^•, ^ ie^ w* v*--î4' ^ . ^9^ ■■'■^^ i. , . Ufn &fm *.i..âHdl V e*i iX,^^ /• .J^ 4. #9 t.- fc ■ i^a^^^^s^ rvf *• "î«rC ^i COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PARIS. — lUPRIUERIB DE GADTHIPR vit t .»^ "K l.ArTHIER-VILLARS, OUAr DES AUGUSTINS, 55. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE PACADÉMIE DES SCIENCES GIMIU PUBLIÉS, CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE i'M. date du ^3 r)uiUet 4$S5 , PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. TOME CENT UNIÈME. JUILLET — DÉCEMBRE 1883. PARIS, GAUTHIER- VILLARS , IMPRIMEUR- LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SUCCESSEUR DE MÂLLET-BÂCHELIER, Quai des Augustins, 55. 1885 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉA.NCE DU LUNDI G JUILLET 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, ASTRONOMIE. — Mélliodes nouvelles pour ta délerininalion des coordonnées absolues des polaires, sans qu'il soit nécessaire de connaître les conslatUes instrumentales; par M. Lœwy. « Dans plusieurs Communications précédentes, j'ai exposé les méthodes permettant de déterminer les constantes instrumentales avec lesquelles on peut, dans le cours d'une soirée, conclure les coordonnées absolues des étoiles, ce qui était jusqu'alors impossible par les procédés usuels. La méthode ordinaire consiste à rechercher les éléments de la réduction à l'aide d'une ou deux polaires dont on suppose d'abord les deux coordon- nées connues; on se procure ensuite la position exacte de ces quelques repères en les observant dans leurs passages supérieurs et inférieurs. L'accu- mulation pendant plusieurs années de couples d'observations assez nom- breuses conduit finalement à des positions plus modernes que l'on choisit comme origine pour une nouvelle période, et ce procédé d'observations et de réductions, par approximations successives, se renouvelle indéfiniment. ( (3 ) On voit donc toute la complication de cette méthode et son imperfection. » En effet, on ne peut d'abord recueillir que très peu d'observations à douze heures d'intervalle, puisqu'il faut un temps favorable le jour et la nuit et, en outre, les conditions d'observation de jour et de nuit, aussi bien que les éléments de la réduction varient et sont difficilement comparables. )> Dans plusieurs Communications précédentes, j'ai exposé les méthodes nouvelles qui permettent de déterminer directement, dans le courant d'une même soirée, les constantes instrumentales qui sont nécessaires à la déiermination des coordonnées absolues des étoiles situées dans une région quelconque du ciel et sans s'appuyer sur les positions plus ou moins pré- cises des repères si peu nombreux obtenus par la méthode ordinaire. » Le but de la Communication suivante est de faire connaître toute une série de nouvelles méthodes pour obtenir avec une haute précision, dans le courant de chaque soirée, les coordonnées absolues des polaires jusqu'à 2° du pôle et la valeur absolue de la latitude, sans qu'il soit nécessaire de recourir aux passages supérieurs et inférieurs et sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir les constantes instrumentales. Comme on le verra, en fai- sant les deux observations conjuguées à quatre heures d'intervalle et en se plaçant dans les conditions géométriques indiquées par la théorie, on éli- mine en bloc l'effet des erreurs instrumentales, et l'on arrive ainsi à déter- miner les coordonnées des polaires avec un haut degré de précision et in- dépendant des erreurs d'inclinaison, d'azimut, de collimation, ainsi que des erreurs de division et de flexion. » Si nous désignons i-espectivement par tl et t' l'heure de la première et delà seconde observation, par t' et t" l'angle horaire, par P' et P" la distance polaire instrumentale correspondante, par A' et A" les distances au plan instrumental mesurées par la vis en ascension droite, par 90°+ in l'angle horaire de l'axe instrumental, et par n sa déclinaison au-dessus de l'équa- teur, par A la distance polaire vraie du pôle instrumental (en supposant qu'elle ne dépasse pas quelques minutes d'arc), par P la véritable dis- tance polaire de l'astre, par r la constante de la réfraction, par A, l'as- cension droite de la polaire et par C^, la correction de pendule, on aura les expressions suivantes, en considérant le triangle formé par le pôle, la position occupée dans l'espace par l'astre au moment de l'observation, et le point où l'axe instrumental coupe la sphère céleste : («) cos7isinP sin(-r' — m) =. sinA' 4- sin?jcosP, (a') cos«sinPsin(T"— m) = sinA"-)- sin«cosP, ( 7 ) (/;) cosP =— sinrasinA'+ cos/zcosA' cos(P'4- X), {b') cosP = — sin«sinA"+ cosn cosA"cos(P"+ X), (c) cos(t'— m)sinP = sin(P'+ X) cosA', (C) cos(t"— m) sinP = sin(P"+ X) cosA", {d) sin(7' — m)sinP = cosrtsinA' + sinncos(P'+ X), ((T") sin(T"— /72)sinP = cos^sin A" 4- sin/îcos(I>"+ X). On obtient, par la combinaison des équations c et c', a et n', sinPsin — sin m (') ,,„P'— P" /P"+P' ,\ A"+A' A"— A' = sin cos( v-\\ cos~^î^-cos= - . A" + A' . A"— A' . /P"h-P' — sin sin sin 2 2 \ cos 2 P' - P" (2) sinPsin cos ( ^ '- ^ ' 2 \ 2 . A" — A' A"+A' , m I = sin cos sec«. et, en divisant, il résnlte ensuite A" 4- A' A"— A' . P'— P" /p"-|-p' (3)tang : m\ = A"-f-A' . A"— A' • COS. - 2 A 2 P"+P' ,\ P'— P ') /. COS A" — A' A" -h A' ■ secn en éliminant sinP dans les équations c et c', on aura tang m\ tang (4) tang P' — P" / P' -f- P' •cot — -+- A ] + tang A" + A' A" — A' — tang P' — P" /e' + P I 4- tang- cot P' + P" ,\ A"+A' A" — A' ___ + , J tang —^ tang — — Lorsqu'on retranche b de è', on arrive à déterminer n et X par les expres- sions suivantes : (5) A" — A' . P' — P" . /P"+P' tang n = cot sin sin A"-(-A' P'— P" /P"-+-P' tang cos cos v-\\, ^ 1 2 \ 2 ' tang>. (8) p"4-p' A"+A' A" — A' P'— P" — fans; 1- tansr tang cot 2 2 2 2 P" -1- P' P' — P" A" -t- A' A' — A" tang— cot fang tang 2 2 2 2 (6) { ^ A"— A' , P"-l-P' , P'— P" tang/z sec> tang sec sec — » Il est impossible d'entrer ici, faute d'espace, dans le détail du déve- loppement de ces formules et dans leur discussion. Je me réserve de traiter cette question dans un Mémoire qui sera publié ultérieurement. Je me con- tenterai de publier les résultats généraux importants qui s'en déduisent. Supposons que l'on fasse deux observations conjuguées, l'une deux heures avant, l'autre deux heures après le méridien, en pointant simultanément l'astre avec les deux fils mobiles et en notant l'heure; alors on peut consi- J ' I I T.,/ TV ^" + A' t" + t' j . , ■ derer les valeurs P — P , et — — — m comme des quantités très faibles, et les formules précédentes peuvent être simplifiées d'une manière notable. » Dans les équations (i) et (3), on peut remplacer par l'unité les quatre A"— A' A"4-A' /P"-t-P' \ A"-f-A' , termes suivants : cos ? cos > cos 1- >^ et cos ■ sécn: 2 2 \ 2 / 2 ' a" + A' dans l'équation (4), A" et A' étant de signe contraire, n'atteindra pas une minute d'arc; par suite, le produit tang — — — tang — — — n'aura pas une valeur sensible. On peut de même faire disparaître, dans le déno- , , ^ P'-P" /P'+P* ,\ ^ A"+A' A*- A' mmateur, le terme tang cosi h A tang^ tang ; P" -+- P' dans l'équation (j), on peut omettre X et prendre cos égal à l'unité. » On obtient ainsi, en tenant compte de l'inclinaison "*, [e) sinPsin ^sin( ^ wl^sin ±'"*, (/) «ang (^—^ - '") P'-P" . A" — A' sin P' — P" tang • \^ ' ^\0i y ^ 2 p' + p" ' tang (9) «1 étant l'inclinaison du fil mobile liorizontal considérée comme positivi-, lorsque, la Innette étant dirigée vers le sud, la partie onest du fil est la plus élevée. Le signe + se rapporte an passage supérieur, et le signe — au passage inférieur. Mais on peut en outre substiluer, dans ces équations, pour • A"+t' \ /t"-1-t' \ , , lr''+^' \ . „ sin I m\ et tangl — ml , la valeur angulaire I m sm i . » En effet, il est permis d'introduire dans l'étude une faible inexacti- tude de calcul i, pourvu qu'elle soif d'ordre inférieur par rapporta l'erreur d'observation ; s sera donc négligeable, quand £COsS~o",o5, c'est-à-dire ne dépassera pas un demi-centième de seconde de temps. » En partant, par exemple, de l'équation ((?), -^ — ^^—r ^sin^i pourra — »M ) „ - ,., ,.. \ "i /.„_o,o5 .!•. être supprime, si la condition surip-^—;- se trouve réalisée. r^t b ^ sinP 1^1' I -' \ p' p" » En substituant pour ( ^ m\ sa valeur approchée 2 sin -^ sin P et considérant que sin - P' _ P" - 4 /""'3osin ■^ y sin- I » On reconnaît facilement que cette inégalité aura lieu n fortiori pour toutes les autres étoiles, si elle existe pour la polaire la plus voisine du pôle. En adoptant, par conséquent, pour distance polaire 3oo" et en cal- culant ainsi le radical, on aura P' - P"7; :3o". .j En effectuant les observations conjuguées symétriquement par rapport au méridien, on obtiendra toujours facilement, dans la pratique, F - P"^ 3o". » Les équations [f) et [g) conduisent aux mêmes conclusions. » Remplaçant ensuite t' et t" par leurs valeurs respectives X-(T' + Cp), X-(ï"+Cp), on arrive à la connaissance de l'ascension droite absolue de la polaire à G. R., i885, 2» Semestre. (T. CI, N" 1.) '^ ( lo ) l'aide des trois formules suivantes : (I) t'-\-t" _ P'— P" 2 ' ^Z» ' '" ' A"_A' ' 2 (II) t"-\-t' P'— P" Il — iPljfîl H-'v »"» — 2 ' ^P 1 "' ' p"_^p'— "-*: 2 tang ^ (lïl) t"+t' ^ P'— P" .IL, _ -1- iL^^ 1 . m 1 , „_ . . ft" — t'\ — ' 2 sinP sin I » En différentiant ces trois dernières équations et posant les cosinus des petits angles = i, on aura ^^_^'" + i' rf(P'— P") P'-P" ^(A"— A')sini" d^=zd dx = d . A" — A' . A" — A' A" — A' 2 sin 2 sin 2 sin 2 2 2 i"+t' d{P'—P") _ {P'-V") (i{P'-^P")sini" 2 P'-f-P" P'+P" P'+P" 2 tang 2 tang a tang «"+?' rf(p'_p") P' — P" rfPsini" _ t"—t' , t"—t' . ^ SinP 2smPsin 2 sin sinP P'-P" dit"- . t" — t' . . t" 2 sin sinP 2 sin — » L'analyse de ces équations différentielles montre que la précision de x dépend de l'exactitude avec laquelle on détermine la différence P' — P". Une erreur e de cette différence, réduite à la région polaire.est éealeà-^^- En ob- servant deux heures avant et deux après le méridien, on trouvera facilement . A"— A' P' + P" , , ... . t"~t' que 2sin , 2 tane , et dans le troisième cas asmPsin , ^ 2 ° 2 2 ne diffèrent pas sensiblement de sin Pet que par conséquent £ n'aura sur A, qu'une faible influence. En effet, comme la différence P' — P" ne dépassera jamais la valeur d'une minute d'arc, on est, dans la mesure de cette quan- tité, indépendant des erreurs de division, de réfraction et du tour de vis. Cette recherche est donc basée surtout sur des mesures différentielles, c'est-à-dire sur des opérations qui seules permettent d'obtenir en Astrono- mie le plus haut degré de précision qu'il soit possible d'atteindre. Quant aux quantités qui entrent dans le dénominateur, il suffit de connaître ( ■' ) leurs valeurs d'une manière approchée et elles ne peuvent exercer aucune influence sur l'exactitude du résultat. » En supposant l'observation faite symétriquement par rapport au pre- mier cercle horaire, la formule (i) conduit au même résultat. On a (IV) X = 6" H- '-^ + C,+ m - ^"~ ^' asinPsi °(-^) » I a précision du résultat dépend principalement ici de l'exactitude avec laquelle on évalue la faible quantité A"— A' qui n'a que quelques secondes d'arc. On dispose donc de quatre procédés différents qui permettent de déduire avec une grande précision les ascensions droites absolues des po- laires directement, sans qu'on ait besoin de connaître les constantes fon- damentales de la réduction, m, n et c, qui interviennent dans les formules précédentes. En outre, on peut appliquer la méthode générale que nous avons exposée antérieurement et rechercher la valeur absolue de n au moyen d'une circompolaire auxili^iire, p'_p"p'_|-p" A"-t-A' , . P'4-P" n = —. -7 • ± 5 sui a"— ^' :>. 1 2 Ayant ainsi obtenu cet élément fondamental de réduction, on peut, en observant la polaire ou un astre quelconque au méridien, conclure facile- ment l'ascension droite absolue. » Dans ces quatre équations (I), (TI), (III) et (IV), on substituera à Cp+m\& correction brute de la pendule, déduite d'une étoile équatoriale. Toutefois, si la coUimation c est considérable, il vaut mieux corriger préa- lablement la correction de pendule C^+ m de la collimation : on aura ainsi Cp-^m=^ '^' — t' — c, en désignant par JU' l'ascension droite de l'étoile équatoriale et par t' l'heure de son passage au méridien. » Nous donnerons ultérieurement les méthodes relatives à la détermi- nation des déclinaisons absolues. » MÉCANIQUE. — Sur le mouvement d'un corps pesant de révolution, fixé par un point de son axe; par M. G. Darboux. « 1. Dans le tome II de la nouvelle édition des OEuvres de Jacobi ont paru, pour la première fois, des fragments, présentant le plus haut intérêt, d'un Mémoire que l'illuslre géomètre avait préparé sur le mouvement d'un ( 12 ) corps pesant de levolutioii, suspendu par un pouit de son axe. On a sou- vent attribué la solution de ce problème à Poisson, qui l'a traité, en effet, en le considérant comme entièrement nouveau, dans un Mémoire inséré, en i8i3, au XVl* Cahier du Journal de l'École Polytechnique; mais, en réa- lité, l'étude de cette belle question avait déjà été faite par Lagrange; elle est développée dans la première édition de la Mécanique analytique, qui a paru en lySS. » Dans le travail dont nous devons la publication à M. Weierstrass, Jacobi énonce et démontre, on peut le dire, un remarquable théorème, d'après lequel le mouvement de rotation du corps pesant peut se ramener à une combinaison des mouvements de rotation de deux solides différents, sur lesquels n'agirait aucune force accélératrice. Tout récemment, M. Hal- phen, dans une Note insérée au torne C des Comptes rendus, a donné au théorème de Jacobi une forme nouvelle, et énoncé sans démonstration les résultats de ses études très complètes sur ce sujet. Je me |)ropose de mon- trer, dans cette Communication, comment le théorème de Jacobi se rat- tache aux propositions que j'ai fait connaître dans la dernière séance, re- lativement aux deux mouvements différents qui correspondent à une même polhodie. » 2. Dans la Communication précédente, j'ai défini un certain mouve- ment, qui est produit par le roulement du cône (B), ayant pour base une herpolhodie (H'), sur un cône fixe (A), ayant pour base une autre herpol- hodie (H). Considérons les deux mouvements de Poinsot (E), (E,) corres- pondants à une mémepolhodie (P). Le premier se représente par le roule- ment du cône (C), ayant pour base la polhodie (P), sur le cône (A), avec une vitesse de rotation constamment ég.ile au rayon vecteur. Le mouve- ment (E'J, inverse de (E,), se représente par le roulement du cône (B) sur le cône (C); et, dans les deux mouvements, la génératrice de contact avec le cône (C) est la même au même instant. Si l'on définit la rotation par ses composantes, relatives aux axes principaux du cône (C), dans les deux mouvements ces composantes sont P^ 7' /■; par suite, dans le mouvement de (B) par rapport à (A), les composantes de la rotation totale, relatives aux mêmes axes, seront ■■^■f, -^'J, ■21: ( i3) ] a b c a 0 c ' » On a, comme on l'a vu, 9 9. P , '/- , '- _ 7, P (0 I p^ n' r- p- fr r" l a- b- c- a - b - c - ' rt', i', c', /j' ayant les valeurs définies précédemment. De plus, les cosinus directeurs de l.i perpendiculaire au plan de l'herpolhodie (H) sont, par rapport aux mêmes axes, p q r -1 -r- -1 tl t) c et ceux de la perpendiculaire au plan de l'herpolhodie (H') sont — P —1 — ' a b' c » Ces points étant rappelés, nous supposerons que le système mobile (B) entraîne un corps solide dans son mouvement, et nous allons chercher quelles sont les forces qui seraient capables de produire ce mouvement. » 3. La supposition la plus naturelle et, en même temps, la plus simple consiste à admettre que le corps solide entraîné est une sphère ayant pour centre le point fixe, ou du moins, ce qui revient au même, que l'ellipsoïde de ce corps, qui peut être hétérogène et d'une forme quelconque, est une sphère pour le point fixe O. » Soit A la valeur du moment d'inertie pour un rayon quelconque de cette sphère. Les composantes de la rotation étant 2/>, 2q, a/', les projec- tions, sur les mêmes axes coordonnés, de l'axe du couple des quantités de mouvement seront 2 A/), ikq, ikr. ; « Pour plus de clarté, nous appellerons axe du corps la perpendiculaire au plan de l'herpolhodie (H'); et nous supposerons que la perpendiculaire au plan de (H) coïncide avec la verticale. » Ces définitions étant admises, les équations (i) nous montrent immé- diatement que la composante de la rotation, relative à l'axe du corps, qui s'obtient en multipliant ip, 2.q, 2r respectivement par les cosinus — j^j -^5 —y- et faisant la somme des produits obtenus, est constante et égale à — 2/1'; elles nousmonirent également que la projection de l'axe lu couple ( i4 des quantités de mouvement sur la verticale est aussi constante et égale à "xkh. Ces deux propriétés appartiendraient évidemment au mouvement si Je corps mobile avait son centre de gravité sur l'axe et était soumis à la seule action de son poids. Mais elles ne suffisent pas à définir complète- ment les forces qui agissent sur le corps. » Considérons la force vive du corps si l'on introduit l'angle B que fait la verticale avec l'axe du corps, cet angle sera défini par la relation . ]/- q- r- COS9 = M = -, — TT, 7' aa bb ce et il est évident que, si l'on tient compte des deux premières équations (i), la force vive totale peut s'exprimer par une fonction linéaire de cos5; on peut déterminer deux constantes D et H', telles que l'on ait ^[p- + 7- + /•') = 2D£< •+- 2H'. » Or on trouvera évidemment une équation de cette forme si l'on ajoute aux suppositions déjà faites que le corps ait son centre de gravité sur l'axe, à une distance d donnée en grandeur et en signe par la formule AD = ?d, Pétant le poids du corps et la verticale étant supposée dirigée vers le bas. » La détermination des forces est maintenant complète; et, puisque nous avons obtenu les trois intégrales premières qui définissent le mou- vement d'un corps pesant, nous pouvons énoncer la proposition sui- vante : » Le mouvement de (B) par rapport à (A) est un de ceux que prendrait na- turellement un corps pesant, qui admettrait une sphère pour ellipsoïde d'inertie d'un de ses points et qui serait suspendu parce point. » 4. Les formules précédentes contiennent quatre constantes indépen- dantes, a, b, c, h. Le corps, au point de vue mécanique, est défini par la seule conslanle D. Si donc on fait varier a, b, c, h de telle manière que D, qui est évidemment une fonction de ces quantités, conserve une même valeur, on obtiendra une série de mouvements du même corps, qui dépendront de trois constantes arbitraires. 11 semble donc qu'au moyen de la repré- sentation précédente on pourra obtenir tous les mouvements que peut ( '^ ) prendre le corps, soumis à la seule action de son poids, quand les circon- stances initiales varient. » Pour établir ce résultat en toute rigueur, donnons-nous a priori la composante 2B de la rotation relative à l'axe du corps, la projection 2 AL de l'axe du couple des quantités de mouvement sur la verticale, enfin les deux constantes D, H' qui figurent dans l'équation des forces vives écrite sous la forme lTrn>^= 2A(Dm + H'). Ces constantes définissent complètement le mouvement du corps; il suffira de montrer que l'on peut exprimer a, b, c, h en fonction de B, L, D, H'. » Les propositions établies plus haut nous donnent déjà (2) ^ A = L, A'= — B. » Il faut en outre exprimer que l'on a ., , D« H' D / p^ q- /■« \ H' ' ■' 222 \fl« hb' ce I 2 et pour cela il faut écrire que cette équation est une combinaison linéaire des deux premières équations (i). On obtient ainsi le système D _ H' Ih — a laa! la^ 2 «^ ^ I 1 260 'Xh- 2 b' D H' \ h—c I + 2 ce' 2 £■ 2 C- En remplaçant dans la première de ces équations a! par sa valeur donnée dans la Commimication précédente, on obtient la formule D/Q 2R\ H' \ih — c,) il \a- «■* / a~ a- et les autres équations (3) nous conduiraient à la même relation dans laquelle a serait remplacée par b et par c. Il suffira donc d'exprimer que l'équation eu x , -X. ? /3 _ i^\ - H' _!. H''---) admet les racines rt, b, c. On est ainsi conduit au système iÙ = D, l=-oP, ^^^ 1 W=2Vh-Q, ( I6 ) et tout se réduit à montrer que les équations (2) et (4) déterminent des valeurs réelles pour a, b, c. » En remplaçant dans la seconde équation (2) A' par sa valeur déduite de la Communication précédente et dans la première équation (4), 0 par son expression, également donnée dans celte Communication, on obtient les trois équations I Q^-4R(P-L) = D% (5) 2PL-Q=H', ( QL-2R = -BD, qui déterminent P,Q, R.On en déduit par un calcul facile un système unique de valeurs pour F, Q, R et il ne reste plus qu'à substituer ces va- leurs dans l'équation (6) a?'-Pa'* + Q^-R = o; a, b, c seront les racines de cette équation. » 5. Il est préférable, pour déterminer a, b, c et pour reconnaître la réalité des racines de l'équation précédente, de raisonner de la manière suivante : » L'équation à laquelle satisfait la variable n, c'est-à-dire le cosinus de l'angle de la verticale avec l'axe du corps, est bien connue. Avec les nota- tions que nous avons adoptées, elle prend la forme (7) '^ = F(«)= 2(1 - ir)[T)u + H')- 4B^-- 41^' + 8BLh. » On peut évidemment la former d'une autre manière, en partant de l'expression que nous avons donnée plus haut pour m. Si l'on différentie, en effet, cette expression, et si l'on remplace a', . . ., -^> ■ • • par leurs va- leurs, on trouvera (8) a±' = 4 ("-^-)(*--'^)('--") ^ ' dt ^ abc ^' » D'autre part, on peut évidemment exprimer p'', q-, r- en fonction de u, en faisant usage des deux premières équations (i) et de l'expression méini' de n en foiiclion de p, q^ r. On trouve ainsi 2«A — a -f- n« q- a l,h _ p -1- iiH /- ich— 'I ^ au 7.[a — b)[a ~ c)' J ~ i{b— a)[b — cf ^ ~ y,{^c — a)[c — h > { «7 ) et, si l'on porte ces valeurs dans l'équation précédente, il viendra (9) — -7-j = (« — 2rt/z — Oh)(|3 — :ibh — Çlu){'^ — 2ch — ùii). » Celte équation devra donner pour — la même valeur que l'équa- tion (7). Au lieu de faire cette vérification qui ne présente aucune difficulté, nous conclurons que les racines de l'équation complètement connue (10) Y{u)=o sont exprimées en fonction des axes par les formules a. — lalt p — ibli y — 2ck ;; ' D D » Or on a a. — iah = :ih-— aP// + Q — 2 ^^ -^ '-^ '-\ de plus, les formules (2) et (5) nous donnent immédiatement ^ = L, 2A-- 2P/i+Q = 2L- — H', 2{h — a)[h-b)[h-c) = -i{U- PL--t-Qf. - R) = 2L* - BD — H'L. » Par conséquent, si «„ désigne celle des racines de l'équation (10) qui a pour valeur — ^r — > on aura _ r , TT/ 2L'— BD— LH' D«o = 2L'-ir ; " L — a » Les autres racines m,, «., s'exprimeraient de même en fonction de b et de c. Ce résultat peut être énoncé comme il suit : » Pour obtenir réqitalion qui donne a, b, c, on effectuera dans l'équa- tion (10) la substitution linéaire définie par la formule , . ^ .,, ... ?.L^ — BD — LU' (ir) n.. + H'=2L^ j~^^ » L'équation ainsi obtenue sera celle qui détermine ces trois quantités. » Toutes les fois que le mouvement est réel, l'équation (10) a ses racines réelles; il en sera par conséquent de même de l'équation aux carrés des axes principaux a, b, c. » c. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N' i.) "^ ( ï8) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Propriétés nouvelles du paramètre différentiel du second ordre des fonctions d'un nombre quelconque de variables indépen- dantes; par M. Haton de la Godpillière. « Je demande à l'Académie la permission de l'entretenir quelques in- stants de recherches assez étendues que j'ai faites sur l'expression si impor- tante désignée par Lamé sous le nom de paramètre différentiel du second ordre àes fonctions de trois variables indépendantes, ou encore d'augment^ expression que j'ai adoptée, d'après lui, comme plus courte. On a eu à con- sidérer, dans la théorie de l'élasticité, Vaugment de l'augment, et M. E. Mathieu en a fait une intéressante étude; mais là s'est arrêtée cette super- position d'opérations de ce genre. Je généralise cette considération en envisageant n fois de suite l'augment de l'augment, opération que je dé- signe sous le nom iVaugment du ti""'"" ordre. )) Le point de départ de ces recherches est le suivant. On conçoit que le calcul des augments présentera une simplification essentielle, s'il arrive que les fonctions quelconques considérées ne dépendent des variables que par l'intermédiaire d'un certain nombre de fonctions spéciales, que j'ap- pelle t^'piques, et qui soient telles que, de quelque manière que la proposée soit formée à l'aide de ces éléments typiques, ses augments de tous les ordres présentent le même caractère, et renferment de leur côté les variables, non pas d'une manière quelconque et incohérente, mais uniquement sous les mêmes symboles typiques. » De là deux ordres de questions : d'une part, détermination, sous leur forme la plus étendue, des fonctions typiques capables de cette propriéié, et, en second lieu, mode de calcul des augments dans ce cas particulier. Ces conditions, que j'appelle particulières, parce qu'en effet elles réalisent un cas spécial , n'en présentent pas moins une très grande généralité; car je fais voir qu'elles renferment elles-mêmes, comme im cas infiniment par- ticulier, le potentiel relatif à une loi d'attraction quelconque. )) J'effectue la détercnination des fonctions typiques, et j'arrive à montrer que les seules expressions capables de jouer ce rôle sont celles qui, égalées individuellement à des constantes, représentent des systèmes de sphères (|ueIconqnes; ou de cylindres de révolution ayant leurs axes |)arallèles; ou, enfin, un système formé d'un seul cylindre de révolution et de sphères ayant leurs centres disposés en divers points de son axe. Ce dernier cas est du reste trop spécial pour présenter beaucoup d'intérêt, et je l'ai laissé de côté ( 19 ) afin de ne pas trop m'étendre. Quant au second, il se réduit à la considé- ration de deux variables, si l'on prend la direction unique pour axe des z. Il ne reste donc à envisager que deux questions sisnilaires : l'une, de Géo- métrie plane, avec un système de cercles; l'autre de Géométrie à trois dimensions, avec un système de sphères. » Je les rattache l'une et l'autre à une généralisation dans laquelle je suppose quelconque le nombre des variables. On obtient alors certaines diilérences suivant la parité de ce nombre, et ces différences s'observent par suite entre les deux cas de la Géométrie plane et de celle de l'espace. » Je n'abuserai pas des moments de l'Académie en décrivant les diverses formules générales auxquelles je me suis trouvé ainsi conduit pour le calcul desaugments. Ellesme permettent notamment de résoudre fort sim])lement des questions qu'il ne serait peut-être pas aisé d'aborder directement. Par exemple, ce problème : » Trouver un potentiel dont le n"'""-' augment soit constant, ou, en particulier, nul. On obtient notamment, en supposant en particulier «=2, deux potentiels distincts dont l'un seidement avait été signalé accidentellement par Lamé, qui attachait une certauie importance à cette remarque, comme permettant d'intégrer en termes finis l'équation qui régit les mouvements vibratoires. Je citerai de même cet autre problème : Trouver un potentiel qui soit reproduit par son n"''"" augment. » Je termine cette étude en généralisant encore une fois les résultats précédents, de manière à les étendre à une autre opération de calcul que M. de Saint-Venant a nppelée la généralisation ellipsoïdale du paramètre dif- férentiel du second ordre, en y introduisant des coefficients arbitraires pour traiter les questions relatives aux' corps non isotropes. J'étends d'ailleurs aussi le type de cette opération à un nombre quelconque de variables avec un égal nombre de coefficients fixes. » MÉTÉOROLOGIE. —Réponse à la Noie de M. Màscart sur les grands mouvements de l' atmosphère i par M. Faye. « La Note très concise de notre savant Confrère M. Mascart porte sur les points suivants: » 1" La distinction des cyclones où l'air monterait, dit-on, en tournoyant du sol vers les nuages, là où se manifeste une dépression barométrique, et des anticyclones où, par suite d'un excès de pression, l'air descendrait au contraire jusqu'au &o\. ( 20) » 2° L'aspiration serait démontrée dans le premier cas par tous les effets observés dans les trombes on les cyclones. Jamais on n'aurait constaté d'affaissement de la surface des eaux à la pointe d'une trombe. I) 3° Si les trombes paraissent descendre, c'est que le refroidissement de l'air ascendant se propage de haut en bas. » 4" Enfin la cause des mouvements gyratoires ne doit pas être cher- chée dans les couches supérieures de l'atmosphère (' ). » C'est là, en effet, l'ensemble des affirmations des météorologistes. Il y manque un trait caractéristique et capital, c'est que les tempêtes, les cyclones, les tornados sont tous, sans exception, animés d'un mouvement de trans- lation rapide : ils marchent, en tournant, très souvent avec la vitesse d'un train express. Si l'attention de M. Mascart se portait sur ce caractère con- stant et universel des mouvements gyratoires, il lui serait bien difBcile de le concilier avec les opinions des météorologistes, car comment admettre qu'une raréfaction locale se mette à marcher avec une vitesse de dix, quinze ou vingt lieues par heure dans un air immobile, et parcoure d'énormes espaces pendant des heures, des jours ou même des semaines entières, sans jamais se combler. Convenez que cette raréfaction locale serait douée de propriétés bien étonnantes. » l^es météorologistes ont tenté d'expliquer ce phénomène grandiose en disant que la précipitation de la vapeur d'eau, dans la moitié anté- rieure du cyclone, sous forme de pluie, renouvelle sans cesse le vide à l'avant, malgré l'air ascendant qui tend à le combler, en sorte que le cyclone est forcé de marcher de ce côté. Mais je ne croirai jamais que M. Mascart accepte une explication pareille. » Passons au second point. Il s'agit plus spécialement des tornados et des trombes, qu'on attribue aussi à une raréfaction locale de l'air. L'air afflue, dit-on, de tous côtés, mais seulement dans le sens horizontal, pour la combler. Vous croyez peut-être qu'il y parviendra, et que les deux ou trois centimètres d'une dépression barométrique très limitée ne tarderont pas à disparaître. Pas du tout. L'air appelé vers le centre de la dépres- sion ne saurait s'y accumuler sans limite. Dès lors il s'établira en ce point un courant ascendant qui entretiendra énergiquement l'aspiration! (') M. Mascart dit {Comptes rendus de la semaine dernière) que, d'après mes idées, le centre de ces phénomènes serait le lieu d'un courant descendant. Ces termes ne reproduisent pas exactement ma pensée. J'ai toujours parlé de gyrations descendantes, comme celles qui se forment dans les cours d'eau, et jamais de courants descendants. ( 21 ) » M. Mascart pense que cette aspiration est démontrée par tous les effets des cyclones, les toits enlevés ('), les habitants même emportés à ime grande hauteur (■), la mer soulevée ('). Il ne croit pas qu'on ait ja- mais constaté un affaissement de la surface des eaux à la base d'une trombe. » J'ai passé en revue bien des cyclones et des tornados sans y trouver jamais la moindre trace de celte aspiration si souvent affirmée par des témoins peu compétents. Mais, pour ne pas répéter ici ce que j'ai déjà dit devant l'Académie, et aussi pour ne pas laisser croire que je sois seul de mon avis, je laisserai la parole à un savant italien, M. Luvini, qui a publié, sur les mouvements gyratoires, les orages et la grêle, des écrits dignes de toute notre atlenlion. » M. le professeur Luvini, au lieu de se contenter des relationsd'hommes mal préparés à apprécier les phénomènes, a compulsé les témoignages d'observateurs compétents, qui ont l'avantage, sur presque tous les mé- téorologistes vivants, d'avoir vu de leurs yeux, et sans parti pris, des trombes ou des tornados. Ces observateurs compétents sont Spallanzani, de la Nux, Golden, Perkins, etc. Je me borne à citer ( '). Coldeii écrivait à son ami Fninklin : (' ) Un toit, frappé par un coup de vent horizontal qui s'engouffre dans une maison, pent être soulevé, puis entraîné obliquement à une certaine hauteur comme un cerf-volant, sans qu'il y ait là le moindre indice d'une aspiration. (^) Dans les tornades des Etats-Unis on cite beaucou|) de cas de personnes renversées, roulées sur le sol, ou même projetées violemment contre des nnirs ou des palissades et tuées sur le coup. Mais en fait d'habitants enlevés à une grande hauteur, je ne connais que la particularité suivante du tornade de Delphes (Kansas, 3o mai 1879). Un individu qui s'était réfugié dans une meule de foin fut enlevé par le vent du tornade; mais il ne s'éleva pas tellement haut qu'en passant en l'air, à côté d'un cheval (non renversé), il n'ait pu essayer de s'accrocher à sa crinière. Malheureusement l'impulsion était trop forte : on le retrouva plus loin, tenant encore son ciiapeau d'une main et une poignée de crins de l'autre. (') Dans les inondations produites si souvent sur les côtes par les cyclones, la dénivella- tion de la mer peut bien aller à deux, trois ou même quatre mètres; mais c'est là un effet de raz de marée qui se fait sentir auteur du cyclone et non un effet d'aspiration. C'est, en très grand, l'analogue du buisson d'eau ou d'écume et de vagues circulaires que les trombes produisent auteur de leur pied, en fouettant circulairement l'eau de la mer avec l'énergie. (') Les lignes suivantes, en petits caractères, sont extraites du Livre de M. Luvini, intitulé Sept études (en double original, français et italien). Turin, i884, et chez M. Gau- thier-Villars, p. iio-n4. ( 22 ) « Vous avez embrassé l'opinion commune sur les trombes; mais ma propre observation oculaire me persuade que c'est une fausse idée. Dans un voyage aux Indes occidentales, j'eus occasion d'observer plusieurs trombes. Il en passa ime à moins de 3o ou ^o verges du vaisseau où j'étais. Je la considérai avec toute l'attention possible, et, quoiqu'il y ait de cela quarante ans, elle fît sur moi une impression si forte que je me la rappelle encore bien distinctement. Celle qui passa si près de nous avait la fîgure d'un cône renversé, c'est-à-dire sa pointe tournée vers la mer, à 8 pieds environ de sa surface. La base était (en haut) dans un nuage noir. Nous avions un calme absolu. La trombe passa lentement à côté du vaisseau; j'eus la facilité d'observer clairement qu'il sortait de la trombe un cou- rant violent qui faisait une trouée de 6 pieds de diamètre sur la surface de l'eau et soule- vait l'eau autour de cet enfoncement de manière à former un bourrelet circulaire et inégal, comme pourrait le faire le vent très fort d'un soufflet de forge dont la tuyère aurait été dirigée perpendiculairement à la surface de l'eau, et nous entendions fort bien le bruisse- ment qu'un pareil soufflet produisait sur l'eau. Je suis très sûr qu'il n'y avait rien que l'on pût rapporter à une succion de l'air dans la trombe, à moins que l'on ne voulût se faire illusion en prenant le rejaillissement de l'eau, qui s'élevait en bourrelet, pour de l'eau montant dans la trombe. Je distinguais aisément un espace vide d'environ 8 pieds entre le creux de la mer et l'extrémité de la trombe où rien n'interrompait la vue, comme cela n'aurait pas manqué d'arriver s'il s'y était élevé de l'eau de la mer ( ' ]. i. Voyons maintenant ce que dit le D'' Perkins dans ses Lettres à B. Franklin : » Ce qui m'a donné occasion de penser que toutes les trombes descendent, c'est que j'ai trouvé la chose bien constatée par rapport à quelques-unes, c'est qu'il m'a paru difficile de concevoir qu'un corps aussi pesant que l'eau pût être élevé (jusqu'aux nues) par aucune force à nous connue, et c'est principalement l'inspection des dessins de trombes que M.Stuart nous a donnés dans les Transactions philosophiques... Cette circonstance de la courbure du sommet du buisson en dehors ne paraît pas s'accorder avec un tourbillon ascendant, mais elle s'accorde à merveille avec un tourbillon descendant ; car un tourbillon ascendant ba- layerait l'intérieur du buisson, si toutefois, dans ce cas, il y avait quelque apparence de buisson. Quant au pilier d'eau, comme on l'appelle à cause de sa forme, je suppose que ce n'est que le bout de la trombe plongé dans le buisson... La partie engagée dans le buisson est cylindrique aussi bien que celle d'au-dessus, c'est-à-dire que son épaisseur est la même depuis le haut du buisson jusqu'à la surface de l'eau. Dans le casd'un Umïh\\\oa ascendant, au lieu de cette figure, ce devrait être celle d'une pyramide, » Si, aux écrits de Perkins et de Cadwalader Colden que j'ai cités, nous ajoutons les ( ' ) Ainsi Colden a vu la dépression produite à la surface de la mer et le bourrelet qui bordait cette dépression. Ce bourrelet est justement le buisson dont a parlé M. Mascart. Colden se trompe en l'attribuant à un souffle vertical de haut en bas: il était produit par le mouvement de rotation descendant de la trombe battant l'eau tout autour d'elle, comme ferait une ccope tournant horizontalement. Mais il s'agit là d'une interprétation, et non d'une question de fait. Le fait, constaté par les yeux, c'est que la mer était violem- ment creusée par la trombe, et que l'eau formait autour du pied de la trombe un bourrelet ou buisson écumeux. (H. p.) ( ^3 ) belles déductions de Buffon {') et les observations de S|)allanzani, dont parle M. Faye dans les Comptes rendus de 187g, nous pouvons conclure que, au xvii* siècle, ce préjugé a été combattu ])ar des savants illustres avec de solides raisons et d'excellentes observations. Spallanzani a vu directement et déclaré, dans plusieurs endroits de son Mémoire, le mou- vement tourbillonnaire dans les trombes qu'il a observées, soit dans le nuage et à la base (supérieure) de la trombe, soit dans les autres parties de cette dernière; et, dans les conclu- sions, lesquelles ne se trouvent pas dans \ei Comptes rendus, il dit explicitement que le mou- vement tourbillonnaire, qui doit avoir son origine dans le cboc des vents contraires, part d'en haut, perce et traverse le nuage et descend en bas, quelquefois jusqu'à la mer, et quel- quefois moins profondément. C'est donc au mouvement tourbillonnaire descendant qu'il attribuait l'abaissement des eaux et la formation du buisson, et non pas à un simple souffle de hautenbas (^). Certes il n'a pas fait connaître la vraie origine des tourbillons qu'il a ob- servés. » Tout cela ne diminue en rien la gloire de M. Faye qui, dans la discussion d'un nombre immense d'observations, a su démêler les faits vrais de ceux qui étaient dus à des illusions d'optique ou à des préjugés, et surtout en déduire, d'après un mûr examen, la seule théorie qui soit d'accord avec les faits exactement observés et à la hauteur de la science actuelle. Les théories de ceux qui l'ont précédé dans le chemin sont loin d'avoir la précision et l'exac- (') Buffon n'a pas vu de trombes, mais il savait choisir ses correspondants. Le témoin oculaire dont il s'est servi en cette circonstance était M. de la Nux, astronome bien connu de l'ile Bourbon, (H. F.) (-) J'ai rapporté l'observation de Spallanzani dans les Comptes rendus du 4 août 1879, mais on aimera peut-être la lire ici, dans le texte original : (1 Nel tempo ch' io era giulivo observatore di quel non più amniirato fenomeno, ecco che délia stessa gonfiezza di nuvola, che allora era nerissima, e che non desisteva di lampeg- giare e tonare, si spiccano duc altre trombe, l'una più volumlnosa, e l'altra nieno délia prima, le quali sccndendo, quasi con pari velocità, giunscro al mare. Il tempo délia discesa fu poco piii di tre minuti. Oltie il solito incurvamento, vidi alla loro sommità o base un movimento vertiginoso, et vidi altresi, per la maggior vicinanza, con più precizidne e chia- rezza i due montlcelli di acqua sottostanti ai due apici délie trombe, giacchè qui pur si formarono, tosto che quelle toccarono il mare. Coraechè adunque da prima preso avessi per solido quel monticello d' acqua, non ne aveva perô che l'ingannatrice apparenza. Questo era un vélo di acqua, che di alcuni piedi si soUevava dal livello del mare, e che da me impuntato con buon cannocchiale, appariva schiumoso; il quai vélo essendo in più [)arti lacero, lasciava non oscuramente vedere un incavo dentro di se non occupava il mezzo, e che per più di due piedi internavasi nel mare. Pensai io adunque, non senza fondamento, que questa fosse una potenza che dal alto al basso agendo sul mare, creava quella cavità, obligando poi l'acqua a lateralmente salire..,.. Con la più decisa chiarezza si sentiva il rumore dell' aria, che piombando dall' alto délia tromba percuoteva potentemente il mare, equindi Io obligava ad incavarsi, sorgendo poscia attorno al incavo uno schiumoso vélo d' acqua alto più piedi : e la superficie délia cavità riboUiva, spumegiava, et venia rapita da un circolar movimento; effetti tutti quanti dell' aria irapellente. » (Voyez les Memorie délia Società italiana, 1788, t, IV, p. 43). (24 ) tilude de celle de M. Fayc; qiiclqiies-iines même sont ridicules, et c'est pour cela que, dans mes citations, je n'ai rien dit des idées théoriques du D' Perkins et de M. Colden. » 1) Je suis loin de prétendre à la gloire pour avoir dit quelque chose de juste sur les trombes, les tornados elles cyclones; mais j'ai voulu montrer à l'Académie que l'opposition à mes idées est loin d'être unanime aujour- d'hui. On verra en effet, par une seconde Note, que j'ai obtenu d'autres adhésions. Pour atijourd'hui, je me borne à prier M. Mascart de consi- dérer, avec l'impartialité sur laquelle je puis compter de sa part, les deux points sur lesquels je viens d'insister : » 1° On ne saurait, dans cette grande question, laisser de côté le mouve- ment de translation des mouvements gyratoires, car à lui seul ce mouve- ment de translation met à néant les préjugés que j'ai combattus; » 2° Il ne serait pas exact de dire que l'on n'a jamais constaté un affaissement de la surface des eaux à la base inférieure d'une trombe, car c'est au contraire ce qui a été hautement constaté toutes les fois que le phénomène s'est présenté, de prés, à un observateur compétent et sans parti pris. » J'examinerai les deux derniers points dans une Note complémentaire et je tâcherai de donner à l'éminent Directeur de notre établissement mé- téorologique les explications qu'il m'a fait l'honneur de me demander. Je suivrai la même marche, c'est-à-dire j'analyserai les travaux les plus ré- cents, qui tous convergent vers les idées que j'ai émises il y a une douzaine d'années, idées qui m'ont été suggérées par l'étude des phénomènes so- laires. » CHIMIE VÉGÉTALE. — Recherches sur la végétation. — Sur les carbonates dans les plantes vivantes; par MM. Beuthelot et André. « 1. Les recherches d'ensemble que nous avons entreprises sur la for- mation des principes immédiats des plantes nous ont conduits à examiner celle des carbonates, les plus simples des sels organiques, signalés dès le commencement de ce siècle. Elles tendent à en établir la diffusion consi- dérable, sinon même universelle, dans le règne végétal, et elles jettent un jour nouveau sur les phénomènes de respiration et d'oxydation ac- complis dans les tissus végétaux. Parlons aujourd'hui des méthodes. » 2. On prend une plante, on la divise en ses parties essentielles : tige, racines, feuilles, inflorescences, et l'on dose les carbonates, tant solubles qu'insolubles, aux différentes périodes de l'évolution. ( 25 ) » On élimine d'abord l'acide carbonique libre ('), en faisant le vide à plusieurs reprises ou en faisant bouillir. Ces opérations, spécialement celles qui ont lieu avec addition d'eau, doivent être faites immédiatement, pour éviter les fermentations et dédoublements. Cela fait, on ajoute une petite quantité d'acide chlorhydrique, et l'on porte à une température voisine de l'ébullition, en faisant barboter dans la masse un courant d'air purifié, des- tiné à entraîner l'acide carbonique. On récolte et l'on pèse l'acide carbo- nique, dans les appareils d'une analyse org;inique. Voici des exemples : » Chenopodium quinoa (Chénopodées) : i8 mai. On opère sur 32 pieds. — i pied humide pèse, en moyenne : 4^'', 3457 ; sec : os'',4752- Acide carbonique dans la plante totale, pour loo parties o,55 » dans l'extrait aqueux o , 1 1 » Le rapport de l'acide des carbonates insolubles à celui des carbonates solubles est ici 4* i- 12 juin. — On opère sur 21 pieds. — i pied humide pèse ags', 238; sec : ^ii',5i3. ), La tige pèse, humide : iSe^ôSaS; sèche : 26'', 0019. Il Elle renferme • acide carbonique, sur 100 parties, matière totale 0,66, partie soluble, o,o5. La presque totalité des carbonates de la tige sont insolubles. ^^°- CO' sur 2,', juin. Humide. Poids absolu. Cenlièmes. 100 parties. Racines 4.3 i,4i38 8,35 o,o5 Tiges 65,2 8,339 49,27 o,3i Feuilles 39,5 6,6162 39,09 o,o3 Inflorescence 3,55 o,5562 3,29 o,o3 Une plante totale ii2S',55 j6^',g'2.5i. 100,0 0,175 » Les carbonates, dans cette plante et à ce moment, sont principalement concentrés dans la tige : ce qui montre qu'ils ne viennent pas du sol. Amarantus caudatus ( Amarantacées). ^^"^ 00' sur 18 juillet. Humide. Poids absolu, Cenlièmes. 100 parties. gr Racines 0,8214 0,1877 10, 53 o,65 Tiges 4 '9° '7 0'5994 33,62 0,04 Feudles 4,7500 0,8079 45,3i 0,09 Fleurs i,o3o3 0,1879 10, 54 Une plante totale ii6'-,5o34 i'*S7829 100,0 (') Tout ou partie de l'acide des bicarbonates est éliminé en même temps. C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N» I.) ^ (26) » Ici, les carbonates existent surtout dans la i-acine. D'après un dosage spécial, les deux tiers y sont à l'état insoluble, un tiers à l'état soluble. Rumex acetosa (Oseille) ( PolygontJes) : 8 juin. CO' sur 100 parties. I pied Iiimiiile moyen. Sec. Plante totale. Partie soluble. oe',4424 OB', 0472 0,2g 0,08 » Les carbonates sont surtout à l'étal insoluble. 00' sur ion parties. 26 juin. Humide. Sec. En centièmes. Plante totale. Partie soluble. gr gr Racines 0,8914 0,0726 16,28 o o Pétioles et grosses nervures . 1,8785 o,i3i3 ?9)45 0,22 o,o5 Limbes et feuilles 2,6828 0,2419 ^4,27 0,64 o,i4 Une plante totale 4^' > 4^27 o"', 4458 iou,o 0,42 0,0g » Les carbonates sont ici surtout à l'état insoluble. Ils ne sauraient d'ailleurs exister en proportion notable dans une plante dont les liquides sont acides, telle que celle-ci; à moins de se trouver dans des cellules spéciales. Il n'y en a pas dans les racines ; donc ils ne viennent pas du sol. Tropœolum niajus (Capucine) Géraniacées : 22 mai. CD" pour 100 parties. I pied humide. Sec. Plante totale. Partie soluble. IB',01I2 OS'-, 1629 0,77 0,82 » Les carbonates sont ici entièrement à l'état soluble, les deux dosages donnant sensiblement les mêmes chiffres. Oxalis siiicta : 26 mai. CO' pour loij parties 1 pied humide. Sec. Plante totale. Partie soluble. OB'-, 467g OS'-, 0826 0,42 0,06 » Les carbonates sont surtout à l'état insoluble. » La dose de l'acide carbonique combiné change rapidement dans les jus, sous l'influence du temps et de la chaleur, et ces changements jettent un certain jour sur l'origine des carbonates dans les végétaux. 