons pu voir dansune capsule surrénale provenant d'un enfant qui présentait des lésions ter- tiaires, de véritables amas ou « zooglées » de spirochètes, rectilignes pour la plupart. Quelques-uns de ces amas comblaient la lumière d’un vaisseau et constituaient des embolies microbiennes. Nous eroyons qu'on peut dès maintenant décrire au spirochète päle deux états morphologiques, correspondant chacun à un stade différent de son évolution : la forme spiralée et la forme rectiliqne. La forme spiralée représente le stade jeune, actif, la forme rectiligue un stade plus avancé du parasite presque spécial aux lésions tertiaires. Entre les deux, existent de nombreux états intermédiaires sur lesquels ont insisté plusieurs auteurs. La connaissance de ces embolies micro- biennes de spirochètes reclilignes nous fait croire que l’obstruction de certains vaisseaux par ces amas de parasites ne serait peut-être pas Brococre. Ccmeres RENDtS. — 1907. T. LXII. 16 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE étranger à la formation des gommes. Nous reviendrons du reste sur ce sujet dans un prochain mémoire où nous montrerons des planches. Nous voulions seulement signaler ces deux formes spiralée et recti- ligne du spirochète pâle. SUR LES GRANULATIONS LEUCOCYTAIRES DES SCORPIONIDES ET DES ARANÉIDES, par M. Max KoLLmanx. Le sang des Arachnides renferme des globules variés parmi lesquels on rencontre toujours des éléments granulés habituellement très nom- breux. _. Examiné à l’état frais, le sang des Scorpionides montre deux espèces de cellules granuleuses : 1° De grosses cellules arrondies, bourrées de granulations sphériques, très serrées, faisant saillie à la périphérie; 2°des cellules plus petites, ovalaires, remplies de granulations bacilliformes. Cette dualité doit être générale, car on peut l’observer dans diverses espèces appartenant à dss groupes différents. Le PButhus occitanus Latr nous a fourni les résultats les plus complets au sujet des propriétés de ‘ces granulations. Les grosses granulations se teignent énergiquement dans les colorants acides ou basiques purs. Dans les mélanges doubles ou triples elles fixent électivement les couleurs basiques. Le triacide leur donne cepen- dant une couleur violet foncé. Enfin, si l'on fait agir successivement une teinture acide puis une teinture basique on constate que la seconde déplace la première. Ces granulations sont donc amphophiles, mais manifestent une tendance marquée vers la basophilie. On peut les rap- procher à la fois des 8 et des à d’Ehrlich sans pouvoir cependant les classer nettement dans aucune de ces deux catégories. Les /îines granulations présentent des caractères non moins ambigus. Elles absorbent et retiennent toutes les couleurs acides sans exception. Elles admettent certaines teintures basiques, mais en refusent d’autres comme l’Unna et le Dahlia. Dans les mélanges colorants elles prennent une teinte intermédiaire. Ces granulations sont donc amphophiles, au moins dans une certaine mesure ; mais, à l'inverse des précédentes, elles présentent une affinité spéciale pour les colorants acides. Elles se rap- prochent à la fois des « et des $ d’Ebrlich. Distinctes au point de vue morphologique etchromatique, ces granula- tions le sont-elles réellement au point de vue chimique? La solution diode dans l’iodure de potassium colore les grosses granulations en jaune rouge foncé et les fines en jaune paille. La polasse à 0,2 p.100 dissout intégralement les premières; les secondes laissent au contraire 19 [ES] 1 SÉANCE DU 9 FÉVRIER un résidu insoluble. Il semble donc exister une évidente différence de composition chimique. Il est à remarquer qu’on ne rencontre jamais les deux espèces de gra- nulations dans une même cellule. Jamais non plus on n’observede for- mes intermédiaires. Ces granulations ont élé vues et décrites par Cuénot (1) qui signale les deux espèces, décrit les grosses comme substance de réserve, et les fines comme granules « albuminogènes ». Xowalewsky (2) les a obser- vées dans les globules sanguins arrêtés dans la glande sous-nervienne. Il les décrit comme « éosenophiles » et les compare aux formations de même nature des leucocytes de vertébrés. Le sang des Aranéides que j'ai examinées ne renferme qu'une seule espèce d'éléments granulés. Dans les genres Z'egenaria hycosa, Teutana, £E'peira, dont j'ai examiné de nombreuses espèces on rencontre des gra- nulations très semblables par leurs propriétés chromatiques aux fines granulations bacilliformes des scorpions. Mais elles sont sphériques et non bacillaires. Dans une seule espèce, Tegenaria parietina, j'ai rencon- tré des granulations amphophiles àtendance basophile. Les granulations des Aranéides sont signalées par Cattaneo (3) et Cuénot (4). En résumé les cellules sanguines des Scorpionides et des Aranéides renferment des granulations à caractères chromatiques ambigus, et qu’on ne peut classer nettement dans aucune descatégories établies par Ehrlich. SUR LE DÉDOUBLEMENT DES GLUCOSIDES DANS L’INTESTIN, par MM. A. Frouix et P. Tuomas. I. — Chez des chiens à anse intestinale isolée, on peut obtenir dans les deux à (rois heures qui suivent chaque repas une sécrétion de suc intestinal limpide, ne contenant qu'une très pelite quantité d'éléments figurés. Ce sue, recueilli dans un tube entouré de giace et centrifugé aussitôt, n'exerce aucune action sur les glucosides que nous avons examinés (amygdaline, arbutine, salicine). II. — Le suc intestinal recueilli dans les heures suivantes mot beaucoup de cellules; centrifugé et filtré immédiatement sur bougie Berkefeld, il n’exerce aucune action sur les glucosides. Ce même suc, (41) Cuénot. Arch. zool. exp. et gén., 1892. (2) Kowalewsky. Travaux Congrès zool. Moscou, 1892. Bull. acad. imp. sciences Saint-Pétersbourg, 1894. (3) Cattaneo. Bollettino scientifico, Paris, 1889. (&) Cuénot. Loc. cit. 928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laissé en contact avec les cellules qu'il renferme, à O0 degré, pendant vingt-quatre ou quaranle-huit heures, puis centrifugé et filtré sur bougie Berkefeld, dédouble nettement l’amygdaline. III. — Le dépôt obtenu par centrifugation immédiate, de même que celui qui provient de la centrifugation du suc conservé pendant vingt- quatre à quarante-huit heures à 0 degré, déGoublent énergiquement les glucosides indiqués plus haut. Une macération de ce dépôt dans l’eau salée à 9 p. 1000, centrifugée et filtrée sur bougie Berkeïeld, hydrolyse ces mêmes glucosides. L'acti- vité diastasique de ce liquide est en rapport direct avec la durée de la macération. IV. — Celle activité ne peut pas être atilribuée à un développement microbien; en effet, le contenu intestinal du fœtus dédouble très énergi- quement ces divers glucosides. (Laboraloire de chimie biologique de la Sorbonne.) DE L'ACTIVITÉ DES SÉAUMS ANTIRABIQUES, par M. A. Manie. On sait que le sérum des mammifères immunisés contre la rage par la méthode pastorienne peut acquérir le pouvoir de neutraliser en vitro une émulsion de virus rabique. La préparation, à l’Institut Pasteur, de c2 sérum, nous a révélé quelques particularités intéressant son activité : 4° Si l’on entretient les moutons immunisés par une injection hebdo- madaire d’une quantité modérée de virus fixe, l’activilé de leur sérum varie seulement dans de faibles limites : ainsi les litrages du sérum, recueilli à différentes époques, montrent qu'il neulralise un, deux ou trois volumes de l’émulsion centésimale virulente, préalablement filtrée sur une toile, toujours la même, puis sur papier; 2° On peut obtenir un sérum incomparablement plus actif, en prenant soin de forcer la dose virulente administrée chaque semaine aux mou- tons, et Surtout en rapprochant les inoculalions. Dans ces conditions, nous avons préparé des sérums dont / centimètre cube pouvait neutraliser jusqu'à quarante fois son volume de l'émulsion virulente centésimale. Ces moutons avaient recu de 20 à 50 encéphales de lapins rabiques; 3° L'énergie de ce sérum, qui baisse de nouveau dès que l’on vient à espacer et à diminuer les injections virulentes, na pas offert les parlicularités signalées par Neisser et Wechsberg pour d’autres sérums, et observées par nous-même sur quelques échantillons d’un sérum anti- rabique beaucoup moins aclif: SÉANCE DU 9 FÉVRIER 299 4° Le sérum antirabique le plus énergique ne présente aucun pouvoir névrotoxique pour le lapin; enfin, administré seul aux animaux, il n exerce préventivernent qu'une influence retardante sur l’évolution de la rage. INFLUENCE DES LIGATURES MÉSENTÉRIQUES SUR L'INTESTIN GRÈÊLE ET LE DÉVELOPPEMENT DE L'ORGANISME, par MM. CuarRin et MOonIER-VINARD. La muqueuse intestinale ne se borne pas à modifier les substances alimentaires. Tant dans la lumière du canal digestif qu'au moment où ils traversent ses différentes couches, celte muqueuse agit sur une série d'éléments, en général toxiques; elle atténue les propriétés nuisibles d’un assez grand nombre de ces éléments, surtout de ceux qui sont de nature albuminoïde. Véritable glande étalée, en surface, au point de vue de cette action en quelque sorle protectrice, son intervention précède celle du foie, glande au contraire agglomérée. Comme, en partie, elles portent sur des corps distincts, ces deux interventions, associées à celle de l'appareil séro-lymphoïde de l'abdomen, se com- plètent d’heureuse facon. Depuis l'époque où, avec Cassin, l’un de nous s’est efforcé d'établir ce rôle anti-toxique de la muqueuse de l’inteslin, rôle entrevu par Slich et soutenu par Queirolo, etc., cette notion a accompli de singuliers progrès : là, comme ailleurs, le temps a fait son œuvre. . Nous nous sommes demandé quelle influence exerceraient sur l'orga- nisme des modificalions indirectes de cette membrane intestinale, par exemple celles qui font suite à quelques ligatures portant sur des bran- ches de l'artère mésentérique. Ces modifications sont peut-être moins brutales que la plupart des altératicns directes; en outre, le chirurgien peut être amené à pratiquer ces ligatures et, par suite, il est utile d'être renseigné sur leurs conséquences. En raison du rôle que joue l'intestin dans le développement de l'indi- Vidu, pour nos expériences nous avons choisi de jeunes sujets. Exp. I. — Le 30 mai 1906, chez un lapin pesant 645 grammes, on lie des rameaux mésentériques irriguant la partie terminale de l'iléon. Toutefois, pour éviter le sphacèle, sur les six branches voisines du cæcum, on n'en ferme que trois; entre deux artérioles obstruées, on conserve un petit vais- seau absolument indemne. : À un lapin témoin du poids de 565 grammes, pour tenir compte des effets du choc opératoire, on se borne à ouvrir l'abdomen. On le place ensuite dans les mêmes conditions de milieu et d'alimentation que le précédent, 230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Deux mois après, le 31 juillet, le {émoin pèse 1.120 grammes, et l'animal chez lequel on a pratiqué des ligatures, 585 : on le sacrifie. Au niveau de la zone recevant les branches obstruées, l'intestin est pâle, friable ; au moment même de la mort, les mouvements péristalliques sem- blent faire défaut ou sont à peine marqués. Exp. II. — Le 2 juillet 1906, chez un lapin pesant 1.170 grammes, on pra- tique les mêmes ligatures, au même niveau. Quatre semaines après, un témoin, qui, le 2 juillet, pesait 900 grammes et dont ce jour-là on a ouvert l'abdomen, a augmenté de 80 grammes. Par contre, le premier animal a perdu 60 grammes. Comme dans l’expérience I, à l’autopsie, on constate que, dans le territoire correspondant aux artérioles liées et tout au plus à 3 ow 5 centimètres au-delà, l'intestin est päle, mou, friable, se contracte mal. L'examen microscopique révèle une atrophie manifeste et, par place, une disparition de la couche musculaire externe. Les autres éléments de l'intestin ne présentent pas de lésions importantes. Peut-être cependant le tissu con- jonctif des valvules conniventes est-il un peu plus abondant? Peut-être aussi l’épithélium fixe-t-il moins vivement les matières colorantes? En tout cas, il s'agit de légères modifications (1). Des différents viscères, seul le foie offre des altérations bien accentuées. La coloration de l'organe est brunâtre. Au microscope, on note une intense congestion des veines sus-hépatiques et d'indiscutables hémorragies intra- lobulaires. Dans [a zone des espaces portes, les capillaires biliaires sont intacts. Autour des rameaux veineux, le tissu conjonctif paraît plus épais, mais cette prolifération n'irradie pas sensiblement dans le lobule. Légère- ment comprimées par les extravasions sanguines, les cellules offrent çà et là un commencement de dégénérescence hyaline. Parfois le noyau est mal coloré et le protoplasma creusé de petites vacuoles. En tenant compte de ces constatations, est-il possible d'expliquer l'influence exercée sur le développement? En premier lieu, on peut remarquer que la faiblesse des contrac- tions péristaltiques diminue peut-être l'absorption à un niveau où ce phénomène l'emporte sur les sécrétions et les métamorphoses diges- tives. En second lieu, les lésions du foie sont de nature à montrer que, dans ces conditions, la muqueuse se laisse traverser par des substances nuisibles. Du reste, dans une autre série d'expériences, nous avons reconnu que de telles ligatures permettent le passage des toxines, dans notre cas de la toxine diphtérique qui, normalement, n’est pas absorbée. Nous avons même, au cours de ces expériences sur les toxines, rencontré dans la glande biliaire un bacille anaérobie; toutefois, l’exode des germes est inconstante. (1) Ces légères modifications, semble-t-il, sont plus intéressantes, du moins à certains égards, que des altérations considérables. SÉANCE DU 9 FÉVRIER DO ——————_—_—_—_—_————————— .— ———……—… —…"….…" . —…"…"—…"…"—…"—…"…"—…" …" … …" …" …"— —"—"…"”"”"”"—"—"— — — ———_—_—_—_—————— .— _ _ _ _ _ _— — —— —_ Ainsi, les ligatures des branches de l'artère mésentérique 1) entrai- nent des modifications inteslinales qui retentissent sur le développe- ment soit en troublant les fonclions physiologiques de la digestion, soit en mettant en jeu l’auto-intoxication (2) et parfois l'infection, soit en compromettant l'intégrité de certains organes, en particulier celle du foie. On pourrait même, dans une cerlaine mesure, faire intervenir le choc opératoire; si on ouvre l'abdomen, la croissance des témoins parait ralentie. (1) IL est clair que ces résullats varient avec le nombre, le siège de ces ligatures, etc. Suivant les hauteurs, les fonctions de l'intestin sont diffé- rentes; on a même, dans ces ligatures, un procédé permettant d'établir ces différences. (2) On sait qu'avec Le Play l’un de nous à montré que l'intestin contient des poisons qui s'opposent à l'activité du développement. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Pa:is. — I. MAREIHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU AmBaD (L.), BixEr (E.) et Sropez (G.) : Etude de l’activité pancréati- que par le dosage de l’amylase TÉCE RME RRN PR ERA OT AuBerTiIN (CH.) et Amsarp {/L.) : Eosinophilie sanguine et tranfor- mation myéloïlde de la rate sans éosinophilie intestinale, produites par injections répétées de sécrétine. Basser (J.) et CARRÉ (H.) : À propos de l'absorption intestinale des par- Hentesssolides 0 +... BawLAc (J.) : Composition chimi- que des liquides d’huîtres . . .. .. Beeron et PETirT (GEORGES) : Sur la perméabilité des ganglions mé- sentériques chez le cobaye jeune, préalablement rendu tuberculeux pemlanvor/dinestive. . . . : , s. Cousin (H.) : Sur la nature des produits azotés obtenus dans la sa- ponification de la céphaline. . . .. Dugors (RapnAEL) : Action des mi- crobioïdes sur la lumière polarisée : fibrill. s striées musculoïles et cris- taux liquides biréiringents extraits du murex brandaris . . . . . .. . .. FauRé-FRÉMIET (EMMANUEL): Struc- ture de l'appareil basilaire des Oper- COTE TR le une en à de à Fauvez (PIERRE) : À propos du rylhme des mirées chez les Diato- Bunéesliiforales. 241. 20, 5 . . . + FressinGer (Noec) : Note sur les lésions rénales, hépatiques et in- te-tinales, au cours de l’intoxication mercuriell: massive . . .. . . . .. GauriEr (CL.) : La matière colo- - rante sur le fil de soie de Salurnia otre MO MER CERN Gienser : Sur les sulfo-éthers urinaires Cali he Ma bre eur ie tel ie (el er —e 233 (6 FÉVRIER 1907 SOMMAIRE 265 236 238 Lans (Hoxoré) : Note sur la bio- logie sexuelle d’un Gastéropode pulmoné (Arion empiricorum). . . . 255 LEGENVRE (R.) : Varicosités des dendrites, étudiées par les méthodes HeUTORDAIAreS RE 0. 251 LéoPozo-Léviet Rorascarzn (H.pe): Fonction orégogène du corps thy- OLD OR PS TE RES AU 2e Vel r 245 REMLIMGER (P.) : Contribution à la pathogénie de la rage (à propos d'une communication précédente de MÉNAEMATIE) PA TER Te 249 RiBADEAU-Dumas (L.) et Porsor : Ictère et hémorragies chez un hé- rédo-syphilitique. Anémie et myé- lémie, septicémie à Spirochæte Pal AAEe PRNSnde ee 247 SALMON (PAUL) : Sur l'immunité des syphilitiques tertiaires. . . . .. 254 Réunion biologique de Bordeaux. BERGONIÉ (J.) et TRiBoNDEAU (L.) : Alférations de la glande intersti- tielle après rôntgenisation de FOVAITENES FRANS RER n 214 GAUDUCHEAU (A.) : Sur un bacille VIDE LPANOSENRE NE 218 KunSTLER (J.) : Lièvres et lapins. Episode de la lutte active pour l'existence entre mammifères. .. . 211 SAUVAGEAU (C.) : Sur la présence d> Aglaozonia melaniodea dans la Méditerranée . . . .. Eee be 211 SAUVAGEAU (C.) : Le Nemoderma lingitana est une Algue Méditerra- HÉEMNOS chic tedooacbaactc 213 VERGER et BRANDEIS : Infection mi- crobienne expérimentale des nerfs. 269 BioLociE. CompTEs RENDUS. — 1907. T. LXII. 17 234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE F Présidence de M. A. Giard, président. LA MATIÈRE COLORANTE SUR LE FIL DE SOIE DE Saturnia Yama-Mar, par M. CL. GAUTIER. I. — M. R. Dubois a écrit (1) et répété (2) : « Les filaments de la couche superficielle (du cocon, seule colorée), dans les points où elle est colorée, sont fortement impréghés de matière verte, sur- tout dans leur partie axiale... » Les coupes de fil de soie d'Yama-Maï (inclusion à la paraffine, mon- tage au baume) montrent ceci : la partie centrale, fibrillaire, n’est que peu teintée, la partie périphérique, gréseuse, est fortement colorée en vert. Ce qui est conforme à la disposition classique des matières colo- rantes naturelles des soies, et à la description de Levrat et A. Conte (3). IL. — M. R. Dubois (loc. cit.) a écrit récemment : « Il y avait sur les cocons que j'ai examinés une abondante poussière com- posée en partie de cristaux libres de chloroyamamaïne formés spontanément à sa surface. » M. R. Dubois (4) avait autrefois écrit : « Cette coloration (verte du cocon) est superficielle et s’atténué rapide- ment de la surface vers la profondeur (du cocon), de telle sorte qu’au-dessous de la première couche qui pourra être très colorée, et des deux ou trois couches sous-jacentes, la soie est absolument blanche... Leur surface (des filaments colorés de la couche superficielle) est parsemée d’une quantité de petits cristaux d’un vert pâle affectant la forme de parallélipipèdes assez régu- liers, isolés ou groupés. » Nous avons examiné de nombreuses préparations, soit dans l'eau, soit dans la gélatine glycérinée, obtenues de la facon suivante : on délache (1) R. Dubois. Sur les principes immédiats colorants de la soie verte du : Saturnia Yama-Maï. Laboratoire d'études de la soie, Lyon, 1889-90. (2) R. Dubois. Sur la coloration naturelle des soies. Soc. de Eiol., 1904, p- 201: (3) D. Levrat et A. Conte. Notes sur l'élevage des vers à soie sauvages. … Laboratoire d’études de la soie, Lyon, 1903-1905. (4) R. Dubois. Sur la coloration naturelle de la soie verte. Soc. de Biol., AIS p.152 Ù SÉANCE DU 16 FÉVRIER 235 successivement et sur le même cocon une série de couches soyeuses, en allant de la veste interne « absolument blanche » vers la veste externe, colorée. Résultat: les couches de la profondeur, incolores, sont criblées des mêmes cristaux (1), et en quantité non moindre que les couches superficielles colorées. III. — Dès 1869, l’un des grands spécialistes de la soie, E. Verson (2), montrait dans la texture du cocon de Saturnia Yama-Maï la présence de cristaux divers, oxalates, urates, acide urique, etc. En 1880, le même auteur (3) trouve dans l'extrait sec des liquides digestifs des vers à soie des sels de potassium très abondants. Enfin, en 1904, Verson (4) écrit : « Au contraire (de ce qui a lieu chez le ver du mäürier), c’est une règle commune chez les saturniens (et l’auteur cite Saturnia Yama-Mai) que durant le travail du cocon les évacuations par l'anus se continuent à plusieurs reprises. Il arrive alors que le tissu encore humide et mou s’en imprègne facilement, d'autres matières étrangères s’y attachent aussi en le salissant, et le réduisent à un tartre dur quand l'humidité en est complètement partie. » Et telle est, d’après l’auteur italien, l’origine des cristaux qu'on trouve ‘en examinant le nuage de fine poussière que produit la brusque déchirure du cocon d’Yama-Maï, poussière qui n’est composée que « d'innombrables plaquettes » d'oxalates, d'acide urique, etc. M. Dubois, observant la poussière qui se produit lorsque, le cocon étant déprimé par le doigt, il revient brusquement sur lui-même, par le fait de son élasticité, l’a vue formée de « chloroyamamaiïne cristallisée ». D. Levrat et À..Conte (loc. cit.) ont mentionné sur ces cocons la pré- sence de cristaux analogues à ceux qu’on trouve dans les tubes rénaux. R. Dubois (loc. cit.), d'autre part, écrit : « On obtient par l’eau, à chaud, une dissolution aqueuse d’un beau vert pomme qui, par évaporation, laisse déposer des cristaux vert clair, de même nature que ceux dont on constate directement la présence à la surface des fils de la tre externe. » Nous nous sommes demandé si, en évitant la souillure de la soie par les déjections de l’animal, nous parviendrions à nous débarrasser des cristaux que M. R. Dubois considère comme de la « chloroyama- maine cristallisée ». (1) Cristaux cents à ceux représentés par M. Dubois comme principes immédiats de la soie verte, loc. cit., 1889-1890. (2) E. Verson. Sericoltura LS 1869, p. 28 et suiv. (3) E. Verson. Il succo gastrico nel bacco da seta, 1880, Bollett. di Bachic., t. VII, p. 99 et suiv. (4) E. Verson. Del variabile colorito che possono presentare i bozzoli di “certi Lepidotteri, 4902. | Annuario ea e Stazione bacologica di Padova, +. XXXIT, pe 92. 7 her 236 SOCIETE DE BIOLOGIE L'expérience est facile : la soie, tirée directement à la bête, est enrou- lée au fur et à mesure sur un support, puis conservée à l'abri des pous- sières de l’air. Une centaine de mètres de fil ainsi recueillis nous ont donné les résultats suivants : 1° La soie est verte; 2° au microscope (préparations examinées dans l’eau, ou après montage à la gélatine glycérinée), on constate la pré- sence de quelques rares corps étrangers, amorphes en général, mais on n’y voit pas de cristaux comparables à ceux qu'on trouve en si grand nombre sur le cocon normal et figurés par M. Dubois comme de la « chloroyamamaïne crislallisée ». Nous poursuivons l'étude des solutions pigmentaires obtenues au moyen de la soie recueillie suivant le procédé indiqué. (Truvail du laboratoire de physiologie du professeur Morat.) SUR LA PERMÉABILITÉ DES GANGLIONS MÉSENTÉRIQUES CHEZ LE COBAYE JEUNE, PRÉALABLEMENT RENDU TUBERCULEUX PAR LA VOIE DIGESTIVE, par MM. M. Breton et GEORGES PETIr. Dans un travait publié en 1905, dans les Annales de l’Institut Pasteur, Vansleenberghe et Grysez ont montré que l'anthracose pulmonaire physiologique résultait le plus souvent, chez le cobaye adulte, de l'inges- tion de particules charbonneuses. Par contre, chez le cobaye jeune, les mêmes auteurs n'ont pu produire d’anthracose, soit par ingeslion, soit par injection intra-péritonéale de noir animal. Nous nous sommes proposé de rechercher si les conditions d'absorp- tion des particules charbonneuses n'étaient pas modifiées au cours de certaines infections par voie digestive, particulièrement au cours de l'infection tuberculeuse. À cet effet, nous avons tuberculisé, par une ingestion de 1 centigramme de bacilles bovins virulents, faite à la sonde æsophagienne, une série de 12 cobayes âgés de huit à dix jours. Ces cobayes isolés dans des cages, à l’abri des poussières, nourris avec des aliments lavés, furent éprouvés trente jours après l'infection. Six d’entre eux reçurent 2 centimètres cubes d'encre de Chine dans l'estomac, six autres recurent un demi-centimètre cube en injection dans le péritoine. Les animaux furent sacrifiés vingt-quatre heures après, par seelion du cou. Les résultats permirent de conslater les lésions habituelles de l'in- fection tuberculeuse d'origine digestive, et montrèrent la rapidité et les modes d'absorption du noir animal, selon les différentes voies d'apport. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 291 Les animaux dont le bacille a pénétré primilivement dans l'intestin meu- rent environ quatre-vingt-dix jours après le repas bacillifère. A l’ouverture de l’abdomen, on note habituellement l'existence d’un gros ganglion mésen- térique du volume d'un noyau de cerise. Ce ganglion est situé au point d'in- sertion du mésentère, sur les dernières vertèbres lombaires. Deux autres gan- glions, moins volumineux mais toujours atteints, sont compris dans la cour- bure formée par l’inflexion du cæcum. Ces ganglions mésentériques passent vite à la purulence et l’on y trouve des bacilles. Les viscères abdominaux sont habituellement sains. Il est rare, sauf à la période ultime de l'infection et quand les lésions pulmonaires sont très avancées, que le foie et la rate soient atteints. Sur 342 cobayes mis en expérience et ayant fait un seul repas bacil- lifère, 24 seulement ont présenté à la mort des lésions spléniques macros- copiquement tuberculeuses ; 15 avaient des tubercules dans le foie. Dans la cage thoracique, on note une adénopathie trachéo-bronchique constante. Celle-ci est toujours très prononcée. Les lésions pulmonaires sont souvent discrètes ou.invisibles à l'examen macroscopique. Les groupes gan- glionnaires pré et rétro-pharyngiens sont atteints dans des cas assez avancés, mais le fait n’est pas constant. On observe parfois deux ganglions sous-maxil- laires volumineux et purulents. Nous croyons devoir attribuer leur produc- tion à une ingestion défectueuse, ou plutôt à la pénétration accidentelle des bacilles dans les Ilymphatiques de la bouche, du nez ou du pharynx, à la suite de minimes érosions. L'étude de l’absorption du noir chez nos cobayes en expérience nous a permis de noter les faits suivants : Les jeunes cobayes tuberculeux ayant ingéré vingt-quatre heures aupara- vant de l’encre de Chine, ont l'extrémité du gros intestin teintée par le noir. Les ganglions mésentériques n’ont pas retenu les particules anthracogènes. Par contre, les ganglions trachéo-bronchiques sont gorgés de charbon et l’on observe une anthracose pulmonaire massive. Celle-ci siège surtout aux sommets et aux bords antérieurs, mais il n’est pas un point qui soit respecté. En un mot, l’infiltration est plus profonde qu'elle ne l’est jamais chez un animal adulte et sain. L'injection d'encre dans le péritoine ne produit que très exceptionnelle- ment de l’anthracose pulmonaire. Les résullats sont semblables chez le cobaye sain et chez le tuberculeux. On constate la pigmentation très légère des ganglions mésentériques, le talouage des viscères abdominaux produit par la fixation de quelques particules noires, et surtout l'aspect ombré du diaphragme. Par contre, le sternum présente à sa face postérieure deux trai- nées lymphatiques teintées par le noir et aboutissant à deux ganglions com- plètement anthracosiques. Ces faits expérimentaux ont été répétés à plusieurs reprises avec les mêmes résultats. Des expériences de contrôle ont été faites chez de Jeunes cobayes sains. Nous n'avons pu obtenir chez ces derniers d’an- Lhracose pulmonaire ni par voie digestive, ni par injection intra-péri- tonéale. Nous concluons de ces expériences : - 1° Que l’anthracose pulmonaire par voie digestive est facilement réa- g dE Le 4 ] 238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lisable chez le cobaye jeune, rendu préalablement tuberculeux par cette même voie digestive ; 2° Que dans ces he le ganglion mésentérique cabtrculét se comporte à la facon d'un filtre largement fissuré et ne retient plus les particules anthracogènes ingérées ; 3° Que ces données A fournissent l'explication d’un grand nombre de faits observés et décrits par les cliniciens, se rappor- tant principalement à la fréquence de l’anthracose pulmonaire chez les tuberculeux adultes. Nous nous sommes demandés si l'infection tuberculeuse d’origine digestive, si fréquente à notre avis, surtout dans la première et la seconde enfance, n’était pas à incriminer, par suite des lésions gan- slionnaires mésentériques qu'elle produit, dans la genèse des infections DHpRorre très variées (streptococciques, pneumococciques, colibacil- laires, etc...) que l’on observe à cet âge. Ces considérations qui appellent et suggèrent de nouvelles recherches permettront peut-être de jeter un peu de lumière dans la question si complexe de la pathogénie des broncho-pneumonies chez l'enfant et chez l'adulte. Unstitut Pasteur de Lille.) SUR LA NATURE DES PRODUITS AZOTÉS . OBTENUS DANS LA SAPONIFICATION DE LA CÉPHALINE, par M. H. Cousin. Dans un travail publié il y a quelque temps (1), j'ai constaté que la saponificalion de la céphaline, principe phosphoré retiré du cerveau, analogue à la lécithine mais insoluble dans l'alcool, donnait : 41° Un acide glyÿcéro-phosphorique; 2° des acides gras; 3° des substances azotées. ; ; - J'ai repris l'étude de ces substances azotées et j'ai constaté quetces produits étaient constitués par la choline, alcali qui se forme également dans l’hydrolyse des lécithines. L'étude des matières azotées entrant dans la composition de la céphaline avait déjà été faite par Thudichum. Cet auteur à pu retirer de la céphaline plusieurs alcalis organiques qu'il a isolés sous forme de. chloroplatinates et qui sont : 1° Un corps de formule (C® H!‘AzOC1) + PCI) qu'il dent sous Je: (4) Voir : Comptes rendus de la Société de Biologie, t.. LXI,. p. 23,.1906. SÉANCE DU 16 FÉVRIER 239 nom de chloroplatinate de névrine, mais qui n’est autre chose que le dérivé platinique de la choline. 2 Un second chloroplatinate de formule (CHSAzOCI + PtCF). 3° Un troisième dérivé auquel Thudichum attribue la formule approximative C'H*Az°0,HCI + PtCi”". Dans ces recherches, la décomposition de la céphaline était réalisée par une longue ébullition en présence d’hydrate de baryum, et Tudi- chum se demande si les trois bases isolées préexistent réellement dans la céphaline : il se pourrait en effet que les deux dernières ne soient que des dérivés formés dans la décomposition de la choline altérée par une ébullition prolongée en présence d'un alcali. Craignant que le procédé de décomposition. de la céphaline décrit par Tudichum ne soit susceplible de décomposer en partie les bases entrant dans la constitution de la céphaline, j'ai hydrolysé ce principe par l'acide chlorhydrique dilué. : Cinquante grammes de céphaline sont chauffés pendant dix heures au bain-marie avec 100 centimètres d'acide chlorhydrique étendu de 200 centimètres cubes d'eau; au bout de ce temps, la saponification de Ja céphaline est complète. La liqueur aqueuse est filtrée après refroi- dissement, saturée par du carbonate de baryum, filtrée et évaporée à siccité au bain-marie. Le résidu sec est repris par l’alcool qui dissout une certaine quantité de produit et laisse un résidu ne contenant, en fait de substance azotée, qu'une très faible quantité de sels ammonia- St ie ES à US dite Le (18) SÉANCE DU 5 FÉVRIER 273 \ Le Vemoderma tingitana EST UNE ALGUE MÉDITBRRANÉENNE, par M. C. SAUVAGEAU. Le VNemoderma tingitana est l’une des plus curieuses Algues phéos- porées, et jusqu'à maintenant l’une des plus rares. Rencontré à Agla, près de Tanger (Maroc). en 1828, par Schousboe, il resta inédit jusqu’en 1892, époque à laquelle M. Borner éludia les collections du diplomate danois. Il forme des plaques fortement adhérentes aux rochers, épaisses d'environ un millimètre, et constituées par une multitude de filaments dressés, serrés l’un contre l’autre. M. Borner en a fait connaître les très curieux organes reproducteurs, qui sont ou des sporanges uniloculaires intercalaires, ou des organes cloisonnés latéraux, les uns à grandes, les autres à petites logettes. . Dans l’intention d’élucider la nature des organes reproducteurs de cette plante exceptionnelle, M. Kuckucr partit en 1901 pour Tanger. Il fut assez heureux pour y retrouver le Nemoderma et pour suivre en détail les déhiscences, la fécondation et les germinations. Son élude fut l’objet d’un beau Mémoire paru en 1904. - Jusqu'à maintenant, le Nemoderma, genre monotype, n’a élé signalé nulle part ailleurs qu'aux environs de Tanger. Cependant, les algologues ne seront plus condamnés à faire le voyage du Maroc pour le récolter ou pour confirmer les observations de M. Borwer et de M. Kuckuck. À la fin d'avril 1903, j'ai récolté moi-mème le Vemoderma en sa loca- lité classique, sur les rochers d’Agla, à mi-chemin entre Tanger et le cap Spartel. Il y vit en plaques isolées, d'environ un décimètre de dia- mètre ; on dirait une couche de peinture étendue sur la pierre. Pendant Phiver de 1905, je l'ai retrouvé sur les rochers de Puerto-Orotava (Ile de Ténériffe), où il est plus difficile à récolter, à cause de la dureté des basaltes et de la hauteur des vagues. Le 10 janvier, il était muni de sporanges uniloculaires, puis je ne rencontrai que des exemplaires stériles jusqu'au 12 février, jour de ma dernière récolte. Mais le VNemoderma est très abondant dans toute la baie de Banyuls- sur-Mer (Pyrénées-Orientales), et particulièrement au pied de la falaise du cap Doune. Au-dessous du niveau des Aissoella, Porphyra, Scytosi- phon, il constitue une bande veloutée, olivâtre, quasi continue, dans les endroits à demi exposés au choc des vagues. Sur une paroi verticale, cette bordure atteint environ un décimètre de hauteur ; sur des roches plates, elle couvre uniformément de larges surfaces. Dès lors, il devient impossible de reconnaître les limites et les dimensions des individus constituants. J'ai récolté le Nemoderma à Banyuls en décembre 1905, janvier, février, juin 4906 ; j'en ai recu des exemplaires en très bon état en avril, 274 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (19) a ——— ——.— ————————— — ——"— ——…—…—…—"—"— — — ——"—…— —…"— "_———————————— .————……—…"—….…"…—"—…"— …— _…" —_—_———————————— mai, juin, octobre et novembre 1906 (1), je l’ai revu au mois de janvier dernier. Le Vemoderma se rencontre donc toute l’année. D’après ses observations de Tanger, M. Kucxucx a décrit dans les périodes successives de maturité des organes reproducteurs, une sorte de « rythme » qu'il cherche à expliquer par un parallélisme avec le jeu des marées. Les phénomènes d'apparition et de déhiscence des organes reproducteurs ne paraissent pas aussi régulier à Banyuls, comme on pouvail le prévoir, et je reviendrai sur le sujet ultérieurement. J'ai : observé les organes sexués en mai et juin ; les organes asexués étaient alors très rares ; les échantillons d'octobre et de novembre m'ont pré- senté uniquement des organes asexués. 3 Le VNemoderma, si abondant à Banyuls, n’y est pas cantonné. Je l'ai vu au Sud, près du cap l'Abeille, et au delà du cap Creus, à Cadaques, où il est aussi abondant qu'à Banyuls, et à l'entrée de la baie de Rosas ; il existe très probablement le long de la côte espagnole jusqu’à Gibraltar. Je l'ai vu aussi au nord, à l'entrée du port de Port-Vendres ; ce serait intéressant de le rechercher sur les côtes de Provence, pour savoir s’il a franchi les plages du Roussillon, du Languedoc et de la Camargue. Ainsi, le N. tinyilana, intéressante Phéosporée d’affinités encore mal établies, n’est pas localisé au nord de la côte africaine atlantique, comme on le croyait; il paraît plutôt sporadique au Maroc et aux Canaries, tandis qu'il abonde en certains points de la Méditerranée. ALTÉRATIONS DE LA GLANDE INTERSTITIELLE APRÈS ROÜNTGENISATION DE L'OVAIRE, par MM. J. BERGONIÉ et L. TRIBONDEAU. Les expérimentateurs qui ont étudié jusqu'ici l'action des rayons X sur l'ovaire ne se sont guère occupés que de la diminution du volume total de la glande, et de la disparition des ovisacs. Nous avons noté, les premiers, que la glande interstitielle est amoindrie par l'irradiation, bien qu'elle soit très résistante et que sa composition histologique reste la même. (Réunion biologique, Bordeaux, 11 février 1905.) Bouin, Ancel et Villemin, reprenant nos expériences, ont conclu que « la glande interstitielle conserve son intégrité morphologique et constitue presque toute la masse ovarique, à cause de la disparition de la partie sexuelle. » Les mêmes auteurs ayant observé l'absence de corps jaunes dans les ovaires irradiés, coïncidant avec une atrophie du (1) [ls ont été récoltés, sur mes indications, par M. David, chef mécanicien du Laboratoire Arago, que je remercie de sa rande complaisance. Les RAT qu 5 nd in ir de le ae (20) SÉANCE DU 5 FÉVRIER 275 { tractus génital tout enlier et des mamelons (de moitié environ), en . déduisent que l'intégrité de ces organes est sous la dépendance des corps jaunes, et non de la glande interstitielle conservée. (Comptes rendus de la Société de Biologie, 17 nov. 1906.) Nos dernières expériences d'irradiation de l’ovaire, sans infirmer les conclusions précédentes, tendraient à les rendre moins absolues, car elles nous ont montré que la glande interstitielle elle-même est nette- ment modifiée après rôntgenisation. I. — Les ovaires sains de nos lapines présentaient les caractères bien décrits par Limon (in Arch. d’anat. microsc., 1903). La glande intersti- tielle, très développée, massive, occupe toute la zone médullaire et pousse des prolongements entre les vésicules de Graaf. La méthode à la safranine picro-bleu de Dubreuil y colore de minces cloisons conjonc- tives, indiquant une subdivision en gros nodules tassés les uns contre les autres. Les cellules interstitielles se font remarquer par leurs grandes dimensions (25 à 35 ) et par leur protoplasme alvéolaire (gouttelettes graisseuses); leur noyau est arrondi. II. — Dans l'ovaire extirpé moins d’une semaine après irradiation (1) la disposition générale du tissu interstitiel est la même que dans une glande saine. A cette époque les follicules et vésicules de l'ovaire sont déjà très allérés, mais sont encore en place, et peu diminués de volume (voir les altérations microscopiques in féunion biol. de Bordeaux, 8 janv. 1907). III. — Dans l'ovaire extirpé une semaine à deux après irradiation, la glande interstitielle n’a plus le même aspect. Souvent elle n'est plus massive, mais morcelée par d’épaisses travées fibreuses en un grand nombre de petits ilots, ayant en leur centre une cicatrice fibreuse ou un vestige d'ovisac. Ajoutons que dès le septième jour les dimensions de l'ovaire sont toujours diminuées (fréquemment de moitié), et l'on com- prendra aisément que la glande interstilielle soit considérablement amoindrie. Mais, fait plus intéressant encore, tous les éléments cellu- laires qui la constituent sont eux-mêmes rapetissés, ils n’ont plus guère que le tiers du volume des éléments normaux, si bien que leurs noyaux - semblent beaucoup plus voisins les uns des autres; ces noyaux sont irréguliers, anguleux; le champ protoplasmique, très rétréci, a conservé néanmoins son aspect alvéolaire et contient toujours des graisses (colo- rables par le Flemming et par l’hématoxyline cuprique de Weigert- Regaud). À cette époque, les follicules primordiaux ont presque tous disparu, et il ne reste plus que des vestiges des gros follicules et des vésicules de Graaf. IV. — Longtemps après l'exposition (deux semaines, un mois, deux (1) Rappelons que nous avons fait une seule séance, directe, après laparo- tomie‘ conditions : 10 centimètres, 10 à 15 minutes, rayons 6 à 7. 276 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (24) mois), la glande interstitielle est encore diminuée de volume. Mais, par petils groupes, certaines cellules ont repris, dans la zone médullaire, leurs dimensions normales, alors que la majorité d entre elles a gardé un volume restreint. En résumé, on constate, après l’irradiation de l'ovaire, une atrophie de la glande interstitielle caractérisée : 4° par la diminution de son volume total; 2 par l'écartement plus grand des nodules qui la constituent, 3° par le rabougrissement des éléments cellulaires. Ces modifications ne sauraient se produire sans amener une diminu- tion dans les sécrétions de la glande. Il est donc permis de se demander s’il n’v a pas lieu d'en tenir compte dans l'interprétation des phéno- mènes consécutifs à la rontgenisation de l'ovaire, tels que l’airophie du tractus génital et des mamelons. Par quel mécanisme s'atrophie la glande interstitielle ? Il n'est pas probable que ce soit par une destruction de ses cellules due à l’actiou des rayons X. En effet, d’une part, les cellules en voie de destruction (pyenose et fragmentalion du noyau) que nous y avons trouvées étaient de véritables raretés; d'autre part, le rabougrissement des cellules suffit à expliquer la diminution de volume des nodules interstitiels puis- qu'ils renferment environ trois fois plus d'éléments que des portions de tissu interstitiel normal de même taille (ces éléments étant, comme nous l’avons vu, trois fois plus Dons que normalement). Non seulement les rayons X n'agissent pas sur la glande interstitielle en détruisant ses cellules, mais nous croyons même que l’atrophie de ces cellules ne se produit que par contre-coup et est la conséquence de . la disparition des follicules et des vésicules de l'ovaire, bien impulable, elle, à une action directe des radiations. Nous avons vu en effet, comme il à été dit plus haut, l'atrophie de la glande interstitielle coïneider exactement avec la disparition de la partie sexuelle de l'ovaire. Une dernière question mérite de retenir notre attention. On sait que la plupart des hislologistes admettent actuellement que la glande interstitielle se forme aux dépens des faux corps jaunes, autour des follicules atrésiques, les cellules interstitielles étant dérivées de celles de la thèque interne. Comment se fait-il que nous n’ayons pas provoqué par l'irradiation de l'ovaire un développement considérabie de ce tissu interstitiel, puisque nous avons déterminé l’involution de tous les folli- cules et vésicules? C’est que l'atteinte brutale des ruyons À n’est nulle- ment comparable au processus lent de latrésie physiologique. Cest aussi que les radiations frappent non seulement l’ovule et les cellules de la granuleuse, mais encore les cellules de la thèque interne elles- mêmes, lesquelles ne se multiplient plus, et sont souvent frappées de mort (nombreuses figures de pycnose). Dans ces conditions, il ne se forme de tissu interstlitiel qu'autour des follicules arrivés dejà à un SÉANCE DU 5 FÉVRIER 24 stade avancé de leur développement au moment de la rüntgenisation, et les groupes de cellules interstitielles y sont plus pelits et moins nom- breux que dans les faux corps jaunes physiologiques. LIÈVRES ET LAPiIns. ÉPISODE DE LA LUTTE ACTIVE POUR L'EXISTENCE ENTRE MAMMIFÈRES, par M. J. KunsTzer. L'on sait que les lièvres et Les lapins ne prospèrent pas en commun, et que, contrairement à ce que les apparences pourraient faire croire, ce sont les premiers qui cèdent la place aux derniers. Si ce fait est vulgarisé et s’il est consigné dans toutes les publications techniques, il n'en est plus de même des causes bien précises du phéno- mène. L'on parle bien d’antagonisme, de combats, d'engagements divers suscités par le caractère haineux des lapins. Mais l’on ne semble pas être suffisamment fixé, ni sur le fond du processus, ni sur ses causes réelles. Dans une propriété de chasse bien close et abondamment pourvue de ces espèces de mammifères, on a tué un certain nombre de lièvres mutilés d’une facon caractéristique. Du reste, le propriétaire, qui eût préféré des lièvres à ses trop prolifiques lapins, en était désolé. Les tes- ticules manquaient; à leur place, se voyait une simple cicatrice bleuâtre. Les mâles étaient châtrés. Au cœur de l'hiver, par un temps de neige, on eut la clef du mystère. Des cris, une rumeur stridente, partis du fond d’un vallon, attirèrent l'attention. Sur le pré, blanchi par la neige et éclaboussé de sang. une dizaine de lapins s'acharnaient avec furie contre un lièvre, le bouscu- laient et le mordaient. Toute tremblante, la pauvre victime ne songeait guère à la résistance; elle semblait même avoir perdu l'usage de ses jambes et ne pas songer à rechercher son salut dans une fuite rapide. Finalement, elle fut couchée sur le dos, entourée de toutes parts, et l’un dés lapins se mit en devoir de lui manger les testicules. Le lièvre gémis- sait, mais se laissait faire sans bouger et restait étendu sur le dos. Deux coups de fusil heureux étendirent par terre la majeure partie des assaïllants à côté du lièvre. Leur examen montra que c'était des mäles, les femelles se tenant au second plan. IL y a donc entre les lièvres et les lapins une lutte pour la vie active, dont le mobile semble pouvoir être attribué aux instincts sexuels. La jalousie des lapins jouerait le plus grand rôle dans ces phénomènes qui sont de nature à établir sur de nouvelles bases leur réputalion d'intel- ligence. D'ailleurs, les mœurs des deux espèces sont telles que l'on peut 218 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (23), prévoir théoriquement de quel côté doit être la victoire. Les lièvres vivent isolés ; les lapins se réunissent en colonies et jouissent des bien- faits de l’associalion. SUR UN BACILLE VIOLET PATHOGÉNE, par M. À. GAUDUCHEAU. J’ai isolé des eaux d’un puits, près de Hanoï, un bacille violet patho- gène qui se rapproche du bactérium janthinum |Zopf) et du bacillus wio- laceus manilæ (Wooley) et qui offre certaines propriétés biologiques intéressantes. C’est un bacille de 1 à 3 », mobile. ne prenant pas le Gram, aisément colorable par le cristal violet et la fuchsine phéniquée, diffici- lement par le bleu de méthylène, souvent formé de deux articles. Il pousse rapidement sur gélose, bouillon et pomme de terre, au-dessus de 20 degrés, plus difficilement sur la gélatine, qu'il liquéfie. Il coagule le lait et redissout la caséine. La culture sur gélose et pomme de terre est violette foncée, presque noire. La surface du bouillon est violette et le reste trouble, brun. Les cultures dégagent une odeur spéciale, rappelant un peu les amandes amères. Le pouvoir chromogène varie d'intensité et peut disparaitre. Les premières cultures sur bouillon donnèrent un voile très épais, violet foncé. Ce voile diminua dans les cultures suivantes, et se réduisit à une simple pellicule mince et faiblement teintée. La culture en bouillon est stérilisée en 15 minutes à 56-57 degrés. Le pigment est insoluble dans - l’eau, l’éther et le chloroforme, soluble dans l'alcool. Il vire au vert par addition de soude. | Cette bactérie affecte souvent la forme légèrement incurvée d’un bacille virgule, et il est curieux de rapprocher ce caractère morpholo- gique du pouvoir hypothermisant considérable dont sont doués les cultures, vis-à-vis du cobaye. La température de cet animal s’abaisse de plus de 10 degrés, peu de temps après l’inoculation, et peut se maintenir vers 23 degrés, près de la température ambiante, pendant plusieurs heures avant la mort. Les premières cultures injectées dans les veines de plusieurs lapins, à des doses variant de 1/2 à 4 centimètres cubes (bouillon de quaire jours), produisirent chez ces animaux une diarrhée abondante, Mais de nouveaux animaux inoculés avec des cultures ultérieures furent tués sans présenter aucun flux diarrhéique, loutes choses égales d’ailleurs. La fonction pathogène est donc susceptible de modifications rapides et parallèles aux modifications de certains caractères culturaux. Chez le lapin ayant succombé à la maladie violette, si l’on prélève les LQ (24) SÉANCE DU D FÉVRIER 279 bactéries qui ont traversé la paroi intestinale et se trouvent dans le duodénum, on peut observer un curieux mélange de colonies immédia- tement violettes foncées et de colonies restant blanches pendant trois ou quatre jours. Ces dernières, portées sur bouillon, ne le colorent point, de sorte qu’on les prendrait facilement pour des germes d'infection secondaire, si un examen ultérieur ne permettait de les identifier au #. janthinus. J'ai observé un autre exemple de cette remarquable variabilité des espèces chromogènes chez un bacille isolé d’un abcès du foie de l’homme. Je croyais avoir affaire à un proteus, alors qu'il s'agissait d’un bacille vert fluorescent liquéfiant, dont l'odeur et l’ensemble des autres carac- tères en faisaient évidemment une race du bacille de Gessard. Or, je pus le cultiver et l’injecter à des animaux pendant un mois, avant d'observer son pigment. Ces intéressantes espèces pathogènes peuvent donc, aussi bien dans l'organisme que dans les milieux extérieurs, subir de telles variations dans leurs caractères principaux que des diagnoses précises en deviennent fort difficiles, sinon impossibles. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — JL. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, ads 281 SÉNNCE DU 23 REVRIER 907 SOMMAIRE BarmreLzr (F.) et Srern (Mile L.): dans l'insomnie expérimentale RL TE Recherches sur le mécanisme des oxydations dans les tissus animaux Marzrarp (L.-C.) et VLrës (FR. : Présence, dans le stylet cristallin GOSSES PE RE 296 | de Cardium edule, d'une substance BawLac (J.) : Toxicité des liquides réduisant la liqueur de Fehling. . . 316 CNE RSR PR EEE 284 MAYER (ANDRÉ) et TERROINE (E.-F.) : Boan (GEorGes) : L'influence de Sur les propriétés des précipités l’éclairement passé sur la matière d'albumine par l'alcool. Redissolu- VAE RS PLAT le nie au de 292 | tion dans l'alcool en présence d'élec- CamwerEr (R.) et Girauzn (A.) : LEONE SNMP ER AN AGE er 31 Pouvoir antiseptique du zimphène NAGEOTTE (J.)\ : Deuxième note sur (acide métaoxycyanocinnamique). . 295 | a greffe des ganglions rachidiens ; CLuzer (J.) : Sur la détermination types divers des prolongements ner- au moyen des condensateurs de la veux néoformés, comparaison avec formule d'excitation d'un nerf ou certaines dispositions normales ou ADÉAAUS CIE RE UE EE 300 | considérées comme telles; persis- Doyxox (M.), GawriEr (CL.) et Mo- tance des élémen's péricellulaires REL (A.) : Lipolyse dans le sang. dans les capsules vides après pha- Influence de l'alimentation. Compa- gocytose des cellules nerveuses raison des méthodes de dosage de MODE SPAS TENTE US NT AE 289 ERA ENORECS ER ENREREERS 286 Piéxon (HExRI) : L'étude expéri- Dueors (RAPHAEL) : Sur un spo- mentale des facteurs du sommeil rozoaire parasite de l’huître perlière nome ILE) MÉUMOCS NET Eee 3071 Margaritifera vulgaris Jam. Son Raxc (Azpert) : Extraction de la rôle dans la formation des perles bilirubice du plasma du sang de DES LLC EEE PRES Bee DOM) CNE NAME TERRE En Re AGE 306 ErerG (C.) : Action de l'acide et WEINBERG : Tumeurs inflamma- de l'aldéhyde formiques sur les phé- tGires à spiroptères chez le cheval. 287 nomènes digestifs et sur la circu- ; OIDIOM LE RUSSE 298 LUS * : Form (P.-E.) : Vision entoptique Réunion biologique de Marseille. de certains éléments du corps vi- (LAÉN RELEITSTOMENSS RER EU Ou 304 Brior (A.) : Sur les mélanges de Iscovesco (Hewrr) : Etude sur les diastase et d'antidiastase. . . . . , . 325 mélanges d’électrolytes. Le chlorure KeATING-HorT (DE) : Sur l’action de calcium dans le mal de Bright. des longues étincelles de haute fré- SONO ANTTOXIQUES 2... . . 314 | quence et de haute tension sur les Larreque (Louis) : Sur la précision tissus normaux et pathologiques. . 323 dans la question du rythme des Perprix (L.) : Désinfection rapide PACE SORT eme de ne lance Men e ne 302 | des livrets de caisses d'épargne au LEGENDRE (RENÉ) et PIÉRON (HENRY) : MOMENT TESNAÉPOIS MN 324 Les rapports entre les conditions Van GAver (F.) et Srepan (P.) : physiologiques et les modifications À propos de l’ovogenèse de Sacco- histologiques des cellules cérébrales cirrus papillocercus Borr. . . . . .. 3211 Brorosie. Cometes RENDUS. — 1907. T. LXII. 20 289 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. A. Giard, président. OUVRAGES OFFERTS M. LavErAx fait hommage à la Société de Biologie d'un exemplaire de la 2° édition de son 7raité du paludisme. M. J. Künorxez D'HERCULAIS, en offrant à la Société le tome I de son ouvrage intitulé : Les /nvasions des Acridiens, vulgo Sauterelles, en Algérie (1), fait les réflexions suivantes : « Dix-huit années se sont écoulées depuis que nous avons entrepris l'étude des invasions de Sauterelles; durant cette période nous avons pu suivre, en Algérie, les migrations des Stauronotes marocains (Séau- ronotus maroccanus, Thunb.) et des Criquets pèlerins (Schistocerca peregrina, Oliv.); en Corse, celles des Stauronotes marocains et des Criquets italiques (Caloptenus italicus, Lin.) ; dans la République Argen- tine, celles des Criquets américains (Schistocerca americana, Drury); en France, celles des Stauronotes marocains dans la Camargue et du Cri- quet italique dans onze départements du Sud-Ouest. Nous avons ainsi acquis des connaissances générales sur la biologie des Acridiens dévas- tateurs, connaissances qui seules pouvaient permettre d'organiser la lutle contre les déprédaleurs suivant des méthodes scientifiques, en faisant notamment reposer la préparation de la défense sur la prévision des invasions, et: donner le moyen de préconiser des procédés de des- truction rationnels et pratiques, en rapport avec la nature des terri- toires infestés et avec les ressources en hommes et en argent qu’offrait chaque pays. VE de « Pendant cette longue période, nous avons fait part à l’Académie des sciences comme à la Société de Biologie des observations d’ordre (1) Les Invasions des Acridiens, vulgo Sauterelles. Tome I en deux parties. Alger, 1893-1905, in-4°. Partie 1. Préface, tables générales analytiques, cor- rections et additions. Texte châpitre 1 à vis (836 pages). Partie Il. Chapitres vin à xu1. Tome I avec 13 planches hors texte; 4 cartes, nombreuses figures dans le texte (988 pages). Tome IT en deux parties. Alger, 1893. Partie I. Tables générales métho- diques, analytiques. Introduction. Documents statistiques, 10 cartes, 34 pl. Partie II. Documents annexes (752 pages). SÉANCE DU 23 FÉVRIER 283 physiologique et biologique que nous avons été amené à faire. On les retrouvera reproduites avec plus de détails et avee figures à l'appui dans notre ouvrage, accompagnées de beaucoup d’autres que nous ne sau- rions énumérer. « Un parasite à larves tantôt végétariennes, tantôt oophages. — À titre d'exemple nous rappellerons la communication que nous avons faite à la dernière séance de l’Académie (18 février), relative aux mœurs inat- tendues d'une petite Mouche, l'Anthomyia (Chortophila) cilicrura, Rondani, que nous avons reconnu être wivipare et qui soumet ses larves à un régime lantôt végétarien, tantôt earnassier. Celles-ci, en effet, s’attaquent à des plantes universellement cultivées, car elles vivent dans les oignons, les poireaux, le persil, les asperges plus ou moins altérés, tout aussi bien qu'au détriment des œufs des Acridiens. Le régime végétarien des larves nous explique l'aire immense de répar- tition géographique.de cette Muscide et sa dispersion en Europe, dans l'Afrique du Nord, dans l'Inde, dans l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud ; on ne s’étonnera done plus de la trouver toujours prête, Le cas échéant, à mettre ses jeunes larves à la portée des pontes des Acridiens, ce qui leur permet alors de remplir un rôle destructeur des plus actifs. « Parasitisme superposé. — Nous pensons qu'il y a quelque intérêt à signaler à la Société certaines observations que nous avons faites sur le parasitisme superposé. « Ayant recueilli à Campo del Oro, près d’Ajaccio, et dans la vallée du Prunelli un assez grand nombre de Siauronotus maroccanus, nous les partagions en deux lots : l’un que nous installions sous des grillages pour suivre les accouplements et étudier les pontes, l’autre que nous enfermions dans un flacon de cyanure de potassium afin d'avoir des échantillons de collection. Les Sauterelles asphyxiées et mortes furent piquées et placées dans une boîte liégée hermétiquement close : quelques jours après, au fond de la boîte, erraient des larves de Diptères qui ne tardèrent pas à se changer en pupes (1); des Sauterelles parquées dans des couvre-plats s’échappaient aussi nombre de larves de Diptères, qui furent également séquestrées, afin qu’elles puissent se métamorphoser dans la terre d’une terrine recouverte d’un grillage en toile métallique à mailles fines. De ces pupes naquirent des Sarcophaga cruentala et lineata, mais en outre un certain nombre d'Hyménoptères que nous n'eûmes pas de peine à reconnaître comme appartenant au genre Chalcis proprement dit et que nous rapportämes plus tard au Chalcis podagrica. Rossi. (1) On remarquera que, si l'acide prussique dégagé a eu le pouvoir d’as- phyxier promptement et complètement les Orthoptères, il n’a pas pu, malgré un séjour prolongé dans les flacons parfaitement fermés, entraîner la mort des larves de Diptères. 281. __ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE « Si les observations de Léon Dufour, de Giraud, indiquent que les. larves de ce Chalcis sont parasites des Sarcophaga non parasites, elles ne nous renseignent pas sur le moment où l'Hyménoptère confie sa descendance à son hôte; si une observation faite occasionnellement par Saunders montre qu'il est parasite de la S. lineata, dont la larve est elle-même parasite du Stauronote marocain, elle nous laisse dans l'incertitude, car l’auteur nous dit seulement... qu'il est probable que « l'œuf se trouve déposé, soit lorsque la larve est encore dans le corps de la Sauterelle, soit lorsque la larve nouvellement éclose est sur le point de pénétrer dans le corps de la Sauterelle ». « Pas plus que Saunders, nous n’avons surpris les Chaleis femelles sur le fait, mais les circonstances dans lesquelles nous avons observé ces Hyménoptères, les éclosions s’étant produites dans des récipients absolument clos, nous donnent la quasi-certilude que le dépôt des œufs dans les larves de Sarcophaga acridophages n’a.pu s'effectuer que lorsque la jeune larve de Sarcophaga vient d’être déposée par la femelle entre les pièces génitales entr'ouvertes du Stauronote marocain. « Quoi qu'il en soit, nous ferons deux remarques, l’une d'ordre phy- siologique, l’autre d'ordre pratique. « Réfléchissant tant soit peu, on sera frappé d’un fait indéniable, c'est que l’Acridien Orthoptère nourrit un parasite, larve de Diptère, qui, tout en abolissant chez son hôte les fonctions génésiques (castration parasitaire) et la locomotion aérienne (apténie), n empêche pas cet hôte d'acquérir les formes extérieures de l’insecte adulte; d'autre part, la larve du Diptère fournit le gîte et le couvert à une larve d'Hyménoptère, en conservant la faculté de se transformer en pupe et en nymphe, mais en perdant celle de parvenir à la forme d'’insecte parfait. La pupe du Diptère sert d’abri à la larve et à la nymphe délicate de l'Hyménoptère qui pourra sans crainte attendre le moment favorable à l’éclosion. Par le fait de ce double parasitisme, les facultés reproductrices sont donc abolies chez l'Orthoptère et le Diptère au profit de l'Hyménoptère. » _ToxICITÉ DES LIQUIDES D'HUITRES, par J. Bayrac {de Toulouse). Les recherches bactériologiques sur les huîtres m'ayant donné des résultats inconstants et peu concluants sur leur richesse en microbes pathogènes (absence du bacille d'Eberth, présence fréquente mais non constante du coli bacille dans les huîtres fraîches, présence accidentelle du staphylocoque, du streptocoque, etc.)et, d'autre part, les accidents gastro-intestinaux consécutifs à l’ingestion des huîtres rappelant, par -ÿ 2 2013 ARS Re EE” SÉANCE DU 23 FÉVRIER 285 leur ressemblance avec les accidents produits par les viandes avariées, plutôt une intoxication qu'une infection, j'ai eu l’idée d’étudier la toxi- cité des liquides d'huitres. Comme pour la recherche du pouvoir toxique des urines, du sérum sanguin ou des liquides d’œdème, j'ai suivi la méthode générale indiquée par M. le professeur Bouchard pour l'étude de la toxicité des liquides organiques : injections intra-veineuses au lapin à la tempé- rature de 40 degrés et à la vitesse de 1 centimètre cube par dix secondes. J’ai déterminé non la toxicité mortelle immédiale, c’est-à- dire la quantité de liquide nécessaire pour tuer l'animal sur le plateau, mais la toxicité éloignée ou à distance. D'ailleurs la mort se produit très rapidement; dans le cas où l'animal survit, on observe toujours une diminution passagère de poids assez considérable. Voici les résultats - obtenus avec des huitres récemment pêchées et conservées dans d'excellentes conditions. Toxicité des liquides d’huîtres récemment pêchées et conservées dans d'excellentes conditions, I. Huiîtres de Cette. 5 QUANTITÉ PROVENANCE DATE de liquide des d NaCi NOR 2er - es de leur sortie 1000 A injecté pour RÉSULTATS huîtres. de l’eau. 199 7 1 kilogr. de poids d'animal. I Étang 20 heures Wir AE 19 c.c. Survie. Il Étang 20 heures 33 D — 20928 30 c.c. Survie. II Étang 20 heures Do TUE 48 c.c. Mort. IV Étang 24, heures 5,2 = Pr 40 c.c. Survie. V Pare 20 heures 33 » — 2031 20 c.c. Survie. VI Parc 20 heures 34 » — 2032 30NCC: Survie. VII Parc 20 heures 33 » — 2030 45 c.c. Mort. VU Parc 24 heures SO — 9032 43 c.c. Mort. Soit une toxicité minima mortelle de 44 centimètres cubes. II. Huîtres de Marennes. IX Marennes 48 heures (?) 26,5 — 1082 DIMGNC: Survie. X Marennes 48 heures (?) 26 » — 1982 42 c.c. Mort. XI Laremblade 54 heures (?) 27 » — 1088 35 c.c. Mort. XIL La Tremblade 50 heures (?) 26,5 — 1080 2UACAC: Survie. Soit une toxicité mortelle de 38 c.c. 5. —. La toxicité des liquides d’huitres de Cette est en moyenne de 44 centi- …—._ mètres cubes par kilogramme de poids : il n’existe pas de différence 4 appréciable entre les huîtres de l'étang de Thau et les huîtres des pares | _ de £Gette. | £ Avec les huîtres de Marennes, j'ai obtenu une toxicité plus élevée F (38 ç. ec. 5); mais jes huîtres étaient depuis plus longtemps hors de l'eau (48-50 heures). 286 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Or, la durée du séjour hors de l'eau est un facteur important de la toxicité des huîtres, auquel vient encore s'ajouter l'influence de la tem- pérature. L’injection du liquide détermine chez l'animal de la dyspnée, des contractions fibrillaires, puis des crises convulsives plus ou moins géné- ralisées des phénomènes paralytiques, du myosis et presque toujours une diurèse très abondante accompagnée parfois de diarrhée. La toxicité des liquides d’huiîtres est indépendante de celle de l'eau dans laquelle vivent ces mollusques. J'ai déterminé comparativement la toxicité de l’eau de l'étang de Thau et de l'eau des canaux de Celte prélevée en différents points de leur parcours. J'ai chtenu une toxicité moyenne de 85 centimètres cubes par kilogramme de poids. D'auire part, la toxicité d'une solution aqueuse de chlorure de sodium isotonique au liquide d'huîtres m'a donné une toxicité de 460 centimètres cubes par kilogramme de poids. La toxicité des liquides d’huîtres appartient donc en propre à ces mollusques. LIPOLYSE DANS LE SANG. INFLUENCE DE L'ALIMENTATION. COMPARAISON DES MÉTHODES DE DOSAGE DE L'EXTRAIT ÉTHÉRÉ, par MM. M. Doyow, Cz. GaurTier.et A. MorEzL. 1. — L'extrait éthéré diminue dans le sang conservé aseptiquement à l’étuve. Nous avons recherché : 1° L'importance de la diminution de l'extrait éthéré suivant la méthode d'extraction emploxée ; 2° L'influence des condilions d'alimentation du sujet en expérience et notamment l'influence de l’inanition. II. — Nos expériences ont été faites sur le chien. Le sang, prélevé dans une carotide, était défibriné, puis réparti en quantités égales — 30 centimètres cubes à 50 centimètres cubes — dans une série de ballons. Une partie des échantillons était soumise tout de suite à l'analyse, une autre après un séjour à l’étuve. Nous ne publions que les résultats donnés par des échantillons absolument dépourvus de microbes. L'extraitéthéré a été obtenu pat les troisprocédés classiques suivants : 1° Epuisement à l’éther anhydre du sang d’abord liquide, puis desséché.et broyé avec du sable ; 2° Traitement du sang à l'alcool fort froid ; évaporation de la solution alcoolique; épuisement du résidu et du coagulum par l'éther anhydre ; 3° Epuisement du sang à l'alcool bouillant ; évaporation de la solution alcoolique : épuisement du résidu et du coagulum par l’éther anhydre. \ 7] 11% SÉANCE DU 23 FÉVRIER 287 ITT. — Les substances qui disparaissent par le séjour prolongé à l’étuve sont les substances solubles d'emblée dans l'éther. Celles qui nécessitent pour se dissoudre dans l’éther un traitement préalable prolongé du sang, par l'alcool bouillant, augmentent. Extrait éthéré pour 1.000 grammes de sang : ; CHIEN ; CHIEN CHIEN MÉTHODES au au au jeûne employées (1). régime ordinaire. réoime ordinaire. pendant 13 jours. CR ne Ne tin. AUS HE ERDS ns Après Après Après Témoin. 124 heures Témoin. 124 heures Témoin. 152 heures à l’étuve. à l’étuve. à l’étuve. No 1 Ethertseul... . . ,- 92807 08098 js 15 (0844 2892 0569 No 2 AlEoolPiroidN-e, 120, 05.22 3,10 415 SDS 15524 4,53 No 3 = Alcool bouillant . . 8,29 11,41 5,86 = 11,3 9,8 13,9 (Travail des laboratoires de Physiologie et de Chimie organique de la Faculté de médecine de Lyon.) TUMEURS INFLAMMATOIRES A SPIROPTÈRES CHEZ LE CHEVAL, par M. WEINBERG. Parmi les Nématodes qu’on trouve le plus souvent dans l'estomac des Equidés il faut surtout citer les Spiroptères. Les uns, comme les Spirop- tères microstomes, se trouvent à la surface de la muqueuse gastrique sur laquelle ils peuvent se fixer et où ils peuvent même occasionner des ulcérations, comme M. Raiïlliet l’a quelquefois observé chez l'âne (2). Les autres, comme les Spiroptères mégastomes, pénètrent souvent en nombre considérable dans la sous-muqueuse, où ils provoquent la for- mation de tumeurs inflammatoires dont les dimensions peuvent alteindre et même dépasser celles d’un œuf de poule. Une de ces tumeurs, obser- vée par nous, avait le volume d’une mandarine. Les tumeurs à Spiroptères siègent dans le sac droit de l'estomac du cheval. (1) La méthode employée dans les expériences antérieures de Doyon et Morel (Biologie et Journal de Physiologie et de Pathologie gén., 1902) est la méthode n°2; toutefois l'alcool était chauffé pendant quelques instants jusqu'à l’'ébullition pour arrêter l’action des ferments. (2) A. Railliet. Traité de zoologie médicale et agricole. p. 535. " 288 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Elles sont creusées d'un grand nombre de cavilés anfractueuses qui ‘communiquent entre elles et sont souvent, par l'intermédiaire d’une ou plusieurs petites fistules, en communication avec la cavité de l'estomac. Considérées autrefois comine de véritables cancers, ces tumeurs sont classées par les auteurs modernes parmi les formations inflammatoires. On croit g'néralement qu'elles soat « le produit de l'irritalion du tissu conjonclif sous-muqueux par la présence des vers (1) ». Nous ne croyons pas que les vers seuls soient capables d'amener autour d'eux une prolifération aussi considérable de tissu conjonctif. En effet, ayant étudié les lésions que provoquent dans les différents tissus les larves de quelques nématodes (selérosiome, æsophagostome) dont les dimensions sont beaucoup plus considérables que celles des spiroptères, nous n'avons jamais constaté, aulour d'elles, une proliféra- tion aussi abondante de tissu conjonctif. En outre, ces tumeurs sont toujours suppurées. Comme elles sont en communication avec l'estomac par des fistules, on pourrait croire que cette suppuration est secondaire et n’a rien à voir avec la formation propre de la tumeur. Pour nous rendre compte exactement de l’étiologie de cette suppura- tion, nous avons cherché à suivre l’évolution de ces tumeurs. Ayant examiné à l’abattoir aux chevaux de Vaugirard un nombre con- sidérable d’estomacs frais {deux mille environ), nous avons trouvé, dans quatre cas, de très petites tumeurs à spiroplères qui présentaient cette particularité intéressante qu'elles étaient encore recouvertes par la muqueuse gastrique absolument saine. Les coupes en série ont moniré qu'en aucun point ces tumeurs n'étaient en communication avec la cavité intestinale. Ces tumeurs sont formées de deux ou trois petits nodules inflamma- toires juxlaposés et identiques quant à leur structure histologique Chaque nodule présente deux zones distinctes. La zone centrale n’est -qu'un foyer de suppuration dans lequel, outre des spiroptères et des leucocytes, on trouve de nombreux microbes tanlôt libres, tantôt situés dans l’intérieur des phagocytes. La zone périphérique, très épaisse, est constituée par le tissu con- jonctif de nouvelle formation infiltré de leucocytes, mais ne renfermant presque pas de microbes. La muqueuse qui recouvre ces petites tumeurs est saine et ne présente pas au microscope d'infiltration inflammatoire. L'examen histo-bactériologique des foyers inflammatoires en question montre très neltement que leur suppuration est primitive et n'est nulle- ment conséculive aux lésions de la muqueuse adjacente. Comme les spiroptères mégastomes pénètrent de l'estomac dans la sous-muqueuse, il est évident que la suppuration des tumeurs dont ils (1) L. Neumann. Traité des maladies-parasitaires, p. 337. nn Sd dé SL dc. D ÉUNTTS ETS AIR ARE LR LR De | 4 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 9289 provoquent la formation ne peut être due qu'à des microbes introduits par ces petils nématodes. Ainsi, les tumeurs gastriques à spiroptères représentent certainement un des exemples les plus convaincants du transport des microbes dans les tissus de l'organisme par les Helminthes. (Laboratoire de M. le professeur Metchnikoff.) : DEUXIÈME NOTE SUR LA GREFFE DES GANGLIONS RACHIDIENS ; TYPES DIVERS DES PROLONGEMENTS NERVEUX NÉOFORMÉS, COMPARAISON AVEC CERTAINES DISPOSITIONS NORMALES OÙ CONSIDÉRÉES COMME TELLES ; PERSISTANCE DES ÉLÉMENTS PÉRICELLULAIRES DANS LES CAPSULES VIDES APRÈS PHAGOCYTOSE DES. CELLULES NERVEUSES MORTES, par M. J. NAGEOTTE. Les prolongements qui transforment, dans les ganglions rachidiens greflés, les cellules unipolaires en multipolaires appartiennent à des types variés. L'intérêt de ces formes réside dans ce fait qu'elles repro- duisent, en les exagérant, certaines dispositions observées dans les ganglions rachidiens et sympathiques à l’état normal, soit chez l'homme, soit chez les divers animaux; la comparaison entre quelques-unes des figures obtenues à l’aide de la greffe et certaines formations considérées jusqu'à présent non seulement comme normales, mais encore comme directement utiles à l'élaboration des actes nerveux, permettra peut- être de comprendre mieux le déterminisme de ces formations. I. Prolongements nés du cylindraxe. — Si beaucoup de cellules ont perdu leur cylindraxe, il en est chez lesquelles il est conservé sur une grande - étendue. Parfois on voit ce cylindraxe se terminer par une riche arborisation de fibres en corymbe, qui se ramifient à leur tour et s'échappent dans toutes les directions; il en part de collatérales, dont certaines entrent dans la formation des pelotons péricellulaires étudiés plus loin. IH. Cellules lobées. — Cette forme singulière, rencontrée dans une greffe de huit jours, reproduit une disposition décrite par Giuseppe Levi dans les ganglions rachidiens de la tortue grecque et retrouvée par Puguat, qui la considère comme l'indice de mouvements amiboïdes des corps cellulaires. Les nombreuses cellules qui présentent cette particularité sont vivantes; elles possèdent un noyau et des fibrilles intacts; elles sont divisées en plu- sieurs lobes (deux à six) par des sillons qui s’avancent jusqu'auprès du noyau; les lobes sont arrondis où cunéiformes, ils ne tiennent à la portion centrale de la cellule que par un col rétréci; dans les sillons s'engagent les cellules de la capsule. Les lobes les plus petits rappellent les « expansions larges et courtes » (Cajal). Cette déformation résulte de l’activité même du 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE protoplasma ; les lobes doivent être considérés comme des expansions cellu- laires; ils ne méritent pas le nom de prolongements amiboïdes, malgré leur forme, parce qu'ils ne paraissent pas être susceplibles de rentrer dans le corps cellulaire; en effet, leur col est souvent entouré par des anses du peloton péricellulaire décrit plus loin, ce qui prouve que leur existence n’est pas éphémère comme celle des prolongements amiboïdes typiques. III. Prolongements ramifiés nés du corps cellulaire. — a) Les uns sont très volumineux et abondamment ramifiés; ils {ransforment la cellule arrondie unipolaire en une cellule étoilée multipolaire ; leurs branches se terminent, lorsqu'ils sont jeunes, par des boules irrégulières ou par de petites anses fibrillaires ; à une phase ultérieure leurs ramifications s'étendent au loin et. contribuent à former le réseau nerveux du ganglion en se mêlant aux rami- fications cylindraxiles auxquelles elles ressemblent complètement ; souvent il existe sur leur trajet des amas protoplasmiques volumineux et irréguliers au niveau desquels leurs fibrilles se dissocient. Ces prolongements diffèrent des expansions protoplasmiques des cellules des ganglions rachidiens séniles décrites par Cajal, qui restent toujours intracapsulaires. b) Les autres sont très fins dès leur origine, peu — et répondent aux prolongemen(s terminés en boule, décrits par Cajal, à l’état normal; mais les boules sont plus petites et moins régulières. Certaines de ces fibres entrent dans la composition des pelotons péricellulaires. IV. Pelotons péricellulaires. — Ces formations sont très compliquées dès le huitième jour; la plupart des cellules en sont munies; toutes les fibres qui les composent sont très fines ; elles proviennent à la fois du cylindraxe et des prolongements du corps cellulaire lui-même ; il s'échappe du peloton des fibres qui vont au loin; parmi ces fibres, il en est cerlamement qui sont efférentes, mais quelques-unes paraissent afférentes; il est donc probable que les pelotons sont formés non seulement de fibres appartenant au même neurone, mais encore de fibres provenant de neurones voisins. On peut y voir des terminaisons en boule ou en anse fibrillaire, Les cellules multipolaires, pourvues en outre de pelotons péricellu- laires, ressemblent étrangement aux formes décrites par Cajal dans les ganglions sympathiques de l’homme et particulièrement du vieillard. Or, on sait que Dogiel a décrit dans les ganglions rachidiens des mammifères et particulièrement de l’homme, des cellules du type sympathique; ces cellules, rares à l’état normal, ont été rencontrées abondamment par Bielschowsky dans des ganglions cancéreux. On peut donc tirer de ces faits la conclusion que ces cellules multipolaires proviennent des cellules unipolaires. C’est là une transformation inverse de celle qui s’observe chez l'embryon de poulet, dont les ganglions rachidiens contiennent des cellules munies de dendrites destinés à s'atrophier et à disparaître (Lenhossék). D'autre part, il semble que les pelotons ou nids péricellulaires de Dogiel, observés dans les ganglions rachidiens à l’état normal, où ils sont peu fréquents, ceux des ganglions sympathiques (Cajal) qui sont plus nombreux, enfin ceux qui naissent autour de la plupart des SRE sp date dé nie SÉANCE DU 23 FÉVRIER 294 cellules des ganglions rachidiens transplantés, constituent des forma- tions de même ordre ou tout au moins très voisines les unes des autres. Le rôle physiologique de ces pelotons est difficile à préciser; Si l’on suppose qu'il s’agit là d’une articulation interneuronale, on est arrêté par une difficulté, car les seules terminaisons visibles dans les pelotons sont des boules ou des anses fibrillaires semblables aux terminaisons des fibres en voie de croissance, qui n’entrent pas en contact intime avec le corps cellulaire; il faudrait donc supposer, d’une façon générale, qu’en dehors des articulations interneurales par contact, formées par les massues d'Auerbach et autres organes analogues, il existe ides articulalions à distance, par spirales inductrices; ou bien que les véritables terminaisons des pelotons n’ont pas encore été . colorées. Il me semble plus vraisemblable que la signification de ces formations est toute autre; les circonstances dans lesquelles je les ‘ai vues se former autour de cellules dont l’activité végétante a pris un développement énorme et se manifeste sous les aspects les plus divers, me portent à les comparer aux pelotons des cicatrices nerveuses formés. autour de cylindraxes bourgeonnants qui affectent des dispositions analogues, sauf qu’ils s’enroulent autour d’une portion de neurone différente. L'activité végétante des neurones qui se manifeste pendant la période embryonnaire par l'édification des rouages nerveux, peut être réveiilée, surtout dans le système nerveux périphérique, par diverses excilations ; on sait comment cette propriété est utilisée lorsque le besoin d’une réparation se fait sentir et combien alors la végétation est exubérante; beaucoup des prolongements formés n'arrivent pas au but; on les trouve à côté de ceux qui sont utilisés et on peut leur donner le mom de paraphytes. En dehors des cas où l'activité proliférante des neurones est nettement exagérée par une cause vulnérante grossière, nécessitant une régénération évidente, on peut observer une série de formations qui se rattachent à un processus analogue et qui doivent être rangées suivant moi dans la catégorie des paraphytes. Celte caté- gorie comprend entre autres : les pelotons en spirales des cicatrices nerveuses, les pelotons péricellulaires des ganglions sympathiques et rachidiens, les fibres terminées en boule des cellules des ganglions rachidiens, de Cajal, les fibres terminées en boule que j’ai décrites dans les cornes antérieures de la moelle humaine, etc. Ce que j'ai désigné sous le mom de régénération collatérale n’est que l’exagération de ce processus et l'utilisation des paraphytes pour les réparations nerveuses à «effectuer. Pourquoi certains paraphytes viennent-ils s’enrouler autour des cellules ganglionnaires ? Une explication de cette disposition peut être cherchée dans les faits suivants, qui montrent que les éléments satellites sous-capsulaires peuvent attirer les fibres nerveuses, même lorsque la cellule ganglionnaire a disparu. 292 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE V. Phagocytose des cellules mortes, formation de glomérules et de nodules sous-capsulaires. — Au quatrième jour de la greffe, les cellules nerveuses vivantes, situées en bordure du ganglion, ont conservé leur tigroïde intacte: les cellules mortes, au contraire, sont achromatiques ; leur noyau est homo- gène et se colore faiblement. Les cellules mortes du centre du ganglion ne subissent pas encore la phagocytose, qui est en pleine activité au niveau des cellules mortes de la périphérie. Ce sont les éléments péricellulaires (cellules satellites) qui effectuent ce travail ; ils pénètrent dans l’intérieur de la cellule nerveuse, qu'ils creusent de galeries multiples; finalement le corps cellulaire est complètement absorbé et à sa place il reste un amas arrondi d'éléments sous-capsulaires. La méthode de Cajal montre que quelques-uns de ces amas persistants sont envahis par un bouquet de fibres fines, nées d’une collatérale qui, partant d'un cylindraxe du voisinage, a perforé la capsule pour former à son intérieur une sorte de glomérule. Un seul cylindraxe peut fournir sur son trajet plusieurs glomérules semblables. Les fibres de ces glomérules se terminent par de pelites anses fibrillaires. (Travail du laboratoire d'histologie de l'École des Hautes- Études au Collège de France et du laboratoire de AT. le D' Babinski, à la Pitié.) L'INFLUENCE DE L'ÉCLAIREMENT PASSÉ SUR LA MATIÈRE VIVANTE, par M. GEORGES Bonn. Il ne s’agit plus du phénomène de périodicité, mais d’un autre phé- nomène qui, à mon sens, a la même importance au point de vue de la biologie générale. Je vais montrer comment la lumière peul à la longue façonner la matière vivante, déterminer des « états physiologiques » chez les animaux. En 1904, j'ai signalé iei (1) un fait très frappant. Il suffit d’insoler pendant un certain nombre d'heures les œufs (ou les embryons très jeunes) de Grenouille ou de Crapaud, pour que, un mois plus tard, les Lôtards qui proviennent de leur développement recherchent d’une façon manifeste l'ombre, à l'encontre des tétards provenant d'œufs (ou d’em- bryons) non insolés. De plus, les tètards provenant d'œufs qui-ont été insolés meurent plus rapidement que les autres d'inanition. J'ai retrouvé depuis des influences tardives de l’éclairement chez beaucoup d'animaux, aussi bien chez des adultes que chez des larves. Voici les faits très curieux que j'ai observés chez les Actinia equina L., var. rubra, des hauls niveaux, à Tatihou, les vacances dernières. Ces (1) G. Bohn. Intervention des influences passées dans les mouvements actuels d’un animal, et dans la résistance à l’inanition d'un animal. Comptes rendus «de la Société de Biologie, t. LVI, p. 789, 14 mai 1904. 1 1 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 293 : animaux, quoi qu’on en ait dit, sont très sensibles aux excitations de la lumière, mais les réactions sont assez variables et inconstantes, car elles dépendent de beaucoup de facteurs externes et internes, et en particu- lier de l'influence tardive de la lumière, dont l'importance ne doit pas échapper à ceux qui font de la physiologie comparée. Du 19 au 22 juillet, j'ai recueilli trois lots d’Actinies, A, B, et C, sur les rochers de l'Ilet, à Talihou, parmi les Balanes et les Patelles, dans la zone des Fucus plalycarpus. Ces lots ont été placés dans des conditions d'éclairement assez différentes, et à deux reprises on a changé ces con- ditions, faisant des permutalions entre deux lots. Le tableau suivant donne ces conditions. C A B Du 22 juillet au 2 août. Insolation le matin. Éclairement moyen, Ombre. peu variable. Du 2 août au 9 août. |. Jnsolation le matin. Ombre. Insol. le soir. Du 9 août au 16 août . Insolation le soir Ombre. Insol. le mat. Du 22 juillet au 2 août, au point de vue de la quantité totale de lumière recue les trois lots peuvent se classer de la manière suivante : : be ET NE du 24 juillet au 2 août, l'eau a été renouvelée une seule fois. Au com- mencement d'août (toute trace du rythme des marées ayant disparu), l’eau des cristallisoirs devenant très impure, l'épanouissement des Acti- nies semble se faire plus difficilement, mais à ce point de vue les divers lots se comportent de facons assez variables : pendant presque tout le cours de la journée, les Actinies des divers lots restent complètement rétractées, mais vers lesoir, au moment de la baisse du jour, un nombre variable d'individus tendent à s'épanouir ou s’épanouissent méme (à noter que la mer est haute vers celte heure, ce qui ne peut que faciliter l'épanouissement, au cas où il resterail encore quelque chose de la périodicité). Le nombre des individus qui s'épanouissent est maximum dans C, moyen dans AÀ,, faible dans B, c'est-à-dire que ce nombre est en quelque sorte proportionnel à la quantité totale de lumière recue depuis dix jours; de plus, en allant de C en A puis en B, l’épanouisse- ment Se fait de moins en moins complètement chez les diversindividus. D’où le fait suivant, qui a élé vérifié dans maintes autres occasions et à Wimereux méme: Les Actinies se montrent d'autant moins inertes qu’elles ont reçu pendant les semaines qui précèdent plus d: lumière, ceci sous l'influence d'un changement présent d: l'éclairement, ou plus généra- lement sous l'influence de toule excilation présente. En effet, le 2 août, à 5 heures du matin (un peu avant la mer haute), jimprime quelques secousses aux divers cristallisoirs : j'obtiens un épanouissement général, d'ailleurs temporaire, mais avec une rapidité variable : les Actinies C s’épanouissent instantanément dès la première 294 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ! secousse, les Actinies À un peu après, les Actinies B très tardivement. Dans la journée du 2 août, l'excitant lumineux (insolalion) agit beau- coup plus facilement sur GC que sur A et surtout B. Le 4 août, je constate à ? heures et à 4 heures du matin que les indi- vidus G situés dans la région du cristallisoir qui reçoit -le plus de lumière depuis une dizaine de jours sont, depuis la veille au soir, encore épanouis, alors que les autres individus ayant recu moins de lumière sont déjà fermés ou ne se sont même pas ouverts ; à 6 heures du matin, tous les individus sans exception sont rétractés. À ce moment, je secoue légèrement les eristallisoirs : tous les indi- vidus C s’épanouissent, 50 p. 100 des individus A et un seul individu B. L'influence de l'éclairement passé est indiscutable : les individus qui ont été si longlemps dans une demi-obscurité, quoique mieux éclairés depuis deux jours, réagissent beaucoup moins bien que les autres ; l'individu qui vient de s'épanouir est précisément un individu qui depuis deux jours est privilégié au point de vue de l’éclairement. À 8 heures du matin, deux tiers des individus C ne sont pas encore refermés (l’un deux, le plus éclairé d'une façon générale depuis dix jours, reste même épanoui jusqu'à 1 heure du soir) ; un quart des indi- vidus À sont encore épanouis ; mais il n’y a aucun individu épanoui dans B. ) Des faits précédents, et de beaucoup d’autres analogues, on peut déjà tirer les conclusions suivantes : 1° L’épanouissement des Actinia equina, non seulement se produit d'autant plus facilement, mais encore dure d'au- tant plus longtemps que l'éclairement passé a été plus considérable ; 2 De plus, du moins dans un milieu asphyxique où la sensibilité à la lumière présente est sensiblement augmentée, à] semble s'établir une sorte de périodicité correspondant au jour et à la nuit: épanouissement le soir se poursuivant pendant une partie de la nuit. Le 7 août, l’eau a été renouvelée à 8 heures du matin ; de nombreuses Actinies Get À s’épanouissent, mais aucune des Actinies B: celles-ci restent également moins sensibles aux excitants chimiques ; à 10 heures du matin, toutes les Actinies, sans exception, sont déjà rétractées quoique étant dans l’eau pure. Le soir, C et À se rouvrent dès la baisse du jour, vers 6 heures ; B restent-toujours plus inertes. Les influences passées malgré les changements apportés récemment dans les conditions présentes sont toujours manifestes. Mais le 9 août, ces changements commencent à se faire sentir. Les individus À, qui depuis le 2 août se trouvent constamment à un très faible éclairement, commencent à rester constamment fermés et à réagir. peu aux divers excitants ; les individus B, en revanche, qui depuis le 2 août ont permuté avec A et reçoivent plus de lumière qu'auparavant, commencent à s'épanouir le soir et à réagir plus facilement. Le 10 août il en est encore de même. PE, À SÉANCE DU 23 FÉVRIER 9295 7 Ainsi, il s'agit bien de l'influence de l’éclairement passé puisqu'il suffit de substituer le bocal B au bocal À et inversement, pour que pelil à petit les individus contenus dans B finissent par se comporter comme ceux qui étaient contenus en À et inversement. La suite de l’expérienee a été d'accord avec les conclusions précé- dentes. | En définitive, en éclairant pendant une série de jours de façons diverses les Actinia equina on faconne de façons diverses leur matière vivante, on crée des états physiologiques divers, on devient maître dans une grande mesure de leurs réactions. | É POUVOIR ANTISEPTIQUE DU ZIMPHÈNE (ACIDE MÉTAOXYCYANOCINNAMIQUE), par MM. R. CaMBiER et A. GIRAULD. M. Fiquet(1) a décrit récemment l’action physiologique du zimphène; ce corps ne parait nullement toxique, même ingéré à doses massives, et possède notamment la propriété d’exciter à un haut degré la sécrétion des glandes du tube digestif. Nous avons entrepris l'étude de son pouvoir antiseptique, et nous avons cherché tout d’abord comment il se comporte à l’égard d’un milieu polymicrobien tel qu'une émulsion de matières fécales. Le zimphène étant fort peu soluble dans l’eau, nous avons utilisé sa solution à 5 p.100 dans l’acétate ou le salicylate de sodium avec lesquels il forme des combinaisons moléculaires très solubles. Une émulsion de matières fécales dans 109 centimètres cubes d’eau stérilisée, filtrée sur mousseline, est additionnée de l’une quelconque de ces solutions de manière à contenir 1 gr. 5 de zimphène pur par litre, et l’on pratique à intervalles réguliers des ensemencements sur plaques de. gélatine ; les numérations ont été faites après 7 jours d’incubation à 20 degrés. Au début de l'expérience, l'émulsion non additionnée de zimphène renfermait environ 100.000 bactéries par centimètre cube. Après une demi-heure de contact avec le zimphène à 0,15 p. 100, ce nombre tombe à 60.000, puis décroit très régulièrement pour devenir égal à 860 après 5 heures. Les colonies observées dans les plaques après 5 heures d'action se montrent d’ailleurs formées d’espèces sporulées très résistantes à la chaleur, produisant des voiles épais et plissés à la surface du bouillon à la façon du Bacillus subtilis. - Une autre expérience a porté sur des matras de 20 centimètres cubes (1) Fiquet. Bulletin général de thérapeutique, 1906, CL, p. 661. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de bouillon ensemencés chacun avec 2 gouttes de culture de bacille d'Eberth et additionnés de doses croissantes de solution à 5 p. 1400 de zimphène dans l’acétate de soude. Les trois premiers matras ayant reçu respectivement 1 goutte, 3 gouttes et 7 gouttes de cette solution, sont trouvés troubles après 15 heures d’étuve à 37 degrés. Les matras ayant recu respectivement 10, 15 et 20 gouttes de la solu- tion de zimphène restent limpides, dans les mêmes conditions, même après 8 jours d’étuve. Nous nous sommes assurés par des repiquages sur bouillon neuf que, dans ces trois derniers matras, le bacille ne se trouvait pas seulement immobilisé dans son développement mais qu'il avait été en réalité lué par l’antiseptique. Enfin dans un matras contenant 20 centimètres cubes d'eau stérilisée, largement ensemencée avec une culture fraiche de bacille d'Eberth, nous avons introduit 15 gouttes de solution de zimphène à 5 p. 100; avec celte.dilution nous pratiquons de quart d'heure en quart d'heure des ensemencements sur tubes de bouillon qui sont placés à l’étuve à 37 degrés. Dès le lendemain nous trouvons lroubles ceux de ces tubes ensemencés avec la matière ayant subi l’action de l’antiseptique pendant moins de 1 heure et demie; mais par contre les suivants restent indé- finiment vierges de toute culture. D'après ces données, le zimphène à la dose de 0 gr. 15 p. 100 on vitro se montre capable de stériliser les cultures typhiques après une durée de contact de 1 heure et demie et la plupart des bactéries du contenu intestinal après une durée de contact de 5 heures. Ce pouvoir anliseplique relativement élevé d'une substance non toxique, non irritanle et capable de faire sécréter abondamment les glandes gastriques et intestinales, nous engage à en poursuivre l’élude que nous nous réservons d'élendre aux deux acides isomères ortho et para oxycyanocinnamiques. RECHERCHES SUR LE MÉCANISME DES OXYDATIONS DANS LES TISSUS ANIMAUX ISOLÉES, par M. F. Barre et Me L. SmERN. Nous avons étudié l’action d’un certain nombre de substances sur l’activité respiratoire des tissus animaux isolés. Nous n'exposerons ici que les résultats qui pourraient contribuer à éclaircir le mécanisme des oxydations dans l'organisme animal. Dans un lravail récent (Journal de Physiologie et de Pathologie géné- rale, 1907), nous avons montré que in vitro ce sont les muscles rouges des mammifères et surtout ceux du pigeon qui présentent les échanges SEANCE DU 23 FÉVRIER 297 gazeux les plus énergiques. Dans la majorité de nos expériences, nous avons donc employé les muscles rouges, mais nous avons en outre fait un certain nombre d'expériences sur le foie et le cerveau. La méthode dont nous nous sommes servis est la même que celle que nous avons déjà décrite. Les tissus finement brovés, après avoir été plongés dans des liquides à constitution différente, sont soumis à une agitation énergique en présence d’O° à la température de 38 degrés. A la fin de l'expérience, dont la durée est généralement d'une heure, on dose la quantité d’O? absorbé et la quantité de CO* dégagé. Nous rappe- lons que dans ces conditions l’activité respiratoire des muscles frais est assez élevée. Ainsi 100 grammes de muscle de pigeon plongés dans le sang de bœuf absorbent en moyenne 400 centimètres cubes environ d'O° par heure, et dégagent 350 centimètres cubes environ de CO*. Il est donc facile de constater l'influence des différentes substances qu’on emploie. Voici les résultats que nous avons obtenus : L'alcool et l’acétone ont une influence peu marquée sur les oxyda- tions. Il faut atteindre des concentrations assez élevées, 3 p. 100 par exemple, pour obtenir une diminution appréciable dans les échanges gazeux des muscles des mammifères. Les aldéhydes salicylique, for- mique et éthylique inhibent au contraire énergiquement l'activité res- piratoire musculaire ; les deux premières sont plus actives que l’aldéhyde éthylique. L’aldéhyde salicylique diminue déjà considérablement les échanges gazeux à la concentration de 1 p. 20.000. La saligénine ou alcool salicylique est peu active; l'acide salicylique, au contraire, diminue les oxydations presque aussi énergiquement que l’aldéhyde salicylique. L’arsénite de Na est extrêmement actif; son influence inhibitrice sur les combustions musculaires est déjà bien nette à la proportion de 1 p. 50.000. L’arséniate de Na est cinquante ou cent fois moins toxique. Le tartrate double de K et d'antimoine diminue aussi énergiquement les oxydations musculaires. Le nitrile, l'hypophosphite, l'hyposulfite de Na n'agissent qu'à des concentrations assez élevées. La toxicité de l’acide cyanhydrique sur les combustions élémentaires des muscles est très élevée mais pas aussi grande que celle de l’arsénite. Finalement, le persulfate de Na diminue énergiquement les oxyda- tions à des concentrations très faibles. Le peroxyde d'hydrogène agit d’une manière analogue, malgré qu'il soit rapidement détruit par la catalase qui se trouve dans les muscles. Tels sont les faits. L'interprétation en est difficile, et nous préférons la renvoyer jusqu'au moment où nous aurons accumulé un nombre plus considérable de faits. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) Brocogre. Compris RENDUS. — 4997. T. LXII. 21 PET 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION DE L'ACIDE ET DE L'ALDÉHYDE FRORMIQUES SUR LES PHÉNOMÈNES DIGESTIFS EX SUR LA CIRCULATION, par M. C. Freic. D'une étude d'ensemble sur l’action physiologique de l’acide formique et des formiates et de certains points nouveaux de l’action de l’aldé- hyde formique, nous relatons ici certains faits relatifs à l'effet de ces substances sur les phénomènes digestifs et circulatoires. . 4. Action sur les phénomènes digestifs. — L'acide formique se com- porte vis-à-vis des diverses sécrétions digestives comme les acides en général. Il est de même un excitant du péristaltisme et est capable de provoquer une leucocytose passagère par excitation des follicules élos. A ces propriétés s'ajoute sa valeur particulièrement antiseptique, bien supérieure notamment à celle de l’acide chlorhydrique. Les formiates à petites doses n'agissent pas de façon appréciable sur le tube digestif; à très fortes doses (8-10 grammes et au delà chez le chien), ils augmentent les sécrétions et les mouvements de l'intestin. L'aldéhyde formique excite les sécrétions digestives. Son effet sur les sécrétions pancréatique et biliaire est surtout très intense ; l’injection dans le duodénum ou le jéjunum de quelques centimètres cubes d'une solution de formaline à 5 p. 100 ou au-dessous provoque un écoulement de suc pancréatique très abondant et une augmentation notable du flux de la bile, même chez un animal dont le pylore a été lié. On peut obte- nir aussi une sécrélion d'origine uniquement humorale par l'injection intra-veineuse d’une macération de muqueuse duodéno-jéjunale dans l’aldéhyde (à 0,5-2 p. 100) (41). Vis-à-vis des phénomènes chimiques de la digestion, l'action de l’aldéhyde est au contraire nettement retardante. 2. Action sur les phénomènes circulatoires. — Les opinions des divers auteurs au sujet de l’action de l'acide formique et des formiates sur les phénomènes vaso-moteurs (Kowacs, Arloing, Garrigue, Clément) sont des plus variées. Expérimentalement et cliniquement nous n’avons pas observé d'action intéressante des /ormiales sur la contraction cardiaque. À faibles doses, ils ne la modifient point. En se servant de doses progressivement croissantes soil sur l'animal entier, soit sur le cœur isolé et étudié par la méthode des cireulations artificielles, on arrive assez facilement à troubler le fonctionnement de cel organe, maïs on ne peut mettreen évidence aucun effel lonique. È Injeclé en nature dans les veines, l'acide formique peut produire (1) On retrouverait probablement celte action excito-sécrétoire pour diverses aldéhydes, peut-être même pour certaines acétones. — Cependant l’acétone ordinaire (propanone) ne la possède pas. SEANCE DU 23: FÉVRIER 299 momentanément un effet vaso-constricteur s'accompagnant d'une élévation de pression, probablement à la suite d’un réflexe cardio-vasculaire dû à l'excitation par l’acide des filets nerveux vaso-sensibles plutôt qu’à la suite d’une excitation produite au niveau des centres vaso-constricteurs par la diminution d’alcalinité provoquée. Les déterminations cliniques de la lension artérielle, chez des sujets soit normaux, soithypo ou hypertendus, ne permettent pas de conclure à une action de l'acide formique ou des formiates dans un sens ou dans Pautre, qu'il s'agisse d'administration par la voie gastrique ou d’injec- tion sous-cutanée. | Expérimentalement, à la suite d’injections de formiates soit dans les veines, soit sous la peau, soit dans l'estomac ou dans l'intestin, chez des animaux tantôt curarisés, tantôt chloralosés, tantôt non anesthésiés, en enregistrant la pression non seulement pendant les premières heures qui suivaient l'injection, mais aussi jusqu'à la dixième heure (de facon intermittente), on n'obtient pas de modifications appréciables de la pression pour des doses proportionnelles à celles qu’on utilise chez - l’homme. De même chez les animaux artificiellement hypo ou hyper- tendus. Si au contraire on dépasse de beaucoup ces doses, on obtient un effet hypotenseur. Si la pression varie peu, il se produit néanmoins certaines variations vaso-motrices dans les organes. Le formiate de soude (en injection intra- veineuse à 0 gr. 04 par kilo) provoque chez l'animal la vaso-dilatation du cerveau, du foie et du rein (celte dernière en rapport sans doute avec son action diurétique signalée par Clément et par Huchard) et la vaso- constriclion des membres. - La formaldéhyde, suivant les doses, accélère ou ralentit le cœur, augmente ou diminue la pression artérielle. En injection intra-veineuse - (0 gr.20-0 gr. 50 de formaline diluée à 1 p. 100 dans del’eau salée, chez des À chiens de 15-20 k.), elle exerce une vaso-constriction extraordinairement intense sur le rein, bientôt suivie par une puissante vaso-dilatation pro- À gressive qui persiste jusqu à l'injection d'une nouvelle dose d'aldéhyde, 4 celle-ci amenant à nouveau la production des mêmes phénomènes. La à vaso-constriclion est de nature périphérique. La vaso-dilatation doit t sans doute s’interpréter comme élant de nature paralytique. Le foie et Fi le cerveau subissent des variations de volume de sens inverse, mais dont l'intensité est loin d'être comparable à celle des variations rénales. L'action sur le rein paraît donc spécifique. Les détails et graphiques se rapportant à ces divers faits se trouvent dans un mémoire, actuellement sous presse aux « Archives internatio- nales de Pharmacodynamie et de Thérapie ». (Laboratoire de physiologie et laboratoire des cliniques de la Faculté de médecine de Montpellier.) 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA DÉTERMINATION AU MOYEN DES CONDENSATEURS DE LA FORMULE D'EXCITATION D'UN NERF OU D'UN MUSCLE, par M. J. CLuzer. Pour caractériser complètement lexcitabilité d’un nerf ou d'un muscle il est nécessaire de déterminer sa formule d’excitation, c’est-à- dire de déterminer les valeurs que prennent les coefficients « et b de la formule de Weiss (Q — a + bt) dans le cas considéré. Ces coefficients ont été mesurés jusqu'ici en employant une onde de courant continu, bien délimitée par le procédé de l'interrupteur balistique (à balle ou à poids tombant en chute libre). Or, cette méthode, qui demande une installation assez complexe, est peu pratique dans les laboratoires et est absolument inappliquable à l'électrodiagnostic. En utilisant l'onde de décharge des condensateurs on peut employer d’autres procédés, plus commodes en général. En effet, j'ai déjà montré que, si l’on détermine la décharge optima, c’est-à-dire si l’on détermine la capacité C’ et le potentiel de charge V' qui donnent le seuil de l'excitation avec le minimum d’énergie, on a Re = 0 CUT Si l’on mesure la résistance R par les procédés habituels, ces for- mules donnent les valeurs de a et 6. Ce procédé est relativement long et nécessile un grand nombre de condensateurs, surtout pour l'examen clinique, puisqu'il faut chercher par tâtonnement la décharge optima; la méthode suivante est préférable dans la plupart des cas. Prenons quatre condensateurs de capacilés aussi différentes que possible; soient C,C,C,C, les capacités rangées par ordre de grandeur croissante. Cherchons pour quel voltage chaque condensateur déter- mine le seuil de l'excitation; soient VV, VV, les nombres otenus. Les deux égalités (1) V 1 1 ESS re A 7 ee ne 3 V, Venere (oem 0) permettront alors d’avoir a et DR, b par suite aussi si l’on mesure R. Ainsi donc, on peut, au moyen des deux procédés ci-dessus, déter- (4) Ces égalités se déduisent de la formule V— ORLV = «+= qui relie, comme je l’ai montré, le potentiel de charge V et la capacité C pour toutes. les décharges produisant le seuil de l'excitation. Dans cette équation a = bR (1 — LR). SEANCE DU 23 FÉVRIER 301 — miner la formule d’excitation en mesurant soit V'et C' (procédé de la décharge optima), soil V.V,V.V, (procédé des quatre condensateurs). Mais on peut aussi déterminer la formule d'excitalion d’un nerf ou d'un muscle qui à été étudié au moyen des condensateurs en utilisant _ les nombres publiés par les expérimentateurs.Je me contenterai ici de donner quelques exemples de ce second mode de détermination. Exrérience de L. Hermann (Pflüger's Archiv, mars 1906), nerf sciatique de grenouille. Par le procédé de la décharge optima ONRODPIEN ER UNS Me ame de laure bR — 46,5 millivolts a — 0,00117 microcoul. Par le procédé des 4 condensateurs (CSOOMD 010 1 MEMICrO) EME. bR — 46,2 — a — 0,00119 — Expérience de Dubois (Arch. des Sc. phys. et nat. de Genève, t. XXIV, p. 619), nerf médian de l’homme. Par le procédé de la décharge optima OT ATTGNMRNRMENNERRPARERRES DR — 10 volts QE 10729 microcoul. Par le procédé des 3 condensateurs (DOM 0 M EMICrO MR) TE NN DR 0977 — a — 0,28 — EXPÉRIENCE de M. et Mn° Lapicque (C. R. de la Soc. de Biologie, 1907). Par le procédé des 4 condensateurs (0,01 0,02 0,1 0,5 microf.), on obtient : 120 250 DRUGNINOIN)ENREMMER REe Cm LEO TA LEE) 0,174 HR(ETEMICTOCOU) 2 FE Re en Aa ONU ANT 0,0133 Dans toutes ces expériences il serait facile d’avoir b si R était connu. La méthode des quatre (ou des trois) condensateurs ne donne de bons résullats que si toutes les mesures effectuées présentent une grande exactitude; aussi son application est délicate, quelquefois même impos- sible dans les recherches cliniques. Le procédé suivant, beaucoup moins précis il est vrai, est toujours d’un emploi facile. On détermine approximativement #R et b en cherchant le voltage et l'intensité du courant continu qui, après fermeture, détermine le seuil de l'excitation. Avec un condensateur de capacité quelconque mais connue C on cherchera ensuite le voltage de charge qui donne le seuil ; la formule V — BREV — à + n cilée plus haut, donnera alors a. Pour éviter la résolution de cette équalion, on peut construire une table à double entrée donnant les valeurs de a qui-correspondent à toutes les valeurs que peuvent prendre V et bR pour la capacité choisie. En résumé on peut déterminer la formule d’excitation d’un nerf ou d'un muscle au moyen des condensateurs, soil par des méthodes pré- cises (procédés de la décharge optima et des quatre condensateurs) 302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE utilisables pour l’électrophysiologie et pour l’électrodiagnostic, soit par une méthode approximative (emploi du courant continu et d’un conden- sateur) utilisable dans les recherches qui ne comportent pas une grande précision. SUR LA PRÉCISION DANS LA QUESTION DU RYTHME DES MARÉES, par M. Louis LAPICQUuE. À la séance du 22 décembre, c’est-à-dire il y a deux mois, je demandais à M. Bohn, à propos du rythme des animaux littoraux qui m'intéresse très sincèrement, je l'en assure, un renseignement complémentaire. Ma question me semblait aussi simple que naturelle; craignant de l'avoir formulée avec insuffisamment de clarté, je la rédigeai pour la repro- duire à la séance suivante, et je ne crois pas avoir, dans l’expression de: ma curiosité, manqué à la courtoisie, même à la courtoisie toute spé- ciale due à un futur collègue. M. Bohn le prit sur un ton de polémique plutôt acerbe; comme il m'avait informé personnellement qu'il lui faudrait quatre notes pour s'expliquer, j'ai patiemment attendu. La quatrième note vient enfin de : paraître la semaine dernière, et elle me laisse un peu dérouté. Si je ne cherchais qu'un plaisir d’agonistique, comme semble le croire M. Bohn, je n'aurais pas lieu de me plaindre, car il me serait facile de triompher. La première nole de M. Bohn (1), malgré les pointes contre moi dont elle s’assaisonne, est simplement la répétition de ma question; elle étale, il est vrai, tout au long, un calcul que j'avais fait pour mon compte et dont je n'avais donné que les résullats généraux, car c’est un calcul élémentaire que tout homme, muni du certificat d’études pri- maires, peut reconstituer en une heure, sans chercher de documents au delà de l'annuaire des marées, voire même de l’almanach Hachette. Au moins, J'avais espéré que ce tableau marégraphique, un peu superflu, était l’'amorce d'une comparaison rigoureuse. Mais ce tableau représente les marées du Pas-de-Calais en septembre 1906, et, dans sa seconde note (2), M. Bohn aborde les phénomènes bio- logiques par des observations recueillies. dans la baïe de Saint-Malo, en septembre 1903! Ici, nous trouvons deux petites séries des données que je désirais; au premier aspect, elles sont contraires à ce que j'avais supposé probable; mais, quand on regarde de prés, outre des irrégu- larités considérables que d’ailleurs M. Bohn ne cherche pas à dissimuler, (1) Socidté de Biologie, 29 décembre 1906, p. 708. (2) Société de Biologie, 19 janvier 1907, p. 51. Le ln à) SHANCE DU 23 FÉVRIER 303 on remarque que les deux séries, étiquetées l’une vive-eau, l'autre morte- eau, présentent non pas l’une une accélération, l’autre un ralentissement, comme le dit M. Bohn, mais en réalité une varialion de même sens; dans toutes les deux, l'intervalle entre deux basses mers consécutives va en décroissant ; elles sont donc dépourvues de toute valeur démons- tralive ; la contre-épreuve fait défaut. Avec des phénomènes aussi imprécis que ceux-là, en choisissant ar- bitrairement un petit nombre d'exemples parmi des documents nom- breux, on doit pouvoir fournir des simili-démonstrations pour deux thèses contradictoires. L’étonnant, c’est que M. Bobn n'ait pu trouver dans ses cahiers, des séries plus probantes pour la thèse qu'il avait choisie. Et pourtant, après ces deux petites séries sur les Convolula, M. Bohn est obligé, dans sa troisième note (1), de faire appel à un collaborateur et d'abandonner déjà les animaux, se rejeter sur les Diatomées. Il s’agit de Pleurosigma, qui semblent se comporter comme les Convoluta; ce n'est pas seulement l’oubli de leur nom spécifique qui enlève à cette note tout caractère de précision (2). On lit en effet dans les Conclusions : « En grande marée, les Diatomées observées sortent deux fois par jour, quatre heures en moyenne chaque jour (deux heures avant et deux heures après la mer basse). » Et dans le tableau justificatif, la première observation complète que l'on rencontre, celle qui se rapproche le plus de la grande marée, montre que les Diatomées sont rentrées dans le sable, non pas deux heures après la mer basse, mais quatorze minutes avant! La quatrième note (3) ne donne plus de chiffres; elle s'intitule mélancoliquement : Sur l'impossibilité d'étudier avec une précision mathé- matique les oscillations de l’état physiologique chez les animaux hittorawx. Ce litre résume bien ce que je pensais au début de la discussion ; mais il m'avait suffi d'esquisser ce point de vue dans ma question pour me faire traiter d'esprit simpliste à idées préconçues. Le tropisme de M. Bohu vis-à-vis de cette conception aurait-il changé de signe? Je crains que non, car, dans celte même note, il est constamment question de courbes, de dérivées, de maxima. Il faudrait pourtant renoncer à appliquer les procédés mathéma- tiques, du moins le jargon mathématique, à des grandeurs non mesurées. Je suis convaineu, je le reconnais volontiers, que les phé- nomènes vitaux se résolvent en des phénomènes physiques quand ‘on les a suffisamment étudiés, et qu'alors il est utile, nécessaire même, d'employer l’analyse mathématique, maïs l'application prématurée de la mécanique est plutôt faite pour obscurcir les questions. (4) Société de Biologie, 26 janvier 1907, p. 121. (2) M. Pierre Fauvel. Société de Biologie, 16 février 4907, p. 242. (3) Société de Biologie, 9 février 1907, p. 211. 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C'était dans ce sens que j'avais présenté à M. Bohn, dans un entretien particulier, quelques objections sur une de ses notes précédentes. J'aurais aimé, prétend M. Bohn, faisant allusion à cet entretien (1), que les oscillations de son Actinoloba fussent pendulaires. Puisque M. Bohn ne comprend pas la figure de rhélorique consistant à regretter que les phénomènes ne suivent pas les formules qu’il en donne, je reprendrai la forme directe; ce que j'aurais aimé, c’est que M. Bohn ne parlât pas d’oscillations qui s’amortissent (2), quand il s’agit de mouvements vague- ment quelconques. # | Mais ce que j'aurais aimé, en fin de compte, c’est être renseigné d’une façon ferme, objective, utilisable dans un enseignement, sur les phénomènes curieux que M. Bohn nous fait entrevoir. Eh bien, je suis plus perplexe qu'il y a deux mois. J'ai peine à croire, disais-je en substance dans ma première note, que les animaux des plages puissent, une fois soustraits à l'alternance des marées, en reproduire avec précision le rythme, qui est compliqué. Si on laisse de côté le cas spécial des actinies (que M. Bohn traite sommairement dans une affirmation sans preuves), la question portait sur une demi-heure par jour. « Toutes les courbes représentant les oscillations des animaux supra- littoraux, répondait d’abord M. Bohn, sont intermédiaires entre la sinu- soïde représentant les mouvements régularisés de la marée et la sinu- soïde irrégulière représentant les mouvements réels de la marée. » Mais dans les exemples choisis comme justification, nous trouvons des incertitudes de une heure ou deux par période de douze heures! Je n'ose plus demander d’éclaircissements. Je préfère attendre de pouvoir interroger directement les animaux littoraux. VISION ENTOPTIQUE DE CERTAINS ÉLÉMENTS DU CORPS VITRÉ, par M. E.-P. ForTin. Tout le monde a observé, projetés soit sur le ciel, soit sur le champ du microscope, des corpuscules et des filaments ayant souvent l'aspect de cordons de perles et ressemblant assez à des chaînes de streptocoques. Dans son optique physiologique Helmholtz décrit un grand nombre d'éléments visibles entoptiquement dans le vitré. — Il signale entre autres des cordons de perles, tout en indiquant que Duncon ne put jamais les voir. Voici les indications qu'il donne à leur sujet. (1) Société de Biologie, 29 décembre 1906, p. 708. (2) Société de Biologie, 17 novembre 1906, p. 422. SEANCE DU 23 FÉVRIER 303 « Leur largeur est de 1/33et de 1/90 de millimètre, leur longueur de À à 4 millimètres. Les plus étroits sont ordinairement les plus rappro- chés de la rétine, les plus larges et les plus obscurs en sont plus loin, celte distance variant de 1/4 de millimèlre à 3 millimètres. Leur genre de mouvement est le plus souvent semblable à celui des cercles décrits plus haut cependant, ils sont quelquefois fixes ; quelques-uns sont isolés, d’autres sont reliés à différents objets. Ils répondent à des filaments garnis de noyaux (fig. 79), et que le microscope permet de reconnaitre !. » Cette description et surtout la figure qui l'accompagne ne me parais- sent répondre exactement ni à ce que j'ai observé personnellement n1 aux dessins que j'ai demandés à différentes personnes. Pour bien examiner les éléments en question, je conseille de percer dans un carton noir de fins trous d’épingle très rapprochés les uns des autres. Le carton ect placé devant et tout contre l’œ1il. Celui-ci regarde au travers des trous dans la direction d’un large verre dépoli très vivement éclairé par transparence. On arrive également à bien les voir au lravers d’une petite pierre transparente à facettes multiples encerclée dars un large anneau opaque. C'est grâce à un dispositif analogue que les histologistes les voient si facilement au microscope. Les cils de leurs paupières forment de fins réseaux au devant d’une ouverture, celle de l’oculaire. Par ces procédés les filaments sont visibles très distinctement et où peut très bien les étudier. . Dans aucun cas ils ne m'ont paru ressembler au dessin contenu dans l'ouvrage d'Helmholtz. Toujours le diamètre du filament restait constant d’une extrémité à l’autre, les différents segments d’un même filament ne variaient pas d'épaisseur. Si parfois on apercevait un renflement grâce à la méthode indiquée plus haut on ne tardait pas à se rendre compte que le renflement n’est qu'apparent, qu'il est dû à un pelotonnement du filament sur lui- même. Je crois même pouvoir affirmer que la plupart des mouches volantes. lesquelles inquiètent tant les neurasthéniques, ne sont autres que les pelotonnements en. question. Presque toutes les fois que j'ai pu bien observer une mouche volante, je crois y avoir reconnu un filament en- chevêtré. La longueur de ces filaments dépasse certainement en moyenne de plusieurs centaines de fois leur largeur. Tantôt leur direction est recti- ligne, tantôt elle présente des sinuosités, ce qui porte à croire qu ils sont assez flexibles. Ils sont de plus très mobiles et retombent après chaque mouvement de l'œil. Leur axe est transparent alors que leurs bords se dessinent comme (1) Helmholtz. Optique physiologique. AE 306 3 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE deux lignes sombres. Ils ressemblent assez à de fins vaisseaux, et con- tiennent parfois des petits disques brillants, ce qui leur donne alors l'aspect des colliers de perles. Helmholtz les considère comme des fila- ments garnis de noyaux. on En dehors de ces filaments l'examen entoptique révèle la pré- sence d'une foule considérable de petites sphères brillantes, celles-là isolées. | L'aspect granité reproduit dans la figure suivante de l'ouvrage - d'Helmholtz est dû à la multitude de-ces petites sphères et vésicules de réfringence variable ressemblant à des grains de semoule. Comme tous ces éléments : filaments, cordons de perles, petites sphères brillantes ont des diamètres d'ordre de grandeur sensiblement le même, il ne serail pas impossible qu'il existât entre eux une liaison ontogénique, les derniers résultant de la désagrégation des premiers. Il serait intéressant de savoir ce que deviennent ces éléments au cours du glaucome et des maladies du vitré. Il serait également intéressant de savoir le rôle qu'ils jouent. en diffusant la lumière à l’intérieur de l'œil. : EXTRACTION DE LA BILIRUBINE DU PLASMA DU SANG DE CHEVAL, par M. AzBErr Ranc. Divers auteurs ont signalé la présence de la bilirubine dans le sérum du cheval et attribué, pour une partie, à cette substance, la coloration jaune du sérum. D’autres ont attribué cette couleur à une lutéine existant à l'exclusion du pigment biliaire ou coexistant avec lui. J’ai repris cette question sur les conseils de M. Dastre. Préparation du plasma. — Le sang est reçu dans un vase contenant 2 grammes pour 1.000 centimètres cubes de sang d’oxalate de soude mélangé avec 50 centimètres cubes d’une solution de chlorure de sodium à 7 gr. 5 pour 1.000 centimètres cubes d’eau. On abandonne au repos, on décante et on centrifuge la partie supé- rieure. Ainsi préparé, le plasma se présente sous l'aspect d’un liquide lim- pide et de coloration jaune ambrée. Æxtrait alcoolique. — À 1.000 centimètres cubes de plasma, on ajoute 2.000 centimètres cubes d'alcool à 95 degrés. Il se forme immé- diatement un précipité que l’on divise assez finement par des agitations énergiques et répétées. Cette suspension abandonnée douze heures se sépare en deux par- ties : Un précipité blanc jaunâtre et une liqueur limpide de couleur jaune d’or. On isole cette liqueur par filtration. 4" : ; J " SÉANCE DU 23 FÉVRIER 307 Extrait chloroformique. — On étend le liquide alcoolique de son volume d'eau distillée et on l’agite dans une boule à décantation avec 100 centimètres cubes de chloroforme pur. On laisse reposer, et-on recommence cette opération jusqu'à ce que ce liquide alcoolique ne soit plus coloré. On décante la couche chloroformique qui est colorée en jaune d'or. Précipitation de la bilirubine. — La solution chloroformique ayant été concentrée dans un ballon à tubulure latérale, muni d’un réfrigérant, , permeltant la récupération du chloroforme, est placée dans un verre de Bohême de 50 centimètres cubes. Elle représente un volume d’en- viron 20 centimètres cubes. On ajoute alors 40 centimètres cubes d'alcool à 95 degrés. On chauffe quelques instants au bain-marie, et, quand le volume total est environ réduit d’un tiers, on abandonne au refroidissement. Il se précipite une poudre rouge. On filtre. Le filtrat est jaune légè- rement vert par suite de la présence de produits d’oxydation de la bilirubine qui se sont formés pendant ces ébullitions répétées à l’air et à la lumière. Le précipité rouge redissous dans le plus petit volume de chloro- forme laisse crislalliser, par refroidissement lent, à la température du laboratoire, la bilirubine sous forme de petites aiguilles d’un beau rouge. Caractères de la bilirubine ainsi préparée. — Ces caractères ont été étudiés comparativement avec ceux de la bilirubine obtenue à partir des calculs biliaires. 1° Aspect antérieur : identique ; 2° Solutions chloroformiques à 1/50.000 : identiques ; 3° Réaction des carbonates alcalins : identique; 4° Réaction avec l'acide nitrique fumant : identique; »° Réaction avec la solution d'iode : identique ; 6° Réaction avec l’acide diazosulfanilique : identique. (Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) -* L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DES FACTEURS DU SOMMEIL NORMAL. LA MÉTHODE, par M. HENRI PIÉRON. La question physiologique du sommeil ne cesse de s'enrichir de théories nouvelles plus ou moins ingénieuses, et l’on peut bien consi- dérer comme probable que, dans un tel amas de conceptions, il s’en ren- contre contenant une part importante de vérité. 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mais on ne peut espérer apporter une solution au problème que par des faits, et c'est dans le but d'obtenir des faits capables de faire avancer celte solution que j'ai entrepris une étude systématique des facteurs possibles du sommeil. J’ai laissé provisoirement de côté la question du mécanisme du som- meil, m'adressant exclusivement à celle de ses causes ; avant de recher- cher comment agissent les facteurs, il m'a paru utile en effet de déter- miner les facteurs qui agissent. Plusieurs méthodes s’offraient alors, entre lesquelles il fallait choisir. É / 1° En premier lieuil peut paraître assez séduisant de chercher, d’après les uggestions que nous offrent des observations déjà nombreuses, dans quelles circonstances il est possible de produire expérimentalement un état de sommeil et d’en faire l’analyse précise. Gelte voie a été tentée assez souvent, mais elle est absolument sans issue. En effet, elle a comme point de départ cette pétition de principe que tous les états analogues au sommeil sont pro- voqués par les mêmes facteurs que le sommeil normal. Or cette pétition de principe est en même temps une erreur d'observation. L'état de sommeil, c’est-à-dire d’obnubilation cérébrale dans lequel l'attention sensorielle et la motricilé volontaire sont plus ou moins complètement abolies, cet état appa- raît sous les influences les plus diverses avec des transitions insensibles vers le coma. Dans l’anémie ou la compression cérébrale, dans diverses intoxications, dans certaines tumeurs cérébrales, dans la trypanosomiase pro- voquée chez l’homme parle Tr.gambiense, sous l'influence du froid dans les montagnes, sous l’action des courants alternatifs, des sérums névrotoxiques et de nombreux hypnotiques et anesthésiques, apparaît un état dit de sommeil, auquel l'individu ne peut en général se soustraire. Le sommeil hibernal, qui se produirait par accumulation de CO0?, le sommeil estival, nous présentent d’autres aspects biologiques de cet état, sans parler des phénomènes d’hypnose. Il est possible que le mécanisme de ces divers facteurs offre de réelles ana- logies dans leur action inhibitrice sur les fonctions de certains centres. Mais rien ne permet d'en tirer une indication quelconque sur les facteurs qui pro- voquentle sommeil périodique. 20 Une seconde méthode consiste alors à étudier un animal endormi, à rechercher les modifications profondes qu’il présente par rapport à un animal éveillé, et à analyser ces modifications. C’est à cette méthode qu'ont fait appel les histologistes qui ont cru voir chez l’animal endormi une rétraction des neurones; on ne pouvait de cette manière rendre compte que du mécanisme et non des facteurs du sommeil normal. On sait d’ailleurs que l'interprétation était erronée. En réalité, chez un animal endormi, sacrifié, il n’y a aucune modification des cellules corticales par rapport aux cellules d’un animal éveillé (Stefanowska). On peut ajouter que toutes les modifications physiologiques constatées dans le sommeil sont une conséquence de l’inertie cérébrale, et qu'aucune ne se manifeste au préalable, comme cause. Cela a amené à une conception psy- chologique du sommeil. On s'endort, a dit M. Claparède, dans la mesure où AENPE Te SÉANCE DU 23 FÉVRIER 309 : a — l'attention «se désintéresse ». On peut admeltre encore avec Brown-Séquard un phénomène d'inhibition, d’origine cérébrale, de. certaines fonctions (volonté et attention). Mais s’il n'y avait qu’un phénomène psychique dans le sommeil, il serait possible de ne jamais dormir. Or, l'insomnie est mortelle. Les prétendues insomnies pathologiques se rencontrent chez des sujels somnolents qui ne dorment jamais parce qu'ils dorment constamment. Et on peut faire mourir un chien sans le fatiguer, en l’empêchant seulement de dormir, au bout d’un temps variable, n'excédant jamais vingt jours. On meurt plus vite de privation de sommeil que de pri- vation d'aliments, et il y avait là un supplice usité chez les Chinois. En réa- lité notre sommeil quotidien résulte d’une habitude acquise, d'un rythme par anticipation, et précède, comme je l'ai déjà signalé, les facteurs physiologiques capables de l’imposer (1). 30 [l fallait donc, dès lors, s'adresser non au sommeil quotidien, évitable, mais au sommeil impératif. A. - Je cherchai d’abord à produire le besoin impératif de sommeil par la fatigue musculaire, eu faisant travailler des chiens à la roue. Mais la fatigue provoque parfois des phénomènes d’excitation et n’entraine pas nécessaire- ment le besoin de sommeil (2). B. — Il ne restait alors qu'une méthode, celle qui consiste à attendre l'apparition du besoin impératif de sommeil, en empêchant des chiens de dormir sans les fatiguer, ce que je fis en confiant les animaux pendant la nuit au veilleur général de Pasile de Villejuif qui les emmène dans ses rondes à l'intérieur des quartiers et ne les laisse pas se reposer, et en les faisant attacher pendant le jour par une chaîne trop courte pour qu’ils puissent s'étendre, des excitations répétées d'un certain nombre de personnes empé- chant l'engourdissement. Tel est le matériel d’études que j'ai adopté. J'indiquerai prochaine- ment la série d'expériences entreprises et l’état actuel du problème, dont Je compte poursuivre la solution. (Travail des laboratoires de physiologie de la Sorbonne el de psychologie expérimentale des Hautes-Etudes, à Villepuif.) (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 19 janvier 41907, t. LXIL, p:86. (2) Le sang des animaux fatiyués ne reproduit pas, par injection à un autre a' imal, les symptômes de la fatigue. On sait d’ailleurs que, d’après les tra- vaux de Wolfgang Weichardt (Archiv jür Physiologie, 1905, 1-2, p. 219-229), les toxines de la fatigue seraient exclusivement intramusculaires. 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR UN SPOROZOAIRE PARASITE DE L'HUITRE PERLIÈRE, Was ‘garitifera vulgaris JAN. SON RÔLE DANS LA FORMATION DES PERLES FINES, par M. RAPHAEL Dupors. En 1871, Garner a trouvé, en Angleterre, que les perles de Mytilus edulis étaient dues à la présence d’un dislome parasite. En France, en 1901, j'ai montré qu'il en était de même sur les côtes de Bretagne, à Billiers, où M. d'Hammonville avait découvert des moules perlières sans pouvoir trouver la cause de la formation des perles. En 1902, M. Jameson a confirmé l’exactitude de ces constatations et les a ui dans un important travail (1). Il était naturel de penser qu’en raison de l’étroite parenté des mytilidés et des oniculidés, des moules et des huîtres perlières, il serait possible de provoquer la distomatose perlière chez ces dernières, en les plaçant dans des milieux où les moules deviennent naturellement perlières. J'ai bien constaté que dans ces milieux Margaritifera vulgaris pouvait produire nn plus de perles que dans d’autres (2). Mais, jusqu’à présent, je n'ai pu découvrir le moindre distome dans mes pintadines, - bien que M. Comba ait écrit qu’il avait obtenu des perles fines par ino- culation de ces vers. Je poursuis mes expériences et Je serais heureux que celles-ci puissent confirmer celles du savant italien. En attendant, j'ai examiné, après décalcification au moyen du ide de Pérényi, qui est en même temps un excellent fixateur, un grand nombre de perles nées soit sur la côte tunisienne, soit sur notre Httoral, soit même dans le laboratoire de Tamaris, et j'avoue que j'aiété surpris et même assez découragé pendant un certain temps en ne découvrant (1) J'ai été péniblement surpris de trouver la phrase suivante d’un écrivain français pourtant parfaitement au courant de la bibliographie de la question : « La théorie parasitaire à acquis une grande faveur à la suite de travaux publiés ces dernières années. Jameson a montré que la formation des perles chez les moules (mytilus edulis) est due à l'irritabilité déterminée par certains cercaires de distomes. » V. Les perles, in La science au XX® sûècle, 15 avril 1906, par L.-G. Seurat. Or, l’auteur anglais, M. Jameson, n'avait pas omis de citer ma publication dans son travail sur le même sujet, antérieure par conséquent à la sienne. Les bibliographies incomplètes sont plus. fâcheuses que l'absence de toute bibliographie. C’est l’une d’elles qui m'a empêché de citer le travail de Garner, quand il l'aurait fallu. : (2) Sur l’acclimatation et la culture des pintadines ou huîtres perlières vraies sur les côtes de France et sur la production forcée des perles fines. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 19 octobre 1903. 4 _dhtiite che: SÉANCE DU 23 FÉVRIER 311 dans les noyàux de ces perles que des débris informes de cellules qui pouvaient venir aussi bien du mollusque que d’une infection parasitaire. Ces jours derniers, pourtant, en examinant une toute jeune perle, tout à fait au début de la calcification, j'ai reconnu que le noyau était formé par une toute petite outre renfermant un grand nombre de cel- lules très bien conservées. Il ne m'a pasété difficile alors de reconnaître dans ces cellules celles sur la nature desquelles je n'avais pu être fixé ‘dans mes recherches antérieures. C'étaient des spores de sporozoaires enkystées. M. Fred Vlès, qui travaille en ce moment au laboratoire, est d'avis qu 1] ne saurait y avoir aucun doute à cet égard. Le petit kyste était logé dans l'épaisseur du manteau, au lieu d'élection ordinaire des perles : il était ovoïde et son extrémité la plus étroite portait une sorte de goulot court pouvant le mettre en communication avec l'extérieur. Par pression sur le couvre-objet, après décalcification, le kyste s’est ouvert, laissant échapper de ses parois anystes une grande quantité de spores de sporozoaires que le picro-carmin a pu colorer légèrement au bout d'un assez long temps. La plupart avaient une forme légèrement ovoïde; toutefois on distinguait parmi elles deux ou trois individus plus grands, dont la forme rappelait celle des distomées. Mais il ne fallait pas songer à l'intervention de ces algues, dont le mode de reproduction est bien différent, et, d’ailleurs, ces formes se retrouvent chez certains sporozoaires adultes. _ Ces corpuseules doivent être très voisins, sinon identiques à ceux qui ont été découverts par M. Alfred Giard dans des distomes parasites de certains pélécypodes perliers (1) et qui ont été éludiés par M. Louis Léger (2). : Ii est curieux de rapprocher cette constatation de cette phrase de M. Alfred Giard : ce sont ces distomes malades et gonflés de parasites qui deviennent le point de départ de productions perlières (3). Enfin, ces mêmes sporozoaires ou d’autres voisins se rencontreraient aussi, d'après Monnier, cité par Louis Léger, dans divers tænias. On peut se demander si ce ne serait pas le parasite du parasite du mollusque qui produirait la perle. En tout cas, ce qui n’est pas douteux, c’est que les noyaux de certaines perles fines de pintadines ou « mères perles » sont formés par des kystes de sporozoaires. (1) Sur un distome (Brachicælium sp.) parasite des pélécypodes. Comptes rendus de la Société de Biologie. IV, sér. 10, p. 956, 1897. (2) Ibid., p. 956-57. (3) AF AS, Ajaccio, 1"° partie, p. 140. Congrès de 1901. 912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LES RAPPORTS ENTRE LES CONDITIONS PHYSIOLOGIQUES ET LES MODIFICATIONS HISTOLOGIQUES DES CELLULES CÉRÉBRALES DANS L'INSOMNIE EXPÉRIMENTALE, par MM. RENÉ LecenpRE et HENRI PIÉRON. Au cours de recherches sur les résultats de l’insomnie expérimentale, nous avons constaté, dans deux cas où l'examen histologique de l'écorce cérébrale a élé fait, des rapports assez élroits entre l’élat physiologique des animaux et leurs modifications cellulaires. Ogservarions. — 1° Chien de 13 kilogr. 200. Empêché de dormir du matin du 18 novembre au 24 novembre 1906, au matin : obligé de marcher toute la nuit ; attaché le jour assez court pour qu'il ne lui soit pas possible de se cou- cher et tenu en éveil par des excilations fréquentes de plusieurs personnes. Appétit altéré, surtout au début, mais l'animal a continué de s’alimenter jus- qu'au dernier jour. Sacrifié le 24 par strangulation, à 11 heures du matin, après saignée au maximum avec anesthésie locale à la cocaïne (prise de sang dans la fémorale). Le dernier jour, le chien était incapable de se maintenir debout et faillit même s’étrangler en s’assoupissant, le fléchissement des pattes ayant amené la suspension du corps par le collier. Cependant il était possible, par des excitations, de retenir quelques instants son attention. Des fragments de son cerveau (lobes frontaux et occipitaux) ont été prélevés aus- silôt apres la mort et placés dans le formol à 10 p. 100. Examen histologique. — L'examen a porté surtout sur les grandes pyrami- dales. Lésère augmentation du volume des cellules et des noyaux; nucléoles excentriques renfermant plusieurs vacuoles non colorables; chromatolyse périnucléaire; varicosités des dendrites d'aspect vacuolaire (1). Presque toutes les cellules présentent ces altérations, constatées par la méthode de Nis-1 modifiée par Lenhos= 1 Voici enfin quelques documents établissant que, depuis longtemps, les sels de calcium ont été employés avec efficacité dans le traitement de l’albuminurie et des affections rénales. Küchenmeister en 1868 (Oesterreische Zeitschrift für praktische Heil- kunde) à donné l’eau de chaux dans la néphrite aiguë scarlatineuse. Il a obtenu une augmentation de la diurèse, une diminution de l’albumi- nurie, une résorption rapide de l’anasarque. La même année, Baudon (Pulleiin de thérapeutique) a obtenu au moyen de l'iodure de calcium la guérison d’un cas extrêmement grave de néphrite. Il y a plus de soixante ans, Stromeyer vantait les résultats merveilleux de l'emploi du phosphate de chaux dans les hématuries de toute nature et, s'inspirant de son exemple, Caspari en 1872, Engelsberg en 1873, citaient des guérisons non moins remarquables. Signalons encore la richesse en sels de calcium (su//ates et carbonates) des eaux minérales réputées efficaces dans le traitement des affections rénales. Ces enseignements empiriques concordent, comme on le voit, avec les induclions récentes de la biologie. Nous ne saurions passer sous silence l’emploi dans l’albuminurie et les néphrites des sels de strontium introduits dans la thérapeutique par Laborde et utilisés par Constantin Paul et Germain Sée. Est-il besoin de rappeler la parenté chimique étroite entre le calcium et le strontium, parenté qui n’est pas moins intime en matière expérimentale (Jacques Loeb) ? | INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA TOXICITÉ DES LIQUIDES D HUÎTRES ,] par M. J. BayLac (de Toulouse). _ Rien n’est plus variable que la toxicité des liquides des huîtres ache- tées sur le marché ou à des marchands ambulants. J'ai ainsi obtenu des toxicités de 12, 14, 16 centimètres cubes par kilogramme de poids. Pensant que la température était — comme pour les poissons — l’un des facteurs les plus importants de cette augmentation de toxicité, j'ai exposé différents lots d'huiîtres de diverses provenances à différentes températures pendant des temps variables. J'ai pu constater alors que la toxicité des liquides d’huîtres, qui, dans les premières heures après leur sortie de l’eau, est de 44 centimètres cubes, s'élève rapidement et atteint progressivement 31, 29,18, 14, 12,6 et jusqu'à 4 centimètres cubes par kilogramme de poïds. Après 5 jours à une température inférieure à 10 degrés, la toxicité est de 29 centimètres cubes. 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le C2 Après 3 jours à la température de 10 degrés, la toxicité est de 31 cen- timètres cubes. Les huitres conservées à une température de 18 degrés pendant 48 heures ont une toxicité de 14 centimètres cubes. Celles qui sont maintenues pendant 24 heures à une température de 25 degrés ont une toxicité de 18 centimètres cubes. Après 48 heures à une température de 25 degrés, la toxicité est de 12 centimètres cubes et après une expo- sition de 3 jours, à cette même température, elle s'élève à 6 centimètres cubes. 1 Cherchant à imiter la pratique dangereuse du rafraîchissement, fort en usage chez les marchands au détail, j'ai conservé des huitres à une température de 16 degrés pendant trois jours et, le deuxième jour, je les ai mises pendant une heure dans de l’eau de la Garonne faiblement salée; j'ai alors obtenu une toxicité extrêmement élevée, 4 centimètres cubes par kilogramme de poids. j J'aurais oblenu très probablement des toxicités plus grandes, mais j'ailenu à n'expérimenter que sur des huîtres ayant conservé les appa- rences de la vie (conservation d'une certuine quantité de liquide et de leurs mouvements réactionnels, absence de loute odeur désagréable). Si l’on songe que les huîtres, expédiées loin de leur lieu d'origine, sont rarement consommées avant le 4° ou le 5° jour et qu'elles sont souvent exposées — par suite des mauvaises conditions qui président à leur iransportou à leur conservation — à des températures supérieures à 15 degrés et atteignant parfois %5 degrés, on est autorisé à attribuer, au moins dans un très grand nombre de cas, les accidents gastro-intesti- paux quelles déterminent à cette augmentation de leur pouvoir toxique sous l'influence de la température. Sans doute quelques acci- dents peuvent reconnaître pour cause la présence des microbes patho- gènes provenant des eaux dans lesquelles elles vivent (la fièvre typhoïde d'origine ostréaire est chose possible, bien que difficile à démontrer), mais ce sont là des faits exceptionnels et, d’une manière générale, la nocivité des huîtres est le résultat d’altérations subies par elles après leur sortie de l’eau. | D'ailleurs, comme la plupart des expérimentateurs, j'ai pu constater sinon la disparition, du moins la diminution très grande des micro- organismes dans les huilres au bout de quelques jours. S'agit-il d une action défensive exercée par les phagocytes de l'huitre? Cette explica- tion est admise par quelques auteurs qui considèrent alors l’huître comme absolument inoffensive. Malheureusement, cette diminution du nombre des microorganismes coïncide avec une augmentation très grande de son pouvoir toxique. Il est facile de s’en assurer par des ense- mencements en série sur différents milieux; lorsque les cultures res- tent stériles, les huîtres ont acquis un pouvoir toxique considérable. Aussi, contrairement à l'opinion des auteurs qui déclarent que la noci- SÉANCE DU 2 MARS. 333 vité des huîtres est directement proportionnelle à leur récente extrac. tion des parcs d’origine, je pense que, comme pour les poissons, la fraicheur et le parfait état de conservation des huîtres sont les condi- tions indispensables à leur complèle innocuité, É PART RESPECTIVE DE L'INFECTION ET DE L’INTOXICATION DANS LES ACCIDENTS PROVOQUÉS PAR LES HUITRES. EXISTENCE INDISCUTABLE DES FIÈVRES TYPHOIDES DUES A CETTE INGESTION, par M. ArNozD NETTER. Les expériences de M. Baylac établiraient que les dangers d'intoxica- tion, à la suite de consommation d'huîtres, sont d'autant plus grands que les huîtres sont mangées à distance des parcs (1). Si le danger était aussi considérable, il y aurait lieu de restreindre cingulièrement cette consommation. | Nous ne nions pas la possibilité d’intoxications du fait de l’ingestion des huîtres, mais nous pensons que, dans les faits rapportés par nous à l’Académie de médecine, l’intoxication n’a joué qu'un rôle très minime. Dans la plupart de nos cas, les consommateurs ont été d'accord pour vanter la fraicheur et le bon goût des huîtres. Neuf fois, les huîtres ont été consommées à Cette même, et dans plus de moitié des cas moins de vingt-quatre heures après avoir quitté cette localité. Enfin, nos observations s’échelonnent du 9 octobre au 1° janvier, soit pendant la saison froide. Nous avons précisé le plus souvent possible la date des premiers acci- dents, et dans près de moitié des cas, ceux-ci n’ont paru que quarante- huit heures après l’ingestion. Il y a donc üne période d’incubation, et celle-ci implique l'intervention d’une infection plutôt que d'une intoxicalion. Il convient de relever dans la symptomatologie des phénomènes autres que les vomissements et la diarrhée, et dans plus d'un quart des cus, 33 sur 195, il y a eu des fièvres typhoïdes. Depuis le 5 février, de nombreuses observations nouvelles nous ont été commmuniquées, dans lesquelles la proportion des typhoïdes est plus élevée encore. Quelques-uns de nos contradicteurs, sans nier l'existence des faits de typhoïde, se tirent d’afaire en les tenant pour très rares. Il convient de s'expliquer sur ce point. Si l'on veut dire que la plupart des sujets atteints de typhoïde n’ont (1) Observations faites le 16 février, à la suite des communications de M. Baylac, 334 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pas mangé d’huîtres, nous ne le contesterons point. Mais si l’on prétend que les sujets qui mangent des huîtres polluées par les matières fécales ne sont pas exposés à contracter la typhoïde, nous protestons énerpi- quement. Comment imaginer, du reste, que les bacilles d'Eberth véhiculés par l'eau, le lait ou les légumes, pourront donner la typhoïde, et que dans les corps ou les coquilles des huîtres ils seront inoffensifs. Le nombre im- porlant des cas réunis par nous montre qu'il ne s’agit point de quantités négligeables. La gravité plus grande et la mortalité très élevée de ces fièvres typhoïdes ostréaires imposent encore davantage l'attention sur cette matière. Que peuvent toutes les contestations et dissertations contre le fait suivant qui peut soutenir la comparaison avec l'expérience de labora- toire la plus rigoureuse? 400 huîtres achetées le 4 décembre au soir, à Ed Cette, sont distribuées le 5 à midi à leur arrivée à Autun. Elles sont mangées par 31 personnes les 5 et 6. Sur ces 31 personnes, appartenant à 13 ménages différents, 30 (97 p. 100) tombent malades, 11 (35 p. 100) prennent la {yphoïde, 4 (13,3 p. 100) meurent. 6 personnes qui n’ont pas touché aux huîtres, tout en partageant les repas, ne tombent pas malades (0 p. 100). Les faits d'Autun ont d'autant plus de valeur qu'il n'y a pas de typhoïde dans cette localité, et que les seuls typhiques observés avaient tous mangé des huîtres. Une autre localité, Remiremont, dans laquelle on a relevé la fièvre typhoïde chez un sujet ayant mangé des huîtres, n'avait pas présenté un seul cas de cette maladie depuis plus d'un an, NOTES COMPLÉMENTAIRES SUR LES MOŒEURS DES ARAIGNÉES. 1° INFLUENCE DE LA NUTRITION SUR LA REPRODUCTION D À gelena labyrinthica Gz., par M. À. LÉCAILLON. J'ai montré, dans une note précédente (1), que la femelle de Chira- canthium carnifex, lorsqu'on la place dans des conditions d’alimenta- tion plus favorables que celles où elle se trouve normalement, peut pondre deux fois au lieu d’une seule. J'ai constaté, dans de nouvelles recherches, que cette influence directe de l’alimentalion sur la fécondité est aussi très grande chez d’autres espèces. C’est ainsi, qu’en surali- mentant des femelles d'A gelena lubyrinthica, on peut les faire pondre plusieurs fois de suite (2). Voici les résultats obtenus avec une de ces (1) Sur l'influence de l'alimentation dans l’ovogenèse des Araignées. (Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 1905). (2) À partir du moment où elles ont subi leur dernière mue, c'est-à-dire sont devenues adultes, on peut distinguer deux périodes dans la vie de ces SÉANCE DU 2? MARS 339 femelles placée dans des conditions extrêmement favorables de nutrition: L'Araignée, prête à pondre pour la première fois, fut capturée le 6 août 1906. Dans Ja nuit du 8 au 9 août, elle construisit un cocon qui renfermait 78 œufs. Cette femelle fut alors suralimentée (c’est-à-dire reçut autant d’'Insectes qu’elle en put manger). Dans ia nuit du 15 au 46 août, construction d’un second cocon renfermant 38 œufs. De nou- veau suralimentée, la femelle pondit une troisième fois dans la nuit du 25 au 26 août, mais le cocon ne renfermait plus que 14 œufs. Nouvelle . suralimentation de l’Araignée qui pondit une quatrième fois le 31 août; le cocon ne contenait cette fois que 5 œufs. Toujours suralimentée, lAgélène construisit encore, dans la nuit du 13 au 14 septembre, un cocon de forme irrégulière et de petile taille, mais ne contenant aucun œuf et formé seulement d'un amas de soie. On doit remarquer que la soie qui sert à construire le cocon et la capsule étoilée qui entoure …. celui-ci est une soie spéciale, d’une blancheur éclatante, différen'e de - celle qui sert à construire la loile. La suralimentation de l’'Araignée, en - même temps quelle provoque la formation de nouveaux œufs, provoque - parallèlement celle de la soie spéciale qui est utilisée, lors de la ponte …._ de ceux-ci, pour construire la paroi du cocon et la capsule étoilée. À partir de cette époque, la suralimentation de l’Araignée ne fut plus possible, car celle-ci mangea de moins en moins, malgré les proies abondantes qui lui furent présentées ; elle vécut cependant encore jus- qu'au 16 décembre. Il était intéressant de rechercher si les œufs provenant de ces pontes successives étaient capables de se transformer eu embryons. L'Araignée …. nes'était, en effet, pas accouplée depuis l’époque de sa capture. Je n'ai … suivi que le sort des œufs provenant des deux premières pontes, et “ j'ai constaté qu'ils furent tous féconds. Les spermatozoïdes provenant d’un accouplement ayant eu lieu avant le 6 août avaient donc fécondé …. des œufs pondus après le 15 août, tout aussi bien que ceux pondus - deux ou trois jours après la capture (1). — femelles : une première période, durant environ un mois et demi, pendant —. laquelle elles présentent leur maximum de vitalité (elles s’accouplent, pon- dent, construisent de grandes toiles), et une deuxième période, durant deux ou trois mois, pendant laquelle la vitalité diminue progressivement jusqu'à … ce que la mort survienne. Pendant la première période, elles prennent une quantité énorme de nourriture lorsque celle-ci est abondante; il est alors facile de les suralimenter. Pendant la deuxième période, au contraire, Îles femelles cessent peu à peu de manger et aussi de tisser. (1) Je rappellerai que dans mon observation sur Chiracanthium punctorium, les œufs de la deuxième ponte restèrent stériles, mais cette deuxième ponte avait eu lieu un mois et demi après la première. D'autre part, j'ai constaté que les Agélènes peuvent s’accoupler une quinzaine de jours avant la pre- mière ponte; dans ces deruières Araignées, les spermatozoïdes peuvent donc 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si maintenant l’on se demande ce que peut être la fécondité des femelles d'A gelena labyrinthica qui vivent en liberté, et si l’on a présent à l'esprit ce fait que l'alimentation des Araignées est toujours très irré- gulière, on peut prévoir : 4° que celte fécondité doit être notablement plus faible que dans les conditions très favorables réalisées dans les observations rapportées ci-dessus ; 2° qu'il doit y avoir, sous ce rapport, de grandes différences entre les diverses femelles examinées. C'est en effet ce que montre l'observation, ainsi qu'on va le voir dans la suite de cette note. L'Agelena labyrinthica se rencontre dans la plus grande partie de l'Ancien Monde (1), dans les vallées profondes comme dans les hautes montagnes, au bord des ruisseaux comme le long des talus et même des routes ensoleillées. Les divers individus de l’espèce peuvent donc être placés dans des conditions de milieu fort variables et par suite pré- senter eux-mêmes des variations importantes. C’est ainsi que, suivant Walckenaer, Lister compta 60 œufs dans un cocon d'Angleterre, tandis que lui-même en trouva 134 dans un cocon (il s'agissait certainement d'un double cocon) des Pyrénées et 70 dans un cocon recueilli près de Bade. D'après E. Simon, il y a généralement, chez Agelena labyrinthica, deux cocens contenant chacun de 50 à 100 œufs. J'ai, de mon côté, fait quelques recherches sur ce point. J'ai constaté que certaines femelles pondent une seule fois, tandis que d’autres pon- dent deux fois. Dans ce dernier cas, il y a deux cocons dans le même nid. Les deux pontes peuvent se suivre d'assèz près, et alors les deux cocons sont contenus dans une même capsule enveloppante. Parfois elles sont plus espacées et alors le deuxième cocon est placé, comme le premier, dans une capsule spéciale adossée à la capsule principale. Sur 6 nids pris au hasard, deux contenaient un double cocon ; dans un nid à deux cocons, l’un de ceux-ci contenait 85 œufs et l’autre 36. Je n'ai jamais rencontré plus de deux cocons par nid. Le facteur alimentation a aussi une certaine influence sur l’époque de la reproduclion d’Agelena labyrinthica (2). Cette époque est assez variable. Pour Lister, l’accouplement aurait lieu, en Angleterre, au mois de mai (3), tandis que Walckenaer l’a observé, en France, le 19 juillet. Les femelles étudiées dans les Pyrénées, par Walckenaer, du 10 au encore féconder les œufs probablement au moins un mois après l’accouple- ment. Du reste, il peut y avoir de grandes différences, sous ce rapport, entre les différentes espèces. (1) D’après Walckenaer, on la rencontre en Angleterre, en Suède, en France, en Allemagne, en Hongrie. (2) D’autres causes, en particulier la température, influent également. (3) Je considère ce fait comme invraisemblable, car à cette époque les Agé- lènes ne sont pas adultes. | SÉANCE DU 2 MARS 6 fa 23 août, n'avaient pas encore pondu, tandis que celles observées, par le même auteur, à Bade, avaient déjà pondu le 4 août. J.-H. Fabre dit que la ponte des œufs a lieu (Vaucluse) à la fin d'août. J'ai constaté qu'à Jouy (Aisne) les premières pontes avaient lieu le 30 juillet et les der- nières le 26 août (en 1905). En réalité, toutes ces différences sont dues surtout à l'influence de la température et de l'alimentation et aussi au fait qu'il peut y avoir deux pontes successives lorsque les conditions de nutrition sont favorables. En résumé, les conditions de nutrition dans lesquelles sont placées les femelles d’Agelena labyrinthica influent considérablement sur leur fécondité ; elles sont le facteur principal qui détermine les variations que l’on observe dans le nombre d'œufs contenus dans chaque cocon et même dans le nombre des cocons. Elles influent également, dans une certaine mesure, sur l’époque de la reproduction. Elant donné que des faits analogues existent chez les aulres Araignées (et certainement chez beaucoup d’autres animaux) les caractères différentiels lirés du nombre des cocons, du nombre d'œufs renfermés dans ceux-ci, et de l’époque de la reproduction, n'ont pas toujours nécessairemeent assez de valeur pour être considérés comme caractères distinclifs des variétés d'une espèce ou surtout comme caractères distinetifs d'espèces différentes. GLANDE INTERSTITIELLE DE L'OVAIRE ET RAYONS X, (RÉPONSE À MM. BERGONIÉ ET TRIBONDEAU) par MM. P. Bouix, P. ANGEL et F. VILLEMIN. Nous avons dit récemment (1) que, si l’on faisait disparaître les corps jaunes de l'ovaire à l’aide des rayons X tout en conservant son inlé- grité à la glande interstilielle (2), le tractus génital dégénérait et nous avons conclu : 1° L'application prolongée des rayons X sur l'ovaire de la lapine a pour résultat de provoquer l'atrophie des ovocytes et des follicules de De Graaf (confirmation d'Halberstadten, de Bergonié et Tribondeau, de Roulier) et d'empêcher la formation des corps jaunes. s 20 Dans les conditions où nous nous sommes placés, l'application des (1) Société de Biologie, 17 novembre 1906. (2) Rappelons encore une fois que la glande interslitielle se rencontre tout à fait exceptionnellement dans l'ovaire des Mammifères. Ce fait fondamental in lique que son rôle doit être accessoire dans la physiologie génitale de la femelle, au contraire du corps jaune qui existe chez tous les Mammifères. 338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rayons X sur l'ovaire de la lapine n’amène pas l’atrophie de la glande interstitielle de l'ovaire. 3° L'application des rayons X sur l'ovaire provoque l’atrophie du tractus génital tout entier et des mamelons; elle agit donc comme la castration. 4 La glande interstitielle de l'ovaire restant intacte après l’applica- tion des rayons X, l’atrophie du tractus génital ne peut être attribuée qu’à l’absence des corps jaunes. MM. Bergonié et Tribondeau trouvent ces conditions « trop absolues » parce que, d'après eux, la rœæntgenisation de l'ovaire modifie nettement la glande interstitielle. Ils concluent de leurs expériences : « On constate après l’irradiation de l'ovaire une atrophie de la glande interstitielle caractérisée : 1° par la diminution de son volume total; 2° par l’écartement plus grand des nodules qui la constituent; 3° par le rabougrissement des éléments cellulaires. » D'après MM. Bergonié et Tribondeau, la rœntgenisation de l'ovaire amène donc une atrophie de la glande interstitielle, et cela dans tous les s; les auteurs ne font en effet aucune restriction. Dans nos expé- riences, nous avons donc lésé l’interstitielle sans nous en douter et les conclusions tirées de ces expériences sont nécessairement sans valeur. Les rayons X peuvent, à la vérité, amener l’atrophie de la glande interstitielle de l'ovaire; nous n’avons jamais dit le contraire et nous avons eu soin de spécifier (voir notre conclusion n° 2) qu’elle ne s'était pas produite dans les conditions d'expérience où nous nous étions placés. L’atrophie, possible, n’est cependant pas constante. Dans les cas qui ont fait le sujet de notre note il ne s’est Éodits en effet, aucune lésion des cellules interstitielles el encore moins « un écartement des nodules etun rabougrissement des éléments cellulaires ». Aussi sommes-nous certains que la rœntgenisation de l'ovaire ne modifie pas la glande interstitielle dans tous les cas. Tout dépend du mode opé- ratoire, de la durée d'application, de l'intensité et de la nature des rayons. MM. Bergonié et Tribondeau ont lésé l’interstitielle parce qu'ils ont choisi un procédé assez brutal qui consiste à irradier l'ovaire directe- ment après laparotomie ; de notre côlé, nous n'avons créé aucune lésion dans cette glande interstitielle, parce que nous avons rœntgenisé l'ovaire au travers de la peau et des muscles sans faire de laparotomie et que . nous n'avons pas prolongé trop longtemps l'expérience. Cette différence essentielle dans le mode opératoire peut expliquerles différences dans les résultats obtenus. Aussi serait-il prudent de bien varier les conditions des expériences avant d'affirmer que la glande interstitielle de l'ovaire est toujours lésée par les rayons X. Si MM. Bergonié et Tribondeau veulent bien refaire leurs expériences hs, 2 SÉANCE DU 2? MARS 339 en se plaçant dans les conditions que nous avons décrites dans notre note, ils verront qu'on peut faire dégénérer les follicules par rœntgeni- sation sans léser la glande interstitielle et ils pourront se persuader que nos conclusions concernant le rôle du corps jaune ne sont pas « trop - absolues ». CASTRATION DES LIÈVRES PAR LES LAPINS, par M. EmizE TaiERRy. Dans la séance du 5 février 1907 de la Réunion biologique de Bor- deaux, dont le compte rendu est inséré dans le n° 6,22 février 1907, des Comptes rendus hebdomadaires des séances de la Société de Biologie, M. Kunstler a fait une communication sur la castration des lièvres par les lapins. Loin de m'inscrire en faux contre l'observation dont s’agit, je désire seulement la confirmer. En effet, lorsque Eugène Gayot, même avant 1860 et jusqu à 1870, a tenté d'obtenir des léporides par l’accouplement du bouquin avec la lapine ou du lapin avec la hase, il a constaté que la lapine, très méchante pour le lièvre, arrivait à le mutiler au point d'obtenir l’émasculation. Eugène Gavyot a, de plus, constaté que les lièvres ainsi châtrés suc- combaient souvent. Les observations d'Eugène Gayot ont été communiquées, vers 1868, à la Société impériale et centrale d'Agriculture, aujourd'hui Société nalio- nale d'Agriculture de France, dans les bulletins de laquelle on peut retrouver les communications que j'ai l'honneur de signaler. C'est en 1868, après dix ans environs d'essais infruclueux, que Gayot - aurait obtenu des léporides trois quarts sang. Je crois toutefois que les recherches et Les tentatives, postérieures à celles de ce zootechnicien, permettent de douter de ces prétendus succès. SUR DES CAUSES D ERREURS DANS L'EMPLOI DES RÉACTIFS DE TANRET ET DE MILLON, par M. F. REprTox. 3 Nous signalons des causes d'erreurs dans l'emploi des réactifs de …. lanretet de Millon, pensant être utile à nos collègues qui s'occupent de > chimie urologique. 1 A. — Le réactif de Tanret est généralement employé pour la recherche - des matières albuminoïdes et des peptones. 340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La précipitation, à froid, des peptones, — alcaloïdes, — leur solubi- lisation, à chaud, permet d'affirmer leur présence. Le trouble ou la précipitation, à froid, comme à chaud, caractérise les matières albuminoïdes. On affirmera donc, en présence d'une urine donnant à froid la réac- tion positive, à chaud, la réaction négative, à la présence d’alcaloïdes ou de peptones. Nous avons remarqué que cetle réaction, posilive, se produit avec les urates surtout et avec le benzonaphtol. | IL est nécessaire d'isoler les urates, ce qui est facile avec un sel cui- vreux et acide acétique (urale cuivreux insoluble dans acide acétique) et de rechercher, dans le filtratum, la réaction des peptones. Si cette réaction, positive avec le Tanret, est négative avec le biurel, on peut conclure à la présence d'alcaloïdes ou de benzonaphtol. Mais, comme nous l'avons remarqué, les urales sont la principale cause d'erreur. B. — Le réactif de Millon colore en rouge le précipité des matières albuminoïdes ; à l’ébullition, la réaction est complète. Nous avons remarqué que le réactif de Millon précipite aussi : «) la tyrosine, B) et les corps phénoliques ou renfermant le groupe OH du noyau benzolique C—C AMAN ( ù Sd CC Il découle de ceci que le benzonaphtol — et autres composés phéno- liques médicamenteux — donneront cette réaction. A ce propos, nous devons dire que le précipité plus ou moins coloré obtenu avec le Millon et toutes les urines, est dû, non aux chlorures (comme le dit Arthus — in 4° édition de sa Chimie physiologique — 1903, pages 69 et 429), mais aux phosphates urinaires. La coloration du précipité normal des phosphates urinaires est due, ou bien à la tyrosine, ou aux corps phénoliques ou renfermant le groupe OH du noyau benzolique ; on voit donc qu'il ne faut pas conclure à la présence des matières albuminoïdes par ces seules réactions positives avec le Millon. Le Tanret et le Millon doivent donc être maniés avec beaucoup de prudence en urologie. SÉANCE DU ? MARS 341 DESCRIPTION ANATOMO-HISTOLOGIQUE D'UN HÉMIMÈLE, par M. J. SALMoN. L'Hémimélie résulte parfois de processus très complexes, sans aucun rapport avec l’arrêt de développement des auteurs classiques. Le cas suivant en est un remarquable exemple. Le en qui fait l'objet de cette note, et dont il n’est H possible de donner ici qu'une sommaire description, appartient à la collection tératologique du musée de Douai. C'est un chat nouveau-né atteint d'Hémimélie bi-abdominale ; les membres postérieurs, en particulier, sont réduits à deux moignons irès courts, de forme définie. Anatomiquement, chacun de ces moignons se montre constitué par un rudiment osseux allongé, occupant la place d'un fémur normal, entouré d’une masse musculaire que recouvre la peau. Tous les muscles de la cuisse, presque normaux et complels, sont rassemblés en un cône musculaire dont le rudiment osseux occupe l'axe. Les nerfs de la région sont grêles, mais leur distribution est normale. La moelle lombaire présente un renflement à peine moins accusé que chez un sujet normal, Les organes abdominaux n'offrent aucune particularité remarquable. Le rudiment osseux axial porte, vers son Liers proximal, une apophyse en forme de croissant dont la concavité s'implante, en l’embrassant comme d'un demi-manchon, sur le corps de l’os. Par son extrémité proximale, ce rudiment osseux s’insère dans le fond de la cavilé colyloïde, à la facon d'un fémur normal. Son extrémité distale est forte- ment renflée. S Décalcifié et coupé en série, ce rudiment osseux montre la structure complexe suivante : La région moyenne correspond, sans aucun doute, à la diaphyse _fémorale ossifiée dont la structure intime présente des particularités histologiques qui seront décriles ultérieurement. La région proximale comprend : 1° une tête fémorale cartilagineuse avec ligne d’ossification normale; 2% la saillie en forme de croissant décrite plus haut. Celle-ci peut être considérée comme une épiphyse anormale surajoutée au fémur normal. Elle présente, en effet, la _ disposition suivante : un peu en dessous de la région de l’encoche de Ranvier, le périoste se dédouble, sur une moitié du contour du fémur, en deux lames périostiques ossifiées, l’une interne continuant la surface périostique normale, l’autre externe dessinant extérieurement une saillie en croissant. Dans l’écartement de ces deux lames, un noyau cartilagineux, en continuation directe avec le cartilage de la lête fémo- 342 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rale, prolifère et produit des travées enchondrales obliquement dirigées vers l’axe du fémur. La région distale renflée n’est pas simple; elle comprend : une épiphyse médiane homologable aux condyles fémoraux, flanquée de deux masses allongées distinctes étroitement appliquées contre la moitié distale du fémur et enveloppées d’un revêtement périostique commun. L'une de ces masses en continuation directe, à l'extrémité, avec l’épiphyse médiane, est entièrement cartilagineuse; l’autre présente une ligne d’ossification avec travées longitudinales normales. Une telle structure paraît relever, vraisemblablement, des processus suivants : 1° un défaut d'orientation dans la multiplication des éléments de l'ébauche embryonnaire, ayant eu pour résultat la formation d’une ébauche précartilagineuse à contour anormal, en même lemps qu'une répartition hétérogène des éléments appelés à se différencier ; 2° Une absence de coordination dans la répartition des centres de dif- férenciation cartilagineuse et périchondrale, ayant fragmenté l’ébauche primitive. Ce dernier processus paraît pouvoir être classé dans la caté- gorie des Formations fragmentées hétérotypes de Rabaud. COMMENT SE POSE EXPÉRIMENTALEMENT LE PROBLÈME. DES FACTEURS DU SOMMEIL, par M. HENRI PIÉRON. Il existe, parallèlement à l’accroissement du besoin de sommeil dans l'insomnie expérimentale, des modifications, d'intensité croissante, des cellules cérébrales (1). Quel est, dès lors, le rapport de ces modifications avec le besoin de sommeil ? Ou bien ces modifications, résultant du fonctionnement de la cellule, sont la cause directe du sommeil; ou bien elles ne constituent qu'un symptôme concomilant, révélateur de lésions dues à l’action des fac- teurs réels du besoin de sommeil. 11 faut donc, pour résoudre cette alternative, rechercher si, comme on l’a maintes fois prétendu, il existe des facteurs capables de provo- quer le besoin de sommeil et les modifications cellulaires concomi- tantes, qu'il s'agisse de substances chimiques définies, ou de toxines, facteurs que je désignerai sous le nom commode, mais qui ne prétend nullement préjuger leur nature, d'hypnotoxiques. (1) René Legendre et Henri Piéron. Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, séance du 23 février, t. LXI, p. 312. SÉANCE DU ® MARS 343 ————_————— —— ——— ——————————Z—EZEEZELELELZLZEEEE Ces hypnotoxiques devront se rencontrer, soit dans la circulation générale, soit au lieu même où s’exercerait leur action, suivant qu'il s'agirait d'exotoxiques ou d’endotoxiques. J’ai donc entrepris de procéder à la recherche de ces hypnotoxiques éventuels, et qui, étant donné leur nature purement hypothétique, ne pouvaient être déterminés que par leurs effets : j'ai recherché s’il était possible de transférer le besoin impératif de sommeil d’un animal chez lequel on a déterminé ce besoin par privation de sommeil à un animal normal. Les expériences comportent tout d’abord le prélèvement, sur l'animal insomnique, des milieux organiques, et leur introduction chez l'animal normal. Les milieux prélevés sont le sang (simplement défibriné, ou, en outre, centrifugé, le sérum étant seul utilisé dans ce dernier cas) et le liquide céphalo-rachidien (1); la voie d'introduction est veineuse, artérielle, rachi- dienne, ventriculaire ou cérébrale 2). En second lieu, le prélèvement doit porter sur la substance cérébrale, qui est introduite, émulsionnée, dans l'animal normal, par voie péritonéale ou rachidienne, le liquide d’émulsion filtré étant introduit par les mêmes voies que précédemment. Les opérations sont faites, naturellement, sans anesthésie générale, mais avec anesthésie locale à la cocaïne, anesthésie nécessaire d’ailleurs, parce que l'élément douleur est de nature à masquer le besoin de sommeil, du moins lorsque ce besoin n’est pas extrêmement intense. L'observation des animaux porte sur leur attitude spontanée et sur leur manière de réagir aux excitations, le besoin de sommeil étant très nettement caractérisé par l'affaissement des paupières et l'incapacité, chez l'animal soumis au besoin impératif, de garder les yeux ouverts. Il faut, en outre, des examens histologiques des cellules cérébrales après action éventuelle d'hypnotoxiques. Il n’a jamais été introduit plusieurs fois, chez le même chien, des milieux prélevés sur un chien insomnique, afin d'éviter une immunisation possible contre des hypnotoxiques éventuels. _ Enfin, J'ai fait appel surtout à des animaux très jeunes, car ils se montrent particulièrement sensibles au besoin de sommeil. Dans tous les cas, des expériences ont été faites chez des chiens témoins, en introduisant, par les mêmes méthodes, dans leur organisme, des milieux prélevés chez des chiens normaux, la nécessité de la comparaison étant par- ticulièrement évidente en malière aussi délicate. (4) J'aurai occasion de revenir sur la question de l'urine. Étant donné sa toxicité complexe, elle se prête mal à la recherche d'un effet qui a besoin d’être isolé pour être apercu. Des expériences pourraient être faites égale- ment avec la lymphe. (2) L'injeclion intracérébrale est justifiée par l'hypothèse plausible où les hypnotoxiques ne commenceraient à agir qu'après avoir d’abord neutralisé des anticorps circulant normalement dans l'organisme, et dont l'épuisement coïnciderait avec l'apparition du besoin impératif. Lo] red Brocogie. CoupTes RENDUS. — 1907. T. LXII. 344 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai tenté d'éviter, dans la mesure du possible, les causes d'erreur, évidem- ment nombreuses, mais dont la présence peut être décelée justement par des expériences comparatives identiquement effectuées, la vitesse et le lieu d’in- Jection, la température du liquide injecté, par exemple, étant rigoureusement les mêmes dans les deux cas, et les animaux témoins étant choisis aussi com- parables que possible aux autres (j'ai employé la plupart du temps des ju- meaux dans ce but). Les expériences entreprises suivant ces règles générales sont en cours (1), mais je puis déjà donner, et je le ferai prochainement, des indications résultant de celles qui ont déjà été effectuées, et qui sont peu favorables, jusqu'ici, à la conception fondée sur la formation nor- male, dans l'organisme, d’hypnotoxiques. Cette conception se heurte d'ailleurs à cette difficulté qüe l’accumulation d'action s’expliquerait mal, étant donné que, d'une part, l'élimination des hypnotoxiques pourrait s'effectuer aussi bien pendant la veille que pendant le sommeil (où l'ac- tivité sécréloire du rein parait plutôt diminuée qu'augmentée), et que, d'autre part, le besoin impératif de sommeil, apparu au bout de plusieurs jours d'insomnie, disparait très rapidement après quelques heures de sommeil. (Travail des laboratoires de physiologie de la Sorbonne et de psychologie expérimentale des Hautes Études à Villejuif.) LÉSIONS NÉCROTIQUES DU FOIE PRODUITES PAR DES CONGESTIONS RÉNALES AIGUES, par M. J.-L. Cuir. La congestion rénale intense, avec ou sans lésions épithéliales, ren- contrée par les médecins dans les autopsies de femmes mortes d'éclampsie puerpérale (congestion surtout pyramidäle), et par Îles chirurgiens qui ont trailé par la décapsulation ou la néphrotomie cette grave maladie (congestion totale), nous a conduit à rechercher quelles lésions étaient capables de déterminer la mise en tension brusque du rein. Pour cela, nous avons pratiqué des ligatures simultanées des deux veines rénales, temporairement pendant dix minutes. Malgré ce trau- matisme, la circulation s’est rélablie puisque les animaux ont émis dans la suite une petite quantité d'urine fortement chargée d’albumine. Deux (1) Une autre série d'expériences doit comprendre, non plus le transfert à un chien normal du besoin de sommeil impératif, mais la suppression de ce besoin chez le chien insomnique, par renouvellement du milieu sanguin. SÉANCE DU ® MARS 345 chiens ainsi traités sont morts au bout de quarante heures après avoir présenté de la somnolence, des hémorragies intestinales. À l’autopsie, (une heure environ après la mort), nous avons constaté une congestion intense de tout le tube digestif. L’examen histologique du rein nous à montré des lésions épitbéliales peu accusées, et une congestion intense, surtout de la zone pyramidale. L'examen du foie, à un faible grossis- sement, nous à fait voir l'existence de deux zones d’aspect bien dif- férent, une zone péri-portale, et une zone sus-hépatique, avec dans ces deux régions une congestion plus ou moins marquée suivant les points considérés. Dans la zone péri-portale, les espaces portes sont normaux, les travées hépatiques sont normales, avec leurs uoyaux bien colorés, et leur pro- toplasme à réaction légèrement basophile (lilas par hémaléine-éosine, bleu par la thionine). Dans la zone sus-hépatique, de beaucoup la plus étendue, l’aspect trabéculaire du foie persiste, avec légère dislocation cependant par endroits, mais les cellules présentent les réactions de la nécrose de coagulation : protoplasme fortement acidophile, disparition complète du noyau, qui est représenté quand il existe par un petit point noir occupant le bord de la cellule; dans les capillaires les noyaux des cellules endothéliales et des leucocytes sont conservés. Par endroits il existe de véritables apoplexies capillaires soit autour des espaces portes, soit dans l'épaisseur mème du lobule, soit au voisinage des veines sus-hépatiques. La totalité du foie présentait ces lésions dégénératives graves. Nous avons examiné histologiquement plusieurs segments de l'intestin qui nous ont paru normaux. En résumé, cette expérience répétée sur deux animaux (chiens) nous a donné dans les deux cas des lésions identiques : lésions minimes des reins, plus congestives qu'épithéliales ; au contraire, elle a déterminé dans le foie par un mécanisme d'ailleurs inconnu des lésions de nécrose sus-hépatique très étendue, en sorte que dans le tableau anatomique les altérations hépatiques dominaient, les lésions rénales passaient au se- cond plan. Ces lésions étant déterminées par un trouble mécanique seul de la circulation rénale (ligature temporaire des deux veines rénales pendant seulement dix minutes) nous sommes entraînés à considérer les lésions du foie comme la conséquence des modifications apportées par notre expérience dans le fonctionnement et la constitution des reins. Histologiquement, elles se rapprochent tout à fait de celles qui ont été signalées par M. Beauvy (1), dans un cas d'urémie scarlatineuse (nécrose centro-lobulaire du foie; au niveau du rein : tubuli normaux, glomé- rulite proliféralive, ensemble du rein très congestionné). Elles se rapprochent aussi, et nous croyons devoir insister sur ce fait, de lésions (1) Beauvy. Nécrose du foie dans un cas d’urémie aiguë. Société anatomique, Paris, 1905, t. VIF, p. 135. 346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 nécrotiques signalées dans l’éclampsie puerpérale par M. Bar (1), Durek (2), lésions qui, dans certains cas, existent sans altération rénale notable en dehors de la congestion; aussi nous nous demandons si, dans ces cas, les lésions cellulaires graves du foie ne sont pas, comme dans nos expériences, la conséquence de la mise en tension du rein. Les expériences ont élé faites dans le laboratoire de physiologie expé- rimentale de la Sorbonne, les examens histologiques dans le laboratoire de - M. Porak, à la Maternité. ACTION DU GLOBULE ROUGE COMME RÉGULATEUR DE LA DIAPÉDÈSE LEUCOCYTAIRE, par M. G. FRoin. J'ai rapporté à la Société (3) les variations que présente la diapédèse leucocytaire provoquée par des hématies extravasées, dans des liquides purement hémorragiques, et par conséquent sans l'intervention d’une influence chimiotactique étrangère. Si cetle diapédèse est en général modérée, j'ai vu dans plusieurs cas, parmi les centaines de liquides que j'ai examinés, une leucocytose très élevée résultant uniquement de la mort des globules rouges contenus dans la cavité. Dans le liquide céphalo-rachidien stérile, au cours d’hémorragies cérébro-méningées dues à l’athérome cérébral, on constate quelquefois une importante dia- pédèse leucocytaire avec un petit nombre de globules rouges. La pro- portion des globules blancs peut être très élevée dès le début de l'hémorragie, alors que les hématies semblent encore peu altérées. En comparant ce qui se passe dans la cavité pleurale à pression négative et dans la cavité arachnoïdo-pie-mérienne à pression supérieure à la pres- sion atmosphérique, j'ai pu me rendre compte que, outre les hématies extravasées, les conditions différentes de pression à l'intérieur de ces cavités et surtout la possibilité de leurs grandes variations avaient une ; influence considérable sur l'intensité de la diapédèse leucocytaire. Deux 4 phénomènes principaux influencent donc cette diapédèse : d’abord le degré de souffrance vitale qui frappe les hématies, etensuite l’état de la pression dans la cavité où ces hématies stagnantes attirent les leuco- (1) Bar. Le foie des éclamptiques. Leçons de pathologie obstétricale, p. 44, 45, 48, fig. 17-18-19. (2) Durek. Atlas manuel d'histologie pathologique, traduction Gouget, planche 68, fig. IL. (3) G. Froin. Société de Biologie, 23 décembre 1905, 27 janvier 1906. SÉANCE DU 2 MARS 347 cytes. Dans le liquide céphalo-rachidien les globules s’altèrent vite et acquièrent rapidement une forte action chimiotaclique que refrène l'hyperpression constante et parfois considérable de la poche arachnoïdo- pie-mérienne. Dans la plèvre, au contraire, les hématies se conservent mieux dans le plasma sanguin qui les baigne, mais la pression habi- tuellement faible de la cavité favorise singulièrement la diapédèse leu- cocytaire. En même temps que les liquides hémorragiques j'ai étudié, selon la même méthode, un grand nombre de pleurésies et de méningites de nature très diverse. J'ai constaté, après avoir compris comment était réglée la diapédèse dans les hématomes, que l’extravasation des leuco- cytes pendant l’évolution des processus les plus divers reconnaissait toujours les mêmes raisons fondamentales et était influencée par des facteurs identiques. En effet, la plupart des inflammations provoquent une exsudation de sérosité avec extravasation de globules rouges qui souffrent très vivement et d’une facon variable, selon le degré de l’action globulicide de l’agent pathogène. D'une façon générale, quand les héinaties sont rapidement décolorées et dissociées, il y a une grande irruption de leucocytes, et dans la plèvre la purulence est habituelle. Dans ces cas, l'influence de la pression intra-cavilaire est très secon- daire : elle s’efface beaucoup devant la puissance chimiotactique de l'hématie fortement lésée. Lorsque la purulence est constituée, les stromas hématiques complètement décolorés sont invisibles, et il n’est possible de constater leur présence que dans les cas observés dès le début. Mais quand l'agent pathogène n'est pas trop globulicide et surtout quand ses toxines sont très diluées, le globule rouge peu altéré provoque une diapédèse modérée qui se maintient à peu près dans les mêmes proportions que celle qui résulte d’un hématome simple et présente une évolution comparable. Rien «e plus net à cet égard que la pleurésie tuberculeuse séro-fibrineuse dont les stades cellulaires parfaitement réglés par les globules rouges nous serviront de type, dans une communication ultérieure, comme terme de comparaison avec la leucocytose locale des hématomes. Dans certaines inflammations il y a leucocytose locale sans extrava- sation préalable de globules rouges. Mais alors il y à toujours un pro- cessus macrophagique initial, réalisé par les cellules mobilisables de la cavité pathologique. Ces cellules ont le pouvoir d'attirer en particulier les lymphocytes. il existe une différence fondamentale entre les microbes aérobies d'une partet les anaérobies d'autre part, au point de vue de la diapé- dèse : les aérobies attirent les hématies et celles-ci les leucocytes qui viendront agir à la fois sur les hématies et les microbes ; les anaérobies (dans les infections putrides) n’entrainent pas d’extravasalion globu- laire notable, et conséculivement pas de diapédèse leucocytaire, ainsi 348 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que je l'ai rapporté précédemment (1). Les hématies qui tombent dans le foyer putride sont d'ailleurs complètement désagrégées par les microbes eux-mêmes. En somme, dans les cavités de l'organisme, le globule rouge et le macrophage sont les seuls éléments dont la chimiotaxie positive peut solliciter les leucocytes de la circulation à la manifestation essentieile- ment vitale qui constitue la diapédèse. Lorsque des microbes provo- quent une leucocytose locale, c'est donc d'une facon indirecte; cette action leur est impossible s'ils ne produisent pas soit l'issue préalable de globules rouges, soit de la macrophagie, aux dépens des éléments cellulaires de la cavité qui contient ces microbes. À PROPOS DU PASSAGE DANS LE THORAX DES POUSSIÈRES INTRODUITES DANS LE PÉRITOINE ET DE LEUR LOCALISATION. QUELQUES RELATIONS GANGLIONNAIRES PRÉCISÉES, par MM. J. Basser et H. Carré. Ces recherches (2) furent entreprises pour vérifier la seconde partie de l’affirmation suivante de MM. Calmette, Vansteenberghe et Grysez : « La localisation pulmonaire des poussières colorées s’observe avec la même évidence lorsqu'on introduit celles-ci directement dans une anse intestinale après laparotomie, ou plus simplement dans la cavité péri- tonéale (3). » : Disons dès maintenant que nous n’avons jamais observé la localisation pulmonaire des poussières introduites dans le péritoine. Par contre, nous les avons retrouvées dans les ganglions du thorax, ainsi que nous allons l’exposer. Nos expériences furent pratiquées sur le chien et sur le cobaye : les cobayes un peu âgés présentant tous, comme les chiens, de l’anthracose pulmonaire à des degrés divers, c'est du carmin en suspension dans l’eau que nous avons injecté dans leur péritoine. Chez le cobaye, quinze heures après l'injection, on trouve, dans la cavité thoracique, le carmin localisé exclusivement dans les ganglions prépectoraux. (En opérant avec l'encre de Chine, on observe, injectés en noir, deux vais- seaux lymphatiques satellites des artères et veines thoraciques internes qui partent de la base du diaphragme et vont aboutir aux ganglions précités.) (1) G. Froin. De la cytolyse dans les séreuses humaines pathologiques, Société de Biologie, 1°" juillet 1905. (2) Nous en avons fait connaître les résultats à la Société centrale de médecine vétérinaire (21 février 1907). (3) Comptes rendus de la Société de Biologie, 8 décembre 1906. SÉANCE DU 2 MARS 349 Cinq jours après l'injection, même résultat. Rien au microscope dans les ganglions bronchiques ni dans le poumon. Seize jours après l'injection, les ganglions prépectoraux sont encore les seuls où le carmin soit visible à l’œil nu, mais on le retrouve, au micros- cope, dans les ganglions œsophagiens et bronchiques. Rien dans le poumon. Trente jours après l'injection, même résultat. Chez le chien, les résultats concernaut les localisations ganglionnaires et l'absence de localisation pulmonaire sont exactement comparables. Les relations Iymphatiques du thorax et du péritoine sont donc très étroites ; signalées dès 1862 par Recklinghausen, elles se font par l'intermédiaire des puits lymphatiques du diaphragme étudiés par Ranvier. La rapidité du transport des poussières colorées du péritoine aux ganglions prépectoraux est très digne de remarque. Ces ganglions représentent, peut-on dire, les ganglions spéciaux des séreuses pleu- rale et péritonéale. Nous avons, en effet, maintes fois remarqué que chez le cobaye tuberculeux les ganglions prépectoraux étaient lésés exclusivement lors de tuberculose de la plèvre ou du péritoine. Quand ces séreuses sont indemnes, les ganglions prépectoraux le sont aussi, alors même que la tuberculose est généralisée à tous les organes des cavités thoracique et abdominale; par contre, la plus minime lésion du péritoine retentit sur les ganglions prépectoraux. Nous avons pu nous assurer, en outre, que ces mêmes ganglions prépectoraux, chez les rongeurs et les carnassiers tout au moins, sont indépendants des ganglions cervicaux, puisqu'ils ne présentaient aucun grain coloré trente jours après l'injection de carmin à la partie supérieure du cou. Avec la tuberculose nous avons, après Beitzke, obtenu un résultat comparable; chez dix cobayes, sept semaines après un repas de bacilles, les ganglions prépectoraux étaient indemnes, alors que les ganglions cervicaux supérieurs et moyens présentaient de graves lésions spécifiques. Enfin, si les affections à retentissement lymphatique accusé, comme le cancer ou la tuberculose, avait depuis longtemps montré l’étroite relation qu'entretient le péritoine avec les ganglions œsophagiens et bronchiques, nos injections de poussières colorées confirment cette relation, la précisent et prouvent que la présence de lésions tubercu- leuses dans les ganglions bronchiques n'implique pas forcément l'existence d'une lésion primitive et antérieure du poumon. Conczusions. — Chez les rongeurs et les carnassiers, l'injection de poussières colorées dans le péritoine n’est pas suivie d'une localisation pulmonaire de ces poussières. En dehors du péritoine, ces poussières se retrouvent exclusivement, 350 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’abord et très rapidement dans les ganglions prépectoraux, plus tard dans les ganglions œsophagiens et bronchiques. Alors que les lésions tuberculeuses de la plèvre ou du péritoine reten- tissent très vite sur les ganglions prépectoraux, ces mêmes ganglions restent indemnes, du moins pendant un très long temps, lors de lésions tu berculeuses siégeant sur le poumon, la tête ou le cou. La présence de lésions tuberculeuses dans les ganglions bronchiques n'implique pas forcément l'existence antérieure de lésions pulmonaires. (École vélérinaire d’'Alfort. Laboratoire de bactériologie.) LE TRAITEMENT PASTORIEN PEUT-IL FAVORISER L'ÉCLOSION DE LA RAGE CHEZ UNE PERSONNE EN INCUBATION ? : par M. P. REMLINGER. Nitsch a comparé récemment (1) la chronologie de 140 cas de mort chez des personnes ayant subi le lraitement antirabique à Paris, à Varsovie et à Cracovie et celle de 100 décès par rage chez des personnes non soumises au traitement pastorien. Le résullat de cette compa- raison a été que, dans les trente premiers jours qui suivent la morsure, on trouve une mortalité de 30 p. 100 chez les traités et 10 p. 100 seule- ment chez les non traités. Après le quarantième jour au contraire, il meurt 51 p. 100 des traités et 78 p. 100 des non traités. Plus de cent jours après la morsure, il meurt 12,5 p. 100 des personnes traitées et. 30 p. 100 des non traitées. La conclusion est que, s’il est indéniable que la méthode pastorienne a ramené de 10 p. 100 et au delà à 4 p. 100 la mortalité des personnes mordues, il n’en est pas moins vrai que la mort se produit plus tôt chez les personnes traitées et que les longues incu- balions sont plus fréquentes chez celles qui ne se soumettent pas à la mélhode pastorienne. On concoil l'argument qu'on peut tirer de là contre les inoculations. Nous nous sommes livré, pour l’Institut de Constantinople, à un travail identique à celui entrepris par Nitsch pour Paris, Varsovie et Cracovie. La comparaison de 50 eas de rage chez des personnes traitées et de 20 chez des personnes non traitées donne dans les trente premiers Jours qui suivent la morsure une mortalité de 20 p. 100 chez les traités et de 50 p. 100 chez les non traités; après le quarantième jour, il meurt (4) Nitsch. Bemerkungen über die Pasteurche Methode der Schutz- impfungen gegen Rollwüth. Centr. für Bakt. L Abt. Originale, 49 novembre et 11 décembre 1906. Li be L'abé “= amv de de niet de dE id ntet fl net) SÉANCE DU ©? MARS 351 au contraire 50 p. 100 des traités et 30 p. 100 des non traités; après le centième, 10 p. 100 des traités et 5 p. 100 des non traités. A l'inverse des statistiques précédentes, la statistique turque montre que : 1° Chez les personnes qui ne se soumettent pas à la cure pastorienne, la mort se produit plus tôt que chez les personnes traitées. 2° Les longues périodes d’incubation sont plus fréquentes chez les traités que chez les non traités. Ces chiffres sont plus favorables encore à la méthode pastorienne qu'il ne semble de prime abord. L’incubation de la rage étant d'autant plus courte que les morsures sont plus graves, on n’est en droit de comparer la durée de cette incubation chez les personnes traitées et non irailées que si on suppose la gravité des morsures égale dans les deux cas. Or, il est évident que ce sont surtout les morsures bénignes qui échappent au traitement et les morsures graves qui lui sont sou- mises. Les incubations courtes chez les personnes traitées et longues chez les personnes non traitées, qu’on trouve dans la statistique de Nitsch, n'ont dès lors rien qui doive surprendre. Elles s'expliquent d’une façon très simple, sans qu'il soit nécessaire d’inventer un coup de fouet donné au virus rabique par la vaccination pastorienne. Pour apprécier le prétendu rôle favorisant de la vaccination sur l’éclosion de la rage, il importe de ne pas tenir uniquement compte de documents statistiques, ceux-ci pouvant, ici comme ailleurs, être reven- diqués avec une égale bonne foi par des auteurs soutenant des thèses opposées. Les faits suivants paraissent de nature à peser dans la balance d'un poids beaucoup plus considérable : 1° Cerlains mordus viennent suivre le traitement antirabique alors qu ils présentent déjà, du côté de la morsure, des phénomènes objectifs et subjectifs considérés à juste titre comme prémoniloires (rougeurs, turgescence, douleurs lancinantes, sensation de piqüre, de brûlure, etc.). Si la méthode pastorienne était capable de donner un coup de fouet à la maladie, ce serait aisément dans des cas semblables. Or il arrive fréquemment que, soumis à un traitement intensif, ces mordus échap- pent à la rage. 2° L'action favorisante du traitement pastorien devrait être d'autant plus marquée que celui-ci est plus intense. Or, c'est le contraire qui se produit. Un traitement intensif diminue non seulement les insuccès vrais, mais encore les cas de mort pendant la cure ou la quinzaine qui la suit. 3° La grande majorité des mordus qui suivent le trailement pastorien est en incubation de rage. Dès lors, pourquoi l’action prédisposante est-elle si exceptionnelle et ne s’observe-t-elle jamais dans les cas _ bénins ? Nous ne croyons donc pas que le iraitement antirabique puisse favo- riser l’éclosion de la maladie chez une personne en incubation. Le seul 32 7: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE argument — bien indirect et bien détourné — qu'on puisse faire valoir en faveur de cette opinion, c’est, semble-t-il, l'analogie qui existe entre le vaccin antirabique et les autres virus-vaceins (charbon, rouget, charbon symptomatique, pasteurelloses). Ceux-ci sont loin d'être inoffensifs chez les animaux en état d'infection latente. Les microorga- nismes qui sommeillaient recoivent un coup de fouet du fait de la vaccination et la mort s'ensuit rapidement. Elle ne se serait pas produite si les animaux n'avaient pas été vaccinés (Leclainche et Vallée). Il arrive même que des animaux succombent non pas à la maladie contre laquelle on les a inoculés, mais à une autre que la vaccine a réveillée. Le réveil du paludisme sous l'influence du traite- ment antirabique est incontestable. Mais là se borne, semble-t-il, tout le pouvoir favorisant de la méthode pastorienne. (/nstitul impérial de Bactériologie à Constantinople.) BALANCE DES ALIMENTS TERNAIRES INGÉRÉS ET CEUX DÉPENSÉS PAR LA COBAYE PENDANT SA GROSSESSE, par M. E. Maure. Dans une première note (1) je me suis occupé de la totalité des ali- ments ingérés pendant leur grossesse par la cobaye et la lapine, en évaluant ces aliments en calories ; et j'ai dû constater que, contraire- ment à mes prévisions, au moins pour ces deux espèces animales, les quantités d'aliments ingérés étaient plus considérables au commence- ment de la grossesse qu'à la fin. Dans deux autres (2) notes concernant seulement la cobaye, j'ai évalué les quantités d’azotés ingérés pendant cette même période ; et je suis arrivé à ces conclusions: 1° que pour les azotés, de même que pour la valeur totale des aliments ou calories, les quantités ingérées étaient plus considérables au début qu'à la fin; 2 qu'au début ces quantités dépassaient sensiblement celles nécessaires à l'entretien de l'animal; et 3° qu'enfin, en calculant les quantités ingérées de ces substances supé- rieures à celles d'entretien, on trouvait une. concordance très suffisante entre ces quantités el celles contenues dans les fœtus à la naissance ou qui avaient été utilisées par la mère pour l'augmentation de son poids. (1) Société de Biologie. Séance du 13 octobre 1906, page 284. (2) Société de Biologie. Séances des 1°" et 8 décembre 1906, pages 530 et 580. 393 SÉANCE DU 2 MARS ‘J49y #='auel re 06-98 OG:9T SY-FT 0759 GOGF ‘AU G-F 6-90 ‘#06T ‘99P CS-6I oAïoSo 2er e | jeturue, op | ‘xsopr red |soxreuoy sol SpJ02ep | uorex 07,00 | Serto7eo “180107 «ed | sosuodop [EUurue D SODUEUU9N |sprodopanod| sexs sdioo 18 2 | l a LC) 180p13 184 no spmnole | sers re Se anod I op uo saqiosqe S99 op DOTE SBIS ej Juessedop SoIIOTE9 u9 uoour Sdico sop [19 Soemo]|SOrEUTeFS99 |sor1opeo sop sa0xo uo | uermeoquo/p | Sjuoutje p | JEUSOQUI ‘ spqoze s Se ‘4 Lu Ë ‘ sorej0 18101 s99 2p ap “ CE Le ‘SaI0d Sao MATIN A HA4TVA ENVIES HU SHIHOIVO | SHLHOMVO NOILV HLTENVNO LHHOHE SHSNA d'A A [RU | 2p SH Q 354 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE: { Dans cette nouvelle note, en me limitant aussi à la cobaye, je me prepose de faire pour les ternaires, représentés, vu l'alimentation de cet animal, par des hydrates de carbone, ce que j'ai fait pour les albu- minoïdes. 4 Je résume dans le tableau ci-contre les données nécessaires à ces évaluations. EXPLICATIONS DU TABLEAU. — La première colonne donne les dates, la deuxième les poids moyens et la troisième la valeur totale des aliments ingérés, évalués en calories. La colonne IV contient le déchet intestinal évalué au dixième, et la colonne V la quantité que l’on peut supposer avoir été absorbée. La colonne VI donne la ration d’entretien également évaluée en calories. Ces 130 calories comprennent les azotés et les ternaires. Dans la colonne VII se trouvent les différences entre les quantités absorbées et celles nécessaires à l’entretien, soit les calories en surcroît. Dans la colonne VIII, j'ai évalué en calories les azotés qui, dans l’alimentation, ont dépassé ceux d’en- trelien (voir Biologie, 1° décembre 1906, page 531). Pour avoir la valeur des ternaires pris en excédent, il faut, en effet, retrancher de la totalité des calories en excès celles provenant des azotés qui dépassaient ceux nécessaires à l’entretien. La colonne IX donne donc en calories la valeur des ternaires dépassant ceux nécessaires à l'entretien pour un kilogramme d'animal, et qui, ayant été absorbés, ont dû être utilisés pour la constitution des fœtus ou être mis en réserve par la mère. Dans la colonne X, j'ai transformé ces calories en corps gras, en supposant qu'elles. aient été produites exclusivement par des hydrates de carbone, ce qui est presque exact, étant donné la petite quantité de corps gras contenus dans les aliments pris par cet animal ; et en supposant aussi que la transformation des hydrates de carbone en corps gras se fait dans l'organisme sans aucune perte, ce qui est peu probable. Daus la colonne XI, j'ai ramené ces quantités calculées par kilogramme d'animal à son poids réel; et enfin, dans la colonne XII, j'ai multiplié ces quantités quotidiennes de corps gras par le nombre de jours de la période. Telles sont les données que j'ai réunies dans ce tableau. Or, comme on peut le voir par la colonne IX qui donne, en calories, les hydrates de carbone pris par la mère en excédent de son entretien, c'est égale- ment au début de la grossesse que ces aliments ont été ingérés en plus grande quantité, si bien que, dépassant de beaucoup l'entretien en ce moment, ils sont devenus insuffisants à la fin. D'autre part, si nous acceptons les résultats approximatifs contenus dans la colonne XII, représentant les corps gras provenant de la trans- formation des hydrates de carbone pris en excédent, nous voyons que, du 19 janvier au 20 février, le total de ces corps aurait pu s'élever à 100 gr. 50, et que ceux qui ont dû être demandés aux réserves ne sont que de 12 grammes. Il resterait done 87 gr. 50 que la mère aurait pu utiliser pour la constitution du fœtus ou pour augmenter ses réserves. SÉANCE DU ® MARS 355 Or, en admettant que les jeunes cobayes dont le poids total était de 207 grammes à la naissance contenaient 10 p. 100 de corps gras, ce ne serait que 20 grammes ainsi utilisés ; et il resterait 67 grammes environ pour représenter la mise en réserve de la mère. Celle-ci, du reste, a présenté une augmentation de 167 grammes (de 642 grammes à 809 grammes) ; et on peut supposer que, sur ces 167 grammes d’aug- mentation, une partie importante est constituée par les corps gras; et cela d'autant mieux que pendant l'allaitement exclusif elle a perdu 58 grammes (de 809 à 751 grammes) {Société de Biologie, 30 octobre 1906, page 301). Nous ne trouvons pas ici une concordance aussi rapprochée que pour les albuminoïdes entre les quantités ingérées en excédent, et celles ayant servi à la constitution du fœtus et à l'augmentation de la mère (Voir Biologie, 1° décembre 1906, page 530) ; mais cependant ces éva- luations, quoique purement approximatives et sujettes à de nombreuses causes d'erreurs, ne permettent pas moins de jeter un certain jour sur _ l’utilisation des ternaires pris par la mère pendant cette période, soit pour son utilisation immédiate, soit pour la constitution des fœtus, soit pour une mise en réserve devant servir pendant l'allaitement. Ces éva- luations montrent tout au moins que les ternaires ingérés doivent être suffisants pour couvrir les dépenses auxquelles ils sont destinés. Les conclusions, à leur sujet, seront donc les suivantes: 1° Que les ternaires, comme les albuminoïdes, sont pris en excédent au début de la grossesse; 2 Que cet excédent va ensuite en diminuant, si bien que ces aliments peuvent même devenir insuffisants à la fin de cette période ; 3° Enfin que les quantités ingérées, et même probablement absorbées en excédent, sont en rapport approximatif avec les quantités nécessaires pour la constitution des fœtus, et avec celles mises en réserve par la mère pour la fin de la grossesse et pour la période du nourrissage. NOUVEAU DISPOSITIF POUR L'EXAMEN ENTOPTIQUE DE LA CIRCULATION RÉTINIENNE, par le D' E.-P. ForTin. Pürkinje et S. Müller, en fixant un fin détail d'une plage très éclairée, ont vu des points lumineux apparaître toujours au même endroit et décrire le même trajet. Ils attribuaient ce phénomène à l'apparition et à la disparilion de globules dans les fins capillaires de la rétine. En 1856, Vierordt annonça qu'il pouvait observer la circulation du sang dans la rétine. Il y arrivait en dirigeant le regard sur un fond 356 SOCIÉTE DE BIOLOGIE qu'il éclairait d’une manière intermittente par agitation devant l'œil des doigts de la main tenus écartés. L'expérience, dans ces conditions, n’est pas très nette, mais O.-N. Rood fit connaître qu'elle réussissait beaucoup mieux par l'inter- position devant l'œil de plusieurs épaisseurs de verre bleu (1). Helmholtz, Reuben étudièrent à nouveau ce phénomène, Tscherning le signale dans son optique physiologique. Je me suis servi d'un nouveau dispositif qui, cette fois, rend l’expé- rience très nette et qui permet d'examiner sur soi la circulation dans les capillaires de la rétine. Grâce aux lampes d'éclairage par les vapeurs de mercure, on obtient une source lumineuse qui, dans le spectre, ne donne naissance qu'à quatre bandes colorées dont deux très voisines dans le bleu. On peut supprimer les deux autres par interposition soit de verres bleus, soit de préférence d’une gélatine de cobalt. De plus, l'éclairage est intense et équivaut à plusieurs centaines de bougies. Dans ces conditions, en regardant le tube de mercure, le champ visuel semble en ébullition. De tous côtés, on voit surgir de petits tubes coudés très brillants dont les sinuosités se déplacent en tous sens : ce sont les capillaires. Ils apparaissent et disparaissent avec une extrême rapidité. Dans leur calibre, on y voit serpenter fort nettement de petites sphères noires ou bien isolées ou bien se suivant par cinq ou six et qui obturent entièrement le capillaire. Ce sont les globules rouges. Ilma semblé parfois reconnaître un globule blanc isolé. L'on ne peut manquer de s'étonner de l'intensité du travail qui a lieu au niveau de ces capillaires. L'état agité du champ visuel répond assez bien aux phosphénés multiples décrits au cours de certaines maladies. Dans le voisinage immédiat du point de fixation, on n’observe aucun vaisseau. Il serait intéressant de savoir pourquoi une lumière monochroma- tique bleue favorise à ce point l'apparition du phénomène. L'HYPOCHLORURATION BRUSQUE CHEZ LES TUBERCULEUX, par M. C£LARET. Ayant eu l'occasion, comme MM. Enriquez et Ambard, de soumettre un certain nombre de tuberculeux à l’épreuve de la déchloruration brusque, j’apporte ici Les résultats de 8 cas. (1) Comme il est difficile de se procurer des verres bleus ne laissant passer qu'une lumière monochromatique il en résultait une difficulté d'expérience et les observations ne pouvaient être précises. po 3 SÉANCE DU ® MARS 397 Trois de ces cas se calquent exactement sur les cinq cas rapportés par MM. Ambard et Enriquez : diminution brusque du chlore excrété, et établissement de l'équilibre entre les ingesta et les excréta chlorurés dès le premier ou le deuxième jour au plus. Donc, en résumé, mise en équilibre extrêmement rapide, el avec perte dans les deux derniers cas, où la maladie est le plus grave, d'une quantité de chlorure inférieure aux 15 grammes que perd l’homme normal en semblable occurrence. Mais en regard de ces trois cas types, en voici trois autres tout diffé- rents : chez ces trois malades, pris au déclin d'une poussée aiguë de leur tuberculose, et brusquement déchlorurés, nous constatons l'impos- sibilité d'arriver à l'établissement de l’état d'équilibre entre leurs excréta et leurs ingesta chlorurés. La ligne de leurs excréta reste en plateau instable au-dessus de la ligne des ingesta. Ogs. IV. — Pneumonie tuberculeuse subaiguë du sommet droit datant de deux mois. NaCI RE Ingéré. Excrété. Preis TORRES EE CE RE PE EE) 1 gr. 567 DENRÉMENOUPAMRNRE ENS ERRE AREnE » 2 gr. 636 ROISIÉMER OUT RAPPEL Re Re on. » 4 gr. 144 OHÉALRHEMENOUL AMEN TA NERO NET TE » AMI MTS CNENENMTENDUT,- ERA ELN TL EE CENNe » 2 gr. 555 SITE OUT MONNIER EN RERNE » 4 gr. 968 Ogs. V. — (ermination tuberculeuse de date récente, dans un sommet gauche, avec petite poussée fébrile, évoluant par la suite vers un ramollisse- ment rapide. | BR TTE MR )OU ER ENS 2e De ee ee er SR ON OT. 00 8 gr. 51 DEBAICME. Jours US NP LE MIAR URSS » 8 gr. 92 bis eme JOURS LIEN PURE OMEU 46 » 9 gr. 11 QUELEMES OUT M REA ELA » 9 gr. 88 Ogs. VL — Tuberculose ramollie d'un sommet, ayant subi une poussée aiguë ii y a quelques semaines. RORNe OUTRE NE ee ne a NL OL 0 1 gr. 41 DÉHMÉIMESOUT A NEUTRE RS EURE » 2 gr. 50 HROISIEME SJ OURER EU SE TNT » 3 gr. 08 ODADNEMER OUT MES MEN CERN » 2 gr. 98 CID UIÈMENOUT MSN RE Eee" » 4 gr. 03 Enfin, si chez ces malades en déficit chloruré on fait varier la teneur en NaCI du régime journalier, on voit la courbe des excréta se modeler à peu de chose près sur la courbe des ingesta, tout en lui restant supé- rieure, et, malgré l'apport de chlorures supplémentaires, le bilan chlo- ruré continue à se solder en déficit. Les deux observations ci-dessous en font foi. 358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE O8s. VII. — Tuberculeux cachectique, caverne du sommet droit, ramollis- sement du sommet gauche. Fièvre. NaCl PTEMMIEL OUT 2 MOMIE SEE PRE EE 8 gr. 10 13 gr. 80 Deuxiemes])OnReRR RPC PE ERP TEE net () 9 gr. 03 Mroisième OUTENe EEE RP RC RE PR Reponse) 12 gr. 60 Oitatriéne JOURNEE MCE NT SE) 10 gr. 703 CITOUIE MESURE EN RE CRE OU 9 gr. 53 O8s. VIII. —- Hémoptysie fébriie, complètement finie depuis six jours. Sommet droit induré, plus de température. | REMERP JOUE 23 5 © ce DEL Étar be OMR Sr ne 10 gr. 80 11 gr. 39 DeRTIeMENODEMEE NE RE Ne on 0 8 gr. 59 IRON JOUE à Soie 608 las: à 00 00 «OP. OÙ 6 gr. 96 QUALTÈMEM OUTRE RE PO ere) 12" gr..97 GINUIÈMEMOUEN EN PEN NP EC EL Cr RCD 11 gr. 86 SIXLE MEN OU En I NOE ST) 9 er. 41 SeDLIEMER DUT EEE TP EE ER E Er » 6 gr. 07 AUITÈME OUTRE PAR ENTER ENTRE » 11 gr. 35 NEUVIÈME JOURS AE UT D Re » 6 gr. 82 Il me semble possible de réunir par une interprétalion logique ces faits en apparence dissemblables : le tuberculeux est un déminéralisé chloruré, comme il est un déminéralisé calcique, phosphatique, etc. Cet appauvrissement en chlorures de son organisme se fait par des débâcles chlorurées prolongées, chroniques comme sa maladie, et succédant à toute poussée aiguë de celle-ci; et ce sont ces débäcles chlorurées que mettent en lumière les courbes des observations IV-VIII où l’excrétion chlorurée reste, quoi qu'on fasse, supérieure à l’ingestion. En période torpide de la maladie, au contraire, nous obtiendrons les courbes de mise en équilibre brusque de MM. Ambard et Enriquez et de nos trois premières observations, montrant à la fois la diminution des réserves chlorurées de l’organisme et ses efforts pour retenir ce qui lui en reste. ANAPHYLAXIE PAR LA MYTILO-CONGESTINE, par M. CHARLES RICHET. J'ai extrait du corps des moules (Mytilus edulis) une substance toxique, analogue à la congestine extraite du corps des aclinies, et que j'appellerai provisoirement mytilo-congestine. Pour la préparer, on broie avec du sable et de l’eau les moules conge- lées. Le produit, filtré aussi rapidement que possible, est précipité par SÉANCE DU ® MARS 399 trois fois son volume d'alcool. Le précipité, repris par l’eau, est soi- gneusement filtré, et traité de nouveau par lalcool. Le nouveau préci- pité, recueilli après décantation, est mis sur un filtre, et lavé à l'alcool, puis desséché. C'est une poudre blanche, qui brunit un peu à l'air, et qui se redissout presque en totalité dans l’eau. Pour que cette substance soit à peu près homogène, il faut une précipitation et une redissolution encore. Naturellement, après toutes ces purifications, la quantité qu'on obtient est très faible, à peine 5 gr. pour 25 kil. de moules. Les effets de cette mytilo-congestine, injectée dans le système vei- neux des chiens, sont tout à fait analogues à ceux de l’actino-conges- tine. Diarrhée, selles sanguinolentes, lénesme rectal, vomissements, prostration, abaissement de la pression artérielle, et à l’autopsie con- gestion hémorragique intense de toute la muqueuse digestive, y com- pris l'estomac et le rectum. Les effets de l’anaphylaxie sont éclatants. À L DOSE EN GRAMMES CHIENS INJECTÉS de mytilo-congestine RÉSULTATS par kil. d'animal. Aristophane RARE 0.016 SUrVIe . SOUL 0.021 Survie. (CI TCNSRI EEE 0.028 Survie, Cébes . : 0.053 Survie. Phédon . 6 0.043 Survie. MÉMRUIES SR 3e TE. 0.058 Survie. È Timon 0.086 Mort le 4° jour. Aristide. 0.092 Mort le 2° jour. Chez les chiens anaphylactisés, les effets ont été bien différents. - DOSE EN GRAMMES TEMPS ÉCOULÉ CHIENS INJECTÉS de mytilo-congestine entre la 1° injection RÉSULTATS par kil. d'animal. et la 2e: ÉPDESr ne". , 0.010 23 jours. Mort en 12 heures, IPHONE. 0.016 15 jours. Mort en 12 heures, SOTALET nn +. 0,023 13 jours. Survie. BURIAS EE", 0.030 13 jours. Mort en 12 heures. CNT ARC 0.051 10 jours. Mort en #4 heures. Comme la dose toxique chez l’animal normal est voisine de 0.07, et qu'elle est chez l'animal anaphylactisé de 0.01 (et peut-être inférieure), on voit qu'une dose sept fois plus faible que la dose mortelle pour l'animal normal peut tuer l'animal anaphylactisé. Ce qui est remarquable, c'est que, sauf de rares exceptions, les chiens normaux ne vomissent pas quand la dose est inférieure à 0.08. Or les chiens anaphylactisés, dès le début de l'injection, se metlent à Brozocrs. Compres RENDUS. — 1907. T, LXII. 25 360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vomir, quand la dose ést de 0.003. Le rapport de sensibilité entre le chien normal et le chien anaphylactisé est donc de 1 à 25 (pour le vomissement.) Peut-être trouverait-on des différences plus grandes encore. En injec- tant du liquide mytilique, avant précipitation par l'alcool, j'ai vu un chien (anaphvlactisé par l'injection antérieure de ce même liquide) mourir après injection de 0.95, alors qu'un chien normal a survécu à une injection de 53 : soit dans le rapport de 1 à 200. Dans une longue série d'expériences faites avec le liquide mytilique, j'ai obtenu les résultats suivants, dont je donne ici seulement la moyenne globale. Sur trente chiens normaux, pour des doses com- prises entre 13 et 53, la mortalité a été de 40 p. 100. Elle a été, sur sept chiens, de O0 pour des doses inférieures à 13. Au contraire, sur qua- torze chiens anaphylactisés, la mortalité a été de 50 p.100 pour des doses inférieures à 13. Ainsi, les différences créées par l’anaphylaxie dans la résistance individuelle des animaux peuvent être considérables. L’ASSIMILATION DE L'ACIDE CARBONIQUE PAR LES CHRYSALIDES DE LÉPIDOPTÈRES, par M'° la comtesse M. von LINDEN. I. — Les chrysalides augmentent de poids quand elles $e trouvent dans une atmosphère riche en CO”. Pendant l’hiver 1905-1906, je repris les expériences avec des chrysalides de lépidoptères pour étudier les phénomènes d'assimilation qui avaient résulté de mes recherches l’année précédente et qui ontété résumés ici dans les comptes rendus de la séance du 23 décembre 1905 (1). J'avais trouvé que les chrysalides du Papilio Podalirius placées dans une atmosphère humide et riche ‘en C0? absorbaient ce gaz et le transformaient en substance organique. Au lieu de perdre du poids comme cela se fait nor- malement pendant la métamorphose, les chrysalides qui avaient du CO? à leur disposition, devenaient plus lourdes. L'analyse élémentaire avait prouvé que les chrysalides s'étaient non seule- ment enrichies d’eau, mais qu'elles avaient aussi formé de la substance orga- nique, contenant les éléments C, N, H, O. Il fallait donc conclure que l'acide carbonique absorbé avait été ‘transformé en substance organique dans l'organisme de la chrysalide et que le N atmos- (1) L'assimilation de l’acide carbonique par les chrysalides de lépidoptères. Compte rendu de la Société de Biologie, t. LIX, 1905. *n89,] 2P 294 ATP] J9INJS 9P 9I[QNO sIBAR F (z) | *SOQUIMITA 979 JUO sopejeut sopresAIqO sa (7) 0££‘0T 08600 — 6007 L 8900 ‘0 — 688 IT 88200 + : owuos ur (4 e g601‘0 S9L8‘0 + BEEN PER à FILS‘ 0 °SIPUI : 8ce‘0 668 c + Ë Fe £69c ‘0 "A9J 98 7740 6017‘e + Cet a 687c 0 *A9J 61 Le un ELGG ‘0 ‘A9J 61 7 Su : = 69LT "0 A9} 8 #58 0 *A9J 8 LOg&‘0 *A9} 8 0LS 0 LS — k COLONOeRCO TIR 86#1‘0 867 + € g18r‘0 auel 68 OLFG ‘0 “auf 68 ; OLF&0 "ART 68 F1 ‘0 99% — 60° nee D 6861‘ 0 auel 08 6860 0 LO68‘0 HReatS A F060‘0 7180 + Dénci + -anof ‘0/0 ue ‘18 uo "opr[es AIO Set RE à MR © 2er ) Haut TR : à : ar 4 QOU919HIT SPOd eun né Ne SpIOŒ HEue ; de AUS FUes qe ‘ ALIMNNPSHO/T M HNÜIHAHASONLY HIV ‘[[{ LO07 SUAINNAT VI V HAÜIHAHASONLV UIV ‘[J LOT 509 007 ‘4 8 N4 ‘J 201 ‘eueuiIsezd eIIUAOTAH anod 6666" 98 SSPCAUL EE € 68 07 LGLO 0 — 81c'S 6070‘0 + :ewuwuos ux à € . : = € . — aGET'O 9COTO — out dite tés Eemsaltdé ont à des ducs RS Sn É r pcsg dfeà, 1 C2 SÉANCE DU 9 MARS 389 Voici, à titre d'exemple, le protocole d’une expérience : Curen V. — Injections sous la peau de deux tablettes de thyroïdine (60 cen- tigrammes de glande). I. — Recherche de l’hémolyse d’hématies de poule sensibilisées par sérum lapin-poule chauffé. Dilutions Avant 10 minutes 3 24 D) du l'injection après heures heures jours sérum thyroïdienne l'injection après après après 1/10 + + + + + + + + + + 1/20 + + + + + + + + + + 1/50 0 + + + + — + 1/100 0 0 0 + + 0 IT. — Recherche de l’hémolyse des hématies de lapin non sensibilisées. 1/2 HE ++ + + + + + + 1/5 + + + + + + + + + 1/10 0 . F + = 1/20 () 0 + eu de 0 Le signe + — indique hémolyse totale et rapide, le signe + indique hémolyse, mais moins rapide et moins complète. Les essais d’addition du sérum à des vibrions cholériques sensibilisés par le choléra — sérum chauffé — ont donné des résultats correspon- dants : la transformation des vibrions en granules était obtenue avec des dilutions de sérum, trois heures et vingt-quatre après l'injection thyroïdienne, dilutions inactives pour le sérum avant l'injection. Enfin, le pouvoir bactéricide sur le bacille d'Eberth est augmenté de la même facon. Cette augmentation de la teneur en alexine après injection de produits thyroïdiens ne s’est pas produite dans des expériences compa- ratives chez des animaux témoins, auxquels on injectait 2, 5, 10, 20 cen- timètres cubes de solution physiologique de NaCI ou de bouillon stéri- lisé, pas plus que l'extrait d'autre organe tel que la rate. : On remarquera qu’il ne faut pas une bien forte dose d'extrait thyroï- dien pour obtenir ces effets, puisque ces derniers sont déjà très nets avec une injection correspondant à 60 centigrammes de glande. M. Nolf(1) a constaté l'augmentation de la teneur du sérum en alexine après des injections sous-cutanées de certaines albumines étrangères, mais il fallait des doses relativement élevées de ces dernières. Il semble donc bien y avoir une certaine spécificité dans l’action du corps thy- roïde; je montrerai, dans une prochaine note, quels effets on obtient quand on introduit le corps thyroïde par la voie stomacale, et aussi ce qui se produit après l’extirpation de la glande. (Liége, Institut bactériologique, janvier 1907.) (1) Annales Pasteur, 1900, p. 312. 390 SOCIÉTÉ DE BIOLUGIE ÉTUDE QUANTITATIVE DE L'ACTION HÉMOLYTIQUE DES MÉLANGES DE SÉRUMS. COMPARAISON AVEC L'ACTION DE L'ANTITOXINE SUR LA TOXINE, par M': P. CERNOVODEANU. Dans une note précédente (23 décembre 1906) j'ai montré que l'hémo- lyse produite par un mélange de deux sérums normaux est souvent {rès différente de la somme des actions hémolytiques correspondantes à chacun des sérums. Les activations mutuelles des sérums, de mêmeque leurs neutralisations réciproques, ont un intérêt à cause des relations intimes de ces réactions avec les actions des antitoxines sur les toxines d’une ‘part et les sensibilisatrices des toxines d'autre part. Je présente d’abord l'étude de la neutralisation de deux sérums. Les globules de poule sont hémolysés par ie sérum de chien (Sc); le sérum de cheval (Sch) n'hémolyse pas du toutces globules, et lemélange de ces deux sérums produit unehémolyse plus faible que celle du sérum de chien seul. On peut donc dire que vis-à-vis des globules de poule le sérum de chien représente la toxine et le sérum de cheval l’antitoxine. Le tableau suivant contient les proportions de globules hémolvsés par différents mélanges des deux sérums (Sc. et Sch). Quinze tubes con- tenant chacun 30 centimètres cubes d'émulsion à 10 p. 100, de globules lavés, sont placés au thermostat à 31 degrés ; à un certain moment on y ajoute les mélanges de 0 cc. 3, 0 cc. 4 ou O0 ce. 5 Sc additionnés de 0, ce. 4, O0 cc. 75, 1 ce. 5 et 3 ce. Sch., le volume de ces mélanges a élé ramené avec NaCI 8 p. 1000 à 3 ce. 5. On fait dans chaque tube une première prise après quarante minutes et une deuxième après quatre- vingt-dix minutes; on centrifuge immédiatement et on dose au colori- mètre la proportion de globules hémolysés. HÉMOLYSE HÉMOLYSE QUANTITÉS PRODUITE APRÈS 40 MINUTES PRODUITE APRÈS 9Ù MINUTES de SR + Occs| L Qecb|E 1cc5| —E 8ce + Occg | Oecib| + Acci| HE 3cc 5 GES PER s Seul. Sch | Sch Sch | Sch Sch Sch Sch | Sch p. 100./|p. 100.| p. 100. |p. 100.|p. 100.fp. 100./|p. 100.|-p. 160. |p. 100.|p. 100. Occ3 43,5 | 24,4 | 14,1 | 6,1 | 4,29 À 57,2 | 49,5 | 98,6 | 46,9 | 10,5 oce5 | 80 » | 57,1 | 44,4 | 24,1 |. 8,1 À 95,2 | 80,0 | 74,4 | 57,2 | 48,8 : Occz SE EN Er IPC RSR) BEC ECC ES RCA PA Leo) On peut facilement, à l’aide des nombres contenus dans ce tableau, 1 ie st D ‘+ fi SEANCE DU 9 MARS 39% établir une série de mélanges isohémolytiques, c'est-à-dire qui ont le même pouvoir hémolytique vis-à-vis des globules de poule. Voici un certain nombre de ces mélanges isohémolytiques relatifs à quatre-vingt- dix minutes d’action sur les globules : L IL II Occ3 Sc 0cc4 Sc 0cc22 Sc 0cc38 Sc + 0,4 Sch OCC4S Sc + 0,4 Sch 0ce3 Sc E 0,4 Sch 0cc45 Se + 0,75 Sch 0cc54 Se + 0,15 Sch 0cc31 Sc + 0,:5 Sch Occ52 Sc + 1,5 Sch 0cc60 Se + 1,5 Sch Occ44 Sc + 1,5 Sch Occ55 Se + 3 Sch 0cc47 Sc + 3 Sch On voit immédiatement que les quantités de sérum de cheval (anti- toxine) qui doivent être ajoutées à des quantités croissantes de sérum de: chien (toxine) augmentent bien plus vite que les doses de sérum de chien. Ainsi par exemple, lorsque la quantité de Sc augmente de 0,3 à 0,47 (LIL série) les quantités de Sch croissent de 0,4 à 3. Ce résultat est donc: identique à celui que Ehrlich a décrit pour la neutralisation des toxines par l’antitoxine et que l’on désigne sous le nom de phénomène d'Ehrlich. Un deuxième résultat est relatif à l'influence de la durée d'action; ce- résultat est nouveau et il devra être étudié dans les actions des anti- toxines sur les toxines : les mélanges des deux sérums qui sont isohémo- lyliques pour une certaine durée d'action sur les globules ne le sont plus pour une autre durée. Voici quelques exemples : 0 ce. ec. 4 Sc + 1 c. c. 5 Sch produit après quarante minutes la même: hémolyse que le mélange 0 c. ce. 3 Sc +0 c.c. 75 Sch; au contraire, après. quatre-vingt-dix minutes d'action sur les globules, le premier mélange: est bien plus actif que le second; il est pour cette durée équivalent au mélange 0 c. c. 3 Se +0 c. c. 55 Sch. Il en est de même des mélanges suivants : Sc + 0,82 Sch et à 0,3 Sc + 0,4 Sck Sc + 0,45 Sch et à 0,3 Sc Sc + 2,2 Sch et à 0,3 Sc + 0,95 Sch Sc + 0,82 Sch et à 0,3 Se + 0,22 Sch Occ5 Se Æ 1cc Sch équiv. après 40 m. à 0 Occ5 Se + 1cc Sch équiv. après 90 m. à 0 ÔÜce5 Se + 3cc Sch équiv. après 40 m. à 0 Qcc5 Sc + 3cc Sch équiv. après 90 m. à 0 , 4 ñ ,# n € % € Tous ces résultats sont intéressants pour l'étude théorique de l’action des antitoxines sur les toxines; ils se rattachent directement aux recherches de Arrhenius, Madsen et de leurs élèves et nous serviront de base pour la discussion des théories physico-chimiques présentées. par ces auteurs. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES SUR LA TOXINE ET L'ANTITOXINE TÉTANIQUES. Ï. ÉTUDE DE L'ACTION DE L'EXTRAIT ÉTHÉRÉ DU SÉRUM ANTITÉTANIQUE, par M'° P. CERNOVODEANU et Vicror HENRI. On sait, d'une part, que la toxine tétanique possède une affinité spé- ciale pour le tissu nerveux, qui est très riche en substances grasses ; d’autre part, la cholestérine et d’autres substances grasses sont capables de neutraliser l’action hémolytique produite par la toxine tétanique ; on est donc conduit naturellement à analyser l’action produite par toute une série de substances grasses sur la toxine tétanique ; c'est ce travail que nous avons entrepris ; les expériences sont faites an vitro pour la tétanolysine et in vivo pour la tétanotoxine. La toxine tétanique ainsi que le sérum antitétanique nous ont été obligeamment fournis par M. Martin, auquel nous présentons nos remer- ciements. Résultats in vitro : l'extrait éthéré du sérum antitétanique possède un pouvoir antitétanolytique très puissant. Ainsi par exemple on prend un centigramme d'extrait éthéré sec, on le dissout dans 10 centimètres cubes d'éther, puis on dilue cette solution éthérée mille fois avec du NaCI à 8 p. 1000 ; cette solution diluée cinquante fois neutralise complètement l’action hémolytique produite par 1 centimètre cube de toxine tétanique dans 8 centimètres cubes d’émulsion de globules. Dans les mêmes con- ditions, 1/2 centimètre cube de toxine tétanique produit l’'hémolyse de 65 p. 100 de globules. Par conséquent dans cet exemple le mélange contient 1/50.000.000 d'extrait éthéré de sérum antitétanique. Si l’on compare l’action de ces extraits éthérés avec l’action du sérum antitétanique lui-même, on trouve que la solution de l'extrait éthéré est bien plus active que ce sérum. Enfin, en comparant dans les mêmes conditions l’action de la choles- térine, on trouve qu'il faut une quantité 50 à 100 fois plus forte de cho- lestérine que d'extrait éthéré du sérum pour produire la même action neutralisante de la tétanolysine. Nous avons fait un grand nombre de mesures quantitatives de ces différentes actions hémolytiques produites par la toxine tétanique et les différents mélanges. Les résultats numériques seront po dans un travail d’ ensemble à un autre éndroit. (Travail du bone de physiologie de la Sorbonne.) ENTRER ORNE) FANPTETSS SÉANCE DU 9 MARS 393 SUR LES ÉCHANGES GAZEUX ENTRE L'AIR ET LES SUCS D'ORGANES EN PRÉSENCE DE FLUORURE DE SODIUM. par J.-E. ABELOUS. Dans un mémoire très intéressant paru dans le dernier numéro du Journal de physiologie et de pathologie générale, F. Battelli et M!° Stern ont exposé les résultats de leurs études sur la respiration élémentaire des tissus. Ces recherches, qui précisent et confirment d’une façon générale les expériences de Paul Bert et de Regnard, établissent que, parmi les tissus animaux, le musele occupe le premier rang au point de vue de l’activité des échanges respiratoires. Cette question de la respiralion élémentaire, ou du moins du méca- nisme de la respiration élémentaire des tissus, me préoccupe déjà depuis longtemps, puisque, en 1904, j'ai communiqué à la Société de Biologie, en collaboration avec H. Ribaut, les résultats de quelques recherches «sur les échanges gazeux dans le sang et Les sucs d'organes en l'absence de cellules vivantes ». (Biol., 1904, t. IT, p. 67.) De ces expériences, il résultait que du sang ou du suc de foie en pré- sence de fluorure de sodium à 2 p. 100 absorbaient de l'oxygène el dégageaient de l’acide carbonique en quantité notable. © J'ai poursuivi ces recherches et les résultats que j'ai obtenus me con- firment dans l’idée que j'émettais à cette époque, à savoir que ces échanges gazeux, cette respiration élémentaire, sont le résultat de l'activité d’un ferment soluble, d'une diastase oxydo-réductrice. Voici une expérience qui vient à l’appui de cette assertion : On soumet à l’action d’une presse hydraulique, à la pression de 300 kilogrammes, 500 grammes de pulpe de foie de cheval soigneuse- ment pilée avec du sable pour dilacérer les cellules. 250 grammes du suc ainsi obtenu sont additionnés de 5 grammes de fluorure de sodium et introduits dans un flacon de 1 litre de capacité hermétiquement clos. Le flacon est soumis à une vigoureuse agitation pendant vingt-quatre heures à la température de 38 degrés. On extrait de même de 500 grammes de muscles de cheval pulpés du suc dont la même quantité (250 grammes), additionnée de 5 grammes de fluorure, est introduite dans un flacon de 1 litre et agilée pendant vingt-quatre heures à 38 degrés. On analyse l'atmosphère des deux flacons : Peucide-rivie ardégasé. 1." ÆM68Mr/e tr 25tde, CO? ÉCONSOIMMÉ SE Ce. 00 0 DIARONC. 0 OxyECNE Pesuc de musclé a dégagé . . . , "ÆPc:c: 25 de CO CACONSOMETERNENA EE T UOME 9 e.c. » d'oxygène. On voit la différence énorme qu’il y à entre le suc de foie et le suc 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE musculaire au point de vue des échanges gazeux. Cette différence est parfaitement en rapport avec ce que nous savons de la richesse du foie et de la pauvreté du muscle en diastase oxydo-réductrice. Dans mes pineness sur l'oxydation de l'aldéhyde salicylique par: ce ferment, j'avais observé que la présence d’une minime quantité de nitrite de sodium paralyse le ferment oxydant. De même la présence de nitrite de sodium diminue considérablement. les échanges gazeux du suc de foie. 300 centimètres cubes de suc hépatique sont étendus à 1.200 centi- mètres cubes avec de l’eau fluorée à 2 p. 100. On prend 250 centimètres cubes de cette dilution et on l’introduit dans un flacon de 500 centimètres cubes hermétiquement clos (lot A). 250 centimètres cubes de suc sont additionnés de 5 grammes de nitrite de sodium et introduits dans un second flacon de même capacité (lot B). Les deux flacons sont soumis à une agitation vigoureuse peau vingt-quatre heures à la température de 38 degrés. L'analyse de l’atmosphère des deux flacons montre que, tandis que le lot À a dégagé 11 centimètres cubes de C0° et consommé 51 c. c. 75 d'oxygène, le lot B n’a produit que 5 centimètres cubes de CO? et con- sommé que 21 c. c. 25 d'oxygène. Il est d’ailleurs très probable que cette consommation de 21 c. ce. 25 d'oxygène est due en très grande partie à l’auto-oxydation (simple phé- nomène chimique) des matières réductrices abondantes que contient le suc de foie, oxydation que n'empêche pas le nitrite, alors qu'il supprime l’action du ferment oxydo-réducteur. Enfin, dans une dernière série d'expériences, j'ai mis en présence d'une quantité limitée d’air 100 grammes de foie de cheval finement pulpé (A) et 100 grammes de muscle de cheval également pulpé (B). Aux deux pulpes on ajoutait 200 centimètres cubes d’une solution de fluorure de sodium à 2 p. 100. Le volume d'air était de 700 centimètres cubes. Les deux flacons étaient soumis à une forte agitation pendant vingt-quatre heures à la température de 38 degrés. Les échanges gazeux ont été les suivants : | A. — Foie pulpé : CO Produit. RAR SEC MOD LUCE OxyLÈNENCONSOMMERE NON 104 c.c. 3 B. — Muscle pulpé : CO? produite Re ReRr AURSRERS 1DACACEUS Oxygène Con one A OERtles ERC AC S On voit que les différences sont à peu près les mêmes, qu'il s'agisse de suc d'organes ou de pulpes additionnées de fluorure de sotiru. Il y a donc de grandes différences entre la respiration élémentaire des fragments de tissus en l'absence de tout antiseptique et la respira- SÉANCE DU Ÿ MARS 393 tion de ces mêmes lissus quand les éléments vivants ont été tués par le fluorure de sodium. Dans le muscle, en l’absence d’éléments vivants, les échanges gazeux sont extrêmement réduits; pour le foie, au contraire, ils présentent encore dans ces conditions une remarquable intensité. Celte différence parait tenir, je le répète, à la quantité très différente de ferment oxydo-réducteur qui se trouve dans le foie et dans le muscle. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) L'INFLUENCE DE L'’AGITATION DE L'EAU SUR LES ACTINIES, par GEORGES BON. Je continue l'analyse du complexe des influences variées qui agissent sur les Actinies, leur imprimant des états physiologiques divers. L’agitation de l’eau, si elle s’exerce d’une façon continue, ne tarde pas à avoir une influence des plus défavorables sur la plupart des animaux littoraux, et en particulier sur les Cœlentérés. Chez les diverses Actinies, cette influence est des plus nettes : il en résulte assez rapidement une sorte d'état de misère physiologique, qui se manifeste par une tendance marquée à rétracter les tentacules, qui peuvent dispa- raître complètement sous un repli annulaire de la paroi du corps; ces phénomènes d’englobement des tentacules, de fermeture du Polype, sont d’ailleurs la réponse la plus habituelle aux diverses excitations qui peuvent compromettre la vie de l'individu. Sous un courant d'eau, la plupart des Actinia equina, après une courte période de superbe épanouissement, se ferment; j'ai déjà indiqué, ici même (1), que la fermeture s obtient au bout d’un temps variable, suivant les heures de la marée : en moyenne, une demi-heure quand la mer descend, et plusieurs heures quand la mer monte {et je maintiens les termes employés, qui, seuls, ont une exactitude et une généralité suffisantes). Après la cessation d'un courant très prolongé (deux jours), les Actinies restent longtemps encore fermées; et une fois que celles-ci s'épanouissent, les réactions qu'elles présentent vis- à-vis des divers excitants sont affaiblies et même modifiées. Je n’insiste pas ici, car les phénomènes sont plus nets encore et plus intéressants chez les Anthea cereus (Anemonia sulcata Pennant). À Tatihou, où je les ai étudiées, ces Actinies se trouvent en abon- dance fixées sur les Zostères, qui forment de vastes prairies autour de (1) G. Bohn. La persistance du rythme des marées chez l’Actinia equina. Comptes rendus de la Société de Biologie, 22 décembre 1906. Biozocie. Compres RENDUS. — 1907. T. LXII. 28 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE É l’île et qui ne découvrent guère complètement que dans les grandes marées; alors, à mer basse, les feuilles de ces plantes sont étalées sur- le sable ou flottent à la surface d’une mince couche d'eau; à mer haute, au contraire, ces longues lanières vertes, allongées dans le sens du courant, s'agitent constamment. ë J'ai cherché à réaliser ces dernières conditions en aquarium, en faisant passer un courant d’eau continu dans une cuve de verre, et jy suis parvenu suffisamment. Voici alors ce que J'ai constaté. Surtout aux heures de la mer pleine, les Anthea rétractent complètement leurs tentacules en moins de deux heures. Le fait est intéressant à noter, car les auteurs classiques déclarent tous que ces organes ne sont pas rétractiles (4). Or, les Anthea cereus peuvent se fermer aussi complète- ment que les Acfinia equina après une émersion. Par exemple, le {°° et le 2 août (mers basses : à midi 49, le 1%; à minuit 45 et à 1 h. 16, le 2), j'ai fait passer le courant pendant vingt et une heures (de 8 heures du matin, le 1%, à 5 heures du matin, le 2): au bout des deux premières. heures, la plupart des Anthea étaient complètement fermées; à 1 heure de l’après-midi, il est vrai, elles se sont étalées de nouveau, mais e’était précisément l'heure de la mer basse; vers 6 heures du soir, c’est-à-dire au moment de la mer pleine (5 h. 58), il s’est produit une nouvelle rétraction des tentacules, qui a persisté en général tout le reste du temps. Après la cessation du courant, toutes ces Actinies rétractées se sont épanouies. De même, le 9 août (mer pleine à 11 h. 56), la fermeture d’'Anthea recueillies le 7 s’est produite sous un courant continu, de 11 heures du matin à midi et demie, alors que, le matin et le soir, des. courants, même plus prolongés, n’ont pas abouti au même résultat : il sernble qu'il y ait encore une relation avec la marée. Des secousses répétées produites par le passage d’un courant d’eau ow par des trépidations résulte, à la longue, un affaiblissement vital. Aussi: est-il facile de distinguer les Anthea cereus qui ont séjourné un certain temps sous un courant d’eau de celles qui n’ont été soumises à aucune agitation. Le 9 août, par exemple, à 5 heures du soir, des Antheæ, qui ont été placées dans un courant de 11 heures à midi et demie, ont encore le corps rapetissé, les tentacules raccourcis et recourbés, et, à 9 heures. du soir, un individu se ferme presque complètement. Le 11 août, om observe un contraste très marqué entre deux lots, À et B, placés chacun: dans une cuvette blanche, toutes conditions identiques, mais dont l'un, B, a été soumis à un courant d’eau toute la journée de la veille. Dans le lot B, les tentacules sont diversement courbés et le corps reste toujours plus petit; à la suite de diverses excitations (attouchement, renouvellement de l’eau, insolation), les tentacules, restent beaucoup. - (1) La rétraction ou la non-rétraction des tentacules est même un caractère. de diagnose entre les Acfinia Brown et les Anemonia Risso (Anthea). SÉANCE DU 9 MARS 397 plus longtemps contractés; les divers individus se fixent dans les orien- tations les plus variées. Au contraire, les individus témoins, À, s'épa- nouissent superbement au fond de la cuvette, les tentacules ayant une disposition régulière. Le 12 août, le contraste existe encore, moins marqué cependant. Très souvent le soir, à la baisse du jour, les Anthea, affaiblies par le passage prolongé d'un courant d’eau, se sont fermées, comme celles affaiblies par un séjour prolongé à l'obscurité ou par une insolation trop vive. La tendance à l’englobement des tentacules se présente donc sou- vent comme un indice d'un état de misère physiologique, créé par une influence passée. La fermeture des Anthea se Bat donc, soit dans une eau agitée, soit à la suite de l’affaiblissement vital qui résulte de secousses répétées ou de toute autre cause passée. Il est probable que quand les prairies de Zostères sont agitées par les vagues, beaucoup d’Anthea se ferment. J'ai observé même la fermeture spontanée dans les aquariums. Les conditions étaient alors les suivantes: Anthea recueillies la veille et bien vivantes, grande masse d’eau très pure disposée sur une assez grande épaisseur, feuilles de Zostères immergées à diverses profondeurs et oscillant lors des déplacements des Actinies qui y étaient fixées, heures de la mer haute. Contrairement aux Anthea qui étaient solidement fixées . contre le fond et les parois, celles qui évoluaient sur les feuilles profondé- ment immergées et oscillantes se sont englobées passagèrement, surtout quand on agitait très légèrement le bocal. Il semble que l’eau intérieure quitte les tentacules pour venir gonfler le pied qui se contourne autour du support, comme si l'animal était menacé d’être détaché. Les Actinies, sous une épaisse couche d’eau et sur des feuilles en mouvement, se com- portent comme si elles craignaient que les flots de la mer les arrachent à leur support ; le danger n’est pas encore très menaçant, mais le phé- nomène se produit sans doute par le mécanisme de MÉSnHeipauss réflexe mis en évidence par Piéron. Quoi qu'il en soit, il est curieux de constater combien la même Actinie peut faire de réponses différentes à une même excitation, telle que celle de l’eau agitée. Pour expliquer ces différences, il faut faire intervenir beau- coup de facteurs : heure de la marée, du jour, pureté de l’eau, nature et solidité du support... Et tel phénomène, par exemple l’'englobement des tentacules de l’Actinie dans l’eau agitée, difficile à obtenir artificielle- ment, se produit aisément, même sans une agitation bien appréciable de l’eau, quand on réalise l’ensemble des conditions dans lesquelles se trouve le Polype lorsqu'il se rétracte dans la nature. Les réactions des animaux littoraux ne paraissent « vaguement quel- conques » que quand on ne tient pas compte de toutes les influences, présentes et passées, qui sont en jeu. Mais le déterminisme apparaît d'autant plus nettement que l'analyse des complexes d’influences est 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE poussée plus loin. Dans un travail très intéressant qui vient de paraitre (1), un auteur américain, L.-J. Cole, étudiant la vision chez une série d'animaux, fait observer qu’il y a des animaux dont les réac- tions sont constantes etnettes et d’autres dont les réactions sont incons- tantes et peu précises ; pour lui ces derniers sont de « mauvais animaux » et il les élimine tout simplement de son étude. C’est là un procédé très commode. Je crois cependant que les « mauvais animaux » ne sont pas moins intéressants que les « bons », et que bien au contraire le biolo- giste devrait s'attacher à débrouiller le déterminisme de leurs réactions. C'est ainsi que j'ai toujours cherché à réhabiliter aux yeux des physio- logistes les « mauvais animaux ». RECHERCHES SUR LES COMPLEXES COLLOÏDAUX D’'ALBUMINOÏDES ET DE LIPOÏDES. I. — Les lécithalbumines sont des complexes colloidaux, par ANDRÉ MAYER et E.-F. TERROINE. Un grand nombre d'auteurs : Liebermann, Hoppe Seyler, Osborne et Camp- bell ont décrit des corps extraits de la muqueuse gastrique, du foie, du rein, : des capsules surrénales, du cerveau, du jaune d'œuf, etc., qui contiennent des lécithines et des albumines, qui sont insolubles dans l’eau pure, solubles dans les solutions de sels neutres, insolubles dans les acides et solutles dans les alcalis dilués, solubles dans l'alcool et l’éther. Les auteurs considèrent ces corps comme des combinaisons chimiques vraies parce. que, malgré les traitements par les dissolvants des graisses, une certaine quantité de graisse reste indissolublement liée à l’albumine (2). Les lécithalbumines sont tou- jours formées en milieu acide; elles possèdent les propriétés de « se combiner » aux bases faibles, de rendre acides les solutions de phosphates neutres; quand on les mélange aux sels de métaux lourds, elles « se combinent » avec le métal lourd, et laissent le radical acide en liberté (Liebermann). Ces pro- priétés se rapprochent tellement de celles de complexes colloïdaux qu'il y a lieu d’en faire une étude systématique. (1) L.-J. Cole. An experimental study of the image-forming powers of various types ofeyes. Proc. amer. acad. arts and sciences, XLII, n° 16; janvier 1907. (2) Parmi les corps qui seraient composés d’albuminoïdes et de lipoïdes, il y a lieu de considérer surtout : les lécithalbumines et l’ovovitelline, formées dans l’eau; les lécithides, formées dans les dissolvants de graisses; les jécorines,qui contiennent du sucre, et l'ichtuline qui renferme une substance réductrice mal déterminée. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que les lipoides : protagon, cérébrine, etc., ont des compositions chimiques assez variables . suivant les procédés de fabrication. w LES as à à dé e S SÉANCE DU 9 MARS 399 I. Corps EMPLOYÉS. — Lécithines : préparées par Merck, Billault, Byla, provenant du jaune d'œuf et préparées les unes par l'alcool à chaud, les autres par l'alcool à froid après traitement par l’acétone. Nous en faisons, au mortier, de très fines émulsions (à grains micros- copiques) dans l’eau distillée froide. Ces émulsions sont stables pendant des mois. . Albumines : ovalbumine de poule et sérumalbumine de cheval dialysés jusqu'à ce que la conductivité devienne très faible. IT. CARACTÈRES DE L'ÉMULSION DE LÉCITHINE. — Celte émulsion est neutre aux tournesol, méthylorange, phénolphtaléine ; placée dans un champ électrique, elle se transporte très nettement et très vite vers le pôle positif (comme l’a vu Victor Henri, communication orale); elle précipite par les colloïdes posilifs comme l'hydrate ferrique et le bleu de toluidine ; elle ne précipite pas par les colloïdes négatifs comme le rouge congo et le sulfure d’arsenic. Au total, elle se comporte comme un colloide négatif, et ce fait détermine ses réactions vis-à-vis des électro- lytes, qui sont les suivantes : l’émulsion précipitée par les acides (HCE, N CH'COOH, NO°H, H°S0”) Ê 7) devient extrèmement claire par addition d’alcali; elle n'est pas précipitée par les sels de sodium, potassium ; elle l’est par les sels de magnésium, calcium et par les sels de métaux lourds. III. FORMATION DU COMPLEXE ALBUMINE-LÉCITHINE. 4) Si on ajoute à une émulsion de lécithine de l’albumine dialysée, il ne se produit aucun précipité dans aucune proportion; si on ajoute de l’albumine alcalinisée, aucun précipité encore. Si l’on ajoute au contraire de l’albumine acidifiée, il y a production d'un précipité; pour de certaines proportions, la précipitation est totale. 8) Le précipité qui contient l’albumine et la lécithine est soluble dans un excès soit d'albumine, soit de lécithine. Exemple : Emulsion à 1 p. 100 K — 265.10 $ E sérumalbumine K— 240.10 ‘rendue — en HCI. 1 centimètre cube est précipité totale- ment par deux gouttes d’albumine et redissous si on ajoute 20 gouttes d’albumine : la liqueur surnageante ne donne plus les réactions de l’albumine et ne contient plus de lécithine. y) Pour précipiter la lécithine, l'acidité de l’albumine doit être d'autant plus forte qu'il y a plus de sels neutres présents dans la liqueur. IV. PROPRIÉTÉS DU COMPLEXE LÉCITHINE-ALBUMINE. «) Redissolution. — Le complexe précipité est soluble : dans les solu- tions diluées, d’alcalis, de sels neutres de sodium et de potassium N : | be (environ 10) ; insoluble dans les solutions diluées d'acides et de sels 400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de bases bivalentes; partiellement soluble dans les solutions plus concentrées 5) d'acide. Le complexe redissous dans les sels neutres a les propriétés suivantes : x 6) Transport électrique. — Dans un champ, le complexe lécithalbu- mine se transporte en sens inverse de la lécithine, vers le pôle négatif. +) Précipitation. — Il est précipité de ses solutions, partiellement par MgSO”, totalement par (NH°) SO‘. à) Coagulation par la chaleur. — Redissous par les acides ou les bases, il est incoagulable à l’ébullition; redissous par les sels neutres, une petite partie de la suspension se précipite à l’ébullition. e) Solubilité dans les solvants des graisses. — Le complexe lécithalbu- mine est extrêmement soluble dans le xylol, le chloroforme; très soluble dans la benzine et le sulfure de carbone; soluble dans l'alcool éthylique, l’éther sulfurique et leur mélange; partiellement soluble dans l’éther de pétrole; insoluble dans l’acétone. En résumé le complexe lécithalbumine possède des propriétés qui se rapprochent de celles des complexes colloidaux d'albuminoïdes (nucléine- albumine, etc.), et d'autre part les propriétés des lécithines. (Travail du laboratoire du professeur François-Franck.) L’ÉTAT ACTUEL DU PROBLÈME DES FACTEURS DU SOMMEIL PÉRIODIQUE. I. INSUFFISANCE DES VOIES D'INTRODUCTION PÉRITONÉALE, RACHIDIENNE ET VENTRICULAIRE, . par H. PIÉRON. J'ai exposé quels étaient, dans mes expériences visant à transférer le besoin impératif de sommeil d’un chien insomnique à un chien normal, les milieux organiques à prélever et les voies d'introduction à choisir (1). Quels sont donc les résultats déjà obtenus dans cette direction ? 1° Voie d'introduction ventriculaire. — Cette voie est à abandonner; il suffit en effet de quantités minimes de liquide injecté pour obtenir un effet mécanique de compression analogue à celui de certaines tumeurs cérébrales, identique à celui obtenu par Sicard dans les injections intra- rachidiennes de quantités considérables de liquides. L'effet constaté d'apparence positive après injection de sérum insomnique est illusoire : (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 2 mars, t. LXII, p. 342. SÉANCE DU 9 MARS A0 Noirot. œ 10 kg. 500, quatre mois et demi. Trépanation aseptique à la cocaïne dans la partie postérieure de l'os frontal à 1 centimètre à droite de la ligne médiane. Enfoncé l'aiguille de 1 centimètre et demi. Injecté 10 centi- mètres cubes, à raison de 2 centimètres cubes à la minute, de sérum de Pyrame (insomnique). Normal et agile d’abord. Une demi-heure après la fin de l'opération il se produit une somnolence progressive, avec légère parésie -du train postérieur, somnolence irrésistible et paraissant proche du coma. Disparition progressive de la somnolence dix heures après, et retour à l’état normal au bout de douze heures. Une semaine après, réinjection à Noirot, dans les mêmes conditions, de 10 centimètres cubes de sérum normal. Les phéno- mènes se répètent identiquement les mêmes que dans le premier cas. ‘À l’autopsie, il est constaté que l'aiguille avait bien pénétré dans le ven- tricule latéral droit, sans le dépasser. Ainsi, on obtient par injection ventriculaire de 4 centimètre cube par kilogramme des phénomènes de somnolence dus à la compression par suite d'un mécanisme encore obscur d’ailleurs, puisque la Somnolence n'est pas immédiate (1); cette voie doit donc être abandonnée; les injec- tions intra-cérébrales, d'après les expériences de Delezenne et Armand- Delille, n’entraiîneraient pas cette conséquence. 29 Voie d'introduction rachidienne. — Les injections intra-rachidiennes (4° lombaire), quoique plus difficiles chez le chien que chez l’homme, se . peuvent faire sans anesthésie et sans douleur durable, caractéristiques très précieuses pour Les expériences entreprises; les injections ont porté sur le liquide céphalo-rachidien, le sérum sanguin et l’émulsion céré- brale. Prélèvement sur Pyrame, arrivé à un besoin impératif de sommeil très intense après cent quarante-six heures d’insomnie, de sang, défibriné, puis centrifugé, de liquide céphalo-rachidien, et, après sacrifice par strangulation, de substance cérébrale broyée et émulsionnée dans quatre fois son poids d’eau physiologique bouillie. Fox. « 9 kg. 300. Quatre mois et demi. Injection rachidienne de 18 centi- mètres cubes de sérum à raison de 3 centimètres cubes à la minute. Finette. Q 6 kilogrammes. Quatre mois et demi. Injection rachidienne de 4 centimètres cubes de liquide céphalo-rachidien. Bismarck. & 8 kg. 700. Quatre mois et demi. Injection rachidienne de 15 centimètres cubes d’émulsion cérébrale. Les trois chiens restent absolument normaux. L'absence complète d'action de ces injections est sans valeur probante, la voie rachidienne étant commode, mais condamnée à l’inefficacité : J'ai, en effet, procédé, afin de juger dans quelle mesure il était (1) À ce propos, je puis noter que, aussitôt après l'injection, et pendant un quart d'heure environ, il se produit une érection due probablement à l'exci- tation du noyau caudé, qui contiendrait, d’après Pagano, un centre génital. Le (=) 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE possible d'agir sur le cerveau par injection rachidienne, à des injeclions de chloroforme : j'ai pu constater qu’une quantité de 10 centimètres: cubes de chloroforme anesthésique chez un chien de 18 kilogrammes ne produisait pas le sommeil, pas même d'effets appréciables. Une injec- tion de 30 centimètres cubes tua ce chien au bout seulement de quatre : heures, la paralysie du train postérieur ayant précédé de longtemps le sommeil. Il paraît probable que, étant donné la faible circulation ascen- dante du liquide cérébro-spinal, le chloroforme n’agit sur le cerveau qu’en diffusant très lentement dans la circulation générale, ce qui per- met l'élimination, au fur et à mesure, de la plus grande proportion. Le: chloroforme est plus actif en injection intra-péritonéale : par injection de 6 centimètres cubes chez un chien de 8 kilog. et demi, la mort est survenue en cinq heures et demie, ayee sommeil plus rapidement apparu. On doit donc abandonner la voie rachidienne, comme la voie ventri- culaire. | 3° Voie d'introduction péritonéale. — Ici encore les avantages de celte voie ne peuvent être utilisés, à cause de la trop grande lenteur d'absorption, susceptible de favoriser une élimination rapide. On ne peut rien conclure de l’inefficacité que j'ai constatée des injec- tions d'émulsion cérébrale d’un chien insomnique à un chien normal. Bismarck. Injecté dans le péritoine 30 centimètres cubes d'émulsion: aseptique de Pyrame (insomnique), à raison de 6 centimètres cubes à la minute. Entièrement normal ensuite, d’après une observation de plusieurs. heures. Ainsi, pour l'étude des hypnotoxiques éventuels qui peuvent se rencontrer chez un animal soumis à l’insomnie expérimentale et ayant un besoin impératif de sommeil, qu'on doive les trouver dans les milieux de l'organisme où à l’intérieur des cellules cérébrales, on ne peut faire appel à la voie d'introduction péritonéale, et à plus forte raison sous-culanée, ni, pour des raisons différentes, à la cavité cérébro- spinale. On doit donc s'adresser à la circulation générale (injections intra-veineuses ou intra-arlérielles) et aux injections intra-cérébrales. Du MÉCANISME DE LA RÉTENTION DU BROMURE DE POTASSIUM DANS L'HYPOCHLORURATION, par Ep. TouLouse et H. Préron. Lorsqu'on fait absorber une quantité thérapeutique de bromure de potassium à un sujet soumis à un régime normal, ingérant chaque jour une quinzaine de grammes de NaCl, le bromure est éliminé dans une 7 SÉANCE DU 9 MARS 403. proportion considérable; au contraire, si l’on ramène la quantité des chlorures alimentaires à un très faible taux, 2 grammes par exemple, il se produit une rétention nette du bromure, qui accompagne un accroissement de l’action thérapeutique de ce médicament dans le traite- ment de l’épilepsie. Il y a là un fait acquis. A quoi est due cette élimination moindre du bromure dans l'hypo- -chloruration, cette élimination intense dans l'hyperchloruraltion ? Une théorie chimique a cherché à en rendre compte. M. Linossier l’a exposée ainsi : « Le bromure peut se fixer dans les tissus et y prendre la place des chlorures. Quand il y à beaucoup de chlorures et peu de bromures, les combinaisons albumino-chlorurées des tissus ne se disso— cient pas, et les bromures ne font que traverser l'organisme sans se fixer. Si l'on diminue, au contraire, la quantité des chlorures alimen- taires, les combinaisons albumino-chlorurées des tissus se dissocieront en partie, et les bromures prendront dans les tissus la place des chlo- rures éliminés. L'organisme est-il bromuré, et veut-on hâter l’élimi- nation des bromures? Il suffira de lui rendre les chlorures en excès. Ceux-ci reprendront leur place dans les tissus, et les bromures, devenus corps étrangers, s'élimineront (1). » D’après cette conception, l'augmentation d'élimination des bromures dans la rechloruration est due à ce que les chlorures prennent la place des bromures. Or, il ne paraît pas en être ainsi. En effet, après un régime hypochloruré (1 gr. 50 de NaCI par jour)aw bout duquel, en donnant tous les jours 3 grammes de KBr, ils’éliminait en moyenne 0 gr. 500 de KBr et 3 gr. 277 de NaCI, on donne 11 gr. 50 de chlorure alimentaire. L'élimination moyenne de KBr passe alors pendant les einq premiers jours à 3 gr. 756 et pendant les cinq suivants _ à 3 gr. 197. Cr, parallèlement, la quantité de NaCI monte à un taux très élevé ; Le chlore, loin de chasser le brome en sé substituant à lui, s’éli- mine, comme le brome, en plus grande quantilé qu'il n'est ingéré : 16 gr. 99 pendant les cinq premiers jours, 19 gr. 152 pendant les cinq suivants (avec en même temps augmentation de l’eau éliminée, le volume urinaire passant de 2.408 centimètres cubes à 2.684et 2.566) (2). C'est donc une même cause qui règle les éliminations de KBr et NaCI, et cette cause est vraisemblablement la régulation de la tension osmo- tique des milieux de l'organisme, le rein, organe régulateur principal, procédant à des rétentions ou à des chasses salines pour lutter contre l’'hypotonie ou l’hypertonie. à Dès lors, on doit admettre que tout acte capable de produire une élévation de la tension osmotique tendra à provoquer une élimination (1) Bulletin de la Société médicale des hôpitaux, 1904, n° 33, n° 1071. (2) Toulouse et Requier. Bull. Soc. méd. des hôpitaux. Séance du 17 nov. 1904, p. 1069. L 404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du bromure, comme l’absorption de chlorure de sodium, dont l’action ne serait pas spécifique et due à la présence de l'halogène, mais surtout physique. Des expériences ont été faites comparativement sur les quantités iso- toniques ingérées de phosphate dibasique de soude et de chlorure de sodium. | Or, contrairement à ce qu'on pouvait attendre, l’action sur l’élimi- nation de KBr a été loin d’être identique, bien que positive : alors qu’une addition de 12 grammes de NaCI à un régime en contenant À gr. 50 (avec 3 grammes KBr chaque jour) provoqua (chez un sujet constam- ment bromuré) une élimination moyenne de 4 gr. 094 de KBr et de 12 gr. 335 de NaCI (1.832 c. c. d'urine) pendant une période de cinq jours, l'addition de 46 gr. 50 de phosphate de soude (il aurait fallu 17 gr. 40 pour donner l'isotonie exacte vis-à-vis de 12 grammes NaCI) re pro- voqua qu'une élimination moyenne de 4 gr. 916, 10 gr. 143, 14 gr. 369 de NaCI pendant 3 périodes de cinq jours (pour 1 gr. 50 ingéré), et de 2 gr. 479, 2 gr. 453 et 1 gr. 807 de KBr, contre 4 gr. 857 de NaCl et 2 gr. 069 de KBr pendant la période hypochlorurée et sans phosphates(1). Mais, d’une part, il y a bien eu accroissement moyen des quantités de NaCI et KBr éliminées, et, d'autre part, la quantité isotonique de phos- phate ingérée n’est pas la quantité absorbée : le phosphate est beau- coup moins absorbé que le chlorure (la quantité moyenne éliminée n’a jamais dépassé 7 grammes pour plus de 16 ingérés), et, d'autre part, possède des ions moins mobiles et moins rapides. La moindre action du phosphate est donc parfaitement compatible avec la conception d'après laquelle les éliminations ou rétentions de bromure dans l'hyper- ou l'hypochloruration sont un effet de la ten- dance de l'organisme à maintenir à un taux constant la concentration saline du sang, beaucoup plutôt que de l’antagonisme et de la compé- üition de deux halogènes susceptibles de se fixer sur les tissus. Les variations de fixation apparaissent comme le résultat et non la cause de l'élimination ou de la rétention du bromure. Dans l'hypochloruration, le bromure n’est pas retenu parce qu'il s’est fixé, mais il ne se fixe que parce qu'il à été retenu (2). (1) Soc. méd. des hôpitaux. Séance du 4 mars 1907. (2) L. Hoppe. Neurologisches Centralblatt, 1906. Br n’agit dans l’épilepsie que lorsqu'il a atteint un certain taux dans le sang. SÉANCE DU 9 MARS 405 BALANCE ENTRE LES ALBUMINOÏDES 1NGÉRÉS ET CEUX DÉPENSÉS PENDANT SA GROSSESSE PAR LA LAPINE, par E. MAUREX, Dans des notes antérieures (1), après avoir évalué les quantités d’albuminoïdes et de ternaires ingérés par la cobaye pendant sa grossesse, et surtout les quantités de ces aliments absorbés en excédent de ses besoins d'entretien, j'ai essayé d'établir quelles avaient été les utilisations de cet excédent, et j'ai trouvé qu'il y avait une certaine con- cordance entre les excédents en albuminoïdes et en ternaires et les quantités de ces mêmes aliments contenues dans les jeunes à la nais- sance et parfois dans les réserves de la mère. Or, je me propose main- tenant de faire pour la lapine ce que j'ai fait pour la cobaye, el je com- mence par l'évaluation des albuminoïdes. . L'observation que je résume dans le tableau suivant est celle déjà donnée au point de vue des dépenses totales pendant Îa grossesse (expérience IV, Soc. de Biologie, séance du 13 octobre 1906, page 286) et au point de vue des dépenses totales pendant l'allaitement (expérience I], Soc. de Biologie, séance du 27 octobre 1906, page 325). C’est une de mes expériences les plus complètes parce que j'ai suivi les dépenses sur le même animal, depuis le commencement de la grossesse jusqu’à la fin de l'allaitement. EXPLICATION DU TABLEAU. — Les colonnes I, Il et IIT donnent les dates avec la durée des périodes, les températures et les poids moyens de l’animal. La colonne IV contientles quantités totales d’albuminoïdes ingérés de la colonne V, celles qui auraient suffi à l'entretien, celui-ci étant évalué à 1 gramme par kilogramme d’animal. La colonne VI donne la totalité des dépenses en calories par kilogramme d’animal en se basant sur les divers aliments ingérés et servant de terme de comparaison avec les azotés. Dans la colonne VII, se trouvent les dépenses en albuminoïdes par kilogramme d’animal résultant des rapports des colonnes III et IV ; et dans la colonne VIII figure la diffé- rence entre les albuminoïdes ingérés et ceux nécessaires à l’entretien, soit ceux pouvant être mis en réserve chaque jour par kilogramme d’animal. La colonne IX donne les mêmes quantités pour le poids total de l'animal et n'est que le produit des colonnes III et VIIT. Enfin, la colonne X donne le total des albuminoïdes mis en réserve pendant les diverses périodes, dont la première est de deux jours, la dernière de cinq, et toutes les autres de quatre. Or, en procédant ainsi, comme on peut le voir, on arrive aux résultats suivants : 1° On trouve pour les albuminoïdes le même fait général que pour la 1) Société de Biologie, séance du 13 octobre 1906 , 281 ; et Société de ? P Biologie, séance du 2 mars 1907, P:- 392. 406 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE r RESERVE r. RÉSERVE 2 QUANTITES 2 AZOTES CALORIES ACTION :: POIDS ALBUMI- 2 TEMPERA- totale des azotés d'azotés ingérés en plus NOIDES TURES totales totale par moyenne totaux 3 moyens minima DATES de l'entretien pendant des azobés de ingérés d'entretien en| par kilogr. | kilogramme et Maxima ar kilogr. d'animal la période par jour P par jour albuminoïdes d'animal d'animal l'animal X NII IV III 9-10 juin 1905 . 11-14 15-18 See Re re nm SR se ne 161-5 juillet 1905. 19-22 23-26 27-34 totalité des aliments : leur in- gestion a été plus considérable au début qu'à la fin; et dans la dernière période, ils sont même arrivés à être insuffi- sants. 2° La quantité totale de ces substances mises en réserve, déduction faite de celles insuffi- santes pendant la dernière pé- riode, est de 129 gr. 95. Mais celte quantité est celle ingérée ; el, en déduisant le 10 p. 400: représentant approximative- ment le déchet intestinal, il nous reste 117 grammes. 3° D'autre part, à la nais-: sance, les lapereaux pesaient 665 grammes ; et en admettant pour eux 171 p. 100 de sub- stances albuminoïdes, propor- tion qui correspond d’une ma- nière générale à celle des jeunes mammifères, nous trouvons 113 gr. 65, c'est-à-dire une quantité très rapprochée de celle des albuminoïdes mis en réserve. 4° Quant à la mère, ses ré- serves dans ce cas sont négli- geables. Elle pesait, en effet, le 6 juin, avant la grossesse, 3 kil. 250, et si elle est arrivée à 4 kil. 075 dans la dernière pé- riode de sa grossesse, elle est revenue à 3 kil. 325 le lende- main de sa mise bas. De plus, cette augmentation de 15 grammes me parait devoir être due plus à des corps gras qu'à des azotés. En ce qui con- cerne les albuminoïdes, on peut donc accepter ces conclusions : 1° Que l’ingestion de ces ali- SÉANCE DU 9 MARS 107 ments a suivi la même marche que celle de la totalité des aliments; 2 Que pendant la grossesse les albuminoïdes ingérés, et même probable- ment ceux absorbés, ont dépassé d'une manière marquée le lotal nécessaire à l'entretien ; : 3° Que l'excédent de ceux nécessaires à l'entretien a correspondu, dans ce cas, avec une grande concordance à ceux nécessilés pour la constitulion du fœtus ; X° Enfin, que, sans qu'on puisse s’atlendre à une concordance aussi complète, vu toutes les évaluations simplement approximatives auxquelles ces calculs sont soumis, en rappelant les résultats obtenus pour la même étude faile pour la cobaye, on peut admettre qu'il existe réellement un rapport, d'une part entre les albuminoïdes absorbés en excédent de ses besoins d'entretien par la mère, et, d'autre part, ceux nécessités pour la constilulion du fœlus et parfois ceux gagnés ou perdus par la mère. RÉACTIONS PROVOQUÉES PAR LE CANCER DANS LES CAVITÉS DE L'ORGANISME : CAUSE DE LA DIAPÉDÈSE LEUCOCYTAIRE, par G. FRoin. Lorsqu'un cancer délermine des modifications pathologiques dans une cavité de l'organisme, les éléments du sang (plasma, globules rouges, globules blancs) s’y rencontrent généralement dans des pro- portions très variables. La plus constante des réactions est la trans- sudation habituellement très abondante du plasma sanguin (sérotaxie de Unna), entrainant l'hyperpression dans la cavité et obligeant à pratiquer des ponctions répétées pour soulager le malade. Ensuite vient l’extravasation souvent cousidérable des globules rouges, com- muniquant au liquide une teinte sanglante; cependant, le chiffre des hématies reste généralement inférieur à 1 million par millimètre cube de sérosité. Enfin, il existe une diapédèse leucocytaire plus ou moins prononcée, accompagnée ou non d’une macrophagie importante. L'action globulicide du cancer (1) n'étant pas trop rapide, il est pos- sible de compter assez rigoureusement pendant toute l’évolution de la maladie, en même temps que le nombre des globules blancs, celui des globules rouges contenus dans la cavité pathologique, el d'apprécier les modifications que subissent ces éléments. Dans ces conditions, j'ai vu que la diapédèse leucocytaire est régie par le nombre et surtout par le degré d’altération des globules rouges extravasés sous l’influence du processus cancéreux, Cependant, cette diapédèse est souvent modérée (4) G. Froin. L’hématolyse anormale. Société de Biologie, 6 janvier 1906. ADS SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à cause de l'hyperpression du liquide épanché. Parmi mes observations, voici le résumé de quatre d’entre elles, au point de vue qui nous iuté- resse. Elles correspondent à une série croissante dans l'apparition et l’intensité des réactions. Premier cas. — Cancer vertébral adhérent à la dure-mère : liquide céphalo- rachidien jaune et un peu albumineux, ne contenant ni globules rouges ni globules blancs. ‘ Deuxième cas. — Cancer de l’estomac propagé à la plèvre n'ayant nécessité qu'une seule ponction : 1 litre de liquide environ. Globules rouges d'aspect normal : 45 par millimètre cube. Éléments blancs : 10, surtout lymphocytes. Troisième cas. — Cancer pleural ayant nécessité, au début de l'affection, des ponctions répétées à cause de l'intensité de la sérotaxie. Le liquide examiné 18 fois montre une altération et une décoloration lentes des globules rouges. Le nombre de ces globules s'élève d’abord au-dessus de 500.000 par millimètre cube et s'accompagne d’éosinophilie de la séreuse; dans la suite, le chiffre des globules se maintient au-dessous de 100.000 par millimètre cube. La leucocytose locale a toujours été au-dessous de 1.000 globules blancs par millimètre cube. Pendant que la transsudation séreuse diminue ainsi que le nombre des globules rouges, la leucocytose se modifie peu et même s'élève. Il se fait une hématolyse locale importante, et une série de ponctions. montre successivement : 1 leucocyte pour 93 hématies ; 14 pour 60; 1 pour 29; 1 pour 16; 1 pour 11. Les macrophages sont abondants. Quatrième cas. — Cancer ovarien propagé au péritoine et à la plèvre. Après. des ponctions répétées, à cause de l'intensité initiale de la sérotaxie, ce phé- nomène réactionnel diminue et le liquide, examiné à sept reprises succes- sives, présente un aspect trouble. Les hématies sont très altérées; leur déco- loration et leur fragmentation sont tellement prononcées, qu'elles sont. arrivées à la limite de la visibilité. Il est impossible d'apprécier exactement leur nombre par millimètre cube. Le chiffre des leucocytes se maintient toujours au-dessus de 2.500 par millimètre cube. Les polynucléaires neutro- philes sont très abondants et les macrophages rares. (L'ensemencement du. liquide et l’incculation au cobaye ont montré qu'il était stérile.) ; Ces quatre observations montrent bien l’irrégularité et les modifica- tions des réactions que peut provoquer le cancer. Il est indiscutable que la transsudation séreuse relève directement du processus cancé- reux : elle peut exister isolée ou presque isolée, sans réactions cellu- laires (obs. I et Il). Intense et engendrant une hyperpression souvent considérable dans la cavité, au début de l'affection, elle s’apaise beau- coup dans la suite (obs. IITet IV). L’extravasation hématique, phénomène bien moins important, pré- sente d'habitude dans ses variations un certain rapport avec le degré de la sérotaxie, c'est-à-dire que ce sont les cas nécessitant le plus fréquem- ment la ponction qui présentent le plus grand nombre d’hématies par millimètre cube. Je n'ai pas rencontré un seul cas où la leucocytose locale ne puisse être facilement interprétée comme une leucocytose- 4 2 Le _ amplement pour provoquer cette réaction. ! SÉANCE DU 9 MARS 409 hématolytique pure, c’est-à-dire comme une leucocytose produite par la destruction hématique locale. Dans les quatre observations précédentes, on voit que les deux premières sont nulles ou inappréciables au point de vue de l’hématolyse et de la leucocytose locales. Dans l’observa- tion LIT, le chiffre des globules blancs, par rapport à celui des globules rouges, s’est toujours maintenu à un taux que l’on rencontre souvent dans des hématomes purs. Il en est de même pour l'observation IV; cependant, la diapédèse leucocytaire dans ce cas est déjà considérable, mais il est rare de voir, dans un cancer, une altération aussi prononcée des stromas globulaires. En somme, si le cancer peut attirer, dans une cavité de l'organisme, du plasma sanguin, des globules rouges, il ne semble pas qu’il réalise directement de la diapédèse leucocytaire. Les cas que j'ai examinés m'ont montré que les globules rouges, extravasés et détruits, suffisaient ETUDE DE L'ACTION EMPÉCHANTE DU CITRATE DE SOUDE SUR L'HÉMOLYSE PAR LE VENIN DE COBRA, par O. GENGou. . Le pouvoir d'empêcher la coagulation du sang et du lait que M. Arthus a constaté chez les citrates alcalins, notamment le citrate de soude, a attiré sur cette subtance l’altention des biologistes. Nous ne nous étendrons en ce moment que sur le pouvoir empêchant du citrate so- dique vis-à-vis de l’hémolyse par le venin de cobra (1). Comme on le sait, ce venin peut hémolyser, sans l'intervention d’autres substances, des globules de cobaye lavés, en suspension dans l’eau physiologique; pour d’autres globules, au contraire, pour ceux de bœuf par exemple, l’hémolyse par le venin nécessite l’addition soit de sérum frais, soit de lécithine, ou, à défaut de celle-ci, de solution de globules de cobaye dans l’eau distillée (2). A. Hémolyse de globules de bœuf lavés par du venin et du sérum de cobaye frais. — On introduit dans une série de tubes des doses décrois- santes de sérum de cobaye (5/10, 3,5/10, 2,5/10 1,5/10 de c. c.); les volumes sont égalisés jusqu’à À c. c. par du NaCl à 7,5 p. 1.000; puis on ajoute 0,5/10 c. c. d’une solution de venin à 4 p. 1.000 dans l’eau (1) Nous remercions vivement M. le professeur Calmette, qui a mis cette substance à notre disposition. (2) Nous avons pris, comme points de repère, les données de Kyes et Sachs in Berlin. klin. Woch., 1903, n°°.2-4. 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE physiologique et 1 goutte de globules de bœuf lavés. Une seconde série de tubes est constituée de la même façon avec cette différence que NaCI 7,5 p. 1.000 est remplacé par une solulion de citrate de soude à 2,1 p. 100, isotonique à la précédente. Quoique assez lente, l'hémolyse est totale dans la première série (NaCI), tandis qu'elle est nulle, même après vingl-quatre heures, dans la seconde. 2. Hémolyse de globules de bœuf lavés par du venin et une solution de globules de cobayes dans l’eau distillée. — Nous préparons cette dernière: en dissolvant dans 3 volumes d’eau distillée le culot obtenu par centri- fugation de 1 volume de globules de cobaye lavés antérieurement à l'eau physiologique. De cette dissolution, 9 parties sont additionnées de 1 partie NaCI 7,5 p. 100 (solution A); d'autre part, on ajoute à 9 autres parties L partie de citrate sodique 21 p. 100 {solution B); cela donne deux solutions isotoniques. Dans une série de tubes contenant 0,2/10 c.c. de venin à 4 p. 1.000 et 1 goutte de globules de bœuf lavés, on introduit -des doses décroissantes (1 c. c., 5/10, 2,5/10, 1/10c. e.) dela solution À et on égalise les volumes jusqu’à 1 c. c. par de l’eau physiologique à ‘7,5 p. 1.000. Dans une série parallèle, la solution À est remplacée parla -solution B et NaCI 7,5 p. 1.000 par le citrate de soude 2,1 p. 100. L'hémolyse est rapidement complète dans la première série et nulle, même le lendemain, dans la seconde. : 3. Hémolyse de globules de cobayes lavés par le venin. — 3 tubes con- tenant chacun 1 goutte de globules de cobayes suspendus dans 1 c. ec. d’eau physiologique recoivent respectivement 1/10, 0,2/10 c. ec. de venin à 4 p. 1.000 et 0,5/10 de venin à 0,4 p. 1.000. Dans trois autres tubes, NaCI 7,5 p. 1.000 est remplacé par du nitrate à 2,1 p. 100. Après quelques heures, l’hémolyse est totale dans les premiers et ne se fait pas -dans les seconds. A la dose de 2,1 p. 100 (isotonique à NaCI 7,5 p. 1.000), le citrate de soude empêche donc l’hémolyse de globules de bœuf par le venin addi- tionné de sérum de cobaye frais ou d’une solution de globules de -cobaye, ainsi que l'hémolyse de globules de cobaye par le venin seul. Ce dernier cas élant le plus simple, nous nous en sommes servi pour doser îe pouvoir empêchant du citrate : 0,2/10 c. c. de venin à 4 p. 1.000, dose capable d'hémolyser 1 goutte de globules de cobaye suspendus dans 4e. c: NaCI 7,5 p. 1.000, ne produit plus cette dissolution, si le mélange contient 2,1 p. 1.000 de citrate. Parfois cependant, il faut quelque peu “augmenter la teneur en citrate, ce qui tient probablement à des inéga- lités de sensibilité au venin chez des globules de cobayes différents. Il nous à paru intéressant de rechercher si, comme pour le sang et le lait, l'addition d’un sel calcique soluble ferait reparaître le pouvoir hémolytique du venin entravé par une dose suffisante de citrate. On introduit dans une série de tubes : 5/10 c.e. NaCI 7,5 p. 1.000, 1/10c. c. de SÉANCE DU 9 MARS AL ———————_——___——————…—…—…—…—…—…—…—…—…— _…_"— —_—_—_————…—…——……——…—…——…—.—…——…—…—_—_—_——————— — citrale 2,1 p. 100,0,2/10 c. c. de venin à 4 p. 1.000 et 1 goutte de globules de cobaye; on prépare encore un tube témoin non citraté. Quand l’'hémolyse s’est produite dans ce dernier, on ajoute aux précédents des doses croissantes de CaCl à 7,5 p. 1.000 (de O0 à 4/10 c. c.) et l'on complète jusqu'à 4 c. c. par NaCIl 7,5 p. 1.000. Bientôt l'hémolyse se produit grâce aux doses moyennes de CaCl (0,5/10 à 2/10 c. c.), tandis qu’elle ne peut se faire par les doses plus faibles et qu'elle est empêchée par les quantités plus fortes. L'action du citrate dans l’hémolyse par le venin de cobra et dans la coagulation du sang et du lait est donc la même; dans les deux cas, le pouvoir inhibiteur de cette substance peut être suspendu par l'addition d’un sel soluble de calcium. Ces résultats doivent aussi être rapprochés d’autres observations, encore inédites, faites par MM. Bordet et Gay sur l'influence du citrate sur l’action de l’alexine. MM. Bordet et Gay ont vu en effel que le citrate entrave l’action hémolytique de l’alexine sur les globules sensibilisés et que l'effet de ce sel est contrebalancé par un sel soluble de calcium; ces auleurs ont constaté en outre que le citrate agit en empêchant la fixation de l'alexine sur les globules sensibilisés. (Travail de l'Institut Pasteur de Bruxelles.) ANTAGONISME DU BLEU DE MÉTHYLÈNE ET DE LA PHLORIDZINE, par ALBERT FROUIN. I. En faisant ingérer de la phloridzine à un chien en même temps que le repas, on trouve du sucre dans l'urine émise une heure et demie après l'ingestion du repas; le sucre disparaît dans l'urine dix à douze heures après l'ingestion de la phloridzine. L'injection sous-cutanée d'une dose 10 fois plus faible de phloridzine _ produit le même effet quant à la durée de l’élimination. IT. En faisant ingérer en même temps 5 grammes de phloridzine et 0 gr. 10 de bleu de métliylène la quantité de sucre éliminée pendant les dix à douze heures qui suivent l'ingestion est toujours très faible et le plus souvent nulle. Ce fait résulte de ce que la quantité d'urine est très diminuée ou même nulle. | III. En injectant en même temps sous la peau d’un chien 0 gr. 50 de … phloridziue et O0 gr. 005 ou même O0 gr. 002 de bleu de méthylène la … sécrétion urinaire est nulle pendant le laps de temps où l'on peut “ trouver du sucre dans l'urine et en général pendant les vingt-quatre ; heures qui suivent l'injection. Biozoete. CouPpTEs RENDUS. — 1907. T. LXII. 29 412 SOCIÉTÉ" DE BIOLOGIE Si les injections de phloridzine et de bleu sont répétées plusieurs: jours de suite, on observe:que le-volume de l'urine revient à la normale: au bout de deux ou trois jours et parallèlement on à une expulsion brusque de sucre. La quantité de sucre éliminée dans ce cas est toujours beaucoup plus faïble que celle excrélée par un animal injecté avec de læ phloridzine seule. IV. En‘injectant de plus grandes quantités de bleu de méthylène, 0 gr. 0% par exemple, en même temps: que la phloridzine, on! n’observe pas de diminution de la-quantité d'urine ni de la quantité de sucre sécrété. F V. Les couleurs de la même série, azur de méthylène, bleu de tolui- dine, ont la même action sur la sécrétion urinaire 2 Lt même que sur le diabète phloridzinique: SUR LES! PROPRIÉTÉS PHARMACODYNAMIQUES: DE LA FONCTION ACIDE, par A. BRISSEMORET. Des recherches de Fleig (Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907, t. XLII, p. 298) sur l’action physiologique de la formaldéhyde nc" Er A H Nas comparée à celle de l'acide formique, je puis déduire que, dans plu- sieurs de ses réactions pharmacodynamiques, l’acide formique se conduit comme une aldéhyde : d’ailleurs, l'existence dans cet acide du —CH=0 groupement fonctionnel aldéhyde de peut être mise en évidence par quelques-unes de ses-réactions ar La:persistance de propriétés qui permettent de caractériser la fonclion. cétone dans beaucoup de composés organiques renfermani le groupe- R—C—90 ment fonctionnel Ne ou. qui possèdent une fonction dérivée de la fonction’acide est facile à constater. : pes ; 1° Le carbonyle || présente dans les acides LANCE basiques (8) analogues à celles qu’il montre dans les cétunes : on à décrit les com. binaisons R=—C—R R—C—OH {l = Î Ô : et Ô JS TON Cl SC Ci SbhCla 2° L'iode, en présence de KI, réagit, en utilisant le procédé de SÉANCE DU 9 MARS 413 A. M, Clover, sur les cétones et des fonctions dérivées de la fonction acide pour donner des combinaisons comparables (C®H*"0) KÉT pour la benzophénone (C“*H"0*) ®KI‘T* pour l’anhydride benzoïque par exemple, et que ne fournissent pas les corps qui ne contiennent pas le SQr les 0 3° L’oxyammoniaque peut donner, aux dépens de lactones, des oximes : telle est la coumaroxime. 4 PCI réagissant sur les amides donne transitoirement un dérivé dichloré R — CCE — AzH° analogue à celui qui prend naissance dans l’action qu'exerce cet agent chlorurant sur les cétones R — CCF — R. 5° Des dérivés des deux groupements fonctionnels cétone, alcool : fixés sur le même alome de carbone Re et dont lé mode d'attache groupement particulier communique à un composé organique des propriétés acides AzH existent : Ce sont les iminoéthers de formule RE , obtenus en [ faisant réagir sur les amides argentiques un iodure alcoolique. o Œ Ex pharmacodynamie, la fonction cétone peut être caractérisée dans un grand nombre de composés organiques qui contiennent cette fonction : QUEUE NE CH3—CO—CHS, CH5—CO—CH5, CH5—CO—CH, | CO, etc. CH?—CH°2/ par les propriétés narcotiques qu'elle leur confère. On retrouve précisé- ment ces propriétés narcotiques chez quelques acides. O0 L’acide butyrique cc. est narcotique pour le chien (Lewin). L’acide crotonique cH—cn=cn-cd est narcotique pour la gre- nouille (Lewin). (8) Le benzoate de soude cc est hypnotique pour l’homme Na (Stokvis). L'action hypnotique des cétones CôH° — CO — CH°, C$H5 — CO — CH, etc., est analogue à celle que provoquent la benzamide C5H° — CO — AzH et beaucoup d’amides dérivés d'acides aromatiques. Or, le grou- # SG x 9 r L4 . pement l que possèdent l'acétophénone et la benzamide est compa- rable au point de vue chimique puisqu'il est salifiable dans ces deux composés ; ou connait, en effet, les sels très peu stables CSH°—CO—CH* CSI5—C—AzH° | (0) | Non Pa pour l’acétophénone U | pour la benzamide H CI Al SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé, des acides organiques ou des dérivés de la fonction acide peuvent donc, dans certaines circonstances, dissocier leur groupe- ment fonctionnel, permettant ainsi au carbonyle qu'ils contiennent de garder son individualité chimique et physiologique. ACTION DES COULEURS DE BENZIDINE SUR LE SPIRILLE DE LA « Tick FEVER » ‘Sp. Dutloni), par J.-J. Vassar. On connaît l’action de divers médicaments, en particulier les couleurs de benzidine et les arsenicaux, sur divers trypanosomes pathogènes. Nous-même, nous avons pu nous rendre compte, pendant notre séjour à l’Institut Pasteur de Paris, de cette action sur le trypanosome des chevaux de l’Annam (1). Les faits acquis nous ont engagé à essayer les mêmes médicaments - vis-à-vis d’autres virus. Sur le conseil de M. Mesnil, nous nous sommes adressé d’abord aux spirilloses, qui, à certains égards, montrent des analogies avec les trypanosomiases. Notre virus est celui de la « Tick fever » que R. Koch a rapporté de l'Est africain allemand. Il nous a été obligeamment fourni par M. Levaditi. C’est avec Les souris que nos expériences ont été faites. En injections intra-péritonéales, le spirille lue ces animaux dans la moitié des cas, à la dose de 1 dixième de centimètre cube de sang virulent. L'évolution de la maladie est la suivante : Les spirilles apparaissent en général dans le sang, moins de vingt- quatre heures après la piqüre. Ils augmentent progressivement de nombre pendant trois à quatre jours jusqu’à dépasser la proportion des hématies. Celles-ci forment alors dans les préparations des amas compacts emprison- nant tous les spirilles. En dehors de ces amas, on distingue des leucocytes libres dans le plasma et des plaquettes qui sont encore agglutinées. Les spirilles diminuent pendant deux à trois jours et brusquement tombent à zéro. C'est le premier accès dont la durée totale est par conséquent de six à huit jours (2). Une rechute ne tarde pas à se produire. Elle dure le plus souvent un jour où deux et même trois. Ce deuxième accès n’a jamais, dans la maladie expérimentale, l'importance du premier. On ne réussit que très (1) Nous avons décrit cette trypanosomiase en 1906. Annales de l'Institut Pasteur, t. XX, p. 256-295. ë (2) Voir pour l'étude des lésions et le mécanisme de la crise, Levadili et Manouélian. Comptes rendus de la Société de biologie, t. LXI, 8 décembre 1906, p. 566. SÉANCE DU 9 MARS 415 rarement, par un simple examen quotidien du sang, à déceler un troisième accès. Nous n'avons pas suivi nos souris au delà de vingt-cinq à trente jours. Quoi quil en soit, le début de l'affection chez la souris est toujours le même. Dans une même série, ces animaux réagissent d’une façon iden- tique. Quand la mort se produit, c'est à la crise terminant le premier accès ou à la crise du second. Si on intervient, on peut modifier la marche de cette spirillose. _ Les substances qui nous ont donné jusqu'ici les meilleurs résultats sont : le trypanroth et la « benzidine + naphtylène-diamine disulfo 2. 7.3. 6, » — par abréviation « (1). Données à la souris aux doses thérapeutiques conveuables, en injec- tions sous-cutanées, simultanément avec le virus par voie intrapéri- tonéale, ces couleurs tantôt empêchent complètement l'apparition des spirilles dans le sang, tantôt reculent le premier accès. Celui-ei peut êlre reporté à l’époque normale du deuxième accès chez les témoins. On à encore une action préventive, si on donne le médicament dans les quarante-huit heures qui précèdent l’inoculation du virus. À titre curatif, si on inocule ces mêmes couleurs de benzidine vingt- quatre ou quarante-huit heures après l'infection, c’est-à-dire au moment où les spirilles sont plus ou moins nombreux dans le sang des témoins, on arrive en vingt-quatre heures à faire disparaître complète- ment les parasites, alors qu'ils pullulent chez les témoins. Avec d’autres médicaments, l’action est moins marquée ou nulle. Les couleurs rouges voisines du trypanroth ont élé naturellement essayées. « Benzidine H « naphtylamine disulfo 1. 5. 7 » et « Benzi- dine + « naphtylamine disulfo 1. 4. 7 » manifestent, surtout la pre- mière, une certaine activité, mais inférieure à celle du trypanroth et de «. D'une manière générale, les couleurs bleues se sont montlrées encore inférieures. Cependant « o. tolidine + ac. H (ale.-ale.) » et « paradia- midodiphénylurée + ac. H » ne sont pas sans D le premier accès de Sp. Duttoni. Quant à «0. dichlorobenzidine + ae. H », il ne semble pas devoir être efficace. Ces résultats ne sont pas sans ae avec ceux obtenus par Wenyon, avec le 7rypanosoma dimorphon (2). L'atoxyl, dont Uhlenhuth, Gross et Bickel (3) ont pu tirer parti dans la spirillose des poules, s’est montré dans nos expériences sans x influence sur le Sp. Duttoni. Breinl et Kinghorn, à Liverpool, ont (1) Voir Mesnil et Nicoile. Annales de l’Institut Pasteur, juin et juillet 1906. (2) Voir British med. Journ., 22 décembre 1906, p. 1779. (3) Uhlenhuth, Gross et Bickel. Deutsche med. Woch., 24 janv. 1907. : f 2 2 | p $ 116 2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ; déjà reconnu que l’atoxyl, à la dose journalière de 1 à 2 décigrammes, e n’a pas d'action sur la maladie humaine. M. Levaditi s’est servi de 3 l’aloxyl pour débarrasser son virus d'un trypanosome qui l’accompa- < gnait (octobre 1906). pie Le chlorhydrate de quinine, l'hermophényl et le vert malachite ne nous ont pas donné de résultats appréciables. À Ÿ & ERRATUM - Séance du 16 février 1907, p. 244, 16° ligne, au lieu de : Bernarda Pagurus, re Ê Pagurus Bernhardus. 417 SÉANCE DU (9 FÉVRIER 1907 SOMMAIRE Bouin et GoBErT : À propos du Durour : L'astigmatisme et les culcul de l'extrait dans les analyses VMeETeSICOETEGIeUTS EN lo LE ENT 2 SERRE 17 Ricnon (L.) et JFANDELIZE (P.) : Thy- Bruntz (L.) : Néphro-phagocytes roïdectomie et lactation. . . . . .. 13 des Décapodes et Stomatopodes. . 19 Présidence de M. Cuénot. THYROÏDECTOMIE ET LACTATION, par L. Ricuon et P. JEANDELIZE. Dans une communication faite à la Société de Biologie, le 9 jan- vier 1904, nous avons attiré l'attention sur le rôle du corps thyroïde dans la lactation chez la lapine; l'expérience suivante ne fait que confirmer les premiers résultats que nous avons apportés. EXPÉRIENCE. — Nous pratiquons la fthyroïdectomie avec conservation des para- thyroïides externes chez une lapine qui, trois mois après l'opération, eut une première portée de neuf petits, dont quatre seulement élaient en vie. La mère les nourrit jusqu’à ce qu'ils purent se passer de l’allaitement maternel. Quel- ques jours après la cessation de l'allaitement, on constatait que les quatre mamelles médianes étaient encore gonflées de lait; mais ce gonflement ne persista pas. À ce moment la lapine pesait # kilogr. 280. Une deuxième lentative de gestation, faite un peu plus de quatre mois après la thyroïdectomie, n’aboutit pas; cependant à ce moment les mamelles augmentèrent de volume d’ane facon nette et atteignirent les dimensions d’une petite noix. Ce gouflement toutefoisme persisla pas. Sept mois après l'opération, la lapine eut une portée de trois petits qu'elle PR 418 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (1%) nourrit et dont on la sépara cinquante-quatre jours après la naissance. Ils étaient normaux et profitèrent très bien de l’allaitement. Cinq jours après cette séparation, on constata que les mamelles étaient pleines de lait et faisaient une sailüie considérable. La lapine avait un état général moins bon; son poids avait diminué (3 kilogr. 790). Huit jours se passèrent, au bout desquels l'animal présentait toujours ce même état volumineux des mamelles, mais de plus on remarquait de la lenteur dans les mouvements; la lapine tombait maladroitement en marchant et avait une hypothermie considérable (3407). Ces symptômes ne firent qu'augmenter, et au bout de quelques jours l’hypothermie devint plus manifeste encore (29 degrés la veille de la mort); la lapine était froide au toucher; les yeux à demi ouverts, la tête retombant en avant, elle paraissait avoir de la parésie dans les quatre membres, mais surtout dans les pattes postérieures; quelques mouvements convulsifs avant la mort. L'animal finit en effet par mourir dans l’état que nous venons de décrire. Il avait subi une forte diminution de poids (3 kilos. 470), sans avoir eu cependant jamais de diarrhée. Autopsie : pas de traces du corps thyroïde. Les deux parathyroïdes externes sont retrouvées en place. Amaigrissement notable, ainsi qu'en témoigne la diminution progressive de poids. Les glandes mammaires sont très saillantes. Les canaux galactophores sont énormément distendus. Tout le tissu mammaire est très abondant; la nappe glandulaire est continue d'une mamelle à l’autre. A la section des canaux et des parties centrales de la glande, s'écoule une grande quantité de lait crémeux extrêmement épais. On constate des ecchymoses nombreuses à la surface des poumons, et, à l’intérieur, des zones de congestion intense irrégu- lièrement distribuées. Pas de pus; liquide séreux dans les plèvres. Du côté de l’abdomen, l'intestin est normal; pas de diarrhée. La rate a son aspect ordinaire. Le foie est assez dur à la coupe, mais sans tache de dégénérescence, on n'y retrouve pas l'aspect chagriné que nous avons signalé dans notre communication antérieure. Les reins et les capsules surré- nales sont normaux. Les organes génitaux ont subi leur involution. En somme, cette lapine thyroïdectomisée, avec conservation des para- thyroïdes, eut deux portées. Après la première, on constata une ten- dance manifeste au gonflement des mamelles, gonflement qui devint énorme après la deuxième parturition; dix-huit jours après la cessation de tout allaitement, l'animal mourut conservant ce gonflement et pré- sentant une hypothermie considérable, de l’amaigrissement, de la len- teur dans les mouvements, etc., tous phénomènes qui font partie du tableau symptomatique rencontré dans les suites de la thyroïdectomie. Nous nous croyons donc autorisés à attribuer ces troubles à l’ablation de la glande thyroïde, et cette expérience constitue une preuve de plus en faveur de notre hypothèse sur les rapports entre le fonctionnement nor- mal de la glande thyroïde et la lactation. Elle nous mène aussi à celte RE (15) SÉANCE DU 19 FÉVRIER 419 autre conclusion, que nous avons déjà établie, à savoir que le lapin adulte n'est pas réfractaire à la thyroïidectomie et qu'il peut en mourir si on vient à le placer dans les conditions voulues. (Travail du laboratoire de M. le professeur Haushaller.) L’ASTIGMATISME ET LES VERRES CORRECTEURS, par Durour. Depuis ma communication sur les verres cylindriques et toriques et la correction de l’astigmatisme (1), j'ai pris connaissance d’un travail très important où Gullstrand a poussé l’élude théorique de l’astigma- tisme beaucoup plus loin qu’on ne l’avait fait jusqu'ici. Dans le développement des équalions du problème, on se bornait généralement aux termes du second ordre, et on négligeait les puis- sances supérieures. En poussant jusqu’au troisième ordre, on fait ce que Gullstrand appelle l'étude des asymétries, et, en tenant compte des termes du quatrième ordre, on a le calcul des aberrations; c'est ce qu’a fait Gullstrand, qui a choisi ce terme d’aberrations par rapprochement avec ce qu'on appelle couramment l’aberration transversale et l’aberra- tion longitudinale dans les lentilles sphériques. Je vais indiquer rapide- ment les principaux résultats auxquels il est arrivé. Gullstrand distingue des faisceaux astigmates de trois sortes : 1° Le faisceau possède deux plans de symétrie. Cela correspond avec ce que nous appelons l'astigmatisme de courbure. Le cas se présente quand un faisceau de rayons parallèles très élroit tombe normalement sur une surface réfringente : le faisceau réfracté est alors un conoïde de Sturm possédant deux droites focales dont les propriétés peuvent être établies d’une façon simple et sont bien connues. Pour des faisceaux plus larges, les deux lignes focales ne sont plus rectilignes, mais courbes, et les lignes focales doivent être considérées en général comme des courbes fermées dont la largeur est infiniment petite par rapport à la longueur. 2 Le faisceau ne possède qu’un seul plan de symétrie, C'est, par exemple, le cas d’un faisceau homocentrique réfracté par une sur- face sphérique sous une incidence notablement différente de la nor- male (astigmatisme d'incidence): le plan de symétrie est le plan qui (4) Communication faite à la réunion biologique de Nancy, à la séance d'avril 1904. — Cf. Dufour. Les Verres cylindriques et loriques et la correction de l'astigmatisme. Paris, 1904, chez Maloine. / 420 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (16) _ passe par la source lumineuse punctiforme, le point d'incidence et le centre de courbure de la surface sphérique. Il y a deux lignes focales qui ne sont pas constituées de la même facon : l’une d'elles, estompée sur un de ses bords, est plus large et moins nette que l’autre. 3° Le faisceau ne possède aucun plan de symétrie : ce sera par exemple le faisceau réfracté par un élément de surface non sphérique si la source lumineuse toujours supposée punctiforme n’est pas dans un des plans de section principale de la surface au point d'incidence. Dans l'œil humain, l'ouverture de la pupille est toujours beaucoup trop considérable par rapport à la distance focale pour que le faisceau. réfracté puisse être assimilé au conoïde de Sturm, et les calculs de Gullstrand permettent de se rendre un compte assez exact des appa- rences étoilées sous lesquelles dans l’obscurité on voit un point lumi- neux. Je crois pouvoir rapprocher ces résultats des conclusions que j'avais obtenues en étudiant les verres correcteurs. Voici comment : les diverses méthodes employées en clinique pour la détermination de l’astigma- tisme donnent seulement l'orientation des méridiens principaux et leur différence de réfringence. Cette différence de réfringence est aussi bien corrigée par les verres cylindriques que par les verres toriques, et da donnée unique fournie par la clinique ne nous permet pas de choisir entre ces deux formes. Tant que la clinique ne nous indiquera pas d'autre condition à remplir, il n'y aura pas lieu de préférer a priori une forme à l’autre. Deux yeux présentant la même différence de puissance dans les méridiens principaux ont simplement même élément central, mais les parties périphériques peuvent être différentes et les recherches de Gulistrand ont montré l'importance considérable de ces portions péri- phériques. Reste à savoir comment aborder cliniquement l'étude des portions périphériques. On pourrait le faire en examinant la cornée un peu en dehors de son centre, pour compléter l'étude de l’astigmatisme cornéen, ou, ce qui serait plus difficile, en tenant compte des apparences étoilées sous les- quelles apparaît un point lumineux dans l'obscurité (astigmatisme total). Je me propose, chaque fois que je trouverai un astigmatisme assez accusé chez un individu suffisamment intelligent et observateur pour donner des réponses nettes et dignes de foi, de l’examiner avec l’ophtal- momètre de Pfister et Streit muni du dispositif de Pflüger, et de cher- cher si je n’y trouverai pas des indications permettant de faire un choix entre les verres cylindriques et toriques et d'indiquer au malade d’une façon certaine, avant de l’envoyer chez l'oplicien, la forme de verres correcteurs qui lui donneront la meilleure vision. SÉANCE DU 19 FÉVRIER 421 À PROPOS DU CALCUL DE L'EXTRAIT DANS LES ANALYSES DE LAIT, par Bouin et GOBERT. La détermination de l'extrait sec du lait par pesée est une opération assez longue qui ne donne de résultats comparables que lorsqu'on opère toujours dans des conditions rigoureusement identiques (1). Même opé- rant à froid, dans le vide, en présence de H*S0‘* ou P?0, on n’arrive ja- mais à un poids rigoureusement constant, comme le montrent les chiffres de Trillat et Sauton (2). La longueur de l'opération et la légère incertitude du résultat par pesée directe ont fait songer depuis longtemps à obtenir le poids d'extrait en fonction d'éléments faciles à déterminer : la matière grasse et la densité. Le D' Quesneville en 1884 (3) a donné le premier une formule ayant ce but : E — 1,06 B+2,75 D, où E et B sont l'extrait et la matière grasse de un litre et D les degrés du densimètre de Quévenne. En Allemagne et en d’autres pays, depuis déjà nombre d'années, on utilise la formule établie par le professeur Fleischmann : 100 S — 100 E — 1,2 B + 2,663 —, où E et B sont l'extrait et la matière grasse de 100 grammes de lait, S le poids spécifique du lait. À la suite de Fleischmann, on a publié des tables, des calculateurs automatiques et d’autres formules qui, quoique plus simples, donnent des résultats moins exacts. L'une d'elles est la formule de G. Ambübl : 5B+D E — À où E et B sont l'extrait et la matière grasse de 100 grammes de lait, D le degré densimétrique. Nous avons été fort étonnés de voir utiliser et la formule de Fleischmann et celle d’Ambühl pour calculer l’extrait de 100 centimètres cubes de lait. Ainsi, dans l'ouvrage publié par le Laboratoire municipal de Paris sur (4) Villiers et Collin. Traité des altérations et falsifisations des substances ali- - mentaires, 1900. (2) Trillat et Sauton. Ann. Inst. Pasteur, 1906, 12. (3) Quesneville. Moniteur scientifique, juin 188%. 422 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (18) l'analyse des matières alimentaires (édilion 1904), Leys vérifie l'extrait obtenu par pesée par comparaison avec l’extrait calculé par la formule d'Ambühl, alors que ses dosages sont exprimés pour 100 centimètres cubes. Rte = De cette façon, un lait qui renfermerait 4 grammes de matière grasse pour 100 centimètres cubes et pèserail 33 degrés, d'après le caleul de Leys renfermerait 13 gr. 25 pour 100 centimètres cubes. Faisons le calcul de facon plus rigoureuse : 100 grammes de ce lait. renfermeraient — 3 gr. 87 de matière grasse et, d’après la formule 4 gr. 1,033 de Fleischmann, 13 gr. 15 d'extrait; dans 100 centimètres cubes, il y aurait donc 13,15 X 1,033 — 13 gr. 58 d'extrait. Leys trouve 13,25 au lieu de 13,58, et l’on conçoit que l'extrait calculé dans ces conditions puisse « s'écarter de plus de 0,2 à 0,3 en moins de l'extrait pesé ». Cette confusion n’est pas spéciale au Laboratoire municipal, elle est même fréquente. | C’est pourquoi nous avons voulu attirer l'attention sur ce fait que, pour obtenir une bonne concordance entre le calcul et le dosage direct de l'extrait, lorsqu'on mesure le lait au litre et que l’on dose les élé- ments de 100 centimètres cubes, on doit, avant de se servir des for- mules en poids, faire la transformation de la matière grasse en poids ou bien se servir d'une formule en volume telle que celle-ci : 8 E—12B+-D, où E et B sont l'extrait et la matière grasse d’un litre de lait et D le degré du densimètre. Celte dernière formule, calquée sur celle de Pierre (1) et sur celle de Kleischmann, est basée sur une densité mo- yenne de la matière grasse du lait — 0,93 et de l'extrait dégraissé — 1,6. Ces deux nombres pourraient être contestés; cependant si l’on par- court les longues séries d'analyses d'O. Jensen (2), on est frappé de la concordance des résultats calculés et pesés; et si l'on songe à l’aléa de la préparation des extraits à chaud, soit au bain-marie, soit à l’éluve, on se demande si l’on ne doit pas avoir plus confiance dans les résul- tats calculés, qui auraient au moins l'avantage d'être les mêmes dans tous les laboratoires où le même lait serait essayé. Il est en effet rela- tivement facile de faire exactement les deux déterminations : matière grasse et densité. D'ailleurs, si l'emploi du calcul de l'extrait ne se généralise pas dans les expertises officielles, c’est la seule méthode pratique dans le con- trôle industriel des laiteries et des sociétés d'élevage. (1) Pierre. Ann. chim. analyt., 1904, 3, 7, 10. (2) O. Jensen. Annuaire agricole de la Suisse, 1905. (19) _ SÉANCE DU 19 FÉVRIER 423 NÉPRHO-PRAGOCYTES DES DÉCAPODES ET STOMATOPODES, par L. BRUNTz. Martinov (1896) a signalé, dans le tissu conjonctif du Cloporte, la pré- sence de cellules à la fois excrétrices et phagocytaires. J'ai retrouvé ces éléments, auxquels je donne le nom de néphro-phagocytes, non seule- ment chez tous les Isopodes étudiés, mais aussi chez les Amphipodes (1903, 1906), les Leptostracées (1906) et les Schizopodes (1906). Dans celte note, je désire mentionner l'existence de néphro-phago- cytes dans deux autres groupes de Crustacés supérieurs : les Décapodes et les Stomatopodes. Chez les Décapodes, Cuénot (1905) a signalé, dans le cœur des Palémo- nides, de grandes cellules, munies d'une grosse vacuole à suc acide, lesquelles sont capables de capturer les particules solides injectées. J'ai constaté que ces cellules sont de véritables néphro-phagocytes, car, en même temps qu'elles capturent les particules solides, elles éliminent les liquides colorés injectés. C'est dans la vacuole que se localisent ces der- niers réactifs. Chez lous les Décapodes étudiés (Ecrevisse, Crabe, Palæmon, etc.), j'ai également retrouvé des néphro-phagocytes qui ne sont autres que les cellules protéiques de Cuénot (1895). Cet auteur décrit le tissu conjonctif des Décapodes comme formé par deux sortes de cellules : 1° les cellules de Leydig, qui accumulent du glycogène; 2° les cellules protéiques, qui renferment, comme leur nom l'indique, des réserves de nature albumi- noïde. Ces cellules protéiques sont de grosses cellules à un ou deux noyaux, dont le corps se trouve rempli de nombreuses et grosses vacuoles ou boules. Les cellules protéiques des Décapodes sont homologues aux néphro- phagocytes des autres Crustacés, car, indépendamment de leur aspect qui rappelle celui de ces cellules, elles éliminent, comme ces dernières, le carminate d'’ammoniaque et l'encre de Chine injectés. Le premier réactif se retrouve facilement, colorant en rose des vacuoles ou boules du corps cellulaire; le second se relrouve en petiles granulations isolées et répandues sans ordre autour des vacuoles. Nul doute que les néphro-phagocytes jouent bien un rôle défensif, car j'ai trouvé, sur une de mes préparations, un de ces éléments renfer- mant dans une vacuole de grande taille trois petits corps que je crois pouvoir considérer comme des spores d’un Sporozoaire. J’ai rencontré aussi des néphro-phagocvles qui, à côté de leurs noyaux propres, ren- - 424. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (20) fermaient une grosse boule ou un amas de petites boules colorables plus ou moins électivement à l’aide des réactifs nucléaires (corps tingibles); il semble que ces produits représentent des noyaux en voie de dégéné- rescence, appartenant à des cellules phagocytées. Cuénot a décrit, chez les Palémonides, des cellules phagocytaires qui, dans les formes marines, sont uniquement localisées dans le cœur; chez une espèce d’eau douce, Atyaëphyra (Caridina) Desmaresti Millet, indé- pendamment des néphro-phagocytes cardiaques, il en existe de sem- blables répartis dans le tissu conjonctif. Cuénot (1895) attribue aux « cellules protéiques » un rôle de cellules de réserve, car, « chez des animaux bien nourris, elles sont toujours turgescentes, remplies de boules volumineuses; au contraire, chez ceux ds ont subi de longs jeûnes, leur contenu disparait presque complète- ment, et les cellules diminuent considérablement de volume ». Les cellules protéiques sont-elles réellement des cellules de réservé? Il est vrai que les boules du corps cellulaire donnent à froid la réaction de Millon; mais les substances albuminoïdes ne sont pas les seules qui soient susceptibles de donner une semblable réaction. De plus, la diminution de volume présentée par certaines cellules” après un long jeûne ne semble pas êlre un eritérium permettant de caractériser des cellules de réserve. L’anaiyse chimique du contenn cellulaire serait décisive, mais il est impossible de la tenter dans le cas particulier. Si les cellules protéiques sont bien des cellules de réserve, il n’y aurait quand même pas lieu de s'étonner de les voir jouer un rôle dans l’excré- tion, car les cellules hépatiques des Vertébrés sont dans ce cas. Elles fabriquent des substances de réserve : de la graisse et du glycogène; elles possèdent également un pouvoir excréteur, car elles éliminent normalement des produits toxiques pour l'organisme (pigments biliaires), et expérimentalement des produits colorés (carmin d’indigo) injectés dans l'appareil circulatoire. Il ne serait donc pas surprenant que les cellules protéiques possèdent véritablement le rôle de cellules de réserve, et qu'accessoirement elles jouent encore un rôle excréteur et phagocytaire. Chez les Stomatopodes, je crois Énaleress à l'existence de néphro- phagocytes. J'ai pu en effet constater, sur des préparations de tissu conjonctif d'animaux non injectés, l'existence de grandes cellules sup- pertées par un réseau conjonctif fibrillaire, présentant le même aspect que les cellules protéiques des Décapodes. Chez des individus ayant excrété du carminate d’ammoniaque, j'ai trouvé, indépendamment des véritables néphro-phagocytes, d’autres grandes cellules conjonctives fixes, généralement bi-nucléées, ayant éliminé également ce réactif, et, chez des individus ayant été injectés avec de l'encre de Chine, j'ai retrouvé des particules de cette dernière À (21) SÉANCE DU 19 FÉVRIER 425 dans des cellules conjonctives que je crois être les mêmes que celles qui éliminent le carminate. Il est regrettable que, faute d’un matériel suffisant, je n’aie pu m'as- surer que les réactifs utilisés sont bien éliminés, comme je le pense, par les mêmes cellules. PRÉSENTATIONS M. Ty : Spirochète de la syphilis. L M. BRüNTz : Organes globuligènes des Crustacés. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. se Lee; —_—_—_—_— ——— ————— Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. PRE Les a = - les hypernéphromes SÉANCE DU 16 MARS 1907 SOMMAIRE Accuave et RETIERER (Éo.) : Du mécanisme de la phlébectasie. . . . Bayzac (J.) : Note sur le rôle de l'intoxication dans les accidents provoqués par les huîtres. . . . .. BEsrepkA : De la toxicité des sé- rums thérapeutiques et du moyen de la doser Breury et GraJA : CHÉAQUERALALYSÉ EL. 15.1. . Bierry : Sur l’amylase du suc _ pancréatique de sécrétine. . . .. Bonn (GEORGES) : Le rythme nych- théméral chez les Actinies. . . . .. Comgauzt (ANDRÉ) : Quelques ex- périences pour déterminer le rôle des glandes calcifères des Lombrics. DELAMARE (GABRIEL) et LECÈNE (P.) : Sur la présence de lécithines dans Doxox (M.) et GaurTier (CL.) : Phé- nomènes tétaniques provoqués par l’anémie artérielle du foie . . . . .. Dugois (RAPHAEL) : Sur les micro- bioides de la glande à pourpre du Murex Brandaris : leurs transfor- mations et la formation de pigment dans des vacuolides . . . . . . . .. ErsEN8ErG (Paizipps) (de Cracovie): Sur les leucocidines des anaérobies Fassin (Mlie Lovrse) : Influence de lingestion du corps thyroïde sur . les propriétés alexiques du sérum. FouarDp (E.) : Sur un mécanisme de coagulation des colloides orga- DITES d' LC TRISTAN FoucauD (J.) et CHAUAGNE (G.) : Recherches physico-chimiques sur les eaux minérales de Châtel-Guyon. Francois-Franck (CH.-A.) : Chro- nophotographie d'uu jet de liquide coloré montrant le trajet du courant de l'eau à travers la chambre respi- ratoire des animaux aquatiques. — Rappel des travaux antérieurs sur les applications de la chrono et de la graphophotographie. . . . . . .. FRoIN (G.) : Diapédèse leucocy- taire dans la pleurésie et la ménin- 446 gite tuberculeuses : Influence des hématies extravasées. . . . . . . .. Hanrior (M.) : Sur les substances actives du « Tephrosia Vogelii » . . Iscovesco (HENRI) : Quelques con- sidérations préliminaires eur l’em- ploi thérapeutique des métaux col- loïdaux électriques à pelits grains. Laws (Honoré) L'éosinophilie considérée comme moyen de fro- NO SUCRE MERE MERE DONNE TS PANIERS) ee Pl A Lauxoy (L.) : Nouvelle contribu- tion à l'étude histologique de l'au- tolyse aseptique du foie. Action fa- vorisante des chlorures de qu:lques MÉAUX DIVAlENtS EEE Lesietr (Cu.) : Tabagisme expéri- mental et dénicotinisation. . . . .. LinpeN (Mile la comtesse M. von) : L'assimilation d'acide carbonique par les chrysalides de Lépidoptères (Réponse à MM. Dubois et Couvreur). LiNOSsiER (G.) : Du mécanisme de la rétention du bromure de po- tassium dans l’hypochloruration. A propos de la note de MM. Tou- IOUSENE LPPIÉLON ER RER Maurez : Balance des ternaires ingérés et ceux dépensés par la la- pine pendant la grossesse. . . . .. NettEr (ARNOLD) : Efficacité des sels de calcium dans le traitement de l'urticaire, de l’œdème aigu, des engelures et du prurit. Interpréta- LONRUESILESUIERES RES CS PERRIER (LÉON) : Structure de la spore de Sarcocyslis tene'la (Raile.) du mouton et de la chèvre . . ... Ranc (AzBErt) : Sur la matière colorante du plasma du sang de CHEVAL NE Et LS RETTERER (Éo.) : Sur quelques points d'histogenèse du rein défi- ROSENTHAL. (GEORGES) : Mensuration de l’anaérobiose et aérobisation du bacille du tétanos AA eee ta te Rate Le; Biocoare. Coupres RENDUS. — 1907. T. LXII. 20 427 459 48% 462 418 496 128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SALIGNAT (L.) et CHAMAGNE (G.) : Recherches physico-chimiques sur les eaux minérales de Vichy . . . . SALMON (PauL) : L'arsenie daus laps vDIIS IEC ATOME CRETE SERGENT (E.) et TrouEssarr (E.-L.) : Sur un nouveau type de Sarcop- tides (Myialges anchora), parasite des Diptères pupipares. . . . . . . . SucraRp (E.) : Sur les valvules des veines de la Grenouille . . . . . . . ; Vassaz (J.-J.) : Essais de vacci- nation contre la pasteurellose bo- vine par les toxines Réunion biologique de Bordeaux. AucHé (A.) et TRIBONDEAU (L.) Applications d'un nouveau flacon compte-goultes à la technique his- CO LO SAUCE MAN SE EEE CHARRIER (H.) : Sur la trompe de Nephlhys Hombergii Aud. et Edw. DaexicÈs (G.) : Nouvelles réactions l'étude de la toxicité de certaines couleurs daniline ERP GENTES (L.) : Lobe nerveux de l’hypophyse et du sac vasculaire. . SAUVAGEAU (C.) : Sur la sexualité de l’Halopteris (Stypoeaulon) scopa- (TDR TER ORE PE AE PT PERS SÉRÉGÉ (H.) : Sur l'indépendance vasculaire du foie gauche et du foie double courant sanguin dans la veine porte ONE OO Cu TE CO EN EC. LIMIT à Présidence de M. A. Giard, président. o11 508 507 503 M. le professeur ABeLoUs, membre correspondant, assiste à Ia séance. L'ASSIMILATION D’ACIDE CARBONIQUE PAR LES CARRYSALIDES DE LÉPIDOPTÈRES (Réponse à MM. Dugois et COuvREUR), par Ml la comtesse M. von LiNDEN. Le résultat des ‘expériences exposées dans nos notes antérieures (1) n'est pas douteux: Les chrysalides de P. Podalirius et aussi celles de Hylo- phila prasinana deviennent plus lourdes quand elles se trouvent dans une atmosphère riche en acide carbonique, tandis qu’elles diminuent de poids (1) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, séances du 2 et du 9 mars 1907. Rd pas, HU ms, dr ne de, ot Si à laure © ue js, dE PR ARABE DIT had à édmosnde see “ut ms de 4 A bé mie. dé dial de: SÉANCE DU 16 MARS 429 lorsqu'elles respirent l'air atmosphérique. La faculté d’absorber l’acide carbonique contenu dans l’atmosphère parait done propre aux chrysa- lides de différents genres et espèces. Cependant MM. Dubois et Couvreur (1) ont obtenu des résultats négatifs dans leurs expériences avec des chrysalides de Pieris brassicae. Les chrysalides de ce papillon n'augmentaient pas de poids: lorsqu'elles se trouvaient sous une cloche à atmosphère enrichie de CO”; elle diminuaient au contraire comme les autres qui respiraient l'air Lnrniitues _ On peut supposer que les chrysalides du Pieris brassicae présentent une exception et qu'elles se comportent autrement que celles de P. Po- dalirius, Sphinx euphorbiæ et de Hylophila prasinana qui jusqu'alors - m'ont servi pour mes expériences. IL me paraît cependant plus vrai- semblable encore que MM. Dubois et Couvreur et moi nous avons expérimenté dans des conditions qui n'étaient pas tout à fait analogues. Il suffirait que MM. Dubois et Couvreur se soient servis d’une atmosphère trop sèche dépourvue de l’eau nécessaire à l'assimilation de l’acide carbonique, pour empêcher la fixation du carbone et pour faire dimi- nuer le poids des chrysalides. . PHÉNOMÈNES TÉTANIQUES PROVOQUÉS PAR L'ANÉMIE ARTÉRIELLE DU FOIE, par M. Doxon et CL. GAUTIER. La ligature des artères du foie détermine fatalement des accidents convulsifs et des modificatiors de la teneur en fibrine du sang (2). I. — Nos constatations ont été faites sur des chiens privés d’intestin. Aussitôt après l’ablation de cet organe on liait le tronc cœliaque et l'artère mésentérique supérieure. La survie est en général de quatre à six heures. Peu avant la mort surviennent des convulsions. Celles-ci se reproduisent souvent par accès et sont en général extrêmement intenses. Leur apparition dépend nettement de l'anémie artérielle du foie, car elles ne se produisent jamais après l'ablation de l'intestin seul, Nos constatations ont seulement une valeur confirmative. Les clini- ciens ont observé des convulsions dans le cours des maladies du foie; quelques-uns même (Pinard, Bouffe de Saint-Blaise) incriminent, avec preuves à l'appui, le foie dans la production des accès éclamptiques. Hahn, Massen, Nencki, Pawlow (1892) ont observé parfois des convul- (4) Dubois et Couvreur. Sur la première fixation possible du carbone par les chrysalides de Lépidoptères. Comptes rendus de la Société de Biologie, LXH, 1907. (2) Doyon, CI. Gautier et Morel. Comptes rendus de la Société de Biologie, 4905. 430 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sions chez les chiens auxquels ils avaient pratiqué la fistule d’Eck et soit lié l'artère hépatique, soit enlevé le foie. Denys et Stubbe (1893) ont pro- voqué des accès convulsifs en injectant chez le chien des acides dilués dans le canal cholédoque. Minkowski (1886) a vu se produire des convul- sions chez les oiseaux privés de foie. Nous-mêmes avons observé des. crises tétaniques, absolument comparables à celles que produit la strych- nine, chez les grenouilles auxquelles nous avions enlevé le foie. Nolf a observé des convulsions chez des poissons auxquels il avait extirpé le foie. à IL — Les modifications de la teneur en fibrine du sang seront exposées dans une note ultérieure. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lyon.) TABAGISME EXPÉRIMENTAL ET DÉNICOTINISATION (Note préliminaire), par Cu. LesIEUR (de Lyon). Depuis que l'on sait reproduire expérimentalement, avec l'adré- naline, l'athérome aortique, on a tenté de déterminer des altérations semblables au moyen de la nicotine ou du tabac. I. — Dans ce but, Baylac a injecté au lapin des infusions ou macé- rations de scaferlati ordinaire, tous les deux jours, puis toutes les vingt-quatre heures. Au bout de trente-huit à cinquante-six jours, des lésions d'aortite chronique furent relevées chez les animaux sacrifiés. Adler et Hensel, à l’aide de nicotine, ont aussi provoqué des dilatations anévrysmales de l'aorte, avec plaques calcaires, et nécrose des fibres musculaires circulaires de la tunique moyenne. À notre tour, nous avons entrepris des expériences analogues. Comme Baylac et suivant sa technique, au moyen du scaferlati ou de labacs anglais, nous avons obtenu des lésions aortiques chroniques. Mais de plus, nous avons tenté d'intoxiquer parallèlement plusieurs lots de lapins à l’aide de tabacs désintoxiqués (par le procédé du D" Pa- rant, de Genève). Après soixante inoculations en trois mois, ces ani- maux, qui avaient engraissé, sans avoir éprouvé le moindre symptôme, furent sacrifiés, et ne présenlèrent aucune lésion. IL. — Nos expériences, à chaque inoculalion, nous ont montré l’effi- cacité de la désintoxicalion vis-à-vis du (abagisme aiqu, dont les acci- dents sont bien connus. Chacune de nos injections de tabac complet élait suivie de convul- 1 | SÉANCE DU 16 MARS 431 sions épileptiformes, puis de paralysie passagère. En forçant la dose, nous déterminions un état de mal rapidement mortel. Avec le tabac désintoxiqué, aucun symptôme anormal, quels que soient l’animal inoculé et la voie d'absorption choisie. IT. — On sait que la fumée de tabac possède des propriétés anti- sepiiques. Nos recherches nous permettent d'affirmer qu'elles ne sont pas détruites par la dénicotinisation : elles sont dues plutôt à la for- maldéhyde qu’à la nicotine. Conclusions. — Le tabagisme expérimental est caractérisé, à l’état aigu, par des convulsions épileptiformes suivies de paralysie et de somnolence, et à l’état chronique par des lésions alhéromateuses de l'aorte. La décotinisation rend le tabac incapable de produire des convul- sions, des paralysies et de l’athérome, sans toutefois le priver de ses propriétés antiseptiques. (Travail du laboratoire d'hygiène.) ESSAIS DE VACCINATION CONTRE LA PASTEURELLOSE BOVINE PAR LES TOXINES, par J.-J, VASSAL. Deux veaux de race annamite, âgés de dix-huit mois, et pesant 167 et 141 kilos, ont reçu dans le péritoine une bougie Chamberland pleine d’une culture en bouillon de pasteurellose. Cette bougie est du modèle F, d’un diamètre de 1 centimètre et réduite à une longueur de 8 centimètres; son poids total est 17 grammes et sa contenance 5 grammes. Elle renferme une culture en bouillon de pasteurellose qui vient d’être ensemencée. Elle est hermétiquement bouchée. La tech- nique opératoire est des plus simples. Elle consiste à pratiquer une ouverture de quelques centimètres à un travers de main en avant de la mamelle. Chez un de nos animaux, la bougie fut fixée à la paroi par un brin de soie; chez l’autre, elle demeura libre dans la cavité péritonéale, Dans les deux cas, elle fut également bien supportée. Les températures des veaux ne s'éloignèrent pas de la normale, mais les variations de poids allèrent jusqu'à 18 et 20 kilos en quelques jours, Cependant l’état général resta bon et les symptômes extérieurs furent insignifiants. Le sang se montra toujours stérile. Un mois après, nos deux animaux sont éprouvés. Un veau témoin succombe à une pasteurellose généralisée en vingt-sept heures. Les deux sujets réagissent par quelques légères élévations de température. Ils fournissent le quarante-troisième jour un sérum qui a préservé des 432 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE veaux de 480 kilos à la dose de 100 centimètres cubes contre des injec- tions massives de cultures de pasteurellose bovine. Ce sérum aggluti- nait les cultures homologues à des taux élevés. Nos animaux ont gardé leur bougie. Suivis plusieurs mois, ils n’ont rien montré de particulier. En conséquence, il est possible de conférer aux Davies des races d’Annam, si sensibles à la pasteurellose, une immunité solide par des toxines. Le sérum de ces animaux a des propriétés curatives très nettes. Le procédé de la bougie, qui n'avait pas été employé jusqu'ici et dont Tidée revient au docteur Yersin, paraît susceptible d'applications pra- tiques soit dans la pasteurellose bovine, soit dans d’autres affections His (Travail de l'Institut Pasteur de Nhatrang.) SUR LE SUC PANCRÉATIQUE DIALYSÉ, par BIERRY et Gï4JA. En collaboration avec M. Victor Henri (1) nous avons montré que le suc pancréatique de sécrétine, dialysé en présence d’eau distillée, perd presque tout pouvoir saccharifiant vis-à-vis de l’amidon et qu'il suffit d'ajouter un peu de NaCl pour voir apparaitre à nouveau et d’une facon intense l’action diastasique. Sion suit la dialyse on constate au bout du deuxième ou troisième ‘jour, au sein du liquide, la formation d’un précipité d’albumine quifinit par gagner le fond du dialyseur. Le sue, débarrassé de ce précipité, est alors remis à dialvser sur un nouveau sac de cellodion. On obtient ainsi un liquide incolore, limpide, qui a une conductivité électrique voisine de l’eau distillée, qui ne troublé plus avec le nitrate «d'argent, et qui ne donne plus la réaction du biuret. Ce liquide incolore est inactif sure maltose:; nous avons ohne que -la maltase disparaît plus vite du dialyseur que l amylase (2). Si on addi- tionne ce liquide d’hydrate ferrique colloïdal, on constate la formation d'ün précipité: il renferme donc un colloïde négatif, comme l’a montré -Iscovesco. Ce colloïde subsiste même quand la dialyse a été poussée suf- fisamment loin pour que l’amylase ait disparu du dialyseur. : | Ce suc dialysé, qui peut être considéré comme une solution d’amylase très pure, est totalementüinactif sur l'empois d'amidon. Nous avons pu (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906. SÉANCE DU 16 MARS 433 laisser dix et quinze jours à l’étuve à 40 degrés le mélange suc + empois sans pouvoir déceler de sucre réducteur; il a suffi d'ajouter alors un peu de NaC], pour constater au bout de deux heures, dans la liqueur, une quantité suffisante de maltose pour réduire d'une facon intense la liqueur de Fehling. Divers électrolytes ont été essayés à doses équimoléculaires. Les divers chlorures NaCI, KCI, NH“CI, CaCE, BaC!°, SrCl, MnCl?, elc., se sont | montrés très aclifs. Les bromures de sodium et de potassium se sont montrés actifs, mais à un degré moindre. Les iodures de potassium et de sodium et les azotates des mêmes Ë métaux ont une action très faible. à Les sulfates, carbonates, oxalates, phosphates de calcium, polassium 4 ou sodium n influencent pas l’action du suc dialysé sur l'amidon, mais la digestion commence dès qu’on ajoute un chlorure d’un de ces mé- taux. Comme dans la théorie de la dissociation électrolytique, on admet que les électrolytes en solution sont décomposés en leurs ions électro-posi- “tifs et électro-négatifs, et qu'ici les électrolytes sont employés à une concentration où ils sont totalement ionisés, on peut dire que la présence de l'ion Clou de l'ion Br semble indispensable. Ce suc dialysé devient excessivement sensible à l’action des acides forts ; les acides Les moins ionisés sont les moins toxiques. Conclusions. — 1° Le suc pancréatique dialysé sur sac de collodion en présence d’eau distillée perd tout pouvoir sur l’amidon et le maltose. Il suffit d'ajouter un électrolyte convenable pour rendre au suc dialyséses propriétés. 2° L'ion électro-négatif est le seul important, l'ion électro- positif ne semble pas avoir de rôle spécifique. SUR L'AMYLASE DU SUC PANCRÉATIQUE DE SÉCRÉTINE, par BIERRY. Le suc paneréatique recueilli chez le chien par fistule temporaire, après injection de sécrétine, est très alcalin; cette alcalinité de l’ordre | ; N d’une solution de soude ni est due presque uniquement au carbonate -de soude. - Pour doser à froid cette alcalinité, on doit se servir de méthylorange comme indicateur, car l'acide carbonique qui rougit en solution aqueuse le méthylorange est sans action sur lui en présence d'une quantité : N même très faible de carbonate alcalin. En employant un HCI ;g et la 434 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus petite quantité possible d’indicateur le virage est net et les résul- lats très exacts. Il est bon de rappeler que la quantité de carbonate devient trop faible à la fin de l'opération pour empêcher la dissociation électrolytique de l’acide carbonique qui peut déterminer la production de la teinte orange. Dans ce cas on fait bouillir la liqueur arrivée à cette teinte orange, pour chasser CO”, on laisse refroidir et on achève le titrage par addition de quelques gouttes d’acide jusqu’à virage (1). J'ai étudié comparalivement sur l’amidon l’action en milieu alcalin, neutre et acide du pancréalique normal. L'action du suc pancréatique sur l'’amidon est très intense : 4 et même 2 centimètres cubes transforment rapidementen maltose 100 cen- timètres cubes d’empois à 2 p. 100. Avec l’amidon soluble l’action est presque terminée en soixante minutes et ne va pas beaucoup plus loin en dix et même vingt heures ; avec l’amidon ordinaire les phénomènes sont un peu moins accusés. Ce suc normal à petiles doses, est incapable d’hydrolyser le maltose en vingt heures, et pousse avec une extrême lenteur l’amidon au stade glucose. Si on l’additionne d'HCI jusqu’à réaction très légèrement acide, il transforme beaucoup plus rapidement en glucose l’amidon ou le maltose, avec lesquels on le met immédiatement en contact (2). Toutefois, si l'on acidifie une petite quantité de suc et qu’on le fasse agir sur l’amidon on ne décèle pas de glucose avant h. 30 m. J’ai donc pu comparer l’action de faibles doses de suc alcalin, neutre et acide, pen- dant trente et même cinquante minutes, sur l’empois d'amidon et doser : le maltose formé. De très faibles doses d'acide ont une action consi- dérable sur la vitesse d'hydrolyse : le maximum de rendement est obtenu au voisinage de la neutralité, pour une très légère alcalinité. N J'ai neutralisé exactement, au méthylorange avec HCI 10’ du suc pan- créatique, et j'ai rendu ensuite à la liqueur, avec une solution de carbo- nate de soude convenablement titrée, l’alcalinité primitive ou une alca- linité égale à un tiers, ou un quart, ou un dixième de l’alcalinité que possédait le suc normal. Le mélange, mis à l’étuve à 40 degrés, pendant vinei-quaire ou qua- rante-huit heures, était ensuite additionné d’empois d’amidon. L’amylase du suc normal se conserve bien à l’étuve, l’'amylase du suc neutralisé et ramené immédiatement après à la même alcalinité, a déjà beaucoup perdu de son activité après vingt-quatre heures à quarante de- grés; son action est presque annihilée après un séjour de quarante- huit heures à quarante degrés. f4)\ Lüster. Z. anorg. chem., XII, 140, 1897. (2) Bierry et Terroine. Comptes ne Société de Biologie, mai et juillet 1905. ant = uit oh pi MONT tif - | FERMER FIVAS RS CPAPAT SÉANCE DU 16 MARS 435 L’amylase en milieu neutre est détruile beaucoup plus rapidement. Le suc neutralisé exactement ou très légèrement acidifié et mis à l’étuve à quarante degrés pendant un quart d'heure, devient presque inactif sur lamidon ; ce même suc, laissé quelques heures à 40 degrés, n’hydrolyse plus l’amidon, qui est cependant liquéfié. Ceci tendrait à prouver que la dextrinase est moins sensible que l’amylase. Tous ces faits viennent à l'appui d’une hypothèse qui a été émise par MM. Maquenne et Roux pour l’amylase végétale. Ces auteurs pensent que l’amylase du mall est engagée dans des combinaisons basiques faibles, minérales ou aminées, combinaisons susceptibles d’être rom- pues par l’amidon seul grâce à son acidité propre. Le rôle de l'acide serait dès lors évident ; il libérerait une plus forte proportion de diastase. On peut penser que l’amylase a un poids molé- culaire extrêmement élevé par rapport à celui de l’acide, de sorte qu'une acidulation très minime en apparence peut correspondre à un enri- chissement considérable en amylase. J'aurai l’occasion d'y revenir prochainement à propos de la maltase du suc pancréatique. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SUR LES MICROBIOÏDES DE LA GLANDE A POURPRE DU Murex brandarts : LEURS TRANSFORMATIONS ET LA FORMATION DE PIGMENT DANS DES VACUOLILES, par RapnaAEz Dugois. Dans une précédente note (1), j'ai rappelé qu’en 1902 j'avais signalé déjà dans l’extrait alcoolique de la glande à pourpre du Murex brandaris, préparé comme je l’ai indiqué, l'existence de gouttelettes biréfringentes du genre de celles que M. Lehmann a comparées dernièrement à des organismes vivants et, de plus, que les goulteleltes peuvent donner naissance spontanément à des fibres musculoïides. Ces jours derniers nous avons pu obtenir des résultats encore plus curieux de la façon suivante : Les glandes à pourpre d’une vingtaine de Murex brandaris sont détachées, puis broyées rapidement avec du sable de grès lavé et de l’alcool rectifié à 95 degrés; le tout est ensuite jeté sur un filtre. La liqueur alcoolique filtrée est évaporée au bain-marie, reprise par l'alcool absolu (environ 20 centi- (1) Action des microbioïdes sur la lumière polarisée : fibres striées muscu- loïdes et cristaux liquides biréfringents extraits du Murex brandaris. Comptes rendus de la Société de Biologie, LXIX, p. 243, 1907. 436 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mètres cubes) et filtrée de nouveau. À cette nouvelle solution alcoolique on ajoute une goutte d'acide sulfurique : il se produit un trouble, puis un préci- pité : le lendemain, on décante le liquide elair qui surnage et on laisse évaporer uue parlie sur un verre de montre à l'air libre et à la lumière. Par la concentration de la liqueur à l'air libre, il se forme d’abord des gouttelettes incolores d'apparence huileuse à la surface et nageant dans le liquide (1) Quand l'alcool s’est évaporé, on voit ces gouttelettes subir une véritable évolution : elles prennent une forme plus régulièrement sphéroïdale.-Dans. leur intérieur apparaît un noyau et, dans l’intérieur de celui-ci, quelque chose simulant à s’y méprendre un nucléole. Quelquefois il y a’ plusieurs noyaux et nucléoles dans une même cellule (plastidoides polynucléés). Ges diverses parties se distinguent nettement par leur coloration différente. Ce qui représenterait le cytoplasme est à peu près incolore, transparent, à peine teinté en jaune grisâtre ; le noyau est jaune rougeûtre et le nucléole brillant el incolore. On se croirait en présence d'une préparation histologique colorée. En réalité, on a sous les yeux l’image d’une grosse vacuolide, comme celles, ‘plus petites, que j'ai décrites depuis longtemps (2) , Peu à peu, la teinte du noyau s’accentue ; sous l'influence combinée du temps et de la lumière, il devient brun rougeûtre, granuleux : on voit naître alors de véritables grains de pigment qui sont rejetés dans le milieu ambiant. Quelques-uns paraissent entourés d’une paroi transparente à double contour . comme si le noyau s'était rétracté, mais beaucoup moins que ce qui figure le cytoplasme. Chez d’autres, où il semblait avoir disparu tout à fait, on le voit reparaître: on croirait alors assister à la naissance de petites vacuolides, filles des premières. Le pigment ainsi formé est rouge brun, il n’a pas la teinte de la pourpre obtenue avec la purpurine (3) et la purpurase. (4) M. Herrera dira, sins doute, que ce sont des « cristaux bourrés d'impuretés graisseuses », mais c'est peut-être le contraire, c'est-à-dire des graisses bourrées d'impuretés cristallincs; au fond, cela importe pru. Rien ne prouve que le bio- protéon se soit formé à partir des silicates ; la synthèse nuxturelle des graissesret des albuminoïdes a fort bien pu précéder Eu de la substance vivante, PRE qu'elle est plus simple. (2) 4° Les Elatérides lumineux, Bull. de la Soc. zoolog. le France, Paris, 1886, pl. IX, fig. 8 et fig. 7 et p. 257; 2° Les Vacuolides, Comptes rendus de la Société de. Biologie, mém. IX, sér. 8. 1887; 3° Anatomie et physiologie de la Pholade. dactyle, Ann. de l’Université de Lyon, t. IT, 1891-92, pl. XIIL, fig. 4, et pl. XV, fig. 26; 4° Lecons de physiologie générale et comparée, Masson, Paris, 1898, p. 192, p. 450 et fig. 193, p. 451 ; 5° Les Vacuolides, Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LX, p. 526, 1906; 6° Remarque à propos de la note de M. Emma- nuel Fauré-Frémiet, sur la structure du protoplasma chez les protozoaires, Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LX, p. 526. (3) J'ai obtenu ce dernier produit par dialyse de l'extrait alcoolique des glandes, évaporation au bain-marie, lavage du résidu sec à l’éther, puis à l'alcool absolu et cristallisation dans l'alcool à 65 degrés, par évaporation à l’air libre. SÉANCE pu 416 MARS 437 De la partie eytoplasmoïde de nos microbioïdes partent, à une certaine phase ‘de leur évolution, des pseudopodes et des filaments rhizopodoïformes s'allongeant etse rétractant sous le microscope.avec une apparente spontanéité. Les pseudopodoïdes s'unissent parfois avec ceux des vacuolides voisines pour donner l'apparence de symplastes. Principalement, sur les côtés du verre de montre où s’est faite l'évaporation du liquide, on voit des dispositions rappe- . lant absolument des plasmodies de myxomycètes, avec, cà et là, quelques noyaux (symplustoïides). Enfin, il y a des formes d’amibes (amiboïdes) et même des monéroïdes. : _ Le surlendemain, il restait seulement dans le verre de montre des goutte- $ lettes jaunes rougeâtres et de nombreux grains de pigment; les vacuolides à plastidoïdes avaient.évolué vers un état d'inertie apparente. Peut-être bientôt donnerait-elle des cristaux, et ce sera le dernier « soupir énergétique » de la vacuolide considérée en tant qu'individu figuré en voie d'évolution person- nelle. Dans d’autres préparations (solutions alcooliques non additionnées d'acide sulfurique), ilse produit des apparences de segmentation pouvant signaler les premiers stades jusqu'au stade morula. D'autres formes bioïdes, non moins curieuses, prennent naissance, en appa- rence spontanément, dans ce « blastème », sans que l’expérimentateur soit forcé d'intervenir. Ces formes et ces phénomènes sont de même ordre que ceux qui ont été obtenus par Bütschli et Quincke au moyen de liquides non miscibles et, comme je l’ai déclaré en 1904, à propos de ce qui devait devenir plus tard les radiobes de M. Bürke, on ne constate pas dans ces condilions tous les phénomènes résultant de ce que j'ai nommé « énergie ances- trale évolutrice ». Celte expression, entre autres, m'a fait traiter de néo- vitaliste par des personnes qui n'avaient pas compris ce que j'avais écrit. Mais le néovitalisme est incompatible avec les idées que je pro- fesse depuis bien des années et bien avant la publication de mes ’ leçons (41). Tandis qu'en Allemagne et en France on m'accusait de néovitalisme, à Lyon, à l'occasion du discours d'ouverture des Facultés que j’ai pro- noncé le 3 novembre 1904, les feuilles spirilualistes m'ont reproché de m'être montré radicalement malérialiste ! { Les dualistes de toutes les couleurs du spectre intellectuel de mon époque :physico-chimistes,mécanistes, matérialistes, spiritualistes, etc., | m'auront tour à tour jeté l'anathème et signalé comme un esprit inquié- à tant parce qu'ils ne m'avaient pas compris sans doute... avant que le radium fût découvert, La vérité est que je suis moniste, uniciste depuis fort longtemps, ou plus exactement, pour éviter toute confusion, pro- téoniste, ce qui signifie que pour moi la matière.et l'énergie ne sont.que deux aspects psychiques d’une seule et même chose que j'ai appelée pro- À (1) Lecons de physiologie. générale et comparée. Masson, Paris, 1898. 438 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE téon. Par ses innombrables et incessantes mélamorphoses, ce principe unique de toute choses donne à la Nature son infinie variété: le biopro- téon ou substance vivante n’en est qu'une variété. Dans le protéonisme ou énergétique générale, il y a lieu d'ouvrir un chapitre spécial aux êtres vivants; ce chapitre ne sera sans doute que la continuation du précédent, traitant de ce qui ne vit pas : il y aura entre les deux une transition insensible, comme dans la nature elle même. Pourtant, il ne faut pas tout confondre sous prétexte de généraliser. Le passage insensible entre ce qui vil el ce qui ne vit pas me parait devoir s'effectuer par ces infiniment pelits dialyseurs que j'ai appelés « vacuolides » el par les lois de la diffusion, dont la radioactivité n'est qu'un cas parliculier. Bien entendu, je parle du passage naturel. Quant au point de vue synthétique, il me semble aussi déraisonnable, aussi anti- scientifique, de nier la possibilité de la synthèse du bioprotéon que d’'affir- mer à l'heure présente la réalisation de la synthèse de l'être vivant. Remarque. — On trouvera des détails sur les propriétés optiques des mi- erobioïdes dans un prochain mémoire en collaboration avec M. Fred Vlès qui paraîtra prochainement. Je présente aujourd’hui, en même temps que cette note à la Société, des photographies des fibres musculoïdes vues en lumière polarisée et des bioïdes des principes immédiats de la glande à pourpre. MENSURATION DE L'ANAÉROBIOSE ET AÉROBISATION DU BACILLE DU TÉTANOS (1), par GEORGES ROSENTHAL. Par sa virulence spéciale, le bacille du Tétanos devait retenir notre attention dans nos recherches. Mais les travaux de Sanchez-Toledo et Veillon, Valagussa, Ferran, Belfanti et Pescarolo, etc..., nous appre- naient que le caractère anaérobie du bacille du Tétanos n’est pas absolu : Vaillard et Vincent ont obtenu des cultures aérobies en pipette étran- glée. Nos expériences nous ont montré que le bacille du Tétanos obéit aux règles générales que nous avons établies, tout en présentant les caractères spéciaux suivants : Les résultats des expériences ne sont pas aussi constants qu'avec les autres anaérobies. Dans une même série de tubes profonds ordinaires, larges ou étroits, on peut parfois trouver certains tubes négatifs, bien que des tubes plus aérobisés aient donné des cultures; c’est l’aéroh-. (1) Voir Société de Biologie, 18 novembre 1902, 7 novembre 1903, mai- décembre 1906; Société de l'Internat, juillet et novembre 1906. SÉANCE DU 16 MARS 439 salion déréglée. D'autres fois, deux lubes ensemencés de la même facon, dans les mêmes conditions, donnent, l’un un résultat positif, l’autre un résultat négatif; c’est l'aérobisation irrégulière. Fait plus particulier : dans les contrôles sur gélose inclinée de nos expériences d’aérobisation, il arrive, alors que l'aérobisation est loin d’être achevée, qu'un tube de gélose donne une abondante culture. Les repiquages de ce tube sont tous négalifs, le germe ayant épuisé sa force dans cette adaptation trop rapide à la vie aérobie. Enfin, au fur et à mesure de son aérobisation, le bacille tend à devenir immobile. Des formes d’involulion se montrent dans les pre- miers tubes, puis il prend une forme plus courte et plus trapue. En même temps, le pouvoir sporogène diminue dans les milieux ordinaires, pour persister plus longtemps dans les milieux albumineux. Sous ces réserves on peut établir les faits suivants : 1° Si on ensemence à la pipetle, avec une culture anaérobie en tube racheté bien développée, des lubes profonds de lait, voici les résul- tas : a) Tous les tubes contenant du lait crémeux poussent, quelle que soit leur hauteur ; il s’agit alors de véritables tubes cachetés. b) Dans les tubes remplis de lait écrémé, ayant un diamètre de 1 cent. 1/2, diamèlre ordinaire des tubes à essai, les résultats sont, en général, posilifs en quarante-huit heures à partir d’une hauteur de 10 à 9 centimètres. Rarement on obtient quelques cullures dans des tubes de 8 et même de 7 cent. 1/2 de hauteur ; ce sont alors quelquefois des cultures histologiques, c'est-à-dire sans modification du milieu. c) Dans les tubes remplis de lait écrémé, ayant un diamètre de 1 cen- timètre, la limite inférieure s’abaisse à 8 cent. 1/2. d) Dans les {ubes étroits, ayant un demi-centimètre de diamètre, tube qu'il faut comparer à la culture en pipette de Vaillard et Vincent, les cultures sont positives jusqu à 6 centimètres, et quelquefois jusqu'à À cent. 1/2 et 4 centimètres. e) En tubes capillaires, la culture est quelquefois posilive, quelle que soit la hauteur du liquide. Par contre, les tubes de 2 cent. 1/2 exigent, pour donner une culture, une hauteur minima de 16 centimètres de colonne de liquide. 2° Si on ensemence à la pipelte des tubes profonds de bouillon, ou même d'eau peptonée glucosée additionnée d'une légère quantité de sélaline, on obtient les résultats suivants : a) Les tubes ayant un diamètre de 1 cent. 1/2 et une colonne de liquide de 15 à 18 centimètres et au delà donnent, soit en quarante-huit heures, soit en quelques jours, une culture abondante. De 12 à 15 centi- metres on obtient des résultats tardifs et irréguliers. Quelquefois, par exception, des tubes de 9 à 12 centimètres ont donné des cultures peu vivaces (cultures histologiques). 440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE b) Les tubes larges ayant un diamètre de 2 cent. 1/2 ne donneraient de cultures qu'avec des hauteurs beaucoup plus grandes. c) Avec les tubes de 1 centimètre, la hauteur minime varie de 10 à 12 ; avec les tubes de un demi-centimètre, on peut descendre jusqu'à 6 centimètres, rarement à 5 centimètres. 3° Les tubes profonds eau blanc d'œuf et eau fibrine (ce dernier à vérifier soigneusement au point de vue de sa stérilisation) donnent des résultats intéressants, maïs variables. Avec un diamètre de 4 cent. 1/2, la hauteur minima de liquide nécessaire varie de 11 centimètres (résultats très inconstants) à 16 cen- timètres environ. Lorsque le tube de fibrine contient un culot de fibrine en poudre de 3 à 4 centimètres de hauteur et que l’ensemencement est fait dans ce magma, on peut obtenir de très belles cultures avec une hauteur moindre ; mais il s’agit alors de conditions spéciales rappelant celles adoptées par certains auteurs étrangers. 4° La culture en tubes d’Achalme fermés à des pressions variables donne des résultats assez irréguliers. En général, sur lait ou bouillon de 3 à 4 centimètres de hauteur, on obtient de belles cultures en qua- rante-huit heures à partir d’un vide de 60 centimètres. Les jours sui- vants, les tubes fermés à un vide de 30 à 60 centimètres (pression de 46 à 16 centimètres) se développent progressivement. Avec une pression de 46 centimètres, la culture met quelquefois quinze jours à être posi- tive, et souvent elle est peu abondante. L'obtention des cultures sur gélose inclinée, les trois étapes de l’évo- lution, la perte des fonctions chimique et pathogène seront étudiées dans une prochaine communication. (Travail du laboratoire de M. le professeur Hayem.) QUELQUES EXPÉRIENCES POUR DÉTERMINER LE RÔLE DES GLANDES CALCIFÈRES DES LOMBRICS, par ANDRÉ COMBAULT. On a émis bien des hypothèses sur la fonction des glandes calcifères après que Julius Leo eut signalé fleur existence dans les segments antérieurs des Vers en 1820 : glandes génitales accessoires, glandes coquillères, etc. Morren montra qu’elles se déversent dans l’œsophage; Lankester et Clapa- rède leur assignèrent un rôle digestif. Darwin le premier tenta quelques expériences et conclut qu'elles ont avant tout un rôle excréteur et secondairement le rôle digestif de neutraliser les acides de l’humus. Et c’est encore l’opinion généralement admise. Harrington, en 1899, reprit les idées de Darwin : il nourrit des Lumbricus SÉANCE DU 16 MARS 441 Herculeus uniquement avec une variété de COCa cristallisée en rhomboïdes bien différente des concrétions déversées dans le tube digestif pay les glandes calcifères. Or, cette nourriture surchargée de calcaire n’amena aucune augmentation de la sécrétion CO*Ca etil nia la fonction excrétrice des glandes. Mais il atfirma la fonction digestive lorsqu'il constata que la quantité des ; concrétions calcaires augmentait dans l’æsophage sous l'influence d’une nour- È riture acide. ] L'augmentation des concrétions dans l’œsophage sous l'influence d'une nourriture acide ne démontre pas que ces glandes aient pour rôle de neutraliser les acides de l'humus; la cavité glandulaire est énorme - parrapportà l'orifice ; il s’y forme des concrétions beaucoup plus grosses que cet orifice et les acides désagrégeant ces concrétions facilitent leur expulsion. | En 1905, M. E. de Ribaucourt attira mon attention sur ce fait que les Vers peuvent vivre à de très grandes profondeurs dans des galeries argileuses imperméables sans être intoxiqués par leur CO”, opinant, sans toutefois en fixer le processus, que les glandes de Morren pourraient bien avoir pour rôle de fixer le CO° pour éviter cette intoxicalion. Or, les Vers vivent dans l’eau ou la terre très humide, ils périssent à la moindre sécheresse; ils sont donc aquatiques; ils sont recouverts de téguments à couche externe cutinisée enduite de substance visqueuse qui permettent mal les échanges respiratoires; les groupes voisins, aquatiques, ont des branchies externes qui ne sauraient exister chez un animal qui subit des frottements continuels. Ces considérations, la morphologie macroscopique et microscopique des glandes m'amenèrent à les considérer comme de véritables bran- chies, les concrétions calcaires n'étant que le résultat du dégagement du CO” dans ces organes. - Je m’arrangeai donc à faire vivre quelques Lombries de l'espèce Helo- dwilus caliginosus, Subspecies Trapezoïdes que j'avais à ma disposition dans de l’eau de chaux; ce qui est très délicat. Il faut ajouter l'eau de chaux goutte à goutte, de loin en loin, dans l’eau où vivent les vers, sans quoi ils ne tardent pas à mourir. Au bout de vingt-quatre heures les glandes de Morren étaient teliement bourrées de CO*Ca que leur saillie était visible au travers des téguments distendus. J'en conclus que si ce phénomène était un phénomène normal et non pas la manifestation d'une intoxication, il devait dans la terre amener la fixation d’une certaine quantité de CO*. Je recueillis 20 gros #elodrilus et une certaine quantité de la terre où ils vivaient. — Cetle terre, bien tamisée, bien mélangée, fut divisée en deux lots de 500 grammes. — Dans l’un je fis vivre mes Æelodrilus, l’autre fut gardée comme témoin. Chaque jour je les arrosais l’un et l’autre de la même quantité d’eau distillée. J’arrêtai l'expérience le dix- septième jour parce qu'un de mes Vers semblait souffrir et que je vou- 449 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lais éviter de fausser mes résultats par la putréfaction d'un Lombric. L'anhydride carbonique gazeux ayant été chassé par la chaleur, les deux lots de terre bien désséchés furent analysés avec soin et j'obtins les résultats suivants : PROPORTION P. 100 de CO? Lot de terre où avaient vécu les Helodrilus. , . . . 3,275 Lot:déstérre témoin 1er QRe UE ER RNA EE AO Quantité déiCOMXE ARLES er? Da Les 20 Helodrilus avaient donc fixé en dix-sept jours 11 gr. 50 de CO - dans 500 grammes de terre. Ces deux expériences me semblent être d'accord avec l'hypothèse du rôle respiratoire des glandes de Morren. : J'apporterai prochainement d’autres faits en faveur de cette opinion. SUR LA PRÉSENCE DE LÉCITHINES DANS LES HYPERNÉPIROMES, par GABRIEL DELAMARE et P. LECÈNE. Grawitz a démontré que les cellules de certaines tumeurs malignes du rein ressemblaient beaucoup aux éléments du parenchyme surrénal et renfermaient souvent de la graisse. Comme il est aujourd’hui bien établi, grâce aux recherches d’Alexander, Mulon, Loisel, Bernard et Bigart, que l'écorce surrénale contient une proportion importante de lécithine, il nous paraît intéressant de déterminer la nature de la graisse signalée par Grawitz et de rechercher si les analogies morpho- logiques, heureusement synthélisées par le terme d'hypernéphrome, sont complétées par des analogies d'ordre histochimique. Sur trois hypernéphromes enlevés chirurgicalement, nous avons prélevé, en nous éloignant à dessein des zones nécrotiques ou hémor- ragiques, quelques minces fragments qui, après fixation dans le formol à 10 p. 100, ont été coupés avec le microtome à congélation de Yung. Certaines coupes ont été colorées par le Sudan III et l'hématoxyline d'Ebrlich, puis montées dans la glycérine. L'examen de ces coupes prouve qu'il s'agit d'infiltration et non de dégénérescence graisseuse. Cette surcharge graisseuse ne s’observe pas sur toutes les cellules du néoplasme : elle prédomine manifestement dans les parties bien vivantes et disparaît au voisinage des régions atteintes par la nécrose ou les hémorragies interstitielles. D’autres coupes ont été immergées pendant six ou douze heures dans une solution d’acide osmique à 4 p. 190. F SÉANCE DU 16 MARS 413 Sur les préparations osmiées et montées dans la glycérine, nous avons constaté que le protoplasme des cellules épithéliales était farci de granulations et de gouttelettes d’un brun plus ou moins noirâtre. Ces granulations se dissolvent presque instantanément, lorsqu’au lieu de monter les coupes dans la glycérine, on les traite par l'alcool et le xylol pour les conserver dans le baume du Canada; le protoplasme des cellules épithéliomateuses présente alors un aspect vacuolaire très analogue à celui des spongiocytes de l'écorce surrénale, traitée de façon identique. à La réaction histochimique très simple que nous venons de signaler semble bien indiquer que les granulations graisseuses contenues dans la majorité des cellules de l'hypernéphrome appartiennent à la catégorie des lécithines (graisses labiles de Bernard el Bigart). Cette notion est confirmée par les résultals de l’analyse chimique : M. Adler a pu retirer des quantités appréciables de lécithine de l’un de nos hypernéphromes. La présence de cette graisse phosphorée dans le tissu des hyper- néphromes nous parait constituer un nouvel et sérieux argument en faveur de l’origine surrénale de ces tumeurs. Elle semble même indi- quer que c’est aux dépens de la couche corticale moyenne que se fait le développement de ces néoplasmes. SUR UN NOUVEAU TYPE DE SARCOPTIDES (Myialges anchora), PARASITE DES DIPTÈRES PUPIPARES, . par E. SERGENT et E.-L. TROUESSART. On trouve sur le Pigeon domestique, en Algérie, une mouche de la famille des Hippoboscidæ, désignée par les entomologistes sous le nom de Lynchia maura (Bigot) el qui est elle-même parasitée par un Acarien de la famille des Sarcoptidæ, qui pond ses œufs sur le Diptère. Sur un grand nombre de ces Insectes, on aperçoit à l’œil nu de petites masses pulvérulentes blanchâtres, d’un millimètre de diamètre au plus, et qui se montrent au microscope constituées par une ou plusieurs femelles de l’'Acarien entourées d’une grappe plus ou moins abondante de leurs œufs. On en trouve sur plusieurs points du corps de l’'Insecte (tête, thorax, abdomen) ; l’Acarien est fixé par ses pattes antérieures dans les téguments du Diptère, et les œufs sont collés aux poils des parties voisines. Sur plusieurs de ces grappes on compte près d’une centaine d'œufs disposés en fer à cheval, la femelle au centre. Malgré nos recherches persévérantes, aussi bien sur le Pigeon domestique fraîchement tué que sur des Pigeons domestiques ou sau- BioLociE. Comptes RENDUS. — 1907. T. LXII. 31 44% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vages (Columba livia) d'Algérie et du Maroc, conservés en peaux dans les musées, il nous à été jusqu'à présent impossible de découvrir le mâle qui doit mener une vie errante dans le plumage du pigeon. On devra chercher à le capturer au moment de l’accouplement qui doit se faire, sur l’Oiseau, peu avant l’époque où la femelle fécondée se fixe sur le Diptère. En attendant, nous sommes forcés de décrire le genre et l’espèce simplement d’après la femelle ovigère et la larve sortant de l'œuf. | MyiaLces gen. nov. — Femelle ovigère à pattes de la 1'° paire de quatre articles, dépourvues de ventouse ambulacraire : ces pattes terminées par un double crampon, en forme d’ancre, faisant corps avee le tarse. Les pattes des 2e, 3e et 4° paires normales, terminées par une ventouse ambulacraire. — Larves ayant les trois paires de pattes normales, pourvues de ventouses ambulacraires. — Le type est : Myialges anchora nov. sp. — Femelle ovigère de forme ovoïde, l’abdomen fortement dilaté, presque globulaire; le rostre petit, conique, normal; la ire paire de pattes très robuste, fortement conique, les 3 premiers articles courts, renflés, le 4° et dernier (tarse) aussi long que les deux précédents réunis, terminé par deux crochets opposés qui, par leur réunion, forment un croissant figurant les deux pattes d’une ancre; épimères antérieurs soudés en forme de V. Pattes des 2°, 3° et 4° paires de cinq articles, grêles, surtout les deux paires postérieures, et terminées par un ambulacre normal en forme de ventouse. Vulve de ponte (thocostome) à ouverture longitudinale, sur- montée d’un épimérite transversal très fort, faiblement arqué, situé immé- diatement en arrière de la base des épimères antérieurs, de telle sorte que cette ouverture se trouve au niveau de l'insertion de la 4° paire de pattes; cette 4e paire insérée en avant de ja moitié de la longueur totale du corps. Sur les flancs une forte échancrure en arrière de la 2° paire. Une petite échancrure terminale avec une paire de poils longs de chaque côté. — Longueur totale : Onm70 ; largeur : 0®M37, — On trouve quelques individus dont la griffe interne de la première patte est rudimentaire ou nulle, le membre figurant un simple crampon. Le Larve. — Ovale, allongée, l'abdomen à extrémité coupée carrément ; toutes les pattes normales, terminées par des ventouses ; la {'° et la 2° paires courtes, coniques; la 3° plus longue et plus grêle. Longueur: 02222 ; largeur : (QE Œuf. — Ovoïde, allongé ; longueur : 0,23 ; largeur : 0,10. Mûle, Nymphes et Femelle nubile, inconnus. Il est probable que les pattes de la 2 paire servent à saisir les œufs au moment de leur expulsion et à les coller aux poils du Diptère, car on trouve des femelles qui ont été fixées par l'alcool, ces deux pattes repliées sous le ventre, lout près du thocostome. Quant aux crampons de la 4° paire, il est presque impossible de détacher l’Acarien sans les briser, toute la partie en forme de croissant restant alors enfoncée dans les téguments. Il est très vraisemblable que cette forme spéciale du SEANCE DU 16 MARS 245 membre antérieur est propre à la femelle seule après sa dernière mue, et que le mâle, les nymphes et la jeune femelle, avant cette mue, ont cette paire de pattes normale comme la larŸe. , La femelle se nourrit incontestablement du sang du Diptère. C'est la première fois qu'un Sarcoptide réellement parasite, et modifié par ce parasitisme, est signalé sur un Insecte, ou même sur un animal à température variable. En effet, les Sarcoptides de la sous-famille des Myialges anchora, — a, femelle ovigère entourée de ses œufs, face ventrale ; b, patte de la 1"e paire (droite); c, larve sortant de l'œuf (fortement grossi). Canestrininæ, qui vivent sur les Coléoptères, sont de simples com- mensaux se nourrissant des sécrétions naturelles de ces Insectes ; les hypopes des f'yroglyphinæ, que l’on rencontre sur les Hyménoptères, sont des nymphes adventives et voyageusés ne prenant aucune nourri- ture sous cette forme. On ne connaît pas de Sarcoptides chez les Batra- ciens et les Reptiles. É | La présence d'un Sarcoptide parasite, sur un animal à sang froid, semble au premier abord très anormale. Mais M. le professeur Guiart nous a fait remarquer, avec beaucoup d’à-propos, que la Lynchia maura « était un animal à sang chaud », puisqu'elle vivait elle-même en para- site sur le Pigeon, animal à température constante. Il est probable, d’ailleurs, que l’Acarien passe la plus grande partie de son existence _ sur l'Oiseau, et ne vient sur le Diptère que pour y déposer ses œufs. 446 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Du MÉCANISME DE LA PHLÉBECTASIE, par ALGLAVE et Ep. RETTERER. (Deuxième note (1).) Les modifications de structure subies par les veines variqueuses peuvent-elles nous éclairer sur le mode de formation des varices? Malgré les nombreuses théories qu'on a émises à cet égard, l’étiologie des varices est encore des plus obscures. Thomas Bartholin incriminait les altérations des valvules veineuses; mais, comme le remarque Ziegler, la veine porte, totalement dépourvue de valvules, peut devenir variqueuse à la suite de la cirrhose du foie. Bichat faisait inter- venir le poids habituel de la colonne sanguine : agissant continuellement, la pression du sang dilate les veines du membre inférieur et y arrête la circula- tion veineuse qui est très susceptible d’être influencée par des causes méca- niques par rapport au peu de force qui fait circuler. Depuis Bichat, les clini- ciens qui n’ont examiné les varices qu'à l'œil nu se sont la plupart ralliés à sa théorie d'ordre mécanique. D’autres invoquent des causes de nature chi- mique : les produits nocifs circulant dans le sang produiraient l’inflammation de la paroi veineuse et toutes les altérations consécutives. Quelle que soit la cause primitive, on est loin d’être d'accord sur les modi- fications structurales de la paroi veineuse elle-même. On discute sur la nature de la lésion iniliale, ainsi que sur la marche des lésions consécutives. Briquet admettait trois degrés d’altération dans les parois veineuses : 1° simple dilatation des veines avec amincissement des parois; 2° dilatation uniforme avec épaississement de la paroi; 3° dilatation simple avec épaissis- sement ou amincissement. L’amincissement serait déterminé par la désorga- nisation de la membrane moyenne. Pour Cruveilhier, les varices débuteraient par la destruction des valvules et deviendraient définitives par la perte d’élasticité de la paroi des veines. Virchow attribuait la dilatation des veines à l’atrophie de la couche moyenne. Pour Fürster, il en serait de même en ce qui concerne la tunique moyenne, tandis que les tuniques externe et interne s’épaissiraient. Billroth pensait, au contraire, que tout le processus serait dû à l’hypertrophie du tissu conjonctif de la paroi veineuse. M. Cornil a constamment trouvé une hypertrophie de la tunique moyenne (fibres musculaires et conjonctives plus nombreuses et plus volumineuses). La dilatation des veines est-elle primitive ou consécutive à l’altération des parois et à l'insuffisance valvulaire ? M. Pierre Delbet, se fondant sur des men- surations manométriques, attribue la phlébectasie à la pression de la colonne sanguine sur les veines saphènes dont les valvules ont été forcées. Briquet pensait, dès 1825, que la dilatation des veines sous-cutanées était due à la plus grande quantité de sang-que les veines profondes ou musculaires y déver- saient : la contraction des muscles chasse tout le sang dans les veines plus 4) Voir la 1" note in Soc. de Biologie, 9 mars 1907, p. 373. » P SÉANCE DU 16 MARS AAT superficielles qui prennent plus d'ampleur et d'épaisseur pour se propor- tionner à la colonne fluide qui les parcourt. C'est également l'opinion de l’un de nous; nous attribuons une influence considérable à l’arrivée brusque d’une forte quantité de sang que les veines profondes versent dans les veines superti- cielles (poussée sanguine profonde, lors de la station debout, de la marche, de la course, du saut, etc.). à Tous les observateurs ont confirmé le fait annoncé par M. Cornil, c’est-à-dire l’hyper- trophie de la paroi veineuse. Soboroff l’ex- plique en admettant la prolifération du tissu conjonctif de l’adventice et de celui de la tunique moyenne. Negretti l’attribue à une phlébite sous-cutanée et chronique. Pour Orth, la veine commence par se dilater; ensuite la phlébite la rend fibreuse et l’épais- sit en lui faisant contracter des adhérences avec le tissu conjonctif avoisinant. Epstein, au contraire, pense que la tunique moyenne s’infiltre de petites cellules, tandis que la tunique interne s'hypertrophie grâce à une endophlébite compensatrice. Hodara admet le processus suivant : l’aug- mentation de la pression du sang amène la dilatation des veines. Alors, le tissu élas- tique réagit en s’hypertrophiant et en s’hy- perplasiant. Comme la pression continue à augmenter, la veine se dilate davantage et finit par s’amincir. Dans les tuniques externe et moyenne, il y a- hypertrophie des fibres élastiques et musculaires, tandis que, dans la tunique interne, il y a néoformation d'un jeune tissu qui se transforme ultérieurement en éléments musculaires et élastiques. Une fois que le sang stagne dans la veine, celle-ci s’atrophie. Pilliet est du même avis : l’hypertrophie de la tunique musculaire précède l’amincis- sement consécutif de la paroi veineuse. Pour Bernhardt Fischer, enfin, les phlé- bectasies procèdent d’une inflammation chro- nique de la paroi veineuse : au premier NS SN NS ARS À D \ NZ N° NN Ne EN w NS NN IN NS N N ENS À NS Ÿ . w Ê K\ Ê NY = = À 4 1} TTTTTATURE N N \ / de N ÿ AL D) Fic. II. — Aspect, avant leur excision, de la saphène interne et de ses collatérales prérotu- liennes sur l'homme de 49 ans décrit dans ces deux notes. stade, le tissu conjonctif prolifère et détermine l’atrophie des fibres élasti- ques; au dernier stade, il ne reste plus qu'un tissu fibreux constituant toute la paroi veineuse. Ces effets seraient dus, non pas à une augmen- tation de pression du sang, mais à linflammation provoquée par les produits nocifs mêlés au sang veineux. 148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À aucun stade, nous n'avons vu des signes d’atrophie dans les éléments ni cellulaires, ni élastiques. La paroi veineuse est hypertro- phiée dès le début, comme l'ont montré Briquet et Cornil. Mais cette hypertrophie est-elle primitive ou consécutive à la dilatation? L'étude du segment ([, Il, fig. I de la 1"° note), à apparence saine, permet, il nous semble, de conclure que l'hypertrophie des tuniques précède leur dilatation. Autre question : la dilatation est-elle produite par la pression du sang du bout central (reflux saphénien) ou par l'abondance du sang venant de la périphérie, c’est-à-dire de la profondeur des masses musculaires (poussée profonde)? À ne considérer que le segment A B, on ne saurait se prononcer dans un sens ou dans l’autre. Mais si on compare la struc- ture des segments C Det E F G, de l’ampoule S et du segment étranglé (2), on conclura : le segment étranglé est situé entre deux portions élargies, flexueuses et même ampullaires. La dilatation n'a pu procéder du tronc de la saphène, car la pression due au reflux saphénien aurait commencé par dilater le segment étranglé pour, de là, se propager de haut en bas. La structure des veines prérotuliennes, siluées en amont du segment étranglé, n’a pu être modifiée, et leur lumière ne s’est élargie que sous l'influence du sang venant des veines profondes, c’est-à-dire de la poussée périphérique. ÉAT La méthode expérimentale n’a jusqu'à présent rien donné en ce qui concerne le développement et la succession des divers ‘stades par les- quels passent les veines en voie d’ectasie. Il nous faut donc nous borner à sérier les modifications structurales des parois veineuses tout en tenant compte de la répartition topogra- phique des veines altérées. | | | Les veines superficielles voisines des varices et ayant encore une apparence saine (fig. I, segment entre I à Il) ont des parois hypertro- phiées ; cetle hypertrophie ne peut résulter que de la réaction de la paroi veineuse contre la poussée profonde du sang, c'est-à-dire d’ori- gine périphérique. Les valvules participent à l'hypertrophie, deviennent dures, et, par suite, insuffisantes. Le reflux saphénien peut alors s'ajouter à la poussée profonde et dilater davantage la veine. Dans ces stades initiaux, les divers éléments (cenjonctifs, élastiques et cellulaires) de la paroi veineuse s’hypertrophient et s’hyperplasient; d'où dilatation et allongement du vaisseau. À mesure que les cellules deviennent plus abondantes par rapport à la trame conjonctivo-élastique, la paroi perd de sa résistance et de son élasticité. La pression du sang continuant à augmenter, la paroi se dilate de plus en plus et s’amincit d'autant. Nous n'avons cependant, nous le répétons, à aucun des stades ultimes, vu traces d'atrophie dans les éléments de la paroi dilatée. Les cellules et surlout leurs noyaux restent hypertrophiés aussi bien dans les segments dilatés et flexueux que dans les ampoules elles-mêmes. ISÉANCE DU 16 MARS 449 CHRONOPHOTOGRAPHIE D'UN JET DE LIQUIDE COLORÉ MONTRANT LE TRAJET DU COURANT DE L'EAU A TRAVERS LA CHAMBRE RESPIRATOIRE DES ANIMAUX AQUATIQUES. Rappel des travaux antérieurs sur les applications de la chrono et de la grapho-photographie, par Cn.-A. FRaNÇors-FRANCK (1). I. — La méthode d'observation qui consiste à forcer un animal aqua- tique à introduire un filet de liquide coloré dans son appareil branchial et à l'en expulser a été fréquemment employée par les naturalistes expérimentateurs; elle a permis de suivre le trajet de l’eau à travers la chambre respiraloire de divers animaux aquatiques, mais elle a soulevé certaines eritiques, fort judicieuses, du reste, par exemple celles de M. G. Bohn dans son étude de la respiration des crustacés, critiques portant surtout sur les particules solides colorées. Il n’en reste pas moins que c’est là un procédé intéressant pour la détermination du sens des courants de liquides dont on peut ainsi ‘démontrer le lièeu et le mode d'introduction et de sortie de l'appareil respiratoire des animaux aquatiques les plus variés. J'ai pensé que la chronophotographie se préterait facilement aux démon- strations de ce genre, et je l’ai appliquée depuis quelques années à l'étude des courants d’eau chez nombre d'animaux aquatiques, tant vertébrés qu'in- vertébrés. Je donnerai aujourd'hui seulement quelques résultats de ces études pour- suivies à Paris sur les poissons d’eau douce et à la Station biologique d'Arcachon sur divers animaux marins (poissons, mollusques céphalopodes et crustacés). L'animal libre dans l'aquarium ou fixé par un appareil contentif approprié (Note du 2 juin 1906) étant mis au point sur le verre dépoli de l'appareil cinématographique, on recueille un certain nombre d'images de ses mouve- ments respiratoires normaux et, à un moment donné, on fait arriver avec une pipette une petite quantité de liquide coloré (gouache ou encre de Chine suivant que le fond de l'aquarium est noir mat ou translucide) au voisinage de l'entrée des voies respiratoires. Les prises de vues successives à très courts intervalles (seize à vingt images par seconde) permettent de suivre le trajet du liquide coloré aspiré vers la chambre branchiale et expulsé par les orifices de sortie : c'est la démonstra- tion optique des lois mécaniques de la respiration chez les animaux aquati- ques, lois déduites des conditions anatomiques et des expériences graphiques (Notes des 12 et 19 mai, du 2 juin 1906). (1) Travail des Laboratoires de la Station biologique d'Arcachon et de la Station physiologique du Collège de France. 450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les figures ci-jointes (1 et 2) montrent deux types de ces expériences, l’une (n° 4) sur une tanche, l’autre (n° 2) sur un poulpe. Parfois l'animal n'accepte pas l'introduction dans ses voies respiratoires d'un liquide quil sait ou pressent offensif : c’est le cas que réalisa, à la suite d'un essai auquel il s’était une première fois prêté, un grondin éludié, comme le poulpe, à l’aquarium d'Arcachon, avec l'assistance de mon ami le pro- fesseur Jolyet, directeur de la Station biologique. On voit dans la figure 3 le jet de liquide noir qu on pro- jette dans l’orifice buccal (image supérieure), rejeté en totalité par le même orifice grâce à une inversion des actes moteurs respiratoires (soulèvement de la région branchio-stégique, clôture de l'appareil oper- culaire). L’expulsion en sens inverse du courant normal commence à l'image n° 2; elle est complète pe à l'image n° 5. Légende (fig. 1). — De haut en bas, on voit la tanche re- cevant par l'orifice buccal un centimètre cube de goua- che blanche très diluée que laisse écouler la pipette courbe; l’animal commence à expulser le nuage coloré dans l'image n° 2 et en achève l'expulsion en masse dans l’image ne 5. Légende (fig. 2). — Un poulpe immobile et libre re- coit un jet de 1 centimètre cube d'encre de Chine au niveau de l'orifice supérieur du manteau à gauche. L'em- . magasinage s'opère très ra- pidement par l'expansion aspiratrice des parois, dès la seconde image l'expulsion commence par l'orifice de l'entonnoir orienté à droite; elle s’accentue de haut en bas; elle est terminée à la dernière image. 16 images par seconde. Fc. 4. Fic. 2. II. — Ces études chronophotographiques font partie d’une série dont j'ai commencé à entretenir la Société de Biologie à partir de 1902, sans cesser de lui apporter chaque année la primeur de mes travaux, qui n’ont guère reçu COM SÉANCE DU 16 MARS 451 d'autre publicité : j'ai toujours jugé celle-ci suffisante, et considéré nos bulle- tins comme des recueils aussi répandus à l'étranger qu'en France. Or, en parcourant récemment les Ergebnisse der Physiologie, 5° année, j'y ai trouvé un exposé d'ensemble des travaux relatifs aux études et méthodes chronophotographiques, de Janssen, Marey et Muybridge à Athanasiu et Bull, sans qu'il y soit fait la moindre allusion aux études et méthodes que j'ai présentées depuis quatre ans à la Société de Bio- logie et démontrées à mes collèsues dans mon labo- ratoire du Collège de France, ainsi qu'aux membres du Congrès de physiologie de Bruxelles. Bien que l’auteur de l’article dise en terminant qu'il n’a pas eu pour but de citer tous les travailleurs qui se sont occupés de chronophotographie, il aurait pu, semble-t-il, tout au moins rappeler qu'une variante de la méthode a été décrite et appliquée par moi sous le nom de Méthode grapho-chronophotogra- phique : il s’agit ici d’une association des prises de vues simultanées d’un organe en mouvement et des graphiques qui enregistrent ses changements d'état. J'en ai fait l'application, tout d’abord en 1902, à l’étude des mouvements du cœur des mammifères et des courbes qui les expriment graphiquement ; plus tard, j'ai étudié, avec la même méthode, les réflexes tendineux, en 1904, puis les mouvements du larynx. Il suffisait de se reporter aux tables de nos bulle- tins (1) pour éviter cette lacune dans un article d’en- semble comme celui des Ergebnisse der Physiologie. Je me crois autorisé à la combler en passant. Du reste, dans le même recueil, un article d’envi- ron 50 pages, sur l'absorption et l’excrétion du fer, avec une bibliographie de 90 auteurs, ne mentionne ni le nom de M. Lapicque, qui a publié, en 1897,un travail resté classique sur la mutation du fer chez ÉiG. 3. les vertébrés, ni celui de M. Dastre, qui a créé le nom de « fonction martiale du foie » et dont tout le Grondin, fixé dans l'appareil contentif, et monde connaît les nombreux travaux sur ces ques- refusant le jet coloré tions. que présente une pi- Je n’ai pas mission d'insister sur cette dernière pette courbe à son ori- omission ; je la signale à côté de celles qui me con- fice buccal. cernent et que je relève dans la même publication. (1) Ces tables correspondant à chaque semestre peuvent passer inapercues dans un volume relié comme l'ont été ceux que j'ai consultés et renfermant les Bulletins d’une année entière : la table du premier semestre se trouve ainsi figurer au milieu du volume. C’est ainsi que moi-même, en ne parcourant que la table finale, j'ai pu croire à l’omission d'un certain nombre d’indica- tions, remarque que j'ai faite à la Societé et que je m'empresse de retirer. 452 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES VALVULES DES VEINES DE LA GRENOUILLE, par M. E. Sucrarr. Les valvules des veines de la Grenouille ont été, suivant toute appa- rence, signalées par Gruby (Recherches analomiques sur le système veineux de la Grenouille. Annales des Sc. naturelles, 1842, sec. série, t. XVII, Zoologie, p. 209). Cet anatomiste indique une valvule, au point où la veine fémorale s’anastomose avec la veine abdominale, et une autre valvule au point où la veine cave supérieure reçoit la sous-ela- vière, la veine innominée et la jugulaire externe. CG. K. Hoffmann (Bronn's Alassen. Bd. VI, Abth. Ii, 1878, p. 495) reproduit sans y rien ajouter les observations de Gruby. E. Gaupp (Anat. des F'rosches. I Abth., II Hälfte, 1899, p. 381) met en doute l'existence de la valvule de la veine cave et la considère comme une apparence causée par un repli du péricarde. Ayant dernièrement abordé l'étude de la circulation veineuse de la Grenouille, nous avons constaté, dans le système veineux de Rana esculenta, la présence de valvules sigmoïdes très nombreuses. Ces valvules, comparables par leur forme à celles des mammifères, sont parfaitement développées, disposées généralement par paires, quelque- fois par trois. Nous avons, tout d'abord, retrouvé la valvule fémorale de Gruby; cette valvule est placée dans la veine fémorale avant l’anasto- mose de celle-ci avec l'iliaque externe. Nous avons, de plus, rencontré des valvules dans cette veine fémorale (1), derrière l'embouchure de l’iliaque transverse, puis dans la poplitée, devant et derrière l’articu- lation du genou; enfin, dans la péronière, la dorsale du pied et ses branches, près de l'articulation crurotarsienne. La veine sciatique possède aussi des valvules, au-dessus et au-dessous de ses branches musculaires; sa branche cutanée postérieure moyenne en est égale- ment munie. | Les branches des veines caves supérieures de R. esculenta sont éga- lement pourvues de valvules. La valvule signalée par Gruby, au niveau de la confluence des trois veines qui forment chaque veine cave supé- rieure, est, en réalité, composée d'un système compliqué de valvules sigmoïdes occupant les embouchures des veines jugulaire externe, anonyme et sous-clavière. La brachiale et la grande cutanée sont munies de valvules près de leur embouchure dans la sous-clavière. La jugulaire externe en possède à son origine. (1) L'animal est supposé couché sur le ventre, les pattes postérieures tournées du côté de l'observateur. SÉANCE DU 16 MARS 453 Toutes ces valvules présentent, d’une manière générale, la structure des valvules des veines. Les parois des veines pourvues de valvules contiennent des cellules musculaires orientées dans différentes directions. Nos observations ont été faites sur Rana esculenta. Nous nous propo- sons de parler plus tard de la disposition des veines de Rana tem- poraria, ainsi que de la structure des valvules des veines de la Gre- nouille en général. Nous devons ajouter que les veines du Crapaud (Bufo vulgaris) sont pourvues de nombreuses valvules. SUR LES SUBSTANCES ACTIVES DU « TEPHROSIA VOGELIL », par M. HANRioT. J'ai essayé les principes définis retirés du tephrosia Vogelii sur des animaux appartenant aux divers degrés de l'échelle animale. Les pois- sons présentent une sensibilité extrême à leur action et ont le plus souvent servi de réactif pour les caractériser. Des trois substances que j’ai isolées, la téphrosine est de beaucoup la plus active; le téphrosal s’est montré peu toxique et l'on peut se demander si l’action minime que l’on constate n’est pas due à des traces de téphrosine entrainée par la vapeur d’eau. Lorsque le téphrosal est récemment préparé, il a une odeur vive, enivrante et parait être un appât destiné à attirer le poisson. . » , , » 0 2 1 Le corps jaune s'est aussi montré peu actif; sa solution au 1.000.000 Re 1 ras is est inactive; celle au 500.000 ? tué un cCyprin qu'au bout de deux heures environ. lei encore on peut se demander, étant donnée la petite quantité de matière qui a été isolée, si la substance était parfaitement pure ou si elle ne contenait pas encore un peu de téphrosine à laquelle serait due la toxicité observée. Quant à l'aspect des phénomènes, il estle même dans le cas de la téphrosine et du corps jaune. Toxicité de la téphrosine. — Les solutions qui ont servi aux essais sur les poissons ont été préparées de la facon suivante: on dissout 0 gr. O1 de téphrosine dans 10 centimètres cubes d'alcool, et on étend avec de l’eau à 50 centimètres cubes. Cette solution qui se conserve bien de substance active : red 1 renierme aonc 10.000 454 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 centimètre cube de cette solution étant versé dans 1 litre d’eau, on obtient une solution renfermant ne Ces solutions étendues doivent être préparées au moment de s’en servir, car la téphrosine s’en dépose rapidement et elles perdent leur activité. En faisant varier la quantité de la solution alcoolique, on prépare des solutions à divers titres et dans chacune on place un poisson. Au bout d’un temps variable, celui-ci est pris d'une vive excitation; il saute fréquemment hors du vase qui contient la solution, puis il se calme; ses nageoires se para- lysent et se décolorent ; il roule dans le liquide, nage le ventre en l'air, puis enfin reste immobile et meurt. Voici, chez le gardon, le tableau des phénomènes observés aux diverses concentrations. DURÉE DE L'EXPÉRIENCE AU MOMENT OU L'ANIMAL A ——— roule meurt : 1 minut 30 minutes 250.000 minu minutes. te d) Ï { 15 - t 500.000 minutes. J 5 minutes. TE dci 1 minut 1h 5 mi 10.000.000 FRURESe eure 5 minufes. Re 12 minut Th 25.000.000 HROUUEES eure. : 28 minut h 5 mi 50.000.000 minutes. 1 heure 45 minutes. : 11 45 mi Vi le iend Î 100. 000.000 heure minutes. ivant le lendemain. Si l'animal est coloré, comme une perche ou un véron, il subit de notables changements de coloration ; en même temps ses nageoires pàlissent. Les chiffres précédents ne se rapportent qu'à la concentration du . liquide ; il faut en effet remarquer que le poisson est loin d’avoir absorbé toute la substance toxique; un deuxième poisson placé dans le même liquide périt aussi vite que le premier ; et j'ai pu ainsi en intoxiquer un grand nombre dans le même liquide ; le poids de substance active absorbée est certainement infime. La téphrosine est actuellement le corps défini qui agit à la dilution la plus faible. Ainsi, l'aconitine est mortelle pour l'homme à la dose de SUR 1 es Fe 0 gr. 006 ; amenés à la dilution de 50.000.000? <°S 6 milligrammes repré- senteraient 300 litres; ainsi, même en admettant que le pouvoir toxique CV PTS PET TT PT EPSON TT FETE SÉANCE DU 16 MARS 455 de l’aconitine ne soit pas annihilé par cette dilution extrême, il faudrait : 1 à 300 litres de la solution au 50.000.000 POUr tuer un homme; c’est-à-dire que, praliquement, une telle solution serait inoffensive. Tous les poissons sont sensibles à l’action de la téphrosine, mais très inégalement ; ainsi le véron l’est moins que le gardon, puis viennent la perche, le cyprin, la brème, la tanche, l’anguille ; le moins sensible à été la lamproie, qui a résisté quarante-huit heures dans la solution au 1 1.000.000 | Les poissons de mer sont aussi intoxiqués par cette substance, mais moins facilement que les poissons d'eau douce ; mes expériences ont porté à Roscoff sur les espèces suivantes : Blennorus, Crenilabrus, Cottus, Scyllium, Conger ; voici les limites extrêmes que j’ai constatées : 5 ARE al és Crenilabrus viridis . . . . . . ... 8 000.000 mort en 1 heure 15 COMORES EE 1.000.000 mort en 1 heure 10 Les autres espèces animales sont infiniment moins sensibles ; des lapins ont pu manger impunément des feuilles de tephrosia et des chiens ont reçu une dose énorme de téphrosine (1 gramme) mêlée à leurs ali- ments sans en paraître incommodés. J'ai pu conserver plusieurs jours s 1 des grenouilles dans la solution AU 500.000 dans laquelle les poissons mouraient presque aussitôt; les tètards y succombaient en quelques heures, tandis que les tritons et les axolotls n’en étaient aucunement incommodés. Les crustacés ne sont non plus bien sensibles à l’action de cette substance ; l’écrevisse, le crabe, la langouste ont vécu plusieurs Jours dans la même solution ; c’est tout au plus si au début ils ont pré- senté quelques phénomènes d’excitalion. Une anilocra mediterranea, fixée sur un crenilabrus viridis, a été introduite dans un bac renfermant ; il s ; la solution au 5.000.000! Le crenilabrus est mort en une heure quinze, tandis que l'anilocra avait, le lendemain, conservé toute sa vivacité. Dans la même solution, les aplysies (mollusques) étaient rétractées et immobiles 14 heures après, tandis que diverses espèces à coquille y ont vécu plusieurs jours sans aucun phénomène apparent; les aréni- coles ont présenté dès le début une phase d’excitation marquée par les mouvements fréquents de leurs cils, mais n’y sont morts qu'au bout de 3 jours; enfin les actinies y sont restées plusieurs jours sans rien présenter d'anormal; seule leur contractilité était un peu diminuée. 456. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR QUELQUES POINTS D'HISTOGENÈSE DU REIN DÉFINITIF, par Én. RETTERER. Malgré des recherches multiples, on est loin d’être fixé sur l’histo- genèse du rein définitif. On sait qu'il prend naissance par un bourgeon épithélial, qui émane du canal de Wolff, et que les canaux excréteurs ou collecteurs du rein dérivent des ramifications de ce bourgeon. Quant aux canaux sécréteurs ou urinaires proprement dits, ils dériveraient, pour les uns, du bourgeonnement des canaux collecteurs; pour les autres, d'une ébauche spéciale (blastème rénal, mésenchymateux ou tissu néphrogène); ils se mettraient secondairement en relation avec les tubes collecteurs. L'origine même du tissu néphrogène est discutée par ceux mêmes qui admettent un germe néphrogène, distinct de celui des tubes collecteurs : les uns le font provenir de bourgeons émanant, soit du corps de Wolff lui-même, soit de l'épithélium pleuro-péritonéal, soit d’un germe conjonctif spécial. = Technique. — J'ai choisi, pour objet d'étude, les embryons de cobaye (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9 centimètres de long). Les reins ont été fixés frais dans le liquide de Zenker ou le sublimé platinique. Les coupes (fines de 5 à 8 u) ont été colorées par le liquide de Weigert ou l'hématoxyline, puis la solution éosine, orange, aurantia, de façon à mettre en évidence non seule- ment la structure et l’évolution cellulaire, mais encore la distribution des vaisseaux sanguins et la genèse des hématies. Exposé des fails. — De la partie postérieure ou caudale du canal de Wolff, part une évagination ou diverticule qui s’allonge et s'accroît d’arrière en avant, entre le corps de Wolff et la colonne vertébrale. Ce diverticule (futurs uretère et bassinet) se bifurque, et les branches de bifurcation se divisent à leur tour en rameaux terminaux. Le point important à établir dans cette ébauche rénale est le suivant : les tubes épithéliaux ou canalicules urinaires se développent-ils d'une façon indépendante du tissu conjonctif? Ou bien, le tissu réticulé (blastème, tissu mésenchymateux ou néphrogène), qui réunit et sépare les canalicules épithéliaux, dérive-t-il lui-même des cellules épithé- liales, à la suite de transformations cellulaires? Si l’on étudie, sur des pièces bien fixées, les bourgeons secondaires et surtout terminaux des ramifications de l’uretère, on voit qu'il n’existe pas de limite nette, pas de membrane basilaire, entre les cellules épithéliales et le tissu avoisinant. Les cellules périphériques des canalicules épithéliaux deviennent des éléments étoilés, et montrent un corps cellulaire constitué par un réticulum chromophile et un protoplasma transparent ou hyaloplasma. Les bourgeons terminaux des ramifications urétérales fournissent, en un mot, le tissu réticulé plein qui compose le stroma du rein. Le rein définitif ne pro- cède donc pas d’une ébauche double, l’une épithéliale, et l'autre conjonctive SÉANCE DU 16 MARS 157 ou mésenchymateuse. Tous les éléments du rein définitif sont des descen- dants du diverticule du canal de Wolff : les cellules épithéliales en repré- sentent le premier stade évolutif, et, le tissu réticulé, le deuxième stade. Les transformations cellulaires qui se passent dans l’ébauchè rénale sont iden- tiques à celles qu'on observe dans le névraxe épithélial, lorsque les cellules ectodermiques se multiplient et donnent naissance à des éléments nerveux d'abord arrondis, puis ramifiés (origine des cellules nerveuses et de la char- pente médullaire). En un mot, le rein définitif descend d’un bourgeon du canal de Wolf; ce bourgeon représente le stolon prolifère duquel se développent tous les éléments (épithéliaux et conjonctivo-vasculaires) du rein définitif. Sur l'embryon, long de 2t"5, les ramifications creuses de la partie termi- nale (bassinet) de l’uretère arrivent jusqu’à la surface du rein, sous la forme de tubes larges de 02203 à 0m®05. Les intervalles de ces tubes sont constitués par des travées de tissu réticulé, épaisses de 002 à Re et contenant des capillaires sanguins, peu abondants, il est vrai. A partir de ce stade, on observe, dans le tissu rénal, des amas ou nodules de Oum05 à 0mm06. Les uns occupent la paroi même des tubes creux et font saillie dans leur lumière, en face d’une portion déprimée en cupule que pré- sente la paroi opposée. Ces amas sont constitués par du tissu épithélial. On les connaît, depuis Colberg (1863), sous le nom de pseudo-glomérules. En se vascularisant, le pseudo-glomérule se transformerait en glomérule définitif, pendant que la portion déprimée en cupule du tube urinaire constituerait la capsule de Bowman. Les faits que j'ai observés ne m'autorisent pas à con- clure dans ce sens : ces premiers amas ou pseudo-glomérules ne semblent être que des centres de prolifération pour la formation de nouvelles ramifi- cations de tubes urinaires. Le second groupe d’amas ou de nodules dont j'ai à parler, et aux dépens desquels se développent les corpuscules de Malpighi et les glomérules défi- nitifs, sont situés dans l'intervalle des tubes pourvus d’une lumière. Ils affectent, avec le tissu conjonctif environnant, des rapports variés : 1° les uns sont, sur toute leur périphérie, en continuité avec le stroma rénal, et con- stitués par un cytoplasma commun à nombreux noyaux (syncytium); 20 d’autres sont réunis au stroma par une zone de tissu réticulé, dont les mailles sont vides; 3° d’autres encore sont séparés du stroma, sur les deux tiers de leur ee par un espace vide ou cavité capsulaire. Cette cavité est circonscrite par une rangée continue de cellules anastomosées et aplaties (revêtement pariétal de la capsule). Sur les fœtus longs de 5, 6 ou 7 centimètres, la substance corticale du rein prend un développement de plus en plus considérable (0mm4, Omm5 ou Om6 d'épaisseur). On observe à ce stade plusieurs rangées de corpuscules de Mal- pighi. Les corpuscules périphériques n’ont qu’un diamètre de 004 à Omm06, et sont constitués par un cytoplasma commun à nombreux noyaux. Ces noyaux ont tous les caractères des noyaux des traïnées épithéliales. Les cor- puscules sont solides et se continuent, sur toute leur périphérie, avec les 258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE couches de tissu réticulé qui les contiennent. En allant vers la substance médullaire, on aperçoit des corpuscules analogues à ceux déjà mentionnés sur les embryons plus jeunes : les uns sont formés par un nodule central, entourés d’une zone de tissu réliculé à mailles vides; les autres présentent un nodule central entouré, sur sa plus grande étendue, d’un espace ou cayilé vide, et, circonscrit par une capsule tapissée intérieurement de cellules aplaties. Dans le nodule central, on aperçoit, de plus, des espaces qui semblent taillés à l’emporte-pièce; ils sont larges de 4 à 5 u; les uns contiennent une hématie anucléée, tandis que les autres sont vides. Le nodule central com- mence à se vasculariser, c’est-à-dire à se transformer en glomérule. Quant au tissu cortical lui-même qui montre les corpuscules de Malpighi, il est constitué par des traînées épithéliales, compactes, réunies entre elles par un tissu conjonctif réticulé. Dans le tissu réticulé se trouvent des hématies nombreuses, les unes non libres encore et situées aux points où existaient auparavant les noyaux des cellules conjonctives, étoilées et anastomosées, les autres renfermées dans des espaces correspondant à des capillaires sanguins. Les traînées épithéliales du tissu cortical sont, la plupart, pleines, épaisses, de 022015 à 022020, et constituées par un protoplasma teint en rouge par l’éosine. Elles ne montrent qu’une ou deux rangées de noyaux. D’autres traînées épithéliales présentent, à leur centre, un fin réticulum, dont les mailles, très étroites, sont vides. C’est le début de la formation de la lumière dans les tubes urinaires de la substance corticale. Résultats. — Les tubes collecteurs et sécréteurs du rein sont produits par le bourgeonnement de l’épithélium du canal rénal. Pendant la plus grande partie de la vie intra-utérine, les futurs tubes sécréteurs forment, avec le stroma, une couche continue, pleine ou compacte. A la naissance même, nombre de tubes urinaires ou sécréteurs possèdent encore la constitution de cordons dépourvus de canal. La lumière y apparaît sous la forme d'espaces vides, séparés les uns des autres par les prolonge- ments chromophiles des cellules épithéliales. Ces cordons pleins rap- pellent l’aspect du rein du cobaye adulte, soumis au régime sec. (Comptes rendus de la Soc. de Biol., 31 mars 1906, p. 611, et Comptes rendus de l'Association des anatomistes, 1906, p. 560.) Si l’on rapproche la structure du rein fœtal de la faible teneur en urée du liquide amniotique (0 gr. 20, en tout), on conclura : le rein fonctionne peu ou point du tout, pendant la vie intra-utérine. Les pseudo-glomérules me semblent être, non pas des ébauches de glomérules, mais des centres de prolifération qui produisent des cordons pleins se transformant plus tard en tubes sécréteurs. Les corpuscules de Malpighi se développent à l'état de nodules avascu- laires et continus avec le stroma rénal. L'espace capsulaire apparaît sous la forme de lacunes cloisonnées par des prolongements cellulaires : l'hyaloplasma des cellules se fluidifie avant leurs prolongements chro- mophiles. Lorsque les filaments chromophiles dégénèrent eux-mêmes, la cavilé capsulaire est définitivement établie. L'histogenèse de la SÉANCE DU 16 MARS 1459 cavité capsulaire est, de tous points, identique à ceile de la cavité des articulations (Journal de l'anatomie, 1902, p. 580). Pour qui veut vérifier les points essentiels de cette note, il lui suftira - d'étudier le rein de chats à la naissance. On y voit, en effet : 1° certains corpuscules de Malpighi dont la surface est continue avec le stroma, sans cavité capsulaire; 2° des futurs tubes sécréteurs entièrement dépourvus de lumière, c'est-à-dire sous la forme de cordons épithé- liaux, encore compactes. Du MÉCANISME DE LA RÉTENTION DU BROMURE DE POTASSIUM DANS L'HYPOCHLORURATION. À PROPOS DE LA NOTE DE MM. TOULOUSE ET PIÉRON, par G. LINOSSIER. Quand MM. Richet et Toulouse montrèrent que le régime déchloruré exalte l’activilé du traitement bromuré de l’épilepsie, je proposai, de ce phénomène intéressant, une interprétation que je puis résumer ainsi (1): Le bromure ne traverse pas l’économie comme un corps étranger quelconque. Il s'y fixe, non par simple addition, mais, en partie du moins, par substitution à une quantité équivalente de chlorure, qu'il semble pouvoir remplacer jusqu’à un ceriain point dans son rôle physio- logique. Cette fixation n'est pas une hypothèse. Elle a été démontrée par de nombreux expérimentateurs, et la stabilité relative des combinaisons réalisées entre le brome et les tissus est bien mise en évidence par la lenteur de l'élimination du bromure. Après cessalion d’un traitement bromuré, il faut des semaines pour que les dernières traces de ce sel, pourtant facilement diffusible, disparaissent de l'organisme, ce qui ne serait pas, s’il était à l'état de simple dissolution dans les liquides interstitiels. Le fait que le bromure est, en partie au moins, substitué au chlore dans les divers tissus n'est pas moins certain. Il a été établi notamment par les expériences précises de Nencki et Schoumow Simanowsky (2). La suppléance peut se constater jusque dans certaines sécrétions spéci- fiques comme le suc gastrique, dans lequel la quantité d'acide brom- hydrique peut dépasser celle de l'acide chlorhydrique. (1) Bull. de la soc. méd. des hôpitaux, 1900, n° 1, et 1904, n° 33. (2) Archives des sciences biologiques de Saint-Pétersbourg, 1894, Biouare. Coupres RENDUs — 1907. T. LXIT. Q9 LD 460 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si nous supposons que le bromure fixé sur les tissus est le bromure thérapeutiquement actif, à l'exclusion de celui qui cireule librement dans les liquides interstitiels, nous devons admettre que toutes les. causes qui favoriseront la substitution ci-dessus signalée du bromeau chlore favoriseront par cela même l'action thérapeutique du médicament. | Il était a priori très vraisemblable, par analogie avec ce qui se passe dans des réactions chimiques moins complexes, que la quantité de brome substituée au chlore dans les tissus devait être beaucoup plus fonction du rapport des quantités de bromure et de chlorure contenus. dans les liquides interstitiels, que de la quantité absolue de bromure. Nous devions nous attendre à faciliter la rétention des bromures dans l'organisme aussi bien en réduisant la quantité des chlorures ingérés. qu'en augmentant la dose des bromures administrés : les analyses d'urine de MM. Toulouse et Réquier, de M. Laufer, confirmèrent ces pré- , , P visions : le régime déchloruré accroît nettement la rétention intra-orga- nique du bromure, la restitulion du sel dans le régime facilite son éli- mination. Récemment, M. Viteman (1)a même avancé que le bromure administré à la suite d’une hypochloruration prolongée peut être, pen- dant les premiers jours du traitement, retenu en totalité. Il. <— Dans la note qu'ils viennent de nous communiquer (2). MM. Toulouse el Piéron, sans repousser entièrement mon interpréta- tion, la rejettent au second plan. Ce qui aurait pour eux le plus d’im- portance, c’est la modification physique provoquée dans l'organisme par la déchloruration, el notamment la diminution de la tension osmo- tique. En d’autres termes, le chlorure de sodium n’interviendrait pas: dans le phénomène comme sel chimiquement très voisin du bromure, comme je l’ai admis, mais comme un sel alcalin quelconque. J’accepterai l'interprétation de MM. Toulouse et Piéron quand ils. auront vérifié par l'expérience les deux conséquences suivantes de leur: hypothèse : 1° Que l'influence favorisante de la déchloruration disparaît, si, au lieu ce supprimer simplement le sel dans l'alimentation, on le remplace par une quantité équivalente d’un autre sel alcalin. MM. Toulouse et Piéron ont échoué dans cette vérification avec le phosphate de soude. Ils ont, il est vrai, expliqué les causes de leur échec, et montré qu'il ne pouvait leur être opposé; mais la question peut être reprise dans des condi- lions nouvelles, soit avec le même sel, soit avec d’autres, sulfates, azolates, etc. 2° Que la déchloruration exalte, au même degré que l’action du bro- mure, l’action d'autres médicaments moins voisins chimiquement du (1) Thèse de Paris, 1906. eur (2) Comptes rendus de la soc. de Biologie, 9 mars 1907. CE RE OI ET 1e SEANCE DU 16 MARS AI sel marin, l’analogie chimique des deux sels ne jouant, pour MM. Tou- louse et Piéron, qu'un rôle effacé, sinon nul. Je dis au mème degré, car je ne nie pas que les modifications de tension osmotique provoquées par la déchloruration puissent avoir une certaine influence. En biologie, les phénomènes sont rarement simples, et les facteurs qui les condilionnent sont le plus souvent multiples. Je n'ignore pas que MM. Lesné et Richet fils (f) ont constaté que l'injection simultanée dans les veines de chlorure de sodium avec certains toxiques tels que la cocaïne, diminue leur toxicité de moitié, et ici il faut bien faire intervenir le rôle physique du chlorure de sodium, puisque des substances chimiquement très différentes comme le sucre, l’urée peu- vent agir dans le même sens. Ces faits ne peuvent guère être généralisés. car le chlorure agit en sens absolument inverse avec d’autres toxiques comme le séléniate de soude, dont il augmente l’action; ils permettent toutefois de supposer légitimement qu'une influence physique de même ordre peut intervenir dans les phénomènes qui nous intéressent, mais ce que je maintiens, c’est que, dans l’état actuel de nos connaissances. le rôle prépondérant doit être réservé aux phénomènes chimiques don! j'ai parlé. En terminant, je dois répondre à la seule objection d'ordre expéri- mental que me font MM. Toulouse et Piéron. Dans mon hypothèse, la restitution du sel à un malade bromuré et déchloruré doit provoquer une élimination de bromure, en même temps que du chlorure est retenu pour remplacer dans les lissus le bromure éliminé. Or, il arrive que l'élimination prévue des bromures s'accompagne d'une élimination de chlorures supérieure à l’ingestion. Mais il ne s’agit, d'après MM. Tou- louse et Piéron, que d'un fait inconstant, le sens habituel du phénomène restant celui que j'ai indiqué. Il y a done plutôt lieu de rechercher la cause qui, dans certains cas, vient troubler le phénomène — et rien n'empêche qu’elle ne puisse être trouvée dans des modifications de la tension osmotique — qu’à rejeter mon interprétation. Il serait d'autant plus utile de préciser le déterminisme du fait, dans les expériences de MM. Toulouse et Piéron, qu'il est en conlradiclion avec le fait bien ‘établi par de nombreuses recherches, que, après une période de déchlo- ruration simple, la reprise du régime chloruré est toujours suivie d’une rétention de chlorure. (4) Comptes rendus de la soc. de Biol,, 1903. 462 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EFFICACITÉ DES SELS DE CALCIUM DANS LE TRAITEMENT DE L'URTICAIRE, DE L'ODÈME AIGU, DES ENGELURES ET DU PRURIT. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS, par ARNOLD NETTER. Dans une communication du 10 février 1906 (1) au sujet de l'utilité de l'administration du chlorure de calcium comme moyen préventif des accidents consécutifs aux injections de sérum, j'ai indiqué les bons effets de ce médicament dans le traitement de l'urticaire. Bien que d'introduction relativement ancienne, cette médication est peu connue et les traités de dermatologie n’en font ordinairement pas mention. Les effets en sont pourtant prompts et très satisfaisants. Le chlorure ou le lactate de calcium me donnent des résultats non moins satisfaisants dans le traitement des œædèmes aigus et des enge- lures. La médication que nous venons d'indiquer n été préconisée par A.-E. Wright, auquel nous devons déjà l'emploi du chlorure de calcium dans les hémorragies de toute nature et de tout siège et notamment dans l’hémophilie, le purpura, les épistaxis. Elle n’a pas eu la même fortune que cette dernière. Wright a été guidé dans cette application du caleium par la méme idée.que pour les hémorragies. IT s’est proposé de rendre le sang plus coa- gulable en utilisant la propriété favorisante du sel de calcium sur le fibrinferment. I fait remarquer en 1894 (2) que les conditions étiolo- ques de l’urticaire justifient cette pratique. Comme les épistaxis, l'urti- caire frappe souvent les sujets jeunes dont les os en voie d’ossification font appel aux sels de chaux, diminuant de ce fait la teneur du sang. Les fruits non murs. acides, les lavements de savon, la rhubarbe, riches en oxalates (3 |, oleates ou stéarates, causes Hans d'urticaire, préci- pitent la Fa Les urticaires consécutives aux injeclions de sérum peuvent être assimilés à celles qui apparaissent chez les chiens à la (1) Netter. Efficacité du chlorure de calcium, comme moyen préventif des éruptions consécutives aux injections de sérum. Société de Bidlogie, 10 fé- vrier 1906. > (2) Wright (R.) On methods of increasing and diminishing the coagula- bility of the Blood with especial reference to their therapeutic employment. British medical journal, 1894. (3) Wright. The treatment of hemorrhages and urticarias which are asso- ciated with deficient blood coagulation. Lancet, 18 janvier 1896. SÉANCE DU 16 MARS 463 suite d’injeclions intra-veineuses de peptone, qui diminuent la coagula- bilité (1). La même explication conviendrait aux urticaires conséculives à l'ingestion d’écrevisses, de moules, de fraises (Gley), aux affections du foie, etc. Wright a constaté que, parallèlement à la guérison de l’urticaire, on voit la teneur du sang en calcium augmenter à la suite de l’ingestion de sels de calcium (2). Pour Wrighé, l'urticaire est la conséquence directe de la diminution de coagulabilité du sang. Le calcium n'agirait que sur cette coagulabilité et le mécanisme de son intervention serait aussi simple que dans les hémorragies. Il considère du reste les urticaires et les œdèmes aigus comme des hémorragies séreuses ne différant des hémorragies vraies que par l’absence d'issue de globules rouges et relevant de la diminu- tion de coagulabilité. Cette explication est certainement très simple et il faudrait s’en con- tenter, si comme au moment des premières communications de Wright on ne reconnaissait au calcium qu'une action favorisante sur les fer- ments de coagulation. | Les travaux modernes élargissent, comme on le sait, de jour en jour, l'importance biologique du calcium et montrent son intervention dans une foule de phénomènes. Quelques-unes de ses propriétés peuvent être invoquées ici. Avant les premiers travaux de Wright, Heidenhain (3), dans son mémoire bien souvent cité sur les /ymphagogques, montrait les relations de l’urticaire avec les œdèmes qui succèdent à l’ingestion ou l’impul- sion de muscles d’écrevisses, de moules, ete. Ces phénomènes étaient selon lui en rapport avec une exsudation plus considérable de lymphe. On admet aujourd'hui que les œdèmes sont sous la dépendance d'une augmentation de la pression osmotique, que celle-ci est en rapport avec la répartilion des électrolytes. Loeb a fait remarquer que les mus- cles placés dans une solution éqüimoléculaire de chlorure de sodium ou de potassium augmentent de poids en absorbant de l'eau (6 et 45 p. 100). Ils perdent au contraire 20 p. 100 dans une solution de chlorure de calcium. Les muscles ne se comportent pas autrement que les (1) Wright. On the association of serous hemorrhages with condition of defective blood coagulation. Lancet, 19 décembre 1896. (2) Wright. Notes on two cases of urticaria treated by the administration of calcium chloride. British journal of Dermatology, 1896. (3) Heiïdenhain. Versuche und Fragen zur Lehre von der Lymphhildung. Archives de Pflüger, 1 L, 1890. 4% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE savons (1). Le savon de potasse absorbe le plus d’eau. Il est mou et déliquescent. Le savon de soude absorbe bien l’eau. Le savon de chaux est insoluble et ne peut être employé pour la lessive. L'apport de calcium n° pourrait-il agir en soustrayant l’eau extravasée dans les plaques d’urticaire ? N'y a-t-il pas lieu encore d’invoquer l’action antitoxique du cal- cium-ion, non seulement vis-à-vis de l’ion sodium, mais encore contre d’autres poisons provocateurs de l’urticaire. Mathews (2) a surtout mis en lumière celte action antitoxique. La lésion cutanée n’est pas le seul élément fondamental de l'urticaire. L’altération de la sensibilité, l'hyperesthésie, le prurit ne sont pas moins essentiels et Jacquet à démontré que l’un des meilleurs moyens à lui opposer consiste à supprimer les causes de prurit en enveloppant les membres de ouate. Les sels de calcium modifient le prurit comme ils suppriment l’éruption. Ils constituent du reste un des meilleurs remèdes contre le prurit essentiel, comme l'a établi Savill (3) et comme j'ai pu le vérifier. On ne saurait aisément invoquer ici l'influence du calcium sur la coagulabilité du sang, non plus que sur la tension osmotique. Mais nous pouvons rapprocher ce résullat d’une série d'expériences de Loeb établissant le rôle des ions sur l’hyperesthésie de la peau (4). Voici en quoi consistent ces expériences. Si l'on plonge dans l’eau une patte de gre- nouille normale, l'animal la laisse immobile. Il n’en est pas de même si on à au préalable mis la patte de cette grenouille au contact d’une solution diluée d’oxalate ou de citrate de soude. Alors que sur le moment ou à sec, cette grenouille ne parait pas souffrir, il suffit de la plonger dans l’eau pour lui voir faire des efforts extrêmement violents pour retirer le membre, en donnant les signes de souffrance aussi intense que si on l'avait plongée dans une solution très acide. L'effet est nul dans l’eau sucrée ou dans une solution concentrée d’urée. Les sels ont enlevé à la peau les agents modérateurs qui empêchent l'hype- resthésie. Dans son mémoire de 1902, Loeb dit qu'il conviendrait de rechercher la teneur du sang en calcium dans les maladies dont les symptômes: (4) Loeb. Ueber die Aehnlichkeit der Flüssigkeitresorption in Muskeln und in Seifen. Archives de Pflüger, LXXV, 1899. (2) Mathews. The toxic and antitoxic action of salts. American Journal of physiology, 1905, XIET. | (3) Savill. On the pathology of Itching and its treatment by large doses of Calcium chloride with illustrative cases. Lancet, 17 août 1896. (4) Jacques Loeb. On the production‘and suppression of muscular twitchings: and hypersensitiveness of the skin by electrolytes. University of Chicago Decen- nial Publications, 1902. SÉANCE DU 16 MARS 165 rappellent ceux que provoque la soustraction de calcium. Si cette ana- lyse témoignait la diminution de ce métal, il conviendrait de l'appliquer au traitement de ces maladies. Au moment où Loeb écrivait ces lignes, la clinique avait déjà établi la justesse de ses prévisions. Mais il fant reconnaitre que ses recherches nous permellent de donner de ces phénomènes une explication plus satisfaisante. RECHERCHES PHYSICO-CHIMIQUES SUR LES EAUX MINÉRALES DE CHATEL-GUYON, par J. Foucaun (de Châtel-Guyon) et G. CHAMAGNE. Tout récemment M. Iscovesco a démontré la présence de colloïdes dans certaines eaux minérales (1). Après lui, nous avons fait les mêmes recherches sur les eaux de Châtel-Guyon. Nous avons en même temps mesuré la conductivité élec- trique des eaux de Chätel-Guyon. Conductivité électrique. — Un travail d'ensemble sur la conductivité électrique des eaux minérales a été publié en 1903 par MM. Chanoz et Doyon. L'eau de la source Gubler a été seule étudiée par ces auteurs, parmi les eaux de Châtel-Guyon. Ils lui ont trouvé une conductivité électrique de 81.107. Les eaux que nous avons examinées avaient été puisées directement à la vasque avec des soins spéciaux et nos recherches ont été faites trois jours après l’embouteillage. Nous avons expérimenté sur les sources : Gubler IV, Gubler 1, Mar- guerite, Yvonne, Deval et Germaine. Voici les résultats que nous avons obtenus : SOURCES PEMPÉRATURE À LA VASQUE Gb IERMEV SE. Le 2105 Crubles el"... 330 Marquerile. . . . 210 MAODANE RES. .!. 330 EDR ©: 330 Germaine . . . . 369 - Recherches des colloïides. — Nous avons fait dialyser sur de l’eau dis- CONDUCTIVITÉ ÉLECTRIQUE 94-1072 CRUE 38.101 94.101 STCUTEE 98102 tillée pendant une dizaine de jours dans des sacs de viscose 100 centi- mètres cubes d'eau de nos différentes sources. Au bout de ce temps la conductivité de l’eau du flacon tombe aux environs de 45.10%. A ce (1) Iscovesco. Presse Médicale, 4 août 1906. 466 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE moment nous constatons au fond du sac de viscose un dépôt jaune rou- geàtre que nous séparons de l’eau contenue dans le sac dialyseur. C’est sur cette eau que nous avons fait la recherche des colloïdes. Nous avons commencé par déterminer le signe de ces colloïdes par la méthode des précipitations. Pour cela nous nous sommes servis du sulfure d’arsenic: colloïdal qui est électro-négatif et de l’hydrate de fer colloïdal qui est électro-positif. Voici nos résultats : Pour les sources Gubler IV, Gubler I, Marguerite, Yvonne, Deval, Ger- maine, nous n'avons obtenu aucun précipité avec le sulfure d’arsenic col- loïdal. Pour ces mêmes sources et avec l’hydrate de fer colloïdal nous avons obtenu des précipités variables suivant la quantité de gouttes mélangées à un centimètre cube d’eau minérale dialysée. Hydrate NES de fer Gobler IV Marguerite Yvonne Deval Germaine (gouttes). I léger léger pas de pas de léger précipité précipité précipité précipité précipité Il précipité précipité précipité » précipité LIL flocons précipité précipité » précipité abondant IV précipité précipité redissolution » » abondant V » précipité précipité léger » précipité VI » précipité redissolution redissolution » abondant VII redissolution » « » » VIIE » » » » » IX ) » » » )» x » » » ) » XI » » » » » XII « pas de » » pas de redissolution » » redissolution Nous avons étudié également les colloïdes contenus dans les eaux de Châtel-Guyon au moyen du transport électrique. Après douze heures de transport, le liquide recueilli au pôle positif nous a constamment donné un précipité avec un nombre de gouttes suffisant d'hydrate de fer colloïdal. Ce même liquide prélevé au pôle positif n’a rien donné avec le sulfure d’arsenic colloïdal. Le liquide pré- levé au pôle négatif n’a rien donné, ni avec l'hydrate de fer colloïdal, ni avec le sulfure d’arsenic colloïdal. Nous concluons que les eaux minérales de Châtel-Guyon sont les plus. minéralisées après celles d'Uriage, puisque leur conductivité varie de 94 à 98.107* (exception faite pour la source Marguerite, 58.107.) | SÉANCE DU 16 MARS 167 ————————— ——— ————————————————————————————————— …— —————————— Toutes les eaux de Châtel-Guyon, que nous avons examinées, con- _ tiennent des colloïdes électro-négatifs. Dans un autre travail, nous rechercherons quelle est la nature de ces colloïdes. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) INFLUENCE DE L'INGESTION DE CORPS THYROÏDE SUR LES PROPRIÉTÉS ALEXIQUES DU SÉRUM. par Mie Louise Fassin. . Dans une note précédente (1), j'ai exposé les résultats obtenus à la suite de l'injection sous-cutanée d'extraits thyroïdiens : l'introduction de ces produits dans l'organisme, par cette voie, est suivie de l’augmen- tation de la teneur du sérum en alexine hémolytique et bactéricide. L'effet est-il comparable lorsqu'on administre le corps thyroïde par la voie digestive? J'ai fait manger à un petit chien 10 grammes de glande fraiche de mouton. L’examen du sérum a donné les résultats suivant(s : I. — Hémolyse d'hématies de poule sensibilisées par sérum lapin-poule - chauffé. a Sérum Dilutions. RECU 1 heure et demie t l'ingestion. Re < even NEesnon après l’ingestion. 1/10 ++ + + 1/20 SUR tr 1 /50 = à & + 1/100 _ re 1/150 0 HAE Il. — Hémolyse d'hématies de lapin non sensibilisées. - EEE Re entre 1/5 .. + 1/10 + Je 2e 1/20 ( e Le signe + + indique hémolyse rapide et complète, le signe + signifie hémolyse lente et incomplète. Quant au phénomène de Pfeiffer, j'ai vu que le sérum pris avant l’ingestion ne transformait pas en granules les vibrions cholériques sensibilisés à la dilution de 1 p. 50, tandis que l’on obtenait des microbes en boules nombreux avec la même dilution, une heure et demie- après l’ingestion de corps thyroïde. (1) Société de Biologie, mars 1907. 168 SOCIÉTE DE BIOLOGIE Voici une aulre expérience. Cuiex. — Ingestion de 8 grammes de glande thyroïde fraîche. I. — Hémolyse d'hématies de poule sensibilisées. ot Avant Après Après - Après : Dilutions. l'ingestion. 3 ;A ue. 24 3 durs 1/10 SRE EE FA à 1/20 RECU er Us ARR 1/50 PAU AE Sue CEE 1/100 Ô ERTREE DRE 0 1/150 Û De Mine 0 1/200 ( 0 ee 0 Résultats concordants dans l'épreuve de Pfeiffer. — Le sérum du sang recueilli vingt-quatre heures après l’ingestion, dilué au 1/50, trans- formait un grand nombre de vibrions sensibilisés en granules, tandis? qu'avant l’ingestion le sérum à cette dilulion restait inactif. Des essais du même genre ont été faits chez une femme de la clinique médicale soumise au traitement thyroïdien par la voie gastrique. Pendant le traitement, son sérum dilué au 1/150 hémolysail nettement les hématies sensibilisées de poule; huit jours après la suspension du traitement, l'hémolyse ne se produit plus au delà de 1 p. 50. De même, pendant le traitement, le sérum dilué au 1/50 produisait encore le phénomène de Pfeiffer, alors qu'après huit jours d'interruption de cette thérapeutique le sérum n’agissait pas au delà de 1 p. 20. Je n’ai pas obtenu d'augmentation de l’alexine en faisant ingérer des organes tels que la rate, de même que l'injection sous-cutanée d'extrait de cet organe était restée sans effet. Dans ma prochaine note, je ferai connaître les modifications de la teneur du sérum en alexine chez les animaux thyroïdectomisés. (Université de Liége. Instilut bactériologique.) RECHERCHES PHYSICO-CHIMIQUES SUR LES EAUX MINÉRALES DE! VICHw, . [ par L. SALiGNAT (de Vichy) et G. CHAMAGNE. Après M. Iscovesco (1), qui a démontré la présence de colloïdes dans certaines eaux minérales, nous avons recherché si les eaux minérales de Vichy contenaient des colloïdes et quel était le signe des, colloïdes (1) Henri Iscovesco. Presse médicale, 4 août 1906. SÉANCE DU 16 MARS S 469 trouvés. D'autre part, nous avons fait pour la plupart des eaux de Vichy la recherche de la conductivité électrique, qui avait déjà été faite pour quelques sources de Vichy par MM. Chanoz et Doyon (1). Conductivité électrique. — Nous avons recherché la conductivité électrique des sources suivantes : Dubois, Célestins, Mesdames, Parc, Chomel, Grande Grille, Hôpital, Lucas, Prunelle et Lardy. Nous avons pu constater que la conductivité électrique de ces sources était générale- ment d'autant plus élevée que leur minéralisation totale élait plus con- sidérable. Les eaux, puisées directement au griffon des sources dans dés bouteilles spécialement préparées, ont toutes été examinées dans les trois à quatre jours qui ont suivi leur embouteillage. Nous avons fait toutes nos recherches avec un thermostat réglé à 25 degrés. à Dans le tableau suivant, nous donnons nos résultats et nous y:joi- gnons, de plus, la minéralisation totale (d’après MM. Jacquot et Willm) et la température au griffon. CRE HRtaEURs a CoxpuEr LV ÉLEGTIOU : oriffon. (Jacquot et Willm). DURE ee or bd h. . 110 » 41.10 —4 Céleétinse nt: 150 6,3952 51.10—4 Mesdames. . . .. 160 5,8210 61.10—1 Phhe mar 220 6,8849 10.10—1 ChoMElAEMECX SE, 4%0 6,1323 11.10—1 Grande-Grille. 429 6,1038 02 Hoptaniot : 340 6,9490 TA Lucas. . (1 FRET 270 6,1340 72,104 PURE MUR au. 230 » 13.10—1 IGN LCR 210 150022 SO RE Colloïides. — Après avoir fait dialyser pendant huit jours dans un sac dè viscose 100 centimètres cubes d’eau de chaque source, nous avons constaté que la conductivité de l’eau du flacon se rapprochait de celle de. l'eau distillée. Au fond de tous nos sacs de viscose nous avons remarqué un dépôt très léger blanc jaunâtre ou jaunâtre. Nous avons recherché les colloïdes dans le liquide dialysé, séparé de ce dépôt. Nous avons déterminé la présence et le signe des colloïdes par la méthode des précipitations el par la méthode du transport électrique. Dans toutes les sources examinées : Dubois, Célestins, Mesdames, Parc, Lucas, Chomel, Grande Grille, Hôpital, Prunelle et Lardy, nous n'avons obtenu aucun précipité avec le sulfure d’arsenic colloïdal. ACT À (4) Chanoz et Doyon, 1903. er À do Qu > 470 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Au contraire, avec l'hydraie de fer colloïdal, nous avons obtenu un précipité dans toutes les sources, sauf celle des Célestins. Ce dernier point semblerait confirmer que l’eau des Célestins est bien l’eau de choix pour servir d’eau de table. Voici du reste nos résultats obtenus en Hienr agir l'hydrate de fer par gouttes sur 1 centimètre cube de liquide dialysé de chaque source. PRÉCIPITATION DES COLLOÏDES NÉGATIFS SOURCES par l'hydrate de fer colloïdal électro-positit. Dubois . . . . . . Précipité granuleux . avec I et II gouttes. Redissolution à partir de II gouttes. Célestins . … . . . Pas de précipité de I à XII gouttes. Ë Mesdames. . . . . Précipité avec I et Il gouttes. Redissolution à partir de III gouttes. à Parcs er ri ee . Précipité avec I, II et III gouttes. Redissolution à partir de IV gouttes. Copa ste Précipité abondant avec 1, 11, LI, IV et V gouttes. Redissolu- tion à partir de VI gouttes. Grande-Grille. . . Pas de précipité avec I, Il, IT et IV gouttes. Précipité abon- dant avec V gouttes. Redissolution à partir de VI gouttes. HODLIU LEARN EE Précipité abondant avec I, Il, IL], IV et V gouttes. Redissolu- lution à partir de VI gouttes. Prunelle . . . . . Précipité avec 1 et II gouttes. Redissolution à partir de III gouttes. Lardy. . « . . . . Précipité abondant avec [ et II gouttes. Redissolution à partir de IIL gouttes. : LUCUSTRSS EAN Précipité avec LI et IT gouttes. Redissolution à partir de IIT gouttes. Dans une autre série d'expériences, nous avons encore recherché les colloïdes contenus dans les eaux de Vichy par la méthode du transport électrique. Après vingt-quatre heures de transport, le liquide prélevé au pôle positif nous a constamment donné un précipité avec un nombre de gouttes d'hydrate de fer correspondant à celui du tableau précédent pour les sources : Dubois, Mesdames, Parc, Chomel, Lucas, Grande-Grille, Hôpital, Prunelle et Lardy. Le même liquide prélevé au pôle positif n'a rien donné avec le sulfure d’arsenic colloïdal. Le liquide prélevé au pôle négatif n’a rien donné ni avec l'hydrate de fer colloïdal, ni avec le sulfure d’arsenic colloïdal. Par conséquent, il s'agissait bien de col- loïdes électro-négatifs qui s'étaient transportés au pôle positif. Nous concluons : qu’il paraît intéressant de comparer la conductivité électrique des eaux de Vichy avec leur minéralisation totale et qu'il y aura lieu de rechercher si cette conductivité varie avec le temps; que les eaux minérales de Vichy, à l'exception des Célestins, contiennent des colloïdes électro-négatifs. Prochainement, nous pensons pouvoir indiquer quelle est la nature de ces colloïdes. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne). PPT SR OR RE AP LT OR A ET TE) PURE PR CAS PPT SÉANCE DU 16 Mars AT NOTE SUR LE RÔLE DE L'INTOXICATION DANS LES ACCIDENTS PROVOQUÉS PAR LES HUÎTRES, par J. BayLac (de Toulouse), Dans la note publiée par M. Netler (1) dans le dernier numéro des Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, à la suite de mes recherches expérimentales (2) sur les liquides d’huitres, — recherches qui m'ont conduit à penser que, dans un grand nombre de cas tout au moins, les accidents gastro-intestinaux provoqués pàr les huîtres sont le résultat d'une intoxication et doivent être attribués aux altérations subies par les huîtres après leur sortie de l’eau, — quelques points me paraissent mériter d'être mis en relief en raison de l'importance scientifique et pratique de la question. M. Netter écrit : « Nous ne nions pas la possibilité d’intoxications du fait de l’ingestion des huîtres, mais nous pensons que, dans les faits rapportés par nous à l’Académie de médecine, l’intoxication n'a joué qu'un rôle très minime. » Il m'est particulièrement agréable de voir M. Netter, en raison de sa grande autorité, reconnaître le rôle de l’intoxication dans la pathogénie des accidents provoqués par les huîtres. Dans sa communication à l'Académie, toutes les observations sont réunies sous le titre : « Accidents infectieux », et il n’est fait aucune mention de l’intoxication. Or, l'influence de l'intoxication, dans les 125 cas rapportés par M. Netter, me parait avoir été beaucoup plus importante qu'il ne l’a cru. Il suffit, pour s’en convaincre, d'étudier le début des premiers accidents et l’état de fraicheur des huîtres ingérées. Au sujet de la date des premiers accidents, M. Netter écrit que « ceux-c1, dans près de la moitié des cas, n'ont apparu que quarante- huit heures après l’ingestion ». Or, de sa note à l'Académie, il semble résulter que « sur les 85 observations, dans lesquelles il a précisé le début des accidents, ceux-ci se sont produits : ; « Immédiatement ou le Our AMÈNENT er EN 229 6 NOR SÉÉRSMESRT R E ESR Ne Se SE ce. LONGER SRE NA EE A RE AE) Tone 60 STE) (1) Netter. Part respective de l'infection et de l’intoxication dans les accidents provoqués par les huîtres. Existence indiscutable de fièvres typhoïdes dues à cette ingestion. (2) Baylac. Composition chimique des liquides d’huîtres, Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, n° 6; Toxicité des liquides d’huîtres, Comptes rendus de la Société de Biologie, n° 7; Influence de la température sur la toxicité des liquides d'huîtres, Comptes rendus de la Societé de Biologie, n° 8. 479 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans 71 observations sur 85 — c’est-à-dire dans plus de 83 p.100 des cas, — les accidents sont survenus le jour même oule lendemain. Il est par suite difficile d'admettre l'existence « d'une période d'ineu- bation qui impliquerail, comme le dit fort justement M. Netter, l'inter- vention d’une infection plutôt que d’une intoxication ». D'autre parl, M. Netter, qui signale « la fraîcheur et le bon goût des huîtres incriminées », ajoute que « ses observations ont été recueillies PENDANT LA SAISON FROIDE ». Plusieurs des accidents rapportés se sont produits cependant pendant des journées relativement chaudes. Grâce à l'extrême obligeance de M. le professeur Baïllaud, doyen honoraire de la Faculté des Sciences et directeur de l'Observatoire de Toulouse, j'ai pu établir que dans 20 p. 100 des cas cités par M. Netter, les huîtres avaient été exposées à des lempératures supérieures à 22 degrés (26°, 294, 30°2) et que dans 21,6 p. 100 des cas, elles avaient subi des températures oscillant entre 16 degrés et 20 degrés. Or, je crois avoir établi qu'à ces températures les huîtres s’altèrent assez rapidement. Il est donc permis de penser que, dans ces cas, les huîtres ingérées, malgré leurs apparences de Die avaient peut- être déjà subi un commencement d’altération. Enfin, les faits particulièrement intéressants observés à Autun, et rapportés par M. Netter, permettent d'incriminer, non pas la provenance des huëlres (huîtres de l'étang de Thau ou huîtres des parcs de Cette), mais. la pratique dangereuse du rafraîchissement. Ces huîtres ont été achetées à «une marchande à l’étal installée près du pont national de Cetle ». Cette marchande paraît avoir joué un rôle important dans les obser- \vations de M. Netter et dans plusieurs de nos observations personnelles. Elle achète les huîtres « à n'importe quelle barque rentrant de l'étang, dit M. Netter ». Or, pour mieux conserver les huîtres qu’elle n'a pas vendues dans la journée, et qui ont été souvent exposées à l’action du soleil, et par suite à une température élevée, elle les « arrose » avec de l’eau du canal ou encore les immerge pendant quelques heures dans une « réserve située dans le canal ». Les faits rapportés par M. Netter constituent la démonstration la plus nette des dangers du rafraichissement; ils ont la valeur d’une expé- rience de laboratoire. Aussi, je persiste à penser que « si quelques-uns des accidents pro- voqués par les huîtres peuvent reconnaître pour cause la présence des microbes pathogènes provenant des eaux dans lesquelles elles vivent (la fièvre typhoïde d’origine ostréaire est chose possible, bien que dif- ficile à démontrer), ce sont là des faits exceptionnels, et, d’une manière générale, les accidents gastro-intestinaux qu’elles provoquent sont le résultat d'une intoxication et doivent étre attribuées à leurs altérations ». A ARE LS PTE, 9 Rai UN à un a” és died té da à "st A ' SR = à er el ne le LE à Pi LE dors Er pie it ? ; * D ne ér) CPR TA TSS 7 | SÉANCE DU 16 MARS 113 LE RYTHME NYCTHÉMÉRAL CHEZ LES ACTINIES, par GEORGES Bou. Chez les Actinia equina, il peut exister un autre rythme que celui des marées, un rythme nycthéméral. A la pointes aux Oies, sur la côte du Boulonnaïs, près du laboratoire de M. Giard, ces Actinies, de teintes irès variées, vivent dans les habitats suivants : 1° sur les rochers qui font saillie au-dessus &e la grève; 2° contre ou sous les pierres qui découvrent à mer basse; 3° dans les flaques d’eau laissées par la mer qui se retire, parmi les Algues vertes; 4° dans le sable humide, à l'ombre des rochers surplombants. Celles du premier habilat seules présentent le rythme des marées d'une facon manifeste, car seules elles subissent une dessiceation: à chaque marée. Mais j'ai pu constater chez celles du troisième habitat un rythme nycthéméral. Ces Actinies s’étalent superbement dans les mares ensoleillées, où les Algues dégagent d'ailleurs des quantités assez considérables d'oxygène; celles à fond vert surtout semblent utiliser les radiations solaires et avoir un maximum de vitalité vers trois heures de l'après-midi (falaise à l'est). Voici comment je suis arrivé à mettre en évidence ï rythme nycthé- méral : j'ai maintenu un certain nombre de lots dans une chambre noire à l'abri de toute lumière (mes observations ont été faites très rapidement avec une bougie tenue AADINEE des cristallisoirs), et cela pendant cinq jours, du 28 août au 2 septembre par exemple; des lots témoins, placés exactement dans les mêmes conditions (température, quantité d’eau, renouvellement), se trouvaient à la lumière. Dans l'obscurité, les Actinies n’ont pas tardé à s’étaler, d’une façon même exagérée (soir et nuit du premier jour). Le deuxième jour, 29 août, un assez grand nombre d'individus, surtout ceux à fond vert, se sont fermés dans la matinée pour ne se rouvrir que vers onze heures du soir. Le lendemain, il en était de même; cependant l’épanouis- sement du soir a commencé un peu plus tôt, à partir de huit heures. Le 31 août, l’asphyxie étant encore plus prononcée, le nombre des indi- vidus qui se sont fermés à été moindre, et la réaction des Polypes a duré un temps encore plus court, en moyenne de midi à six heures du soir. Le 1°" septembre, on a renouvelé l’eau, ce qui a déterminé un ample épanouissement; toutefois, on a observé encore la lendance à se fermer dans l'après-midi. Pendant le même temps, les Actinies placées devant la fenêtre du laboraloire, vis-à-vis le couchant, se comportaient d’une façon inverse : s’étalaient le jour et:en particulier l'après-midi, surtout sous les rayons du soleil, tendaient à se fermer ou se fermaient même la nuit. e 474 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L’explication de l'inversion du rythme dans une obscurité continue n’est pas difficile à donner : dans l’obscurité, les Actinies souffriraient en quelque sorte du manque de lumière aux heures où elles sont habituées à en recevoir, et elles se fermeraient alors ; la nuit, le manque de lumière se ferait moins sentir, et elles s’épanouiraient. Tous les individus pris dans les flaques d’eau ne se comportent pas de même; en général, plus la teinte verte du corps est prononcée, plus le rythme est marqué. Celte relation entre le pigment des Actinies et le rythme est intéressante. Certains faits me font supposer que ce pigment insolé aurait un rôle assimilateur, comme le pigment des Anthea cereus; il serait peut-être bon de chercher dans ce sens. Je rappelerai ici que chez les Actinies qui présentent le rythme des marées, à mesure que celui-ci s’affaiblit, apparaît un rythme nycthé- méral inverse de celui que je viens de signaler : fermeture le jour, épanouissement la nuit. Ce contraste entre les Actinies du premier habitat et celles du troisième tient aux conditions de vie différentes : pendant l’émersion, l’insolation peut tuer l'animal, qui se ferme alors; sous l’eau, l’'insolation peut avoir, au contraire, une influence bienfai- sante. Dans les habitats 2 et 4, constamment humides, où l'insolalion ne se fait pas sentir (sous les pierres ou les rochers), aucun rythme n'est apparent. | Ainsi les mêmes Actinies, dans un espace de 100 mètres carrés, peu- vent présenter Îes réactions les plus diverses vis-à-vis des mêmes exci- tants. | Voilà qui est fait pour jeter le trouble dans l'esprit de certains phy- siologistes habilués à voir les muscles des Vertébrés répondre d'une façon constante à l’excitant artificiel, électricité (4). . Ve) (1) Il ra’a semblé que la meilleure réponse que je pouvais faire à la der- nière note de M. Lapicque (Sur la précision dans la question du rythme des marées, Comptes rendus de la Société de Biologie, 23 février 1907) était de conti- nuer l’exposé des faits que j'ai observés sur les Actinies. Je n’avais d’ailleurs aucunement envie de suivre ce savant sur le lerrain extra-scientifique où il s’est placé. Je crois cependant nécessaire de signaler que les deux seuls faits qui ont été relevés dans mes notes contre moi par M. Lapicque ont élé com- plètement dénaturés : 1° Il n’est pas exact que dans « Les deux séries, étique- tées l’une vive-eau, l’autre morte-eau, l'intervalle entre deux basses mers consécutives va en décroissant », car dans la première série cet intervalle va en croissant, et dans la seconde, au contraire, il va en diminuant; 2° M. La- picque, en ce qui concerne la note que j'ai publiée en collaboralion avec M. Fauvel sur les Diatomées, n'arrive à montrer un désaccord entre les faits et les conclusions, qu’en altérant celles-ci, par une de ces citations tronquées qui changent totalement le sens de ce qui a été écril, et qu’en ne considé- rant dans une colonne du tableau qu’un seul chiffre, celui qui seul se détaclie en caractères ordinaires parmi ceux inscrits en caractères gras, chiffre qui, comme je l’ai indiqué, n'a pas la même valeur que Jts autres. NT 2 SÉANCE DU 16 MARS 75 Je suis sûr cependant que les réactions si variées de mes Actinieg n'auront rien de surprenant pour les physiologistes habitués à réfléchir sur la complexité des phénomènes biologiques, et sur la facilité avec laquelle on peut les troubler parfois d’une façon très sensible. Dans une des dernières séances, M. Gley faisait observer les diffi- cultés dont est hérissée l'étude du sommeil chez l'homme et les animaux supérieurs. Or, il y a beaucoup d’analogies entre cette question et celle du rythme des marées el du rythme nycthéméral chez les animaux - littoraux. Dès qu'on veut expérimenter sur un animal qui dort, on l'éveille ; lorsqu'on expérimente sur un animal littoral, il faut le faire avec prudence, sion ne veut pas altérer trop gravement le rythme acquis. C'est ce que précisément j'ai dit dans la dernière des quatre notes examinées par M. Lapicque, que j'ai écrite sans la mélancolie qu’il m'attribue lout gratuitement. Pourquoi donc m'attristerais-je? Malgré des difficultés très grandes, je suis arrivé à me rendre compte d’une facon suffisamment nette du conflit entre les causes actuelles et les causes passées, pour pouvoir prévoir à l'avance, dans chaque cas parti- culier, l’altération qui va être apportée au rylhme acquis. Que M. Lapicque interroge directement les animaux litloraux ; je ne demande pas mieux. Je lui souhaite toutefois très sincèrement que, dans cette vérification de mes observalons, il n’arrive pas aux mêmes résultats que M. Viguier. Ce savant, après avoir raillé la mentalité de tous ceux qui se sont occupés de la parthénogenèse artificielle, surtout parce que leurs expériences donnaient des résullals inconstants, s’est proposé de refaire celles-ei avec toute la « rigueur scientifique » ; il fit si bien que les œufs périrent en quantité dans les cristallisoirs, et, c'est avec toute la rigueur scientifique qu'il dressa les tableaux des décès. Il conclut que la parthénogenèse arlificielle n'existe pas! M. Louis Lapicque. — Je remercie M. Bohn d’avoir bien voulu céder à mon insislance et donner lecture de la petite note me concernant, car nous pouvons, séance tenante, nous reporter aux Comptes rendus de la Société, et il sera facile de voir, sur les deux points visés, si j'ai déna- turé quoi que ce soit. 1° J'ai dit que les deux séries relativès aux Convo/uta publiées par M. Bohn dans sa communication du 19 janvier, p. 51, présentent dans le rythme des marées une variation de même sens, et par conséquent ne peuvent servir l’une à l'autre de contre-épreuve. Voici, en minules, les différences d'heures entre les basses mers d’un jour à l’autre, différences obtenues directement, par simple soustrac- tion, en laissant de côté la notalion en A qui ne fait que compliquer inutilement le calcul. : Série I. — 52 — 82 — 92 — 85 — 69 — 59, ÉÉre Ne on 58 3610 Biorocie. CouPTtEs RENDUs. — 1907. T. LXII. 33 %16 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE “Dans la série Il, les intervalles’ (24 heures plus la’ différence en ques- ob} vont en diminuant; dans! ]4 série 1;/il$1vont ‘en: ‘augmentant jusqu'au 3% chiffre, mais à partir de là, ils diminuent; or, les chiffres relatifs aux Convoluta ne sont donnés qu'à partir de ce même point (1). de sorte que la série biologique [ n'existe que dans la partie où la variation est de même sens que dans la série I. 2 Dans le tableau publié le 26 janvier, p. 122, par MM. Fauvelet Bobn, j'ai bien vu que les chiffres en caractères gras n'avaient pas la même valeur que ceux en caractères ordinaires. J'avais lu en effet, je relie, ne M. Bohn à lire la mention portée en tête du tableau: « Durée d’émersion de divers lots isolés en aquarium : (en caractères & Us sortie ou rentrée dans le sable déjà effectuée; en CANNES or di- _naîres, commencant). ) Do n'ai compris et je ne puis comprendre autre chose que ceci : Un caractère gras marque l’heure où l'observateur est arrivé trop tard pour voir et par conséquent pour noter le moment exact du phéno- mène, qui peut s'être produit quelques minutes ou plusieurs sens plus tôt. Donc ce sont les caractères ordinaires qui marquent seuls l’observa- tion complète et ce sont ceux-là que j'ai pris, en le disant; si je m'étais laissé influencer par les usages typographiques, qui attribuent en effet les caractères gras aux chiffres importants, c’est alors que j'aurais fait erreur. | Voilà pour les chiffres ; quant à la conclusion dont M. Bohn m’accuse d'avoir changé le sens par une citation tronquée, il s’agit d’une phrase nette, relativement indépendante de son contexte, et que j'ai reproduite intégralement. Cette conclusion claire est contredite par le seul chiffre qui pourrait la justifier; ce n’est pas ma faute si ce chiffre est seul. Je ne discuterai pas avec M. Bohn sur ce qui est scientifique ou ne l'est pas. Il est trop visible que lui et moi avons de la science deux con- éeptions difficilement conciliables. Mais cela ne tient pas, j'en suis sûr, aux objets que l’un et l’autre nous étudions. Est-il possible que M. Bohn ne soupconne pas la peine que nous prenons, nous tous, phy- siologistes de laboratoire, pour obtenir ces réponses constantes qui excitent son mépris? Les physiologistes qui se réclament de Claude Bernard sont loin d'ignorer la complexité des phénomènes biologiques; constamment aux prises avec celte complexité, ils pensent que Ja méthode, là comme partout, consiste à s’efforcer de maintenir fixes. pour un temps, toutes.les variables, sauf une. Mais je m'arrête, n'étant pas, heureusement pour moi, chargé d'enseigner la méthode scientifique à M. Bohn. (1) Dans les colonnes 1 et 3, les observations sont remplacées par des guil- lemets; dans la colonne 2, on trouve l'indication vague : entre 1 et 2 m. SÉANCE DU 16 MARS 477 DE LA TOXICITÉ DES SÉRUMS THÉRAPEUTIQUES ër DU MOYEN DÉ LA DOSER, Bb otsixe [i son & Der par À. BESREDKA. Dans tout sérum thérapeutique il y a lieu de considérer deux éléments : d'une part, la substance spécifique où lanticorps, et, d'autre part, le véhicule, qui est généralement du sérum de cheval. Comme tout Tintérêr de ces sérums réside dans leur richesse en anticorps, on imagina différents procédés pour doser ces derniers, et on négligea le véhicule, qui était considéré comme indifférent à l'organisme. Or, il résulte des travaux récents qu'une simple injection de sérum de cheval crée chez l’animal un état d’anaphylaxie tel qu'une injection ultérieure de même sérum:est de nature à amener des troubles graves ou même la mort (Arthus, Rosenau et Anderson, Olto, Nicolle, Besredka et Steinhardt). Ce phénomène est à rapprocher des observa- tions des cliniciens sur les accidents sériques pouvant revêtir un carac- tère de plus haute gravité lors des injections répétées de sérum. Pour toutes .ces raisons, nous nous sommes demandés si, à côté du dosage du pouvoir antitoxique, il n'y avait pas lieu d’instituer aussi /e dosage du pouvoir toxique de sérums thérapeutiques. Comment évaluer la toxicité des sérums par la voie expérimentale ? Au cours des expériences (1) faites en collaboration avec Miss E. Stein- hardt, nous avons constaté le fait suivant : les cobayes qui avaient servi au dosage de sérum antidiphtérique ressentent d’une facon extrèmement vive l'effet d’une nouvelle injection de sérum, lorsque celle-ci est portée dans le cerveau au moins douze jours après la première injection. Voici done un réactif tout trouvé et à la fois rene sensible pour évaluer la toxicité d’un sérum, car souvent il suffit de déposer une trace de sérum dans le cerveau pour entrainer la mort en Hélas _ instants. En examinant un grand nombre d'échantillons de sérums thérapeu- tiques de provenance variée, nous avons constaté qu'à la dose de 1/% de centimètre cube injecté dans le cerveau, il n'y en a pas un seul qui ne tue ou ne rende très malade un cobaye sensibilisé. Mais c’est lorsqu'on diminue la dose de sérum que ressortent les différences indi- viduelles entre les divers sérums. Ainsi, à la dose de 1/20 de centimètre cube, la plupart des sérums employés sont très bien supportés par le cerveau des cobayes sensibi- lisés; mais à côté de cela, nous avons eu entre les mains des échan- (1) Annales de l’Institut Pasteur, 25 février 1907; pages 117-127. 478 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — tillons, surtout provenant de Russie, qui tuaient à des doses de 1/20, 4/40 et 1/80 de centimètre cube. Sans que l'on puisse affirmer pour le moment qu'il existe des rapports intimes entre Ja toxicité d’un sérum pour nn cobaye sensibilisé et Je toxicité de ce sérum pour l’homme, il n'en est pas moins certain que l'usage de ces sérums toxiques est à éviter. D'après les règlements élaborés à l'Institut sérothérapique d’Ebrlich, tout sérum doit salisfaire aux quatre conditions suivantes (1) : 4° ïl doit être limpide et ne pas contenir de gros dépôt; ® il ne doit pas contenir de microbes; 3° il ne doit pas contenir plus de 0,5 p. 100 de phénol; 4° il ne doit pas contenir de toxine libre, notamment de toxine létanique. G Nous pensons qu'il serait utile d'ajouter qu'un sérum thérapeutique ne doit pas dépasser la toxicité moyenne, propre au sérum, en général : de nombreux dosages de loxicité auquels nous avons soumis différents sérums, il résulte qu'un sérum qui est capable de tuer ou rendre très malade un cobaye sensibilisé, à la suite d’une injection dans le cerveau de 1/20 de centimètre cube et, à plus forte raison, au dessous de 1/20 de centimètre cube, est à considérer comme ayant une toxicité supérieure à la moyenne et comme tel doit être exclu de la circulation. Le dosage de la toxicité par injection intracérébrale est d’une très grande simplicité. L'opération demande au plus une demie à une minule et n'entraine aucune dépense, les animaux ayant servi au dosage de sérum antidiphtérique pouvant très bien convenir à cel effet. Le travail 4n exlenso paraîtra dans Îes Annales de l’Institut Pasteur. (Travail du laboratuire de M. Melchnikoff.) STRUCTURE DE LA SPORE DE Sarcocyslis lenella (RaAtxK) DU MOUTON ET DE LA CIÈVRE, par LÉON PERRIER. La forme bien souvent décrite de l'élément que l’on désigne sous le nom de spore chez S. {enella est celle d'un boudin arqué. Ses extrémités. sont différentes : l'une est arrondie, l’autre, vraisemblablement anté- rieure, se termine par une espèce de roslre à pointe mousse qui s’im- prègne fortement par le chlorure d'or. Ce rostre semble être susceptible de faibles mouvements de protraction et de rétraction. (1) Otto (R.). Die stuatliche Prüfung der Heilsera, Téna, 1906. SÉANCE DU 16 MARS 419 La spore de S. tenella, on le sait, est uninucléée. Tout près de l’extrémité arrondie, on apercoit le noyau volumineux renfermant un grand nombre de grains de chromatine de formes irrégulières et non uniquement un gros karyosome central et un ou deux petits périphériques ainsi que l’ont décrit Laveran et Mesnil (2). La partie centrale du cytoplasme sporal renferme, comme on le sait, un très grand nombre de grains arrondis. Ces grains, qui ne sont pas de nature amyloïde, présentent les réactions des « corps métachromatiques » {Volutine de A. Meyer). Vers l’extrémité eflilée de la spore, que je regarde comme antérieure, la plupart des auteurs ont décritune capsule polaire contenant un filament spiral. Certains même (Pfeiffer, Van Ecke) ont dessiné le ou les filaments excapsulés. Si quelques réserves ont pu être émises sur la présence d'une telle capsule, notamment par Doflein (1) pour qui l'unique noyau de la spore paraît, avec Juste raison, contradictoire avec la présence d'une capsule polaire, les recher- Ches de Laveran et Mesnil (2) semblent avoir mis la question hors de doute. Etant donné la haute importance de ce caractère morphologique, j'ai porté particulièrement mon attention sur ce point. Je peux affirmer nettement aujourd'hui qu'il n'existe pas de capsule poluire chez S. tenella du Mouton et de - la Chèvre. Il est vrai qu'on observe bien au pôle antérieur, dans certaines circonstances, de délicates stries obliques et parallèles, souvent très visibles, mais cette disposition est due uniquement à de fins plissements de la couche externe différenciée de la spore. On peut constater en effet tout d’abord que les spores absolument fraîches ne présentent jamais la striation signalée plus haut. Si, par la suite, l'examen est fait sur platine chauffante, au bout d’un iostant on commence à la voir appa- raître, d’abord chez quelques spores et bientôt chez toutes celles que contient la préparation. Il est du reste possible, sans l'emploi de la platine chauffante, d'obtenir l’apparition de la striation chez des spores fraiches qui ne la présentent point. Il suffit, pour cela, de substituer sous la lamelle, au liquide physiolo- - gique normal, une solution de chlorure de sodiumlégèrement plus concentrée. Si l'expérience est bien conduite, avec une solution convenable, la striation se produit rapidement chez loutes les spores. Cette dernière est donc due à une rétraction de la partie antérieure de l'élément, provoquée dans les cas précédents par des phénomènes d’osmose entre le liquide protoplasmique et la solution saline plus dense, au travers de la paroi différenciée. De même, _ +. a à 3 (30) SÉANCE DU 5 MARS 503 gauches et la partie gauche du lobe médian. La zone neutre décrite par Rex entre les territoires portes ne saurait donc être cherchée ailleurs que dans le lobe médian dans les foies lobés; c’est là, en effet, qu'il faut s'assurer s’il existe des communications vasculaires intra-hépati- ques. Les pièces anatomiques que je produis en ce moment répondent nettement par la négative : l'examen microscopique de la zone neutre, fait par notre ami le D' Brandéis, a pu nous convaincre qu'aucune par- celle de la masse gélatineuse n’a pénétré dans le foie opposé. Cette ligne de démarcation intra-hépatique représente-t-elle la limite respective de chaque foie ? L'embryologie nous affirme qu'il en est bien ainsi : les travaux de Rex, ceux récents de Géraudel ne laissent aucun doule sur ce sujet, puisqu'ils nous apprennent que les lobes droits sont tributaires de la veine omphalo-mésentérique droite, le lobe médian droit de la veine ombilicale droite; par contre les lobes gauches dépen- dent de la veine omphalo-mésentérique gauche, le lobe médian gauche de la veine ombilicale gauche. Cetle dualité d’origine, si manifeste chez l'embryon, se retrouve donc chez l'individu adulte, et plaide en faveur de l'indépendance vasculaire du foie droit et du foie gauche dans les foies lobés. En est-il de même chez l'homme? La division plus systématique de la veine porte rend chez ce dernier la limitation de chaque foie encore plus précise; il est facile, en effet, par des injections de gélatine colorée, de se rendre compte qu'il existe la même ligne de démarcation entre les deux foies, allant de l'incisure biliaire à l'embouchure des veines sus-hépatiques. L’analogie entre les foies lobés et les foies non lobés est complétée encore par cette notion mise en évidence par les travaux de Rex, de Géraudel, par les miens en 1904, à savoir que les territoires représentés par chaque lobe des foies lobés ont leurs homologues res- pectifs dans le foie de l’homme ; les figures 2, 4 et 5 imitées de Géraudel sont significatives. L'indépendance vasculaire du foie droit et du foie gauche n’est donc pas une inanité et je me crois autorisé, d’après ce qui précède, à maintenir mes conclusions dans leur intégralité. (Travail du laboratoire de Physiologie de la l'aculté de médecine de Bordeaux.) . SUR L'EXISTENCE D'UN DOUBLE COURANT SANGUIN DANS LA VEINE PORTE, par H. SÉRÉGÉ, Pris particulièrement à partie par MM. Gilbert et Villaret au sujet de l'existence d’un double courant sanguin dans la veine porte, je ne me 504 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (31) suis pas contenté de reprendre mes premières recherches et de les réa- liser avec le même succès, je me suis surtout attaché à étudier le phéno- mène au point de vue physique et à en faire la démonstration. Je suis heureux de pouvoir faire fonctionner devant vous le dispositif que j'ai adopté et qui est susceptible, je crois, en remplissant aussi complètement que possible toutes les conditions physiologiques que nécessite la circulation porte, -de donner toute satisfaction. Il se compose : 1° D'un appareil représentant.très fidèlement le sys- . tème porte extrahépalique dont les vaisseaux, formés par des tubes de verre, présentent des diamètres identiques à ceux que l’on observe chez l'homme. La valeur de l’angle d'abouchement de la mésentérique et de la splénique, celle de l'angle formé par les branches de bifurcation du tronc porte, la direction respective de chacun des vaisseaux onf été scrupuleusement observées ; 2° de deux entonnoirs munis d’un tube de 40 centimètres de longueur, de diamètre différent, en rapport avec celui des tubes de verre représentant la mésentérique et la splénique et reliés à ces derniers par des tubes de caoutchouc souple correctement calibrés ; 3° de deux ballons réservoirs, installés en siphon et munis à l'extrémité du tube d'écoulement de deux compte-gouttes. Le schéma porte étant placé dans sa situation normale sur un support, on verse de l’eau dans les entonnoirs. L'appareil offre ainsi l'aspect de, séeuaSi- dt de idées ‘ont dé CEE ÉS coli ra ad nai de né Che sign 3 | (89) SÉANCE DU 5 MARS : : 505 vases communicants. Si on amorce les deux ballons remplis de liquides de coloration différente et que l'on applique chaque compte-goutte dans son entonnoir respectif, on crée ainsi dans tout le système un courant que l’on peut régler à volonté en modifiant le débit des réservoirs. Peu à peu, les liquides colorés remplacent l’eau de l'appareil ; ils apparaissent bientôt dans les tubes et, arrivés au point de jonction de la mésenté- rique et de la splénique, on les voit s’accoler l’un contre l’autre, sans qu'il y ait entre eux le moindre mélange. Les deux veines liquides che- minent parallèlement côte à côte, pour sortir de l’appareil, la mésenté- rique par le côté droit, la splénique par le côté gauche. Pour se rendre compte de la vitesse du courant et simultanément de la marche de corps étrangers suspendus au milieu d’une veine liquide, il suffit de laisser tomber une goutte d’encre de Chine dans un des entonnoirs, celui de la mésentérique par exemple. On ne tarde pas à voir apparaitre les particules noires dans le lube de verre correspondant se jeter dans le tronc porte, suivre le trajet du liquide mésentérique sans se mélanger au liquide splénique, et, si l'appareil est bien réglé, sorlir en totalité par le côté droit. La production d’un double courant liquide dans an tronc commun est facile avec de l'eau glycérinée, même avec de l’eau ordinaire; elle l’est bien davantage encore avec du sang, eu égard à sa viscosité. Est-il permis de conclure de ce fait purement physique à ce qui se passe chez l'animal vivant? Je n'hésite pas à répondre par l’affirmative en m'appuyant sur l’autorité de Marey : | « La circulation du sang, dit-il dans son beau traité de la circulation, page 10, avec toutes les variations qu'elle présente, est entièrement explicable par les lois hydrauliques fort simples qui régissent le cours des fleuves et des ruisseaux. » | Du reste, en remplaçant le schéma de verre par le système porte d'un animal vivant, que l’on met en communication avec l’appareil au moyen de canules convenablement placées, en substituant l’eau ordinaire par du sérum artificiel fortement coloré dans un des ballons, on constate une coloration intense de tout le foie correspondant. Quelques parcelles du liquide coloré passent du côté opposé au début de l'écoulement, par exemple, avant qu'il ne soit bien réglé, ou à la faveur d'une autre cause perturbatrice du courant, produite par les conditions anormales de circulation créées par l’intervention, mais la coloration des deux foies présente une telle différence d'intensité que l’on ne saurait méconnaître une analogie complète entre les deux expériences. Enfin, les nombreux arguments fournis par la clinique, l’expérimentation, la physiologie, arguments que j'ai développés par ailleurs, sont assez nombreux pour que Jon ne puisse prendre en considération, sans parti pris, les quelques imperfections que je viens de signaler. La circulation porte présente cependant des conditions spéciales, fort 506 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (33) intéressantes, que je me propose d'envisager dans une note ultérieure. Pour l'instant, je maintiens purement et simplement mes premières conclusions. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Facu'té de médecine de Bordeaux.) SUR LA SEXUALITÉ DE L'Halopteris (Stypocaulon) scoparia, par CG. SAUVAGEAU. La sexualité hétérogamique des Sphacélariacées fut ignorée jus- qu'en 1898. J'ai indiqué alors la présence de deux sortes d'organes pluriloculaires chez deux espèces de nos côtes, le Sphacelaria Hystrix et l'Halopteris filicina. Chez l’une et chez l’autre, la forme, les dimen- sions et la struclure des anthéridies ne laisse aucun doute sur leur nature mâle ; les anthérozoïdes du Sph. Hystrix sont identiques à ceux des Fucus, des Cutleria et de l'Ectocarpus secundus. Malgré cela, je n'ai pas réussi à obtenir de fécondation. Cependant, les organes plurilo- culaires à grandes logetles des Sp. Hystrix et Hal. filicina sont, selon toute vraisemblance, des oogones. Depuis, chez différentes espèces des mers australes, connues seule- ment par des échantillons d'herbier, j'ai trouvé des organes semblables à des anthéridies par leur cloisonnement multiple; ce sont les al. bra- chycarpa, Hal. congesta, Hal. hordacea. Autant qu'il me fut possible de m'en rendre compte, les oogones sont uniloculaires et renferment une oosphère unique de très grandes dimensions. Il était plus intéressant de trouver ces organes sexués sur une plante connue depuis très longtemps, et extrèmement répandue en Europe, dans l'Atlantique et dans la Méditerranée, l'Aal. (Stypocaulon) scoparia. Celle-ci possède des organes asexués que l'on trouve en hiver par centaines ; ils sont bien connus, bien que l'on ignore la germination des zoospores. En décembre 1903, j'en ai récolté 26 exemplaires ee à la côte, de Biarritz jusqu’à Saint-Sébastien; je les.conservai malheureusement sans aucune précaution. Parmi eux, j'en lrouvai 25 munis de sporanges et un sexué. La position des anthéridies et des oogones est la même que celle des sporanges. Les oogones me parurent renfermer une oosphère unique qui, par conséquent, mesurerait près de 100 & de diamètre. La chose valait la peine d’être suivie de plus près. J'obtins en janvier suivant l'autorisation de retourner à Biarritz pour chercher. à en faire l'étude sur le vivant, mais aucun des nombreux exemplaires que j'exa- ” (34) SÉANCE DU 5 MARS 507 minai n’était sexué. Supposant que les individus sexués pourraient être plus nombreux dans les mers plus chaudes, je partis pour Téné- riffe pendant l'hiver 1904-1905, dans l'intention d'y étudier l'Æal. sco- paria ; je n'en renconlrai aucun individu sexué. Mes recherches dans la Méditerranée, au laboratoire de Banyuls, pendant les mois de décembre et janvier 1905-1906 et 1906-1907 furent aussi inutiles. Jusqu'à maintenant, la sexualité de l’Æal. scoparia est donc affirmée par un seul exemplaire. Les organes asexués sont au contraire extré- mement répandus. La recherche des oogones serait particulièrement intéressante, pour vérifier si, comme je.le suppose, ils renferment une unique oo-phère, laquelle, à cause de ses très grandes dimensions, est probablement dépourvue de motilité. L'Hal. scoparia paraît se repro- duire très généralement par des organes asexués et, exceptionnellement et dans des conditions non déterminées, par des organes sexués. NOUVYELLES RÉACTIONS DE L'INOSITE, par G. DENIGÉS. La solution de produits quinoniques (tétraoxyquinone, acide rhodizo- nique) provenant de l'attaque nitrique de l'inosite suivant le mode opé- ratoire que j'ai antérieurement lracé (1) (évaporation à sec, sans sur- chauffe, de 0 gr. 05 d'inosite, avec 1 centimètre cube d'acide nitrique et dissolution du résidu dans 5 centimètres cubes d’eau) non seulement se prêle à la réaction colorée avec le nitroprussiate de soude que j'ai décrite (2), mais permet de réaliser toute une série d’autres réactions qui permettent une identification complète et facile de l'inosite. On peut d’abord constater que ce liquide réduit rapidement, même à froid, les sels d'argent en milieu sodico-ammoniacal, le réactif de Nessler et la liqueur de Fehling. À chaud la réduction est, évidemment, encore plus immédiate et plus complète. Si on le chauffe avec son volume d'’acétate de mercure (acétate mer- s curique, 5 grammes ; acide acélique cristallisable, 1 centimètre cube; eau, 100 centimètres cubes), on obtient un trouble blanchâtre qui s'accentue bien vite pour faire place, en moins d'une minute d’ébulli- tion, à un précipité jaune, cohérent et abondant. En lui ajoutant son volume d’une solution saturée d’acétate de soude, le mélange jaunit lentement et la teinte devient très accusée au bout de deux minutes. Si on le porte à l’ébullition, la teinte jaune s’exalle d’abord, | (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, 25 janvier 1907, p. 101. È (2) Ibid. ai | Biooare. Compres RENDUSs. — 1907. T. LXII. 35 508 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Does) puis s’atténue pour devenir faiblement brunâtre. Mais si, l’enlevant du feu, on agite le liquide en imprimant au tube qui le contient une série de secousses obliques de bas en haut, le contact de l'air fait réappa- raîitre une coloration jaune intense. En mélangeant un volume de solution d'inosite oxydée par l'acide nilrique, 1 volume d'acétale mercurique et 1 volume d'acétate de soude en solution saturée, puis portant à l’ébullition, on obtient une réduction lente du sel de mercure se manifestant par l'apparition de mercure réduit et, le plus souvent, surtout par refroidissement, de cristaux d’acélate mercureux blancs et lamellaires. -Si l’on ajoute à la même solution des dérivés quinoniques de l’inosite deux fois son volume de solutions aqueuses à 5 p. 100 d’acétates de baryte, de strontiane ou de chaux, on obtient à froid, au bout de quelques instants, une coloration jaune qui s’accentue avec les acétates des deux derniers métaux mais qui, à partir d’une demi-minute à une minute, dans le cas du sel de baryum, prend une teinte rosée avec fluorescence jaune. Si l’on vient à chauffer, la teinte jaune s’exalte avec les trois sels ; par une ébullition prolongée, elle passe au rougeûtre, puis au vio- lacé ou au bleuté en même temps qu'il se dépose un précipité violet plus ou moins foncé. Ces divers mélanges, chauds, sont très oxydables; si on les agile, en les sortant du feu, comme il a été indiqué plus haut dans le cas de l'essai avec l’acétate de soude, ils deviennent : rosé avec le sel de baryum, jaune rougeâtre avec ceux destrontium et de calcium. En même temps, leurs précipités tendent vers un teinte plus rougeûâtre : le fait est très marqué avec l’acétale de baryte qui fournit ainsi, après refroidissement complet, un précipité grenat très net. Parmi ces diverses réactions, celles qui sont relatives à la réduction de la liqueur de Fehling, à l'obtention d’un précipité jaune avec l’acétale mercurique, enfin, celles qu’on peut réaliser avec les acétates de soude et de baryte sont surtout à recommander comme parliculièrement carac- téristiques et applicables à l'identification de l’inosite urinaire. SUR LA TROMPE DE /Vephthys Hombergüi Au. et Enw., par H. CHARRIER. La trompe des Nephthys présente deux régions : l’une antérieure (en situation non dévaginée), fortement plissée, à parois minces : la gaine pharyngienne ; l’autre postérieure, rigide, fortement musculaire : la trompe pharyngienne. Cette dernière, plus intéressante, retiendra seule notre attention chez Vephihys Hombergü. La trompe pharyngienne présente de l’intérieur à l'extérieur : tout nn mu à msi "ne de CS Ke (36) SÉANCE DU 5 MARS 509 d'abord un épithélium à tonofibrilles (sur lequel nous reviendrons dans la suite), contenant de nombreuses glandes s’ouvrant dans la cavité de la trompe par un ou plusieurs orifices. Ehlers avait comparé ces glandes à celles des Syllidiens. Il y a là une inexactitude, car ces dernières débouchent, au contraire, à l'extrémité des papilles qui précèdent la trompe, et sont, d'autre part, situées en dehors des parois de cet °ESn (de Saint-Joseph, Malaquin). La hauteur de l'épithélium n'est pas constante. Elle augmente surtout à l'extrémité postérieure de la trompe, région où les glandes deviennent plus abondantes. Une cuticule chitineuse épaisse limite cet épithélium. Loin d'être homogène, comme le disait Ehlers, elle se montre après coloration à l'hémaloxyline au fer, constituée par une couche médiane très épaisse, fortement colorée en noir, comprise entre deux couches beaucoup plus minces et incoloïres. Au niveau de l'ouverture d'une glande le revête- ment cuticulaire diminue d'épaisseur, et en ce point la zone colorable par l’'hématoxyline disparait. Une membrane basale très nette sépare l’épithélium de la puissante couche musculaire sous-jacente. Celle-ci se montre constituée, dans ia région moyenne de la trompe pharyngienne, par des couches épaisses de muscles radiaires, séparées par des couches très minces de fibres circulaires. Mais l'importance relative de ces éléments varie lorsqu'on se rapproche des extrémités de la trompe pharyngienne, et c’est surtout à l'extrémité antérieure que ces différences sont particulièrement nettes : les fibres circulaires s’y développent, tendant à former des couches de plus en plus épaisses, tandis que les fibres radiaires se réduisent à des couches de plus en plus minces. Des sections transversales de la trompe pharyngienne nous montrent, en outre, de puissants muscles au nombre de huit. ee En quatre points diamétralement opposés et alternant avec a coupe des quatre principaux nerfs, on voit sous l'épithélium deux de ces muscles venir s'affronter, s'appuyant sur une lamelle anhiste, radiale, sorte d’apodème, qui constitue leur insertion commune. Ces deux muscles divergent latéralement et épanouissent leurs insertions sur la face externe de la trompe jusqu'en quatre points diamétralement opposés et alternant avec les premiers. C'est grâce à ces muscles que la trompe présente souvent dans sa région postérieure une Sete quadrangulaire avec quatre grosses colonnes musculaires. : De Saint-Joseph, dans la description qu'il donne de cet organe, one une couche externe, mince, de musclés longitudinaux. Je n'ai pas retrouvé ces muscles. La partie la plus externe de la trompé est cons- lituée par une membrane résistante, sous-jacente à l'endothélium péri- tonéal, el sur laqueile les muscles radiaires viennent directement prendre insertion. Celte mémbrane, qui n'est pas cellulaire, n'a d'ail- 510 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (37) leurs aucune des réactions de la substance musculaire ; elle n’a, en particulier, que peu d'affinité pour la laque de fer; et après traitement par le picro-indigo-carmin, elle se colore en bleu comme le tissu con- jonctif, et non en vert comme les museles. Tandis que, du côté externe, les muscles radiaires viennent ainsi s'insérer directement sur la membrane dont nous venons de parler, et ne semblent pas présenter de différenciations tendineuses particulières: du côté interne, au contraire, ils s'arrêtent à la basale de l’épithélium, et empruntent, pour se raltacher à la cuticule, des tonofibrilles diffé- renciées dans les cellules épithéliales. Ces tonofibrilles présentent exactement les affinités colorantes de celles que Ch. Pérez a décrites chez le Branchellion ; mais la présence d’une basale très nette donne ici à ces formations un aspect particulièrement net. (Travail du Laboratoire de Zoologie de la Facuilé des Sciences.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA TOXICITÉ DE CERTAINES COULEURS D ANILINE, par JEAN GAUTRELET. Comme résultat d’une série de travaux effectués en collaboration avec Henri Gravellat et publiés à la Société de Biologie, nous avons divisé les couleurs d’aniline en couleurs actives et couleurs inactives. Cette divi- sion a essentiellement à sa base la notion de dose. Nous avons eu soin de dire que nous injections à nos lapins 0 gr. 05 environ de colorant. Si, en effet, on injecte des doses de plus en plus fortes, il arrive un moment où les colorants les plus inoffensifs sont actifs, modifiant la. nutrition et les fonctions hépatiques et rénales. Nous n’insislerons pas sur ce fait aujourd’hui. Nous ne voulons que donner quelques chiffres relatifs aux doses toxiques de certaines cou- leurs d’aniline. Comme c'était à prévoir, il y a une relativité entre la dose toxique et la dose active d’un colorant. Nous avons toujours opéré avec des solu- tions concentrées, saturées même, et nous avons pratiqué l'injection dans le tissu sous-cutané du lapin. 5 cenlimèires cubes de bleu de méthylène en solution saturée, soit 0 gr. 25 par kilogramme d’animalont suffi pour tuer 3 lapins, dans (rois expériences successives, en des temps variant de six heures à quarante- huit heures. De la diarrhée, une sensibilité générale atténuée, de l’'arythmie puis du ralentissement cardiaque, enfin quelques convul- sions, tel est le cortège des symplômes caractérisant l'intoxication. Une dose de 7 ce. 5 du même bleu par kilogramme a été foudroyante. Eee « D CEE _(38) SÉANCE DU D MARS 511 Par contre, l’animal à survécu à 3 centimètres cubes de la même injec- tion. Pour le violet de méthyle, la dose de O0 gr. 25 DR kilogramme semble également être la dose toxique. Par opposition à celta toxicité élevée de deux colorants aclifs, nous avons obtenu la survie pendant vingt-quatre heures d’un lapin de 1.760 grammes ayant recu 50 centimètres cubes de nigrosine à 5 p. 100. Mais la dose limite, la dose toxique est de 15 centimètres cubes par kilogramme, soit 0 gr. 75 de nigrosine. Pour le bleu marine, même chiffre; 0 gr. 75 par kilogramme d'animal ont été nécessaires pour produire le mort. Les chiffres de toxicité sont instructifs par eux-mêmes. Mais ce qui est plus intéressant, c’est de constater — fait sur lequel nous revien- drons d’ailleurs — que la protection du foie a une limite variant avec la toxicilé des divers produits; pour les substances très toxiques, cette limite est vite atleinte; la cellule hépatique devient rapidement insuffi- sante; d’où les troubles notables tant dans les fonctions hépatiques qu'organiques en général, avec les colorants comme le bleu de méthy- _Iène : la notion d'activité chez eux est étroitement fixée à leur toxicité. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Bordeaux.) APPLICATIONS D'UN NOUVEAU FLACON COMPTE-GOUTTES A LA TECHNIQUE HISTOLOGIQUE, par À. AucHé et L. TRIBONDEAU. Le flacon compte-goultes imaginé par A. Auché dans le but de sim- plifer maints travaux du chimiste et du pharmacien, peut être très heu- reusement appliqué à la technique histologique. Il nous rend journelle- ment de précieux services, et nous croyons être utiles aux biologistes en signalant ici les avantages qu ils en peuvent tirer. Le schéma ci-contre de l'appareil, vu en coupe, nous déesse d’une description. Le constructeur le fournit d'habitude sans le petit tube à fond plat qui est annexé à droite au flacon, dans un but spécial. : Fonctionnement. — Le goulot du flacon étant saisi Fe le pouce et le mé- diüus, il suffit d'appuyer plus ou moins fort avec l'index sur le sommet du ca= puchon de caoutchouc pour augmenter la pression de l'air dans le flacon et faire passer son contenu dans le solide tube capillaire qui y plonge. Désire- t-on une seule ou un nombre déterminé de gouttes : on les obtient exacte- MERE 512 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (39) ment grâce à l’extrême sensibilité de l’appareil. Veut-on projeter un mince filet de liquide : la capacité du dispositif pour la compression de l'air est suf- fisante pour expulser sans arrêt et avec la vitesse qu’on préfère 2 ou 3 centi- mètres cubes; le capuchon à bout de course étant lâché, il revient brusque- ment dans sa position première, l'appel d’air se faisant par l’orifice minus- cule creusé à son sommet, de sorte qu'il est possible d'exercer une nouvelle pression, avant même que le liquide contenu dans le tube capillaire n’ait eu le temps de refluer dans le flacon. Veut -on récupérer l'excès de liquide versé : il suffit par une pression ménagée, d'amener Nrchor de le liquide dans le tube capillaire jusqu’à l’ori- fice de sortie et de plonger celui-ci dans le liquide expulsé, en cessant la pression sur la | capsule et en penchant légèrement le flacon : le tube capillaire fonctionne alors comme un siphon qui ramène le liquide dans le flacon. Signalons de plus qu’un peu de coton hydro- phile tassé dans l’ampoule terminale du tube capillaire filtre le liquide au passage, et qu'un autre tampon, placé sous le capuchon de caoutchouc, arrête les rares poussières qui pourraient s’introduire par l’orifice d'aspira- tion d'air. IKKK Applications histologiques et avantages qui en résultent. — 1° Comme flacon à liquides colorants. L'appareil évite de secouer les solutions et d'en faire couler plus qu’il n’en faut et à côté du but, au détriment des tables, des mains, elc... Il donne un colorant filtré au moment même de l'emploi; il le prend au niveau exact qu'on désire, suivant qu'on enfonce plus ou moins le tube capillaire dans le liquide. 2 Comme flacon à produits liquides servant à la déshydratation et à l'éclaircissement des coupes : alcools, essences, xylol, etc... L'appareil permet d'obtenir instantanément, suivant les besoins, et sans avoir à déboucher aucun flacon soit des gouttes, soit un jet de liquide, et cela sans risques d'interruption, sans gaspillage. 3° Comme flacon à baume et à huile de cèdre. Il suffit pour rendre l'appareil propre à cet usage d’enfiler à frottement dur avec le tube ca- pillaire un bouchon troué, en liège, ou mieux en sureau, préparé de façon à rentrer au contraire à frottement très doux dans l'ouverture d'un petit tube à fond plat (voir le schéma). Dans ce tube ainsi appendu au flacon, on met un peu de xylol. L’orifice du tube capillaire, maintenu dans une atmosphère chargée de vapeurs de xylol, ne se bouche jamais. D'autre part, comme les liquides ne sortent de ce tube capillaire qu’au commandement du doigt et réintègrent le flacon dès que ce doigt cesse sa pression sur la membrane élastique, ils ne coulent pas sur les bords du récipient à xylol et ne collent pas le bouchon, ce qui arrive très PR RE ES $ K (40) SÉANCE DU 5 MARS 513 vite dans la plupart des flacons à baume employés dans les labora- toires. Inconvénients théoriques. -— On objectera l’évaporation des produits très volatils par le tube capillaire et le trou du capuchon : elle est en réalité insignifiante, moindre que dans un flacon qu'on doit déboucher chaque fois qu'on s’en sert. On objectera encore l’obstruction du tube capillaire par des dépôts de colorants : elle ne se produit pas avec la plupart des solutions colo- rantes ordinaires; nous l'avons constatée pour certaines, quand on laisse longtemps le flacon sans s’en servir; le remède est simple : une goutte d’eau ou d’alcool, placée au bout du tube capillaire, dissout très vite le précipité et le flacon fonctionne à nouveau. Le bouchon ordinaire du flacon est de caoutchouc; pour certains li- quides qui, comme le xylol, font gonfler le caoutchouc, on emploie le liège. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1. rue Cassette. c cptaese > Es à ARE D15 SÉANCE DU 23 MARS Aupi8ErT (Victor) et VALETTE (P.) : Eosinophilie après splénectomie . . BaTTeLLt1 (F.) et Srern (Mlle) : In- fluence de la température sur la conservation de l’activité respira- toire dans les tissus animaux isolés. CHAMAGNE (G.) : Etudes sur les colloïdes naturels des plantes mé- IMATAICE A ÉRSNERRRMRES CHATTON (Epouarp) Caullerya Mesnili n. g. n. sp. Haplosporidie parasite des Daphnies . . ...... CLuzer (J.) : Sur la formule d’exci- tation des nerfs et des muscles à Nétañpatholosique Er Doyon (M.) et GauTIER (CL.) : tirpation du foie et incoagulabilité du sang chez la grenouille EIseNBERG (Puicippe) : Sur les hé- molysines des anaérobies . . . . . . FAURÉ-FRÉMIET (EMMANUEL) : Mito- chondries et sphéroplastes chez les AMSGMESICITÉS ENS ANT S GarzLarp (J.) : Traitement de la fièvre typhoïde par les injections infraveineuses d'argent colloïldal électrique à petits grains. Cinq cas avec guérison rapide chez l'enfant. Gaurier (CL.), Morez (A.) et Mo- non (Ocr.) : Sur le mécanisme de la coloration rouge cerise du lait en présence d'alcalis concentrés . . Grarp : Allocution au sujet du décès de M. Berthelot . . . . . . .. Hanrior (M.) : Sur l’action de la DÉDNROSMTE em etes Que LEPAGE (L.) : Canule à soupapes pour l’anesthésie . . . .. Ti RO UE BroLoeie. Coupes ReñDus. — 1901. T, LXII, 36 (907 SOMMAIRE 536 531 541 229 545 521 531 523 OZ ND er Mausez (L.) : Aliments ingérés pendant la grossesse par la cobaye et la lapine et utilisations de ces aliments. Résumé. Conclusions. Ré: AO DS Pre tn te PA Mayer (Annré) : Recherches sur les complexes colloïdaux d'albumi- noïdes. — VI. Action des acides et des alcalis sur l’albumine. . . . .. NETTER (ARNOLD) : Les accidents provoqués par l’ingestion des hui- tres sont le plus souvent de nature infectieuse. La brièveté de l’incu- bation, l’existence d’altération avé- rée des huîtres n'écartent pas la possibilité d’une infection. . . . .. VALLET (GABRIEL) : Sur la numé- ration des hématoblastes . . . , . . 533 521 540 Réunion biologique de Marseille. ALEzAIS et PEYRON : Sur quelques particularités de développement des paraganglions lombaires . . . . .. ALEZAIS et PEyroN : Sur les tu- meurs dites gliomateuses des cap- SUeS SURRÉN Ale EEE CNE Core (Juues) : Absence de l’héma- tine et de la biliverdine chez Acti- FONCTION LE CNE EN L'ÉENIE Van GAvEer (F.) et SrEepxan (P.) : Sur la nature du corps flottant du péricarde de certaines ascidies. . . Van GAvEeR (F.) et STEPpHAN (P.) : Cardiosporidium cionæ, sporozoaire uouveau parasite du corps péricar- dique de Ciona intlestinalis . . . . . 516 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. A. Giard, président. ALLOCUTION DU PRÉSIDENT. DÉCÈS DE M. M. BERTHELOT. Mes chers collègues, Vous connaissez la triste nouvelle. Marcellin Berthelot est mort lundi dernier. Frappé dans son affeclion la plus chère, il n'a pu survivre plus de quelques minutes à celle qui fut pendant quarante-cinq ans la compagne dévouée de sa laborieuse existence. Une telle fin si touchante _et si consolante pour les siens est la récompense et le digne couronne- ment d'une longue vie toute de travail, de conquêtes scientifiques et d'infatigable dévouement au bien de I humanité. Berthelot ne fut pas seulement en effet l'admirable biologiste, l’admi- rable chimiste et l’admirable physicien que vous savez. Son ambition élait plus haute. Si par une extrême modestie il affirma, dans un jour solennel, que, des brillantes découvertes du xix° siècle auxquelles il a tant contribué, nul n’a le droit de revendiquer le mérite exclusif, il proclama aussi hautement la nécessité d'une entente tacite des tra- vailleurs de lout âge et de toute nation pour la recherche de la vérité pure et pour les applications de cette vérité à l'amélioralion progressive de tous les hommes. Et ce fut le but continuel de ses efforts, sa préoccu- pation constante des bons et des mauvais jours. La disparition d'un tel esprit met en deuil la science sans limitation d'objet ou de frontières, la science sans épithète pour laquelle il réclamait à la fois avec une légilime confiance la direction matérielle, la direction intellectuelle et la direction morale des sociétés. Mais dans ce deuil universel il nous est permis de prendre la part très grande qui revient à notre Société où, près de Claude Bernard, de Charles Robin et de tant d'autres belles intelligences d’une culture encyclopédique, Berthelot trouva dès le début de sa carrière le milieu le plus favorable pour le développement de ses merveilleuses facultés. Bien poser les problèmes, les soumettre au contrôle de l'expérience et de la discussion, publier sans hâte, mais aussi sans inutiles délais, les résultats oblenus, tels sont, disait-il lui-même, les moyens les plus efficaces d’une abondante et sérieuse production scientifique. Cette . méthode n'est-elle pas celle que préconisaient les fondateurs de la Société de Biologie où le jeune docteur en médecine vint prendre place en 1853, à peine âgé de vingt-six ans? . Et pendant un quart de siècle, pendant les années les plus actives et les plus fecondes peut-être de sa brillante carrière, on peut suivre pas à pas dans nos Comptes Rendus l'évolution des grandes idées dont il SÉANCE DU 23 MARS 517 était le promoteur et qu’il devait développer plus tard dans les diverses sociétés scientifiques de la France et de l'étranger. Dès 1854, animé déjà du désir d'éliminer de la Biologie tout ce qui peut rappeler le préjugé des forces vitales, il apporte la preuve de la non- spécificité des matériaux qui constituent les corps vivants en pro- duisant de toutes pièces les principes immédiats des graisses des animaux. Cette première synthèse est bientôl suivie de celle de nom- breux corps organiques, de l'alcool lui-même et enfin des sucres pro- prement dits, en partant de la mannite et de la glycérine. * À leur tour les corps azotés sont reproduits directement par l'union de l’azote libre aux composés ternaires sous l'influence de l’effluve élec- trique. Puis vient en 1864 l’étonnant mémoire sur la chaleur animale et, peu après, ce vaste ensemble des travaux de thermochimie qui révolutionne la physiologie en même temps que la chimie pure. Reprenant et com- plétant l’œuvre de Lavoisier, dont il avait si bien montré l'importance au point de vue des origines de la chaleur animale, Berthelot montre que les oxydations ne sont pas la seule cause de la calorification et que celle-ei n’a pas lieu uniquement à la surface pulmonaire. Les transfor- mations isomériques, les hydratations, les dédoublements fermentatifs exothermiques, toutes les réaclions qui s'accomplissent dans les profon- deurs des tissus animaux sont aussi la source d'une quantité notable de chaleur et d'énergie que l'être vivant utilise sans jamais en créer ou en détruire la moindre parcelle. | Le problème si intéressant de la fixation de l'azote par les végétaux esl à son tour résolu. ù Et constamment l’idée directrice qui inspire le génie de Berthelot, le projet fermement arrêté de dérober à la matière vivante ses derniers secrels et d’en ramener les lois à des conceptions purement énergé- tiques, lui suggère de nouvelles hypothèses et ouvre aux chercheurs des voies jusqu'alors inexplorées. En 1875, au sein même de l’Académie et au moment où semblait triompher la théorie des ferments vivants, il dénonce le cercle vicieux qui consiste à expliquer des phénomènes chi- miques par les processus plus compliqués de la Biologie. «Il s’agit, dit-il, de savoir si le changement chimique produit dans toute fermentation nese résout point en une réaction fondamentale, provoquée par un principe défini spécial de l’ordre des ferments solubles, lequel se con- sommerait en général au fur et à mesure de sa production pendant l'accomplissement même du travail qu’il détermine. Cette relation définie entre le ferment soluble et l'être microscopique qui le fabrique, a été signalée je crois, pour la première fois, avec précision, dans mes recherches sur le ferment inversif contenu au sein des cellules de la levure de bière. Elle à été relrouvée depuis dans beaucoup d'autres fermentations. 1l convient d'examiner si, comme l'entrevoyait Claude 518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Bernard, elle doit être étendue aussi à la fermenlalion alcoolique, qui serait alors, comme le sont déjà la plupart des autres, ramenées à des actes purement chimiques. » | N'est-ce pas là, Messieurs, le point de Ron de ce magnifique mou- vement de recherches relatives à la biochimie et à la physique molécu- laire que nous voyons se propager partout aujourd'hui, mais dont notre Société demeure un des centres les plus actifs? Et au milieu des cruels regrets de l'heure présente, ne pouvons-nous rappeler avec une légitime fierté comme une consolation et comme un réconfort, la trace lumineuse laissée parmi nous pendant un demi-siècle par l’illustre Maître, le digne continuateur des grands penseurs du xvin° siècle, dont l’œuvre colossale ne peut être comparée qu’à celle des Lamarck, des Lavoisier, des Laplace et des Darwin ? La séanee est levée en signe de deuil. À L'OCCASION DU PROCÈS-VERBAL. LES ACCIDENTS PROVOQUÉS PAR L'INGESTION DES HUITRES SONT LE PLUS SOUVENT DE NATURE INFECTIEUSE. LA BRIÈVETÉ DE L'INCUBATION, L'EXIS- TENCE D'ALTÉRATION AVÉRÉE DES HUITRES N'ÉCARTENT PAS LA POSSIBILITÉ D'UNE INFECTION, par ARNOLD NETTER. M. Baylac (1) pense que dans les observations publiées par nous l’in- toxication est intervenue plus souvent que l'infection, en s'appuyant sur le court intervalle relevé parfois entre l'ingestion et le début des acci- dents. S3 j'ai fait remarquer que dans beaucoup de cas l’incubation est si lonque que l’on ne peut songer à l’intoxication, il ne faut pas en conclure qu'une incubation très courte exclut l'intervention d'agents infectieux. L'histoire du choléra dont l’incubation peut être extrêmement brève suffirait déjà à faire justice de cette opinion. Mais l'exemple des infec- tions d'origine carnée, autrefois aussi attribuées à une intoxication, est encore beaucoup plus à sa place. Nous savons aujourd'hui qu'elles sont dues à des bactéries participant à la fois des caractères des bacilles d'Eberth et du coli-bacille. La constatation de l’agglutination peut chez les malades et les convalescents et même les sujets guéris démontrer l'intervention des agents pathogènes. Dans des cas relevés l’année dernière et relatés par M. Sergent nous avons pu, M. Ribadeau-Dumas et moi, démontrer l'existence du bacille paratyphique alors que le début remontait à dix heures après l’inges- tion suspecte. (4) Note de M. Baylac insérée dans les Comptes Rendus de la séance du 16 mars. SÉANCE DU 23 MARS 519 Durham, De Nobele, von Drigalski, Trautmann, Vogedes, etc., ont pu établir l'intervention de ces bacilles dans des cas où les premiers accidents avaient été plus précoces, encore. Ces exemples sont particulièrement à leur place ici car nous espérons bien démontrer que beaucoup d'infections consécutives à l’ingestion des huîtres sont dues à des bacilles de cette catégorie dont l’arrivée au contact des huîtres s'explique aussi bien que celle du coli et de l’Eberth. Mais admettons même que le doute soit possible pour les accidents précoces. Il est impossible d'accepter l'intervention de l’intoxication quand les accidents mettent plus de vingt-qualre heures à éclater et tel a été Le cas chez plus des deux tiers des malades. Nous disposons actuellement . 129 cas dans lesquels le début peut être fixé. Il est survenu : DAnSAlESMPSRDOUTCS ARE Re Pr PER SR eee 00 DES 22 heures PAR Nr ANA Us 2 LAS DER ARS CNE UIPESEINSSNES PE NTE SET RSS ALES OMNEDTeS Sem ire Me le ETUTe 5 AIDES PAS NICUTES ER I er Ce DARELE BURN CMOS EP AR NT EN RP ATEE EEE 8 NDS OURS MERS ER TS RTS SN SE 4 Après 4 jours : 5 - Après 5 jours 3 MORE SONO SR LE AR et UE UT LOTS 1 Après 8 jours . A AT ROUS PA AU E PES de 1 Après quelques Éore MRC AE EREURE 2 NprestplisrdenLUDE)OUrS te REA e M. Baylac établit qu'aux dates où l'ingestion des huitres provoquait les accidents, il y avait des journées relativement chaudes, alors que j'insiste sur ce fait que nos observations ont été recueillies en hiver. Je ne saurais contester les résultats de l'observatoire de Toulouse. Mais si la thèse de M. Baylac doit être acceptée, il conviendra de ne jamais man- ger à distance, même très courte, des huîtres de provenance méridionale. Cette proposition sera, me semble-t-il, assez mal accueillie par les ostréiculteurs de la région. Depuis ma communication à l'Académie j'ai pris connaissance de plus de 80 observations nouvelles, dont 46 imputables aux huîtres de Cette. L’ingestion des huîtres a eu lieu en mars (1 fois), en avril (1 fois), en octobre (2 fois), en novembre (7 fois), en décembre (6 fois), en janvier (1 fois). Ces cas comprennent 36 fièvres typhoïdes avec 6 décès au moins. Je ne nie pas du tout qu'une huiître puisse avoir subi un commence- ment d’altéralion malgré son apparence de fraicheur. Mais comment apprécier cette alléralion? J'ajoute surtout que l'existence même dé- montrée d'un commencement d’altération des huîtres n'exclut nullement l'intervention d’une infection. Il résulte même des expériences de Cyrus 520 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Field que les huîtres gelées, mourantes ou mortes constiluent un milieu très favorable au développement des bacilles. Klein a montré également qu'une huitre contaminée par le bacille d'Eberth, conservée un certain temps hors de l’eau et replacée dans de l’eau de mer, peut mettre plus de temps à se débarrasser de ses bacilles. 11 les a retrouvés après viugt et vingt-deux jours. Les agents pathogène peuvent avoir produit enfin des poisons entre le moment de la récolte de l’huître et celui de l’ingestion. Dans ce cas, ils causent à la fois intoxication et infection. M. Baylac admet que nos observations d’Antun établissent le danger du rafraîchissement des huîtres, mais trouve nos faits insuffisamment démonstratifs quand nous inecriminons les parcs d'expédition. Les parcs sont incont-stablement à l'abri d'infection aussi massives et le danger de ce fait est sensiblement moindre. Il n'est point supprimé, tant s’en faut, et il ne le sera que le jour où toute possibilité d'apport de bacilles pathogènes entraînés par les eaux souillées sera supprimée. Il n’en est malheureu- sement pas encore ainsi pour un certain nombre de nos parcs, et nous en fournirons une preuve plus bas. Je ne m’arrêterai plus qu’à la proposition finale. La fièvre typhoïde d'origine ostréaire peut être difficile à démontrer, je l'accorde, et beaucoup de faits invoqués n’entraînent pas la conviction. J'en ai pourtant cité de très évidents. D'autres absolument irréfutables ont élé indiqués par Conn el par Timbrel Bulstrode. J'en ai recueilli depuis ma com- munication. Je ne relève que celui qui m'est fourni par le D' Viallaneix. Le 2 novembre 1906, deux familles habitant des localités situées dans l'Indre, à 2 kilomètres de distance, se partagent une bourriche d’huîtres expédiée le 31 octobre des Sables-d'Olonne. Les huîtres sont mangées par les deux familles au déjeuner du matin; elles sont fraîches, superbes, et trouvées excellentes. La première famille compte 11 personnes, dont 6 mangent des huîtres. La deuxième 9, dont 5 mangent des huiîtres. Sur les 11 per- sonnes ayant mangé des huitres, 10 tombent malades : soit 91 p. 100, et 4 ont la fièvre typhoïde, soit 36,4 p. 100: il y a un décès, 10 p. 100. Aucune des 9 personnes s'élant abstenues d'huîtres n’a été prise, 0 p. 100. Ces chiffres sont à peu près identiques à ceux que nous avons relatés à Autun, 97 p. 100, 35 p. 100, 13,3 p. 100, O p. 100. Dans les faits de l'Indre, il ne semble pas qu'il y ait lieu d'ineriminer le rafraichissement. Un de nos confrères qui a été atteint en effet, amnsi que toute sa famille de troubles gastro-intestinaux sérieux, après avoir consommé sur place des huîtres achetées dans up parc de cette localité, nous a donné sur les causes de contamination de ce parc des rensei- gnements tout à fait probants, SÉANCE DU 23 MARS 521 CORRESPONDANCE EXTIRPATION DU FOIE ET INCOAGULABILITÉ DU SANG CHEZ LA GRENOUILLE, par M. Doyon et Cr. GAUTIER. Nous avons annoncé (1) que l’extirpation totale du foie chez la gre- nouille détermine des modifications dans la coagulabilité du sang : le rang reste tanlôt absolument liquide sans trace de fibrine; tantôt, sans se prendre en masse, il renferme néanmoins quelques filaments de fibrine. De nouvelles expériences nous permettent de confirmer nos premiers résultats. Nous avons même vu l’incoagulabilité absolue apparaître dès le troisième jour après l'extirpation du foie. L'addition de sérum de grenouille normal n'augmente pas ia coagula- bilité du sang des grenouilles privées de foie. Le fibrinogène paraît donc bien disparaître ou diminuer dansle sang de ces grenouilles. RECHERCHES SUR LES COMPLEXES COLLOÏDAUX D'ALBUMINOÏDES. VI. — ACTION DES ACIDES ET DES ALCALIS SUR L'ALBUMINE, par ANDRÉ MAYER. On sait qu’en faisant agir les acides et les alcalis sur l’albumine natu- relle, on change complèlement ses propriétés; elle devient incoagulable par la chaleur. Les acidalbumines, formées instantanément à l’ébullition, lentement à froid (Goldschmidt), sont précipitées par addition de sels neutres (Ringer et Sainshury). Elles précipitent par neutralisation. Pla- cées dans un champ électrique, elles se transportent vers le pôle négatif ; elles sent précipilées par addition de colloïdes instables négatifs (Hardy, Pauli, etc.). Les alcalialbumines, formées par addition de bases en faible quantité, sont précipitées par neutralisation, par addition de sels de bases bivalentes ; dans un champ, elles se transportent vers le pôle positif; elles sont précipitées par les colloïdes instables positifs. Ainsi l'addition d’acide ou d’alcali a pour effet la formation d’albumi- noïdes éléctro-positifs ou électro-négatifs. Mais, pour former ces corps en partant de l’albumine naturelle, on doit employer de telles concen- (1) Doyon, CI. Gautier et A. Morel. Bivlogie, 1906. 592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trations en acide et alcali, qu'il y a lieu de craindre que les albumines soient chimiquement dénaturées. Et, en tout cas, il s'agit là d'un pro- cessus qui ne peut se reproduire dans les organismes. Nous allons montrer qu'en l'absence de sels, on peut reproduire à volonté les mè:1es phénomènes avec des concentrations en acide et en alcali très faibles, comparables à celles auxquelles les électrolytes se trouvent dans les liquides de l'organisme. | I. — Pour former des acid- et aleali-albumines, il faut d'autant plus d'acide ou de base qu'il y a plus de sel neutre présent dans la liqueur. Exemple : Une cvalbumine est dialysée jusqu'à ce que sa conducti- bilité K — 99.10. Elle est incoagulable à l'ébullition. Elle redevient coagulable à 100 degrés si on la rend 0,00069 N en HCI ou 0,024 N en NaCI. On la rend de nouveau incoagulable si, à ce moment, on l’addi- tioune soit de soude, soit d'acide en excès. Si on l’additionne de NaCIl en concentration croissante et si l’on cherche la concentration en HCI ou NaOH nécessaire pour que l’albumine ne coagule pas à 100 degrés, on trouve : CONCENTRATION DE L'ALBUMINE CONCENTRATION EN HCI CONCENTRATION EN NaOH CE A en NaCI. pour que l’albumine devienne incoagulable à 100 degrés. N N N Pure 99.10—5 0,0016 [0,00024] 0,00115 0,0016 » 0,002 00024 0,00069 0,024 0,0046 0,00115 0,115 0,0115 0,0046 0,16 0,016 0,0092 0,20 (et) 0,0126 IT. — L'albumine dialysée, additionnée de traces d'acide ou d’alcali et portée quelques secondes à l'ébullition, acquiert les propriétés des acides et alcalialbumines. Exemple : Ovalbumine 99.105 + HCI 0,0016 N portée quinze secondes au bain-marie bouillant, et refroidie : précipite par neutralisation; pré- cipile par addition de sels neutres de Na, K, NH°, Mg, Ca, Br, Ba, Mn, Zn, Cu (N/50); précipite par addition de AS*S° colloïdal et de rouge Congo; ne précipite en aucune proportion par l’hydrate ferrique et le bleu de toluidine. Dans un champ de 110 volts et 8 milliampères, elle se trans- porte nettement vers le pôle négatif. De même l’ovalbumine 99.105 + NaOH, 0,0002 N portée quinze secondes au bain-marie bouillant acquiert toutes les propriétés des alcalialbumines (précipitation par neutralisa- tion, par les sels de bases bivalentes; propriétés des colloïdes négatifs). Ces propriétés diffèrent par plusieurs points de celles des albumines électro-positives et électro-négatives qu’on rencontre dans les liquides SNS es À SÉANCE DU 23 MARS 523 de l'organisme. (Précipitation par neutralisation; précipitation par les sels neutres; incoagulabilité par la chaleur.) Or, on peut faire dispa- raître ces différences en faisant réagir les acides et les bases, non plus à chaud, mais lentement à froid : IL. — L'albumine dialysée, additionnée de traces d'acide ou d’alcali et abandonnée à elle-même à la température du laboratoire ou, mieux, à l'étuve à 40 degrés, acquiert lentement, avec le lemps, les propriétés des albumines électro-posilives ou électro-négatives. Exemple : Ovalbumine 99.10 —$ + NaOH : 0,0002N abandonnée douze heures à 20 degrés ou quatre heures à 40 degrés : 1° ne précipite pas par neutralisation; 2° ne précipite pas par addition de sels neutres; 3° additionnée de sels neutres en concentration 0,005 N, coagule à 100 degrés; 4° à l'inverse de l’albumine d’où on est parti, ne préci- pite, en aucune proportion, par les colloïdes instables négatifs, et précipite par les colloïdes positifs. Dans un champ, elle se transporte nettement vers le pôle positif. Inversement, la même albumine additionnée d'HCI 0,0016N placée dans les mêmes conditions : 1° ne précipite pas par neutralisation; 2° ne précipite pas par addition de sels neutres; 3° addilionnée de sels neutres 0,007 N coagule à 100°; 4 ne précipite en aucune proportion par les colloïdes instables positifs; précipite par les colloïdes négatifs. Dans un champ, elle se transporte nettement vers le pôle négatif. Si on a laissé agir assez longtemps les acides ou les bases, la trans- formation de l’albumine en positive ou négative est totale; elle persiste même si on la soumet à la dialyse. En résumé : 1° les acid- et alcalialbumines des classiques ne sont que l'extrémité d’une série qui commence à l’albumine pure acidifiée ou alcalinisée par des traces d’électrolytes pour finir à l’albumine naturelle, non privée de sels, qui n’est « dénaturée » que par l’action d’acides ou de bases à forte concentration; 2° on peut par l'action lente, à froid, des acides et des bases sur l’albumine dialysée, lui donner toutes les propriétés des albumines électro-positives ou électro-négatives. MITOCHONDRIES ET SPHÉROPLASTES CHEZ LES INFUSOIRES CILIÉS, par EMMANUEL FAURÉ-FREMIET. On sait qu'il existe dans le cytoplasma des protozoaires de nombreux éléments sphérulaires se multipliant par bipartitions; j'ai cherché à montrer que, loin de représenter la structure du protoplasma, ces éléments sont des organites individualisées, parties constituantes de la cellule au même titre que les noyaux, les centrosomes ou les leucites. 594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Quelle est la signification de ces éléments au point de vue de la cyto- logie générale? Kunstler, qui le premier a observé l'existence des sphé- ridies, à signalé ces éléments dans un grand nombre de cellules de métazoaires; malheureusement, la technique insuffisante adoptée par le savant professeur de Bordeaux ne permet pas d'éviter la confusion des sphérules proprement dites et d’un grand nombre de vacuoles fonc- tionnelles sans signification morphologique. Je me suis donc efforcé, au cours de mes recherches, de mettre en évidence, à l’aide des méthodes cytologiques, les sphéridies particulières que j'ai décrites sous le nom de sphéroplastes, dans le cytosome des protozoaires. Les sphéroplastes se colorent à peu près comme le cytoplasma, ce qui rend leur différenciation difficile par les méthodes ordinaires ; généra- lement acidophiles, ils se colorent par l’éosine ou le vert lumière comme le plasma environnant; dans la triple coloration de Mallory, ils prennent la fuchsine acide et apparaissent alors comme de petiles sphères roses après l’action d’un bon fixateur. J'ai réussi néanmoins à les mettre netlement en évidence chez les Vorticellides à l’aide de la tech- nique suivante: fixation pendant une demi-heure environ par le liquide de Flemming ou par une solution d'acide osmique à 2 p. 100, lavage à l’eau distillée, puis immersion dans une solution aqueuse d’acide pyro- gallique de concentration suffisante pour produire une réduction rapide de l'osmium. | Les sphéroplasies sont admirablement fixés par ce procédé et, si l’on colore par l’'hématoxyline au fer de Benda, ils apparaissent après une décoloration ménagée comme autant de sphérules d'un noir intense tranchant nettement sur un plasma gris clair très homogène. L'aspect de ces préparations rappelle les formations granuleuses décrites par Benda et par Meves, sous le nom de mitochondria. J'ai employé la méthode de Benda au kristalvioleit qui donne une coloralion tout à fait élective pour ces derniers éléments, et les sphéroplastes se sont colorés comme de véritables mitochondries. Je suis donc porté à eroire quil y a identité entre ces deux sortes d'éléments. Les infusoires ciliés posséderaient donc un appareil mitochondrial constitué par des sphéroplastes, organes cellulaires constants, indivi- dualisés, se multipliant par bipartition au moment de la division du corps protoplasmique et bien distincts des formations ergastoplasmiques, essentiellement temporaires, que l’on peut observer chez les Vorticel- lides sous forme de grains de sécrélion safranophiles et sidérophiles. D'aulre part, on peut remarquer que l'appareil mitochondrial des infusoires n'est pas sans rapport avec l'appareil chromidial qui a été constaté chez un très grand nombre de prolozoaires, et que Popow et Goldsmith onl récemment comparé aux mitochondries des métazoaires. Je remarquerai à ce propos que les sphéroplastes des infusoires consti- tuent en quelque sorte un chromidium cytoplasmique entièrement indé- EP SÉANCE DU 23 MARS 525 pendant de l'appareil nucléaire, bin que son évolution soit parallèle à celle de ce dernier (synchronisme dans les phénomènes de bipartition), J'ajouterai que l’existence admise, par Caullery et Mesnil, d’un chromi- dium chez un infusoire, le Fœttingeria, me semble reposer sur une erreur d'interprétation; il n'y a pas plus de différence entre le chromi- dium d’une bactérie et le noyau pulvérisé des glandes salivaires de la Notonecta qu'entre celui-ci et le noyau extrêmement divisé de Fœttin- geria, qui est relié lui-même par des transilions ininterrompues aux macronucléi divisés, bilobés ou entiers de l'Urostyla, du Shylonichia ou d'une Vorticelle. | Le macronucleus des infusoires, constitué par un véritable fissu de microsomes, peut toujours être considéré comme un chromidium différent suivant les cas, soit par la présence ou l'absence d'une membrane d'enveloppe, soit par la disposition de celle-ci. Mais, chez les infusoires tout au moins, ce chromidium nucléaire est entièrement indépendant de l'appareil mitochondrial. (Travail du laboratoire de cytologie du Collège de France.) TRAITEMENT DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE PAR LES INJECTIONS INTRAVEINEUSES D'ARGENT COLLOÏDAL ÉLECTRIQUE À PETITS GRAINS. CINQ CAS AVEC GUÉ- RISON RAPIDE CHEZ L'ENFANT, par J. GAILLARD. Nous devons à l’obligeance de MM. les D'S Papillon, Guinon et Sevestre, d'avoir pu expérimenter dans un but lhérapeulique, chez les typhiques de leurs services de l'hôpital Bretonneau, l'action de l'argent colloïdal électrique à petits grains, mis gracieusement à notre disposi- tion par M. V. Heaori, chrf des travaux du laboratoire de physiologie expérimentale de la Sorbonne. Le mode de préparation et les propriétés de cet argent colloïdal, très différent de l'ancien collargol de Crede, ont fait l’objet de communica- tions trop récentes à la Société de Biologie pour que nous ayons besoin d'y insister. Nous avons employé comme mode de traitement les injections intra- veineuses quotidiennes. Nos recherches ne portent que sur cinq malades, âgés de dix à quatorze ans, cette méthode étant pratiquement inappli- cable au-dessous de cet âge. Chez trois enfants nous avons commencé les injections 2 à 3 Jours après l'apparition des taches rosées, et à la dose de 10 à 15 centimètres cubes par injection. Après une série de 4 à 8 injections la température, 526 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui était entre 39°5 et 40%, tomba définitivement à 37 degrés, avec apparition d’une diurèse abondante. Chez un de ces malades, après 3 injections qui avaient abaissé la température à 37°8, nous avons cessé le traitement pendant 48 heures. Aussitôt la fièvre lemonte à 40 ne pour céder enfin après 3 autres piqüres. Notre quatrième malade, bien que souffrant déjà depuis 3 semaines, était encore couvert d’une abondante éruplion de taches rosées, sans qu'il nous ait été possible d’en connaître la date d'apparition. La tem- pérature était à 39%. Une série de 3 injections amena une apyrexie définitive. La cinquième malade était une fillette de quatorze ans et démi, atteinte de dothiénenterie très grave. Nous avons commencé les injec- tions au 10° jour de la maladie, la température était encore à 40°6. Après 7 injections d'environ 10 centimètres cubes chaque, elle tomba à 37°2, mais sans que l’état général fût redevenu tout à fait satisfaisant, et sans apparition de crise urinaire. Le traitement ayant été interrompu, la courbe de température remonta peu à peu, oscillant du matin au soir, entre 37°4 et 38°6. La défervescence complète ne survint qu'au 29° jour de la maladie, en même temps que s’établissait une diurèse abondante. Chez tous ces malades le séro-diagnostic avait été positif d'emblée. Ajoutons que le iraitement habituel par les bains froids fut employé concurremment avec les injections d'argent colloïdal. L'étude des variations possibles du séro-diagnostic à la suite de ces injections ne nous a montré rien de particulier. Cependant, chez un malade, il passa d’un jour à l’autre du 1/30 à 1/1.500. Mais dans deux autres cas nous n'avons pas constaté semblable progression. L’intensité de la réaction thermique consécutive à ces injections nous paraît fort importante à signaler. Elle est d'ordre absolument indi- viduel. Dans les cas à réaction moyenne, — c'est-à-dire avec des doses suffi- santes mais nécessaires pour obtenir la réaction thermique recherchée, — on voit apparaître une demi-heure après l’injection un tremblement généralisé, avec cyanose plus ou moins marquée, persistant environ 20 minutes. La température s’élève et atteint 40 à 41 degrés en 1 ou 2 heures; puis elle descend jusque vers 365, 37%5, environ 6 à 12 heures après l'injection. L'emploi, d'emblée, de doses élevées, 15 à 20 centimètres cubes, risque de produire des phénomènes réactionnels très alarmants. La tempéra- ture centrale peut atteindre 42°5, avec collapsus très marqué, pouls imperceplible, refroidissement périphérique, puis chute de la tempéra- ture à 36 degrés. Aussi faut-il être très prudent, et ne commencer qu'avec une dose de 5 centimètres cubes, que l’on augmentera progressivement, s’il en est besoin, en tâtant la susceptibilité du malade. 5 SÉANCE DU 23 MARS 527 Ces observations ne s'appliquent bien entendu que pour des typhiques, de neuf à quatorze ans, comme ceux que nous avons eus à trailer. Chez les enfants plus jeunes, nous avons essayé les injections sous- cutanées et intramusculaires, mais sans obtenir de résultat appréciable. Les injections sous-cutanées, en particulier, s’accompagnent, chez les jeunes enfants à pannicule adipeux épais, de nodosités douloureuses persistant pendant plusieurs jours. ; SUR L'ACTION DE LA TEPHROSINE, par M. Hanrior Mode d'action de la téphrosine. — La sensibilité extrême des pois- sons pour la téphrosine m'avait fait d’abord supposer que cette substance agissait sur les branchies et que la mort survenait par asphyxie; j'avais été confirmé dans cette idée par le fait que les poissons pâlissent et se décolorent, que plusieurs fois J'avais trouvé les branchies presque exsan- gues. J'avais toutefois constaté que l’on ne retarde pas le moment de la mort en dirigeant dans la solution toxique un courant d'oxygène. J'ai alors pris deux congres semblables pesant environ 400 grammes et j'ai introduit l’un d'eux dans un flacon renfermant de l’eau bouillie à l'abri du contact de l'air. Le deuxième a été mis dans de l’eau ordinaire ren- fermant de téphrosine. Ce dernier est mort au bout de 8 10.000.000 L h. 10, tandis que le congre placé dans l’eau bouillie a survécu 2 h. 15. Il faut en outre remarquer que la plupart des animaux sur lesquels j'ai expérimenté étaient pourvus de branchies et se sont cependant montrés réfractaires à l’action de la téphrosine. J'ai constaté du reste qu'il ne s'agissait pas uniquement d'une aclion locale de la facon suivante : on injécte aans la veine centrale d’une roussette de 0 kil. 900, au niveau de la queue, 0 gr. 001 de téphrosine dissoute dans un mélange à parties égales d'eau et de glycérine. 5 minutes après, elle est prise d'accidents convulsifs et meurt au bout de 40 minutes avec des phénomènes ana- logues à ceux que présentent les poissons placés dans la solution. Une deuxième roussette de même taille a été tuée par une dose de 0,0003 en 8 heures environ; à l’autopsie, le cerveau est décoloré, les branchies normales, mais un peu pâles. Ainsi la téphrosine a sur les poissons une action générale en dehors de toute action sur les branchies. Lorsque l’on examine attentivement un poisson intoxiqué par cette substance, on voit que la première action qui se manifeste est une perte ‘équilibre; le poisson oscille dans l’eau, puis il progresse par bonds soudains, se lançant contre la paroi du vase, puis il tourne le ventre en 528 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'air et continue à se mouvoir pendant longtemps dans cette position. Or, dès le début, les nageoires pectorales et ventrales sont paralysées et la progression se fait uniquement par des coups de queue; en même temps, la respiration, accélérée au début, se ralentit progressivement. J'ai essayé sur les mammifères l’action en injection sous cutanée de la même solution glycérinée de téphrosine; voici quelques-uns des résultats que j'ai oblenus : Sur le lapin, la dose mortelle est de 0 gr. OL par kilo, mais cela dépend surtout de l’état de dissolution; ainsi des doses bien supérieures n’ont pas amené la mort quand la quantité d’eau ajoutée était suffisante pour précipiter la téphrosine. Les symplômes ont été les mêmes dans tous les cas : ivresse, secousses convulsives allernant avec la paralysie; polypnée et mort par arrêt respiratoire, le cœur continuant à battre. Voici un tableau qui résume ces expériences : 2k110 [0802 | Veine |Paralysie, dyspnée, secousses convulsi es, mouvements gi- PATOÏTE SEE RENE Mort 2,350 0,01 | Rachis |Troubles respiratoires, cornage, ONISPRÉC RARES ARUE AE Se remet Même lapin|0,005|Péritoine|lvre, arrêt respiratoire. . . . Mort 0,490 0,01 |[Peritoine| Tombe ranidement sur le flanc.|Meurt en 30 minutes 3.020 0,0! Péritoin-|Tr:s excité, polypnée . . . Se remet Même lapiu|0,01 |Peritviue| Polypnée, convulsions, opistho- tonos . . . ARE Mort 0,860 0,01 | Plèvre |Dyspnée, paralys'e . . . . - .|Meurt en 2* minntes 2,230 0,01 |Péritoine|lvre, sur le flanc. . . . . . . .|Meurt en 30 minutes Cobaye (10,01 |Péritoine|Se couche sur le flanc, respira- 0,750 tion ralentie ETC Re iMorE Sur le chien, les résultats ont élé analogues; la dose toxique est aussi de 0,01 par kilo en injection intraveineuse; les phénomènes observés sont surtout d'ordre nerveux : paralysies, convulsions. La mort survient par arrêt de la respiration, le cœur continuant à battre. 8K6 0501| Veine Rue respiratoires, para- lysie, couvulsions toniques et cloniques . . .| Meurt le lendemain 8,1 0,01| Plèvre |Etat nauséeux, paralysie du train posterieur, roule sur lui- -mête, opistholonos. . . Meurt en 1 heure 9 » 0,01! Veine [Roule sur luuême, _opistho- TONOS NE . |. . .« .| Remis le lendemain PE 2 ET La solubilité très faible de la téphrosine oblige à employer pour ces solutions un peu d'alcool ou de glycérine; j'ai eu soin de m'’assurer sur SÉANCE DU 23 MARS 529 des animaux témoins que l’action toxique n’était pas due à la dose de dissolvant employée. Il est à remarquer que l'extrait aqueux de la plante renferme des quantités de téphrosine bien supérieures à la solubilité de ce corps dans l’eau pure; aussi j'ai essayé la toxicité directe de cet extrait. Comme je n'avais aucun moyen chimique d'y doser la téphrosine qui y élait contenue, j'ai opéré de la façon suivante : l'extrait alcoolique des feuilles a été distillé et le résidu repris par l’eau, puis filtré. J'ai alors essayé l’activité de celte solution sur des vérons en la comparant à une solution de léphrosine de titre connu. Or, si l’on injecte à un chien une solution de cet extrait, on lui trouve un pouvoir toxique bien supérieur à ce que donnerait la téphrosine seule, comme le montrent les résultats suivants : 7x 0801 | Veine |\ccidents immédiats, convul- sions, opisthotonos. . . . . .|Meurt en 5 minutes 10 0,01 | Veine |Atlaque convulsive au bout de deux vomissements . . . . .| Meurt dans la nuit 8 » 0,005| Veine |Accidents immédiats, convul- sions au bout de 3 minutes. .| Remis le lendemain Peut-être y a-t-il dans l’extrait une substance plus toxique pour les mammifères, mais il parait plus probable que l’activité plus grande de l'extrait est due à ce fait que la téphrosine s’y trouve sous une forme plus soluble. CauLLERYA MESNIL n. g. n. sp. HAPLOSPORIDIE PARASITE DES DAPHNIES, par EbouanD CHATTON. Ce sont encore les Daphnies | /. magna Straus et D. pulex (de Geer)]| des bassins aux reptiles du Muséum de Paris qui m'ont fourni ce parasite. Caullerya Mesnili est exclusivement localisée dans l'épithélium de l'intestin moyen auquel elle arrive à se substituer presque complète- ment, provoquant, cela va sans dire, la mort de l’hôte. Le parasite se présente sous forme de plasmodes massifs, nus, se développant dans la profondeur de l’épithélium au contact de la basale et toujours forte- ment aplatis contre elle (1). Les moins développés contiennent un certain (1) Comparer cet habitat à celui d'Haplosporidium Heterocirri C. et M., d'Ha- plosporidium Vejdovskyi C. et M. et de Mycétosporidium talpa Léger et Hesse, 530 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nombre de noyaux serrés les uns contre les autres et qui ont 2,5 p de dia- mètre. Ces noyaux présentent des aspects divers correspondant aux diffé- rentes phases de leur activité. A l’état de repos ils sont finement granuleux et peu colorables (fig. 2). La croissance des granules, leur condensation en une masse compacte qui simule un gros carÿosome au centre d’une auréole claire sont des phénomènes préparatoires à la division (fig. 1). Cette phase doit être d’assez longue durée étant donnée la fréquence des aspects qui lui correspondent. La division est simultanée pour tous les noyaux d’un même plasmode. Elle s’opère par une amitose des plus schématiques. probablement nl PRE EN ANQ EN a M MAN EN) 5 NC UT | (ll \ À Ets À o Ë 1 SRE S RARE HBYFAUT er | Va \! “ue très rapide, car les figures en sont rares dans les préparations (fig. 3). La divi- sion nucléaire suit une marche parallèle à la croissance et dans les plas- modes bien développés il y a un grand nombre de petits noyaux très colo- rables dont le diamètre ne dépasse pas 1 p. La sporulation s'effectue par une fragmentation simultanée du plasmode en un certain nombre d'éléments contenant chacun une trentaine de noyaux. Chacun de ces éléments se sécréte une membrane résistante. C’est alors une spore plurinucléée, de forme ellipsoïdale, mesurant 15 4 suivant son grand axe et 10 p suivant son petit axe (fig. 4.). Sa membrane a une épaisseur de 1 y sauf aux pôles où elle est plus mince. Elle se colore en violet franc par l'acide iodhydrique iodé de Mangin. Il se forme de 3 à 20 spores par plas- mode. Ces spores ne tardent pas à tomber dans la lumière intestinale avec les débris de l’épithélium miné dans sa profondeur. Leur déhiscence s’effectue par digestion de la membrane à l’un des pôles, souvent aux deux à la fois. Je n’ai pas pu observer la sortie du contenu dans de bonnes conditions. D M US À ' ‘ « du ns let ne RÉ 25-"1$ Li SÉANCE DU 23 MARS 592 Deux fois seulement J'ai vu des plasmodes entiers eukystés sous une paroi sphérique épaisse. Leurs noyaux nombreux présentaient l'aspect caractéris- tique des phases de répos. La disparition de ce parasite ne m’a pas permis d'en poursuivre actuelle- ment l'étude. Malgré les lacunes qui existent encore dans la connaissance de son cycle évolutif, il est possible de saisir ses affinités. À cause de ses stades végétatifs plasmodiaux, de sa multiplication nucléaire parallèle à sa croissance, du mode de formation et de la structure simple de ses spores, ce parasite doit être classé parmi les Haplosporidies de Caullery et Mesnil (1). IL fournit même une très intéressante transition entre les deux familles des Haplospo- ridiidæ et des Cœlosporidiidæ. _ La première de ces deux familles comprend des formes où le plasmode mür se fragmente en autant d'éléments reproducteurs de résistance (spores) qu’il renferme de noyaux. La deuxième comprend des formes où le plasmode müùr s’entoure tout entier d’une enveloppe résistante pour se diviser ensuite sous celle-ci en autant d'éléments reproducteurs nus (sporozoïtes) qu’il renferme de noyaux. Il y a donc ici des kystes totaux et des spores nues. Caullerya Mesnili est une forme où le plasmode mür se fragmente en un certain nombre d'éléments de résistance plurinucléés. Ceux-ci représentent- ils des éléments reproducteurs plurinucléés homologues des spores des Haplosporidiidæ et n’en différant que par la multiplicité de leurs noyaux, ou bien donnent-ils naissance à des sporozoïtes nus, et sont-ils alors homologues des kystes totaux des Cælosporidiidæ, n’en différant que parce qu'ils ne renferment pas le plasmode mür tout entier ? Cette question est la plus importante qui reste à résoudre. Mais quelle que soit la solution qu'on lui trouve, Caullerya Mesnili n’en con- serve pas moins sa place entre les deux familles, plus proche de la pre- mière dans un cas, plus proche de la seconde dans l’autre. (Laboratoire d'anätomie comparée à la Sorbonne.) ÎNFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA CONSERVATION DE L'ACTIVITÉ RESPIRATOIRE DANS LES TISSUS ANIMAUX ISOLÉS, par F. BarreLir et M''° L. STERN. Dans une note précédente nous avons parlé des modifications qu'on constate dans l'intensité des échanges gazeux des tissus, lorsqu'on les examine à des intervalles différents après la mort. L'activité respiratoire du foie et du cœur et souvent celle du cerveau diminue considérablement si les tissus sont laissés (i) Caullery (M.) et Mesnil (F.). Recherches sur les Haplosporidies. (Arch. zool. exp. et gén. Série 4-IV, p. 101-180, pl. XI-XIIL.) BroLoeiEe. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. cer [UE 532 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans le corps de l’animal trois quarts d'heure environ après la mort. Dans ces conditions les organes de l’animal mort se trouvent à une température qui baisse peu à peu, mais qui reste toutefois assez élevée. # Dans les expériences dont nous allons exposer les résultats, les tissus ont été détachés du corps aussi vite que possible après la mort de l'animal et sou- mis à l'influence de différentes températures. Les organes, coupés en mor- ceaux de 5 à 10 grammes, étaient introduits dans des tubes plongeant dans des liquides maintenus à une température constante. Après des temps variables les tissus étaient broyés et soumis à une agitation énergique à 38 degrés en présence de sang ou d’une solution de phosphate disodique à 4 p. 100, etc. A la fin de l'agitation, on dosait l’O? absorbé et le CO? dégagé. La majorité de nos recherches a été faite sur le foie et les muscles de chien et de lapin. Nous rapportons ici quelques expériences types. Les chiffres relatifs au temps écoulé après la mort représentent l'intervalle entre le moment de la mort et le commencement de l'agitation des flacons. L’agitation a duré trente minutes dans toutes les expériences. Les quantités d'O° absorbé et de CO? dégagé sont calculées pour 100 grammes de tissu. TDERUNUE Spres est boite dence Muscle de chien. . . . . » 17 min. 192 cm$ 138 cmÿ = NN Re ee 0 degré 10 — 196 142 — SE Eole — 120 — 236 174 A SEE Foie — 180 — 229 168 TE TR NS NO 30 degrés 70 — 247 181 — Go 6 0.0 — 120 — 183 129 — LEE — 180 — 137 96 — CORRE | à eo — 120 — 6 28 Muscle de lapin . . . . . » 1% min. 119 93 RL Re 4 0 degré OE 138 112 Te Ut ne — 120 — AA 101 ER A RSA — 180 — 109 97 EE AE Cl AC AE or 360 — 86 75 TS EN Re 30 degrés ie 146 193 RO Aa D ED — 120 — 59 61 Re et En — 180 — 19 46 I PT AO EE — 360 — 8 33 Foierdelchiens PAC » 15 min. 187 128 NE 0 degré : Fee 172. A1T — Dao 010 — 120 176 125 SO EAN DE — 180 169 120 ANR EN ee es 320 434 91 — ee 30 degrés 10 T1 52 — SD +6 000 = 120 59 43 CR PERERE RTS TT ae 180 ST 26 nr duauoo OU6 — 420 52 11 Ces résultats démontrent que l’activité respiratoire du foie diminue rapidement lorsque cet organe est maintenu à une température de 30 degrés et surtout de 40 degrés. Au contraire les échanges gazeux du SÉANCE DU 23 MARS 533 foie restent assez longtemps bien actifs si la température est peu élevée, à 10 degrés par exemple, et surtout si le tube renfermant le foie est entouré de glace. Dans ce dernier cas l’activité respiratoire du foie ne varie presque pas pendant plusieurs heures. La température exerce une action analogue sur [a conservation du pouvoir oxydant des muscles. Les muscles des différents animaux ne se comportent pas de la même manière. Ainsi les muscles de pigeon, placés à 30 degrés, gardent leur activité respiratoire plus longtemps que ceux de chien ou de lapin. Il est intéressant de constater que souvent l’activité respiratoire du muscle de chien augmente quelque temps après la mort. On pourrait supposer qu après la mort se produisent rapidement, par des processus de dédoublement ou par d’autres phénomènes analogues, des substances facilement oxydables, qui sont brûlées lorsqu'on fait intervenir de nou- veau l'oxygène. Mais si on attend trop longtemps, les processus d’oxy- dation sont affaiblis ou abolis, et les échanges gazeux musculaires deviennent minimes. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) = ALIMENTS INGÉRÉS PENDANT LA GROSSESSE PAR LA COBAYE ET LA LAPINE ET UTILISATIONS DE CES ALIMENTS. RÉSUMÉ. CONCLUSIONS. RÉFLEXIONS par E. MAUREL. RÉSUMÉ. — Ces expériences ayant eu pour but de fixer les quantités d'aliments ingérés pendant la grossesse et d'établir ensuite leurs diverses utilisations ont été répétées quatre fois sur la cobaye et trois fois sur la lapine. Ces animaux ont été nourris avec du son, des carottes et des queues de carottes ; et ces aliments ont toujours été donnés en quantités suffisantes pour que les animaux en laissassent une partie. De plus, de l’eau était mise à leur disposition. Ces aliments étaient pesés en les donnant ; ce qui restaiten était déduit, et les animaux eux-mêmes étaient pesés tous les matins. Les aliments ingérés ont été évalués en calories, et celles-ci, dimi- nuées du déchet intestinal, ont été ramenées au kilogramme d'animal. C'est ce kilogramme qui a été le plus souvent la base des évaluations des aliments ingérés et de ceux dépensés. Mais, quand il s’est agi de comparer ces aliments mis en réserve par la mère avec ceux contenus dans les jeunes, j'ai dû revenir au poids réel de l’animal. Dans cette alimentation les ternaires n'étant guère représentés que par des hydrates de carbone, et les aliments en réserve l’étant, au contraire, surtout par 534 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des corps gras, j'ai dû faire cette transformation par le caleul; et, ne sachant faire mieux, j'ai pris comme base de ce calcul leur valeur calorifique. Or, il y a là probablement une cause d'erreur. Les résultats obtenus chez ces deux animaux me font croire, en effet, que cette trans- formation doit se faire d’une manière moins avantageuse. C'est en procédant ainsi que j'ai établi les données qui m'ontservi pour les notes que j'ai publiées successivement sur les dépenses totales et sur les balances des azolés et des ternaires chez ces deux animaux. ConcLusioNs. — Bien entendu, aucune des évalualions que j'ai dû faire n’est absolument exacte. Quelque soin que j'aie mis à les calculer, on ne peut leur accorder qu'une exactitude approximalive et compa- rative ; el je tiens à dire que je ne leur accorde que cette valeur. Toute- fois les faits suivants, dans leur généralité, me paraissent en ressortir d'une manière indiscutable: — 1° Que c’est au début de la grossesse que la cobaye et la lapine ingè- rent la plus grande quantité d'aliments ; 2° Qu’au début la quantité ingérée dépasse sensiblement celle néces- saire à l’entrelien ; mais qu'ensuile cette quantité diminue à ce point qu'elle peut devenir insuffisante, même pour l'entretien ; 3° Que ce fait reste le même, qu'il s'agisse de l’ensemble des aliments évalués en calories, où bien des albuminoïdes et des ternaires évalués séparément; 4° Que les quantités de matières salines ingérées étant forcément en proportion avec les quantilés d'aliments prises par ces animaux, il est probable que la même loi se trouverait vérifiée pour ces matières ; 5° Que si l'on calcule les albuminoïdes pris en excédent de l'entretien au début de la grossesse, et par conséquent mis en réserve par la mère, on trouve une concordance presque exacte avec ceux ayant servi à la constitution des jeunes et parfois aussi à l'augmentation de la mère; 6° Que, quoique moins rapprochée, on trouve encore une certaine concordance pour ces ternaires ; concordance que j'aurais probablement trouvée plus satisfaisante, si j'avais su mieux calculer la transforma- tion des hydrates de carbone en corps gras dans l'organisme animal. RÉFLEXIONS. — 1. — L'augmentation de l'alimentation chez la femelle se fait rapidement et dès qu’elle est prise. Cette augmentation porte en même temps sur l'appétit, sur le pouvoir digestif et probablement aussi sur la nutrition. Je pense que cette excitation est due au liquide fécon- dant, agissant peut-être par lui-même, mais plus probablement d’une manière indirecte par l’action qu'il exerce sur la fonction ovarienne, Cette action, puissante au début, diminue ensuite graduellement et s'éteint à la fin de la grossesse, moment où l'alimentation correspond sensiblement à l'entretien. L'organisme maternel a ainsi un temps de repos, avant de subir une autre excitation, provenant cette fois proba- blement des glandes mammaires, et devant permettre aux fonctions LA RUE SÉANCE DU 23 MARS 535 digestives, pendant l'allaitement exclusif, un effort encore plus grand que pendant la grossesse. Les résultats de ces deux excilations se traduisent dans le tableau suivant, donnant les quantités totales d'aliments ingérés, évalués en calories, pendant la grossesse et l'allaitement, pour un kilogramme d'animal. NOMBRE DE CALORIES POUR UN KILOGRAMME D'ANIMAL ANIMAUX 5 pendant la grossesse. pendant l'allaitement. — TT — Re RS Cobaye n° 1 . » 157 146 140 161 220 239 110 RR 232 AO 145 130 192 » 209 no à: . 100 94 78 62 82 165 183 Éapinez.:. 16% 122 105 88 155 180 204 Il. — La mère faisant ses réserves au début de la grossesse, et, au contraire, le plus grand accroissement des fœlus ayant lieu à la fin, il faut en conclure que ces derniers sont constitués avec des albumi- noïdes et des corps gras ayant participé pendant un certain temps, peut- être un mois pour la lapine el davantage pour la cobaye, à la vie de la . mère. Ce ne sont donc pas les aliments récemment absorbés et ne faisant que traverser le système circulatoire de la mère qui servent à cette constitulion. Le fœtus est donc fait réellement avec les substances constitutives de la mère. III. — Il est probable que c’est sous l'influence de la même excitation ovarienne que se produisent les troubles digestifs et nutritifs du début et de la fin de la grossesse chez la femme; et il me parait possible qu une hygiène alimentaire mieux étudiée puisse au moins atténuer ces troubles et diminuer leur fréquence. On voit toute l'importance que peuvent prendre ces faits au point de vue pratique. Sans que l’on puisse conclure de la cobaye et de la lapine à la femme, il me semble que c’est aussi au début de la grossesse que l'appétit est surtout augmenté, et qu'au contraire celui-ci revient à son état normal à la fin. IV. — Ainsi se trouve démontrée une fois de plus la possibilité qu'a l'organisme animal de faire des corps gras avec des albuminoïdes et plus spécialement iei avec des hydrates de carbone. NV. — Enfin ces études, et surtout celles concernant la concordance entre les aliments mis en réserve et ceux retrouvés chez les jeunes, me parais- - sent présenter ce grand intérêt, au point de vue biologique, qu’elles nous montrent que rien n’est livré au hasard dans l'organisme animal, que rien dans ces diverses fonctions n'est mystérieux, que déjà nous pou- vons entrevoir les lois qui régissent ces différents besoins, que nous devons espérer pouvoir un jour connaitre ces besoins d'une manière précise et par conséquent pouvoir aussi les satisfaire avec exactitude et en économisant le plus possible son travail, 536 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EOSINOPHILIE APRÈS SPLÉNECTOMIE, par Vicror AUDIBERT et P. VALETTE (de Marseille). f L’extirpation de la rate entraîne l’éosinophilie, témoin l'observation suivante que nous tenons à rapporter brièvement. M..., Jean, 25 ans, recoit un coup de couteau dans la région splénique, est: entré à l'Hôtel-Dieu le 1°" février 1903. Les signes d’hémorragie interne imposent d'urgence une laparotomie qui montre, le jour même, une vaste déchirure de la rate. Ablation totale de celle-ci, suture et guérison par pre- mière intention. Le blessé sort de l'hôpital le 10 mars 1903, c'est-à-dire un mois après. Cet homme, marié et bien portant antérieurement à sa blessure, ne fournit rien d'intéressant dans ses antécédents héréditaires et familiaux ; lui-même n’a jamais fait aucune maladie, sauf des fièvres paludéennes con- tractées aux Antilles, et pour lesquelles il n'a jamais pris de quinine. Tel est dans sa brutale corcision le fait clinique, véritable équivalent d'une vivisection humaine, ce qui n’est pas le cas de Vaquez et Hart- mann (1), puisque leur malade était porteur d’un kyste hydatique de la rate. Dans les conditions de notre malade, l'examen du sang avait donc un intérêt particulier. | PREMIER EXAMEN, LE D FÉVRIER 1903 DEUXIÈME EXAMEN, 24 AOUT 1903 Hémoglobiné- Me AREe 13 p. 100 Hémoglobine. . . . . . . 14 Hématiesenpi 5e 5.084.800 Hématies : à + . ::. . . 500-400 eucoeyieS PRET 8.811 Leucocytes . . . . . . . 6.800 MR eco OS ONbe des ent - 278 pu z POLYNUCIÉSITES RENE 35, 140p-M00MPolynucléaire SO O0 Mononucléaires . . . . . 114,29 — Mononucléaires . . . . . 8 _— Lymphocytes. . -: . . . : 28,27 — Lymphocytes . . . . . . 94,70 p. 100 Intermédiaires EP AE CR OMS CRE Intermédiaires . Ne nl — Éosinophiles- 00 00 23 = ÉoSinophiles 0 2 ROME Nous n’insisterons pas sur les caractères hématologiques de ce sang de dératé; nous nous proposons d’y revenir plus longuement. AQU vou- lons simplement constater que : 1° Cetteéosinophilie de 23 p. 100 a suivi immédiatement l'opération. Elle ne lui était pas antérieure puisque le blessé n'était porteur d'aucun passé pathologique, sauf l’impaludisme léger dans lequel on ne note pas cette leucocytose, et puisque l’éosinophilie tombait à 6 p. 100 six mois après l'opération; 2° À cette époque, nous avons constaté l'hypertrophie des ganglions de l’aine et surtout du cou; (1) Société de Biologie, 1897. Lire PE. è w SÉANCE DU 23 MARS 5941 —— 3° Ces éosinophiles étaient pour la plupart superbes, énormes, et de granulations si serrées, bourrées les unes contre les autres, qu'ils affectaient la forme classique de la morula (1); 4° Ces granulations étaient essaimées à plusieurs endroits sur les préparations; nombre de leucocytes semblaient éclatés et avoir épar- pillé autour d'eux une poussière de corps a, rappelant en cela l'aspect que l’un de nous a décrit à la Société de Biologie le 18 novembre 1902 (2); 5° Nous avons noté, de plus, des myélocytes éosinophiles en très grand nombre et non seulement des myélocytes, mais toutes les formes de passage, depuis le noyau monolobé jusqu'au noyau plurilobé à grains séparés en passant par tous les intermédiaires qu’il soit possible de ren- contrer. Fail curieux, cette myélocytose éosinophile ne s’accompagnait pas de myélocytose neutrophile ; 6° Celte éosinophilie très précoce après la splénectomie est allée en décroissant assez rapidement, au point de ne plus représenter que le chiffre de 6,1 p. 100, six mois après l'opération. Nous n'avons pu, malheureusement, faire que ces deux prises de sang, et dans un cas aussi typique il eût été intéressant d'assister jour par jour au rééquilibre complet de la formule hémo-leucocytaire. x r Malgré cette lacune, nous avons tenu à préciser les termes de cette éosinophilie singulière, qui nous paraît strictement commandée par le fait seul d'enlever une rate. SUR LES HÉMOLYSINES DES ANAÉROBIES, par PaiciPpe EIsENBERG (de Cracovie). A côté des leucocidines signalées dans une note précédente (3), le bacille du charbon symptomatique et le vibrion septique élaborent dans leurs cultures aussi une hémolysine à action assez forte. Tout ce qui influence l'apparition et la richesse de la leucocidine agit de la même facon sur la production de l’hémolysine. On peut mettre en évidence son action, ou en se servant des tubes capillaires de Wright (émulsions de sang plus concentrées), ou des tubes à essai ordinaires et d’une émulsion des globules à 2,5 p. 100. Comme nous l'avons déjà vu à propos de la leucocidine, on arrive parfois à déceler la présence de l’hémo- lysine dans des cullures toutes jeunes de dix-huit heures. Les différentes espèces de sang montrent une sensibilité différente (1) Victor Audibert. Le globule éosinophile. Recherche et morphologie. (Presse méd., 29 octobre 1902.) (2) Victor Audibert. De l’essaimage des granulations éosinophiles. (3) Voir Société de Biologie, séance du 16 mars 1907. 538. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vis-à-vis de notre toxine; voici Leur liste en ordre décroissant de sensi- bilité : globules du cobaye, de la souris, du rat, de l’homme, du lapin, du cheval, du bœuf, de la poule, du mouton. Les différences peuvent être très remarquables, étant donné que, pour poor l’hémolyse complète d’un centimètre cube de globules de mouton à 5 p. 100, il faut lui ajouter À centimètre cube d’hémolysine forte, landis que pour l’hémo- lyse de la même quantité de globules de cobaye, il suffit de 0 e. c. O1 de la même hémolysine. Il faut admettre que notre toxine est composée des toxines partielles, car en lui ajoutant à plusieurs reprises un excès de sang de mouton, on peut la rendre inactive pour ce sang, sans qu'elle cesse de dissoudre très énergiquement le sang de cobaye ou de rat. (Des constatations analogues ont été faites par Todd et par Volk et Lipschütz.) L'hémolysine est thermolabile, étant détruite par un chauffage à 50-55 degrés pendant trente minutes; de même, elle s'affaiblit par le contact de l'air et par la température de la chambre ou de l’étuve; sa sensibilité paraît même être plus grande que celle de la leucocidine (à l'encontre de ce qui a été constaté pour les poisons analogues du staphy- locoque). L'hémolysine inactivée (surtout par vieillissement) a une action inhibitrice sur l'hémolyse provoquée par la toxine active, soit qu’elle agisse d'avance sur les globules, soit qu'on l'ajoute en même temps que la toxine active. Cela prouve que le poison se transforme en une modification inactive, mais capable encore de s’unir aux globules (sto- mosine de Centanni, lysinoïde de Volk et Lipschütz). Si, à une quantité déterminée d'hémolysine, on ajoute une quantité de globules, qui peut ètre dissoute complètement, si elle est ajoutée en une fois, à doses fractionnées, l’hémolyse reste incomplète (phénomène de Bordet). L'hémolysine est aussi produite in vivo pendant l'infection, soit natu- relle, soit expérimentale; c'est à elle que sont dus les épanchements sanguinolents si caractéristiques pour ces infections; l’exsudat péri- tonéal ou sous-cutané provoque aussi in vitro une hémolyse intense. Parmi les Sept échantillons étudiés par moi, il y en avait trois qui pro- duisaient d'emblée l’'hémolysine; parmi les quatre autres, chez trois, j'ai réussi à obtenir l'apparition de cette propriété en exaltant leur virulence par des passages sur les cobayÿes, ainsi qu'il a déjà été plus haut annoncé quant à la leucocidine. Comme on le voit, l'hémolysine accom- pagne presque loujours la leucocidine, quoique parfois, pendant les passages, la première peut apparaître plus tôt que la seconde; au con- traire, une culture vieillie peut être presque inactive vis-à-vis des glo- bules rouges, en agissant fortement sur les leucocytes. L'hémolyse est, pour la plupart, accompagnée d’une agglutination des globules rouges, phénomène, äu reste, pas constant; l’hémoagglutinine n’est pas détruite par un chauffage à 56 degrés centigrades pendant trente minutes. SÉANCE DU 23 MARS 539 Comme la leucocidine, l’'hémolysine aussi peut être neutralisée par un antisérum, obtenu chez le lapin par immunisation avec les cultures filtrées. Deux à trois volumes de sérum sont nécessaires pour neulra- liser un volume d’hémolysine. L'affinité de l’antihémolysine pour lhémolysine est très prononcée, le temps de contact de ces deux sub- stances avant l’addition des globules ne jouant aucun rôle dans le résultat hémolytique. Par contre, il est impossible de sauver les glo- bules même après un contact avec l'hémolysine de cinq minutes de durée et avec de grandes doses d’antihémolysine. Un mélange d’hémo- lysine et d'antihémolysine (contenant un excès de la première substance), chauffé à 56 degrés pendant trente minutes, devient antitoxique, c’est-à- dire acquiert la propriété de neutraliser de petites doses d’hémolysine ajoutées ultérieurement. Le sérum normal de cobaye, lapin, et surtout celui de cheval, contient une faible antihémolysine; ici aussi, le temps de contact avec l'hémolysine n’a pas d'influence sur le résultat de la neutralisation. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff, à l'Institut Pasteur.) ETUDES SUR LES COLLOÏDES NATURELS DES PLANTES MÉDICINALES, par G: CHAMAGNE. J'ai étudié en employant les méthodes physico-chimiques les sues de plantes médicinales fraiches. Ces sucs ont été obtenus par expression et débarrassés de leur chlorophylle puis dialysés à travers collodion pen- dant six semaines en changeant l’eau aussi fréquemment que possible. La conductibilité électrique de ces sucs se trouve au bout de ce temps Ge l’ordre de grandeur de celle de l’eau distillée. Je communique dans cette première note les résultats obtenus avec le suc de feuilles de digitale des Vosges récoltées aux environs de Géradmer. J'y ai recherché la présence des colloïdes par les méthodes de préci- pitation indiquées par M. Iscovesco à l’aide du fer colloïdal et de l’arsenic colloïdal. J'ai fait des séries de trente tubes contenant chacun 1 centimètre cube de suc de digitale dilué au demi. J'ai ajouté progressivement de une ‘à trente gouttes de fer colloïdal à 1 millième et j'ai obtenu un précipilé immédiat net et abondant dans chacun des tubes sans redissolution. Les-séries parallèles faites pour étudier la précipitabilité par le sulfure d’arsenic colloïdal à 1 p. 2.000 ont montré qu'il n’y avait pas de colloïde positif. J'ai cherché à vérifier ces résultats au moyen du transport élec- trique; pour cela j'ai mis le suc dans un tube en U d'environ 1 centi- 540 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mètre de diamètre et j'y ai fait passer au moyen d'électrodes de platine un courant de cent dix volts et de quelques milliampères. J'ai constaté que le liquide coloré en brun se transportait du côté positif très rapidement; la branche du côté négatif devient absolument claire; j'ajoute qu'il ne se dégage pas de bulles gazeuses ni à la branche négative, ni à la branche positive. Donc le transport électrique vérifie le résultat obtenu par la précipitabilité. Le sue de digitale renferme un ou plusieurs colloïdes dont l’ensemble n’a qu'un seul signe électrique qui est négatif. J'ai étudié aussi au point de vue de l’activité physiologique et d’une manière comparative le liquide pigmenté qui est au pôle négatif et le liquide clair du pôle posilif et j'ai pu constater que, alors que le liquide du côté positif élait très actif, celui du côté négatif élait à peu près com- plètement dépourvu de toute activité. Je me propose du reste de revenir prochainement sur ce point qui comporte des détails et un développement. Il résulte donc de cette note que le suc de feuilles de digitale renferme un ou plusieurs colloïdes de signe négatif et que la partie active de la plante se trouve combinée ou adsorbée par ces colloïdes; peut-être est-elle elle-même à l’état colloïdal. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SUR LA NUMÉRATION DES HÉMATOBLASTES, par GABRIEL VALLET. La numération des hématoblastes dans le sang est difficile et déli- cate parce que ces éléments sont altérables, difficiles à bien voir et qu'ils adhèrent au verre des pipettes ou du mélangeur, échappant ainsi en proportion variable à l'observation lorsqu'on se sert des compte- globules. Aussi, bien que leur numération dans le sang pathologique soit capable de donner des renseignements intéressants, ce genre de recherches, qui avait donné au début des résultats importants sous l'impulsion de Hayem, est lombé presque complètement dans l'oubli. Les récentes publications de Tchislovitch ayant attiré de nouveau l'attention sur la question, nous croyons devoir donner ici la technique que nous employons et qui nous paraît mettre à l’abri dans une certaine mesure des causes d'erreur signalées plus haut. Le principe de la méthode est le suivant : numération des leucocytes au moyen du compte-globules ordinaire à chambre humide; — calcul de la proportion qui existe entre les hématoblastes et les leucocytes d’une SÉANCE DU 23 MARS 541 préparation sèche et colorée de sang; — déduction du nombre des hématoblastes par millimètre cube. L'application de la méthode que nous proposons comporte un certain nombre de délails, résumés ci-après : | A. — Numération des leucocytes. — Rien de particulier à dire; cette opération s'effectue par les procédés habituels des compte-globules. B. — Technique et interprétation des préparations sèches. — 1° Prise du sang. — Le sang est prélevé par la piqüre du doigt; sur la face dorsale du pouce, à quelques millimètres de l’ongle, on dépose une goulte de solution d'acide osmique au 1/100 et on pique à travers la soutte (celle-ci tient mieux sur la face unguéale du pouce que sur la pulpe digitale). Avec une pipette dont l'extrémité terminale à été rendue très effilée à la lampe, on aspire un peu du mélange de l’acide osmique avec le sang. On dépose ensuite, sur une lame de verre parfaitement propre, une frès petite goutte qu'on étale et qui sèche aussitôt. 2° Coloration. — Après une demi-heure au moins de fixation dans l’alcool absolu, on colore avec la solution de Giemsa (1 goutte de colo- rant de Giemsa par centimètre cube d’eau distillée) qu'on laisse en con- tact sur la lame pendant deux heures. Ensuite on lave à l’eau courante et on sèche. 3° Numération. — On examine à l'immersion et on compte dans un certain nombre de champs (15 à 30 selon le grossissement et la densité de la préparation) les hématoblastes et les leucocytes. On note la pro- portion obtenue. Le nombre exact des leucocytes dans un millimètre cube étant connu (par la numération au compte-globules), celui des plaquettes est facilement calculé. — Ge procédé a les avantages suivants : tous les hématoblastes sont conservés, ils ne s’accolent pas en amas et n’adhèrent pas à la pipette, grâce à l’action de l’acide osmique. La coloration les rend très visibles, permet de les compter rapidement et de les distinguer sans difficulté des débris cellulaires qui gènent beaucoup dans les méthodes par voie humide. La coloration, en faisant ressortir leurs détails de structure, met à l'abri de toute hésitation. (Nous avons noté ici même en jan- vier 1906 que le réactif de Giemsa permet d'étudier facilement les détails du noyau des plaquettes.) On pourrait être tenté de recueillir directement, sans fixation, la goutte de sang sur la lame de verre, et effectivement, avec un peu d'habileté, on peut avoir par ce procédé de belles plaquettes non alté- rées et non groupées en amas, mais leur répartition très inégale dans la préparation rend loute numération proportionnelle impossible. En effet, toujours grâce à leur adhésivité au verre, la plupart des pla- quettes se trouvent à l'extrémité de la préparation qui répond au point où l'on a déposé la goutte de sang, tandis qu'elles sont très rares à l'extrémité opposée. La répartition des leucocytes ne suivant pas la 542 SOCIÉTE DE BIOLOGIE même règle, il est impossible dans ces conditions de compter sur le résultat des numérations. Il faut donc nécessairement introduire dans la technique l'emploi de l’acide osmique qui, faisant perdre en grande partie leur propriété adhésive aux plaquettes, permet d'obtenir des préparations homogènes. On obtiendra des résultats approximatifs, qui pourront suffire en clinique, en supprimant le temps relatif à la numération des leuco- cytes par le compte-globules et en faisant simplement des préparations sèches. On calculera néanmoins, sur ces préparations, la proportion des hématoblastes et des leucocytes, et on en déduira approximative- ment le nombre des hématoblastes en se rappelant la formule leucocy- taire, dont les variations sont bien déterminées pour la plupart des maladies infectieuses. : Ce procédé, que nous employons depuis un an, nous a permis de faire un certain nombre de constatations intéressantes dont nous ren- drons compte ultérieurement, SUR LE MÉCANISME DE LA COLORATION ROUGE CERISE DU LAIT EN PRÉSENCE D'ALCALIS CONCENTRÉS, par CL. GAUTIER, À. MorEL et OctT. Moon. I. — À propos de la réaction que deux d’entre nous (Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LX, p. 376) ont signalée : coloration rouge cerise que prend le lait additionné de un cinquième de son volume de soude ou de potasse à 40 p. 100 après vingt-quatre heures, à la température du laboratoire, M. Fr. Krüger, de Tomsk, rappelle (Zeitschrift. f. physiol. Chemie, t. L, p. 293) qu'il a signalé une réaction identique dans des publications russes antérieures (Comptes rendus de la Société des natura- listes de Dorpat el Protocoles de la Société des naturalistes et médecins de l’Université de Tomsk) dont il n’a malheureuseinent été donné aucun Referat. M. Fr. Krüger n'estime pas, contrairement à nous, que cette réac- tion exige seulement la présence simultanée d’un corps albumineux _(caséine, albumines) et d’un hydrate de carbone (lactose), mais pense qu’elle doit tenir en même temps à un ou plusieurs autres constituants indéterminés du lait. IT. — Les expériences suivantes montrent que cette réaction ne nécessite la présence d'aucun élément du lait autre que le lactose et un corps albumineux (caséine ou albumines du petit-lait). Elles montrent en outre qu'un très grand nombre de corps albumineux (albumines ani- males ou végétales, albumoses), acides amidés même, naturels ou ER did “EE SÉANCE DU 23 MARS 543 synthétiques, donnent avec le lactose et les alcalis la même réaction. Elles montrent enfin que le maltose, sucre de constitution analogue, se comporte comme le lactose. II. — Technique. On met en contact, à une lempérature de 15 à 20 degrés, une partie de sucre cristallisé pur, 1 partie d’albumine pure et sèche ou d'acide amidé, 20 parties d’eau et 4 parties de potasse à 40 p. 100. On note la coloration obtenue après un temps variant de quelques heures à quarante-huit heures. es ë E A 2 a a ROSE EEE ASE NN ES ee El e SE œ E 2 5 = 5 = ë < d ü (Se) e] = : A A c a 2 mn A Caséimelpures mr rt rouge | rouge| jaune | jaune | jaune | jaune | jaune | blanc | blanc. Ovalbumine . . . . . .. Mel Id. Id. Id. Id. Id. Id. [d. Id. Gélatine blanche. . . . . .. | Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Mitellinenn her; et) Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Fibrine de chien. . . +. .. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. PÉUTMDE St. cle. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. GITE PE ER DRE Id. Id. Id. Id. Id. Id. 1d. Id. Id. Albumose de Bence Jones. .| Id. Id. Id. Id. Id. td TG Id. Id. Peptone de White. . . . . . Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Pepsine extractive. . . . . . Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. CFE ARMES Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id: ANNEE RMNIENEESRRE Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. [d. Id. LETTRES ASE brun | brun | Id. Id. Id. Id. Id. | Id. Id. Rome ii tin: Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Phénylalanine. : .. .. .. rouge| rouge| Id. Id. Id. HGL Id. Id. Id. Acide glutamique . . . . .. brun | brun | Id. Id. Id. Id ed | Td- Id. Acide aspartique . . . . . . Id. Id: Id. Id. Id. IG CE Id. Id. Aire ee MMA EEE jaune | jaune | Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. LINE PEN OENRRE ee rouge| rouge| Id. Ile ||" Gt TION RTE Id. \URÉGLRSOHEITRE Rio ne PATES jaune | jaune | Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. TNA T 2 PR SES Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Acideunqueer DL CHAN Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Ammoniaque ... . . : . . . Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. IV. Conczuston. Réaction colorée du lactose et du maltose. — La réac- tion, lorsqu'on emploie le glycocolle, est tellement nette et facile à réaliser, qu'elle nous paraît susceptible d’être utilisée pour la diagnose de ces deux sucres. (Travail du laboratoire des Professeurs Cazeneuve et Morat, de la Faculté de Médecine de Lyon.) SAA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CANULE A SOUPAPES POUR L'ANESTHÉSIE, par L. LEPAGE. - Cette canule se compose d’un tube C E, avec branchement latéral B. En À, quelques trous qui peuvent être fermés ou ouverts par le jeu d’une virole évidée, tournant à frotlement doux autour du tube. En I, une soupape visible au travers d’un manchon de verre — sou- pape d'inspiration. En E, une soupape, garantie des chocs par un dôme métallique ajouré — soupape d'expiration. Fonctionnement : Pour employer cette canule à l’anesthésie, on met en communication l'extrémité C avec un des deux tubes qui traversent le bouchon, placé sur un flacon contenant l’anesthésique ; le branche- ment Ététal B est mis en rapport avec un coruet enveloppant hermé- tiquement les voies respiratoires ou avec la trachée. A l'inspiration la soupape E reste fermée et la soupape I se soulève. _ L'air aspiré passe par le flacon où il se charge de vapeurs anesthé- siantes. Pendant l'expiration la soupape E se soulève et la soupape I se ferme. On fait varier la teneur du mélange gazeux aspiré en mettant à décou- vert, par le jeu de la virole, un ou plusieurs trous A. La quantité d’air pur qui se mélange aux vapeurs de chloroforme ou d'’éther venues du flacon augmente avec le nombre de trous découverts ; — un chien est maintenu chloroformé pendant plusieurs heures en débouchant deux trous. : On pourrait aussi utiliser un flacon à goulot assez étroit si, au lieu de deux tubes traversant séparément le bouchon du flacon, on se servait d'un seul tube cloisonné dans toute sa longueur, comme la canule à double courant de Krœnecker ; le bouchon aurait un seul trou. La canule C E peut être employée en position verticale ou horizontale et dans les positions intermédiaires, sans gêner son fonctionnement. SÉANCE DU 23 MARS ; |. 545 La proportion moyenne de chloroforme évaporé est de 8 centimètres cubes pour 100 litres d'air, quand les trous sont fermés ; de 6 centi- _ mètres cubes quand un trou est ouvert ; de 4 centimètres cubes quand on découvre deux trous ; de 2 centimètres cubes avec trois trous et elle est presque nulle avec quatre trous ouverts. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) SUR LA FORMULE D'EXCITATION DES NERFS ET DES MUSCLES A L'ÉTAT PATHOLOGIQUE, par J. CLUzET. En employant les procédés décrits ici même (1), j'ai déterminé sur l'homme, concurremment avec les réactions électriques habituelles, les coefficients de la formule d'excitation (Q = « + bt) d’un certain nombre de nerfs et de muscles, normaux et anormaux. Les états pathologiques suivants ont été étudiés : 1° atrophie musculaire par inactivité fonc- tionnelle présentant à l’examen électrique ordinaire une diminution d’excitabilité faradique et galvanique ; 2° hémiplégie, paralysie faciale de nature particulière présentant une augmentation d’excitabilité fara- dique et galvanique; 3° paralysie saturnine, paralysie faciale périphé- rique, paralysie infantile présentant le syndrome électrique de dégéné- rescence (DR). Le tableau ci-dessous donne les valeurs extrêmes obtenues par a, b a ln. fe Lÿ dans les cas normaux et dans les cas anormaux que j'ai examinés e a INDICATIONS ROURNIES a d par l'examen électrique ordinaire. en en en 1/10000 microcoul. milliamp. de sec. Excitabilité (faradique et galvanique) normale . . 0,2— 0,6 0,8—3 2 — 5 Hypoexcitabilité (faradique et galvanique) . . . . 0,5— 1,4 3 —9 1 — % Hyperexcitabilité (faradique et galvanique). . . . 0,1— 0,4 0,8—1,2 O0,8— 2 Syndrome de dégénérescence (DR), avec : Hypo- ou inexcitabilité faradique et hyperexci- Pa DIN PéPenvVanIQUeE.. 5. RU Cet Tee 0,8— 6,5 0,2—0,6 34 —162 Inexcitabilité faradique et hypoexcitabilité galva- DU ln ee ane ses laure ets (9 91 D 450% 21 —121 On voit que les valeurs de a sont, en général, plus grandes ou plus petites que la valeur normale, suivant qu'il existe une diminution ou (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1° mars 1907. Lu 546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une augmentation de l’excitabilité faradique ; les valeurs de b sont, en général, plus grandes ou plus petites qu’à l’état norwnal, suivant qu'il existe une diminution ou une augmentation de l’excitabilité gal- vanique. C'est ainsi que, notamment, pour les muscles présentant le syndrome de dégénérescence avec hypoexcitabilité faradique et hyperexcitabilité galvanique, a augmente tandis que d diminue. En outre, on constate dans ce dernier cas, si l’on produit l'excitation par des décharges de condensateur, une hyperexcitabilité pour les fortes capacités et une hypoexcitabilité pour les faibles capacités. Cette coexistence d'hyper- excitabilité pour les ondes longues et d'hypoexcitabilité pour les ondes courtes est donc liée aux valeurs que prennent a et à dans ce cas par- ticulier. Par suile de l'augmentation de a, qui s'accompagne, d’ailleurs, sou- vent de la diminution de b, le rapport F augmente pendant la dégéné- rescence dans des proportions considérables, comme l’indique le tableau ci-contre. En raison de la grandeur de son accroissement, ce rapport permet d'évaluer le degré de dégénérescence et d'en suivre les varia- tions ; aussi, il est sans doute destiné à rendre des services en électro- diagnostic. | En outre, on remarquera que, dans les cas d’hyperexcitabilité totale (faradique et galvanique), # est plus petit qu'à l’état normal. b | En résumé, les coefficients de la formule d’'excitation suivent les variations: l’un, de l’excitabilité aux ondes courtes; l’autre, de l’exci- bilité aux ondes longues : ces deux excitabilités variant tantôt dans le même sens et lantôt en sens inverse. Le rapport des coefficients, qui diminue dans certains cas, augmente dans des proporlions considé- rables pour les muscies en voie de dégénérescence. : à SÉANCE DU 23 MARS 547 En raison des vacances de Pâques, la Société ne tiendra pas séance les samedis 30 mars et 6 avril. > AVIS Le septième Congrès international de Physiologie se tiendra à Heidelberg, du 13 au 16 août 1907, sous la présidence du professeur A. Kossez. ; _ Les physiologistes qui désireraient y prendre part sont priés de s'adresser à M. le professeur DasrrE, laboratoire de physiologie de la Sorbonne. Du 12 au 17 août aura lieu à Heidelberg, une exposition d'appareils physiologiques, annexée au Congrès. BroLoate. Compres RENDUS. — 1907, T, LXII. 38 REUNION SÉANCE DU [9 MARS|I 1907 549 SOMMAIRE ALEZAIS et PEYRON : Sur quelques TURN ET EEE ED 10 particularités de développement des VAN GAVER (F.) et STEPHAN (P.) : paraganglions lombaires. . . . . .. Sur la nature du corps flottant du ALEZAIS et PEyrON : Sur les lu- péricarde de certaines ascidies . . . 12 meurs dites gliomateuses des cap- VAN GAVER (F.) et STEPHAN (P.) : SUIESISHERÉN ALES NUE CUS Ter. Cardiosporidium cionæ, sporozoaire Corte (JuLes) : Absence de l’héma- nouveau parasite du corps péricar- tine et de la biliverdine chez Acti- dique de Ciona inteslinalis . . . .. 14 Présidence de M. Livon. SUR QUELQUES PARTICULARITÉS DE DÉVELOPPEMENT DES PARAGANGEIONS LOMBAIRES, par ALEZAIS et PEYRON. Dans une note précédente (1), nous avons apporté le résultat de recher- ches sur l'organe parasympathique de Zuckerkandl (paraganglion mésen- térique), que l’un de nous avait commencées en 1905, au Laboratoire d'anatomie de Montpellier, sous la direction du professeur agrégé Gryn- felt. Nous indiquions la morphologie et la structure de cet organe chez le jeune chien. Les connexions avec la médullaire surrénale, autre para- ganglion mésentérique, méritent d'être précisées. Nous les avons suivies ainsi que la transformation chromaffine de ces pelits organes chez le chien, le chat et quelques embryons humains. Soulier, étudiant les premiers stades de la surrénale, en particulier (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, p. 1161. 550 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE | (8) chez le lézard et le mouton, a décrit la formation parasympathique qui est leur origine commune, mais il n’a pas suivi l’évolution de l’organe de Zuckerkandi. Kohn et Kôse, dans leurs études générales sur les paraganglions, ne semblent pas avoir porté leur attention sur ce point particulier, dont Bonnamour et Pinatelle ont méconnu l'importance. Au moment où apparaît la chromaffinité (stade de 5 centimètres chez le chat, le chien, comme chez l’homme, Flint, Wiesel, Soulier), on voit à la partie postéro-interne de la corticale une masse paraganglionnaire allongée qui contraste par ses dimensions avec les amas analogues péricapsulaires. Elle est formée en proportions variables de cellules nerveuses, d'éléments parasympathiques non encore différenciés et de cordons de cellules chromaffines qui sont remarquables par le nombre et le volume des capillaires intercellulaires. L'extrémité supérieure répond à une échancrure de la corticale surré- nale, au niveau de laquelle l'enveloppe conjonctive fait presque défaut et qui est la principale voie de pénétration du sympathique dans la surré- nale. Cette immigration précède de beaucoup la transformation chro- maffine. On suit donc la série des cellules se chromaffinisant peu à peu jusque dans l’ébauche de la médullaire. Cette immigration se continue du reste assez longtemps après la naissance et chez de jeunes chiens de huit et douze semaines, nous avons retrouvé en divers points de la corticale des amas chromaffines en voie de pénétration. Chez le chat, ils nous ont paru plus rares et moins volumineux. Les extrémités inférieures des deux masses se confondent au-devant des gros vaisseaux et s'abaissent progressivement jusqu'à la naissance, formant un Y. Sur des coupes longitudinales assez heureuses, nous avons réussi chez le chien à intéresser à la fois la surrénale, la branche correspondante du paraganglion et le pilier du diaphragme du mème côté. À la naissance, la masse médiane (corps de l'Y), qui forme seule l'organe de Zuckerkand], a perdu ses connexions avec les médullaires surrénales par l’atrophie des branches latérales. Toutefois, on retrouve assez longtemps les traces de ces dernières au milieu des amas lymphoïdes du tissu cellulaire sous-péritonéal entre la surrénale et le bile du rein. Chez l'homme la fusion des deux masses paraganglion- naires n'est Jamais complète et l’organe reste le plus souvent pair au niveau de la troisième vertèbre lombaire. (Laboratoire d'anatomie pathologique.) SA CC == (9) SÉANCE DU 19 MARS SUR LES TUMEURS DITES GLIOMATEUSES DES CAPSULES SURRÉNALES, par ALEZAIS et PEYRON. Dans les: Archives de Médecine expérimentale et d'anatomie patholo- gique (n° 1, janvier 1907). MM. Lapointe et Lecène viennent de rapporter un cas particulièrement intéressant de tumeur d’origine surrénale. Celte tumeur, ainsi qu'on peut le voir sur la planche annexée à leur travail, était constituée par des alvéoles contenant des noyaux arrondis, riches en chromatine, disséminés dans une substance protoplasmique faiblement fibrillaire et elle présentait des hémorragies interstitielles abondantes. Les auteurs, rejetant l'hypothèse d'un épithélioma surrénal et celle d'une tumeur née aux dépens du rein, concluent à l'origine névroglique et assimilent leur cas à deux observations en effet analogues, publiées par Küster et Ribbert, sous le titre de gliomes (1). Mais, reconnaissant qu'il est difficile d'expliquer la présence de tissu névroglique dans la capsule surrénale, ils croient devoir faire appel à une inelusion embryonnaire de tissu nerveux. Une telle interprétation et l’existence même des gliomes dans la capsule surrénale, nous paraissent justifier de sérieuses réserves : les inclusions ordinaires de Lissu nerveux dans cet organe sont celles des amas d'origine sympathique qui constituent l’'ébauche de la substance médullaire. On pourrait donc dire a priori que toute tumeur surrénale par inclusion embryonnaire est une tumeur parasympathique ; mais l'examen attentif des tumeurs précitées semble fournir des arguments en faveur de cette origine. Quand on à examiné, comme Wiesel (2) et comme nous l'avons fait nous-mêmes, dans les amas parasympathiques avant l’apparition de la chromaffinité, ces gros noyaux riches en chromatine, souvent disposés en rosace, on les reconnaît dans les descriptions très précises des auteurs. | Au surplus, le siège de ces tumeurs à la périphérie des surrénales (dans un des cas), la richesse en vaisseaux sanguins, hémorragies interstitielles dans les trois observations, le jeune âge des sujets (quatorze semaines, dix-neuf mois et deux ans), sont aussi favorables à cette opinion. Lapointe et Lecène pensent que la présence des fibres nerveuses et des cellules multipolaires est nécessaire pour affirmer l'origine sympathique de ces néoplasmes. En effet, de tels caractères, en y ajoutant la pauvreté du noyau en chromatine, appartiennent au (1) Virchow Archiv, Bd CLXXX, p. 115, 1905. (2) Virchow Archiv, CLXXX 180, p. 553. 592 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (40) système nerveux sympathique de l'adulte; mais ies éléments embryon- naires, auxquels nous faisons allusion ici et qui.correspondeut aux Sympathische Bildungszellen (Zückerkandl), Cellules parasympathiques (Soulier), se distinguent précisément par l’absence de toute fibre ner- veuse où de prolongement cellulaire et la richesse en chromatine de leur noyau; toutes particularités qui se retrouvent dans les trois tumeurs dites gliomateuses précitées. ABSENCE DE L'HÉMATINE ET DE LA BILIVERDINE CHEZ Actinia equina L., par JULES COTTE. Il est un point de la physiologie äes animaux inférieurs qui présente un intérêt très réel, c'est la question de l’existence chez les Cœlentérés d’une hématine et de la biliverdine. Ces deux substances ont été signa- lées par Mac Munu (1) chez Actinia mesembryanthemum Ell. (= À ctinia equina L.). Il m'a paru nécessaire de vérifier une pareille observation, d'où l’on pouvait déduire des conclusions générales fort importantes. Avant Mac Munn, déjà, la matière colorante d’Act. mesembryanthemum avait été étudiée par de Mérejkowsky, qui en avait fait une variété de la zoonérythrine, et par Krukenberg, qui l'avait rapprochée de la purpu- ridine de Cerianthus membranaceus. Les courtes lignes consacrées par Krukenberg à l’espèce qui nous occupe ne renfermaient que les résul- lats d’essais hâtifs et incomplets. Quant aux renseignements détaillés que nous donne Mac Munn, ils diffèrent beaucoup de ceux auxquels je suis arrivé; si l’auteur ne nous disait pas qu'il existe chez Act. mesem- bryanthemum des individus rouges, des bruns et des verts, j'aurais pu admettre que je n’ai pas opéré sur la même espèce que lui. Je crois devoir signaler, comme cause d'erreur possible, la teinte, rosée à son début, que prennent à leur surface les macérations glycérinées d’Acti- nies; cette coloration est secondaire et résulte de l'oxydation de la Lyrosine, qui à pris naissance par un phénomène d’autodigestion (Mesnil). F Conformément à ce qu'a vu de Mérejkowsky, c’est bien un lipochrome qui colore la variété rouge d’A. equina; ce lipochrome, d'un beau rouge carminé, se trouve en quantité considérable dans les tissus de l'animal, d’où on peut l’extraire en très grande abondance et avec une extrême facilité. IL possède, par certains côtés, des caractères un peu spéciaux et mérite quon lui donne une place à part dans la famille des lipo- (1) G.-A. Mac Munn. Observations on the Chromatology of Actiniæ. Phil. Trans. Roy. Soc. London, t. CLXX VI, p. 641-664, 1886. At) SÉANCE DU 19 :MARS ta) 53 chromes ; c'est un fait, déjà signalé par de Mérejkowsky, et que je déve- lopperai ailleurs. Ce lipochrome est insoluble dans la glycérine ; je n'ai obtenu dans les macérations glycérinées aucune autre coloration que celle dont j'ai parlé plus haut et qui résulte d’une lente autodigestion. Quant à la teinte rouge brun des macérations sulfuriques d'A. equina, elle peut être produite par tant de substances différentes, notamment par la cholestérine des lipochromes, qu’il est impossible d'en discuter la valeur. | Les individus bruns ou verts d'A. equina doivent leur teinte fonda- mentale à une matière colorante verte, solublé dans l’eau, disposée, principalement dans les cellules mésogléiques, sous forme de granula- tions de taille variable, et qui représente très probablement la biliver- dine de Mac Munn. Il serait possible toutefois d'émettre quelques doutes au sujet de cette identification, car l’auteur anglais a fait ses observa- tions sur des macérations alcooliques, et il y a lieu de se demander si la chlorophylle de quelques zooxanthelles symbiotes ne l’a pas induit en erreur. Mais l’auteur nous fait remarquer que les zooxanthelles man- quaient aux Actfinia qu'il a examinées. Chez celles que j'ai étudiées j'ai pu voir aussi que les individus rouges renfermaient extrêmement peu de zooxanthelles; celles-ci étaient plus nombreuses chez les individus bruns, mais sans approcher, même de loin, du nombre qu'elles attei- gnent chez d'autres actinies voisines. Ceci est en conformité avec ce que l'on sait au sujet des associalions entre les algues et les actinies : celles- ci contiennent d'autant moins d'algues qu'elles sont plus fortement colorées. Mac Munn a essayé la réaction de Gmelin sur une macération alcoo- lique d'Actinie. Afin d'éviter la cause d'erreur due à l'alcool (Dastre et Floresco) et au lipochrome, j'ai fait agir l'acide azotique, avec précau- tion, sur une solution de vert d'A. equina obtenue en reprenant par l’eau le résidu d'une macération aqueuse d'animal, évaporée au baiïin- marie. On obtient ainsi une réaction bien moins intense que ne la donneraient des pigments biliaires dans les mêmes conditions, et ne présentant pas la succession de teintes, caractérisque de la réaction de Gmelin. J'ai eu seulement un liséré rouge à la partie supérieure de l’acide azotique, se dégradant en jaune dans la masse de l'acide, et peut-être un peu de bleu à la base du liquide vert. Les dissolvants de cette matière colorante ne sont pas du tout ceux de la biliverdine. Les deux principes colorants, le rouge et le vert, étaient présents chez tous les individus d'A. equina sur lesquels j'ai expérimenté. La substance verte est peu abondante et masquée par le lipochrome dans la variété rouge; chez les Actinia bruns, qui à Marseille sont presque toujours d’un brun plus ou moins olivâtre, la substance verte est prédo- minante : le lipochrome peut alors ne plus être visible, même à l’examen microscopique, qu'en des points très limités de l'animal. Je donnerai 554 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (12) ailleurs des détails plus complets sur ces faits différents, en même temps que je chercherai à établir quelles fonctions physiologiques on peut attribuer à ces matières colorantes. Il va sans dire que je ne puis me rallier à l'opinion de Mac Munn, qui prête à l’actiniohématine une fonction respiratoire et qui fait de la biliverdine un produit d’excré- tion : il est démontré pour moi qu’A. equina ne renferme ni hématine, ni biliverdine. Pour compléter l’histoire des dérivés de l'hémoglobine qui ont été signalés chez les Cœlentérés, il faudrait encore refaire l'étude de la polypérythrine, extraite par Moseley, et qui a été identifiée par Mac Munn avec l’hématoporphyrine. J'espère que l’occasion de le faire me sera donnée. SUR LA NATURE DU CORPS FLOTTANT DU PÉRICARDE DE CERTAINES ASCIDIES, par F. VAN GAVER et P. STEPHAN. __ Onsait que l’on trouve d’une facon constante, flottant librement dans le liquide péricardique de Ciona intestinalis, un corps particulier, de taille et d'aspect variables, sur la signification duquel nous ne possé- dons pas encore de notions bien précises. Les principaux auteurs qui se sont occupés de la constitution de ce corps, Roule, Heine, Kuhn, ont trouvé qu'il était formé d'éléments divers de l’ascidie agglomérés entre eux : fibres musculaires du cœur et cellules endothéliales desquamés, cellules du sang, etc. Mais, tandis que Roule et Kuhn lui attribuent simplement la valeur d’un amas détritique, Heine pense qu'il possède une fonction sécrétrice et y décrit de véritables canaux glandulaires. Nous avons trouvé effectivement en grande abondance dans le corps flottant du péricarde de Ciona des éléments musculaires desquamés du myocarde. Ces fibres musculaires montrent des états divers de dégéné- rescence de leurs noyaux, de leur protoplasma et de leur substance contractile; on les trouve en quantités variables suivant les individus, relativement plus abondantes chez les jeunes; avec l’âge, une partie disparait complètement. À côté de ces fibres musculaires existent, en très grand nombre, d’autres éléments; mais, contrairement aux auteurs précités, nous n'y reconnaissons que relativement peu de cellules appartenant à l’orga- nisme de l'ascidie. Par contre, nous y trouvons une foule d'éléments qui représentent les stades divers de l’évolution d’un protozoaire para- site que nous décrirons ultérieurement et qui parait jouer un rôle Pré pondérant dans la constitution du corps péricardique. Le parasite à ses divers états et Les fibres musculaires en dégéné- rescence sont agglomérés par une substance granuleuse, d’une certaine babe eut %2 et à, TT “Du } t (43) sÉANCE Du 19 mars Qc QE consistance, assez colorable par les réactifs histologiques, plutôt par les colorants à réaction acide; vers la périphérie, cette sorte de ciment prend parfois une apparence lamelleuse. Il ne nous a pas été possible de reconnaître la nature de cette substance; elle ressemble assez à la substance fondamentale du tissu conjonctif de l’ascidie; peut-être doit- elle lui être assimilée? Peut-être a-t-elle la signification d'un caillot fibrineux? Peut-être, enfin, est-elle produite par le parasite ? Dans les Ciona très jeunes, le corps péricardique n’est pas encore constitué; on trouve dans le liquide péricardique des fibres musculaires desquamées et des individus du parasite, qui flottent isolément. Un peu plus tard, le corps est constilué. Il est probable que c’est le mouvement régulier imprimé au liquide par les contractions du muscle cardiaque qui réunit en un amas tous ces éléments flottants, de même qu'un tour- billon dans une étendue d’eau ramasse en un seul point toutes les par- ticules qui peuvent y flotter. Cette hypothèse pourrait encore expliquer comment ce corps, lorsqu'il a atteint une taille moyenne, présente sou- vent une forme assez constante. La présence absolument générale du parasite dans les Ciona de Mar- seille nous paraît être une forte présomption en faveur de l’hypothèse que sa présence serait la cause initiale de la desquamation des fibres musculaires. Nous devons dire cependant que nous n'avons pu trouver aucun stade intracellulaire du parasite dans ces fibres, de même que nous n'avons vu aucune de ces fibres encore en place présenter un commencement de dégénérescence; mais nous avons vu parfois quelques formes du parasite accolées à leur partie protoplasmique. Le corps péricardique contient presque toujours une certaine quantité de bactéries diverses. Parfois ces micro-organismes l’envahissent en quantités très considérables, en infiltrant toutes les parties et formant en certains points des amas énormes. Leur abondance nous parait être en relation avec une dégénérescence de ce corps, qui devient extrême- ment pâle et diffluent. Ces bactéries semblent être surtout abondantes chez les Ciona récoltées dans les eaux très souillées, telles que celles du Vieux-Port. On trouve encore souvent dans le corps péricardique des éléments disparates, des diatomées, par exemple, vivantes ou mortes, des frag- ments de chitine ou de cellulose. La présence de tous ces éléments divers, étrangers au corps de l’ascidie, dans une cavité close, comme le péricarde, peut surprendre au premier abord. Elle s'explique peut-être par le fait qu'au cours du déve- loppement de Ciona, le péricarde apparaît comme un diverticule creux du fond de la cavité branchiale. Ce mode de développement permettrait peut-être aussi de comprendre comment se fait la pénétration dans l'hôte du parasite si particulier que nous devons maintenant décrire. O6 DC Sù RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (14 Cardiosporidium cionæ, SPOROZOAIRE NOUVEAU PARASITE DU CORPS PÉRICARDIQUE de Ciona intestinalis, par F. Van GAvER et P. STEPHAN. Chez les Ciona très jeunes, on voit flotter dans la cavité péricardique, à côté des fibres musculaires desquamées, quelques éléments fusiformes, assez allongés, qui nous paraissent immobiles. Chez les Ciona un peu plus âgées, ces éléments, devenus des corps plus arrondis, irréguliers, de tailles diverses, sont englobés dans la masse granuleuse qui donne sa cohésion au corps péricardique constitué. Cette forme du para- site est pourvue d’un protoplasma vacuolaire et d’un noyau unique ou d’un petit nombre de noyaux. Ces noyaux sont dépourvus de membrane, formés d’une masse achro- matique sur laquelle sont accumulés des granulations achromatiques plus ou moins serrées et un corps arrondi, plus fortement colorable que la chromatine par l’'hématoxyline ferrique, qui peut être comparé à un centrosome. Ces noyaux se divisent par un procédé intermédiaire à la mitose et à la division directe et l'on voit des stades ou la masse chromatique est répartie entre deux de ces centrosomes. Ces sortes de plasmodes sont entourés d'une membrane qui prend une teinte amarante après action du réactif de Giemsa, membrane qui est toute hérissée de très petites épines. Ils semblent pouvoir se mul- tiplier par simple division; mais nous n'avons pas trouvé d’aspects très nets de ce phénornène. Cette division semble pouvoir se faire librement ou à l'intérieur de la membrane ; dans ce dernier cas, on trouve, à l'intérieur d’une membrane amarante de grande taille, un certain nombre d'éléments plus petits uni ou pauci-nucléés, entourés chacun d’une membrane. À côté de ces formations, on trouve d’autres nasoies nus, à protoplasma finement granuleux, délicat, rejeté à la périphérie tandis que la partie médiane est vide. Les noyaux, semblables à ceux de la forme précédente, sont assez abondants. Nous n'avons pu déterminer les relations génétiques exactes qui existent entre ces deux sortes d'éléments. On observe encore, soit isolés dans la substance granuleuse du corps péricardique, soit mêlés à de petits plasmodes à l'intérieur des grandes membranes, des éléments arrondis, à protoplasma dense, finement granuleux, se colorant énergiquement. Les plus petits de ces corps sont uninucléés; dans les autres les noyaux se multiplient activement pour arriver à un stade à aspect morulaire. Ces sortes de morules sont (15) SÉANCE DU 19 MARS 557 de grandeurs très variables suivant le nombre des noyaux qui sont ainsi produits. Ces éléments donnent naissance à des corps reproduc- teurs de deux types : ceux du premier type sont arrondis, constitués par un élément allongé, replié sur lui-même de façon à affecter cette forme circulaire; ils sont formés par un protoplasma délicat et par une masse chromatique qui affecte la forme d’une petite plaquette allongée, appliquée sur la face convexe de l’élément; nous n’y avons pas constaté de granulation rappelant le centrosome. L'autre type de corps reproducteurs est constitué de petits éléments piriformes flagellés : ils sont pourvus d’une petite masse chromatique arrondie, aplatie, à situation superficielle; au niveau de la pointe, où s'insèrent les deux flagelles, se trouve une granulation très colorable, qui représente probablement le centrosome. Ces corps flagellés sont mobiles. En raison de leur délicatesse, leur forme et leur taille sont souvent modifiées au moment de la fixation. Il nous paraît néanmoins que l’on peut distinguer deux tailles différentes. Les corps reproducteurs du premier type apparaissent en premier lieu, chez les Ciona encore très jeunes. Plus tard on trouve les deux types plus ou moins abondants et en proportions variables suivant les individus. Nous inclinons volontiers à croire que l’un de ces types doi] être en rapport avec un mode de reproduction sexuée, mais nous n'avons pas observé de phénomènes de conjugaison. À côté de toutes ces formes vivantes des parasites, on trouve dans _ le corps péricardique de nombreuses membranes vides. Les détails que nous venons de donner sur ce parasite sont encore bien fragmentaires ; nous espérons que la suite de nos recherches nous permettra d’élucider de nombreux points de son histoire. Les faits que nous avons vus nous permettent cependant de considérer avec vraisem- blance qu'il faut regarder cet organisme comme un sporozoaire assez différent des formes connues. Nous proposons de le dénommer Cardios- poridium cionæ. Le Gérant : OCTAVE PORÉE,. EE = = —— Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, ÿ SN ; ERÉTAAE RER N ee SÉANCE DU 13 AVRIL 1907 ArRous (A.-J.) : Effets diurétiques comparés des différents sucres. Le coefficient diurétique chez le chien. BamTezL1 (F.) et STERN (Mlle L.) : Action des différents tissus ani- maux sur le pouvoir oxydant des muscles Boux (GEORGES) : À propos du pro- cès-verbal. Des processus de calci- fication chez les animaux. . . . .. BonN (GEORGES) : A propos du procès-verbal. Le ralentissement et l'accélération des oscillations des COOL EE ER BoLesLas ZEBROWSKI : Comparai- son entre les deux méthodes de dé- termination de la nature du sang par les précipitines et la fixation de l'AS SERRE ER Re CuiRié (J.-L.) et MAYER (ANDRÉ) : Crises épileptiques à la suite de la ligature temporaire des veiues ré- MÉJÈS 0661028 SSSR Comeauzr (AnbRé) : Sur l’histo- logie des glandes calcifères des Lom- LOTIGS NS CR SR RENE TEE Cosmovrcr (Léon-0.) : Sécrétion et ERCRÉCLONL 7 ÉNLR SNNR POS PERSAN ES URSS CouriÈère (H.) : Sur la présence de mâles en excès chez deux espèces DÉRYNOIDRÉ ES MANN AURAS Dévé (F.) : Au sujet des localisa- HonsMobairesidu foie. 00.0... ErsexrERG {Paizrppe) : Sur la toxine du bacille du charbon symptomati- aeieh ester ee ete ns cree Tue é (E.) : De la pression intra- thoracique et de la compression du cœur droit dans les accidents asphyxiques, par sténose des voies RES TOO C TR NN PRICE Joczy (J.) et Varrée (A.) : Sur les granulations basophiles des héma- OSSI CRM PA É LaprcQuE (Louis) : Premiére ap- proximation d’une loi nouvelle de l'excitation électrique basée sur une conception physique du phéno- SOMMAIRE 585 603 . des coléoptères TETE NE End ta LOVE OT LÉCAILLON (A.) : Remarques au sujet d'un mémoire récent relatif à l’origine des feuillets germinatifs et à la formation de l'intestin moyen LéoPozo-Léviet RorascaiLo (H. 0e): Constipation et hypothyroïdie . . . LEpace (L.) Canule droite, à soupape, pour la respiration artif- cielle, permettant de faire varier l'intensité de l'insufflation. . . . : . Levapiti (G.) et Rocué (J.) : Les opsonines et le mécanisme de la crise dansile NC Fever Are Mazvoz (E.) : Le tænia nana en BelSique Ve IE RNRET PRE, Marcaoux (E.) et SALIMBENI (A.) : Un trypanosome nouveau chez Hyla voisine de H. Lateristriga Spix et ADAS SIRET A EN ER FT MARTIN (GUSTAVE) : Sur un Trypa- nosome de Saurien (Trypan. boueti, US DES AE ARRETE RTS ARE AT NAGEOTTE (J.) : Note sur l’appari- tion précoce d’arborisaiions périglo- mérulaires, formées aux dépens de collatérales des glomérules, dans les ganglions rachidiens greffés. . . . . NETTER (ARNOLD) : À propos de la letirendesMEAIbLET ER ODIN EST NETTER (ARNOLD) Les sels de calcium dans le traitement de l’ur- ticaire. — Observations cliniques. — Posologie. — Suppléance entre les sels de strontium et de calcium. NErTER (ARNOLD) et RiBApeau-Du- mas (Louis) : Epidémie alimentaire due à des bacilles du type paraty- phique B. Précocité des accidents. Nogécourr (P.) et River (L.) : Etude cytolngique des selles au cours des gastro-entérites infantiles. PorTIER (P.\ : Observations faites au Spitzhberg sur un jeune Phoque conservé en captivité. . . . . . . . . Rogin (Azserr) : Lettre au prési- dent de la Société de Biologie . . . Brozogte. Comptes RENDUS. — 1907. T, LXII. 39 560 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ROSENTHAL (GEORGES) : Les trois encapsulés du charbon bactéridien. 604 étapes de la vie aérobie du bacille Trssor (J.) : À propos du procès- du tétanos, sa culture aérobie sur verbal. Remarques sur la note de gélose inclinée. Bacille et bacillo- MALE AS are séubeogvoouce 563 BENELAUMELANOS RAT NET 518 ViGuter {C.) : Note rectificative au SALMON (PAUL) : L’arsenic dans la sujet de la parthénogénèse artif- SYDALLIS LES ONE TEE OP A TANSE SA Ici lle Res M SA TS 605 STIENNON (T.) : Absence de pha- Weiss (G.) : À propos de la com- gocytose après l'injection de bacilles munication de M. Lapicque. . . . . GLS Présidence de M. Trouessart, vice-président. CORRESPONDANCE Monsieur le Président, Puisqu'il a convenu à M. Iscovesco de ne pas même citer mes travaux sur les ferments métalliques dans la note présentée à la Société de Biologie, dans la séance du 16 mars dernier, je vous prie de vouloir bien les rappeler à la Société, et je dépose, à l’appui, trois tirages à part, dont voici les titres: Note sur les ferments métalliques; leur action sur le métabolisme; leur effet dans la pneumonie (Extrait du Bulletin général de thérapeu- tique du 15 décembre 1904) ; : Action des ferments métalliques sur les éléments figurés du sang, en collaboration avec P. Émile-Weil {Extrait des Bulletin et mémoires de l'Académie de médecine du 19 juillet 1905); Traitement de la pneumonie (Extrait du Bulletin général de thérapeu- tique du 8 décembre 1906). Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma considé- ralion la plus distinguée. ALBERT ROBIN. Paris, ce 23 mars 1907. M. NETTER. — Il m'est infiniment agréable de voir M. Albert Robin employer ici, dans ses revendications vis-à-vis de M. Iscovesco, la voie que j'ai utilisée personnellement à l’Académie de médecine, le 18 dé- cembre 1906, afin de protester contre le silence que M. Robin n'a cessé de garder au sujet de mes propres communications. SÉANCE DU 13 AVRIL 561 PRÉSENTATION DOUVRAGE M. Gzey. — J'ai l'honneur de présenter à la Société, de la part de M. G. Hervé, professeur à l'École d'anthropologie, une notice nécro- logique dont le ton ému n'enlève rien à la précision ni au grand intérêt qu'elle présente, sur notre très regrelté collègue, le professeur Maruras Duvar. Cette brochure est ornée d’un très beau portrait de MarTaras Duvaz. M. le professeur Livox (de Marseille), membre correspondant, assiste à la séance. À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL. DES PROCESSUS DE CALCIFICATION CHEZ LES ANIMAUX, par GEORGES Bonn. M. Combault nous à parlé, dans la dernière séance (1), de faits curieux relatifs à la nature et au fonctionnement des « glandes de Morren » chez les Vers de terre. À mon sens, ces faits ont une impor- tance au point de vue de la biologie générale et ont intérêt à être rap- prochés des faits d'absorption de l'acide carbonique signalés chez les animaux ici même à diverses reprises par la comtesse Maria von Lin- den (2). Les « glandes de Morren » seraient en réalité des branchies, et à leur niveau l'acide carbonique se combinerait à la chaux pour donner les cristaux de carbonate de chaux signalés par les auteurs. (4) A. Combault. Quelques expériences pour déterminer le rôle des glandes calcifères des Lombrics. Comptes rendus de la Société de Biologie, 16 mars 1907, p- 440. (2) La comtesse M. von Linden. L’Assimilation de l'acide carbonique par les chrysalides de Lépidoptères; Comparaison entre les phénomènes d’assi- milation du carbone chez les chrysalides et les végétaux; l’Augmentation de poids des chrysalides n’est pas due à l'absorption de l’eau. Comptes rendus de la Société de Biologie, 23 décembre 1905, pp. 692, 694 et 696. — L’Assimilation de l'acide carbonique par les chrysalides de Lépidoptères; l’Augmentation de poids est due à l'absorption d’eau et à la formation de substance organique; Réponse à MM. Dubois et Couvreur. Comptes rendus de la Société de Biologie, 2, 9 et 16 mars 1907, pp. 360, 371 et 428. 562 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Or, j'ai constaté un phénomène assez semblable chez certains Crus- tacés (1). À Arcachon, vers la fin d'octobre, des Crabes littoraux se sont mis à absorber de notables quantités d'acide carbonique et à fabriquer en abondance des carbonales, qui se sont accumulés dans le sang et les tissus et qui ont été en quelque sorte excrétés par les branchies; autour des filaments branchiaux, le calcaire se précipitait et l’eau d'expiration en était chargée. M. Giard, qui m'avait guidé dans mes recherches, a rattaché à l’ab- sorption automnale de l’acide carbonique par les animaux le phénomène de calcification hibernale auquel il a consacré ici même (2) une note du plus haut intérêt. L'influence saisonnière semble pouvoir s'expliquer par un changement du degré d’alcalinité de l’eau de mer. Toutes les fois que celle-ci devient plus alcaline, l'absorption de l'acide carbonique et la calcification deviennent plus intenses. Ceci a lieu dans les fonds où abondent les Algues rouges, Algues qui, d'après Vernon (3), augmentent l'ammo- niaque libre de l’eau de mer. L'’addition d'une faible proportion de cet alcali à suffi pour accroître d’une facon considérable l'intensité du phénomène observé; l'addition de chaux libre a eu un effet moindre. Or, M. Combault obtient de même une exagération de l’activité des « glandes de Morren » en ajoutant de la chaux vive à la terre où se trouvent les Vers. J'ai interprété (4) les faits que j'avais observés comme des moyens de défense contre l'intoxication alcaline, ammoniacale en particulier. L’acide carbonique neutraliserait l'ammoniaque, et le résultat de cette neutralisation serait la formation de carbonate d'ammoniaque, qui se transformerait en carbonate de chaux, d’après la réaction bien connue(5) : SO‘Ca + CO° (AzH:)° — CO'Ca + SO: (AzH:)* Sol. Insol. \1) G. Bohn. De l'absorption de l’anhydride carbonique par les Crustacés Décapodes. Des variations des échanges gazeux chez les Crustacés Décapodes. Comptes rendus de la Société de Biologie, 5 novembre 1898, pp. 1008 et 1041. (2) A. Giard. La Calcification hibernale. Comptes rendus de la Société de Bio- logie, 5 novembre 1898, p. 1013. (3) Vernon. The relation between marine animal a vegetable life. Mitthei- lungen aus der zool. Station Neapel, 1898. (4) G. Bohu. De l'importance de l’ammoniaque comme facteur éthologique. Comptes rendus de la Société de Biologie, 4 novembre 1899, p. 281.— Des méca- nismes respiratoires chez les Crustacés Décapodes (Bulletin scientifique de la France et de la Belgique). Thèse, Paris, p. 40. (5) Voir une série de considérations sur la formation du calcaire dans les mers, in Dittmar, Report on researches in to the composition of ocean-water collected by H. M. S. Challenger, during the years 1873-76, Il, Physics and chemistry, vol. I, part. I. 2 cad SÉANCE DU 13 AVRIL 563 Dans la formation d'un sel de chaux, l’'ammoniaque est souvent un intermédiaire, et la présence de chaux vive est loin d’être nécessaire : l'enfant ne calcifie-t-il pas son squelette sans absorber de la chaux vive? Dans la terre, s’il n’y a pas d'ordinaire de chaux vive, il ya production incessante d'ammoniaque, et les mutations entre les sels d’ammoniaque et les sels alcalins et alcalino-terreux paraissent s’y faire encore mieux que dans l’eau de mer. D'ailleurs, c’est un organisme vivant, le Ver, qui paraît être le siège de la réaction. Les expériences de M. Combault soulèvent donc une foule de questions intéressantes. La facon dont cet auteur les a abordées nous fait attendre de lui leur solution. À PROPOS DU PROCÈS-VEBBAL. REMARQUES SUR LA NOTE DE M. LEPAGE (1), par J. TIssor. M. Lepage a présenté, à la dernière séance de la Société de Biologie, une note sur une canule à soupapes pour l’anesthésie. Cette canule présente une ressemblance frappante avec un autre appareil déjà décrit et que M. Lepage paraît ignorer. Je l’engage à se reporter aux publica- tions concernant cet appareil (2 et 3). Les modifications qu'il lui a fait subir, notamment celle qui concerne la soupape d’expiration, sont peu heureuses ; cette dernière modification, en particulier, supprime la pos- sibilité de recueillir l’air expiré pour en faire l'analyse ou pour y doser le chloroforme. Quant au dispositif (déjà employé) destiné à faire varier la quantité de chloroforme absorbée, il présente l'inconvénient de ne pas permettre l'admission d’air exempt de chloroforme. Cette condition ne peut être remplie qu à l’aide d'un système comprenant deux tubes distincts, l’un amenant l’air chloroformé, l’autre l'air pur, et dans lequel l’obturation de l’un des tubes provoque l'ouverture de l’autre. (1) L. Lepage. Canule à soupapes pour l'anesthésie. Comptes rendus de la Siciété de Biologie, 29 mars 1907. (2) A. Chauveau et J. Tissot. Outillage très simple et très sûr, d'application aussi rapide que facile, etc. Comptes rendus de l'Académie des sciences, 24 juin 1904. (3) J. Tissot. Nouvelle méthode de mesure et d'inscription du débit et des mouvements respiratoires de l’homme et des animaux. Journ. de Phys. et Path. gén., juillet 1904. 564 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL. LE RALENTISSEMENT ET L'ACCÉLÉRATION DES OSCILLATIONS Des Convoluta. par GEORGES Bonn. Dans la dernière séance (16 mars, p. 4175), M. Lapicque a protesté contre les remarques ae j'ai faites au sujet de sa réponse. Je ne puis que maintenir ce que j'ai dit. Voici pourquoi. On sait que les oscillations de la mer subissent un certain retard dans l’espace de 24 heures, et que ce retard est sujet lui-même à une variation périodique de quinzaine : augmentant en morte eau, dimi- nuant en vive eau, puis restant sensiblement stationnaire (29 à 39 mi- nutes). La courbe en trait plein de la figure ci-jointe représente précisé- ment cette variation (1), du 11 au 25 septembre, à Saint-Jacut. Il était naturel de se poser la question suivante : le retard des oscillations des animaux littoraux par 24 heures suit-il une variation parallèle? J'ai répondu : oui. Evidemment, la courbe relative aux animaux ne saurait se superposer exactement à celle de la marée. Mais ce que l'on peut affirmer, c’est que les oscillations des animaux, comme celles de la mer, se succèdent plus lentement en morte eau, plus rapidement en vive eau. C'est inconcevable, a soutenu M. Lapicque. Pour lui, les osElione des animaux littoraux dans l'aquarium, si toutefois dis existent, doi- vent être réglées sur le rythme du jour où a eu lieu l'isolement (1906, IT, p. 708) et_ par conséquent le retard en 24 heures resterait constant et serait représenté, non par une courbe (comme A B C), mais par une ligne horizontale (comme A L). Les chiffres de ma note du 19 janvier (p. 51-52) contredisent l'opinion de M. Lapicque. 1"° série. 3 lots de Convoluta sont isolés en aquarium le 14, alors que le retard des oscillations des animaux est de 45 minutes par 24 heures; le 18, les oscillations, qui ont persisté, présentent un retard d’au moins 90 res par 24 heures. Le retard a augmenté consi- dérablement; or, on est en morte eau. 2e série. 3 lots sont isolés le 18, alors que le retard des oscillations des animaux est de 85 minutes par 24 heures; le 25, les oscillations persistent encore, et présentent un (1) Dans ce graphique, les jours sont portés suivant l’axe des x, et: Les. retards des marées par 24 heures suivant l'axe des y. En trait plein est la courbe de ces retards. En trait discontinu sont tracées les courbes des. retards des oscillations des animaux par 24 heures (voir 19 janvier, p. 54). A BCest celle qui correspond à ma première série d'expériences (lot @); B C D, celle qui correspond à ma seconde série (lot c). SÉANCE DU 13 AVRIL 565 retard de 30 minutes par 24 heures. Le retard a diminué considérable- ment; or, on est en vive eau. Les retards de la marée par 24 heures sont : Dans première série : . . . . . . CFA: PORTE Fr Eee EE — deuxième série. . . . . . . 69 59. 49 44 38 36 sh go 80 TO & o ©. à z &5)A. + 201 a | 301 ee - és = HD (40) 20 E * SÉRIE Ki 0 L.Montes — Descente — ou) | Ou (een) — o FE =. 1 Septontue FA | 17 418 19 210 21 12 25 2% 45 10 à Exsern mer Sim 3.41 JA 452 S44 7-6 8:68 103 UI2 0115 100 1.44 ALO 2SKX 3318 arbare 29 30 32 39,;52 82 gz 88 eg 59 49 44 38 36 33 M. Lapicque dit : « Dans les deux séries, les intervalles entre deux basses mers consécutives vont en décroissant. » Ceci est inexact, aï-je déclaré dans la dernière séance, et je le maintiens. En effet, dans la 17° série, 3 chiffres sur 6 vont en croissant; dans la seconde, tous vont en décroissant. M. Lapicque ne veut pas tenir compte des chiffres croissants de la 1'° série, et ceci sous prétexte que les chiffres corres- pondants pour les animaux ne sont pas assez nombreux et précis. Mais ces derniers chiffres ne sont pas en cause. Je constate que du 1% au 18 le retard des oscillations des Convoluta a augmenté de 45 à 90 (de À à B sur la figure), sans avoir la prétention d'indiquer suivant quelle lai s’est faite cette croissance (1). Faut-il pour cela nier le fait constaté? Je ferai la comparaison suivante. Des feuilles vertes sont main- tenues à l'obscurité pendant einq jours, et la proportion d’amidon con- tenue tombe de 10 à 1 par exemple; même si je n'ai pas fait de dosages le 2°, le 3°, le 4° jour, le fait est vrai. Maïs je suppose que j'ai fait un (1) En morte eau, les oscillations des Convoluta, tout en devenant beau- coup plus lentes, s’affaiblissent. Les contrastes des teintes sont peu pronon- cés, même dans la nature, comme l'ont constaté Gamble et Keeble dans leur beau mémoire sur les Convoluta ; et il devient difficile, surtout la nuit, de noter le moment précis de l’apparition et de la disparition des taches. 566 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dosage le 4° jour; viendra-t-il à l’idée que DOFDAUIERCE n’a duré que deux jours et de dire : après un séjour de 2 jours à l'obseurité, Ja pro- portion d’amidon contenue dans une feuille est réduite au 10°, alors qu'en réalité il faut einq jours pour arriver à ce résultat. Ce serait une erreur. Or, M. Lapicque a commis une erreur du même ordre en faisant commencer mes expériences de la 1'° série au 4° jour. Par un procédé vraiment inqualifiable, M. Lapicque se permet d’am- puter la 1° série de mes expériences, les dénaturant ainsi complètement. Il n’a pas le droit de faire commencer ces expériences au moment où ül le veut, le 17 ou le 18; ces expériences commencent en effet le 14 : c'est le 14, et non le 17 ou le 18, que les animaux ont été soustraits à l’in- fluence de la marée. Il y a lieu de tenir compte de ce qui a pu se passer en aquarium du 14 au 17; j'ai représenté ea grisaille dans la figure pré- cisément la partie de mes expériences supprimée par M. Lapicque. Que l’on examine celte figure. La montée de la courbe en trait plein représente la période du ralentissement des oscillations de la mer, soit trois jours; la descente représente celle de leur accélération, soit six jours. Or, la L"° série de mes expériences débute au point À, au bas même de la montée; la 2°, au point B, au haut de la descente. L'isole- ment des animaux a donc eu lieu, dans l’un et l’autre cas, dans des con- ditions contraires. Mais la montée se faisant en deux fois moins de temps que la descente, la 1"° série d'expériences s'est prolongée au delà de la montée, de B en C; ceci d'ailleurs ne fait que confirmer ce que j'avais avancé, puisque la courbe, en traits interrompus, du retard des oscillations des Convolula redescend également. IL est évident que M. Lapicque voudrait une série ascendante compa- rable à la série descendante, c’est-à-dire comprenant au moins 6 chif- fres croissants aussi neltement que les 6 chiffres de la 2° série décrois- sent (de 92 à 38). Malgré mon désir de faire plaisir à M. Lapicque, je ne le puis, puisque la montée (39 à 92) n’a lieu qu'en trois jours’; il faudrait pour cela que je fusse capable de modifier le mouvement des marées. M. Lapicque ignore donc les lois de la marée: je m'en étais aperçu dès le début de notre discussion, et c’est pour cela que j'ai donné le tableau de ma première note, qu'il a trouvé superflu, qu'il à tant raillé, mais qu'il aurait mieux fait d'étudier. Je m'étonne de la désinvolture avec laquelle M. Lapicque a amputé arbitrairement ma première série d” expériences. Avec les textes, il né se gène pas davantage. P. Fauvel et moi nous avions écrit (29 janvier 1907, p. 121) : « En grande marée, les Diatomées observées sortent deux fois par jour, # heures en moyenne chaque fois (2 heures avant à 2 heures après la mer basse); de la grande marée à la morte eau, petit à pelit. la sortie du soir devient plus courte; elle finit par ne plus avoir lieu. » Nous avions ajouté : « La périodicité ne se manifeste qu'en présence de la lumière et reste non apparente à l'obscurité (soir, nuit). » Or, les 14 1 SÉANCE) DU 13 AVRIL 567 chiffres incriminés par M. Lapicque sont précisément relatifs au com- Mmencement de la morte eau et au soir; ils indiquent qu'alors la sortie du soir, en milieu par trop asphyxique, cesse à 7 heures, lors de la baisse du jour. Sur ce point, les chiffres et les conclusions sont done en parfait accord. Je laisse au lecteur le soin de juger si M. Lapicque a le droit d’omettre la phrase qui se trouve maintenant en italiques dans le texte que je viens de citer. Qu'il apprenne toutefois que, pour que le pho- totropisme se manifeste, une condition est indispensable : c'est qu'il y ait de la lumière. CANULE DROITE, A SOUPAPE, POUR LA RESPIRATION ARTIFICIELLE, PERMETTANT DE FAIRE VARIER L'INTENSITÉ DE L’INSUFFLATION, par L. LEPAGE. Cette canule se compose de deux pièces principales, B et C. La pièce CG porte à une extrémité l’embout s’adaptant au tube qui vient du soufflet. Devant l'ouverture opposée est fixée une soupape surmontée d'une lame L. La pièce B présente vers son milieu une fenêtre F. Ces deux pièces sont réunies en bonne position quand on a fait tourner à fond la pièce C dans l'articulation à bayonnette de la pièce B. | La pièce B peut se prolonger par un embout trachéal faisant corps avec elle. : Si on désire changer la grosseur de cet embout, suivant la taille de l'animal en expérience, on doit disposer d’une série de pièces À, mobiles, dont l’extrémité trachéale présente des diamètres différents. Fonctionnement : L'air venant du soufflet passe dans la pièce C et soulève la soupape. Dans ce mouvement, la lame L vient fermer la fenêtre F et permet le passage de l’air dans le poumon. À chaque interruption de l’insufflation la soupape retombe, elle ferme le tube C, et tout l'air expiré sort par la fenêtre F, sans pouvoir être aspiré dans le tube du soufflet. L'échancrure circulaire de la bayonnette, sur la pièce B, doit être ne 568 SOCIÉTÉ DE BIOLUGIE assez longue pour permettre, tout en maintenant la réunion des pièces, de faire tourner la pièce C dans une position telle que la lame L laisse à découvert une partie ou la totalité de la fenêtre F; une certaine quantité de l'air venant du soufflet s'échappe aïnsi au dehors, ce qui permet de régler l'intensité de l'insufflation suivant la capacité pulmo- naire, sans toucher au moteur ou au soufflel. - Pendant les opérations faites dans l'abdomen ou le thorax, on est parfois gêné par les mouvements des poumons ou du diaphragme, à chaque période de la respiration artificielle. En laissant la fenêtre FE plus ou moins ouverte, on diminue considérablement ces mouvements et l'animal reçoit cependant une certaine quantité d'air. L'opération terminée, un simple mouvement de rotation des de pièces B et C remet tout en place. La forme droite de cette cauule permet de la maintenir dans la position convenable pour ne pas gêner le jeu de la soupape, puisque cette canule est dans le prolongement du tube du soufflet et de la trachée où de la muselière à respiration artificielle. | (Laboraloire de physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) SUR LES GRANULATIONS BASOPHILES DES HÉMATIES, par J. Joccy et A. VALLÉE. On sait que dans les anémies spontanées de l’homme et dans les anémies provoquées par des intoxications chez les animaux, on peut observer, dans un certain nombre d’hématies, des granulations colora- bles par les couleurs d’aniline basiques. La nature de ces granulations n'est pas encore connue, et les opinions, à ce sujet, sont très partagées. Les uns, comme Askanazy, Engel, Sabrazès, les considèrent comme le résultat de la fragmentation du noyau du globule rouge nucléé pendant sa transformation en hématie; les autres, comme Grawitz, Bloch, Pap- penheim, Weidenreich, s'élèvent contre la nature nucléaire et consi- sidèrent plulôt les granulations comme le résultat d’une altération de l’'hématie. M. Sabrazès a indiqué un objet très favorable pour l'étude de ces granulations, c'est le sang du cobaye intoxiqué par l'injection d’acétate de plomb dans la cavité périnéale, à raison de 6 milligrammes de subs- tance active par jour. Nous avons repris ces expériences et voici les résultats auxquels nous sommes arrivés : 1° La facilité avec laquelle les granulations sont obtenues chez le SÉANCE DU 13 AVRIL 569 cobaye permettait de se demander si on ne pouvait pas les observer déjà, à l’état physiologique, dans cette espèce. Déjà Bloch, Lüwenthal, Schwalbe et Solley en ont trouvé chez des cobayes normaux. Weiden- reich constate également le fait, et conclut que les hématies à granula- lations basophiles font partie du sang normal du cobaye. C’est égale- ment la conclusion à laquelle nous arrivons. On peut les mettre en évidence chez presque tous les individus, et quelquefois en grand nombre. Les insuccès tiennent surtout à des causes techniques (1); 2° Chez les cobayes intoxiqués par le plomb, le nombre des hématies granuleuses nous a paru plus grand que chez les cobayes normaux, mais la différence n'est pas toujours bien considérable. 3° Par l’ingestion de céruse, à raison de 25 à 50 centigrammes par jour, nous avons, chez le cobaye, comme dans les injections intra- péritonéales d’acétate de plomb, obtenu, au bout de quelques jours, l'apparition de globules rouges nucléés, quelquefois nombreux, et l’aug- _mentation des leucocytes polynucléaires. Ce dernier phénomène n'est pas constant; par contre, l'apparition des globules rouges nucléés semble exister toujours. Elle se voit, aussi bien chez les animaux qui, très sensibles à l’action du plomb, ne tardent pas à succomber, que chez ceux qui résistent. Le phénomène réapparait, lorsque après un intervalle de repos on redonne de la céruse; 4° Les restes nucléaires chromatiques décrits par l’un de nous dans le sang de beaucoup d'espèces de mammifères nouveau-nés, n'existent ni chez le cobaye adulte, ni chez le cobaye nouveau-né, ni chez le cobaye intoxiqué par le plomb. Les granulations basophiles ont des réactions différentes de celles de la chromatine et différentes de celles des restes nucléaires vrais. Nous n'avons réussi à les colorer ni par le vert de méthyle, ni par la safranine. Elles prennent difficilement l’hématéine; elles se colorent en bleu avec le mélange de Giemsa dans les conditions où la chroma- tine et les restes chromatiques se colorent en rouge. Dans le sang du cobaye intoxiqué par le plomb, on ne trouve pas de passages véritables entre le noyau des globules rouges nucléés et les granulations basophiles. Enfin, nous avons constaté, d'une part la pré- sence de granulations basophiles dans des globules rouges nucléés, d'autre part, l'absence ou la rareté des hématies à granulations baso- philes dans la moelle osseuse. Nous arrivons donc à conclure que la nature nucléaire des granula- (1) Pour mettre les granulations en évidence, nous nous sommes servis de diverses méthodes. Celle qui nous a donné les résultats les plus constants est la suivante, recommandée par Weidenreich : fixation du sang frais par les vapeurs d'acide osmique une demi-minute; coloration avec le mélange de Giemsa. 570 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ? tions basophiles n'est pas démontrée et qu’elle est même peu probable. Nous pensons plutôt avec Grawitz, Bloch, Pappenheim, Weidenreich, qu'il s’agit d'une modification du discoplasma. (Travail du laboratoire d'Histologie du Collège de France.) SUR L'HISTOLOGIE DES GLANDES CALCIFÈRES DES LOMBRIGS, par ANDRÉ COMBAULT. Dans ma précédente note (1), jai attiré l’attention sur les fonctions des organes situés dans la paroi œsophagienne des vers, décrits sous le nom de Glandes calcifères ou Glandes de Morren et considérés jusqu'ici comme des glandes à fonctions digestives. J'ai dit sur quelles expé- riences je me basais pour émettre L'no nêse du rôle purement respi- ratoire de ces « glandes » et les comparer à des branchies internes (2). PE histologie n’est pas moins significative à ce sujet. En effet, à l'intérieur de ces organes, le microscope ne décèle ni tubes glandu- laires, ni acini, ni canaux excréteurs; et il suffit, à mon avis, de jeter un coup d'œil sur une coupe passant par une Glande de Morren, pos lui refuser toute fonction digestive. Déjà Beddart, au cours d'une étude sur les Zudrilidés, s'était refusé à admettre la « nature épithéliale » des Glandes de Morren et voulait y voir des « glandes vasculaires sanguines ». _ L'organe lui-même est essentiellement formé d'une cavité traversée par un grand nombre de lamelles transversales, parallèles, composées de deux assises de cellules, entre lesquelles circule une nappe sanguine qui relie deux vaisseaux longitudinaux. Le sang n’est séparé que par une assise de cellules de la cavité dite glandulaire. Sur des prépara- tions où l’endothélium vasculaire était nettement visible sur des vais- seaux voisine, il était impossible de le distinguer sous cette assise. Il faut donc admettre que cette assise est, ou la paroi vasculaire elle- même, ou l’épithélium glandulaire, d’origine endodermique, sous lequel le sang circule librement, en larges nappes issues d’un vaisseau pour pénétrer à nouveau dans un autre vaisseau. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, n° 10 (1907). (2) M. G. Bohn m'a signalé depuis un fait qui vient fortement corroborer mon opinion. Il a observé sur les branchies externes de plusieurs espèces de crustacés ce que j'ai observé moi-même à l’intérieur des « glandes de Morren » : la formation et le dépôt de Co°Ca par suite de la neutralisation du Co? dégagé par ses branchies. L'analogie des deux phénomènes me permet davantage eucore d’assimiler les glandes de Morren à des branchies internes. SÉANCE DU 13 AVRIL 571 ————""——" ———— ——— — — ——— ———— ———————…"—…—"—"— ———…—…—"….…".…—…".)…"…"…"… …"…"”…”…" —_—….….…"….…"…"…" _—…"…"…"…"”"…"”…" …—…—…—…—…—……—…"…—…" …".…"…."…—…"……—…—…" …"— _…"… —_—….… _. _ —_—_—— Or, Harrington avait déjà observé : 1° que les cellules détruites sont remplacées par des éléments venus du sang; 2 que chez l'embryon, l'épi- _thélium des glandes de Morren contient les mêmes granulations vitellines (caractéristiques du mésoderme) que les amæbocytes du sang et les cel- lules endothéliales lie et péritonéales. Ces constatations auraient dû laisser à Harrington des doutes sur là nature digestive de ces glandes, d'autant que Lankester et Claparède ont depuis longtemps observé la transformation des cellules endothéliales en amæbocytes. Ya SEVEN FN. ae (NENEVNY/ Éoe act JUL Î RES 7 En haut, coupe transversale d’une glande de Morren, fixée à l’alcool. — En bas, coupe transversale d’une glande de Morren, fixée au liquide de Bouin. G, cellules glandulaires; S, sang: CG, cavité glandulaire; CM, couche musculaire: TC, couche conjonctive; E, épithélium œsophagien. Il est vrai que l’assise a toujours été décrite comme bien différente de l’endothélium vasculaire. Cela tient avant tout à une différence de technique. En effet, dit M. E. de Ribaucourt, si on emploie un colorant ouun fixateur acide, les cellules de cette assise s’abiment et se désa- grègent. [1 faut fixer par l'alcool absolu et colorer simplement au carmin de Grenacher. On obtient ainsi des cellules assez hautes bien différentes de l’endo- thélium vasculaire. Mais il faut remarquer que ces cellules hautes sont ‘ seulement unies entre elles par leur base; elles semblent hypertro- phiées sous l'influence de leur fonction physiologique, elles se creusent de vacuoles où se déposent des granulations calcaires d'autant plus nombreuses qu'on s'approche de la cavité. Ces granulations finissent NN TEA JS ARE MD Te SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE e par faire éclater la cellule qui est toujours détruite partiellement ou totalement (fonte cellulaire d'Harrington). Or, si au lieu de s'adresser au Zumbricus Herculeus où à l'Helodrilus Caliginosus on prend par exemple le Phænicodrilus taste étudié par Eisen en 1895, on trouve un endothélium aplati très mince rappelant bien l'endothélium vasculaire. Et la formation de Co°Ca dans ces glandes se fait sans que jamais on observe de granulations à l’intérieur des cellules. De plus, si, contrairement aux procédés habituels, on fixe par un fixateur acide (et dans le cas présent j'ai employé le liquide de Bouin), le carbonate se dissout et les cellules sont désagrégées. Mais dans cerlains points de la préparation elles sont assez bien conservées et, vues en coupe ou de champ, elles présentent assez bien l'aspect de l’'endothélium vasculaire avec lequel elles semblent se continuer. Les noyaux y figurent cependant une saillie plus forte. L'histologie de l’adulte et de l'embryon me semble montrer que le tissu des glandes de Morren est d’origine mésodermique vasculaire. LES SELS DE CALCIUM DANS LE TRAITEMENT DE L'URTICAIRE. — OBSERVA- TIONS CLINIQUES. — POSOLOGIE. —- SUPPLÉANCE ENTRE LES SELS DE STRONTIUM ET DE CALCIUM, par ARNOLD NETTER. A l’appui des considérations développées dans l’avant-dernière séance, nous cilerons tout d’abord l'observation suivante qui peut servir de type et qui a été poursuivie pendant plus d’une année et demie. Mxe M.., de bonne santé habituelle, ne présentant d'autre tare qu'une ner- vosité assez grande, se trouvait en province en juillet 1905, quand elle res- sentit pour la première fois, sur divers points du corps, des démangeaisons très violentes accompagnées de développement de saillies parfois volumi- neuses de couleur blanche ou rosée. Cette éruption se répétait avec une très grande fréquence. Je ne vis pas la jeune malade à ce moment. Consullé par correspondance le 10 juillet 1905, je conseillais de surveiller son régime et de prendre tous les jours 3 grammes de CaCl° dans une potion additionnée de sirop de menthe, qui m'avait donné des résultats satisfaisants chez beaucoup de malades. A ma grande surprise, le résultat fut nul, et il semble même que le remède exagérait l'éruption. Le traitement institué (août et octobre 1905) par un médecin spécialiste des plus compétents ne fut pas plus heureux {bromure, salicylate de soude, alcalins, quinine, etc.). Je vis pour la première fois l’éruption le 26 octobre, ce qui me permit de SÉANCE DU 13 AVRIL 573 vérifier le diagnostic porté à distance : urticaire géante à forme œdémateuse. J'insistai sur l'emploi du CaCl. Cette fois, le médicament eut une influence très prompte et très efficace qui se manifesta à l’occasion des atteintes ulté- rieures. Ma cliente peut du reste prévenir ces atteintes en prenant plusieurs jours de suite du CaCP et, au cours de ce traitement, elle peut ingérer sans aucun inconvénient les aliments les plus susceptibles de provoquer l’urticaire. Nous avons trouvé l'explication de l’insuccès apparent en juillet. Le pharmacien avait donné par mégarde du chlorure de sodium. La même erreur s'était reproduite en novembre 1905, mais, heureusement, on avait reconnu que le flacon revenu de la pharmacie portait la reproduction de l'ordonnance avec chlorure de sodium au lieu de chlorure de calcium. La jeune malade a d’ailleurs parfaitement reconnu la différence de goût des deux potions, l’excipient restant le même. Notre observation ne prouve pas seulement l'efficacité du calcium comme moyen préventif et curalif de l’urticaire. Elle semble bien établir la relation de cette affection avec une rupture dans l'équilibre normal des ions métalliques. Nous y voyons en effet, au début, une aggravation succéder à l’ingestion exagérée de chlorure de sodium résultant de l'erreur du pharmacien. Il ne s’agit pas d’un fait isolé. Erasmus Paramore (1) nous fait con- naître deux observalions qui ont la valeur de véritables expériences sur l'homme. Chez un malade sujet aux urticaires, on administre à trois reprises de l'acide citrique pendant une période d’accalmie. Chacune de ces administrations fut l’occasion d’une poussée intense d’urticaire qui céda régulièrement au lactate de calcium. Paramore voulant expérimenter sur lui-même les effets de l'ingestion d'acide oxalique, prit lous les jours 10 grains (0,65) de cet acide. Au bout de deux ou trois jours, il ressentit des démangeaisons extrême- ment pénibles, surtout la nuit, et vit apparaïlre une papule et quelques pétéchies. Il ne put prolonger l'ingestion plus d’une semaine en raison de l’insomnie et de l'hyperexcitabilité. Un collègue de laboratoire, qui s'était soumis à la même expérience, ne fut point incommodé. Un autre élève de Wright, Ross (2), constate que, chez trois malades atteints de céphalalgie accompagnée d’urticaires ou d’engelures, l’admi- nistration des sels de calcium fait disparaître ces dernières en même temps que la céphalée, et que les accidents reparaissent après ingestion de citrate de potasse. Dans ses mémoires si intéressants sur le mécanisme des purgalifs, (1) Paramore. An experimental Study of some Cases of Urticaria. British Journal of Dermatology, juillet-août 1906. (2) Ross. On the relief of certain Headaches by the Administration of one of the Salts of calcium. The Lancet, 20 janvier 1906. © 1 Ts SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mac Callum nous apprend qu’en faisant ingérer de petites quantités de citrate de soude à des lapins, on détermine une hyperexcitabilité cutanée de ces animaux, et que cet élat peut se prolonger encore plusieurs semaines après cessation de cette ingesiion. Dans les observations de Ross et dans la première observation de Paramore, l’urticaire coïncidait bieu avec une diminution de la coagu- labilité du sang, et cette coagulabilité était accélérée après administration de calcium. Mais iln’y eutrien de pareil dans l'observation personnelle de Paramore, où l’ingestion d’acide oxalique ne modifia nullement le temps de coagulation. On ne saurait donc attribuer les effets de l’administra- tion et de la soustraction de calcium à une simple influence sur la coagulabilité sanguine. Le sel de calcium employé de préférence par nous est le chlorure, qui présente l'avantage d’être très soluble et qui a été utilisé dans les expé- riences des physiologistes aussi bien que dans les observations de Wright. Nous avons eu recours souvent aussi au lactate de calcium qui ne pré- sente pas l’amertume du chlorure, et même aux sels insolubles, qui $e transforment en chlorure dans l'estomac. La dose employée par jour varie entre À gramme et 4 grammes. L’ad- ministration peut êlre prolongée pendant huit à dix jours. Il convient, toutefois, d'interrompre un jour sur quatre. Wright avait déjà montré les inconvénients d'un usage trop prolongé. L’excès de calcium a sur la coagulabilité du sang (Horne), du lait et, sans doute, sur les autres phénomènes, les mêmes effets que son défaut. Nous avons vu chez quelques malades l'influence favorable des sels de calcium disparaître après quelques années. Dans ces cas, nous avons oblenu des résultats favorables en nous adressant au (lactale de strontiane. Ici encore, nous avons suivi l'exemple de Wright et de ses collabora- teurs Paramore (1), Ross et Nias (2). Ces auteurs ont rencontré des sujets atteints d'hémophilie, d’urticaires, d’albuminurie, chez lesquels des sels de calcium étaient inefficaces et qui étaient améliorés ou guéris par les sels de strontium et même de magnésium. Ils ont pu montrer que chez ces sujets le strontium ou le magnésium accéléraient la coagu- lation du sang, landis que les sels de calcium restaient sans effet. (1) Wright et Paramore. On certain points in connexion with the exaltation and reduction of blood coagulability by therapeutic measures. The Lancet, 14 octobre 1905. ‘ (2) Nias. Observations on the action of strontium salts on the coagulabiliiy of the blood. The Lancet, 18 août 1906. 