0 3. Rappelons d'abord que la plante fraîche renferme, indépendam- ment de l'acide carbonique combiné, une certaine dose d'acide carbonique libre, provenant des oxydations intérieures. ( 37 ) l^jnin. — Dosages immédiats : CO- pour loo piirties. Chenopodium quinoa Après ébullition sec. Avant ébullition. tic quelques minutes. Racines i,4i38 0,21 o,o5 Tiges 8,339 °'^4 o,3i Feuilles 6,6162 o,i3 o,o3 Inflorescences.... o,5562 Oi^c) o,o3 Une plante totale . i6e"',9252 o,4o o,i'j5 » D'après ces dosages, les racines, feuilles, inflorescences de la plante contenaient principalement de l'acide carbonique libre; tandis que dans la tige l'acide avant ébullition était à peu près double de l'acide combiné, ce qui paraît répondre à des bicarbonates. » 4. Si la plante est conservée sous l'eau pendant quelques jours, la dose de l'acide carbonique total, libre et combiné, augmente. CO'pour 100 parties de tige sèche (sans ébullition préalable) après après au début. trois jours. cinq jours. Tiees de Chenopodium quinoa macérées dans l\o fois { ^, „ tt- ,^ •■ ,. ■ I r ■ ■ \ °''^^ ''^7 ''-'^^ leur poids a eau environ (24 juin ) ( CO' pour 100 parties de feuille sèche ( sans ébullition préalable) après après, après au début. un jour. cinq jours, huit jours. Feuilles du CAe'î. f/«/«o<2 macérées dans 4o fois ( ^ // ce „/ . ' o,i3 0)44 1,66 3,04 leur poids d'eau. On dose l'acide dans lejus filtre. ( » Cet accroissement dans l'acide carbonique est dû aux fermentations alcooliques et analogues. En effet, dans le jus bouilli une heure, la dose de l'acide carbonique varie peu. CO^ pour 100 parties de feuille sèche (après ébullition préalable) après après après deux jours. sept jours. neuf jours. Feuilles : etc. Jus filtré 0,20 0,16 0,16 )) Ceci s'explique, les ferments ayant été détruits par l'ébullition. » 5. Les carbonates croissent aussi en raison du dédoublement de cer- tains principes. C'est ce que montrent les dosages suivants, eftectués sur ( 28 ) les mêmes échantillons, après expulsion de l'acide libre : CO' pour 100 parties de tige sèche (dosé après ébullition de quelques mimiles ) Tiges du Chen. quinoa, etc après après après au début. trois jours. cinq jours. huit jours. o,3i o,6i o>94 0 Après Après Après Au début. un jour. cinq jours. huit jours. o,o3 0,32 0,29 o,4i Feuilles du Chen. quinoa, etc o,o3 ). 6. La dose des carbonates contenus dans une plante augmente également dans certains cas, à mesure que Ton prolonge la durée de l'ébuUilion : ce pour 100 parties de lige sèche dosé après après après ébullition de l^b minutes go minutes quelques minutes. d'ébuUition. d'ébullition. Tiges du C7;e«. f/«ino« (24 juin) o,3i o,58 0,69 » 7. Ainsi les végétaux renferment certains principes susceptibles de se dédoubler sous l'influence des ferments naturels, comme sous l'influence d'une ébullition prolongée, en produisant des carbonates (ou plutôt des bicarbonates) alcalins. Ce résultat est conforme à ce que nous savons des combinaisons éthérées contenues dans les liquides organiques, et de leur dédoublement par hydratation. C'est ainsi que l'un de nous a montré que les vins vieux renferment une dose d'acides éthérés, tartrovinique, nialo- niqiie, etc., qui peut s'élever dans les vins très alcooliques jusqu'à la moitié de l'acide tartrique libre. Ces acides ne sont pas précipitables im- médiatement sous forme de crème de tartre. Mais, si l'on chasse l'alcool et si on laisse l'eau chaude agir seule, les conditions de l'équilibre éthéré étant détruites, les acides viniques se décomposent assez vite, et régénèrent de l'acide tartrique libre, de façon à fournir par évaporation une dose de bitarlrate de potasse supérieure de moitié à celle qu'ils fournissaient avant leur altération. De même, et l'analogie est ici plus étroite encore, les lichens tinctoriaux renferment l'acide orsellique, dédoublable parhulra- tation en orcine et acide carbonique. Les sels alcalins de ces acides four- nissent des bicarbonates en se décomposant. » 8. Observons enfin, pour ne rien omettre, qu'une portion des bicar- bonates solubles contenus dans les plantes peut résulter de l'action de l'acide carbonique libre, préexistant ou produit par des actions physiolo- ( =9) giqiies, sur les sels alcalins formés par des acides faibles. Mais cette portion, loin d'augmenter, doit plutôt diminuer par rébullition, en raison du départ de l'acide carbonique qui tenait en équilibre les acides faibles. » 9. La présence des bicarbonates dans les plantes a une impor- tance majeure, eu égard aux réactions qu'elles éprouvent de la part de l'oxygène de l'air. En effet, ces actions s'exercent sur les jus végétaux neutres, aussi bien que sur le sang des animaux, en présence des bicar- bonates alcalins. L'état même de dissociation des bicarbonates dissous tend à former dans les liqueurs des carbonates alcalins, en présence des- quels l'oxydation devient beaucoup plus énergique : ceci se produit sur- tout lorsque l'acide carbonique est éliminé, soit à froid, au contact d'une atmosphère illimitée, comme il arrive lors de la formation de l'acide ul- mique; soit par l'ébullition, ce qui concourt souvent à la coloration et à l'altération rapide des extraits végétaux. Rappelons d'ailleurs que l'accrois- sement d'énergie des oxydations dans les milieux alcalins est lié avec un plus grand dégagement de chaleur : c'est une conséquence des principes thermo- chimiques. » 10. L'existence des carbonates dans les tissus de plantes, sous une dose très notable et qui peut s'élever jusqu'à un tiers de centième de leur poids, ainsi que celle des principes dédoublables avec formation d'acide carbonique, apporte des données nouvelles à un problème de physiologie végétale récemment controversé devant l'Académie : nous voulons parler des échanges qui se font entre l'acide carbonique, emprunté à l'atmosphère, et l'oxygène expiré, par le fait de la fonction chlorophyllienne. » On sait que les volumes des deux gaz sont sensiblement égaux, rela- tion fondamentale qui caractérise le phénomène. Cependant, on a observé des oscillations sensibles de part et d'autre. » Or il ne saurait en être autrement, en raison de l'existence des bicar- bonates dans les tissus végétaux. D'une part, ces bicarbonates dissous ten- dent à exhaler, par dissociation, une partie de leur acide carbonique, qui vient accroître l'acide carbonique de l'atmosphère ambiante. Ce phéno- mène, indépendant de l'exhalaison d'oxygène, se produit surtout avec les tissus riches en bicarbonate : il doit être le plus fréquent. Mais il peut arriver aussi que le bicarbonate, déjà dissocié en partie pendant une autre ■ période de la vie végétale, reprenne dans un milieu convenable quelque dose d'acide carbonique : phénomène qui tend à faire varier le rapport en sens inverse, au profit de l'oxygène. » 11. Le dédoidjlemt lit des principes analogues à l'acide éil^ylcarbo- ( 3o) nique et à l'acide orselliqiie pouvant aboutir à une élimination d'acide car- bonique, ce dédoublement tendrait à faire prédominer l'hydrogène dans les tissus végétaux, soit pendant leur vie, soit pendant leur évaporation et dessiccation; conformément à une opinion récemment émise par notre Con- frère, M. Sclîlœsing. En effet, les plantes contiennent souvent un excès d'hydrogène, par rapport à la formule des hydrates de carbone; et cet excès s'élève dans certains cas jusqu'à près d'un centième du poids de la plante. Cette conclusion de l'analyse élémentaire est conforme aux ana- lyses immédiates que nous avons faites d'un certain nombre de plantes, telles que les Amarantus notamment. Sans entrer à cet égard dans une dis- cussion détaillée, il suffira de dire que l'excès d'hydrogène s'explique par nos analyses, même en l'absence des matières grasses, parce qu'il est attri- buable aux composés azotés et spécialement aux matières albuminoïdes. En effet, celles-ci renferment environ 3, 5 à 4,0 centièmes d'hydrogène en excès, sur la dose susceptible de changer en eau tout l'oxygène de la ma- tière. Or les plantes que nous avons analysées contiennent, à l'état jeune et avant floraison, jusqu'à 20 et a5 centièmes de principes albumi- noïdes ('); ce qui donne un excès de 0,7 à t,o d'hydrogène pour la plante totale. Un excès de ce genre existe spécialement dans les feuilles, très riches en principes albuminoïdes. La nicotine, alcali exempt d'oxygène, qui existait dans le tabac analysé par M. Schlœsing, tend pareillement à ac- croître l'excès d'hydrogène. Quant à l'origine de cet excès, il est facile à expliquer, toutes les fois que les plantes tirent leur azote soit des composés amidés et sels ammoniacaux contenus dans le sol ou dans les engrais, soit de l'ammoniaque atmosphérique. S'il est tiré des azotates, il est clair que l'excès d'oxygène de ceux-ci doit être éliminé surtout sous forme d'acide carbonique, conformément à ce qui vient d'être exposé. » ZOOLOGIE. — Sur le Phœnicurus; par M. de Lacaze-Dutuiers. « En m'occupant, le printemps dernier, au laboratoire Arago, de la Tethys léporine, dont j'aurai à entretenir prochainement l'Académie, j'ai trouvé en grande quantité le parasite curieux que ce Mollusque porte attaché à ses flancs. (') Bourrache : graine, 17,0; végétation commençante, '21,7; floraison, i4,7; friic- titication, 5,6. — Grande consolide, 27 mai : 25,6. — On observe souvent la proportion (le 20 centièmes dans la leuille, avant la floiaison. (3, ) )) Nous n'avons sur le Phœnicurus, c'est le noiii du par.isite, que des renseignements fort insulfisants : Rudolphi, Cuvier, délie Chiaje l'ont connu. Ce dernier Naturaliste, qui avait cru d'abord l'avoir décou- vert et l'avait appelé Planaire ^ avait indiqué comment il est fixé par sa bouche sur les mamelons qu'on observe au milieu des fosses interbran- chiales de la Téthys; il avait reconnu dans l'intérieur de son corps les bandes musculaires nombreuses qui lui donnent une grande contractilité, ainsi que la partie principale de son tube digestif; mais s'il a donné quelques bonnes figures de l'extérieur, ses indications sur l'organisation sont ou nulles ou fort insuffisantes. 1) L'occasion s'étant présentée favorable, voici quelques faits que j'ai constatés : » Le corps du Phœnicurus a la forme d'un cerf-volant ; il est plat, arrondi à l'une de ses extrémités et effilé en pointe à l'autre; tantôt cette extré- mité-ci est simple, tantôt elle est tourchueet, qu'elle soit simple ou double, toujours elle est colorée en rouge, ce qui justifie le nom de Phœnicurus. » Les deux faces sont fort différentes. L'une, la plus étendue, est mar- brée par de grandes taches noires et blanchâtres, lavées d'une teinte géné- rale légère rougcâtre, très variable avec lesindividus; elle rappelle la livrée du dos de quelques crapauds. L'autre, blanche, est moins étendue et en- tourée par la première, qui la déborde et forme comme un bourrelet au- tour d'elle. » L'extrémité arrondie du corps porte une fosse ovale percée, à son centre, d'un orifice. La peau de cette fosse est fine, lisse, blanche, et presque transparente; elle est limitée par un bourrelet que forment les extrémités des deux faces différentes par la couleur. » C'est là tout ce que l'on observe à l'extérieur de l'animal. » Quand on a le Phœnicurus bien vivant^ on le voit se contracter et changer de forme incessamuient; il se tord et se gonfle du côté de sa face aux marbrures colorées, surtout vers son extrémité arrondie; celle-ci s'in- cline alors vers la face blanchâtre, et le corps se courbe. Aussi est-on con- duit à considérer la face couverte de la livrée comme étant le dos de l'a- nimal, et la face blanche comme étant la partie antérieure ou abdominale. » Entraîné par cette impression, j'avais cherché d'abord le système nerveux en ouvrant le Phœnicurus par la face colorée, je n'avais rien trouvé; ce n'est qu'en reprenant la dissection par la face opposée que j'ai eu des résultats et mis à découvert les centres d'innervation. » Le système nerveux le plus normalement constitué qu'il m'ait été ( 32 ) donné de rencotitrer présente comme centre denx ganglions, l'un gauche, l'aulre droit, unis par une longue commissure transversale. De chacun de ces ganglions partent deux nerfs principaux, l'un supérieur allant au voi- sinage de la bouche, l'autre inférieur descendant vers la queue. » Ces centres sont écartés l'un de l'autre et presque latéraux, ils sont si- tués à la réunion du tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs; aussi les quatre nerfs supérieurs et inférieurs, avec les ganglions et la commissure transversale, forment-ils comme une H dont les branches seraient d'inégale grandeur. » Ces ganglions, eu égard à la taille de l'animal, sont petits et renferment des cellules nerveuses, grosses, peu nombreuses, à caractères particuliers dont il sera question plus tard dans l'étude histologique. » Les nerfs secondaires, transversaux, nombreux, se détachent aussi bien des ganglions que des grands neifs principaux pour aller dans toutes les parties de l'organisme. » Ils sont en général très grêles, trèslongset le plus souvent fortement ondulés, condition qui est en rapport avec les mouvements d'ampliation et (le contraction du corps. Ils se partagent en deux ordres assez constants ; non loin des ganglions, se détachent de gros troncs se portant les uns dans le tissu commun, situé en dedans des couches musculaires dont il sera plus loin question; les autres, en traversant ces couches, se distribuent au tissu sous-cutaiié, et arrivent probablement à la peau ; mais la chose est difficile à voir par les dissections, les coupes, et le hasard feront seuls dé- couviir ces terminaisons. » Étudié sur un grand nombre d'individus, le système nerveux pré- sente des particularités qui méritent d'être signalées. » Les deux nerfs supérieurs sont gros et se terminent brusquement sous la peau tout près de l'oritice buccal. J'aurai à revenir sur cette terminaison. » Dans leur trajet, ils donnent des rameaux délicats assez nombreux qui coiH'ent dans le lissu sous-cutané de la fosse buccale. » Les nerfs, en s'éloignant du centre, présentent de loin en loin des ren- flements ganglionnaires très variables pour le volume et composés de une, deux ou trois cellules allongées dont le grand axe est placé parallèlement à leur direction. )) Une autre particularité bien remarquable est celle-ci : » Je crois n'avoir pas rencontré deux individus présentant une identité entière dans la composition des centres nerveux. » Voici quelques-unes des dispositions observées : tantôt il n'y avait (33) qu'un ganglion médian d'où partaient les deux gros nerfs buccaux et les deux principaux nerfs de l'extrémité caudale ; une autre fois, je n'ai ren- contré qu'une sorte de chaîne de trois ou quatre ganglions allongés et placés à la suite les uns des autres; un seul nerf se dirigeant vers la bouche, un autre vers la queue. Enfin, dans un cas, j'ai rencontré sept petits gan- glions disposés transversalement et unis non seulement par une commissure transverse, mais encore par des filets formant un réseau, ua véritable plexus » Dans tous les cas, quel que soit le nombre des ganglions, la situation du système nerveux prise dans son ensemble, par rapport au tube di- gestif et aux muscles, reste la même et les filets se distribuent en partie au milieu du corps, en partie aux couches sous-cutanées. » Enfin il n'est pas rare de ne trouver qu'un seul nerf buccal, et dans ce cas ce nerf est plus gros; j'ai vu les deux nerfs buccaux partir d'un même ganglion. » En somme, la position du système nerveux est constante, mais ses formes varient infiniment. » Je dois encore signaler ce fait : j'ai trouvé un cordon transversal partant des nerfs buccaux et les unissant en passant au-devant du tube digestif; était-ce un collier œsophagien ou une simple anastomose? » Le Phœniciinis offre une constitution [histologique fort intéressante qui fera l'objet d'un travail particulier. Je n'en dirai que peu de choses en ce moment. Son corps n'a pas de cavité générale; il est donc acœlomate; mais il est comblé par un tissu cellulaire fibrillaire offrant des noyaux nom- breux au milieu duquel, et soudés à lui, sont des organes divers et de grandes cellules ou vésicules souvent visibles à l'œil nu, pouvant acquérir des dimensions énormes. » Sons la peau, après une couche de ce tissu conjonctif, on rencontre de longues bandes musculaires régulièrement rapprochées et formant deux lames, l'une dorsale, l'autre abdominale, se rendant de l'extrémité buccale à l'extrémité caudale. Entre ces deux lames se trouve la partie centrale. Le corps est de la sorte partagé en trois zones, deux extérieures aux bandes musculaires et une intermédiaire. De plus, d'autres fibres également musculaires, transversales et externes à ces premières, appli- quées sur elles, les croisant à angle droit, forment un véritable treillis facile à découvrir, car il apparaît fort évident dès qu'on a ouvert le corps de l'animal et enlevé les téguments. » Sur les côtés, à droite comme à gauche, on trouve encore des paquets C. K., i8-5, ■>• Strmestre. (T. CI, N" I.) 5 ( 34 ) de fibres musculaires, allant d'une face à l'autre perpendiculairement à leur surface et qui concourent à limiter l'espace central. » C'est dans cet espace médian intermusculaire que se trouvent le tube digestif, le système nerveux central et une glande spéciale, seuls organes qu'il m'ait été donné d'observer. » Le tube digestif commence à l'orifice central de la fosse indiquée vers l'extrémité arrondie et descend jusqu'à la queue. Quelquefois, après la bouche, il présente une dilatation suivie d'un étranglement signalé par délie Chiaje, mais il ne convient guère d'attacher grande importance à cette disposition, qui varie avec l'état des individus. » Le tube, tantôt lisse, tantôt bossue, étroit ou dilaté, descend en s'effilant jusqu'au voisinage de la queue et, dans toute sa longueur comme dans tous les sens en avant, en arrière, sur les côtés, donne naissance à des rameaux, se ramifiant à l'infini, traversant les interstices musculaires et arrivant par leurs branches déliées jusqu'au voisinage des téguments. Ace point de vue le Pliœnicurus est un Dendrocèle très caractérisé. » Les parois du tube digestif, d'une délicatesse extrême, échappent faci- lement à l'observation, si on ne les remplit d'une matière colorée ou si on ne les soumet à l'action de quelque réactif qui en décèle la présence. Je n'ai pas trouvé d'anus. » Le dernier organe dont il m'ait été possible de constater l'existence est une glande très simple formée d'un tube terminé par un ou deux cœcums portant quelques très rares culs-de-sac latéraux. L'un d'eux, se dirigeant vers la face blanche du corps, mais n'arrivant pas jusqu'aux téguments, est constant et le plus considérable. » Cette glande est située du côté de la face marbrée et vient s'ouvrir dans l'orifice buccal même. Quelles sont r>es fonctions? C'est chose difficile à dire; il semble toutefois naturel de la considérer comme une glande sali- vaire. » J'ai prouvé que ce que délie Chiaje dans la Téthys avait considéré comme un appareil aquifère n'était autre que l'appareil veineux du Mol- lusque, s'ouvrant à l'extérieur, au sommet de la papille située au centre des fosses interbranchiales. Le Pliœnicurus, embrassant par sa bouche cette papille, peut donc à tout instant sucer le liquide sanguin de la Téthys dont il est le parasite dans l'acception la plus exacte du mot. )) D'après ce qui précède, il est maintenant facile de poser et d'orienter l'animal: plaçant le système nerveux en arrière, la face blanche correspond ( 35 ) évidemment au dos, et la face marbrée est antérieure; la bouche étant pla- cée en haut, toutes les positions sont faciles à caractériser et à indiquer. Il faut donc pour trouver le système nerveux ouvrir le Phœnicurus par le dos, enlever les tissus sous-cutanés, et c'est en avant des bandes musculaires qu'on découvre les ganglions; dès lors, on le voit, on trouve en allant d'arrière en avant le système nerveux, le tube digestif et la glande sali- vaire. » Le Phœnicurus me paraît être un Dendrocèle bien nettement caracté- risé par l'absence de chaîne ganglionnaire abdominale et par la disposition de son intestin arborescent. w Pourtixer d'une façon plus complète ses relations zoologiques, il serait utile d'avoir suivi son évolution. Of, au mois de mai, je n'ai pas pu décou- vrir les organes de la reproduction; une fois seulement j'ai trouvé un indi- vidu sur lequel les grandes cellules dont il a été question avaient pris des proportions énormes. La peau de l'animal étant déchirée, elles faisaient saillie à l'extérieur comme lies grappes. Je ne voudrais pas affirmer qu'elles représentaient des œufs; car toutes les questions relatives à la reproduc- tion restent à éclairer. » Il importe de le répéter, c'est dans le mois de mai que les observa- tions ont été faites et je n'ai pas, dans les animaux conservés, rencontré ces organes reproducteurs, si faciles à reconnaître chez les Turbellariées ou les Trématodes. » Le Phœnicurus ne représente-t-il qu'une période ou qu'un stade de son existence totale, est-il un être déformé ou dégradé par le parasitisme, son évolution s'accomplit-elie dans des stations différentes avec des formes variées? Ce sont là certainement des questions aussi curieuses qu'in- téressantes à résoudre. » J'ai eu le Phœnicure en abondance au laboratoire Arago. Mon bateau, à chacune des sorties qu'il faisait pour aller me chercher des Téthys, me l'apportait en grand nombre de toutes les tailles, libre ou fixé. » J'espère donc, dans une prochaine campagne, éclairer celte histoire encore fort obscure. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sui T homographie de deux corps solides; par M. Sylvester. « On sait que deux systèmes de points dans deux plans réunis dans un seul seront homologiques quand, en nommant x', f , z'; x, j, z les ( 36 ) coordonnées de deux points corrélatifs dans les deux systèmes, on a jc'= Ijc ■+- f{ax -h h)- -+- cz), y= \y + g{(ix + by 4- cz), z' =lz + h{ax 4- hy + cz), et l'on peut ajouter la remarque qu'en supposant que x, j, z soient pris tel- lement que ce -{-)■ + z devienne la ligne à l'infinité et que^, vj, Ç soient pris convenablement proportionnels aux dislances d'une ligne variable des angles du même triangle fondamental dont on se sert pour déterminer x, r, z, on aura en même temps entre les coordonnées inverses d'une ligne et celles de la ligne corrélative les équations •/?'= A-/3 + b{fx + gjr + hz), Ç'=\-Ç^c{fx-hgf+f'z), ou X + A + aj -+- bg + ch = I . » Ces équations équivalent à dire que, pour obtenir deux systèmes plans homologiques, il suffit de prendre un point O et une ligne droite L; alors, pour trouver le point correspondant à P, on mène la lignedroite PO coupant L en I, sur laquelle on trouve un point P' tel que le double rap- port — : -77 soit un nombre donné. Alors, en séparant les plans qui con- tiennent les deux systèmes de points P, P', et en les envisageant pour ainsi dire ex situ, on aura le cas le plus général de l'iiomographie; car, en regar- dant un des plans comme fixe et contenant des axes fixes de x, _/, z, on aura cinq constantes libres, c'est-à-dire deux pour fixer le point O, deux pour fixer la ligne L, et, en outre, la constante du rapport double. » En prenant le second plan dans une position arbitraire sur le premier, on obtient trois constantes de plus, qu'on peut nommer constantes kinétiques ou de déplacement; ainsi, on aura buit constantes arbitraires, c'est-à-dire le nombre de rapports entre les neuf constantes qui entrent dans l'expression la plus générale des trois fonctions linéaires de x, y, z. Conséquemment, on voit que deux systèmes plans de points homograpbiques ex situ peuvent être mis in situ d'une manière telle qu'ils deviendront homologiques ou, si l'on veut passer le mot, en perspective potentielle l'un envers l'autre. » On peut agir d'une manière pareille ou au moins analogue avec deux ( ^^7 ) systèmes homographiques dans l'espace. Pour cela il ne faut pas prendre in situ les équations de la forme x' = Ix -hj [ax -f- by + cz + dt), car alors la construction géométrique de la correspondance dépendra d'un point, d'un plan et d'un rapport anharmonique donné, ce qui fournira treize constantes, de sorte qu'avec six constantes kinétiques on n'en aura que treize, tandis qu'on doit en avoir 4' — i . de sorte que ce cas, qui est le cas de l'homologie, ordinairement ainsi nommé pour l'espace, ne cor- respond pas à riiomograplue universelle, niiiis à l'homographie assujettie à satisfaire à deux conditions, ce qui, de plus, est un fait bien connu. Mais prenons les équations œ'=lcc -t-/« -+-FU, y = \y -\- gu + GU, z'=>,^ +/iM + HU, t' = \t -j- ku + RU, ou u = ax + by -h cz- -\- dt, U = \x -+- Bj- + Cs -H T>t, et, de plus, /a-hgb + lie + M = FA + GB + HC -+- RD, /A +gB+ hC + k\)=Ya + Gb +Hc + R^= o; alors, en se servant de coordonnées inverses c, vi, Ç, - (les deux systèmes de coordonnées des x et des | étant assujettis à des conditions semblables à celles dont on a déjà fait mention pour le plan), on aura ç'= AH + rtf + Au, t' = At +dv + Diî, où V =jl+gr, + hÇ, -\- Rr, li = F? + Gri + H^: -t- Rt, et, en mettant/a -i- gè + //c H- M = ^ = FA -i- GB + HC -t- RD , 7^ + A 4-^ = o. » Ces deux systèmes d'équations font voir immédiatement que la ligne qui joint deux points correspondants quelconques x', j', z\ t.'; x,y, z, t et (38 ) aussi que la ligne dans laquelle se coupent deux pians correspondants quelconques ^'. ,' T, v' ; ';. r, Ç t rencontrera les deux lignes fixes, dont l'une est donnée par l'uitersection des deux plans « = o, U = o et l'autre comme la ligne qui passe par les deux points r — o, £2 = o. 1) La construction géométrique est donc tout aussi simple que pour le cas de deux systèmes plans homologiques, « On prend deux lignes (H, R) fixes dans l'espace; par un point va- riable P on mène la ligne droite qui rencontrera H et K (disons en h, k) HP HP' et sur cette ligne on prend un point P' tel que le double rapport ^» ^^ sera un nombre donné. « En regardant un des deux espaces ou corps soliiles, et en même temps les plans x,y\ z, t coiiime fixes, on aura, à cause de l'arbitraire des deux lignes droites, à cause de l'arbitraire du rapport anharmonique et à cause du déplacement, quand un des solides est mis ex situ, 6, c'est-à-dire i5, qui est le nombre des rapports des constantes dans quatre fonctions linéaires de quatre variables. » On a donc le théorème que deux espaces ou corps solides homogra- phiques peuvent être mis ensemble, d'une telle façon que la ligne droite qui réunit deux points correspondants, ou qui forme l'intersection de deux plans correspondants, coupera deux lignes droites, et de plus il est facile d'établir que ce rapport biaxial aura lieu au moins pour quatre disposi- tions relatives distinctes des deux corps. M La matrice qui lie ensemble les x', y', z', t' avec les x,j, z, t pos- sède la propriété assez remarquable que son déterminant sera égal à 1*(}^ -t- s)-, et chaque mineur premier contiendra )." -!- s\ comme facteur. » Le cas de l'homologie restreinte pour deux solides est représenté par les équations X' = \x + f[cix + hy -\- cz + ck). y' = Ky + g(na;-(- by + cz + dt], ^1 = \z + h{(ix-i- by + cz + dt), t' = lt -+- /e[ax-i- bj -\-cz +dt), sans aucune liaison entre les constantes; le déterminant de la matrice sera y[\ 4- s) et chaque déterminant mineur premier contiendra X. Il reste à examiner s'il est possible ou non de trouver des positions biaxiales pour deux solides qui satisfont aux deux conditions qui rendent possible la po- sition d'homologie ordinairement ainsi nommée. ( 39 ) » Chose fâcheuse, on ne peut faire l'extension de la nouvelle idée d'ho- mologie au delà de l'espace à trois dimensions si, par exemple, on prend comme fixe un point, une ligne et un plan dans l'espace à quatre dimen- sions. Par un point P, on peut mener une, et une seule ligne, qui rencon- trera le plan et la ligne donnés, et l'on peut déterminer le point P' comme auparavant, au moyen d'un rapport anharmonique donné. Mais comptons les constantes arbitraires. » La ligne et le plan donneront chacun 6 arbitraires. Ainsi, avec le rapport aidiarmonique, on aura i3; mais on a besoin de 24, et les con- stantes de déplacement n'en fournissent que 10; ainsi il y a défaut de géné- ralité et la construction supposée sera incapable de donner la liaison homo- graphique pour l'espace à quatre dimensions, à moins qu'une condition soit satisfaite par les rapports des vingt-cinq constantes dans les équations linéaires qui l'expriment. » En revanche, si l'on descend au-dessous du plan et qu'on considère l'homographie de deux lignes droites, la propriété homologique (ou de perspective potentielle) est indépendante de la position des deux lignes enti-e elles, de sorte qu'il y a pour ce cas une constante (la constante kinétiqne) en excès. » Il nous paraît vraiment remarquable que, sauf ces deux cas du plan et du solide, le problème de passer de l'homographie à l'homologie (ou à une condition de choses équivalentes) devient ou indéterminé ou, en gé- néral, impossible. » HYDRAULIQUE. — Expériences faites en Belgique et en Hollande, sur une ap- plication des grands tubes mobiles du système construit à récluse de l' Àubois. Nouvelles modifications de ce système. Note de M, A. de Calignt. « Le 28 mai dernier, j'ai visité, avec le Congrès international de navi- gation intérieure, l'écluse construite par les ingénieurs hollandais, objet de la Note que j'avais eu l'honneur de présenter à l'Académie des Sciences le 20 avril. On a fait en ma présence des expériences sur les grands tubes mobiles, qui y sont employés depuis plusieurs mois. J'ai pu constater que, si les sections transversales avaient été bouchées, comme elles le seraient par des surfaces cylindriques analogues à ce qu'avait proposé Gauthey, il y aurait eu des coups de bélier qu'on évite, en employant ainsi mon système. Ces tubes, toujours ouverts à leurs deux extrémités et s'éle- vant toujours au-dessus du niveau du bief d'amont, sont disposés sans (4o ) bourrelet intérieur ni extérieur, comme ceux que j'avais dessinés dans un Mémoire, présenté à l'Académie des Sciences en iSS^ et pour lequel elle m'a fait l'honneur de me décerner le prix de Mécanique en iSSq. Les sièges fixes sont des surfaces métalliques sans cuir ni caoutchouc. Il est vrai que la chute de l'écluse n'est pas grande et qu'on a un peu exagéré l'épaisseur des parois des tubes, qui sont d'ailleurs convenablement équi- librés par des moyens différents de ceux dont je me suis servi. » On vient d'exécuter le même système sur cinq écluses, en Belgique, au canal de Mons à la Louvière. Les chutes sont beaucoup plus grandes. D'après les dessins qui sont à l'Exposition d'Anvers, et dont un ingénieur belge a eu l'obligeance de me donner un calque, on se serait astreint à donner à ces tubes, sauf les dimensions, la forme de celui de l'appareil de mon invention, construit à l'écluse de l'Aubois, qui est appelé tube d'aval, et dont le dessin est dans le Cours de Navigation intérieure de M. de Lagrené (t. III, PL XF). Mais ce n'est pas ainsi que le travail a été exécuté sur ces cinq écluses, d'après les renseignements officiels qui viennent de m'être communiqués. Les joints alternatifs se font sans cuir ni caoutchouc, au moyen de surfaces coniques métalliques. » Afin d'éviter tout malentendu, je dois avertir que la disposition des tubes de l'appareil de l'Aubois a pour objet la marche automatique queje suis parvenu à réaliser sans bassin d'épargne, tandis que, dans ces circonstances, il ne s'agit que d'ouvrir et de fermer alternativement de très grands orifices, en évitant des coups de bélier et en facilitant la manœuvre. Dans ce cas, je conseille de mettre extérieurement aux tubes l'anneau inférieur à surface conique pour ceux servant à la vidange, et intérieurement pour ceux qui servent au remplissage, afin d'éviter d'avoir à vaincre une pression de l'eau de haut en bas sur ces anneaux, qui est ainsi supprimée. » On se préoccupe beaucoup en ce moment des moyens de remplir et de vider de grandes écluses de navigation le plus vite possible, sans compro- mettre la tranquillité des bateaux, lésas étant convenablement approfondi. Pour y parvenir, on dispose d'une manière intéressante les orifices d'in- troduction et de sortie. On les fait déboucher le plus bas possible sous les bateaux et, pour avoir des sections convenables, on donne une assez grande largeur à la partie de l'aqueduc qui introduit l'eau dans le sas. On fait d'ailleurs varier le plus graduellement possible les formes des sections, pour éviter les pertes de force vive résultant des variations de ces formes. C'est par plusieurs orifices qu'on introduit l'eau ou qu'on la fait sortir. » Il peut sembler au premier aperçu que mon système d'épargne ne ( 4. serai! poii)t applicable de manière à utiliser convenablement la force vive, en employant ainsi un certain nombre d'orifices, parce que, pour un pre- mier appareil de grandes dimensions, l'aqueduc ou tuyau de conduite dé- bouche dans l'enclave des portes d'aval à l'écluse de l'Aubois ayant la profondeur des anciennes écluses au-dessous des bateaux. Mais il n'en est point ainsi. Un tuyau de conduite ou aqueduc, débouchant par une extrémité dans un réservoir en communication avec le bief d'amont, aurait (l'abord une longueur assez grande jusque vers le milieu de celle de l'écluse. » Or, sur la Pi. VI, t. II de mon Ouvrage intitulé : Recherches théo- riques el expérimentales sur les oscillations de l'eau et les machines hydrauliques à colonnes liquides oscillantes, ]a\ aïoniré comment les choses pouvaient être disposées pour fiire arriver l'eau par cet aqueduc aux deux extrémités du sas. On peut évidemment, au lieu de se contenter d'une simple bifurcation, poser à une de ses extrémités plusieurs tuyaux divergents de sections moindres, pour faire arriver i'e.ui par divers orifices. Mais il y a à ce sujet une remarque intéressante à faire : les tuyaux qui amèneront l'eau aux deux extrémités de l'écluse auront des longueurs développées plus grandes que les autres. Il résultera donc de l'inertie de l'eau que, si leurs seclions ne différaietit pas de celles des tuyaux intermédi:iires, ds débiteraient moins d'eau à chaque période. Ainsi, en général, ils devront avoir des sections plus grandes que celles des tuyaux qui seront compris entre les deux ex- trémités du sas. Quant au premier tuyau de conduite précité, ses sections devront évidemment être les plus grandes. » Je remarquerai à cvtte occasion que, même à l'écluse de l'Aubois, cer- taines dispositions sont aujourd'hui très différentes de ce qu'elles étaient à l'époque où l'appareil qui y est construit a été décrit en 1873, dans l'Ou- vrage précité de M. de Lagrené, et a été mis par le Ministère des Travaux publics à l'Exposition universelle de Vienne, où une médaille de progrès m'a été décernée. Elles sont même très différentes de ce qu'elles étaient en 1880, quand les annales des Ponts et Chaussées ont publié un long extrait des études sur ce système, par M. Vallès, inspecteur général des Ponts et Chaussées. A cette époque, la marche automatique n'était pas encore ob- tenue, et l'on n'avait pas essayé, comme ou l'a fait cette année avec succès, des tiges verticales assez fortes avec glissières, pour empêcher le mouve- ment de va-et-vient des bateaux. » Ce dernier détail n'a plus aujourd'hui autant d'importance, d'après ce que je viens de dire sur la manière dont on peut modifier l'introduction <-'. R., r885, 2» Semeslre. (T. CI, ^° I.) 6 ( 42 ) allernalive de l'eau, tn aiigmeiilaiit il est vrai la dépense de premier éta- blissement. Il est d'ailleurs évident que, si l'on se contentait de trois ou- vertures dans un bajoyer, la modification serait très simple ('). » SPECTROSCOPIE. — 5/jecire de l' ammoniaque par renversementdu courant induit. Note de M. Lecoq de Boisbacdran. « Quand on fait jaillir l'étincelle d'induction sur une solution aqueuse d'ammoniaque, en rendant le liquide positif, il se forme dans l'espace interpolaire lUie nappe globuleuse ou cupuliforme jaune, se rétrécissant vers le bas, tout en auginentant d'éclat, et se terminant en pointe très près du liquide. Autour de cette pointe et appliqué contre la surface extérieure du liquide, se développe un petit disque verdâlre, très mince, à bords assez nets, La lumière de ce disque donne au spectroscope une belle bande verte. » La nappe jaune fournit aussi un spectre (d'ordre très différent de celui du disque verdâlre) qui paraît être identique avec un de ceux dé- crits par Dibbits et A. Mitscherlich (') et obtenus au moyen d'une flamme (M D'après des expériences faites sur un modèle en 1884, il y a lieu d'espérer qu'on pourra dirainuer la dépense relative au tude dit d'amont. On a obtenu la marche automa- tique pendant le remplissage, en substituant à ce tube une soupape ordinaire analogue à la soupape d'introduction d'un bélier aspirateur. Une plus petite, dont l'axe est ])rès de son centre de figure, est tiès facile à lever une première fois. L'eau du tuyau de conduite, résistant par son inertie, permet à celle du bief d'amont entrant par un petit orifice de rem- plir à une hauteur assez notable le tube d'aval. La grande soupape, étant alors pressée par- dessous, se soulève au moyen d'un balancier à contrepoids, et bientôt l'eau coule vers l'é- cluse, lia grande soupape se baisse en temps utile, comme celle d'un bélier aspirateur. Le tube d'aval se lève de lui-même et redescend de lui-même comme à l'écluse de l'Aubois. I se produit ensuite une oscillation en retour, qui soulève dans le tube d'aval un petit flot- teur, lequel au moyen d'un balancier rouvre la petite soupape précitée et le jeu recommence jusqu'à ce que la grande soupape d'introduction de l'eau d'amont reste ouverte pour ache- ver le remplissage du sas par un mouvement continu, comme cela doit être. Quand même, pour de grandes dimensions, il y aurait quelque inconvénient à cette dis- position, il serait intéressant d'en signaler le principe, qui permet de manoeuvrer une grande soupape ordinaire aussi facilement qu'un tube mobile. Les nouveaux freins hydrauliques essayés avec succès à l'écluse de l'Aubois permettent d'ailleurs d'amortir facilement les per- cussions qui |)arais!!ent être la seule chose à craindre pour l'emploi de cette idée nouvelle. En rap])li(niant, on diminuerait la durée des oscillations en retour et diverses causes de perte de force vive. (') A. MiTSCBf.viLicu, Phiiosophical Magazine, XXVIII, 160. ( 43 ) chargée d'ammoniaque. Ce spectre se compose d'un assez e[rand nombre de Fig. I. A. Nappe jaune interpolaire. li. Petit dis(ïue verdA'ie. C. Tiil)c! enlit-ri'nii'iil piiiin il ainniuniat|iie ai|ueuse. raies nébuleuses dont quelques-unes, très voisines, se fondent en petites bandes nébuleuses. Les principales raies ou bandes sont seules décrites ici. Spectre de la nappe jaune interpolaire (' ). Micromètre. 88,9. 89,6. 63?., '}. Raie nébuleuse, mais pas large. 629,3. Raie nébuleuse, mais pas large. Bien marquée. Plus forte que 88,9 Se lie à la précédenle, avec laquelle elle forme une petite bande nébuleuse quand la fente est plus ouverte. 02,3. 618,0. Raie nébuleuse, mais pas large. Un peu plus faible que 89,6. 95,6. 604,5. Raie très peu large, mais nébuleuse. Très bien marquée ou assez forte. 96,6. 600,8. Raie très nébuleuse et assez grosse. Bien marquée, mais notablement plus faible que 95,6, avec la- quelle elle se lie. 9'j,9. 596,4- Raifi '""es nébuleuse. Légèrement plus faible que 96, 6. io5,8. SnOja. Raie très peu large, mais nébuleuse. Assez forte. Vers ii'5,8. 547, o. Commencement très indécis d'une bande un peu dégradée de droite à gauche, très facilement visible à cause de sa largeur et paraissant formée de plusieurs raies nébuleuses. II 5,0 environ. Milieu de la bande. 116,2 environ. 54o,6. Fin, nébuleuse, mais moins vague que le commen- cement. (') Les mesures actuelles ne sont pas absolument définitives, mais leurs inexactitudes ne peuvent être qu'assez peu importantes. Les intensités relatives des raies se rapportent à uns- fente assez large. ( k\ ) Micromètre. X- £122,5. 525,2. Milieu apparent d'une petite bande très nébuleuse, large d'au moins i div. du micromètre. Un peu plus faible que ô 1 i5, o. io5,'j environ. io6, 5. .07,8. 108, 9 environ. Spectre du petit disque contigu au liquide. Commencement nébuleux de la bande. 568,1. Milieu du maximum de lumière d'une raie nébuleuse, large de i à f de division. Liée à la suivante jiar une lumière nébuleuse. Très bien marquée. 564,3. Milieu du maximum de lumière d'une raie très nébuleuse, large de | à ^ de division. Plus nébuleuse que 106, 5, mais un peu plus brillante. Fin de la bande. Plus nébuleuse que le commencement. » Nola. — Ce speclre se voit ainsi avec mie fente d'une ouverture rela- livemeiil moiléi'ée ; quand celle-ci e>^\ plus large, les raies 106, 5 et 107,8 se confondent en une bande assez brillante ayant sdu bord gauche un peu plus net que le droit et son milieu placé à environ 107,8 ou 107,4- Fig, 2. ISO » La bande 107,3 puraît bien correspondre à une des trois bandes indi- quées dans l'ini des dessins de A. Mitscherlich; sa formation n'est pas due à un effet de phosphorescence proprement dite, mais à l'illinnination de la vapeur , ■'ammoniaque traversée par la portion positive de ladécliarge qui s'étale sur le liquide. Avec l'air et luie solution inactive, on obtient un disque analogue fournissant le spectre primaire de l'azote. >i Le même spectre de la bande verte 107,3 prend naiss.ince quand on fait éclater l'étincelle d'induciion dans la vapeur d'ammoniaque, entre deux fils de platine ; le flux électiique est jaune, mais dilfére spectralement de la nappe obtenue à l'air libre, au-dessus d'une solution aqueuse d'am- moniaque, en ce que cette nappe ne donne pas la bande 107,3 et montre assez brillamment les autres raies décrites ci-dessus. ( /.s ) « Avec le gaz humide dégagé par l'ébullition de l'ammoniaque aqueuse, la bande 107,3 est d'autant plus intense qu'on vise un point plus rap- proché du pôle positif, et les autres raies se voient très bien, surtout à une certaine distance du fil de platine positif. » Dans la vapeur d'ammoniaque presque complètement pure et sèche, la bande 107,3 se renforce toujours en. allant vers le pôle positif, mais les raies de l'autre spectre sont totalement éteintes, sauf la bande p 95, 6-96,6, dont j'ai toujours aperçu une trace 1res faible. Si l'on introduit quelques bulles d'air sec dans le courant d'ammoniaque gazeuse qui passe entre les électrodes de platine, on voit aussitôt apparaître le spectre des nombreuses raies. C'est donc la présence de l'oxygène qui parait déterminer la produc- tion de ce spectre. » La bande 107,3 ne se produit pas sur les solutions des sels ammo- niacaux exempts de AzH' libre; des solutions aqueuses de triméthylamine et de triéthylamine ne me l'ont pas donnée. Avec ces deux derniers com- posés, il se forme sur le liquide un disque bleuâtre dont le spectre est celui du carbone (flamme bleue du gaz d'éclairage). » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Application à l' inoculation préventive du sang de rate, ou fièvre splénique, de la inélliode d'atténuation des virus par l'oxygène comprimé. Note de M. A. Chauvead. « Depuis ma Communication sur l'influence atténuante qu'exerce l'oxy- gène comprimé sur les cultures virulentes (voir Comptes rendus, 1884), je n'ai jamais cessé de m'occuper de ce sujet, soit au point de vue de la véri- fication des faits scientifiques mis en lumière par mon premier travail, soit au point de vue de l'utilisation de ces faits dans la pratique des inocula- tions préventives. Ce sont les résultats de cette dernière étude que je vais communiquer tout d'abord. » Elle a porté sur plusieurs virus; mais il ne sera question ici que du sang de rate, o\.i fièvre splénique, o\.