1} SÉANCE DU 13 AVRIL © 1 Ÿ — - La chimie nous avait déjà fait voir la parenté élroile entre les divers mélaux alcalino-terreux el la substitution avail été préconisée par plu- sieurs cliniciens et thérapeutes. Cette substitution est encore plus justifiée par les recherches des biologistes et des physiologistes. Arthus et Pagès ont montré que l'influence des sels de slrontium est de même ordre que celle du calcium vis-à-vis de la coagulation du sang et Ringer et Sainsbury ont fait la même démonstration pour la coagulation de la caséine. Sidney Ringer à fait voir que le strontium, comme le calcium, prolonge les contractions du cœur, et Loeb qu'il favorise le développement du fun- _dulus et exerce la mème influence antitoxique vis-à-vis des sels de sodium. Les sels des deux métaux empéchent les contractions rythmiques spontanées des muscles volontaires (Loeb\ et l'hyperesthésie cutanée (Loeb), le péristaltisme intestinal (Mac Callum), l’hémolyse (Manvaring, Vincent et Dopter). Malgré la parenté chimique du baryum avec le calcium el le stron- tium, les sels de baryum n'ont pas les mêmes effets physio'ogiques. Ils sont diurétiques et augmentent le péristaltisme intestinal. Leur toxicité bien connue ne permettrait du reste point de songer à les substituer à ceux de calcium ou de strontium. ÉPIDÉMIE ALIMENTAIRE DUE A DES BACILLES DU TYPE PARATYPHIQUE B. PRÉCOCITÉ DES ACCIDENTS, par ARNoLD NeTTER et Louis RiBADEaAU-Dumas. Nous avons eu l’occasion, l’année dernière, d'établir par la culture l'intervention du bacille paratyphique B dans une petite épidémie pro- voquée par l'ingestion d'un pâté de galantine. L'histoire de ces cas a été rapportée par M. le D' Sergent (1). Sept membres d’une famille avaient été pris brusquement le 6 juin d’acci- dents cholériformes avec vomissements, diarrhée et hypothermie, dix à vingt-qualre heures après le repas. Chez trois personnes et notamment chez deux domestiques, l'affection se prolongea dix et même vingt jours. La phase cholériforme fut suivie de symptômes de gastro-entérite fébrile avec sécheresse de la langue, haleine fétide, météorisme, selles. diarrhéiques, céphalée tenace, épistaxis, insomnie, splénomégalie. Les accidents étaient dus sans aucun doute à l’ingestion de ce päté. Une des personnes atteintes, en effet, n'avait mangé au repas commun, 5 juin à midi, qu'un peu de gelée entourant la galantine. Dans une (1) Émile Sergent. Le rôle de l'infection dans les accroissements alimen- taires d’origine carnée. Tribune médicale, 3 novembre 1906. Brozocre. Comptes RENDUS. — 1907, T, LXII. 40 Rs 516 SOCIÉTÉ. DE BIOLOGIE- maison voisine, des accidents analogues avaient paru à la mêmedate après ingestion de galantine achetée le même jour chez le même char- cutier. Il n’a pas été possible de soumettre à l’ensemencement les restes de la galanline ou la viande ayant servi à la préparer. | En revanche, nous avons pu isoler des urines et des matières fécales des. trois malades un bacille agglutiné par leur sérum; bacille qui d'après les caractères biologiques appartient au groupe des bacilles paratyphiques B. L'ensemencement a été fait sur plaques de Drigalski et Conradi, trois jours après le début des accidents. Nous avons obtenu à côté de. quelques colonies de coli des-cultures extrêmement abondantes d'un bacille ne faisant pas virer la gélose tournesolée et lactosée. Ce microorganisme, bacille cilié, très mobile, ne prenant pas le Gram, pousse bien sur les milieux ordinaires. Le bouillon est uniformément troublé, sans présenter de voile. La gélatine n’est pas liquéfiée. La cul- ture sur gélose est blanche, large, non festonnée. Sur pomme de terre, la culture est plus appréciable que celle de l’Eberth, moins que celle du coli. Il ne se forme pas d’indol dans l’eau peptonée. La gélose au Neutralroth présente une fluorescence très nette au bout de vingt-quatre heures. Il y a dégagement de gaz très abondant dans la culture en tube de Veillon. Le lait n'est point coagulé; le lait tournesolé. d'abord, incolore, huileux au quatrième jour, reprend à partir du neuvième, une teinte bleue qui va en s’accentuant les jours suivants. | En milieu de Barsiekow, on constate la fermentation d'un grand nombre de sucres : glycose, maltose, levulose, mannite, dulcite. La lactose, l’inulsine, la raffinose restent inattaquées. Sur milieux solides vaccinés depuis trois mois contre le bacille para- typhique À, le bacille de Morseele, la culture est faible. Elle est moins faible dans les milieux vaccinés contre l'Eberth, elle est à peu près nulle, dans les milieux vaccinés contre le bacille paratyphique B, nulle aussi dans les milieux sur lèsquels a poussé le coli. Le bacille de nos malades n’est pas agglutiné par les sérums normaux. Un sérum de typhique qui agglutine l’Eberth au 41/1200 n’a aucune action sur lui, pas plus que le sérum d’un malade agglutinant le bacille paratyphique À à 1/200°. Les sérums d'animaux fortement immunisés contre l’Eberth, le paratyphique À et le bacille de Gærtner n'ont guère provoqué d’'agglutination appréciable. Le sérum d'un lapin qui agglu- tinait le B au 1/5000° agglutine notre bacille à 14/2000. La recherche du phénomène de Pfeiffer confirme les réactions précé- dentes et montre que le mieroorganisme appartient au groupe des bacilles paratyphiques B. ETES 1. D DES 3 * 1/80 2 SÉANCE DU 13 AVRIL 577 Il est pathogène pour le lapin, la souris, le cobaye. Au début, il tuait le lapin en vingt heures par injection intraveineuse. Du pain arrosé de culture en bouillon a donné la mort en vingt- quatre heures à deux souris sur six. Les autres souris, mélangées par erreur à des souris saines ont provoqué une épidémie qui, en peu de temps, a fait mourir tous ces animaux. L'agglutination étudiée sur le sang des malades avec divers types de paratyphiques B a donné des résultats variables suivant les malades et l’époque où elle à été recherchée. Trois jours après l’éclosion des acci- dents, elle était à peu près nulle. Par contre, au onzième jour, si elle n’a guère monté au-dessus de 1 p. 30 pour AF, dont la maladie a duré trois jours seulement, elle atteignait un taux élevé pour Am et pour L encore malade à cette époque, 1 p. 350 et 4 p. 400. Elle restait négative pour l’Eberth, le bacille paratyphique A, les bacilles de Gærtner, de Moorseele, de Känsche et le colibacille. Les tableaux suivants montrent que le taux d’agglutination a été surtout marqué pour le bacille des malades et les bacilles de Sirault, Calmphout, Conradi et Kiel. D’autres bacilles du type B ont été sensi- blement moins impressionnés. AGGLUTINATIONS DE L, Ant. Neunk. Mexrelb. Tempelhoi. Piütacose. Kiel. Conradi. Calmphout. GSirault. B.L. L'ARARESE TE DS SE ci < an 1/20 == . A 0 EN 2e 1/100 ie 1/150 1/250 1/400 HE +++ +++ +++ AGGLUTINATIONS DE AM. Merrelbecke. Tempelhoi. Neuenkirchen. Ænirycke. Kiel. Sirault. Conradi. Bac. Am. 1/20 == + = . NE + + 1/40 + +) + + + 1/80 = = + + 4/100 01% Je ee 1/450 se se 1/300 Je 11350 2 Le bacille paratyphique B qui est intervenu dans nos observations a été isolé déjà dans plus de vingt épidémies alimentaires causées par les viandes de bœuf, de cheval, de porc, de lapin, de brochet et même par des plats de semoule el de haricots (A). (1) Les observations de cette nature ont été relevées en Allemagne, Angle- terre, Belgique, Italie, Pays-Bas, Suisse. M. Pottevin a rapporté en 1904, des observations recueillies au Havre, avec examen bactériologique et recherches de l’agslutination. 518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'histoire de nos malades prouve que des accidents sérieux survenant dix heures après l’ingestion suspecte peuvent parfaitement êlre de nature infectieuse, sans que l’on puisse pour cela contester l'action simultanée des toxines présentes dans l'aliment ingéré. Mais les toxines elles-mêmes sont dues à l'intervention des agents infeclieux parfaitement susceptibles de les produire en dehors du corps du malade comme chez ces derniers. Dans un certain nombre des épidémies antérieures, pareille démons- tration à pu être faile, alors que l'intervalle qui a séparé l’ingestion et les premiers accidents à été plus court encore. Il n’est pas besoin d’insister sur l'analogie qui existe entre les épidé- mies carnées précitées et celles qui ont succédé à l'ingestion des huîtres. s LES TROIS ÉTAPES DE LA VIE AÉROBIE DU BACILLE DU TÉTANOS, SA CULTURE AÉROBIE SUR GÉLOSE INCLINÉE. BACILLE ET BACILLOGÈNE DU TÉTANOS (1), par GEORGES ROSENTHAL. Adapté à la vie aérobie, le bacille du tétanos parcourt les trois étapes de l’aérobisation d’abord en conservant intactes ses propriétés chimi- ques, biologiques et patho;ènes {premier stade), puis en perdant pro- gressivement ses fonctions en culture aérobie avec toutefois possibilité de les retrouver en culture anaérobie (deuxième stade); enfin dans un troisième stade, le bacille a perdu d'une facon irréparable ses carac- tères distinctifs. 1° Par une série de cultures en tube d'Achalme remplis de lait, de bouillon Martin, d'eau peptonée gélatine, fermés à des pressions crois- santes, on arrive progressivement à cultiver le bacille du tétanos dans des tubes bas ordinaires à la pression atmosphérique. Le lait est digéré comme dans les cultures anaérobies. De même, les tubes de lait profonds de diamètre ordinaire ou étroits servent à des repiquages en gammes descendantes de hauteur de liquide. Des repiquages assez larges faits avec des cultures bien déve- loppés tous les qualre à cinq jours permettent en cinq à dix tubes d'arriver à une culture franchement aérobie, avec. digestion de la ca- x séine. Les tubes de gélose inclinée ensemencés à ce moment donnent en général de belles cultures. Dans les séries décroissantes de bouillon ordinaire, souvent le microbe perd sa vitalité, ou bien la dernière étape est difficile à franchir, et un tube de 1 centimètre et demi de diamètre contenant une colonne de (4) Voir Soc. de Biologie, novembre 1902 et 1903; mai, novembre 1906 ; 9 mars 1907; Société de l’Internat, juillet et novembre 1906. SÉANCE DU 13 AVRIL 519 3 centimètres de bouillon ne donne pas toujours des cultures sur gélose. La gamme décroissante d’eau peptonée-gélatine-glucose donne des résultats bien plus sûrs. La culture aérobie du bacille du tétanos sur gélose inclinée présente les caractères suivants. Un ensemencement à l’üse fait développer sur le trajet de la strie du fil quelques colonies arrondies de 2 à 6 millimètres . environ de diamèlre, sensiblement saillantes, régulières, humides et légèrement crémeuses. La couleur vraie d’un blanc franc à une teinte un peu opaline légèrement bleutée ou teintée de gris. Souvent en par- ticulier lorsque la cullure est exposée à la lumière, la teinte devient jaunâtre, sans atteindre jamais la nuance du staphylocoque doré qu'elle rappelle, alténuée. Le fil de platine s'en charge aisément au moindre contact, comme il fait d’une culture de bacille de Friedländer. Un ensemencement abondant donne sur gélose inclinée une nappe légèrement teintée en jaune ou opaline, rappelant fréquemment les cultures de bacille d'Eberth, aspect identique, malgré son plus grand développement, à la culture anaérobie sur gélose inclinée ou sur pomme de terre décrite par les auteurs classiques. Dans les cultures anciennes, la nappe a une surface plane sans rugo- sités. Sur lamelles, bacille court, plus large que le bacille cultivé en anaé- robie, rappelant comme dimensions le bacille d'Eberth: et même le bacille court diphtéritique, gramien, c'est-à-dire résistant à la décolo- ration par l'alcool après action de la liqueur de Gram, non sporogène, peu mobile, bien que les repiquages même aérobies en eau blanc d'œuf sporulent abondamment. Dans les premiers tubes, on trouve soit uni- quement, soit en quantité variable, des bacilles de forme irrégulière à renflement terminal, coudés, incurvés, massués, granuleux, etc. L'inoculation des repiquages sur bouillon donne aux animaux la toxhémie convulsive spécifique, légèrement atténuée ou au moins pro- longée. | 2° Le premier stade dure environ jusqu'à la 5° ou 6° culture sur gélose inclinée. Alors commence le deuxième stade; les cultures aéro- bies liquéfient tardivement et difficilement les cubes de blanc d'œuf; le lait, en apparence intact, n'est digéré que le 5° ou 6° jour; la gélatine continue encore à se liquéfier rapidement; bientôt le pouvoir tryptique tend à s’effacer, mais alors les repiquages en milieux anaérobies peu- vent encore soit à la première, soit à la deuxième ou troisième généra- tion retrouver leurs caractères chimiques primitifs. L'inoculation des cultures aérobies du deuxième stade aux animaux les tuent d’une Loxhé- mie de moins en moins convulsive, puis en dernierlieu d'une cachexie toxique, rappelant l'athrepsie. 3° Enfin survient le troisième stade. Les tubes même de gélatine ne 580 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sont plus liquéfiés. Quel que soit le mode de culture, le pourvoir tryp- tique a disparu; caséine et blanc d'œuf ne sont plus digérés. L’inocu- lation aux animaux produit une cachexie curable, puis même à la dose de 1 à 3 centimètres cubes un simple amaigrissement passager. Le bacille n'est plus sporogène, ét tend à devenir absolument immobile. | | Seule l’agglutinabilité par le sérum antitétanique progressivement décroissante vient signifier avant sa disparition tardive la parenté du bacille tétanique et de sa forme, sans doute à notre avis originelle, le: bacillogène du tétanos. (Laboratoire de M. le professeur Hayem.) NOTE SUR L'APPARITION PRÉCOCE D'ARBORISATIONS PÉRIGLOMÉRULAIRES , FORMÉES AUX DÉPENS DE COLLATÉRALES DES GLOMÉRULES, DANS LES. GANGLIONS RACHIDIENS GREFFÉS, par J. NAGEOTTE. Au bout de vingt-quatre heures il existe, dans les ganglions du lapin greffés, de nombreuses arborisations périglomérulaires, formées de fibres extrêmement fines qui s’enroulent autour des anses des glomé- rules des cellules survivantes. Ces fibres, très longues, ont un trajet compliqué, qui les rend difficiles à suivre ; néanmoins, dans les points favorables, on peut s'assurer qu’elles naissent du glomérule lui-même. Leur calibre est régulier; elles sont aussi fines au niveau de leur émergence qu'à leur terminaison. Celle-ci se fait, soit par de petits anneaux fibrillaires, soit par de petites massues, soit, enfin, par de minuscules cônes de croissance. Le lacis formé par ces fibres s'étend déjà au loin ; souvent il comprend deux ou trois glomérules voisins ; certaines fibres s’en échappent pour cheminer dans le tissu conjonclif environnant ; d’autres accompagnent le cylindraxe dans son trajet ultérieur ; d’autres remontent autour de la cellule; d’autres, enfin, gagnent les cellules nerveuses mortes et ver- moulues du voisinage et forment des arborisations autour d’elles, en: se tenant au contact de leurs cellules satellites proliférées. À ces fibres se joignent souvent des fibres de même volume nées du corps cellulaire lui-même. Ces dernières naissent de crêtes aiguës qui séparent des alvéoles creusés dans les cellules nerveuses par l’action des cellules satellites. : Cette formation mérite d'attirer l'attention à plusieurs points de vue. Par sa précocité, elle rappelle les fibres fines décrites dans la régéné- SÉANCE DU 13 AVRIL 581 Ro — — — — ————__ _ _ _ ÏÎ _ _ _ _ — — Ï U Î Î- ration des nerfs par Perroncito, au début du phénomène qui porte son nom et qui aboutit à la formation des pelotons péri-axiaux des cicatrices nerveuses ; au bout de six heures, cet auteur a vu des fibres extrême- ment fines, qui décrivent autour de l'extrémité des cylindraxes section- nés, des spirales compliquées. La rapidité avec laquelle poussent ces fibres s'explique par leur finesse extrême qui leur permet d'acquérir une grande longueur avec une masse très petite. Dans les greffes gan- glionnaires, les végétations qui apparaissent à une période plus tardive ne présentent plus le même caractère de gracilité, certains prolonge- ments sont mème très volumineux, aussi la croissance en est beaucoup moins rapide. En second lieu, je dois faire remarquer l’analogie frappante qu'offrent ces formations avec celles que Cajal a découvertes chez le lapin à l’état normal, en se servant de la méthode d’Ehrlich, et qu'il a appelées arbo- risalions périglomérulaires. Gajal, il est vrai, considère ces arborisations comme terminales et y voit des connexions du sympathique avec les cellules des ganglions, tandis que j’ai pu me convaincre que les forma- tions décrites ci-dessus proviennent de collatérales nées des glomérules. La difficulté que l’on éprouve à suivre le trajet de fibres aussi fines et aussi contournées, explique sans doute cette divergence d'interpré- tation, sans qu il soit nécessaire de supposer qu'il s’agit là de formations différentes les unes des autres. Enfin, ces formations sont encore intéressantes en ce qu'elles consti- tuent, comme j'ai pu m'en assurer, la première ébauche des pelotons péricellulaires et des arborisations des nodules résiduels qui prennent un si grand développement dans les phases ultérieures et que j'ai signalées dans mes notes précédentes. (Travail du laboratoire d'histologie de l'Ecole des Hautes Études au Collège de France et du laboratoire de M. Babinski à la Pitié.) L’ARSEN:C DANS LA SYPHILIS, par PAUL SALMON. Dans une note précédente, nous avons relaté l’histoire clinique des syphilitiques soumis à l'influence de l'atoxyl. Actuellement, nous avons traité par cette méthode vingt-sept malades (1) atteints de syphilis. L'action de l'arsenic est démontrée par : (4) Nous remercions les D'S Hallopeau, A. Renault et Humbert, qui ont bien voulu s'intéresser à nos recherches et nous confier des malades. 582 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La constance des résultats. — La réaction modificatrice favorable se mani- feste à toutes les périodes, primaire, secondaire et tertiaire de la vérole;. nous l’avons constatée sur les syphilomes suivants : chancres phagédéniques, roséole, papules, plaques muqueuses, gommes, glossite tertiaire. La trans- formation de ces lésions sous l'influence du traitement est appréciable à l'œil. La rapidité d'action du médicament. — L’arsenic s’absorbe et agit vite; dans deux cas, la céphalée du début de la vérole cesse 18 heures après l'injection; chez 5 malades, les papules s’affaissent et changent de teinte, d’une facon visible vers le 3° jour; des ulcères, des gommes s’améliorent en peu de jours. La dysphasie de l’angine syphilitique a diminué en 2 ou 3 jours. La modification rapide des lésions. — Voici quelques chiffres : Chancre de 12 jours, arrêté et cicatrisé en 6 jours (2 gr. 50 d’Atoxyl en 5 jours). Papules généralisées disparues en 14 jours (4 gr. 20 d’At. en 14 jours). Papules disparues en 14 jours (3 gr. 10 d’at. en 7 jours). Plaque muqueuse de la lèvre mesurant 1 cent. 3, fermée en 11 jours (4 gr. 80 d’at. en i1 jours). Plaque muqueuse de la lèvre de 3 centimètres de largeur, cicatrisée en 19 jours (6 gr. 30 d’At. en 21 jours). Syphilides psoriasiformes de la main effacées en 12 jours (3 gr. 40 d’At. en 11 jours). Glossite érosive (syphilis de 3 ans) transformée en 7 jours (3 gr. d'At. en 6 jours). Ulcère tertiaire (syphilis de 25 ans) de 3 centimètres de largeur, réduit à quelques millimètres en 12 jours (2 gr. 90 d’At. en 8 jours). Ostéopériostite gommeuse du péroné; malade rétabli en moins de 3 semaines (3 gr. 80 d’At. en 11 jours). Dans un cas où le diagnostic hésitait entre la nalure tuberculeuse ou syphi- litique d’une gomme, l'absence d'amélioration évidente, après 11 jours et 3 gr. 30 d’atoxyl, nous a permis de conclure contre la syphilis. Ceci avait été confirmé antérieurement par l'insuccès de l'iodure et du mercure chez ce malade. À ne considérer que ces faits, il semble que l’arsenic ait agi au moins aussi promptement que le mercure regardé comme médicament spéci- fique de la vérole. Je ne parle ici que des effels thérapeutiques de l’arsenic sur les lésions établies et non de ses propriétés préventives. Nous avons employé des doses d’atoxyl variant de 0 gr. 50 à 1 gramme, dose maxima que nous n’avons jamais dépassée. En général, les malades ne ressentent aucun inconvénient, avec des doses répétées de 0 gr. 75 et de 1 gramme; nous avons utilisé, sans incident, plus de 100 doses au-dessus de 50 centigrammes. L’atoxyl est peu toxique, un syphilitique a recu 6 gr. 30 en 21 jours ; chez une femme atteinte de cachexie cancéreuse et d’albuminurie, 2 gr. 96 en 8 jours ont été parfaitement supportés. Cependant, quoique rares, des accidents d'intolérance peuvent se mani- fester avec une dose élevée d’atoxyl. Ce sont des nausées, vomissements, coliques, apparus vers la 10° heure consécutive à l'injection intramusculaire: ces symptômes, passagers, durant # heures, sont aisément calmés par ’opium. On ne les constate que chez des individus en état de moindre résis- tance; nous les avons observés chez un cachectique, chez un syphilitique déprimé par une stomatite mercurielle chronique. % SÉANCE DU 13 AVRIL 583 Nous conseillons, dans la pratique courante, des doses de O0 gr. 50 répélées tous les 2 jours pendant 2 à 3 semaines. On se servira de solutions à 10 p. 100 ou à 15 p. 100, stérilisées 2 minutes à 100°. (Laboratoire du professeur Metchnikof). REMARQUES AU SUJET D'UN MÉMOIRE RÉCENT RELATIF À L'ORIGINE DES FEUIL- LETS GERMINATIFS ET A LA FORMATION DE L'INTESTIN MOYEN DES COLÉO- PTÈRES, (Première note) par A. LÉCAILLON. Dans un mémoire paru récemment, Karl Friederich (de l'Institut zoologique de Rostock) (1) arrive, au sujet de l’origine des feuillets ger- minatifs et de la formation de l'intestin moyen des coléoptères, aux con- clusions générales suivantes : 1° J n'y a, chez les coléoplères, aucun stade blastula, celui-ci et le stade gastrula se confondant plutôt; 2° La gastrula se développe par séparation intravitelline (gastrula endogone ; 3° Le blastopore des chrysomélides est placé au pôle postérieur et est fermé par l’ébauche génilale qui se forme à cet endroit aussitôt que l’endoderme (cellules vitellines primaires) et l’ectoderme primaire se _ sont séparés : ) POI RE DT 4 De l’ectoderme primaire se différencient d'abord l’ébauche de la bande germinalive et l'ébauche de la séreuse; 5° De cette dernière naîl la séreuse; de la première (qui ne s’allonge pas) naissent la bande germinative et l’amnios ; 6° Déjà avant la formation de la bande germinative commence la for- . mation du mésoderme qui s'achève par invagination de la plaque médiane de la bande germinative. Par confluence des plaques latérales au-dessus. de celte plaque médiane, se forme l'ectoderme défininif; 1° Auparavant, de la bande germinative non allongée, dérive la bande -germinalive allongée qui s'étend sur le côté ventral tout entier et sur une grande partie du côté dorsal; 8 L’endoderme ou cellules primitives vitellines ont pour rôle unique l'élaboration du vitellus ; elles sont aidées dans cette fonction par les (1) Untersuchungen über die Entstehung der Keimblätter und Bildung des Ë Mitteldarms bei Käfern (Abh. der Kaiïserl. Leop-Carol. Deutschen Akad. der Naturf. Bd LXXXV, n. 3). 584 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE noyaux nécrobiotiques, voire cellules, qui émigrent des différentes parties du germe. Les noyaux, en partie en pleine dégénérescence, pro- viennent d'une division nucléaire abortive ou fragmentative et ne con- tiennent aucun chromosome, mais seulement de la trophochromatine (noyaux chromidiens). Tous ces noyaux ou paracytoïdes, tandis qu'ils se dissolvent progressivement provoquent une dissolulion très rapide du vitellus. Les cellules vitellines primaires forment aussi des paracytoides. Le dernier renforcement des cellules vitellines se fait par l’arrivée des cellules de la séreuse dans le vitellus. | 9° Le mode de transformation du vitellus,-en particulier la genèse et la nature du matériel cellulaire actif, est très différent suivant les espèces d'insectes. ; 10° L'endoderme n'entre pas, chez les coléoptères, dans la constitution du corps des larves, mais s’épuise dans sa fonction d'élaboration du vitellus. 11° L’intestin est formé entièrement de l’ectoderme ; il naît d'une inva- gination antérieure et postérieure de l’ectoderme, les ébauches intestinales, dont la première forme le stomodæum et l'ébauche antérieure d: l'intestin moyen, et la dernière, le proclodœum et l’ébauche postérieure de l'intestin moyen. à 12° Les stades précoces du développement de Ponacia (jusqu'avant la formation de l'intestin) sont plus ou moins asymétriques, car tantôt la moitié droite du corps, tantôt la gauche, sont plus développées, et l’ébauche génitale est rejetée latéralement. Les recherches de Karl Friederich ont porté surtout sur Ponacia crassipes (chrysomélide), et aussi, pour quelques stades, sur #hago- nycha fulva, Chrysomela marginata et C. marginalis et Meloe scabrius- culus. Ayant fait moi-même, il y a une dizaine d'années, des recherches étendues sur la plupart des points traités dans le travail de Karl Friederich, et ayant fait ces recherches aussi sur les chrysomélides, je crois utile de présenter quelques observations sur le travail de l’auteur allemand, en n’envisageant uniquement que les conclusions de l’auteur (l'étude des détails ne saurait trouver place ici). Pour ce qui est de la parlie de ces conclusions qui, plus haut, a été écrite en italique, je suis en complet accord avec Karl Friederich. J'ai établi et formulé ces conclusions, surtout les plus importantes, avec tout autant de netteté et de précision qu'à pu le faire l’auteur allemand lui-même. Longtemps avant lui, j'ai en particulier décrit et commenté longuement les phénomènes relatifs à la segmentation, à la formation des feuillets, à la différenciation précoce de l'ectoderme, à l’évolution des cellules vitellines, à la formation de l'intestin moyen. Je constate cependant que l’auteur allemand ne fait pas remarquer que ses con- clusions sur ces points ne sont que la répélition de celles auxquelles je suis arrivé moi- même. Il est vrai que, au début de son mémoire, il SÉANCE DU 13 AVRIL 585 déclare « que le fait de l'origine ectodermique de l'intestin moyen, signalé par moi, est exact ». Mais aussitôt il ajoute que mes figures sont trop schématiques et en général (sic) impropres à prouver les résultats que j’indique (1). Grâce à ce procédé on ne peut plus commode, l’auteur s'est apparemment cru dispensé de faire remarquer que ses propres conclusions ont déjà élé formulées et établies par moi. Je crois du reste inutile d'insister sur ce point, mes publications étant là pour régler cette question de priorité. (4 suivre). EFFETS DIURÉTIQUES COMPARÉS DES DIFFÉRENTS SUCRES. LE COEFFICIENT DIURÉTIQUE CHEZ LE CHIEN par J. ARROUS. . Dans une série de recherches sur l’action diurétique des sucres en injections intraveineuses, j'ai établi qu'il est facile de mesurer l'aclivité diurétique de ces subtances, en faisant le rapport qui exisle entre les quantilés de solutions sucrées injectées et le volume d'urine éliminé sous cette influence. J’ai proposé d'appliquer à cette donnée le nom de Coefficient diurétique, D, en sorte qu’en désignant par V le volume de solution injectée et par V'le volume d'urine éliminé, on peut écrire ! rise V Par de très nombreuses expériences faites sur le lapin, j'ai montré : 1° Que chaque sücre possède, pour une dilution déterminée, un coeffi- . cient diurétique propre; (1) Comme exemple de figure « presque entièrement schématique », l’auteur indique la figure 9, pl. IV, de ma thèse; il dit qu'elle est insuftisante pour démontrer l’origine de l’ébauche antérieure de l'intestin moyen. Je répondrai qu'il n'y à qu'à rapprocher cette figure, laquelle n’est pas « presque entiè- rement schématique » et a pour but de montrer comment l’ébauche anté- rieure de l'intestin moyen se rattache au stomodæum, de mon texte, pour comprendre aussi nettement que possible le mode de formation de l'ébauche dont il s’agit et le passage de la figure 5 à la figure 9. Je ferai encore remarquer que la plupart de mes figures sont des figures d'ensemble; les divers éléments ne peuvent, par suite, y être représentés qu’à un très faibie . grossissement. Les détails cytologiques ne peuvent y figurer et même les cellules ne sont parfois représentées, dans de tels dessins, que par leurs noyaux. Il n y a pas d’inconvénient à cela et, d'un autre côté, il y a avantage à représenter la totalité des coupes, afin de mieux comprendre l’évolution de l'embryon tout entier. D'ailleurs, ce n’est pas par des faits d'ordre cyto- logique que l’on prouve que l'intestin moyen dérive de l’ectoderme. 5e6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Que la valeur de ce coefficient est indépendante de la dose de sucre injectée ; ; 3° Que, pour un même sucre, le coefficient diurélique s’abaisse lorsque la solution est plus diluée et s'élève lorsque la solution est plus con- centrée. Nous avons, d'autre part, démontré, M. Hédon et moi, que l’activité diurétique des sucres croît en raison inverse du poids moléculaire, et en raison directe de la tension osmotique de ces substances. En étudiant les effets diurétiques comparés des différents sucres chez le chien, MM. Lamy et Mayer ont cru pouvoir infirmer en partie nos conclusions. Ils prétendent que les données établies par nous en ce qui concerne le coefficient diurétique dans ses relations avec le poids molé- culaire ne se vérifient pas chez le chien. Ces expérimentateurs classent les sucres qu'ils ont étudiés, eu égard à leurs propriétés diurétiques, dans l’ordre suivant : lactose, saccharose, glycose, maltose. Pour fixer définitivement ce point, j'ai repris méthodiquement l'étude de l’action diurétique de quelques sucres en injections intraveineuses chez ie chien. L'expérience était toujours exactement conduite de la facon suivante : Chien. Cathétérisme vésical. Injections par la veine pédieuse d'une solution sucrée tiède à une vitesse de 20 centimètres cubes par minute. L'urine est recueillie pendant une heure et demie; à partir de ce moment, la polyurie est insignifiante, l'urine a repris les caractères généraux d’une urine non polyu- rique et l'élimination n'’atteint pas 20 centimèires cubes en une demi-heure. J'ai étudié comparativement ainsi l’action diurétique du glycose, du lactose, du saccharose en solution à 25 p. 100, et à la dose de 5 grammes de sucre par kilogramme. Dans tous les cas, le coefficient diurétique du glycose a été le plus élevé. Sur sept expériences faites avec le glycose D à une valeur moyenne de 2,2. Sur six expériences avec le lactose D à uue valeur moyenne de 1,6; dans deux expériences avec le saccharose D — 1,2. J'ajoute que je n’ai jamais observé lés polyuries éloignées signa- lées par MM. Lamy et Mayer. Si l'animal est remis en cage, avec de l’eau à sa disposition, et si l'on suit quarante-huit heures durant la marche de la polyurie on ne recueille jamais plus de 400 à 500 centi- mètres cubes d'urine, toutes précautions soigneusement prises pour que le chien ne renverse pas l’eau de boisson dans le bocal destiné à recueillir l'urine. ; Dans ces conditions, je m'explique mal les résultats contradictoires apportés par MM. Lamy et Mayer. Si l'expérience est bien conduite, avec des sucres chimiquement purs, le résultat est toujours conte à ceux que je signale. Je regrette que MM. Lamy et Mayer aient imparfaitement précisé les = SÉANCE DU 13 AVRIL 587 conditions de leurs expériences. Je suis encore à me demander s'ils ont toujours expérimenté avec des solulions de même titre, 50 p. 100, ou s'ils ont dissous 50 grammes de sucre dans 100 grammes d’eau, comme l'indique le protocole de certaines de leurs expériences. Le coefficient diurétique des sucres, je m'en suis assuré par l’expé- rience, se modifie chez le chien-de la mème façon que chez le lapin sous l'influence des variations du titre des solutions injectées ; il s'élève ou s’abaisse selon que la solution est plus concentrée ou plus diluée. En résumé, je crois pouvoir conclure que la donnée Coefficient diuré- lique s'applique parfaitement lorsqu'on étudie l’action des différents sucres en injections intraveineuses chez le chien, et que, chez cet animal, comme chez le lapin, le coefficient diurétique varie en raison inverse du poids moléculaire de ces substances. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de Médrcine de Montpellier). DE LA PRESSION INTRA-THORACIQUE ET DE LA COMPRESSION DU COEUR DROIT DANS LES ACCIDENTS ASPHYXIQUES PAR STÉNOSE DES VOIES RESPIRATOIRES, par E. GELLÉ. L’observalion des accidents asphyxiques si fréquemment causés par les sténoses des voies respiratoires m'a suggéré l’idée d’éludier expéri- mentalement le mécanisme de ces accidents. Laissant de côté tout ce qui regarde l’origine du rétrécissement, sa nature, la brusquerie ou la lenteur de sa genèse, je prends mon sujet au moment où commence, vu le degré avancé de la sténose, la lutte de l'individu contre la gêne de la respiration et la menace d'asphyxie. Que se passe-t-il dans la poilrine pendant ces efforts de respiration ? et comment la multiplication des appels d’air n’arrive-t-elle pas à compenser la diminution de la quantité susceptible de pénétrer dans la poitrine ? _ Quelles conditions secondes s'ajoutent au rétrécissement pour accroître la cerise qu'il a fait naître? Comment, par quel mécanisme. s'aggravent et progressent les phénomènes asphyxiques ? Voici le dispositif employé : 1° une boîte cubique close, pleine d'air, de la capacité d’un litre, se compose d’une partie fixe, à parois rigides, et d’une moilié mobile. Celle-ci, dont une paroi reliée à la première partie par des goussets peut à volonté être écartée et rapprochée, permet d'augmenter ou de diminuer la contenance de la caisse d'air. 588 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Une bande de caoutchouc assure le retour automatique de la paroi déplacée. 2 [air extérieur est aspiré et refoulé ainsi à trouver un orifice, ouvert sur la paroi supérieur de la caisse et du diamètre de un centi- mètre. En obstruant plus ou moins ce trou, on réalise les conditions des sténoses des voies de l’air. 3° La caisse aérienne contient une ampoule de caoutchouc de la grosseur d’un petit œuf, d'où part un tube de caoutchouc qui sort de la caisse pour aller s'adapter à un manomètre à eau extérieur, muni d’une échelle graduée. Les oscillations du niveau rendent évidentes les différences des pressions subies pendant l'expérience par l'air inclu dans la caisse et par l’ampoule de caoutchouc. En écartant la paroi mobile, on imite l'inspiration; l'expiration résulte de l’action en retour de l'élastique. L'ampoule représente ici le cœur droil; la caisse, la cavité thoracique. À. — Voyons ce qui se passe normalement, c’est-à-dire l’orifice, qui donne accès à l'air extérieur, largement ouvert, et les mouvements d'aspiration et d'expiration exécutés avec l'appareil lentement et sans brusquerie. On voit que c’est à peine si le niveau du manomètre éprouve un léger tremblement, et à l'expiration seulement. B. — Si dans les mêmes condilions, on aspire l'air brusquement, avec effort, en écartant la paroi mobile au maximum, et la laissant ensuite revenir par l'action élastique, on constate tout d’abord un abaissement du niveau de 1 à 2 millimètres (aspiration), suivi d’une ascension de4 à 5 millimètres. L'expiration a toujours plus d'effet que l’aspiration. En réalité, les voies de l'air bien ouvertes, les respirations lentes et calmes n’agissent pas sensiblement sur le niveau manométrique, et, par conséquent, ne modifient pas les pressions intérieures de l’ampoule ni de la caisse. Mais l'effort a un retentissement certain sur les parties, à l’état normal, c'est-à-dire dans les mêmes conditions d'accès de l'air; il s'accompagne d’un accroissement de pression dans la cavité thoracique et les vais- seaux inclus. C. — Dès que l'orifice de la caisse aérienne se trouve rétréci, les oscillations provoquées sur le niveau manométrique par les mouvements, de respiration artificielle, prennent un grand développement; il existe cependant une certaine tolérance, si je peux ainsi dire. On remarque, en effet, que les changements de pression, et du niveau, ne se montrent pas immédiatement, et que leur intensité n’est pas exactement tout d’abord en rapport avec la progression de la sténose. C'est ainsi que si l’on réduit de moitié la voie de l’air, la respiration restant calme (allées et venues de la paroi mobile lentes), on n'obtient qu'une ascension de 2 à 3 millimètres du niveau. manométrique, à l'expiration. SÉANCE DU 13 AVRIL 589 C'est là un fait remarquable, lié à l’inertie de l’appareil; chez le vivant, la sensation de gêne respiratoire provoquerait vite la crise, c'est-à-dire les violents efforts d'inspiration pour compenser la diminu- tion de l'entrée de l'air: une certaine tolérance s'observe cependant dans les cas à évolution lente. D'une facon générale, les effets de la sténose se présentent très diffé- remment suivant que les mouvements de respiration artificielle de l'appareil sont lents ou, au contraire, précipités et fréquents. Examinons les niveaux du manomètre dans les deux cas. À. — Mouvements respiratoires lents. — 1° Orifice d'aération réduit à 5 milimètres de long sur 1 millimètre de large. La paroi mobile de l'appareil écartée au maximum revient aussitôt (aspiration suivie d'expiration); le niveau tombe de8 millimètres à 1 cen- timètre au-dessous de 0; puis remonte à 3 centimètres au-dessus : nous sommes loin des oscillations par millimètres de tout à l'heure. 20 Orifice plus rétréei encore, 2 millimètres sur 1 millimètre : même lenteur des mouvements respiraloires ; descente du niveau à 1 centi- mèlre 1/2 et ascension à # centimètres; puis retour. à 0, au repos; toutes les oscillations ici se ressemblent à peu près; montées et des- centes à peu de choses près égales. Les pressions sont fortes, anor- males, mais elles s'équilibrent aux deux temps de la respiration. L'ampoule (le cœur simulé) est profondément agité, dilaté puis serré à chaque effort respiratoire, dans ces cas. B. — Mouvements respraloires fréquents, précipités, analogues à ce qui a lieu dans la lutte asphyxique: et orifice : 5 millimètres sur 1 milli- mètre. 1° En un instant, les oscillations sont énormes; le niveau s’abaisse de 3 centimètres à 4 centimètres; et la montée à l'expiration atteint 8 centimètres facilement. Mais si la fréquence des efforts augmente, à la limite, et au-dessus de une respiration par seconde, on est frappé d'un phénomène nouveau. Malgré les oscillations du niveau si étendues, on remarque que peu à peu la descente s'arrête en un point plus élevé; mais elle ne s'abaisse plus au-dessous de 3 centimètres au-dessus de 0. Le niveau reste suré- levé, au lieu de revenir à 0 à chaque oscillalion. Ce maintien de la hau- teur du liquide du manomètre par les respirations fréquentes et éner- giques indique la persistance des fortes pressions intérieures, graduel- lement croissantes dans l'air inclus et dans l’ampoule. 2° Si l'on réduit davantage l'orifice de l'air, les phénomènes sans transition se précipitent; aussitôt les pressions énormes, sans détente aucune, s'inscrivent sur le manomètre; mais, fait constant, l'effort ces- sant, Le niveau revient à 0, c'est-à-dire qu'avec le retour des respirations calmes, les pressions intérieures cessent d'être anormales; et cela malgré là présence de la sténose fixe. Sous l'influence des mouvements 590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE respiratoires répétés une tension énorme s’accumule donc dans la caisse aérienne, et refoule l’ampoule (image du cœur ici). La compression du cœur est manifeste, et graduellement croissante. Il est curieux de cons- tater que l'arrêt des efforts lumultueux équivaut à l'enlèvement de l'obs- tacle à l'accès de l'air; tous les deux rétablissant immédiatement le niveau à 0, qui annonce l'équilibre des pressions du dedans et du dehors. Ainsi, dans le début de la lutte, le cœur secoué, dilaté puis comprimé flainsi que les poumons), fonctionne à peine ; et dans la période termi- nale, la pression intérieure est tellement élevée que tout fonctionne- ment devient impossible, malgré les efforts désespérés de l'asphyxiant, ou plutôt par leur action néfaste. | L'un des plus grands dangers, dans celte lutte contre l’asphyxie, semble consister dans les violents efforts, si fréquents, que l'instinct de conservation commande. Tout médecin, qui à opéré un enfant atleint de croup, a reçu en plein visage le jet des mucosités et fausses membranes lancées au moment où l’on ouvre la trachée : c’est la surpression intra-thoracique qui se manifeste. CONSTIPATION ET HYPOTHYROÏDIE, par LéoProzp-Lévr et H. pe RoruscuiLp. La constipation dite essentielle est aussi banale qu'insuffisamment interprétée. L'hypothyroïdie représente, à notre avis, une des causes auxquelles elle doit être attribuée. Notre attention a été atlirée sur cette étiologie, il y a deux ans environ, quand nous commencions à traiter systémaliquement des sujets hypo- thyroïdiens par la thyroïdothérapie. Un certain nombre de malades nous firent la remarque que la médication réglait leur intestin. Ce fait con- cordait avec l'existence habituelle de la constipation dans le myxædème et son amélioration par la thyroïdine. Il avait été noté d'autre part par Herloghe pour qui la constipation « domine en quelque sorte toute la scène pathologique » dans l'insuffisance thyroïdienne. Depuis 2 ans, nous avons recueilli 61 cas, dans lesquels le traitement thyroïdien a été dirigé avec succès contre la constipation. C’est l'analyse de ces cas qui fait l’objet de cette note. Ils se rapportent à 14 hommes, 47 femmes. Ils se répartissent ainsi suivant l’âge : de 3 à 10 ans, 5 cas; de 10 à 20 ans, 18 cas; de 20 à 30 ans, 6 cas; de 30 à 50 ans, 24 cas; de 50 à 60 ans, 5 cas; de 60 à 80 ans, 3 cas. Notre plus jeune malade traité a 3 ans et demi. Les plus âgés, homme et femme, 73 ans. Il s'agit dans tous les faits envisagés d’hypothyroïdie. Celle-ci L SÉANCE DU 13 AVRIL 591 . las / 7e accompagnée d’hyperthyroïdie marquée dans # cas. Le diagnostic général était : rhumatisme chronique (8 cas), migraine (3 cas), neuras- thénie (8 cas), arriération physique (3 cas), mentale (4 cas), hypothy- roïdie bénigne chronique (28 cas), constipation essentielle (7 cas). En dehors de ces derniers cas dans lesquels la constipation était le symp- tôme prédominant et avait provoqué la consultation, la constipation, parfois {très accentuée, d’ailleurs, était néanmoins au second plan. Le symptôme lui-même se traduisait par ses caractères habituels diminution de fréquence des selles, dureté des matières fécales. Assez souvent, on notait le rejet, par périodes, de glaires, et quelquefois des coliques. Très fréquemment la constipation était ancienne, remontant à une période très éloignée, aux premiers mois de la vie. Elle nécessitait l'emploi de moyens laxalifs qui ne produisaient pas toujours de résultats. Le plus souvent, les sujets étaient 2 à 3 jours sans aller à la garde-robe. Parfois une semaine entière s’écoulait sans fonctionnement inteslinal Sous l'influence de la médication les garde-robes sont devenues plus molles, quotidiennes, parfois biquotidiennes. i Chez certains de nos sujets, c'est à la suite de 2 cachets, des premiers cachets, que la fonction intestinale s’est rétablie. Il a fallu dars un cas 53 cachets, et l'intestin s’est réglé après la cessation du traitement. 90 à 100 cachets ont été nécessaires chez un enfant hypothyroïdien très amé- lioré à divers autres points de vue. Le plus souvent, c’est pendant la durée du traitement que les cachets (5 centigrammes, 0,0% milligrammes où le plus souvent 10 et 20 centigrammes) agissaient. Parfois la consti- pation est revenue après la première série de 10 jours, pour céder à un nouveau traitement, et finalement se régler définitivement. Quelques exemples rendront compte des résultats obtenus. Hypothyroïdienne de 30 ans, constipée depuis l'enfance, surtout depuis quelques années. Pendant la première série du {raitement (0,20 centigrammes) garde-robe régulière chaque jour. Après la suspension des cachets la tendance à la constipation revient. Le symptôme disparaît définitivement après la seconde série. Et, à quelques rares exceptions près, l'intestin est resté réglé depuis 18 mois. Malade de 44 ans, constipée, et toujours davantage un peu avant les règles; est restée parfois 8 jours sans garde-robe, et dans une période déterminée n'a été qu'une fois à la selle pendant 21 jours. Dès les premiers cachets (3 ou 4 jours) la fonction intestinale s'établit. Elle a pris par intervalles une soixan- taine de cachets de 0,10 centigrammes. L'intestin reste réglé depuis 4 an environ. Les garde-robes se font bien, même dans la période prémenstruelle, vers 8 heures et demie, après le petit déjeuner. Malade de 68 ans, amaigrie, extrêmement constipée, présentée à nous comme atteinte de cancer intestinal. Dès le troisième jour du traitement nous notons une garde-robe spontanée. La malade va d'abord au cabinet tous les 3 jours, ultérieurement tous les deux jours. BioLocie. CompTEs RENDUS. — 1997, T, LXII. 1] 592 SOCIÉTE DE BIOLOGIE ; ? Enfant de 9 ans et demi, constipée depuis l’âge de 6 mois, ayant à peine deux garde-robes par semaine. Ses matières sont dures comme des billes. Elle rend parfois des peaux. Dès le deuxième cachet, garde-robe spontanée. Et depuis, chaque jour, évacuation après le chocolat du matin. En résumé, 61 cas de constipation ont été influencés par la médication thyroïdienne. Cette constipation se rencontre d’ailleurs chez des sujets. atteints d'une forme quelconque d'hypothyroïdie dont les autres symptômes sont également améliorés par le traitement. Elle s’exa- cerbe parfois au moment de paroxysmes d’hypothyroïdie (migraine, menstrues). Elle mérite à notre avis le nom de ons aa ion hypothyroïidienne. Est-ce à dire que tous les sujets hypothyroïdiens soient alteints de constipation? [l n’en est point ainsi en réalité, mais, par sa fréquence et malgré sa banalité, ce symptôme représente un signe d’orientation, au point de vue de l’hypothyroïdie, utile même dans l'analyse des cas de dysthyroïdie. | L'hypothyroïdie, d'autre part, revendique-t-elle la constipation essen- tielle ? Ceci est loin de notre pensée, il est inutile de le dire. A l'hypo- thyroïdie ressorlissent un certain nombre de syndromes essentiels, auxquels nous ajoutons actuellement la constipation. Mais une série de glandes qui contribuent à l'équilibre nerveux par leur équiüibre endocritique ont peut-être même influence intestinale, et, en dehors même de l’état gastro-inlestino-hépato-pancréatique, la glande surrénale (comme le prouve la constipation fréquente de la maladie d’Addison) joue un rôle important sur l'intestin, et la paragangline de Vassale à contre la constipation des effets que nous avons vérifiés. UN TRYPANOSOME NOUVEAU CHEZ UNE HYLA VoISiNE DE A. Lateristriga SPIX ET AGASSIZ. par E. Marcuoux et A. SALIMBENI. Chez une espèce de rainette de Petropolis qui vit sur les rochers suin- tants couverts de végétation, nous avons trouvé un trypanosome parti- culier qui se distingue par des caractères très nels du 7. rotatorium, groupe dans lequel doivent être rangés, d'après Laveran et Mesnil, les trypanosomes des Ayla d'Europe (1). Notre parasite, dont la taille varie de 20 à 80 u., n’a pas de flagelle libre. A l’état frais, il ne présente pas le même (1) Laveran et Mesnil. Trypanosomes et Trypanosomiases, page 374, figure XLIX, # SÉANCE DU 13 AVRIL 593 aspect dans les formes jeunes et dans les formes adultes. Jeune, il ressemble morphologiquement à 7°. rotatorium. La membrane ondu- lante se meut le long d'un bord; elle est claire, transparente, détachée nettement du protoplasma granuleux qui remplit le corps de l'orga- nisme. Cette partie protoplasmique, chez l'adulte, s'étale et arrive à cons- tituer une lame très mince qui s’enroule sur elle-même. Les deux bords viennent recouvrir la membrane ondulante qui se meut ainsi à l'inté- rieur d'un cylindre présentant à chaque extrémité une ouverture Fic. t et 2. Formes jeunes. — Fi. 3. Adulte à l’état frais. Fic. 4 et 5. Adulte en préparations colorées. m, membrane ondulante; x, noyau; b, partie terminale du noyau en forme de bâtonnet; ec, centrosome ; e, éperon; }, hématie. inégale. La membrane ondülante commence près du bord du cylindre et du côté de la plus large ouverture. Elle forme tout d’abord une sorte d'éperon qui demeure rigide et ne prend pas part à l’ondulation. La membrane se voit par transparence au travers de la lame protoplas- mique ; elle s'affaisse avant d'arriver à l'extrémité opposée du cylindre. Etalé sur lame le trypanosome perd cette forme, il paraît aplali. La membrane ondulante peut occuper un des bords, le protoplasma granu- leux à les contours les plus irréguliers. Le protoplasma se teint très facilement par toutes les couleurs basiques, mais le noyau et le filament chromatique se colorent très difficilement. M. le D' Mathis est cependant parvenu à les colorer légèrement en rouge par le pro- cédé de Billet. Le centrosome se teint très facilement. Il est toujours 594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE silué à l'extrémité antérieure du noyau, auquel il semble accolé. Le noyau est allongé en forme de fuseau recourbé en arc à con- vexilé tournée vers la membrane ondulante. L’extrémilé antérieure se termine en pointe à l’éperon déjà décrit et si net à l’état frais, mais qu'on distingue très imparfaitement sur les préparations colorées. L'autre est prolongée par un segment en forme de bätonnet. La longueur totale du noyau est de 25 à 30 x, y compris le bâtonnet terminal qui mesure 5 ou 6 u. Cette disposition du noyau et du centrosome a été observée chez un trypanosome de Æyla arborea par C. Franca et M. Athias (1), qui rap- portent le parasite qu'ils ont étudié à 7rypanosoma rotatorium. Elle rappelle aussi celle que, dans cette même séance, décrit M. le D' Martin chez un trypanosome nouveau de Saurien. Nous proposons de donner au trypan. de Æyla Lateristriga(?) le nom de 7”, Borrelli, le dédiant à notre ami le D’ Borrel. à En terminant, qu'on nous permette de signaler un accident de prépa- ration qui nous a intrigué longtemps et nous en a même imposé un moment. En examinant certaines préparations colorées, on voit des globules rouges qui semblent englobés dans le protoplasma du parasite. C'est là une simple illusion. Par une étude attentive et de soigneux examens à l’état frais, nous avons pu nous convaincre quil ne s'agissait nulie- ment d’englobement. Les globules rouges ont été simplement recou- . verts par la lame très mince qui constitue le corps du trypanosome et c'est par transparence qu'ils apparaissent. En réalité il y à simple superposition. SUR UN TRYPANOSOME DE SAURIEN (/rypan. boueti, n. sp.), par GUSTAVE MARTIN. On a signalé l'existence de Trypanosomes chez divers Reptiles, mais jusqu'ici un seul a été décrit, le 7ryp. damoniæ Laveran et Mesnil d'une tortue. Cette pénurie de renseignements nous à engagé à publier, malgré leur caractère fragmentaire, les quelques faits que nous avons recueillis sur un Trypanosome d'un lézard scincoïdien, Mabuia rad- donii (2). Nous avons trouvé ce Lézard au cours de notre mission de Guinée française. L'exemplaire parasité a été recueilli à Koïlangui. ETAT FRAIS. — Entre lame et lamelle, le Trypan. en question, que (1) Archives de l'Institut royal de bactériologie Camara Pestana, t. 1, fase. IL. (2) Nous devons la détermination de ce reptile à l’obligeance de M. le D' Mocquard, assistant au laboratoire d'Herpétologie du Muséum. SÉANCE DU 13 AVRIL 595 nous avons toujours trouvé très rare, ressemblait au 7rypan. rotatorium de la grenouille (forme mince foliacée, sans côtes). C’est une masse de protoplasme avec des mouvements amiboïdes d'une part, avec mouve- ments caractéristiques de la membrane ondulante d'autre part. Le flagelle ne paraît guère dépasser le corps. Le déploiement du parasite est lent et de peu d’étendue. Parfois il tourne sur lui-même. Le noyau et le centrosome se distinguent très difficilement. Les schémas de la figure I donnent une idée des divers aspects que présente le parasite à l’état frais. FiG. I. — Aspects divers de Trypano oma boueti, à l'état frais. Fiç. II, — Deux T. boveti, d’après les préparations colorées (Gr. — 1000 D. environ) €, centrosome; », noyau; »m, bord de la membrane ondulante. Une hématie est représentée en À pour comparaison. PRÉPARATIONS COLORÉES. — Sur les préparations colorées par les méthodes classiques, nous avons trouvé quelques rares parasites qui tous montraient les particularités suivantes (fig. I). On a une masse protoplasmique, assez mince, de 40 w environ de long et presque autant de large, se colorant en bleu avec nombreux petits points incolores, à contours irréguliers, à surface lisse. Le noyau n a une forme singulière, celle d’un fuseau plus ou moins arqué, se colorant en lilas assez pâle, à l'exception d’une ou deux masses qui sont plus fortement teintées. A l’une des pointes du fuseau, se trouve une petite boule violet foncé c de 1 à 2 p de diamètre, d’où part la membrane ondulante. Il s’agit 596 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE donc du centrosome. La membrane ondulante décrit un arc de cercle ; elle présente peu d'ondulations et son bord m se colore en lilas comme le noyau. Vers l'extrémité de ce liséré, on remarque parfois une sorte d'empâtement qui se colore également en lilas et dont la signification exacte nous échappe ; peut-être est-il situé au point où cesse la mem- brane ondulante et où commence la partie libre du flagelle ; peut-être aussi s'agit-il d'un artifice de préparation. Par son aspect général, le Trypan. du Mabuia rappelle évidemment le Trypan. rotatorium (1) et il est assez différent du Zrypan. damoniæ. Par la forme du noyau et la posilion du centrosome, il offre des particu- larités intéressantes tant au point de vue spécifique qu'à celui plus général de la nature centrosomique de la base du flagelle et de ses rapports avec le nôyau et le protoplasme, encore en discussion. Cette disposition rappelle celle décrite par França et Athias (2) chez un Trypan. d’Ayla arborea et celle dont MM. Marchoux et Salimbeni signalent, dans cette même séance, la présence constante chez un Trypan. d’une Æyla du Brésil. Nous désignerons notre Trypan. sous le nom de 7. boueti, le dédiant à notre ami le D’ G. Bouet. ACTION DES DIFFÉRENTS TISSUS ANIMAUX SUR LE POUVOIR OXYDANT DES MUSCLES, par F. BaTTezcr et ME L. STERN. Quelques tissus, comme les muscles rouges, le foie et le rein des animaux à sang chaud, présentent des échanges gazeux très élevés lorsqu'on les prend immédiatement après la mort. L'intensité des combustions diminue ensuite plus ou moins rapidement, suivant les organes, comme nous l'avons démontré dans une précédente note. À côté de ces tissus il en existe d'autres, tels que la rate, le pancréas, le poumon, qui présentent le plus souvent des -échanges gazeux très faibles, même s'ils sont broyés et soumis à l'agitation aussi rapidement que possible, quinze minutes, par exemple, après la mort. Chez l'animal vivant, plusieurs de ces organes (rate, pancréas, etc.) sont le siège d'échanges gazeux assez intenses, car leur circulation est bien développée, et le sang qui en sort est bien veineux. À quoi faut-il attribuer cette différence qui existe entre la faible intensité des combustions de la rate et du pancréas, in vitro, et l'intensité assez élevée des oxydations dans ces mêmes organes chez l’animal vivant? (1) D’après R. Koch, il en serait de même du Trypan. des Crocodiles du lac Victoria. (2) Arch. Inst. bact. Camera Pestana, t. I, f. 2, janvier 4907. SÉANCE DU 13 AVRIL 597 On peut d'abord supposer que ces tissus perdent leur pouvoir oxydant beaucoup plus rapidement que tous les autres. Cette explication est peu probable, car il s'écoule un temps trop court entre la mort de l'animal et le moment où l’on commence à agiter les flacons. On peut ensuite penser que ces tissus renferment peut-être une ou plu- sieurs substances qui diminuent les oxydations. Nous avons déjà montré (Journal de physiologie et de pathol'igie générule, 1907) que le sérum sanguin possède souvent la propriété de produire un abaissement considérable dans les échanges gazeux des muscles. Les oxydations musculaires sont souvent en effet beaucoup plus élevées si on plonge le tissu broyé dans les globules lavés que si on le plonge dans le sang total. On pouvait donc supposer que certains tissus possèdent une propriété analogue à celle qu’on rencontre souvent dans le sérum sanguin. Pour soumettre cette hypothèse à l'expérience nous avons examiné les échanges gazeux du muscle mélangé à différents tissus. La méthode employée a été la même que celie que nous avons déjà décrite. Les tissus broyés sont plongés dans une solution de phosphate disodique à 1 p. 100 et soumis à une agitation énergique pendant une demi-heure ou une heure. On dose ensuite l'oxygène absorbé et le CO? dégagé. Nous avons obtenu les résultats suivants : Quelques tissus, tels que le foie et le rein, ne diminuent pas l’activité respiratoire du muscle, ou bien la diminution est très faible. Les échanges gazeux du mélange représentent, d’une manière approximative, la somme des échanges des deux tissus séparés. D'autres tissus, tels que le poumon, le pancréas, la rate et le cerveau, diminuent plus ou moins considérablement l’activité respiratoire du muscle. On peut employer dans ces expériences d’un côté le musele de bœuf, de chien ou de cheval et de l’autre côté le poumon, la rate, le pancréas ou le cerveau des mêmes espèces animales. Nous rapportons ici les résultats d’une expérience où nous nous sommes servis de tissus de chien pris immédiatement après la mort. L’agitation des flacons a duré trente minutes. Dans chaque flacon on avait introduit 20 grammes de muscle, 10 grammes d’un des autres organes, et2,5 centimètres cubes de liquide pour chaque gramme de tissu. O° ABSORBÉ CO? pÉGAGÉ Musele seul. . . . . . . . 42 cent. cubes. 28 cent. cubes. Muscle + poumon. . . . . 27 — 15 — Muscle rate rt 0510 — 16 — Muscle + pancréas 32 — 21 — Muscle + cerveau . . 35 — 23 — Le poumon, la rate, le pancréas et le cerveau contiennent donc une ou plusieurs substances qui font baisser l'activité respiratoire des muscles. Il est probable que ces mêmes substances diminuent les 598 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE échanges gazeux de l'organe qui les fournit : on expliquerait ainsi le faible pouvoir oxydant de la rate, du pancréas et du poumon. Le cerveau lui-même présente in vitro une activité respiratoire bien inférieure à celle du muscle rouge. Il nous est impossible, actuellement, de dire si ces substances inhibi- trices des oxydations tissulaires jouent un rôle analogue dans l'orga- nisme vivant et si elles sont déversées dans le courant sanguin. Il est toutefois intéressant de constater que dans quelques cas le sérum diminue activement les échanges gazeux du muscle, tandis que dans d'autres cas il paraît être dépourvu de ce pouvoir. (Travail du laboratoire de physiologie de l’Université de Genève.) CRISES ÉPILEPTIQUES À LA SUITE DE LA LIGATURE TEMPORAIRE DES VEINES RÉNALES, par J.-L. CHiRIé et ANDRÉ MAYER. Un grand nombre d'expérimentateurs ont lenté d'obtenir expérimen- talement des crises épileptiques en agissant mécaniquement sur le rein. On a fait des néphrectomies bilatérales, ou lié définitivement soit les deux pédicules rénaux, soit les arlères ou les veines rénales, soit les uretères. Presque jamais on n’a signalé de convulsions. Blumreich (1), opérant sur le lapin à la suite de néphrectomies bilatérales, a observé des convulsions partielles et a vu la mort survenir dans le coma, ou dans une crise convulsive généralisée: Par contre, Ignatowsky (2) a toujours vu la mort suivre la ligature définitive des deux veines rénales ou des deux uretères ; mais les animaux n'ont Jamais eu de convulsions. De même Lœæderich (3), qui a fait sur le lapin de nombreuses néphrectomies doubles ou des ligatures bilatérales des uretères, n’a jamais observé de phénomènes épileptiformes. Nous avons obtenu, en liant temporairement, simultanément pendant dix minutes, les deux veines rénales, des crises typiques, telles qu'on les observe expérimentalement après excilation électrique de l'écorce ou, en clinique, dans l’épilepsie, l’urémie, l’éclampsie puerpérale. (1) Blumreich. Zur Frage der Konvulsionem Danses Kaninchen. Zentralblatt für Gynäk., 1904, n° 7. (2) Ignatowsky. Jour td et de pathologie générale, 1906, p. 1046. (3) Læderich. Modifications du foie consécutives aux altérations ROSES Thèse de Paris, 1907, p. 27. SÉANCE DU 13 AVRIL 599 EXPÉRIENCES. — Nous opérions sur des chiens vigoureux, jeunes, anesthésiés par la morphine et le chloroforme. Le rein était abordé, soit par la voie lombaire, soit par la voie abdominale ; la veine, isolée ; un fil était passé entre elle et le reste du hile, et ses chefs laissés hors de la plaie; les plans de la paroi étaient ensuite suturés. L’interruption du cours du sang dans la veine était obtenue par traction sur le fil. Cette traction était exercée pendant dix minutes, en même temps sur les deux veines; puis on enlevait les fils en tirant doucement sur l’un des chefs. Nous nous sommes assurés que la circulation se rétablit bien. Résultats : tous nos animaux sont morts rapidement : 1° quelques- uns des animaux meurent, en quarante heures environ, sans avoir pré- senté de crises. À l’autopsie, on constate des lésions nécrotiques du foie (1). 2° Les autres sont morts après avoir présenté des crises convulsives systématisées. CRISES. — Quatre fois sur sept expériences, au bout d'un temps variant entre trente minutes et une heure trente après la fin de la ligature des veines, surviennent des secousses cloniques des membres ; ces secousses deviennent de plus en plus fréquentes, puis brusquement éclate une crise. On constate : 1° souvent un cri initial; 2° des convul- sions cloniques exagérées ; 3° une phase de convulsions toniques ; 4° de grandes convulsions cloniques; 5° et enfin une période de stertor, avec urination et bave abondante. Ces crises se répètent plusieurs fois, puis deviennent subintrantes, c’est un vérilable état de mal. La mort survient quelques heures après, soit dans une crise, soit en dehors des crises, dans le coma, avec des troubies respiratoires. Pression artérielle. — Nous avons enregistré la pression artérielle carotidienne du chien pendant une expérience (manomètre de François Franck, inscription sur une longue bande ; appareil d'Hallion). La pres- sion normale étant enregistrée, on interrompt la circulation dans la veine, par traction du fil. La pression s'élève de 1 à 1 cent. 1/2 Hg, et reste élevée tant que dure la traction (phénomène dû peut-être à la douleur). Dès que cesse la traction, elle revient exactement à la normale, en quelques secondes. Elle reste alors exactement au même niveau pendant plus d’une heure, et demeure invariable même pendant que l'animal présente des soubresauts cloniques. Quand éclate la crise, le tracé pré- sente l'allure qu’il a au cours de toute crise d’épilepsie expérimentale (François Franck, Lamy et Bruandet : élévation de la pression, grand ralentissement du pouls). La crise finie. la pression retombe à la normale. On ne saurait donc, on le voit, dans notre cas pas plus que dans les autres types d’épilepsie expérimentale, établir de relation causale entre l’état de la pression artérielle et les crises convulsives. + (1) Voir communication antérieure, Société de Biologie, 2 mars 1907. 600 É SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —————— "© —— ————— ———.—…—…—…—.…—"—…"—….…—…—…"—…—…—…"…"—"—".….…—…—…—…"—….…—…._.-_.—_—_…._———_— — ———"— ————…— …— ———" 5" —— Lésions viscérales. — À l’autopsie de nos animaux, nous avons trouvé des hémorragies viscérales diffuses dans le foie, dans la rate, dans le pancréas; les lésions du foie surtout sont importantes : ce sont des hémorragies sus-hépatiques, périportales, lobulaires. Le pourtour des espaces portes est comme injecté sous pression par l'artère hépatique ou la veine porte. Ces lésions sont surtout mécaniques {4). Conclusions. — La ligature simultanée, temporaire, des deux veines rénales pendant dix minutes amène quatre fois sur sept, chez le chien, des crises épileptiques suivies de mort rapide. La pression carotidienne est invariable depuis la fin de la ligature jusqu'au début des crises ; à l'autopsie, on constate des hémorragies viscérales qui rappellent celles qu'on observe dans l'éclampsie puerpérale. Nous nous proposons de poursuivre l'étude de ces phénomènes. (Travail des laboratoires de MM. Dastre et Francois-Franck.) AU SUJET DES LOCALISATIONS LOBAIRES DU FOIE, par F. Dévé (de Rouen). Le foie des mammifères apparait plus ou moins incisé suivant les es- pèces animales, mais sa systématisation intime -— régie par la ramifi- cation, terminale et indépendante, de l'arbre porto-biliaire — reste constante. Comme celui des autres mammifères, le foie de l'homme comporte trois grands territoires lobaires. C'est une notion qui a été bien établie par Rex, en 1888, dans un mémoire qui parait insuffisamment connu. Des recherches personnelles inédites, pratiquées sur des foies d'enfants pendant notre internat au vieil hôpital Trousseau, en 41899, nous avaient permis de la vérifier. Il est à remarquer que cette systématisation du foie en trois terri- toires porto-biliaires fondamentaux n’a rien à voir avec la division du foie en trois lobes telle qu’elle a été décrite par certains cliniciens : Les « lobes cliniques » en question n’ont aucune réalité anatomique. C'est ainsi que M. Glénard, et après lui M. Mongour, distinguent dans le foie un « lobe droit » étendu de l’extrémité droite du foie à l’incisure cholécys- tique, un « lobe moyen » compris entre l'échancrure cyslique et l’inci- sure ombilicale et un « lobe gauche » situé à gauche de cette dernière incisure. Or, contrairement à ce qu’ils affirment, une pareille division (1) Nous rappelons que Doyon et Gautier ont obtenu des phénomènes téta- niques avec accès par la ligature de l'artère hépatique après abiation de l’intestin. Voir séance précédente de la Société. = J = SÉANCE DU 13 AVRIL 601 lombaire n'est nullement « conforme au mode de distribution des ra- meaux portes dans le foie, tels que Rex les a décrits ». De son côté, M. Sérégé, se basant sur une série d'arguments d'ordres anatomique, physiologique et pathologique, a soutenu à diverses re- prises dans ces dernières années — et il vient d’y revenir lout récem- ment encore (1) — que le foie doit être divisé en deux grands territoires vasculaires (foie droit et foie gauche) correspondant aux deux branches de bifurcation de la veine porte et au double courant sanguin qui exis- terait dans le tronc de la veine porte. La limite des deux territoires se- rait représentée par une ligne étendue de l'incisure biliaire à l'embou- chure des veines sus-hépaliques. — Nous voudrions montrer que la limite indiquée par M.Sérégé est susceptible de varialions importantes. Envisagée au point de vue de l'anatomie comparée, la veine porte, arrivée au hile du foie, se divise, non en deux, mais en {rois ramifica- lions primaires : deux d’entre elles se dirigent à angle droit dans le sens transversal (branche droite, branche gauche); la troisième (branche moyenne) se dirige à angle droit en avant. — La branche porte droite est destinée à un petit territoire hépatique superficiel répondant aux empreintes rénale et surrénale et représentant le lobe hépatique droit des animaux. La branche porte gauche est destinée au lobe gauche, au lobule de Spiegel et au lobule carré. Quant à la branche porte antérieure, elle se ramifie dans cette portion de parenchyme, étendue du bord droit de l'organe à l’échancrure vésiculaire, qui représente le véritable lobe moyen du foie. | Le point sur lequel nous voulons insister est le suivant : l’origine de la branche porte antérieure n’est pas fixe. Dans la règle, elle naît secon- dairement de la branche de bifurcation droite du tronc porte, à 4,2 ou 3 centimètres de l’éperon de bifurcation. Mais elle peut naître prèmiti- vement, au niveau même de la « bifurcation » : il existe alors une trifur- cation parfaite du trone porte. Zlle peut enfin tirer son origine de la branche porte gauche. Sur 30 foies pris au hasard, que nous avons examinés à ce point de vue, nous avons rencontré la première de ces disposilions anatomiques 22 fois, la seconde 5 fois, la troisième 3 fois. Dans aucun de ces der- niers Cas, nous y insistons, il ne s'agissait d’une malformation : le vis- cère avait sa conformalion extérieure habituelle. De là il résulte que le territoire hépatique moyen — étendu du bord droit du foie à l’'échancrure cystique (« lobe droit » de Glénard) — pour- -rait être, dans le quart des cas, tributaire de la « circulation gastro- hépatique gauche » admise par M. Sérégé. Ajoutons, en terminant, que nous nous sommes, depuis plusieurs années, efforcé de contrôler aux autopsies les affirmations de MM. Glé- (1) Réunion biologique de Bordeaux, séance du 5 mars 1907. 602 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nard et Sérégé, en ce qui concerne plus spécialement la localisation des noyaux cancéreux hépatiques secondaires aux cancers digestifs. Jusqu'à ce jour, nous n'avons pas rencontré un seul cas où la systématisation défendue par MM. Glénard, Sérégé et Mongour se soit vérifiée. LE TÆNIA NANA EN BELGIQUE, par E. Mazvoz. Nous ne croyons pas qu'on ait signalé jusqu’à présent l'existence du Tænia nana dans nos contrées. Très répandu dans certaines parties de l'Italie, ce parasite a fait l'objet de quelques rares observations en Autriche et en Allemagne, mais n'a pas été découvert en Belgique et en France. Au cours de ces trois dernières années, nous avons retrouvé dans les déjections de trente et une personnes soit les proglottis microscopiques, soit les œufs tout à fait caractéristiques de ce parasite. C'est au cours des innombrables examens de déjections d'ouvriers mineurs que néces- sile l'application des mesures eontre l'ankylostomasie dans le bassin de Liége que nous avons découvert l'existence du lænia nana dans cette partie de la Belgique. Les examens de déjections des ouvriers embauchés par les divers charbonnages de la province de Liége sont pratiqués dans une institu- tion que nous avons créée à l'instar des dispensaires antituberculeux, le dispensaire du mineur. Nous avons, avec le D' Lambinet, pratiqué plus de 50.000 examens de déjections depuis trois ans : ces déjections provenaient d'environ trente mille individus différents. Le tænia nana n'est pas un parasite spécial du mineur : si nous sommes les premiers à le signaler, c'est justement parce qu’il n’est personne qui ait eu l’oc- casion d'examiner au microscope autant de déjections que nous, en si peu de temps tout au moins. Il est infiniment probable que, si l’on exa- minait les déjections d'autant de milliers de sujets pris en dehors de la population des mines, on trouverait, à l’occasion, des porteurs de tænia nana, à Liége tout au moins. Il s'agissait presque toujours d'adolescents ou de jeunes gens. Habi- tuellement on observait un degré prononcé de faiblesse et d’anémie, des douleurs abdominales, de la paresse au travail, des troubles diges- tifs. L'un de ces jeunes mineurs avait été envoyé au dispensaire comme atteint d'ankylostomasie, précisément à cause de sa päleur marquée ; or, On n'a pas trouvé d'ankylostomes, pas d'éosinophilie : le traitement antiparasilaire par l'extrait de fougère a été suivi de l'élimination de plus d’un millier d'exemplaires du tænia nana. Ainsi s'est vérifié le SÉANCE DU 13 AVRIL 603 diagnostic que nous avions porlé par l'examen microscopique des déjec- tions, montrant de très nombreux œufs caractéristiques, différents de ceux des grands tænias, diagnostic qu'avait bien voulu contrôler et confirmer le professeur Edouard van. Beneden. Le tænia nana esl très mince et très fragile : il faut beaucoup d’atten- lion pour le retrouver intact dans les déjections; c'est un petit ver ayant à peu près la longueur de l'ankylostome, mais il est beaucoup plus grêle et plus délicat que ce dernier. Nous atlirons l'attention de tous ceux qui se livrent à de nombreux examens microscopiques des déjections, notamment dans les dispen- saires contre l’ankylostomasie, sur la présence des œufs de tænia nana, que l’on confond peut-être parfois avec ceux des lænias solium ou mé- diocanelleta. Il serait bien intéressant de savoir si le tænia nana n'existe pas dans d'autres contrées que celle de Liége ; il serait élrange que notre bassin fût seul atteint, en Belgique et en France. D’après l'opinion la plus récente des parasitologues italiens, qui ont eu souvent l’occasion d'observer ce parasite, le tænia nana ou, plus exactement, l’'hymenolepis nana de l’homme n'a pas d'hôte intermédiaire. (Université de Liége. Institut bactériologique.) f COMPARAISON ENTRE LES DEUX MÉTHODES DE DÉTERMINATION DE LA NATURE DU SANG PAR LES PRÉCIPITINES ET LA FIXATION DE L’ALEXINE, par BOLESLAS ZEBROWSKI. À l'heure actuelle, on dispose de deux méthodes biologiques permet- tant de déterminer la. nature d’un sang donné : dans l’une on observe la formation d’un précipité au moyen d'un sérum actif correspondant, dans l’autre on fait absorber l’alexine suivant le principe de Bordet (fixation du complément). Nous avons comparé la valeur et la sensibilité de ces deux procédés au moyen des essais suivants. Les sérums précipitants sont représentés par les sérums de lapins qui ont recu par voie intraveineuse du sérum de trois espèces animales : cheval, poule, chien, en d’autres termes sérum lapin-cheval, sérum lapin-poule, sérum lapin-chien. Nous disposions de deux systèmes hé- molytiques : le sérum de lapin traité par des globules de vache lavés, le sérum de chien injecté des mêmes globules. Des essais et comparaisons avec des mensurations portant sur les dilulions les plus variées nous ont donné des résultats qui nous per- meltent de conclure qu'en ce qui concerne les combinaisons essayées 604 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les deux méthodes se valent à condition que l’on note la précipitation après dix-huit heures et que l’on prenne pour dose limite la quantité de sérum normal en présence de laquelle l’hémolyse est iii eue abolie. Le précipité qui se forme dans le mélange du sérum précipitant et du sérum normal, après dix-huit heures de contact, séparé du liquide et lavé au moyen de grandes quantités d'eau, accapare riens presque aussi bien que le mélange total. Toutefois le liquide séparé du précipité par centrifugation présente lui aussi la propriété de neutraliser l’alexine, mais à un degré moindre que le précipité ou le mélange total. Il n’est plus possible de mettre en évidence de l’alexine qui a été accaparée par le précipité spécifique, même lorsqu'on redissout celui-ci dans un excès de sérum normal. (Université de Liége. Institut de bactériologie.) ABSENCE DE PHAGOCYTOSE APRÈS L'INJECTION DE BACILLES ENCAPSULÉS DU CHARBON BACTÉRIDIEN, par T. STIENNON. Bordet, Sawtchenko, plus récemment Gruber, Futaki et Lôühlein ont fait connaître des observations établissant le rôle capital de la capsule dans la protection de certains microbes contre l'action antagoniste des cellules de l'organisme attaqué. Cette question a particulièrement attiré notre attention au cours d'expériences sur l'infection charbonneuse chez le cobaye. Nous avons observé notamment les faits suivants, qui ont servi de point de départ. à l'étude des causes du phénomène. Nous possédons des bacilles du charbon de pose virulences : les uns tuent le cobaye rapidement, souvent en 18 heures; les autres beau- coup plus lentement, en 60 heures et davantage; une autre culture de charbon très faible ne tue pas le cobaÿe. Si l’on suit ce qui se passe dans le péritoine après l'injection de ces divers microbes, pris de cultures en gélose sur lesquelles:les bacilles se développent sans gaine d’enveloppe, on observe ceci : quand il s'agit du microbe tuant en 60 heures, on voit les leucocytes apparaître de plus en plus vite dans l’exsudat, au point qu'après 5 ou 6 heures toutes les bactéridies injectées sont phagocylées; on ne voit plus de microbes hors des cellules. Mais, après 20 heures, on aperçoit de nouveau des bacilles libres dans l’exsudat : seulement ce ne sont plus les mêmes SÉANCE DU 13 AVRIL 605 microbes, ils sont plus volumineux et surtout ils sont entourés d’une gaine épaisse. Cette nouvelle génération de bacilles encapsulés ne se trouve jamais à l’intérieur des leucocyies; ces derniers finissent par fuir le péritoine. Le mierobe à gaine se multiplie abondamment, pénètre dans le sang, 5 ou 6 heures avant la mort, et ÿ détermine la septicémie charbonneuse bien connue. Si le cobaye a été préparé la veille par une injection de bouillon. stérile dans le péritoine, les leucocyles, se trouvant déjà en abondance dans la cavité au moment de l'injection, phagocytent immédiatement les bacilles sans gaine ; une conséquence de ce fait est un retard dans la généralisation de l'infection. é Si le bacille injecté est très virulent, tuant en 18 heures, la phago- cytose n'a pas le temps de s'effectuer ; déjà, après une heure, la bacté- ridie à pris sa gaine, la multiplication des microbes n’est nullement entravée, la généralisation est très rapide. Avec le charbon avirulent, la phagocytose est totale, on ne voit à aucun moment des bacilles encapsulés dans l’exsudat ; l'animal se rétablit. Tels sont les faits observés. Nous tâcherons, par d’autres expériences, de pénétrer d’une facon plus profonde dans l'étude du phénomène. (Université de Liége. Institut de bactériologie, février 1907.) NOTE RECTIFICATIVE AU SUJET DE LA PARTHÉNOGENÈSE ARTIFICIELLE, par C. VIGUIER. Dans la séance du 16 mars dernier (Comptes rendus de la Soc. de Biol., p. 415), M. Bohn, serré de près par M. Lapicque, a jugé salutaire d'opérer une diversion. Comme je n'ai jamais publié une seule ligne sur le sujet en litige entre M. Bohn et M. Lapicque, je dois sans doute à ma seule absence l'honneur d’avoir été pris à partie une fois de plus. M. Bohn a la critique intermittente, mais peu variée. Son procédé consiste à répéter, de temps en Sens exactement les mêmes choses, sans tenir le moindre compte de ce qu'on a pris la peine de lui répondre. Criliqué à diverses reprises par lui, j'ai a dans la Revue géné- rale des sciences (30 mai 1904) et dans les Comptes rendus de la Soc. de Biol. (25 février 1903), et je lui posais alors des questions indiscrètes, - auxquelles il s’est prudemment abstenu de répondre. Mais ce ne sont point là considérations qui le puissent arrêter. 606 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE Certes, l'opinion que M. Bohn peut avoir personnellement de mes travaux m est tout à fait indifférente, car je partage entièrement à son sujet l'opinion de M. Lapicque. Je ne saurais cependant lui reconnaître le droit de répéter indéfini- ment, et toutes les fois qu'il sera dans l’embarras, au cours d’une dis- cussion sur un sujet quelconque, des assertions qu'il sait lui-même inexactes. Le 16 mars 1907, M. Bohn écrit, en parlant de moi : « .… Il conclut que la parthénogenèse artificielle n’existe pas ! » Or, il s’agit d’un travail publié en 1903 (Annales des Sciences natu- relles), critiqué une première fois par M. Bohn dans la Æevue générale des sciences du 15 mars 1904, que, par conséquent, il a du moins par- couru, et dont le titre est, à lui seul, un démenti formel à son assertion. On n’intitule pas un mémoire : « Contribution à l'étude des variations naturelles ou artificielles de la parthénogenèse », quand on est con- vaincu que la parthénogenèse artificielle n'existe pas. Dans ce travail dont la longueur a grandement éprouvé, je le regrette, la patience de M. Bohn (la concision est, paraît-il, une des nombreuses qualités maitresses de cet écrivain), j'ai consacré 32 pagés à passer en revue les divers moyens essayés pour provoquer la parthénogenèse arti- ficielle : Influence de l'agitation, — des variations de la température (élévation et abaissement), — des substances dissoutes, — et même des spermes étrangers. À l'article « Influence des substances dissoutes » », On lit, p. 71: « Je pense maintenant que l’on peut considérer l’action is réactifs comme hors de doute ». Voilà pour l’imputation principale de M. Bohn. Mais ce qui la précède n'est pas plus exact. Il est absolument faux que j'aie « raiïllé la mentalité de tous ceux qui se sont occupés de la parthénogenèse artificielle », et cela « surtout parce que leurs expériences donnaient des résultats inconstants ». On ne trouve rien de pareil dans mes publications, où j’ai maintes fois si- gnalé la variabilité des cultures. Là encore, le titre seul de mon mé- moire : « Contribution à l'étude des variations », etc., aurait pu suffire - à mettre en garde M. Bohn. En ajoutant que je me suis proposé de refaire les expériences avec toute la « rigueur scientifique », M. Bohn semble, par ces guillemets, m'attribuer une des expressions pédantesques qui lui sont familières quand, au lieu de parler des autres, il s'occupe de lui-même. J'ai seule- ment, dans mon premier travail : « Fécondation chimique ou parthéno- genèse? » (Annales des Sriences naturelles, 4900), écrit ces mots, que J'ai cités dans le second : « Ces expériences ont été conduites aussi rigoureusement que celles de Lœæb; et, par conséquent, jusqu’à ce que de nouvelles recherches aient été faites, le sujet reste à l'étude et la question ne saurait être considérée comme lranchée. » SEANCE DU 13 AVRIL 607 M. Bohn est-il incapable d'apprécier la différence ? Quant aux railleries au sujet de mes cultures, je renvoie, pour en juger le bien fondé, à ma note du 95 février 1905, p. 358. Dans cetle note, et dans ma lettre à la Revue générale, ceux que ces histoires pourraient par hasard intéresser verront ce qui reste des critiques de M. Bohn, et des sottises que, si volontiers, il prête à ceux qui n'ont pas l’heur de lui plaire. SÉCRÉTION ET EXCRÉTION, par LÉON O. Cosmovicr. Sécrétion et excrélion sont deux phénomènes tout à fait différents, el que je me permets de définir, afin d'attirer l'attention de nos biolo- gistes, et pour qu'ils n’emploient plus ces expressions que lorsqu'ils sont en face d’une sécrétion ou d’une excrétion. Le premier — sécrétion — consiste en une FONTE, partielle ou totale, des cellules de l’intérieur des acini des glandes, quand il ya des glandes, des cellules sécrétrices, quand l'organe est réduit à des cel- lules ; le produit de la sécrétion est un liquide plus ou moins consistant caractérisé par un ferment ou par une substance organique quelconque, qui n'existait pas dans le sang. Exemples : salive avec plyaline, suc gastrique avec pepsine, la cire des abeilles, etc. Quand il y a des glandes sécrétrices, le phénomène est plus compliqué et le produit de la sécrétion, plus abondant, renferme, à côté du principe caractéristique, de l’eau et des sels, qu'il emprunte au fluide nourricier, le sang. La glande a des nerfs sécréteurs et des vaso-moteurs et une circulation en rapport avec la quantité de liquide demandée. Enfin, elle a un ou plusieurs conduits d'évacuation, qu'on appelle à tort d’excré- tion. Le second — l’excrétion — est un phénomène qui se passe dans tout organisme animal, même dans l’Amibe, consistant en une épuration de l'organisme des produils de la désassimilation, produits nuisibles. Chez les Protozoaires ces produits tombent dans l’eau qui charrie leur corps et sont évacués avec l'eau même, quand les vacuoles contractiles se vident. Chez les Métazoaires, les produits de désassimilation rarement se con- crétisent dans des cellules spéciales; généralernent ils tombent dans le fluide nourricier, et de là sont FILTRES par l'intermédiaire des cellules des glandes spéciales — glandes excrélrices. Comme le principal produit de désassimilation est le composé azoté urée qu'on trouve dans l'urine, on nomme encore ces glandes : uwrinifères, rénales, néphridiales. Le produit de l’excrélion ne renferme jamais quelque chose qui n'exis- tait auparavant dans le sang de l'animal, et les cellules excrélrices ne se Biozocie. Comptes RENDUS. — 1907. T. LXII. 42 608 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LIQUÉFIENT pas même partiellement comme cela a lieu dans toute sécrétion. Donc, une différence fondamentale entre la manière d’être des glandes sécrétrices et excrétrices, entre leur fonction et la nature de leurs pro- duils. On a tort de dire sécrétion urinaire; l'urine est un produit d'excré- tion — de filtration et point de sécrétion — de fonte cellulaire avec pro- duction de nouvelles substances, spécifiques à chaque glande sécré- trice. | On a tort de qualifier excréfion l'ÉvAcUATION de tout produit, soit de sécrétion, soit d'excrétion. On doit nommer les conduits respectifs : conduils d'évacualion, comme terme général, canal de Stenon, hépatique, uretère, etc., comme termes spécifiques. L’écoulement ou la poussée est une évacualion et non une excrétion. Je serais heureux si mes observations arrivaient à faire com- prendre la grande différence qu'il y a entre les trois actes physiolngiques analysés : -SÉCRÉTION, EXCRÉTION, ÉVACUATION, et l'étymologie même de l’excrétion nous indique la différence, excernere sigaifiant SÉPARER, et les produits de la désassimilation sont séparés par les cellules spéciales des autres substances se trouvant dans le sang et, quand cette fonction physiologique vient à être entravée, l'organisme meurt. (Jassy. Laboratoire de zoologie et physiologie, 16/29 mars 1907.) OBSERVATIONS FAITES AU SPITZBERG SUR UN JEUNE PHOQUE CONSERVÉ EN CAPTIVITÉ, par P. PorTIER. Durant la campagne dirigée par le prince de Monaco en juillet-août 1906, un jeune Phoque (1) fut capturé dans un des fjords du Spitzberg. La manière dont cette capture fut opérée mérile d’être relatée. Des matelots se trouvaient dans une embarcation, lorsque le jeune animal vint à émerger à quelque distance. Un des hommes eut l’idée de siffler, et aussitôt le Phoque se rapprocha de la baleinière autour de laquelle il se mit à nager, la tête hors de l'eau. Les matelots ne trouvant dans l'embarcation aucun engin qui leur permit de s'emparer de l'animal rejoignirent le yacht, qui était à l’ancre à quelques centaines de mètres. Ils prirent un haveneau de dimensions suffisantes et revinrent au point où ils avaient laissé le mammifère. (1) Ce Phoque n’a pu être déterminé avec une entière certitude, mais il appartenait très probablement à l'espèce Phoca fœtida. SÉANCE DU 13 AVRIL 609 A ————————— —_—— Ils se mirent à siffler, et, de nouveau, celui-ci s’approcha avec con- fiance de l’embarcation et se laissa facilement caplurer au moyen du filet. Placé dans une baignoire sur le pont de la Princesse-Alice, le jeune animal se montra d'emblée très confiant, ayant des allures de jeune chien, et s’approchant en nageant quand on faisait entendre un siffle- ment près de sa baignoire. Le Phoque passait la plus grande partie de la journée dans la bai- gnoire, jouant avec les poissons qu'on lui fournissait vivants en abon- dance. Vers 11 heures du matin, et surtout les jours de soleil, il montait sur une planche à l'extrémité de la baignoire et dormait pendant quelques heures. Durant la période correspondant à la nuit, mais pendant laquelle, à cette époque et à cette lalitude (80 degrés), le suleil reste très au-dessus de l'horizon, le Phoque s’étendait souvent hors de l’eau pour dormir, mais il prenait aussi quelquefois son repos dans l’eau. C’est ainsi que, m'approchant sans bruit vers 2 heures du malin près de sa baignoire, il m'est arrivé plusieurs fois de trouver l’animal endormi sur le fond de celle-ci. Il n’était pas étendu horizontalement, mais il flottait, immobile, l’axe du corps presque verlical, l'extrémité de ses membres postérieurs touchant simplement le fond de la bai- gnoire. Il avait les yeux fermés, tandis que dans la journée, lorsqu'il poursuivait ses proies dans l’eau, il les gardait ouverts. Toutes les deux minutes environ, on voyait ses côtes se soulever, sa poitrine se dilater progressivement, et l'animal se rapprochait peu à peu de la surface. Les narines étaient la première partie du corps qui venait affleurer à la surface de l’eau. À ce moment, le sphincter, qui les maintenait fermées, s’ouvrait largement, une expiration brusque se produisait, suivie coup sur coup de plusieurs inspirations et expirations successives. Puis, à la suite d'une inspiration plus profonde, le sphincter nasal se fermait, on voyait l'animal réduire le volume de son thorax en abaissant ses côtes, et il redescendait lentement sur le fond de sa baignoire. Tous ces mouvements semblaient bien se faire sans que le sommeil soit interrompu, car l'animal conservait constamment les yeux fermés et ses membres dans une immobilité parfaite. Les mouvements respi- ratoires, réglés suivant le rythme irrégulier spécial aux animaux aériens adaptés à la plongée, s’opéraient automatiquement et servaient à la fois à le rapprocher de la surface au moment voulu, et aussi natu- rellement à assurer l'hématose. On a beaucoup discuté pour savoir si les Cétacés dormaient et com- ment ils pouvaient dormir dans l’eau, qu'ils ne quittent jamais; cette observation, il me semble, permet de comprendre comment cette 610 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fonction peut s'exercer chez des Mammifères si bien adaptés au milieu aquatique. Remarquons d’ailleurs que les mouvements de la cage thoracique qui s'exécutent sous l’eau sont avantageux pour les phénomènes respira- toires de l'animal; au moment de la plongée, l'animal, diminuant le volume de sa cage thoracique, comprime les gaz dans ses vastes poumons; il augmente donc leur tension, en particulier celle de l'oxy- gène, ce qui permet une utilisation de ce gaz plus complète qu'elle n'aurait lieu chez un mammifère respirant à la manière habituelle, et, par conséquent, un séjour de plus longue durée sous l’eau. Au moment de l’émersion, l'animal dilatant sa cage thoracique diminue la tension des gaz des alvéoles; il extrait le gaz carbonique du sang et prépare une expiration efficace. Le jeune Phoque ne recevait pas en captivité la nourriture qui lui était habituelle, et qui consiste presque uniquement en petits Crustacés, ainsi que j'ai pu m'en assurer en examinant le contenu stomacal de nombreux Phoques adultes tués par le prince de Monaco au cours de la campagne; aussi l'animal dépérit il, et, au bout d’une quinzaine de jours, il mourut avec tous les signes habituels de la mort par inanition : baisse de température (31°8 le 26 juillet au soir, et la mort arrive dans la nuit du 27 au 28), amaigrissement et perte de poids très notables. A l’autopsie, on put constater ce fait remarquable que la graisse des organes, en particulier celle qui entoure normalement les reins, avait complètement disparu, tandis que l’épaisse couche de graisse dermique, la graisse « de couverture », avait conservé très sensiblement la même épaisseur que chez les animaux normaux; la fonction de protection contre la déperdition de chaleur dans l’eau avait pu ainsi s'exercer chez cet animal jusqu’à sa mort, se produisant par inanition. SUR LA PRÉSENCE DE MALES EN EXCES CHEZ DEUX ESPÈCES DE SYNALPHÉES, par H. COUTIÈRE. Dans une note antérieure (1), j'ai parlé de la disproportion anormale existant dans le nombre des $* et des © chez une Synalphée américaine, S. longicarpus Herrick, dent 5 à 6.000 exemplaires avaient été recueillis par l’Albatros dans un seul coup de chalut (St. 2413, mars 1885, golfe de Mexico, banc de la Floride, fond de sable avec débris de coquilles, 24 brasses) (2). (1) -Comptes rendus de l'Académie des Sciences, CXXXI, p. 356, 1900. (2) J'ai eu à ma dis,osition le tiers environ de ces exemplaires. SÉANCE DU 13 AVAIL 611 Depuis, en reprenant l'étude de ces spécimens, j'ai vu qu'il s’y trou- vait en réalité deux espèces lrès voisines mélangées et que la seconde, S. pecliniger n. sp., présentait la même anomalie à un d?gré encore plus marqué. Les Alpheidæ sont sédentaires et presque toujours trouvés par couples lorsqu'on les observe vivants. Ici, dans les deux cas, le nombre des 7 est sensiblement une fois et demie celui des ©. Dans le cas de la première espèce, S. longicarpus, j'ai compté 890 7 pour 80 ©. Aucune de ces dernières ne dépasse 23 millimètres, alors que l’espèce atteint jusqu'à 27 millim. 5. Les ‘surtout sont de petite taille, la moitié au moins des exemplaires ne dépasse pas 18 millimètres. J'ai compté une centaine de spécimens des deux sexes présentant des perforations plus ou moins grandes sur les branchiostégites, perfora- lions atteignant jusqu'à 1 millimètre de diamètre et que je n’ai rencon- trées que sur les spécimens de cette station. Dans le cas de la seconde espèce, S. pectiniger, j'ai compté 310 SX pour 230 ©. Aucune de ces dernières n’a plus de 11 millim. 5; 45 seule- ment porlent des œufs, dont le nombre ne dépasse jamais 8. Encore, sur 7 à 8 spécimens, ces œufs sont-ils notablement plus petits que la normale. Quant aux autres ©, non ovées, il est possible qu’elles viennent de libérer leurs larves et se disposent à pondre de nouveau, mais cette hypothèse ne saurait s'appliquer qu’à un pelit nombre. Sur la presque totalité des ©, ovées ou non, les pleurons abdominaux des 4° et5°somites, même du 3°, sont aigus et rappellent ceux des &7, et l’on ne voit que rarement sous la carapace les ovaires d’ordinuire visibles par transpa- rence et s'étendant très loin dans l'abdomen. Dans quelques cas, l'aspect des pleurons abdominaux est assez marqué pour rendre délicale l’attri- bution du sexe, et, dans l’ensemble, la faible fécondité de ces femelles est tout à fait frappante. Elle fait penser à une castration plus ou moins avancée, due à un parasite ou simplement, étant donnée sa généralité, à un défaut de nourriture. Elle le devient surtout si l’on compare les spécimens de la station précédente avec d’autres de même espèce (300 environ), recueillis égale- ment par l'A l{batros en février 188% dans une localité assez voisine (Cura- çao). Eci, le nombre des © (160) dépasse celui des Çç* (130), fait fréquent dans les collections, les © plus grosses et plus inertes étant plus aisé- ment capturées. Or, ces ® atteignent une taille de 14 millimètres; toutes, à de rares exceptions près, portent des œufs, et ceux-ci, au nombre de 15 ou 16, distendent les pleurons abdominaux très développés. Lorsque la ponte est récente, les ovaires ne sont plus apparents, mais lorsque l’éclosion est prochaine, les œufs ovariens sont très visibles, comme si une nouvelle ponte devait suivre de près la libération des larves. Sur aucune de ces ©, on ne relève l'aspect « masculin » des pleurons abdominaux. 612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il semble, en résumé, que les spécimens de la station 2443 aient trouvé dans le surpeuplement de celte station des conditions défavo- rables qui expliquent leur taille plus petite, les anomalies de la carapace, et, dans le cas du $. pectiniger, leur fécondité beaucoup moindre. Or, ces conditions défavorables coïncident avec une proportion inusitée de mâles dans les deux espèces, de sorte que ies deux ordres de faits paraissent avoir entre eux une véritable relation de cause à effet. On peut remarquer que l'excès des & doit avoir pour résultat de faire dis- paraître, au bout d’un temps très court, le surpeuplement de la station. ETUDE CYTOLOGIQUE DES SELLES AU COURS DES GASTRO-ENTÉRITES INFANTILES, par P. Nogécourt et L. RIvET. Si l'on pratique chaque jour l'examen microscopique des selles des nourrissons atteints d'infection gastro-intestinale aiguë, on y constate habituellement, à un moment donné, des leucocytes. Sur plus de soixante cas étudiés, les leucocytes n'ont été absents que douze fois, et encore certains de ces résultats négatifs peuvent-ils êlre dus à des examens insuffisamment répétés. 1° Dans les entérites dysentériformes, avec selles glaireuses, puriformes ou sanguinolentes, la présence de nombreux leucocytes est la règle. 2° Dans les entérites cholériformes (choléra infantile), il y avait des leucocytes dans six cas sur sept. Dans le cas où ils faisaient défaut, la maladie à été très grave et rapidement morlelle. 3° Dans les formes légères, peu fébriles ou apyrétiques, les leucocytes, à un premier examen, sont en pelit nombre ou manquent souvent. Dans cette seconde éventualité, ils peuvent apparaître, le lendemain, après vingt-quatre heures de diète hydrique avec prise de calomel ou lavages d’intestin. Les réactions leucocytaires varient avec les étapes de la maladie et sont influencées par la médication et le régime alimentaire. L'enfant étant mis à la diète hydrique, puis à l’eau d'orge ou au bouillon, de légumes, les leucocytes diminuent rapidement de nombre. Mais, quand plus tard on donne du babeurre, du kéfir, du lait ou de la viande crue, on conslate généralement dans les selles une réapparition des leuco- cytes, qui coïncide avec une poussée fébrile. Cet afflux leucocytaire, de même que l'élévation thermique, est d'autant moins marqué que la te nlative de réalimentation est plus tardive; il manque, si celle-ci est suffisamment retardée. Les leucocytes trouvés dans les selles sont des mononucléaires en petit SÉANCE DU 13 AVRIL 613 mombre et surtout des polynucléaires. Lorsqu'ils apparaissent, ils ne présentent pas d'altérations; les jours suivants, leur proloplasma est parsemé d’enclaves et renferme des microbes phagocytés; finalement, -en même temps qu'ils diminuent de nombre, ils dégénèrentet deviennent méconnaissables. La présence des leucocytes dans les fèces traduit donc, dans une certaine mesure, l'intensité et la persistance de l'infection intestinale. Il importerait de préciser si le calomel et les aliments albuminoïdes, dont l’ingestion est suivie de l'apparition ou de l’augmentation du nombre des leucocyles, agissent par eux-mêmes ou indirectement en exaltant les microbes intestinaux. Dans des expériences en COUTrS, nous avons COns- taté, chez des cobayes normaux, qu'après ingestion de calomel il existe des polynucléaires dans l’iléon. {Travail du service et du laboratoire du professeur Hutinel, à l'hospice des Enfants-Assistés.) SUR LA TOXINE DU BACILLE DU CHARBON SYMPTOMATIQUE, par PaiciPrE EiseNBERG (de Cracovie). À la suite des recherches relatées antérieurement (1), j'ai fait une série d'expériences sur la toxine du bacille du charbon symptomatique, dont le résultat ne me semble pas être sans inlérêt, ayant trait à la question des toxines à action instantanée se rapprochant du type du venin des serpents et étant données les opinions divergentes des différents auteurs sur ce point. Notre toxine a été préparée en décanlant une culture anaérobie en bouillon Martin additionnée de sérum normal de lapin après 6 jours d’étuve. Le liquide étâit ensuite centrifugé pendant 6 heures à l’aide d’une centrifuge électrique pour le débarrasser des microbes autant que possible. Voici le résumé de mes expériences faites avec cette toxine: À. — Lapins (poids 2.000-2.600 gr.). Injection subdurale . . . . . . . . O0°5 Mort après : 2 m. UN ANITANCINEUSC M 0. 000 CS — 2 m. — = RE CE CU) —— 8 m. — — à Re OC S — 8 m. — — And ec er GUUO — 4 m. — — arte CU EA — À h. 45 m. pere LATE (1) Voir Société de Biologie, séances des 16 et 23 mars 1907. a G14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE B. — Cobayes (poids 200-300 gr.). Injection péritonéale . TE DT CRE Mort après : 2 h. 45 m. — SM ns 9c0 — Ans » — SEEN INT ERREUR 5c0 — Pine — — : De PAC) — 2 h. » — — De EE a LEZ A 2 FE) — 6 h. » — subdurale. . . . . .… 05 — 2 m. — — c Oc4 — AP h(0 Er — —_ 0c005 — 2 m. — — 0c005 — 2 h. 10 m — SA PERS ES 0c004 — Ten Quant à l’incubalion, il faut remarquer que les symptômes débutent immédiatement après l'injection, même dans les cas où il y a une survie de plusieurs heures (Leclainche et Vallée observent le début des accidents après 5 à 6 minutes). Quant aux symptômes, je puis confirmer complètement les excellentes descriptions données par Leclainche et Vallée et par Schattenfroh et Grassberger; j'y voudrais seulement ajouter la mastication et le grattement du nez(chez le cobaye), et l'hyper- sécrétion des larmes et de la salive (chez le lapin et le cobaye). Etant donnée la divergence des opinions des auleurs quant à la thermostabilité de notre toxine (qui se détruit d'après Schattenfroh et Grassberger à 50 degrés centigrades, et selon Leclainche et Vallée, au contraire, n'est pas totalement détruite à 115 degrés), J'ai fait quelques expériences sur ce point, incomplètes à vrai dire, ma provision de toxine s'étant épuisée. À. — Toxine chauffée pendant 1 heure à 50 degrés centigrades. Lapin. — Injection intraveineuse. . . 08 Survie — — — . . . 10 Mort après 2 heures Cobaye. — Injection subdurale. . . . 0c5 — 1 minute — — — Ne 0 25 — > minutes — — — re A0 — quelques heures — — — Ste co 0 — — B. — La même toxine chauffée encore 1 heure à 60 degrés centigrades. Cobaye. — Injection subdurale . . . . 0°4 Mort après quelques heures — = EE te] 2 es Ces expériences démontrent que la toxine n'est pas complètement détruite à 50 degrés centigrades, la grande sensibilité du cerveau de cobaye permettant encore le tuer à bref délai, et même à 60 degrés centi- grades elle n'est pas devenue inactive. Toutefois la loxine est affaiblie à 50 degrés, la dose énorme de 7 centimètres cubes ne donnant plus la mort qu'après 2 heures. SÉANCE DU 13 AVRIL 615 L'expérience suivante démontre que ce poison à action immédiate est bien une toxine spécifique, étant neutralisé par l’antisérum fourni par le lapin et mentionné dans les notes précédentes. Expérience : Lapin 1, 2.400 grammes, reçoit 1 ce. 6 de toxine +8 cc. d’antisérum dans la veine. Survit. Lapin 2, 2.550 grammes, 1 cc. 6 de toxine + 8 centimèlres cubes de sérum de lapin normal dans lu veine. Mort après 4 minutes. Pour revenir à la question principale, mes recherches confirment le fait constaté par Leclainche et Vallée, que notre toxine peut agir instan- tanément sans période d'incubation. Dans les intoxicalions bactériennes, l'incubation, qui est, d’après Ebrlich, un point essentiel caractéristique pour les toxines, peut se réduire à un lemps extrêmement court, c'est-à-dire disparaître. Nous savons, d’après les recherches d’Ehrlich et Morgenroth, d'Eisenberg et Volk et d’autres, que l'union des anticorps et de leurs anligènes peut s’effecluer instantanément; pourquoi ne pas admeltre la même possi- bilité pour l'union de la toxine avec l'élément sensible? Et même si l'on regarde seulement le résultat visible de cette réunion, est-ce qu'on ne voit pas se produire une agglutination instantanée, si l’on mélange une agglutinine forte avec les bacilles correspondants, ou un trouble momentané si l’on ajoute une précipitine puissante à l’albumine, — ou une bactériolyse foudroyante si l’on ajoute du sérum cholérique frais aux vibrions ? Il faudra donc distinguer les toxines à action lente et avec incubation comme la tétanique, diphtérique, dysentérique {même par voie cérébrale chez le lapin) des toxines à aclion immédiate (char- bon symptomatique, vibrions choléroïdes, bac. pyocyanique) et recher- cher plus exactement les causes de cette différence d'action. (Laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) PREMIÈRE APPROXIMATIiON D'UNE LOI NOUVELLE DE L'EXCITATION ÉLECTRIQUE BASÉE SUR UNE CONCEPTION PHYSIQUE DU PHÉNOMÈNE, par Louis LAPICQUE. La formule donnée par Weiss, Q = a+ bt, a marqué un progrès con- sidérable dans nos connaissances; personnellement, elle ma rendu de très grands services dans mes recherches de ces dernières années. Mais j'en arrive à la nécessité de la remplacer par une autre. L'électricité paraît agir sur le nerf en y produisant une polarisation ; les recherches physiologiques avec les points de départ les plus divers convergent vers cette conception. La polarisation interne des tissus, 616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE explicitement envisagée par du Bois-Reymond il y à un demi-siècle, peut être précisée, comme l'a montré Ostwald, par la notion bien com- prise de membranes semi-perméables (1). Imaginons sur le trajet d’un conducteur électrolytique tel qu’un tissu vivant, comprenant des sels divers, un diaphragme perméable à certains ions, imperméable (ou beaucoup plus lentement perméable) à certains autres. Les ions qui passent transportent le courant, les ions qui ne passent pas donnent lieu à une charge éleclrostatique. Cette polarisation de’ membrane peut être traitée, en première analyse, ni plus ni moins que toute polarisation, comme une charge de condensateur ; il faudra ajouter que le condensateur a une fuite. Soit un condensateur de capacité C, dont les armatures sont reliées par un conducteur de résistanceb; soit R la somme des résistances extérieures. Quand il y aura dans le système une différence de potentiel connue, nous aurons affaire à un problème physique entièrement défini que nous pouvons traiter complètement par l'analyse mathématique (2). Si, par exemple, on demande quelle est la charge qg;, qui existera dans le on déneateur au bout du temps f, on trouve, pour une force électromotrice V constante : RE) qu= VC = £ —e— RC Ro!) e étant la base des logarithmes es Posons que le seuil de l'excitation sera atteint quand le condensateur hypothétique sera chargé à un certain potentiel; nous pouvons (au moyen de l'équation ci-dessus) déterminer le voltage V nécessaire pour atteindre ce résultat en un temps { donné; cette relation est la forme la plus directement expérimentale de la loi d’excitation. La formule sera, en prenant des constantes globales :: (4 NM Cette formuie (logarithmique) est bien différente en elle-même de celle de Weiss, VM—= , —+ à (hyperbole). Mais dans l'ordre des durées le plus souvent employées pour nos recherches sur le nerf de la grenouille (de 3 à 30 dix millièmes de seconde), on peut, avec l’une et l’autre loi, obtenir des courbes presque superposables. (1) Leitsch. f. physik. Chemie, L VI, 1890, p. 71. (2) Ce travail mathématique, dont j'utilise ici seulement une petite partie, a été très obligeamment effectué pour moi par deux étudiants de la Sorbonne, MM. Chatanay et Lévy, qui m'ont établi toutes les intégrales dont j'ai pu avoir besoin ; je suis heureux de leur adresser ici mes remerciements. SÉANCE DU 13 AVRIL. 617 Si on les compare toutes deux, par le calcul, dans cet intervalle, à des séries de valeurs expérimentales de cette espèce, c’est la formule loga- rithmique qui paraît s'appliquer le moins bien. Exemple : Rana esculenta, — gastrocnémien excité par la sciatique. — Temp, 100 VOLTAGES CALCULÉS DURXE VOLTAGES ‘OBSER VES A4 be EEAl en 10 —25s en millivolts. V= FF + 46,5 = le D : 61 61 se 2.5 64 6z 64,5 o 68 GORE. fe 1,5 16 1 A | 1 90,5 94,5 0,666 115 111,5 12% 0,333 75 178 2° Mais le courant constant de durée indéfini qui atteint le seuil de l'excitation a été expérimentalement trouvé à 60 (fermeture dans des conditions identiques à celles des ondes limitées, électrodes (Hg — HgCl — NaCÏ) maintenant au galvanomètre une déviation constante pour un voltage du même ordre). Or, par extrapolation, la formule de Weiss donne 46,5 (écart, 23 p. 100), la mienne 59, écart égal à l’hésitation de lecture. | D'autre part, l'écart systématique pour les exeitations très courtes et de voltage relativement élevé me paraît être le même phénomène que j ai signalé sur un grand nombre de muscles comme écart à la formule de Weiss (action du voltage indépendante de la quantité). Qu'on doive aussi faire place à-ce phénomène dans le cas du gastrocnémien de la grenouille excité par son nerf, c’est ce que démontre le fait suivant. Une onde de condensateur interrompue au bout d'’uñe durée t{ et une onde rectangulaire durant le même temps comportent pour le seuil de l'excitation des quantités inégales d'électricité ; l'onde du condensateur, qui atteint à son début une intensité sensiblement supérieure à l'intensité constante de l’onde rectangulaire physiologiquement équivalente, met en jeu une quantité moindre d'électricité (fait vérifié directement au galvanomètre balistique) (1). Si l’on construit la courbe correspondant à la loi linéaire de Weiss, c'est-à-dire en ordonnées, les produits du voltage par la durée sur les (1) Dès la publication du travail de M. Cluzet concluant à l'égalité de ces deux quantités, j'ai fait des réserves sur l’exactilude de cette conclusion. Soc. de Biol., 1905, 2 s., p. 63. Dans une prochaine communication, j'en appor- terai la critique expérimentale. 618 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE durées comme abscisses, la formule logarithmique donne une courbe concave vers les y posilifs; la différence systématique signalée plus haut fait que les valeurs expérimentales correspondant aux petitées durées quittent cette courbe pour descendre au-dessous. L'ensemble des points expérimentaux dessine alors à très peu près la droite qui a frappé Weiss ; cn réalité, il s’agit d'une $ très allongée. Cette forme est reconnaissable dans la plupart des expériences de Weiss; on peut la rendre nettement apparente en se placant dans certaines conditions expérimentales. La droite de Weiss (liée à la formule hyperbolique) est donc seule- ment une apparence de droite fournie par une coïncidence. Les faits paraissent correspondre, pour le nerf de la grenouille, à la formule logarithmique, altérée dans la partie voisine de l’origine par un phéno- mène perturbateur déjà reconnu sur divers tissus. F D'ailleurs, le système considéré est évidemment trop simple; il y alieu de tenir compte des écarts connus entre la polarisalion réelle et le condensateur idéal de Helmholtz; notamment parmi les conditions spé- ciales au nerf, on doit trouver l'explication de l’inefficacité des courants lentement croissants. La formule que je propose n'est qu'une première approximation qui appelle de nouvelles recherches. Il est intéressant de considérer en détail, au lieu des paramètres purement algébriques « et $, les grandeurs physiques qu'ils repré- : sentent. Pour cette discussion, et pour d’autres chiffres de vérification, | je renvoie à un mémoire destiné au Journal de physiologie. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 4 À PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. LAPICQUE, par G. Weiss. L'exactitude de mes résultats expérimentaux est pour moi la chose essentielle. À cet égard, M. Lapicque me donne toute satisfaction. Au moment où je publiai mes premières observations relatives à la loi d’excitation, la plupart des physiologistes considéraient cette exei- tation comme liée soit à la variation d'intensité du courant, soit à l'énergie de la décharge. Je montrai au contraire que cette excitation dépend d’une quantité d'électricité et du temps. C'est là le point impor- tant de mes recherches, et M. Lapicque partage mon opinion, si j'ai bien compris. La formule (À = à + bt que je proposai traduisait mes résultats expé- rimentaux avec une approximation que je considérai comme très suffi- sante. et e l'interprétai de la façon suivante : SÉANCE DU 13 AVRIL 619 Tout se passe comme si, pour exciler un nerf ou un muscle, il fallait une quantité d'électricité a, mais que de plus, pendant la durée de l'exci- lation, il se produisait sans cesse un phénomène inverse, à combattre par une quantité d'électricité supplémentaire proportionnelle au temps bt. Je n'ai jamais considéré cette formule que comme une première approximation, je l’ai dit el écrit. Il est évident, en effet, que si l’action produite par une certaine quantité d'électricité se défait, la compen- sation ne peut être simplement proportionnelle au temps, car la quantité d'action déjà produite à chaque instant doit intervenir sous une forme à déterminer. Cette détermination nécessiterait une série d'expériences ayant pour but de pousser plus loin l'analyse du phénomène. Ces expériences sont faciles à imaginer; malheureusement, étant occupé à d’autres travaux, le temps me fait absolument défaut pour les exécuter. Le professeur Nernst (de Güttingen), partant de considérations théo- riques, retrouve ma propre formule ; M. Lapicque en propose une autre. _ Pour les raisons que j'ai dites, je n'ai pas les moyens de discuter la question à fond, mais je pense que, quelle que soit la forme mathéma- tique sous laquelle on exprimera le phénomène, il consistera toujours en ce fait que l’excitation électrique des nerfs et des muscles est liée à la quantité d'électricité en jeu. J'ajoute qu'ayant cessé l'étude de l'excitation électrique, je suis enchanté de voir d'autres expérimentateurs la poursuivre, et tiens à leur disposition les observations et le matériel expérimental que j'ai mis plusieurs années à réunir. LES OPSONINES ET LE MÉCANISME DE LA CRISE DANS LA TICK-FEVER, par GC. Levanimi et J. Rocné. (Première note.) On sait que la spirillose que provoque chez le rat le spirille de la Tick-fever, se termine par une disparition critique des parasiles qui pullulent dans la circulation générale au moment des accès. La crise s opère le quatrième ou le cinquième jour après l’inoculation du virus dans le péritoine. Le: mécanisme suivant lequel s’opère cette destruction relativement rapide des spirilles au cours de la crise a déjà été étudié par Levaditi et Manouélian (1), qui ont constaté : 1° l'absence de spirilolyse extra- cellulaire ; 2° l’englobement de spirilles ayant conservé leur aspect (1) Société de Biologie, séance du 8 décembre 1906. 620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE normal par les phagocytes mononueléaires du foie (cellules de Kupffer). L Ces auteurs, qui ont fait leurs constatations par la méthode histo- logique, ont conclu que la crise de la 7ck-fever expérimentale est un phénomène d'ordre purement phagocytaire. Or, il a été établi par les recherches déjà anciennes de Denys et Leclef, de Marchand et parles constatations plus récentes de Sawtchenko et de Wright que l’englobement des microorganismes pathogènes par les leucocytes est en grande partie exagéré par l'intervention de cer- taines substances dissoutes dans le sérum, jouissant de propriétés opsonisantes. Ces substances (1), en se fixant d’une façon rigoureusement 4 élective sur les bactéries, les rendent plus aptes à être phagocytées. Leur influence sur le spirille de la fièvre récurrente a été mise hors de doute par les expériences de Sawlchenko (2). On peut donc se demander si la phagocytose intense des spirilles de la T'ick-fever, constatée pendant la crise, ne serait pas sous la dépendance des substances opsonisantes qui se formeraient dans l'organisme au fur et à mesure que progresse l’in- fection spirillaire. S'il en était ainsi, on devrait constater une coïnci- dence entre l'apparition de la crise et la présence dans le sérum, de la plus grande quantité de ces substances. Nous avons entrepris une série d'expériences afin d'élucider cette ques- tion en nous servant de la méthode de Wright. Le sérum provenant de rats sacrifiés aux divers moments de l'infection, pendant la crise et aussi plus ou moins longtemps après elle, est mélangé, à volume égal, avec des leucocvtes humains préalablement lavés et une dilution riche en spirilles prélevés sur des souris inoculées dans le péritoine depuis environ quarante- huit heures. Les résultats sont enregistrés après quarante minutes de séjour à une température de 37 degrés. Nous ne donnons ici qu'un résumé très succinct de nos expériences. A. — Lesérum d'un rat sacrifié au moment où l'infection est à son maximum n'exerce aucune influence particulière ni sur les spirilles, ni sur l’engloblement par les phagocytes. Il se comporte, à peu de chose près, comme le sérum du rat normal, lequel jouit toujours d’un faible pouvoir opsonisant. Ainsi, pour ne donner qu’un exemple, le pourcentage des leucocytes ayant englobé les spirilles a été de : p. 100 Pour le sérumede rh et en CD ECC ER Re DIR 0 2% — Pourilersérumide AMONT ER RREN EEE OCTEE La ditférence est insignifiante. (4) Nous reviendrons dans une prochaine communication sur la question de savoir si ces substances sont spécifiques ou non. (2) Sawtchenko. Annules de l'Institut Pasteur, vol. XVI, n° 2. SÉANCE DU 143 AVRIL 6214 B. — Le sérum d'un animal tué pendant la crise, c'est-à-dire au moment où le nombre des suirilles diminue beaucoup et où ceux-ci ont presque complètement disparu de la circulation, n’a pas encore un pouvoir opsonisant sensiblement supé- rieur à celui du sérum normal. Exemple : pourcentage des leucocytes ayant phagocyté les spirilles : STUNT NOTICE EN ET CU Me ee due et 146 pe. L00 SÉRIE TORONTO Ne NS pen EPA C. — Ce n’est que trente-six heures et surtout quarante-huit heures et méme trois jours après la disparition complète des spirilles du sang, que nous avons constaté une exagération considérable du pouvoir opsonique du sérum, coïnci- dant d'ailleurs avec la production de spirilolysines spécifiques. Nous ne citerons qu'une expérience : Sérum prélevé 40 heures après la crise : Pur, spirilolyse complète et phagocytose des granulations. Dilué au 1/5, spirilolyse partielle. Phagocytose . . . , 9% p. 100 Dilué au 1/10, spirilolyse faible. Phagocytose . . . . . 84 — Même sérum, chauffé à 60 degrés, pendant 10 minutes : Pur, pas de spirilolyse, Phagocytose. . . . . . , . . . 100 p. 100 Sérum normal : Pur, pas de spirilolyse. Phagocytose. . . . . . . . . . 28 — Même sérum, chauffé à 60 degrés, pendant 10 minutes : PHASOC TION Me SE 0e MENT Lee 2 p. 100 Le sérum du rat, prélevé quarante heures après la disparition com- plète des spirilles, diffère considérablement du sérum du rat normal. Il est bactériolytique (Gabritchewsky) et de plus il possède des propriétés opsonisantes qui résistent à un chauffage à 60 degrés pendant dix minutes. Conclusions. — Ces faits montrent que la destruction critique des spirilles n'est liée ni aux bactériolysines, ni aux qualités opsonisantes des humeurs. Nos expériences prouvent bien que ces qualités humorales n’ap- paraissent qu'après la disparition des spirilles de l'organisme infecté : loin d'être la cause de la destruction de ces parasites, elles nous paraissent plutôt en être la conséquence. Nous reviendrons d'ailleurs dans une seconde note sur le mécanisme de la rechute, qui suit de près cette disparition momentanée des spi- villes. (Travail du Laboratoire du Professeur Metchnikoff.) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 622 OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ VENDANT LES MOIS DE JANVIER, FÉVRIER ET MARS 1907. G. Laron. — Recherches expérimentales sur l# diabète et sur la glycogénie, vol. in-8° de 202 pages, Thèse de doctorat en médecine, Toulouse, 1906. E. MaureL. — Recherches expérimentales sur les causes de l'exagération vespérale de la température normale, brochure in-8° de 36 pages, Paris, O. Doin, 1889. J. KunokeL n'HERGuLAIS. — Invasions des Acridiens (vulgo Sauterelles) en Algérie, un vol. in-4° de 1576 pages (en deux parties) (avec 17 planches hors texte et nombreuses figures dans le texte), Alger-Mustapha, Imprimerie administra- tive, 1893-1905. A. LAverAnN. — Traité du paludisme, un vol. in-8° de vrr-622 pages (avec 58 figures et une planche), 2° édition, Paris, Masson et Gi°, 14907. Ch. DesierRe. — Le cerveau et la moelle épinière, grand in-8° de vi-507 pages, ‘ Paris, F. Alcan, 1907. A. RoBin. — Note sur les ferments métalliques, extrait du Bull. général de thérapeutique du 15 décembre 1904, 12 pages. — Action des ferments métalliques sur les ferments figurés du sang (en colla- boration avec P. Émile-Weil), extrait du Journ. des nouveaux remèdes du - 8 août 1905, % pages. | . — Trailement général de la pneumonie, extrait du Bull. général de théra- peutique du 8 décembre 1906, 32 pages. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. D RELUAR $ 11 623 SÉANCE DU 20 AVRIL 1907 Arrous (J.) : Mécanisme de l’ac- tion diurétique des sucres. . . . .. BrisseMoret (A.) : Sur les imines HAMODIQUES 2 Een cie CERNOVODEANU (Mie P.)-et HENRI (Vrcror; : Etude des propriétés col- loïdales de la toxine tétanique . . . CoMBAULT (ANDRÉ) Recherches sur le développement des glandes calcifères des lombrics SOMMAIRE 649 657 669 630 Doxox (M.) et GauTier (Cr.) : Li-. gature du tronc cœæliaque et de l'artère mésentérique supérieure. Modifications du sang . . . . . . .. Dugors (RapuagL) : Action de la lumière sur le pigment vert fluores- cent de Bonellia viridis, et émts- sion de pigment par certains vers marins exposés à la lumière solaire. Fassem (Mlle Louiss) : Modifica- tions de la teneur du sérum en alexine chez les animaux thyroiï- JeLIOMISÉS M EN LA LR Feurcrée (Emize) : Influence des abcès provoqués sur l’albuminurie. Fressincer (Noëc) : Action des hé- molysines sur le parenchyme hépa- tique. Lésions précoces. Lésions tardives. Cirrhoses cicatricielles. . Fozcer (L.) : Examen clinique de la salive des syphilitiques. . . . .. FrAncors=FRANck (Cx.-A.) : Note générale sur les prises de vues instantanées microphotographiques (plaque fixe à pellicule) avec l’arc FONRIQUEL. 21050 AIME Garnier (M.) et Tao (P.) : cherches sur l’ablation de l’hypo- DAS Le LS OR EnE e Iscovesco (Henri) : Introduction à l'étude de la spécificité cellulaire. Transport des colloïdes à travers des colloïdes et des lipoïdes. . . . . Juncano (Mrcuer) : Bacille nei- geux Kuss (G.) et Logsrein : Passage nUFo in denie nue où jou le joe Le Usagers te 654 671 667 631 659 des poussières insolubles à travers la muqueuse intestinale. . . . . .. Laprcque (Louis) : Les théories récentes de l'excitation électrique et les décharges de condensateurs. LassaBLière (P.) : Etude expéri- mentale sur la valeur alimentaire des poudres de viande. . . . . . .. LÉécaILLON (A.) : Remarques au sujet d'un mémoire récent relatif à l’origine des feuillets germinatifs et à la formation de l'intestin moyen TeSROOIÉOpIÈLES RER Léororv-Lévy et Roruscuir.p (HENRI DE) : Corps thyroïde et intestin. . . LEvaprri et INUANN : Contribution à l’étude des « opsonines ». Pro- priétés opsonisantes des sérums D ON ATX EE EN TN MENT EE Levapirr (C.) et KoessLer (K.-K.) : Contribution à l'étude des opso- nines normales. Anti-compléments et anti-opsonines. . . . . . . . . .. Marie (A.) et REQUIER : Analyse chimique du cerveau de paralytique général saturnin NertTer (ARNoLo) : À l'occasion de la lettre de M. A. Robin au secré- taire général Nerrer (ArNoLD) : Le chlorure de calcium dans la pneumonie. Justi- fication de son emploi . . . . . . .. PorGHER (CH.) et HERVIEUX (Cu. : Sur la caractérisation de l’acétone. Porrier (P.) : Détermination dela pression osmotique du sang et des liquides internes des vertébrés des contrées polaires arctiques . . . . . RICHET (CHARLES) Mesure de l’anaphylaxie par la dose éméti- sante. Rogin (ALserr) : Lettre au secré- RARE EME AIRES PORRER TA O TT STIENNON (T.) : Etat des leucocytes en présence des bacilles encapsulés du charbon 010 ADO 0e AO Ets DOM MO EO CON CO ED MONDES 2 MO QE OS D M OAEC MOTARD ROMEO BioLoute. Comptes RENDUS. — 1907. T. LXII. 43 634 681 624 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ‘Trrzzar et JARRICOT : Un monstre humain acardiaque d’un type dou- teux (hémisome inférieur). . . : . . Veroun (P.) et Bruant (L.) : Doit- on considérer comme deux espèces la grande et la petite variété de la douve de chine (Opisthorchis sinen- 642 Réunion biologique de Bordeaux. SABRAZES (J.) et MuraATer (L) : Kyste hydatique du foie ouvert dans les voies biliaires. Faible vitalité des scolex. Défécation de mem- branes parasitaires. Énorme éosi- Sis )COD D ) FRERE eee 655 | nophilie sanguine. Éosinophilie d'un Vizce (J.) et DERRIEN (E.) : Sur gauglion du hile du foie. . ..... 689 les protéinuries thermo-solubles SELLIER (J.) : Existence de la pré- , (Réaction de Bence Jones). . . . . . 619 | sure chez les invertébrés (Aphro- Vancenr (H.) : À propos de la com- OILENACUIELEO) MNT EEEE PNEE 693 munication de MM. Kuss (G.) et SÉRÉGÉ (H.) : Sur les conditions Oo bS Tee SE RE ae 664 | anatomo-physiologiques qui per- ZeBrowSKk1(BOLESLAS) : Sur les rap- mettent aux deux courants du tronc ports entre sensibilisatrice hémo- porte de conserver leur individua- lytique et précipitinogène . . . . . . GAS IEMMÉ RE ET SRR EP ENEE SRE 691 Présidence de M. Roger, vice-président. LETTRE DE M. ALBERT ROBIN AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. Paris, le 11 avril 1907. Mon cher Collègue, À la dernière séance de la Société de Biologie, M. Netter semble se plaindre que j'aie gardé le silence au sujet de ses communications sur le Collargol. La Voulez-vous avoir l’obligeance d'indiquer à la Société que j'ai répondu (Voy. Bullelin de l’Académie de médecine, 18 décembre 1906, p. 605) à M. Netter lorsque, à l’Académie de médecine, il a prétendu assimiler ses travaux sur le Collargol avec mes recherches sur les Ferments métalliques. Veuillez agréer, mon cher Collègue… | ALBERT ROBIN. M. Arxozp NerrEr, — Je ne voudrais pas priver les membres de la Société de la réponse que M. Robin a fait insérer dans le Bulletin de l’Académie de médecine à la suite de ma réclamation de priorité, réponse qui, en réalilé, n’a pas été faite en séance, le bureau lui ayant refusé la parole (1). Notre Société, devant laquelle il a été si souvent parlé de collargol et (1) Suit la lecture de la réponse. CL oh Sd dé n'AT: SÉANCE DU 20 AVRIL 625 Cr ed de métaux colloïdaux, serait certainement plus libérale et ne se refuse- rait pas à écouter un débat contradictoire. Si les cecupations de notre collègue ne lui permettent pas d'assister à nos séances, il lui sera facile de répondre simplement par oui ou par non aux questions sui- vantes : 1° Oui ou non, ai-je publié, seize mois avant lui, des observations établissant les bons effets de l'argent colloïdal? 2 Oui ou non, ai-je invoqué l’action catalytique analogue à celle des ferments et employé après Bredig le mot de ferment inorganique auquel M. Albert Robin a substitué celui de ferment métallique? 3° Le collargol, argent colloïdal obtenu par voie chimique, ren- ferme-t-il ou non de l’argent colloïdal identique à celui que fournit la méthode électrique? _ % M. Robin pense-t-il que le collargol soit employé à doses mas- sives dans le cas des frictions dont l'efficacité ressort nettement de plusieurs observations de notre communication de 1902? INTRODUCTION A L'ÉTUDE DE LA SPÉCIFICITÉ CELLULAIRE. TRANSPORT DE COÉLOÏDES A TRAVERS DES COLLOÏDES ET DES LIPOÏDES, par HENRI Iscovesco. Je me propose d'exposer le résullat de toute une série de recherches, entreprises déjà depuis quelque temps, sur le passage de colloïdes à travers des colloïdes, ou à travers des mélanges de colloïdes et de corps gras rappelant par leur constitution les substances qu'Overton a dési- gnées sous le nom de lipoïdes. Je vais d’abord exposer quelques premiers faits qui serviront d’intro- duction à cette étude ; puis ensuite je présenterai quelques considéra- tions générales, qui seront une sorte de préface et de programme pour mes communications ultérieures. Lorsque dans des tubes en U on verse de la gélatine chaude jusqu'à un certain niveau (généralement le quart inférieur des parties verti- cales), et qu'on laisse refroidir, on a un moyen très commode pour pouvoir éludier à lravers cette substance colloïdale solidifiée, le trans- port électrique d’autres colloïdes. On n'a, en effet, qu'à verser dans les branches verticales, au-dessus du niveau de la gélatine, le colloïde liquide dont on veut étudier le transport. Mes premières expériences ont porté sur le transport du sulfure d’arsenic, du fer colloïdal et de la lécithyne. : _ En plaçant ces tubes dans un champ électrique au moyen de deux électrodes en platine, et en employant une faible intensité, on constate 626 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que le fer colloïdal ne passe pas du tout à travers la gélatine. Il se forme, du côté du pôle négatif, au bout de vingt-quatre heures de trans- port, une petite tache ne deseendant guère à plus de 2 ou 3 unies de la surface de la gélatine, et rien d’autre. Si on étudie de même ce qui se passe pour le sulfure d’arsenic, on conslale au contraire un passage extrêmement important de l'arsenic à travers la gélatine. L’arsenic traverse du côté du pôle positif toute la colonne verticale de gélatine, qui était en moyenne de 4 centimètres dans nos expériences, et envahit même plus de la moitié de la branche horizontale du tube en U. Dans l’expérience avec la lécithine, on constate aussi un passage très important, au moins égal à celui que l’on obtient pour le sulfure d’arsenic et du même côté. Nous avons fait des tubes témoins dans lesquels nous avons mis une certaine quantilé de cette même gélatine, et au-dessus de laquelle nous avons versé du sulfure d’arsenic ou de la lécithyne, et nous avons laissé ces tubes en position verticale pendant sept à huit jours sans constater l'ombre d’un passage, l’ombre d’une diffusion. Dès maintenant donc on qe dire, tout ou moins par les expériences que nous venons d'énumérer, qu'un colloide négatif ne se laisse pénétrer ni par un colloïide positif, ni par un autre négatif. Mais lorsqu'on fait agir un courant électrique, le colloide négatif con- tinue à présenter une barrière presque infranchissable pour un colloïide de signe opposé, et au contraire se laisse traverser par un colloïde de même signe. On voit donc tout l'intérêt que peut présenter l'étude de ces ques- tions pour la biologie en général, et voici les points sur lesquels nous reviendrons : 1° Les membranes cellulaires constituées par des lipoïdes présentent une barrière infranchissable au passage des colloïdes, fussent-ils posi- tifs ou négatifs. L'étude de ces faits fera l’objet de la prochaine commu- nicalion, car nous pouvons construire des mélanges rappelant les lipoïdes et étudier le passage de colloïdes à travers ces lipoïdes artificiels. Or, l'étude systématique de ce point nous montrera que, ici encure, le pas- sage des colloïdes ne peut se faire que grâce à des forces électro- motrices, et seulement pour certains groupes de colloïdes ; 2 Les cellules de l'organisme se trouvent au milieu d’humeurs riches en colloïdes dans lesqu'elles elles puisent les colloïdes nécessaires leur métabolisme propre. Or, il semble bien que, comme les enve- oppes constituent des barrières infranchissables dans les conditions normales, la nutrition ne pourrait se faire que grâce à l'existence de forces électro-motrices ; 3° Les membranes, même lorsquelles permettent — grâce à des diffé- rences de potentiels — le passage de colloïdes, ne permettent le passage que de certains colloïdes, et il semble bien que, pour chaque espèce de SÉANCE DU 20 AVRIL 627 cellule, le colloïde qui passe dans l’intérieur de la cellule dépend de la constitution et de la charge électrique de la membrane. L'étude de ces facteurs déterminants de la nutrition élective de chaque cellule doit constituer l'introduction à l'étude physico-chimique de la spécificité cellulaire ; _ 4° La pénétration des toxines et celle des anti-toxines rentre encore dans l'étude du passage de colloïdes à travers des colloïdes ou des lipoïdes, et constitue un chapitre du sujet que nous étudions; 5° Le signe et la charge électrique des enveloppes cellulaires, si on admet que la constitution de ces dernières ne varie pas dans une fraction de temps arbitrairement posée, sont fonction du milieu avec lequel elles se trouvent en contact. On peut inverser le signe de la charge en changeant la composition du milieu, et supprimer en même temps toute possibilité pour la cellule de se laisser pénétrer par les colloïdes qui assuraient sa nutrition normale. Nous espérons trouver dans l'étude de ces phénomènes l'explication de beaucoup de faits physiologiques et pathologiques. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) DÉTERMINATION DE LA PRESSION OSMOTIQUE DU SANG ET DES LIQUIDES INTERNES DES VERTÉBRÉS DES CONTRÉES POLAIRES ARCTIQUES, par P. POorTIER. Au cours de la dernière campagne du prince de Monaco au Spitzberg, j'ai eu l’occasion de déterminer la température de congélation du sang et des liquides internes des Vertébrés de différentes classes. Je résume dans cette note les résultats fournis par les Mammifères et les Oiseaux. Les recherches sur les Poissons feront l’objet de communications ulté- rieures. I. Mammifères terrestres. — J'ai pu déterminer le point de congélation du sang des deux mammifères terrestres du Spitzhberg : le Renne et le Renard bleu (Vulpes lagopus), RERO er . Souvacomplet 224-0060 Renard bleu . . . . . . Animal 1. Sang complet : À — — 0062 Animal 2. Sang complet : A — — 00615 L'abaissement du point de congélation de ces animaux est donc voisin de ceux des Mammifères domestiques appartenant aux mêmes groupes. Il. Mammufères aquatiques. — Le tableau suivant résume mes recher- ches sur l'abaissement du point de congélation des liquides internes 628 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (sang, bile, urine, humeur aqueuse) des Phoques et d'un Palænoptera Sibbaldii. SANG COMPLET SÉRUM URINE HUMEUR NOMS DES ESPÈCES BILE prise défibriné sanguin dans la vessie aqueuse Phoca barbala : 1. Animal àgé. » A = — 0064 |A = — 0063 | À = — (073 » 2. Animal adul- te de gran-|. de taille. ; (250 kilog.). A = — 0066 . — 0066 » » » Phoca fœtida : 1.Jeune deilk. — (0972 » ONE so) 2.Jeune, mort d'inanition. — 0068 » » » » 3.Animal de| = grande tail- : RSA — Doi » — 0066 » » Balænoptera. . .|1er 6chant. — 1035 (?) » » » 0070 Sibbaldii . : 12e shit. — 1017 (?) » » » 5 À. — Phoques. — On voit donc que le A des liquides internes des deux Phoques étudiés est inférieur à celui des Carnassiers terrestres, du Chien en particulier; il est compris entre ce dernier et celui des . Cétacés. Rodier a trouvé en effet . . . . . A — — 007% pour le Dauphin: Jolyet a trouvé en effet. . . : . . A — — 0083 pour Tursiops. Les auteurs qui se sont occupés des déterminations du A, en particu- lier Dreser et Winter, ont montré que les À du sang, de la bile, du lait ne subissent que de faibles variations; que l’urine, au contraire, pré- sente à ce point de vue des variations considérables. Le tableau nous offre un exemple de ce fait. Le À de l'urine du Phoca fœtida 1 (Jeune de 11 kilogrammes) n’a pu être déterminé, la graduation des thermo- mètres dont je disposais ne descendant pas assez bas. Elle était en tout cas très inférieure à — 3%5! B. — Cétacés. — Le seul Cétacé dont il m'a‘été donné de faire l'étude était un Balænoplera Sibbaldi de grande taille. Il ävait été capturé la veille et amené aussitôt à l'usine de Green Harbour. Je pus recueillir du sang qui sécoulait chaud et fumant des entailles nie à l'animal qu’on était en train de dépecer. | Le désaccord entre les deux Chiffre obtenus au moyen de deux échantillons de sang recueillis en deux endroits différents, ainsi que l’abaissement certainement trop fort du point de congélation, ne peu- SÉANCE DU 20 AVRIL 629 vent guère laisser de doute sur les processus de putréfaction qui s'étaient déjà produits chez cel animal (1). La couche de graisse qui entoure le corps des Cétacés constitue une barrière si efficace contre la déperdition &e la chaleur interne que ces ‘animaux, même lorsqu'ils sont immergés dans l’eau glacée des mers polaires, conservent pendant plus de vingt-quatre heures leur tempéra- ture presque normale après leur mort. Les bactéries intestinales irès abondantes chez ces animaux (le fait est bien établi actuellement) se trouvent à la température optima de leur développement et envahis- sent rapidement le sang et les organes internes; de sorte qu'on arrive à cette constatation d'apparence paradoxale que la chair des Cétacés des contrées polaires, même aux températures si basses de ces régions, se putréfie aussi rapidement que celle des animaux des contrées équato- riales. Ce fait inspire quelque défiance sur la valeur hygiénique des con- serves qu'on prépare depuis une époque récente avec la chair des Baleines capturées au Spitzberg. L'humeur vitrée nous à donné un point de congélation sans doute très voisin de l'exactitude; ce milieu, en effet, ne présente pas de con- ditions favorables au développement des bactéries, et sa température doit rapidement lomber très bas, étant donnés ses rapports avec l’eau de mer. III. — Orseaux. M orus qloucus EE PEN RE ET Sang : A — — 0069 Bile : A — — 0069 CPE MAOUE RENE AMAR RE Nome Sang : A — — 0066 D ÉOXCINIDIAITE NE EEE rer — A — — (006% BOF MES AMENEN TIME Sang : A = — 0065 Fulmarus glacialis : Exemplaire CA AENCMENCeRETR Sérum : À —= — 0075 Sang complet : À — — (0069 — 2° Sang complet : À — — 0061 — GE Sang complet : À = — 0063 — AE Sang complet : À — — 0066 = DER Sang complet : À = — 0066 — CH Sang complet : À = — 0063 D'une manière générale, le A du sang de ces oiseaux atteint en valeur ‘ absolue un chiffre assez considérable, si on le compare à celui du sang des oiseaux lerrestres (la poule a un A voisin de — 0°60 d’après Ham- burger, Gryns, etc.). Les oiseaux précédents appartiennent tous à la classe des Palmipèdes marins, sont en contact avec l’eau de mer et prennent une nourriture (4) Et aussi probablement sur le mélange d’eau de mer avec le sang. 630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très riche en NaCI; peut-être ces faits donnent-ils l'explication de la valeur relativement élevée du A. \ Il est remarquable aussi que, chez une même espèce (Fulmarus gla- cialis), la valeur de A peut subir des oscillations assez considérables. Ce fait ne parait se produire avec cette intensité que dans la classe des Oiseaux ; nous y reviendrons prochainement. RECHERCRES SUR LE DÉVELOPPEMENT DES GLANDES CALCIFÈRES DES LOMBRICS, par ANDRÉ COMBAULT. Dans mes deux précédentes notes, j'ai montré que les glandes calci- fères périæsophagiennes des vers ne peuvent être considérées comme des glandes à fonction digestive (1). Ces glandes ayant toujours été considérées a priori comme des glandes digestives, les descriptions qui en ont été faites jusqu 1ei sont illogiques et donnent une idée fausse de leur morphologie. On décrit généralement plusieurs paires de glandes. Cette numération n’est basée que sur les saillies externes que détermine l'organe sur la paroi du tube digestif. Elle ne répond pas à autant d'organes différents, mais à de simples saillies d’un même organe. Il n’y a point, par exemple, un orifice excréleur correspondant à chaque glande, mais seulement deux paires d'orifices, l’une antérieure l’autre ne eue On décrivait autrefois, chez la plupart des Lombricides, trois paires de glandes, parce qu’on voit extérieurement trois paires de saillies. M. E. de Ribaucourt signala une quatrième glande, qu'il appelle antéro- postérieure, et qui, selon lui, s'étend depuis la première glande jusque bien en arrière de la troisième, entoure complètement l’œsophage - comme un manchon et recoit les « follicules » des « deuxième et troi-. sième glandes ». Dans son étude de l’anatomie comparée des glandes de Morren, il constate que la quatrième glande existe seule dans les types qu'il considère comme ancestraux. Ceci est exact et, même chez les types les plus évolués, il n'existe qu'un seul organe; voici comment il se développe chez l'Æeliodrilus Caliginosus : dans un dédoublement de la paroi œsophagienne, dans la couche conjonctive qui sépare la couche musculaire de la couche épithéliale, il se forme une sorte de cavité périæsophagienne où les vaisseaux viennent s'organiser en lamelles parallèles que j'ai précédemment décrites. Il y a plutôt deux cavités latérales communiquant en haut et en bas. Mais l’organe a, dans toute son étendue, l’aspect de la coupe figurée. (1) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, 22 mars et 19 avril 4907. SÉANCE DU 20 AVRIL 631 Ces cavités occupent les onzième, douzième, treizième et quatorzième _ segments, les deux paires d'orifices occupant, l’une le onzième, l’autre le quatorzième segment. Secondairement, il se produit, dans le onzième segment, deux inva- ginations de l'épithélium œsophagien qui constitueront le diverticulum de Perrier, au fond duquel se trouve l'orifice primitif. Fi6. 1. — Coupe transversale d’une F6. 2. — Coupe schématique « glande de Morren » chez Helio- antéro-postérieure. no os He jeune, À, chez Heliodrilus très jeune; B, æ, œsophage; ed, épithélium digestif; Chez Heliodrilus adulte; c, cuticule; se, Sinus sanguins externes; si, sinus san- €, muscles externes; d, dissépe- guins interne; vd, vaisseau dorsal; n, nappe ments; æ, œsophage; e, épithélium sanguine; a, assise cellulaire; cg. cavité digestif; cg, cavité de la glande de glandulaire; cm, couche musculaire. Morren; cm, sa couche musculaire externe; 1 et 2, ses orifices. La couche musculaire périphérique est animée de contractions péri- staltiques bien visibles sur une vivisection. Ces contractions vont d'ar- rière en avant et poussent vers l’avant les concrétions calcaires qui se forment à l’intérieur de la cavité. Comme l'orifice est relativement très petit, les concrétions sont expulsées avec peine en produisant fréquemment des déchirures ». Les concrétions calcaires s'accumulent dans la partie antérieure de l'organe, dont les parois se trouvent ainsi distendues. Or, les dissépi- ments s'insèrent très solidement sur la paroi digestive et viennent cons- tituer comme une sorte de collier qui s'oppose à la distension de la paroi 632 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE are par les concrétions; de telle sorte que la distension ne sera suivie de dilatation qu'au niveau de chaque segment entre les dissépiments. Et, comme l'organe occupe quatre segments, on comprend facilement comment se forment les prétendues quatre paires de glandes de Morren, dont les trois antérieures, plus saillantes à cause du sens des contrac- tions péristaltiques, sont seules connues depuis longtemps. - La figure montre aussi comment, par suite de la disposition oblique des dissépiments et des adhérences péritonéales qui résulte des tiraille- ments, on à pu croire qu'une coupe passant paf #ÿ rencontrait deux paires de glandes de Morren séparées par du tissü Conjonctif. Les quatre paires de glandes de Morren ne $ont donc qu'un ofqane unique, cavité périæsophagienne ouverte par les deux bouts. Les saillies qui ont élé jusqu'ici décrites comifé aulañt de glandes ne sont que le résultat de la dilatation produité éñtre chaque dissépiment par l'accumu- lation des concrélions calcaires. LE CHLORURE DE CALCIUM DANS LA PNEUMONIE. JUSTIFICATION DE SON EMPLOI, par ARNOLD NETTER. Au.moment où nous rapportions à la Société de Biologie de nou- velles indications thérapeutiques des sels de calcium, Lauder Brunton (1) faisait paraitre, dans le Pritish medical Journal du 16 mars 1907, un article pour recommander leur emploi dans la pneumonie, en invoquant une expérience de plusieurs mois. Il conseille de donner toutes les quatre heures 5 à 10 grains, soit 0,30 à 0,60 de chlorure de calcium. L'usage du calcium $e justifie par l’influence de ce métal sur les contrac- lions du cœur reconnue par Sydney Ringer, et Lauder Brunton fait remarquer que l’intégrité du cœur esl un élément essentiel dans la pneu- monte. | On pourrait, dit Lauder Brunton, redouter l'augmentation de la coagulation du sang sous l'influence du calcium; mais cet inconvénient ne doit pas arrêter. Nous avons, de notre côté, depuis deux ans, donné le chlorure de calcium aux pneumoniques dont le cœur paraissait faible, ét nous avons eu à nous louer de son emploi, notamment dans une pneumonie grave avec néphrite. (1) Lauder Brunton. On the use of Calcium Salts as cardiac tonics in Pneu- monia and heart disease. British medical Journal, 16 mars 1907. PP PPT OO SP RE SÉANCE DU 20 AVRIL 633 La communication de Lauder Brunton a été, comme il est d'usage dans la presse médicale anglaise, le point de départ de plusieurs lettres de médecins préconisant ou combattant celte médication. James Barr (1) écrit nolamment que, dans les neuf dernières années, le chlorure de calcium est le médicament qu'il a le plus souvent pré- senté à ses pneumoniques, et qu'il y à eu recours depuis 1892. IL ne redoute pas, comme Ewart, la coaqulabilité plus grande du sang. L'exis- tence, dans la palette de saignée des pneumoniques, d’une belle couenne fibrineuse était en effet toujours considérée comme de bon augure. Stephens (2), qui a préconisé l'iodure de calcium dans le traitement des engelures, a eu de beaux succès en administrant ce sel chez les pneumoniques. Avant Lauder Brunton, dès 1893, le chlorure de calcium est préconisé dans le traitement de la pneumonie. Dans un article du Practitioner, Crombie (3) cite l’histoire de 22 pneumonies traitées par le chlorure de calcium, à la dose de 5 à 15 grains, soit 0,30 à 0,90 toutes les quatre héures. L'hôpital de Calcutta, où ont été soignés un certain nombre de ces cas, avait donné une mortalité de 63 sur 199, soit 38,6 les trois années précédentes, au lieu de 5 p. 100 dans les cas de Crombie. Au cours de ce travail, Crombie rapporte brièvement les observations des malades, et fait ressortir la rapidité avec laquelle se manifeste l'amélioration qui porte tout à la fois sur l’état général, la température, les phénomènes locaux et la durée de la maladie. Ces effets sont tout à fait superposables à ceux que les frères Klemperer ont obtenu, en injectant aux pneumoniques le sérum d’animaux immunisés contre le pneumocoque ou le sérum des convalescents de pneumonie. Le chlorure de calcium neulraliserait le poison de la pneumonie, pneu- motoxine, comme le fait l’antipneumotoxine présente dans le sang des convalescents ou des immunisés. Si l'on ignore encore la composition exacte de cette pneumotoxine, on admet qu’elle se rapproche des albumoses, des peptones, et les expériences de Pekelharing ont montré que l’ingeclion intraveineuse de chlorure de calcium prévient les conséquences des injections de peptone, et méme les arrête. On sait, d'autre part, que la peptone empêche la coa- gulation du sang en fixant le calcium. Crombie pense que les sels de calcium agiraient sur le poison pneu- monique comme sur la peptone. Nous avons déjà, à plusieurs occasions, (1) British medical Journal, 23 mars, 6 avril 1907. (2) British medical Journal, 6 avril 1907. (3) Crombie. On the use of chloride of calcium in the treatment of pneu- monia. The Practilioner, 1893. — Ce travail a été lu, le 18 janvier 1893, à la Société médicale de Calcutta. 634 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE montré que le calcium exerce une action antitorique non seulement vis-à- vis du sodium, mais encore à l'égard de divers alcaloïdes. Voici donc une nouvelle explication de l’influence favorable de l’action des sels de calcium dans la pneumonie, interprétation qui concorde avec les notions biologiques modernes. On est en droit, nous semble-t-il, de faire intervenir encore une autre propriété. Nous avons déjà indiqué qu’à notre avis l'adjonction de sels de calcium est nécessaire dans les cas d’'accumulation de sels de sodium. Au même titre que la soustraction de sels de sodium, l’adjonction de sels de calcium rétablit l'équilibre nécessaire entre les ions métalliques. La rupture de cet équilibre dans la pneumonie n’est pas douteuse, car l’on sait, aujourd'hui que la suppression ou la diminution de l'élimina- tion du chlorure de sodium par les urines au cours de cette maladie est liée à une rétention de ce sel dans les organes. : Peut-être pourrait-on invoquer encore d’autres propriétés biologiques des sels de calcium? Celles que nous avons signalées jusqu’à présent sont évidemment bien suffisantes pour justifier l'emploi du médicament cliez Les pneumoniques. Ainsi se vérifie une fois de plus l'appréciation de Sydney Ringer (1) sur les sels de calcium : « Highly valuable medicinal substances which may with advantage be more extensively used. » REMARQUES AU SUJET D'UN MÉMOIRE RÉCENT RELATIF A L'ORIGINE DES FEUILLETS GERMINATIFS ET A LA FORMATION DE LINTESTIN MOYEN DES COLÉOPTÈRES, | ù Deuxième note (2), par À. LÉCAILLON. Au sujet des faits énoncés dans les conclusions écrites ci-dessus en caractères ordinaires, je suis en désaccord plus ou moins grand avec Karl Friederich, sur deux points importants: l'origine des cellules sexuelles et la question du blastopore. J'ai montré que, chez plusieurs des Chrysomélides étudiées par moi, les cellules sexuelles paraissent au pôle postérieur de l’œuf. bien avant la fin de la segmentation (chez Clytra’ læviuscula, par exemple, elles (1) Sydney Ringer. À Handbook of therapeutics, 1880 (8° édition). (2) Voir ma première note dans le numéro précédent des Comptes rendus de la Soc. de Biologie. SEANCE DU 20 AVRIL 635 paraissent vers la vingt-cinquième heure, alors que la segmentation n’est terminée que vers la quarante-huitième heure), puis rentrent plus ou moins complètement à l'intérieur, pour se placer sous l’ectoderme. C’est aussi, ce que l'on sait depuis très longtemps, ce qui arrive chez certains Diptères. Pour Karl Friederich, ces cellules ne paraïîtraient au contraire qu'après la segmentation terminée. [1 déclare (page 265) que le fait nouveau très important de l’apparition précoce des cellules en question est bien exact, mais que ma description a besoin d’être rectifiée. Voici ma réponse sur ce point: il est bien vrai que les cellules sexuelles, chez les espèces étudiées par moi, apparaissent telles que je les ai décrites et figurées ; ce sont les premières cellules qui paraissent au pôle postérieur de l’œuf, les premières cellules ectodermiques si l’on veut, et non pas des cellules formées par le blastoderme après la segmentation ; si ces cellules n'ont pas été vues chez Donacia et Chrysomela marginalis, c'est, ou qu'elles ont échappé à l’auteur, ou qu'elles paraissent réellement, chez ces espèces, plus tardivement que chez certaines autres. Pour moi, la prétendue rectification de l’auteur n'est donc pas fondée. Y a-t-il maintenant un véritable blastopore dans la gastrula des Chry- somélides, comme le déclare K. F.? Dans mes recherches, j'ai admis que, lorsque la segmentation est terminée, l'embryon est au stade gas- trula, parce qu'à ce moment l’ectoderme et l’'endoderme sont bien diffé- renciés et séparés. Je n'ai pas parlé de blastopore, parce que les deux feuillets ne se séparent pas l’un de l’autre de telle façon que l’ectoderme entoure progressivement l’endoderme en prenant l'aspect d’une couche continue se rapprochant de plus en plus d’un point fixe auquel elle arri- verait en dernier lieu. Les cellules ectodermiques paraissent au contraire de toutes parts, isolément, à la périphérie de l'œuf. On pourrait peut- être appeler blastopore la région où les dernières cellules ectodermiques viennent se placer. J'ai fait remarquer qu’au niveau des cellules sexuelles la formation du blastoderme subit un retard et que chez Gastrophysa raphani «la plus grande partie des cellules sexuelles semblent rester à l'extérieur du blastoderme, tandis que quelques-unes ont pu pénétrerau milieu des cellules blastodermiques ou même entre celui-ei et le vitellus. Il y à donc, à ce moment, une sorte d’épaississement situé au pôle postérieur de l’œuf, et dans cet épaississement se trouvent mélangées les cellules sexuelles et les cellules blastodermiques. Il est même alors quelquefois difficile de distinguer les unes des autres ces deux sortes de cellules » (page 101 et fig. 7. PI. IT de ma thèse). Bien plus, ces cellules peuvent rester en dehors du blastoderme jusqu'au moment où le sillon qui accompagne la formation du mésoderme dans la région postérieure du corps se produit (p. 129 et fig. 22. PI. II de ma thèse). De même, j'ai signalé que dans Lina populi les cellules sexuelles, « à la fin de la seg- 636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mentation, forment aussi, avec les cellules blastodermiques de la région polaire de l’œuf, un épaississement cellulaire où il n’est pas toujours facile de distinguer les cellules sexuelles des cellules blastodermiques » (p. 103 de ma thèse). Pour K. F., les cellules génitales formeraient un bouchon fermant, au pôle postérieur de l’œuf, une ouverture laissée par le blastoderme. Nos deux manières de comprendre le phénomène sont en réalité très voisines et je suis d’avis que l’idée de considérer cette région comme un blastopore est peut-être soutenable. Je résumerai les remarques que j'ai faites au sujet du mémoire de Karl! Friederich,en disant qu'après examen des conclusions de cet auteur, je ne trouve aucune modification importante à apporter dans les idées générales que j'ai soutenues, jusqu'ici, sur le développement des Chry- somélides. Si l’idée de considérer comme un blastopore l'extrémité pos- térieure de l'œuf complètement segmenté est peut-être soulenable, celle de nier que les cellules sexuelles peuvent se former pendant la segmenta- tion ne l’est pas et marquerait, si elle était acceptée, un recul notable de nos connaissances sur l’importante question de l’origine précoce des élé- ments reproducteurs chez les animaux. Pourtant, on doit considérer le travail dont il s'agit comme ayant son importance. Si l’auteur ne saurait sérieusement prétendre avoir établi le premier les lois générales principales du développement des Chryso- mélides (et par suile des Coléoptères), il a vérifié des faits importants, donné de nombreux dessins, étudié avec détail certains points jusqu iei laissés de côté ou insuffisamment connus. étendanL ainsi le domaine de nos connaissances sur le développement si particulier et si intéressant des Insectes. index bibliographique. 1° A. Lécaillon (4897). — Contribution à l'étude des premiers phénomènes du développement embryonnaire des Insectes. (Arch. d'Anat. micr., t. I.) 20 — (1897). — Note préliminaire relative aux feuillets germinatifs des Coléoptères. (Comptes rendus de l’Acad. des sc. et Comptes rendus de la Société de Biologie.) 3° — (1898). — Sur l'endoderme des Insectes. (Bull. de la Soc. philomathique, t. IX. 1897-98.) 40 — 1898. — Recherches sur l’œuf et sur le développement embryonnaire de quelques Chrysomélides. (Taèse de doctorat, Paris, 1898 et Arch. d'Anat. micr., t. IL.) SÉANCE DU 20 AVRIL 637 NOTE GÉNÉRALE SUR LES PRISES DE VUES INSTANTANÉES MICROPHOTOGRAPHIQUES (PLAQUE FIXE ET PELLICULE) AVEC L’ARC VOLTAÏQUE, par Cu.-A. FRANÇoOIS-FRANCK. J'ai cherché à réaliser, avec les divers éclairages dont nous disposons dans nos laboratoires, sans être obligé de recourir à l'éclairage solaire sur lequel nous ne pouvons pas compter, des prises de vues micropho- tographiques assez rapides pour permettre l'étude chronophotogra- phique de tissus, d'organes et d’animaux vivants. L'une des grandes difficultés (qu'a signalée et résolue Marey) consiste dans le chauffage excessif des pièces soumises à un éclairage intense; Marey, au lieu de faire agir la lumière d'une façon permanente sur la préparation microscopique, ne l'y fait arriver que d’une manière intermittente, pendant des temps très courts, et en général inférieurs à 1/1000 de seconde. I] fait fonctionner les disques obturateurs de son appareil chronophotographique entre la source lumineuse et l’objet, coupant ainsi le faisceau qui n’éclaire la préparation que pendant les courts instants de la coïncidence des fenêtres. C’est ainsi qu'il a obtenu l'indication photographique des mouvements des VMorticelles, des globules sanguins dans le mésentère du triton et des zoospores à l'intérieur des cellules de Conferves. Marey avait recours à la lumière solaire fixée par un héliostat. (Le Mouve- ment, 1894, p. 286 et suiv.) M. G. Weiss, en 1896 (C. R. Soc. Biologie, 20 juin, et Notice sur titres et tra- vaux, 1907, p. 80), a employé l'appareil chronophotographique de Marey dis- posé d’une façon spéciale, qu'il ne décrit pas dans sa note. Les images du x muscle hyoglosse de la grenouille, soumis à des excitations électriques, ont été recueillies en série, à des intervalles variant de 1/20° à 1/40° de seconde, avec un temps de pose de 1/2000 à 1/4000. Le muscle était immergé dans de l’eau salée où plongeait un objectif de Zeiss à immersion. M. G. Weiss vou- lait ainsi surprendre l'onde de contraction, qu'il n’a pas retrouvée sur les quelques bonnes épreuves obtenues par lui. Il s’est servi de la lumière électrique concentrée à l’aide d’un système de lentilles. L'auteur ne donne pas d’autres détaïls techniques dans sa note à la Société de Biologie de 1896 et dans sans sa notice de 1907. I n'y a pas insisté davan- tage dans son Précis de Physique biologique de 1905 (p. 278). L'étincelle électrique éclatant à des instants déterminés à l'arrière de la préparation, selon le procédé de M. L. Bull qui s’en est seryi pour d’autres usages, ne m'a pas fourni la valeur lumineuse constante qui m'était nécessaire. Ayant obtenu des prises de vues microphotographiques fixes, d’une instan- tanéité déjà satisfaisaute (1/100 et 1/200), avec l'arc voltaïque (courant alter- natif transformé par une variante de la soupape de Nodon, 110 volts, 638 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 15 ampères), j'ai cherché à réaliser un éclairage plus puissant et pouvant n’agir qu'un temps très court sur des pièces vivantes. Une modification à l'appareil transformateur que j'avais fait intercaler sur le courant alternatif, des câbles de large section et très courts, des charbons homogènes bien réglés, m'ont déjà permis d'obtenir facilement 25 à 30 ampères sur une large plage dont une partie seulement était utilisée. Avec le banc optique du grand appareil microphotographique de Zeiss, dont les divers éléments (lentilles, condensateurs, diaphragme iris) étaient dis- posés de facons variées suivant le cas, j'ai obtenu la valeur lumineuse nécessaire à des prises de vues rapides, variant de 1/500 à 1/800, temps de pose qui peuvent être encore abrégés, mais qui PORN amplement è à mes besoins actuels. Je voulais, en effet, étudier surtout des mouvements peu rapides correspon- dant au fonctionnement respiratoire d’invertébrés variés, soit dans l’eau, soit à l'air libre. Cette étude ne nécessitant pas d’agrandissements considérables, 30 à 100 diamètres y suffisant amplement, j'ai pu réaliser sans difficulté une partie de mon programme et obtenir des épreuves successives sur lesquelles on peut voir beaucoup d’autres détails que ceux qui m'intéressent personnel- lement. Par exemple, sur les images de Daphnies, de larves d'Éphémères, etc., que je montre à la Société, sont visibles les mouvements des yeux, ceux des appendices, cirrhes, etc. Pour obtenir, selon les indications de Marey, des éclairements successifs assez intenses sans chauffer la préparation au point d’altérer le fonctionne- ment des organes, j'ai eu recours au procédé décrit par Marey, à la coupure du faisceau lumineux avec les disques d’un appareil chronophotographique. Mais certaines difficultés d'installation, relatifs surtout au fonctionnement parallèle des disques et de l'appareil chronophotographique, m'ont fait cher- cher une autre disposition. J'ai constaté qu'une simple cuve à faces parallèles, étroite, parcourue par un courant d’eau fraîche, suflisait amplement à pré- server, pendant un grand nombre de secondes, les préparations vivantes d'un chauffage fâcheux : en effet, les sujets soumis aux prises de vues et examinés ensuite au microscope ordinaire conservaient toute leur activité. L'appareil microphotographique que j'ai employé dans ces recherches (dont je donne seulement aujourd’hui l'indication générale) est différent suivant le cas. La chambre à long tirage horizontal que j'emploie pour la microphotogra- phie de pièces histologiques, utile pour les prises de vues sur plaque fixe, n’a plus de raison d’être pour la chronophotographie. Je la remplace par un simple manchon imperméable qui relie le large corps d’un statif de Zeiss ou de Leitz à la fenêtre du cinématographe disposé sur un pied indépendant. Pour les prises de vues d'objets pouvant être disposés verticalement dans une capsule peu profonde et de petit diamètre, le microscope est oo l'éclairage se fait directement sans réflexion. Quand les objets doivent être maintenus horizontalement, soit dans une petite cupule pleine d’eau, soit sur une lamelle ordinaire avec une goutte de liquide, sans couvre-objet, le miroir est indispensable, et, pour la commodité du fonctionnement de la chambre cinématographique, j'utilise un prisme à SÉANCE DU 20 AVRIL 639 réflexion totale qui renvoie l’image horizontalement. On peut cependant éviter la perte de lumière qui résulte de l’interposition du prisme médiocre dont je dispose, en plaçant l'appareil cinématographique d’équerre avec le microscope sur un pied coudé solide. Quelle que soit la disposition adoptée, nous recueillons sans aucune diffi- culté, avec les moyens d'éclairage qui sont à notre disposition en toute saison, de bonnes images d'objets microscopiques ou de petite dimension, avec une instantanéité qui peut varier de 1/100 à 1/800 de seconde. Je ne doute pas qu'on puisse réduire très notablement.ce temps de pose, mais je m'en suis contenté pour mes recherches actuelles. J'ai aussi employé pour les pièces d’un certain volume la loupe stéréosco- pique de Zeiss, soit dans le but de recueillir des images donnant le relief parfois si désirable, soit en utilisant l’un des deux tubes de l'appareil pour la prise de vues chronophotographiques, le second tube servant à suivre la mise au point. Il y a parfois intérêt à obtenir sur une plaque fixe les images comparatives de changements d'état d’un même organe, de trop faibles dimensions pour se prêter aux prises de vues ordinaires : ici les conditions sont les mêmes que pour la photographie avec les appareils courants ; seuls sont spéciaux les procédés d'éclairage et d'agrandissement de l’objet. La plaque à impressionner ou le fragment fixe de pellicule, étant placé dans une chambre ad hoc, et la mise au point étant faite, on peut procéder de différentes façons pour obtenir les images comparatives : ou bien ce sont des instantanées commandées à volonté, à des intervalles quelconques, par la manœuvre d’un rideau du type Anschutz dont on fait varier la rapidité d'ouverture, ou bien ce sont des instantanées successives méthodiques obtenues avec les disques d’un appareil cinématographique, ou bien enfin les éclairages eux-mêmes sont intermittents (éclairs magnésiques, étincelles électriques). - Dans tous les cas, on obtient sur une même plaque des contours de l’objet microscopique amplifié à une échelle convenable et qui permettent de déterminer sur place les variations de forme et de volume, les déplacements de l’objet, elc. Je me propose de donner bientôt des détails plus précis, quand j'aurai pu montrer dans mon laboratoire à mes collègues, qui ont bien voulu cette fois encore accepter mon invitation, et la disposition des appareils et les projections sur plaque fixe et sur pellicule. (Travail du laboratoire du Collège de France. Recherches exécutées avec l'assistance de M L. Chevroton, préparateur-adjoint du laboratoire des Hautes-E'tudes.) — Brozoete. Comptes RENDUS. — 1907. T. LXII. 44 PESTE 640 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉTUDE EXPÉRIMENTALE SUR LA VALEUR ALIMENTAIRE DES POUDRES DE VIANDE, par P. LASSABLIÈRE. Des expériences antérieures, faites en collaboration avec MM. Lesné et Ch. Richet nous avaient amené à émettre des doutes sur la valeur alimentaire des poudres de viande. Nous avons essayé de confirmer ces recherches sur des chiens normaux auxquels nous donnions exclusive- ment dans du bouillon dégraissé un poids de poudre de viande supé- rieur au poids correspondant de viande. 1° Un chien témoin, Aendel, très gras, était nourri avec du bouillon et 40 grammes de viande crue par kilogramme. Son poids initial était de 16 kil. 500 et à la fin de l'expérience 16 kil. 200. Il avait donc con- servé les 98,1 p. 100 de son poids initial; autrement dit 40 grammes de viande crue par kilogramme avaient constilué une nourriture suffisante. Comparativement, nous avons pris deux chiens également gras, et nous les avons alimentés avec une dose de poudre de viande bien supérieure au poids correspondant de viande, 8 gr. 8 de poudre par kilogramme. Nous avons constaté dès les premiers jours l'insuffisance de cette alimentation. Cette insuffisance s’est affirmée de plus en plus à mesure que l'expérience se prolongeait et au bout de trente-deux jours les deux chiens étaient tous les deux dans un état de marasme qui faisait pré- voir une mort à brève échéance. L'un d'eux, Angelico, pesant 8 kil. 600 au début, ne pesait plus que 6 kilogrammes. L'autre, Æosalba, pesait 10 kil. 700 au début et 7 kil. 400 à la fin de l'expérience. Autrement dit, l’un ét l'autre avaient perdu très exaclement 31 p. 100 de leur poids initial en trente-deux jours. Or, nous savons d’après les belles expé- riences de Chossat que la mort ne survient dans l’inanition complète que lorsque l'animal a perdu 40 p. 100 de son poids. D'autre part, nous savons également que la durée de l’inanition est encore plus longue chez les chiens très gras. Par conséquent, il semble donc que nos chiens auraient survécu moins longtemps que s'ils avaient été soumis à l’ina- nition absolue et que, de plus, la mort serait survenue avant qu'ils aient perdu les 40 p. 100 de leurs poids, terme habituel de la survie dans l’inanition. On peut done se demander si l’alimentation avec la poudre de viande n'est pas non seulement nulle, mais dangereuse, puisqu'elle détermine la mort plus rapidement que la privation absolue d'aliment. Pour confirmer notre hypothèse nous avons soumis des chiens à des alternatives de jeûne et d'alimentation. Pendant une période de cinq jours ils recevaient une pâtée composée de poudre de viande et de bouillon, puis on les laissait cinq jours au jeûne absolu (sauf de l'eau); e SÉANCE DU 20 AVRIL GAL puis de nouveau ils étaient alimentés pendant cinq jours, et ainsi de suite. Parmi ces animaux également très vigoureux et très gras, l’un d'eux, Nangis, témoin, recevait pendant les périodes d'alimentation 50 grammes de viande crue par kilogramme. Les deux autres, Garcia et Nourrit, recevaient au contraire 11,1 de poudre de viande par kilogramme pendant les périodes d'alimentation. Voici les résultats des pesées de ces animaux de cinq en cinq jours. Les périodes impaires sont les périodes d’alimentation. _ PÉRIODE NANGIS GARCIA NOURRIT MOYENNE 4 ce DAT 13 kil. 8 12 kil. 2 19 kil. RAA EIRE HROCL 100 100 100 100 1 10 98 dE 91 90,5 2 15 92 SX 85 84,5 3 20 86 19 79 79 % 25 82 18 15 E 36,5 D 30 82 74 75 14,5 6 5 nov. 110,5 T4 13 7,8 7 10 112 65 65 65,5 Pour apprécier la valeur reconstitutive de la viande, comparons la diminution de poids de Vangis, tantôt après les périodes paires (jeûne), tantôt après les périodes impaires (alimentation). ADrCSyondenCLuer NE Cr 2 6e 00 APRES JOINE NN TN CURE E AT Eee le OT Te Moyenne après viande crue . . . . 2 Moyenne apres jeune ...15;3 Donc, l'animal perdait relativement très peu de son poids pendant les périodes de viande crue, et la dénutrition était trois fois plus active pendant les périodes de jeûne. Pour les deux chiens Garcia et Nourrit nous avons comme chiffres : Mpresipoudre demande "PAR TR. Ne nt 0 2008 Nbre CURE = Ce le ERA TE ON RU il Moyennelapres poudre MMM Movyenne/aprèes tienne NN. Chez ces deux animaux il y a donc eu une dénutrition deux fois plus active pendant les périodes d'alimentation avec la poudre que pendant les périodes de jeûne. Donc on est en droit de conclure que les poudres de viande cons tuent un agent de dénutrition très actif, et qu'on ne peut les ranger au nombre des aliments physiologiques. Probablement elles sont non seu- lement inutiles, mais dangereuses. (Travail du Laboratoire expérimental de la Faculté de Méd. de Paris.) 642 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE UN MONSTRE HUMAIN ACARDIAQUE D'UN TYPE DOUTEUX (HÉMISOME INFÉRIEUR), par TRILLAT et JARRICOT. Il nous a été donné d'examiner un monstre humain d’un type excep- tionnellement rare. [l s’agit d’un acardiaque qui coexistait avec une sœur jumelle normalement conformée dans un œuf monoamniotique expulsé au septième mois. Ce monstre peut être considéré comme une moitié inférieure de fœtus normal — hémisome inférieur — ou, en d’autres termes, comme un fœtus dont toute la partie du corps supé- rieure à l’ombilic aurait avorté. : L'analyse anatomique montre, à côté d’un système uro-génital com- plet (sexe féminin), un tractus intestinal composé d’un gros intestin normal et complet, mais auquel fait suite un fragment seulement d'in- testin grêle. Après la valvule iléo-cæcale, l'intestin grêle décrit deux anses, se recourbe en haut et puis, subitement, se termine en une extré- mité borgne, en une sorte de doigt de gant. La partie présente du sys- tème nerveux, le dispositif musculaire, le squelette, tout est normal et symétrique. Il n’y à d’un peu particulier et d’un peu délicat à interpréter que le système vasculaire. Le dispositif veineux est simple. Deux veines principales, branches de la veine ombilicale, descendent symétrique- ment à droite et à gauche de la ligne médiane, donnent des veines ré- nales et mésentériques et se terminent en veines crurales. Elles repré- sentent évidemment une veine cave dédoublée. Le système artériel est plus troublé. Les deux artères ombilicales ont une destinée différente. Toutes deux partant de l'ombilic descendent le long de l’ouraque et suivent d’abord un trajet symétrique de chaque côté du fuseau vésical. Elles diffèrent ensuite en ce que, tandis que la gäuche se rend directement aux organes du bassin, la droite, de beaucoup la plus importante, contourne au contraire le bassin, passe au-devant de la colonne vertébrale et va se terminer en donnant la fé- morale gauche. Sur son trajet, elle émet à droite et en bas la fémo- rale droite, sur la ligne médiane.et en haut un tronc cœliaque, lequel se ramifie bientôt en cinq branches : deux artères rénales et trois mé- sentériques, dont deux cavités postérieures et une antérieure particu- lièrement longue.— Cette longue portion de la mésentérique antérieure fournit une anastomose très nette avec la veine ombilicale droite, un peu au-dessus du point d’abouchement de la veine rénale. Nous pensons que ce dispositif artériel peut être interprété comme suit: Le tronc cœliaque est le rudiment d’une aorte abdominale munie de ses branches rénales et mésentériques. Le sang est apporlé par l’om- bilicale droite qui s’abouche à son point habituel d'inosculation. Quant SÉANCE DU 20 AVRIL 643 à l'isolement de l’ombilicale rois ce nest peut-être pas une ano- malie sans exemple. Nous n'avons trouvé qu’une seule anastomose entre le système arté- riel et le système veineux : cette anastomose peut être considérée comme un canal artériel de petit volume.— La circulation de ce monstre devait être particulièrement difficile : de là sans doute le sang extravasé dans la cavité péritonéale et l’œdème Pons drable qui distendait tout le tissu cellulaire sous-cutané. Au total, il s'agit d'un monstre acardiaque qui pourrait être rapproché des omphalosites ou adelphosiles du genre péracéphale, mais dont nous pensons qu'il serait mieux de le distinguer, à cause de l'absence du _ thorax, de la grande symétrie, de la régularité parfaite des organes re- présentés. Nous proposons d'attribuer aux monstruosités de ce type le terme d'hémisome (variété inférieure). Nous estimons en outre bien difficile de trouver dans les théories actuellement admises, une explication tout à fait satisfaisante du problème tératogénique soulevé par cette observa- tion. Le (Laboratoire de la clinique obstétricale de Lyon.) MESURE DE L'ANAPIYLAXIE PAR LA DOSE ÉMÉTISANTE. Note de CHARLES RICHET. En poursuivant l'étude de l’anaphylaxie produite par la mytilo- congestine, j'ai été amené à la constater en toute évidence en déter- minant la dose qui provoque le vomissement, autrement dit la dose émétisante. En injectant dans les veines d’un chien, à un degré de dilution iden- tique, la mytilo-congestine (3 gr. 3 par litre), on voit à un moment donné, quand l'injection est faite avec lenteur, survenir le vomisse- ment. Le plus souvent ce vomissement est précédé d’une période de nausée. L'animal fait des mouvements de déglutition, se lèche, paraît préoccupé, absolument comme les individus qui souffrent du mal de mer. D'ailleurs je ne prends pas comme indices ces signes précurseurs du vomissement, mais seulement le vomissement lui-même, qui est en général {rès violent et doloureux, répété et intense. Avec l’augmenta- tion de la dose injectée, les vomissements n'’augmentent pas; au con- traire il semble qu’une période de calme succède à cette première période d’agitation. | On ne peut comparer entre eux que les chiens à jeun depuis plusieurs heures, et ayant l'estomac vide. 644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sur les chiens normaux, la dose de mytilo-congestine (par kilo- gramme) provoquant le vomissement est assez variable. Certains chiens, exceptionnellement, ont vomi à la dose de 0,007. Le plus sou- vent c’est à la dose de 0,04; mais il n’est pas rare de voir des chiens qui, même à la dose de 0,07, très proche de la dose mortelle, n’ont pas vomi. Aussi, en tenant compte de ces idiosyncrasies, vaut-il mieux com- parer les mêmes chiens, c’est-à-dire établir quelle a été la dose éméti- sante pour tel ou tel chien, lors de la première injection, et quelle elle a été pour ce mêmeé chien, lors de la seconde injection, faite à quelques jours, et parfois quatre semaines de distance. 0 DOSE VOMITIVE DOSE VOMITIVE DOSE VOMITIVE DURÉE EN JOURS Nous absolue à Dour la on de anaphylactique de l'intervalle des Le Ja BRennere injection si la dose Core injection (anaphylaxie) en la première chiens (en centigramme (en centigrammes PEAUNVE et la seconde par kil.) par kil.) — 100 (1) injection 1NCHTON EOEMMRIENT A3 S VE dla (37) 30 10 2. Pénélope. . . NO V0 ir 1% 3. EUTylAs Rien à 6.6 l'AS A 15)) 2er 14 NCIS NRENNE V. a 0.7 V. à 0.2 28 14 DENPRÉTONRERRRERIENTAILSS V. à 0.8 19) 45 15 6. Achille . . . Rien à 5.6 V. à 2.6 (46) 38 17 To CBS 0 oc Rien à 5.6 NARGRIES 23) 19 17 SRCÉDES NES Rien à 2.1 V: à 0.4 (19) 16 18 JÉProtcen Re Rien à 5.6 V. à 0.65 11) 9 19 DS AUAEBENONEN EE Na 16 V. à 2.0 12 à 19 ASE NeS RE Na il AMG Ut) 11 21 1 Philippe me NA NNaN 0225 11 d 21 13. Miltiade . . . Rien à 5.0 V. à 0.12 (2) 2 21 14. Aristophane . NAREMIT Nr à 0:65 41 26 15 PEER VANNES 0 V.à 0 45 8 | 30 Ainsi, sur quinze chiens, il y a eu 14 fois vomissement à une dose plus faible pour la seconde injection que pour la première. La moyenne totale, si l’on suppose la dose émétisante primitive — 100, a été de 25 pour la dose émétisante anaphylactique (2). Dans trois cas la dose émétisante anaphylactique a été plus faible que le dixième de la dose - émélisante primitive. (1) Nous supposons (assez arbitrairement) que, pour les chiens n’ayant pas vomi lors de la première injection, il y aurait eu vomissement avec une dose supérieure, de 25 p. 100 plus forte. Les chiffres entre parenthèses sont les chiffres obtenus en admettant que les chiens ont vomi lors de la première injection, sans cette majoration de 25 p. 100. (2) Si l’on élimine de la moyenne Ajax, le seul chien qui ait eu besoin d’une dose plus forle, après anaphylaxie, pour vomir, on a la moyenne de18,3, ce qui signifie que si 100 est la dose émétisante primitive, la dose anaphylac- tique moyenne est 18, soit moindre que le cinquième de la première dose. SÉANCE DU 20 AVRIL 645 On peut résumer ces faits en disant que la dose émétisante chez les chiens anaphylactisés n'est que le quart de la dose normale, et que dans certains cas elle peut n’êlre que le douzième de cette dose. L'injection du sérum des chiens anaphylactisés à des chiens normaux amène chez ces derniers un état anaphylactique, comme si ce sérum contenait la substance toxique qui facilite l’action du poison. Cléon, ainsi injecté au sérum anaphylactisant, a reçu ensuite une injection de mytilo-congestine, et il a vomi avec la dose minuscule de 0,2; de même que Diogène, qui a vomi avec la dose de 1. Nous espérons montrer dans une communication ultérieure Les effets remarquables de l’anaphylaxie par le sérum. (Travail du Laboratoire expérimental de la Faculté de médecine de Paris.) SUR LES RAPPORTS ENTRE SENSIBILISATRICE HÉMOLYTIQUE ET PRÉCIPITINOGÈNE, par ZEBROWSKI (BOLESLAS). Dehne et Hamburger (1), Kraus et Pribram (2) concluent d'expériences sur les rapports entre agglutinine et antitoxine d’une part, et précipi- tine de l’autre, qu’un sérum précipitant peut faire disparaître ces anti- corps, contenus dans le sérum correspondant, d'une façon vraiment spécifique : c’est ainsi, notamment, que, suivant Dehne et Hamburger, l’antitoxine tétanique disparaît avec le précipitinogène d’un sérum au- quel on ajoute du sérum précipitant. Si les choses se passaient de cette façon vis-à-vis des sensibilisatrices ou ambocepteurs, on serait amené à croire que les précipitines, par leur action sur ces anticorps, sont la cause des phénomènes observés par Bordet et Pfeiffer et que ces savants expliquent par l'existence d’anti- sensibilisatrices. Dans le but de vérifier si la simple précipitation d’une sensibilisatrice ne peut produire l’action empêchante sur l’hémolyse et simuler ainsi l’action antisensibilisatrice, nous avons institué les expériences sui- vantes : Le sérum hémolytique choisi est du sérum de chèvre ayant recu quelques injections de globules de vache bien lavés. Quant à la préci- pitine elle était représentée par le sérum d’un lapin ayant recu du sérum de vache. Ce dernier ne contenant pas de sensibilisatrice pour les globules de la vache, le sérum précipitant du lapin ne devait pas non plus renfermer d’antisensibilisatrice. (1) Dehne et Hamburger. Wiener klin. Wochenschr., 1904, 29. (2) Kraus et Pribram. Centralblatt für Bakteriol., 1905, 39. 646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - Et en effet, quoique fortement précipitant pour le sérum de chèvre, ee sérum de lapin-vache n'empéchait nullement l'action destructrice du sérum de chèvre vis-à-vis des globules de vache. Dans le même ordre d'idées, nous avons essayé quelques autres com- binaisons de sérums hémolytiques; nous avons trouvé notamment un sérum suffisamment actif pour permettre, même après une forte dilu- tion, l'étude de l’effet d’une précipitine : c’est le sérum du chien ayant recu des globules de vache. Ce sérum, hémolytique pour ces derniers, dilué à 4 p. 20 et même à 1 p. 100 (cette dernière dilution correspond à deux doses complètement hémolysantes), additionné de sérum précipi- tant lapin-chien, n’a rien perdu de son action destructrice sur les glo- bules. : D'autre part, les deux sérums hémolytiques utilisés, qui, après leur contact avec les globules de vache, sont dépouillés presque complète- ment de leurs sensibilisatrices, continuaient à précipiter au moyen des sérums actifs correspondants aussi bien qu'avant le contact avec les globules. Il semble donc bien que la sensibilisatrice ou ambocepteur et le pré- cipitinogène sont indépendants l’un de l’autre dans les systèmes hémo- lytiques que nous avons étudiés. | Les sérums antisensibilisateurs connus jusqu'à présent ne sont pourvus que d’une action précipitante médiocre (d’après une communi- cation orale de M. Bordet); leur propriété paraît bien due à une subs- tance spéciale, différente de la précipitine, suivant la thèse soutenue par M. Bordet. (Université de Liége. Institut bactériologique.) ÉTAT DES LEUCOCYTES EN PRÉSENCE DES BACILLES ENCAPSULÉS DU CHARBON, par T. STIENNON. Dans une note précédente (1) nous avons exposé ce qui se passe dans le péritoine des cobayes infectés de bacilles du charbon d'inégale viru- lence : dans les cas mortels, on voit une gaine se développer autour des microbes et, la phagocytose ne s’exerçant pas, l'infection mortelle se produit plus ou moins rapidement. On pourrait expliquer l'absence de phagocytose par la sécrétion de substances telles que les aggres- sines de Bail, la leucocidine altérant les leucocytes. Voyons s’il en est ainsi : I. — Un exsudat péritonéal provenant d’un cobaye mort de charbon, renfermant des bacilles encapsulés, est injecté dans le péritoine d'un (1) Société de Biologie, 13 avril 1907, p. 604. SÉANCE DU 20 AVRIL 647 cobaye neuf : les leucocytes de ce dernier ne montrent aucune appétence pour les microbes à gaine. II. — Lavons les microbes à gaine de l’exsudat par diverses centri- fugations pour enlever les produits éventuellement sécrétés par les mi- crobes : les microbes lavés introduits en péritoine de cobaye neuf ne sont pas phagocytés. III. — Si on filtre le liquide d’exsudat et si on mélange au filtrat des microbes non ancapsulés provenant d’une culture sur gélose, on observe la phagocytose de ces bacilles. IV. — Des corps inertes (grains de carmin) sont plongés dans le fil- trat précédent : cette imprégnation ne les empêche nullement d’être phagocytés après inclusion intrapéritonéale. V. — Un cobaye injecté de bacilles charbonneux recoit, au moment où il existe dans le péritoine de nombreux bacilles encapsulés hors des leucocytes, des bactéridies sans gaine ou bien du bacillus mesentericus : la phagocytose s'exerce énergiquement sur ces microbes (répétition de l'expérience de Bordet sur le streptocoque). Il ressort de là que l’on ne pourrait invoquer, pour l’explicalion de l'absence de phagocytose en présence de bacilles encapsulés, la sécré- tion de substances passant dans l’exsudat et altérant les leucocytes. Ceux-ci ne paraissent pas souffrir du voisinage des bactéridies ni de leurs sécrétions; ils conservent toute leur activité, qui se manifeste par la propriété d’englober des corps élrangers et des microbes. Seule la bactéridie encapsulée échappe à leur action et reste même inaltaquable après plusieurs lavages énergiques. Ces bacilles à gaine sont résistants : chauffés une demi-heure à 60 degrés, ils continuent à ne pas être phagocytés dans le péritoine. Il faut les soumettre à 65 degrés pendant une heure pour voir disparaître en partie cette propriété; au-dessus de cette température, les bacilles s’altèrent profondément; il devient impossible d'étudier la phagocytose. (Université de Liége. Institut de bactériologie. Avril 1907.) MODIFICATIONS DE LA TENEUR DU SÉRUM EN ALEXINE CHEZ LES ANIMAUX THYROÏDECTOMISÉS, par M'° Louise Fassin. Dans deux notes antérieures (1), j’ai montré que l'administration de produits thyroïdiens par la voie sous-culanée et par le tube digestif est suivie d’une augmentation de la substance active du sérum {1) Société de Biologie, 9 et 16 mars 1907. 648 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (alexine); je communique aujourd'hui les résultats obtenus chez les animaux thyroïdectomisés. Mes expériences jusqu’à présent ont porté sur 9 animaux : 6 chiens et 3 lapins. Chez les chiens j'ai pu observer les phénomènes tétaniques bien connus, et j'ai vu la mort survenir assez rapidement : de 2 à 15 jours après l'opération. Un seul n’a pas paru en souffrir immédiate- ment; c’est seulement deux mois après qu’il a présenté quelques accès convulsifs intermittents, dans l'intervalle desquels il était assez bien portant, lout en présentant une contracture permanente des pattes pos- térieures: il est mort assez subitement, quatre mois après l’opération. Chez tous mes opérés, j'ai pu constater une diminution notable de l’alexine hémolylique et bactéricide, jamais une disparition complète. Voici d’ailleurs le résullat d’une expérience : CHIEN N° VI. — 1. Hémolyse d'hématies de poule sensibilisées par sérum lapin- poule chauffé. Dilutions Avant Après Après Après Après Après Après du sérum l'opération 2 jours 3 jours 5 jours 7 jours 8 jours 9 jours 1/10 HE OH HE ++ ++ ++ ++ (1/20 HO OH ++ ++ ++ ++ 0 AIN FN SR ENONCE RARE ER AN 0 0 1/100 + + 0 2 0 0 0 0 Les + + indiquent hémolyse nette et rapide, le signe + indique hémolyse lente et incomplète. 2. Hémolyse de globules de lapin non sensibilisés. Dilutions Avant Après Après Après Après Après Après du sérum l'opération 2 jours 3 jours 5 jours 7 jours 8 jours 9 jours 1/2 RE 175 ++ + = + 0 0 0 1/10 + 0 0 0 0 (] 0 Le chien est mort après 10 jours. 3. Quant au phénomène de Pfeiffer, la transformation des vibrions cholériques sensibilisés en granules, qui se produisait facilement avant l’opération avec le sérum frais dilué au 1/20, restait très incomplète ou ne se produisait pas avec le sérum dilué au 1/10 pendant les jours qui ont suivi l'opération. Chez le lapin, j'ai toujours fait la thyroïdectomie complète, la mort survient d'ordinaire assez rapidement et l'opération est suivie d’une diminution de l’alexine hémolytique et bactéricide. Lapin À. — 1° Hémolyse d'hématies de poules sensibilisées. — Avant l'opération, le sérum hémolyse nettement et rapidement au 1/20; à cette dilution l'hémolyse fait défaut après l'opération. 2 Hémolyse d'hématies normales de lapin. — Avant l'opération, le PRE PT VOS TN CP OP CE 7 ax an RENE ECTS SÉANCE DU 20 AVRIL 649 sérum hémolyse encore neltement même à 1 p. 20, maïs, après la thyroïdectomie, on n'obtient plus de destruction des hématies même avec la dilution à 1/5. On pourrait croire que la diminution de l'alexine est un phénomène banal, conséquence du traumatisme opératoire; mais on n’observe pas d’abaissement dans le pouvoir alexique du sérum en faisant subir aux animaux les mêmes manipulations opératoires, le corps thyroïde étant laissé en place; mêmes résultats négatifs chez le chien auquel on enlève la rate. (Université de Liége. Institut bactériologique.) MÉCANISME DE L'ACTION DIURÉTIQUE DES SUCRES, par J. ARROUS. MM. Lamy et Mayer paraissent s'être surtout préoccupés de faire servir leurs expériences d'action diurétique des sucres à déterminer les conditions de la sécrétion urinaire. Dans toutes mes recherches je m'étais soigneusement gardé de rien écrire touchant le mécanisme de l’action diurétique de ces substances et je m'étais borné à indiquer quelles données doivent entrer en ligne de compte dans l'étude de ce mécanisme. Il me parait, pourtant, que l’on peut esquisser un essai des conditions du mécanisme de l’action diurétique des sucres. Il n'y a aucune relation fixe entre l’action diurétique des sucres et leur alibilité. Les conclusions formulées dans ce sens par MM. Lamy et Mayer cadrent mal avec leurs résultats expérimentaux, puisqu'ils don- nent le glycose, plus alibile, comme moins diurétique que le galactose. Les réactions cardio-vasculaires des sucres ne sauraient non plus, à elles seules, suffire à expliquer leur action diurétique. J'entends bien que ces différentes conditions interviennent dans le mécanisme de cette action. Je l'avais déjà indiqué dans les conclusions de ma thèse, de même que j'avais avancé qu'il faut sans doute aussi faire jouer un rôle aux différences qui existent dans la constitulion chi- mique intime des sucres. Mais dans aucun cas il n'existe entre l’activité diurétique de ces substances et l’une quelconque de ces conditions une relation ayant le caractère de fixité qui relie cette activité diurétique à des propriétés physiques fixes : poids moléculaire et tension osmotique. C'est donc surtout de cette relation que doit s'inspirer tout essai d’expli- cation du mécanisme de la diurèse provoquée par les sucres. L'action diurétique des sucres est commandée, selon moi, par deux conditions qui agissent simultanément et successivement. L’une de ces 650 SOCIËTE DE BIOLOGIE conditions est en rapport avec les propriétés physiques des substances injectées ; l’autre avec leur action excito-sécrétoire sur la cellule rénale. La décharge urinaire du début dépend d'échanges se faisant selon des lois purement physiques et est commandée par les propriétés phy- siques des sucres : elle explique la relation qui existe entre la valeur du coefficient diurétique et le poids moléculaire et la tension osmotique des sucres. L'action excito-sécrétoire coexiste, mais est de moindre importance. Plus tard l’action excito-sécrétoire se fait davantage sentir : elle amène une élimination moins importante d'eau, mais une plus forte élimination de sucre; l’urine est plus concentrée et la teneur en sucre plus élevée. A l'appui de cette manière de voir, je fais état des résultats d'expé- riences faites sur les animaux intoxiqués par l’atropine et la pilocar- pine (1). Le premier de ces deux poisons ralentit les sécrétions glandu- laires par son action sur la cellule sécrétoire, le second les exagère. La polvurie provoquée par l'injection de solutions sucrées s’abaisse chez les animaux intoxiqués par l’atropine, s'élève chez les animaux intoxi- qués par la pilocarpine. Ces deux expériences mettent en évidence la part qui revient, dans l’action diurétique des sucres, au phénomène sécrétoire proprement dit, indépendamment de toute action physique. D'autre part, les expériences d'injections immédiatement successives de solutions sucrées montrent un léger fléchissement du coefficient diurétique avec une notable diminution de la durée de la polyurie. Ne peut-on pas supposer qu’elles indiquent que la cellule rénale, fatiguée, n’est plus capable de travail, et que seule la décharge du début, fonction des propriétés physiques des sucres,se produit parce qu'elle est abso- lument indépendante de toute action glandulaire ? (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Montpellier.) LIGATURE DU TRONC COELIAQUE ET DE L'ARTÈRE MÉSENTÉRIQUE SUPÉRIEURE. MODIFICATIONS DU SANG. par M. Doyon et CL. GAUTIER. I. — L’extirpation de l'intestin ne détermine ni convulsions, ni modi- fications dans la teneur en fibrine du sang. La ligature du trone cœæliaque et de l'artère mésentérique supérieure pratiquée après l'abla- (1) Voir thèse Montpellier, 1900, page 72. SÉANCE DU 20 AVRIL 6G5E tion de l'intestin détermine des convulsions et une diminution sensible de la teneur du sang en fibrine. Nous avons signalé les convulsions dans une note antérieure. La pré- sente communication a pour but de mettre en évidence les modifications du sang. : IT. — Nos expériences ont été faites sur le chien. L’intestin était excisé du pylore au rectum. On pratiquait ensuite la ligature du tronc cœliaque et de l'artère mésentérique. Immédiatement après, on préle- vait un premier échantillon de 20 grammes environ dans une carotide ; un second était prélevé dans l’autre carotide, lorsque la mort paraissait imminente. Avant de doser la fibrine, on abandonnait le sang pendant un temps égal (une heure à trois heures) pour chaque échantillon d’une même expérience. Dans l'expérience 11, le sang prélevé au moment de la mort a été addilionné de sérum normal. IMMÉDIATEMENT APRÈS LA LIGATURE DES ARTÈRES PEU AVANT LA MORT EXPÉRIENCES SURVIE A — Fibrine Eau Fibrine Eau p. 1000 p. 1000 p- 1000 p. 1000 “A 10 heures 2 gr. 16 112 gr. 2 gr. 09 168 gr. 2}, dPh-20 2 gr. 20 800 gr. 1 gr. 3 185 gr. 3 4 h. 20 1" 0722 — 0 gr. 86 — 4. 4 h. 45 2 gr — 1 gr. 41 — D. 4 h. 50 4 gr. 08 198 gr. 2 gr. 6 822 gr. 6, GAbDe 80 1 gr. 24 gr. 0 gr. 87 191 gr. JE 2 h. 30 2 gr. 23 187 gr. 1 gr. 15 181 gr. 8. 5hh=035 2 gr. 06 — 1nor::59 — de 3.h. 40 2 or. 65 145 gr 2 gr. 26 160 gr. 10. 4 h. 50 2 gr. 18 130 gr L gr. 14 135 gr. A1. 6 h. 25 apr. l'extirpation 1Mh= 25m de l'intestin : avant la mort : 1 gr. 43; 152 gr. 4 gr. 0; 134 gr. après la ligature 10 minutes des artères : avant la morf : 1 gr. 50 151 gr. (test) 132 gr. — Le sang prélevé au moment de la mort coagule moins bien que le sang normal. Tous Les chiens opérés ont présenté des convulsions, sauf le chien n° 6 ; cet animal a été tué cinq heures trente-cinq minutes après la liga- ture des artères ; à l’autopsie, on a constaté qu'une des branches du tronc cœliaque avait échappé. La digestion diminue la survie. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de Médecine de Lyon.) 652 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA CARACTÉRISATION DE L'ACÉTONE, par Cu. Porcaer et Cu. HERvVIEUX. La présence de l’acétone dans certains liquides organiques à l’état normal ou à l’état pathologique est hors de contestation, mais il est indispensable de pouvoir caractériser ce composé sans équivoque aucune lorsque, au cours des recherches, on est amené à en soupçconner l'existence. Malheureusement les réactions jusqu'ici utilisées par les divers auteurs pour affirmer la présence de l’acétone ne sont pas toutes à l'abri de la critique ; elles sont bien loin de se valoir toutes et, si les plus caractéristiques ne sont pas d'une très grande sensibilité, il est par contre bien vrai que les plus sensibles ne sont pas caractéristiques. Les réactions les plus habituellement employées pour la caractérisa- tion de l’acétone peuvent être classées sous deux chefs principaux : - 1° Réactions de colorations ; 2 Réactions avec production d’un composé qu’il est facile d'isoler et de caractériser à son tour. | Aux premières nous rattacherons la réaction à l’hydroxylamine de Stock (1) utilisée par Neuberg et Blumenthal (2) et tout récemment rappelée par Bréaudat (3), puis la réaction de Legal. On sait que cette dernière est donnée par des composés de nature très différente, acétone ordinaire, butanone, acétophénone, aldéhyde, certains phénols (para- crésols), créatinine, indol, Quoi qu’il en soit, l’une comme l’autre, étant de pures réactions de coloration et comme telles ne conduisant pas à une substance bien définie, sont conséquemment critiquables ; aussi est-il préférable pour certifier la présence de l’acétone d’avoir recours aux réactions de la deuxième classe, c'est-à-dire à celles qui aboutissent à la formation d’un composé susceptible d’être isolé, purifié et caractérisé par des constantes physiques ou quelques-unes de ses propriétés chimiques. Parmi ces réactions nous citerons entre autres : 1° La réaction de Lieben ou de l’iodoforme ; 2: La réaction avec la p. nitrophénylhydrazine donnant le dérivé nitrohydrazonique correspondant ; | 3° La réaction de Penzoldt qui conduit à la production d’indigotine. Ces trois réactions doivent former deux groupes très différents : Dans le premier nous ne rangerons que la seule réaction de Lieben. (1) Dissertat. Berlin, 1899. (2) Deutsch. medic. Wochenschrift, 1901, p. 6. (3) Annales de l’Institut Pasteur, 1906, p. 874. SÉANCE DU 20 AVRIL 653 Le procès de cette dernière a été fait il y a déjà longtemps et, s'il est vrai qu'elle est d’une exquise sensibilité, par contre, elle n’est nulle- ment caractéristique de l'acétone ; on ne compte plus pour ainsi dire les corps qui donnent de l'iodoforme en présence de l’iode et d’une lessive alcaline et Borchardt (1) vient encore de faire remarquer que, dans la recherche de l’acétone dans l'urine, il ne faut pas après acidulation de cette dernière par SO‘H° en pousser trop loin la distillation, sous peine de voir apparaitre dans le distillat des substances à caractère cétonique pouvant fixer de l'iode. Ainsi, on affirmerait à coup sûr la présence de l’'acétone, alors que celle-ci pouvait très bien être absente de l'urine examinée” Dans le deuxième groupe, nous comprendrons les deux autres réactions; elles sont indispensables, mais suffisantes pour la caractérisation de l’acétone. Leur production est liée à l'existence de la fonction cétone dans la molécule réagissante. Mais, s’il est vrai que pour cette raison les deux réactions peuvent être obtenues avec d’au- tres cétones, il est juste de faire remarquer que l’existence de cétones simples différentes de la propanone n’ayant jamais été signalée dans l'organisme animal, il n’y a pas de confusion possible et aucune ambi- guité à craindre dans l'interprétation des résultats obtenus. L'importance et la valeur de la réaction qui aboutit à la formation de la nitrophénylhydrazone de l’acétone ont été encore récemment mises en évidence par Bréaudat. Quant à la réaction de Penzoldt, si on peut la ranger dans la classe des réactions de coloration, puisqu'elle conduit à la formation d'indigo bleu, il nous semble plus logique de la faire entrer dans la deuxième classe. Ce n’est pas en effet une pure réaction de coloration ; on connaît le corps qui se produit s’il est possible de l’isoler et de le caractériser plus amplement. La réaction de Penzoldt est basée sur une propriété de l'acétone, signalée antérieurement en 1882 par Baeyer et Drewsen. En effet l’acé- tone chauffée en présence d’alcali et d'orthonitro-benzaldéhyde donne de l’indigo bleu. Penzoldt utilisa cette propriété en urologie dès 1884 (2) ; mais depuis cette époque il n’en a été fait que très peu men- tion en Allemagne et pas du tout en France. C'est un tort, car il s’agit là d’une réaction très caractéristique et en même temps très simple. À quelques centimètres cubes du liquide acétonique on ajoute quelques cristaux d’aldéhyde benzoïque orthonitrée, puis on alcalinise franche- ment par IV ou V gouttes de lessive de soude au quart. On chauffe légèrement. En présence d’acétone, le liquide jaunit fortement puis verdit et bleuit par formation d’indigotine qu'on dissout dans le chloro- forme qui se colore en bleu. La réaction n’est sensible qu’à 4.p. 250. (4) Beilräg. chem. f. Phys. und Path. t. VIIE, p. 62, 1906. (2) Archiv. f. klinisch. Medic., t. XXXIV, p. 127, 1884. 654 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ceci n’est pas un gros inconvénient car la facilité avec laquelle on peut rassembler l'acétone par une suite de distillations dont on ne retient que les premières portions fait qu'il est toujours possible d’arriver à la concentration convenable. ACTION DE LA LUMIÈRE SUR LE PIGMENT VERT FLUORESCENT DE BONELLIA VIRIDIS, ET ÉMISSION DE PIGMENT PAR CERTAINS VERS MARINS EXPOSÉS A LA LUMIÈRE SOLAIRE, par RAPHAEL DuBois. F Dans le but de rechercher quel est le rôle de la substance verte fluo- rescente ou fluorochlorobonelline du tégument de Bonellia viridis, j'ai fait l'expérience suivante : une certaine quantité de solution alcoolique de fluorochlorobonelline a été introduite dans des tubes à essais plongés respectivement dans des solutions colorées et comparativement dans l’eau pure. Le tout a été exposé au soleil pendant une journée ; au bout de ce temps, j'ai noté les résultats suivants : La lumière violelte et la lumière bleue ne détruisent pas sensiblement la matière verte et ne diminuent pas son dichroïsme (ni probablement sa fluorescence). La lumière blanche provoque une décoloration com- plète. Les radiations vertes, jaunes et rouges no une eue. de moyenne intensité. Le dichroïsme subit le même sort que la coloration La décoloration est rapidement provoquée par l'eau oxygénée et non par les agents réducteurs. Elle est donc corrélative d’une oxydation s’effectuant sous l'influence de la lumière solaire. Dans l'obscurité, la solution de fluorochlorobonelline se conserve sans altération. Chez d'autres animaux verts, comme la grenouille verte, on a noté que la lumière exagérait la respiration cutanée. En est-il de même pour la bonellie? Cela est probable; mais nous ne pourrons mieux nous prononcer sur ce point que lorsque nos recherches auront été complétées par des analyses des échanges gazeux. La lumière solaire intense est nuisible à la bonellie, qui la fuit. Mais si on la force à subir son action en la plaçant dans une cuvette de por- celaine blanche remplie d’eau de mer et exposée au soleil, elle ne tarde pas à s’entourer d’un nuage vert de fluorochlorobonelline. Cette émission, dont nous montrerons plus tard le mécanisme, se continue pendant un certain temps à l'obscurité par une sorte d'’in- duction. D SÉANCE DU 20 AVRIL 655 Ce nuage coloré dont s’entoure la bonellie n'est pas un phénomène isolé, exceptionnel. Si l’on place dans des conditions identiques un autre ver, un polychète commun à Tamaris-sur-Mer, Zulalia clavigera, syn. viridis, il émet un pigment d’un beau rose rouge. Ce ver fournit quand on le plonge dans l'alcool un liquide fluorescent. Les émissions de pigment paraissent constituer un moyen de défense de ces organismes contre un éclairage trop intense, entrainant une exagération des phénomènes d’oxydation. En outre, il est digne de remarque que les rayons bleus et les violets ne décolorent pas la fluorochlorobonelline. Il est vraisemblable que les radiations chimiques du spectre dont l'action décolorante est bien connue et qui serait oxydante dans le cas qui nous occupe, sont modi- fiées par la fluorescence dans la fluorochlorobonelline et rendues inof- fensives par ce fait. (Travail du laboratoire maritime de Tamaris-sur-Mer.) Doïrr-0N CONSIDÉRER COMME DEUX ESPÈCES LA GRANDE ÉT LA PETITE VARIÉTÉ DE LA DOUVE DE CHINE (Opisthorchis sinensis Cobb.)? par P. Verpun et L. BRUYANT. Dans le premier fascicule des Annals of tropical Medicine and Parasi- tology (vol. I, 1907, p. 123-154), Looss écrit qu'après avoir examiné plusieurs échantillons de Douves de Chine appartenant à différentes collections et comparé les résultats de cet examen avec les descriptions des auteurs qui ont étudié ce parasite de l’homme, il s’est convaincu que les deux variétés d'Opisthorchis sinensis (Cobb., 1875) constituent, en réalité, deux espèces. Comme ces dernières possèdent des testicules ramifiés, alors qu'ils sont simplement lobés chez toutes les autres espèces du genre Opisthorchis, il propose pour elles la création du nouveau genre Clonorchis. Les deux espèces sont, par suite, dénommées par lui Clonorchis sinensis et Clonorchis endemicus. À ces deux formes, il attribue les caractères spécifiques suivants auxquels nous ajoutons la synonymie. a) Clonorchis sinensis (Cobb., 1875). SYNONYMIE : Distoma sinense Cobb., 1875. — Distoma spathulatum R. Leuck., 1876. — Dist. hepatis innocuum Baelz, 1883. — D. japonicum R. BI., 1885 (p. p.). CARACTÈRES : Forme lancéolée; longueur 13 à 19 millimètres; largeur 3 à 4 millimètres; ventouse orale, en moyenne, de 600 & de diamètre (580 à 620); ventouse ventrale de 470 x (450 à 490); nombreuses granulations pigmentaires BioLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXIT. 45 656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans Je parenchyme et Vers à aspect foncé; testicule antérieur à 4 branches, le postérieur à 5; vésicules séminales s'étendant, en arrière, Jusque vers le milieu de l'utérus; ovaire trilobé avec 3-6 lobes supplémentaires; vitellogènes latéraux avec un ou plusieurs groupes de follicules non développés ; utérus à anses brun jaunâtre ou noirâtres ; œufs de 29 4 sur 16 p (26 à 30 sur 15 à 17); opercule, parfois bien marqué par un rebord saillant. Hagirar : Sur toute la côte de la Chine, très rare au Japon. b) Clonorchis endemicus (Baelz, 1883). SyNoNvMIE : Dist. hepatis endemicum sive perniciosum Baelz, 1883. — D. Japo- nicum R. BI. 14885 (p. p.). CaracrèRes : Longueur 10 à 13 millimètres; largeur 2 à 3 millimètres ; ventouse orale, en moyenne, de 430 à 450 u (370 à 500); ventouse ventrale, 370 à 400 p (330 à 450). Individus à parenchyme non pigmenté et à aspect clair; testicules comme précédemment; vésicules séminales s'étendant généralement jusque vers la limite du premier et du second tiers de l'utérus ; vitellogènes latéraux; les amas folliculaires non développés sont exceptionnels ; œufs de 26 Lu de long sur une largeur moyenne de 15 &: (13 à 16 &.); opercule plus plat et à rebord marginal moins marqué que dans la première espèce; rétrécisse- ment, qui fait suile, également moins prononcé ; même disposition pour les testicules et pour l'ovaire. Hagirar : Très commun au Japon, dans l’Annam et au Tonkin. Il nous a été possible, grâce aux matériaux en notre possession, et provenant d’Annamites, d'apprécier, en ce qui concerne le deuxième type, la valeur des caractères spécifiques qui lui sont attribués et de déterminer le degré de validité des deux espèces créées. Voici le résultat de nos examens. Ces conclusions seront développées, avec planches à l'appui, dans un travail ultérieur. 1° Dimensions : La longueur varie de 8 millim. 5 à 47 millim. 8; la largeur est comprise entre 2 millimètres et 3 millim. 4. 2° Pigmentation : Rien de constant. Il y a de grandes formes très pigmentées et d’autres blanches, comme de petites formes à aspect foncé et d’autres incolores. 3° Ventouse orale : Son diamètre peut varier de 500 y à 650 y. 4° Ventouse ventrale : Son diamètre varie de 400 y à 520 y. Les valeurs maxima et minima des ventouses ne sont pas en rapport avec la taille des individus. On peut observer les chiffres élevés chez les petites formes et inversement. 5° Vilellogènes : Les viltellogènes sont tantôt compacts, tantôt avec des groupes de follicules non développés. À ce point de vue rien de constant, et il nest pas rare d'observer l'aspect représenté par Looss pour Cl. sinensis. 6° Vésicules séminales : La vésicule séminale ne.s'arrête pas au niveau du premier tiers de l’utérus mais s'étend jüsqu’au tiers postérieur. ELe Ra) INR LE MCE 2 Me SÉANCE DU 20 AVRIL 657 1° ŒÆufs : Quelle que soit la taille des individus, il y à une certaine fixité dans les dimensions des œufs. La longueur varie de 26 à 29 y et la largeur de 14 à 16 p. Suivant les spécimens, on observe tantôt des œufs à clapet bombé, à rebord marginal saillant, suivi d'un rétrécis- sement, c'est-à-dire l'aspect décrit par Looss pour Cl. sinensis, tantôt des œufs avec les caractères des C{. endemicus. De ce qui précède, il résulte que les caractères spécifiques assignés par Looss à Cl. endemicus n'ont pas la fixité qu’il veut bien leur attri- buer et que, chez certains échantillons de petite taille (8 millim. 5 à 10 millimètres), on retrouve les caractères distinctifs du C{. sinensis. Les faits anatomiques ne permettent donc pas de conclure à la sépara- tion élablie par Looss. Restent les données biologiques et parti- culièrement l'habitat. L'auteur précédent dit que le C{. sinensis est spécial à la Chine et le C{. endemicus au Japon et au Tonkin. Il croit que cette différence d’habilat est suffisante pour justifier la création de deux espèces, malgré la grande ressemblance des deux types. Il nous est difficile de suivre cet auteur sur ce terrain, d'autant plus qu’on ne s'explique pas facilement la localisation si nette de ces deux espèces sur des continents littoraux en continuité ou baignés par les mêmes mers. Nous pensons que, pour l'instant, la question n'est pas encore résolue et que la création des deux espèces ne doit être acceptée que sous toutes réserves. Par contre, la création du genre Clonorchis nous parait pleinement justifiée et l'Opisthorchis sinensis (Cobb., 1875) devient Clonorchis sinensis (Cobb., 1875). (Travail du laboratoire de zoologie médicale de la Faculté de médecine de Lille.) SUR LES IMINES QUINONIQUES, par À. BRISSEMORET. Les imines quinoniques énumérées dans une note antérieure (C. À. S. B., 1. LXI, p. 479) possèdent des propriétés chimiques analogues à celles des quinones; elles se réduisent facilement et donnent un leuco- dérivé instable qui, au contact de l'oxygène et en milieu alcalin, se réoxyde rapidement et régénère l’imine primitive. CH CH° O = CHE — Az — CHE — ve 4 H2— HO — CSHE — AzH — CH — A7 CH* NcHs VE GE HO — CSH*AZH — LS “ui O = H°0 + 0 = CSH* — Az — CHE — AU F Ë HS L'existence de ces propriétés oxydantes réductrices, comparables à 658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE eelles qui appartiennent également aux quinones purgatives, m'a con- duit à attribuer par analogie à ces imines peu ou pas solubles des pro- priétés exonérantes qu'elles possèdent effectivement, et j'ai pu facile- ment constater que, sous leur influence, l'exonération intestinale est précédée des transformations chimiques précédentes qui se poursuivent dans le tube digestif des animaux en expérience (1); la dose purgative de ces imines est la même pour le bleu de naphtol et le chlorure de diméthylparaammoniumphène 8 oxynaphtoxazine (de 0 gr. 75 à 1 gramme pour le chien, de 0 gr. 30 à 0 gr. 50 pour l'homme). Chez le chien, à la dose de 0 gr. 75, elles n’augmentent pas sensiblement le nombre des mouvements péristaltiques de l'intestin. Pour élucider le méca- nisme de leur action élémentaire, des examens de muqueuse intestinale ont été pratiqués : a) au niveau d’une anse ayant contenu 43 centimètres cubes de solution de chlorure de sodium à 7 p. 1000; b) au niveau d’une anse ayant contenu le même volume de solution salée additionnée de 0 gr. 75 de l’imine à expérimenter; c) en une zone indemne. Ces examens ont montré que le nombre des cellules caliciformes de la portion de l'intestin soumise à l’action de l’imine devenait inférieur à celui qu’on observait dans les autres portions du tube digestif : parallèlement à cette diminution de calices, tout le revête- (1) A. Brissemorel. Contribution à l'étude des purgatifs organiques, Paris, 1903, in-8, p. 72. M. Rénon a pu arrêter la diarrhée de l’entérite tuberculeuse à l’aide du bleu de méthylène donné per os à la dose de 0 gr. 20. Les résul- tats favorables obtenus avec cette substance débordent le cadre de l’entérite tuberculeuse ; ils se manifestent encore dans la diarrhée des addisoniens (Combemale) dans la fièvre typhoïde également. Or, le bleu de méthylène est une imine quinonique CHS\ Ÿ / CEE CH3— Az — CSH5 — Az — CSHS — Az DA NS 4 NCH* CI à 74 renfermant un noyau de thiazine; sa parenté avec lé chlorure de diméthyl- paraammoniumphène $ oxynaphtoxazine 3 CH NN CH3— Az — CSHS = Az — C20H5 — OH 7 CA \o/ est donc assez étroite; mais il est beaucoup plus soluble dans l’eau que ce dernier corps, aussi est-il facilement absorbé et son action éméto-cathartique ne se produit qu'à haute dose; il possède les propriétés oxydantes réduc- trices des imines précédentes; il est susceptible de se réduire pendant son passage dans le tube digestif et le leucodérivé produit peut se réoxyder au contact de la muqueuse intestinale. C’est donc un modificateur des surfaces de cette muqueuse, et, à ce titre, il peut agir dans l’entérite des tubercu- leux comme les purgatifs salins dans le catarrhe intestinal aigu. SÉANCE DU 20 AVRIL 659 ment épithélial était constitué par des cellules cylindriques; il est donc légi- time de conclure que le contact des imines précédentes a déterminé la décharge des cellules caliciformes, portant une exosmose par l’intermédiaire des cellules de revêtement. Au moment où les fragments de muqueuse ont été prélevés et fixés, la plupart des glandes à mucus avaient déversé leur contenu et la sécrétion intestinale était en partie épuisée momentanément. Le résultat de ces recherches comparé à l’action qu’exercent sur l’homme ces deux imines quinoniques, montre que la purgation qu'elles provoquent est surtout le résultat d’une exagération des sécrétions intestinales : chez l'homme, en effet, aux doses de 0 gr. 30 à 0 gr. 50 elles produisent une ou plusieurs selles liquides généralement sans coliques. Mon argumentation ne perd rien de sa valeur si l’on veut accorder au bleu de méthylène la formule d’un sel de thiazonium et à l’oxazine la formule d'un sel d’oxazonium, c'est-à-dire si on admet chez ces dérivés l'existence du groupement fonctionnel | ACER RES qi … pour le bleu et 1 LS pour l’oxazine. ” CES E —= L CI CI Les cétones orthoquinoniques sontirritantes comme les paraquinones, - et on peut déduire de ce fait que des corps possédant des fonctions quinoniques en position ortho jouiront de propriétés purgatives : l'oxa- zine précédente formulée comme sel d’azoxonium et le chlorure de phénosafranine formulé comme sel d’azonium par exemple; cette safra- nine administrée à des chiens par la voie gastro-intestinale ne provoque que des selles diarrhéiques. RECHERCHES SUR L'ABLATION DE L'HYPOPHYSE, E par M. GaRNIER et P. THAON. _ Beaucoup d'auteurs ont cherché à réaliser l’ablation expérimentale de l’hypophyse ; récemment encore, M. Paulesco (1) est revenu sur ce sujet. Pourtant, malgré le grand nombre des expériences entreprises, le tableau de l'insuffisance hypophysaire est encore à dresser. C'est ce qui nous engage à publier nos recherches faites il y a déjà quatre ans. Deux raisons peuvent expliquer l'incertitude des résultats obtenus : c'est d’abord les dangers de l'opération elle-même; quelle que soit la (1) Paulesco. Comptes rendus de l'Académie des sciences, 4 mars 1907, p. 521. 660 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE voie par laquelle on aborde l’hypophyse, on est exposé à blesser d’autres organes, sinus veineux, nerfs, substance cérébrale; de plus, l'infection des méninges ne peut être toujours évitée : si bien qu'il est difficile de démêler, parmi les accidents qui apparaissent consécutivement à l'opération, ceux qui sont dus à l’ablation de la glande, et ceux qui relèvent d’autres lésions. À cette première raison, il faut en joindre une autre : certains auteurs ont tenu compte des cas où la glande avait été enlevée incomplètement ; or, on sait que pour les glandes à sécrétion interne, il suffit parfois de laisser en place une très petite quantité de la substance sécrétante pour que l'insuffisance glandulaire n apparaisse pas. Nos expériences ont été faites chez le chien ; nous avons choisi cet animal parce que chez lui l'hypophyse, quoique petite, n’est que très lâchement fixée dans une selle turcique à peine excavée. Nous avons vite renoncé à la voie buccale, préconisée par certains auteurs, à cause de la difficulté qu'il y a à trouver sur la face inférieure du crâne le point précis qui correspond à l’hypophyse ; de plus, par cette voie, il est presque impossible, même sur le cadavre, d'enlever complètement la glande ; enfin, les méninges ouvertes dans la cavité pharyngée s'infec- tent facilement. Nous avons essayé d'atteindre la base du crâne en pénétrant par la partie latérale du cou ; après avoir récliné le paquet vasculo-nerveux, nous cherchions à détacher les insertions supérieures du pharynx sans ouvrir la cavité. Des hémorragies très graves, des sections nerveuses, des troubles respiratoires nous ont arrêtés constamment. Nous avons alors adopté la voie temporale : le long de l’arcade tem- porale nous pratiquons une longue incision courbe à concavité supé- rieure, et nous réclinons les deux lambeaux cutanés ; nous réséquons l’arcade zygomatique, que nous rabattons en bas sans désinsérer les museles qui s’y attachent; nous réséquons aussi la pointe de l’apophyse coronoïde; nous incisons les muscles jusqu'à la paroi osseuse de la fosse temporale ; sur la partie la-plus déclive de celle-ci, nous ouvrons une large brèche avec le trépan; nous incisons alors la dure-mère, en ménageant si possible une artère méningée qui passe à ce niveau et qui est parfois coupée. Il faut alors relever le cerveau, ce qui entraine souvent des attritions graves de la substance nerveuse et des hémor- ragies en nappe très génantes. Au fond de la plaie opératoire étroite et profonde, on aperçoit le pédicule de l'hypophyse au delà de l'oculo- moteur externe qu'on est exposé à couper. Alors avec un crochet tran- chant, creusé sur un de ses bords et monté sur une longue tige, que nous avons fait construire spécialement, nous pénétrons au delà du ressaut que forme le pli saillant de la dure-mère, au-dessus du sinus caverneux qu'on peut blesser; dans la dépression de la selle turcique, nous détachons l'hypophyse, et la ramenons à l’orifice de la plaie, soit SÉANCE DU 20 AVRIL 661 avec le crochet, soit au moyen d’une longue pince fine et coudée. Nous mettons en place les fragments osseux et nous suturons la plaie. Nous avons ainsi opéré douze chiens. Dans la plupart des cas, les animaux mouraient rapidement par suite des conséquences directes de l'opération, hémorragies, lésions cérébrales, méningite. Dans un seul cas, nous avons obtenu une survie de seize jours : il s'agissait d’une chienne de deux ans qui, après l’ablation complète de la glande, présenta un amaigrissement rapide, une asthénie progressive, surtout une faiblesse marquée du train postérieur, de la torpeur, de l’anorexie, et une accélération notable de la respiration. Elle mourut dans un état de cachexie extrême après avoir présenté, pendant la dernière semaine, des mouvements de manège avec rotation vers la gauche. À l’autopsie, nous ayons pu constater que l’hypophyse avait été enlevée dans sa totalité ; mais il y avait une attrition marquée des circonvolutions tem- porales inférieures et un foyer d'encéphalite hémorragique intéressant le pédoncule cérébral gauche. Ainsi, dans ce cas, l’extirpation totale de l'hypophyse avait permis une survie de seize jours ; certains symptômes observés pendant celte période, comme les mouvements de manège, peut-être la parésie du train postérieur, doivent être rapportés aux lésions nerveuses. L’asthénie progressive, l’amaigrissement, la torpeur peuvent au contraire être mis sur le compte de l'insuffisance hypophysaire. On voit combien il est difficile de faire le départ entre les accidents relevant de la sup- pression de la glande et ceux dus aux lésions d'autres organes, et on comprend que certains expérimentateurs, comme Pirone, pensent que les phénomènes décrits comme signe d'insuffisance hypophysaire sont des conséquences banales de l'acte opératoire. Un fait est pourtant à retenir : c’est que si l’hypophysectomie totale est constamment suivie de mort, celle-ci n’est pas forcément immédiate; un de nos animaux survécut seize jours ; parmi les chiens opérés par Caselli, deux ne moururent qu'après treize et vingt et un jours; la vie peut donc se prolonger un certain temps après la suppression totale de la glande. (Travail du laboratoire de M. le professeur Roger.) PASSAGE DES POUSSIÈRES INSOLUBLES A TRAVERS LA MUQUEUSE INTESTINALE, par G. Kuss et LosrTein. Dans une note précédente, nous avons montré que les fines granula- tions de noir de fumée, ingérées à doses faibles ou moyennes pendant une à deux semaines, ne traversent pas la muqueuse intestinale; que, 662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par contre, l’inondation de l'intestin grêle par l'encre de Chine déter- mine, dans certaines condilions expérimentales, une anthracose mésen- térique accentuée. Le tableau ci-joint reproduit nos premières expériences et celles que nous avons faites depuis : dans ces expériences, nous avons utilisé, tantôt du noir de fumée très finement divisé, tantôt de l'encre de Chine des marques B et M, l’une et l’autre non susceptibles de dialyser; l'encre M a la même teneur en charbon que l'encre B (6 centigr. 2 par: centimètre cube), mais ses granulations sont d’une beaucoup plus: grande finesse. Les résultats obtenus se résument dans les constatations sui- vantes : 1° En injectant de fortes doses d'encre de Chine dans le duodénum par piqüre après laparotomie, ou produit rapidement une anthracose- mésentérique manifeste. Par contre, en injectant les mêmes doses dans l’antre pylorique préalablement séparé par une ligature de la grande cavité stomacale, nous avons trouvé les ganglions indemnes d'anthra- cose (Exp. 29) : nous avons eu également des résultats négatifs en fai- sant pénétrer dans l'estomac par la sonde œsophagienne 20 centimètres. cubes d’encre de Chine matin et soir (Exp. 30 et 31). Par conséquent le passage du noir dans les chylifères après injection directe dans une anse intestinale est attribuable en grande partie aux lésions trauma tiques dues à la piqüre et à la contusion de l'intestin. 2 L'introduclion répétée de fortes doses d'encre de Chine dans l'estomac à l’aide de la sonde œsophagienne permet d'obtenir presque: à coup sûr le passage en petite quantité des granulations noires au tra- vers de la muqueuse intestinale et leur localisation dans les ganglions mésentériques (Exp. 23, 24, 27, 27 bis, 28), les poumons restant indemnes. É 3° L’ingestion de noir de fumée mélangé aux aliments peut déter- miner, elle aussi, de l'anthracose mésentérique (Exp. 10, 14, 26, 32, 35), à la condition d'employer de fortes doses et de les réitérer; d’ailleurs le passage n’est pas constant; nous l’avons eu dans le tiers des cas; alors même qu'il a lieu, les poumons restent indemnes. 4° Le passage du noir de fumée à travers la muqueuse intes- tinale paraît facilité par l'administration simultanée d'aliments gras (Exp. 39, 33). ; »° Les ingeslions anthracosiques sont compatibles pendant un certain temps avec la conservation apparente de la santé : nos animaux sont restés en bon état sans maigrir; les jeunes ont notablement engraissé; néanmoins, dans la plupart des cas, il y avait à l’autopsie des signes d'irritation de l'intestin et des ganglions (distension paralytique de cer- taines anses intestinales, congestion intense des ganglions). l'es ci Le 4 2 de Chine M dans Lo = © = 12 T = © 4 + © (°] — = = la 1° portion du duodénum. (2) Lo) |" & Ne SIENS EEE VAE A L= G=) gr. 16 | 800 168 600 1Gter|1000 21 die] 940 21 | 800 POIDS total de noir Vif. 150 200 240 SÉANCE DU 20 AVRIL 663” DURÉE des expériences et doses de noir ingérées 20 cc. Tué 29c heure. 20 cc. Tué 102 heure. 20 cc. matin et soir. Tué 23e heure . . 20 cc. après lig. py- lore. Tué 14e heure 23 ec. après lig. py- lore. Tué 9e heure. ANTHRACOSE des ganglions mésentériques RER GE légère |partielle| 2 nod. s.-pleur. partielle) 5 nod. s.-pleur. moy. % consid. à l'œil nu| au mier. .|intense | intense traces consid. ANTHRACOSE pulmonaire à l'œil nu 0 0 4 nod. s.-pleur. [«b] . AE DÉSS 29 | 540] 190 |17 cc. Tué 20€ heure 0 0 0 CEE er S0Ë | 30510] 420 |20 cc. matin et soir m9 © © Ta 5 . DEnSR Ë Tué 24° heure. . . 0 0 () San Ss (230%) 800| 600 |10 ce. quotid. Die 8 j 0 0 () SSnrses 123 | 550! 870 10 ce. : — 8 j. 7 faible 0 ES 2 2% | 450] 2000 HO ce. — : — 45 j. ? faible 0 SoË pm (280%| 480) 435 |10 ce. quotid. pd. 3 j. 0 0 0 Er82o 31 | 456| 530 |20 cc. matin et soir. S900E Due 24 heure... () 0 0 8,25 ) 28 | 550] 820 |10 ce. quotid. D 6 j. 0 légère 0 £7 67 œ [270%] 530| 850 M0 ce. — 6 j. ? légère 0 ETS © | 27 | 480| 930 [10 cc. — — 6j. ? intense 0 — | 5 | 650! 10 à TÉTRs quot. de 4 ctg. 0 0 0 ESS | 6/12 12 ciel © 0 0 0 CR 2 | 800] 30 $ — — 3ctg 0 0 0 wo © © | 13 | 430| 33 |En 1 mos, 9 repas 5% de 2icter ee ce 0 0 0 Ho 3 | 200| 45 |8 EPS quot. de : ctg. 0 0 0 hi iii ES 11 Va = — à ee ÉÉE 14 | 130| 50 |En 1 mois, 9 repas J o & À EME SENS 0 intense 0 Pos 4 | 320 60 |En 10 Jours; 6 repas EËS MORE IN (SE 0 É£Eua |10)650| 60 Lo Fe quot.de 4ctg. 0 intense | 4 nod.s.-pleur. o -# |26:| 530] 85 — Acte] 0 0 0 ie £ Aéësl 450) 200 \ — — 6cte. ( 0 0 BRIE NÉS 0! 200 11 = 2% Jéctel 0 0 0 one 1026-5001 200:| 9, = =, MAbctor 0 0 0 en 26 250230 0 — 7" 40cte.h., 0 1420 0 £ 26,| 500| 310 [14 — — 1A0cgt.| légère | intense 0 | ne | à mr Ho 32 | 260 65 |Eu 20 jours, 1 repas BE HE 2 Ii en légère 0 Seve )33|25| 90 |En 28 jours, 9 repas Le EE E de 2 à 3 ctg . . 0 légère 0 664 > SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conclusion. — Ces résultats expérimentaux donnent l'explication des anthracoses mésentériques qui peuvent apparaître dans.les conditions étiologiques des pneumoconioses professionnelles, mais ils montrent que l’ingestion de noir de fumée ne détermine pas d’anthracose pulmo- naire. M. H. VINCENT. — On pourrait se demander si le phénomène de la digestion alimentaire n'intervient pas pour favoriser l'absorption de certains microbes pathogènes. Les expériences de Nocard, Porcher et Desoubry ont établi que, pendant la digestion, les bactéries de l'intestin franchissent les parois de ce dernier et peuvent être retrouvées dans la circulation lymphatique et dans le sang. Il y a près de dix-huit mois, après la connaissance des Poe de M. Calmette, j'ai fait ingérer de l'encre de Chine à doses massives (5 cen- timètres cubes à 20 centimètres) à six cobayes, trois très jeunes, âgés. de huit jours à un mois, trois adultes. L’encre était introduite facile- ment dans l’estomac à l’aide de sondes en gomme. Les animaux avaient été laissés, au préalable, à jeun depuis vingt-quatre à trente-six heures, et maintenus dans le même élat douze à vingt-quatre heures après l'ingestion de l’encre de Chine. Sacrifiés quelques jours après, ils n’ont pas montré d'anthracose des ganglions mésentériques ni des poumons. Ces résullats sont-ils applicables au bacille de la tuberculose? On ne peut s'empêcher de rappeler que la muqueuse intestinale saine n'est pas inviolable pour ce microbe, les expériences de Chauveau, qui datent de 1869, celles de Viseur, de Parrot, d’Aufrecht, de Cornil, etc., ne per- mettant pas de douter du passage du bacille de Koch à travers les parois intestinales. LES THÉORIES RÉCENTES DE L’EXCITATION ÉLECTRIQUE ET LES DÉCHARGES DE CONDENSATEURS, par Louis LAPICQUE. L. Hermann a récemment consacré un mémoire ({) à la loi d'excita- tion par décharges de condensateurs ; une série de condensateurs étant déchargés toujours sur un même circuit d'excitation, il s’agit d’abord de savoir comment doit varier le potentiel de charge V en fonction de la capacité G pour qu'on se trouve dans tous les cas au seuil. Hermann constate que la loi hyperbolique d’Hoorweg présente une erreur systé- (1) Ueber indirekte Muskelreizang durch Kondensatorentladungen. Arch de Pflüger, 1906, p. 537. SÉANCE DU 20 AVRIL 665 matique ; la courbe VC en fonction de C est expérimentalement non pas une droite, mais une courbe concave vers l’axe des C. C'est ce que j'ai montré, avec M®° Lapicque, dès 1903 (1), et j'y ai insisté à diverses reprises. Hermann, qui ne connait pas nos travaux, ne fait, au point de vue expérimental, que les confirmer sur ce point, trois ans après notre publication. Mais Hermann, qui a renoncé à la théorie de du Bois-Reymond quand il s’agit de décharges de condensateur, imagine pour ces ondes une nouvelle théorie de l'excitation qu'il me faut discuter. Il suppose que toutes les décharges qui atteignent le seuil (au moins celles qui ont une durée totale plus longue que la décharge d'énergie minima) agissent par une quantité d'énergie qui est constante, leur partie ulile étant limitée à une durée fixe « de l’ordre de la période latente du muscle ». D’après les calculs portant sur ses expériences, il trouve à cette durée des valeurs généralement voisines de deux à trois millièmes de seconde. La théorie de l'excitation que j'ai brièvement exposée dans la der- nière séance entraine une Conséquence opposée : il y a bien une partie de la décharge qui est inutile, mais la durée utile est variable avec la capacité du condensateur. J'ai supposé que-le mécanisme intime de l'excitation est une polarisation, pouvant être figurée, en première approximation, par un condensateur avec fuite. Que le circuit dont la fermeture provoque. l'excitation contienne soit une force électromotrice constante, soit une capacité (instrumentale) sur laquelle est accumulée une certaine quantité d'électricité, il n’y a aucune raison de changer d’hypothèse. Seulement, le flux d'électricité ayant dans ce second cas une forme différente du premier, les conditions dans lesquelles se chargera le condensateur nerveux hypothétique sont autres. Ces conditions peuvent être étudiées par l'analyse mathématique. MM. Cha- tanay et Lévy ont bien voulu exécuter pour moi ce travail. L'expression de la charge en fonction du temps est très compliquée. Je n’en retiens pour le moment que le point suivant : la fonction passe par un maximum pour une durée tm, qui dépend des capacités et des résistances, non du voltage initial. Or, une décharge qui ne fait qu'atteindre le seuil l'atteint évidemment au moment du maximum, c’est-à-dire au temps tm; le reste du ilux ne fait que ralentir la décroissance de la charge; et celle-ci restant désormais au-dessous du seuil est comme inexistante pour l'excitation. Donc la durée utile doit être fonction de la capacité instrumentale. Cluzet (2) était arrivé, en raisonnant sur la loi de Weiss considérée comme exacte et générale, à une conclusion analogue; il a fait des expériences pour démontrer cette conclusion. (4) Soc. de Biol., 4 avril 1903. (2) Soc. de Biol., 23 février 1907. Pour rendre les constantes de Weiss et de Cluzet identiques, je fais R — 1. 666 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mais si ces expériences montrent bien qu'il y a, dans certaines décharges au moins, une partie inutile, elles ne permettent pas de trancher la question de savoir comment varie la durée utile; elles pour- raient même être revendiquées par Hermann à l'appui de sa conclu- sion. En effet, Cluzet a observé qu'on peut, sans rien changer, couper une décharge liminaire après deux ou trois millièmes de seconde; mais il n’est pas descendu au-dessous de cette durée, son dispositif expéri- mental ne le lui permettant pas. D'autre part, Cluzet cherche à vérifier sa formule, déduite de celle de Weiss, au moyen de calculs appliqués à des expériences soit de lui, soit d’autres auteurs, expériences dans lesquelles la décharge n'a pas été effectivement coupée; il considère comme une vérification le fait de retrouver, avec diverses déterminations d’une même série, des valeurs sensiblement égales pour les constantes a et b de la formule. De ces deux constantes, a peut être considéré comme fictif; mais b doit se vérifier par l'expérience; c’est l'intensité liminaire du courant constant de durée infinie. Pour les ondes rectangulaires, cette vérification fait apparaître une erreur de 10 à 30 p. 100; pour les décharges de condensateur, cette erreur est doublée. Ainsi, voici les chiffres d’une de mes expériences : 5 mars, Rana esculenta, sciatique sur électrodes impolarisables, seuil du gastrocnémien. Pour chacune des capacités ci-dessous (en farad. 10%) le voltage liminaire a été (en volt. 1075) : CET: Îl 2 5 10 20 40 100 NIMES EE 0 312 264 225 203 186 181 Pour le courant constant (circuit identique), aux durées ci-dessous (en seconde 10) correspondent les voltages : Tééadred083 1 2 ei Nan 250 182 175 La formule de Weiss, appliquée aux passages de courant constant, donne pour b : par 0,33 et 1 : 425; par 0,33 et 2 : 438. Erreur, 28 ou 22 pour cent, en moins. La formule la plus récente de Cluzet (1) (méthode des quatre condensateurs, déduite de ses raisonnements antérieurs) donne pour 6 : par 12, 10 et 20 : 67,5; par 15, 20 et 40 : 92. Erreur, 63 ou 49 pour cent, en moins. Il était donc nécessaire de reprendre par des expériences directes la recherche de la durée utile des décharges de condensateur. C'est ce que J'ai fait. J'apporterai dans une prochaine séance mes résultats qui exigent quelque discussion; je puis dire tout de suite qu'ils sont con- traires à la théorie de Hermann, car la durée utile varie nettement avec la capacité du condensateur employé. 1 ; | | D. SÉANCE DU 20 AVRIL 667 EXAMEN CLINIQUE DE LA SALIVE DES SYPHILITIQUES, par L. FoLcer. Systématiquement, avec des méthodes de coloration que je crois nouvelles et qui font l’objet de ce travail, j'ai examiné à nombreuses reprises et chez tous mes malades les diverses excrétions et sécrétions de l'organisme et en particulier la salive. Frappé des nombreux cas de contamination par la salive des syphili- tiques : verres à boire, embouchure d'instruments de musique, cannes des souffleurs de verre, papier gommé mouillé de salive et appliqué sur une plaie, elc., j'ai employé les méthodes de coloration que je vais indiquer pour la recherche du Treponema pallidum dans ce milieu. Le colorant dont je me sers le plus habituellement pour l'examen immé- _diat d’une salive syphilitique est le suivant : Glycériness. SRE ee ae UE TU AUReTAMTes. Fuchsine acide . . . . . . . . . PT D LE 2 grammes. Acide phénique neigeux . . . . . . . . . . 1/2 gramme. Mélanger et filtrer après dissolution. Ce colorant présente les avantages suivants : 4° Rapidité. — Il n'est pas besoin de fixer, les éléments sont colorés instantanément à l’état frais et la préparation ne demande pas une minute. 20 Grossissement. — Colorées à l’état frais, toutes les formes spirillaires apparaissent immédiatement sous un volume double de celui qu'elles pré- sentent par les méthodes de coloration classiques, « le giemsa », par exemple. 3° Intensité de coloration qui rend la recherche très facile. 4° Conservation indéfinie du colorant. — Cette coloration, avec tous ses avantages, me sert également pour la recherche du treponema dans le raclage des chancres. Il apparaît alors beaucoup plus gros comme dans la salive. Mode de coloration. — Faire cracher le sujet dans un verre de montre et procéder tout de suite à l'examen, beaucoup de spirilles disparaissant au bout de quelques heures. De préférence, examiner la salive aux heures les plus éloi- ynées des repas. Pour ce faire, prélever avec un fil de platine fin une toute petite quantité de salive que l’on dispose au centre de la lame de verre. Stériliser à la flamme le fil de platine. Prélever avec le fil une quantité infinitésimale de colorant (on pèche toujours par excès) et le mélanger avec soin à la salive. Placer une lamelle sur le mélange; faire bien adhérer, puis serrer forte- ment avec un linge fin pour amincir autant que possible la couche de salive colorée et en faire échapper l'excès par les bords. En mélangeant d’abord à la salive une très petite quantité d’une solution 668 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de vert acide dans la glycérine, avant de la mélanger avec la fachsine, acide phéniquée dans la glycérine, on obtient une préparation brunâtre qui permet de voir des corpuscules dans les formes spirillaires. De même, en colorant d’abord la salive avec une solution de bleu de méthylène dans la glycérine phéniquée : GIFCÉTIME RON DEN EME 77 40Voramimies: Bleu de Hair 5, ptet fe FRE ENre cf 2 grammes. NGIde APRES RU PR CT IC 0 gr. 50 et ensuite avec une toute petite quantité du colorant à la fuchsine, on obtient une préparation très intéressante avec double coloration. Avec ces colorations, chez des syphilitiques à chancres datant de quelques mois et non soignés, J'ai pu compter dans certains champs visuels le nombre énorme de 200 à 300 spirilles! Certainement toutes ces formes spirillaires ne représentent pas le treponema pallida, et, dans une de mes préparations M. le professeur Metchnikoff en a compté quatre espèces; mais j'insiste sur la quantité qu'on peut rencontrer chez certains syphilitiques, même quand ils ne présentent pas de plaques muqueuses. Comme contre-partie, j'ai examiné de nombreuses salives de per- sonnes saines et j'ai pu me rendre compte que les quelques formes spirillaires que j'y ai exceptionnellement rencontrées ne pouvaient être confondues avec le treponema. II. — Pour examiner les mêmes spirilles avec les formes et les dimensions que leur donnent les colorations classiques, « le giemsa » par exemple, j'emploie le colorant ci-après, beaucoup plus Re el de donne moins de précipités : Je prépare ainsi ce colorant : Chlorotorme tt #0 tas tee ET ME 40 grammes. Bleu -desmétdiMlénentets 21 se rame 2 grammes. Hnchsine acide RO TR TE 0 gr. 25 ACIdeMphénIqUe RARES SRE 0 gr. 50 Mode de coloration. — Étaler sur une lame et sécher à la flamme, ou, sion veut une coloration plus intense, étendre le colorant sur la salive humide avant de sécher ; sécher ensuite pour chauffer jusqu’à ce que la préparation, vue obliquement, présente une teinte mordorée. Laver ensuite longtemps et à grande eau, au besoin avec un peu d'alcool, pour enlever tout précipité. Sécher, recouvrir d'une lamelle et examiner. M. le Professeur Metchnikoff ayant eu l'extrême obligeance de me permettre d'examiner les singes par lui syphilisés, nous avons trouvé d'autant plus de spirilles que les singes étaient plus récemment infectés. SÉANCE DU 20 AVRIL 669 ETUDE DES PROPRIÉTÉS COLLOÏDALES DE LA TOXINE TÉTANIQUE, par Ml° P. CERNOvVOLEANU et Vicror HENRI. Pour analyser les actions produites par les différentes toxines et les antitoxines, il est important de connaître exactement les propriétés col- loïdales de ces corps. Nous présentons maintenant les résultats relatifs à la toxine tétanique. . Nous nous sommes servis de toxine dissoute dans le bouillon de cul- ture des bacilles tétaniques, filtré sur bougie. C'est une solution très complexe contenant un grand nombre de corps différents. Sa conductivité électrique à 25 degrés est égale à 80.107“. 1 centimètre cube de cette solution diluée 200 à 500 fois (suivant les échantillons que nous avons employés) injecté dans les muscles d’une patte posté- rieure d’un cobaye, provoque la mort par tétanos en quarante à quarante-huit heures. Cette solution de toxine tétanique précipite - aussi bien par le sulfure d’arsenic, colloïde négatif, que par l'hydrate de fer, colloïde positif; cette précipitation est produite surtout par les électrolytes qui se trouvent dans le bouillon de culture employé. Si, après avoir ajouté une forte quantité de sulfure d’arsenic ou d'hydrate de fer colloïdal, on centrifuge de façon à bien séparer le préci- pilé et qu’on injecte les différentes portions, on trouve que le précipité produit par Le fer provoque le premier le tétanos, puis vient le précipité produit par le sulfure d’arsenic ; puis Le liquide surnageant dans le tube avec arsenic, au contraire, le liquide surnageant dans le tube auquel a été ajouté le fer est absolument inoffensif. La toxine a donc été totale- ment entrainée par l’hydrate de fer colloïdal. Pour obtenir ces résultats on est obligé d'ajouter de fortes quantités de colloïdes : 4 centimètre cube pour 7 centimètres cubes de la toxine téta- nique. La solution colloïdale de As S. est à 2 pour 1.000; celle de Phydrate de fer contient 1 gramme de fer pour 800 cenlimètres cubes d’eau. Lorsqu'on emploie des quantités plus faibles de fer colloïdal, on n'obtient pas d'entraînement total de la toxine. Disons en passant que lon pourrait exprimer la teneur du bouillon en toxine par la quantité d'hydrate de fer colloïdal nécessaire pour provoquer la précipitation complète de cette toxine. Pour éliminer l’action des électrolytes et pour pouvoir faire le trans- port électrique, nous avons mis à dialyser la toxine télanique. Cette dialyse a été faite aseptiquement dans des sacs de collodion stérilisés à 420 degrés plongeant dans de l’eau distillée stérilisée. L'eau extérieure était changée d'abord deux fois par jour, puis une fois; après sept jours de dialyse la conductivité de la toxine était égale à 4.10, celle de 670 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’eau était en moyenne égale à 2.10-5. On voit donc que la dialyse a été poussée très loin, la solution était pratiquement complètement débar- rassée des Mob Cette solution dialysée ne précipite pas par l'hydrate de fer colloïdal, mais elle précipite par le sulfure d’arsenic. Ce résultat montre qu’elle contient un colloïde positif; quant à l'existence de colloïdes négatifs, nous ne pouvons rien en conclure. (Voir la note de V. Henri, Iscovesco et À. Mayer, 1907.) \ La toxicité de cette solution bee était fortement diminuée : il fallait injecter 1 centimètre cube de cette solution diluée dix fois pour provoquer la mort d'un cobaye en quarante à quarante-huit heures. Les expériences de transport électrique ont été faites dans un tube en U spécial représenté sur la figure ci-contre. Ce tube est employé par nous pour faire les transports électriques des ferments, toxines et autres liquides organiques. Les deux branches de ce tube sont coupées par deux robinets de même ouverture que le tube; deux électrodes en platine sont soudées dans les branches du tube. Une graduation permet de suivre la vitesse de déplacement du niveau dans le cas de colloïdes colorés. Le liquide étudié est placé dans la partie moyenne du tube; on ferme les deux robinets et on remplit avec de l’eau distillée les deux extrémités supé- rieures des branches du tube. On établit entre les deux électrodes une différence de potentiels de 110 volts et on ouvre les robinets. Après six, douze ou vingt-quatre heures, on ferme les robinets et on sépare la partie anodique, la partie cathodique et la partie moyenne. La longueur du tube entre les électrodes étant égale à 25 centimètres et le diamètre intérieur à 8 millimètres, on peut facilement calculer l'intensité du courant, lorsqu'on connaît la conductivité de l’eau et du liquide étudié. | Il est important d'opérer avec une intensité aussi faible que possible. Nous avons toujours employé un courant inférieur à un dixième de milliampère. En faisant ainsi transporter pendant douze ou vingt-quatre heures la toxine tétanique dialysée, nous trouvons, par des injections à un grand nombre de cobayes, que la portion anodique contient de la toxine, la portion cathodique n’en contient pas du tout, enfin la portion moyenne contient de la toxine à une dose plus faible que le liquide primitif mis à transporter. Par conséquent, la toxine létanique est transportée vers le pôle positif. = = Ii et | autre EC unsLSNOD' LNONZ 4349 fui nan Fy] al = nn FX Ha Hot Rs SÉANCE DU 20 AVRIL 671 La précipitation par les colloïdes montre que la portion cathodique précipite par le sulfure d’arsenic colloïdal; elle contient donc un colloïde positif. La portion anodique ne précipite ni par le fer, ni par le sulfure d'arsenie colloïdal. Mais si l’on ajoute une très faible quantité de chlorure de sodium, on obtient un précipité avec l’hydrate de fer col- loïdal, et ce précipité entraine complètement la toxine tétanique con- tenue dans la portion anodique. | En résumé : La loxine lélanique possède toutes les propriétés d'un colloïide négatif. Elle se transporte dans un champ électrique vers l’anode et précipite en présence d'une faible quantité d'électrolyte par l’hydrate de fer colloïdal. Le bouillon de culture dans lequel se trouve la loxine télanique contient en plus un colloide positif, mais ce dernier peut étre séparé de la toxine par le transport électrique. Nous adressons nos remerciements à M. Martin, de l’Institut Pasteur, qui a eu l’obligeance de nous fournir de la toxine tétanique. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ACTION DES HÉMOLYSINES SUR LE PARENCHYME HÉPATIQUE LÉSIONS PRÉCOCES. LÉSIONS TARDIVES. CIRRHOSES CICATRICIELLES, par NoEL FIESSINGER. Le sérum d’un animal préparé par les injections successives des globules rouges d'une autre espèce possède bientôt à l'égard de cette espèce non seulement des propriétés hémolytiques, mais encore des propriétés cytotoxiques. Notre attention a été particulièrement dirigée vers l'étude des lésions parenchymateuses du foie ainsi déterminées par les injections de sérum hémolytique. [. — Extrêmement précoces, les lésions cellulaires se retrouvent déjà quarante-cinq minutes après une injection de sérum hémolvtique (à la dose d’un centimètre cube par kilogramme de chien). Elles prédominent autour de l’espace porte. Le cyloplasma entre en dégé- nérescence granuleuse, acidophile, se creuse par endroits de vacuoles claires; le noyau se rétracte et devient pyknotique et irrégulier. En même temps, le lobule est fortement congestionné. Lés capillaires intercellulaires sont bour- rées de globules rouges. Cette congestion va en diminuant à mesure que l’on s'approche du centre du lobule, où les cellules hépatiques d’ailleurs ont con- servé un aspect normal. L'intégrité cellulaire du centrolobule, la prédomi- nance des altérations autour de l’espace porte permettent dans une certaine mesure de suivre du centre à la périphérie l’évolution des lésions. La pre- mière altération parait être la condensation cytoplasmique et l'aspect granu- leux; le noyau ne se modifie que plus tard. Brozocie. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. 46 ay 672 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces dégénérescences cellulaires périportales n'apparaissent pas seu- lement avec de fortes doses de sérum, mais encore avec des doses légères permettant une survie des animaux. Les cellules hépatiques ne restent donc pas indifférentes à l’action des hémolysines. La notion de spécificité des sérums hémolytiques doit être élargie. Ces faits furent déjà constatés par d’autres auteurs, parmi lesquels Richard M. Pearce. Cet expérimentateur a considéré les nécroses cellulaires comme une conséquence d’embolies capillaires déterminées par l’agglutinine du sérum hémolytique. Certains faits paraissent plaider contre cette hypothèse. D'abord l’extrême précocité des altérations cellulaires, plus en faveur d’une action directement cylotoxique, ensuite l'intégrité du centre du lobule, qui devrait au con- traire entrer en dégénérescence le premier s’il s'agissait d’une oblitéra- tion des capillaires intercellulaires. IT. — Les lésions cellulaires s'accusent encore lorsque la survie des animaux atteint dix à quinze jours. Alors, suivant la quantité de toxine injectée, les lésions intéressent tout ou une partie du lobule. Les lésions atteignant tout le lobule ne permettent pas une survie de plus de dix jours. La congestion, moins intense que dans les intoxications massives, existe néanmoins. Les travées hépatiques sont dissociées ; chaque cel- lule, isolée des voisines, apparaît sous la forme d’une masse cytoplas- mique bien délimitée, tortement granuleuse, acidophile, bourrée par places de vésicules graisseuses et possédant un noyau en karyolyse. Par contre, si les lésions sont limitées, comme il advient avec des doses faibles d’hémolysine (1 centimètre cube par 2000 grammes de chien) administrées par la voie inlrapéritonéale, les animaux survivent, peuvent être inoculés à nouveau, et leurs lésions cellulaires se cica- trisent. Environ vingt jours après l'injection intrapéritonéale de doses faibles d'hémolysine, les lésions de ces îlots consistent en une congestiou localisée; mais ici les globules sont déformés, certains sont inclus dans des macro- phages; de nombreux polynucléaires (1), des cellules conjonctives jeunes à noyau arrondi se retrouvent dans un réticulum à mailles très fines de substance collagène. Parmi ces éléments, on voit quelques cellules hépatiques en dégénérescence granulo-graisseuse dont les noyaux se colorent mal. Ces îlots dégénératifs se retrouvent au voisinage de l’espace porte ou dans la partie moyenne du lobule. IL. — Nous avons pu assister à l’aide de prises aseptiques chez un même animal à l'évolution de cette lésion destructive. Le quarantième jour après l'injection d'hémolysine, de nombreuses cellules conjonctives . (1) L’abondance des polynucléaires ne relève pas d’une infection. Les . expériences furent pratiquées avec une asepsie aussi parfaite que possible. SÉANCE DU 20 AVRIL 673 à uoyaux allongés sont apparues dans ces îlots, la substance collagène s’est condensée en fibrilles serrées. Il s'agit d’un foyer de sclérose en formation. Quelques macrophages, quelques polynucléaires pykno- tiques et dégénérés se découvrent encore entre les fibrilles conjonc- tives. Les cellules hépatiques avoisinantes ont pris un aspect normal; il s'est fait une délimilation nette entre le foyer en cicatrisation et le parenchyme avoisinant. La sclérose cicatricielle est formée. L'aspect des espaces portes devient de la sorte nettement cirrhotique, et les îlots intralobulaires forment des travées scléreuses sans éléments vasculaires. Avant nous, Richard M. Pearce a déjà remarqué l’évolution cicatricielle de ces lésions. Frente-six jours après l’inoculation, il a pu constater des lésions de cirrhose évidente; il signale aussi l’abondance des polynucléaires dans les travées en formation. On peut donc conclure que la cirrhose obtenue par les injections d'hémolysines est une cirrhose de remplacement. Une solution de con- tinuité est faite dans le parenchyme hépatique par une altération nécro- tique d’un groupe de cellules; dès lors deux processus évoluent de pair : le processus de dégénérescence définitive des cellules altérées, dont les débris seront absorbés par les macrophages, et le processus de cica- lrisation par une multiplication des cellules fixes (cellules de Kupfer) et par un afflux de polynucléaires et de cellules conjonctives jeunes d’ori- gine sanguine. (Travail du laboratoire du D° ŒEttinger.) INFLUENCE DES ABCÈS PROVOQUÉS SUR L'ALBUMINURIE, par M. EMILE FEUILLÉ. Nous avons choisi pour cette étude les abcès produits par l'injection d'un centimètre cube d'essence de lérébenthine chez le chien; l’abcès évolue en trois ou quatre jours, donnant ordinairement 60 à 90 centi- mètres cubes de pus. La cicatrisation se fait très rapidement, en deux jours d'ordinaire chez un animal vigoureux. Il est possible de provoquersuccessivement plusieurs abcès ; on arrive facilement à retirer en cinq à six jours un poids de 300 à 400 grammes de pus chez un chien de 12 à 45 kilogrammes. On à opéré chez cet animal une véritable saignée blanche, en lui reti- rant ainsi un poids relativement énorme de leucocytes. Si l’on a eu soin d'examiner le sang de l'animal pendant l’évolution de ces abcès, on voit disparaître les éléments leucocytaires en voie de dégénérescence : on assiste à une véritable rénovation leucocytaire. 674 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On sait, d'autre part, qu'une injection sous-culanée de sublimé en dis- solution dans l’eau provoque de l’albuminurie et de la néphrite. Il est classique de dire que le poison a fait une lésion rénale qui a permis le passage dans l'urine d’albumine du sérum. L’albuminurie serait un signe de néphrite. Cependant si on a eu soin de préparer un chien par trois ou quatre abcès à l'essence de térébenthine, la même injection sous-cutanée de sublimé ne produit plus d’albuminurie. Bien plus, si à partir de ce jour on continue tous les jours les injec- tions de sublimé tout en provoquant quelques nouveaux abcès, l’albu- minurie n'apparait pas. Suivant l'intensité de ces traitements, l'animal maigrit et meurt en quinze à vingt Jours. Avec des doses croissantes de sublimé on a déterminé une néphrite énorme, tant au point de vue macroscopique que microscopique. Si les théories classiques étaient vraies on aurait dû, dans ce dernier cas,avoir dans l’urine une transsudation considérable d'albumine du sérum. Les cellules rénales auraient dû produire aussi pour certains auteurs une petite quantité d’albumine. Et cependant les urines recueillies les jours précédents, même la veille de la mort, ne renferment pas trace d’albu- mine. Pendant toute la durée du traitement par le sublimé et les abcès, un examen journalier du sang a montré non seulement la rénovation leu- cocytaire mais le plus souvent une diminution du nombre total des leu- cocytes à un degré tel que dans l'examen sur lame on est obligé de passer lrente, quarante et même plus de soixante champs microsco- piques sans rencontrer un seul leucocyte, alors que d’après l’étalement considéré il s’en trouverait à l’état normal un ou deux par champ d’ob- jectif à immersion. - De plus, à l'examen microscopique du rein, on constate que l’infil- tration leucocytaire est réduite au minimum; il n'y a pas de cylindres leucocytaires. On sait d’ailleurs qu'il est fréquent dans les grosses néphrites dues à des localisations infectieuses directes sur le rein de ne constater qu'une très faible quantité d’albumine urinaire. Je n’en retiens pour preuve que l'exemple suivant : Au cours de recherches sur le muguet, mon collègue Abrami me donna dernière- ment le rein d'un lapin qui venait de mourir. La substance corticale avait l'apparence d’un véritable paquet d’abcès miliaires. Au microscope les tubuli apparaissaient comblés par des cylindres formés presque uniquement de leucocytes polynucléaires encore facile- ment reconnaissables. L'urine trouble recueillie dans la vessie laissait par simple dessic- 12- SÉANCE DU 20 AVRIL 675 cation sur lame un champ recouvert entièrement de leucocytes et de cylindres leucocytaires. Cette urine centrifugée ne renfermait qu une quantité d’albumine très minime : dix centigrammes environ. Il n’y avait pas eu encore d'éclate- ment leucocytaire. Cette quantité d’albumine avait franchement aug- menté dans l’urine non centrifugée abandonnée à elle-même jusqu'au lendemain. Ce seul fait parmi tant d'autres montre que malgré une néphrite aussi considérable il ne s'était pas fait de transsudation du sérum dans l'urine, la petite quantité d’albumine qui s’y trouvait pouvant être expli- quée facilement par les leucocytes et les cylindres leucocytaires. Si nous rapprochons ces différentes constatations nous voyons que dans ces expériences l’albuminurie en cas de néphrite n’a pas existé en l'absence de leucocytes. En dehors de l’hématurie, la transsudation d’albumine du sérum et la dégénérescence des cellules rénales ne seraient qu'exceptionnellement la source de l’albumine urinaire. (Travail des laboratoires de M. le professeur Bouchard et de l'hôpital Claude-Bernard.) ANALYSE CHIMIQUE DU CERVEAU DE PARALYTIQUE GÉNÉRAL SATURNIN par À. MARIE et Reouier (de Villejuif). Nous avons pu étudier un cas de paralysie générale à étiologie com- plexe où le saturnisme était en cause; la profession du malade (peintre), ses antécédents personnels (coliques de plomb), comme les particula- rités cliniques finales (monoplégie brachiale à répétition) et le liséré de Burton constaté, militaient en faveur d’une influence toxique du plomb, tout au moins accessoire (syphilis et alcool combinés). : Aussi avons-nous cherché le poison dans les centres nerveux recueillis ainsi que dans le liquide céphalo-rachidien. Nous n’avons pu le déceler en quantités pondérables dans ce dernier ni dans le cervelet. En revanche nous avons trouvé du plomb en quantité pondérable dans le cerveau et ses enveloppes (6 milligrammes environ); c’est une quantité notable bien que dix fois moins abondante cependant que dans le cas de Blyth, cité par Hugouneng (77 milligrammes pour tout l’encéphale). Le malade, entré en mars 1903, est décédé le 11 novembre 1905. Le cerveau présentait une altération atrophique nette, sensible- ment plus accentuée à gauche qu'à droite (HD. 495 grammes, HG. 386 grammes). 676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Outre la pie-mère épaissie et les adhérences corticales, on relève des granulations des parois ventriculaires, surtout au 4° ventricule. Le ventricule latéral gauche est double du droit; la substance céré- brale du même côté a subi une atrophie correspondante, tranchant sur la coupe avec l'aspect du côté opposé. Nous avons prélevé des tranches de substance cérébrale d'environ 100 grammes chaque sur chacun des hémisphères, suivant une double coupe parallèle dans le sens de Flechsig et au-dessus ; chacun de ces prélèvements de substance a fait l’objet d’une analyse chimique, dans des conditions identiques et à l’aide des mêmes appareils. (L'opération a même été répélée par des opérateurs différents, ainsi qu'on le verra.) Nous avons employé pour ces recherches le procédé de Meillière, mettant à profit, pour la destruction des matières organiques, le prin- cipe de la méthode du professeur À. Gautier, par l'emploi simullané de l'acide nitrique et de l'acide sulfurique; une petite quantité de sulfate de cuivre pur à été introduite pour favoriser la destruelion des matières organiques et l'entrainement complet du plomb sous forme de sulfure, après avoir traité les cendres par l'hydrogène sulfuré, et les avoir épuisées par une liqueur acide. Enfin le plomb ramené à l'état de nitrate a été dosé par électrolyse sous forme d'oxyde puce. On a effectué l’électrolyse avec un élément monté au bichromate à la température ordinaire: cette opération a duré environ quinze heures. L'anode préalablement tarée à été pesée au bout de ce temps, après toutefois s’être assuré qu'une anode supplémentaire placée dans le bain ne s’était pas colorée au bout de deux heures d’une façon appré- ciable. L'augmentation de poids de l’anode a fait connaître le plomb sous forme d'oxyde puce. Pour les 108 grammes, on a trouvé 1 milli- gramme d'oxyde puce; le poids de l'hémisphère étant de 495 grammes, ce dernier renfermait donc 4 milligr. 36 de plomb (4). Une portion de 100 grammes prélevée sur l'hémisphère gauche du même cerveau et traitée de la facon qui vient d’être exposée a donné une quantité de 0 milligr. 399, quantité moindre de plus des deux tiers que pour l'hémisphère opposé. Ces derniers résultats s'accordent avec ceux qui ont élé trouvés, pour ce même hémisphère, par M. Labbé, (i) L'identité de l’oxyde puce de plomb a été vérifiée en dissolvant le préci- pité qui s'était déposé sur l’anode par de l'acide azotique dans leqüel on projetait de petites quantités d’azotite de soude. Cette liqueur acide à été évaporée doucetent jusqu’à siccité. Le résidu repris par l’eau distillée a fourni une solution dans laquelle on a décelé la présence du plomb par les quelqauës essais suivants : avec l’iodure de potassium, on a obtenu un préci- pité jaune soluble à l’ébullition, ainsi que dans un excès du réactif. Avec le chromate de potasse : précipité jaune soluble dans la potasse. Avec l'acide sufurique : précipité blanc soluble dans la potasse. Avec le sulfhy- drate d’ammoniaque : précipité noir insoluble dans un excès de réactif. SÉANCE DU 20 AVRIL 677 interne en pharmacie à l'asile de Villejuif. La différence de résultats ne saurait donc tenir à une erreur technique, l'opération ayant été répétée deux fois avec le plus grand soin. De prime abord, en effet, il semblait que ce dût être l'hémisphère le'plus ätteint, d'une façon macroscopi- quement évidente, qui füt le plus imprégné de substance toxique. Notre hypothèse initiale avait été en effet celle-ci : détermination maximum probable de l'intoxicalion saturnine dans l'hémisphère gauche, en raison du surmenage professionnel plus considérable du côté droit (membre supérieur surtout employé au maniement des pin- ceaux). Effectivement les anamnestiques comme nos constatations cliniques signalaient les monoplégies brachiales droites fugaces mais réitérées, les contractures spasmodiques intermittentes du même côté, l’épilepsie jacksonnienne par accès, la parésie finale du membre et du masque du même côté, l'aphasie transitoire incomplète et l'inégalité dynamométrique persistante dans les intervalles de crises brachiales. . La nécropsie montrait enfin une dilatation énorme du ventricule latéral gauche avec appauvrissement notable des tissus cérébraux correspon- dants, blancs et gris surtout (hydropisie ventriculaire et atrophie de l'hémisphère). Or, l'hémisphère le plus malade s’est (trouvé contenir le moins de plomb. BACILLE NEIGEUX, par MichEeLz JuNGANo (de Naples). Nous sommes arrivés à isoler dans un cas de cystite fétide chez un prostatique, en même temps que d’autres microorganismes, une espèce microbienne non encote décrite. Nous avons retrouvé en peu de temps ce mierobe à l’état pur dans un cas de coopérite suppurée et associé à d’autres microorganismes dans un cas d'infiltration gangreneuse du périnée et tout récemment dans un abcès du rein et dans une pyonéphrose. Les caractères de ce microorganisme dans le pus sont: sa forme sem- blable à celie du bacille perfringens et de la même taille; ses extrémités sont légèrement arrondies, il est immobile, il prend loutes les couleurs d’aniliné d'une façon uniforme, il prend le Grain. Noûs l'avons cultivé dans différents milieux de culture : soit aérobies, soit anäérobies. [l ne se développe que dans les milieux anaérobies. Il se développe très bien dans la gélose glucosée, soit par piqûre, soit en faisant des dilutions successives par la méthode de Veillon. A partir de hüit-dix heures le développement commence sous forme de petits points blanchâtres. Ceux-ci examinés au microscope à un 678 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE faible grossissement donnent tout à fait l'aspect de cellules osseuses et de leurs prolongements canaliculaires. À partir de vingt-quatre heures le développement est complet dans toute la longueur du tube jusqu'à 1 centimètre et demi de la surface libre de la gélose, formant là un anneau de plus en plus dense de colonies. L'aspect des colonies est tout à fait caractéristique, elles sont blan- châtres, irrégulières et finement arborescentes ; parfois quand elles sont rares il faut les mettre sous une incidence spéciale pour les voir; elles ressemblent tout à fait à des flocons de neige. Jamais il n’a produit de gaz. Il se développe rapidement dans la gélose à la température de 31 degrés, moins rapidement à la température de 22 degrés, et dans ce cas les colonies ne se montrent qu'après cinq-six jours et plus et exclu- sivement dans le tiers inférieur du tube. Il ne se développe pas dans la gélaline. Dans le bouillon il se développeau bout de vingt-quatre heures en le rendant uniformément louche. Vers la trente-sixième heure le bouillon est complètement éclairci avec formation d'un dépôt au fond du tube. Ce bacille est assez vivace. L’ayant isolé pour la première fois dans la deuxième moitié de janvier nous avons pu l'ensemencer à nouveau ces jours passés avec un résultat positif. Il ne donne pas de spores. En injection sous-cutanée il provoque chez les cobayes et chez les lapins une induration qui disparaît après quatre-cinq jours sans aboutir à la formation d’un abcès. Par la voie péritonéale les cobayes sont assez sensibles et meurent après six-dix jours avec des symptômes d'intoxication grave, sans avoir pu obtenir de culture par l’ensemencement avec du sang du cœur prélevé dix-huit heures après la mort de l'animal. Le rat blanc réagit de la même facon que les cobayes à une injection interpéritonéale. Chez les lapins aucune réaction ni par la voie péritonéale, ni par la voie intraveineuse. : Au point de vue diagnostic il est nécessaire de le différencier de deux autres microorganismes que l’on rencontre assez souvent dans les affec- tions des voies urinaires, surtoul si l’on ne considère que des prépara- tions colorées ; en effet les cultures et les autres réactions biologiques de ces trois microorganismes diffèrent essentiellement. Ce sont le bacille perfringens et un autre bacille de même laille non encore identifié. Les colonies du bacille perfringens sont rondes, ou parfois ayant la forme de cœur, granuleuses, jaunâtres; elles apparaissent rapidement après trois-quatre heures et donnent une grande quantité de pus fétide. L'autre microorganisme est un anaérobie facultalif, il se développe SÉANCE DU 20 AVRIL 679 mieux dans les milieux anaérobies que dans les aérobies et donne lieu dans ces derniers à la formation de gaz abondants et fétides et à la for- mation dans la gélose glucosée en couche profonde de colonies res- semblant à celles du bacille perfringens. D’autres caractères différencient encore les trois microbes et on fera une étude plus détaillée dans un mémoire qui va bientôt paraitre. (Laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) SUR LES PROTÉINURIES THERMO-SOLUBLES (RÉACTION DE BENCGE-JONES), par J. Vie et E. DERRIEN (de Montpellier). La formation par la chaleur, dans certaines urines, simplement fil- trées, d'un coagulum albumineux qui disparaît à l’ébullilion et reparaît par le refroidissement caractérise essentiellement ce que l’on a appelé tour à tour « albumosurie de Bence-Jones » (Kühne), « albumosurie myélopathique « (Bradshaw), « albuminurie de Bence-Jones » (Magnus- Lévy), « protéinurie thermolytique » (L. Hugounenq;. La plupart des auteurs attribuent ce phénomène à la présence, dans l'urine, d’une subs- tance protéique spéciale, « la substance albuminoïde de Bence-Jones », et discutent sur la nature de cette substance. Or il paraît aujourd'hui manifeste que la substance en cause varie suivant les cas (1). C’est pourquoi il nous semble qu’il est préférable de s’en tenir à la notion de réaction de Bence-Jones ou coagulation thermo-soluble qui traduit sim- plement un fait d'observation. Le terme général de protéinurie, proposé par L. Hugounenq (2), convenant seul lorsqu on ne peut préciser la nalure du principe (ou du mélange) protéique éliminé, on ne vourra donc parler, le plus souvent, en l’espèce, que de protéinuries avec réac- tion de Bence-Jones ou par abréviation de protéinuries thermo-solubles. Certains cas signalés par Patein seraient des exemples de « globulinurie avec réaction de Bence-Jones ». . L'observation suivante vient à l'appui de cette manière de voir et semble montrer qu'il peut y avoir aussi des « histonuries avec réaction de Bence-Jones ». Suivant les renseignements dus à l’obligeance du professeur Rauzier, le malade, dont l'urine fut soumise à notre examen, n’a présenté aucun symp- tôme osseux et n'avait ni cancer, ni syphilis. Le diagnostic clinique a été : « Fièvre bacillaire (du 1°* février 1906) accompagnée d’une légère localisation (1) Notes de M. Moitessier et de M. Patein. Soc. de Biol., 1904. (2) Lyon médical, 1901, t. XCVI, p. 87. 680 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE au Sommet gauche (13 mai) chez un scléreux de soixante-treize ans. Mort par üurémie (26 juillet). » Pas d’autopsie. Voici les principaux caractères de l'urine du 22 juin, qui, pour la première fois, un mois avant la mort, contenait une substance protéique et donnait la réaction de Bence-Jones : Volume des 24 heures, 900 centimètres cubes. Réac- tion franchement acide. Densité : 1018. Par litre : urée, 19 grammes; acide urique, 1 gr. 15; P205, 1 gr. 30; NaCI, 5 gr. 50; glucose, 0; substance protéique, 1 gr. 50. Urobiline et indoxyle en quantités très notables. Abondant sédiment d'urates. Ni hématies, ni hémoglobine, ni hématine. Action de la chaleur : L’urine simplement filtrée commence à se troubler vers 57 degrés; le trouble va en s’accentuant et atteint son maximum entre 60 degrés et 65 degrés. Il se rassemble en petits flocons vers 67 degrés. Vers 100 degrés, l'urine redevient presque complètement limpide. L'urine neutra- lisée par la soude ne coagule plus par la chaleur: si on l’additionne de son volume d’une solution saturée de NaCI, la chaleur y fait naître un coagulum qui disparaît en majeure partie à 100 degrés. L'’urine primitive (acide), addi- tionnée de son volume de la même Foto de NaCI, donne un coagulum thermostable. L'urine dyalisée a présenté les réactions suivahtes (Elle était encore acide). La chaleur y forme un coagulum thermoslable; inäis si l’oti-ramètie l'urine à son taux primitif en NaCI (5 p. 1.000) la réaction de Bence-Jones réappärait (comine dans le cas Moitessier). Acid: acétique : pas de précipité. AzO'H : précipité disparaissant presque complètement à chaud, reparaissant à froid. La disparition à chaud est complète si l’on ajoule un peu de AzHCl à l'urine. Acide picrique : précipité insoluble à chaud. Ferrocyanure et acide acétique : précipité insoluble à chaud prenant au bout d’un certain temps à froid et plus rapidement à chaud une coloration bleuâtre. SO*Mg à saturalion précipite toute la matière albuminoïde. Acétate de Fo et NaOH à chaud : pas trace de noircissement. Nous ne ferons que signaler l'importance que serüble avoir eue ie l'influence combinée de l'acidité et de la teneur en électrolytes sur la réaction de Bence-Jones. Quant aux réactions que nous avons 6btenues avec l'urine dialysée, leur ressemblance avec celles décrites par Schülz (4) pour les solütions neutres et dialÿsées de globine (de l'hémo- globine) nous a frappés. D'ailleurs Schulz lui-même (2) avait rap- proché la « substance albüminoïde de Bence-Jones » des histones et s'était demandé si parmi les cas d’ « albumosurie de Bence-Jones » ül n’y aurait point des cas de « globinurie ». Nous avons donc été con- duits à rechercher si l'urine examinée ne contenait pas une histone. L’urine, alcalinisée et filtrée, pour se débarrasser des phosphates terreux, a : été précipitée par deux fois son volume d'alcool à 95 degrés. Le précipité albumineux lavé à l'alcool fut dissous dans une solution très étendue d’HCI. (1) Zeitschr. f. physiol. Chem., XXIV, p. 449 et 464. (2) Loc. cit., p. 479. SÉANCE DU 20 AVRIL . 681 Cette solution additionnée d’un peu de AzHCl, puis d’une solution diluée d’ammoniaque, donna un précipité insoluble dans un excës d'AzH*, précipité donnant la réaction du biuret. La précipitation par AzH*, ainsi effectuée avec les précaulions indiquées par I. Bang (1), est caractéristique des histones. Il semble donc bien que nous nous sommes trouvés en présence d’un cas d’ « histonurie thermosoluble ». (Il eût été très intéressant, en l’espèce, de poursuivre la caractérisation chimique de l’histone éliminée par les méthodes hydrolytiques et notamment de la comparer ainsi à la globine, dont la teneur élevée en groupes histidinonèges semble caracté- ristique ; nous en avotis été malheureusement empèchés par süite de la faible teneur de l’üurine en histone, de l'oligurie et de la mort rapide du malade.) CORPS THYROÏDE ET INTESTIN, par LÉéoporp-LÉévi et HENRI DE RoTusciLp. Dans une note antérieure, nous avons montré que la constipation _ dite essentielle pouvait être liée à l'hypothyroïdie, et qu'alors le traite- ment thyroïdien agissait contre la constipation. Il y a lieu actuellement de rechercher par quel mécanisme la thyroï- dine agit sur l'intestin et de définir d'autre part les rapports physiolo- giques de la glande thyroïde et de l'intestin. L'action de la thyroïdine sur l'intestin n'est pas toujours la même. Ces résultats variés vont nous permettre d'étudier son mode d’action. Lors de constipation, on voit, en général, l’ingestion d’extrail thy- roïdien donner lieu à des selles päteuses, puis molles, à des évacua- tions rapprochées, bientôt quotidiennes, parfois biquotidiennes. Mais chez des sujets hypothyroïdiens ou en instabilité thyroïdienne avec intestin réglé, ou encore lorsque les doses de thyroïdine deviennent trop élevées pour un intestin déterminé, il peut se produire des coli- ques ou même de la diarrhée. Cette diarrhée thyroïdienne mérite d'être connue, car elle est un des incidents possibles du traitement qu'il est bon de prévoir. Elle se trouve, en outre, réalisée spontanément dans la diarrhée paroxystique de la maladie de Basedow. La diarrhée, dite nerveuse, se rapporte aussi, souvent, d'après nous, à de l'hyperthyroïdie. Nous avons, en effet, déjà montré, et nous y reviendrons à maintes reprises, que le nervosisme correspond fréquemment à l’hyperthyroïdie. Ce n’est pas tout. Exceptionnellement, il est vrai, la thyroïdine a augmenté la constipation, même lorsqu'elle devait ultérieurement céder (1) 1. Bang, Zeitschr. f. physiol. Chem., XX VII, 467. D 682 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————————————————…—…——— ———.———_—_—_—_—_—_____]_]_]_]_—_ __ ___ _…————.——— —— au traitement. Enfin, il est des cas de diarrhée prolongée qui ont béné- ficié de l’ingestion de corps thyroïde, Une malade de dix-sept ans, que la thyroïdine a transformée complète- ment, était atteinte de diarrhée chrorique dès sa plus tendre enfance. Elle avait facilement 3 à 4 selles diarrhéiques par jour, et nous avions d’abord considéré ce symptôme comme un obstacle à notre traitement. Or, après 4 cachets de 10 centigrammes d’extrail thyroïdien, la diarrhée disparut, remplacée chaque jour par une garde-robe moulée. Depuis dix mois, la diarrhée a réapparu quelques jours à trois reprises : au mois d'avril 1906 (deux mois après le début du traitement) alors qu'elle avait, par imprudence, mangé du melon; au mois de novembre, lors d’une période d'hyperthyroïdisation légère, et à la reprise des froids en février 1907. Cette poussée diarrhéique s’accompagna de la reprise d'un eczéma qui, chronique également, avait été très amélioré par la thyroïdothérapie. Dame de trente ans, hypothyroïdienne, migraineuse, a depuis des années 2 à à selles diarrhéiques par jour. L'idée seule de sortir lui donne la diar- rhée. Dès le début du traitement, avec une amélioration générale, la malade note que la garde-robe redevient solide, une fois par jour. Jeune femme en état d'instabilité thyroïdienne, atteinte pendant deux années d’entérite muco-membraneuse, a de la diarrhée avec coliques. Deux garde-robes par jour. Dès le 8° cachet de 0,05 d’extrait thyroïdien, les garde- robes deviennent solides. Enfant de trois ans, très arriéré, présente des alternatives de diarrhée et de constipation. La diarrhée dure de trois à quatre jours, jusqu’à huit jours. Quand nous le voyons, le 25 octobre 1906, la diarrhée est installée depuis deux mois. Après dix jours de traitement (7 cachets), l'intestin est réglé. La diarrhée réapparait trois jours au début de janvier, avec une poussée ther- mique et des phénomènes dentaires, el encore au cours de février, à propos d’une grippe (en même temps que la médication était suspendue). La diar- rhée se prolongea une quinzaine de jours. L’intestin fonctionne de nouveau normalement depuis ce temps. On voit donc que la thyroïdine est susceptible de combattre la consti- pation, de faire disparaître la diarrhée. On reconnaît là une action réqulatrice qui s'exerce d’ailleurs sur d’autres fonctions. En ce qui concerne l'intestin, cetle régulalion n’est pas particulière au corps thyroïde. Le sulfate de soude, les eaux de Châtel-Guyon sont utilisées contre la constipation et la diarrhée. Mais quel est le mécanisme intime de la médication thyroïdienne ? Pour ce qui est de son influence sur la constipation, y a-t-il suppression d'un œdème intestinal qu'on a mis en avant pour expliquer la consti- pation du myxædème et qui coïnciderait avec les œdèmes d’autres muqueuses ? Y a-t-il activité plus grande que la sécrétion intestinale, de même que se trouve augmentée la sécrétion des glandes de la peau ? Nous croyons surtout à une action excitatrice sur le système neuro- SÉANCE DU 20 AVRIL 683 musculaire de l'intestin, conformément à l’action générale du corps thyroïde sur l’ensemble du système nerveux et musculaire. La thyroï- _ dine augmente la tonicité intestinale et secondairement diminue le spasme. La constipation cède. Par exception, lors de la résistance du système nerveux, adapté à un fonctionnement défectueux, les phéno- mènes s'accentuent, le spasme augmente, la constipation s’exagère. L'hyperexcitabilité neuro-musculaire, par excès de thyroïdine, expli- querait, avec l'hypersécrétion, la diarrhée expérimentale comme la diarrhée basedowienne et nerveuse. Quant à la diarrhée des hypothyroïdiens, elle serait due à un influx nerveux excessif sur l'intestin, par mauvaise répartition nerveuse. La thyroïdine, réglant le système nerveux, réglerait l'intestin. Cette action régulatrice de l'intestin que nous attribuons au corps thyroïde se traduit, en clinique, toutes les autres conditions étant nor- males, par un fonctionnement intestinal régulier, lors d'orthothyroïdie, et se manifeste sous forme de constipation dans l’hypo et par de la DES dans l'hyperthyroïdie. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE LES « OPSONINES ». PROPRIÉTÉS OPSONISANTES DES SÉRUMS NORMAUX, par LEvapITi et INMANN. Nous avons entrepris depuis novembre 1906 une série de recherches destinées à préciser la nature et les propriétés des substances conte- nues dans les sérums normaux et les sérums antibactériens spécifiques, capables de favoriser la phagocytose et dénommées par Wright opso- nines. Nous résumons dans cette première note les résultats concernant les opsonines des sérums provenant d'animaux neufs. Lorsqu'on met en présence in vitro (méthode de Wright) des leuco- cytes humains préalablement lavés et des bacilles typhiques, des sta- phylocoques ou des streptocoques, on constate qu'au bout de quinze minutes de contact à 38 degrés, la phagocytose est nulle ou peu s'en faut (1). Il suffit d'introduire dans la réaction une trace de sérum frais provenant du lapin ou du cobaye pour rendre cette phagocytose des plus intenses. Wright et Duglas (2), qui les premiers ont attiré l’attention sur ce phénomène, l’attribuent à la présence dans les sérums neufs d’une substance spéciale, totalement inconnue, et proposent le terme d’opsonine pour désigner cette substance. (1) Nous reviendrons ultérieurement sur la phagocytose spontanée des diverses bactéries. (2) Wright et Duglas. Proced. of the Royal. Soc., vol. LXXII, n° 483. 684 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'étude des qualités opsoniques de sérums normaux a- été entreprise par de nombreux auteurs (Hektœn et Ruediger, Bulloch et Aktin, Lôhlein, Dean, etc.), mais aucun, à notre avis, n’a apporté des preuves suffisam- ment concluantes pour permettre d'envisager les opsonines normales comme des principes à part (1). Nos recherches, loin de venir à l'appui de cette thèse, démontrent l'existence d'une relation intime entre ces opsonines et le complément (alexine, cytase) que l’on avait reconnu il y a déjà longtemps dans les sérums neufs (Bordet, Ehrlich et Morgenroth). Déjà Wrightet Duglas avaient observé que le sérum frais perd son pouvoir opsonisant après un chauffage durant dix minutes à 60 degrés, ou après une conservation plus ou moins prolongée, c’est-à-dire dans des conditions qui enlèvent au même sérum ses qualités cytasiques ou complémentaires. Or, en dehors de cette analogie entre l'opsonine et le complément, nous en avons constaté plusieurs autres. Les voici : a) Wilde, Sachs ont démontré que le sérum frais perd ses qualités complémentaires lorsqu'il est mis préalablement en contact avec des corps bactériens (fixation du complément). Nous avons répété ces recherches et nous avons remarqué que le sérum de lapin, mélangé à des bacilles typhiques, des staphylocoques dorés ou du B. dysenterique, par exemple, perd ses propriétés opsoniques non seulement vis-à-vis du microbe avec lequel il a été traité, mais aussi vis-à-vis des deux autres. Ainsi, le pouvoir opsonisant d’un sérum de lapin qui était de 2,36 pour le typhique, de 4,06 pour le staphylocoque et de 0,68 pour le dysenterique est tombé après le contact avec le B. d'Eberth à 0,18 pour le lyphique, à 1,46 pour le staphylocoque, et à 0,08 pour le dysenterique. b\ Von Dungern a prouvé que le complément estabsorbé parles émul- sions d'organes contenant des cellules ou des débris cellulaires. Or, ïl en est de même, d’après nos constatations, des opsonines normales. La force opsonique d’un sérum frais de lapin qui était de 10,56 pour le typhique et de 3,98 pour le staphylocoque est tombée après le traite- ment par une émulsion de foie à 3,57 et à 1,86. Il ya donc fixation des opsonines normales par les débris cellulaires. c) l'out comme l'alexine des sérums neufs (Ehrlich), l'opsonine des mêmes sérums possède une constitution complexe (complément el ambo- cepteur normal). Nos recherches faitesen collaboration avec M. K. Kœss- ler, nous ont montré quil est possible d’exagérer sensiblement le pouvoir opsonique d'une dilution de ‘sérum frais, si on lui ajoute une quantité donnée de sérum normal chauffé à 60 degrés et rendu inactif par ce chauffage (complément de lapin ou de cobaye, sérum chauffé de lapin ou de cheval; B. typhique et leucocytes humains). (1) Nos recherches étaient achevées lorsque parurent les {ravaux de Be- cher (Zeitschr. f. Hyg., 1901)et de Neufeldet Hühne (Kaiserl.Gesunudh., vol. XXV, f. [.), dont les conclusions concordent avec les nôtres. F He) ‘ É"CURAAI $ È “ « TA +1 OP Au . SÉANCE DU 20 AVRIL 685 Ces faits et d'autres qui seront publiés ultérieurement montrent que le pouvoir opsonisant des sérums neufs est dû à l'intervention du complé- ment et, dans une faible mesure, à celle de l’ambocepteur normal contenu dans ces sérums. Les opsonines normales ne sauraient donc être considérées comme des substances à part, n’ayant aucun rapport avec des principes déjà connus. (Travail du laboratoire de M. Metchuikoff, à l’Institut Pasteur.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES OPSONINES NORMALES. ANTI-COMPLÉMENTS ET ANTI-OPSONINES, par GC. Levapriri et K. K. KOEsSLER. Dans un travail concernant la nature des opsonines des sérums nor- maux, Levaditi et Inmaun(i) ont montré qu'il n’est pas possible de différencier ces opsonines du complément (alexine, cytase) renfermé dans les mêmes sérums. L'expérience prouve que les qualités opso- nisantes d’un sérum neuf sont intimement liées à la présence de ce complément et que, par conséquent, il n’y a pas lieu de considérer les opsonines normales comme des principes particuliers, entièrement nou- veaux, comme le pensent Wright et Duglas. Les recherches que nous résumons dans cette note et qui se rapportent aux relations entre les anti-compléments etles anti-opsonines viennent confirmer ces données. 4° Le sérum d'un lapin ayant recu en injeclion sous-cuianée, du sérum de cobaye neutralise non seulement le pouvoir complémentaire de ce sérum, mais aussi ses propriétés opsonisantes. Mélangé à du sérum anti- complémentaire de lapin, le sérum de cobaye perd ses propriétés opso- niques vis-à-vis de toutes les espèces microbiennes sur lesquelles il agit. Exemple (2) : POUVOIR OPSONIQUE RS Ce B. typhique Staphyloc. B. dysent. Anticomplément de lapin + sérum frais de cobaye : 0,06 0,08 0,04 (chauffé à 600) Sérum normal de lapin + sérum frais de cobaye : 4,34 4,26 0,42 (chauffé à 60°) (1) Levaditi et Inmann. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 20 avril 1907. (2) Dans toutes nos expériences nous nous sommes servis de leucocytes humains et de La méthode de Wright. 686 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette action anti-opsonique du sérum du lapin préparé est, à l'exemple du pouvoir anti complémentaire, rigoureusement spécifique. Ainsi, ce sérum neutralise l’opsonine et le complément du sérum de cobaye, et n’exerce aucune influence sur le sérum de lapin. 20 La neutralisation de l'opsonine et du complément contenus dans le sérum de cobaye, par l’anti-complément de lapin, marchent de pair. Néanmoins, nos recherches (b. typhiques) nous ont montré qu'il faut plus d’anticorps pour neutraliser le complément bactériolytique {ambo- cepteur anticholérique et choléra Cassino) que pour neutraliser le pou- voir opsonisant d’un même sérum. Cela tient au fait qu'il est besoin de moins de complément pour réactiver un ambocepteur bactéricide que pour exercer une influence opsonisante manifeste. 3° Le précipité qui se forme lorsqu'on met en présence l'anti-complément de lapin et le sérum de cobaye absorbe non seulement le complément et l'opsonine de ce sérum, mais aussi le complément et l’opsonine du sérum de lapin. Exemple : Sérum cobaye, 60° Anticomplément, 60° Sérum lapin frais Pouvoir opsonique > gouttes > gouttes 3 gouttes 0,18 > gouttes > gouttes 5 gouttes 0,98 Même sérum Sérum lapin neuf, 60° 5 gouttes : à gouttes 3 gouttes 2,90 > gouttes > gouttes > gouttes 4,02 Dans cette expérience(1), l'opsonine se comporte à la façon du com- plément : il y a déviation des deux propriétés à la fois, sous l'influence de la combinaison entre la précipitine et le précipitinogène. Ce résultat est conforme à ce qu'ont déjà observé Muir et Martin (2). 4° Le sérum de lapin ayant reçu sous la peau du sérum de cobaye, préa- lablement chauffé à 60 degrés pendant dix minutes (disparition du pouvoir opsonique), jouit de propriétés à la fois anti-complémentaire et anti-opso- nique. Ce sérum est presque aussi riche en anticorps que celui des ani- maux injectés avec du sérum frais de cobaye. On pourrait donc parler d'une transformation des opsonines en opsonoides sous l'influence du chauffage, analogue au changement des compléments en complémentoides (Ehrlich et Morgenroth), si les faits que nous venons de résumer ne démontraient l'impossibilité de dissocier les qualités opsonisantes, des pro- priétés complémentaires d'un méme sérum neuf. À ces faits s'ajoutent d’ailleurs nos observations sur l’intoxication phosphorique du lapin, qui provoque un amoindrissement non seulement du pouvoir complé- (1) Cette expérience est à rapprocher de celle de Neufeld et Hühne (Kaiser. Gesurdh., vol. XXV, fasc. 1), dont le travail est paru lorsque nos recherches étaient déjà finies. (2) Muir et Martin. Brit. med. Journ., décembre 1906, n° 2399. SÉANCE DU 20 AVRIL 687 mentaire (Ebrlich et Morgenroth), mais aussi de la force opsonisante du sérum. Conclusions. — L'étude comparative des anti-opsonines et des anti- compléments vient confirmer l'identité entre le complément et l'opsonine des sérums neufs. (Travail du laboratoire de M. Metchniko/ff.) ERRATUM Dans la note de M. Raphaël Dubois, du 16 février, t. LXII, p. 243, lire : Pagurus Bernhardus, au lieu de : Bernarda pagurus. —1 rs BIOLOGIE. COMPTES RENDU:. — 1907. T. LXIL .… | Su (4) 689 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 9 AVRIL 1907 SOMMAIRE SABRAZES (J.) et MurATET (L.) : sure chez les invertébrés (Aphrodite Kyste hydatique du foie ouvert ACUIEGIA) PSE NE NA EE 46 dans les voies biliaires. Faible vita- SÉRÉGÉ (H.) : Sur les conditions lité des scolex. Défécation de mem- anatomo-physiologiques qui per- branes parasitaires. Énorme éosi- mettent aux deux courants du tronc nophilie sanguine. Éosiuophilie porte de conserver leur individua- sbineonelion au:hilerdu-foie.?.,.:,%,/7449 |'Aité 2: 2 4 EU ARE US 44 SELLIER (J.) : Existence de la pré- Présidence de MM. Sellier et Coÿne. KYSTE HYDATIQUE DU FOIE OUVERT DANS LES VOIES BILIAIRES. FAIBLE VITALITÉ DES SCOLEX. DÉFÉCATION DE MEMBRANES PARASITAIRES. ÉNORME ÉOSINO- PHILIE SANGUINE. ÉOSINOPHILIE D'UN GANGLION DU HILE DU FOIE, par J. SABRAzES et L. MuraTer (de Bordeaux). Nous avons récemment étudié l'éosinophilie urinaire et sanguine dans l'hydatidurie. Grâce à l'obligeance de M. Villar, nous avons pu rechercher l’éosinophilie dans un cas de kyste hydatique du foie ouvert dans les voies biliaires avec défécation de membranes. Voici quelles sont les particularités hématologiques et histologiques de ce Cas : Il s’agit d’un homme de trente-cinq ans, hospitalisé dans le service du professeur Villar, qui a rapporté son histoire à la Société de médecine de Bordeaux. Depuis un an, cet homme avait des coliques hépatiques dues à l'évacuation par les voies biliaires et le tube digestif de membranes et de vésicules d’hydatides dont la présence fut constatée par M. Auché, dans les matières 690 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (43) fécales. Ces coliques survenaient par crises d’abord très espacées puis se rapprochant progressivement. Ictère chronique et prurit. Le 26 janvier 1907, l'examen du sang est pratiqué par nous et donne les résultats suivants : HÉMOLJObINE RE RMEREE ETEEE É 19 p. 100 Globules rousse 4.588.000 par millimètre cube. COTES RE MEN Len M3: 070 — Plaquettes sanguines. . . . . . . 426.932 — Début de la coagulation à 1805 . . 15 minutes. Le caillot sanguin se rétracte bien. Le sérum exsudé est couleur de vin de Madère. Eléments blancs : Polynucléés neutrophiles. 62,31 p. 100 Soit : 8.500 par millimètre cube. Lymphocytes . . . . . . 11,35 _ — Soit : 1.549 = Hosinophiles 20,13 — Soit : 2.746 — G.-mononucléés : . : . : 5,14 — Soit : 100 LL — Formes de transition. . . 1,06 — Soit : 145 — Sur 100 éosinophiles, 32 ont le noyau bilobé, 48 trilobé, 19 quatrilobé, 4 quintilobé. _ On ne trouve ni globules rouges nucléés ni hématies à granulations basophiles. Pas de poïkilocytes; pas de polychromatiques. Quelques fines vacuoles çà et là dans les éosinophiles. Le malade a été opéré par M. Villar et a guéri. L'intervention permit de constater que le kyste siégeait dans le lobe gauche. L’incision ramena des vésicules et une petite quantité d’un liquide jaune bilieux, non purulent, dans lequel étaient des scolex encore vivants, mais peu vivaces. L'épreuve du réchauffement à 37 degrés, en effet, ne réussissait plus à les ranimer quatre heures après l'extraction. Or nous savons que dans d’autres conditions, ainsi que nous l'avons montré avec M. Husnot, ces scolex se conservent vivants pendant plusieurs jours. Nous attribuons à l’action de la bile le peu de vitalité de ces germes d'hydatide. Néanmoins, étant encore mobiles au moment de l’inter- ‘vention, ils étaient susceptibles de se greffer. Cet homme élait done anémique et avait une leucocylose de faible intensité avec énorme éosinophilie. Or quand on examine le sang des sujets atteints de kyste hydatique, on constate des différences très -grandes dans le taux de l’éosinophilie suivant le siège du kyste. Nous avons relevé les valeurs maxima dans les localisations hépatiques. Nous pensons que cela est dû en grande partie à la résorption plus facile dans cette glande, et par la voie sanguine et par la bile, des produits d'élaboration du parasite susceptibles de dialyser à travers ses membranes. L'éosinophilie s’accentuera bien plus encore lorsque, le kyste étant rompu, le liquide et les membranes se résorberont sur place, et, a fortiori, lorsqu'ils arriveront au contact de la muqueuse (44) | SÉANCE DU 9 AVRIL 691 éminemment absorbante du tractus intestinal. Il en résultera une intoxi- cation hydatique intestinale chronique, comme dans notre cas. Cette éosinophilie n’est pas seulement sanguine, myélogène; elle pourra, ainsi que l’un de nous l’a établi, être locale, dans l’atmosphère du kyste, ou même se retrouver dans la poche; bien plus, se révéler à l'examen des ganglions Jlymphatiques du voisinage, comme le prouvent les données suivantes : Un ganglion du hile du foie recueilli par M. Villar pendant l'intervention, apparaît sur les coupes histologiques chroniquement enflammé avec hémor- ragies capsulaires plus ou moins anciennes, accumulation de débris pycno- tiques sous-corticaux, nombreuses figures de mitose dans les centres germi- natifs, présence de myélocytes éosinophiles et de leucocytes éosinophiles multinucléés dans ces centres et dans les autres parties du ganglion. Les lymphatiques de ce ganglion contiennent aussi un bon nombre de leucocytes éosinophiles adultes. Ainsi, dans cette éosinophilie symptomatique d'un kyste hydatique rompu, s'évacuant partiellement par l'intestin, une part était due à une transformation myéloïde partielle et élective des ganglions lympha- tiques voisins du kyste. C'est là une modalité nouvelle de ces éosino- philies locales que nous avons contribué à faire connaître dans l'échinococcose. Le sang, malgré le taux très élevé de l’éosinophilie, ne montrait pas de myélocytes. Nous avons vu que dans le ganglion examiné les myélocytes éosinophiles ne se trouvaient que dans les centres germinatifs et dans le parenchyme ganglionnaire, tandis que dans les vaisseaux lymphatiques et sanguins du ganglion on ne voyait que des formes adultes multinucléées. Les éosinophiles passaient dans le sang à l'état de maturité; on n’y constatait pas de myélocytes. Cette éosinophilie pourra servir au diagnostic étiologique, souvent très difficile, d’un ictère par obstruction dû à des hydatides. SUR LES CONDITIONS ANATOMO-PHYSIOLOGIQUES QUI PERMETTENT AUX DEUX COURANTS DU TRONC PORTE DE CONSERVER LEUR INDIVIDUALITÉ, par H. SÉRÉGÉ. Dans notre dernière réunion {1), j'ait décrit et fait fonctionner devant la Société le dispositif que j'ai adopté pour la démonstration physique de l'existence dun double courant sanguin dans la veine porte. Aujourd'hui, je tiens à faire connaître les conditions auxquelles sont soumises ces deux veines liquides pour conserver leur individualité. (1) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, 22 mars 1907. 692 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (45) Pour le tronc porte, avec mon appareil, en employant, par pure commodité, une solution de glycérine de densité voisine de celle du sang (1055), quelles qu'aient été les conditions expérimentales : égalité ou inégalité de densité et de vitesse entre les deux liquides, j'ai toujours conslaté leur séparation parfaite. Je crois donc pouvoir affirmer que l'existence d'un double courant dans la veine porte est d'une constance remarquäble dans les conditions physiologiques normales. Les conditions qui président à la séparation parfaite des deux veines liquides sont plus complexes. L'appareil étant bien réglé, pour que la division soit complète et de même sens, c'est-à-dire que le liquide splé- nique sorte en entier par le côté gauche, le liquide mésentérique par le côté droit, il faut : 4° Que la vitesse du liquide mésentérique soit égale ou mieux supérieure à celle du liquide splénique. — Si elle est inférieure, il y à dédoublement de chaque veine; malgré cela cependant, j'ai pu m’assurer en comparant colorimétriquement les liquides obtenus, avec des étalons, que les deux tiers au moins de chaque veine sortaient de l'appareil par le vaisseau du même côté. Mais si on élève le ballon mésentérique à des hauteurs donnant une charge d'écoulement de plus en plus forte, correspondant à des vitesses égale ou supérieure à celle du liquide splénique, la sépa- ration des deux veines devient de plus en plus parfaite. 2° Que la densité du liquide mésentérique soit égale ou mieux supérieure à celle du liquide splénique. — Si elle est inférieure, on observe le croi- sement des liquides; le liquide splénique sort alors en entier par le côté opposé ; le mésentérique, au contraire, s'échappe la plus grande partie par le côté gauche, l’autre par le côté droit. Ce croisement commence à s'effectuer lorsqu'il existe entre les deux densités des différences de 3 à 5 millièmes. 3° Que l'angle formé par les branches de bifurcation du tronc porte mesure 90 degrés. Chez l'animal vivant, retrouvons-nous des conditions anatomo- physiologiques aussi favorables? J’ai déjà répondu à la première de ces proposilions en 1906. Dans une note à la Société (1), le D' Soulé et moi avons établi, en effet, que la vitesse de circulation du sang dans le foie droit était supérieure à celle du foie gauche. Je n’y reviendrai pas. Pour la seconde, il me fallait rechercher quelles variations pouvaient apporter à la composition du sang l’état de jeûne et l'alimentation. Le tableau suivant montre que les différences entre les densités des sangs splénique et mésentérique, prises par la méthode du flacon, ne dépas- sent pas les conditions établies par l'expérimentation in vitro. (1) Sérégé et Soulé. Sur la vitesse de circulation du sang dans le foie droit et le foie gauche. Comptes rendus de la Société de Biologie, 18 mars 1905. (46) SÉANCE DU 9 AVRIL 693 Tableau des densités du sang splénique, du sang mésentérique, du sang cave, chez le chien à jeun et pendant la période digestive. ANIMAL À JEUN ANIMAL EN DIGESTION Sang splénique S.mésentérique S. cave Sang splénique S. mésentérique $S. cave 1058 1062 105% 1056 1058 - 1054 1056 10,9 1054 1052 1053 » 4055 1057 1053 1056 1056 1054 1058 1061 1054 1059 1060 » 1050 1053 » 1055 1054 » Enfin la valeur de l'angle formé par les vaisseaux portes efférents chez l’homme a été fixée par Rex à 90 degrés, la branche gauche étant couchée dans le sillon transverse du foie. J'ai pu constater, en outre, chez l’homme, la présence au niveau de cet angle d’un véritable éperon que je n'ai trouvé décrit nulle part dans les auteurs, pénétrant dans la lumière même du canal et susceptible de favoriser la séparation des deux veines liquides. Toutes les dispositions exigées par l’expérimentation in vitro se retrouvent donc chez l'animal vivant. L’analogie apparaît complète si nous prenons en considération les faits physiologiques et cliniques relatés par de nombreux auteurs et affirmant avec la plus grande évidence l'existence de localisations lobaires hépatiques. Je puis donc conclure que, contrairement à l'opinion de mes contra- dicteurs, l'existence d’un double courant sanguin dans la veine porte n'est pas une fiction mais une vérité qu'il faut admettre, comportant avec elle, comme corollaire obligé, l'existence des accouplements fonc- tionnels que j'ai déjà mis en lumière dans des travaux antérieurs. L'étude des propositions précédentes relatives aux vitesses et aux densités des deux liquides nous fournit en outre une explication fort simple aux cas pathologiques où la généralisation du processus mor- bide à Lout le foie masque la lésion primilive, ainsi que la clef patho- génique de l'hypertrophie compensatrice. (Travail du laborat. de physiol. de la Faculté de méd. de Bordeaux.) ——— EXISTENCE DE LA PRÉSURE CHEZ LES INVERTÉBRÉS (Aphrodite aculeata), par J. SELLIER. Dans une note antérieure (1), j'ai établi l'existence d’une diastase présurante dans le suc digestif des crustacés. De nouvelles recherches, dirigées de préférence chez les êtres pou- (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, 23 novembre 1906. 694 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (41) vant fournir facilement du suc digestif, m'ont donné les résultats que je vais faire connaître. L’annélide Aphrodite aculeata est particulièrement commode à ce point de vue. Son tube digestif présente des ramifications en cæcum, au niveau de chaque anneau qui sont habituellement gorgés d’un suc digestif coloré en brun foncé. Il est facile d'en recueillir une quantité suffisante pour faire de nombreuses expériences. J'ai pu constater l’action protéolytique de ce suc qui digère rapide- - ment la gélatine et la caséine. Les expériences dont voici un type montrent qu'il contient une diastase présurante : . 1° On met dans un tube à essai stérilisé 10 cc. de lait frais (acidité à la phtaléine 1 gr. 5 par litre, en acide lactique) + une goutte (0 ce. 05) du liquide digestif. On porte au bain-marie à 40 degrés. Après huit minutes la caséine est précipitée en flocons, qui bientôt s’agglomèrent pour former un coagulum mou, gélatineux, non rétractile. Ce coagulum est dissout rapidement par le ferment protéolytique. Au bout de quel- ques heures le lait est devenu clair. 2° Dans un deuxième tube à essai on répète la même expérience, mais en sensibilisant le lait par l'addition de quelques milligrammes de chlorure de calcium. On obtient alors une coagulation toiale el rapide. Le tube peut être renversé sans que le contenu s’en détache. La diges- tion de ce coagulum se produit dans les mêmes conditions que celles précédemment indiquées. Avec une demi-goutte, un quart de goutte, on obtient eneore la coagulation du lait. 3° Un tube témoin contenant les mêmes quantités de lait et de chlorure de calcium, mais sans liquide digestif, reste indéfiniment liquide. : 4° Le suc chauffé une demi-heure à 70 degrés a perdu la propriété de provoquer la coagulation du lait. Tous ces faits montrent bien l'existence de la présure dans le suc digestif des invertébrés. Au moment où les physiologistes font des efforts pour préciser le rôle de ce mystérieux agent, il m'a paru que les faits précédents présentaient un certain intérêt. (Travail de la Station biologique d'Arcachon.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARFTHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. TS D 0 € NE MO ÉANC.E D'U\27 AVRIL Brerry (H.) et ScHærrer (G.) : Dialyse et filtration sur sac de col- lodion de la lactase et de l'émul- sine animales Breton (J.-L.) et MARIE (A.) :’Act'on des vapeurs de plomb et de zinc par rapport à l'incçubation des œufs de poule et à la respiration. . DEscrez (A.) et GuEnpE (Mile BL.) : Influence de la dyserasie acide sur l'oxydation du soufre. . . . . . . .. Dugoïs (Cu.) et CASTELAIN (F.) : Sur les voies centrifuges du réflexe dilatateur de la pupille. . . . . . .. Dusors (RApnaELc) : Nouvelles re- cherches sur la pourpre du Murex telobrente fo reel es nel ledte _ brandaris. Action des lumières colo- rées, teinture, purpuro-photogra- DIABLE TRS EEE Fauvez (Pierre) : Les œufs in- fluencent-ils l’excrétion urique ? . . Feurcuté (Émice) : Comparaison de l'influence des abcès provoqués et de l'intoxication mercurielle sur Palbuminunies Rens Es GenGou (0.) : De l’action empé- chante du citrate de soude sur l’hé- molyse par le sérum d’anguille . .. -GraRD (A.) : Au su’et du décès de MT. Cits PÉTER GuizzeMaRD (H.) et Mooc (R.) : cherches expérimentales sur l'exha- lation devapeur d'eau. .= . .. .. Jorzy (J.) : Remarque à propos de la communication de M. J. Sa- RATES Ra, Ed, 4. Juxcaxo (Michel) : Sur un staphy- locoque anaérobie LaBsé (H.) et Virry (G.) PL EOMOMOONETEE TV ECTET sulfo-éthers urinaires dans le jeûne. LaxGLors (J.-P.) et GARRELON : Po- lypnée thermique et capacité respi- DATOITE AUS ANS. . . LU: Lavicoue {Louïis) Sur l'excita- tion par décharges de condensa- teurs; détermination directe de la durée et de la quantité utiles. . . Léopor.p-Lévr et Rorascaizp (HENRI 123 101 BioLouiE. COMPTES RENDUS. — 1907. F907 SOMMAIRE DE) Intestin thyroïdien et ion- CAEN ESS AA RARE RE Levapiri et INwanx : Contribution à l'étude des opsonines. Pouvoir opsonisant des sérums normaux. , Lupre (Me pe) et MARIE (A.) : Ac- tion suspensive des pâtes de céruse et de blanc de zinc sur les cultures microbiennes aérobies . ......,,. MarcHann (L.) : La folie « ma- ladie » et la folie « infirmité » . . . Mayer (ANDRé) et RATHERY (115) Modifications histologiques du rein au cours des diverses diurèses Ho voquées. — I. Études sur le rat : modifications vacuolaires . . . ,.. NETTER (A.) : À l’occasion de la communication de M. A. Robin. .. Perrir (AUGUSTE) : Sur la muscu- lature du rein de l’Éléphant d'Afri- que (Elephas africanus Blumb.) . . ReyLINGER (P.) : Vaccination anti- rabique par voie rectale . ...... RogiN (AiBert) : À propos des fer- ments métalliques . . : .. ..... RoGer (H.) : Allocution prononcée aux obsèques de M. Ch. Féré. SABRAZES (J.) : Hématies à granu- lations basophiles. . . ...,.,... THAON (PauL) : Note sur la sécré- tion de l'hypophyse et ses vaisseaux ÉVACHALEULS F0 NRA TE VERDUN (P.) et Bruyanr (L.) : Exis- tence de la douve du chat (Opis- thorchis felineus Riv.) au Tonkin. Son association, chez l’homme, avec la douve de Chine (Clonorchis si- nensis Cobb.) Réunion biologique de Nancy. CUENOT, (L:.) : Néphro-phagocytes dans le cœur et le rein des Pois- SORSIOSSCURR NN ETAT ne à Durour : La question des vaieurs en peinture et la photométrie hé- téro-chromatique ÉTIENNE (G.) ARR are et 7 nf nf ele +: Cholécystite scléro- T. LXII. 48 6956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE atrophique d'origiue éberthienne, Parisor (J.) : A propos de la tech- non typhoidique. . . . . . . . . . . 145 | nique de la sphygmomanométrie ÉrTeNxe (G.), JeanDeLIZE (P.) et Ri- CHÉZANANIMAlAE ANR PEN 159 con (L.)!: Malformatious organi.: Ricuon (L.) et JeANDg11ZE (D. ques multiples chez un castrat ma- Effets de l’ovariotomie sur la crois- DURE C5 09 ste ne PNILE RSR RRE SE EIRe LoNINSance chez la /lapine ere 156 HAUSHALTER et SABOTIER : Hypo- SIMON, SPILMANN (L.) et RICHARD : trophie et rachitisme chez de jeunes Bactéries saprophytes dans le sang POULE SRE MERE RER 14 | des tuberculeux. . . . . . . MAS HAUSHALTER (P.) et JEANDELIZE ( P.) : WEser (A.) et Coin (R.) : Signi- Athérome de l'aorte chez une fication d’un faisceau surnuméraire myxædémateuse âgée de treize ans. 754 | du ligament péronéo-calcanéen chez JEANDELIZE (P.) et Parrsor (J.) : Romane PURES nr 161 Pression artérielle chez deux myxæ- WEser (A.) : Formes de transi- DÉMNOUENRE 4 0 670 nb ia ete 152 | tion entre les ébauches vasculaires Mercier (L.) : Cellules à Bacillus et les îlots sanguins dans l'aire Cuenoli dans la paroi des gaines | opaque des embryons de canard. . 762 ovariques de la Blatte. . . . . . .. 158 | Présidence de M. Giard, président. DécÈs DE M. Cu. FÉRé. ALLOCUTION . DU PRÉSIDENT. Mes chers collègues, Depuis quelques mois, les deuils se succèdent parmi nous avec une effrayante rapidité. Cette semaine encore nous avons éprouvé une perte bien douloureuse en la personne de notre excellent collègue Ch. Féré, enlevé prématurément à la Seience, alors que sa robuste constitution semblait promettre une longue carrière. La place que Ch. Féré a occupée parmi nous est, vous le savez, des plus considérables. Très assidu à nos séances, il a, pendant une période de trente années environ, fourni à nos Compies rendus hebdomadaires plus de quatre cents communications sur les sujets Les plus divers et pris une part active à toutes nos discussions. C'est surtout par ses patientes recherches sur la physiologie et Ja pathologie du système nerveux que M. Ch. Féré à montré toules les ressources de son esprit et sa vaillance de travailleur infatigable. Rien de ce qui touche à ce vaste domaine de la science neurologique ne lui était indifférent. Observateur toujours attentif et doué d'une puissante originalité, ilsaisissait dans le moindre fait, auprès duquel bien d’autres eussent passé sans en saisir limportance, des aperçus nouveaux qui servaient de point de départ à des expériences souvent trèsintéressantes et longuement poursuivies. | SÉANCE DU 27 AVRIL 697 Les livres de psychologie expérimentale qu'il a publiés soit seul, soit en collaboration avec notre collègue Alfred Binet, les nombreux mémoires de tératologie et de physiologie qu'il a fait paraître dans le Journal d'anatomie de Robin et dans maints périodiques consacrés plus spécialement à l'étude du système nerveux, l’enseignement qu’il donnait _ par la parole et par l'exemple à l'hôpital de Bicêtre assureront à la mémoire de Ch. Féré une glorieuse renommée. Son nom demeurera . associé à ceux des rénovateurs de la psychologie à la fin du xix° siècle. Dans cette salle où nous aimions retrouver chaque samedi la physio- nomie franche et loyale de Ch. Féré, devant les collègues qu’il aimait tant et qui lui rendaient bien sa cordiale sympathie, je ne parlerai pas des qualités de cœur de celui que nous pleurons aujourd’hui, pas plus que je ne rappellerai (qui pourrait les oublier parmi nous?) les marques actives d'intérêt qu’il a si discrètement données à notre Société. Mais tous, j'en suis convaincu, vous voudrez vous joindre à votre pré- sident pour envoyer à M®° Féré l'expression de notre bien respectueuse condoléante. \ ALLOCUTION PRONONCÉE AUX OBSÈQUES DE M. Cu. FÉRE, par H. Rocer. Les événements douloureux, même quand ils sont prévus, causent toujours une pénible surprise. Nous savions tous que notre collègue Féré était atteint d’un mal qui ne pardonne pas. Depuis longtemps sa place à la Société de Biologie restait vide. Depuis longtemps nos Comptes Rendus n’'enregistraient plus ses communications. Et cependant ce fut avec une sincère émotion que nous avons appris le dénouement final. Féré est un de ces hommes qu’on ne peut laisser partir sans un pro- fond déchirement. Son affabilité lui avait conquis la sympathie univer- selle ; sa valeur morale lui assurait l'estime de tous ceux qui le connais- saient ; son labeur incessant avait fixé sur son œuvre l'attention du monde scientifique. | Médecin aliéniste, Féré a eu le mérite d'introduire dans l'étude de la | psychiatrie les fortes méthodes des sciences expérimentales. Élargis- sant le cadre de son activité, il a abordé certains problèmes de psycho- physiologie. Nul n'a oublié ses intéressantes communications sur le travail musculaire et sur le rôle exercé dans la fatigue par les excita- tions sensilives ou sensorielles. La psychologie et la psychiâtrie, malgré l’immensité de leur étendue et la diversité des problèmes que soulève leur élude, ne suffisaient pas à satisfaire la curiosité de notre collègue. Nous le voyons bientôt s’en- gager dans une autre voie. 698 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le sillon qu'il traça dans le champ encore mal défriché de la téra- tologie expérimentale devait donner une moisson abondante. Les arrêts de développement qu'il a observés, les monstruosités qu'il a obtenues, sous l'influence des substances toxiques, ont éclairé bien des problèmes obscurs. Son étude sur les tératomes expérimentaux comptera parmi ses plus belles recherches. Féré aura eu l'honneur d'apporter une con- tribution importante et nouvelle au problème toujours si obscur des néoplasmes. : C’est à la Société de Biologie que Féré communiquait les résultats de ses (ravaux. Les notes qu’il a fait insérer sont fort nombreuses ; toutes renferment un point intéressant ou découvrent un aperçu nouveau. Féré assistait régulièrement à nos séances, il suivait nos travaux, il prenait part à nos discussions. Il s’intéressait constamment à l'avenir de notre Société. Il ya quelques années, son intervention nous a fait oblenir un don très important et cet acle lui assure une place parmi les bien- faiteurs de la Société de Biologie. Nous garderons tous de notre collègue un souvenir ineffacable et, quand notre génération aura disparu, son nom ne sera pas complète- ment submergé sous les flots montants de l'oubli. Sa vie n'aura pas été vaine, puisque son œuvre n’aura pas été inutile. Qu'il me soit permis, en l'absence de notre Président, d'adresser au nom de la Société de Biologie un dernier adieu à notre collègue. Asso- cions-nous à la douleur de sa compagne et de sa famille. Ceux qui res- tent ne sont-ils pas plus à plaindre que ceux qui sont partis? À PROPOS DES FERMENTS MÉTALLIQUES, par ALBERT ROBIN. Pour terminer, en ce qui me concerne, le débat personnel soulevé par M. Netter, que je n'avais nullement mis en cause dans ma lettre de revendication, je dirai d'abord qu'il fait sciemment une nouvelle erreur en déclarant que le bureau de l’Académie de médecine m'a refusé la parole, car si la réponse que j'ai faite à M. Netter n'avait pas été pro- noncée en séance, elle n’eût pas été insérée dans le Bulletin de l’Académie. M. Netier a avancé que tout ce que j'ai dit sur les modes d'actions des ferments métalliques se relrouve dans ses communications sur le collargol. Or, je déclare d’abord ne jamais m'être occupé du collargol. : De plus, il n’est pas absolument démontré que le collargol soit iden- tique aux solutions électrolytiques d'argent, puisque M. Hanriot le SisshsS “ SÉANCE DU 27 AVRIL 699 a considère comme un sel de l’aride collargolique. Enfin, il n’y a aucune analogie entre les doses de collargol qu’on injecte dans les veines au taux de 20 à 50 milligrammes et les solutions métalliques que j'emploie au taux de 30 millionièmes. En outre,on chercherait en vain dans la publication de notre collègue l'étude d’un des modes chimiques de la défense organique dans les pneumonies, la réalisation expérimentale de ce mode de défense (hydralations oxydo-réductrices) par l'injection des ferments métal- liques (argent, or, platine, palladium), ainsi que la thérapeutique naturiste que j'en ai tirée. On chercherait inutilement encore que ces injections provoquent des leucolyses, des décharges d’urée, d'acide urique et d’indoxyde, sans que l'oxygène consommé s’accroisse. Si je ne m abuse, M. Netter admet, au contraire, que le collargol provoque de la leucocytose. M. Nerter. — Je pense aussi que le débat est terminé. M. Albert Robin me donne implicitement ou explicitement la satisfaction demandée. Il ne dit pas que seize mois avant lui j'avais publié des observations établissant les bons effets obtenus avec l'argent colloïdal et invoqué pour les expliquer l’action catalytique analogue à celle des ferments; mais son silence montre comment il eût dû répondre à mes deux pre- mières questions. M. Robin ne veut pas, comme le font Bredig et Hamburger, dire que l'argent colloïdal obtenu par la méthode électrique ne diffère pas de celui que Carey Lea avait le premier obtenu par la voie chimique. Il dit que « l'identité n’est pas absolument démontrée ». Je n'avais pas en effet élé mis en cause dans la lettre de revendication de M. Robin. Il se bornaïit à faire un grief à M. Iscovesco de ne pas avoir cité ses notes. J'ai rappelé à cette occasion que M. Albert Robin avait systématiquement passé les miennes sous silence. Il est bien naturel que j'aie prononcé à ce moment le Patere legem quam fecisthi. LES SULFO-ÉTHERS URINAIRES DANS LE JEÜNE, par H. LaBBk et G. Virry. Dans une série de notes antérieures présentées à la Société (1), nous avons cherché à établir l’origine et le métabolisme des sulfo-éthers uri- (4) H. Labbé et G. Vitry. Société de Biologie, 7 avril et 28 juillet 1906, 2 février 1907. 700 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE naires, tant à l'état normal que dans certains états pathologiques. Nos recherches ont démontré que les sulfo-éthers urinaires sont en rapport direct avec l’assimilation de l’albumine. On pouvait se demander s'il était nécessaire à leur production que cette albumine fût {transformée par l'intestin, si l'organisme ne pouvait former des sulfo-éthers indé- pendamment de l'intestin et en particulier des microbes intestinaux. L'étude du métabolisme des sulfo-éthers urinaires dans le jeûne long- temps prolongé permet de répondre à cette question. Nous avons suivi, à diverses périodes du jeûne, l'élimination des sulfo-éthers chez deux chiens inanitiés jusqu'à la mort. Le métabolisme azoté intégral de ces chiens ayant été, d'autre part, déterminé par l'un de nous, en vue d'expériences encore inédites, nous pouvons mettre en regard des chiffres de sulfo-éthers les quantités d'azote total excrétées par ces chiens jour à jour : ; CHIEN 1 l CHTENNE C Jours Azote Sulfo-éthers Jours Azote Sulfo-éthers de jeune. urinaire. urisaires. de jeûne. urinaire. urinaires, ore 2 gr. 51 0 gr. 0245 QE Cia ll 0 gr. 0486 25e 2UET- 090 6 gr. 0282 3e 3 gr. 92 0 gr. 0207 26e DATE ‘0 gr. 0267 Je 2 gr. 00 0 gr. 0264 ame 2 far. 20 02. 0285 Abe 2 «gr. 46 Oigr. 0224 46° 4 gr. 98 0 gr. 0515 16e Mers 0 -gr. 0162 48e 4 gr. 23 0 gr. 0415 ATe 2 gr. 54 0 gr. 0219 49e 2 dr. 60 0 gr. 0325 25e 1 gr. 40 0 or. 0131 b3e 4 gr. 12 0 gr. 0510 26° 1 gr. 67 0er. 0133 DE 2 or. 21 0 gr. 0216 28° 1 gr. 51 0 gr. 0195 DTe 3 ©T. 12 0 gr. 0221 Mort le 59€ jour. \ 51e 3 gr. A 0 gr. 0196 02 % or. 10 0‘er. 0220 53e 4 gr. 68 0 gr. 0291 Mort -le 54° jour. Il ressort de ces tableaux que les chiffres de sulfo-éthers urinaires suivent rigoureusement les chiffres d'azote éliminé par l'urine. Quand l'azote urinaire est de 5 gr. 11, les sulfo-éthers atteignent 0 gr. 0488 ; quand l'azote tombe à 1 gr. 40, les sulfo-éthers tombent à 0 gr. 0131 ; et à la fin du jeûne, quand l'azote remonte à 4 gr. 68, les sulfo-éthers remontent à 0 gr. 0291. On est donc amené à poser les conclusions suivantes : 1° Les sulfo-éthers urinaires persistent pendant le jeine, jusqu'à la mort, : 2 Ils suivent les variations de l'azote urinaire et sont en rapport avec la destruction de l’albumine, sans qu'il soit nécessaire que cette destruction ait lieu par l'intermédiaire des microbes intestinaux. SÉANCE DU 27 AVRIL 701 La persistance des sulfo-éthers dans le jeûne avait déjà été constatée par Van der Velden, Salkowski, Müller, Blumenthal. Les partisans de l’origine exclusivement microbienne de ces corps discutentces résultats, et les expliquent en disant que dans le jeûne il persiste dans le tube intestinal des matières albuminoïdes susceptibles de subir la putréfac- tion et provenant des sucs intestinaux, pancréatique et de la bile. S'il est purement hypothétique d'admettre que les sues intestinaux soient susceptibles de donner lieu à de telles putréfactions, les variations journalières des chiffres trouvés par nous ne peuvent s'expliquer de cette façon. Ces chiffres sont, par contre, en rapport intime avec l’azole urinaire éliminé. Nous considérons done solidement fondée notre théorie que les sulfo-éthers urinaires témoignent simplement de Tin- tensilé de la destruction albuminoïde, que cette destruction se fasse dans l'intestin, ou quelle se fasse dans les tissus. Toutes les fois que les quantités assimilées augmentent, soit par l'alimentation, soit par lautophagie exclusivement albuminoïde, les sulfo-éthers urinaires augmentent proportionnellement. (Travail du laboratoire du professeur Landouzy à la Clinique médicale Laënnec.) SUR L'EXCITATION PAR DÉCHARGES DE CONDENSATEURS ; DÉTERMINATION DIRECTE DE LA DURÉE ET DE LA QUANTITÉ UTILES, par Louis LAPICQUE. Pour étudier la durée utile des décharges de condensateurs, j'ai employé le dispositif dont le principe est indiqué dans notre mote du 4° juillet 1905. En outre, je me suis arrangé de façon à pouvoir, par le simple déplacement d'une connexion, substituer une force électromo- trice constante à la capacité dont on étudie la décharge (4). L'objet physiologique à toujours été le gastrocnémien de la Grenouille, excité par le nerf; électrodes impolarisables. Pour une capacité donnée, je cherche d’abord le voltage liminaire par l'ouverture à la main d’un contact à mercure; je vérifie ce seuil dans les conditions mêmes où se fera l'expérience, en coupant le premier circuit par une balle; le second cireuit restant intact, la décharge passe tout entière. Ensuite je coupe Les deux fils par une même balle, d'abord à une distance relativement grande, puis je diminue la distance jusqu'à ce que la secousse minimale disparaisse. (4) Le schéma du dispositif avec les détails nécessaires paraîtra dans le Journal de physiologie et de pathologie générale. 702 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a —— L'expérience est nette; pour un centimètre de l'appareil (un vingt- sept millième de seconde) en plus ou en moins, si on est bien au seuil comme voltage, l'effet physiologique d'une décharge liminaire reste intact ou disparait. Exemple : C—2; R — 70.000 (environ) : V, — 0,185. Centimètres. . . . . 40 30 20 24 28 26 2% 25 RÉPONSE RENE + + 0 0 + + 0 —- La durée ulile, c’est la plus pelile durée efficace; ici, c'est 25 centi- mètres ; on voit que c’est une notion précise (au moins pour les capa- cités pas trop grandes). Elle est fonction de la capacité employée. Voici l’ensemble des déterminations faites sur la même préparation que ci-dessus ; l’excitabilité est restée remarquablement constante, ce qui a permis de faire une série assez complète. Tableau A 4 DISTANCE DURÉE CAPAGUE NORGE minimum. utile. 100.10—8 0,106 49 cent. IPSLEUOSE 10 0,123 42 cent. 1,5 5 0,140 36 cent. 1550 2 0,185 25Ncent. 0,93 il 0,255 11 cent. 0,63 Le rapport des quantités d'électricité correspondant à la décharge totale et à la partie utile a été mesuré par les élongations d’un galvanomètre balistique, en reprenant sur le même circuit, après l’expé- rience physiologique, les mêmes capacités et les mêmes ee avec des voltages plus élevés. curiGs G PERS LORS 100 > 300 OP < 0,03 dl 37 8,7 0,23 2 22 7,3 0,32 2 12 5,3 0,44 - ù 4,5 0,54 Si l’on calcule, par la simple formule de décroissance logarithmique, les quantités utiles en fonction de la décharge totale, de la capacité, de Ja résistance et de la durée observées, on arrive à une différence systé- matique. On trouve — pour 10 : 7,4 — pour 5 : 7,1 — pour 2:5,8 — pour À : 5,1. C'est-à-dire qu'il y a un retard à l’élablissement du courant (self et capacité du circuit). Je n’ai jamais pu rendre ce retard négligeable. SÉANCE DU 27 un 703 Pour quatre des durées utiles constatées, j'ai délerminé la force électro-motrice constante produisant le même effet physiologique que la portion de décharge correspondante. J'ai trouvé : ARC 1,85 1,55 0,93 0,63 1045 0,109 0,130 0,170 Pour chaque valeur de t, les quantités calculées au moyen de ce tableau, —; apparaissent sensiblement égales aux valeurs déduites du VE UE t tableau À par la formule VoC Ê —e æ): Cette égalité n’est qu'illu- soire. Dans un grand nombre d'expériences, j'ai déterminé au galvanomètre balistique les quantités dépensées respectivement par l'onde reclangu- laire et par la portion liminaire de décharge durant le même lemps et produisant le même effet physiologique. Tantôt, comme dans l'expé- rience ci-dessus, le circuit d’excilation était simple, la résistance du nerf étant comprise dans le coefficient du temps; tantôt les électrodes étaient en dérivation, comprenant 100.000 ou 200.000 ohms shuntés par quelques mille ohms du circuit principal; de la sorte on peut réduire considérablement le produit RC sans recourir à des capacités trop pelites et, en même temps, on a des ondes assez considérables pour qu’elles soient directement lisibles au galvanomètre. J'ai toujours observé, pour les excitations brèves et par conséquent in- tenses, que l'onde du condensateur excite avec une quantité d'électricité moindre que l’onde rectangulaire de mème durée; les quantités sont à peu près égales pour les excitations plus durables. Exemples : Expérience du 16 février (R — 28.500). Capacité : 5; temps utile observé : 1,22. . . . . . V—6,10 Élongation : 52 Courant constant de même durée. . . . . . ete Vi — 54 Capacité : 2; temps utile observé : 0,67. . . . . . V—S8,7à KElongalion : 30 Courant constant de même durée . . . . . . . . DAVIS — 36 Expérience du 22 février (R — 27.000). Capacité : 5; temps utile observé : 14,40. . . . . . V—1.25 Élougation : 43 Courant constant de même durée . . . . . . M VE UNS? — 16 Capacité : 2; temps utile observé : 0,50. . . . . . V—1,9ÿ Élongation : 6 à 7 Courant constant de même durée . . . . . . TV AS _ 9 La semaine dernière, notre collègue M. Livon m’ayant fait l'honneur de désirer suivre le détail d’une expérience, nous avons fait ensemble une expérience de ce genre (le dispositif avait, depuis les expériences ci- 7104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dessus, été complètement démonté et remonté d’une facon un peu diffé- rente). La capacité 2 atteignait le seuil sous un potentiel initial de 1,45 ; la durée utile était de 14 centimètres (R — 13.500) ; le potentiel nécessaire pour le courant constant de même durée a été de 0,65. En doublant les potentiels, nous avons eu comme élongations : onde du condensateur, 11 à 12 ; onde rectangulaire, 15 à 16. Conclusions. — 1° La durée utile des décharges de condensateurs varie, loute chose égale d'ailleurs, avec la capacité employée; il n y a donc pas lieu d'admettre une durée critique, une limite fixée par les seules conditions physiologiques. 2° La quantité d'électricité dépensée par une décharge de condensa- teurs coupée au bout de la durée utile, èst moindre que la quantité nécessaire pour une onde rectangulaire durant le même temps. Il y a donc à considérer dans l'excitation autre chose que la quantité globale et la durée. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) EXISTENCE DE LA DOUVE DU CHAT (Opisthorchis felineus Riv.) au Tonkin, SON ASSOCIATION, CHEZ L'HOMME, AVEC LA DOUVE DE (CHINE (Clonorchis sinensis CoBB.), par P. Verpun et L. Bruyanr. En examinant un lot de plusieurs centaines de Douves de Chine de la petite variété |Clonorchis sinensis (Gobb., 1875) — Clonorchis endemicus (Baelz, 1883)]| recueillies, à Hanoï, par le D’ Séguin, dans le foie et le duo- dénum d'un Annamite, mort à l'hôpital militaire, notre attention à été attirée par certains spécimens qui se distinguaient très nettement des autres par leurs dimensions beaucoup plus restreintes. Les sept exem- plaires que nous avons pu isoler présentaient la même constitution et répondaient, par leur organisation, à l'Opisthorchis felineus (Riv., 4885). Voici la description succincte de ces Douves. Vers lancéolés, à partie antérieure se rétrécissant à partir de la ventouse ventrale; extrémité postérieure à peu près arrondie ou terminée par une pointe très émoussée. La longueur varie de 5 millim. 5 à 7 millimètres, (moyenne, 6 millim. 2); la largeur est comprise entre 1 millim. 2 et 1 millim. 9 (moyenne, 1 millim. 6); ventouses, à peu près égales, de 275 y environ de diamètre; ventouses distantes d’une longueur variant entre le quart et le tiers de la longueur du corps; pharynx court, musculeux; œsophage deux fois plus long; branches de l'intestin alteignant presque l'extrémité postérieure; vésicule excré- SÉANCE DU 27 AVRIL 7105 trice, médiane, sinueuse, contournant les testicules et dont l'extrémité antérieure bifurquée est placée en arrière du réceptacle séminal; testi- cules massifs et lobés, l’antérieur à 4 et le second à 4-5 lobes; ovaire médian, rond ou arqué, en avant du réceptacle séminal ; ulérus décri- vant de nombreuses circonvolutions brunâtres entre l'ovaire, la ven- touse ventrale et les deux cæcums intestinaux; pore génital placé au- dessus de la ventouse ventrale; vitellogènes, composés chacun de 7-8 amas folliculaires isolés s'étendant, latéralement, depuis le tiers ou le quart supérieur de l'utérus jusqu'au niveau de l'ovaire ou du réceptacle séminal; œufs ovalaires, avec un léger rétrécissement au pôle qui porte le clapet; rebord marginal de l’opercule assez marqué; petite saillie ou bouton, au pôle opposé; longueur des œufs comprise entre 23 w 5 et 27 y 5 (moyenne, 26-27 uw); leur largeur varie entre 14 w et 16 y 5 (moyenne, 15-16 uw); miracidium segmenté de 23 w sur 1 w. La présence de l’Opisthorchis felineus, dans le foie de l’homme, a élé observée par un certain nombre d'auteurs : par Winogradoff, en 1892, à Tomsk, qui a décrit ce parasite sous le mom de Dist. sibiricum ; par Kholodkowsky, à Saint Pétersbourg ; par Askanasy, dans la circons- cription d'Heydekrug (Prusse orientale). Son existence au Tonkinet son association parasitaire avec le Clononchis sinensis (Gobb., 1875) [— Clo- norchis endemicus (Baelz, 1883)] n'avaient pas encore été signalées. fl est probable que les faits que nous mentionnons ne sont pas isolés: mais ce n’est que par un examen attentif des Douves recueillies dans les autopsies que nous pourrons nous rendre compte de leur fré- quence. . l (Zravail du laboratoire de zoologie médicale et pharmaceutique de la Faculté de médecine de Lille.) ‘COMPARAISON DE L'INFLUENCE DES ABCÈS PROVOQUÉS ET DE L'INTOXICATION MERCURIELLE SUR L'ALBUMINURIE, par Emice FEuIiLrLté. Dans une précédente communication (1), nous ayons montré que les abcès provoqués chez le chien avec l'essence de térébenthine empêchent l’'albuminurie que produit à l’état normal l’injection sous-cutanée d'une quantité suffisante de sublimé. Au lieu de commencer par des abcès provoqués, injectons d'emblée {1) Émile Feuillié. Influence des abcès provoqués sur l’albuminurie. Soc. de Biologie, 20 avril 1907. 706 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— la solution de sublimé. Au bout de vingt-quatre heures, on constate la présence d’albumine dans l’urine. Continuons à injecter chaque jour la même dose de sublimé. Vers le troisième jour, l’albuminurie diminue, et, à partir de la sixième ou septième injection, il n existe plus d'ordinaire aucune lrace d’albumine dans l'urine. En injectant alors des doses croissantes de sublimé, l'animal meurt avec des lésions toxiques généralisées, mais sans que jamais réappa- raisse l’albuminurie, malgré une néphrite parfois énorme. < Au point de vue de l’albuminurie, l'intoxication mercurielle a donc produit en six ou sept jours le même effet qu’une série d’abcès pro- voqués. - À propos des abcès provoqués, nous avons cherché dans l'examen des leucocytes du sang la cause de cette disparition de l’albuminurie. En plus de la différenciation en mononucléaires et polynucléaires, il faut classer les éléments du sang en formes jeunes ou vigoureuses, ou, au contraire, en voie de dégénérescence. - Par des fixations et des colorations toujours identiques, on arrive à pouvoir comparer des sangs différents. Les variations leucocytaires sont si rapides que l’examen doit être pratiqué chaque jour. Pendant l'évolution d’un abcès provoqué, on observe tout d'abord une hyperleucocytose qui passe rapidement par un maximum pour diminuer bientôt. En quatre ou cinq jours, le nombre totat est revenu à la normale, et qu'il y ait ou non une augmentation du nombre relatif des Iympho- cyles, les formes dégénérées sont en nombre beaucoup moindre. C'est là le fait capital dans notre étude. Nous pensons que c'est à cette rénovation leucocytaire qu'est due l'absence d’albuminurie. 3 Il n'y a plus d'infiltration leucocytaire du rein : il n’y a plus dans l’urine de leucocyles en voie de désntentente, ni de cylindres leuco- cylaires pour produire de l’albuminurie. À propos de lexamen du sang, nous avons encore une remarque à aire. Dans les deux jours qui suivent une injection de 2 ou 5 centi- mètres cubes d'essence de térébenthine, on constate que presque tous les lymphocytes ont disparu, et dans cette polynucléose à peu près absolue il reste très peu d'éléments d'apparence normale. Une énorme quantilé de leucocytes semblent en voie de dégénérescence. Quarante-huit heures après, changement inverse de formule leuco- cytaire ; très peu d'éléments dégénérés ; presque uniquement des formes jeunes ou vigoureuses. Il a donc fallu un renouvellement presque total : des éléments du sang. L'organisme a dû fournir, eu outre, l'énorme quanlité des leucocytes de l’abcès provoqué. | SÉANCE DU 27 AVRIL 707 Il y a donc eu en quatre jours une destruction de Jleucocytes équiva- lente à plusieurs fois la totalité des éléments en circulation. Dans l’intoxication mercurielle, on arrive à des résultats identiques : en combinant les abcès provoqués et les injections de sublimé, on peut même obtenir une diminution du nombre total des leucocytes du sang. Nous croyons pouvoir expliquer par cette rénovation leucocytaire la cessation de l’albuminurie au cours de l’intoxication mercurielle con- tinue. : D'après la quantilé énorme de leucocytes disparue en quelques jours dans nos expériences, nous pensons, sans rien rejeter d’une façon _ absolue des théories classiques, qu'il est impossible de nous objecter que l'organisme ne peut fournir la quantité de leucocytes équivalente aux dosages connus d'albumine urinaire. De plus, c'est par l’examen des leucocvtes du sang que nous avons pu prévoir l'apparition et la disparition de l’albumine dans l'urine. Nous verrons bientôt comment, à l’aide de l'examen du sang, on peut prévoir en pathologie la guérison de certaines albuminuries par le trai- tement mercuriel ou par les diminutifs de l’abcès provoqué, le cautère el le séton. (Travail des laboratoires de M. le professeur Bouchard et de l'hôpital Claude-Bernard.) SUR UN STAPHYLOCOQUE ANAÉROBIE Q , par Micuec JuNGaNo (de Naples). Dans la grande majorité des infections de l'appareil génito-urinaire on rencontre, à côté d'aérobies, des microbes anaérobies. Il n'y a pas lieu ici de faire remarquer l'importance que prennent les m. anérobies dans les infections urinaires. Plusieurs auleurs (Veillon, Albarran, Cottet) l'ont déjà signalée, nous nous proposons d'y revenir d’une facon plus complète et plus détaillée dans un prochain mémoire. Veillan le premier a décrit un microcoque qu'il arencontré dans quel- ques infections urinaires, et Coltet l’a vu à son tour dans différents cas d'infiltration gangreneuse du périnée. Les caractères de ce mierocoque que Veillon a appelé fetidus, gräce aux gaz félides qu'il dégage, sont ceux d'un coceusisolé ou rassemblé en groupes de 2 ou 3, ne dépassant généralement pas 4-5 éléments. Tous les passages de milieu liquide à milieu solide et vice versa con- servent au microbe cette propriété. 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons isolé il y a quelques mois un staphylocoque typique qui ressemble tout à fait à l'aérobie, avec cette différence qu'il ne se déve- loppe qu’en terrain anaérobie. Ce staphylocoque isolé la première fois dans un cas d’appendicite qui m'avait été donné à étudier par M. le professeur Albarran, je l'ai retrouvé successivement dans un cas de cystite et d'infiltration gangreneuse du périnée. Il s'agit d'un staphylocoque qui prend bien toutes les couleurs d’ani- line et qui prend le gram. [l se développe bien dans la gélose glucosée et les colonies apparaissent entre quarante-huit el soixante heures. A complet développement il forme des colonies plutôt grosses, rondes, biconvexes, foncées au centre, plus claires à Ja périphérie. Dans le bouillon, le développement est plus rapide : celui-ci commence à devenir louche après trente-six heures; on voit de petits flocons dans le liquide qui se déposent bientôt au fond du tube. Le bouillons’éclaireit peu à peu jusqu'à redevenir complètement limpide au bout de quinze jours. À la température de 22 degrés le développement est constant, mais tardif (huit jours), et il est peu abondant. Il se développe aussi dans la gélatine formant des colonies müûriformes, irrégulières, la liquéfiant sur une petite surface. Sa vivacité n'est pas très prononcée. Après quelques semaines, on l’ensemence à nouveau avec difficulté. Le pouvoir pathogène est évident soit chez les cobayes, soit chez le lapin. Pendant longtemps nousavons cru nous trouver en présence du micro- coceus fetidus de Veillon ; il n'est pas rare de les trouver associés, et dans ce cas il est fort difficile de les isoler. En effet, quand on croit avoir isolé le micrococeus fetidus, qui donne de petites colonies presque punctiformes, et à son développement eom- plet, apparaissent des colonies moins nombreuses et qui grossissent rapidement jusqu'à acquérir une forme quelquefois cuboïde, sem- blable à celle du B. ramosus. | Donc à développement complet des deux microorganismes on voit deux colonies : d’une part celle du micrococcus fetidus punetiforme, d'autre part celle du staphylocoque, grosse et cuboïde. D’autres caractères différentiels sont, que le micrococeus fetidus ne pousse pas dans la gélatine et ne se développe pas abondamment dans le bouillon sucré, tandis que le staphylocoque pousse bien dans la gélatine et très abondamment dans le bouillon, sans donner lieu à la production de gaz. (Laboratoire de M. Metchnikoff, à l'Institut Pasteur.) SÉANCE DU 27 AVRIL 709 -INTESTIN THYROÏDIEN ET ION-CALCIUM, par LéoPorn-Lévi et H. pe Roruscmirp. Nous avons montré antérieurement quelques viciations dans le fonc- tionnement intestinal en rapport avec les variations thyroïdiennes, et opposé la constipation hypothyroïdienne à la diarrhée hyperthyroï- dienne. Nous avons émis l'opinion que le corps thyroïde en tant que glande, que la thyroïdine, en tant que médication, agissaient essentiel lement sur l'appareil neuro-musculaire, comme ils agissent aussi sur la thermogenèse. Nous pensons pouvoir préciser davantage et rattacher celte action sur les systèmes musculaire et nerveux à une action physico-chimique, se rapportant aw métabolisme du calcium. À ce point de vue, nous ulilisons un certain nombre de travaux récents. Il résulte des recherches de Sabbatani qu'envisagé à un point de vue général, l'ion-calcium possède une fonction biologique modératrice continue. Chaque augmentation de concentration de l’ion-calcium dans le protoplasma s'accompagne de dépression, alors que la diminution de concentration détermine des phénomènes d’excitation. Les études de Sabbatani, appliquées au muscle, montrent que les sels de ealeium diminuent la contractilité et l’irritabilité musculaires. Et de même, ils ont une action dépressive sur l’ensemble du système nerveux (cerveau, moelle, nerfs). Inversement, les décaleifiants et en particulier le sodium produisent des réactions d'excilation. C'est au même résultat qu'ont abouti les lravaux de J. Loeb et de son école, en particulier de Mac Callum. Loeb à reconnu que tous les sels de sodium décalcifiants produisent l'hyperexcitabilité de tout le système nerveux. En ce qui concerne l'intestin, les purgatifs agissent par l’in- termédiaire du système neuro-musculaire, en diminuant la concentra- tion des Ca-ions libres dans l'organisme. Par contre, leur action peut ètre inhibée par les sels de chaux. Si Fon fait l'application de ces données à l'intestin, on peut dire que la constipation hypothyroïdienne liée à la dépression neuro-musculaire de l'intestin est due à une concentration protoplasmique de lion-cal- cium, la diarrhée à une diminution de celte concentration. La thyroï- dine agirait, à la manière des sels de soude, sinon par leur intermé- diaire, en diminuant la concentration du calcium libre dans l'orga- nisme. Ce qui donne de l'intérêt à celte hypothèse, c'est qu’elle cadre avec une série de notions louchant la fonction calcifiante du corps thyroïde. À la suite de Senator et de Moraczewski, Parhon et Papinian ont insisté, en effet, sur le rôle important du corps thyroïde dans lassimilation de 710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la chaux. Lorsqu'il y a développement incomplet ou atrophie de la glande thyroïde, ou lors d’extirpation de cet organe, il y a défecluosité dans l'assimilation de la chaux, et chez les jeunes sujets retard dans le développement du squelette. La thyroïdine produit l'accroissement de la taille, en même temps qu’elle diminue l'élimination du calcium. C'est encore par la fixation osseuse de la chaux que s’expliquerait l’action favorable du traitement thyroïdien sur la consolidation des fractures des hypothyroïdiens (Gauthier, de Chorolles). C'est de même en favori- sant la coagulabilité du sang que la thyroïdine agirait contre les hémor- ragies, en particulier les métrorragies fréquentes dans l'hypothy- roïdie. Dans cette conception, la constipation ne serait, comme le défaut de taille, le retard de consolidation des fractures, la tendance hémorra- gique qui font partie du tempérament hypothyroïdien, qu'une manifes- tation des viciations du métabolisme du calcium. La diarrhée, qui représente un état opposé, se rencontre, d'autre parl, dans l'insuffisance ovarienne et est susceptible de céder à l’ovarine (Jayle). Or, d’après Parhon et Papinian, l’ovarine a une action antago- niste de la thyroïdine sur les échanges calciques. L’ovarine ingérée augmente en particulier la quantité de calcium éliminée. Pour ce qui est de la diarrhée des hypothyroïdiens, la pathogénie en est plus complexe. Il faut supposer une mauvaise répartition de l'ion- calcium par rapport au système nerveux. La thyroïdine combat le symp- tôme, en régularisant le métabolisme. À ce propos, on est amené à envisager certains incidents pathologiques qui évoluent sur un fond d'hypothyroïdie comme des paroxysmes réaclionnels, s'accompagnant - peut-être de décalcification. C’est ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, que l’urticaire qui, comme l'ont montré les travaux de Wright, de Netter, tire avantage du traitement calcique, bénéficie aussi (comm. antérieure) du traitement thyroïdien. La thyroïdine contribuerait ainsi à l'équilibre du calcium dans l'organisme. ALU On peut d’ailleurs étendre à l’ensemble du système nerveux et mus- culaire, conformément aux travaux de Loeb, le rôle que nous attribuons au corps thyroïde sur l'intestin. La dépression générale, l’apathie, qui font partie du myxædème, de la neurasthénie, seraient fonction de con- centration dans le protoplasma neuromusculaire des Ca-ions, l’excita- tion qui existe dans le goitre exophtalmique et le nervosisme serait due à une diminutation de concentralion. Même application est possible à la thermogenèse, liée d’ailleurs à l’état musculaire. Ainsi, pour la régulation nerveuse comme pour la régulation intesti- nale, nous admeltons l'intervention d’une fonction du corps thyroïde réqulatrice de l'équilibre calcique. Ajoutons que, si le foie joue un rôle bien connu dans la coagulation du sang, la calcification en général, les rapports réciproques du foie et nr MEME SÉANCE DU 27 AVRIL 711 du corps thyroïde sont loin d'être négligeables et peut-être dans cer- tains cas une associalion de troubles hypothyroïdiens est-elle respon- sable de syndromes d’hypo, d'hyper ou de dyscalcification ? HÉMATIES A GRANULATIONS BASOPHILES, par J. SaBRazÈs (de Bordeaux). Dans nos publications, dont la première sur ce sujet date du 4 avril 1900, nous avons montré combien le cobaye est favorable pour l'étude des hématies à granulations basophiles. Dès 1900, nous faisions remar- quer qu'on peut rencontrer chez cet animal, dans les conditions de vie souvent défectueuses où on l’observe dans les laboratoires, quelques rares hématies à granulations basophiles; une alimentalion laissant à désirer, disions-nous, un état quelconque de misère physiologique y prédispose. En 1902, M. W. Lœwenthal, sans mentionner du reste notre remarque, insistait sur ces points. Les cobayes utilisés pour ces recherches seront donc surveillés dans leur habitat, leur alimentation, la température et l'étendue du local, la propreté de leur litière, le nombre de piqüres qu'ils subissent, ete. Nous avons vu, dès lors, de grandes différences s’accuser entre le sang des animaux physiologiques et le sang des pathologiques, particulièrement de ceux qui sont intoxiqués lentement par le plomb. A la même époque, nous notions que les diverses voies de pénétration du plomb condui- saient sensiblement aux mêmes résultats hématologiques et nous démontrions de plus, avec nos élèves G. Bourret et Léger, l’extraordi- naire sensibilité du cobaye à cet égard, par rapport à la plupart des autres espèces animales (y compris les Singes) utilisées pour ces recherches. Si, disions-nous, en 1901, avec Bourret, on interrompt pendant quelques jours l’intoxication, au moment où les hématies à granulations basophiles sont en grand nombre dans le sang, ce nombre baisse brusquement; il se relève rapidement si on reprend l’intoxica- tion. Nous avons vu, en 1900, que les doses toxiques, trop fortes d'emblée, paralysent la réaction, qui est favorisée au contraire par l'administra- tion d’une faible dose quotidienne; enfin nous notions qu'aux approches, au moment et après la mort, la plupart de ces hématies ponctuées avaient disparu. Nous considérions l’afflux d'hématies à granulations basophiles comme un phénomène de régénération pathologique, tout en maintenant la difficulté que nous éprouvions à rencontrer de telles hématies dans la moelle osseuse rouge, en pleine activité, de nos animaux. Notre opinion — qui ne cadrail pas avec la doctrine purement dégénérative de M. E. Biozocie. Compres RENDUS. — 1907, T, LXII. 49 712 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Grawitz — a été soutenue par O. Nægeliet ses élèves, par P. Schmidt, ete. La coexistence de globules rouges nuciéés, granuleux ou non, de polychromasie très marquée, d'hématies contenant des granulations basophiles de volume variable (voir la planche annexée à notre travail du Journal de Physiologie et de Pathologie générale, 1900), nous faisaient rapprocher ces trois types d'éléments et rechercher entre eux des rap- ports de filiation. L'origine nucléaire des granulations basophiles se heurtait cependant à certaines objections, — dont nous ne nous dissi- mulions pas la portée, — objections tirées de l'examen de la moelle osseuse, de la constatation dans le sang de normoblastes à noyau d’appa- rence normale, et à proloplasma cependant ponctué, enfin de l’incolo- rabilité par le vert de méthyle. Mais, dans la moelle, divers observateurs ont dépisté depuis lors ces hématies; les affinités tinctorielles de la chromatine désagrégée et altérée sont susceptibles de varier; les noyaux des hématies sont loin d’être intacts, etc. Ces questions d’origine sont du reste encore pen- dantes, et réclament de nouvelles recherches. Quoi qu'il en soit, du reste, des interprétations, les faits n’en conservent pas moins leur valeur, et je remercie MM. J. Jolly et À. Vallée — qui viennent d'aborder ce problème et de contribuer à sa solution — de m'avoir fourni l’occa- sion de préciser ceux qui me sont personnels. | M. J. Jorry. — Les témoins employés dans mes expériences avec M. Vallée étaient des animaux en parfait état. SUR LA MUSCULATURE DU REIN DE L'ELÉPHANT D'AFRIQUE (Ælephas (Loxodon) africanus BLus.), par AUGUSTE PETTIT Le rein (1) examiné provient de l’Eléphant d'Afrique, mort le 29 jan vier 1907, à la ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle ; sa forme est celle d’un ovoïde très aplati, mesurant 42 centimètres de longueur, 25 centimètres de largeur et 13 centimètres 5 d'épaisseur ; son poids est de 9.200 grammes ; il offre l'aspect lobé, signalé par la plupart des auteurs (2) qui ont disséqué cet organe chez les Proboscidiens. (1) Je n’ai eu à ma disposition que le rein droit. Je dois cette pièce, déposée dans les collections d'anatomie comparée, à la bienveillance de M. le profes- seur Ed. Perrier. (2) Pour la bibliographie, les détails et les figures, voir la note à paraître dans les Archives de Zoologie expérimentale (Notes et Revues). SÉANCE DU 27 AVRIL 7113 Dans le spécimen du Muséum, un mâle âgé d’une trentaine d'années, le nombre des lobes s'élève à 8; mais, on sait que celui-ci varie avec les espèces et les individus (2 pour A. Mayer, 4 pour W. A. Forbes, 4-3 pour M. Watson, 5-6 pour F. Plateau et V. Liénard, 6 pour G. $S. Hun- tington, 8 pour W. A. Forbes, 8-9 pour P. Camper, 10 pour W. Dünitz et À. von Mojsisovics). A l'inverse de ce qu’on observe chez la plupart des Mammifères, la capsule rénale ne se laisse détacher qu'avec difficulté (1) et une dissec- tion minutieuse ne permet pas d'en débarrasser complètement la sur- face de l'organe ; elle présente, d’autre part, ce caractère particulier de se réfléchir au niveau des sillons interlobaires et de se continuer sans interruption dans l'épaisseur du parenchyme rénal (2). Sur les sections parallèles aux faces ventrale et dorsale, le rein offre ainsi l'aspect d’un damier, formé de polygones irréguliers, dont la portion périphérique est occupée par de la substance corticale et la portion centrale par de la substance médullaire, et qui sont séparés les uns des autres par des septa réfringents, d'aspect fibreux, épais de 1-2 millimètres. En dépitdes affirmations de certains auteurs, substance corlicale et substance médullaire sont très nettement limitées l’une vis- à-vis de l’autre ; c'est donc à tort qu'on chercherait de ce côté la carac- téristique du rein des Proboscidiens ; celle-ci semblerait plutôt devoir être fournie par l'absence de papille et l'abouchement direct des tubes droits dans un {ubus maximus (P. Camper-j. Hyrtl). Et, encore, cette disposition n'est-elle pas absolument spéciale à l'Eléphant. Les septa interlobaires, signalés ci-dessus, s'élargissent aux sommets des polygones, en une sorte de carrefour triangulaire, dont le centre est occupé par une artère de 1-2 millimètres de diamètre, à limitante interne bien développée ; à l'examen microscopique, ils apparaissent formés par des fibres musculaires lisses (3), entremèêlées de fibres lami- neuses et groupées en faisceaux ; ils renferment de nombreux vaisseaux, au voisinage desquels on observe quelques fibres élastiques. L'ensemble, ainsi constitué, se continue directement avec la capsule et est d'autre part en rapport avec des trabécules fibreux qui pénètrent dans la substance corticale des divers lobes. En somme, le rein de l'Éléphant est formé d'un nombre variable de lobes, entourés d’une sorte de sangle musculaire. Cette disposition, pour exceptionnelle qu'elle paraisse au premier abord, doit cependant être rapprochée de faits de structure réalisés chez d’autres Mammifères: (4) M. Watson et A. von Mojsisovics ont observé le contraire chez les Elé- phants d'Afrique qu'ils ont disséqués. (2) La jeune femelle disséquée par G. S. Huntington paraît présenter une disposition tout autre. | (3) Ce sont les « Bindegewebesepta » de W. Dünitz (?). FA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE divers travaux, en effet, ont mis en évidence l'existence de fibres muscu- laires lisses aussi bien dans la capsule (Remak, Eberth, Krause) que dans la substance rénale propre (Henle, Eberth, Jardet, Kostjurin, von Ebner). | Vraisemblablement, il s'agit là d’une disposition assez générale qui atteint un développement remarquable chez l'Eléphant. Toutefois, il convient de rappeler ici une notion due à Jardet : sous l'influence des irritalions chroniques, les fibres musculaires du rein de l'homme s’hy- pertrophient ; or, bien que l’état de conservation de la pièce ne permette pas des conclusions rigoureuses, néanmoins il est probable que celle-ci n'était pas indemne de toute lésion ; dès lors, on est conduit à suspecter une hypertrophie anormale du tissu musculaire. On notera, cependant, que les sepla contractiles ne sont le siège d'aucun des phénomènes de prolifération et d'immigration cellulaires, de régression, de mortification et de phagocytose qui sont le propre des processus inflammatoires (41). En résumé, le rein de l’Eléphant est un organe plurilobé, intermé- diaire aux formes conglobées et pluriréniculées les plus typiques, carac- térisé par le développement d’un système contraclile cloisonnant (2). NOTE SUR LA SÉCRÉTION DE L'HYPOPHYSE ET SES VAISSEAUX ÉVACUATEURS, par PAUL THAON. Comment l’hypophyse évacue-t-elle les produits de son activité glan- dulaire? J'ai poursuivi cette recherche sur des glandes d'homme, de mouton et de chien ; les unes étaient normales, d’autres appartenaient à des sujets ayant subi expérimentalement ou accidentellement des modifications diverses (toxi-infections, injections de pilocarpine...). De toutes les glandes à sécrétion interne, l'hypophyse m'a paru être (1) La présente description s'applique strictement au spécimen du Muséum mort dans des conditions bien spéciales. En l’absence de pièces de compa- raison provenant d'animaux sauvages, tués en parfaite santé, on ne peut songer à établir une démarcation précise entre les faits normaux et les faits pathologiques. (2) Le rôle de cette musculature consiste-t-il à assurer l'évacuation de l'urine hors d’un organe volumineux? C'est là une explication vraisemblable, mais en faveur de laquelle on ne saurait faire valoir actuellement aucun fait décisif. (Voir les expériences de Kostjurin.) On remarquera, d'ailleurs, que “certains organes, dépourvus de canaux excréteurs (la rate notammeni), sont également pourvus de fibres musculaires lisses, et que l'abondance de ces dernières est sujette à des variations extrêmement élendues, suivant les divers types zoologiques. “Hé e É | De 4 %Æ » n SÉANCE DU 21 AVRIL 715 celle ou l'évacuation directe du produit sécrété dans le capillaire sanguin est le plus nettement apparente. Si on examine, sur coupes histologiques, la région du lobe antérieur qui avoisine le lobe postérieur, on suit aisément dans un même champ du microscope toutes les étapes de l'évacuation glandulaire. Envi- sage-t-on par exemple la substance colloïde (le plus abondant des pro- duits de la glande), on en trouve en plusieurs endroits : 1° Entre les cellules et notamment au centre des travées glandulaires qu'elle peut distendre au point de leur donner l'aspect de tubes sécré- toires gonflés et coupés transversalement: 2% Dans les capillaires sanguins (nous y reviendrons plus loin) ; 3° Le long des travées connectives qui forment les charpentes de l'organe, minces lames que clive parfois la colloïde très abondante, en leur donnant sur certains points de la coupe l'aspect d'un fin vaisseau gonflé par ce produit ; 4° Dans les vésicules situées au voisinage du lobe postérieur. Ces vésicules, analogues aux vésicules thyroïdiennes, ne restent pas indif- férentes au fonctionnement de l'organe, soit qu'elles sécrètent elles- mêmes par leurs cellules de revêtement, soit qu'elles emmagasinent la colloïde sécrétée par les parties voisines de Ja glande. On peut d’ailleurs constater parfois toutes les formes de transition entre l'aspect d’une travée cellulaire transversalement coupée et les grosses vésicules du hile, surtout quand, sous l'influence de certaines excitations physiolo- giques ou pathologiques (gestation, toxi-infections...), l’activité de la glande s’exagère. Par quelles voies vasculaires sanguines ou lymphatiques ces produits de sécrétion sont-ils emportés vers la circulation générale ? Je n'ai jamais pu constater dans l'hypophyse l'existence d’un réseau lymphatique. Les procédés spéciaux de coloration des coupes habituel- lement usités pour cette recherche ne m'ont, à ce sujet, rien montré. On s'expose à de fréquentes erreurs quand on veut distinguer les capillaires sanguins des lymphatiques en se basant sur leurs carac- tères de structure et sur leur topographie ; il vaut mieux s’en rapporter à leur contenu ; toutes les fois que j'ai cru trouver dans l'hypophyse un lymphatique rempli de colloïde, j'ai toujours, en suivant ce vaisseau sur son trajet, rencontré plus ou moins loin la masse des hématies refou- lées par le produit de sécrélion: c'était un capillaire sanguin. De même certains points de la trame conjonctive injectés par la colloïde peuvent simuler des capillaires lymphatiques. J'ai eu alors recours à la méthode de Gerota qui parait être une des meilleures pour l'élude des réseaux lymphatiques; avec l’aide de M. Cunéo qui a en France fait connaître cette technique, j'ai, sur des hypophyses de mouton, immédiatement après la mort, en respectant la continuité de la glande avec le cerveau dont je soulevais seulement les 716. SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE circonvolutions frontales, pratiqué des injections dans les deux lobes, suivies d'examens directs ou après coupes histologiques : ce procédé ne nous a pas non plus donné de résultats positifs. L’hypophyse semble donc dépourvue de réseau lymphatique. Ce sont les capillaires sanguins qui évacuent les produits glandu- laires. Ces capillaires forment un réseau extrêmement riche elrecueillent directement les substances éliminées dans les divers points de l'organe par la cellule glandulaire ; de plus, celle-ci possède une évacuation bipolaire : elle déverse ses produits non seulement vers le centre des travées épithéliales, vers la trame connective ou vers les vésicules, mais encore immédiatement dans le capillaire sanguin sur la paroi même duquel elle s’insère souvent. Aussi voit-on, d'une facon courante, même à un faible grossissement, des masses de colloïdes plus ou moins volu- mineuses, s'élevant de la paroi interne du capillaire sanguin, envahis- sant la cavité vasculaire et refoulant les hématies si loin qu'on pourrait, à première vue, croire à un lymphatique. J'ai même, dans certains cas, retrouvé encore des gouttes de colloïde dans les veinules émergeant à la périphérie de l'organe. Tout ceci s'applique aussi aux graisses sécrétées par rl hypophyse ; par l’osmium, par le Sudan ou le Scharlach après congélation, on met faci- lement en évidence des grains de graisses dans la lumière des capil- laires. Par les coupes en série j’ai pu voir que, chez l’homme, le sang arrive à la glande par des artères très petites qui descendent au niveau du pédicule de la tige pituitaire et se capillarisent très vite. Les veines cor- respondantes m'ont paru suivre un trajet analogue ; sur deux têtes de mouton, je les ai vues communiquer avec le réseau veineux des circon- volutions cérébrales voisines ; je ne les ai pas vu s'ouvrir dans le sinus Caverneux. Quant au lobe postérieur, il présente une vascularisation très pauvre; je n'y ai pas vu de lymphatiques. (Travail des laboratoires de MM. les professeurs Landouzy et Roger.) SUR LES VOIES CENTRIFUGES DU RÉFLEXE DILATATEUR DE LA PUPILLE, par Cx. Dupors et F. CAaSTErAIN. On sait que l'excitation du bout central d'un nerf sensible détermine une dilatation réflexe de la pupilie. On a cru pendant longtemps que la seule voie centrifuge du réflexe était le grand sympathique; mais, comme après section de ce nerf le réflexe persiste, certains physiolo- | | = TI SÉANCE DU 27 AVRIL 74 gistes ont supposé qu'il continuait alors à se transmettre par l'intermé- diaire des fibres centrifuges du trijumeau; d’autres ont conclu de leurs expériences qu'il s'agissait d'un phénomène d'inhibition du moteur oculaire commun. Nous avons, à ce sujet, fait quelques expériences sur le chien, d’après -la méthode suivante : la moelle était sectionnée au niveau de la deuxième vertèbre cervicale, pour éviter l'emploi des anesthésiques:; il va sans dire que, dans ces conditions, on était obligé, pour provoquer le réflexe, d'exciter un nerf sensible de la face; nous nous sommes adressés au nerf sous-orbitaire. Pour sectionner le moteur oculaire commun, on réséquait l’arcade zygomatique el l’'apophyse montante du maxillaire supérieur ; on décol- lait de ses insertions et on enlevait au thermocautère le muscle tem- poral. Puis, on pratiqüait dans la région temporo-pariétale une large brèche avec le trépan et avec la pince à os. On arrivait ainsi facilement, sans hémorragie sérieuse, sur le nerf oculo-moteur commun ; il suffisait de soulever à cet effet la base de l'hémisphère, et on avait le nerf oculo- moteur commun sous les yeux, depuis son origine jusqu’au point où il s'engage dans le repli de la dure-mère, qui contient le sinus caverneux. L'expérience consistait à rechercher si un nerf sensible, tel que le trijumeau, est capable, ou non, de produire la dilatation de la pupille du côté où le sympathique cervical et le moteur oculaire commun ont cessé d’être en relation avec les muscles iriens. La section du sympathique était réalisée dans nos expériences par la section même de la moelle, puisqu'une excitation du nerf sous-orbitaire ne pouvait évidemment plus se transmettre au centre cilio-spinal; cependant, pour plus de précaution, nous l'avons toujours coupé, et, dans quelques expériences, nous avons même arraché le ganglion cer- vical supérieur. Après la section de la moelle et du sympathique, on commençait par s'assurer que l’électrisation du nerf sous-orbitaire continuait à provo- quer la dilatation pupillaire. Quand celle-ci avait été bien constatée, ce qui était la règle, on sectionnait l’oculo-moteur commun, et on recom- mencçait les excitations sensitives à intervalles plus ou moins éloignés de l’opération, quelquefois une heure et demie après, et dans aucun cas, quelle que fût l'intensité de l'excitation, nous n'avons plus obtenu de dilatation pupillaire. Nous avons fait dix-huit fois cette expérience avec le même résultal. Ces expériences nous ont permis de conclure, avec Anderson (1) et Angelucci (2), que la section simultanée du sympathique et du moteur oculaire commun est la condition nécessaire et suffisante pour abolir la (1) Journal of Physiology, vol. XXX, 1904, p. 15. (2) Encyclopédie française d'ophtalmologie, 4905, t. TE, p. 80. 718 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dilatation réflexe de la pupille consécutive à l'excitation d’un nerf sen- sible, que par conséquent le lrijumeau ne joue aucun rôle, en tant que nerf centrifuge, dans la transmission de ce réflexe. Une autre série d'expériences nous a permis de constater également que l'excitation de l’écorce cérébrale produit la dilatation de la pupille par l'intermédiaire des mêmes agents que l'excitation d’un nerf sen- sible, et confirme donc celles de Mislawsky (1) et de Parsons (2). (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) NOUVELLES RECHERCHES SUR LA POURPRE DU Murex brandaris. ACTION DES LUMIÈRES COLORÉES, TEINTURE, PURPURO-PHOTOGRAPHIES, par RAPHAEL Dupois. Dans une précédente communication (3), j'ai sommairement indiqué comment on peut extraire de la glande à pourpre la purpurine à l’état cristallisé. Ce produit est soluble dans l’eau et cette particularité m'a permis de réaliser les expériences suivantes avec des produits bien définis : Dans une série de tubes à essais, on verse un même volume d’une solution aqueuse de purpurine cristallisée; dans chacun d’eux, on ajoute une égale quantité de pseudo-solution de Ja zymase que j'ai appelée « purpurase » et dont j'ai indiqué la préparation dans diverses publications. On agite rapidement le mélange et on plonge aussitôt le tube qui le Contient dans un flacon renfermant une solution eolorée (4). Très rapidement, le mélange chromogène prend une teinte verte qui se transforme plus ou moins vite de la façon suivante selon la couleur du liquide dans lequel le tube est immergé. Dans la lumière blanche, la couleur du mélange devient rouge rapide- ment; dans la lumière bleue moins rapidement; dans la lumière verte moins vite que dans la lumière bleue; dans la lumière violette moins (1) Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1887, p. 214, et Journal of Physiology, DNS MD RD (2) Journal of Physiology, 1900-1901, vol. XX VI, p. 366. (3) Sur les microbioïdes de la glande à pourpre du Murex brandaris : leurs transformations et la formation du pigment dans des vacuolides. Comptes rendus de la Soc. de Biol., LXII, p. 436, 16 mars 1907. (4) Je me suis servi des mêmes solutions colorées que pour mes recherches sur l'action de la lumière sur le pigment vert de la Bonellie. Comptes rendus de la Soc. de Biol., séance du 20 mars 1907. 2"+ le SÉANCE DU 27 AVRIL 719 vite que dans le vert; dans la lumière rouge, la coloration pourpre appa- rait tardivement, et dans le jaune elle ne se montre pas. Le lendemain, le tube exposé à la lumière blanche, c'est-à-dire immergé dans un flacon ne renfermant que de l’eau pure, présentait une belle couleur pourpre. Dans le violet, le bleu et le vert, ils étaient assez colorés, le tube immergé dans le rouge l'était encore un peu et celui du jaune pas du tout. Dans la matinée de la veille, j'avais déjà remarqué que la nuance n’était pas identique dans les divers tubes. Dans la lumière blanche, la solulion était fortement colorée en rouge vineux, en pourpre; dans le bleu et le vert, elle était plus bleuâtre, rappelant un peu la pourpre du Murex trunculus; dans le rouge, la coloration était groseille, et dans le violet un peu plus violacée que dans le bleu. Le mélange de purpurine et de purpurase avait déjà viré au vert quand on l’a mis dans la lumière jaune, mais dans le tube contenant la substance verte celle-ci s’est déposée dans le tube; il s’en est même très probablement formé d'autre, mais elle ne s’est pas transformée en pourpre. On à ainsi un moyen facile pour préparer cette substance verte, qui représente un des stades de la formation de la pourpre pos- térieur à celui de la purpurine. Avec la solution de la purpurine cristallisée dans l'alcool à 85 degrés, on peut facilement teindre les étoffes de laine. On fait bouillir avec de l’eau de savon de la flanelle blanche et on la lave à grande eau pour enlever toutes les impuretés, ensuite on la fait bien sécher. Quand elle est sèche, on l’immerge dans la solution alcoo- lique de purpurine; l'étoffe est séchée à l'air libre et à la lumière. Il ne se produit aucune coloration. Quand toute trace d'alcool a disparu, on trempe la flanelle dans une quantité de colloïdo-solution de purpurase juste suffisante pour imbiber l’étoffe. On l’expose ensuite au soleil. La flanelle se colore rapidement en pourpre; elle est teinte d’une manière indélébile. On traite par l’eau bouillante et on sèche. L'étoffe préparée comme je viens de l'indiquer permet d'obtenir des photographies. Pour cela, il suffit, aussitôt après qu'elle a été imprégnée de purpu- rase, de l’exposer au soleil après l'avoir recouverte d’un eliché négatif. Toutes les parties frappées par la lumière blanche apparaissent en rouge pourpre plus ou moins saturé. Quand le tirage paraît suffisant, on fixe l'image en faisant bouillir la flanelle dans de l’eau, on lave ensuite à l'alcool et on sèche. Pendant l'impression, la flanelle doit être maintenue humide et bien appliquée contre la face du cliché qui ne porte pas la gélatine. Avee des clichés en couleur obtenus par le procédé Lippmann et qui m'ont été gracieusement offerts par MM. Lumière, on obtient des nuances variées : du rouge, du vert, du jaune et même parfois du bleu; malheureusement ces teintes ne correspondent pas à celles du cliché. 720 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il est curieux de noter que la lumière blanche produit ici un pigment coloré en rouge, alors qu’elle décolore rapidement le pigment vert de la bonellie. (Travail du laboratoire maritime de Tamaris-sur-Mer.) LA FOLIE & MALADIE » ET LA FOLIE « INFIRMITÉ », par L. MarcHAN». Les lésions cérébrales qui déterminent la folie, ont pour caractéris- tique d'être diffuses et d'altérer les régions les plus superficielles du cortex cérébral, c’est-à-dire la couche des fibres tangentielles. Toute lésion légère et chronique portant sur cette couche de fibres se traduit chez l'enfant par de la faiblesse intellectuelle et des troubles du carac- tère, chez l'adulte par des troubles mentaux chroniques; toute lésion profonde et chronique de ces mêmes fibres se traduit chez l'enfant par l'idiotie, chez l'adulte par la démence. Ces lésions peuvent être primi- tives ou au contraire secondaires à des lésions de tissus voisins (méninges, vaisseaux, etc.). Entre l’altéralion légère des fibres tangen- tielles et leur disparition plus où moins complète, il existe une série d'intermédiaires, et à chacun de ces élats cérébraux correspondent autant de formes mentales différentes. Ces lésions de la folie chronique commencent à être bien connues aujourd’hui. Dans les cas de folie aiguë, les lésions cérébrales présentent-elles les mêmes caractères? L'étude des lésions que l’on rencontre chez les aliénés chroniques, qui ont eu d’abord plusieurs accès d’aliénalion mentale dont ils ont guéri, permet de prévoir les lésions cérébrales qui correspondent aux accidents aigus. Celles-ci sont généralement dues à une intoxication de l'organisme qui a altéré soit les cellules cérébrales, soit les méninges qui elles-mêmes ont altéré secondairement le cortex cérébral. Dans plusieurs cas aigus, que nous avons examinés, nous avons surtout rencontré ces deux ordres de lésions. Quand l'intoxication altère les cellules du cortex, les lésions sont souvent réparables, surtout quand un traitement ect appliqué dès le début des accidents. Ces lésions, auxquelles nous avons donné le nom de cérébro-cellulite, peuvent passer à l’état chronique et on ne retrouve plus tard chez les sujets, dont l'existence peut se prolonger très long- temps, qu une atrophie de cellules du cortex et une dégénérescence plus ou moins grande des fibres tangentielles. Dans ces cas, les cer- veaux des aliénés paraissent sains macroscopiquement ; l'examen his- tologique seul permet de voir les lésions. Re SÉANCE DU 27 AVRIL 721 Dans les cas aigus dans lesquels il existe une altération des méninges molles, la guérison peut survenir si la lésion s’arrèle au début de son évolution, avant que les fibres tangentielles sous-jacentes aux méninges ne soient altérées profondément. Si les lésions progressent, elles deviennent irréparables. On retrouve plus tard chez ces individus, qui ont souvent fait plusieurs accès délirants avant d’être classés parmi les chroniques, des lésions de méningite chronique ou plutôt de méningo- corticalite. IL existe cependant des aliénés dont les cerveaux, malgré un examen histologique des plus minutieux, ne présentent aucune lésion. Cellules psychiques, fibres nerveuses, névroglie, vaisseaux, méninges, toutes les différentes parties constitutives de l’encéphale ne présentent aucune altération. La clinique nous enseigne que ces individus ne présentent ni délire, ni affaiblissement intellectuel ; ils paraissent souvent avoir une intelligence au-dessus de la moyenne ; mais depuis leur jeune âge jusqu'au moment où ils commettent un acte anormal qui les fait interner, ils ont toujours été considérés comme bizarres, excentriques. La plupart de ces sujets sont groupés sous le nom de fous moraux. Ces cas d’aliénation mentale sans lésions sont des plus déconcertants, mais les données mêmes de la clinique nous montrent que ces sujets ne sont pas des malades; ils sont plutôt des anormaux, des vicieux. Leur cerveau n’a pas été adultéré par une maladie, mais dès la naissance il a subi un développement défectueux qui s’est traduit, non pas par des idées délirantes, mais par des actes anormaux, souvent délictueux, quelquefois même criminels. Il doit exister dans les cerveaux de tels sujets des associations de fibres, des groupements cellulaires anormaux qu'il nous est impossible de saisir actuellement. . Ainsi, il existe des lésions cérébrales dans les cas aigus d’aliénation mentale; celles-ci sont diffuses et portent sur les cellules cérébrales seules ou sur les méninges et les cellules cérébrales à la fois. Ges cas guérissent souvent quand ils sont traités au début même des accidents. Dans un certain nembre de cas, les lésions passent à l’état chronique; elles peuvent même ne plus progresser; le cerveau n’en reste pas moins faussé,; les aliénés qui sont atteints de telles lésions sont devenus plutôt des infirmes du cerveau que des malades. Enfin, il existe parmi les aliénés des sujets qui ne présentent aucune lésion cérébrale, mais qui ont toujours été des anormaux; chez eux, le cerveau s est développé d'une facon vicieuse: ces sujets sont nés infirmes du cerveau. | 2 T LO 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE VACCINATION ANTIRABIQUE PAR VOIE RECTALE, par P. REMLINGER. L'administration des sérums thérapeutiques par voie rectale revient souvent en discussion. Tout récemment, MM. Hoffa et Monod tombaient d'accord pour dire que ce procédé constituait le meilleur mode d’admi- nistration du sérum antiluberculeux de Marmorek. Il nous a paru inté- ressant de rechercher s’il était facile d'obtenir par ce moyen l’immuni- sation contre la rage. Nos expériences ont porté sur le lapin. Il était injecté d'emblée dans le rectum un demi ou un cerveau de lapin mort du virus fixe, émul- sionné dans 20 centimètres cubes d’eau. L'injection était poussée au moyen d'une seringue munie d’un tube de caoutchouc. L'animal était suspendu alors pendant une heure, la tête en bas, et l’anus obturé au moyen d'une pince à forcipressure. L'opération était répétée chaque semaine. À la suite des premières inoculations, il n’est pas rare (une fois sur cinq environ) de voir les animaux contracter la rage. Il ne s'ensuit nullement que le virus soit inoculable à travers la muqueuse intestinale saine. Celle-ci en effet est certainement lésée par le tube de caoutchouc introduit dans le rectum. L'application à l'anus d'une pince à forei- pressure produit également des fissures que le virus souille fatalement, Enfin, les injections étaient commencées d'emblée par des doses mas- sives. Les animaux qui ont résisté à deux ou trois injections sont immunisés contre ces inoculations accidentelles et bientôt on n’observe plus de mortalité rabique parmi les lapins en cours d'expérience. L'’in- jection rectale de 6 à 7 cerveaux immunise avec certitude le lapin contre l'épreuve sévère de l'inoculation intra-oculaire de -virus fixe. Nous n'avons pas réussi par contre à vacciner le lapin contre l’inoculation sous-dure-mérienne. Des animaux qui avaient recu dans le rectum 8 et 10 cerveaux n’ont présenté que des retards peu importants sur les témoins. Fermi a avancé récemment qu'il était facile de donner la rage au rat en lui faisant ingérer du matériel rabique. Pour cet auteur, les rares animaux qui résisteraient à ce mode d’inoculation acquerraient une immunité très solide. Il explique, par la rapidité avec laquelle s'établit cette immunité, les résultats négatifs oblenus par l'immense majorité des expérimentateurs dans leurs tentatives de reproduction de la rage par voie digestive. Nous n'avons pas réussi à répéter les expériences de Fermi. Notre virus était, il est vrai, moins adapté que le sien à l’orga- nisme des muridés. Les rats et les souris, alimentés à l’aide de cerveaux de lapins morts de virus fixe, n’ont présenté aucun symptôme morbide SÉANCE DU 27 AVRIL 123 te RE EEE © EN 1 MP AE UE ne ie et n'ont acquis aucune immunité. Témoin, en particulier, l'expérience suivante : trois rats blancs consomment du 27 décembre 1906 au 31 jan- vier 1907 chacun 12 cerveaux de lapin de passage. Le 12 février, on les éprouve par l'inoculation de virus fixe dans les muscles de la cuisse. Deux d’entre eux succombent au 13° jour et le troisième au 17° à une rage absolument typique, démontrée du reste par les passages. L'immunisation contre la rage est donc facile à réaliser par voie rec- tale, très difficile, sinon impossible, à oblenir par voie buccale. (/nstilut impérial de bactériologie à Constantinople.) DrALYSE ET FILTRATION SUR SAC DE COLLODION DE LA LACTASE ET DE L'ÉMULSINE ANIMALES, par H. Brerey et G. ScHÆFFER. Les différents auteurs qui se sont occupés de l'étude de la lactase animale se sont contentés de faire un simple extrait de la muqueuse intestinale ou même de mettre directement l'intestin broyé au contact du lactose à dédoubler. Dans une série d'expériences entreprises sur le même sujet, uous nous sommes efforcés, au contraire, d'obtenir une solution de ferment sinon pure, du moins débarrassée aulant que pos- sible de substances étrangères. Si le suc intestinal lui-même ne contient pas de lactase, les macéra- tions d'intestins, et en particulier d'intestins de fœtus, hydrolysent faci- lement le sucre de lait (1). J'ai donc eu recours à des macéralicons. d'intestins de fœtus de vache et de brebis. La muqueuse intestinale hachée finement est mise à macérer, en présence de thymol, dans quatre fois son volume d'eau distillée, à la glacière. Au bout de trois jours on filtre sur papier. Le filtrat est mis à dialyser, sur sac de collodion, contre l’eau distillée, toujours en présence d’antiseptique. Le dialyseur est rempli de telle facon que là dialyse se fasse sous une certaine pression. Après deux ou trois jours de dialyse il se formè un volumineux précipité d'albuminoïdes qui gagne le fond du dialyseur. Le liquide surna- geant est alors décanté et mis à dialyser sous pression sur un autre sac de collodion. Après un cerlain nombre d'opérations, on obtient un liquide limpide et incolore, ne donnant plus le biuret et ayant une conductivité élec- trique voisine de celle de l’eau distillée, mais précipitant pourtant avec l’'hydrate de fer colioïdal. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 22 juillet 1904. 724 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce liquide clair, qui peut être considéré comme une solution de lactase très pure, dédouble le lactose et le lactose seulement. Son action sur le sucre de lait ne paraît pas modifiée par les électrolytes et en parti- eulier par le NaCI, contrairement à ce qui se passe pour les solutions d’amylase, de maltase et de sucrase (1). Le suc gastro-intestinal de l’escargot hydrolyse très facilement le lactose et l’amygdaline (2). Ce suc, dilué et dialysé sous pression, conserve son action dédoublante sur l'amygdaline et le factose, sans qu'il y ait besoin d'ajouter d’électrolytes. On a ainsi une solution d’émulsine et de lactase très pures que nous avons également utilisée. Ce suc renferme bien les deux ferments émulsine et lactase, car, chauffé vers 58 à 60 degrés, il perd tout pouvoir sur le lactose, mais conserve sa propriété d'hydrolyser l’amygdaline, propriété qui dispa- rait à son tour vers 68 à 10 degrés. Plusieurs auteurs, utilisant la pression, ont déjà filtré des solutions de ferments sur sac de collodion. M. Delezenne, en particulier, a utilisé cette méthoëe pour l'étude des ferments des albuminoïdes. Nous avons voulu voir comment nos solutions dialysées d'émulsine et de lactase se comportaient vis-à-vis de la membrane filtrante de collodion. Pour cela, nous nous sommes servi du vide fait par une trompe à eau et mesuré par un indicateur à mercure; à l'aide d'un appareil très simple, la décompression facilement mesurée peut être maintenue longtemps constante. L'émulsine traverse facilement le sac de collodion, la lactase aussi. Ces sacs laissent aussi passer après un temps plus ou moins long diffé- rents colloïdes, en particulier le bleu de toluidine, l’hydrate de fer colloïdal, l’hémoglobine. Nous avons pensé à incorporer alors au collodion de la lécithine; de la lécithine et de la cholestérine; de la lécithine, de la cholestérine et une graisse, cherchant à réaliser des membranes lipoïdes. La résistance à la rupture de ces nouveaux sacs est plus grande que celle des sacs de collodion ordinaire ; elle est augmentée de près du double. L'hydrate de fer colloïdal se fixe sur le sac (lécithine + collodion —- cholestérine) sans le traverser; il en est de même du bleu de tolui- dine; l’hémoglobine ne le traverse qu'après un temps très long. Nous avons fait comparativement l'étude de la filtration de l'émulsine et de la lactase sur sac de collodion ordinaire et sur sac de collodion lécithiné avec ou sans cholestérine. De très bons résultats sont obtenus avec sac lécithiné additionné de cholestérine. L’émulsine traverse ces membranes, mais après un assez long temps, la lactase après un temps (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, et Comptes rendus de l'Aca- démie des Sciences, 1906. (2) Comptes rendus de la Société de Bio'ogie, 1906. = 19 Qt SÉANCE DU 27 AVRIL plus long encore. Après filtration du même liquide sur plusieurs sacs successifs, on peut le débarrasser entièrement des ferments qu'il ren- ferme. Le liquide du sac se concentre en diaslases, par rapport au liquide primitif; la filtration des ferments à lieu seulement quand le sac commence à en êlre imprégné complètement. En effet, ce sac lavé, coupé en morceaux et mis en contact d’une solution d'amygdaline la dédouble très facilement. Si on lave ces morceaux de sac à nouveau et qu on les mette dans une nouvelle solution d'amygdaline, on observe encore une action très nette. Cetle expérience peut être répétée un certain nombre de fois. Ces faits sont intéressants au point de vue du rôle et de l’aclivité des ferments endocellulaires. Les travaux récents sur les membranes animales et ceux de Kyes et Sachs sur les venins ont mis en lumière l’importance de la lécithine. Nous pensons appliquer ce mode de filtration à l'étude de l'hémolyse et faire sur sac de collodion imprégné de lécithine et de cholestérine la dialyse et la fillralion du venin des serpents. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES OPSONINES. POUVOIR OPSONISANT DES SÉRUMS NORMAUX (Seconde note), par LEvaprri et INMANN. Dans une note publiée antérieurement (1) nous avons exposé une par- tie des faits qui nous ont conduits à admettre que le pouvoir opsonisant des sérums normaux est dû à la présence du complément (cytase) dans ces sérums et que, par conséquent, il n'y a pas lieu de considérer les opsonines de Wright et Douglas comme des principes à part. Nous résumons dans ce qui suit les résultats d’une autre série d expériences qui viennent à l'appui de celte thèse (2). 1° Pouvoir opsonisant et complémentaire de l'humeur aqueuse. — On sait que l'humeur aqueuse obtenue en ponclionnant une première fois la chambre antérieure de l'œil du lapin ne contient pas de complément bactériolytique, ou n'en renferme que des traces. Elle ne coagule d’ailleurs pas et ne possède pas d'éléments figurés, leucocytes ou (1) Levaditi et Inmann. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 20 avril 1907. (2) Nos recherches ont été faites d’après la méthode de Wright, avec le B. typhique, le staphylocoque et des leucocytes humains. 726 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE autres. Or, cette humeur est également dépourvue d’opsonine (pouv. opsonisant — 0,02 pour le lyphique et 0,0 pour le staphylocoque doré). L'humeur aqueuse qui se forme dans les deux ou trois heures qui suc- cèdent à un premier ponctionnement (h. de seconde formation) diffère de la première par sa coagulabilité plus ou moins accentuée. Elle peut renfermer des quantités appréciables de complément (Sweel), ou en être dépourvue (Levaditi}, sans que l’on puisse préciser la cause de cette variabilité. L'expérience montre que /e pouvoir opsonisant de l'humeur aqueuse de seconde formation marche de pair avec sa teneur en complément bactériolytique (ambocepteur anticholérique, choléra Cas- sino). En voici un exemple : Pouv. opsonique. (B. typhique) H. aqueuses de seconde formation, pauvres en complément . . 0,06-0,04 H. aqueuses de seconde formation, riches en complément . . . 2,32-1,12 En général le pouvoir réactivant (complément) de l'humeur aqueuse surpasse sa force opsonique ; cela tient au fait qu'il faut plus de cytase pour exercer une influence opsonisante qu'il n’en faut pour réactiver un ambocepteur bactéricide (voir plus loin). 2° Opsonine et complément dans le liquide d'œdème. — Le liquide de l'œdème que l'on provoque en ligaturant l'oreille du lapin est, d’après Metchnikoff et Bordet, dépourvu de complément, à la condition qu'il n y ait pas d’extravasation sanguine. C’est là une des preuves en faveur de l'absence du complément libre dans le plasma circulant. En réalité, ce liquide contient souvent du complément, pour le motif quil est difficile d'éviter toute trace d'hémorragie. Or, le pouvoir opsonique du liquide d'œdème varie parallèlement à sa richesse en complément. (Ge pouvoir opsonique est en général inférieur à celui du sérum (2,72 et 4,31 au lieu de 6,04) et est comparable à la force réactivante du même liquide d'œdème vis-à-vis d’un ambocepteur anticholérique, laquelle est moins accusée que celle du sérum du même animal. Pouv. opsonique. liquide d'ædème riche entcomplément "Me 0 0,0 Liquide d'œdème moins riche en complément . . . . . . . . . . . 2,80 Il y a parallélisme entre la teneur du liquide d'æœdème en complément et opsonine et sa coagulabilité. 30 Opsonine, complément et leucocytes. — Les leucocytes polynucléaires élaborent le complément bactériolytique (Metchnikoff, Bordet, Levaditi); doivent-ils être considérés également comme élant une source d'opsonine? Nos recherches nous ont montré que contrairement à ce qui a été constaté par Neumanw, les extraits leucocytaires obtenus d’après la méthode de Buchner SÉANCE DU 27 AVRIL 127 (leuc. du péritoine du cobaye), n’ont pas de propriétés opsonisantes et ne réactivent pas les opsonines thermostabiles des sérums spécifiques. Or, ces extraits contiennent du complément bactériolylique (en quantité assez faible). 11 y aurait donc là une objection contre l'identité entre ce complément et l’opsonine des sérums neufs. Mais ce n’est qu'une contradiction apparente. Elle disparait dès que l’on tient compte du fait, démontré par nos expériences, qu'il faut moins de cytase pour réactiver un ambocepteur bactériolytique, qu'il n’en est nécessaire pour exercer une action opsonique nette. Exemple: ' < ES ds Transf. granulaire complète. Sérum cobaye pur + awb. cholérique + choléra . . Po Donc nes 2iEnl É me À Transf. granulaire complète. Sérum cobaye au 5° + amb. cholérique + choléra. . g RE = DIete Pouv. opsonique, 0,74. 2 2e Le Trausf. granulaire partielle. Sérum cobaye au 10° + amb. cholérique + choléra . Pouv. opsonique, 0,2. Conclusions. — Nos constatations et celles de Levaditi et Kœæssler (4) prouvent qu'il est impossible de différencier les qualités complémen- taire, des propriétés opsoniques des sérums neufs. L’opsonine normale est donc identique au complément (cf. Neufeld et Hühne). Or, comme ce complément ne circule pas librement dans le plasma, il est à supposer que ses propriétés opsonisantes ne jouent pas un rôle aclif dans le pro- cessus défensif de l'immunité naturelle. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff, à l'Institut Pasteur). _ POLYPNÉE THERMIQUE ET CAPACITÉ RESPIRATOIRE DU SANG, par J.-P. LanGLois et L. GARRELON. La polypnée thermique centrale ne peut se maintenir que si la com- position de l'air respiré se rapproche de la normale. Nous avons, dans le cours de nos recherches sur la polypnée ther- mique, essayé de déterminer la composition de l’air respiré au moment précis où le type polypnéique se modifie et prend le type dyspnéique, avec diminution sensible du rythme. | Bien qu'ayant observé de très fortes différences, on peut cependant affirmer que le rythme se modifie très rapidement, et il suffit de % p. 100 de CO” dans l’air respiré pour enregistrer la dyspnée, l’oxygère oscillant autour de 15. Déjà, avec moins de 2 p. 100 de CO”, le rythme, tout en restant polypnéique, tend déjà à s’atténuer. Par quel mécanisme l'air confiné amène-t-il cette modification du (1) Levaditi et Kæssler Société de Biologie, séance du 20 avril 4907. BroLoate. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. 90 1928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tvpe respiratoire? La composition des gaz du sang, au moment même où le changement s'opère, peut-elle l'expliquer? Dans une série d'expériences, en même temps qu'on déterminait la composition de l'air, on pratiquait l'analyse des gaz du sang par la méthode de Haldane-Barcroft. Nous avons déjà insisté sur la richesse en oxygène du sang polyp- néique, et la moyenne d'analyses faites sur cinq animaux donne : Avant la polypnée. Pendant la polypnée. GENS PAP 1 OTAE 22,2 COM DR ee 44,8 34,3 CO AO MA 62,8 59,6 Or, si nous prenons la composition des gaz du sang au moment où la dyspnée s'établit, nous trouvons les chiffres suivants : 0? 14,6 O? 14,4 0? 18,3 O2 23,1 0? 19 0? 23 0? 16,36 CO? 24 COR TINCOMS 0 ACOE OP MCODESS AC ONC) AC OEESS 00 > : A 0° 18,3 oyenne des experiences : C0? 36 Les écarts d'une expérience à l’autre sont trop grands pour que l'on puisse fixer une proportion des gaz du sang, correspondant à l’appari- tion de la dyspnée. Dans deux cas même, nous trouvons des chiffres indiquant une saturation complète du sang, et les chiffres les plus bas donnent encore 14 p. 100 d'oxygène. Dans une expérience où la dyspnée éclatait périodiquement, le chien respirant à l’air libre, les chiffres sont des plus intéressants : Avant la polypnée. Pendant la polypnée. Au début de la dyspnée. Oise AGE 20,05 16,36 COS 40,6 32,10 33,60 CO? 02. | 51,1 52,15 49,96 La dyspnée peut donc se produire, alors que ni la pauvreté en oxygène, ni la richesse en acide carbonique ne présentent des écarts élevés ; ils restent même dans les limites de la composition gazeuse du sang d’un animal non polypnéique. Nous avons cherché à attaquer le problème par une autre voie. Sur un animal polypnéique respirant à l'air libre, l’abaissement de la capacité respiratoire du sang peut-il, et à quel moment, provoquer une altération du rythme polypnéique? Dans ce but, nous avons saigné progressivement des chiens polyp- néiques, en maintenant la pression, par substitution du liquide de Ringer au sang enlevé. SÉANCE DU 27 AVRIL 729 En admettant que la quantité totale du sang représente le treizième du poids tolal, il a été soustrait : AUCH EU .ne.. 0 us 100 p. 100 du volume total de sang. 2 1 PRE Ep ant _ Le 1 AE NE R LRETEE 120 p. 100 me Ces chiffres s expliquent, puisque le sang était dilué après chaque saignée, et, pour reconnaître la quantité de sang restant, on détermi- nait la proportion d'hémoglobine à l’hémoglobinomètre de Gowers, et la capacité respiratoire du sang avec l'appareil Haldane-Barcroft. L'utilisation du Gowers à l'avantage de compléter les lacunes des courbes construites avec l'estimation de l'oxygène. Il suffit, en effet, d'un petit caillot dans l’appareil de Haldane pour rendre impossible un dosage exact de l'oxygène. | Resp. ONE Gowers Exp. I. ES RNA EEE EEE SLRES 210 19 100 2 NE RATS ALP 250 16 60 D RM CNT TES ms TE 190 16 6Ù EEE EN ES ENRRTERAR RUES 2090 » 55 RS TETE DOUTE te met STAR 200 41 45 GE Te, CERAMÉRE A PR ARR 200 » 40 FRS Er ER HAUTES 430 9 38 SAR Re DS ae ORNE 15 n 27 Exp. II. LS TR RS DRE DRE EM EE 230 2% 100 PNA RTE DID MOEES 200 15 (?) 80 D AMAR AUDE ER QE AE 200 17 10 ARTE ANNEE LPS LES © À 180 15 72 D LATN AURL AOV EAN LE MER 100 44 62 DES See LA ef en ee 130 12 D TS ce CO PA EE ET A 90 9 43 Exe. JIL. NAN RE RENE EC ERSEe 270 25 100 De LUS nas EN NUPAI ET aude 265. » 84 BR ET UE DEN PRET TE 2r 260 19 19 LOT TE RTE TR SERRE 210 » 19 DRE VERSET ETS RS EE 220 AS 60 OMR AND enr es AN AUATES 220 15 64 TE Sr se Ar ms EM LE 15) 43 60 Gb CS EU AN AIRE PRO x 400 » » NET A SR RM EEE 75 1 32 La respiration polypnéique se maintient encore très netle, avec des capacités respiratoires de 10 — 15,5 — 15, alors qu'il se produit une chute brusque avec des capacités respiratoires de 9 — 14 — 15. C'est-à-dire, pour les trois cas précités, quand la capacité est tombée à : 48 — 63 — 60 p. 100 de la capacité respiratoire initiale. 38 — 62 — 59 p. 100 de l'hémoglobinomètre de Gowers. 730 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On voit que, sur ce point, les données sont assez concordantes : la polypnée thermique cesse quand la capacité respiratoire du sang est réduite de moitié, la pression restant constante. Influence de la pression. — Les expériences I, IT et III montrent que, pour une pression artérielle presque conslante, le rythme respiratoire polypnéique ne se modifie que très peu pendant les premières saignées. Il n’en est plus de même, si le sang extrait n’est pas remplacé par un volume équivalent de liquide de Ringer. Dans ces conditions, le rythme polypnéique diminue progressive- ment avec la pression, et même, avec une capacité respiraloire de 66 p. 100 du chiffre initial, on note des diminutions de rythme de 50 p. 100, soit de 235 à 120, la pression tombant de 15 à 11 cm. de Hg. Une injection de Ringer, en même temps qu'elle fail remonter la pression, fait passer le rythme de nouveau à 230. Mais celte polypnée est passagère, et bien que des injections successives de Ringer succé- dant aux prises de sang maintiennent la pression au-dessus de 13 em. de Hg., le rythme polypnéique ne peut plus se maintenir, la capacité respiraloire étant tombée à 40 p. 100 dans un cas, à 30 p. 100 dans une autre expérience. Sur un chien anesthésié, mais non chauffé, tout en étant maintenu à la température normale, la respiration, sauf une accélération du début, reste autour de 35 par minute, même quand la capacité respiratoire est réduite à 35 p. 100. Conclusion. — La polypnée thermique centrale ne peut se maintenir à son chiffre initial, quand la capacilé respiratoire du sang est réduite à 60 p. 100, la pression restant constante. Si la pression baisse graduellement, la polypnée diminue dans une proportion de même ordre; elle peut revenir à son chiffre initial à la suite d’une injection de liquide de Ringer faisant remonter la pression. Mais si la capacité respiratoire du sang est au-dessous de 40 p. 100, l'élévation nouvelle de pression reste sans effet durable. LES OŒUFS INFLUENCENT-ILS L’EXCRÉTION URIQUE ? par PIERRE FAUVEL. A priori, les œufs doivent être sans action sur l’excrétion urique, car, d’après Hall, ils ne contiennent ni purines, ni substances formant des purines. Cependant Haig et ses disciples soutiennent qu’ils augmentent l'acide urique. J'ai cherché à trancher la question par l'expérience directe. Le sujet F..., âgé de quarante ans, taille 1772, poids 66 kil. 6, ayant toujours joui d’une excellente santé et suivant depuis plusieurs mois SÉANCE DU 27 AVRIL 131 un régime sans purines, est mis, pendant plusieurs semaines, au régime suivant, qualitalivement et quantilalivement identique tous les jours biscuits « Breakfasts » 60 grammes, pain 300 grammes, pommes de terre 240 grammes, choux 40 grammes, farine de maïs 40 grammes, beurre de coco 40 grammes, miel 40 grammes, confitures 40 grammes, orange 100 grammes ; correspondant à : albumine 38 gr. 3, hydrates de . carbone.346 grammes, graisses 58 grammes, calories 2051. L’excrétion urique, réduite strictement au minimum d'origine endogène, est cons- lanle et on obtient, comme moyenne de vingt jours consécutifs 0 gr. 386 pour les xantho-uriques et 0 gr. 299 pour l'acide urique seul. Le sujet est mis alors pendant quatre jours au régime suivant : « Breakfasts » 30 grammes, pain 100 grammes, 3 œufs 150 grammes, = 1 A je] 7 © © A . = = = = © = © re TD 2 DATES = & B Es | 22] 28) 3 | © |ossenvarions e © = Re PME Z à A & > Dee) =) — DA =: 12 mars . . .| 1200 | 1,02 | 10,25 | 38,3 |0,384 0,288 | 8,64 | 1,32 | Sans purines. 13-16 mars. .| 1040 | 0,95 | 10,06 | 40,8 | 0,364 | 0,281 | 6,35 | 1,14 | 3 œufs, 150er. Moy., 4 jours. à 17-21 mars. .| 742 | 1,04 | 9,65 | 38,3 | 0,368 | 0,289 | 7,25 | 1,08 | Sans purines. Moy., 5 jours. L'acidité à la phénolphtaléine, est évaluée en SO“H?; les xantho-uriques ont été dosés par la méthode d'Haycraft-Denigès, l’acide urique p r celle de Folin et Shaffer. pommes de terre 240 grammes, choux 40 grammes, beurre de coco 60 grammes, miel 100 grammes, confitures 100 grammes, orange 100 grammes, sucre 25 grammes. Tous les aliments, sauf les œufs, restant les mêmes que les jours précédents, les quantités seules ont été modifiées de façon à maintenir sensiblement égal le chiffre de l’albumine et des calories : albumine 40 gr. 8, hydrates de carbone 293 grammes, graisses 719 grammes, calories 2038. La moyenne des xantho-uriques a été, pour ces quatre jours, de 0 gr. 364 et celle de l'acide urique 0 gr. 281. Pendant les cinq jours suivants, le sujet étant revenu au régime antérieur, la moyenne fut de 0 gr. 368 pour les xantho-uriques et de 0 gr. 289 pour l'acide urique. Au régime des œufs, comme au régime précédent et suivant, jamais l’urine n'a donné de précipité d'acide urique par l'acide chlorhydrique. On voit donc que les œufs n’out aucune aclion sur l’excrétion de l'acide urique et des xantho-uriques. Le tableau ci-dessus résume les moyennes et donne quelques autres renseignements. 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . L'albumine étant en même quantité, l'urée n’a pas varié, ce qui nous montre, en passant, qu il n’v a pas de différence bien sensible entre la digestibilité de l’albumine de l’œuf et celle de l’albumine des céréales. L'acidité urinaire n'a pas varié sensiblement, les chlorures ont diminué par suite de la diminution du pain qui en contient une quantité notable. L'excrétion de l'acide phosphorique a été peu modifiée. Le poids du corps a diminué de 500 grammes, qui ont d’ailleurs été regagnés dans les trois jours suivant l'expérience. L’excrétion de l’azote n'ayant pas augmenté et le volume urinaire n'ayant pas été plus considérable, il est probable que cette diminution de poids est due à la rapide oxydation des sucres et des graisses ingérés en assez grande quantité pour main- tenir constant le chiffre des calories, sans augmenter l’albumine. Ceci confirme les vues de Chauveau etnous montre que des rations isodynames ne peuvent pas toujours être substituées indifféremment les unes aux autres. INFLUENCE DE LA DYSCRASIE ACIDE SUR L'OXYDATION DU SOUFRE, par À. DEscRez et M'° BL. GUENDE. Dans les recherches que nous avons consacrées, M. Adler et moi, à la dyscrasie acide, nous avions indiqué comme très probable, en nous basant sur quelques dosages seulement, l'augmentation du soufre peroxydé. L'importance de cette question, au point de vue de l'influence de la réaction de l'organisme sur les échanges, nous a déterminés à en faire le sujet de recherches particulières. Nos expériences ont d'abord porté sur deux lots de 6 cobayes mâles, soumis à une même alimenta- tion, d’âge et de poids aussi rapprochés que possible. Tous les deux jours, on a recueilli les urines et effectué les dosages du soufre total et du soufre peroxydé (sulfates et sulfoconjugués), le soufre neutre étant calculé par différence. Les animaux du premier lot servant de témoins, ceux du deuxième reçurent, par voie stomacale, 0 gr. 05 d'acide chlorhy- drique par vingt-quatre heures. Nous rapportons ci-dessous les moyennes des dosages effectués pendant un mois : Par litre _ Témoins Cobaye recevant HC1 - SiTOt: JeMIS OMR EEE 6 gr. » 9 gr. 46 S. peroxydé en S0°. 4 ur. 62 area S. neutre en S0* 1 gr. 38 1 gr. 4 Sn Rapport Se. 2300, AS SORUYE Dans une autre série d'expériences qui ont été instituées dans les mêmes conditions, sauf en ce point que l’acide phosphorique a remplacé SÉANCE DU 27 AVRIL 133 l'acide chlorhydrique, nous avons trouvé, en rapportant l'élimination au kilogramme d’animal par vingt-quatre heures : \ Par litre Témoins Animaux recevant PO*H° obtient 0.2 0 gr. 284 0 gr. 289 SADÉTONYUÉ ee certe 0 gr. 194 0 gr. 229 DATE DRE Pets dena e à 2 0 gr. 090 0 gr. 060 Sn Rapport EE LC 28 0), 20 0 Le soufre peroxydé se trouve donc augmenté à la suite de l'introduc- tion des acides minéraux dans l'organisme. Il nous a peru intéressant de déterminer, en outre, si ce résultat est attribuable à une augmentation des hydratations ou des oxydations. Pour essayer de trancher cette question, nous avons recherché quelle influence exercerait l'économie animale ainsi modifiée sur l'élaboration du soufre neutre apporté par une substance organique de constitution simple, l'acide dithiolactique (1) : CH CH$ | H—C—S—S—C soit : CH'°S20* = | COH CO’H On s'est proposé de voir comment serait oxydé le soufre contenu dans cet acide par les cobayes des deux premières séries d'animaux, l’une conservant le rôle de témoin, l’autre recevant l’acide chlorhydrique. Chaque cobaye a reçu, pendant vingt jours, 0 gr. 093 de dithiolactate de soude, puis 0 gr. 186 pendant dix jours. On a trouvé pour les soufres urinaires : Par Ko et 24h. Témoins Cobayes recevant HCI Soufre total en SO. .. 0 gr. 307 0 gr. 346 Soufre peroxydé en SO5. 0 gr. 206 0 gr. 278 Soufre neutre en S0° . . 0 gr. 101 0 gr. 067 Sn Rapport CNELE OT PR 33 0}, 19.5 0 Deux mois après la suppression simultanée de l'acide chlorhydrique et du thio-lactate, on a, de nouveau, comparé les deux séries d'animaux. Les coefficients d’oxydation du soufre s'étaient sensiblement égalisés, x (1) Nous adressons nos remerciements à M. Auger, chef de travaux à la Faculté des Sciences, qui a bien voulu mettre cet acide à notre disposition. 134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE c'est-à-dire que l'influence de l’acide minéral sur l'élaboration Dir avait progressivement disparu. Conclusions. — 1° L’ingestion quotidienne prolongée d'un acide minéral, chlorhydrique ou phosphorique, à petites doses non toxiques, augmente, chez le cobaye, la proportion du soufre peroxydé. 2° Il paraît s'agir, dans ce cas, d’un accroissement de l'oxydation vraie du soufre plutôt que de la mise en liberté d’une plus grande quantité de SO'H”, par processus hydrolytique s’exerçant sur l’albumine. On constate, en effet, que l’ingestion de soufre engagé à l'état neutre (S-S;" dans une molécule organique donne lieu à une augmentation du soufre total éliminé, mais avec prépondérance marquée du soufre peroxydé chez les animaux mis en état de dyscrasie chlorhydrique. Nous avons montré antérieurement que l'on peut obtenir, grâce à la dyscrasie acide artificielle, une sorte de reconstitution synthétique des modificalions des échanges nutritifs qui caractérisent un grand nombre de dermatoses. Il est remarquable que, dans la dyscrasie provoquée, l'élaboration du soufre se modifie en sens inverse des autres processus. (Travail du Laboratoire de M. le Professeur Bouchard.) ACTION DES VAPEURS DE PLOMB ET DE ZINC PAR RAPPORT A L’INCUBATION DES ŒUFS DE POULE ET A LA RESPIRATION, par J.-L. BR&TON et A. Mari (de Villejuif). 1° Dans une couveuse artificielle du type Voitelier à thermo-siphon, nous avons fait une division en À par une triple cloison de verre luté. Dans les 4 compartiments ainsi établis, nous avons réparli 24 œufs de poule fécondés datant de pentes concordantes et de la même espèce (Houdan). Dans les compartiments 1 et 2, nous avons placé respectivement 5 œufs au-dessous desquels nous avons disposé de la céruse, en poudre à l’un, en pâte à l’autre. Dans le compartiment 3, nous avons mis 5 autres œufs avec de la poudre de blanc de zinc. Dans le compartiment 4, 9 œufs ont été laissés comme témoins. Après 20 jours de marche de la couveuse, les compartiments 1 er 2 contenant le plomb ont donné respectivement 4 arrêts précoces de développement des œufs (dont 1 sans trace d'essor) et 2 arrêts entre le. quinzième et seizième jour, soit 10 arrêts dont 8 très précoces. Le zinc n’a donné que 3 arrêts uen retardés et 2 œufs normalement éclos. SÉANCE DU 27 AVRIL 135 Les œufs témoins ont donné 4 éclosions (dont 2 retardées) et 5 arrêts (dont 2 précoces). Il y à lieu de remarquer que le cloisonnement dans une même couveuse est resté incomplet par Le haut; les vapeurs refluaient fatale- ment à certain degré sur les œufs témoins: néanmoins les œufs au contact direct du plomb (poudre ou pâte) ont donné le déchet maximum, et la poudre de zinc à onné un arrêt d’incubation intermédiaire entre les premiers et les cas témoins (influencés cependant aussi indirecte- ment comme on l’a vu). : ME L'opération de contrôle en couveuses séparées eût été indiquée; mais ce premier résultat suffit à montrer une action prédominante du plomb sur l'arrêt d'incubation des œufs. Les poussins avortés ont été examinés au point de vue des malforma- tions dégénératives sans que nous ayons pu en relever de comparables à celles que notre regretté maître M. le D' Féré obtenait par ce même procédé d’expérimentation avee les vapeurs d'alcool; mais ici, il s’agit de vapeurs métalliques dont l'action est évidemment différente bien que tout aussi nocive pour le développement du fœtus et de l'embryon. 2° Sous 2 cloches à robinet nous avons placé 2 cobayes de même poids et même espèce en état de vitalité semblable. Par la trompe à eau nous avons assuré un courant d'aspiration, faisant passer, sous les cloches, l'air après barbottage dans la pâte à peindre, de céruse pour l’un, de blanc de zinc pour l’autre. Le cobaye respirant l'air à la céruse est mort à la dix-huitième heure de l’expé- rience, Celui respirant le barbottage au blanc de zinc vit toujours après vingt-cinq heures d'expérience. La pneumonie du premier de ces animaux ne provenait done pas de la térébenthine de la mixture, que l’autre eut à respirer également. L'examen nécropsique confirma les lésions maximum du rein et du poumon, pour ce dernier organe l'examen histologique fait par M®° de Ludre montre l'état congestif péri-alvéolaire et l'hypersécrétion inflam- matoire intra-alvéolaire. (Cette expérience diffère de celle de M. J.-V. Laborde qui faisait respirer les poussières en suspension dans un courant d'air.) ACTION SUSPENSIVE DES PATES DE CÉRUSE ET DE BLANC DE ZINC SUR LES CULTURES MICROBIENNES AÉROBIES, par M°° de Lupre et A. MamE (de Villejuif.) Pour mettre en lumière et comparer l’action suspensive sur le déve- loppement de cultures ensemencées, par les produits à base de plomb et de zinc, nous avons placé dans trois cloches d’égale dimension trois 7136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plaques de Pétri garnies de gélose sur lesquelles nous avons semé le _bacille d'Eberth. Nous avons au préalable placé dans le fond des cristallisoirs d'égales quantités d'huile de lin, pure dans l’un, additionnée dans les autres, d’une part de céruse pour l’un, dans la proportion ordinaire du mélange des peintres, d’autre part de blanc de zinc dans les mêmes conditions. Nous avons laissé durant une dizaine de jours ces appareils convena- biement bouchés au verre rodé. La culture s’est développée très vite et très nettement dans l’appareil n° 4, additionné d'huile simple. Elle s'est, vers le cinquième jour, compliquée de cultures complexes de bac. prodigiosus, de staphylocoques dorés et de moisissures diverses. Dans le deuxième appareil, additionné de mixture à la céruse, la cul- ture a été enrayée et s'est développée sur un tiers seulement de la surface à un degré d'épaisseur moindre et les cullures accessoires ne se sont point manifestées. Dans le troisième appareil où la boîte de Pétri était placée au-dessus de la pâte de blanc de zinc, le développement a été plus net et complexe rappelant celui de la première culture en présence d'huile pure, mais moins florissante bien que nettement plus vivace qu'avec le plomb. Ces expériences concordent avec des expériences en cours de M. Trillat, qui nous les a suggérées et qui les a faites avec l’aspergillus niger ; elles montrent l’action d'arrêt des vapeurs métalliques par rapport aux phé- nomènes organiques vitaux élémentaires. Pour le plomb, en particulier, ce résultat peut trouver son application dans le procès à trancher pour les hygiénistes entre le plomb et la céruse. DE L'ACTION EMPÉCHANTE DU CITRATE DE SOUDE SUR L HÉMOLYSE PAR LE SÉRUM D'ANGUILLE, par O. GENGOU. Dans une uote antérieure (1), nous avons montré que le citrate de soude s'oppose à l'hémolyse par le venin de cobra, et que les sels solubles de calcium peuvent neutraliser cette action. Ces phénomènes sont analogues à ceux qu'Arthus a depuis longtemps signalés dans la coagulation du sang et du lait. Nous avons recherché si le citrate de soude a le même effet sur le pouvoir hémolytique si prononcé du sérum d’anguille. En général, nous avons pris comme dose hémolytique 0,1 centimètre cube d'une dilution de sérum au 80° dans de l’eau physiologique à 7,5 p. 1.000; (1) Gengou. Soc. de Biologie, mars 1997. SÉANCE DU 27 AVRIL TON cette quantité, portée dans 0,9 centimètres cubes d'eau physiologique, dissout en trente minutes à 37 degrés, une goutte de globules de lapin bien lavés au NaCI 7,5 p. 1.000. Si dans une série de tubes contenant ces divers éléments, on rem- place des quantités de plus en plus grandes d’eau physiologique par des volumes correspondants de cilrate de soude à 1,7 p. 100, l’hémolyse, rapidement complète en l'absence de citrate, est d'autant plus pénible que cette substance est plus abondante : faible après deux heures d’étuve en présence de 0,4 centimètres cubes de citrate, elle est nulle avec L,9 centimètres cubes. De même que pour le venin de cobra, le pouvoir empêchant du citrate de soude sur l'hémolyse par le sérum d’anguille est enrayé par UaCl. Dans une série de tubes contenant une dose uniforme de sérum (1/800° de centimètre cube) et une dose sûrement empéchante de eitrate (0,9 centimètre cube), on introduit des volumes croissants de CaCl à 1,54 p. 100, jusqu'à 1 centimètre cube. Partout on complète jusqu'à 2 centimètres cubes de volume total par NaCI 7,5 p. 4.000. Malgré le citrate, l’'hémolyse est nette après une heure en présence de 0,4 centimètres cubes de la solution calcique et complète avec 0,7 cen- timètres cubes. Nous avons recherché si le citrate s'oppose à l'hémolyse en empé- chant la fixation de l’hémolysine sur les globules, ou si, cette fixation se produisant, la dissolution globulaire est entravée par un autre mécanisme : Au culot obtenu par centrifugation de 25 gouttes de sang de lapin lavé, on ajoute 2,7 centimètres cubes de citrate 1,7 p. 100 et 0,3 centi- mètre cube de séram au 80°. On centrifuge quand l’hémolyse est coin- plète dans un tube témoin préparé en même temps et contenant la même quantité de sérum dilué dans 2,7 centimètres cubes de NaCl 7,5 p. 1.000 et 3 gouttes de globules de lapin. On décante et le liquide est de nouveau passé sur un culot de globules semblable au premier. Après une nou- velle centrifugation, on divise le liquide décanté en 3 portions égales : à l'une d'elles on ajoute 0,5 centimètre cube CaCl 1,54 p. 100, à la 2e 0,4 centimètre cube, et à la 3° 0,5 centimètre cube d’eau physio- logique. Aux 3 tubes on ajoute une goulte de globules de lapin. Après deux heures d’étuve, l'hémolyse est très forle dans les 2 premiers tubes, nulle dans le 3°. En présence de citrate, l'hémolysine ne s'était done pas fixée sur les culots de globules. En même temps, on avait préparé un autre tube contenant la même dose de sérum, et 0,4 centimètre cubes d’eau physiologique, sans citrate. Comme le premier, ce mélange est passé successivement sur 2 culots de 25 gouttes de globules, qu'il hémolyse naturellement en partie. Après la dernière centrifugation, le liquide est réparti également en 3 tubes; à l’un on ajoute 1,4 centimètre cube d'eau phy- 7138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE siologique, au 2° 0,9 centimètre cube de citrate à 1,7 p. 100 et 0,5 centi- mètre cube d’eau physiologique, au 3e 0,9 centimètre cube de citrate et 0,5 centimètre cube de CaCl. Chacun recoit une goutte de sang de lapin. Celui-ci reste intact aussi loin dans le 3° tube que dans les 2 autres. Contrairement à ce qui se passe en milieu citralé, le sérum d’anguille s'était donc ici fixé sur les culots de globules. C'est donc en empêchant la fixation du sérum d’anguille sur les globules que le citrate sodique s'oppose à la dissolution de ceux-ci. MM. Bordet et Gay (1) ont observé le même fait avec l’alexine. Nous avons aussi constaté que de faibles doses de CaCF favorisent considéralement l'hémolyse par le sérum d'anguille ; M. Delezenne avait fait la même observation (2). À une dose de sérum (1/4.000° de centimètre cube}, trop petite pour hémolyser 4 goutte de sang de lapin diluée dans 0,9 centimètre cube d'eau physiologique, on ajoute des . doses variables de CaCË à 1,54 p. 100; après trente minutes d’étuve, l’hémolyse, nulle en l'absence de sel calcique, est forte en présence de 0,1 centimètre cube de la solution caleique, et complète pour une dose double. | Cela étant, il fallait rechercher si, par décalcification du sérum d’an- guille au moyen d'oxalate de soude, on ne supprimait son pouvoir hémolylique ; il n’en est rien. Oxalaté à { p. 1.000 avant dilution, puis dilué même dans l’oxalate de soude à 1 p. 100, le sérum hémolyse par- faitement ; il en va de même avec des doses plus faibles d’oxalate. Lei nous ne trouvons donc glus l’analogie avec ce que l’on sait de la coagu- lation du sang; mais il y à parallélisme avec ce que l'on observe à propos de l’alexine, qui agit encore en milieu oxalaté. (nstitut Pasteur de Bruxelles.) MODIFICATIONS HISTOLOGIQUES DU REIN AU COURS DES DIVERSES DIURÈSES PROVOQUÉES. I]. — ÉTUDES SUR LE RAT : MODIFICATIONS VACUOLAIRES, par ANDRÉ Mayer et F. RATUERY. OBJET DE CETTE ÉTUDE. — Dans ces dernières années, on a décrit, en employant les techniques histologiques modernes, toute une série d'aspects des cellules du rein. Leur forme, leur contenu sont variables; ( 1) Communication orale. (2) 1 Communication orale. SÉANCE DU 27 AVRIL 139 dans certaines conditions apparaissent divers éléments protoplasmiques nouveaux dont la signification est encore aujourd’hui discutée. Il nous à paru qu'il ne suftit pas, pour déterminer le rôle physio- logique de telle ou telle variation structurale ou de telle ou telle inclu- sion cellulaire, d'examiner des reins normaux; le seul moyen de donner aux différents aspects leur signification, consiste à placer le rein dans différents états bien connus de diurèse; à faire agir sur lui des agents dont l’action physiologique a déjà été étudiée, et à comparer, en employant les mêmes techniques, les différentes figures histologiques obtenues en saisissant le rein au cours de ces diurèses provoquées. De plus, il semble bien qu'il est nécessaire d'opérer comparativement sur diverses espèces de mammifères. La méthode que nous indiquons a le double avantage de ne saisir qu'une réaction biologique à la fois, et de la pousser à l'extrême. EXPÉRIENCES SUR LE RAT. — Notre première série d’études a porté sur le rat d'égout (1). Dans la présente note, nous étudierons exclusivement les modifica- tions très apparentes de forme, de volume et d'aspect du parenchyme rénal; dans une autre, nous examinerons les modifications fines de la structure proloplasmique, et notamment les inclusions intraprotoplas- miques. Technique opératoire. Lorsque nous avons voulu injecter des éléments constiluants normaux du sang (chlorure de sodium, sucre, urée) pour en augmenter la concentration dans le sang, nous avons fait une lapa- rotomie et nous avons, au moyen d’une canule de Mariaud fine, injecté les solutions salines dans une grosse veine mésaraïque ou dans la veine porte. Nous avons fait des injections de liqueurs plus ou moins concentrées. Les aspects que nous allons décrire correspondent à des injections de 10 grammes par kilogramme environ, poussées en un quart d'heure. Les divers agents pharmacologiques ont toujours été injectés à dose concentrée, dans le péritoine. Un certain nombre de nos animaux ont succombhé immédiatement. Nous n'avons jamais lenu compte que des reins prélevés sur l'animal encore vivant une heure après l'intervention. Technique histologique. Dans cette note, nous ne nous occuperons que des pièces fixées au Van Gehuchten-Sauer et colorées par l'hématoxyline ferrique-fuchsine acide. (1) Nous avons choisi cet animal au début de nos expériences, parce qu'il a déjà été le sujet d’une série de travaux histologiques, aux résultats desquels ous pourrons comparer les nôtres. Le rat n’est pas très bien approprié à notre objet, parce qu'il se prête mal à l’expérimentation physiologique. Les diverses injections sont difficiles à faire, et l’animal est très fragile. 740 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ASPECT DU REIN NORMAL. — Le rein du rat d'égout, d’une facon géné- rale, présente le même aspect que celui du chien ou du lapin. La seule différence importante à noter, c’est l'extrême fréquence des vacuoles toujours petites apparaissant dans le protoplasma de certains tubes groupés par ilots. Ces vacuoles sont analogues, mais en beaucoup plus petit, à celles que nous avons décrites dans le rein du chien et du lapin au cours des polyuries provoquées. ASPECT DU REIN AU COURS DES DIURÈSES PROYOQUÉES. — «) Augmentation de concentration des constituants normaux du sang. Chlorure de sodium. Ecartement intertubulaire considérable; aplatissement du protoplasma cellulaire ; augmentation de surface de la lumière des tubes ; absence de débris intra-tubulaires. Présence, en grand nombre, dans le protoplasma, de vacuoles trois ou quatre fois supérieures en étendue aux vacuoles du rein normal. Ces diverses modifications portent sur certains îlots de tubes seulement. Glucose. Mèmes modifications. Les vacuoles sont aussi nombreuses, mais peut-être un peu moins volumineuse. Urée. Autant que nous avons pu le voir, point de modifications notables, B) Agents pharmacologiques. Pilocarpine. Dans certains îlots, écarte- ment des tubes; aplatissement du protoplasma, augmentation de la lumière, vacuoles considérables, moins nombreuses mais plus volumi- neuses que celles précédemment notées, semblant renfermer une pelite masse protoplasmique rétractée. T'héobromine. Tubes non écartés, fermés, bordure en brosse accolée. Protoplasma renfermant de nombreuses vacuoles pas très volumineuses. Caféine. Phloridzine. Aucune modification apparente. Au total, nous voyons surtout que l'augmentation de l’excrétion du chlorure de sodium et du sucre amène l'apparition de vacuoles nom- breuses dans le protoplasma des tubes contournés. L’injection de pilo- carpine et de théobromine amène aussi l'apparition de vacuoles un peu différentes d'aspect. (Travail des laboratoires des professeurs François-Franck et Debove.) SÉANCE DU 27 AVRIL TAA RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'EXHALATION DE VAPEUR D'EAU, par H. GuirremarD et R. Mooc. Au cours des deux séjours que nous avons faits à l'Observatoire de M. Janssen au sommet du Mont-Blanc, nous avons noté (1) durant les premiers jours une diminution considérable du volume de l'urine émise, malgré l'augmentation notable du volume de liquide ingéré. Cet arrêt partiel de la diurèse peut-il être attribué à l'exagération de la perte d’eau par une voie autre que la voie rénale (poumons et surface culanée) ? Est-il dû au contraire à un défaut d'élimination entrainant une rétention de liquide par l'organisme ? Nous nous sommes efforcés de résoudre la question par l'expérience, nous réservant de l’étudier en montagne lors d’une prochaine ascension. Le climat des grandes altitudes est caractérisé par la raréfaclion de l'air, sa sécheresse, sa basse température et enfin l’extrème intensité de la lumière. Comment ces divers facteurs influent-ils par leur ensemble sur la perte d’eau de l'organisme (l'élimination rénale mise à part)? La littérature scientifique nous fournit à cet égard quelques données, mais il était impossible, sans s'adresser à nouveau à l'expérience, de répondre à la question ainsi posée. Nous ferons connaître d’abord le dispositif expérimental que nous avons utilisé. Nous avons opéré sur des cobayes qu'il s'agissait de faire vivre dans un air suffisamment renouvelé dont on put faire varier la pression, la température et le degré hygrométrique en recueillant toute la vapeur d’eau éliminée par les poumons et la peau et isolant l'urine et les matières fécales au fur et à mesure de leur émission. Le cobaye était placé sur un grillage métallique à très larges mailles maintenu à 10 centimètres du bord supérieur d'une conserve en verre dont le fond était garni d'huile de vaseline ; dans ces condilions, l'urine et les matières tombent sous une couche huileuse qui les isole de l’atmosphère. Le tout est placé sous une cloche pouvant tenir le vide. L'air extérieur aspiré par une trompe arrive à la cloche après avoir traversé un compteur qui permet d'apprécier la vitesse du courant, une série d'éprouvettes à chlorure de calcium et ponce sulfurique où il se dessèche complètement, enfin un régulateur de dépression. L'air qui sort de la cloche traverse une série de barboteurs qui retiennent loute la vapeur d'eau. Un dispositif spécial permettait de dériver le courant et d'isoler le groupe de barboteurs de façon à pou- voir pratiquer une pesée sans interrompre l'expérience. (1) Voir Journal de Physiol. et de Pathol. gën., juillet 1906, p. 595. 749 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Régulateur de dépression. — Quand il s’agit d'expériences un peu prolongées, il faut renoncer à régler la dépression en faisant barboter l'air dans une colonne mercurielle. Aussi avons-nous imaginé un dis- positif facile à monter dans tout laboratoire et qui nous a donné d’excel- lents résultats. Le robinet d'admission de l'air R est commandé grâce à un levier par le flotteur f qui suit le niveau du mercure dans l’ampoule fixe A. Cette ampoule forme vase communiquant avec l’ampoule mobile A! qui est reliée par le tube {' à la cloche. Les deux ampoules étant au même niveau le robinet R est fermé. Mais si on vient à faire le vide dans la cloche, le mercure monte en A', descend en A et le robinet s'ouvre; la dépression obtenue ne pourra désormais plus varier quel que soit le débit de la trompe; on la règle à volonté en déplaçant l'ampoule A' suivant la ver- licale. Barboleurs. — Le courant d’air à entre- tenir dans la cloche doit être assez rapide (4 litre au moins à la minute), pour entrainer immédiatement la vapeur d’eau émise par l'animal ; mais alors la plupart des barboleurs qu’on trouve dans les labo- ratoires ne la retiennent qu'incomplète- ment. Nous sommes arrivés, dans ce cas spécial à d’excellents résultats en nous servant de barboteurs cylindriques de - 20 centimètres de long sur 3 de diamètre, bourrés de coton de verre et dans les- quels on introduit 30 grammes d'acide sul- furique concentré; le courant gazeux est ainsi divisé en une infinité de petites bulles qui cheminent dans leur course ascendante entre des filaments de verre imprégnés d'acide. Un tube ainsi disposé peut absorber 20 grammes d’eau, avec une vitesse de courant de 1 litre à la minute alors que le tube suivant n’en relient que quelques décigrammes et qu'un troisième tube ne change pas de poids. { ERRATUM COMMUNICATION DE M. LAPICQUE. Page 665. — La note (2) se rapporte à la ligne 10, en remontant, de la page 666; l'indication bibliographique du travail cité page 665, ligne 3 en remontant, est : Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1905. Page 665. — Ligne 8, en remontant, au lieu de : par 12, 10 et 20... par 15, 20 eb 40: lisez" par 1, 2, 10 et 20 "par 520tet "40: AUCUN ES à = # tk # REUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU 22 AVRIL 1907 : | SOMMAIRE Cuénor (L.) : Néphro-phagocytes dans le cœur et le rein des Poissons FESEUS OO PER Durour : La question des valeurs en peinture et la photométrie hétéro- CHLOMMATIQUE. 2.24 2 ee tu een ee ÉTIENNE (G.) : Cholécystite scléro- atrophique d'origine éberthienne, doMMphOIdIqUE..… 1: 48, su. ÉriENse (G.), JEanperze (P.) et Ricuow (L.) : Malformations orgaui- ques multiples chez un castrat na- HELLO PE Hausnazter (P.) et Sasotier : Hy- potrophie et rachitisme chez de JeLTeS Done SERRE HAUSHALTER (P.) et JEANDELIZE (P.) : Athérome de l'aorte chez une myxæ- démateuse âgée de treize ans. . . . JEANDELIZE (P.) et Parisot (J.) : Pression artérielle chez deux myxæ- 30 28 25 DÉMTATEUA-MMPACRNEAMERTS ANNEES MERCIER (L.) : Cellules à Bacillus Cuenoli dans la paroi des gaines ovariques de la Blatte . . . . . . .. Parisor (J.) : À propos de la tech- nique de la sphygmomanométrie Cheztlammale APE TE RicHon (L.) et JEANDELIZE (P.) Effets de l'ovariotomie sur la crois- sance chez la lapine.. . . . . . .. SIMON, SPILLYANN (L.) e& RICHARD : Bactéries saprophytes dans le sang CES CHERE M lo WEBER (A.) et Cox (R.) : Signi- fication d’un faisceau snrnuméraire du ligament péronéo-calcanéen chez L'HOMME RE RUN AE IE EE WgsEr (A.) : Formes de transi- tion entre les ébauches vasculaires et les îlots sanguins dans l'aire opaque des embryons de canard. . Présidence de M. Cuénot. BACTÉRIES SAPROPHYTES DANS LE SANG DES TUBERCULEUX, par SIMON, L. SPILLMANN et RicHaRp. On rencontre fréquemment dans le sang des tuberculeux des micro- organismes tels que le pneumocoque, le tétragène, le staphylocoque blanc, ete., dont le rôle dans l’évolution de la maladie est encore très discuté. Outre ces microbes banaux, nous avons observé dans deux cas de tuberculose ulcéro-caséeuse à marche aiguë des espèces insolites qui Biozocie. Compres RENDUS. — 1907, T. LXII. 5 14% RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (24) n'ont pas été signalées encore et qui nous ont paru d’ailleurs de sim- ples saprophytes, incapables d’influencer en un sens quelconque l’allure de l'affection. ; Dans le premier cas, il s'agissait de bâtonnets cylindriques à extré- mités presque carrées, présentant au centre une zone claire et deux extrémités plus foncées; ces bätonnets étaient ou bien isolés ou bien attachés bout à bout, de façon à constituer des chainettes plus ou moins longues. Les caractères de coloration et de culture de ces bâtonnets corres- pondaient exactement à ceux du B. mesentericus vulgatus. Cette bac- térie est, comme on sait, extrêmement répandue et nous aurions pu croire à une faute de technique, si nous n avions recueilli le sang dans les conditions d'une asepsie rigoureuse et si d’autre part nous l’avions rencontrée d’autres fois au cours de nos recherches sur la bactériologie du sang chez les tuberculeux, ce qui ne nous est jamais arrivé en dehors du cas précédent. D'ailleurs, comme cette bactérie se rencontre fréquemment dans les excréments de l’homme et des animaux, il n’est pas surprenant qu'elle puisse accidentellement passer de l'intestin dans le sang. L'injection d’un demi-centimètre cube d'une culture de trois jours sur bouillon dans le péritoine d’un cobaye détermina la mort au bout de vingt-quatre heures, et de nouvelles cultures faites avec le sang et la rate de l'animal reproduisirent les caractères de la culture primi- tive. Par contre, d’autres injections dans les veines et dans le tissu cellulaire d’un lapin et d’un cobaye demeurèrent absolument néga- tives: É | Chez notre second malade, il s'agissait également d'éléments cylin- driques, à zone claire centrale, formant de longues chaïnettes et pré- sentant la même affinité pour les couleurs d’aniline que les organismes précédents. Mais ses caractères de culture permettaient de l'identifier au B. I. de Bienstock, qui se rencontre, lui aussi, dans les selles de l'homme. L’inoculation dans les veines du lapin n’a donné lieu à aucun accident. HYPOTROPHIE ET RACHITISME CHEZ DE JEUNES POULETS, par HAUSHALTER et SABOTIER. Huit poussins nés au début de janvier furent élevés dans un sous- sol chauffé, mais peu éclairé ; ils recurent une nourriture variée ; mais, en plus, cinq reçurent dans leur alimentation de l'alcool. Cinq sur huit succombèrent de bonne heure avec diarrhée et cachexie. Trois survécurent; lun d'eux mourut à deux mois et demi; il n'avait (25) SÉANCE DU 22 AVRIL 745 pas recu d'alcool; les deux autres vivent encore et sont âgés actuelle: ment de près de quatre mois; ils ont recu de l’alcoo! pendant trois mois et n’en ont plus depuis près d’un mois. Sans noter de différences bien appréciables entre le premier el les deux autres, nous constatons chez tous trois les signes el les lésions que l'on observe chez les enfants devenus hypotrophiques par suite de conditions défectueuses d'aération, de lumière, de nourriture. Nos poulets sont nés en plein hiver, à la période des jours les plus courts, ont été élevés dans un espace confiné, n'ont jamais subi l'action du soleil, ni même de la lumière franche ; bien que fournis d’une nour- riture convenable, ils ont été privés en partie des aliments animaux, végétaux, minéraux que trouvent les gallinacés élevés en liberté. Leurs muqueuses sont pâles ; le développement des plumes est imparfait ; ils sont pelits, tassés, rabougris, laids; ils marchent maladroitement, de- meurent habituellement accroupis, ne savent ni sauter, ni voler. Très retardataires au point de vue du développement, leur poids a présenté de curieuses irrégularités ; pour ne citer qu’un exemple, les deux survivants piacés depuis le 2 avril dans un local moins éclairé et frais n'augmentent plus de poids que de quantités très faibles. Ils ont fréquemment de la diarrhée. Enfin, ils présentent des défor- mations et des lésions nettement rachitiques : nouures des épiphyses, dévialions de la colonne vertébrale et du bréchet, fragilité, flexibilité extrême des os, comme on peut le voir sur le squelelte ci-joint du poulet qui a succombé à deux mois et demi, et comme vous le voyez sur les deux spécimens vivants que nous vous présentons. Le rachitisme des jeunes gallinacés domestiques est connu; M. L. Spillmann, dans sa thèse, a donné l'observation complète de deux poulets étudiés avec l’un de nous. Mais la réalisation du rachitisme expéri- mental est cependant assez rare pour que nous ayons cru pouvoir vous montrer aujourd'hui les exemplaires que nous vous présentons et qui rappellent par bien des points l’état des enfants atrophiques et rachi- tiques de la classe populaire des grandes villes. CHOLÉCYSTITE SCLÉRO-ATROPHIQUE D'ORIGINE ÉBERTHIENNE, NON TYPHOIDIQUE, par G. ETIENNE. Avec M. G. Thiry, nous avons eu l’occasion de rapporter dernièrement une observation d'ictère catarrhal éberthien chez un vieillard n'ayant jamais eu la fièvre lyphoïde. Pendant deux crises d'ictère catarrhal, très simple, apyrétique, le sang du malade agglutinait les cultures d'Eber(li à un taux de 1 p. 400 et de 1 p. 1.000, alors que les paraty- 146 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 26) phiques et les paracoli n'étaient agglutinés que dans la proportion de 1/10 à 1/30. Et dans les selles nous avons pu isoler le bacille d'Eberth. Nous avons signalé (1) que ce malade, vieux tabétique hémiplégique, que je suis depuis près de vingt ans, soit à l'Hôpital civil, soit à Saint-Julien, n'avait jamais présenté aucune maladie pouvant être attribuée à une infection éberthienne si atlénuée soit-elle, mais qu'il séjourna pendant près de douze ans dans les salles communes, où passèrent pendant celte période des typhoïdiques en nombre presque incalcu'able. Depuis le 23 février 1906, date de la guérison de sa dernière crise d'ictère catarrhal, avec laquelle s'arrête notre observation antérieurement publiée, le malade fut très régulièrement observé. À aucun moment il ne se plaignit d’une douleur quelconque dans l'abdomen, sauf de temps en temps quelques vomissements sans caractère. Le 20 juillet, le 23 août, la séroréaction est encore nettement positive dans les environs de 1/1.000 pour le bacille d’Eberth. Puis dans les examens suivants elle descendit autour de 1/100; et le 16 février 1907 elle était parfaitement positive à 1/50, douteuse à 1/100. Le 23 février, à la visite du matin, je constate que le malade ne présente rien de particulier du côté de son appareil digestif, que notamment il n'y a pas trace de subictère, que les selles sont normalement colorées, ainsi du reste qu'elles le furent toujours chez lui. Dix minutes plus tard, le malade succombait à une crise d’aortite. A l’autopsie on constate l'existence d'une masse d'adhérences conjonclives, dures, englobant la région du hile du foie, la région pylorique, la portion initiale du duodénumi, la tête du pancréas et la partie supérieure du rein droit. Ces adhérences ont leur maximum de développement au niveau des voies biliaires, et dans cette masse il est impossible au premier examen de pres- sentir la vésicule. Une dissection très laborieuse arrive cependant à isoler toutes les voies biliaires. La vésicule, petite, ratatinée, perdue dans la masse conjonctive, à parois très épaissies, ayant 3 cm. 5 de longueur sur 2 em. 5 de largeur, renferme de nombreux calculs, petits, müriformes, mais pas de liquide. Le canal cystique, court (six millimètres), élargi lorsqu'il a été isolé et sculpté, les canaux cholédoque, hépatique, sont englobés dans la gangue conjonctive, mais manifestement perméables dans toute leur étendue, sans trace de rétrécissements cicatriciels annulaiies. - Ù En raison des diffieultés de la dissection des voies biliaires, il a été impos- sible de faire des ensemencements avec leur contenu, malgré les mesures initialement prises dans ce but. Des ensemencements avec des fragments centraux de calculs sont restés stériles. Intestin absolument normal. Pancréatite chronique, avec sclérose ; léger degré de sclérose rénale. Cardiosclérose avec hypertrophie des parois et dilatalion considérable des cavités. Sclérose des sigmoïdes. Athérome aorlique avec nombreuses plaques (1) G. Etienne et G. Thiry. Archives général S de médecine, 1907, 1° janver. (27) SÉANCE DU 22 AVRIL 141 calcifiées, el plaques de ramollissements athéromateux à 1 centimètre au- …. dessus de l’origine du vaisseau. Coronaires perméables, sans rétrécissement. Arthropathie de l’épaule droite. — Lésions diverses classiques du tabes. En somme, en ce qui nous intéresse ici, lésions de cholécystite scléro- atrophique avec péricholécystite étendue, ayant respecté la perméabilité des voies biliaires. Ces lésions nous permettent d'expliquer les poussées d’angiocholite par extension ascendante aux ramifications du canal hépatique de l'infection partie de la vésicule, déterminant l'hypercholie avec ictère, sans rétention biliaire, puisque les selles ne furent jamais décolorées. La présence de calculs dans la vésicule ne peut expliquer par une ; migration calculeuse indolore les poussées d'ictère, car une rétention | biliaire capable de déterminer de l'ictère pendant plusieurs jours, _ probablement pendant plusieurs semaines lors de la crise de 1905, serait ceitainement accompagnée de décoloralion des selles. D'autre part, le canal cystique était bien relativement perméable, mais son enserre- ment dans la masse des adhérences serrées ne semble pas avoir permis l'engagement d'un calcul. Un fait intéressant, c’esl la persistance indéfinie du pouvoir agglu- tinant du sang sur le bacille d'Eberth, en dehors des poussées d’ictère catarrhal, tandis que, dans la totalité des cas de présence non mani- festée dans l'organisme, le bacille d'Eberth ne détermine pas la forma- tion de substance agglutinante et la réaction de Widal est toujours restée négative. La persistance constante de cette réaction d'infection démontre que l'Eberth était, non pas à l'état de saprophyte non viru- lent, de microbisme latent, mais au contraire bien agissant, et le facteur pathogène de celte péricholécystite qui s’établissait extrème- ment insidieusement, lentement, progressivement, constamment. S L'indolence complète de cette inflammation chronique doit être retenue, car elle tranche avec les douleurs très habituellement pro- voquées par celte lésion. Elle doit être rapprochée des phénomènes F Rat 2XG 4 on 1 3 païfois observés chez les tabétiques, tels que l’indolence absolue du 4 travail de l'accouchement chez certaines femmes (Heitz), et chez notre È malade lui-même des crises périodiques de vomissements incessants, 4 déterminant d'assez violents efforts, mais sans la moindre sensation à douloureuse, véritables crises gastriques d'aspect si spécial qu'il pré- E- senta il y a une douzaine d'années, crises qui se renouvelèrent {rès È régulièrement, mensuellement, pendant quinze mois. 1 Ë EE Te A = ne © RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (28) LA QUESTION DES VALEURS EN PEINTURE ET LA PHOTOMÉTRIE HÉTÉRO-CHROMATIQUE, £- par Durour. Quand en photométrie on cherche à comparer entre eux des éclaire- ments différents, on reconnait que l'œil permet de décider avec précision si deux éclairements sont égaux ou inégaux, à condition que ce soient des éclairements de même couleur. Si les plages lumineuses que l’on veut comparer n’ont pas la même couleur, les indications que notre œil nous fournit n’ont plus du tout la même certitude: si les deux lumières sont très inégales, nous pouvons dire que l’une est plus intense que l'autre, mais l'égalité de deux lumières diversement colorées n’est pas définie avec une grande précision. Helmholtz dit explicitement que dans les comparaisons d’intensités lumineuses hétérochromes il ne s’agit pas de comparer une seule grandeur, mais qu'il en intervient deux, luminosité et éclat de la couleur (Helligkeit und Farbenglul), qu'il ne sait pas former une somme simple avec ces deux éléments, et qu'il ne peut même pas définir scientifiquement la somme simple de ces éléments. Dans les laboratoires, quand on veut comparer d'une facon un peu précise des éclairements diversement colorés, on emploie des écrans (verres ou liquides colorés), ou bien on décompose les lumières à l’aide d’un prisme, de façon à ne jamais faire de comparaison qu'entre des plages lumineuses de même couleur (spectrophotométrie). . Pourtant la photométrie hétérochromatique intervient dans la vie de tous les jours sous une forme plus ou moins nette, et l'artiste qui fait un fusain ou une peinture monochrome (grisaille, sépia ou camaïeu) est obligé de donner au problème une solution pratique puisqu'iltraduit la variété des couleurs qu'il a sous les yeux par des différences d’inten- sité d’un même ton plus ou moins lavé de blanc. C’est là que les peintres introduisent la notion de valeurs. La valeur n’est pas aisée à définir : on peut dire qu’elle varie en sens inverse de l'intensité lumineuse, mais comme l'intensité lumineuse pour des lumières de couleurs différentes n'est pas nettement définie, la valeur reste quelque chose d’un peu flou. L'artiste qui fait une peinture monochrome est donc placé en face d’un problème mal défini, et la solution qu'il en donne dépend naturellement de son tempérament et de sa personnalité. Depuis longtemps je fréquente des ateliers de peintres et la chose a toujours altiré mon attention. Donnant cette année quelques conférences aux élèves de l’Écoie de Nancy sur l'Optique et la Peinture, j'ai cru devoir faire quelques recherches à ce sujet. Il me fallait pour cela non un photomètre précis et d’un maniement un peu délicat comme ceux qui sont en usage dans les laboraloires, mais 2 "A 0) - hs. À, # É idee: NS Ré PS PE ARE : 5 à Sr de 7 ont at (29) SÉANCE DU 22 AVRIL 149 un outil un peu grossier pouvant être facilement employé sans appren- tissage. En modifiant un dispositif indiqué par le professeur Hering j'ai réalisé une sorte de photomètre qui répond à mon but. Une petite caisse intérieurement noircie, et dont on a enlevé une face, est divisée en deux compartiments superposés. Dans chacun d’eux une surface plane, par exemple une feuille de papier fixée sur un cadre, peut tourner autour d'un axe horizontal de facon à recevoir plus ou moins de lumière. Les mouvements donnés au cadre sont repérés à l’aide d’un cercle gradué. | La feuille de papier du compartiment supérieur est percée d’un trou auquel on peut donner telle forme que l’on veut. La face supérieure de la caisse porte une ou deux ouvertures par où l'observateur regar- dant avec un œil ou avec les deux yeux peut voir juxtaposées les surfaces éclairées des deux compartiments. En faisant varier l’inclinaison de ces surfaces on fait varier leur éclairement. L'appareil permet très facilement de faire des expériences de contraste et de montrer le phénomène de Purkinje. Il permet aussi de se rendre rapidement compte de la précision avec laquelle un œil est susceptible d'apprécier l'égalité d’éclairement de deux plages voisines. Supposons réalisée l'égalité d’éclairement :; on peul faire tourner d’un certain angle une des surfaces lumineuses sans détruire celte égalité et la valeur de cet angle est une indication de la sensibilité de l'œil de l’observaleur dans les conditions de l'expérience. Mes premiers essais ont été faits avec deux feuilles d’un même papier blanc recevant de la lumière ayant traversé des verres colorés. J'ai employé aussi des papiers colorés à l’aide de couleurs à la caséine. En changeant les verres colorés ou la nature des surfaces on peut chercher à se rendre compte de la sensibilité de l'œil pour les différents assemblages de couleurs. J'ai opéré ainsi avec plusieurs artistes de Nancy, et, sans vouloir tirer de ces expériences des conclusions qui seraient encore prématurées, je puis dire que j'ai trouvé entre leurs yeux des différences assez sensibles. Ils étaient généralement surpris par la juxtaposition de couleurs aussi _ vives, mais arrivaient cependant à établir l'égalité d’éclairement : les réglages faits, les différents observateurs ne concordent pas entre eux. 750 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (30) NÉPHRO-PHAGOCYTES DANS LE-COŒUR ET LE REIN DES POISSOXS ossEUx, par L. CUÉNor. Les néphro-phagocytes sont des cellules qui possèdent une double propriété, comme leur nom l'indique : 1° elles éliminent, à la manière de cellules excrélrices ordinaires (néphrocytes), certaines substances colorantes dissoutes, introduites dans l'organisme; 2° elles sont capables de phagocyter des particules solides. Expérimentalement, on peut les déceler soit par une injection physiologique d’encre de Chine, soit par une injection de carminate d’'ammoniaque ou de tournesol; ce dernier réactif montre, par son virage, que les granulations excrétrices ont une forte réaclion acide. J'ai signalé pour la première fois (1900) de telles cellules chez Les Sipunculiens (Phascolosoma vulgare et elongatum, Phascolion strombi, Physconosoma granulatum) ; la surface externe de diverses régions du tube digestif est recouverte de cellules périlonéales modifiées {chlora- gogènes), qui prennent électivement le carminate et le tournesol, aussi bien que l'encre de Chine. Bruntz (1907) a reconnu la présence de néphro-phagocytes épars dans le tissu conjonctif chez tous les Crustacés supérieurs à partir de Nebalia; ils peuvent être accompagnés de néphrocytes qui n’ont que la fonction excrétrice, et de phagocytes qui n'ont que la fonction phago- cylaire. Cette suppléance diminue naturellement l’activité des néphro- phagocytes; et chez les Crustacés Décapodes, qui possèdent à la fois des néphrocytes spécialisés (néphrocytes branchiaux) et un organe phago- cylaire spécialisé (ramuscules de l'artère hépatique), il est même pro- bable que l'importance fonctionnelle de ces cellules, en tant que néphro- phagocytes, est tout à fait minime; elles se sont transformées, à ce que je crois, en éléments de réserve, accumulant des albuminoïdes (cellules protéiques). J'ai retrouvé encore des néphro-phagocytes chez les Poissons osseux, où ils occupent deux situations principales : 1° dans le cœur (revête- .ment endothélial); 2° dans les reins (épars dans le tissu lymphoïde). Cœur. — Les néphro-phagocyles cardiaques n'existent que dans les groupes supérieurs de Téléostéens, à partir des Cyprinodontidés; si, chez une Perche ou une Epinoche, on pratique une injection cælomique d'encre de Chine finement brovée, on constate, au bout de quelques heures, que l'oreillette est devenue absolument noire; les cellules. endothéliales sont bourrées de grains d'encre. Le revêtement interne du ventricule présente la même propriété, mais à un degré moindre, ses cellules étant beaucoup plus plates que celles de l'oreillette. Après injection de carminate, le cœur prend une vive teinte carminée, et on (31) SÉANCE DU 22 AVRIL TE voit, à l’intérieur des mêmes cellules, les granules normaux du cylo- plasme qui sont nettement colorés en rose. Du reste, on peut mettre en évidence le double rôle de l’épithélium cardiaque par une seule injection d'un mélange de carminate et d'encre; les granules cytoplasmiques sont roses et entourés de fins grains noirs, comme s'ils constituaient des centres attractifs. L'injection de tournesol bleu permet de déceler la réaction nettement acide des granules. Les néphro-phagocytes ne se trouvent que dans l’oreilletie et le ventricule; l'épithélium interne du bulbe, constitué par des cellules toutes différentes, n'absorbe jamais ni l'encre ni le carminate. La fonction néphro-phagocytaire de l’endothélium cardiaque s'est développée dans l’ordre des Téléostéens, lorsque celui-ci était déjà en pleine évolution ; en effet, si l’on se reporte à l’arbre généalogique tel _ qu'il a élé établi par les ichtyologues (surtout d’après l’étude du sque- _ letle), on voit que les groupes considérés comme primitifs ou anciens (Malacopterygü, Ostariophysi, Apodes) ne possèdent pas de néphro- phagocytes cardiaques, tandis qu’ils sont bien différenciés dans les groupes supérieurs ou récents (Catosteomi, Percesoces, Anacanthini, Acanthopterygü). Je n'ai pas examiné de représentants des Pediculati et des Pleclognathi, mais je suis persuadé, vu leur place dans l'arbre * généalogique, qu'ils possèdent aussi des néphro-phagocyies dans le cœur. C'est dans le groupe des Æaplomi que ces cellules ont sans doute apparu : le Brochet (Z£sox) n'en a pas, tandis que les Cyprinodontidæ “(Girardinus) ont des néphro-phagocytes cardiaques comme les groupes supérieurs ; il est probable que les Æaplomi constituent un sous-ordre artificiel qu’il faudra démembrer; c’est du reste, pour de toutes autres raisons, l'avis de Jordan. La plupart des espèces d’eau douce (Salmonides, Cyprinides, Silu- rides, Anguilla, Esox) n'ont pas de néphro-phagocytes cardiaques; mais ce n’est pas parce qu’elles sont d’eau douce, mais parce qu’elles appartiennent à des groupes primitifs ; il y en a au contraire chez Girar- dinus, Gastrosteus, Eupomotis, Perca, Paralilapia, Coltus, également d'eau douce, mais apparentés à des groupes supérieurs. Rein. — Le rein des Téléostéens renferme un important organe lym- phoïde, qui présente deux formes extrêmes reliées par divers intermé- diaires : tantôt le tissu lymphoïde est disposé entre les canalicules, uniformément dans toute l'étendue du rein (Gobius, Solea, Scorpæna, Mullus); tantôt la région antérieure du rein, dépourvue de canalicules, est entièrement constituée par du tissu lymphoïde, qui est beaucoup moins développé où manque dans les régions moyenne et postérieure (Perca, Mugil, Tinca, Blennius). Cet organe lymphoïde a certainement une fonction globuligène, comme le prouvent les nombreuses mitoses des éléments germinalifs; il a aussi une importante fonclion phagocy- = O6 19 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (32) taire, au même titre que la rale. Les phagocytes, dont la disposition varie quelque peu suivant les espèces, capturent lencre de Chine injectée dans le cœlome, et éliminent le carminate et le tournesol dissous, concurrémment avec les canalicules urinifères; ce sont des néphro-phagocytes à granulalions acides, comme ceux du cœur. - On connaît chez d’autres Vertébrés des cellules qui ont sans aucun doute la valeur de néphro-phagocytes, par exemple les Siernzellen des capillaires du foie (Grenouille, Oiseaux, Mammifères), l’'endothétium des capillaires de la moelle des os (Pigeon, Chien, Lapin, d’après G. Cousin, 1898); ce sont en effet des cellules à granulations'acides qui prennent l'encre de Chine, le carminate et le tournesol. D'autre part, il est bien probable que les cellules colorables par le lithioncarmin, que Ribbert (1904) a signalées dans les ganglions lymphatiques, le tissu conjonctif, etc. (Lapin), sont aussi des néphro-phagocytes épars, ana- logues à ceux du tissu lymphoïde rénal des Téléostéens. PRESSION ARTÉRIELLE CHEZ DEUX MYXOEDÉMATEUX, par P. JEANDELIZE et J. Parisor. Il nous a paru intéressant de rechercher la valeur de la pression artérielle chez les sujets atteints d'insuffisance thyroïdienne. C’est ee que nous avons fait à la clinique de notre maître, M. le professeur Haus- halter, sur deux malades présentant les signes bien typiques du myxœædème. Le premier est un garçon actuellement âgé de trente ans, dont l'obser- vation a déjà été publiée en détail par l'un d’entre nous (4). Il s’agit d’un homme présentant les caractères de la forme incomplète de l’in- suffisance thyroïdienne, et au sujet duquel il ne saurait y avoir de doute au point de vue du diagnostic : pas de corps thyroïde appré- ciable cliniquement, facies typique, intelligence enfantine, petitesse de la taille (1"116), bouffissure générale, organes génitaux infantiles, constipation habituelle, etc. Le second sujet est une fille âgée de sept ans, mesurant 02192, ayant nettement le type complet du myxædème, autrement dit présentant tous les caractères de l’idiotie myxæœdémateuse de Bourneville. ; Ces deux sujets étaient, en somme, bien propres à la recherche que nous nous proposions de faire. Nous nous sommes servis pour cela du (1) P. Jeandelize. Insuffisance thyroïdienne et parathyroïdienne. Thèse de Nancy, 31 juillet 1902, p. 459... » (33) SÉANCE DU 22 AVRIL 153 sphygmomanomètre de Potain. Voici les résultats obtenus, en nous plaçant toujours dans les mêmes condilions de recherches : Chez le premier malade, âgé de trente ans, nous avons obtenu comme tension moyenne : 10,4. Chez le second malade, âgé de sept ans, la moyenne fut de 5,8. Or, si nous comparons ces chiffres avec ceux d'individus normaux de même dge, nous voyons de suite combien la moyenne de 10,4 du premier malade, d'âge adulte, est inférieure à la moyenne, variable suivant les auteurs, de 15 à 18 généralement admise, et combien aussi la moyenne de 5,8 du second, âgé de sept ans, est également inférieure au chiffre de 12,1 et 12,2, donnés comme normaux par Carrière el Dan- court (1) pour les âges de six à sept ans et de sept à huit ans. Donc, à ne considérer que l’âge, la pression artérielle chez les myxædémateux observés est nettement inférieure à ce qu’elle devrait être. Si maintenant, au lieu d'envisager l’âge, nous ne tenons compte que de la faille, nous constatons que la taille de 1"116 du premier sujet est celle, d’après Chaumet (2), d’un enfant moyen de sept à huit ans, et que celle de 0792 se rapporte à la taille d’un enfant moyen de un à deux ans. Or, Carrière et Dancourt donnent comme pression moyenne 12,2 pour l’âge de sept à huit ans et 10,4 pour l’âge de un à deux ans, pres- sions qui, toutes deux, sont supérieures à celles observées chez nos malades. Chez les deux sujets, atteints manifestement d'insuffisance thyrot- dienne, et qui ont donné lieu à ces observalions, il y a donc une dimi- nution dans la tension artérielle. L'intérêt de cette constatation ne saurait nous échapper, car, ici encore, nous voyons.le myxæœdème tendre à conserver un des caractères de la première enfance : la faible tension artérielle par rapport à l'adulte. En cela comme ailleurs, l'insuffisance thyroïdienne se montre maitresse pour figer celui qu’elle atteint dans une perpétuelle enfance. Nous appelons l'attention de ceux que le myxœdème occupe, sur cette question, car la vérification de ce fait nous paraît intéressante ; Muggia (3) s'est d’ailleurs prononcé dans le même sens que nous. De plus, nous nous réservons de communiquer prochai- nement nos observations sur l’état de la pression artérielle chez des animaux thyroïdectomisés, d'après des expériences actuellement en cours au laboratoire de physiologie de M. le professeur Meyer. (Clinique de M. le professeur Haushalter.) (1) Carrière et Dancourt. Revue de médecine, 10 juillet 1904, p. 551. (2) E. Chaumet, Thèse de Paris, mars 1906. (3) Muggia. 1! Morgagni, juillet 1899, p. 435. À 154 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (34) ATHÉROME DE L'AORTE CHEZ UNE MYXOEDÉMATEUSE AGÉE DE TREIZE ANS, par P. HAUSuHALTER et P. JEANDELIZE. L'enfant dont nous parlons était une myxæœdémateuse appartenant au type complet de l'insuffisance thyroïdienne spontanée. Nous ne dirons rien iti des symptômes morbides, classiques d’ailleurs, présentés par elle. Nous insisterons seulement sur ce fait que, malgré le jeune âge du sujet (treize ans), l’autopsie permit de constater un athérome des plus manifestes au niveau de la crosse de l'aorte et se propageant vers le tronc brachio-céphalique et les carotides primitives. À part le calibre qui en différait, l'aorte ressemblait en tous points, avec ses plaques athéromateuses, à l'aorte d’un vieillard artério-scléreux. Cette constatation chez un sujet jeune est intéressante, surtout si nous la rapprochons de cas analogues décrits déjà par Marfan et Guinon (1), et surtout par Bourneville (2), et si de plus nous nous rappelons qu’expéri- mentalement von Eiselsberg (3) a obtenu par la thyroïdectomie chez le mouton des modifications analogues de la tuuique aortique. Il semble donc résulter de ces faits que la thyroïdectomie est capable de produire l’athérome. Nous savons d'ailleurs que le traitement thyroï- dien a élé employé avec succès dans certains cas d'artério-sclérose, tout particulièrement par Lancereaux et Paulesco (Aca !. de méd., 1899), fait qui rentre dans le même ordre d'idées que la constatation clinique que nous faisions au début de notre communication. Envisageons maintenant par quel mécanisme l'absence de sécrétion thyroïdienne agit pour produire la lésion artérielle. On sait que, si Livon a admis que le corps thyroïde a une action vaso- constriclive, du moins de nombreux auteurs (4) ont mis en évidence son action vaso-dilatatrice et hypotensive. De sorte qu'en admeltant l’opi- nion de la majorité de ceux qui se sont occupés de la question, on pour- rait s'attendre à voir l'insuffisance thyroïdienne se traduire par de l'hypertension, hypertension facilement explicative des lésions athéro- mateuses. Or, cet a priori parait être faux d’après les recherches de Muggia et celles que M. J. Parisot et l’un de nous ont faites dans deux (1) Marfan et Guinon. Rev. des muladies de l'enfance, nov. 1893. (2) Bourneville. Consulter les cas d'insuffisance thyroïdienne publiés dans la série de ses Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, etc. (3) Von Eiselsberg. Die Krankheiïten der Schilddrüse; Stuttgart, 1901, p. 47. Deutsche Chirurgie, Lief. 38. (4) Voir à ce sujet : Gley (E.) Art. : « Mécanisme physiologique des troubles vasculaires » du Traité de Pathologie générale, t. II, 2 part., p. 167. s U in (35) SÉANCGE DU 22 AVRIL = Où OC cas de myxœdème, où il y avait manifestement hypotension (voir la communication faite dans cette même séance). L'athérome des ath yroïdiens ne reconnaïtrait-il done pas plutôt comme cause une influence toxique particulière à l'insuffisance fonctionnelle de la thyroïde et capable de léser la tunique artérielle? Quoi qu'il en soit du mode pathogénique, il n’en resie pas moins acquis par les faits expérimentaux et cliniques que l'insuffisance thyroï- dienne peut produire l’athérome. Il est bon toutefois de remarquer qu’un fait, en apparence paradoxal, semble en opposition avec cette donnée. Ne semble t-il pas en effet difficile de concilier le pouvoir qu'a l'insuffisance thyroïdienne d'aboutir à l’athérome avec cette intéressante constatation de Lortat-Jacob et Sabareanu (1), à savoir que la thyroïdectomie met un obstacle à l’évolution athéromateuse bien connue, qui se produit à la suite de l'injection de l’adrénaline ? MALFORMATIONS ORGANIQUES MULTIPLES CHEZ UN CASTRAT NATUREL, par G. ETIENNE, P. JEANDELIZE et L. Ricuon. L'observation de ce malade a élé communiquée par nous à la Sociélé de. Biologie le 14 novembre 4903. Il s'agissait d’un homme de cinquante- cinq ans, type de castrat naturel, de haute taille (1"74), avec allonge- ment des membres inférieurs ; il mourut à cinquante-neuf ans, d'une hémorragie cérébrale, à la clinique des vieillards de l'hôpital Saint- Julien. Voici les points principaux relevés à l’autopsie : Les testicules, dont. l'un est situé à l’orifice externe de l'anneau inguinal, sont très petits et fibreux (poids 3 grammes); leur étude histo- logique a été faite dans la séance du 14 janvier par M. Champy, externe au service, qui a constaté l'absence complète de la glande interstitielle et une dégénérescence accentuée de la glande séminale. La prostate n'a que 13 millimètres d'épaisseur maxima ; elle est morcelée par de larges bandes de tissu conjonctif; de nombreux îlots glandulaires se voient cependant sur les coupes. La verge mesurait sur le vivant 4 centimètres environ; sur une coupe transversale, les corps caverneux n'ont ensemble qu'un centimètre de largeur. Dans la région lombaire droite se trouve un gros rein de 220 grammes, paraissant histologiquement normal. L'autre rein est absent; mais 1l existe dans la région lombaire gauche un petit kyste, de la dimension (4) Lortat-Jacob (L.) et Sabareanu (G.). Soc. de Biologie, 19 nov. 1904, t. IF, p. 444. 156 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (36) d'un petit œuf de poule, à contenu limpide, appendu à une sorte de pédicule, dans lequel la dissection ne montre ni ureière, ni vaisseaux. La rate occupe sa situation normale; elle est unique et très petite (25 grammes); les vaisseaux ont leur paroi épaissie, mais la pulpe a son aspect normal; pas d’épaississement de la capsule. -- Le foie ne pèse que 1.250 grammes, malgré la taille du sujet ; l'examen histologique révèle un peu de congestion passive, avec pigmentation des cellules, mais le tissu fibreux n’est pas anormalement développé; on sait toutefois qu'on observe chez des sujets considérés comme normaux de grandes variations dans le volume et le poids de cette glande. Le corps thyroïde a son poids normal (29 grammes); il n’est pas modifié dans sa constitution. Les capsules surrénales ne montrent aucune lésion. Il y a donc ici une série d'anomalies viscérales dont la cause nous échappe, portant sur le rein, la rate, l'appareil génital, et peut-être le foie. Rien dans l’histoire clinique de ce malade ne nous donnait la clef du mode pathogénique suivant lequel avait pu se produire son eunu- chisme; nous n'avions pu constater que son atrophie génitale. L’au- topsie, en nous révélant l’existence de plusieurs malformations viscé- rales, nous permet-elle d'invoquer à l'origine de cet eunuchisme une malformation testiculaire, relevant comme les autres de la même cause inconnue? Nous pensons que, dans ce cas du moins, cette hypothèse peut se soutenir. La malformation testiculaire aurait eu une action pré- dominante sur le développement du sujet et réalisé ainsi le type complet du castrat naturel. EFFETS DE L'OVARIOTOMIE SUR LA CROISSANCE CHEZ LA LAPINE, par L. Ricaon et P. JEANDELIZE. Nousrapportons ici le résultat de quatre séries d'expériences d’ovario- tomie, faites sur des animaux de même portée. Nous avons opéré des lapines Jeunes aux âges de six semaines à trois mois. L'ovariotomie a été totale et pratiquée suivant le procédé latéral; nous faisions une petite incision dans les flancs longue environ de 2 centimètres et demi, parallèle à la ligne blanche, et commençant un peu au-dessus de l'angle antéro-supérieur de l'os innominé et à 1 centimètre environ en dedans de cet angle. Ce procédé facile évitait les trop grands délabrements. L'opération a toujours été faite en deux temps, laissant entre l’ablation de chaque ovaire au moins un jour d'intervalle. Voici le résumé de nos recherches portant sur les os longs des membres, le signe + siguifiant SÉANCE DU 22 AVRIL 757 une dimension plus grande des os de l’opérée par rapport au témoin, le signe —, une dimension moins grande. Séries. Opérée à : Sacrifice à : Résultat. [Une opérée et un témoin. . . 2 mois 1/2 à3 mois. 12 mois 1/2. + Il. Une opérée et un témoin. . T1 semaines. 15 mois. — IL. Une opérée et deux témoins. 1 semaines. . 8 mois. — IV. Deux opérées et un témoin. 6 semaines. 6 mois 1/2. — Tandis que chez le lapin mâle jeune, la castration produit un allonge- ment des os longs, ainsi que cela a été constaté souvent, par nous-mêmes en particulier (1), l’'ovariotomie pratiquée chez la lapine, également dans le jeune äge, semble donner d’après nos expériences des résultats variables, tantôt une augmentation de longueur, tantôt une diminution. L'âge auquel l’animal est sacrifié ne parait d’ailleurs pas intervenir dans l'explication de ce fait ainsi que le prouvent les séries IT, III et IV, opérées cependant au même moment. Enregistrons donc ces données expérimentales chez la lapine en rappelant cependant qu'elle ne peuvent être généralisées; Briau (2) à vu les deux chiennes qu'il avait ovarioto- misées se comporter comme notre opérée I et présenter un allongement des os longs analogue à celui d'un chien castré. — Quant à la tête osseuse, les diamètres présentent une irrégularité dont on ne peut tirer aucune conclusion. Il semble donc que chez nos lapines, l’ovariotomie fut sans effet appréciable sur le système osseux. Ajoutons que l'examen du tractus génital nous montra que celui-ci n’avait pas atteint son développement normal; toutes ses parties étaient considérablement réduites dans leurs dimensions; le vagin apparaissait derrière la vessie comme un voile membraneux, les tubes utérins n'avaient que deux millimètres de large, les trompes étaient filiformes ; de plus les organes génitaux externes n’avaient pas atteint non plus leur développement normal, ainsi que nous l'avons d’ailleurs déjà fait remarquer (Soc.de Biol., 1903, p. 1684). (Laboratoire de M. le professeur Haushalter.) . Richon et P. Jeandelize. Soc. de Biol., 1905, t. LVITI, p. 555. (1) L Briau (E.). Gaz. hebd. de méd. et de chir., 1901. 1 (2) 758 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (38) CELLULES A Bacillus Cuenoti DANS LA PAROI DES GAINES OVARIQUES DE LA BLATTE, par L. MERCIER. . Dans une note précédente (1), j'ai montré que les bactéroïdes ou corps de Blochmann de la Blatte (Periplaneta orientalis L.) sont des Bacilles; j'ai annoncé également que j'avais oblenu des cultures pures de ce microorganisme auquel j'ai donné le nom de Bacillus Cuenoti n. sp. Jusqu'à présent, je n'avais ren- contré B. Cuenoti chez la Blatte que dans des cellules situées au centre des lobes du tissu adipeux (cellules à bactéroïdes des au- teurs), dans les œufs et dans l'embryon. Poursuivant mes re- cherches, je suis amené à signaler le Bacille : 1° dans des cellules de l’enve loppe folliculaire de l'œuf: 2° dans des cellules de la tuni- que péritonéale des gaines ova- riques. Blochmann (1892) dit n'avoir jamais constaté, chez Periplaneta orientalis, la présence de ces bactéroïdes dans les cellules folli- culaires. Or, j'ai vu souvent de ces cel- lules littéralement bourrées de Bacilles. Si l’on examine des coupes sériées de gaines ovariques de Blatte, on constate, qu'au point de vue histologique, la paroi des Cellule à B. Cuenoti (C) de la tunique péritonéale, | gaines est constituée par une tunique péritonéale très mince, située extérieurement, puis par une assise de fibres musculaires. Une lame anhiste mince, sorte de membrane basale, sépare l’assise musculaire des cellules folliculaires. (1) Les corps bacléroïdes de la Blatte (Periplaneta orientalis) : Bacillns Cuenoti (n. sp. L. Mercier). Comptes rendus de la Soc. de Biol., t. LXI, p. 682. (39) : SÉANCE DU 22 AVRIL 159 Au sommet des gaines, la couche musculaire fait défaut, de sorte que la paroi est réduite à la basale et à la tunique péritonéale. Cette tunique est constituée par des cellules aplaties dont on voit les noyaux (7). Or, de distance en distance, certaines de ces cellules (C) sont hypertrophiées; elles font fortement saillie en dehors du profil général de la tunique. Ces cellules sont bourrées de Bacilles qui ont le même aspect, et qui se comportent vis-à-vis des colorants de la même façon que les Bacilles des cellules du tissu adipeux. D'ailleurs, ces deux sortes de cellules n’offrent dans leur aspect général que des différences d'ordre secondaire dues à leur situation anatomique, à leurs rapports avec les éléments cellulaires voisins. Dans le tissu adipeux les cellules à 2. Cüenoti sont polygonales, leurs noyaux sont habituellement sphériques; dans la tunique péritonéale, ces cellules sont fusiformes (C) et leurs noyaux (N) sont plus ou moins étirés. Sans vouloir préjuger en rien du rôle que peuvent jouer les cellules à Bacilles de la tunique péritonéale dans l'infection de l’œuf, je me per- mettrai cependant d'attirer l'attention sur la présence de Bacilles dans les cellules folliculaires comprises entre la cellule (C) et la zone à Bacilles (Z) de l'œuf. Ces microorganismes sont bien er place, ils n'ont pas été entraînés par le rasoir, car les uns se présentent dans le sens longitudinal, alors que les autres sont coupés transversalement. Un autre point reste encore à éclaircir, c’est celui de l’infection des cellules de la tunique péritonéale. Or, d’après ce que nous savons de l’évolution de Bacillus C'uenoti dans l’embryon et de l'infection des cel- lules à Bacilles de l’ébauche du tissu adipeux, nous pouvons supposer, étant donnée l’origine mésodermique des gaines ovariques, que l’infec- tion des cellules à Bacilles de ces gaines a lieu chez l'embryon. (Travail du laboratoire de zoologie.) À PROPOS DE LA TECHNIQUE DE LA SPHYGMOMANOMÉTRIE CHEZ L'ANIMAL, par J, PARISOT. Un des points un peu délicats de la technique sphygmomanométrique consiste à déterminer le degré de compression Juste suffisant à imprimer à une artère pour y contre-balancer la pression intérieure. Si le doigt qui palpe l'artère au delà du point d'application de l’ampoule peut assez facilement renseigner sur la persistance ou la disparition des pulsations, il ne donne- aucun renseignement sur la question de savoir si la contre-pression exercée a été juste suffisante pour s'opposer au Brozoare. ComMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. 52 160 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (40) passage de l'onde pulsatile, et les résultats donnés par la sphygmoma- nométrie clinique peuvent être, de ce fait, plus inexacts encore. Il en est de même pour apprécier le degré nécessaire de décompression: il faut déjà que celle-ci permette le passage d’une onde suffisamment haute pour impressionner le doigt qui palpe. Or, toutes ces incertitudes ont leur action sur l'aiguille du manomètre. Préoccupé de ce point de technique, nous avons songé à la palpation digitale par un contrôle moins subjectif, moins personnel et plus sensible, dans des expériences sur des animaux, où nous avions intérêt à nous servir de la sphygmomanométrie clinique pour éviter de multiples ouvertures d’artères. L'utilisation d’un sphygmographe comme dans le sphygmomètre à levier indicateur du D' Mladoveano, de Bucarest, eût été peu pratique. Nous avons, au contraire, obtenu des résultats excellents en nous servant du pléthysmographe de Hallion et Comte. Voiei le dispositif expérimental : on rase la patte postérieure de l’ani- mal que l’on introduit dans la gaine en tissu inextensible de Pappareil. Il est possible, chez le lapin, d’enfoncer la patte postérieure dans le modèle courant de l'appareil jusqu'à 2 ou 3 centimètres au dessous de l’arcade pubienne. De la sorte, l'artère fémorale peut agir sur le man- chon de caoutchouc et lui communique ses pulsations. On place ensuite, suivant le procédé habituel, ampoule du sphygmomanomètre de Potain sur l’artère qu'on peut comprimer facilement grâce au plan osseux sous-jacent. Au moment où cette contre-pression extérieure est suffi- sante, les pulsations que l’on inscrit sur l'appareil enregistreur dispa- raissent, comme le montrent les graphiques pris devant la Réunion biologique. On décomprime ensuite légèrement : l’aiguille du mano- mètre descend de quelques millimètres, l'onde pulsatile reparaît; on comprime de nouveau et, au bout de quelques tâtonnements, de com- pressions et de décompressions, on arrive au degré où on a fait une contre-pression telle que la plus légère décompression ferait reparaïitre l’onde pulsatile minima. On a pu faire ainsi chez l'animal un grand nombre de mensurations d'une remarquable constance, lorsque les conditions expérimentales dans lesquelle on se place restent les mêmes. Ce procédé est également applicable à l’homme chez lequel il donne d'aussi bons résultats, à la condition, dans le cas de mensuration prise | sur l'artère radiale, de comprimer la cubitale. (Laboratoire de physiologie de l’Université de Nancy.) SÉANCE DU 22 AVRIL 761 SIGNIFICATION D'UN FAISCEAU SURNUMÉRAIRE DU LIGAMENT PÉRONÉO-CALCANÉEN CHEZ L'HOMME, par À. WEeger et R. CoLLin. La variation que nous avons observée n'a été signalée qu'une fois à notre connaissance. R. Fick dit avoir rencontré un dédoublement du ligament péronéo-calcanéen de l'articulation tibio-tarsienne. Le fais- ceau surnuméraire s insérait à l'extrémité inférieure du bord postérieur du péroné jusqu'à l'extrémité de la malléole et, se dirigeant en avant, croisait le ligament péronéo-calcanéen normal pour se fixer sous forme d’une mince bandelette tendineuse sur le calcanéum. Fick compare cette disposition à celle du ligament croisé de l’articulation tibio-tar- sienne des Solipèdes. Sur les coupes sériées du pied gauche d’un embryon humain de 49 millimètres, nous:avons eu l’occasion de retrouver une disposition à peu près semblale. Le ligament péronéo-calcanéen normal à sa place habituelle, est déjà bien développé sous forme d’un mince tractus fibreux. De l'extrémité inférieure et de la face postérieure de la malléole se détache un trousseau fibreux plus épais qui se dirige obliquement en avant, croisant à angle presque droit le ligament péronéo-calcanéen. La constitution de ce faisceau surnuméraire n’est pas homogène, il est incomplètement transformé en tissu fibreux et son extrémité distale n'est représentée que par un conjonctif embryonnaire un peu plus dense que celui qui recouvre la face externe de l’ébauche du calcanéum. Cette portion mal délimitable se perd sans limite précise sur le périchondre calcanéen, immédiatement en dedans de l’ébauche de la gaine fibreuse des museles péroniers latéraux. Il s’agit manifestement d une formation très différente du ligament péronéo-calcanéen déjà bien individualisé chez cet embryon. L'aspect de ce faisceau surnuméraire nous a produit limpression d’une formation rudimentaire, à rattacher vraisemblable- ment aux;rudiments musculaires et fibreux de la face externe du pied et de l'extrémité inféro-externe de la jambe. Depuis les recherches d'embryologie et d'anatomie comparée de Ruge et de Schomburg, on sait que les muscles qui occupent la région externe de la jambe, les péroniers latéraux, appartiennent primitive- ment au groupe des extenseurs et s'en sont séparés très tôt chez l’em- bryon. Un certain nombre de faits tirés de l'analomie comparée montrent que leur insertion actuelle n’est que secondaire. On peut même assister au déplacement de cette insertion; ainsi chez Cavia cobaya, où le cin- quième métatarsien s'atrophie, l'insertion distale du court péronier latéral passe sur le cuboïde. Nous pensons que les muscles péroniers latéraux sont des extenseurs de rayons disparus de lainageoire abdo- 762 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (42) minale, lors de la constitution du type pentadactyle du pied. Ces muscles ont persisté avec un développement inégal suivant les espèces, mais presque loujours en remplissant une fonction nouvelle très diffé- rente de celle qu’ils avaient ancestralement, fonction qui explique seule leur persistance. Moins favorisées, sont disparues un certain nombre de formations musculaires appartenant certainement à des rayons plus voisins du cinquième orteil que ceux dont dépendaient les péroniers latéraux actuels. Avec Bardeleben, nous rangerons dans cette catégorie les différentes formes de muscles péronéo-calcanéens externes signalés comme anomalies par les anatomistes. Nous croyons que le ligament surnuméraire que Fick a vu chez l’adulte et que nous avons trouvé chez l'embryon doit prendre place parmi ces formations rudi- mentaires. Il est difficile de dire s’il faut le ranger dans le système des muscles extenseurs du postminimus, d’un rayon plus externe encore ou simplement du cinquième orteil, dont nous assistons à l’atrophie sque- lettique et musculaire. Dans l’état acluel de nos connaissances, la question est impossible à résoudre. Nous avons seulement voulu attirer l'attention sur ce que nous croyons une nouvelle forme de rudiment de musele exten- seur de rayons de la nageoire abdominale disparus ou en train de disparaître. (Travail du laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) FORMES DE TRANSITION ENTRE LES ÉBAUCHES VASCULAIRES ET LES ILOTS SANGUINS DANS L'AIRE OPAQUE DES EMBRYONS DE CANARD, par À. WEBER. Dans ma récente communication au IXe Congrès de l'Association des Anatomistes à Lille, j'ai indiqué quels étaient les deux mécanismes de formation des ébauches vasculaires dans l’aire opaque du Canard. Dans la région antérieure de l’aire vasculaire les cellules périphériques des ébauches des vaisseaux s’aplatissent, deviennent endothéliales et cons- tituent une paroi, tandis que les cellules centrales sont frappées de dégénérescence hyaline. Dans la région postérieure la cavité vasculaire se constitue par agrandissement progressif d’interstices intercellu- laires. Rückert a décrit chez le Poulet le premier de ces processus, mais l’a interprété d'une facon différente. Il pense que les cellules centrales + SEL NS RT ÉNE SES A y (43) SÉANCE DU 22 AVRIL 7163 peuvent donner aussi naissance à quelques érythrocytes et voit dans ces ébauches vasculaires des formes de transition entre les îlots sanguins et les ébauches purement vasculaires. Chez le Canard il n’en est rien; toutes les cellules centrales dégénèrent, et si ce processus établit une transition entre les vaisseaux proprement dits et ces ilots sanguins, ce n'est qu'au point de vue de la comparaison de cette involution des cellules centrales avec les dégénérescences qui frappent un certain nombre d’érythroblastes, au moment où se creuse l'ilot sanguin. En réalité, il existe chez le Canard des formes de transition entre les ébauches purement vasculaires et les îlots sanguins. Ces formes de . transition ont une localisation très précise, elles sont situées dans la partie moyenne de l'aire opaque sur une ligne en fer à cheval qui établit la limite de la zone des ilots sanguins du côté de l'embryon. Suivant que ces formes de passage sont siluées en avant ou en arrière de l'aire opaque, elles se présenteront sous deux aspects différents. Les plus antérieures ont l’aspect de petits îlots sanguins. Leur portion externe dirigée du côté de l'ébauche du sinus périphé- rique se différencie comme les autres ilots sanguins. Les cellules péri- phériques s'aplatissent et forment une paroi endothéliale, les cellules centrales présentent des granulations cytoplasmiques qui ont une affinité marquée pour la laque ferrique, ce qui indique que ces éléments se chargent d’hémoglobine. La portion interne de ces formations, dirigée vers l'embryon, offre ainsi à la périphérie des cellules aplaties pariétales, mais les cellules centrales ne présentent pas les caractères d'éléments hémoglobiques et ne tardent pas à subir la dégémérescence hyaline. La transition entre ces cellules vouées à la mort et les érythroblastes destinés à jouer un rôle si important chez l'embryon, est souvent difficile à trouver. Il y a tous les termes de passage entre ces éléments neutres et les cellules très différenciées par leur fonction de vectrices d'oxygène. Dans la partie postérieure de l’aire opaque, les formes de transition entre les îlots sanguins et les ébauches vasculaires ont un tout autre caractère. Ce sont encore des formations qui du côté externe sont de purs îlots sanguins; par contre, du côté interne, ce sont des ébauches vasculaires proprement dites, dans lesquelles la cavité se forme par réunion des interstices entre les éléments centraux, tandis que les éléments périphériques s’aplatissent et deviennent endothéliaux. 1l ny a presque plus de dégénérences cellulaires. Peu à peu presque tous les éléments sont incorporés dans la paroi du vaisseau. On trouve encore toutes les formes de passage entre les cellules de l’'ébauche purement vasculaire et les érythroblastes chargés de granulations fortement teintées par la laque ferrique. De plus, le processus de creusement de l’ébauche vasculaire se poursuit dans la partie structurée comme un îlot sanguin. Il se forme de larges vacuoles entre les érythocytes ainsi 764 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (44) isolés. L'aspect est très différent dans cette zone de transition de celui que présente un ilot sanguin marginal au moment où les érythro- blastes se transforment en érythrocytes. (Travail du laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) Le Gérant : OcTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. | PARA TA D Ne pue Li oh br St à D Ph A ad Nb EA (ie SU NE DS SÉANCE DU 4 MAI ArrOUS (J.) : Sur l’action diuréti- que des sucres (en réponse à la note RS O7 SOMMAIRE Lauy (HENRY) et Mayer (ANpré) : Sur le pouvoir diurétique comparé de ce jour de MM. Lamy et Mayer). 805 | des sucres . . . .. . ... . .. . -. ArRous (J.) : Effets cardio-vascu- Lapicque (Louis) : À propos de la laires des injections intraveineuses note de M. Cluzet sur l'excitation FE SORT MR RE EE 807 | par décharges de condensateurs. BarRIER : Remarques à propos de Importance de la vérification des la communication de M. Remlinger. $S02 | formules par la comparaison avec le BervarpD (LÉON) et LAEDERICH : Né- Courant Constante PE MU phrites expérimentales par action Levaprri (C.) et INmanx : Contribu- Inde Sur le "rein... 2. 0.0 168 | tion à l'étude des opsonines. Opso- Busquer (H.) et Pacnox (V.) : Sur nines des sérums spécifiques. . .. le mécanisme musculaire de l’action Levavrri (C.) et Rocné {J.) : Im- cardio-inhibitrice du potassium. .. 785 | munisation des spirilles de la Tick- CABanxes (E.) : Recherches au su- fever contre les anticorps. Méca- jet de la toxicité des sérums hétéro- nisme-deJairechute Me FUN TETE LL RER 809 Maxoix (L.) : Sur l'existence du CERNOVODEANU (Mile P.) et Henri Colpomenia sinuosa dans la Manche. (Vicror) : Etude sur le mode d'ab- Marin (J.): Traitement des myases sorption de la toxine tétanique. . . 812 | par le chloroforme et l’éther. . . .. CLuzer (J.) : Sur l'excitation par MAYER (A.) et TEeRROINE (E.-F.) : décharges de condensateurs (à pro- Recherches sur les complexes col- pos d'une note de M. Lapicque}). . . 796 | loïdaux d’albuminoïdes et de lLi- FauveL (PrerRE) : Action des sels poides. IT. — Sur les jécorines na- alcalins sur l’excrétion urique. . .. 811 | turelles et artificielles. . . . . . .. : Fozcer (L.) : Examen clinique des Mayer (ANORÉ) et RATHERY (F.) : expectorations chez les cancéreux. 790 | Modifications histologiques du rein Gaurié (ALBERT) : Sur la teneuren normal au cours des diurèses pro- bactéries de quelques huîtres. . . . 766 | voquées. Etudes sur le rat : IL Mo- GuiiLEmARD (H.) et Mooc (R.) : Re- difications de structure protoplas- cherches expérimentales sur l’exha- TO AE ne De Du Ron ARE LC ANT Ge lation de vapeur d'eau. . . . . . .. S19 Péiu (G.) et Rasar (H.) : Varia- HALLUN (MAURICE p') : Action Lo- tions chromogènes du Micrococcus cive des tractions rythmées de la prodigiosus dans les milieux alca- RENE ts RER CT FA RETRO ARR EEE Hérissey (H.) et LEFEBVRE (Cu.) : Prérox (H.) : De la mise en réserve Sur la présence du raffinose dans le du saccharose chez le Lasius niger, HamuSNoaCeUte Le: AU. 188 | après inversion par une diastase sa- IScovesco (HENR1) : IL. — Introduc- MINOR ERREUR tion à l'étude de la spécificité cel- REMLINGER (P.) : Persistance du lulaire. Le transport du ferment virus rabique dans la salive du chien gastrique à travers des colloïdes. . 710 | guéri de la rage. . . ... . . .... Lauy (Henri) et Mayer (ANDRÉ) : RoNCHÈSE (A.) : Nouveau procédé Sur le pouvoir diurétique comparés de dosage de l’ammoniaque. . . .. des sucres (en réponse à M. Arrous). S04 RosentuaL (G.) : L'agglutinabilité Biococie. Comptes RENDUS. — 1907, T. LXII. 53 197 817 193 116 800 119 - 766 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du bacillogène du tétanos, dernier aNCATACIS Se RENE PARA IEP EEE 821 vestige de sa parenté avec le bacille Vincent (H.) { Sur ia possibilité de AUALÉLANOS 120 02 ANNEES 184 | la guérison spontanée de la rage STIENNON (T.) : Sur les conditions expérimentale (A propos de la com- de formation de la gaine du bacillus munication de M. Remlinger). . . . 803 Présidence de M. Giard, président. PRÉSENTATION DOUVRAGE M. Nestor GRÉHANT. — J'ai l'honneur d'offrir à la Société de Biologie, pour sa bibliothèque, un mémoire que j'ai publié dans le journal scien- tifique le Génie Civil et qui est intitulé: Recherche el dosage des qaz com- bustibles ; emploi de l’eudiomètre à eau transformé en grisoumètre. Je ferai, dans mon laboratoire du Muséum d'histoire naturelle, tous les samedis de mai et de juin 1907, de 2 heures à 4 heures, la démonstration de mes procédés. SUR LA TENEUR EN BACTÉRIES DE QUELQUES HUÎTRES, par ALBERT GAUTIÉ. À la suite de cas d'intoxication ou de fièvre typhoïde occasionnés à Toulouse par l’ingestion d'huîtres de Cette, il ma paru intéressant d'examiner un certain nombre de ces huîtres au poïnt de vue de leur teneur en bactéries, et particulièrementen colibacilles, comparativement avec le même nombre d'huîtres de Marennes. Les huîtres de Cette provenant de l'étang de Thau m'ont été remises directement à Toulouse le jour même de la pêche et elles ont été examinées 24 heures environ après leur sortie de l’eau. Les huîtres de Marennes ont été prises sur le marché de Toulouse et leur analyse bactériologique a été commencée 48 heures environ après leur envoi. Pour chaque catégorie d’huîtres j'ai fait 3 lots de 10 huitres chacun. Le premier lot a servi, d’une part, pour la numération des germes renfermés dans 1 centimètre cube de l’eau de chaque coquille et, d'autre part, pour la déterminalion quantitative du B. coli dans cette même eau. L'ouverture des huitres a été effectuée en prenant les précautions: nécessaires. Chaque coquille, après avoir été fortement flambée des deux côtés, a été ouverte au moyen d’un instrument stérilisé. SÉANCE DU # MAI 767 La numération des germes a été faite après l’ensemencement en boîtes de gélatine au moyen de dilutions avec de l’eau stérilisée, en procédant exactement de la même manière que pour les analyses d’eau ordinaire. Pour la détermination quantitative du B. coli, j'ai employé la méthode de M. Péré, modifiée en vue de ce dosage (1). Voici les résultats obtenus : HUITRES DE CETTE HUITRES DE MARENNES A 2 + © © + Bactéries Coli-bacilles Bactéries Coli-bacilles par cent. cube d'eau. parcent. cube d'eau. par cent. cube d'eau. par cent. cube d’eau. IEEE 28. 000: 10 2.100 0 PE - 40.000 10 300 550 3. 32.000 5 1.120 0 4. 55.000 2 1.050 : 0 5. 10.000 10 1.280 0 (ee UE 15.000 ‘1-0 2.200 1 He 46.000 10 5.600 0 8. 50.000: 20 1.760 0 Ge 24.000 6] 500 0 10. 49.000 10 1.660 0 Pour le deuxième lot de chaque catégorie j'ai procédé à la numération des germes et à la recherche du B. coli, en opérant de facon différente. Chaque huître recueillie avec Les précautions voulues a été broyée dans un petit mortier préalablement flambé et a été mélangée avec l’eau de sa coquille. Puis le liquide résultant de ce mélange a été recueilli dans un tube à essai, après filtration sur un petit entonnoir garni d’un filtre de papier. Bien entendu, chaque appareil avait été préalablement stérilisé à l’autoclave. Le liquide ainsi obtenu a donné les résultats suivants : HUITRES DE CETIE HUITRES DE MARENNES Re en ee in Ne Bactéries Coli-bacilles Bactéries Coli-bacilles par cent. cube d'eau. par cent. cube d’eau. par cent. cube d'eau. par cent. cube d’eau. MA brt, 33.000 10 4.000 5 | PR SAR 30.000 5 1.300 0 A CNEES 45.000 0 2.000 () PERS 50.000 20 600 0 eau 68-000 20 1.010 0 TRES 30.000 10 1.700 0 RE 60.000 10 840 () 1e ts 41.000 5 980 0 | TREEURS 27.000 0 1.950 2 Mere 53.000 10 2,300 0 Sur le troisième lot je me suis borné seulement à rechercher la présence (1) Sur la détérmination quantitative du colibacille dans les eaux d’alimen« tation (Annales de l'Institut Pasteur, t. XX, février 1905). 768. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du B. coli en opérant, d’une part, sur la totalité de l’eau de chaque coquille, et de l’autre, en ensemençant des tubes de bouillon phéniqué au moyen d'un fil de platine recourbé en anse que j'avais enfoncé à plusieurs reprises dans la région du foie et de l'intestin de Re mollusque. Le B. coli trouvé cons- tamment dans les huîtres de Cette n’a pu être décelé dans celles de Marennes. Les recherches qui précèdent nous montrent qu’au point de vue de la quantité de bactéries, il existe une différence extrêmement accusée entre les huîtres de Cette et celles de Marennes. Il en est de même pour le B. coli, dont la présence paraît être la règle dans les premières (26 fois sur 30) et l'exception chez les secondes (5 fois sur 30). Il n’existe en outre aucun rapport entre le nombre total des bactéries et le nombre: des colibacilles dans la même coquille. Le broyage des huîtres ne m'a pas donné des résultats sensiblement différents de ceux obtenus par l'ensemencement direct de l’eau. Dans- l'analyse bactériologique des huîtres, on peut donc se dispenser d'em- ployer ce procédé fastidieux. La présence du B. coli dans les huitres élant considérée aujourd'hui comme un critérium de leur contamination, il suffirait dans la pratique de s’en tenir à cette recherche, qui pourrait être effectuée simultanément dans l’eau de la coquille et dans l’huître elle-même. Pour ce dernier cas, l’ensemencement au moyen du fil de platine ou d’une pipette effilée plongée dans l’huître peut être fait directement sur des plaques de gélose lactosée et tournesolée. Celles-ci avec B. coli donnent des colonies rouges après un séjour d’une vingtaine d'heures à l’étuve à 37 degrés. Pratiquement, on peut conclure qu’une surveillance rigoureuse de tous les parcs à huîtres serait nécessaire autant pour l'intérêt de l'hygiène publique que pour celui de l’ostréiculture, (Travail du laboratoire d'hygiène de l’Université de Toulouse.) NÉPHRITES EXPÉRIMENTALES PAR ACTION LOCALE SUR LE REIN, par LÉON BERNARD et LAEDERICE. Pour étudier expérimentalement les effets sur l'organisme des altéra- tions du rein, il paraît indispensable de créer des lésions de cet organe à l’aide de méthodes, qui n'influencent pas en même temps l’état des autres viscères de l’économie. C’est dans ce but que nous avons cherché à provoquer des néphrites par des procédés portant directement et exclusivement leur action sur les-reins. Nous avons obtenu des résultats satisfaisants en ayant recours à trois =" SÉANCE DU À MAI 169 ee PR M M en MM SRE ET de eu "ee MER procédés différents. Chez deux lapins, nous avons injecté dans le bas- sinet des deux reins, mis à nu par la voie lombaire, 1 à 2 centimètres cubes de paraffine fondue et maintenue à 60 degrés environ; sacrifiés, très amaigris, un ou deux mois après, les animaux, qui étaient albumi- nuriques, présentent dans le bassinet des calculs, formés de petits blocs de paraffine recouverts de cristaux uratiques. Les reins sont augmentés de volume et pâles; au microscope, les tubes, dans les substances médullaire et corticale, sont les uns distendus, les autres affaissés; les épithéliums sont tantôt aplatis, déformés; tantôt en plasmolyse périnu- cléaire, tantôt complètement détruits avec formation de cylindres. Les glomérules sont beaucoup moins altérés et n’offrent qu'une légère dis- tension de leur cavité avec, parfois, un peu de prolifération cellulaire en bouquet. Le tissu conjonctif est en réaction intense, présentant tous les stades de la sclérose, embryonnaire par places, adulte en d’autres; plus marquée sous la capsule de l'organe ; enfin d'autant plus accentuée que la survie de l'animal est plus longue. Chez quatre cobayes et deux lapins, nous avons lardé les deux reins de pointes de feu profondes, et répété cette opération à deux reprises chez deux des animaux. Chez trois cobayes, morts rapidement en état d’anurie, nous avons trouvé les reins complètement nécrosés. Chez un cobaye et les deux lapins sacrifiés en bonne santé apparente entre un et cinq mois après l'opération, les reins présentaient une sclérose mani- feste ; celle-ci part de la capsule très épaissie, en bandes larges qui seg- mentent le parenchyme rénal en îlots; ceux-ci sont envahis par la sclérose, qui diffuse hors des tractus fibreux, et pénètre entre les tubes, enserrés dans des anneaux plus ou moins épais: les tubes sont distendus ‘ou comprimés, avec des épithéliums en voie de destruction et formation de cylindres ; les glomérules sont peu atteints en dehors des larges bandes scléreuses. Chez dix cobayes et deux lapins, nous avons injecté directement dans le parenchyme des reins, dont le pédicule était momentanément com- primé entre les mors garnis de caoutchouc d’une pince à forcipressure, des substances toxiques ou caustiques (sublimé à 14/1000; acide chromique à 1/100; chlorure de zine à 1/10; cantharidate de potasse à 0,5/1000. Chez six animaux, l'injection caustique provoqua une nécrose complète des reins; chez trois cobayes, nous avons obtenu par la cantharide des néphrites aiguës ou subaiguës : congestion intense avec foyers hémor- ragiques; lésions épithéliales intenses avec formation de cylindres; infiltration du tissu conjonctif. Chez deux lapins, le chlorure de zinc nous à donné une sélérose rénale très belle, rappellant celles que pro- voquent les pointes de feu. En résumé, on peut réaliser par ces divers procédés des néphrites de types divers, notamment des scléroses rénales, qui, tout en se différen- ciant par bien des points (intégrité relative des glomérules et des vais- 710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE seaux) de celles de l’homme, peuvent être utilisées dans les recherches expérimentales ; en parliculier nous avons étudié le foie de nos animaux, dont les lésions feront l’objet d'une note ultérieure. (Travail du laboratoire de M. le professeur Landouzy). IT. —— INTRODUCTION À L'ÉTUDE DE LA SPÉCIFICITÉ CELLULAIRE. ILE TRANSPORT DU FERMENT GASTRIQUE A TRAVERS DES COLLOÏDES, par HENRI IScovEsco. Pour étudier le transport de colloïdes à travers des colloïdes, je me suis servi, ainsi que je l'ai déjà indiqué dans ma note précédente (Comptes rendus de la Société de Biologie, 26 avril 1907) de tubes en U d'environ 6 millimètres de diamètre,dans lesquels je mets, suivant les cas, de la gélatine, de l’ovalbumine, que je fais coaguler en plongeant le tube dans l’eau bouillante, ou des mélanges de gélatine, de lécithine, etc. Au-dessus du colloïde solidifié (et dans cette note-ci je ne parle que d'ovalbumine coagulée) qui occupe la partie horizontale du tube en U et seulement une petite partie des branches verticales, j'ai mis du suc gastrique artificiel ou du suc gastrique pur de chien à estomac isolé. Je plonge ensuite des électrodes en platine dans chaque colonne liquide et fais passer un courani de 110 volts et environ-un dixième de milliampère. Voici, dans ces conditions, ce qu'on observe: Si, dans le tube en U contenant de l'albumine, on met dans chaque branche verticale de l’eau distillée, on a, au bout de douze à vingt-quatre heures, un déplacement du liquide vers le pôle négatif. L'albumine coagulée prend donc,en présence de l’eau distillée, ure charge négative et l’eau une charge positive. - Si on met de chaque côté du suc gastrique naturel ou artificiel ou de l'eau acidulée avec HCI, ce liquide se déplace dans un champ électrique considérablement vers le pôle positif. L’albumine a donc pris use charge positive et l’eau une charge négative. Avec du sue gastrique dialysé on a les mêmes charges et les mêmes déplacements qu'avec l’eau distillée. . Avec le suc gastrique bouilli, on a encore, comme avec de l'eau dis- tillée, un déplacement important de l’eau vers lenégatif, c'est-à-dire que l’ovalbumine a, dans ce cas, une charge négative. De plus, si on met dans chaque branche une solution de NaCl à 5 p. 1.000, on ne constate en dehors des phénomènes de l’électrolyse aucun déplacement du liquide. En dehors de ces phénomènes de déplacements, si on examine, au. bout d’une heure à une heure et demie, l’albumine, au-dessus de SÉANCE DU À MAI 771 laquelle on a mis du suc gastrique, on constate un changement d'aspect de celle-ci au pôle positif. Elle devient opalescente, jaunàtré, puis trans- lucide, gélatineuse et, au bout de six à dix heures, prend tout à fait l'aspect qu'ont les cubes d'albumine qu'on fait digérer dans du suc gas- trique à l’étuve, peu de temps avant qu'ils ne se dissolvent. Dans certains cas, nous avons vu l’action du courant aller jusqu'à provo- quer la disparition et la fonte d'une partie importante (2 à 3 centimètres de longueur) de l’albumine du côté positif. Dans d’autres cas, Le stade de translucidité n’est pas dépassé et le processus s’arrête. En tout cas, si le courant qu’on emploie n’est pas trop intense, on arrive à avoir, en 6 heures, des digestions importantes qu’on obtient à peine au bout de quarante-huit heures dans les digestions à l’étuve. Si on met dans un tube en U préparé de la même façon du sue gas- trique d'un côté et de l’eau distillée de l’autre côté et qu'on dirige le courant de l’eau distillée vers le suc gastrique, on constate absence com- plète de toute digestion. Ces expériences, répétées un grand nombre de fois, donnent toujours les mêmes résultats. Les expériences de contrôle faites avec de l’eau distillée, de l’eau acidulée à 3 p. 1000 HCI, du suc gastrique bouilli ou du chlorure de sodium donnent des résultats négatifs. Le suc gastrique dialysé semble donner un résultat, mais il est à peine esquissé et est très long à se montrer (48 heures). Si on recueille la partie de l’ovalbumine qui à pris l'aspect gélatineux du côté positif avant sa fonte et qu'on l'analyse, on constate qu’elle con- tient en grande partie des protéoses. En résumé el pour conclure : 1. L’ovalbumine coagulée prend une charge négative en présence de l’eau distillée. . 2. La même ovalbumine prend une charge posilive en présence du sue gastrique ou de l’eau acidulée. 3. Si on fait passer un courant électrique de faible intensité à travers de l'ovalbumine coagulée baignant dans du suc gastrique, on observe du côté positif une activation de la digestion peptique. Le courant électrique fait pénétrer la pepsine dans l’ovalbumin de ce côté el c'est probablement par ce mécanisme de pénétration et d’imprégnation plus complète que doit être expliquée l'activation considérable de l’action protéolytique du ferment peptique du côté positif, ce ferment, ainsi que nous l’avions précédemment démontré, étant électropositif. %. Ces phénomènes de pénétration de ferment dans des colloïdes, grace à des courants électriques, sont d’une grande importance pour l’'ex- plication de ceriains phénomènes de pénélralion de toxines, de Iysines, etc., dans des cellules. Grâce au courant, le ferment peptique, qui est positif, pénètre dans l’albumine, parce que celle-ci a dans nos expériences aussi une charge positive. De plus, si on inverse le courant, la digestion ne se fait plus. 772: : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5. La direction d'un courant électrique peut donc changer totalement l'action du milieu sur la cellule. Un changement de sens pourrait suffire dans certaines conditions à créer pour les cellules vivantes une immu- nité à l'égard de toxines ou de lysines qui se trouvent dans le milieu extérieur. Et les cellules ont, parmi d'autres moyens, un en particulier leur permettant de réaliser ces changements : les modifications de con- centration saline. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) DE LA MISE EN RÉSERVE DU SACCHAROSE CHEZ LE Lasius niger, APRÈS INVERSION PAR UNE DIASTASE SALIVAIRE, par H. PrÉRoN. Lorsque l'on recouvre l'entrée d’une fourmilière avec divers matériaux, les fourmis ne tardent pas en général à les déblayer, à y creuser des galeries et à les étayer en les pétrissant, lorsque cela est possible, après imprégnation de salive; le déblaiement est particulière- ment rapide quand il s’agit de substances alimentaires plaisant aux fourmis. Il y a donc là un moyen d'exploration de l’activité digestive de la sécrétion salivaire. C'est ainsi que j'ai pu mettre en évidence dans la salive du Lasius niger l'existence d’une diastase produisant l'inversion du saccharose, d’une invertine : En recouvrant complètement de sucre en poudre la surface supérieure d’une fourmilière de Lasius niger creusée dans un bocal, on provoque en quelques jours la disparition graduelle du sucre qui, après avoir fondu et s'être recristallisé sous l'influence de l'humidité de la terre, est imprégné de salive par un certain nombre d’ouvrières qui s’atta- chent à cette besogne, est ensuite détaché par fragments, moulé en boulettes dans la poche gnathale, et répandu en divers endroits où il peut être utilisé pour la nourriture des fourmis et des larves. Or, l’on s'aperçoit que des fragments du saccharose imprégné de salive produi- sent une faible réduction de la liqueur de Fehling, et que les boulettes plastiques moulées dans la cavité sous-pharyngienne des ouvrières ne sont plus du saccharose, mais du sucre inverti et qui réduit de façon intense la liqueur de Fehling. Comme, d’autre part, toutes les substances mouillées de salive don- nent une réaction neutre, absolument pas acide, et qu'il ne peut donc s'agir d'une inversion par un acide tel que l'acide formique dont on aurait pu soupconner l'influence, on doit conclure que la salive sécrétée par les glandes labiales, salive qui chez le Zasius se déverse à l'entrée RE . j Fe Eu à ES EE Œt- ee / Fr SÉANCE DU 4 MAI 113 de la poche gnathale, est capable d’invertlir le saccharose, qu’elle con- tient de l’invertine (1). Il est intéressant, au point de vue biologique, de conslater que, par suite de cette aclion salivaire digestive, il peut se produire chez les fourmis, où la division du travail est poussée assez loin, une spécialisa- tion des individus chargés de la digestion préparatoire. On voit en effet normalement quelques ouvrières aller à une source de nourriture cher- cher des aliments qu’elles moulent en une boulette visqueuse convena- blement insalivée, et faire absorber aux ouvrières qu’elles rencontrent une partie de ce bol alimentaire. Dans le cas actuel, la fonction va plus loin, puisque les ouvrières se trouvent amenées à digérer d'avance des provisions trop abondantes, gènantes d’ailleurs, et qui ne seront consommées qu'au fur et à mesure des besoins (2). RECHERCHES SUR LES COMPLEXES COLLOÏDAUX D ALBUMINOÏDES ET DE LIPOIDES, IT. — SUR LES JÉCORINES NATURELLES ET ARTIFICIELLES, par À. Mayer et E.-F. TERROINE. À la suite des recherches de Drechsel, une série d'auteurs (Baldi, Waldvogel et Tintemann, P. Mayer, Meinertz, Manasse, Siegfried et Mark, etc.) ont décrit et analysé des substances extraites du foie, auxquelles ils ont donné le nom de jécorine et qui seraient essentlielle- ment composées d'albuminoïdes, de lécithines et de glucose. I. — JÉCORINES NATURELLES : 1° Mode de préparation. — Le foie est broyé, lavé rapidement à l’acétone, épuisé par l'alcool à 99 degrés, la solution claire obtenue épuisée à 45 degrés centigrades, le résidu repris par l’éther mélangé d'eau; dans cette solution, on détermine la formation d’un précipité par l’addition d'alcool à 99 degrés : c’est le produit obtenu qu’on appelle jécorine. 20 Propriétés. — Insoluble dans l’alcool pur, l’éther pur, l’acétone pur, le benzol pur; soluble dans l'alcool et l’éther aqueux. Donne dans l’eau des (1) J'ai nourri exclusivement pendant huit mois ces Lasius niger avec du sucre, sans que leur activité s’en trouvât atteinte. Mais les larves n'ont pré- senté pendant ce temps aucune croissance. Je ne puis affirmer que les ou- vrières ont été privées d'albumine. Car elles ont pu dévorer des larves que je n'avais point comptées. Il y a là une expérience à reprendre, pour apprécier plus exactement quels peuvent être les besoins d’albumine chez ces insectes. (2) Je n'ai pu encore obtenir de résultats avec de l’amidon. Les ouvrières qui s’y engluent les pattes cherchent plutôt à le recouvrir de terre qu’à le pétrir et à l’élaborer pour leurs réserves. Je ne sais donc pas, à l’heure actuelle, s’il peut y avoir une saccharificalion salivaire des matières amylacées. 7114 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE émulsions, claires en milieu alcalin, très troubles en milieu acide; réduit la liqueur de Febliug; donne à chaud la coloration rouge avec l’azotale d'argent ammoniacal; peut former une osazone ayant les propriétés de la glucosazone. 3° Composition. — Les chiffres de composition centésimale fournis par les différents auteurs sont essentiellement variables. La teneur en GC est de 53,19 p. 100 pour P. Mayer, et de 39,7 p. 100 pour Siegfried et Mark; en P, de 1,9 pour Siegfried et Mark, et de 4,4 pour Manasse; en glucose, très variable pour Waldvogel et Tintemann, et parfois nulle pour Manasse. IT. — REMARQUES : 1° Préparalion. — Tousles procédés emploient pour l'épuisement soit l'alcool, soit l’éther renfermant de l’eau, et, pour la précipitation, soil l'alcool, soit l’éther sec; ils reviennent donc à dis- soudre le produit grâce à l’eau, et à le précipiter en diminuant la con- centration en eau. La proportion de corps précipité dépend donc de l'équilibre des trois composantes : alcool, eau, éther; 2° Propriélés. — Ce sont celles des émulsions de lécithine ou de léci- thalbumines nalurelles ou artificielles. Il n’apparaît de nouveau que le pouvoir réducteur et certains caractères de précipitabililé ; 3° Composition. — Les différences de composition données par les auteurs cadrent mal avec l'idée défendue par eux, que la jécorine estun corps chimiquement défini. Il y à donc lieu de se demander, d'une façon générale, si la jécorine n’est pas formée par l'expérimentateur au moment même de la prépa- ralion, et 1° si la précipitabilité des jécorines ne dépend pas uniquement de la précipitabilité du glucose en solutions éthérée ou alcoolique ; 2 si les propriétés qui différencient la jécorine de la lécithalbumine ne sont pas dues uniquement à la présence du glucose, et _ si la composition de la jécorine n'est pas variable. Pour répondre à ces questions, il faut tout d’abord essayer de repro- duire artificiellement des jécorines ayant toutes les propriétés des jéco- rines naturelles, et 1° comparer la précipitabilité du glucose et celle des jécorines artificielles; 2° voir si l'addition de glucose aux lécithalbu- mines artilicielles ne leur confère pas toutes les propriélés des jéco- rines; 3° si la composition des jécorines artificielles varie avec les con- centrations des éléments qui leur donnent naissance : III. — JécorinEes ARTIRMIGIELLES : 1° Formation. On peut fabriquer des jécorines artificielles, soit dans l'eau, soit dans l'alcool. Par exemple, on fait des solutions. alcooliques de lécithine, de glucose, grâce à l'addition d’une trace d’eau, et d'albumine dialysée, grâce à la présence d'acide, suivant le procédé précé- demment décrit par mous. Les trois solutions sont mélangées, évaporées à 50 degrés, desséchées à l'étuve ou dans le vide sulfurique ; le résidu est repris par l’éther aqueux et, dans la nouvelle solution, on détermine un précipité par l'addition d'alcool absolu. Ce procédé à toutes les propritiés sans exception des jécorines naturelles. cod ot ÉTÉ ns D CT TESTS hé héetinis dense #0 SÉANCE DU 4 MAI 115 1° Nous avons étudié comparativement, d’une part, la précipitation et la redissolution des solutions hydro-alcooliques de glucose par addition d’éther, et encore des solutions hydro-éthérées de glucose par addition d'alcool, et, d'autre part, la précipitation et la redissolution des solutions de jécorines artificielles dans les mêmes solvants; il y a un parallélisme complet entre ces propriétés. En particulier, dans les deux cas, la quantité de précipité obtenue dépend de la concentration en glucose de la liqueur primitive. 20 Nos expériences nous permettent donc de dire que les différences obtenues entre les lécilhalbumines et les jécorines artificielles tiennent uni- quement à la présence de glucose. 32 La composition des jécorines artificielles est variable. Il faut distinguer deux cas : ou bien la concentration en glucose du mélange primitif est faible ; et alors, au moment de la précipitation, la quantité de lécithalbumime entrainée par le glucose est très faible, la teneur en glucose de la jécorine est ixès élevée; ou bien la concentration en glucose du milieu primitif est forte — au delà de 1 p. 100 —; dans ce cas, la quantité de lécithalbumine entraînée est grande, de jécorine fournie importante, et la concentration en glucose de la jécorine artificielle est, dans un certain rapport, de proportion- nalité avec la concentration en glucose du mélange qui lui a donné nais- sance. Exemple : 30 cent. cubes de solution alcoolique de lécithine contenant 2 gr. + 20 cent. cubes d’albumine, contenant 0 gr. 32 de substance sèche + 50 cent. cubes de solution alcoolique de glucose, contenant en glucose sec : 10 gr. 5 gr. d gr: 0 gr. 50 La jécorine artificielle contient PPaumreniremelucose,. !..,:: 959 44 100 190 » … Conclusions : 4° Il est facile de reproduire artificiellement les jéco- rines: 2° les propriétés qui différencient les jécorines des lécithalbu- mines, en particulier les précipitabilités, liennent uniquement à la présence de glucose; 3° la jécorine est le produit de la précipitation simultanée du glucose et des lécithalbumines; il se produit, au cours de la précipitation, un entrainement tel que la composition de la jéco- rine formée dépend des conditions de la formation, et en particulier de la concentration des éléments. {Travail du laboratoire du professeur François-Franck, Collège de France.) © 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MODIFICATIONS HISTOLOGIQUES DU REIN NORMAL AU COURS DES DIURÈSES PROVOQUÉES. ÉTUDES SUR LE RAT : Îl MODIFICATIONS DE STRUCTURE PRO- TOPLASMIQUE, par ANDRÉ MAYER et F. RATHERY. Dans notre précédente note, nous avons décrit les modifications d'aspect des cellules rénales du rat, au cours des diurèses provoquées, en insistant particulièrement sur les modifications vacuolaires. Nos descriptions correspondaient à des pièces fixées au Van Gehuchten- Sauer. Dans la présente note, nous examinerons les modifications fines de la structure protoplasmique, au cours de ces mêmes diurèses. Les pièces que nous allons décrire sont fixées : 1° au liquide de Flemming fort: 2° au liquide chromo-acéto-osmique de Laguesse, formule J. Comme coloration, nous avons employé la coloration de Galeotti (fuchsine acide, décoloration par l'acide picrique, vert de méthyle). Cette méthode de fixation et de coloration est particulièrement favorable à l'examen de la structure protoplasmique. Le Laguesse formule J fait apparaitre très nettement les granulations. REIN NORMAL. 1° Dans le rein normal, le protoplasma des tubes con- tournés apparaît comme formé de grosses stries épaisses, occupant toute la hauteur des cellules, dirigées de la membrane basale vers la bor- dure en brosse, colorées en rouge par la fuchsine. Ces stries sont acco- lées les unes aux autres, mais non fusionnées; le contour qui les limite latéralement est non pas rectiligne, mais irrégulier. Elles donnent l'impression d'’amas de granulations rouges agglomérées, chaque amas étant orienté de la membrane vers la bordure; 2° De place en place, entre deux stries, apparaissent des éléments composés d’une grosse granulation colorée intensément par le vert de méthyle, et entourée d’une aréole claire. Ces éléments, bien différents des noyaux, et d’ailleurs bien moins volumineux, sont en nombre variable. On en trouve environ une dizaine sur chaque coupe de tube; 3° Enfin les noyaux, arrondis, contenant des grains DAMON. sont bien distincts. REIN AU COURS DES DIURÈSES PROVOQUÉES : 1° Vacuoles. Au cours de l'élimination du sucre ou du chlorure de sodium en excès, apparaissent les vacuoles que nous avons décrites. Ces vacuoles sont incolores. À la suite de l’injection de pilocarpine apparaissent de grosses vacuoles plus volumineuses. Elles semblent remplies par des masses irrégulières, rétractées, prenant la coloration verte; 2° Struclure du protoplasma. Au cours des diurèses provoquées, la structure du protoplasma change complètement d'aspect. On ne retrouve 2 AR ETS F t À td ad à SÉANCE DU 4 MAI TI plus les stries rouges du rein normal; on ne retrouve plus les granula- tions vertes intensément colorées que nous venons de décrire. Sur les coupes de rein prélevées au moment où la diurèse du chlorure de sodium ou du glucose est considérablement augmentée, ou au moment où la pilocarpine produit son action, le protoplasma apparaît comme constitué, entre les vacuoles, par un semis de granulations très fines colorées en vert, formant comme le fond de la préparation; sur le fond se détachent, disséminées irrégulièrement, un très grand nombre de granulations nettement arrondies, colorées en rouge par la fuchsine. De place en place, quand les vacuoles sont nombreuses, les granula- tions rouges tassées les unes contre les autres donnent au tube un aspect plus intensément coloré. Parfois aussi, après les injections de pilocarpine, le protoplasma, autour des vacuoles, apparait comme uniformément teinté de rouge. Conczusions. — Les indications que nous donnent l'étude du rein de rat, et que nous allons avoir à vérifier dans nos études ultérieures, sont les suivantes : 1° Il ya lieu de voir si les stries rouges que nous venons de décrire dans le rein normal, sont identiques ou superposées aux files de Hei- denhain, bien visibles sur les pièces fixées au Sauer; 2° Il semble que les seuls éléments nouveaux qui apparaissent au cours des diurèses provoquées, sont les vacuoles: 3° On peut orienter la suite des recherches autour des deux supposi- tions suivantes : «) Les granulations rouges qui sont disséminées dans le protoplasma du rein sécrétant ne sont que le résultat du fractionne- ment des stries rouges du rein normal; 8) les vacuoles se forment autour des grosses granulations vertes du rein normal. (Travail des laboratoires des professeurs François-Franck et Debove.) ACTION NOCIVE DES TRACTIONS RYTHMÉES DE LA LANGUE, par MAURICE D'ITALLUIN (de Lille). Le travail de Philips (1), la communication de Prevost (2), l’article de Mie Zina-Agnès Brailowski (3) donnent un regain d'actualité à la question des tractions rythmées dont la valeur thérapeutique a été si diversement inter- prélée. Nous avons cru pouvoir attribuer à cette méthode des reviviscences presque inespérées, certains de nos graphiques semblent même fixer d'une (1) Archives internationales de Physiologie, 1904-1905, vol. IT, p. 286. (2) Société de Biologie, 7 juillet 1906. (3) Revue médicale de la Suisse romande, 20 juillet 1906, n° 7. 7118 À SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TE = = == 7 facon précise la réelle valeur de ce mode de traitement, tout au moins quand les battements du cœur ne sont pas complètement arrêtés. Mais laissons de côté la valeur curative pour envisager des résultats assez inattendus et parler non plus de l'efficacité, mais de la nocivité des tractions rythmées. Grile a publié, en 1900 (1), un tracé très démonstratif de l’action inhi- bitoire exercée sur le cœur et la respiration par une traction continue de la langue. Après avoir constaté qu'entre les fractions rythmées et continues, il n’y avait souvént que des différences inconstantes, nous avons étudié exclusivement les premières (2). Cette première note ayant uniquement pour but de montrer (sans en discuter le mécanisme) l’action nuisible des tractions rythmées dans certains cas, signalons seulement pour mémoire la polypnée, l’accélé- ration cardiaque, l'élévation de pression assez habituelles chez le chien intact ; passons aussi sur l’élévation de pression observée chez le même animal curarisé, surtout si l’on a, au préalable, sectionné les deux vagues. Tous ces phénomènes réactionnels peuvent être observés chez le chien morphiné ou incomplètement aneslhésié, mais le plus souvent l'action nuisible se traduit ici par des troubles cardiaques et respi- ratoires. En poussant l’anesthésie, on peut constater la suppression de ces actions réflexes, mais, dans certains cas, et plus parliculièrement quand on force la dose de chloral, on assiste à leur aggravation : soit que l’action inhibitoire s'exerce sur le cœur seul (ralentissement, arrêt, chute brusque, chutes successives et répétées de la pression), soit sur la respiration (ralentissement, pauses, arrêt brusque), soit sur les deux à la fois. On observe une grande variété de combinaisons. Ces accidents peuvent être passagers, mais trois fois nous avons réussi à provoquer la mort par les tractions rythmées, méthode classique du traitement de la mort apparente. Ier cas. — Doses progressivement croissantes de chloral (de 3 h. 18 à 4h. 35 — 0 gr. 82 par kilogramme). Tractions rythmées de 5 kilogrammes durant 2 minutes (on les commence 5 minutes 30 secondes après la dernière injection de chloral qui fut de 0 gr. 007 par kilogramme). La respiration est rare, la pression est à 6 Hg. Résultat: arrêt immédiat de la respiration, léger (1) Experimental research in to the Surgery of the respiratory system. (2) Les tractions rythmées de la langue ont été exécutées à la main en . mesurant leur valeur (5 kilogrammes en moyenne) avec un dynamomètre. On enregistrait la pression artérielle et la respiration. Dans quelques cas, les chiens n'étaient pas endormis ou étaient curarisés. Tantôt, ils recevaient 0 gr. O1 de morphine par kilogramme, cette injection élant suivie ou non d’anesthésie au chloroforme, tantôt on injectait dans les veines des doses progressivement croissantes de chloral au 1/10e. À | Là ah Dh GO AE sde OT ‘ Dot luth, ADN Ar SÉANCE DU # MAI 7119 abaissement de la pression, puis retour à l’état antérieur. Peu après la fin des tractions, abaissement de la pression, ralentissement du cœur, arrêt assez brusque 1 minute environ après la fin des tractions. Ile cas. — Doses progressivement croissantes de chloral (de 2 h. 16 à 2 h. 58 — 0 gr. 55 par kilogramme). Tractions rythmées de 3 kilogrammes durant 1 minutes (on les commence 3 minutes après la dernière injection de chlorai, qui fut de 0 gr. 015 par kilogramme en 5 minutes. La pression était à 8 centi- mètres, la respiration était faible). Résultat : arrêt immédiat de la respiration. Ralentissement considérable du cœur, baisse progressive de La pression ; après 2 minutes arrêt brusque, puis reprise des battements très espacés s’affaiblis- sant progressivement ; l’arrêt définitif survient 1 minute après la fin des tractions rythmées. Ie cas. — Anesthésie, morphine-chloroforme. Au moment des tractions rythmées l'animal respire de l'air pur, la pression est à 4 centimètres, la respiration est rapide. Traction durant 3 minutes 39 secondes. Résullat : légère accéléralion respiratoire et au bout de 2 minutes ralentissement, l'arrêt définitif ne tardant guère. Le cœur se ralentit, la pression baisse assez rapi- dement, le ralentissement s’accuse ; à plusieurs reprises, la pression a tendance à remonter, il se produit une chute brusque suivie de battements rapides à peine perceptibles, l'arrêt du cœur a lieu un peu après l’apnée ; on cesse les tractions 30 secondes plus tard. Pour obtenir ces résultats, nous avons dû, sur %5 chiens, réaliser plus de 200 séries de tractions rythmées; toutefois, si la mort n'a été obtenue que dans trois cas, nos graphiques, qui seront ultérieurement publiés, montrent d'une facon très frappante l'action inhibitoire que les tractions rythmées exercent sur le cœur et la respiration, surtout dans certains cas d'intoxication par le chloral, le chloroforme, la morphine. Il était intéressant d'attirer l'attention sur ce point particulier, qui n’est malheureusement pas de nature à simplifier la résolution du problème de la valeur des tractions rythmées de la langue. NOUVEAU PROCÉDÉ DE DOSAGE DE L'AMMONIAQUE ÿ 1 / = par À. RONCRÈSE. M. Delépine (1) a, le premier, signalé qu'en combinant six molécules d'aldéhyde formique et quatre de chlorhydrate d'ammoniaque il y avait formation d'héxaméthylènamine avec mise en liberté d'acide, mais dans les conditions de l'expérience la réaction était limitée par la réac- tion inverse. (4) Delépine. Bull. Soc. Chim., t. XELF, p. 163, 1895. 780 SOCIÉTÉ DK BIOLOGIX Plus tard, MM. Cambier et Brochet (1) opérant en présence d’un excès de formol, constatèrent qu’il y avait dans ces conditions mise en li- berté de tout l'acide du sel ammoniacal. J’ai pensé qu'il y aurait possi- bilité d'utiliser celte réaction pour le dosage des sels ammoniacaux et j'ai entrepris quelques expériences qui m'ont confirmé celte opinion. La différence des résullats signalés ci-dessus est facilement expli- cable grâce à l’étude de M. Delépine (2) sur la vitesse de combinaison du formol et de l'ammoniaque. Cet auteur a vu, en effet, que celte com- binaison est d'autant plus rapide qu’on ajoute plus de formol pour une même quantité d'ammoniaque. Au cours de mes expériences, j'ai con- staté qu'il ne suffit pas, pour que tout l'acide soit libéré, qu'il y ait excès de formol. Il faut pour une quantité donnée de sel ammoniacal une quantité minima de formol, quantité très grande par rapport à celle d'ammoniaque. On est donc en droit de penser que par l’addition de grandes quantités de formol on diminue, jusqu’à la rendre nulle, l’im- portance de la réaction inverse signalée par M. Delépine. D'ailleurs, la mise en liberté de l’acide ne füt-elle pas totale instantanément, les additions de soude titrée failes à chaque instant mettraient en liberté une nouvelle quantité d'acide jusqu’à réaction complète. J'ai préparé, pour être dosée à l’aide du formol, une solution de sul- fate d’'ammoniaque que j'ai ensuite titrée par deux méthodes : celle pré- cise de MM. Villiers et Dumesnil et la méthode volumétrique de Mohr; par la première méthode, 10 centimètres cubes de la solution de sulfate d’ammoniaque m'ont donné 0 gr. 0806 de chlorhydrate d'ammoniaque, soit une teneur par litre de 2 gr. 5611 d’ammoniaque. En employant la méthode volumétrique de Mobhr, j'ai constaté que 10 centimètres cubes de la solution ont transformé en sulfate 15 centi- mètres cubes de soude décinormale, ce qui indique uné teneur par litre de 2 gr. 55 d'ammoniaque. Le titre de ma solution étant ainsi déterminé, j'ai effectué des prises d'essai différentes que j’ai additionnées d’un grand excès de formol. Il m'a fallu, pour arriver à neutralité en présence de phtaléine de phénol, verser les quantités de soude décinormale consignées dans le tableau suivant : NOMBRE QUANTITÉ NOMBRE _ RÉSULTATS de cent. cubes d'ammoniaque de cent. cubes AMMONIAQUE rapportés de la contenue dans la de soude trouvée. au prise d'essai. prise d'essai versés. litre. 2 cent. cubes. 0,00512 3 » 0,00510 2,550 2 cent. cubes. 0,00512 3 » 0,00510 2,550 5 cent. cubes. 0,01280 7,5 0,01275 2,550 1 cent. cubes. 0,01792 10,45 0,01716 DPDOEl 10 cent. cubes. 0,02561 15 » 0,02550 2,550 10 cent. cubes. 0,02561 15 » 0,02550 2,550 (1) Cambier et Brochet. Bull. Soc. Chim., t. XIIT, p. 396, 1895. (2) Delépine. Thèse de doctorat ès sciences, p. 71. Paris, 1898. SÉANCE DU # MAI 181 Quelques-unes de ces expériences ont été faites en double en pré- sence de 0 gr. 10 durée pure, et les résultats ont été les mêmes qu'en l'absence de ce corps. J'ai également pratiqué des dosages sur une solution titrée de chlorhydrate d'ammoniaque et j'ai obtenu les mêmes résultats satisfaisants. On voit, d'après cela, qu'on peut, à l'aide du formol, doser presque instantanément l’ammoniaque d’un sel ammoniacal avec toute la préci- sion qu'on peut attendre d’un dosage volumétrique. Ce procédé a, en outre, l'avantage de n'être pas influencé par l’urée, substance rendant impossible le dosage de l'ammoniaque dans les urines par les méthodes habituelles, celle de Schlæsing exceptée. À Tout en leur conservant leur exactitude, ces avantages permettent de rendre plus rapides, outre le dosage ordinaire d'ammoniaque, les do- sages suivants : Dosage de l'ammoniaque urinaire, dosage précis de l’urée par la méthode Folin et enfin dosage de l’azote total. Pour établir la technique relative à ces différents cas, j’ai délerminé la quantité de formol nécessaire pour assurer une réaction intégrale. J'ai pris 5 centimètres cubes de ma solution de sulfate d'ammoniaque titrée contenant 0,01280 d’AzH”, soit environ 7 c.c.5 d'ammoniaque décinormale, Je l'ai additionnée de quantités croissantes d’une solution de formol titrant 19,93 p.100 de produit (solution du commerce au demi, neutralisée). Il m'a fallu verser les quantités suivantes de soude pour arriver à neutralité. NOMBRE NOMBRE le. de CHIFFRE cent. cubes de formol cent. cubes de soude théorique. à 19,93 p. 100. n/10 versés. Dcc A 7Tec5 4ce cc ec Gec ceci 7ec5 En doublant Ja quantité de sel ammoniacal et en ajoulant des quan- tités croissantes de formol, j’ai obtenu les résultats suivants : 9ce 10cc8 1Bce gcc 13cc9 13cc Gee 14cc8 ABec AOce 15cc 15cc On voit qu'en opérant sur des prises d'essai ne contenant pas plus de 10 centimètres cubes d'ammoniaque décinormaie, on est assuré d’avoir une réaction intégrale avec 20 centimètres cubes de formol au demi. Dans une prochaine note, j'indiquerai la technique à suivre dans les divers cas. Biozoete. CompTEs RENDUS. — 1907. T. LXII. 54 782 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TRAITEMENT DES MYASES PAR LE CHLOROFORME ET L'ÉTHER, par J. MARTIN. Dans sa thèse « sur les myases des cavités naturelles » (1905), le D' Dequen cite occasionnellement les vapeurs d’éther ou de chloroforme pour se débarrasser des larves logées dans les cavités naturelles inac- cessibles. Ainsi présentée, sans technique et sans restrictions, cette méthode nous paraît, pour ceux qui l'utiliseraient, devoir être la source de nom- breux mécomptes. Ces cavités naturelles étant à peu près toujours annexes de la bouche ou du nez, le mode opératoire peut varier de deux façons : Il pourra consister à agir comme dans l’anesthésie générale, et l’on connait ses dangers. Ou bien il consistera à porter l’éther ou le chloroforme, le plus haut possible dans ces cavités. Mais alors le chloroforme, par exemple, peut produire localement des désordres aussi graves que la larve elle-même. Enfin, puisqu'il s’agit de cas où les larves ne peuvent êlre ni expul- sées mécaniquement, ni enlevées, n’y a-t-il pas lieu de faire des restric- tions sur les accidents de sinusite possibles qu’occasionneraient la mort et la putréfaction de la larve on situ? En revanche, nous montrerons que dans des plaies accessibles, mais vastes et anfractueuses, infectées par des larves de mouches, le chloroforme et l'éther rendent d'éminents services. Nos essais remontent à 1900, bien avant la thèse du D' Dequen, et ont été faits dans le ser- vice de chirurgie du professeur Tédenat. La plupart des auteurs qui ont traité des myases sont muets sur la facon de se débarrasser des larves. Les rares renseignements que l'on y trouve peuvent être classés de deux facons : Procédés mécaniques : enlever les larves une à une, avec une pince, ou en bloc, avec un jet d’eau. € Procédés chimiques : utiliser les antiseptiques, les caustiques qui agiraient sur l’insecte sans léser les tissus voisins; enfin les vapeurs d'éther ou de chloroforme. | Le premier groupe de ces procédés ne nous paraît réalisable que dans un bien petit nombre de cas. Ils seront toujours infidèles quand les larves sont toutes petites, quand elles sont bien nombreuses, enfin quand la plaie est anfractueuse ou la cavité inaccessible. Contre le second groupe, nous relèverons que les antiseptiques n’agissent qu'après un ou deux jours sur les larves de mouche. D'autre part, nous comprenons difficilement des caustiques agissant sur l'in- secte, et non sur les tissus voisins. Enfin, nous avons signalé plus haut LT Mi FRE SÉANCE DU 4 MAI 183 les inconvénients et les dangers des substances portées dans les cavités naturelles. Dans les deux cas que nous allons rapporter, nous avons pu débar- rasser en quelques minutes une plaie vaste et anfractueuse, où pullu- laient quantité de larves. Il s'agit d’une malade atteinte d'un épithélioma de la face, ayant rongé une partie du cuir chevelu au-dessus de l'oreille gauche, et débordant la tempe et la joue. La plaie est très anfractueuse et, par endroits, très profonde. Dans une crise de folie, cette femme se lève de grand matin, arrache son pansement, et on la retrouve, vers huit heures, vagabon- dant dans les jardins de l'hôpital. Le lendemain, les externes chargés du pansement trouvent la plaie farcie de petits vers blancs, et en enlèvent Le plus possible par les pro- cédés mécaniques. Mais le second jour, malgré des pansements anti- septiques, ils en trouvaient autant, et venaient me demander conseil. J'appliquais alors moi-même sur la plaie une compresse de coton imbibée de chloroforme anesthésique. Après deux ou trois minutes d'application, j'écartais doucement la compresse, en glissant un peu sur la plaie. La face de la compresse en contact avec la plaie était en- lièrement couverte de larves apparemment mortes; sur la plaie, on n'en voyait pas une seule. Un jet d'eau dirigé aussitôt dans les anfrac- tuosités en entraina encore une grande quantité. La plaie était entiè- rement débarrassée. En octobre de la même année, nouvelle infection par des larves de mouche. J'opérais cette fois avec une compresse imbibée d’éther; le résultat fut aussi heureux et aussi rapide. D'autre part, plusieurs confrères et amis du département de l'Hérault ont, sur notre conseil, utilisé ce traitement et s’en sont toujours aussi bien trouvés. En nous basant sur ces faits, nous pensons que, au point de vue de leur traitement, les myases doivent se diviser en deux grands groupes : T. Myases des cavités naturelles ou pathologiques communiquant avec la bouche ou le nez. II. Myases des cavités naturelles ou pathologiques, ne communiquant ni avec la bouche ni avec le nez. Dans les myases du premier groupe, nous pensons qu'en agissant avec prudence, et en ayant constamment à l'esprit les accidents pos- sibles, on pourra utiliser les vapeurs de chloroforme ou d'’éther, quand nul autre procédé n’aura réussi. Mais dans les myases du second groupe, qu'il s'agisse de myase Cavi- taire ou de myase cutanée, nous croyons que c'est là le traitement de choix et qu il devra précéder toute autre intervention. Enfin ce procédé est aussi facilement utilisable chez les animaux que chez l’homme. 7184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L’AGGLUTINABILITÉ DU BACILLOGÈNE DU TÉTANOS, DERNIER VESTIGE DE SA PARENTÉ AVEC LE BACILLE DU TÉTANOS, par G. ROSENTHAL. Les ouvrages tssiques nous enseignent que le sérum de l’homme atteint de tétanos n’a aucune propriété agglutinative sur le bacille, mais que le sérum de cheval et d'âne normaux agglutine à 1 p.100 ce microbe. Quant au sérum antitétanique, il agglutine le bacille à un taux qui peut atteindre 1/50.000 (voir Macé, Trailé de Bactériologie, 1901). Or, au moment où le bacille du tétanos ayant perdu toutes ses fonctions chi- miques, biologiques et pathogènes, est devenu le bacillogène tétanique, il conserve, bien qu'atténué, le pouvoir spécifique d'être agglutiné par le sérum antitétanique. Ce pouvoir diminue progressivement. Nos expériences ont été faites en recherchant l’agglutination sur lamelles ou dans les cultures. Sur lamelles, les meilleurs résultats s’obtiennent en utilisant les cultures sur bouillon. Les cullures sur lait nous ont donné des résultats beaucoup moins nets; de mème, l’émulsion dans du bouillon neuf de culture sur gélose se prête moins bien à ces expériences. Le 15 mars 1907, nous recherchons l’agglutination d’une culture de bacillogène âgée de vingt-quatre heures en bouillon simple. Le bouillon est trouble avec un léger dépôt que l'agitation du tube fait cispAite Voici les résultats : L'examen de la culture au microscope révèle l'absence de tout amas. L’addition à une goutte de culture d’une goutte de sérum donne une agglutination massive immédiate avec amas occupant tout le champ du microscope. À 1 p. 10, agglutination en une demi-heure. En deux heures, le; mélange à 1 p. 400 donne encore des agglutinations avec quelques bacilles libres. À { p. 500, quelques amas tardifs. Le taux de 1 p. 400, supérieur au taux d’agglutination (1 p. 100) par le sérum normal, indique bien la conservation de principes ‘PRES dans la culture. Les repiquages successifs en bouillon nous font assister à la dimi- nution, puis à la disparition du pouvoir agglutinatif. Lorsque le taux arrive à être inférieur à 1 p. 100, il est encore plus élevé avec le sérum antitélanique qu'avec le sérum ordinaire de cheval. Le 12 avril 1907, nous mesurons l'agglutinabilité d'une culture de bacilogène âgée de quatre jours. Sur lamelles, vérification de l'absence d’amas. Voici les résultats : Un mélange d’une goutte de culture et d’une goutte de sérum anti- diphtérique donne un début d'agglutination immédiat, une aggluti- nation positive après un quart d'heure, mais quelques bacilles restent SÉANCE DU 4 MAI 785 libres. Au dixième, absence de début d’agglutination après une heure un quart. Au contraire, agglutination immédiate massive d’une goutte de culture mêlée à une goutte de sérum antitétanique. Un mélange au dixième commence à agglutiner, après trente minutes, et agglutine complètement en une heure dix, contrairement au mélange au 1/10° fait avec le sérum antidiphtérique. Le 18 avril 1907, une culture sur bouillon de bacillogène, âgée de quarante-huit heures, donne une agglutinalion immédiate à 1/1 avec le sérum antitétanique. Au 1/5°, quelques amas apparaissent après une heure. Au 1/10°, résultat négatif. Les cultures formolées se prêtent mal aux expériences après quelques jours. Les tubes de bouillon bien poussés additionnés d'une quantilé de sérum supérieure à la dose nécessaire à l'agglutination, s’éclaircissent en quelques heures pour redevenir troubles postérieurement. Le tubes de bouillon additionnés de sérum antitétanique en forte proportion, avant l’ensemencement, donnent une cuiture d'abord en dépôt, qui rapidement trouble la totalité du milieu. La conservation par le bacillogène de l’agglutinabilité spécifique permet de donner en une minute la preuve irréfutable de l'exactitude de nos recherches sur l’aérobisation. (Laboratoire de M. le professeur Hayem.) SUR LE MÉCANISME MUSCULAIRE DE L'ACTION CARDIO-INHIBITRICE DU POTASSIUM, par H. BusqueT et V. PACHON. On a posé, à diverses reprises (1), la question de rapports directs entre l’action cardio-inhibitrice du chlorure de potassium et celle exercée nor- malement par le pneumogastrique. Dans une série de recherches, poursuivies du point de vue de la disso- ciation électrolytique, nous avons déterminé la grandeur comparée de l’action cardio-inhibitrice de divers sels de potassium, administrés à même concentration moléculaire (2). (1) Cf. E.-G. Martin. The inhibitory influence of potassium chloride on the heart and the effect of variations of temperature upon this inhibition and upon vagus inhibition. Amer. Journ. of Physiol., XI, 370-393, 1904. (2) H. Busquet et V. Pachon, Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 13 mai 1907. 786 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces recherches nous permettent, en même temps, d'apporter quelques éléments critiques et expérimentaux dans le débat que nous indiquons ici. Nos expériences ont été exécutées sur le cœur isolé du lapin. Un dispositif approprié permettait, par la méthode de l'irrigation coronaire de Langendorff, de faire circuler à travers le cœur soit la solution physiologique de Ringer- Locke, soit cette même solution additionnée d’un sel de potassium (KCI, KBr, KI, par exemple), à dose constante de O0 gr. 52 de K (1) p. 1000. Les liquides d'irrigation, à leur entrée dans le cœur, étaient à une température de 36 à 39 degrés, et sous une pression de 0,03 centimètres à 0,04 centi- mètres Hg. L'arrêt diastolique, produit sous l'influence de l’imprégnation du cœur isolé par le potassium à dose suffisante, présente dans son mode de manifestation des caractères objectifs qui le différencient nettement de l’arrêt diastolique provoqué par l'excitation. également suffisante du pneumogastrique. L'arrêt du potassium, loin d’être immédiat, très rapproché, comme celui du pneumogastrique, du moment de l'excitation qui l’a provoqué, ne se produit que comme un résultat éloigné, apparaissant seulement à la suite d’une phase préalable de diminution progressive du rythme et de la force des contractions du cœur. Celles-ci diminuent graduellement d'amplitude, donnant au graphique l'aspect d'un escalier régulier, comme en témoignent depuis longtemps, d’ailleurs, les tracés de S. Ringer“(2), de Bottazzi (3), en particulier. On se trouve en présence d'un fracé typique de falique musculaire : la puissance contractile du muscle cardiaque décroit peu à peu, par une progression régulière, jusqu’à zéro. Tout se passe comme si l’on avait affaire à une intoxica- tion, portant directement et graduellement sur la fibre musculaire car- diaque, atteinte dans sa vitalité propre. La reprise des battements cardiaques, après la suspension de l’irriga- tion potassique et le retour du liquide normal de Ringer-Locke, dépose dans le même sens. Tout d’abord l'arrêt des ventricules (produit à la dose de 1 gramme de KCI, par exemple, par litre de Ringer-Locke) se maintient (pour les ventricules, du moins) tout le temps que dure le passage du potassium, soit 10, 20, 30, 40 minutes dans nos expériences. On sait, au contraire, que chez les mammifères — et il s'agit ici du cœur du lapin — l’exeita- tion électrique prolongée du pneumogastrique par un courant suffisant à produire l'arrêt n'empêche pas le retour prompt des battements car- (1) CF. Note citée, pour détails. (2) S. Ringer. Jowrn. of. Physiol., t. IIL, IV et V, passim. W. (3) Bottazzi. Arch. de phys. norm. et path., 5° série, t. VIII, 882-892, 1896. SÉANCE DU À MAI 787 diaques. Quant à ce qui se rapporte à la reprise effective du cœur après la suspension du potassium, le retour de la fonction rythmique se fait comme pour sa cessation antérieure, par un mode progressif. Le cœur revient à son régime normal par une augmentation lente et régulière- ment croissante du rythme et de l'amplitude de ses contractions. Le graphique traduit encore par un escalier, mais cette fois par un escalier ascendant, la reprise des contractions du cœur. Cet état de choses montre, à l'évidence, que la fibre musculaire cardiaque, touchée directe- ment par le potassium dans sa vilalité propre, se répare peu à peu sous l'influence de l'irrigation nouvelle par la solution physiologique de Ringer-Locke. À la désintoxication progressive par effet de lavage et à l'accumulation de réserves nouvelles correspond la récupération gra- duelle par le muscle cardiaque de sa puissance contractile. L'analyse directe des phénomènes, envisagés dans leur mode évo- lutif, amène ainsi à concevoir l'arrêt du potassium comme un arrêt de paralysie de la fibre musculaire, atteinte immédiatement dans sa puis- sance contraclile. Dans le cas de l’arrêt par excitation du pneumo- gastrique, rien ne s'oppose à considérer, au contraire, que la fibre cardiaque n’est point touché dans son intégrité propre; sa puissance contractile persiste (1), mais un frein (de puissance plus grande) s'oppose à sa manifestation. Les choses sont tout autres. Des expériences d'analyse indirecte contribuent encore à séparer les deux ordres d'effets cardio-inhibiteurs du potassium et du pneumogas- trique. On sait l’action antagoniste de l’atropine vis-à-vis du pouvoir inhibiteur du pneumogastrique et de l'appareil nerveux modérateur intra-cardiaque. Il était tout indiqué, dès lors, d’éprouver l’antago- nisme de l’atropine vis-à-vis de l’action cardio-inhibitrice du potassium. Nous avons fait celte épreuve sous trois modalités différentes. Dans un premier ordre d'expériences, nous administrons préalablement à un lapin uneinjection intra-veineuse de 1 milligramme de sulfate d'atropine. Après constatation de la disparition des effets inhibiteurs ordinaires du paeumogasirique, le cœur est isolé, puis soumis, dans les conditions habituelles de l'irrigation coronaire, à une circulation de nos liquides potassiques. Les effets inhibiteurs se produisent tout comme à l’ordi- naire. — Dans un deuxième ordre d'expériences, nous soumettons le cœur normal et isolé de lapin à une circulation alternante de solution Ringer-Locke atropinée et de notre solution Ringer-Locke potassique : les effets inhibiteurs ordinaires du potassium se produisent avec toute leur intensité. — Dans un troisième ordre d'expériences enfin, nous (1) Dans certaines conditions d’excitation du pneumogastrique produisant seulement du ralentissement du cœur, sans variation de la pression sanguine, on a même des systoles renforcées ou Aktionspulse de Cyon (Cf. E. de Cyon, Art. Cœur, in Dict.de physiol., de Ch. Richet, IV, 119). 788 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE additionnons d’alropine directement notre solution de Ringer-Locke potassique elle-même : toujours s’observent les mêmes effets inhibiteurs du potassium. L’annihilation par l’atropine de tout effet d’excitation des terminaisons nerveuses du pneumogastrique et de l'appareil ganglion- naire modérateur inlra-cardiaque ne supprime rien de l’action cardio- inhibitrice du potassium, qui continue à se manifester avec ses carac- tères particuliers. De toul cet ensemble de faits découle donc celte conclusion, très nette, à savoir que l’action cardio-inhibitrice du potassium s'exerce par un mécanisme intime qui n’est pas de même nature que celui mis en jeu par l'excitation du pneumogastrique. Tandis que cette excitation met en jeu un mécanisme nerveux, dont la puissance frénatrice l'em- porte sur la puissance contractile du muscle cardiaque et empêche, de ce fait, cette dernière de se manifester, le potassium produit l'arrêt du cœur en paralysant directement la fibre musculaire cardiaque, impuissante, dès lors, d'elle-même à se contracter. Claude Bernard (4) et Grandeau (2) avaient bien dit : le potassium est un poison musculaire. | (Laboratoire de physiologie générale de l'Ecole des Hautes-Etudes, au Muséum d'histoire naturelle.) SUR LA PRÉSENCE DU RAFFINOSE DANS LE Zaæus baccata L., par H. HÉRissey et C4. LEFEBVRE. Le raffinose, hexotriose susceptible de fournir par hydrolyse complète une molécule de glucose-d, une molécule de galactose-d et une molécule de lévulose, est un sucre qui n’a été signalé jusqu'à présent que dans un nombre restreint de végétaux ou de sécrétions végétales; nous avons eu l’occasion de constater sa présence dans les parties végétatives, feuilles et jeunes rameaux, d'une plante de la famille des Conifères, le Taxus baccata L. On traite par l'eau à l’ébullition des feuilles et des jeunes rameaux de l'axus baccata, immédiatement après la récolte. On défèque la décoc- tion obtenue avec du sous-acétate de plomb en excès, puis on ajoute de l’'ammoniaque au liquide limpide; il se fail un précipité dans lequel (1) Claude Bernard. Lecons sur les effets des substances toxiques et médi.a- menteuses, p. 350 et suiv., Paris, 1857. Rapport sur les proyrès et la marche de la physiologie générale, p. 21; Paris, 1867. (2) L. Grandeau. Expériences sur l'action physiologique des sels de potas- sium, de sodium et de rubidium. Journal de l’anat. et d: là phys., juillet 1864. SÉANCE DU À MAI 789 sont entraînés les sucres et glucosides que peut contenir la plante. Ces derniers principes sont mis en liberté en décomposant le précipité par l'acide sullurique étendu; après traitement convenable, on obtient finalement un extrait composé surtout de sucres et de glucosides (parti- culièrement de taxicatine), mélangés encore de diverses impuretés (1). La taxicatine est enlevée au mélange par extractions répétées au moyen de l’éther acélique qui la dissout. Quant aux sucres, on les engage dans une combinaison barytique, en précipitant par l'alcool leur solution aqueuse additionnée de baryte; on décompose par l'acide carbonique le précipité mis préalablement en suspension dans l’eau, puis on évapore complètement la liqueur sucrée obtenue. On traite l'extrait résiduel, à plusieurs reprises, d'abord par l'alcool à 95 degrés bouillant, puis par l'alcool à 80 degrés bouillant, en employant, chaque fois, des quantités ménagées de dissolvant. On conslate bientôt, particulièrement dans les liqueurs oblenues avec l'alcool à 80 degrés, une abondante crislalli- sation. Les cristaux recueillis, purifiés par une nouvelle cristallisation dans l’alcool à 85 degrés, présentent toutes les propriétés du raffinose cris- tallisé : Détermination de la matière sèche : 0 gr. 9950 de produit mis à dessécher dans le vide sulfurique, puis à l'étuve à eau bouillante, ont perdu : 0 gr. 1465, soit : BEnte POoUuRELDO EME RE FR D ARE EE DrRre 14,72 Pour un raffinose commercial, convenablement purifié, on a trouvé : PENLESDOUTELO IEEE ERNST RARE NAN 14,52 Théorie, pour C!$H$2016 + 5H20 : PERS Dour ADD meme A A OA ES Ne 15,15 Pouvoir rotatoire : I. — on—+102049 (v— 15cm, J—9, p—0,1105, a—-+2020/—-+ 90333) IT. — on —+ 102090 (p—150ms, }—9, p—0,5660, a—+ 1046 — + 70766) Pour un raffinose commercial, convenablement purifié, on a trouvé : an— + 103039 (u—95cm8, [—9, p—1,1595, a—+9039—-+ 90533) Production d'acide mucique. — En traitant notre produit par l'acide azotique td — 1,15), dans des conditions convenables, on obtient des cristaux dont le point de fusion est identique à celui de cristaux d’acide mucique préparé de la même facon avec du raffinose authentique (2). (Travail du laboratvire de pharmacie galénique de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris. Professeur : Em. BouRQUELoOT.) (1) Ch. Lefebvre. — La « taxicatine » glucoside nouveau retiré du Taxus bac- cata L.; Comptes rendus de la Société de Biologie, LVII, t. I, 513-514, 1906. (2) Ce travail paraîtra avec plus de détails dans le Journal de Pharmacie et de Chimie. 790 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EXAMEN CLINIQUE DEs EXPECTORATIONS CHEZ LES CANCÉREUX, par L. FoLLerT. Chez tous les sujets manifestement cancéreux au point de vue clinique, j'ai toujours rencontré dans les expectorations, et très souvent au premier examen, un microorganisme qui se présente, Le plus souvent, sous l’aspect d’une levure très caractéristique, à double contour. C'est sous cette forme qu'il est immédiatement reconnaissable. Pour cet examen, se faire remettre non pas de la salive, mais des expectorations recueillies le matin à jeun et venant bien du poumon (pas du mucus nasal). Mode de coloration à l’élat frais. — Colorant à employer pour l'examen ra- pide, à l’état frais, sans fixage comme pour les spirilles : GIVCÉTINEN SRE M RE TR ME NE ee DRE TONI Se BIEN CE. MÉMAÈNES, 66 010 0 &10 6 oo b a oto vo À — AGE DENIS MOÎLEUR KL 0 0 Sd 0 d6 0 0 0 oc 0 0 (06 ED Faire bien dissoudre et filtrer. | Pour colorer, procéder de la facon suivante : déposer avec le fil de platine sur le centre d’une lame un peu de crachat, puis une petite quantité de colorant, mélanger avec soin, appliquer une lamelle sur le mélange, serrer avec un linge fin et examiner. Chez les cancéreux cachectiques, les expectorations examinées immédiate- ment contiennent des multitudes de ces levures soit isolées, soit par paquets. Mode de coloration à l’état sec. — Pour avoir une coloration plus durable et faisant mieux voir les doubles contours et les détails des microorganismes, j'emploie le procédé suivant : Mettre dans un flacon : 40 grammes de chloroforme, 20 grammes d’ammoniaque liquide, Ajouter 10 grammes d'acide phénique neigeux. Agiter fortement et à plusieurs reprises le flacon jusqu’à dissolution com- plète de l'acide phénique; laisser reposer quelques heures, jusqu’à ce que les deux liquides ammoniaque et chloroforme aient repris leur limpidité; sou- tirer le chloroforme avec un siphon fait d’un tube capillaire; ajouter à ce chloroforme saturé de phénate d'ammoniaque, un gramme de bleu de méthy- lène et filtrer. Étaler le crachat sur une lame et sécher à la flamme ; laisser refroidir complètement ; verser le colorant sur la préparation et par un balance- ment de la lame l'y promener en soufflant pour faire évaporer le chlo- roforme; verser ensuite quelques gouttes de chloroforme pur sur la lame et faire évaporer en soufflant, mais toujours sans chauffer. Laver ensuite à grande eau pour enlever les précipités, au besoin avec un peu d’eau alcoolisée; sécher avec du papier buvard. SÉANCE DU 4 MAT 794 Selon le bleu de méthylène employé, cette coloration fera voir les éléments sous diverses nuances : violet, indigo, bleu clair et parfois grenat, Cette diversité de coloration disparaît si l’on chauffe la préparation, qui devient alors uniformément bleue. On peut également employer pour cette recherche le colorant ci-après : Bleu de méthylène. 2 grammes. : Fuchsine. 0 gr. 30 Acide phénique. . HA TER 0 gr. 50 CV RNe EPA EN CO RENAN Ie AIN rammes Eau distillée. . . qui donne une double coloration et montre bien les détails. Pour colorer, procéder comme il suit: étaler la salive sur la lame; sécher à la flamme; ver- ser le colorant ; chauffer à la flamme et laver avec soin. Mes recherches ont porté, depuis dix ans, sur plus de cent cas de can- cers avérés et j'ai toujours rencontré ce microorganisme dans les expec- torations des personnes qui en étaient atteintes. Très souvent même, la découverte du microorganisme m'a mis sur la voie et fait découvrir un cancer ignoré : tumeur du sein, cancer de l'utérus, elc. Je l’ai rencontré notamment chez : 41 cancers du sein, 23 cancers de l’utérus, 8 cancers de l’estomac, 3 cancers du foie, 6 cancers du rectum, 3 cancers de l’épiploon, 5 cancers de la bouche, 1 cancer du vagin, 2 cancers de la vessie, 3 cancers du poumon, 4 cancers des ovaires, 1 cancer du testicule. Presque tous ces diagnostics ont été vérifiés par des opérations ou contrôlés par des maîtres appelés en consullation. Chez une femme présentant une tumeur du sein assez volumineuse ét sur le point d’être opérée après avis de nombreux médecins et chi- rurgiens, je n'ai pas rencontré le microorganisme dont s’agit. La tumeur à disparu sans opération. Cinq ou six fois déjà j'ai rencontré le même microorganisme chez des personnes n'ayant pas de cancer avéré, mais déjà parmi ces cinq ou six cas exceplionnels, je tiens à dire qu'un cancer d'estomac qui vient d’être opéré s’est développé après deux ans et que trois autres malades se cachectisent de plus en plus, sans toutefois présentér encore des signes cliniques bien évidents de tumeurs cancéreuses. On remarque simple- ment l'apparition assez fréquente de croûtes brunes sur la peau (dites fleurs de cancer) et de nombreuses glandes hypertrophiées. À côté des microorganismes que j'ai vus chez les syphilitiques el les cancéreux, j'ai rencontré, chez d’autres malades, et au moyen de ces 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE méthodes d’exploralion rapides, bien des formes non décrites et bien intéressantes à éludier. J'espère que ceux qui voudront bien employer les méthodes de colo- ration que j'ai exposées dans mes deux notes pourront voir des microbes que les méthodes actuellement en usage ne permetteut pas de colorer. VARIATIONS CHROMOGÈNES DU MICROCOCCUS PRODIGIOSUS DANS LES MILIEUX ALCALINS, Pan GA PEU MAR ATAUTE Fresennis, Erdman, Schrütter, Schottelius ont constaté au pigment normalement rouge vif de Micrococcus prodigiosus des variations de teintes nées dans les conditions les plus diverses : violet (acides), rouge brique, jaune (alcalins), blanc (chaleur). Si sur milieux de gélose ordinaire d'’alcalinité variable, progressive- ment et lentement croissante (gélose 15 centimètres cubes, iodure de potassium dissous à saturation dans l’eau 0,02 centig. à 1,40 comptés en gouttes), on ensemence un échantillon de Micrococcus prodigiosus nor- malement rouge très pigmenté, après quatre ou cinq jours de séjour à Fétuve à 20 degrés-95 degrés on constate : a) Qu’après une abondante végétation dans les tubes lesmoins chargés de sels, l'intensité en diminue progressivement jusqu'à la mort de la culture, à la concentration saline des derniers tubes (1 gr. 30 à 1 gr. 35 KI pour 15 centimètres cubes de gélose) ; b) Qu'aux milieux d'alcalinité faible, quoique déjà très nette et jus- qu'à la teneur saline de 0,15 centigrammes à 0,20 pour la quantité de gélose indiquée, le pigment demeurerouge vif ou rouge pourpre, comme normalement ; c) Mais qu'à mesure de la progression de la concentration alcaline et jusqu’à la mort de la bactérie, on voit apparaître à la place du pigment normal une série de teintes qui, à partir du pigment normal, se succè- dent ainsi : bai-cerise, vermillon, brun marron, rouge brique, ocre jaune, jaune paille, blanc jaunâtre, blanc porcelaine. Ce phénomène se retrouve identique lorsque la bactérie est cultivée en bouillon, mais la couleur déjà ifoncée du milieu rend alors l’obser- vation des teintes nouvelles plus difficile. Ceci n’a d'autre but que de montrer qu'entre le pigment normal rouge de Micrococcus prodigiosus et la nuance jaune qu'il présente dans les alcalins, le passage ne se fait pas brusquement de l'un à l’autre, mai par une série d'intermédiaires toujours très nets, qui, nés en conco- mitance avec une vitalité végétative moindre de cette bactérie, sem- 4 SÉANCE DU # MAI 793 =——— blent devoir être considérés comme une gamme de teintes dégradées du pigment normal ; qu’en outre la dépigmentation totale de la bactérie et la production de cultures blanches, observées jusqu'ici par la chaleur seule, n’est que Le résultat d'un phénomène de même ordre et l’exagéra- tion du mécanisme précédent. Ce phénomène nous a paru constant avec quatre variétés de Micrococ- cus prodigiosus étudiées. La dégradation du pigment par une série de teintes a pu s'observer de façon identique avec deux échantillons de B. ruber indicus. En résumé, il est donc inexact de dire que la fonction pigmentaire normale de Microccus prodigiosus exige, pour se développer, la présence d'une réaction acide du milieu où vit la bactérie. Elles’accommode done d’une réaction faiblement, quoique nettement alcaline, et, d'autre part, si une acidite légère exagère la vivacité du pigment, forte, elle tue rapi- dement le Micrococcus prodigiosus. Cependant on doit reconnaître que ce pigment est assez sensible à l'action des alcalins et à de très faibles différences d’alcalinité. Les variations de teintes de ce pigment sous leur influence peuvent même en faire un réactif assez sensible. Ces variations chromogènes, qu’il est toujours possible d'obtenir très nettes, vont du pigment rouge vif à la dépigmentation totale (variété blanche) de la bactérie. Entre elles, une série d’intermédiaires forment une gamme de teintes dégradées de ce pigment normal. Ces teintes obtenues sont identiques à celles qu'il est possible de reproduire par addition homogène et progressivement croissante d’une solution alcaline à une solution de pigment de Micrococeus prodigiosus. Ces variations chromogènes peuvent s’observer avec d’autres, peut- être avec toutes les bactéries du groupe Prodigiosus. Elles sont à rapprocher de celles observées chez quelques champignons colorés (Aspergillus niger, Hypocrea rufa) par Milburn et par Friedel et Coupin (Sterygmatocystis nigra). (Laboratoires de MM. Arloing et Morat.) SUR L'EXISTENCE DU Colpomenia sinuosa DANS LA MANCHE, par L. MAG. Le Colpomenia sinuosa, algue brune du groupe des Phaeosporées, famille des Encoeliacées,abondante dansles régions méridionales, a attiré l'attention depuis que M. Fabre-Domergue (1) a signalé son invasion (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. CXLII. Paris, 28 mai 1906. 794 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE dans la rivière de Morbihan, où il contribue à dépeupler les pares à huîtres de cette région. Cette algue vit à l’état fixé sur Les supports les plus variés et se pré- sente sous l'aspect de masses sphériques ou ovoïdes, massives quand elles sont jeunes (à peine de la grosseur d’un pois), puis creuses et remplies d'eau quand elles grossissent pour atteindre la taille d'un œuf de poule, et parfois presque la grosseur du poing. Ù Ainsi que l’a établi M. Fabre-Domergue, ces algues, appelées « bal- lons » par les ostréiculteurs, se fixent sur les huîtres et grandissentpeu à peu. Lorsqu’elles ont acquis une certaine taille et que la mer laisse les parcs à découvert, ces algues, en forme d’outres, s'affaissent sous le poids de l’eau qu'elles renferment, il se produit des déchirures à la base, l’eau qui les remplissait s'écoule peu à peu et se trouve remplacée en partie par de l’air. Quand la mer monte, l'eau baignant la base de ces outres, emprisonne l'air et l’algue ainsi gonflée, s'élève, entraînant l'huître à laquelle elle est fixée. Les courants transportent les « ballons » porteurs d’huîtres vers la haute mer et M. Fabre-Domergue estime à 400.000 Île nombre des huitres ainsi disparues des pares. La Colpomenia sinuosa, la « voleuse d'huîtres » comme on l’appelle, est donc un nouvel ennemi des parcs. On atténue ses dommages d’après M. Fabre-Domergue en promenant sur les parcs des fagots d’épines, de manière à dilacérer les ballons. Faut-il voir dans le Colpomenia sinuosa un ennemi temporaire, acciden- tellement introduit, grâce à des conditions spéciales, dans la rivière de Morbihan et destiné à disparaître? C'est une opinion qu'a émise M. Fabre-Domergue. Les faits ne permettent pas de conserver d'illu- sions sur ce point, car le Colpomenia est installé sur nos côtes; il est en état de végétation active et paraîl devoir s'étendre très loin de l’endroit où il a été signalé d’abord. - Déjà M. Sauvageau (1) a montré que cette algue existe sur toute la côte des environs de Quiberon, ainsi que sur la côte occidentale de Belle Isle (Port Coton et port Goulphar, ele.). L'état des échantillons de toute taille, aussi bien ceux recueillis sur place que ceux qui étaient rejetés par le flot, dénote que le Colomenia sinuosa est en pleine acti- vilé. ‘ D'autre part, dans une excursion algologique du Muséum que j'ai dirigée à Saint-Vaast-la-Hougue et à Gatteville le 31 mars et le 1% avril derniers, le Colpomenia sinuosa a été rencontré en abondance dans ces régions, Où il était jusqu'alors inconnu. À Gatteville, près de la pointe de Barfleur, à 40 ou 50 mètres en avant du phare, nous l’avons trouvé dans des mares de 50 à 80 centimètres de profondeur, sur une terrasse de rochers recouverts par les fucus (région (1) Bulletin de la station biologique d'Arcachon, 1906, 9° année, p. 35. SÉANCE DU # MAI 79 C6 des hauts niveaux). Les échantillons, tous fixés sur des algues (Æhiti- phloea Poliyides, etc.), avaient des dimensions oscillant entre la grosseur d’un pois et celle d'un œuf de pigeon; ils avaient été confondus, au moment de la récolte, avec des ZLealhesia difformis, dont ils ont, à ce stade, l'aspect extérieur. L’examen microscopique fait par M. Bornet et exécuté ensuite dans mon laboratoire, sur des échantillons secs et conservés dans l'alcool, a démontré l'existence du Colpomenia sinuosa. La courte durée de l’excursion n'a pas permis de visiter un grand nombre de mares, mais l’abondance des échantillons recueillis en quelques minutes permet d'affirmer que le Colpomenia est très commun dans ces rochers. Nous avons aussi recueilli le Colpomenia à Saint-Vaast, dans l'ile de Tatihou, au milieu des rochers situés à l’est du laboratoire maritime du Muséum. Mais là, cette algue est encore assez rare. Enfin, M. Corbière m'envoyait le 10 avril de beaux échantillons récoltés dans la rade de Cherbourg. M. Fauvel avait trouvé le Colpo- mema sinuosa le 3 avril 1907 au Flamands (1). Les conditions excep- tionnelles de milieu crées par le Gulf Stream ont sans doute favorisé l'extension de cette algue sur les côtes nord et est du département de la Manche, mais il est vraisemblable, puisque les conditions de végétation sont les mêmes au nord des côtes bretonnes, que le Colpomenia s'y trouve également. Ainsi le Colpomenia sinuosa, découvert d’abord dans la rivière de Morbihan, existe aussi à Belle-Isle et à Quiberon, puis à Cherbourg, à Gatteville et à Saint-Vaast. On pourrait, à la rigueur, admettre que, l'invasion ayant commencé dans la rivière de Morbihan, c'est un essaimage provoqué par les courants qui a peuplé Quiberon et Belle-Isle, Il me paraît impossible d'admettre un pareil essaimage pour la Manche à Cherbourg, à Gatteville et à Saint-Vaast. L'éloignement de ces divers points démontre que le Colpomenia en voie d’'acclimatation sur nos côtes constitue un danger sérieux et pro- chain pour les ostréiculteurs (2). (4) La Feuille des Jeunes naturalistes, 4° mai 1907, p. 146. (2) Je recois au dernier moment une lettre de M. Malard, sous-directeur du laboratoire de Tatihou, qui m’annonce avoir remarqué dès le mois de sep- tembre 1905 le Colpomenia sinuosa à Gatteville, en 1906 à Barfleur et à Réville. 7196 SOCIÉTÉ DE BIOLUGIE SUR L'EXCITATION PAR DÉCHARGES DE CONDENSATEURS (A PROPOS D'UNE NOTE DE M. LAPICQUE), par J. CLUZET. Je suis heureux que M. Lapicque reprenne l'étude de la durée utile des décharges de condensateurs, persuadé que, au moyen de son ingé- nieux dispositif, il arrivera à pousser plus loin que je n'ai pu le faire la solution de la question. Mais je ne puis laisser sans protestation sa manière de vérifier ma formule. (Voir Comptes rendus de la Soc. de Biol., 27 avril 1907.) j Tout d’abord, M. Lapicque admet que si a est fictif, ne l’est pas et peut se mesurer. C'est une hypothèse que j'avais admise aussi, mais que j'ai rejetée comme étant trop en désaccord avec l'expérience. Les appareils dont je disposais avant 1905 ne m'’avaient permis d'évaluer le voltage qu’à 1/100 près, et j'avais cru constater alors l'égalité entre bR et le voltage du courant continu produisant le seuil de l’excitation. Mais depuis, au moyen d'expériences plus précises, et en utilisant les nombres obtenus par les auteurs qui ont évalué le millième de volt, je me suis assuré que la valeur de b ne peut être obtenue expérimentale- ment; dans mes récentes pnblications je ne considère l'intensité du courant continu donnant le seuil que comme une valeur très approchée de 4. D’aiileurs, comme le fait observer Hermann, Weiss a constaté « que l’intensilé du courant qui donne la contraction minimum est plus petile que la constante à calculée d'après une série d’expé- riences (4). » Ainsi la possibilité, qu'admet Lapicque, de mesurer directement b n'est pas démontrée, et l'expérience semble au contraire qu'elle ne peut être admise : la détermination expérimentale de b ne peut donc servir de base à une méthode de vérification. La quantité qu'on peut facilement mesurer et calculer est le potentiel de charge, c’est par son intermédiaire, je crois, qu'on aura toujours le meilleur moyen de vérifier une formule. De plus, le procédé des quatre condensateurs, que Lapicaue applique à son expérience dans la note citée ci-dessus, est un mauvais procédé de vérification et je ne l’ai jamais proposé ni employé comme tel. On trouvera dans ma note à la Société de Biologie du 23 février 1907 cette restriclion : la méthode des quatre condensateurs, dont les capacités doivent être très différentes, ne donne de bons résultats que si toutes les mesures effectuées présentent une grande exactitude. Je m'étais rendu compte, en effet, que ce procédé donne souvent des résultats (1) Pflüger's Archiv, 30 mars 1906, p. 558. _ SÉANCE DU À MAI 797 invraisemblables et manifestement faux; c'est ainsi que dans l’expé- rience de Lapicque, en prenant les capacités 1, 5, 10, 100, on trouve pour bR une valeur négative. Cela tient probablement à la constitution des équations employées ; elles sont telles que la plus petite erreur de mesure ou tout changement des conditions expérimentales (résistance, excitabilité) fausse considérablement les résultats. Si M. Lapicque avait appliqué la méthode du minimum d'énergie à son expérience, il eût été sans doute plus satisfait de la valeur obtenue pour bR (100 millivolts) et de la vérification de ma formule. On a en effet CHUTES) ONE 2 5 10 20 10 100 V (103) mesuré. 310 372 264 225 203 186 181 V(10—3) calculé. 533 359 249 192 159 141 135 La plus grande différence entre les valeurs correspondantes de V est de 33 p. 100. | Je dois faire observer que l'erreur de 33 p. 100 est exceptionnellement forte et dépasse de beaucoup les différences obtenues avec les nombres fournis par les autres auteurs. Nolamment, dans les expériences de Hermann contenues dans le mémoire cité par Lapicque, la différence entre les valeurs mesurées et les valeurs calculées par ma formule n’a jamais dépassé 23 p. 100 et était en général plus petite que 12 p. 100. Ainsi dans l'expérience I pour laquelle la formule de Hoorweg donne une différence de 4% p. 100, ma formule ne donne pas d'erreur supé- rieure à 7 p. 100. Et cependant, la variation des capacités employées par Hermann est dix fois plus étendue que dans l'expérience de Lapicque. En résumé, pour vérifier ma formule, M. Lapicque a admis une hypothèse qui n’est pas acceptable (# mesurable expérimentalement) et a employé une mauvaise méthode de vérification, les résultats fournis partant de la décharge optima et en comparant les voltages mesurés avec les voltages calculés sont beaucoup plus satisfaisants que ceux oblenus par M. Lapicque. À PROPOS DE LA NOTE DE M. CLUZET SUR L'EXCITATION PAR DÉCHARGES DE CONDENSATEURS. IMPORTANCE DE LA VÉRIFICATION DES FORMULES PAR LA COMPARAISON AVEC LE COURANT CONSTANT, par Louis LaPicoue. Je suis surpris de voir M. Cluzet faire si bon marché de la vérification du coefficient b, et en même temps maintenir sa formule. Assurément, j'ai choisi entre mes expériences d’ine part, et, d'autre part, entre les méthodes de calcul de M. Cluze', un exemple mettant tout particu- Biococie. Comptes RENDUS. — 1607, T. LAIL D5 798 < SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lièrement en évidence l'écart que je voulais signaler; mais il est impossible d'expliquer cet écart par de petites inexactitudes expérimentales ; pour le faire disparaître, il faudrait, non pas une petite correction çà et là, mais une modification systématique et très importante des valeurs expérimentales, Dans toutes les expériences et par toutes les façons de calculer, on retrouve un écart de même signe, sinon de même grandeur. De cela, d’ailleurs, M. Cluzet convient, et je suis heureux que, du moins, nous soyons d'accord sur le terrain expérimental ; pour le reste, il n’y a qu’à s'expliquer. Dans la séance du 13 avril dernier, j'ai fait ressortir l'inexactitude du terme b{ de la formule de Weiss. Malheureusement, acculé par les rigueurs nécessaires de notre règlement, j'ai dû, sur épreuves, faire disparaître de ma note la partie théorique de cette discussion. Mais Weiss a abondé dans mon sens, et dans les observations qu'il a mises à la suite de ma note, M. Cluzet . trouvera l’équivalent de ce que j'ai dû supprimer, et qui reprendra place dans une publication plus complète. Or, pour arriver à sa formule, M. Cluzet a procédé par voie déductive, à partir de la formule de Weiss considérée par lui comme exacte et générale; il a pris tout particulièrement en considération la constante b; il lui attribue explicitement la signification du plus petit voltage actif, du voltage liminaire pour une capacité infinie, « cas identique au cas de la fermeture instantanée d'un courant continu », et il fonde là-dessus son raisonnement essentiel et une au moins de ses méthodes de vérification expérimentale. Si la constante b n’a plus ce sens, c'est la base même du raisonnement de M. Cluzet qui s'écroule. Je sais bien que, dès ses premières expériences, Weiss a constaté que le voltage liminaire du courant indéfini est nettement supérieur à b (M. Cluzet aurait peut-être pu ne pas attendre que Hermann le lui apprenne). C'est une preuve de plus que ces expériences de Weiss ont été conduites avec soin et précision. C’est une raison de plus de s'étonner que M. Cluzet n'ait pas apercu à temps dans ses propres recherches un écart qui devait s'y trouver deux fois plus grard. L'augmentation de l'erreur, quand la formule de Weiss est trans- portée déductivemenrt des ondes rectangulaires aux décharges de con- densateur, me paraît intéressante pour la théorie de l'excitation, et puisque l’occasion s’en présente, je veux y insister. Comparons d’abord à la formule de M. Cluzet la formule que j'ai donnée, en 4903, avee M"° Lapicque ; c'était une formule purement empirique, dérivée par correction de celle de Hoorweg, qui donne pour les produits de la capacité par le voltage, en fonction de la capacité, une droite : CV—a+6C; nous avions trouvé, comme c'est bien établi maintenant, qu’au lieu d’une droite on a réellement affaire à une courbe concave vers l'axe des GC. Nous avons interprété la courbure en disant que la loi réelle descend, pour les petites capacités, en vertu d'une aclion indéterminée du voltage, au-dessous de la loi de Hoorweg,. CV = à + bG — gN\. SÉANCE DU 4 MAI 799 La formule de M. Cluzet, G (V-6)—a+-bCL = peut s'écrire CV—a—bC—+f(\) et comme j (V) est essentiellement posi- tif, cela suppose la courbe est située tout entière au-dessus de la loi de Hoorweg, lui devenant égale seulement pour C = 0 et C = . Les valeurs expérimentales sont-elles au-dessus ou au-dessous de la droite donnée par une première approximation? La simple comparaison entre le voltage liminaire du courant indéfini et la valeur trouvée pour permet le choix. Dans l'exemple que j'ai cité, le courant constant a donné 175 ; la formule de Hoorweg donne : par 1 et 10 : 190 — par 2 et 20 : 184 — par 5 et 40 : 175 — par 40 et 100 : 177 c'est-à-dire une erreur faible, mais systématique : en {rop par les petites capacités, tendant vers zéro par les capacités assez grandes. Notre formule donne : par 4,10 et 20 : 180 — par 2,20 et 40 : 168 — par 5,20 et 100 : 174 - Pas d’erreur systématique; concordance satisfaisante, de l'ordre d’approximation des expériences. La formule de Cluzet donne, comme nous l'avons vu, des valeurs énormément trop basses, moitié ou même un tiers seulement de la réalité. Calculée au mieux par son auteur même, elle donne 43 pour cent en moins. - Tout cela peut se représenter clairement en graphique et montre que la bonne formule est celle qui fait passer la courbe au-dessous de la for- mule linéaire. - Voici mon interprétation, résultant des considérations ci-dessus comme de mes notes précédentes. - Sil'excitation pouvait se ramener exactement à une charge de conden- sateur, on aurait pour les V£ en fonction de f et pour les VC en fonction de G une courbe convexe vers l’axe des t ou des C. Mais le potentiel a - une action indépendante de la quantité, de sorte que si le potentiel est un peu élevé, le seuil estatteint avec une quantité sensiblement moindre que ne le comporteraient ces courbes. - Pour le nerf de la grenouille, avec des ondes rectangulaires, l’abais- sement produit pour les petits temps est tel qu'il redresse sensiblement là courbe ; avec des décharges de condensateur, le potentiel atteignant au début de l'onde une valeur plus élevée, l’abaissement est plus fort; dépassant le redressement, il change le sens de l’inflexion. - Dans les deux cas, c’est le même phénomène, plus ou moins accusé ; comme c’est encore le même phénomène, qui, dans les tissus plus lents et moins excitables, exigeant des voltages élevés, nous a donné avec les 800 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ondes rectangulaires elles-mêmes une courbe concave vers l’axe des temps. Je ne suis pas encore en état d'exprimer rationnellement l'influence du voltage, et je ne puis traduire ces courbes concaves en bas que par des formules empiriques dérivées des formules de Hoorweg ou de Weiss. La discussion de la constante b dans ces formules, bien loin d’être un détail secondaire ou même une hypothèse qu'on rejette brusquement, quand elle devient gênante, nous conduit au cœur même de la question; et les conclusions auxquelles elle aboutit, concordant avec les expé- riences directes comme celle que j'ai communiquée la semaine dernière, me paraissent confirmer la théorie, encore insuffisamment précise, de l'excitation ramenée à une polarisation de membrane. PERSISTANCE DU VIRUS RABIQUE DANS LA SALIVE DU CHIEN GUÉRI DE LA RAGE, par P. REMLINGER. MM. Roux et Nocard ont montré que, plusieurs jours avant l’appari- tion des premiers symptômes de rage, la salive du chien était déjà virulente. Nous désirons attirer l'attention sur un phénomène en quelque sorte inverse, la persistance du virus dans la salive de l'animal guéri. On sait que, chez le chien, la rage (tout au moins la rage expérimentale) est susceptible de guérison spontanée. Plusieurs auteurs et nous-même en avons publié des exemples. Nous avons eu récemment l’occasion d'ob- server un nouveau cas de rage terminé favorablement. Après avoir assuré le diagnostic par l’inoculation de salive däns les muscles de la nuque du cobaye, il nous à paru intéressant de rechercher combien de temps après la guérison de cette maladie la salive demeurait virulente. Voici, très résumée, cette observation : Chien de rue, de pelage roux, inoculé dans l’œil avec du virus fixe, le 27 septembre 1906. Santé parfaite jusqu'au 23 octobre. Le 23, début assez brusque d’une rage à caractères mixtes, furieuse et paralytique : accès de fureur, tendance à mordre, voix bitonale typique, parésie des membres postérieurs. Le lendemain et le surlendemain, les premiers symptômes s’amendent, tandis que les phénomènes paralytiques s’ac- centuent. La paralysie des quatre membres et des muscles de la nuque est à peu près complète et on porte un pronostic des plus sévères. Cependant, à parlir du 28 octobre, la paralysie diminue, et Le chien, qui depuis cinq jours n’avait touché à aucun aliment, commence à boire. Il se rétablit peu à peu les jours suivants. À partir du 1% novembre, une. légère parésie du train postérieur persiste seule, et, le 5, l'animal peut SÉANCE DU 4 MAI 801 | être considéré comme entièrement guéri. Tous les trois ou quatre jours, —._ du 30 octobre au 20 novembre, un tampon d’ouate hydrophile, imbibé I d'eau stérilisée, a été monté sur une pince à forcipressure, promené en I tous sens dans la gueule du chien, puis exprimé avec soin. Le liquide obtenu était inoculé chaque fois dans les muscles de la nuque de deux cobayes. Le tableau suivant fixe les résullats obtenus : No NATURE e DATES RÉSULTATS de l'animal. de l'inoculation. Cobaye 1| 30 octobre. Injection de 3 cent.| Mort de rage le 28 novembre. cubes d’une dilution de LA salive dans les muscles | de la nuque. Cobaye 2 Id. Id. Abcès de la nuque. Cachexie. Mort sans symptômes de rage le 12 novembre. Cobaye 3|4 novembre. Id. Abcès de la nuque. Vastes décollements. Mort sans symp- tômes de rage le 10 novembre. |Gobaye 4 Id. Id. Mort de rage le 1er décembre. Lapin 1 Id. Id. Mort le 20 novembre de pas- - teurellose. Cobaye 5|8 novembre. Id. À survécu. Cobaye 6 Id. 1d. À survécu. Cobaye 7110 novembre. Id. Mort de rage le 10 janvier. 2 passages. Résultat positif. Cobaye $ Id. Id. Mort le 15 novembre sans cause connue. 2 passages. Ré- sultat négatif. Cobaye 9113 novembre. Id. À survécu. Cobaye 10 Id. Id. Abcès de la nuque. Suppu- rations multiples. Mort sans symptômes de rage le 25 no- vembre. Cobaye 11|15 novembre. Id. Mort sans cause connue le 28 novembre. 2 passages. Ré- sultat négatif. Cobaye 12 Id. Id. Mort sans cause connue le s 28 novembre. 2 passages. Ré- sultat négatif. Cobaye 13126 novembre. Id. A survécu. Cobaye 14 Id. Id. A survécu. à Cobaye 15 Id. GS ar) À survécu. EEE EEE EEE 802 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il s'agissait donc bien de la rage chez ce chien, puisque, de deux cobayes inoculés le 30 octobre, alors que l'animal était encore très malade, l’un a succombé vingt-neuf jours plus tard à une rage paraly- tique classique. Le virus rabique à persisté dans la salive cinq jours au moins après la guérison complète. Le 5 novembre, il n'existait plus aucun symptôme morbide; la parésie du train postérieur avait elle-même disparu. Or, de deux cobayes inoculés avec la salive prélevée le 10, l’un est mort de rage au soixante et unième jour. Le diagnostic a été confirmé par deux passages chez le lapin. Il est très probable que ce chiffre de cinq jours est inférieur à la réalité. En effet, les 11 et 12 novembre, sixième et septième jours après la complète guérison, nous n’avons fait aucune inoculation, et l’un des deux cobayes inoculés le 13, au huitième jour, est mort prématurément. L’inoculation intra-musculaire est, de plus, un procédé assez infidèle, et il n’était en somme injecté chaque fois qu une quantité de salive peu abondante. La guérison chez le chien de la rage clinique n’a pas encore pu être saisie sur le vif comme celle de la rage expérimentale. De nombreux arguments, toutefois, sont de nalure à faire admettre que ces deux variétés de rage ne se comportent pas de facon différente au point de vue du pronostic. On conçoit, dès lors, l'intérêt des faits qui précèdent. Il est classique de dire que toute personne mordue par un chien suspect est à l’abri du danger, lorsque l'animal est encore vivant huit Jours après l'accident. La survie n’est plus un critérium absolu si la rage est susceptible de guérison et, de plus, un chien sain pou s’il relève de maladie, être parfaitement dangereux. (Institut impérial de Bactériologie, à Constantinople.) M. BARRIER. — Tout en reconnaissant le haut intérêt de la communi- cation de M. Remlinger, je crois cependant qu'il convient de faire des réserves en Ce qui concerne ses idées sur la guérison spontanée de la rage dite « des rues », qui ne me semble pas du tout identique à la rage dite « expérimentale ». Somme toute, nous ne sommes en présence que d’une hypothèse. Bien qu'elle n’ait rien d’invraisemblable, les faits eli- niques, sur lesquels elle semble s'appuyer, reposent eux-mêmes sur des enquêtes particulièrement délicates au sujet desquelles il est permis de conserver des doutes. En médecine vétérinaire, on ne croit pas à la guérison spontanée de la rage des rues. Tous les chiens atteints qui nous sont conduits à Alfort sont considérés par mes collègues comme incurables, et l'expérience nous montre que tous, sans exception, suc- combent au bout de quelques jours. La terminaison par la mort d’une maladie simulant la rage permet même de lever tous les doutes, s'il en existait, sur la véritable nature de l'affection. SÉANCE DU À MAI 803 Allons-nous trop loin dans cette voie? Je ne saurais le dire. Mais tant que des faits d'observation irréfutables ne seront pas produits, je crois qu'il faudra se montrer très réservé, en raison même des consé- quences terribles qui pourraient résulter d’une alténuation des mesures de police sanitaire concernant les chiens errants, vérilables propagateurs de la rage. SUR LA POSSIBILITÉ DE LA GUÉRISON SPONTANÉE . DE LA RAGE EXPÉRIMENTALE, (A propos de la communication de M. Kemlinger). par H. VINCENT. Bien que très rare, la guérison spontanée de la rage ne parail pas douteuse. Pasteur, ayant observé que certains chiens résistaient à l’ino- culation intracränienne du virus, aussi bien qu'à la morsure de chiens rabiques, aamettait que ces animaux réfractaires devaient leur immu- nité à une morsure antérieure dont ils avaient guéri. La guérison de la rage a été aussi signalée chez l’homme (Chantemesse, Laveran). J'ai observé un exemple qui démontre aussi la possibilité de la gué- rison spontanée de la rage expérimentale chez le lapin. Ayant eu à faire l’autopsie d’un chien enragé, j'inoculai sous la dure-mère d’un lapin une parcelle du bulbé de ce chien, délayée dans l’eau stérilisée. Quatorze jours après, ce lapin manifesta les premiers signes d’une rage furieuse qui le faisait se jeter sur ceux qui essayaient de l’approcher et mordre violemment tout ce qu'on lui présentait. Après une semaine, survint une parésie des membres postérieurs, en même temps que s'atténuaient les signes de rage furieuse. Or, malgré la gravité de ces symptômes, ce lapin a fini par guérir, et il ne peut faire de doute qu'il ait été atteint d'infection rabique. Il demeure assez singulier et inexpliqué que la rage des rues abou- tisse à peu près constamment à la mort, ainsi que vient de le faire remarquer M. Barrier, alors que la rage de laboratoire, bien qu'inoculée dans des conditions beaucoup plus favorables à son éclosion, soit moins exceptionnellement curable. 804 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LE POUVOIR DIURÉTIQUE COMPARÉ DES SUCRES (en réponse à M. Arrous), par HENRI Lamy et ANDRÉ MAYER. Deux notes de M. Arrous, publiées dans ces Comptes rendus, le 19 avril 1907 et le 26 avril 1907, ont trait à des expériences sur l’action diurétique des sucres, faites par nous en 1904. Elles appellent une courte réponse. | I. — Nous sommes, M. Arrous el nous, en decor sur un point de fait. Au cours d'expériences instituées dans un tout autre objet, nous avons remarqué, en comparant l’action diurétique des différents sucres injectés dans les veines, que c'est après l'injection de lactose et de saccharose que l'émission d'urine est la plus abondante, tandis que le glucose est moins diurétique. M. Arrous trouve au contraire que, dans ses expériences, c'est le glucose qui amène la plus forte diu- rèse. Il y a là une de ces oppositions de fait qui ne peuvent tenir qu'à des différences de manuel opératoire. Nous regrettons de ne nous être point trouvés à Paris lors du passage de M. Arrous. Nous eussions sans doute aisément tranché ensemble la question. En dehors de ce point de fait, nous trouvons, dans les notes de M. Arrous, deux appréciations que nous désirons relever. II. — M. Arrous écrit : « Je regrette que MM. Lamy et Mayer aient imparfaitement précisé les conditions de leurs expériences. J’en suis encore à me demander s'ils ont toujours expérimenté avec des solutions de même titre, 50 p. 100, ou s'ils ont dissous 50 grammes de sucre dans 100 grammes d’eau, comme l'indique le protocole de certaines de leurs expériences. » Dans la seule note (23 juillet 1904) où nous nous soyons occupés de la question qui intéresse M. Arrous, nous lisons : .… «Nous injections tou- jours une forte dose de sucre (50 grammes dans 100 d’eau)... » IT. — M. Arrous écrit dans sa seconde note : « Il n'y a aucune rela- tion entre l’action diurétique des sucres et leur alibilité. Les conclusions formulées par MM. Lamy et Mayer cadrent mal avec leurs résultats expérimentaux, puisqu'ils donnent le Fyeose, plus alibile, comme moins diurélique que le galactose. » À aucun moment, dans aucune de nos expériences nous ne nous sommes occupés du galactose. Est-ce un lapsus, et M. Arrous a-t-il voulu écrire « lactose »? | Dans ce cas, nous voyons dans notre tableau d'expériences : & Après injection de lactose. Urine éliminée : 2,321 gr. Lactose éliminé : 49 gr. 05 Après injection de glucose. Urine éliminée : 1.372 gr. Glucose éliminé : 11 gr. 38 SÉANCE DU 4 MAI 805 et dans nos conclusions : « ...que, d’une façon générale, les sucres sont d'autant plus diurétiques qu'ils sont éliminés en plus grande quantité par les reins, ou que leur pouvoir diurétique est en raison inverse de leur alibilité. » Ces conclusions ne sont que l'expression des faits observés. IV. — Enfin M. Arrous a émis une théorie sur le mécanisme de l'action diurétique des sucres. Nous la considérons comme trop vague pour servir de base utile de discussion, et nous attendrons, pour l’étudier, qu'il l’ait précisée. SUR L'ACTION DIURÉTIQUE DES SUCRES (EN RÉPONSE A LA NOTE DE CE JOUR DE MM. Lamy Er Mayen), par J. ARROUS. MM. Lamy et Mayer ont bien voulu me communiquer copie de la réponse qu'ils font ce jour aux deux notes publiées par moi dans le Comptes rendus de la Société de Biologie. Il m'est difficile, en ce moment, de répondre par de nouvelles expériences de laboratoire, mais je puis, en échange, chercher dans l'argumentation de mes contradicteurs des éléments de justification. I. — J'accepte de profiter de mon plus prochain voyage à Paris pour trancher, par des expériences faites en commun, l'opposition de fait qui existe entre MM. Lamy et Mayer et moi. C’est d’ailleurs la solution que _ je voulais leur proposer moi-même, si j'avais eu le plaisir de les rencon- trer au laboratoire. IT. — J'ai écrit que MM. Lamy et Mayer avaient imparfaitement précisé les conditions de leurs expériences en ce qui concerne le titre des solutions injectées. C’est une affirmation que je me vois obligé de maintenir. Zoutes les notes de MM. Lamy et Mayer m intéressent. Leurs travaux forment un fout et c'est dans ce tout que je relève des contradictions et des imprécisions qui me laissent encore dans l’incer- titude. Je cite les textes : MM. Lamy et Mayer, dans un mémoire sur « Les conditions mécaniques circulatoires de la diurèse » (Journal de Physiologie et de Pathologie générale, novembre 1904), écrivent, page 1070 : « Nous employons toujours des solutions très concentrées (50 p.100 »). Or, dans leurs expériences détaillées on remarque que la solution à 50 p. 100 est employée seulement trois fois (première partie de l'expérience du 5 mars, deuxième et troisième injections de l’expérience du 3 mars). - Dans toutes les autres expériences les solutions sucrées injectées sont de 806 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE titre indifférent, 10 ou 20 p.100, et, le plus souvent, de ce titre particuliè- rement imprécis désigné par cette formule « 50 grammes de sucre dans 100 centimètres cubes d’eau ». Je m'explique. Lorsqu'on dissout 50 grammes de sucre dans 100 centimètres cubes d’eau on obtient: a) Si l’on à opéré à froid, une solution à 50 pour 143 centimètres cubes, soit une solution à 34 p. 100. b) Si l’on a opéré à chaud, et c’est le plus souvent à l’ébullilion, on peut obtenir le même titre, 34 p.100. Il faut pour cela meltre le sucre et l’eau dans une capsule, faire la tare, porter à l’ébullition, et, après refroidissement, revenir au poids initial par addition d’eau salée ou d'eau distillée. Dans le cas où cette précaution n’a pas été prise, le titre de la solution obtenue en dissolvant 50 grammes de sucre dans 100 centimètres cubes d’eau est fort variable ; il se modifie selon que l’ébullition a été plus ou moins prolongée, selon que la réduction de volume par évaporation a été plus moins importante. Cette précision est de toute nécessité lorsqu'il s’agit de subtances comme le glycose el le lactose. Le premier de ces sucres est soluble à froid et en toutes. proportions ; le second n'est soluble qu'à chaud et son maximum de solubilité à chaud est de 40 p. 100. Pour éviter toute imprécision de ce côté, j'ai toujours employé des solutions sucrées de titre fixe. Je regrette que MM. Lamy et Mayer n’aient pas cru devoir le faire. III. — J'ai commis, je le reconnais, un regrettable lapsus calami. J'ai écrit galactose quand je voulais écrire maltose. À cela près, la critique que j'ai formulée reste entière. MM. Lamy et Mayer écrivent que « le pouvoir diurétique des sucres est en raison inverse de leur alibilité ». Cette conclusion n'est pas « l'expression des faits observés » puisque, dans leurs expériences mêmes (Comptes rendus de la Société de Biologie, 23 juillet 1904), le glucose, plus alibile, est donné comme plus diurétique que le maltose, moins alibile. Leur conclusion imposerait que le maltose fut plus diurétique, puisqu'il s’en élimine une plus grande quantité par le rein (17 gr. 36 de mallose et seulement 11 gr. 38 de glycose, pour une même quantité injectée, soit 50 grammes.) IV. — Je crois avoir écrit que je n’altachais pas une importance considérable à mon interprétation touchant le mécanisme de l’action diurétique des sucres. Je l’ai au moins déclaré dans l’exposé verbal que j'en ai fait dans la séance du 13 avril. MM. Lamy et Mayer considèrent cette interprétation « comme trop vague pour servir de base utile de: discussion». C'est leur droit. Je me borne simplement à constater qu'ils n'ont formulé contre elle aucune objection d'ordre théorique ou expérimental. SÉANCE DU 4 MAI 807 EFFETS CARDIO-VASCULAIUES DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE SUCRES, par J. ARROUS. L'étude des modifications circulatoires consécutives aux injections intra-veineuses de solutions sucrées n’a donné lieu à aucune recherche systématique autre que celle dont nous avons publié les résultats, M. Hédon et moi (Comptes rendus de la Société de Biologie, 1899, p. 642). Les tracés qui illustrent le mémoire publié par MM. Lamy et Mayer (Journal de physiologie et de pathologie générale, novembre 1904), concernent non l’action cardio-vasculaire générale, mais seulement les modifications de la pression et de la circulation rénale. Je rappelle succinctement les conclusions formulées par M. Hédon et mOi : Très légère augmentation de la pression sanguine avec, surtout, augmentation notable de l'amplitude des oscillations manométriques ; — augmentation de la pression veineuse dans les veines centrales et dans les veines périphériques; — augmentation de la vitesse de la cireula- tion ; — augmentalion de volume du rein, des membres, du cerveau, de l'intestin ; — ralentissement du rythme des pulsations; — persistance des modifications de la pression et du rythme après section des vagues, section sous-bulbaire de la moelle, destruction totale de la moelle. Des expériences de circulation artificielle à travers le cœur isolé nous avaient fait mettre en doute l'opinion d’Albertoni pour qui le sucre éxerce une action directe sur le cœur. Dans des expériences nouvelles, faites avec le liquide de Locke, M. Hédon a trouvé que le sucre a une action sur le cœur isolé. Cette constatation ne modifie pas sensiblement l'interprétation que nous avons donnée pour expliquer et relier entre eux les phénomènes circulatoires consécutifs à l'injection de sucre. Les conclusions formulées par MM. Lamy et Mayer tendent à faire admettre l'existence de quatre types différents de modifications circula- toires produites par les sucres. Seul le premier de ces types, augmenta- tion de la pression et du volume du rein avec augmentalion d'ampli- tude des pulsations, répond selon nous à l’action physiologique réelle des injections intra-veineuses de solutions sucrées. Le deuxième type, pression et volume du rein invariable, concerne des animaux « chlora- lisés assez profondément pour supprimer les réactions cardio-vascu- laires ». Le troisième type, chute de la pression au début avec dilatation du rein, répond aux expériences d'injection lente; la chute de la pres- sion est due à la diminution des résistances périphériques non encore compensée par l’augmentation de la masse sanguine en circulation. … Quant au quatrième type, chute de la pression et diminution de volume 808 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du rein, il est le type constant en fin d'expérience, lorsque la polyurie est devenue insignifiante. Dans les expériences de MM. Lamy et Mayer il s’est produit dès le début, mais à la suite de l'injection d'une très faible dose de sucre en solution très diluée (10 p. 100); on ne saurait donc le retenir au même titre que les autres, puisqu'il est obtenu dans des conditions toutes différentes. J'insiste sur ce point : si l’on éludie les réactions cardio-vaseulaires des sucres en se mettant dans les conditions qui se rapprochent le plus de celles réalisées pour l'étude de l’action diurétique, on relrouve toujours des résultats conformes à ceux rapportés par M. Hédon et moi. On peul logiquement supposer que tous les autres types décrits répondent à des expériences faites dans des conditions moins heureuses. Il suffit d’avoir essayé de retrouver les modifications pléthysmogra- phiques les moins discutables pour s’être convaincu qu'il suffit de peu pour troubler d’une façon sérieuse la marche normale du phénomène circulatoire étudié. J'avais aussi essayé de décider s'il existe un rapport constant entre l’action diurétique des sucres et les réactions cardio-vasculaires qu'ils provoquent. Dès mes premières expériences je me suis convaincu qu'il n’en est rien. D'ailleurs, avec des réactions cardio-vasculaires se faisant dans le même sens et ne différant pas sensiblement pour les divers sucres, ces substances ont une activilé diurétique lrès différente, je l'ai montré antérieurement. De plus, l'expérience faite pour étudier l'action diurétique n’est nullement comparable à celle faite pour étudier l’action cardio-vaseulaire. Il n'est donc pas possible de chercher de ce côté la constante qui commande l’action diurétique. Je soumets à la Société des photographies de tracés, en réduction, sur lesquels on trouvera la confirmation de quelques-unes ‘des affirmations formulées par M. Hédon et moi et une vérification des modifications de la pression et du volume du rein obtenue en expérimentant sur le lapin. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Montpellier.) SUR LE POUVOIR DIURÉTIQUE COMPARÉ DES SUCRES, par HENRI LAMY et ANDRÉ Mayer. I. —- Nous entendons par « la seule note où nous nous soyons occupés de la question qui intéresse M. Arrous » La seule où il soit question de comparer entre eux les différents sucres. Dans le mémoire quil cite, il s’agit de rechercher si la polyurie peut coexister avec diffé- SÉANCE DU # MAI 809 rents états mécaniques circulatoires. Pour produire ces étals, nous _ avons employé les injections de différents sucres, en précisant dans ._ chaque expérience particulière notre manuel opératoire. II. — Nous indiquons nous-mêmes dans nos conclusions « l’ordre suivant dans l’activité diurélique des sucres, en allant du plus au moins actif : lactose, saccharose, glucose et maltose ». Si nous écrivons immé- diatement après que « d’une façon générale », etc., c'est que nous avions remarqué aux cours de nos expériences que les taux du glucose et du maltose éliminés sont toujours très voisins et leur pouvoir diurétique très analogue. Au contraire, il est beaucoup plus faible que celui du Saccharose et du lactose. C'est d’ailleurs sur ce point précis : le glucose est-il plus ou moins diurétique que le saccharose et le lactose quand on l'injecte dans les veines? que porte notre désaccord avec M. Arrous. RECHERCHES AU SUJET DE LA TOXICITÉ DES SÉRUMS HÉTÉROGÈNES, par E. CABANNES. La note que nous présentons à la Société provient d’un travail fait dans le laboratoire, sous les auspices et avec l’aide de M. le professeur Mairet, doyen de la Faculté de Médecine de Montpellier. La question de savoir de quelle facon le sérum sanguin hétérogène est loxique a toujours passionné les physiologistes. Nous avons, à notre tour, recherché comment se produisait cette toxi- cité, quel était son facteur essentiel, sa modalité. Noûs avons, de plus, essayé de déterminer sa dose toxique ou plutôt les doses toxiques des divers éléments qui entrent dans sa constitution. Les expériences en vue de ce travail, commencées en octobre 1904, ne sont pas encore achevées à l'heure actuelle. Elles sont en effet très longues et nécessitent un arrêt complet durant les périodes estivales de l'année. Nous ne considérons cel exposé que comme une note d'attente. Le principe de la recherche du toxique est basé sur la dialyse des matières albuminoïdes du sérum sanguin à très basse température de 0 à 5 degrés et nécessite l'emploi de glacières. Après avoir recueilli le sang aseptiquement, beaucoup de sérums ont été examinés: Chien, bœuf, mouton, homme normal, homme pathologique (épilepsie, paralysie générale). L'animal en expérience était le lapin. Pour séparer les matières albuminoïdes, nous nous sommes servis du procédé de Freund et Joachim, c’est-à-dire du procédé par lequel les 810 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE malières albuminoïdes du sérum sont précipitées d’une manière frac- tionnée par des solutions de sulfate d’'ammoniaque à divers degrés de saturation. C'est ainsi que nous avons obtenu des : Euglobulines, Para-euglobulines, Para-pseudo-globulines, Globulines pures, Albumines pures. Tous ces corps albuminoïdes rendusabsolument purs par une technique appropriée étaient injectés dans la veine marginale avec les précautions d'usage. La dialyse à été effectuée à basse température dans des dialyseurs en viscose formolée. Il semble que l’on puisse déjà tirer de nos expériences les faits sui- vant{s : 1° Faits de vérification. — La matière albuminoïde forme avec les solutions salines des composés tenaces qui en rendent la dialyse très délicate et très difficile ; 2° La matière albuminoïde dialysée subit dans sa dialyse des change- ments moléculaires qui la rendent en partie insoluble dans l’eau et les solutions salines neutres : elle est soluble en toutes proportions dans l'acide acétique cristallisable. Faits nouveaux. — 1° Un fait essentiel, c’est que les matières albumi- noïdes précipitées en premier lieu par le sulfate d’ammoniaque sont plus toxiques que la masse totale des matières albuminoïdes, c’est-à- dire que les para-euglobulines par exemple, qui ne sont qu’une portion desglobulines, sont proportionnellement plus toxiques que les globulines elles-mêmes ; 2° Les globulines sont un peu plus toxiques que les sérum-albu- mines ; 3° Nous avons cherché à isoler les corps qui se trouvent dans le sang et qui sont précipités et entraînés en même temps que les matières al- buminoïdes, c'est-à-dire les corps présentant les qualités et propriétés des diastases (précipitation par le phosphate de chaux). Ces corps ont été toxiques encore à un plus haut degré. Il semble donc que l’on puisse tirer ces dernières conclusions : Les substances toxiques des sérums hétérogènes se trouvent dans les matières albuminoïdes et surtout dans les corps enzymoïdes du sérum, entraînés par précipitation. Le travail complet sur ces recherches sera ultérieurement publié. (Laboratoire de la Clinique des maladies mentales et nerveuses de la Faculté de médecine de Montpellier.) RE. SÉANCE DU À MAI 811 ACTION DES SELS ALCALINS SUR L'EXCRÉTION URIQUE, par PIERRE FAUVEL. J'ai montré que le salicylate de soude, à dose suffisante, lorsque le régime est sans purines, accélère simplement l’excrélion urique en en provoquant d'abord une augmentation, suivie après d'une diminution correspondante, de sorte que, finalement, la quantité fotale éliminée reste la même. À faible dose le salicylate de soude diminue l’excrétion urique au lieu de l’augmenter. Les sels alcalins agissent-ils de la même façon? Pour m en rendre compte, j'aimis le même sujetque précédemment au régime dont j'ai donné le détail dans ma note précédente. Ce régime végétal, sans purines, comporte 38 gr. 3 d’albumine, 346 grammes d'hydrates de carbone, 58 grammes de graisse et 2051 calories. L'exerétion urique, constante etréduite au minimum d'origine endo- gène, est de: xantho-uriques 0 gr. 386, acide urique 0 gr. 299 (moyenne de vingt jours consécutifs) ; la moyenne des cinq jours précédant l'expérience est de : xantho-uriques 0 gr. 368, acide urique 0 gr. 289; enfin, la veille : xantho-uriques 0 gr. 388, acide urique 0 gr. 326. _ On donne alors quatre pastilles de Vichy-État (10 grammes), et le lendemain six pastilles (15 grammes). L’acidité urinaire baisse notable- ment, mais l’excrélion urique n’est pas sensiblement modifiée, la moyenne de ces deux jours étant: xantho-uriques 0 gr. 367, acide urique 0 gr. 307. a. | ARE NTNeUNE DS = - Se OBSERVATIONS SNS QE NE PES EN EC F7 ou DES TS) Moy. de 20 jours.|1.004% |1,24/ 10,38 [38,3] 0,386 | 0,299 |8,02/1,21| sans purines. Moy. des 5 jours précédents . .| 142 |1,04| 9,95 138,3] 0,368 | 0,289 17,25/1,08| sans purines. LE Valle MN NACRE 0,388 10,326 |7,00/1,13| sans purines. 22MaArSs …. . . .| 900 10,90] 10,80 0,399 | 0,334 |1,80/1,20|Pastilles Vichy 10 gr. 234nars |" 950 |0,90) 10,25 0,336 | 0,281 |7,90/1,03|Pastilles Vichy 15 gr. 24 mars . . . .| 810 |0,50| 10,12 0,410 | 0,382 17,0011,28| Sels Vichy 5 gr. 25,mars .. . .| 900 10,40! 8,81 0,346 | 0.281 |6,80/0,95|Bicarb. de soude6 gr. 22-25 moyenne .| 890 |0,68|10,00 0,373 | 0,320 |7,38/1 ,11 Alcalins. 26-30 moyenne .| 776 |0,86| 9,71 0,316 10,275 |7,0211,06| plus d'alcalins. L'acidité, à la phénolphtaltine, est exprimée en SO#H?, les xantho-uriques ont été dosés par la méthode d'Haycraft-Denigès, l'acide urique par celle de Folin. Le lendemain on donne 5 grammes de sels de Vichy-État, dose correspondant à un litre d’eau de Vichy. L’acidité urinaire diminue de moitié, l'excrétion urique se relève un peu : xantho-uriques 0 gr. 410, 812 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE acide urique 0 gr. 382 ; mais le lendemain, malgré l'ingeslion de 6 grammes de bicarbonale de soude, les xantho-uriques retombent à 0 gr. 346 et l'acide urique à 0 gr. 281, bien qu'il y ait un grand abaissement de l’acidité urinaire. La moyenne de ces quatre jours donne: xantho-uriques 0 gr. 373, acide urique 0 gr. 320, chiffres qui ne diffèrent pas sensiblement du minimum de l’excrétion d’origineendogène. Puis, pendant les cinq jours qui suivent l’usage des alcalins, lexcrétion urique diminue un peu. L’abaissement considérable de l'acidité urinaire indique cependant que ces sels alcalins ont bien passé dans la circulation. L'action de ces sels paraît donc différente de celle du salicylate de soude. Cette expérience demande à être contrôlée par plusieurs autres. Néanmoins, elle semble déjà indiquer que les sels alcalins, et en parti- culier le bicarbonate de soude, n’augmentent pas l'excrétion urique, du moins avec un régime sans purines. Ce résultat expérimental est à rapprocher des considérations théoriques auxquelles conduisent les idées récentes sur l'ionisation et d'après lesquelles « l'addition de carbonate ou de bicarbonate de soude diminue également la solubilité de l’urate. On arrive donc à celte conclusion inattendue que, lorsqu'on administre aux goutteux du bicarbonate de soude, des sels de lithium, on n'arriverait pas, si ces sels pénétraient vraiment dans le sang, à dis- soudre les concrétions uratiques, mais au contraire on entraverait leur dissolulion » (1). Il y a longtemps que Haig, tout en en donnant une autre explication, a constaté expérimentalement que les sels de lithine, ingérés, précipitent l'acide urique dans l'organisme au lieu de le dissoudre. Mais je crois que linefficacité du bicarbonate de soude n'avait pas encore été constatée expérimentalement. ÉTUDE SUR LE MODE D'ABSORPTION DE LA TOXINE TÉTANIQUE, par Mie P. CErNovopEAnu et Vicror HENRI. On admet généralement que la toxine tétanique est transportée du point d'inoculation vers les centres nerveux par les nerfs. Cette absorp- tion de la loxine par les nerfs a été déduite des quatre faits suivants : 1° Après la section du nerf sciatique d'une patte, l'injection de la toxine dans celte patte provoque la mort de l'animal bien plus tard que ne le fait la même dose chez un animal normal; 2° Par inoculation sous la peau d’une souris du nerf sciatique d’un (1) D' P. Desfosses. Les ions et la thérapeutique. Revue générale des Sciences, 30 mars 1907, p. 229-232. SÉANCE DU 4 MAI 813 cobaye qui a recu dans la patte correspondante de la toxine, on montre que ce nerf a fixé de la toxine tétanique; 3° Chez le cobaye, Le tétanos commence par le membre dans lequel a élé injectée la toxine; ° Il faut injecter dans le sang une dose de toxine environ dix fois supérieure à celle qui est injectée dans un muscle pour provoquer le tétanos chez l'animal. I nous a semblé que tous ces arguments devaient être repris, discutés au point de vue physiologique et rapprochés des phénomènes connus sur le mode d'absorption des différents poisons. Nous avons fait un certain nombre d'expériences sur l'absorption de la loxine télanique. 1° La section des vaisseaux sanguins d’une patte produit un retard du même ordre que la section des nerfs dans l'intoxication tétanique. Voici quelques exemples : Chez trois cobayes, on sectionne le a sciatique droit dans l’échan- crure ; chez trois autres, on sectionne entre deux ligatures l'artère et la veine fémorale aussi haut que possible. Vingt-quatre heures après ces opérations aseptiques, on injecte à ces cobayes, ainsi qu’à des témoins, dans les muscles de l'extrémité de la patte 1/500, 1/100 et 1/20 de cen- timètres cubes de toxine tétanique. Les animaux sont gardés au labo- ratoire à une température moyenne de 18 degrés; DURÉES! 49 h./154 h.|67 h. 30 h./42 h.[49 h. 25 h.130 h. Cob. n. 4/500 T.| — | + 1 ADO OILEE jen | = due G.sc.c. 1/500 T.| 0 | 0 | + [41/7100 | o ONE 20 NO NAS CC S00NT.| 00, 00 2 17100! 0 | ORAN OEOIEE 2 Après la section des vaisseaux sanguins et la ligature des muscles de lu cuisse, on peut injecter dans l'extrémité de la patte des doses aussi fortes que l'on veut de toxine télanique sans provoquer de tétanos. Dans les expériences citées plus haut, la circulation lymphatique et cutanée étaient restées intactes; il était important de les supprimer. Nous avons lié fortement les muscles de la cuisse dans la région moyenne, en ayant bien soin de ménager les nerfs sciatique et crural; trois ligatures suffisent, le fémur est laissé intact ainsi que la peau sur laquelle est pratiquée seulement une petite incision longitudinale sur la face dorsale de la cuisse. Il est essentiel de faire l'opération avec la plus grande asepsie. Dans ces conditions, la patte de l'animal reste sensible pendant quarante à quarante-huit heures; de plus, par excitation du nerf sciatique, on provoque des contractions des muscles encore qua- rante heures après l’opéralion. : BroLoete. Compres RENDUS. — 1907. T, LXII, 56 814 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En injectant dans la patte des quantités très forles de toxine, nous n'avons jamais pu provoquer le moindre symptôme de tétanos, quoique la communication nerveuse soit restée absolument intacte. Voici quelques exemples : 23 février 1907. 47 h. | 20 h.] 24 h. | 23 h. | 29 h. | 39 h. | 43 h. > : PRES PERTE " ; 3 Cobaye normal . . . .|1/100 T.| 0 — — = — Je Cobaye normal . . . .1/25 T.| — — = = + Cobaye normal "M /AOT. = = + IACOHAVELOPERE RENNES ND TA 70) 0 0 0 0 0 0 26 février 1907. 44 h.117 h.126 h.138 h.141 h.150 h.|| TT - GODAVEMONNAIMESETEE EEE PR 1/500 T.| 0 DMC — = + Cobave normale ere A5 ANT AAC — + Cobaye normal +. +... 4/40: T.|..0, = |+ Cobaye normal . . . EM mn 0 (PANNE | ENT + Cobaye n. sciat. coupé. . . . . . . IC pat Le Et) () +Æ | Cob. musc. et vaiss. liés, n. intacts.|1/4 T.| 0 0 0 0 0 { Nous avons des observations du même ordre avec des doses encore plus fortes de toxine pour trois autres cobayes opérés; 3° La toxine tétanique injectée dans un membre dont les muscles et les. vaisseaux sont liés, reste bien active. : En effet, en injectant après plusieurs heures quelques gouttes du liquide que l'on trouve dans le muscle dans lequel om à inoculé la toxine, on provoque la mort d’une souris par tétanos; 4° La partie du nerf sciatique contenue dans l'extrémité du membre, dont les muscles et les vaisseaux ont été liés, absorbe de la toxine tétanique. Nous avons, en effet, pu provoquer le tétanos chez une souris en lui iñoculant ce merf sous la peau; le cobaye avait été sacrifié six heures. après l'injection de la toxine télanique; le nerf sciatique bien disséqué et lavé dans la solution physiologique. CoNcLUSsION. — La toxine tétanique injeclée dans un muscle doit passer SÉANCE DU À MAI 815 par la voie sanguine et hymphatique pour provoquer le lélanos de l'animal. Cette conclusion n'exclut point du tout la possibilité de fixation d’une partie de la toxine par les nerfs; ce que nous croyons pouvoir affirmer, c'est que l’absorplion nerveuse, même si elle existe, ne peut pas, à elle seule, provoquer Le télanos. (Travail du laboratovre de physiologie de La Sorbonne.) IMMUNISATION DES SPIRILLES DE LA TICK-FEVER CONTRE LES ANTICORPS. MÉCANISME DE LA RECHUTE, par C. Levaprrr et J. Rocué. (Deuxième note.) Comme chez l'homme au cours de la fièvre récurrente, on observe chez le rat infecté par le spirille de la Tick-fever, une rechute qui se produit environ du troisième au sixième jour (en moyenne le quatrième), après la première crise. Pendant la période d’accalmie qui sépare les deux accès, l'examen microscopique du sang fait sommairement, ne révèle pas la présence des spirilles. Nous nous sommes demandés ce que deviennent ces parasites pendant cette courte période et s’il en reste encore réellement de virulents, soit dans le sang, soit dans les organes. Dans ce but, nous avons sacrifié des rats à divers moments plus où moins éloignés de la première crise (l’un quarante-huit heures, l’autre trois jours après), et nous avons injecté dans le péritoine de souris, le sang du cœur et l’émulsion des principaux organes (foie, rate, reins, poumons, capsules surrénales). Dans les deux expériences toutes les souris, sauf celles qui reçurent les capsules surrénales, prirent la maladie. Il en résulte que, conformément à ce qui a été vu déjà par Breinl et Kivghorn (1), il n'existe pas de stérilisation complète, ni du sang, ni par conséquent des autres organes. Mais il est impossible actuellement de déter- miner exactement sous quelle forme peut persister le parasite pendant la période d'accalmie. Tout ce que nous pouvons affirmer à ce sujet, c’est que quarante-huit heures et trois jours après la première crise, nous avons rencontré dans le sang quelques rares spirilles normaux, à la condition de faire un très grand nombre de préparations colorées. Dans une publication antérieure (2), nous avons montré que déjà _ seize heures et quarante-huit heures après la crise, il apparaît dans le w, sang des anticorps, spirillolysines et opsonines thermostabiles, qui in vitro agissent sur les spirilles : ils les immobilisent, les agglutinent, les (4) Liverpool school of (trop. Med. Mem. 21. | (2) Comptes rendus de lu Société de Biologie, séance du 13 avril 1907. 