\ fièvre charbonneuse . » J'ai employé tantôt des CLdtures directement atténuées sous pres- sion d'air ou d'oxygène, tantôt des familles de virus dans lesquelles l'atténuation primitivement obtenue, par ce moyen, au degré voulu, se trouve suffisamment fixée pour se transmettre indéfiniment dans les cul- tures à l'air libre. Toutes ces cultures possèdent, dans une mesure va- riable suivant les conditions de la préparation, mais toujours si;i(isante, ( 46) les propriétés qui les rendent éminemment propres aux inoculations pré- ventives. )) 1° Une seule inoculation confère une solide immunité; )) 2° Malgré cette activité du virus, il est au moins aussi inoffensif que celui qui est préparé par les autres méthodes ; » 3° Les cultures gardent leurs propriétés plusieurs mois, sans qu'il soit nécessaire de prendre aucune précaution pour assurer leur conservation. >i Chacun de ces points va faire l'objet d'une démonstration spéciale. » Premier point : // su/ fit d'inociibr une seule fois les animaux pour les préserver d'une manière efficace, soit contre les inoculations expérimentales avec du virus fort, soit contre les effets de la contac/ion spontanée. » Voici les faits qui le démontrent : » Il a été fait, dans mon laboratoire de l'École vétérinaire, plus de cent inoculations dites vaccinales, depuis l'année dernière : quelques-unes sur des chevaux, plusieurs sur des animaux de l'espèce bovine, le plus grand nombre sur des moutons. Soixante-dix-sept de ces animaux ont été soumis ensuite à une inoculation d'épreuve avec du virus fort, inoculé en même temps à quelques moutons témoins. Ces derniers, au nombre de onze, ont succombé tous, à l'exception d'un seul. Quant aux sujets inoculés préven- tivement, il n'y eut, parmi eux, qu'une seule perte, après l'inoculation d'épreuve : deux chevaux, deux veaux et soixante-douze moutons y résis- tèrent parfaitement. L'unique mouton qui mourut du sang de rate, après cette inoculation d'épreuve, appartenait à une série consacrée à l'étude d'une culture vaccinale où l'atténuation avait été poussée fort loin. » Voyons maintenant les faits prouvant que les animaux inoculés pré- ventivement résistent aussi bien à la contagion spontanée. » Plusieurs troupeaux de bœufs ou vaches, sous le coup d'une explo- sion de sang de rate, ont été inoculés, en Suisse, par les soins du Directeur et des professeurs de l'École de Berne, en application de la nouvelle législation sanitaire. Dans tous ces troupeaux, la maladie a cessé d'exercer ses ravages après l'inoculation. « Un grand troupeau de moutons inoculés, en Provence, par M. Ar- naud, vétérinaire à Arles, perdait auparavant, chaque semaine, de quatre à six têtes. Huit jours après la vaccination, cette mortalité cessait comme par enchantement, et quand, un mois plus tard, le troupeau parlait pour la transhumance, il n'avait éprouvé aucune nouvelle perte. » Ce sont là, il est vrai, des preuves de deuxième ordre, car rien ne démontre que la mortalité n'eût pas cessé spontanément dans ces trou- ( A7 ) peaux, en l'absence de toute inoculation préventive. Mais, rapprochées de la preuve expérimentale, ces preuves cliniques deviennent singulièrement démonstratives et apportent à la signification de celles-ci un appoint de grande valeur. » Deuxième point : Les cultures atténuées par l'action de l'oxygène com- primé sont aussi inoffensives que les cultures très atténuées obtenues avec les autres méthodes et constituant ce que l'on appelle le premier vaccin charbonneux. Pour en donner la preuve, il faut établir des dislinctions entre les diverses espèces animales soumises aux inoculations et entre les divers degrés d'atténuation qui sont communiqués aux cultures employées pour ces ino- culations. » De tous les animaux capables de servir de réactif de l'activité du virus charbonneux, c'est le cobaye qui est le plus sensible. On obtient cepen- dant très facilement, par les autres méthodes, des virus assez faibles pour ne jamais faire mourir les sujets adultes. Il est beaucoup plus difficile d'arriver à ce résultat avec l'oxygène comprimé. Pour réaliser ce degré d'atténuation, il est nécessaire d'élever la pression aux dernières limites compatibles avec la conservation d'un certain degré d'aptitude prolifique, et de pousser jusqu'à la quatrième génération les cultures faites dans ces conditions; encore le résultat est-il aléatoire. )) Mais ce n'est pas ce résultat qui importe. En effet, l'atténuation du virus utilisable pour les inoculations préventives ne doit pas être poussée au point de les rendre absolument inoffensives pour le cobaye, [.'influence préservatrice de l'inoculation est surtout marquée quand cette inoculation a été effectuée avec un virus qui réussit presque toujours à tuer le cobaye, à la dose de un quart de goutte injecté sous la peau. » Ce qu'il faut établir, c'est que ce virus, qui procure l'immunité au cheval, au bœuf, au mouton, et qui tue généralement le cobaye, n'est pas l'occasion d'accidents sur les sujets que l'inoculation veut préserver. » Rappelons que c'est à l'oreille que les inoculations sont faites sur le cheval et le bœuf; chez le mouton, c'est à l'oreille ou à la cuisse mdilfé- remnient, plus souvent dans celte dernière région. » Rappelons encore que la quantité de virus inoculé est de i goutte sur le mouton, i ou 2 gouttes sur le cheval ou le bœuf. » C'est du virus directement atténué par culture sous pression, à la troi- sième génération, qui a été inoculé aux animaux des espèces chevaline et bovine, au nombre de plusieurs centaines. Les inoculations ne furent sui- (48 ) vies d'aucuii accident, sauf la petite tuméfaction et la fièvre passagère qui accompagnent toujouis l'opération. Pour être tout à fait exact, je dois dire que, dans l'une des premières séries form;int un lot de cinquante à soixante bêtes bovines, l'inoculation fut suivie d'un cas de mort; on l'attribua, sans hésitation, à la maladie naturelle dont l'existence dans le troupeau avait nécessité l'intervention du vaccinateur; mais comme l'autopsie ne fut pas faite avec tout le soin désirable, ce lait reste pour moi nn cas suspect, •• Le virus employé sur le mouton provenait, dans l'immense majorité des cas, de cultuies plus atténuées, propagées à l'air libre, jusqu'à la troi- sième, la cinquième, la septième génération. Pour donner une idée de la bénignité de ce virus, je me bornerai à citer l'exemple du troupeaud'Arles, dont j'ai déjà parlé. Ce troupeau se composait de 1800 têtes. Or, dans les buitjours qui suivirent l'inocnlatioii, il n'y eut que huit morts en tout. Si l'on veut bien tenir compte de la mortalité naturelle, qui emportait de quatre à six bètes par semaine et quia, bien entendu, continué ses ravages pendant cette période, on reconnaîtra que les pertes causées par l'inoculation préventive ont été absolument insignifiantes. » Troisième point : Les cultures les plus atlénuées sont encore actives et uti- lisables très lofigtemps après qu elles ont été préparées. Ainsi, j'ai conservé pendant treize mois des cultures directement préparées dans l'air com- primé; elles avaient encore à peu près la même activité qu'au moment de leur préparation, c'est-à-dire qu'elles tuaient infailliblement le cobaye adulte, en quarante-huit heures environ, et communiquaient une forte im- munité au cheval, au bœuf, au mouton. )) Les cmtures très atténuées, qui se propagent à l'air libre en conservant leur grande atténuation, ne paraissent pas aptes à une conservation d'aussi longue durée. Cependant, la plus faible d'entre ces cultures possède encore tonte son activité au bout de trois mois, tant sous le rapport prolifique qu'au point de vue des effets ()hysiologiques |)roduiis par l'inocidation sur l'organisme des animaux, j'estime tju'au bout de six mois la plupart des cultures dont l'atténuation est amenée au degré propre à les faire em- ployer couramment pour la préservation du mouton sont encore assez actives pour être utilisées. J'en ai envoyé à l'Iubtitut agricole du Chili. Elles ne sont arrivées que fort tard, après mille traverses, le navire qui les portait ayant fait naufrage. Au dernier moment, j'a|)piends qu'elles se sont montré, s parfaitement aptes à tuer le cobaye. » De toiU ce qui précède, il résulte que les cultures charbonneuses (49) dont l'atténuation a été déterminée par l'intervention de l'oxygène com- primé jouissent, au plus haut degré, des avantages qui les rendent propres à concourir à la pratique des inoculations préventives. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de feu M. Dupuy de Lame. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 54, M. Cloué obtient. . . . . 19 suffrages. M. Grandidier » ... . 18 M. de Bussy » ... . i5 M. Hait » . . . ' ! 1 _ • _ 2 » îi' ^1 1 j__ Aucun candidat n'ayant réuni la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un second tour de scrutin. Au second tour de scrutin, le nombre des votants étant 55, M. Grandidier obtient. ... 24 suffrages. M. Cloué » .... 19 » M. de Bussy » .... 12 » Aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un scrutin de ballottage. Le nombre des votants étant 54, M. Grandidier obtient 87 suffrages. M. Cloué » 17 » M. Grandidier, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu- blique. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Instrcction purlique invite l'Acarlémie à lui dési- gner deux candidats pour la chaire de Mécanique analytique et de Méca- C. R., i885, 2» Semestre. (T.Xl, N» 1.) 7 ( 5o ) nique céleste devenue vacante au Collège de France par suite du décès de M. S en et. (Renvoi aux Sections d'Asli'onomie, de Géométrie et de Mécanique. ) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Remarquables protubérances solaires diamélrale- tnent opposées. Note de M. E.-L. Tuocvelot. « On sait que les protubérances solaires qui s'élèvent à 3' ou 4' de hauteur au-dessus de la photosphère sont déjà très peu communes, et que celles qui dépassent cette hauteur ne s'observent que fort rarement et de loin en loin après des années d'intervalle. Aussi sont-elles pour cela même des objets très intéressants qui méritent d'être signalés. » Le 26 juin i885, à l'^aS™, temps moyen de Paris, j'observai une de ces protubérances remarquables qui était située à 5g°,surle limbe oriental du Soleil. Sa partie inférieure, qui était mince, peu brillante et unique- ment composée de fines lanières de feu, était fortement inclinée à la sur- face solaire, et penchait vers son pôle nord. A 3' de hauteur, cette mince colonne s'épanouissait subitement et devenait brillante et fort compliquée, envoyant des branches entrelacées de toutes les façons, qui, en certains endroits, occupaient 25° à 3o° de la circonférence. La hauteur mesurée de cet objet était de 10', 5, ou environ un tiers de diamètre solaire, mais il n'est pas douteux qu'il était encore plus élevé, car sa partie supérieure, qui était peu lumineuse, s'effaçait graduellement et devenait invisible, non parce qu'elle se terminait là où l'œil cessait de la distinguer, mais bien parce qu'elle était trop sombre pour être reconnue plus loin. » L'activité de cette protubérance était évidemment décroissante, car son éclat diminuait si rapidement que, quinze minutes après cette première observation, on n'en voyait plus que quelques parties qui étaient restées lumineuses, et qui paraissaient isolées dans l'espace et comme suspendues au-dessus du Soleil, à des hauteurs qui variaient entre 5' et 9'. Dix minutes plus tard, on n'en distinguait plus aucune trace. Bien qu'elle fût alors invi- sible, il est évident, d'après la manière dont elle disparut, que cette pro- tubérance existait encore sous une forme plus ou moins modifiée seule- ment; ayant perdu une grande partie de sa lumière, elle était trop sombre pour pouvoir être distinguée. )) Sur le bord occidental du Soleil, à aSg", c'est-à-dire en un point dia- métralement opposé au premier, on voyait une autre protubérance gigan- ( 5i ) tesque dont la hauteur était à peu près égale à celle de la première. Son aspect était arboriforme, et de sa base, qui ressemblait à la racine d'un Pandanus, s'élevait une colonne légèrement ondulée de 5' de hauteur, per- pendiculaire à la surface, et se ramifiant en branches nombreuses qui di- minuaient d'éclat à mesure qu'elles s'élevaient, s'elt'açant, et pour la plu- part devenant invisibles avant que l'on eût reconnn leur sommet. » Cette flamme était beaucoup plus active que sa compagne del'antipode, et variait sans cesse d'éclat et de forme. Parfois elle devenait éblouissante, et alors elle déplaçait profondément les raies de l'hydrogène. Comme sa compagne du limbe est, elle appartenait évidemment au type éruptif seu- lement; tandis que celle-ci était en pleine activité éruptive, celle de la pre- mière commençait à décroître. Bien que ne correspondant pas exactement sur le limbe avec des taches solaires, elle était cependant en rapport avec elles, car elle s'élevait dans le voisinage d'un groupe de taches assez impor- tant qui était alors situé sur le limbe. La protubérance du limbe oriental ne correspondait probablement avec aucune tache, car la première fois que je pus observer le Soleil, le surlendemain, 28 juin, je n'en découvris aucune ; seulement, je constatai l'existence d'un groupe important de facules qui oc- cupait l'endroit où j'avais observé cette protubérance. » Bien que la hauteur de 460000'*™, à laquelle s'élevaient ces protu- bérances, soit quelque chose de colossal, cependant ce n'est pas tant cette hauteur qui en fait des objets remarquables, car on a déjà observé des protubérances solitaires qui étaient encore plus élevées que celles-ci. C'est surtout parce qu'elles étaient deux et qu'elles se sont montrées simulta- nément sur des points diamétralement opposés du Soleil qu'elles acquièrent une réelle importance, car elles semblent indiquer qu'une relation existait entre elles. En effet, étant connue l'extrême rareté des protubérances qui atteignent d'aussi grandes hauteurs, il paraît infiniment peu probable que la rencontre simultanée de deux objets aussi peu communs, sur des points diamétralement opposés, soit fortuite, ou due à une simple coïncidence. Il est plus vraisemblable de penser qu'il existait entre elles une relation soit directe, soit indirecte, et qu'elles obéissaient à une même cause. » On savait déjà que les grandes protubérances se montrent assez fré- quemment aux extrémités d'un même diamètre, et l'on soupçonnait même qu'il existait entre elles une relation; mais, comme ces objets occupent souvent une étendue en longitude assez considérable sur le Soleil, il devenait difficile de reconnaître si leur rencontre en des points diamétralement opposés étaient de simples coïncidences, ou bien si elles étaient en relation (52 ) et obéissaient à une même cause. L'observation du 26 juin semble être en faveur de la dernière supposition. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques foriniites de la théorie des courbes gauches. Note de M. Pu. Gilbert, présentée par M. Jordan. « M. Léon Lecornu a donné, au Compte rendu de la séance du 11 mai dernier, pour la dislance i d'un point M' d'une courbe gauche à la sphère osculatrice au point voisin M, l'expression th' /R'T' R" I \ et diverses autres qu'il a déduites de celle-là. Peut-être est-il à propos de rappeler que M. Ruchonnet, de Lausanne, a donné (le premier, je pense) une expression équivalente à celle-ci _ fis'- ch\ , , ^ '~ 24pRT ^ ^' OÙ dSt est l'élément de l'arête de rebroussement de la surface polaire, et que, dans le même Recueil, après avoir rectifié une erreur que j'avais com- mise, j'ai donné la formule équivalente _ RV/.f' 24pRT» comme conséquence des formules générales que je possède depuis long- temps. Ces formules conduisent, par exemple, à l'expression suivante de la différence entre un arc infiniment petit MM' et sa projection sur le plan osculateur 40 R-r' elle est donc du cinquième ordre. » (*) Nouvelles Annales de Mathématiques, i' série, t. IX, p. 457- (2) Ibùl.,, t. XII, p. 13?.. (53) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Recherches sur les groupes cC ordre fini contenus dans le groupe cubique Cremona. Note de M. L. Autonne, présentée par M. Jordan. « Dans une précédente Communication (20 octobre 1884), nous avons défini le groupe cubique Cremona. Soit S = I S( fi(-i. Zo, Z3) |, /= 1,2,3 une substitution cubique d'un pareil groupe. Les diverses cubiques du réseau \ MjÇ, = o, iii = const. arbitraire auront \\n point double commun fixe u et quatre points d'intersection fixes. Si le point w est le même pour toutes les substitutions cubiques du groupe, le groupe sera dit àe première catégorie. Il sera de seconde catégorie si le pointu varie d'une substitution à une autre. Je ne m'occuperai au- jourd'hui que de la première catégorie. )) Théorème. — Tout groupe cubique G d'ordre fini est isomorphe à un groupe linéaire T d'ordre fini, à deux variables. A la substitution unité de T cor- respond dans G un sous-groupe g, dit normal, qui a une des sept formes sui- vantes : » I. Le groupe g se réduit à la substitution unité; il y a holoédrie entre G et T. » IL Le groupe g se compose des deux substitutions dérivées de » III. Le groupe g se compose des deux substitutions dérivées de Z, Z, {pZ3 + Z,Zo) t-2 Z2 (/JZ3 + Z.Zo) ^3 — 2.22(^3 +P) oiipetV sont des formes linéaires binaires enz,, z,, dont les coefficients dépendent de ceux de T. » IV. Le groupe g se compose des quatre substitutions dérivées de A = z, z, z., 2 2 3 Z3 Z , Zo B ^2(^3 ^2 / «,— A- = AB = BA. B~i, ( 54) » V. Le groupe g se compose des quatre substitutions qui dérivent de A = z, S, Z.| Z.2 z,z. ^•3 z,z. B = "1 z. z, (/?; {pz z„[z A-=i, B='=i, AB = BA; p etV sont des /onctions linéaires en z,, Za, dont les coefficients dépendent de ceux de T. » VI. Le groupe g se compose des quatre substitutions qui dérivent de z, z, (/;=., + P = ,; B= z., ' Z2{pz^ -h Ps,' Z3 —z,{Vz., + pz._] p etV étant définis comme au groupe précédent. » VII. Le groupe g se compose des quatre substitutions dérivées de Z2Z3 Z, Z., A- = i, B2=i, AB = BA, Z, {gzs-h SiSo) Zj Zj (/JZj + ZjZa) , B := Z, ~Z|Zo(Z3 + P) A='=i, B*=i, AB=:BA; p, P, q, Q so?r< définis, comme au type V, avec l'identité 2z,z., =/>Q 4- qV. » Voici maintenant la correspondance qui existe entre la nature de g et celle de r : » Si g appartient au type III, V, VII, II, IV, VI, le groupe à deux varia- bles linéaire T est tétraédrique ou octaédrique, dérivé de c et de t : R,z, a = z 2 11 2 z .> ».| Zj z.-, z, R; I . » Si g est du type IV ou VI, m = 3. » Les groupes cubiques d'ordre fini sont assez nombreux (une tren- taine). Je ne donnerai que ceux qui résultent de la combinaison d'un groupe normal avec un groupe linéaire G' à trois variables. Voici le ta- bleau des groupes les plus généraux de cette espèce, le système des coor- données étant convenablement choisi pour chacun d'eux. )) Le type I ne fournit qu'un groupe linéaire et G se confond avec G'; les types II et IV fournissent des groupes quadratiques déjà étudiés dans une précédente Communication (3 mars 1884). » Le type III fournit les deux groupes suivants : le premier (six substi- ( 55) tutions) dérive de Z, s, [Z, Zy-h Z.,) Z, Zn{z,Z.f -r- Z',) A = -— ^.-,[!Zt*i't ez, e-z.-. Z; le second (huit substitutions) dérive de ,, ^,i^,^3 <) "•2\'^t ^-J S = z., iz^ ':\ ■■3 , £■'+1=0. » Le type V fournit Je groupe suivant (huit substitutions) dérivé de A = 2, ZfZg Z-i Z|Z2 B = ''\Z.y = .(^. z.,z,-hz,z„) z. z.. z,z,-^-z,z,) , i = ^2 z, :, + z,-hz,) ^3 Z3 » Le type VI fournit le groupe suivant (vingt-quatre substitutions) dé- rivé de •7 Z| Zj Z^ z,[z,z., + z\) z, 6z, Z, Z-i Z^ ^3 , B = Z., Z^\Z^ S3 + Z') , s = 2-2 r-z. , t = ^2 ^■.\ •-'1^2 Zi — z^yz^z.^ + Zj) Z-i -3 •^3 » Le type VII fournit le groupe suivant (vingt-quatre substitutions) dé- rivé de -I (-1^3 ■+■ ^2^3 + z; -+- Z' — :;, Zo) ''■l{Z^Z^-\- S2^3+ ^1 + -^'i ~ ZiZ^) {z]Z3-i- zU; — Z,Z.,Z3 —2Zl—2zl] A = *■ o ^ .1 S — ^1 ôz, -1 Zi Zj e^% , t = z. Zi ^3 ■^3 ^3 Z3 , e»=i. » Pour achever la théorie des groupes cubiques, il reste à étudier les groupes de la seconde catégorie et à examiner le cas où plusieurs points d'intersection fixes du réseau \u,(pi=0 (2 = 1,2,3), indiqué ci-dessus, se rapprochent infiniment. Ce sera, si l'Académie veut bien le permettre, l'objet d'une prochaine Communication. » ( 56) CHIMIE. — Sur les propriélés réductrices du pyrogallol : actio}i sur les sels de fer et de cuivre. Note de MM. P. Cazeneuve et G. Linossier. « Le pyrogallol en présence des sels ferreux développe une coloration bleu-indigo foncé, et, en présence des sels ferriques, une coloration rouge- brun; tel est le fait que constatent, sans l'expliquer davantage, la plupart des Traités de Chimie. » Dans deux Notes présentées à l'Académie des Sciences {*), M. Jacque- min a analysé ces réactions et est arrivé aux conclusions suivantes : » La couleur bleue ne se développe pas quand on met en présence, à l'abri de l'air, du pyrogallol et un sel ferreux. Elle se produit au contraire quand le sel ferreux renferme une trace de sel ferrique ou quand l'air intervient pour transformer le ferrosum en ferricum. La combinaison bleue est donc essentiellement le produit de la réaction du pyrogallol sur les sels Jerriques, une combinaison pyrog allô ferrique. » En présence d'un excès du sel ferrique, cette couleur bleue vire au rouge-brun, si l'acide du sel est minéral ; elle reste au contraire inaltérée, si l'acide est organique. Pour expliquer ce fait, M. Jacquemin propose plusieurs hypothèses, dont aucune ne nous paraît satisfaisante. » Amenés à reprendre cette étude, nous donnons de la formation de la belle matière colorante bleue une tout autre interprétation fondée sur les expériences suivantes (ces expériences ont été effectuées sur des solutions étendues, de manière à mieux apprécier les phénomènes de coloration.) » l. Pyrogallolet sels ferreux. — Une solution bouillie de sulfate ferreux et une solution de pyrogallol dans l'eau bouillie sont introduites, à l'abri de l'air, dans une éprouvette pleine de mercure. Il ne se développe aucune coloration. L'introduction d'un peu d'oxygène dans l'éprouvette provoque la formation de la combinaison bleue. » L'oxygène, absorbé dans cette réaction, s'est-il porté sur le sel ferreux ou sur le pyrogallol? Sur le sel ferreux, pense M. Jacquemin. Sur le pyro- gallol, disons-nous. Dans ce cas-là, la matière colorante bleue est le pro- duit de la réaction du pyrogallol oxydé sur le sel ferreux. En effet : » (a) Si dans l'expérience précédente on introduit au contact du sel ferreux non plus du pyrogallol, mais du pyrogallol légèrement oxydé, tel qu'on peut l'obtenir en agitant à l'air une solution de pyrogallol dans (') Comptée rendus, t. LXXVII, p. ù()Z, et t. LXXVIII, p. ii55. ( 57 ) de l'eau très peu alcaluie, de l'eau ordinaire, par exemple, le corps bleu se produit immédialemeiit. » [b) L'oxygène n'a pu se porter sur le sel ferreux pour le transformer en sel ferr ique, car les sels ferriques ne peuvent exister en présence du pyrogallol qui les réduit instantanément. Dans un mélange de sel ferrique et de pyrogallol en excès, le sulfocyanate de potassium ne produit aucune coloration, le succinate d'ammonium aucun précipité; le ferricyanure de potassium détermine au contraire la formation d'un précipité bleu. Nous nous sommes d'ailleurs assurés que, dans les conditioDS de l'expérience, le ferricyanure n'est pas transformé en ferrocyanure parle pyrogallol. » II. Pyrogallol el sels ferriques. — Une solution de perchlorure de fer bouillie et une solution de pyrogallol dans l'eau bouillie sont introduites à l'abri de l'air dans une éprouvette pleine de mercure. La coloration bleue se produit fugitivement pour faire place presque instantanément à une coloration rouge-brun foncé. Un alcali fait reparaître la couleur bleue et, employé en excès, la fait virer au violet. Que s'est-il passé? » Nous savons, par les expériences précédentes, que le pyrogallol s'est oxydé eu présence du sel ferrique devenu sel ferreux. Les éléments consti- tuants de la combinaison bleue, pyrogallol et sel ferreux, sont auisi mis en présence ; mais la combinaison est destructible par les acides énergiques et, dans la réduction, du clilorure ferrique de l'acide chlorliydrique a été mis en liberté Fc:^Cl''' -+■ H^O = 2FeCr--f- O +■ 2HCI. » La couleur rouge-brun que l'on constate dans ces conditions est .sim- plement celle du pyrogallol oxydé, quel qu'ait été, d'ailleurs, l'agent d'oxy- dation. » Pour permettre la formation de la combinaison bleue, il est néces- saire de saturer l'acide, ou par un alcali, ou par un sel alcalin a acide peu énergique, borate, acétate, etc. » Les acides peu énergiques ne détruisent, en effet, qu'en grand excès ou pas du tout la combinaison L)leue. On peut prévoir l'énergie de leur action d'après les données thermiques, fait si bien mis en relief par M. Bertlielot (') pour l'action des acides sur les réactifs colorés en général. » Si, dans les expériences de M. Jacquemin, les sels ferriques orga- niques donnent immédiatement, sans l'intervention d'un alcali, la colora- (') Comptes rendus, i885, p. 207. C, R., !<;85, 2» Semestre. (T. f I, >•• 1.) ( 58 ) tion bleue au contact du pyrogallol, c'est que l'acide mis en liberté dans la réaction n'est pas assez énergique pour produire la destruction de la combinaison. » Nous avons donc rattaché l'action du pyrogallol sur les sels ferriques à une de ses propriétés essentielles, la propriété réductrice qu'il manifeste en présence des oxydants et notamment d'un grand nombre de sels métalliques, or, argent, cuivre, etc. Son oxydation est progressive et les termes en sont multiples. Nous en connaissons quelques-uns : la purpu- rogalline de A. Girard, la pyrogalloquinone. D'autres restent à isoler et, parmi ceux-ci, le corps qui fournit avec les sels ferreux une combinaison bleue. » Ce corps est un produit intermédiaire d'oxydation ou de déshydro- génation, susceptible de subir au contact de l'air une oxydation plus profonde : un courant d'air dirigé dans le liquide bleu provoque assez vite la décoloration de la liqueur et la précipitation d'un corps noir que M. Jacquemin considère comme du tannomélanate de fer. » Si l'on additionne le pyrogallol d'un excès de perchlorure de fer, on n'obtient plus par l'action d'un alcali le beau corps bleu, mais bien ce même piétipité noir. Un excès du corps oxydant a provoqué une oxyda- tion trop [)rofonde. » III. Pyrogallol et sels de cuivre. — Nous avons comparé plus haut l'action du pyrogallol sur les sels de fer à son action sur les autres sels métalliques. Voici, pour justifier notre comparaison, comment il se com- porte avec les sels de cuivre. » 1° Eu présence du chlorure cuivreux ammoniacal, le pyrogallol ne développe à l'abri de l'air aucune coloration. L'introduction d'une bidle d'oxygène provoque le développement d'un composé brun-noir foncé. » a° En présence du sulfate cuivrique, le pyrogallol provoque la réduction immédiate du sel cuivrique en sel cuivreux (on peut s'en rendre compte par l'iodure de potassium qui, versé dans le mélange, en précipite de l'iodure cuivreux tout à fait exempt d'iode en liberté). Un alcali ajouté au mélange y développe immédiatement, même à l'abri de l'air, la colo- ration noire. Cette coloration vire au rouge par un excès d'ammoniaque et est détruite par l'acide chlorhydrique. » 3° Dans l'acétate cuivrique, la coloration noire se produit instanta- nément au contact du pyrogallol sans addition d'alcali. » Le parallélisme ne saurait être plus complet entre les réactions des sels de fer et les réactions des sels de cuivre. (59) » Nous avons isolé la matière colorante bleue ferrugineuse; nous pour- suivons en ce moment l'étude de sa composition et de ses propriétés. » CHIMIE. — Sur la dissolution acétique aes hyposutfites alcalins. Note de M. E. Mathieu-Plesst, présentée par M. Pasteur. « I. L'acide acétique n'exerce qu'une faible action décomposante sur les liyposulfites de sodium et de potassium. » II. Une dissolution saturée à froid d'hyposnlfite de sodium addition- née de la moitié de son volume d'acide acétique à 8° n'abandonne pas plus de i^ pour loo de soufre, pendant le temps nécessaire ( trois ou quatre jours) pour arrivera cristallisation à la température de 20° à 25°. » III. Celte dissolution, lians laquelle l'hyposulflte est à l'acide acétique dans la proportion d'environ i"' pour 2, c'est-à-dire tout ce que le so- dium exige d'acide acétique, donne de beaux cristaux, plus nets, plus volu- mineux que ceux obtenus avec une dissolution aqueuse équivalente comme contenance en hyposulfite. » IV. Cette dissolution acide d'hyposulfite en présence du magnésium donne, en s'échauffant, un tumultueux dégagement de gaz, qui est un mé- lano'e d'hydrogène et d'acide sulftiydrique, sans que le dépôt de soufre soit plus abondant que dans le cas de la dissolution froide. » V. Enfin les hyposulfites alcalins, même eu dissolution dans l'acide acéti()ue monobydraté, offrent en quelque sorte une stabilité suffisante pour qu'il soit permis de les rapprocher en cela des sulfates. » Et ainsi le fait consigné dans cette Note semble favorable, au point de vue qui représente l'acide S^O^H- comme un acide sulfurique substitué. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur un nouveau mode de dosage du cadmium. Note de MM. Ad. Carnot et P.-M. Proroma\t, |)résentée par M. Troost. « Lorsqu'à la dissolution neutre d'un sel de cadmium on ajoute une certaine quantité de phosphate disodique, il se forme un précipité flocon- neux de phosphate de cadmium ; ce sel se transforme aisément, par addition de quelques gouttes d'une solution d'ammoniaque, en un produit cristallin, rappelant par son aspect l'anthracène ou la naphtaline, et qui ne tarde pas à se déposer au sein de la liqueur bouillante en tables minces d'un blanc nacré. Séché dans le vide de la trompe, ou à ^0° environ, ce sel corres- ( 6o ) pond à la formule d'un phosphate ammoniaco-cadmique PO^ 2CdO, AzH*0 + 2HO. » Calciné au rouge franc, il se décompose en perdant son ammoniaque, et sa formule est alors celle d'un pyrophosphate PO*, aCdO. » M. H. Tamm ayant essayé, il y a longtemps déjà, d'appliquer ce mode de précipitation au dosage du zinc, il nous a paru intéressant de vérifier si l'on pouvait tirer parti de cette réaction pour doser lecadmiiim ; l'oxyde de ce métal formant avec les alcalis, moins facilement que l'oxyde de zinc, des combinaisons salines, on pouvait espérer un meilleiu' résultat que celui qu'a obtenu le chimiste dont nous citons le Travail. » La méthode de production du phosphate ammoniacal de cadmium, telle que nous venons de l'indiquer, convenait mal pour le but que nous voulions poursuivre. On remarque en effet qu'en opérant ainsi la trans- formation est lente, et de plus la nécessité d'ajouter un notable excès d'alcali constituait une cause d'inexactitude assez importante. » Aussi avons-nous employé le sel de phosphore, conseillé pour la pre- mière fois par M. F. Mohr à propos du dosage de la magnésie. » L'observation de l'habile analyste a été utilisée, comme on le sait, par M. Fleischer pour différents dosages volumétriques, par M. Ford pour le dosage du manganèse et, dans ces derniers temps, par MM. Pisani et Dirwell pour la séparation et le dosage du cobalt en présence du nickel. » L'expérience nous a indiqué qu'il était avantageux d'opérer en pré- sence d'une quantité notable de chlorure d'ammonium. Ce sel facilite la réaction qui sert de base à ce travail et rend la précipitation complète. Si l'on néglige cette précaution, on peut remarquer que l'hydrogène sulfuré mrinifesle une légère trace de cadmium dans la liqueur séparée du sel am- moniacal, ce qui n'a pas lieu en o|)érant comme nous l'indiquons. » Le sel de phosphore doit être employé en excès; des quantités va- riables de ce composé ne paraissent pas influer sur le résultat du dosage, )) Voici les conditions dans lesquelles nous nous sommes toujours placés : 26"^" d'une solution contenant iç)*-'', 840 de cadmium par litre ont été additionnés de 25'=" d'une solution de chlorure d'ammonium saturée à froid. Le tout ayant été porté à l'ébuUition, on y a ajouté 5o'"= d'une dissolution de sel de phosphore saturée comme la première; on avait eu soin au préalable d'élever sa température à 60° environ. Dans ces con- ditions, le précipité floconneux qui se produit d'abord se transforme en moins de deux minutes en phosphate ammoniacal. On laisse bouillir ' 6, ) quelques instruis et, lorsqu'on s'aperçoit que le sel est bien formé, on laisse refroidir la liqueur. On filtre alors, on lave à l'eau froide, ce qui est fort aisé à cause de l'état cristallin du précipité, et finalement on sèche à loo". Le précipité nacré se détuche du filtre avec une facilité singulière et d'une manière si parfaite, qu'il est presque superflu d'incinérer ce dernier, qui, en définitive, apporte plus d'inexactitude par les cendres qu'il abandonne que par la perte des traces de cadmium qu'il peut retenir. Le produit obtenu, calciné au roug^ franc dans un petit creuset de porcelaine, laisse comme résidu un sel d'un blanc éclatant, peu hygrométrique et nullement volatil au rouge : c'est le pyrophosphate de cadmium; loo parties con- tiennent Cd = 56,2819. ^® ^^' ^^^'^ •^'^i rouge vif, aussi est-il inutile de le porter à celte température, afin d'éviter son adhérence au creuset. » Les résultats sont très exacts, comme le prouvent les chiffres suivants : Un dosage de cadmium, à l'état de sulfure, effectué avec une rigueur aussi grande que possible, en évitant les surcharges dues à l'eau et au soufre que peut retenir le sulfure de cadmium précipité et séché, nous a fourni le chiffre Cd S = o,638;; d'où Cd = 0,496. » Le même volume de la même liqueur, en employant la méthode que nous proposons, nous a donné P0^2 Cd O := o,88i4, d'où Cd = 0,496. Comme on peut le voir, les nombres concordent rigoureusement. M II est superflu d'ajouter que la méthode qui consiste à employer la précipitation k l'état de phosphate ammoniacal est bien plus rapide, plus certaine et évite surtout les pertes inévitables qui provenaient toujours soit de la volatilité du sulftue de cadmium , assez importante à haute tem- pérature, soit de la volatilité du cadmium métallique provenant de la ré- duction d'un peu du sulfuie par le charbon du filtre. ft 11 nous restait à étudier certaines conditions spéciales du dosage, en présence ou en l'absence du chlorure d'ammonium et des acétates alcalins. » Nous avons fait par conséquent certains dosages comparatifs portant sur un même volume de liqueur cadmique : M 1° Avec du sel de phosphore seul (sans chlorure d'ammonium ) ; » 2° En présence de chlorure d'ammonium ; M 3° En présence d'acétate de soude. » Un dosage à l'état de sulfure avait donné Cd = i5o; en employant le sel de phosphore et le chlorured'ammonium, nous avons trouvé Cd = i5o; sans chlorure d'ammonium, Cd = o,i48; enfin, en présence d'acétate de sodium, Cd = o,i44- Comme on le voit, la présence du chlorhydrate d'ammoniaque rend l'insolubilité plus complète; il est en même temps (62) avantageux d'éviter que la liqueur dans laquelle on précipite le cadmium contienne un excès notable d'acétates alcalins. » Les effets que nous venons de signaler sont encore plus marqués avec l'acétate d'ammonium qu'avec le sel sodique correspondant; ce résultat était du reste certain a priori. » En présence d'acide acétique libre, le dorage deviendrait inexact, et le serait d'autant plus que la proportion d'acide serait plus considérable. » Nous cherchons en ce moment à obtenir le pyrophosphate et le méta- phosphate ammoniacal; nous comptons également essayer l'action des ar- séniates alcalins en présence d'ammoniaque et étudier le parti qu'on peut tirer de la méthode que nous venons de signaler pour la séparation du cadmium d'avec quelques oxydes métalliques ; ces faits, déjà fort avancés, feront l'objet d'une Note prochaine et compléteront ces recherches analy- tiques, dont nous avons l'honneur de présenter à l'Académie les premiers résultats ('). » CHIMIE ANALYTIQUE. — Nouveau procédé pour la recherche et le dosage rapide de faibles quantités d'acide nitrique dans l'air, l'eau, le sol, etc. Note de MM, Al. Grandval et H. Lajocx, présentée par M. Ghatin. « Principe du procédé, — Il repose sur la transformation du phénol en acide picrique ])nr l'action de l'acide nitrique et sur l'intensité de colora- tion que possède le picrate d'atnmoniaque. » Pour effectuer le dosage d'un nitrate en dissolution, on forme avec lui du picrate d'ammoniaque par la méthode que nous allons indiquer et l'on compare, à l'aide du colorimètre de Duboscq, la teinte obtenue à celle fournie par un liquide type. » Ce procédé nécessite l'emploi d'une solution sulfophénique et d'une liqueur titrée de nitrate de potasse. » Le réactif sulfophénique se prépare en mélangeant : Pi>enol pur 3 Acide sulfurique monohydraté 3^ » La solution titrée de nitrate de potasse renferme par litre oS'.qiô de ce sel, quantité correspondant à o^', 5o d'acide nitrique AzO'. ( ' ) Ce travail a été fait au laboratoire de docimasie de l'École des Mines. ( 63 ) » Pratique de l'analjse. — Su|)posoi]s que l'on ait à doser un nitrate pur en solution aqueuse. » On verse, dans une capsule de porcelaine, un volume V de cette liqueur et l'on évapore à siccité au bain-marie; on laisse refroidir et l'on ajoute au résidu un excès du ré;iclif sulfophénique, en ayant soin de le promener, à l'aide d'un agitateur, sur toute la paroi de la capsule, afin qu'aucune parcelle du résidu n'échappe à la réaction. On ajoute ensuite quelques centimètres cubes d'eau distillée, puis un excès d'ammoniaque; on obtient ainsi une solution de picrate d'ammoniaque, que l'on étend d'eau distillée, pour rétablir le volume V. » On opère de la même façon sur un égal volume de la solution titrée de nitrate de potasse, en ayant soin de ramener à ce volume V la solution de picrate obtenue. On compare ensuite, comme nous l'avons dit, les deux liquides colorés, au moyen du colurimètre de Duboscq. » Soient H et H' les hauteurs des colonnes liquides correspondant, la première, au liquide sur lequel on effectue le dosage, et la seconde au liquide titré. » Soient x le poids d'acide nitrique cherché et p celui qui renferme le volume V de la solution titrée; on a (a) - = -y, dou ^r = p^- » Il faut remarquer ici que la différence de titre en acide nitrique des deux liqueurs que l'on compare ne doit pas être exagérée, sinon, les deux teintes étant trop différentes, il pourrait arriver que l'une des deux échelles de l'instrument ne iïït pas suffisante; aussi, pour éviter les tâtonnements, nous avons préparé, avec des solutions de nitrate de potasse à divers titres, des liquides colorés formant une échelle de teintes, parmi lesquelles nous choisissons celle qui se rapproche le plus de la teinte obtenue avec la sub- stance soumise à l'analyse. » Il est évident qu'il n'est p;is nécessaire que les volumes des liquides soient égaux; il peut arriver que le liquide fourni par l'analyse ait une couleur trop faible pour que l'on puisse compléter le volume V de la liqueur type : on en fait donc un volume v et, dans ce cas, la quantité d'acide nitrique sera donnée par la formule U' V (P) ^=/'Hr ( 64 ; » Sensibilité du procédé. — Les nombreuses expériences que nous avons faites prouvent que l'on peut doser l'acitle nitrique contenu dans une li- queur avec une approximation telle, que l'on peut compter au moins sur la cinquième décimale. Notre procédé s'applique à de très faibles quantités, puisque nous pouvons doser l'acide nitrique contenu dans ^j de centimètre cube de notre liqueur normale. Cette quantité étant de os'jOOOoiaS, nous avons trouvé o«% 0000120. » Ajiplicalions. — Les expériences suivantes ont uniquement pour but de montrer le parti que l'on peut tirer de notre procédé, à la fois si rapide, si simple et si exact qu'd peut èlre pratiqué par la personne la moins fami- liarisée avec les manipulations délictates de l'analyse chimique. C'est à ces titres divers qu'il se recommande naturellement aux observateurs des sta- tions météorologiques. » Air. — Nous faisons passer 5o''' d'air dans un tube à boules renfer- mant 10"' d'une eau additionnée d'une petite quantité de carbonate de soude pur. Cette eau est évaporée à sec, et le résidu traité directement. En général, l'air ne renferme que des traces d'acide nitrique qui, cependant, serait quelquefois dosable, en employant un aspirateur de plus grande dimension. Par un temps orageux, la quantité d'acide nitrique augmente naturellement. Pai mi les expériences que nous avons faites, nous citerons les suivantes : i4 juin i885 Traces d'acide nitriq ue. / Entre S*" et 4'' de l'après-midi. qs', 000288 d'acide AzO* i5 juin i885. \ Temps orageux, tonnerre, éclairs. , 1 ^ , , , .• \ par mètre cube. \ Grande pluie le matin. ; "^ ( Entre 6'' et n^ de raprès-midi. ) i5 iuin i885. ( ^ • , 1 Traces d acide nitrique. •' ( Tem])s remis au beau. ) ' „^ i Entre 3'' et 4'' de l'après-midi. / os^oogiqq d'acide AzO' i6 juin i885. r. , , ■ • ,, . . ■' j Pas de pluie, mais menace d orage. ) par mètre cube. M Eau de pluie d'oniye. — Nous ne citerons ici que deux expériences faites le même jour, 17 juin i885 : Acide AzO' par litre. 1° Eau recueillie dans les vingt premières minutes de la pluie 0,00194 2" Eau recueillie dans les vingt minutes suivantes 0,000948 Eaux potables. \° Eau de la source qui alimente les fontaines de Reims; moyenne de dix-sept ^^ expériences faites en mars et juin i885 o,oogi4 Quantité maxima o ,o 1 281 (65 ) Acide AzO' par litre. Quantité minima 0,00464 2° Eau d'un puits servant à ralimentation d'une machine à vapeur et altérant les robinets • o , 20 1 5 3" Eau d'un puits de Reims dont l'eau est employée pour les usages domes- tiques o ,oio5 » Nola. — Pour le dosage de l'acide nitrique dans les eaux, nous opé- rons sur 10''° d'eau seulement ; l'évaporation d'une si pelite quantité d'eau est rapide, et, en conduisant plusieurs essais à la fois, on peut faire cinq à six dosages d'acide nitrique en une heure environ. » CHIMIE AGRICOLE. — Sur la formation des terres nilrées dans les régions tropicales. Note de MM. A. Muntz et V. Marcano, présentée par M. Schlcesing. « Ou trouve fréquemment, dans les pays intertropicaux, des terres nitrées, incomparablement plus riches en nitrates que les sols les plus fer- tiles de nos contrées. Les voyageurs qui ont parcouru ces pays, et particu- lièrement Al. de Humboldt et M. Boussingault, ont attiré l'attention sur les terres nitrées de l'Amérique du Sud. » Nous avons eu l'occasion d'étudier un grand nombre de ces terres et nous avons pu nous rendre compte des conditions de leur formation. Les échantillons ont été prélevés, par l'un de nous, dans diverses parties du Venezuela, sur les contreforts de la Cordillère, dans les vallées du bassin de rOrénoque, ainsi que sur le littoral de la mer des Antilles. » Les terres nitrées sont très abondantes dans cette région, où elles couvrent de grandes surfaces. Leur composition est très variable; mais dans toutes on rencontre du carbonate et du phosphate de chaux, et de la matière organique azotée. Le nitre s'y trouve toujours à l'état de nitrate de chaux. » Ces terres nitrées sont surtout abondantes autour de cavernes, dont quelques-unes ont été décrites par Al. de Humboldt, et qui servent de refuge à des oiseaux ou à des chauves-souris. Les déjections de ces ani- maux, ainsi que leurs cadavres, s'accumulent dans ces cavernes et for- ment de véritables gisements de guano ou de colombine, qui déborde et se répand à l'entour et qui, là où elle se trouve en contact avec la roche G. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N» 1.) 9 (66) calcaire, et où l'accès de l'air est suffisant, nitrifie rapidement, sous l'in- fluence de la température élevée de ces climats. » Ce guano est formé presque entièrement de débris d'insectes, frag- ments d'élytres, écailles d'ailes de papillons, etc., réunis là par millions de mètres cubes. La nitrification graduelle de ce guano s'observe autour de ces grottes; le nitrate rayonne pour ainsi dire tout à l'entour, quelque- fois à des dislances de plusieurs kilomètres. On saisit donc là, en pleine for- mation, le gisement de nitrate. En certains points, le sol renferme des quan- tités assez grandes de nitrate de chaux pour être converti en une pâte plastique par ce sel déliquescent. Voici quelques exemples de ces transfor- mations, se rapportant à la grotte de la Marguerite, près de Agua Blanca : Guano Terre Terre de l'intérieur prise h l'extérieur plus éloignée de }a grotte. de la grotte. de la grotte. Pour loo. « 1 . 74 Pour 100. 2,4' Pour Ion. 0,80 0,00 3,o3 10, 36 3,68 I >i5 6,10 Azote organique Azotate de chaux Acide phosphoiiqiie. . » Dans certaines terres on a trouvé plus de 3o pour 100 de nitrate de chaux. » La nitrification s'accomplit sous l'influence d'un organisme microsco- pique qui ressemble à celui que MM. Schlœsing et Mûntz ont trouvé dans les terres des pays tempérés, mais dont la grosseur est notablement plus grande et sur lequel nous reviendrons plus tard. » Là où l'on trouve simultanément les débris de la vie animale et le nitre qui se produit à leurs dépens et où l'on peut, en quelque sorte, suivre pas à pas la transformation de la matière azotée, aucune autre cause que la nitrification, par les ferments organisas, ne peut être invoquée pour expliquer la formation du gisement de nitre. Mais, dans un grand nombre de ces terres nitrées, disséminées dans toute l'étendue des parties chaudes de l'Amérique du Sud, la matière organique est à un état de transforma- tion trop avancé pour qu'on puisse affirmer, à première vue, son origine animale. C'est le cas dea gisements qui remontent à des époques éloignées et dans lesquels l'apport de matières nitrifiitbles a été interrompu depuis un long temps. Nous n'aurions pas le droit d'attribuer une semblable ori- gine au nitre de ces terres, si nous n'y avions trouvé constamment de no- tables quantités de phosphate de chaux, derniers témoins d'une vie ani- (67 ) maie antérieure, débris d'os que leur structure fait encore reconnaître. Ainsi, partout où nous avons trouvé les nitrates, nous avons aussi trouvé le phosphate qui atteste leur origine. » La coexistence du nitrate et du phosphate, sur laquelle nous nous ap- puyons principalement pour démontrer l'origine animale du nitre, offre le moyen de reconnaître si ce dernier s'est formé sur place. En effet, quand le nitre a été enlevé par les eaux et qu'd s'est concentré, par évaporation, dans un autre endroit, il s'est séparé du phosphate qui l'accompagnait pri- mitivement. Nous appliquerons celte donnée à la théorie de la formation des gisements de nitrate de soude. » Le ferment de la nitrificalion existe dans tous ces sols et témoigne également d'une origine organique. » Nous voyons ainsi une analogie complète entre les terres nitrées dont l'origine animale est visible, puisque la transformation se continue sous nosyeux, et celles dans lesquelles la matière organique a déjà été en grande partie oxydée et où, par suite, la production de nitre est ralentie. Il Les terres dans lesquelles la u)atière organique a presque disparu sont généralement moins riches en nitrates, ce qui est à attribuer k la végétation et à l'action des eaux pluviales, qui tendent à les appauvrir. Nous donnons quelques chiffres indiquant leur composition : Los Morros de San Juan pour 100. Nitrate de chaux 2 ,85 Phosphate de chaux i ,43 Azote organique o, i5 « Il ne paraît pas que l'origine animale des gisements de nitre dans les pays chauds soit iiuposée à l'esprit par les données qui avaient été recueillies jusqu'à ce jour, puisque l'électricité atmosphérique, dont l'énergie est si grande dans les régions équatoriales et qui peut opérer, siu- le parcoprs de l'étincelle, la combinaison de l'azote et de l'oxygène, a été fréquemment invoquée comme la cause de la formation des dépôts de nitrates, par la combinaison de l'acide nitrique, produit dans l'air, avec les bases du sol. » Nos observations permettent d'attribuer une origine piu'ement animale à ces nitrates. Leur localisation, la présence constante de grandes quantités de phosphates, celle de l'organisme nitrifiant, enfin la constatation des phénomènes qu'on peut observer dans les dépôts en voie de formation, ne laissent aucune place à l'hypolhèse d'iuie intervention de l'électricité. Parapara El Encantado pour 100. pour 100. 3,5o 0,62 3,56 0.99 0,27 0,21 (68 ) » Mais, si l'éleclricité atmosphérique n'est pas la cause immédiate de la formation des accumulations de nitre, elle peut, dans une certaine mesure, être regardée comme en étant la cause indirecte; car l'acide nitrique formé par les orages fournit de l'azote aux plantes et celles-ci servent d'aliment aux animaux. Ces derniers concentrent l'azote dans leurs tissus et dans leurs excréments, et les résidus de la vie, réunis en divers points par les habitudes de certains animaux, se transforment en nitre sous l'influence d'un organisme microscopique et peuvent produire ces accumulations, dans des terres qui ne sont que rarement soumises à l'action des eaux pluviales. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition et ta fermentation du sucre interverti. Note de M. Em. Bourquei.ot, présentée par M. Paul Bert. « Dans la séance du i5 juin dernier, M. Maumené a fait, relativement à quelques points de mes recherches « sur la fermentation alcoolique d'un mélange de plusieurs sucres », certaines critiques qui, si elles étaient fon- dées, pourraient faire supposer que j'ai entrepris cette étude sans avoir connaissance des discussions que ces différents points ont soulevées anté- rieurement. Les faits que j'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui à l'Académie, et que j'avais cru ne pas devoir publier, montreront que ces dis- cussions étaient présentes à mou esprit. Ils montreront en outre que, si, en particulier, je me suis décidé à ne pas tenir compte de quelques-unes des opinions de M. Maumené, je ne l'ai fait qu'après avoir acquis, par l'expé- rience, la conviction qu'elles sont inadmissibles. « D'après mon savant contradicteur, j'aurais admis, dans mes recher- ches, deux points qui sont inexacts, à savoir : \° que le sucre interverti se compose uniquement de glucose et de lévulose à équivalents égaux ; 2° que la fermentation est élective. » Le sucre interverti, dont je nie suis servi dans mes expériences, était préparé en maintenant pendant vingt minutes, au bain-marie à ioo°, une solution de 'jSs'^ de sucre de canne, dans un litre d'eau additionné de S^'' d'acide sulfurique. On laissait refroidir, puis ou neutralisait par de l'eau de baryte. » Dans une de ces préparations, 100'"= de solution renfermaient ']^\ 4o3 de sucre réducteur. En supposant que ce sucre n'est formé que de glucose ( C9) et de lévulose, on trouve, en appliquant la formule ('), qu'il est composé de glucose, 3^', 8o5, lévulose, S^', SgS. » Dans une deuxième préparation, la solution sucrée renfermait 'j^'',liC)8 desucre réducteur décomposable, toujours d'après la formule, en glucose, 3g%864, lévulose, 3s% 634. )) Si l'on réfléchit que la lévulose se détruit à chaud en présence des acides minéraux, et même à la température ordinaire, en présence des alcalis, on comprendra qu'une petite portion de lévulose doit disparaître dans la manipulation, et l'on arrivera à cette conclusion que le sucre inter- verti est bien composé de parties égales de glucose et de lévulose. C'est d'ailleurs la conclusion formelle de Ed. Lippmann (^), qui a étudié récem- ment le sucre interverti préparé avec l'acide carbonique, c'est-à-dire sans l'intervention d'agents destructeurs. » Cependant, en raison de l'autorité que s'est acquise M. Maumené, dans l'étude des sucres, les expériences qui précèdent n'avaient jjas en- traîné ma conviction. » J'ai donc commencé par étudier la fermentation d'un mélange à par- ties égales de glucose et de lévulose préparés à l'état de pureté. » J'ai comparé ensuite à cette fermentation celle du sucre interverti. Les deux fermentations s'étant effectuées de la même manière, il m'a paru démontré par là définitivement que c'est avec raison que presque tous les chimistes considèrent, contrairement à l'opinion de M. Maumené, le sucre interverti comme composé uniquement de glucose et de lévulose à équiva- lents égaux. » Quant à l'argument tiré par M. Maumené de ce fait qu'on ne peut re- tirer du sucre interverti à l'état de glucosate de chlorure de sodium que le quart du glucose qui devrait s'y trouver, d'après la théorie de ses adver- saires, je l'aurai réduit à sa juste valeur en faisant remarquer qu'on en peut extraire directement et facilement à l'état pur et anhydre plus de la moitié ('), c'est-à-dire le double de ce qu'il en sépare par son procédé. )) Enfin, en dernier lieu, M. Maumené me fait admettre qu'il y a élec- tion. Il me suffira de rappeler la conclusion générale de mon travail d'après laquelle l'expression « fermentation élective » doit être abandonnée, puisque la (') Foir, pour cette formule, Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 17 avril, p. 321; i885, [^] Berichfe der deutsch. Chem. Gesellsch., t. XIII, p. 1822. (=>) Par le- procédé de Soxhlet (/. fur prakt. Cheinie, t. XXI, p. 227). / eviire ne manifeste aucune préférence, pour montrer que ce chimiste s'est trompé à cet égard. » J'ai donné comme titre à mes Communications : De In fermentation élective, parce que l'expression a cours dans la Science. Mais un titre n'est pas une conclusion, et je ne puis que m'étonner que M. Maumené ait dé- couvert dans mon travail le contraire de ce qui s'y trouve réellement. « CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De la zj'nwse dujéquirity. Note de MM. J. Béchamp et A. Dujardin. « Depuis quelques années les ophthalmologistes ont constaté l'acti- vité phlogogène des macérations des graines de jéquirily. Cette pro- priété a d'abord été attribuée à une bactérie ou bacille. MM. Bruylants et Venneman ont tenté de prouver qu'elle était due non à un microbe, bactérie ou micro-organisme quelconque, mais à un principe immédiat soluble, une zymase appelée jéquiriline. Cette zymase, ils l'ont isolée de la graine par infusion, après germination; ils ont démontré l'activité |)hlo- gogène de sa solution, ils l'ont même analysée, « bien que, disent-ils, » nous ne soyons pas parvenus à purifier complètement la jéquiritine. » » Nous avons cherché à lever la contradiction qui nous paraissait exister entre ces deux assertions. » MM, Bruylants et Venneinan ont cru que la jéquiritine se formait seulement pendant la germination, comme la diastase de l'orge. En réa- lité, cette zymase existe dans la graine de l'Jbrus precatorius avant toute germination ; de plus, nous nous sommes assurés que la substance isolée par ces savants n'était, en effet, pas pure. « En premier lieu, nous avons lâché d'isoler la zymase à l'état de pureté, soit de la graine germée, soit de la graine non germée. En second lieu, nous avons essayé de découvrir s'il n'y aurait pas quelque relation entre les propriétés de cette zymase et les microzymas dujéquirity, puisque les zymases sont, en général, produites par les microzymas. » 1° Extraction de la jéquirilizjmase des graines non germées. — Les graines, décortiquées et broyées, macérées dans l'eau, fournissent une solution qui est précipitée par l'alcool à gS". Le précipité, essoré, se redis- sout en presque totalité dans l'eau. La solution, limpide et incolore, con- tient une substance dont le pouvoir rotatoire est compris entre [a],. = 53°, 86 \ et [..],= 55°, o\ ; ( 7J ) mais c'est le poiivoir rofatoire d'un mélange, car en ajoutant, avec pré- caution, de l'acide acétique à la liqueur, on en précipite un corps ana- logue à la légumine. Et si, à la solution séparée de ce précipité, l'on ajoute de l'alcool, il se sépare une nouvelle substance, solubledans l'eau, dont le pouvoir rotaloire est c'est la jéquiritizymase, physiologiquement active et douée de l.i puis- sance phlogogène. » Au contraire, le précipité fourni par l'acide acétique, analogue à la légumine, est insoluble dans l'eau; il se dissout dans le carbonate d'ammo- niaque, et le pouvoir rolatoire dans cette solution est [«]y=5.°,8\. » Cette substance est d'ailleurs dépourvue de la propriété phlogogène. » 2° Extraction de la jéquiritizymase des graines germées. — Le traite- ment est le même que pour les graines non germées. o Pouvoir rotatoire du précii)ité par l'alcool (mélange). [a]y = 46>9t>\ Pouvoir rotatoire de la jéquiritizymase, séparée du préci|)ilé par l'acide acétique, physiologiquement ««^'ive [„j^.^58,8\ Pouvoir rotatoire de la substance séparée par l'acide acétique, analogue à la légumine, en solution dans le carbonate d'ammoniaque [2]/:= 5i ,5\ » La jéquiritizymase de l'une ou l'autre préparation, séchée à l'étuve, est légérciuent jaunâtre; elle est soluble dans l'eau et la solution ne coagule pas par la chaleur; elle fluidifie l'empois de fécule. '> La jéquiritizymase, isolée des graines germées, a un pouvoir rolaloire plus faible que l'autre. » Dans une prochaine Note, nous déuionlrerons que les microzymas du jéquirity possèdent exactement les mêmes propriétés que la jéquiriti- zymase. » ( 72 ) MINÉRALOGIE. — Sur la production de l'hydrate de magnésium cristallisé [bru- cite artificielle) et de l'hydrate de cadmium cristallisé. Note de M. A. de ScHDLTEPï, présentée par M. Fouqué. « On admet généralement que les hydrates de magnésium et de cad- mium sont parfaitement insolubles dans les alcalis. Des recherches que j'ai entreprises récemment montrent que ces hydrates se dissolvent en quantité notable dans mie solution de potasse caustique fortement concentrée et portée à une température élevée. Par le refroidissement de cette dissolution , les hydrates se déposent sous la forme de cristaux très nets. » Pour préparer l'hydrate de magnésium cristallisé, je dissous 12^'" de chlorure de magnésium cristallisé MgCl- + 6Aq dans ôo*^'^ d'eau, j'ajoute S/joS'^ de potasse (j'ai employé de la potasse à l'alcool renfermant un excès d'eau d'environ i3 pour loo) et je chauffe jusqu'à ce que l'hydrate de magnésium soit complètement dissous, ce qui arrive à 2io°-22o''. » En laissant refroidir la solution, qui est parfaitement limpide, elle se prend en une masse solide qu'on traite par l'eau et l'on sépare ainsi les cris- taux de l'hydrate de magnésium. On peut aussi opérer la dissolution de l'hydrate de magnésium à une température moins élevée, si l'on augmente la quantité de potasse. Ainsi il faut ajouter, à la dissolution de i2S'' de MgCl'H- 6Aq dans Go'^" d'eau, 43o8'' ^le potasse pour obtenir une solution limpide à 180". L'hydrate de magnésium qui se dépose par le refroidisse- ment de cette dissolution est aussi nettement cristallisé. Si l'on remplace la potasse par la soude dans les opérations précédentes, l'hydrate de magné- sium ne se dissout pas, mais il se transforme rapidement en petits cristaux. Pour opérer cette transformation à 180°, il faut prendre, sur 12^'' de MgCl-+ GAq, dissous dans 1 16'^'= d'eau, environ 265^' de soude caustique anhydre. » L'hydrate de magnésium cristallisé se dissout facilement dans les acides et dans une solution concentrée de chlorure d'ammonium à chaud. Chauffés au rouge, les cristaux perdent leur eau de constitution en con- servant leur forme extérieure. Leur poids spécifique est égal à 2,36 à i5°. La composition des cristaux préparés au moyen de la potasse a été vérifiée par l'analyse, qui a fourni les nombres suivants : Trouvé. Calcule. MgO 68,62 69,0 H^O 3o,42 3i,o 99,04 100,0 ( 73) » Pour préparer l'hydrate de cadmium cristallisé, je dissous lo^' d'iodure de cadmium, Cd P, dans i5o'='' d'eau, j'ajoute 36oS'' de potasse renfermant un excès d'eau de i3 pour loo, et je chauffe (') jusqu'à ce que l'hydrate de cadmium soit complètement dissous, ce qui arrive à environ i35". La plus grande partie de l'hydrate de cadmium se dépose en cristaux par le re- froidissement delà liqueur, mais un peu de cet hydrate reste en dissolution, même après refroidissement complet de la liqueur, et il se précipite à l'état de flocons amorphes si l'on étend la dissolution par l'eau sans l'avoir abandonnée d'abord à un repos prolongé. On doit donc laisser reposer pendant douze heures le produit de l'opération avant de commencer le trai- tement par l'eau nécessaire à la séparation de l'hydrate de cadmium, pour obtenir toute la quantité de celui-ci à l'état de cristaux. En substituant la soude à la potasse dans l'opération que je viens de décrire, je n'obtiens pas d'hydrate de cadmium cristallisé. » L'hydrate de cadmium cristallisé se présente sous l'aspect de lamelles blanches d'un éclat nacré. Il se dissout facilement dans les acides et dans une solution de chlorure d'ammonium. Chauffés légèrement, les cristaux perdent leur eau de constitution sans que leur forme extérieure change. Leur densité est 4.79 ^ '^"* Leur composition est celle de l'hydrate de cadmium, ainsi que le montrent les nombres suivants, donnés par l'ana- lyse : Trouvé. Calculé. CtIO 87,53 87,67 H'-0 12,32 12,33 99,84 100,00 » L'hydrate de cadmium, comme celui de magnésium, se présente en prismes hexagonaux réguliers, très aplatis, d'environ o""", 2 de diamètre. Vus à plat au microscope en lumière polarisée parallèle entre les niçois croisés, l'un et l'autre demeurent éteints dans toutes les positions. En lumière polarisée convergente, ils présentent la croix des cristaux à un axe. B ( ') Pendant cette opération, il faut ;igiter constamment, parce que, sans cette précaution, les couches inférieures du liquide prennent une température si élevée que l'hydrate de cadmium se transforme en partie en oxyde noir cristallisé, qu'il est très difficile de redis- soudre. C. R., 1883, 2' Semestre. (T. Cl, N° 1.) lO ( 74) MINÉRALOGIE. — Sur le diagnostic des zéolitlies en l'absence de /ormes cristallines déterminât les. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué. « Les zéolithes forment une famille de minéraux très abondants. Beau- coup d'entre elles sont fréquemment fibreuses ou sphérolithiques, ou, lors- qu'elles sont dépourvues d'allongement, remplissent complètement de petites cavités des roches vacuolaires. » En l'absence de formes cristallines mesurables au goniomètre, leur détermination est longue et difficde, un essai clamiqiie ne permettant pas toujours de distinguer entre elles et s différentes espèces. » En employant les divers procédés optiques mis en œuvre par la Miné- ralogie moderne, j'ai cherché à établu- pour chacune de ces espèces un diagnostic qui permît de les spécifier d'une façon rapide et exacte. •» Pour chacune d'elles, on a passé en revue le système cristallin, le clivage, la direction d'allongement, la situation et la grandeur relative des indices de refraction (le signe de la zone d'allongement qui en résuite), les extinctions rapportées à la zone d'allongement, la situation du plan des axes optiques et de la bissectrice, et le Signe de cetie dernière, enfin l'écartementdesaxes et la biréfringence maximum, c'est-à-dire la différence entre le |)lus grand et le plus petit indice de réfraction. Ces propriétés optiques ont été complétées par des essais microchimiques. » En combinant les caractères obteiuis par ces diverses recherches, et en mettant en relief les analogies et les différences qu'ils présentent pour chacune des zéolilhes, on arrive facilement à les distinguer. » Le résumé de ces diagnostics ainsi établis dépassant les limites d'une Note, je me contenterai d'exposer succesbivement et pour l'ensemble de la famille quelques-uns des plus importants caractères. » Biréjriiicjtnce. — La biréfringence permet de diviser en deux groupes les zéolithes fibreuses. » Dans le premier, la biréfringence est voisine de celle du péridot (o,o36) et les teintes de polarisation correspondant à une épaisseur de o""", 02 sont, pour ces minéraux, celles du deuxième ordre. Pectolile (0,0379), prehnite (o, o33G), thomsonite (0,0273). » Dans le second groupe, la biréfringence est voisine de celle du quartz (0,0092) et les teintes de polarisation varient du gris de kr au blanc de (75) premier ordre. Mésotype (o,oi 19), stilbite (0,0093), okéaite (0,091), lan- monite (0,009), scolésite (o,oo83), heulandite (o, ooô'j). )) Quant aux zéolillies drpoiirvues d'allongement, elles ont une biré- fringence très faible, n'atteignant même pas celle du quart/ et à prine sen- sible pour quelques-unes d'entre elles, l'analcime par exemple. » Système cristallin. Extinctions, clivages, allongement. — Les zéolithes fibreuses appartenant au système orthorliombique ont leurs extinctions parallèles à l'arête d'allongement. — Prehnite ( allong'-raent suivant l'arête pg'), tliomsmiite, m.^solyi)e, okénile (allongement suivant l'arête /«/«). » Les autres zéoblhes filtreus^s sont monocliniques et l'extinction varie avec les espèces. — Pectolite (allongement suivant l'arête p/«', et par suite extinctions parallèles à cette arête), scolésite (0° à 16"), laumonite (0° à 45°), êpistilbite (o" à 9°), stilbite (0° à 8"). Ces dernières zéoluhes sont allongées suivant l'aiête m'n. » Les clivages faciles sont toujours parallèles à l'allongement. » On peut jomlre aux zéolithes fibreuses trois espèces monocliniques se présentant en petits cristaux allongés, la christianite et l'harmotome sui- vant ^g', la brewstérite suivant l'arête ?n'?z, » Plan des axes. — Le plan des axes est parallèle à l'allongement dans toutes les zéolithes orlhorhomluques, sauf la thomsonite dans laquelle il est situé transversalement. » Dans les zéolithes monocliniques, le plan des axes fait toujours un angle plus ou moins grand avec l'arête d'allongemejit sans lui être jamais perpendiculaire (la heulandite exceptée). » Signe de l'allongement. — Dans la thomsonite et la heulandite, le plan des axes étant transversal à l'allongement, le signe de cet allongement sera tantôt positif, tantôt négatif. Il en sera de même pour la laumonite à cause du grand angle que fait le plan des axes avec l'unité d';dlongement. » L'allongement est positif dans la pectolite et la mésotype; négatif dans la prehnite, la scolésite, l'okénite, l'épistilbite, la stilbite et dans quelques variétés de heulandite, dans lesquelles le plan des axes est parallèle à l'allongement. » Signe de la bissectrice. — Elle est positive dans la pectolite, la pechnite, la thomsonite, la mésotype, l'okénite, la heulandite, la christianite, l'harmo- tome et la heustérite. Elle est négative dans la scolésite, la laumonite, l'épistilbite et la stilbite. » Au point de vue chimique, deux des zéolithes fibreuses ne contiennent pas d'alumine (pectolite, okénite); cinq sont calciques (prehnite, laumo- ( 1^) nite, okénite, stilbite, heulandite). La mésotype seule est exclusivement sodique. La pecfolite, la thomsonite, la scolésite et l'épistilbite renferment de la chaux et de la soude. La christianite renferme de la chaux, de la potasse et parfois de la sonde; l'harmotome, de la baryte; la brewstérite, de la baryte et de la strontiane. .1 Quant aux zéolitlies dépourvues d'allongement, l'apophyllite, la dolianite, l'analoime, la clialasie, la levyne, la gmelinite sont uniaxes; l'eudnaphite, orthorhombique; la herschelite et la gismondine, mono- cliniques (?). » La biréfringence est presque nulle dans l'analcime et l'eudnaphife, elle est très faible dans les antres espèces. )) La chalasie présente des clivages et des formes rhomboédriques très caractéristiques. Sa biréfringence maximum est 0,0028. » MINÉRALOGIE. — Sur un nouveau groupement réliculaire de Vorlhose de Four-la- Brouque [Puj-de-Dôme). Note de M. F. Gonnard, présentée par M. Dau- brée. « M. Mallard a montré que l'hémitropie parallèle de l'ortbose, connue sous le nom de macle de Carlsbad, n'est, pour ainsi dire, qu'une hémitro- pie approximative, l'arête mjm, antour de laquelle s'est effectuée la rota- tion d'un des cristaux composants par rapport à l'autre, n'étant pas un axe binaire, mais seulement quasi binaire. » J'ai trouvé récemment, parmi des cristaux d'orthose de Four-la- Brouque, un groupement non encore décrit, à ce que je crois du moins, et qui indique que l'arête mjm n'est pas seulement un axe quasi binaire, mais aussi quasi ternaire, conformément à l'opinion émise par M. Mallard [Bul- letin de la Société niinér alocjique de France, t. VII ; 1884), et, par conséquent, quasi sénaire. » Dans ce groupement, en effet, les deux cristaux d'orthose constituant la macle sont assemblés de telle sorte que l'arête mjm de l'un coïncide avec l'arête nijg^ de l'autre; la fnce g^ visible de celui-ci et une des faces m du premier forment deux plans parallèles très rapprochés, à peine distants de ^ de millimètre; les deux autres faces m superposées ne sont pas exac- tement parallèles; ce qu'on peut prévoir, l'angle de m sur §' étant de i2o°36', et celui de m sur m de ii8''48'; mais la différence, qui est de i°48'> est à peine sensible à l'œil nu. » Si donc l'on considère les deux cristaux dans la position de la mâcle ( 77 ) de Carisbad, l'un deux, pour occuper celle qu'il a dans le groupement ci-dessus décrit, a tourné, autour de Taxe quasi binaire, du supplément de l'angle de m sur g', c'est-à-dire de 5çf2l\', nombre voisin de 60°; en d'antres termes, si Ton prend deux cristaux d'ortbose disposés parallèlement l'un à l'autre, il faut faire tourner l'un d'eux de près de 120° autour d« l'arête mjm, pour obtenir ce groupement réticulaire. L'arête m/m est donc un axe quasi ternaire; étant déjà un axe quasi binaire, elle est, comme je l'ai dit précédemment, un axe quasi-sénaire. » GÉOLOGIE. — Sur la position de quelques roches ophitiques clans le nord de la province de Grenade. Note de M. W. Kilian, présentée par M. Hébert. « La grande route qui relie Grenade h Jaén pénètre, non loin d'Iznalloz, dans un massif calcaire. Ces montagnes font partie de la chaîne jura- crétacée (jui, de Gibraltar à Murcie, longe au nord les terrains anciens de la Cordillère bétique. » Nous savons que de nombreux pointements ophitiques jalonnent cette bande de terrains secondaires dans les provinces de Cadix ('), de Malaga et de Grenade; ils forment ainsi, entre les affleurements éruplifs anciens des environs de Malaga au sud et ceux de la Sierra Morena, de Linarès, au nord, une troisième série de filons et de dykes plus récents, situés généra- lement au sein des couches gypsifères du Trias. Nous avons eu l'occasion d'étudier aux environs de Noalejo et de Campotejar un certain nombre de ces filons signalés sous le nom de diorites par M. Gonzalo y Tarin (-). Ces roches ont pénétré incontestablement dans les assises du terrain juras- sique; les conditions dans lesquelles on les rencontre sont les suivantes: » Les environs de la Venta de las Brajas sont constitués, presque ex- clusivement, par les calcaires marneux du Lias supérieur et du Néocomien. Le Toarcien se compose là de marno-calcaires bien lités d'un gris très clair, alternant avec des marnes schisteuses. Ces couches renferment de nom- breuses Amtnonites du groupe des Harpoceras : Am. radians, bifrons, Le- visoni, etc. La présence de ces bancs donne aux collines qui bordent la roule une teinte blanchâtre très caractéristique. En examinant de près les abords de la Venta, l'on ne tarde pas à remarquer au milieu des champs (') Ces ophites ont été, comme on sait, l'objet de remarquables études de la part de M. Macpherson. (^) Gonzalo y Tarin, Rescrta fisica y geologica de la provlncla de Gninada. Madrid, 1881. ( 7») un certain nombre de taches foncées, causées par des affleurements de roches éniptives appartenant an groupe désigné habituellement sous le nom û'ophites. Les débris de ces roches jonchf'nt le sol sous la forme de boules ou de miches rougeâtres à l'extérieur et présentant une structure écailleuse. » La route coupe quelques-uns de ces accidents et montre qu'il y a là de vérilablesBIonstraversant les assises du Lias supérieur. A quelques centaines de mètres au sud de la Venta de las Brajas, les tranchées permettent il'ob- server un filon de porphyrite labradoriqne et auguique pénétrant dans les calcaires marneux à Àrn. radians et englobant un bloc à Bélemnites [voir la coupe n° 1). La roche éruptive est entourée d'une auréole de marne •âsèr* Coupe II" 1. Relevée entre la Venta e las Brajas et Campotejar. 1. Calcaire marneux et marnes à Jni. radians. a. Bloc de calcaire marneux à Bélemnites, pareil au précédent, enclavé dans la roche éruptive. 2. Porphyrite labradoriqne et augilique (voir la diagnose de celte roche, p. 79) 3. Marne à cristaux de gypse et rognons de silex vert. 4. Terre végétale. foncée à petits cristaux de gypse et rognons de silex vert caractéristiques. » Les dykes de roches ophitiques sont également très nombreux au Coupe n° 2. Relevée entre Zegri et la Venta de las Navas. 1. Calcaire marneux en bancs réguliers et marnes à Âm. bifrous. 2. Ophile. 3. Marne foncée à cristaux de gypse et quartz, formant auréole à l'ophite. 4. Terre végétale. voisinage de la Fabrica de Nuestra Senora del Carmen, où ils traversent encore nettement le Toarcien fossilifère. Il en est de même plus au sud, ( 79) entre Zegri et la Venta de las Navas; l'ophite se rencontre là dans les cou- ches à Jm. biffons, toujours accompagnée de marnes verdâtres avec gypse et quartz (voir coupe n° 2). » Plus au nord, près du petit village de Montillana, existent des affleu- rements étendus de calcaires marneux alternant avec des marnes schis- teuses. Ces couches, fortement ondulées, représentent le Lias supérieur {j4, Levisoni, A. radians) et la zone à Am. Murchisona; [J. Murcliisonœ). Un y voit d'une façon incontestable des dykes d'ophites engagés dans les assises fossilifères. La roche éruptive dans laquelle M. Michel Lévy (') a ( ' ) M. Michel Lévy a bien voulu examiner les échantillons que j-'ai recueillis aux envi- rons de Campotejar et de Noaiejo, Voici les observations que m'a transmises le savant pé- trognqihe : 1 . Echantillon de Montillana. — Roche pénétrant dans le Lias supérieur. Diabase à structure ophitique (très belle, à assez grands cristaux). Structure : Roche entièrement cristalline, composée de : Éléments de première consolidation : fer titane en grilles hexagonales. Eléments de seconde consolidation : cristaux d'oligoclase allongés suivant /;§■' et surtout aplatis suivant g-'. Màcle de l'albite. La roche est riche en feldspath. Grandes plages de pyroxène englobant les microlites précédents; il est brunâtre avec ses deux clivages bien marqués; pas île tendance à passer au (hallage; passe par décomposition à de l'actinote finement radiée, puis à la chlorite et même à la calcite. Un exemple d'épigcnie du pyroxène en biotite. Résumé : diabase andésitique à structure ophitique bien franche à assez gros grains ; tout à fait à pnralléliser avec les ophitcs des Pyrénées. 2. ÉckantULon de Montillana, — Roche identique à la précédente, renfermant plus de chlorite. 3. Échantillon de Montillana. — Idem. 4. Échantillon de Montillana. — Les microlites d'oligoclase encore nettement visibles, beaucoup plus allongés que précédemment, douze fois plus longs que larges; la màcle de l'albite et celle de K.arlsbad y apparaissent. Fer oxydulé et titane en traînées reclilignes très allongées. Pyroxène entièrement trans- formé en chlorite et calcite remplissant les interstices des microlites feldspathiqnes. La roche paraît avoir eu, avant sa décomposition par les actions secondaires, une structure porphy- ritique et non plus ophitique. C'est bien une roche de contact refroidie plus brusque- ment. 5. Echantillon de la Venta de las Brajas, traversant les couches du Lias supérieur à Am. radians (voir coupe n° 1). — Porphyrite labradorique et augitique à structure mi-partie ophiti(pie, mi-paitie niicrolithique. Éléments de première consolidation : grands cristaux de labrador présentant les màcles de l'albite et de Karisbad. Fer oxydulé. Éléments de deuxième consolidation : microlites de Labrador, magma vitreux rempli de ( «o ) reconmi une diabase andésiliqiie à structure ophitiqne, tout à fait à parallé- liser avec les ophites des Pyrénées, englobe des fragments du calcaire ba- sique. Il s'est développé dans les bancs voisins du Lias de nombreux silex verts. » Entre Montillana et Noalejo, l'ophite est accompagnée d'amas de fer oxydulé. Ce minerai a été exploité. » Les roches de Montillana et de la Venta de las Brajas appartiennent, par conséquent, incontestablement à la série opliitiqiie; ce sont bien des roches éruptives, elles sont en place, non remaniées, et pénètrent en dykes et en filons dans les assises du Lias supérieur. La nature et la position de ces filons, la façon dont ils ont modifié la roche encaissante écartent de prime abord toute hypothèse qui tendrait à expliquer par une dislocation posté- rieure le contact de l'ophite et des bancs basiques. » GÉor.OGllî. — Sur l'âge des éruptions pyroxéno-ampliiboliques [dioriles et ophites) de (a sierra de Pefiaflor, la genèse de l'or de ces roches et sa dissémination. Note de M. A. -F. IVoguès, présentée par M. Hébeit. « Roches pyroxéno-ampliibolifjues. — A la séance du 24 mars i884,j'' Apparaît alors une paralysie ft.ciale en général double, qui porte surtout sur les orbicu/aires des paupières et finit auisi à la longue par pro- duire la cutisation, et quelquefois la nécrose de la cornée; elle e>l accom- pagnée d'anesthésie des téguments, des muscles et des muqueuses de la face, de diminution du goût, de l'odorat. La cloison du nez finit souvent par se nécroser et les dents par tomber. Lentement on voit les mains el tes pieds ( ioo ) se déformer en griffes, puis les muscles des membres s'atrophient à leur tour, les pectoraux, les muscles de la face, etc. Les douleurs ont eu général complètement disparu à cette époque. » 3° Plus tard, l'anesthésie est encore plus absolue et plus étendue. On voit survenir des ulcérations atoniques à bords calleux présentant tous les caractères des maux perforants. Leurs progrès amènent d'affreuses mutila- tions. Les os dénudés se nécrosent, il se produit une suppuration longue, la teinte cire de la peau, l'odeur de cadavre chaud, Vétat cachectique. Alors surviennent des dégénérescences amyloïdes, des néphrites, etc., et c'est ainsi que meurent le plus souvent les malades, mais parfois après vingt ou trente ans. Les différents troubles trophiques prédécrits me semblent con- sécutifs à des lésions périphériques et non à des lésions centrales du système nerveux. Les viscères ne paraissent pas être pris spécialement sous la forme anesthésique-, en tous cas on n'y a pas encore trouvé de bacilles. » C. Forme mixte. — Elle peut être une transformation de lèpre tuber- culeuse en lèpre anesthésique. Dans ce cas on voit les tubercules dispa- raître, se cicatriser. Mais le malade a de l'anesthésie des extrémités, et la maladie évolue comme une lèpre anesthésique à sa deuxième période. Plus rarement on voit la lèpre anesthésique se transformer en lèpre tubercu- leuse. Enfin parfois on voit les deux formes coïncider ou même alterner. » Résumé. — Il n'y a qu'une lèpre, à l'évolution variable. » Après quelques prodromes on voit apparaître des poussées éruptives successives, pouvant être maculeuses ou tuberculeuses. Mais quelle qu'ait été l'éruption au début, si le malade survit à la période éruptive, ce qui est la règle pour la variété maculeuse et l'exception pour la variété tubercu- leuse, on voit apparaître une série de lésions dépendant d'altérations du système nerveux (anesthésie, paralysie, atrophie musculaire, ulcéi-ations trophiques, mutilations), et finissant par amener au bout d'un temps parfois très long la mort du sujet. La variété dite mixte ne constitue qu'une anomalie dans révolution chronologique et dans la forme de l'éruption. » Quant à la contagiosité de la lèpre, la plupart des faits que j'ai pu ob- server doivent porter à croire que si la lèpre est contagieuse, elle l'est en tous cas à un degré très minime. Un médecin éminent a essayé à plusieurs reprises de s'inoculer la lèpre tuberculeuse, d'abord à lui-même, puis à vingt individus sains; il n'a pas réussi. La lèpre jusqu'ici n'a pu être com- muniquée aux animaux; mes tentatives dans ce sens ont été infructueuses également. Je possède cependant quelques observations qui pourraient être in- voquées enjaveur de la nature contagieuse de la lèpre; mais ces faits sont très rares. D'ailleurs je forai remarquer, à titre de simple hypothèse, que la ( loi ) présence d'un bacille clans les produits lépreux n'est peut-être pas une preuve absolue en faveur de la nature contagieuse de cette affection. La lèpre pourrait être analogue à certaines maladies, la malaria par exemple, qui, bien que produites par un micro-organisme, ne sont pas contagieuses. « Quoi qu'il en soit, la lèpre diminue en Nonvège. Il n'est pas prouvé que cela tienne à l'installation des léproseries, car les familles lépreuses dispa- raissent fatalement au bout de quelques générations, par suite de la mor- talité, du célibat, de l'isolement, etc. La lèpre se tue elle-même (' ). PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Passage des microbes pathogènes de la mère au fœtus. Noie de M. Koub.4ssoff, présentée par M. Pasteur. « Dans cette Note, qui fait suite à une Note précédente (voir Comptes rendus, 9 mars i885), nous examinons quelques circonstances relatives au passage du parasite charbonneux de la mère au foetus; quelques-unes ont une importance pratique pour l'opération de la vaccination préserva- trice du charbon. On peut se poser les questions suivantes : )) I. Quelle est l'influence du temps qui s'écoule entre le moment de l'inoculation de la femelle pleine et sa mort sur le passage des microbes charbonneux de la mère au foetus? Plus ce temps est long, plus on trouve des microbes dans le fœtus. » Le 25 du mois de janvier i885, à 4'' de l'après-midi, nous avons injecté à une femelle de cobaye pleine 2 divisions d'une culture de Bacillus nnthracis; elle mourut dans la nuit du 29 au 3o. Nous avons fait l'autopsie à 8'' 3o'" du matin le 3o janvier, et nous avons trouvé deux fœtus de o'",io de longueur. A l'examen des coupes des organes de ces fœtus, nous avons vu presque autant de microbes que dans les organes de la mère. » IL Le passage des bacilles de la vaccine du charbon se distimjue-l-il du passage des bacilles de sa cu/i Le 7 avril, à ô*" du soir, on a injecté à une lapine qui avait été vaccinée le 21 février, et était devenue pleine entre le 1 4 et le 17 mars, 3 divisions de la culture virulente. La nuit du i4 avril, elle donna huit petits, dont cinq moururent dans les deux joui s qui suivirent, les autres restèrent vivants. Après avoir examiné les organes des fœtus morts, on a constaté tout ce qu'on a déjà vu dans l'expérience précédente. Il faut remarquer ici que, dans les quatre dernières expériences, on constatait dans les organes des fœtus morts généralement si peu de bacilles qu'involontairement on se demandait pourquoi ils étaient morts. A l'un des petits lapins de l'expé- rience précédente, qui resta vivant, on a injecté le 2 mai, à 10'' du matin, 2 divisions de vaccine qui étaient encore virulentes pour les cobayes et pour les jeinies lapins. Le 6 mai, au soir, il mourut. L'inoculation subie par la mère ne lui avait pas donné l'immunité pour un virus très virulent. » Enfin, le 21 mai, nous avons fiit encore l'expérience suivante : on a injecté à trois fœtus de cobaye à terme, qu'on a retirés de la matrice, le vaccin du charbon, à deux d'entre eux sous la peau et au troisiènje dans la cavité du ventre. Ces fœtus sont morts aussitôt après leur extraction. On lésa mis pendant vingt-quatre heures à une température de 3o° et après on les a laissés à la température ordinaire de la chambre. On fit l'autopsie de l'un d'eux après quinze heures, du deuxième après deux, et du troisième après trois jours. Ni dans le sang du cœur, ni dans les organes on ne trou- vait de bacilles; on les a rencontrés en masses énormes dans les endroits injectés et dans les parties voisines. M Voici quelques conclusions de notre travnil : 1° Les bacilles du char- bon passent toujours de la mère au fœtus. 2° Plus longue est la durée dn temps qui s'écoule entre l'inoculation de la femelle pleine et sa mort, plus sont nombreux les microbes dans les fœtus. 3" Il passe toujours plus de bacilles virulents du charbon que de bacilles du virus atténué. 4° L'état ( lo.^ ) pathologique des membranes, du placenta et du fœtus (sa mort aussi) em- pêche le passage des bacilles de la mèn' au (œtus. 5° L'inoculation des femelles pleines par un vaccin trop fort cause presque toujours la mort des fœtus. 6° L'inoculation de la culture virulente à une femelle pleine, qui était déjà vaccinée, tue presque toujours les fœtus; ceux qui parviennent à sur- vivre meurent après l'inocuialion de la culture virulente; en d'autres termes, les fœtus ne sont [las vaccinés suffîsauuiient par la mère. » M. TissANDiER adresse un certain nombre de photographies exécutées en ballon à des altitudes variant de 600™ à iioo™. M. Trocvé adresse une description, avec dessins à l'appui, de deux ap- pareils-destinés aux armes de guerre pour le tir pendant la nuit : « un guidon électrique monté avec sa pile sur un canon de fusil » et « un pro- jecteur électrique lumineux ». M. Desgoffe adresse une Notice « Sur l'ensemble du système des anti- spires de MM. Desgoffe et de Georges ». M. O. Petit adresse un Mémoire portant pour titre : « Essai sur la détermination de la puissance calorifique des bois et sur l'évaluation, en calories, du travail moléculaire de la décomposition du tissu ligneux ». A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. B. ERBJTA. (Séance du 22 juin i885.) Page i536, ligne 6 en remonlant : r,c c c c Ju lien de A M = — — — — , Usez AM := ^ M. C — C C — G COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 15 JUILLET 188.^. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MEMOIRES ET COMMUIVIC AXIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Déterminations des coordonnées absolues des polaires sans qu'il soit nécessaire de connaître les constantes instrumentales (déclinaisons); par M. Lœwv. « Avant d'aborder la recherche relative aux déclinaisons absolues, je veux encore indiquer la méthode générale à l'aide de laquelle on par- vient à déterminer les ascensions absolues, sans qu'il soit nécessaire d'ef- fectuer les deux observations conjuguées symétriquement par rapport au méridien ou par rapport au premier cercle horaire. » Soient Jt»' rascension droite approchée de la polaire, r la constante de la réfraction, t" ■+■ t* l'angle horaire approché correspondant à l'époque moyenne En mul- tiphant (i) par cost", (2) par sinx', et en retranchant ensuite (2) de (i), puis en laissant de côté ce qui peut être négligé, il résultera, en ajoutant C. R., i885, 2« Semestre. (T. Cl, N° 2.) '4 ( io6) deux termes correctifs relatifs à l'inclinaison et à la réfraction, (V) ,ll„ = X — ^^ T, ; — ■ '5 COS*T H- - Sin^T . ^ ' . . T T 2 2sinP sin où l'on peut remplacer, si l'on veut, — 5cos^t"-i — sin 2t"' par „,/ P'-P" A"-A'\ » L'analyse de cette équation démontre facilement qu'on atteint une haute exactitude en prenant l'intervalle de temps égal ou supérieur à quatre heures. En tenant uniquement compte des conditions géométriques du problème, on reconnaît que l'exactitude augmente proportionnellement à la grandeur de t" — t'; néanmoins il n'est pas très avantageux d'accroître l'intervalle de temps au delà de quatre à cinq heures. En effet, d'un côté, on rend douteux le succès des recherches, par suite des variations atmo- sphériques toujours à craindre, et, d'un autre côté, on s'expose à voir se produire des changements notables dans l'état de l'instrument et dans les conditions d'observation. » En restant dans les limites de quatre heures, on dispose de la faculté si précieuse de pouvoir obtenir dans une même soirée non seulement une, mais plusieurs valeurs indépendantes de l'ascension droite qu'on déduit forcément dans des conditions les plus différentes. Dans chaque détermi- nation particulière interviennent d'autres fragments de la vis et d'autres divisions du cercle, et l'on annule ainsi en grande partie les légères inexac- titudes de ces divers procédés, si toutefois elles existent. » Nous allons maintenant indiquer les équations qui interviennent dans la détermination des distances polaires absolues des étoiles polaires. Lorsqu'on fait les observations symétriquement par rapport au méridien, toujours deux heures avant et deux heures après, on atteindra le but désiré en se servant de l'équation (2). On obtient, en remarquant que cos — — — et séc/j ne diffèrent de l'unité que de quantités négligeables, (VI) Psm cosf^ — ^ H- C^ -H Hi — .1. 1 = ■. » En différentiant cette équation, on aura "P = .,-^. '}^-r r - ^^ co.'I^V(,. -- ., 2 sin cos h C„ ) — ^ 1- C/,+ m — x\dy—^ l,J; ( 10? ) on voitqiie l'exactitude de la recherche dépend de la précision avec laquelle on mesure A"— à'. En effet, le dénominateur de . ^ . e" — t' lt"-\-i' \ inPI 1 = rsiuPsm cos( — ^ XI. Dans le cas actuel où les observations sont faites symétriquement par rap- port au méridien, cos( — 4.) peut être mis = i . On obtient ainsi P= 'f — t ' " ' ^ +rsinP. \ (if' + t' 7. sin ( ) cos ( -+- Cj, -h m — A.< » De même l'équation (1) nous fournit un autre procédé en supposant les observations faites symétriquement par rapport au premier cercle ho- ( îo8 ) raire. En laissant de côté tous les termes négligeables, on aura (VII) Psin ~ — sm ( h C^,+ m — x] = ■; - — — étant, en outre, peu différent de six heures, il suffira, comme pré- cédemment, de connaître l'^i, à la minute ronde pour tenir compte de ce facteur. En observant ainsi symétriquement par rapport au méridien, le fil vertical mobile intervient, dans la mesure de A"— A'; mais, en opé- rant symétriquement par rapport au premier cercle horaire, on peut, pour évaluer P' — P", faire intervenir soit le fil mobile horizontal, soit le cercle s'il est bien étudié. On se convaincra facilement que la première méthode a un emploi |>lus étendu que la seconde. En effet, si le champ de la lunette, comme cela a lieu dans nos instruments modernes, possède une étendue de 2", on peut, à l'aide des observations symétriques par rapport au méridien, déterminer les distances polaires jusqu'à 2" du pôle, tandis que les obser- vations par rapport au premier cercle horaire ne permettent les mesures que jusqu'à 1" du pôle. Il est utile ici de faire remarquer encore une fois que les observations effectuées à une très grande distance du centre ne renferment aucune source d'inégalités, même légères. Les mesures étant effectuées symétriquement par rapport au centre du champ, les déforma- tions qui, à i" du centre, sont presque inappréciables ne peuvent exercer aucune influence sur le résultat. » Par la combinaison des deux dernières équations (VI) et (VII), on ob- tient finalement, en tenant compte des termes correctifs, 1 //H"— F' \2 / A" — A' (VIII) [rsin(A"- A') + --isin(P'— P")] cost" ou (p'_p")sinT"' + (A"-A')c0ST"' r • /.„ ,^ . ,^, P= :pr^, ' h [rsin(A"- A') + -')sin(P'- P")]cost" 2 sin L'analyse de cette équation montre qu'on peut déduire la distance polaire de deux observations conjuguées, pourvu qu'elles soient séparées par un intervalle de quatre heures. Ou a donc, comme on le voit, une très grande facilité de travail, surtout pour les belles polaires. Pour les étoiles faibles, ( 109 ) il sera très facile, dans une même soirée, d'obtenir deux déterminations in- dépendantes et, pour les belles polaires, quatre ou même cinq, car on a la faculté de les étudier aussi bien dans la journée que dans la nuit. » Comme pour \'x, on peut faire usage de la méthode générale, c'est- , ,. , , , P'+P" A"-hA'a"-A' . A"+A',,, ., ,, a-dn-e évaluer À = )- ~, — — „ ±: a sni ■ — — — a 1 aide dune po- 2 P — P" 2 2 " laire auxiliaire et observer la distance polaire de l'étoile considérée au mo- ment de son passage au méridien (le terme correctif en 3 dispanâl, si l'on mesure P'— P" à l'aide du 61 mobile horizontal, c'est-à-dire si l'on pointe l'étoile en haut et en bas du champ); mais, pour faire usage de ce Iroisième procédé, on pourrait encore, comme nous l'avons exposé dans les Comptes tendus du 7 mai i883, déduire « et X de l'observation d'une couple de po- laires à peu près de même déclinaison, en supposant naturellement connues leurs différences en cî). Pour rendre ce dernier mode de détermination de n efX facile et pratique, MM. Leveau et Renan se livrent actuellement à une étude préliminaire ayant pour objet de faire connaître avec une haute exac- titude la différence en ® de douze couples de polaires. » En résumé, si l'on fait les observations conjuguées l'une deux heures avant, l'autre deux heures après le passage au méridien, ou bien si l'on exé- cute les opérations conjuguées dans les mêmes conditions par rapport au premier cercle horaire, on peut déduire les coordonnées absolues des astres par une multitude de procédés différents, qui toutefois ne sont pas complè- tement indépendants les uns des autres. En considérant les divers éléments qui entrent dans les formules, on reconnaît facilement qu'on ne dispose, en réalité, que de trois métliodes tout à fait dilférenles. Ce sont les suivantes : » 1° Par des observations conjuguées par rapport au premier cercle horaire; » 2° Par des observations conjuguées par rapport au méridien; » 3° Par l'observation au méridien en déterminant n et X soit à l'aide d'une circoinpolaire auxiliaire, soit au moyen d'une couple de polaires. » On peut se rendre compte, par cet exposé, de toute l'importance que possèdent les nouvelles méthodes. Tandis qu'autrefois on n'avait aucun moyen direct de déterminer, dans une même soirée, les positions absolues des étoiles, et qu'il fallait se contenter de déterminer par un procédé difficile la position de quelques belles polaires; nous avons fait connaître deux mé- thodes générales pour déterminer les coordonnées absolues des étoiles quelle que soit la déclinaison et trois méthodes différentes pour les polaires quelle que soit leur grandeur. Il est même 1res facile de se servir, dans une même soirée, de deux méthodes tout à fait indépendantes. » L'étude de la précision absolue que comportent ces méthodes et la dis- cussion de leurs valeurs relatives feront, comme nous l'avons dit, l'objet d'un Mémoire spécial. Toutefois, je veux faire remarquer ici que le premier pro- cédé de détermination des f absolues montre une légère infériorité sur celui des ascensions droites absolues. En effet, dans le premier cas, la précision du résultat dépend de l'exactitude avec laquelle on détermine P' — P" qui n'atteint que quelques secondes d'arc, tandis que, dans le second cas, elle dépend de la quantité A" — A' qui prend des valeurs notables et peut atteindre l\o' ou 5o' et même davantage. Dans ce second cas, il faut donc déterminer la valeur du tour de vis avec une précision beaucoup plus grande que dans le premier cas. Mais on peut faire disparaître cette légère infériorité en plaçant plusieurs fils sur le chariot mobile et symé- triquement par rapport au méridien. La distance entre les fils fixes se détermine avec une très grande précision, et le tour de vis n'intervient que pour mesurer de faibles valeurs angulaires. Cette disposition existe dans plusieurs lunettes. Ce petit désavantage se trouve, en outre, compensé par la grande facilité dont on dispose, en vertu de l'équation (VIII), de multi- plier les recherches de déclinaisons absolues et de conclure, dans une même soirée, plusieurs résultats indépendants. » En opérant comme il sera expliqué plus loin, l'analyse de ces méthodes conduit, au point de vue de l'exactitude, aux conclusions suivantes : » Lorsqne l'on pointe dix fois une polaire au moment de son passage au méridien, avec l'un ou l'autre des fils mobiles, les moyennes se trouve- ront affectées de faibles erreurs accidentelles. En employant l'une des nou- velles méthodes, l'effet total de toutes les inexactitudes accidentelles pro- venant de l'ensemble des divers éléments d'observation qui interviennent sera exactement le même que dans le cas précédent. » Pour terminer, je me contenterai seulement de mettre sous les yeux de l'Académie les premiers résultats très remarquables obtenus par l'appli- cation de cette méthode par M. Renan, assisté de M. Thirion. Les observa- tions ont été faites, au Cercle méridien du jardin de l'Observatoire, au moyen d'un micromètre possédant un très grand champ. Ce micromètre est particulièrement disposé pour ce genre de travail et permet d'observer les astres jusqu'à a"* du pôle. Les observations ont été faites dans les con- ditions suivantes : lo pointés sur la polaire en ascension droite avant le passage au méridien, lo pointés simultanés en $ en ayant soin dénoter l'heure et accompagnés d'une lecture du cercle, puis répétitions des mêmes opérations à trois minutes d'intervalle. Deux heures après le passage au mé- ridien, on renouvelle les mêmes observations. ( II' ) Les positions obleoues sont les suivantes : Polaire (passage inférieur). Juin 3. Juin 4. Juin 5. Il m s II m s h m s JUconclue i3.i6.38,l i3.i6./n,3 i3.i6.38,3 ^ [Connaissance des Temps). . i3.i6.38,5 i3. 