816 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE transforment en granules et les rendent plus aptes à être phagocytés. Or, il est curieux et même paradoxal au premier abord, de constater au moment de la rechute dans ce milieu que nous savons si nuisibie aux parasites, la présence de spirilles vivants et virulents. Deux hypo- thèses sont possibles : ou bien les-anticorps ont disparu (ou se sont atténués), ou bien les spirilles ont subi des modifications qui leur permettent de résister à l’action nocive des bactériolysines. Nos recherches prouvent que les qualités acquises par les humeurs restent les mêmes et que les spirilles seuls se sont modifiés. [° Le sérum d’un rat sacrifié en pleine récidive agit d’une façon intense sur les spirilles de première infection (souris el rats) et n'agit nullement sur les spirilles de la récidive. Bactériolyse : Immobilisalion, Sér.srat. récidive -ESpir: de 1tinfection Le MN ao lulinaions spirillolyse. Sér. rat. récidive chauffé à 60 degrés + Spair. de 1re infeclion. . . Action nulle. Sér. rat. récidive + Spir. de récidive. . . . . . . . . . . . . . . Action nulle. Sér. rat. normal + Spir. de 17e infection ou spir:. de récid. . . . Action nulle. Opsonine : Pouvoir opsonique. Sér. rat. récidive dilué au 1/10e + leucocytes + Spir. de 1'e infection. . 94% p. 100 Sér. rat. normal dilué au 1/52 + leucocytes + Spir. de 1re infection. . . 4 — Sér. rat. récidive dilué au 1/10 + leucocytes + Spir. de récidive . . . : 20 — Sér. rat. normal dilué au 1/5e + leucocytes + Spir. de récidive . . . . . 4 — Cetle expérience répétée un grand nombre de fois montre que : 1° Les anticorps persistent sans se modifier pendant la rechute : 2° Les spirilles de la rechute sont insensibles aux qualités bactériolytiques et opsonisantes de ces anticorps. IT. Les anticorps bactériolyliques mis en présence de ces spirilles de récidive ne sont pas fixés par eux, tandis qu'ils le sont par les spirilles de première infection. Sér. de rat. récidive traité par spirilles de 1"e infection + spirilles Mobilité de rer intection 1e SRE PRE EAP . + «+ . . .« Ÿ très grande. Se L .# RES re Immobilisation Sér. de rat. récidive traité par spirilles de récidive + spirilles de { , : Ÿ mans transformation : NME AT SM RES DRM /6:S ete 0 LAON SO bn ora granuleuse. Ces recherches montrent que les spirilles de la récidive diffèrent de ceux d’une première infection par des caractères très nets : insensibilité vis-à-vis des anticorps et pauvreté en récepteurs capable de fixer ces SÉANCE DU 4 MAI 817 anticorps. Ces différences peuvent également être constalées par des expériences faites in vivo l'injection des deux variétés de spirilles dans le péritoine des rats ayant fait leur rechute). Le mécanisme de la rechute s'explique donc, à notre avis, par l’accou- tumance vis-à-vis des anticorps des quelques rares spirilles qui ont échappé à la destruction phagocytaire au cours de la première crise, accoutumance qui se transmet à leurs descendants. C'est là un exemple d'immunisation des micro-organismes pathogènes contre les produits défensifs de l'organisme, analogue à celle qui a été observée par Eisen- berg et par Bail. Ces propriétés acquises sont d'ailleurs héréditaires ; nos expériences nous ont montré en effet qu'après {rois passages sur la souris ou bien deux sur le rat, les spirilles de la récidive gardent les caractères de résistance qui les différencient des spirilles de première infection. Ces résultats sont à rapprocher de ceux obtenus par Ehrlich (1) dans ses expériences sur la chimiothérapie des Trypanosomiases. On ne peut s'empêcher de faire un rapprochement entre notre con- ception de la pathogénie des rechutes de la Tick-fever et celle possible des poussées secondaires et tertiaires qui se produisent au cours de la syphilis, après des périodes d’accalmie plus ou moins longues. Les pul- lulations successives des tréponèmes peuvent en effet fort bien n'être pas la conséquence de la disparition temporaire des anticorps, mais d’une immunisalion de ces parasites vis-à-vis de ces anticorps. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES OPSONINES. OPSONINES DES SÉRUMS SPÉCIFIQUES, (3° note) par G. LEvapirr et INMANN. Les sérums spécifiques (préventifs ou bactériolytiques) fournis par les animaux activement vaccinés contre des bactéries pathogènes, possèdent des propriétés opsonisantes très marquées. Mis en présence de ces bactéries et de leucocytes préalablement lavés, ces sérums provoquent un englobement intense des microbes par ces leucocytes (Denys et Leclef, Sawtchenko, Wright et Douglas etc.). Dans quels rapports se trouvent ces opsonines spécifiques avec celles des sérums neufs et les autres anticorps déjà connus ? 1°) Les propriétés opsoniques des sérums spécifiques diffèrent de celles (1) Berl. klin. Woch., n°5 9-12, 1907. 818 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE des sérums neufs, lesquelles sont liées à la présence du complément (À). En effet, tandis que ces dernières disparaissent après un chauffage du sérum à 60 degrés, les premières résistent à ce chauffage ; les opsonines normales sont donc thermolabales, tandis que celles des sérums spécifiques sont nellement thermostabiles. De plus, nos recherches et celles de Neufeld et Hühne (2) montrent qu'une seule espèce microbienne, le b. typhique, le staphylocoque ou le b. dysentérique par exemple, mise en contact avec un sérum meuf, absorbe non seulement l’opsonine qui agit sur cette espèce, mais aussi celles qui influencent les deux autres (fixation du complément). Or, il n’en est pas de même si on répète l'expérience en se servant d’un sérum opsonisantspécifique (sérum antityphique de cheval, par exemple) ; dans ce cas, l’opsonine est absorbée exclusivement par le microbe qui a servi à l’immunisation (le b. typhique), et non pas par ie slaphylocoque ou le vibrion cholérique. , Enfin, nous avons vu, en collaboration avec M. Koessler, que l’anti- opsonine (anti-complément) oblenue par injection de sérum normal, neu- tralise les opsonines de ce sérum et non pas celles d'un sérum anti-bactérien spécifique, fourni par un animal vacciné appartenant à la même espèce. Exemple : Le sérum des lapins ayant recu plusieurs injections d’un sérum normal de cobaye, neutralise le pouvoir oponisant de ce dernier vis-à-vis du b. typhique et du staphylocoque. Il reste sans action, ou n'’exerce qu'une influence neutralisante faible, sur le sérum antityphique de cobaye. 2) Les opsonines spécifiques sont différentes des agqlutinines. Nous avons pu mettre en évidence ces différences dans des expériences faites pour préciser le lieu de formation des opsonines spécifiques. Des lapins inoculés avec des cultures typhiques tuées par la chaleur, étaient sacrifiés et leurs organes ainsi que leur sang étaient examinés au point de vue de leur teneur en opsonine et en agglutinine. Nous avons constaté que certains extraits d'organes renfermaient des quantités appréciables d’agglutinine, tout en étant dépourvus de qualités oponisantes. Ces dernières apparaissaient dans la rate à un moment où elles étaient absentes dans le sang. 3°) Dans quels rapports se trouvent les opsonines spécifiques avec les ambocepleuwrs ? Sawtchenko admet l'identité entre ces deux ordres de principes, cependant que Neufeld et Tüpfer, et surtout Neufeld et Hühne soutiennent le-contraire : et proposent le terme de bactériotrapines pour désigner les opsonines Spéci- : (1) Voir à ce propos nos recherches antérieures : Comptes rendus cle la Société de Biologie, séances des 20 et 27 avril 1907. (2) Neufeld et Hühne. 4rb. Kaiserl. Gesundheitsamte, vol. XX, f. 1. , 1 SÉANCE DU 4 MAI 819 fiques. Ils appuyent leur opinion sur l’existence de sérums bactériotropiques non bactéricides et sur le fait que certains sérums peuvent être bactério- lytiques tout en n’exercant aucuñe action opsonisante. Si les données publiées par Neufeld et Hühne sont exactes, par contre elles ne nous semblent pas démontrer suffisamment que les opsonines spécifiques sont différentes des ambocepteurs. En effet, il existe des immuncorps non bactéricides décelables par la méthode de Bordet et Gengou, et d’un autre côté, il est concevable qu'un sérum soit suffisamment actif pour provoquer la bactériolyse en présence du complément, tout en étant impuissant à exercer une opsonisation marquée. Nos recherches nous autorisent à admettre une relation intime entre l’opsonine spécifique et l'ambocepteur. Ælles nous ont montré que l’opsonine du sérum antityphique a une constitution complèxe, analoque à celle des bactériolysines ou des hémolysines. Le chauffage à 60 degrés fait disparaître une partie de la force opsonisante; c’est celle qui cor- respond au complément thermolabile. D'un autre côté, il est possible de réactiver le pouvoir opsonique d’un sérum chauffé et dilué, en ajoutant à ce sérum une trace de sérum normal également dilué. Cette réactivation est d’ailleurs possible si on expérimente avec des bacilles typhiques ayant préalablement fixé l’opsonine spécifique. Conclusions. — Les opsonines des sérums spécifiques ne sont identiques mi avec les opsonines normales (compléments) ni avec les agglutinines. Elles Ont une constitution complexe et se rapprochent des ambocepleurs. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff, à l'Institut Pasteur). RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'EXHALATION DE VAPEUR D EAU, par H. Gurzcemarp et R. Mooc. Nous nous sommes proposé de faire d’abord l'étude séparée de chacun des principaux facteurs qui différencient le climat des grandes altitudes de celui de la plaine : pression, température, état hygromé- trique, intensité lumineuse. I. — Jnjfluence de la pression. Nous avons fait sur quatre cobayes deux séries d'expériences : l’une aux différéntes pressions qu'on enregistre à Paris, l'autre à des pres- sions variant de 37 à 39 centimètres de mercure, La pression de 37 cen- timètres correspond à l'altitude de 5.835 mètres qui est le plus haut point fréquenté habituellement par l'homme (passe de Parang). Les ÿ 820 SOCIETÉ DE BIOLOGIE cobayes supportent très bien ces faibles pressions : leur respiration s'accélère légèrement et ils deviennent somnolents. Dans toutes nos expériences, les animaux élaient mis sous cloche sans nourriture. Nous avons obtenu les chiffres suivants : PRESSION NORMALE AIR RARÉFIÉ A © TT COBAYES Durée Eau Durée Eau Pressions de de Pressions de de l'expérience 24 heures l'expérience 24 heures re Millimètres. ones Ge Millimètres. « ane conne 1 160 21 12,14 382 20 11,05 (368 gr.). 154 18 14,16 390 22 11,64 148 21 12,43 389 20 É 12,13 Moy. : 154 13,11 381 11.60 Il 158 20 20 , 72 380 24 14,78 1 (505 gr.). 740 22 18,30 318 20 17,29 » » 17,80 392 21 17,30 | » » » 385 20 17,90 N Moy. : 749 18,94 383 16,84 3 III 142 95 14,46 350 24 13,69 (412 gr.). 160 20 16,30 » » » : Moy. : 151 15,38 380 13,69 IV 156 9 12,08 389 6 10,60 (367 gr.). » » » 390 12 10,68 Moy 56 12,08 381 { 10,6% On voit que les moyennes de l’eau éliminée dans l’air raréfié sont toujours inférieures à celles qui se rapportent à la pression normale. Nous nous attendions à une action déshydratante de la dépression ; on voit qu'il n'en est rien. Notons que Regnard (1), éexpérimentant sur des tourterelles à l’aide d’un appareil analogue au nôtre, trouva en faveur de la dépression des différences pouvant aller presque du simple au double; les excréments de l’animal n'étaient d’ailleurs pas isolés de l'atmosphère de la cioche. Par contre Foâ (2), faisant la eritique expérimentale des hypothèses émises pour expliquer l’hyperglobulie des altitudes, réfute la théorie de Grawitz en montrant qu'un homme exhale moins de vapeur d’eau dans l'air raréfié qu'à la pression ordinaire. Ses expériences très probantes concordent exactement avec les nôtres. Notons enfin que Schrôütter et Zuntz(3) ont observé dans deux ascensions aérostatiques que la quantité (1) Regnard. Cure d'altitude. (2) Laboratoire scientifique international du Mont Rosa Travaux de 1903 (1904). (3) Pflüger's Archiv, vol. 92. SÉANCE DU 4 MAI 821 de vapeur d’eau expirée par eux à de grandes altitudes était moindre qu'en plaine. Il. — /Znfluence de la température. Nous avons cherché à établir la courbe des variations de l’exhalation en fonction de la température entre 5 et 40 degrés en déterminant le plus grand nombre de points possible. Les basses températures étaient celles des journées d'hiver; quant aux températures élevées, nous les obtenions aisément en entourant la cloche de cinq brüleurs Bunsen dont la distance à la cloche et la hauteur de flamme étaient réglées de façon à obtenir une température constante. Les autres conditions étaient : air sec, pression normale. Nous avons obtenu les résultats suivants : TEMPÉRATURES Degrés. 5 à 10 410 à 15 15 à 20 20 à 25 25 à 30 30 à 35 35 à 40 COBAYE Î COBAYE II ES EE ———— Durée Eau Durée Eau de l'expérience de 24 heures de l'expérience de 24 heures Heuree. Grammes. Heures. Grammers, 3 11,25 5 4 18,50 4 165? 3 18,20 3 11,68 4 18,80 » 3 21,30 3 559 » » 9 : I » » 2 24,30 2 39,15 On voit que la quantité de vapeur d’eau exhalée croît très rapide- ment avec la température. Ces résultats étaient d’ailleurs attendus, la vaporisation de l'eau étant un des procédés de lutte de l'organisme contre l'élévation de température. Les résultats que Wolpert (1) a obtenus chez l’homme sont analogues aux nôtres. SUR LES CONDITIONS DE FORMATION DE LA GAINÉ DU BACILLUS ANTHRACIS, (Troisième note), par T. STIENNON. s Dans deux notes antérieures (2), nous avons exposé nos observations sur le rôle de la gaine du bacillus anthracis. Quelles sont les conditions de formation de celte gaine? (1) Archiv für Hygiene, XXXIII, 1898, p. 206. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907. 829 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On sait que les bacilles charbonneux ne s’entourent pas d'une capsule dans les milieux de culture ordinaires tels que la gélose, la gélatine, le bouillon, etc. Mais on observe la formation d’une gaine quand le mi- crobe est ensemencé dans le liquide d’ascite, le sérum du sang, etc. Ces bacilles encapsulés jouissent des mêmes propriétés que ceux qui appa- raissent dans l'organisme infecté : ds ne sont pas phagocytés et ils tuent plus rapidement que des microbes non encapsulés des cultures ordinaires. Dans les cultures en liquide d’ascite, en sérum, les bacilles finissent par perdre plus ou moins rapidement leur capsule; après quarante-huit heures, ils ne se distinguent plus morphologiquement des microbes des milieux de eultures ordinaires : dans cet état, ils subissent la phagocy- tose après injection dans l'organisme. La capsule apparaît donc surtout chez l'animal infecté; mais même sur le vivant, les bacilles, quand ils se sont abondamment multipliés dans le sang, ont déjà une tendance à perdre la gaïîne, qui diminue en épaisseur et en colorabilité; on constate que, après la mort, elle dispa- rait rapidement et d’une façon complète, lorsque les conditions exté- rieures de température sont favorables à la végétation des microbes. Mais nous avons constalé que les bacilles à capsule très réduite prove- nant d’une septicémie au stade avancé reprennent une gaine épaisse dès qu’ils sont injectés à un animal neuf, el nous avons vu qu'après des -inoculations successives en série, cette gaine acquiert des dimensions particulièrement considérables. Les choses se passent donc, semble-t-il, comme s'il existait dans le sang l'un ou l’autre produit que la bactéridie utilise pour former sa gaine ; ce produit s'épuise rapidement dans les liquides retirés du corps et même dans l'organisme après une infection grave. C’est grâce à l’utilisation de cette substance, que la bactéridie devenue encapsulée acquiert ses propriétés particulières contre les phagocytes et qu’elle réussit à vaincre la résistance de l'organisme. L'issue d’une infection charbonneuse paraît sous la dépendance de la plus ou moins grande facilité qu'aura la bactéridie d’accaparer cette substance : la phagocytose hâlive (cobayes préparés), en empêchant cet accaparement, détermine un relard de l'infection. L'inoculation intra- veineuse est le mode d'infection le plus rigoureux, parce que la bacté- ridie est en contact immédiat avec la substance qui est la condition de formation de la gaine. Il existe un rapport très étroit entre la virulence d’un bacille et la faculté « capsulogène ». Chaque fois que la bactéridie tue, c’est sous: forme de bacille encapsulé (animaux observés : bœuf, chien, cobaye, lapin). Quand la capsule n'apparait pas, l'infection avorte et l'animal guérit. Nous possédons un vaccin II qui ne donne pas de gaine en sérum et avec lequel nous ne sommes pas parvenu à donner l'infection géné- ralisée mortelle. . - | Ê f. | ; | SÉANCE DU # MAI 823 Plus une bactéridie forme vite sa gaine, plus elle est virulente : - Une hbactéridie qui tue en 12 heures, montre la capsule après 1 à 2 heures; _ = IE QUES Æ EPA NES = — CURE = == NC) Le Pour une bactéridie d’une virulence donnée, on note une différence dans le temps d'évolution de l'infection suivant que l’on injecte le mi- crobe avec ou sans gaine. En voici un exemple : un microbe du charbon tue en soixante heures; si on injecte sa culture sur gélose,les premières bactéridies encapsulées apparaissent vingt-deux à vingt-quatre heures après l'injection; à partir de ce moment,le microbe met encore trente- six heures pour tuer le cobaye. Si on injecte directement le même mi- crobe encapsulé, d’une culture en sérum, il tue en trente-six heures : la période, que nous appellerons d’ « incubation », représentant le temps nécessaire pour la formation d’une capsule dans l'organisme, est sup- primée. (Université de Liége. Institut. de Bactériologie, mars 1907). ERRATUM COMMUNICATION DE M. PErTiIT Page 713, note 1. Au lieu de : « chez les Éléphants d'Afrique » Lire : « chez les - Éléphants d'Asie et d'Afrique. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 825 SÉANCE AcHarD (CH.) et DEMANCHE (R.) : Influence des actions mécaniques sur les échanges de liquide entre le sang et les sérusités hydropiques . Arrous (J.) : Le lactose diurétique ET Res delete ele Barpter (E.) : Les sels de magné- sium et le système nerveux moteur périphérique. . . - . . . - . . . . .. BaTTELL: et STERN (Mie L.): Nou- velles recherches sur l’action que les différents tissus animaux exer- cent vis-à-vis de la respiration mus- ATARE: OAI REC RE Borrez : Rapport sur l'anthra- cose (Meémotres =... . .. .".. . .. BourqueL.ot (Eu.) et HÉRissEY (H.) : Relations de la sambunigrine avec les autres glucosides cyanhydriques SOIME RES eh ee ee ce + + 0e. Ciuca (M.) : De l'action favori- sante du froid sur le tétanos expé- - rimental Coueauzr (Axpré) : Recherches sur la circulation des « glandes calci- fères » des Lombrics __ Doprter et OBERTHUR : aiguë expérimentale Doxon (M.), GAuULTIER (CL.) et Po- LICARD (A.) : Lésions rénales déter- minées par l'anémie artérielle du foie Dugors (RA»HAEL) : Mécanisme in- time de la formation de la lucifé- rine; analogies et homologies des organes de Poli et de la glande hy- pobranchiale des Mollusques pur- DAMPÉNES 0. «ve Enriquez (E.) et AmuparD (L.) Rapports de la sécrétion gastrique et de la sécrétion rénale Feurzzié (Emice) : Abcès provo- qués et œdèmes expérimentaux. . . GauLTier (René) : De l'intervention du sympathique dans la sécrétion chlorhydrique de l'estomac Guéquen (K.) : Pipette protégée Fi Encéphalite se Jonohe de ete te Tr secte tienne) nee Ve fa je Ms ie el etre e À, OMC D ECMOME BIOLOGIE. COMPTES RENNUS. — 1907. T, D U Il! MAI 1907 SOMMAIRE 866 pour prélèvements aseptiques . . . GUILLEMARD (A.) et Mooc (R.) : Re- cherches expérimentales sur l’exha- lation de vapeur d’eau. . ...... HALLUIN (MAURICE D’) : La réaction sulfhydrique : son principe, sa va- EE EE A PE a PE PE Iscovesco (Henri) : III. — Introduc- tion à l'étude de la spécificité cellu- laire. Transport de colloïdes à tra- vers des colloïdes. Suc pancréatique etiavalbumine Fee TRE LABBE (MARCEL) et LABBÉ (HENRI) : Méthodes d'appréciation du méta- bolisme azoté chez les sujets sains ebcheztdlesimalades PAP PE Er Laron (G.) : Sur un appareil pour Hanes thés rie ee Pr ne de LéoPozn-Lévi et RotTascaiLo (H. DE) : Fonction trichogène du corps thy- roïde. Signe du sourcil. . ..,.... LETULLE (MAURICE) : Métamorphose cancéreuse des glandes brunné- Hennes duidUOdéQUM Ne 0 Levapiti et INMANN : Contribution à l’etude des opsonines. Mécanisme GEPMOPSOM SAONE PU Levaprri (C.) et Marie (A.): L’ac- tion du liquide céphalo-rachidien des paralytiques généraux sur le VIRUS TIQUE RER ON DEEE Péyu (G.) et CHARPENAN (E.) : Hy- drothorax à liquide noir et anthra- COSERDUIMONAITE EE Préron (H.) : De l’autotomie éva- SIVEICHEZMERERA DER TPE TE PoricarD (A.) et Garnier (Mar- CEL) : Des lésions rénales provo- quées par l'injection sous-cutanée de doses massives de phlorhizine . Rocer (H.) : Action de la salive ChAUTIÉER EN ne ee I, ie RONCHESE (A.) : l'amNoNs QUENTIN NE EE RS Turré (R.) Préparation de la typhotoxine par les solutions de NOR STORE RER RER. LXIT. 57 861 859 869 826 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Giard, président. M. le professeur AgBeLous (de Toulouse), membre correspondant, assiste à la séance. MÉTHODES D'APPRÉCIATION DU MÉTABOLISME AZOTÉ CHEZ LES SUJETS SAINS ET CHEZ LES MALADES, par MARCEL LABBÉ et HENRI LABBÉ. Lorsqu'on veut étudier le métabolisme azoté chez l'homme, on ne peut ._ apprécier les quantités de matériaux azotés réellement excrétées, et € en particulier l’urée, qu'en utilisant des méthodes précises. La méthode clinique de décomposition gazeuse de l’urée par l'hypo- bromite, généralement employée, ne comporte aucune exactitude. Une solution d’hypobromite alcalin fraichement préparée décompose la totalité d'une solulion d'urée pure dans de l’eau distillée. Il n’en est plus ainsi s’il s'agit d’un liquide complexe comme l'urine. À côté de l’urée, divers corps, dont certains sont mal connus, dont d’autrès existent en grande quantité comme les sels ammoniacaux, sont décom- posés ‘par l'hypobromite 'avée dégagement ‘partiel ou intégral de leur azote. D'autre part, il semble qu’il existe dans certaines urines, celles qui proviénnent d'une diète végétarienne, dés substances qui empêchent la décomposition intégrale de lurée sous l'influence de l'hypobromite. Dans d’autres urines, au contraire, pour des raisons qui nous échappent encore, on mésure à l’état gazeux un volume plus considérable que n’en comporte la totalité de l’azote urinaire dosé par la méthode précise de Kjeldahl. Nous avons constaté cé dernier fait à maintes reprises dans les urines des'glÿcosuriques ; il semble qu'il faut rapprocher cette observation de la pratique (devenue classique) préconisée par Méhu qui, pour pallier les erreurs par défaut commises en dosant l’urée des urines par la liqueur d'hypobromite, recommande l'addition à la prise du liquide physiologique d’une certaine proportion de liqueur sucrée. Ce dosage volumétrique de l'azote pour être rigoureux doit être, du reste, effectué avec des appareils précis, des soins minutieux, des con- ditions de température et de barométrie rigoureusement observées, tous points qui font défaut dans les méthodes cliniques usuellement adop- tées, et qui, par leur absence, enlèvent à la presque totalité des dosages HAUTE $, 6 DE HS Hs T0 SÉANCE DU 1L MAI 827 PRE cliniques d’urée, sur lesquels s'appuient la généralité des auteurs, toute valeur réelle. Nos recherches personnelles nous autorisent à rejeter toute méthode clinique de dosage par l'hypobromite dans l'obtention de résultats expérimentaux concernant l'urée urinaire. - Les chiffres suivants qui permettent de comparer des chiffres de dosage clinique d’urée (méthode de Regnard) avec des dosages précis de azote urinaire et de l’azote uréique par la méthode de Môrner nous paraissent établir solidement cette conclusion : I. — Sujets normaux : a) Urine M. (régimes végétariens exactement connus) : JOURS AZOTE TOTAL AZOTE URÉIQUE AZOTE URÉIOUE (Mürner) hypobrom. 2 janvier. . . 13,12 10,76 10,61 One cn 13,14 11,09 9,44 PSS ARE 12,66 10,54 9,02 kr) NE RE 10,26 8,60 1,13 GES SES 10,62 8,69 1,88 LAN OR ESS 8,32 72 5,00 JAUNE SR ee 752 6,41 6,05 b) Urine M.P. (régime d'épreuve mixte exactement connu) : AUS. 8,10 1,38 8,60 c) Urine M.D. (régime d’épreuve mixte connu) : RE 9,92 8,9) 8,10 d) Urine M!° B (régime mixte connu) : : 9 10,32 8.35 10,73 Il. — Sujeis anormaur : a) Urine T. (glycosurique à régime exactement connu) : 19 octobre. . . 13,59 1 SE » 5 janvier (même régime) » 26,60 (1) b) MG... (glycosurique à régime connu) : 44,10 12,27 14,1 c) W... (glycosurique à régime connu) : 24,5 » È 971,4 d) B... (glycosurique à régime connu) : 13,54 11 3L 15.2 e) L. (glycosurique); ingestion d’albumine 70 grammes; élimination d'urée 58 et 12 grammes. 828 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE f) R... (glycosurique) : 15 décembre. Albumine ingérée . . . . . . . . . . . 148 grammes. — : Urée excrétée (méthode hypobrom.) . . 63 — On voit que si, chez les sujets normaux, l'erreur commise dans l’appré- ciation de l’urée par le dosage à l’hypobromite est généralement en moins, elle est, au contraire, par un fort excès dans le cas des glycosu- riques et des diabétiques. Toute appréciation du métabolisme azoté de cette calégorie de malades est donc impossible par les méthodes cli- niques actuellement en usage. (Travail du Laboratoire de la Clinique Laënnec.) RELATIONS DE LA SAMBUNIGRINE AVEC LES AUTRES GLUCOSIDES CYANHYDRIQUES ISOMÈRES, par Em. Bourouecor et H. HÉRISSEY. Des travaux récents ont établi l'existence de trois glucosides cyanhy- driques isomères ayant pour formule C"H®NOf. Ce sont, par ordre de découverte : l’amygdonitrile-glucoside de Fischer (4), la sambu- nigrine de Bourquelot et Danjou (2) et la prulaurasine d'Hérissey (3). Tous ces glucosides, en présence de l’émulsine ou des acides dilués, fournissent, par hydrolyse, une molécule de glucose, une molécule d'acide cyanhydrique et une molécule d'aldéhyde benzoïque. Soumis d'autre part à l’action de l'acide chlorhydrique fumant et chaud, ils donnent, après transformation de la fonction nitrile en fonction acide, et par hydrolyse consécutive, du glucose et de l'acide phénylglycolique. Dans le cas du glucoside de Fischer, l'acide obtenu est de l'acide phénylglycolique gauche. Avec la prulaurasine, d'après R.-J. Caldwell et St.-L. Courtauld (4) qui ont préparé ce glucoside en isomérisant le glucoside de Fischer au moyen de la baryte, l'acide oblenu est l'acide phénylglycolique inactif. 5 (1) Ueber ein neues dem Amygdalin ähnliches Glucosid. Ber. d. d. chem. Ges., XXVIII, p. 1508, 1895. - (2) Sur ia « sambunigrine », glucoside cyanhydrique nouveau retiré des feuilles de sureau noir. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1908, IT, p. 292. (3) Sur la « prulaurasine », glucoside cyanhydrique cristallisé retiré des feuilles de laurier-cerise. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1903, IX, p. 574. (4) Mandelonitrile Glucosides. PE irasinl Journ. Chem. Soc.; Trans., 1907, p. 671. M A f SÉANCE DU Al Ma 829 Restait à déterminer la nature de l’acide phénylglycolique que l’on obtient avec la sambunigrine ; les expériences suivantes, qui ont été faites comparalivement sur ce glucoside et sur celui de Fischer, montrent que c'est de l'acide phénylglycolique droit : Exe. I (Amygdonitrile-glucoside de Fischer). — On fait dissoudre 4 gramme d’amygdonitrile-glucoside dans 10 grammes d'acide chlorhydrique pur et on maintient la solution au bain-marie bouillant, dans une capsule, pendant quarante-cinq minutes. On reprend le résidu par de l’eau distillée (20 centimètres cubes employés en plusieurs fois), on filtre sur un petit tampon de coton, on évapore au bain-marie jusqu’à réduction à 2 ou 3 centi- mètres cubes ; on ajoute 10 grammes de sulfate de soude sec et, après avoir bien mélangé, on abandonne le tout jusqu’au lendemain. On épuise le mélange avec de l'éther (100 centimètres cubes employés en plusieurs fois), on évapore à sec el on reprend par 25 centimètres cubes d’eau. La solution étail lévogyre; examinée au polarimètre dans un tube de 2 décimètres, elle a donné x — — 3°4(. Exp. Il (Sambunigrine). — Ou a opéré comme dans l'expérience précédente en employant 1 gramme de sambunigrine. La solution aqueuse obtenue en dernier liea était dextrogyre; examinée au polarimètre dans un tube de 2 décimètres, elle a donné « — + 3°28/. On peut donc conclure que la sambunigrine esl un dérivé de l'acide phénylglycolique droit, comme permettait de le supposer la compa- raison de ses propriétés optiques avec celles des glucosides isomères. La sambunigrine doil correspondre à un isomère encore inconnu de l’'amygdaline, susceptible de donner l’acide phénylglycolique droit, de même que le glucoside de Fischer correspond à l'amygdaline des amandes, connue depuis longtemps. INFLUENCE DES ACTIONS MÉ:ANIQUES SUR LES ÉCHANGES DE LIQUIDE ENTRE LE SANG ET LES SÉROSITÉS HYDROPIQUES, par Cu. AcHarp et R. DEMANCHE. On sait, par de nombreuses expériences, avec quelle facilité se font les échanges de liquide entre le sang et les tissus pour maintenir l'équilibre des humeurs. Chez l'homme, ces échanges sont particulière- ment faciles à étudier chez les hydropiques. Car les causes de l'hydropisie favorisent l’afflux de l’eau du sang dans la sérosité et, d’autre part, le liquide épanché forme une réserve d’eau dont la résorption peut pro- duire dans le sang des modification bien manifestes. 830 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces déplacements de liquide entre la circulation sanguine et ia cireu- lation dite interstitielle sont appréciés surtout d’après les variations de la masse du sang, qui se reconnaissent par la numération des globules rouges et le dosage de l'hémoglobine. Ces deux procédés comportent quelques causes d’erreur, notamment celle qui résulte d’une répartition différente des globules dans les divers réseaux de l'appareil vasculaire. Il nous a semblé qu'on pourrait ajouter à ces moyens la mesure de Pression o e — — _e — > o = ni = Fic. 1. — OEdème brightique. Ligature circulaire de la racine des cuisses. l'indice de réfraction du sérum qui, n’exigeant que quelques instants et quelques gouttes de sérum, permet de faire des examens répélés et qui renseigne sur la teneur du liquide en albumine. En effet, les membranes vasculaires à travers lesquelles se font les échanges de liquide entre le sang et la lymphe intra-organique opposent une plus grande résistance aux albumines qu'aux cristalloïdes dissous. Dès lors, la concentration du sérum en albumine, qui se traduit par un accroissement de l'indice de réfraction, doit indiquer une fuite du liquide dans les tissus, et sa dilution, au contraire, un afflux d’eau dans le sang. Bien entendu, pour que celte interprétation soit admissible, il SÉANCE DU A MAI 831 importe qu'on ait seulement à considérer une répartition différente, entre le sang et la sérosité, du liquide existant dans l'organisme, c’est- à-dire que, pendant la durée de la recherche, il ne survienne dans l’or- ganisme ni pénétration ni soustraction d'eau de quelque importance. Mais il est assez facile de régler en conséquence l’ingestion des boissons et de contrôler le volume des urines. Quant aux pertes d’eau par l'intestin, la peau et les poumons, sauf les circonstances spéciales de diarrhée, de sudation ou de ta- … Chypnée considérables, elles ne présentent que 6.000000 Ze | des varialions négligea- Pa JS à PE cs bles dans un court es- _ En SEL : pace de temps. 5 - 15.600.000 66 En combinant ainsi la a |Z400000 64 numéralion des héma- a ties, le dosage de l’hé- a 5:290.008 ‘ moglobine et la mesure | 5 000.000 Ÿ de l’indice dé réfraction f ‘2 | de sérum, nous avons EE | étudié les modifications #% £} subies par la masse du a? + | sang lorsqu'on faisait augmenter ou diminuer l’œdème par des actions purement mécaniques. Chacun sait que la pesanteur exerce une action sur l’æœdème. Or, en faisant passer des su- jets œdématiés de la Fi@. 2. — OEdème brightique. Compression des deux position Couchéet a la Ne inenenr position assise les pieds posés à terre, ce qui accroissait l’œdème des membres inférieurs, nous avons constaté que le sang de la circulation générale se concentrait en globules et le sérum en albumine. Parallèlement la quantité de l'urine diminuait. De même, la ligature circulaire des deux membres inférieurs, pratiquée à la racine des cuisses à la façon de Bier, chez le sujet couché, et qui augmentait aussi l'œdème, provoquait la même réaction sanguine de concentration globulaire et albumineuse (fig. L). | Inversement, la compression méthodique des membres œdématiés, qui amenait une résorplion du Re extravasé, donnait lieu à la dilu- tion du sang, tant en globules qu'en albumine, et faisait monter l’excrétion rénale (fig. 2). 832 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Un détail de l'expérience mérite d’être signalé. C’est, au début de la compression, une légère concentration portant seulement sur les globules et non sur les albumines. Peut-être cette particularité est-elle due à ce qu'un certains nombre de capillaires comprimés cessent de livrer passage aux globules, tout en restant accessibles à la partie liquide du sang. Le champ de la circulation devenant ainsi plus restreint pour les éléments figurés que pour le plasma, l’on concoit que, dans le sang de la circulation générale, la proportion des globules se trouve augmentée, mais non celle de l’albumine du sérum. Puis, à mesure que la sérosité se résorbe, les globules se diluent à leur tour. NOUVELLES RECHERCHES SUR L'ACTION QUE LES DIFFÉRENTS TISSUS ANIMAUX EXERCENT VIS-A-VIS DE LA RESPIRATION MUSCULAIRE, par F. Barrezut et M L. STERN. Dans une note précédente, nous avons montré que plusieurs tissus, tels que la rate, le poumon, le pancréas exercent in vitro une action inhibitrice plus ou moins prononcée sur l’activité respiratoire des. muscles. Les extraits de foie et de rein, au contraire, ne diminuent pas les échanges gazeux musculaires. Nous avons étendu nos recherches à d’autres organes. Nous avons constaté que les extraits des ganglions Iymphatiques de cheval ou de bœuf et des testicules d'agneau ou de chien se comportent comme la rate, en faisant baisser l’activité respiratoire des muscles de chien, de bœuf, de pigeon, etc. Les extraits d'ovaire de vache ou de truie, de thyroïde de bœuf, de thymus d'agneau ajoutés aux muscles broyés n’exercent aucune influence, ou bien ils augmentent légèrement les combustions muscu- laires. Les extraits des différents organes sont préparés de la manière sui- vante. Le tissu est finement broyé. On ajoute un égal volume d’eau et on agite pendant quelques minutes. On exprime ensuite à travers un double linge. On obtient un liquide trouble, qui constitue l'extrait qu'on ajoute au muscle broyé. Les quantités d'émulsion employées peuvent être variables, mais généralement nous ne dépassions pas un volume de 10 centimètres cubes pour 10 grammes de muscle. Le mélange soumis à l'agitation était souvent composé de la manière suivante : 10 grammes de muscle broyé, 10 centimètres cubes d'extrait d’un. organe, 15 centimètres cubes d’eau, et la quantité de phosphate diso- dique nécessaire pour avoir une concentration de 1 p. 100. Après une demi-heure ou une heure d’agitation faite dans les conditions que nous PEER EU PT CON Re OT PE PE I PAU OU US PT Mit OO SU, E SÉANCE DU AL MAI 833 avons déjà indiquées, on dosait le volume d'O* absorbé et de CO* dégagé. Les extraits des organes inhibiteurs (rate, testicules, ganglions lym- phatiques, etc.) perdent leur aclion sur la respiration musculaire lorsqu'ils sont portés à l’ébullition. Ces mêmes extraits traités par l'acide acétique ou par l'acide chlor- hydrique à 0,15 p. 100 donnent un précipité qu'on sépare facilement par centrifugation. Le liquide qui surnage ne diminue plus l’activité respiratoire du muscle. Le dépôt, au contraire, agit comme l'extrait, en faisant baisser les échanges gazeux musculaires. Un certain nombre d'organes renferment donc une ou plusieurs sub- stances qui diminuent les combustions des muscles. Ces subslances inhibitrices sont précipitées par l'acide acétique ou par l'acide chlor- hydrique à faible concentration, ou bien elles sont entraînées dans le précipité qui se forme. Une faible acidité ne les détruit pas. Elles sont au contraire rendues inactives par l’ébullition. Il était intéressant de rechercher quelle est l'influence des organes qui ne diminuent pas les échanges gazeux des muscles, lorsqu'on les fait agir en présence d’un extrait inhibiteur (de rate, de testicule, etc.). Dans ces expériences, nous avons employé la thyroïde de bœuf et le thymus d'agneau. Les résultats ont été variables. Dans quelques cas, les extraits de thyroïde ou de thymus ont empêché l’action exercée par la rale ou par les testicules sur les combustions musculaires. Ainsi, en ajoutant 10 centimètres cubes d'extrait de thymus à un mélange de 10 grammes de muscle et de 5 centimètres cubes d'extrait de testicule, l’action inhibitrice du testicule a été supprimée. Toutefois, dans la majorilé des cas, l'extrait de thyroïde ou de thymus n’a pas empêché l’action inhibitrice du testicule ou de la rate. Nous ne savons pas, pour le moment, à quoi attribuer ces différences dans les résultats. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) ACTION DE LA SALIVE CHAUFFÉE, par H. RoGER. On sait que la salive, après avoir été chauffée à 82 degrés, a perdu toute propriété saccharifiante. Cependant le liquide n'est pas devenu complètement inactif. C'est ce que démontre l'expérience suivante : Dans une série de tubes, je verse 10 centimètres cubes d’eau ami- donnée à 1 ou 2 p. 100. Dans les uns, qui serviront de témoins, j'ajoute 2 centimèlres cubes d’eau pure; dans les autres, 2 centimètres cubes 834 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’une salive humaine, soigneusement centrifugée et chauffée pendant dix ou quinze minutes à une température comprise entre 85 et 100 degrés. Aucune saccharification ne se produit. J'ajoute 0 c. c. 05 de salive fraiche; je laisse à l’étuve à 35 degrés pendant une demi-heure. Au bout de ce temps les tubes témoins renferment0 gr. 007 de sucre compté en glycose (moyenne de T exp.); les tubes additionnés de salive chauffée con- tiennent de quatre à cinq fois plus de sucre, en moyenne O0 gr. 031 (moyenne de 16 exp.). Si on diminue la dose de salive chauffée, la saccharification est un peu moins intense; cependant, avec 1 centimèlre cube, elle atteint encore 0 gr. 025 (moyenne de 13 exp.). La salive chautfée ne récupère pas complètement, au contact de la salive fraiche, son action première : pour avoir un effet analogue à celui qu’on obtient avec 2 centimètres cubes de salive chauffée, il faut, en moyenne, 0 c. ce. 25 à O c. c. 3 de salive active. On peut réactiver la salive chauffée en y ajoutant des traces de fer- ment. Dans l’eau d’amidon additionnée de 2 centimètres cubes de salive chauffée, j'ai obtenu, au bout d’une heure : 0 gr. 007 avec 2 milligr. 1/2 de salive fraiche, et O0 gr. 003 avec 1 milligr. 1/4. À ces doses minimes, la salive pure ne saccharifie pas d’une façon appréciable. Tels sont les faits que j'ai observés; je me contente, pour aujourd'hui, de les rapporter sans envisager les hypothèses que soulèvent ces résultats. DES LÉSIONS RÉNALES PROVOQUÉES PAR L'INJECTION. SOUS-CLTANÉE DE DOSES MASSIVES DE PHLORHIZINE, par A. PoricarD et MARCEL GARNIER. Nous avons recherché les effets, sur le rein, de doses massives de phlorhizine injectées sous la peau. Nous insistons à dessein sur le carac- tère massif des quantités de phlorhizine employées, quantités qui sont très différentes de celles utilisées en clinique pour l’élude de la perméa- bilité rénale. Technique expérimentale. — Nos recherches ont porté sur le Rat blanc. Tous nos animaux étaient soumis à un régime identique. A tous nous ayons injecté uniformément, sous la peau du dos, un demi-centimètre cube de solution saturée de phlorhizine dans l’eau distillée. Cette injection provoque très rapidement une diurèse abondante; l’urine, cinq minutes après l'injection, commençait à donner la réaction classique avec la liqueur de Fehling. Les animaux étaient sacrifiés par décapitation, au bout de temps variables SÉANCE DU 11 MAI 835 (quinze minutes, trente minutes, une heure, une heure quarante, deux heures vingt, vingt-quatre heures, quarante-huit heures après l'injection). Fixation des reins par le formol à 20 p. 100, le bichromate acétique, le liquide de Flemming, les vapeurs osmiques, etc. Coloration des coupes par l’hématéine éosine, l’hématéine safranine (mé- thode de Recaup), l'hématoxyline ferrique, la gomme iodée, etc. Des lésions rénales notables purent être observées dans tous les cas. Elles sont d'apparition très précoce, puisqu'on peut déjà les relever quinze minutes après l'injection. - Ces lésions ne sont pas identiques dans tous les points du rein; elles sont localisées à certains groupes de tubes, par foyers circonscrits. Ces foyers d’altération sont d'autant plus nombreux que le rein est examiné plus tard après l'injection. Les modifications pathologiques portent exclusivement sur le seg- ment à bordure striée ({ubulus contortus). Les glomérules, les segments grêles (branches étroites des anses de Henle), les segments intermé- diaires de Schweigger-Seidel et les tubes de Bellini nous sont toujours apparus normaux. Au niveau du segment à bordure striée, on peut relever les altéra- tions suivantes : 1° Le protoplasma des cellules épithéliales, au lieu d’être finement granuleux et faiblement acidophile, prend énergiquement les couleurs acides et revêt un aspect vitreux et homogène tout à fait caractéristique. Il ne vacuolise jamais. 2° Les bätonnets milocondriaux de R. Heidenhain se résolvent d’abord en très fines granulations (quinze minutes après injection). La colora- bilité de celles-ei par l'hématoxyline ferrique, loin de diminuer, semble au contraire s’exagérer. Au bout de quelque temps (une heure quarante et au delà), tout le protoplasma de la cellule présente une affinité consi- dérable pour l'hématoxyline ferrique. La cellule entière, sauf la bordure striée, se colore intensément en noir. 3° La bordure striée (bordure en brosse) ne disparaît à aucun moment. Mais son aspect change; elle devient complètement homogène. Toute trace de striation disparaît. Sa colorabilité par les couleurs acides, au contraire de celle du protoplasma, diminue dans de grandes propor- tions. 4° La lumière des tubes est absolument libre de tout débris protoplas- mique ou exsudat. Elle est linéaire, et ceci quel que soit le réactif fixa- teur employé. L'alcool fort, qui vacuolise la cellule et disloque la bor- dure en brosse dans des tubes normaux, ne produit aucun de ces effets sur ces tubes altérés; avec les plus mauvais fixateurs, la lumière reste toujours linéaire et libre. Ce résultat curieux provient, pensons-nous, de la transformation vitreuse de la cellule, qui empêche celle-ci de réagir à des actions vulnérantes d'ordre osmotique. 836 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5° Les noyaux des cellules se ratatinent légèrement, perdent peu à peu leur colorabilité et finissent par s’effacer dans le protoplasma. Ils ne subissent ni fragmentation ni transformation pyenotique. En résumé, l'injection de doses massives de phlorhizine dans le tissu cellulaire sous-cutané détermine des lésions rénales disposées en foyers circonscrits. L'altération porle uniquement sur l’épithélium à bordure - striée des tubes contournés du rein, et consiste dans une dégénéres- cence vitreuse caractéristique. Dans un mémoire plus étendu nous comparerons nos résultats avec ceux qui résultent des nombreuses recherches failes jusqu'ici sur l’ana- tomie pathologique du rein dans le diabète sucré. (Travail du laboratoire d'Anatomie générale de l'Université de Lyon.) SUR UN APPAREIL POUR L'ANESTHÉSIE, par G. Larox (de Toulouse). La communication de M. Lepage à la séance du 23 mars sur une canule à soupape pour l'anesthésie, ét les remarques failes à ce sujet par M. Tissot m'engagent à décrire un appareil que j'emploie depuis plus d’un an pour l’anesthésie du chien et qui m'a donné toute satisfac- tion. M. Tissot a reproché entre autres choses à l’appareil de M. Lepage de ne pas permeltre de faire respirer de l’air pur; cette critique ne peut être adressée à l'appareil que j'ai employé. Le principe sur lequel il repose a été bien des fois mis à profit : c'est celui des appareils de Vernon- Harcourt, de Ricard et de M. Lepage lui-même; aussi n'ai-je aucune prétention à la nouveauté. è J'avais d’abord utilisé la canule à double soupape de Chauveau et Tissot, dont M. Lepage semble également s'être inspiré, si on en Juge par le dessin joint à la note; mais, pour rendre l'appareil moins fragile et mieux adapté à son usage spécial, j'ai séparé la soupape d’inspira- tion de la soupape d'expiration; celle-ci reste fixée au masque appli- qué sur le museau de l'animal, la soupape d'inspiration est placée avec l'appareil de réglage sur le récipient contenant l'anesthésique. Ce réci- pient est un flacon dont le bouchon est traversé de deux tubes; le tube qui sert à l’arrivée de l’air affleure la surface du chloroforme (voy. la figure). L'appareil de réglage est constitué par un robinet à double effet pré- sentant deux orifices servant l’un à l'entrée de l’air pur, l’autre à l’entrée de l’air chargé de chloroforme ; l’un des orifices s'ouvre, tandis que l’autre se ferme, de facon à faire varier à volonté le titre du mélange. Ce SÉANCE DU 11 MAI 837 robinet porte un index qui se meut sur un arc de cercle gradué de 0 à 10, le 0 correspondant à l'air pur et le chiffre 10 à l'air saturé de chlo- roforme ; il suffit d'ordinaire de mettre l'index entre les chiffres 7 et 8 pour obtenir l’anesthésie et pour l’entretenir pendant plusieurs heures, mais on peut au début aller sans inconvénient jusqu’au chiffre 10 pour obtenir une anesthésie plus rapide; on revient ensuite au chiffre conve- nable de façon à régler l’anesthésie juste au degré voulu. J'ajoute que, par application d’un principe mis en évidence par M. Tissot, l’anesthésie se règle automatiquement. M. Tissot a montré en effet que la quantité de chloroforme absorbée ne dépend pas seule- ment du titre du mélange inhalé, mais aussi de l'intensité de la ventila- tion. L'appareil étant convenablement réglé, si le sujet s'endort trop profondément, la ventilation pulmonaire diminue, l’animal consomme moins de chloroforme et tend à se réveiller, et vice versa. IL en résulte que l’anesthésie ne réclame plus qu’une surveillance sommaire et ne nécessite pas l'immobilisation d’un aide, ce qui est un avantage appréciable. On ne connait pas exactement, il est vrai, le titre du mélange inhalé, mais il suffit que ce litre se maintienne constant et qu'on puisse le faire varier à volonté pour que l'appareil réponde à son but. Cet appareil a, d'autre part, été expérimenté depuis trois mois à la clinique chirurgicale de M. le professeur Jeannel, qui s’en est montré satisfait. Pour l’application à l'homme il faut, bien entendu, faire usage d'un masque ad hoc. Pour le chien, je me suis servi d’un masque lronconique du modèle Verdin, prolongé sur les côtés et la face inférieure par une bande de cuir qui s'applique sur la mâchoire inférieure et la commissure des lèvres et assure une obturation aussi parfaite que possible; trois masques de dimensions différentes suffisent pour toutes les tailles de chiens. - Enfin l'appareil peut également être employé avec l’éther à la condi- dition de se servir d’un flacon assez large pour que la saturation de l'air soit suffisante. 838 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RAPPORTS DE LA SÉCRÉTION GASTRIQUE ET DE LA SÉCRÉTION RÉNALE, - par E. ENriquez et L. AMBARD. Le retour de l'appétit est l’un des effets les plus remarquables de la mise au régime déchloruré de certains néphrétiques sans œdèmes; il s'accompagne d’une augmentation de poids absolument constanle et souvent remarquable même pour les sujets qui au premier abord ne paraissent pas amaigris : sujets passant de 80 à 85 kilogrammes et de 106 à 110 kil. 600. (Observations analogues publiées par MM. Ber- gouignan et Fiessinger). Ces faits nous ont amenés à étudier la sécrétion gastrique dans les diverses variétés de néphrites. Nos observations, en partie déjà con- signées dans la thèse de M. Raulot-Lapointe faite sous notre inspiration, nous ont conduits aux conclusions suivantes : 1° Dans la période aiguë des néphrites aiguës, la sécrétion gastrique presque abolie s'améliore en même temps que la sécrétion rénale (fait déjà signalé par Biernatzki, Wratch, 1891) ; 2 Lorsque la néphrite aiguë est grave, elle est susceptible de déprimer définitivement la sécrétion gastrique; 3° Lorsque la néphrite est au contraire bénigne, elle ne tarde pas à être suivie d’une hypersécrétion gastrique : c’est ainsi qu'au décours même de néphrites aiguës assez bénignes nous avons vu se constiluer sous nos yeux une hypersécrétion gastrique considérable, et que d’autre part, chaque fois que nous avons eu l’occasion d'examiner le suc gastrique de sujets jeunes, ayant eu quelques mois auparavant une néphrite caractérisée mais sans aucun signe de néphrite actuelle et ne présentant d'ailleurs aucun signe de dyspepsie, nous avons trouvé chez ces sujets une hyperchlorhydrie qualitative et quantitative marquée. (Observations, série I). Il est donc possible en étudiant la sécrétion gastrique des néphrites en voie d'évolution, de saisir sur le fait la naissance de l’hyperchlorhydrie et il n’esl pas douteux à notre sens que l'hyperchlorydrie ne reconnaisse dans les troubles latents de sécrétion rénale une de ses causes les plus immédiates et les plus constantes. Mais à cet égard il importe de noter que ces troubles de sécrétion rénale peuvent devenir rapidement inappréciables aux investigations cliniques, aussi avons-nous insisté sur ces cas de transition entre l’hyperchlorhydrie nettement consécutive à une néphrite évidente et l'hyperchlorhydrie rémanente des néphrites en voie d'extinction et en apparence cliniquement guéries ; 4° La déchloruration au cours des néphrites confirmées ou latentes détermine des modifications complexes de la sécrétion gastrique. a) La déchloruration exalte d’une façon constante les sécrélions préa- PAIE SÉANCE DU Al MAI 839 lablement déprimées par des lésions chroniques de l’estomac, d’où il suit que la déchloruration doit constituer à notre avis le traitement rationnel de l'hypochlorhydrie. (Série IL). b) La déchloruration diminue l’hypersécrétion gastrique, fait en accord avec l'amélioration signalée par divers auteurs des douleurs de l’hyper- chlorhydrie sous l'influence du régime déchloruré, mais dont la réalité objective n’avait été recherchée que par M. Vincent(1) dontnous voudrions compléter les observations à cet égard. La déchloruration modifie surtout la sécrétion quantitative, et cette modification est toujours très lente même par un régime très strict. Cette modification quantitative est à rapprocher des faits analogues signalés par MM. Dastre et Frouin dans leurs expériences sur le chien. La sécrélion qualitative ne varie que peu ou point. (Ohservation, série IL.) Série I. — Hay..…., dix-huit ans. Néphrite, il y a eu six mois. Aucun signe de néphrite actuelle. Volume du suc gastrique, 180; H+ C—2,44. Pér..., dix-neuf ans. Scarlatine, il y a eu trois ans. Actuellement pas trace de néphrite, sauf tension artérielle de 19 ct. Hg. Volume du suc, 1735 HLC — 2,02. Al..., vingt-trois ans. Aucun signe actuel de néphrite, sauf tension artérielle de 21. Volume du suc gastrique non mesuré; H+C— 2,80. : Lebl... seize ans. Néphrite aiguë actuelle avec albumine. Mise au régime déchloruré. Quelques jours après le régime, volume du suc gastrique 240; H+C— 2,13. Duf.., trente-quatre ans. Néphrite puerpérale actuelle avec albumine. Mise au de déchloruré ac variant de 2 à 5 gr.). Après . . . . 1l jours. AT jours. 57 jours. 94 jours. Volume ? 100 220 140 HER. 0 2,19 2,93 2,91 2,20 Série IL. — Merc... Hypersécrétion et douleurs tardives. Soumise à un RD strict (4 gr.75 NaCl) par jour après x... jours de RD. 1 jour. 11 jours. 33 jours. 42 jours. 54 jours. 71 jours. Volume du suc. x 155 184 144 91 79 HÉSCPESST a 3,66 3,28 2,62 2202 2,56 ‘3,60 Série TIT LR H+C, avant le RD. -H+C, après le RD. Ourmoans EE. rneueee, 0,5% 1,28 css R'STSONENERRENRE EURE 1,46 2,30 A OS LE Ru, & 1,58 2,68 Jigace ON AUS ENENNIRE Lee Sa ii, 0 2,56 (4) Vincent. Influence du régime alimentaire hyper ou hypochloruré sur le chimisme stomacal. Comptes rendus de la Société de Biologie, 9 janv. 190%, p. 9. 810. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA RÉACTION SULFHYDRIQUE : SON PRINCIPE, SA VALEUR, par Maurice D'HALLUIN (de Lille). On connaît l'épreuve de la réaction sulfhydrique appliquée par Icard au diagnostic de la mort réelle. Une bande de papier sur laquelle on a tracé des caractères à l’acétate de plomb est introduite dans les narines du mort. Quand les caractères apparaissent en noir, on peut considérer la mort comme certaine, car, d’après l’auteur, « le poumon est un excel- lent milieu pour l'établissement rapide de la putréfaction, et c’est dans les voies respiratoires qu'il faut chercher la production de gaz sulfurés pour avoir la preuve hâtive de l'existence de la putréfaction ». Celle réaction sulfhydrique observée dans les narines ne prouve nullement que les gaz qui la produisent viennent des poumons. Des recherches sur ce sujet nous ont montré que l'estomac était le plus souvent leur lieu d'origine (1). Si l’on introduit une bande de papier réaclif dans la trachée et une autre dans l'æœsophage, on constate que le plus souvent la réaclion apparait en premier lieu dans l’œsophage, landis qu’elle tarde plusieurs jours ou nese produit pas (même après un mois d'attente) dans la trachée. On pouvait prévoir ce résultat, étant donnée l’action des microbes sur les matières albuminoïdes (travaux de Miller, Abelous, Strauss, Lesage, Kaufman, Rosenheim, Richter, Rubner, Petri, Maassen, Roger, Dauber, etc..…). La réaction sulfhydrique n’est donc pas en général un signe de la pulréfaction de l'individu, elle n’est que la manifestalion de putréfac- tions stomacales. Celte réaction n’a pas l’origine qu'on lui a attribuée; a-t-elle néanmoins la certitude que lui attribue Icard? Cet auteur démontre dans son ouvrage que la production d'hydrogène sulfuré par l'organisme est si minime qu'elle ne peut pas devenir une cause d'erreur. La production intestinale d'hydrogène sulfuré est cependant un fait avéré; les observations cliniques de Friedrich et d'Emminghaus en montrent le danger. La production stomacale de ce même gaz est pour le cas présent plus particulièrement imporlante à considérer. Les observations de Senator, Betz, Ewald, Boas, Zawadzki, Strauss, etc... montrent que la fermentation sulfhydrique dont parlent à peu près tous les traités modernes de pathologie gastrique peut s’observer chez l'homme vivant. On sait d'autre part que l'on peut trouver de l'hydro- gène sulfuré dans les expectorations (F. Müller, traités classiques), dans l'urine; ce gaz peut aussi se dégager de tumeurs cancéreuses (1) Ces recherches vont être prochainement publiées dans le Journal des Sciences médicales de Lille. SÉANCE DU Â14 MAI 841 (A. Lecka-Marzo). La production d'H°S par l'organisme peut dans certains cas être plus importante que ne le dit Icard ; mais, prévenant cette objection, l’auteur ajoute que la réaction pour être caractéristique doit être tardive. L'auteur admet que l'hydrogène sulfuré doit forcément être dans l'air des poumons quand il s’en produit dans l'organisme une quantité notable, et en conséquence le papier noircirait peu après son introduction dans les narines. Mais il faut se rappeler les recherches de Roger constatant l’action d'arrêt du foie pour l'hydrogène sulfuré, de sorte que ce gaz ne s'élimine par les poumons que quand il est absorbé en quantité considérable. Il peut donc se former dans l’organisme sans s’éliminer forcément dans les poumons. Dans un cas de mort réelle, peu importe que l'issue des gaz stomacaux libelle avant l'heure le certificat aulomalique du décès. Mais dans un cas de mort apparente il semble que toutes les conditions soient réunies pour favoriser la fermentation sulfhydrique stomacale, même si elle n'avait pas lieu auparavant. L'’accumulation progressive des gaz: déterminera leur progression vers les fosses nasales. L'apparition des caractères sur le papier réactif pourra faire dire putréfaction de l'individu, alors qu’il y a simplement putréfaction alimentaire. Ici, comme dans la mort véritable, la réaction sera tardive, puisque dans l’un et l’autre cas la même cause peut produire le même effet. PRÉPARATION DE LA TYPHOTOXINE PAR LES SOLUTIONS DE NaHO, par R. Turr6. Les solutions de NaHO à 0,50 p. 100 ont sur le PB. Æberth la même action dissolvante que sur le 2. virgule de Koch (1). Faisons une émul- sion d’une culture du 2. typhosus sur gélose dans 2-3 centimètres cubes de la solution indiquée et nous verrons que la dite émulsion prend un aspect laiteux et devient transparente et en même temps filante, comme mucilagineuse. Si nous la neutralisons par les acides acétique ou chlorhydrique, elle précipite presque toujours régulièrement et unifor- mément. D’autres fois — mais rarement — le précipité est en forme de flocons blancs qui flottent dans le liquide et à sa surface. La toxicité des solutions du 2. typhosus dépend principalement de la _ virulence et aussi de l’âge de la culture. Une culture acluellement peu virulente (que je dois à la bienveillance du professeur Courmont) tue les cochons d’Inde de 300 grammes en deux ou trois jours; il faut, dans ces cas, faire la solution de deux tubes de gélose. Il suffit du quart (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 13 octobre 1906. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. 58 842 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'une culture de bacilles dont la virulence a été exaltée pour tuer les cobayes dans le même temps. Les cultures de dix jours traitées par les: solutions sodiques nous fournissent une toxine beaucoup plus éner- gique que les cultures nouvellement faites. Pour préparer la typhotoxine, je dissous dans 5 centimètres cubes de solution de NaHO à 0,5 p.100 le résultat du raclage soigneux de deux cultures de dix jours jusqu'à la consistance d’extrait mou. Cet extrait, après un séjour de douze heures à l’étuve à 45 p. 100, présente une réaction acide très nette. Les doses de 0,01 gramme de cet extrait. dilué dans l’eau sont insuffisantes pour tuer un cobaye de 300 grammes si le microbe producteur était de virulence moyenne. Mais la toxine obtenue de bacilles de virulence exaltée est déjà mortelle à la dose de 1 milligr. 4 pour les cobayes de 300 grammes et d’un quart de milli- gramme pour les cobayes de quatre jours, qu’elle tue dans le temps de trois à cinq jours. Par la voie hypodermique ou péritonéale, elle déter- mine un œdème diffus ou une péritonite avec épanchement séro- sanguin. On peut concentrer cet extrait dans le vide, mais si on arrive à un certain degré de concentration (extrait sec ou à peu près) les toxines se montrent presque inactives, parce qu'elles ne peuvent agir que lente- ment, par leur solubilisation dans l’organisme de l'animal infecté, encore que par une action atténuée mais continue elles peuvent immu- niser les animaux qui sont convenablement traités par ces extraits. Le Bacterium. coli se dissout aussi dans les solutions de NaHO à 1 p. 100. On prépare la toxine par le même procédé que le 2. typhosus. Avec les extraits toxiques du vibrion cholérique, du B. d’Eberth et du Bacterium coli tout à fait stériles, on peut hyperimmuniser des lapins et des cobayes en réglant suffisamment les doses. Le sérum de ces animaux acquiert un très fort pouvoir agglutinant et bactéricide. Ces extraits ont une faible action bactériolytique; mais si nous les diluons dans l’eau ou la liqueur neutre de Locke, ils perdent ces propriétés dissolvantes, sans qu'il nous ait été possible de l'activer in vitro par aucun des procédés ordinaires d'activation. D’autres bases et sels des métaux alcalins peuvent agir aussi sur les trois espèces bactériennes sus-indiquées. Le B. virgule est aussi dissous par le NaCO*H. L'action de la bile (Nicolle) et des solutions potassiques (Blell), récemment publiées, sont une confirmalion des faits que je décrivais dans une communication antérieure. Les extraits toxiques de 2. virgule, B. typhosus et Bacterium coli agissent comme de vraies agressines, puisque celle-ci ne sont autre chose que la substance spécifique des bactéries pathogènes, comme je le démontrerai dans une note prochaine. (Travail du laboratoire microbiologique de la Municipalité de Barcelone.) ÿ nerfs et dans les muscles, en nous proposant d'inscrire, par rapport à SÉANCE DU 11 MAI 843 LES SELS DE MAGNÉSIUM ET LE SYSTÈME NERVEUX MOTEUR PÉRIPHÉRIQUE, par E. BARDIER. D’après les recherches de Meltzer et Auer (1), les sels de magnésium seraient susceptibles de provoquer une véritable anesthésie générale. Expérimentalement, ils ont étudié les propriétés pharmacodynamiques de ces sels sur plusieurs groupes d'animaux à sang froid et à sang chaud. Ils ont également utilisé cette anesthésie magnésienne en clinique. On sait que ces conclusions ont été récemment contredites par Wiki (2). Cet auteur établit sur le lapin l’action curarisante que Binet avait démontrée antérieurement sur la grenouille et conclut avec lui que les sels de magnésie agissent à la facon du curare, avec cette particularité toutefois et cette différence qu'ils n’atteignent le phré- nique que tout à fait en dernier lieu. Dès lors, un animal magnésié con- tinue à respirer ; les phénomènes moteurs disparaissent, la sensibilité persiste comme dans la curarisation et la respiration s'éteint la der- nière. Il ne s’agit pas, en l'espèce, d’une véritable anesthésie. Wiki explique ainsi l'interprétation erronée de Meltzer et Auer sur le détermi- nisme de cette action pharmacodynamique. Il nous a paru utile et intéressant d'étudier de nouveau les propriétés de ces sels et de rechercher, avec le secours de la méthode graphique, l’action qu ils exercent sur le système nerveux moteur périphérique. Nous avons adopté dans nos recherches une technique analogue à celle que Pflüger, Kronecker, Funke, Tiegel, Guareschi et Mosso ont employée pour étudier les lois de l’excitabilité et de la fatigue dans les la courbe ergographique normale, les modifications que l'intoxication imprimé à l’excitabililé nerveuse ou musculaire. Toutes nos expériences ont été faites sur la grenouille. Quant aux détails de technique, ils trou= véront leur place dans un prochain mémoire. Dans les conditions où nous nous sommes placé, nous avôns toujours observé des irrégularités dans la courbe ergographique des animaux magnésiés. Ces irrégularités sont susceptibles d’apparaîitre aux diverses (4) Meltzer et Auer. Physiological and pharmacological action of magnesium salts. General anesthesia by subcutaneous injections. Am. Journal of Physio- logy, XIV, octobre 1905, p. 366-388, et XV, p. 387-411. — Inhibitory and anes- thetic properties of magnesium salts. Medical Record, LXXII, n° 25, p. 965. (2) Wiki. Sur les propriétés pharmacodynamiques des sels de magnésium. Journal de physiologie et de pathologie générale, 1906, 793-803. — Sur les pro- priétés pharmacodynamiques des sels de magnésium. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, p. 1008. 844 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE périodes de la fatigue. Elle sont constantes, périodiques, sans que leur période toutefois affecte le caractère d'une rythmicilé. Elles consistent dans l'inégalité de hauteur des contractions musculaires les unes par rapport aux autres et aussi dans l'inefficacité de certaines excitations. On doit les considérer comme l'expression des variations physiolo- giques des plaques motrices terminales, ainsi que l'admet Mosso à propos de la mort du système neuro-musculaire. Elles sont analogues à celles qui se produisent, dans les mêmes conditions d'observation, sous l'influence des poisons curarisants. A un degré plus avancé de l’intoxication magnésienne, l'excitation nerveuse est absolument inefficace, alors que l'excitation directe des muscles provoque encore des contractions. x Ces expériences nous permettent avec Binet et Wiki de conclure que les sels de fmagnésie agissent sur le système neuro-musculaire à la manière du curare. Les modifications de la courbe ergographique donnent la mesure de cette intoxication qui aboutit progressivement à la paralysie des plaques motrices terminales. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) HYDROTHORAX A LIQUIDE NOIR ET ANTHRACOSE PULMONAIRE, par G. Péyu et E. CHARPENAN. Malgré l’évolution spontanée ordinaire des lésions scléro-anthraco- siques de l'appareil pleuropulmonaire vers la production d'accidents. asystoliques, il ne paraît pas qu'on ait signalé des particularités dans le liquide d'hydrothorax survenues près de poumons envahis par le charbon. Un homme âgé, mort récemment avec le complexus morbide ordi- naire, bronchite chronique, emphysème pulmonaire et accidents asysto- liques terminaux, présentait un degré rare, même en pays minier, d'infiltration pulmonaire anthracosique. En outre, chacune des cavités pleurales contenait un liquide, en quantité sensiblement égale pour éhacune d'elles, soupconné les derniers jours par les signes d'un hydrothorax léger, et d'aspect étrangement noir. La quantité totale en était de 1.200 à 1.500 grammes environ. Inodore, il présentait au doigt une consistance molle et légèrement onctueuse, analogue à celle d’une eau additionnée d’une petite quantité de plâtre frais. Peu homogène, le repos et la centrifugation y dessinaient une SÉANCE DU A1 MAI 845 couche inférieure noire, épaisse et une autre au-dessus plus claire et simplement grisätre, La filtration sur papier Chardin, d'ailleurs facile et assez rapide, laissait passer un liquide clair jaune citrin; la réaction de Rivolta ne montrait pas trace de fibrine; on n'y trouvait par la chaleur jusqu’à 100 degrés à peu près pas trace d'albumines coagulées; ni pigments, ni acides biliaires, ni fer. Sur le filtre était restée une masse noire pesant 25 à 30 grammes envi- ron. Après lavage prolongé à l'eau tiède pour la débarrasser d’une matière gluante qui l'imprègne, et séchage, elle est devenue une masse pulvérulente que le microscope montre formée de très petits grains assez réguliers et arrondis, noirs et brillants, sans signes caractéristiques de leur origine. Ils résistent à l’action de l'acide chlorhydrique même à chaud, demeurent de même insolubles sous l’action isolée de l’acide sulfurique et de l’acide azotique, mais disparaissent par l’action associée de ces deux derniers. L'action même prolongée de la potasse à chaud demeure sans effet. L'absence de fer dans le liquide, éloignant l'hypothèse qu'il s’agit là de pigment sanguin réduit par séjour prolongé dans la cavité pleurale, et la production de cet épanchement mise en concordance avec un degré extrême d'infiltration pulmonaire anthracosique, tendent à nous faire admetire qu'il s'agissait là d’un hydrothorax à poussières de charbon. L'absence vérifiée anatomiquement de communication pathologique de la plèvre avec le poumon, et aussi le défaut de tout processus aigu au niveau de la séreuse pleurale, tendraient donc à faire admettre qu'il y à dans l'hydrothorax plus qu'un phénomène mécanique de transsuda- tion, pathogénie ici insuffisante, mais un processus inflammatoire subaigu ou chronique, nécessaire pour rendre compte du passage des poussières charbonneuses dans la cavité pleurale. LE LACTOSE DIURÉTIQUE VRAI ? par J. ARROUS. MM. Lamy et Mayer ont essayé d’établir entre le lactose et les autres sucres au point de vue diurétique une différence essentielle en vertu de laquelle le lactose serait un diurétique vrai, par opposition aux autres sucres qui seraient des diurétiques apparents (Comptes rendus Soc. Biol., 23 juillet 1904). Cette affirmalion est basée sur ce que l'élimination de l’urée et des sels provoquée par le lactose serait supérieure à celle que provoquent les autres sucres. J'objecte tout d’abord que les expériences qui prétendent mettre ce fait en évidence ne sont pas comparables. Elles sont de durée inégale 846 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (quarante-six heures et demie contre quarante-neuf et demie). L'éva- luation de l'élimination de l’urée n’y est pas faite pour le maltose, est faite incomplètement pour le glycose. De plus, les différences entre les quantités totales d’urée éliminée dépassent à peine 4 grammes en quarante-huit heures. Des différences de celte importance el même d'importance plus considérable s’observent sur un même animal sous l'influence de conditions dont le déterminisme est impossible à préciser. On n'obtient jamais, chez le chien, une élimination quotidienne régu- lière d’urée, quelles que soient les précautions prises pour ne modifier en rien les conditions générales de la vie de cet animal. De même chez l’homme : l’azoturie en urée varie de 20 à 40 grammes par jour, avec une moyenne de 30 grammes. Pour décider qu'une substance provoque de l'hypo ou de l'hyperazoturie, il faut que les différences en plus ou en moins soient supérieures à celles qui correspondent aux oscillations habituelles de l'élimination. Tel n’est pas le cas pour les expériences rapportées par MM. Lamy et Mayer. Je me suis inquiété, au cours de mes expériences, de comparer les effets diurétiques des sucres à ceux d'autres substances diurétiques (voir 7'hèse de Montpellier, 1900, pages 60, 90 et suivantes). À mon sens, la donnée la plus précise, en ce qui concerne une action diurétique, est fournie par la différence qui existe entre les volumes de solution injectée et d'urine éliminée. Cette différence exprime la perte de liquide subie par l'organisme, la diurèse vraie. J'ai montré que les sucres sont, en injections intraveineuses, supérieurs aux autres diurétiques (le nitrate de soude pris comme exemple). Je n'ai pas voulu faire de distinction entre les différents sucres, sur le terrain de la pratique, parce que cette distinction est inutile. | En effet, quelles que soient les conclusions de l'expérience, c'est tou- jours au lactose qu'il convient de faire appel en thérapeutique : les droits de l’empirisme clinique se trouvent toujours sauvegardés. La raison en est surtout dans ce fait que la technique des injections intra- veineuses n’est pas de pratique courante lorsqu'on veut obtenir, sur le malade, une décharge urinaire. Le lactose reste donc le diurétique de choix à employer par la voie stomacale parce qu'il se présente normale- ment en solution dans un liquide organique, le lait, qui est en même temps un aliment de premier ordre. Pour les injections intraveineuses il resterait encore le diurétique de choix, avec le saccharose, pour plu- sieurs raisons : modicité de son prix, possibilité de le trouver aisément dans le commerce à l’état de pureté, faible toxicité. Je mentionne que Jeanbrau et moi (voir Montpellier médical, 12 novembre 1899) avons pratiqué chez l’homme des injections intraveineuses de sérum artificiel contenant, en grande quantité, du sucre de canne ou de lactose. Nous n'avons pas poussé plus loin une étude qui n'aurait pas manqué d'intérêt. Mid nf SÉANCE DU Â1 MAI 847 Je ne crois pas que l'on puisse expérimentalement établir une diffé- rence essentielle entre les sucres au point de vue de l’action diurétique. Ilm'est pas permis de tenir le lactose pour diurétique vrai, par opposi- tion avec les autres sucres qui seraient des diurétiques apparents. Tous les sucres sont diurétiques; il n’y a entre eux à ce point de vue qu'une différence de degré. PIPETTE PROTÉGÉE POUR PRÉLÈVEMENTS ASEPTIQUES. Note de F. GuÉGUEN. Les pipettes Pasteur dont on se sert pour recueillir les exsudats en vue de leur examen bactériologique ou eytologique ont l'inconvénient d'être difficiles à transporter, en raison de la fragilité de leur effilure; -de plus leur usage nécessite l'emploi d'une lampe à alcool et d’une pince. Cela rend parfois un prélèvement aseptique assez difficile à réa- liser en dehors du laboratoire ou de l'hôpital. Le dispositif suivant permet d'obvier à ces inconvénients. La pipette, confectionnée avec un tube de verre étroit (d'environ 3 à 4 millimètres de diamètre extérieur), est ouverte, d’un trait de lime, à l'extrémité de sa longue effilure. On l’enferme ensuite, la pointe en bas, dans un étui façonné avec un tube un peu plus large, et de quelques centimètres plus long que la-pipette elle-même. Le fond de cet étui est garni d'un petit tampon d'ouate ordinaire assez serré, sur lequel repo- sera la pointe ouverte de l'instrument ; l’orifice de la gaine est soigneu- sement bordé à la flamme. | L'intérieur de ce tube ayant été légèrement humecté à l’aide d'un tortillon de papier buvard /afin de permettre la stérilisation par la chaleur humide), on y introduit la pipette, et on le bouche avec un tampon d'ouate ou un petit cylindre de moelle de sureau. On capu- chonne avec un morceau de papier d’étain, que l’on enroule autour de l’orifice de l’étui. On stérilise à l’autoclave à + 120 degrés pendant une. demi-heure, puis on fixe la coiffe au tube à l’aide d’une bandelette de papier gommé, sur laquelle on inscrira plus tard la nature du contenu. Pour se servir de la pipette, il suffira, après avoir essuyé et enlevé la coiffe, de retourner l’étui de façon à mettre la pipette la pointe en air ; on la retirera avec précaution, puis on la replacera dans sa gaine après en avoir fait usage. On pourra transporter le tout la pointe en bas, l’étroitesse de l’effilure s’opposant à l'écoulement du liquide. On peut préparer à la fois une certaine quantité de ces petits appa- reils, qui ne tiennent guère plus de place qu’une pipette ordinaire et se conservent rigoureusementstériles. Les étuis peuvent d’ailleurs resservir 848 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE indéfiniment. Le même dispositif peut évidemment êlre appliqué à la conservation aseptique des petits instruments (aiguilles, vaccino- styles, etc.). Pour éviter la rouille, il sera bon d'humecter les outils d’acier avec une solution faible de borate de soude qui les préservera de l'oxydation. (Laboratoire de botanique cryptogamique de l'École supér ieure de pharmacie de Paris.) ENCÉPHALITE AIGUE EXPÉRIMENTALE, par DoPTER et OBERTHUR. On peut réaliser chez l'animal, le chien en particulier, une encé- phalite expérimentale étroitement analogue à l’encéphalite aiguë non suppurée, telle qu'on l’observe chez l'homme. Les résultats de ces expé- riences contribuent dans une certaine mesure à éclairer la pathogénie de cette inflammation du cerveau. L'étude de l’encéphalite humaine révèle que cette affection survient à la suite d'une infection, le plus souvent la grippe, la pneumonie, la méningite cérébro-spinale, etc. D'autre part, les coupes histologiques montrent l'absence absolue de bactéries dans le foyer encéphalitique (sauf, toutefois, pour certains cas d’encéphalite tuberculeuse). On peut, dès lors, penser que les germes pathogènes n’intervien- nent dans la production de l’encéphalite que par leurs produits de sécrétion. Le problème ne or être résolu qu'en plaçant des substances toxiques diverses au contact direct de la substance cérébrale, et en étudiant les altérations qu'elles pouvaient ainsi provoquer. C’est ce que nous avons tenté de faire chez Le chien. Après trépanation, on injectait en pleine substance cérébrale 2, 3, 4 à 5 gouttes de produits chimiques, tels que : essence de térébenthine, alcool à 90 degrés, éther sulfurique ou produits solubles d'un staphy- locoque doré très virulent. Tous ces produits nous ont donné des résultats sensiblement iden- tiques ; suivant la dose injeclée, ou bien l'animal meurt très rapidement en deux, trois ou quatre jours, ou bien il survit. I. — Dans le premier cas, au point d’inoculation et à son pourtour (parfois sur une grande étendue), on trouve à l’autopsie la substance cérébrale hyperémiée, congestionnée, de couleur lie de vin; elle est résistante au toucher. La méninge est parfois enflammée et adhérente. A la coupe, l'hyperémie se montre dans la profondeur, et la zone ainsi altérée est parsemée d’un piqueté hémorragique assez confluent. SÉANCE DU 11 MAI 849 L'examen des coupes révèle : 1° Une hyperémie intense de tout le parenchyme qui a élé en contact avec la substance injectée; elle diffuse dans les parties avoisinantes. 20 Des hémorragies locales ou en nappe. En dehors des points hémor- ragiques, le parenchyme cérébral est distendu par du liquide d’œdème qui en dissocie les éléments. 3° Une migration intense de leucocytes s'étendant en nappe ou en foyers. 4° Les vaisseaux sont plus ou moins altérés : ils sont gorgés de sang. La paroi est épaissie, les cellules endothéliales sont desquamées ; l’adventice et tout Son pourtour sont envahis par des amas énormes de cellules migratrices formant de véritables manchons leucocytaires. 5° Les éléments nerveux peuvent être lésés et montrer des altérations chromatolytiques initiales. On peut constater l'existence de corps granuleux quand la survie a été suffisante. | Devant ce tableau histologique, on ne peut qu'être frappé de l’ana- logie qui existe avec les lésions observées dans l’encéphalite hémor- ragique humaine. II. — Dans le deuxième cas, où la survie est de plus ou moins longue durée, où les troubles morbides présentent une allure plus lente, plus torpide, les lésions histologiques sont un peu modifiées : on retrouve encore de l’'hyperémie, une dilatation vasculaire intense, avec néofor- mation de capillaires, une accumulation leucocytaire intense autour des vaisseaux. Mais ici l’altération vasculaire porte sur toute l'épaisseur de la paroi sous forme de sclérose; on constate dans le parenchyme une abondance énorme de cellules épithélioïdes; ces cellules sont rondes, globuleuses, chargées de granulations; certains de ces éléments figurent une plaque protoplasmique contenant parfois jusqu'à 10 à 12 noyaux. On se trouve ici, par conséquent, en présence de l’encéphalite hyper- plastique, telle que Hayem l'avait décrite déjà en 1866. À l’aide de substances chimiques irritantes, on arrive donc à provo- quer, chez le chien, une encéphalite superposable dans ses deux formes à l’encéphalite humaine. Ces faits nous ont paru intéressants à signaler pour les raisons qui _ suivent: 3 _ - Is paraissent prouver que le cerveau ou la substance nerveuse en général réagit à l'inflammation pure et simple comme les autres organes. Pareille éventualité a été niée ; il convenait d'insister sur ce point. ; D'autre part, les foyers d’encéphalite hémorragique non suppurée surviennent habituellement à la suite d'infections variées. Bien que sous l'influence de germes infectieux, l'encéphalite n’est donc due qu’au pouvoir phlogogène des produits de sécrétion microbienne. Les bac- 850 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE téries en sont le primum movens, mais la détermination du foyer encé- phalitique relève des toxines (une réserve doit être faite cependant pour les cas où l’on a constaté des bacilles de Koch dans les coupes, comme dans les faits de Bombici). Enfin, il est à noter que le même agent chimique peut, dans nos expériences, provoquer, suivant la dose du poison ou la résistance de l'animal, une encéphalite aiguë hémorragique ou une encéphalite hyper- plastique. Ces faits montrent à l'évidence que ces deux variétés ne correspondent pas à des entités morbides distinctes; elles ne sont que les deux formes d'un seul et même processus, à des degrés variables d'intensité. (Travail des laboratoires de la clinique Charcot et du Val-de-Gräce.) MÉCANISME INTIME DE LA FORMATION DE LA LUCIFÉRINE; ANALOGIES ET HUMO- LOGIES DES ORGANES DE POLI ET DE LA GLANDE HYPOBRANCHIALE DES MOLLUSQUES PURPURIGÈNES, par RAPpnaAEL DuBors. Dans diverses communications antérieures, j'ai montré que, lorsqu'on soumet à l’action des vapeurs de chloroforme, dans un vase bien clos, des siphons de Pholade dactyle, en pleine activité photogénique, il s'écoule, par osmolyse, un liquide visqueux qui, précipité par l'alcool et repris par l’eau, ne brille pas par agitation à l'air libre, maïs devient lumineux par addition d’une parcelle de permanganate de potassium : il contient alors le produit immédiat que j'appelle « luciférine ». On peut montrer que ce corps, photogène par oxydation, ne préexiste pas dans le siphon de la Pholade. Pour cela, on opère comme il a été dit ci-dessus, mais en employant des animaux rendus peu excitables par la fatigue, l’eau confinée, le froid, et dont les siphons ont été débarrassés par un lavage rapide du mucus pouvant contenir de la luci- férine déjà formée. Ces siphons, vivement détachés, sont introduits rapidement dans mon osmolyseur. Le liquide qui s'écoule est reçu dans l'alcool à 95 degrés : il s’y forme un précipité. Celui-ci repris par l’eau, de même d’ailleurs que l'extrait obtenu par évaporation de l’alcool ayant servi à la précipitation, ne brille pas par l’agitation à l’air. Si l'opération a été bien conduite, il ne brille pas davantage quand on laisse tomber un petit fragment de per- manganate de potassium dans le tube qui le contient. D'autre part, les siphons ayant séjourné deux ou trois jours dans l'osmolyseur sont broyés avec du sable de grès blanc et de l’alcool à SÉANCE DU ÀL MAI 851 _ 95 degrés. Le magma, bien lavé à l'alcool, est pressé, puis repris par l’eau. - - Je nomme À et B les deux produits obtenus par la première opéra- tion, et Z celui donné par la seconde. De même que À et B, Z ne brille ni par l'agitation à l'air, ni par le permanganate de potassium. Mais les mélanges A+7Z, B+7Z donnent, au bout de quelques instants, une belle lumière avec le permanganate de potassium, bien qu'ils ne puissent briller par l'agitation avec l'air. Du contact de Z avec À ou avec B est né, par conséquent, un corps qui ne préexislait dans aucun des trois liquides isolés : c’est la luci- férine. L'opération peut être simplifiée en remplaçant respectivement À et B par l'extrait obtenu par évaporation d'une macération de siphon dans l'alcool. Ce qui se passe dans ce cas constitue une analogie fonctionnelle entre les organes photogènes et les organes purpurigènes, puisque j'ai montré que les propigments de la pourpre, donnant la pourpre par l’action de la lumière (Murex brandaris, Purpura lapillus), ou par la Chaleur (Murex trunculus), ne préexistent pas dans la glande, mais sont engendrés par l’action d’une zymase, c’est-à-dire de la purpurase sur la purpurine. La luciférine serait analogue, au point de vue du: mécanisme de sa formation, aux propigments instables des glandes à pourpre. D'ailleurs, les glandes à pourpre et les organes de Poli sont des organes excréteurs jouant vraisemblablement, les uns et les autres, le rôle de reins. Les reins forment des pigments et parfois aussi des substances photogènes, chez l’homme accidentellement, et normalement, dit-on, chez la mouf- fette d'Amérique. D’autres caractères constituent encore des analogies intéressantes entre les fonctions de ces deux organes, et j'aurai l’occasion ultérieure- ment de les mettre en évidence. Quant à l’homologie des organes de Poli et des glandes hypobran- chiales, elle a été admise par M. Edmond Perrier (1), et, d'ailleurs, la structure histologique entre les uns et les autres présente les plus grandes ressemblances. En résumé : la luciférine prend naissance par l'action d'une substance ayant les caractères généraux d une zymase, sur un produit que j'appel- lerai « PROLUCIFÉRINE ». Il ne faut pas confondre la zymase en question avec le principe oxydant que j'ai appelé « luciférase » : celui-ci, dans les expériences rapportées dans cette note, est remplacé par le permanganate de potas- (1) Traité de Zoologie, fasc. IV, p. 1974. Paris, Masson, 1897. 852 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sium qui, dans le cas particulier, constitue üun excellent réactif de la luciférine. - (Travail du laboratoire maritime de Tamaris-sur-Mer.) FONCTION TRICHOGÈNE DU CORPS THYROÏDE. SIGNE DU SOURCIL, par LÉorozp-Lévt et H. pE RoTascuinn. La pathologie, surtout si elle s'appuie sur l’expérimentation, permet de pénétrer dans la physiologie des organes. C'est ainsi que l'étude de l'insuffisance thyroïdienne, à ses degrés divers, conduit à coNERees la fonction du corps thyroïde sur le système pileux, fonction qu on peut appeler trichogène. Il est de notion classique que, dans le myxædème congénilal, il y a absence de poils; les cheveux, rares, sont gros et rudes. Dans le myxædème acquis, les cheveux deviennent durs, cassants et tombent. Les sourcils, les cils, les poils des aisselles et du pubis se raréfient. Le myxædème opératoire entraine la chute des poils ou l'absence de développement de l'appareil pileux. Sous l'influence de la thyroïdectomie chez les animaux, le poil devient rude, moins beau, cassant, tombe. À des degrés moins accentués d'insuffisance thyroïdienne, on note des troubles comparables. Dans l’infantilisme, les caractères sexuels secon- daires manquent. L'évolution de la puberté ne se produit pas chez la fille, il y a absence de poils au pubis. Chez l’adulte, la peau de la face reste glabre. Dans l’hypothyroïdie bénigne, chronique, les cheveux grisonnent ou blanchissent de bonne heure (Hertoghe). La maladie étant souvent familiale, c'est ainsi que s'explique sans doute la canitie précoce, familiale. Dans d’autres circonstances, il se produit de l’alo- pécie allant jusqu'à la calvitie, qui peut être également familiale. Nous avons noté chez une enfant de quatre ans, très arriérée, et qui bénéficie du traitement thvroïdien, l'existence de cheveux blancs, tant il est vrai qu'infantilisme et sénilisme sont souvent associés dans l'insuffisance thyroïdienne. Inversement à tous ces faits, l’hyperthyroïdie qui résulte de l'insuffi- sance ovarienne s'accompagne parfois d’un développement pileux excessif. L'opothérapie thyroïdienne exerce sur l'appareil pileux et en particulier sur les cheveux des hypothyroïdiens une influence bien- faisante. Par sa mise en pratique, la chute des cheveux est parfois arrêtée. La Chevelure chez les enfants pousse plus abondante et plus soyeuse. Les infantiles assistent au développement de l’appareil pileux. La réunion de tous ces faits permet donc de conclure à une Nr T On trichogène du corps thyroïde. SEANCE DU A1 MAI 853 Ceci admis, le rôle du corps thyroïde mérite d'être envisagé dans les alopécies qui ne reconnaissent pas une cause locale, comme celle qui accompagne ou suit la grossesse, celle qui est consécutive aux fièvres graves, celle aussi de la syphilis secondaire. La thyroïdite syphilitique n'est pas exceptionnelle. La neurasthénie de la syphilis secondaire reconnaît peut-être parfois semblable mécanisme. Quant à l'explication de l’action du corps thyroïde sur les poils, on la trouve dans les travaux de M. Gautier (1). La glande thyroïde formerait des nucléo-protéides spécifiques, ren- fermant de l’iode et de l’arsenic, qui sont tout particulièrement attirées par les organes d'origine ectodermique, surtout la peau. Celle-ci les uti- lise, entre autres usages, pour la formation des poils. Parmi les modifications de l’appareil pileux qui résultent ainsi du malfonctionnement spontané ou acquis de la sde thyroïde, il en est une qui doit fixer l'attention. Déjà Hertoghe avait montré qu'il n’est pas rare d’ ter chez les hypothyroïdiens la chute des sourcils à leur partie externe, etles détails qu'il donne sur l’évolution de ce trouble correspondent somme toute à l’évolution de la kératose pilaire dont les dermatologistes reconnaissent d’ailleurs l'existence sur un terrain de strume (terrain souvent d'hypo- thyroïdie). Il est intéressant d'autre part de noter l'absence de la raré- faction des sourcils à leur partie externe, coïncidant en général avec un faible développement des sourcils. Ce signe auquel on peut donner le nom de signe du sourcil est facile à reconnaître et apparaît nettement sur les photographies: Il est d’une banalilé extrême dans le myxædème et les divers étals d'hypothyroïdie. IL est parfois héréditaire, souvent familial. Dans une famille, il peut être proportionnel au degré d'insuffisance thyroïdienne. Il représente donc un élément d’hypothyroïdie et prend plus de valeur s’il coïncide avec un œdème palpébral permanent ou même transitoire. Chez les enfants, la blépharo-conjonctivite chronique joue avec les signes précédents une triade révélatrice. Trouve-t-on ce signe chez tous les hypothyroïdiens? Un très grand nombre de ces sujets sont en réalité des dysthyroïdiens, et le dévelop- pement du sourcil à côté des signes d’hypothyroïdie indique une disso- ciation des fonctions thyroïdiennes. De l’état des sourcils on peut tirer quelques déductions. M. Fournier a décrit sous le nom de signe de l’omnibus la déprédation sourcilière dans le tiers externe qui se voit dans la syphilis secondaire. N'est-elle pas justement liée à un mécanisme thyroïdien ? D'autre part, c'est une notion populaire que le développement des (4) Gautier : La fonction menstruelle et le rut des animaux, Congrès interna- tional de médecine, section de pathologie générale, p. 544. 854 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sourcils, en particulier dans l’espace intersourcilier, indique de la volonté, de l’opiniätreté. La relation entre la volonté et l’état des sour- cils ne se DUenit ns pas par l'intermédiaire du corps thyroïde? L'hypo- thyroïdie s SHoUnasDe facilement d'hypoboulie, qui, par po. peut aller jusqu'à l'aboulie de la neurasthénie. Enfin, le développement des sourcils et surtout des cils est consi- déré parfois comme faisant partie des signes de prédispositiom à la méningite, en particulier tuberculeuse. Il y a là hyperthyroïdie, comme le prouvent la précocité intellectuelle, le nervosisme habituel. On voit done que l'examen de l'appareil pileux, et en particulier des sourcils et cils, a une importance pour la séméiologie et la pathologie générale. De minimis curat observator. RECHERCHES SUR LA CIRCULATION DES « GLANDES CALCIFÈRES » DES LOMBRICS, par ANDRÉ COMBAULT. À la suite des mechencRes que j'ai consignées dans mes notes précé- dentes (1), j'ai été amené à étudier la circulation du sang dans l'organe de Morren pour rechercher s'il y avait hématose. La circulatiou des « Glandes de Morren » a déjà été l'objet d’études détaillées de la part de Maurice Jacquet. Mais cet auteur n'ayant cherché, suivant sa propre expression, « qu'à pré- ciser la disposition des canaux sanguins sans entrer dans des considérations au point de vue de la marche du sang », sa description n'a qu'un intérêt d'anatomie de détail et est dépourvue de tout ordre logique. Souvent, il suit les vaisseaux à l'inverse du flot sanguin, commence sa description par où elle aurait dû finir, considère comme une anastomose le tronc principal, pour une branche afférente une branche efférente, etc. Cependant sa description est scrupuleuse et, à part les flèches et quelques détails, mon dessin pour- : rait illustrer son ouvrage. Harrington, parti de la description de Jacquet, commet les mêmes erreurs. J.-B. et Sarah Johnson, qui ont étudié le sens de la course du sang chez le Lombric, n’ont point fait porter leur étude sur les vaisseaux « intestino-tégumentaires » de Jacquet. Je n’ai pas pu, comme l’ont fait Jacquet et Harrington, tirer de grands renseignements des injections vasculaires, et j'ai dû reconstruire tout le système vasculaire de la région d’après des coupes en série, ce qui m'a, je crois, donné des résultats beaucoup plus précis. Les procédés de J.-B: et Sarah Johnson, pour examiner le sens de l’ondée sanguine, ne m'ont pas non plus donné de bons résultats sur les vaisseaux de l'organe de Morren. Mais j’ai pu tirer de précieuses indi- cations de la simple observation des vivisections. (1) Notes des 22 mars, 19 et 26 avril. ps SÉANCE DU ÎL MAI 855 La couche musculaire qui entoure l'organe de Morren est animée de contractions péristaltiques allant d’arrière en avant. Dans l'intervalle des contractions, la paroi externe et la paroi interne de l'organe ont Paspect de véritables nappes sanguines; pendant les contractions, les sinus se vident entièrement de leur contenu. L’organe de Morren, par ces contractions, se conduit done comme un véritable cœur imprimantt au sang un mouvement d’arrière en avant. Le sang de l'organe de Morren vient du vaisseau dorsal qui, en arri- vant à ce niveau, diminue considérablement, car presque tout son contenu passe par l'organe de Morren. Il donne de très nombreuses paires de branches descendantes, ba’, ba’, vit, ba°SS, qui contournent la surface externe de l'organe en alimentant les sinus externes. J, jabot; æ, œsophaze; I, IL, II, IV, lobes de l'organe de Morren; cg, chaine ganglionnaire ; vd, vaisseau dorsal; vn, vaisseau sus-nervien ; vSn, vaisseau sous- nervien ; vnl, vaisseau nervien latéral; ba!, ba?, baÿ, branches afférentes de l'organe de Morren; vit, origine de l'intestino-tégumentaire; SS, sinus sanguin; s', s°, s°, s', branches séminales ; be!, be?, be*, be, branches afférentes; bt, branche tégumen- taire ; ft, rameau tégumentaire; v'i't', origine de l'intestino-tégumentaire de Jacquet; cl, clé, ci, cœurs latéraux (1). L'une d'elles, très importante (vit) est la partie terminale du vais- seau intestino-tégumentaire de Jacquet; elle vient former un arc lon- gitudinal sous l'organe en donnant des branches ascendantes et des branches séminales par les 4°, 3° et 2° paires. Entre les lobes 2 et 3, on trouve un sinus sanguin connu depuis longtemps (SS); il est très abondant et communique en bas avec le vaisseau intestino-tégumentaire, en haut avec le vaisseau dorsal. Toutes ces branches latérales aboutissent aux sinus longitudinaux externes de l'organe de Morren, sauf l'extrémité antérieure très grêle (1) Ces cœurs latéraux rajoutés pour la compréhension du dessin ne sont pas moniliformes comme ils devraient l'être chez l'Heliodrilus caliginosus. 856 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du vaisseau intestino-tégumentaire qui se jette directement dans une branche efférente de l’organe de Morren, Des sinus longitudinaux externes, après avoir traversé les lamelles de l'organe de Morren, le sang passe dans les sinus longitudinaux internes et, de là, dans un certain nombre de vaisseaux nés sous l’épi- thélium de l’œsophage (be”, be”, be*, be‘). Ces vaisseaux le transportent, les uns (be', be”) au vaisseau dorsal, qui augmente de volume et semble renaîlre ; les autres (be° et be‘) à un tronc commun, qui se divise en deux branches très importantes : la première (vit) (portion initiale de l'intestino-tégumentaire de Jacquet) va au vaisseau dorsal; la deuxième (bt) est la branche tégumentaire de l’intestino-tégumentaire de Jacquet. Les deux dernières paires de cœurs latéraux, qui cheminent sur la paroi externe de l'organe de Morren, n’ont aucun rapport avec lui et vont simplement du vaisseau dorsal au vaisseau ventral. On voit que, loin de combattre l’idée de l'assimilation de cet ensemble de vaisseaux au vaisseau intestino-tégumentaire décrit par Edmond Perrier chez l'Urochæta, je propose une description qui s’en rapproche bien davantage. ABCÈS PROVOQUÉS ET OEDÈMES EXPÉRIMENTAUX, + par ÉMILE FEUILLÉ. Dans nos expériences actuelles, nous cherchons à établir l’indépen- dance, d'une part des lésions rénales, d'autre part de l’albuminurie et de l’œdème isolés ou associés. ee Nous avons étudié, dans des communications récentes (1), la produc- tion d'albuminurie aux dépens de leucocytes dégénérés. Pour la seconde partie de notre proposition, nous avons étudié cette fois des œdèmes aussi localisés que possible. Si à un chien on fait des injections sous-cutanées d’une solution de sublimé, on obtient la première fois, au point injecté, au bout de douze à quinze heures, une large tuméfaction de consistance très molle. On a produit un œdème localisé d’un volume beaucoup plus considérable que celui de la solution employée. En continuant tous les jours une injection semblable en des points différents, on s'aperçoit, dès la quatrième ou la cinquième piqüre, que (1) Emile Feuillié. Influence des abcès provoqués sur l’albuminurie, Soc. de Biol., 20 avril 1907, — Comparaison de l'influence des abcès provoqués et de l’intoxication mercurielle sur l’albuminurie, Soc. de Biol., 27 avril 1907. SÉANCE DU 1À1 MAI 857 le volume de l’œdème diminue en même temps que sa consistance augmente. À parlir du huitième ou du neuvième jour, chaque injection produit d'ordinaire une véritable plaque dure. Au lieu d’æœdème très mou, nous avons un nodule ferme. En même temps, l'examen quotidien du sang montre la disparition progressive des leucocytes en voie de dégénérescence : il s’est fait une véritable rénovation leucocytaire. Il en est de même chez l'homme. Par des injections sous-cutanées d'un centimètre cube d'une solution de sublimé, on a, suivant les sujets, au point de l'injection, un léger œdème très mou ou un nodule ferme. Par l'examen des globules blancs du sang, il est possible de prévoir que dans douze ou quinze heures on aura de l’æœdème, si ces leucocytes. en voie de dégénérescence sont particulièrement aan Pour éliminer toute cause d'erreur dépendant des variations de dif- fusion dues à l’état local lui-même, nous avons employé l'huile au calomel et l'huile grise diluées. Chez des sujets normaux, ces injections dans le tissu cellulaire sous- culané produisent rapidement un nodule ferme. A l’état pathologique, quand il existe en circulation un plus grand nombre de leucocytes à résistance diminuée, on constate au contraire une plaque molle d'œdème ou un pelit abcès aseptique. Des abcès semblables peuvent se produire avec la solution de sublimé. * Mais tout cristalloïde peut avoir de pareils effets si on augmente suf- fisamment le degré de concentration de sa solution. C’est ainsi que nous nous sommes servi, surtout au début de nos recherches, de solutions de ferrocyanure de potassium. Nous employons maintenant des solu- tions de chlorure de sodium. En opérant aseptiquement, il est possible d'ordinaire de prévoir par lexamen du sang si l'injection d’une même solution de chlorure de sodium va provoquer localement un nodule ferme, de l’œdème ou une petite collection purulente. L'appréciation, à la palpation, de ces ersnce de consistance se fait le plus souvent sans la moindre difficulté. Cependant, même avec une suppuration aseptique, il peut se produire une coque dure masquant le pus. Mais c'est alors une réaction tardive. Ce qui importe, c'est la consistance du point injecté après douze ou quinze heures. Par ces recherches, nous avons établi une analogie pathogénique entre ces œdèmes et ces abcès localisés. L'examen des leucocytes du sang peut nous permettre de prévoir leur formation. Il existe donc un lien étroit entre l’existence dans le sang d’une plus ou moins grande quantité de leucocytes en voie de dégénérescence et la BroLoere. Cowpres ReNDus. — 1907. T. LXII. 59 858 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE production de nodules, d'’œdèmes ou d’abcès aseptiques provoqués. Nos injections n'ont fait que terminer localement la destruction des éléments à résistance amoindrie. | Par l'examen de leucocytes du sang, on peut donc prévoir certains œdèmes sans s'occuper du rein. Nous présentons ces faits à l’appui de la proposition que nous émet- tions l’année dernière (1) : tout œdème a pour origine, au moins en partie, une leucolyse tissulaire, sans rejeter la participation locale des éléments conjonctifs. Nous verrons plus tard quelles indications nous pouvons tirer de ces recherches au point de vue de l'opportunité du traitement mercuriel. (Travail des laboratoires de M. le professeur Bouchard et de l'hépital Claude-Bernard.) DE L'ACTION FAVORISANTE DU FROID SUR LE TÉTANOS EXPÉRIMENTAL, par M. Cruca. On sait que l'injection sous-cutanée de spores tétaniques chauffées à 80 degrés est inoffensive. M. Vincent a démontré que l’hyperthermisa- tion des animaux inoculés supprime la résistance de l'organisme et pro- voque l'apparition d’un tétanos généralisé. Nous avons fait des consta- tations analogues chez des souris soumises au froid. Les animaux, déposés dans un cristallisoir sur un mélange de glace et de sel, sont soumis pendant une heure à un froid de — 2 degrés. Ilne faut guère dépasser ce temps; dans les conditions indiquées ci-dessus les animaux meurent de froid au bout de trois heures. Immédiatement avant l'exposition au froid, les souris recoivent, soit dans une patte, soit dans la cavité péritonéale, 1/4 de centimètre cube d'une culture de télanos vieille de huit jours et chauffée une heure à 80 degrés. L'incubation dure quatre jours. Au bout de ce temps se. déclare un tétanos généralisé d’emblée avec raïdeur des quatre membres, pleurostotonos, opisthotonos et hyperesthésie très accentuée.. L'animal meurt au bout de seize ou vingt heures. Nous avons pu isoler par la culture le bacille du tétanos, du sang, de la rate et du foie. Les témoins inoculés avec la même dose, mais non soumis au froid, n'ont présenté aucun phénomène tétanique. | On provoque l'apparition du même tétanos généralisé lorsque l’ino- (1) Emile Feuillié. Contribution à l'étude du mécanisme de l’albuminurie et de l'æœdème. Soc. méd. des hôpitaux, 21 avril 4906. SÉANCE DU 11 MA 859 culation des spores chauffées a lieu non pas avant mais immédiatement après l'exposition au froid. Il semble que dans ce second cas la période d'incubation soit un peu plus courte; elle dure trois jours au lieu de quatre, comme dans la première série d'expériences. L’hypothermisation des souris, de même que leur hyperthermisation, supprime donc leur résistance à l’inoculation de spores tétaniques chauffées. Dans l'un et l’autre cas, l’incubation, assez longue, est suivie d’une véritable septicémie à bacilles de Nicolaier. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de Bucarest.) e MÉTAMORPHOSE CANCÉREUSE DES GLANDES BRUNNÉRIENNES DU DUODÉNUM, par MAURICE LETULLE. De tous les problèmes de pathologie générale encore à l'étude, il n’en est pas de plus fouillé et en même temps de moins résolu que celui de la « nature du cancer épithélial ». Cette enquête universelle a mis aux prises deux écoles, deux doc- trines en apparence inconciliables : celle du « parasitisme », qui pré- tend voir, incorporés à l’épithélium tumoral, des êtres vivants encore indéterminés agissant sur lui en symbiose plus ou moins durable, et celle de la « monstruosité hyperplasiante », qui se contente de recon- naître à la cellule épithéliomateuse une vitalité exubérante, désordonnée et des aptitudes anormales, anarchistes au sens propre du terme. Tout ou presque tout ayant été dit, de part et d’autre, sans entrainer la défaite avouée de l'adversaire, la parole reste aux faits nouveaux. D'un côté, les expérimentaleurs recherchent les preuves de la contagiosité du cancer et ses conditions pathogéniques; de l’autre, les histo-patho- logistes recueillent des pièces et ont, parfois, le rare bonheur de saisir, à son début même, la lésion cancéreuse et d’en pouvoir fixer « l’ori- gine », élément indispensable à {oute enquête sincère sur la cause du mal. On connaît les remarquables travaux de M. Hayem sur les glandes _ de Brunner et le rôle qu'il leur assigne dans la pathogénie des inflam- mutions ulcéreuses et des tumeurs de l'estomac. Le duodénum, qui, dans sa portion sus-vatérienne, participe d’une manière intime aux souf- frances de la muqueuse gastrique, mérite une étude méthodique de ses altérations brunnériennes. L'observation que je rapporte est un cancer « naissant » du duodénum, un épithélioma cylindrique commençant à 860 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE se développer aux dépens des glandes en grappe de la sous-muqueuse, un cancer « brunnérien » pur, bien circonscrit encore aux lobules glandulaires. é Les figures et les préparations que je présente permettent d'assister à la métamorphose progressive des acini brunnériens en loges ou cavités épithéliomateuses. Les lobules salivaires se transforment en vastes cavités irrégulièrement tapissées par des épithéliums cylindriques. Les cellules glandulaires, si caractéristiques, perdent peu à peu leur spécificité et, d’épithéliums eubiques, petits, à protoplasma clair et granuleux, deviennent de grandes cellules hautes, cylindriques, vigou- reusement accessibles aux matières tinctoriales. La chromatine du noyau, plus dense, plus avide des colorants basiques, acquiert une activité proliférative très grande : de nombreuses figures karyokiné- tiques en font foi. Bref, l’épithélium sécrétoire prend de plus en plus l'apparence de cellule de revêtement, d’épithélium excrétoire mucigène. À mesure que les épithéliums brunnériens se transforment de la sorte, les acini s’élargissent, se distendent, sans toutefois se remplir de pro- duits soit cellulaires, soit de sécrétion. Les cloisons interacineuses se déforment : le plus grand nombre s’effondrent et laissent la place aux replis d’épithélioma cylindrique qui végétaient autour d'elles; les autres, celles qui correspondaient à la gangue conjonctivo-vasculaire péri-lobulaire normale, s’épaississent pour former la limite encore intacte d'ilots, on pourrait dire de « lobules » d’épithélioma enclavés dans la sous-muqueuse, exactement aux lieu et place des glandes de Brunner dont on ne trouve plus trace en maints endroits. Les canaux excréteurs des glandes de Brunner qui traversent la muqueuse intacte et s'ouvrent à sa surface sont, de même, dilatés et tapissés par une couche unique d'épithéliums cylindriques en voie de cancérisation. L’infestation des espaces interstitiels et des voies lymphatiques par les colonies épithéliomateuses ne s’est pas encore produite autour des acini cancérisés. Le reste du duodénum et, en particulier, les ganglions lymphatiques qui côtoient sa surface sont indemnes. Le cas dont je viens de résumer les caractères microscopiques cons- titue une découverte d’autopsie, ayant été trouvé par moi sur un cadavre atteint de néphrite chronique compliquée de lésions urémiques du duodénum. Il permet de saisir sur le fait un des caractères fonda- mentaux de la « métamorphose cancéreuse » des épithéliums glandu- laires qui, sous ia poussée d’une cause encore inconnue, peuvent perdre leur spécificité et recevoir l'impulsion hyperformative et désordonnée qui est la caractéristique même du cancer. Un détail, capital à mon avis, est encore mis en lumière par cette observation précieuse. C’est la « sélection spécifique » du processus de SÉANCE DU A1 Mai 861 métamorphose cancéreuse. Dans ce duodénum, dont j'ai examiné minu- tieusement la structure, seules, les glandes de Brunner ont été action- nées par le molimen de la cancérisation ; aucune des glandes de la muqueuse, glandes de Lieberkühn, dont l’épithélium est cylindrique et mucigène, n’a subi l'influence tumorale qui bouleversait le voisinage. Aucun élément de ces glandes n’a eu la moindre velléilé de suivre le mouvement qui désorganisait, tout contre lui, à l’intérieur des canaux -excréteurs brunnériens, la vitalité spécifique des épithéliums. La « doctrine parasitaire » du cancer, si elle parvient un jour à imposer sa loi, devra tenir compte de ces sélections spécifiques. Elle devra expliquer aussi : 1° l’effraction facile des barrières connectives par l’épithélium cancéreux ; 2° sa vitalité monstrueusement formative et ses élaborations, souvent organoïdes, à l’intérieur des cavités sanguines et lymphatiques, autrement dit dans les « milieux connectivo-vaseu- laires » qui, à l’élat normal et dans tous les états pathologiques inflam- matoires, lui demeurent partout et toujours invinciblement fermés. III. INTRODUCTION À L'ÉTUDE DE LA SPÉCIFICITÉ CELLULAIRE. — TRANSPORT DE COLLOÏDES A TRAVERS DES COLLOÏDES. — SUC PANCRÉATIQUE ET OVAL- BUMINE, par HENRI ISCOvVESco. Si on étudie, suivant la technique exposée dans ma nole de la séance précédente, comment se comporte le suc pancréatique de chien (obtenu par fistule et injection de sécrétine) à l'égard de l’ovalbumine coagulée ou de gélatine refroidie dans la partie horizontale d’un tube en U placé dans un champ électrique de très faible intensilé, on observe les faits suivant(s : I. — Le suc pancréatique donne à l’ovalbumine coagulée une charge positive et prend lui-même une charge négative. Il se transporte, en effet, dans un champ électrique en grande quantité vers le pôle positif. IT. — Le même suc pancréatique préalablement dialysé (C = 47,10), placé au-dessus de l’ovalbumine coagulée et dans un champ électrique, change de signe; il devient électropositif et l'ovalbumine prend une Charge négative. III. — Si, au-dessus de l’ovalbumine, on place de l’eau distillée, on constate, par le déplacement de l’eau dans le même champ électrique, que l’ovalbumine a pris une charge négative, et l’eau distillée une positive. Mais à juger par le déplacement de beaucoup moins important du liquide, il semble que celte charge est beaucoup plus petite que dans les expériences II. 862 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IV. — Si, au-dessus de l’ovalbumine coagulée, on met du suc pan- créatique bouilli, les résultats sont identiques à ceux qu'on a dans les expériences II, et de même intensité. V. — Si on cherche dans les expériences avec le suc pancréatique pur ou dans les autres si l’ovalbumine subit une modification quel- conque par l'action combinée du courant électrique et du suc pan- créatique, on constate que l’albumine n’est nullement modifiée du côté positif, alors qu’il existe une modification très importante du côté négatif. En effet, de ce côté et sur une longueur qui varie d’après la durée du passage du courant, l’albumine devient translucide, puis absolument transparente, et finit même par se dissoudre. RS Si on s'arrête à un stade assez peu avancé pour qu'il n’y ait pas encore dissolution, et qu’on recueille la colonne d’albumine du côté négatif devenue transparente, on constate qu'il s'agit là tout uniment d'une conséquence banale du passage du courant à travers un milieu conte- nant des sels de sodium. En effet, l’albumine translucide est tout sim- plement de l’alcali-albumine produite par la soude qui s'accumule du côté négatif par électrolyse. On observe, d’ailleurs, cette formation d'alcali-albumine au pôle négatif, même si on met simplement de l’eau distillée dans le tube à transport. Il résulte donc de cette note : 1° La charge de l’ovalbumine coagulée, en présence du suc pan- créalique, est électropositive ; 2 Cette charge esl inversée en présence de suc pancréatique dialysé ou boullli, c'est-à-dire qu'elle devient électronégative ; 3° Cette charge ne semble pas uniquement due aux sels. En effet, elle est beaucoup moins intense quoique de même signe avec l’eau distillée qu'avec le suc pancréatique dialysé. Ce qui confirme cette supposition, c'est que le suc dialysé se comporte exactement comme le suc bouilli qui, cependant, n'est pas privé de sels. La charge de l’ovalbumine, en présence du suc pancréatique, doit être fonction, par conséquent, non seulement des sels, mais aussi de quelque chose qui passe à travers les sacs à dialyse et qui est destructible par la chaleur. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) \ : SÉANCE DU 11 MAï 863 DE L'AUTOTOMIE ÉVASIVE CHEZ LE CRABE, par H. PiéRoN. Il est considéré aujourd’hui comme acquis, à la suite des recherches, devenues classiques, de Fredericq, que l’autotomie, tout au moins chez le crabe, où elle est particulièrement manifeste, résulte d’un simple réflexe. « Comme tous les moyens de défense, dit Cuénot en parlant de l’'autotomie, ce n’est pas un acte raisonné, volontaire; c'est un pur réflexe, c'est-à-dire un acte involontaire (1). » Les expériences de Fredericq (2) ont porté principalement sur le Car- cinus mænas; elles ont mis en évidence la rupture du membre suivant un mode aujourd'hui bien connu, sous l'influence des excitations faites de son nerf, excitations par brisures, coupures, brûlures, écrasements, actions chimiques caustiques ou passages de courants électriques; jamais il ne fut constaté d’autotomie par simple suspension sans écra- sement. Et le caractère réflexe de l’autotomie se trouva vérifié par le fait que l’action des ganglions cérébroïdes et des connexions du collier œsophagien avec la masse ventrale ne changea rien au phénomène, qui était uniquement lié à l'intégrité de cette dernière masse ganglionnaire. : Des expériences de de Varigny (3) sur le Carcinus mænas et le Por- tunus puber confirmèrent pleinement ces conclusions. | Or il se trouve qu ‘elles ont cependant besoin d’être revisées. Chez le Grapsus varius, crabe agile qui vit dans les rochers sur les côtes sud de l'Océan, il est facile de constater, lorsqu'on le saisit, si doucement que ce soit, par une patte, que la patte estautotomiséeimmédiatement, surtout lorsque le crabe ne peut se servir de ses pinces pour se défendre et qu’il est près d'une anfractuosité où il s'enfuit immédiatement. Même saisis par trois pattes à la fois, des Grapsus abandonnent tous ces membres et s’échappent. En reprenant un même Grapsus plusieurs fois, on peut arriver à lui faire abandonner jusqu’à 7 de ses membres sur 10, mais jamais plus; ies mem- bres qui restent ne sont plus autotomisés que s'ils sont lésés. -L'autotomie sans excitation violente des nerfs de la patte est incontestable chez le Grapsus; mais ce phénomène, qui est d'une évidence absolue et que les pêcheurs ou mieux les chasseurs de ces crabes connaissent tous, ce phé- (4) Conférence à la réunion annuelle de la Société zoologique de France, 1898. (2) Archives de Biologie, t. III, 1882, p. 235-240. Archives de zoologie expé- rimentale et générale, 2 série, t.1, 1883, p.413-426.Revue scientifique, 1886, t. IT, p- 614. Travaux de laboratoire, 1887-88, 1891-92. Mémoires de l’Académie royale de Belgique, 1893, t. XXVI, p. 75 et 199. (3) Revue scientifique, 1886, t. II, p. 309. 864 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nomène est beaucoup moins net lorsqu'on veut l’étudier ailleurs que dans l'habitat normal des animaux, au laboratoire par exemple, même lorsqu'il s'agit d'individus fort bien portants. On peut alors, par suspension du crabe, se trouver fort incapable d’obtenir la reproduction du phénomène. C’est ainsi que, sur un grand nombre de Grapsus qui m'ont été expédiés il y a quel- ques jours, je n'ai obtenu l'autotomie par suspension à la main que chez quatre d’entre eux, au bout d’un temps variable, entre 30 secondes et 3 minutes. D'autre part, en suspendant 4 Grapsus au-dessus d’un aquarium, au moyen d’un fil lié à différentes hauteurs et à différents membres, 2 autotomisèrent et se libérèrent ainsi en moins de vingt-quatre heures, alors que les 2 autres moururent au bout de cinq jours sans avoir autotomisé. Sur trois autres, sus- pendus de la même facon, deux autotomisèrent encore en moins de vingt- quatre heures. Cette autotomie par simple suspension ou par immobilisation des mem- bres (1) disparaît à la suite de la rupture des connexions commissurales entre le collier œsophagien el la masse ventrale. . Il semble donc bien qu'il existe chez le Grapsus varius une autotomie évasive, suivant l'expression très juste de M. Giard (2), dépendant des ganglions supérieurs, c'est-à-dire apparaissant comme étant non pas un réflexe simple, mais, sinon même un acte volontaire, du moins un réflexe psychique au sens de Pavloff. Je n'ai pu mettre en évidence une telle autotomie sur le Carcinus mænas, mais les observations répétées des chasseurs de crabes, la remarque de Parize (3) tendraient à faire croire qu'une telle autotomie, plus rare, plus dificile à constater, pourrait aussi exister chez lui; et l’on comprendrait très bien qu’elle ne se soit pas dès lors manifestée dans les expériences de laboratoire de Fredericeq. Le mode de vie du Carcinus, qui cherche beaucoup moins que le Grapsus son salut dans la fuite et ne se dissimule pas autant dans des refuges inaccessibles, expli- querait la plus grande rareté de son autotomie volontaire. Mais, dans tous les cas, il existe, en dehors de cette dernière, une autotomie réflexe, d'un caractère éthologique différent et sur laquelle nous reviendrons. (Travail du laboratoire d'évolution des êtres organisés.) (1) Un Grapsus que je maintenais sur le dos par les deux pinces pour, avec des ciseaux, sectionner les commissures autotomisa les deux pinces dès que la pointe des ciseaux le piqua et se retourna prestement. (2) Bulletin scientifique du nord de la France, t. XVII, p. 308. (3) Revue scientifique, 1886, t. II, p. 379. Cet auteur a observé un C. mænas vigoureux, qui, saisi à la patte par le tentacule d’un poulpe, l’abandonna et échappa. Il attribue ce phénomène, mis en doute par Fredericq, à l'influence de la peur. SÉANCE DU 11 MAI 865 DE L'INTERVENTION DU SYMPATHIQUE DANS LA SÉCRÉTION CHLORHYDRIQUE DE L'ESTOMAC, par RENÉ GAULTIER. Les conclusions de cette communication exposent les résultats d’expé- riences entreprises sur le rôle du sympathique dans la sécrétion chlor- hydrique de l'estomac, avec l’aide de M. Bontemps, dans le laboratoire de la clinique médicale de l'Hôtel-Dieu, à l’occasion d'observations de malades présentant des troubles gastriques avec hyperchlorhydrie au cours d'affections où le sympathique est considéré habituellement comme jouant un rôle important, qu'il soit troublé dans son fonction- nement par une altération primitive ou secondaire. Je veux parler de basedowiens qui nous ont présenté à considérer non point des symptômes gastro-intestinaux satellites des grands symptômes cardinaux de cette affection, mais une hyperchlorhydrie gastrique et une diarrhée acide profuse, symptômes précurseurs des autres signes de cette maladie dont ils constituaient une véritable forme fruste, que nous avons décrite en 1905 et qui nous a incité à tenter des expériences qui nous ont permis, dès cette époque, d'envisager, à l’encontre des données classiques, le sympathique comme un des facteurs évidents de la sécrétion chlorhydrique. Aujourd’hui, mon opinion est plus affermie et voici sur quelles consi- dérations je crois qu'à l'heure actuelle cette thèse peut être appuyée. 4° Tout d’abord il apparaît, tant d’après les observations cliniques que d’après l’expérimentation, qu’il existe entre la sécrétion chlorhydrique et la sécrétion peptique une assez grande indépendance, puisque, comme le dit Car- valho dans l’article du D’ C. Richet, « ces deux sécrétions se comportent très différemment vis-à-vis de la plupart des causes qui modifient l’activité sécré- toire de l’estomac (aliments, maladies, substances toxiques, etc.); 2° D'autre part, les expériences de Contejean chez la grenouille et chez le chien semblent bien établir l'influence de la circulation sanguine sur la sécré- tion acide de l'estomac, la réduction de la circulation entrainant une diminution de son acidité ; tandis qu’il n'apparaît point qu’elle intervienne dans la sécré- tion peptique, puisque cette dernière peut se faire encore chez des animaux saignés à blanc, nouvelle preuve de l’indépendance des deux sécrétions. Reste à expliquer l’action des différents nerfs gastriques dans le phé- nomène de l’hyperacidité. 3° Or, après énervation totale de l'estomac avec conservation de l'irrigation sanguine, on peut constater qu'avec une digestion des albuminoïdes très amoindrie, le suc gastrique possède encore son acidité normale ; &° La section des pneumogastriques n’entraîne qu'une légère diminution de 866 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'acidité chlorhydrique, tandis que la digestion des albuminoïdes est fortement - entravée ; 5° L’excitation du bout périphérique de ce même nerf entraînerait une augmentation de la sécrétion peptique, mais l'acidité resterait à peu près identique ; 6° L'excitation des splanchniques ou des plexus solaires resterait presque sans effet sur l'acidité gastrique ; 1° Par contre, nos expériences ont mis en évidence que la section des splanchniques entraîne une hyperacidité chlorhydrique prononcée et constante ; 8° Que l’extirpation du piexus cœliique entraîne de même une hyperacidité constante ; 9° Enfin, d’après un travail récent de Schupfer (1), et tout à fait confirmatif de notre opinion, la destruction des racines rachidiennes antérieures et posté- rieures de la 5° à la 9° paire dorsale, origines du grand splanchnique, entrainerait également une hyperacidité chlorhydrique constante. En tenant compte du rôle manifeste de la circulation sanguine dans la sécrétion chlorhydrique d'une part, et, d'autre part, du rôle bien connu du sympathique sur les vaisseaux sanguins que la vasodilatation et les hémorragies constatées dans la muqueuse gastrique de nos ani- maux après l’ablation des splanchniques ou l’extirpation des plexus solaires mettent encore en évidence, peut-être est-il permis de supposer que le sympathique, par l'intermédiaire de la circulation, joue.un rôle de régulateur dans la sécrétion chlorhydrique de l'estomac, et cette considé- ration qui résulte des faits expérimentaux ci-dessus signalés nous don- nerait l'explication physiologique des quelques faits pathologiques observés. (Laboratoire de la clinique médicale de l’'Hôtel-Dieu.) LÉSIONS RÉNALES DÉTERMINÉES PAR L'ANÉMIE ARTÉRIELLE DU FOIE, par M. Doyon, CL. GAUTIER et A. PoLIcaRD. [. — La ligature du tronc cœliaque et de l’artère mésentérique supé- rieure, pratiquée chez le chien auquel on vient de faire subir l’extirpa- tion de l'intestin, détermine en quelques heures des lésions rénales graves. Il. — Les lésions ne frappent pas uniformément tous les tubes uri- naires. Certains paraissent intacts ; d’autres au contraire présentent des (1) Schupfer. 11 Policlinico, avril 1906; Gaz. medica, vol. XIII, M., fasc. IV, p. 142-166. DÉS La À: CA PR SÉANCE DU Al Mat 867 lésions d'intensité variable suivant les différents tubes. Mais il semble bien que dans chaque tube urinaire les lésions soient de même degré. Les altérations sont strictement localisées au premier segment ou seg- ment à bordure striée et à bätonnets d’ÆAeidenhain (tubulus contortus). Les autres segments du tube urinaire (glomérule, segment grêle, seg- ment intermédiaire de Schweigger-Seidel) ne paraissent pas altérés. Les lésions consistent en une nécrose des éléments épithéliaux carac- térisée par : l'homogénéisation du protoplasme ; la disparition dela bor- dure striée et des bâtonnets d'AHeidenhain ; la déformation et le ratatine- ment du noyau avec transformation pycnotique; l’émission de boules _sarcodiques dans la lumière tubulaire. de rats di. PA III. — Les lésions rénales dépendent de l’anémie artérielle du foie; on ne les constate pas après la seule ablation de l'intestin. IV. — Rappelons que l’anémie artérielle du foie détermine des con- vulsions. Ces convulsions sont généralisées et surviennent par accès souvent très rapprochés. Si on pratique en plus l’exclusion du rein par ligature du pédicule vasculaire, les convulsions apparaissent plus tôt. Dans un de ces derniers cas elles ont apparu deux aeures après l’opéra- tion et ont duré cinquante-cinq minutes (1). (Travail des laboratoires de physiologie et d'anatomie générale de la Faculté de médecine de Lyon.) SUR LE DOSAGE DE L'AMMONIAQUE, par À. RONCHÈSE. Dans une note précédente (2) j'ai indiqué un procédé de dosage de l’ammoniaque, basé sur l’action du formol sur les sels ammoniacaux. Suivant le cas, il conviendra d'employer l’une des techniques sui- vantes : Dosage d'un sel ammoniacal. — La solution étant neutre, la prise d'essai est étendue à 100 centimètres cubes environ par de l'eau dis- … tillée, privée de gaz carbonique, additionnée de quelques gouttes de phénol-phtaléine et d'un grand excès d’une solution neutre de formol au demi. On verse alors à l’aide d’une burette de Mohr une solution décinormale de soude jusqu’à coloration légèrement rose du liquide, (4) Hahn, Massen, Nencki, Pavlov ont eu l’idée de faire rechercher l’état du rein à la suite de leurs essais d'exclusion du foie chez le chien; toutefois leurs . résultats sont très imprécis. (2 Ronchèse. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 4 mai 1907. 868 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Chaque centimètre de soude versé correspond à 0,0017 d’ammoniaque dans la prise d'essai. Ce dosage ne peut être fait en présence de méthyl-orange, ni de cochenille, l'hexaméthylène amine étant alcaline vis-à-vis de ces indi: cateurs, ainsi que l’a signalé Eschweiller (1). En opérant en présence de tournesol, le virage n’est pas très net. Les réactions sont au contraire très nettes en présence de phénol-phtaléine, car au moment du virage il n’existe plus de sel ammoniacal. Lorsqu'on a à doser un sel ammoniacal en solution acide, il se pré- sente une difficulté. Avant d'effectuer l'addition de formol, il est néces- saire de neutraliser la solution; mais on sait que les sels ammoniacaux agissent sur le phénol-phtaléine en retardant l’apparition de la teinte rose. On est donc amené à ajouter quelques gouttes supplémentaires de soude, ce qui donne une légère erreur par défaut. On peut pallier cet inconvénient en opérant sur des prises d'essai ne contenant pas plus de 10 centimètres cubes d’ammoniaque décinormale. Je me suis assuré que, dans ces limites, la quantité de soude qu'il faut verser en lrop est sensiblement proportionnelle à la quantité de sel ammoniacal ; elle est d'environ 0 c. c. 1 pour 3 centimètres cubes d’ammoniaque décinor- male contenue dans la prise d'essai. Une fois le dosage lerminé, il suffit d'ajouter cette quantité au chiffre de lecture. Dans le cas où l'acidité est due à un acide fort, on peut éviter toute eorreclion et obtenir un dosage rigoureux en divisant la prise d’essai en deux parties égales. Sur l'une, on pratique le dosage décrit plus haut, sans neutralisation préalable; sur l’autre, on détermine l'acidité en présence d’un indicateur non influencé par les sels ammoniacaux. Le tournesol d'’orcine, la rézazurine, l'acide rosolique et la fluores- céine sont parmi les plus sensibles. On retranche ensuite du chiffre- total la part qui revient à l’acidité préexistante. Dosage de l'azote total. — La transformation des substances azotées en sulfate d’ammoniaque étant faite par le procédé de Kjeldhal, on a à éffectuer un dosage d’ammoniaque en solution très acide. On neutralise la presque totalité de l'acide par de la soude au demi et on achève la neutralisation par de la soude très diluée. On est ramené au dosage précédent. Chaque centimètre de soude décinormale versé correspond à 0 gr. 0014 d'azote dans la prise d'essai. Dosage précis de l'urée dans l'urine. — O. Folin (2) a indiqué une méthode de dosage d'urée qui a été reconnue par M. Sallerin (3) comme précise et donnant des résultats comparables à ceux fournis par la méthode de Mærner et Sjægvist, modifiée par Braunstein. Le (4) D. Ch. C. t. XXII, p. 1565. (2) O. Folin. Zeitschr. physiol. Chemie, t. XXXII, p. 504. (3) Sallerin. Thèse de pharmacie, 1902, Lille. ES & MERE + D. : 4 \ m. SÉANCE DU A1 MAI 869 principe de la méthode est le suivant. Le chlorure de magnésium fond, vers 112-115 degrés, dans son eau de cristallisation et le liquide ainsi ui obtenu bout à 160 degrés. En chauffant de l’urine en présence de ce sel et d'acide chlorhydrique, on transforme assez rapidement l’urée en chlorure d’ammonium; on dose ensuite l’ammoniaque par distillation et on déduit de la quantité trouvée celle qui revient à l'ammoniaque préformée. Cette détermination de l’ammoniaque préexistante est longue à - effectuer, soit qu'on emploie le procédé que l’auteur indique en même temps que sa méthode, soit celui quil a proposé par la suite (1), le pre- - mier donnant des résultats trop faibles. Je pense qu'il y aurait avan- tage, pour achever le dosage de Folin, à employer la technique suivante pour le dosage de l’ammoniaque. Dosage de l’ammoniaque urinaire. — 10 centimètres cubes d'urine sont étendus à 100 centimètres cubes par de l’eau distillée privée de _gaz carbonique par ébullition et additionnés de quelques gouttes de - phénol-phtaléine. On neutralise en versant par pelites quantités, de la soude à 0 gr. 50 p. 100 (ou de la soude décinormale) et en s’arrêtant dès l'obtention d’une teinte rose pàle. On ajoute ensuite 20 centimètres cubes de solution neutre de formol au demi et, à l’aide d’une burette de Mohr, on verse de la soude décinormale jusqu’à coloration rose. Au nombre de centimètres cubes de soude versés, on ajoute celui prove- nant de la correction indiquée plus haut (0 c. c. 1 par 3 centimètres cubes de soude), soit : x le chiffre obtenu x X 0 gr. 17 — ammoniaque par litre d'urine. Pour contrôler le procédé, j'ai pratiqué des dosages sur diverses urines; pour chacune d'elles et pour des quantités variables, les résul- tats rapportés au litre ont été identiques. Enfin j'ai additionné des prises d’essai de chacune de ces urines d'une quantité connue de sul- - fate d'ammoniaque et les résultats obtenus dans le second cas étaient toujours maJorés de la quantité d’ammoniaque ajoutée. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES OPSONINES. MÉCANISME DE L'OPSONISATION, - (Quatrième note) (2), par G. LEvapiTr et INmANN. Toute expérience d’opsonine comporte la mise en jeu de trois facteurs : le … sérum opsonisant, le leucocyte et le microbe destiné à être phagocyté. Pour pré- - ciser le mécanisme de l’opsonisation, il est indiqué de faire varier chacun de À (4) Folin. Zeitschr. physiol. Chemic, t. XXXVII, p. 161-176-20-12, 1903. (2) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, séances du 20 avril et suiv. Rx 870 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ces facteurs et de préciser la marche de là réaction en fonction de cetté variation. 4° Le sérum opsonisant. — La présence d'un sérum normal ou spéci- fique est-elle absolument nécessaire pour que l’englobement ait lieu? En d’autres mots, peut-on observer une « phagocylose spontanée » s'opé- rant en dehors de toute intervention de ce sérum? Bulloch et Aktin (1) admettent que, le plus souvent, le globule blanc est incapable de phagocyter lorsqu'il se trouve seul en présence des bactéries; mais cette opinion est combattue par Lôhlein (2). Nos expériences nous ont montré que la phagocytose spontanée devient des plus nettes quand le contact entre les leucocytes et ces bactéries est probe pepten, un temps suffisamment long. Exemple : Pouvoir opsonique. Leuc. humaïns + bac. typhiques (3), 15 minutes à 38 degrés. 0,08 Leuc. humains + bac. typhiques, | heure à 38 degrés. 0,16 Leuc. humains + bac. typhiques, 2 heures à 38 degrés. 1,34 Les sérums opsonisants ne font donc qu'exagérer plus ou moins la pha- gocytose qui peut s'opérer, quoique plus lentement, même en dehors de leur intervention. 20 Le leucocyte. — L'espèce de leucocyte influence au plus haut degré ia marche de lopsonisation. En général, et quelle que soit la variété microbienne employée, les leucocytes humains se montrent plus sensibles à l'égard de l’opsonine que les globules blancs du lapin ou du cobaye. Ainsi, un strepto- coque virulent n’a pas été phagocyté par les leucocytes du lapin en présence du sérum pur de lapin, cependant que les globules blancs humains ont euglobé ce streptocoque sous l'influence du même sérum dilué au dixième. Conformément à ce qui avait été déjà vu (Neufeld et Rimpau), nous avons constaté que l’opsonisation n'est pas due à une action directe du sérum sur les globules blancs. Ces globules, traités avec du sérum opsonique normal ou spé- cifique, et centrifugés, se sont comportés comme des leucocytes neufs. 3° Le microbe. — L'opsonisation varie suivant : a) L'âge de la culture. — La phagocytabilité spontanée et la sensi- bilité aux opsonines normales augmentent avec l’âge de la culture. Voici un exemple : Phag. spontanée Pouvoir opsonique - (sérum lapin) Bac. ltyphique. Culture en bouillon, âgée de 48 heures + leucocytes hum. . . 1,24 1,96 Bac. typhique. Culture en bouillon, âgée de 2% heures se leucocytes hum. . 0,98 1,80 Bac. typhique. Culture en bouillon, âgée ‘de heures “ leucocyies Une EAN ERCL D ES CA 0 0,02 (1) Proceed. of the Royal Society, vol. LXXEIV. (2) Ann. Inst. Pasteur, octobre 1905; novembre 1906. (3) Culture sur gélose âgée de vingt-quatre heures. SÉANCE DU 11 MAI 871 L'exagération de la phagocytabilité et de la sensibilité des cultures âgées à . l’égard des opsonines n’est pas due à l'existence, daus le milieu de culture, d’un principe soluble sécrété par le microbe et capable d'influencer favorable- ment l’englobement (action nulle des filtrats et des centrifugats). Cette modi- fication est liée au corps même du microbe et ne s'accompagne d'aucune aug- mentation du pouvoir fixateur vis-à-vis de l’opsonine normale. En effet, les microbes obtenus par la centrifugalion des cultures âgées se laissent plus facilement phagocyter que ceux des cultures jeunes, tout en ayant le même pouvoir fixateur que ces derniers. b) La virulence. — Marchand (1) a constaté que les microbes viru- lents ne sont pas phagocytés, cependant que les variétés avirulentes sont rapidement englobées par les phagocytes; cette observation a été vérifiée pour le streptocoque et pour d’autres bactéries par Lühlein (2) et Hektoen (3). Ayant nous-mêmes constaté ce rapport entre la sensibi- lité opsonique et le degré de virulence du streptocoque pyogène (4), nous avons recherché si c'était là une propriété vitale du microbe, en _ relation avec le pouvoir fixateur de ce dernier vis-à-vis de l’opsonine. Il résulte de nos recherches que, conformément à ce qui a été déjà vu par Marchand, les streplocoques virulents tués par le chauflage à 60 degrés continuent à être insensibles à l'égard de l’opsonine du lapin (5); il ressort, d'autre part, que l'absorption de l'opsonine par la variété virulente est égale à celle exercée par la variété avirulente. Conclusions. — L'opsonine des sérums neufs (complément) et celle des sérums spécifiques (ambocepteur)exagèrent la phagocytose, quipeut s'opérer aussi en dehors de leur intervention. Celte exagéralion est due à l'influence directe exercée par les principes doués de qualités opsonisantes sur le corps microbien (Neufeld). Le phénomène s'accompagne d'une fixation de ces principes sur le corps des microbes, mais cette fixation ne suffit pas pour qu'il y ait opsonisation, car certaines bactéries virulentes peuvent fixer les opsonines sans devenir pour cela phagocytables. Les substances opsoni- santes délerminent un changement physico-chimique dans la constitution de l'enveloppe microbienne, changement qui rend les bactéries plus aptes à être englobées. Ce changement, analogue à celui qui précède l'agglutina- _dion, est indépendant de la vitalité des bactéries. (1) Arch. de méd. rie mars 1898. (2) Ann. Inst. Past., octobre 1903- (3) Proc. of the New-York Path. Soc., vol. VI. (4) Nous avons entretenu la virulence du streptocoque par des passages sur le lapin. (5) Le chauffage diminue dañs une faible mesure la phagocytabilité des microbes en présençe de l'opsonine. 872 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'ACTION DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DES PARALYTIQUES GÉNÉRAUX SUR LE virus syphilitique, par GC. Levapirt et À. Marie (de Villejuif). A. Wassermann, Neisser et Bruck (1), se servant de la méthode de Bordet et Gengou, ont découvert, dans le liquide céphalo-rachidien des para- lytiques généraux, des substances capables de se fixer sur les dérivés du Tre- ponema pallidum et de provoquer une déviation du complément hémolytique. Ils ont considéré ces substances comme des anticorps syphilitiques spécifiques et ont insisté sur la valeur diagnostique de leurs constatations. Peu après, nous avons confirmé ces données (2) et nous avons également retrouvé ces principes dans le tabes simple ou combiné à la paralysie générale. Ces obser- vations ont été d’ailleurs récemment vérifiées par Morgenroth et Sterz (3) et par Schütze (4). Tout en étant convaincus du fait que la réaction de Wassermann est rigoureusement particulière à la paralysie générale et au tabes, nous nous sommes demandé, dans notre dernier mémoire, si elle indique réellement la présence d'anticorps syphilitiques dans le liquide céphalo- rachidien. En effet, nous avons constaté que ce liquide déterminait la déviation du complément, nôn seulement quand on se servait comme antigène d’un extrait de foie syphilitique riche en tréponèmes, mais aussi lorsqu'on employait un extrait de foie normal complètement dépourvu de ce parasite. Il n’y avait dans ces conditions que des diffé- rentes quantitatives, en faveur de l'extrait de foie syphilitique. Ces données ont été d’ailleurs confirmées par Landsteiner, comme il résulte d'une communication orale de cet observateur. Afin de préciser si véritablement les substances découvertes par Wassermann dans le liquide cérébro-spinal de la paralysie générale sont des anticorps syphilitiques, nous avons recherché si ces substances, à l'exemple des anticorps bactériens déjà connus (cholériques, typhi- ques, anti-spirillaires), agissent d’une façon directe sur les tréponèmes. Nous avons donc ajouté à une certaine quantité de virus syphilitique humain ou simien du liquide céphalo-rachidien de paralytiques géné- raux ayant donné une séro-réaction positive,et nous avons inoculé le mélange à des singes, par scarification cutanée. Nous avons employé comme témoin le liquide céphalo-rachidien d’un épileptique et d’un halluciné, ancien syphilitique. (1) Deutsche med. Woch., vol. XXXII, n° 19, p. 745. (2) Ann. Inst. Pasteur, vol XXI, p. 138. (3) Virch. Arch., vol. 188, f. I. p. 166. (4) Berl. Elin. Woch., vol. XXXII, n° 48, p. 1937. pr inc pu A1 MAI 873 Exp. I. — Les liquides employés provenaient des malades suivants : Cr..., paralytique général à la troisième période, alité depuis peu. Entré en novembre 1902, il présente l'embarras de la parole, l'inégalité pupillaire et une hémiparésie faciale gauche, suite d'’ictus répétés. Syphilis en 1892. La séro-réaction a été positive. Caus.., attaques d’épilepsie datant de l'enfance, accompagnées de troubles. mentaux (délire transitoire, amnésie et impulsions). Pas de syphilis dans les antécédents. Séro-réaction négative. Des quantités égales de liquide céphalo-rachidien frais et du suc prélevé sur un chancre humain datant de quatorze à quinze jours (très riche en tréponèmes) sont mélangées sur une lame de verre ; le contact est prolongé à la température de la chambre, pendant dix minutes. Le mélange fait avec le liquide du paralytique général est inoculé à l’arcade sourcillère d'un Bonnet chinois (scarification et poches sous-épidermiques) ; celui préparé avec le liquide de l’épileptique est inoculé à deux Macacus Rhesus. Le Bonnet montra après une incubation de dix-neuf jours, un chancre qui se développa progressivement et qui prit des proportions inusitées ; il en fut de même des deux Rhesus (incubation de dix-sept et vingt-quatre jours). Exp. 11. — Les liquides provenaient des malades suivants : God..., paralytique général malade depuis février 1905. Forme lente, à ré- missions. Embarras de la parole, inégalité pupillaire, abolition des réflexes, etc. Issu d’un père syphilitique, le malade a eu lui-même la vérole à l'âge de vingt ans. Séro-réaction positive. O11..., délire partiel, hallucination. Pas de lésions cérébrales en foyer, ni de signes de pachyméningite. Syphilis en 1906, paludime. Séro-réaction négative. L'expérience a été disposée comme la précédente. Nous avons employé un virus mixte, humain el simien, et nous avons prolongé le contact pendant vingt minutes. Le mélange fait avec le liquide céphalo-rachidien du paralytique a été inoculé àun Bonnet chinois, celui préparé avec le liquide témoin à un Rhesus et un Macacus cynomolgus. Tous les animaux prirent la syphilis, après une incubation variant de dix-neuf à vingt jours. L'examen des lésions locales révéla la présence de tréponèmes. Conclusion. — /1 est impossible de déceler dans le liquide céphalo- rachidien des paralyliques généraux ayant donné une séro-réaction posi- tive, des anticorps syphilitiques capables d'agir directement sur le Trepo- nema pallidum. Cette constatation nous autorise-t-elle à conclure que les principes découverts par Wassermann ne sont pas des anticorps syphilitiques ? Nous ne le pensons pas, car on connait des sérums pré- ventifs riches en anticorps et qui cependant ne jouissent d'aucun pou- voir bactéricide direct (sérum contre le rouget, le streptocoque ou le pneumocoque). Un doute cependant doit persister. En effet, les anti- corps spirillaires (spirillose des poules, de la f. récurrente, de la 7ick-- Biococie. Compres RENDUS. — 1997. T. LXII. 60 E 874 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fever) jouissent d’un pouvoir bactéricide direct des plus accusés ; or, il paraît peu vraisemblable, en l’état actuel de nos connaissances, que les anticorps syphilitiques agissent différemment sur le spirille de la syphilis (Treponema pallidum). (Travail des laboratoires de M. Meichnikoff à l'Institut Pasteur, et de M. Marie à Villejuif.) RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'EXHALATION DE VAPEUR D'EAU » par H. Guirremarp et R. Mooc. 1. Znfluence de l’état hygrométrique. — Pour déterminer l'influence de l’état hygrométrique, il s'agissait de faire passer dans la cloche un courant d'air chargé d’une quantité de vapeur d’eau qui püt être rigou- reusement déterminée. Dans ce but, nous placions avant la cloche un barboteur contenant de l’eau et pesé avant le début de l'expérience. Ce barboteur était traversé par l'air sec qui s'y chargeait d'humidité; une deuxième pesée à la fin de l'expérience donnait par différence la quan- tité d'eau entraînée; on retranchait cette quantité de l'augmentation de poids des barboteurs à acide sulfurique. Les autres conditions étaient : pression normale, température de 15 à 20 degrés. Nous avons obtenu les résultats suivants : AIR SEC AIR HUMIDE Eau de 24 heures. Eau de 24 heures. CHTETEMAL EEE SRE DE 12 gr. 14 . 8 gr. 08 14 or. 16 10 gr. 96 2 gr. 43 1 gr. 80 Moyennes. 1Bnar, el 9 gr. 28 CONVERTER 20 gr. 12 15 gr. 22 18 gr. 30 12 pr. 43 17 gr. 80 14 gr. 34 Moyennes. 18 gr. 94 13 gr..99 Cobave IEEE RER 14 gr. 46 Per MS 16 gr. 30 9 gr: 13 Moyennes. 15 or. 38 10 gr. 14 On voit que la quantité de vapeur d’eau exhalée dans une atmos- phère humide est sensiblement inférieure à celle qu'on élimine dans l'air sec. Pour ce qui concerne l'influence de l'intensité lumineuse, nos expé- riences nous ont montré que la quantité de vapeur d’eau exhalée dans : Æ 3 î SÉANCE DU 11 MAI 819 l'obscurité est sensiblement égale à celle qui est exhalée en pleine lumière dans le même temps. HT. Znfluence de l'ensemble des conditions caractéristiques des climats de plaine et de montagne. — De l'ensemble des données expérimentales qui précèdent, il est impossible de conclure d’une façon certaine aux conséquences qui doivent résulter pour l’organisme de l’action simul- tanée des multiples conditions qui caractérisent les climats si différents de la plaine et de la haute montagne. En effet, si nous laissons de côté l'influence de la pression atmosphérique, influence qui est faible, et celle de la lumière qui est négligeable, nous voyons en particulier que —_ les températures élevées qui-sont l'apanage des vallées en été déter- —_ minent une exagération de la perte d’eau, tandis que l'humidité qui y —._ est en général intense a pour effet de diminuer l’exhalation. Les phéno- —._ mènes inverses s'observent sur les hautes cîimes. Quelle est la résultante D _ vantes : F Première série. — Pression : voisine de 760 millimètres ; température : i comprise entre 30 et 35 degrés; état hygrométrique : air saturé de “…. vapeur d'eau à 10 degrés (à ce degré de saturation aucune buée ne se —…. dépose sur la paroi interne de la cloche). Ce sont des conditions voi- — sines de celles dans lesquelles on se trouve en juillet au bord de la mer. ï Deuxième série. — Pression : voisine de 420 millimètres; tempéra- — ture : comprise entre 5 et 10 degrés; état hygrométrique : air sec. Ce : sont des conditions voisines de celles dans lesquelles on se trouve en —_ juillet à l'observatoire Janssen, avec cette restriction que la température y est souvent inférieure à celle que nous venons d'indiquer, ce qui —_ accentue encore le contraste des deux climats. Nos expériences nous : ont donné les résultats suivants : ; Ï. — CLIMAT DE PLAINE. II. — CLIMAT DE MONTAGNE. | i A TT — 14 Durée Eau Durée Eau 4 des expériences. de 24 heures. des expériences. de 24 heures. Ë Cobaye I . 4 heures. 20 gr. 85 20 heures. 9 gr. 40 20 heures. 19 gr. 80 18 heures. 10 gr. 25 » » 20 heures. 11 gr. 80 Moyennes. 20 gr. 31 10 gr. 48 Cobaye II. . 5 heures. 26 gr. 06 20 heures. A1 gr. 10 6 heures. 24 gr. 25 18 heures. 12 er 13 Moyennes. 25 gr. 15 11 gr, 61 Cobaye III 6 heures. 25 gr. 85 24 heures. 12 gr. 15 de ces actions contraires? Nous nous sommes encore adressés à l’expé- - rience pour trancher la question. Nous ayons fait deux séries d'expériences dans les conditions sui- 876 Fe SOCIETE DE BIOLOGIE On voit que les conditions climatériques qui caractérisent les grandes altitudes ne favorisent nullement l’exhalation de vapeur d’eau; il semble que, bien au contraire, on doive éliminer beaucoup moins de vapeur d’eau au Mont-Blanc qu'en plaine, quand on fait l'ascension en été. Nous nous proposons de vérifier ces faits par des observations faites en montagne. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 871 SÉANEE DUNIS MAI II9; 07 SOMMAIRE Basser (J.) et Carré (H.) : Condi- tions dans lesquelles la muqueuse digestive est perméable aux mi- CHOOESUEMINEESTIN.. . .….. 1... BaTaAILLON (E.) : Sur l'émission des globules polaires chez Rana PUS CEE RE SU Du eee Cruca : De l’action favorisante du froid sur l'infection streptococ- CiqueexpéTiMeNtalE CN. 0 DrzEwINA (Anna) et Bonn ( GEor- GEs) : De l’action de l’eau de mer et de NaCI sur la croissance des larves UESSDAEACIENS NE 00e en cu. GuéGuen (F°.) : Préparation instan- tanée de solutions colorantes lim- PTS SNS RER TENTE Hervieux (Cn.) : Sur la prétendue toxicité des corps du groupe de J'TE ORERRRERRNERE TER ES Iscovesco (Henri) : IV. Introduc- tion à l'étude de la spécificité. La charge de la gélatine on de mé- langes de gélatine en fonction du DOIEUL 4 EEE LarrorGuE : Cultures homogènes du B. mesentericus obtenues « in FO NE MASON SNA TE Laron (G.) : Appareil pour le do- sage de l'urée et de l'azote total. . Leruzze (Maurice) : Histogenèse de l’épithélioma cylindrique du gros MES in et, DOS CAES DATA Le Mauresz : Influence des princi- pales voies d'administration sur la dose minima mortelle de bromhy- drate de caféine sur la grenouille et LE LED EN NREEEE EE RRE SR ne Mucox (P.) : Importance fonction- nelle du pigment dans la surrénale. Piéron (H.) : De l'autotomie pro- tectrice:chez le crabe : . 0: :.. Rayar (H.) et Pésu (G.) : Note sur l’action pathogène des levures. . . 880 819 895 893 Rocer : Décès de M. Charrin. . . 818 SALMON (J.) : Des rapports qui existent, chez les monstres ectro méliens, entre la morphologie ex- terne des rudiments squelettiques et leur structure histologique. . . . 888 S'TEFANESCU (Mlle Erse) : La pré- sence des corpuscules de Negri dans les glandes salivaires des chiens CHA DÉS MNT NRC ET EE 886 Réunion biologique de Bordeaux. CHaine (J.) : Recherches sur la lance des Méléostéens A0 924 Covwe et BranDets : Sur l'évolution épithéliomateuse cornée du fibrome lacunaïire de la mamelle. . . . . .. 91% GaurrEeLEr (JEAN) : De la réalisa- tion de crises épileptiformes obte- nues par électrolyse chez le lapin. 916 GaurreLer (Jean) : Des effets phy- siologiques consécutifs à l’applica- tion de l'électrode à l'oreille de l’animal, dans l’électrolyse . . . _. SLA GAUTRELET (JEAN) : Des modifica- tions qu'entraine la suppression de la circulation dans l’électrolyse . . 918 KonsrLer (J.) : Observations sur PAmiunus nebDUloSusS ENCRES ENNE 922 Pérez (Cu.) : Le corps gras des Muscides pendant la métamorphose. 909 Pérez (Cn.) : Histolyse phagocy- taire des cellules grasses à la fin d'enanympiTto SEE EEE 2° QI SAUVAGEAU (CAMILLE) : Sur le ver- dissement expérimentaldes huîtres. 919 SAUVAGEAU (CAMILLE) : Sur la ger- mination et les affinités des Cla- LOSTED USER ICE EEE 921 VERGER (H.) et Branpeis : Infec- tion expérimentale des nerfs par [ENST OCOQUER EEE EC 913 BioLocie. Comptes RENDuS. — 1907. T. LXII. 61 818 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Roger, vice-président. M. le professeur Nicozas (de Nancy), membre correspondant, assiste à la séance. : DÉCÈS DE M. CaaRRIN. ALLOCUTION DE M. ROGER. Mes chers collègues, J'ai le triste devoir de vous annoncer la mort d'un de nos collègues les plus éminents. Charrin vient d'être enlevé, en pleine maturité scien- tifique, à l’âge de cinquante ans. Je ne vous rappellerai pas l’œuvre qu'il à accomplie, vous la con-. naissez tous. Mais, parmi les nombreux travaux qu'il a publiés, quel- ques-uns lui assurent une gloire impérissable. C’est Charrin qui a eu le mérite d'établir le rôle des produits microbiens dans la genèse des acei- dents morbides; c’est Charrin qui, le premier, a réalisé, d'une façon “irréfutable la vaccination par cultures stérilisées. C'est lui qui a démontré l'importance des propriétés bactéricides du sang et a fait con- paitre l’agglutinement des microbes. À côté de ces découvertes principales, Charrin a poursuiviune série de recherches sur les problèmes les plus variés de la bactériologie, de la physiologie, de la pathologie expérimentale. Ai-je besoin de vous rap- peler ses travaux sur la morve, sur la maladie pyocyanique, sur la pseudo-tuberculose bacillaire et ses recherches plus récentes sur l’hé- rédité et l’innéité, sur les tares et les malformations congénitales ? Pour mener à bien une œuvre aussi considérable, l’activité d’un seul nomme ne pouvait suffire. Charrin à su s'entourer de collaborateurs éminents; il a su grouper de nombreux élèves. Sa réputation attirait une pléiade de jeunes travailleurs que retenait son affabilité, que capti- vait son culte désintéressé de la science. Tous ceux qui l’ont connu con- servent le souvenir du savant simple et modeste dont le caractère loyal, dont la haute probité scientifique étaient universellement admirés. Qu'il me soit permis de rappeler que pendant douze ans nous avons vécu côle à côte dans le laboratoire du professeur Bouchard. Pendant b s Lt SÉANCE DU 18 Maï 879 -douze ans nous nous sommes vus chaque jour, nous avons échangé nos idées, nous avons uni nos efforts. Il est des liens qui peuvent se des- serrer, mais que rien ne saurait rompre ; aussi est-ce avec une émotion bien vive et bien sincère que j'adresse à Charrin, au nom de la Société de Biologie, un dernier adieu. PRÉPARATION INSTANTANÉE DE SOLUTIONS COLORANTES LIMPIDES. Note de F. GUÉGUEN. On a proposé, pour empêcher la prompte altération des solutions colorantes employées en histologie, de les préparer au moment du besoin, soit à l’aide de solutions alcooliques concentrées dites solutions- mères, soit avec des comprimés. Mais les solutions-mères sont altérables à la longue, surtout celles de bleu de méthylène et de vésuvine. Quant aux comprimés, le commerce n'en fournit que pour les réactifs les plus courants, leur prix de revient est assez élevé, et ils ne sont pas tou- jours très solubles. Il est avantageux de remplacer solutions-mères et comprimés par des réactifs en poudre, obtenus en triturant finement, dans un mortier bien sec, la matière colorante avec du sucre. Les proportions les plus convenables sont en général de 10 centigrammes de colorant pour 90 centigrammes de sucre. La poudre ténue ainsi préparée est enfermée dans de petits étuis à fond épais faciles à fabriquer avec du tube à déga- gement et qui sont peu encombrants. Le produit se dissout instantané- ment et complètement dans l’eau ou dans le liquide approprié (eau phéniquée, eau alcaline ou alcool faible). Je conserve ainsi en parfait état, depuis trois ans, les triturations sui- vantes : hématéate d’ammoniaque, carmalun au demi, vert de méthyle, vésuvine, violet de gentiane, dahlia, rouge neutre, rouge de ruthé- nium au vingtième, éosine, cyanine, Sudan III. Les deux dernières couleurs doivent être dissoutes dans l'alcool faible, toutes les autres dans l’eau pure. (Laboratoire de botanique cryplogamique de l École supérieure de pharmacie de Paris.) 880 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE L'ACTION DE L'EAU DE MER ET DE NACL SUR LA CROISSANCE DES LARVES DES BATRACIENS, par M'e Anna DRZEWINA et GEORGES Bonn. L'an dernier (1), étudiant l'influence des solutions salines sur les larves. de ÆRana temporaria et de Rana esculenta, nous avons reconnu, entre autres : 1° que d'une facon générale l’eau de mer, à des taux convenables, favorise le développement des embryons ; 2° que l’action favorable de l’eau de mer n’est pas proportionnelle à son degré de con- centration ; 3° qu'à isotonie égale NaC] est moins favorable que l’en- semble des sels contenus dans l’eau de mer. Nous étions partis d’une solution de NaCl contenant 1 gramme de ce sel pur par litre (eau de Vanne); des solutions isotoniques de celle-ci ont été faites avec de l'eau de mer et autres sels. Nous avions désigné sous le n° 1 toules ces solutions salines isotoniques, et nous avions établi une échelle de 8 solutions (n° 1 à n° 8), dont les concentrations étaient entre elles comme les nombres : AD NS RES CIS Nous maintenions d'une facon continue les embryons dans ces diverses solutions. La solution n° 5 s’est montrée la plus favorable, à condition, toutefois, de ne pas partir d’embryons trop jeunes; il semble que l'eau de mer, excitant d’une manière exagérée le développement, rompt l’équilibre entre la partie formalive et la partie nutritive (vitellus) de l'embryon ; dans la suite, l’action favorable finit par l'emporter. Le tableau suivant, emprunté à notre travail de l'an dernier, permet de se rendre compte de l’action comparée des solutions isotoniques de NaCl et d’eau de mer. L'expérience est faite sur des embryons (L.) de À. temporaria, déjà en train de se transformer en têtards, le 4 avril, jour où ils ont élé mis dans les solutions. 9 avril. 14 avril. HÉMOINS ATEN IS millimètres. 20 millimètres. No 4. Eau de mer. . . 21 — 23 ne NOT Na Aer SE 18 - — 18,5 — No 8. Eau de mer. . . 16. — 16 — NON AC] ARRET 14 — 15 —_ Cette année nous avons repris ces expériences, afin de préciser dans quelle mesure les divers stades larvaires interviennent dans les résultats (1)G. Bohn et A. Drzewina. Porownawcze dzialanie wody morskiej i roztworow soli na larwy Plazow. Bulletin de l’Académie des Sciences de Cracovie, 7 mai1906, p. 293-314. st dE ai dt À dé dé be + de oinenatie dE dt à dec En hu éhit éd à | ; 1 : : 4 TEE SEANCE DU 18 Mai 881 obtenus ; d'autre part, nous avons essayé d'étendre ceux-ci à d’autres Batraciens. Nous avons constaté tout -d'abord que la durée du séjour dans les solutions salines ne modifie pas très sensiblement le résultat final ; il suffisait, par exemple, de vingt-quatre heures, pour qu'il y ait déjà des différences nettes entre les témoins et les individus traités. Ceci nous à permis de porter l’action de la solution saline au stade voulu. Nous nous sommes servis de pontes de /?. temporaria provenant, soit de notre aquarium, soit des étangs du bois de Meudon. Dans le tableau ci-dessous, nous présentons les résultats pour quelques-unes de ces pontes. La ponte (a été traitée le 31 mars, au moment même de l’éelo- sion (embryons de 6 millimètres en moyenne) ; la ponte Z, au moment où les embryons se détachaient des coques des œufs pour se mettre à nager ; la ponte À, enfin, à des stades plus avancés : 1° embryons de 11 millimètres ayant des houppes branchiales bien développées ; 2° embryons de 16 millimètres (A'), en train de se transformer en têtards. La température pendant la durée de nos expériences a été de 18 à 20 degrés. C (6mm) B (8m) A (lin) A! (16mm) 31 MARS 31 MARS 30 MARS 3 AVRIL Durée du séjour dans la solu- CON AE ES) 2, 24 heures 24 heures 24 heures 26 heures Te LS LS CR SE ES DENON AMEN.- NU 1e avril|4 avrilfiæ avrill3 avrillier avril|3 avril 4 avril Témoins . 7 11 9 11,5] 13 15. q No 3. Eau de mer . . .. nl 11 410 12 13,5 15 17 No 3. NacCI. T 11 9 ll 13 14,5 16 No 5. Eau de mer . . . . rl 41 11 13 14,5 16 18 NORD AEN A CR AP PA 6,5 10,5 9 11 15 14,5 16 No 8. Eau de mer . . .. 6.5 11 9 9,5 13 1à an. 16,5 INIRSANA CLAIR 6 10,5 8 anom. 12 13 ano.18/10 morts .Conclusions. — 1° Il suffit d’un séjour de vingt-quatre heures dans une solution d’eau de mer pour exercer une action stimulatrice sur la croissance des embryons de À. temporariu. Geci est surtout frappant pour la solution n° 5, et nos deux stades moyens (3 et A); au lieu d’une croissance de 4 millimètre environ en vingt-quatre heures, on a une croissance de 3 millimètres ; malgré cette poussée exagérée de crois- sance, les différences de taille ainsi obtenues se maintiennent pendant un temps assez long. Avec la solution n° 3, les effets favorables sont moins marqués, mais ici aussi ne s'appliquent qu'aux stades moyens ; l’action est nulle sur les stades extrèmes. La solution n° 8, enfin, à une action nulle sur les stades moyens, et une action défavorable sur les 882 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE stades extrêmes. En somme, l'action de l’eau de mer, quand elle s’ap- plique aux stades moyens, ou bien est la plus favorable (solulions n° 3 et surtout n° 5), ou bien la moins défavorable (solution n° 8); la varia- tion a donc toujours lieu dans le même sens. 2 Un séjour de vingt-quatre heures dans les solutions de NaCl a, sur la croissance, un effet nul ou inhibiteur. La supériorité des dilutions de l’eau de mer sur les solutions de NaCl, à isotonie égale, est donc ici des plus nettes. ’ | Nous avons répété sur Bufo vulgaris nos expériences de l’an dernier, c’est-à-dire que nous avons maintenu les embryons, à partir de cer- tains stades, d’une facon continue dans les solutions salines. Nous nous sommes servis de pontes recueillies le 31 mars à l’étang de Villebon et écloses le 3 avril. Voici le tableau relatif à une des pontes (D), mise en expérience en partie le 3 avril (embryons de 3 millimètres), en partie le 412 avril (embryons de 8 millimètres). La température à laquelle nous avons opéré était de 15 à 18 degrés. D (3m) D' (8m) Mise en expérience . . 3 AVRIL 12 AVRIL AT — Date de l'examen . . . . . “ avril. 12 avril. 20 avril. 20 avril. HÉMOINSER EEE 5 8 A1 19 : No 3. Eau de mer. . . 5 8 Te 2 4 NON AC RUSSE 5 1 10 41 | No 5. Eau de mer . . . DFE î 10 13 | N° DEAN A CIE EE Ta retro 4,5 6 - | HRRRTO No 8. Eau de mer. 4 6 mort mort ji arrêt NO SAUNA IEEE RE 810 0) 4 mort mort $ c arrêt | Conclusions.— 1° L'action favorable de l’eau de mer (solution n° 5)sur les embryons de Bufo vulgaris est moins prononcée que dans le cas de Rana temporaria ; elle se manifeste surtout au début el semble s'atténuer dans la suite du développement. Il faut noter cependant que, même dans le cas où la taille des individus dans la solution n° 5 est inférieure à celle des témoins, le corps des premiers est plus développé, plus long et plus large que chez les derniers, et cela aux dépens de la queue qui reste courte et se frippe. Témoins : 4,5 X 3 + 6,5 — 11 millimètres. Eau de mer: 5XxX3,5 +5—10 — 2° Le contraste entre les embryons traités par l’eau de mer et ceux traités par NaCIl est ici plus frappant encore que chez la Rana tempo- raria; dans la solution de NaCl n° 5, en effet, les embryons subissent un arrêt presque complet du développement, et ne tardent pas à mourir. KES SÉANCE DU Â8 MAI | 883 DE L'ACTION FAVORISANTE DU FROID SUR L'INFECTION STREPTOCOCCIQUE EXPÉRIMENTALE, par CIuca. Le cobaye est peu sensible à l'infection par les streptocoques humains. Une dose, même considérable de ces derniers (1/10 boîle de Roux), en injection intrapéritonéale, ne provoque qu’une maladie passagère. La réaction phagocytaire commence déjà au bout d’une heure; au bout de vingt-quatre, trente heures, la digestion intracellulaire est terminée à la surface de l’épiploon. La réfrigération de l'animal supprime cet état d'immunité naturelle. Les cobayes, attachés sur un plateau, plongent par toute la moitié inférieure de leur corps dans un récipient plein d'eau à 12 degrés. L'écoulement continu d’un robinet d’eau froide dans le récipient assure le maintien de cette température. La température rectale des animaux _ tombe au bout de cinq minutes à 30 degrés; elle est inférieure à 28 degrés au bout de dix minutes. Il faut, au bout de dix-sept minutes, relirer les animaux de l’eau sous peine de les voir mourir de froid. La température rectale se mainlient au-dessous de 29 degrés, une heure après que l'animal a été retiré de l’eau. Elle est revenue entre 36°5 et 31 degrés au bout de six heures. Ensuite elle redevient normale. Les cobayes qui, immédiatement avant la réfrigération, ont reçu dans le péritoine une dose de streptocoques non mortelle pour les témoins, meurent au bout de trente à quarante. deux heures (selon le poids de l'animal) avec une streptococcie généralisée. Le sang, la rate, le foie, le poumon renferment en abondance des streptocoques. Le sang n’est pas hémolysé. La cavité péritonéale contient un liquide purulent abondant; on trouve de nombreux dépôts fibrineux à la surface des viscères. Il existe une congestion pulmonaire intense. Si l’on examine l’exsudat péritonéal aussitôt après avoir retiré les animaux de l’eau, c’est-à-dire vingt minutes après le début de l’expé- rience, on constate que les leucocytes de la cavité se sont absolument gorgés de microbes; rien de semblable à ce moment-là chez le témoin. Les leucocytes passent donc par une phase très brève de surexcitation, que d’ailleurs l’on constate aussi chez les animaux hyperthermisés. * Le protoplasma des leucocytes intrapéritonéaux (surtout des polynu- cléaires) devient rapidement intensivement basophile; au bout d’une. heure, un grand nombre de ces éléments sont frappés de nécrose de coagulation (le protoplasma et le noyau se colorent en bloc, sans diffé- renciation). Dans les heures qui suivent, il se produit une leucocytose assez énergique accompagnée de phagocytose; mais les leucocytes se 884 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nécrosent presque aussitôt et les streptocoques pullulent dans l’exsudat. Les lymphocytes semblent résister beaucoup mieux à l'action nécro- sante du froid. L’hypothermisation semble donc favoriser l'infection streptococeique par l'action nécrosante (nécrose de coagulation) qu’elle exerce sur les leucocytes. L'hyperthermisation, fait déjà signalé par M. Vincent, détermine au contraire la leucolyse de ces éléments qui, de plus, ne présentent pas la phase de basophilie constatée dans l’exsudat des animaux réfrigérés. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de Bucarest.) CULTURES HOMOGÈNES DU B. MESENTERICUS OBTENUES « IN VITRO », par LAFFORGUE. Des caractères de culture, en apparence immuables, se révèlent par- fois comme contingents. Tel, le voile de surface dans la culture du B. mesentericus en bouillon : cet attribut si caractéristique peut faire défaut chez certains bacilles qui ont passé par l'organisme (1). Ce fait, explicable par l’accoutumance progressive du microbe à une anaé- robiose relative, ne pouvait-il être reproduit in vitro? L'idée directrice de nos recherches fut la suivante. Dans une culture de B. mesentericus, deux parts sont à faire : 1° Les microbes constitutifs du voile, saturés d'oxygène; 2° Les microbes sous-jacents au voile, condamnés par leur situation topographique à une privation relativé de ce gaz. Ces derniers ne s'adapteraient-ils point, comme dans l'organisme, à leurs conditions nouvelles et leur adaptation ne pourrait-elle entrainer des modifications corrélatives des cultures in vitro? Cette hypothèse, incomplètement vérifiée, nous à conduit à obtenir des cultures de B. mesentericus sans voile et homogènes par deux procédés : 1° Procédé. — Un ballon-répartiteur est ensemencé avec du B.mesen- tericus. Par la tübulute latérale effilée de ce ballon, à des époques régu- lièrément échelonnées après l’énsemencément (2%, 48, 79, 96, 120... _ heures äprès), on prélève, dans des tubes stériles, quelques centimètres cubes dü bouillon démeuré clair Sous le voile, en ayant soin de laisser ce | dernier intact. Ces tubes Sont mis à l'étuve à 37 degrés : ceux prélevés (1) H. Vincéht. Annales de l’Institut Pasteur, 1898, p. 785. Lafforgue. Comptes rendus de la Société de Biologie, 10 juin 1905, p. 968. é : Eu SÉANCE DU 18 MAT 885 … après 24, 48, 72 heures donnent une culture classique, la formation du voile étant, il est vrai, d'autant plus lente et sa structure d'autant plus imparfaite qu'il s'agit de prélèvements plus tardivement opérés en ballon. Par contre, à partir de la quatre-vingt-seizième et surtout de la cent vingtième heure (plus sûrement encore, si l'échéance est plus éloignée), . les bouillons prélevés donnent une culture sans voile, tantôt parfaitement et définitivement homogène, avec ondes soyeuses rappelant celles du bacille d'Eberth, tantôtlégèrement ponctuée, les jours suivants, de petils grumeaux en suspension qui n'altèrent pas sensiblement l'aspect homo- gène du début. 2° Procédé. — Une culture de B. mesentericus, vieille d'au moins cinq jours (il y a tout avantage à utiliser des cultures de une ou deux semaines), est stérilisée à l'autoclave, à 118 degrés pendant vingt minutes, puis filtrée par aspiration sur bougie Chamberland, ou sim- plement filtrée sans stérilisation préalable, si la bougie est bien éprouvée. Dans le filtrat ainsi obtenu et réensemencé avec du B. mesen- _tericus neuf, une culture se développe, discrète d'abord, très appré- ciable dans la suite, formant un trouble uniforme, parfaitement homo- gène, avec ondes moirées produites par agitation. Quelques grumeaux et un petit dépôt de fond apparaissent au bout de quatre à cinq jours, mais de volume et de quantité négligeables ; jamais on n'observe de voile, même après plusieurs semaines. Ce deuxième procédé permet, on le voit, d'obtenir à volonté des cul- tures de B. mesentericus homogène. ; Reportés en milieux neufs, les bacilles de ces cultures présentent à peine quelques différences avec le B. mesentericus type (en bouillon : voile souvent incomplet, plus lent à se former, plus ténu, avec trouble par- fois persistantdes parties inférieures ; sur pomme deterre : pendant vingt- quatre à quarante-huit heures, culture en grosses gouttelettes grasses, à laquelle se substitue bientôt l'aspect rugueux et gaufré bien connu). Ces modifications ne s’accentuent pas sensiblement, si l’on opère avec des bacilles sélectionnés : 1° des bacilles homogènes ayant vécu plu- sieurs semaines sous voile et paraissant, de ce fait, mieux adaptés à la vie anaérobie; 2° les spores de ces mêmes bacilles, séparées par le chauffage (100 degrés de une à cinq minutes) des formes mycéliennes, et plus capables, semble-t-il, que ces dernières de fixer et de perpétuer les attributs acquis; 3° les générations successives de bacilles hômo- gènes obtenues par les prélèvements et réensemñencements en série dans les ballons-répartiteurs. Dans ce dernier cas, cependant, on voit s’ébaucher üne adaptation progressive : à mesure que Îles ensemence- ments se renouvellent, la durée de séjour sous voile nécessaire à la production des cullures homogènes diminue (durée minima : soixante heures à un quatrième passage). En résumé, l’accoutumance du bäcille est fort lente, quoique non négligeable. Dans la production dés cultures 886 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE homogènes, ce n’est pas le bacille qui joue le principal rôle; ce sont les modifications du milieu de culture : les qualités nouvelles du filtrat et les applications pratiques qui en pourraient découler méritent une plus longue étude. (Travail du Laboratoire de Bactériologie de l'Ecole de santé militaire, Lyon). LA PRÉSENCE DES CORPUSCULES DE NEGRI DANS LES GLANDES SALIVAIRES DES CHIENS ENRAGÉS, par Me ÉLise STEFANESCU. En 1892, M. le professeur Babes avait décrit et figuré (Annales de l’Institut Pasteur) des corpuscules particuliers entourés d’une zone pâle dans le protoplasme des cellules nerveuses des animaux morts de la rage. A la suite de la communication de Negri (Société médico- chirurgicale de Pavie, 1903), de nombreux auteurs se sont occupés de ces intéressantes formations; tous, et notamment Volpino, d'Amato, Daddi, Bertarelli, Luzzoni, Schüder, Abbas et Borman, ont confirmé les constatations de Negri. Ces corpuscules furent trouvés dans les centres nerveux de tous les animaux susceptibles de contracter l'infection rabique, naturelle ou expérimentale. Aujourd'hui la tendance générale est d'admettre un rapport intime entre les corpuscules de Negri et la rage, sans qu'on puisse, toutefois, établir définitivement leur nature ou leur rôle dans la production de cette maladie. D’après l'opinion de M. Babes, les corpuscules de Negri représentent vraisemblablement les produits d'une défense cellulaire; ils produisent une sorte de séquestralion des corpuscules spécifiques qui ont faitinva- sion dans la cellule. Ces corpuscules, une fois entrés, produisent une irritation et une dégénérescence limitée de la cellule ; mais la cellule, étant résistante, réagit contre cette invasion en produisant, autour de ces corpuscules, une capsule dont le matériel est fourni par le proto-. plasme de la cellule même; les corpuscules, à leur tour, s’entourent d’une capsule propre, et le tout, ensemble, forme un corpuscule de Negri. : Ce fait explique facilement pourquoi les corpuscules de Negri se trouvent justement dans les cellules qui sont peu modifiées ou peu altérées. Dans les cellules tout à fait dégénérées, on ne les trouve jamais. La plupart des auteurs qui se sont occupés de cette question ont PERTE l'Ét 073 PACS PR OR CR NP EN ET DT NE EP Ve CPS » w. ‘hé CRÉÉ 2. : L “tn. —. Je IE SÉANCE DU 18 MAI 887 » borné leurs recherches aux diverses parties du système nerveux central, “ affirmant qu'on trouve constamment ces corpuscules chez les animaux - enragés. Nos observations ne cadrent pas complètement avec cette affirmation. Daddi, Bertarelli, Volpino et Luzzoni ont cherché les corpuscules dans . les glandes salivaires, mais sans pouvoir, jusqu’à présent, les mettre en évidence; il est vrai que ces recherches sont encore peu nombreuses. L'absence des corpuscules de Negri dans les glandes salivaires (organes souvent reconnus virulents) conduisait à mettre en doute leur rôle pathogénique. Je crois intéressant de faire connaître un cas dans lequel j'ai pu constater la présence des corpuscules de Negri dans les glandes parotides. La technique employée est la suivante : les pièces destinées à l'examen microscopique ont été fixées dans le formol et coupées au microtome à congélation; de cette manière, on peut faire très vite des coupes assez fines, même du système nerveux. J'ai coloré les préparations par la solution de Mann (35 centimètres cubes des solutions centésimales d'éosine et de bleu de méthyle additionnées d’eau, de façon à porter le mélange à 100 centimètres cubes). J'ai modifié le procédé de l’auteur, un peu trop compliqué pour des pièces qui, n'étant pas fixées sur des lames, ne peuvent pas résister aux différentes manipulations. Après - une coloration, qui dure vingt à trente minutes, j'ai lavé à l’eau, déshy- ,q J ’ draté à l'alcool absolu, clarifié au xylol et monté dans le baume de Canada. Les corpuscules se colorent en rouge violet, ce qui permet de les distinguer facilement du protoplasme cellulaire, qui se colore en bleu. Le premier cas observé se rapporte à un chien mis en observation à l’Institut, et qui est mort peu de jours après avec les symptômes clas- siques de la rage furieuse. J'ai examiné des portions de la corne d'’Am- mon, de l'écorce cérébrale, du cervelet, du bulbe, de la moelle épi- nière et de la glande parotide, et j'ai obtenu les résultats suivants : Dans la corne d’Ammon, les corpuseules de Negri étaient assez nom- breux, isolés ou groupés dans le corps et dans les prolongements des cellules pyramidales. Dans les cellules de Purkinje et les cellules de l'écorce cérébrale, je n'ai trouvé que de très rares corpuscules; dans le bulbe et la moelle, l'examen a été négatif. La glande parotide, un peu hyperémiée, montrait, autour des canaux de sécrétion, de légères infiltrations embryonnaires; les cellules glan- dulaires, d'apparence normale, renfermaient, par places, des corpus- cules tout à fait analogues, par leur coloration et leur structure, aux - corpuscules trouvés dans les centres nerveux; elles contenaient un cor- puscule central, deux ou trois corpuscules silués dans leur protoplasme granuleux. M. le professeur Babes, qui a vérifié la présence de ces corpuscules, 888 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a trouvé aussi, par places, des corps semblables mais plus pâles et d'un volume très variable dans la lumière de la glande ; il s’agit donc proba= blement de l'élimination des corpuscules par la glande salivaire. Dans deux autres cas, provenant l’un d’un chien et l’autre d'un loup. enragés, j'ai trouvé des corpuscules de Negri dans le système nerveux, mais je n'ai pu en déceler dans la glande parotide. Il résulte de nos recherches que les corpuscules de Negri peuvent se trouver dans les glandes parotides des animaux enragés, maïs que leur présence n'est pas constante. C'est probablement pour ce motif que leur présence y à été niée jusqu’à présent. En supposant que les corpuscules de Negri soient un rapport de cause à effet avec la rage, les parotides n'étant pas toujours virulentes, on concCoit facilement que ces glandes et que leur sécrétion ne renferment des corpuscules que d’une facon inconstante. (Travail de l'Institut de pathologie et de bactériologie de Bucarest.) DES RAPPORTS QUI EXISTENT, CHEZ LES MONSTRES ECTROMÉLIENS, ENTRE LA MORPHOLOGIE EXTERNE DES RUDIMENTS SQUELETTIQUES ET LEUR STRUCTURE HISTOLOGIQUE, par J. SALMON. L'étude comparative de la forme et de la structure histologique des rudiments squelettiques, chez les jeunes ectroméliens en voie de déve- loppement, permet une vérification inattendue des lois histogénétiques qui président à l'édification du squelette. On sait que la forme d’une pièce squelettique quelconque dépend : 1° de la configuration, de l'étendue de l’ébauche primitive (stade de formation); 2° des différenciations consécutives et de la multiplication dans certaines directions des éléments de cette ébauche primitive (développement). Ces deux ordres de phénomènes sont indissolublement liés l’un à l’autre, en ce sens que dans une ébauche normale d’un type morpho- logique donné, les centres de différenciation ont une répartition et une orientation particulières, constantes pour le type squelettique considéré. Les expressions banales de os long, os court, os plat, usitées en anatomie descriptive, traduisent, en réalité, des formations et des adaptations embryologiques très spéciales ; elles acquièrent ici une grande importance. Toute variation dans la configuration de l’ébauche primitive s’accom- pagnera fatalement d’une modification dans la répartition des centres de différenciation. SÉANCE DU 18 MAI 889 Il est logique d'admettre que, dans ces conditions nouvelles, certaines régions de l’ébauche seront susceptibles de subir un mode évolutif particulier. C'est ce que démontrent très nettement certains cas - d’ectromélie. En effet, lorsque les rudiments squelettiques représentent une simple réduction micromélique totale ou partielle des os normaux du membre, la répartition des centres de différenciation et leur structure histolo- gique sont absolument normales, et comparables à celles des os nor- maux correspondants. De même, lorsqu'une partie d’un os fait défaut par absence de forma- tion, la structure de la portion bien définie restante est histologiquement normale. | L’ébauche primitive, dans ces exemples, a donc présenté, dès sa for- mation, une configuration et une répartition des centres de différenciation conformes au type morphologique de l'os considéré. Au contraire, dans un rudiment squeleltique d’un type morphologi- quement différent de celui de l'os dont il tient lieu, ou mieux, dans un rudiment sans homologie possible avec aucun os normal connu, on constate, en même temps qu'une répartition particulière, en apparence hétérogène, des centres de différenciation, des processus d'ossification complexes, des hétéroplasies variées. On est donc autorisé à admettre que, dans ces exemples, l'ébauche primitive a présenté dès sa formation une configuration anormale, et corrélativement une répartition par- ticulière des centres de différenciation, créant ainsi d'emblée un type squelettique nouveau. Les hétéroplasies que l’on observe sont la consé- quence des conditions particulières dans lesquelles doivent évoluer Les centres de différenciation ; elles traduisent un effort d'adaptation, néces- sité par les rapports réciproques de ces centres, rapports qui sont susceptibles, tératologiquement, de varier à l'infini. Ainsi est démontrée l'existence d’une étroite corrélation entre la formation de l’ébauche primitive et ses différenciations ultérieures. Mais, au cours du développement d’une pièce squelettique, sur- viennent, incidemment, des variations secondaires dans la qualité des différenciations. En d’autres termes, dans une ébauche normale ou anormale, les processus ossificateurs peuvent présenter des anomalies. évolutives diverses. L'ossification périostique, par exemple, subira soit une accélération, soit un ralentissement anormaux, par rapport à l’ossification enchondrale, ou réciproquement. Des hétéroplasies ‘ localisées pourront naître spontanément, sous l'influence de modifica- tions vasculaires, nutritives, ou pour toute autre cause. Ces anomalies de développement se manifesteront morphologique- ment par des déformations variées, en provoquant, ici un retard de croissance, là une courbure insolite, etc. Le résultat sera, de toute facon, une forme anormale, réduite, de l'organe adulte. Les ectromé- Fa s 890 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE liens présentent de nombreux exemples de ces phénomènes de différenciation anormale modifiant la forme primitive des ébauches squelettiques et quelquefois aussi la nature du tissu adulte. En résumé, les formes variées des rudiments squelettiques des. ectroméliens ne sont pas la conséquence d’un arrêt de développement des segments des membres ; elles résultent, dans chaque cas particulier, d'un mode évolutif propre, qui présente à considérer, comme pour toute pièce normale du squelette : 1° La configuration de l’ébauche primitive et la répartilion des centres de différenciation ; 2° La qualité et le sens des différenciations consécutives donnant à la pièce squelet- tique sa forme achevée, et déterminant la nature histologique des éléments adultes qui la constituent. CONDITIONS DANS LESQUELLES LA MUQUEUSE DIGESTIVE EST PERMÉABLE AUX { MICROBES DE L'INTESTIN (Première note), par J. BASsET et H. CARRÉ. Nous avons précédemment établi que, dans les conditions physiolo- giques, — même pendant la digestion d’un repas copieux et varié, — la muqueuse normale de l'intestin oppose une barrière infranchissable aux particules inertes et aux microbes, hôtes habituels ou accidentels du tube digestif. En ce qui concerne les particules inertes, ces résultats, que nous par- tageons d’ailleurs avec MM. Mironesco et Remlinger, furent pleinement confirmés par la « commission de l’anthracose ». Comme, d'autre part, il est hors de conteste que des microbes du tube digestif peuvent envahir l'organisme, il devient nécessaire de reprendre des expériences déjà faites (Wurtz, Béco, etc.) et d’en réaliser de nouvelles, pour préciser les conditions de ce passage. Ces conditions sont fonctions de plusieurs facteurs qui peuvent agir ‘“isolément : 1° L'état de la muqueuse digestive; 2 La résistance individuelle; 3° La virulence des germes. Nous envisagerons exclusivement aujourd'hui le premier de ces facteurs. I. £lat de la muqueuse digestive. — Pour l'irriter, nous avions le choix dans les purgatifs drastiques, Vulpian ayant montré que ces SÉANCE DU 18 MAI 891 substances déterminent une entérite aiguë; nous avons choisi le podo- phyllin, car nous avions de ce corps une longue habitude. C'est la méthode des cultures sur plaques qui fut employée pour surprendre le passage des microbes, car l'examen histologique est incapable d'apporter aucune précision dans les recherches de cet ordre. Nos observations, faites sur le chien, montrent que la muqueuse digestive brusquement et violemment congestionnée est perméable aux germes habituels de l'intestin, et cela dans des conditions qui méritent d'être résumées. Vingt chiens furent utilisés. Chaque animal, à jeun depuis vingt-quatre à trente-six heures, absorbe un repas copieux (soupe et viande). Puis, cinq à six heures plus tard, alors que la digestion est bien établie, il recoit sous la peau une dose de podophyllin, dose variable avec le poids du sujet. Peu après se produisent des vomissements répétés, une diarrhée profuse et souvent. dysentérique s’installe. Cinq à six heures après l'injection, l’animal est sacrifié par section du bulbe; le matériel (chyle, citerne de Pecquet; sang, veine porte) est ensemencé aussitôt sur plaques de gélose en boîtes de Roux. Sur 20 expériences, le résultat fut positif 18 fois. Dans les deux cas où les plaques restèrent stériles, la congestion de la muqueuse était fort discrète. Parmi les 18 observations positives, nous en avons trouvé : 9 où, seul, le sang de la veine porte donna des cultures; > où, seul, le chyle donna des cultures; 4 où sang et chyle cultivèrent à la fois. Dans tous les cas, les colonies furent très peu nombreuses, 1 à 4 par plaque pour 8 à 10 centimètres cubes de sang ou 2 à 6 centimètres cubes de chyle. Dans tous les cas, on retrouva le méme microbe, un staphylocoque, hôte habi- tuel de l'intestin du chien. Ces résultats sont intéressants à plus d’un litre. D'une part, le petit nombre de colonies d'une même espèce micro- bienne, que la muqueuse intestinale irritée laisse passer, confirme nos recherches antérieures et doit faire interpréter comme souillures acci- dentelles les microbes aussi nombreux que variés dont parlent Porcher et Desoubry. D'autre part, il est remarquable d'observer le passage constant d’un coceus, et plus que jamais on doit mettre en doute l'influence prépon- dérante de ces microbes dans les affections générales où on les ren- contre, car les cocci, staphylocoque ou streptocoque, pullulent dans Prat des animaux et peuvent en traverser les parois assez facile- ment sous des influences diverses dont nous poursuivons l'étude. (Zcole vétérinaire d’Alfort.) ‘892 = SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IV. — INTRODUCTION À L'ÉTUDE DE LA SPÉCIFICITÉ. LA CHARGE DE LA GÉLATINE OU DE MÉLANGES DE GÉLATINE EN FONCTION DU MILIEU, par HENRI Iscovesco. Dans un tube en U on met dans la branche horizontale de la géla- line assez pure, ou un mélange à parties égales de la même gélatine et d'ovalbumine à 25 p. 100, ou un mélange à parties égales de la même gélatine avec une solution aqueuse concentrée de lécithine, ou un mélange gélatine-lécithine ovalbumine, et dans les branches verticales, après solidification des mélanges gélatinés par refroidissement, de l’eau distillée. On fait passer ensuite au moyen d’électrodes en platine un courant de très faible intensité et on constate : 1. La gélatine contenant encore des électrolytes (19,10°), en présence de l’eau distillée se déplace vers le pôle négatif {4 mm. dans nos expé- riences,. L'eau se déplace de 5 mm. en sens inverse, c'est-à-dire vers le pôle positif. Dans un champ électrique, la gélatine contenant encore : des électrolytes (19,10°) est donc positive par rapport à l'eau distillée qui est électronégative. 2. Un mélange de gélatine et d’ovalbumine au dessus duquel se trouve l’eau distillée permet de constater dans le même champ électrique une véritable séparation provoquée par le courant. L'eau distillée pas plus que la gélatine n'ont subi de transports. Les niveaux sont restés les mêmes. Mais l’albumine s’est transportée dans l’épaisseur même de la gélatine. Elle s'est portée vers le pôle positif, est restée incluse dans la gélatine et a pris l'aspect d'albumine coagulée. 3. Dans le tube gélatine plus lécithine, l’eau distillée se déplace consi- dérablement vers le pôle positif. On a le même résultat que dans les expériences 1, mais multipliées par 5. Alors que en présence de gélatine seule le déplacement de l’eau avait été de 5 mm. dans ces expériences, la colonne d’eau distillée a baissé du côté négatif de 27 mm. et a monté d'autant du côté positif. 4. Dans les tubes où on met des mélanges de gélatine, albumine et lécithine, on a un transport d’eau vers le pôle positif intermédiaire comme intensité entre les expériences 1 et3, etle courant électrique n'a pas provoqué ici comme dans les expériences 2 une séparalion de l'al- bumine du mélange dans lequel elle se trouve. 5. Si dans des tubes en U contenant au fond de la gélatine solidifiée on met au-dessus, au lieu d’eau distillée, une solution de chlorure de sodium à 5 p. 100, on a les mêmes résultats qu'avec de l’eau distillée SÉANCE DU 18 MAI 893 c'est-à-dire que dans un champ électrique la gélatine est électroposi- tive et l’eau électronégative. 6. Si au lieu d’une solution de NaCIl on met de chaque côté une solu- tion d'azotate ou de chlorure de calcium, l’eau se déplace considérable- ment vers le pôle négatif. La charge de la gélatine est donc devenue électro-négalive dès qu'on a mis un sel de métal bivalent. On a le même déplacement des liquides vers le pôle négatif si au- dessus de la gélatine refroidie on met une solution de sulfate de cuivre ou d’acétate de manganèse. Si on met auÆessus de la gélatine dans les branches verticales une solution de phosphate de soude, on voit, comme pour le chlorure de sodium, la gélatine prendre une charge négative el non une charge positive. Il résulte donc de cette note : 1. La gélatine a une charge électropositive en présence d’eau distillée ou d’eau contenant des sels de métaux monovalents. 2. La gélatine a une charge électronégative en présence de solutions de sels bivalents (Ca, Cu, Mg). (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) NOTE SUR L'ACTION PATHOGÈNE DES LEVURES, par H. Ragyar et G. PÉJu. Mis à part le muguet, dont on connaît les localisations en nombre presque infini dans l'organisme, la présence de levures a été signalée chez l’homme dans l'intestin (Ch. Robin), dans les urines (Vogel et Lan- cereaux), dans le pus d’otites moyennes (Maggiora et Gradenigo) et de suppurations dentaires (Miller), dans un cas d’angine simulant le muguet du pharynx (Troisier et Achalme), sur des lésions de métrite du col (Colpe), de néoplasies diverses et dans des sarcomes. — Des formes levures ont été en outre signalées au niveau de l'appareil pleuro-pulmo- naire, notamment par Parrot dans des nodules pulmonaires d'enfants athrepsiques, par St. Artault dans trois cas et par A. Sallet (1902) dans quatre cas de cavernes tuberculeuses, par Pregham dans un cas de pleurésie hémorragique. Il esl vrai que, dans ces quatre derniers cas, les formes levures trouvées furent identifiées au muguet. L'ensemencement sur agar neutre ou même légèrement acidifié et sur carottes de pus provenant dans cinq cas de lésions fétides, gangre- neuses ou putrides, de l'appareil pleuropulmonaire, nous à montré après quelques jours de séjour à l'étuve à 37 degrés le développement, en outre Brozoate. Comptes RENDUS. — 1907. T. LXII. 62 894 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'innombrables bactéries, de formes levures constatées dans tous les cas examinés. À noter qu'aucun des malades n'avait présenté durant sa vie cliniquement trace de muguet buceal. Après isolement, ces cinq espèces de levures ont apparu sensiblement identiques. Elles naissent par petites colonies blanches et crémeuses, de consistance ferme et à contours nets, puis deviennent confluentes et bientôt plissées. Au microscope, elles ne présentent jamais que des formes globuleuses. Par nombre de ces caractères, elles rappellent donc le parasite du muguet : cependant certains caractères différentiels, ent&e autres l'épreuve négative dans le liquide Raulin (Cf. Biol., 1 décembre 1906), tendraient à les éloigner nettement du muguet type et à les faire considérer, soit peut-être comme appartenant à des variétés de ce muguet, soit comme des levures d’espèces différentes. En cherchant d'autre part systématiquement la présence de levures dans vingt cas pris au hasard d’affections pulmonaires diverses (bron- cho-pneumonie, bronchite chronique, emphysème, pneumonie, lésions pulmonaires tuberculeuses diverses, ete.), nous n'avons observé qu'une fois la présence d'une levure dans le pus provenant d’une caverne tuber- culeuse ; encore si morphologiquement elle était voisine de celles obser- vées plus haut, elle en demeura toujours dissemblable par un caractère essentiel, l'impossibilité de reproduire les mêmes troubles expérimen- taux. En inoculant en effet à quelques animaux de laboratoire les levures isolées des lésions gangreneuses et putrides pleuro-pulmonaires, nous avons constaté : a) que sous la peau et dans le muscle, l'injection n’abou- tit qu’à la production locale d’un petit nodule qui ne tarde pas à dispa- raître ; b) qu'à doses massives dans le poumon, l'injection amène la mort rapide de l’animal : à l’autopsie, on pouvait constater des lésions étendues et typiques de gangrène pulmonaire en même temps et du même côté, de pleurésie à odeur caractéristique; la production de gaz dans la plèvre n’a cependant jamais été constatée. Dans ces diverses lésions il était facile, par ensemencement sur carottes, d'isoler à nou- veau la levure injectée ; c) l'injection dans la veine marginale de l'oreille du lapin amenait la mort de façon aussi rapide, avec des phénomènes d'infection générale et des abcès multiples dans les parenchymes (mycose généralisée); enfin, dans le sang des animaux il était possible de trouver à nouveau la levure pathogène. Injectée alors pour la deuxième fois, elle permettait de reproduire exactement les mêmes phénomènes. Mais après un troisième isolement une troisième injection demeurait vaine : la levure semblait avoir perdu toute virulence. A l'inverse de ceci, la levure isolée d’un processus tuberculeux banal et injectée dans le poumon d’un cobaye n’y a produit qu'un bloc d’hépa- ; SÉANCE DU 18 MAI 895 tisation locale, avec lequel l’animal vivait depuis huit jours lorsqu'il fut sacrifié. 1 (Laboratoire de MM. Arloing et Morat.) SUR LA PRÉTENDUE TOXICITÉ DES CORPS DU GROUPE DE L'INDOL, par Cu. HERVIEUX. Il est de notion courante que l'indol et le scatol mis en liberté dans - l'intestin au cours des phénomènes digestifs sont des composés toxi- ques. Cependant, déjà en 1879, Baumann et Brieger avaient admi- nistré à un chien vigoureux de 24 kilogrammes 18 grammes d'indol dans l’espace de cinq jours, et Brieger, à un autre chien, 7 grammes de scatol en deux jours, sans qu'aucun de ces animaux ait été malade. L'objet de la présente note est d'apporter un grand nombre de faits nouveaux qui démontrent d’une façon absolue que non seulement CH l'indol proprement dit : CH NH et le scatol : Pr9P N4zH/ mais aussi les autres composés de la même série, le méthylkétol : cu cn Ÿ— ce A7H mer CH: le dyméthylnidol : cm: Nc cx: NH M D Nc ‘éthylindol : cex4 C : NH et le tryméthylindol y GC & CH* GE D CH® che sont dépourvus de toxicité. Nous avons opéré avec le lapin, la chèvre et le chien; c'est à ce dernier animal que se rapporte le plus grand nombre de nos expé- riences. Les divers indols ont été administrés au moyen de la sonde œsopha- gienne à l’état dissous dans un peu d'alcool et d'huile. Il ne faut employer que peu de corps gras si l’on ne tient pas à provoquer peu de temps après l’ingestion un vomissement qui n’est vraiment imputable qu à l’excès d'huile et nullement au composé indolique. Voici, en un tableau, le résumé de nos nombreuses observations : - OPA TA GT T G°0 16 CV TOpUATAUEE ‘agueyno ‘s ‘Joo[fur) 0F‘Q LOpUUATIA ‘eyouoq 7 «ed sauuop 979 quo sjopur soj ‘ogrogds ep uen © Au prnbsio (ET En ‘Stn9osuoo ‘[ y ua = Men lee RE = =D — | | 0z‘0 2G ouf (ent de G‘0 « I « g‘0 « FT « T « (ea) « 6 0 “« T « G AG / 1G 1 | (‘egueqns :s ‘Joofur) ‘0 (ogueno :s ‘J9afut) 080! x2 00: (agueqno :s ‘Joofut) G1‘0| 8 (agueno :s ‘joofut) Ç | xyr ‘0 | x6T TOJEIS — ‘agueno :s ‘{ut) O1‘ rinaire de Lyon.) x SJ[in99su09 ‘{ 3 ua Bu (6 ‘29SU09 ‘sanof YI U9 YIVEŒ = —Ee—E6 === 7e PC CCE ele E RE ‘SU09 ‘fr u9 z — & ‘-J1}n99$u09 ‘[ G ue G (a & G ‘HALUTEIS U9 SoSO(T (où A ———— I0QUI ‘Spieuer) 26 2G aap | ‘samnogq ‘SO1A9U9 GI ‘SU9U") ‘6399054 é él r (Laboratoire du professeur Porcher, Ecole * SÉANCE DU 18 MAI 897 INFLUENCE DES PRINCIPALES VOIES D’ADMINISTRATION SUR LA DOSE MINIMA MORTELLE DE BROMHYDRATE DE CAFÉINE SUR LA GRENOUILLE ET LE LAPIN, par E. MAUREL. GRENOUILLE. — Pour cet animal, j'ai comparé deux voies : la voie gas- lrique et la voie musculaire. Voie gastrique. — Le bromhydrate de caféine a été administré en solu- tions de À et 2 grammes pour 100 grammes d’eau dislillée à des grenouilles dont le poids a varié de 20 grammes à 40 grammes. Les doses ont été descendues graduellement de 2 grammes à 0 gr. 25 par kilogramme d'animal et les résultats ont été les suivants : 1° Avec les doses de 2 grammes à 1 gr. 50 par kilogramme, les ani- maux ont toujours succombé, avec 2 grammes dans moins de douze heures et avec 1 gr. 50 dans moins de vingt-quatre heures ; 2° Depuis les doses de un gramme à 0 gr. 50, les résullats ont été variables. Parmi ces animaux, les uns ont résisté, et les autres ont succombé, mais jamais avant vingt-quatre heures ou même quarante- huit heures. Dans ces limites, les morts ont été plus fréquentes que les survies avec les doses élevées; et le contraire a lieu avec les doses faibles ; 3° À partir de 0 gr. 30 les animaux ont toujours résisté. Mais cette dose et même celles sensiblement au-dessous ont toujours été suffisantes pour exagérer la sensibilité et la contractilité musculaire. Au moindre attouchement, l'animal contractait tous ses muscles et surlout ceux des membres sur lesquels ils s'élevait fortement en faisant le gros dos. Voie musculrire. — Les titres sont restés les mêmes de 1 gramme à 2 grammes pour 100 grammes d’eau distillée, et les poids des animaux ont été également compris entre 20 grammes et 40 grammes. Les doses ont été descendues graduellement de 0 gr. 50 à 0 gr. 02 par kilogramme d'animal et les résultats ont été les suivants : 1° Les doses de 0 gr. 50 à 0 gr. 20 ont toujours été suivies de mort. Avec les doses de 0 gr. 60 à 0 gr. 40 la survie n’a pas dépassé vingt- quatre heures, et, au contraire, elle a été de plusieurs jours avec celles de 0 gr. 25 à O gr. 20; 2 Avec les doses de 0 gr. 45 à O gr. 10, les résultats ont été variables ; 3° À partir de O0 gr. 05, l'animal a toujours survécu; mais même les doses de 0 gr. 02 ont toujours été suffisantes d’abord pour contracturer les muscles ayant recu l'injection et aussi pour produire une exagération de la sensibilité et de la contractilité musculaire. CONCLUSION. — Pour cet animal, les doses sûrement minima mortelles, 898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ainsi que celles de survie sûre, ont donc été environ six fois plus faibles par la voie musculaire que par la voie gastrique. LapiN. — Sur cet animal, j'ai cherché les doses minima mortelles successivement par la voie gastrique, la voie hypodermique et la voie veineuse. Voie gastrique. — Le bromhydrate de caféine a été employé au titre de 2 grammes pour 100 grammes d’eau distillée ; les poids des animaux ont varié de 1 kil. 500 à 2 kilogrammes, et les doses graduellement de 1 gramme à 0 gr. 30 par kilogramme. Les résultats ont été les sui- vants : 1° Aux doses de 1 gramme et 0 gr. 80 par kilogramme, l'animal n’a pas résisté vingt-quatre heures ; 2 À partir de 0 gr. 75, il à été si fortement impressionné qu’il est resté plus de douze heures sans manger; 3° Avec les doses de 0 gr. 50 et au-dessus, non seulement l’animal a résisté, mais même il s’est mis à manger presque aussitôt après l’in- jection. Toutefois au moins jusqu'aux doses de 0 gr. 20 par kilogramme sa sensibilité a été augmentée. Voie hypodermique. — C’est la même solution qui a été utilisée, et les doses ont varié de 0 gr. 40 à 0 gr. 05 par kilogramme. 1° Jusqu'à la dose de 0 gr. 30 par kilogramme, l'animal a succombé dans moins de vingt-quatre heures ; 2° Les doses de 0 gr. 25 ont donné des résultats variables; 3° Avec les doses de 0 gr. 20 par kilogramme, l'animal à toujours résisté, mais il a été assez impressionné pour rester plusieurs heures sans manger ; 4° À partir de 0 gr. 10, il a toujours mangé presque aussitôt après l'injection. . Voie veineuse. — Les doses ont varié de 0 gr. 20 à 0 gr. 05 par kilo- gramme d'animal. 1° Avec les doses de 0 gr. 20, l'animal a succombé dans moins de cinq minutes; 2° Avec les doses de 0 gr. 15 à 0 gr. 10, il a résisté; mais il a toujours été assez impressionné pour ne plus pouvoir se tenir sur ses pattes et rester plus de douze heures sans manger; 3° Enfin à la dose de 0 gr. 05, l’action de la caféine ne s’est manifestée que par l’exagération de la sensibilité et de la contractilité. Conccusions. — 1° Pour cet animal, les doses sûrement minima mor- telles, ainsi que les doses sûres de survie, ont été environ trois fois plus faibles par la voie hypodermique que par la voie gastrique ; 2° Mais les doses minima mortelles, ainsi que celles de survie pour la voie veineuse, n'ont pas été très inférieures à celles de la voie hypoder- mique. prr'ite À es 8 SÉANCE DU 18 MAI 899 Si maintenant nous comparons les résultats observés comparative- ment sur ces deux animaux, nous trouvons : 1° Que pour la voie gastrique, la grenouille est environ deux fois plus sensible à cet agent que le lapin; 2° Mais que par la voie musculaire pour la grenouille, et la voie hypo- dermique pour le lapin, les doses minima mortelles sont assez rapprochées l'une de l’autre, celle de la grenouille étant même plus faible que celle du lapin. S (Laboratoire de médecine expérimentale de l'Université de Toulouse.) APPAREIL POUR LE DOSAGE DE L'URÉE ET DE L'AZOTE TOTAI, par G. LAron. Cet instrument de construction très simple et qu'on peut improviser dans lous les laboratoires présente les mêmes qualités d’exactitude que l’uréomètre de Moreigne, tout en élant beaucoup moins fragile et d’un maniement beaucoup plus facile. Il se compose (voy. la figure) : 1° D'un gros tube À légèrement renflé à sa partie inférieure, destiné à recevoir le liquide à analyser; 2° D’un tube plus petit B entrant dans le pré- cédent et destiné à recevoir le réactif (hypo- bromite); un trait indique 10 centimètres cubes. Le gros tube est fermé par un bouchon de caoutchouc traversé par un tube coudé, renflé à sa partie moyenne et taillé en biseau à son extrémité inférieure. Cette disposition a pour but d'éviter le reflux du liquide dans le tube adducteur, de faciliter son écoulement et de l'empêcher de faire bouchon; 3° D'une cloche graduée en dixièmes de cen- timètre cube (de O0 à 25 centimètres cubes) reliée au tube précédent par un tube en caout- chouc épais et munie à sa partie supérieure d’un robinet à trois voies permettant de la mettre en relation soit avec l'extérieur, soit avec l'appareil analyseur. L'ensemble de l'appareil se place dans une éprouvette à pied, de un litre, remplie d’eau pour obtenir l’uniformité de température. Le tube A est lesté par une bague métallique pour assurer son immersion, Un thermomètre complète l'appareil. 900 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE , x Pour faire un dosage, le liquide à analyser (1 centimètre cube d'urine) étant dans le tube A et le réactif dans le tube B, on place le tout dans l’éprouvette et on attend deux à trois minutes pour obtenir l'équilibre de température. Cela fait, on soulève la cloche pour amener le niveau de l’eau au 0, on obture avec le doigt l’orifice supérieur f et on tourne le robinet de manière à mettre la cloche en relation avec le tube À (il est utile à ce moment de vérifier que le niveau est bien demeuré au zéro). On retire alors le tube À hors de l’éprouvette et on l’incline pour effectuer la réaction que l’on complète par une vive agita- tion. On peut soulever en même temps la cloche pour facililer le déga- gement gazeux qui s'effectue alors sous pression réduite. On reconnait que la réaction est terminée, lorsqu'il ne passe plus aucune bulle gazeuse à travers l’ampoule du tube à dégagement et que le niveau de l’eau dans la cloche demeure invariable. Il ne resle plus qu'à remettre le tube À dans l'éprouvette pour le ramener à la température initiale et à lire (en rétablissant l'égalité des niveaux) le volume d'Az dégagé, qu'il faut, bien entendu, ramener à 0 et à 760 millimètre Hg. Il n’y a pas à tenir compte, comme on voit, du volume de réactif employé. L'instrument est construit par M. Berlemont, mais on peut l'impro- viser partout avec une burette de Mohr, un robinet à trois voies et quelques tubes de verre. L'ensemble de l'appareil est très maniable et peut être commodément tenu à la main, ce qui facilite beaucoup les lectures et les diverses mani- pulations. J'ai vérifié son exactitude avec des solutions titrées de sulfate d’'ammoniaque; sa précision est très grande et largement suffisante pour toutes les recherches courantes en physiologie et en clinique. s SUR L'ÉMISSION DES GLOBULES POLAIRES Chez Rana fuscn, par E. BATAILLON. Les résultats expérimentaux que j'ai développés dans des mémoires antérieurs doivent être appuyés sur’ une étude cytologique de la matu- ration de l'œuf. Et cette étude cytologique elle-même, orientée dans des voies diverses, doit corroborer, si elle est fondée, ma conception d'ensemble sur le rôle de l'osmose au début des phénomènes de géné- ration. — Ici, je veux simplement préciser le moment des émissions polaires chez la grenouille rousse en sériant les cas suivant la réparli- tion topographique des œufs. Cas I. Période de pleine déhiscence. Presque tous les œufs sont libres dans la cavité générale : il n’y en a pas un seul dans les conduits. Ces œufs déhis- Le CRT CS ECS a = | | SÉANCE DU 18 MAI 901 cents peuvent présenter ou non une couche de périvitellin au-dessous de la membrane. Sur les uns comme sur les autres, je relève les mêmes stades mor- phologiques de maturation nucléaire : plage fusoriale, métaphase de la pre- mière figure ; les anaphases sont rares. Cas Il. Un cinquième environ des œufs descendus dans l'utérus. Les œufs ulérins sont au même point que dans le cas précédent. Il y à au moins autant de prophases que de métaphases de la première figure. Cas III. La moitié environ des œufs ont effectué leur descente. L'avance est légère. Les prophases deviennent rares. La métaphase du premier fuseau est en prédominance, qu'il s'agisse de la cavité générale, de l'utérus ou des conduits. Cas IV. Presque tout le stock est descendu. Le deuxième fuseau est en méta- phase aussi bien sur les quelques œufs restés dans la cavité générale que sur les autres. Il y à pourtant encore quelques premières figures. Gas V. Tous les œufs sont descendus. Les œufs prêts à la fécondation sont régulièrement en arrêt à la deuxième métaphase. Je conclus de ces observations : 1° En ce qui concerne les œufs de la cavité générale, que la sortie du périvi- tellin est sans rapport avec la maturation nu léaire ; 2° En ce qui touche le cheminement dans les conduits, que les divers seg- ments ne sont pas des repères auxquels on puisse s’altacher ; la marche des phéno- mènes d'émission paraît être fonction du temps écoulé depuis la déhiscence ; elle n'a rien à voir avec les conditions particulières réalisées dans les oviductes et dans l'utérus. Et la chose se comprend d'elle-même, si tous les stades peuvent se dérouler dans la cavilé générale; car on ne saurait logiquement admettre un ordre de cheminement calqué sur un ordre de déhiscence. Or, je souligne un cas particulier dans lequel des œufs, restés accidentellement dans la cavité du corps, étaient fous morphologiquement mûrs. Les dilatations utérines étaient pleines, les oviductes flétris, vides de mu- cine sur toute leur étendue, sauf d’un côté sur un segment de 2 centimètres au plus, contenant quelques œufs. Ces œufs, comme ceux restés dans la cavité générale, étaient à la deuxième métaphase. Ainsi, d'une part, on trouve des œufs utérins au stade de la plage fusoriale ; et, d'autre part, des œufs non engagés dans les conduits ont terminé leur travail d'émission. J'ai parlé ailleurs (1) du cas exceptionnel d'une grenouille désacou- plée chez laquelle l'imprégnation donnait des résultats positifs pour les œufs de l’oviducte et même pour ceux dela cavité générale. J’admettais un relard dans la descente et une surmaturation, par rapport aux stocks normaux pris au même point. Celte idée me parait nettement confirmée par l’observalion précédente. J'ai supposé, à la base de la tératogenèse chez les œufs immatures, en par- ticulier chez ceux qui me fournissaient les curieux anides mobiles décrits en (1) E. Bataillon. Nouvelles études sur l'équilibre physique des œufs d’amphi- biens au cours de la maturation (Arch. de Zool. Exp. Notes et Revues, 1905). 902 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4901 (1), l'émission incomplète des globules polaires et du périvitellin. Je ne saurais actuellement faire la part du. deuxième facteur, mais mon interpré- tation me paraît démontrée pour le premier. Pour obtenir sûrement des évo- lutions tératologiques, je ne prenais dans l’utérus que des stocks au tiers ou au quart descendus. La question se posait, en parthénogenèse, de savoir si les œufs qui subissent un commencement d'évolution sont bien au point voulu pour la fécondation. Mettons à part la réussite parfaite des fécondations témoins. N'ayant jamais usé que de stocks complètement descendus, je cons- tate que les œufs dans la règle (2) ont leur deuxième fuseau polaire en métaphase. Ils sont morphologiquement mürs. Mais il n’est pas prouvé que la deuxième cinèse s'achève et que le globule correspondant soit émis : c’est un desideratum que je remplirai. Cette rapide statistique m'amène de plus à quelques rectifications. 1° Il est impossible, comme je l'ai fait moi-même après beaucoup d’autres, de sérier les stades d’après la position des œufs (cavité générale, segment supérieur ou inférieur de l’oviducle, dilatation utérine), et la remarque dépasse certainement le type Rana fusca. Pour H. King, chez Bufo lentiginosus, les œufs de la cavité générale inontrent régulièrement la première figure polaire bien constituée (3). Pour Lebrun (4),chez Bufo vulgaris, les phénomènes de maturation s'accomplissent normalement dans l'ovaire. Or, sur un stock en déhiscence dans la cavité générale (B. vulgaris), je n'ai trouvé que des plages fusoriales. Mais Lebrun, adoptant mes vues sur la maturation et, partant de mon indication que les processus sont plus tardifs dans Rana, précise davantage. Les œufs de Bufo sont capables de développement sans être entourés de leurs enveloppes « parce que, à ce moment, les deux globules sont expulsés ». Ce fait n’est pas possible chez Rana, « ainsi que l’a observé Bataillon, parce que chez cette dernière, c’est plus tard seulement que les divisions de matu- ration s’opèrent ». La différence, on l’a vu plus haut, consisterait surtout dans un passage plus lent du stock à travers les conduits. 2° Mais il y a dans ces citations de Lebrun une grosse erreur que je persiste à considérer comme une faute de rédaction, bien qu'e'lé se retrouve plus loin sous une troisième forme : « Tous les phénomènes (il s’agit de B. vulgaris) de la disparition du noyau et l'expulsion des deux globules polaires se dérou- lent dans l'ovaire, avant que la déhiscence des œufs ne se produise ». C'est moi qui souligne. Et Lebrun me pardonnera de relever l’inexactitude. A la lecture des passages cités, on croirait facilement à une indication nouvelle à laquelle mon nom serait attaché. Mes études cytologiques (1) E. Bataillon. Etudes expér. sur l’évolution des Amphibiens. Les degrés de maturation de l'œuf et la morphogenèse. Arch. f. Entw. Mech., Bd XII, 1901. (2) Je dis « dans la règle »; il est possible, en effet, qu'aussitôt la descente achevée, on trouve encore de loin en loin quelques premières figures. (3) H. D. King. The Maturation and Fertilization of the Egg of Bufo lenti- ginosus. J. of Morphology, vol. XVII, 1901. (4) 4. Lebrun. Les cinèses sexuelles chez Diemyctilus torosus, p. 26 et 27. La.Cellule, t. XX. ui put te SÉANCE DU 18 MAI 903 sur la maluration ne datent guère que d’un an. Mais chez les cinq espèces d'Anoures que j'ai étudiées (ana fusca, R. esculenta, Bufo vulgaris, B. calamita, Pelodytes punctatus), la deuxième figure polaire reste en arrêt à la métaphase jusqu'après l’imprégnation. Chez la gre- nouille rousse, la deuxième anaphase commence à 17 degrés un quart d'heure après la fécondation. La deuxième émission se fait au bout d'une demi-heure, un peu plus tôt que chez les deux espèces de Bufo sus-indiquées, plutôt même que chez le Pélodyte, dont la segmentation se montre pourtant plus précoce et l’évolution plus rapide. HISTOGENÈSE DE L'ÉPITHÉLIOMA CYLINDRIQUE DU GROS INTESTIN, par MAURICE LETULLE. Les hasards des opérations chirurgicales portant sur le gros intestin ont permis à plusieurs de mes collègues des hôpitaux de me confier trois observations remarquabies d’épithélioma cylindrique au début. Mes autopsies m'en ont livré deux autres cas. Leur étude histologique m'a paru utile à la solulion du problème de la « nature des cancers épithé- liaux ». Les préparations et les figures que je présente me serviront de guide. Au contact même de la dernière cellule épithéliale cylindrique du re- vêtement intestinal encore intacte, bien reconnaissabie à son proto- plasma peu grenu, mucigène, recouvert d'un plateau finement strié, et encochée à son pôle opposé par un noyau ovoïde bien coloré, on diffé- rencie sur-le -champ le premier épithélium cancérisé. La celluie cancéreuse a pris, du premier coup, ses caractères anormaux. C’est bien encore un épithélium cylindrique, mais déjà métamorphosé, plus haut, moins régulier, plus vigoureusement charpenté, si l’on peut ainsi parler ; le protoplasma en est plus grenu, plus vivement colorable, moins méthodiquement chargé de mucine et presque toujours dépourvu de plateau. Le noyau, volumineux, est gorgé de filaments de chromatine avides de colorants basiques. La vitalité la plus exubérante s’y mani- feste sous forme de nombreuses figures karyokinétiques orientées dans les sens les plus différents. Les canaux des glandes de Lieberkühn qui font suite à ce revêtement intestinal anormalement hyperplasié sont élargis, plus longs, plus végétants qu'à l’état normal, ou même qu'au cours de n'importe quel état inflammatoire ayant sollicité vivement le fonctionnement et l'hypertrophie de la muqueuse intestinale. La cavité glandulaire, béante, baignée de liquide, déforme ses parois latérales, tout en allongeant dé- mesurément son cul-de-sac terminal. Sa paroi déjà épithéliomateuse se 904 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE frange, sitôt le goulot franchi, de replis tortueux, bourgeonnants, cons- tilués par autant d’exubérantes colonies de cellules cylindriques tassées, se chevauchant les unes les aulres et marquées toutes, sans exception, du sceau tumoral. Ces replis ne font pas seulement saillie dans la cavité glandulaire ectasiée; ils repoussent en même temps le tissu conjonctivo- vasculaire du derme de la muqueuse sous-jacent et y encastrent autant de néo-culs-de-sac envahissants, en continuité permanente avec la glande épithéliomateuse, leur génératrice. Chacun de ces nouveaux tubes glan- dulaires bossués envahit sans difficulté les mailles du derme hyperplasié qui l'entoure. La muscularis mucosæ, cette limile anatomo-physiolo- gique de la muqueuse intestinale, qui, dans aucune des autres mala- dies de l'intestin, ne se laissera jamais pénétrer par les glandes de Lie- berkühn, s'ouvre sans effort devant les bourgeonnements cylindroïdes de la glande cancéreuse : elle lui livre, sans la moindre résistance appréciable, les méandres des espaces et des canaux lymphatiques de la couche sous-muqueuse. Dès ce moment précis, silôt que la première fente lymphatique a recu le premier cul-de-sac glandulaire épithéliomateux, le drame est terminé : l’épithélioma, qui, dans mes présentes observations, demeurera typique jusqu’au bout, a pris possession de l’organisme. Le reste ne sera plus qu'une question de détails, d'évolution rapide ou lente; l’infestation cancéreuse, une fois établie, ne rétrocédera pas, quelle que doive être l’évolution ultérieure de la variété de tumeur épithéliomateuse : bénigne, comme il arrive si souvent pour le cancer de l’intestin,ou maligne,avec effractions généralisées aux divers régions et lissus de l'organisme. En présence de ces faits si précis, l'esprit a de la peine à résister à une conclusion logique qui s'impose : le « parasitisme » du cancer épi- thélial, alors même qu'il serail scientifiquement démontré par les ino- culations, les conlagions, voire les épidémies humaines, ne pourra solu- tionner, à lui seul, le problème de l’histopathogénie des lésions épithé- liomateuses. Il lui faudra encore trouver les causes intimes, les raisons profondes des élaborations monstrueuses et organogéniques de l'épi- thélioma. Le parasitisme expliquera-t-il un jour comment la cellule can- céreuse peut vivre, d'une vie anormale et désordonnée, à l’intérieur du tissu conjonctivo-vasculaire et de ses dérivés, dans ces régions inac- cessibles, de par les lois de l’hérédité, à tout épithélium, qu'il soit normal ou atteint de n'importe quelle lésion simplement inflammatoire ? SEANCE DU 18 MAI 905 IMPORTANCE FONCTIONNELLE DU PIGMENT DANS LA SURRÉNALE, par P. MuLon. Trois ordres de faits me serviront à montrer cette importance. I. — La couche pigmentée de la surrénale du cobaye augmente d'épaisseur au fur et à mesure que l'animal vieillit. Il y a donc une relation entre la quantité de pigment et la durée du fonctionnement de la glande. La couche graisseuse au contraire décroît proportionnelle- ment (1). I. — En examinant les capsules d'animaux surmenés par des gros- sesses successives ou soumis à l’action de produits microbiens pendant un long temps, j'ai trouvé, dans certaines des cellules les plus cen- trales de la corticale, du pigment à l’état de cristaux aciculaires, ce qui représente, pour moi, une charge maxima de la glande en pigment (2). J'en ai conclu que la cellule — ou la glande — surrénale en fonction- nant accumulait de plus en plus de pigment (2). Ici encore, l’augmen- tation de la couche pigmentée et de sa teneur en pigment marche parallèlement avec une diminution de la couche graisseuse qui peut aller jusqu'à disparaitre presque complètement (2). III. — D'une série d'expériences qui seront intégralement publiées lorsqu'elles auront toutes pris fin, je détache aujourd’hui les trois cas suivants : 1° Cobaye mâle, 518 grammes. — Capsulectomie gauche, le 18 avril 1906. Capsule gauche pèse 40 centigrammes Le lendemain, injection intrapérito- néale de 22 centigrammes de créatine cristallisée; le surlendemain, idem de 2 grammes d'extrait de Liebig. L'animal est tué trois heures et demie après celte seconde injection. La capsule droite pèse 36 centigrammes (3) et n’est donc pas hypertrophiée par compensation. Alors que l’on rencontre dans la capsule extirpée quelques grosses gouttes de graisse analogues à celles décrites dans la capsule de la femelle, on ne trouve plus aucune goutte de gros calibre dans la capsule laissée en place et qui a fonctionné seule. 2° Cobaye mâle, 587 grammes. — Capsulectomie gauche, le 18 avril 1906. Capsule gauche pèse 30 centigrammes. Le lendemain, l'animal est sacrifié. La surrénale droite, qui a fonctionné seule vingt-quatre heures, pèse 30 centi- grammes et présente donc de ce fait une légère hypertrophie. Comparée avec la couche graisseuse de la capsule extirpée, la couche grais- seuse de la capsule qui a fonctionné seule vingt-quatre heures montre une diminution du nombre et du calibre des gouttelettes graisseuses contenues dans (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, 28 octobre 1905. (2) V. in Bibliographie anatomique. (3) La capsule droite est toujours de poids inférieur à la capsule gauche. 906 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ses cellules, à tel point que certains éléments arrivent à perdre leur aspect spongieux. _ 3° Cobaye mâle, 615 grammes. — Capsulectomie gauche, le 15 février 1906. Capsule gauche pèse 34 centigrammes. Tué le 22 février 1906, il est resté sept jours mono-capsulé. La capsule droite pèse 35 centigrammes; pesant ainsi plus lourd que la capsule gauche, elle est vraisemblablement hypertrophiée. La couche graisseuse de la capsule laissée seule en place et celle de la capsule extirpée sont sensiblement égales à l’œil nu. Mais au microscope, la graisse de la capsule qui a fonctionné seule huit jours, c’est-à-dire plus intensément, apparaît en toutes petites gouttes par endroits et le cytoplasma des cellules n’a plus l'aspect aréolaire typique. Ainsi done, dans ces trois cas de capsulectomie unilatérale, la graisse a diminué dans la capsule qui a fonctionné en suppléance. Conclusions. — Lorsque les surrénales ont longtemps fonctionné (I) ou beaucoup fonctionné (II), lorsqu'une surrénale a fonctionné seule à la place de deux (III), on y trouve plus de pigment et moins de graisse. En conséquence, comme signe d'hyperépinéphrie, je m'en rapporterai à l’hyperpigmentation et à la diminution de la graisse plutôt qu'à l’aug- mentalion de la graisse. Je n'ai, d’ailleurs, jamais rencontré cette aug- mentation dans une quinzaine de cas de capsulectomie unilatérale que J'ai examinés jusqu'à présent. L'augmentation de la graisse me semble- rait plutôt un signe de ralentissement de la fonction. Et dans les cas d'adénome de la surrénale où la glande est tout entière graisseuse, je crois que les syn.ptômes observés sont à considérer comme des symptômes par défaut plutôt que par excès. DE L’AUTOTOMIE PROTECTRICE CHEZ LE CRABE, par H. PIÉRON. Il existe, indéniable chez le Grapsus varius, très douteuse chez le Curciñnus mænas, une autotomie dépendant des ganglions supérieurs, variable suivant les circonstances, qui présente Les caractères d’un acte volontaire ou d’une réaction émotionnelle, mais qui n’est certainement pas un réflexe simple (4). Cette autotomie a le caractère biologique d’être évasive, de permettre à l'animal en danger, retenu par une patte, de s'échapper; et elle s'effectue d'autant mieux que le danger est plus imminent et que les chances d'échapper sont plus grandes. Mais il existe, chez ces deux crabes, comme chez tous autres à ce (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 11 mai 4907. SÉANCE DU 18 MAI 907 qu'il semble bien, une autotomie d’un caractère différent, aussi bien au point de vue physiologique qu'au point de vue biologique. Lors même, en effet, que l’on a sectionné les connexions commissurales entre la masse ventrale et les ganglions supérieurs, un peu au-dessous de l’œsophage, une excitation violente de la patte, comme l’a montré Frédéricq, est toujours susceptible de provoquer la rupture spontanée au niveau de la soudure de l’ischiopodite et du basipodite. Cette autotomie paraît avoir tous les caractères du réflexe. Mais, dans ce cas, on ne peut plus parler d’autotomie évasive, car l’animal brise ses pattes alors qu'il est maintenu et ne peut s'enfuir, et il arrive à briser jusqu'à son dernier membre. L’autotomie a un carac- tère protecteur; elle met fin à une excitation douloureuse, et elle évite une saignée qui pourrait être mortelle, le gonflement d’un muscle au niveau de la soudure autotomique arrêtant l'écoulement sanguin. Il y aurait donc là une autotomie protectrice rentrant, avec l’autotomie évasive et l’autotomie économique, dans le grand groupe des auto- tomies défensives de M. Giard. La nature réflexe de cette autotomie protectrice vis-à-vis des excita- tions violentes de la patte n’empêche pas qu'elle reste soumise à des variations qui, pour n'être pas si considérables que l’autotomie évasive, n'en restent pas moins importantes et difficilement explicables. On a cru pouvoir déterminer une plus grande propension à l’auto- tomie de certains membres; mais pour ma part, aussi bien chez le Grapsus que chez le Carcinus, je n’ai encore rien trouvé à cet égard qui puisse être regardé comme constant. L'influence de l'intensité de l’excitant est évidemment indéniable, ‘ainsi que celle de la fatigue croissante; mais il reste des différences qui ne peuvent être rapportées à aucun de ces facteurs, différences portant, soit sur le temps nécessaire à l’autotomie, comme l'ont remarqué Frédéricq et divers auteurs qui ont étudié cette question, soit sur le fait de l'autotomie elle-même. Un grapsus extrêmement agile à qui je brùle une patte avec un bec Bunsen conserve son membre alors que je lui en ai brûlé les deux tiers et que son moignon est incandescent, mais il autotomise une patte que je lui brise; un autre autotomise dès le contact de la flamme, à qui il faut couper trois fois, à des niveaux différents, une même patte, pour qu'il s’en sépare. Etant donné que l’autotomie protectrice, tout en se présentant encore après l'isolement de la masse ganglionnaire ventrale, diffère cependant alors, selon les auteurs, de ce qu'elle était auparavant, on pourrait attribuer un grand nombre de ces variations à une influence inhibitrice ou excitatrice très probable des ganglions cérébroïdes sur ce réflexe 908 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ventral (1). Mais des varialions curieuses se manifestent encore après isoiement de la chaine ventrale (2). Tandis que certains carcinus autotomisent moins vite un nombre de membres ne dépassant pas 7, d’autres autotomisent les 10, pour une même excitation de brisure. Et surtout l’inconstance du réflexe est énorme chez le grapsus, au moins autant qu'avant la section des commissures. Chez un de ces crabes j'observe à la suite de la brisure les faits suivants : Pince droite, autotomie; pince gauche, rien; première patte gauche, autotomie ; deuxième patte gauche, rien; troisième patte gauche, autotomie; quatrième patte gauche, rien; première patte droite, rien ; deuxième patte droite, autotomie ; troisième patte droite, autotomie; quatrième patte droite, rien. Il reste donc, dans cette autotomie protectrice qui semble bien devoir être considérée comme réflexe, des irrégularités difficilement explicables à l'heure actuelle, en outre de celles qui doivent relever d’une inter- vention variable des ganglions cérébroïdes. (Travail du Laboratoire d’Evolution des êtres organisés.) (1) Par excitation électrique du muscle œsophagien, j'ai obtenu une fois l’autotomie d’une pince chez un grapsus. Par excitation de la masse ventrale et des nerfs de la patte à leur sortie dela masse ganglionnaire, je n'ai jamais constaté l’autotomie complète, mais des mouvements, des contractures, chez le carcinus et le grapsus. (2) Lorsque les commissures sont sectionnées au-dessous de l’æsophage, le crabe perd sa coordination molrice; il ne sait plus marcher et roule sur le dos; les attouchements des yeux et des appendices ne provoquent pas de réaction des pattes, bien entendu; mais les pinces et les pattes défendent encore l’abdomen contre les attouchements. ALES 22, Ton È FRE (48) 909 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 7 MAI 1907 CHAINE (J.) : Recherches sur la SOMMAIRE KunsTLeR (J.) : Observations sur langue des Téléostéens. . . . . . .. 63 | l'Amiurus nebulosus . . . . . . . .. 61 Coyxe et Branveïs : Sur l’évolution PÉREz (Cu.) : Le corps gras des épithéliomateuse cornée du fibrome Muscides pendant la métamorphose. 48 lacunaire de la mamelle. . . . . .. 53 PÉREz (Cu.) : Histolyse phagocy- GAUTRELET (JEAN) : De la réalisa- taire des cellules grasses à la fin de tion de crises épileptiformes obte- lan MDN OS EEE PRE 50 nues par électrolyse, chez le lapin. 55 SAUVAGEAU (CAMILLE) : Sur le ver- GAUTRELET (JEAN) : Des effets phy- dissement expérimental des huîtres. ‘58 siologiques consécutifs à l’applica- SAUVAGEAU (CAMILLE) : Sur la ger- tion de l’électrode à l'oreille de mination et les affinités des Clados- l'animal dans l’électrolyse. . . . . . DOM NME D A USENET RES TR NT 60 GAUTRELET (JEAN) : Des modifica- VERGER (H.) et Branpets : Infec- tions qu'entraine la suppression de tion expérimentale des nerfs par la circulation dans l’électrolyse . . 51 | le streptocoque . . . . . . . . . . .. 52 Présidence de M. Sellier, vice-président. LE CORPS GRAS DES MUSCIDES PENDANT LA MÉTAMORPHOSE, par CH. PÉREZ. L'histolyse du tissu adipeux larvaire des Muscides est une question des plus controversées; et, si l’on n’est point encore arrivé à des con- clusions universellement admises, on en peut assurément incriminer avant tout de très réelles difficultés de technique, qui s'opposent à l’obtention courante de préparations irréprochables. Il faut ajouter aussi que l’évolulion est loin d’être uniforme pour toutes les cellules du tissu adipeux larvaire. Kowalevsky, dont les vues sur l’histolyse musculaire des Mouches sont aujourd’hui hors de conteste, avait sommairement annoncé, dès BioLoGtE. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. 63 910 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (49) RE — 1887, pour les cellules grasses, une résorption analogue par phagocy- tose leucocytaire. Bientôt après (1888), van Rees avait renchéri, croyant voir, dans une seule cellule grasse, jusqu’à plus de cent phagocytes. Mais Berlese (1899) fit remarquer avec juste raison une erreur mani- feste de van Rees : l’auteur hollandais avait pris pour des cellules im- migrées de simples inclusions, normales et constantes, de la cellule grasse : inclusions albuminoïdes ressemblant à un corps protoplas- mique, et ponctuées de granulations chromatophiles, simulant des noyaux. Berlese interprète ces pseudo-nucléi comme des enzymes; mais P. Marchal a depuis longtemps fait connaître leur nature urique; et cette constitution chimique explique bien leur affinité pour les colo- ranis nucléaires. Les cellules grasses des Mouches fonctionnent en effet à la fois comme organes de réserves et comme rein d'accumulation, cumulant ainsi deux fonctions, qui sont au contraire dévolues dans d’autres ordres d'Insectes à deux catégories différentes de cellules. Ce que van Rees avait pris pour de la phagocytose est simplement la manifestation tout à fait normale de celte dualité physiologique, dont les produits se superposent dans une même inclusion cellulaire. Emporté par sa eritique, Berlese conteste toute existence réelle à la résorption phagocytaire. La résorption des inclusions se fait dans les cellules grasses elles-mêmes, celles-ci s’épuisant peu à peu au profit des cellules grasses imaginales voisines, dont Ie rôle n’est d’ailleurs pas nettement explicité. Henneguy (1900) est au contraire revenu à une opinion moyenne : il y a bien résorption de cellules grasses par phagocytose leucocytaire; mais les amœbocytes ne font qu'englober des inclusions mises préala- blement en liberté par l’altération spontanée, l'éclatement, la diffluence des cellules grasses. Mercier (1906) a récemment repris cette étude, du moins en ce qui concerne les cellules grasses abdominales, au début de la nymphose. Il décrit une intervention active des phagocytes, qui s’insinuent par effrac- tion jusque dans la profondeur de la cellule, et apporte ainsi, avec la certitude que peut donner la technique moderne, la confirmation des résultats annoncés et figurés dès 1887 par A. Kowalevsky. Le processus décrit dans ce cas par Mercier rappelle tout à fait celui que j'ai fait connaître chez les Fourmis (1902), à cela près que l'entrée en action des phagocytes est ici postérieure à une dégénérescence préa- lable des cellules résorbées, altération qui se manifeste par une chro- matolyse bien accusée : le noyau est irrégulier, sa chromatine entière- ment condensée en une boule compacte, alors que le territoire cellulaire est encore intact, la phagocytose prochaine s’annonçant tout au plus par le voisinage des leucocytes, dont certains viennent s’accoler à la membrane. Ce processus est loin d’être général pour toutes les cellules adipeuses, (50) SÉANCE DU 7 MAI 914 el l’on doit tout d’abord rappeler que la très grande majorité de ces cellules persistent inaltérées jusqu'aux derniers jours de la nymphose, où se retrouvent même encore chez l’imago après l’éclosion. C’est ainsi qu'éllés jouent véritablement le rôle d'organes de réserves, dispensant par leur activité propre, et au prorata des besoins de l’organisme, les substances nutritives qu’elles ont accumulées. C'est ainsi également qu'elles continuent, au moins un certain temps, à fonctionner comme rein d'accumulation. Mais, au fur et à mesure que les organes imagi- naux se développent, elles digèrent, à l’intérieur même de leur proto- plasme, quelques-unes dé leurs inclusions ; et, d'autre part, dès que les tubes de Malpighi imaginaux sont arrivés au terme de leur différencia- tion, ils commencent à fonctionner, dès avant l’éclosion de l’imago; les uratés, provisoirément emmagasinés dans les cellules grasses, sont dissous, remis en circulation; et, tandis que sporadiquement, dans les inclusions des cellules grasses, les pseudonucléi s’estompent, se frag- mentent et disparaissent, on retrouve les urates en globules figurés dans lés cellules des tubes de Malpighi, dans la lumière de ces tubes, et enfin dans l'intestin où ils s'accumulent en un abondant méconium. D'une manière plus où moins précoce ou tardive, tous les urates accu- mulés seront ainsi évacués par la voie physiologique ordinaire de l’or- ganisme imaginal. Cette résorption des inclusions et des pseudonueléi est loin de se pré- senter d'une manière simultanée pour toutes les cellules. Tardive dans l'abdomen, elle apparaît au contraire d’abord dans la tête et le thorax. C'est aussi dans ces deux régions du corps que les cellules larvaires dis- paraissent le plus tôt, devant la prolifération des organes imaginaux. HIiSTOLYSE PHAGOCYTAIRE DES CELLULES GRASSES A LA FIN DE LA NYMPHOSE, par CH. PÉREZ. Dans le thorax et dans la tête des pupes âgées de Calliphora, les cellules grasses se trouvent fréquemment comprimées entre les organes imaginaux, immobilisées dans un repli tégumentaire, laminées entre deux plans musculaires, ou prises comme au filet au milieu de fibres contractiles ou de ramifications trachéennes, tiraillées alors en sens divers et tout à fait irrégulièrement déformées. Ces cellules dispa- raissent parmi les premières, et l’on pourrait se demander si les défor- mations qu'elles subissent, comparables en somme à de véritables _ traumatismes, ne commencent pas à les mettre en état d’infériorité, ne les désignent pas en quelque sorte à l'attaque des phagocytes. Il est difficile de se prononcer, mais je ferai remarquer que l’on peut trouver 942 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX 4 (64) dans le voisinage des cellules parfaitement libres et isolées, ét qui subissent en même temps l’atrophie sans aucun traumatisme préalable. En tout cas, l'attaque des phagocytes est très précoce. Ils commencent à entourer la cellule et à englober ses inelusions les plus périphériques, alors que le noyau de la cellule ne présente encore aucun signe bien accusé de chromatolyse. La cellule elle-même reste cohérente; son réseau cytoplasmique continue à maintenir régulièrement les inclu- sions de diverses tailles, et il semble y avoir continuité protoplasmique entre ce réseau et les pseudopodes des leucocytes infiltrés. Ceux-ci sont déjà profondément avancés dans la profondeur de la cellule, alors que le noyau présente seulement un début de condensation de sa chroma- tine en petites boulettes; et la distribution éparse de ces boulettes est encore telle que l’on pourrait presque croire, à un faible grossissement, le noyau encore normal. Il y a donc, dans ce cas, non seulement destruction active, par les phagocytes, d’une cellule qui reste encore cohérente dans toute l'étendue du territoire non encore infiltré (ce qui concorde avec la description de Mercier); mais, en outre, l'attaque phagocytaire est précoce, affectant des cellules qui ne présentent encore aucun signe manifeste de dégéné- rescence. | On peut même remarquer que les cellules en voie d'atrophie se signalent souvent par le nombre réduit de leurs inclusions albumi- noïdes. Elles ont donc, par la digestion des inelusions disparues, par la remise en circulation de leurs urates, témoigné, jusqu'au moment même de la résorption phagocytaire, d’une activité physiologique nor- male, plus intense même que celle des autres cellules grasses qui échappent encore à la phagocytose, persistant avec leur aspect anté- rieur, bourrées d’inclusions à pseudonucléi, et chez lesquelles l'absence de toute modification semble plutôt indiquer à ce moment une vie ralentie. Toutes les cellules d'une même région ne disparaissent pas simulta- nément. Bien au contraire, au milieu d’un amas de phagocytes bourrés d'inclusions, marquant la place de cellules disparues, on voit des cel- lules parfaitement intactes, où se continue la lente résorption des inclu- sions; ce sont ces cellules qui persistent jusqu après l’éclosion de l’imago. Après la disparition de toutes les inclusions, le protoplasme, revenu sur lui-même, occupe un faible volume, la cellule tout entière étant par exemple réduite de 150 & à 30 u de diamètre, son noyau étant encore tout à fait normal. Pendant ce processus, la cellule est entourée peu à peu par des leucocytes qui s’accolent à sa périphérie, lui consti- luant comme une sorte de follicule, mais sans pénétrer à son intérieur. Peut-être ces cellules, auxquelles je ne trouve, contrairement à l’affirma- tion de Berlese, aucun rapport avec les cellules grasses imaginales, profitent-elles de la résorplion lente de la cellule qu'elles enveloppent? (52) SÉANCE DU 7 MAI 913 mais c’est là un processus en quelque sorte chronique, bien différent de la phagocytose brutale décrite plus haut. Pour ces dernières cellules, la phagocytose n'intervient que tout à fait à la fin, à un moment où il n y a plus pour ainsi dire que le noyau en chromatolyse à résorber. En résumé, cet examen de l’histolyse du tissu adipeux des Mouches conduit aux mêmes conclusions que j'avais formulées à l’occasion des Fourmis. Dans les métamorphoses des Insectes, il n’y a pas à considérer seu- lement des conditions générales communes à tout l'organisme, mais, avant tout, des circonstances individuelles particulières à chaque cel- lule, généralement insaisissables à nos procédés d'investigation histo- logique, et qui sont cependant de la plus haute importance, puisqu'elles suffisent à écarter les leucocytes de la cellule, ou bien au contraire à provoquer leur appel chimiotactique et leur aggression phagocytaire. (Communication accompagnée de démonstration de préparations.) INFECTION EXPÉRIMENTALE DES NERFS PAR LE STREPTOCOQUE, par H. VERGER et BRANDEIS. Nous avons injecté dans le sciatique de cinq lapins deux gouttes d'une culture en bouillon d’un streptocoque provenant d’un érisypèle gangréneux et qui avait subi un passage sur lapin et deux passages sur bouillon-ascite. Les animaux ont été sacrifiés deux jours, quatre jours et quatorze jours après l'injection. Sur les coupes transversales des nerfs traitées par l’hématéine-éosine, on voit au niveau du point d'injection des lésions d'inflammation inters- titielle consistant en apport leucocytaire et en ectasies vasculaires, avec des lésions identiques comme nature à celles que nous avions pro- voquées par l'injection de staphylocoques (1). Toutefois, l’effet inflam- matoire se distingue dans le cas du streptocoque par la moindre impor- tance des ectasies vasculaires et la rareté des hémorragies interstitielles; en même temps, on constate plus fréquemment que dansles expériences avec le staphylocoque la présence d'éléments migrateurs dans les fais- ceaux nerveux, soit par infiltration diffuse, soit par amas leucocytaires cohérents. Ces lésions sont maxima chez les lapins sacrifiés le quatrième jour; elles sont en décroissance très nette chez ceux du quatorzième _ jour. À mesure que l’on s'élève au-dessus du point d'injection, l'intensité (1) Verger et Brandeis. Réunion biologique de Bordeaux, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907, p. 99. 944 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (53) des lésions inflammatoires diminue en ce qui concerne l’infiltration leucocytaire, tandis que les ectasies vasculaires persistent avec les mêmes caractères jusqu’à deux centimètres et demi environ. Au-dessous du point d'injection on peut suivre la même progression jusqu’à quinze millimètres environ. La recherche des microbes sur les coupes n’a pas donné de résultats au deuxième jour, confirmant la disparition rapide déjà constatée pour le staphylocoque. Enfin, l'intégrité des tubes nerveux examinés après fixation à l'acide osmique est très remarquable chez tous nos animaux, et rappelle ce qui a été constaté dans nos expériences antérieures (1). (Travail du laboratoire de M. le professeur Pitres.) SUR L'ÉVOLUTION ÉPITHÉLIOMATEUSE CORNÉE DU FIBROME LACUNAIRE DE LA MAMELLE, par CoynE et BRANDEIS. Il s’agit d'un fibrome lacunaire du sein dans lequel la néoformation conjonctive occupe la majeure partie de la tumeur et s’est développée autour des acini glandulaires qu’elle transforme en vastes lacunes allongées et ramifiées. Ces déformations acineuses sont dues à la proli- fération conjonctive qui a repoussé au-devant d'elle les parois des acini dont l’épithélium cylindrique présente à sa base une couche de petites cellules polyédriques constituant la zone cellulaire de remplacement. Le tissu conjonctif périacineux est fibrillaire ; ses éléments cellulaires sont rares au niveau des grandes lacunes, denses autour des lumières de plus petit volume. En somme, dans la plus grande partie de la tumeur prédomine la forme de fibrome périacineux ayant évolué dans le sens de cavités kystiques lacunaires et végétantes. Mais au niveau de certains points apparaissent des lésions bien diffé- rentes : les phénomènes de prolifération, au lieu d'intéresser le tissu conjonctif périacineux portent sur le revêtement des acini : l’épithélium de cylindrique est devenu polyédrique ou aplati, étageant des couches très nombreuses qui remplissent la cavité glandulaire et déterminent une dilatation considérable de sa lumière, Dans ces points disséminés en diverses portions des coupes (1), les acini constituent de grosses masses arrondies ou ovoïdes dans lesquelles les cellules de revêtement sont d'aspect très variable : à la périphérie, ce sont des cellules polyé- driques très aplaties contre la zone limitant le tissu conjonctif; dans la (1) Comptes rendus, p. 269. (54) SÉANCE DU 7 MAI 915 partie moyenne, elles sont plus volumineuses et polyédriques sans aplatissement sur aucune de leurs faces; enfin, dans la partie centrale on aperçoit une masse d'apparence lamellaire rappelant l’imbrication en bulbe d'oignon des formations cornées. Dans quelques formations épithéliales (2) de dimensions moiadres, on trouve des cellules devenues très volumineuses ayant subi isolément la transformation cornée et entourées d’une lame commune elle-même kératinisée. Dans les cellules périphériques les noyaux sont allongés et fixent assez fortement les matières colorantes; dans la partie moyenne ils sont ovoïdes et vacuolaires; dans la zone voisine de la masse kérati- nisée, les noyaux sont en majorité dépourvus de leurs granulations qui ont diffusé et qui forment un piqueté à grains de volume variable suivant la direction de l’imbrication des cellules. Dans les parties cen- trales les lamelles sont amorphes, mais de distance en distance on voit que la masse feuilletée est parsemée de très fines granulations. Un fait à noter, c’est que là où les éléments glandulaires n’ont cons- titué que des lacunes ou des cavités kystiques à épithélium cylindrique, le tissu conjonctif périacineux est fibreux ou fibroïde. Autour des éléments glandulaires ayant subi l’évolution dermo-papillaire, le tissu conjonctif périacineux est très enflammé, renferme de nombreux éléments embryonnaires (3) massés en nodules allongés et envahissant le tissu conjonctif à cellules fusiformes ; cette formation embryonnaire 916 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (55) est d'autant plus marquée que les masses épithéliales sont plus volu- mineuses. En résumé, il s’agit d’un fibrome lacunaire dans lequel quelques culs- de-sac glandulaires ont subi une transformation de leur épithélium aboutissant à la constitution de masses cornées. C’est au sein d’une masse fibromateuse l’évolution de quelques éléments glandulaires dans le sens de l’épithélioma pavimenteux lobulé. | Ces associations sont très rares, et, s'il est possible de les soupconner au point de vue de l’évolution théorique des tumeurs, il est excep- tionnel de les pouvoir saisir sur des coupes histologiques d’une facon aussi évidente. DE LA RÉALISATION DE CRISES ÉPILEPTIFORMES OBTENUES PAR ÉLECTROLYSE, CHEZ LE LAPIN, par JEAN GAUTRELET. Si l’on s’en rapporte à la doctrine classique, il est des animaux, le lapin, la chèvre, chez lesquels une excitation, même violente et pro- longée, de la zone motrice ne donnerait lieu qu'à des réactions tétani- ques. Au cours d'expériences poursuivies dans un autre ordre d'idées, nous avons réalisé chez le lapin de véritables crises d’épilepsie corticale. Ces crises ont présenté les caractères fondamentaux : phéno- mèênes d'angoisse, convulsions toniques, puis cloniques, avec dilatation pupillaire. Il est aisé de constater ces crises épilepliformes qui se produisent aussi bien après le passage du courant électrique que pendant la durée de celui-ci. C'est en voulant reproduire l’intoxication du lapin par introduction électrolytique de la strychnine dans les vaisseaux de l'oreille (expé- rience de Leduc) que nous avons été conduits à ces faits. Nous disposons sur :'oreille du lapin un tampon imbibé à une solu- tion très diluée (au 10.000°) de sulfate de strychnine et recouvert d’une plaque de plomb, qui sert d’anode. La cathode, formée d’un tampon de coton imbibé d’eau salée et recouvert d’une plaque de plomb, est située sur la patte postérieure du côté opposé. L'’intensité du courant est de 30 milliampères. Au bout de trente à quarante-cinq minutes, l'animal est pris de convulsions cloniques, puis épileptiformes. Ces convulsions ne sont pas à confondre avec les convulsions strychniques qui ont lieu postérieurement. Pas alors de sensibilité réflexe exagérée, pas de trismus. Vers la cinquantième minute commencent les convulsions strychniques caractéristiques et l’animal meurt aussilôt en opistho- tonos, et sursautant à la moindre excitation. (56) SÉANCE DU 7 MAI 947 Cette observation fut le point de départ d'expériences semblables où nous avons substitué à la strychine des solutions de NaCI, KCI, CaCI à 30 p. 1000. Alors il n’y a plus lieu de faire intervenir la différenciation d’avec les convulsions strychniques, et c'est au bout d’un temps variant de vingt minutes à une heure que l’on voit les crises d’épilepsie, plus belles et plus constantes. Notons d’ailleurs que si on met l’anode sur le flanc de l'animal, comme l'expérience fut pratiquée par Leduc également, il n’y a plus lieu de constater de convulsions précédant les convulsions strychniques, ultimes et mortelles. Les crises épileptiformes sont imputables au seul siège de l’anode sur l'oreille de l'animal. DES EFFETS PHYSIOLOGIQUES CONSÉCUTIFS A L’APPLICATION DE L'ÉLECTRODE A L'OREILLE DE L'ANIMAL, DANS L'ÉLECTROLYSE, par JEAN GAUTRELET. Dans la note précédente nous avons observé des crises d’épilepsie résultant de l’application de l’anode à l'oreille du lapin, l’électrolyte étant constitué par une solution de NaCI, KCI, CaCI en particulier. L'expérience qui: donne lieu à ces convulsions est non seulement inté- ressante à ce point de vue, mais elle est pleine d'enseignements au sujet de la marche des lignes de flux. Nous constatons très nettement, suivant une voie (celle de moindre résistance à travers les trous de la base du crâne) que Bergonié a judicieusement indiquée en 1897, le passage et les effets du courant et de l’électrolyte. Ce sont tout d’abord des phénomènes d’excitation. Ce sont ensuite des phénomènes de paralysie. La crise d’épilepsie n'apparait pas de prime abord. Après le passage du courant (30 milliampères), sont primi- tifs les phénomènes : d’excitation périphérique et locale des nerfs facial et trijumeau (agitation des muscles de la face, du museau, des yeux, sen- sibilité exagérée de la région); d’excitation cérébrale de la zone motrice (agitation de la patte antérieure, opposée en particulier) ; d'exci- tation bulbaire (modification du rythme cardiaque, polypnée); d’excita- tion médullaire (secousses de tout le corps). Puis lesexcitations s’accumulant (sommation; déchaînent de véritables crises d’épilepsie, caractéristiques, on l’a vu. Enfin les phénomènes tertiaires se manifestent. De véritables sections électrolytiques suivant la ligne des pôles sont à observer. Parfois, d’ailleurs, ces derniers phénomènes à localisation périphé- 918 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (57) rique ont lieu de bonne heure, la période d’excitation de la face étant très courte. Le réflexe cornéen, la sensibilité, les mouvements du museau du côté opposé à l’anode, puis du même côté, disparaissent, ce qui laisse à sup- poser que c’est au niveau des centres que primitivement a lieu la section physiologique. Enfin celle-ci se manifeste au niveau du bulbe; le cœur devient très irrégulier et lent, passant de 240 au début à 70 pulsations à la minute; la dyspepsie s'établit. 51 après passage du courant durant une heure on l’arrête, l'animal reste abattu, en proie au vertige (troubles labyrinthiques), Souvent il présente de grandes crises épileptiformes, il roule sur le flanc ; la marche des phénomènes est inverse de celle qu'elle a suivi durant l'expérience : les troubles bulbaires disparaissent ; aux convulsions épileptiformes suc- cèdent les convulsions cloniques; enfin, les réflexes cornéens, la sensi- bilité reviennent. Tout rendre dans l’ordre. DES MODIFICATIONS QU'ENTRAÎNE LA SUPPRESSION DE LA CIRCULATION DANS L'ÉLECTROLYSE, par JEAN GAUTRELET. Nous venons de voir que l'animal se relevait après un certain temps, indemne, ayant subi les phénomènes tertiaires de l'électrolyse. Cependant si le passage du courant est prolongé, l'effet est mortel parfois, et il y aurait peut-être lieu de faire intervenir la nature de l’électrolyte. Nous ne voulons pas aujourd'hui essayer de différencier les effets selon que cet électrolyte est constitué par un chlorure de sodium, de potassium ou de calcium. Quoi qu'il en soit, les effets électro- lytiques prennent tous la même allure mortelle rapidement, lorsqu'une forte pince est posée à la base de l'oreille, que l’anode soit constituée par un sel de sodium, de potassium, de calcium ou de strychnine. Pour cette dernière substance, notons que, dans ces conditions expé- rimentales, la mort de l’animal ne résulte en rien de la pénétration de l'ion strychnine, les convulsions présentant une forme toute différente de la strychnisation. Aussitôt le courant établi, le cœur devient follement irrégulier, la dyspnée est rapide. Les phénomènes observés sont plutôt des phéno- mènes de paralysie que d’excitation. Les convulsions épileptiformes sont moins fréquentes et moins nettes. Si le courant est suspendu un instant, les troubles persistent. En une heure environ, l'animal est à bout. Le Cheyne-Stokes est de (58) SÉANCE DU T MAI 919 règle, l'animal meurt asphyxié; à l'autopsie, son sang est noir, riche en hémoglobine réduite. Tout se passe comme si la stase des ions organiques dissociés el retenus par la pince arrêtant la circulation favorisait les altérations électrolytiques, accélérait la destruction de la substance nerveuse du bulbe en particulier. La contre-expérience consistant à enlever la pince fut faite; les phé- nomènes, dans ce cas, perdent leur allure aussi maligne, et l’on retombe dans le cas des expériences précédentes. (Travail des laboratoires de physiologie et d'électricité médicale de la Kacullé de médecine.) SUR LE VERDISSEMENT EXPÉRIMENTAL DES HUÎTRES, par CAMILLE SAUYAGEAU. Gaillon émit, en 1820, l’idée que la Diatomée bleue, Vavicula _ostrearia Bory (1), est la cause du verdissement des Huitres dites de Marennes. Dans un Mémoire paru en 1880, M. Puységur 3 rapporté dans quelles conditions, en commun avec M. Bornet, il vérifia expéri- mentalement au Croisic, en 4877, le bien fondé de l'idée de Gaillon. Les mêmes expériences furent réalisées ultérieurement, avec le même succès, par MM. Bornet et Ad. Chatin. Cependant, les conclusions de M. Puységur furent violemment attaquées par un auteur italien. M, Carazzi (2), et dans des termes heureusement rares dans les discus- sions scientifiques. Par une étude histologique, faite à La Spezzia, sur des Huitres vertes, recues de La Tremblade (Charente-Inférieure), M. Carazzi prétendit établir que la Diatomée bleue n'est pour rien dans le verdissement, et que celui-ci est exclusivement dû à l’action du terrain où sont creusées les claires à verdir. Il s’est même demandé si le pigment vert des Huîtres de Marennes est alimentaire ou respiratoire. Bien qu'une étude histologique fût impuissante à résoudre ces questions, le Mémoire de M. Carazzi, à cause de sa précision histologique et des affirmations (1) J'ai montré récemment (A propos de la présence de la Diatomée bleue dans ln Méditerranée, Bulletin de la Station biologique d'Arcachon, 1906) que ce nom doit être préféré à celui de Navicula fusiformis var. ostrearia Grunow, (2) Carazzi. Contributo all'istologia e alla fisiologia dei Lamellibranchi. — I. Ricerche sulle ostriche verdi GHtheflungen aus der Zoologischen Station zu Neapel, vol, XII, Berlin, 1897). 920 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (59) impératives de l’auteur, jouit d’un certain crédit parmi les zoologistes. J'ai refait l'expérience de MM. Bornet, Puységur et Ad. Chatin,; le résultat est celui qu'ils ont enregistré. Achetées blanches par les ostréiculteurs de la région de la Seudre, les Huiîtres sont déposées dans des bassins, ou claires, creusés dans l'argile, où elles engraissent et verdissent. Mais le verdissement ne s'obtient que dans des conditions déterminées (4). Il faut que la claire soit en verdeur, autrement dit, que le Vavicula ostrearia se développe en suffisante quantité pour constituer un duvet bleu verdâtre sur le fond et les talus submergés des claires. La Diatomée bleue ingérée par l’Huître laisse filtrer son pigment bleu qui, probablement après modi- fication chimique, se fixe sur les palpes labiaux et les branchies, et les colore en vert. Il suffit de se promener dans les exploitations ostréicoles pour reconnaître, sans hésitation et à première vue, les claires en verdeur; même de loin, elles se distinguent à leur teinte foncée. La verdeur fut particulièrement pauvre et irrégulière pendant la campagne 1906-1907; elle se montra avec abondance seulement vers la fin de mars dernier. Le 8 avril, à La Tremblade, j'ai raclé la Diatomée bleue dans des points où elle constituait une couche épaisse, et j'ai rempli trois grandes cuvettes à photographie d’eau colorée par elle. Chaque cuvette reçut trois Huîtres blanches ; une autre cuvette remplie d'eau de mer recut quatre Huîtres blanches. L'expérience dura vingt- sept heures seulement, du 8 avril à 10 heures et demie au 9 avril à 1 heure et demie, parce que je voulais recueillir ensuite la Dialomée bleue des cuvettes pour l'étude ultérieure de la matière colorante. Ce fut cependant largement suffisant. Les Huîtres furent ouvertes. Natu- rellement, celles de la quatrième cuvette n'avaient pas changé de teinte. Les neuf autres avaient toutes une teinte verte marchande, et d'autant plus foncée qu'elles avaient « travaillé » plus activement ; celles qui étaient entourées d’une large auréole incolore dans la cuvette avaient le plus verdi. La coloration n’était pas due à la fixation des Diatomées sur les parties verdies, mais à la fixation interne de la matière colorante des Diatomées absorbées. Dans les claires, le processus du verdissement des Huitres est évidemment le même que dans mes cuvettes; toutefois, il est normale- ment plus lent. La rapidité et l’intensité de la coloration dépendent de la quantité de Diatomées bleues mises à la disposition des Huîtres. En contradiction formelle avec M. Carazzi, on conclura donc que la cause immédiate du verdissement des Huîtres, dites de Marennes, est l'ingestion par elles d’une Diatomée, le Vavicula ostrearia, qui se déve- loppe parfois en abondance excessive dans les claires, et qui, en outre (1) Dans un Mémoire qui paraîtra prochainement dans le Bulletin de la Station biologique d'Arcachon, je décris en détail la culture des Huïîtres vertes, (60) SÉANCE DU 7 MAI 921 des chromatophores ordinaires, possède une substance bleue fixée sur le protoplasma. SUR LA GERMINATION ET LES AFFINITÉS DES Cladostephus, par CAMILLE SAUVAGEAU. Par la complexité de leur structure et par la variété de leurs pousses, les Cladostephus constituent un type isolé et très différencié dans la famille très naturelle des Sphacélariacées. On sait qu'ils sont vivaces par un thalle rampant portant les pousses indéfinies, dressées, caduques, mais on ignore l'origine du thalle rampant, et comment naissent Îles pousses indéfinies ; la germination de leurs éléments reproducteurs est totalement inconnue, comme d'ailleurs celle des autres Sphacélariacées. M. Reinke a supposé que les pousses indéfinies naissent par le déve- loppement d’une cellule superficielle du thalle rampant. Il n’en est pas ainsi. Je me suis rendu compte, par des observalions encore inédites, que le thalle rampant est formé originellement par l'accroissement, en largeur et en hauteur, de stolons rampants d’où s’élève un bouquet de filaments au milieu duquel prend naissance, également sur le stolon, la pousse indéfinie. La germination se fait par un procédé identique. Le 2 janvier dernier, j'ai obtenu au Laboratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer (1) des déhiscences de sporanges uniloculaires de Cladostephus verticillatus. Les lamelles portant les zoospores fixées furent mises en aquarium le 5 janvier; J'ai examiné les germinations le 20 avril; j'en ai obtenu près d’une centaine. La zoospore produit d’abord un petit amas cellulaire compact d’où s'élèvent quelques longs filaments. Les premiers formés sont simples ou portent çà et là un poil; ils sont identiques à des Sphacelaria. Les fila- ments ultérieurs sont plus gros et portent quelques ramifications holo- blastiques à la manière d'un Halopteris, avec un ou deux poils dans l’aisselle. Parfois, sur les germinations vigoureuses, un même filament a d'abord le caractère d’un Sphacelaria, puis d’un Halopteris. De la face inférieure, ou du bord du petit disque de germination, partent des rhizoïdes grêles et de longs stolons terminés par un sphacèle; les sto- lons s’élargissent çà et là par quelques expansions latérales, et ils pro- duisent de nouvelles pousses dressées. Ultérieurement, au milieu du bouquet de pousses de Sphacelaria et d'Halopteris, riches en chromatophores, s'élève une tige beaucoup plus large, moins colorée, qui est une pousse indéfinie de Cladostephus. Les (1) Je remercie une fois de plus les directeurs de cet établissement, MM. Pruvot et Racovitza, de leur gracieuse hospitalité. 922 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (61) premiers articles secondaires de celle-ci sont stériles, et produisent seulement, et de très bonne heure, des rhizoïdes corticañts; au-dessus, les articles secondaires portent des pousses latérales; toutefois, au lieu d'être verticillées comme sur la plante adulte, elles sont d’abord isolées ou opposées; c'est plus tard seulement que les pousses verticillées appa- raissent. Cette étude concordante de l’origine des pousses indéfinies sur le thalle vivace, et de la germination des zoospores, montre que les Clado- stephus prennent d’abord le caractère de genres moins différenciés dans la famille, Sphäcelaria et Halopteris. On n'avait aucune notion Sur la phylogénie des Cladostephus, dont on né connaît pas de formes de pas- sage aux autres genres; les résultats ci-dessus laissent entrevoir leurs affinités. OBSERVATIONS SUR L'Amiurus nebulosus 1 par J. KUNSTLER. Depuis quelque temps, on s'occupe beaucoup du poisson-chat. Une presse zélée lui consacre des articles enthousiastes et nous fait entre- voir une ère de prospérité nouvelle venant enfin succéder à la pénurie trop réelle des produits de nos eaux. Il arrive qu’on nous présente le Silure sauveur comme le futur mets populaire, prédestiné à devenir pour le peuple, dans le règne animal, cé que la pomme de terre est depuis longtemps pour lui dans le règne végétal. Les nouveaux Par- mentier sont, du reste, tout disposés à recueillir toute la gloire que ne saurait manquér d’eéngendrer un pareil triomphe. A première vue et instinctivement, jé n'ai pas su me mettre en garde coftre une certainé prévention à l'égard de ce nouveau bienfaiteur de l'humanité. En éffet, sa tête énorme, sa bouche largement fendue évo- quaient plutôt l’image d'un dévorant aux allures rampantés et louches. Depuis que j'ai trouvé dans l’intestin d’une grenouille, qui, elle âussi, à une bouche aussi large que la tête, une multitude d’alevins, j'éprouve une certaine méfiance à l'égard des orifices buccaux largement fendus. Laïssant lés journaux à leurs descriptions chaieureuses, j'ai institué quelques expériences destinées à nous éclairer sur les mœurs et qualités ou défauts de l’Amiurus. Ces expériences se sont faites dans dés eaux publiques ét dans des aquariums. Dans ces dérniers, ce poisson s'étiole assez vite et ne tarde pas à être décimé, si l’on ne lui ménage pas de sombres cachettes. Il n’y progresse guère et disparait progressivement. Dans les rivières des jardins et squares de la ville de Bordeaux, où les retraites obscures sont rares, les Silures recherchent toutes les (62) SÉANCE DU 7 MAI 993 issSuëés pour fuir. S'ils ne peuvent pas s’en aller, ils Se cachent au hasard des malpropretés du fond et ne prospèrent guère. Leur nombre diminue dans des proportions énormes. Dans les aquariums munis de cachettes, ces poissons constituent des hôtes excessivement dangereux, qu'il est peu possible de conserver longtemps avec les autres espèces de poissons. Mis avec des alevins de truites et de saumons, nous lés avons vus exercer leur voracité sur ceux-ci et les avaler tout entiers ou leur arracher les nageoires ou la queue. Dü reste, voraces, lorsqu'ils n’ont plus d’autres proies, ils s’en- tre-dévorént. Dans un autre aquarium, contenant dés cyprinides divers, nous àvons assisté à de curieuses scènes de dévastation, fruits naturels d’une vora- cité gloutonne, quelquefois bien extraordinaire. S'attaquant à des Carpeaux bien plus gros qu'eux, noùs avons vu certains petits individus s'acharner à leur entrér dans la bouché, et, une fois parvenus à leur but, à s'y maintenir en happant la langue, la joué avec leur bouché et en écartant les nageoires pectorales, de facon que les rayons solides et piquants de celles-ci leur constituent un point d'appui suffisant pour les mettre à l’abri de toute expulsion. Ainsi pla- cés, ils finissent par produire des désordres locaux lohgs à guérir par là suite. Il faut véritablement les arracher, pour en débarrasser leurs hôtes involontaires, et ceux-ci restent souvent malades pendant long- temps. C'est ainsi qu'un carpeau a conservé une grosse tumeur dé la joue pendant plusieurs jours : il se sauvait avec terreur devant tous les poissons-chats qui passaient. Du reste, Son ennemi éxpulsé cherchait à renouveler son exploit avec un acharnement et üuné persévérance qui eussent certainement abouti à un deuxième succès. Nous avons délivré une tanche envahié depuis plusieurs jours ét bien près de mourir. En général, et quelles que soient les espèces avec lesquelles on les mette en aquarium, les poissons-chats détruisent leurs congénères et dépeuplent le bassin qui les contient. Après cela, ils disparaissent eux- mêmes plus où moins vite, soit par un étiolement progressif, soit parce que quelques individus plus forts se rendent maîtres dé tous les autres. Dans les eaux librés, par exemple, dans les grands bassins de la ville de Bordeaux, des faits intéressants ont aussi pu être établis. La masse totale des individus essaimés diminue dans les proportions les plus considérables. Ceux qui persistent n’augmentent généralement que len- tement de taille, à part quelques individus exceptionnels, qui grossis- sent plus vite, probablement en mangeant leurs compagnons. Si les calculs faits sur l'accroissement du silure-chat ont été basés sur la rapi- dité de croissance de ces individus extraordinaires, nul doute que le praticien qui aura besoin de moyennes ne soit décu dans ses espérances. Sans nous prononcer définitivement, nous tenons à faire, jusqu’à plus ample informé, toutes nos réserves sur l'utilité qu’il peut y avoir à 924 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (63) introduire ce poisson dans les eaux publiques. L'avenir montrera si nos craintes ont été exagérées. RECHERCHES SUR LA LANGUE DES TÉLÉOSTÉENS, par J. CHAINE. La langue des Téléostéens présente une constitution assez spéciale qui la distingue des langues des autres Vertébrés ; elle est complètement dépourvue de formations musculaires, mais possède, en outre, des ligaments résistants sur la signification exacte desquels je ne suis pas encore entièrement fixé. Ces ligaments sont situés sur les côtés de la langue et relient l’ento- glosse à l’arc hyoïdien. Les caractères de ces formations sont assez constants; on peut cependant y distinguer trois types principaux. Dans le cas le plus fréquent, il existe deux ligaments distincts, un de chaque côté. Ou bien ces deux formations sont distantes l’une de l’autre sur toute leur étendue (Maquereau, etc.), et elles ont alors la forme d’un ruban plus ou moins allongé ; ou bien, étant aplaties en lame, elles sont beaucoup plus larges, s'étendent vers la ligne médiane de la région et arrivent en contact, mais sans être soudées l’une à l’autre. Le deuxième état est la disposition la plus simple (Orphie bellone, Callyonyme lyre, etc.). Il n'existe qu'une seule formation aponévrotique allant de l’extrémité de l’entoglosse à l'appareil hyoïdien et s'étendant sur loute la largeur de la face ventrale de la langue. Cette disposition se relie fort bien à la précédente par des états intermédiaires. C’est ainsi que, chez quelques Poissons osseux, Les deux ligaments de la langue sont distincts l’un de l’autre dans leurs parties antérieures, mais, au con- traire, soudés en arrière. Enfin, le cas le plus complexe est réalisé chez le Brochet. Chez ce Poisson, de chaque côté, existent deux ligaments très puissants, l’un externe, l’autre interne, ce dernier s’insérant sur l’entoglosse en arrière du premier, et ayant l’un et l’autre la forme d'une bandelette aplatie (1). (1) Rouvière a récemment décrit un hyo-glosse chez les Téléostéens, qui ne serait autre chose que la partie dorsale du génio-hyoïdien. Cette interpréta- tion semble difficilement acceptable, car ce faisceau n’a jamais aucun rapport avec la langue; il s’insère toujours sur la face profonde de la muqueuse buccale, près de la mandibule, « Le (Gérant : OcTAVE PoRÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 25 MAI 1907 SOMMAIRE … AcQuier (L.) et Tazuveny (L.): Sur les altérations du foieetdesreins con- Le Sourp (L.) et PAGNIEz (Pu.) : Recherches expérimentales sur le sécutives aux ablations delathyroïde rôle des hématoblastes dans la coa- ebdesmuarathyroidestchez le Chien. "963% eulation "MENU TN UN 934 BATAILLON (E.) : Les mouvements Leruzre (Maurrce) : Le carcinome nucléaires préalables à la segmen- plasmodial (placentome infectant, tation parthénogénésique chez les .plasmodiome malin)... ...... 952 AMONLESA LEE ue ue AAA 950 MaureL (E.) : Influence des prin- BarreLLcr (F.) et Stern (Mile L.): cipales voies d'administration sur Recherches sur les processus des la dose minima mortelle de spar- combustions élémentaires dans les téine (sulfate) sur la grenouille et muscles isolés. . . . . . . . . . . .. HAE ENS DIE ENTER CET REA T UT NES 960 Breton (MAURICE) et PETIr (GEOR- NaTrAN-Larrier (L.) et BRiNoEaU GEs) : Sur les propriétés cytasiques (A.) : Contribution à l'étude de la ou opsonisantes du sérum dans la grossesse normale. Pénétration des HevreAyphoider tue 0 Lu ere 941 | cellules plasmodiales dans les pa- Busquer (H.) et PAacaon (V.) : In- CDISEULÉRITE SN EE PEN S UPNPNE US 956 fluence de la vératrine sur la forme Péyu (G.) : À propos de l’action de la pulsation cardiaque. Contri- bactéricide de l'essence de térében- bution à l'étude dutétanos du cœur. 943 | thine . . ........,........ 955 CLUZET (J.) Sur l'excitation Péiu (G.) et Razar (H.) : Fixation par décharges de condensateurs. des couleurs par les bactéries. . . . 954 Deuxième note, à propos des com- * Prquanp et DREYFUS Albumi- munications de M. Lapicque . 929 | nurie transitoire au cours de l’anes- Françors-FRANcK (CH.-A.) : I. Dé- thésie lombaire expérimentale par monstrations de microphotographie latstovaine MERCREDI ER PNEU 940 instantanée et de chronomicropho- REMLINGER (P.) : Contribution à tographie. 11. Comparaison des mou- l'étude du sérum antirabique . . 961 vements actifs et passifs des bran- SACQUÉPÉE et LOISELEUR : Sur les chies floftantes, respiratoires et lo- infections sanguines autogènes ou GOIHOPRICES MNT C RTE 964 | hétérogènes chez les animaux à Gzey (E.) : Allocution prononcée IÉFAUN OEM OI AMAR ARS 946 sur la tombe de M. A. Charrin le VaQuEz et AuBErnmnN : Cœur de HO) RE à: CRE ORAN ER PRES PSE 926 | Traube et hyperplasie médullaire JeanseLue et Barpé : Contribution dessurrénales nero er ee 967 à l'étude de la ponction lombaire chez les syphilitiques . . . . . . .. 938 Réunion biologique de Marseille. Laron (G.) : Méthode rapide de dosage du glucose par la liqueur ALezais et ImBerr : Tumeur pré- Dee UN NES ee 948 | coccygienne de nature vraisembla- LaApIGQuE : À propos de la com- blement parasympathique. . . . . . 971 munication de M. Cluzet. . . . . .. 931 Borpas (L.) : Sur les glandes cu- LassaBièRe : Etude expérimen- tanées ou glandes sternales des tale sur l'ostréo-congestine, sub- MES DIT ETES ER RER NEIE EE 9718 stance extraite des huîtres. . . . . . 933 BRioT (A.) : Sur la présure du Léorozo-Lévr et Rorascizn (H. Figuier (Ficus carica) . . . - . . .. 972 DE) : Petits incidents du traitement GErRBER (C.) : Théorie de Cela thyroïdien. Nervosisme expérimen- kowsky sur la cloison des Cruci- Fa CERN EREESS À SU A RO RTS SS6n fers A EM EME ER dE 974 Biococre. COMPTES RENNUS. — 1907. T. LXII. 64 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE GERBER (C.) : L’arc renversé de PEerprix (L.) : Résistance des Aubrietia deltoidea DC . . . .. .. 976 | spores du Bacillus subtilis aux dif- Livon (JEAN) fils : Contribution à férentes températures, dans une l'étude ‘du cordon ombilical dans atmosphère saturée de méthanal - lassyphilis 65 4 RMS ER EM OS Sec LAC NE RE SR TT) Présidence de M. Roger, vice-président. M. le professeur Nicoras (de Nancy), membre correspondant, assiste à la séance. ALLOCUTION PRONONCÉE SUR LA TOMBE DE M. À. CHARRIN LE 19 MAI, par M. E. Gzey. Messieurs, L'événement douloureux quinous réunit atteste une fois de plus la vérité de cette antique parole, qu'il n’est permis de qualifier d'heu- reuse la vie d'aucun homme tant que cette vie n’a point pris fin. Reportons-nous à quinze ou vingt ans en arrière. Quelle existence paraissait plus favorisée par le sort que celle de Charrin et, déjà bril- lante, s’annonçait plus féconde, plus grosse aussi de gloire et d'honneurs? Libre des préoccupations matérielles qui ralentissent souvent l'essor des juvéniles ambitions, préparateur, puis chef du laboratoire du professeur Bouchard, dont il était vite devenu un des élèves préférés et contribuant largement, pour sa part, à la renommée de l’École du maître, attaché à l’Institut Pasteur, au service de la rage, médecin des hôpitaux en 1889, cinq ans après avoir terminé son internat, agrégé de la Faculté de méde- cine, le premier de sa promotion, en 1892, membre de la Société de Biologie dès 1887 et vice-président de cette Société en 1896, il justifiait tous Les titres comme il méritait toutes les distinctions par ses trayaux et par ses découvertes; en 1894, le voici au Collège de France, en qua- lité d'assistant du professeur d’Arsonval qui lui confie bientôt une partie de son enseignement, et il est nommé directeur d’un laboratoire de mé- decine expérimentale à l’École des Hautes-Études. — Mais le malheur étail entré dans sa maison. Celle qui en était le charme profond et la joie fine et paisible, celle qui, du jour où elle fut sa compagne, l'avait aidé dans toutes ses tâches avec le plus intelligent dévouement, atteinte d’un . mal dont le progrès sûr rétrécissait régulièrement son aclivité, ne lais- sant intactes que sa claire et sereine pensée et sa sensibilité délicate, SÉANCE DU 25 MAI 927 -dut peu à peu cesser de participer à la vie de son mari. Tout en l’en- tourant des soins les plus assidus et la soutenant de sa tendresse, cependan{ celui-ci poursuivait courageusement sa route, trouvant sans doute dans le travail l’adoucissement et cette facon d’oubli que nous savons bien que le travail seal apporte à toutes nos peines et à toutes nos misères. Son effort constant et son labeur fécond eurent leur récom- _ pense : le Gouvernement, il y a quelques années, en 1903, créa pour lui une chaire de pathologie générale au Collège de France et lui fit édifier un laboratoire dont il surveilla toute la construction et tous les détails d'aménagement et dont il était justement fier. Et voilà que, à peine en possession de ces nouveaux et admirables instruments de travail, et -dans le plein de sa maturité scientifique, il est frappé par un mal affreux et inexorable. Il a mis quelques mois à mourir. Il a subi le pire destin sans se plaindre, mais s'intéressant jusqu'à son dernier jour aux recherches que son fidèle préparateur continuait, s’en faisant rendre un compte exact. De telle sorte que l’on pourrait croire qu’il cherchait dans la pérennité de la science un refuge contre l’amère pensée de la briè- veté des efforts individuels. ; La science, aussi bien, n’a pas trompé la foi qu'il avait en elle. Nulle part mieux qu’à la Société de Biologie on ne connaît son œuvre, nulle part on n’en savaitmieux apprécier l'étendue et la valeur. Car c’est Jà que pendant vingt-cinq ans il a apporté presque tous les résultats de ses nombreuses recherches. Deux grandes découvertes dominent cette -œuvre : celle de la reproduction de la maladie infectieuse par les produits _ solubles des cultures microbiennes, par les toxines microbiennes, et -celle de la vaccination contre la maladie par ces mêmes toxines. De tous côtés et tout de suite les chercheurs affluèrent dans la voie désormais ouverte et, à la démonstration première établie par Charrin, d’autres, plus complètes, voire plus parfaites, vinrent s'ajouter. Mais son nom restera atlaché à ces deux questions fondamentales de la pathologie générale. Est-il nécessaire mainlenant de rappeler de combien de faits nouveaux, souvent importants, de combien de notions nouvelles il a “nrichi la physiologie normale et pathologique, la pathologie générale, la médecine expérimentale, la bactériologie, l'hygiène? Il faudrait citer quasi pêle-mêle, car le dénombrement méthodique en serait trop long, ses recherches sur les fonctions de la muqueuse intestinale, des capsules surrénales, de la moelle osseuse, l’action physiologique des extraits de diverses glandes, la glycogénie dans la grossesse, la toxicité des urines et d’autres excrétions, l'influence des toxines sur le système nerveux, ses expériences sur les voies des infections, le mécanisme del'immunité, la transmission héréditaire de l’immunité, sur Les auto-intoxications, la thermogenèse dans les maladies, les myocardites, Les arthropathies expé- rimentales, la cataracte expérimentale, sur la maladie pyocyanique, les variations morphologiques des microbes et les concurrences micro- 9928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE biennes, sur les intoxications alimentaires, etc. Il faudrait dire qu'à côté de l’expérimentateur et du pathologiste il y eut en lui un médecin habile et sagace qui sut montrer quelle place il importe de maintenir, en pathogénie, à la connaissance du terrain sur lequel se développe l'in- fection exogène. Il faudrait ajouter qu'à côté du pathologiste et du médecin il y eut encore en lui un hygiéniste instruit et avisé qui, chargé d'étudier officiellement et de combattre diverses épidémies, s'acquitta. de sa tâche avec le plus grand succès. Tant de travaux n’ont été possibles que par l'emploi jamais interrompu d’une rare activité. Esprit d’une souplesse singulière, toujours en éveil, saisissant d’une vue nette les problèmes posés, possédé du désir ardent de vérifier au plus vite les solutions qu'il en concevait, il se jetait incessamment dans la recherche. Comme la science à laquelle il s'était adonné est une des plus complexes qui soient en biologie, il était sou- vent obligé d’avoir recours à des techniques qu'il possédait imparfaite- ment ou même qu'il ne pratiquait pas. Son affabilité, la cordialité de son humeur, son entrain lui firent toujours trouver les collaborateurs dont il avait besoin. De ceux-ci les uns étaient ses amis, les autres le devinrent. Une fois qu'on était entré chez lui, on y revenait. Qu'il me soit permis, ayant exprimé, à la place de son président empêché, les regrets que la Société de Biologie éprouve dela disparition prématurée de l’un des plus éminents parmi ses membres, de dire l’amère tristesse de ses amis, dont je fus. Il n’est point, suivant la plainte du poète, de plus grande douleur que le souvenir du temps heureux dans le malheur(1). Je suis sûr qu'en ce jour monte au cœur des amis d’autrefois le souvenir de tant de riantes soirées passées dans cette demeure que voici close à jamais pour eux, qu'ils revoient toute hospitalière, pleine de livres, embellie par les grès de Carriès et par les verres de Gallé; elle s’est éteinte, la flamme douce et joyeuse de ce foyer qu’entretenait la main discrète d’une femme, que ravivaient sans cesse son vif esprit naturel, son sentiment artistique, le souffle de son intelligence et qu’animaient la saine gaieté, la franche et loyale humeur, le libre esprit de notre ami. Et elles ne rempliront done plus leur office, cette bonté et cette humanité généreuses, qu'ils avaient l’un et l’autre cultivées en eux et qui s'étaient développées sur la largeur et sur l'indépendance égales de leur pensée. (A: Nessun maggior dolore Che ricordarsi del tempo felice Nella miseria… (Dante.) SÉANCE DU 25 MAI 999 SUR L'EXCITATION PAR DÉCHARGES DE CONDENSATEURS. DEUXIÈME NOTE, A PROPOS DES COMMUNICATIONS DE M. LAPICQUE, par J. CLUZET. M. Lapicque persiste à donner au coefficient b de la formule de Weiss et de ma formule une signification que contredit formellement l’expé- rience. Pour montrer combien l'opinion de M. Lapicque est surprenante, j'ai cité dans ma dernière note la remarque de Hermann : dans le mémoire même qui a occasionné la première communication de M. Lapicque, se trouvait consigné un fait bien connu (et que je connaissais, il peut en être bien certain), détruisant son hypothèse de b mesurable. Cette signification donnée à b est d’abord purement hypothétique, et je Suis étonné d’être obligé d’en donner encore les raisons. La formule de Weiss nest démontrée expérimentalement que pour des durées d'excitation inférieures à la période latente ; ma formule sur les conden- sateurs, qui en découle directement et sans le secours d'aucune hypo- thèse complémentaire, ne peut, a priori, s'appliquer qu’au-dessous de la même limite. Lorsqu'on veut généraliser ces formules jusqu'aux ondes très longues, on tombe dans le domaine de l'hypothèse, et c’est alors qu'on arrive à la valeur représentative de b dont parle M. Lapicque. Aussi, la valeur représentative ainsi obtenue demande à être vérifiée expérimentalement; sans vérification, elle ne peut être acceptée. Or, l’expérience est con- cluante et, comme l’a d'ailleurs très bien mis en évidence M. Lapicque lui-même, à est toujours inférieur à la valeur qu’on lui avait supposée. De ce que, ainsi, la formule de Weiss et la mienne donnent pour b une valeur très inférieure à l'intensité du courant continu illimité, s’ensuit-il qu'elles sont insuffisamment exactes, comme le soutient M. Lapicque ? Mais non, il s'ensuit que ces formules ne sont pas applicables de cette manière au courant continu illimité, et que la généralisation, telle qu'on l'a tentée, n’est pas permise; il s'ensuit encore que la signification hypothétique donnée à b doit être rejetée. Ainsi « s’écroulent » la méthode de vérification imaginée par M. Lapicque et toutes les conséquences qu'il a tirées de la mesure de b. Si l’on veut appliquer plus convenablement la loi de Weiss et ma for- mule au courant continu, il faut exprimer que la durée d'action dans ce cas est, non pas infinie, mais égale à la période latente : le cas d'une durée d’excitation infiniment grande (que suppose implicitement M. Lapicque) est absolument irréalisable si, comme on l’admet, le nerf n est excitable que pendant la période latente. Il est donc naturel que la valeur de b, correspondant justement à cette _ 930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE valeur infinie et irréalisable de la durée d’action, soit impossible à obtenir expérimentalement : c’est là, sans doute, l'explication des pré- tendues erreurs signalées par M. Lapicque. Par conséquent, à est aussi fictif que l’autre coefficient a, de la loi de Weiss : b, parce qu’il correspond à une durée d'’excitation infinie; a, parce qu’il correspond à une durée d'action nulle, toutes choses irréali- sables. Pour voir ce que donne ma formule sur les condensateurs, dans le cas des ondes très longues, il suffil de donner à la capacité une valeur assez grande (1 microfarad, par exemple) pour que la décharge se rapproche, autant que possible, du courant continu. Dans ce cas, les résultats sont, comme on va le voir, très satisfaisants. J'emploie comme méthode de vérification la méthode de la décharge optima, et je prends comme base la mesure du voltage de charge, mesure qui n’est certainement pas hypothétique et qui permet le mieux de se. rendre compte de l'exactitude relative des formules. Pour choisir un exemple, je ne prendrai pas parmi mes propres expériences celle qui m'est la plus favorable; je prendrai l'expérience de Hermann dont j'ai déjà parlé et que celui-ci considère comme cruciale (c’est d'après cette: expérience surtout que Hermann a jugé la formule de Hoorwes). Dans cette expérience, pour laquelle la variation des capacités est dix fois plus étendue que dans l'expérience de M. Lapicque, on obtient comme erreur pour cent les nombres suivants : Erreur 1 p. 100. SENON e R RE eET ee EE TE c Ë (en microf.). À 0,5 0,2 0,1 0,05 0,02 0,01 0,005 0,002 0004 Ainsi l'erreur la plus grande donnée par ma formule est de 7,3 p. cent. En outre, et j'appelle l’altention de M. Lapieque sur ce point, l'erreur commise pour un microfarad, c’est-à-dire pour une décharge analogue au courant continu, est de 0,9 p. cent (la formule de Hoorweg donne 44 p. cent); que nous sommes loïn des erreurs signalées par mon honorable contradicteur ! , RS En présence de ces nombres, j'ai le droit, non seulement de maintenir ma formule d’excitation par décharges de condensateurs, mais aussi de la considérer comme pratiquement exacte et comme étant actuellement la plus rapprochée de la vérité. Les nouvelles recherches de M. Lapicque confirment ce que j'ai établi en 1904 : la durée utile varie, toute chose égale d’ailleurs, avec la capa- cité employée. En ce qui concerne la comparaison entre l'onde continue et l'onde de décharge, je ferai seulement constater ici que les différences obtenues par le balistique sont presque toujours minimes et sensible- ment égales entre elles (2 ou 3 divisions de l'échelle galvanométrique). + 4 ù - | | SÉANCE DU 25 MAI 931 M. LaPicQuE. — À lire les premières lignes de M. Cluzet, ne dirait-on pas que c’est lui qui vient de démontrer expérimentalement l'inexacti- tude d'une théorie avancée par moi? Mais l'hypothèse contre laquelle s'élève M. Cluzet, l'opinion qu'il trouve surprenante, sont l'hypothèse et l'opinion de M. Cluzet; les expé- riences qui contredisent cette hypothèse ou cette opinion sont mes expé- riences. Je vais préciser, puisque M. Cluzet m'y force. Dans sa thèse (juin 1905), publication où l’on expose généralement ses idées d’une façon complète, M. Cluzet examine la loi de Weiss en quatre pages et demie (p. 27-32); il ne fait pas la moindre allusion à ce fait bien connu, comme il dit aujourd'hui, que à mesuré expérimentale- ment pour {— « est plus petit que #. Il admet de la facon la plus formelle cette hypothèse de b mesurable qui excite aujourd'hui son étonnement; bien mieux, il mesure b de cette facon et se déclare satisfait du résultat. Voici les références : _ La conception de b valeur réelle du potentiel liminaire pour le courant constant indéfini apparaît d’abord, de la facon la plus explicite, comme con- séquence de la nouvelle loi (chap. nr, $ 2, p. 39). Dans le tableau qui résume la discussion théorique, p. 44, l'excitation est traitée comme une fonction continue, sans limite de temps; on y voit le potentiel de charge acquérir la valeur bR pour C—. Page 84, méthode de vérification n° 3 : « Il est possible de mesurer directement le potentiel inactif et de vérifier par suite qu'il égale bR. Observons d’abord que d’après la théorie exposée au chap. u,$ 2, ce potentiel inactif est le potentiel de charge d'une capacité infinie qui donnerait le seuil de l'excitation, ou, ce qui revient au même, le potentiel du courant continu qui déterminerait le seuil de l'excitation. » Suivent des chiffres, avec ce commentaire : « On ne peut guère désirer une meilleure vérification. » Page 101, il est vrai, M. Cluzet fait une réserve, très vague, la loi générale de Weiss n'étant « applicable d’une manière certaine qu'à des durées d’excita- tion inférieures à la période d’excitation latente du nerf ». Mais dans es conclusions générales de son travail, p. 109, il déclare que, néanmoins, « à la limite, pour une capacité infiniment grande, ou, ce qui revient au même, pour le courant continu, le potentiel qui détermine le seuil de l'excitation est ie celui qu'indique la loi que je propose, de valeur égale à OR ». M:° Lapicque et moi, en 1903, admettant la loi de Weiss sous béné- fice de correction, examinions la conséquence pour { très grand, et nous signalions l’écart systématique entre cette conséquence et l'expérience; nous cherchions à expliquer cet écart par une erreur instrumentale, en faisant remarquer que Weiss, lui, « faisait intervenir la considération 932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE hypothétique d’une période réfractaire se produisant après un iemps qui serait de l’ordre de la période latente (A) ». C’est bien là qu'est l'hypothèse, n’en déplaise à M. Cluzet; à — à pour t— est au contraire, comme il le montrait si bien il y a moins de deux ans, une conséquence de la formule Q — a + bf; si cette consé- quence n’est pas vérifiée expérimentalement, il faut faire intervenir une hypothèse. Et si, en présence d’une autre formule qui s'applique direc- tement jusqu'à l'infini, on veut maintenir, entre quelques limites que ce soit, la formule Q — à + bt, on est tenu de démontrer le phénomène perturbateur supposé. Or, cette hypothèse, Weiss ne l'avait posée qu’incidemment et d’une facon vague. Quand je me suis rendu compte que l'écart systématique était imputable à la forme vicieuse du terme bt, je l'ai d’abord expliqué personnellement à Weiss, suivant en cela les habitudes de cordialité qui se sont établies eutre nous à propos de ces recherches, et je lui ai demandé : « Tenez-vous encore à cette hypothèse? est-il nécessaire de la discuter? » Et Weiss m'a répondu que non. Mais M. Cluzet, qui a commencé à accorder de l'importance à cette hypothèse seulement en 1906, après le mémoire de Hermann, la trouve tout à coup, après mes notes récentes, capitale au point d’en oublier ce qu'il imprimait il y a deux ans. Il ne se rend même pas aux arguments de son propre maître, qui déclare évident que la compensation ne peut être simplement proportionnelle au ‘temps (Weiss, Soc. de Biol., 13 avril 1907, p. 619). Je vais aussi rapidement que possible indiquer pour M. Cluzet quelques arguments qui peut-être lui ouvriront les yeux. 1° De quelle période latente s’agit-il? De la période/latente du muscle? Il est impossible de penser cela avec précision. De la période latente du nerf? J'avoue ne pas savoir ce que c’est que la période latente du nerf, si ce n’est ce que je considère maintenant comme le temps nécessaire à la polarisation liminaire, temps fonction de l'intensité du courant et ne pouvant par conséquent jouer le rôle que veut lui faire jouer M. (luzet. 2° Si l’on examine, soit au condensateur avec des capacités graduel- lement croissantes, soit à l'interrupteur balistique avec des durées gra- duellement croissantes, comment le voltage de seuil atteint sa limite, on voit qu'il l’atteint asymptotiquement. Or, s’il y avait une limite tranchée pour la durée pendant laquelle l'électricité peut agir, la courbe des vollages en fonction des capacités ou des durées viendrait rencon- trer sous un certain angle la droite, parallèle à l'axe des temps, donnée par le voltage constant des durées très grandes. Cela n’est pas. 3° On peut se rendre compte intuitivement que l'écart qui fait le fond de la discussion tient bien à la forme même du terme bt et en démontre l’inexactitude. (1) Journ. de physiol. et de pathol. générale, 1903, p. 985. SÉANCE DU 25 MAI 933 Considérons un vase, percé au fond, qu'un courant d’eau d’intensité donnée remplit jusqu'à une hauteur a en un temps {; l'intensité de la fuite commence par zéro et monte jusqu’à une valeur proportionnelle à Va, soit BVa; la quantité de liquide qui a fui pendant le temps { du rem- plissage ne peut être égalée à un écoulement constant durant le même temps qu’en donnant à cet écoulement une valeur intermédiaire entre zéro et BVa, c'est-à-dire inférieure à BVa. D'autre part, le courant d’amenée qui équilibrerait la fuite quand le vase est rempli au niveau a serait égal à BVa; le courant d'amenée le plus faible qui puisse remplir le vase jusqu'à ce niveau doit donc être au moins égal à BVa, c'est-à- dire supérieur à toute valeur calculée sur un temps plus court par la for- mule Q = a + bt. Voilà pourquoi il faut abandonner la formule Q — a + btet ses déduc- lions. Ce que M. Cluzet croit avoir établi ne signifie donc pas grand'chose. S'il veut critiquer mes expériences, il lui est facile de les refaire; cela lui vaudra sans doute mieux que de se livrer de nouveau à ces petits Jeux de spéculation sur les chiffres qui lui ont si mal réussi. ETUDE EXPÉRIMENTALE SUR L'OSTRÉO-CONGESTINE, SUBSTANCE EXTRAITE DES HUITRES, par LASSABLIÈRE. J'ai extrait des huîtres fraiches une substance analogue à la mytilo- congestine extraite des moules par M. Richet et que j'appelerai : ostréo- congestine, pour rappeler son origine. Pour la préparer, on broie le corps des huîtres et on ajoute à leur propre liquide assez d'eau pour permettre la filtration. Le filtrat est précipité par trois fois son volume d’alcool. Le précipilé est recueilli après décantation, mis sur filtre, lavé à l'alcool et désséché dans le vide. On obtient ainsi l’ostréo-congestine. C'est une poudre blanche assez analogue à la mytilo-congestine, dont elle possède quelques-unes des propriétés. Injectée dans le sang des lapins, elle provoque la mort à des doses relativement égales à celle de la mytilo-congestine. À l’autopsie, on retrouve des phénomènes de congestion intense des organes, en particulier de l'estomac, de l'intestin et du foie. Sur vingt expériences que nous avons faites, nous avons pu déter- miner la dose toxique variant entre 0 gr. 06 et O0 gr. 067 par kilo d'animal. | # 934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A la dose de O0 gr. 067 et au-dessus, tous lapins injectés (cinq) sont morts. Au-dessous de 0 gr. 06, 9 lapins ont survécu; un seul est mort, qui avait recu 0 gr. 05. Entre 0 gr. 06 et 0 gr. 067, deux lapins sont morts et trois ont survécu. Sur tous les lapins qui ont survécu, après avoir recu des doses variant entre 0 gr. 063 et 0 gr. 02, nous avons recherché si des injections ultérieures provoquaient l’anaphylaxie. Les injections ultérieures, à des dates diverses, n’ont jamais mis en évidence ni l’anaphylaxie ni la prophylaxie. Nous avons recherché aussi si l’ostréo-congestine possédait une action hématolysante sur le sang de chien. Nous avons constaté que cette action n'existait pas. Enfin, chauffée à 100 degrés, l’ostréo-congestine perd ses propriétés toxiques. Par conséquent, on peut la considérer comme une de ces zymases analogues à la mytilo-congestine et à la subérito-congestine dont nous. avons antérieurement étudié les propriétés toxiques avec M. Ch. Richet. (Laboratoire expérimental de la Faculté de médecine.) RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE RÔLE DES HÉMATOBLASTES DANS LA COAGULATION, par L. LE Sourp et Pau. PAGNIEZz. On sait combien l'intervention des hématoblastes dans le processus de la coagulation du sang a été discutée depuis les premières constata- tions de M. Hayem dans cette voie. Sans revenir ici sur les nombreux. travaux qui ont été consacrés à ce sujet, nous désirons seulement apporter une contribution à la question par l'exposé résumé de quelques expériences, effectuées en opérant avec des hématoblastes extraits du sang rendu incoagulable par addition d'oxalate de potasse, suivant une technique que nous avons indiquée (1). Les hématoblastes que nous avons employés étaient extraits du sang de lapin. Une fois isolés par la centrifugation et séparés des globules rouges et blancs, ils étaient lavés par centrifugalions successives, d’abord dans une solution de chlorure de sodium additionnée d’oxalate de potasse, puis dans une solution isotonique de chlorure de sodium. Ces diverses manipulations, écartant le plasma, fournissaient finale- (1) L. Le Sourd et Ph. Pagniez: Un procédé d'isolement à l'état de pureté des hématoblastes du sang. Comptes rendus de l'Académie des sciences, 25 juin 1906. SÉANCE DU 25 MAI 935 ment une émulsion d'hématoblastes dans l’eau salée, facilement mani- pulable, et dont les quantités employées étaient susceptibles de dosage par mesure à la pipette. | Comme milieu de réaction permettant une étude facile et précise du processus de coagulation, nous avons employé le liquide d'hydrocèle, véritable solution naturelle de fibrinogène, comme on sait, qui, norma- lement incoagulable, coagule par addition de fibrin-ferment, de même que certaines sérosités, le liquide péricardique du cheval par exemple. Nous avons eu à notre disposition quatre liquides d'hydrocèle diffé- rents, tous quatre limpides, normalement incoagulables, et que nous avons employés après filtration. _ En ajoutant des hématoblastes purs et lavés à ces liquides d’hydro- cèle, nous avons obtenu, d’une manière constante, la formalion d’un coagulum. Celui-ci, qui se montre sous la forme d’un caillot en sac, apparait environ trente minutes après le mélange. La quantité d'héma- toblastes nécessaire est à peu près celle-ci : pour À centimètre eube d'hydrocèle, les hématoblastes extraits de 1 à 3 centimètres cubes de sang. On conçoit d’ailleurs que, en raison des pertes inévitables au cours des manipulations, ces indications ne puissent avoir qu'une valeur relative. Mais nous avons pu constater, en opérant en série ayec une même émulsion d'hématoblastes, que la rapidité de la coagulation et l'importance du réseau de fibrine sont, jusqu'à une dose limite, pro- portionnelles aux quantités employées. Le œaiïllot obtenu par l’action des hématoblastes sur le liquide d'hydrocèle subit ultérieurement le phénomène de Ia rétraction, qui, comme l'avait vu M. Hayem et comme nous l’avons expérimentalement _ démontré, est fonction de la présence des plaquettes intactes. Nous avons, de plus, établi que cette propriété rétractile est thermo-labile (1). La propriété coagulante l'est également, et le chauffage des hémato- blastes à 58°5, pendant dix minutes, leur fait perdre toute activité. Le chauffage à une température inférieure entraine seulement un retard de la coagulation (qui peut aller jusqu’à plusieurs heures) et une dimi- nution de son intensité. Il est, par contre, suffisant pour supprimer la propriété rétractile, et celle-ci, déjà diminuée par la température de 45 degrés, disparait à 50-55 degrés. Il y a donc analogie étroite entre la propriété coagulante des hémato- blastes et celle du fibrin-ferment, le chauffage à 585 étant, on le sait, nécessaire et suffisant pour inactiver les sérums (2). (1) L. Le Sourd et Ph. Pagniez. Du rôle des hématoblastes dans la rétrac- tion du caillot. Recherches expérimentales. Comptes rendus de la Société de Biologie, 21 juillet 1906. (2) Hayem. Du sang el de ses altérations anatomiques, p. 269. Paris, G. Masson, 1889. — Bordet et Gengou. Recherches sur la coagulation du sang et les sérums anticoagulants. Annales de l'Institut Pasteur, 1901, p. 138. 936 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE De ces faits, nous conclurons seulement aujourd’hui que les hémalo- blastes purs, isolés du sang, sont susceptibles de provoquer la coagu- lation du fibrinogène des liquides d’hydrocèle, sans intervention appa rente d'autre agent, et que c’est là une donnée intéressante touchant leur rôle possible dans la coagulation du sang total. ; (Travail du laboratoire des travaux pratiques de Physiologie de la Faculté de médecine.) PETITS INCIDENTS DU TRAITEMENT THYROÏDIEN. NERVOSISME EXPÉRIMENTAL, par Léoporv-Lévr et H. pe RoTascniLn. Depuis que nous employons systématiquement la thyroïdo-thérapie dans l'insuffisance thyroïdienne, l'instabilité thyroïdienne, la dysthy- roïdie, plus de quatre cents malades ont été soumis à celte médication. Malgré les craintes légitimes que nous inspirait la thyroïdine, sur la foi des idées classiques, nous n'avons jamais eu à noter d'accident, et nous pensons bien n'en jamais avoir. Pour les éviter, il convient : 1° D’employer une bonne préparation; 2° D'utiliser des doses faibles ou moyennes. La dose de 1 gramme de glande fraiche, par jour, représente la dose la plus communément prescrite. Exceptionnellement, nous avons poussé jusqu'à 2 grammes, 2 gr. 50, mais souvent, nous nous sommes tenus à 0 gr. 25 et 0 gr. 10; 3° D’interposer des périodes de repos entre les périodes de traite- ment (après dix jours de médication, nous suspendons cinq jours); 4° De surveiller le sujet, surtout au début du traitement et lorsqu'on augmente les doses. Si, en suivant ces règles, on peut se mettre à l’abri d'accidents, il est plus malaisé d'éviter certains petits incidents, d’ailleurs fort instructifs, et qui font l’objet de cette note. Tous ces incidents que les auteurs anglais, que M. Béclère dénom- ment thyroïdisme, surviennent plutôt au début du traitement, alors que la dose convenable n’est pas encore fixée, ou par suite d’une résistance du système nerveux adapté à son malfonctionnement. Après l’inter- ruption momentanée du traitement, la reprise ne donne plus lieu d'habitude aux mêmes suites. D'autres fois, on a à les noter, quand on force les doses, pour augmenter l'effet utile de la médication. Ils dis- paraissent d’ailleurs peu de temps après la cessation de la thyroïdine. Les symptômes que nous avons observés dans ces diverses condi- lions, soit isolés, soit en complexus, sont : De l'excitation nerveuse (fou rire, pleurs, colères, cris nocturnes), » 2 : & SÉANCE DU 25 MAI 937 des battements de cœur, de la diarrhée, du tremblement, de la poly- dypsie, de la boulimie, de l’insomnie, des chaleurs, des vomissements, de la céphalée. On peut avec Hertoghe ajouter : des douleurs muscu- laires et articulaires, une violente douleur lombaire, l’oppression, les palpitations douloureuses. Gauthier de Charolles signale : les vertiges, la polyurie, la dyspnée, les nausées. Chez un sujet de treize ans, arriéré, qui fut amélioré par des doses faibles de thyroïdine, des doses plus fortes ont à deux reprises provoqué l’esquisse d'une crise nerveuse. Il fut pris de crispation, de claquements de dents, de soupirs,. d’envies de pleurer, et, en même temps, ses membres inférieurs furent secoués par des mouvements involontaires. Les signes précilés se retrouvent dans la maladie de Basedow, comme l'ont signalé MM. Marie et Béclère, ce qui ne saurait surprendre, car cette maladie, maximum d’hyperthyroïdie, a pu justement être repro- duite par l'injection de doses fortes et répétées de suc thyroïdien. Mais provoqués par le traitement, ils sont moins accentués, plus dis- sociés, moins durables que dans le goitre exophtalmique. Il font partie, d'autre part, de ce qu’on appelle communément le nervosisme. Autrement dit, les petits incidents de la thyroïdothérapie réalisent chez l’homme un nervosisme expérimental qui a son pendant en clinique el aide à la compréhension du nervosisme spontané. On voit ainsi que certain nervosisme et certain Basedow ne sont que des étages différents d’une même construction d’hyperthyroïdie; certain nervosisme n’est, si l’on veut, que du Basedow fruste. Ce rapprochement entraine quelques déductions. _Les émotions produisent la maladie de Basedow d'une part, le ner- vosisme d'autre part. Elles agissent, dans les deux cas, par l'intermé- diaire du corps thyroïde. Autre remarque importante. Tous les symptômes que provoque la thyroïdine à dose excessive sont susceptibles, par contre, de disparaitre en général sous l'influence de thyroïdine à petites doses. Il en est de même pour d’autres symptômes d'ordre éminemment nerveux et que nous n'avons point vu se produire par le traitement : tels que des crises de somnambulisme et d’angor pectoris névropathique. EL de même la grossesse, qui peut faire apparaître ou aggraver un goitre exophtalmique, peut la guérir; et de même, certaines maladies infectieuses provoquent ou améliorent le Basedow. L’explication nous paraît découler de la notion de l’instabililé thyror- dienne, dont nous trouvons la confirmation dans les faits rapportés par Gauthier de Charolles : accélération facile du pouls et palpitations dans le goitre simple, apparition de troubles nerveux et de tachycardie sous 938 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'influence de l’ingestion de quelques centigrammes d’iode appliqués au traitement du goitre ou d’un séjour à la mer. Et elle est applicable aux améliorations de syndromes de Basedow par la thyroïdine. Certain nervosisme, comme certains syndromes basedowiens, évo- luent, dans ces cas, sur un fond d'hypothyroïdie. C’est le mouton qui devient enragé. En diminuant l'hypothyroïdie, on évite du même coup les paroxysmes réactionnels, les échappées d’hyperthyroïdie. Le nervosisme que nous avons envisagé est donc lié à l'hyperthyroïdie. Mais à côté de ce nervosisme, on peut en envisager un aulre, à tendance d’apathie, d’asthénie, lié directement à l'hypothyroïdie. Dans les deux cas, le système nerveux n'est pas en équilibre. La con- centration de l’ion calcium dans le système nerveux est anormale, et les conséquences sont les mêmes que celles indiquées par Sabbatani, à propos de la coagulation du sang : la décalcification et l'hypercalcitica- tion, au delà de valeurs critiques déterminées, conduit toujours à l'in- coagulabilité. Nous ajoutons à l'instabilité nerveuse. CONTRIBUTION A L' ÉTUDE DE LA PONCTION LOMBAIRE CHEZ LES SYPHILITIQUES, par JEANSELME et BARBÉ. La réaction méningée est une lésion si fréquente chez les syphili- tiques que, sur 53 sujets échelonnés aux différentes périodes de la maladie, nous avons trouvé 39 fois de la lymphocytose. Parmi ces 53 sy- philitiques, 2? étaient en période primaire, 27 en période secondaire, et 24 en période tertiaire; sur ces 53, 33 avaient des manifestations ne portant pas sur le système nerveux, 45 avaient des accidents du système nerveux, et 5 n'avaient aucun accident apparent. Or, sur 33 qui avaient des accidents autres que des troubles nerveux, 25 avaient de la lym- phocytose; sur 15 qui avaient des accidents ressortissant au système uerveux, 12 avaient de la lymphocytose, et sur 5 qui n'avaient aucun accident apparent, 2 avaient de la lymphocytose. Si l’on recherche les rapports de la céphalée avec l'état du liquide céphalo-rachidien, on voit que sur ces 53 malades, 26 avaient de la céphalée et 27 n’en avaient point. Sur les 26 qui avaient de la céphalée, 22 avaient de la lymphocytose, et sur les 27 qui n'avaient pas de céphalée, 17 présentaient une réaction lymphocytaire. Terminons ce paragraphe en disant que sur les 26 malades qui avaient de la céphalée, 9 furent améliorés en quelques heures par la ponction lombaire et virent leurs maux de tête disparaître. Nous avons pratiqué 12 ponctions lombaires au cours de la roséole; SÉANCE PU 25 MAI 939 sur ces 12 malades, 10 avaient de la lymphocytose et 2 n’en avaient aucunement. Nous avons également recherché la présence d’albumine dans le liquide céphalo-rachidien, et sur 53 examens pratiqués à ce point de vue, nous avons trouvé 40 fois de l’albumine ; 5 fois la quantité de liquide a été assez abondante pour que l’on puisse rechercher la sérine et la globuline : 5 fois la sérine existait seule, 1 fois la sérine seule et 1 fois la sérine et la globuline réunies. Ces recherches, comme on le voit, con- firment ou modifient quelque peu les résultats obtenus par MM. Thi- bierge, Widal et Ravaut. Habituellement, les malades, après une première ponction, sont perdus de vue; nous avons eu l’occasion chez 8 d’entre eux de pouvoir constater à l’aide d'une nouvelle ponction l'effet d’un traitement mercuriel plus ou moins prolongé; sur 7 syphilitiques qui avaient eu de la lympho- cytose lors de la première ponction, vingt injections de 0,02 c. de biio- dure de mercure ou huit piqûres de 0,08 centigr. d'huile grise à 40 0/0, firent disparaître la réaction méningée chez 3 d’entre eux, tandis que chez les 4 autres elle persistait encore, quoique atténuée. De ces divers résultats, nous croyons pouvoir tirer les conclusions suivantes : 4° La lymphocytose du liquide céphalo-rachidien peut s’observer chez un syphilitique, sans que l'examen clinique du système nerveux puisse déceler une altération de celui-ci; 2° La lymphocytose est extrêmement fréquente dans la céphalée ou dans la roséole, mais n’accompagne pas forcément ces symptômes; 3° Le fait que la roséole ou la céphalée n'indiquent pas forcément que le système nerveux est touché, montre qu'il y a intérêt à pratiquer la ponction méthodiquement, à périodes fixes, pour s'assurer qu'il ne couve pas une réaction insidieuse du système nerveux ; 4° Il est d'usage de faire pendant les premières années de la syphilis, à titre préventif, des séries de 6 à 8 piqûres d'huile grise (7 à 8 centi- grammes) ou de calomel (0,05 centigrammes); de 20 à 25 piqûres de ‘ biiodure (0,02 centigrammes) ou de tout autre sel soluble. Or, l’expé- rience nous a appris que ce traitement ne donnait aucune sécurité, puisque dans plus de la moitié des cas il n'avait fait que diminuer la lymphocytose. Il y à donc lieu, quand la réaction méningée n’a pas cédé, de poursuivre le traitement, et l'on peut espérer que des ponctions renou- velées à courts intervalles pourront permettre de fixer approximative- ment la quantité d’injections nécessaires pour éteindre toute réaction méningée. La ponction lombaire doit donc être érigée en méthode, grâce à laquelle on pourra diriger le traitement d'une facon rationnelle. 