16.89,3 i3. 16.40,0 Différence A — o,4 +2,0 — i,5 A ramenée à l'équateur. . . — 0,009 -h 0,046 — o,o34 œ conclue +88.41. Sa, o +88"4i.33,,5 -1-8841.33,7 (S> [Connaissance des Temps) . . -(-8S.4l • 3i ,9 -i-88.4i 3i,7 4-88.4' •:> i ,6 Différence -l-o,l -1-0,8 -1-2,1 On peut considérer les X et les (Dde la polaire a petite Ourse comme très exactes et comme n'étant affectées que de très faibles inexactitudes. La concordance des positions observées avec celles déduites de la Connaissance des Temps fournit un contrôle sérieux de la précision des méthodes. On voit l'accord remarquable des résultais, soit que l'on considère les X, soit que l'on regarde les en décomposant l'intégrale définie en deux parties et écrivant où w désigne une constante positive arbitraire. On met ainsi en évidence deux fonctions f.r et - 0 qui, l'une et l'autre, seront uniformes si l'on convient d'employer, dans les intégrales, la valeur principale Aex. C'est dire que, en posant .r = e', ce ( ' ) Dans celte première Note, j'exprimais l'intention d'étudier notamment les spectres de l'azote el de l'oxygène. (') f oi> plus loin, p. i53. (.13) qui donne pour t une seule et unique détermination réelle, on prendra oc^^= e". Cela étant, il est clair que Gis) est une quantité finie pour toute valeur réelle ou imaginaire de s, puisque la limite inférieure de l'intégrale est différente de zéro et représente une fonction holomorphe. » Je remarque encore que, en écrivant —- '■ = I — — • e 'x'-* dx, tu "^W le facteur varie dans le même sens en décroissant entre les limites de (■■' — I l'intégrale; on a donc, si l'on désigne par X une quantité comprise entre ces limites et par X le facteur de M. Darboux dont le module ne peut dé- passer l'unité, Supposons, de plus, que s soit réel, le maximum du facteur e ' X*~' cor- respondant à la valeur X= i{s — i), on en conclut que G[s) a pour maximum l'expression Ceci posé, c'est l'intégrale dont il s'agit d'obtenir l'extension analytique. Nous supposerons, dans ce but, que cù soit moindre que 2n, ce qui permet d'employer le développe- ment connu I I I , B|jr B-.Ï-' , _ I I Y (— ')"B« •'"'""' X 2 ^ I .2. . .2« ' e* — 1 .r 2 1.2 1.2.3.4 d'où l'on déduit immédiatement r^'-'d.v ^ ^^^,_ , r_i ^ _Y (-■)"B,.""' 1 J^ «r^ — I "" \_S — I 2.Ï .^ 1.2. . .2«(2« + f — ijj Or l'expression à laquelle on est ainsi amené — 1 2.S ^J (— il''B„«-'' s — 1 2. s ^ 1.2. . .2n{in -{- s — i) C. R., i885. a* Semestre. (T. Cl, N° 2.) l5 ( ii4) est une fonction analytique de j; car, ayant B„ n'^^-^--- 1.2. . . in le terme général prend cette forme i[i + ^_+ 2.n + s — I \ 27r j qui met la convergence de la série en évidence pour toute valeur de j, puisque l'on a 2jr » La fonction de Riemann se trouve ainsi étendue à tout le plan par la formule où l'on a r(.) n[(^+;)^''] («=i,2, ...,co). Mais, cette fonction holomorphe s'évanouissant pour i' = o, — i, — 2, ..., on voit que le seul pôle s = i subsiste, dans le produit de— —r par la fonction F{s) = 0)-' \^--^-\ (-■;"^'-"-" 1. \_S — I 2.Ç .^J 1.2. . .2«( ?./? + J — Ijj Il suffit ensuite d'observer que, dans ce produit, la fraction est mul- tipliée par irr-r' ce qui se réduit à l'unité en supposant J = i , pour obtenir l'expression donnée par Riemann où a"+ ^qb"-l-Cim= 2 AL, p"^ + f/- = 2Ï)U -+- 2H, Voir Comptes rendus, séance du 6 juillet, t. CI, p. 11. ( "6) n, L, H désignant les constantes arbitraires, et a , b'\ u les cosinus des angles de Ox, O7, Oz avec la verticale. » Considérons un corps auxiliaire (B') qui serait animé par rapport au corps (B) d'une rotation constante, k, — n, autour de Oz. Pour ce corps les composantes delà rotation totale seraient, à chaque instant, P, q, r, = nt. Si l'on détermine n, par la condition (i3) An, — Cn, les équations (12) nous donneront (i4) < Apa"-h A.qb"-h PLntU = 2kL, }--^q^ = 2T)ii + 2H. » Ce sont encore les intégrales du mouvement de Lagrange, mais rela- tives au cas où l'ellipsoïde du point fixe est une sphère. Si nous remar- quons que l'on a C — A «, — n = — - — n, nous pourrons énoncer la proposition suivante : » Étant donné le corps pesant de révolution (B), fixé par un point quel- conque de son axe et abandonne dans des conditions initiales quelconques à l'action de la pesanteur, désignons par n la projection constante de la rotation sur Caxe; un corps auxiliaire (B'), animé par rapport au premier d' une vitesse de rotation constante C-A autour de l'axe de révolution, prendra le même mouvement quun corps pesant de révolution pour lequel l' ellipsoïde du point fixe serait une sphère, le centre de gravité se trouvant sur l'axe. Par conséquent le mouvement du corps (B'), lié d'une manière si simple à celui de [B), pourra se représenter par le roulement d'un cône ayant pour base une herpolhodie (H'), située dans un plan perpen- diculaire à l'axe de révolution, sur un cône ayant pour base une autre herpol- hodie (H) située dans un plan horizontal; et la vitesse de rotation sera double à chaque instant du rayon vecteur qui va du point fixe au point de contact des deux herpolhodies. ( II? ) » 7. Les résultats précédents conduisent presque immédiatement au théorème de Jacobi, tel qu'il a été énoncé par M. Halphen dans la Note déjà citée. » Commençons par considérer le cas où l'ellipsoïde central du point fixe est une sphère. Si nous introduisons, en même temps que les deux cônes ayant pour base les courbes (H), (H'), le cône (C) déjà défini, qui a pour base la polhodie (P) et qui roule à la fois sur les deux cônes précédents, nous obtiendrons le résultat suivant : » Dans le cas où l'ellipsoïde central du point fixe O est une sphère, il existe un système (C), mobile autour de O et jouissant de la double pro- priété suivante : son mouvement absolu est celui d'un corps solide qui ne serait soumis à aucune force; plus exactement, c'est un mouvement de Poinsot, dans lequel le plan invariable est horizontal ; son mouvement par rapport au corps pesant est encore un mouvement de Poinsot pour lequel le plan invariable est perpendiculaire à la droite qui contient le point fixe et le centre de gravité. » Dans le cas général, cette proposition s'applique sans modification au corps (B') dont la rotation par rapport à (B) est A — n. » Il suit de là que le mouvement du système (C) par rapport à (B) s'obtiendra en composant le mouvement de (C) par rapport à (B'), qui est un mouvement de Poinsot, avec une rotation constante ^«autour de A la perpendiculaire au plan invariable de ce mouvement. Or nous savons, d'après une belle théorie de M. Sylvester, que la composition de ces deux mouvements donnera encore un mouvement de Poinsot. Nous obtenons ainsi, dans toute sa généralité, la proposition de Jacobi : » Si l'on considère le mouvement le plus général d'un corps pesant de révo- lution, fixé par un point de son axe, il existe un système auxiliaire (G) qui est animé, et par rapport aux axes fixes et par rapport au corps mobile, d'un mou- vement de Poinsot. Les constantes relatives à ces deux mouvements sont diffé- rentes j les plans invariables sont, le plan horizontal pour le premier mouvement, et le plan perpendiculaire à l'axe pour le second. » 8. Nous terminerons en énonçant sans démonstration une série de conséquences des deux propositions données dans les articles précédents. » Dans le mouvement du corps (B) l'extrémité de l'axe du couple des quan- ( ii8) tités de mouvement décrit une lierpolhodie située dans un plan horizontal, et cela, de la même manière que le pôle instantané dans le mouvement de Poinsot correspondant à cette courbe. » Le mouvement du corps (B) peut se représenter par le roulement d'un cône, ayant pour base une lierpolhodie^ sur une sphère dont le centre est sur la verticale du point fixe; la vitesse de rotation étant constamment égale au rayon vecteur qui va du point fixe au point de contact de l' lierpolhodie et de la sphère. » Il suit de là que le cône décrit par l'axe de la rotation dans le corps a toujours pour base une herpolhodie. Pour définir le cône lieu de l'axe instantané dans l'espace, il suffira de connaître la trajectoire du pôle in- stantané sur la sphère fixe qui intervient dans l'énoncé précédent. Or cette courbe est complètement définie par le théorème suivant : » Si trois points d'une droite invariable sont assujettis à demeurer sur tr'ois sphères fixes ayant leurs centres en ligne droite, tout autre point de la droite décrira encore une sphère ayant son centre sur la même ligne que les premières. En laissant de côté un cas exceptionnel oîi la droite invariable ferait un angle constant avec la ligne des centres, il y aura toujours un point de la droite, et un seul, qui décrira un plan perpendiculaire à la ligne des centres. Si l'on assujettit en outre la droite à se mouvoir de manière à demeurer normale à la trajectoire d'un de ses points, celui de ses points qui demeurait dans un plan décrira une herpolhodie; l'un quelconque des autres points décrira la courbe sphérique qui est la route du pôle instantané dans l'espace pour un certain corps (B), et la dr'oite mobile ser-a à chaque instant parallèle à l'axe de ce corps ( ' ). » Remarquons que cette proposition, en même temps qu'elle définit la route du pôle, fait connaître une construction directe et purement géomé- trique de l'herpolhodie. » De plus elle nous conduit à un moyen de décrire un plan par l'emploi d'un système articulé, contenant seulement quatre tiges. )) 9. Les recherches précédentes reposent entièrement sur l'emploi des trois intégrales premières du mouvement. Il ne sera peut-être pas inutile (M Je reviendrai, pour le compléter et le démontrer géométriquement, sur ce théorème curieux de Cinématique qui se rattache aux résultats donnés dans ma Note Sur les deux mouvements correspondants à une même polliodie. Mais dès à présent je tiens à réparer une omission involontaire en indiquant que le tliéoréme relatif à rinlersection de deux surfiices du second degré, donné à la fin de cette Note, appaitient à M. de la Gournerie et a été dé- montré par cet excellent géomètre dans ses Recherches sur les surfaces réglées tetraédrales symétriques, p. i65 à i']f\. ( "9 ) de remarquer que la méthode de Lagrange est encore applicable et conduit aux trois intégrales du problème dans le cas où le solide de révolution, suspendu par un point de son axe, est soumis à l'action d'une ou de plusieurs forces extérieures dont le potentiel dépend exclusivement de l'angle 6 que fait l'axe du corps avec une droite fixe. C'est ce qui arrivera en particulier si le corps mobile est soumis à l'attraction, s'exerçant suivant une loi quelconque, d'un solide de révolution dont l'axe passerait par le point de suspension. Ici encore on pourrait appliquer les remarques pré- sentées au commencement du n° 6. » HISTOIRE DE LA MlîCANIQUE. — Sur le but théorique des principaux travaux de Henri Tresca ; par M. de Saint- Venant. « Bien que les œuvres de cet éminent et si regretté membre de notre Section de Mécanique, à l'esprit si juste et si droit, aient été très bien ca- ractérisées dans les paroles du cœur prononcées sur sa tombe par notre confrère M. Maurice Lévy ('), un courant d'opinion semble se former qui, par cela seul que Tresca a été un grand expérimentateur, ferait de lui un homme de pure pratique, c'est-à-dire du nombre de ceux qui se dirigent dans ce qu'ils font, soit d'après des analogies que leur instinct tire de ce qu'ils ont vu, soit en appliquant avec une certaine habileté les formules théoriques ou empiriques construites par d'autres qu'eux. » Il importe de montrer, dans l'intérêt de sa mémoire comme dans celui de la vérité scientifique, que Tresca fut un esprit plus large, un homme de vraie Science et par conséquent de théorie dans la tneilleure et la plus saine acception de ce mot si souvent mal compris, si fréquemment accusé, par légèreté ou en haine de la Science, de n'exprimer que des chi- mères. n Voyons. Nous avons parlé d' expériences. Or quel est, au demeurant, le but de celles qu'on fait? Est-ce seulement de déterminer, par une suite d'essais ou de tâtonnements, les meilleurs moyens d'exécution pratique, ou bien d'a|)plication de principes déjà connus, et de formules déjà construites en conséquence? Non; c'est bien plutôt, ce qui déjà est tout à fait scientifique, de fournir, de mesurer les valeurs des constantes ou coef- ficients numériques de ces formules avant de pouvoir les appliquer. Mais c'est aussi, chose encore plus théorique, de faire apercevoir, de démêler, (') Comptes rendus, séance du 3.5 juin i885, p. i6i3, 1. lo à i8. ( I20 ) de déterminer à l'occasion les principes etix-mémes, les lois spéciales, les bases scientifiques de l'établissement des équations, généralement différen- tielles, qui en seront l'expression, et que l'on n'aura plus qu'à intégrer, soit rigoureusement, soit par approximation, pour obtenir les solutions que l'on désire. » Or c'est ce qu'a fait M. Tresca; il a eu le mérite de cette double har- diesse, et c'est ce dont il a exprimé le résultat principal dans la conclusion de son capital Mémoire Sur le poinçonnage des métaux {*). » Remarquant très bien que la déformation de ces corps comprend trois périodes, celle de l'élasticité parfaite, étudiée par Navier, Cauchy, etc., puis celle de l'élasticité imparfaite ou de déformations partiellement per- manentes, enfin celle de plasticité, comprenant le laminage, le forgeage, l'emboutissage, etc., il aperçut, dans celte dernière période, qu'expressi- vement il appelle aussi de fluidité, où l'élasticité est comme vaincue, que l'effort à exercer normalement à travers toute face intérieure pour produire une petite extension ou compression normale d'une proportion déterminée est de même intensité que l'effort de cisaillement à exercer tangentiellement à cette petite face pour produire un glissement relatif àe même proportion ou mesure; ce qui se traduit en disant qu'à travers facettes intérieures de même superficie, la résistance à la compression ou extension s'exprime avec un coefficient de même grandeur que la résistance au glissement ou cisaillement. » Ce principe théorique nouveau de l'égalité des deux coefficients de déformation plastique, normale et tangentielle, aperçu par M. Tresca, s'est trouvé vérifié au moyen d'expériences comparatives nombreuses et va- riées, en en substituant les résultats dans l'équation différentielle qui ex- prime la conservation des volumes des deux ou trois parties en lesquelles on peut concevoir partagé chaque bloc poinçonné. » Et ce même principe simple a été, le jour même de la lecture du Rap- port approbatif (*), l'objet d'une Communication, où nous en démontrions la parfaite rationnalité théorique, basée sur l'évident théorème de l'équiva- lence de toute déformation par glissement devant une face, à une compres- sion et à une extension simultanées de proportions moitié moindres, opérées dans des directions inclinées d'un demi-droit sur cette face (^). (') Présenté le 2g mai 1869, et imprimé au Tome XX des Savants étningers [voir pp. 777, 8.1,827). (-) Comptes rendus, p. 288, i4 février 1870. (■') Idem, même jour, p. 809. Preuves tliéoriques de l'égalité des deux coefficients, etc. ; 12 1 ) » Ce principe de M. Tiesca él;nU ainsi doublement vérifié, il n'y avait plus qu'à exprimer analytiquement les relations qu'il fournit entre les forces extérieures exercées et les forces intérieures dues aux déplacemenls relatifs, pour construire les équations difïérentielles de la nouvelle branche de la Mécanique, instaurée ainsi par lui, et qui reçut le nom, paraissant adopté, de plasticodynamique. » C'est ce qui a été fait bientôt (' ) en commençant par le cas simple où la déformation n'affecte que deux des trois dimensions du bloc ductile sup- posé rectangulaire. » Peu après, et répondant habilement à un appel que nous taisions aux lecteurs de cette Note, M. Lévy a établi les équations différentielles ana- logues, pour des déformations étendues aux trois dimensions, et, suilout, pour le cas le plus intéressant peut-être (c'est le cas des expériences de M. Tresca), à savoir le ca<, dit semi-polaire, de symétrie des déformations autour d'un même axe fixe ( -). (') Comptes rendus, p. 473, 7 mars 1870. ( - ) Idem, 20 juin 1870, p. 1 323 (l'extrait portant cette date tie la présentation a clé fait par moi, seulement le i4 avril 187 r, après les cvénements d'alors). Consulter aussi le Rapport approbatif (lu 10 juillet 1871, p. 86. On peut voir encore une Note de M. Lévy du 6 novembre 1871, p. 1098, relative à des déplacements suivant des plans parallèles, et une (le M. Tresca, le môme jour, p. 1 loj, sur la torsion ])rolongce au delà des limites de l'élasticité; enfin, p. 1181, une Note que j'ai insérée le 20 novembre 1871 sur le même sujet. Dans un dernier article des Comptes rendus (iç) juillet i8']5, p. 11') à 122) intitulé : De la suite qu'il serait nécessaire de donner aux recherches expérimentales de Ptaslico- dynnmique, j'ai résumé toute celle doctrine, et invité SI. Tresca à iniroduire, dans ses blocs de plomb, des repères, tels (pie seraient de la grenaille ou des fils de même matière, enduits de (pielcpie oxyde noir infusible, afin de reconnaître finalement, par le sciage des blocs, quelle y a été la marche des diverses molécules du métal déformé, et d'en tirer, \.m- analogie s'il est possible, des documents sur la marche des molécules d'un liquide dans un vase d'où il s'écoule; connaissance à laquelle Poncelet tenait grandement, et que Tresca lui- même désirait beaucoup acquérir, comme il l'a exprimé à i)lusieurs reprises, notamment au premier alinéa de son Mémoire sur le poinçonnage. La chose n'a pu être faite. Mais, heureusement pour la science hydraulique que, grâce aux belles et ingénieuses recherches de M. Boussinesq [Es^ai sur les eaujc courantes, n" 202, p. 548 du t. XXIII, 1877, des Savants étrangers, et Comptes rendus, p. 1027 et i io5, 12 et 19 novembre i883), cet intéressant problème de la marche ei des vitesses des molécules dans des vases prisma- tiques se trouve résolu aujourd'hui d'une manière tout à fait analytique pour les liquides eux-mêmes. C. R., 18S5, 2' Jeme«/e. (T. Cl, IN" 2.) '" ^ 122 ) » Enfin, des applications en ont été faites à divers cas plus particuliers, en s'aidant, pour l'un d'eux, d'une hypothèse plausible, afin de suppléer à une intégration impossible dans ce cas-là. » Quelle est la portée de cette nouvelle branche de la Dynamique mathé- matique, régissant théoriquement un bon nombre d'opérations de l'in- dustrie, et quels services est-elle appeléeà rendre un jour? Nous nesaurions ici le prévoir. Toujours est-il que son invention a comblé une lacune qui, probablement, serait restée longtemps ouverte si M. Tresca, au lieu de son profond sentiment théorique et de ses souvenirs de fortes études mathé- matiques, n'avait eu que son ingéniosité d'exécution et sa dévouée persé- vérance dans l'usage des procédés pratiques. » PHYSIQUE MÉCANIQUE. — Sur le mouvement des poussières abandonnées à elles-mêmes. Note de M. Chevrecl. « Un an s'est écoulé depuis que des poussières ont été abandonnées à elles-mêmes dans un vase cylindrique à fond plat reposant sur un papier rouge ; elles provenaient des ateliers en face du laboratoire des Gobelins, où l'on prépare des poils de veau et de vache, destinés à être filés en Angleterre. Quant aux peaux, on les passe en mégie à Paris. » Depuis plusieurs années déjà, mes recherches sur les guanos m'ont conduit à examiner des actions fort variées que manifestent des matières soumises à la Chimie que je qualifie d'expectante, à cause du temps néces- saire à leur manifestation; ces actions donnent lieu évidemment à des phénomènes mécaniques, physiques et chimiques. Je ne suis point assez avancé pour en présenter l'ensemble, mais ces phénomènes ont assez de réalité pour ne pas les passer sous silence. » Ces poussières présentent au moins trois matières fort différentes : des matières d'origine inorganique, des poils de veau et de vache, quelques téguments de graines de céréales. » Je rappelle que ces poussières ont été mises au fond d'un vase cylin- drique en verre de o™,o5 de profondeur et de o'",3o de diamètre, de ma- nière que la surface en fût unie et présentât un plan incliné régulièrement d'un point d'une des moitiés A au point diamétral pris sur la moitié B, la plus profonde. Après quelques mois, la surface avait cessé d'être unie. La moitié B présentait des protubérances de splicroïdes etûe paraboloïdes. On la photographia. Après plusieurs mois, de petites protubérances apparurent sur la moitié A, car des parties rouges du papier devinrent sensibles. Après ( '23 ) plus de trois mois, ii y eul un affaissement sensible clans les proUibériinces de la moitié B, et alors on remarqua deux piotubérances accolées, cylin- driques, présentant chacune un creux central. Ces deux ouvertures et les parois des cylindres présentaient la figure du chiffre 8. Ces deux protubé- rances se trouvaient près de la ligne diamétrale sé[)arant A de B. Peu à peu la protubérance qui était plus près de la lumière du soleil que l'autre protu- bérance disparut, et toute la protubérance est plus éclairée; c'est alors qu'on commença à apercevoir des points rouges dans la moitié B, que les protubérances élevées commencèrent à se manifester dans la moitié A et surtout dans la partie la moins éclairée. » La photographie des poussières, lorsque je publierai l'ensemble de mes recherches, ajoutera beaucoup à la clarté de ces phénomènes. » MÉTÉOROLOGIE. — Réponse à la Note de M. Mascart, du 29 jidn, et bases de la nouvelle Mctéorolocjie dynannque. Deuxième partie, par M. II. Faye. w 3° On voit souvent, dit M. Mascart, descendre les nuages (lisez trombes on tornados); mais n'esl-il pas naturel d'expliquer cette apparence par une condensation rapide de la vapeur d'eau qui se propagerait de haut en bas? » Consultons encore les faits. Tout le monde sait, aux États-Unis, que les tornados, cette plaie du pays, sortent peu à peu des nues et pen- dillent d'abord comme une sorte de poche étroite ou de sac. Ils s'al- longent ensuite en descendant et ressemblent alors à une trompe d'élé- phant. Tant que leur bout inférieur reste en l'air, il n'y a point de dégâts. L'action mécanique commence dès que la pointe a touché le soL Elle s'interrompt lorsque la pointe se relève tant soit peu, même momentané- ment ('). On voit alors la trombe, inclinée sur l'horizon, l'embouchure supérieure en avant, poursuivre sa marche à peu près rectiligne sans pro- duire de dommages. Si elle doit enfin disparaître, ce sera en se relevant de plus en plus et en rentrant, pour ainsi dire, dans la nue. Est-ce là une apparence? Le tornado est-il en réalité formé par un courant ascendant? Non, s'il était ascendant, son action mécanique ne s'interromprait pas ainsi : il n'y aurait que des variations d'intensité dans les dégâts; on {') Le tornado descend ou renioule selon que la gyialion supérieure s'accélère ou se ralentit. ( >24 ) seiiliraitsa présence au ras du sol, nlor.s même qu'il ne serait pas rendu visible, en bas, par la condensation de la vapeur. D'ailleurs le seul aspect des trombes ou des tornados, je veux dire leur mode d'inclinaison sur l'horizon, prouve que leur descente est bien réelle. Imaginez une colonne d'air montant en s'épanouissant vers le ciel, comme la fumée d'une che- minée. Si l'air ambiant est immobile, ce qui arrive fréquemment, la colonne sera vertica'e. Pour la mettre en mouvement, il faudra que la base, où se produit l'ascension de l'air, se déplace à la surface du sol ; mais alors la partie supérieure de la trombe restera en arrière, à cause de la résistance du milieu aérien. Or c'est justement le contraire qui a lieu : la partie supérieure, l'embouchure évasée du lorn ido ou de la trombe, mar- che en avant, et la pointe reste en arrière. Si, comme cela est désormais proîivé, les trombes sont descendantes, comment s'étonner de ce qu'elles pro- duisent une dépression sur la mer? » 4° Le dernier point sur lequel M. Mascart veut bien m'inlerroger est celui-ci: les régions supérieures ne sont-elles pas médiocrement intéressées dans ces mouvements gyratoires? )) Continuons à consulter les faits. M. Colladon a étudié avec soin les deux orages à grêle des 7 et 8 juillet 1875 ('). Ces deux orages ont traversé, en Suisse, des chaînes de montagnes hautes de i5oo™ et 2000™ sans que leur vitesse et leur direction aient été sensiblement modifiées. Quelques-unes de ces montagnes étaient couvertes de forêts qui n'ont ni arrêté la grêle, ni modifié la forme ou le volume des gréions. Le phénomène passait donc bien au-dessus de ces montagnes et n'avait pas sa raison d'être dans les régions inférieures. Notre célèbre Correspondant accepte d'ailleurs ma théorie de la grêle, bien qu'il ait cherché un second mode de production, » Passons aux cyclones. Voici le résultat des observations d'un juge compétent, M. le commandant Bridet, ancien capitaine de port à la Réunion [-). » Dans un pays de montagnes élevées comme la Réunion, on doit se demander si la liautcur des montagnes n'est pas une cause d'altéiation dans la course d'un ouragan, et si nn obstacle aussi considérable n'est pas capable d'arrêter ou d'anéantir le météore qui vient s'y heurter. « Quant ù la course générale, nous savons qu'elle n'est influencée en aucune manière. (') Comptes rendus, t. LXXXIX, p. 202. (') Uridet, Etude nii les otira:^a/i:, i/ti/is l'iicmisphtie uiislraL i" éililion, p. l65. ( '^■'î ) Nous avons des exemples nombreux de cyclones ayant frappé la Réunion et qui, plus loin, sévissaient à bord des navires sans qu'on put remarquer le moindre changement soit dans la vitesse de rotation, soit dans l'orientation des vents. Nous en citerons un exemjjle qui s'est passé sous nos yeux en 1861 (suit l'analyse détaillée des observations). Voilà donc un cyclone que nous avons poursuivi pendant plus de 4oo railles, sans altération dans sa nature (quoiqu'il ait passé sur la Réunion). » Cela ne veut pas dire qtie la baisse du baromètre ait été la même à la ci me de ces montagnes qu'au niveau delà mer, car, à cette altitude de 3ooo", plus près de l'énorme embouchure du cyclone, les lentes gyrations supé- rieures n'intéressaient qu'une épaisseur moindre de l'atmospiière. Les faibles variations barométriques siu' lePikesPeak, ou sur les montagnesde Ceylan, pendant un cyclone, n'ont pas d'autre signification. Cequi estétabli par les faits précédents, et par bien d'autres du même genre, c'est que les grands orages et les cyclones ne sont pas gênés par des chaînes de montagnes de 2000™ et 3ooo™ de hauteur : donc leur siège se trouve bien au-dessus dans l'atmosphère; il se trouve dans la région même des cirrhus dont ra|)parilion est d'ailleurs considérée partout comme un signe pré- curseur des cyclones ('). M Laissant de côté les prétendus anlicyclones (aires de hautes pressions) qui n'ont aucun rapport avec nos mouvements gyratoires, j'ai montré par des faits incontestables que j'aurais pu nuiltiplier beaucoup : » i" Que les trombes ne pompent pas l'eau de la mer et qu'elles en creusent au contraire la surface; » 2° Que les trombes et tornados descendent des nuées : ce n'est pas une illusion, c'est une réalité; M 3° Que 1( s grandes gyrations ont leur siège^ leur origine et leur cause dans les hautes régions de l'atmosphère, et qu'elles passent par-dessus les obstacles du sol sans en être modifiées; » 4° Que la gyration des cyclones est mécaniqiiement liée à leur mouve- ment de translation. » Sur tous ces points, les idées (^) de la presque unanimité des météoro- logistes sont contredites par les faits; elles doivent être remplacées par (') Les grands accidents du sol influent sans doute sur les phénomènes locaux, mais cette influence ne se fait sentir, sur la marche générale d'un cyclone, que dans les régions septentrionales où les trajectoires des courants supérieurs se lapprochent beaucoup du sol. (-) J'ai fait voir la fdiation de ces idées: elles dérivent d'un préjuge des anciens marins qui ont raconté, pendant deux ou trois mille ans, que les trombes aspirent et pompent jus- ([u'aux nues l'eau de la mer. [126) celles de l'école nouvelle de Météorologie dynamique, dont l'influence se manifeste de plus en plus à l'étranger par des travaux importants ('). » En voici une nouvelle preuve. Je traduis, en abrégé, les passages sui- vants d'un Mémoire de M. le D'' Andries, astronome adjoint de l'Obser- vatoire de Wilhemshaven (*). Après avoir montré que les hautes régions de l'atmosphère sont sillonnées de courants aéiiens, aussi rapides que les plus rapides cyclones, et que la grêle qui accompagne les orages dans les mois chauds tombe sur des bandes de terrain presque toujours parallèles au mouvement de translation de l'orage lui-même, M. Andries continue ainsi : « Ces faits sont la condamnation de toute théorie qui cherchera la cause de ces phéno- mènes dans les couches basses de l'atmosphère, car on ne trouvera jamais dans ces couches les courants rectilignes qu'exige leur explication. » Les courbes de pression montrent que, dans les tempêtes violentes, les tornados surtout, il se produit une chute rapide du baromètre, suivie d'une hausse plus rapide encore. Or les tornados consistent dans une gyration violente; de plus, ils sont intimement liés à d'autres phénomènes orageux, tels que la grêle et les averses. Les orages et la giêie se rat- tachent donc à des gyralions, bien que ces gyrations ne descendent qu'exceptionnellement au-dessous des nuages, jusqu'au sol, sous la forme nette des tornados et des trombes. De plus, la grêle y suit aussi des bandes rectilignes. Si donc les gyrations constituent les tornados, il doit en être de même des orages. '> C'est une loi fondamentale que des phénomènes intimement associés entre eux ne doi- vent pas être rapportés à des causes différentes. Or .\ quelle autre cause que celle qui en- gendre les gyrations pourrait-on attribuer, à la fois, le mouvement de translation des cy- clones et la subite dépression du baromètre? Serait-ce à de grandes précipitations aqueuses, dues à des courants d'air ascendants? Mais le professeur Haun ( ^ ) a démontré qu'il n'y a pas de relation nécessaire entre les variations barométriques et les pluies. » Malgré l'opinion contraire, les miniraa ne déterminent pas des pluies abondantes et étendues. De même, les averses les plus fortes sont sans action sur un minimum voisin, pour le déplacer ou l'attirer de leur côté. Le baromètre baisse tout autant du côté sud des Alpes, où il ne pleut presque pas, que du côté nord, dans le cercle de Salzbourg, où régnent des pluies excessives (lôo'"™ en quatre jours), et c'est en dehors des régions des grandes pluies qu'il baisse le plus. » M. le professeur Hann a étendu ses recherches, en Autriche, à d'autres périodes que celle du mois d'août iSSo; partout il a trouvé les mêmes résultats, à savoir que les pluies fortes et de longue durée ne peuvent pas même engendrer un minimum secondaire de pression, ni ( ' ) Je citerai, entre autres publications, le livre de M. Diamilla-Muller, Le Icj^gi dcllc tempeUe [seconito la teoria di Ftiye); Turin, 1881. (2) Ucber Geivitter- und Ha'^ethildung [Ann. d. Hjdi .). Berlin, i885; Heft IIL (■' P'oir la Ocsteireichische Zeitschrift fur Météorologie, Band XVI, Seite 3i?,-3i5, ( 127 ) imprimer à un minimum voisin le moinilre mouvement de lianslation dans leur direction, » Ainsi, dit M. Andries, la baisse brusque du baromètre et les tempêtes doivent être rapportées à une cause mécanique, et il ne peut s'en trouver de telle en dehors des mouve- ments gyratoires des hautes régions, » Les personnes qui sont au courant de ces questions reconnaîtront aisément que les conclusions de MM. Haun et Andries visent l'explioatioii du mouvement progressif des cyclones, auquel j'ai fait allusion dans ma première Note, page 2o('). » Maintenant, je demande à l'Académie la permission de résumer en quelques lignes les bases de la nouvelle Météorologie dynamique (-) : » 1° Les cyclones, typhons, pampères, travades, lornados ou trombes, ainsi que les tempêtes, ouragans, bourrasques et orages, qui tous voyagent à grande vitesse dans l'océan aérien et sont associés à une baisse brusque du baromètre, se forment dans les grands courants supérieurs de l'at- mosphère, tout comme les tourbillons se forment dans nos rivières, suivent le (il de l'eau et descendent parfois jusqu'au fond, pour l'affouiller en marchant. » 2° Ces tourbillons n'ont rien de tumultueux ; quelles qu'en soient les dimensions, ils sont réguliers, persistants, de figure conique, à axe vertical et descendants {'■'). Ils peuvent durer, tout en marchant à grande vitesse (la vitesse réduite du courant où ils se forment et s'alimentent aux dépens des inégalités de vitesse du susdit courant), quelques heures seulement ou bien des semaines entières. Leur translation n'est nullement modifiée, en général, par les obstacles du sol. L'énergie de leur descente se mesure sur celle de leur gyration. )) 3° Les courants supérieurs partent des hauteurs de l'atmosphère, dans ( ' ) Cette explication ingénieuse, la seule que les météorologistes aient pu jusqu'ici for- muler, est basée sur la supposition, évidemment inadmissible, que l'air inférieur afflue à la base du cyclone par des spires convergentes comprenant juste, sur le tour de l'horizon, le nombre de degrés nécessaire pour amener constamment l'air chaud et humide du sud à l'avant du cyclone, et l'air froid et sec du nord à l'arrière. ('-) Oq les trouvera exposées en détail dans les Notices de VJnnuaire du Bureau des Longitudes : 1° Défense de la loi des tempêtes, i8'j5; 2" Sur les orages et la formation de la grêle, 1897; ^^ '^"'' les grands fléaux de la Nature, 1884, p. 8o2-845; ou dans un grand nombre d'articles des Comptes rendus. (') Leurs spires tournent autour d'axes verticaux, même quand elles se succèdent en formant un cône très incliné sur l'horizon. Lorsqu'elles sont très vastes, l'intérieur peut ne pas participer à la gyration. ( ï^B ) la région de l'équateur thermal, et coulent vers les pôles avec une vitesse accélérée, en décrivant sur la sphère des sortes de paraboles dont la con- cavité est tournée à l'Est. Ces trajectoires sont symétriques par rapport à l'équatcur sur les deux hémisphères. Il en résulte que la gyration des cy- clones est directe sur notre hémisphère et rétrograde sur l'hémisphère austral. Ces courants s'abaissent vers le sol, ainsi que leurs cirrhus, à me- sure qu'ils s'éloignent de l'équateur; les mouvements gyratoires qui s'y forment, très nets vers les tropiques, s'élargissent, s'affaiblissent, se dé- forment de plus en plus dans les régions tempérées et disparaissent près des contrées polaires. » 4° Ij^s mouvements tournants j^euvent, en s'amplifiant, se segmenter et produire des tourbillons distincts, de même figure, marchant de con- serve. Inversement, des tourbillons nés dans le même entonnoir et marchant enseuible peuvent se réunir en un seul et y sommer toutes leurs gyrations respectives. » Des gyrations parasites peuvent naître dans les immenses spires d'un cyclone et donner naissance à de vastes séries de trombes, de tor/)ados et d'orages, dans le demi-cercle dangereux, un peu à l'avant. M 6" Les effets mécaniques de ces tourbillons sont toujours et partout les mêmes. Quand ils rencontrent, en descendant, l'obstacle du sol ou de la mer, ils épuisent sur cet obstacle la force vive recueillie en haut dans un vaste entonnoir, et concentrée en bas sur un espace beaucou|) moindre; ils affouillent le sol ou la mer à la manière d'un outil qui marcherait ra- pidement en ligne droite, tout en tournant sur lui-même, à peu près hori- zontalement, avec une grande violence. » 7° Les effets physiques dépendent de la constitution du fleuve aérien plus ou moins élevé au sein duquel ces tourbillons ont pris naissance et qui en alimente les gyrations. » Si le courant supérieur est dépourvu de particules aqueuses plus ou moins congelées, le mouvement gyraloire descendant amène en bas de l'air sec et surchauffé par la compression. De là les phénomènes du fœhn, du sirocco, etc. Si même la gyration est assez énergique (et alors le mouvement gyratoire se propage jusqu'au sol sous forme de trombe), l'air surchauffé, sorti du pied de la trombe au contact du sol, possédera une certaine force ascensionnelle; il em|)ortera en haut les lorrenls de sable ou de poussière chassés horizontalement au loin et en tous sens par la trombe; celle-ci devient alors visible par cette poussière dont ses spires s'emj>areiit en la traversant. ( 129 ) » 8" Si le fleuve aérien contient des particules aqueuses et surtout des aiguilles de glace à très basse température, les spires gyratoires seront froides malgré la compression croissante qu'elles subissent en descendant. Elles produiront alors, dans les couches d'au" chaudes et humides des régions inférieures, les nuages, les averses, la grêle, le toimerre. Si une de ces gyrations descend jusqu'au sol, à travers la couche de nimbus, sans que ses spires se désunissent, elle s'entourera d'une gaine légèrement conique de vapeur condensée qui la rendra visible en totalité ou en partie ('). Enfin, l'air froid sorti tangentiellement de la trombe, au conlact du sol, ne possédera pas en propre de tendance ascensionnelle comme dans le cas des trombes sèches. » En terminant, je remercie noire éminent Confrère, M. Mascart, d'avoir bien voulu provoquer ces explications. Elles sont encore utiles aujour- d'hui, car les notions élémentaires sur les mouvements gyratoires, même dans le cas le plus accessible, celui de nos cours d'eau, sont fort peu ré- pandues, et tel est, au fond, l'obstacle qui a le plus entravé, au commen- cement, la propagation de mes idées. » M. Mascart présente les remarques suivantes à pro[)os des Communi- cations de M. Faye : « Je tiens à remercier M. Faye d'avoir accueilli mes observations avec une bienveillance particulière, mais je dois avouer que je n'ai trouvé dans ses deux réponses aucun lait démontré qui fût de nature à modifier ce que notre Confrère appelle tes préjugés des méléorotogistes. » J'avais cru traduire exactement les idées de M. Faye par les mois de courmit descendant, pour indiquer que l'air irait de haut en bas dans le centre d'un cyclone, sans rien préjuger, d'ailleurs, sur la forme de la tra- jectoire'; je ne fais aucune dilficullé à dire courant gyraloire descendant. » Apres avoir résumé ma Communication, M. Faye ajoute : « Il y manque un trait caracléiistique et ca])ital : c'est que les tempêtes, les cyclones, les lornados sont tous, sans exception, animés d'un mouvement de translation rapide. . . . ( ') Ce bont les faibles gyraiions communiquées à cette gaine nébuleuse dans les trombes et l'ascension de ces vapeurs extérieures qui ont produit si souvent l'illusion d'une aspi- ration ascendante, et porté le spectateur à croire que l'eau de la raer y monte en tour- noyant jusqu'aux nues, lesquelles s'épaissiraient à vue d'ceil grâce à ce singulier apiiort d'eau préalablement dessalée par la trombe. C. R., i885, 3« Semestre. (T. CI, N° a.) '7 ( i3o) Coiuiuent ailnietlro qu'une raréfaction locale se mette à marcher avec une vitesse de lo, i5 ou 20 lieues par heure dans un air immobile et parcoure d'énormes espaces pendant des heures, des jours ou même des semaines entières sans jamais se combler? » » S'il est admis que tous les mouvements tournants à rotation gauche sont d'une même nature mécanique, et je n'ai aucune raison de ne pas adopter cette manière de voir, il paraît nécessaire, pour en connaître le mécanisme, de s'adresser à ceux d'entre eux qui permettent des observa- lions exactes, c'est-à-dire aux cyclones de quelque étendue. » En second lieu, je n'ai pas à expliquer comment les dépressions se propagent, ni à répudier ou à défendre les opinions émises sur ce sujet par les météorologistes, mais seulement à chercher quels sont les phéno- mènes, d'après les observations les plus dignes de foi. » Enfin le transport rapide d'un cyclone n'est pas une condition néces- saire de son existence. Il arrive souvent qu'une dépression reste pendant plusieurs jours sur le golfe de Gènes. Au mois de novembre 1878, une dé- pression importante avait son centre le i3 au Havre (745™""), le i4 à Dun- kerque (745™"*), le i5 près deGroningiie (735™'"); le 16 elle était revenue sur ses pas vers la mer du Nord, à mi-chemin entre York et Groningue (730°""), où elle était encore le lendemain (745"""), et elle s'est comblée sur place. Dans un intervalle de sept jours, le cyclone n'a pas fait plus de 4*"" à l'heure, quoique le vent soufflât en tempête depuis les côtes d'Ir- lande jusque dans le golfe de Finlande. » Cette propagation des cyclones dans une direction très différente de la direction moyenne vers le nord-est se présente fréquemment, et il paraît difficile de la considérer comme dominée par les courants supérieurs de l'atmosphère. » Il iiecoiiviendrait pas non plus de discuter les autorités sur lesquelles s'appuie M. Paye, en tant qu'd ne s'agit pas de faits d'observation. D'après des souvenirs qui remontaient à quarante ans. Golden dit avoir vu sur la mer, à la distance de So"" ou ^0"^, vuie cavité de 2™ de diamètre entourée par un bourrelet circulaire. Comment l'observateur a-til pu s'assurer que le centre du bourrelet était plus bas que le niveau général? Il est vrai que Spallanzani est plus explicite. A l'aide d'une boiuie lunette, une trombe lui est apparue comme un voile d'eau qui, s'étant déchiré eu plusieurs parties, laissa voir une cavité qui pénétrait de plus de 2 pieds dans la nier. Chacun peut apprécier si ces deux descriptions suffisent pour mettre en doute l'opi- nion des marins qui ont vu tant tie fois des masses d'eau soulevées en cône sur le passage des trombes. ( i3' ) » Pour être assuré que les cyclones ne proviennent pas des régions supérieures, il n'est pas nécessaire de démontrer que le Irouble atmosphé- rique n'atteint jamais une hauleur déterminée, mais seulement que dans un grand nombre de cas il est limité aux couches voisines du sol. Aux exemples que j'ai déjà cités j'ajouterai que des deux cyclones de 1876, étudiés par M. Eliot, le premier a été dévié presque à angle droit au moment où il a abordé la côte et rencontré les monts Ghats, le second a été arrêté par les monts Tipperah, qui ne s'élèvent pas à plus de 1200™. » Quant aux tornados, le catalogue de 600 observations réunies par M. Finley montre qu'ils se manifestent surtout dans les grandes plaines; non seulement il n'en existe pas dans les montagnes Rocheuses, mais la région des Alleghanys, dont le plus haut sommet est de 2000™, est absolu- ment épargnée, tandis que les tornados apparaissent de tous côtés autour de celte chaîne. B Eu résumé, laissant à part les airesde pression maximum que M. Paye considère comme en dehors de la question, l'hypothèse d'un courant qui descendrait des régions supérieures dans les mouvements tournants à rota- tion gauche ne me semble démontrée par aucune observation; en parti- culier, cette hypothèse paraît inconciliable avec deux circonstances bien établies : que la pression est maximum au centre d'un cyclone, mobile ou stalionnaire, et que de tous côtés le vent horizontal a une composante dirigée vers le centre de la dépression, la direction du vent faisant quel- quefois avec les lignes d'égale pression un angle supérieur à 45°. » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Industrie de la magnésie; par M. Tu. Schlœsing. « Dans l'une des Notes sur l'industrie de la magnésie que j'ai présentées à l'Académie en 1881, j'ai dit comment on peut ex traire à peu de frais cette substance de l'eau de mer: on la i)réci])ite par la chaux; on laisse reposer pendant vingt-quatre heures, après lesquelles les ~ de 1 eau de mer sont évacués par décantation ; le dépôt est étendu dans des bassins à fond de sable, où il abandonne l'excès d'eau, se ressuie et se dessèche. On obtient finalement de l'hydrate de magnésie sous forme de croûtes dures de plu- sieurs centimètres d'épaisseur, fendillées par le retrait que produit la des- siccation. Cet hydrate contient une proportion de sel marin variable, qui peut s'élever à 8 pour 100 ; mais il en est complètement dépouillé, malgré sa compacité, quand on le fait tremper pendant deux ou trois jours dans (le l'eau douce renouvelée. Ce lavage ne le ramollit pas. ( i32 ) Il serait 1res désirable que la magnésie ainsi obt. nne devînt la matière première d'une fabrication de produits réfractaires : en effet, des briques possédant l'infusibilité de la magnésie, et d'un prix modéré, trouveraient des usages multipliés, surtout en métallurgie. On m'excusera donc, en rai- son de l'intérêt du sujet, si j'entre dans quelques développements sur les moyens de réaliser une telle fabrication. » Calcinée au rouge, la magnésie marine se déshydrate et perd sa co- hésion; au blanc, elle subit un reirait considérable : si l'on pèse successi- vement une mesure pleine de magnésie calcinée au rouge, puis de ma- gnésie calcinée au blanc, on trouve des poids qui sont dans le rapport de I à 2,25. Le retrait s'effectue en un temps très court : ainsi un morceau d'hydrate remplissant un petit creuset de platine que l'on porte au blanc en deux minutes, à l'aide d'un chalumeau à gaz, i)rend un retrait définitif qu'un chauffage prolongé ne modifie pas. » Il est bien évident, d'après cela, qu'avant d'èlre livrée au commerce sous la forme de briques, la magnésie doit avoir éprouvé tout son retrait par l'action d'une température très élevée, parce qu'une brique ne doit plus varier dans ses dimensions du moment qu'elle est entrée dans une construction, » On pourrait avoir l'idée d'agglomérer en la forme voulue de la ma- gnésie déshydratée au préalable par la chaleur rouge, et de porter ensuite progressivement au blanc les objets façonnés. Mais ceux-ci subiraient in- failliblement par le retrait des déformations qui les rendtaient inaccep- tables. Il faut commencer par calciner la matière au blanc; on la façon- nera ensuite. » Mais, en se contractant, la magnésie prenrl une extrême dureté, et le broyage en fait un sable qu'il est impossible d'agglomérer sans le secours de quelque matière capable d'en lier les éléments. Ce sable jouera dans la brique le rôle des matières que les potiers appellent décjrai'isnntcs; il faudra y joindre un corps jouissant, dans une certaine mesure, des pro- priétés de l'argile. » Ce corps n'est autro que la magnésie elle-même, celle qu'on obtient en chauffant l'hydrate jusqu'au rouge. Elle possède, en effet, la propriété de s'agglomérer par la pression et, par conséquent, d'agglomérer un sable avec lecjuel elle aura été intimement mélangée. D'ailleurs, elle prend une cohésion considérable au grand feu. Voilà bien les propriétés essentielles qui font de l'argile l'élément indispensable des produits céramiques. » Si donc on fait un mélange de sable îuagnésien et de cette magnésie, ( i33 ) et qu'on le soumelte à mie pression suffisnnte dans un moule en fonte, on obtiendra lin corps ayant une forme voulue, avec une cohésion déjà assez grande; des briques ainsi moulées pourront être maniées et empilées dans un foiu' sans le moindre danger d'écrast^ment ; elles y seront portées à la chaleur blanche; dès lors, la magnésie qui cimente les éléments sableux prendra toute sa cohésion, et les briques acquerront toute la solidité qu'elles devront posséder, en tant que matériaux de construction. » Le rapport entre les poids des deux sortes de magnésie peut varier beaucoup; j'ai obtenu de très bons résultats en mêlant 4 parties, en poids, de sable avec i partie de magnésie cuite au rouge, ou, ce qui re- vient à peu près au même, 2 volumes de l'un avec i voltuiie de l'autre. Une pression, que j'évalue à loooo'^s par décimètre carré, suffit ample- ment pour donner à la brique crue le degré voulu de cohésion. Avec les proportions que j'indique, le retrait au grand feu est presque nul. La chaleur peut d'ailleurs être appliquée très brutalement; ainsi, plusieurs fois j'ai cuit une brique dans un petit four avec le chalumeau à gaz, en dardant la flamme sur l'une des faces, sans le moiiidre dommage. Après la cuisson, les briques restent très poreuses, ce qui est une condition de bonne tenue dans des constructions sujettes à des variations extrêmes de température. )) H. Sainte-Claire Deville a montré que la magnésie anhydre est une substance éminemment hydraulique : on [)ourrait être tenté de profiter de cette propriété pour obtenir des briques crues très solides, sans avoir re- cours à une pression énergique. En effet, si l'on humecte à raison de 12 à 14 pour 100 d'eau le mélange précité de sable magnésien et de magnésie, et qu'on le tasse dans un moule, on obtient au bout de vingt-quatre heures une brique d'une extrême dureté. Mais des briques ainsi confectionnées subiraient bien des avaries dans le four où on les aurait empilées, au mo- ment où l'hydrate qui les cimentait à froid serait converti par la chaleur en magnésie anhydre. Il faut donc s'en tenir aux matières sèches, dont la chaleur ne modifiera pas la composition chimique, quitte à employer une |)ression suflîsante pour les agglomérer. » Il me reste à dire comment l'hydrate de magnésie marine peut être économiqueiient calciné à la température du blanc. » Quand une matière, comme la magnésie, ne craint ni le contact di- rect des flammes, ni les déformations produites par l'entassement, le meil- leur appareil de calciuation est le four coulant : c'est le plus éconwuiique sous le triple rapport de la construction, de la main-d'œuvre, ^le l'emploi ( i34 ) de la ch.ilenr. D.ms le cas présent, toutes les surfaces exposées à une haute température au contact de la magnésie devront être en matériaux infu- sibles et incapables de se combiner avec cette base : des briques magné- siennes rempliront fort bien cette condition. Il ne faudra pas mêler à la matière à calciner un combustible solide, dont les cendres altéreraient la qualité des produits; ce combustible sera donc brûlé à part, dans des allan- diers; mais il sera préférable d'employer un combustible gazeux projeté avec (le l'air par des chalumeaux, ou un combustible liquide comme le pétrole. » Pour mon instruction, j'ai construit un four coulant de dimensions très exiguës, destiné à la calcination de la magnésie. Il a o™,6o de haut, et une section carrée de o™,09 de côté. I/intérieur est habillé d'une che- mise en briques magnésiennes. Au milieu de la hauteur, dans l'une des parois, j'ai pratiqué une chambre qui se présente dans le four comme un soupirail dans une cave : c'est par là que pénètrent d'abord l'air et le gaz lancés par un chalumeau. Le produit calciné s'extrait par deux portes, placées en face l'une de l'autre, au bas de la construction. » Le fonctionnement de cet appareil rudimentaire m'a causé quelque surprise et beaucoup de satisfaction. La région de la chaleur blanche y occupe l'espace qui fait face à la chambre et s'étend à o™,o6 ou o™, D'y au- dessus. A partir de cette région, la magnésie occupe dans le four une hau- teur de o'^jiS seulement, et pourtant la température des gaz se maintient à leur sortie entre 100° et i5o°. Il suffit donc d'une bien faible épaisseur de magnésie, au-dessus de la région du blanc, pour déterminer une énorme chute de température et produire une utilisation presque parfaite de la chaleur. Ce résultat est dû sans doute à la forte proportion d'eau contenue dans l'hydrate; il y en a d'abord 9 parties pour 20, 5 de magnésie réelle, à 1 état de combinaison; il y a en outre i5 pour 100 d'eau d'humectation, ce qui fait en tout /jo d'eau pour 60 de substance sèche. On peut presque dire que la couche supérieure de magnésie est là comme de l'eau jetée sur une flamme. » Malgré son exiguïté, mon four me donne en dix heures 5o'*^ de ma- gnésie cuile au blanc, d'où résulte qu'un four ayant une section carrée de o™,4o fie côté produirait 2^ tonnes en vingt-quatre heures; et ce serait encore, industriellement, un petit four que tout ingénieur versé eu ce genre de construction saurait établir sans difficulté. » Il suffirait de donner à l'air lancé dans le four, en sus de la pression barométrique, un petit excès de pression mesuré par o™,i5 à o™,20 d'eau; ( î35 ) on serait certain de vaincre la résistance opposée à la circulation des gaz par la matière entassée dans le four. Au reste, pour diminuer cette rési- stance, on aura soin de cribler l'hydrate avant de l'introduire dans le four. On en éliminera ainsi la poudre et les petits fragments qui iront ali- menter un foiu' à sole chargé de préparer la magnésie calcinée au rouge. >» Il sera essentiel de débarrasser l'hydrate du sel marin qu'il contient, avant de le calciner. Sinon, le premier effet de la chaleur serait de l'émietter en une multitude de petits fragments qui rendraient presque impossible le mouvement des gaz. Cet inconvénient ne sera plus à redouter quand l'hydrate aura été bien lavé à l'eau douce. » ZOOLOGIK. — Sur te système nerveux central de la Tetliys leporina; par M. H. de Lacaze-Dcthiers, « Dans quelques-unes des Communications que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie sur le système nerveux des Mollusques, les exemples que j'avais choisis se rapportaient à des genres dont les centres nerveux of- fraient un caractère très spécial, très accusé. Ce caractère, dont je mon- trerai ultérieurement toute l'importance, n'existe plus dans la Téthys, bien que les ganglions nerveux soient au fond et morphologiquement les mêmes que dans l'Ancyle, le Gadinia ou la Testacelle. » Pendant le séjour prolongé que je viens de faire au laboratoire Arago, j'ai pu vérifier de nouveau quelques faits relatifs au système nerveux cen- tral de la Téthys, que MM. Rudolphe Berg et V. Jhering ont aussi étudié. Comme les résultats publiés par ces auteurs différent en quelques points de ceux que j'ai moi-même obtenus, j'ai pensé qu'il y avait quelque inté- rêt à présenter le présent travail à l'Académie. » Tous les naturalistes ayant disséqué la Téthys ont vu sur le dos de son œsophage une masse nerveuse centrale, unique, en forme de losange, d'où partent tous les nerfs de l'économie. En cela, il n'y a pas de doute, et déjà M. Blanchard et délie Chiaje avaient fait connaître cette disposition. Où le doute commence, c'est dans l'interprétation de la valeur morpho- logique des parties constituantes de cette masse centrale, sur laquelle M. R. Bergh a indiqué la présence de sillons pouvant conduire à admetue l'existence de lobes ou de parties constituantes secondaires. V. Jhering n'admet pas ces sillons; tout au plus accepte- t-il deux moitiés latérales symétriques dans lesquelles il conçoit cependant que des zones cellulaires, ( '36 ) non séparées et non distinctes, répondent ou correspondent à quelques- uns des centres incontestés des Gastéropodes. » La figure schématique du travail de M. V. Jhering est destinée à re- présenter celte idée de même que le nom ûe masse prologanglionnaire, par lequel il désigne l'ensemble du système nerveux, expiime encore la même opinion dont l'origine, il faut bien le remarquer, se trouve surtout dans le désir de démontrer les relations ancestrales des différents types secondaires du groupe des Gastéropodes. » En laissant de côté ces considérations phylogénéliques et en se plaçant au point de vue purement morphologique, en un mot en faisant de l'anatomie positive pour n'accepter que les interprétations qui découlent des faits et des lois morphologiques, il est possible, d'après de nouvelles études, d'établir les faits jiosilifs que résume la proposition suivante : » Dans la masse nerveuse centrale de la Téthys se trouvent réunis, mais masqués par des enveloppes cellulaires et des dispositions spéciales, les trois groupes de ganglions qui, avec les deux masses sous-œsopha- giennes stomato-gastriques, constituent l'appareil central d'innervation des Gastéropodes. » Les deux ganglions stoaiato-gaslriques se découvrent aisément, ils occupent la position ordinaire et sont au voisinage de l'ouverture des glandes salivaires dans l'oesophage ; pour eux donc rien de particulier ; aussi il n'y a pas à insister. » C'est la masse centrale dorsale qu'il est difficile d'analyser et de dé- composer. Il faut, pour arriver à des résultats, faire des préparations fines, très délicates, employer les procédés de technique histologique et faire des coupes horizontales propres à faire découvrir les parties centrales primi- tives. » Voyons d'abord co.nment sont composés les centres nerveux de la Téthys: depuis lot)gtem])s, j'ai indiqué que les cellules nerveuses étaient contenues dans des sacs pédoncules piriformes, insérés sur les parties oiulamentales, en sorte que les ganglions ressemblent à des gra[)pes. » Les poches les plus grandes sont au milieu, en dessous; les plus petites sont sur le bord supérieur et aussi au milieu. » Lorsque les pièces ont macéré quelque temps dans des liquides convenablement appropriés, on distingue facilement sous la loupe leur division en six groupes secondaires : deux supérieurs, deux intérieurs et deux latéraux. Ces derniers correspondent à ce qu'on pourrait appeler les angles aigus du losange. ( i37 ) » Si l'on enlève nne à une, et ce travail est long, ces poches à cellules ganglionnaires, on dénude les origines des nerfs et on découvre les parties fondamentales, qui se réduisent, elles aussi, au nombre de six. )) Dans le cas où les masses ganglionnaires sont normalement déve- loppées, distinctes, séparées, on sait qu'on arrive, par la connaissance des nerfs qu'elles fournissent, à déterminer avec précision la nature morpho- logique des parties, quelque transformées qu'elles soient, pourvu qu'on s'appuie sur la loi des connexions. » Ici, c'est pour ainsi dire l'inverse qu'il faut faire. On doit partir des parties ou des organes connus, dont la nature ne laisse aucun doute , suivre les nerfs qui s'y distribuent, et là remonter jusqu'à la portion cen- trale qui, par cela même, se trouve à son tour déterminée. » Ainsi, du pied qui ne fait et ne peut faire de doute, on suit de gros nerfs allant aux angles latéraux du losange cérébral; du voile péribuccal, si favorisé au point de vue de la sensibiHté et portant les tentacules dont la nature morphologique est certaine, on arrive par des nerfs extrêmement développés aux deux masses supérieures; enfin, si l'on découvre et suit les nerfs du dos de l'animal, dos correspondant au manteau, on est conduit aux deux lobes inférieurs de la masse cérébrale, en apparence unique. » Ces faits, auxquels il serait facile d'en ajouter d'autres, prouvent la réunion ou mieux le voisinage excessif des ganglions cérébroïdes, pédieux et asymétriques, puisque, de tous les organes, les nerfs convergent vers cette masse centrale unique. Le rapprochement est tel que, faute d'une ana- lyse très minutieuse, on a été conduit à admettre une fusion des parties en une masse protoganglionnaire. » Pour arriver à découvrir la disposition réelle qu'a masquée le rappro- chement des masses, il faut retrouver les connectifs et les commissures unis- sant les différents ganglions. C'est là ce qui est difficile, ce qui n'a pas été recherché par les auteurs. » A ce propos, il est utile de remarquer que, depuis bien longtemps déjà , M. Milne-Edwards a établi une distinction fort utile dans la description des centres nerveux. Les commissures sont les cordons unissant transver- salement les masses ganglionnaires semblables d'un même centre; les con- nectifssont les cordons longitudinaux qui unissent des ganglions appartenant à des centres différents. M. von Jhering appelant tous ces cordons indis- tinctement des commissures^ ses descriptions deviennent très confuses. » Dans un travail antérieur, j'ai décrit, sur les côtés du système ner- veux central, un triangle dont les côtés sont formés exclusivement par les C. R., l885, 2» Semestre. (T. CI, N» 2.) '° ( i3S ) conneclifs unissant les ganglions pédieux, cérébroïdes et asymétriques. La forme et la longueur relative de ce triangle dépendent de la position et de l'éloignement des centres occupant les angles du triangle. Aussi toutes les formes secondaires du collier œsophagien dérivent-elles des variations que peuvent présenter ces conditions. » Dans le cas actuel, il fallait rechercher dans la masse nerveuse cen- trale et dorsale, protoganglion de von Jhering, le triangle dont je parle. Il fallait en démontrer l'existence pour arriver à prouver que les dif- férents centres ne font pas défaut et restent, par cela même, distincts. » En préparant convenablement la masse cérébrale et en la soumettant à l'examen microscopique à un faible grossissement, après avoir enlevé un grand nombre des vésicules ganglionnaires, soit par des coupes horizon- tales, soit directement, on voit, de chaque côté, trois amas d'une substance fibrillaire mêlée à des corpuscules granuleux formant six noyaux d'ovi naissent, en réalité, tous les nerfs et sur lesquels s'insèrent les pédoncules de toutes les utricules renfermant les cellules nerveuses. Ces trois centres, de forme olivaire, sont unis par trois connectifs fort courts qu'on reconnaît sûrement et qui dessinent le triangle latéral; on retrouve aussi les commis- sures transversales unissant les parties symétriquement placées de chaque côté de la ligne médiane. » La commissure cérébrale est Tort courte, puisque les deux centres cérébroïdes viennent au contact et se touchent; au contraire, la commissure pédieuse est très longue, et cela parce que les deux ganglions pédieux se sont éloignés l'un de l'autre pour remonter sur le dos de l'œsophage; celle- ci est facile à voir, elle a été indiquée par les auteurs, elle passe en sautoir au devant de l'œsophage où on la découvre dans une gaine formant comme une bandelette. )) Si l'on dissèque avec grand soin le centre pédieux des Gastéropodes, on rencontre une seconde commissure pédieuse représentée fréquemment par un filet délicat, ce qui l'a souvent fait méconnaître. Ici cette seconde com- missure pédieuse existe très grêle, elle est dans la même -gaine cellulaire que la première, et au-dessous d'elle. Ces deux commissures unissent les deux noyaux olivaires placés latéralement au point où devraient être les angles aigus du losange nerveux. » Ce qui est le plus difficile à trouver, pour arriver à rétablir morpho- logiquement l'homologie des parties, c'est la commissure asymétrique. Le centre asymétrique se compose d'un nombre ordinairement impair de gan- glions, et c'est là ce qui lui donne ce caractère particulier d'asymétrie. ( i39) Quelquefois le nombre est pair comme dans l'Ancyle; alors le volume dif- férent des ganglions conduit à la non-symétrie sous une autre forme tout comme le nombre. Nous venons d'indiquer l'existence du triangle latéral et la position dorsale des deux premiers ganglions asymétriques. Ce centre forme par son union au cerveau et avec l'aide de la commissure transversale un collier oesophagien, puisque, sauf ses deux premiers ganglions qui remon- tent toujours plus ou moins près du cerveau, les autres sont en avant de l'œsophage. Je ne vois signalée par aucun Jes auteurs qui se sont occupés de la Téthys une commissure dont l'existence, au point de vue morpholo- gique, me semble avoir une importance capitale. » En avant des deux masses dorsales inférieures, et dont naissent les différents nerfs palléaux, on voit émerger deux filets grêles se portant en bas et embrassant l'œsophage. Cette union se fait à angle aigu à droite par un ganglion tout petit, qui occupe le sommet de l'angle, et d'où naît un nerf génital qui suit le canal commun de l'ovaire et du testicule. M Voilà incontestablement la troisième commissure et le troisième collier œsophagien retrouvés, avec ce même caractère particulier qui lui est propre, l'asymétrie. J'attache à l'existence de cette partie la plus grande importance, car elle replace la Téthys dans les conditions normales du type Gastéropode, ce qui n'avait pas été fait par les considérations phylogénéti- ques mises en avant par les auteurs. » En comparant ce système nerveux, fort particulier dans ses disposi- tions, à ceux dont l'étude a précédé, on voit quelle différence considérable les éloigne, quelles conditions obligées les rapprochent. Ici tous les ganglions se sont rapprochés et réunis sur la face dorsale de l'œsophage ; il n'en existe qu'un sur la face antérieure : c'est le ganglion asymétrique génital, extrêmement petit. Au contraire, dans les types précédemment étudiés, sauf le cerveau, tous les ganglions des centres pédieux et asymétrique oc- cupaient la face antérieure. » Dans une prochaine Communication je montrerai la valeur de cette différence en en faisant l'application. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur V homographie de deux solides infiniment étendus {sn\\.e). Note de M. Sylvester. « Nous avons fait la remarque {voir p. 3^ du numéro précédent) que chaque déterminant mineur du premier rang de la matrice du système des équations x' = \x + f{ax + by + cz + dt) contient X comme facteur ; ( i4o ) (n effet, chaque mineur du 5eco?ic/rang le conlient aussi, taiidisque chaque mineur du premier rang contient non pas seulement X, mais X carré. De plus, on voit facilement qu'en général [c'est-à-dire sauf le cas où le point ( /, g, h, k) est situé dans le plan ax + by -h cz + dt, ce qui arrive quand Ja -i- gb -h lie -^~ kd =: o], en choisissant convenablement les axes des coordonnées, ces équations peuvent être ramenées à la forme x'^^rx^ j'z=zrj^ z'^^rz, t' = st, ue sorte que la matrice horaologique (pour ainsi dire) prendra la forme r o o o o /• o o o o /■ o o o o ^ » De même, le système des équations x' = lx -h Ju -h F\J (p. 87) peut être réduit à une forme, dont la matrice déterminative sera /' 0 0 0 0 /• 0 0 0 0 s 0 0 0 0 s » Celte forme cesse d'être applicable dans le cas où les deux lignes droites, par lesquelles passent les lignes qui correspondent à elles-mêmes, sont coïncidentes : cela aura lieu quand la seule coudition est satisfaite, que Ja-[- gb + hc -\- kd (qui est toujours égal à FA + GB -l- HC -\- KD) s'évanouit. Pour ce cas, on peut démontrer que ces deux solides réunis in silu peuvent être engendrés de la manière suivante : » Prenons deux systèmes homologiques dans un plan, tels que \ecentre se trouve contenu dans l'axe d'homologie, et faisons tourner ce plan autour de l'axe, en même temps que l'axe lui-même subit dans la direction de sa propre longueur un mouvement de translation telle, que si A, B, C, D sont quatre [jositions du plan tournant et a, b, c, d les positions contemporaines d'un point quelconque dans l'axe, les rapports anharmoniques des quatre plans et des quatre points seront toujours égaux; les deux espaces poin- tillés, engendrés par ce mouvement, seront homographiques l'un avec l'autre et l'axe de rotation répondra aux deux lignes directrices du cas gé- néral en état de coïncidence. ( i4i ) » Des considérations a yi;non (') nous font croire que nous avons pu élre induit en erreur, par le calcul que nous avons fait sur le nombre de constantes qu'on obtient, en ajoutant au nombre de celles qui servent à définir deux lignes droites dans l'espace, augmenté par l'unité (à cause du rapport anharmonique disponible), le nombre des constantes de dépla- cement; ce qui donne 4 4- 4 4- 1 + 6 constantes, et qu'en effet ces 1 5 con- stantes peuvent que n'équivaloir à i4 constantes e^ecZ/ufs, de sorte que les coefficients des équations homograpbiques qui lient ensemble deux solides doivent satisfaire à une certaine condition, afin que ces solides admettent d'être réunis m situ, d'une manière telle, que la construction biaxiale sulfira à en donner les points correspondants. » En tout cas, les quatre positions qui sont liées ensemble et dont nous avons fait mention (p. 38) se déduisent d'une seule en vertu des considé- rations suivantes : i°avec l'aide des équations de la page 37 on démontre facilement ce théorème : Si deux solides A et B, et aussi B et C, sont en ho- motlièse biaxiale et qu'il y ait coïncidence entre un des axes du système (A,B) et un des axes du système (B, C), alors le sjstème (A et C) sera aussi en homothèse biaxiale et conservera comme un des siens l'axe commun aux deux autres sys- tèmes; 2° en faisant décrire à un solide une demi-révolution autour d'un axe quelconque, les deux systèmes pointillés ainsi obtenus (en regardant comme points correspondants les deux positions du même point avant et après la demi-révolution) seront en homothèse biaxiale; car la ligne qui les joint ensemble passera non seulement par l'axe même, mais aussi par la ligne à l'infini, commune à un système de plans perpendiculaires à cet axe. De [)lus, le rapport anharmonique entre cfs deux points et les in- tersections de la droite qui les réunit avec les deux lignes signalées aura la valeur constante — i. En combinant ensemble ces deux théorèmes et en prenant l'une et l'autre des deux directrices données successivement comme axe de rotation, on trouvera que deux directrices A et B données seront accompagnées par deux autres A' et B', et que A, B, B', A' seront disposées (') 1° L'incompatibilité de l;i coexistence de l'iiomologie comme cas particulier ou même singulier avec celle de l'homothèse biaxiale comme le cas le plus général. 2° Que le caractère essentiel d'une homothèse biaxiale ne dépend que de trois données intrinsèques, c'est-à-dire d'une distance, d'une torsion et d'un rapport anharmonique, celui d'une horaologie de la première et de la troisième; donc la généralité de l'homothèse ne devrait excéder que par un seul degré celle de l'homographie, laquelle (on le sait) est -inférieure de deux degrés à la généralité absolue. ( l42 ) avec une symétrie relative aux deux paires, autour d'une perpendiculaire que les quatre lignes auront en commun. » En se rappelant que deux Bgures solides dont l'une est l'image par ré- flexion de l'autre sont échangeables entre elles au moyen d'une demi- révolution autour d'un plan axial dans l'espace d'ordre supérieur, on voit qu'à ce système de quatre axes en sera associé un autre pareil, dont les propriétés intrinsèques seront tout à fait semblables à celles du premier, quoique ces homothèses qui y répondent deviennent fictives. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur (a nature des transformations que subit le virus du sang de rate atténué par culture dans l'oxygène comprimé. Note de M. A. Chauveau, « La démonstration de l'action atténuante exercée par l'oxygène sous pression sur les cultures virulentes en voie de développement est une nou- velle occasion d'étudier cette importante question : l'atténuation est-elle l'indice d'une transformation spécifique des virus, ou bien ne doit-elle pas être interprétée plutôt comme une simple dégénérescence de famille transmise héréditairement aux générations ultérieures ? » Récapitulons d'abord les faits : M Du virus charbonneux fort, bacilles du sang ou spores de cultures normales, sert à ensemencer des bouillons stérilisés, qu'on place dans une étuve spéciale, où l'air est comprimé à 8""" et entretenu à la température -f- 38°, + 39°. On en retire, au bout de trois semaines, des cultures dans lesquelles les spores sont plus ou moins abondantes. Inoculées à des lots de moutons, elles ne font périr que la moitié des sujets, tandis que la semence, ou virus primitif, tue à peu près tous les moutons auxquels on l'inocide. » Ce premier virus atténué sert à faire une deuxième génération, puis une troisième et une quatrième, exactement dans les mêmes conditions que la première. L'atténuation virulente, essayée comme précédemment, se montre plus grande dans la deuxième culture, plus encore dans la troi- sième. Il est rare que, dans la quatrième, l'atténuation ne soit pas telle que le virus ne tue plus le mouton, tout en faisant périr encore le cobaye. La marche de l'atténuation n'est pas toujours aussi graduellement croissante . Ainsi, dès la première génération, le virus atteint parfois d'emblée l'atté- nuation maxima, celle qui rend les cultures utilisables pour l'inoculation { i43) préventive. Mais il n'y a pas à tenir compte pour le moment de ces fiiits exceptionnels. » Voilà une première phase de l'évolution atténuante, phase qui exi<^e généralement, pour s'accompHr, quatre générations dans l'air sous pres- sion, quelquefois moins, quelquefois plus. » Il est remarquable que, pendant cette phase, les cultures deviennent, sous le rapport prolifique, de plus en plus sensibles à l'action de l'oxygène. La tension limite, compatible avec le développement des cultures, s'abaisse à mesure que le nombre des générations augmente. Ainsi, dans l'étuve, où toutes les cultures sont invariablement soumises à l'action de Toxygène sous la tension |, il est bien rare qu'à la première génération on ne trouve pas tous les matras en état de riche prolifération. Mais, sur 20 matras, il s'en rencontre, à la deuxième génération, 2 à 3 qui restent clairs, 5 à 6 à la troisième, plus de la moitié à la quatrième. Est-ce là un véritable affaiblis- sement de la faculté prolifique? Non; la preuve ressortira plus loin. C'est, en tout cas, un caractère intéressant, présage de l'acquisition de la fixité de l'atténuation. » Avec les premières générations, on est presque toujours plus ou moins loin de cette fixité del'atténuation. Propagées à l'air libre, dans les condi- tions ordinaires, elles donnent des cultures dans lesquelles le virus reprend, au moins en partie, son activité malfaisante, et d'autant plus qu'il en avait moins perdu pendant la proHfération sous pression d'air. » Mais si l'on a affaire à une série où le nombre des matras stériles est très considérable, les choses se passent autrement. Parfois alors, parmi les cultures réussies d'une telle série, on en rencontre dont l'atténuation est si parfaite qu'elles ne font plus mourir le cochon d'Inde. Si ces virus, ex- ceptionnellement atténués, sont propagés à l'air libre, ils conservent, dans ces cultures ultérieures, la plus grande partie de leur atténuation, celle que l'en peut appeler utile. Ainsi, ces cultures retrouvent presque toujours et conservent l'aptitude à tuerie cobaye; mais elles sont et restent inoffensives pnur le mouton, le bœuf, le cheval. J'ai pu créer de cette manière plusieurs catégories de virus atténués, qui, arrivés à leur septième et même à leur dixième génération à l'air libre, présentent encore les mêmes qualités qu'à la première. » La fixité de l'atténuation s'est traduite, dans mes recherches, d'une manière plus saisissante encore. J'ai prouvé que les bacilles du sang des cobayes qui succombent à la suite d'une inoculation de virus atténué, inoffensif pour l'espèce ovine, sont parfois incapables de communiquer ( i4/i ) aux animaux de cette espèce la maladie du sang de rate sous sa forme mortelle, ce qui arrive presque inévitablement quand la mort du cobaye a été causée par une inoculation de virus fort. Or, je viens de constater, dans une de mes récentes expériences, qu'un bouillon, ensemencé avec le sang d'un de ces cobayes tués par une culture faible, avait donné une cul- ture tout aussi atténuée que celle-ci. Il y aurait donc des cas où la fixité de l'atténuation serait telle qu'après avoir semblé disparaître, elle renaî- trait spontanément. Ce qui est sûr, c'est que, quoique pris sur un cobaye qu'il a tué, le bacille issu d'une culture atténuée peut reproduire, en cul- ture, des spores inoffensives pour le mouton. » Voilà les faits. Comment les interpréter? » Il est certain que la variole et la vaccine ne paraissent pas, à première vue, réunies par des rapports différents de ceux qui existent entre le virus charbonneux fort et le virus atténué qui, respectant la vie des animaux, les préserve ensuite contre les atteintes du virus fort. A supposer que la vaccine soi tune transformation spécifique de la variole, le virus charbon- neux atténué peut être également considéré comme une transformation spécifique du virus fort. Celte opinion est-elle capablederésister à l'épreuve de la critique ? » Et d'abord, il n'est pas encore démontré que la vaccine dérive de la variole. Je crois bien connaître les rares séries de faits invoqués en fa- veur de cette dérivation ; il n'y en a pas une qui ne présente quelque côté suspect aux yeux d'un familier de la méthode expérimentale. Grandpartisan de l'unité primitive des deux maladies et delà transformation de la forme maligne en la forme bénigne, j'ai fait, à moi seul, depuis vingt ans, pour réaliser celte transformation, beaucoup plus de tentatives variées que tous les autres expérimentateurs réunis. J'en suis encore à attendre le succès. La masse énorme de documents que j'ai accumulés sur cette question, avec l'aide de mes élèves, m'a forcé à conclure, au moins provisoirement, contre nioi-mêrae, c'est-à-dire à la dualité. Il y aurait donc à effacer ce trait de ressemblance avec le virus charbonneux, dont on crée, à volonté, la forme bénigne, par transformation de la forme maligne. » Admettons cependant que le virus varioleux soit bien réellement la souche du virus vaccinal; il est alors certain qu'on ne saurait imaginer une transformation plus complète. A coup si^ir, le virus variolique est une espèce et le virus vaccin en est devenu définitivement une autre. Les preuves abondent; n'en citons qu'une; mais quelle preuve! Les millions de vaccinations pratiquées chaque année dans l'espèce humaine ont-elles ( i45 ) jamais fait naître la variole? Non. L'impossibilité du retour de la vaccine à la variole est si bien étal)lie qu'il n'est même venu à l'idée de personne d'exploiter, en faveur de ce retour, les cas de coïncidence fortuite qui, dans une aussi colossale expérience, ne peuvent manquer de se produire, rassemblant sur le même sujet l'éruption vaccinale et l'éruption vario- lique. » Le virns charbonneux faible possède-l-il la même fixité? On ne la trouve pas, à coup sûr, dans les cultures atténuées par ma première mé- thode (intervention de la chaleur) ou même par celle de M. Pasteur (inter- vention de la chaleur et de l'oxygène de l'air sous pression ordinaire), dont cependant les résultais sont si beaux. Ma nouvelle méthode (inter- vention de l'oxygène comprimé) en donne qui seront jugés, je crois, encore meilleurs, et néanmoins la fixité des propriétés du virus atténué par cette méthode ne peut pas davantage être comparée à celle qui appartient aux propriétés du virus vaccinal. L'innocuité de ce virus charbonneux, si re- marquable qu'elle soit, n'est pas absolue comme l'est celle du virus vaccin. Tous les éléments virulents de la même culture ne jouissent pas nécessai- rement de la même atténuation. Il peut même s'en trouver qui ont l'activité du virus fort, et les sujets inoculés qui en font la rencontre sont alors exposés à succomber. Si rares qu'ils soient, il faut compter avec ces acci- dents. J'en ai vu survenir un après l'inoculation d'une culture dont la semence avait été fournie par le contenu d'un matras, employé ensuite tout entier à une inoculation dite vaccinale, qui fut absolument inoffensive. C'est là un effet de l'atavisme, un de ces coups en arrière démontrant manifestement que le nouveau virus n'a pas acquis d'une manière assurée les caractères d'une espèce fixe. » Tout concourt à démontrer que ces nouveaux virus sont plutôt, au moins pour le moment, de simples familles auxquelles on a réussi à im- primer quelques caractères spéciaux, certains signes de dégénérescence, susceptibles de se transmettre par hérédité, avec conservation de la ten- dance à revenir au type primitif, comme cela arrive dans les plantes et les animaux supérieurs. Cette manière de voir serait encore corroborée par l'étude morphologique des cultures en voie d'évolution, si j'avais la place nécessaire pour faire cette étude. » Quelle que soit, du reste, la nature de cette atténuation du virus charbonneux, la découverte qu'a faite M. Pasteur de sa transmission par hérédité n'en reste pas moins un fait de haute valeur, tant au point de vue pratique qu'au point de vue de la Biologie générale. » C. R., i8S5, 2- Semestre. (T. CI, N° 2.) ^9 ( i46) M. Pasteur, en faisant hommage à l'Académie du Rapport du D''jBrouarrfe/^ sur sa mission en Espagne, s'exprime ainsi : a J'ai l'honneur de déposer sur le Bureau de l'Académie et de lui faire hommage, au nom de M. le D"^ Brouardel, du Rapport que cet éminent hygiéniste a lu mardi dernier à l'Académie de Médecine. M Si le D'' Ferran a trouvé le moyen de préserver l'homme du choléra, il n'est nul besoin pour lui de la signature d'un ministre; l'humanité tout entière deviendra la garante du prix moral et matériel de sa découverte. S'obstiner à ne pas le comprendre serait autoriser tous les soupçons, et c'est ce qui a eu lieu à la suite des réponses faites à nos missionnaires en Espagne. Le D"^ Ferran vent sortir de cette situation. La nouvelle Note du médecin espagnol, que M. le Secrétaire perpétuel vient de lire à l'Acadé- mie ('), en est le témoignage. M. le D"^ Brouardel sera le premier à s'en féliciter. » M. H. Faye, en présentant à l'Académie la seconde édition de son Livre Sur l'origine du monde, s'exprime ainsi : « La première édition a été accueillie par la presse scientifique et par le public avec plus de faveur que je n'aurais osé l'espérer. Cette bien- veillance même m'imposait le devoir d'apporter tous mes soins à la seconde édition. Le fond est resté, mais j'ai complété les développements histo- riques, supprimé quelques citations qui ne se rapportaient pas strictement à mon sujet, et remanié ma théorie en insistant sur les concordances qu'elle présente, soit avec l'Astronomie sidérale, soit avec la Géologie de notre époque. » Autrefois, je veux dire il y a une vingtaine d'années, on avait les coudées franches pour imaginer un système cosmogonique : il suffisait de l'accommoder aux notions contemporaines d'Astronomie et de Mécanique céleste. Il n'en est plus de même aujourd'hui. La Thermodynamique as- signe à notre Soleil une provision limitée de chaleur; l'Analyse spectrale nous révèle la constitution intime des astres les plus éloignés; la Paléon- tologie nous fait remonter à des époques où il n'y avait, sur notre globe, ni saisons ni climats. En nous apportant d'irrécusables documents sur les [') fo/r plus loin, p. 147. ( i47 ) temps primitifs, ces trois sciences nouvelles ont singulièrement restreint le champ de l'imagination; elles donnent, en revanche, un caractère phis positif à nos théories cosmogoniques, et leur imposent des vérifications dé- cisives. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Minéralogie, en remplacement de M. Cail- lelet, élu Académicien libre. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 36, M. Gosselet obtient 29 suffrages M. Dieulafait » 6 » M. Barrois « i » M. Gosselet, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. HYGIÈNE. — Sur la prophylaxie du choléra au moyen d'injections hypoder- mitjues de cultures pures du bacille-virgule. Note de M. Jaiihe Feriîan. (Renvoi à la Commission du prix Bréant.) « Dans ma dernière Note (') présentée à cette Académie, sur l'action pathogène des injections du bacille-virgule, j'ai dit que la culture douée d'un maxinuun de virulence était parfaitement tolérée par l'homme; j'ai ajouté qu'une seconde dose égale à la première ne produisait pas de sym- ptômes généraux tout en ayant une virulence égale à la première, et j'en concluais que la première inoculation donne l'immunité pour mieux résister aux effets delà seconde. » Ayant fait l'application de ces expériences à la prophylaxie du choléra, les résultats obtenus sont vraiment surprenants; car, sans craindre que les expériences successives puissent être contradictoires, j'affirme à l'Académie que la manière de couper brusquement la courbe de la mortalité d'une épidémie de choléra est aujourd'hui conquise par la Science. (') Voir Comptes rendus, séance du i3 avril dernier. ( '48 ) » De nombreuses statistiques et courbes graphiques que je soumettrai bientôt à l'examen de cette savante Académie démontreront la vérité de mon assertion. » La manière d'obtenir l'immunité contre le choléra est très simple et en même temps inoffensive. Le vaccin n'est autre chose qu'une culture pure du microbe virgule du choléra asiatique, dans du bouillon très nu- tritif; le degré de virulence est en relation directe, jusqu'à un certain point, avec la richesse nutritive du milieu. L'aération, entre autres circonstances, favorise l'intensité de la culture. » Le meilleur vaccin est le plus virulent, c'est-à-dire celui qui produit un nombre plus considérable de cas de choléra expérimental parmi les ino- culés. La dose que j'emploie à tous les âges, à partir de deux ans, est celle de i"" dans chaque bras. Les symptômes développés, tout en ayant quel- quefois une grande intensité, n'exigent pas de ressources thérapeutiques. Trois inoculations sont nécessaires pour obtenir une profonde immunité. J'en fais une tous les cinq jours à la dose de 2'^'^, une dans chaque bras, dans le tissu cellulaire delà région du triceps brachial, ce qui fait un total de 6*='= de culture virulente. » Le microbe ne se reproduit pas dans le tissu cellulaire et son action prophylactique est due, selon moi, à une sorte d'accoutumance ou d'habi- tude de l'organisme à la substance active diffusible apportée par le mi- crobe. L'immunité produite par ce moyen ne me semble donc autre chose qu'un phénomène d'accoutumance contre la substance susdite qui peut être produite et absorbée dans le cas d'une infection intestinale ordi- naire. » Les périls de l'invasion et de la mort commencent à disparaître cinq jours après la vaccination, et les garanties d'immunité augmentent avec les vaccinations successives. » L'élimination de la substance active produite par le bacille et faite par le lait des nourrices donne lieu, dans les nourrissons, à un choléra expéri- mental, toujours sans gravité. Le lait, les selles, la sueur, les matières re- jetées par les vomissements des inoculés ne produisent pas de virgules en culture. » Tous les phénomènes produits par ce principe actif semblent être dus à une action exercée sur les centres nerveux. » Quand on ne veut pas obtenir de symptômes généraux très intenses avec la vaccination, on opère avec une culture moins chargée de germes, ce qui constitue le premier vaccin. ( i49) » On ne peut pas encore préciser le temps de durée de l'immunité, mais nonobstant on peut déjà fixer un minimum de deux mois. » M. SoRiANo Y RocA adresse une Communication relative au choléra. (Renvoi à la Commission du prix Bréant.) M. A. Jannin adresse une Communication relative au Phylloxéra. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra. ) CORRESPONDANCE. M. Brown-Séquard, auquel l'Institut a décerné le prix biennal, adresse ses remerciements à l'Académie, qui l'a proposé au choix de l'Institut. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondiince : 1° Un Volume ayant pour titre : « La Physionomie comparée. Traité de l'expression dans l'honuiie, dans la nature et dans l'art » ; par M. Eug. Mouton. 2" « La Science romaine à l'époque d'Auguste. Étude historique d'après Vitruve » ; par M. ^. Terqttem. (Présenté par M. Faye. ) 3° Un Ouvrage intitulé : « De l'influence des bains de mer sur la scro- fule des enfants » ; par M. //. Cazin. (Présenté par M. Larrey et renvoyé au concours de Statistique.) ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle comète Barns^rd, faites à rOb- setvutoire de Paris [équatovial de la tour de l'Ouest); par M. G. Bi- GOURDAN. Communiquées par M, Mouchez. « Cette comète a été découverte par M. Barnard, de Nashville (Ten- nessee), le 7 juillet i885. Le 11 juillet, à Paris, par un ciel un peu bru- meux, elle avait l'aspect d'une petite nébulosité ronde, sans queue, de o', 5 ( i5o ) de diamètre, plus brillante au centre et assez faible : on l'apercevait à peu près avec la même facilité qu'une étoile de 1 1* ou 12^ grandeur. Dates. 1885. Etoile de comparaison. Juillet II a 218 Weissej l'j'' II a Id. M. Grandeur. Comète — -^ . m s 9 +0.5, i3 9 Dates. 1885. Juillet 1 1 Positions de l'étoile de comparaison. Étoile. H moy. i885,o h Red. ail .jour. Décl. moy. iS85,o. a fj.i4.3o,4o +3,94 — 6.59.18,4 Positions apparentes de la comète. Dates. Temps moyen Log. 1885. de Paris. M app. fact. par. h m s h m s Juillet II... 10. 3.54 17.14.88,47 2,193 II... 11.6. I II T,o8o Décl. Comète — ;(• . I n — 0. 2,7 — i.3i,9 Réd. au jour. 8,9 Décl. app. — 6 . 59 . i 2 , 2 1,080 — 7. 0.41,4 Nombre de comp. 12:12 12:12 Autorité. Weissei. Log. fact. par. G, 863 0,861 GÉOMÉTRIE. — Sur une loi de réciprocité dans la théorie du déplacement d'un corps solide. Note de M. A. Schoenflies, présentée par M. Darboux. « 1. Soit 1 un système de forme invariable qui se déplace d'une ma- nière générale dans l'espace 1'. Concevons une personne liée invariable- ment avec 2. Pour cette personne, l'espace 2' effectuera un déplacement dans le système 2; c'est ce mouvement du système 2' dans le système 2 que je nommerai le mouvement indirect. )) Pendant le déplacement, tout point P de 2 décrira une trajectoire dans le système 2'; réciproquement, tout point Q' de 2' décrira une tra- jectoire dans le système 2, trajectoire de Q' pour le mouvement indirect. Je vais démontrer qu'il y a quelques lois de réciprocité pour les trajectoires des points de 2 et celles des points Q' de 2'. )) 2. Pour démontrer les théorèmes suivants rigoureusement, supposons d'abord que les positions consécutives 2o, 2,, 2,, ... du système 2 soient prises à volonté, et désignons par 2'„, 2',, I'.,, ... les positions correspon- dantes de 2' dans le système 2. Appelons plan normal n^ de Po le plan dont tous les points ont la même distance de Po et P, ; de même, soit n] le plan ( i5i ) correspondant pour les positions P, et P,, et soient K; , R^, ... les plans normaux de Q' dans le mouvement indirect. ,) Comme Chastes (') l'a démontré le premier, les systèmes 2^, 1], 21, ..., formés par les plans normaux;:;;, n'{, ni des points P, sont homo- graphiqties; de même, les plans normaux R; , R^, . . forment les systèmes homographiqiies 2'g , 1^^, .... » Si les déplacements sont infiniment petits, les plans tt^jTt'JjR^, R";, ... viennent se confondre avec les plans normaux des trajectoires décrites par les points P et Q'. Ainsi, en énonçant les théorèmes seulement pour le mouvement continu, nous obtenons : » 3. Si le point Q' est situé dans le pian normal de la trajectoire du point P, le point P est situé dans le plan normal Q de la trajectoire du point Q' décrite dans le mouvement indirect. En effet, on voit immédiate- ment cp.e P„Q; = P,Q„ ^ P„Q', . » 4. De la même manière, il s'ensuit que, le point Q' de I' étant pris à volonté sur l'axe de courbure de la trajectoire de P, dans le mouvement indirect l'axe de courbure de la trajectoire de Q' passe toujours par P. » .'S. Si P' est le centre de la sphère osculatrice de la trajectoire de P, pour le mouvement indirect P est le centre de la sphère osculatrice de la trajectoire de P'. » 6. Dans un Mémoire (^) inséré au Journal mathématique de Berlin, j'ai démontré qu'il existe une homographie du troisième ordre entre les points P de I et les points P' de 1'. En effet, comme P' est le point d'intersection des plans correspondants tî'^, n], < des systèmes homographiques ^l, l'[, 1^, on voit bien la vérité de ce théorème. » Ici, il s'ensuit que, réciproquement, les points P sont les points d'in- tersection des plans 7i„., n''^, <', appartenant aux trajectoires des points P' pour le mouvement indirect. 