940 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ALBUMINURIE TRANSITOIRE AU COURS DE L'ANESTHÉSIE LOMBAIRE EXPÉRIMENTALE PAR LA STOVAÏNE, par PIQuAND et DREYFUS. La rapidité et la commodité d'obtenir une anesthésie suffisante pour pratiquer sur les membres inférieurs et sur la région sous-ombilicale de l'abdomen des opérations de toute nature, l'extrême rareté ou la bénignité des accidents observés ont donné à la méthode dite de « rachistovaïnisation » la faveur dont elle jouit. La facilité avec laquelle on alimente les malades après l'opération, la minime fréquence des vomissements et de l'élévation de température ou de la céphalalgie.et de la rachialgie ont puissamment contribué à son succès. Il est cepen- dant un symptôme que l’on observe quelquefois à la suite de ce mode d’anesthésie qui, pour quelque bénin qu'il apparaisse au premier abord, mérile cependant d'attirer l'attention. C’est une albuminurie, tantôt extrêmement légère, d'autres fois au contraire assez abondante pour constituer une véritable complication. Nous avons pratiqué chez 20 lapins la rachianesthésie à la stovaïne, et voici, très brièvement résumés, les résultats que nous avons obte- nus : chez 9 de ces animaux rachistovaïnisés, nous avons obtenu, le lendemain de l’anesthésie, une albuminurie d’une certaine intensité, pouvant atteindre À gramme; chez 5 autres, nous n'avons obtenu que des traces très légères d'albumine; enfin, chez 6 de ces animaux, il n'y a pas eu de traces d’albumine. | La dose d’anesthésique employée à été, chez 10 lapins, inférieure à un demi-cenligramme ; chez 4 lapins, de 1 centigramme; chez 6, elle a été extrêmement forte, de 3 à 5 centigrammes. L’albumine ne paraît pas dépendre directement de la dose injectée, car elle apparaît aussi bien avec des doses faibles qu'avec des doses fortes. Avec ces dernières, les symptômes de parésie ou de paralysie des membres postérieurs sont constants, mais cette paralysie n'implique pas nécessairement l'albumi- : nurie. La paralysie a été transitoire, sauf chez 2 lapins, qui ont suc- combé au bout de trois jours après l’anesthésie. Le titre des solutions de stovaïne a varié de 10 p. 100 à 1/200. Avec les solutions concentrées, nous avons toujours obtenu une paralysie des membres postérieurs quand la dose était suffisante pour amener l’anesthésie, soit 3 milli- grammes environ, et, dans ces cas, l'albuminurie n’a jamais fait défaut. Ces résultats sont assez conformes à ceux qu’a obtenus un auteur allemand, M. Schvartz, assistant de M. le professeur Sonnenburg, à Berlin, qui, examinant les urines de cinquante malades rachistovaïnisés avec une quantité toujours égale de 4 centigrammes, à constamment trouvé des signes de néphrite avec albumine, cylindres, etc., parfois SÉANCE DU 25 MAI 941 dès la quatrième heure après l'intervention, parfois seulement deux ou trois jours après. Ordinairement très fugace, cette albuminurie aurait pu persister trois semaines chez un de ses malades, et la quantité maxima d’albumine atteindre 7 grammes. Aucun de ces malades ne présentait de signe d’altération rénale avant l’anesthésie. On ne peut faire encore que des hypothèses sur la pathogénie de ces troubles de l'appareil sécréteur de l'urine, et nos recherches en cours sur l’action comparée, à ce point de vue, des autres anesthésiques, ainsi que sur l'anatomie pathologique de la glande rénale et de la moelle, ne nous permettent encore aucune conclusion. Mais, qu'il s'agisse d'un trouble fonctionnel et passager du rein ou d'une atonie vasculaire de cet organe, qu'il s'agisse d’un trouble d'origine sympathique ou, au contraire, d'une lésion rénale peu marquée mais réelle, l'existence de cette albuminurie n’en mérite pas moins de fixer l'attention. L'étude de la perméabilité rénale et de la cryoscopie chez l'homme, des coupes anatomo-pathologiques chez les animaux pourront peut-être éclairer la question. Mais, en altendant, si une irritation même temporaire du rein peut ne pas rester toujours indifférente et être le point de départ d'un mal de Bright ultérieur, à plus forte raison faudra-t-il être prudent chez les cardiaques et chez les rénaux pour lesquels la recherche d’un anesthésique absolument inoffensif paraît toujours encore nécessaire. (Travail du laboratoire de M. le professeur Reclus.) SUR LES PROPRIÉTÉS CYTASIQUES (1) OU OPSONISANTES DU SÉRUM . DANS LA FIÈVRE TYPHOÏDE, par MAURICE BRETON et GEORGES PETIT. Le pouvoir cytasique ou « opsonisant « du sérum normal vis-à-vis de certaines bactéries subit des oscillations qui sont en rapport avec la résistance individuelle et avec la variété pathogène du microbe éprouvé. Ce fait a été mis en évidence par Wright et par beaucoup d'autres auteurs en ce qui concerne le bacille tuberculeux et les staphylocoques, streptocoques, bacilles d'Eberth, etc. Ayant observé dans le service de M. le professeur Combemale quel- ques cas de fièvre typhoïde, nous avons étudié les variations de l'index cytasique ou « opsonisant » aux différents stades de l'affection, et nous résumons ci-dessous nos observations en Îles faisant suivre des réflexions qu'elles nous ont suggérées. (1) A'exiques ou complémentaires. Biozogtre. Couptes RENDUS. — 1907. T. LXII. 65 949 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Chaque expérience a été faite dans les conditions suivantes : On a employé des leucocytes de cobaye recueillis dans un exsudat péritonéal artificiellement provoqué par une injection de bouillon ; ces. leucocytes ont été lavés à plusieurs reprises à l’eau salée physiologique et utilisés dans l'heure qui à suivi leur prélèvement. Les cultures de ‘ bacilles typhiques utilisées étaient âgées de six à huit heures et finement émulsionnées dans l’eau salée physiologique. Le sérum frais d'individus: . sains ou de typhiques était recueilli le jour même. Les mélanges opérés dans des tubes de verre de petit calibre sont. portés à l’étuve à une température de 37 degrés; ils y sont laissés une heure et demie et agilés à plusieurs reprises. Des préparations sont faites aussitôt après; les lames sont séchées à l’étuve et fixées, soit à. l'acide osmique, soit à l’alcool-éther. Les colorants choisis sont le bleu de méthylène ou la thionine, en solutions diluées. Nous avons établi l'index cylasique ou opsonisant du sérum normal vis-à-vis du bacille d’Eberth et nous avons renouvelé chaque fois cette recherche à titre d'expérience de contrôle ; les chiffres obtenus ont varié de 0,20 à 0,26, l'index de la phagocytose sans sérum étant de 0,03. A la période du début de la dothiénentérie, alors que le séro- diagnostic n’est encore que faiblement positif, nous avons constaté un abaissement considérable de l'index. Les chiffres oscillent entre 0,03, 0,04, 0,06 et 0,08. À la période d'état, et quelle que soit la forme que revêt l'affection (nous avons observé des formes apyrétiques), l'index reste bas, 0,04, 0,06, 0,08, 0,16. À la période de convalescence, plus de quinze jours après la chute de la température, le pouvoir cytasique ou opsonisant ne se relève pas et nous notons des chiffres de 0,08, 0,10. : Enfin, nous avons recueilli le sérum d’anciens typhiques observés plusieurs années auparavant, et nous avons constaté que l'index reste chez eux au-dessous de la normale. D'autre part, nous avons éprouvé le sérum de nos malades vis-à-vis. d’autres bacilles que l'Eberth et plus particulièrement du bacille diphté- rique. Alors qu'en présence de ce dernier bacille un sérum normal pos- sède un index de 0,40 (chiffre moyen), le sérum du typhique en période d'état ou de convalescence donne un chiffre de 0,02, 0,04, 0,08. Notons encore qu'un sérum agglutinant à 1/50.000, obtenu expérimentalement, non chauffé, mais âgé de plus de deux ans, ne possède aucun pouvoir cylasique où opsonisant. Ces premiers résultats nous portent à conclure que : 1° La diminution de l'index cytasique ou opsonisant au cours de la fièvre typhoïde, s'observe dès le début de l'affection et précède de plu- sieurs jours l'apparition de la réaclion agglutinante; SÉANCE DU 25 MAI 943 2° Cette réaction agglutinante est indépendante du pouvoir cytasique ou opsonisant ; 3° L’abaissement du pouvoir cytasique ou opsonisant du sérum des typhiques s'étend à d’autres microbes que le bacille d’Eberth; il ne représente donc pas une réaction spécifique et ne peut êlre considéré que comme une manifestation de l'infection générale de l'organisme. Cette constatalion, jointe à la connaissance du relèvement tardif du pouvoir cytasique ou opsonisant chez les convalescents, explique dans une certaine mesure le mécanisme des infections secondaires et des réinfections à plus ou moins longue échéance au cours de la fièvre typhoïde. ({nstitut Pasteur de Lille.) INFLUENCE DE LA VÉRATRINE SUR LA FORME DE LA PULSATION CARDIAQUE. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU TÉTANOS DU COEUR, par H. BusqueT et V. PAcHon. Le tétanos du cœur est une question toujours discutée en physiologie. À ce titre, nous avons pensé qu'il pouvait être intéressant de communi- quer des tracés de contraction cardiaque, dont la figure ci-joinle donne le type, et que nous avons obtenus sous l'influence de la vératrine. Le cœur en expérience est le cœur du lapin isolé, soumis à une circulation arüficielle par le procédé ordinaire de Langendorff. La solution de Ringer- Locke (NaCI, 9 grammes; KCI, CaCl°, NaHCO*, chaque 0 gr. 20; glucose, 4 gramme; H°0, q. s. pour 1 litre) est additionnée de vératrine à 1/4000. Le liquide de circulation pénètre dans le cœur à une température de 38 degrés et sous une pression de 3 centimètres de Hg, saturé d'oxygène pour cette température ef cette pression. Les tracés, on le voit, sont très caractéristiques. La contraction car- diaque, nettement discontinue, se développe par une succession de secousses qui se superposent suivant un escalier ascendant, continué par un plateau de quelque durée, pour se terminer par une ligne de décontraction sur laquelle on remarque encore une ou plusieurs ondu- lations secondaires. Ce dernier trait, c’est-à-dire le dédoublement imprimé à la décontraction cardiaque par la vératrine, rappelle entière- ment le dédoublement caractéristique bien connu, qu'imprime cette substance à la secousse musculaire. C'est la première fois que se trouve mise en évidence la nalure téta- nique imprimée à la contraction cardiaque par la vératrine. En effet, 944 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les recherches pharmacodynamiques de Hedbom (1) sur le cœur du lapin isolé n'ont, en particulier, révélé rien de semblable. D’autre part, les travaux de Dastre et Morat (2), de S. Ringer (3) ont montré l’action de ce poison soit sur les contractions provoquées de la pointe du cœur de grenouille, soit sur les systoles spontanées du cœur isolé de ce même animal. Or, chez la grenouille, qu'il s'agisse du cœur isolé ou du cœur in situ, la vératrine, aux doses insuffisantes à provoquer l'arrêt systo- lique définitif de cet organe, limite son action sur la forme de la contraction cardiaque à une augmentation d'amplitude et de durée des systoles auriculaire et ventriculaire. Il y a là, comme nous l'ont montré des expériences comparatives, une différence nettement tranchée entre la réactivité du cœur de grenouille et celle du cœur de lapin à la véra- trine. On pouvait penser que cette différence de réactivité était liée à l'in- fluence propre de la température du cœur de l'animal à sang chaud. Nous avons donc réchauffé des cœurs de grenouille isolés et porté à 36 degrés la température du liquide dans lequel nous les tenions immer- gés, soit avant, soit après l’instillation de vératrine. Dans ces condi- tions, nous n'avons pas réussi à faire apparaître les caractères tétaniques de la contraction cardiaque. Aussi bien ce résultat n’a pas lieu de sur- prendre : réchauffer un poïkilotherme .et élever sa température au niveau de celle d’un homæotherme est, sans doute, pour le premier, rendre plus complexes encore ses réactions vitales, mais ce n’est évidemment pas, de ce seul fait, les homologuer dans leur intégralité à celles du second. Il s’agit maintenant de rechercher le mode de production du caractère tétanique que donne la vératrine au cœur du lapin isolé. La plus impor- tante objection opposée par quelques physiologistes, comme Kronecker, à la possibilité du tétanos cardiaque est l'existence de la phase réfrac- taire. Sans doute, celle-ci intervient et ne peut intervenir que pour limiter la facilité à produire ce télanos. Mais la phase réfractaire | n’est pas un obstacle absolu : elle ne l'est pas pour les excitations « infaillibles » de Bowditch, et Marey lui-même a montré comment une fréquence suffisante de telles excitations arrivait à mettre le cœur en tétanos (4). En outre, la durée de la phase réfractaire peut être consi- dérablement réduite par l'augmentation d’excitabilité du muscle car- diaque. Il y a donc nécessairement un seuil de disparition pour une valeur suffisante de l’excitabilité. Or, c’est justement le caractère de la vératrine d'augmenter considérablement l’excitabilité musculaire en edbom. Skandinavisches Archiv für Physiol., VIII, 1899, 8. astre et Morat. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1877, p. 479. S. Ringer. Journ. of physiol., V, pp. 252 et suiv. Marey. La Circulation du sang, Paris, 1881, p. 45. A) H (2) D (3) (4) ‘AJIO1p R SUONCS 9p 91lT — ‘SapU099s u9 SdWI, ‘SG ‘OULEIPA E] 9P 2JUonpUr] SNOS ‘9081 urde] 8p anwo np uoryesnd ej ep enbrueoj owaioy 946 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE général, comme en témoignent de nombreux travaux (1). Sous l'in- fluence de l'augmentation notable de l’excitabilité de sa fibre muscu- laire, produite par la vératrine, le cœur peut donc répondre désormais. à un plus grand nombre d'excitations venues de ses centres ganglion- naires ou produites par les variations de son métabolisme : son télanos est devenu possible. | Enfin on peut se demander si le tétanos cardiaque de li vératrine est un tétanos artificiel créé de toutes pièces, ou si l’action toxique ne se réduit pas, comme maintes fois, à exagérer un phénomène physio- logique mais masqué, c'est-à-dire, dans le cas actuel, à dissocier claire- ment les secousses élémentaires dont se compose normalement la contraction cardiaque. La vératrine mettrait en évidence, en l'exagé- rant, la nature tétanique de cette contraction, défendue par Chauveau, L. Fredericq et d’autres physiologistes. C'est là un problème que des recherches ullérieures pourront résoudre. (Laboratoire de physiologie générale de l'Ecole des Hautes-Etudes, au Muséum d'histoire naturelle.) SUR LES INFECTIONS SANGUINES AUTOGÈNES OU HÉTÉROGÈNES CHEZ LES ANIMAUX A L'ÉTAT NORMAL, par SACQUÉPÉE et LOISELEUR. Deux séries d'expériences ont eu pour but d'apporter une contri- bution à l'étude des infections sanguines autogènes (par les microbes normalement présents) ou hétérogènes (par des microbes ingérés expé- rimentalement) chez les animaux de laboratoire pris à l'état normal. Le sang fut prélevé simplement par ponction aseptique du cœur : on évite ainsi les infections agoniques qui peuvent fausser les résultats quand on opère sur les cadavres; on évite également les conditions anormales, et peut-être les causes d'erreur, que peut amener une inter- vention opératoire délicate in vivo; on est enfin à même de suivre dans le temps l’évolution des septicémies. Les 2 centimètres cubes de sang prélevé sont ensemencés en 100 ou 200 centimètres cubes de bouillon aérobie. Dans tous les cas où le sang se montra fertile, les animaux furent sacrifiés ultérieurement, afin de s'assurer qu'ils ne présentaient pas d’affections localisées ni de vers intestinaux. 1° INFECTIONS SANGUINES AUTOGÈNES. — 1l a été utilisé des animaux à (4) Cf. en particulier J. Carvallo et G. Weiss. Journ. . uno ee gén., I, 1899, p. 1. « FRS ND 7. ANR 7 SÉANCE DU 25 MAI 947 jeun. depuis vingt-quatre heures, et des animaux en période de digestion. Sur 8 animaux à jeun (4 cobayes, 2 lapins, 2 rats blancs) la culture -du sang a donné une fois le tétragène. Il est possible que cet animal se soit infecté dans une cage qui avait te plusieurs mois avant des -animaux inoculés de tétragène. 19 animaux (15 cobayes, 38 lapins, 26 rats) furent ponctionnés pendant la digestion. Chez 7 d’entre eux, soit 8,8 p. 100, on trouva une infection sanguine. Les microbes rencontrés étaient 4 fois des microbes normaux de l'intestin (colibacille, coccus, bacille prenant le gram). On trouva, de plus, 4 fois le tétragène (même remarque que plus haut), 1 fois le streptocoque, 1 fois un coccus capsulé (chez un rat). La pré- -sence du streptocoque et du coceus capsulé s'explique vraisemblable- ment par ce fait qu'une épizootie, terminée quatre mois auparavant, -avait décimé les cobayes, respectant complètement les rats et les lapins; dans le sang des victimes de cette épizootie, on trouvait couramment le -sStreptocoque et le coccus capsulé. Il est done vraisemblable que les rats avaient emprunté leurs microbes à l'épizootie antérieure, sans en souffrir eux-mêmes. Cette persistance de bactéries très pathogènes pour le cobaye, chez une espèce animale peu réceptive pour elles, mérile d’être soulignée et intéresse vivement l’étiologie générale. En faisant abstraction des cas de septicémie accidentelle (épi- zoolie, etc.), nous aurions quatre infections sanguines autogènes, soit -5 p. 100. Aucun des germes rencontrés ne présentait de propriétés pathogènes manifestes pour l'espèce qui l'avait fourni. Dans trois cas, on à pu retrouver la même bactériémie pendant plusieurs semaines, sans que l'animal parût aucunement en souffrir. On peut donc rencontrer des _-infections sanguines persistantes sans aucune gravité. Nous pouvons donc conclure que, à l’élat normal, le sang de la circu- lation générale chez les animaux est presque toujours stérile, même pendan la période digestive. 2° INFECTIONS SANGUINES HÉTÉROGÈNES. — On mélange à la nourriture -ordinaire (son ou légumes) des animaux différents microbes (bacille typhique, bacille paratyphique B, bacille pyocyanique pour les trois -espèces animales; pneumocoque pour le lapin), de virulence moyenne, -certainement pour les sujets en expérience. On a utilisé ‘9 fois le bacille d'Eberth (1 cobaye, 1 lapin, 7 rats), 20 fois le bacille ‘paratyphique B (2 cobayes, 7 lapins, 11 rats), 30 fois le bacille pyocya- nique (7 cobayes, 17 lapins, 6 rats), 2 fois le pneumocoque (lapins). Le ‘repas est ingéré après vingt-quatre heures de jeùne, et les ponctions -sont pratiquées un temps variable (une heure à quatre heures; vingt- quatre heures; quarante-huit heures; dix à quinze jours) après le repas, souvent à plusieurs reprises sur le même animal. 948 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans une première série, 12 lapins jeunes, âgés de deux mois au plus, ingèrent l'un ou l’autre des microbes énumérés; chez un seul, on retrouve dans le sang le bacille ingéré (bacille pyocyanique\. La bacté- riémie fut d'ailleurs bénigne et fugace. Dans une deuxième série, la même ingestion est imposée à 49 ani- maux adultes ; chez aucun d’entre eux, le microbe ingéré ne passa dans le sang de la circulation générale, à quelque moment que ce soit. Au total, sur 61 animaux soumis à l'expérience, un seul présenta une bactériémie spécifique, soit une proportion de 1,7 p. 100. Encore s'agit-il d’un animal jeune, constatation qui pourra satisfaire certaines hypothèses. C'est-à-dire que la défense organique est organisée d’une manière presque parfaite dans l’état de santé sans que, d’ailleurs, ces expériences nous indiquent si la défense est exclusivement ou surtout effective en tel ou tel point, dans la paroi intestinale même, dans les ganglions, dans le foie, dans le sang même, etc. L'infection sanguine hétérogène expérimentale, chez les animaux pris à l'état normal, ne peut donc élre réalisée que d'une manière tout à fait. exceptionnelle, au moins dans les conditions où nous nous sommes placés. MÉTHODE RAPIDE DE DOSAGE DU GLUCOSE PAR LA LIQUEUR DE FEMHLING, par G. LaFox. Cette méthode n'est autre chose que la méthode employée par CI. Bernard pour le dosage du glucose dans le sang, que j'ai utilisée comme méthode générale. On sait que CI. Bernard dosäit le sucre du sang à l'aide de la liqueur de Fehling, rendue fortement alcaline par addition de potasse caustique. De cette facon l’oxyde cuivreux reste en solution, ce qui permet d'observer avec exactitude le moment précis de la décoloration du mélange qui reste absolument incolore. C'est là une condition indispensable pour une bonne analyse, condi- tion qui n'est pas réalisée avec les autres méthodes, notamment avec la méthode au ferrocyanure de potassium. Au lieu de potasse caustique j'utilise la soude caustique et j'emploie la formule suivante : Liqueur de Fehling (titrée à 0 gr. 005 par cent. cubes) ... 1 cent. cubes. Tessivemde soude UM ERP RCE EN EE PR FRS PPS — aus HUE ES IEEE See AE Or Re LS DA D — En employant ces proportions, l'oxyde cuivreux ne précipite pas ou ne produit qu'un très léger précipité qui ne gène en rien pour apprécier la décoloration. (Pour éviter la formalion du précipité la proportion du SÉANCE DU 25 Mal 949 dissolvant — eau — est plus importante que la quantité d’alcali ajoutée; si on employait par exemple 2 centimètres cubes de liqueur de Febling pour le même volume de véhicule on aurait sûrement un précipité.) L'’addition de soude caustique à la liqueur de Fehling ne modifie pas le titrage, contrairement à ce qui à lieu avec le ferrocyanure de potassium. On peut aussi se servir de la solution suivante préparée à l'avance : Liqueur de Fehling (titrée à 0 gr. 005 par cent. cube). . 100 cent. cubes. Pessivesdeisoude:au 1/30 #11 ;:1024 2:04. 900 — HanRdisSlÉes-. er re CS OCR S APOUTS Mo 00 — dont on prélève 5 centimètres cubes au moment de l'emploi; mais on peut aussi, suivant les circonstances, employer plus ou moins de 5 centimètres Cubes. 1 centimèlre cube correspond à 0 gr. 001 de glu- cose. Cette solution est inallérable. Pour l'analyse, il est essentiel d'opérer rapidement pour éviter la réoxydalion de l’'oxyde cuivreux en solution, mais il n’est pas nécessaire d'opérer: dans un ballon fermé par un bouchon comme le faisait C1. Bernard. J’opère dans un ballon ouvert en laissant tomber goutte à goutte la liqueur sucrée et j'apprécie le moment exact de la décoloration en examinant le ballon par transparence sur un fond blanc (feuille de papier blanc ou soucoupe en porcelaine) et par comparaison avec un autre ballon rempli d’eau distillée. Pour cela il faut retirer le ballon du feu don! le reflet ne permet pas une appréciation exacte; la réoxydation n’a pas Le temps de se faire pendant les quelques secondes nécessaires pour une observation. Si on a employé 1 centimètre cube de Mucun de Fehling correspon- dant à 0 gr. 005 de glucose, la quantité de glucose contenue dans la liqueur analysée est donnée, en grammes par litre, par l'expression : 5 (» étant le nombre de centimètres cubes nécessaires pour obtenir la décoloration). En employant la solution titrée à 0 gr. 001 par centimètre cube on a 5 à DE - ss - dememe: Tr — 7 Si on a pris 5 cenlimètres cubes, et plus généralement : (a étant le nombre de centimètres cubes de liqueur cuprique employée). Cette méthode est très rapide, une analyse ne réclame pas plus de cinq minutes; j'ai vérifié son exactitude à l’aide de solutions titrées de glucose, et par comparaison, avec l'examen polarimélrique et avec les autres procédés de dosage à la liqueur de Fehling. Elle n'est pas infé- rieure aux autres méthodes volumétriques et elle présente sur la 950 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE méthode pondérale de Allihn usitée en Allemagne l'avantage d'être beaucoup plus expéditive. Ce procédé de dosage n’est directement applicable que pour les liqueurs relativement pauvres en glucose (moins de 10 grammes par litre). Pour les liqueurs plus riches (urines diabétiques par exemple) il faut au préalable les diluer au 1/10; la richesse en sucre est alors : 50 , iÈ 10 a OU d’une facon plus générale ES Le dosage peut d’ailleurs se faire directement sur l'urine diluée, ce qui permet, dans une recherche sommaire, de supprimer l'opération préalable de la défécation et de déterminer le pouvoir réducteur total. 1P— LES MOUVEMENTS NUCLÉAIRES PRÉALABLES À LA SEGMENTATION PARTHÉNOGÉNÉSIQUE CHEZ LES ANOURES, par E. BATAILLON. Ces recherches complémentaires se rattachent à un travail d'ensemble sur les croisements chez les Anoures. J'ai signalé l’an dernier un des cas multiples relevés dans mes combinaisons : l'imprégnation sans amphimixie nucléaire aboutissant à une véritable segmentation par- thénogénésique dirigée par le pronucleus femelle. On pourrait se demander si les traitements divers auxquels j'ai soumis les œufs vierges agissent de la même façon sur la deuxième figure polaire en métaphase à la périphérie Le problème n’est pas moins intéressant à ia pour ceux qui ont voulu voir dans les divisions des œufs vierges un émiettement sans rapport avec la segmentation proprement dite. L'étude que j'ai publiée (1), les cinèses typiques ou atypiques dont j'ai donné de multiples figures laissaient subsister une lacune. L'origine du noyau des premières cinèses restait obscure, étant donnée surtout l'élaboration chromatique intense qu'on relève dans ces évolutions abortives. Voici les faits relevés d’abord sur des œufs de ana fusca traités par l’eau distillée. Ce n'est guère qu'après deux heures et demie ou trois heures que la région polaire sort de son inertie. La plage relativement pauvre en pigment sur laquelle la figure est implantée par l’un de ses pôles se rétrécit de plus en plus. Le fuseau finit par être enchâssé dans un (1) E. Bataillon. Nouveaux essais de parthénogenèse expérimentale chez les vertébrés inférieurs. Arch. f. Entw. Mech., t. XVIH, 1904. SÉANCE DU 25 MAI 951 rempart pigmentaire très épais qui se continue au-dessous de lui, à une certaine distance, par une fine traînée ayant l'allure d’une sangle lenticulaire. Son pôle périphérique se détache et il descend tel quel vers la lame inférieure de pigment qu’il rompra. Je n'ai vu nulle part ni l’anaphase, ni la deuxième émission. Le noyau se reconstitue au repos au cours de son cheminement. Il se présente alors limité par une membrane avec une belle charpente chromatique. Arrivé à destination, il est moins chromophile. Et c'est alors seule- ment qu'un bel aster simple se dessine autour de lui. Plus tard encore, sur des œufs de cinq heures et demie, je trouve un beau spirème non enveloppé au centre de l’aster. Les phénomènes essentiels sont les mêmes pour les œufs soumis à la chaleur ou au gel. Mais ils débutent plus tôt. C'est ainsi qu’au bout d’une heure tous les œufs congelés rapidement au chlorure de méthyle _ sonten mouvement, alors qu'avec l’eau distillée 3 seulement sur 80 examinés sont sortis de la métaphase avant la huitième heure. À partir de là, l’activité se généralise. Sur les œufs gelés ou chauffés, les radia- tions se dessinent aussi plus rapidement, au cours de la descente. Mais on arrive toujours à un bel aster simple qui perd bientôt de sa netteté _ens’hydratant; et c’est dans son territoire reconnaissable qu’apparaissent des asters plus petits. Ces asters, je les considère comme le point de départ de la division. En résumé, la segmentation parthénogénésique a pour stock chro- matique initial la plaque équatoriale de la deuxième figure polaire. Cette figure ne dépassant pas la métaphase, la deuxième émission fait défaut. Le retard de la segmentation parthénogénésique relève en grande partie d’un retard dans la descente du noyau femelle. Il est plus marqué dans le traitement par l’eau distillée, comme on pouvait s’y attendre. La mise en branle des phénomènes osmotiques dans l'œuf est en effet moins brutale qu'avec une variation de tempé- rature : elle exige une diffusion préalable du liquide extérieur à travers la gangue. Je montrerai ailleurs que, dans le cas visé l'an dernier d’une impré- gnation sans amphimixie, les phénomènes cinétiques originels sont - essentiellement différents. 952 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE CARCINOME PLASMODIAL (PLACENTOME INFECTANT, PLASMODIOME MALIN), par MauRIcE LETULLE. L'infiltration normale des parois de l'utérus gravide par des îlots du revêtement plasmodial (syncithium) des villosités fœtales, îlots indivi- dualisés sous forme de cellules multinucléées, constitue l’un des plus obscurs problèmes résultant de l’imprégnation de l'organisme maternel par un ovule fécondé. La cellule plasmodiale ainsi appelée à vivre silen- cieusement une existence éphémère dans les espaces interstitiels de la caduque et du muscle utérin et pouvant même, dans certaines circons- tances encore mal déterminées, s’emboliser dans le torrent circula- toire sanguin maternel, fournit un exemple curieux, unique, semble-t-il, de « parasitisme épithélial normal ». Ces gros éléments cellulaires _ provenant d'un être vivant, étranger à l'organisme maternel, d’un embryon qui est bien le parasite le plus indiscutable greffé à la surface de la muqueuse utérine, envahissent le tissu .conjonctivo-vasculaire, non sans y occasionner quelques désordres : les sinus veineux et les veines de l'utérus, pour ne citer qu'eux, portent des traces parfois indélébiles de ce stationnement de cellules plasmodiales au-dessous de leur couche endothéliale. Néanmoins, dans les conditions habituelles de la grossesse normale, toutes les « etfractions plasmodiales » s'installent plutôt discrètes dans les couches constitutives de l'utérus et y demeurent bénignes. La situation devient tout autre, et une maladie des plus graves appa- raît, lorsque l'incrustation de cotylédons placentaires!persiste à la surface interne de la matrice et qu'une môle hydatiforme, autrement dit un placentome, se développe à leurs dépens. Parmi les diverses tumeurs qui peuvent en résulter et dont je n’ai pas à poursuivre jei l'étude complète, il en est une, bien connue aujourd’hui et décrite d'abord sous le nom de « déciduome malin », qu'il me paraît utile de mettre en relief à cause de l'intérêt capital qu’elle présente à propos de la nature et de la genèse des cancers épithéliaux. Les caractères de ce « placentome infectant », qu'il est plus exact de désigner par le terme de « carcinome plasmodial », celui de « déei- duome » consacrant une erreur d’interprélation pathogénique, sont aussi formels que spécifiques. Enclavées dans les cavités veineuses des couches musculeuses de l'utérus, les villosités du placentome y ont fait proliférer d’une manière exagérée, monstrueuse même, leur revêtement épithélial : cellules de Langhans et masses plasmodiales, chacune pour leur part, bourrent la cavité sanguine et flottent à l’aise au milieu des globules rouges et des SÉANCE DU 25 MAI 953 caillots fibrino-leucocytaires. Sur les coupes heureuses, on voit, de plus, des masses plasmodiales en train de défoncer les parois vasculaires. Le plasmode, informe, gorgé de noyaux, fait effraction à travers l'endothé- lium du vaisseau et l’écarte ou le détruit sur place ; il pousse aussilôt, dans les mailles du tissu conjonctivo-musculaire pariétal, puis dans les couches inter-musculaires adjacentes, ses prolongements protoplas- miques et ses noyaux. Toutefois, dès que l’endothélium vasculaire a été franchi, le plasmodiome s'est individualisé et donne naissance à des cellules plasmodiales, toutes distinctes. Ces éléments du carcinome plasmodial qui vient ainsi de naître sont d'énormes cellules polynucléées qui acquièrent, les amplifiant au maxi- mum, tous les caractères histologiques et histo-chimiques des cellules plasmodiales de la grossesse: douées, selon toute vraisemblance, de mouvements amiboïdes, ces cellules migratrices s’essaiment dans toute l'étendue des couches de l'utérus à la facon de gros parasites et y por- tent leurs produits toxigènes. Partout et toujours, aussi bien dans les espaces inter-fasciculaires des muscles lisses des parois mêmes des veines et des sinus veineux ou lymphatiques, que sous les replis épithéliaux de la muqueuse utérine, ce sont des cellules plasmodiales, monstrueusement développées à la vérité, mais bien reconnaissables : même protoplasma granuleux, bril- lant, légèrement basophile, gorgé de sues et de glycogène, même polymorphisme, mêmes prolongements anguleux, mêmes noyaux bour- geonnants, exempts de karyokinèse, mais énormes et d’une invraisem- blable richesse en chromatine; même pouvoir d’effraction des parois vasculaires et même affinité pour les « milieux sanguins et lympha- tiques ». Les seules différences qui séparent les cellules plasmodiales de la gros- sesse normale des cellules du plasmodiome infectant consistent préci- sément dans l'exubérance du nombre, la généralisation possible à la totalité de l’utérus et l’exagération monstrueuse des dimensions qui caractérisent les cellules carcinomateuses plasmodiales infiltrées dans les parois utérines, expliquant ainsi les délabrements hémorragiques qui en sont trop souvent la conséquence mortelle. Les embolies qui peuvent se produire dans tout l'organisme, en particulier dans le pou- mon et dans les parois vulvo-vaginales, dénotent enfin, à distance, et par l'identité de structure des éléments cancéreux, l’origine plasmodiale de ces carcinomes secondaires. Peu d'exemples, dans la pathologie générale des cancers épithéliaux, ont une valeur aussi démonstrative et peuvent, à mon avis, aussi nette- ment plaider la cause du « parasitime épithélial spécifique », suffisant à lui seul pour réaliser, de toutes pièces, l’ensemble des conditions nécessaires à la genèse du carcinome épithélial. 954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FIXATION DES COULEURS PAR LES BACTÉRIES, par G. Péju et H. RaAJaT. Divers auteurs ont porté les matières colorantes au contact des bacté- ries vivantes, soit comme antiseptiques pour affaiblir la virulence de germes (Roux, Sergent) ou pour les tuer (bleu de méthylène dans le paludisme ou les affections oculaires, etc.), soit comme indication de ‘changements de réaction du milieu. Nombre d'auteurs, enfin, ont signalé, sous l'influence des bactéries, la transformation de quelques-unes de ces couleurs en produits leuco-dérivés. La plupart des couleurs peuvent, une fois dissoutes, imprégner ou se mélanger aux milieux bactériologiques liquides ou solides après liqué- faction momentanée, sans modification chromogène apparente, et le peu de toxicité qu'en général elles présentent permet d'en charger forte- ment ces milieux (pommes de terre, bouillon, agar), sans qu’ils devien- nent pour cela stériles. Si l’on y ensemence alors diverses espèces bactériennes normalement blanches ou grisätres, B. subtilis, staphylocoque blanc, B. ac. résistant de la grenouille, B. Korn IT, B. tuberculeux primaire en culture homo- gène, on constate que, si l'intensité de végétation de la culture n'est point sensiblement modifiée, l'aspect qu’elle revêt est variable avec la substance colorante contenue dans le milieu. 1° Avec les unes, la présence de la couleur est indifférente à la culture, en sorte que, sur milieux intensément colorés, on peut voir réapparaitre la couleur normale pâle de la bactérie : à ce groupe appar- tiennent le carmin, la fuchsine, l’hématéine, l'hématoxyline, la coche- nille, le bleu azur II, le vert malachite, la bixine, etc. 2 Sur d’autres, au contraire, les cultures des bactéries naïssent colo- rées, fixant énergiquement la matière colorante du milieu sur lequel elles poussent. Telles sont l’éosine, le bleu de méthylène, le rouge neutre, le rouge Merck, l'acide picrique, l'héliantine, ete. Les couleurs complexes où existent à la fois une de celles fixées par les bactéries et d'autres qui ne le sont pas mettent bien en évidence cette coloration élective de certaines couleurs seules. Ainsi, sur milieu gélose coloré en rouge vif par le picro-carmin, les colonies bactériennes normalement blanches naissent colorées en jaune, fixant l’acide picrique. Sur milieu bleu très foncé par la solution de Romanowsky-Giemsa, les mêmes colonies fixant le peu d'éosine qui y est contenu apparaissent colorées. en rose pâle. Il est une cause d'erreur à éviter dans l'appréciation des couleurs. fixées par les bactéries vivantes : c’est celle due à la possibilité d'une imprégnation tardive et passive de colonies microbiennes restées inco- à PR AN FOR NNE TONER EST EU SÉANCE DU 25 MAI 955 lores aussi longtemps que vivantes, consécutivement à leur mort, par la substance colorante non fixée pendant la vie. L'arrêt dans le dévelop- pement et le résultat négatif d’un réensemencement permettraient de reconnaître ce phénomène post mortem. Les deux groupes de couleurs ainsi séparés semblent demeurer iden- tiques, quelle que soit la bactérie étudiée. La fixation de certaines cou- leurs par les bactéries paraît devoir être rapprochée du phénomène des colorations vilales et nous nous proposons d’en poursuivre l'étude. Il est enfin un troisième groupe de matières colorantes qui, non fixées par les bactéries, sont de plus détruites par elles. D'ailleurs déjà bien vu, ce phénomène aboutit à la disparition totale et jusqu’à celle des moindres traces de la couleur ajoutée au milieu. Sous l'influence du développement du B. ac. résistant de la grenouille, nous avons observé la disparition totale du vert de méthyle, du violet de gentiane et plus rapidement du rouge Magenta. (Laboratoires de MM. Arloing et Morat.) À PROPOS DE L'ACTION BACTÉRICIDE DE L'ESSENCE DE TÉRÉBENTHINE, par G. PÉIU. On sait que les abcès térébenthinés provoqués dans un but thérapeu- tique ne contiennent pas de bactéries à leur intérieur : on ne connaît à. cette loi que quelques exceptions rapportées par Swieciki, Arnozan (in thèse Carles) et V. Ch. Senn. Autant, chez les infectés, les piqûres de sérum, caféine, ergotine, quinine donnent facilement des abcès riches en microbes, autant le fait est rare quand il s’agit d’abcès térében- thinés. Infection puerpérale. — État septico-pyohémique très grave qui commande, en outre de la thérapeutique utérine locale, l'emploi de deuxinjections hypo- dermiques térébenthinées. A leur niveau, réaction anormalement tardive, et, vers le dix-huitième jour seulement, apparition de deux volumineux abcès à évolution très lente, indo- iente et froide qui, après trois mois et demi environ, finissent par se résorber. Guérison. à Une ponction, au moment du plus grand développement des abcès, faite avec un gros trocart et aidée de pression sur la tuméfaction, donne issue à un pus semi-fluide, granuleux, de couleur gris rosée. On n'y percoit plus l'odeur de térébenthine. L'examen microscopiqne direct fait immédiatement montre avec d'abon- dants globules blancs en partie fragmentés, de très nombreux staphylocoques 956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE typiques. Ensemencés dans du bouillon ordinaire, ces staphylocoques n'ont pas donné trace de cultures, même après trois jours de séjour à l’étuve. Nous ne faisons que mentionner l'allure indolente et froide assez anormale de ces abcès de fixation, et c’est la présence de nombreux staphylocoques très reconnaissables, quoique sans doute de végétabi- lité réduite, que nous venons signaler comme une nouvelle exception à l’amicrobisme ordinaire des abcès térébenthinés. La présence de bactéries dans les abcès de fixation où elle a été signalée paraît-elle en rapport ou même commander une forme quel- conque de l’évolution de ces abcès ? Senn, de l’ensemble des cas connus jusqu’à lui, concluait qu'à la présence de bactéries dans des abcès de fixation correspondait une allure aiguë de ceux-ci et à ceux à évolu- tion froide un contenu a microbien. Si logiquement tout porte à croire qu il doit en être ainsi, il est sans doute des cas échappant à cette règle, puisque c’est à la conclusion contraire que conduit l'observation rap- porlée plus haut. : CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA GROSSESSE NORMALE. PÉNÉTRATION DES CELLULES PLASMODIALES DANS LES PAROIS UTÉRINES, par L. NATTAN-LARRIER et A. BRINDEAU. Malgré les travaux de nombreux auteurs étrangers, de Heuck, Pels- Leusden, Marchand, Blumreich, Ulesko-Stroganova, Bandler, on con- teste encore la présence, à l’état normal, de cellules plasmodiales dans les parois de l’ulérus gravide. Pour élucider cette question, nous avons examiné un grand nombre d'utérus, correspondant à des grossesses de termes très différents, de deux à huit mois. : Nous avons pu ainsi établir, qu'à l’état normal, les parois utérines sont infillrées de nombreux éléments cellulaires caractéristiques, dans lesquels il est facile de reconnaitre des « cellules plasmodiales », élé- ments d’origine fœtale. Les caractères de ces cellules sont pathognomoniques, car ces élé- ments, de dimensions et de forme variables, conservent toujours quel- ques traits communs. Elles sont anguleuses et munies de nombreux prolongements; leur protoplasma, très réfringent, présente une légère affinité pour les colorants basiques : l'hématéine lui donne une colora- tion un peu violacée et Lerne; sous l’action du pierocarmin, il prend un aspect brillant et une teinte d'un jaune rosâtre. Chaque élément cellu- laire est pourvu, ordinairement, de plusieurs noyaux, volumineux, tassés, rétractés, irréguliers, munis d’un réseau chromatinien, très riche et très dense. SÉANCE DU 25 MAI 957 On peut aisément préciser la répartition de ces cellules plasmodiales. Semées sans ordre apparent dans les couches de la caduque sérotine — où nous les étudierons dans une note ultérieure, — les cellules de l’ecto- derme fœtal pénètrent isolément dans les couches musculaires, s’insi- nuent, peu à peu, dans les espaces interstitiels du tissu conjonctif péri- musculaire, et viennent se fixer, enfin, dans l'intervalle des faisceaux et des fibres musculaires. Les cellules plasmodiales ne sont pas également abondantes au niveau des diverses couches musculaires de l'utérus : on peut établir que leur nombre diminue, à mesure que l’on s'éloigne de la caduque sérotine. Cette migration, d’allure si spéciale, s'effectue sans déterminer jamais aucune manifestation réactionnelle du lissu utérin : on ne rencontre, au voisinage des cellules plasmodiales, aucune hémorragie, aucun exsudat fibrineux, aucun afflux leucocytaire et les cellules plasmodiales ne déterminent aucune lésion dégénérative spéciale des faisceaux mus- culaires, qui entrent en contact avec elles. Il n'est pas rare de voir les cellules plasmodiales se loger dans la paroi même des vaisseaux sanguins, mais il ne nous a pas encore élé donné de démontrer, d'une facon formelle, leur pénétration dans le courant cir- culatoire. Sous l'influence de ces éléments, véritables parasites, qui s'accumulent sous leur endothélium, les parois veineuses, d'ailleurs, subissent des altérations manifestes. Le diagnostic histologique des cellules plasmodiales intermusculaires de l'utérus est toujours facile si on a soumis les coupes à une orienta- tion méthodique si le choix des techniques colorantes a été judicieux et si on a fait porter l'examen microscopique, successivement, sur l’inser- tion des villosités placentaires, sur la caduque sérotine et enfin sur les masses musculaires de l'utérus. La présence dans les tissus maternels d'éléments migrateurs d'ori- gine fœtale, leur greffe dans le tissu musculaire utérin constituent un remarquable exemple de parasiisme cellulaire physiologique. Ignorant le rôle que ces cellules plasmodiales peuvent jouer dans l’évolution de la grossesse, nous nous contentons d'établir, aujourd'hui, les caractères spécifiques qui les distinguent des productions néoplasiques tumorales de même origine, décrites sous le nom de « placentomes malins ». Lorsqu'elle se mobilise par un processus normal, la cellule plasmo- diale, n'offre jamais de signe d'hypergénèse (absence de karyokinèse ou de multiplication directe); elle ne manifeste aucune tendance aux _ monstruosités formatives : ses noyaux et son protoplasme conservent les caractères et les réactions de la cellule plasmodiale normale tandis que son volume ne s'écarte de celui des cellules analogues que l’on peut étudier dans la caduque. Ajoutons, enfin, que l'élément que nous venors d'étudier semble posséder une vitalité de courte durée. Biozocie. Compres RENDUS. — 1907, T. LXII. 958 SOCIÈTÉ DE’ BIOLOGIE RECHERCHES SUR LES PROCESSUS DES COMBUSTIONS ÉLÉMENTAIRES DANS LES MUSCLES ISOLÉS, par F. BartTeurx et Ml° L. STERN. Dans des travaux précédents nous avons montré que in vitro les muscles de lapin et de cobaye possèdent une activité respiratoire beaucoup moins élevée que celle présentée par les muscles de chien, de cheval, de bœuf, etc. Nous avons fait une série de recherches pour expliquer cette différence. La faible intensité des échanges gazeux dans les muscles de lapin et de cobaye in vitro pouvait être attribuée à trois causes: ou bien à une diminution très rapide de l’activité respiratoire, ou à la présence d'une substance inhibitrice des oxydations, ou au manque d’une substance favorisante des oxydations. La première hypothèse était peu probable, car les échanges gazeux des museles de lapin ou de cobaye n'augmentent pas, si on exécute les. manipulations nécessaires avec une très grande rapidité. Pour vérifier la seconde hypothèse, nous avons fait agir un extrait aqueux de muscle de lapin ou de cobaye sur des muscles de cheval ou de bœuf. Les échanges gazeux des muscles de cheval ou de bœuf sont légèrement augmentés. Il est donc difficile d'admettre que les muscles de lapin ou de cobaye contiennent, comme la rate ou le teslicule, des substances inhibitrices en quantité suffisante pour produire un abaissement prononcé de l’activité respiratoire. Pour vérifier la troisième hypothèse, nous avons fait agir un extrait aqueux de muscle de cheval ou de bœuf sur les muscles de lapin ou de cobaye. Ainsi, dans un cas, 100 grammes de muscles delapin additionnés de l’extrait aqueux de 100 grammes de muscle de bœuf ont absorbé en trente minutes 186 centimètres cube d'O* et ont dégagé 198 cen- timètres cubes de CO”. Le mélange était alcalinisé par 1 Na°CO° à 5. p. 1000. Dans le flacon témoin, où l'extrait de bœuf était remplacé par de l’eau, on a obtenu une absorption de 53 centimètres cubes d’O* et un dégagement de 94 centimètres cubes de CO*. Si le muscle de lapin est pris plusieurs heures après la mort, il ne- présente qu'une activité respiratoire très faible, et l'extrait de muscle- de bœuf n’augmente plus ses échanges gazeux. Dans les muscles de bœuf ou de cheval existent donc une ou plusieurs substances qui augmentent les combustions des muscles frais de lapin ou de cobaye. Ces substances se laissent extraire par l’eau. Il est probable que les muscles de lapin ou de cobaye présentent, în SÉANCE DU 25 MAI 959 vitro, des échanges gazeux peu élevés, parce qu’ils renferment une quantité irop faible de ces substances. Si cette hypothèse est exacte, les muscles de bœuf ou de cheval privés des substances qui peuvent être extrailes par l'eau, ne doivent plus présenter qu'une activité respiratoire peu intense. En outre le résidu musculaire addilionné de. son extrait doit récupérer son activité respi- ratoire. Les expériences ont confirmé ces suppositions. Nous avons procédé de la manière suivante. À 100 grammes de muscle on ajoute 150 centimètres cubes d’eau ; on agite pendant cinq minutes environ et on exprime ensuite à travers un double linge. On obtient un résidu et un extrait. Le résidu additionné d’une solution de Na?CO° à 6 p. 1000 ne présente plus qu'une activité respiratoire très faible. L’extrait, alcalinisé de la même manière, n’absorbe que des quantités d’O* minimes. Mais si on mélange l'extrait et le résidu, et on alcalinise par Na*CO*, on obtient de nouveau des échanges gazeux très élevés. L'extrait, soumis à l’ébullition, ne perd pas la propriété d'activer le résidu ou les muscles de lapin et de cobaye. Son action n’est donc pas due aux substances albuminoïdes coagulabies par la chaleur. L’extrait peut êlre conservé à la température ordinaire un jour ou davantage, sans perdre la propriété d'activer les échanges gazeux du résidu. Le résidu, au contraire, perd, après quelques heures, la propriété d'être activé par l’extrait.-Les muscles gardés inlacts pendant un jour après la mort fournissent encore un extrait qui active Le résidu. Pour le moment, nous ne pouvons pas dire quelles sont les substances qui sont renfermées dans les muscles, qui peuvent être extraites par l’eau et qui activent les échanges gazeux du résidu. Par quel processus les substances extraites par l’eau exercent leur influence sur les combustions musculaires? On pourrait faire deux hypothèses. D'après la première hypothèse, les substances qui passent dans l'extrait agissent en activant l’action oxydante d’autres substances qui se trouvent dans le résidu. L'union de ces substances serait nécessaire pour accomplir les combustions tissulaires, de la même manière que l'union de la sensibilisatrice et de l’alexine est nécessaire pour produire l’hémolyse. D'après la seconde hypothèse, on pourrait admettre que l'extrait aqueux contient les substances qui sont brülées. Le processus fondamen- tal de l'oxydation reste dans le résidu, et les substances qui sont prêtes à être brûlées sont solubles dans l’eau et passent dans l'extrait. (Travail du laboratoire de Physiologie de l'Université de (renève.}. 960 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DES PRINCIPALES VOIES D'ADMINISTRATION SUR LA DOSE MINIMA MORTELLE DE SPARTÉINE (SULFATE) SUR LA GRENOUILLE ET LE LAPIN, par E. MAUREL. GRENOUILLES. — Voie gastrique. Le sulfate de spartéine a été donné par la voie gastrique aux titres de 1 gramme pour 10 grammes et 1 gramme pour 25 d’eau distillée, et à des grenouilles d’un poids de 60 grammes à 25 grammes. Les doses ont varié de 3 grammes à 0 gr. 10 par kilogramme, et les résultats ont été les suivants : 1° Il a fallu arriver à la dose de 3 grammes par kilogramme pour tuer l’animal, et encore a-t-il survécu pendant vingt-quatre heures. 2° Avec les doses de 2 grammes jusqu’à celles de 0 gr. 25, les animaux ont perdu le sens de l'équilibre pendant plus ou moins longtemps, mais ils ont toujours résisté. 3° À partir de 0 gr. 15 ils n’ont été que faiblement engourdis. Voie musculaire. — Les doses ont varié de 1 gramme à 0 gr. 05 par kilogramme et Le titre a été de 1 pour 100 grammes d’ eau distillée. Les résultats ont été les suivants : 1° Les doses de 1 gramme jusqu'à 0 gr.10 par kilogramme ont tou- jours été mortelles. 2° Il a fallu descendre aux doses de 0 gr. 05 pour voir l'animal résister. CONCLUSIONS. — La différence entre les doses minima mortelles de ces deux voies d'administration a donc été considérable; de 3 grammes pour la voie gastrique, cette dose est tombée à 0 gr. 0 pour la voie HDuseuae soit une dose soixante fois moindre. C'est là une différence que l’on ne rencontre que pour des glucosides, et tout à fait exceptionnelle pour les alcaloïdes. La spartéine, dont lu composition est C*HŸAz*, malgré la présence de l'azote, se rapproche plus des glucosides que des alecaloïdes. Lapins. — Voie gastrique. Les doses ont varié 5 seulement de 0 gr. 50 à 0 gr.#30, et avec les résultats suivants : 1° Il a fallu arriver à la dose de 0 gr. 50 par kilogramme pour tuer l'animal. 2° La dose de 0 gr. 40 l'engourdit; il reste Poe heures sans manger, mais il résiste. 3° La dose de 0 gr. 30 l'a peu impressionné. Voie hypodermique. — Les doses ont varié de 0 gr. 30 à O0 gr. 02 par kilogramme avec les résultats suivants : 1° Jusqu'à la dose de 0 gr. 10 l'animal a suecombé, souvent dans moins d'une heure. 2° Avec la dose de 0 gr. 05, l'animal a été assez engourdi, mais il a survécu. el di ia nd tte de Pre 9 SÉANCE DU 25 MAI 961 3° La dose de 0 gr. 02 n’a pas diminué sa vivacité et, mis dans sa cage, il a mangé aussitôt. Voie veineuse. — La solution employée a été de 1 gramme pour 10 grammes, et les doses ont varié seulement de 0 gr. 03 à 0 gr. O1 avec ces résultats : 1° La dose de O gr. 03 par kilogramme à tué l'animal en quelques minutes ; 2° La dose de 0 gr. 02 a paru tout d’abord devoir être mortelle, mais l'animal a survécu ; 3° Après la dose de 0 gr. O1, l'animal a été également très abattu dès la fin de l'injection, mais il a pu recommencer à manger quelques heures après. ConcLusions. — Pour le lapin, les doses minima sûrement mortelles et les doses sûres de survie sont au moins cing fois plus faibles par la voie hypodermique que par la voie gastrique. 2° Pour les mêmes doses mortelles et de survie, celles de la voie veineuse sont de 3 à à fois plus faibles que celles de la voie hypodermique. De plus, en comparant la sensibilité de la grenouille et du l&pin à cet agent, nous trouvons : 1° Que, pour la voie gastrique, la grenouille est six fois moins sensible que le lapin ; 2° Que, pour la voie musculaire, au contraire, la sensibilité de ces deux animaux est à jeu près la même. (Laboratoire de médecine expérimentale de l'Université de Toulouse.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU SÉRUM ANTIRABIQUE, par P. REMLINGER. On sait (A. Marie) qu'il est facile d'obtenir un sérum antirabique _ neutralisant son volume d'émulsion centésimale de virus fixe et que ce sérum n’agit, en général, que dans d’étroites limites, un centimètre cube neutralisant un centimètre cube d'émulsion virulente centésimale et ne neutralisant pas un demi-centimètre cube. Ce mélange — inoffensif même en inoculations sous-dure-mériennes — est doué de propriétés immunisantes el peut être employé à la vaccination de l’homme et des animaux. Toutefois, nous avons émis quelque doute (1) au sujet de sa supériorité sur le sérum antirabique employé seul. Sur le conseil de M. le D' Roux, nous avons comparé le pouvoir immunisant du virus (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 16 décembre 1905. 962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fixe en émulsion à un dixième, du sérum antirabique, du mélange virus- sérum soit exactement neutralisé, soit renfermant un excès de virus ou de sérum. Les expériences ont porté sur des lapins et des chiens. Ces animaux étaient éprouvés dans l'œil trente jours après l'injection vaccinante. Par exception, ceux qui avaient recu du sérum seul étaient éprouvés au cinquième jour. Les résultats ont été les suivants : 1° Lapins. — L'injection sous la peau du lapin de 3 à 10 centimètres cubes d’une émulsion de virus fixe à un dixième n'est pas inoffensive et la rage peut se déclarer avant le jour de l'épreuve intra-oculaire. Tous les animaux, par contre, qui ont résisté à l'injection sous-cutanée ont triomphé de l’inoculation dans la chambre antérieure. Les lapins qui ont recu sous la peau 5-20 centimètres cubes de sérum seul ont présenté 44 p. 100 de survies; ceux chez lesquels il avait été injecté du mélange virus-sérum (10-40 centimètres cubes) avec virus en excès (3-10 centimètres cubes d’une émulsion à 1 p. 100) ont donné 98 p. 100 de survies, chiffre qui se rapproche beaucoup de celui (27 p. 100) fourni par les injections de mélange exactement neutralisé (10-40 centimètres cubes). Tous les lapins qui ont reçu avec le mélange virus-sérum (10- 40 centimètres cubes) un excès de sérum (5-20 centimètres-cubes) ont succombé. | 2° Chiens. — Le sérum exactement neutralisé (20-40 centimètres cubes) s’est montré inefficace. Tous les animaux éprouvés dans l'œil un mois après l’inoculation sont morts. L'inoculation sous la peau de virus seul (6-12 centimètres cubes d’émulsion de virus fixe à un dixième), de sérum antirabique seul (20 centimètres cubes), de mélange virus-sérum (20-40 centimètres cubes) avec un excès de 20 centimètres cubes de sérum ont présenté un chiffre de survie identique (33 p. 100). Les résultats les meilleurs ont été fournis par l'injection de mélange virus- sérum (20 à 40 centimètres cubes) avec excès de virus (6-12 centimètres cubes d’émulsion à 1 p. 100). La proportion des survies s’est élevée à 62 p. 100. La récapitulation des expériences faites sur le chien et le lapin montre que les résultats les meilleurs sont fournis par l'inoculation de virus fixe seul (60 p. 100 de survies). Viennent ensuite le mélange virus- sérum avec virus en excès (41,17 p. 100), le sérum seul (40 p. 100), le mélange virus-sérum avec sérum en excès (21,42 p. 100). Les résultats les plus mauvais ont été obtenus avec le mélange exactement neutralisé (15,78 p. 100). Le virus fixe présente à l'égard de l’homme une atténuation mani- feste. Il ne faut cependant pas exagérer son degré et il peut être dangereux d’injecter sous la peau un mélange virus-sérum avec excès de virus. Chez le chien, qui présente vis-à-vis du virus fixe une récep- tivité atténuée, analogue à celle de l’homme, un tel mélange est capable de déterminer, en injection sous-cutanée, l'apparition de la SÉANCE DU 25 MAI 963 rage. Le mélange virus-sérum exactement neutralisé ne présente aucun avantage sur le sérum seul. Celui-ci employé concurremment avec la méthode classique par M. Babès a déjà fourni entre ses mains de bons résultats. C'est à cette méthode que doit, croyons-nous, aller la préférence dans les cas de morsures graves ou de retards apportés à venir à l'Institut. Chez les animaux (chevaux, bœufs, moutons, chiens... etc.), la morla- lité à la suite de morsures d'animaux enragés est considérable. Le cas échéant, un cas de rage paralytique déterminée par le vaccin ne serait pas une calastrophe. Les procédés de vaccination en usage (injections intrajugulaires) sont d’une application délicate et ne sont pas non plus inoffensifs. Dans ces conditions, l’inoculation sous-cutanée de mélange virus-sérum avec excès de virus paraît constituer un procédé de choix (A. Marie). Nous ferons remarquer toutefois que les expériences précédentes, uniquement destinées à établir la valeur relative de la méthode, ne sont pas de nature à renseigner sur sa valeur absolue. Les deux particularilés suivantes du sérun antirabique nous paraissent intéressants à signaler : _‘a) L'activité du sérum est loin d’être proportionnelle à la quantité de virus injectée sous la peau de l'animal producteur. Un de nos moutons ui, en deux années, n’a pas recu moins de 130 cerveaux de lapin fournit toutes choses égales d’ailleurs un sérum moins actif qu'un autre mouton qui en a reçu 81; b) Il n'est pas rare d'observer, chez un même animal, des chutes brusques et inexpliquées de l’activité du sérum. Un mouton qui, à différentes reprises, a fourni un sérum actif à un vingtième ne donne plus, à une saignée suivante pratiquée dans des conditions identiques, qu'un sérum actif à un demi. Il y a là un inconvénient très sérieux du sérum antirabique. Un dosage minutieux s'impose à chaque saignée. ({nstitut impérial de bactériologie à Constantinople.) ‘SUR LES ALTÉRATIONS DU FOIE ET DES REINS CONSÉCUTIVES AUX ABLATIONS DE LA THYROÏDE ET DES PARATHYROÏDES CHEZ LE CHIEN, par L. ArQUIER et L. THECVENY. Au cours de nos expériences sur l’appareil thyro-parathyroïdien du Chien, nous avons étudié l’albuminurie et les lésions du foie et des reins si souvent constatées par divers auteurs, après la thyroïdectomie. L’albumine et les lésions du foie et des reins apparaissent dès les 964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE jours qui suivent immédiatement la thyroïdectomie, même unilatérale. Ceci nous paraît important à deux points de vue : 1° L'un de nous (1) a étudié, chez les animaux soumis à ces expé- riences, les modifications des parathyroïdes, de l'hypophyse et des sur- rénales. Pour ces deux dernières, elles sont analogues à celles qui sur- viennent au cours de la grossesse et des intoxications. On peut done se demander si, dans les ablationsde l’appareilthyro-parathyroïdien, elles indiquent l'existence de relations fonctionnelles entre les diverses glandes à sécrétion interne, ou bien si, au contraire, elles ne seraient pas dues, tout simplement, à l'intoxication générale causée par l'insuf- fisance thyro-parathyroïdienne. 2° Ces altérations existent après l’ablation isolée des parathyroïdes. La théorie parathyroïdienne de l'éclampsie puerpérale, formulée par Vassale, n’est donc pas en opposition avec les notions actuellement acquises sur l'anatomie pathologique de l’éclampsie. (Travail du laboratoire de M. le professeur Raymond.) I. DÉMONSTRATIONS DE MICROPHOTOGRAPHIE INSTANTANÉE ET DE CHRONOMICROPHOTOGRAPIHIE. IT. COMPARAISON DES MOUVEMENTS ACTIFS ET PASSIFS DES BRANCHIES FLOTTANTES RESPIRATOIRES ET LOCOMOTRICES, par Cu.-A. FRANÇOIS-FRANCK. Je rappellerai dans cette note les démonstrations annoncées dans ma communication du 16 avril dernier, et je donnerai quelques résultats de mes expériences chronophotographiques sur les mouvements des bran- chies flottantes. I. — J’ai montré à mes collègues qui ont bien voulu assister à ces démons- trations dans mon laboratoire, le 18 mai dernier, une série de projections fixes et chronophotographiques correspondant à des sujets différent; : les unes, comme les projections des accès épileptiques, d’origine corticale ou absin- thique, chez le singe et le chien, comme les projections des mouvements de rotation par lésions cérébelleuses, chez le lapin, la poule, le pigeon, con- cernent des expériences dont je rendrai compte d’une facon spéciale; il en. est de même pour les démonstrations de la locomotion d'animaux aquatiques variés, étude cinématographique exécutée au mois de septembre dernier à la (1) Alquier. Arch. de méd. expérimentale et d'anat. path., n° 2, 1907. Journ. de physiologie et de pathologie générale, n° 3,- 1907, et Gazette des Hôpitaux, 30 mai 1907. SÉANCE DU 25 MAI 965 station biologique d'Arcachon, avec l’assistance de MM. Jolyet et Sellier; cette étude se complète par les vues chronophotographiques des mouvements de la godille. J'ai également montré les prises de vues des mouvements respiratoires chez les Batraciens, divers poissons, le poulpe, etc., tous documents qui seront rappelés dans des notes ultérieures. Je tenais surtout à soumettre à mes collègues Le résultat et la technique de mes recherches actuelles sur la microphotographie instantanée et sur la chronomicrophotographie dont j'ai déjà entretenu la Société, dans la séance du 16 avril dernier, recherches que nos dispositifs permettent de poursuivre aisément dans le laboratoire, même avec la lumière de l’arc voltaïque (1). C'est ainsi que j'ai recueilli et projeté l’image d'objets vivants de taille variable, correspondant à des agrandissements de 60 à 600 diamètres : on a vu les mouvements des appendices, du cœur et de l'intestin de diverses Daphnies, ceux de colonies de Vorticelles, des palettes respiratoires de larves d’éphé- mères, des brauchies d’arénicole, de sphirographes, etc. Ce sont ces derniers résultats dont je désire aujourd'hui tirer quelques conclusions, en parlant seulement des mouvements actifs et passifs des bran- chies flottantes chez quelques Vertébrés et Invertébrés. IL. — Les branchies flottantes dont nous avons recueilli les images chrono- photographiques sont tantôt uniquement attribuées à la fonction respiratoire, et tantôt adaptées en même temps à la locomotion. (1) En cherchant à me documenter sur les recherches de microphotogra- phie instantanée et de chronomicrophotographie qui auraient pu être exé- cutées déjà, j'ai trouvé, dans l’année photographique de M. A. Reynier,. pour 1900, l'indication d’un dispositif de Scott, d’après le Scientific American, appareil figurant dans la Classe XII de l'Exposition de 1900. L'auteur a recueilli, non des épreuves chronophotographiques microscopiques, mais des images sur plaque fixe, sans aller au delà du 1/40, avec un arc voltaique de 2.200 watts. équivalant à environ 4.000 bougies. Nous réalisons facilement, comme je l'ai dit le 16 avril dernier, des prises de vues rapides sur plaque fixe et sur pellicule chronophotographique, avec temps de pose de 1/100 à 1/800 et un ampérage de 15 à 30 ampères, voltage 110, les pièces vivantes ayant conservé toute leur activité. Nos résultats ont été montrés à M. Cullmann représentant la maison Zeiss à Paris, surtout dans le but de savoir si les mêmes études avaient été pour- suivies à Jéna ; nous avons su ainsi que la chronophotographie de cristaux en voie de formalion, avec un agrandissement d'environ 30 diamètres, avait été obtenue par Lehmann, mais qu'on doutait encore à Iéna de la possibilité d'obtenir la chronophotographie de sujets vivants, sans leur faire subir d'alté- rations fâcheuses dues à la chaleur concentrée en même temps que la lumière. Or, tous nos objets vivants (Daphnies, larves aqualiques, algues, para- mécies, eic.) ayant subi l'épreuve de l'éclairage pendant les quelques secondes nécessaires, avec intervalles de temps variables entre deux séries de prises de vues, simplement préservés par une cuve à eau, se sont montrés tout aussi actifs après l'expérience, même quand on s’est servi de condensateurs apo- chromatiques pour les agrandissements avec l'immersion. 966 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - Dans le premier cas, elles exécutent sur place des mouvements variés, actifs de par leur propre musculature et de par celle de leur support, passifs également en raison des courants de l’eau qui se renouvelle à leur surface; elles agissent par leur propre contraction sur le sang qui les parcourt : tous ces détails sont faciles à déterminer grâce à l’examen visuel, soit avec le microscope ordinaire, soit avec les binoculaires, la loupe stéréoscopique de Zeiss par exemple, et mieux encore grâce aux prises de vues cinématogra- phiques qui les reproduisent à volonté, amplifiés et ralentis pour l’analyse; c'est ce que nous avons réalisé avec les têétards de grenouille, avec les jeunes salamandres, le spirographe, l’arénicole, etc. Quand les branchies flottantes servent en même temps à la locomotion, comme chez la larve d'éphémère, le branchippe etc., on voit ces organes, qui affectent ici la forme de palettes natatoires au lieu de présenter l'aspect de houppes plus ou moins complexes, exécuter des mouvements actifs et passifs comme les précédents, mais très différents cependant : les mouvements actifs se limitent à l'oscillation perpendiculaire à l’axe du corps, à l'élévation et à l’abaissement par exemple chez la larve d'éphémère, au mouvement d'avant en arrière et d’arrière en ayant chez le branchippe, etc.; mais, à ces mouve- ments oscillatoires rapides commandés par des muscles, s'associent des mou- vements de demi-retournement, en vertu desquels les deux faces opposées de la palette apparaissent alternativement et la bordure décrit un 8 de chiffre tout à fait semblable à celui que Marey et ceux qui l'ont suivi ont décrit pour la pointe de l'aile de l'oiseau et de l'insecte, pour la nageoire des poissons. La similitude de ces mouvements dans ces différentes séries rend probable la similitude du mécanisme passif qui les commande. On ne peut se défendre de retrouver ici encore l'assimilation de ces chan- gements de plan de l'organe locomoteur agissant sur le fluide au sein duquel progresse l'animal, et du changement de plan de la godille qui produit la propulsion du bateau. Sans vouloir aborder une question compliquée de mécanique animale qui n’est pas de ma compétence, j'ai cru intéressant cependant de fixer cette comparaison en rapprochant les vues chronophotographiques des mouvements des nageoires de certains animaux aquatiques, comme le grondin, la raie, le calmar, la seiche, etc., des vues chronophotographiques des mouvements de la godille. A cet effet, j'ai recueilii, à Arcachon, l’image des mouvements de la godille manœuvrée de facon à entraîner un petit bateau du rivage vers le large, se présentant tantôt par sa tranche, tantôt par l’une ou l’autre de ses deux faces peintes de blanc et noir, et se détachant sur le fond plat quadrillé de l’ar- rière du canot; en comparant ces changements de plan à ceux que subit la nageoire caudale du grondin par exemple, on reste frappé de leur similitude, avec cette réserve cependant que la nageoire caudale est flexible, alors que l’aviron, tel que je l’ai employé, est rigide. C’est là une simple indication visuelle qui n’a pas d’autre objet que de montrer l'intérêt de l'assimilation, établie, depuis Borelli jusqu'à Marey, entre les mouvements de la nageoire et ceux de la godille. Nous retrouvons, dans la palette natatoire (et respiratoire) des animaux invertébrés que j'ai examinés une série analogue dans laquelle le change- 1 : ; ; # | * SÉANCE DU 25 MAI 967 ment de plan et la trajectoire en 8 de chiffre apparaissent dans les prises de vues cinématographiques. Je me suis borné à ce simple rapprochement dont il m’a paru intéressant de montrer à mes collègues la représentation chronophotographique. CŒUR DE TRAUBE ET HYPERPLASIE MÉDULLAIRE DES SURRÉNALES, par VAQUEZ et AUBERTIN. A côté des lésions hyperplasiques que nous avons décrites dans les surrénales de certains brightiques, lésions qui portent sur le cortex, partie considérée par la majorité des physiologistes comme essentiel- lement antitoxique, M. Wiesel vient de signaler, chez les rénaux qui présentent une hypertrophie du ventricule gauche, une byperplasie des éléments médullaires ou chromaffines de la glande, c’est-à-dire des éléments proprement hypertenseurs. Nous avons recherché cette lésion dans un certain nombre de cap- sules surrénales de brightiques hypertendus, pour la plupart artério- scléreux ; nous ne pouvons nous prononcer sur la fréquence de cette hyperplasie qui ne nous à pas semblé bien nette dans un certain nombre de cas, et qui est parfois d’une appréciation difficile étant donné qu'il s’agit d’une augmentation numérique, sans altération de structure à proprement parler. Toutefois, nous l’avons récemment trouvée très nette chez un malade atteint de néphrite chronique avec hypertrophie considérable du ventricule gauche, malade qui, le fait est à signaler, présentait un gros rein « parenchymateux » ne répondant nullement au type de la néphite atrophique dite des artério-scléreux et qui d'ailleurs ne s'accompagnait pas d’hyperplasie corticale des sur- rénales. Un homme de quarante-huit ans, alcolique, sans antécédents pathologiques notables, entre à l'hôpital pour de violentes crises de dyspnée. Il y a sept ans qu'on a découvert pour la première fois de l’albumine dans ses urines et depuis cetle époque, il a de la pollakiurie. Depuis trois ou quatre ans, il souffre de crises de dyspnée survenant soit à l’occasion des efforts, soit sans cause apparente; enfin, depuis quelques mois il présente des crises angi- neuses avec irradiations dans le bras gauche, des accès de dyspnée avec expectoration spumeuse qu'on peut interpréter comme de l'œdème pulmo- naire, des tintements d'oreilles, des vertiges, de la dypnée nocturne continue et de l'æœdème malléolaire. À son entrée il présente de l’æœdème, de l’albuminurie, une hypertrophie cardiaque considérable (la pointe bat dans le 7e espace) avec dilatation des cavités droites, souffle systolique à la pointe et accentuation du deuxième 968 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bruit aortique. Pouls faible et petit, dyspnée continue, crises d’orthopnée avec cyanose, mort trois Jours après son entrée. | A l’autopsie, lés reins sont volumineux, congestionnés et se décortiquent mal : pas de granulations, pas d’atrophie corticale, pas de kystes. Le cœur est énorme : la dilatation porte sur toutes les cavités, mais l’hypertrophie porte exclusivement sur le ventricule gauche dont la paroi mesure près de 3 centimètres d'épaisseur. L’orifice mitral est insuffisant (insuffisance fonc- lionnelle par dilatation). L’aorte est légèrement athéromateuse au-dessus des sigmoïdes, mais il n’y a pas d'insuffisance de l'orifice : il existe quelques plaques d’athérome au niveau de la crosse et de l’aorte thoracique. Les autres organes ne présentent que des lésions de stase. À l'examen histologique, les reins présentent des lésions diffuses, à prédo- minance épithéliale, sans sclérose intense et sans glomérulite. Tous les tubes contournés sont également atteints de tuméfaction cellulaire avec par- fois incolorabilité du noyau : pas d’atrophie ni d’aplatissement des cellules. Les glomérules sont tous sains. Il existe une sclérose diffuse, très légère, absolument généralisée et cerclant fous les tubuli et tous les glomérules d'un anneau peu dense de tissu conjonctif lamelleux. Il existe quelques lésions d'artérite des grosses artères vers la région pyramidale, mais il n’y a ni plaques fibreuses, ni gcanulations de Bright, ni dilatation des canalicules, ni diminution du nombre des tubes contournés. En somme, lésions surtout épithéliales avec début de sclérose péri-canaliculaire. Au niveau du ventricule gauche, hypertrophie musculaire et augmentation très légère du tissu conjonctif interstitiel. Le foie et la rate ne présentent pas, - à l'examen histologique, de lésions artérielles. Au niveau des capsules surrénales, l'augmentation de volume de la médullaire est déjà évidente à l'œil nu sur les sections faites après dur- cissement au Bouin. Dans les sections centrales, son épaisseur atteint près de 1 centimètre; et dans les sections les plus rapprochées des pointes de la glande où d’erdinaire les deux faces internes de la subs- lance corticale sont accolées sans interposition de tissu médullaire, ce dernier atteint encore une épaisseur de 2 à 3 millimètres. L'examen histologique confirme ces données : le cortex présente peu de lésions (architeclure normale, pas d’hyperplasie adénomateuse, peu de spon- giocytes, lègère augmentation de pigment dans la réticulée): mais la médullaire est très hyperplasiée et parcourue par des vaisseaux dilatés. Ses limites d'avec la réticulée étant très nettes, on peut voir qu'en certains endroits elle occupe les quatre cinquièmes de l'épaisseur tolale de la surrénale; eu un point même, elle est tellement développée qu'elle s'avance presque jusqu'à la périphérie de la glande et n'est plus séparée de la fibreuse que par la couche glomérulaire, la réticulée et la fasciculée ayant disparu à cet endroit : le tissu chromaffinien ayant entraîné avec lui des vaisseaux dilatés, fait ainsi hernie à travers la substance corticale et vient presque au contact de la capsule fibreuse. SÉANCE DU 25 MAI 969 La structure fine de cette substance médullaire hyperplasiée ne diffère pas, semble-t-il, de celle de la médullaire normale. Les cellules glandulaires y sont de taille variable avec un protoplasma assez étendu, se colorant bien par l'hématéine (la pièce ayant été fixée au Bouin, les granulations chromaffines n’ont pu être décelées), et un noyau rond ou ovalaire, à fin réliculum. Capillaires nombreux et bien développés; pas de sclérose. Pas de grandes cellules nerveuses multinucléées. Il n'y à pas d’enclaves de cellules corticales dans la médullaire; il nous a semblé qu'il n’y avait pas non plus d’enclaves de cellules médullaires dans la corticale. La lésion corticale que nous avons décrite coexiste d'ordinaire avec la néphrite atrophique, qu'il s'agisse de néphrite saturnine, de néphrite atrophique cryptogénétique des sujets jeunes sans athérome, ou de néphrite interstitielle des artério-scléreux. L'hyperplasie médullaire décrite par Wiesel a surtout été rencontrée par cet auteur chez des sujets jeunes non alhéromateux atteints de néphrites de nature diverses, voire même de néphrite searlatineuse subaiguë. Bien qu’il y ait, chez notre malade, un peu d’athérome, ce n’est pas, en effet, à la néphrite des artério-scléreux qu'appartient notre obser- vation : rein volumineux, sans lésions glomérulaires, sans atrophie ni diminution du nombre des tubes, sans plaques fibreuses, et avec une légère sclérose formant des anneaux régulièrement ordonnés autour de chaque tube (sclérose péritubulaire ou sclérose surajoutée). Aussi bien cette néphrite « parenchymateuse » n'a-t-elle produit, conformément à la règle, ni accidents d'urémie sèche, ni hyperplasie corticale des sur- rénales. Mais elle a cependant produit une hyperlrophie énorme du ventricule gauche (probablement par l'intermédiaire de l'hypertension artérielle) et, parallèlement, de l'hyperplasie des éléments chromaffi- niens. Ainsi les lésions des surrénales qui accompagnent les néphrites, souvent à la fois corticales et médullaires, peuvent dans certaines néphriles se trouver dissociées. Ici en effet, la lésion rénale ne possédant aucun des caractères de la néphrite dite des artério-scléreux, doit êlre considérée comme vraisem- blablement primitive, l’hypertrophie cardiaque et l'hyperplasie surré- nale étant secondaires. : Il est vrai que cette néphrite non « artérielle » coexiste avec de l'athérome, de sorte que l’on pourrait peut-être se demander si dans ce cas l’athérome n’est pas secondaire à la néphrite par l’intermédiaire de l'hyperplasie surrénale, selon une hypothèse récemment émise par Josué ; hypothèse plus vraisemblable peut-être ici que dans les cas déjà publiés, puisque, dans notre observation, cette hyperplasie porte spécia- lement sur les éléments hypertenseurs. | È : d 4 TE REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE SÉANCE DU 21 MAI [907 SOMMAIRE AZELAIS et [uBERT : Tumeur pré- GERBER (C.) : L’Arc renversé de coccygienne de nature vraisembla- dubrietiardeltoienen CERN 21 blement parasympathique. . . . . . 16 Livox (JEAN) fils : Contribution à Borpas (L.) : Sur les glandes cu- l'étude du cordon ombilical dans la tanées ou glandes sternales des SMPOUISIAE SAN EST Te ICE à 26 P'ESDICEDs 1 4 SR RNCS 23 Perprix (L.) Résistance des Brior (A.) : Sur la présure du spores du bacillus subtilis, aux dif- HOME CUSIEU1C0) NA ER 171 | férentes températures, dans une GERBER (C.) : Théorie de Cela- atmosphère saturée de methanal kowsky sur la Cloison des Cruci- SECRET ENTREE Ro Er RE 2% FETES à 5 to Re CR EE ET 19 Présidence de M. Perdrix. TUMEUR PRÉCOCCYGIENNE DE NATURE VRAISEMBLABLEMENT PARASYMPATHIQUE, par ALEZAIS et IMBERT. L'un de nous a enlevé chez un garçon de six ans une petite tumeur de la grosseur d'une noix, qui siégeait au périnée, entre le rectum et le coccyx. L'énucléation fut très facile, quelques tractus celluleux la reliaient seulement au coccyx. Arrondie, un peu bosselée, assez ferme et homogène, elle présentait un fond blanchâtre, parsemé de nombreux ilots jaune ocre et cloisonné par des lames conjonctives. Toutes les coupes histologiques ont donné la même structure : enveloppe fibreuse et cloisons épaisses et bien vascularisées ; végétations assez abondantes du tissu vasculo-conjonctif, souvent hyalin, qui pénètrent le tissu propre et lui donnent un aspect villeux, d'autant plus que les cellules qui le constituent tendent à se désagréger et à se détruire. Ces éléments sont surtout bien conservés au voisinage des formations conjonctives, 972 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE » auxquelles ils font un revêtement, d'ailleurs assez inégal, tantôt uni, tantôt pluristratifié, et en quelques endroits où leur masse n’est pas encore atteinte par la prolifération. Leur caractère commun dans ces régions uniquement cellulaires comme au niveau des villosités est de laisser entre eux des lacunes contenant des hématies ou du pigment ocre. À un fort grossissement, on voit que ces éléments sont constilués par de gros noyaux ovoïdes, riches en chromatine, à peine entourés d’une substance vaguement fibrillaire. La délimitation cellulaire est souvent vague; quatre ou cinq noyaux peuvent être juxtaposés sans que l’on puisse saisir la paroi de la cellule. Ailleurs les corps cellulaires, toujours réduits, sont arrondis ou effilés à l'extrémité opposée au noyau pour s'implanter sur le tissu conjonctif. Tous sont séparés les uns des autres par des fentes vasculaires. Les noyaux des cellules sarcomateuses sont généralement clairs. Ceux des cellules parasympathiques, qui sont gros et ovoïdes, contiennent au contraire beaucoup de chromaline. Ces noyaux parasympathiques sont également remarquables par leur tendance à rester nus ou à ne s’en- tourer que d'un corps protoplasmique très réduit. Enfin ils affectent des rapports très étroils avec le sang et se disposent, dans les formations normales, en rosaces autour d’une petile cavité sanguine. Ces caractères, rapprochés du voisinage de la glande de Luschka, nous paraissent suffisants, malgré les signes de régression (envahisse- ment conjonctif, destruction cellulaire, pigment ocre), pour émettre l'hypothèse que la tumeur que nous avons examinée est de nalure para- sympathique. (Travail du laboratoire d'anatomie pathologique.) SUR LA PRÉSURE DU FIGUIER (#icus carica), par A. BRIor. La propriété du suc de figuier de coaguler le lait, est connue depuis fort longtemps, mais la première étude complète de ce lab ferment a été publiée récemment par MM. Chodat et Rouge (1). Des conclusions de ces auteurs, nous retiendrons surtout le fait que ce ferment agit mieux sur le lait bouilli que sur le lait cru, à l'inverse de la présure animale. | J'ai cherché à approfondir ce phénomène et suis arrivé aux conclu- sions suivantes : (1) R. Chodat et E. Rouge. La sycochymase ou labferment du Ficus carica. Centrabl. für Bakt , Ie Abt. Bd XVI. \18) SÉANCE DU 21 MAI 973 La coagulation du lait fruis par le suc de fiquier est retardée ou empé- chée par l'existence dans ce lait d'une antiprésure. La chaleur délruisant cet anti-ferment, le lait stérilisé se trouve de ce fait plus facilement coagu- lable que le lait frais. Je suis arrivé à ces conclusions par deux séries d'observations que j'ai faites : 1° On chautfe des échantillons de lait de vache à diverses tempéra- lures, pendant des temps variables, el on essaye la coagulation de ces échantillons par le suc de figuier, comparativement avec celles du lait frais et du lait bouilli. On constate que du lait chauffé quatre heures à 62-65 degrés se coagule encore dans les mêmes conditions que du lait frais. Le lait chauffé un quart d'heure à 70 degrés est déjà aussi sen- sible au suc de figuier que le lait bouilli. À des températures supé- rieures à 10 degrés, il faut un temps beaucoup moindre pour amener le lait à la même sensibilité que le lait bouilli. Ainsi 10 degrés est la température critique pour le lait, vis-à-vis du suc de figuier. Or, à cette température, le lait ne subit pas encore l’alté- ralion qui le rend moins sensible à la présure animale. Il faut atteindre 80 degrés pour que la caséine subisse cette modification qui est accom- pagnée du phénomène de production de pellicules à Ja surface. Pour mettre en évidence ces phénomènes, j'ai opéré les coagulations à des lempératures voisines de 53 degrés, avec un suc de figuier obtenu par macération de rameaux découpés en rondelles dans l’eau salée. L'extrait ainsi préparé coagulait 10 centimètres cubes de lait bouilli en cinq minutes, à la dose de 1 centimètre cube. Je me suis astreint à faire les coagulations dans des temps plus longs que MM. Chodat et Rouge. 2° On sait que le sérum normal de cheval renferme un anti-ferment empêchant l'action de la présure animale. Ce même sérum empêche également la coagulation du lait bouilli par le suc de figuier. Cette aclion du sérum est supprimée par chauffage préalable à 62 degrés. Du sérum qui m'a servi dans ces expériences, il fallait environ O e. €. 4 pour annihiler À centimètre cube de la solution du suc de liguier qui coagulait 10 centimèlres cubes de lait bouilli en cinq minules à 50 degrés. Cette même dose de sérum neutralisait une quan- lité de présure animale, susceptible de coaguler 10 centimètres cubes de lait en quatre minutes. Les pouvoirs antiprésurants, sur le ferment animal et sur le ferment végétal, sont de même ordre de grandeur. Si on se rappelle les expériences de Morgenroth sur le passage de l’antiprésure dans le lait de chèvre, celles de Ernst Moro sur la teneur en antilab du lait de femme, nous sommes ep droit de dire que dans le lait se trouve également l’antiferment du suc de figuier. Au jour de cette interprétation, s'expliquent très bien un certain nombre de particularités qu'ont signalées Chodat et Rouge, qu'à partir BioLocre. Comptes RENDuS. — 1907. T. I.XII. 67 \ \ 974 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (49). de 70 degrés, les deux laits, cru et stérilisé, sont coagulés dans les mêmes temps, et que par le chauffage, le ferment reste plus longtemps actif vis-à-vis du lait bouilli que du lait cru, sans qu'il soit besoin de faire intervenir l’ hypothèse de deux lab-ferments différents dans le suc de figuier. De même, lorsque les masses de ferment mises en contact avec les laits, cru ou bouilli, sont suffisamment élevées, les coagula- Ë . 5 À Û « tions se produisent presque en même temps, parce que la faible dose de ferment annibilée par l'antilab du lait est insignifiante vis-à-vis de la | masse totale. THÉORIE DE CELAKOWSKY SUR LA CLOISON DES CRUCIFÈRES, par C. GERBER. | Le faisceau inverse que l’on rencontre normalement, dans les régions antérieures et postérieures de la cloison des Crucifères, à la face interne d'un gros faisceau normal, en donnant au réplum une importance capi- tale, constitue une sérieuse objection à la théorie bicarpellaire valvaire de l'ovaire de ces plantes. Le défenseur le plus autorisé de cette théorie, Celakowsky, a essayé de lever cette objection en s’efforcant d'établir que la position renversée dudit faisceau et sa situation à proximité d’un faisceau à liber externe et à bois interne sont le résultat d’une duplicature des régions latérales des valves. D’après ce botaniste éminent, les deux feuilles valvaires infléchiraient leurs bords vers l’intérieur de la silique au moment où ils se rencontre- raient. Arrivés au centre, ces bords se recourberaient de nouveau, cette fois vers l'extérieur, en appliquant leur face supérieure contre la face supérieure de la portion rentrante du même carpelle et s’arrêteraient enfin au niveau des rangées d’ovules. Des deux faisceaux libéroligneux qui occupent chacune des deux régions latérales d'un même carpelle, l’un se trouverait au point précis d’inflexion de la paroi ovarienne vers le centre ; il a donc son liber tourné vers l'extérieur et son bois vers l’intérieur, comme tous les fais- ceaux de la paroi libre ; l’autre, au contraire, situé au bord même de la feuille, en a suivi le double mouvement, tournant deux fois de 90 degrés, c’est-à-dire de 180 degrés ; aussi, quand il arrive à sa position définitive, immédiatement sous le faisceau précédent, son liber regarde le centre et son bois la périphérie. La concrescence des deux carpelles valvaires par leur partie rentrante amènerait celle des deux faisceaux inverses voisins et celle des deux faisceaux normaux qui leur sont superposés. Tout en rendant hommage à l’ingéniosité de cette explication, il nous (20) SÉANCE DU 21 MAI 975 est impossible d'adopter là théorie du savant et regretté naturaliste de Prague, car elle est en opposition évidente avec certains faits, ainsi que le montre l'étude de la série des coupes pratiquées à diverses hauteurs dans l’ovaire de Zilla macroptera Coss. et dont nous allons donner une rapide description. _ Les faisceaux des étamines diagonales, en abandonnant le cylindre central, le divisent en quatre faisceaux dont deux moyens, destinés au réplum et situés aux extrémités du diamètre antéropostérieur, deux grands, destinés aux -valves et situés aux extrémités du diamètre transverse. Les deux faisceaux transverses se divisent rapidement en trois faisceaux, dont le central se dirige vers la périphérie, toujours suivant le diamètre, droite gauche, tandis que les deux latéraux détachent quelques éléments libériens et ligneux constituant de petits faisceaux qui se dirigent vers la moelle en décrivant un arc et subissant une rotation de 180 degrés. Finalement, on a quatre faisceaux inverses diagonaux. Pendant que les faisceaux valvaires qui leur ont donné naissance gagnent la périphérie où ils viennent se placer à droite et à gauche du faisceau central, les deux faisceaux inverses en position diagonale antérieure se rapprochent pour former un arc médian; les deux diagonaux postérieurs en font autant ; d'où, quand les deux loges sont constituées, deux arcs libéroligneux inverses, occupant, à la périphérie de la cloison, la face interne d’arcs normalement orientés et constitués par les faisceaux provenant de la ramification des deux ‘faisceaux primitifs, moyens, antérieur et postérieur. En dernier lieu, chaque arc renversé fusionne ses deux faisceaux pour cons- tituer le faisceau inverse. Nous avons décrit ici un cas très simple. Le plus souvent, chaque faisceau primitif valvaire est remplacé par un arc ibéroligneux qui se divise en 5, 6, 7 faisceaux, formant un ensemble bien -séparé des deux faisceaux primitifs du réplum. Tous ces faisceaux valvaires, sans excepter le central qui constituera la ner- vure médiane des valves, donnent chacun un ou deux faisceaux renversés. -Ceux-ci constituent quatre îlots diagonaux multifasciculés. Ces îlots se com- portent comme les faisceaux isolés de tout à l'heure et finalement constituent deux faisceaux inverses par la fusion des nombreux petits faisceaux qui les -composaient. 1l résulte des descriptions précédentes que les faisceaux inverses de Zilla macroptera Coss. n'ont aucune relation de dépendance ni aucune communauté d’origine avec les faisceaux normaux superposés, lesquels correspondent aux faisceaux qui, dans la théorie de Celakowsky, occu- pent la région où l’inflexion de la feuille valvaire vers le centre se pro- .-duit. Au contraire, ils sont en relation étroite avec les faisceaux beaucoup plus éloignés qui occupent, non seulement les régions latérales, mais encore la nervure dorsale des valves ; ils en sont, en effet, une ramifi- -Cation. 976 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (21) Or, dans une feuille, le système conducteur des bords ne peut avoir de relations avec celui de la région centrale qu'autant que les faisceaux intermédiaires en ont eux-mêmes avec ce dernier. Ces relations sont nulles dans Zilla macroplera D. C. puisque les ares primitifs du réplum et les arcs valvaires sont séparés, dans le cylindre central, par les fais- ceaux des étamines diagonales et des pétales. En second lieu, si le faisceau inverse est formé par la concrescence de deux faisceaux, il n’en est pas de même pour le faisceau normal super- posé qui est identique à lui-même depuis son départ du cylindre central. Il'y a donc doublement in ue entre la théorie de ones el les faits. En un mot, la cloison de la silique des Crucifères ne peut pas élre con- sidérée comme formée par la duplicature des régions latérales de deux carpelles valvaires. L'ARC RENVERSÉ DE Aubrielia deltoidea DC, par C. GERBER. À la suite de notre découverte du faisceau inverse des Crucifères et de la description que nous en fimes chez un certain nombre d’entre elles, Hannig [1) crut pouvoir généraliser son mode de formation tel que nous l’avions décrit et figuré chez VNasturtium palustre DC (2). Il nous est impossible de partager cette manière de voir. Diverses obser- vations nous permettent en effet d'établir, à côté du type Nasturtium, deux autres types bien différents : l’un ({ype Züilla) à fait l’objet d’une communication récente à l’Académie des sciences; nous nous proposons de donner une rapide description de l’autre (type Aubrielia), après quoi nous les comparerons tous les trois. Le départ des faisceaux allant innerver les étamines de Aubrietia deltoidea DC divise le cylindre central en six faisceaux libéroligneux : deux postérieurs, deux antérieurs et deux latéraux. Les deux faisceaux antérieurs se réunissent sur la ligne médiane en un arc libéroligneux; les deux postérieurs se comportent de la même façon ; il en résulte deux arcs situés aux deux extrémités du diamètre antéroposlérieur et que nous appellerons placentaires. Quant aux deux faisceaux latéraux, beaucoup plus larges que les précédents, ils se divisent, au contraire, chacun en un grand faisceau occupant l’une des (1) Botanisches Zeitung, 1901, pp. 207-2#5. (2) Bull. Soc. Bot. Fr., session d'Hyères, mai 1899, tome XLVI, pp. 1x-xxx, Gin 0) D fig. 2, 3, 4,5, 6. (22) SÉANCE DU 21 MAI 977 extrémités du diamètre transverse et en deux pelits faisceaux situés lun en avant, l’autre en arrière du premier. Nous appellerons l'arc formé par chaque grand faisceau et ses deux satellites : arc valvaire. Bientôt un double mouvement se manifeste dans chaque arc valvaire : mouvement rectiligne sans rotation pour le grand faisceau qui est entraîné vers la périphérie; mouvement en arc de cercle pour les deux petits faisceaux qui sont entraînés vers le centre. Arrivés près de l’axe, ces derniers continuent leur courbe et viennent se placer à la face interne des deux arcs placentaires où ils rejoignent les deux petits faisceaux de l’autre arc valvaire. Dans ce mouvement, chacun d’eux a tourné sur lui-même de 180 de- grés, si bien que leur bois et leur liber sont orientés en sens inverse du bois et du liber des arcs placentaires superposés. À ce moment, ces deux derniers accentuent leur courbure; ils déta- chent de chacune de leurs extrémités un premier faisceau qui se dirige vers l'extérieur, suivant le diamètre diagonal voisin, puis un second faisceau qui, se dirigeant en sens inverse, décrit la même courbe, subit la même rotation que les satellites du gros faisceau valvaire et vient s’appliquer latéralement contre le faisceau renversé correspondant dont il partage l'orientation du bois et du liber. Chaque arc placentaire normal est donc doublé, à sa face interne, par un arc renversé formé de quatre faisceaux inverses : deux centraux d'origine valvaire, deux latéraux d’origine placentaire. C’est alors que les deux loges apparaissent, à droite et à gauche du diamètre antéropostérieur et en dedans des gros faisceaux valvaires. Elles laissent, au centre, une cloison comprenant, dans sa région anté- rieure comme dans sa région postérieure, un arc normal externe et un arc renversé interne. Tandis que les extrémités de l’are normal envoient, à différentes hau- teurs, des ramifications libéroligneuses dans les parties latérales des valves, les extrémités voisines de l'arc renversé envoient des ramifica- tions dans les ovules; mais celles-ci ne partent que des faisceaux inverses latéraux d’origine placentaire. En résumé, l'arc libéroligneux renversé de Aubrielia deltoïdea DC a une double origine. Sa région centrale provient de l'arc primitif val- vaire, et ses parties latérales, des arcs primilifs placentaires. Seules, ces parties latérales fournissent le bois et le liber aux divers ovules: quant à la région centrale, elle traverse l'ovaire dans toute sa hauteur sans abandonner un seul vaisseau ni un seul tube criblé aux futures graines, et se retrouve identique à ce qu’elle était à sa base, dans le style, formant avec ce qui reste de l’arc placentaire superposé une stèle sur la signification de laquelle nous reviendrons dans une prochaine communicalion. L'arc renversé de Aubrietia deltoïdea tient le milieu entre le faisceau 978 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (23Y inverse de Zilla macroptera Coss et celui de Nasturtium palustre DC. Dans ce dernier, en effet, et dans la grande majorité des Crucifères, le faisceau inverse est d'origine purement placentaire. Il fournit seul, à l'exclusion de l'arc normal qui lui est superposé, les éléments conduc- teurs aux ovules; il s’y épuise à tel point qu'il n’existe pour ainsi dire plus dans le style. Dans le second, au contraire, le faisceau inverse est d’origine pure- ment valvaire. Il ne donne ni bois ni liber à l’'ovule qui emprunte l’un et l’autre à l'arc placentaire normal externe. Aussi le retrouve-t-on tout entier dans le style où il forme avec celui-ci une stèle semblable à celle: que nous avons indiquée chez Aubrietia deltoidea DC. SUR LES GLANDES CUTANÉES OU GLANDES STERNALES DES Vespidæ, par L. Borpas. Certaines catégories de glandes cutanées (glandes cirières) sont fort répandues dans plusieurs groupes d’Insectes. On les trouve chez quel- ques Hémiptères (Aphides, Coccides, Cicadides, Fulgorides, etc...), chez les Hyménoptères de la famille des Apidæ, ete. Les Vesrinx (Vespa crabro, V. germanica, V. vulgaris, ete...) pos- sèdent, indépendamment des glandes venimeuses très développées, des agglomérations de glandules monocellulaires situées à l'extrémité anté- rieure des deux derniers sternites abdominaux. Leur position et surtout leur mode de groupement varient suivant les segments consi- dérés. Les glandules de l’avant-dernier slernile abdominal forment une bandelette blanchâtre, à peufprès rectangulaire dans sa partie médiane, et à extrémités latérales amincies et coniques. Elle est directement appliquée contre le tégument chitineux de l’anneau et recouverte par une mince lamelle de tissu adipeux, par la chaine nerveuse et par tous les autres organes internes. Ce massif est constitué par un amas de cellules glandulaires ovoïdes. ou sphériques, pourvues chacune d’un fin canalicule excréteur, com- prenant une partie intracellulaire. Le protoplasme est finement granu- leux et le noyau, de forme ovale, occupe le centre de l'élément. Le canalicule excréteur est cylindrique et très ténu; il s’unit parfois à ses. congénères pour constituer un conduit d’un plus fort calibre. Généra- lement, les canalicules efférents sont libres. Chacun d'eux décrit plu- sieurs sinuosités et traverse la paroi chitineuse du segment pour déboucher, à la face ventrale, par un pertuis microscopique. Tout le bord antérieur du sternite est ainsi perforé, suivant une zone rectan- ' Mtéaes dd ii" 2 (24) _ SÉANCE DU 21 Mar 979 gulaire, d'une multitude d'orifices, visibles seulement aux forts gros- sissements microscopiques. Les glandules sternales (ou pygidiennes) du dernier segment abdo- minal sont situées aux deux extrémités antéro-latérales du sternite. Elles forment deux massifs, disposés symétriquement par rapport au plan médian du corps et recouverts par le rectum et la partie terminale des glandes venimeuses. Un large espace sépare les deux groupes glandulaires qui se présentent alors sous un aspect arrondi, granuleux, müriforme et de teinte blanchâtre. Une lamelle conjonctive entoure et isole incomplètement chaque groupe. Le tout peut facilement être mis en évidence. Les glandules pygidiennes sont constituées par une agglomération d'éléments sécréteurs monocellulaires sphériques, se continuant par des canalicules très grêles qui se fusionnent, dans la plupart des cas, en nombre variable, à leurs voisins pour constiluer des conduits très courts, s'ouvrant à la face inférieure du segment. Ces orifices externes sont localisés dans une zone assez restreinte, située aux deux extré- mités latérales du dernier anneau abdominal. Le canalicule excréteur de chaque glandule comprend une partie intra-cellulaire très courte. Le noyau, fort volumineux, est légèrement excentrique et de teinte claire. Quant au protoplasme, il est finement granuleux à la périphérie et vacuolaire dans la région périnucléaire. Ces dernières glandes pré- sentent déjà, par l’ensemble de leur disposition, une légère tendance au groupement, tandis que celles de l’avant-dernier sternite abdominal sont plus diffuses, plus indépendantes les unes des autres et moins net- tement localisées. [Les glandes venimeuses et les glandes cutanées des Vespidæ feront objet d'un prochain mémoire.] RÉSISTANCE DES SPORES DU BACILLUS SUBTILIS AUX DIFFÉRENTES TEMPÉRATURES, DANS UNE ATMOSPHÈRE SATURÉE DE MÉTHANAL SEC, par L. PERDRIx. J'ai indiqué dans une communication précédente (1) que le méthanal sec, produit par le trioxyméthylène chauffé en vase clos, atteint une tension limite maxima caractéristique pour chaque température; j'ap- pelle enceinte saturée celle dans laquelle cette tension limite est atteinte. Les expériences suivantes ont été effectuées avec des morceaux de (4) Comptes rendus des séances de la Société de Biologie. Séance du 2 juil- let 1906, t. LXI, p. 65. 980 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE : (25) flanelle imprégnée de spores de subtilis, pliés dans de petits carrés de papier à filtre. Ces derniers sont empilés 10 par 10 dans un autre mor- ceau de même papier; l'ensemble est fermé et ficelé en croix de façon à former un paquet unique. Celui-ci est exposé dans une enceinte à méthanal saturée, à la température choisie, abandonné ensuite vingt- quatre heures à l'air libre, puis ouvert aseptiquement. Les paquets partiels sont introduits dans des tubes de bouillon stérile, et ces der- niers sont maintenus pendant six semaines à l'étuve à 38 degrés et examinés de jour en jour. Ë Les spores du sublilis employé étaient très vivaces : elles n'étaient pas détruites par une exposition de dix heures dans une étuve à air sec, chauffée à 100 degrés. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant (colonnes 3 et 4): DURÉES DE STÉRILISATION A LIMITES TEMPÉRATURES calculées observées des ol d'après la formule. expérimentalement. expérimentales. 1 2 3 4 100 degrés. 5 minutes. minutes. 4 minutes. 90 — 10 minutes. 8 minutes. - 71 minutes. 80 — 22 minutes. 22 minutes. 20 minutes. 10 — 53 minutes. 45 minutes. 30 minutes. 60 — 2 heures 1/2. 1 heure 3/4. 1 heure 1/2. 50 — 8 heures. 4 heures. 3 heures 1/2. 40 — 25 heures. 25 heures. 24 heures. 30 — 3 jours, 5 heures. Plus de 3 jours. : 3 jours. 26 — > jours. 5 jours. 4 jours. 18 — 15 jours. Plus de 6 jours. Nombreuses cultures à 6 j. (limite éloignée). 15 — 24 jours. Plus de 9 jours. Nombreuses cultures à 9 j. (limite éloignée). Il est possible de coordonner lous ces résultats en les rassemblant dans une formule unique qui serait la suivante : 17.107 D » D exprimant la durée de stérilisation en minutes, & la Llempérature, et 7’ la tension de transformation du trioxyméthylène à cette tempéra- ture {. — La colonne 2 indique les durées calculées d’après cette formule. On voit que la stérilisation est d'autant plus longue à obtenir que la température est plus basse : s’il suffit de cinq minutes à 100 degrés, c'est par heures qu'il faut compter à 50 degrés et par journées à 26 de- grés. Mes expériences ne laissent aucun doute sur ce point: elles ont été effectuées en double, à huit mois d’inlervaile, sur deux subtilis non identiques, et les conclusions ont élé absolument semblables. Ë A je 4 n 5 7 D L LL: “4 % (26) SÉANCE DU 21 Mal 981 Il en résulte une idée nette des conditions dans lesquelles il convient de se placer pour l'emploi du méthanal comme antiseptique. — A haute température, la stérilisation et, par suite, la désinfection des objets solides seront rapidement et facilement obtenues. — Aux tempé- ratures ordinaires, pour les appartements par exemple, il est inutile de songer à produire une stérilisation absolue : il y aura nécessairement insuffisance, soit dans la saturation de l'atmosphère par le méthanal, soit dans la durée d'exposition, soit surtout dans la pénétration du gaz antiseptique dans les parties profondes des objets. Je reviendrai sur ce dernier point dans une prochaine communication. . Remarquons, de plus, qu'une stérilisation complète nécessite 25 heures à 40 degrés, 3 jours à 30 degrés et plus de 10 jours à 15 degrés. — Si, par une généralisation logique, nous étendons ce résultat à tous les germes, nous pouvons penser que, pour produire le même effet bacté- ricide, il faut beaucoup plus de temps à 45-18 degrés qu’à 26-30 degrés. D'où la conclusion suivante : La désinfection d’un appartement par le méthanal sera d'autant plus rapide que la température sera plus élevée, et des différences relativement petites dans le degré se répercuteront d’une façon considérable sur le résultat. Le meilleur appareil sera celui qui permettra d'élever le plus facilement la température et de fournir le plus sûrement l’aldéhyde à une pression égale à la tension de transfor- mation. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU CORDON OMBILICAL DANS LA SYPHILIS, par JEAN Livon (fils). L'influence des lésions placentaires sur la vie du fœtus est un point définitivement acquis dans cette question de la syphilis. Nous avons cru cependant intéressant de refaire des recherches sur le trait d'union entre le placenta et le fœtus, le cordon ombilical, et de suivre ensuite la veine ombilicale dans l'abdomen du produit de la conception jusqu’à son entrée dans le foie. Nos coupes ont été prélevées sur des cordons d'enfants syphilitiques, près de l'insertion placentaire et près de l'insertion ombilicale. Nous avons trouvé, comme les dessins et les photographies vous le montrent, une induration, un épaississement général avec infiltration et induration de tous les éléments. Epaississement des parois vasculaires, sténose des vaisseaux ombilicaux et, citée par d’autres auteurs, une dissociation des éléments du cordon par la fonte de la gélatine de Wharton. Le cordon macroscopiquement peut être plus rosé, plus dur, plus volumineux et avoir même plus du double de son volume normal. ‘982 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (27) Les altérations que nous avons observées consistent tout d’abord en lésions vasculaires, frappant les artères et la veine. Les lésions inflam- matoires siègent surtout sur la tunique interne, où l’on trouve de la prolifération conjonctive, des exsudats et une infiltration plus ou moins grande de leucocytes polynucléaires. Nous avons noté de l’endartérite et de l’endophlébite, avec sténose et parfois oblitération partielle du vaisseau qui était le plus atteint. La périartérite et la ee sont peu accusées et plus rares. Je ferai cependant remarquer que la veine cnbiLSIe est plus souvent frappée que les artères et que, lorsque artères et veines sont lésées, la veine ombilicale l’est à un degré beaucoup plus intense. La veine ombilicale s’est fréquemment présentée sous nos yeux avec un épaississement très net de la paroi, épaississement que nous avons observé sur le bout fœtal et placentaire. De lésions vraiment spécifiques spéciales pour le cordon, il semble ne point y en avoir; c'est par l’ensemble des faits et des observations que l’on peut arriver à une conclusion, surtout lorsque la veine ombilicale présente des lésions existant en même temps que celles que l’on peut observer sur le placenta et le fœtus. Lorsque nous avons eu l’occasion d’examiner la veine ombilicale après son passage dans l’abdomen, nous avons remarqué qu'elle était frappée d’endophlébite, sa tunique interne épaissie et l’endophlébite ayant déterminé une coagulation n'obstruant pas complètement la lumière du vaisseau, mais partiellement. La tunique moyenne est moins _épaissie, et nous n'avons que très rarement observé de la périphlébite. Nous avons au moyen du procédé Levaditi recherché la présence du Treponema pallidum dans le cordon et la veine ombilicale; nous devons cependant avouer que sur nos cas nous n'avons décelé sa présence que très rarement, et ils étaient en très petit nombre. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L: MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 983 SÉANCE DU Camus (L.) : Recherches sur les ferments solubles du vaccin jenne- Cougauzt (ANDRÉ) : Du cours du sang chez l'Heliodrilus calignoosus. CURVEILHIER (L.) : Présence mani- feste de sensibilisatrice au fixateur dans un sérum préparé complète- ment dénué d'activité Doyow, GauTtiEr (CL.) et Poricarn (A.) : Lésions rénales déterminées par l’ablation du foie. . . . . .. re FornnN(E.-P.) : Vision entoptique de la Fovea et de la structure des capillaires circum-fovéeux. . GARNIER et Simon (L.-G.) : Passage dans le sang des microbes intesti- LDERTON À OM CP ERP FDP PRE Gizserr (A.) et Herscer (M.) : Sur la cholémie et la polycholie de l’ic- tère grave Gouin (AnDRÉ) et AnpouarD (P.) : Abaissement des dépenses vitales dans l'espèce bovine, au début de l'existence GLEY (E.) : À propos des phéno- mènes dits d’ « hyperthyroïdie » et d’« bypothyroidie » Guyexor (E.) : Action comparée des pneumogastriques droit et gau- che sur le cœur de la tortue (Cistudo europea). Action du pneumogas- DUENRONS MER ES. Hi, Le LR HErvIEUX (Cx.) : Recherches expé- rimentales d'ordre urologique sur quelques composés du groupe de RGO, PSS SRE Iscovesco (HENRI) : V. duction à l'étude de la spécificité cellulaire. Transport de colloïdes à se fe lete eee dshiel aie de lei 1 ee ei latle rer e ee + + [es JUIN 1907 SOMMAIRE 1000 1003 987 992 1013 1010 996. travers des lipoïdes. . . EMA LapicouE (L.) : Sur le poids de l’encéphale chez les animaux domes- ÉTOULE SR PTE Teen ANA ARE LEGENDRE (A.) et PréroN (H.) : Re- tour à l’état normal des cellules nerveuses après les modifications provoquées par l'insomnie expéri- MERHAIEN AREAS EAN EE TE LEGENDRE (R.) : Diverses causes de variations d'aspect des neurofibrilles intracellulaires. . . . . . : Losrer et Frcaï (J.) : La significa- tion de la lipase et de l’amylase uri- e + + e « + + © + facteurs du sommeil périodique. Il. — Introduction vasculaire de sang LAS ONU ES eee ee Porcaer (Cu.) : Du chromogène urinaire faisant suite à l’administra- tion d’éthylindol chez les animaux. REMY (Cu.) : Un cas de trichinose chez l’homme Rocer (H.) : Action du suc gas- trique sur la salive ROSENTHAL (GEORGES) : Retour au type anaérobie initial de l’anaérobie JeFRECONSHUNLONES A EEE ME SACQUÉPÉE et LOIsELEUR : Infec- tions sanguines autogènes et hété- rogènes chez les animaux en état de moindre résistance Vaquez (H.) : Action pharmacody- namique des nitrites alcalins . . . Vincent (H.) : Action favorisante de l'hyperthermie et des solutions hypertoniques de chlorure de so- dium, à l'égard des infections. . . + e en lee rs e 1% BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXIT. 68 1007 1008 . 1018 988 998 990 984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Roger, vice-président. 9 À PROPOS DES PHÉNOMÈNES DITS D « HYPÉRTHYROÏDIE » ET D « HYPOTHYROÏDIE » (Note à l’occasion du procès-verbal), par E. GLEy. Dans plusieurs des notes présentées depuis quelque temps à la Société par MM. Léopold-Lévi et H. de Rothschild sur les effets thérapeutiques de l'extrait thyroïdien, il serait facile de relever ce paralogisme qui consiste à conclure, de l'amélioration générale produite par cet extrait dans les états myxædémateux comme dans le myxœdème que ledit extrait possède des actions spécifiques sur la plupart des fonctions orga- niques; et les auteurs finissent par le douer hypothétiquement de toutes les vertus. Dans leur dernière note {séance du 25 mai, pp. 936-938), la part de l'hypothèse me paraît vraiment trop grande. On n'a pas le droit, actuel- lement, de dire sans réserves que la maladie de Basedow, « maximum d'hyperthyroïdie, a pu justement être reproduite par l'injection de doses fortes et répétées de suc thyroïdien ». Pour ma part, je n’ai encore jamais pu, par cette méthode, reproduire le syndrome classique qui constitue le goitre exophtalmique et j'attends, pour admettre la théorie qui lie cette maladie à ce que l’on appelle l'Ayperthyroïdie, que l’on me montre des animaux sur lesquels on aura ainsi créé de toutes pièces le syndrome. Cette assertion est suivie de celles-ci, non moins hypothétiques ou plus hypothétiques encore, si l’on veut : « Certain nervosisme et certain Basedow (1) ne sont que des étages différents d'une même construction d'hyperthyroïdie. » — « Les émotions produisent la maladie de Basedow d'une part, le nervosisme d'autre part. Elles agissent, dans les deux cas, par l'intermédiaire du corps thyroïde. » Aucune preuve à l’appui de cette pathogénie ! Et pour terminer on nous dit, sans plus, que « la _ concentration de l'ion calcium dans le système nerveux est anormale », d'où résulte « l'instabilité nerveuse ». (4) Quel nervosisme et quel Basedow? On n’en sait rien, les auteurs se bornent à une énumération de symptômes très divers sans analyse métho- dique. # SÉANCE DU 1° JUIN 985 ABAISSEMENT DES DÉPENSES VITALES DANS L’'ESPÈCE BOVINE, AU DÉBUT DE L'EXISTENCE, par ANDRÉ GouIN et P. ANDOUARD. Chez les bovidés, l’activité de la croissance se maintient uniforme, pendant une longue période, à partir de la naissance. Au début, les ressources dont le jeune animal dispose sont pourtant fort restreintes. C’est tout au plus si le veau de 45 kilogrammes, outre les matériaux de sa croissance, peut tirer de ses aliments la valeur de 1.900 calories par mètre de sa surface. Cela lui suffit, néanmoins, pour gagner un kilogramme tous les jours. À 60 kilogrammes, il dispose déjà, pour les mêmes besoins, de 2.400 calories par mètre. À 75 kilogrammes, de 2.800. Ce n’esl guère que quand il est parvenu au poids de 100 kilogrammes qu'il trouve dans sa nourriture les 3.200 calories par mètre qui lui deviennent désormais indispensables pour continuer à gagner chaque jour un kilo- gramme pendant toute la période de croissance active. À l’aide de quel artifice la nature permet-elle aux animaux nou- veau-nés de réaliser la même progression que dans un âge plus avancé, tout en semblant leur mesurer trop parcimonieusement les ressources nécessaires? Nous ne nous croyons pas en mesure d'apporter, dès aujourd'hui, une explication suffisante. Nous nous bornons à constater le fait. Les observations ont été tellement multipliées qu’elles excluent toute vraisemblance d'erreur. Le régime alimentaire ne change pas, pendant toute la période où l'animal passe du poids de 45 à celui de 100 kilogrammes. _Rien de factice dans l'accroissement constaté pour les premières semaines à dépenses réduites. Personne n’en saurait douter, puisque la majeure partie des veaux finit à la boucherie. UN CAS DE TRICHINOSE CHEZ L'HOMME, par Cu. REMY. Il s’agit d'un homme de quarante-cinq ans qui est venu demander mes soins pour üne autre affection, un néoplasme de l’omoplate, C’est fortuitement que son état parasitaire fut reconnu; aucun symp- tôme ne le décelait, et il n’y à pas eu de période de maladie pour signaler le moment de son envahissement par les trichines. 986 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les causes de l'affection sont également inconnues ; le malade ne mangeait pas de chair de porc crue. Mais il faut remarquer que sa femme et lui sont originaires des pays limitrophes de l'Allemagne où l'usage de viandes non cuites persiste encore. Il est né dans le départe- ment des Ardennes, et sa femme est Lorraine; ils habitent actuellement à Levallois-Perret. Ils ont recu, il y à un an environ, quelques envois de charcuterie du pays natal; mais ils affirment avoir toujours fait bouillir leur nourriture et font rarement usage du porc comme aliment. L'extirpation du néoplasme ayant été décidée, j'avais déjà fait une incision circonscrivant les bords supérieurs et postérieurs de l’omoplate, lorsque je remarquai quelque chose d’anormal dans le muscle. Celui-ci, sectionné à quelque distance de l’os malade de façon à faire passer le bistouri dans les parties saines, présente, sur sa surface de. section à fond violacé, une mullitude de petites taches blanchätres qui attirent mon attention. Il ne s’agit pas de section transversale de fibrilles aponévrotiques, comme on aurait pu y penser, mais bien d’une affection morbide cons- lituée par d'innombrables granulations déposées dans le muscle. Celles-ci, de couleur un peu variable, tantôt blanc jaunâtre, tantôt et plus souvent d’un jaune doré, sont ovoïdes et mesurent un tiers de millimètre dans leur plus grande longueur. Elles sont visibles non seulement sur la tranche du muscle, mais sur sa surface extérieure. Tous les muscles découverts par mon incision, trapèze, sus-épineux, angulaire, petit dentelé et grand dorsal, en sont également infestés. On en compte en moyenne vingt-cinq par centimèlre carré et on peut évaluer leur nombre à deux cent cinquante par centimètre cube. Malgré la présence de ces grains, les muscles ont l'apparence et la consistance normales, sans inflammation et sans adhérences. Je songeai tout de suite à la trichine et, interrompant l'opération, j’en fis la recherche au microscope, etje pus constater, sur la préparation (que je fais passer sous vos yeux), plusieurs kystes granuleux situés dans l’'écartement des fibres musculaires et dans lesquels la trichine est enroulée en spirales, etc., en un mot ce qui est décrit dans les clas- siques. Cette observation m'a paru devoir être publiée. 1° Dans mes trente ans de vie médicale, c’est la première fois que je la rencontre; 2° Une question du plus haut intérêt chirurgical était posée. Quel est l'avenir de ces muscles trichinés? Ne vont-ils pas suppurer, parce que les kystes agiront comme corps étrangers ou parce que le parasite aura apporté des germes pyogènes avec lui? Ne devons-nous pas abandonner tout espoir de réunion? Je Le craignis et j’interrompis mon opération. Or, je puis répondre aujourd'hui; depuis huil jours la réaction a été. SÉANCE DU 1% JUIN 987 nulle et les muscles se sont réunis sans suppurer; il est probable que le kyste est stérile et à l’avenir le chirurgien ne devra donc pas se laisser arrêter par cet envahissement trichinien. Il me reste maintenant à exa- miner la question de la vitalité du parasile. LÉSIONS RÉNALES DÉTERMINÉES PAR L’ABLATION DU FOIE, par M. Doyow, Cr. GaurTiER et À. Poztcanr. I — Dans une note précédente nous avons démontré que l’anémie artérielle du foie détermine chez le chien des lésions rénales. Ce fait nous à engagé à rechercher les effets de l’ablation du foie sur le rein. Nos premières Shen ont été faites sur la grenouille qui peut survivre plusieurs jours à l’ablation du foie. IT. — L'ablation du foie détermine chez la grenouille des lésions rénales extrêmement nettes. Les lésions sont localisées au segment à bordure striée. Elles Scion exclusivement sur le protoplasme et consistent essentiellement dans l’apparition de vacuoles et de grains dans la région supra-nucléaire de la cellule. En aucun point on ne peut observer d’altérations de la bordure striée, ni d’encombrement de la lumière canaliculaire par des débris proto- plasmiques ; les noyaux sont comme chez les grenouilles normales en pleine activité, de forme très irrégulière avec un beau nucléole acido- phile. Les altérations varient d’un tube urinaire à l’autre. A côté de tubes uri- _naires à peu près normaux, d'autres sont frappés au maximum. Par contre dans un même tube il n’y a pas de variations de cellule à cellule ; toutes les cellules du segment à bordure striée sont touchées d’une facon identique. Au point de vue de leur teneur en vacuoles et en grains on peut distinguer les divers tubes urinaires en quatre types : a) dans les tubes considérés comme normaux on ne rencontre sous la bor- dure striée que quelques rares et fines vacuoles, à contenu non colorable par aucun réactif (vacuoles cristalloïdes de Gurwitsch, vacuoles plasmocrines de J. Renaut). b) dans d’autres tubes urinaires le nombre des vacuoles est très considé- rable; toute la région supra-nucléaire de la cellule paraît spongieuse. Les vacuoles immédiatement situées sous la bordure sont absolument vides. Au contraire, celles qui sont au voisinage du noyau contiennent en leur sein un grain qui prend très faiblement l'hématéine. c) dans d’autres tubes, toutes les vacuoles de la région supra-nucléaire contiennent des grains: ceux des vacuoles périnucléaires sont hematéiphiles; 988 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ceux de la région infra-cuticulaire sontau contraire intensément éosinophiles. Aucun de ces grains ne présente les réactions des graisses neulres. d) enfin, dans d’autres tubes, les altérations sont à leur maximum. La région supra-nucléaire est absolument bondée de gros grains intensé- ment éosinophiles. Les vacuoles claires, les grains hématéiphiles ne sont plus visibles. Le noyau est rejeté à la base extrême de la cellule, sans cepen- dant sembler altéré. III. — Les lésions rénales existent, mais sont peu marquées, quinze à vingt-quatre heures après l'opération. Elles sont considérables quaire et cinq jours après l’ablation du foie. Des grenouilles ayant subi l’abla- tion d’un seule lobe n’ont présenté aucune lésion rénale, même au bout de huit jours. Toutes les grenouilles qui ont subi abat totale du foie ont présenté des accès convulsifs. Dans toutes nos expériences nous avons respecté avec soin la veine cave; toutefois, dans un but de contrôle, nous avons recherché l'influence de la ligature de cette veine sur le rein. Deux grenouilles ayant subi la ligature dela veine cave ont été sacrifiées : l’une cinq jours après l’opération, l’autre sept jours après. Aucune ne présentait de lésions rénales comparables à celles que détermine l’ablation du foie. Les seules modifications observées au niveau de certains tubes urinaires sont: la diminution de la hauteur de l’epi- thélium des segments à bordure striée, l'augmentation du diamètre de la lumière, la présence cà et là de boules sarcodiques ; en somme des lésions banales. IV. — Nous examinerons dans des notes ultérieures le retentissement sur le rein : chez le chien, de l'ablation du foie ; chez les oiseaux, de l’anémie artérielle de cet organe. (Travail des laboratoires de Physiologie et d'Anatomie générale de la Faculté de médecine de Lyon.) INFECTIONS SANGUINES AUTOGÈNES ET HÉTÉROGÈNES CHEZ LES ANIMAUX EN ÉTAT DE MOINDRE RÉSISTANCE, par SACOUÉPÉE et LOISELEUR. - Après avoir étudié les infections sanguines chez les animaux à l'état normal (Soc. de Biol., 25 mai), nous nous sommes adressés aux animaux en état de moindre résistance ; on a fait agir sur eux : le froid sec, dont l'influence favorisante est connue de longue date (séjour de une heure dans une boîte entourée de glace + sel marin); la chaleur sèche, dont M. Vincent a montré les effets déprimants (séjour de quarante-cinq à LL ént ou bé sé ndioiit SÉANCE DU 1* JUIN 989 quatre-vingt-dix minutes dans l’étuve à 37 degrés à 40 degrés); le refroidissement (une demi-heure à l'étuve, puis une demi-heure au froid) ; les injections hypertoniques, que MM. Vincent, Gilbert et Carnot, Lafforgue, ont montrées capables d’exalter l’action pathogène des germes (injections sous-cutanées de NaCl au dixième, 4 à 15 centimètres cubes suivant le poids de l'animal); les ingections hypotoniques (injec- tions sous-cutanées d’eau distillée). On ensemence le sang sitôt après, vingt-quatre heures après, et souvent quarante-huit heures après l’action de la cause seconde. 1° INFECTIONS AUTOGÈNES. — Trois séries différentes : a) 3 cobayes soumis au froid : À donne une culture de colibacille ; b) 7 rats placés à l’étuve : chez 1 d’entre eux, on trouve le streplocoque; c) 2 lapins et 1 cobaye injectés de NaCI : le sang du cobaye renferme un coccus intes- tinal. — Soit au total 3 infections sanguines sur 13 animaux ou 28 p.100, Toutes ces infections ont été constatées dans l'heure qui suivait l’expé- rience, toutes étaient disparues vingt-quatre heures après. L'action des causes secondes étudiées favorise donc beaucoup le passage dans la circulation générale des microbes antérieurement présents; ces microbes disparaissent d’ailleurs rapidement. 20 INFECTIONS HÉTÉROGÈNES. — On fait ingérer aux animaux, avec le repas habituel, des microbes (B. typhique, B. paratyphique B, B. pyo- cyanique) de virulence moyenne; sitôt après le repas, on met en œuvre la technique du paragraphe 1°. Les expériences portent sur 60 animaux. Au total, nous obtenons 22 infections sanguines spécifiques, soit 86,6 p. 100. En comparant ce chiffre avec le chiffre correspondant (1,7 p. 100) des animaux normaux, on peut conclure que l’action des causes secondes favorise à un très haut degré la production des bactérié- mies hétérogènes. Analysant ces résultats, on voit que chacune des causes est inégale- ment active. (Le lecteur voudra bien voir dans les dénominateurs le chiffre des expériences et dans les numérateurs le chiffre des succès.) L'eau distillée est absolument inefficace (0/6), alors que tous les autres agents sont nettement favorisants : la chaleur, 4/18 ou 22,2 p. 100; les injections hypertoniques, 5/13 ou 38,4 p. 100; le froid, 9/17 ou 52,9 p. 100; et le refroidissement, 4/6 ou 66,6 p. 100. Ces chiffres bruts demandent encore une explication : telle ou telle cause peut être plus ou moins nocive suivant l’espèce animale considérée ou suivant le microbe. Suivant l'animal : car le cobaye se montre fort sensible au NaCl (4/6), le lapin au froid (4/6), le rat à la chaleur (4/10) et au froid (4/6) ; et suivant le microbe : car l'injection hypertonique surtout vient en aide au pyocyanique (2/5), alors que les causes thermiques exaltent davantage les bacilles typhique et paratyphique. à Le froid, la chaleur, le refroidissement, l'injection hypertonique sont quatre facteurs énergiquement favorisants de l'infection ab ore, pour les 990 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE {vois espèces microbiennes et les trois espèces animales essayées. Tou- tefois, le NaCI exalte davantage le pyocyanique et déprime davantage le cobaye, alors que les deux autres espèces animales ou microbiennes paraissent plus sensibles aux causes thermiques. Les espèces animales, d’ailleurs, sont, dans l’ensemble des expé- riences, inégalement résistantes : on trouve chez le cobaye 5/18 ou 27,1 p. 100 de succès ; chez le lapin, 7/20 ou ou 35 p. 100; et chez le rat, 10/22 ou 45,4 p. 100. C’est donc le rat qui oppose le moins de résis- tance, et le cobaye qui en oppose le plus. Plus marquée encore est la différence suivant les microbes : le bacille pyocyanique s’aventure rarement (4/28 ou 14,2 p. 100) dans la circula- tion, alors que le nombre des bactériémies s'élève beaucoup avec le bacille typhique (55,5 p. 100) et le bacille paratyphique (56,5 p. 100). IL est ainsi pue facile de provoquer une septicémie Hingue ou Un phique qu'une septicémie pyocyanique. Quant à l’évolution des septicémies dans le temps, leur apparition fut toujours immédiate, sauf une seule exception (après quarante-huit heures chez un cobaye Para B— NaCl); elle disparut toujours dans les vingt-quatre heures el fut bénigne, sauf chez trois cobayes injectés de NaCI et qui succombèrent. Presque toutes les infections sanguines spé- cifiques par voie digestive sont done immédiates, fugaces, et la plupart sont bénignes; seules sont graves celles provoquées par les injections hypertoniques. ACTION FAVORISANTE DE L'HYPERTHERMIE ET DES SOLUTIONS HYPERTONIQUES DE CHLORURE DE SODIUM, A L'ÉGARD DES INFECTIONS, (Troisième note), par H. VINCENT. J'ai établi précédemment (1) que lorsqu'on ensemence le sang ou la pulpe des viscères des animaux dont on a élevé artificiellement la tem- pérature par la mise à l’étuve à 41 degrés, on obtient fréquemment des cultures microbiennes (staphylocoques, B. coli, cocco-bacille, strepto- coque, etc.) traduisant le passage des bactéries intestinales dans ia cir- culation et les organes. Les animaux en expérience étaient à jeun et ont été sacrifiés pendant la vie. Dans d’autres travaux j'ai montré que la chaleur possède une influence favorisante très remarquable sur l’infec- tion tétanique chez le cobaye. | Le même facteur peut également triompher de certaines immunités. (1) H4 Vincent. Société de Biologie, 26 juillet 1902, SÉANCE DU 1° JUIN 991 Le cobaye est presque réfractaire à l'infection strepltococcique (Manfredi et Traversa). Or, chez les animaux surchauffés et inoculés avec ce microbe, la mort survient le plus habituellement. On constate la mul- tiplication abondante du streptocoque et le sang est parfois hémolysé. J'ai constaté que diverses infections plus actives : pyocyanique, sta- phylococcique, colibacillaire, faites chez les animaux dont on élève arti- ficiellement la température, donnent un pourcentage de décès double de ce qu'il est chez les animaux témoins. Les mêmes résultats n’ont pas été observés chez le cobaye soumis à l’inoculation sous-cutanée du bacille d’'Eberth et mis à l’étuve. Par contre, sur trois cobayes ayant reçu par la voie gastrique, à l’aide de la sonde, 5 centimètres cubes de culture typhique, et retirés au moment où leur température atteignait 42 degrés à 4295, l’un a succombé après deux jours ; son foie, sa rate et son sang contenaient le bacille typhique. La chaleur constitue, par conséquent, un facteur adjuvant puissant de plusieurs infections et son rôle permet d'expliquer la fréquence et la gravité de certaines d’entre elles, notamment de la fièvre typhoïde chez l’homme, pendant l'été ou dans les pays chauds. Non moins remarquables sont les propriétés favorisantes des solutions hbypertoniques de chlorure de sodium en injections sous-cutanées (1). Elles sont confirmées par les très intéressantes recherches de Lafforgue et de Saequépée. J'ai fait connaître que l'infection éberthique par la voie sous-cutanée est favorisée, à un haut degré, par l’injection simultanée de 3 à 5 centimètres cubes de solution au dixième de NaCI. C'est là un des meilleurs moyens d’obtenir la multiplication si difficile, d'ordinaire, à réaliser, du bacille typhique chez l'animal. J'ai, du reste, renouvelé les essais avec d’autres microbes : strepto- coque, staphylocoque, bacille pyocyanique, B. coli, Proteus vulgaris, ainsi qu'avec un saprophyte, le Bac. megaterium. L'’injection de la solu- tion salée hypertonique a permis la multiplication à un degré très marqué de tous ces microbes ef, en particulier, celle du Bac. megaterium, microbe qui normalement n’est pas pathogène. Il est facile de comprendre que l’emploi simultané de la chaleur et de la solution hypertonique de NaCI détermine un abaissement plus consi- dérable encore de la résistance de l'organisme vivant. C’est ce procédé que j'emploie usuellement pour relever la virulence affaiblie d’un microbe. Après deux ou trois passages de cette culture in vivo, on obtient des échantillons microbiens très actifs. Ï Ces expériences évoquent, naturellement, des constalations similaires dans la pathologie humaine. Dans les pays chauds, ou, en été, dans les climats tempérés l'influence de la chaleur, qui déshydrate momentané- ment les tissus et concentre les sels et les substances extractives du sang (4) H. Vincent. Société de Biologie, 4 juin 190%. 992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par l’'évaporation exagérée qu’elle détermine, réalise, en effet, des condi- tions favorisantes analogues à celles que l’on obtient par la mise à l’étuve et l'injection d’une solution hypertonique de chlorure de sodium. VISION ENTOPTIQUE DE LA FOVEA ET DE LA STRUCTURE DES CAPILLAIRES CIRCUM-FO VÉEUX, par E.-P. Fortin. La Fovea, bien que ne mesurant que 0"2 à 04 d’étendue rétinienne, est la partie la plus intéressante de l'œil. Je puis apporter une série de faits tendant à établir qu'elle constitue au point de vue physiologique un organe nettement différencié du reste de la rétine. À la Société d’ophtalmologie, à propos des belles préparations histo- logiques de Rochon-Duvignaud, Sulzer a indiqué combien est rapide la décroissance de l’acuité visuelle à mesure que l’on s'éloigne du point de fixation. ; Comme conclusions d'expériences el d'observations personnelles, j'ai cru devoir exagérer encore la rapidité de cette décroissance (1). Sur des malades, grâce à un petit périmètre à vision centrale que j'ai imaginé, j'ai pu déterminer de très petits scotomes centraux d’environ 1 degré. Dans de tels cas, je trouvais une baisse considérable d’acuité visuelle. Par contre, j'ai eu a observer le cas contraire chez un malade dont tout le champ visuel était détruit, sauf un îlot central de 1 degré, c'est-à-dire qu'il ne restait intact qu'un seul petit fragment d’étendue rétinienne d'un quart de millimètre de côté. Malgré cela l’acuité visuelle du malade était encore presque normale, puisqu'elle était de 7/40. De ces considérations je ne saurais assez attirer l’attention sur les rnéthodes d'examen de la Fovéa. Celle-ci est en quelque sorte « l'œil de l'œil», et si elle vient à disparaître il en résulte, d'après moi, une affec- tion analogue à celle décrite sous le nom d’amblyopie. À cause de cette importance que j'attachais à la Fovea, j'ai longue- ment recherché des procédés permettant de l’observer distinctement sur soi-même. Tout d’abord je m'étais adressé à celui décrit par Maxwell. Dans la suite je suis arrivé au résultat désiré en modifiant de la facon suivante une expérience célèbre de Purkinje (vision entoptique des vaisseaux rétiniens par agitation devant l'œil d’un disque opaque percé d’un trou sténopéique). Le dispositif que j'ai imaginé consiste non plus à opérer comme on l’a toujours fait sur une plage lumineuse blanche, (1) Fortin. Archives d'ophtalmologie, nov. 1906. Steinheil, édit., et Recueil d’ophtalmologie, décembre 1906. SÉANCE DU 1% JUIN 993 mais à me servir d'une plage monochromatique d’un bleu spectral pur. En fin de compte je me suis aperçu que c’est avec les tubes à vapeur de mercure dits Cooper Hewitt que j'oblenais les meilleurs résultats. C’est du reste également grâce à ces tubes que je suis arrivé à découvrir le nouveau dispositif d'observation distincte sur soi-même de la circula- tion rétinienne. Il suffit d’interposer entre eux et l’œil deux épaisseurs de verre bleu. Grâce à ce nouveau procédé, en produisant de très légers tremblotte- ments du trou sténopéique ou des interruptions dans l'éclairage, 7e suis arrivé à très bien observer de la facon la plus nette, comme si elle était étalée sur le champ du microscope, la structure fine de la région fovéale. Le mieux est de laisser auparavant pendant quelques minutes l'œil (Les paupières fermées), car alors, pendant les premières secondes de l'expérience, la texture apparaïl beaucoup mieux, noire sur fond bleu. Au bout d'un certain temps elle pâlit, tranche beaucoup moins, devenant bleu foncé sur bleu clair. Elle finit même après quelques minutes à s’effacer entièrement. Les Fovéas m'apparaissent ainsi sous forme de taches sombres, rondes, légèrement ovalaires, à grand axe horizontal. Elles sont enca- drées à leur périphérie par les bifurcations terminales des capillaires rétiniens. Elles contiennent une foule de petits cercles brillants serrés les uns contre les autres, disposés tels que le sont les alvéoles d'une ruche. Ces petits cercles sont bordés de circonférences foncées. Ce sont eux qui produisent l'aspect granulé dont parle Helmholtz. J'ai toutes les raisons de croire que chacun de ces petits cercles correspond à des formations de la mosaïque fovéale. Si on ne peut les compter exacte- ment, du moins on peut en évaluer approximativement le nombre. Détail intéressant, on se rend très bien compte que le point de fixation se trouve au centre de cette tache sombre, preuve quela fixation corres- pond bien à la Fovéa. Si, au lieu d’un verre bleu devant le tube de mercure, on dispose un verre jaune, c'est l'effet inverse qui se produit; la Fovéa paraît alors plus éclairée, plus brillante que la région environnante, mais les détails ne présentent plus aucune netteté (1). Cet assombrissement de la région fovéale exposée à la lumière bleue explique facilement les fails signalés par Charpentier, Polak et l’obser- vation de Burdon-Copper, à savoir que, quand vient la nuit, une petite fleur bleue sur fond vert n’est plus visible en fixation. Le but que je me suis proposé dans mes recherches est de donner à l'observateur un moyen de projeter sur une plage lumineuse quelques- (1) À chaque interruption de l'éclairage, si on maintient les paupières fermées, le champ visuel est alors envahi par des ondulations partant de sa périphérie et venant converger au centre de la Fovea. 994 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE uus des plus fins détails de la structure de son œil, détails échappant à nos moyens actuels d'observation. ; J'y suis parvenu en me servant de plages éclairées d’une facon homo- zène par une lumière diffusée spectrale monochromatique bleue. Une large lentille recueille les radiations provenant du tube de mercure et l’œil est ainsi placé que tout le champ de la lentille lui paraît également éclairé. C’est sur ce champ qu'il va projeter soit la structure de sa Fovea, soit les différentes phases de la circulation des globules du sang dans ses capillaires. Joints à ceux que j'ai déjà exposés ici (vision du vitré, de la circula- tion rétinienne), ces faits et d’autres d'examen entoptique pourront chez des malades intelligents constituer, à mon avis, une méthode nouvelle ei précieuse de diagnostic de certaines maladies de l'œil. DU CHROMOGÈNE URINAIRE FAISANT SUITE A L'ADMINISTRATION D "ÉTHYLINDOL CHEZ LES ANIMAUX, par CH. PORCHER, à L'éthylindol, mis en expérience ici, a été préparé par le procédé de Pictet et Dupare (1) qui consiste à distiller un mélange d'acide lactique et de chlorure double de zinc et d’aniline, puis à séparer l’éthylindol des bases quinaldiques qui sont formées simultanément. Nous avons pensé que l'éthylindol pourrait être obtenu également, suivant la méthode générale d’E. Fischer de préparation des indols, laquelle consiste à traiter, vers 200 degrés, en présence de ZnC, les hydrazones des aldéhydes et des cétones. En effet, en condensant à 185-190 degrés par cinq fois son poids de ZnCÏ la phénylhydrazone de l’aldéhyde butylique normal, nous avons obtenu après purification de — C2H° l’éthylindol très pur : CH! NUE : AzH/ C’est un liquide huileux, possédant une odeur marquée de matières fécales. La position du groupe éthyle est ici bien déterminée, tandis que, suivant le mode opératoire de Pictet et Duparc, la place i C'H° peut tout aussi bien se comprendre en « qu'en f. L'éthylindol a été administré, par la bouche, dans un peu d'huile, aux doses de 0 gr. 5 chez le canard, de À à 2 grammes chez le chien, sans phénomènes toxiques ultérieurs. | Les excréments urinaires des canards présentent, au point de vue du (1) Pictet et Duparc. Berichte d: deut. Chem. Gesellsch., t. XX, p. 345. SÉANCE DU À°® JUIN 995 chromogène qu'ils contiennent, des propriétés analogues à celles de l'urine du chien, qui va seule nous occuper maintenant. Cette urine, additionnée à froid de son volume d’acide chlorhydrique fumant, devient rapidement rose, puis rouge. La couleur ne passe ni dans le chloroforme, ni dans l’éther, mais très facilement dans l'alcool amylique. Son spectre d'absorption présente la même bande que celle des couleurs urinaires obtenues dans les mêmes condilions après admi- nistration de méthylkétol, de diméthylindol et de triméthylindol. Par ces caractères, et par les autres, sur lesquels nous ne croyons pas devoir insister, la couleur en question paraît donc bien semblable, sinon iden- tique aux précédentes ; ce n’est pas de l’indirubine. L'intérêt qui s’attachait à l'étude urologique de l’éthylindol résidait dans ce fait que Le chaïnon fixé sur le noyau pyrrolique de l’indol est en C'H'(CH — CH”). À priori, on pouvait concevoir qu'en offrant plus de prise à l'oxydation au sein de l’organisme que le groupement méthyle : CH° (qui se rencontre chez le méthylkétol et le seatol), il disparaitrait plus facilement que celui-ci, ou d’une manière différente, mais en donnant toutefois naissance à de l'indol. Dans cette hypothèse, après administration d’éthylindol, nous aurions dû trouver dans l'urine, dans les conditions où nous avons opéré, des conjugués indoxyliques vrais ; de l’indican notamment. Or, il n’en a pas été ainsi. Dans son passage à travers l'économie, l'éthylindol ne perd donc pas purement el simplement son CH”, pas plus que le seatol et le méthylkétol ne perdent de la même manière leur CH et le diméthylindol ses deux CH°. Mais dire que ces chaïînons fixés au noyau indolique proprement dit, qu'ils soient en CH° ou en CH”, restent inaltérés, là n’est pas notre pensée. Ce que nous pouvons avancer, bien que nous regretlions que l'interprétation insuffisante des faits nous oblige à rester dans le vague, c'est que leur présence imprime aux modifications que l'organisme fait . subir à la molécule à laquelle ils appartiennent une allure différente de celle qui est prise par l'indol lui-même. Celui-ci — on le sait depuis longtemps — nous mène directement aux chromogènes indoxyliques. Nous ne saurions en dire autant des homo- logues de l’indol que M. Hervieux et moi avons étudiés, du scatol, du _méthylkétol, du diméthyl et du triméthylindol, comme de l’éthylindol qui fait l’objet de cette note. Cependant, l’étroite parenté des formules de constitution de l’indol et de ses homologues peut nous laisser supposer qu'il est peut-être possible de trouver des réactions de passage entre les chromogènes donnés par ces derniers et les chromogènes indoxyliques proprement dits; en d’autres termes, d'obtenir un indigo en partant des chromo- gènes urinaires faisant suite à l'administration des homologues de l'indol. Cest ce que nous essaierons de montrer ultérieurement. (Laboratoire de Chimie, École Vétérinaire de Lyon.) 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES EXPÉRIMENTALES D'ORDRE UROLOGIQUE SUR QUELQUES COMPOSÉS DU GROUPE DE L'INDOL, par CH. HERVIEUX. 1° Administration du diméthylindol 2,3 et du triméthylindol 4, 2,3 chez — CH! AN c— ca a été obtenul par les animaux. Le diméthylindol 2, 3 : C'H'/ NA C — CH° le procédé de E. Fischer (4); le triméthylndol 1,2,3 : CH‘ ÿc— cr Az— CH° par celui de Degen (2). La préparation de ces composés est aisée, leur purification également. Ils ont été administrés par la bouche; le premier, qui est solide, en solution oléo-alcoolique; le second, qui est liquide, seulement avec un peu d'huile. Nous avons opéré sur des chiens, auxquels des doses croissantes de 0 gr. 5,1 gr.,2 gr.,2 gr. 1/4, ont été données sans qu'on ait observé de phénomènes toxiques consécutifs (3). Les urines émises ont présenté des propriétés tout à fait semblables à celles que nous avaient déjà données les urines des animaux qui avaient recu du scatol (4) ou du méthylkétol (5). Aussi nous dispenserons-nous de les rappeler toutes. Lorsqu'on additionne à froid ces urines de leur volume d'acide chlo- rhydrique fumant il s’y développe une belle coloration rose qui fonce avec le temps ou par le chauffage. La couleur insoluble dans le chloro- forme et l’éther passe très facilement dans l’alcoo!l amylique ; ce ne peut donc être de l’indirubine. Son spectre d’ absorption se superpose à celui du «rouge méthylkétolique ». 2% Administration d'acide indoxylique. — L’acide indoxylique : C°H* — OH C . F LE 2 Lä Nc con nous a été très obligeamment donné par la Société NAzH/ Badisch-Anilin und Soda-Fabrik. Ce composé a été administré soit sous la peau, en émulsion très fine (1) E. Fischer : Liebig's Ann., t. CCXXX VI, p. 128 (1886). (2) Degen : Liebig’s Ann., t. CCXXX VI, p. 160 (1886). (3) Voir à ce sujet ma note de la précédente séance. (4) Porcher et Hervieux. Journ. de Physiol. et Path. génér., 1905, pp. 187-196 et 812-819. (5) Porcher et Hervieux. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. I, p. 607, SÉANCE DU À% JUIN 997 dans l’eau aiguisée de très peu d’alcool, soit par la bouche avec un peu d'huile. Nous avons opéré avec le lapin et le chien auxquels des doses de 9 gr. 5 pour le premier, de 1 à 2 grammes pour le second ont été administrées sans donner lieu à des phénomènes toxiques. . Quand on injecte l’acide indoxylique sous la peau, l'urine émise ne contient que fort peu de dérivés indoxyliques. En effet, presque tout l'acide s’est décomposé, au contact des tissus sous-dermiques, avec pro- duction consécutive d’indigotine qui imprègne ces derniers et forme tout autour du point d'injection une large tache débordante bleu forcé, qui est visible à travers le tégument non pigmenté. Si l’acide indoxylique est administré par la bouche, l'urine recueillie après l'ingestion est foncée, brunätre, fluorescente. Elle ne contient cependant pas d’indoxyle libre, mais elle est très riche en chromogènes _indoxyliques; elle donne lieu, chez le chien, au phénomène de l'indi- gurie, pour les doses de 1 à 2 grammes. 3 Administration d'indoxyle. — L’indoxyle est obtenu par la décom- position à l’ébullition, dans un gaz inerte, de l’acide indoxylique mis en suspension dans l’eau. On obtient ainsi une huile brunâtre que nous avons administrée chez le lapin, le canard et le chien, soit sous la peau, soit par la bouche. Nous avons observé que l’indoxyle ne présente pas la toxicité que nos premières expériences nous avaient laissé supposer ; etencore faut-il faire entrer en ligne de compte le mode d'administration. Un lapin qui a recu un demi-gramme sous la peau est mort au bout de vingt-quatre heures; un témoin qui a reçu la même dose par la bouche n’a eu aucun malaise. Injecté sous la peau, l’indoxyle diffuse rapidement, en formant, comme dans le cas de l'acide indoxylique, une large tache bleue d'indigotine qui imprègne les tissus tout autour et assez loin du point d'injection. Des chiens qui ont reçu 0 gr. 5 à 1 gr. d'indoxyle, par la bouche, n'ont présenté aucun phénomène toxique. Leur urine était riche en conjugués indoxyliques. Nous croyons donc qu'il n’y a pas lieu d’attribuer à l'indoxyle une réelle toxicité. Âu surplus, dans les conditions physiologiques, et peut- être aussi pathologiques, les quantités d’indoxvle qui peuvent se former, au sein de l'organisme, par oxydation de l’indol venant de l'intestin, sont beaucoup plus faibles que celles qui ont été données ici et dont l’innocuité après administration per os a été évidente. (Laboratoire du professeur Porcher, Ecole vétérinaire de Lyon.\ 998 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION PHARMACODYNAMIQUE DES NITRITES ALCALINS (Quatrième note), par H. Vaourz. Les nitrites alcalins et notamment le nitrite de soude auraient, aux dires de Leech et de Breadbury une action analogue à celle des nitrites organiques, mais elle se manifesterait plus tardivement et se prolon- gerait plus longtemps, pendant une durée de deux heures et demie à trois heures. D'autre part, les modifications imprimées aux tracés pré- senteraient les mêmes caractères. Nous ne nous occuperons ici que du nitrite de soude, le nitrate de potasse, même employé à doses élevées, ne nous ayant donné aucun résultat méritant d’être relaté. Le nitrite de soude présente, chez les différents sujets et suivant les doses, une variabilité d'action semblable à celle que l’on constate avec l'emploi de la trinitrine, mais plus marquée encore. Les doses infé- rieures à 15 centigrammes nous ont paru toujours inactives, même lorsqu'elles étaient administrées à des sujets sensibles à des doses un peu supérieures. Ce n’est qu'avec des doses de 15 à 25 centigrammes que l’on peut voir apparaître les manifestations qui caractérisent l’em- ploi des nitriles, et, même à ces doses, nombre de sujets ne témoi- gnent d'aucun changement dans le chiffre de la pression ni dans la forme des tracés du pouls. Lorsque l’on a affaire à des sujets plus sensibles, sans que rien d'ail- leurs ne permette à l'avance de les connaître, les modifications des tracés débutent environ de la 15° à la 30° minute. Elles se caractérisent par l’accentuation et le retard du dicrotisme avec augmentation de l’amplitude. Elles disparaissent de la 50° à la 90° minute très progres- sivement par le retour du dicrotisme normal, souvent avec un polyero- tisme très marqué, l'augmentation de l'amplitude persistant d'ordinaire pendant un temps plus long. L’abaissement du chiffre de la pression maxima, le seul que les appa- reils sphygmomanométriques permettent de connaître, ne se manifeste qu'exceptionnellement et peutmanquer même dans les cas où les tracés accusent des modifications certaines. Lorsque cet abaissement se pro- duit, il débute un peu avant que les tracés accusent une modification et disparaît avec le retour du dierotisme normal (voir tracés). L'accéléra- tion du pouls est toujours fort peu marquée et il est fréquent qu’elle ne soit pas appréciable. Un fait nous à paru digne d'attention, c’est que l'abaissement de la tension artério-capiilaire (appareil de Gaertner) nous a paru, dans nombre de cas, plus marqué que celui de la pression arté- rielle (apparcil Basch-Potain). Quant aux symptômes subjectifs, ils sont SÉANCE DU 1° JUIN 999 Avant l’ingestion. Pouls, 96. Pression artérielle (appareil Potain) . . . . . . . . . . .. 3-24 Pression artério-capillaire (appareil Gærtnei). . . . . . . . 19-20 Après 15 minutes. lPouls, 102. Pression artérielle (appareil Potain) . . . . . . . . . . . . 2 Pression artério-capillaire (1ppareil Gæriner). , . . . . . . 1 Cr 0) Après 30 minutes. Pouls, 102. Pression artérielle (appareil Potain) . . . . . . . . . EN ONE PAL Pression artério-capillaire (appareil Gærtner). . . . . . . . 13-14 Après 40 minutes. Pouls, 90. Pression artérielle (appareil Potain) 22 Pression artério-capillaire (appareil Gærtner). . . . . . . . 15 Après 80 minutes. Pouls, 90. Pression artérielle (appareil#Potain}.0:14 0e. tue 2% Pression artério-capillaire (appareil Gærtner). . . . . . . . 18-19 BIOLOGIE. Comptes RENDUS. — 1907. T. LXII. > 69 1000 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'ordinaire très modérés et caractérisés, lorsqu'ils existent, par une sensation de battements dans la tête, lesquels sont toutefois moins pénibles qu'après l'emploi des nitrites organiques. En résumé donc: l'action'du nitrite de soude est des plus variables suivant les sujets, el souvent elle est très infidèle. La dose optima pour produire des modifications utiles est de 15 à %5 centigrammes, sans qu'il soit prudent-de la dépasser en une fois, ear à la dose de 30 centigrammes nous avons pu voir apparaître des troubles un peu inquiétants (vertiges, nausées, vomissements). Le faible écart qui sépare la dose efficace de la dose dangereuse ou, autrement dit, l'étroitesse de la zone maniable nous parait être un inconvénient qui mérite d’être relaté dans l’action pharmacodynamique du nitrite de soude. Enfin la durée d’action du médicament parait être comprise entre la 20° et la 90° minute, tout en faisant remarquer que la variabilité extrême du médicament, suivant les sujets, peut rendre compte des différences que l’on pourra constater dans ces limites." : Il est un dernier point qu'il importe de signaler, c'est que l’abaisse- ment momentané de pression que l'on constate chez Les sujets sensibles. à l'action du médicament, ainsi que les modifications corrélatives des. tracés sphygmographiques, ne peuvent jamais devenir durables, même si l’on réitère l'emploi du nitrite de soude. Comme les autres nitrites celui-ci constitue donc un médicament d'occasion, et il n’est pas capable de maintenir d’une manière persistante, dans ses limites normales, une: pression artérielle anormalement élevée. RECHERCHES SUR LES FERMENTS SOLUBLES DU VACCIN JENNÉRIEN, par L. Camus. Bien que les recherches relatives à l’agent actif du vaccin jennérien ne soient pas encore très avancées, on admet depuis fort longtemps qu'il s’agit d’un organisme vivant. Les conditions de conservation du vaccin, la marche de son développement, les facteurs qui influencent sa virulence témoignent, en effet, également en faveur de cette conception. J’ai donc pensé que l’on pourrait aborder son étude par l’examen d’une des mani- festations les plus constantes de la vie des microorganismes, celle de la présence des ferments solubles. Les phénomènes de la vie sont toujours liés à des actions de ferments, et si parfois ces agents restent cantonnés dans l’intérieur même de l'élément cellulaire ils diffusent souvent au dehors, où nous pouvons aisément en prendre connaissance. L'existence des ferments solubles dans les solutions de vaccin était donc la première question à envisager. Mes recherches ont actuelle- TT SÉANCE DU 1°": JUIN :A00L ment porté sur différents ferments appartenant à la classe des ferments hydratants, à celle des ferments oxydants et à celle des ferments coagulants. I. — Parmi les ferments hydratants j'ai envisagé l'existence de l'amy- lase, de la maltase, de la lipase et des ferments protéolytiques. Mes solutions de vaccin ont été préparées avec du vaccin sec très actif finement broyé avec de l’eau distillée, les solutions ont été cen- trifugées quelque temps et le liquide devenu transparent a été ensuite décanté; je me suis servi également de solulions glycérinées. Les solu- tions d’empois d'amidon laissées en contact à la température de 38 degrés avec le vaccin ne sont pas modifiées, et dans la liqueur il ne m'a pas été possible de déceler l’action réductrice avec la liqueur de Fehling. L'action du vaccin sur le maltose a été essayée dans les condi- tions suivantes : à une solution à 1 p. 100 environ de maltose il a été ajouté pour 50 centimètres cubes six gouttes de solution de vaccin, le dosage a été fait après dix-huit heures d'étuve à 38 degrés; j'ai examiné dans les mêmes conditions une solution témoin sans vacein et une solu- tion ayant recu du vaccin chauffé à 400 degrés. La déviation polarimé- trique a été de 11,7 pour la solution témoin, de 11,6 pour la solution en contact avec le vaccin chauffé et de 11,5 pour la solution influencée par le vaccin non chauffé. Il n’y a donc ni amylase ni maltase dans la solution de vaccin. Pour étudier l’action lipasique, j’ai eu recours à une solution aqueuse saturée de monobutyrine. On a souvent reproché à cette substance la grande facilité avec laquelle elle se laisse saponifier. Cette extrême sen- sibilité de la monobutyrine. me l’a fait choisir comme premier réactif. Or, après avoir laissé en contact à 38 degrés pendant un certain temps des solutions de monobutyrine et de vaccin, je n’ai observé aucune saponificalion. Dans les mêmes conditions j'ai constaté que le sérum de lapin produisait une acidification très marquée de la solution, ainsi que l'a montré M. Hanriot (1). Le vaccin étant incapable d'attaquer la monubutyrine, il m’a semblé ‘inutile de poursuivre l'étude de la lipase sur d’autres graisses. J'ai eu recours pour éprouver l’action protéolytique du vaccin à la méthode très sensible d'Arthus (2) de la gélatine fluorée. Cinq tubes renfermant chacun 2 centimètres cubes de gélatine fondue à 38 degrés ont reçu des quantités croissantes de solution de vaccin depuis une goutte jusqu’à 6 gouttes, et ont été laissés dix-huit heures à l’étuve à 38 degrés. (4) M. Hanriot. Sur un nouveau ferment du sang. Comptes rendus de la Sociét> de Biologie, 10° série, INT, 925-926 ; 14 novembre 1896. (2) M. Arthus etJ. Gavelle. Sur un procédé permettant de comparer l’activité tryptique de deux liqueurs. Comptes TeUÈRE de la Société de Biologie, LIV. 181-784; 28 juin 1902. 1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Quand ils ont été retirés de l’étuve, ils se sont gélifiés complèlement et de la même facon qu'un tube témoin. Les solutions de vaccin n’ont donc pas d'action protéolytique. Il. — Je n'insisterai pas sur l’étude de l’action oxydante qui ma semblé devoir être aussi négative, car les solutions de vaccin ne sont même pas capables de faire bleuir la teinture de gaïac soit à la tempéra- Lure du laboratoire soit à celle de 38 degrés. HT. — Relativement aux ferments coagulants, j'ai étudié l'influence du vaccin sur la coagulation du sang et sur celle du lait. J’ai ajouté soit à du sang de mammifère, soit à du plasma naturel, des solutions de vaccin et j'ai constaté dans tous les cas une coagulation très rapide ; j'ai obtenu en moins d’une minute la coagulation du sang artériel de lapin qui dans un tube témoin mettait de vingt à vingt-cinq minutes pour former un caillot. Je n'ai pas noté de différence dans la rélraction des caillots ; dans tous les tubes rapidement coagulés comme dans les tubes témoins le sérum était limpide. En faisant usage de vaccin glycé- riné, j ai obtenu aussi une coagulation rapide du sang, mais ultérieure- ment le sérum s’est montré teinté par l’hémoglobine, comme on devait s'y attendre. Le chauffage d'autre part fait perdre aux solutions de vaccin leur propriété coagulante. : Cette propriété coagulante du vaccin n’est pas dépourvue d’un certain intérêt pratique. La vaccination idéale doit se faire sans trace d'hémor- ragie; le plus habituellement en prenant certaines précautions on arrive à ne pas faire saigner, mais de temps en temps, inévitablement, de petites hémorragies se produisent; elles sont d'autant plus marquées que le sang est moins coagulable et elles peuvent parfois revêtir un caractère quelque peu inquiétant chez les hémophyliques. Si l’on veut bien tenir compte des expériences précédentes, on sera amené tout naturellement à pratiquer l’hémostase dans ces cas avec le vacein lui-même; on recouvrira le mieux possible la plaie avec le vaccin et on altendra la coagulalion avant de faire l'application définitive. Je --suis persuadé que dans les cas graves l'application directe de poudre de vaccin serait suivie du plus heureux résultat. La solution de vaccin ne possède pas d'action coagulante pour le lait. Soit à la température du laboratoire, soit à celle de l’étuve, son action présurante est restée négative. En présence de ces résullats, il vient immédiatement à l'esprit de celui qui cherche la cause de cette action coagulante du vaccin deux explications : d’une part, l'influence activante bien connue des produits de la peau sur le fibrin-ferment ; d'autre part, l'intervention des globules blancs, toujours nombreux dans le vaccin. Sans vouloir entrer dans la discussion des causes, je me bornerai à _ faire remarquer que la dernière de ces hypothèses soulève plusieurs objections. Si le vaccin doit son action coagulante à la présence des SÉANCE DU 1° JUIN 1003 globules blancs, comment se fait-il qu’il ne possède pas de propriété oxydante et qu'il ne fasse même pas bleuir la teinture de gaïac? Enfin, j'indiquerai un autre résultat expérimental qui invite à faire la même réserve : c'est l’absence d’action kinasique des solutions de vaccin. Un suc pancréatique de sécrétine n’a pas été activé par la solution de vaccin, après trois jours de séjour à l’étuve à 38 degrés, aucune trace d’albumine n’était digérée. Un autre suc pancréatique faiblement actif a . digéré un peu moins activement l'albumine d'œuf après avoir été addi- tionné d’une solution de vaccin. En résumé, l'étude des ferments solubles de l’agent vaccinal faite à l’aide des solutions de vaccin ne nous a révélé que la présence de la propriété coagulante. Cette propriété est intéressante et peut avoir des applications, mais pour prendre plus complètement connaissance de l'agent vaccinal, il conviendra de poursuivre ultérieurement son étude dans une autre direction et de rechercher quels sont les corps qui peuvent être transformés directement par lui. Du cours DU SANG CHEZ L'HELIODRILUS CALIGNOSUS, par ANDRÉ COMBAULT. Dans ma précédente note (1), j'ai donné une description de la circu- lation dans l'organe de Morren où se relèvent certains points en con- tradiction avec la description générale de la circulation du Lombric donnée par J.-B. et S. Johnson. Une expérimentation précise, basée sur des ligatures, m'a permis de rectifier le schéma de circulation proposé par ces auteurs, les seuls à ma connaissance qui, depuis Bourne, se soient préoccupés du cours du sang chez le Lombric. Le sang de la partie postérieure du corps est collecté dans le vais- seau dorsal, où il chemine d’arrière en avant. Le cours du sang est assuré par des contractions péristaltiques du vaisseau sur lesquelles Harrington a attiré l’attention et par des valvules signalées par M. de Ribaucourt et bien étudiées par D. Rosa en 1903. Dans la partie antérieure du corps, au niveau de l'organe de Morren, le vaisseau dorsal perd ses valvules et diminue considérablement, presque tout le sang qu'il contient passant par cet organe. En avant de l'organe de Morren, le vaisseau dorsal augmente de volume, mais jamais son volume ne sera comparable à celui qu'il avait en arrière de cet organe. Car, à mesure qu'il se grossit du sang venu de l'organe de Morren, il se vide dans les six ou sept paires de cœurs latéraux (4) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, des 22 mars, 19 et 26 avril, 11 mai 1907. 1004 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————————————————————]—À—a—aa—— a Se qui envoient le sang sus-nervien: à la partie postérieure du corps. Les vaisseaux latéraux, les inlestino-tégumentaires de Jacquet naïis- sent du vaisseau dorsal à la partie postérieure de l'organe de Morren, auquel ils donnent la plus grande partie de leur sang par deux grosses branches qui diminuent rapidement et viennent de chaque côté sous cet organe. C'est de ces deux vaisseaux que naïssent les quatre paires . de branches séminales. Dans la partie antérieure du corps, le sang chemine d'arrière en avant dans le vaisseau dorsal et dans les vaisseaux latéraux, quoi qu'en aïent dit J.-B. et S. Johnson. Mais, tandis que le vaisseau dorsal est d'un dia- mètre insignifiant, les vaisseaux latéraux sont beaucoup plus impor- tants.En outre du sang que leur donne l'organe de Morren, ils refoÏvent de chaque côté cinq vaisseaux: En effet, les cinq premiers cœurs latéraux envoient cinq paires de vaisseaux, qui naissent directement de la partie inférieure de ces cœurs, dans deux régions latérales des téguments excessivement capillarisées et qui doivent être le siège d'une hématose assez intense [Harrington). Des capillaires de cette région; le sang revient aux vaisseaux latéraux par cinq paires de vaisseaux. Le sang circule donc d’arrière en avant dans les vaisseaux latéraux, probablement poussé par les contractions péristaltiques de l'organe de Morren, et vient vasculariser la presque totalité de la région céphalique. - Tous les auteurs sont d'accord pour dire que le sang circule d'avant en arrière dans la porlion du vaisseau sus-nervien qui se trouve en arrière des cœurs. Mais dans cette portion du sus-nervien qui se trouve en avant des cœurs, tandis que Harrington affirme-que le sang circule d'avant en arrière, Bourne et J.-B. et S. Johnson disent que les cœurs « forcent » le sang à remonter vers l’avant. Or, si on fait une ligature vers le milieu de cette portion, sang Ss’ac- cumule en arrière de la ligature à chaque contraction des cœurs; puis disparaît en cheminant nettement vers l'arrière entre les contractions pendant qu'il s'accumule un peu en avant de la ligature. J'en conclus que cette portion du sus-nervien sert de réservoir élas: tique où le sang pénètre d’arrière en avant, au moment des contrac- tions, et s'écoule d'avant en arrière entre les contractions. Les vaisseaux sous-nerviens et latéraux nerviens naissent : 1° des capillaires de la région céphalique, presque exclusivement fournis par les vaisseaux latéraux; 2° d'anastomoses directes avec les vaisseaux latéraux. — Le sang y chemine d’avant en arrière. . Le sang chemine donc d'avant en arrière dans les quatre vaisseaux ventraux; de là, il gagne le vaisseau dorsal, probablement suivant le schéma proposé par J.-B. et S. Johnson, en oo les capillaires intestinaux et tégumentaires. nr à nrth, À ét 7 nt 2 LT T- ST dr SÉANCE DU: JUIN 1005 LE PROBLÈME DES FACTEURS DU SOMMEIL PÉRIODIQUE IT. — INTRODUCTION VASCULAIRE DE SANG INSOMNIQUE (1), par HENRt PIÉRON. Si, au cours de l'insomnie expérimentale, il se développe des toxines dont l'action sur les cellules nerveuses explique le besoin impératif de sommeil, on est en droit d'espérer retrouver ces substances « hypno- toxiques » dans la circulation générale, et de reproduire leurs effets par injection de sang insomnique à des chiens normaux. C'est ce que j'ai tenté en un grand nombre d'expériences dont je vais indiquer rapidement les plus satisfaisantes. | 3 Exp. [. — Ourson, chien & (7 kilogrammes, 6 mois). Besoin de sommeil met après 24 heures d'insomnie. Prélevé 30 centimètres cubes de sang dans la fémorale et défibriné. Réinjecté le lendemain 20 centimètres cubes à 38 degrés dans la saphène. Se comporte comme avant l'injection. Dans ce cas, l'animal, à la suile de l'opération de la veilie, avait de la fièvre, était abattu et fatigué ; les avantages résultant de la réinjection à un même animal de son propre sang étaient moindres que les incon- vénients et je dus renoncer à cette séduisante méthode. Exp. Il. — Prélevé à Boulot, & (12 kil. 900), après six jours d’insomnie 420 centimètres cubes de sang dans la fémorale; puis, à Jaunette © , normale; 100 centimètres cubes de même. Injecté le jour même dans la saphène à deux chiennes jumelles de quatre mois, à Linne (1 kilogr. 430), 20 centimètres cubes de sang insomnique défibriné, et à Totte (4 kilogr. 270) 20 centimètres cubes de sang défibriné normal, à 38 degrés. Linne paraît un peu plus inerte; cherchent à se rejoindre pour se coucher l’une près de l’autre, et dorment si on.les laisse, Le lendemain, expérience inverse croisée : injecté, dans les mêmes conditions, 20 centimètres cubes de sang insomnique à Tolte et 20 centimètres cubes de sang normal à Linne. Il semble qu'il y a chez Totte plus de clignements des paupières. Linne est toujours un peu plus inerte. En _ somme très comparables. Exp. IN. — Prélevé à Agile, © (13 kilogrammes), 100 centimètres cubes de sang. À été soumise sept jours à l’insomnie, mais résiste bien. Besoin de sommeil n’est pas encore irrésistible. Injecté le jour même dans la fémo- rale, après extraction d’une quantité égale de sang, 90 centimètres cubes de sang défibriné (38 degrés) insomnique à Médor (G', cinq mois et demi, 3 kilogr. 100) ; et à sa sœur jumelle Totte (9 , cinq mois et demi, 3 kilogrammes) (4) Cf. Comptes rendus de la Société de Biologie, séances du 23 février 1907, p. 307, du 2 mars, p. 342; et du 9 mars, p. 400. 1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 85 centimètres cubes de sang normal, après prélèvement aussi de 85 centi- mètres cubes de son sang. Médor, malgré la cocaïnisation, souffre de sa plaie après l'opération, geint, est bousculé par Totte, ce qui le fait crier; cherche à appuyer sa tête, a des tremblements du globe oculaire. Exp. IV. — Saigné Pyrame, & (13 kilogr. 200), soumis six jours à l'insomnie, arrivé au dernier degré du besoin de sommeil. Prélevé sur Grisa, © (quatre mois et demi, 6 kilogr. 300), 150 centimètres cubes de sang dans la fémorale, remplacés par 150 centimètres cubes du sang insomnique défibriné à 38 degrés. Constaté après l'injection des clignements de paupière, et une recherche constante d’appuis pour la tête; se met le museau contre terre. Se couche volontiers, présente quelques mouvements convulsifs ; mais garde son atten- tion très éveillée; ne veut pas rester seule. Le lendemain, après avoir dormi, a encore des clignements fréquents des paupières, mais est agile et paraît sen- siblement normale. Huit jours après, il lui est de nouveau prélevé 150 centi- mètres cubes de sang dans la fémorale, et il lui est réinjecté comme précé- demment 150 centimètres cubes de sang défibriné, mais normal. Geint après l'opération, cherche à se coucher, à appuyer sa lêle comme auparavant, met- tant son museau contre le sol; se comporte à peu près comme dans le pre- mier cas, mais souffre davantage. Dans toutes ces expériences, je n'ai pu mettre en évidence l'existence dans le sang défibriné des animaux insomniques d'une substance hyp- notoxique capable de reproduire nettement le besoin de sommeil, si évident en certains cas chez l’anima! insomnique, quand on injecte ce sang à des animaux normaux, même en grandes quantités, même en remplacant par du sang insomnique une quantité égale du sang de l'animal (en allant jusqu'au quarantième du poids du corps, soit un tiers environ de la masse sanguine totale). On obtient à peu près les mêmes effets avec du sang normal et avec du sang insomnique. Dans des expériences que je relaterai ultérieurement, j'ai, en employant, non plus le sang défibriné, mais le sérum, augmenté encore les quantités relatives injectées, et j'ai introduit également dans la cir- culation générale des émulsions cérébrales filtrées, pour rechercher l'existence éventuelle des substances hypnotoxiques endocellulaires. Enfin, pour éviter les inconvénients de ces injections massives, doulou- -reuses, et qui provoquent d'importantes perlurbations physiologiques, semblant atteindre l’intoxication, j'ai procédé aussi à des injections intracérébrales, permettant de déceler, à doses minimes, l'influence de celte neurotoxine particulière que serait, si elle existait, la toxine du sommeil. (Travail des Laboratoires de Physiologie de la Sorbonne et de Psychologie expérimentale de l'Ecole des Hautes-Etudes.) SÉANCE DU 1° JUIN 1007 RETOUR A L'ÉTAT NORMAL DES CELLULES NERVEUSES APRÈS LES MODIFICATIONS PROVOQUÉES PAR L'INSOMNIE EXPÉRIMENTALE, par R. LEGENDRE et H. PIÉRON. Nous avons déjà signalé (1) les modifications histologiques profondes des cellules cérébrales du chien obtenues au cours de l’insomnie expé- rimentale, modifications dont l'importance varie parallèlement à l'in- tensité du besoin de sommeil constaté chez les animaux en expérience. . Nous avons insisté sur ce fail que nous n'attendions pas, pour sacrifier les animaux, d’avoir nettement franchi les limites de ce qu’on peut con- sidérer comme un état physiologique, les auteurs ayant jusque-là attendu au contraire le coma ou la mort spontanée de leurs animaux privés de sommeil. Il suffit de laisser dormir le chien soumis à l’insomnie pour qu'il _ reprenne le cours normal de sa vie. Comment, dès lors, se comportent les altérations cellulaires rencontrées avant le sommeil? Elles dispa- raissent complètement, ainsi que le montre la double expérience que. voici : OBSERVATION. — Le 8 mars sont mis à veiller dans les mêmes conditions que précédemment (attachés court et tenus en éveil le jour, confiés la nuit à un veilleur qui les emmène dans ses rondes et ne les laisse pas s'endormir) deux chiens jumeaux de huit mois et demi, un mâle, Fox, et une femelle Finette. Fox pèse 10 kilogr. 600 et Finette 8 kilogr. 600. Le 11 mars, Finette est encore vive et éveillée, Fox est inerte et engourdi, ses paupières battent. continuellement ; il touche peu à sa nourriture. Le 13 mars, Fox a plus som- meil encore que Finette, qui cligne des yeux et se fatigue à son tour; ils sont restés attachés dans la nuit du 12 au 13, et, bien qu'ils n’aient pu se coucher, ils ont pu sommeiller un peu. Dans la nuit du 13 au 14 ils sont emmenés comme les autres nuits ; la chienne marche mieux que le chien, qu'il faut trainer et qui cherche toujours à se coucher. Le 14 au matin, Fox pèse 9 kilogr.600 et Finette 8 kilogrammes. Ils ont tous deux un besoin intense de sommeil, mais ont faim et cherchent à manger. Fox est opéré à 10 heures, reste très calme sur la table ; après cocaïnisation, prise de 150 centimètres cubes de sang dans l'artère fémorale. À la suite de l'opération, il manifeste un besoin de: sommeil plus intense encore, mais mange bien. On le laisse dormir. Finette est opérée à 10 h. 35; sommeille sur la table pendant qu’on prépare l'artère; saignée à blanc, meurt très doucement, sans mouvements asphyxiques, alors que le sang coule encore. Cerveau prélevé et mis dans le formol à 10 p. 100. (4j Les rapports entre les conditions physiologiques et les modifications. histologiques des cellules cérébrales dans l’insomnie expérimentale. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 23 février 1907, t. LXIEI, n° 75, pr312 1098 SOCIÉTÉ : DE : BIGLGGIE Le 15 au malin, Fox se porte bien, mange de grand appétit, mais ses pau- pières battent encore; il n’a pas assez dormi (dérangé dans sa cage, il n’a pas pu dormir de facon continue depuis la veille). Le 18 au matin, il est tout à fait normal et bien portant. S’est battu la veille avec un autre chien, et a eu le dessus. Mange bien. Tremble en entrant dans la salle d'opération. Saigné à blanc par la fémorale; tué ensuite par section du bulbe. Cerveau prélevé et mis dans le formol à 10 p. 100. EXAMEN HISTOLOGIQUE. — Finette. — L'examen a porté spécialement sur les . cellules pyramidales des lobes frontaux; mêmes méthodes que dans les examens antérieurs. On a noté les modifications suivantes : Volume cellulaire diminué. Noyaux ratatinés, souvent excentriques. Varicosités dendritiques. Vacuoles intraprotoplasmiques. Nucléole très souvent ectopique. Assez sou- vent deux nucléoles égaux ou inégaux, diversement situés dans le noyau. Chromatolyse périnucléaire ou totale. Cellules névrogliques nombreuses, sou- vent à deux nucléoles. Les modifications cellulaires se rencontrent le plus souvent par zones, par plages; il y a des groupes de cellules en forte chroma- tolyse ou en achromatose, et d’autres restés sensiblement moins altérés. Fox. — L'examen ne révèle, dans les mêmes régions que chez Finette, aucune modification appréciable. Le volume cellulaire est normal, le noyau est central ; il n’y a pas de varicosités, ni de vacuoles; le nucléole, unique, est très rarement excentrique; la substance chromatophile est normale; la névroglie est normale. Ainsi, alors que, chez Fox, il devait y avoir, au moins autant que chez Finette, des altérations de la cellule cérébrale à la suite de l’in- somnie, pendant que se manifestait le besoin impératif de sommeil, on constate qu’il n’est rien resté de ces altérations, pourtant profondes, après le repos, à un moment où ne se manifeste plus le besoin de sommeil. : DIVERSES CAUSES DE VARIATIONS D'ASPECT DES NEUROFIBRILLES INTRACELLULAIRES, par R. LEGENDRE. Depuis quelques années, un grand nombre de travaux ont paru sur la disposition des neurofibrilles dans la cellule nerveuse et sur leurs variations. Mais l’accord est loin de s'être fait entre les divers auteurs sur ces deux importantes questions. Bethe croit que les neurofibrilles se terminent librement dans le corps cellu- laire; Simarro les voit le traverser sans perdre leur individualité ; beaucoup d'autres auteurs croient qu'elles s’y anastomosent en réseau, mais l’aspect de ce réseau est très variable suivant la méthode employée; Donaggio admet que certaines neurofibrilles restent indépendantes, mais que la plupart for- ment un réseau à mailles polygonales; Rossi voit un réseau à mailles très SÉANCE DU 1° JUIN 1009 petites ; Ramon y Cajal distingue deux sortes-de dispositions : dans certaines cellules, le plus souvent allongées, fusiformes, les neurofibrilles, tout en s’anastomosant, gardent plus ou moins leur individualité : c’est le type fasci- culé; dans d'autres, généralement multipolaires, les neurofibrilles perdent leur individualité dès leur entrée dans le corps cellulaire et contribuent à former un réseau à mailles irrégulières : c’est le type réticulé; Michotte. arrive à peu près aux mêmes conclusions que Cajal; Bielschowsky admet, comme Bethe, que les neurofibrilles restent indépendantes dans le corps cellulaire. Comme-on le voit, il y a de nombreuses discordances dans les observations sur la disposition et les rapports des neurofibrilles intracellu- laires. Les divergences d'opinion ne sont pas moins grandes en ce qui concerne les variations des neurofibrilles dans divers états physiologiques et patholo- giques. Nous ne nous occuperons ici que des recherches faites sur les Verté- brés. Cajal et Tello ont signalé des variations des neurofibrilles chez le Lézard en hibernation. Cajal et D. Garcia ont décrit des lésions du réseau dans la rage; Marinesco confirma ces résultats, Marchand, Dagonet, Marinesco étudièrent les modifications des neurofibrilles dans divers états patholo- giques; Dustin publia un travail très complet sur les changements de la struc- ture neurofibrillaire en rapport avec l’âge et l'activité fonctionnelle des animaux. Tous ces auteurs arrivent à des résultats comparables, tous admettent que les neurofibrilles sont des éléments très modifiables, aussi sensibles aux variations que la substance chromatophile de Nissi. Dustin conclut de ces recherches que les modifications physiologiques des neuro- fibrilles sont l’hyperaffinité argentique, la formation de cordonnets, puis de fuseaux secondaires, puis l'état grumeleux, et que les modifications patholo- giques sont la dégénérescence, puis la désintégration granuleuse. Par contre, Donaggio et ses élèves ayant examiné le réseau neurofibrillaire d'animaux soumis à diverses lésions ou intoxications (inanition, empoisonnements, sections de nerfs, compression d’artères) arrivent à cette conclusion que le réseau neurofibrillaire intracellulaire est très résistant, contrairement à la substance chromatophile qui réagit à la moindre variation du milieu, et Donaggio admet qu'il faut l’association de deux facteurs au moins (froid et inanition par exemple) pour provoquer des lésions graves du réseau, forma- tion de rubans, de boucles, de tourbillons homogènes, lésions très différentes de celles signalées par les autres auteurs qui emploient la méthode de Cajal. J'ai déjà signalé l'an dernier (1) divers aspects de neurofibrilles intra- cellulaires obtenus, par la méthode de Bielschowsky, dans la même pièce, suivant la distance des cellules à la surface d'imprégnation. On sait que les pièces traitées suivant la méthode de Cajal montrent plusieurs zones que Cajal a appelées : zone superficielle à réaction exeessive, zone médiane utile,zone profonde jaune. La méthode de Bielschowsky, proba- blement à cause de la faible pénétration du formol réducteur, montre ces zones moins étendues. J'ai décrit dans la moelle-du chien adulte des . (4) R; Legendre. Anat. Anz., Bd:XXIX;, 4906: ::- 1010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | cellules noires semblables à celles obtenues par la méthode de Golgi, des cellules à fibrilles épaisses rarement anastomosées, d’autres à réseau de Cajal, d’autres enfin à réseau de Donaggio, se succédant concentriquement de la surface à la limite de l'imprégnation. Récem- ment, Auerbach a repris cette étude et cherché à déterminer les fac- teurs physiques qui influent sur l'imprégnation. J'ai examiné cette année par la même méthode de Bielschowsky les cellules cérébrales d’un certain nombre de chiens dont l’état physiolo- gique à déjà été signalé (1). J'y ai retrouvé les variations d'aspect déjà signalées l’an dernier : cellules noires, cellules à grosses fibrilles fasci- culées, cellules à fibrilles minces également fasciculées, cellules à réseau granuleux à petites mailles, cellules très finement granuleuses. J'ai observé ces divers aspects plus ou moins développés dans toutes les pièces traitées, quelies que soient les modifications du noyau et de la substance chromatophile étudiées par d'autres méthodes. Ainsi l'aspect des neurofbrilles intracellulaires varie avec la méthode employée et, quand il s’agit d’imprégnations métalliques, avec les conditions physiques (température, durée des réactions, nature, pureté et concentration des réactifs) et la distance des cellules à la surface de la pièce imprégnée. Dans de telles conditions, quels que soient les soins que l’on prenne pour réaliser la plus grande constance possible de tous les facteurs de variation, 1l est difficile d'obtenir des aspects comparables des neurofibrilles permettant de déterminer sûre- ment leurs modifications physiologiques et pathologiques. Aussi, avons- nous préféré ne pas donner, dans nos notes sur les chiens insomniques, de conclusions sur l’état des neurofibrilles de leurs cellules corticales. Cependant un fait intéressant est celui des cellules à noyau ectopique. Nous comptons l'étudier dans une prochaine note. (Travail du Laboratoire d'Embrysgénie comparée du Collège de France.) SUR LA CHOLÉMIE ET LA POLYCHOLIE DE L'ICTÈRE GRAVE, par À. GILBERT et M. HerSCuER. Nous avons eu récemment l’occasion d'observer deux malades atteints d'ictère grave el de doser la bilirubine contenue dans leur sérum san- guin. Le premier était âgé de quarante ans et présentait un ictère accusé; (1) R. Legendre et H. Piéron. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907. SÉANCE DU 1° JUIN 1011 son foie était petit, non perceptible à la palpation et la malilé en était très diminuée. Des vomissements verts, renfermant des pigments bi- liaires, mais ne contenant pas d'urobiline, se produisaient sans cesse. En même temps existait une diarrhée profuse, formée de selles bilieuses, dans lesquelles l'examen chimique permettait de déceler en abondance de la bilirubine, de l’urobiline et du chromogène de l’urobi- line. Dans les urines, existaient aussi des pigments biliaires, mais on n'y trouvait pas la moindre trace d’urobiline, ni de chromogène. L'examen cholémimétrique montra qu'il y avait dans le sang 1 gramme de bilirubine pour 900 centimètres cubes de sérum, soit 1 gr. 11 par litre. Le malade ne tarda pas à succomber, mais l’autopsie ne put être pra- tiquée. Le second fait est relatif à une femme de trente ans qui, entrée à _ l’hôpital pour un goitre exophtalmique, présenta bientôt un ictère grave très analogue au précédent. Le foie était très petit; l’ictère assez intense. Des vomissements bi- lieux se produisirent, ne renfermant pas d’urobiline, en même temps que survinrent des selles diarrhéiques dans lesquelles nous trouvämes des pigments biliaires, de l’urobiline et du chromogène de l’urobiline. Dans l'urine, les pigments biliaires élaient abondants, mais il n’y avait ni urobiline, ni chromogène. L'examen cholémimétrique révéla qu'il existait À gramme de bilirubine pour 1.330 centimètres cubes de sérum, soil O0 gr. 75 par litre. La malade succomba rapidement. A l’autopsie, le foie était très atro- phié el pesait seulement 675 grammes. Il était ramolli, d’une coloration jaune,_tacheté de points rouges, congestifs et hémorragiques. Le taux de la cholémie était par conséquent fort accusé dans ces deux cas d’ictère grave : 1/900 dans le premier, 1/1330 dans le second, chiffres très analogues à ceux qu'on constate dans les ictères par obs- truclion des voies biliaires (ictère catarrhal, colique hépatique, obstruc- lion lithiasique du cholédoque, compression de ce conduit par un cancer du pancréas). Pourtant les voies biliaires étaient perméables, ainsi que le prou- vaient les selles et les vomissements verts incessants, et, seule, une po- lycholie intense pouvait expliquer la coexistence des flux bilieux et de la cholémie si marquée. La sécrétion biliaire étant très exaltée, une notable proportion de bile traversait les voies digestives, mais celle-ci, produite en excès, pas- sait aussi en grande partie dans le sang. La voie sanguine, chez un adulte sain, permet une élimination biliaire faible, telle que le degré de la cholémie physiologique atteint seulement 1 gramme de bilirubine pour 36.500 centimètres cubes de sérum. Dans nos deux ictères graves, elle prenait une importance bien plus considérable et la teneur en bili- AÆ012 “SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 rubine du sérum était beaucoup plus forte qu'à l’état normal; vingt-huit fois plus accusée dans un de nos cas, quarante fois dans l’autre. Une pareille polycholie, nécessitant une suractivité fonctionnelle extrême de la cellule hépatique,test véritablement remarquable, si l’on -se rappelle combien sont profondes les lésions de cet élément dans l’ic- tère:grave: Dans le premier des faits que nous avons relatés, l’autopsie n’a pu être faite; mais, dans le second, elle a montré une atrophie accusée du foie, qui ne pesait plus que 675 grammes. L'examen histologique (1) pratiqué en des régions multiples du pa- renchyme hépatique a révélé, dans presque tous Îles points examinés, -des lésions de nécrobiose plus ou moins étendues et pouvant être ra- menées à deux types. Tantôt existait une nécrose granuleuse atrophique. Les cellules disso- ciées et ne formant plus de travées étaient irrégulières, petiles, atro- phiées ; leur protoplasma renfermait des granulations sombres ou ver- dâtres; leur noyau n’était plus colorable. Tantôt il s'agissait d’une nécrose vitreuse. Les lobules, normalement ordonnés, étaient facilement reconnaissables, mais leurs divers élé- ments, cellules dont les noyaux n'apparaissaient plus, tissu conjonctif, vaisseaux, canaux biliaires, épithélium même de ces conduits, tout était en ne vitreuse. Aussi bien dans les parties frappées de nécrose ere que dans celles atteintes de nécrobiose granuleuse et atrophique, se trouvaient des foyers hémorragiques, très nombreux et de volume variable. Il y avait, on le voit, une sorte d'opposition entre l’état fonctionnel du foie, au moins au point de vue de la sécrétion biliaire, et son état ana- tomique. De pareils faits sont malaisés à comprendre, si l’on ne suppose pas qu'avant de succomber la cellule hépatique a manifesté une suractivité fonctionnelle. : Mais ce n’est là qu’une hypothèse, et le fait constant est celui d’une polycholie des plus accusées dans l'ictère grave, capable de produire une cholémie égale à celle réalisée par l’obstruction complète des voies biliaires et contrastant avec des lésions destructives massives du foie, telles que n’en réalise aucun autre état morbide. (1) L'observation complète de ce cas sera publiée ultérieurement, et nous indiquons seulement ici les lésions les plus nettes, afin de montrer le con- traste entre la polycholie si accusée et la nécrose si profonde du tissu hépa- tique. auf: lt 5, re. We RE 2%) ts SÉANGE .DU A: JUIN 1013 x PASSAGE DANS LE SANG DES MICROBES INTESTINAUX (Note préliminaire), par M. Garnier et L.-G. SIMox. Les conditions qui permettent le passage dans le sang des microbes intestinaux sont sans doute nombreuses et variées ; les observations de Nocard, les recherches de Porcher et Desoubry ont montré il ya déjà plusieurs années que l’état de digestion permettait l'infection du sang par les germes de l'intestin. L'année dernière l’un de nous, en collabora- tion avec M. le professeur Roger (1), a reconnu que pendant le cours de locclusion intestinale survenant chez l'homme ou produite expérimen- talement chez le chien et chez le lapin, le,sang contenait souvent des microbes et en particulier des anaérobies. Nous avons recherché si d’autres modifications moins brutales que la ligature de l'intestin permettaient l'infection sanguine, et en particulier si un changement dans le régime alimentaire pouvait s'accompagner d'un tel phénomène ; pour cela nous avons soumis des lapins et des cobayes au régime carné et nous avons semé le sang pendant la vie et après la mort sur des milieux aérobies et anaérobies. Nos expériences sont encore peu nombreuses; si nous publions dès maintenant nos premiers résultats, c’est que l’attention de la Société a été attirée récemment sur cette question par les communications de MM. Basset et Carré, Sacquépée et Loiseleur. Dans une première série d'expériences, faites l’année dernière, deux lapins furent soumis-au régime carné. L'un d’eux mourut le 11° jour de l'expérience ; le sang prélevé immédiatement après la mort donna lieu en gélose sucrée profonde au développement d’un bacille dont les colonies étaient entourées d’un abondant dégagement de gaz. Ce bacille, assez épais, était incomplètement décoloré par la méthode de Gram; certains éléments allongés se contournaient à une extrémité, donnant ainsi l'aspect d'une crosse d’évèque. Ce microbe ne poussait pas en milieu aérobie. L'autre lapin sucomba au 13° jour; le sang du cœur, recueilli trois heures après la mort, ne donna de colonies que dans les cultures faites à l'abri de l'air : mais il s'agissait dans ce cas d'un germe facultativement anaérobie qui nous parut appartenir au groupe du coli-bacille. Reprenant cette question récemment, nous nous sommes adressés au lapin et au cobaye. Deux cobayes nourris à la viande de cheval ne nous (1) Roger et Garnier. L’infection anaérobique du sang dans l’occlusion expérimentale de l'intestin. Société de Biologie, 7 juillet 1906. — L’infection du sang dans l’occlusion intestinale. Société médicale des hôpitaux, 20 juil- let 1906. 1014 SOCIÉLÉ DE BIOLOGIE ont montré à aucun moment d'infection sanguine. L'un ne survécut que cinq jours ; le sang, prélevé le 2° et le 4° jour et immédiatement après la mort, ne donna lieu au développement d'aucun germe. L’autre mourut le 12° jour; les cultures faites avec le sang recueilli le 3° Jour et celles faites après la mort restèrent aussi stériles. Trois lapins reçurent journellement pour toute nourriture de la viande de cheval pour deux d'entre eux, de bœuf pour le troisième, à des doses variant de 20 à 40 grammes. L'un ‘de ceS’animaux survécut vingt-cinq jours; son sang fut semé le 2°, le 4°, le 19° et le 21° jour pendant la vie, et le 25° jour après la mort. Seuls les deux derniers ensemence- ments furent fertiles. Parmi les cultures faites le 21° jour, un tube de gélose profonde présenta quelques petites colonies sans dégagement de gaz, colonies qui ne devinrent apparentes que quinze jours après l'en- semencement. Elles étaient formées d’un bacille très court prenant le Gram, strictement anaérobie. Les cultures faites après la mort nous donnèrent uniquement du coli. Un autre lapin mourut le 9° jour; son sang était stérile le 3° et le 8° jour. Par contre, un des tubes de gélose profonde ensemencée le 6° jour, montra au bout de 26 jours une fine colonie sans gaz, qui fut trouvée constituée par un bacille prenant le Gram, et strictement anaé- robie. Les cultures faites après la mort de l’animal restèrent stériles. Le troisième lapin, nourri à la viande de bœuf, mourut le 7° les cultures du sang faites le 3° jour ont montré après sept jours une colonie microbienne formée d’un fin coccus; celles faites le 5° jour et après la mort ne sont pas développées. Enfin un dernier lapin recut dans l'estomac de la viande de cheval que nous avions laissée pourrir vingt- quatre heures à l’étuve. L'animal survécut seulement trente-six heures. Le sang prélevé pendant la vie, dix-huit heures après l’ingestion de la viande, resta stérile. Celui puisé dans le cœur après la mort donna lieu dans un tube de gélose profonde au développement de quelques colonies accompagnées de bulles de gaz; l'examen sur lames y montra l'existence d’un bacille assez épais prenant mal le Gram. Ainsi, sur quatre lapins dont le sang fut semé pendant la vie, trois présentaient de l'infection sanguine; dans ces trois cas, le nombre de microbes contenus dans le torrent circulatoire était minime; parmi les deux ou trois tubes de gélose profonde ensemencée chaque fois, un seul donna lieu à des cultures. Quand le sang est prélevé après la mort, les cultures sont rarement stériles; parmi les six lapins examinés, deux seulement ne montrèrent pas d'infection sanguine à ce moment ; pourlant ces deux animaux en avaient eu pendant la vie. : Dans la plupart de ces cas, les germes qui se sont développés sont des microbes anaérobies; si on s'était contenté de faire des cullures au Jour ; de Cod D CSL dut dé dé à SÉANCE DU 1° JUIN 1015 contact de l'air, le sang aurait été considéré comme stérile quatre fois sur six, tandis qu’en réalité il était infecté six fois. Il est donc indis- pensable de rechercher la flore anaérobie quand on est en droit de penser à une infection d'origine intestinale. (Travail du laboratoire de M. le professeur Roger.) SUR LE POIDS DE L'ENCÉPHALE CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES, par L. LAPIGQUE et P. GIRARD. Darwin, comparant les diverses races de lapins domestiques au lapin de garenne qui en est la souche, fait la remarque suivante : ces races domes- tiques sont, en général, plus grandes, et souvent beaucoup plus grandes, que l'espèce primitive, mais la capacité cranienne ne s’est pas accrue corrélative- ment. Proportionnellement à la longueur de la tête osseuse, cette capacité cranienne est toujours plus petite chez les lapins domestiques que chez les lapins de garenne; en valeur absolue, les grands lapins domestiques ont une capacité inférieure à celle des lièvres qui ont à peu près la même grandeur corporelle; et même quelques lapins domestiques parmi les plus petits, quoique ayant une taille encore supérieure à celle des lapins de garenne, leur sont inférieurs par la capacité cranienne. D'où Darwin conclut que la domestication a eu pour effet de diminuer le poids de l’encéphale par défaut d'usage (1). C'est une conclusion très importante, mais qui a besoin d’êlre discutée. L'un de nous (2), en effet, a montré qu'entre individus d’une même espèce (chien) le poids de l’encéphale suit l'accroissement du poids du corps plus lentement qu'entre espèces semblables. S'il en est généralement ainsi, une bonne partie du raisonnement de Darwin, notamment la comparaison des grands lapins aux lièvres, n’est pas valable. 1° Loi du poids encéphalique en fonction du poids du corps dans une espèce donnée. Entre espèces de mammifères, l’'encéphale E s'exprime en fonction du poids du corps P, par la relation E— KP°*(Dubois) (3); la même formule est valable entre espèces d'oiseaux (Lapicque et Girard) (4). Dans l'espèce chien, il faut écrire E — KP*® (Lapicque, /. c.). Dans l'espèce humaine, entre Européens d’une même nation, le poids encéphalique s'accroît un peu moins vite que la taille, c’est-à-dire moins vite que P°* (1) Variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, vol. I. (2) L. Lapicque. Société de Biologie, 15 janvier 1898. (3) Société d'anthropologie de Paris, 1° juillet 1897. (4) Société de Biologie, 8 avril 1905. Biocoele. CompTEs RENDUS. — 1907. T. LXII. Ë 70 1016 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . (France, Broca, Topinard, Manouvrier; Bavière, Bischoff, Angleterre, Boyd, Marshall); en faisant le caleul exactement, Dubois retrouve préci- sément 0,25 pour l'exposant de relation (1). Il serait très intéressant de faire la détermination de cette loi dans des espèces vivant à l’état de nature; les documents, qui ne sont pas impossibles à recueillir, manquent jusqu'ici. Dans la riche collection de chiffres publiée par Hrdlicka (2), une série d’écureuils pourtant est utilisable : ESPÈCES d'individus. Ha RL de ie A. Seiurus rufiventer . . . 5 580 8,95 B. Sciurus carolinensis . . 14 466 1,48 C. Id., les plus petits. . . T 42% 7,36 D. Id., les plus grands . . T 509 7,61 E. Sciurus hudsonius. ... 6 160 4,10 On obtient pour l'exposant de relation, entre À et E, 0,60; entre B et E, 0,56; entre C et D, 0,20. C’est la confirmation, aussi exacte qu'on pouvait l’espérer dans ces conditions, de la loi fournie d’abord par le chien. 2% Appréciation du poids relatif de l’encéphale chez les animaux domes- tiques. a) Voici des pesées personnelles sur le genre Zepus: NOMBRE POIDS MOYEN POIDS MOYEN d'individus. du corps. de l’encéphale. Lapin de garenne. . ÿ 1.463 10,54 Lapin domestique . . 3 3.579 11,20 MÉVrER PIECE 2 3.910 16,65 Si on calcule à partir du lapin de garenne, au moyen de l’exposant de relation 0,25, ce que devrait peser l’encéphale des lapins domes- tiques du poids observé, on obtient 13 gr. 3; l’abaissement imputable à la domestication serait encore sensible, mais moitié moindre que ce qu'il apparaitrait si on comparait, comme Darwin, les animaux domes- tiques aux animaux sauvages du même genre présentant à peu près le même poids corporel. # b) Dans le cas où l'élevage a produit dans une espèce à la fois des diminutions et des accroissements de la taille par rapport à la souche, cette comparaison simple avec les animaux sauvages semblerait indi- quer d'une part une augmentation, d'autre part une diminution du poids encéphalique. (1) Archiv für Anthropologie, 1898, t. XXV, p. 423. (2) Brain weight in Vertebrates, Smithsonian miscellaneous collections, vol. XLVIII, 1905, p. 89. SÉANCE DU 1° JUIN 1017 Pour les chiens, nous n’avons malheureusement que peu de docu- ments sur les Canidés sauvagés. Hrdlicka donne, pour un Canis nubilus, P—929.030; E — 115,5; nous avons trouvé pour le renard (moyenne de 2 sujets), P— 5.500; E— 46,8. Or, 7 chiens, de 5 à 5,9 kilogrammes, donnent E—64,3; 10 chiens, de 28 à 31,9 kilogrammes (P moyen —=30.000), donnent E— 94,9 (1). Si on représente graphiquement la loi du genre Canis et celle de l'espèce (ou simili-espèce actuelle) Canis familiaris, on voit.nettement les deux lois se couper, et les faits deviennent intelligibles. Mais pour savoir si la domestication a élevé ou abaissé dans son ensemble la -courbe des chiens domestiques, il faudrait connaître le poids de l'espèce primitive; si on admet une souche unique et aucune influence de la domestication, ce poids serait donné par l’abseisse du point de croise- ment; d’après les données ci-dessus, ce serait environ 15 kilogrammes. c) Nous avons, pour les ruminants sauvages, une loi bien définie; la girafe, l’orignal, l’Oryx beisa, le mouflon, le chevreuil et le minuscule Cephalophus Maxwelli (chiffres de Dubois et de Hrdlicka) se placent, en tableau logarithmique (2), sensiblement sur une droite qui a bien comme pente 0,56. Tous nos ruminants domestiques sont au-dessous de cette droite. Les taureaux, vaches et bœufs dont nous avons eu les chiffres pèsent de 400 à 700 kilogrammes; ils jalonnent, à peu de chose près, un droite de pente 0,25; si nous nous en rapportons à l’extrapolation de cette droite, pour qu'ils n’aient pas subi une diminution d'eneé- phale par la domestication, il faudrait que l'espèce souche n'eût pas pesé plus de 150 kilogrammes. Pour le mouton, pesant de 30 à 60 kilo- grammes, avec le même raisonnement, l'espèce souche aurait dû être moins grande que le chevreuil, et ne peser que de 40 à 12 kilogrammes. La diminution d'encéphale paraît ainsi très probable chez ces ruminants. d) Pour nos coqs et poules, les plus petits Pantam sont au-dessus de la loi des Gallinacés, la quasi-totalité des races domestiques étant au- dessous. Nous n'avons pas les chiffres des Gallus Bankiva, mais le point d'intersection se produit tellement au-dessous du Faisan qu’une dimi- nution effective de l’encéphale est très probable. e) Notre canard domestique dérive incontestablement de l'Anas boschas ; or, avec un poids corporel plus grand, il présente un poids encéphalique plus petit : 2 canards sauvages : P—1.072; E—6,30. 3 canards domestiques : P—1.708; E — 5,32. Ici, la diminution de l’encéphale chez la race domestique par rappor à la race sauvage est incontestable. (1) D’après les chiffres de Richet, Travaux du laboratoire, t. IL, p. 583. (2) Voir Société d'anthropologie de Paris, 2 mai 1907. 1018 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . Conclusion.— Certains cas nous avaient paru d’abord pouvoir s’expli- quer en admettant que l'élevage avait eu pour résultat d'augmenter la masse corporelle en laissant inchangée la masse encéphalique. Après la revue d'ensemble, dont nous venons de donner le résumé, la conclusion qui nous paraît la plus probable est celle qui peut s'appliquer à la géné- ralité des cas, à savoir que la domestication a pour effet de diminuer le poids de l’encéphale dans la mesure indiquée par le calcul avec l’expo- sant 0,25. LA SIGNIFICATION DE LA LIPASE ET DE L'AMYLASE URINAIRES, par M. Lorer et J. Ficaï. Les ferments sont moins abondants dans l’urine que dans la plupart des sécrétions glandulaires. Pourtant, l'amylase a été retrouvée par un grand nombre d'auteurs de façon à peu près constante, et la pepsine par quelques-uns dans les heures qui suivent la digestion chez les individus sains. Quant à la lipase, il est admis qu’elle fait toujours défaut. La recherche des ferments de l’urine n'a pas qu'un intérêt purement spéculatif : faite méthodiquemert elle peut autoriser quelques conclu- sions pratiques, car elle montre les relations qui existent entre les fer- ments et le fonctionnement même de la glande rénale. C’est ce point de vue que nous envisagerons particulièrement dans cette première note sur les conditions d'apparition de la lipase et les variations de l’amylase urinaires. Pour la recherche de la première, nous avons suivi la technique recom- mandée par MM. Achard et Clerc et utilisé la monobutyrine avec dosage colorimétrique de l'acidité formée à 37 degrés au moyen de la phénolphta- léine et du carbonate de soude. Pour la seconde, nous avons mesuré la transformation en glucose non d'une solution d’amidon, mais d’une solution de glycogène qui nous a paru plus sensible, apres vingt-quatre heures de séjour à l’étuve. Les chiffres que nous donnons représentent la quantité de sucre formée pour 2 centimètres cubes d'urine et 50 gr. de solution de glycogène à 1 p. 100. L'urine employée était toujours fraiche et autant que possible stérile. I. — Lorsque le rein est sain, le taux de l'amylase urinaire oscille entre 0,20 à 0,25 pour 1.300 grammes d’urines rendues. Il est assez parallèle à celui de l’amylase sanguine. L’un et l’autre augmentent à la période initiale, diminuent à la période d'état et se relèvent à la période critique des maladies aiguës. C’est ainsi que nous avons obtenu dans la pneumonie 0,50 la veille de la défervescence et 0,17, 0,20 les jours suivants. SÉANCE DU À JUIN 1019 Expérimentalement, les injections de glycogène, de pilocarpine augmentent parallèlement et notablement les deux ferments. L’amylase urinaire parait donc n'être que le résultat de la filtration de l'amylase sanguine. D'ailleurs si l'on injecte de l’amylase pancréatique dans le sang, l'examen de l'urine donne des chiffres de 0,80 et plus. Au cours des altérations rénales au contraire,la richesse amylolytique de l'urine est en général inférieure à celle du sang et d’autant plus que l’imperméabilité est plus accentuée. Il existe une véritable rétention d'amylase et cette rétention avait été déjà indiquée par Achard et Clerc dans l’imperméabilité complète du rein par ligature de l'artère rénale. II. — Si l’amylase est constante dans l'urine, il n’en est pas de même de la lipase. À l’état normal, le chiffre obtenu ne dépasse pas 2 à 4 SRE de solution titrée de carbonate de soude. Dans les maladies aiguës qui ne touchent pas le reln, la lipasurie est nulle. Elle est faible dans la plupart des maladies chroniques : lésions bulbaires, foie cardiaque, tuberculose, actynomycose, endocardite, goutte; un peu plus élevée pourtant dans le diabète. Au cours des albuminuries, elle apparaît dès que les cellules de l’épi- thélium rénal sont eu voie de désintégration et accompagne la cylin- drurie. On la trouve en proportion notable, 32,24, dans les néphrites aiguës (4 cas). Elle est peu abondante dans les néphrites chroniques atrophiques (3 cas), assez forte dans le diabète avec albuminurie (3 cas), nulle dans la dégénérescence amyloïde (3 cas). L’injection expérimentale d'acide chromique ou de substances très toxiques pour le rein entraine des élévations considérables de 40,45 et même 50 en rapport avec des lésions de néphrite aiguë. Fait intéressant, il n’y a aucun parallélisme entre la lipase sanguine et la lipase urinaire. On peut trouver 15 dans le sérum et 32 dans l'urine. Aussi semble-t-il que la lipase urinaire vient du rein. D'ailleurs [a lipase traverse difficilement le rein et les injections de paneréatine ne modi- fient pas l’activité lipasique de l'urine tandis qu’elles modifient celle du sang. III. — Nous conclurons donc de cette première note : a) Que l'amylase urinaire est un ferment d'origine éxtrarénale et la lipase urinaire un ferment d'origine rénale; b) Que l’uugmentation de l’amytase sanguine avec diminution de l'amy- lase urinaire est un symptôme d'imperméabilité; c) Que la lipasurie notable indique la désintégration du parenchyme rénal. Ces différentes données peuvent sans doute, si l’on tient compte du volume des urines émises, servir au clinicien. (Travail de la clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) a 10920 -_ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE { RETOUR AU TYPE ANAÉROBIE INITIAL DE L'ANAËROBIE DE RECONSTITUTION (4) par GEORGES ROSENTHAL,. Il était important de savoir si l’anaérobie de reconstitution, réense- mencement en tube cacheté d'un anaérobie aérobisé au deuxième stade en train de perdreses propriétés biologiques, gardait ses propriétés d'a- daptation à la vie au contact de l’air. Nos expériences permettent d’af- firmer que l’anaérobie de reconstitution fait retour au type anaérobie. Pour préciser ce point, il faut éviter de repiquer dans un délai trop court l’anaérobie de reconstitution ; car dans les premiers jours la culture peut avoir conservé des éléments de la culture aérobisée mère. De même, il faut autant que possible éviter de partir d’une culture- aérobisée sporulante, de peur que les spores ne deviennent une cause d'erreur. On aura donc soin d'utiliser une culture anaérobie de recons- titution née par le repiquage en eau blanc d'œuf cachetée d’une culture asporogène sur gélose inclinée. Cette cullure anaérobie de reconstitution sera gardée longtemps avant d’être repiquée, trois mois à un an par exemple. Dans ces conditions, l’anaérobie de reconstitution du bacille d’Achalme, du Vibron septique du bacille du tétanos reprennent les caractères de l'échantillon initial. Toutefois, le bacille du tétanos présentera quelques. résultats irréguliers auxquels son étude biologique nous a habitués. Etant donnée que la spore se prête mal à l'étude de la mensuration de l’anaérobiose, il sera nécessaire de ne pas se contenter derepiquages du tube eau œuf cacheté, anaérobie de reconstitution, mais de répéter l’expérience avec une culture fille en lait cacheté, riche en bacilles bien. vivants. Voici quelques expériences : Le tube Vs 110 du 10 mai 1906 est un tube anaérobie de reconstitution obtenue par repiquage en eau blanc d'œuf cacheté d'un tube de gélose inclinée Vs 881 du 4 mai. Le 15 mai 1906 la digestion du blanc d'œuf est presque achevée. Ce jour-là il est repiqué sur le tube S 128, gélose inclinée, qui donne une belle nappe homogène. Mais le 30 mai 1906, . tous les repiquages sur gélose inclinée échouent. Le 4 mai 1907 nous repiquons avec le tube Vs 110 des tubes de de inclinée qui restent négatifs et un tube de lait cacheté. Ce tube en 48 heures s’est abondamment développé. L est repiqué sur V7, . : eau œuf aérobie 1 1/2-4 1/2 (négatif); V 7, 5, 6 lait aérobie 1 4/2, (posilif), V 7, 5, 7 gélose inclinée (négatif) ; . 1, 5, 8lail aérobie 1 “+ Fe (1) Voir Société de Biologie 18 nov. 1902, 7 nov. 1903, mai 1906 à mai 1907. Société de l’Internat juillet-nov. 1906. SÉANCE DU lL° JUIN 1021 — (négatif). Un tube de lait 1 1/28, ‘1 1/2" donne par exception une culture tardive après 15 jours. Le tube À 917-3 est un tube anaérobie de reconstitution de bacille d'Achalme. Il est né le 13 mai 1906 du repiquage anaérobie d’un tube de géiose inclinée À 917 du 11 mai 1906. Les repiquages aérobies de ce tube À 917 ont donné des cultures maigres, peu vivaces, sans action chimique. En 3 jours la culture de À 917-3 était superbe, et bientôt les cubes de blanc d'œuf étaient digérés. Le 30 avril 1907, cette culture est repiquée sur les tubes A9, gélose inclinée, A 10 lait aérobie 1 1/228" ; ALL, eau œuf aérobie 1 1/24 5 1/2". Tous . tubes restent stériles. Mie les tubes cachetés de repiquage donneront d’abondantes cultures. Le 5 mai, un tube cacheté en plein développement est repiqué sur laits aérobies en gamme de hauteur ; seuls les laits de 4 1/24 9% ont permis la pullulation du germe. Les expériences faites avec le bacille du tétanos donnent les mêmes résultats. Mais dans un de nos essais, un tube de lait de 14/24 et 7 1/2?, ensemencé avec des spores de reconstitution a donné une culture abon- dante. Nous avons déjà signalé des faits analogues. En résumé, l’anaérobie de reconstitution annule l'aérobisation et revient à la biologie anaérobie complète ; il en est tout autrement de la sporulation aérobie. (Laboratoire de M. le professeur Hayem). ACTION DU SUC GASTRIQUE SUR LA SALIVE, par H. RoGEr. Mise en contact avec du suc gastrique artificiel ou simplement avec une dilution d'acide chlorhydrique, la salive ne tarde pas à perdre son pouvoir amylotique. Si on neutralise le mélange et si on le fait agir sur de l’empois d'amidon, la saccharification sera nulle ou peu marquée. Quand on emploie une dilution d'acide chlorhydrique, c’est à partir de 2,5 p. 1000 que la ptyaline est annihilée. Au-dessous de cette dose, son action est simplement affaiblie. Elle reste à peu près intacte quand la teneur en acide ne dépasse pas 0,6 p. 1000. Pour une même leneur en acide le suc gastrique artificiel agit plus énergiquement, la dose d'acide qui reste inefficace est 0,3 p. 1000. IL est bien certain que ces chiffres n’ont pas une valeur absolue; ce sont des moyennes qui; suivant l'échantillon de salive, subissent de notables variations. Après avoir été soumise à l'action, même prolongée, de l'acide 1022 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chlorhydrique ou du suc gastrique, la salive n’est pas devenue complè- tement inactive. Pour qu’elle puisse servir encore à la saccharification, il suffit de lui ajouter une trace de salive fraiche. Voici, à titre d'exemple, une de mes expériences : Dans des tubes contenant chacun 1 centimètre cube de salive humaine, j'introduis 1 centimètre cube de suc gastrique artificiel ou d'eau aci- dulée. La teneur en acide varie, dans les deux séries, de 0,3 à #0 p. 1000. Après être restés pendant dix-huit heures à 37 degrés, les liquides sont neutralisés et légèrement alcalinisés. Puis je verse dans chaque tube 10 centimèlres cubes d’eau amidonnée. à 1 p. 100. Des tubes ainsi préparés les uns sont gardés comme témoins, les autres reçoivent chacun une goutte soit 0 ce. 05 de salive fraiche. Après un nouveau séjour d’une demi-heure à l’étuve, les fermentations sont arrêtées par immersion dans l’eau bouillante et les dosages sont pratiqués suivant les procédés habituels. Le tableau suivant rend comple des résultats. La série I se rapporte au suc gastrique artificiel, la série IT à la dilution d'acide chlorhydrique. La colonne À comprend les tubes témoins; la colonne B comprend les tubes réactivés par La HE fraiche. Le sucre est compté en glycose. HAMEQI RE Heidi eu 2 PC A B A B LOPOApD AIDER NE 0 0,035 0 0,0% DRD) EN 6 ES AS y 20) 0,038 0 0,043 DS D MERE . 0,002 0,044 0,007 0,043 ROSE NE TRE EL DO D 0,048 0,008 0,044 DO EPS Pr 0 0,049 0,05 0,051 HR Me A ARE Ne 0,057 0,052 - 0,052 La goutte de salive qui a servi à réactiver les liquides donnait dans 10 centimètres cubes d'eau amidonnée 6 milligrammes de sucre; À cen- timètre cube donnait 54 milligrammes. On peut, par un autre procédé, arriver à des résultats analogues. Dans 100 centimètres cubes d’empois d'amidon à 3 p. 100, je verse de la salive : j'agite rapidement le mélange, j'en prélève une petite quantité pour doser le sucre produit et je verse le reste dans 50 centimètres cubes d’un suc gastrique artificiel dont l’acidité est de 2,5 p. 1000. Je _ laisse en contact trois heures dans l’éluve à 37 degrés. Au bout de ce temps, la quantité de glycose a un peu Houne Elle était primitive- ment de 4 milligrammes, elle est montée à 5 milligrammes pour 10 cen- timètres cubes d empois. La fermentation est d’ailleurs complètement arrêtée et, si on neutralise le liquide, elle ne reprend pas. J’ajoule alors dans 10 centimètres cubes, une goutte de salive et, au bout d’une demi- heure, je trouve 51 milligrammes de sucre ; avec 2 gouttes la quantité de sucre atteint 80 milligrammes. Dans des tubes témoins contenant sim- SÉANCE DU 1° JUIN 1023 plement de l’empois, les mêmes doses de salive donnent 5 et 20 milli- grammes de sucre. Ainsi, le suc gastrique annihile rapidement l’action amylotique de la salive et la neutralisation du mélange ne permet pas au ferment de reprendre son action. Mais il suffit d'ajouter une trace de salive fraîche pour qu'une abondante saccharification se produise. Le résultat tient bien à la présence de la salive; la pepsine ou le chlorure de sodium résullant de la neutralisation de l'acide sont sans influence aucune. x On est autorisé à supposer que dans les conditions physiologiques _ une pelite quantité de salive échappe à l'action du suc gastrique et sert, dans le milieu alcalin du duodénum, à réactiver la salive altérée. Mais on est conduit à se demander si le sue pancréatique ne peut pas produire le même effet. Des recherches que je poursuis avec M. Simon et que j'espère pouvoir rapporter prochainement démontrent que cette déduction est conforme à la réalité. V. — INTRODUCTION A L'ÉTUDE DE LA SPÉCIFICITÉ CELLULAIRE. TRANSPORT DE COLLOÏDES A TRAVERS DES LIPOÏDES, par HEnR1 Iscovesco. Dans des tubes en U, je mets au fond et suivant la technique décrite dans mes notes précédentes des mélanges de gélatine, lécithine et albu- mine à 20 p. 100; dans les branches verticales, au-dessus des mélanges gélatinés, j'introduis différentes solutions colloïdales et j'étudie le transport dans un champ électrique. Mes expériences sont faites en général avec deux volts et 15 à 20 milliampères. Dans ces conditions, voici ce qu'on observe. I. — Si on met dans la branche verticale du côté du pôle négatif de la bile humaine étendue cinq fois et du côté positif de l’eau distillée, on constate qu’au bout de vingt-quatre heures, le liquide s’est déplacé à travers le mélange de gélatine de 2 centimètres vers le pôle positif. La gélatine lécithinée et albuminée subit, elle aussi, un très petit déplace- ment vers le pôle positif (4 millimètres). On constate en même temps que les pigments biliaires ont pénétré du côté positif dans le mélange solide, à une profondeur de 3 à 4 centimètres. Si on fait la même expérience en mettant comme colloïde solide de la gélatine pure (sans lécithine ni albumine), on constate un transport énorme de l’eau (5 centimètres) vers le pôle négatif, et la gélatine elle- même, en ce cas, se transporte très légèrement (4 millimètres) vers le pôle négatif. La bile se comporte donc différemment dans un champ électrique, 1024 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE suivant qu’elle se trouve en présence de gélatine ou d'un mélange gélatine, lécithine, albumine. IT. — Au-dessus d’un mélange gélatine, lécithine, ovalbumine, je mets la bile, de même provenance que celle qui a servi à l'expérience précé- dente et à lamême dilution, du côté négatif, et de l’eau distillée dans la branche positive. Je fais, en d’autres termes, l'expérience inverse de la précédente. Au bout de quarante-huit heures de passage d’un courant de même voltage et même intensité, on constate que le liquide s'est déplacé de 5 millimètres vers le pôle positif, que le mélange gélatineux s’est transporté de 4 millimètres aussi vers le pôle positif, mais que les pigments biliaires n’ont pas pénétré du tout dans la gélaline. On fait en même temps des tubes témoins et on constate que dans le même laps de temps par simple diffusion les pigments biliaires pénè- trent à 1 centimètre et demi de profondeur. III. — J'ai montré dans une note précédente que si on mettait au-dessus de gélatine pure une solution très diluée de CaCl, on avait dans un champ électrique un déplacement considérable de l’eau vers le pôle négatif; qu'au contraire, si on mettait une solution de NaCI, on avait un déplacement du liquide vers le pôle positif. On obtient exacte- ment les mêmes résultats si, au lieu de gélatine, on se sert de Den de gélatine, lécithine et ovalbumine. IV. — Dans un tube témoïn on met de la safranine et on constate que la safranine pénètre par simple diffusion dans un mélange gélatine, lécithine, ovalbumine. Si ensuite on met dans un tube en U, placé dans un champ électrique, de la safranine du côté négatif et de l’eau distillée du côté positif, on constate que la diffusion de la safranine est complè- tement empêchée, et qu'au bout de quarante-huit heures on n’a aucune pénétralion. V. — Si au-dessus d’un mélange gélatine lécithine, on met du côté positif de l’ovalbumine dialysée (à la concentration de 50 p. 100) et de l’eau distillée du côté négatif, on constate un déplacement de liquide (7 millimètres) vers le pôle positif. Du côté positif, on constate dans l'épaisseur de la gélatine des striations horizontales dues à l’ovalbumine qui a pénétré et s’est coagulée. Il résulte donc de cette note : _ 1° La bile qui contient des pigments électro-négatifs peut diffuser dans un mélange solide composé de gélatine, épi ovalbumine. Cette diffusion peut être empéchée complètement ou au:contraire consi- dérablement activée suivant le sens du courant électrique qu'on dirige à travers les deux milieux. Ce fait a de l'importance car il montre qu'un même colloïde, et en particulier un colloïde hémolysant, qui peut tra- verser une membrane lipoïdique, peut ne plus la traverser du ‘tout ou au contraire la traverser beaucoup plus énergiquement suivant les D bb mène t 3: SÉANCE DU À° JUIN 1025 différences de potentiel qui existent entre les milieux extra et intra- cellulaires. 2° Certains colloïdes mis dans un champ électrique se comportent différemment à l’égard de la gélatine, suivant qu'elle est pure ou mélangée à de la lécithine et de l’albumine, 3° À l'égard des sels, la gélatine pure ou bien des mélanges de géla- tine, lécithine et ovalbumine se comportent de la même manière que celle qui à été indiquée dans une note précédente (18 mai 1907) à la Société de Biologie. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ACTION COMPARÉE DES PNEUMOGASTRIQUES DROIT ET GAUCHE SUR LE CŒUR DE LA TORTUE (Cistudo europea). ACTION DU PNEUMOGASTRIQUE DROIT, par E. GuyENor. Les recherches, dont nous présentons les conclusions dans celte note, confirment et complètent les résultats obtenus par les expérimentateurs qui nous ont précédés dans cette étude (A. B. Meyer, Gaskell, Kasem- Beck, Mills, Dastre, Morat, François-Franck). Technique. — Le nerf pneumogastrique est accolé dans sa portion cervicale à un filet nerveux que sa distribution désigne comme étant la branche externe du spinal. Le vague, à son entrée dans le thorax, présente sur son trajet un ganglion d’où partent ses filets cardiaques. Le nerf isolé et sectionné est excité au cou au moyen de courants induits. Le cœur est mis à nu par trépanation du plastron, décollement de la rondelle osseuse et section des muscles. L'appareil inscripteur est un myographe simple dont le levier horizontal est une longue paille à laquelle les mouvements du cœur sont transmis par l'intermédiaire d’une épingle plantée dans une rondelle de moelle de sureau. Le levier est convenablement équilibré. Les résultats diffèrent selon que l'excitation porte sur le vague droit ou sur le gauche. A. — EXCITATION DU VAGUE DROIT. — 1° Une excitation de grandeur suffisante détermine l'arrét du cœur en diastole, après un certain temps perdu; ce dernier augmente avec la répétition des excitations (faligue de l’appareil inhibiteur) et il est d'autant plus grand que le nerf est sectionné depuis plus longtemps. Pour un même excitant, la durée de l'arrêt dépend de la durée de 4026 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'excitation : pour des excitations durant 1,5 — 5 — 6 — 6,5 — 14 — 21 — 30 — 49 secondes, l'arrêt persiste pendant 2,5 — 8 — 10 — 10 — 12 — 11 — 20 — 44 secondes. 2° Les systoles qui se produisent pendant la période latente, lorsque celle-ci a une durée suffisamment grande, ne sont pas normales. Elles sont plus lentes et plus amples que les systoles qui précèdent. Cette augmentation d'amplitude est due à ce que le niveau des minima diasto- liques s’abaisse progressivement, tandis que le niveau des maxima systoliques reste le même que celui des systoles précédentes. L'abaissement des minima diastoliques se produit aussi lorsque le -cœur est vide de sang : il paraît être la manifestation d’une diminution du tonus du muscle cardiaque pendant la diastole. La force des systoles demeure la même qu'avant toute excitation. 3° Pendant l'arrêt, la courbe obtenue peut être une ligne droite hori- zontale ou légèrement oblique. Elle présente parfois une ou deux ondu- lations indiquant une oscillation de la tonicité. En dehors de ces varia- tions c’est pendant l'arrêt que le tonus est le plus faible. 4 Les systoles qui se produisent aussitôt après l'arrêt, différent des systoles normales. Plus longues que ces dernières, elles racourcissent graduellement leur durée jusqu'à ce qu’elles aient atteint la durée primitive ; plus amples, elles diminuent progressivement leur amplitude jusqu’à ce qu'elles aient acquis l’amplitude primitive. La diminution d'amplitude est due à ce que les minima diastoliques se relèvent peu à peu, atteignent et même dépassent quelquefois le niveau normal. Quant au niveau des maxima systoliques, il est atteint dès la première systole. En somme, le tonus pendant la diastole augmente progressivement jusqu'à la valeur qu'il possédait avant toute excitation. La force des systoles ne paraît pas varier. A côté de son action ralentissante, le vague droit a donc une action -antilonique qui est limitée à la période diastolique. : Dans quelques cas exceptionnels, le vague ne détermine qu'un ralen- lissement très faible, ou même n’a aucune action sur la fréquence et ne produit jamais l'arrêt. Son action antitonique se manifeste seule : les maxima systoliques restent au même niveau, tandis que les minima diastoliques s’abaissent, puis se relèvent graduellement après la fin de l'excitation. L’amplitude croît puis déeroît. (Travail du laboratoire de M. le professeur Charbonnel-Salle, à Besancon.) F Ls Mae NN EPL MR TE ape Ets craft ME SÉANCE DU 1° JUIN 1027 PRÉSENCE MANIFESTE DE SENSIBILISATRICE OU FIXATEUR DANS UN SÉRUM PRÉPARÉ COMPLÈTEMENT DÉNUÉ D'ACTIVITÉ, par L. CRUVEILHIER. Des diverses substances signalées dans les sérums, en dehors de: l’antitoxine, il en est une, la sensibilisatrice ou fixateur, dont le rôle serait assez important, à en croire les auteurs allemands, pour jus- tifier l'appellation de « Substance immunisante » ou d’ « immun- corps ». Les expériences rapportées par M. Besredka {1) en 1904 prouvent tou- tefois, pour ce qui concerne le sérum antistreptococcique, qu'un sérum très actif peut ne contenir que des traces de fixateur vis-à-vis de son propre microbe et qu'il peut n’y avoir aucun parallélisme entre les pro- priétés préventives d’un sérum et sa teneur en sensibilisatrice ou fixa- teur. Nous avons recherché si les constatations faites par M. Besredka ne. concernaient que le streptocoque et si, en s’adressant à un aulre microbe, il serait possible d’arriver aux mêmes conclusions; or, en employant le bacille diphtérique, nous avons réussi à obtenir non plus seulement un sérum très actif renfermant des traces de fixateur ou un sérum contenant une proportion notable de sensibilisatrice, alors qu'il n'était pas encore lrès actif, mais un sérum complètement inactif dans lequel la présence de sensibilisatrice était manifeste. Au cours de nos expériences, nous nous sommes servis constamment du bacille diphtérique n° 261 que nous devons à l’obligeance du D" Loiseau, et. nous nous sommes toujours adressés au lapin, vis-à-vis duquel, ainsi que déjà l'avait observé Le D' L. Martin(2), ce bacille est peu virulent, mais sécrète une toxine active. Pour cultiver ce microbe, nous avons eu recours à des milieux solides et de préférence à la gélose Martin. Vingt-quatre heures après leur ensemence- ment, les tubes ont été privés de tout le liquide de condensation qu'ils conte- naient, afin d'éviter autant que possible toute trace de toxine, puis on en a prélevé la culture par raclage de la surface. Diluée ensuite dans de l’eau physiologique, la culture ainsi traitée était. inoculée dans la veine de l’oreille des lapins. Dans ces conditions, nous avons dû employer deux tubes, bien souvent même trois tubes entiers, pour tuer en six ou sept jours des animaux dont le poids variait de 2 kilogrammes à 2 kil. 500. Toutefois, nous sommes arrivés à faire supporter progressivement à nos. (1) Besredka. Ann. Inst. Pasteur, t. XVIII, 25 juin 1904. (2) L. Martin. Production de la toxine diphtérique, Paris, 1898. 4028 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——— = lapins jusqu'à six et sept tubes de culture, sans amener d’élévation notable de la température ni d'amaigrissement manifeste, et il nous a été possible de renouveler les inoculations en moyenne tous les dix jours, pendant plus de sept mois. Le sérum a été prélevé trois mois, quatre mois, cinq mois, six mois et sept mois après la première inoculation ehez les mêmes animaux et tour: à tour dix jours, puis quinze jours après les trois dernières inter- ventions. | En aucun cas et à aucun moment, nous n'avons pu obtenir de pou- voir thérapeutique quelconque chez le cobaye, pour lequel le bacille n° 261 est assez nettement virulent. Nous avons cependant tenté de sauver les cobayes inoculés avec une seule dose mortelle de culture, en employant jusqu'à 3 et 4 centimètres cubes de sérum, et de les préserver contre une même - de culture, en ayant recours à la même quantité de sérum. En aucun cas, nous n’avons pu intervenir plus utilement chez nos cobayes en leur injectant des mélanges in vitro d'une seule dose mor- telle de toxine et de 1 centimètre cube de notre sérum. En présence de ces résultats complètement négatifs, nous avons eu l’idée de rechercher par la méthode de Bordet-Gengou si notre sérum ne renfermait pas des traces de sensibilisatrice vis-à-vis du microbe dont nous nous étions servis pour l'obtenir. À plusieurs reprises, nous avons observé avec le si compétent con- x cours de M. Besredka, que nous tenons à remercier de son extrême obligeance, que le fixateur antidiphtérique était manifeste dans les divers échantillons de sérum que nous avons examinés. Par des expé- riences de contrôle, nous nous sommes assurés qu'en aucun cas le bacille diphtérique employé ne possédait la propriété de dissoudre les globules rouges même sensibilisés et qu'ainsi il n’y avait pas à tenir compte de la présence d’une hémolysine microbienne. En outre de ses propriétés sensibilisatrices, notre sérum possédait des propriétés agglutinantes manifestes et nous avons toujours pu obtenir un pouvoir agglutinant à 4 p. 100 dans les divers essais que nous avons pratiqués, de sorle que, ainsi que déjà l’avaient constaté MM. L. Martin et Besredka (1), il semble que les sérums possèdent une sensibilisatrice quand ils sont agglutinants. En résumé, il résulte de nos expériences que, de même qu'un sérum peut être actif sans renfermer de fixateur, ainsi qu'on l’a montré, un sérum peut renfermer manifestement un fixaleur sans avoir cependant aucun pouvoir thérapeutique. La sensibilisatrice ou fixateur ne BTE donc pas le nom de « subs- (1) L. Martin. Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LN, 16 mai 1903. SÉANCE DU 1° JUIN 1029 tance immunisante » ou d' « immuncorps » que lui donnent générale- ment les auteurs allemands; et pour s'opposer efficacement à l’aclion du - bacille diphtérique que nous avons employé, comme pour lutter avec succès contre les streptocoques, sa présence n’est pas suffisante et ne semble même pas simplement utile. (Travail du laboratoire de M. Roux.\ ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE Liste de présentalion. Première ligne : M. O. Josué. Deuxième ligne : M. Maïzrarp. Troisième ligne : MM. JEAN Camus, ANDRÉ MAYER, E. RABAUD, SERGENT Résultat du vote. & Nombre de votants : 55. Ont obtenu : MR OMI OS DÉ ae Le 97-voIx. Elu. RTS IER A eee Co ED eau ie NPATE TARDE me SONT en SERRE LE GERS RS CAMUS AIMENT ANNEE AN ag RABAUDI Rae 2 Ne RIRES SERGENT UE Mu Ends te 4 — M. Orro Josué, ayant obtenu la majorité des suffrages, est élu membre titulaire de la Société de Biologie. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 8 JUIN 1907 SOMMAIRE BESREDKA (A.) ;: Comment empè- = cher l’anaphylaxie? . . . . . . . .. Brissaun et Bauer : Recherches sur la résistance des globules rouges CHEZMENAPINEAEET LEE : nc CALMEnTE (A.) : Sur les conditions dans lesquelles la muqueuse intes- tinale est perméable aux poussières iuertes et aux microbes CARREL (ALEx1S) : Transplantation de la cuisse d’un chien sur un autre chien. Czuzer (J.) : Sur lexcitation par décharges des condensateurs. Troi- sième note, à propos des communi- cations de M. Lapicque DRrzZEwINA (A.) et Bonn (G.) : Ac- tion tératogène des solutions salines MÉSWORCAO CUS Dee lee ele sur les larves des Batraciens . . . . Fauré-Fréuiet (E.) : L'Epislylis GUIDES ee isa Grzserr (A.) et HerscHer (M.) : Sur la teneur en bilirubine au sé- rum sanguin dans la colique de Dion ss Re eee Guyénor (E.) : Action du pneu- mogustrique gauche sur le cœur de Cistudo europea. Actions comparées des deux vagues LAPIGQuE : À propos de la com- munication de M. Cluzet. . . . . .. i Lapicoue (Mme L.) : Action de la Strychnine sur l’excitabilité du nerf NO DE DIM ET EN NU LEGENDRE (R.) : Disposition des neurofibrilles dans les cellules ner- veuses à noyau ectopique. . . . . . l LéoPozo-Lévr et Rorascarzo (H. DE) : Maladie de Basedow, nervo- sisme, hyperthyroïdie. Réponse à ML. CES RER SORTE Lorper (M.) et Frcaï (J.) : ments du rein. Activité lipasique de la glande rénale. . .. . : . .. . Maurez (E.) : Influence des prin- BroLoëtE. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. 1053 1068 1013 cipales voies d'administration sur les doses minima mortelles de con- vallamarine pour la grenouille, le Dibeonte MIE NB DInER eee NATTAN-LARRIER (L.) et BRrin- DEAU (A.) : Contribution à l'étude de la grossesse normale. Evolution plasmodiale des cellules extrapla- centaires de Langhans. . . ... .. RepiroN (FERNAND) : Sur le dosage déMMOMAQUE. ee ROGER (H.) et Simon (L.-G.) : Ac- tion synergique de {a salive et du SUCHPANCEÉAIQUE 7 ROSENTHAL (GEORGES) : La sporu- lation aérobie des vibrion septique, bacille d'Achalme et bacille du té- tanos crée des races nouvelles aéro- bies de ces germes : aérovibrion et BÉROPACINIESEN EE SN SET SACQUÉPÉE ef LoïsELEUR : [nfec- tions sanguines chez les animaux. Influence de la virulence. . . . . .. SICRE (A.) : Sensibilisatrice spéci- fique dans le sérum des animaux immunisés contre le Micrococcus metitensis et dans le sérum des ma- lades atteints de fièvre méditerra- DÉCOR SC NM RUN 0e TixtER (LÉON) : Anémies expéri- mentales consécutives aux ulcéra- tions du pylore déterminées par l'acide chlorhydrique. . . . . . . .. VicLARET (Maurice) et TixtER (LÉON) Les éléments cellulaires dans le liquide céphalo-rachidien après la mort se Ta yet ep eee ses 1031 1036 1066 1041 Réunion biologique de Bordeaux. Bocar (L.) : Sur la Marennine de la Diatomée bleue; comparaison avec la Phycocyanine . . . ... .. Coyne et CAVALIÉ : Sur les polypes 11 41032 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la pulpe dentaire (pulpites hy- granules chez les Muscides . . . .« . 1078 pertrophiques). . . "2-72 1077 SABRAZES (J.) et Husnor (P.) : Tissu GaurrRELET (JEAN) : De l’action sur interstitiel des surrénales : mastzel- le cœur de l'ion potassium dissocié lentet macrophagses ere 1079 et introduit par l’électrolyse . . . . 108% SABRAZÈS (J.) et Husxor (P.} GaurRELET (JEAN) : De l’action sur Mastzellen dans les surrénales des le cœur des ions magrésium, ba- ANIMAUX ORNE NE TEE 1081 ryum, calcium et sodium, dissociés . SAUVAGEAU (CAMILLE) : Le Sargas- et introduits par électrolyse. . . . . 1085 | sum bacciferum, la mer des -Sar- Pérez (CH.) : Amœæboïsme et pou- gasses et l'océanographie . . . . . 1082 voir phagocytaire des sphères de Présidence de M. Roger, vice-president. ACTION DU PNEUMOGASTRIQUE GAUCHE SUR LE CŒUR DE CISTUDO EUROPEA. ACTIONS COMPARÉES DES DEUX VAGUES, par E. GUYÉNOT. B. — EXCITATION DU PNEUMOGASTRIQUE GAUCHE. — 1° Le vague gauche n’a aucune action sur la fréquence : il ne produit ni arrêt, ni ralentisse- ment du cœur. 2 Il détermine une chute du tonus du muscle cardiaque et diminue la force des systoles. Cette action a) abaisse le niveau des minima dias- toliques, ») abaisse plus rapidement et plus fortement le niveau des maxima systoliques. Il en résulte d’une part que la systole diminue d'amplitude et d'autre part que le tracé présente une inflexion générale souvent bien marquée. Le temps perdu est de l'ordre de celui observé à propos du vague droit. L'action persiste un certain temps après la fin de l'excitation, puis les phénomènes inverses surviennent : les minima se relèvent lente- ment, les maxima plus rapidement; les uns et les autres dépassent le niveau primitif, puis y reviennent progressivement. À l’hypotonus fait suite Phypertonus, de même qu'au ralentissement succède l'accélération. Dans quelques cas exceptionnels, le vague gauche, sans agir sur la fréquence, détermine l’abaissement des minima, sans modifier le niveau des maxima. Le droit agit quelquefois de cette facon. Deux fois le vague gauche excité s’est conduit comme le droit, déterminant un ralentisse- ment du cœur avec diminution du tonus pendant la diastole. Nous avons cherché à compléter cette série d'expériences par leur contre-partie, en étudiant les effets de la section des vagues. _ 1° Section simultanée des deux vagues. — L’effet immédiat est l'arrêt; puis lés battements recommencent et s’accélèrent progressivement. Les | 74 d SÉANCE DU S JUIN. 1033 premières systoles sont plus hautes que les normales; mais les suivantes diminuent régulièrement d'amplitude (action de l'accélération). 20 Section du vague droit, le qauche étant intact. — L'effet immédiat est l'arrêt. L'effet ultérieur est une accéléralion régulière, L'amplitude après avoir légèrement diminué augmente, puis subit une série de fluctuations (phénomènes de nature réflexe). 3° Section du vague gauche, le droit étant intact: — L'effet immédiat est l'arrêt. Cet arrêt est dû à un mécanisme réflexe, car il ne se produit pas si le vague droit a été préalablement coupé. La fréquence du cœur n'est pas modifiée d'une façon régulière, Cepen- dant, elle peut présenter des irrégularités consistant en accélérations brusques et passagères ou en ralentissements de peu de durée fces deux actions sont également de nature nenere: étant supprimées par la section du vague droit). L'amplitude augmente peu à peu; mais cette augmentation est souvent masquée par les périodes d'accélération ou de ralentissement. 4 Section du vague gauche, le droit étant déjà sectionné. — La section ne détermine plus l'arrêt du cœur. La fréquence ne subit aucune modi- fication, mais l'amplitude augmente progressivement. Conclusions. — 1° Le pneumogastrique droit seul agit sur la fréquence du cœur; il détermine le ralentissement ou l'arrêt des battements en rendant plus longue ou permanente la période de diastole. Il diminue en même temps le tonus du muscle cardiaque en restreignant cette action à la période de diastole. La force des systoles n’est pas modifiée. 2 Le pneumogastrique gauche n’agit pas sur la fréquence des batte- ments du cœur. Il détermine une diminution du tonus qui s'exerce pendant la diastole et peut-être aussi pendant la systole ; en tout cas, la force des systoles est diminuée. 3° Ces résultats sont valables pour la très grande majorité des cas; quelques-uns font exception. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Charbonnel-Salle). FERMENTS DU REIN. ACTIVITÉ LIPASIQUE DE LA GLANDE RÉNALE, par M. Loper et J. Ficaï. Des recherches que nous avons faites, il semble résulter que, con- trairement à l'amylase, la lipase est formée en assez grande quantité dans le rein. Pour vérifier cette hypothèse il suffit de doser, dans le parenchyme rénal frais, broyé, macéré dans la glycérine en proportion _de 1/10, l’activité lipasique et amylolytique de la glande. 1034 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Pour celte recherche, nous avons fait agir l'extrait glvcériné, dont la composition était constante, sur des solutions de monobutyrine à 1/10 et de glycogène à 1/100. Les animaux étudiés ont été 10 cobayes, 2chats, 45 lapins. Chez certains le rein était intact, chez d’autres il avait été préalablement excité ou même lésé par une “unstance toxique ou irritante plus ou moins élective. I. Amylase. — Comme le ferment protéolytique qui ne nous a pas paru exister en proportions indosables dans le rein, l'amylase rénale est peu abondante. L’écorce en contient seulement des traces, la pyramide en estun peu moins pauvre. Les injections de pilocarpine, de glycogène ne font qu'exagérer cette élection en apparence paradoxale de l’amylase pour la pyramide : elles augmentent l'amylase pyramidale, mais ne font nullement varier l’activité de l’écorce. Ce fait tient sans doute à la richesse en amylase de l'urine contenue dans les tubes collecteurs. | Il. Lipase. — Le rein est fort riche en lipase. Nous trouvons chez le cobaye, 34, chez le fapin, 35, chez le chat, 34, à l’état normal, pour À gramme de rein total. L'écorce donne 19 à 25, la pyramide 9 à 16. Les injections de glycogène n'ont aucune influence sur la lipase, l’'adrénaline la diminue, la pilocarpine à la dose de5 centigrammes l’aug- mente très notablement (51-46), mais l'excitant le plus puissant et vrai- ment spécifique est une substance grasse, la monobutyrine. Injectée dans la proportion de À gramme dans l'oreille du lapin, elle élève la lipase rénale à 66,69, dont 47 et 52 pour l'écorce ; si l’on fait agir, comme l’un de nous l’a fait avec Revault, la monobutyrine directement sur le rein d’un chat au moyen de la circulation artificielle, on obtient une activité lipasique de 90, dont 80 pour l'écorce, dans le rein injecté et 34 seule- ment, dont 25 pour l’écorce, dans le rein opposé. Les cachexies et les affections chroniques entraînent des diminutions notables de l'activité lipasique, les infections et intoxications aiguës une augmentation plus ou moins forte. Dans la plupart des lésions rénales la lipase s'élève notablement. L'élévation est au maximum dans les lésions aiguës, par l’acide chro- mique par exemple, un peu moins forte dans les lésions prolungées ; en un mot, l'activité s'élève avec la désintégration brutale et s’abaisse avec l’atrophie de l'organe. Ces conclusions résultent d’ailleurs non seule- ment des observations présentes, mais encore de celles inédites que que l’un de nous avait faites avec Clerc, il y a deux ans. III. — La lipase est donc un produit de la cellule rénale et l’activité lipasique propre de la glande est indéniable. Quelques auteurs lont constatée avant nous. D’après nos recherches, une excitation même violente n’altère pas suffisamment l'épithélium pour que la lipase passe dans l'urine ; mais son activité se manifeste sur place par une transfor- mation considérable des substances grasses. C'est ce que prouve l’aci- dité des produits contenus dans l'uretère et la veine rénale au cours de SÉANCE DU 8 JUIN 1035 EE | la circulation artificielle dans le rein du chat d’une solution de monobu- tyrine. Lorsque la désintégration du parenchyme est assez forte, la lipasurie apparaît comme stigmate de cette désintégration. (Travail du laboratoire de la clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) TRANSPLANTATION DE LA CUISSE D'UN CHIEN SUR UN AUTRE CHIEN, par ALExIS CARREL. Les premières tentatives de transplantation d'un membre d’un animal sur un autre animal ont élé faites l'année dernière à l'Université de Chicago, par Guthrie et moi. Chacune de ces expériences a été rapide- ment interrompue soit par l'infection, soit par la rupture de la suture osseuse. La techuique a été alors un peu améliorée et j'ai essayé de nouveau de pratiquer la transplantation de la cuisse d’un chien sur un autre chien. Le 23 avril 1907, à 9 h. 50 du matin, un chien noir, de taille moyenne, fut tué par chloroformisation. A 10 h.20 la cuisse gauche du cadavre fut amputée circulairement un peu au-dessous de sa partie moyenne, les vaisseaux ayant élé préalablement disséqués et coupés dans le triangle de Scarpa. Le membre fut perfusé à l’aide de la solution de Locke et déposé simplement sur une table de la salle d'opérations, dont la température était de 29-30 degrés C. A 11 heures du matin, une chienne blanche de taille moyenne fut éthérisée, sa cuisse gauche amputée et immédiatement remplacée par la cuisse du chien noir. On commença la reconstruction du membre par le fémur, dout les extrémités, coupées en marche d'escalier, furent solidement liées en- semble. Le périoste fut suturé par-dessus les ligatures, puis on réunit les extrémités respectives des muscles quadriceps et grand adducteur par un surjet au catgut. La paroi postérieure du canal fémoral ayant été ainsi recon- stiluée, les vaisseaux furent anastomosés par la méthode habituelle, et Ja cireulation rétablie. Il était une heure de l'après-midi. L’arlère poplitée et l'artère saphène commencèrent à battre, la surface de section du membre transplanté se mit à saigner et la veine fémorale se remplit de sang noir. Les anastomoses étaient parfaitement étanches. On termina l'opération par la suture des nerfs sciatique et crural, de tous les muscles de la cuisse, de l’aponévrose et de la peau, sans drainage. Le membre fut immobilisé dans un appareil plâtré. Les 23, 24 et 25 avril, l'animal se maintint en bonnes conditions. La circu- lation du membre transplanté était très active et sa température plus élevée que celle du membre du côté opposé. Le 26 avril, l'animal paraissait malade. Où enleva le pansement et on trouva un phlegmon de la partie supérieure de Ja cuisse. Des incisions furent pratiquées dans le triangle de Scarpa et sur la 1036 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— cuisse transplantée, qui était très chaude. Une hémorragie de sang rouge se produisit au niveau des incisions de la cuisse transplantée. Pendant les jours suivants, la circulation du membre resta fort active. Le pied enfla légèrement. Le 30 avril, l’état général déclina rapidement. Le 17 mai, on découvrit près du bassin un volumineux abcès qui fut ouvert et drainé. On fit aussi une petite incision au niveau du pied et il se produisit une hémorragie de sang rouge. L'animal mourut de seplicémie, le 2 mai. L’autopsie montra que, malgré l'infection, les vaisseaux fémoraux étaient demeurés perméables. L’endothélium était lisse et brillant. Il n'existait au- cune sténose au niveau des anastomoses. Sur la veine, les points de suture étaient encore visibles. La place de l’anastomose artérielle n’était reconnais- sable qu'à la présence d’une dépression linéaire et circulaire de la surface endothéliale. La continuité des vaisseaux était donc rétablie de facon parfaite. La peau était réunie, de même que les muscles. Les extrémités osseuses étaient solidement maintenues par les ligatures. Les muscles de la partie supérieure de la cuisse étaient dissociés par un volumineux abcès. Cette expérience montre qu'on peut facilement rétablir la cireulalion dans un membre transplanté, et que les tissus d’une cuisse extirpée à un chien mort et privée de circulation pendant plus de trois heures, sont capables de se cicatriser aux tissus de son hôte. (From the Rockefeller Institute, New-York.) INFLUENCE DES PRINCIPALES VOIES D'ADMINISTRATION SUR LES DOSES MINIMA MORTELLES DE CONVALLAMARINE POUR LA GRENOUILLE, LE PIGEON ET LE LAPIN. | par E. MAUREL. La convallamarine a été donnée comparativement par la voie gastrique et la voie musculaire à la grenouille et au pigeon; et, en outre de ces deux voies, par la voie veineuse, au lapin. GRENOUILLE. — Voie gastrique. — Pour cette voie, les doses ont varié de O0 gr. 30 à 0 gr. 02 par kilogramme d'animal; et les résultals ont été les suivants : 1° Jusqu'à la dose de 0 gr. 20, l'animal a toujours succombé, et sou- vent dans moins de vingt-quatre heures. 2° La dose de 0 gr. 15 a donné des résultats variables, et presque le nombre égal de mort et de survie. 3° À partir de 0 gr. 12, au contraire, l'animal a toujours SUTVÉCU.. Voie musculaire. — Les doses ont varié de 0 gr. 05 à 0 gr. 003 par kilogramme, avec les résultats suivants : ‘ 1° Jusqu'à la dose de 0 gr. 015 l’annimal a toujours succombé, avec En +, Ne 4 RE a ne dde Cd Gén cou SÉANCE DU 8 JUIN 1037 les doses de 0 gr. 05, 0 gr. 04, 0 gr. 03 et Ü gr. 02, dans moins de douze _ heures et avec celles de 0 gr. 015 dans moins de vingt-quatre heures. 2° Les doses de O0 gr. O1 à O gr. 0075 ont donné des résultats variables. ; 3° À partir, de 0 gr. 005, l'animal a toujours résisté et souvent sans être trop impressionné. Conczusion. — Pour la grenouille, les doses sûrement mortelles sont done environ treize fois plus faibles par la voie musculaire que par la voie gastrique, et les doses de survie plus de vingt fois plus faibles. PIGEON. — Voie gastrique. — Les doses ont varié de 0 gr. 10 à O gr. OI par kilogramme d'animal avec les résultats suivants : 1° Les doses de 0 gr. 10 ont été suivies de mort dans moins de vingt- quatre heures. 2° Les doses de 0 gr. 05 et 0 gr. 04 ont donnée des résultats variables, mais avec des survies dépassant parfois vingt-quatre heures. 3° À partir de O0 gr. 03, l'animal a toujours survécu, et la dose de 0 gr. O1 n’a même pas provoqué de vomissement. Voie musculaire. — Les doses ont varié de 0 gr. 007 à 0 gr. 901 avec ces résultats : 1° Les doses de 0 gr. 007 et de 0 gr. 006 ont tué l'animal Gans moins de douze heures; et celles de O0 gr. 903 dans moins de vingt-quatre heures. 2° À partir de 0 gr. 002 l'animal a toujours survécu. Conc£usioN. — Pour le pigeon, en admettant que les doses sûrement mortelles par la voie gastrique puissent descendre jusqu'à O gr. 06, on arrive à cetle conclusion que, pour cet agent, la voie gastrique est vingt fois moins active que la voie musculaire; et il en est de même des doses sûres de survie. LAPIN. — Voie gastrique. — Pour cet animal, les doses ont pu être élevées de 0 gr. 04 par kilogramme jusqu’à 0 gr. 32; et cette forte dose n'a fait que diminuer sa vivacité. Il s'est remis à manger presque aussitôt. Voie hypodermique. — Les doses ont varié de 0 gr. 02 à 0 gr. 005 par kilogramme avec les résultats suivants : . 1° Jusqu'à la dose de 0 gr. O1 par kilogramme-l’animal à suecombé. 2 À partir de 0 gr. 0075, il a toujours résisté; et avec O gr. 605 il a paru fort peu impressionné. Voie veineuse. — Les doses ont varié de 0 gr. 005 à 0 gr. 001 par kilo- gramme avec ces résullats : - 4° Les doses de 0 gr. 005 et de 0 gr. 004 par kilogramme ont lué l'animal dans moins d’une heure. 2° Les doses de 0 gr. 003 semblent menacer son existence, mais il résiste. 3° Celles de 0 gr. 0015 et de O0 gr. 001 ne l’impressionnent que fort peu. 1038 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ConcLusIoNs. — Pour cet animal, la voie gastrique est plus de trente fois moins active que la voie hypodermique; et celle-ci environ deux fois moins active que la voie veineuse. 2 Si maintenant nous comparons ces trois animaux au point de vue des doses surement mortelles, nous trouvons : 4° Que pour la voie gastrique, c'est le pigeon qui i le plus sensible (0 gr. 06), que la grenouille vient ensuite (0 gr. 20), et que c'est Le lapin qui l’est le moins (+ 0 gr. 32). 2° Pour la voie hypodermique ou musculaire, c'est toujours le pigeon qui.est le plus sensible, avec 0 gr. 003; mais le lapin se place avant la grenouille, avec 0 gr. O1, cette dernière ne succombant qu'à la dose de 0 gr. 015. (Laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de Toulouse.) SUR L’EXCITATION PAR DÉCHARGES DE CONDENSATEURS. TROISIÈME NOTE, A PROPOS DES COMMUNICATIONS DE M. LAPICQUE, par J. CLUZET. Dans ma dernière note, j'ai montré que M. Lapicque n'a pas le droit de juger la formule de Weiss et ma formule d’après ce qu’elles donnent pour une durée d’excitation infinie, ces formules ayant été établies seu- lement pour des durées finies et la possibilité d’une excitation de durée infinie étant même discutable, sinon peu probable. Dé plus, j'ai montré que, si on l’applique à l'expérience cruciale de Hermann, ma formule sur les condensateurs donne des résultats pratiquement exacts. À cela M. Lapicque répond en donnant comme miennes une hypo- thèse et une opinion que j'ai admises avant 1905, mais que j'ai rejetées depuis en me rendant à l'évidence des faits. Comme M. Lapicque persiste à les accepter, ce sont bien, quoi qu’il en ait dit, son hypothèse et son opinion que je discute actuellement. De plus, j'ai indiqué (première note) pourquoi, après l'avoir admise, j'ai fait l'abandon de l'hypothèse b mesurable; or, M. Lapicque lient à bien établir, par des citations de ma thèse de physique, cet abandon que j'ai déjà reconnu spontanément. Dans sa dernière réponse, M. Lapicque commet ensuite une inexacti- tude matérielle quand il affirme que je trouve tout à coup capitale, après ses notes récentes, l'hypothèse de la période réfractaire au point d’en oublier ce que j'imprimai en 1905. J'avais déjà prévenu mon honorable contradicteur que mes idées se sont modifiées bien avant l'apparition 1 SEANCE nÙ S JUIN 1039 de ses notes et qu'il en trouvera la preuve dans mes publicalions posté- rieures à 14905 (1); son affirmation est donc inexplicable. M. Lapicque essaie plus loin, sans succès d’ailleurs, de me placer en désaccord avec Weiss. Comme il pourrait y avoir une certaine équivoque dans les termes qu'il a employés, il faut préciser : Weiss a reconnu que b n’est pas rigoureusement constant; de mon côté, je soutiens actuelle- ment que b ne représente pas exactement l'intensité du courant qui donne le seuil. Où donc est le désaccord? Quant à la période réfractaire je la considère bien, de même que Weiss, comme de nature hypothétique ; je l'ai dit explicitement dans ma dernière note, et comme un simple moyen d'essayer l'application de la loi de Weiss aux ondes longues. . Nous arrivons enfin aux trois nouveaux arguments de M. Lapicque et dans lesquels il n’a pas probablement grande confiance, puisqu'il doute lui-même a prior: de leur efficacité. Les deux premiers arguments, relatifs à la période latente et à la période réfractaire, ne répondent qu'à une question secondaire dans le débat actuel. Er effet, M. Lapicque a appliqué la loi de Weiss et ma formule à des durées infinies; j'ai dit qu'on n’a pas le droit de le faire, ces formules n'ayant été établies que pour des durées finies et relativement courtes. Voilà le point capital de la controverse. Ensuite, pour montrer que la possibilité même d'une durée d’excitation infinie est discutable, et qu'on pourrait peut-être appliquer plus convenablement mes formules, j'ai considéré les périodes latente et réfractaire. Mais c'est là une question secondaire; ce qui importe, et ce qui détruit les conclusions de M. Lapicque, c’est l’exis- tence d'une durée limite pour l'application légitime de la loi de Weiss, et non l'existence et la valeur d’une durée limite d’exitation. Quant au troisième argument, basé sur la considération d'un vase percé au fond, il est peut-être très ingénieux, mais il ne prouve rien en fait d’excitation des nerfs. Je termine quant à moi cette controverse (à moins que M. Lapicque ne fournisse quelque argument nouveau) par les conclusions sui- vantes : S … 1° De ce que le coefficient b de la formule de Weiss et de ma formule esl notablement plus petit que l'intensité du courant continu donnant le seuil, on ne peut pas conclure, comme l’a fait M. Lapicque, que ces formules sont insuffisamment exactes; on peut conclure seulement quelles ne s'appliquent pas à une durée d’action infinie (durée d’action qui paraît d'ailleurs absolument irréalisable, même avec le courant con- tinu illimité); 2° Il n'y a aucune raison valable pour rejeter la loi de Weiss; (1) Voir notamment Loi d'excitation des nerfs (Annales d’électrobiologie, août 1906). 1040 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° En appliquant convenablement ma formule sur les condensateurs, comme je l’ai fait pour l'expérience de Hermann, on obtient des résul- tats pratiquement exacts. M. Laprcque. — La seule chose nouvelle apportée par M. Cluzet, c’est qu'on trouverait dans ses publications postérieures à 1905 la preuve qu'il a changé d'opinion avant mes notes. Encore que l’histoire exacte des variations de M. Cluzet n'ait pas une grosse importance, je tiens à protester que je n'ai pas commis sur ce point une inexactitude matérielle ; j'ai lu, notamment, le mé- moire indiqué des Annales d’électrobiologie; même en cherchant les inten- tions, je n’ai trouvé que des formules ambiguës, dont aucune ne peut s'oppo- ser aux affirmations si claires que j'ai citées; s'il y avait une phrase décisive que j'aie laissé échapper, M. Cluzet ne manquerait pas maintenant de la citer à son tour. Dans ce mémoire, il est vrai, il est parlé de la période latente comme limite de l'excitation, mais c’est après le mémoire de Hermann, comme je l'ai dit, et même d’après ce mémoire, à telle enseigne que M. Cluzet em- ploie pour traiter cette limite la notation de Hermann et non celle de Weiss. Quant à mes nouveaux arguments, si j'ai douté de leur efficacité pour ou- vrir les yeux de M.Cluzet, l'événement me donne raison. Je doute même main- tenant qu'aucun argument soit capable d'arriver à ce résultat; il n’y a donc, en effet, qu'à clore la discussion; peui-être, avec le temps, au bout d’une pé- riode latente suffisante, M. Cluzet, de lui-même, renoncera-t-il à la position étrange qu'il a prise. | En attendant, puisque M. Cluzet résume l’état de la question à sa manière, il m'est bien permis de le résumer à la mienne. : - M. Weïss a renoncé à défendre sa formule. ï De ses (travaux il reste : 1° le rhéotome balistique, dispositif incomparable pour les temps extrêmement courts, à peu près indispensable pour ces études ; 2° des expériences fort exactes dont les chiffres peuvent toujours être utilisés ; 3° la découverle que la quantité est le facteur essentiel de l'excitation électrique. M. Cluzet maintient pour les condensateurs une formule déduite de la for- mule précédente, et appuyée essentiellement sur la partie vicieuse de celte formule. Il a ajouté à l'appareil de Weiss un dispositif relativement grossier qui est incapable de suivre le détail du phénomène ; il a fait, avec ce dispositif, pour vérifier sa formule, des expériences si insuffisantes qu'elles ne lui ont rien révélé et même qu’elles pourraient être invoquées aussi bien en faveur de la théorie opposée donnée par Hermann. Bien que sa formule concorde à peu près avec quelques expériences choi- sies, voici tout ce qui reste du travail de M. Cluzet : dans les décharges de condensateurs un peu longues, la fin est inutile pour lexcitation. SEANCE DU 8 JUIN 1041 ANÉMIES EXPÉRIMENTALES CONSÉCUTIVES AUX ULCÉRATIONS DU PYLORE DÉTERMINÉES PAR L'ACIDE CHLORHYDRIQUE, par LÉON TIxXIER. Nous avons eu l’occasion d'observer dans le service de M. le P' Ter- rier un malade assez anémié (2.995.000 globules rouges) à la suite de l'ingestion d'un acide avant déterminé une sténose du pylore. Il n'avait été constaté ni hématémèes, ni mélæna depuis l'accident, remontant à deux mois et demi. Dans le but de préciser les relations qui semblent exister, en dehors de toute déperdition sanguine par hémorragie, entre les perturbations des fonctions digestives et les états anémiques, nous avons déterminé après gastrostomie chez une série de lapins des ulcé- ralions circulaires du pylore au moyen de l’acide chlorhydrique. Nous pratiquions du vivant des animaux des examens de sang assez rappro- chés les uns des autres et l'examen anatomo-pathologique du tractus gastro-intestinal et des organes hématopoïétiques chez ceux qui succombaient. Sur 15 lapins opérés par nous dans des conditions en apparence identiques: 1° Trois moururent de huit à quinze jours après la gastrostomie ; nous constations pendant ce laps de temps un degré d’anémie plus ou moins marqué (2.720.000 globules rouges, chiffre le plus bas); 2° Six survécurent après avoir présenté une déglobulisation plus ou moins accentuée (1.495.000, chiffre le plus bas) pendant un temps variable pour chacun d’eux (de quelques jours à six mois); 3° L’un des animaux, après cinq mois de survie, pendant lesquels le nombre des hématies demeura toujours très inférieur à la normale, suc- comba après avoir présenté des symptômes médullaires analogues à ceux observés au cours de l'évolution de certaines anémies graves (paralysie du train postérieur, troubles trophiques divers); 4° Cinq sutcombèrent moius de quarante-huit heures après l’opération, avant que nous ayons pu pratiquer des examens du sang; ils présentaient - une dilatation très importante de l'estomac et un œdème considérable de la région pylorique. Chez les animaux dont la mort survint environ quinze jours après l'ulcération expérimentale du pylore (1 catégorie d'expériences), il n'existait aucune trace d’hémorragie ; nous trouviors, à l’autopsie, des lésions de nécrose de la muqueuse stomacale d'autant plus marquées et des réactions des organes hématopoïétiques d’autant plus massives que le degré de l’anémie avait été plus accentué du vivant des animaux. Les modifications de la rate et de la moelle osseuse étaient surtout intéressantes à considérer. L'accentuation considérable des phénomènes 1042 SOCIETÉ DE BIOLOGIE de macrophagie au niveau de la rate, principal organe destrucleur des hématies altérées, témoignail d’une destruction globulaire exagérée ; Ia moelle osseuse, principal organe au niveau duquel sont normalement élaborés les globules rouges, présentait une prolifération très active de ses éléments normaux (hématies nucléées, leucocytes à granulations amphophiles). L'hyperactivité fonctionnelle de cet organe, pour réparer le déficit en hématies du sang circulant, était telle que la plupart des normoblastes perdaient leur noyau avant que le protoplasme ne fût. arrivé à maturité; aussi le nombre des globules rouges anucléés incomplètement évolués, teintés par l’éosine, était-il beaucoup plus considérable que celui des globules rouges complètement évolués . teintés par l'orange (coupes colorées suivant la méthode de Dominici : eosine-orange, bleu polychrome de Unna). Ces faits expérimentaux meltent en évidence que les ulcérations du pylore déterminées chez le lapin sont suivies d’une destruction impor- tante des hématies, indépendante de toute déperdition du sang par hémorragie. L'hypoglobulie importante du vivant des animaux, l’accen- tuation des phénomènes de macrophagie au niveau de la rate et l'hyper- activité fonctionnelle de la moelle osseuse constatés après la mort en sont autant de preuves indéniables. Ils nous montrent les relations étroites qui existent dans certains cas entre les perturbations des fonc- tions digestives et les états anémiques. lis nous permettront de préciser dans une série de notes ultérieures le mécanisme pathogénique des anémies de cette nature. (Travail du laboratoire de M. le D' Sabouraud à l'hôpital Saint-Louis.) LES ÉLÉMENTS CELLULAIRES DANS LE LIQUIPE CÉPHALO-RACHIDIEN APRÈS LA MORT, - par MAURICE ViLLARET et LÉON TIxIER. Si l'on pratique une ponction lombaire après la mort chez un sujet que l’on soupçonnait atteint de manifestations méningées, nous pensons que le fait de retirer un liquide légèrement trouble, fortement albumi- neux et contenant de nombreux éléments cellulaires n’est pas suffisant pour attester l’existence d’un processus méningé antérieur. Chez des malades qui présentaient, quelques jours ou quelques heures avant la mort, une formule leucocytaire donnée du liquide céphalo- rachidien (mononucléose, lymphocytose ou polynucléose), nous avons vu que le rapport des différentes formes cellulaires entre elles n'était plus le même lorsque le liquide céphalo-rachidien était examiné au SÉANCE DU 8 JUIN 1043 moment de l’autopsie. Il existait même parfois des différences assez notables à cet égard entre le liquide recueilli au niveau du cul-de-sac rathidien et celui prélevé au niveau des ventricules latéraux. - Ce qui modifie surtout la réaction cellulaire en lui donnant un aspect un peu particulier, c’est la présence de nombreuses cellules épithéliales. de revêtement appartenant aux plexus choroïdes. Ces éléments cellu- laires sont faciles à reconnaître; ils présentent d’ailleurs des altérations diverses, suivant le degré de décomposition cadavérique. Si cette variété de cellules était rencontrée à l’exclusion de toute autre dans le culot de centrifugation du liquide céphalo-rachidien post mortem, il serait facile, en les numérant à part, d’obtenir des renseigne- ments rétrospectifs suffisamment précis sur la formule cytologique du … vivant des malades. Il n’en est malheureusement pas toujours ainsi. …— Chez tel malade, dont le liquide céphalo-rachidien contenait avant la - mort presque uniquement des lymphocytes, nous trouvions, après la - mort, une quantité considérable de cellules endothéliales, de mononu- cléaires et de lymphocytes; chez tel autre, dont le liquide céphalo-rachi- dien était, quelques heures avant la mort, presque dépourvu d'éléments cellulaires, nous constations posé mortem d'assez nombreuses cellules. (mononucléaires et cellules endothéliales) à l'examen du culot de cen- trifugation. Il s'agit évidemment là d’une desquamation des cellules endothéliales des plexus choroïdes et des leucocytes épars ou agglomérés au niveaw des méninges directement en contact avec le liquide céphalo-rachidien. … Nous poursuivons actuellement des recherches sur le moment d’appa- .rition et la durée de cette desquamation. adoré de dt, Coin afile-H ii te Dit é ME Aa Cents UD 2 ans à 3 di nn ns ai & ; SUR LA TENEUR EN BILIRUBINE DU SÉRUM SANGUIN DANS LA COLIQUE DE PLOMB, par À. GILBERT et M. HERSCHER. . Nous avons pratiqué l'examen cholémimétrique chez cinq malades. atteints de colique de plomb et nous avons obtenu les résultats - suivants : Ogs. I. 3, Lasèvue, — Les urines renferment de l’urobiline, mais pas de pigments biliaires. La peau de la face est légèrement jaune. Le sang contient 4 gramme de bilirubine pour 5.000 centimètres cubes de sérum, soit 0 gr. 2 par litre. Ogs. IL. 2, Lasècue. — En pleine crise, le malade, dont le teint est subicté- rique, a des vomissements porracés, renfermant en abondance des pigments biliaires, mais pas d’urobiline; son urine contient de l’urobiline, mais on n’y JF T" 4044 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trouve pas de pigments biliaires. L'examen cholémimétrique donne 1 gramme de bilirubine pour 5.500 centimètres cubes de sérum, soit 0 gr: 1818 par litre. Le lendemain, survient une selle formée de matières vertes, contenant. des pigments biliaires, de l’urobiline et du chromogène. Deux jours. HS la crise étant passée, le malade veut quitter l'hôpital; dans le sang, il n’y a plus que 1 gramme de bilirubine pour 11.400 centimètres cubes de sérum, soit 0 gr. 0877 par litre. Ogs. IIL. 1, Lasègue. — Au cours de la colique, le AE émet des vomis- sements He riches en pigments biliaires, mais ne renfermant pas d’urobi- line, ni de chromogène. Dans l'urine, au contraire, la bilirubine manque et est remplacée par de l’urobiline et une grande quantité de chromogène. Le sang contient 4 gramme de bilirubine pour 13.300 centimètres cubes de sérum, soit 0 gr. 0751 par litre. Le lendemain, la constipation cesse et, dans les selles, qui sont très vertes, on corstate des‘pigments biliaires très abondants, de l’urobiline et du chro- mogène de l’urobiline. Cinq jours plus tard, le malade quitte l'hôpital; la cholémie n’est plus, à ce moment, que de { gramme de bilirubine pour 20.000 centimètres cubes 0 sérum, soit 0 gr. 05 par litre. O8s. IV. 2, Lasègue. — La cholémimétrie donne 1 gramme de bilirubine pour 20.000 centimètres cubes de sérum, soit 0 gr. 05 par litre. Ogs. V. 2, Lasègue. — Pendant la crise de colique, le saug contient 1 gramme de bilirubine pour 20.000 centimètres cubes de sérum, soit 0 gr. 05 par litre; quatre jours après la crise, il n'en renferme plus que 4 gramme pour 40.000 centimètres cubes de sérum, soit 0 gr. 025. { 4 = La cholémie, dans les observations ci-dessus, oscille donc dans des limites assez larges : 1/5.000 et 1/20.000. La moyenne ‘entre les divers. ; chiffres obtenus : 1/8.976, soit en chiffres ronds, 1/9.000 (0 gr. 1.111 de bilirubine par litre de sérum), ne saurait avoir une valeur absolue, étant. donné le petit nombre de faits que nous avons observés; mais elle semble montrer que l’ictère de la colique de plomb occupe une place assez élevée dans l'échelle des ictères que nous avons nommés acholu- riques avec oligurie. En effet, la cholémie est alors plus de 1 fois et demie (exactement 1 fois 66) supérieure à celle de la pneumonie qui atteint en moyenne le chiffre de 1/15.000 (0 gr. 0666 de bilirubine par litre de SéTUM). Comme dans cette affection, d’ailleurs, la résorption biliaire chservée au cours de la colique de plomb résulte d’une polycholie assez marquée: Pendant la crise, les malades ont des vomissements bilieux et, lorsque la constipation est vaincue, leurs selles renferment tellement de bile que, contrairement à l’état normal, la totalité des pigments biliaires n’a pu être transformée en urobiline ou en chromogène dans l'intestin et une partie se retrouve non modifiée dans les fèces. Par conséquent, non seulement les voies biliaires sont perméables, mais même elles semblent traversées par une quantité surabondante de bile, et seule une « d érdutts a ES OPA WT ET Per d'air. ee SÉANCE DU 8 JUIN. 1045 sécrétion exagérée de celle-ci peut rendre compte de l’adjonction de la cholémie aux flux bilieux. Lorsque la crise cesse, la polycholie enter en même temps que les vomissements bilieux disparaissent, que la bile, pénétrant en quan- tité normale dans l'intestin, est totalement transformée en urobiline ou en chromogène avant d'être évacuée par les fèces, la cholémie diminue, _ avec une certaine lenteur, toutefois; nous ne l’avons en.effet vue revenir au taux physiologique que dans un seul cas. Dans d’autres observa- tions, elle avait seulement diminué et persistait encore assez accusée quand les malades avaient voulu quitter l'hôpital. S’agisait-il seulement d'une élimination encore insuffisante de la bile sécrétée en excès et accumulée dans le sang les jours précédents? Ou bien le foie, peut-être dans un but de défense contre le toxique, continuait-il à hyper- sécréter, quoique qu’à un moindre degré? Un examen plus prolongé des malades permettrait sans doute de trancher ces questions. Toujours est-il que nos examens cholémimétriques permettent, joints à l'observation clinique, de préciser l'existence, au cours de la colique de plomb, d'une polycholie accusée contrastant avec l’atrophie au moins apparente du foie. SENSIBILISATRICE SPÉCIFIQUE DANS LE SÉRUM DES ANIMAUX IMMUNISÉS CONTRE LE Micrococcus melilensis ET DANS LE SÉRUM DES MALADES ATTEINTS DE FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE, par A. SICRE. Malgré les résultals satisfaisants de la séro-réaclion obtenus dans la fièvre de Malte par divers auteurs (Wright, C. Nicolle), malgré l'authen- ticité à peu près certaine des divers échantillons de Micrococcus meli- tensis isolés par ponction de la rate chez les malades atteints de fièvre méditerranéenne, j'ai cherché, pour mieux affermir l'individualité de cette maladie et en compléter l'étude, la présence des anticorps spé- cifiques dans le sérum des animaux vaccinés avec le Micrococcus meli- tensis et dans le sérum des malades. J'ai employé pour ces recherches la technique décrite par M. Bordet sous le nom de réaction de fixation. Un sérum d'âne, deux sérums de lapin immunisés contre le Wicro- coccus melitensis, neuf sérums de malades prélevés au début, à la période d'état ou au déclin de la fièvre méditerranéenne, ont été soumis aux épreuves de la réaction de fixation. Ces sérums, chauffés à 56 degrés pendant trente minutes, pour détruire l’alexine, étaient mis en contact, à la dose de neuf ou dix-huit gouttes, avec deux ou quatre gouttes de sérum alexique frais de cobaye et cinq à 1046 .___ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE z dix gouttes d’émulsion bien homogène de Micrococcus melitensis — culture sur gélose âgée de quatre jours, délayée dans solution physiolo- gique de NaCI. Après cinq heures de contact à la température ordinaire, le Hélinse sérum à expérimenter, microbes et alexine, était sdditiqune de deux à quatre gouttes, suivant le cas, du mélange suivant : une partie, globules rouges de lapin ; deux parties, sérum hémolytique de cobaye chauffé au préalable à 56 degrés pendant trente minutes. (Ce dernier obtenu par injections répétées à des cobayes de sang défibriné de lapins.) Les recherches ont été faites avec six échantillons de Micrococcus melitensis d'origines diverses : Quatre échantillons de Malte (Bruce et Shaw); Un échantillon de Kral; Un échantillon de Tunis (C. Nicolle). Des sérums normaux de lapin et de cheval, de pneumonique, de typhoïdique et de dysentérique, du bacille d’Eberth, du bacille paraty- phique À ont servi de lémoins. La réaction de fixation a été considérée comme positive chaque fois que les globules rouges formaient un agglulinat compact avec intégrité microscopique de leur forme et clarification absolue du liquide séreux sus-jacent. Elle a été jugée négative, quand il y avait hémolyse com- plète des globules vérifiée au microscope. De ces recherches ainsi faites, il résulte que : 1° Le sérum des animaux vaccinés avec un des types connus de Micrococcus melitensis contient une substance sensibilisatrice spécifique qui se fixe sur le microbe qui a été ulilisé par l’immunisation aussi bien que sur les microbes du même lype, mais d'origines diverses. 2° Le sérum des malades atteints de fièvre méditerranéenne contient également une substance sensibilisatrice spécifique vis-à-vis du micro- coccus infectant et des microbes analogues d’origines différentes. 3° Cette substance sensibilisatrice existe à la période d'état, au déclin de la maladie et au début de la convalescence ; 4 Elle parait être indépendante du pouvoir agglutinant. Les sérums prélevés depuis plusieurs années la possèdent au même titre que les sérums récents, même quand ils ont subi une baisse énorme de leurs propriétés agglutinantes. Ces fails concordent avec les résultats obtenus dans la fièvre typhoïde par MM. Bordet, Widal et Le Sourd et par M. Ch. Dopter dans la dysen- terie bacillaire. (Laboratoire de Bactériologie de l'hôpital militaire de Tunis.) à Ki + Le "] 4 F2 æ: + è NP TE He 4 tie "té. PA PRE SR TT OU Te PEUT: LES SÉANCE DU 8 JUIN 1047 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DE LA GROSSESSE NORMALE. ÉVOLUTION PLASMODIALE DES CELLULES EXTRAPLACENTAIRES DE LANGHANS, par L. NATTAN-LARRIER et A. BRINDEAU. Lorsqu'on examine les couches musculaires sous-déciduales d’un utérus gravide de trois mois, on distingue dans l'intervalle des fibres et des faisceaux musculaires un nombre considérable de cellules plasmo- diales aisément reconnaissables à leur forme et à leurs réactions histo- chimiques. Ces éléments résultent-ils d’un envahissement direct de la caduque et du muscle par le plasmode des villosités? _ Les rapports de l'ectoderme villositaire et des tissus maternels doivent être étudiés à deux périodes : avant que ne se constitue l’adhé- rence normale des villosités à la caduque sérotine et au moment où ce processus s'effectue. A. — Au début de la formation du placenta, de volumineux bour- geons plasmodiaux viennent s'appuyer à la surface de la caduque, s’enclavent dans les formations fibrineuses superficielles, s'insinuent daus le goulot des glandes et pénètrent même dans les cavités vascu- laires ; jamais nous n'avons vu ces bourgeons se frayer un chemin dans les interstices qui séparent les cellules déciduales. Au contraire, les cellules de Langhans viennent manifestement s’essaimer entre les cellules de la caduque, dont elles se distinguent par leurs moindres dimensions, leur protoplasma plus granuleux, leur noyau plus petit et plus riche en chro- matine. Les cellules de Langhans poursuivent-elles plus loin leur marche envabhissante? Faute d'avoir examiné des muscles utérins correspondant au début même de la grossesse, nous ne saurions répondre encore à cette question. Toutefois, on peut établir que, du deuxième au lroisième mois, les cellules de Langhans intradéciduales subissent une véritable trans- formation plasmodiale ; bientôt elles ne sont plus représentées que par de grosses cellules arrondies, ou par des traînées de cellules sinueuses, inlercalées entre les cellules déciduales vraies. Isolés ou groupés, ces éléments, de dimensions modérées d’ailleurs, s’identifient facilement par leurs réactions histochimiques avec les cellules plasmodiales. B. — Lorsque, ultérieurement, l’adhérence du placenta se produit, on voit les villosités qui abordent la caduque présenter une évolution caractéristique. La membrane limitante conjonctive sous-ectodermique devient plus nette, les cellules de Langhans se multiplient et forment d’épaisses assises de cellules polygonales qui abordent la couche fibri- neuse de la caduque. Quant au revêtement plasmodial de la villosité, il s’est morcelé sous la poussée des cellules de Langhans et il ne revêt plus que les bords du massif qu'elles forment sans s’interposer jamais entre elles et la caduque. Ces bandes plasmodiales ne sont douées Biozoaïe. Comptes RENDUS. — 1907. T. L.XII. 12 1048 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'aucune activité proliférative et ne s’insinuent pas dans l'épaisseur même de la membrane déciduale. Si, dans l'épaisseur des couches langhansiennes, on distingue. çà et là, des cellules, plus volumineuses ou plus irrégulières, présentant toutes les réactions des cellules plasmo- diales, on constate du moins qu'aucune d’entre elles n’émigre dans la caduque. Les cellules de Langhans, au contraire, ne forment pas seulement une soudure entre la caduque et les villosités, elles se glissent en fusées à travers la couche fibrineuse superficielle de la caduque et s’insinuent dans l'intervalle des volumineuses cellules déciduales qui dégénèrent à leur contact. Peu à peu, le protoplasma de ces cellules de Langhans ectopiées devient plus homogène et plus réfringent, leurs noyaux se multiplient tout en conservant leur aspect primilif, et leur volume augmente, tandis que leur forme reste ovoïde. Ces éléments qui forment une transition entre la cellule de Langhans et la cellule plasmodiale se rencontrent encore dans les couches musculaires superficielles de l'utérus; mais bientôt la cellule, devenue géante, prend une forme polygonale et anguleuse, son protoplasma acquiert une réaction légère- ment basophile, son noyau, très foncé et très rétracté, ne laisse plus distinguer son réseau chromatinien: à la cellule de Langhans s'est subslituée la cellule plasmodiale. Ces faits démontrent définitivement l'origine des cellules géantes intermusculaires de l'utérus gravide : ce sont des éléments migrateurs dérivés de l’ectoderme villositaire. On voit ainsi, une fois de plus, que la cellule plasmodiale dérive de la cellule de Langhans, quel que soit le point où on l’observe, villosité, tissu décidual, ou couche musculaire; la cellule plasmodiale, cellule adulte, inapte à se multiplier, est le terme ullime de l'évolution de la cellule de Langhans, cellule jeune, en pleine activité multiplicatrice. MALADIE DE BASEDOW, NERVOSISME, HYPERTHYROÏDIE. RÉPONSE À M. GLEY, par Léoporn-Lévi et H. DE ROTASCHILD. Nous désirons répondre aux critiques de M. Gley, tout au moins à celles qui ont été précisées. . Nous avons dit que la maladie de Basedow a pu être reproduite par l'injection de doses fortes et répétées de suc thyroïdien. — Nous nous appuyons sur les recherches de MM. Ballet et Enriquez (Congrès de Bordeaux, 1895). A la suite d’ingestion, et surtout d'’injections de thy- roïdine, ils ont signalé, chez les chiens, de l'élévation de température, it stat En SEANCE DU S JUIN - 1049 une fréquence plus grande des battements du cœur, l'éclat particulier de l'œil, de l’amaigrissement rapide, de la diarrhée. Nous faisons fond sur les expériences de Hünnicke (1) (Congrès de Munich, 1906). Par des essais prolongés pendant des mois, chez le lapin, il a produit une exophlalmie très prononcée (rech{ hochgradig) qui, dans un cas, a persisté quatre jours après la suspension de la thyroïdine. Nous tenons compte surtout des résultats observés dans l'espèce humaine. M. Béclère a vu, chez une myxæœdémateuse, ayant absorbé 72 grammes de glande thyroïde dans une semaine, survenir de la tachychardie, du trem- blement passager, de l’exophtalmie avec éclat du regard, de l'élévation de température, de la sudation exagérée, de l'agitation, etc. Pour lui, « le syndrome de Basedow traduit en clinique l’exagération de la fonction thyroïdienne, comme le syndrome myxædémateux en traduit l'insuffisance ». Notthaft (cité par Jacob (2) au Congrès de Munich) signale que, dans un cas d’obésité, l’ingestion de thyroïdine a reproduit tous les symptômes de Basedow, y compris le goitre; et ces symp- tômes, le goitre et l’exophtalmie, n'ont disparu, malgré la suspension du traitement, qu'au cours d'une année. « On ne peut donc douter, dit l’auteur, que la thyroïdine normale ne soit la cause du Basedow ». Cavazzani (Pédiatrie pratique, 1% juin 1907) vient encore de publier un cas comparable (3). Acceptant ainsi que le syndrome de Basedow peut être dû à l'hyper- thyroïdie et ayant montré que la thyroïdine est capable de déterminer un grand nombre de troubles nerveux, nous n’en avons pas conclu que la maladie de Basedow et le nervosisme sont dus à l’hyperthyroïdie, mais seulement certains cas de nervosisme et de Basedow, ceux préci- sément qui répondent à une origine hyperthyroïdienne. Nous avons dit que les émotions produisent la maladie de Basedow, d’une part, le nervosisme, d'autre part. Elles agissent, dans les deux cas, par l'intermédiaire du corps thyroïde. — Nous n'insistons pas sur la première phrase. En ce qui concerne la maladie de Basedow, c'est la doctrine classique appuyée sur le cas de Trousseau, qui rappelle Stokes et Graves, sur le cas de M. DIeUAT etc. D'autre part, que le -nervo- . sisme soit souvent émotionnel, il n'y a pas lieu de nous étendre sur ce point. S'il est vrai alors que la maladie de Basedow peut être due à une hyperthyroïdisation forte, et le nervosisme à une hyperthyroïdisation plus légère, l'intervention du corps thyroïde nous paraît s'en déduire tout naturellement. M. Béclère était allé plus loin, à propos de son cas ;. (1) Hünnicke. 23° Congrès de médecine interne à à Munich, 1896, p. 108. (2) Jacob. Mème congrès, p. 120. (3) Malgré ces résultats, importants surtout dans l'espèce humaine, nous me considérons pas la question comme définitivement tranchée et avons entrepris des expériences d'hyperthyroïdisation sur le singe. 1050 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ear il admettait que « le suc thyroïdien, ingéré à hautes doses, ou, ce qui revient au même, sécrété en excès, est capable de réveiller ou de faire apparaître l'hyslérie ». M. Renaut (Congrès de Bordeaux, 1895) a de même soutenu qu'entre autres mécanismes, une action de choc met la glande thyroïde en hyperactivité. Pour ce qui est de l'instabilité nerveuse par concentration Tinnie le de l’ion-calcium dans le système nerveux, nous renvoyons à Sabba- tani (1): « Tout réaelit précipitant du calcium provoque dans les centres nerveux des manifestations d’excitation générale qui dépendent préci- sément d’une soustraction de Ca-ion ». « L'augmentation de la con- centration du Ca-ion est toujours accompagnée de phénomènes de dépression. » Pour terminer, nous ferons remarquer que l’opothérapie thyroïdienne, appliquée à des sujets atteints d'hypo, d'hyper, de dysthyroïdie, permet de réaliser, au profit des malades, une véritable physiopathologie humaine, dont les conclusions sont légitimes, car la suspension, puis-la reprise du traitement fait la contre-épreuve et la vérification. Elle est, d'autre part, précieuse, car elle tient compte du système nerveux, à réactions si délicates, de l'espèce humaine. Elle fait apparaître ou laisse interpréter des syndromes dont l'intégralité (Gley) est difficile à obtenir chez les animaux, qu'il s'agisse de myxœdème ou de goitre exoph- talmique. L’expérimentation animale arrivera-t-elle à réaliser un cas analogue à celui de M. Acchioté (2)? A la suile d'applications de rayons X, une même malade a été atteinte de myxœdème, d'état neu- rasthénique, de rhumatisme chronique déformant, le tout ayant cédé ultérieurement au traitement thyroïdien. SUR LES CONDITIONS DANS LESQUELLES LA MUQUEUSE INTESTINALE EST PERMÉABLE AUX POUSSIÈRES INERTES ET AUX MICROBRES, par A. CALMETTE. Dans leur note sur ce même sujet présentée à la Société de Biologie à la séance du 18 mai dernier, MM. J. Basset et H. Carré renouvellent leur affirmation que la muqueuse normale de l'intestin oppose une barrière infranchissable aux particules inertes et aux microbes, hôtes habituels ou accidentels du tube digestif. Ils ajoutent même qu'en ce qui concerne les particules inertes, ces résultats, qu'ils partagent (1) Sabbatani. Fonction biologique du calcium, 3° partie. Archives italiennes de Biologie, 1905, p. 380 et 362. (2) Acchioté. Rhumatisme chronique et insuffisance thyroïdienne. Revue neurol., X° année, n° 40, 30 mai 1907. SÉANCE DU 8 JUIN 1051 d'ailleurs avec Mironesco et Remlinger, furent pleinement confirmés par la Commission de l'Anthracose. Il m'est impossible de ne pas protester contre cette dernière phrase, puisque la Commission de l'Anthracose a, au contraire, établi et mentionné dans son rapport que, chez tous les animaux soumis à l’ingestion répétée d'encre de Chine mélangée à la pulpe de carotles, des particules de charbon furent constatées dans les ganglions mésentériques et que, dans un cas même (cobaye, neuf jours d’ingestion), il fut possible de voir à l'intérieur des villosités, dans les grandes cellules lymphatiques mononucléaires, des granulations et des particules de charbon incon- testables. La Commission, tout en réservant la question de l’Anthracose pul- monaire, a donc conclu au passage des poussières inertes à travers lintestin, dans le cas d’ingestion répétée. Il est incontestable, d’après les expériences de Vansteenberghe et Grysez, dont j'ai contrôlé l'exactitude, que, dans certains cas et avec certaines encres de Chine, une seule ingestion de celles-ci suffit à produire une anthracose très manifeste des ganglions mésentériques. Dans d’autres circonstances, plusieurs ingestions successives sont indispensables ; Vansteenberghe et Grysez l'avaient d'ailleurs constaté dès 1905; Küss et Lobstein l'ont vérifié depuis. Il ne s’agit donc pas de savoir si les poussières inertes peuvent pénétrer à travers la muqueuse digestive jusqu'aux ganglions mésentériques (ce qui est définitivement acquis), mais de rechercher si cette pénétration s'effectue à travers la muqueuse saine ou seulement à la faveur de lésions même minimes de l’épithélium intestinal. _Je me borne pour le moment à signaler quelques faits qui sont de nature à nous éclairer sur ce sujet : Lorsqu'on fait ingérer aux cobayes de l'encre de Chine mélangée à la pulpe de carottes sans leur donner d’autres aliments, ils sont bientôt pris de diarrhée et succombent au bout de quelques jours. On les con- serve, au contraire, en parfait état de santé si l’on prend soin de leur donner en même temps du pain ou un peu de fourrage sec. Ce n'est donc pas l'encre de Chine qui les rend malades, mais bien l’alimenta- tion exclusive à la pulpe de carottes. L'intestin des cobayes, ainsi traités pendant six à douze jours, parait absolument indemne sur les coupes. Les villosités renferment des granulations noires macrophagées et, dans tous les cas, les ganglions mésentériques présentent de l’anthracose. L'encre de Chine qu'on trouve dans le commerce à l’état liquide (marque Bourgeois) ne convient pas pour ces expériences. IL faut se servir d’une encre de Chine en gros bâtons, de bonne qualité, qu'on … fait dissoudre par macération prolongée à l’eau tiède et qu’on passe, - après broyage au mortier, à travers un linge de mousseline. 1052 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Lorsqu'on fait ingérer aux cobayes de petites doses d’émétlique (0 gr. 05) ou d'huile de croton (1 goutte) vingt-quatre heures avant le premier repas anthracogène, on ne réussit pas à provoquer une absorption plus intense ni plus rapide de l'encre de Chine. Cette absorption paraît, au contraire, retardée. Il semble donc que l'irritation de la muqueuse digestive est plutôt défavorable à la pénétration des particules inertes à {ravers l'intestin. En ce qui concerne les microbes, dans leur note du 18 mai, MM. J. Basset et H. Carré écrivent qu’ «il est hors de conteste que des microbes du tube digestif peuvent envahir l'organisme et qu’il devient nécessaire de reprendre les expériences déjà faites (Wurtz, Béco, etc...) et d'en réaliser de nouvelles, pour préciser les conditions de ce passage ». Ils avaient pourtant affirmé antérieurement que la muqueuse intes- tinale normale ne se laisse pas traverser par les microbes (1), el que les pneumoconioses, en particulier, ne sont jamais d'origine digestive (2). Depuis plus d'une année, j'ai fait en collaboration avec mes élèves Vansteenberghe, Breton, Sonneville et Georges Petit de très nombreuses expériences sur ce sujet. J'ai pu m'assurer que, chez le lapin comme chez le cobaye sains, l'intestin grêle et aussi le gros intestin sont per- méables à un grand nombre d'espèces microbiennes autres que celles qui préexistent normalement dans l'intestin de ces animaux. Il suffit, pour s’en convaincre, d’administrer ces microbes en émulsion finement divisée et en qualité convenable, soit mélangés aux aliments, soit par la voie rectale. En sacrifiant certains de ces animaux quelques heures après et en introduisant dans des milieux de culture liquides des fragments de leurs ganglions mésentériques, on en obtient le plus souvent des cultures pures. En pratiquant aux autres des saignées aseptiques à différents intervalles après le repas infectant et en ensemençant plusieurs centi- mètres cubes de sang dans les mêmes milieux liquides, on obtient aussi très souvent d’abondantes cultures du microbe absorbé. Par contre, si l’on fait ingérer aux animaux des cultures de microbes (colibacille, staphylocoque) isolés de leurs propres déjections, on ne retrouve pas ces microbes dans le sang. Le sérum de ces mêmes animaux se montre très nettement bactéricide in vitro à l'égard des microbes dont il s'agit, tandis qu'il ne possède aucun pouvoir bactéricide vis-à-vis de microbes d’autres organes. C'esl ainsi qu'un sérum de lapin très bacléricide pour un staphylocoque blanc isolé de l'intestin du même lapin est inactif sur un staphylocoque doré d’origine humaine. Il faut donc admettre : 1° Que l'intestin normal est perméable à beaucoup d'espèces miero- (1) Société de Biologie, 16 février 1907. (2) Société de Biologie, 26 janvier 1907. SÉANCE DU 8 JUIN 1053 biennes (ce que beaucoup d’auteurs, entre autres récemment Hugo Selter, ont confirmé) (1); 2° Que le sérum normal des animaux sains possède des propriétés nettement bactéricides à l'égard des microbes hôtes normaux de l'intestin de ces mêmes animaux, c'est pourquoi ces microbes ne se retrouvent généralement pas dans la circulation lymphatique ou sanguine au delà des ganglions mésentériques; 3° Que les espèces microbiennes pathogènes qui traversent l'intestin sont susceptibles d'infecter l’organisme lorsque les moyens de défense (actions bactéricides et phagocytaires) de ce dernier sont impuissants à le protéger efficacement. : ({nstitut Pasteur de Lille.) COMMENT EMPÊCHER L'ANAPHYLAXIE ? par A. BESREDKA. Plusieurs procédés ont été décrils (2) pour vacciner les cobayes contre les phénomènes d’anaphylaxie ; tous sont basés sur l'emploi du sérum de cheval, qui parait agir d'une facon spécifique sur la sensibilisine. Les essais dirigés contre la substance toxique du sérum, pour empêcher l'anaphylaxie, n’ont pas abouti jusqu à présent. Rosenau et Anderson ont cherché à faire perdre au sérum sa toxicité par des produits chimi- ques, par les rayons X, la filtration sur porcelaine, le chauffage à 60 degrés, mais sans succès. Seul le chauffage de sérum à 100 degrés pendant quinze minutes à pu, dans leurs expériences, détruire la subs- tance toxique du sérum. Nous avons essayé, conseillé par M. Roux, dans le même but, le liquide de Gram, la précipilation par l’eau distillée, l'extraction par l’éther, le contact prolongé avec du charbon animal, sans obtenir aucun résultat. | On peut cependant empêcher ou tout au moins atténuer les accidents d'anaphylaxie : A) en chauffant le sérum, ou B) en agissant directement sur l'animal au moyen d'éther ou de chlorure de calcium. À. — En disant que la toxicité du sérum disparaît à 100 degrés, Rose- nau et Anderson n’ont pas précisé s’ils avaient opéré sur du sérum coagulé ou non. Ce point n’est pas cependant sans importance : si l'on pouvait modilier la toxicité d’un sérum sans le coaguler, cela indique- (1) Zeitschrift für Hygiene, 1906, Band LIV, p. 376. (2) Annales de l'Institut Pasteur, février et mai 1907. 1054 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rait que la toxine en question est thermolabile, et il y aurait des chances qu'elle se laissàt atténuer à une température inférieure à 100 degrés. L'expérience nous a montré que le sérum de cheval additionné de trois volumes d’eau distillée, chauffé à 100 degrés pendant vingt minutes, puis ramené par évaporation à son volume primitif, perd en effet tout son pouvoir toxique ; elle a montré, en plus, qu’en faisant varier la température entre 60 et 100 degrés, ainsi que la durée de chauffage, on obtient une échelle de sérums de toxicité décroissante et très faciles à doser par l'épreuve intracérébrale (1). Nulle à 100 et même à 95 degrés, la toxicité est à peine appréciable après le chauffage à 85 degrés (20 minutes) ; elle est un peu plus pro- noncée à 16°5 (20 minutes) ; à 60 degrés la toxicité du sérum est très considérable, mais on peut la faire baisser de 4 à 5 fois environ, par comparaison avec le sérum normal, en chauffant pendant une heure, cinq jours de suite. Même à 55-56 degrés, le chauffage répété (4 fois: atténue sensiblement la substance toxique du sérum. Celle-ei est donc thermolabile et se rapproche à cet égard de certaines toxines d'origine microbienne. On peut donc se demander si, à l'exemple de ces dernières, la toxine du sérum ne serait pas capable de donner naissance à un anticorps, lequel empêcherait les phénomènes d’anaphy- laxie lors de l’épreuve intra-cérébrale. Jusqu'à présent les expériences faites dans cet ordre d'idées ne nous ont pas donné de résultats salis- faisants. B. — Sur le conseil de M. Roux, nous avons essayé d'arrêter les phé- nomènes d’anaphylaxie en faisant usage de narcotiques. Des cobayes sensibilisés depuis plus de quinze jours et par consé- quent tout prêts à l’éclosion des troubles anaphylactiques, sont endormis à l’éther; aussitôt que les muscles entrent en résolution, on leur injecte rapidement sous la dure-mère un quart de cenlimètre cube de sérum de cheval. Pour gagner du temps et ne pas troubler le sommeil des ani- maux en expérience, nous pratiquons le trou dans le crâne avant de soumettre l'animal à l’éther. Une fois que le cobaye est endormi, il ne reste qu'à passer la canule à travers le trou et à pousser doucement le piston. Si la narcose est bien conduite, le cobaye continue à dormir aussi après l'injection de sérum; au bout d’une demi-heure environ il se réveille sans présenter le moindre symptôme d'anaphylaxie. Les résultats sont, par contre, complètement négatifs lorsqu'on s'adresse, pour narcotiser les cobayes, au chlorhydrate de morphine ou à l'extrait d’opium. La narcose provoquée par ces produits laisse tout à fait intacte l'hypersensibilité des cobayes : injectés sous ia dure-mère avec du sérum, ils présentent à peu près les mêmes troubles que les témoins sensibilisés, non narcotisés. (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 16 mars 1907. SÉANCE DU 8 JUIN 1055 En terminant, nous voudrions attirer l'attention sur le chlorure de cal- cium qui parait être un antianaphylactique par excellence. Chez certains cobayes sensibilisés, le chlorure de calcium injecté la veille empêche léclosion des troubles anaphylactiques lorsque le lendemain on soumet le cobaye à l'épreuve intracérébrale (un quart de centimètre cube de sérum). Nous nous réservons de revenir sur ces sujets avec tous les détails qu’ils comportent dans un des prochains numéros des Annales de l’Ins- titut Pasteur. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff.) DISPOSiTION DES NEUROFIBRILLES DANS LES CELLULES NERVEUSES A NOYAU ECTOPIQUE, par R. LEGENDRE. Dans une note précédente (1), j'ai signalé diverses causes de varia- tions des neurofibrilles intracellulaires et montré l'incertitude où elles nous laissent de la morphologie réelle et des variations physiologiques _ de ces neurofibrilles. Il est cependant certaines cellules qui peuvent De, de À 2e de à fournir d utiles renseignements à ce sujet : cesont les cellules nerveuses à noyau ectopique. | On sait que dans certaines conditions physiologiques ou patholo- giques, sous certaines influences mal connues, le noyau des cellules nerveuses peut se déplacer et se rapprocher de la surface cellulaire; de central qu'il était, il devient excentrique. Comment se fait ce déplace- ment dans le réseau neurofibrillaire ? Chez Les chiens insomniques, observés en collaboration avec H. Piéron, j'ai fréquemment rencontré des cellules pyramidales à noyau ectopique. Ces cellules ont leur noyau situé près de la surface dont il n’est souvent séparé que par une très mince couche de protoplasma; le déplacement du noyau a lieu dans un sens variable, parfois suivant le grand axe de la cellule, plus souvent perpendiculairement ou obliquement à celui-ci. Dans toutes ces cellules, le réseau neurofibrillaire — quand il est im- prégné — est intact; il est plus dense autour du noyau, plus lâche dans la région la plus éloignée de celui-ci; on n'observe ni fragmentation des neurofibrilles, ni diminution de leur nombre du côté opposé au dé- placement, ni leur accumulation ou leur épaississement dans la mince bande protoplasmique située du côté du déplacement. Le réseau neuro- (1) Comptes rendus de la Socié!é de Biologie, 7 juin 1907. 1056 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ! fibrillaire est, comme à l’état normal, disposé concentriquement à la surface nucléaire et à la surface cellulaire, les mailles étant plus petites et le réseau plus dense autour du noyau. Ces observations montrent d'abord que le réseau neurofbrillaire est beaucoup moins modifiable que la substance chromatophile ; en effet, tandis que les cellules à noyau ectopique sont généralement en chro- matolyse, elles présentent un réseau neurofibrillaire bien développé. Il faut donc admettre, avec Donaggio (1), et contrairement à Dustin (2), que le réseau neurolibrillaire est plus résistant que la substance chromatophile, et que la fibrillolyse est plus difficile à réaliser que la chromatolyse. Ces faits sont également en contradiction avec les conclusions de Marinesco (3), qui admet qu'à l’état normal le noyau est maintenu en place par les neurofibrilles et que son déplacement est en rapport avec une dissolution brusque de la substance chromatophile et une altération du réseau neurofibrillaire. Mais si le réseau neurofibrillaire nous apparaît comme très able il dévient alors difficile d'expliquer le déplacement du noyau vers ja périphérie. On ne peut admettre que le noyau arrive à passer, par des mouvements amwæboïdes, à travers les mailles du réseau: il présente toujours en effet une forme sphérique ou ellipsoïdale,sans aucune lobu- lation. On ne peut non plus supposer que le noyau se déplace en écartant et distendant les neurofibrilles longitudinales (neurofibrilles primaires de Cajal), puisqu'elles sont réunies, après comme avant son passage, par de nombreuses neurofibrilles unissantes (neurofibrilles secondaires de Cajal), et que les maïlles du réseau ainsi formé ont un Run moindre que celui du noyau. Faut-il alors admettre avec Ramon y Cajal (4) que les neurofibrilles ne sont pas des filaments fixes, stables, mais un appareil contractile, amæboïde, de structure comparable à celle du protoplasma des poils slaminaux de 7radescantia? Il semble que, dans le cas où ces deux structures seraient comparables, on observerait une dissymétrie de la zone périnucléaire du réseau neurofibrillaire, due à son inégale com- pression par le noyau se déplaçant; or, on ne voit rien de semblable, et, de plus, on ne peul songer à rapprocher ces deux structures, l’une visible in vivo, polymorphe, variant d’un instant à l'autre, formée de mailles irrégulières, de filaments d'épaisseur variable, l’autre visible seulement après l’action complexe de substances chimiques, de forme (1) A. Donaggio. Arch. Ital. Biol., t. XLVI, 1906. (2) A.