7. A chaque moment, il existe dans le système 1 une surface F* du qua- trième ordre ('), formée par les points de 2, dont la sphère osculatrice passe par cinq points consécutifs de la trajectoire. Soient P un de ces points, P' le centre de la sphère correspondante; la trajectoire de P' dé- crite dans le mouvement indirect est telle, que la sphère osculatrice passe, elle aussi, par cinq points consécutifs. (') Comptes rendus, t. LI, p. 904. (^) Journal fiir die reine und angeivandte Mathematik, Bd. XCXVII, p. 274» {') Ibid., Bd. XCXVIII, p. 277, ( ï^2 ) » Par suite, les centres des sphères osciilatrices de ces points P coïn- cident avec les points P' de 2', dont les sphères osculatrices, pour le mou- vement indirect, passent par cinq points consécutifs des trajectoires. » Mais, comme la surface de ces points P' de i' est du quatrième ordre, nous pouvons énoncer le théorème suivant : >• Soit F" la surface de Informée par les points dont les sphères osculatrices passent par cinq points consécutifs des trajectoires, la surface V', formée par les centres de ces sphères, est de même du quatrième ordre. Pour le mouvement indirect, il faut changer les deux surfaces l'une contre l'autre. » 8. De la même manière on déduit que, k"' étant la courbe ( ' ) formée par les points de 2 dont la sphère osculatrice passe par six points consé- cutifs de la trajectoire, la courbe formée par les centres de ces sphères est de même du dixième ordre. Pour le mouvement indirect, il faut changer ces deux courbes l'une contre l'autre. )) 9. Il existe aussi une réciprocité pour les axes de courbure Ap des points P de 2 et les axes de courbure k'^ des points Q' de 2' pour le mouve- ment indirect. » On sait que les axes de courbure des trajectoires des points d'une droite g forment un hyperboloïde à une nappe. Cherchons toutes les droites g de 2 pour lesquelles l'hyperboloïde se réduit sur un cône. » Puisque, à chaque instant, l'ensemble des axes de courbures des points P de 2 forme un complexe du second ordre, K (-), ceux qui pas- sent par un point quelconque Q' de 2' sont les génératrices d'un cône du second ordre. Soient k„, k/,, k^, ... ces axes de courbtue, les points cor- respondants A, B, C, . . . sont situés sur une di'oite A' ; il en résulte que les axes de courbure d'une droite g de 2 forment un cône, si, pour le mou- vement indirect, cette droite est l'axe de courbure k'^ d'un point Q' de 2'. Donc : » Toutes les droites de 2 dont les axes de courbure forment un cône sont les droites d'un complexe du second ordre K', complexe des axes de courbure pour le mouvement indirect, et réciproquement; cela veut dire que, pour le mouvement indirect, il f;uit changer les deux complexes l'un contre l'autre. >) 10. J'ajoute encore le théorème que, g étant une droite de 2 dont les axes de courbure forment un cône, le sommet de ce cône est le point de 2' (') Journal fiir die reine (ind angcivandte nitilliciii) Ponceau B ; homologue du précédent. ( i59 ) 1) Rouge de Biebrich : diazoazobenzol et snlfo-|3-naphtol. » Bordeaux B et R : diazonaphtaline et sulfo-p-naphtol. » Ronge Congo : tétrazodiphényle et sulfo-j3-iiaplitol. » Ce dernier produit donne une solution rouge-grenat, qin vire au violet par les acides : dans ce cas il donne la courbe i5, caractérisée par un léger renforcement de l'absorption vers F. » Nous avons pu appliquer utilement l'élude des spectres d'absorption à la recherche de la coloration artificielle des sirops dits de fruits. La matière colorante des sirops naturels est rouge, verdit par les alcalis et n'est eidevée par l'alcool amylique ni en liqueur acide ni en liqueur alca- line. » La fuchsine et le sulfo de fuchsine se retrouvent en agitant avec de l'alcool amylique le sirop, acidulé par un peu d'acide chlorhydrique ou sulfurique faible; el examinant l'alcool décanté au spectioscope, on observe avec la fuchsine et le sulfo de fuchsine une large bande dans le vert, avec l'orseille un obscurcissement général du spectre, du violet au jaune, avec augmentation de l'ombre vers D; enfin la cochenille ammo- niacale montre deux bandes (courbe 19). » L'alcool amylique est ensuite agité avec de Tenu ammoniacale, qui se colore en violet dans le cas de l'orseille et de la cochenille; l'observa- tion spectroscopi(pie décidera de la nature du colorant. Avec la fuchsine, l'alcool amylique se colore en rouge par l'adlition d'acide acétique : le sullo de fuchsine se retrouve dans la dissolution ammoniacale, que l'on acidulé et qu'on examine au spectroscope. I>es dérivés azoïques se re- trouvent facilement par leur solubilité dans l'alcool amylique en liqueur ammoniacale. » Dans les vins on retrouve facilement le sulfo de fuchsine en saturant par ini excès de potasse, précipitant la matière colorante par l'acétate de mercure et acidulant le liquide filtré : si ce liquide devient rouge et montre la bande d'absorption caractéristique et que, par l'addition d'un alcali, il se décolore complètement, on peut conclure à la présence du sulfo de fuchsine. » Dans la plupart des cas, on retrouve le sullo de fuchsine directement, dans les liquides colorés, eu les diluant à la teinte rose avec de l'eau; l'ab- sorption due aux autres couleurs disparaît, et îa bande du sulfo de fuch- sine est encore assez nette pour se reconnaître facilement. » Le Bordeaux verdissant (mélange de sulfo de fuchsine avec d'autres matières colorantes, généralement du bleu de méthylène et de l'orangé de ( «^o ) dipliénylainiiie) doiuit; deux bandes d'absorption (courbe 13); il se reconnaît comme le siilfo de fuchsine. » Les essais que nous avons tentés jusqu'ici pour la photographie des spectres d'absorption ne nous ont pas encore donné de résultats satis- faisants. ') ÉLECTRICITÉ. — Sur In résistance électrique du cuivre à la température de 200" au-dessous de zéro, et sur le pouvoir isolant de l'oxjgène et de iazole liquides. Note de M. S. Wkoblewski. « M. Clausius, en discutant, en i856, les expériences de M. Arn itsen sur la conductibilité électrique des métaux chimiquement purs à des températures différentes, fit remarquer que la résistance électrique de ces corps doit être sensildement proportionnelle à la température absolue. Si donc l'on pouvait abaisser la température d'un conducteur métallique jus- qu'au zéro absolu, sa résistance s'annuler;iit, et sa conduclibililé croîtrait indéfiniment. Bien que les expériences de MM. Mattliiessen et Bose aient rendu peu probable la simplicité de cette relation entre la résistance électrique et la température absolue, j'ai pensé que la conclusion de M. Clausius était digne d'être vérifiée par une ex[)érience faite dans des conditions très diflcrentes. I. Dans ce but, j'ai étudié la résistance électrique du cuivre jusqu'au minimum de la température que l'on peut obtenir a l'aide de l'azote bouil- lant à la température de sa solidification. » Les fils de cuivre employés avaient -^ millimètre en épaisseur, et ont été recouverts d'une double couche de soie ('). Au moyen de ces fils, j'ai fabriqué de petites bobines dont la résistance à la teiiq^érature ordinaire a varié entre 3 et 20 unités Siemens. » Comme on devait plonger ces bobines dans les gaz liquéfiés, j'ai commencé ces expériences par l'étude des propriétés électriques de l'oxy- gène et de l'azote liquides. L'expérience a montré que ces corps doivent être rangés paimi les isolateurs les plus parfaits. » La résistance a été mesurée, d'après la méthode Wheatstone-Rirchhoff, aux températures suivantes : M i" La température d'ébullition de l'eau; ( t ) L'usine dans laquelle ces fils ont été commamlcs a garanti une conductibilité de q8 pour 100. ( i6, ) » 2" La température ordinaire; » 3° La température de la fusion de la glace; » 4° T-""» température d'ébullition de l'étbyléne à la pression almosphé- rique ( — io3''C.) ; » 5"* La température critique de l'azote ( — 146" C); » 6" La température d'ébullition de l'azote sous la pression atmosphé- rique (— 193° C); » 7" La température voisine de celle de la solidification de l'azote [— 200° jusqu'à — 202°C. (')]. » Les expériences faites dans l'azote ont été effectuées au moyen démon appareil que j'ai décrit il y a quelques mois dans mon Mémoire Sur l'em- ploi de l'oxygène bouillant, de l'azote, du l'oxyde de carbone et de l'air atmo- sphérique comme mujens réfricjérants ['). » Dans le Tableau suivant, qui résume quelques résultats obtenus, ^représente la température, /■ la résistance en unités Siemens, a le coeffi- cient de variation de résistance entre deux températures consécutives. Bobine I. a. Bobine II. t. /■. t. ; . X. -1-100,0 5, '7 1 - » > » + ■-! ' , 4 3,934 0,004365 + x3,75 r<),-25i » ±1 3,(h4 o,oo4i36 ± >, 17,559 o,oo4o57 — io3,o 2,073 o,oo4i4 — io3 9,848 0,004263 — 146,0 i,36o 0, 004588 -i46 6,749 0 , 004 I 04 — 193,0 o,58o 0,004591 — 93 2,731 0, 00486g — 200,0 o,4i4 0 , 006562 — 201 i,G5i 0,007688 » L'aspect de ces nombres fait voir que la résistance décroît beaucoup plus vite que la température absolue, et qu'elle s'approche de zéro à une température qui n'est pas très éloignée de celle que l'on obtient en évapo- rant l'azote liquide dans le vide. » THERMOCHIMIE. — Chaleur de Jormation des bromure et iodure d'antimoine. Note de M. Guntz, présentée par M. Berihelot. « Pour obtenir la chaleur de formation de l'iodure ou du bromure d'antimoine, j'ai dissous un poids connu de ces composés dans de l'acide (') L'azote, comme l'on sait, se solidifie à — 2o3° C. (*) Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Vienne, vol. XCI, p. 667-711; i885. C. R., i885, a- Semestre. (T. Cl, N- 2.) 21 ( i62 ) fluorhydrique très étendu (lo^' de H FI par kilogramme de solution), puis le poids correspondant d'oxyde d'antimoine dans une solution telle que l'état final fût le même que le précédent; des données ainsi obtenues on déduit facilement les valeurs cherchées. » Bromure d'antimoine. — Le bromure purifié par plusieurs distillations était sublimé; les aiguilles ainsi obtenues ont donné à l'analyse, en admettant pour équivalent de l'antimoiue le nombre 120 : Brome trouvé. Brome calculé. 66,5q ) , , ., cr ra P^"" 1^ bromure d'argent „. . bfa,4o ) 00,67 66,48 ) , „ ^^ i^ par le sulfocyanate DD,5o ) ' » Les expériences calorimétriques faites pour le bromure d'antimoine vers 16° ont donné pour la chaleur de formation de ce composé, en admettant, d'après M. Berthelot, que Sb + O' = SbO' sol. + 84'^''',o, les nombres 76,6 et 77,2. On peut en conclure que Sb solide -(- 3 Br gaz = SbBr^ solide -)_,j6c->',9. » lodure d'antimoine. — L'iodure d'antimoine devant servir aux expé- riences calorimétriques, après trois sublimations dans le vide, était finale- ment, soit sublimé dans le vide à 200°, soit cristallisé dans le sulfure de carbone à 200°. » L'analyse a donné: Iode trouvé par l'iodure d'argent. Iode calculé. SbP sublimé j '^l'il ,6,o5 ( 75,00 ' SbP cristallisé dans CS2 | ';^'9^ ( 75,91 > Les expériences calorimétriques faites vers 16° m'ont donné pour Sb solide + 31 gaz = SbP solide.... ■4-45C''',4 45'^'', 4 étant la moyenne de deux expériences concordantes, + 45,6 et -h 45,2. » Si nous comparons les chaleurs de formation des composés halogènes ( i63) de l'antimoine aux valeurs correspondantes trouvées pour l'arsenic par M. Berfhelot, Différence. As + Cl' =AsCIMiq... +69,4 Sb + CP =SbCPsol... -4-91,4 ■+■11,0 As+ Br='gaz = AsBr3sol.. . +59,1 Sb -i- Br^gaz= SbBHsol . . . +76,9 +17,8 As + Pgaz =AsPsol.... -f- 28,8 Sb + P gaz =SbPsol +45,4 -Hi6,6 nous voyons qu'il y a une différence constante de i'^'^"' environ entre la chaleur de formation des bromures et iodures d'arsenic et d'antimoine ( ' ), pris sous le même état solide, différence qui s'applique probablement aussi aux chlorures. 1 » On peut en déduire que les affinités chimiques de l'antimoine sont semblables à celles de l'arsenic tout en étant plus énergiques. » Dans les analyses de ces composés de l'antimoine, le dosage du métal par la méthode de Bunsen (transformation de la substance en anlimoniate d'oxyde par évaporation avec de l'acide nitrique fumant, puis calcination) ne m'a pas donné de bons résultats. Cela tient à la volatilité apparente ou réelle de l'antimoniate d'oxyde dans les conditions de mes analyses, comme le prouvent mes nombreuses expériences. » Je n'en citerai qu'une, qui donne lieu d'ailleurs à d'autres remarques. L'iodure d'antimoine est évaporé à trois reprises, avec de 10 à 1 5 fois son poids d'acide nitrique fumant, dans un creuset de porcehiine. Après une demi-heure de chauffe au rouge sombre, la proportion d'antimoine dans l'iotlure, calculée d'après le poifls obtenu, en supposant Que le produit d'oxydation soit SbO'* est de. . 25,34 » SbO' » 24,07 La théorie exige 23, g5. » Il semble donc qtie dans ce cas il ne s'est formé que de l'acide anti- monique. Chauffons encore le creuset. Le poids diminue peu à peu. Après 3o minutes de chauffe au rouge sombre, Sb calculé tombe à. . . . , 25, 06 » 4 heures ■> » » 24 , 78 i> 5 minutes » au rouge vif « i4,6o » 5 minutes » » » 3 , 92 (M Pour les chlorures d'antimoine et d'arsenic, il y a une difTérence de 5*^^'. Cela tient à ce que les deux chlorures ne sont pas pris sous des états comparables. Ces 5"^'' représen- tent probablement la chaleur de solidification du chlorure d'arsenic. ( i64 ) » On peut en conclure que la méthode de Bunsen n'est pas appliciihle dans ces conditions, car le produit d'oxydation n'est pas toujours de l'anti- moniate d'oxyde d'antimoine et, déplus, ce composé est volatil. » CHIMIE. — Sin' les bromures doubles d'or et de phosphore et sur un chlorobromure. INoIe de M. L. Lindet, présentée par M. Debray. « Dans une Note présentée à l'Académie des Sciences ('), j'ai fait con- naître l'existence de deux clilorures doubles d'or et de phosphore, l'un répondant à la formule Au^Cl,PhCi% l'autre à la formule Au^CP, PhCl'. En continuant mes recherches sur les composés haloïdes de l'or, j'ai oblenu les deux bromures doubles correspondants, le protohromure d'or et de phosphore Au'Br, PhBr^, et le perbromure double Au^Br^ PhBr\ » I. Proiobromure d'or et de phosphore. — Le protobromure d'or et de phosphore se présente en gros cristaux, qu'il est facile d'obtenir isolés les uns des autres, en les faisant cristalliser dans le protobromure de phos- phore. Ce sont des prismes obliques, incolores, doués cependant d'un léger reflet verdâtre, que l'on pourrait attribuer à des traces d'or réduit. Us sont stables dans l'air sec, mais se décomposent rapidement à l'air humide, en fournissant de l'acide bromhydrique et de l'acide phosphoreux, qui réduit l'or imujédiatement. » Pour obtenir ces cristaux, je chauffe en tubes scellés du protobromure de phosphore avec du protobromure d'or, Au" Br, que je prépare par la dissociation ménagée à r5o° du tribromure d'or, Au^Br'. C'est vers 140"- i5o° qu'il convient de faire réagir les deux corps. Au-dessus de cette tem- pérature, le rendement est plus élevé, mais les cristaux sont moins purs. Lorsque la température a atteint i4o''-i5o°, le tube est sorti du bain d'huile, et, chaud encore, on le retourne pour séparer par décantation la partie non attaquée du protobromure de phosphore, au milieu duquel le bro- mure double ne tarde pas à cristalliser. Oti ouvre le tube, on décante le protobromure de phosphore, et l'on achève de sécher le produit à lOO^-ioS" dans le vide. Les cristaux recueillis dans une ampoule tarée sont décom- posés en brisant cette ampoule dans un tube scellé contenant de l'eau légè- rement alcaline. (') Comptes rendus, t. XCVIII, p. i382. f i65 ) » L'analyse de ces crisfaux m'a donné les nombres suivants, qui corres- pondent à la formule Au^Br, PhBr^ : Trouvé. Théorie. Or 36, 3o 35,95 Brome 58,47 58, 89 Phosphore 5,5o 5,65 » II. Perbromitre d'or et fie phosphore. — Pour préparer ce composé, je place dans un tube du profobromure double bien sec, je le couvre de brome et, le tube ét;int scellé, je le chauffe à iao"-i3o°. Le perbromure double ainsi formé se dissout dans le brome et, par refroidissement, se dépose en un amas de gros cristaux rouges foncés. » On peut obtenir également le perbromure d'or et de phosphore, en attaquant en tubes scellés vers i5o° l'or en éponge par une solution de perbromure de phosphore dans le brome. » Dans l'un et dans l'autre cas, l'excès de brome est décanté, les cristaux sont lavés au brome et séchés dans le vide à 5o°. Le produit recueilli et décomposé comme le précédent donne à l'analyse les résultats qui suivent et qui lui assignent la composition An-Br%PhBr^ : Trouvé. Théorie. Or 22 ,56 9.1 ,6g Brome 73, 61 l^tl^ Phosphore 3,8?. 3,5^ » Le protobromure de phosphore exerce, vers 180", sur le perbromure double une action réductrice marquée. Il se dégage du perbromure de phosphore et il se forme des cristaux de protobromure double. » J^orsque l'on attaque de l'or en éponge par le perbromure de phos- phore dissous dans le protobromure, il se produit du perbromure double; mais la réaction est limitée par suite de la tendance du protobromure de phosphore à réduire le perbromure double en protobromure double. » Cette action n'a pas lieu avec les perchlorures que j'ai étudiés précé- demment. Le protochlorure de phosphore, en effet, n'exerce sur le per- chlorure double Au-CP,PliCP aucune action réductrice, et l'on peut, eu attaquant l'or par le perchlorure de phosphore dissous dans le protochlo- rure, obtenir le perchlorure double. » III. Chlorobromure d'or et de phosphore. — Parmiles chlorobromures dont j'ai étudié la formation, un seul paraît avoir une existence certaine : il répond à la formule Âu°Br,PhCl\ ( i66) » Mais ce chlorobromure est difficile à obtenir à l'état de pureté. Il reste presque toujours mélangé de protochlorure double et de profobro- mure double, qui lui sont isomorphes, et possèdent dans les différents réactifs des solubilités analogues. )) Pour préparer ce composé, il ne suffit pas en effet de traiter le proto- bromure d'or par le protochlorure de phosphore. Si l'on opère ainsi, une partie du protobromure d'or se transforme en protochlorure et l'on ob- tient uu mélange à équivalents sensiblement égaux de chlorobromure Au^Rr, PhCP et de protochlorure double Au- Cl, PhCI', dont la formule pourrait s'écrire Au- (Br,GI )', PhCI% et qui serait l'intermédiaire entre le chlorobronuire et le protochlorure donble. Je n'oserais cependant affirmer quant à présent l'existence de ce composé; de nombreuses analyses m'ont montré qu'il est toujours mélangé d'une petite quantité de bromure double. » Si, pour éviter la transformation du bromure d'or en chlorure, et par suite la production de ce composé, on chauffe le mélange de protobromure d'or et de protochlorure de phosphore, en présence d'une petite quantité de protobromure de phosphore, on obtient un produit dont la pureté n'est pas absolue, qui contient un peu de protobromure double, mais qu'il suffit de reprendre et de faire recristalliser dans le protochlorure de phosphore pour l'avoir pur, répondant à la formule Au^Br,Ph CP. » Ce chlorobromure se présentesous la forme de beaux prismes obliques, très réfringents, incolores, quelquefois un peu verdàtres. Il est, comme les composés précédents, stable dans l'air sec, altéré dans l'air humide. » Quant à l'autre chlorobromure, dont il est permis de prévoir l'exis- tence et qui répondrait à la formule Au-Cl,PhBr% je n'ai pu l'obtenir. Quand on traite, en effet, le protochlorure d'or par le protobromure de phosphore, on n'obtient que le bromure double Au'Br, PhBr'. » L'existence du protochlorure double Au-Cl,PhCI% du protobro- mure double Au-Br, PhBr' et du protochlorobromure Au^Br, PhCl* con- firme la capacité de combinaison de l'or pour les sels au minimum, mieux que ne saurait le faire l'existence du protochlorure et du proto- bromure d'or, composés non cristallisés et difficiles à obtenir à l'état de pureté {*). » (') Ce travail a été fait au laboratoire de M. Aimé Girard, au Conservatoire des Arts et Métiers. ( i67 ) CHIMIE. — Sur une méthode de production des manganiles alcalino-terreux. Note de M. G. Rousseau, présentée par M. Troost. « Dans une précédente Communication, j'ai démontré que le manganate de baryte, chauffé au rouge blanc en présence du chlorure de baryum, se transforme en manganite cristallisé MnO^ BaO ('). J'avais espéré tout d'a- bord généraliser cette réaction, mais je n'ai pu poursuivre mes recherches dans cette voie, le manganate de baryte étant jusqu'ici le seul représentant connu des manganates alcalino-terreux, et les manganates alcalins se dé- composant, d'après Rammelsberg, sous l'action de la chaleur, en produits complexes analogues aux psilomélanes. » Après de longs tâtonnements, j'ai réussi à obtenir les manganites alcalino-terreux par une méthode comparable au procédé de régénération du bioxyde de manganèse découvert par Weldon, mais qui en diffère par la substitution de la voie sèche à la voie humide. J'ai dû, en outre, inter- vertir l'ordre des opérations du procédé Weldon, afin d'éviter la formation de l'oxychlorure de manganèse et de l'oxyde salin, qui se produisent tou- jours quand on fond le chlorure de manganèse en présence de l'air hu» mide. )> Le chlorure alcalino-terreux, rendu fortement alcalin par une addi- tion préalable de la base correspondante, est maintenu en fusion dans un creuset de platine; dès que la température atteint le rouge orange, on y introduit une quantité de chlorure de manganèse équivalente à la moitié de la base ajoutée au fondant. On obtient ainsi, par double décomposition, un précipité d'oxyde manganeux, dans un grand état de division, qui, se suroxydant rapidement au contact de l'air et de la base libre, forme bien- tôt à la partie supérieure du bain une couronne de cristaux de manganite alcalino-terreux. •» Le phénomène n'est cependant pas aussi simple qu'on pourrait le supposer. En réalité, l'oxydation du protoxyde va tout d'abord jusqu'à la formation d'un manganate. Ce composé, dont la production correspond sans doute à l'effet thermique maximum, se détruit ensuite sous l'action de l'énergie calorifique. C'est là un phénomène comparable à la formation, puis à la dissociation du bioxyde de baryum; le manganate, qui prend naissance à la superficie du bain, se détruisant ensuite au contact des cqur (') Comptes rendus, 21 juillet 1884. ( i68 ) ches plus chaudes de l'intérieur. Cette décom|)osition endothermique n'est pas limitée par l'action inverse, parce que la cristallisation du manganite le fait sortir du champ de l'action chimique et l'amène à un état molécu- laire non réversible. Il en résulte que la décomposition du manganate peut devenir totale, malgré la présence de l'oxygène de l'air. L'action, très lente pour le manganate de baryte, est plus rapide pour le sel destrontiane; elle est presque instantanée pour le manganate de chaux. La stabilité de ces composés est donc proportionnelle à l'équivalent des bases combinées à l'acide manganeux; elle concorde avec les chaleurs de formation décrois- santes des sels alcalino-lerreux, quand on passe de la baryte à la strontiane et à la chaux. » Je veux maintenant appeler l'attention sur les remarquables change- ments moléculaires que le bioxyde de manganèse, combiné aux bases, présente sous l'action d'une chaleur progressivement plus élevée. Jusqu'à une température un peu supérieure au rouge sombre, cet oxyde paraît exister sous un état de condensation spécial, attesté par la formation des poly- manganites 5MnO^, RO décrits par divers auteius (Rammelsberg, Gorgeu, Risler). Mais les résultats de mes expériences conduisent à admettre qu'à une température plus haute il tend à se dépolymériser, et que, vers le rouge-orange, il se comporte comme l'acide manganeux normal. Si, par exemple, on introduit du chlorure de manganèse dans de l'oxychlorure de calcium chauffé au rouge vif, on obtient rapidement une couronne de cristaux dedimanganite aMnO'', CaO; ces cristaux, détachés des paroisdu creuset, se transforment bientôt, au sein du fondant, en manganite biba- sique MnO^, aCaO. Avec le chlorure de strontium on obtient de même, soit un dimanganite 2MnO-,SrO, soit un manganite monobasique, MnO-, SrO, selon que l'on chauffe le creuset à l'aide du dispositif n" 1 ou n° 3 du four Forquignon et Leclercq. » On voit donc que le bioxyde de manganèse uni aux bases alcalino- terreuses subit, entre 1000° et i5oo°, une série de dépolymérisations ana- logues à celles du carbone amorphe dans l'arc électrique et de la vapeur de soufre entre Zi4o°et86o°. Ces états successifs sont manifestés par la variation de la capacité de saturation de l'oxyde, variation qui permet d'évaluer la grandeur de la condensation moléculaire à chaque température. A l'appui de cette interprétation, je pourrais encore invoquer la résolution finale de tous les manganites en protoxyde de manganèse, cristallisé en octaèdres réguliers, quand on les soumet à la chaleur la plus haute du chalumeau à gaz. ( 'tîg ) » J'ai réussi à obtenir, par cette métliode, les manganites suivants : » Manganites de strontianc. — On chauffe, à l'ajde du dispositif n" 3 du four Forquignon, un mélange de iS»''' de SrCI et de a«'' de SrO anhydre; puis on introduit dans la masse fondue i*-' de MnCI desséché. Il so forme bientôt, à la partie supérieure du bain, un anneau de matiganiteMnO^,SrO, renfermant : Expérience. Théorie. Mn 28,95 29,54 SrO 54,21 53,47 » En employant le dispositif n° 1, on obtient des cristaux plus petits, dont la composition est voisine de celle d'un dimangauile aMnO'-'.SrO. Je compte reprendre ces expériences à une température plus basse, en opérant avec un mélange de chlorure de strontiiun et de chlorures alca- lins, mélange facilement fusible à la lampe Bunsen. » Manganites de chaux. — Le chlorure de calcium, additionné de CaO et de MnCI, et chauffé pendant plusieurs heures au dispositif n° 1, donne une cristallisation peu abondante de aMnO^CaO. On obtient plus rapi- dement ce composé à l'aide du dispositif n" 3; il faut éviter de prolonger l'opération au delà d'une demi-heure, et enlever de temps à autre la croiàte superficielle de cristaux, afin d'éviter leur transformation en manganite saturé MnO% aCaO. J'ai trouvé à l'analyse : Expérience. Théorie. I. 11. Mn » 48,49 47>82 CaO 24,14 23,72 24,34 » En continuant à chauffer au dispositif n" 3 et en faisant tomber l'an- neau de dimanganite au fond du bain, on obtient bientôt des piillettes mordorées de manganite bibasique MnO-, aCaO. Elles renferment : Mn.. CaO. Expérience. Théorie. 26,85 27,63 5() , 92 56,27 » Je considère la formation de ce manganite bibasique comme très im- portante, au point de vue de la capacité de saturation de l'acide manga- neux, qui se trouve définitivement fixée. C'est un acide bibasique dont les manganites MnO-,RO représentent les sels acides. Quant à l'oxyde salin Mn^O', on doit écrire sa formule MnO^, 2MnO, ainsi que l'avait proposé M. Gorgeu, et l'envisager comme un manganite saturé ('). » (') Ce travail a été fait au laboratoire des Hautes Études de la Faculté des Sciences. C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N» 2.) 22 ( i?» ) ZOOLOGIE. — Sur le déi>elop}>ement des Nématodes. Note de M. 1*. Hallez, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Bien que mes observations aient porté sur plusieurs genres, je ne puis dans ce court résumé faire connaître les différences, d'ailleurs peu impor- tantes, que j'ai observées suivant les espèces. Les lignes qui suivent se rap- portent à l'ascaris megalocephala. » La culture des œufs de ce Nématode est très facile. Les œufs fécondés retirés de l'utérus se développent très régulièrement en les conservant à sec dans un verre de montre; suivant l;i température, le développement des embryons est terminé au bout de quinze à vingt-cinq jours. On peut donc observer tous les stades en prélevant trois ou quatre fois par jour quelques œufs pour les porter sous le microscope. Mais cette méthode, bonne pour le contrôle, est défectueuse quand on se propose de suivre pas à pas le développement, de manière à établir en quelque sorte la généa- logie do chaque cellule de segmentation, et ne la quitter que quand les feuillets sont définitivement constitués. C'était une partie delà tâche que je m'étais imposée, tâche rendue plus difficile par ce fait, que les cellules initiales de chaque feuillet ne peuvent se distinguer histologiquement les unes des autres, » Isoler un œuf sous le microscope et le suivre pentlant tout le cours de son évolution était chose nécessaire. Malheureusement l'observation ne peut se faire que sous l'eau, et, dans ces conditions, la marche du dévelop- pement est considérablement ralentie. Des œufs que j'ai cultivés sous l'eau n'ont pas mis moins de douze et même quinze mois, suivant la hau- teur de la couche liquide, pour se développer complètement. J'ai donc été obligé de chercher une méthode qui me permît d'arriver à un résultat pratique, et j'ai été ainsi conduit à instituer des expériences dans le but de déterminer l'influence du milieu sur le développement des œufs d'Ascaris. » Ces expériences ont donné les résultats suivants : » 1° Les œufs, cultivés dans une atmosphère humide d'air ou d'oxygène, se développent relativement très rapidement; » 2" Dans l'eau, le développement est d'autant plus lent que la couche liquide est plus épaisse; ce qui tient, sans aucun doute, à ce que les cou- ches sont d'autant moins aérées qu'elles sont plus profondes; » 3° La lenteur du développement atteint son maxiraun dans l'eau pri- vée d'air par l'ébullition ; ( 17' ) » 4° Dans l'acide carbonique, le développement est comparable à celui qui se fait dans l'eau bouillie; » 5° Dans l'hydrogène et l'azote, mêmes résultats; » 6° Dans l'eau oxygénée, le développement est plus rapide que dans l'eau; » 7° Dans la glycérine, le développement se fait également mieux que dans l'eau ordinaire, ce qui tient vraisemblablement à ce que les œufs restent en suspension ou même à la surface de ce liquide; » 8° Une élévation de température active le développement d'une ma- nière très notable. C'est entre 20° et 25° que j'ai obtenu les meilleurs résul- tats. Une température de 45° tue les œufs ; « 9" Quel que soit son stade, tout œuf en voie de développement cesse d'évoluer quand on le prive d'oxygène d'iuie manière ou d'une autre; mais il reprend son dévelo|)pemeiit régulier quand on lui rend de l'oxy- gène, et cela même après un temps d'arrêt qui, dans certaines expériences, a atteint trois mois. » Il est facile de conclure de ce qui précède que les œufs d' Ascaris doivent se développer normalement au contact de l'air, mais qu'ils ne perdent nullement la propriété d'évoluer par un séjour, même très pro- longé, dans lui milieu privé partiellement ou totalement d'oxygène. Dans ce cas, le développement se ralentit ou s'arrête, mais reprend aussitôt que l'asphyxie totale cesse. Il est intéressant de constater que, tandis que les membranes périvitellines sont très perméables aux gaz, elles le sont très peu aux liquides. » J'ai mis les données précédentes à profit pour l'étude embryogénique de ces animaux. L'œuf en observation était placé dans une chambre humide munie de deux tubulures permettant d'y faire circuler un gaz; enfin, la chambre humide était posée dans une platine chauffante assez semblable au modèle de M. Ranvier. Dans ces conditions, il m'a été rela- tivement facile de résoudre la question que je m'étais posée, puisque dans l'espace de huit à dix jours je pouvais assister à toutes les phases du déve- loppement embryogénique, et avec l'avantage d'arrêter à mon gré le déve- loppement la nuit et à mes heures de repas, en abaissant la température de la platine chauffante et en faisant circuler dans la chambre humide de l'acide carbonique au lieu d'air ou d'oxygène. » Le premier sillon de segmentation Cat voisin du deuxième globule polaire. Le stade 2 comprend une cellule exodermique initiale portant le globule polaire et que je désigne par le chiffre i, et une cellule méso-endo- dermique que je désigne par f. Chacune de ces cellules se segmente, mais ( 172 ) suivant deux plans perpendiculaires l'un sur l'autre : i engendre 2 et S£ engendre b'. Au niotnent où ce stade se forme, il se présente l'apparence d'un T; deux cellules exodermiques occupent la branche transver se et le denx cellules méso-endodermiques, la branche verticale (e' étant au bas de cette branche). Bientôt s' et 2 (cette dernière est la cellule exodermique qui ne porte pas le globule polaire) se rapprochent et le stade 4 présente alors la forme ordinaire et bien connue. » Le stade 6 est très constant : i engendre 3, et 2 engendre 4- I' est donc formé de quatre cellules exodermiques et de deux cellules méso-endoder- miqiies. » Les cellules s. et t' se segmentent ensuite successivement et engendrent : la première m et la seconde m. C'est le stade 8 dans lequel les trois feuillets sont constitués. Les plans de segmentation qui ont engendré £, e', m et m' sont à peu piès parallèles, de sorte que ces quatre cellules sont placées bout à bout, mais suivant une ligne un peu courbe en forme de S, et dans l'ordre suivant : m, e, s', m'. Les cellules mésodermiques met m' se dépla- cent de plus en plus, ou, si l'on préfère, la ligne en S s'accentue de plus en plus, si bien que finalement m passe d'un côté et m' de l'autre. A ce moment il y a à un pôle quatre cellules exodermiques, et à l'autre deux cel- lules endodermiques situées suivant le fulur grand axe du corps du néma- tode (e étant du côté céphalique et e' du côté caudal), et deux cellules mésodermiques : m à la droite et m' à la gauche du futiîr Nématode. » Le stade 12 comprend quatre nouvelles cellules exodermiques; la cel- lule I, portant le globule polaire, reste toujours au centrede la lame exo- dermique. » Le stade 16 résulte de la segmentation de chacune des deux cellules eudodermiques et des deux cellules mésodermiques. La face endodermique ou ventrale est alors constituée par une rangée médiane de quatre cel- lules eudodermiques et par deux rangées latéralesayant chacune deux cel- lules mésodermiques. M Au stade 24, il y a huit nouvelles cellules exodermiques; toutes sont disposées sur trois rangs : un médian de quatre cellules et deux latéraux de chacun six cellules, dont la dernière droite et la dernière gauche sont en saillie et constituent les deux cellules caudales de Gœtte. » La blastosphère possède une petite cavité de segmentation; elle est à peu près cylindrique, la partie céphalique étant toutefois un peu plus large. C'est au stade 24 que commence l'invagination par un glissement des deux cellules endodermiques centrales et des deux cellules mésoder- miques droites et gauches. » ( 173) ZOOLOGIE. — Sur i' jddamsia patlatia. Note de M. Faurot, présentée jjar M. de Lacaze-Duthiers. « L'association constante de YÀdnmsia palliata et de V Eupagurus Pri- deauxi est connue depnis longtemps, sans avoir été l'objet d'aucune étude spéciale. » Cette association est également au profit de l'un et de l'autre animal.' nourriture abondante et toute préparée pour V Adamsia, dont la bouche est placée en arrière des pattes- mâchoires et des pattes ravisseuses de son associé. Abri adapté à la conformation particulière de i' Eupagurus Prid., dont les pattes marcheuses, longuement étendues sur les côtés et remar- quablement agiles, ne pourraient se mouvoir aisément avec un gîte, qui ne serait pas aussi exactement fHçonné aux formes de l'animal. » C'est ainsi que les Eupagurus péchés au large, et privés à' Adamsia, présentent, fixées à l'extrémité de leur abdomen, des coquilles de Gastéro- podes ayant des dimensions toujours très petites, afin de ne pas entraver le mouvement des pattes marcheuses. Il en résulte que, lorsque ces animaux vivent sé[)arés de leur associé habituel, ils sont incomplètement abrités. » Une autre preuve du rôle particulier de V Adamsia, c'est que, dans l'association des deux individus adultes, l'Actinie a toujours un volume en rapi)ort avec celui du Crustacé, tandis que la coquille est le plus souvent de très petite dimension. Cette dernière a donc surtout pour but de servir de point coinnuui de fixation aux deux êtres. » Si grande que soit la déformation présentée par Y Adamsia adulte, sa structure anatomique est morphologiquement la même que celle des autres Actinies. Elle se rapproche plus particulièrement de celle de la Sagartia pnrasiticn (^Adamsia Rondeletti Carus), dont le pied sécrète également une couche de mucus prenant une consistance membraneuse. Les deux espèces sont pourvues de six grandes paires de cloisons primaires et de six secon- daires, également remarquables par leur largeur; les premières sont dé- jiourvues de glandes sexuelles sur toute leur étendue et s'avancent très en avant des autres replis, vers le milieu de la cavité gastrique. » Chez l'une et l'autre, les Acontia ont leur origine à la base des replis, immédiatement au-dessous des organes de reproduction. Cette origine constitue dotic un point de repère excellent, pour indiquer la base de la colonne. C'est ce qui permet d'affirmer que le pied chez V Adamsia est toute ( 174) la partie de l'animal qui sécrète le mucus parcheminé; bien que cette par- tie ne soit pas tout entière fixée, comme chez la Sagartia parasilica, » La déformation que subit l'animal est due à l'expansion considérable de ce pied entraînant avec lui la partie inférieure de la colonne. Cette expansion devient si considérable chez l'animal complètement développé, que pied et paroi de la colonne deviennent parallèles sur une grande étendue. Il en résulte ce fait remarquable, que de véritables canaux gas- triques sont constitués par l'allongement des replis dans le sens horizontal. » Les ovules avant la ponte sont pourvus d'une vésicule germinative, que l'on ne retrouve plus après la sortie de ces derniers, l^a fécondation est donc intérieure. La segmentation, très facile à observer, se fait réguliè- rement jusqu'à seize cellules. Les morula sont toutes de formes très irré- gulières. Elles se transforment en cjastruia. » J'ai suivi le reste du développement jusqu'à une forme larvaire à huit tentacules, forme sous laquelle se fait la fixation. J'ai observé également de très petites ^r/arnsm fixées, à type hexaméral, non encore déformées. D'autres, un peu plus âgées, ont montré divers degrés de déformation. Elles indiquent que l'Actinie, après avoir atteint un certain volume sur le bord interne de l'ouverture d'une coquille de Gastéropode, s'étale à droite et à gauche, en suivant exactement le bord externe de cette dernière, mais sans le recouvrir en aucune façon. On voit donc que le début de la défor- mation a pour résultat d'abriter la Pagure. Ce n'est que plus tard, et secon- dairement, que la coquille de Gastéropode est recouverte i^avÏ Adamiia ('). » A la suite de cette Communication, M. de Lacaze-Duthiers fait re- marquer que le fractionnement des coralliaires présente des conditions par- ticulières qui en rendent l'observation souvent très difficile. Chez VAdam- sia ces conditions n'existent pas; on peut constater facilement la première transformation de l'œuf, ainsi que déjà cela avait été fait par M. François, élève du laboratoire de Zoologie de la Sorboime, et lui-même en 1882 et i883, au laboratoire Arago, où ce travail vient d'être fait. » (') Un Mc'iiioire (qui sera publié dans les Archives de Zoologie expérimentale) sera con- sacré à l'histoire de la Symbiose, présentée par V Adamsin pall. et VEupag. Prid. ( 175 ) ZOOLOGIE. — Sur les parasites de la Maena viilgaris. Note de M. R. Saint- Loup ('), présentée par M. A. Milne Edwards. « On trouve fréquemment attaché à la base de la nageoire caudale ou sur les flancs de la Mendole [Mœna vuUjaris) un Crustacé isopode assez semblable au premier abord à V Jnilocra Mediierranea, figurée dans l'Atlas du Règne animal de Cuvier {PI. LVl,fig. i) et appartenant évidemment au même genre, mais s'en distinguant par un certain nombre de caractères faciles à observer. » Les antennes de la première paire se composent de huit articles qui vont en diminuant graduellement de largeur, de la base à l'extrémité. Les antennes de la deuxième paire ont neuf articles, dont les trois premiers sont courts et trapus, le quatrième et le cinquième sont longs et grêles, les derniers sont de moindres dimensions. » Chez VAnilocra Mediierranea, les antennes internes n'ont que sept ou huit articles et ne dépassent par le bord postérieur de la tête; chez l'animal que j'ai sons les yeux, les antennes de la deuxième paire ou internes sont plus longues; en outre, si la lame externe des dernières fausses pattes abdo- minales est falciforme et d'une grande longueur, la lame interne est assez longue aussi pour dépasser sensiblement le niveau de l'extrémité du dernier segment abdominal. Les pattes, comme chez les Livonèces, lai'^sent largement à découvert la région médiane de la face inférieure du corps ; mais cette particularité n'a pas grande valeur pour les distinctions spécifiques, l'écarlement des pattes étant surtout marqué chez les femelles et trouvant sa cause dans l'accumulation des œufs qui occupent cette région. » Les yeux restent parfaitement distincts et ne s'atrophient pas chez les animaux adultes. » A cause des analogies de ce Cloporlide de la Mendole, avec les Anilo- cra Mediierranea et Physodes, dont il se distingue, cependant, par quelques caractères, je le désignerai sous le nom â'Ânilocra Edwardsii, ne pouvant mieux faire que de le dédier au savant français qui, dans le nombre de ses œuvres, a donné VHistoire nalurelle des Cruslacés. » Un autre parasité vit sur les flancs et s'attache au pharynx du Smaris vuUjaris, poisson voisin de la Mœna. Sans décrire ici ce Crustacé, qui est très semblable au Cymolhoe œstre de Schiodte, je reaiarquerai seulement ('] Ce travail a été fait dans le laboratoire de M. ÎViarion, à Marseille. ( 17^ ) que les jeunes trouvés dans la poche abdominale de la mère présentent la même disposition de pigments que signale Van Beneden pour l'Oniscus de Habber ou Haberrina ogata. I^es somites abdominaux sont ornés de ces réseiiux pigmentaires élégants qui dessinent de chaque côté du somile une échelle délicate. » La Mœna présente encore un parasite d'un autre ordre. C'est un Tréma- tode polystomien, que l'on peut rapprocher du Choricotyle de van Beneden. Huit ventouses sont portées par des pédoncules courts, de même diamètre qu'elles, sur la partie postérieure du corps élargie en disque. Chacune de ces ventouses présente des crochets chitineux caractéristiques. Il est à r( - marquer que ces pièces particulières, qu'on est convenu d'appeler crochets chitineux ne présentent pas avec l'acide picrique les réactions de la chi- tine. Il en existe deux au bord extérieur de la ventouse. Deux autres par- tent du milieu de la ventouse et s'incurvent parallèlement au bord posté- rieur. Latéralement il existe deux nouvelles pièces symétriques l'une de l'autre. Sur le diamètre antéro-postérieur, la ventouse présente encore deux pièces, la plus extérieure courte et canaliculée, la plus interne, longue, falciforme et présentant aussi un fin canal. Les deux quadrants de la moitié externe de la ventouse présentent, rangés en quarts de cercle concentriques, des denticules de même substance que les crochets. En tout huit pièces principales et les denticules. » J'ai donné à ce polystomien parasite le nom de Choricotyle Marionis, le dédiant à l'éminent professeur qui m'a reçu dans son laboratoire avec la plus grande courtoisie. » GÉOLOGIE. — Premières traces de la présence du terrain permien en Bretagne. Note de M. Ed. Bureau, présentée par M. Hébert. « Le bassin primaire de la basse Loire, dans lequel j'ai déjà signalé {Comptes rendus, 8 décembre i88/() les trois étages du terrain houiller, nous réservait une nouvelle surprise : l'étude des fossiles végétaux vient de me permettre d'y reconnaître, dans une localité unique jusqu'à présent, l'étage permien inférieur. Ces fossiles ont été trouvés sous mes yeux, pen- dant un voyage du Cours de Géologie du Muséum, exécuté il y a deux ans sous la direction de M. Stanislas Meunier. Un des excursionnistes les dé- couvrit dans une couche de grès schisteux qui avait jusque-là échappé à mon attention, et, apprenant que c'étaient des formes nouvelles pour ce pays que j'étudiais, il voulut bien me les offrir. J'avais déposé ces débris ( 177 ) végétaux parmi les fossiles à étudier de la granwacke du culm, n'ayant pas l'idée qu'on pût trouver autre chose en ce point; mais leur détermination m'a donné les résultats suivants : » Les deux seules espèces recueillies ont pu être nommées avec sûreté : l'une est une Fougère, le Scliizopteris Giïmbeli Gœppert {Schizeiles dicho- tomus Gûinbel, Cyclopleris Gûmbeli Geinitz, Scliizopteiis dicholoma Zeiller). Elle a été signalée par Gûmbel, à Erbendorf (Haute-Franconie), par Gœp- pert, à Braiinau et Neurode (Silésie prussienne), et par M. Zeiller, au Gourd-du-Dial)le (département de la Corrèze). Toutes ces localités appar- tiennent à l'étage permien inférieur. Jamais la plante n'a été trouvée à un autre niveau. Certains échantillons de la localité nouvelle me paraissent de niiture à jeter quelque jour sur le mode de fructification de cette Fougère et nécessiteront une description ultérieure. » L'autre espèce, non moins caractéristique, est le Cordaites OtlonisGei- inlA. On le cite dans le permien inférieur des environs de Naumburg en Wetterau, de Bavière, de Saxe, de Sdésie, de Beschweiler dans le grand duché d'Oldenbourg; M. Zeiller en a constaté la présence dans les car- rières du Gourd-du-I)iable et d'Objat dans la Corrèze. » Les fragments de feuilles trouvés dans le bassin de la basse Loire étaient accompagnés par un Attisia ou moule intérieur de la cavité médul- laire d'une branche de Cordaites. Cet échantillon rentre dans le type de VAtihia Iransversa Sternb., qui est précisément la forme citée par Geinitz comme ayant été rencontrée dans le permien de Naumburg avec le C. Otlo- )tis; mais l'échantillon tignré {PI. XXXIV) du Dyns u. o™,o4 de large; il est cylindrique : c'est \a moelle d'im tronc ou d'une grosse branche. Celui provenant de la Bretagne n'a que o''%oi5 de diamètre : c'est la moelle d'un rameau, et elle présente, comme cela se voit sur beaucoup d'Jrlisia, des côtes correspondant aux rangées de feuilles. Ici ces côtes paraissent an nombre de huit; elles sont très obtuses et chacune est parcourue par trois petits sillons longitudinaux. Elles n'interrompent pas les cloisons trans- versales, qui sont rapprochées, anastomosées et irrégulièrement ondu- leuses. » La localité où ont été trouvés les échantillons dont nous venons de parler est située à i""" au sud-ouest de Teille (Loire-Inférieure). C'est un escarpernent visible sur le l)ord de la rouîe départementale n° i5 (de Nantes à Candé), et coui prenant les n"* 12 à 20 d'une cou[)e donnée par M. Viquesnel dans le Bulletin de la Société géologique, 1" série, t. I, p. 86. Celte même série de coiu-hes figure sous les n°* ly à ig sur les coupes que c, R., ;as;. 2' Sc:nc::r^. 'T. CI, N' 2.