-P. Dustin. Ann. Soc. R. des Sc. méd. et nat. de Bruxelles, t. XV 1905. (3) Marinesco. Journ. für Psychol. und. Neurol., Bd. V, 1905. (4) R. y Cajal. Trab. del Lab. de Investig. Biol. Madrid, t. LIT, 1904. DONS, Li Scan de 7 AA A CL ed muet dd © NN à 57 £ SÉANCE DU 8 JUIN 1057 _ constante et régulière, tout au moins chez les animaux observés dans leurs conditions habituelles de vie. Faut-il donc conclure que le réseau neurofibrillaire est formé d’une substance visqueuse semblable au spongioplasma ? ou bien qu’il n’existe pas pendant le déplacement du noyau et qu’il se produit ultérieurement, pendant la fixation, par exemple? (Travail du Laboratoire d'Embryogénie comparée du Collège de France.) INFECTIONS SANGUINES CHEZ LES ANIMAUX. INFLUENCE DE LA VIRULENCE, par SACQUÉPÉE et LOISELEUR. Nous avons vu antérieurement que les animaux à l’état normal pré- sentent rarement des infections sanguines: ces dernières au contraire _ sé réalisent souvent chez les animaux dont la résistance est artificielle- ment amoindrie(l). Après avoir étudié l'influence de l’état de l'orga- nisme, du terrain, il reste à voir celle de la virulence microbienne, de la graine. I. — Le bacille paratyphique B, expérimenté peu de temps après sa sortie de l'organisme humain malade, se montre souvent capable de déterminer chez le cobaye pris à l’état normal, per os, une infection mortelle, qui dans la moitié des cas SR PNERC de septicémie san- guine (2). Mais il est remarquable de voir qu'après un an de cultures ?n vitro, ce microbe (le même échantillon microbien) est devenu inoffensif par ingestion : sur 22 animaux qui ingèrent ce bacille paratyphique, aucun ne présente d'infection sanguine (note du 25 mai). Et devant ce microbe devenu spontanément inactif pour l'animal dans les conditions normales, on peut faire fléchir la défense en déprimant arlificiellement la résistance du terrain (influence du froid, du NaCI, ete.). Voici un autre exemple analogue. Il s’agit d’un entérocoque, auteur d'une épidémie d'empoisonnements alimentaires bénins; ce microbe, sitôt après son exlraction de la viande suspecte, se montrait virulent par ingestion pour la souris, et passait alors dans le sang. Après un mois de séjour dans les milieux artificiels (bouillon et gélose), ce même enté- rocoque est devenu complètement inactif et ne provoque plus d’infec- tion sanguine. Même fléchissement de la virulence que dans le cas pré- cédent, mais cette fois singulièrement plus rapide; même résultat, c'est-à-dire absence d'infection sanguine. {4) Société de Biologie, 25 mai et 1° juin. (2) Société de Biolo ie, 9 décembre 1905, p. 601, note de Sacquépée et Chevrel. 1058 SOCIÉÈLÉ DE BIOLOGIE On peut conclure ainsi : Le même microbe qui, à l'élat virulent, se trouve capable de réaliser chez l'animal normal une infection sanguine, perd cette propriété lorsqu'il se _trouve avirulent. On peut lui rendre au moins en partie son activité en. déprimant le terrain animal. IT. — Nous avons vu que les microbes saprophytes (pour l’orga- nisme animal considéré) passent quelquefois dans le sang chez les ani- maux normaux (5 p. 100 des cas), plus souvent chez les animaux de résistance amoindrie (22 p. 100). — Quant aux microbes nettement et habituellement pathogènes (bacille typhique et bacille paratyphique B), si leur virulence n’est pas trop grande, ils ne passent jamais dans le sang chez les animaux normaux, tandis qu'ils passent au contraire très souvent (55,5 el 56,5 p. 100 des Cas) chez les animaux moins résistants. (Il n’est nes question du bacille pyocyanique, microbe éventuellement pathogène, mais habituellement saprophyte.) L'influence de la virulence s'exerce ici en double sens. D'une part, à l'état normal, on voit parfois passer les saprophytes, jamais les patho- gènes; d'autre part, si l'animal est affaibli, les pathogènes passent dans plus de la moitié des cas, beaucoup plus souvent que les saprophytes. On peut donc en conclure que c’est surtout vis-à-vis des pathogènes que la résistance organique se trouve diminuée dans les conditions expéri- mentales où nous nous sommes placés précédemment, tandis que chez l'animal normal la résistance au contraire est absolue à l’égard des pathogènes, moins vigoureuse à l'égard des saprophytes. Ce sont les microbes habituellement pathogènes qui bénéficient le plus de l'action favo- risante des « causes secondes », L'£pistylis galea (Enrs.), par E. FAURÉ-FRÉMIET. Ehrenberg observa en 1831 une grande Vorticellide qu'il décrivit, sous le nom d’Zpistylis galea, en ces termes : « Corps très grand, conique, pliant, ayant la bouche latérale saillante en forme de bec et le pédicule épais, rameux, arliculé ». Il signala cette espèce à Berlin et peut- être en Belgique et en Flandre. En 1885, Kellicott (de Buffalo) décrivit une espèce identique en tout. point à celle de Ehrenberg, mais dont il crut devoir faire une espèce nouvelle, ne connaissant l’£p. galea que par le « Manual » de S. Kent. Il nomma cette Vorticelle Æpistylis ophidioidea en raison de l'aspect allongé de quelques individus qu’il considéra comme reproducteurs, sans fonder cette assertion sur la moindre base solide. SÉANCE DU 8 JUIN 1059 Au mois de mai de cette année, j'ai eu la bonne fortune de rencontrer l'Æpistylis galea au Jardin des Plantes, dans l’un des petits cours d'eau qui traversent la ménagerie ; le fond et les bords de ce ruisseau étaient revêtus d'une mince couche de vase habitée par des larves de Chirono- mus et tapissée de Stentor polymorphus en abondance extraordinaire ; au milieu de ceux-ci, quatre grandes Vorticellides : le Carchesium poly- pinum, l'Epistylis plicatilis, la Campanella umbellaria et l'Epistylis galea formaient des touffes blanchätres visibles à l’œil nu. L’£pistylis galea est peut-être la plus grande des Vorticellides con- nues ; les individus mesurent 250 à 300 w environ de longueur, et les colonies atteignent 2 millimètres. Le corps est conique; à la partie inférieure, il se termine par le pédicule; à la partie supérieure, il est limité par le péristome, large et oblique. La région inférieure du corps est occupée par un plasma transparent, homogène, renfermant quelques granulations (plasma cortical) et nettement séparé de la masse endoplas- mique chargée de granulations lipoïdes et de vacuoles, et renfermant l'appareil mitochondrial, le macronucleus, qui est très long et plusieurs fois contourné, et le micronucleus. Comme chez presque toutes les Vorticellides la frange adorale est formée par une double rangée de cils très puissants décrivant un tour de spire et quart à la surface du péristome et pénétrant ensuite par l’ouver- ture orale, qui est très large, dans le vestibule ; celui-ci, de vastes dimen- sions, se termine par un pharynx membraneux prolongé en un tube élastique long de 60 à 70 w. La vacuole contractile est située sur le côté du vestibule ; elle est enveloppée par une couche de plasma dense, qui, après l’action des réactifs, se détache souvent de l’endoplasma envi- ronnant ; c'est dans ce plasma particulier que se creusent les vacuoles formatrices qui, par leur confluence, constitueront la vacuole pulsatile. Le système contractile de l’£pistylis galea est constitué par un réseau fibrillaire qui tapisse intérieurement la surface du corps, puis s’en détache dans la partie supérieure et se fixe à l'armature de la frange adorale; quelques fibrilles continuent leur trajet à la face interne du disque et vont se fixer au-dessus de la bouche; leur contraction a pour effet de relever celle-ci et de donner à l'£pistylis galea son aspect si caractéristique. Le pédicule de l’Æ. galea est d'aspect chitinoïde; il est rigide, droit et assez large ; comme chez la majorité des Æpistylis, il est constitué par uu faisceau de tigelles prenant naissance à la surface d'une bordure en brosse qui occupe la base de l’infusoire. Les bâtonnets de cette bordure, longs de 3 x, possèdent un corpuscule basal basophile et une courte racine. 5 L’E£. galea est très voisin par tous ses caractères anatomiques de la Campanella umbellaria (Epystylis flavicans Ehrb.). Les grandes dimen- sions du corps, le plasma cortical de la région inférieure, la disposition 1060 | \ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du vestibule et du pharynx, la structure de la vacuole excrétrice, celle de l'appareil contractile, le grand développement du péristome rap- prochent étroitement ces deux espèces qui ne diffèrent que par des détails de forme et par le développement de la frange adorale qui décrit cinq tours de spire chez la Campanella. Si, d'autre part, nous comparons à ces deux espèces les Zpistylis leucoa et grandis décrits par Ehrenberg, on constate que ces quatre formes constituent un groupe très homo- _ gène, assez distinct des £pistylis proprement dits, et qu'il serait peut- être opportun de les réunir sous le nom générique de Campanella. (Travail du Laboratoire de Cytologie du Collège de France.) ACTION TÉRATOGÈNE DES SOLUTIONS SALINES SUR LES LARVES DES BATRACIENS, par À. DrzEwINA et G. Bonn. Les auteurs qui ont étudié l’action tératogène des solutions salines sur les œufs des Batraciens considèrent que le stade de la gastrulation et celui de la fermeture de la gouttière médullaire sont deux périodes critiques auxquelles correspond l'apparition de monstruosités. En faisant agir diverses solutions salines sur les embryons de ana temporaria après l'éclosion, nous avons constaté que le stade pendant lequel se fait l'operculisation est également une période cape car alors appa- raisseut des monstruosités caractéristiques. ; Dans notre mémoire de l’an dernier (1), nous avons décrit deux sortes de monstres obtenus dans des dilutions d'eau de mer et sur- tout dans les solutions de NaCl; KCI, dans nos expériences, a tou- jours déterminé la mort avant que les anomalies aient eu le temps de se produire. En employant: des solutions à concentration croissante, nous avons pu mettre en évidence l'importance de la tension osmotique dans les effets tératogènes. Dans les solutions n° 5 (2) qui exercent une action optima sur la croissance des embryons, on n'obtient des monstres qu'exceptionnellement ; à une certaine distance au-dessus et au-dessous de l’optimum, on en obtient -souvenl en proportions considérables, et ces monstres présentent des caractères différents dans les deux cas : 1° monstres courts, à corps gros et large, à queue très courte et large, dans les solutions n° 3 (fig. 1); 2 monstres à corps petit et étroit, à queue allongée et étroite, présentant une courbure très accentuée à - (4) Bulletin de l'Acad. des sciences de Cracovie, 1906, p. 293-314. (2) Voir notre note de la séance du 18 mai, p. 880. MOVIES " Lo Sd pe M in a à ie ri SÉANCE DU 8 JUIN 1061 concavité dorsale, dans les solutions n® 7 et8 (fig. 2). Ainsi, en allant de la solution n°3 à la solution n°8, la proportion de têtards monstrueux PO diminue d’abord progressivement, devient nulle (solution n° 5), pour augmenter ensuile peu à peu. Dans de nouvelles expériences, au lieu de maintenir les embryons d'une façon continue dans les solutions, nous avons fait agir celles-ci pendant un temps relativement court, et nous avons constaté qu'un séjour de vingt-quatre heures suffit pour produire des monstruosités; mais, celles-ci n’apparaissant qu'au moment de l’operculisation, l'effet tératogène de la solulion saline se trouve plus ou moins fardif, suivant le de à ç stade que Pon a traité. Ce fait de l’action tardive nous a paru intéres- sant. Rappelons qu'avec des rayons de radium l’un de nous a également obtenu des effets tardifs (1). Si on traite les embryons au moment même de l’éclosion, on n'obtient que de rares monstruosités, peu prononcées d’ailleurs ; il est à remar- quer quau même stade l'effet des solutions salines sur la croissance est également peu prononcé. En partant d’embryons un peu plus âgés, les effets tardifs sont des plus nets. Des embryons qui commencaient à nager ont été placés pendant vingt-quatre heures (31 mars 1907 au 1% avril) dans les solutions salines. Au moment où on les replaçait dans de l'eau douce, il y avait des différences de taille très marquées (voir notre note précédente, ponte B),, mais il n’y avait encore aucune déformation apparente ; les individus des solutions n° 8 restaient couchés sur le côté. C'est seule- (1) Comptes rendus de l’Académie des sciences, 27 avril 1903. 1062 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment le 3 avril, au début de l’operculisation, que les monstruosités ont commencé à se dessiner, du moins dans la solution NaCl n° 8; elles étaient toutes du type courbe à queue allongée (fig. 4). Outre la con- cavité dorsale assez prononcée, les embryons présentaient un renfle- ment venlral correspondant à l’emplacement du vitellus incomplètement résorbé; un étranglement au niveau de la région branchiale; souvent la queue était recourbée latéralement à angle droit (fig. 3); la peau se soulevait en divers points de la têle et de la queue sous forme d’ampoules. Le 5 avril, les monstruosités se sont accentuées encore; chez plusieurs individus, le ventre a pris l'aspect d'une grosse vésicule transparente (fig. 5). : En partant d’embryons plus âgés encore, on obtient à peu près les mêmes monstres, plus rapidement, la période critique correspondant toujours à l’operculisation. Un lot H a été traité Le 5 avril, alors que les embryons avaient 9 millimètres. Le 6 avril, après vingt-quatre heures de traitement, les embryons des solutions n° 8 sont couchés sur le flanc, mais ne présentent encore aucune anomalie ; l’aspect anormal apparaît dès le 7 dans NaCl, et un peu plus tard dans l’eau de mer; un étrangle- ment au niveau des branchies et un gros ventre vésiculeux sont tout à fait caractéristiques. Il est à remarquer qu'avec l’eau de mer, NaCl et LiCIl, à taux isotoniques, bien entendu, on obtient exactement les mêmes monstruosités. Il n'y a donc pas dans ce cas action spécifique du sel ; l'influence de la tension osmotique semble être prédominanle. Enfin, si on fait agir les solutions au moment même de l’operculi- sation, ou bien on obtient des monstres presque immédiatement, ou bien, quand l'operculisation est plus avancée et l'intestin du tétard en train de s’allonger, on détermine très rapidement la mort des individus traités. ACTION DE LA STRYCHNINE SUR L'EXCITABILITÉ DU NERF MOTEUR, par M°° L. LapPicque. L'intoxication strychnique est surtout connue comrne ayant pour effet d'augmenter considérablement l’excitabilité réflexe de la moelle épi- nière; mais on n’est pas encore fixé sur l'influence de ce poison sur le nerf moteur. Les expériences faites par Ch. Richet en 1880 (1) et par Vulpian en 1882 (2), sur le chien strychnisé, avaient montré que l’action des nerfs moteurs sur le muscle diminuait et pouvait être même com- plètement abolie, la contractilité musculaire étant conservée. Mais ces (4; Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1880. (2) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. I, 1882. Mie: SÉANCE DU S JUIN 1063 expérimentateurs ne s'étaient servis que de doses massives de strych- nine, voulant étudier son effet curarisant sur l'appareil nerveux moteur. —._ J'ai trouvé intéressant de rechercher, par les nouvelles méthodes plus …. précises d'investigation que nous avons à notre disposition depuis quelques années, les modifications de l'excitabilité du nerf moteur … sous l'influence de doses graduées de sulfate de strychnine, Pour des raisons de commodité, j'ai employé comme ondes électriques ed excitation des capacités de condensateurs, et je me suis servi de la formule … empirique de Hoorweg ou de notre terme de correction en yv quand les E points expérimentaux jalonnaient une courbe. J'ai étudié les modifications de l'excitabilité du nerf moteur : 1° sous l'influence de l'injection de doses graduées du poison; 2° sous l'influence de l'application locale entre les points excités de sulfate de strychnine. Pour suivre l'influence de l'injection, le dispositif de l'expérience est le suivant : Sur un animal entier (grenouille ou crapaud) à cerveau détruit, mais à - moelle intacte, la circulation de la patte étant conservée, le sciatique gauche, -par exemple, est coupé en haut de la cuisse et introduit dans les électrodes circulaires qui nous ont servi (1) pour étudier les variations locales de tem- …. pérature sur le nerf moteur. Le dispositif des résistances intercalées dans le circuit d’excitation est aussi le même. — La loi d’excitation est déterminée sur ce nerf sciatique en constatant le 4 . voltage nécessaire pour produire le seuil de la contraction du gastrocnémien pour différentes capacités de condensateurs; nous obtenons ainsi une cer- taine valeur des constantes a et b. L'injection sous la peau du dos, d’une solu- tion de sulfate de strychnine variant de 0 gr. 0002 à 0 gr. 01 pour des gre- - nouilles du poids moyen de 50 grammes, est ensuite faile; quelques minutes après l'apparition des premières convulsions strychniques, le nerf symétrique resté en relation avec la moelle est coupé, mis sur les électrodes circulaires, … et on détermine à nouveau les voltages liminaires, Pour le cas de l'application locale du sulfate de strychnine, on a soin de diluer le poison dans la solution physiologique avant de l'appliquer sur le + L nerf sciatique ou sur le muscle préalablement détaché des centres dont on … connaît la loi normale. Ces dernières expériences ont été faites sur l'animal …. entier ou sur la patte galvanoscopique. FORME “ En. _ Les résultats ont élé les suivants : 1° Injection 1/4 de nilligramme à 1 milligramme de sulfate de strych- —. nine (Doses convulsivantes, mais n’amenant pas la résolution muscu- … laire de l'animal) (2). | — On trouve que la vitesse du processus d’excitation caractérisé par le 4 (1) M. et Me Lapicqu'e. Société de Biologie, 12 janvier 1907. Mn (2) Maurel avait trouvé aussi que ces doses étaient seulement convulsivantes. l 4 _ Société de Biologie, 21 juin 1907. à Il 4 BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. 13 1064 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rapport a : b est en moyenne diminué de moilié après l’injection : les deux paramètres de la loi d’excitation étant influencés en général en sens contraire, «a diminuant, augmentant. Sur le crapaud, nous trouvons un fait que nous avions déjà remarqué à propos de l'élévation de température; les points expérimentaux jalon- nant une courbe concave vers l'axe des temps avant l'injection, devient sensiblement droite sous l'influence du poison, en même temps que la vitesse du processus d’excitation augmente. Nous avions vu le con- traire se produire sous l'influence du curare qui diminue la vitesse des processus d’exeitation et augmente la concavité de la courbe; 2 Injection de 1 mailligramme à 1 centigramme de sulfate de strych- nine (Doses amenant rapidement la résolution musculaire et la mort de l'animal). Dans ce cas, a : b diminue encore de moitié, mais les valeurs des con- stantes a et b diffèrent beaucoup selon la durée de l’empoisonnement, a et b augmentant à mesure que la période de résolution musculaire est plus avancée. Pour les doses voisines de 1 centigramme, le nerf n’est plus excitable, le muscle répondant encore aux excitations. Il y a donc là une perte graduelle très rapide de l’excitabilité. M. Lapicque et moi ayant vu que la loi d’excitation du nerf moteur et celle du muscle était la même, il était nécessaire de savoir à quel élément rapporter cette augmentation de la vitesse des processus d’ex- citation; à cet effel, j'ai étudié l’action locale du poison sur le nerf moteur et sur le muscle. On constale, aussitôt après avoir versé quelques gouttes de la solu- tion physiologique à 1 p. 1000 sur le nerf détaché des centres, une variation en sens inverse des paramètres en tout point semblable à celle produite après l'injection d’une dose convulsivante de strychnine, c'est-à-dire une diminution de a et une augmentation de b; la même solution physiologique mise directement sur le muscle ne change en rien la valeur des constantes. C’est donc le nerf moteur qui est iei influencé. Ces résultats démontrent que la strychnine exerce une action sur l’excitabilité du nerf moteur; la vitesse des processus d’excitation est toujours accélérée pour des doses faibles, il y a en même temps aug- menlation de l’excitabilité (abaissement du seuil); pour les doses fortes, il y a diminution de l’excitabilité (relèvement du seuil), cette diminu- tion pouvant aller jusqu’à l’inexcitabilité du tronc nerveux, l’excitabi- lité directe du muscle étant conservée. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SÉANCE DU 8 JUIN 1065 SUR LE DOSAGE DE L'AMMONIAQUE, par FERNAND REPITON. Le travail de M. Ronchèse (1) nous a fait entreprendre les recherches . suivantes qui, à notre avis, peuvent être utiles. — L'ammoniaque se combine avec un très grand nombre de composés —._ organiques ; le sens du phénomène dépend de la constitution de la … molécule organique. 4° L'ammoniaque s’unit, directement, par addition: aldéhydes …— d'acides gras — acétique, formique, etc: | CCD HN AH C'HNAZHE)O == D'. , Aldéhyde acétique Aldéhydate d’ammoniaque CH—O—H +HAzH*— CH(AzH:)0 De. Aldéhyde formique Aldéhydate d’'ammoniaque 2 L'ammoniaque s’unit avec élimination d’eau : 3(CHO) —+92AzH° = 3H°0 + Az (CH°} Acétone 3° L’ammoniaque s’unit, avec ou sans élimination d’eau, à des com- - posés organiques complexes, à molécule élevée, sucres, glucoses, etc., …— et donne des composés amidés. Il découle de ces équations que le dosage de l’ammoniaque est pos- sible avec ces trois séries de composés organiques. …— Nous avons pu doser, en particulier, AzH*, dans des combinaisons … neutres, avec l'aldéhyde acétique (2). Voici les résultats de nos recherches et la technique. L'aldéhyde acétique — CH° — CO —H, à la concentration de 50 parties —d'aldéhyde pour 50 parties d'alcool, est un liquide neutre au tournesol et acide à la phénolphtaléine. | D: Prendre 10 centimètres cubes du mélange — 5 centimètres cubes «CH — CO — H, les verser dans un verre à expérience avec 50 centimètres 4 _ cubes HO et VI gouttes solution alcoolique de phénolphtaléine à 5 p. 100, et verser de la NaO H N/10 à l'apparition de la teinte rose (4) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, mai 1907, n°s 13 et 16. (2) Nous ne parlerons pas de l’aldéhyde formique; le travail de M. Ron- E es n° 15 et 16, Comptes rendus de la Société de Biologie, mai 1907, a donné . des tan précieux ; nous ne différons que sur la combinaison Re — aldé- —… hydate d'ammoniaque selon nous et non hexaméthylènamine. 1066 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE faible persistant; noter cette quantité de NaO H N/10; ce verre est le verre témoin du type de coloration à obtenir. Dans un autre verre, introduire la quantité de sel ammoniacal neu- tralisé n’excédant pas 0,010 d'A: A"; verser 10 centimètres cubes du mélange alcoolique d’aldéhyde, ajouter 50 centimètres cubes HO, VI gouttes de phénolphtaléine et introduire la quantité de NaO H N/10 . nécessaire à l'apparition de la teinte rose faible persistant, soit à centi- mètres cubes, retrancher le nombre de centimètres cubes nécessaires à la neulralisalion de l’aldéhyde (verre témoin) ; l'AzH* de la prise d'essai: sera donné par : a centimètres cubes — correction X 0,0018. L’aldéhyde acétique a, sur l’aldéhyde formique, le précieux avantage de dissoudre la phénolphtaléine et d’être employé à dose faible : 5 cen- timètres cubes CH? — CO — H (1). Conclusions : il ressort de nos essais que l’aldéhyde forme un aldé- hydate d'ammoniaque et que la réaction est directe et simple. LA SPORULATION AÉROBIE DES VIBRION SEPTIQUE, BACILLE D'ACHALME ET BACILLE DU TÉTANOS CRÉE DES RACES NOUVELLES AÉROBIES DE CES GERMES (2) : AÉROVIBRION ET AÉROBACILLES, par GEORGES ROSENTHAL. Contrairement à l’anaérobie de reconstitution qui fait retour à l’anaéro- biose, la sporulation aérobie fixe les caractères acquis dans la vie au contact de l'air, et, en les fixant au degré obtenu, crée de nouvelles races de germes. Il ne s’agit plus de races neutralisées, que nous avons. dénommées bacillogènes, mais de races aérobies gardant les propriétés biologiques du germe anaérobie : ce sont alors les aérovibrion, aéro- bacille d'Achalme, aérobacille du tétanos. Nous allons justifier cette proposition. Mais d’abord, pour que l’expé- rience soit concluante, il importe de n'’utiliser la culture de sporulation aérobie que lorsque les bacilles aérobisés y seront morts après sporula- tion. Sinon, on ferait simplement un repiquage de culture adaptée. (1) 5 centimètres cubes de CH — CO — H pur (10 centimètres cubes du mélange aldéhydo-alcoolique) pour chaque 0,010 d'AzH* existante, alors que avec CH — 0 — H il faut une quantité double d’aldéhyde. — On peut diluer CH — O0 — H avec un mélange, à parties égales, d’alcool et d’eau; ce mélange solubilisant la phénolphtaléine rend les titrations plus sensibles. (2) Voir Société de Biologie, nov. 1902 et 1903, mai 1906 à juin 1907. SÉANCE DU 8 JUIN 1067 Dans nos expériences, les cultures de sporulation aérobie sont des repiquages en eau blanc d'œuf de cultures adaptées à l’air à un degré variable ; elles sont utilisées de trois mois à un an après leur obtention. Le tube Vs n° 2 du 9 mai 1906 vient du repiquage en eau blanc d'œuf du tube de gélose inclinée V 880, sixième génération sur gélose inclinée du vibrion septique. Ce tube est repiqué le 7 mai 1907 sur les tubes suivants : gélose inclinée, lait cacheté, eau œuf, 1 ‘/, d., 14 h.; PM SE De ait, 41/4514; eaur œuf, 4%/,,:6.1Dansitous ces tubes, développement abondanc du vibrion avec toute sa puissance chi- mique, digestion du blanc d'œuf, digestion de la caséine, etc. Les tubes … de lait bas toutefois ont eu un développement tardif. Le tube de gélose _ inclinée a pu être repiqué en série à l’ôüse sur gélose et bouillon bas. Le tube Vs 805 du 25 avril 1906 est une culture de troisième généra- tion sur gélose inclinée. Il est repiqué avec succès sur eau œuf aérobie, 1 ‘/,-12 le 5 mai 1907, et sur lait cacheté. Le 6 mai le lait cachetétest'repiquétavec suecés/sur VA lait, 42/52 V2 lait 10/53; V3 lait, 1 ‘/,, 9; V4 bouillon gélatiné 1 ‘/,, 8. Le microbe s’y, développe avec des caractères spécifiques ; la culture se poursuit en série et donne sur gélose inclinée de belles nappes homogènes que nous avons décrites précédemment. Le 1% mai 1906, Vs 805 avait donné de belles cultures sur gélose inclinée, dont il ne faut pas tenir compte. Le bacille d’Achalme donne des résultats moins constants. Le tube À 937 du 12 mai 1906 en un tube eau œuf, 1 ‘/,, 9 bien digéré. | Le 25 mai 1906, un ensemencement sur gélose inclinée est négatif. Le 26 avril 1907 ce tube est repiqué avec succès sur lait cacheté, et sur Bitsbprotonds, 1%/,, 18-et 1 !/; 12, Un tube de lait, A4 de 1°/,, 8°}, donne lieu à un développement tardif. Tous les repiquages en lait bas, bouillon gélatiné bas échouent. De plus le lait cacheté est repiqué sans succès Le 5 mai 1907 sur des laits de 1 */, de diamètre ayant 3, 6 et 8 centimètres de hauteur de colonne. De même le tube profond de lait 4 */,, 12 est repiqué sans succès Le 30 avril sur gélose inclinée, eau œuf aérobie, 1 ‘/,, 4; laits aérobies, 1 */,, 5 et 6 ‘/.. lei le bacille n’a pas donné l’aérobacille d’'Achalme. Voici un cas de transition : - Le tube À 718 du 26 avril 1906 est un tube eau blanc d'œuf de sporu- lation aérobie par repiquage de culture du premier stade. Il est repiqué avec succès le 26 avril 1907 sur lait profond, 1 '/,, 16, lait cacheté, et Sanssuccès sur des tubes de lait 1 ‘/,, 8, 1 ‘/,, 6, et sur gélose inclinée. — loutefois un tube eau blanc d'œuf, 1 ‘/,, 5 cultive abondamment, mais tous ces repiquages en tubes bas restent négatifs. Le lait cacheté est (1) C'est-à-dire 1 cent. 1/2 de diamètre, 8 cent. 1/2 de hauteur de lait. 1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE repiqué le 8 mai 1907 sur laits bas de 1 ‘/, de diamètre avec des hau- teurs de 3, 5 et 8 centimètres. Tous ces tubes donnent tardivement une culture faible, mais avec digestion du lait. Par contre, voici deux exemples d’aérobacilles d’Achalme. Le tube À 907 de sporulation aérobie est repiqué sur lait cacheté le 9 mai 1907. Le 17 mai sont repiqués avec succès par ce tube cacheté des. tubes de lait, bouillon et eau œuf aérobie, 1 ‘/,, 7. Des ensemencements directs des spores aérobies étaient restés négatifs en tubes bas. Enfin le tube À 390 du 14 avril 1906, tube de sporulation aérobie sur eau blanc d’œuf, est repiqué directement avec succès le 9 mai 1907 sur lait cacheté, eau œuf aérobie, 1°/,, 6 ‘/,; bouillon gélatiné, 1!/,, 6‘/,; lait, 1 ‘/,, 4 et lait 1, 5. Toutefois la gélose inclinée reste négative. En somme, résultats moins beaux avec le bacille d’Achalme qu'avec le vibrion septique. : Le bacille du tétanos obéit aux mêmes lois. Un tube de sporulation aérobie de mai 1906 est repiqué en différents milieux aérobies sans succès le 45 mai 1907. Mais un tube cacheté né de ce tube est repiqué positivement sur laits, 1°/,,8 et 1°/,, 7; bouillon gélatiné, 1°/,,8; eau fibrine, 4 ‘/,, 9. Un tube de bouillon gélatiné, 1 ‘/,, 10 reste négatif. Laboratoire de M. le professeur Hayem). Î y RECHERCHES SUR LA RÉSISTANCE DES GLOBULES ROUGES CHEZ LE LAPIN, par BrissAuD et BAUER. Notre but a été tout d'abord de déterminer si, à l’état normal, la résis- tance du sang de la veine sus-hépatique diffère de la résistance du sang de la veine porte. Mais avant de nous occuper de ce point particulier, nous avons repris les recherches de divers observateurs sur la résistance du sang périphérique chez le lapin normal, examinant en outre l'influence de la digestion, du jeûne et des inhalations d’éther. D'autre part, nous avons étudié l’action de la ligature du cholédoque, de l’ablation de la rate el des deux opérations combinées. La technique que nous avons suivie se rapproche de celle de MM. Vaquez et Ribierre ; elle en diffère par les points suivants : on préparait, à l’aide d’une solution mère à 0,60 de NaOÏ p. 100, une série de tubes contenant successive- ment 30, 29, 28 gouttes, etc., de solution mère; 0, 1, 2 gouttes, etc., d’eau distillée. Le sang était recueilli avec la pipette de Potain, dont on remplissait complètement le tube capillaire; on obtenait ainsi, avec le compte-gouttes, qui servait à préparer les tubes, une dilution au 1/100 environ. On procédait à deux examens des tubes : le premier, après dix à quinze minutes de repos, ; SÉANCE DU 8 JUIN f - 1069 —_… donnait des indications précises sur l'hémolyse totale immédiate (caractérisée « … par la limpidité presque parfaite de la dilution); le deuxième, après vingt- . quatre heures de repos, renseignait sur l'ensemble du processus hémolytique. .L'hémolyse tolale tardive {caractérisée par la blancheur des flocons de fibrine et la limpidité de la dilution après renversement du tube) correspondait en général avec l'hémolyse totale immédiate. Chez le lapin d'apparence normale, la résistance des globules rouges de la veine de l'oreille varie dans de notables proportions suivant l'animal. Chez tel lapin, en pleine digestion, l’'hémolyse débute au tube 27 (tube contenant 27 gouttes de solution mère), est totale au tube 23; chez tel autre, placé dans les mêmes conditions, l'hémolyse . débute au tube 26, est totale au tube 20. Mais, en général, la résistance varie peu chez le même animal examiné dans les mêmes conditions. Chez le lapin en pleine digestion, la résistance est presque toujours un peu moindre que chez le lapin à jeun. L'écart est le plus souvent de deux tubes, en ce qui concerne l’hémolyse totale; parfois, l'écart com- prend trois et même quatre tubes. Les inhalations d’éther, d'une durée de quinze minutes à une heure, — comme il nous à été nécessaire d'en pratiquer pour étudier le sang de la veine porte et celui de la veine sus-hépatique, — n'ont guére d'influence sur la résistance des globules (parfois une très légère aug- mentation). Le sang de la veine de l’oreille, le sang de la veine porte et celui de la veine sus-hépatique ont chez le même animal une résistance à peu près identique. Dans quelques cas, l'hémolyse totale est obtenue un peu plus rapidement (différence d’un tube) avec le sang porte qu'avec le sang sus-hépatique. Le phénomène inverse n’a pas été observé. Bien que les différences signalées ci-dessus soient minimes, peut-être ne doit-on pas les négliger, puisque les expériences ont été poursuivies avec des quantités de sang très restreintes. L'examen régulier de cinq lapins, rendus ictériques par ligature asep- tique du cholédoque, permet de conclure que l'ictère provoque nette- ment une augmentation de résistance des globules rouges; mais cette augmentation, qui peut être assez considérable pendant les deux jours qui suivent l'opération (chez un des lapins l'hémolyse totale était obtenue au tube 23 avant l'opération, au tube 18 le lendemain de l’opé- ration), s'atténue dans la suite et n’est plus représentée que par un écart de deux, trois ou rarement quatre tubes. Les résultals à cet égard sont semblables chez les animaux qui ont fait de l'infection biliaire ascendante avec périhépatite et chez ceux qui n’en ont pas fait. Chez - l’un de ceux-ci, l'hémolvse totale était obtenue, avant l'opération, au tube 42; quinze jours après l'opération au tube 38 et un mois après aux tubes 40 ou 41. MEET R. 1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le début de l’hémolyse ne nous a pas paru sensiblement modifié par l’ictère. TE Pour établir un rapprochement entre ces faits et ceux qu’on observe en clinique, nous avons examiné, à l’aide de la technique sus-indiquée, | d’une part le sang d’une malade atteinte d'ictère grave; d'autre part celui d’une malade atteinte d’un léger rétrécissement mitral. Tandis que chez la première de ces malades l’hémolyse totale (immédiate et tardive) n’était obtenue qu’au tube 15, chez la seconde l’hémolyse totale était obtenue au tube 20. En somme, bien que l'hémolyse tolale nous ait paru moins retardée chez le lapin ictérique que chez l’homme alteint d’ictère, le retard n’en a pas moins été un phénomène constant. Il nous a semblé d'autant plus net que, chez deux lapins privés de rate, on observait le phénomène inverse : diminution de la résistance globulaire (écart de 3 à 5 tubes) pendant les huit à dix premiers jours qui suivirent l’ablation de la rate. Après ce laps de temps, l'équilibre s'étant rétabli, l’hémolyse totale fut obtenue avec la même solution qu'avant l'opération. Enfin, nous avons éludié un lapin chez lequel furent pratiquées en même temps la ligalure du cholédoque et l’ablation de la rate. L'animal vécul près de deux mois et présenta pendant toute cette période un ictère fort accentué. Chez ce lapin, au lieu de constater, comme dans les autres cas de ligature du cholédoque, une augmentation de la résistance des globules, on observa une diminulion progressivement croissante de la résistance (l'hémolyse totale avant l'opération était obtenue au tube 21, elle fut obtenue pendant la semaine qui suivit l’opération suc- cessivement aux tubes 22, 93, 95, 95, 24) puis, après huit jours, brusque- ment la résistance augmenta (tubes 20, 19, 18) et resta légèrement augmentée (tube 20) jusqu’à la mort. Ces observations expérimentales nous ont paru intéressantes à rap- procher des fails plus ou moins similaires qui ont été étudiés chez l’homme. “ACTION SYNERGIQUE DE LA SALIVE ET DU SUC PANCRÉATIQUE, par H. RoGEr et L.-G. Simon. La salive qui est mise en contact avec du suc gaslrique ne tarde pas à perdre son pouvoir amylolytique. Pour la réactiver, il suffit de lui ajouter, après l'avoir légèrement alcalinisée, une goutte de salive fraiche : elle redevient capable de saccharifier l’amidon (1). (1) Roger. Action du suc gastrique sur la salive. Société de Biologie, 1° juin 1907. \ APP PNETIEERERS Lé j TN EN SÉANCE DU S JUIN 1071 On peut supposer que, dans l'estomac, une petite quantité de saïive —…. échappe au suc gastrique el sert, dans le milieu alcalin du duodénum, à … réactiver la ptyaline. Mais on est autorisé à se demander si le suc pan- « créatique ne peut pas exercer une influence analogue. - Nous avons essayé de résoudre le problème par plusieurs séries d'expériences. Nous en rapporterons une à titre d'exemple. Nous mettons 10 centimètres cubes de salive humaine en contact avec 10 centimètres cubes de suc gastrique artificiel contenant 2,5 p. 1.000 de HCI. 1 Nous laissons dix-huit heures à l’étuve; puis nous alcalinisons légè- : rement le mélange et nous le distribuons dans des tubes, à raison de … 2 centimètres cubes. Nous ajoutons ensuite 10 centimètres cubes d'eau amidonnée à 1 p. 100. Un tube est gardé comme témoin ; aucune saccha- rification ne s y produit; la salive a donc perdu sa propriété fondamen- tale. Dans les autres tubes, nous ajoutons du suc pancréatique. Ce suc a été recueilli par une fistule temporaire sur un chien soumis à des injec- tions répélées de sécrétine. Comme il est très actif, nous n'avons employé que des fractions de gouttes. Par comparaison, nous addition- nons un des tubes d'une goutte de salive humaine. Nous placons ces divers mélanges à l’étuve pendant une demi-heure. Puis nous arrêtons les fermentations en plongeant les tubes dans de l’eau bouillante et nous dosons le sucre formé. Nous avons eu le soin de faire agir les mêmes quantilés de salive et de suc pancréatique sur une dose iden- tique d’eau amidonnée. ; Voici Les résultats obtenus : QUANTITÉS TUBES TUBES TÉMOINS en contenant 1 c.c. contenant gouttes. de salive inactive. l'eau amidonnée. Suc pancréatique . . . . 1/64 0,008 0,004 _ ÈS PA HE 0,015 0,008 — À D RU 1/16 0,027 0,01 — SGA KA 1/8 0,039 ! 0,023 — ETES A 0,046 0,034 = RCE 1/2 0.047 0,039 SAME ee ee Le mu eue à il 0,024 0,006 =: ; p.16 SNS AE 20 » 0,044 x, Ainei le suc pancréatique agit dans le même sens que la salive fraiche. En comparant les deux colonnes du tableau, on voit que, pour produire …— une même quantité de sucre, il faut, en l'absence de la salive, une dose - double de suc pancréatique. On peut arriver à un résultat semblable par une autre méthode qui se rapproche davantage des conditions physiologiques. Dans 200 centimètres cubes d’un empois d'amidon à 3 p. 100, nous versons 20 centimètres cubes de salive. Nous agitons vivement. Au bout RQ Er AREA ee Durs © 1072 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de 15 secondes, nous prélevons 10 centimètres cubes du mélange; la quantité de sucre est de 0,003; nous plongeons le reste dans 400 centi- mètres cubes d’un suc gastrique artificiel contenant 2,5 p. 1.000 de HCI. Nous laissons trois heures à l’étuve. La teneur en sucre est montée à 0,005. Nous alcalinisons légèrement le liquide, nous le distribuons dans des tubes à raison de 10 centimètres cubes. Nous ajoutons ensuite, ainsi que dans des tubes témoins contenant simplement de l’empois d’amidon, des quantités variables de suc pancréatique ou de salive. Au bout d’une demi-heure, nous faisons les dosages. Voici Les résultats : QUANTITÉS TUBES TUBES en contenant 10 c.c: contenant 10 c.c. gouttes. du mélange. d'empoi d'amidon. Suc pancréatique . . . . 0 0,005 0 — PRET 164 0,013 traces == see 1/32 0,019 0,002 = SPACE 1/16 0,028 0,00ÿ — D ARS LOL G 1/8 - 0,0% 0,008 — BIS or À /4 0,062 0,021 = ete 12 0,069 0,031 = il 0,09 0,04 = 2 0,09 10,056 = 4 0,09 0,08 DAlIVELE TR MOSS 1/2 0,034 0,002 EN 0 MaNOt oaee 0 Moro 1 0,051 - 0,005 nl OO DR tira 2 0,019 0,019 a Poe fo: to om DE Lo 12 » 0,05 SN ENS RE EE NE 20 » 0,063 = AS RER ENTER 40 » 0,1 Les différences sont beaucoup plus marquées que dans la série précé- dente, ce qui tient à la présence de dextrines formées au contact de la salive et facilement saccharifiables par le suc pancréatique. Nous pouvons conclure de ces recherches que la salive, momentané- ment annihilée par le suc gastrique, est capable, dans le duodénum, au contact du suc pancréatique, de collaborer activement à la saccharifica- tion de l’amidon. Son rôle amylolytique peut donc continuer ou plutôt reprendre au delà de l'estomac. 1073 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 4 JUIN (1907 SOMMAIRE Bocar (L.) : Sur la Marennine de PéREz (Cn.) : AMœæboïsme et pou- la Diatomée bleue; comparaison voir phagocytaire des sphères de avecila Phycocyanine ,... 44% 64 | granules chez les Muccides . . . . . 66 Coyxe et CAVALIÉ : Sur Les polypes SABRAZÈS (J.) et Husnor (P.) : Tissu de la pulpe dentaire (pulpites hy- interstitiel des surrénales : mastzel- BEGLODhIQUES) MN. CNE PONS 68MMlentetmacrophages UMP 70 GAutR&LEr (JEAN) : De l’action SABRAZÈS (J.) et Husnor (P.) : sur le cœur de l'ion potassium dis- Mastzellen dans les surrénales des - ÉHAÉmnodut par électtolyse. : MU animaux... 4e tu, de. 12 GAUMRELET (JEAN) : De l'action sur SAUVAGEAU (CAMILLE) : Le Sargas- le cœur des ions magnésium, ba- sum bacciferum, la mer des Sar- ryum, calcium et sodium, dissociés gasses et l’océanographie . . : . .. 13 et introduits par électrolyse . . . . 716 Présidence de M. Jolyet, président. SUR LA MARENNINE DE LA DIATOMÉE BLEUE ; COMPARAISON AVEC LA PHYCOCYANINE, par L. Bocar. Pour rappeler que le pigment bleu du Vavicula ostrearia colore les huîtres dites de Marennes, M. Ray Lankester l’a nommé Marennine. IL … le croyait insoluble. Après MM. Bornet et Puységur, M. Sauvageau (1) à —_ indiqué sa facile solubilité dans l’eau douce. On ne sait rien de plus sur ses propriétés, et il n’a jamais été isolé. M. Sauvageau (2) a exposé tout (1) G. Sauvageau. À propos de la présence de la Diatomée bleue dans la Méditerranée (Bull. stat. biol. d'Arcachon, 1906). (2) G. Sauvageau. Sur le verdissement expérimental des Huîtres (Comptes rendus de la Société de Biologie. Réunion de Bordeaux, T mai 1907). 1074 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (65) récemment dans quelles conditions il fit rapidement verdir des huitres, par l’ingestion du W. ostrearia; il a bien voulu me confier ses matériaux d'étude, récoltés dans les claires de La Tremblade, et je l'en remercie vivement. Les inévitables Diatomées étrangères étaient mélangées en quantité insignifiante. La Marennine étant la cause du verdissement des huïlres, sa connais- sance est importante. En outre, elle est l’unique matière bleue connue fixée sur le protoplasma végétal, et se trouve chez une seule espèce de. Diatomée. Sans autre indice que sa couleur, certains auteurs ont supposé qu'elle pourrait être identique à la Phycocyanine des Cyancphycées. La Marennine fut extraite par macération du M. ostrearia dans de l’eau douce préalablement agitée avec de l’éther sulfurique (1). À La Tremblade même, M. Sauvageau jeta dans le liquide la Diatomée directement retirée de l’eau de mer,et m'expédia le tout. Lorsque la Diatomée a perdu tout son pigment bleu, le liquide est vert foncé sans dichroïsme. Traité par les acides (HCI, AzO*H..., etc.), il vire au bleu, en restant mono- _ chroïque (2). En augmentant la dose d’acide, il devient violet et conserve cette teinte quelle que soit la proportion d'acide ajoutée; on n'obtient jamais le rouge carmin que la Phycocyanine donne avec les acides. Inversement, le liquide bleu ou violet redevient vert par un alcali, et précipite en vert par l’alcali en excès. L’extrait vert ainsi obtenu renferme uniquement la Marennine. Agité avec la benzine, l'éther de pétrole, l'alcool amylique, il ne cède rien à ces dissolvants; avec l'alcool éthylique il se décolore et donne un préci- pité vert. M. Kohl a récemment démontré que les chromatophores des Diatomées sont colorés par la superposition de trois pigments : chloro- phylle, xanthophylle et surtout carotine. Les résultats que j'ai obtenus sur la Diatomée bleue, après séparation de la Marennine, concordent parfaitement avec ceux de M. Kohl. J'ai obtenu des cristaux avec la solution violette; je n’ai pas encore réussi avec les solutions bleue et verte. Ce sont des prismes allongés, probablement hexagonaux, munis de pointements très surbaissés sur les bases, isolés ou groupés, violets, non dichroïques, mesurant 4-6 y de long et 0,5-1 w de diamètre; ils restent lumineux entre les nicols croisés, se gonflent dans l’eau et dans la glycérine; les acides, le réactif de Millon ne modifient pas leur coloration. La Marennine est donc une substance albuminoïde qui n’a rien autre de commun avec la Phyco- cyanine étudiée par M. Molisch. (1) J’emploie cette méthode depuis longtemps et avec succès pour l’extrac- tion de l’Anthocyane des Phanérogames. Jamais le liquide n’a présenté de putréfaction. (2) Ceci explique comment la Diatomée bleue colore l’huître en vert (Voy. Sauvageau. Le verdissement des huîtres par la Diatomée bleue. Bull. stat. biol. d'Arcachon, 1907). A Eden à. dr US ie PR < 4 F5 hé Sn D, ii Nr SRuée S SÉANCE DU 4 JUIN 1075 J'ai étudié, au soleil, le spectre d'absorption dans des condilions iden- tiques pour les trois nuances, avec un spectroscope à prismes de Cornu, muni d'un oculaire Soret pour l'ultra-violet. Voici les résultats obtenus (1) : A. — Solution verte. Deux bandes : I, de E (= 0,525) à l'extrême rouge; II, de À—0y,455 à l’ultra-violet, avec maximum vers H, H,. En diminuant l'épaisseur du liquide, I se retrécit vers le rouge, et disparaît à 15 millimètres; II se rétrécit vers le violet et disparaît à 5 millimètres. B. Solution violette. Trois bandes : I, peu accusée, de a (À = 0u,72) à l'extrême rouge; II, de C (À—0u,655) à E (À — 0,525) avec maximum en D (= 0y,587); IL, de À — 0u,415 à l'extrême violet avec maximum d'absorption en H, H, ; I disparaît à 45 millimètres, IT à 15 millimètres et IIL à 5 millimètres. GC. — Solution bleue. Trois bandes : I et III sont les mêmes que précé- demment, mais Il a son maximum plus près du rouge, vers À — 0,610. L’alca- linité a donc pour effet de reporter la bande II vers le rouge. Je me propose d'exposer cette étude dans un Mémoire détaillé, avec photographies des spectres à l'appui. Le microspectre des cristaux bleu indigo de la Phycocyanine présente, d'après M. Gaidukow, une bande unique entre À = Ou,63 et À — Ou.,51, qui rappelle assez bien la bande IT de mes solutions bleue et violette. Ce trait de ressemblance ne saurait établir une identité entre la Phyco- cyanine et la Marennine. Tous les autres caractères, réactions chimiques, forme cristalline... etc., démontrent que la Marennine est une matière colorante différente de toutes celles éludiées jusqu’à présent dans le règne végétal. AMOEBOÏSME ET POUVOIR PHAGOCYTAIRE DES SPHÈRES DE GRANULES CHEZ LES MUSCIDES, par CH. PÉREZ. Dès les prèmiers jours de la nymphose, les leucocytes détruisent par phagocytose les muscles larvaires de la région antérieure, et se trans- forment, par englobement des sarcolytes, en ces phagocyles gorgés si reconnaissables, et auxquels on convient d'attribuer, depuis Weismann, le nom de Xürnchenkugeln ou sphères de granules. Ces éléments sont en- trainés passivement par la circulation sanguine et se répandent dans tout le corps. Mais ils conservent en outre, malgré les volumineuses in- clusions qui les encombrent, leur amæboïsme propre, et sont encore (1) Je rappelle que M. Ray Lankester, en examinant directement la Diatomée bleue vivante, n'avait pas obtenu de bandes d’absorption-isolées. 1076 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (67) capables de déplacements actifs, qui les font pénétrer à l’intérieur de divers tissus, même assez résistants. Ainsi, on les trouve immigrés dans l'hypoderme imaginal, particulièrement entre les ébauches des tono- fibrilles d'insertion des muscles, dans les ovaires, ete. Le fait le plus démonstratif est leur présence assez fréquente dans l'axe même des fibres musculaires abdominales en voie de transformation: ils ont dü ainsi, soit accompagner le sarcoplasme dans sa migration, soit traverser même l'écorce de myoplasme. Et partout ils sont reconnaissables par les réactions colorantes des inclusions qu'ils sont en train de digérer. Dans les cas qui viennent d'être indiqués, on peut penser que les sphères de granules sont amenées, en quelque sorte par le hasard de leurs pérégrinations, à l'intérieur de tissus jeunes en train de proliférer, et que, bien loin de poursuivre là leur rôle de destruction phagocytaire, elles peuvent au contraire céder autour d'elles, sous forme soluble, des matériaux nutritifs élaborés par leur act'vité digestive. Mais il y a d’autres cas à examiner. Je mets sous les yeux de la Société des préparations montrant la pénétration des sphères de gra- nules dans les cellules des glandes salivaires, dans l'hypoderme lar- vaire, dans le revêtement épithélial des troncs trachéens. Et ici l'aspect est différent; ce n'est plus une infiltration sporadique dans un organe qui garde sa structure, mais un envahissement massif dans un tissu qui en est disloqué, chaque sphère de granules s’y taillant un logement, comme à l’emporte-pièces. Outre l’afflux des sphères de granules, on note la pénétration simultanée de petits leucocytes à jeun (glandes sali- vaires). Il y a donc appel chimiotactique des plus caractérisés, et l'exa- men des préparations ne laisse aucun doute que cette immigration in- tense intervient au premier chef dans l’atrophie de ces organes larvaires, pour lesquels certains auteurs sont allés jusqu’à nier toute pénétration des leucocytes. Y a-t-il simplement dislocation mécanique par les amæbocytes ? Je ne le crois pas. On n’a pas affaire, il est vrai, comme pour la destruction des muscles, à des éléments toujours indiscutablement reconnaissables, comme le sont les sarcolytes englobés, conservant encore la striation caractéristique. Mais il existe, dans les sphères de granules que nous considérons en ce moment, des inclusions qui ne paraissent pas pou- voir être interprétées comme des sarcolytes en voie de digestion; les noyaux de l'hypoderme larvaire, en particulier, ne présentent pas du tout les mêmes aspects de chromatolyse que les noyaux musculaires. Mes préparations me paraissent donc justifier l'opinion qu’une véritable phagocytose intervient dans l’histolyse des organes en question; et l’englobement effectif de parties cellulaires semble bien la meilleure manière de comprendre comment chaque sphère de granules se creuse, dans la cellule où elle pénètre, un logement exactement à sa taille. Dans les glandes salivaires phagocytées,le protoplasme est vacuolaire, (68) SÉANCE DU # JUIN 1077 —_ mais les limites cellulaires sont encore bien conservées. L’hypoderme m'a paru tout à fait normal, et les cellules hypodermiques imaginales ne semblent jouer aucun rôle dans sa résorption. Pour les troncs tra- _chéens on trouve, au voisinage immédiat l’une de l’autre, une région envahie et une région qui prolifère activement : ainsi, l’on peut voir une sphère de granules, occupant toute la hauteur du revêtement d’une trachée, et qui n’est pas à 30 y d'une cellule de ce revêtement en pleine division indirecte. ; On voit qu'il faut en revenir, sur bien des points, aux affirmations de Kowalevsky. (Communication accompagnée de démonstration de préparations.) SUR LES POLYPES DE LA PULPE DENTAIRE (PULPITES HYPERTROPHIQUES), par CoynE et CAVALIÉ. Les auteurs décrivent généralement deux sortes de polypes de la pulpe dentaire : les polypes granulomateux et sarcomateux. Arkoevy (1) les à respectivement désignés sous les termes de pulpite chronique hypertrophique granulomateuse et de pulpite chronique hypertrophique sarcomateuse. Le polype granulomateux, le plus souvent peu volumi- — neux, de consistance molle, saigne facilement à la moindre piqûre. Il est formé par du tissu inflammatoire chronique. — Le polype sarcomateux, plus exubérant, de consistance ferme, saigne peu. On englobe, sous ce titre, d'ailleurs, diverses tumeurs de la pulpe. D Il faut ajouter à ces deux sortes de tumeurs une autre variété dans laquelle on rencontre, à la surface, un épithélium pavimenteux stratifié …(Arkoevy et Bædecker) (2). Ræmer (3) a constaté qu'il s'agissait le plus souvent d'une « autotransplantation » de l'épithélium gingival voisin à la surface du polype. — Nous avons eu l'occasion d'observer, parmi les tumeurs Huianee que nous avons examinées depuis trois ans, un cas où il y avait un - revêtement épithélial pavimenteux stratifié. Ha couronne de la deuxième molaire inférieure gauche, chez une . femme de quarante et un ans, sans antécédents notables, présentait sur — (1) Arkoevy. Diagnostik der Zahnkrankheiten und der durch Zahnleiden “— bedingten Kiefererhrankungen, Stuttgart, 1886. | (2) Bædecker. Anatomie und Pathologie der Zähne, Wien, 1899. … (3) Ræmer. Ueber Schmerzlose Pulpabehandlung nach Bœnnecken. Corres- —… pondenzblatt für Zahnärzte, 1899. 1078 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Hi), sa face triturante une vaste cavité, dite cariée, creusée par suite d'infection des tissus durs et communiquant largement avec la chambre pulpaire. Cette cavilé était comblée par une végétation de la grosseur d'une petite noisette, de forme sphérique, faisant corps avec la pulpe de la couronne. L'examen direct, sur la malade, avant l’avulsion de la dent, n’a permis de constater aucune relation avec la gencive du voisinage; les bords de la couronne établissaient, d’ailleurs, un contour net de déli- mitation. L'examen microscopique des coupes de la tumeur montre, à notre surprise, l'existence, à la surface, d’un épithélium pavimenteux stratifié altéré. | Au-dessous de l’épithélium, par places, se trouve du chorion muqueux qui le sépare du tissu pulpaire, et en d’autres points du tissu pulpaire seulement. Épithélium pavimenteux stratifié. — Neltement papillaire, il envoie dans la profondeur de longs diverticules épithéliaux qui parcourent la pulpe et qui s’anastomosent entre eux, donnant l'apparence d’un papillome. La couche génératrice semble être très active. Le corps muqueux de Malpighi ne présente rien à signaler de particulier. Les couches superficielles sont plus épaisses que dans celles de l'épithélium buccal; douze à quinze assises de cellules aplaties ; et, en plus, tout à la surface, six à sept assises de cellules en voie de dégéné- rescence vacuolaire et hyaline. Toutes les couches de l'épithélium pré- sentent de nombreux éléments leucocytaires infiltrés. Quelques diverticules épithéliaux de la profondeur, en contact avec le tissu pulpaire, sont attaqués, désagrégés par les éléments cellulaires de la pulpe. Chorion muqueux. — Du chorion muqueux persiste sous l’épithélium en quelques endroits seulement, renfermant des éléments cellulaires étoilés et aplatis, des éléments conjonctifs et élastiques au sein d'une substance amorphe abondante. Des lymphocytes assez abondants et des vaisseaux capillaires dilatés. Pulpe dentaire. — La pulpe dentaire est parfaitement distincte, soit au-dessous du chorion muqueux, soit en d’autres points directement sous l’épithélium. Comme l'a signalé Rœmer, la couche des odontoblastes ne parait plus exister. Mais il y a de nombreuses cellules rondes (mononucléaires probables), de rares polynucléaires et beaucoup de lymphocytes ; tous ces éléments sont emmaillés par un tissu nettement réliculé. Des vaisseaux capillaires abondants et dilatés, renfermant des glo- bules rouges, et beaucoup de polynucléaires sillonnent le tissu pulpaire. 10 | SÉANCE DU AJUIN 1079 EEE On a l'impression, à l'aspect, d’un tissu lymphoïde, adénoïdien. La richesse leucocytaire de la pulpe vient à l'appui de la découverte des _lymphatiques de la pulpe faite récemment par Schweitzer (1). Il résulte de notre observation que si, comme c’est probable, une e portion de muqueuse gingivale s'est greffée, comme coiffe, sur la pulpe, les éléments cellulaires pulpaires ont lutté contre cette greffe en résor- . bant partiellement le chorion muqueux et même des PANIQUE épi- théliales. _ Par contre, les éléments épithéliaux ont résisté et ont proliféré avec abondance. (Laboratoire d'anatomie pathologique.) TISSU INTERSTITIEL DES SURRÉNALES : MASTZELLEN ET MACROPHAGES, par J. SaprazÈs et P. Husnor (de Bordeaux). Si on a beaucoup étudié les cellules parenchymateuses des surré- nales — caractères morphologiques, fonctions — par contre, leur tissu de soutènement n'a guère fixé l'attention, mise à part sa réaction fibreuse dans la vieillesse. Or, ce tissu interstitiel a une évolution propre (2). Chez le fœtus, l'enfant, l'adulte, il se présente principalement entre les tubes de la fasciculée sous forme d’une charpente fibrillaire - délicale avec de rares cellules fusiformes très gréles et un plus grand nombre de cellules rondes Iÿmphocytoïdes, soit éparses, soit agminées -en ilots Iymphoïdes ; chez certains sujets, vieillards ou séniles, des plas- -mazellen typiques naissent de ces éléments : leur protoplasma peut subir la dégénérescence colloïde et être bourré de corpuscules de cet ordre. Des figures de division directe et de mitose donnent la mesure de …. leur prolifération. Elles contribuent à l'élaboration du tissu fibreux en devenant cellules fusiformes édifiant un tissu de sclérose annulaire. Elles exercent enfin des actions macrophagiques, se chargeant de … pigment ferrique. En outre de ces cellules, on retrouve là les divers “éléments du mésoderme : or, les mastzellen n’y ont jamais été décrites muni signalées, et les traités classiques d'anatomie vont jusqu'à dire “qu'elles feraient défaut dans les surrénales. Cette aflirmation ne résiste (1) Schweitzer. Arch. für mikroskop. Anat., 18 mars 1907. (2) Les surrénales humaines, aux divers âges, nous ont été fournies par des Sujets hospitalisés ou provenant d'autopsies médico-légales. Les cas étudiés étaient ceux dans lesquels les surrénales ne paraissaient pas impliquées dans - le processus anatomo-pathologique de la maladie et ne présentaient pas, par exemple, de localisations tuberculeuses, cancéreuses, syphilitiques. >—Ù PSS _Brococre. Compres RENoUS. — 4907. ©. LXIL. 1080 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (71) pas à l'examen. Nous avons toujours trouvé des mastzellen dans nos préparations. Mais, pour les mettre en évidence, encore faut-il prendre bien des précautions ; lorsqu'on s'efforce de réaliser certaines conditions techniques indispensables en pareil cas, ces cellules peuvent être conservées dans leur forme. Elles sont très vulnérables : elles subissent prématurément la plas- molyse post mortem, peut-être plus vite dans les surrénales que dans d'autres organes; leurs granulations se dissolvent dans les solutions aqueuses, les inclusions brutales et trop longues leur nuisent: enfin, beaucoup de colorants, et parmi les plus employés, tels que l’hématoxy- line et ses dérivés, ne les montrent nullement. Nous conseillons done, pour les mettre en évidence, de ne pas prélever les glandes après le délai de vingt-quatre heures, ou encore d’injecter dens la cavité abdo- minale, à leur niveau, le plus tôt possible après la mort, du formol à 10 p. 100. Des segments de surrénale sont ensuite immergés dans l’al- cool fort, fixateur à bien des égards médiocre, mais préférable pour les mastzellen. L'inclusion est faite rapidement, une heure au maximum, après pénétration par la benzine. On colore à la thionine en solution alcoolique, au bleu polychrome alcoolisé et aluné, ou par les mélanges éosine-bleu de méthylène-alcool méthylique (4), en évitant le plus pos- sible l’eau dans les manipulations. Dans ces conditions, chez l’homme, aux divers âges, on trouve des mastzellen dans les surrénales. Nous en avons trouvé chez le fœtus : à sept mois elles sont relativement nombreuses; les surrénales d’un fœtus de quatre mois, fixées cependant dans les meilleures conditions, ne nous en ont pas montré, bien que dès la on- zième semaine de la vie intra-utérine on rencontre quelques mastleucocytes dans le sang. De même à la naissance et quelques jours après; chez l'enfant, chez l'adulte ou le vieillard, nous avons toujours pu les mettre én évidence. Jamais elles ne sont ‘très nombreuses : on en trouve une vingtaine par coupe au plus, parfois beaucoup moins : il semble que chez les vieillards artério- scléreux, leur proportion soit plus élevée sans qu'on puisse établir un rapport absolu entre l’âge et leur nombre; du reste, leur topographie si irrégulière permet mal cette appréciation : elles nous ont paru se cantonner souvent dans des parties variables de la glande, comme si elles avaient tendance à se grouper : c'est ainsi que l’on parcourra inutilement un très grand nombre de champs, alors que d’autres contiendront quatre ou cinq de ces éléments. On les dépiste entre les fibres de la capsule d'enveloppe et particulièrement dans les portions incisurées de la glande où le tissu conjonctif s'enfonce en enton- noir; on en voit dans les tractus fibreux interglomérulaires, à des profon- deurs variables, mais n’excédant guère 150 à 200 u et ne pénétrant que très rarement entre les tubes de la partie externe de la fasciculée. Jamais nous n'en avons aperçu dans la partie profonde de cette zone, pas plus que dans la (1) Les surrénales ainsi colorées ne nous ont pas, jusqu'à présent, montré de cellules éosinophiles proprement dites. (72) SÉANCE DU À JUIN 1081 réticulée ou dans la médullaire où pourtant, chez Le vieillard, le tissu de sclé- rose émané des parois de la veine centrale est parfois très développé : ce vaisseau lui-même n’en contient dans ses parois qu'en dehors de la glande. . Eufin elles peuvent occuper, dans les glomérules eux-mêmes, l’interstice de _ deux cellules glandulaires. Elles ont les caractères généraux des mastzellen histiogènes, à contours — irréguliers, fusiformes, triangulaires, polyédriques, semblant se mouler sur les points qu’elles occupent. Les mastzellen intraglandulaires, ont un aspect …— plus globuleux. Leurs granulations sont franchement métachromatiques. Elles ne peuvent être confondues avec certaines cellules granuleuses non encore signalées dans ces glandes, sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement, et que nous avons pu observer en très grand nombre, dans quatre cas, dans des surrénales de vieillards et en quantité beaucoup plus restreinte dans un cer- tain nombre d’autres. Ce sont des cellules vivaces à corps protoplasmique grêle, parfois très allongé, atteignant 60 y, arborescent, se moulant sur les tubes glandulaires à l'instar d’une plante parasite au tronc d’un arbre. Elles sont surchargées de granulations basophiles, inégales, virant au vert bleuâtre en présence des bleus basiques, souvent associées à du pigment ferrique. _Ges cellules rappellent par leur gracilité et l’aspect de leur noyau les cellules conjonctives jeunes, ou mieux les cellules endothéliales grêles des espaces vasculaires qu’elles occupent. Leur noyau est vésiculeux, bourgeonnant, avec un ou deux grains de chromatine centrale. Elles présentent en somme tous les intermédiaires entre l’état finement granuleux des clasmatocytes, des rhagiocrines, des wanderzellen, première étape de l’évolution de ces cellules, — et l'état de véritables macrophages avec inclusions diverses, pigment en . glandulaire, pigment ferrique, etc. MASTZELLEN DANS LES SURRÉNALES DES ANTMAUX, par J. Saprazës et P. Hisnor (de Bordeaux). Nous avons recherché les mastzellen dans les surrénales de divers ani- maux. Il existe, dans les surrénales de certains amphibiens, des cellules appelées par Stilling « cellules d'été », à granulations métachromatiques, et —. considérées par Grynfelt, d’une facon dubitative, comme des mastzellen. Il est surprenant que ces cellules n'aient pas été signalées dans les surrénales des autres animaux. Chez le porc, on en trouve dans les diverses couches de Ja ue: : flexueuses et grêles, à ne ET" fines dans la rondes comme des mastleucocytes dans fe ee de la raie Chez le - chien, le cheval, le mouton, on en voit dans la capsule d’enveloppe et dans 5 les travées fibreuses interglomérulaires ; chez les rongeurs (lapin, cobaye, rats de de diverses espèces), nous n'avons pu jusqu'à présent les déceler que dans Le - cette capsule péri-glandulaire. Chez un singe (Cercopithecus ruber), dans une Ii — surrénale recueillie in: vivo, nous en trouvons dans la capsule d’enveloppe; — elles sont polyédriques, parfois fusiformes, exceptionnellement glsbuleuses, 1082 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (7) mesurant jusqu’à 12 p sur 9 y, à gros grains ayant tendance à s’essaimer. On n’en voit pas à l'intérieur de la glande dont le tissu interstitiel est du reste très peu développé. Ainsi, quoi qu'on én ait dit, les mastzellen existent dans les surré- nales. Leur nombre, leurs caractères morphologiques varient avec les espèces. Chez l'homme, on en trouve toujours dans ces organes, mais plus ou moins. Il n’est pas indifférent de rechercher ces cellules : leur rôle à l'état physiologique est des plus importants sans doute : on les rencontre chez la plupart des vertébrés ; elles sont encore représentées plus bas dans l'échelle animale. Leur importance n’est d’ailleurs pas moins grande au point de vue anatomo-pathologique. f LE Sargassum bacciferum, LA MER DES SARGASSES ET L'OCÉA\OGRAPHIE, par CAMILLE SAUVAGEAU. N'ayant jamais eu l’heureuse occasion de traverser la mer des Sar- gasses, je n’apporte aucune observation personnelle à son sujet. Je veux seulement rectifier les récentes affirmations des océanographes qui l'ont vue et dire que les causes de sa formation ne sont guère mieux connues que lors du premier voyage de Christophe Colomb. Elle est constituée surtout par des Sargassum bacciferum flottants toujours dépourvus de racines et presque toujours de fructifications (1). D'après M. Thoulet (2), ils sont dans un état précaire et ne tardent pas à périr, car « le courant charrie en même temps que la plante l'enveloppe d’eau qui l'entoure, et qui est bientôt épuisée de ses éléments nutritifs ». Au contraire, d'après M. Bouvier (3), ils prospèrent; d’ailleurs l’algo- logue Harvey a fort bien décrit leur végétation. (1) J. Agardh (Species Sargassorum Australiæ, 1889, p. 106) dit : « In pau- cissimis speciminibus natantibus receptacula obvenire certum videtur ». Otto Kuntze dit avoir récolté la plante fructifiée dans la mer des Sargasses ; toutefois, il confond le S. bacciferum et le S. vulgare, et les photographies qu'il donne sont complètement inutilisables (Revision von Sargassum und das sogenannte Sargasso-Meer, Botanische Jahrbücher, vol. T, 1881, p. 197 et fig. 3 et à). Aske- nasy n’a vu aucun S. bacciferum fructifié dans les nombreux herbiers qu'il a consultés. L’herbier Tnuret n’en renferme pas non plus. L’unique exemplaire « connu, pourvu de racines et de fructifications, cité par J. Agardh, provient de la côte d'Amérique. (2) Thoulet. Océanographie; Dynamique, 1896, p. 130. (3) Bouvier. Quelques impressions d'un naturaliste au cours d'une campagne scientifique de S. A. S. le prince de Monaco (Bulletin de l'Institut océanogra- phique, janvier 1907, et Revue générale des Sciences, 30 avril 1906). SÉANCE DU # JUIN 1083 La plante, dit M. Thoulet, croît sur les côtes américaines depuis le cap Cod jusqu'à Trinidad (1) ; elle mettrait six mois à un an pour arriver, … portée par le courant, jusqu’à la mer des Sargasses. Pour M. Bouvier, — sa distribution est moins étendue : le S. bacciferum vit au « voisinage des … côtes américaines tropicales à la manière de nos f'ucus, et les portions - détachées de leurs thalles, entrainées par les courants, viennent se “ réunir, etc. ». M. Mangin (2) dit la même chose. Il serait regrettable que cette notion absolument erronée, propagée …— par des océanographes, puis adoptée sans contrôle par de notables natu- - ralistes, devint classique. En réalité, on ignore complètement d'où viennent les $S. bacciferum de la mer des Sargasses. Rien ne prouve non plus qu'ils soient arrachés … aux côles, puis modifiés dans leur constitution, car, bien que la déter- … mination spécifique de la plupart des Sargassum présente de grandes difficultés, les botanistes n’admettent aucune forme de passage réel du — S. bacciferum à d’autres espèces. M. Collins, qui publie le magnifique — Phycotheca boreali-americana et connaît si bien les Algues américaines, … m'écrit que les Sargassum de la Floride et des Antilles ne vivent jamais … Jongtemps à l'état flottant quand la tempête les a détachés. Enfin, je 1 crois utile de rappeler que, en dehors de la mer des Sargasses, le S. bacciferum fut trouvé flottant dans les eaux du cap Vert, des Açores, des Bermudes, äe la Nouvelle-Orléans, de la Guadeloupe, du Brésil, du 1 Chili, d'Australie, de Nouvelle-Zélande et de Ceylan; il est rarement … rejeté sur les côtes européennes. Ainsi, ou bien le S. bacciferum vit à l’état fixé, dans une contrée …. insoupconnée d'où des courants inconnus transportent au loin presque uniquement des individus stériles, ou bien il végèle à l'état flottant …_ depuis un temps immémorial, et se maintient par bouturage naturel. …_Piccone, après Forbes, admettait qu'il est le témoin d'un territoire actuellement submergé, l'ancienne Atlantide. Les zoologistes appré- ….cieront l'importance de ces considérations au point de vue de l'origine - de la faune de la mer des Sargasses. : - La mode des voyages océanographiques permettrait d'étudier la uestion. Des récoltes nombreuses, faites en relevant la position géogra- phique exacte, indiqueraient si les variétés de S. bacciferum distinguées (1) Son excuse est la confusion qu'il commet en disant : on y trouve des plantes flottantes appartenant aux espèces S. bacciferum, latifolium et obtu- —satum, tous les quatre identiques à S. vulgare » (p. 130), détermination spéci- mfique aussi rapide qu'inexacte, probablement empruntée à 0. Krümmel (Die nordatlantische Sargassosee, 1891, p. 139). Ultérieurement, M. Thoulet (L'Océan, ses lois et ses problèmes, 1904, p. 367) cite cinq espèces de Sargasses sans dire, cette fois, qu'elles sont identiques. — (2) Mangin. Distribution des Algues (Bulletin du Musée océanographique de …— Monaco, 9 juillet 1906). 1084 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX - (75) par cerlains algologues sont mélangées ou cantonnées. En récoltant aussi toutes les Algues trouvées parmi les Sargasses, on en rencon- trerait probablement d'assez caractéristiques pour indiquer leur ori- gine (1). Enfin, il conviendrait de distinguer d’une part, les bancs d’une certaine étendue et quasi permanents, et d'autre part, les individus flottants de diverses espèces que les voyageurs ramassent çà et là au cours de leur navigation. DE L'ACTION SUR LE COUR DE L'ION POTASSIUM DISSOCIÉ ET INTRODUIT PAR ÉLECTROLYSE, par JEAN GAUTRELET. Nombreuses sont les recherches ayant trait à l’action du potassium sur le cœur. Après Grandeau, Jolyet et Cahours, en 1869, démontrent que les injections intraveineuses de sulfate de potassium à dose faible amènent la mort rapide du cœur de l’animal. Plus récemment, les tra- vaux des Américains Lœb, Ringer, Locke, Martin, Gueuther ont attiré l'attention sur la question. Tous s'accordent à reconnaître dans le potassium un inhibiteur du myocarde. Pachon et Busquet, dans une dernière séance de la Société de biologie, concluent : le potassium pro- duit l'arrêt du cœur en paralysani directement la fibre Asa car- diaque, impuissante d'elle-même alors à se contracter. C’est sur le cœur extrait de l'organisme à travers lequel est établie une circulation artificielle que ces derniers auteurs expérimentent. La plu- part des physiologistes précités ont fait de même. En outre, tous attri- buent à l'ion potassium — et cela logiquement d'ailleurs — l’action toxique pour le cœur, sans cependant l’avoir dissocié de son sel — sul-. fate ou chlorure — qu'ils injectent dans la circulalion ou mettent en con- tact avec le myocarde. Les recherches que nous avons entreprises depuis plusieurs mois sont destinées à étudier l'action sur le cœur de l'ion potassium dissocié élec- trolytiquement du chlorure et inlroduit dans la circulation de l’animal. Nous nous sommes servi du disposilif qu'avait employé Ensch en 1903, et qu'il décrit dans les Archives d'électricité médicale, pour démontrer le transport électrolytique de l'iode, par la circulation de la grenouille introduite dans un circuit. (4) « Gà et là, parmi les Sargasses, dit M. Bouvier, on rencontre quelques fragments de Fucus nodosus arrachés certainement aux rivages des Canaries, de Madère ou des Acores ». Or, autant que je sache, le F. nodosus n’a jamais été récolté aux Canaries, ni à Madère, ni aux Acores. C'est une plante sep- tentrionale d'Europe et d'Amérique. Ù SÉANCE DU 4 JUIN 1085 (76) La grenouille est attachée à un chevalet en liège {non en verre, comme Ensch le préconise justement), et placée à cheval sur deux vases en verre dont l’un recevait de l’eau (pôle négatif), l’autre du chlorure de _ potassium en solution à 3 p. 400 (pôle positif). Un rhéostat de Bergonié nous permet de graduer l'intensité d’un courant de 110 volts. Un milliampèremètre intercalé dans le circuit nous rend compte de l’inten- sité du courant (5 milliampères). Nous avons employé des électrodes de charbon pur. Les mouvements du cœur de la grenouille, mis à nu, étaient enre- gistrés à l’aide du cardiographe de Marey. Un tracé normal étant pris, et le courant établi et maintenu cons- tant, le nombre des contractions ne tarde pas à diminuer. Prenons pour type l'expérience 9. En dix minutes il passe de 56 à 52 à la minute. L’in- tensilé reste la même. D'ailleurs il en sera ainsi pendant une heure environ, ce après quoi elle décroît lentement. Peut-être y a-t-il lieu de signaler cependant qu'au bout d'une demi-heure, elle passe par un maximum étant supérieure légèrement à l'intensité du début. Le rythme ne diminue franchement qu'après une demi-heure de cou- rant — à la minute, 32 contractions. — Quelques systoles ventriculaires avortées produisent une irrégularilé passagère avant la première heure. Cette irrégularité persiste d’une façon inégale, se traduisant également par des différences d'intensité des diverses contractions, jusqu’à la fin. Au bout de deux heures, seize contractions ; après trois heures, quelques systoles auriculaires sans réponse du ventricule qui bat huit fois. Enfin à la quatrième heure, cœur mort en diastole. L'introduction par dissociation électrolytique de lion potassium dans là circulation de l’animal, a done produit rapidement la mort du cœur de la grenouille. Le rythme, l'intensité ont baissé graduellement. Notre expérience nous permet de dire, comme Pachon, après Bottazzi, que le potassium est un poison de la fibre cardiaque. C'est un tracé de fatigue musculaire que nous obtenons, comme ces auteurs, et d’une _ facon différente. Les cardiogrammes que nous publierons ultérieurement montrent d'ailleurs cette fatigue dans la systole ventriculaire qui se fait en deux - temps, et qu un plateau traduit également. DE L'ACTION SUR LE COEUR DES IONS MAGNÉSIUM, BARYUM, CALCIUM ET SODIUM, DISSOCIÉS ET INTRODUITS PAR ÉLECTROLYSE, par JEAN GAUTRELET. À l'aide de la technique décrite dans la note précédente, nous avons étudié l’action qu'exercent sur le cœur de la grenouille un certain 1086 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (T1) nombre d'ions, appartenant aux métaux des premier et deuxième groupes. Nos expériences ne nous permettent guère de rapprocher du potas- sium, au point de vue de l’action physiologique, que le magnésium. Si l’on introduit cet ion métallique par électrolyse (expérience 12), — intensité constante, 5 milliampères, — on constate, au bout de dix minutes, 56 contractions au lieu de 60 : légère augmentation de l’'ampli- tude. Après une demi-heure, 36 pulsations de même intensité; après une heure, 32; l'amplitude va alors décroissant, le rythme est irrégu- lier : systoles ventriculaires plus ou-moins avortées. À la quatrième heure surtout, le cœur bat follement; les contractions se succèdent, d'intensité Irès variable, et séparées par des pauses de longueurs diffé- rentes. Après cinq heures, 20 de ces contraclions encore à la minute. Nous n'avons jamais, dans les heures d'expérience, obtenu la mort du myocarde. Au bout de la sixième heure seulement, le courant, étant arrèté depuis une heure, nous avons dans un cas (expérience 12) vu le cœur cesser tout battement. Notre expérience est d'accord avec celles de Meltzer, de Wiki, de Bardier, qui, d’ailleurs, arrivent aux mêmes conclusions que Jolyet, en 1869. Comme notre maître, nous constatons, nous aussi, que le magné- sium est toxique pour le cœur, mais à un degré moindre que le polas- sium. On sait que c'est par mécanisme nerveux. Alors que le magnésium et le potassium traduisent leur activité sur le cœur d’une façon mortelle, le sodium, le baryum et le calcium intro- duits par électrolyse, eux aussi, manifestent leur action avec moins de brutalité. Aux dépens du rythme, l'amplitude du cœur est augmentée par l'ion calcium. De 56 contractions à la minute, le cœur passe graduellement en deux heures à 28, comme en font foi des tracés pris toutes les cinq minutes, mais la hauteur de la contraction a doublé. Quelques irrégu- larités transitoires vers la première heure, mais le rythme se poursuit ample et régulier postérieurement. Après cinq heures d’expérimenta- tion, encore 28 de ces contractions énergiques. Howell, Langendorff, Hueck, Ringer, Læœb avaient à juste titre, à l'encontre de Sabbatani, considéré le calcium comme renforçant la contraction cardiaque. Nous pouvons assigner au baryum une action semblable ou à peu près. Dans l'expérience 13, 60 contractions au début, 28 après quatre heures se succédant régulièrement et d'amplitude supérieure à la nor- male. Quelques systoles avortées ont, vers la troisième heure, produit l’action toxique de ce métal. Arkavine, récemment (1903), accusait les sels de baryum de ralentir le cœur. Quelle est enfin l’action de l'ion sodium ? Nos expériences nous démontrent nettement que son introduction prolongée, pendant huit heures même, n’a point arrêté le cœur (expé- SÉANCE DU 4 JUIN 1087 rience 11). Celui-ci à diminué son rythme; 60 contractions au début, . 36 après cinq heures; mais la hauteur de ces contractions a doublé. …_ Jolyet écrivait, il y a longtemps : « Les sels de soude peuvent être - introduits dans la circulation à dose considérable, sans amener la mort ». Lœb, Lingle, Overton considèrent le sodium comme excitant le myocarde. Nous vérifions ces faits en introduisant le sodium à l’état de ou tion. Mais nous comprenons pourquoi Gueuther attribue une action inhibitrice au sodium, quand nous voyons dans nos tracés quelques _systoles avortées, ou se faisant en deux temps. L'action nocive du métal _ sur le myocarde se lit neltement. L'activité des ions appartenant aux mélaux des premier et deuxième groupes ne saurait donc faire doute. Dissociés par électrolyse et introduits dans la cireulalion par ce pro- _ cédé, ils manifestent leur action d'une facon différente et que nous avons essayé de saisir. Avant de terminer, quelques remarques. Nous avons toujours usé des chlorures en solution à 3 p. 100. La contre-expérience consistant à mettre la solution chlorurée au pôle négatif a été faite, et nous a donné les tracés d’allure particulière et traduisant l’action du Cl; mais les cardiogrammes ont été compa- rables, quel que soit le métal en combinaison. Notons la réaclion fortement alcaline après expériences, du liquide placé dans le vase négatif, vers lequel se fait le transport de l'ion métallique dans nos recherches. Le fond de ce vase est également rempli de débris organiques. Enfin l'examen du sang nous a montré que les globules n'étaient en rien déformés par le procédé électrolytique; nous n'avons pratiquement pas à compter avec l’isotonie des solutions. _ (Travail du Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. : pt LE STD RME Le AC E RENE hits TE AN ds write liens de Le Réntr ET Re ge Er, dl Es OR PE EE _ gallinarum 1089 SÉANCE DÙ 15 JUIN 1907 BamrezLr (F.) et Srerx (Mile L.) : Activation des oxydations organi- ques par les extraits des tissus ani- Brerry (H.) et GraJA : Sur les fer- ments solubles qui dédoublent la populine et la phloridzine. . . . .. BorREz (A.) et CERNOVODEANU (Mie) Membrane ondulante du Spirochæte Balbiani (trypanosoma 0) à 0e MO ARE ES Brissy (G.) : Sur la congélation des pièces en histologie par l'air liquide Cazazsou (L.) : À propos de l’étio- lose de lasouma. .:... . . . .. .. Francois-FRANCK (CH.-A.) : Micro- photographie en couleur des pièces histologiques avec les plaques au- tochromes de A. et L. Lumière. . . Lasgé (H.) et Virry (G.) : Les sulfo-éthers dans la bile et dans les matières fécales. . . . , . . ..... Léprne (R.) et Bouzup : Effets sur la glycémie de la compression de l'aorte, près de sa bifurcation. . . Levaprrr (C.) et Ixrosx (J. Mc) : L'influence de l’atoxyl sur la spi- rillose provoquée par le Spirillum + OM IMONMOMOEOMOMOMONOREONEC TECH 7 EN ONOMON OR SAONE PORN TROIS ONE Lospser (M.) et Boverr (P.) : cbAnxiettlelcœnr.. .. ... .. MerzLère (G.) : Action de quelques cites sur l'inosite, différenciation du « Coli » et de l'Eberth ns tiaite ete Pacnon (V.) : Sur la résistance comparée du canard et du pigeon à l’'asphyxie dans l'air confiné. . . .. Pozrcarp (A.) : Sur une figuration BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 190% T. 1099 1093 . 1108 1090 . 109% 1096 1120 SOMMAIRE des noyaux des cellules épithéliales du tube contourné du rein rappor- tée à un parasite (Karyamæba renis GBC MOS MERE EN OERE ROSENTHAL (GEORGES) : L'aogluti- nabilité du vibriogène septique par le sérum antlisepticémique de Le- clainche-Morel, dernier vestige de sa parenté avec le vibrion septique. TixiER (LÉON) : Sur la pathogenie des anémies consécutives aux ulcé- rations expérimentales du pylore. WiNTREBERT (P.) : Sur le détermi- nisme de la métamorphose chez les batraciens. anoures. — I. Influence d'un milieu chargé d'acide carbo- Réunion biologique de Nancy. Asvapourova (Mile) : Sur l'origine et la structure des cellules pigmen- taires dans le foie des urodèles. . . CHAmPY (CHRISTIAN) : Sur l’immu- nisation contre le cantharidate de potasse par un sérum antitoxique. Mercier (L.) : Un parasite du noyau d’Amæba blattæ Bütschli . . PRENANT (A.) : Sur les « cellules de Paneth » dans les glandes de Lie- berkühn de l’homme. . ....... Ù SOYER (CHARLES) : Considérations théoriques sur l'ovogenèse des In- SÉCHÉES RE MN EU VMS Ie ne SOYER (CHARLES) Recherches cytologiques sur l'évolution de |” « Ovoplasmode » chez les lépi- dOpieneS Mere SERRE) nn fees LXIT. 15 TILL 1119 US 1106 1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Giard, président. PRÉSENTATION D OUVRAGE M. RoGEr. — J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie, de la part de MM. Mairet et Florence, un ouvrage intilulé : Le travail intel- lectuel et les fonctions de l'organisme (1 vol. in-8 de 128 pages, Montpel- lier, Coulet et fils, éd., Paris, Masson et C°). On y trouvera un nombre considérable de recherches personnelles, fort bien conçues et fort bien conduites. En étudiant le coefficient azoturique, le point de congélation de l'urine, le poids de la molécule élaborée moyenne, en déterminant la toxicité urinaire, les auteurs ont élabli que le travail intellectuel diminue l’activité des échanges nutritifs et active la nutrition du cer- veau : l'organisme élimine plus d’azote et de phosphore qu'il n’en absorbe. Pendant la période de repos, la nutrition générale s'élève au-dessus de son coefficient normal et l'organisme fixe dans ses tissus de l'azote et surtout du phosphore; il en élimine moins qu'il n’en absorbe. L'INFLUENCE DE L'ATOXYL SUR LA SPIRILLOSE PROVOQUÉE PAR LE Spirillum gallinarum, | par GC. Levaniri et J. Me INrosu (de Aberdeen). . Ulenhuth, Gross et Bickel (1) ont démontré récemment que l’atoxyl pré- vient et guérit la septicémie engendrée chez les poules par le spirille de Marchoux et Salimbeni. Peu après, Salmon (2) à employé avec succès ce médicament dans le traitement de la syphilis et ses recherches ont été con- firmées par Lassar (3), Ulenhuth, Hoffmann et Roscher (4) et par Hallopeau (5). Nous avons étudié le mécanisme suivant lequel l’atoxyi agit dans la spirillose brésilienne et nous nous sommes adressés aux poules et aux calfats (Padda oryzivora): Chez la poule, l’atoxyl agit préventivement et SÉANCE DU 15 JUIN 1091 curativement ; chez le calfat, on peut prévenir ou guérir l'infection en injectant sous la peau 2 milligrammes de ce produit. Des quantités supé- rieures à ces doses (5 milligrammes par exemple) ne tuent pas le calfat neuf, mais sont toxiques pour le Padda déjà infecté. 1° L’atoxyl agit-il in vitro sur le spirille brésilien? Nous avons ajouté à du sang riche en parasites une quantité d’atoxyl suf- fisante pour guérir le calfat (ou même supérieure) et nous avons maintenu les mélanges à la température de la chambre ou à 38 degrés. Nous n'avons observé aucune différence marquée entre les spirilles mis en contact avec l’atoxyl et ceux qui étaient suspendus dans de l’eau salée isotonique. A la température de la chambre, ces parasites ont gardé leur mobilité pendant plusieurs heures. Il en résulte que, employé à une dose qui agit efficacement in vivo, l'atoxyl ne paraît pas exercer une action spirillicide très accentuée in vitro. 2 L'atoxyl agit-il directement sur les sprrilles dans l'organisme vivant ? Nous avons examiné ce qui se passe sous la peau ou dans le péritoine des animaux ayant recu un mélange inactif d’atoxyl et de spirilles. Nous avons remarqué que pour ce qui concerne la poule et le calfat, les spirilles restent mobiles pendant quelques heures, mais finissent par perdre leur mobilité et s’agglutiner. Par contre, chez les animaux témoins, ayant recu des spirilles mélangés à de l’eau salée, les para- sites ne s'immobilisent jamais. Ces données montrent qu'au point de l'introduction du mélange de virus et d'atoxyl, les spirilles subissent des altérations régressives et sont génés dans leur développement. S'agit-il d’une stérilisation complète du virus inoculé? Nos recherches (calfats) nous ont montré que malgré cette destruction locale, un certain nombre des parasites restent vivants, car ils réussissent à pénétrer dans la cir- culation générale. On peut s’en assurer soit par l'examen microscopique du sang, soit par l'inoculation de ce sang à d’autres animaux neufs. 3° L’atoxyl n'empêche pas complètement l'infection, même lorsqu'il est employé préventivement. Conformément à ce qui a été déjà constaté par Ulenhuth, nous avons vu que, même lorsque l'examen microsco- pique ne révèle pas la présence des spirilles dans le sang, l’inoculation de ce dernier à des calfats neufs leur confère la spirillose. Le sang est —infectant le premier, le deuxième et même le troisième jour après —. l'injection du mélange atoxyl + virus. 4° L’atoxyl ne se fixe pas sur les spirilles; il n'agit que par l’intermé- diaire de l'organisme. Si l’on mélange à 50 gouttes d’atoxyl (2 p. 100) 10 gouttes de sang riche en — spirilles et si, après un contact de deux heures, on injecte à des calfats les parasites isolés par centrifugation, on constate que les animaux s’infectent comme les témoins. Et pourtant l'injection d'un mélange de 2 milligrammes 1092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’atoxyl et de 3 gouttes de sang spirillé est pour ainsi dire inoffensif pour le calfat (1). L'atoxyl modifie donc l'organisme en ce sens qu'il rend l'infection légère, presque inappréciable, el qu'il provoque une crise précoce, analogue à celle qui met fin à l'infection naturelle. T1 détermine l'apparition du processus critique, même chez des animaux qui, comme le calfat, ne font jamais de crise et succombent constamment à l'infection. D'ailleurs, ce qui prouve que réellement il y a chez les animaux atoxylés une véri- table crise, c’est le fait que ces animaux deviennent réfractaires (Ulenhuth) et qu’ils élaborent des anticorps décelables par des expé- riences faites 2n vitro (action immobilisante du sérum). Ce qui nous paraît le plus démontrer que l’atoxyl agit par l'intermédiaire de l'organisme, ce sont nos recherches faites sur la souris. Cet animal inoculé dans le péritoine, prend une spirillose assez accentuée, mais passagère et non transmissible en série. Or, l'injection de mélanges d’atoxyl et de spirilles (inoffensifs pour le calfat) provoque la même maladie que chez les souris témoins, simplement infectées. L'espèce animale joue donc un rôle impor- tant dans l'efficacité du traitement de la spirillose par l’atoxyl. Quant au mécanisme d'action de l'atoxyl, il consiste dans l’exagération des moyens que l'organisme emploie normalement pour se débarrasser des spirilles au cours de la crise, 11 résulte des recherches antérieures que cette crise est due à l’interven- : tion des phagocytes (Levaditi et Manouélian). Nous avons nous-mêmes cons- taté, soit sur des coupes à l'argent, soit sur des frottis, l’englobement des. spirilles par les leucocytes des animaux atoxylés; nous n'avons constaté aucune différence entre le degré de cette phagocytose et de celle des animaux témoins. Il est possible que l’atoxyl agisse favorablement aussi sur l’élabora- tion des anticorps; cependant nos recherches ne nous ont révélé aucune dis- semblance entre la teneur en anticorps des sérums des animaux infectés et atoxylés, et des témoins simplement infectés. (Travail du Laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) (1) 11 ne produit que l'infection légère dont déjà il a été question. " A M ec EU ET AT PNY Le: SÉANCE DU 15 JUIN 1093 LES SULFO-ÉTHERS DANS LA BILE ET DANS LES MATIÈRES FÉCALES, par H: LABBé et G. Virry. En recherchant l'origine et la signification des sulfo-éthers uri- naires (1), nous avons été amenés à nous demander si ces corps n'existaient pas tout formés ailleurs que dans l’urine. Bile. — Les analyses classiques les plus complètes ne donnent pas, à notre connaissance, la teneur de la bile en sulfo-éthers. Nos recherches ont porté sur 3 échantillons de bile humaine prélevée sur le cadavre; les sujets étaient choisis comme n’ayant pas succombé à une affection . ayant porté particulièrement sur l'appareil biliaire. Le premier échantillon comprenait 50 centimètres cubes de bile recueillis sur deux individus : Teneur en sulfo-éthers O gr. 0504 par litre (exprimé comme usuel- lement en acide sulfurique). Le deuxième échantillon comprenait 30 centimètres cubes de bile recueillis sur un seul individu : Teneur 1 gr. 298 par litre. Le troisième échantillon était de 30 centimètres cubes prélevés sur un seul individu : Teneur O gr. 072 par litre. Soit 3 chiffres très différents : 1 gr. 298, 0 gr. 0504 et 0 gr. 072. La même technique appliquée à la bile de bœuf recueillie aux abattoirs aussitôt après la mort donne une teneur de 1 gr. 0044 par litre. Sur un chien mort de jeûne après Chaquantes quatre jours, la teneur est de 1 gr. 22 par litre. De ces chiffres, il ressort que : 1° La bile renferme constamment des sulfo-éthers ; 2° La teneur en sulfo-éthers de la bile est assez variable: mais ces varialions ne doivent guère nous étonner, étant donnée la grande varia- bilité de la concentration de la bile et de sa composition. Les analyses des autres éléments biliaires montrent des variations aussi considérables d’un jour à l’autre ou d’un animal à l’autre. Ce qu'il importe de retenir, c’est la présence constante de ces corps dans la bile, et le rôle important que doit jouer le liquide biliaire dans le métabolisme des sulfo-éthers de l'organisme. Les quantités de bile sécrétée quotidiennement sont mal connues ; il semble cependant qu'elles soient assez considérables, et la quantité globale des sulfo-éthers passés en un jour dans l'intestin par la voie biliaire peut atteindre facilement les chiffres trouvés quoti- (4) H. Labbé et G. Vitry. Société de Biologie, 1 avril et 28 juillet; 1906, 2 février et 27 avril 4907. 1994 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diennement dans l'urine (0 gr. 26 au maximum). On est donc amené à penser que tous les sulfo-éthers urinaires passent d’abord par la bile. Dès lors, il importe de se demander quel est le sort de ces corps supposés arrivés à l'intestin par la bile, et de les rechercher dans les matières fécales. Matières fécales. — Voici les résultats que nous avons obtenus dans . 3 analyses de fèces chez l’homme : Le dosage de sulfo-éthers a été fait comparativement dans les urines totales des mêmes jours : Cas I. Sulfo-éthers trouvés dans les matières d’un jour . . . O0 gr. 00474 — — dans les urines du même jour . . 0 gr. 1243 Cas IT. SULTOÉEDETS AE COX RENE EU RE IR 0 gr. 01309 — UTIDAITES VAN FE ES AR Re ER EIRE S 0 gr. 1797 Cas IT. Sulfo-éthers fécaux. . - . . : . | SUN ES VE TRAD ES Tr AUUTE — URINAICES Ÿ LUE MIRE DRE TR CE EARE 0 gr. 1197 De ces chiffres il ressort que les matières ne renferment que très peu de sulfo-éthers (environ la dixième partie de ce qu’on trouve dans les urines). Ge n’est donc pas dans l'intestin que ces corps se forment, et, s'ils y arrivent par la bile, ils s’absorbent et disparaissent presque complètement avant de parvenir à l'anus. Baumstark avait déjà constaté que la quantité d'indican trouvée dans les fèces était très faible et ne pouvait servir à apprécier l’auto-intoxication intestinale. (Travail du laboratoire du professeur Landouzy à la clinique médicale Laënnec.) LA CHAUX ET LE CŒUR, par M. Loper et P. Boveni. On connaît l’action excitante des sels de chaux sur le muscle car- diaque. Les physiologistes en ont donné une preuve évidente en plon- geant un cœur de grenouille dans une solution riche en sels de calcium. Rabuteau, puis Sidney Ringer, Locke, Güthlin ont successivement répété cette expérience. Récemment encore, Loeb, Mac Callum ont étudié l’action de l'ion calcium sur les muscles en général et le cœur en par- ticulier. I. — Les expériences que nous avons entreprises nous permettent FPT EN Eee SÉANCE DU 15 JUIN 1095 _ d'apporter uné nouvelle démonstration du rôle des sels de chaux dans _ le fonctionnement du système cardiovasculaire. Tout d'abord nous avons observé chez l’homme l'élévation de la pression artérielle et le ralentissement des battements cardiaques à la suite de l’ingestion de chlorure de calcium. D'autre part, en faisant ingérer à des lapins pendant un mois des doses quotidiennes de 1 à 2 grammes de CaCl? et de 2, 4 et même 8 grammes de carbonate et phosphate de Ca, nous avons observé une augmentation notable de poids du cœur : elle est de 9,60, de 9,30 de 7,90 et 8,80 alors qu'elle atteint seulement 5,50, 6 et au plus 6,10 chez les témoins. I — On sait que l’adrénaline entraine par elle-même un certain degré d'hypertrophie cardiaque. Cette hypertrophie est infiniment moins forte que celle que l’on obtient chez les lapins soumis simultané- ment à une alimentation riche en sels calcaires et au traitement par ’adrénaline. POIDS DES COEURS À Adrénaline seule | Adrénaline et sels de Ca 8,10 | 9 5,80 10,50 5,10 10,90 8,10 10 b, 10 9,60 £ 1,10 10,80 5,20 9 20 10,40 Moyenne : 6,61 Moyenne : 10,05 Nous avons réuni dans une même colonne les résultats obtenus avec le chlorure de calcium, le carbonate et le phosphate seuls ou avec les trois sels combinés, car les différences n'étaient pas importantes. Si l’on fait la contre-expérience et que l’on soumette les lapins à une alimentation très pauvre eu sels calcaires, pommes de terre et carottes par exemple, l’adrénaline, même à doses assez fortes et prolongées, ne détermine pas d'augmentation : 5,10, 5,70 au lieu de 7,10 et 8,70 chez les témoins, alimentés avec du son et des choux. A l'examen microscopique nous avons noté une hypertrophie très évidente de la fibre musculaire, mais nous ne pouvons affirmer, malgré la richesse apparente des noyaux, qu’il y ait une véritable multiplica- tion. Il n’y avait en tout cas aucun œdème. IT. — L'hypertrophie du cœur sous l'influence de la chaux s’accom- pagne d’une certaine accumulation de sels de chaux dans l'intimité . même de l'organe. Le muscle cardiaque contient, à l’état normal, déjà quatre à dix fois plus de chaux que les muscles périphériques. Chez le lapin, la proportion est encore plus élevée, semble-t-il, que chez jes 1096 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE autres animaux. Si l'on soumet les lapins à une alimentation hyper- calcique, la densité du cœur s'élève à 1046 et 1050 au lieu de 1010 ou 10,20, et la proportion de chaux pour le cœur atteint 0,42, soit 10 à 11 milligrammes par cœur, alors qu'elle ne dépasse pas 0,26, soit 0,0065 à 0,007 chez les témoins. IV. — De ces expériences, nous croyons pouvoir conclure : 1° Que les sels de calcium déterminent des hypertrophies notables du cœur et se fixent dans le muscle cardiaque en plus grande proportion que dans les muscles périphériques; 2° Que l'augmentation de la chaux alimentaire entraine une augmen- tation de la chaux cardiaque, et la diminution, au contraire, une dimi- nution parallèle. (Travail de la clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) ACTION DE QUELQUES BACILLES SUR L'INOSITE DIFFÉRENCIATION DU « COLI » ET DE L'EÉBERTH ». par M. G. MEILLÈRE. Dans une série de notes antérieures, nous avons cherché à établir que l’inosite, polyalcoo!l à chaîne fermée de même formule brute que les hexoses, présentait avec ces derniers une parenté d’allure soulignée par un certain nombre de constatations biochimiques et physiolo- giques (1). . Dans ce même ordre d'idées, il nous à paru intéressant de voir si l'inosite se conduirait comme les sucres dans les milieux de culture, c'est-à-dire si elle se trouverait attaquée dans des conditions et avec des microbes déterminés. Jusqu'à ce jour, une seule indication, assez vague d'ailleurs, à été fournie à cet égard. Les auteurs consignent, en effet, que l’inosite subit une sorte de fermentation au contact du vieux fromage ou du lait aigri. | Nos essais dans cette voie ont porté d'abord sur Le bacille d’Eberth et sur le Bacterium Coli commune. Ces premières expériences parurent - établir quele bacille d’'Eberth attaquait assez rapidement l’inosite, alors que cette dernière substance pouvait être retrouvée dans un bouillon (1) G. Meillère, Comptes rendus de la Société de Biologie, février 1906. — Con- grès de Rome, avril 1906. — Journal de pharmacie et de chimie, août 1906. — G. Meillère’et L. Camus, Comptes rendus de la Société de Biologie, juillet 1906. Thèse H. Georges, 1906. La 'ERPONTE ER E on d'à [VER + i k NS J N- . 4 É. % # 4 ;, nt "5 | . 2% à SÉANCE DU 45 JUIN 4097 un mois après la mise en culture du B. Coli, résultat consigné dans la thèse de notre élève Henri Georges (F. M. Paris, 1906). Mais ces constatations manquaient de netteté, en ce sens que sous des influences qui échappaient à tout contrôle régulier, le bacille d'Eberth était parfois inconstant dans son pouvoir destructeur vis-à-vis de la molécule inosique. Nous crûmes d'abord que les divergences constatées au cours des essais tenaient à la composition des milieux de culture, et nous fimes subir à ces derniers toutes les modifications qui se présen- taient à l'esprit comme pouvant avoir une influence sur le résultat cherché, ce qui nous amena à étudier la plupart des milieux liquides proposés pour la culture des microbes. Nous finimes par nous con- vaincre qu'il fallait chercher ailleurs la cause des irrégularités, et, cessant d’incriminer la composition des milieux, nous eûmes enfin l’idée de comparer les cultures nettement aérobies à celles dans lesquelles l’anaérobiose est imposée au microbe d’une façon plus ou moins com- plète par la forme des vases ou par tout autre artifice. Dès ce moment, les résultats s’orientèrent d’une façon précise et nous permirent de constater que l’inosite demeurait inattaquée en culture anaérobie, aussi * bien avec l’Eberth qu'avec le Coli, tandis que, en milieu nettement aérobie linosite était rapidement détruite par l’Eberth et respectée par le Coli. La présence de l'oxygène est à ce point nécessaire pour assurer la destruction de l’inosite, que les microbes attaquant le plus volontiers cet alcool cyclique dans les conditions ordinaires de culture ne peuvent plus arriver à le détruire quand on opère en milieu privé d'oxygène. C'est ce que nous avons constaté en particulier avec différents échan- tillons de bacille lactique et avec le B. lactis aerogenes. Ainsi s’expli- quent les irrégularités observées dans nos premiers essais effectués en tubes profonds, c’est-à-dire dans des conditions où se trouve toujours réalisé un certain degré d’anaérobiose. Nous tenons à préciser les conditions dans lesquelles nos derniers essais ont élé effectués, afin de permettre à ceux que cette question intéresserait de reproduire facilement nos expériences. Afin d'éliminer toute influence due aux peptones de marques diverses, nous conseillons d'employer simplement un bouillon ou « thé » de veau préparé en maintenant pendant une heure à 110 degrés à l’autoclave, 250 grammes de viande de veau maigre hachée, 3 grammes de sel marin (sel gris des cuisinières), 5 grammes de cendres de bois et q.s. d’eau‘pour retirer finalement un litre de bouillon. Chaque fiole de Gayon de 12 à 15 centimètres de diamètre recoit 20 centimètres cubes de bouillon très légèrement alcalinisé au tournesol et 1 centigramme d’ino- site pure, L'ensemencement se fait largement, au moyen d’une pipette effilée, et la culture s’effectue à la tenrpérature optima de développe- ment du microbe étudié. Au bout de quarante-huit heures, la culture refroidie est déféquéé Jet pa ÿ Re Ou ae NES TR PE Dane en Dre ML à Ce die VD ER Vie D TO! CEE DS EE NE Re PO 1098 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par un léger excès (soit environ 15 gouttes) de réactif nitro-mercurique bien exempt de sel mercureux et q. s. de soude au 10° pour neutraliser presque complètement le liquide qui doit exercer une très légère réac- tion sur le tournesol bleu et ne pas donner de réaction avec le tournesol rouge (c’est-à-dire qu'il ne doit pas atteindre la réaction amphotère (1). Le précipité mercurique étant réuni par centrifugation et rejeté, le liquide est traité par l'hydrogène sulfuré pour séparer l’excès de sei de mercure qui reste en solution. Après séparation du sulfure de mercure par filtration ou centrifugation, le liquide est maintenu à l’ébullition pour chasser complètement l'hydrogène sulfuré, puis alcalinisé très Légè- rement par l’ammoniaque et ensuite précipité par un léger excès (envi- ron 3 centimètres cubes de sous-acétate de plomb qui entraîne l'inosite avec quelques substances ne gênant pas ses réactions caractéristiques. Toutefois, il est plus sûr de décomposer par l'hydrogène sulfuré le pré- cipité plombique recueilli par centrifugation. La liqueur obtenue, réduite au volume de 2 centimètres cubes, reprise ensuite par 10 centimètres cubes d'alcool à 95 degrés et 20 centimètres cubes d’éther, donne un nouveau précipité sur lequel on effectuera successivement les deux réactions nitromercurique et strontianique avec les précautions que: nous avons indiquées dans notre note originale (Comptes rendus de la Société de Biologie, février 1906). En présence des résultats obtenus avec le B. Coli et re B. d’Eberth, résultats qui paraissent établir la première réaction biochimique posi- tive du bacille d’Eberth (2) (à notre connaissance du moins), nous nous proposons de poursuivre ces essais sur d’autres bactéries et en partieu- lier sur les bacilles du groupe paratyphique que nos premiers essais paraissent rapprocher à cet égard du B. Coli. Nous nous proposons éga- lement d'étudier les produits engendrés aux dépens de l’inosite par les processus bactériens. (1) L’addition ultérieure du nitrate d'argent en quantité un peu inférieure à celle que nécessiterait la précipitation du chlore des chlorures et l'addition du nitrate de plomb en léger excès, toutes deux recommandées par nous quand il s’agit de traiter une urine, peuvent être négligées quand il s’agit de déceler qualitativement l’inosite dans un liquide tel que le thé de bœuf ou le bouillon de peptone. (2) En dehors, bien entendu, de la réaction d’agglutination à laquelle e qualificatif « Moneiene » pourrait s'étendre. eû: FT VAN al if x RAT TE + ER : et SÉANCE DU 15 JUIN 1099 MICROPHOTOGRAPHIE EN COULEUR DES PIÈCES HISTOLOGIQUES AVEC LES PLAQUES AUTOCHROMES DE À, ET L. LUMIÈRE, par CH.-A. FRANÇOIS-FRANCK. La maison Lumière a mis en circulation ces jours-ci, comme on le sait, les plaques autochromes qui permettent la reconstitution parfaite des couleurs, avec des manipulations simples ne nécessitant qu’une seule plaque. On connaît le principe de ce procédé et la technique de son emploi qui le met à la portée de tous. J'étais très désireux, depuis longtemps, d'appliquer à mes recherches micro- photographiques les plaques autochromes de MM. Auguste et Louis Lumière, et j'ai obtenu de ces messieurs, toujours si disposés à aider les travailleurs, d'aller faire, sous leur direction, des essais méthodiques dans leur labora- toire de Lyon. J'y ai été gracieusement accueilli au mois de Mars de cette année, avec deux de mes assistants, et j'ai pu reproduire, dès cette époque, guidé par M. Auguste Lumière, un assez grand nombre de mes préparalions, soit avec _ l'appareil de la maison, soit avec l’appareil de Leitz que j'avais emporté à Lyon. Ce sont, je crois, les premiers clichés de microphotographie en couleur qui aient été obtenus par le procédé Lumière, et je suis très reconnaissant à MM. Lumière de m'avoir permis d’en attribuer la primeur à mon labora- toire. Ces derniers jours, les plaques autochromes ayant été livrées au commerce, . nous nous sommes empressés de renouveler nos essais pour pouvoir soumettre aujourd'hui à la Société une série d’agrandissements microphotographiques de pièces polychromes empruntées à notre propre collection ou que plusieurs collègues nous avaient confiées. Sans insister, dans cette présentation générale que je tenais à faire tout _ d’abord à la Société de Biologie, j’attirerai seulement l'attention sur quelques points essentiels. Chaque préparation histologique colorée, coupe ou pièce d’ensemble, a - fourni deux clichés : l’un, le négatif ordinaire; l’autre, le cliché autochrome définitif. Avec le négatif, on a tiré un positif de projection, soit en ton noir, soit en ton chaud (ce dernier se prêtant, du reste, à des tonalités très variées, dont quelques-unes se rapprochent du ton même de la pièce originale, le brun-Bismarck par exemple). L'examen comparatif des deux diapositives montre, au premier coup d'œil, la supériorité de l’autochrome pour la démonstration, qu'on regarde les plaques par transparence ou qu'on les projette simultanément sur l'écran. C’est la suppression des teintes plus ou moins heureuses qu'on était obligé - d'ajouter au pinceau sur les positives de projection ordinaire : ici le résultat est obtenu d'emblée, automatiquement, avec une rigoureuse fidélité dans tous {100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les détails, sans qu'il soit nécessaire de rechercher d'emblée les forts agran- . En outre de la facilité que. fournissent les plaques autochromes pour la projection destinée soit à l'étude des pièces histologiques, soil aux démon- strations, il est bon d’insister sur cet autre point qu'on ne risque plus de sacrifier les préparations originales en les projetant directement, accident trop fréquent avec les éclairages intenses concentrés en un point circonscrit. La fidélité dans la reconstitution des couleurs d’une pièce simplifie beau- coup le travail de l’histologiste qui veut obtenir une planche colorée destinée à la publication : au lieu du pénible travail à la chambre claire et du report toujours difficile sur le dessin des teintes de la préparation, on obtient d'emblée, en quelques minutes, un cliché qui reproduit, avec les détails de la pièce, son véritable coloris avec toutes ses nuances. Jusqu'au jour, prochain sans doute, où MM. Lumière nous fourniront le moyen de tirer sur papier leurs plaques autochromes, ce procédé rendra les plus grands services en économisant le temps et les yeux de l’opérateur tout en fournissant à l'artiste un modèle irréprochable et authentique. | La microphotographie en couleur convient également aux agrandissements en lumière polarisée, ressource précieuse pour l’étude spectrale des liquides, du sang et des cristaux de toute sorte. C’est ainsi que j'ai obtenu la repru- duction des teintes variées et des irisations des cristaux de Gneiss du Mont- Blanc que je présente ici. Le dispositif est celui qu'on emploie pour l'étude histologique courante avec la polarisation; la plaque autochrome fixe avec une rigoureuse précision toutes les nuances que peut saisir l’œil de l’obser- vateur, et les rend visibles à tout un auditoire: La microphotographie stéréoscopique est tout aussi facile à réaliser avec les plaques autochromes qu'avec les plaques ordinaires, soit avec la loupe bino- . culaire de Zeiss pourvue d’une chambre ad hoc, soit avec les platines à bascule, celle de Nachet, par exemple. On obtient ainsi la vision nette des divers plans d’une préparation, que ne saurait fournir une microphotographie simple dont là mise au point n’est faite que pour un seul plan. Je ne crois pas, en effet, qu'avec la microphotographie en couleur, il y ait lieu d'espérer obtenir, sur une seule plaque, la mise au point moyenne résultant d'expositions succes- sives des divers plans d’une même pièce, selon le procédé appliqué fort heu- reusement dans le laboratoire de M. Borrel et récemment communiqué à la Société. Tout au moins l'essai que j'en ai fait n’a-t-il pas donné de résultats encourageants. La prise de vue stéréoscopique réalise très simplement ce desideratum avec tous les bénéfices d’une vision nette des couleurs. L'écran coloré spécial fourni par MM. A. et L. Lumière avecleurs plaques auto- chromes convient pour la photographie ordinaire à la lumière solaire; il n’est pas destiné aux prises de vues à la lumière de l'arc voltaïique traversant une série d'intermédiaires (condensateur, lentilles convergentes, prisme, etc.;). Cependant nous avons obtenu, avec cet écran à fond jaune, plusieurs des microphotographies en couleur que je montre aujourd'hui; elles sont, comme on voit, très satisfaisantes ; la comparaison des couleurs qu’eiles présentent avec la couleur des pièces histologiques polychromes SHBRIES donne la sensation d’une très bonne reconstitution. : Ces clichés microphotographiques obtenus récemment dans mon “labora- SÉANCE DU 15 JUIN 1101 TN mr 0 2 CE DE D CUT Se D DD ed 7 À toire avec le matériel que nous avons reçu il y a huit jours de la maison _ Lumière peuvent soutenir la comparaison avec les clichés obtenus par nous, sous la direction de M. Auguste Lumière, à Lyon, au mois de mars, avec un écran de teinte différente monté à notre intention dans le laboratoire per- sonnel de M. A. Lumière, Le temps de pose pour la microphotographie avec les plaques autochromes est, nécessairement, plus prolongé qu'avec les plaques que nous employons d'habitude (Sigma, bleues, ortho A, ortho antihalo, panchromatiques de la maison Lumière); il n’y a pas lieu dès lors de songer à obtenir en couleur les instantanées que nous réalisons facilement, comme je l'ai indiqué dans mes notes précédentes (avril et mai 1907), avec les autres plaques : la mesure moyenne normale, en pleine lumière du jour, indiquée par MM. Lumière pour leurs nes autochromes, avec l'écran coloré approprié, est en effet d’une seconde à f. 8 avec les appareils ordinaires. Cette moyenne est forcément JL S NÉE pour la te en couleur, mais pas autant cependant qu'on pourrait le penser : dans nos essais avec l’arc voltaique de 15 ampères en moyenne, même avec les intermédiaires du banc d'optique de Zeiss et le prisme que nous a récemment fourni la maison Pellin, nous ne dépassons guère 10-50 secondes, faible durée qui évite le chauffage des pièces et permet de supprimer la cuve d’absorption : les clichés que je présente ici ont été obtenus avec ce temps de pose moyen, même pour les forls agrandissements avec l'objectif à immersion de Zeiss achromatique 1/12, l’oculaire à projection # et un tirage de 50 centimètres. Pour les faibles agrandissements (cbj. Z,.70 millimètres, obj. Z, AA, sans oculaire, tirage 0,30), avec des pièces très transparentes, nous avons eu des clichés légèrement surexposés avec deux secondes de pose. A titre de spécimen, je presente ici des microphotographies en couleur de cristaux de Gneiss obtenus à la lumière polarisée avec leurs irisations, des bacilles du charbon dans le sang (pièce de Jolly), une coupe longitudinale de là colonne vertébrale d’un embryon de porc avec les cartilages d’ossification (pièce de Oxner), une coupe d'intestin de salamandre (pièce de Guieysse), une coupe de rein de lapin en état d'hypersécrétion (pièce de Lamy, Mayer et Rathery), une coupe de cancer du sein (pièce de Borrel), d’intestin de grenouille avec absorption de graisse (pièce de Me Cernovodeanu et de Victor Henri), plusieurs préparations personnelles (alevin de truite, mem- brane operculaire de tanche, palette branchiale de branchippe etc.); sur chacune de ces pièces en couleur on retrouve, fidèlement reproduits, les tons variés des pièces originales, comme mes collègues peuvent s’en assurer en examinant comparativement les préparations au microscope et leur agrandis- sement sur plaques autochromes. Je suis très heureux d’avoir pu, grâce à l’extrème obligeance de MM. À. et L. Lumière, qui ont bien voulu me permettre d'exécuter chez eux les premières microphotographies en couleur, montrer dès aujour- d'hui à la Société de Biologie ces résultats si encourageants. Il va sans dire que, pour cet objet spécial, comme pour tout autre, mon labora- . toire est ouvert à ceux de mes collègues que ces études peuvent inté- k AC RE C0 AT TE 2 " DANS EN She TETE. Co ‘4 g, è 5 ù es Li : $ Le 4 à à ; Ë. 1102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE resser, soit pour des démonstrations plus détaillées, soit pour la repro- duction de leurs pièces personnelles (1). (Recherches exécutées dans le laboratoire de MM. Lumière, à Lyon, et au laboratoire du Collège de France.) MEMBRANE ONDULANTE DU SPIROCHÆTE BALBIANI (TRYPANOSOMA BALB.) - par À. BorrEz et M'® CERNOVODEANU. Ce parasite trouvé par Certes dans l’huître est un microbe intéressant au point de vue des affinités possibles entre Spirilles, Spirochètes, Trypanosomes. Il a d’ailleurs été déjà fort étudié. Pour ee uns: Certes, Dœæflein, Perrin, Prowazek, le parasite doit rentrer dans le groupe des Trypano- somes et ces auteurs le caractérisent avec noyau défini, membrane ondulante, division longitudinale. Pour d’autres, et Laveran et Mesnil ont soutenu cette opinion, puis Swellengrebel : le Trypanosoma Balbiani doit passer dans le groupe des Bactériacées au voisinage des Spirilles. Laveran et Mesnil ont décrit une gaîne particulière et croient que les attaches de la gaîne avec le corps sont plus ou moins lâches,; ils ont soutenu la division transversale. VIès, dans une note récente à la Bio- logie signale la présence de cils sur tout le corps, souvent agglutinés en touffes et qui rappelleraient les cils du Spirillum gallinarum. Nous avons eu l’occasion d'étudier sur des huîtres fraiches des parasites fort nombreux et très mobiles, et nous voulons signaler ici le résultat de nos recherches en ce qui concerne la membrane ondulante. À l’état frais et lorsque les mouvements du microbe se ralentissent, on peut déjà voir la membrane ondulante convexe, semi-rigide, avec des striations. F Les préparations fixées et colorées montrent des aspects fort différents suivant les techniques employées. Dans des préparations desséchées et fixées après cu ton il est impossible de se rendre compte de la structure réelle de la membrane. Les meilleurs résultats sont obtenus au contraire, si on a la précau- tion de tuer instantanément les éléments en pleine mobilité, en exposant (1) Ces travaux microphotographiques sont poursuivis dans mon laboratoire | par M'e L. Chevroton, qui met avec une parfaite bonne grâce sa compétence bien connue à la disposition de mes collègues et que je tiens à remercier du concours si actif qu’elle nous prête sans compter. SÉANCE DU 15 JUIN 1103 aux vapeurs d'acide osmique la préparation simplement étalée et avant dessiccation. Puis les préparations peuvent être fixées soit par l'alcool, soit par des fixateurs variés. Au point de vue de la membrane qui nous intéresse surtout dans la présente note, le violet de genliane, comme colorant, donne les meilleurs résultats : solutions anilinées ou phéniquées employées à chaud; la formule donnée par Vlès, violet de gentiane-alcool-formol, est excellente. Différents types de Spiroch&æte Balbiani, avec membrane ondulante enroulée autour du corps ou étalée. Les figures montrent le résultat obtenu : la membrane ondulante est étalée largement, on voit qu’elle est insérée sur le corps du parasite et qué l'insertion suit une ligne spiralée qui fait une révolution complète, parallélement à la ligne de torsion de la cellule elle-même. (Un tube de caoutchouc sur lequel on insère en suivant une génératrice, une membrane ondulante, en caoutchouc aussi, permet, lorsqu'on tord le tube à 360° degrés, de bien se rendre compte de la vraie structure et du mode d'insertion de la membrane.) Tout le long du corps, des stries de renforcement, insérées perpendi- culairement à l'axe, soutiennent cette membrane et vont se perdre ensuite le long du bord libre en simulant souvent un filament bordant. On ne saurait trouver une comparaison meilleure que celle du parapluie 1104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ouvert ou fermé: au repos, le parapluie est fermé, la membrane se présente sous forme d'une gaîne; en mouvement, le parapluie est ouvert, la membrane et le corps du microbe sont en tension : tel un arc bandé. Il ne s’agit évidemment pas de cils, mais d'une membrane ondulante, avec stries de renforcement ou filaments bordants disséminés. Chez les Trypanosomes, — à noyau condensé, à centrosome unique, — le filament bordant est aussi unique : il peut représenter à notre avis la somme des fibres de renforcement éparses chez le parasite de l'huître. Le parasite, appelé jusqu'ici Trypanosoma Balbiani, a une structure segmentaire, une unité cellulaire moins marquée, comme les Bactéries; le noyau diffus s'étale en spirale tout le long du corps, et il est permis de supposer que le centrosome central des Trypanosomes y est repré- senté par une série de centrosomes disséminés aussi le long du corps et d'où partiraient les fibres de renforcement. Ce microbe peut être considéré comme un type intermédiaire entre les Bactériacées du genre Spirillum et les Flagellés. Bactériacée par la division transversale (que nous considérons comme indiscutable d’après nos préparations) et par le noyau diffus, le parasite de l’huître se distingue des Spirilles proprement dits,et du Spirille de la poule en particulier, par l'absence de cils et la présence PE membrane ondulante parfaitement caractérisée. De tels caractères peuvent servirà distinguer le groupe des Spirochsætes, nous l’appellerions volontiers Spirochæle Balbiani. À PROPOS DE L'ÉTIOLOGIE DE LA SOUMA, par L. CazALBou. M. le D' G. Bouffard (1) a fait connaître récemment les résultats d'une première tentative de transmission de la Souma par des Stomoxys. Cette intéressante expérience appelle les considérations suivantes. Les Stomoxes pullulent en Afrique occidentale et centrale sur la plu- part des animaux domestiques : Equidés, Bovidés, Camélidés, et aussi sur la plupart des animaux de la brousse : félins, ruminants, etc. Ces diptères vivent en permanence sur leurs hôtes et existent toute l’année, comme d'ailleurs les tsétsé, les hématobies, les hippobosques. Les T'abanus, au contraire, n'existent pas pendant la saison sèche, du moins à la latitude de Ségou. Dans la région de Bammako-Ségou, ils” (4) Voir G. Bouffard. Sur l’étiologie de la Souma, trypanosomiase du Soudan français. Société de Biologie, n° du 25 janvier 1907. SÉANCE DU 15 JUIN 1105 apparaissent aux premières pluies (mai-juin) et ne dépassent guère le mois de novembre. L’eau semble leur être indispensable ; aussi, dès que les mares et les marigots se dessèchent, disparaissent-ils rapidement. On peut dire que la courbe de leur abondance est parallèle à celle de la quantité de pluie tombée ou à celle de la progression de la crue pour les régions inondées. De plus, les taons sont parasites temporaires. Après s'être gorgés de sang, ils vont, comme les Glossines, digérer en paix. Ils peuvent cependant suivre les animaux, mais ne séjournent jamais sur la peau de leur hôte où leur présence serait difficilement supportée. On sait que certains taons mettent les bœufs dans une véritable fureur. Il est donc naturel que, sur les quelques bovidés qui ont transmis la Souma à des génisses vaccinifères, Bouffard n'ait trouvé ni taon, ni tsétsé. | Pendant notre dernier séjour en Afrique occidentale, nous avions adressé à M. le gouverneur de la Sénégambie-Niger une demande ten- dant à ce qu'il soit envoyé au laboratoire de Ségou des échantillons des mouches piquantes de tous les cercles administratifs de la colonie. Cette demande indiquait les noms indigènes des genres de ces diptères, ainsi que les époques, pour chaque saison, pendant lesquelles la recherche et la capture pouvaient être utilement tentées. À notre grand regret, il ne fut donné aucune suite à ce projet. Si l'on ne se place pas dans des conditions semblables, il est probable que ce qui est arrivé à M. le D' Bouffard se présentera encore fréquemment : les Stomoxes, qui sont de capture aisée, seront exclusivement envoyés. En ce qui concerne l’étiologie de la Souma, l'expérience de Bouffard prouve simplement que les Stomoxes peuvent transmettre l'affection. Des résultats semblables pourraient sans doute être obtenus avec toute mouche piquante. | Nous pensons que les Z'abanus interviennent également et dans une plus grande mesure. Si, par des circonstances indépendantes de notre volonté, nous n’avons pu mener à bien les quelques expériences insti- tuées à ce sujet, tant à Garo qu’à Ségou, les observations suivantes n’en doivent pas moins être signalées. La Souma, enzootique dans la vallée moyenne du Niger, a été étudiée (1) à Ségou et dans les régions inondées, en 1903, 1904, 1905. La mortalité moyenne a été par mois et pour 1.000 : LARG SOS EEE SEE EE SOL TITI EC PAL RAP ANR QE X PRE AROTS 63 HÉvren es CL) ir ane à 14 PVO) 0 Pants AU EME Eee FN EU UUL ONE LUE D'ÉPILIT DE 23 LAS Lo MERE ES 30 SE DCE MD RER RS ETES ETES 14 RTE NAN ENS ER AS EN OCIODEE MS DAANSERERRRIEErUE r 6 RP ER Mint ia 24 Doi 264 Novembre: Sri vien Se 6 SR MAR NT ui mi 170 Décembre ANNEE ARTE 2 (1) Voir L. Cazalbou. La Souma. Revue générale de médecine vétérinaire, 1-15 septembre 1906. Biococre. CoMprEs RENDUS. — 190%, T. LXII. 76 1106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On voit que la mortalité maxima se produit en mai-juin. Cela tient, pour une part, à l'encombrement des animaux et à l'état de sécheresse des pâtu- rages; mais nous pensons qu'on peut invoquer uue autre cause, celle d'une contagion en masse, opérée à une même époque antérieure. L'examen des faits montre que les animaux, expulsés par l'inondation dès le mois de juillet, reviennent dans leur pays d’origine en novembre-décembre, quand la décrue rend de nouveau les régions accessibles. Or, à ce moment, les taons pullulent encore dans ces contrées et sont nombreux jusqu’à l’assèchement en janvier. Les Stomoxes au contraire existent toute l'année et accompagnent les ani- maux dans leur exode périodique. Si donc ces derniers entretenaient surtout l'affection, la mortalité se présenterait avec un caractère de POMFÉUIASES à peu près constant. Nous pensons, d'après ces faits, que, dans les régions dépourvues de tsétsé, si les Stomoxys peuvent entretenir la contagion dans un même troupeau, ce sont probablement les Z'abanus qui la font rayonner. SUR LE DÉTERMINISME DE LA MÉTAMORPHOSE CHEZ LES BATRACIENS ANOURES. I. INFLUENCE D'UN MILIEU CHARGÉ D'ACIDE CARBONIQUE, par P. WINTREBERT. La relation dans la thèse récente de Mercier (1) de quelques expé- riences du professeur Cuénot sur le déterminisme de la métamorphose m'engage à publier quelques essais faits en 1903 et inspirés par la même pensée de contrôler la valeur des théories actuelles. Voici l’une de ces expériences : Conditions. — Tandis que le professeur Cuénot fait vivre des larves de Rana temporaria dans un milieu suroxygéné, je place les mêmes larves dans une atmosphère chargée d’acide carbonique. Le 8 juillet 1903, je choisis, parmi des animaux vigoureux qui venaient d'être capturés, quarante-deux têtards de R.T. d’une longueur totale de 3 1/2 à 4 centimètres, et arrivés à un stade où les membres postérieurs mesurent de 4 à 6 millimètres de long. Rassemblés dans un récipient unique, ils sont ensuite partagés au hasard en deux lots égaux de vingt et une larves. L'un des lots est mis dans un bocal cylindrique de 40 cen- timètres de haut sur 15 centimètres de diamètre, rempli d’eau au deux tiers; l’autre est placé dans un cristallisoire cylindrique de 35 centi- mètres de diamètre sur 15 de hauteur, rempli d'eau à moitié. Dans ce dernier seulement on installe un grand nombre de plantes aqualiques : Myriophyllum, Ceratophyllum, Elodea, conferves. Avant l’indroduction (1) Arch. de Zool. expérim. et générale, XXV° année, 1906. $ Ps SÉANCE DU 48 JUIN . 1107 _ des larves dans le premier récipient on fait barbotter dans l’eau pen- dant dix minutes un courant d'acide carbonique; on y dépose ensuite les vingt et une larves; on chasse par un courant d’air rapide la couche de C0” accumulée dans l'atmosphère supérieure du bocal, et on ferme aussitôt celui-ci d’une plaque de verre. Cette manœuvre est répétée tous les matins avec de l’eau nouvelle, et on change en même temps l’eau des témoins. En dehors des gaz respirés on place les deux lots dans des conditions de milieu également favorables : exposition à une vive lumière mais non aux rayons directs du soleil, — fermeture par un couvercle de verre des deux récipients pour obtenir une température égale (20° environ), — même poids de nourriture carnée, composée de têtards de R. T. coupés en morceaux, dont la ration est renouvelée avec l’eau tous les matins. A l'époque où débutent les métamorphoses, afin de prévenir les noyades, on établit pour chaque lot un système de planchettes flottantes garnies sur Les bords de loile de corde tissée à grosses mailles qui per- met aux larves de sortir facilement de l’eau; on vérifie au bout du pre- mier jour avec une solution de baryte la persistance de CO° dans l’eau et … dans l’air du bocal. À É Suites. — Les deux premiers jours, les 8 et 9 juillet, les larves des É deux lots, très actives, mangèrent avidement. Le 10 juillet les larves CO° : avaient cessé de s’alimenter; par contre les témoins continuérent de se nourrir pendant deux jours et plus. Les larves C0° se tenaient le plus …._ souvent près de la surface, cherchant à utiliser leurs poumons. : La transformation des larves débuta pour les deux séries au même moment : le 45 juillet, quatorze larves des deux côtés montraient leurs membres antérieurs; le 17, toutes avaient commencé leur métamor- de ro PR TE À < 2 tnt es 2 ES RS SR DE EAN E PACS UT è phose sauf une larve C0° dont les membres ne sortirent que le 19. La fin …. de la métamorphose, c'est-à-dire la disparition lotale de la queue, fut ;: assez nettement retardée chez les larves C0”; il restait encore dans ce —…. Jot, le 20 juillet, trois larves dont la queue était plus longue que les cuisses, stade atteint ou dépassé à ce même moment par la totalité des témoins. , L'événement le plus saillant pendant la métamorphose fut la mort successive de toutes les larves C0”, alors que tous les témoins menaient à bien leur transformation. Le 19 juillet, quinze larves avaient succombé ; on cessa alors l'introduction du gaz; mais, malgré celte précaution, les dernières larves métamorphosées moururent le 23 juillet. Résultats. — 1° La présence dans l’eau d’une certaine quantité de C0° compatible avec la vie des larves ne détermine pas une éclosion plus rapide des phénomènes de métamorphose qui apparaissent au même moment chez les larves en expérience et chez les témoins. 2% La métamorphose elle-même ne s'effectue pas plus vite; on cons- tate plutôt un ralentissement dans le processus de régression caudale. 1% # s. ga ‘SX pi 1108 :__ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° La période du jeûne volontaire avant la métamorphose dura quatre jours au moins chez les larves C0; elle ne fut que de deux jours environ chez les témoins. / 4° Dans le milieu carbonique les larves vécurent et se transformèrent dans l’eau mais moururent d’asphyxie ou d’épuisement au cours et à la fin de la métamorphose. Réflexions. — On n’a pas dosé dans cette expérience le volume de C0° mêlé a l'air. On obtiendrait plus de précision en plaçant des lots égaux de têtards en des atmosphères différemment chargées d'un volume connu de CO”. Il se peut qu'il existe un mélange optimum différent pour chaque phase de la vie, larve aquatique, larve en transformation, adulte aérien. Les résultats obtenus ne s'opposent pas à la théorie de Bataillon, car l'existence d’un état asphyxique au moment même de la sortie des membres antérieurs n’est pas mise en question. En cela, l’essai de Cué- not en milieu oxygéné parait plus démonstratif. L'expérience indique seulement que la provocation d’un état asphyxique avant la fin du déve- loppement larvaire ne suffit pas à hâter la métamorphose; les phéno- mènes de corrélation embryonnaire qui se passent à ce moment n’en sont ni infiuencés, ni troublés. S'il se produit un état asphyxique lors de la formation des spiricula complémentaires, l’exagération de cet état, déterminée par la présence du gaz carbonique, retarde le processus plutôt qu’il ne l’accélère. (Travail du Laboratoire de zoologie, à l'Ecole normale supérieure.) EFFETS, SUR LA GLYCÉMIE, DE LA COMPRESSION DE L'AORTE, PRÈS DE SA BIFURCATION, par R. LéPine et BouLup. » Si, chez un chien de forte taille, quelques heures après la compres- sion de l’aorte, au moyen d’une pince, immédiatement au-dessus de sa bifurcation (1), on prend simultanément du sang de la carotide et des (1) Au lieu d’étreindre l'aorte avec un fil, il est préférable de la comprimer entre les mors d'une pince : l'opération est plus rapide. IL suffit d’une très petite incision sur la ligne médiane pour qu'avec l'index gauche on recon- naisse l'aorte et qu'avec une aiguille courbe on la soulève légèrement, de manière à la saisir convenablement avec la pince. La cessalion immédiate des battements au-dessous montre que l’opération est bien réussie. Daus la plupart des cas la pince peut rester, sans inconvénient, plusieurs heures en place. Pt PR NE ME our LE ESS L > LE SÉANCE DU 15 JUIN 1109 veines fémorales (1), on observe presque toujours dans ce dernier une . diminution tout à fait anormale des matières sucrées, de telle sorte que l'écart entre la carotide et les veines peut atteindre 0 gr. 60, et davan- tage (Dans une de nos expériences (chien 2.671), il n’y avait dans le sang de ces veines qu’une trace de sucre). Un échantillon de ce sang, dépourvu à peu près complètement de pouvoir réducteur, a été reçu dans un ballon rempli de sable, à 58 degrés, et y a été laissé un quart d'heure. Au bout de ce temps il renfermait 0 gr. 46 de glycose. Ainsi, dans ce cas, il s’est libéré une quantité relati- vement considérable de glycose (qui, avant le séjour du sang à 58 degrés, était à l'état de sucre virtuel). Dans une autre expérieuce (chien 2.351), le sang des veines fémorales recueilli au sortir du vaisseau dans le nitrate acide de mercure avait un pouvoir réducteur corres- pondant à 0 gr. 56 de glycose, et, après un quart d'heure à 58 degrés, 0 gr. 78. Le sang veineux des membres postérieurs ischémiés par la compres- sion de l'aorte se distingue, le plus souvent, par l'énergie de son pouvoir glycolytique. Dans deux de nos expériences le sang veineux, après une heure à 39 degrés, ne renfermait plus qu'une trace de sucre. Une anomalie du même genre s’observe aussi dans le sang artériel : ainsi, chez le chien 2671 précédemment cité, en raison de l’aglycémie de ses veines fémorales, le sang de la carotide recueilli au même instant donnait comme pouvoir réducteur : Au sortir du vaisseau. . RATE 1 or. 04 AUTeSQUNeNMeUrTe Nate STÉS EN RENE ON SE La glycolyse dépassait ici 60 p. 100, tandis que dans le sang normal, elle n’atteint guère 40 p.100. Nous disons qu’elle dépassait 60 p. 100; car 1 gr. 04 ne représente pas la quantité totale de sucre sur laquelle s’est exercée la glycolyse : pendant une heure à 39 degrés, il s’est libéré du . glycose, probablement autant que dans le sang veineux. (Voir plus haut.) Le pouvoir glycolytique du sang artériel était done considé- rable. L'augmentation de ce pouvoir dans le sang des veines fémorales tient vraisemblablement à la formation de principes toxiques dans les tissus ischémiés, et cette même anomalie, dans le sang artériel, résulte du passage de ces matières dans le sang; car la circulation n’est que ralentie et non abolie dans les membres postérieurs. La toxicité de ces matières est rendue probable par le fait que quelques-uns de nos chiens ont succombé peu d'heures après la compression de l'aorte. (1) Le sang des veines fémorales, naturellement, coulant mal, il convient de masser les membres inférieurs de bas en haut, pour favoriser son écou- lement, 41110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mais il faut aussi tenir compte de l’excitation plus ou moins vive du sympathique abdominal par la pince; car certains chiens, peu après son application, s’agitent et manifestent de la douleur. ACTIVATION DES OXYDATIONS ORGANIQUES PAR LES EXTRAITS DES TISSUS ANIMAUX, par F. Barezrt et M L. STERN. Dans une note précédente, nous avons montré que les combustions musculaires ont lieu in vitro par le concours de deux substances ou de deux groupes de substances. Pour faciliter l'exposition des résultats obtenus, nous supposerons pour l'instant qu'il s’agit uniquement de deux substances. Une de ces substances est solunle dans l’eau et par conséquent facile à obtenir; l'autre substance n'est pas extraite par l’eau et son étude présentera des difficultés plus grandes. Nousrappelons que pour démontrer l'existence de ces deux substances, on procède de la manière suivante. Le muscle de bœuf ou de cheval, etc., est broyé finement. À 100 grammes de muscle broyé, on ajoute 150 cen- timèlres cubes d'eau et on exprime à travers un linge. On obtient ainsi un extrait et un résidu. L’extrait alcalinisé par du carbonate de soude ne présente que des échanges gazeux minimes lorsqu'on le soumet à une agitation énergique péndant une demi-heure en présence d’'O° à 38°. Le résidu, placé dans les mêmes conditions, se comporte de la même manière que l'extrait, c'est-à-dire que son activité respiratoire est presque nulle. Mais si on mélange l'extrait et le résidu, les échanges _ gazeux deviennent très actifs et atteignent à peu près la même valeur que celle présentée par le muscle broyé pris tel quel. Nous avons d’abord recherché si l'extrait musculaire augmente l’acti- vité respiratoire des autres tissus. Nous avons constaté que les échanges gazeux du foie et du rein de chien, de bœuf, de cheval, etc., sont activés par cet extrail. Les extraits de foie débarrassés des résidus cellulaires par ébullition ou bien par centrifugation, après avoir acidifié par l’acide acétique, augmentent généralement les échanges gazeux du résidu musculaire, mais le fait n’est pas constant. L’extrait de rein de cheval ou de chien na presque toujours produit qu'une élévation peu dise r de l’activité respiratoire du résidu musculaire. L'action du sang des différentes espèces animales a aussi eu des effets peu constants vis-à-vis des échanges gazeux du résidu musculaire. Dans une seconde série de recherches, nous avons étudié les pro- priétés de la substance active existant dans l'extrait musculaire. Cette La Res GARE Lib. Far EE être des autres tissus. SÉANCE DU 15 JUIN ail Substance, comme nous l’avons déjà dit dans une note précédente, n’est pas détruite par l’ébullition et n’est pas précipitée par l'acide acélique ou par l'acide chlorhydrique. Nous avons en outre constaté que cette substance dialyse. Elle est précipitée par l’alcool. Après précipitation, elle se redissout dans l’eau ; l'alcool la précipite de nouveau. Elle peut être réduite à l’état sec sans perdre ses propriétés. On peut ainsi l'obtenir sous forme d’une poudre brunâtre. Cette poudre contient naturellement des substances inertes et nous poursuivons nos recherches dans le but d'isoler cette substance dont la présence est indispensable pour obtenir in vitro les combustions élémentaires des muscles et peut 0 (Travail du laboratoire de physiologie de l'Universilé de Genève.) SUR UNE FIGURATION DES NOYAUX DES CELLULES ÉPITHÉLIALES DU TUBE CONTOURNÉ DU REIN RAPPORTÉE A UN PARASITE (ÆXaryamæba renis Giezio-Tos), par À. POLICARD. Giglio-Tos a décrit (1) dans le rein d’un surmulot (Mus decumanus Pall.) une figuration très curieuse des noyaux des cellules épithéliales des tubes contournés. Certains de ces noyaux renferment dans leur sein le plus souvent un, quelquefois deux et trois corpuscules qu’à un faible grossissement on pourrait prendre pour des nucléoles. Ces corpuscules ne sont pas homogènes : ils présentent un noyau central et une couche périphérique plus claire. Giglio-Tos ne tient pas ces corpusecules pour des nucléoles modifiés, mais bien pour des parasites. Ces formations sont souvent irrégulières ; ce serait là, pour le savant italien, la preuve de l’ex'stence de mouve- ments amiboïdes. Ces corpuscules sont done des organismes vivants, des parasites, qui méritent le nom de Xaryamæba renis. Nous avons eu la bonne fortune de rencontrer un surmulot porteur de ces parasites. Ne prévoyant pas leur existence, nous n’avons pas pratiqué d'examen des reins à l'état frais. Nos observations ont porté uniquement sur des coupes; elles sont donc à ce point de vue incom- plètes ; mais comme elles mettent en évidence un certain nombre de points, nous avons cru bon de les rapporter dans cette note. a) Le Xaryamæba renis se présente sous la forme d’un corpuscule (1) E. Giglio-Tos. Un parasite intranucléaire dans les reins du rat des égouts. Atti della R. Accad. d. Scienze di Torino, vol. XXXV, 1900, et Archives italiennes de Biologie, t, XXXIV, p. 36-42, 1 pl., 1900. 4112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sans chromaticité bien accusée, logé au sein du karyoplasma et ayant tout à fait l'aspect d'un gros nucléole vrai. Il est régulièrement sphé- rique; contrairement à Giglio-Tos, nous n’en avons jamais rencontré d'irréguliers ; nous ne pouvons donc pas suivre cet auteur quand, de la constatation de ces irrégularités de forme, il conclut à l'existence de mouvements amiboïdes chez cet organisme. D'autre part, tandis que Giglio-Tos décrit à ce parasite un noyau central et une couche corticale périphérique, nous l'avons dans l'immense majorité des cas trouvé homogène; dans des cas très rares seulement, on peut entrevoir l’exis- tence d’une mince couche périphérique, très mal distincte d’un corps central. La taille du parasite tout entier est variable, de 3 à 7 ou 8 w, le nombre par noyau en est de 1 dans la plupart des cas, quelquefois 2, très rarement 3. Comme Giglio-Tos, nous n'avons jamais rencontré d'aspect pouvant rappeler une sporulation. b) La présence dans une cellule rénale d’un Æaryamæba renis déter- mine des modifications notables du noyau et du cytoplasma. Dans le noyau, le nucléole chromatique habituel est présent et semble peu modifié : les filaments et les mottes de chromatine sont rejetés à la périphérie, sous la membrane; leur colorabilité est parfaitement con- servée, peut-être même un peu exagérée; Le centre du noyau est accusé par un karyoplasma clair où nagent les corpuscules. Les noyaux sont tous hypertrophiés; pour quelques-uns, l'hypertrophie est colossale, le diamètre du noyau parasité pouvant atteindre 3 fois celui d’un noyau normal. Ils sont en même temps fortement irréguliers et rappellent par beaucoup de points les noyaux des cellules cancéreuses. à Le cytoplasma est souvent, mais non constamment altéré. Dans cer- tains éléments parasités, il semble normal; dans d’autres, il est infiltré de granulations graisseuses très fines et localisées en général dans la région circum-nucléaire. La bordure striée est constamment présente et d'aspect normal. Il ne semble y avoir aucune proportionnalité entre les trois facteurs : grosseur du parasite, altérations nucléaires, altérations cytoplas- miques. Le parasite peut étre très petit avec un noyau très hypertrophié et un cytoplasma d’aspect normal, et vice versa. c) Le Karyamæba renis èst exclusivement localisé au niveau du seg- ment à bordure striée et à bâtonnets. Ni les glomérules ni les autres segments du tube urinaire n’en présentent. Dans un même rein, tous les tubes urinaires ne sont pas parasités; certains sont absolument normaux. Dans un tube urinaire parasité, les altérations sont variables de cellule à cellule; à côté d'éléments fortement modifiés, on en ren- contrera d'autres presque normaux d'aspect. À ce point de vue, les altéralions rénales dues à ce parasite sont donc bien différentes des lésions habituelles des néphrites épithéliales; dans celles-ci, s’il y a. ATV - FO PRET Lust ie à TS ESS SÉANCE DU A5 JUIN 1113 des variations de tube à tube, dans un même tube urinaire les lésions sont à peu près de même degré dans toutes les cellules. Il est permis de se demander si cette figuration si curieuse représente bien un parasite. On n’a jamais examiné cet organisme à l'état vivant; on ne sait pas s’il a des mouvements amiboïdes; on ignore tout de son mode de reproduction. Nous pensons que, tant que ces différents points n'auront pas été élucidés, on n’aura pas le droit de décrire comme un parasite une telle figuration. Dans les cellules cancéreuses, on à trouvé des formations analogues; on ne les considère plus comme des orga- nismes. Nous pensons que, jusqu'à plus ample informé, on doit tenir comme problématique la valeur parasitaire du Xaryamæba renis Giglio-Tos. (Travail du laboratoire d'Anatomie générale de la Faculté de médecine de Lyon.) SUR LA PATHOGÉNIE DES ANÉMIES CONSÉCUTIVES AUX ULCÉRATIONS EXPÉRIMENTALES DU PYLORE, par LÉON TixIEr. Nous avons montré dans une communication précédente (1) les relations qui existaient entre l'intensité des perturbations des fonc- tions digestives et le degré des modifications du sang et des organes hématopoïétiques. L'examen anatomo-pathologique du tractus gastro- intestinal, de la rate et de la moelle osseuse nous donnait des indica- tions intéressantes sur le mécanisme pathogénique des anémies consé- cutives aux ulcérations expérimentales du pylore. Les hémorragies, l'anhématopoïèse ou insuffisance fonctionnelle des organes hématopoïétiques, l’hémolyse, tels sont les trois mécanismes principaux généralement invoqués pour expliquer la production des anémies de cause digestive. Chez les animaux anémiés à la suite d’une ulcération expérimentale du pylore, il était impossible d’incriminer la moindre déperdition de sang puisqu'il n'existait aucune trace d’hémor- ragie. De même, il ne pouvait être question d'anhématopoïèse, puisque la rate et la moelle osseuse étaient en état d’hyperactivité fonctionnelle manifeste. Il était donc facile de déduire que s’il y avait simultanément une destruction et une production exagérées des hématies, c'est que les globules rouges devaient être détruits par une substance hémoly- sante au fur et à mesure de leur formation, et cela sans doute dans le (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 8 juin 1907. 1114 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE milieu sanguin. Aussi, nous avons cherché à nous rendre compte du mécanisme des lésions du sang, en vérifiant le bien fondé de l'hypothèse que nos faits anatomo-pathologiques nous avaient conduit à formuler, c’est-à-dire le passage dans le sérum sanguin d’une substance toxique pour le globule rouge, d’une hémolysine élaborée au niveau du tractus gastro-intestinal. Dans ce but, nous avons pratiqué chez trois lapins des traumatismes du pylore, identiques à ceux qui avaient déterminé dans notre première série d'expériences des anémies importantes et des modifications mas- sives des organes hématopoïétiques. Du troisième au cinquième jour après la brûlure du pylore, nous trouvions un degré d’anémie assez accentué (2.110.000, 2.700.000, 3.240.000) et nous mesurions à ce moment le pouvoir hémolytique du sérum sanguin de ces animaux. Nous avons suivi les techniques consignées dans la thèse de M. Pagniez (1) pour recueillir le sérum des animaux en expérience et pour en mesurer le pouvoir globulicide vis-à-vis des hématies du lapin normal. Le sérum des animaux rendus anémiques à la suite d’une ulcération du pylore, non accompagnée d'hémorragie, se montra nettement hémo- lysant pour les hématies de la même espèce animale. Il s'agissait bien d’une substance hémolysante en suspension dans le sérum sanguin, puisque le séjour du sérum pendant une heure à une température de 56 degrés suffisait pour en annihiler les effets. Le degré de l’hémolyse différa quelque peu suivant les animaux : dans une première expérience, nous obtenions une hémolyse faible ; dans la seconde, une hémolyse d'intensité moyenne ; dans la troisième, une hémolyse forte. Les lapins en expérience n'étaient pas atteints d’une hypoglobulie de même degré au moment de la prise de sang et il n’est pas sans intérêt de noter que l'animal le plus anémique fut celui dont le sérum détruisit avec le plus d'activité les globules rouges d’un lapin normal. Tels sont les faits qui nous font considérer le rôle des phénomènes hémolytiques comme prépandérants dans le mécanisme des anémies consécutives aux ulcérations expérimentales du pylore. (Travail du Laboratoire de M. le D' Sabouraud à l'hôpital Saint-Louis.) _ (4) Pagniez. Thèse de Paris, 1902. 16 un SÉANCE DU 15 JUIN AS SUR LA CONGÉLATION DES PIÈCES EN HISTOLOGIE PAR L'AIR LIQUIDE, par G. BRissy. Au cours de recherches expérimentales sur les réactions locales pro- voquées par les injections intramusculaires d’huile grise mercurielle, nous avons dû nous préoccuper de savoir ce que devenait, dans les tissus, la vaseline servant d’excipient au mercure. Pour retrouver cette substance dans les tissus, nous avons dû préa- lablement la colorer, avant de l’injecter, mêlée au mercure. Pour cette coloration, nous nous sommes servi du Sudan III. Cette substance colorante constitue, avec l'orcanette et la carotine, les seuls colorants connus de la vaseline. Le point sur lequel nous désirons attirer l'attention est celui-ci : Les pièces contenant de la vaseline colorée ne peuvent être soumises aux méthodes habituelles d’inclusion. Seule, la congélation peut être utilisée, mais les substances servant à la congélation (éther, chlorure d’éthyle, éther de pétrole) ne peuvent servir. Ces corps sont des dissolvants de la vaseline. Même dans les appareils préservant la pièce du liquide congélateur, les vapeurs qui viennent au contact de la pièce suffisent à modifier l'aspect de la vase- line dans les tissus et à en dissoudre une partie. D'autre part, les mélanges réfrigérants permettent de congeler la pièce à,0° dans l’eau, mais, à cette température, la vaseline n'est pas suffisamment solidifiée pour se laisser couper avec ce qui l'entoure, sans se déplacer. pe Nous avons songé en conséquence à tourner la difficulté, en nous servant d'un gaz liquéfié. L'air liquide nous à paru assez commode à manier, et c'est avec lui que nous avons fait nos essais, sans recourir à l'acide carbonique liquéfié. — On trouve l’air liquide dans le commerce, pour un prix relativement peu élevé. On le livre dans des récipients spéciaux, ce sont des ballons de verre, à double paroi séparée par un espace dans lequel on à fait le vide. - Des réactifs, introduits au préalable dans cet espace, ont permis d’argenter la face externe du ballon intérieur et la face interne du ballon extérieur. J Dans un appareil ainsi disposé, et simplement bouché par un tampon d’ouate, 1 litre d'air liquide se conserve trois jours en s’évaporant len- tement. Pour s’en servir, il faut non pas verser l’air liquide, ce qui expose à la rupture de l’appareil, au niveau du goulot où se trouve la soudure qui unit le ballon intérieur au ballon extérieur, mais puiser, à l’aide d'une petite cupule (d’un dé à coudre muni d’un fil de fer). On retire 1116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE alors ce pelit récipient plein d'un liquide Vert clair, qui s’évapore comme de l’eau en caléfaction. On jette dans ce dé la pièce à congeler et, au bout de trente secondes, lorsqu'elle est devenue toute blanche, on la retire avec des pinces. En tombant, elle rend un son sec comme une pierre. Il ne faut pas laisser la pièce plus de trente à quarante secondes, sans cela elle se fendille. Il en va de même aussi si la pièce est par trop volumineuse. On peut couper des pièces ayant de 5 à 8 millimètres de côté. Ce sont les bonnes dimensions. On entoure la pièce d’une compresse, ou mieux on la place dans une loge préparée d'avance dans un bouchon. On fait une ligature autour du corps isolant et avec le rasoir, imbibé d’un mélange de glycérine et d'alcool, on essaie de faire des coupes à la main. Au début, le rasoir ne mord pas, mais, lorsque la pièce est à la tempé- rature voulue, on peut faire quelques coupes très minces; la vaseline, étant gelée comme le reste des tissus, se laisse couper sans bouger de place ou rester sur le rasoir. Les coupes sont jetées dans l’eau et examinées, colorées ou non, dans la glycérine. La coloration qui nous a semblé la meilleure pour trancher sur la couleur rouge jaune de la vaseline au Sudan est la suivante : Les coupes sont traitées par le carmin lithiné, puis par l'alcool chlorhydrique à 2 p. 100. Elles sont montées dans la glycérine. Il se perd dans ces manipulations quelques gouttes de vaseline, mais il en reste en place une certaine quantité qui suffit à l’étude. Ajoutons que la coloration ponceau des fibres musculaires et de leurs noyaux, colorés par le carmen lithiné, tranche avec la couleur jaune des gouttelettes de vaseline. Fait également remarquable : même si la pièce a la dureté de la pierre, le rasoir ne s’ébrèche pas s’il est manié légèrement. Il doit se passer un phénomène thermique particulier lorsque la lame du rasoir passe sur la pièce. À son contact, la pièce se réchauffe un peu dans ses couches superficielles, prend une consistance moins dure et propice à la coupe. Ajoutons enfin que le tissu musculaire ne nous a pas paru souffrir d'un refroidissement aussi considérable (— 180 degrés) et que les éléments de ce tissu ainsi traité par l’air liquide ne semblent pas avoir subi de modifications dans l'intimité de leur constitution. # pi AE à AA RENE QE SÉANCE DU 15 JUIN 117 SUR LES FERMENTS SOLUBLES QUI DÉDOUBLENT LA POPULINE ET LA PHLORIDZINE, : par H. Brerry et J. GI4JA. Nous avons annoncé (1) que le suc gastro-intestinal d'Aelix poma- … ia L., était capable d’hydrolyser non seulement de très nombreux . glucosides (amygdaline, arbutine, salicine, phloridzine, etc., etc.), mais encore le sucre de lait. Antérieurement Em. Fischer avait montré que l'émulsine des amandes avait également la propriété de dédoubler les glucosides et le lactose. Il avait rapporté cette double décomposition à l’émulsine seule, et comme l’émulsine agissait sur le B-méthyl-d-glucoside et sur le 8-méthyl- d-galactoside, sans attaquer les dérivés x de ces mêmes glucosides synthétiques, il avait rangé dans la série 6 le lactose qui peut être con- sidéré comme un galactoside du glucose. Les recherches postérieures de Bourquelot et Hérissey démontrèrent que l’action double est due au contraire à deux ferments : émulsine et lactase. L'individualité des ferments solubles peut être mise en évidence de différentes facons. L’une consiste à chercher des liquides dans lesquels on puisse trouver isolés les uns des autres les différents ferments dont la spécificité est en question. Une autre résulte de ce fait qu'un même liquide capable de deux ou plusieurs actions diastasiques peut être dépouillé graduellement, par la chaleur, d’une action fermentaire tout en conservant les autres. Nous sommes arrivés aussi au même résultat, en employant la dialyse (2). Ii est possible d'obtenir par dialyse sous pression du suc d'Helix une . solution très pure d’émulsine et de lactase. Ces ferments agissent sans le secours d’électrolytes. [ei la chaleur permet de séparer ces deux fer- ments, la température de destruction de la lactase étant bien inférieure à celle de l’émulsine (3). î A la suite de ces recherches nous avons voulu voir si la chaleur per- mettrait également de distinguer plusieurs espèces d’émulsine. On sait que la température mortelle pour un ferment est très variable ; elle dépend de la concentration en ferment et de la nature du milieu. Il est donc indispensable de comparer les effets diastasiques, dans les mêmes conditions, d'un même liquide chauffé ou non. La méthodé la plus généralement suivie est de chauffer progressive- ment et lentement une solution diastasique qu'on éprouve de temps en (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 16 juin et 24 novembre 1906. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 30 juin 1906. | (3) Bierry et Schœæffer. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907. A118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE temps, au point de vue de sa force, en prélevant des échantillons à diverses températures, échantillons qu’on fait agir après refroidisse- ment sur la substance à hydrolyser. Nous avons pensé qu'il était plus rationnel de porter brusquement la diastase en solution à une tempéra- ture donnée, et de voir si après un temps de séjour d’un quart d'heure ou de vingt minutes elle serait détruite. Il y a pour chaque diastase une température où son action sans être complètement annihilée est considérablement retardée; cette tempéra- ture précède de plusieurs degrés la température mortelle. Ainsi l'émul- sine qui agit énergiquement sur l’amygdaline en une demi-heure, à l’éluve, normalement, conservera après un chauffage à 75-77 degrés une action très faible, qui se manifestera seulement en trente-six ou quarante-huit heures. Nous avons vu que le suc d’escargot, après un chauffage de vingt minutes à 68 degrés, agissait énergiquement sur l’amygdaline et l’ar- butine en six heures, alors qu'il fallait trente-six heures de contact du même suc avec la phloridzine et la populine pour observer une légère hydrolyse. Après un chauffage à 73 degrés du même suc, l’action fer- mentaire était nulle sur la phloridzine et la populine, au bout de cinq jours, alors que l’action sur l'amygdaline et l’arbutine était au contraire très nette en vingt-quatre heures. Pour que le sucsoit complètement inactif sur l'amygdaline, il faut un chauffage de vingt minutes à 80-82 degrés. Il est intéressant de rapprocher ces faits des résultats déjà signalés. Bourquelot et Hérissey ont montréque l'émulsine des amandes dédouble les glucosides et le lactose, sans attaquer la populine et la phloridzine, et que l’émulsine des champignons, sans toucher au lactose, hydrolyse tous les glucosides, y compris la phloridzine et la populine. Gérard (1) a trouvé que les macérations de reins lavés de cheval et de lapin agissent nettement sur la salicine, et Charlier (2) a montré que les macérations de reins lavés de cheval dédoublaient la phlorid- zine, mais qu’il n’en était pas de même pour les macérations de reins de lapins qui n’attaquaient nullement la phloridzine. = La question de l'individualité des ferments solubles ne peut être abordée qu'indirectement. Toutes les fois qu’on l’a posée (maltase, iré- halase, lactase), c’est dans le sens de l’individualité qu’elle a été résolue. Nous pensons donc que nous sommes autorisés à conclure de ces faits. qu'il y a lieu de distinguer les ferments solubles qui hydrolisent la populine et la phloridzine, et, comme les températures mortelles de ces deux ferments diffèrent de plusieurs degrés, nous proposons de les appeler phloridzinase et populinase. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 26 janvier 1901. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 14 mai 4904. È Hi 2 À a SÉANCE DU 15 JUIN 1119 L'AGGLUTINABILITÉ DU VIBRIOGÈNE SEPTIQUE PAR LE SÉRUM ANTISEPTI- CÉMIQUE DE LECLAINCHE-MOREL, DERNIER VESTIGE DE SA PARENTÉ AVEC LE VIBRION SEPTIQUE (1), : par GEORGES ROSENTHAL. Dans la description de notre méthode d’aérobisation des anaérobies, nous avons voulu accumuler les. preuves et les contrôles de manière à rendre impossible toute critique de nos recherches. Grâce à l'amabilité du D’ Leclainche nous pouvons aujourd’hui décrire une expérience qui démontre spécifiquement l'identité du vibrion septique et de notre vibriogène septique, c’est-à-dire du vibrion aérobisé et déchu de ses fonctions chimiques et pathogènes. Dans leurs belles recherches sur la sérothérapie des affections dues au vibrion septique, Leclainche et Morel ont montré que le sérum anti- septicémique agglutinait à un taux considérable les cultures de vibrion septique. Or, ce pouvoir agglutinatif est la dernière propriété que garde le vibriogène septique; de même que le bacillogène du tétanos gardait comme dernière propriété l’agglutinabilité par le sérum antitétanique. Voici quelques-unes de nos expériences : Elles ont été faites soit avec des émulsions en bouillon neuf de culture sur gélose inclinée, soit avec des cultures vivantes en bouillon. Les cultures formolées se prêtent mal à ces expériences. a) Si on additionne un tube de bouillon contenant 5 centimètres cubes de milieu d’un centimètre cube de sérum antisepticémique, et qu’on l’ensemence avec un vibriogène récemment obtenu, le bouillon reste d’abord clair au lieu de se troubler uniformément et contient dans le fond du tube, après quarante-huit heures, des flocons denses qui se dis- solvent mal dans le liquide après agitation. Sur lamelles, amas et bacilles libres. Plus tard la culture devient trouble et abondante. b) Si on additionne une culture trouble bien développée de vibriogène en bouillon d’un dixième de sérum antisepticémique, la eulture s’éclaircit incomplètement, des flocons se déposent au fond du tube ; après quelques jours la culture perd sa clarté. Ces expériences ne réussiront que tant que la propriété agglutinative _ persistera. Or, cette propriété décroit assez rapidement : Le 6 juin, nous mesurons l'agglutinabilité d’un tube de culture en bouillon de vibriogène, et nous obtenons les résultats suivants : À 1/2, agglutination massive immédiate. À 1/10, agglutination massive en cinq minutes. À 1/50, agglutination par petits amas en trente minutes. À ce moment il ne reste plus de bacilles libres. (4) Voir Société de Biologie, nov. 1902 et 1903, mai 4906 à juin 1907, 14120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Comme contrôle, nous examinons l’action du sérum antidiphtérique sur les cultures : À 1/2, agglutination massive. À 1/10, pas d'agglutination notable après dix minutes. Queiques petits amas rares au milieu d’une multitude de bacilles libres et mobiles après une heure. L Le pouvoir agglutinatif du sérum de Leclainche et Morel est donc spécifique. Avant de disparaître, il se maintient très longtemps au taux de 1/2; nouvelle analogie avec l’action du sérum antitétanique sur le bacillogène du tétanos. Nos expériences de contrôle nous ont montré que le sérum de cheval avait un pouvoir agglutinatif sur le vibrion septique. Ce fait ne nous parail pas avoir élé signalé dans les traités classiques; il est à rapprocher de l’action immunisante, inconstante d’ailleurs (Leclainche et Morel), du sérum ordinaire de cheval. (Laboratoire de M. le Professeur Hayem.) SUR LA RÉSISTANCE COMPARÉE DU CANARD ET DU PIGEON A L'ASPHYXIE DANS L'AIR CONFINÉ, par V. PACuoN. La grande résistance du canard domestique à l’asphyxie par submer- sion est un fait bien connu, depuis les études de P. Bert (1). Dans ces dernières années Ch. Richet (2) a repris, on le sait, en détail l'étude analytique du phénomène. Ses travaux ont montré que le canard doit sa résistance particulière à l’asphyxie par submersion non pas à la masse propre de son sang, comme le pensait P. Bert, mais bien à des méca- nismes spéciaux de défense, commandés par le système nerveux. La moindre résistance des canards à vagues sectionnés ou atropi- nisés montre, en particulier, le rôle défensif du ralentissement car- diaque, produit par l'excitation asphyxique du pneumogastrique chez les canards normaux submergés. Ch. Richet a institué, en outre, une (4) P. Bert. Lecons sur la physiologie comparée de la respiration. Paris, J.-B. Baïllière, 1870, pp. 533-553. (2) Ch. Richet. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1894, pp. 244, 789; 1898, pp. 481, 685; Journal de physiologie et pathologie générale, I, 1899, pp. 641-650. Art. Asphyxie du Dictionnaire de physiologie. — P. Langlois et Ch. Richet. Dosage des gaz expirés par les canards plongés dans l’eau. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1898, pp. 488, 718. SÉANCE DU 15 JUIN 1191 expérience de cours, qui montre d'une manière extrèmement saisis- …._ sante le fait même de la résistance spécifique du canard à l’asphyxie - sous l’eau. On prend d’une rain un pigeon, de l’autre un canard ; puis, dans une cuve appropriée, pleine d'eau, on submerge en même temps les deux oiseaux. En une minute, une minute et demie, le pigeon, qui s’est énergiquement débattu, est asphyxié : dix minutes plus tard, le canard, qui est ordinairement resté calme et immobile tout le temps de - ]a submersion, est retiré de l’eau vivant, et bien vivant. C'est exactement le pendant de cette expérience de Ch. Richet, que j'ai … réalisée dans l'air confiné. Des considérations théoriques, relatives à la … diversité des milieux (aquatique et aérien) dans lesquels vivaient nor- malement les deux oiseaux considérés, canard et pigeon, m’avaient fait penser que la résistance à l’asphyxie pourrait bien, devait même être inversée pour chacun de ces animaux dans l'air confiné. Le résultat …— expérimental s’est trouvé vérifier ces prévisions. Sous une cloche de 38 litres, pleine d'air ordinaire, j'ai donc introduit, en même temps, un - canard (domestique) du poids moyen de 2 kilogrammes et un pigeon (domestique) du poids moyen de 250 grammes; l’obturation parfaite de _ Ja cloche est assurée par des fermetures hydrauliques. Sur cinq expé- riences, cinq fois le canard, comparativement au pigeon, a le premier présenté des phénomènes dyspnéiques graves : mouvements d’ouver- ture du bec, inspirations profondes el soutenues, projection convulsive du cou synchrone au début de l'inspiration. Dans les cinq expériences, le canard, comparativement au pigeon, a succombé régulièrement le pre- mier à l'asphyxie dans l'air confiné : les temps de résistance, dans les conditions expérimentales exposées, ont été respectivement, pour les divers canards, de À h. 49 m., 1 h. 43 m.,2h. 3 m.,1h. 34m.,1h.55m. — Sur les cinq expériences, quatre ont été interrompues au moment de la mort du canard : ces quatre fois le pigeon a été retiré vivant, s'est promplement rétabli de ses troubles dyspnéiques, et a parfai- tement survécu dans la suite. Dans l'expérience, qui a été continuée — jusqu'à mort du pigeon sous la cloche, le pigeon a succombé après | 4 2 h. 35 m. tandis que le canard correspondant avait succombé après Blu. 49 m. — L'expérience d’asphyxie simultanée du canard et du pigeon dans l'air — confiné est donc extrémement nette. Tandis que le canard résisle consi- … dérablement plus que le pigeon à l’asphyxie par submersion, le canard … résiste notablement moins que le pigeon à l'asphyxie dans l'air confiné. —… Le rapprochement de ces deux ordres opposés de résultats est extrême- “ment instructif : ils se complètent et s'éclairent l’un l’autre. L'expérience dans l'air confiné montre clairement que la résislance du canard à —…. l'asphyxie par submersion n’est point une résistance d'ordre général à VPasphyxie, mais une résistance étroitement restreinte au mode d'as- . phyxie par submersion. Déjà la moindre résistance à l’asphyxie des Brococre. CompTEs RENDuS. — 1907, T. LXII. : 11 11922 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE canards à trachée liée et non submergés, démontrée par Ch. Richet (4) et confirmée par Charlier de Chily (2), déposait dans le même sens, quoique dans ce cas l'interprétation soit complexe, en raison de l’agita- tion plus ou moins grande des animaux. L'expérience dans l'air confiné donne leur véritable signification aux expériences antérieures, relatives au mécanisme de la résistance du canard à l’asphyxie par submersion. Il apparaît, en définitive, que le canard ne présente pas, à proprement parler, comparativement à d’autres : oiseaux tels que le pigeon, une résistance spécifique à la privation d'oxygène. S'il s'agissait d'une telle résistance, elle devrait se manifester toutes les fois qu’intervient cette privation où sa diminution par un mode quelconque. Or, pour que la résistance particulière du canard à l’asphyxie se manifeste, il faut que la privation d'oxygène ait lieu dans des conditions déterminées, qu’elle se produise au cours de la vie aqua- tique. C’est donc à ces conditions déterminées, c’est-à-dire à la vie. aquatique que sont adaptés immédiatement, en fait, les mécanismes d’apnée, de ralentissement cardiaque, d’inhibition partielle des échanges, tous ces mécanismes qui sont mis exclusivement en branle par la sub- mersion, par le contact de l’eau, en fin de compte, normalement, par l'acte de plonger. Tous ces phénomènes réactionnels du canard à la submersion gardent, après comme avant, leur même valeur objective ; mais leur signification biologique s’élargit. Au lieu d’être envisagés comme des modes de défense liés à un épisode restreint de la vie de l'animal, ce sont des modes d'adaptation qui dépassent de beaucoup cet épisode asphyxique, si important qu'il soit, et qui répondent, en réalité, à tout l’ensemble des besoins que crée à l’animal le milieu aquatique où il vit. Que si l’on examine maintenant de ce point de vue les deux expériences de résistance comparée du canard et du pigeon à la submersion, d'une part, à l'air confiné, d'autre part, les résultats s’expliquentets’imposent d'eux-mêmes. Le pigeon, animal exclusivement aérien, ne se conçoit pas résistant à la submersion, à laquelle iln’a que faire d’être adapté pour sa vie physiologique. De même, placé dans l'air, on comprend que le canard, chez lequel les mécanismes d'adaptation à la vie aquatique ne se trou- veront plus déclanchés, perde sa suprématie de résistance tout occasion- nelle et indirecte vis-à-vis de la privation d'oxygène. Si l’on veut, au contraire, quittant le point de vue général d’un mécanisme d’adaptation d'ensemble de l'être à son milieu, se placer au point de vue restreint d'un mécanisme de résistance lié étroitement à l’asphyxie proprement (1) Ch. Richet. Comptes rendus de lu Société de Biologie, 1898, p. 685. (2) Charlier de Chily. De la résistance à l’asphyxie dans la submersion. Thèse de doctorat (Travail du laboratoire du professeur Hédon). Montpellier, 1904, p. 17. liaison en _ En résumé, le canard, qui présente comme tous les oiseaux plongeurs une grande supériorité de résistance à l’asphyxie par submersion, résiste moins qu'un pigeon à l’asphyxie dans l'air confiné. Ce n’est donc pas la privation d'oxygène proprement dite que sont immédiatement et slectivement adaptés les divers mécanismes réaclionnels, mis en jeu + chez le canard et les animaux aquatiques par l’acte du D. Ces mécanismes n’intéressent qu'épisodiquement l’asphyxie et représentent - des correspondances beaucoup plus larges de l’animal à son milieu. ( Laboratoire des travaux pratiques de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU (0 JUIN (907 SOMMAIRE ASvaDOuUROVA (Mie) : Sur l’origine de Paneth » dans les glandes de et la structure des cellules pigmen- Lieberkühn de l’homme. . . . . .. 45 taires dans le foie des urodèles. . . 50 SOLER (CHARLES) : Considérations CHaMpy (CHRISTIAN) : Sur l’immu- théoriques sur l’ovogenèse des In- nisation contre le cantharidate de SÉCÉES AREA de lee ni ee LU ee 55 potasse par un sérum antitoxique. 48 SOvEr (CHARLES) : Recherches Mercier (L.) : Un parasite du cytologiques sur l’évolution de noyau d'Amæba blattæ Bütschli . . 52 | | « Ovoplasmode » chez les lépi- PRENANT (A.) : Sur les « cellules HO PLÈTES EPS TNT PT RME 57 Présidence de M. Cuénot. SUR LES « CELLULES DE PANETH » DANS LES GLANDES DE LIEBERKÜHN DE L HOMME, par A. PRENANT. Les nombreux auteurs qui ont étudié les « cellules de Paneth » du fond des glandes de Lieberkühn, soutiennent deux opinions différentes sur la nature et la signification de ces cellules. La plupart d’entre eux, depuis Paneth, par exemple Nicolas, Schaffer, Zimmermann, v. Ebner, Oppel, J.-E. Schmidt, Müller, Bloch, Rina Monti, Klein Sidney, les consi- dèrent comme des cellules spéciales, bien distinctes des cellules calici- formes muqueuses, et sont disposés à y voir des éléments séreux desti- nés à sécréter un produit particulier. Bizzozero, au contraire, pour - lequel les glandes de Lieberkühn ne seraient que des eryptes servant à la régénération de l’épithélium, range les cellules de Paneth dans le cycle évolutif des cellules muqueuses. Les observations que j'ai faites sur l'intestin d’un supplicié ne me 1126 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY | (46) permettent d'adopter ni l’une ni l’autre de ces manières de voir, mais me conduisent à une interprétation qui participe de toutes les deux. L’intestin avait été fixé soit par le liquide de Bouin, soit par le liquide de Flemming, etles coupes ont été colorées de diverses façons, notamment par l'hématoxyline ferrique avec éosine ou Van Gieson, ou par mon procédé de triple coloration (éosine, hématoxyline ferrique, vert- lumière). Je note d’abord deux détails qui sont un peu étrangers à la question que je me propose d’élucider. En premier lieu, tandis que la plupart des histologistes admettent que le plaleau strié devient homogène ou même disparait dans le fond des glandes de Lieberkühn, j'ai observé inverse- ment que les cellules de ce fond et même peut-être les cellules de Paneth sont pourvues à leur face libre d’un pinceau de cils bien distincts et non soudés en un plateau strié. En second lieu, les mitoses occupent bien l'emplacement qui leur a été assigné par Bizzozero, Schaffer, Scha- per, Schmidt, c’est-à-dire sont localisées à la région de la glande située juste au-dessus du cul-de-sac occupé par les cellules de Paneth; mais on en peut aussi trouver dans ce cul-de-sac même, comme Nicolas l’a vu d’ailleurs chez une Chauve-souris. L'état le plus fréquent et le plus caractéristique qu'offre Le fond d’une glande est celui où l’on trouve ce fond tapissé par 4-8 cellules très claires et comme vidées, dont le corps cellulaire est traversé par un réti- culum limitant des mailles polyédriques-arrondies; entre ces cellules se trouvent des éléments à protoplasma sombre, si étroits parfois qu'ils paraissent ne former entre deux cellules claires qu'une membrane intra- cellulaire. Cet état a été maintes fois décrit, notamment par Nicolas, chez l'Homme même. Bien qu'il représente manifestement la fin d'une évolution glandulaire, je le prendrai comme point de départ de la des- cription,remontant ensuite la série des phases qui l’ont effectivement pré- cédé. Ces cellules réticulées ne sont pas toujours incolores; leurs mailles sont, dans beaucoup d’entre elles, remplies par une substance colorable par l’éosine et par le vert-lumière de façon plus ou moins régulière et iñtense. Il peut arriver que toutes les mailles soient décolorées, sauf une ou deux dans lesquelles la substance colorable s’est conservée; on peut aussi trouver une cellule très faiblement lavée de vert, excepté une de ses mailles colorée en vert foncé; enfin les mailles peuvent être incolores, mais les travées du réseau teintées en rouge ou vert par la même substance qui remplissait les cavités et qui a imbibé le réseau. La comparaison de cette substance répandue dans les cellules de Paneth avec le mucus contenu dans les cellules muqueuses caliciformes de la glande est très instructive. Cette matière offre exactement la même coloration verte, élective et caractéristique dans le procédé que j’em- ploie, que le mucus lui-même; elle est donc de nature mucoïde. Mais par l’éosine et par le Van Gieson, elle prend une teinte différente de MC OR SE 2 de QU ÉS ns CRE æ F- PE ME ENT BF SE IR TT OR RE ar + 2 ASE (47) SÉANCB DU 10 JUIN 1197 celle de ce mucus; au lieu que celui-ci se colore en jaunâtre, elle prend une couleur orangée ou rose; elle est donc un mucus, mais différent de celui que séerètent ies cellules muqueuses caliciformes. La forme cellulaire qui me paraît précéder celle-là est représentée par des éléments à corps protoplasmique compact, coloré en rouge par l’éosine ou en vert par le vert-lumière et par conséquent ayant subi la transformation muqueuse, du moins dans toute sa partie apicale et supra-nucléaire. Ce corps protoplasmique mucifié est tantôt discontinu, tantôt fragmenté en masses arrondies ou polyédriques plus ou moins grosses. Le plus souvent il contient une grande quantité de boules sidé- rophiles, colorées en noir, habituellement isolées, quelquefois confluentes el formant de grosses masses irrégulières. La forme cellulaire qui me semble antérieure à celle-là est une cellule bourrée de grains plus ou moins volumineux, et de volume égal ou iné- gal. Chacun de ces grains offre la coloration rouge ou verte caractéris- tique de la substance déjà mentionnée; c’est donc un véritable grain de mucus. Un grand nombre de ces grains renferment en leur milieu un granule sidérophile plus petit; mais il semble que ces granules se diffé- rencient lardivement, et que primitivement le grain soit purement muqueux. Cette forme cellulaire me paraît représenter le stade initial dans le cycle sécrétoire des cellules de Paneth. Outre que la coloration verte est caractéristique du mucus ne s’ob- serve pas sur les produits de sécrétion albumineux, aucun des états cellulaires qui viennent d’être décrits n’est une contre-indication (bien au contraire) à l'hypothèse que les cellules de Paneth sont des cellules muqueuses, mais des cellules muqueuses spéciales. Le premier étant, en effet, représenté par des cellules claires réticulées, lavées ou non d’une substance colorable à la facon du mucus, s’observe dans les glandes muqueuses typiques. La seconde forme (cellules à masse muqueuse compacte ou déchiquetée en blocs polyédriquesouen boules arrondies) a été observée dans les glandes muqueuses de l’oviducte des Batraciens, notamment par Ellerman ; Müller l’a décrite dans les cellules de Paneth elles-mêmes. Quant à la troisième forme, en réalilé la première en . date dans le cycle sécrétoire (cellules à grains de mucus contenant ou non des grains sidérophiles), tous les auteurs qui ont étudié les glandes de Lieberkühn (Paneth, Nicolas, Zimmermann, Müller, Bloch, J.-E. . Schmidt) l'ont constatée ; ils ont vu aussi que les grains ne sont pas de même taille et se colorent différemment. Ces différences de coloration “ont été surtout précisées par Nicolas: les grains sont, d’après lui, les uns colorables, les autres non par la safranine ; ils peuvent se composer de deux substances, dont l’une colorée par la safranine a la forme d'un croissant ou d'un grain arrondi contenu dans l’autre substance que la safranine laisse incolore. Ces deux substances correspondent à celle de mes grains muqueux à globule central sidérophile; une coloration spéci- 1128 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (48) fique a révélé la nature muqueuse de la substance périphérique du grain. D'ailleurs on connaît, dans divers cas de formation du mucus, un stade initial caractérisé par la présence de grains de mucigène bientôt trans- formés en mucus; c'est ce que par exemple Lebrun et Ellermann ont vu dans l’oviducte des Batraciens, Nicolas dans les glandes cutanées des mêmes animaux. : Je crois donc pouvoir conclure que les cellules de Paneth sont des cellules muqueuses, mais différentes des cellules muqueuses ealici- formes. Elles en diffèrent d'abord par la nature du mucus qu'elles pro- duisent ; car ce mucus coloré par le vert-lumière de la même facon que celui des cellules caliciformes prend par l’éosine une teinte différente. Elles s’en distinguent ensuite par le processus mucipare ; en effet dans les cellules de Paneth la formation du mucus est d’abord granulaire, ce qu’on n’observe pas dans les cellules caliciformes;l’excrétion du mucus est totale et se fait par une filtration lente dans les cellules de Paneth, qui deviennent claires, vides et réticulées; dans les cellules caliciformes, elle est continue et massive, donnant lieu à l’image bien connue du verre d'où déborde la masse floconneuse de mucus. Les cellules de Paneth ne sont donc ni des cellules à produits séro-albumineux, ni des cellules muqueuses ordinaires en voie d'évolution, mais des cellules muqueuses spéciales. (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de Médecine de Nancy.) SUR L'IMMUNISATION CONTRE LE CANTHARIDATE DE POTASSE PAR UN SÉRUM ANTITOXIQUE 2 (Note préliminaire), par CHRISTIAN CHAMPY. La cantharidine m'a paru favorable pour étudier les sécrétions d’anti- toxines, parce que ce corps, bien que voisin des venins, peut être obtenu dans un grand état de pureté. D'autre part, son action spécifique sur le rein permet d'étudier histologiquement les lésions produites et d'en apprécier l'intensité. Je me suis servi de lapins, pour obtenir le sérum antitoxique ; ils ont été préparés suivant deux méthodes que j'ai comparées. Chaque animal a reçu de 20 à 30 milligrammes en l’espace de vingt à vingt-cinq jours. Dans une première série d'expériences, je leur ai injecté quotidienne- ment des doses faibles et lentement croissantes de un demi-milligramme à 4 milligrammes. (La dose mortelle pour un lapin de 3 à 4kilogrammes est de 4 à 5 milligrammes.) Cette méthode est peu favorable; les ani- | (49) SÉANCE DU 10 JUIN 11929 Li a OSE À LORS RE re maux maigrissent rapidement et on en perd un grand nombre. La mort est causée, non par la néphrite, car le rein ne présente pas de lésions, mais par l’intoxication générale. La cantharidine a, en effet, outre son action spécifique et violente sur le rein, une action toxique générale, masquée habituellement par l’acuité des accidents rénaux, et il m’a semblé que, si les lapins luttent assez facilement contre la première, ils se défendent bien plus lentement et bien plus mal de la seconde. Le cœur est souvent dégénéré et surchargé de graisse; cette lésion paraît être la cause de la mort. Un procédé d'’immunisation, qui nous a paru bien préférable, consiste à injecter le cantharidate en cinq ou six doses croissant de 3 à 6 milli- grammes. Les animaux préparés de cette façon ont bien résisté, et l’antitoxicité du sérum m'a paru plus grande. J'ai préparé ainsi onze lapins et je me suis servi de cobayes pour étu- dier les propriétés de leur sérum. Dans une première série de 4 cobayes, j'ai injecté à chacun 2 milligrammes de cantharidate; le premier a recu 20 centimètres cubes de sérum physiolo- gique et les autres 20 centimètres cubes de sérum de lapin préparé. La dose de poison élait beaucoup trop forte et tous Les cobayes sont morts; mais le premier est mort en une heure un quart, alors que les autres ne sont morts qu'après cinq heures et demie, sept heures et demie et huit heures. A l'examen histologique, lé rein du cobaye n° 1 montre des tubes urini- fères complètement vidés; il ne reste plus que la paroi conjonctive et, au centre du tube, un magma informe de noyaux et de granules cytoplasmiques. Les reins des trois autres présentent l’altération des tubes contournés connue sous le nom de tuméfaction trouble; de plus, çà et là, les cellules se déta- chent de la membrane basale et commencent à s’effriter dans la lumière du tube en granules foncés. Mais rien de comparable à la lésion brutale du rein non immunisé. Dans ce cas, l’immunisation a été insuffisante pour protéger complè- tement le rein, mais elle a cependant retardé, et en partie empêché, l’action du poison ; les reins immunisés de cette série présentent des lésions bien moindres que ceux de la série suivante qui ont reçu une dose de moitié plus faible sans immunisation. Remarquons que les cobayes immunisés ont subi l’action du poison pendant un temps quatre à six fois plus long que les autres. J'ai essayé, dans une deuxième série, des doses faibles. Six cobayes ont reçu chacun 1 milligramme de cantharidate : le n° 4 avec 20 centimètres cubes de sérum de lapin non préparé; les n°* 2 et 3, 20 centimètres cubes de - sérum physiologique, et les autres du sérum antitoxique. Le n° 2 est mort après cinq heures. j'ai tué les autres après sept heures, afin de comparer des reins soumis pendant le même temps à de mêmes doses de cantharidine. Jai aussi comparé ces reins avec ceux de cobayes qui avaient recu du sérum sans cantharidine. 1130 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (50) Le sérum seul produit dans les tubes contournés l’aspect connu sous le nom de tuméfaction troubie. Les bâtonnets sont plus apparents et monili- formes. Les cellules sont gonflées et bourrées de granulations, les bordures en brosse homogénéisées sont déjetées sur le côté ou le plus souvent dispa- rues. Les trois cobayes immunisés ne présentent pas d'autre lésion. Au con- traire, les bordures en brosse des cellules des tubes contournés sont mieux conservées que dans le rein de l’animal injecté avec du sérum seul. Les ani- maux non immunisés présentent les mêmes lésions que ceux de la série pré- cédente. Ici l’immunisation a été complète. Nous avons pris aussi des doses moyennes, cherchant à obtenir la mort des animaux non immunisés et l'absence de lésions dans le rein des autres. Sur cinq cobayes, ayant recu chacun 1 milligramme et demi de cantharidate, le n° 4 a recu 20 centimètres cubes de sérum de lapin normal, le n° 2, 20 cen- timètres cubes de sérum antitoxique, et les trois autres, 20 centimètres cubes de sérum physiologique. Nous les avons tous tués après trois heures. Les n°5 4,4 et 5 étaient malades et se traînaient difficilement; le n° 3 venait de mourir; le n° 2, au contraire, était bien portant et mangeait avec appétit. Son rein présentait de la tuméfaction trouble avec, cà et là, quelques cellules qui commençaient à s’effriter; les autres une fonte granuleuse des cellules, lésions analogues à celles des reins non immunisés des séries précédentes. Le cantharidate de potasse provoque donc bien réellement une sécré- tion d’antitoxine; mais cette sécrélion est quantilativement bien plus faible que pour les antitoxines bactériennes. Un lapin qui a recu 25 milligrammes du corps toxique contient dans son sang de quoi neu- traliser 5 à 6 milligrammes seulement. SUR L'ORIGINE ET LA STRUCTURE DES CELLULES PIGMENTAIRES DANS LE FOIE DES URODÈLES, par Me ASVADOUROVA. On sait, par les recherches d’Eberth, Güpfert, Pilliet et d’autres sur le foie des Amphibiens Urodèles, que la couche lymphoïde super- ficielle se continue dans l'intérieur de la masse hépatique par des cordons de même nature, qui accompagnent les vaisseaux sanguins et qui s'élargissent çà et là en îlots plus ou moins considérables. D'autre part, le foie des Amphibiens, et celui des Urodèles particulièrement, est plus ou moins abondamment pourvu, selon un certain nombre de conditions, de cellules pigmentaires distribuées soit dans la couche superficielle, soit dans les cordons lymphoïdes intérieurs; moins nombreuses dans la première que dans ceux-ci, elles avoisinent les globules blancs. En troisième lieu Eberth et Pilliet ont émis l’idée que les cellules pigmentaires pouvaient dériver de globules blanes. SÉANCE DU 10 JUIN 4131 Nous nous proposons dans cette note et dans celles qui suivront de … vérifier d'abord cette hypothèse sur l’origine des cellules pigmenlaires du foie des Urodèles; d'étudier en second lieu la transformation des … leucocytes en chromoblastes, d'y rechercher les modes de formation du — pigment, de déterminer enfin la nature de celui-ci. Sur le premier point, l'étude du foie de Triton, de Salamandre et - de Pleurodèle ne laisse aucun doute : on voit les globules blancs …—._s'agrandir en se chargeant de globules pigmentaires de plus en plus —. nombreux. On peut donc conclure que les leucocytes sont des pigmen- … toblastes. | Quant à la deuxième question, nous avons observé quelques détails qu’il est intéressant de signaler. _ Le noyau des leucocytes, qui était irrégulier et polymorphe, prend dans les cellules pigmentaires une forme régulièrement arrondie, et [= cependant des cellules déjà pigmentées peuvent encore avoir conservé [= leur noyau irrégulier. | À Mais la transformation la plus importante concerne la production de ra pigment. Elle débute par l'apparition de formations spéciales de vési- _ cules, ou plus exactement de boules de nature spéciale. Ces formations _ paraissent avoir échappé à Altmann et à Fischel. On les aperçoit déjà dans les coupes faites par les méthodes ordinaires et diversement colorées. Avec divers colorants elles prennent souvent une coloration élective et parfois même métachromatique. Dans la pensée d’une parenté de ces boules avec l’hémoglobine, nous avions traité des coupes par le sulfure d'ammonium ou par le ferrocyanure de potassium pour y déceler la présence du fer; mais nous n'avons obtenu de nette : que la coloration des noyaux. La réaction du fer réussirait-elle pour ces boules, qu'elle ne rendrait pas compte de la véritable nature de la substance qui y est contenue. Cette nature nous fut révélée par l'examen de préparations du foie colorées intra vitam, au rouge neutre. L'obser- vation au faible grossissement d’un lobe entier du foie ou d’un fragment de foie dissocié montre dans la couche lymphoïde superficielle et dans les îlots centraux une coloration rouge élective et caractéristique. Dans la couche superficielle, cette coloration, qui fait défaut à la surface, est au contraire très marquée dans la zone profonde de cette couche; dans les ilots centraux elle existe seulement à la périphérie des amas pigmen- laires. L'examen au fort grossissement fait voir que les boules se forment non seulement dans les globules blancs, mais encore dans les cellules pigmentaires. Elles sont plus nombreuses et plus grosses dans les … leucocytes que dans les cellules pigmentaires. 4 L'emploi de la méthode d'Altmann nous a permis de préciser la nature de ces boules. La méthode ne colore pas celles de tous les leuco- cytes; celles notamment de la couche lymphoïde superficielle, qui pre- haient le rouge neutre, ne se colorent pas par l’Altmann. Mais les : & Zn Do ON LE CO NE LEE UT REC. 1132 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY : (52) boules de toutes les cellules pigmentaires prennent une coloration rouge ou brunäire. ( Les leucocytes ou pigmentoblastes et les cellules pigmentaires se caraclérisent donc par la présence de boules ou vésicules. Celles-ci renferment une substance inconnue, qui prend sur les coupes ordinaires une nuance souvent distincte, que le rouge neutre vital colore avec élection et que la méthode d’Altmann peut colorer aussi. Ces boules et la substance qu’elles contiennent sont préparatoires du pigment, car _ les éléments sont d'autant plus riches en boules qu'ils sont moins pigmentés. Elles paraissent d’ailleurs suivre elles-mêmes une évo- lution. En effet, les boules colorables par le rouge neutre étant beaucoup plus nombreuses que celles qui prennent la coloration d’Altmann et celles-ci n’existant pas dans les pigmentoblastes les plus jeunes, il paraît admissible que les premières sont une forme plus primitive et correspondent par leur colorabilité aux plasmosomes d'Arnold, tandis que les secondes sont une forme plus évoluée repré- sentant les granula d'Altmann. Au point de vue de la morphologie du foie et de la descendance des cellules pigmentaires, il semble qu'on puisse établir le schéma suivant. La couche lymphoïde superficielle renferme des leucocytes pigmento- blastes non encore différenciés et non encore évolués dans le sens pig- mentaire; aussi les leucocytes s’y divisent-ils mitotiquement de facon active ; c'estune assise germinative. Dans la zone profonde de cette couche lymphoïde superficielle ou même dans son intérieur, mais alors de facon sporadique, commence pour ces pigmentoblastes l’évolution fonction- nelle. caractérisée par l'apparition des boules ou vésicules remplies de la substance spéciale prépigmentaire. Cette évolution se continue et se termine dans les cordons lymphoïdes intérieurs, où la substance en question forme !e pigment à la manière d'un plaste et où les pigmen- toblastes deviennent des pigmentocytes définitifs. (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) UN PARASITE DU NOYAU d'Amœæba hlattæ BüTsczt, par L. MERCIER. L'intestin terminal de la Blatte (Periplaneta orientalis L.) renferme de nombreux parasites; parmi ceux-ci, on rencontre assez fréquemment un Amibe : Amæba blattæ Bütschli. Ayant été amené à examiner un certain nombre de ces Rhizopodes, j'ai constaté cheZ quelques-uns la présence de parasites dans le noyau, d U e * £ x ea Je > 2e SÉANCE DU 10 JUIN 1133 Depuis longtemps, de nombreux auteurs ont signalé des aspects par- ticuliers du noyau des Rhizopodes ; mais, tandis que les uns interpré- taient ees aspects divers comme une simple modification de structure du noyau, les autres (Carter, 1856, en particulier) y voyaient des modifications spéciales donnant naissance à des œufs ou à des sperma- tozoïdes. C'est Dangeard (1) (1895) qui, le premier, a montré que ces aspects particuliers du noyau étaient dus à un parasite pour lequel il propose, en raison de l’habitat, le nom générique de Nucleophaga. Les Amibes parasités étudiés par le savant botaniste appartiennent, d’après lui, à l'espèce A. verrucosa Ehr.; mais il se pourrait, comme le fait remarquer Penard (2) (1905) que ce füt une variété de l’A. proteus. Dangeard regarde son parasite, sur lequel il donne quelques renseigne- ments précis, comme appartenant à la famille des Chytridiacées et il Le nomme Vucleophaga amæbæ sp. nov. Gruber (3) (1904) signale une nouvelle espèce d’Amibe (A. viridis Leidy) dont le noyau est parasité également par une Vucleophaga. Mais, tandis que les spores de la Vucleophaga amæbzæ sont sphériques, les spores de la Nucleophaga de Gruber se présentent sous la forme de petites rosaces composées de cinq ou six sphérules rangées autour d'une granulation centrale. En 1905, Penard (4) dans deux de ses récoltes provenant de localités différentes, a trouvé un certain nombre d'A. terricola Greefattaqués parle parasite de Dangeard. De plus, Penard eroit pouvoir, d’après ses obser- vations, identifier le parasite de Gruber à la Vucleophaga amæbæ Dan- geard. Pour lui, en effet, « dans certains cas, très rares en général (Dangeard, Penard), au contraire fréquents (Gruber) suivant la saison ou les circonstances, les spores sont susceptibles de se diviser en spores de second ordre ». Nous connaissons donc trois espèces d'Amibes dont le noyau peut être parasité par des Nucléophages : À. verrucosa? (c'est peut-être À. _ proteus), À. viridis, A. terricola; à cette liste, j'ajoute À. blattæ. Nos données sur le cycle évolutif de Nucleophaga amæbæ sont très incomplètes ; on ne sait rien de la pénétration du parasite dans le noyau, presque rien du mode de formation des spores et de leur structure, et le développement ultérieur de celles-ci est inconnu. (1) Dangeard. Mémoire sur les parasites du noyau et du protoplasma. Le Botaniste, t. IV, p. 199, 1894-1896. (2) Penard. Notes sur quelques Sarcodinés, Revue suisse de Zoologie, t. XII, . 1905, p. 587. (3) Gruber. Ueber Amæba viridis Leidy, Zootog. Jahrb. Festsch. Weissmann, Suppl. 7, 1904, p. 67. (4) Penard. Observations sur les Amibes à pellicule. Arch. f. Prolist. Band VI, 1905, p. 175. 1134 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (54) Les observations que j'ai pu faire sur du matériel fixé au formol picrique, les coupes élant colorées à l'hématoxyline ferrique, n’ajoutent rien à nos connaissances sur les Nucléophages; elles ne font ins re - firmer les faits avancés par Dangeard et Penard. Amæba blattæ se présente sous deux aspects différents selon le nom- bre et la Llaille des noyaux. Certains individus possèdent un noyau unique, volumineux; d’autres, au contraire, présentent des noyaux nombreux et de petite taille. Le noyau normal des Amibes uninuclées est ovale ou piriforme ; il possède une membrane épaisse à double con- tour, et une couronne de nucléoles caractéristique. Sur mes coupes, ce sont toujours des Amibes à noyau unique qui sont parasités. Leurs noyaux sont, à certains stades d'évolution du parasite, très faciles à différencier des noyaux normaux ; ils sont plus volumineux, leur couronne de nucléoles a disparu. Le ou les parasites, car plusieurs peuvent se rencontrer dans un même noyau, se présen- tent alors sous forme de petites masses cytoplasmiques parsemées de granulations électivement colorables par l'hématoxyline ferrique et que je considère avec Dangeard et Penard comme les noyaux des parasites. Le noyau de l'Amibe présente ainsi un aspect particulier qu’il faut bien se garder de considérer comme correspondant à une phase de l'évolution nucléaire, à une sorte d'état chromidial. Ce stade de l’évolu- lion du parasite précède de peu la formation des spores. D’après Dan- geard, celles-ci se forment autour des noyaux ; lorsqu'elles sont déve- loppées, les parasites, devenus de véritables sporanges, ressemblent à des müres. Les spores sont des éléments sphériques qui se colorent fortement par l'hématoxyline ferrique; en raison de ce fait, leur struc- ture est difficile à étudier. Elles présentent une mince membrane d’en- veloppe plus colorable que la masse de la spore dans laquelle on peut mettre en évidence une ou plusieurs granulations plus chromatiques. Ces deux aspects du parasite me permettent de le rapporter vraisem- blablement au genre Mucleophaga Dangeard. Maïs, étant donné l'évo- lution de nos connaissances sur les Protistes, étant donné que pour beaucoup de ceux-ci l'identification d’une espèce n'est rigoureuse qu’autant que le cycle évolutif est entièrement connu, ce n’est que sous toute réserve que je rapporte la Vucleophaga d'A. blattæ à l'espèce amæbæ de Dangeard. (Laboratoire de Zoologie.) (55) SÉANCE DU 40 JUIN 1435 CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES SUR L'OVOGENÈSE DES INSECTES, par CHARLES SOYER. Dans une communication antérieure (juillet 1906), j'ai cru devoir faire ressortir l’analogie de l’ovocyle ramifié de certains Insectes (Punaises des bois et particulièrement Corpocoris nigricornis) avec ces œufs à forme d'amibes géantes que l’on rencontre chez un grand nombre d'Hydraires. Ce rapprochement entre les processus ovogénétiques de deux classes, pourtant si éloignées, se justifie par d’autres considérations. Varennes a montré que, chez les Cœlentérés, les organes sexuels étaient produits par le développement de quelques cellules germinales, dont l’appari- tion, au sein d’un jeune bourgeon, semblait déterminer la transformation ultérieure de celui-ci en gonade. Il a fait voir en outre, retenons bien ce point, que ces cellules initiales, chez un grand nombre d’Hydraires, ne nais- saient pas ?n situ, mais bien dans quelque région, souvent lointaine, de la souche communé, d’où elles montaient peu à peu, en s’insinuant entre les tissus du support, jusqu’au futur bourgeon médusoide. Or, nous savons, depuis les travaux de Balbiani, que, chez certains Insectes, l'apparition des jeunes syncytiums, qui constituent la première ébauche des organes essentiels de la reproduction, est liée, elle aussi, à la transplantation au sein des tissus embryonnaires d’un très petit nombre d'éléments, venus, à proprement parler, du dehors. Ces cellules, dites germinales, prises d’abord pour des globules polaires, se détachent de la région postérieure du jeune embryon, alors que celui-ci est encore à l’état de morula, souvent même avant qu'apparaissent les premières bosselures du blastoderme. Entraïnées plus ou moins mécaniquement par les reploiements et retournements toujours si compliqués du développement, elles finissent par s'arrêter dans une ou plu- sieurs des poches cœlomiques primitives de l’Insecte, et s’y greffent pour devenir les initiales de l’ovaire ou du testicule. Que penser de semblables éléments? Nous les comparerions volontiers à autant de spores, détachées de l'organisme à la phase d'indifférentiation des tissus (Insectes), ou vers les régions encore peu différentiées de ceux-ci (Hydraires). Entées sur quelque point des cavités splanchniques, elles s'y développeraient à la manière d’un organisme parasite, sous la forme dégradée de ces petits kystes syncytiaux, ou syncytiums gerininaux, qui sont les pré- curseurs de l'ovaire et du testicule. Cette conception se fortifie dans notre esprit des observations que nous avons faites au sujet de ces syncytiums germinaux et de leur évolution ulté- rieure. Après une période d'attente, très variable selon les espèces, les noyaux se multiplient activement dans toute la cavité syncytiale (jeune chambre germi- native), surtout à la base de celle-ci, où ils s’amassent en un massif plus com- pact appelé coussinet germinatif. C'est là, qu'aux dépens du syncytium primitif, vont s'individualiser successivement les syncyfiums secondaires, dont chacun 1136 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (56) aboutira à la formation d’un œuf, d’où le nom de plasmodium ovogène ou ovoylas- mode, que nous proposons pour chacun d'eux. Examinons, pour nous éclairer d’un exemple, une de ces petites masses protoplasmiques, en forme de trèfle multilobé, qui s’individualisent dans le tube ovarien du Ver à soie. Il s’en formera successivement autant quil doit y avoir de chambres ovulaires. Dans le pétiole renflé de ce trèfle se trouve un noyau dit vésicule germinative, dans chacun de ses lobes un noyau dit vitellogène, enfin, sur toute sa surface, une foule d’autres très petits noyaux en train de s’histolyser. Voilà un type d’ovoplasmode. Il y en a beaucoup d’autres. Quelques-uns n’ont qu'une exis- tence éphémère sous cette forme cytologique, et leur pluralité nucléaire se fond de bonne heure dans l’unité cellulaire d’un œuf. Mais cette constitution plasmodiale nous apparaît comme caractéristique d'une phase très impor- tante, et peut-être nécessaire, de toute ovogenèse chez l’Insecte. Dire que l’ovocyte procède de l'ovogonie, comme une cellule naît, dans le soma, d'une autre cellule, c'est, à notre sens, méconnaître l’enseignement des faits. L En considérant le chapelet de ces ovoplasmodes ou chambres ovu- laires, il nous vient à l'esprit une idée obsédante. Ne dirait-on pas d'un petit (ænia qui s’allongerait en multiples anneaux? Le reliquat du syncytium germinal primitif, la chambre germinative, serait le scolex de cet étrange organisme, et la série des plasmodes en constituerait les proglottis. N'insistons pas sur une image grossière, peu applicable d’ailleurs au germen mâle, et même à un certain nombre de types aber- rants d'ovaires chez les Insectes. Mais si nous nous bornons à considérer isolément, en dehors de leur agencement, ces unités histologiques supérieures que nous avons appelées les plasmodes ovogènes, que constatons-nous? Nous voyons, dans l'immense majorité des Insectes, se dégager peu à peu du syncy- tium germinatif, non de simples éléments cellulaires isolés, mais de : véritables petits blastodermes, de petites morulas plasmodiales. Souvent ce stade même est dépassé, comme chez les Aphides, le Chironome, les Lépidoptères jeunes, etc., où la vésicule germinative, coiffée d’une cou- ronne de noyaux satellites, représente comme une esquisse de gastrula. Ainsi, dans l’ovogenèse des Insectes (et nous avons vu que le fait n’était pas isolé dans le règne animal), les choses se passent comme si un ou plusieurs petits organismes, issus de cellules sporovalentes, se développaient en parasites dans le grand. Sans doute, la division du travail aura imposé à l'espèce cette sorte de génération alternante. Tandis que le Phanérozoïte (l'animal qu’on voit), luttant incessam- ment contre les contingences du temps et de l’espace, s’épuise en cyto- diérèses continues pour durer et grandir, le Cryptozoïte (l'animal qu'on ne voit pas), placé à l'abri de ces contingences, vit en symbiose dans le premier, ramassant, sans avoir à les dépenser dans des nécessités actuelles, toutes les virtualités héritées ou acquises, les concentrant en SÉANCE DU 10 JUIN 1137 67) — un nombre de plus en plus réduit d'éléments, passant ainsi d’une sorte de syncytium nébulaire à la série des plasmodes ovogènes, el finalement de chacun de ces plasmodes à l'unité cellulaire de l'œuf. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) RECHERCHES CYTOLOGIQUES SUR L'ÉVOLUTION DE L' « ÜVOPLASMODE » CHÉZ LES LÉPIDOPTÈRES, par CHARLES SOYER. Nous laisserons de côté la cellule apicale, dite de Verson, découverte chez le Bombyx femelle par Lavalette Saint-George, nous réservant de l’étudier à propos de la spermatogenèse. Dans les premières régions du long tube ovarien du ver à soie, là où les noyaux se présentent encore à l’état syncylial, on constate que ceux-ci évoluent parallèlement; tous par exemple, dans une section donnée, sont à l’état de synapsis; plus loin et par transitions ména- _ gées, on trouve ces éléments à la phase de chromosomes en anses, ou bien à l’état de réseau chromatique avec un nueléole que colore vivement le vert lumière. Toutefois, en y regardant de près, on s'aper- coit qu'à tous ces stades quelques rares noyaux, demeurés de petite taille et ayant conservé le type protobroque, se rencontrent encore, dissé- minés çà et là, en particulier contre les parois de la gaine ovarique. Nous constatons donc, comme dans la plupart des Syncytiums germi- naux, ce dimorphisme nucléaire qui tend à diviser les éléments de ceux-ci en macrogonies eten microgonies. Ici, une remarque s'impose. Nous trouvons-nous encore à ce moment en présence de simples noyaux? Tout d'abord, nous sommes bien forcés d'admettre théoriquement que, même à l'état le plus jeune des Syncytiums initiaux, il existe autour de chaque noyau une légère atmosphère cytoplas- mique spéciale, résultant du travail d'échange qui s'opère au contact de la membrane nucléaire. À cette atmosphère, que d’ailleurs nous constatons objectivement ici, et de fort bonne heure, sous la forme d'une couche mince, colorée par l’éosine en un rose plus vif que celui du protoplasme syncytial, à cette atmosphère, dis-je, s'ajoutent de petits mitosomes d'un rose plus accusé encore, qui ne sont autre chose que les vestiges fusoriaux des multiplications nucléaires. Il n’est pas rare d’apercevoir, au voisinage immédiat d'un noyau, un de ces petits corps, nettement circulaire, enchâssé dans une légère hernie de la mince couche cytoplasmique. Il nous serait donc difficile de prétendre que nous ayons encore affaire à des noyaux nus et à un syncytium pur et simple. Nous croyons qu'il convient, pour rester dans la vérité, d'admettre ici un BioLoere. Comptes RENDUS. — 1907. T. LXII. 18 1138 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (58) état cytologique mixte, que nous qualifierons de demi-syncytial. Car si chaque élément possède, grâce à son atmosphère cytoplasmique et à son mitosome, une sorte d'endoplasme, l’ectoplasme demeure confondu en un tout indivis, et les quelques microgonies qu'il renferme soulignent la persistance relative de l’état syucytial originel. Cette tentative d’individualisation cellulaire des macrogonies nest d’ailleurs que momentanée et va faire place à la formation des ovoplasmodes. La hernie protoplasmique entourant les noyaux a grossi et s’est allongée en cône. Ces cônes sont le plus souvent orientés de telle sorte qu'un certain nombre d’entre eux semblent comme attirés vers un centre commun. On voit ainsi des groupes vaguement circulaires s’esquisser de distance en distance, et bientôt, dans la région distale de la gaine, s'organise une pre- mière rosette formée par la convergence de quelques éléments, et par la con- fluence de leurs atmosphères et mitosomes. Cette petite morula plasmodiale, qui se complètera par la karyokinèse de quelques-unes de ses macrogonies, ne tarde pas à figurer une sorte de fleur de lys héraldique ou de trèfle très multilobé, avec un noyau sombre à chromotine pulvérisée dans chacun de ses lobes (vitellogène), et un noyau clair, réticulé, à nucléole vert (vésicule germinative), dans la base commune toujours tournée vers l’oviducte. Le protoplasma des lobes est réuni à celui de la base par de courts et épais pédon- cules. Dans l'épaisseur de ceux-ci, et aussi dans la partie piriforme commune par laquelle ils se continuent avec la région ovocytaire, nous trouvons de singulières petites figures hiéroglyphiques, tracées en noir comme à la plume et affectant une forme circulaire ou ovalaire. 11 y en a de plus petites corres- pondant aux pédoncules, et une plus grande correspondant au point de con- fluence de ceux-ci vers la région de la vésicule germinative. Nous pensons qu’elles résultent sans doute de la coupe plus ou moins oblique opérée par le rasoir sur une sorte de petit manchon intérieur tissé de filaments ergasto- plasmiques. Ce manchon corymbiforme,. représenterait donc comme une petite rosette centrale, vestige probable de la confluence originelle des mito- somes. Lorsque les pédoncules se trouvent coupés dans le sens de leur lon- gueur, nous retrouvons en effet ces figures étranges sous forme de petites lignes plus ou moins parallèles. Ces traînées ergastoplasmiques se perdent, par chacune de leurs extrémités, dans autant de masses d'aspect spumeux formées d’une accumulation de granules blanchâtres. Chacune des masses correspondant aux lobes entoure étroitement un des noyaux vitellogènes, qu'elle transforme en un bloc irrégulier et d'aspect oolitique ; celle qui correspond à lä vésicule germinative ne l'enveloppe qu'à demi, formant un peu au-dessous d’elle un large croissant à convexité inférieure. Le centre du plasmode est clair et ne présente d'autre différenciation que les petites figures hiéroglyphiques indiquées ci-dessus. Telle est l’origine, et tel est le type de chacun des corps plasmodiaux dont la série remplira la gaine ovigère et constituera le chapelet ovulaire du ver à soie. Mais le jeune ovoplasmode n'occupe pas tout le diamètre du tube ovarien; autour de lui se pressent ies noyaux encore protobroques qui, avec l’ectoplasme indivis, représentent ce qui reste à son niveau du syncytium initial. Il ne tarde pas d'ailleurs à se les incorporer et à les SÉANCE DU A0 JUIN 1139 histolyser surtout au moyen de ses lobes vitellogènes. Pendant toute la _ période larvaire, on voit ces petits noyaux se fondre dans sa substance, passer à l’état de petits points, d’abord noirs, puis blanchätres, en même temps que s’accroissent les masses spumeuses de granules, et _ conséquemment les blocs nucléaires vitellogènes, dont elles augmen- tent le volume et accentuent les irrégularités. Toutes les microgonies ne sont pas ainsi absorbées. D'autres, au niveau de chaque plasmode, se pressent autour de la partie protoplas- mique correspondant à la vésicule germinative, pour s'organiser en une _ couronne radiée qui tend à séparer cette partie ovocylaire de la partie vitellogène. La séparation toutefois n’est pas complète et laisse subsister dans chacun d’eux un ombilis de communication qui empêche que l'unité plasmodiale ne soit rompue. Ces noyaux formateurs de la couronne folliculaire ont absolument le même aspect que les microgonies histolysées. Sont-ils de même ori- gine que celles-ci? C’est un point que nous examinerons en une note spéciale. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de‘médecine de Nancy.) PRÉSENTATIONS MM. Cuévor et Mercier présentent des échantillons recueillis au cours d'excursions zoologiques (Chirocephalus diaphanus B. Prévost; oothèque de Mantis religiosa, Plumatella, Triongulius de Melæ). Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. NU PR, 2 HENRI EL RE EEE ANT 98 f +48 LA F s restes fe MORE HORCRRRE TL SÉANCE DU 22 JUIN (NEO) 7, SOMMAIRE ARLOING (FERNAND) : Sur la réac- tion cutanée à la tuberculine . . . . Burner (Er.) : Réaction cutanée de von Pirquet Carnor (Paur) : Sur la présence de substances hépatopoïétiques au cours des régénérations du foie et de son développement embryon- naire CaARRELzL (ALExIS) : Au sujet de la conservation des artères en cold SCCTASSS SMS PR de CourMonr (Juces) et LESIEUR : Pas- sage du bacille tuberculeux à tra- vers la peau chez le cobaye, le MEAUPBLEMADINEM Er 1e. DrzewinaA (Ml'e A.) et Bonn (G.):In- fluence du chlorure de lithium sur les larves des Batraciens. . . . . . . .. - Frison (Mile S.) et Nrccoux (Mau- RICE) Quantités de chloroforme fixées par la substance grise et par la substance du cerveau au moment se olioele = le) = MR PONT Ta bite ere ol Vel etre but Ve le de la mort par ce anesthésique. . . ! Guyénor (E.) : Action du pneu- mogastrique sur le cœur des Batra- -Cciens Lass£ (H.) et Virry (G.) : L'indi- -can urinaire dans le jeûne LarrorGuE : Cultures homogènes UMP FMESeNÉERICUS NUL NU LanGLots (J.-P.) et GARRELON (L.) : Des variations du rythme respira- toire dans la polypnée thermique sous l'influence des variations de pression artérielle Lauxoy (L.) : À propos de l'étude © Et. NO SOMOMOROMOMEDMOMOECRIOINC ROC AC AUS TE EC COEONEO 1171 1156 1181 1173 1143 1150 1169 histophysiologique de l’autolyse aseptique du foie. Action inhibi- trice du citrate de sodium. . . . .. LESAGE (A.) : Culture du parasite de l’amibiase humaine. (Dysenterie amibiennes) TE CIE UE LerTczze (Maurice) : L'’ophtalmo- réaction à la tuberculine. . . . . : Losper (M.) et Bovert (P.) : La chanxet les artères rer MARIE (A.) : Sensibilité des cellu- les cérébrales à la toxine tétanique. MaureLz (E.) et Lemosv D'OREL : Influence de la voie d’administra- tion sur les doses minima mortelles de bromhydrate neutre de quinine. NAGEOTTE (J.) : Formations grais- seuses dans les cellules satellites des ganglions rachidiers greffés . . Norca : Recherches expérimen- tales sur l'intervention des nerfs et des muscles antagonistes daus la production des mouvements du DICUEP EMA RE ERA AA RARE Ravaur (PAuL): Anesthésie chirur- gicale limitée de la région génito-pé- rinéo-anale par injection intrarachi- dienne de solutions concentrées , . Tur (Jan) : Sur l'action térato- gène localisée exercée par la co- quille de l’œuf sur les embryons Oiseaux ECC ICRA PET WinrReBerT (P.) : Sur le détermi- nisme de la métamorphose chez les Batraciens anoures. — II. Le man- que de respiration pulmonaire . . . BioLoaïtE. COMPTES RENDUS. — 1907. T, LXII. 79 1175 Ale )7 . 1168 1160 1164 1179 1147 1162 1159 1166 115% 1142 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Giard, président. À PROPOS DU PROCÉS-VERBAL. M. François-Franck relève un erratum dans sa note du 15 juin dernier (p. 4101, ligne 26). Au lieu de « nous avons eu des clichés légèrement surexposés avec ‘ deux secondes de pase », Il faut lire « avec douze secondes de pose ». M. le professeur J. Courmont (de Lyon), membre correspondant, assiste à la séance. L'INDICAN URINAIRE DANS LE JEUNE, par H. LABBé et G. Virey. Dans une note présentée antérieurement à la Société (1), nous avons établi que les sulfo-éthers urinaires persistent dans le jeûne, et nous en avons conclu que ces corps sont en rapport avec la destruction de l'albumine sans qu'il soit nécessaire que cette destruction ait lieu par l'intermédiaire des microbes intestinaux. Nous avons poursuivi nos recherches sur l’un de ces acides sulfo-éthérés, le plus étudié et le seul qu'on puisse tenter de doser à l’heure actuelle : l'acide indoxyl-sulfu- rique, ou indican. Le procédé que nous avons employé consiste à oxyder l’indoxyle en milieu. sulfurique, par. le persulfate de soude. On enlève au fur et à mesure l’indigo bleu formé en agitant mécaniquement la solution en présence de benzine ou de xylol, pendant un quart. d'heure ou une demi-heure. On décante au bout de ce temps, épuise à nouveau par une petite quantité de benzine qu'on réunit à la portion principale. On purifie la solution d’indigo en la lavant à l’eau distillée, et on termine par un dosage colorimétrique, en comparant avec une série d’étalons faits en partant d'une solution de sulfate d'indigo pur. (4) H. Labbé et G. Vitry. Les sulfo-éthers urinaires dans le jeûne. Société de Biologie, 27 avril 1907. SÉANCE DU 22 JUIN 11243 Nos dosages ont porté sur les urines d’un chien aux différentes périodes du jeûne; nous donnons pour chaque période de {rois jours la moyenne trouvée : 1° comme azote urinaire; 2° comme sulfo-éthers urinaires; 3° comme indican (calculé en indigo). , AZOÔTE SULFO-ÉTHERS INDICAN urinaire. urinaires. r. 41 0 gr. 0318 0 gr. 00108 0g Première période, du 2° au 5° jour du jeûne. 3 g 2 gr. 25 r. 0201 0 gr. 00080 Deuxième période, du 15e au 18e jour Troisième période, du 51e au 53° jour (veille EU) ee à Lise Lens ete co + DA OT, 20 0 gr. 0235 0 gr. 001018 De ces chiffres, il ressort que l’indican persiste dans l'urine pendant toute la durée du jeûne jusqu'à la mort, et que son excrétion urinaire varie dans le même sens que les sulfo-éthers totaux, et par conséquent que l’azote total. Devant ces constatations précises, qui viennent du reste renforcer les indications antérieures de Heller, Hope-Seyler, Jaffé, Senator, etc., il est impossible d'admettre, comme le veulent certains auteurs, que l’indican constitue un indice urinaire de la putréfaction intestinale. Dans un cas simple comme celui du jeùne prolongé jusqu’à la mort, l'indican éliminé est resté proportionnel à la quantité de matériaux albuminoïdes dégradés, sans que ces matériaux aient subi une trans- formation dans l'intestin. Nous nous proposons de rechercher si cette proporlionnalité existe dans le cas des alimentations animale et humaine, et de vérifier si l’indoxyle est aussi un constituant normal des fèces. ; (Travail du laboratoire du professeur Landouzy à la Clinique médicale | Laënnec.) PASSAGE DU BACILLE TUBERCULEUX A TRAVERS LA PEAU CHEZ LE COBAYE, LE VEAU, LE LAPIN, par JuLes CourMoNT et LESTEUR. Nous étudions, depuis longtemps, le passage des bacilles tuberculeux à travers la peau du cobaye, du veau, du lapin (1). La peau des différentes régions (inlacte, rasée, épilée) est légèrement frictionnée avec des crachats, des organes tuberculeux finement broyés, (4) Voir notre mémoire dans le Journal de Physiologie et de Pathologie générale, septembre 1907. 1144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des cultures (bovines ou humaines). Toutes les précautions sont prises contre l'infection buccale. I. Copayes. — Nous avons plus de 100 expériences (le plus souvent : face interne de la cuisse). Nourri, Babes en ont fait de même ordre. Avec les crachats, les résultats sont inconstants, quoique très fré- quemment positifs. Ils sont le plus souvent négatifs avec l'émulsion, même fine, d'organes tuberculeux. Par contre, la friction avec une culture (sur pomme de terre ou rate, finement émulsionnée) réussit à peu près toujours, si la culture est viru- lente ; elle peut échouer avec une culture atténuée, tuberculisant cepen- dant par inoculation sous-cutanée. Le mode opératoire le plus favorable est l'épilation; mais la peau non préparée peut aussi se laisser traverser. Voici les résultats, dans les cas positifs. La peau reste absolument intacte une fois sur trois environ, bien que l'infection ganglionnaire soit intense ; aucune trace ne reste du passage des bacilles. Chez les autres cobayes, on constate quelques croûtelles de la peau, en général très discrètes. Les ganglions inguinaux deviennent énormes, au point de s’abcéder le plus souvent et de produire, au bas du ventre, un vérilable ulcère tuberculeux. Le ganglion lombaire du même côté se tuberculise, mais son volume n'a rien d'exagéré. L'infection peut s’en tenir à ces lésions ganglionnaires: plus souvent elle produit en outre deux ou trois tubercules spléniques. C’est le cas notamment avec les cultures peu virulentes, appliquées sur peau intacte ou simplement rasée. Avec les cultures très virulentes (notam- ment bovines), et surtout chez les cobayes épilés, la généralisation clas- sique se produit (qu'il y ait ou non lésion cutanée), mais le plus souvent tardivement {100 à 200 jours). II. VEaux. — L'expérience réussit très bien chez le veau. La peau peut ne conserver aucune {race du passage; le ganglion voisin se tuber- culise et devient caséeux. III. Lapins. — Les résultats sont positifs sur le lapin (tuberculose bovine). Dans un liers des cas, la peau reste absolument indemne et, comme il en est de même du système lymphatique, on se trouve en présence d’une tuberculose pulmonaire dont il est impossible de retrouver la porte d'entrée. Dans les deux autres tiers des cas, la peau présente des croûtelles ou même un abcès caséeux sous-cutané. Les poumons se tuberculisent assez rapidement, sous forme de quelques grosses masses dures, si les bacilles étaient peu virulents; sous forme granulique, avec les bacilles très virulents. IV. ConcLusions. — 1° Le bacille de Koch peut traverser la peau (cobaye, veau, lapin) même en apparence intacte; il traverse presque toujours la peau rasée ou épilée. ; | ; A 4 “ 04 ri : + 4 Date dd SÉANCE DU 22 JUIN 1145 2 Il peut créer des lésions cutanées locales ou ne laisser aucune trace de son passage à travers la peau, tout en produisant une infection plus ou moins généralisée. 3° Les lésions cutanées sont à rapprocher du lupus, et les lésions ganglionnaires sans lésions cutanées (cobaye, veau) de la scrofule; ce qui éclaire la pathogénie de ces affections. 4° Les expériences sur les lapins (tuberculose pulmonaire sans aucune trace de la porte d'entrée ou du trajet) sont un argument en faveur de l'origine ext(rapulmonaire de la phtisie tuberculeuse. ACTION DU PNEUMOGASTRIQUE SUR LE COEUR DES BATRACIENS, par E. Guyénor. Nos recherches ont porté sur la grenouille lRana temporaria et R. esculenta) et sur le crapaud (Bufo vulgaris, Laur.). On sait, depuis les travaux de Schmiedeberg, Heidenhain, Lüwit, Gas- kell, Gadow, que le vague non seulement détermine le ralentissement ou l'arrêt des battements du cœur, mais encore agit quelquefois en accé- lérant et en renforçant les systoles. Le tronc du nerf renferme en effet des filets sympathiques ; c’est un vago-sympathique. Des expériences nombreuses, dans lesquelles le pneumogastrique était excité au moyen de courants induits et les battements du cœur inscrits à l’aide d’un myographe simple nous permettent de résumer en les précisant les différents modes d’action de ce nerf. À. — Dans un certain nombre de cas, les nerfs vagues déterminent l’arrêt ou le ralentissement du cœur. Il peut arriver que, tandis que le droit produit l'arrêt du cœur, le vague gauche abaisse le niveau des minima diastoliques, diminue la force des systoles, sans faire varier le nombre des pulsalions. D’autres fois, le gauche étant inactif, le pneu- mogastrique droit ne modifie pas la fréquence, mais abaisse le niveau des minima diastoliques, celui des maxima systoliques restant le même; il y à alors augmentation de l'amplitude. Ces faits sont tout à fait com- parables à ceux que nous avons signalés au sujet de la Cistudo europæa. B. — Quelquefois l’excitation de l’un ou l’autre vague ne modifie ni le nombre ni la force des battements du cœur. C. — Le pneumogastrique a souvent une action accélératrice seule ou hypertonique seule: dans ce dernier cas, le niveau des minima diasto- liques s'élève et la force des systoles augmente sans que leur nombre varie. Enfin, le vague peut être à la fois accélérateur et hypertonique ; les systoles sont plus fortes et plus fréquentes. Ces différents effets 1146 ) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s’obtiennent soit par l'excitation de l’un quelconque des vagues, soit:par leur excitation simultanée. D. — Dans quelques expériences, tant que dure l'excitation, le cœur se ralentit; aussitôt qu’elle est terminée il s'accélère ; inversement, l'effet immédiat peut être une accélération suivie d'un ralentissement etpar- fois d’une nouvelle période d'accélération. Si l'excitation est suffisam- ment longue, le cœur peut se ralentir pendant la première partie, s'accélérer pendant la seconde. Ces phénomènes ne sauraient être envi- sagés comme de simples modifications compensatrices : ils témoignent de l'excitation simultanée de deux nerfs à rôles inverses, dont l’un pro- duit immédiatement son effet, tandis que l’autre emmagasine l’excita- tion etla restitue sitôt que son antagoniste a cessé d'agir. Section des vagues. — D'après A. Moreau (1), la section des deux pneumogastriques chez la grenouille ne déterminerait aucune modifica- tion dans le rythme du cœur. Nous n'avons obtenu ce résultat que lorsque les vagues excités se montraient inactifs ou faiblement accélé- rateurs. Lorsqu'ils sont au contraire fortement accélérateurs, nous avons vu le cœur se ralentir après leur section; s'ils sont en même temps hypertoniques, les systoles deviennent moins fortes et moins mom- breuses. Nous n'avons pas vérifié si la section des vagues, lorsqu'ils ont une action nettement ralentissante, est suivie ou non d’une accélération du cœur. Action de l’atropine. — Comme la multiplicité des modes d'action du pneumogastrique sur le cœur le faisait prévoir, l'expérience montre que l’atropine est loin de déterminer toujours l'accélération du cœur. Cette substance ne modifie en rien la fréquence toutes les fois que les vagues sont inactifs ou accélérateurs. Dans ce dernier cas, le fait que lapara- lysie par l’atropine des vagues ne modifie pas le rythme du cœur, semble montrer que l'accélération obtenue par l'excitation de ces nerfs résulte moins de la prédominance des filets accélérateurs sur les filets inhibiteurs que de la perte de toute efficacité de la part des éléments . inhibiteurs. Quelquefois, cependant, il peut survenir uneaccélération ‘ou un hypertonus très faiblesiet de courte durée. Le sulfate neutre d’atropine était injecté dans les sacs lymphatiques dorsal ou crural à des doses variant de un demi-milligramme à un, deux cenligrammes et plus. Nous avons imaginé d'inserire les battements du cœur électriquement au moyen d’un pelit levier qui fermait un courant à chaque systole, l’ouvrait pendant la diastole. Comme les mouvements du cœur se lransmettent parfaitement au levier à travers a paroïitho- racique, il en résulte que cette méthode n'exige aucune mutilation de l'animal et supprime toutes les influences extérieures pouvant agir sur (1) A. Moreau, in CI. Bernard. Lecons sur la physiologie du système nerveur, t. II, p. 39%. L SÉANCE DU 2% JUIN 1147 le cœur. Ce dispositif, grâce auquel l'animal peut être placé à une dis- tance quelconque de l'appareil inscripteur, est particulièrement com- mode pour l'étude de l’action sur la fréquence du cœur des substances toxiques ou médicamenteuses. Des expériences faites parallèlement aux précédentes, à l’aide du myographe eten introduisant l’atropine soit par injection sous-cutanée, soit par instillation directe sur le cœur, nous ont donné des résultats identiques. (Travail du laboratoire de M. le professeur Charbonnel-Salle.) FORMATIONS GRAISSEUSES DANS LES CELLULES SATELLITES DES GANGLIONS RACHIDIENS GREFFÉS, par J. NAGEOTTE. Dans une note précédente, j'ai décrit ici même (1) l’ensemble des processus de neurophagie que l’on peut observer dans les greffes de ganglions rachidiens, lorsque l’on se place dans de bonnes conditions; dans cette note, j'ai indiqué les aspects que donnent les couleurs d’aniline et la méthode de Cajal; aujourd'hui je m'occuperai des faits décelés par l'acide osmique. L'emploi de ce réactif permet l'étude de certaines formations graisseuses qui me paraissent présenter un grand intérêt si on les rapproche des phénomènes observés par les auteurs au cours de la neurophagie en général. Mon objet d'étude a été, comme précédemment, la greffe de ganglions rachidiens sous la peau de l'oreille des lapins; les pièces ont été fixées dans le liquide de Flemming pendant plusieurs jours et coupées après inclusion à la gomme. Cette technique permet de constater l’existence d'une surcharge graisseuse qui apparaît très tôt dans les cellules satel- lites; ces cellules se tuméfient fortement, en même temps qu’elles se chargent de gouttelettes de graisse; elles se mulliplient certainement car elles sont beaucoup plus nombreuses qu’à l’état normal autour des _ cellules nerveuses en voie de destruction; mais jamais je n’ai constaté de caryokinèse. En même temps que les cellules satellites proprement dites, les cellules perforantes, que j'ai décrites précédemment et que j'ai rap- prochées des cellules étoilées décrites par Cajal à l’état normal, subissent la même surcharge; c'est là un fait très important, car il établit une distinction physiologique très nette entre ces macrophages, (1) Séance du 9 mars 1907. 1148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui participent à la surcharge graisseuse des cellules satellites, et les: polynucléaires, qui manifestent une tendance certainement moins grande à l'absorption des granulations de graisse. Je ne veux pas dire par là que tous les polynucléaires, qui sont si nombreux dans certaines greffes, sont incapables d’absorber la graisse, lorsqu'elle est mise en liberté, mais simplement que les polynucléaires situés dans l’intérieur des cellules nerveuses mortes ne contiennent pour ainsi dire jamais de granulations osmiophiles. Toutes les fois que l’on observe un amas de granulations graisseuses dans l'épaisseur d’une cellule nerveuse morte, il existe à son centre ou dans son voisinage le noyau d’une cellule de Cajal; inversement, les galeries ou les cavités intracellulaires qui ne con- tiennent pas de graisse sont occupées le plus souvent par des polynu- cléaires. Ce n’est pas seuiement lorsque les cellules de Cajal ont pénétré dans les cellules nerveuses mortes qu'elles contiennent de la graisse; elles. en sont tout aussi riches lorsqu'elles rampent et s’étalent à la surface du corps cellulaire avant de le perforer, suivant un processus que j'ai indiqué précédemment. La répartition de la graisse dans les greffes fournit des renseigne- ments uliles pour l’interprétalion de sa genèse. On en observe : 1° dans les cellules satellites des cellules nerveuses mortes, entourant ces der- nières d'un cercle noir visible à un faible grossissement, et cela avant tout phénomène de phagocytose proprement dite, alors que la cellule nerveuse n’est pas encore entamée; 2° à l'intérieur des cellules de Cajal situées dans les galeries des cellules nerveuses vermoulues; 3° dans les cellules satellites de certaines cellules nerveuses survivantes si- tuées au voisinage des cellules mortes: 4° dans un très petit nombre de cellules nerveuses vivantes ou mortes, sous la forme de granulations éparses dans leur protoplasma; 5° dans les cellules conjonctives de la capsule d’enveloppe des ganglions greffés, au voisinage de cellules satellites surchargées de graisse. Si les cellules satellites qui entou- rent les cellules nerveuses situées en bordure du ganglion ne contiennent pas de graisse, les cellules conjonctives de la capsule d’enveloppe n’en contiennent pas non plus. Lorsqu'il existe un grand ilot de cellules nerveuses survivantes, sans mélange de cellules mortes, comme il arrive quelquefois, les satellites de ces cellules ne contiennent pas de graisse. La graisse en question réduit assez mal l’acide osmique; elle prend dans le liquide de Flemming une teinte brunälre; elle est très soluble et disparait rapidement dans les préparations montées au baume. Il faut nous demander maintenant ce que signifie cette accumulation de graisse dans les cellules satellites, aussi bien dans celles qui restent à la périphérie que dans celles qui perforent les cellules nerveuses. Cette formation est évidemment liée à la résorption des cellules nerveuses mortes; ce qui le prouve, c’est qu’elle commence aussitôt après la mort SÉANCE DU 22 JUIN 1149 des cellules et qu’elle cesse lorsque les dernières traces des cellules mortes ont disparu. Au début, ilsemble yavoir diffusion desubstancesadipogènes, quisontabsorbées au passage par les cellules satellites des cellules nerveu- ses mortes, avant tout phénomène mécanique de phagocytose proprement dite: ladisposition des granulations graisseuses montre que cette diffusion peut transporter assez loin la graisse, ou plutôt la substance qui sert à l'élaborer, puisque les cellules satellites des cellules nerveuses vivantes et même les cellules fixes du tissu conjonctif du voisinage peuvent s’en emparer. Ultérieurement les macrophages perforants pénètrent dans la cellule; ils contiennent de nombreuses gouttelettes de graisse, mais là encore il ne s’agit pas de l’englobement mécanique de granulations préalablement formées dans le protoplasma mort, puisque les cellules nerveuses contenant de pareilles granulations ne constituent que l’infime minorité. La présence de la graisse dans les cellules qui entourent et qui morcellent la cellule nerveuse n’est donc pas une preuve immédiate de phagocytose, au sens strict du mot. Néanmoins, quand on voit les cellules de Cajal pénétrer dans l’intérieur des cellules nerveuses mortes, y creuser des galeries, étendre dans tous les sens leurs prolongements amiboïdes, puis reprendre l’état sphérique et grossir démesurément à mesure que le protoplasma nerveux diminue de volume, on ne peut se défendre de voir là un phénomène de diges- tion d’un élément par un autre. Mais il ÿy a mieux : j'ai pu me convaincre par l'examen de pièces fixées dans le liquide de Zenker que certaines cellules de Cajal englobent effectivement le noyau de la cellule nerveuse et le font disparaître par digestion intra-cellulaire. C'est la preuve absolue du rôle phagocytaire de ces éléments et la justification de la dénomination de macrophages que je leur ai appliquée (1). (1) M. Marinesco s’est occupé des formations graisseuses des ganglions greffés, dans un article paru dans la Presse médicale le 27 mars 1907; suivant lui, il existe « à la surface de la cellule un certain nombre de corps granuleux constitués principalement par des polynucléaires contenant des granulations noires... » ; il revient encore à cette interprétation dans un article de la Revue neurologique du 15 juin 1907, article destiné en partie à combattre ma note du 9 mars relative à la neurophagie. Il est facile de s'assurer que ces « corps granuleux » ne sont nullement des polynucléaires, mais bien des cel- lules satellites chargées de graisse, ainsi que je l’ai indiqué plus haut. (Travail du laboratoire d'histologie de l'Ecole des Hautes Etudes au Collège de France, et du laboratoire de M. le D' Babinski, à la Pitié.) 4159 SOCIÉTÉ DE BIOLGGIE INFLUENCE DU CHLORURE DE LITHIUM SUR LES LARVES DES BATRACIENS, . par A. DRzZEwINA et G. Bonn. (Note préliminaire.) Nous avons recherché l'influence du chlorure de lithium sur les embryons de #ana temporaria déjà éclos. On sait à quel point ce sel est toxique; d'autre part, tous les auteurs sont d'accord pour reconnaître que sa valeur tératogène est supérieure à celle des autres chlorures. Quand on opère avec LiCl, l'action des ions métalliques paraît primer {rès nettement celle de la pression osmo- tique (1). Il nous a donc paru intéressant de répéter avec LiCI les expé- riences que nous avons failes avec d’autres sels, et d’où ressortait nette- ment l'influence de la tension osmotique (2). Nous avons employé les solutions n° 1, n°3, n° 5 et n° 8 (3); la mort survenant rapidement dans ces solutions, nous avons limité leur action à quelques heures. Toutefois, dans la solution n° 1, un séjour de vingt-quatre heures a été souvent compatible avec la survie des embryons; ici encore il y a lieu de tenir compte du stade embryonnaire; nos expériences avec le lithium ont été faites en même temps que celles avec l’eau de mer et le sodium, c'est-à-dire ont porté sur des embryons : C, de 6 millimètres {31 mars), sortant de l'œuf. B, de 8 millimètres (31 mars). A, de 11 millimètres (30 mars). A', de 16 millimètres (3 avril), en train de se transformer en têtards. (Voir page 881). Avec la solution n° 4, nous avons observé dans les divers cas un ralentissement, voire même un arrêl complet du développement; la mort est survenue plus ou moins rapidement; les embryons qui sont arrivés jusqu'au stade de la transformation en tétards sont devenus des monstres. Lot C. — Le 4 avril, après les vingt-quatre heures de traitement, la diffé- rence de taille ne porte que sur certains individus qui paraissent chétifs et (1) Stockard (Journ. of exper. Zool. Vol. IT, p. 99, 1906), en traitant les œufs de Fundulus heteroclitus par LiCI en dissolution dans l’eau de mer et dans l’eau douce, a obtenu les mêmes anomalies, bien que la solution soit hyperto- nique dans le premier cas, hypotonique dans le second. (2) Voir en particulier nos dernières notes : Comptes rendus de la Société de Biologie, 18 mai et 9 juin 1907, p. 880 et 1059. (3) Loc. cit., p. 880. SÉANCE DU 22 JUIN 1151 qui meurent facilement (de semblables individus se rencontraient d’ailleurs parmilles témoins, et mouraient seulement plus lentement). Le 4 avril, tandis que les témoins ont 11 millimètres, les individus les plus vigoureux traités par LiCl quatre jours auparavant n’ont que 8 millimètres. Ces individus ont vécu un temps assez long, mais sans croître; leur corps se ratatinait plutôt, et le 7 avril, la taille maxima n'était plus guère que de 7 millimètres. Ces embryons ne se sont pas transformés en tétards. Lot B. — Mêmes résultats; après le traitement, encore aucune différence de taille; dans la suite, arrêt de la croissance; mais la mort survient plus tôt (dès le cinquième jour après le traitement); chez les survivants l’operculisa- tion nese produit pas. Lot A. — La mort survient encore plus tôt : un jour après la fin du traite- ment, c’est-à-dire le 1° avril, il y a déjà 40 p. 100 de morts. Le 3 avril, les survivants deviennent monstrueux, et le 5, la taille maxima de ces monstres n’est que de 14 millimètres, au lieu de 17 chez les témoins. Lot A’. — Enfin, les embryons du lot A’, beaucoup plus avancés dans leur développement, n’ont pas pu supporter un traitement de vingt-quatre heures; | dans la vingt et unième heure, 70 p. 100 des embryons sont morts, et on a dû interrompre l’action du sel; le lendemain 10 p. 100 encore étaient morts, et le 13 avril il n'y en avait plus un seul survivant. Ainsi, l’action toxique se manifeste avec d’autant plus de rapidité et d'intensité que l'on se rapproche davantage du stade critique de la trans- formation des embryons en tétards. Avec la solution n° 3, en ayant soin de ne la faire agir que dix-huit heures, nous avons obtenu des résultats analogues : arrêt du dévelop- pement, souvent un peu plus prononcé, mort de plus en plus précoce et plus facile à mesure que le traitement porte sur un stade plus avancé : C et.B, mort tardive, À, mort à la fin du traitement, A', mort avant la fin du traitement. La solution.de LiCl n° 5 mérite une attention particulière, parce que, contrairement à ce que l’on pourrait croire a priore, son effet ne semble guère être plus nuisible que celui de la solution précédente; dans cer- tains cas même il nous a paru beaucoup moins nuisible. Nous avons alors institué de nouvelles expériences, afin de vérifier ce point par- ticulier. Des embryons provenant d'une ponte éclose en aquarium le {° avril et qui le 5 avril avaient environ 9 millimètres (taille plus petite que la moyenne) ont été traités comparativement avec les solutions n° 3, n° 5 Ebin°.8 : Lots F, le 5, pendant 2 heures et 4 heures. Lot I, le 6, pendant 8 heures. Lot J, le 7, pendant 3 heures. Lot K, le 9, pendant 5 heures. 1152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les décès surviennent surtout le deuxième jour après le traitement, de sorte que c'est quarante-huit heures après que celui-ci a été terminé, que l’on peut se rendre le mieux compte de la toxicité des solutions employées. La proportion des décès est surtout considérable dans les lots F et I, qui correspondent au stade critique; elle est beaucoup moindre dans les Lots J et K, la transformation en têtards étant presque achevée. Le tableau suivant donne la proportion des décès pour cent, quarante- huit heures après le traitement : F Ï J K CT 2 heures. 4 heures. 8 heures. 3 heures. 5 heures. LiCI, n° 3. 43 . 60 4 20 à 10 LXCimons 10 18 80 10 0 PONS A) 33 100 10 0 Ainsi, dans les cas des embryons qui n’ont pas encore perdu leurs branchies externes (lots F), et à condilion que les solutions ne soient pas appliquées trop longtemps (comme cela a été fait dans le lot I), la solution n° 5 se montre moins défavorable que les solulions n° 3 et n° 8. Les résultats que nous a fournis la mensuration des individus sont venus confirmer cette conclusion : les embryons traités par la solution n° 5 (lots F) ont été plus grands que ceux de la solution n° 3 et même plus grands que les témoins. Le 7 avril, les témoins ayant 10 millim. 5, ceux de la solution n° 5 ont 11 millimètres; les embryons de la solution n° 3 ont 9 millimètres et ceux de la solution n° 8 ont 9 millimètres et demi. | ; Nous rappelons qu’en traitant les embryons au même stade avec de l'eau de mer diluée, nous avons trouvé que l’action de celle-ci comporte un oplimum et que cet optimum correspond à la solution n° 5. Ilest tout à fait frappant que parmi les solutions de LiCl, pourtant éminemment toxiques, la solution-n° 5 soit la moins nuisible, comme si l'effet de la pression osmotique venait contrecarrer l’action toxique du sel. Quoi qu'il en soit, l'intervention de la tension osmotique dans les conditions particulières où nous nous sommes placés (lots I) nous semble être très probable. (1) Les survivants de cette série (F) ont donné presque tous ces monstruo- sités dont nous avons parlé dans notre dernière note. SÉANCE DU 22 JUIN 1153 QUANTITÉS DE CHLOROFORME FIXÉES PAR LA SUBSTANCE GRISE ET PAR LA SUBSTANCE BLANCHE DU CERVEAU AU MOMENT DE LA MORT PAR CET ANES- THÉSIQUE, par M'° S. Frison et Maurice Nicroux. Dans une note précédente (1), l’un de nous a publié les résultats du dosage du chloroforme dans le cerveau. Il était intéressant de déterminer dans quelles proportions le chloro- forme était fixé dans la substance grise d’une part, dans la substance blanche d’autre part. La technique que nous avons employée est la suivante : Pour anesthésier l'animal, nous nous sommes servis de la soupape de Müller, dans laquelle le flacon d'inspiration renferme un mélange de 25 cenlimètres cubes de chloroforme et de 75 centimètres cubes d’huile. Un dispositif spécial (tube à brome traversant le bouchon de la soupape d'inspiration) permet des additions successives de chloroforme, au fur et à mesure de sa disparition. L'animal est soumis, dans ces conditions, à l’action du chloroforme pendant un temps variant entre deux heures et deux heures et demie ; au bout de ce temps, on pousse l’anesthésie à fond jusqu'à ce que mort s’ensuive. Le cerveau est extrait immédiatement et placé dans une éprouvelte au sein d'un mélange réfrigérant de glace et de sel. Au bout de deux heures environ, l'organe est congelé, ce qui permet la séparation assez _ facile des deux substances. À cet effet, on coupe le cerveau en tran- ches fines, la substance grise et la substance blanche apparaissent avec leur coloration propre très nette, et on peut alors les isoler facilement au bistouri. Cette séparaiion est encore facilitée par ce fait que la subs- tance blanche présente un peu plus de consistance que la substance grise. Le chloroforme est ensuite dosé par la méthode décrite précédem- ment dans tous ses détails (2). (1) Maurice Nicloux. Sur la quantité de chloroforme dans les tissus et en particulier dans le tissu adipeux au moment de la mort par cet anesthésique. Comples rendus de la Société de Biologie, 1906, t. LX, p. 206. (2) Maurice Nicloux. Sur le dosage de petites quantités de chloroforme. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. LX, p. 88. Dosage de petites quantités de chloroforme dans l'air. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. LX, p. 91. Méthode de dosage de petites quantités de chloroforme dans le sang ou dans un liquide aqueux quelconque. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1906, t. LX, p. 93. Mémoire d'ensemble dans : Bulletin de la Société chimique, 1906, 3° série, t. XXXV, p. 321-330. 1154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le tableau suivant résume nos expériences ; les nombres représen- tent les quantilés de chloroforme en milligrammes pour 100 grammes de tissu. EXP. Î Exp. II Exp. Ill ExP. IV Exp. V — — — = = € Substance grise . . 51 39,0 38,5 Sn, 5 38,0 Substance blanche. 61 65,5 71.0 60 60 Le simple examen de ce tableau montre une différence très nette entre les quantités de chloroforme fixées par la substance grise et la substance blanche; il y avait lieu de déterminer la raison de celte différence : ce sera l'objet d'une prochaine note. (Travail du laboratoire de la Faculté de médecine, Clinique Tarnier.) SUR LE DÉTERMINISME DE LA MÉTAMORPHOSE CHEZ LES BATRACIENS ANOURES. Il. LE MANQUE DE RESPIRATION PULMONAIRE (1), par P. WINTREBERT. Le 30 juin 1903 on choisit 29 tétards de Rana temporaria, au stade I (2), c'est-à-dire avant la différenciation des orteils sur la palette terminale des membres postérieurs ; 25 de ces larves sont introduites dans une cage en treillis métallique de 50 centimètres de haut sur 95 de large que l’on plonge au fond d’une cuve cimentée de 100 litres environ de capacité, de manière quele côté supérieur reste à quelques centimètres au-dessous du niveau d’eau. Un filet d’eau fraîche coule régulièrement près de la cage. Les 4 larves restantes servent de témoins et sont placées dans un filet flottant à la surface du même bassin. On donne aux larves une nourriture carnée faite de têtards de Aana temporaria coupés en morceaux. Le 26 juillet les 4 témoins ont sorti leurs membres antérieurs ; parmi les larves en cage, quelques-unes seulement sont au même point el la majorité des métamorphoses débute assez inégalemen! quelques jours plus tard. Le 29 juillet on trouve 2 jeunes grenouilles à queue presque ras qui, faute de respiration aérienne, viennent de mourir ; on leur reconnaît, à la dissection, des poumons bien développés, en forme de sacs aplatis dépourvus d'air, placés de chaque côté de l'æœsophage et de la colonne vertébrale, s'étendant jusqu'au tiers moyen des reins. (1) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, 15 juin 1907. (2) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, 2 décembre 4905. LEE ii SÉANCE DU 22 JUIN 1455 Une autre grenouille se tient au fond, renversée sur le dos ; transportée dans un peu d’eau à surface libre, elle s'agile, parcourt la vase, mais ne se rend pas à la surface pour une inspiralion d'air qui remédierait momentanément à l’asphyxie. Du reste, en gardant soulevé hors de l’eau le côté supérieur de la cage, qui est aussi le plus éclairé, on ne constate chez aucune des larves transformées ou non la montée vers la surface libre pour une prise d'air. Le besoin de la fonction pulmonaire que montrent les larves normales semble aboli ; ainsi on place, le 30 juillet, dans un cristalliseir ouvert et rempli d’eau, un têtard vigoureux qui vient de sortir ses bras ; au bout de vingt-quatre heures, ses poumons, normalement développés, ne contiennent pas une bulle d'air. Une autre larve plus avancée, dont la queue est réduite à la longueur de la cuisse, est déplacée de la cage dans un petit récipient à eau stagnante ; elle montre au bout de quelques heures une grande agitation, court en tous sens, nage au fond, va vers la surface mais n’aspire pas d’air ; entre les crises elle abaisse fortement la mâchoire, 70 fois par minute environ ; on la trouve morte le lendemain : ses poumons bien développés ne contien- nent pas d'air. Cependant si l’on transporte tout à fait à sec quelques larves non encore asphyxiantes, mais à régression caudale avancée, on les voit au bout de quelques minutes aspirer l'air avec effort ; le plancher buecal présente bientôt les oscillations caractéristiques, d'abord de façon intermittente et brusque, puis avec un rythme plus régulier. Les larves laissées en cage meurent au momentoù la queue en régres- sion devient moindre que la longueur des cuisses. Le 1°" août on place quelques-unes de ces larves dans un bocal cylindrique élevé, fermé d'un treillis métallique au-dessous de son bord supérieur, et où passe un fort courant d’eau de source. Ce renouvellement intense du milieu ne prolonge pas beaucoup la vie des larves ; elles succombent avec une petite pointe caudale noirâtre. Cependant tous les têtards d'anoures ne meurent pas dans ces conditions; j'ai pu obtenir avec des télards d'Alytes obstetricans la transformation complète et là survivance des petits crapauds dans le même flacon par le mème procédé ! Conclusions. — De ces observations, on peut dégager les résultats suivants : 1° Le manque de respiration aérienne ne met pas obstacle à la métamorphose, mais retarde son début. 2% Le défaut d'usage des poumons n'empêche pas leur développement de s'effectuer au même degré que chez les têtards normaux. 3° En fin de transformation, les larves empéchées jusque-là de res- pirer par les poumons et transportées en eau libre ne tentent pas de remédier à l’asphyxie causée par la régression des branchies par une prise d'air à la surface; en particulier, quand un appui manque aux membres antérieurs, elles. ne s’épuisent pas, comme les témoins, en 1156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : mouvements désordonnés et impuissants des membres postérieurs, dans le but de conserver la têle hors de l’eau. 4° La régression de la queue chez les larves en cage va d'autant plus loin que le renouvellement de l’eau est plus abondant ; cependant les têtards de Rana temporaria meurent dans le même courant qui permet la métamorphose et la survie d’Alytes obstetricans. Chez ces derniers, la respiration cutanée en milieu aquatique suffit donc à assurer l’héma- ose. a (Travail du Laboratoire de Zoologie à lEcole normale supérieure.) RÉACTION CUTANÉE DE VON PIRQUET, par ET. BURNEY. Une goutte de tuberculine, déposée sur une scarification toute super- ficielle de l’épiderme chez un sujet tuberculeux, provoque une réaction spécifique sous forme de papule érythémateuse, semblable à celle que produit le vaccin jennérien sur l’épiderme d'un sujet antérieurement vacciné : telle est la réaction de von Pirquet. Désireux de l’observer de près, je l’ai essayée sur moi-même et sur plusieurs sujets de notre laboratoire. Je n'ai jamais présenté aucun symptôme clinique de tuberculose : cependant la réaction a été si nette et si forte, que je crois intéressant de montrer les dessins ci-joints qui la figurent à deux moments, vers la quarantième heure et au septième Jour. Sur la peau du bras ont été pratiquées, avec un bon scalpel, sept fines scarifications qui n’ont pas amené la moindre goutte de sang. Trois ont été laissées comme témoins. Sur chacune des quatre autres a été déposée une goutte d'une solution de tuberculine, précipitée par l'alcool et redissoute, à 50 milligrammes par centimètre cube. (Il n'est pas nécessaire d'employer une solution aussi riche.) Dès la cinquième heure, érythème net sur les bords des traits. Vers la douzième heure, une traînée d’un rouge vif dessine un trajet lymphatique du bras vers l’aisselle. Vers la trentième-quarantième heure, apparaît une seconde traînée lymphatique ; les quatre stries sont englobées dans la même zone rouge et œdématiée. Maximum de la réaction vers la quarantième heure. À partir de ce moment, rougeur et œdème diminuent, les trajets lymphatiques s’effacent; les traits d'inoculation prennent l'aspect d’une mince bande de tissu nécrosé qui forme une croûte sèche : aucun suinte- ment. Les croûtes vont s’élargissant, puis se détachent et tombent à partir du huitième jour. Chaque trait laisse une cicatrice. Pas de fièvre. Pas de tuméfaction des ganglions axillaires. Pas de douleur : A FÆ 0 SÉANCE DU 22 JUIN 1157 à peine queiques démangeaisons, très légères et fugaces, sous le contact du vêtement. Le troisième jour, une certaine lassitude générale, avec un peu de courbature, qui peut, en l'absence de toute autre cause, être attribuée à la réaction tuberculinique. Le septième jour, l'expérience a été renouvelée sur l’avant-bras. La réaction, positive dès la sixième heure avec érythème et œdème, a été moins forte et plus brève. Sur cinq adultes du laboratoire soumis à la même épreuve, je n’ai pas observé de réaction aussi forte. Un seul a réagi avec érythème et œdème bien nets. Deux sujets normaux n'ont pas réagi du tout. Peut-être ne faut-il pas se hâter d'affirmer que tous les adultes réagissent. J'ai examiné des coupes de peau, prélevées vers la dix-huitième heure, sur des cobayes tuberculeux soumis à la réaction. Sur la strie d’inoculation, l’épiderme nécrosé se détache en une escarre : l'aspect est celui d'une brülure. Au-dessous de l’escarre, un gros amas de leu- cocytes polynucléaires : à noter cette forte chimiotaxie positive. (Laboratoire du D' Borrel à l’Institut Pasteur.) CULTURE DU PARASITE DE L'AMIBIASE HUMAINE (DYSENTERIE AMIBIENNE), par À. LESAGE. Schaudinn, en étudiant sous le microscope le mucus dysentérique, a pu suivre l’évolution de l’amibe et montré que le parasite est bien dif- férent de l’£Zntamæba coli (hôte inoffensif de l'intestin). Adulte, l'amibe est claire, hyaline, transparente, de volume variable (6 à 30 4) immobile le plus souvent; le noyau latéral, presque collé à la paroi est peu visible et contient très peu de chromatine (méthode d’Heidenhain). Dans le mucus abandonné à lui-même sous cloche humide, l’amibe après quelques heures présente des points de 1 à 2 et 3 u, nets et brillants, qui sont enchâssés dans le protoplasme. Ce sont des petits kystes, dont le noyau peut être visible. Leur nombre augmente, si bien que l’amibe présente bientôt un aspect muriforme, plus ou moins colorée en jaune par les pigments. Le protoplasma (reste du parasite) se désagrège et les pelits kystes deviennent libres (2 à 3 uw) entourés d'une enveloppe épaisse. Il n'y a donc pas d'enkystement de l'amibe en totalilé, fait caractéris- tique des {'ntamæba saprophytes. Schaudinn a pu observer également les formes d'évolution du kyste en amibe adulte. La paroi s’épaissit puis se distend : le protoplasma BroLocre. COMPTES RENDUS. — 4907. T. LXII. L ï 80 1158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE intérieur grossit et se divise en 2, 3, 5 amibes filles, qui deviennent libres, après rupture de la coque distendue. Jusqu'à ce jour, on n'avait pu obtenir, en culture, une forme amibienne identique en tout point au parasite décrit par Schaudinn, dans les fèces. Toutes les cultures obtenues appartiennent, en effet, à des Entamæba à gros kystes (genre E. Coli. J'ai pu réussir à résoudre ce problème, en utilisant le milieu suivant dont voici le principe. En mettant en présence de l’amibe adulte fraiche ou de ses kystes, des leucocytes de cobaye, chien, lapin, chat, homme, j'ai noté que le parasite, non seulement continue à vivre, mais se développe, alors que le leucocyte subit la dégénérescence. L'idée de l'existence d’une substance favorisante dans le leucocyte vient de suite à l'esprit. La leucocytase ainsi obtenue varie d'action suivant l'animal d’origine. Certains prolozoaires se trouvent bien de telle leucocytase et moins bien de telle autre. Le leucocyte de cobaye m'a paru être le meilleur comme agent de développement del'£ntamæba dysentérique. A cet effet on place l’exsudat leucocytaire à la glacière pendant un : jour, puis on le centrifuge. Le liquide de surface est le milieu de culture. La filtration sur bougie Chamberland F. est bonne, mais diminue les. qualités du milieu. On ensemence dans ce milieu tous les produits d’abcès du foie, frais. ou anciens. Le mucus intestinal contient une flore microbienne qui gêne la culture; en ce cas, le mieux est de l'inoculer dans le péritoine d’un cobaÿe et de reprendre ensuite l’exsudat périlonéal. Celui-ci, débarrassé d'une partie des microbes, contient l’amibe, qui peut se développer alors dans le milieu. | L'amibe, dans la culture, a tous les caractères du parasite étudié dans. les produits humains. Elle reproduit l’amibiase. Le pus d'abcès du foie ancien contient des kystes : il suffit de l’ense- mencer dans le milieu pour obtenir en deux à trois jours, à la tempéra- ture ordinaire, un gonflement des kystes et leur ouverture. La dysenterie spontanée existe chez le chat. Son parasite est absolu- ment identique à l’amibe humaine. Grâce à ce milieu de culture, on note que chez l'homme le sang contient parfois des amibes spécifiques, si bien qu'à côté de l'amibiase purement localisée au gros intestin, il existe une amibiase genéralisée, entièrement analogue à la maladie chez le chat. Dans le premier cas, l'affection est courte, passagère, et dans le second cas, longue, tenace, à rechutes. Chaque passage d’amibes dans le sang sème des kystes dans tous les organes, principalement dans le foie, qui est à la maladie chronique ce que la rate est au paludisme. L’éxpérimentation, chez le chat, montrant que l’amibiase peut être obtenue soit par piqûre, soit par injection dans les fosses nasales, cod és, SÉANCE DU 22 JUIN 1159 permet d'expliquer ces cas de dysenterie, chez lesquels on ne trouve pas la porte d'entrée par les boissons et les aliments. La piqûre par un insecte infecté de kystes ou le dépôt à la surface de la muqueuse pitui- taire de poussières chargées de kystes sont très vraisemblables. J'ai pu, avec de la poussière de Saïgon, reproduire l’amibiase chez le chat. Il serait important d’éludier à ce point de vue les moustiques des régions infectées. D'autre part, l'étude de l'intestin des Annamites montre l'existence fréquente de l’amibiase à l’état chronique. Je n ai pas la prétention de publier un milieu de pratique courante. Mais c’est le seul, jusqu’à ce jour, dans lequel le kyste peut se développer, s'ouvrir et donner des amibes adultes, qui, après un temps court, produisent à leur tour des kystes nouveaux. ANESTHÉSIE CHIRURGICALE LIMITÉE A LA RÉGION GÉNITO-PÉRINÉO-ANALE PAR INJECTION INTRARACHIDIENNE DE SOLUTIONS CONCENTRÉES, 1 par Pauz RAvAuT. Dans plusieurs communications faites en 1901 avec MM. Guinard et Aubourg, nous avons montré le rôle nocif des solutions aqueuses de cocaïne à 1/100 employées jusqu'alors dans la pratique de la rachianes- thésie. Pour éviter les réactions méningées que déterminait l’eau de ces solutions, nous ayons eu recours à des solutions isotoniques ou rendues hypertoniques par l'adjonction de chlorure de sodium. Depuis ces recherches, toutes les formules qui ont été proposées sont basées sur ce principe et, quel que soit l'agent anesthésique employé, on ne l’injecte actuellement qu’en solution concentrée ou isotonique. Si l'emploi de telles solutions avait l'avantage de supprimer la plu- part des accidents observés après l'injection de solutions aqueuses, en revanche, il était facile de constater que, pour une même quantité d’anesthésique injectée, l'étendue de la région anesthésiée était moins grande; pour obvier à cet inconvénient, il fallait employer de plus grosses doses d'anesthésique. Ces faits s'expliquent facilement et nous montrerons ultérieurement par une série d'expériences le rôle capital que jouent les phénomènes de diffusion dans la physiologie pathologique des injections intrarachi- diennes. En nous basant sur ces faits, nous avons pu obtenir des anesthésies uniquement limitées à la région génito-périnéo-anale, et déterminer un véritable syndrome anesthésique de la queue de cheval. 41160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pour cela, il suffit d'employer une solution très concentrée de cocaïne ou de stovaïne dont on injecte une quantité minime, le plus bas pos- sible, après l'avoir mélangée au liquide céphalo-rachidien selon la technique que nous avons proposée autrefois avec M. Guinard. La solution dont nous nous servons est à 50 p. 100, de sorte qu'une goulte contient un peu plus de 2 centigrammes d’anesthésique. Cette dose est très largement suffisante pour obtenir l’anesthésie recherchée. Nous avons fait construire une seringue spéciale à corps de pompe très étroit, stérilisable, et dans laquelle on apprécie facilement la quantité de solution à injecter. Le mélange du liquide céphalo-rachidien et de la solution se fait dans le corps de pompe. En opérant avec une solution ainsi concentrée, de densité très supé- rieure à celle du liquide céphalo-rachidien, on évite en grande partie la diffusion de l’anesthésique qui Lombe presque aussitôt dans le fond du cul-de-sac rachidien et n’en anesthésie que les dernières racines. Il est très avantageux de pouvoir limiter ainsi l’anesthésie, car, pour les opérations que l’on pratique sur cette région, il est inutile d’avoir une anesthésie plus étendue. En opérant ainsi, on n'injecte qu’une quantité minima d’anesthésique dissous dans le minimum d’excipient et les incidents qui suivent la rachianesthésie ainsi pratiquée, nuls le plus souvent, ne dépassent pas, lorsqu'ils existent, l'intensité de ceux que l'on observe après une simple ponction lombaire. Depuis deux ans nous employons cette technique dans le service de notre maître Thibierge à l'hôpital Broca, pour toutes les petites opéra- tions portant sur la région génito-anale, et nous n'avons jamais observé d'incidents sérieux sur plus de 150 opérées. LA CHAUX ET LES ARTÈRES, par M. LoœpEer et P. BoveRt. Dans une note précédente, nous avons insisté sur la richesse en chaux du muscle cardiaque et montré l'accumulation relative de la chaux dans les fibres musculaires du cœur du lapin. Tous les auteurs s'accordent à considérer l'organisme des herbivores et particulièrement du lapin comme plus riche en sels de calcium que l'organisme des autres animaux, et il n’est pas douteux que la fixa- tion de la chaux $e fait non seulement sur le cœur, mais aussi sur les vaisseaux. I. — Nous croyons que cette surcharge calcique est une des raisons de l'extrême facilité avec laquelle on réalise la calcification artérielle chez Je lapin avec des doses minimes de substances toxiques, tabac, ergoti- “ SÉANCE DU 22 JUIN 1161 nine, plomb et surtout adrénaline, qui n’ont aucun effet chez le chien et _ chez le chat, par exemple. Les expériences que nous rapportons dans cette note semblent con- firmer cette hypothèse : Si, en effet, on donne à des lapins quotidiennement 1 à 2 grammes de chlorure de calcium ou 2 à 4 et 6 grammes de carbonate et de phosphate de chaux on obtient, avec des doses très faibles d’adrénaline, des lésions très étendues de l'aorte, alors que les lapins témoins restent absolu- ment indemnes. Le tableau suivant est à cet égard extrêmement sug- gestif. à ES LÉSIONS a DOSES INJECTÉES Adrénaline seule Adrénaline + phosphate Carbonate, chlorure de Ca 3 injections de 3 gouttes. 0 6 plaques calcaires. 6 — de 3 — 0 6 plaques. Ectasie. 6 — de3 — 0 — 6 — de 3 — 0 = 8 — dE ne 0 6 plaques calcaires. 8 — de 3 — Une petite plaque. Presque totalement calcifiée. 10 — de3 — — L'’intensité de la calcification artérielle chez les animaux dont l'ali- mentation est surchargée de sels calcaires est donc considérable. IT. Si l’on veut faire en quelque sorte la contre expérience, il suffit de soumettre aux injections faibles d’adrénaline deux séries de lapins: à l'une, on donne l'alimentation normale, qui contient comme l'on sait beaucoup de chaux (son, choux, salades); à l’autre, des pommes de terre, _ des carottes, qui sont assez pauvres en calcium. LT 5e LAPINS. LAPINS DOSES Choux, son, salade Pommes de terre, carottes 0,60 cent. de chaux par jour. 0,05 à 0,10 de chaux. 8 inj. de 3 g. d'adrénaline. Lésions assez marquées. Aucune lésion. - 8 inj. de 3 g. d'adrénaline. 4 plaques calcaires. Aucune lésion. Les lapins les plus malades sont done ceux qui ont absorbé avec leurs aliments pendant un mois 18 grammes environ de chaux. III. — L'excès de chaux alimentaire ne détermine pas toujours des lésions calcairés très étendues, car il faut tenir compte de la capacité d'accumulation des tissus autres que les artères. Chez le jeune animal, dont les besoins en calcium sont considérables, la capacité d’accumula- - tion des os est énorme, ainsi qu’en témoigne l'augmentation notable de leur densité que nous avons constatée dans deux cas (tibia = 1,57 au lieu de 1,41). Il en est de même de la femelle gravide, qui absorbe des quantités énormes de chaux pour le développement de ses petits. Aussi 1162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chez ces deux catégories d'animaux les six expériences que nous avons faites sont-elles restées négatives. | IV. — La surchage calcaire du tissu cardioyasculnire dépend donc à la fois de l'alimentation de l'animal et de la capacité d'accumulation de ses os et même de ses cartilages. Elle dépend encore de la dissolution de la chaux des os et de la mise en circulation d’une quantité plus ou moins considérable de sels de calcium. Ce phénomène se produit normalement chez les animaux âgés, il se produit aussi chez ceux dont on a par l'acide lactique décalcifié le tissu osseux. La chaux s’éliminant assez difficile- ment, les humeurs sont surchargées de sels calcaires, et dans une au moins de nos expériences avec l'acide lactique, la calcification artérielle était extrêmement développée. V. — Si ces données expérimentales sont applicables à l’homme, elles doivent servir de base à un régime alimentaire spécial et à une thérapeutique appropriée. La surcharge calcaire, en effet, ne crée pas la pétrification artérielle, mais elle en facilite singulièrement la produc- tion et en augmente l’étendue. (Travail de la clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'INTERVENTION DES NERFS ET DES MUSCLES ANTAGONISTES DANS LA PRODUCTION DES MOUVEMENTS DU PIED. Note du D' Norca (de Bucarest), présentée par M. DEJERINE. L'intervention des muscles antagonistes dans la production d’un mouvement a été toujours très discutée. Il paraît qu'aujourd'hui beau- coup de physiologistes croient que, pendant qu'un muscle se contracte, le muscle antagoniste se relâche. Selon cette opinion, il était logique d'admettre que plus ce relâchement sera grand, plus la contraction devra être forte, et que par conséquent elle atteindrait le maximum quand le muscle antagoniste est paralysé. J'ai essayé de contrôler cette conclusion par l'expérience suivante : si on excite le nerf d'un muscle fléchisseur, par exemple, après avoir coupé préalablement le nerf de son muscle antagoniste, le tracé graphique montrera que l'intensité des contractions sera beaucoup plus grande que si ce même nerf n’était pas coupé. Comme on verra plus bas, le résultat de notre expérience a été contraire à semblable attente. Technique. — Un chien de taille moyenne est endormi à l’éther et fixé sur un côté sur la table d'opération. Un pied postérieur de ce chien est mis en relation avec un tambour de Marey, lequel est en communication avec un tambour enregistreur destiné à inscrire les mouvements de ce 1 TE SÉANCE DU 22 JUIN 1163 pied sur un cylindre recouvert de papier noirci à la fumée. Nous avons commencé par mettre à nu le nerf sciatique à la partie postérieure de la cuisse, ainsi que ses deux principales branches, le sciatique poplité externe et le scialique poplité interne, dans le creux poplité, et nous avons pratiqué les expériences suivantes : 1° Nous avons excité le sciatique poplilé interne, le sciatique poplité externe étant intact, et nous avons obtenu le tracé n° 1. 2 Nous avons répété cette même expérience sur le sciatique poplité interne, mais après avoir sectionné le nerf sciatique poplité externe, et nous avons obtenu le tracé n° 2. Les excitations ont été faites avec un courant continu de pile, que l’on interrompait à l'aide d’une clef. Résultat. — L'examen comparatif des tracés n° 1 et 2 nous montre que l'excitation du même nerf, le sciatique poplité interne, produit des effets très différents, c’est-à-dire donne des secousses musculaires d’une intensité très différente, suivant que son antagoniste fonctionnel, le nerf sciatique poplité externe, est sectionné ou non. Ce résultat concorde avec le fait clinique de la diminution de la force dynamométrique des muscles fléchisseurs de la main quand les extenseurs sont paralysés; “exemple les paralysies saturnines, les paralysies radiales, etc. 1164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine, et nous tenons à remercier vivement M. le pro- fesseur Paulesco. SENSIBILITÉ DES CELLULES CÉRÉBRALES A LA TOXINE TÉTANIQUE, par À. MARIE. Chez les lapins activement immunisés, et dont les humeurs char- rient de nombreuses unités antitoxiques, la cellule cérébrale n’a rien. perdu de sa sensibililé au poison tétanique. Nous nous sommes demandé ce qui se produirait si l'on injeclait dans: le cerveau du même animal des doses croissantes de toxine. Inoculée | sous la peau, et sans adjonction de liqueur de Gram, elle peut conférer 1 aux lapins une immunité solide ; introduite au contact des éléments nerveux, leur donnerait-elle une aceoutumance encore inconnue, où bien ceux-ci présenteraient-ils une hypersensibilité analogue à celle des chevaux en cours d’immunisation antitétanique (v. Behring), et à celle des cobayes succombant au télanos avant d’avoir reçu, par fractions quotidiennes, la dose minima mortelle de toxine (Knorr)? Cette sensibilité excessive du cobaye à l’intoxication tétanique nous empêchant de l'utiliser dans nos expériences, nous avons choisi le lapin qui, inoculé sous la peau avec des doses croissantes de toxine tétanique, ne présente jamais de phénomènes d'anaphylaxie, mais acquiert assez rapidement l’immunité contre plusieurs doses mortelles, injectées en une fois dans le muscle. : Ainsi qu’il ressort du tableau, aucun des lapins injectés dans le cer- veau n’a pu être immunisé contre la toxine tétanique : la dose donnant le tétanos cérébral une fois atteinte, tous les animaux ont été pris brus- quement de cette forme de la maladie, certains d’entre eux quelques heures après la dernière inoculation, de 0,01 centimètre cube, et cela sans qu'aucun trouble antérieur ait pu faire prévoir cette issue. Par contre, deux autres lapins ont pu recevoir, sous la peau et pro- gressivement, jusqu'à dix fois plus de la même toxine, sans aucun acci- dent. Mais inoculons dans le cerveau, à l’un de ces animaux la dose tétanigène, à l’autre une dose dix fois moindre; ce dernier ne présentera. aucun symptôme de tétanos cérébral, non plus que son témoin; le pre- mier, au contraire, sera pris, ainsi qu'un lapin neuf injecté en même temps, de la série des accidents bien connus : tendance à se cacher, soubresauts violents, crises procursives, convulsions avec attitude en boule et émission de cris perçants. « {9199 "TL « ‘819199 SOUEJAI, ” NInt 08 ‘A499 9] SUBP [00° 0 *A499 9] SUP I0°0 ‘N9A199 9] SUEP 100°0 ‘NR9AI99 9] SUCP 100 NIN£ 6} sout]9 1, LCQ «C ‘TRA{9199 (C Ninf ST « LCA 070 008 UT ‘0 0078 °TR1{9199 SOUBJaL ‘18149499 soutJ9L ‘[RIT9199 SOuBJ9L *T81{94199 SoutJ9], ‘10149199 soutJo], ‘18249199 SOUtJ9 ‘TRIT9499 SoutJ9L NINf 7 « « 10°0 08GG 100 0078 SHANVIND-SAOS 10‘0 099€ 10° 0 08EG 10°0 0£YG « 70° 0 OLYG 10‘0 068& 10‘ 0 0GYG + Op AI O9LT 10‘0 098G 10°0 OLTC NIN £F « « 100‘ 0 098& 100°0 00YG 1000 OGLG 1000 087 1000 065 (C 100 ‘0 066 7000 06Y& 100 ‘0 0GYG 100 ‘0 0916 | 1000 0968 1000 OST NInr € « « « « « «€ G0000 100000 | C0000 ‘0 007 0602 0608 G000 0 10000 | S0000‘0 0% TG 0GGT OLGT SNOILVINDONI G000 0 1000 ‘0 G00000 09LG 0GYG 0988 G000°0 1000°0 600000 0G£G (tata OY1G G000‘0 10000 G0000°0 OLYG OG6T OIL + « « TeUI GT G000 0 1000 0 G0000 0 0698 0688 OLTG G000 ‘0 1000 ‘0 G0000°0 0GEG 091 0208 G000 0 10000 G0000°0 0S£G OTSG 0608 C000°0 1000! 0 G0000 ‘0 006& 080& 080& G000 ‘0 1000‘ 0 G0000 0 0068 0GEG (GT G000°0 7000 ‘0 600000 0661 0167 OS6E IVN 68 IV ZG IV Of es SHIVUAHUHOVULNI SNOILV'IADONT « «C 10000 °0 08£G 100000 00 100000 OFYG 10000 °0 0688 100000 O6TG 10000 0 0£TG 100000 OLVG 10000 °0 0GGG 100000 OGTG 100000 OST 700000 (tra 10000 °0 ET a IVN Q «C « 1000000 007 1000000 O0EG [000000 0YYc 1000000 OLYG 100000 0 OLTG 100000 0 (lite 100000 0 OST 100000 0 OGrG 7000000 0€ 100000! 0 O0V& 100000 ° 0 0618 1000000 OJLG IVN y « 10000000 01YG 1000060 ‘0 OLGG 1000000 ‘0 0S7G 1000000 °0 07 10900000 096c 1000000 °0 0GSG 10000000 0GEG | : | 10000000 OY1G 10000000 OLIS 1000000 0 0868 10000000 008 10000000 0888 me IVW of 1166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous arrivons donc à la conclusion suivante : que la toxine tétanique soit introduite dans la circulation générale ou bien au contact des centres nerveux, dans l’un comme dans l’autre cas, ceux-ci ne paraissent pas susceplibles de s’accoutumer au poison; ils ne deviennent pas non . plus hypersensibles, puisque nos animaux ont bien supporté les diffé- rentes doses inférieures à la quantité toxique pour le neurone. Tout se passe donc comme s’il restait étranger aux réactions cellu- laires que provoque ailleurs l’immunisation active, et qu'il demeurât inaccessible à l’action du poison inoculé à petites doses loin de lui. Sa réaction, dès qu'il a été touché par une certaine dose, témoigne préci- sément de sa non participation à l'immunité à laquelle président des éléments cellulaires autres que la cellule sensible au poisôn. SUR L'ACTION TÉRATOGÈNE LOCALISÉE EXERCÉE PAR LA COQUILLE DE L'ŒUF SUR LES EMBRYONS D'OISEAUX, | par JAN TUR. La question des actions purementmécaniques capables de déterminer des malformations embryonnaires spontanées ne cesse d'attirer l’atten- tion des tératogénistes modernes, bien que nous soyons déjà assez éloignés des idées du célèbre fondateur de la Tératogénie expérimen- tale. On sait que Dareste attribuait presque tous les processus térato- géniques à l'influence directe et immédiate de l’amnios. L'insuffisance de ce seul agent, trop souvent incriminé dans les cas où les causes immédiates nous échappent, vient d’être démontrée dans une récente étude critique de Et. Rabaud. La prétendue pression mécanique, exercée par la surface interne de la coquille de l’œuf, invoquée comme la cause des malformations embryonnaires localisées, dérive de cette même tendance à considérer surtout des agents immédiats et palpables. Tout récemment, S. Kæstner, dans ses travaux sur l'Omphalocéphalie, attribue l’origine de cette curieuse monstruosité à une pression mécanique exercée par la coquille sur la tête de l'embryon, en la repoussant en bas. Cette hypothèse, renouvelée de Fol et Warynski, me paraît tout à fait insou- tenable et cela — en dehors des raisons morphologiques concernant l’évolu- tion des Omphalocéphaliens que je réserve pour la publication de mes pro- pres recherches sur cette question — à cause d’un seul fait, très simple, concernant le développement normal du germe d’Oiseaux, et qui — à ma connaissance — ne se trouve signalé nulle part. Si nous observons de côté la surface d’un œuf d'Oiseau — même avant la fixation, après avoir enlevé la couche d’albumine — de telle sorte que le rayon visuel rase tangentiellement la surface de la membrane vitelline au niveau du EN Le APE) i É de | SÉANCE DU 22 JUIN 1167 pôle embryonné de l’œuf — nous n’apercevrons, même au stade où l'embryon est pourvu de 17-20 paires de protovertèbres, aucune saillie en haut : Le corps de l'embryon, recouvert par la membrane vitelline, présente une surface strictement lisse et uniforme. La formation du tube nerveux et même celle des vésicules cérébrales s'effectuent au-dessous du niveau de la membrane vitelline. C'est seulement après cinquante heures d'incubation que celle-ci commence à se relever légèrement. Ce fait est tout à fait facile à expliquer, vu les conditions purement mécaniques : la résistance assez forte de la mem- brane vitelline en haut — la présence de la cavité sous-germinale en bas. La surface supérieure du corps de l’embryon et de sa tête ne faisant pas de saillie en-dessus, jusqu’à un stade très avancé, ne peut être aucunement influencée d’une façon localisée par le contact avec la coquille de l’œuf. En effet, la pression exercée, le cas échéant, par celle-ci, se répartira également … sur une étendue trèsgrande du blastoderme ; la tête de l’embryon nesera pas —_ plus intéressée que les autres régions. De plus, la différence entre les cour- bures de la surface du jaune et de la coquille n’est pas suffisante, pour que l’on soit autorisé à admettre la possibilité d’un contact interne de ces deux surfaces concentriques limité à un seul point, ainsi que l’exige l'hypothèse de Kaestner. 4 4 l’action tératogène mécanique, localisée, de la coquille ne saurait être admise qu'à une seule condition : c’est qu’il existât une irrégularité de struc- ture de la paroi interne de la coquille, une protubérance aiguë qui, par un hasard inoui, entrerait en contact avec une région déterminée du corps de l'embryon. Or, d'une part, de telles rugosités internes de la coquille sont extrêmement rares, et, d'autre part, les Omphalocéphaliens doivent être —. comptés parmi les monstruosités les plus fréquentes (2 0/0 des œufs mis en “ jincubation. Et. Rabaud) : une telle coïncidence de la présence d’une « épine » —_ interne, touchant justement la tête de l'embryon, contredit toutes nos con- ceptions sur les probabilités !.… Il existe un seul type monstrueux à propos duquel il serait, à la très grande rigueur, possible d’invoquer l’action mécanique de la part de la coquille car, ici l'embryon parait aplati dans toute sa longueur. Il - s'agit de la Platyneurie totale [monstruosité que je viens de décrire, et qui consiste en la propagation du processus cyclocéphalique — létale- ment de la lame nerveuse — dans toute l'étendue du corps de l’em- bryon); mais, dans ce cas même, j'ai constaté que le développement platyneurique se détermine dès les stades très jeunes (dix-huit heures), et que jamais on n’observe — dans les stades les plus divers de cette anomalie — aucun contact entre le blastoderme et la coquille. En fait, l’'anomalie est caractérisée par l’orienlation de la croissance du corps de l'embryon dans le sens transversal; elle s’observe de préférence dans les séries continues d’embryons provenant de la même femelle : l'action mécanique de la part de la coquille ne saurait être admise ici plus que pour l'Omphalocéphalie. (Varsovie. Université. Laboraloire zootomique.) 1168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'OPHTALMO-RÉACTION A LA TUBERCULINE, par MAURICE LETULLE. Lorsque, conformément à la méthode préconisée par A. Calmette, de Lille, lundi dernier, à l’Académie des sciences, on instille sur la con- jonctive d’un homme tuberculeux une goutte de solution aqueuse de tuberculine à 1 p. 100, une réaction plus ou moins forte ne larde pas à se produire. La muqueuse rougit, se tuméfie et, dans les cas les plus typiques, laisse exsuder à sa surface une quantité variable d’un muco- pus fibrinoïde, blanc jaunâtre, qui s’accumule à l’angle interne de l'œil. J'ai étudié l’ « ophtalmo-réaction à la tuberculine » sur 39 hommes et 27 femmes considérés par moi comme nettement atteints de tuberculose pulmonaire, à des degrés divers. Sur ces 66 tuberculeux, tous hospita- lisés depuis au moins plusieurs semaines, l’ophtalmo-réaction a été positive 63 fois, négative 3 fois. Il m'a paru important de classer en trois degrés les réactions posi- tives obtenues, quelle qu’ait été leur évolution, hâtive, retardée ou pro- longée. En désignant par I la simple rougeur ayant duré plus de neuf heures, II, la rougeur vive sans exsudat muco-fibrineux, et par III, la réaction énergique avec exsudat fibrinoïde plus ou moins abondant, j'ai obtenu, pour ainsi parler, la gamme de l’ophlalmo-réaction. Cette clas- sification méthodique permet de comparer les résultats et de noter l’évolution des phénomènes réactionnels causés par la tuberculine. Voici le tableau de mes observations : RÉACIION DEGRÉS RÉACTION Ce NES En positive. III Il I négative. Hommes. 30 31 30 L 6 2 REMMMESS Le JU 26 20 qu 5 il Totaux . . . 66 63 50 2 Al 3 En conséquence, sur 63 réactions positives, 50 fois l'expérience tentée dans des conditions identiques a produit le maximum d'effet; 2 fois une rougeur intense se manifesta sans exsudat et 11 fois la rougeur plus ou moins vive fut, de longues heures durant (parfois jusqu’à plus de vingt- quatre heures), le seul signe apparent de la réaclion. Aucune relation ne m'a paru possible à établir entre l'intensité des phénomènes réactionnels et le degré des lésions pulmonaires. Les phénomènes qui accompagnent l'ophtalmo-réaction sont des plus variables. À côté de malades qui, l'œil rempli de muco-pus et plus ou moins congestionné, n’éprouvent simplement qu'un léger malaise, comparable à la sensation d’un « corps étranger » qui aurait passé sur OPEN OT EU. PPS PT TOC RSR US PT pe vs th Sir SÉANCE DU 22 JUIN 1169 -la conjonctive et l’aurait quelque peu irritée, il est des malades dont l'œil apparaît fort tuméfié : les paupières gonflées recouvrent une con- jonctive bulbaire épaissie, très légèrement chémosique, mais hyperé- miée au maximum; une fois même, j'ai pu observer la formation de petites ecchymoses sous-conjonctivales au fond du cul-de-sac inférieur. Certains malades (3 ou 4, sur mes 66 opérés) éprouvent des douleurs vives névralgiformes, avec élancements irradiant dans la région fron- tale et vers la joue. Toutefois, ces petits accidents ne sont que de courte durée et cessent au bout de quelques heures, dès que la réaction s’est calmée. La marche de la température rectale n’a, sur aucun de mes malades, été influencée par l’ophtalmo-réaction. Les trois cas négatifs méritent considération. Les deux premiers ont trait à des phtisiques moribonds qui succombèrent, l’un, quarante-huit heures, l’autre, soixante-douze heures après l'expérience. À cette période de la maladie, il semble bien explicable qu'aucune «réaction de défense » ne soit plus guère possible. La dernière observation, seule, est troublante, en ce que le malade, soigné depuis de longs mois à Boucicaut dans un pavillon réservé aux tuberculeux, nous paraissait nettement bacillaire. Néanmoins, comme son expectoration ne contient pas, à l'heure actuelle, de bacilles de Koch, il est logique de mettre à mon passif, et non à celui de la méthode nouvelle, le résultat obtenu. J'y vois, pour ma part, une confirmation fort intéressante de l'importance clinique de l'ophtalmo-réaction et de sa haute valeur diagnostique. DES VARIATIONS DU RYTHME RESPIRATOIRE DANS LA POLYPNÉE THERMIQUE SOUS L'INFLUENCE DES VARIATIONS DE PRESSION ARTÉRIELLE, par J.-P. LanGLois et L. GARRELON. L'influencedes variations de la pression artérielle sur le rythmerespira- toire a été récemment encore étudiée, principalement en Amérique ; et les auteurs, opérant cependant par une méthode identique: compres- sion brusque de l’aorte abdominale, arrivent à des résultats opposés. Tandis que Guthrie et Pikes (1) ont trouvé régulièrement une accélé- ration du rythme pendant l'hypertension et une diminution pendant l’abaissement de la pression, Eyster, Austrian et Kingsley (2) constatent l'effet contraire, si on a soin de supprimer l'irritation locale des nerfs abdominaux. (4) Guthrie et Pikes. Americ. journ. of Physiology, XVI, p. 475, 1906. (2) Eyster, Austrian et Kingsley.Americ.journ. of Physiology, XVTT, p. #12, 1907. 4170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans nos recherches sur la polypnée thermique du chien, nous avons : déjà indiqué l'influence marquée de la pression artérielle sur le rythme, notamment à la suite des saignées multiples suivies où non d’injections compensatrices du liquide de Ringer (1). Mais dans ces expériences, deux facteurs entraient en jeu : la pression artérielle, la richesse en hémo- globine du liquide sanguin. 4 Dans des recherches ultérieures, nous avons simplement fait varier la pression en utilisant les propriétés hypotensives de la trinitrine et les propriétés hypertensives de l'adrénaline. Les expériences, faites sur des chiens chloralosés, et à température normale, 38 degrés, donnent des résultats très variables, ainsi que le montrent les chiffres suivants pris sur un chien à 37° 8. J. — Chien à température normale. PRESSION RYTHME PRESSION RYTHME 14 16 14 20 15 Adrénaline. 17 ] Trinitrine. 30 0 18 7,5 -34 8 28 10,5 40 10,5 45 11,5 Adrénaline. 40 9 Trinitrine. 42 11 35 1,5 60 9,5 55 Les courbes obtenues avec ces chiffres sont impossibles à interpréter et contrastent singulièrement avec celles construites d’après les relevés des graphiques sur des chiens polypnéiques auxquels on injecte succes- sivement de la trinitrine ou de l’adrénaline. Il. — Chiens avec polypnée thermique. PRESSION RYTHME PRESSION RYTHME 13 220 4,5 Saignée,3008 120 9 Trinitrine. 160 6,5 Adrénaline. 140 11 180 5) 125 8 Adrénaline. 170 11,5 160 g) Trinitrine. 7130 5,8 1435 14 Adrénaline. 204 4 Trinitrine. 96 A1 | 160 Les deux courbes de pression et de rythme respiratoire, construites avec ces chiffres offrent un parallélisme remarquable et permettent de tirer une conclusion ferme. (4) Langlois et Garrelon. Société de Biologie, 27 avril 1907, p. 727 = le SÉANCE DU 22 JUIN 1171 D —— ——— —_—— Si chez l'animal chloralosé à température normale, les variations de la pression artérielle provoquées par injections de substances vaso- constrictrices ou dilatatrices n’exercent pas une influence régulière sur le rythme respiratoire, il n’en est plus de même chez l’animal en état de polypnée thermique centrale. Dans ce cas, les variations du rythme sont proportionnelles aux variations de pression, l'hypertension accélérant la polypnée, l'hypotension la diminuant. Une saignée représentant 1/6 du sang total tout en provoquant une forte chute de pression, ne modifie pas le sens des réactions, ni leur intensité. Ces faits confirment encore une fois de plus le principe posé par le professeur Richet; que le centre bulbaire fonctionnant comme centre polypnéique possède des réactions particulières. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) SUR LA RÉACTION CUTANÉE A LA TUBERCULINE, par FERNAND ARLOING. Le 20 mai 1907, à la Société médicale de Berlin, Von Pirket faisait connaître que l'application de quelques gouttes de tuberculine sur des scarifications pratiquées chez l’homme luberculeux était suivie d’une réaction locale, semblable à celle consécutive à la vaccination jennerienne. Cette réaction locale serait d'une grande importance diagnostique, surtout chez des sujets atteints de la tuberculose chirurgicale. Le 3 juin, le professeur H. Vallée (d’Alfort), communiquait à l'Académie des Sciences les résultats obtenus par lui, grâce à cette méthode, sur des animaux (bovidés, chevaux et cobayes), sains ou tuberculeux. Il concluait que la cuti-réaction à la tuberculine (suivant le nom qu'il propose d'adopter) est presque totalement absente chez des animaux sains, tandis que des sujets expérimentalement rendus tuberculeux … présentent, dès vingt-quatre heures après l'opération, une réaction cutanée très manifeste, vérilable bourrelet douloureux, gris rougeàtre, d'épaisseur variable, pouvant donner naissance, dans certains cas, à une véritable plaque cutanée œdémateuse ayant perdu toute souplesse et très sensible à la palpation. Cette lésion, loin de rétrocéder, s’accentue dès la trente-sixième heure, est à son maximum de netteté vers la quarante-huitième, et existe encore avec des caractères très accentués plus de quatre à cinq jours après l'intervention. l 1172 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ayant à ma disposition un nombre considérable d'animaux d’espèces variées en puissance de tuberculose expérimentale, créée par diverses voies, je me suis proposé de rechercher sur eux le phénomène de la cuti-réaction à la tuberculine. J'ai fait porter mes observations sur un total de 28 animaux compre- nant 19 sujets tuberculeux et 9 sujets sains, servant de témoins. Ces animaux se divisent en :5 bovidés tuberculeux; 6 chèvres tuberculeuses et 2 saines ; 6 chiens tuberculeux et 3 sains; et { lapin tuberculeux et 1 sain; 1 cobaye Dee et 3 sains. La tuberculisation expérimentale des animaux a été créée par la x voie digestive chez 2 veaux, 3 chèvres, 3 chiens ; par la voie sanguine chez 4 veau; par la voie séreuse chez 1 ae 1 chien, { lapin; par la voie sous-cutanée chez les autres sujets. Le matériel infectant a été des bacilles humains ou bovins provenant de cultures solides ou homogènes en bouillon. Deux chèvres étaient imprégnées depuis longtemps avec produits iris tuberculeux. Tous les animaux infectés avec des bacilles ont été éprouvés à la tubercu- line par la voie hypodermique et ont réagi de façon positive. L'époque où cette épreuve a été tentée remonte pour les cas les plus récents à sept semaines. D'après les observations de M. Vallée, cette épreuve antérieure ne saurait, dans ces conditions, modifier les réactions cutanées. Le manuel opératoire a été le suivant; pour les sujets sains et tuberculi- nisés, les bovidés, j'ai pratiqué trois scarifications dermo-épidermiques en évitant toute hémorragie, dans la région périnéale ou vulvaire préalablement rasée. Sur les autres animaux, j'ai scarifié de façon identique la région abdo- minale au voisinage du pli inguinal, après dégraissage et rasage soigneux du champ d'observation. La tuberculine provenant de l’Institut Pasteur de Paris, employée non diluée, a été appliquée par frictions légères et un peu prolon- gées sur la région scarifiée, au moyen d’un lampon d’ouate. Dans de telles conditions, il m’a été impossible de constater une réaction culanée précise et spécitique, sous l'influence de la tuberculine. J'ai observé pendant huit jours consécutifs les zones scarifiées. Chez tous les animaux, vingt-quatre ou quarante-huit heures après le trausmatisme, existait une légère rougeur, un peu d’épaississement de la zone scarifiée, quelques croûtes sans importance, mais tous ces phénomènes se sont produits avec une irrégularité et une inconstance complètes, aussi bien sur les tuberculeux que sur les témoins. Le surlendemain de l'incision, il ne restait plus que les vestiges ordinaires, très légers, consécutifs à toutes les érosions cutanées superficielles. Jamais je n’ai constaté de pustulation, de vésico-pustules, ou de plaque œdémateuse et douloureuse, sauf peut-être sur un cobaye tuberculeux he an hier chier td dibes SÉANCE DU 22 JUIN 1173 chez qui je vis sourdre un peu de sérosité pendant deux à trois jours après l’application de la tuberculine. Il était absolument impossible de distinguer par les réactions cutanées les animaux témoins et les sujets tuberculeux. Je n’ai pas recherché la réaction thermique. Me demandant si la glycérine présente dans la tuberculine ne serait pas responsable de réaction locale, j'ai fait une nouvelle série d’obser- vations comparatives sur des animaux sains et infectés en appliquant sur les scarifications de l’eau glycérinée à 50 p. 100 au lieu de tuberculine. J'ai obtenu un peu d'épaississement et de rougeur des lèvres des scarifications, réactions d’ailleurs éminemment variables avec les individus. Pourtant les réactions consécutives à l’eau glycérinée m'ont paru moins constantes et plus fugaces que celles dues à la tuberculine, sans que toutefois je puisse affirmer celte différence, étant donné le peu de netteté de ma première série d'observations. Je n’ai donc pas pu constater nettement l'existence d’une réaction cutanée par la tuberculine chez les animaux tuberculeux, réaction semblant spécifique et pouvant aider au diagnostic. Il paraît donc que la cuti-réaction à la tuberculine n’est pas constante. (Travail du Laboratoire du professeur P. Arloing.) AU SUJET DE LA CONSERVATION DES ARTÈRES EN ÇOLD STORAGE, par ALEXIS CARREL. On sait que des artères conservées pendant plusieurs jours dans un réfrigérateur à la température de 33-34 degrés F et transplantées ensuite sur un animal peuvent jouer de nouveau leur rôle de canal sanguin. Par exemple, au mois de novembre 1906, une partie de l'aorte abdominale d’une chatte fut enlevée et remplacée par un segment de carotide de chien qui avait passé vingt jours en cold storage (1). Depuis cette époque, la circulation aortique est demeurée normale. Sur l'aorte d'une chienne fut greffée l'artère poplitée d’un jeune homme (2). Bien (1) Preservation of blood vessels in cold storage. Annual meeting of the American Society of Physiology, december 1906, et Résection de l’aorte abdo- minale et hétérotransplantation. Société de Biologie, février 1907. (2) La cuisse de ce jeune homme fut amputée le 10 avril par M. Ellsworth Eliot, chirurgien du Presbyterian Hospital. L’artère poplitée fut extirpée du membre amputé le lendemain de l'opération et placée dans le réfrigérateur. - La transplantation sur l’aorte de la chienne eut lieu le 6 mai. BioLoaie. Comptes RENDUuS. — 1907, T. LXII. SL 2 1174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que cette artère ait séjourné vingt-quatre jours dans le réfrigérateur, la, circulation aortique s’est maintenue normale depuis l'opération, qui. a été pratiquée il y a trente-huit jours. L'examen histologique d’artères transplantées après avoir été conservées quelques jours en cold storage : montre que l'intégrité anatomique de la paroi peut être complète dans certains cas. Dans d’autres cas, il existe des lésions portant surtout sur les- éléments musculaires de la media. Le but de cette note est de. montrer les résultats de la transplantation des vaisseaux, si, à la suite. d’une faute de technique, des lésions microbiennes importantes se sont produites pendant la période de conservation dans le réfrigérateur. Le 26 février 1907, un jeune chien très gravement atteint de « dis-. temper » fut tué par chloroformisation. Trente-cinq minutes après la. mort, les artères carotides primitives furent extirpées et coupées en cinq segments longs de 3 à 4 centimètres qui furent placés dans des tubes contenant de la solution de Locke. Le premier tube fut laissé sur, une table à 85° F. Les quatre autres furent placés dans un réfrigérateur à 343-34°F. Les manipulations furent faites très proprement, mais sans que les précautions aseptiques minutieuses qui sont de règle dans les expériences de ce genre fussent observées. L’examen histologique montra que la structure des artères était entièrement normale. Exp. I. — Le 26 février, cinquante minutes après la mort du chien, le premier segment carotidien est greffé sur l'aorte abdominale d’un chat. La circulation aortique reste normale. Huit jours après l'opération, extirpation de l'aorte. Examen macroscopique : union excellente des extrémités du seg- ment carotidien aux extrémités aortiques. Surface interne des anastomoses et du segment lisse et brillante. Pas de dépôt de fibrine. Examen micros- copique : état normal de la media. Exp. IL. — Le 28 février, le second segment est greffé sur l'aorte abdo- minale d’un gros chat. La circulation aortique reste normale. Au bout de dix-neuf jours, extirpation du vaisseau. Examen macroscopique : le segment transplanté paraît normal. Pas de dilatation ni de rétrécissement. Surface interne du segment et des anastomoses sans dépôt de fibrine. Examen histo- logique : media normale dans la moitié de la circonférence du vaisseau. Dans la plus grande partie de l’autre moitié, les cellules musculaires ont. disparu et la media est réduite à ses éléments élastiques et conjonctifs. Exe. HE. — Le 5 mars, le troisième segment a perdu sa tonicité et s’aplatit comme une veine. L'adventitia est devenue légèrement gluante. Examen histologique : trois colonies microbiennes dans la media. En un point, la partie saine de la paroi se compose seulement de la limitante interne et de trois couches de fibres musculaires. Ce segment carotidien est transplanté sur l'aorte d’un jeune chat, et la circulation aortique demeure normale. Le 41 avril, l'animal meurt subitement à la fin de son repas. Autopsie : énorme hématome rétro-péritonéal; seg- ment carotidien transformé en anévrisme fusiforme, rompu latéralement au niveau de sa partie moyenne. ù (Er SÉANCE DU 22 JUIN * 1175 Exp. IV. — Le 6 mars, le quatrième segment présente un aspect semblable à celui du troisième segment. Il est néanmoins transplanté sur la carotide gauche d'un chien. Le 3 mai, le cou est réouvert et la carotide examinée : tunique cellulaire externe souple et mobile, pas d’adhérences au nerf vague, pulsations normales dans toute l'étendue du vaisseau. La place des anasto- moses est marquée pär deux cicatrices transversales très difficilement visibles. Le segment transplanté présente les mêmes apparences, calibre et consis- tance que les autres parties de la carotide dont il est impossible de le distinguer macroscopiquement. L'animal est conservé vivant. Exp. V. — Le 8 mars, le cinquième segment a la même apparence que les deux précédents. Il est transplanté sur l'aorte d'un gros chat, dont la circu- lation aortique se maintient normale, et qui meurt subitement le 20 avril, après avoir mangé abondamment. Autopsie : anévrisme fusiforme rompu dans le tissu cellulaire rétropéritonéal. En résumé, e‘nq segments carotidiens extirpés à un chien récemment tué furent transplantés au bout de cinquante minutes, deux jours, huit jours, neuf jours et onze jours sur trois chats, un chien et un chat. Les trois derniers segments avaient subi de graves lésions pendant leur séjour dans le réfrigérateur. Les troisième et cinquième segments, greffés au bout de huit et onze jours sur des chats, se transformèrent en anévrismes fusiformes qui produisirent la mort soudaine des ani- maux respectivement trente-sept jours et quarante-deux jours après l'opération. Le quatrième segment greffé au bout de neuf jours sur un chien, c’est-à-dire sur un animal de la même espèce que celui qui avait fourni la grefle, se régénéra complètement, au point de vue macros- copique, de telle sorte qu'au bout de près de deux mois il était impos- sible de le distinguer des parties normales de la carotide. Ces expériences montrent donc la nécessité absolue d’uné stricte asepsie dans la manipulation des vaisseaux. Elles paraissent indiquer aussi que des lésions cadavériques qui évoluent de manière fatale dans les cas d’hétérotransplantations peuvent guérir facilement s'il s’agit d’une homotransplantation. À PROPOS DE L'ÉTUDE HISTOPHYSIOLOGIQUE DE L'AUTOLYSE ASEPTIQUE DU FOIE : Action inhibitrice du citrate de sodium, par L. LAuNoy. Conservée aseptiquement pendant 42 heures à 38 degrés dans une solution de citrate de sodium de concentration À — — 0,55, la cellule —…. du foie de lapin à jeun de 24 heures ne subit pas de modifications nécrotiques importantes, 41176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - L'examen de préparations fixées au réactif de Flemming fort et colo- rées à la safranine-lichtgrün montre que, au maximum de modifications, le réticulum cytoplasmique est peu net; le cytoplasma accuse de la nécrose de coagulation; cependant les granula lipoïdes ont conservé leur volume, leur forme et leur spécificité chromatique. Les noyaux sont toujours bien visibles, bien colorables, souvent hyperchromatiques; leur volume paraît normal, leur périphérie est nette. Dans le plus graud nombre des cellules le noyau se colore en masse par la safranine; dans cette masse colorée les grains de chromatine de coloralion plus accen- tuée restent distincts, souvent ils sont disposés à la périphérie. On ren- contre peu de noyaux achromatiques. Nous étudierons ultérieurement en détail les modifications fines de la nécrose autolytique dans les exemples déjà examinés; ce que nous voulons surtout indiquer dans cette note, pour le cas qui nous occupe, c'est qu'il n’y a pas formation de ces corps si caractéristiques de la nécrose autolytique, corps désignés sous le nom de « corps myéli- niques ». | Les cellules d’un morceau de foie conservé à 38 degrés pendant 42 heures, mais dans 2 centimètres cubes d’une solution complexe formée du mélange de 49 de NaCI À = — 0,55 + 01 de citrate de sodium isotonique, sont pour ainsi dire exemptes de toutes modifica- tions nécrotiques; «a fortiori, elles ne renferment aucun de ces corps myéliniques, quelquefois si abondants déjà après 38 heures d’étuve à 38 degrés, au cours de l’autolyse dans NaCI. Donc, le citrate de sodium retarde, et cela d'une façon très notable, même à faible dose, les phénomènes de la nécrose autolytique du foie. L'action inhibitrice du citrate de sodium peut-elle s'opposer efficace- ment à l’action accélératrice déterminée par la présence d’un sel de métal bivalent, tel que le chlorure de calcium par exemple (1)? Dans le but de répondre à cette question, nous avons fait un certain nombre d'expériences qui nous permettent de dire que : lorsqu'on se place dans des conditions telles que la solution complexe dans laquelle l’autolyse se poursuit reste isotonique (pas de précipité de citrate de calcium), la présence en quantité suffisante de citrate de sodium peut abolir d’une façon absolue l’action accélératrice du sel de calcium sur la nécrose autolytique. D'une façon générale, quand le chlorure de calcium prédomine, on observe de l'accélération ; quand le citrate de sodium est en excès, on - observe de l’inhibition; enfin si ces deux corps sont en proportions égaies, c’est l’action inhibitrice qui domine. Nous ne parlons ici que (1) L. Launoy. Nouvelle contribution à l'étude histologique de l’autolyse aseptique du foie. Action favorisante des chlorures de quelques métaux biva- lents. Comptes rendus de la Société de Biologie, 16 mars 1907, p. 487. LI ar dos sn Re 4 St dti 1 j ; - 4 De pr SE RE a SÉANCE DU 22 JUIN 41177 x . des expériences dans lesquelles le morceau de foie à autolyser était plongé dans le mélange des solutions, puis ensuite porté à l’étuve; nous nous réservons de revenir sur les phénomènes observés lorsque les solutions de chlorure de calcium ou de citrate de sodium sont mélangées à des intervalles plus ou moins éloignés, au cours d’un processus auto- lytique en marche. En résumé, il résulte de ces expériences que : 1° Le citrate de sodium retarde d’une façon notable le processus de la nécrose autolytique du foie. Dans les conditions où nous faisons nos expériences, il suffit d'ajouter O1 d’une solution de citrate de sodium A == — 0,55 à 1°°9 d’une solu- tion NaCI À — — 0,55 pour mettre en évidence l’action inhibitrice du citrate. 2 L'action inhibitrice du citrate de sodium s'oppose à l'action accé- lératrice du chlorure de calcium et peut l’abolir complètement, l’action accélératrice du chlorure de calcium reparaissant si, dans des solutions complexes, ce sel est en excès(1). (Laboratoire de physiologie de l’Institut Pasteur.) CULTURES HOMOGÈNES DU B. MESENTERICUS. (Deuxième note), par LAFFORGUE. Dans une note antérieure (2), nous avons montré que le filtrat d’une culture de B. mesentericus, vieille d’au moins cinq jours, réensemencé avec du B. mesentericus neuf, donnait des cultures de ce bacille, sans voile et homogènes. Ce filtrat présente, par comparaison avec le bouillon initial, trois modifications remarquables : 1° la disparition très précoce des matières albuminoïdes ; 2° une augmentation considérable de l’alca- linité ; 3° un accroissement très notable du pouvoir oxydant. 1° Disparition des matières albuminoïides. — Décelée par la réaction du biuret et de Lugol, qui deviennent négatives, la disparition des albumi- noïdes proprement dits, albumoses et peptones, est totale ou presque totale entre la soixante-douzième et la quatre-vingt-seizième heures (1) L'action inhibitrice du citrate de sodium sur les phénomènes d’autolyse est à rapprocher des observations récentes de Gengou concernant l’action inhibitrice du citrate sur les pDénAnenee d'hémolyse par les venins et par le sérum d’anguille. : (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 18 mai 1907. 41178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE après l’ensemencement d'un B. mesenterieus en bouillon de viande pep- tonisé à 1 p. 100. Nos recherches à ce sujet peuvent se résumer ainsi : a) Un filtrat apte à fournir des cultures homogènes donne toujours un biuret négatif (la coloration obtenue est franchement bleue, sans le moindre mélange de teinte rose ou violette) ; b) Un filtrat à biuret négatif donne une culture homogène. ç) Un pareil filtrat perd sa propriété et fournit une culture à voile, si on lui ajoute son dixième seulement en volume de bouillon neuf peptonisé. d) I] résulte de ces trois faits Juxtaposés que la disparition des matières albuminoïdes est une condition indispensable à l'homogénéité des cul- tures. Ajoutons que cette propriété du B. mesentericus de disloquer d'une manière aussi précoce et aussi complète les albuminoïdes du milieu de culture nous a paru, sinon spécifique de ce microbe, au moins très rarement réalisée au même degré par d’autres espèces microbiennes. 2° Augmentation de l'alcalinité. — Nous avons dosé jour par jour, jus- qu'au huitième après l’ensemencement, l'alcalinité des cultures du B. mesentericus et de leurs filtrats. a) La moyenne des résultats obtenus sur trois séries d'observations (alcalinité exprimée en NaOH ) est traduite par les chiffres suivants : 0,20—0,45—0,84—1,15—1,43—1,50—1, 4,76 p. 1000 de la vingt-quatrième à la cent quatre-vingt-seizième heure (dosage effectué toutes les vingt-quatre heures). b) L’alcalinité augmente à mesure que s’accentue la dislocation des matières albuminoïdes. Il est vraisemblable qu’elle est produite par un ou des dérivés de ces substances. Les facteurs de l’alcalinité ne paraissent être, en tout eas, ni KOH, ni NaOH : en effet, si l’on calcine un voile, toujours très alcalin, de B. mesentericus, le résidu de la calci- nation repris par l’eau est neutre. La réaction initiale n’est done pas due à un aleali fixe. | c) Il ya un taux minimum d'alcalinité nécessaire pour que le filtrat donne une culture homogène : ce chiffre oscille, d’après nos observa- tions, entre 0,95 et 1,10 p. 1000. On voit, par la mise en regard des dates et des dosages, que ce chiffre est précisément réalisé dans une culture vieille de soixante-douze à quatre-vingt-seize heures. d) Il existe aussi un taux optimum d'’alcalinité. Les filtrats d'alcalinité 1 à 1,15 p. 1000 donnent une culture homogène appréciable au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures. Les filtrats de titre alealin supérieur ne donnent pas de culture appréciable avant trois à quatre jours 5 l’excès d’alcalinité paraît agir à la façon d’un antiseptique. e) L’alcalinité, condition nécessaire des cultures homogènes, n’en est pas une condition suffisante. Des bouillons artificiellementalcalinisés par KOH, NaOH, AzH° à des taux variant entre 0,90 et 1,50 p. 1000 ont donné des cultures très différentes, soit dans leur évolution, soit dans leur à u cac ts SÉANCE DU 22 JUIN 1179: aspect définitif, du type classique, mais jamais comparables à la culture homogène que nous avons décrite. Par ces procédés artificiels, il est vrai, on ne met point en œuvre la ou les substances alcalines produites dans la culture même par la végétation microbienne. Or, ce n’est pas une substance alcaline quelconque, semble-t-il, qui communique au filtrat ses qualités nouvelles : ce sont celles que le microbe fabrique lui-même aux dépens des matières albuminoïdes et que, seule, une analyse chimique pourra déterminer avec précision. 3° Accroissement du pouvoir oxydant. — Ce troisième facteur d'homo- généité est relié aux deux précédents par des connexions étroites. Il paraît représenter une explication très plausible de l'homogénéité des cultures : nous lui consacrerons une note ultérieure. (Travail du laboratoire de Bactériologie de l’École de santé militaire, Lyon.) INFLUENCE DE LA VOIE D'ADMINISTRATION SUR LES DOSES MINIMA MORTELLES DE BROMAYDRATE NEUTRE DE QUININE, par E. Maurez et LEmosy D'OREL. Nos expériences ont porté sur la grenouille, le pigeon et le lapin. Sur la GRENOUILLE, nous avons utilisé la voie gastrique et la voie hypodermique. Voie gastrique. — Les doses ont varié de 0 gr. 20 à 4 grammes par kilogramme, avec les résultats suivants : 4° Jusqu'à la dose de 0 grammes 80, l'animal a survécu ; 20 À partir de À gramme par kilogramme, l'animal a toujours suc- combé, mais jusqu’à la dose de 1 gr. 50 il a résisté un certain temps. Voie musculaire. — Pour cette voie, les doses ont varié de 0 gr. 10 à 1 gramme, en augmentant soit de 0 gr. 10, soit seulement de 0 gr. 05 par kilogramme et avec ces résultats : 1° Jusqu’à la dose de 0 gr. 30, il y a toujours eu survie; 2° Avec les doses de 0 gr. 40 et de 0 gr. 50, les résultats ont été variables; 3° Avec les doses de 0 gr. 60 et au delà, l'animal a toujours succombé. CONCLUSIONS. — On peut donc admettre que, pour la grenouille, la dose — minima mortelle par la voie gastrique est de deux à trois fois plus forte que par la voie hypodermique. PIGEON. — Pour cet animal, nous avons également comparé les deux voies gastrique et musculaire. À ; s # 1180 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE / Voie gastrique. — Les doses ont varié de 0 gr. 50 à 3 grammes par kilogramme ; or, même avec cette forte dose de 3 grammes, l'animal a toujours résisté. Voie musculaire. — Par cette voie, les doses ont été élevées de 0 gr. 10 à 1 gramme, en procédant par 0 gr. 10, avec ces résultats : 4° L'animal a survécu jusqu'aux doses de 0 gr. 30 par Re 2° Il a toujours succombé à partir de 0 gr. 50. CoNcLUSIONS. — Pour cet animal, la dose minima mortelle par la voie gastrique est plus de six fois plus élevée que par la voie musculaire. LAPIN. — Enfin, pour cet animal, outre les deux voies Mae nous avons comparé la voie intra-veineuse. ; Voie gastrique. — Les doses ont varié de 0 gr. 80 à 1 gr. 50, avec ces résultats : 1° Jusqu'à 0 gr. 60 par kilogramme, l'animal a toujours survécu; 2 La dose de 1 gramme a donné des résultats différents; 3° La dose de 1 gr. 50 a toujours été suivie de mort. Voie hypodermique. — Les doses ont varié de 0 gr. 15 à 1 gr. 30 : 1° Jusqu à la dose de 0 gr. 40 inclusivement, l’animal a survécu; 2 A partir de 0 gr. 50, il a toujours succombé. , Voie veineuse. — Les doses ont varié de 0 gr. 05 à 0 gr. 13 par kilo- gramme : 1° L'animal a résisté à la dose de 0 gr. 05 par kilogramme, et il à toujours succombé à partir de O0 gr. 07. ConcLUSsIONS. — Pour le lapin, la dose minima mortelle par la voie gas- trique est environ deux fois plus forte que celle par la voie hypodermique, et celle-ci environ sept fois plus forte que celle par la voie veineuse au moins au titre auquel cette dernière a été employée. En employant un titre plus faible, cette différence a été bien moins marquée, ainsi que l’un de nous l’a déjà constaté. En comparant maintenant le degré de sensibilité de ces trois espèces animales au bromhydrate neutre de quinine, nous arrivons à ces con- clusions : 1° Que, par la voie gastrique, c'est le pigeon qui est le moins sensible ; 2° Que, par la voie musculaire, le degré de sensibilité est à peu près le même pour ces trois espèces animales. (Laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de Toulouse.) SÉANCE DU 22 JUIN 1181 SUR LA PRÉSENCE DE SUBSTANCES HÉPATOPOIÉTIQUES AU COURS DES RÉGÉNÉRATIONS DU FOIE ET DE SON DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE, par PAUL CARNOT. Dans une série de publications antérieures, nous avons constaté que pendant les phases de prolifération active d’un organe (et notamment au cours des régénérations et du développement embryonnaire de cet organe), il ya production de certaines substances capables d’exciter la multiplication cellulaire, et, par conséquent, de diriger le processus d'hyperplasie. Nous avons principalement insisté sur l'existence de substances hémo-poiétiques dans le sang et la moelleosseuse d'animaux en rénovation sanguine après saignée, de substances néphropoïétiques dans le sang et le rein hyperplasié, après néphrectomie unilatérale, aussi bien que dans le rein embryonnaire. Il s’agit là d’un processus général que l’on peut démontrer également au niveau du foie. a) Nous avons étudié l’action du sérum et du foie hyperplasié, prélevés un certain temps après résection étendue du foie ; nos expériences ont été faites principalement sur le lapin : quelques-unes sur le cobaye. Les animaux, dont on avait réséqué 15 à 30 grammes de foie, étaient sacrifiés du dixième au trentième jour, et, de préférence, aux environs du quinzième jour. On cons- tatait chez eux, dans la plupart des cas,une hyrperplasie diffuse du foie réséqué; son poids se rapprochait progressivement du poids normal; on constatait, de plus, un aspect gonflé, mou, succulent, très particulier, des différents lobes du foie, sans régénération particulière de la portion réséquée. Histologiquement, on constatait des signes de prolifération cellulaire, de nombreuses cellules à noyaux doubles, de nombreuses divisions directes, mais pas de karyokinèse. Physiologiquement, on sait, depuis von Meister, que, dans ces conditions, l’urée urinaire, qui diminue notablement aussitôt après la résection, reprend progressivement son taux normal. Nous avons utilisé, d’une part le sérum sanguin de ces änimaux, que nous injections par voie vasculaire ou sous-cutanée aux doses de 6 à 20 centimètres cubes à des animaux neufs, d’autre part l'extrait aqueux ou la poudre des- séchée du foie hypertrophié que nous faisions ingérer à la dose quotidienne de 0 gr. 25 de poudre pendant deux à quatre jours. Les animaux ainsi pré- parés étaient sacrifiés du dixième au trentième jour. b) Nous avons étudié parallèlement l’action du foie embryonnaïre, prélevé sur des fœtus de porc de 7 centimètres, sur des embryons d'agneau ou de veau de un à trois mois; cet organe, desséché dans le vide, était administré par voie buccale, à la dose quotidienne de 0 gr. 25 pendant quelques jours, à des animaux neufs que nous sacrifions aux environs du quinzième jour. Les résultats obtenus dans ces différents cas sont assez comparables, à quel- ques différences près d'intensité, pour que nous les réunissions dans une même description. 1182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons constaté des preuves d’hyperplasie hépatique d'ordre ana- tomique, d'ordre histologique et d'ordre physiologique : 1° Les preuves d'ordre anatomique sont données par l’état macrosco- pique du foie. Cet organe paraît généralement volumineux : son poids dépasse le plus souvent 50 grammes par kilogramme. Il a, le plus sou- vent, l'aspect gonflé et succulent que nous avons déjà signalé pour le foie hyperplasié après résection : les travées hépatiques, principalement à la face inférieure, sont épaissies, contournées, et d’aspect plus volu- mineux qu'à l'état normal. Généralement, le pancréas parait, lui aussi, augmenté de volume. | | 2° Les preuves d'ordre histologique se superposent aux précédentes. On constate plusieurs aspects microscopiques assez particuliers : Dans certains cas, le foie présente un nombre très anormal de cel- lules : chaque travée est épaissie, constiluée de trois à quatre cellules juxtaposées et empilées entre deux capillaires; ces travées se recourbent par suite de leur allongement. : Dans d’autres cas, les cellules très multipliées, très tassées les unes contre les autres, ont des dimensions beaucoup plus petites que les dimensions normales : elles ont, notamment, peu de protoplasme, pas de réserves nutritives et un noyau relativement gros, prenant la coloration d'une facon très intense, d'où un aspect très particulier des coupes. Généralement, on est frappé du nombre anormal de cellules à . noyaux multiples : les cellules à noyaux doubles, qui existent toujours en petites proportions dans les foies normaux, sont alors tellement fré- quentes qu'elles peuvent, par endroits, représenter plus de la moitié des éléments cellulaires. On constate, plus rarement, des noyaux triples, plus rarement encore un véritable syncitium à multiples noyaux. Les cellules à noyaux multiples sont principalement réparties autour des espaces de Kiernan; elles sont plus rares aux environs des veines sus- hépatiques et au milieu du lobule; la zone de multiplication est done, surtout et avant tout, périportale ou mieux périartérielle, ce qui s’ex- plique probablement par des conditions meilleures de nutrition et d'aération. Ê Dans une de nos pièces, la multiplication nucléaire était poussée à des limites extrêmes, véritablement pathologiques : les noyaux étaient sub- divisés, suivant l'axe des travées, au point qu'ils se touchaient sans interruption; ces travées prenaient une ineurvation particulière, par suite de leur allongement; les noyaux axiaux contigus, prenant les colorants nucléaires, lui donnaient un aspect en chenille très spécial. Cette multiplication nucléaire était d’ailleurs tellement désordonnée qu'un grand nombre de néo-noyaux étaient incomplètement développés, trop petits, déformés, et que l’on voyait, par places, un véritable émiettement, une poussière de substance nucléaire prenant encore la coloration élective. SÉANCE DU 22 JUIN : 1183 Dans ces différents cas, on constate fréquemment diverses étapes de division directe : mais les karyomitoses nous ont paru tout à fait excep- tionnelles. La multiplication semble se faire, presque uniquement, par division directe. Une pareille multiplication nucléaire et cellulaire ne peut laisser aucun doule sur la réalité de l'hyperplasie. Elle s’observe aussi bien après injection de sérum hépatopoïétique qu'après ingestion de foie hyperplasié. Elle s’observe, avec plus d'intensité peut-être encore, après ingeslion de foie embryonnaire. 3° Les preuves d'ordre physiologique dérivent de la constatation d’une hyperactivité fonctionnelle du foie. La fonction uréogénique, notamment, est très nettement augmentée. Dans une expérience, par exemple, un lapin de 2 kilogr. 300, soumis à un régime uniforme (100 grammes de son et 400 grammes de choux) et se maintenant en équilibre de poids, avait une élimination quotidienne, assez fixe, de 1 gr. 83 (soit 0 gr. 76 par kilogr. : moyenne de dix jours); on lui fait ingérer, pendant quatre jours, 0 gr. 25 de foie embryonnaire d'agneau. Pendant la première semaine après cette ingestion, l'élimination quotidienne moyenne d'urée . s'élève à2 gr. 82 (soit 1 gr. 18 par kilogr.). Pendant la deuxième semaine, l'élimination quotidienne d’urée augmente encore, avec une moyenne de 3 gr. 83 (soit 1 gr. 64 par kilogr.);le maximum a été de 4 gr. 50 par jour. À partir de la troisième semaine la quantité d’urée fléchit lente- ment à nouveau. La quantité d'urée éliminée a donc plus que doublé sous l'influence du foie fœtal. Cette hyperactivité fonctionnelle du foie a nécessité pour se produire un certain temps, correspondant probable- ment au temps nécessité par la multiplication cellulaire. Ces trois ordres de preuves convergent pour démontrer la présence de substances excitant la prolifération hépatique, tant au cours des régénérations que du développement embryonnaire de cet organe. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette, D ie © NS PE PSE TE re EG _ l'indépendance des lobes du foie. “à lactescentes ARLOING (FERNAND) : Sur la réac- {tion cutanée provoquée par diver- ses tuberculines et par du sérum d'horame fuberculéux :. . .. Bassin (N.) Sur les systoles pseudotétaniques du cœur. . . . .. Brissaup et BAUER : À propos de Fzeic (C.) et Lissonne (M.) : Re- cherches sur un séro-diagnostic du kyste hydatique par la méthode HS RDICeipInes. Un. . +... 0. Forx et MALLEIN : Procédé d'accé- lération des colorations lentes par le courant électrique. Application au spirochète avec coloration en cinq à dix minutes par le giemsa SUP OU MST EEE FormsAu (L.)et SOUBRANE : Ba- Cillus proteus ruber . . : . : . - . . Gaasa (J.) et Gomrez (M.) : Sur la digestion des glucosides et des hydrates de carbone chez l’écrevisse. Guiævsse (A.) : Coloration élective des plateaux en brosse par le vert _ Jumière dans la triple coloration MEMPLENANTEMEA Le eee + Guxénor (E.) : Considérations sur les causes des variations observées dans l’action des nerfs vagues sur le cœur des Batraciens. . . . . . .. Iscovesco (Henri) et MATza (A.) : Le passage du chlorure de sodium à travers les sacs de collodion. Une anomalie de dialyse. . . . . .. Jozzy (J.) : À propos de la com- munication de M. Renaut . . . . .. Josué (0.): Athérome artériel et MAIGMICAHOmIee: NL ON), Le Jousser (ANnRÉ)et TROISIER (JEAN) : Etude histo-chimique des sérosités ne np Let ntegen sin jee) el;ete Brococre. COMPTES RENDUS. — 1907. T. LXII. SÉANCE DU 29 JUIN 1185 RSIO SOMMAIRE 1215 1217 1202 1198 1201 1214 1197 1212 1190 LArFORGUE : Cultures homogènes UP AMESENTEICUS ATEN CT LEsAGE (A.) : L'amibiase chez le chat (Dysenterie amibienne) . . . . 4191 Lesé et Drevyrus : Un cas d’abcès inguinal à bacilles paratyphiques. Marie (A.) et TirFeNEau (M.) Mise en liberté, par la papaïne, de la toxine tétanique fixée par la sub- STONCeRNERVEUSE EEE TE Pacaon (V.) : Sur le tétanos du cœur. À propos d’une -note de MEÉSBASS ON IEP ne PARIsET : Thermométrie des bains deSlUMIE TE PTE RS EE RE RENaAuT (J.) : Rôle général et fonction périvasculaire des cellules convectives rhagiocrines clasmato- CVLLTOLONE SP NET RNE VINCENT (H.) Contribution à l'étude de l’antitoxine tétanique : . 1193 1195 Réunion biologique de Marseille. ALEZzAIS : Anomalie des incisives CHEZAUNIADIR EEE NE RER 1235 Bizcer (A.) : Sur un cas de dy- senterie « nostras » à Amibes . . . 1232 Brior (A.) : Sur le lab-ferment accompagnant la pepsine, ou la pa- TACHVIMOSIRE AV EN E/EMTIES 1229 Brior (A.) ; Sur l’anticorps de la DATICHYMOSINENMLS AE APP 19311 Ger8Er (C.) : La présure des cru- GLÈTES AMEN CAN ON NET 1223 GErR8ER (C.) : La sycochymase . . 1225 GerBER (C.) : Les actions antipré- surantes du lait cru vis-à-vis de quelques présures végétales. . . . . 1227 Livon (Cx.) : Sur le rôle de l'hy- DODDYS ERA MAS PANIER RIRE 1234 (2 Le] 1186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Giard, président. M. le professeur RenauT (de Lÿon), membre associé, et M. Baréry (de Nice), membre correspondant, assistent à la séance. THERMOMÉTRIE DES BAINS DE LUMIÈRE, par PARISET. Les bains de lumière électrique sont employés en thérapeutique pour obtenir une action sur les tissus par la chaleur radiante lumineuse qu'ils projettent sur la peau. Certains auteurs attribuent à ces rayons lumineux une action spéciale permettant aux malades d'entrer en transpiration à une température relativement basse : 37 degrés au bout de cinq à dix minutes. Devant l'étrangeté du fait, nous avons fait quelques recherches, que nous rapportons iei : 4° Dans le bain de lumière local, composé de deux réflecteurs placés. latéralement, munis chacun de deux lampes électriques, l’une à verre transparent, l’autre à verre opaque, nous avons placé, sensiblement à égale distance de chaque couple de lampes, deux thermomètres à mer- cure, l’un à cuvette enduite de noir de fumée, l’autre à cuvette simple, de verre poli. Le courant électrique est établi et augmenté progressive- ment, grâce à un rhéostat, à une certaine intensité, et au bout de quinze minutes le thermomètre à cuvette noïrcie indique 110 degrés, l’autre 71 degrés: 90 Dans une étuve à air chaud les deux mêmes thermomètres s'arrêtent à 75 degrés au bout de vingt minutes. 3° Dans un bassin d'eau chaude, ils s'arrêtent à 58 degrés. 4 Âu soleil, dans un endroit abrité du vent, le thermomètre à cuvette noircie indique 45 degrés et l’autre 32 degrés, au bout de quinze mi- nutes. | 5° Aux deux thermomètres précédents, nous en joignons un troisième, de même construction que le thermomètre à cuvette polie, mais dont la cuvette a été enduite de vernis noir, employé par les peintres en bâti- ment. | Ces trois thermomètres placés ensemble dans le bain de lumière local (voir 1"° expérience), laissé d’abord à l'air libre, sans que l’espace com- SÉANCE DU 29 JUIN 1187 pris entre les deux lampes soit isolé de l'air environnant, ont indiqué les températures respectives suivantes, au bout de dix minutes : Thermomètre avec noir de fumée. . . . . . . 81 degrés. — VOS RIDE PT Le cle de Mate ÉTUDE — CUN EE MDUNES 2 M0 MO MSA TE A ce moment le bain de lumière a été fermé par une couverture de laine rouge qui isolait entièrement l'espace compris entre Les lampes, et contenant les thermomètres, de l'air environnant; les thermomètres alteignent alors, au bout de quinze minutes : le premier 141 degrés, le deuxième 134 degrés, le troisième 132 degrés. Les écarts de température observés entre ces thermomètres lorsqu'ils sont exposés à la chaleur lumineuse s'expliquent par la différence de leur pouvoir absorbant. Le thermomètre avec noir de fumée a un pou- voir absorbant égal à l'unité, il ne réfléchit aucun rayon et absorbe toute la chaleur incidente. Le thermomètre à cuvette polie réfléchit une partie de la chaleur incidente, et n’absorbe que la différence entre la chaleur incidente et la chaleur réfléchie. On peut en conclure qu'il est nécessaire d'employer pour l'application des bains de lumière, des thermomètres à cuvette enduite de noir de fumée, et que les thermomètres à cuvette polie, en réfléchissant une partie de la chaleur lumineuse, indiquent une température inférieure à celle que supporte réellement le malade. 4 (L'iablissement thermal de Vichy, 28 mai 1907.) MISE EN LIBERTÉ, PAR LA PAPAÏNE, DE LA TOXINE TÉTANIQUE FIXÉE PAR LA SUBSTANCE NERVEUSE, par A. Mari: et M. TIFFENEAU. Au cours de différentes recherches ayant pour but d’élucider la nature de la neutralisation de la tétanotoxine par la substance nerveuse, nous avons eu l'occasion d'étudier l’action d’une diastase protéolytique, la papaine (de Merck), sur des mélanges neutres cerveau-toxine. Un encéphale de cobaye est broyé, puis additionné d'environ 20 doses mortelles pour la souris d’une toxine tétanique active à 0,0005 centimètres cubes. Après vingt-quatre heures de séjour à la glacière, on centrifuge et le culot est divisé, après lavage, en deux portions dont l’une est additionnée d’une quantité convenable de papaïne, puis exposée trente minutes à 38 degrés. Tandis que les souris inoculées avec le dépôt non papaïné ne x 1 1188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE présentent qu'une roideur insignifiante ou nulle, ceiles qui ont reçu la portion papaïnée sont prises d'un fétanos mortel. Il semble que la papaïine ait détruit, par son action protéolytique, la substance sur laquelle était fixée la toxine. Toutefois, dans aucune expérience, nous n'avons pu observer le passage, dans le liquide centri- fugé, de la toxine ainsi libérée par la papaïne (1); mais il faut ajouter que celle-ci est douée, ainsi que nous l’avons constaté, d’une action destructive sur la tétano-toxine. Tout paraît donc se passer comme si ce poison une fois mis en liberté était absorbé par les extrémités nerveuses de l'animal inoculé, et échappait ainsi à l’action de la papaïne. Cette diastase n’est cependant pas capable d’empécher la neutralisa- tion par de la toxine tétanique la matière cérébrale. En effet, si on in- tervertit l’ordre de l'expérience relatée ci-dessus en faisant d’abord agir à 38 degrés la papaïne sur de la substance nerveuse, on voit. que celle-ci n’a rien perdu de ses propriétés fixatrices, car le liquide cen- trifugé ne contient plus trace de la toxine ajoutée au cerveau papaïné; le ferment protéolytique ne semble donc pas avoir eu le temps de détruire le principe neutralisant, mais il s’y est fixé et pourra plus tard poursuivre son action diastasique en libérant la loxine tétanique, exac- tement comme dans l'expérience précédente. Il était indiqué d'essayer la papaïne sur les centres nerveux d’ani- maux ayant succombé au tétanos expérimental. Mais il faut se rappeler qu'il n'y à pas analogie complète entre l'absorption, par la cellule vivante, du poison tétanigène et sa neutralisation in vitro, que d'autre part la quantité de toxine fixée pendant la maladie est extrêmement minime, ce qui explique pourquoi la papaïne a pu, sauf dans le cas de tétanos cérébral chez le cobaye, libérer seulement des traces du poison. En somme, l'emploi de la papaïne n'est pas le procédé de choix pour déceler la toxine tétanique dans les organes des animaux tétanisés. Une conclusion de ces recherches préliminaires, c’est que la toxine tétanique se fixe aux éléments cérébraux sur une substance de nature albuminoide; jusqu'ici, on avait supposé qu’elle se fixait sur des corps gras. Ces deux hypothèses ne s'excluent pas nécessairement, car on peut admettre que la substance neutralisante est à la fois albuminoïde et graisse : c'est ce que nous apprendront sans doute les recherches entreprises avec la stéapsine. (1) Dans plusieurs essais, l'injection du liquide a provoqué assez rapide- ment la mort des animaux, sans déterminer de contracture tétanique : on peut supposer qu’alors des produits toxiques ont été formés soit par autolyse des cellules, soit par action de la papaïne sur elles. (| SÉANCE DU 29 JUIN 1189 ATHÉROME ARTÉRIEL ET CALCIFICATION, par O. Josué. Dans l’athérome aortique, les lésions ne sont pas limitées aux foyers de ramollissement et aux plaques calcaires. L'examen histologique montre qu'il existe des altérations diffuses des cellules musculaires. Ces lésions siègent dans les parties de la tunique moyenne sous-jacentes aux foyers athéromateux, mais on les trouve aussi dans des régions plus éloignées, ou même dans des aortes qui ne présentent que des foyers d'athérome peu nombreux et peu étendus. Si l’on examine des préparations colorées par l'hématéine et l'éosine orange, on constate que le protoplasma des cellules musculaires semble gonflé, æœdémateux ; il présente souvent un aspect irrégulièrement aréo- laire, plus rarement il paraît homogène et comme cireux; parfois le protoplasme prend, soit partiellement, soit dans sa totalité, une colora- ton violette due à l’infiltration calcaire. Les noyaux allongés sont sou- vent situés à la périphérie de la cellule musculaire, ils sont alors appli- qués contre les lames élastiques. | | Après coloration par la thionine anilinée, le protoplasma des cellules musculaires altérées prend une couleur métachromatique rouge violet intense qui fait penser à la dégénérescence amyloïde, mais les lésions en question ne présentent aucune des autres réactions de l’amyloïde (violet 5 B, iode, vert diode, vert de méthyle). En même temps le pro- toplasma parait comme imprégné de suc, il est mal limité ; par places il présente une infinité de fines vacuoles qui sont la trace de gouttelettes graisseuses enlevées par les réactifs. Ces lésions des cellules musculaires constituent, avec les altérations que nous avons décrites, au niveau du tissu élastique (1), les premiers stades de l’athérome. Des lésions analogues des ceilules musculaires s'observent däns l’athérome aortique expérimental du lapin déterminé par l’adrénaline. Quand on examine des artères de moyen calibre atteintes d'athérome, on est frappé de ce fait que les foyers de ramollissement sont relative- ment beaucoup moins fréquents et moins étendus ; mais, par contre, on trouve plus souvent des plaques calcaires. Celles-ci, toutes propor- lions gardées, sont beaucoup plus étendues que dans l'aorte. Il n’est pas rare qu’elles entourent, par places, toute la circonférence du vaisseau et le transforment, sur une certaine longueur, en un tube rigide. A l'examen histologique, on ne constate pas de lésions à distance (1) O. Josué. Contribution à l'étude histologique de l’athérome artériel Journal de physiologie et de pathologie générale, juillet 1905, p. 690. 4190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE x des cellules musculaires comparables à celles observées au niveau de l'aorte. Toutes les régions où les tissus élastique et musculaire sont. altérés, subissent rapidement la calcification, en sorte que les cellules musculaires siluées en dehors des plaques calcaires paraissent à peu près saines. Il n’est pas exceptionnel de voir la paroi artérielle constituée par une épaisse plaque calcaire tapissée en dehors par une mince couche musculaire normale. On a nettement l'impression qu’en pareil cas la calcification est un processus de défense ; elle envahit les régions alté- rées et empêche la paroi vasculaire de se laisser “RIRE ou de se rompre sous la pression du sang. Ainsi qu'il résulte des faits que nous venons d'exposer, la calcifi- cation ne constitue pas la lésion primordiale de l’athérome artériel ; les cellules musculaires et le tissu élastique présentént des altérations dégénératives multiples qui peuvent aboutir à la formation de foyers de bouillie athéromateuse. Cependant une place à part revient à la calcification. Celle-ci est un processus de défense des artères. Les portions du vaisseau ayant subi des lésions dégénératives s’infiltrent de sels calcaires et se transforment en plaques rigides et résistantes qui ne se laissent ni rompre ni dis- tendre. (Travail du laboratoire de pathologie expérimentale el comparée de la Faculté de Médecine). CONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES DES VARIATIONS OBSERVÉES DANS L'ACTION DES NERFS VAGUES SUR LE COUR DES BATRACIENS, par E. GUYÉNoT. Nous avons résumé dans une note précédente, les actions multiples et diverses du pneumogastrique sur le cœur des Batraciens. La cause de ces effets différents semble résider au premier abord dans la propor- lion variable des éléments accélérateurs et modérateurs contenus dans le tronc du nerf. Cette interprétation ne rend pas compte de tous les faits. Dans nos expériences, que nous avons effectuées à des époques très différentes de l’année, les résultats de l'excitation du vague se sont présentés non dans un ordre quelconque, mais en série. Tantôt vers la fin de l'hiver par exemple nous obtenions toujours l'arrêt du cœur; tantôt, comme au milieu de l'été, une accélération de ses battements. Les résultats diffèrent en outre suivant que les grenouilles sont pêchées depuis peu ou depuis un certain temps, suivant qu'elles traversent une À | 4 » î “| , É 7 # # pe ñ De SE Le ES SES % Ds £ F) Fa . SÉANCE DU 29 JUIN 1191 RE —_——————————"———"—— période d'activité sexuelle ou au contraire de repos génésique. Il y a donc lieu de penser que les variations observées dans l'efficacité des fibres accélératrices ou inhibitrices sont liées à des états physiologiques différents. Sous réserve d’un contrôle réalisé par des expériences nouvelles ins- tituées dans un but de vérification, nous pouvons faire remarquer que la période d'été, l’époque d'activité sexuelle, le défaut de nourriture correspondent à une action accélératrice ou hypertonique du vague, quelquefois à une action nulle. Pendant la saison d'hiver, lors d'une bonne nutrition, le pneumogastrique possède au contraire ces effets inhibiteurs normaux. Déjà Gaskell (1886\ avait signalé l'importance jouée par l'époque de l’année et l’état de la nutrition du cœur dans le fonctionnement du nerf vague. D'après Cyon, la diminution d’étendue des battements du cœur obtenue par Coats (1869) serait due à ce que cet auteur opérait sur des grenouilles très insuffisamment nourries. L'inhibition peut ou non se produire suivant l’état de nutrilion de l'animal. Il n’est pas possible de dire exactement quels sont les facteurs qui entrent en jeu dans la production de ces variations ni quels sontles éléments qui en sont le théâtre. Il est néanmoins licite de supposer qu'un rôle important est dévolu à l’état des cellules ganglionnaires du cœur, en particulier à la présence ou à l'absence dans ces dernières de réserves suivant l’époque de l’année ou la nutrition de l’organisme. Rappelons à ce sujet que, d’après Morat, les cellules des gangliors spi- naux présentent, pendant l'hiver, des dépôts de graisse, constituant nne réserve saisonnière, qui est destinée à disparaitre aux approches de l'été. (Travail du Laboratoire de M. le prof. Charbonnel-Salle, Université de Besancon.) L’AMIBIASE CHEZ LE CHAT (DYSENTERIE AMIBIENNE), par À. LESAGE. Les classiques disent : L'injection dans le rectum du jeune chat de mucus intestinal frais humain, contenant des amibes adultes, est suivie, dans un délai court, de l'apparition des signes de dysenterie (mucus et sang) et de mort après une durée de cinq à quinze jours. Les lésions observées sont: la rougeur et le gonflement de la muqueuse du gros intestin unis à la présence de petites ulcérations. J'ai étudié longuement cette question depuis cinq ans. Voici le résul- tat de mes recherches: 1192 SOCIÉIÉ DE BIOLOGIE 1° Même chez le jeune chat, Le résultat positif est loin d’être constant. Les insuccès sont nombreux. 2° D'autre part, dans les cas positifs, les lésions du grosintestin (rou- geur et ulcérations) sont érès inconstantes et accessoires, contrairement à l'opinion courante, qui ne repose pas sur l'examen d’un assez grand nombre de faits. Cependant, le chat meurt d’amibiase. 3° Le véritable procédé est, pendant quelques heutes, de laisser LÉ mucus humain sous cloche humide. Les amibes y donnent leurs kystes. (en admettant que ces derniers n'existent pas déjà dans le mucus frais, ce qui est presque constant). Puis on inocule sous la peau ou on fait une injection soit dans la gueule, soit dans le nez d’un jeune chat (âgé de moins de quatre mois). La même expérience peut être faite avec le pus d’abcès du foie (qui contient des kystes). L'animal est bientôt atteint d’amibiase, affection mortelle après trois à quinze jours. Après deux à trois jours, l’amaigrissement survient et les signes de dysenterie apparaissent (mucus contenant ou non du sang visible à l'œil nu ou seulement au microscope ; la présence du sang étant tout à fait accessoire). L'apyrexie est de règle et l’'hypothermie est observée dans les derniers jours. La lésion, au maximum sur le gros intestin, existe cependant sur l'intestin grêle. La muqueuse est recouverte d’une couche épaisse de mucus qui, enlevée, laisse à nu la muqueuse œdématiée. La rougeur, quand elle existe, est localisée au gros intestin, sous la forme de pointillé ou de taches au sommet des plis de la muqueuse. On: peut noter (fait très inconstant) des petites ulcérations. Au microscope, on note dans le mucus de l'intestin grêle et surtout du gros intestin, l’amibe avec tous ses caractères, ainsi que des cellules. de desquamation et quelques leucocytes. L'histologie permet de reconnaître dans la muqueuse l'existence de nodules infectieux amibiens, fait démontré pour le gros intestin, par Jürgens, Dopter, etc. L'étude en série de l'amibiase démontre que la rougeur et l’ulcération dépendent de l’animal (probablement de la flore microbienne). En effet, on obtient ces lésions chez les chats 1, 3, 5, 10, et non chez les inter- médiaires, alors que la production abondante de mucus contenant l’amibe est constante. Il suffit souvent ou d’inoculer sous la peau ou de mettre dans le nez ou la gueule du sang frais ou desséché provenant d'un chat atteint de la. maladie pour reproduire l’amibiase. La maladie, chez le jeune chat, est donc générale. Le parasite est partout. D'ailleurs, l'histologie montre dans les organes, Le foie, la pré- sence ou d'une infiltration diffuse ou de nodules infectieux d’origine amibienne. Un pas de plus et on observe l’abcès du foie, étudié sur le SÉANCE DU 29 JUIN 1193 chat par Marchoux. La cellule hépatique est dégénérée, cette générali- salion des lésions peut être observée chez l’homme, même en l'absence d’abcès du foie (hépatite diffuse ou nodulaire). CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ANTITOXINE TÉTANIQUE, par H. VINCENT. Dans leurs expériences sur les propriétés préventives du sérum anti- tétanique, MM. Roux et Vaillard ont établi que le sérum protège, en général, les animaux contre l'infection déterminée par les spores dépourvues de toxine du bacille de Nicolaïer, auquelles on adjoint un microbe favorisant. Mais la protection est beaucoup moins efficace si l’on introduit sous la peau des spores additionnées d'acide lactique ou, dans les museles, une écharde de bois sporifère en même temps que les microbes favorisants. Dans ces deux derniers cas, le tétanos survient et tue l'animal (cobaye) si l'injection du sérum est faile quarante et une heures, vingt-quatre heures, et même parfois, quoique non toujours, _ douze heures après l'infection. Le tétanos est retardé dans son appa- mibon). J'ai établi précédemment que l'élévation artificielle de la température propre du cobave, par sa mise à l’étuve à 42 ou 44 degrés, constitue un . mode favorisant plus énergique encore de l'infection tétanique : elle détermine, en effet, le tétanos splanchnique et une véritable septicémie tétanique chez le cobaye. J’ai signalé des exemples analogues chez l'homme (2). Je me suis proposé d'étudier l’action préventive antitétanique en face de ce mode d'infection si redoutable. Le sérum employé était actif à 1 p. 100.000 d’après la notation d'Ehrlich. La quantité injectée au cobaye de 300 grammes a été élevée : 1/4 à 1/3 de centimètre cube. Cette dose correspondrait à 54 centimètres cubes et 71 centimètres cubes pour un homme du poids de 65 kilogrammes. Les cobayes, inoculés avec des spores sans toxine, ont été mis à l’étuve puis retirés quand leur tempé- rature propre a atteint 42°4. Les résultats constatés ont été les suivants. 1° L’injection d’antitoxine faite vingt-quatre heures, douze heures, six (1) E. Roux et Vaillard. Contribution à l'étude du tétanos; prévention et traitement par le sérum antitoxique. Annales de l’Institut Pasteur, 1893, n° 2, p- 65. (2) H. Vincent. Contribution à l'étude du tétanos dit médical ou spontané. Annales de l'Institut Pasteur, 25 août 1904. 1194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE heures et même une heure après la sortie de l’étuve des animaux ino- culés a toujours été inefficace. Tous les cobayes sont morts de tétanos parfois aigu et à type splanchnique, à incubation brève de vingt à trente heures ; ; 2° On inocule au cobaye des spores sans toxine aussitôt avant sa mise à l’étuve; l'injection ultérieure d’antitoxine dès que la température de l’animal a atteint 42°8 (soit une heure et quelquefois une heure et demie après) ne les a pas davantage préservés contre l'infection tétanique. Dans un tiers des cas, le tétanos a été du type généralisé ou splanchnique. L'incubation a été un peu prolongée; 3° Un mélange de spores chauffées et d’antitoxine étant injecté immé- diatement à la sortie de l’étuve, l'animal étant en hyperthermie, donne lieu, d'ordinaire, à un tétanos chronique tardif (du dixième au douzième jour), tantôt, et le plus souvent, curable, tantôt mortel, après une marche assez lente. Même résultat si le mélange de spores et d’antitoxine est injecté avant la mise à l’étuve; 4° L'injection d'antitoxine tétanique pratiquée au cobaye avant son échauffement le protège habituellement contre l’inoculation de spores faite à la sortie de l'étuve, soit une heure et demie après, environ, alors que la température de l'animal a été élevée à 42°8. Sur 7 cobayes, 5 n ont rien présenté; 2 ont eu un tétanos léger et fugace, d'une durée de trois à quatre jours, apparu vers le neuvième ou douzième jour. En conséquence, et dans l'infection tétanique favorisée par l’hyper- thermie, le sérum antitétanique n'est réellement efficace que si son intervention précède d'au moins une heure la pénétration des spores pathogènes. Injecté simultanément avec celles-ci et, a fortiori, injecté après les spores, le sérum est sans effet. Les spores ont eu le temps de . Se répandre dans tout l'organisme, d'y germer et de sécréter suffisam- ment de toxine pour empoisonner les cellules nerveuses. La leucocytose provoquée, ainsi que l’a montré Metchnikoff, par l'injection du sérum antitétanique, survient trop lard après l'hypoleucocytose byperther- mique qui est, ainsi que je l'ai constaté, parfois considérable. Ces faits donnent bien une nouvelle preuve de l’action favorisante que réalise la chaleur à l'égard de l'infection tétanique chez le cobaye. Encore y a-t-il lieu de faire remarquer que si l’on s'adresse à des ani- maux préalablement affaiblis par l'injection de toxines diverses (diphté- rique, typhique, colibacillaire, streptococcique, pyocyanique, filtrat de B. megaterium) l'influence de l'hyperthermie neutralise souvent les effets préventifs du sérum antitétanique injecté à haute dose une heure et même, parfois, deux heures avant le moment de la germination des spores. Huit animaux affaiblis, ainsi traités préventivement par l’anti- toxine avant l'injection de spores et la mise à l’étuve, ont donné deux. Létanos aigus mortels en six à huit jours; trois tétanos subaigus, dont 1 i 1 È ; Vers EN TS LE de net Peu EU EN OT Bt A CRD oi née À à vod. PTT NT PSN | ESP LR" Frot UE te an era cheb: 5 mn ri il SOS PRET 7, 4 DRE = LES PRIT DER PORTE UP ER I RAP LOVE Rp EME RE SÉANCE DU 29 JUIN 41495 _ deux guérisons; un tétanos fugace. Les deux autres cobayes n’ont rien présenté. . Le tétanos survenu dans ces conditions est plus tardif que dans les expériences qui précèdent. Parfois il est apparu seulement au dixième jour, au moment où l’immunité, toujours brève, assurée par l’antitoxine, avait cessé. Les expériences ci-dessus ne confirment pas seulement l’exception- nelle puissance d’aclion de l'hyperthermie comme moyen adjuvant de l'infection tétanique chez le cobaye. Elles permettent également de déduire une conclusion relative à l'emploi de la sérothérapie préventive chez l'homme. Dans l'analyse et l'interprétation des résultats que peut donner le sérum injecté préventivement, il faut tenir compte de l’état général du patient lui-même, ainsi que des infections ou des intoxica- tions antérieures auxquelles il a pu être soumis. Ces dernières conditions peuvent intervenir et apporter avec elles leur coefficient de gravité. Elles peuvent contrebalancer, par un mécanisme encore incertain, le pouvoir protecteur, cependant si efficace, du sérum antitoxique. CULTURES HOMOGÈNES DU B. MESENTERICUS (Troisième note), par LAFFORGUE. Dans une précédente note, nous avons étudié deux modifications remarquables observées dans les cultures de B. mesentericus : la disloca- tion des matières albuminoïdes du milieu et l’augmentation de l'alcalinité. Reste à étudier un troisième facteur : l’accroissement du pou- voir oxydant. Celui-ci est mis en évidence par l'oxydation de l'hydro- quinone et du pyrogallol, suivant la technique: ci-après : à deux centimètres cubes d’une solution d'hydroquinone à 1 p. 100, on ajoute, dans un tube à essai, cinq gouttes de la culture ou du filtrat. Un virage au rose, au rouge, au rouge brun foncé se produit, d'autant plus rapide et accusé que le pouvoir oxydant est plus manifeste. Ce pouvoir est d'ailleurs susceptible de mensurations mathématiques grâce à une échelle colorimétrique de comparaison, véritable échelle d’oxydation : celle-ci est réalisée par une série de tubes préparés en même temps que le tube en expérience et dans lesquels on ajoute, pour une même quan- tilé d’hydroquinone (deux centimètres cubes), des proportions progres- sivement croissantes (I, IT, IL, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X gouttes) de solution décinormale de soude. Le pouvoir oxydant est mesuré par ce procédé toutes les vingt-quatres heures à partir de l’ensemencement. 1196 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Voici les résultats obtenus : «) Le pouvoir oxydant s'accroît dans la culture suivant une progression très régulière, à peu près toujours la même. b) 11 y a un rapport sensiblement constant entre le chiffre qui exprime l'alcalinité de la culture et celui qui représente son pouvoir oxydant. c) Soit un bouillon alcalinisé artificiellement par NaOH au taux de 1 p. 1000 par exemple et une culture ayant atteint le même taux d'alca- linité : léurs pouvoirs oxydants sont sensiblement identiques. Ceci fait pressentir que le pouvoir oxydant est fonction de l'alcalinité. À l'appui de cette conclusion viennent les faits suivants: 4) Le pouvoir oxydant n'est pas un attribut nouveau acquis par le bacille en cours de végétation, en vertu duquel il pourrait se comporter non plus seulement comme fixateur d'oxygène sur sa propre substance, mais encore comme vecteur de ce gaz. En effet, à doses égales et au même stade d'évolution, la culture et le filtrat (dépourvu de bacilles) ont le même pouvoir oxydant. e) On ne peut pas invoquer non plus la présence d’une oxydase. En effet, le filtrat porté à 115° degrés 0 garde tout son pouvoir : une oxydase ne résisterait pas à pareille température. De plus, si on traite la culture ou le filtrat par l’alcool absolu pour entraîner par précipitation celte oxydase hypothétique, le précipité retenu sur filtre ne présente aucun pouvoir oxydant particulier. Il résulte donc d’un ensemble concordant de faits que c’est l’alcalini- sation du milieu qui explique son pouvoir oxydant. f) Un pouvoir oxydant minimum (au même titre qu'une alcalinité minima) est indispensable à la production des cultures homogènes. En effet, si l’on abaisse le pouvoir oxydant du filtrat, soit indirectement en diminuant l’alcalinité, soit directement en l’additionnant d'un corps réducteur (par exemple une goutte d'hydroquinone pour cinq centimètres cubes), le filtrat perd son aptitude à fournir des cultures homogènes et le voile reparait. | Comment ces observations précédentes peuvent-elles expliquer l’'homogénéité des cultures? Voici — et c’est la seule part que nous voulions réserver à l'hypothèse — l'interprélation qui nous apparait comme logique : 4° La végétation du B. mesentericus en bouillon de viande peptonisé produit une décomposition des matières albuminoïdes (quelques faits nous permettent de croire qu'il s’agit d'une digestion véritable in vitro). — 2° Parmi les dérivés des albuminoïdes ainsi formés, quelques-uns, de réaction alcaline, élèvent par JOUE présence et l'alcalinité et le pouvoir oxydant du milieu. 3° L'accroissement du pouvoir oxydant (avec sa genèse spéciale, en quelque sorte spécifique) permet au bacille de vivre avec moins d'oxygène, de se contenter, en l'utilisant mieux, de l'oxygène dissous, sans avoir besoin de recourir à l'oxygène de la surface. De là, selon nous, SÉANCE DU 29 JUIN 1197 l'absence de végétation superficielle, la disparition du voile et la répar- tition homogène du microbe dans la culture. £ (Travail du laboratoire de Bactériologie de l'Ecole de santé militaire, de Lyon). SUR LA DIGESTION DES GLUCOSIDES ET DES HYDRATES DE CARBONE CUEZ L'ÉCREVISSE, par J. Graga et M. Gompez. Les expériences relatées dans cette note ont été faites avec le suc digestif qu'on trouve ordinairement dans l'estomac de l'écrevisse (Astacus leptodactylis Eschholz). Pour recueillir ce suc, nous sondions par la bouche les animaux vivants, à l'aide d'un tube effilé; en aspirant lègèrement on vide faci- lement l’estomac de son contenu. Ce procédé a le double avantage de fournir une sécrétion physiologique normale et de permettre d'utiliser plusieurs fois les mêmes individus. Le suc digestif ainsi obtenu était toujours franchement acide. Nous avons étudié son action sur les corps suivants : 1° Lactose. — On met en contact, pendant quarante-huit heures à _l'étuve à 40 degrés, 40 centimètres cubes d'une solution de lactose à 2 p. 100 avec 5 centimètres cubes de suc digestif d'écrevisse, plus un anüseptique (toluène, thymol). D’autlre part on fait dans les mêmes conditions un témoin avec suc bouilli, plus solution de lactose, et un autre avec suc normal, plus eau distillée. Au bout de quarante-huit _ heures on défèque les liquides par le nitrate mercurique et on fait les osazones. Le lactose qui à été en contact avec le suc normal est hydro- 1ysé : de nombreux glucosazones se forment à chaud. Les deux témoins ne donnent pas d'osazones à chaud. Donc, de même que l’escargot (1) J’écrevisse possède de la lactase. 2 Raffinose. — La raffinase, qui à été signalée pour la première . fois chez les animaux, par Bierry et l’un de nous (2), chez les mollusques ‘terrestres existe également dans le suc digestif de l’écrevisse. _ 3° Saccharose, amidon et maltose. — Stamati (3) à remarqué que le suc digestif de l'écrevisse recueilli par fistule permanente avait la (1) Bierry et Giaja, Comptes rendus de la Société de Biologie, 24 novembre 1906. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 24 novembre 1906. (3) Stamati, Comptes rendus de la Société de Biologie, T janvier 1888, el Bull. Soc. Zool., 13, 1888. 1198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FN propriété de transformer l’amidon en glucose et d’intervertir le sucre de canne. Nous avons obtenu les mêmes résultats avec le suc digestif recueilli par le procédé que nous avons indiqué plus haut. Nous avons aussi constalé qu'en faisant agir ce suc sur le maltose, celui-ci élait facilement hydrolysé. Nous ferons remarquer à ce propos qu'il ressort de nombreuses expériences que nous avons faites chez différents animaux (mollusques, céphalopodes, échinodermes, amphibiens, pois- sons) que les deux ferments, amylase et maltase, se trouvent toujours ensemble, et jamais l’un sans l'autre, qu’il s'agisse de liquides digestifs ou de macérations de différents organes. ° Glucosides. — R. Kobert (1) a signalé dans le sang d’un crustacé (Maja squinaodo) un ferment dédoublant lentement plusieurs gluco- sides. Le suc digestif de l'écrevisse s’est montré très actif envers certains glucosides. En mettant en contact, à l’étuve à 40 degrés, 3 cen-. timètres cubes de suc avec 30 centimètres cubes d’une solution d'amyg- daline à 40 p. 100, le liquide dégage au bout d'une heure l'odeur d'essence d'amandes amères, et réduit la liqueur de Fehling. Le suc digestif de l'écrevisse s'est montré actif sur les glucosides suivants : amygdaline, salicine, hélicine, coniférine, arbutine, populine et phloridzine. Par contre, il est sans action sur la quercitrine, la convolvuline, la solanine et le myronate de potasse. Conclusions. — Le suc digestif de l’écrevisse hydrolyse le Fe le raffinose, l’amidon, le mallose et plusieurs glucosides. Il est sans action sur le myronate de potasse, (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) RE CHERCHES SUR UN SÉRO-DIAGNOSTIiC DU KYSTE HYDATIQUE PAR LA MÉTHODE DES PRÉCIPITINES, par GC. FLeiG et M. LisBONNE. ; Dans l’idée que les produits de sécrétion d’origine parasitaire devaient susciter de la part de l’organisme, tout comme les produits d’origine microbienne, diverses réactions de défense, nous nous sommes demandé si, dans les cas de maladies parasitaires à évolution kystique entre autres, il n'y aurait pas formation dans les humeurs de précipitines spé- cifiques. Dans un but de diagnostic, en particulier, nous avons recher- ché si le sérum des individus porteurs de kyste hydatique était doué de propriétés précipitantes vis-à-vis du liquide de ces kystes et examiné (1) R. Kobert, Pflüger’s Archiv, 99, 1903. SÉANCE DU 29 JUIN 1199 corrélativement si la même réaction précipitante ne pourrait pas être provoquée chez les animaux soumis à des injections de produits hyda- tiques (liquide ou membrane). C'est à la suite des récentes publications de divers auteurs sur la recherche d'anticorps dans le sérum de l'homme ou de l'animal atteints d'échinococcose, que nous sommes amenés à indi- quer dès à présent les résultats de nos recherches entreprises depuis le mois de novembre dernier. Dans cet ordre d'idées, Ghedini |1) vient de conclure à l'existence dans le sérum, dans deux cas chez l'homme, d'anticorps spécitiqnes qu'il met en évi- dence au moyen de la méthode de Bordet-Gengou dont on connaît la fech- nique compliquée. D'autre part, Jœst (2) et Gherardini (3), chez les animaux échi- nococciques (bœuf et mouton), n'ont pu mettre en évidence, dans le sérum, aucune réaction précipitante, pas plus du reste que chez les animaux de labo- ratoire soumis à des injections de liquide hydatique. Nos expériences nous ont permis de reconnaitre l’existence certaine d’une précipitine spécifique, d'une part dans le sérum d'un individu atteint de kyste hydatique, et d'autre part dans celui des animaux préparés par des injections de produits hydatiques. A 2 cc. de liquide hydatique, on ajoute XII gouttes de sérum d’un enfant porteur d’un kyste hydatique du foie; le mélange est mis à l’étuve à 40-420. Le liquide, limpide, présente après 1 h. 5 un précipité floconneux, assez volu- mineux, qui se tasse légèrement au fond du tube et dont l’aspect rappelle celui des précipitines. D'autre part, en pratiquant chez l’animal des injections successives intra- péritonéales de produits hydatiques d’origine humaïne, on provoque aussi l'apparition dans le sérum de précipitines qu’on met en évidence de la même manière. Il en est ainsi pour le sérum d'un lapin qui avait recu, en trois injections espacées de six en six jours, 130 c.c. de liquide d’un kyste hyda- tique, et pour celui d'un canard préparé par une série de quatre injections du liquide d’un autre kyste hydatique (à raison de 100-120 c.c. chaque fcis, soit 440 c.c. en dix-sept jours); de même pour le sérum d’un lapin auquel nous avons injecté en trois fois 40 grammes de macération de membrane hydatique dans l’eau salée (au cinquième). . Ces résultats ne peuvent s'interpréter évidemment que par la forma- tion de précipitines dans le sérum, ce que confirme d’ailleurs l'étude des diverses propriétés qui caractérisent ces réactions. PROPRIÉTÉS DES PRÉCIPITINES DU SÉRUM, CHEZ L'HOMME PORTEUR DE KYSTE HYDA- mQuE. — La proportion de VII à XII gouttes de sérum pour 2 c.c. de liquide hydatique nous a paru la plus favorable à l'obtention de la précipitation qui (4) Gazzelta degli ospedali et delle cliniche, 23 décembre 1906, p. 1616, et anvier 1907, p. 53. | (2) Zeitschr. f. Infectionskrankheiten..…. der Haustiere, 23 novembre 1906. (3) IL moderno Zooiatro, 15 novembre 1906 au 27 décembre 1906, n° 46 à 52. 1200 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s’est ainsi effectuée au bout de { h. 5. Si l’on diminue la quantité de sérum, la précipitation est de plus en plus retardée dans son apparition; cependant, Il gouttes de sérum pour la même quantité de liquide sont encore suffisantes pour la provoquer au bout de 4 heures. L'optimum de température est à 40-42 degrés, la précipitation ne se pro- duisant plus qu'au bout de six heures au-dessous de 35 degrés; une tempé- rature de 45-48 degrés n’augmente pas l'intensité de la réaction. Nous avons constaté, après l’extirpation du kyste, une très rapide perte du pouvoir précipitant du sérum : deux jours après l'opération, la réaction se produit au bout d'une heure environ, sept jours après, au bout de deux heures trente; au quinzième jour, elle n'apparaît plus qu'après trois heures trente et nous ne l’avons plus retrouvée au bout de la troisième semaine. L'absence de précipitation du liquide par le sérum d’individu normal, par celui d'individus atteints de maladies infectieuses ou autres, même à locali- sation hépatique (abcès, syphilis, cancer), plaide assez en faveur d’une spéci- ficité de la précipitine. Le chauffage du sérum à 65-68° ne détruit pas l'anticorps, tandis que le chauffage préalable du liquide à 61° pendant 20 minutes empêche la réaction (on sait qu'un des caractères des précipitines est leur destruction vers 0°). PROPRIÉTÉS DES PRÉCIPITINES DU SÉRUM D'ANIMAUX IMMUNISÉS. — On retrouve dans ces sérums, en suivant la même technique, des propriétés identiques; la préci- pitation demande seulement un temps plus long pour se produire (quatre heures dans les conditions optima avec le lapin, huit heures avec le canard). Une série d'expériences nous a montré en outre que le liquide hydatique était précipité non seulement par le sérum d'un animal injecté avec du liquide, mais encore, quoique moins rapidement, par celui d'un animal immunisé au moyen de l'extrait de membrane. De plus, le sérum de canard avec le liquide d’un kyste précipite aussi bien le liquide d’un kyste différent. La spécificité de la précipitation, ici encore, ne peut être mise en doute, car le sérum d'animaux normaux ou atteints de maladies parasitaires, ou pré- parés en vue d'obtenir d’autres précipitines (pour le liquide d’hydrocèle, par exemple), reste sans effet sur le liquide hydatique. En présence de la netteté du pouvoir précipitant du sérum dans le cas où il nous a été permis de Le rechercher, il y a lieu de penser qu il s’agit là d’une réaction générale décelable dans les cas de kystes hydatiques simples (1), localisés en divers points. Nos recherches, si limitées actuel- lement par la pénurie extrême de nos cliniques en kystes hydatiques, amorcent une nouvelle méthode de diagnostic à laquelle l'examen de cas multiples pourra seul apporter une sanction définitive. Le seul point délicat de la technique semble résider dans la difficulté qu'il peut y avoir à s'assurer une provision de liquide hydatique en vue de le conserver, après l'avoir réparti en petites ampoules. Qu'il nous suffise d'ajouter que du liquide recueilli aseptiquement au mois de février s’est parfai- (1) Il sera à voir si les kystes suppurés ou dégénérés provoquent la même réaction. SÉANCE DU 29 JUIN 1201 _ tement conservé pendant quatre mois et que plus particulièrement sa précipi- tation par un sérum actif se faisait encore au bout du deuxième mois (1). Grâce à cette méthode simple de séro-diagnostic, nous avons pu rejeter formellement les diagnostics de kyste hydatique du foie, de la rate, etc., que plusieurs cliniciens éminents de nos hôpitaux et de ceux de Marseille avaient cru devoir porter d'après le tableau clinique. Chaque fois la laparotomie a confirmé notre diagnostic. Ultérieurement, nous développerons en détail-les divers points de nos recherches, sans doute, espérons-le, à la lumière de nouveaux cas. (Laboratoire de physiologie et laboratoire des cliniques de la Faculté de Médecine de Montpellier.) PROCÉDÉ D'ACCÉLÉRATION DES COLORATIONS LENTES PAR LE COURANT ÉLEC- TRIQUE. APPLICATION AU SPIROCHÈTE AVEC COLORATION EN CINQ A DIX MINUTES PAR LE GIEMSA SUR FROTTIS, par Foix et MALLEIN. Nous avons eu l’idée de rechercher si, en faisant passer un courant électrique dans une solution colorante, on ne pourrait pas activer cer- taines colorations. Sans entrer dans la discussion théorique du mode d'action de l'électricité, voici les résultats que nous avons obtenus : Technique employée. — Nous nous sommes arrêtés, après quelques tätonnements, au dispositif suivant, des plus simples d’ailleurs, source _ d'électricité : deux piles au bichromate ou 6 Leclanché L donnant environ 4 volts. On se sert d'une petite cuve en porcelaine à 4 ou 6 rainures. Des plaques de fer de dimensions convenables sont immergées aux deux extrémités de la saillie formée par les rainures. Les lames étant pla- cées dans ces rainures sont perpendiculaires aux électrodes. Grâce à ce dispositif la résistance est inférieure à celle qui se produirait si les élec- trodes placées dans les rainures extrêmes se trouvaient disposées parallèlement aux lames. Résultats obtenus. — Nos recherches ont porté surtout sur le spiro- … chète en frottis. Fixation à l'alcool méthylique (dix minutes environ) et lavage soigneux à l’eau distillée. Coloration par le giemsa au 5°, cinq à dix minutes. (4) Depuis cette époque, nous n'avons plus eu l'occasion d’expérimenter _ avec des sérums actifs. BiocoeiEe. Coupes RENDUS. — 1907. T. LXII. 83 1202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Par ce procédé les spirochètes pallidus sont colorés très nettement d’une couleur violacée, les refringens sont colorés d’une façon intense. Les globules blancs ont un noyau violet brun ou bleu noir. Les globules rouges n’ont pas la teinte rosée que donne le giemsa ordinaire; ils sont parfois verts; dans les préparations qui nous ont paru les meilleures, ils sont bleu pâle. Pour obtenir de bons résultats, il est indispensable que les frottis soient bien étalés pour éviter la surcoloration du fond et que le bain soit assez récent, celui-ci s'épuisant sous l'influence d’un courant prolongé. Nous avons également essayé le giemsa au vingtième; il donne en vingl minutes ou une demi-heure, selon le cas, une coloration iden- tique à celle que donne le giemsa en vingt-quatre heures. Cependant, la méthode par le giemsa au cinquième nous parait être la méthode de choix. D'autre part, nous avons appliqué notre méthode à d’autres colora- tions, en particulier à celle du bacille de Koch par le ziehl à froid avec décoloration par l'acide nitrique au tiers. Dans ces conditions, en 10 minutes, le bacille de Koch s’est montré parfaitement coloré. Ces dernières recherches sur le bacille de Koch et celles que nous avons entreprises sur d’autres sujets sont encore trop peu nombreuses pour nous permettre de conclure d'une façon ferme. Néanmoins les résultats déjà obtenus nous semblent indiquer que cette méthode est susceptible d'application générale. (Travail du laboratoire de M. le D' Thibierge, à l'hôpital Broca.) À PROPOS DE L'INDÉPENDANCE DES LOBES DU FOIE, par BrissAup et BAUER. Dans un récent travail (1) M. Sérégé étant venu défendre à nouveaula théorie de l'indépendance anatomique et fonctionnelle des lobes du foie, nous ayons entrepris de nouvelles recherches susceptibles d’élu- cider le problème. Si le lobe gauche du foie est indépendant du lobe droit, celui-ci ré- pondant à l'intestin, celui-là à l'estomac et à la rate, à la suite d’une injection d'encre de Chine dans la rate, les particules noires doivent être entrainées exclusivement dans le lobe gauche. Or, les choses ne se passent pas ainsi. En effet, MM. Chauffard et Castaigne (2), qui, dans (1) Sérégé. Nouvelle contribution à l'étude de l'indépendance des lobes du foie. Gaz. hebdom. des Sc. médicales de Bordeaux, n° 14, 15 et 16, 1907. (2) Archives de médecine expérimentale, juin 1901. tr SÉANCE DU 29 JUIN 1203 pe cours de leurs recherches sur les lésions expérimentales du foie d'origine splénique, ont injecté du carmin ou de l'encre de Chine dans la veine splénique, dans la rate, dans l'artère splénique du chien, ont constaté la dissémination des particules colorées par tout le foie. Le - compte rendu de l'examen histologique du chien 3 — seul assez expli- …._ cite au point de vue qui nous intéresse ici — porte que sur toutes les | coupes faites dans les divers lobes du foie de ce chien, examiné cinq - jours après injection en pleine rate de 1 centimètre cube de sérum chargé de carmin, on retrouvait des particules de carmin. Nous avons repris cette expérience avec toutes les précautions néces- - saires, et nous avons constaté, de facon indiscutable, que les particules … d'encre de Chine injectées dans la rate se disséminent dans le foie tout entier. Chez un lapin, non endormi, on fait une petite incision sur la - ligne médiane permettant d'attirer la rate au dehors. On injecte dans son parenchyme, aussi loin que possible du hile, par exemple à la face externe de l'extrémité antérieure, une gouttelelte d'encre de Chine, en ayant soin de ne laisser échapper aucune particule d'encre. Lorsque la piqüre faite à la rate ne saigne plus, l'organe est replacé dans la cavité . abdominale, la paroi estsuturéeet l’animal est remis dans sa cage. Si, trois heures après l'injection, on examine à l'œil nu le foie d’un animal ainsi traité, il semble qu'aucune parcelle noire n’ait pénétré dans cet organe; en réalité, l'examen microscopique des diverses parties des lobes permet de constater que partout, aussi bien dans le lobe droit que dans le lobe gauche, en plein centre et sur les bords, quelques particules d'encre peuvent être retrouvées. Si l'examen du foie est réalisé vingt-quatre heures après l'injection, -on voit, à l'œil nu, que l'encre de Chine s’estrépandue par tout l'organe. On ne peut soutenir que la dissémination des particules s’est faite, non par la voie directe de la veine splénique à la veine porte et au foie, “ mais par la voie de la circulation générale, puisque sur les coupes de . poumon et de rein de nos animaux nous n'avons pas-retrouvé d’encre “de Chine. C'est là, d’ailleurs, un fait qui avait aussi été reconnu par - MM. Chauffardet Castaigne Ére HA) - Ces observations, qui corroborent les résultats obtenus à l'aide des … injections de gélatine colorée, ne sont guère favorables à la théorie de l'indépendance des lobes du foie. Ce ne sont ni les considérations phy- ._ siques, ni les considérations embryologiques, invoquées en faveur de … celte théorie, qui suffisent à atténuer la valeur des faits observés chez . l'animal vivant adulte. 1294 SOCIÉTÉ DE BIOLGGIE LE PASSAGE DU CHLORURE DE SODIUM A TRAVERS LES SACS DE COLLODION. UNE ANOMALIE DE DIALYSE, par HENRI Iscovesco et À. MATza. Tout le monde croit que lorsqu'on met dans un sac en collodion une solution saline et qu'on plonge ce sac dans de l'eau distillée, la solution contenue dans le sac s’appauvrit graduellement jusqu’à ce qu'il y ait concentration égale à l extérieur et à l’intérieur du sac. L'égalisation de concentration saline est un phénomène d'une vitesse assez grande : un sac de collodion formé de trois couches et contenant à l’intérieur une vingtaine de centimètres cubes d’une solution de NaCl à 16 p. 1.000, plongé dans environ 200 centimètres cubes d’eau dis- tillée, laisse passer le sel assez vite pour qu'il y ait égalité de concentration saline de l’eau extérieure et intérieure au bout d'environ vingt-quatre heures. Si on étudie le phénomène assez longtemps, on observe un fait qui a passé tout à fait inaperçu jusqu'à ce jour, qui nous a paru à nous- mêmes tellement paradoxal que nous avons cru au début à une erreur expérimentale, mais que nous avons retrouvé avec une telle constance, que nous ne pouvons hésiter à le faire connaître, vu le nombre consi- dérable de nos mesures. , Voici brièvement exposé en quoi consiste le fait sur lequel nous. sommes tombés. On prend un sac en collodion simple qu’on fait en plongeant successivement trois fois dans du collodion à 5 p. 100 un tube cylindrique de 4 centimètres de diamètre. On décolle ensuite le sac ainsi formé et on le lave dans de l’eau distillée. Ce sac est fixé autour d’un tube de verre et il sert aux expériences de dialyse. Si on met dans un tel sac une solution de NaCI à 8 ou 16 et plus par mille, et qu'on le plonge dans de l’eau distillée, on constate, en faisant des prises successives en dedans et en dehors du sac, que la conduc- tivité intérieure diminue progressivement alors que la conductivité électrique extérieure subit au contraire une augmentation graduelle. Les deux phénomènes inverses continuent jusqu à ce qu'il y ait égalité de conductivité extérieure et intérieure, jusqu à ce que les deux liquides soient isotoniques, ce qui à lieu suivant les sacs dans un délai qui ne dépasse guère vingt-quatre heures. Mais si, à partir de ce moment, on continue à étudier la conductivité, on constate qu'une fois atteint, l'état isotonique ne se maintient pas. La conductivité extérieure continue à augmenter, tandis que l'intérieure continue à diminuer, et on arrive facilement à ce que le liquide exté- FEES Am L'ELE DENT ESS RL PART Sr pee DS 7 SÉANCE DU 29 JUIN 1205 . rieur ait une conductivité une fois et demie et même deux fois plus grande que celle du liquide intérieur. Il semble donc que le sac en collodion continue à extraire le sel de l'intérieur, pour le verser à l'extérieur, malgré que l'égalité de concen- trations salines intérieure et extérieure se soit établie. Il se passe donc là comme une sorte de sécrétion de sels. Ce phénomène atteint son maximum quarante à soixante-douze heures après le début de l’expé- rience. Maïs ce maximum une fois atteint il n y a pas encore repos. On assiste de nouveau à un troisième phénomène, retour des sels de l'extérieur plus concentré vers l’intérieur, retour à l'équillibre et à l'égalité qui s'établit à nouveau après vingt-quatre heures environ. Nous avons observé quelquefois, dans ce mouvement de retour des sels, une deuxième augmentation de concentration inverse cette fois et beaucoup plus petite, de sorte qu'au bout d’un certain temps la concen- tration interne devient très légèrement supérieure à la concentration extérieure. On assiste ainsi à un mouvement de va-et-vient des sels de l'intérieur vers l'extérieur, d’oscillations de concentration, à amplitude de plus en plus petite, jusqu’à atteindre l’équilibre parfait. Avant de donner les chiffres et les résultats numériques, qu'il nous soit permis d'ajouter que nous avons varié de toutes les manières pos- sibles ces expériences, et que nous avons fait toujours les mêmes constatations. Nous avons cherché à savoir si l’âge du sac en collodion jouait un rôle. Nous avons essayé des sacs faits depuis une heure, jusquà des sacs faits depuis onze jours et lavés continuellement, et toujours avec les mêmes résultats. à Nous avons essayé s’il existait aussi une différence entre les deux surfaces du sac, et nous avons répété l'expérience avec des sacs re- tournés, le résultat à été le même. Enfin, nous avons varié les sels, et les résultats que nous allons communiquer dans une prochaine séance ont été encore les mêmes. < Le phénomène est donc général, et il semble que nous nous trouvons en présence d'un phénomène physique particulier. Nous nous proposons de rechercher ce phénomène pour d’autres membranes que celles en collodion. Nous le eroyons général. Avant de donner les protocoles de nos expériences, nous tenons à ajouter que dans beaucoup de cas nous ne nous sommes pas contentés des mesures de conductivité électrique des liquides extérieurs et inté- rieurs pour comparer les concentrations salines, mais que nous avons aussi dosé le NaCI extérieur et intérieur au moyen d’une solution titrée N/100 de AgNO', et, comme on pourra le voir d'après nos chiffres, ces analyses ont absolument confirmé nos résultats. En résumé, donc, un sac de collodion contenant une solution de NaC et plongeant dans de l’eau distillée crée autour de lui un milieu à con- 1206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE centration saline supérieure à celle du milieu qui se trouve dans son intérieur. Ce phénomène est transitoire, présente un maximum où les différences de concentration peuvent aller jusqu'à être entre elles comme ! à 2. Maintenant voici nos chiffres qui seront publiés dans la prochaine séance. | (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) RÔLE GÉNÉRAL ET FONCTION PÉRIVASCULAIRE DES CELLULES CONNECTIVES RHAGIOCRINES CLASMATOCYTIFORMES, par J. RENAUT. J'ai fait voir depuis longtemps que dans les membranes connectives, en particulier dans l’épiploon du lapin, du cobaye, etc., on peut aisé- ment montrer tous les intermédiaires entre une cellule connective embryonnaire, rhagiocrine ronde et migralile, et les cellules fusiformes ou rameuses décrites autrefois par Ranvier sous le nom de « clasmato- cytes ». Les clasmatocytes de Ranvier ne sont, à vrai dire, autre chose qu'une forme particulière des cellules connectives jeunes, restant indé- finiment (semblerait-il de prime abord) douées d’une certaine mobilité dans le tissu conjonctif, bien que ne possédant plus la large migratilité primitive. En tout cas, elles ne développent pas autour d'elles ce que j'ai appelé un champ de fixation : ce sont des cellules qui, bien que par- fois fournies de branches multiples, sont restées relativement libres. . En divers points, la marge de leur protoplasma bourré de grains émet une série de petites épines hyalines courtes et aiguës, répondant à de petits pseudopodes particuliers à action très lente; c’est pourquoi on ne les voit pas bouger sur la platine chauffante. Cependant, il est certain que ces cellules-là effectuent des migrations dans la substance fonda- mentale continue du tissu conjonctif; seulement elles le font à vitesse extrèmement réduite. À. — Parmi ces cellules clasmatocytiformes, qui gardent sinon indé- finiment, du moins très longtemps, avec leur motilité, une activité sécrétoire très développée, un grand nombre continueront à parcourir très lentement les espaces conjonctifs. Elles y exerceront certaines fonctions, dont l’une au moins en sus de leur pouvoir glandulaire nous est bien connue : c’est l’activité phagocytaire, aisément attestée par les enclaves variées que renferment constamment certaines de ces cellules (par exemple dans l’épiploon non fenêtré du lapin, du chat, etc.). En revanche, elles ne font jamais de « clasmatose » telle que l’entendait Ranvier. Elles ne détachent pas, pour les semer dans le tissu conjonctif Eh Arias PRE ‘ PEN PRÉ AA M A SL 2 à SÉANCE DU 29 JUIN 1207 comme des pabula, de façon régulière des bourgeons chargés de grains de ségrégation mürs. Ce sont là aussi essentiellement des éléments rhagiocrines de réserve, prêts à revenir, sous la moindre excitation irritative, à la forme ronde et à la mobilité très accusée. B. — En outre et en dehors de tout cela, les rhagiocrines clasmatocy- tiformes ont au moins une autre fonction, celte fois-ci d'ordre morpho- logique et évolutif. Elles sont l'origine d’abord, puis ensuite l’instru- ment de renforcement et d’augment de ce qu’on appelle communément le « périthélium » des vaisseaux sanguins de petit calibre, puis de la gaine connective périvasculaire ou adventice des vaisseaux des deux ordres, artériels et veineux. Voici, — étudié dans l’épiploon, — le jeu des cellules clasmatocyti- formes dans ce cas. Tout d’abord, les jeunes vaisseaux de la première poussée, qui ont tous la structure de gros capillaires embryonnaires indifférents quelle que soit leur fonctionnalité, soit artérielle, soit vei- neuse ou capillaire, et bien plus tard ensuite les plus jeunes vaisseaux en voie de végétation pour s'étendre, n’ont absolument point de péri- thélium. Celui-ci est fourni, un peu plus tard, aux vaisseaux plus âgés par des cellules rhagiocrines clasmatocytiformes types, qui peu à peu se montrent orientées loin, parallèlement au sens de marche du vais- seau, puis rangées en double file et à distance de lui, enfin se dis- posent à sa surface. Et l’on peut ériger en loi que, lorsqu'un vaisseau possède un péritliélium formé d'une seule assise de cellules, ces cellules sont toujours des rhagiocrines clasmatocytiformes, exercant une double activité, glandulaire et phagocytaire, intense. Une fois appliquées sur la paroi, les cellules rhagiocrines clasmatocy- tiformes se fixent là, y opèrent sur nombre de points des mitoses diffé- renciatrices. Il en résulte de jeunes cellules connectives fixes propre- ment dites, et une assise de l’adventice. Cette dernière s'accroît par l’arrivée de nouveaux contingents de rhagiocrines clasmatocytiformes évoluant comme le premier, mais en retard sur lui. Ainsi de suite. On peut aisément assister, en remontant de l'extrémité des fusées vascu- laires d'une jeune nappe connective au pied de celles-ci, à la composi- tion progressive de l’adventice périvasculaire par le jeu des rhagiocrines fusiformes de successive venue, et donc de maturité inégale. En revanche, ce qu'on ne voit jamais, c’est l'extrémité d’un vaisseau ou une pointe dite « d’accroissement » se terminer par une rhagiocrine fusiforme ou stellaire, et encore moins l'extrémité du vaisseau creuser une rhagiocrine, reconnaissable d'emblée à ses grains de ségrégation, pour étendre aux dépens de celle-ci la lumière vasculaire. La distinction entre les deux éléments, ceux des pointes d’accroissement filiformes, rameuses ou non, semées de noyaux, et les cellules connectives de signi- fication périthéliale ou autre, est d'ailleurs facile à faire (par exemple sur l'épiploon du lapin de quarante-cinq jours où toutes les cellules Sn te SDS ET 1208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE connectives, sans exception, sont rhagiocrines). On y reconnait les éléments conjonctifs à ce qu'ils renferment des grains de ségrégation envacuolés, les éléments vasculaires à ce qu’ils n’en renferment jamais. Lés uns sont toujours, à un moment donné, rhagiocrines, les autres ne le sont à aucun moment. Et il est tout aussi facile de faire voir que jamais ils ne sont même mis en continuité les uns avec les autres par fusionnement cytoplasmique. J'en conclurai qu’en écrivant récemment: « Le rôle vasoformateur de certaines cellules conjonctives est donc bien un fait acquis », puis en faisant jouer un rôle dans l'extension des vais- seaux sanguins aux cellules fusiformes satellites de ceux-ci, J. Jolly (1) a produit non pas la démonstration d’un fait acquis, mais une assertion qui n’est pas justifiée par les faits actuellement acquis. (Laboratoire d'anatomie générale de la Faculté de médecine de Lyon.) M. Jozcy. — L’argument qu'apporte M. Renaut contre la participation des cellules conjonctives à l'accroissement des vaisseaux ne résout pas la question, puisque, de l'avis même de M. Renaut (Congrès d'analomie de Genève, 1905) la fonction rhagiocrine n'est qu'un épisode transi- toire de l’évolution de la cellule conjonctive. Jusqu'à plus ample démonstration, je conserve donc l'opinion de Ranvier, que M. Renaut considère comme erronée. ÉTUDE HISTO-CHIMIQUE DES SÉROSITÉS LACTESCENTES, par ANDRÉ JOUSSET et JEAN TROISIER. On sait aujourd’hui que les sérosités opalescentes ou lactescentes de l'organisme (sérum lactescent, ascites et pleurésies chyliformes) doivent leur aspect à une surabondance de fines particules émulsionnées dans ces liquides et que dans l'immense majorité des cas il s’agit là, contrai- rement à ce qu'avaient supposé les premiers auteurs (2) qui se sont occupés de la question, d'éléments de nature ternaire et non protéique. L'un de nous (3) s’est, dans sa thèse inaugurale, attaché à cette démons- tration à l'aide de dosages chimiques rigoureux. Restait à prouver | (1) J. Jolly. Recherches sur la formation des globules rouges des mammi- fères. Archives d'anatomie microscopique, t. IX, fasc. 2, p. 164, 1907. (2) Widal et Sicard. Bull. et Mém. de la Soc. méd. des h6p. de Paris, 1896, p. 769. n° (3) André Jousset. Des humeurs opalescentes de l'organisme, Thése de Paris, 1901, p. 119 et suiv. Jo TE OR SM A on MA AE 65 7 as U ms SÉANCE DU 29 JUIN 1209 directement par des artifices histologiques la nature graisseuse de ces granulations libres. On doit à Gilbert et Jomier (1) une tentative de démonstration de ce genre. Ces auteurs se sont habilement servis de l'acide osmique qui, grâce à un ingénieux tour de main, leur a permis de colorer en brun ces corpuscules. Malheureusement on n'est nulle- ment autorisé à considérer la réduction osmiée comme caractéristique des corps gras. Il est parfaitement avéré aujourd'hui que la réaction brune ou même noire se produit avec d’autres substances que les graisses (myéline, substances protéiques, etc.); nous avons dû, pour des raisons de même ordre, rejeter l’emploi de la teinture d’orcanette et du bleu de quinoléine. Aussi avons-nous repris la question en nous ser- vant cette fois d'un colorant dont les travaux de Daddi (2), de Rieder (3) ont démontré la spécificité chromatique absolue, le Soudan III. Ce com- posé diazoïque donne en solution alcoolique forte aux gouttelettes de graisse une coloration rouge orangée, une teinte grenadine des plus belles. Son emploi présente toutefois certaines difficultés dont on ne triomphe qu'à l’aide des précautions suivantes : on doit, en effet, sous peine d'amener des précipitations amorphes ou cristallines de la matière colorante, mélanger la solution de Soudan et la sérosité lactes- cente dans des proportions telles que le titre alcoolique du mélange dépasse 60 p. 100 ; par contre, avec des solutions trop riches en alcool, on s'expose à précipiter les albumines de l’exsudat pathologique à essayer. D'autre part, enfin, comme Daddi l’a depuis longtemps démontré à propos des coupes de tissus, on ne doit pas songer à utiliser des préparations sèches, le colorant n’agissant plus dans ces conditions. Aussi avons-nous procédé de la facon suivante. Le sérum recueilli aseptiquement est conservé plusieurs jours dans des tubes à essai sté- riles. Du fait de leur légèreté, les granulations graisseuses se réu- nissent à la surface sous forme d’un disque ou d’un anneau blan- châtre, crémeux, en même temps que le liquide sous-jacent se clarifie. C'est dans cette zone opaque que l’on plonge une pipette capillaire afin de prélever une fine gouttelette de cette émulsion épaisse que l’on dispose sur une lame porte-objet. Au voisinage on déposera avec une _pipetle jumelle deux gouttelettes analogues d'une solution saturée de Soudan III dans l'alcool à 95. On recouvre le tout d’une lamelle et on examine à l'immersion. Lames, pipettes et lamelles devront être parfai- tement nettoyées et exemptes de matières grasses, tant est sensible l’affinité du Soudan pour les moindres traces de graisse. Il se produit au début dans la préparation des courants de diffusion (1) Soc., de Biol., 20 janv. 1906. (2) L. Daddi. Nouvelle méthode pour colorer les graisses. Arch. ital. de biol., 1896, t. XX VI, p. 143. (3) H. Rieder. Deutsches Archiv für klin. Medicine, 1897, Band LIX, p. 449. 1210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui se calment après quelques minutes. Partout où a pénétré le Soudan, on aperçoit alors, à condition de bien diaphragmer, les petites granula- tions anguleuses déchiquetées ou sphériques qui caractérisent ces humeurs lactescentes, diversement teintées de tons orangés. Nous n'insisterons pas sur la morphologie de ces granulations, déjà bien décrites, pas plus que sur leur mobilité (mouvement brownien). Disons seulement que l'intensité de leur coloration, qui va du jaune clair au rouge en passant par l’orangé, dépend de leur taille et de leur teneur en graisse, les éléments les plus fins, comme ceux dont la trans- formation ternaire n'est pas complète, donnant les teintes les plus claires. C'est ainsi que les grains sphériques vraisemblablement formés de graisses pures donneront à volume égal un ton beaucoup plus rouge que les granulations déchiquetées, et que les fines poussières, celles qui avoisinent les limites de la visibilité, seront à peine teintées. Telle est la méthode que nous avons employée avec des résultats toujours concordants sur une {rentaine d'échantillons de sérum lactes- cent, dans un cas d’hydrothorax double (1) et dans trois cas d’ascite chyliforme. 1 1 LR ee Léa RE ENT Ph AA ET UN CAS D’ABCÈS INGUINAL A BACILLES PARATYPHIQUES, par LESNÉ et DREYFUS. L'étude bactériologique des suppurations à marche lente conduit presque Journellement à la découverte d’un agent pathogène dont on ne soupconnait pas la présence; c'est ainsi que dans ces dernières années on a signalé dans le pus le bacille paratyphique (2), et cela parfois dans des cas où l’on pensait que le bacille de Koch était en jeu. Nous venons d'observer un cas de ce genre qui, cliniquement, présentait: les caractères d’un abcès tuberculeux et où l'examen bactériologique permit de déceler un bacille voisin du groupe des paratyphiques, sans infection générale antécédente. I s’agit d’un jeune homme de vingt-quatre ans, J.-F. Ass..…., qui entre dans le service de M. le professeur Reclus à l'hôpital de la Charité, le 4° mars 1907, pour un abcès du volume d'une petite mandarine siégeant dans la région inguinale gauche. La peau, rouge, violacée, parait extrêmement mince. La palpation, qui n’est nullement doulou- reuse, permet de reconnaître une fluctuation des plus nettes. Cette col- lection date d'un mois environ. Comme cause possible, le malade (1) André Jousset et Jean Troisier. Bull. et mém. Soc. méd. des hôp. de Paris, 16 novembre 1906, p. 1166. (2) Buchholz. Mediz. Klinik, n° 6, 1907, p. 142. SÉANCE DU 29 JUIN 1214 signale une écorchure du frein qui aurait précédé de deux ou trois semaines l'apparition de l’abcès, écorchure insignifiante qui guérit en deux jours. Dans les antécédents du malade, ancien soldat d'infanterie coloniale, on trouve une blennorragie avec orchite droite et cystite contractée en 1902, dont il ne reste actuellement aucune trace; une. adénite inguinale droite l’année suivante, consécutive à une écorchure du frein, guérie par incision; uné nouvelle adénite en 1904, qui dispa- . raît spontanément. Le malade n'a eu ni fièvre typhoïde, ni affection similaire. | | L'incision de l'abcès donne issue à un pus épais, abondant, et la guérison estrapidement obtenue après quelques pansements avec attou- chements à la teinture diode. Nous avons avant l’incision, au moyen d’une pipette stérile et après désinfection rigoureuse de la région, recueilli quelques centimètres cubes de pus. L'examen direct y montre exclusivement un petit bätonnet se colorant surtout aux deux extrémités par le bleu de Unna et par la fuchsine phéniquée, ne prenant pas le Gram. Ensemencé sur les milieux usuels et mis à l’étuve à 37 degrés, ce pus donne des cultures pures du même microbe qui présente les caractères suivants : extrêmement mobile, il se colore bien par les couleurs d’ani- line et se décolore par la méthode de Gram; un certain nombre d’élé- ments ont la coloration localisée surtout aux deux extrémités. En bouillon, il donne un trouble en vingt-quatre heures, puis le liquide s’éclaircit. Il se forme au fond du tube un précipité visqueux, très adhérenl au verre, qui s’étire en un long filament fixé par la base quand on agite le tube. Il se dissout si on agite fortement. La culture ne dégage aucune odeur. Le lait n’est pas coagulé, même après deux mois. La gélatine n’est pas liquéfiée. En piqüre, il donne à la surface un disque mince, légèrement opaque au centre, un peu plus transparent à la périphérie. à Sur gélose, il pousse assez rapidement en donnant une culture blan- chätre sans caractères spéciaux. Sur agar au rouge neutre, il donne des colonies assez épaisses, non fluorescentes. et n’éclaircit pas le milieu. Sur milieu de Drigalski et Conradi, il donne des colonies bleues assez épaisses et peu transparentes. Sur milieu de Grimbert et sur milieu de Ramond, il ne donne pas la coloration rouge. Sur pomme de terre, il donne un enduit gris sale, muqueux, assez épais. Le bacille ne repousse pas sur les vieilles cultures d’Eberth raclées. Il ne fait pas fermenter les bouillons maltosés et glucosés carbonatés. Il ne fait pas non plus fermenter la lactose. 4912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Inoculé aux lapins et aux cobayes, le bacille n’est nullement virulent. Les animaux n'ont ni abeès ni phénomènes d'infection générale, et résistent à des doses très élevées. Le sérum du malade agglutine ce bacille à 1/30, mais pas au delà. Il n'agglutine pas le bacille d'Eberth. Le sérum d'un lapin traité par des injections répétées de ce bacille l’agglutine très fortement, mais n’agglutine ni l'Eberth, ni le coli, ni les paratyphiques Brion A, Schottmuller B, Conradi et Gaertner. Le Sérum contrôlé d'un typhique n’agglutine pas non plus ce bacille. En résumé, nous avons isolé d'un abcès inguinal d’allure chronique un bacille très mobile, très voisin de l’Eberth, mais en différant par la culture sur pomme de terre et par l'absence de la réaction de Widal; différent du B. coli par l'absence d’indol, de coagulation du lait et d'action sur la lactose, paraissant se rapprocher beaucoup du groupe des bacilles paratyphiques, mais ne répondant nettement à aucun des deux types principaux, dits A et B, de ce groupe. (Travail du laboratoire de M. le professeur Reclus.) COLORATION ÉLECTIVE DES PLATEAUX EN BROSSE PAR LE VERT LUMIÈRE DANS LA TRIPLE COLORATION DE PRENANT: par À. GUIEYSSE. Dernièrement, dans un travail que j'ai fait sur les organes digestifs -des Crustacés et qui doit paraître ultérieurement, mon attention a été attirée particulièrement par les plateaux en brosse qui recouvrent les cellules de l'intestin moyen et des cæcums digestifs. La forme de ces plateaux varie depuis la simple bordure presque homogène jusqu’à la bordure à cils immobiles de Studnicka, bordure formée de cils raides parfaitement individualisés. Je ne parlerai pas ici de leurs formes, mais ce que je veux signaler, c'est la coloration spéciale que l’on obtient tou- jours, quel que soit le développement des cils, par la triple coloration de Prenant à l’éosine, hématoxyline au fer, vert lumière (1). (1) J'ai très légèrement modifié cette coloration dont on trouvera le détail dans le travail du professeur Prenant sur « Les cellules ciliées et les cellules muqueuses dans l'épithélium œsophagien du Triton », dans les Archives d'anatomie microscopique, t. VIT, 1905, p. 430 ; afin d'éviter les précipités qui se produisent souvent après l’alun de fer, j'ai remplacé ce liquide par la Liquor ferri-sulfurici- oxydati étendue de trois fois son volume d’eau; mais avec ce liquide, l’éosine se décolore; il est donc nécessaire d’intervertir l’ordre des colorations; voilà comment je procède : mordancage à la Liquor pendant six à douze heures, SÉANCE DU 29 JUIN 1213 Par celte coloration, il m'a semblé que tout ce qui est formation différenciée dans un sens d'activité très ralentie, fibres conjonctives, . membranes basales, etc., ou bien des produits de sécrétion tel que le mucus, prend le vert lumière. C’est ce qui se passe pour les plateaux. Quelles que soient leur forme et leur disposition, ils se colorent tou- jours en vert, légèrement strié de gris, tranchant ainsi vigoureusement sur la coloration rose du protoplasma. Ayant constaté que ce fait est absolument général chez les Crustacés, j'ai étendu mes recherches à d’autres classes d'animaux. J'ai toujours obtenu les mêmes résultats. | Dans l'intestin de la Salamandre et du Triton, les plateaux se colorent en vert très légèrement lavé de noir; ils sont larges et formés de cils assez indépendants les uns des autres. ; Dans l'intestin du lapin, cette coloration est un peu moins franche: l'ensemble est toujours vert, mais parait fortement lavé de noir. I} semble ici que les cils soient teints en gris assez foncé et qu’ils soient enveloppés d’une gangue ne prenant que le vert. J’ai encore examiné à ce point de vue une pièce fort intéressante, due à l’obligeance de M. Rathery, d'un rein de lapin en état d'hypersécrétion (hypersécrélion obtenue par une injection de chlorure de sodium dans les veines, travaux de MM. Lamy, Mayer et Rathery). Les fubuli contorti présentent dans cette pièce une lumière très large et les cellules sont bordées par une superbe brosse de 4 à 5 w de largeur, très nette- ment striée et présentant même parfois des cils plus ou moins isolés. Comme toujours dans les plateaux en brosse les cils reposent sur une ligne formée de grains très fins et très serrés vigoureusement colorés en noir. Par la triple coloration de Prenant, cette bordure apparaît vive- ment colorée en vert à peine lavé de noir. Il est très intéressant de comparer ces bordures ciliées aux bordures à cils vibratiles. La coloration est absolument différente. Les cils vibra- tiles ne prennent pas du tout le vert et se colorent plutôt d'une couleur foncée un peu lavée de rose. Brasil (1) a observé dans l’intestin de la Pec- tinaire des cellules à brosse contenant, au milieu des cils de la brosse, quelques cils vibratiles. Il insiste sur la chromophilie spéciale des bâton- _ nets cilifères qui prennent vigoureusement les colorations basiques. Il coloration à l’hématoxyline pendant six heures environ, décoloration à la Liquor étendue de 10 à 15 fois sou volume d’eau; coloration à l’éosine con- centrée, passage rapide au vert lumière alcoolique. Les résultats de la colo- ration sont absolument les mêmes que par la méthode du professeur Prenant, mais les précipités sont évités: (1) Brasil. — Contribution à la connaissance de l’appareil digestif des Anné- _lides Polychètes. L'épithélium intestinal de la Pectinaire, Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1904. 1214 “el SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE n'a pas fait la triple coloration de Prenant, mais je suis persuadé, par ce que j'ai vu, que dans ce cas les cils de la brosse se seraient colorés, comme toujours, en vert, et les cils en gris noir. + Cette réaction, intéressante par sa constance dans les différentes cel- lules à plateau en brosse, pourra peut-être apporter quelques éclaireis- sements sur la structure de ces différenciations. À mon avis, je crois que l’on peut dire que le cil de la brosse est constitué par une ligne de protoplasma excessivement fine, formée d’un protoplasma prenant l'hé- matoxyline, c'est ce qui donne cet aspect lavé de noir ; ces lignes seraient noyées dans une gangue plus ou moins épaisse d’une matière très diffé- renciée. Suivant l'épaisseur de cette matière, les cils apparaissent plus ou moins réunis et l’on peut ainsi passer par toutes les transitions, depuis la brosse à cils séparés jusqu’au plateau simplement strié. (Travail du laboratoire de Biologie maritime de l’ Ecole pratique des Hautes- Etudes à Beaulieu, et du laboratoire du professeur Françcois-Franck au Collège de France.) BACILLUS PROTEUS RUBER, par L. FORTINEAU et SOUBRANE. Ce microbe, isolé des eaux de la Loire, présente un polymorphisme très curieux, subordonné à l’âge de la culture, au milieu et à la tempé- rature. Il donne sur gélose une culture rouge, trouble ésérenient le bouillon en formant un liséré superficiel, puis un dépôt rouge. La culture sur sérum est rose, le lait lentement coagulé; la gélatine se liquéfie très lentement après avoir présenté une cupule . liquéfaction; la culture sur pomme de terre est abondante. On voit dans les cultures jeunes, sur gélose et bouillon, à la tempé- rature de la chambre, des bacilles prenant le Gram, de 2 à 4 de long, souvent réunis en diplobacilles. En vingt jours, les bacilles s’allongent et prennent bientôt la forme filamenteuse; on trouve également sur gélose quelques formes en massue. Au bout de trois mois, les deux milieux renferment des filaments, des massues et quelques bacilles courts et trapus : cet aspect persiste au bout de cinq mois. Le lait renferme en deux mois des filaments et des streptobacilles. Sur sérum, les formes en massue apparaissent en quatre jours, elles sont parfois énormes; on note, en outre, des bacilles incurvés, de grosses bactéries formant de courtes chainettes, puis en deux mois des : @ D 44 SÉANCE DU 29 SUIN 1915 filaments sinueux à extrémité renflée en massue affectant la forme de spermatozoïdes; au début, la gélatine fournit des préparations rap- pelant celles de la gélose, puis apparaissent des streptobacilles, et enfin, en trois mois, des filaments très longs, sinueux, portant souvent une …. extrémité renflée. Sur pomme de terre, le premier jour, bacilles normaux ; le troisième, bacilles présentant au centre deux points plus colorés : l’évolution rap- pelle celle du lait. A l’étuve, on voit apparaître en bouillon des streptobacilles en douze jours, des streptobacilles et des filaments sur gélose en cinq jours, de grosses bactéries souvent réunies en chaînettes dans le lait et sur sérum, enfin, sur pomme de terre de vingt-quatre heures, des microbes ovoïdes, fréquemment associés par deux, de volume différent et rappe- —_ lant alors la forme d’une gourde; peu de jours après, on voit, dans cette culture, de gros streptobacilles courts, dont les éléments sont presque cubiques et très rapprochés les uns des autres. Le microbe n’est pathogène ni pour le cobaye, ni pour le lapin, ni pour la souris. (Travail du laboratoire de bactériologie de l'Institut Pasteur de Nantes.) SUR LA RÉACTION CUTANÉE PROVOQUÉE PAR DIVERSES TUBERCULINES ET PAR DU SÉRUM D'HOMME TUBERCULEUX, par FERNAND ARLOING. J'ai fait connaître à la Société de Biologie (séance du 22 juin 1907) qu'il m'avait été impossible de constater nettement l'existence d’une réaction cutanée spécifique provoquée par l'application de tuberculine sur la peau scarifiée, réaction qu'avaient observée von Pirket en clinique humaine et Vallée sur des animaux d'expérience. Devant ce résultat négatif, je me suis demandé si la cuti-réaction ne pourrait pas être attribuée à l'emploi d’une tuberculine donnée, en un mot, si là où échoue une tuberculine, une autre tuberculine ne provo- querait pas la réaction. : En conséquence, j'ai comparé sur les mêmes animaux, en créant sur chacun plusieurs zones de scarification, les effets de tuberculines prépa- rées suivant divers modes. Je renvoie pour les détails de technique à ma communication anté- rieure, tout ce que j'y ai dit s'appliquant exactement au déterminisme expérimental de ce que je rapporte aujourd'hui.” Sur la peau scarifiée de 28 animaux (bovidés, chèvres, chiens, lapins et 1216 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cobayes) comprenant 19 sujets tuberculeux et 9 sujets sains, j'ai appliqué les tuberculines suivantes : 4° Une tuberculine complète livrée par l'Institut Pasteur de Paris (celle dont les effets sont décrits dans ma note du 22 juin) ; 20 Une tuberculine complète préparée avec des bacilles (souche M) de la | tuberculose humaine ; 3° Une tuberculine incomplète comprenant exclustrement un décocté des corps bacillaires de la souche M ; 4° Une tuberculine complète faite avec une culture de tuberculose bovine poussant de manière homogène à l’intérieur du bouillon, suivant la méthode de S. Arloing, Ces trois dernières tuberculines ont été préparées par mes soins. J'ai observé ainsi simultanément, pendant huit jours; 108 foyers de scarifi- cation, à raison de # par sujet d'expérience. Je peux répéter pour ces trois nouvelles tuberculines ce que j'ai déjà dit de la première, à savoir qu’elles n’ont provoqué aucune réaction spéci- fique nette chez les individus tuberculeux, permettant de fonder un dia- gnostic. Les phénomènes réactionnels (rougeur légère, très faible tumé- faction des bords de la scarification, rares croûtelles) ont tourné court en vingt-quatre à trente-six heures, sans révéler autre chose que l’évo- lution d’un processus de cicatrisation un peu dévié de son évolution normale par l'application sur la plaie d’un liquide irritant. Ilexiste pourtant une gamme dans les accidents locaux d'après les Luberculines employées, mais, je le répète, ces phénomènes n’ont pas la moindre analogie morphologique avec ce qu'ont décrit von Pirket et Vallée. Ainsi, les tuberculines 1 et 2 se sont montrées également irritantes. La tuberculine 4 a eu une activité moindre, dans le rapport de 2 à 3 avec les deux précédentes. Enfin, la tuberculine 3 a été presque inactive ou du moins très faiblement irritante. Or il est à remarquer que la tuberculine 3 était la moins glycérinée et la moins chargée en produits extractifs tuberculeux proprement dits, car je suis loin de faire abstraction du rôle que ces produits peuvent jouer comme cause irritante locale, en dehors de toute question de spé- cificité. Les tuberculines 4 et 2 étaient en effet les plus actives et les plus complètes. La tuberculine 4, quoique complète, contenait des pro- duits élaborés différents, les Con one du LE eepponss en culture des bacilles étant différentes. Enfin, j'ai recherché si du sérum provenant d'un homme tuberculeux provoquerait une culi-réaction, chez un cobaye tuberculeux, envisageant ainsi l'hypothèse d’une sorte de tuberculinhémie. Ce procédé ne me paraît pas susceptible d’être utilisé comme moyen de diagnostic clinique, car je n'ai oblenu absolument aucune réaction locale, pas même la plus petite rougeur. SÉANCE DU 99 JUIN 19217 Cela permettrait de penser qu'’ausune cause irritative n'est venue modifier la marche normale de la cicatrisation cutanée, le sérum appliqué sur la plaie étant isotonique, et, de plus, un liquide essentiel- lement favorable à la vitalité cellulaire. (Travail du laboratoire du professeur S. Arloing). SUR LES SYSTOLES PSEUDOTÉTANIQUES DU CŒUR, par N. Bassin (de Berne). (Note envoyée par le professeur KRONECKER.) Je vais publier dans l’Archiv für Physiol. de Engelmann les résultats de mes recherches sur les conditions dans lesquelles on prétendait pouvoir tétaniser le cœur. : MM. Busquet et Pachon ont communiqué à la Société de Biologie, _ dans la séance du 25 mai dernier, une étude relative à l'influence de la vératrine sur la forme de la pulsation cardiaque, comme contribution à l'étude du tétanos du cœur. Ils reproduisent les tracés des contrac- tions d’un cœur de lapin isolé, soumis à une circulation artificielle par le procédé de Langendorff. Ils disent que « la contraction cardiaque, nettement discontinue, se développe par une succession de secousses qui se superposent suivant un escalier ascendant, continué par un pla- teau de quelque durée, pour se terminer par une ligne de décontraction sur laquelle on remarque encore une ou plusieurs ondulations secon- _ daïres. Ce dernier trait, c'est-à-dire le dédoublement imprimé à la décon- traction cardiaque par la vératrine, rappelle entièrement le dédoublement caractéristique bien connu, qu'imprime cette substance à la secousse musculaire ». Par cette comparaison, les auteurs affaiblissent leurs arguments ; car, d'après les recherches de À. Fick et R. Bühm (1), « on reconnait la nature oscillatoire du tétanos à l’aide de la contraction téta- nique secondaire ». Ces auteurs ont donc appliqué à plusieurs reprises des nerfs de la plus grande irritabililé sur le muscle vératrinisé; mais ils n'ont jamais aperçu la moindre trace de tétanos : « Une secousse secondaire seule avait lieu au moment où commençait la contraction due à la vératrine. Nous devons par conséquent protester contre l'essai de désigner sous le nom de tétanos, la contraction prolongée d’un muscle vératrinisé produite par une irritation simple. Cette contraction n'a aucun caractère oscillatoire. » (1) Arbeiten aus dem physiol. Labor. der Würzburger Hochschule, Würzburg, 18725 p. 154. BroLocte. Coupres RENDUS. — 1907. T, LXII. è 84 1218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Deux figures de leur travail rendront deux formes caractéristiques de -secousses, l'une isolée (fig. 1), d’autres se suivant en série (fig. 2). FrG. 1. Le nerf du muscle vératrinisé est excité par un courant d'induction, Ares 2 Le nerf du muscle vératrinisé est excité toutes les deux secondes. La courbe suivante (fig. 3), semblable à la fig. 2, a été produite par un cœur de crapaud (à l’Institut de physiologie, à Berne). Pulsations spontanées du ventricule d’un cœur de crapaud rempli de solution physiologique. La figure 4 est un fac-similé des courbes précédant immédiatement celles de la figure 3. ; \ S SÉANCE DU 29 JUIN 1919 On reconnaît les formes toniques, ou convulsives, ou mêlées, se dissolvant en pulsations simples. La . figure 4 met en évidence que des systoles simples sont plus hautes que les contractions toniques précédant immédiatement. On remarque souvent qu'aux séries de pulsations succèdent des systoles isolées, alors que les diastoles, d’abord incomplètes, se renforcent. ANA NAIPARE Dana fhhhhhhhhhhhhhhnnnr Fic. 4. Pulsations spontanées du ventricule d'un cœur de crapaud rempli de solution physiologique. Dans d’autres groupes de pulsations, on voit les diastoles se compléter sans ralentissement considérable du travail cardiaque (fig. 5). MES Do Un groupe de pulsations automatiques d’un cœur de grenouille rempli de solution : physiologique. 4 La figure 6 représente une contraction tonique d'un cœur de grenouille … semblable à une secousse d'un muscle volontaire vératrinisé. (Comparez la L £ courbe fig. 2.) SE Sn ES Fi. 6. 1220 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans mon mémoire intitulé : Aann das Herz letanisiert werden? j'ai donné une nombreuse série de courbes démontrant que le cœur est incapable de superposer ses systoles. à Fonctionnant normalement, le ventricule du cœur des mammifères se vide complètement à chaque systole; de sorte qu'il serait impossible d'augmenter son travail en le tétanisant. Un cœur de grenouille ou de lapin imparfaitement nourri donne des systoles générales faibles ou des systoles péristaltiques, c'est-à-dire qu'avant la fin de la contraction de la base il s’y ajoute une contraction de la pointe ou réciproque- ment. | En résumant les résultats des expériences et observations, nous pou- vons formuler les thèses suivantes : 1° I n’y a pas de tétanos du cœur; 2° Les contractions cardiaques ne sont jamais plus grandes que les pulsations simples maximales ; 3° Des pulsations croissantes (escalier de Bowditch) avec des dias- toles abortives peuvent ressembler aux tétanos incomplets des ns volontaires ; 4 De le pulsations s’observent aussi sur des cœurs battant spon- tanément, remplis de liquides indifférents ; 5° On voit aussi des contractions pseudo-tétaniques sur des cœurs en convulsions. SUR LE TÉTANOS DU COEUR. À PROPOS D'UNE NOTE DE M. Bassin (de Berne), par V. Pacron. Dans le travail que J'ai publié récemment, en commun avec H. Bus- quet, sur le caractère tétanique présenté par la pulsation du cœur isolé de lapin sous l'influence de la vératrine (1), la phrase d'entrée était celle-ci même : « Le tétanos du cœur est une question toujours discutée en physiologie. » Ce n'était pas un vain mot, et la note de M. Bassin (de Berne) « sur les systoles pseudo-tétaniques du cœur » (2) fait aujour- d’hui la preuve de ce que j’écrivais alors. Cette note ne surprendra, en particulier, aucun de ceux qui savent la ténacité avec laquelle le profes- seur H. Kronecker, depuis les recherches qu'il a publiées en 1874 (3), (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXII, p. 943. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXII p. 1217. (3) H. Kronecker und W. Stirling. Das charakteristische Merkmal der Herz- muskelbewequng. Jubelband, F.C. Ludwig, 1874. — H. Kronecker. Id. Neudruck, Leipzig, G. W. Vogel, 1903. à dc Le dit ou à: Et at dE CS soon ù ju Dsl gts à nt St D cu dé émet ds dont do aire etait hé SÉANCE DU 29 JUIN 12921 ne cesse de s'élever soit dec soit par l’entremise de ses élèves - conire la réalité du tétanos cardiaque. H. Busquet et moi avions donné la description suivante du phéno- mène observé : « La contraction cardiaque, nettement discontinue, se développe par une succession de secousses qui se superposent suivant un escalier ascendant continué par un plateau de quelque durée, pour se terminer par une ligne de décontraction sur laquelle on remarque encore une ou plusieurs ondula- tions secondaires. Ce dernier trait, c'est-à-dire le dédoublement imprimé à la décontraction cardiaque par la vératrine, rappelle entièrement le dédouble- ment caractéristique bien connu qu imprime cette rec la secousse musculaire. » M. Bassin, prenant prétexte de la considération finale, — tout acces- soire dans l'ensemble de la description, — écrit : « Par cette compa- raison les auteurs affaiblissent leurs arguments. » En fait, H. Busquet et moi n'avons rien affaibli, pour la raison simple que ce n’est point par sa phase de décontraction qu'il peut y avoir lieu de caractériser la nature tétanique d'un cardiogramme. Aussi bien, dans l'espèce, toute discussion sur la nalure tétanique de la réaction du muscle strié à la vératrine est-elle ici parfaitement hors de propos. Il pouvait être intéressant — et on devait, certes, à la seule vérité de le faire — de marquer la manifestation d'un trait commun dans la réponse du muscle strié ordinaire et du muscle cardiaque à la vératrine ; mais ce n'est pas une particularité relative à la décontraction du cœur qui peut servir de base pour juger la nature tétanique de la contraction cardiaque proprement dite. Ce que tout physiologiste prendra en consi- dération, c’est le caractère général de discontinuité de la courbe cardio- graphique, c'est essentiellement le phénomène d’addition et de superpo- sition des secousses, c'est-à-dire l'élément fondamental qui constitue la Summationscurve, trait caractéristique — charakleristische Merkmal — du tétanos, conformément aux données classiques de Helmholtz et de Marey. Dans ces conditions, il devient absolument impossible de refuser le caractère tétanique à la série de cardiogrammes que H. Bus- quet et moi avons publiés, p. 945 de ces Comptes rendus. La super- position des secousses y est marquée avec une telle netteté que ces cardiogrammes reproduisent, on peut dire, avec une fidélité schématique les courbes de sommation de secousses que publient, pour définir le tétanos, tous les traités classiques de physiologie. Les figures 1 et 2 marquent cette identité, tout à fait digne de remarque dans la circonstance. Je ne sache pas, en effet, qu'il ait été publié jusqu’à ce jour des tracés de tétanos cardiaque, dans lesquels le phénomène d'addition des secousses apparaisse avec une plus parfaite netteté. Il n’y a, de toute 19922 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE évidence, dans ces cardiogrammes rien d’une contraction simplement tonique. Il ne s'agit pas davantage d’un escalier de Bowditch, dans lequel chaque secousse successive, plus grande que la précédente, ap- parait seulement quand la précédente est terminée; ici, comme dans. l'escalier tétanique proprement dit, chaque secousse apparaît, au con- traire, avant que la précédente ait diminué sensiblement, la série formant ainsi une addition, une superposition, une « sommation » de secousses. Les cardiogrammes du type de la figure 2 constituent bien He Fie. 2 (1). Addition et superposition des secousses Pulsation du cœur isolé de lapin sous l’in- dans le tétanos (Summationseurve). fluence de la vératrine (H. Busquet et V. Pachon). en fin de compte des éléments positifs, particulièrement démonstratifs, en faveur de la réalité du tétanos cardiaque. En résumé, comme H. Busquet et moi l’avons dit dans notre travail publié en commun, la vératrine imprime à la pulsation du cœur isolé de lapin un caractère franchement tétanique. C’est, de plus, un exemple particulièrement net — d'une netteté schématique — de tétanos car- diaque. (1) Ce tracé est reproduit par la photogravure, comme l'ont été ceux de la page 945. 4 ad or dec AO ot anti ne tes de ot ae ; } - 1223 REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE SÉANCE DU 18 JUIN 1907 SOMMAIRE ALEZAIS : Anomalie des incisives GERBER (C.) : La présure des cru- ROPAAMMIEDIn SR 0 OM CHERE SAN CS NE PEAR 28 BizLeT (A.) : Sur un cas de dy- GERBER (C.) : La sycochymase . . 30 senterie « nostras » à Amibes.... 37 GERBER (C.) : Les actions antipré- Brior (A.) : Sur le labferment surantes du lait cru vis-à-vis de accompagnant la pepsine, ou la pa- quelques présures végétales. . . . . 32 ROÉANIMOSIR ES. C2 0e ee d'eue 0 34 Livox (Cn.) : Sur le rôle de l’hy- Briot (A.) : Sur l’anticorps de la HODMS CREME SRE ECC 3 Nat PardeEymOSnENR 67/1, . +. ., 36 PASS Présidence de M. Jourdan. ASC LS) + ag it { = \Z \ LA PRÉSURE DES CRUCIFÈRES, eu par C. GERBER. Bien que d'assez nombreux travaux aient été publiés sur les végétaux coagulant le lait, aucune étude d'ensemble n'a été faite, à notre con- naissance, sur les présures végélales. C’est pour combler cette lacune que nous poursuivons, depuis plu- sieurs années, une étude méthodique des plantes indigènes possédant un suc doué d’un pouvoir présurant. Nous ne donnerons pas, ici, l’'énumération fastidieuse de tous les végétaux chez lesquels nous avons trouvé un suc coagulant le lait. Disons seulement que presque tous les représentants des Artocarpées, des Morées, des Euphor- biacées, des Papavéracées, des Cucurbitacées, des Asclepiadées, des Apocy- nées, des Fumariacées, des Crucifères, des Composées, des Ombellifères, etc., possèdent un tel suc. Au cours de ce long travail, nous avons été amené à distinguer un certain 1224 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (29) nombre de types d'actions présurantes dont quelques-unes se rencontrent chez toutes les espèces d’une même famille. Telle est l'action présurante du suc des Crucifères que l'on observe aussi bien avec des végétaux cultivés tels que le Radis et la Navette, que chez des espèces sauvages telles que Iberis pinnata Gn. et Isatis tinctoria L. Nous pren- drons cette dernière plañte comme modèle. 1° La présure du Pastel est très résistante aux hautes températures. Chauffée pendant un quart d'heure à 83 degrés, elle est encore très active. 2° Son pouvoir coagulant est d'autant plus marqué que le lait sur lequel elle agit est à une température plus élevée. L’optimum esl aux environs de 85 degrés. 3° À toute température où elle agit, elle coagule le lait bouilli beaucoup plus facilement que le lait cru. Ces trois observations découlent de l'examen du tableau suivant où l’on fait agir, ainsi que dans tous les autres tableaux, le suc sur cinq centimètres cubes de lait. : TEMPS NÉCESSAIRE À LA COAGULATION TEMPÉRATURE QUANTITÉ DE SUC Lait cru. Lait bouilli. © 85 degrés. 1 cent. cube. 4 m. 30 s 1 m. k 80 — il —_ 13 m. 2 m. 15s. To 0 c. c. 89 32 m, 3, M. 30 S. 10 — DRAC D 47 m. 305 2 m. 10 s. 68 — 1 cent. cube. 30 m. 2 m. 65 — 1 — 28 m. 3 m. Co il ee 30 m. 305 3 m. 30 s. HO 1 — 25 m. 305$ 3 m. 30 s. x 50 — 1MCAC 00 15 m. > m. 45 — 1RCERC ND 11 m. Tin: ED = 2 cent. cubes. 19 m. 30s 10 m. 35 — 2er Cl) 18 m. 12 m. 30 — 3 cent. cubes. 271 m. 19 m. 2 5 _— 28 m. 22 m. 22 — 5 — 971 m. 61 mn. 4° Le lait cru chauffé au-dessous de 65 degrés ne change pas vis-à-vis de la présure. Entre 65 et 85 degrés, au contraire, il devient beaucoup plus sensible; mais cette augmentation dans la sensibilité se fait d'après des lois différentes, suivant que le lait est ChABRE entre 65 et 75 degrés ou qu'il est porté à une température supérieure à 75 degrés. 4a. Entre 65 et 75 degrés, l’abaissement du temps nécessaire à la coagulation atteint rapidement une limite qui se maintient, quelque prolongée que soit la durée de la chauffe. Cette limite est telle que, jusqu’à 73 degrés, le temps néces- saire à la coagulation du lait cru est de beaucoup supérieur à celui nécessaire à la coagulation du lait bouilli. 4b. À partir de 75 degrés, la sensibilité du lait cru croît avec la durée du temps de chauffe et n’a d'autre limite que la sensibilité du lait bouilli; mais cette limite n’est atteinte que lentement au-dessous de 80 degrés ; au contraire elle l’est très rapidement au-dessus de cette température. SÉANCE DU 18 JUIN 1995 _ Les observations consignées dans ce quatrième paragraphe découlent de l'examen du tableau ci-dessous obtenu en notant le temps nécessaire à la cragulation de 5 centimètres cubes de lait cru, soumis à 55 degrés à l’action de 4 centimètre cube de présure après avoir été placé pendant un temps variable à 64, 66, 70, 75, 82, 85 degrés. 64 degrés. | 66 degrés. Durée de la chauffe. Vitesse de coagulation. Durée de la chauffe. Vitesse de coagulation. 0 m. 32 m. 45 s. 0 m. 33 m. 15 s. 10 m 30 m. 20 s. 15 m. 26 m. 20 m 30 m. 15 s. 36 m. 26 m. 30 s. 30 m 29 m. 50 m. 25 m. 40 s. 00m 29 m. 90 m. 25 m. lait bouilli.. 3 m. 30 s. lait bouilli. 3 m. 33 S. 70 degrés. 75 degrés. Durée de la chauffe. Vitesse de coagulation. Durée de la chauffe. Vitesse de coagulation. 0 m. JM UNS: 0 m. 31 m. 45 s. 15 m. 28 m. 20 s. 15 m. 24 m. 20 s 25 m. 25 m. 15 s. 30 m. 13 m. 30 s 45 m. 19 m. 45 m. 9 m. 20 s 60 m. 19 m. 30 s. 60 m. 6 m. 308$ lait bouilli. 3 m. 40 s. lait bouilli. 3 m. 305 _ 82 degrés. 85 degrés. Durée de la chaufte. Vitesse de coagulation. Durée de la chauffe. Vitesse de coagulation. 0 m. 30 m. 45 s: 0 m. 32 m 10 m 14 m. 15 s. nie 119) rie 20 m. 5 m. ane 1 m. 25 m. 3 m. 455 SM TT te 3 m. 30 s lait bouilli. 3 M. 33 $ lait bouilli. 3 m. 15s LA SYCOCHYMASE, par C. GERBER. Cette présure a élé retirée du Ficus Carica L. par MM. Chodat et Rouge qui en ont fait une très belle étude. Elle présente un certain nombre des caractères de la présure des Crucifères : résistance aux températures élevées; propriété de coaguler plus rapidement, aux températures basses et moyennes, le lait bouilli que le lait cru. Elle en différerait néanmoins, d'après une note récente, par le fait | qu'aux températures élevées elle coagulerait aussi facilement les deux sortes de lait. La sensibilisation du lait serait brusque. Elle se produi- rait à 70 degrés et il suffirait de chauffer le lait cru pendant quinze minutes à celte température pour obtenir un liquide aussi sensible au suc du figuier que le lait bouilli. 10 degrés serait « la température critique, pour le lait, vis-à-vis du suc de Figuier ». L'étude que nous avons faite de la coagulation des deux types de lait, 1226 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (31) aux températures élevées, ainsi que celle de l'influence du temps de chauffe sur leur coagulation, ne nous permet pas de partager cette manière de voir. A. COAGULATION DES LAITS CRU ET BOUILLI AUX TEMPÉRATURES ÉLEVÉES : VITESSE DE COAGULATION DE D C. C. DE LAIT TEMPÉRATURE QUANTITÉ DE SUC RS cru. bouilli. 82 degrés. 3 gouttes. 5 m.30 s. 1 m. 78 — 2\ — 8 m. 4 mm. 300S: 75 — 2 — 8 m. 30 s. lEMMORSE TA De 20 m. 30 s. 3 nt ANS: 60 — 2 — SUR EUTIOUE: SL UMSe Ces chiffres montrent que, bien au-dessus de 70 degrés, à 82 degrés, la vitesse de coagulation du lait cru est trois fois et demi plus petite que celle du lait bouilli. Le suc de Figuier se comporte donc, vis-à-vis du lait, aux températures élevées, comme la présure des Crucifères. B. INFLUENCE DU TEMPS DE CHAUFFE SUR LA COAGULATION DU LAIT CRU : 64 degrés. 66 degrés. Temps de chaufle. Vitesse de coagulation. | Temps de chauffe. Vitesse de coagulation. 0 m. 3l m. 0 m. 18 m. 30 s. 10 m. DAS PADRSE 15 m., 13 im. 45: s. 20m: 33 M. 36 m. 12 m F 30 m. 32 m. los. 50 m. 10 m. 20 s. 60 m. IMMO USE 90 m. 8 m. 30 $s. lait bouilli. 4 m. 40 $ lait bouilli. 5er: 70 degrés. 75 degrés. Temps de chauffe. Vitesse de coagulation. Temps de chauffe. Vitesse de coagulation. 0 m. ‘ 19EMEAIURSE 0 m. 21 m. 30 s. ibines 8 m. 40 S. 15 m. 8-m. 105 25 m. 8 m. 20 s. 30 m. 8 m. 60 m. 8m: 15,s 45 m. 8 m. lait bouilli. 4 m. 455. 60 m. 1 m. 40 $s lait bouilli. 4 m. 505 82 degrés. Temps de chauffe. Vitesse de coagulation. 0 m. 20 m. 30 s. 10 m. 1 m. 20 m. 6 m. 45 s. 25 m. 6 m. 30 s. lait bouilli. 4 m. 50 s. Ces cluffres représentent le temps nécessaire à la coagulation de 5 centi- mètres cubes de lait cru soumis à 55 degrés à l'action de 4 gouttes de suc de Figuier, après avoir été placé, pendant un temps variable, à 64, 66, 70, 75 et 82 degrés. Si on les compare aux chiffres correspondants obtenus avec le suc d'Isatis (32) SÉANCE DU 18 JUIN 1227 tinctoria (précédente communication), on observe un parallélisme complet dans les changements que les variations du [Enes de chauffe font subir à la sensibilité du lait cru, Comme avec le suc du Pastel, en effet : 1° Le lait cru chauffé au-dessous de 65 degrés ne change pas, quelque long que soit le temps de chauffe. 29 Chauffé entre 65 et 75 degrés, le lait cru devient plus sensible; mais l'accroissement de la vitesse de coagulation est limité, de sorte que le temps nécessaire à la coagulation demeure beaucoup plus élevé pour le lait cru que. pour le lait bouilli. Il est, dans les conditions de concentration du suc et de température où nous nous sommes placé, de huit minutes environ, alors que pour le lait bouilli il est inférieur à cinq minutes. Cette limite a été atteinte, aussi bien à 75 degrés qu’à 70 degrés, après un quart d'heure, et elle s’est maintenue pendant les soixante minutes qu'ont duré les expériences. - 3° La vitesse de coagulation du lait cru chauffé au-dessus de 73 degrés augmente avec le temps de chauffe et finit par atteindre celle du lait bouilli. À quoi attribuer les différences essentielles entre Les résultats indiqués dans la note en question et les nôtres? Probablement à ce que les premiers ont été obtenus avec des doses massives de présure (1 centimètre cube pour 10 cen- timètres cubes de lait), alors que nous opérions avec quelques gouttes. Il nous a suffi, en effet, dans l'expérience suivante, faite à 70 degrés, d'augmenter de une goutte la dose du suc agissant sur 5 centimètres cubes de lait, pour voir diminuer considérablement les différences de temps exigées par la coagulation des laits cru et bouilli. 5 TEMPS NÉCESSAIRE A LA COAGULATION QUANTITÉ DE SUC Lait cru, Lait bouilli. 2 gouttes. 26 m. 30 s. 20m 45: 31 — 2h Use malus 4 — 1 m. 20 s. 1 m. Ces faits sont dus probablement à ce qu'il existe un maximum de vitesse pour la coagulation de chacun des deux laits et à ce que ce maximum est atteint, pour le lait bouilli, avec une dose beaucoup plus faible que pour le lait cru. Or, l’on sait combien il faut se tenir à distance des maxima aussi bien que des minima, quand on veut apprécier la marche d’un phénomène. LES ACTIONS ANTIPRÉSURANTES DU LAIT CRU VIS-A-VIS DE QUELQUES PRÉSURES VÉGÉTALES, par C. GERBER. On sait que le lait contient, à côté de la caséine, de la lactoglobuline identique à la sérumglobuline qui coagule à 67-75 degrés et de la lactal- bumine qui coagule à partir de 75-77 degrés. 1228 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (33) ÿ Un rapprochement s'impose entre ces températures de coagulation des deux albuminoïdes et les températures limites des modifications de sensibilité du lait cru à la présure des Crucifères et du Figuier qui sont, ainsi que nous l'avons établi dans deux précédentes communications, aux environs de 66° et de 75°. Si, d'autre part, on se rappelle que la caséine est une diprotéide du groupe des paranucléoalbuminoïdes, formée par la combinaison d’une moléeule d'acide paranucléique à deux molécules albuminoïdes, combi- naison plus instable pour l’une de ces deux molécules que pour l’autre, on a le droit de se demander si la caséine n’est pas également combinée, partiellement tout au moins, dans le lait avec la lactoglobuline et la lactalbumine. Ces combinaisons, encore plus instables que la précé- -dente, se détruiraient très facilement sous l'influence de tous les agents -coagulants (CaCl, chaleur, etc.), mais elles seraient assez résistantes pour s'opposer à la transformation de la caséine par la présure végétale, transformation qui est un dédoublement nécessitant la mise en liberté préalable de cette caséine. _La chaleur, en dissociant partiellement, entre 65 et 75 degrés, le complexe albuminoïde par la coagulation de la lactoglobuline, augmen- terait aussi dans une certaine proportion la sensibilité du lait cru; cette même chaleur, en coagulant la lactalbumine au-dessus de 75-77 degrés, Supprimerait la seconde liaison qui maintenait la caséine en combinaison et ferait ainsi disparaîlre toute résistance à l’action présurante du suc -des Crucifères et du Figuier. En résumé, à la notion température crilique de 70 degrés indiquée dans un travail récent (1), il faut substituer celle d’un large intervalle allant de 65 à 85 degrés et au delà, au cours duquel se produisent les modifications successives dans la composition du lait cru qui amènent progressivement celui-ci à devenir aussi sensible à la présure du Figuier -que le lait bouilli. La notion anti-ferment du lait vis-à-vis de la présure du Figuier, avec le sens qui lui est attribué par l’auteur du travail en question, reposant principalement sur l'existence de cette température critique nous paraît d'autant plus difficile à maintenir que l’action retardatrice du sérum de cheval sur la coagulation du lait bouilli invoquée comme second argument s'explique très facilement par la restitution, au lait privé de lactoglobuline et de lactalbumine, d’une séroglobuline et d’une séralbu- mine très proches parentes des premiers, et pouvant jouer le même rôle vis-à-vis de la caséine. Aïnsi donc, il y aurait, dans le lait cru, non pas un antiferment de la présence des Crucifères et du Figuier, se détruisant à 70 degrés, mais deux actions antiprésurantes, disparaissant l’une à la température : (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, tome LXII, p. 972. N PES te seb. 4 dt sas nntt* Sté: CAE SÉANCE DU 18 JUIN 1229 de coagulation de la sérumglobuline, l’autre à la-température de coagu- lation de la sérumalbumine. C'est d’ailleurs ce que l'étude de la présence des Papavéracées, dont nous présenterons prochainement un résumé, établira encore plus nettement. Faisons observer en terminant que nous n'avons nullement l'intention d'opposer les faits que nous avons signalés dans nos deux dernières notes et l'hypothèse que nous venons d'émettre à la théorie des charges électriques. SUR LE LABFERMENT ACCOMPAGNANT LA PEPSINE, OÙ LA PARACHYMOSINE, par À. Brior. Ivar Bang (1) à montré les différences qui existaient entre le labferment renfermé dans les solutions de pepsine commereiale ou les sues gastriques du porc et de l’homme et le labferment du veau ou présure ordinaire. |l à fait de ce labferment une individualité propre et lui a donné le nom de parachymosine. Cette parachymosine a une loi d’action distincte de celle de la présure ordinaire, et les travaux de G. Becker sur le suc gastrique humain ont montré que, par addition d'acide chlorhydrique au lait, on observait des coagulations se rapprochant de la loi de propor- tionnalité. J'ai repris l'étude de ce labferment, à cause de ses singularités. Tout d’abord, j'ai vérifié pleinement les observations de Bang sur du lait frais de vache, on ne peut obtenir que de très rapides coagu- lations. Une dose À de pepsine coagulant une masse de lait en 7 minutes par exemple, la dose A/2 ne coagule plus du tout. Des doses très faibles de chlorure de calcium (0,2 p. 100) font que le lait se coagule avec des doses de ferment huit à dix fois inférieures à celles nécessaires pour provoquer la coagulation sans chlorure de calcium. Le contact avec l’alcali amène très rapidement la destruction de la parachymosine. ie Mais j'ai observé, en plus, un certain nombre de faits, dont je ne signalerai aujourd'hui que les principaux, me réservant de donner les détails de mes recherches dans un article plus étendu. 1° Sensibilisation du lait par le barbotage avec l'acide carbonique. — On sait que ce barbotage a pour effet d’activer beaucoup la coagulation par le labferment ordinaire. C’est ainsi qu'une coagulation qui avec le (1) Ivar Bang. Ueber Parachymosin, ein neues Labferment. Pflüger’s Archiv, Bd LXXVIIE, p. 425-441. 1230 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (35) lait frais demande vingt-sept minutes se fera avec le lait barboté en onze minutes. Mais avec la parachymosine, on observe des différences beaucoup plus considérables. Je ne citerai ici qu’une seule série de chiffres. A. — Lait frais non barboté, à centimètres cubes; solution de pepsine diluée au 1/5, 2 gouttes : coagulation incomplète en vingt- deux minutes. Une goutte de la même dilution ne donne rien. B. -— Lait frais barboté; pepsine diluée au 1/109 : une goutte coagule en seize minutes et demie, 2 gouttes en cinq minutes et demie. Remarquons qu'une goutte au 1/200 ne produit pas la coagulation; par conséquent nous avons ici, comme avec le lait frais, la même déro- galtion à la loi de proportionnalité. Cet effet sensibilisateur du barbotage de CO° se produit avec la même intensité sur le lait bouilli. Ce procédé est bien connu pour rendre un lait bouilli à nouveau coagulable par la présure. Le chauf- fage à partir de 70 degrés rend le lait encore moins sensible que le lait cru à la parachymosine. Mais le barbotage le rend à peu près aussi sensible que du lait frais barboté, mais avec cette différence que les caillots obtenus avec du lait bouilli n’ont pas la même cohésion que ceux du lait frais, et restent en grumeaux plus ou moins fins, non adhé- rents. Une partie du lait qui à servi aux expériences précédemment citées a été maintenue trois quarts d'heure au bain-marie à l'ébullition. Après barbotage, 5 centimètres cubes de ce lait bouilli coagulent en neuf mi- nutes par 2 gouttes de la solution au 1/100. 2 Bang, dans son étude sur l’action de lalcali sur la on a montré que de deux solutions, l'une renfermant la parachymosine bouillie et la chymosine non bouillie, l’autre la parachymosine non bouillie et la chymosine bouillie, au contact de la soude, cette dernière perdait très rapidement son pouvoir coagulant, tandis que l’autre le conservait. J'ai refait cette expérience, en ajoutant un troi- sième mélange, fait de parachymosine non bouillie et de chymosine non bouillie, et j'ai constaté que ce dernier conservait son pouvoir coagulant comme le premier. Donc la pepsine, en présence de la présure dans la solution alcaline, ne la détruisait pas. La présure se conduisait bien différemment de la parachymosine. J'ai mis égale- ment en contact de la présure avec des solutions de pepsine dont Javais détruit la parachymosine par un contact préalable d’une demi-heure avec un alcali, et j'ai constaté que ces mélanges coagu- laient le lait dans les mêmes conditions que des dilutions au même titre de présure dans l’eau. re “A 2 AN Ne Le Pet Loti Ua à nn te ne th ET tt be à 6 shine é 136) 7 SÉANCE DU Â8 JUIN 1231 SUR L'ANTICORPS DE LA PARACHYMOSINE, par À. BRIoT. Aux différences déjà signalées entre la parachymosine et la chymo- sine ou présure ordinaire, Jen ajouterai une très importante qui consiste en l'existence d'anticorps du nouveau ferment, bien distinct _de celui que j'ai étudié pour la présure. Les sérums sanguins des mammifères, qui renferment en plus ou moins grande quantité l’antiprésure, ont aussi pour effet d'empêcher la coagulation du lait par le labferment de la pepsine. J'ai opéré avec des sérums de cheval, de porc, de veau, et les phénomènes que j'ai observés sont identiques, à des différences de degré près, avec les divers sérums. Il me suffit donc de signaler les résultats tels que je les ai obtenus avec le sérum de cheval. Avec le lait frais, l'adjonction de sérum de cheval le rend incoagu- lable par des doses assez fortes de solution de pepsine qui coagulent très rapidement le lait seul. Avee le lait frais sensibilisé par le barbotage avec CO°, le phénomène est encore plus net. C’est ainsi que préparant des mélanges de six parties d’eau pour une de sérum, j’ajoutais 5 centimètres cubes de ces dilutions à 5 centimètres cubes de lait barboté et je constatais qu'il fallait 2 gouttes d'une solution de pepsine pour avoir une coagulation en trois minutes, une goutte ne donnant rien, tandis que les témoins, renfermant 5 centimètres cubes de lait barboté et 5 centimètres cubes d’eau, coagulaient en cinq minutes et demie par une goutte de pep- sine diluée au 1/10. Si on opérait en présence de lait barboté et de sérum également barboté par le courant de CO*, on constatait une diminution assez sensible du pouvoir empêchant du sérum, puisque 2 gouttes de pepsine au 1/3 coagulaient le lait en dix-neuf minutes, et une goutte de pepsine non diluée en trois minutes et demie. J'ai fait des expériences comparatives avec la présure ordinaire, et j'ai constaté que le barbotage par CO” avait pour effet de hâter la coagulation, lorsqu'elle avait lieu, dans les témoins non barbotés, mais ne là provoquait pas, lorsqu'elle ne se produisait pas, dans les témoins. La mesure du pouvoir antiprésurant du sérum donnait les mêmes chiffres, que l’on opère avec du lait frais et du sérum frais ou bien avec du lait et du sérum barbotés. Nous avons donc une première différence entre cette action du sérum vis-à-vis du labferment de la pepsine et l’action vis-à-vis le lab ordinaire. La distinction à établir entre ces anticorps s'accentue encore quand on essaie l’action de la chaleur sur ces substances. On sait que l’antiprésure est très thermolabile, puisque déjà la tempé- 1932 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE rature de 60 degrés lui est nuisible. Il n’en est pas de même pour l’antiparachymosine, et les expériences faites avec les mélanges eau et sérum chauffés au préalable vingt minutes au bain-marie à l’ébullition montrent que le pouvoir empêchant du sérum n'a subi qu'une diminu- tion peu importante, puisque 4 gouttes de pepsine au 1/10 coagulent le mélange, 5 centimètres cubes lait barboté et 5 centimètres cubes dilution sérum chauffé, en onze minutes ; 3 gouttes ne donnent rien. Un nouveau chauffage du sérum de vingt minutes à la mème tempé- rature lui maintient son pouvoir empêchant au même titre. Done, par le chauffage à haute température, le sérum ne perd qu'une faible partie de son anticorps. Il faut admettre que dans le sérum l'action empé- chante est due à deux substances distinctes. L'une, peu importante, que l’on rapprochera des antilabs ordinaires, destructibles par la cha- leur. L'autre, plus importante, résiste à la chaleur, et la comparaison de cette substance s'impose avec celle que j'ai jadis mis en évidence dans le sérum sanguin (1) agissant sur la digestion peplique. Elle est à rapprocher de l’antipepsine de Schwarz et de Weinland. Ne doit-on pas supposer que cette même substance empêchante existe dans le lait, comme dans le sérum, puisque avec du lait rendu insensible par le sérum sanguin nous observons des séries de phéno- mèênes comparables à ceux que l’on observe avec le lait lui-même telle que sensibilisation par C0”, par le chlorure de calcium? Mais ce qui frappe le plus dans l'étude de la parachymosine, c'est le parallé- lisme qui s'établit jusque dans les anticorps, entre ce ferment et la pepsine elle-même. Aussi, sans être aussi absolu que Pawlow et ses élèves qui admettent l'identité de la pepsine et du labferment, serais-je disposé à admettre l’identité de la parachymosine et de la pepsine. SUR UN CAS DE DYSENTERIE « NOSTRAS » A AMIBES, par M. À. Biixer. Il s'agit d’un jeune soldat du 141° régiment d'infanterie venu de Salon à Marseille, le 1°" juin 1907, et qui, brusquement, le 9 juin, présente tous les signes de la dysenterie la mieux confirmée : selles muco-sanglantes, glaireuses, très abondantes (25 à 30 par vingt-quatre heures), coliques violentes principalement le long du côlon transverse, ténesme très dou- loureux, refroidissement des extrémités et tendance au vertige et à la lipothymie. (4) A. Briot. Action du sérum sanguin sur la pepsine. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1902. D RS tard td Pi ait Qué ele 2e EPP Le TS a CR EN TP TT. Le à Liu Ent SR (38) SÉANCE DU 18 JUIN 1233 Les selles examinées dès l'entrée à l'hôpital sont remarquables par l'abondance d’Amibes qu'elles renferment, mélangées à des débris de cellules épithéliales, de globules rouges et de leucocytes. L'ensemencement de parcelles des mucosités fait à plusieurs reprises, sur gélatine, sur gélose et sur milieu Drigalski-Conradi, ne donne que du Coli-Bacille, reconnaissable à ses différents caractères bactériolo- giques. Enfin, le sérum du patient n'agglutine pas diverses cullures de races de bacille dysentérique (Bacille de Shiga, de Kruse, de Flexner, de Vaillard et Dopter). Les Amibes que l’on retrouve encore dans les mucosités sanglantes de l'intestin, même après plusieurs jours de traitement, présentent les caractères suivants : Elles sont généralement arrondies, de diamètre variable, depuis 7 à 10 u pour les plus petites, jusqu’à 25 et 30 y pour les plus volumineuses. Elles sont légèrement mobiles. Leur ectoplasme, peu développé, se déforme lentement sous forme de pseudopodes très courts. L'endoplasme, qui se colore vivement en bleu par le Giemsa, est granuleux et présente un certain nombre de vacuoles alimentaires. Mais on n’y rencontre que très rarement des débris de globules rouges ou de leucocytes comme c'est la règle dans l’'Entamæba histo- lytica que j'ai observée si fréquemment à Marseille chez des soldats rapatriés de l’Extrème-Orient et atteints également de dysenterie amibienne {1). Le noyau assez volumineux et excentrique se colore en rouge-violet par le Giemsa. Il est souvent divisé en 2, 4, 6, 8 noyaux secondaires qui ont une tendance à se disposer à la périphérie et à faire saillie sous l’ectoplasme, comme pour devenir autant d’amibes nouvelles par bourgeonnement probable. On observe souvent des séries de #, 6, 8 amibes ei davantage juxtaposées ct semblant provenir les unes des autres par division. 1] n’a pas été observé de formations kystiques. Les cultures en milieux appropriés suivant les méthodes soit de Musgrave, soit de Lesage, sont restées infructueuses. Il n’a pas été tenté d'inoculation intra-rectale au chat. Les caractères de ces Amibes s’éloignent sensiblement de ceux qui sont assignés généralement à l'£ntamæba histolylica Schaudinn, cause or- dinaire de la dysenterie amibienne des pays chauds. Ils semblent plutôt se rapprocher de ceux de l’Amibe ordinaire du colon, Entamæba coû Lôsch. On se trouverait donc en présence d’un cas de dysenterie « nostras » non bacillaire (contrairement à la règle générale), avec abon- dance etpersistance telles de cette dernière espèce amibienne qu'il semble logique de lui en imputer l’étiologie. ’ Le malade n’ayant, d'autre part, fréquenté à aucun moment de dysen- tériques provenant des pays chauds, il semble bien évident qu'il n'ya pas eu ici de contagion par cet intermédiaire. Ce cas autochtone ne ren- k (1) Société de Biologie, t. LVIIT, 1905, p. 874 et Marseille médical 1906, n° 18. BIOLOGIE. COMPTIS RENDUS. = 1907. T. LXII. 85 1934 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE 2 1138) trerait donc pas dans la catégorie de ceux qu’a signalés Dopter (1) et dont la transmission par contage avec des dysentériques, retour soit de Cochinchine, soit de Madagascar ou du Sénégal, a été nettement misen | lumière par notre distingué camarade. (Travail du laboratoire de Bactériologie de l'hôpital militaire de Marseille.) SUR LE RÔLE DE L'HYPOPUYSE, par Cu. Livon. Les travaux sur le rôle physiologique de l'hypophyse se multiplient depuis quelque temps et tendent presque tous à faire considérer cet organe comme absolument nécessaire au maintien de la vie grâce à sa sécrétion interne, qu'il s'agisse d’une action sur le développement et la nutrition des tissus ou d’une action antitoxique. Dans ses différentes publications E. de Cyon, tout en reconnaissant à l’hypophyse une action chimique due aux produits de sécrétion, lui fait jouer un rôle mécanique spécial auto-régulateur. De telle sorte que toute pression exercée sur l'hypophyse se manifes- terait immédialement par une brusque variation de la pression san- guine et par un notable ralentissement des battements cardiaques dont l'amplitude serait considérablement augmentée. Ces phénomènes aug- mentant la rapidité du courant sanguin, principalement dans les vais- seaux thyroïdiens, délivreraient par le fait le cerveau d’un afflux anormal de sang. Ayant entrepris depuis déjà longtemps un travail d'ensemble sur le rôle physiologique de l'hypophyse, j'ai recherché l'effet des excitations directes portées sur cet organe. E.: de Cyon, pour pratiquer les excitations mécaniques et électriques a toujours employé la voie buccale, arrivant sur l'hypophyse en faisant une trépanation au niveau de la selle turcique. F0 Après de nombreuses expériences, je donne la préférence à la voie temporale qui permet d'arriver beaucoup plus sûrement sur l'hypophyse, sans produire de désordres trop graves et surtout sans léser ni le sinus caverneux, ni les parties environnantes, ce qui se Por presque tou- jours par la voie buccale. Toutes mes expériences ont été faites sur les nette. dont l’hypophyse est facile à atteindre, car elle n’est point, sur cetanimal, enfermée dans (1) Dopter. — Transmissibilité de la dysenterie amibienne en France. Suciété : _ médicale des liépitaux 190%, p. 1016. (40) SÉANCE DU 18 JUIN 1235 la selle turcique. Les animaux étaient anesthésiés au moyen d'une injection intra-veineuse de chloralose, et pendant toute l’expérience, depuis l’ouverture de la boîte cranienne, la pression sanguine était enregistrée au moyen d'un manomètre placé dans une artère fémorale. C'était le meilleur moyen de pouvoir enregistrer et suivre les moindres modifications subies par la pression sanguine, depuis les manœuvres de soulèvement du cerveau pour découvrir l’hypophyse, jusqu'à son ablation. Dans toutes les expériences. normales, c’est-à-dire, dans toutes celles dans lesquelles on arrivait facilement sur l'hypophyse sans accident et dans lesquelles. on pouvait être certain de bien localiser les excitations mécaniques et électriques, il m'a été facile de constater que non seule- ment la pression artérielle ne subissait aucune modification, mais que lerythme cardiaque n’était nullement changé. ÿ Les tracés pris pendant les manœuvres de soulèvement du cerveau, pendant l’excitation mécanique, pendant l'excitation électrique et pen- dant l’ablation de l'hypophyse, ne présentent ni modification du rythme, ni modification de la pression. En un mot, pendant toutes ces expé- riences, la circulation ne change pas. Les seules petites modifications que présentent les tracés, dans ces conditions, sont dues, comme je l’ai contrôlé, par des expériences, aux manœuvres de soulèvement du cerveau. Par conséquent, on peut déduire de ces expériences que les excita- tions directes portées sur l’hypophyse sont sans résultat sur la circula- tion ; que l’ablation de l'organe n’a pas d’effet immédiat sur la même fonction et que cet organe n’a pas de rôle mécanique auto-régulateur. Son rôle est un rôle chimique dû aux produits de sa sécrétion interne, ainsi que je l’ai indiqué (1). comme les nombreux expérimentateurs qui se: sont occupés de cette question. (Travail du laboratoire de physiologie de Marseille.) ANOMALIE DES INCISIVES CHEZ UN LAPIN, par ALEZAIS. Il est de notion courante que lorsque l’on casse une des incisives chez un rongeur (lapin, rat, cobaye), l'incisive correspondante, grâce à sa (4) Action des sécrétions internes sur la tension sanguine. 1Ve Congrès de médecine; Montpellier, 1898. Action. des extraits d'hypophyse et de capsules surrénales sur les centres _vaso-moteurs. Volume jubilaire de la Société de Biologie, Paris 1899. 1236 SÉANCE DE BIOLOGIE DE MARSEILLE (41) croissance continue qui n’est plus contrebalancée par l'usure, prend des proportions considérables et sort de la bouche à la manière des défenses d'un éléphant, ou se replie en dedans el devient une cause de diffor- mité. Le cas aurait été observé chez le castor (Gervais) et pourrait se: produire chez tous les rongeurs, puisque leur dentition a le même caractère. Sur un jeune lapin de poids moyen (1,500 grammes), et d’ailleurs bien conformé, que l’on a apporté à l’Instilut antirabique, les quatre incisives avaient pris simultanément un développement exagéré. Les incisives inférieures étaient surtout énormes et formaient deux arcs de cercle à grand rayon dont l'extrémité libre se dirigeait vers les narines el dépas- sait d'un centimètre les incisives supérieures. Celles-ci appartenant à un cercle de rayon beaucoup plus petit, se dirigeaient verticalement et après être restées adossées divergeaient et se terminaient par une extré- mité dont le biseau taillé aux dépens de la face externe répondait à l'émergence des incisives inférieures. ll résultait de cette première constalation que, contrairement à l’état normal, les incisives supérieures élaient situées en dedans des infé- rieures. Chez le lapin, la barre inférieure est sensiblement horizontale et se termine par l'orifice de l’alvéole, qui est obliquement taillé en haut et en avant. La dent a cette mème direction et répond par son bord libre au sommet de l’incisive rudimentaire postérieure qui descend derrière l’incisive supérieure. Il est manifeste que chez notre animal le développement anormal des dents tient à leur non concordance résultant de la position vicieuse des inférieures. , Voici quelques mensurations des dents et des deux maxillaires à l’état normal et chez notre animal. Lapin normal. Incisive supérieure : bord libre taillé en biseau aux dépens de la face postérieure. Longueur de la face postérieure, 3 milli- mètres ; longueur de la face antérieure, 11 millimètres; incisive posté- rieure, 3 millimètres. Incisive inférieure : bord libre taillé en biseau aux dépens de la face postérieure. Bord postérieur, 4 millimètres ; bord antérieur, 12 milli- mètres jusqu'à l'orifice osseux ; 7 millimètres jusqu'à la gencive. Lon- gueur du biseau de chaque dent, 3 millimètres. Écartement des maxillaires : sn drant des molaires, 9 boues au niveau de l’émergence de l’incisive postérieure, 7 millimètres. Longueur de la barre supérieure (du bord antérieur de la première molaire au bord postérieur de l'incisive postérieure), 27 millimètres. Longueur de la barre inférieure (du bord antérieur de la première molaire à la partie supérieure de l’orifice alvéolaire), 23 millimètres. Lapin anormal. Incisive supérieure, bord libre taillé en biseau aux dépens de la face antérieure. Face antérieure, 2 centimètres ; face posté- | | | J PR ES À PE RP TT ET RT RS TRS PENSE PE CT TT 4 PLAT (42) SÉANCE DU 18 JUIN 1237 rieure, 17 millimètres. Longueur du biseau, 5 millimètres. La gencive recouvre 3 millimètres du bord antérieur. Incisive postérieure, 6 millimètres; elle participe au développement exagéré. Incisive inférieure, pas de biseau. Face antérieure, 35 millimètres. La gencive recouvre 4 millimètres; face postérieure, 34 millimètres. Écartement des maxillaires : 12 millimètres, au-devant des molaires; 14 millimètres à l'émergence de l'incisive inférieure. Longueur de la barre supérieure, 25 millimètres; de la barre infé- rieure, 18 millimètres. La barre inférieure et c’est la malformation qui entraîne la déviation des dents qu'elle porte, au lieu d’être rectiligne, s'infléchit légèrement en bas, près de son extrémité antérieure. Elle est notablement plus courte qu’à l’état normal. Elle ne présente aucune trace de fracture, aucune lésion apparente et on ne peut que signaler sa conformation anormale, sans chercher à l'expliquer. Sur près de 12,000 lapins qu'a reçus l'institut depuis sa fondation, nous n'avions pas rencontré de cas semblable. . (Laboratoire de l'institut antirabique.) Le (rérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ PENDANT LES MOIS D'AVRIL, MAI ET JUIN 1907, G. HERVÉ. — Mathias Duval, brochure in-8° (avec un portrait), Extrait de la Revue de l'Ecole d’Anthropologie, mars 1907, p. 69-74. Luis RAzETTI. — Que es la vida? un vol. in-8° de 314 pages. Caracas, [m- prenta nacional, 1907. Opuscula selecta neerlandicorum de arte medica, un vol. in-8° de ee pages. Amsterdam, apud F. van Rossen, 1907. N. GRÉHANT. — Recherche et dosage des gaz combustibles ; emploi de l’eudio- mètre à eau transformé en grisoumètre, brochure in-8° de 18 pages. Extrait du Génie civil, 1907. Mairer et FLoresco (J.-E.). — Le travail intellectuel et les fonctions de l’or- ganisme, in-8° de 128 pages. Montpellier, Coulet et fils, et Paris, Masson et Cie, 1907. ne ro he nd Lu “0 rt AE Des CCR TES “4 ' Re TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE L'ANNÉE 1907, PREMIER SEMESTRE A Pages Abcès provoqués et œdèmes expérimentaux, par E. FEUILLÉE . . . . . . ., 856 — inguinal à bacilles paratyphiques, par LESNÉ et DREYFUS. . . , . . PL es LOL — Voir Albuminurie. | Absorption péritonéale, par Ca. AcHarp, L. GAILLARD et A. RIBOT. . . . . . 90 Acétone. — Caractérisation, par Os. PorcHER et CH. HERVIEUX. . . . . . . , 652 Acide. — Propriétés pharmacodynamiques de la fonction acide, par A. Bris- SORT 405 DO DRE CH AUS DRE OA De M AO SECTE SR NN PAU SE AE 412 — formique. — Action sur la digestion et la circulation, par C. FLerc. . 298 — lactique. — Influence sur le cœur isolé, par E.-L. BAckmAN . . . . . ., 218 Actinie. — Influence de l’agitation de l’eau, par G. Bonn. . . . . . . . ., 395 — Voir Rythme nycthéméral. — equina. — Absence de l'hématine et de la biliverdine, par J. CoTre . . 552 Aglaozonia melaniodea dans la Méditerranée, par C. SAUVAGEAU,. . . . . 274 Albumine. — Propriétés des précipités par l'alcool, par A. Maver et ESRI TERE UNE SEE Re ee eee MS ee ANT LES Ore sAo RE RReE tn 51 EU Action des acides.et desalcalis; par A° MAYER . . . . . . : 2, . 521 Albuminoïdes. — Voir Colloïdes. Albuminurie. — Emploi des sels de calcium, par À. NeTrER. . . . . . . , 329 — Influence des abcès provoqués, par E. FEUILLÉE . . . . . . . . . . . . 673 — Influence des abcès et de l’intoxication mercurielle par E. FEUILLÉE. . . 703 Aldéhyde formique. — Voir Acide formique. Algue. — Sexualité de l'Halopteris scoparia, par C. SAUVAGEAU. . . , . , , 506 ® — Germination et affinités des Cladostephus, par C. SAUVAGEAU . . . , . 921 — Voir Aglaozonia, Nemoderma. Alimentation. — Voir Bacille paralyphique, Viande. Allaitement. — Voir Muguet. Amiurus nebulosus. — Observations, par J. KUNSTLER , . . . . . . . . . 932 Ammoniaque. — Dosage, par A. RONCHÈSE . . . . . . . . . . . ., 118) : VO — Dosage, OR IRAN SEM EN EE EE EE Eee , 1065 BioLocre. — TABLES. 86 2G9 19240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Amœæba blattæ. — Parasite du noyau, par L. MERCIER . . . . . . . . 1: 21482 Amylase. — Voir Lipase, Pancréas. Anaphylaxie. — Etude du phénomène, par P. REMLINGER . . . + . + . * . 23 — par la mytilo-congestine, par CH. RICHET. . . . . . . . . . + . . . - 358 — Mesure par la dose émétisante, par Cn. RICHET . . . . . . . . . . . . 643 — Comment empêcher l'anaphylaxie, par A. BESREDKA. . . . . - . . - . . 1053 Anémie expérimentale. — Voir Pylore. Anesthésie par l’éther, par M. NicLoux. . . . . . …. . . . + + . . . + . + 8 — Canule à soupapes, par L. LEPAGE . . . . . . . . . . . . a Le troaee D 44 — Appareil, pariG. L'AFON. 00e CRE CCE 836 — chirurgicale limitée de la région génito-périnéo- -anale, par nr intra- rachidienne de solutions concentrées, par P. RAvAUT. . . . . . . . 0 1199 — Voir Éther, Chloroforme. Aniline. — Elimination des sulfo-conjugués après absorption de Contenre d’aniline, par J. GAUTRELET et H. GRAVELLAT . . . . . . . . + . : 96, 97 __ Effet de l’ablation du foie sur le mode d'élimination de certaines couleurs d'aniline, par J. GAUTRELET et H. GRAVELLAT. . . . . . ee + + 97 __ Toxicité de certaines couleurs, par J. GAUTRELET . . . . . . . e . + . + 510 Anthracose. — Rapport de la Commission . . . . , . . . . . + . . + «+ « I — pulmonaire d’origine intestinale, par À. CALMETTE. . . . . + . . - - - . 2 — Pathogénie, par J. BASSET . . . . . . . . . . . . . . Th AN DS NAN RUE 148 — Pathogénie, par P. REMLINGER . . . . . . . ... : + : 0. eg 202 — et hydrothorax à liquide noir, par G. Péyu et E. CHARPENAN . . . . « - : 844 — Voir Intestin. Anticipation. — Voir Rythme des marées. Antisepsie. — Voir Zimphène. Aorte. — Athérome chez une myxœdémateuse agée de treize ans, par P. HAUSHALTER et P. JEANDELIZE. "0e Re LE TE — Voir Glycémie. Appendice. — Rôle des plis dans la topographie des lésions, par WEINBERG et W STEINHOUS CL NE rc cn Nc Re ETS 40 Araignée. — Influence de la nutrition sur la reproduction d’Agelena laby- rinthica, par À. LÉCAILLON .. - . . + tete 334 Argent colloïdal. — Propriétés thérapeutiques, par A. CHARRIN . . : . . . 83 — Voir Fièvre typhoïde. Arsenic. — Voir Syphilis. Artère. — Les artères et la chaux, par M. LoœpEr et P. BoverI. . . . . . . . 1160 — mésentérique. — Effet des ligatures sur l'intestin grèle et le dévelop- ‘pement de l'organisme, par CHarriN et Monier-ViNARD. . . . . . . - : 229 Arthritisme. — Voir Thyroïde. Ascaris vitulorum. — Propriétés de la coque, par L. Jauuues et À. MARTIN. 15 — Determinisme de l’infestation, par L. JawEs et A. MARTIN. . . …. 131 Ascidie. — Nature du corps flottant du péricarde, par vax Gaver et P. ce CPHAN: a CU To AR SE A re brel de ed EE ne DIE EEE D94 Asepsie. — Pipette protégée pour prélèvements aseptiques, par F. GuÉGUEN. 841 Asphyxie. — Pression intra-thoracique et compression du cœur droit, par - Tr (ENS aees A M ER ER SRE AO) 1 € RE RTE CU 1 SN RON — Action nocive des Dont rythmées de la langue, par M. d'Hazzuin. . . 711 — Résistance comparée du canard et du pigeon, par V. Pacron . . . . . . 1120 Astigmatisme et verres correcteurs, par DUsOÛR. LE ENS PEN SRE Athérome artériel et calcification, par O. Josué . . . . . . . . . « . . . « 1189 — Voir Aorte. | TABLE DES MATIÈRES Atoxyl. — Influence de la spirillose proyoquée par le Spirillum galli- Hunuspar OC VEVADITNCI EMONNRONR RENE LCA AE NI Aubrietia deltoïdea. — Arc libéroligneux renversé, par C. GERBER . . 1241 Pages. Autolyse aseptique du foie. Action favorisante des chlorures de métaux bivalents par DA PAUNOYEMRR EN ET — Action inhibitrice du citrate de sodium, par L. LauNoy . . . . . . . . . Autotomie caudale chez quelques Rongeurs, par L. Cuénor — évasive chez le Crabe, par H. PIÉRON . . . . . . . . : — protectrice chez Le Crabe, par H. PIÉRON . . . . . . . . . Azote. — Méthodes d'appréciation du métabolisme azoté chez les sujets : sains et chez les malades, par M. Lapré et H. LApsé . . . . . en Voir Urée. pie) leve" exbrie Bacilles endosporés. Structure, par A. GUILLIERMOND . . . . . . — d'Achalme. — Voir Microbes aérobies. — du charbon. — Absence de phagocytose après ingestion de bacilles encapsulés, par T.-STIENNON . - . . . . . . . . Hilo D 0 flo ri o — Etat des leucocytes en présence des bacilles encapsulés, par T. STIENNON. — symptomatique. Toxine, par P. EISENSERG — Formation de la gaine, par T. STIENNON. , . . . . . . . . ERA Den lerfa ri — çoli. — Voir /nosile. — Cuenoti. — Cellules à B. Cuenoti dans la paroi des gaines ovariques denaBblaite pars DPMERCIER EE M NERO ED LEE PURES — d'Eberth. — Voir Inosilte. — de Koch. — Passage à travers le pancréas chez le cobaye, le veau et lapin, par J. Courmonrt et LESIEUR. . ... . , . . . — mesentericus. — Cultures homogènes obtenues « in vitro », . Lar- FORTE, SMS ENS RER PTE SU RE CAT EAN HCuEUreShomoséenes par LAREGRGGEEA NE PR MO NET E AT, TETE par M: JUNGANO: AS RL ALIEN PT NA Rss ete — paratyphique. — Epidémie alimentaire, par A. Nerter et L. Rira- DEAU-DUMAS — Voir Abcès. — proteus ruber, par L. FORTINEAU et SOUBRANE . So tas a Ole Are ete relie ige ‘or ol etes. Que Wars st) fit, Lalliotdel te — subtilis. — Résistance des spores aux différentes températures, par IL, PERDRE RE RAR a ER EVE DER NE 2 — du tétanos. — Mensuration 4 lanrninne et aérobisation, par G. ROSENTHAL . . . — Trois étapes de la vie aérobies, par G. ROSENTHAL É — Voir Microbes aérobies. — violet pathogène, par A. GAUDUCHEAU . . . ! Bacillogène du tétanos.— L'agglutinabilité, dernier vestige de sa parenté avec le bacille du tétanos, par G. ROSENTHAL . . , , . , . . . . . . Bactéries. — Fixation des couleurs, par G. Pésu et H. RazaT,. . . . . , . . — Accélération des colorations lentes par le courant électrique, par Foix EAN IN 1 NT M NE SU — Voir Térébenthine. 18 1201 PA Para re LE SP Te UE SRE ER ONE 1242 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Bactéries saprophytes. — Voir Tuberculose. Baïns de lumière. — Thermométrie, par PARISET. . . . . . . . .. IR E Baryum.— Voir Cœur. , Batraciens. — Voir Eau de mer, Lithium, Métamorphose, Sodium (Chlorure). Benzidine. — Voir Spirille. Bile. — Voir Sulfo-élhers. Bilirubine. — Extraction du plasma du sang de cheval, par A. RANc. . . . 306 Blatte. — Voir Bacillus Cuenoti. Bleu de méthylène.— Autagonisme avec la phloridzine, par A. Frouin. . . 411 Bonellia viridis. — Voir Pigment. = Bovidés. — Abaissement des dépenses vitales, au début de l'existence, par À IGOUIN. et P' ANDOUARD NET CNE ONU ENTRE 985 Bromure de potassium. — Voir Ho Bronches. — Voir Epithélium. C Caféine (Bromhydrate de). — Influence des voies d'adninistration sur la dosesminima mortelle "par MAUREL OPEN EN ENERERE 897 GCalcification chez les animaux, par G. Bo. . "un nn, 561 — Voir Afhérome. Calcium dans le mal de Bright, par H. Iscovesco © . . è |. | . 4 == Idem; par -NETIER 227 MN CNE AE NS EE PME RER 329 — Bons effets dans la tétanie, les spasmes de la glotte, la laryngite, les Con vuISIoONS DATA NETTER. CN MN AE NN PEER 316 — Efficacité dans le traitement de l'urticaire, de l’œdème aigu, des enge- lureStettduiprurit par APANENTER NERO ER RER 462 — dans le traitement de l’urticaire. Suppléance entre les ne de strontium : etAdenCalCIUn pArPATENENTER RENE SENPN RRN NE EE Pros — danstla pneumonie, PAR A ANENTERSN NN EN NE PEN PPT 632 — Voir Albuminurie, Artère, Cœur, Thyroïde. Canal semi-circulaire. — Voir Oreille. Gancer— Sérothérapie, ParsE-MIDAT ANUS ORNE EN PR 25 — Réactions provoquées dans les cavités de l'organisme; np leuco- CyYÉAITe, PALIG. PROINE NE ENS ST EP NS A EEE « 407 — Examen clinique des expectorations, par L. FoLper. . ©: |. à | 190 — Métamorphose cancéreuse des glandes brunnériennes du duodénum, par NE LETULDES MS A0 el one NES CPE ER ER RE 859 Cantharidate de potasse. — Immunisation par un sérum antitoxique, par CECRAMPY AS RUN TA eee Na ie Pen SNS PEU ANIME TEE ENS 1128. Carbone. — Fixation par les chrysalides, par R. Dugotis et E. Couvreur. . . 219 — Assimilation par les chrysalides de Lépidoptères, par Mie yon LINpen. 360, 311, 428 Carcinomelplasmodial/ par MALENRUCEEN ER NEO OP EE 952 Cardiographie humaine. Méthode, par H. PIÉRON . 4 . . . . . . . . . . . 141 Cardiosporidium cionæ, sporozoaire parasite de Ciona intestinalis, par FL VAN LGANVER et UP STDEPHANS SEE PME MEN ER EE DNRERE EEE 556 Cardium edule. — Substance réduisant la liqueur de Fehling dans le stylet cristallin, par-L-C-/MAILEARD Et Fe NDESS EN EE . 316 TABLE DES MATIÈRES Castration des lièvres par les lapins, par J. KUNSTLER . . . . . . , . . . . EPS DATE, LHIERENE NE FREE MN PE Eee 2e re de dede AlrS — Malformations organiques chez un castrat naturel, par G. Erienxe, PAPIRANDELTZE 0 IR IRIGHON PAM EME 1 een: et slot 06 Ê — parasitaire produite sur les Rhizocéphales par les Cryptonisciens, par MUC CRIE SRE EE NE PER ER PS M EE ne Caullerya Mesnili, Haplosporidie, parasite des Daphnies, par Ep. Caart- ON PR TE Gin ere et TE UE ur OV RS ge EG te Cellulaire (Spécificité). — Voir Colloides. Cellules géantes. — Propriétés phagocytaires, par Cn. Morez et E. DaLous. — nerveuse. — Varicosités des dendrites, par R. LEGENDRE . . . . . . . — Modifications histologiques des cellules cérébrales dans l’insomnie, par RARMEGENDRENC (ÉECMPIERON EEE A NN VEN de tele — Voir Greffe, Insomnie. l — de Paneth dans les glandes de Lieberkühn de l'homme, par A. PRENANT. — rhagiocrines clasmatocytiformes. Rôle et fonction périvasculaire, par de REA RSR RE RE RL PA AMI EN —. Ge, RAR OS EEE RER RTE RE PE ES Céphaline. — Nature des produits azotés obtenus dans la saponificaltion, HORS COUSIN ER Mn RE A 7 ee MER CA act: Céphalo-rachidien (Liquide) — Éléments cellulaires dans le liquide apres lasmort, par M: Virrarenief L'UTIXIER.. 4:22. 22020 + Linie Ce Chloroforme. — Quantités fixées par la substance grise au moment de la OS Da MES MERISON EL MEMNICLOUX EN EE AT RL EL That Chlorophyllienne (Fonction). — Mécanisme, par R. DuBois. . . . . . . Chloruration (Hypo-). — Mécanisme de la rétention du bromure de potas- SUD NE D A ROULOUSEMEL HE PIÉRON EE NC Ne cree — Ier. RARES TRS SERRE EE EE SR Cholécystite scléroafrophique d'origine éberthienne, non typhoïdique, par ÉPENSE 6 y LL ASE moe à nee AE eh So LES Choline. — Recherche daus le liquide cérébro-spinal pendant l’épilepsie, par Le CSL SR SR ES RS NA RE UE a 5 Chrysalides. — Voir Carbone. Cils. — Coloration élective des plateaux en brosse par le vert lumière dans Hmplecolorationde Prenanf par L'GUIEYSSE. 0. Ur. Circulation ventrale chez les Insectes, par A. Popovicr-BAZNOSANU. . . . . . — Voir Acide formique. Citrate de soude. — Voir Venin. Cladostephus. — Voir Alque. Coagulation. — Variations au cours de grandes saignées suivies d'injec- HBnSISAUnEeS, Dar MPÉRROINENE ME A en de een. — Incoagulabilité du sang après extirpation totale du foie, par M. Doxon EG Ce RON ARR NE TN NE TER LE — Rôle des hématoblastes, par L. LE Sourp et P. PAGNIEZ . . . . . . . . . Cœur. — De l'action sur Le cœur des ions potassium, magnésium, baryum, calcium et sodium, dissociés et introduits par électrolyse, par J. Gau- RÉ ETR ES Cu ce UE den el lee RS RU NE NV | NA 1084, — La chaux et le cœur, par M. Loerer et P. BOVERI. . . . . . . . , . . . — Systoles pseudotétaniques, par N. Bassin. . . . . . . . . . . . VE PDP EAN PAGRONS. 2 PR a 7. +, nus ee eos se — Voir Acide lactique, Potassium, Vératrine. Coléoptères. — Origine des feuillets germinatifs, par A. LÉCAILLON , 583, 529 74 251 312 1125 1206 1208 1212 12944 ._ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Collargol. — Sang et organes hématopoiétiques après l'injection, par Ch. Acrarp et P. ÉMiLE-WErz. 2% ART NI ER MERE 93 — Injéctions intra-museulaires, partl ICAPITAN MN EN EE ii) = Idem, par NEITERL ee EE ne Et 20 Re EM RER 181 — Action sur le pouvoir glycolytique du sang, par R. Lépine et UE CREME TAN Colloïdes. — Influence des électrolytes, par A. Mayer , . . . . . . . à. . 46 — Constituants du liquide céphalo-rachidien, par H. Iscovesco. . . . . . . 181 — Pénétration ionique d'électrolytes, par Iscovesco et À. Marza . . . . . . 182 — Les lécithalbumines sont des complexes colloïdaux, par A. Mayer et PH ESTTeRR ONE 0e NT RER PTT ARTS SPORE 398 — Mécanisme de coagulation, par E. Hot» PRIS NES ne RE 490 — Transport des colloïdes à travers des colloïdes et des lipoïdes; spécificité cellulaire par He ISCOVESCOMM EMMA ONE RENE RE RE 625 — Transport de ferment gastrique à travers les colloïdes, par H. | Isco- VÉS COS tes en Or ele cette te Denelie ee Ou Eee ele D PC 710 — Transport des colloïdes à travers des colloïdes. Suc pancréatique et oval- bumine part ISCOVESCON RENE CARTER MEN RENE 861 — La charge de la gélatine en fonction du milieu, par H. Iscovesco . . . . 892 — Transport des colloïdes à travers des lipoides, par H. Iscovesco . . . . 1823 — Voir Jécorines. — métalliques. — Voir Métaux colloïdaux. — des plantes médicinales, par @. CHAMAGNE . à : . : . 0, ue 541 Colpomenia sinuosa. — L'existence dans la Manche, par L. MAnGIn . . . * 193 Constipation et hypothyroïdie, par Léorozo-Lévr et H. pe Rorascaizn . . . 590 Convallamarine. — Influence des voies d'administration sur les doses ina MmOnelles DAME EMAURETER NN NN CERN EE 1036 Convulsions. — Voir Calcium. Goqueluche. — Microbiologie, par A. CAVASSE. . . . . . . . . . . . 195 Corpuscules de Negri. — Voir Rage. Crucifères. — Théorie de Celakowsky sur la cloison des Crucifères, par ER GRR ER POLAR RC RE PARENT RL — Voir Préesure. Daphnies. — Voir Caullerya, Proltisle. Décapodes. — Voir Phagocytes. Décès de M. Émile Javal et de M. P. Budix. Allocution, par M. Grarn. . . . 110 — Hommaoc a PÆBudin, par MANICTOUENNENEES RE EC CE alla — de sir Michaël Foster. Allocution, par M. GrarD. . . . . . . . . . . . . 118 — de M. Mathias Duval. Allocution, par M. GrarD . . . . . . . . . . . . . 328 - — de M. Berthelot. Allocution, par M. GrArD . . . . . . . . . . . . . . . 516 — Au sujet du décès de M. Féré, par M. GrarD. . . . è . . __ 696 — de M. Ch. Féré. Allocution de M. ROGER . : à. nt 697 — de M. Charrin. Allocution de M. RoGEr. . . .:. . . . . . . . . . . . 8718 — Discours Dar ME AGEN CN NE MEN RENE CN RES 926 Dent. — Anomalie des incisives Che un lapin, par ALEZAIS. . . . . . . . . 1235 — Voir Polype. q Désinfection des livrets de caisse d'épargne, par L. PERDRIX. . . . . . . « 324 TABLE DES MATIÈRES 1245 . Pages Dialyse. — Passage du.chlorure de sodium à travers les sacs de collodion, Mae ISCOvESCO et AINPATAAT PE RE MENT OST RES MALE Sr 1204 Diapédèse leucocytaire dans la pleurésie et la méningite tuberculeuse, par CORRE Pete ee ce de UT AE Ent MERE Pia CAL RIRE A os pie es 481 — Voir Cancer, Hématie. - Diastase et antidiastase. Mélanges, par .A. BRIOT. . . . . . . . . . . . . . 325 Diatomée. — Voir Marennine, Rythme des marées. Digestion. — Veir Acide formique, Écrevisse, Fourmi, Salive, Sympathique. Diurèse. — Voir Lactose, Sucre. Dose minima mortelle. — Voir Convallamarine, Spartéine, Quinine. Douve de Chine. Loit-on considérer comme deux espèces la grande et la Petite nvariété 2 par P'ÆMVERDUuN Et Le BRUVANT.-.----. (UC Le. 655 du chat. au Tonkin, par P. Verpen et L. BRUYANT. - . . 1. +. 104 Dyscrasie acide. Influence sur l'oxydation du soufre, par A. Descrez et NES B AGUENDE RER LUS eus prnte Me late shael de el REC lee Lie En eitl 132 Dysenterie humaine. Culture du parasite, par A. LESAGE. . . . + . . . . . 1157 Érasubienne chez le/Chat;.par A LEsAge....0.,...0.1. 0.7.6 0. VAN. 1191 MES RAS A aTADeS: pari A BEEBT 2312 41166 2h ele NN ER 1232 E Eau de mer. — Action de l’eau de mer et de NaCl sur la croissance des - larves des Batraciens, par Anxa DrzEwina et G. BoHN. . . . . . . . . 880 Eaux minérales de Châtel-Guyon. — Recherches physico-chimiques, PAPER OUCAUDIEMICAACHANMAGNES MR EUR EN EN RENE Ne 465 — de Vichy. Recherches physico-chimiques, par L. Sarienar et G. Cna- CN eee te Re net mn et Red cf ee) LC RAGE -468 Échanges gazeux entre l'air et les sucs d'organes, en présence de fluorure Hé odiuns par Ji ÉAABELOUS. 40e, m2. NON UE al AUS 393 — Voir Oxydalion. Écrevisse. — Digestion des glucosides et des hydrates de carbone, par, dGrmietM IG OMR les ANT Rent AD Eten RrEneTan 1497 Élection de M. GEorGes Boan, membre titulaire... . . . . . . . . . . . ., 208 Te MPRILERISSEV membhremtitulaire © ME Net NAN EEE NN 497 de NI os emembhrestitulaireni/s,. 22, su RU DE arte re 1029 Électrolyse. — Réalisation de crises épileptiformes chez le lapin, par Le (AGEN MAN Ce SO SR Eee Re SE Sn 916 — Effets physiologiques consécutifs à l'application de l’électrode à l'oreille deslénimal par JA CTAUTRELER MERE AT ARE Re Tee 947 — Modifications qu'entraîne la suppression de la + par J. Gau- DRE NOÉ RTE RE EE PR ARS CIE EE CRIER CE CIQE 918 Électrothérapie. — Rhéostat enallax-ohm, par NicoréTIS . . . . . . . . . 427 . — Action des longues étincelles de haute fréquence et de haute tension sur Les IS SUS MPa ER TINGE HART ON EN ORPI LUE 323 — Voir Rhéostat. Éléphant. — Voir Rein. Émulsine. — Voir Lactase. Encéphale. — Poids chez les animaux domestiques, par L. Lapicoue . . .« . 1015 Encéphalite aiguë expérimentale, par Dopter et OBERTHUR..... . . . . . . 848 1246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Éosinophilie comme moyen de pronostic, par H. Lams. . . .: . . . . . . . 2 après splénectomie, par V. AwpirerT et P. VNALETIE +... 0 — Voir Sécréline. Épilepsie. — Lésions cérébrales, par L. MARCHAND. . . . . . . . . . . .. — Voir Choline. : Epistylis galea, par E. Fauré- Pen ee Ce TEE ERA Te ONE D D Fe UE Épithélioma du gros intestin. Histogenèse, par M. Las FUN AT ANRE Épithélium bronchique. Cellules ciliées et muqueuses, par A. PRENANT Épithélioïdes (Cellules). — Nature et origine, par SPERONI. . . . . . . . Estomac. — Voir Rein. Ether. — Quantité dans les tissus au moment de la mort par anesthésie, Par MMNICLOUX RER A NOM RES ANNE PER EE AER en — l'eneur respective des globules et du plasma, par M. Nrcecoux. . . . . . — Moyens de le caractériser dans le sang et les tissus, par M. Nrccoux. . — Voir Anesthésie, Lipolyse. Excitation. — Détermination de la formule d'un nerf ou d’un muscle, par JÉCLUZET SNS RE Abe RAM TOR DE RS SE ER JL ÉOLUZET RE er M PER DE nee SU Ne TR — Loi nouvelle de l'excitation électrique, par L. LAPIGQUE. . « . . . . . . =: Idem par GI WEISS ES ET ANR ET EE NP ER NE — Théories récentes et décharges de condensateurs, par L. LAPICQUE. . . . — par décharges de condensateurs; détermination de la durée et de ia quantité utiles par L'LAPICQUE. 2 PR A NE CR C0 in de One lot eo lon 0 6 à o d'olp diurp io 0 0 6 à = demNpariL LAPICOUE NON PR EME RU MO PER ER SL ; — par décharges de condensateurs, par J. CLUZET. . . . . . . RAA NET idem par Li, L'APICOUERÉE LEON NE CR NC ESP SERNr TE = dem, par J'ACÉUZETM POELE CURE NET ES LAS RE MERE Se Sdem, par Li LAPICOLERS LE SES ER ENS NOIRE ER EE Excitabilité. — Voir Nerf moteur, Strychnine. Excrétion. — Voir Sécrélion. Exhalation de vapeur d’eau. Recherches expérimentales, par H. GuiLLe- MARD LE GORE MOO GES ENTER RE ER Re ER ERE 141, . 819, Exsudats pathologiques. Étude physico-chimique, par H. Iscovesco, Jor- TRAIN. et. MONIER-VINARD) HR EME A Re ME Eee Fèces. — Voir Gastro-entérites, Sulfo-éthers. Fer. — Dosage dans les tissus, par B. Moreau, A. MoREL et CL. GAUTIER. Ferments métalliques. — Voir Métaux colloïidaux. Fibrine. — Régénération après défibrination totale, par M. Doyon, CL. Gau- MER SEL AS MOREL ES PEN NORME STE ST RENTE Fibrinogène. — Origine, par M. Doyon, CL. GaAuTIER et A. MOREL . . . . . Fibrome. — Évolution épithéliomateuse cornée du fibrome lacunaire de la mamelle, par CoynE et BRANDEIS. . . à . . à: _ Fièvre méditerranéenne. — Voir Micrococcus melitensis. — typhoïde. — Traitement par les injections d'argent colloiïdal, par JS GAILLARD 2 EST ANR ES RL OU UE RE ERA ER TS ee 545 615 618 66% TOI 196 191 929 931 1038 1040 874 29 61 - 368 144 TABLE DES MATIÈRES 1247 Pages Fièvre — Propriétés cytasiques ou opsonisantes du sérum, par M. BRETON BE ARRET NE EMULE He, LP) EEE EP RE EEE MAP" 941 — Voir Huître. Figuier. — Voir Présure. Fluorure de sodium. — Voir Echanges gazeux, Eorc/duiporc/et.deil homme par:E. (ÉRAUDEL.. à. 1... 2. à .r dus nee 199 — Lésions produites par des congestions rénales, par J.-L. CHiRré. . . . . 34% — Phénomènes tétaniques par l'anémie artérielle du foie, par M. Dovox et Ci CAT RS PR EE TE ARE CEE De TR SE NI NOTE ETIENNE 429 — Indépendance vasculaire du foie gauche et du foie droit, par H. Sé- ER ne PC A LR SN ren ge LUN 501, 503 — vhoraliSehonslobaires, par F.,DÉVÉ. 20 t0nt M0. Li : etui a TPeU il: 600 — Kyste hydatique, par J. Saprazès et L. MURATEr . . . . . . . . . . . . . 689 — Action des hémolysines sur le parenchyme hépatique, par N. FiessiNGEr. 671 — Lésions rénales déterminées par l’anémie artérielle du foie, par M. Doxon, OR CAINE REC PAP OTICA RD er MALE NA a ae bei md ere ee 866 — Lésions rénales déterminées par l'ablation, par M. Doyon, CL. GAUTIER ÉRÉUPICAR DER RS AE en ee A la mn Loiten oies es Le Mure ete 987 — Substances hépatopoiétiques au cours des régénérations du foie et de son développement embryonnaire, par P. CARNOT . . . . . . . . . . .. ‘0 1181 — Indépendance des lobes, par BrissauD et BAUER. . . . . . . . . . . . . 1202 — Voir Aniline, Autolyse, Coagulation, Indoxyle, Pigment, Rayons X, Thy- roidectomie. À Folie. — « Ma'adie » et « infirmité », par L. MARCHAND . . . . . . . . . . . 120 Fourmi. — Adaptation à la recherche du nid, par H. PIÉRON . . . : . . . . 216 — Mise en réserve du saccharose chez le Lasius niger, après inversion par une diostaseisalivaire; par HEPIÉRONS SNS 2 mes 172 G Ganglions mésentériques. — Voir Tuberculose. — (Para) lombaires. — Développement, par ALEZAIS et PEYRON. . . . . . 549 Gastéropode pulmoné. — Biologie sexuelle, par H. Lams. . . . . . . . . . 255 Gastrique (Suc). — Voir Salive. Gastro-entérites infantiles. Etude cytologique des selles, par P. NoBÉCOURT CR NE Re en M TN ed ones MA el se lat 612 - Glandes calcifères. — Voir Lombric. - — interstitielle. — Voir Ovaire, Testicule. — de Lieberkühn. — Voir Cellules de Paneth. — mammaire. — Voir Rayons X. Globules polaires. — Emission chez Rana fusca, par E. BATAILLON . . . . 900 Glucose. — Dosage par la liqueur de Fehling, par G. LAFON . . . . . . . . 948 Glucosides. — Voir Zntestin. Glycémie. — Effets de la compression de l'aorte, par R. Lépine et BouLup. . 1108 BGoitre. —Étiologie, par L. Bérarp et L. THÉVENOT . . . . . . . . . . . . . 44 - Goutte. — Voir Thyroïde. …— Greffe des ganglions rachidiens, par J. NAGEOTTE . . . . . . . . . . . 62 — Prolongements nerveux néoformés, par J. NAGEOTTE. . . . . . . . . . . 289 ._ — Destruction des cellules nerveuses mortes, par J. NAGEOTTE. . . . . . . 381 - — Infection, par. A. Nerrer. eee e Mollat e ar de NT 0e Ta Tee Pie ere 1248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Greîfe. — Apparition précoce d'arborisations périglomérulaires, par J. Na- GROBTE La an NRA RAM RENTE re Te RON EU. RES DOTE RCA SAONE 580 ._ — Formations graisseuses dans les cellules Sneies. par J. NAGEOTTE, AL4T Grossesse. — Balance des aliments ternaires ingérés et ceux dépensés, par EMAUREL NN eee ONE ARS LINE SERRES TE QUE . 352 — Balance entre les albuminoïdes ingérés et ceux icuces chez la lapine, Par E MAT ET, SN INR DETRNPNEARPARESE PORC | dE OU Cie 405 — Balance des ternairès ingérés et ceux dépensés par la lapine, par Maurez. 484 — Aliments ingérés et leur utilisation chez la cobaye et la lapine, par F Mauneg. oh 207 0h RER RTS ER ser SUR RER 533 — Pénétration des cellules plasmodiales dans les parois utérines, par AN ATTANCLARRIER Et ANDRINDEAU. Le et te Re Ne 956 — Évolution plasmodiale des cellules extraplacentaires de Langhans, par EL NaxPrAN-L'ARRIER (et AS BRINDEAU SR OR EN CL PT H Halopteris scoparia. — Voir Alque. Haplosporidies. — Voir Caullerya. Helminthes. — Transmission des mierobes one par les larves, par NVEINBERG. en 2 ste ete 2 OURS A MIE RS COPA MÉPIT ANA OR ERRRE PA 203 Helminthiase extra-intestinale et néoplasmes malins chez le rat, par Ces. RECAUD SUMMER EDR MINE ST RSR EEE D do Dinan da io Lee (o 497 Hématie. — Régulation de la diapédèse leucocytaire, par G: FROIN. . . . . 346 — Granulations basophiles, par J. Joczy et A. VALLÉE . . . . . . . . . . 568 — à granulations basophiles, par J. SABRAZÈS . & . . . à... à». : à rl dem par J'HOLEN. 2 20 EE NEA NE 712 — Résistance chez le lapin, pa BRISSAUDIELABAUER. CN CE RCE 1068 — Voir Diapédèse. Hématoblastes. — None anon PAT CS VALLE SM SU Ne CRE 540 — Voir Coagulation. Hémolyse. — Action chisechte du citrate de soude sur Re par le sérum. d'anguille, Pari0.NGENCOUMAEME MAIRES NE AREA 0 — Voir Sérum, Venin. Hémolysines des anaérobies, par PH. EISENBERG . . . . . . . . . PRE EC Ue EUUE) | - — Voir Foie. Histologie. — Application d'un nouveau flacon compte-gouttes à 1 technique, par AVAUCHÉ eh LD /DRIBONDEAU: 20 COS Pre a dCi, d11 — Préparation instantanée de solutions colorantes limpides, par F. GuéGuEex. 879 — Congélation par l'air liquide, par G-BRISSE NN NN EE 4115 — Voir Cils. | Huile de marrons d'Inde, par A. Goris et L. CRÉTÉ . . . . : . . . . . . . . 417 Huître. — Composition chimique des liquides, par J. Bayzac. . . . . . . +12 “250 — Foxiéité des liquides, pars. BAFLAG- 0 OMR MST ANIME NE 284 — Influence de la température sur la toxicité, par J. BayLac . . . . . . . . * 331 — Part respective de l'infection et de l’intoxication dans les accidents, par À, NETRER 20 4 MEN NS LS PU EMTEC PR RATER ER 333 — Rôle de l'intoxication, par RUBAYELC". MIROIR “AT ne En téatlen anima chtis Éattel PES" TABLE DES MATIÈRES Huître. — Teneur en bactéries Dar AM GAUMONT Re. Mers — Verdissement expérimental, par C. SAUVAGEAU. . . . . . . . . . . . .. — Ostréo-congestine, substance extraite des huitres, par LASSABLIÈRE. . . . — Voir Marennine. — perlière. — Sporozoaire parasite et son rôle dans la formation des HORTE SEAT RE MUBONS MESA M OMEE ENSe LI EAL TEE SAME RO A EEe Hydropisie. — Échanges de liquide entre le sang et les sérosités hydro- | piques. Influence des actions mécaniques, par Cu. Acaarn et R. DE- NO ER RE ER REC DES A RE RAR Re LT a ee 4 Hydrothorax. — Voir Anthracose. ‘ Hypophyse. — Lobe nerveux de RASITCLNES et du sac vasculaire, par Le, CNE NRRRANRER ES ARE TRANS RES AS A RE PR TRES EP MES nAblation-parM: GARNrER eb-PTHAON. 0 MON PAIN — SeCrétipn et Vaisseaux évacuateurs, par P./THAON. 0. 0, 0. => ROC, BRAS RAS ER AR TOR SR TRS Ictère. — Sulfo-éthers, par H. LaBgé et G. VITRY . . . . . . . . — Cholémie et polycholie, par A. GrL8err et M. HERSCHER . . . . . . . — Teneur en bilirubine du sérum sanguin dans la colique de plomb, . AMGriiBenmetMe HERSGHERS: Ve UE ee SRE AR ENTRER 2e — Voir Cholécystile. Imines quinoniques, par A. BRISSEMORET . . . . . . . . . . . . . . . Incubation. — Action des vapeurs de plomb et de zinc par rapport à Mans bation des œufs de poule et à la respiration, par J.-L. BReron et A. INANRUE, 214 TT ER RENE RE CSP À RME SR EE Me CRAN Indican urinaire dans le jeûne, par H. Lapsé et G. Virry. . ... . . . ... . Indol. — Prétendue toxicité des corps du groupe de l’indol, par Cu. Her- NE RE CE RE a LR MEANS OR AN à rs — Recherches urologiques, par CH. HERVIEUX . . . . . .' 1. . . . . . . : — Voir Urine. Indoxyl. — Rôle du foie sur la formation des chromogènes, par CL. GAUTIER CAC R VIEUX ER ER AE EL ASE ETES SRE OT e CARTE Infusoires ciliés. Mitochondries et on ee DRE. FAURE en 3e — Voir Epistylis, Opercularia. Inosite. — Nouvelles réactions, par G. DENIGES . . . . . . . . . . . . 104, — Action de quelques bacilles sur l’inosite, différenciation du « coli » et de BND AD ane Ge MEIÉLIBRES 212 NN CHEMINS CR AR RNA Insectes. — Voir Carbone, Circulation, Ovogenèse. Insomnie expérimentale. Retour à l’état normal des cellules nerveuses après les modifications par l'insomnie, par R. LeGeNDRE et H. PIÉRON . — Voir Cellule nerveuse, Sommeil. Intestin. — Passage des poussières insolubles, par G: Küss et LOBSTEIN — Absorption des particules solides, par J. Basser et H. CARRÉ. . . . . . . — Passage des poussières à travers la muqueuse, par G. Küss et LOBsTEIN. DE pars He NINCENT UE 0 Meme RE, ALAN ENTRE AE — Conditions dans lesquelles la muqueuse digestive est perméable aux microbes, par J. BASSE et HA CARRÉ +: à à à à 24: URSS 310 829 1950 SOCIÉLÉ DE BIOLOGIE ci Pages. Intestin. — Passage dans le sang des microbes intestinaux, par GARNIER . CRE EG IN SIMON SE MERS LL ALE ETUI EN SN TE ES NRC QE a EE LUS) — Les conditions dans lesquelles la muqueuse intestinale est perméable aux poussières et aux microbes, par À. CALMETIE . . + . 1050 — Dédoublement des glucosides, par A. FrouIn et P. Tomas. . . . . . . . 221 — Voir Anthracose pulmonaire, Arlère mésentérique, Epilthélioma, Péritoine, Staphylocoque, Thyroïde. Isopodes. — Organes globuligènes, par L. BRUNTZ . . . . . . . . . . . . . 168. J Jécorines naturelles et artificielles, par A. Mayer et E.-F. TERROINE . . . . 173 Jeûne. — Sulfo-éthers urinaires, par H. LaBsé et G. Vitry. . . . . .. . . . 699 — Voir Indican. K Kyste hydatique. Séro-diagnostic par la méthode des précipitines, par C:-Frrtciet M. LIsBONNE sue re Se RE PE 1198 — Voir Foie. L Lab-ferment. — Voir Parachymosine. Lactase et émulsine animales. Dialyse et filtration sur sac de collodion, par: H;:BreRRY et Ge SCHABFER HA. SE Ne SR ER 2e 123 Lactation. — Voir Thyroïlectomie. _ Lactose, diurétique vrai,.par J. ARROUS. . . . . . . . . . . . . . . AREAS AE Lait. — Calcul de l'extrait dans les analyses, par Bouin et GOBERT. . . . . . 421 — Coloration rouge cerise en présence d’alcalis concentrés, par CL. GAUTIER, AIMGOREL CLEO MONOD NP RE RE -WINSA2 Langue desMéléostéens pan JE CHAINE NE CR RC 924 Laryngite.— Voir Calcium. Lécithines. — Voir Néphrome (Hyper). Lémuriens fossiles et actuels, par TROUESSART. . . . . . . . . . . . à 125 Leucocyte. — Granulations leucocytaires des Scorpionides et des Mona, POP A AR OPEMANNEERE MEET CRE EE CC MOMTENETENE 0226 — Voir Hémalie, Diapédèse. Leucocidine. — Voir Microbes anaérobies. Levures. — Action pathogène, par H. Ragyar et G. Péiu . . . . . . . . . 5 608 Ligament annulaire du carpe. Développement, par LucIeN . . . . . . . . . 169 — péronéo-calcanéen chez l’homme. Faisceau surnuméraire, par ne WEBER CL RC ICOLLINENE RE. D TERRE RE DR ME D 3 Sante SAC TABLE DES MATIÈRES 1951 Pages. Lipase et amylase urinaires. Leur signification, par Logper et J. Ficaï , . . 1018 — Voir Rein. Lipoides. — Voir Colloïdes. Lipolyse dans le sang. Dosage de l'extrait éthéré, par M. Dovon, CL. GAUTIER CPAS MOREL AMEN NE REP EC PAST NE MR es nr M Ie RAr EEe Len 286 Lithium (Chlorure de). — Influence sur ie lives de Batraciens, par DHEA PZENNIN AE ICT CD OHNE 0 21 RS PANNE MN PRE 1150 Lombric. — Rôle des glandes calcifères, par A. COMBAULT. . . . . . . . . 71 — Histologie des glandes calcifères, par A. COMBAULT . . . . - . . . . . 570 — Développement des glañdes calcifères, par A. ComBacrr . . . . . . . . . 630 — Circulation des glandes calcifères, par A. ComBaueT. . . . . . . . . : se Gr — Du cours du sang chez l’Heliodrilus calignosus, par A. COMBAULT. . . . . 1003 Luciférine. — Mécanisme de sa formation ; analogies et homologies des organes de Poli et de la glande hypobranchiale des Mollusques purpu- FEÈRES, DEMI DE OO CRE CRE PEER RE ET DÉC NCHIt Lumière. — Influence sur la matière vivante, par G. Bonn. . . . . . . . 202 M Magnésium. — Voir Cœur, Nerveux (Système). Mal de Bright. — Voir Chlorure de calcium, Surrénale. Maladie de Basedow. — Voir Thyroïde. Marennine de la Diatomée bleue; comparaison avec la phycocyanine, par Le BORN RE SUR ne San ne MP DNS ie Et 1073 Marrons d'Inde. — Vote ae Médications ioniques, par Ta. Turrier et A. MAUTÉ . . . . . . . . . . .. 64 Méningite. — Voir Diapédèse. Mercure. — Lésions rénales, hépatiques et intestinales au cours de l'intoxi- CANON ARUNe TESSENGER ER NU 0e MI PL MONS Mi Er 240 — Voir Albuminurie. Métamorphose. — Le corps gras des Muscides pendant la métamorphose, DAC SIPÉ REZ ARRETE LR AE ET RER A RE en ne 909 — Histolyse phagocytaire des cellules grasses à la fin de la nymphose, par Che IPÉRBZC US Gale LR rer RE ER ES ARE 911 — chez les Batraciens anoures. Influence de l'acide carbonique, par P. Win- ROBERT AS EE RER Re RS On en a ER PE CRUE 1106 — Manque de respiration pulmonaire, par P. WINTREBERT . . . . . . . . . 1154 — Voir Muscides. Métaux colloïdaux. — Emploi thérapeutique, par H. Iscovesco. . . . . . 493 — Jdenre, Or ENTER Er NT 560 — Home on ARR RE RAR De tte DOTE ARE à 560 — Idem, par A. NETTER. . . . . DCE CDS LE CAT EAP nt Ut 2e CRC Vi RE 624 ED AR AT ROBIN SEE A LEARN ROUE VOA CNT Ste TRE CD — À propos des ferments ne ee DATPAPSRIOBIN, ED NS MES FT RE 698 EM AD AT VAT NETTERS. 20 NET ES MU, RNA LES er AE D D ou = GO: Microbes. — Voir Nerf. — aérobies. — Action suspensive des pâtes de céruse et de blanc de zinc surles cultures, par Mme Eubreet A. MARIE, à à . © . 135 1252 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE Pages. Microbes. — La sporulation aérobie des vibrion septique, bacille d'Achalme et bacille du tétanos crée des races nouvelles aérobies de ces germes, par G. ROSENTHAL . . : . AAA S Pr Re EURE 1066 — anaérobies. — Leurs anne cree es Le raie. sais NÉ 491 — Retour au type anaérobie initial de l'anaérobie de reconstitution, par Gé ROSENDHAT La ef RUE SR EN ete AE CEE At — Voir Hémolysines. Microbioïdes. — Simili-conjugaison, par R. DuBors. . . . . .. . . . . . 96 — Action sur la lumière polarisée, par R. DuBois + - 243 — de la glande à pourpre du Murex brandaris, par R. Dupois . , . . . 435 Micrococcus melitensis.— Sensibilisatrice spécifique dans la fièvre ni terranéenne, parA = SICRE Meet Cl CT I ECC e «AU IDXS — prodigiosus. — Variations chromogènes dans les milieux alcalins, par GesPéiviet EL CRATAR Le 41 le ps SU PAT A A PRES CPE Te 192 Microphotographie. — Prises de vues instantanées, par Cu.-A. FRANCOIS- FRANCK 2" 21 5 dictelbe og met Enr Ne, ONE MM RE ER RER 631 — et chrono-microphotographie. Mouvements des branchies, par FRANÇoIs- RANGERS ee ne Le lama r ANS CNE AURAS SERA PES OU ER CNE RN IR PS EE 964 — en couleurs des pièces Hatomiones es FRANCOIS=FRANCE ON" 1099 Microscope.— Don de M. Leifz, par A. PETAIT . . à . .. à . 112 Mitochondries. — Voir Infusaires. Monstre. — Description anatomo-histologique d’un hémimèle, parJ. SALON 341 humain acardiaque. Par TRI EAN EIARRICON NN EN 642 — ectroméliens. Rapports entre la morphologie externe des rudiments squelettiques et leur structure histologique, par J. SALMON . . . . . . 888 Moule. — Voir Anaphylaxie. Mouvement. — Intervention des nerfs et des muscles antagonistes dans Ia production des mouvements du pied, par Noïca. . . . . . . . DC eICZ Muguet. — Endomyces albicans dans l'intestin des enfants non nourris au Sein, PAT CHIRAY CE SARIORME Re RU VE CE CET 207 Murex brandaris. — Recherches sur la pourpre, par rR. ne CAIN EPST 118 Muscides. — Amœboïsme et pouvoir phagocytaire des ShRÈFES de granules, DATACREMPEREAE ANNE ES A M A ETR LIMRR cac OU et Srcli0e — Voir Métamorphose. Muscle. — Voir Excitation, Oxydation. Myases. — Traitement par le chloroforme et l’éther, par J. MARTIN. . . . . 782 Myxœdème. — Pression artérielle, par P. Jeanpezrze et J. Parisor. . , . . 752 — Voir Aorle. Myxosporidies. — Déhiscence des spores, par C. CÉPÈDE . . . . . . . . . 135 N Nemoderma tingitana, Algue méditerranéenne, par C. SAUVAGEAU . . . . 273 Néphrites expérimentales par action locale sur le rein, par L. BErnaRo et L'AEDERIGH LE RU Ne ep LE LAN Au vAn TER CS I A TALS Nephrome (Hyper). LL éctmee, par G. DELAMARE 5 P. rdv a LS AA) Nephtys Hombergii. — Trompe, par H. CHARRIER . . . . . . .". . 508 Nerf. — Influence de la température sur l’excitabilité, par L. et “Mns LAPICQUE.: ANNE e re RON EE EN SRE ST AR RS 31 TABLE DES MATIÈRES 1953 Nerî. — Infection microbienne expérimentale, par VERGER et Branpeis. . 99, 269 — Voir Excilation, Streplocoque. Nerveux (Système) moteur périphérique et sels de magnésium, par BPSBARALERTE EME A EU EL RL IGAUr A Gt LU MEURT . 843 Neurofibrilles. — Causes de variations, par R. LEGENDRE . . . . . . . . . 1008 — Disposition dans les cellules nerveuses à noyau ectopiques, par R. DU 1055 Nitrites alcalins. Action pharmacodynamique, par H. Vaquez . . . . : . . 998 Notonecta glauca. Variabilité, par A. DELCOURT , . . . . . . . . . . . . . 11 O Océanographie. — Voir Sargassum bacciferum. Œdème. — Voir Abcès, Calcium. Œil. — Voir Pupille, Réline, Vision. Œuî. — Vésicule germinative des reptiles et des oiseaux, par M'° M. Lovez. 81, 154 — Voir Tératogénie, Urine, Vilellus. Ombilical (Gordon). — Voir Syphilis. Opercularia. — Variabilité, par E. FAURÉ-FRÉMIET. . . . . . . .. . . . . . 151 — Structure de l’appareil basilaire, par E. FATRÉ-FRÉMIET. . . . . . . . . , 259 Ophtalmo-réaction. — Voir Tuberculine. Opsonines et le mécanisme de la crise dans le Tic Fever, par C. Levaprrt EÙ de MOQUE OR RS OL ee LE EU EU Sn PURE 619 — Propriétés opsonisantes des sérums normaux, par LEvAprrr ef INmanN . . 683 — Anti-compléments et anti-opsonines, par C. Levaorrr et K.-K. Korsscer . 685 — Pouvoir opsonisant des sérums normaux, par LEVADITI et INMANN . . . . 725 — Des sérums spécifiques, par C. LEvVADITI et INMANN. . . ©: . . . . . . .. 817 — Mécanisme de l’opsonisation, par LEvADITI et [NMANN. . . . . . . . . . 869 — Voir Fièvre {yphoïde. Oreille. — Canal semi-circulaire dans les stations quadrupède et bipède, par RENOM ONINCE LVL AETRE DUPONT: 0.27 AR ER RAT ER) 98 Ostréo-congestine. — Voir Huitre. RE ER DE ue LAON 0. D CC EE NN tn te eue 50 ACTE DATI PAUL BAR 0 ee NN Co Ne et à NEO TEE e de 209 = OHGPT ONE EN NS SR MN ELE 282 ROME TAIRUNCREL D'HERCULAIS. AL NE EN EE EE NN QUUTES 282 — COOP DER NS RE ES ET SLR RRR RE RSS RER AO 561 — offert par GRÉHANT. . . . . . MST Sa DR TRCE RSR AP PO fe M fe AO E OL Pa MAIRE TIEL NLORENCE. 4 0. ANNE RME NES ee PE TUE 109 LE GUN El ANS OCICLÉ RES ET NEA EURE a TOMONCAVe 622, 1238 Ovaire. — Action des extraits du corps jaune, par M. LAMBERT . . . . . . . 18 — Follicules ovariens après rôüntgénisation, par J. BERGONIÉ et L. TrIBONDEAU. 105 — Altérations de la glande interstitielle après rôntgénisation, par J. Ber- CONTE DE LE CR IBONDEAUE 2e een LP) PA ri 20 274 — Glande interstitielle et rayons. X, par P. Bouin, P. Ancez et F. VILLEMIN . 331 Ovalbumine. — Voir Colloïdes. Ovarïotomie. — Effets sur la croissance, par L. Ricaon et P.JEANDELIZE. . . 756 Ovogenèse des Insectes, par CH. SOYER . . . . . . . . . . . . . UE ES — de Saccocirrus papillocercus, par F. VAN GAvER et P. STEPHAN. . . . . 3 Ovoplasmode.— Evolution chez les Lépidoptères, par Cu. Sover . . . . . 1137 1954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Oxydations dans les tissus animaux isolés, par KF. Barrezzr et Mile L. Srenx. — Conservation du pouvoir oxydant dans les tissus après la mort, par FRVBATMELLE EME NS TERNI NUE SRE MERE NE ATEN RER RARE — Influence de la température sur l’activité respiratoire dans les tissus animaux isolés, par F. BarrTezzr et Mlle STERN. . . . .. 2. | — Action des différents tissus animaux sur le pouvoir oxydant des muscles, Par EFABAmE LME MAN MIS TERRIER ERREURS — Action de différents tissus animaux sur la respiration musculaire, par MIE Li STERN IL SB ATTEDLD 80 2000 ee PRE RER) Ve — Combustions élémentaires dans les muscles isolés, par F. Baron et ML AS DERNE Los is open Re ot are D SO TA LLC ER — Activation des snpdatone organiques par les extraits des tissus ani- maux, par F. Barreuzr et Mie L. STERN. . . . . DE PAT ME EE PTE 6 P Pancréas. — Étude de l'activité par le dosage de l'amylase fécale, par LPAMBARD PB BINET IE LAISTODEL MER MER EEE at de ee Pancréatique (Suc) dialysé, par BrERRY et GIAJA. . . . . . . . . . . . . —A\mylaseduisucide SÉCRÉTINe par BIEREVE NES ER — Voir Colloides, Salive. Pambporella perplexa, Protiste nouveau, par E. CHATTON : . . . . . . . Parachymosine. — Lab-ferment accompagnant la pepsine, par A. Brior . —-Anlicorps par A TBRIOTE (6 AMEN RE RM EN ES Paralysie générale. — Analyse chimique du cerveau de paralytique général Satin, par ASEMRRTENE MREOUIERT ONE RETENUE EN TEE — Voir Syphilis. Parthénogenèse. — Mouvements nucléaires préalables à la segmentation parthénogénésique chez les Anoures, par E. BATAILLON. . . . . . . . . — artificielle. — Note rectificative, par C. VIGUIER . . . . . . . 5 Pasteurellose bovine. — Vaccination par les toxines, par J.-L. Va Le Péritoine. — Passage dans le thorax des poussières introduites dans la CAVE DATI NBASSET IE LRAMACARRENERE RON PER DÉS RrETD oo — Voir Absorption. Perle. — Voir {luilre perlière, Radiographie. Phagocytes (Néphro-) des Décapodes et Stomatopodes, par L. BRUNIZ. . . — Dans le cœur et le rein des poissons osseux, par L. Cuénor. . . . . . . Phagocytose. — Voir Cellules géantes. Phlébectasie. — Mécanisme, par ALGLAVE et ÉD. RETTERER. . . . . . . . . Horde: — Lésions rénales après injections, par A. Porrcarp et MG ARRNTER 0e ES Re Sr EE De ASE EE ae RE GERS . — Sur les ferments solubles qui dédoublent la phloridzine et la populine, Pari. /BrERRvIeLIGTATAN AE DL ADO UN DEP RSR EN — Voir Bleu de mélhylène. Phoque. — Biologie, par P. PORTIER . . . . . . . . . . A A eo au . Photométrie hétéro-chromatique et la question des valeurs en peinture, par DUROUR ne D AN SRE LA 2 292 GE DA PRE PRE DENTO ERREURS JE Photothérapie. — Voir Bains de lumière. Pied. — Voir Mouvement. Pages. 296 386 531: 296 832 958 1110 TABLE DES MATIÈRES Pigment. — Action de la lumière sur le pigment vert de Bonellia, par HMDUBOIS UE EE Une. Da 0 100.18 PROMO PANNE MIE ET EE — Origine et structure des cellules pigmentaires du foie des urodèles, par EPS A DOUR OMAN MR Me en ere eo ooiie ol tua Ace — Voir Microbioïdes, Murex, Surrénale. Pleurésie. — Voir Diapédèse. Plomb. — Voir Incubation, Microbes aérobies. Pneumogastrique. — Action comparée ‘des pneumogastriques droit et gauche sur le cœur de la tortue, par E, GUYÉNOT . . . . . . . . . . . — Action du pneumogsastrique gauche sur le cœur de la tortue, par BRUNO DE: He fée LCA A PR EE PAR ET Fa di — Action sur le cœur des Batraciens, par E. GUYÉNOT . . . . . . . . . . . — Variations dans l’action sur le cœur des Batraciens, par E. GuxéNoT . . . Pneumonie. — Voir Calcium. Poissons osseux. Voir Phagocytles (Néphro-). Polype de la pulpe dentaire, par CoynE et CAVALIÉ. . . . , , . . . . . . . Polypnée thermique et capacité respiratoire du sang, par J.-P. LanGLors et C'ARROR EMMA EC Ne OT ME PET Populine. — Voir Phloridzine. Potassium. — Mécanisme musculaire de l’action cardio-inhibitrice du potas- sium, par H. Busquer et V. PACHON. . . . . — Voir Cœur. 1255 Poulet. — Hypotrophie et rachitisme chez de jeunes poulets, par HAUSHALTER | AC IS AB TIER Eee 2e RÉ EE SAUT TE Sn A RO TDR PE Pourpre. — Voir Luciférine, Murex. Pression artérielle. — Voir Respiration. Présure. — Existence chez les invertébrés, par J. SELLIER . . . . . . . . . — végétale. — Action antiprésurante du lait cru, par C. GERBER — Voir Sycochymase. — des crucifères, par C. GERBER, . . . . . . : OU SUTET DAT AND RIOM 1021 NP Rd Done ne Ve NA GES Protéinuries thermo-solubles, par J. Vice et E. DERRIEN Protistes. — Voir Pausporella perplexa. Prurit. — Voir Calcium. sTbe) Pretl es selle en lee ere Me en ls sien reltellle Ver Ve trier te Pupille. — Les voies cenirifuges du réflexe dilatateur, par Ca. Dusois et ERCAIS HET ANNE Caen PR LEE QU PR TRES ee AE PATATE Pylore. — Anémies expérimentales consécutives aux ulcérations du pylore déterminées par l'acide chlorhydrique, par L. TIxIER . . . . . . . . . — Pathogéuie des anémies consécutives aux ulcérations du pylore, par LL, MR RE ER RE PT RENE TER Ce PE PRO ER Quinine. — Influence de la voie d'administration sur les doses minima mor- telles de bromhydrate neutre de quinine, par E. MaureLz et LEmosy 1 OYPDL TT EN PE OU EE Eee Mon remta re PRIDANN tv IeT B1OLOG1E. — TABLES. 81 1956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - Pages. Rachitisme. — Voir Poulet. Radiographie. — Etude des mouvements respiratoires, par R. Dugoïis. . . 17 — Recherche des perles fines, par R°: DuBoIs. 6 000 D4 Raïfinose dans le Taxus baccata, par H. Hérissey et Cn. LErppvre . « . . 188 Rage. — Activité des-sérums antirabiques, par À. MARIE . . . . . 1 ASIE —Pathogénie; par P.IREMLINGBR Er AN ER IE ON CA EVE . 249 — L'éclosion par le traitement pastorien, par P. REMLINGER. . . . . . . (2200860 — Vaccination antirabique par voie rectale, par P. REMLINGER . . . . . . . 722 — Persistance du virus rabique dans la salive du chien guéri de la rage, par sP REMPINGER SULTAN LS EUR EURE RENE 800 — Idem par BARRIER SN. CCC CP ER IENER AN ee + 1802 — Possibilité de la guérison spontanée, par H. VINCENT. . . . . . . . . . ° ‘803 — Corpuscules de Negri dans les glandes salivaires des chiens enragés, par MAUR SE PANESQU 1. EE LA Re LAPERE SPSMEN PL ER + + 886 — Sérum antirabique, par P. REMLINGER . . . . . . . . , . .. se ONE OI Rate. — Voir Eosinophilie. Rayons X.— Action sur le foie, par L. TriBonpeau et G. Hs dd Ne 02 — Action sur la glande mammaire, par J. Czuzer et A. SOULIÉ « + + + + « «+ 145 — Voir Ovaire. | Réactifs de Tanret et de Millon. Causes d'erreurs dans l'emploi, par F. RE- RITONS 8 Ps ele Menletleltte leueliel LP Monirel Va hits De lte Die eue Ne le CE ARE 339 Réaction sulfhydrique, son principe, sa valeur, par M. d'HAzuwiN. . . . . + 840 Régime. — Voir Rein, Urine. Rein. — Influence du régime sur l’évolution de l’épithélium, par A. LELIÈVRE. ÿ9 — Influence du régime carné sur la cellule rénale, par A. Lenièvre. . + .« + 119 — Divers segments du tube urinaire des mammifères, par A. Pozicarp. . . 369 — Histogenèse du rein définitif, par Ep. RETTERER. . . . . . . . . . . .… 456 — Crises épileptiques à la suite de la ligature temporaire des veines rénales, Par EE LAN CRIRIE EL A MA ER EN PNR EE DRAM 598 — Musculature du rein de l'Eléphant d'Afrique, par Auc. PETmIT. . . . . . A2: — Modifications histologiques du rein au cours des diurèses provoquées chez le rat, par A. MAYER et F. RATHERY . . . . . . . . . OMIS MANU — Rapports de ia sécrétion gastrique et de la sécrétion rénale, par E. ENR- QUE LL AMBAAD A2 EAN ISERE SRE NAS PAR E R Re RRR 838 — Activité lipasique de la glande rénale, par M. Lorperet J. Frcaï. . . . . 1013 — Figuration des noyaux des cellules épithéliales du tube contourné rap- portée un parasite, 1par AMPOLICARD EN R PR LLtA — Voir Foie, Néphrite, Phloridzine, Thyroïde, Thyroïdectomie. Résistance à la maladie. Suppression, par A. MARIE . . . . . . . . . . . . 156 Respiration. — Mécanique chez le caméléon, par FRANÇOIS-FRANCK . . . . . 34 — du caméléon, Lettre à ce sujet, par FRANCOIS-FRANCK. . . . . . . . . . 112 — Applications de la chrono- et de la graphophotographie chez les animaux aquatiques, par FRANCOIS-FRANCE MEN NN 449 — Variations du rythme respiratoire dans la polypnée thermique et pres- sion artérielle, par J.-P. Lanerois et L. GARRELON. . . . . . . . . . . 1169 — Voir Incubation, Microphotographie, Oxydation, Radiographie. — Canule à soupape permettant de faire varier l'intensité de l'insufflation, PA LE LEPAGE ENT TERRE PUS Re re RER See ROC HAE DAT J VTIS SO PE ee a Te ee TN OO AT RER 063 TABLE DES MATIÈRES ; 1257 Pages, Rétine. — Dispositif pour l'examen optique de la circulation, par L.-P. Formmn, 355 Rhéostat liquide, par M. Durour et L. VERAIN . GA BAT AET TT PAU LÉ TEe MT Ga AE IDE TL ADAr) GUILLOZ LR IRIS TENTE NE ET ut SHELL 174 — Voir Electrothérapie. Rythme spontané et anticipation, par H. PIÉRON. . . 4, . . . . . . . ., 86 —onycthéeméralicheziles ACtinies, /pariG. Bonn. 0... 0e UNE 413 Rythme des marées chez les diatomées, par P. Fauvez et G. Bonn . . . . 121 — et de la matière vivante, par E. RETTERER. ee LV MT Rens 186 — chez les diatomées, par P. FAUVEL . . . . . . . . Rs te PER, « 242 ns diprecisiontpar L'ALAPIOQUE UNE, SRE, AU EL Es Nes « 302 Rythme vital des Convoluta. Quelques chiffres, par G. Bonn. . . . . . . d 51 — Sa précision mathématique, par G. Bonn. . . . . . SHPENES Pa MN ER 211 STE por L: LAPICQUE RS EN Re RS EEE AD — Ralentissement et accélération des AuRSROnE chez les Convoluta, par COPPORNE ALES M RNUITT, ne ere 64 Saccocirrus papillocercus. — Voir Ovogenèse. Salive. — Action sur la sécrétion et la digestion gastriques, par A. FROUIN , 80 — Action de la salive chauffée, par H. ROGER . . . . . . . . . . . . . | - 833 — Action du suc gastrique sur la salive, par H. RoGER. . . . . . . . . . . 1021 — Action synergique de la salive et du suc pancréatique, par H. Rocer et IS CÉSTMONURE RULES RER MELON RSR BU eu re DRM ARCTIC : 1070 — Voir Syphilis. Sambunigrine. — Rapports avec les autres glucosides cyanhydriques iso- mères, par Em. BOURQUELON et He HÉRISSEY . 0. ERIC IN TN CU. 828 Sang. — Matière colorante du plasma du sang de cheval, par A. Ranc . . . 496 — Détermination de sa nature par les précipitines et la fixation de l’alexine, DATA BE ZEBROWSRI Le OO NL ENS D. DORE ACL D ETC SCD a LC 105602 — Pression osmotique du sang et des liquides internes des vertébrés des comiréesipolaires DartP AP ORDER ee CIRE RCE ON ENT ICI TE O2 — Modifications après ligature du tronc cœliaque et de l'artère mésenté- MquesparM Doxoner CL, GAUTIERL. 0002 MR LUE AD 2 650 — Infections sanguines autogènes ou hétérogènes à l’état normal, par SACOLÉBE PRE AD OTSELEUR EE Le SENS De RUE PEN C RER AE . 946 — Infections sanguines antogènes et hétérogènes chez les animaux en état de moindre résistance, par SACQUÉPÉE et LOISELEUR . . . . . . . . . . 988 — Infection sanguine, influence de la virulence, par Sacocépée et Loïsezeur. 1057 — Voir Coagulaltion, Collargol, Lipolyse, Polypnée,. Tuberculine. Sarcocystis tenella. — Structure de la spore, par LÉON PERRIER. . . . . . 418 Sarcoptides. — Myialges anchora, parasite des Diptères, par E. SERGENT et EPS MEROUSSAR TE Eee A ie ee RUN en OR MIEL. Nu Te 443 Sargassum bacciferum, la mer des. Srirstee et l'océanographie, par CASAUVAGEAU.L. RE ee PU ANR rs D: DRE ects 082 Saturnia Yama-Maï. — Voir Soie. Saturnisme. — Voir Paralysie générale. Sécrétine. — Effets des injections répétées, par CH. AuBerriN et L. AmBarD . 263 Sécrétion et excrétion, par L. Cosmovicr. . . . . . de eee ce sommes © O0 1958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sels alcalins. — Voir Urine, , Sensibilisatrice hémolytique et précipitinogène, par B. ZEBROWSKI. . . . — Présence dans un sérum dénué d'activité, par L. CRUVEILHIER . . . . . . Septicémie. — Voir Terpène ozoné. Séro-diagnostic. — Nécessaire clinique, par H. SrassaANO . . . . . . . . . Sérosités lactescentes. — Fine histo-chimique, par A. Jousser et J. Tror- SERRE LS NE EN ER En EE ONE Sérothérapie. — Toxicité des sérums et moyen de la doser, par BESREDKA. — Voir Anaphylaxie. Cancer. Sérum. — Différenciation des albumines chez les animaux de races diffé- rentes pari Gr DINOSSIER EI G--HMLEMOINE EN EEE Re — cytotoxiques. Spécificité, par P. ArmanD-DeuiLce et E. LEENHARDT. . — exclusivement agglutinants ou hémolytiques, par A. FROUIN. . . . . . . — Action hémolytique des mélanges, par Mlic P. CERNOVODEANU . , . . . . —— Nétérogenes so xXICitÉ, DAT ACABANNESER EN RE SR NE — Voir Opsonine, Rage, Sensibilisatrice, Thyroïde, Thyroïdectomie. Sexualité. — Voir Syhalphée. Sodium. — Action favorisante de l’hyperthermie et des soins hyperto- niques a lévarddesintections part VINCENT NN ER — Action tératogène des solutions salines sur les larves des Batraciens, par MUS-ASEDRZEWINA TEL IGABOEN LEO RS NE A CE EE — Voir Cœur, Eau de mer. Soieverte. Coloration naturelle par RDuBoIs NN. —_1dueYoms Maitpar R-MDUBOIS RE PEN CP EC EE ET — de Saturnia Yama-Maï. Matière colorante, par CL: GAUTIER . . . . . . . Sommeil. — Facteurs, par H- PIÉRON.e. Ne 307, — Insuffisance des voies d'introduction péritonéale, rachidienne et ventri- Culaire Épar HE MPIÉRONE- M EC RE PET — Introduction vasculaire de sang insomnique, par H. PIÉRON. . . . . . — Voir Cellule nerveuse. Souma. — Etiologie, par L. CAZALBON . . . . . . . . . . . . BRIE RE — Voir Trypanosomiase. Spartéine. — Influence des voies d'administration sur la dose minima mor- CeMEDATAE EE MAUREMM NC IE Te RE TEE SN PRE PRE Sphygmomanométrie. — Technique, par J. PaRISOT. . . : . . . . . . . Spirille de la « Tick Fever ». Action des couleurs de benzidine, par JA SS AT NS ent ERA CM MER PAUSE — Immunisation contre les anticorps, par C. Levaprmr et J. ROCRÉ . . . . . — Voir Spirochæle. — gallinarum. — Voir Aloxyl. Spirochètes et spirilles. — Cytologie comparée, par À. SWELLENGREBEL. . . — pâle. Forme rectiligne, par CH FOUQUET Spiroptère.— Voir Tumeur. Sporozoaire. — Voir Cardiosporidium. Staphylocoque. — Infection expérimentale par les voies digestives, par APACALMEDDE CL GC PIE AA URSS ae CE — dnaeroDie par ME JENGANC ETAPE EN RE et ANSE secyés Stomatopodes. — Voir Phagocytes iINéphro). Stovaïne. — Albuminurie au cours de l'anesthésie lombaire, par Prouano et DREVEUS RENE RAS enr MAUR ne or t UE NET NE or - Streptocoque. — Action bete du froid sur l'infection none. DArACIUCA MESSE RS RS ER CRC TV ER CIE RER Ues Le PT ENT 883 TABLE DES MATIÈRES 1259 Streptocoque.— Infection expérimentale des nerfs, par H. VERGER et BrAn- DRAM NU 0 LE PA ee RE a We SERA NUE 0 10012060 OH) Strontium. — Voir Calcium. Strychnine. — Action sur l'excitabilité du nerf moteur, par Mme L. Laprcque. 41062 Sucre. — Effets diurétiques comparés des différents sucres, par A.-J, Arrous. 585 — Mécanisme de l’action diurétique, par J. ARROUS. . .. .… ... . . . . . . . 649 — Pouvoir diurétique comparé, par H. Lamy et A. Mayer . . . . .. - 804, 808 EE U DA M ARRQUSMIRT À IUT AN LME nes MER > Léa A — Effets cardio-vasculaires des injections intraveineuses, par J.. Fou n “H607 Sulfo-conjugués. — Voir Aniline. Sulfo-éthers urinaires, par GUERBET . . . . . ARMES ETES et do ne HOUSE DEC À 252 — dans la bile et dans les matières fécales, par H. LaBBé et G. Virry. . . 1093 — Voir Ictère, Jeüne. : Surrénale. — Tumeurs gliomateuses, par ALEZAIS et PEYRON . . . . . . . . 551 — Importance fonctionnelle du pigment, par P. Muzox. . . . . . . . . .. 905 — Cœur de Traube et hyperplasie médullaire des surrénales, par Vaquez et PAMUBERTIN EU en ele aies Me o 2 SES BE EE fe HN TR AIS. 967 — Tissu interstitiel, mastzellen et macrophages, par J. SaprazÈs et P. Hus- NOM en ému eine de aire del an APE ee NAS OP AT Le 1019, 1081 Sycochyamase;par/CIGERBER :-. Méf0.deers Mie EN Lee Tee 12925 Sympathique.— Intervention dans la sécrétion chlorhydrique de l'estomac, MARS GAULTIER de me 2 ENTREE Rriar ete 5 Betet 1668 Synalphée. — Présence de mâles en excès, par H, COUTIÈRE. . . . . . .. 610 Syphilis. — Ictère et hémorragies chez un hérédo-syphilitique, par L. Ripa- - DESIRE RP ER EE RSR NE RCA Re 247 — Immunité des syphilitiques tertiaires, par P. SALMON . . . . , . . . . . 25% ANernoreanisme, par QUERY 0 ee a die mie de let SN e item 319 — Traitement par l'arsenic, par P. SALMON. . . . . . . . . . . . . . 483, 581 — Examen clinique de la salive, par L. FoLLET. .“. . . : . . . . . . . .. 667 — Action du liquide céphalo-rachidien des paralytiques généraux sur le virus syphilitique, par C. Levapiti et A. MARIE. . . . . … . . . . . , 872 — Ponction lombaire, par JEANSELME et BARBÉ. . . . . . . . . . . . . .. 938 — Cordon ombilical, par J. Eu PE EE A dote LL AE VU AU ROUE, 981 A5 Tabagisme expérimental et dénicotinisation, par Ca. LESIEUR . . . . . . . - 430 Tænia nana en Belgique, par E. Mazvoz. . . . . . . . . . . . . . . . . . 602 Taxus baccata. — Voir Raffinose. Téléostéens. — Voir Langue. Température. — Causes de l'augmentation vespérale, par E. MauREL. . . . 132 — Influence de l'alimentation, par E. MAUREL . . . . . . . . . . . . . ., 191 - — Influence de la lumière, par MAUREL . . . . . . . . . . . . . . . 1-428220 Tephrosia Vogelii. — Substances actives, par HANRIOT . . . . . . . 384, 453 Téphrosine. — Action par M. HANRIOT . . . . . . . . . . . . . . . . . . 527 Tératogénie. — Action tératogène exercée par la coquille de l'œuf sur les embryons d'oiseaux, par J. TUR. . . . . . . . . . . . . . Cane ed 1 ALES — Voir Lithium, Sodium. Térébenthine. — Action bactéricide, par G. PÉIu . . . . . . . , . . . 02955 RÉ del. Vs de 1260 , SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ne Ve fl LE eo Pages Terpène ozoné. Toxicité intraveineuse, par J. GAUTIER . . . . . . . . . . . 88 — Action sur l'évolution de septicémies, par J. GAUTIER . . . ... . . Li 163 Testicule. — Dégénérescence de la glande séminale par l’ablation du feuillet. pariétal de la vaginale, par P. ANGEL et F. VILLEMIN. . . . . . . . .. 6 — Structure chez un homme présentant les caractères d'un castrat, par CH CHAMP. AE a A ET ED RME NT EE SIRRES AT * Tétanie. — Voir Calcium Tétanos. — Propriétés des mélanges de toxine et d'antitoxine, par H. Vi- GENT us Ve Meet tar lee CAN SORA NES de ee ER À du LE AMOR S EAU VAT 0 458 — Recherches sur la toxine et opens par Mile P. CerNovopeanu et Vicnor HENRI ST Le RIM RPM ER PERMET ES RREE 392 — Propriétés colloïdales de la toxine, par Mlle P. Cernovopeanu et V. HENRI. 669 — Mode d'absorption de la toxine, par Mlle P. Cernovonranu et V, Henri. . 812 — Action favorisante du froid sur le tétanos expérimental, par M. Ciuca . 858 — Sensibilité des cellules cérébrales à la toxine tétanique, par A. Marx, . 1164 — Mise en liberté, par la papaïne, de la toxine tétanique fixée par la sub- stance nerveuse, par A. Mans et M. TIFFENEAU . . . . . . . . . hs L18T —\"Amfitoxine; part HUIVINCENTS., 32 MA AE AMEN EN MESRINE 1193 — Voir Bacille, Cœur, Toxine. Thoracentèse. — Nouvel appareil, par A. Mar. . . . . . . . . . . . . . . 85 Thyroïde et neuro-arthritisme, par Léorozn-LEvr et H. px Rorsouzp . . . + 15 — Rapports avec les reins et pathogénie de la goutte, par A. Lonann. . 129 — Fonction orégogène, par Léoporn-Lévr et H. pe RomscHizD . … . . , , . . 245 — Influence de l’inoculation d'extraits sur les propriétés actives du sérum, MES LS, ARASRINEE. CARO MONS Pr ST M ER ER RE 388 — Influence de l'ingestion du corps thyroïde sur les propriétés alexiques du sérunt, par MIE AN ASSINR EN EU. MNT MER ETS . « 467 — et intestin, par Léoporn-Lévr et H. DE RorscHinp. . . . . . . . . 681 — Intestin thyroïdien et ion-calcium, par LéoPouv-Lévr et H. pe Roraseutzp. 709 — Fonction trichogène. Signe du sourcil, par Léoporn-Lévr et H. pe ROTHSCEULD ES RER RER PE EPST TERRE 852 — Incidents du traitement thyroïdien; nervosisme expérimental, par LéoPorn-RévrsetiHe DE ROTHSCHILD 2 RC CEE ER NEE 936 — À propos des phénomènes dits d’ « hyperthyroïdie » et d' « hypothy- roidie} par EI GLEY MERE Ten RARE TE PSE PR 984 — Maladie de Basedow, nervosisme, hyperthyroïdie, par LéoPozn-Lévr et HD ROTHS CHILD ENS ET RE CT CC 1048 — Voir Conslipaltion. Thyroïdectomie et lactation, par L. Ricnon et P. JEANDELIZE. . . . . . . AT — Modifications de la teneur du sérum en alexine, par Mlle L. Fassin. . . …æ 641 — Altérations du foie et des reins, par L. ArQuier et L. THEUVENY. . . . . . 963 Tick fever. — Voir Spirille. Tissu élastique. — Développement et structure, par En. RETTERER, « . . . 56 Toxine. — Propriétés des mélanges de toxine et d’antitoxine, par L. MARTIN. . 118 Tractions rythmées de la langue. Voir Asphyæie. Tranplantation de l'aorte abdominale, par A. CARREL . . . . . alpins 131 — de la cuisse d’un chien sur un autre chien, par A. CARREL. . à . . . . . 1035 — Conservation des artères en cold storage, par A. CARREL. , . . . . . . . 1173 Trichinose chez l'homme par CH. REMY MN EN 985 Trypanosoma. Balb. — Membrane ondulante, par A. Borrez et Mie CERNO- VODEANU + 00 et 0e SRE en 77e CR RE 1102 nb. en tite set“ ie : "et dé al 2 és 2 ben 6 de de de ) Son éd fs de. un ce dien-à fie FT ET NO ORT T % Le. TABLE DES, MATIÈRES. Trypanosoma Balb de Saurien, par G. MARTIN. . . . . . . . . SEL Trypanosomiase du Soudan français. Etiologie, par G. BourrarD . . . …. Tuberculine. — Réaction cutanée de von Pirquet, par E. BURNETS 4/4 2e. 04 — Ophtalmo-réaction;;.pariM; LETULLE,., à 4 4. 4 42, à a) vos aitedet e — Réection: cutanée, par ES LARLOING: + , Lio. ui iie on ei ed een onto — Réaction cutanée provoquée par diverses tuberculines.et. par du sérum d'homme tuberculeux, par F. ARLOING . . . ... .. . . . . . : Tuberculose. —Régime de l'élimination chlorurée, par ENkrQuE et pas 5 — Production expérimentale de cavernes pulmonaires, par A. MarMoREK. — Perméabilité des ganglions mésentériques, par Breroniet.G, Petit . . . — Hypochloruration brusque chez les tuberculeux, par CLARET. . . . . . . — Bactéries saprophytes dans le sang des tuberculeux, par Simon, L. SpiL- ANNE LA ELC MARDI Run et OL A Rent CRE TARA PERMET . — Voir Vaccination. Tumeurs inflammatoires à spiroptères chez le cheval, par WEINBERG . . . — précoccygienne de nature parasympathique, par Auezais et IMBERT . . . — Voir Helminthiase. H Typhotoxine. — Préparation par les solutions de NaHO, par R. Turrd . . . Urée. — Appareil pour le dosage de l’urée et de l'azote total, par G. Laron . Urine. — Les œufs influencent-ils l'excrétion urique? par P. FAUVEL . . . . — Action des sels alcalins sur l’excrétion, par P. FAUvVEL . . , . . . , . . — Chromogène urinaire faisant suite à l'administration d'éthylindol par PRPORCHER Mt EURE De ed MEME Vie LM Phare ae à Ce — Voir Lipase, Protéinurie, Sulfo-élhers. Urticaire. — Voir Calcium. V Vaccin jennerien. Ferments solubles, par L. Camus . . . . . . . . . . , .. Vaccination antituberculeuse, par LAGRIFFOUL . . . . . . . . . . . . . . . Vaisseaux. — Formes de transition entre les ébauches vasculaires et les îlots sanguins dans l'aire opaque des embryons de canard, par APN ILE RS Ce TR etes dE nie ete Do Mat Te GES) due 5 2 Gr0n 0 Veines. — Valvules des veines Le la Grenouille, par E. SucHARD. . . . . . . — porte. — Double courant sanguin, par H. SERÉGÉ tps ee ee io SAT — — Conditions anatomo-pathologiques du double courant, par H. SÉRÉGÉ . — rénale. — Voir Rein. — variqueuses. — Modifications structurales, par ALacave et Év. Rer- (DER Re EME NME de Ut ee du LUI. à Gus ivete derle Venin de cobra. Action empêchante du citrate de soude sur l’hémolyse, par CPACTEN GOUT ARE PRE A da Te NE PA Vératrine. — Influence sur la pulsation cardiaque, par H. Busquer et Le, BAD ET ESRI NO Pa PE rEe 899 130 811 994 1000 21 162 452 503 691 409 1962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Vésicule germinative. — Voir Œuf. Vespidæ. — Glandes cutanées ou glandes sternales, par L. Borpas. . . . . Viande. — Valeur alimentaire des poudres de viande, par P. LASSABLIÈRE. Vibriogène septique. Agglutinabilité par le sérum antisepticémique de Leclainche-Morel, dernier vestige de parenté avec le vibrion septique, PA CAR OSENTHAL ALERT PAR LR EEE RAR RE TRES Vibrion septique. — Voir Microbes, Aérobies. Vision. — {nfluence de l'éclairage de l'œil sur la perception des couleurs, DAT FO RTINS IE RARES LEUR LR ES Ter CRE EURE A AL AE CFE ERORTEE — entoptique de certains éléments du corps vitré, par P.-E. Fortin . . . . — de la fovea et structure des capillaires circum-favéeux, par E.-P. Form. Vitellus. — Formation chez les reptiles et les oiseaux, par M'e M. Lovez. . Zimphène. — Pouvoir antiseptique, par R. CamBIer et A. GIRAULD . . . . . Zinc. — Voir Incubation, Microbes aérobies. 1119 oi 304 992 154 295 _ TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS ANNÉE 1907. — PREMIER SEMESTRE - A … ABELous (J.-E.) . . Sur les échanges gazeux entre l’air et les sucs d'organes en | présence de fluorure de sodium . . .« . . . . . . . . . AcHaArD (Ch.) et DEMANCHE (R.). Influence des actions mécaniques sur les échanges de liquide entre le sang et les sérosités hydro: DIU E SERRE DR SN serons notes ea cie AcnarD (Ch.)et Émice- Werz (P.). Le sang et les organes hématopoiétiques du a lapin après l'injection intraveineuse de collargol . . . . _ Acxarp (Ch.), GarzLARD (L.) et Rigor (A.). Sur l'absorption péritonéale. . ATEZAIS RES de à Anomalie des incisives chez un lapin. . . . . . . . . .. ALEZAIS et ImBERT. Tumeur précoccygienne de nature vraisemblablement Para VIDA NE ee EL PR EU : ALEzAIS et Pevron. Sur quelques particularités de développement des paragan- SHONS lOMPAÎTES PE RE EST ne 0e ele — Sur les tumeurs dites gliomateuses des capsules surrénales. ALGLAVE et Ép. ReTterer. Des modifications structurales des veines vari- QUELS ESS ee ere Le NS eo A de Dance — Du mécanisme de la phlébectasie . . .-. . . . . . . . . Pages, 829 93 90 1235 971 54 551 ALQUIER (L.) et THEUVENY (L.). Sur les altérations du foie et des reins consécu- tives aux ablations de la thyroïde et des parathyroïdes Chezile Chiens NM ne ceci AmBARD (L.), Bixer (E.) et Sropec (G.). Etude de l’activité pancréatique par le dosave de l'amylase éCale RE AMBARD. . . . . . Voir AUBERTIN. — Voir ENRIQUEZ. AnceL (P.) et VizcemiN (F.). Sur la dégénérescence de la glande séminale déter- minée par l'ablation du feuillet pariétal de la vaginale. ANGEL (P.) . . . . Voir Bouin (P.). 3 ANDOUARD. . . . . Voir GOUIN. ARLOING (Fernand). Sur la réaction cutanée à la tuberculine . . . . . . . . . — Sur la réaction cutanée provoquée par diverses tubercu- lines et par du sérum d'homme tuberculeux. . . . . . . 1264 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ! Pages. ARMAND-DELciLLe (P.) et Lesnuarpr (E.). Sur la spécificité des sérums cyto- HaxiIQues. nr NE Run ae LES HALL TT LENS 31 ARROUS (A.-J.) . . Effets diurétiques comparés des différents sucres. Le coef- ficientidinrétique chez lelChien ON Ce. 285 — Mécanisme de l’action diurétique des sucres . . . . . . . 649 — Sur l’action diurétique des sucres (en réponse à la note de ce jour'de MN LsuiyehMayen)/:"4. 4e" CET 805 — Effets cardio-vasculaires des injections intraveineuses de SUCRES LIU CAMES PRES ASS +r à 7 Re 807 — Lerlactose diurétique Vra PR EPP 845 ASvADOUROVA (Mile). Sur l'origine et la structuré des cellules pigmentaires dans lesfote desurodeles SR Re 1130 AU8ErTIN (Ch.) et Augarp (L.). Eosinophilie sanguine et transformation myé- loïde de la rate sans éosinophilie intestinale, produites par injections répétées de sécrétine. . . . . . . ee AUBERTIN . . . . . Voir VAQUEZ. AUCEÉ (A.) et TriBoNDEAU (L.). Applications d'un nouveau flacon compte-gouttes a la technique HIStOlODIQUE MENU ETC . Aupisert (Victor) et VALETTE (P.). Eosinophilie après splénectomie { . . . . . B BackmaAn (E.-Louis). Influence de l'acide lactique sur le cœur isolé et survivant des: mamMmmieres SHC CRAN CNRS B'ARBE ERP REA Voir JEANSELME. BARDIER (E.) . . . Les sels de magnésium et Le système nerveux moteur péri- Dhérique MERE CS MA OO rc 0 01 00 BARRIER. . . . . . Remarques à propos de la communication de M. Remlinger. Basset (J.-). . . . A propos de la pathogénie de l’anthracose pulmonaire. . . Basser (J.) et Carré (H.). À propos de l’absorption intestinale des particules solides atios.ei eo, ln coude, ation finie /se-Margette fans) Lrtle Le. eo tavtehonte — À propos du passage dans le thorax des poussières intro- duites dans le péritoine et de leur localisation. Quelques relations ganglionnaires précisées . . . . . . . . . . . — Conditions dans lesquelles la muqueuse digestive est per- méable aux microbes de l'intestin . . . . . . . . . . . Bassin (N.). . . . Sur les systoles pseudotétaniques du cœur, . . . . . . . . BATAILLON (E.) . . Sur l'émission des globules polaires chez Rana fusca. . . — Les mouvements nucléaires préalables à la segmentation parthénogénésique chez les Anoures . . . . . . . . « .. BATTELLI (F.) et Stern (Mlle L.). Recherches sur le mécanisme des oxydations dans les tissus animaux isolés . . . . . . . . . . . . . — La conservation du ‘pouvoir oxydant dans les différents tissus animaux après la mort. . . . .…. . . . . . . DC — Influence de la température sur la conservation de l’activité respiratoire dans les tissus animaux isolés . . . . . . . — Action des différents tissus animaux sur le pouvoir oxydant desimuscles ER NES re SORTE PAR ETS = Nouvelles recherches sur l’action que les différents tissus animaux exercent vis-à-vis de la respiration musculaire. 263 511 536 218 843 802 148 386 531 596 832 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Barrezzr (F.)} et Srers (Mle L.). Recherches sur les processus des combus- tions élémentaires dans les muscles isolés . . . . , . . — Activation des oxydations organiques par les extraits des ISSUE Dana NN Se Die, Mn Ses violé DADER EU ete 0 à Voir BrissAUD. Bayzac (J.). . . . Composition chimique des liquides d’huîtres . . . . . . . — noise desiiqudes d'Huifres hs mure Lente, — Influence de la température sur la toxicité des liquides HAUTE SET TE RE re A ee — Note sur le rôle de l'intoxication dans les accidents provo- qués parles nuire eMESE RER en EU EAU OR , BenorTr-Gonin et Larrtre-Duponr. Destinée du canal semi-circulaire externe dans le passage de la station quadrupède à la station bipède. Béranro (L.) et Trévenor (L.). Note sur l’étiologie des goitres . . . . . « « , « BERGONIE (J.) et Trisonpeau (L.). Processus involutif des follicules ovariens après rœntgénisation de la glande génitale femelle. . . — Altérations de la glande interstitielle après ræntgénisation TeLOVAIr ES RUES ARR A RAR TA AUS (Fees Eada lre te BERNARD (Léon) et Larnerion. Néphrites expérimentales par action locale sur DEN de EM CES ee EC A ra BESREDKA. -. . . . De la toxicité des sérums thérapeutiques et du moyen de la doser Laon mOn en ve De cf ane Pen 2) etc dc nop ue —" Comment empêcher l'anaphylaxie? . . … . . . à: . . . . BIERRY.. . . . . . Sur l’amylase du suc pancréatique de sécrétine. . . . . . Bierry et Graya. . Sur le suc pancréatique dialysé . . . . . . . eh ee — . Sur les ferments solubles qui dédoublent la populine et la BRlOT AAA EN EE A NE ere ee A cine Brerry (H.) et Scnarrer (G.). Dialyse et filtration sur sac de collodion de la lactase et de l’émulsine animales . . . . . . . . . . . Bizer (A.). . . . Sur un cas de dysenterie « nostras » à amibes. . . . . . Biner (G.) < . . . Voir AmBano. Bocar (L.) . . . . Sur la Marennine de la Diatomée bleue; comparaison avec JAP RYCOGYENINEE RER ER EE CNE ; Bon (Georges). . Quelques chiffres relatifs au rythme vital des Convo- — Sur l'impossibilité d'étudier avec une précision mathéma- tique les oscillations de l'état physiologique chez les ani- MAUR LÉ OT AUX ALES PEER AT ENT ENS Rene toUe — L'influence de l’éclairement passé sur la matière vivante. . — L'influence de l'agitation de l'eau sur les Actinies . . . . — Le rythme nycthéméral chez les Actinies. . . . . . . . . = À propos du procès-verbal. Des processus de calcification CHENE SHATLIN AUX SEC EEE OM ES NE AR — À propos du procès-verbal. Le ralentissement et l’accélé- ration des oscillations des Convolula. , . . . . . . . . — Voir DRZEWINA. — Voir FAUVvEL. Bonpas (L.). . . . Sur les glandes cutanées ou glandes sternales des Vespidæ. BoBREnL he er. Rapport sur l’anthracose (Mémoires) . . . . . . . + … . . BorreL (A.) et Cernovopeanu (Mile). Membrane ondulante du Spirochète Bal- biani (trypanosoma Balb) nette COPAIN 1266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. BourFraARD (G.). . . Sur l'étiologie de la Souma, trypanosomiase du Soudan TAN CAS PP LE. RU EN RE EE 71 Bouin et Gosert. . À propos du calcul de l'extrait dans les analyses du lait, , 421 Bouin {P.), Ancez (P.) et Vice (F.) Glande interstitielle de l'ovaire et TAYONS Xe ee met anse * ie 2 DE MEME AUTRES 331 BOUDUDE EE CRUE Voir Lépine. (R.). : BourqueLor (Ém.) et Hérissey (H.). Relations de la sambunigrine avec les autres glucosides cyanhydriques isomèérés . . . . . . . 828 BOVERIS = RU TE Voir Lorper. BRANDEIS .” . . . . Voir CoyNe BRANDEIS . ». ». :. +. Voir VERGER. Breton (J.-L.) et Mare (A.). Action des vapeurs de plomb et de zinc par rap- port à l'incubation des œufs de poule et à la respiration. 734 Breton (Maurice) et-Perir (Georges). Sur la perméabilité des ganglions mésen- tériques chez le cobaye jeune, préalablement rendu tuberculeus par lai voie dISeStVe MN 236 — Sur les propriétés cytasiques ou opsonisantes du sérum dans Mate NOIUE SRE ICT CTI 941 B'RINDEAUR. Nr Voir NATTAN-LARRIER. BRioT (A.). . . . . Sur les mélanges de diastase et d'antidiastase. . . . . . 325 — Sur la présure du Figuier (Ficus carica) . : ... 1972 —: Sur le lab-ferment accompagnant la pepsine ou la para- ChYMOSIN EM HAMINNE RES TENRCE NES CERTA me LEE) — Sur l’anticorps de la parachymosine . . . . ......, . 11231 Brissaur et Bauer. Recherches sur la résistance des globules rouges chez le TADIN EE REA SAR EP MER RE AES CR CEE PEAR SE TE 1068 — À propos de l'indépendance des lobes du foie. . . . . . . 1202 BRISSEMORET (A.) . Sur les propriétés pharmacodynamiques de la fonction acide. 412 — Sur les iminesQUINONIQUES NM OMS A NT 657 Brissy (G.). . . . Sur la congélation des pièces en histologie par l'air liquide. 4115 BRuNTz (L.). . . . Sur l'existence d'organes globuligènes chez les Isopodes . 168 — Néphro-phagocytes des Décapodes et Stomatopodes . . . 423 BRUTANTS Sc Voir VERDUN. BURNEL (EL) NN ReACHIOn cutanée de Von PITQUELE MENT PATRON . 4156 Busquer (H.) et Pacnox (V.). Sur le mécanisme musculaire de l'action cardio- - inhibitrice duÉpotaS SUMMER PEMM EME ET 185 —- Influence de la vératrine sur la forme de la pulsation car- diaque. Contribution à l'étude du tétanos du cœur . . . 943 C CABANxEs (E.). . . Recherches au sujet de la toxicité des sérums hétérogènes. 809 CALMEYTE (A.). . . L'anthracose pulmonaire d’origine intestinale (à propos des communications précédentes de M. Remlinger et deMiSBassél) NM ER ONE ER ER 2 — Sur les conditions dans lesquelles la muqueuse intestinale est perméable aux poussières inertes et aux microbes. . 1050 CaLMETTE (A:) et Petit (G.). Infection staphylococcique expérimentale par les voies digestives. Passage du staphylocoque virulent à traversila muqueuse intestinale nn ‘149 TABLE PAR NOMS L’AUTEURS 1267 3 Pages Cameier (R.) et GirauLp (A.). Pouvoir antiseptique du zimphène (acide méta- ORVCVANOC INTIME) EMEA ee ac leMAEe AU EAU 295 Camus (L.) . . . . Recherches sur les ferments solubles du vaccin JET 1000 CarzraN (L.). . . . Le collargol en injections intra-musculaires. . . . .°. MEME, Carnor (Paul). . . Sur la présence de substances hépatopoiétiques au cours : des régénérations du foie et de son développement CEMDIMONIIAITE EN ce CE le A eee SAT ei à 1181 CARRÉ (H.) . . . . Voir BASser. Carrez (Alexis). . Résection de l'aorte abdominale et hétérotransplantation at MEN) — Transplantation de la cuisse d’un chien sur un autre chien. 1035 — Au sujet de la conservation des artères en cold storage. . 1173 CaAsTELAIN (F.) . . Voir Dugois (Ch.). Caurzery (Maurice). La castration parasitaire produite sur les Rhizocéphales. 113 ; CAVALIENNS à. Voir Coyne. # Cavasse (A.) . . . A propos de la microbiologie de la coqueluche . . . . . . 195 ; Czarsou (L.), A /propos.de l'étiologie de la sôouma, ....... . . 4 . .-., , 1104 | Cérène (Casimir) . À propos de la déhiscence des spores des Myxosporidies. 135 - Crrnovovraxu-(Miie P.). Etude quantitative de l'action hémolytique des mélanges : SCT AM 0e DANS NL SR RS CRT 2e) ee 390 F —. Voir BORREL. 4 CErnovopeanu (Me P.) et Hexrr (Victor). Recherches sur la toxine et l’antitoxine ‘_ tétaniques. — I. Etude de l’action de l'extrait éthéré du | SéLU An Te AIRE LC D de PUR TR eee Jon» 392 À _— Etude des propriétés colloïdales de * nee tétanique ... 669 — Etude sur le mode d'absorption de la toxine tétanique . . 812 ; Cesar (L.) . . . . Recherche de la choline dans le liquide cérébro-spinal chez | les chiens soumis à l'épilepsie expérimentale. . . . .. 66 Cane (J-) . . . . Recherches sur la langue des Téléostéens. . . . . . . . . 924 CHAMAGNE (G.). . . Etudes sur les colloïdes naturels des plantes médicinales . 541 Voir Foucauo. Voir SALIGNAT. CHamey (Ch.) . . . Sur la structure du testicule d’un homme de cinquante- sept ans présentant les caractères d’un castrat . , . . . 174 Cuawpy (Christian). Sur l’immunisation contre le cantharidate de potasse par UMP STUNT ANUTORIQUEE LS. DNA PT ar US Ur e 1128 CHARPENAT. . . . . Voir Péiu. CBaRRIER (H.) . . . Sur la trompe de Nephlhys Hombergii Aud et Edw . . . . 508 CHARRIN (A.). . . . Etude expérimentale des propriétés thérapeutiques de l'argent colloïdal. Mécanisme de son action. . . . . . . 83 Cnarrx et Monier-Vinarn, Influence des ligatures mésentériques sur l'intestin grèle et le développement de l'organisme. . . . . . . . 229 Cnarron (Edouard). Uu prostite nouveau Pansporella perplexa nov. gen., nov, sp., parasite des Daphnies . . . . . . SUN Me brel see 42 — Caullerya Mesnili n. g.,n. sp. Haplosporidie parasite des DID He PR AE RE ent mens ler 529 Curray et Sartory. Sur la présence constante de l'eudomyces albicans, para- site du muguet dans l'intestin des enfants qui ne sont DAS OUETIS I AUDE CRE ER D ee Peter eue 207 Curmié (J.-L.) . . . Lésions nécrotiques du foie produites par des congestions rénales aiguës. . . . . . ER LE 6 Sie PMCTEURE 344 Cuirié (J.-L.) et Mayer (André). Crises épileptiques à la Le Fe la ligature ‘emporaire des veines rénales . , . , . « . . . . . , . 598 1268 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Ciuca (M.) . . . . De l’action favorisante du froid sur le tétanos expérimental. — De l'action favorisante du froid sur l'infection streptococ- Cique expérimentale 2 00: CAEN ER CARTER LENS L'hypochloruration brusque chez les tuberculeux . . : . . Czuzer (J.) . . . . Sur la détermination au moyen des condensateurs de la formule d’excitation d’un nerf ou d'un muscle . . . . . — Sur la formule d’excitation des nerfs et des muscles à l’état pathologique ALES ER DES CEE — Sur l'excitation par meet de condensateurs (à propos d'une notes de MAESpicque) MERE 0 CI TUE — Sur l'excitation par décharges de condensateurs. Deuxième note, à propos des communications de M. Lapicque. . . — Sur l'excitation par décharges des condensateurs. Troisième note, à propos des communications de M. Lapicque. . . Czuzer (J.) et SouLié (A.). De l’action des rayons X sur l’évolution de la glande mammaire du cobaye pendant la grossesse. . . . . . . CozziN (R.). . . . Voir WEBER. ComBauzr (André). Quelques expériences pour déterminer le rôle des glandes ealciieres des LombhPICMNE CP EP PE EE — Sur l’histologie des glandes calcifères des Lombrics. . . — Recherches sur le développement des glandes calcifères ES LORMORICS ER EE 0e NS NE RE DR — Recherches sur la circulation des « glandes calcifères » DES LP OMETICS A AN EM PRE ALAN RENE AU RAIN AUS UE RES — Du cours du sang chez FHeli our IS Icalisnousus PS" Cosmovicr (Léon-0.). Sécrétion et excrétion. . . . . . . . . . ... . A Corre (Jules). . . Absence de l’hématine et de la biliverdine chez Dore OL Eee PEER ot à LA neo nan ecran PE le LE co ‘c . Courmonr (Jules) et Lesreur. Passage du bacille tuberculeux à travers la peau chezdlercobaye tleveau TedJanine eee Re Cousin (H.). . . . Sur la nature des produits azotés obtenus dans la Sapo- mificationtde a #céphaline ee PEER Courière (H.) . . . Sur la présence de mâles en excès chez deux espèces de SYNALDITEE SERA ETES NE TN I ET E n AR NS 0 Couvreur (E.). . . Voir Dugois (R.). Coyxe et BranpeIs. Sur l’évolution épithéliomateuse cornée du fibrome lacu- noire dela imamene ele n RENE ERP Ne Coyxe et CavaLié. Sur les polypes de la pulpe dentaire (pulpites hypertro- Te DLQUES) EE EPSON NME A PE CRÉTÉ (L.) . . . . Voir Goris Cuénor (L.). . . . L'autotomie caudale chez quelques mammifères du groupe des RON GEUTS ANRT ER EE SR EN Ne Te —= éphro sr dans le cœur et le rein des Poissons DISSOUS EL A ne lee ess eee oi al ON SR SUR CURVEILHIER (L.). . Présence manifeste de sensibilisatrice au fixateur dans un sérum préparé complètement dénué d'activité. . . . . 3 858 883 396 300 545 796 929 1038 445 40 570 630 854 1003 607 532 1143 238 610 914 1077 174 150 — Action des microbioïdes sur la lumière polarisée : fibrilles striées musculoides et cristaux liquides biréfringents extraits du Murex brandaris Male et isa orne ete e' e Le TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1269 D. Pages. Dazous (E.). . . . Voir MoreL (Cx.). DELAmarE (Gabriel) et LecÈne (P.). Sur la présence de lécithines dans les hyper- MÉRREGMESS SN OR NT nn «0e + 442 Deccourr (A.). . . Quelques observations sur la variabilité de Nofonecta : GiaUC Li: PRES CASE IR AR DER RTE 2 DEMANCHE (R.). . . Voir ACHARD. Demers Mo Nouvetle réaction delinosite "1" RUN... 101 É _— Nouvelles-réections'de linosite.nPLNER ET, 154 5.0. 507 DERRIEN (E.) . . . Voir VILLE. Descrez (A.) et us (Mie BL.). Influence de la Pince de sur l’oxy- dation du soufre PRE UN Re er RE STONE Le UE des ete 132 _ Dévé (F.) . . . . Au sujet des localisations lobaires du foie. . . . . . . . . 600 Doprter et Er Encéphalite aiguë expérimentale. . . . . . 3 0 . 848 Doyox (M.}) et Gavrter (CI.). Phénomènes tétaniques provoqués par née AMÉDÉE NENAUROIEN MR PS TER ENT el NOR Dette 429 — Extirpation du foie et incoagulabilité du sang chez la gre. MOUTON UNE PE MERE ETAT Re . 0521 _— Ligature du tronc cœliaque et de l'artère mésentérique supérieure. Modifications du sang . . . . . . . . . . . 650 Doxox (M.), Gaurier (Cl.) et MoreL (A.). Origine du fibrinogène. Effets de lextmpatiomtotale den lmrestin 7 RNA re 14% — Lipolyse dans le sang. [nfluence de l’alimentation. Com- paraison des méthodes de dosage de l'extrait éthéré . . 286 — Régénération de la fibrine après la défibrination totale chez le chien privé d'intestin. . . . . eee 368 Dovon (M.), GauTiER (C1.). et Porrcarn (A). Lésions rénales Hétontasss par l’anémie artérielle du foie. . . . . AE; L'PÉNÉRoRNTEnL 866 — Lésions rénales déterminées par l’ablation du foie . 987 DREYEUS 000. Voir LEsWé. — Voir Prquanp. DrzewinA (Anna) et Box (Georges). De l’action de l’eau de mer et de NaCI sur la croissance des larves des Batraciens . . . . . . . . . 880 — Action tératogène des solutions salines sur les larves des BALAI SAM EME REPARER RAT ee 11050 — Influence du chlorure de lithium sur les larves des Batra- CENSURE SELS RUMEUR AN dt ne fi Aa 4150 Dusois (Ch.) et CasTELAIN (F.). Sur les voies centrifuges du réflexe dilatateur de "4 LR DU DIDE LE ST nl conne M TA RE 21e Lane 716 Dugois (Raphaël) . Application de la radiographie à l'étude des mouvements respiratoires en physiologie comparée . . . . . . . . . 17 — Sur la coloration naturelle de la soie verte. . . . . . . . 52 — La radiographie appliquée à la recherche des perles fines. 54 — Sur le mécanisme iniime de la fonction chlorophyllienne. 116 ne Sur un phénomène de simili-conjugaison chez les micro- Diodes. A en M el el LR JR RNTe se |. een 198 1270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Dusois (Raphaël) . Sur un sporozoaire parasite de l’huître perlière Margariti- fera vulgaris Jam. Son rôle dans la formation des perles ARCS AMAMOMME te Peu 277 D ne 1 IE NE IE ALTER RE 310 — . Lettre au président, au sujet d’une note a .. SIP — Réponse à la cinquième note de M. Gautier (Cl.) relative à la;soie"verte-duYama-Maise 5.67 CR Ent 364 _— Sur les microbioïdes de la glande à pourpre du Murex Brandaris : leurs transformations et la formation de pisment:dans/des vacuolides eee nee 435 — Action de la lumière sur le pigment vert fluorescent de Bonellia viridis, et émission de pigment par certains vers marins exposés à la lumière solaire . . . . . . . . 654. — Nouvelles recherches sur la pourpre du Murex brandaris. Action des lumières colorées, teinture, purpuro-photo- graphiessc: sien vec te ROSE ent SRE 718 — Mécanisme intime de la formation de la luciférine; ana- logies et homologies des organes de Poli et de la glande hypobranchiale des Mollusques purpurigènes. . . . . . 850 Dusois (R.) et Couvreur (E.). Sur la prétendue fixation possible du carbone par lestchrySalid es RER ES LEA SL MER 219 DurOuR 7 L'astigmatisme et les verres correcteurs . . . « . . . . . 419 — La question des valeurs en peinture et la photométrie hétéro chromMANNE MERE ER NE NE 148 Durour (M.) et VERAIN (L.). Une nouvelle forme de rhéostat liquide CT RRES 0 172 E EtsEN8ERG (Philippe) (de Cracovie). Sur les leucocidines des anaérobies . . . , 491 — Sur les hémolysines des anaérobies . . . : . . . . . . . 53 — Sur la toxine du bacille du charbon symptomatique . . . 613 Eurze-Weir, (P.). . Voir ACHARD. ExriQuez et Amsarp. Régime de l'élimination chlorurée dans les tuberculoses auidéput, Fc: Sur ds Nr ee OUR TA ERNEE 13 — Rapports de la sécrétion gastrique et de la sécrétion rénales mr MNT rer Ile He eee trace 838 Érienne (G.) . . . Cholécystite scléro-atrophique d'origine éberthienne, non BYPROIQUE MEME ENTER PEN RTS ele We Ke CRC 745 ÉTIENNE (G.), JEANDELIZE (P.) et Ricuon (L.). Malformations organiques mul- tiplesMcheziun castrat nalurel een a een F Fassix (Millie Louise). Influence de l'inoculation d'extraits thyroïdiens sur Its propriétés actives du sérum . . à . , : « « . : « . . 368 — Influence de l’ingestion de ‘corps he sur les propriétés alexiques du sérum . . . . . . . . site a NT Ce ie ON — Modifications de la teneur du sérum en alexine chez Les. animaux thyroïdectomisés . . . . . . . . Comet er: O7 ac A oh à ve ti Mn di br d'a St EU): DÉS D dé HR ES TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Fauré-FréuEr E.). Sur la variation de quelques Opercularia commensaux . — Structure de l'appareil basilaire des Opercularia . . . . . — Mitochondries et sphéroplastes chez les Infusoires ciliés. . — ÉEpistuisoeleeEhrb) CEE ACER Ur, FauveL (Pierre) . . À propos du rythme des marées chez les Diatomées litto- = . . Les œufs influencent-ils l’excrélion urique? . . . . . . . — Action des sels alcalins sur l’excrétion urique . . . . . . FauveL (P)..et Boux (Georges). Le rythme des marées chez les Diatomées lit- ONE AS ME OM nee en F0 RE GES RU EC ere ee AURAI ERS LS Feuzcée (Emile) . Influence des abcès provoqués sur l’albuminurie . . . . . = . . Comparaison de l'influence des abcès provoqués et de l’in- toxication mercurielle sur l’albuminurie . . . . . . . . : —. . . . Abcès provoqués et œdèmes expérimentaux. . . . . . . . Frcaï (J.) . . . . Voir Lorrer. Fressincer (Noël) . Note sur les lésions rénales, hépatiques et intestinales, au cours de l’intoxication mercurielle massive . . . . . . . —. Action des hémolysines sur le parenchyme hépatique. Lésions précoces. Lésions tardives. Cirrhoses ‘cicatri- CIC ESA A nat Se ee ÉBETGA (Ce) Mens Action de l’acide et de l'aldéhyde formiques sur les phé- LEP nomènes digestifs et sur la circulation. . . . . . . . . Fzerc (C.) et LisBonxe (M.). Recherches sur un séro-diagnostic du kyste hyda- tique par la méthode des précipitines. . . . . . . . . . Forx et MALLEIN. . Procédé d'accélération des colorations lentes par le cou- rant électrique. Application au spirochète avec colora- tion en cinq à dix minutes par le Giemsa sur frottis . . Fozer (L.). . . . Examen clinique de la salive des syphilitiques. . . . . . . — Examen clinique des expectorations chez les cancéreux. . ÉORDINS Mec Etude expérimentale de l'influence de l'éclairage de l'œil SUP DerCEDHONITASICOUlEUTS EME RE NU — . . . Vision entoptique de certains éléments du corps vitré . — Nouveau dispositif pour l'examen entoptique de la circula- CORÉTÉLEMIENNEL EAU EN ERP PT DR UE NE — Vision entoptique de la Fovea et de la structure des capil- Je SSOLEUMAOVÉEUSS AR EE CE Er CE FORTINEAU (L.) et Sou8ranxe. Bacillus proteus ruber. . . , . . . RPM RS Se Fouarp (E.). . . . Sur un mécanisme de coagulation des colloïdes organiques. FoucauD (J.) et CHAMAGNE (G.). Recherches physico-chimiques sur les eaux minérales de Châtel-Guyon. . . . . . . . . . .. . . .. Fouquer (Ch.). . . Sur une forme rectiligne du spirochète pâle. Sa signification. Son rôle probable dans les lésions tertiaires . . . . . . FrancoiIs-Francx (Ch.-A.). Etudes de mécanique respiratoire comparée. Mou- : vements et variations de pression chez le caméléon vulgaire. . . . . . . . . ee ee OU — Lettre au sujet de la communication sur « fé nique respiratoime/ducaméléon eee 0 CN 10): der. Chronophotographie d’un jet de ae coloré montrant le trajet du courant de l’eau à travers la chambre respira- toire des animaux aquatiques. Rappel des travaux. anté- rieurs sur les applications de la chrono- et de la graphe- TOUTE ICS REMONTER Oe LAS — TABLES. 88 34 142 1242 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mr FrAnCors-FRancKk (Ch.-A). Note générale sur les prises de vues instantanées microphotographiques (plaque fixe à pellicule) avec l’arc MOLbA LIU EE ASS MOT LUN NE LES ARS ENR PTE LÉ ROTH NE EE NRS — I. Démonstrations de microphotographie ana et de chronomicrophotographie. 11. Comparaison des mouve- ments actifs et passifs des branchies flottantes, respira- loires et AoCOMoiriC ES SR OUEN EE RE = — Microphotographie en couleur des pièces Rnb avec les plaques autochromes de A. et L. Lumière. . . Frison (Mie S.) et Niczoux (Maurice). Quantités de chloroforme fixées par la substance grise et par la substance du cerveau au mo- ment de la mort par cet auesthésique. . . . . ONE FRoIN (G.) . . . . Action du globule rouge comme régulateur de la dome leucoCyIiRE EUR EME AAA SSSR SET de — Réactions provoquées par le cancer dans les cavités de 4 l'organisme : cause de la diapédèse leucocytaire . . . + — Diapédèse leucocytaire dans la pleurésie et la méningite tuberculeuses : Influence des hématies extravasées . . . Frourn (Albert). . Action de la salive sur la sécrétion et la digestion gas- ÉTIQUES. RE RE PONS SO SIREN ES — Sur la formation de sérums exclusivement agglutinants ou hémolythiques SM COESE LRALL LEE EN QI RARE Cp rs nes — Antagonisme du bleu de méthylène et de la phloridzine. . FrouIN (A.) et Taouas (P.). Sur le dédoublement des glocusides dans l'intestin G GaïzLarp (J.) . . . Traitement de la fièvre typhoïde par les injections intra- veineuses d'argent colloïdal électrique à petits grains. Cinq cas avec guérison rapide chez l'enfant . . . . . . Gaizzarp (L.) . . . Voir AcxaRo. Garnier (Marcel). . Voir Pozrcarp. GARNIER et Simon (L.-G.). Passage dans le sang des microbes intestinaux , . Garnier (M.) et Tuaon (P.). Recherches sur l'ablation de l'hypophyse. . . . . GARRELON . . . . . Voir LAnGLoIs. GaupucasAu (A.). . Sur un bacille violet pathogène . . . . : . . . . se RNB GauLrTier (ftené). . De l'intervention du sympathique dans la sécrétion chlor- hydrique dellestomeacemnreeN RER Gaurté (Albert) . . Sur la teneur en bactérie de quelques huîtres. GauriEr (Cl.) . . . La matière colorante sur le fil de soie-de SaturniaYama-Maï — Voir Doxox. — Voir Moreau. GaAurtER. (Cl.) et Hervreux (Ch.). Du rôle du foie sur la formation des chromo- pénes inox lie SUIS ET RE MAN UE GAUTIER (Cl.), MoreL (A). et .Monop (Oct.). Sur le mécanisme de la coloration rouge cerise du lait en présence d’alcalis concentrés. . . Gaurier (J.) . . .« Toxicité intraveineuse d’un terpène ozoné. Réactions san- guines dues.à l'injection de ce produit. . . .. . . . . . — Action d'un terpène ozoné sur l’évolution de septicémies CXpPÉTIMENTAIES. 7 NO MNREN TE ei ete Rec 163 Re TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 19:38 Pages. GaurrELET (Jean). Contribution à l'étude de la toxicité de certaines couleurs ANITIN ESA ARREEREANMERT A RERLI TEL NE, Nas 510 — - De la réalisation de crises épileptiformes obtenues par électrobpeelchezale apr. 0 5, RE NES 946 —- Des effets physiologiques consécutifs à l'application de l’électrode à l'oreille de l'animal, dans Pélectrolyse . . . ‘917 == Des modifications qu'entraîne la suppression de la circula- tion dans l'électrolysele, MEN MMS A. 1, à 918 — De l’action sur le cœur de l'ion potassium dissocié et in- troduit par l'électrolyse En CREME En ur Les 1084 —_ De l’action sur le cœur des ions magnésium, baryum, cal- cium et sodium, dissociés et introduits par électrolyse . 1085 GaurreLer (J:) et GrAveLLAT (H.). De l'élimination des sulfo-conjugués consé- cutive à l'absorption de certaines couleurs d’aniline, . . 96 — Effet de l'ablation du foie sur le mode d'élimination de certaines couleurs d'anlline-: "Mann 1 ce 0 2 97 GeLLé (E.). . . - . De la pression intra-thoracique et de la compression du cœur droit dans les accidents asphyxiques, par sténose des voies respiratoires. . . 1. . . : . PNA Li 587 GEencou (O.).. . .- . Etude de l’action empêchante du citrate de soude sur : lhémolyse “par levenimidelcobra ment 409 _ — - . De l’action empêchante-du citrate de soude sur l’hémolyse partie Sérum anne PARMESAN EN ENS UC 136 GENTES . . . . . . Lobe nerveux de l'hypophyse et du sac vasculaire . . . . 449 GérauveL (Émile). Le foie du Porc et le foie de l'Homme. . . . .. . . . .. 199 Gerger Ci). . . . Théorie de Celakowsky sur la cloison des Crucifères . . 914 | — . ML'arc renversé de Aubrietia deltoiden D.0. : . . . ..", 976 . — PamprésuredesiCruGtferes MEME EN SR 1223 — HARSPCOCAVANESE RE CEST A ERA EE SA Le 1225 — Les actions antiprésurantes du lait cru vis-à-vis de quel- ... . - ques présures végétales .. ... . me Me M UOTE EEE 1227 GrAJA (1) et Gowrs :L (M.). Sur la digestion des glocusides et des hydrates de \ Carbone Chez ÉEREVISSO EEE NAT EN 1197 GR 0-2. : Voir-BIERRY. GARDE. eue Allocution au sujet des décès de M. Émile Javal et de MR PE BU QUEUE Se NE AA EE RE LE — Allocution à propos du décès de sir Michaël Hot RUN NE LTÉE — Allocution à propos du décès du professeur Mathias Duval. ‘328 — Allocution au sujet du décès de M. Berthelot. . . . . . . 516 = Aursujet dur décés de MC: Fére LEE Mn LL à ue - 696 Gazserr (A.).et Hsxscuer (M.).Sur la cholémie et la polycholiede hétère grave. 1010 — Sur la teneur en.bilirubine du sérum sanguin dans la colique DID PERRET RO SANOPEMEPEM PAS € TS NI CAS GrrauzD (A . . . Voir CawBier. LE Gex (E.).. ... ...- Présentation des Lecons de pathologie obstétricale de Paul IDE ant rod toto coton LORIENT EE SR EEE RTE URSS 209 . — . . . . Présentation d’un article nécrologique de G. Hervé .sur 1 Mathias DO al ARE SEM Re LU LES UM 56 Le Allocution prononcée sur la tombe de M. A. Charrin le OR SR AE AS re | or SO MAR Le Die Ve 2 . 926 — A propos des phénomènes ue d’ « hyperthyroïdie » et ad x hypathgidien tie, LEE …. + 82 1974 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages GOBERT. . . . . . Voir Bou. GOMPEL. . . . . Voir Gi4JA. Goris (A.) et CRÉTÉ (L.). Sur l'huile de marrons d'Inde +: . . +. : . . . 117 Gouin (André) et A\pouanp (P.). Abaissement des dépenses vitales dans l'espèce bovine, au début de l'existence. 1... 0. 0 985 GRAYELLAT (H.) . . Voir GAUTRELET. GuËGuen (F.) . . . Pipette protégée pour prélèvements aseptiques . . . .. . 847 — Préparation instantanée de solutions colorantes limpides.. 879 GuenpE (Mile BI.) . Voir DESsGRez. CDERBEN CP 0 Surles-sulfo-éthers urinaires 25 Gureysse (A.). . . Coloration élective des plateaux en brosse par le vert lumière dans la triple coloration de Prehant . . . . . . 1212 ‘GuizzemarD (H.) et Mooc (R.). Recherches expérimentales sur l'exhalation de Vapeur/dieau tx ue 0 ete NE IEEE ARS 141 — Recherches FpPmenas sur l'exhalation de vapeur D LE OC DU trs LS LEE C0 a D PM Qu ot G 819 — Recherches expérimentales sur l'exhalation de vapeur d'entretenir rRiR ÉAREEL ES AGE PE PTE 874 GuiLLiERMOND (A.). Quelques remarques sur la structure des bacilles endos- PORÉSE GS EMMANUEL STRESS UTP EEE 18 CUIELOZ 0-0 Remarques à l’occasion de la communication de MM. Du- four ete eNVeTain RE PE CR EP EEE 174 Guyenor (E.) . . . Action comparée des pneumogastriques droit et gauche sur le cœur de la tortue (Cis{udo europea). Action du paeumogastirique ATOIt- Ne MES PNEU 1025 — Action du pneumogastrique gauche sur le cœur de Cistudo europea. Actions comparées des deux vagues . . . . . . 1032 — Action du pneumogastrique sur le cœur des Batraciens. . 1145 — Considérations sur les causes des variations observées dans l’action des nerfs vagues sur le cœur des Batra- CITES PAU Le ne see EN NE EMRATR EE PEL UE DO 1190 HALLUIN (Maurice d'). Action nocive des tractions rythmées de la langue . . . 771 — La réaction sulfhydrique : son principe, sa valeur . . . . 840 HANRIOT. . . . ... Sur les substances actives du Tephrosia Vogelii. . . . ; . 381 — Sur les substances actives du Tephrosia Vogelii. . . . . . 453 — Sur l’action de la téphrosine . . . . . . . . . . . . . . . 527 HausaLteR et SaporTier. Hypotrophie et rachitisme chez de jeunes poulets . . 744 HausnaLtTER (P.) et JEANDELIZE (P.). Athérome de l'aorte chez une myxœdéma- teusetagéerde (reizelans ee 1. NC 154 Henri (Vicror). . . Voir CERNOYODEANU. HÉRISSEY . . . . . Élutmembrestitulaire PNR 497 perl Voir BOURQUELOT. Hérissey (H.)et Lerenvre (Ch.). Sur la présence du raffinose dans le Taxus cr bDaccutalie eee Rene M A AD LE RIURE, ANSE UN QUE 188 HERSCHER. . . . . Voir GILBERT. Hervieux (Ch.) . . Sur la prétendue toxicité des corps te groupe de l’indol. . 895 at, prié budéddiet-es Lt Sc Autier nn ts dise déhedte nié de) ÉTÉ té à End Aér sé dd ct robe | TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1975 Pages. HERVIEUX (Ch.) . . Recherches expérimentales d'ordre urologique sur quelques composés du groupe de l’indol. . . . . . . . . . . . . 996 — Voir Gautier (Cl.). — Voir PorcHEr. HüpeLLer. (J.). . . Voir TRIBONDEAU. Husxor (P.). . . . Voir SABRAzËs. EMBERDMEMERNTE Voir ALEZAIS. INRMANNE RE ET. Voir LEvADITI. Iscovesco. (H.) . . Etude sur les constituants colloïdes des humeurs de I or- ganisme, Le liquide céphalo-rachidien normal. . . . :. 181 — Étude sur les mélanges d’électrolytes. Le chlorure de cal- cium dans le mal de Bright. Son rôle antitoxique. . : . 314 — Quelques considérations préliminaires sur l'emploi théra- peutique des métaux colloïdaux électriques à petits PA D rl a AE TR AGEN 4 LEA ct RE ie ee 493 — I. Introduction à l’étude de la spécificité cellulaire. Trans- port des colloïdes à travers des colloïdes et des li- DOTE SES AE AP ANTON PEN ne MENU Ur SUN 625 — Il. Introduction à l'étude de la spécificité cellulaire. Le transport du ferment gastrique à travers des colloïdes. . 7110 — - - Jl Introduction à l'étude de la spécificitécellulaire. Trans- port de coloïdes à travers des colloïdes. Suc pan- -créatique et ovalbumine : . : - - . . + . . . . . . . . 861 — IV. Introduction à l'étude de la spécificité. La charge de la gélatine ou de mélanges de gélatine en fonction du OT ME na Et RS MEN RCE Roi be CPE Me ES NRA Peer res en — V. Introduction à l'étude de la spécificité cellulaire. Trans- port de colloïdes à travers des lipoïdes. . . . . . . . . 1023 Iscovesco (H.), JocrraIx et MonrEer-Vinarp. Etude physico-chimique de quel- ques exsuldats pathologiques. . . . . . . . . . . . . . 29 Iscovesco et Marza (A). Sur la pénétration ionique d'électrolytes à travers les SElSNCON OUEST EME EAN EU ES PR A OR EURE ER Eee Le 182 — Le passage du chlorure de sodium à travers les sacs de collodion. Une anomalie de dialyse. . . . . . . . . . . 1204 J Jaumes (L.) et MarTiN (A.). Sur les propriétés de la coque de l’Ascaris vilu- orme GE 2e IR RS A URL rs 15 — Sur le déterminisme de l'infestation par l'Ascaris vitulorum j GE ZE ARE ES CE CR TAN EEE. TR EeS 131 JARRICOF , . . . . Voir TRILAT. JEANDELIZE (P.) et Parisot (J.). Pression artérielle chez deux myxœdémateux . 152 1276 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. JEANDELIZE . . . . Voir ETIENNE. — Voir HAUSHALTER. — Voir RICHON. JEANSELME et BarBé. Contribution à l'étude de la ponction lombaire ehez les SYPRULIQUES TN PRMENLT QE MENT A ERA MN RERENMA RS PE LENS SECORIDS Jour (de) 604 Remarque à propos de la communication de M. J. Sa- Drazes Te RCE DEN RER ESC CE ER RE 112 — À propos de la communication de M. Renaut. . . . . . . 1208 Joucy (J.) et VALLÉE (A.). Sur les granulations basophiles des hématies. . . . 568 JOLTRAIN . . . , . Voir Iscovesco. JOSÉ TE MINE PURE PlütmemhreiEU AIT RON ERP 1029 — Athérometartérieletcalciication MEME ES 1189 Jousser (André) et Troisier (Jean). Etude histo-chimique des sérosités lactes- CONTES PS MT AT R AONER ME NOT RE M RENAN SIT ee 1208 Juxcano {Michel}; .1Bacillesnermeusl DER SERRE ... 61 ; — Sur un -staphylocoque anaérobie. . … . . . . . . . . . . 710 K KEATING-Hart (ne). Sur l’action des longues étincelles de haute fréquence et de haute tension sur les tissus normaux et pathologiques . 323 Korsscer (K.-K.) … Voir Levaprri. KozLmann (Max). . Sur les granulations leucocytaires des Scorpionides et des Avanéidesse INSEE SONNERIES _ 226 Kunckez »p'HERCULAIS. Présentation de son ouvrage, intitulé : Les invasions des AGPIIERS VS ETS RONA TETE EE NNE RER 282 KRunsTLer (J.) . . . Lièvres et lapins. Episode: de la lutte active pour l'exis- tence entre mammifères. . . . SR D PT MT dE PU .— . . . . Observations sur l’Amiurus es RTE TS tre 0 922 Kuss (G.) et Lossremn. Passage des poussières insolubles à travers l'intestin . 139 — .._ Passage des poussières insolubles à travers la muqueuse intesGnale tr SEUTE, TRIER MEME ER EN ER NE 662 L LABBé (H)et Virry (G.). Les sulfo-éthers dans l’ictère par rétention . . . . . 184 — Les sulfo-éthers urinaires dans le jeûne. . . . . . . . . . 699 — Les sulfo-éthers dans la bile et dans les matières fécales . 1093 — Pindicanurinelre danstledene EPP MES ER RCE 1142 LagBé (Henri). . . Voir Lassé (Marcel). Lageé (Marcel) et LAgBé (Henri). Méthodes d'appréciation du métabolisme azoté à . chez les sujets sains et. chez les malades. . . . . . . . 826 LzæpericH. . « . . Voir BernarD (L.). - - LAFFORGUE . . . . Cultures homogènes du.B. mesenteriens obtenues én vifro. _884 — Cultures homogènes du B. mesentericus. . ... . . . . . . 4111. = Cultures homogènes du B. mesentericus . . . . . . . . … 119. + 5 sr Gé TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1277 Pages Larite-Dupont. . , Voir BENOIT-GONIN. Laron (G.ÿ . . . . Sur un appareil pour l’anesthésie. . . . . . Panne mire 836 — Appareil pour le dosage de l’urée et de l’azote total. . . . 899 * = Méthode rapide de dosage du glucose par la liqueur de AI UNE 01 fe AE Dec AGO En ARS ONE CP PRE RTE 948 LAGrIerouL . . . . La vaccination antituberculeuse . . . . . . . . . . . . . 21 LamwBert (M.). . . Sur l’action des extraits du corps jaune de l'ovaire . . 18 Lams (Honoré) . . Note sur la biologie sexuelle d’un Gastéropode pulmoné PO eMANMACOLUM) RENE EEE COUT . .… 255 — L'éosinophilie considérée comme moyen de pronostic 489 Lamy (Henri) et Mayer (André). Sur le pouvoir diurétique comparés des sucres (enTépOonS Er EME Arrous EN ER A TE en 804 — Sur le pouvoir diurétique comparé des sucres. . . . . . , 808 LAnGLois (d.-P.) et GARRELON. Polypnée thermique et capacité respiratoire du SÉNEN Lee DER E MORE AS SR RE SR REC PRE de Ge 127 — Des variations du rythme respiratoire dans la polypnée thermique sous l'influence des variations de pression BAIE ETIENNE MEN CEE 1169 Lapicque (Louis) . Sur la précision dans la question du rythme des marées . 302 — RÉPONSE MEEB ORNE EP ER SC ET 415 — Première approximation d'une loi nouvelle de l'excitation électrique basée sur une conception physique du phéno- Don sd AS AO oral pipe rene de NQ PUIS MON 615 — Les théories récentes de l'excitation électrique et les déchargeside condensaleunts eu NE PT 664 — Sur l'excitation par décharges de condensateurs: détermi- nation directe dé la durée et de la quantité utiles. . . . 701 — A propos de la note de M. Cluzet sur l'excitation par décharges de condensateurs. Importance de la vérifica- tion des formules par la comparaison avec le courant CONSTANT Ne Cl ee 197 — A propos de la communication de M. Cluzet . . . . . . 191 — Sur le poids de l’encéphale chez les animaux domestiques. 1005 — À propos de la communication de M. Cluzet. . . . . . 1040 Laricoue(L.) et Mue. Influence d’une variation locale de température sur l’exci- tabilitédumertnoteure MN ea Ce n'ait 6 ha 31 Lapicque (Mme L.). Action de la strychnine sur l’excitabilité du nerf moteur. . 1062 LASsABLIÈRE (P.). . Etude expérimentale sur la valeur alimentaire des poudres ' JEANNE pr RS RS 5 LE SU ANR Et 640 — Etude expérimentale sur l’ostréo-congestine, substance CATNATES IMENREN 20e HOME AE EME EE ORNE 933 EAunoy (L.). . . . Nouvelle contribution à l'étude histologique de l’autolyse aseptique du foie. Action favorisante des chlorures de quelqtesimÉtaTEbIValen CARMEN EE CE 487 — À propos de l'étude histophysiologique de l’autolyse asep- tique du foie. Action inhibitrice du citrate de sodium. . 1175 LécaïLLon (A). . . Notes complémentaires sur les mœurs des Araignées. 19 Influence de la nutrition sur la production d’Agelena labyrinthe nent 344 _— Remarques au sujet d’un mémoire récent relatif à l’origine des feuilléts germinatifs et à la formation de l'intestin MONENAUES COlEDDIÈRES niet ms ee elsieie O0 1278 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LÉCaILLON (A.) . . Remarques au sujet d’un mémoire récent relatif ‘à l'origine A AS des feuillets germinatifs et à la formation‘de l'intestin ‘ MOYVENMTESICOIÉOPIETES PME RES LECèNE (P.). : . . Voir DELAMARE. LEenaaror (E.) . . Voir ARMAND-DELILLE. Leresvre (Ch.) . : Voir HÉrisssey. « LEGENDRE (R.). . . Varicosités des dendrites étudiées par les ee neuro- Hbrilaires EPP RE RE EU Diverses causes de variations d'aspect des neurofbrilles 5 InFA Ceres PR ETES ARE ER — Disposition des neurofibrilles dans les cellules nerveuses à à NOYAUTECIOPIQUE MS RENE ARE EE LeGENDRE (René) et Préron (Henri). Les rapports entre les conditions physio- logiques et les modifications histologiques des cellules cérébrales dans l’insomnie expérimentale. . . . . . .. — Retour à l’état normal des cellules nerveuses après les modifications provoquées par l'insomnie expérimentale . LELIÈVRE (A) . .« . Influence du régime sur l’évolution de l’épithélium rénal . joe Modifications de la cellule rénale au cours du régime carné. Lemoine (G.-H:). . Voir LiNossiEr. Léorozo-Lévr et Rorascuizp (Henri de). Corps thyroïde et neuro-arthritisme . . — Fonction orégogène du corps thyroïde . . . . . . . . . . — Constipation etihypothyrOidie ERP EI EE = Corps thyroïde etintestin . . . . . . , . . A SAT SE — Intestin thyroïdien et ion-calcium +. — Fonction trichogène du corps thyroïde. Signe du sourcil . — Petits incidents du traitement thyroïdien. Nervosisme expé- TIMODTALS Sr RS TE TDR PI D SE ON A EE &'M. GIE. ST RENE IR A PE LEPAGE (L.). .: . . Canule à soupape pour l'anesthésie. . . . . . RME — : Canule droite, à soupape, pour la respiration artificielle, permettant de faire varier l'intensité de l'insufflation . Lépine (R.) et Bourur. Action du collargol sur le pouvoir glycolytique du sang. — Effets sur la glycémie de la compression de l'aorte, près de Sa‘bifurcation 2. Tres ANR RS re LESAGE (A.). . . . Culture du parasite de l’amibiase humaine: (Dysenterie aiDibienme) ue ne NU en NE net EEE CT — L’amibiase chez le chat (Dysenterie Re ER ED 00 LEsIEUR (Ch.). . . Tabagisme expérimental et dénicotinisation. . . . . . . " * — * + : Voir Courmonr (J:). LESNÉ et Dreyrus. Un cas d'abcès inguinal à bacilles paratyphiques : : . . . Le Sourp (L.) et Pacntez (Ph.). Recherches expérimentales sur le rôle des hémato- : SANS blastes dans la coagulation . . . . . . . . . . . . . . LEeTuLLE (Maurice). Métamorphose cancéreuse des glandes brunnériennes du ; ATOTÉNUME MN PA US RE NE NET EE — Histogenèse de l’épithélioma cylindrique du gros intestin. =— Le carcinome plasmodial (placentome infectant, plasmo- “dionremalin).s: ERNEST NE ER PEER L’ophtalmo-réaction à La tuberculine . . . . . . . . . Ste: LevaDiTi et INmanx. Contribution à l'étude des « opsonines ». Propriétés oponi- PP Este “hr santes desiSÉTUMSMONMAUX 2 CR CCE Pages. PRO SON PP UE PU | PRE ES dites ae ère Le À PU NI T PONT SN TES TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Levapir et INmanx. Contribution à l'étude des opsonin?s. Pouvoir opsonisant des SÉTUMSEMOMMAUTREM MEANS UE en ee ed — Contribution à l'étude des opsonines. Opsonines des sérums SPÉCIAAUES EME NU NS anne RL NCA PRE Re — Contribution à l'étude des opsonines. Mécanisme de l’opso- ADD MAS ATOS PARA DORE SEE SEINE Me NN Le NE Levaprtr (C.) et Kozsscer (K.-K.). Contribution à l'étude des opsonines nor- males. Anticompléments et antiopsonines. . .. . . . . . Levapirs. (C.) et Mc Ixrosu (J.). L'influence de l’atoxyl sur la spirillose provo- : quée par le Spirillum gallinarum. . . . . . . . . . . . _ Levapims (C.) et Marie (A.). L'action du liquide céphalo-rachidien des paraly- tiques généraux sur le virus syphililique . . . . . . . . Levant (C.) et Rocné (J.). Les opsonines et le mécanisme de la crise dans la CRETE VERRE AE er Re LA Eten _— .Immunisalion des spirilles de la Tick- Fever contre les anticorps. Mécanisme de la rechute. : Linpen (Mlie la comtesse M. vox). L’assimilation de. l'acide one Ie ; chrysalhdestdenlépidoptères trees CE …_— L'assimilation de l'acide carbonique par les chrysalides de lépidoptères. — L'augmentation de poids des chrysaiides est due à l'absorption d’eau et à la formation de substance OTSANTQUE SSP UN A EL APTE MS RCE Le 2h oe crea =" L'assimilation d'acide carbonique par les chrysalides de ms lépidoptères (Réponse à MM. Dubois et Couvreur). . . . Linossrer (G.). . . Du mécanisme de la rétention du bromure de potassium dans l'hypochloruration. A propos de la note de MM. Tou- OMC C0 IRON SRE MR AE AE D EEE Linossrer (G.) et LEMOINE (G.-H.). Essai de ditférenciation des albumines du sérum chez les animaux de même espèce, mais de races JIRÉRER LES pe Mere Te à LUN et re AND LiSBONNE + . . . . Voir FLrIc. ? non (Ce e8- 7 Sur:le-rûle: del’hypophyse:2t 2.0 ie Li een Lrvox (Jean) fils. . Contribution à l'étude du cordon ombilical dans la syphilis. LoBstEIN .:. . . . Voir Kuss. PonPERMEettBoyERr (P').Taichaux et le/CcŒur = des. mr — Éarohauxsebtlestanlenes rer eu) Pen Le ere Logrer et Ficaï (1.). Ferments du rein. Activité lipasique de la glande rénale. — _ La siguification de la lipase et de l'amylase urinaires. LOISELEUR. . . . . Voir SACQUÉPÉE. Loranp (A.). . .. . Sur les rapports de la thyroïde avec les reins, avec consi- dérations sur la pathogénie de la goutte . . . . . . . . Loyez Mlle Marie). Sur la vésicule germinative des reptiles et des oiseaux . . —. Sur la formation du vitellus chez les reptiles et Les oiseaux. LUCIEN .. …. . . . .. Note sur le développement du ligament annulaire antérieur décarperchez-Uhomme nets RER RM CN Lupre (Mme de) et MARIE (A.). Action suspensive des pâtes de céruse et de blanc de zinc sur les cultures microbiennes aérobies. 1280 SOCIÉTÉ DE. BIOLOGIE Pages, Mac Inrosg (J.). . Voir Levaprni. MarzzarD (L.-C.) et et VLEs (Fr.). Présence, dans le stylet cristallin de Cardium edule, d’une substance réduisant la liqueur de Fehling. MADLEIN EPA Te Voir Forx. MArvoza(E) -e-2-0letentamanarenthelciquen PE Pt TERRE Mancin (L.). . . . Sur l'existence du Col/pomenia sinuosa dans la Manche. . . Mar (A.). . . . . Sur un nouvel appareil à thoracenthèse , . . . . . . .. MarcHaAnpD (L.). . . Lésions cérébrales dans l’épilepsie dite essentielle. . . . . — La folie « maladie » et la folie « infirmité » . . . . . .. Marcaoux (E.) et SALimBENI (A.). Un trypanosome nouveau chez Hyla voisine de H. Lateristriga Spix et Agassiz . . . . . . . . . , . Marie (A.) . . . . Faits concernant la suppression de la résistance chez les aDDNMAUExXE 4 Real itipen EU Me AR Rae STE — De l’activité des sérums antirabiques. . . . . . . . . . . — Sensibilité des cellules cérébrales à la toxine tétanique . — Voir Breton (J.-L.) = Voir Levaprri. — Voir Lupre (Mxe de). MARIE (A.) et Requier. Analyse chimique du cerveau de paralytique général Saturnin. AMENER SRE NE BEN RE ECS MARIE (A.) et Tirreneau (M.). Mise en liberté, par la papaïne, de la toxine téta- nique fixée par la substance nerveuse. . . . . . . . . . MARMOREK (A.). . Production expérimentale de cavernes pulmonaires chez le cobayeret-letlapin eve EEE SR MARTIN (A.). . . . Voir JAMMES. MarTin (Gustave). Sur un Trypanosome de Saurien (Trypan. boueti, n.sp.). . MaRTIN (J.). . . . Traitement des myases par le chloroforme et l’éther. : . . MarTiN (Louis). . Sur les propriétés des mélanges de toxine et d’antitoxime. Marza (A). . . . Voir Iscovesco. Maure (E.). . . . Causes de l'augmentation vespérale de la “améoinne nor- males "uses MOD URr TRANS ENS PRE EE PAR ER — Influence de l'alimentation diurne ou nocturne sur la marche nycthémérale de la température normale . . . . — Influence de la lumière sur la marche nycthémérale de la température normale. Conclusions sur les autres in- fuenCe se ONE U NE LUE ER OS ENA re — Balance des aliments ternaires ingérés 4 ceux x dépensés par la cobaye pendant sa grossesse. . . . . . . . . : . — Balance entre les albuminoïdes ingérés et ceux dépensés pendant la grossesse par la lapine . . . . . . . . . . . — Balance des ternaires ingérés et ceux dépensés par la lapine pendant eross esse EN RTE EE — Aliments ingérés pendant la grossesse par la cobaye et la lapine et utilisations de ces Den Résumé. Conclu- sions ARÉExIONS. SU MR CNE TE RES — Influence des principales voies d'administration sur la dose minima mortelle de bromhydrate de caféine sur la snenouiller te NADINE EC RENE HEGNE 316 602 193 85 13 120 292 156 228 1164 675 1187 1238 594 182 178. 132 191 220 . 352 405 484 d33 { sd Sr Lt ed dd dc Éd { TABLE PAR NOMS D'AUTEURS MAUREL (E.). . . . Influence des principales voies d'administration sur la dose minima mortelle de spartéine (sulfate) sur la gre- nouillete le Tapie PNA CRUE VE AMEN — Influence des principales voies d'administration sur les doses minima mortelles de convallamarine pour la gre- nouïille, le pigeon et le lapin . . . . . . . . . . . . . . MaureL (E.) et Leuosy p'Orez. Influence de la voie d'administration sur les doses minima mortelles de bromhydrate neutre de qui- MaurTé (A.). . . . Voir TurFier. MAÿer (André) . . Recherches sur les complexes colloïdaux d’albuminoiïdes. — V. Influence des électrolytes sur la précipitabilité et la solubilité des combinaisons d’adsorption et des com- plexes colloïidaux d’albuminoïdes. . : . . : . . . . .. — Recherches sur les complexes colloïdaux db unimoides. — VI. Action des acides et des alcalis sur l’albumine. . — Voir Carrté. ; — Voir Lamy. Mayer (André) et Rarxery (F.). Modifications histologiques du rein au cours des diverses diurèses provoquées. — [. Études sur le rat : modifications vacuolaires. . . . . . . . . : . . . . . . — Modifications histologiques du rein normal au cours des diurèses provoquées. — Il. Études sur le rat : modifica- tions de structure protoplasmique . . . . . . . . . .. Mayer (André) et TERROINE (E.-F.). Sur les propriétés des précipités d’ Slbumine par l'alcool. Redissolution dans l'alcool en présence d’élec- LAON OS RC ED NL CES MS LP REP RU LE FUN — Recherches sur les complexes colloïdaux d'albuminoïdes et de lipoïdes. — I. Les lécithalbumines sont des com- pere too PEU Na RME AE EAN MENT, — Recherches sur les complexes colloïdaux d’albuminoïdes et de lipoïdes. — II. Sur les jécorines naturelles et artif- s CUIR MERE VE ETAPE ER RE Re EN EE es 20 MEILLÈRE (G.). . . Action de quelques bacilles sur l’inosite, différenciation dunéColiiniet delEberthe nt 'ENPANUTRNLNRNUN. Mercier (L.) . . . Cellules à Bacillus Cuenoti dans la paroï des gaines ova- ronesdeld latte eme Ana Se re A — Un parasite du noyau d’Amæba Blattæ Bütschli . . . . . - MonEr-VinarD . . Voir CHARRIN. : — Voir IscovEsco. Moxon (Oct.)}. . . Voir Gaurier (Cl.). Mooc (R.). . . . . Voir GUILLEMARD. Moreau (B.), Morez (A.) et GaurtEr (Cl.). Technique de dosage du fer dans les RER RTS OR ARE USS A NURS ES SAR EPA RÇ nr res te nn MorEz (A.). . . . Voir Dovon. —= Voir GAUTIER (CL.) — . Voir Morrau. _Morez me ne Sur les propriétés phagocytaires des cellules géantes. Muzox (P.). . Importance fonctionnelle du pigment dans la surrénale. , on (L.) . . . Voir SABRAZÈS. 960 1036 1179 521 116 311 398 113 1096 158 1132 905 1282 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. NaGeottE (J.). . . Greffe de ganglions rachidiens, survie des éléments nobles - et‘transformation des cellules unipolaires en cellules mul- LIPOISIFES ES HUSGES OR RSS EL RER CR DIR : 62 — Deuxième note sur la greffe des ganglions rachidiens ; types divers. des prolongements nerveux néoformés, compa- raison avec certaines dispositions normales ou considé- : rées comme telles; persistance des éléments péricellu- laires dans les capsules vides après phagocytose des cel- lutes nerveuses mortes EM EME ee A A 10) — Troisième note sur la greffe des ganglions rachidiens; mode de destruction des cellules nerveuses mortes . . . . . . 381 — Note sur l'apparition précoce d'’arborisations périgloméru- laires, formées aux dépens de collatérales des glomé- rules, dans les ganglions rachidiens greffés. . . . . . . 580 . — Formations graisseuses dans les cellules satellites des ganelions rachltens bretes EMILE EN 1147 NATTAN-LARRIER (L.) et BkINDEAU (A.). Contribution à l'élude de la grossesse normale. Pénétration des cellules plasmodiales dans les PATOISULÉ IN ES FDA EN TNA EEE RER 956 — Contribution à l'étude de la grossesse normale. Evolution plasmodiale des cellules extraplacentaires de Langhans. 1047 NETTER RULES A propos de la communication de M. Capitan . . . . . . 181 — . Part respective de l'infection et de l'intoxication dans les accidents provoqués par les huîtres. Existence indiscu- table de fièvres typhoïdes dues à cette ingestion. . . . 333 — À propos du procès-verbal. Des applications médicales du pouvoir antitoxique des sels de calcium et de leur emploi dons albuminurier 2520 ANR RE Ces 329 — Bons effets de l'administration du chlorure de calcium dans la tétanie, les spasmes de la glotte, la laryngite striduleuse, les convulsions. Intervention de l’action modératrice du calcium. Inconvénients d'un excès de CAlCIUNL Si ES NUE PSE TR AR TEA 376 — Efficacité des sels de calcium dans le traitement de l’urti- caire, de l'œdème aigu, des engelures et du prurit. Inter- prétation des résultats. ME PEN ne 462 — Les accidents provoqués par l'ingestion des huîtres sont le plus souvent de nature infectieuse. La brièveté de l’incu- bation, l'existence d'altération avérée des huîlres n'écar- tent pas la possibilité d’une infection . . . . . . . . . 518 — À propos de la lettre de M. Albert Robin. . . . . . . . . 560 — Les sels de calcium dans le traitement de l'urticaire. — Observations cliniques. — Posologie. — Suppléance entre les sels de strontium et de calcium. . . . . . . . ATEN — A l'occasion de la lettre de M. A. Robin au secrétaire général. 624 = Le chlorure de calcium dans la pneumonie. Justification de SON CMPIOIEr NEO AN NE NARNIA " 632 = A l'occasion de la communication de M. A. Robin . . . . 699 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS è 1983 Pages. Nerter (Arnold) et Ripaneau-Dumas (Louis). Épidémie alimentaire due à des bacilles du type paratyphique B. Précocité des accidents. 575 Nrczoux (Maurice). Sur l'anesthésie par l’éther. — Élimination de l’éther con- tenu dans le sang après l’anesthésie pendant la période } LeATOLOUR pre) M GER CSI SARL AT LT ee 8 — Sur la quantité d’éther dans les tissus, et en particulier . dans le tissu adipeux au moment de la mort par cet ANESTNÉSIQUE NC NE TS NE A A 68 — Hommage àa?PBudin Mere MT EL RE EC 111 — Teneur respective en éther des globules et du plasma san- QUINSSDEDTARPRANES Este M PE MANI ENONCE EE 160 — . - . Sur les moyens de-caractériser l’éther dans le sang et les tissus lors de l’anesthésie par cette substance. L'éther se transforme-t-il en alcool dans l'organieme?. + . . . . . 186 _ ._ Voir FRisow. | NICOLÉTIS. . . . . Courant enallaxotone obtenu par le rhéostat enallax-Ohm. 1271 Nosécourt (P.) et River (L.). Étude cytologique des selles au cours des gastro- entérite sin fantiles PSN MER PAN ER RENETL E NLES 612 NOTICE 2 Recherches expérimentales sur l'intervention des nerfs et . des muscles antagonistes dans la production des mouve- MÉNÉSATUMDIE ARE MNT ENS TRS RS AE 1162 O OBERTHUR. . . . . Voir Dopter. P Pacon (V.). . . . Sur la résistance comparée du canard et du pigeon à Prsphyrieidans#hiain conne t Me MnEAEtNP LU PR TER 1120 — Sur le tétanos du cœur. A propos d’une note de M. Bassin. 1220 — Voir BusQuET. PAGNIEZ EU." 0 Voir LE Souro. PARISETAAE IL. Nc Thermométrie des bains de lumière . . . . . . . . . . . 1186 Parisor (J.). . . . À propos de la technique de la sphygmomanométrie chez : ARE) nr RNA RARE ASS te SE a AN TE CE 159 — Voir JEANDELIZE. : Péiu (G.). . . . . A propos de l’action bactéricide de l'essence de térébenthine. 955 Pésu (G.) et CHarPeNAN (E.j. Hydrothorax à liquide noir et anthracose pul- Ex MOD LE TE me Me MATE Le etaient ee ae M AN AL A . 844 PÉIU (G.) et Rayar (H.). Variations chromogènes du Micrococcus prodigiosus dansrlessinlieumalcahins 22 0 CRETE CS 192 — Fixation des couleurs par les bactéries. . . . . Mine lue à 954 PEU re 2e. . . + Voir RAJAT. PErprix (L.) . . . Désinfection rapide des livrets de caisses d'épargne au momentides JÉPOISS UN MER OU RE CR LR RES PA — - - _ - Résistance des spores du Bacillus subtilis aux différentes températures, dansune atmosphère saturée de méthanal SCCHENER AT ER Ne Ne Me Net MUR OU lentes Liebe 979 1284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages Pérez (Ch.). . . . Le corps gras des Muscides pendant la métamorphose . . 909 — Histolyse phagocytaire des cellules grasses à la fin de la AVMIPITOSE cures RE A MR RON TER AN SON PRE Se Lil — Amæboisme et pouvoir phagocytaire des sphères de gra- nüules cheztlesMuscides "me Door vil Peuxrier (Léon) . . Structure de la spore de Sarcocystis lenella (Raïle.) du moutpn'etide la Chévre 0 un > TON Co 418 Per (G.). Voir BRETON. — Voir CALMETTE. Perrir (Auguste) . Don d’un microscope par M. Leitz . . . . . . . . see QU — Sur la musculature du rein de l'Éléphant d'Afrique (Etephas africanus Blumb.). . .. . ….. .. ... .. . . +. 12 PEYRON.5 6 0.0. 0. VOir M ALEZATS. ‘Préron (Henri) . . La question des rythmes spontanés et des phénomènes d'anticipation en biologie . . . . . + ARE SRE MOULE. 06 U 86 — Une méthode de cardiographie humaïne tnt les .défor- mations respiratoires . . . . . . . : ÉPRTRCONE Lie 144 Te L'adaptation à la recherche du nid chez Ts PRIE RE nl, — L'étude expérimentale des facteurs du sommeil normal. La méthode SEMAINE SOIR MIRE Le MER ET, à 307 — Comment se pose. Fuonre le dore des fac- teurSiduiSommeteE RC LC — L'état actuel du problème des facteurs du sommeil pério- dique. — I. Insuffisance des voies d'introduction périto- néale, rachidienne et ventriculaire . . . . . . . . . 400 — De la mise en réserve du saccharose chez le Lasius niger, après inversion par une diastase salivaire. . .: . . . . . 712 — De l’autotomie évasive chez le crabe . . . . . . . . . . . 86? — Del'autotomieprotéctrice chez le Crabe rm 906 — Le problème des facteurs du sommeil périodique. — II. Introduction vasculaire de sang insomnique . . . . . . 1005 — Voir LEGENDRE. — Voir TOULOUSE. Prouano et Drevrus. Albuminurie transitoire au cours de l’anesthésie lom- baire expérimentale par la stoyaine . : à. … = 940 Poricarp (A.). . . Les divers segments du tube urinaire du reïn des mammi- | féres Er es ed CNE ANSE nn 0 369 — Sur une figuration des noyaux des cellules épithéliales du tube contourné du rein rapportée à un parasite (Karya- imæbarensiGielo Dos) NE RESTE . 4m = Voir Doxon. ET RUES PoricarD (A.) et Garnier (Marcel). Des lésions rénales provoquées par l'injec- tion sous-cutanée de doses massives de phlorhidzine . . 834 Popovicr-Bazxosanu (A.). Sur la circulation ventrale De chez les INSCÉLES ERIC NET ET ECC IE CE UE CI CCC 20 Porcner (Ch.). . . Du chromogène urinaire faisant suite à l'administration PSE ne Chezvles animaux RE de rase AO Porcer (Ch.) et Hervieux (Ch.). Sur la caractérisation de l'acétone. als en. PorrTier (P.) . . . Observations faites au Spitzherg sur un jeune Phoque ROUE ‘conservé enscaptimités te tement ee COS — Détermination de la pression osmotique dusang et des liqui- des internes des Vertébrés des contrées polaires arctiques. 627 TABLE PAR NOMS D AUTEURS 1285 Prenant (A.) . . . Sur les cellules ciliées et muqueuses dans l’épithélium bronchique der LROMEHE REP CM ue HONG — Sur les « cellules de Paneth » dans les glandes de Lieber- Ke d'MRORNTEMEME MERS MIE LR TN LME ET 1125 be ne le microorsanisme (della /syphilish. "nest eus: 319 7 R à Rasar (HA et Péu (G.). Note sur l’action pathogène des levures . . . . . . . 893 À A Voir PET. : Ranc (Albert). . . Extraction de la bilirubine du plasma du sang de cheval, 306 3 — Sur la matière colorante du plasma du sang de cheval. . . 496 à Rarmery (F.) . . . Voir Mayer. $ Ravaur (Paul) . . Anesthésie chirurgicale limitée de la région génito-périnéo- “ anale par injection intra-rachidienne de solutions con- i S DONS RSR OR UE SEE TR LE pe EE ES TO 1159 ‘4 Recaun (C.) . . . Helminthiase extra-intestinale et néoplasmes malins chez £ ORNE PE ME ee pote nne Ÿ ue sim den Ce Verre - 194 “ RewzGer (P.). . Contribution à l’étude des phénomènes d’anaphylaxie. . . 23 E - — Sur la pathogénie de l'anthracose pulmonaire. . . . . 202 E — Contribution à la pathogénie de la rage (à propos lore : communication précédente de M. A. Marie) . . . . . . 249 Ë — - Le traitement pastorien peut-il favoriser l’éclosion de la œ- rage chez une personne en incubalion? . . . . . . . 350 : — Vaccination antirabique par voie rectale . . . . . . . . . 122 ; 2e, Persistance du virus rabique dans la salive du chien guéri 1 APTE NE LES AR No rente me le ue Du 800 e — Contribution à l'étude du sérum antirabique . . . . . . . 961 ‘ eme EE Un cas dectrichinose chez lhonmme -%. 0,2... . 985 : Renaur (J.) . . . . Rôle général et fonction périvasculaire des cellules conrec- EE - tives rhagiocrines clasmatocytiformes . , . . . . . . . 1206 ; Regprron {F.). . . . Sur des causes d'erreurs dans l'emploi des réactifs de £ Eanretietde Million en nee EE ee 339 — Surle dosace dél'animonraques 5-01 CHA UNE 1065 REQUIER « . . . . Voir Marie (A.). _ Resrerer (Éd.) . . Du développement et dé la sfructure des organes élasti- — A propos du rythme des marées et de la matière vivante. 186 c c Sur quelques points d'histogenèse du rein définitif . . . 456 RETTERER (Éd.) . . Voir ALGLAVE. RiBApeAu-Dumas (L.) et Porsor. Ictère et hémorragies chez un hérédo-syphili- tique. Anémie et myélémie, septicémie à Spirochète Da 7e. RU UE uote | Eee Vers ee MOD Risapeau-Düomas. . Voir Nerin. 1986 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages RiB0T (A.). . . . . Voir AcHARD. RICHARD, EME Voir SIMON. Ricaer (Charles) . Anaphyliaxie par la mytilo-congestine. . . . . . . . . .. 398 — Mesure de l’anaphylaxie par la dose émétisante . . .. . . 643 RicnoN (L.)et JEANDELIZE (P.). Thyroïdectomie et lactation . . .. . . . . . . 417 — Effets de l'ovariotomie sur la croissance chez la lapine. . 756 RICHON AE: (OS 20 Voir ÉTIENNE. $ River (L.). . . . . Voir NoBÉCOURT. Rogin (Albert). . . Lettre au président de la Société de Biologie . . . . . . 560 — Tettrelautsecrétaire séneral RRENEENp LE NERO 624 A propos des ferments métalliques. . . . . . . . PAR AOUS ROCRÉ on . .. . Moïr LEVALDITI. ROGER (H-). "1... 7 Allocution prononcée aux obsèques de M. Ch. Féré. . . . 697 — Action, derla salive CHARTÉCN MOMENT SRE INIENr 833 — Décés'de/MChafrin ler es CE CRAN ERERARRCEERT 818 — Action du suc gastrique sur la salive. . : . : . : . . …. 1021 — Présentation de l'ouvrage de Mairet et Floresco : Le tra- vail intellectuel el les fonctions de l'organisme . . . . . . 1090 Rocer (H.) et Simon (L.-G.). Action synergique de la salive et du suc pancréa- tiques. ss CAT 90e RP RE ESS EE 1070 Roxcnèse (A.). . . Nouveau procédé de dosage de l'ammoniaque. RE oem 7e — Sur'le dosage deél'ämmoniaque.:#. = 4e. MEANS 06 RosENTHAL (Georges). Mensuration de l'anaérobiose et aérobisation du bacille AU'ÉÉTANO SLT AS SERIES MERE RE RE RE AT TS 438 — Les trois étapes de la vie aérobie du bacille du tétanos, sa cu ture aérobie sur gélose inclinée. Bacille et bacillogène dutEétan os. ENT Cor Sn RME AE TR EE 578 — - L’agglutinabilité du bacillogène du tétanos, dernier vestige ve de sa parenté avec le bacille du tétanos. . . . . . . . . 184 — Retour au type anaérobie initial de l'anaérobie de recons- UÉUTIONLTE RAA NME RARE en ge 1020 — La sporulation aérobie des vibrion septique, bacille d'Achalme et bacille du tétanos crée des races nouvelles aérobies de ces germes : aérovibrion et aérobacillés . . 1066 — L'’agglutinabilité du vibriogène septique par le sérum antisepticémique de Leclainche-Morel, dernier vestige de sa parenté avec le vibrion septique . . . . . . . . . 1119 Roruascizo (H. ve). Voir Léopozo-Lévr. — SABOTIER . ./. ... Voir HAUSHALTER. SABRAZÈS (J.) . . . Hématies à granulations aies 124 SEE ALT ES 111 SABRAZÈS (J.) et HsRon (P.) Tissu interstitiel des surrénales : mastzellen et MACTOPhASES NE Aroure MNNIEEPPSRE ne ARE RE Can Re 1079 Eu Mastzellen dans les surrénales des animaux. . . . . . . . 1081 SagrazÈs (J.) et Murarer (L.). Kyste hydatique du foie ouvert dans les voies biliaires. Faible vitalité des scolex. Défécation de mem- branes parasitaires. Enorme éosinophilie sanguine. Eosinophilie d'un ganglion du hile du foie . . . . ... . 689 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1287 Eh tn EE : Pages. SacouéPée et Lorseceur. Sur les infections sanguines autogènes ou hétérogènes , chez les animaux à l'état normal. . . . . . . . . : 946 — Infections sanguines autogènes et hétérogènes. chez fes animaux en état de moindre résistance. . . . . ; s 01 100 988 — Infections sanguines chez les animaux. Influence de la - VITE RC CTI AE Pet ae NI de DNA 2 PAL PDA 7 a cat icie a 1057 SALIGNAT (L.) et CHsmAGxE (G.). Recherches physico-chimiques sur les eaux nhrérales: de:VIiCHyE RE REA -.. .NEN. 468 SALIMBEXI (A.) . . Voir MarCROUx.. Sazmox (J.). . . . Description anatomo-histologique d’un hémiméle. . . . . 341 =: Des rapports qui existent, chez les monstres ectroméliens, entre la morphologie externe des rudiments squeletti- ART ques et leur structure histologique. . . . . . ess 01888 SALmon (Paul). . . Sur l’immunité des syphilitiques terliaires + . . , . . . . 254 RE CE L'arcenic Janus Id Syphilis 2 SRE ue Fo 5, 483 _— Barsénicidans He vpInlis perse NET Terre, 581 SRRTORME- ee - eue Voir CHIRAY. SauvaGeau (C.) . . Sur la présence de Aglaozoniu melaniodea dans la Médi- LérLanée- are Te No or e once ile eue DANIEL — Le Nemoderma tingitana est une algue méditerranéenne. 273 — Sur la sexualité de l'Halopleris (Stypocaulon) scoparia . . 506 — _ Sur le verdissement expérimental des huîtres . . . . . , 919 — , . Sur la germination et les affinités des Cladostephus . . . 921 — Le Sargassum bacciferum, la mer des Sargasses et l'océano- BLAPRIC MATE AN AN DNA Per es dents, Mel 23 1082 ScaAEFFER (G.) . . Voir BIERRY. SELLIER (J.). . . . Existence de la présure chez les invertébrés (Aphrodite EURE) FRE NA REC ic 0 COS GONE de OL PRE 693 SÉRÉGÉ (H.). . . . Sur l'indépendance vasculaire du foie gauche et du foie D AO ER NERO ER APN NES Te SC IRNITREl SJ DURE, 501 _ Sur l'existence d’un double courant sanguin dans la veine NO STE PO ee ot de 12 OP TON PRE A ee 503- £ — Sur les conditions anatomo-physiologiques qui DéCHen . aux deux courants du tronc porte de conserver leur = Eh duidne ie eee ral : LL) 691 SERGENT (E.) et Trouessært (E.-L.). Sur un nouveau type de Sarcoptides (Myial- ges anchora), parasite des diptères pupipares. . . . . . 443 SicRE (A.) . . . . Sensibilisatrice spécifique dans le sérum des animaux im- munisés contre le Micrococcus melilensis et dans le " sérum des malades atteints de fièvre méditerranéenne. 1045 Simon (L.-G.) . . . Voir GARNIER. — Voir ROGER. Simon, SPILLMANN (L.) et RicHanp, Dacicri saprophytes dans le sang des ; ÉUDETCUIeURE eat 2 AN me MEME ET ES ONIAS ; SOUBRANE. . + + + Voir FORTINEAU. LE SouLié (A.). . . . Voir CLUZET. H Soxer_ (Charles). . Considérations théoriques sur l’ovogenèse des insectes. . 115 1 _— Recherches cytologiques sur l’évolution de !’ « O oplas- mode » chez les lépidoptères. . . . . . . . : : Us SP ÉLONE SPERONI . . . . . De la nature et de l’origine des cellules épithélioïdes . , . 189 SPILLMANN (L.). . . Voir SImox, SrAssANO (H.). . . Nécessaire clinique pour le séro-diagnostic . . BIOLOGIE, — TABLES. NT PO RL CA 1288: | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. SrerAnEsou (Mie Elise). La présence des corpuscules de Negri dans les glandes Ana . . salivaires des chiens enragés. . STENROUSE (W.). . Voir WEINBERG. SrepHAN (P.) . . . Voir VAN GAvER. Srern (Mile L.) . . Voir BaTTELu. STIENNON (T.). , . Absence de phagocytose après l'injection de Deies encapsulés du charbon bactéridien. . . . . . . : . 1106044 — Etat des leucocytes en présence des bacilles encapsulés dUNCHATDONEER CREER : «Ka SR eM GARE — ,. Sur les conditions de formation de la re ne Pass Lo dee: anthratis:2sLeuun tenta et me MERE ue 821 STODEL (G,h + « + « Voir AMBARD. SucaarD (E.) . . . Sur les valvules des veines de la grenouille. . . . , . . . 452 SWELLENGREBEL (N.-H.) Sur la cytologie comparée des spirochètes et des - SPirille SNS EME ER REMTOUE EL CS SE CD Men TerroINE (Émile-F.). Variations de la coagulabilité du sang au cours de re grandes saignées suivies d’injections salines . . , , . . 143 _ Voir Mayer (André). Taaon (Paul) . . , Note sur la sécrétion de l'hypophyse et ses vaisseaux évacuateurs . . . . , PT TE A ao ALES EUR TIRE ; 7 UM — Voir GARNIER (M.). Taguveny (L.). . . Voir ALQUIEr. THÉVENOT (L.). . . Voir BÉRaro. : Trierry (Emile). . Castration des lièvres par les lapins . . . . . . . .. M MORE) Taomas (P.). . . . Voir FrouIn. TIRRENEAU. , . . . Voir Mai (A.). : ER Tissor (J,) . .« . . A propos du procès-verbal. Remarques sur la note de Mabepages ‘ft dis PRIRENT Lee ; TS NO DE Tixzer (Léon) . . Anémies expérimentales consécutives aux neue du pylore déterminées par l'acide chlorhydrique. . , . . . 41041 .— . Sur la pathogénie des anémies consécutives aux ulcéra- : tions expérimentales du pylore . . . . . . . . . . Rp HET) = Voir VILLARET. Tourouse (Ed.) et Prérox (H.). Du mécanisme de la rétention du bromure de potassium dans l'hypochloruration. . . 4, . : : . : … 402 TriBonpEAU (L.) et Hupezcer (G.). Action des rayons. X sur le foie du chat : nouveauiné 214820 AMENER RES ATEN 7: 2100 TRIBONDEAU (L.). , Voir AUGHÉ. : - . . - - = - — Voir BERGONIÉ. » 2 Fr ESS ® TaicratetJarricor, Un monstre humain eardleme d'un type douteux-(hémi- art SOMÉNUErIEUT): 2 ETIENNE EACOMEMENNES seen 042 oc (Jean) . .” Voir Jousser. THOUESSART, , . . Sur les rapports des lémuriens fossiles de France avec ceux de Madagascar, et sur l'origine diphylétique : des” ES lémuriens actuels , . . . . . . SAONE EU ha ul) ERREURS TROUESSART, . . . Voir SERGENT (E.). : RP RU cie __ TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1289 Pages Turrier (Th.) et MAUTÉ (A.). À propos des médications ioniques , . , . . . . 64 Tur (Jan). . . . . Sur l’action tératogène localisée exercée par la coquille de Fœutsurilesembryons d'OISEAUxX, 22, +1. ac. 1166 TurRO (R.) . . . . Préparation de la typhotoxine par les solutions de MIE. SERPENT TENTE ER RS ART NL 841 V VarenTE (P). . . . Voir AUDIBERT. NaëLée (A.). . . . Voir JorLy. _ VazLer (Gabriel) . Sur la numération des hématohlastes . . . . . . . . .. 540 VAN GAvER (F.) et STEPHAN (P.). A propos de l’ovogenèse de Saccocirrus papil- IG PTTME TR RE LR OR NÉ RE ARE EE AIS 321 — Sur la nature du corps flottant du péricarde de certaines ASCIAT EST A Er A les PNA ete 554 _ Cardiosporidium cionæ, sporozoaire nouveau parasite du corps péricardique de Ciona intestinalis. . . . . . . . . 556 VaouEez (H.). . . . Action pharmacodynamique des nitrites alcalins . . . . . 998 Vaouez et AuBEerTIN. Cœur de Traube et hyperplasiée médullaire des surré- Ji AL (OS PRIS SONDE CR NES Lo CNT RÉ DURS es EE RS 967 VassaL (J.-J.). . . Action dés couleurs de benzidine sur le spirille de la PT AVPCÉEREVER USD DUO) IAE ES D, NL. 41% — - Essais de vaccination contre la pasteurellose bovine par TES TONNES. D CLS PORC Pr UN IRIETTRENS 431 VERAIN (L.) . . . . Voir Durour. Verpun (P.) et Bruyanr (L.). Doit-on considérer comme deux espèces la grande et la petite variété de la douve de Chine (Opisthorchis SUNCITELE LEO DD SFA RUN RS SN ENT ER nn pen te 655 — Existence de la douve du chat (Opisthorchis felineus Riv.) au Tonkin. Son association, chez l’homme, avec la douve de Chine (Clonorchis-sinensis Cobb.) . . . . . . . . . ss OI0Z VERGER et Branpzis. Infection microbienne expérimentale des nerfs . . . . . 99 — Infection microbienne expérimentale des nerfs. . . . . . 269 — Infection expérimentale des nerfs par le streptocoque. . . 913 NaL 6). +: Sur les moyens de combattre l'action de la substance empêchante produite dans les humeurs des cancéreux traités par les sérums cytolytiques spécifiques . . . . , 25 VicuiEr (C.). . . . Note rectificative au sujet de Ja parthénogenèse artifi- E : (EOESAPRE AOAE D P ES Te rUe A CN LT Gr ENS ERREURS TES 605 Vicrarer (Maurice) et Trxier (Léon). Les éléments cellulaires dans le ne céphalo-rachidien après la mort. . . . . . . . . 1042 Vrzze (J.) et DERRIEN (E.). Sur les protéinuries thermo-solubles cons de BeNCe JON ER Re er EN COTE Vi£remin (F.) . . . Voir ANCEL. — Voir Bouin (P.). Vincent (H.) . . . Sur les propriétés des mélanges de toxine et d'antitoxine ÉTOILE SAS PEN ee Re ST PE ee 158 _ À propos de la communication de MM. Kuss (G.) et PObS TIRER RER NL AS. qe 2e ON her ce CCR IE 664 1290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages VINCENT (H }) . . .: Sur la possibilité de la guérison spontanée de la rage expérimentale (A propos de la communication‘ de M. Rem- Manger) RAR LES en nie teees dNO CE RER 803 — Action favorisante de l'hyperthermie et des solutions hypertoniques de chlorure de sodium, à l'égard des infections HAN RSA ds TC PERS ER 990 — Contribution à l’étude de l'antitoxine tétanique eee 1193 NarRY (Ge Voir L'ARBÉ (H). VrES UE) tone Voir MAILLARD. W WEBER (A.). . . . Formes de transition entre les ébauches vasculaires et les îlots sanguins dans l'aire opaque des embryons de RE NP OS AE er Lo Ven ta D à à cc 162 Weger (A.) et Coin (R.). Signification d'un faisceau surnuméraire du liga- ve ... ment péronéo-calcanéen chez l'homme. . . . . . . . . 161 WEINBERG. . . . . Transmission des microbes pathogènes par les larves d'helminthes eee ENONCE RES MRC DE 203 — Tumeurs inflammatoires à spiroptères chez le cheval. . . 287 WEINBERG et STENHOUSE (Williams R.). Les plis de l'appendice. Leur rôle dans la topographie des lésions appendiculaires . . . . . . . 40 WEtss (G.) . . . . A propos de la communication de M. Lapicque . . . . . , 618 WINTREBERT (P.). . Sur le déterminisme de la métamorphose chez les batra- ciens anoures. — I. Influence d'un milieu chargé d'acide carbonique reunion OR A OIITE 1106 — Sur le déterminisme de la métamorphose chez les batra- ciens anoures. [I. Le manque de respiration pulmonaire. 1154 Z Zssro wski (Boleslas). Comparaison entre les deux méthodes de détermination de la nature du sang par les précipitines et la fixation de l'alexines ste CU SSI SERRE RSR SE EMOUS — Sur les rapports entre sensibilisatrice hémolytique ” pré= ; CIPLUNOSENRE ER ES NERE 5 LAN RRE RE DURE eV NE ee . (645 ERRATA Séance du 12 janvier 1907, p. 13, première ligne, au lieu de : où je ne trouvais plus d’umbrina, lire : où je n’en trouvais plus d’umbrina; — p. 2 et 40, communication de Weïnberg et Steinhous, au lieu de : Steinhous, lire : Stenhouse. Séance du 26 janvier, p. 162, dans le tableau de l'expérience IIl, au lieu de : glo- bules 16 c.c. 5, plasma 22 c.c. 5, lire : globules 22 c.c. 5, plasma 16 c.c. 5. Séance du 2 février, p. 187, ajouter à la fin de la note 1 l'indication bibliogra- phique qui manque, à savoir : Soc. de Biol., 1906, t. LXI, p. 665. Séance du 16 février, p. 244, 16e ligne : au lieu de : Bernarda Pagurus, lire : Pagurus Bernhardus. Ë Séance du 23 février, p. 309, lignes 23-24, au lieu de : à l'intérieur des quartiers, lire : à l'extérieur des quartiers, Séance du 20 avril, p. 665, la note (2) se rapporte à la page suivante, 10e ligne, à partir du bas de la page. — Quant à l'indication bibliographique du travail cité, p. 665, 3e ligne à partir du bas de la page, elle est la suivante : Thèse de la Faculle des sciences de Paris, 1905; — p. 666, 8e ligne à partir du bas de la page, au lieu de : par 12, 10 et 20..., par 15, 20 et 40, Lire : par 1, 2, 10 et 20..., par 1, 5, 20 et 40. Séance du 27 avril, p. 113, note 1, au lieu de : chez les Éléphants d'Afrique, lire : chez les Éléphants d’Asie et d'Afrique. Séance du 29 juin, p. 1200, lignes 21-28, au lieu de : le sérum de canard avec le liquide d'un kyste, lire : le sérum de canard préparé avec le liquide d’un kyste. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. D ne gr ice sq RAPPORT SUR L'ANTHRACOSE AU NOM D'UNE COMMISSION, NOMMÉE PAR LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ËT COMPOSÉE DE MM. DAsTRE, président; BoRREL, secrétaire; HENNEGUY, LETULLE ET MaLassez, membres. (Rapport déposé dans la séance du 11 mai 1907.) La Commission « de l’Anthracose » a été instituée à la demande d'expérimentateurs éprouvés qui se trouvaient en désaccord sur une question de fait, ou jugée telle : la pénétration ou la non pénétration des poussières de charbon par la voie intestinale. Il y avait contradiction entre les résultats obtenus par les uns et par les autres, et précisément en opérant sur les mêmes animaux, les cobayes. M. Calmette affirmait la possibilité du passage et présentait à l'appui de son opinion des préparations microscopiques. M. Basset niaïit ce passage, au moins dans les conditions physiologiques. MM. Kuss ct Lobstein soutenaient, en dernier lieu, une opinion intermédiaire : pour eux, le passage était obtenu à la condition de répéter l'ingestion ou l'introduction des poussières à diverses reprises. Il semblait que des témoins et des arbitres devant qui les expériences seraient reproduites dussent trancher facilement le point de fait et trouver dans la diversité des modes opératoires la raison de la diversité des résultats. Ce devait être Le rôle de la Commission nommée par la Société de Biologie, le samedi 16 février, et composée de MM. Marassez, Leruzce, HENNEGUY, DASTRE, président, et BoRREL, secrétaire. Nous vous rendons compte aujourd'hui des opérations de cette Commission. Mais avant de pénétrer dans le détail des faits, nous devons vous présenter quelques observations préliminaires destinées à préciser le rôle de la: Commission et à éclairer la portée exacte de ses conclusions. Brococre. Mémoires. — 1907. T. LXII. 1 2 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° Nous ferons remarquer d’abord quil s’agit de la pénétration de poudres inertes ou supposées telles, de poussières de charbon, et nulle- ment de la pénétration de micro-organismes, de bacilles vivants ou morts. Si cette restriction fait perdre à la question une partie de son intérêt pathologique, elle n’entame point sa valeur physiologique. Il reste très intéressant de savoir s’il y a, dans des conditions plus où moins normales, une absorption intestinale de particules figurées, indifférentes, inertes. Nous nous sommes donc appliqués à voir si les expériences de MM. Calmette, Basset, Kuss, démontraient le passage de certaines poussières de charbon très fines, encre de Chine, noir de fumée, du conduit intestinal dans les lymphatiques et les ganglions mésentériques du cobaye. C'est là le point précis du litige et l'objet des expériences réalisées devant nous par les expérimentateurs qui ont fait appel à notre arbitrage. 2° Nous ne nous sommes occupés que de l’anthracose intestinale ou mésentérique, et c'est là la seconde restriction que nous tenons à signaler. Nous avons laissé de côté la question de l’anthracose pulmo- naire, et voici pourquoi : En opérant sur des cobayes et avec de l’encre de Chine dans le but d'établir les relations possibles de l’anthracose pulmonaire avec l’an- thracose intestinale, il existe une cause d'erreur possible dont la Commission s’est rendu compte dès sa première réunion; c’est, à savoir, que beaucoup de cobayes, surtout les cobayes adultes, ont de l’anthra- cose pulmonaire, normalement, avant toute épreuve. M. Basset a attiré notre attention sur ce fait. (Il est vrai que M. Kuss, opérant à la cam- pagne, affirme avoir toujours eu des cobayes, même adultes, indemnes de cette particularité.) Sur les cobayes mis en expérience, nous avons pu nous-mêmes vérilier l'existence de celte anthracose pulmonaire, pré- existante; anthracose normale, plus ou moins marquée suivant les cas. Il serait donc possible que l’on trouvât, chez un cobaye nourri au charbon, les poumons plus ou moins imprégnés de poussières charbon- neuses, sans que l’on dût incriminer cette alimentation et conclure à l'origine intestinale de l’imprégnation du poumon. D'accord avec les expérimentateurs, nos investigations de contrôle n’ont donc porté que sur l’appareil digestif et les ganglions mésentériques. 3° La troisième observation préalable, qu'il est impossible d’écarter dans un rapport sur l'absorption intestinale des poussières, est relative à la bibliographie de la question. La question de l'absorption des particules solides ou liquides, pous- sières, globules d'émulsion, etc., est pendante depuis bientôt un siècle, c'est-à-dire depuis les premiers travaux de Tiedmann et Gmelin sur la x digestion. Elle a donné lieu, en ces dernières années, à un débat mé- RAPPORT SUR L'ANTIHRACOSE 3 morable en ee qui concerne les globules graisseux, entre J. Munck qui admet leur pénétration en nature et E. Pflüger qui n’accepte l'absorption des graisses qu'après dénaturation et solubilisation de la substance grasse par suite de saponification préalable. C'est à propos de ce débat que I. Munck écrivait ces mots : « Per- sonne, dit-il (Centralb. für Physiol., 23 juin 1900), n'a jamais vu de corpuscules pulvérulents, poussières de charbon ou d'encre de Chine, dont la présence en nature put êlre démontrée dans l’épithélium intes- _tinal ou daus le chyle ». Pflüger, naturellement, abonde dans le même sens. Une expérience de V. Henriques et Hansen de la même époque (septembre 4909) plaide pour la même thèse. Ces auteurs ont réalisé une émulsion de matière grasse et de paraffine (les particules de paraf- fine restant solides dans ces conditions, mais d'ailleurs entièrement comparables aux globules de graisse comme dimensions et condition de suspension). Ils ont vu la graisse absorbée, tandis que fe particules de DE Ane ne pénétraient point (4). Le débal porté devant la Commission s’est donc trouvé limité à la question de l’anthracose intestinale et mésentérique. I. — Le lundi %5 février, la Commission s’est réunie au laboratoire de physiologie de la Sorbonne. Il s'agissait tout d’abord de décider si, comme le soutenaient Calmette et ses collaborateurs , l'introduction dans l'estomac, en une seule fois et à la sonde, de 20 centimètres cubes d'encre de Chine (marque Bourgeois), permettait de constater le passage de particules charbonneuses dans les ganglions mésenté- riques. Les conditions fixées par les expérimentateurs furent réalisées : des cobayes à jeun depuis vingt-quatre heures recurent à la sonde la dose fixée. Au bout de six heures, les animaux furent sacrifiés par section du cou et autopsiés : l'estomac et les premières portions de l'intestin (10 centimètres environ) étaient à peu près vides; par contre, les anses intestinales étaient uniformément remplies d’un liquide noirâtre, l'intestin grêle était distendu par le liquide sur toute sa longueur tout en présentant un aspect flasque, dû à une sorte de parésie des couches musculeuses. Les ganglions mésentériques et le poumon ne présentaient rien d’anormal à l'examen macroscopique. (1) Ajoutons que les expériences de M. Arloing, dont les résultats ont été communiqués à la Commission, avec dessins et préparations à l’appui, avant d’être présentés à l'Académie des Sciences, aboutissent à une conclusion éga- lement négalive. Négatives encore les observations de M. Vincent rappelées à la Société de Biologie dans une séance récente (Avril 1907). 4 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'étude microscopique des coupes parfaitement nettes préparées par M. Borrel, et examinées par la Commission, à l'Institut Pasteur, le 1* mars, montra les villosités inlestinales œdématiées, mais aucune particule de charbon ne fut constatée à l'intérieur même de ces villo- sités. Le charbon se trouvait, au contraire, en nombreux amas au niveau de la surface libre de l’épithélium ou dans les espaces de séparation des villosités accolées. L'examen des ganglions fut négatif; aucune granulation noire n'était appréciable soit dans les cellules, soit en dehors des cellules. Les trois cobayes de cette expérience donnèrent le. même résultat négalif. M. Basset, le même jour 25 février et à la même heure, avait procédé d’une autre manière, à son avis plus physiologique : Deux centimètres cubes d’encre Bourgeois, mélangés à du son, furent donnés à deux cobayes, comme nourriture, et rapidement déglutis par les ani- maux, à jeun depuis vingt-quatre heures. Six heures après ingestion les deux cobayes furent autopsiés. Rien d’anormal à l’autopsie, sauf la coloration intense de l'intestin. Examen DICROATORAUE négatif : pas d’anthracose dans les ganglions mésentériques. Deux grammes de carmin intimement mélangé à du son furent aussi donnés comme nourriture à un cobaye à jeun depuis vingt-quatre heures. L'animal, sacrifié six heures après ingestion, ne montra de particules de. carmin ni dans les villosités, ni dans les ganglions mésentériques. x II. — Sur l’observation de M. Calmette, attribuant à la qualité de l'encre employée les résullats négatifs constatés, il fut décidé de pro- _céder à une nouvelle série d'expériences et dans des conditions nou- velles, fixées par M. Calmette lui-même. \ Le lundi 18 mars, au laboratoire de physiologie de la Sorbonne, plusieurs cobayes à jeun depuis vingt-quatre heures furent inoculés par M. Calmette et son assistant dans les conditions suivantes : — . Un cobaye recut à la sonde, dans l'estomac, 5 centimètres cubes d’une fine émulsion d'encre de Chine en bâton, préparée à Lille, et ce cobaye eut à manger de la pulpe de carotte imprégnée de la même émulsion d'encre. . Deux cobayes reçurent : 10 Trois centimètres cubes de l’'émulsion dans l'estomac, 2° Deux centimètres cubes dans le rectum, à la sonde, 3° Ils eurent aussi à manger de la ue de carotte imprégnée d'encre comme ci-dessus. — . Un cobaye reçut à la sonde, dans l'estomac, 20 centimètres cubes de la nouvelle encre dans les conditions de l'expérience du 25 février. Tous ces animaux furent sacrifiés au bout de six heures. RAPPORT SUR L'ANTHRACOSE 5 L'examen macroscopique et microscopique des ganglions mésenté- riques fut négatif. Il ne fut pas possible de constater sur les coupes le passage de particules de charbon. III. — De ces deux premières séries d'expériences, il paraissait donc ressortir l’imperméabilité absolue de la barrière intestinale vis-à-vis des particules les plus ténues de charbon ou de carmin, après une seule séance d’ingestion et dans les six heures qui suivent. Mais la Commis- sion, prenant en considération les résultats obtenus par M. Kuss d'après lequel l'ingestion répétée et prolongée paraissait favoriser la péné- tration des particules de charbon, prit l'initiative d’instituer des expériences dans ces conditions nouvelles. A partir du 20 mars, au laboratoire de physiologie de la Sorbonne, 5 co- bayes recurent comme nourriture exclusive de la pulpe de carotte imprégnée d'une émulsion d’encre de Chine. La plupart des animaux (4 sur 5) succom- bèrent dans un intervalle de 9 jours, sans lésions intestinales apparentes, avec congestion pulmonaire (dans deux cas) et dénutrition, amaigrissement. Le 29 mars, pour le dernier cobaye restant, on mélangea à la ration de carotte jugée insuffisante, du son également imprégné d'encre de Chine, dont on réduisit d’ailleurs la dose à moitié, et deux cobayes nouveaux furent soumis à partir de ce jour à ce nouveau régime. Le 13 avril, l’autopsie de ces animaux fut faite et les organes prélevés. Chez un des cobayes, après quinze jours d'ingestion, l’anthracose des ganglions mésentériques était déjà visible à l'œil nu. L'examen microscopique porta, dans cette dernière série d'expériences, sur les ganglions mésentériques de quatre cobayes : — Un cobaye malade, sacrifié le 29 mars, et dont les organes avaient été prélevés à cette date : donc 9 jours d’ingestion; — Un cobaye soumis à l’ingestion pendant vingt-quatre jours; — Deux cobayes soumis à l’ingestion pendant quinze jours. Chez tous ces animaux, des particules de charbon furent constatées dans les ganglions mésentériques. ; Dans un cas même (cobaye, neuf jours d'ingestion), il fut possible de voir à l’intérieur des villosités, dans les grandes cellules lymphatiques, mononucléaires à protoplasma dense, souvent chargées de pigments divers, des granulations et des particules de charbon, incontestables. Il faut noter que M. Calmette, à titre de document, nous a envoyé des préparations microscopiques d’intestin de cobayes ayant ingéré pendant une période de cinq à onze jours de l'encre de Chine, et les mêmes cellules ont été constatées chargées de particules de charbon. 6 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le fait du passage de particules de charbon, dans ces conditions expé- rimentales, doit être considéré comme démontré. Les conclusions de la Commission sont donc les suivantes : 1° La Commission n'a pas constaté le passage de particules de char- bon, de l'intestin aux ganglions mésentériques, dans les conditions pri- mitivement fixées : cobayes sacrifiés six heures après l'introduction d'encre de Chine dans l'estomac, soit par ingestion, soit à la sonde. 2° D'autre part, la Commission a constaté le passage des poussières! dans le cas d’ingestion répétée. Il serait désirable que les conditions exactes et le mécanisme du passage fussent l’objet d’études approfondies. 3° La Commission a réservé la question de l’anthracose pulmonaire. I | ï li l —= = LO ss Re te mu SA D me À A à PRET R TRS qe AS ah ne “