-, ^3 ( '78 ) j'ai insérées diins le même Recueil, 2" série, t. XVII, p. 794, et 3* série, t. XII, p. 178. Les roches qui les composent sont tellement analogues aux rocljes houillères de la région qu'une découverte paléontologique pouvait seule conduire à les distinguer de l'étage de lagrauwacke du culm. Ajou- tons que celui-ci est bien visible à aSo"" dans le sud, où des carrières à ciel ouvert et à couches presque verticales fournissent : Bornia transitionis Rœm., Lepidodendron Fellheimianum Ung., Stlg maria ficoides Ad. Brongn., Diplolhmema elegans Stnr. et Archœopleris aiUûjiia [Odonlopteris anliqua Dawson). » Le système de couches qui contient les plantes permiennes me semble avoir environ 100™ de puissance. C'est une alternance de poudingue quartzpux et de poudingue à pâle de grès argileux contenant des noyaux dont l'origine ne me paraît pas douteuse : les uns sont formés par la grauwacke vert olive du culm; les antres, plus rares, par le grès armori- cain. Les noyaux de ce dernier poudingue sont parfois fort gros. Les bancs courent à peu près est-ouest, comme toutes les strates du pays, et plon- gent fortement au nord. Dans l'intervalle des bancs de poudingue on voit des couches de grès argileux grisâtre. C'est une de ces couches de grès, épaisse seulement de quelques centimètres, qui s'est montrée fossi- lifère. » Grâce à l'obligeance de M. Zeiller, j'ai pu comparer les fossiles de la tranchée de Teillé avec ceux du Gourù-du-Diable et d'Objat. Non seu- lement nous avons constaté l'identité des espèces, mais nous avons été frappés de la ressetnblance de la roche de la Loire-Inférieure avec celle de la Corrèze : la composition, le grain, la nuance de la pierre, la cou- leur des empreintes, tout est semblable. La seule différence est que le grès de la Corrèze est un peu plus micacé*^ la loupe. Si par mégarde nous avions mélangé les échantillons, il eût été difficile de les distinguer. M J'ignore encore l'étendue du dépôt à fossiles permiens de la Loire- Inférieure. Dans la direction de l'ouest on le perd promptement, le pays étant très couvert par les cultures. Dans l'est j'ai retrouvé le prolongement des couches, de distance en distance, sur une longueur de i'"". Il est probable qu'elles vont bien plus loin. » Il reste à trouver aussi les rapports stratigraphiques de ce lambeau avec le terrain houiller situé dans le voisinage. Jusqu'ici je n'ai pas vu le contact. Le temps m'a manqué pour poursuivre celte exploration, que je compte reprendre bientôt. On peut remarquer seulement que la position géographique des couches attribuables au terrain permien confirme la ( '79 ) disposition générale des terrains et des étages qui remplissent cette partie du bassin de la basse Loire : sauf un soulèvement local de grès armoricain, ils sont placés de telle sorte que les plus anciens sont au sud, et qu'on irouve en allant vers le nord des couches de plus en plus récentes. Les couches dont les végétaux fossiles appartiennent à l'étage perniien infé- rieur sont précisément les plus septentrionales de toutes. » GÉOLOGIE. — Sur le terrain pennien des départements de l'Jveyron et de i Héraull. Note de M. J. Bergeron, présentée par M. Hébert. « Le terrain permien, signalé d'une manière générale dans la régir)n située au sud-ouest du plateau central par Marcel de Serre, Foin net, Caqnan J'ai donné, dans mon Mémoire, la description des diverses pièces de la tète osseuse, modifiées par cette double monstruosité. Je mentionnerai seulement ici l'absence complète des orbites, comme cavités distinctes de la cavité crânienne; l'absence complète des fosses nasales et des pièces os- seuses qui forment leurs parois (l'appareil olfactif se trouvant réduit aune très petite poche médiane); enfin, l'existence d'un bec-de-lièvre entre le maxillaire supérieur gauche et ['intermaxillaire rudinientaire. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — atténuation du virus cholérique. Note de MM. IVicati et Bietsch, présentée par M. Vulpian. « Nous avons repris, dès le mois de mai dernier, une série nouvelle d'expériences d'inoculation avec les cultures de bacilles-virgules que nous avions maintenus vivants par des transplantations successives (en moyenne deux ou trois par mois). Le résultat principal de ces expériences est le suivant; » Tandis que les cidtures fraîches inoculées dans le tube digestif des cobajes provoquaient, à la fin d'octobre dernier, de la diarrhée suivie, au deuxième, troisième et même cinquième jour, d'un état subit d'algidité amenant la mort en quelques heures, et que le cadavre des animaux pré- sentait les signes classiques du choléra, ces mêmes cultures semblent être aujourd'hui devenues inertes. Elles ne provoquent plus la diarrhée et ne donnent plus la mort. Lorsque, par quelque accident d'opération, l'animal vient à mourir, le cadavre ne présente plus les lésions caractéristiques. » M. van Ermengem accuse un résultat identique dans ses essais ré- cents; M. Koch, M. Doyen ont été obligés, pour obtenir des effets patho- logiques, d'accroître artificiellement la sensibilité des cobayes, et encore le premier ne signale-t-il pas l'apparition de la diarrhée caractéristique. » Tous ces faits concourent à établir que le bacille-virgule s'atténue dans les conditions où sont faites les cultures, c'est-à-dire dans le bouillon ou la gélatine nutritive, et par une température moyenne qui a été, pour les nôtres, de 20° à aS". » Nous n'avons pas de données sui' le temps minimum nécessaire à ce degré d'atténuation, parce que nous avons dû brusquement interrompre nos expériences à la fin de l'épidémie. ( i87 ) M Quant aux expériences |)ar injections sous-cutanées, il n'y a pas lieu de rechercher pour elles une atténuation. Les plus petits animaux, et les cobayes en particulier, supportent ainsi de nol;tbles quantités de virus, même à l'état absolument Irais, c'est-à-dire sous forme de matières fécales ou de contenu intestinal de cholériques. On sait cela dès longtemps avant la découverte de M. Koch ('), c'est-à-dire dès les épidémies de 1862 et de 1867. » PHOTOGRAPHIE. — Sur des expériences de photographie en ballon. Note de M. G. Tissandier, présentée par M. Mascart. « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie le résultat des récentes ex- périences de photographie en ballon, que j'ai exécutées avec la collabora- tion d'un jeune et habile amateur, M. J. Ducom. Nous avons obtenu, à des altitudes variant de 600'" à 1 100™, plusieurs clichés dont les épreuves sont exposées dans la salle des séances. » Notre expédition photographique aérienne a eu lieu, le 19 juin i885, dans l'aérostat te Commandant Rivière, cubant 1000". M. Ducom s'occupait spéciahmeut de la partie photographique de l'expérience, tandis que je prenais soin de la conduite île l'aérostat; M. Georges Prus, ingénieur des Arts et Manufactures, nous accompagnait. » L'appareil photographique, disposé sur le bord de la nacelle, de manière à pivoter sur un axe et à être fixé verticalement, est une chambre dite f/e touriste i3x 18, à soufflet tournant, conslruile par M. Mackenstein. L'objectif est unrecldigne rapide n''4, de M. Français, de o'",36 de loyer: cet objectif a été employé avec un diaphragme de o™, 026, son ouverture étant de o™,o36. I^es photographies ont été successivement faites avec un obturateur de M. Français et avec une guillotine à déclenchement pneu- matique et à ressort de caoutchouc, tout spécialement construite pour notre expédition, par un savant praticien, M. Moussette. Ce dernier sys- tème donne un temps de pose de ^ de seconde. » L'émulsion des plaques au gélatinobromure d'argent employée a été aussi spécialement préparée par M. Bacard, et les plaques nous ont été gra- cieusement offertes par M. Véra. » Le départ a eu lieu à 1^40"" de l'après-midi, par un vent sud-ouest, nous dirigeant dans la direction du nord-est. ( ' ) Expériences de Guttmann, de Snellen et Miller, etc. ( i88 ) » Dix minutes après l'ascension, une première pliolographie a été exé- cutée à 670" au-dessus de la rue de Babylone et des magasins du Bon- Marché; l'épreuve obtenue montre les détails des jardins qui se trouvent dans ce quartier et des rues avoisinantes. Une autre opération a été faite au-dessus du pont Saint-Michel, à une hauteur presque semblable. On dislingue nettement, sur l'épreuve obtenue, le pont et le quai Saint-Michel, le quai du Marché-Neuf, l'état-major des pompiers près de la Préfecture de police. On compte quinze voitures de place stationnant sur le quai du Marché-Neuf, on distingue encore les tramways, les passants et la trace d'une voiture d'arrosage qui a marqué sur l'épreuve uue traînée grisâtre. » Au-dessus de l'îie Saint-Louis, à 6o5™ d'altitude, l'appareil a donné un cliché d'une netteté parfaite. C'est le meilleur qui ait été obtenu jusqu'ici en ballon. Ce cliché donne, en plan, le ijont Louis-Philippe, le port et le quai de l'Hôlel-de-Ville, la rue du Bellay et la pointe de l'île Saint-Louis. On voit deux bateaux-mouches sur la Seine, ainsi que les éta- blissements de bains froids, de chaque côté du pont. Quand on examine le cliché à la loupe, on découvre les plus petits détails, tels que des rou- leaux de corde, dans un bateau amarré près de l'établissement de bains froids, et des passants arrêtés sur le quai, etc. On peut, sur le cliché, compter les cheminées des maisons, tant est grande la netteté de leur image. » Une nouvelle photographie assez remarquable a été obtenue, quelques minutes après, à 800™ d'altitude (2'' 8") au-dessus de la prison de la Ro- quette; on y voit une partie de celte prison et le groupe des maisons com- prises dans le voisinage entre la rue Saint-Maur, la nie Servan, la rue Merlin, avec les entrecroistments formés par les rues Omer-Talon et Du- ranty. L'établissement du dépôt du Mont-de-Piété s'y voit très nettement. « Au moment où nous allions sortir de Paris, un bon cliché a été obtenu, à a*" 12"", au-dessus du réservoir de Ménilmonlant (altitude, 820*"). On voit le fossé des fortifications, le boulevard Mortier, la rue Saint-Fargeau, la porte de Ménilmontant et la caserne qui i-e trouve entre Bagnolet. » Dtux antres bonnes photographies ont été faites hors Paris, à des hauteurs plus considérables, de looo'" à iioo""; l'une d'elles représente les maisons de Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne), et l'autre la campagne de Germiny-l'Évéque (Seine-et-Marne), avec des chemins et des construc- tions ('). (') Noire debiente a eu lieu, k G"" 3o"', aux Rosais, près Rilly, dans les environs île ReiiDS, après avoir dépassé l'allitude de' igoo'". ( x89) » Pendant la traversée de Paris, qui a eu lieu de notre atelier d'Auteuil à la porte de Méniimontant, de i''4o™ à 2''i2™, on voit que nous avons pu faire cinq photographies : l'une au-dessus des magasins du Bon-Marché, la seconde au-dessus du pont Saint-Michel, la troisième au-dessus de la pointe nord de l'île Saint-Louis, la quatrième au-dessus de la Roquette, et la cinquième au-dessus des réservoirs de Méniimontant et des fortifications. On pourrait facilement avoir dans la nacelle deux appareils photogra- phiques avec deux opérateurs, qui prendraient en quelque sorte une série continue de clichés; on aurait ainsi des documents lopographiques d'une incomparable précision. Enfin il ne serait pas impossible d'opérer avec des appareils panoramiques spéciaux^ dont les résultats offriraient un intérêt tout spécial. » Grâce aux nouveaux procédés de photographie instantanée, les opé- rations de ce genre deviennent faciles, et elles peuvent encore rendre de grands services à l'art militaire. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur un tremblement de terre partiel de la surface seule du sol, dans le département du Nord. Note de M. Virlet d'Aoust, présentée par M. Hébert. (Extrait.) « Un tremblement de terre tout à fait superficiel vient de se produire sur les territoires de Dorignies-Flers-Douai ( Nord), comprenant les mines de houille de i'Escarpelle. Bien que cette agitation terrestre n'ait produit que peu de dégâts matériels, elle me parait néanmoins présenter un grand intérêt au point de vue des théories séismiques; car elle n'a affecté que le seul terrain crayeux qui là recouvre immédiatement le terrain houiller, et celui-ci n'a éprouvé aucun ébranlement. » Le terrain houiller aux puits 3, 4 et 5 de I'Escarpelle, situés sur le territoire de Dorignies, est recouvert par le mort-terrain (formation crayeuse), dont l'épaisssenr de aSo"" se compose, à partir de la base, de i3o" de dièves ou argiles plastiques en bancs très épais et très solides; ces dièves sont surmoniées par la craie proprement dite qui elle-même se trouve couronnée par des sables verts solides ou boulants (inouvants). La fosse n'*.'ï, qui paraît avoir été le point initial du choc et des mouvements ondulatoires du sol, a une profondeur totale de 344"'- Elle exploite, depuis le mois de mars 1879, ^'^ couches de houille, d'une épaisseur moyenne de o'",65, par deux étages établis à 278™ et à 334'" du jour. » Quoique les mineurs à la houille ne travaillent que pendait le jour, ( '90 ) l'intérieur des travaux n'en est pas moins peuplé, en permanence, par ceux qui sont chargés de l'entretien et des réparations des travaux sou- terrains et par ceux qui sont occupés aux percements des galeries au rocher [bouveaux). Pendant que les secousses séismiques agitaient le sol de Dorignies-Flers-Douai, ces ouvriers n'ont rien entendu, n'ont rien ressenti; ahsoiument rien d'anormal ne s'est produit dans les galeries et les travaux des deux étages eu exploitation. Donc ce tremhlement partiel n'a agité que la formation crayeuse seule, laissant le terrain houiller parfaitement indemne, c'est-à-dire complètement immobile, fait qu'il était surtout important de bien constater, » MM. J. Béchamp et A. Dcjardix adressent une Note sur « les micro- zymas du jéquirity » ('). (Extrait.) « Nous démontrons : i° que les microzymas isolés des graines de jé- quirity possèdent l'activité phlogogène de la jéquiritizymase ; 2° qu'ils peu- vent, comme celle-ci, fluidifier l'empois; 3° qu'ils peuvent par évolution devenir bactéries; 4° que, en injection intra-veineuse, ils déterminent la mort et les mème.s désordres que la jéquiritizymase; 5° que l'infusion filtrée de jéquirity ou la solution de jéquiritizymase perd son aciivilé, lors- qu'on y laisse développer des bactéries au contact de l'air, même lorsque celles-ci sont présentes. » Les microzymas jéquiritiques possèdent identiquement les mêmes activités chimique et phlogogène que la jéquiritizymase, de même que les microzymas pancréatiques possèdent celles de la pancréazymase; les mi- crozymas jéquiritiques, comme ceux d'autres organismes, peuvent subir l'évolution bactérienne; l'activité de la macération n'est pas due à des microbes venus de l'air; lorsqu'on a trouvé des bactéries actives, c'est que, sans doute, c'étaient celles qui provenaient du premier temps de l'évolution des microzymas jéquiritiques. » M. F. Jean adresse une Note sur un nouveau mode d'essai des matières tannifères. M. E. Batct adresse un Mémoire ayant pour titre : « Création des astres et leur reproduction. Histoire de la Terre et de la volcanicité. » (') Voir Comptes rendus de la séance du 6 juillet, t. CI, p. ■jo. ( '9' ) M. DucHEMiN adresse un travail intitulé : « Note sur le mouvement brownien et les vibrions de la gomme gutte, leur vitalité extraordinaire. » A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 6 juillet i885. Association française pour l' avancemenl des Sciences. Compte rendu de (a i3^ session. Blois, 1884 ; i™ Partie. Documents officiels. — Procès-verbaux. Paris, au Secrétariat de l'Association, i885; in-8° relié. (Présenté par M. Janssen.) Du choléra pendant r épidémie de 1884 dans C arrondissement de Brignoles [Far); par le D' Marius Patritti. Paris, Dentu, iS85; in-8°. (Présenté par M. Bouley pour le concours Bréant.) Des diverses déviations de la colonne vertébrale [scolioses et mal de Polt); par E. DuvAL. Paris, J.-B. Baillière; i885; in-S". (Présenté par M. Bouley pour le Concours Monfyon, Médecine et Chirurgie.) Application de la méthode naturelle à l'analyse de la dyspepsie nerveuse. Détermination d'une espèce. De l'Entéroptose; par le D' F. Glénard. Paris, Masson, i885; in-8°. (Présenté par M. Bouley pour le concours Mon tyon, Médecine et Chirurgie.) Congestion de la moelle épinière; par L. Trasbot. Evreux, imp. Ch. Héris- sey, i885; in-8°. (Présenté par M. Bouley pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie. ) Annuaire géotoyiijue universel et guide du Géologue,- pnrleD^ Dxgïncovrt, Paris, Comptoir géologique de Paris, i885; in-8° relié. (Présenté par M. Hébert.) Etude sur /'Adonis vernalis. Thèse, -parM. J. Mordagne. C. Lebas, i885; in-4°. (Présenté par M. Chatin.) Sjstème de recrutement de sous-officiers d^ infanterie appliqué à la loi sur le ( 19-^ ) service militaire de trois ans;parVj. Koszarski. Paris, E. Dubois, i885; in-12. Agriculture de Basse-Picardie en i884; par E. Hecquet d'Orval. Abbe- ville, C. Paillart, i885; in-8", A. RoTUREAU. Eaux mères. — Eaux minérales. Législation. Paris, i885; 111-8°. (Extrait du Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales. ) Expériences sur les inoculations préventives du charbon; par Baillet. Tou- louse, imp. Douladoure-Privat, i885; in-S". Faune de la Sénégambie; par A. -T. de Rochebrune. Introduction et Table. — Jllas : Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Jmphibiens, Poissons, indications des Planches. Paris, Doin, 1 883-1 885; in-S». Que la géographie est une science grâce à la topographie; par L. Drapey- RON. Paris, Ch. Delagrave, i885; 10-8°. (Présenté par M. Daubrée.) Les institutions géographiques nécessaires; par M. L. Drapetron. Paris, Cerf, i885; 111-8". (Pré.^enté par M. Daubrée.) Décapitation du marabout et du cheik de la tribu d'El-Oufia en i834. tlis- toire de deux têtes; par le D' Bonnafont. Paris, Chaix, i885; br. in-S". (Présenté par M. le Baron Larrey.) Department of the interior. Monographs of the United States geological sur- vey;\o\. V. Washington, governiiient printing Office, i883; in-4°. Memorie délia reale Accademia délie Scienze di Torino; série seconda, t. XXXVI. Torino, E.Loescher, i885; in-4°. ERRATA. (Séance du 6 juillet i885.) Page 8, dans les formules (e), (/), [g), remplacez respectivement -5 par '"—1' /t"4-- sin-'^ sin'r sin cosi - 2 \ "^ siii-'^ cos sin-l tane cosI in\. "9. \ 2 ; Page g, ligne 2 en remontant, ou. lieu de T' et T", lisez t' et t" . COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 JUILLET 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEV. MEMOIRES ET COMMUIVIC AXIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction purmque, des Beaux-Arts et des Cultes, adresse l'amplialion d'un décret par lequel le Président de la Répu- blique approuve l'élection de M. A . Grnndidkr, dans la Section de Géo- graphie et Navigation, en remplacement de M. Dupuy de Lôme. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. A. Grandidier prend place parmi ses Confrères. ASTRONOMIE. — Obsbvvahons (les petites j>tanètes, faites au cjrand instrument méridien de l'observatoire de Paris, pendant le premier trimestre de l'année i885. Communiquées par M. Lœwy. Dates. 1885. Janv. 21 . . . {' ) On n'a pu s'assurer si l'astre observé est bien la planète. C. R., i885, 2- Semestre. (T. Cl, N° 5.) 23 Correction Correction Temps moyen Ascensicin de Distance de de P.iris. droite, (ira) ZÉLIA ( l'éphémér. polaire. l'êphéniép. h m s 11.21. l 7 h m s ..6.55,59 .'. 6o. IC). 21 , o Il ( '95 ) Correction Correction Dates. 18S5. Tanips moyen de Paris. Ascension ilioili-. de l'épliemér. Distance polaire. de l'éphémér. Janv. 32. . . h lu s I0.3o.2y tl tu 3 ().4<->- 9, IMari \ 43 1* (jl o / Il .34. 4", 9 n 61:1) Thusnelua Févr. 5.. . 8.93.14 'î. ''.7. 47, Il ■.PSYOHOBE. (sT) Thet Févr. 7 10. 3o. I 7.42.47,58 ■• 57.50.37,0 ("•■«) SlB-ÏLLE ( ' ). Fùvr. 20 II. 6.33 9.10.41,28 +34, 00 79.44.56,8 —20, 5 Févr. 20.... 11.20.49 9 24.59,70 — 0,91 77-39- 3,7 — 4»^ (îi»"i Is ABELLE '1 1 Mars 7.... 7.53.52 P. 56. 36,85 ■• 60.22.29,1 (iliî) ASPORINA. Mars 7 . . . . I ? . I . 56 11.3.21,49 " 82 . 38 . 36 , I ( - ] » ,0.. . 11.47.62 M. 3. 5,1". .. 82. 5.3i,o(^) © Una. Murs 10 ... in.41.0 9.56. 1,35 )i 73.50.17,7 .> 0«\' Cei.uta. Mars 16,... I 1.4^.55 11.21.46,65 '. 76.16. /\,S ,, iq. . . . 11.27.56 11.18.34,16 '1 76.11.41,1) •' t, '-'y Pal LAS. Mars3o.... 11.18.17 11. 52. 16, 04 — 1,97 78.45.11,6 -f- 1,8 3i.... 11.13.45 II. 5 1.39, 32 — '>97 78.24.55,2 -t- 2,4 Ia^ Cérès. Mars 3i 12.36.58 i3.i5. 6,41 -+- 1,06 80.44.46,7 + 7,8 (') On n'a |)u s'assiiier si l'astre observé est bien la |>lanète. C' Distaiico polaire iinii eoirigée de la |)araila\e. ( lyS ) » Les comparaisons de Cérès et de Pallas se rapportent aux éphéméndes publiées dans le Nnulical Almanac. Les autres se rapportent aux éphiMné- rides du Beiliner Jahrbuch. » Les observations des 3o et 3i mars ont été faites par M. F. Bocjuel ; toutes les autres, par M. P. Puiseux. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Su7' le mouvement de rotation de la Terie autour de son centre de (jrauité. Note de M. F, Tisserand. « La détermination du mouvement de rotation de la Terre dépend de l'intégration des dix équations simultanées suivantes : A^+ (C - B)7r--= -^(^^ 4- cosO^j - cos^^. _-+(B-A)/;ry^^: «y su)Ç) — p cosç; = 1t 1 • I ^'^ [h] / Y co.sç 4- /?sui If = sinfi— -> -f = // -t- coi.5 —■, ' dt dl dans lesquelles y, 6, (j* désignent les trois angles d'Euler;^, (y, /■ Its com- posantes de la vitesse angulaire de rolaiion suivant les axes principaux d'inertie relatifs au centre de gravité; A, B, C les moments d'inertie prin- cipaux, et U la fonction des forces. » Si l'on suppose d'abord U — o, on peut intégrer rigoureusement les équations (rt)et(i) à l'aide des ionctious elliptiques. On peut ensuite avoir recours à la méthode de la variation des constantes arbitraires, pour tenir compte de U. » On peut se demander s'il ne serait pas possible d'intégrer rigoureu- sement les équations (« ) et ( A) en y remplaçant U par les termes les plus considérables de son développement. On aurait ainsi une première approxi- mation beaucoup plus voisine de la réalité, et il semble qu'on pourrait retirer de là quelques avantages lorsqu'il s'agirait d'appliquer les formules à des époques très reculées, et aussi pour établir plus rigoureusement l'uix ariabilité du jour sidéral. ( '96 ) » J'ai fait un premier pas dans cette voie ; je suis arrivé en effet à mon- trer qu'en supposant A = B, ce que l'on admet généralement, et remplaçant U par I Uo=-fm'(C- A)Hsin='5, (e) I avec on peut intégrer complètement les équations (a) el [b) a l'aide des fonc- tions elliptiques : m désigne le moyen mouvement de la Terre dans sou orbite; e est l'excentricité de cette orbite; e' celle de l'orbite lunaire; c l'inclinaison de cette dernière orbite sur l'écliptique; enfin £ désigne un coefficient numérique dont la valeur est 2,1758. . .. » On se convaincra aisément que le terme U„ produit, dans la méthode ordinaire, le terme at dans l'expression (]/ = «/ + hi-. » M. Hermite, auquel j'avais communiqué récemment ce résultat, m'ayant engagé à le |)ublier, j'ai suivi son conseil; j'avais du reste une autre raison de le publier : c'est que le cas d'intégration que j'ai rencontré se rattache directement aux beaux résultats obtenus par M. Darboux {Comptes tendus, t. Cl, p. 119). » Dans les conditions énoncées ci-dessus, les équations [a] deviennent iA— -T- (C — A)qr— ■^-^ (C — A)Hsinôcosô coscp, y, j A^ — (C — A)//> — — ^^(C — A)Hsin&cosÔ5inç, C-T- = o. ' dt » On en lire d'abord, en désignant par n une constante arbitraire, /• = M ; puis s^tLL—lLl = -!!L (C — A)II sin(/ cos(5(/; coscp — ^sintp), ou bien, en ayant égard à la [)remière équation [h), intégrant et déteignant ( '97 ) par )„ une constante arbitraire, A(/- + ^-) = A).„//- -h ^(C- A)?Icos25 ou encore, en remplaçant y? et (j par leurs valeurs tirées de (A), Ui) -— 4- sin^fJ -^ =\ ir -\ '. — H cos 2O. ^ ^ (ù- (II- " 4 A » On tire ensuite des équations [a') [e] A (sinoy -+- coso^ J + (,C — A)n[q sinç — /jcoscp) = o; les équations [b) donnent d'ailleurs dp dll tla , . . dt ' kd{u sin5)+ ku cosC r/5 + Cnr/5 = o» d'où c/« cos 6 C« ^ "*" ~" sm6 "*" A sine "~ ^^ ' c'est une équation linéaire, qui donne, en appelante, une nouvelle con- stante arbitraire, C --cosO — >, sin- 6 f/f ,/-i » En éliminant y entre (-ë;'^*-)-(r--)^ '9« ) en posant (B) cosO = ^, 1 \ - 3///- c- -"-' la formule (/) donnera ensuite (c) 'â = ■-=-. A,: » Les formultjs (A), (B), (C) feront connaître ô et i{> en fonction île t, et des constantes arbitraires; tout se ramène, comme on voit, aux fonctions elliptiques. » Il y a lieu de déterminer les constantes arbitraires X, et Xj à l'aide des données initiales. Soit Z le point oii l'axe principal du moment C rencontre la sphère de rayon i concentrique à la Ttrif; soient, sur la même spliére, Pj, la position initiale du pôle, Nq celle du nœud ascendant, relative- ment au plan fixe, du plan des deux autres axes principaux d'inertie; repré.-entons par y„ l'arc PoZ, par £„ l'angle NoZP^ et par ^o ''' valeur ini- tiale de 5; on trouvera aisément les relations ( /Jo cosço — ^oS>" 9o - «tangYoCosEo = — ( jj » i ■ ■ ^ ■ r l'I^ \ /?„ sin 9„ + r/o cosipu = n tang7„ sin £„ = sm&„ ( -^ » L'équation [d) donne ensuite, en tenant compte de (^), \,^ et, en portant dans (a), (V) L = lang-7„ - — ^— ^Hcos-5„ » Ou tire ensuite de (y ) et (j'3) (c?) ^' ~  '^°''^i' ■" ^^"ë'/u siiiEo sinôo- (13) >.„ = tang-7„ - -^ -^— H cos-9„ » On a /// I Il 366,^5 C — A I A 3o5,6 H = 3,1597. ( '91) ) » Soit posé ■}. li- on trouve 3///5 C — A „ - — H =: ï3 ; 8621000 » L'angle •/„ est très petit; ou en conclut que),, est aussi très petit. » Si l'on veut ramener les fondions elliptiques à la forme canonique, il faut considérer l'équation qui est tlu quatrième degré en z. En substituant dans le premier mendjre — 1, "u = cos9„ et -i- I, on voit, par les changements de signes, que celle équation a au moins deux racines réelles; elle n'en a du reste que deux ; car l'équation dérivée est 1., et vj éiiint très petits, le coefficient de z est positif, comme celui de ;3' ; donc cette équation dérivée n'a qu'une racine réelle. » Les calculs que nécessiterait lu réduction à la forme canonique se trouvent être exactement les mêmes que ceux que M. Gyldén a effectués dans son Mémoire : Ueber die Bahn eines inatei iellen Punktes, der iic/i unter dein Einjltisse eiiier Ceiitralkrajl von der Foi ni — ^ + [J-i'' l^'euhijl^ je me bor- nerai donc à renvoyer à ce Mémoire. » GÉOMÉTRIE. — Sur diverses fJioposilions relatives au nwuvenienl d'un corus suli'le autour d'un jiointfixe; par M. G. Dauboux. « 1 . Dans ma première Note Sur les deux nionvenienls conesjjondants à une même polliodie, j'ai donné les formules qui permettent de passer de l'un de ces mouvements à l'autre; mais j'ai laissé de côté l'étude des relations géo- métriques qui existent enlie les deux surfaces du second degré correspon- dantes à ces deux mouvements. Depuis la publication de cette Note, je me suis aperçu que, dans ses llecherclieb sur les surfaces réglées Ictraédrales symé- triques, M. de la Gournerie avait déjà démontré plusieurs propositions intéressantes relatives à la polliodie et, en particulier, la suivante, cpii a été doiuiée à la fin de ma Communication : La courbe d' inlersection de deux ( 200 ) surfaces du second degré ayant les mêmes rxes principaux peut être considérée comme une polhodie tracée sur deux surfaces différentes du second degré ('). M. de la Gournerie n'a rien fait connaître relativement à la partie méca- nique ou cinématique de la question; mais, en utilisant les propositions de Géométrie qu'il a données dans différentes parties de son Ouvrage, on peut compléter en plusieurs points l'étude que j'ai commencée. Je me propose de rassembler ici les propositions que j ai obtenues. » Théorème I. — La courbe d'intersection de deux surfaces du second degré ayant les mêmes axes principaux est normale à une infinité de surfaces homofocnles du second degré formant une des trois familles d'un système orthogonal. » Rapportons, en effet, cette courbe (G) à ses axes principaux. On peut exprimer les coordonnées j;, y, z d'ini de ses points en fonction d'un pa- ramètre p par des équations de la forme , a- = m{a - p), (I) .j^=n{b-p), ( z^ = p{c — p), a, I), c, m, n, p désignant des constantes. -> La surface du second degré, définie par l'équation (^) b — a c — p m passe évidemment par le point considéré de la courbe, et l'on vérifiera ai- sément qu'elle est normale à la courbe en ce point. La proposition est donc démontrée. » Dans le cas où l'on a ni -^ n -h p = o, la courbe (C) est tracée sur une sphère, et les surfaces normales sont des cônes homofocaux. En écartant ce cas exceptionnel, on peut multiplier a, b, c, p par une constante et disposer de cette constante de telle manière que l'on ait (3) m -h n -h p r= I . [ ' ) Voif Recherches sur les siir/}/ri's ii-glées tétraéclnilcs symétriques, p, i63. ( 30I ) Alors l'équRtion (i) prendra la forme (4) « ^ p /; — f, c — p » Il résulte des formules (i) que l'intervalle dans lequel varient les va- leurs (lep, correspondantes aux points réels de la courbe (C), ne peut com- prendre aucun des trois nombres a, h, c. Par conséquent, l'équation (4) ne pourra représenter que l'une des trois familles d'un système triple orthogonal. » Puisque la courbe (C) est normale à toutes les surfaces représentées par l'équation (4), nous pouvons conclure qu'elle est l'intersection de deux surfaces léelles, appartenant respectivement aux deux autres familles du système orthogonal, et nous retrouvons le théorème de M. de la Gour- nerie ( ' ) : >> Théorème II. — Toute courbe tra< te sur deux burfaces du second degré ayant les mêmes axes principaux peut toujours être considérée comme l'intersec- tion de deux surfaces hontofocates réelles, pour lesquelles elle est une li(jne de courbure commune. » Les jiarametres p,, p^ *'*' '^^^ surfaces seront évidemment définis par les équations [a- [a - ^^^ H = [b- -P.) - "1 [h — r . ' ('-p.) (5) m ils seront les racines de l'équation „ , m II II (b -4- ,- h -— - :^0. * ' .-.• .'.' (•■ — /( c - Il » 2. Proposons-nous inauiteuiiul de déterminer les deux surfaces pour lesi|uelles la courbe (C) est une [lolbodie. L'équalioti générale des surfaces du second degré qui coulieuneul celte courbe est » La distance P du ci ntre au plan langent de la surface est donnée par l'équation I [i'-''Yr- .... [c-AYz^ 1" (■' — firl" — Pi)' {'' -Pir{'' — h]" ['■' — Pli' [<= — ('' }i ^') Ouvrage cLié, i>. i63. C'a., lB85, j' Semestre. (T. CI, N° 5.) 20 ( 202 ) » Remplaçons jl',j'-, z'- par leurs valeurs relatives à un point de la courbe, et, pour exprimer que la distance P est invariable, annulons le coefficient de p dans ^' Nous aurons l'équation ib — y — o. («-p,)(«-p,)(«-6)(«-f) [b-p,)[b-^,){b-a)[b-c] ^ [c-'^Y (c — p,) (c — p,) (c — e qunnd \\ s'agit de corps solides, tels que l'alumine, les composés d'u- ranium et les carbures d'hydrogène comme l'anthracène, et analyser la lumière émise par les corps rendus actifs dans cet app;ireil ( ' ). » Ijorsque les substances qui peuvent présenter des effets de ce genre sont à l'état de dissolution, ou même quand à l'état solide la durée de la persistance des impressions lumineuses, après l'action du rayonnement ex- citateur, est de trop courte durée pour pouvoir être appréciée dans le phosphoroscope, elles donnent lieu à des effets dits de fluorescence, ne différant des effets de phosphorescence que par la durée de la persistance; on peut dans ce cas avoir recours à un procédé simple consistant à éclairer vivement les substances au moyen de la lumière violette concentrée à l'aide d'une lentille et obtenue en faisant traverser les rayons solaires au travers d'une dissolution cuivrique ammoniacale (^), puis à analyser, par réfraction, la lumière qu'elles émettent en vertu de leur action propre, pen- ndant l'influence des rayons excitateurs. Les rayons de lumière émis étant en général de moindre réfrangibilité que les rayons excitateurs, on peut observer le spectre de phosphorescence dans la partie la moins réfrangible de l'image et en dehors de la région violette. » Un autre moyen d'étudier ces eflèts de phosphorescence, et dont j'ai (') E. Becquerel, La Luinicrv, ses causes el ses eU'ets, t. I, |i. 334. (») Annales de Chimie et de P/ij.uqtie, 4'^ série, t. XXVIl, p. SSg, 1872; Comptes ren- dus, t. LXXV, p. 296. ( 206 ) indiqué l'emploi dès 1837 ('), consiste à placer les corps dans des tubes dont on raréfie l'air, et à faire traverser à l'intérieur de ces tubes, au moyen d'électrodes en platine sondées à leurs extrémiiés, les décharges d'une bobine d'induction; les éléments très réfrangibles de la lumière donnée par ces déiharges excitent 1res vivement la phosphorescence des corps im- pressionnables renfermés dans les tubes et permettent de se livrera l'ana- lyse spectroscopique de la lumière qui en émane. En opérant ainsi, on per- çoit, en même temps que la lun)ière de phosphorescence, celle qui pro- vient de l'illumination des gaz raréfiés, ce qui nécessite la connaissance du spectre donné par ces gaz. Dans certains cas on peut simplement, au moyen d'une bobine d'induction, exciter des décharges d'une batterie électrique très près des corps impressionnables et analyser la lumière que ceux-ci peu- vent émettre. » En raréfiant l'air dans les tubes à l'aide d'une trompe à mercure, de façon que la pression du gaz intérieur diminue à tel point qu'elle soit à peine appréciable, les effets de phosphorescence qui se produisent sur le verre des tubes, ainsi que sur les matières impressionnables contenues à l'intérieur, augmentent en général dans une très forte proportion; je dis en général, car la réfrangibilité des rayons actifs dépendant de la nature des substances, celles-ci commencent à devenir lumineuses à des degrés di- vers de raréfaction, la réfrangibilité des éléments contenus dans les dé- charges variant avec cette raréfaction. Les effets lumineux de phosphores- cence qui se produisent dans ces conditions sont les mêmes que ceux que l'on peut observer avec la lumière solaire violette, ou à l'aide du phospho- roscope, si la durée de la persistance des impressions lumineuses sur les corps soumis à l'expérience le permet; toutefois, dans les tubes à vide, ils sont bien plus intenses. » Ce fait, que je regardais comme évident, avait été constaté par M. Crookes (*) au moyen de l'alumine qui, dans les tubes, donne les mêmes lignes rouges que celles que j'avais observées à l'aide des deux mé- thodes indiquées précédemment; les expériences que je viens d'instituer récemment en faisant installer une trompe à mercure de façon à faire à volonté le vide dans les tubes au-dessous de ,-;^, d'atmosphère et en pla- çant dans ces tubes des composés d'uranium bien déterminés (sulfates (M Annales de Chimie et de P/ijsiqiic, 3' série, t. LV, p. 98 ; 1857. (^) Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 283, 1879; Ann. de Chimie et de Pliysiquc, 5* série, t. XIX, p. igS, 1880 el t. XXVIII p. 555, i88i. ( 207 ) doubles, nitrates, etc.), du spath fluor et d'antres corps, donnent égale- ment une démonstration de ce principe. Quand le vide est suffisamment fait, on reconnaît à l'aide du spectroscope que les corps excités par les dé- charges donnent les mêmes bandes et lignes que lorsqu'ils sont excités par la lumière solaire. Je dois même ajouter que M. Lecoq de Boisbaudran ayant mis à ma disposition les substances avec lesquelles M. Crookes a ob- tenu récemment, dans les tubes à vide, les lignes et bandes lumineuses des composés d'yttria, de samarium, etc., j'ai pu distinguer au spectro- scope les mêmes lignes et bandes en éclairant ces substances au moyen de la lumière violette et par la méthode indiquée plus haut. » Quand on commence à raréfier l'air et que l'on opère avec un tube en rapport constant avec la trompe, muni à ses extrémités d'électrodes formées de plaques d'aluminium perpendiculaires à la direction du tube et contenant différentes substances capables d'être rendues actives, si l'on fait passer dans le tube les décharges d'un appareil d'induction, on a d'abord les effets bien connus d'illumination de l'air raréfié; la phosphorescence de certaines substances, quand elle se manifeste, a lieu tout autour dans le tube, quels que soient les points où se trouvent placées ces substances. Si l'on continue à faire le vide, on sait que l'espace obscur qui existe entre la gaine bleuâtre entourant le pôle négatif et la traînée lumineuse s'étendant jusqu'au pôle positif, augmente peu à peu d'étendue, et il arrive un moment, où lorsque la pression est très faible, la lumière qui apparaît dans le tube lors des décharges électriques est à peine sensible, mais la phosphorescence des substances est très vive et cela seulement dans la direction normale à la plaque formant l'électrode négative; c'est là un des points les plus intéressants résultant des observations de différents physiciens, notamment de MM. Hittorf et Goldstein (*) et plus tard, de M. Crookes et de M. E. Wiedemann (*). Si l'on continue ensuite à pousser plus loin la raréfaction du gaz au delà de toute limite facilement obser- vable, l'intensité lumineuse due à la phosphorescence diminue, car les décharges traversent alors très difficilement le tube, et bientôt elles ne peu- vent plus passer. Il y a donc au moins trois phases dans les phénomènes observés, et les effets de phosphorescence sont les plus brillants dans la seconde phase, alors que l'illumination des gaz raréfiés à l'intérieur est à peine apparente. (') Journal rie Physique, T' série, t. YII, p. 63 (iS^S), et t. X, j». 53 i (-) Annales de Chimie et de Physique, 5" série, t. XXI, p. 449- ( 20S ) )i II est nécessaire que ces expériences soient faites avec un liihe toujours en rapport avec la trompe; car, en général, lorsqu'on fait passer les dé- charges pendant quelques instants, des vapeurs ou des gaz sont émis pur les substances excitées on tnème par les électrodes, ime liuuière blan- châtre Mpparait dans le tube et la pression augmentant, la phosphores- cence diminue, au point même de cesser presque complètement. Après quelques minutes d'action fie la trompe, on se retrouve dans les conditions nécessaires aux bonnes observations. » L'hypothèse la pins probable pour expliquer ces effets consiste à admettre, comme on l'a fait, que le pôle négatif, dans ces conditions, est le point de départ de vibrations extrêmement réfraugibles et agissant puissamment pour produire la phosphorescence; car la supposition faite par M.Crookesd'une émission de matière pouvant exciter les corps ne me paraît pas devoir être adoptée, 11 serait cependant possible que les décharges élec- triques qui se produisent sur la surface même des matières, excitent les mo- lécules de celles-ci, de façon à les rendre phosphorescentes; dans ce cas, l'électricité donnerait lieu à un ébranlement moléculaire semblable à celui qui est produit par la lumière, car l'expérience prouve que la composition de la lumière émise est la même que celle donnée par les substances sou- mises à l'action du rayonnement lumineux. ji En tous cas, les effets huuineux que l'on obtient, alors que les sub- stances sont aussi vivement excitées dans ces tubes à gaz très raréfiés, sont plus énergiques que par tout autre mode d'action et donnent lieu aux observations suivantes : le spath d'Islande qui présente une si belle phos- phorescence orangée et qui, dans le phosphoroscope ou sous l'influence des rayons violets, n'offre qu'une persistance de peu de durée après la cessa- tion de l'action lumineuse excitatrice, donne dans les tubes une émission lumineusede même nuance, mais avec une persistance de lumière orangée qui peut durer pendant i)lusieurs minutes; M. Crookes avait déjà observé cet effet. L'alumine et la leucophane olfrent également une persistance de lumière phosphorescente, mais d'une durée moindre que celle du spath d'Islande; le spath fluor ne semble pas présenter un effet aussi marqué. Ce prolongement d'émission lumineuse tient sans doute à l'intensité et à la nature de l'action excitatrice des décharges sur des substances, qui, sous l'influence de rayons de diverses réfrangibilités, offrent des persistances de durées inégales, comme je l'ai montré en faisant usage du phosphoroscope, » Celte énergie d'action est également rendue manifeste par la colora- tion rapide de plusieurs minéraux impressionnable». On sait que certains ( 209 ) échantillons de spath fluor incolore, soumis à l'action de nonihreuses dé- charges électriques éclatant dans l'air très près de leur surface, prennent une légère teinte violette qu'ils perdent ensuite quand on élève leur teni- |)érature ('); en plaçant dans un tube à gaz très raréfié un fragment de spath fluor blanc, qui m'avait autrefois présenté une action de ce genre, au bout de peu de temps ce fragment, soumis ainsi à l'effluve du pôle né- gatif, s'est fortement coloré en violet. Des échantdlons de sel gemme incolore, qui sont phosphorescents avec une teinte jaune verdâtre, se sont rapidement colorés en jaune; mais leur couleur a diminué d'elle-même peu à peu après quelques jours, tout en brunissant. » On a dit que des écrans en lames très minces, comme le mica, inter- posés dans les tubes entre le pôle négatif et les substances actives, arrê- taient toute action sur celles-ci; pour vérifier s'il en était ainsi avec ime ma- tière très phosphorescente et différents éci ans transparents, j'ai fait disjjoser, sur le côté d'iui tube horizontal muni d'électrodes plates en aluminium et communiquant avec la trompe à mercure, une tubulure dans laquelle se mouvait un bouchon rodé auquel on pouvait suspendre un fragment de blende hexagonale très impressionnable. De petites lames minces de quartz, de sel gemme, de spath fluor, de spath d'Islande pouvaient succeiîsive- ment être interposées entre le pôle négatif et la blende par un mouvement du bouchon; ces différents écrans, tout en affaiblissant beaucoup l'action excitatrice du pôle négatif, n'ont pas arrêté toute influence et le sel gemme a paru offrir une perméabilité un peu supérieure à celle des autres ma- tières. » On doit observer que ces divers corps sont eux-mêmes phosphorescents, même le quartz qui émet une lumière légèrement jaunâtre, et que l'énergie excitatrice émanée du pôle négatif est en grande partie employée à les rendre lumineux; on pourrait donc supposer que la blende reçoit l'ac- tion des rayons émanés des corps phosphorescents et celle du tube lui- même ; mais les éléments actifs peuvent ne pas être les mêmes pour la blende et pour ces divers écrans, el dès lors ces derniers n'arrêteraient pas toute action excitatrice. Cette question, très digne d'intérêt, demande à être étudiée avec plus de détails; je compte le faire prochaineinent. » L'analyse spectrale, basée sur les ptiénomènes de phosphorescence et dont j'ai indi |ué l'emploi il y a longtemps, ne |)araU pas jusqu'ici être (' ) Observation de M. Peaiseal ( Annales de Chimie et de Physique, i" série, t. XLIX, p. 337 et 346; i83?.]; la Lumière, Oiivnige déjà cité, t. I", p. 55. G. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, ft" 5.) ^7 ( 210 ) aussi génériile que l'analyse spectrale au moyen des vapeurs incandescentes; elle ne conduit pas à la même comi osition lumineuse pour le même corps soumis à ces deux mode? d'investigation, et en outre elle ne suit pas les mêmes lois. Alors qu'avec les vapeurs incandescentes ou constate la fixité de position des lignes dans l'image spectrale de cliacnne d'elles, les spectres de phosphorescence des solides et des liquides, tout en donnant des lignes qui testent les mêmes et à la même place, dans les mêmes conditions (alu- minium, spath fluor), dépendent autant de l'état moléculaire que de la com- position chimique de ces substances (exemples : alumine anhydre rouge et alumine hydratée verte; spath d'Islande orangé et aragonite verte). » Je dois ra[)peler, en outre, qu'avec les divers composés de sesquioxyde d'uranium, il y a dans chique image une série de ban les et de lignes, dont les longueurs d'onde successives semblent assujetties à une loi que j'ai eu occasion d'indiquer (' ). » D'un autre côté, les différents corps sont très inégalement phosphores- cents eî un grand nombre d'entre eux donnent des spectres continus, comme les oxydes tie magnésium, de cilciinu, de potassium, de sodium, etc., et ne présentent pas de raies; mais il résulte des observations récentes que rians les mêmes conditions, quelques-unes des terres dont les combinaisons ont des propriétés chimiques très voisines, telles que l'yttria, les oxydes de sama- rium, d'holiuium, etc., et qui font l'objet des recherches très intéressantes de M. Lecoq de Boisbaiidran, donnent des ligues et des bandes lumineuses bien déterminées; il est donc permis d'espérer que ce mode d'investigation pourra apporter dans l'étude de ces combinaisons, comme dans d'autres circonstances, de précieuses indications. « CHIMIE MINÉRALE. — Sur le mé.laphospliate de thorium; par M. L. Troost. « Dans les Mémoires publiés depuis un certain nombre d'années sur la thorine et ses composés, on a été conduit à admettre pour cette base la formule d'un bioxydeTh'0-(Th' = 1 16,2), au lieu de la formule d'un prot- oxyde ThO(Th= 58, i), proposée par Berzelius. » L'jsomorphisme signalé par MM. Nordenskiôld et Chydenius (-) entre la thorine et la zircone, l'analogie de forme que Brogger a cru recon- naître entre les cristaux microscopiques du thorium et ceux du silicium, ('} Annales de Chimie et de Physique, 4" série, t. XXVII, p. SSg; 1872. (') Pogg. Annalen der Physik niid Cliemic, t. CX, p. 64^. ( 2.1 ) et la déterminalioii de la chaleur spécifique du thorium, par M. Nilson ['), ont apporté de sérieux appuis à cette interprétation, et l'on a rapproché la thorine de la zircone et de la silice. Cependant, dans quelques-uns des composés connus, la thorine semble se comporter comme un protoxyde. » Ces travaux ont été effectués, pour la plupart, par la voie humide; c'est par cette méthode que M. Clève a fait une très remarquable étude des sels de thorium (^). » J'ai entrepris de rechercher si l'emploi de la voie sèche permettrait de vérifier, d'une manière générale, l'analogie admise entre la thorine et la zircone ou la silice, et j'ai préparé ainsi un certain nombre de compo- sés nouveaux. Je ne décrirai aujourd'tiui que le métaphosphate de tho- rium, qui, pour le but que je me proposais, m'a paru avoir un intérêt par- ticulier, par la comparaison que je pouvais en faire avec le métaphosphate de silice SiO-,PhO', que MM. Ilautefeuille et Margotti't ont obtenu très bien cristallisé (^).En préparant par le même procédé le métaphosphate de thorium cristallisé, je pouvais rechercher si sa forme cristalline présenterait quelque analogie avec celle du métaphosphate de silice, et si sa formule serait Th'O-, PhO% donnant, comme le métaphosphate de silice, le rapport de 5 à 2 pour le rapport de l'oxygène de l'acide à l'oxygène de la base, ce qui justifierait le rap|)rochemei)t établi entre la thorine et la silice, ou si, au contraire, la forme cristalline serait différente, et si le rapport de l'oxygène de l'acide à l'oxygène de la base, au lieu d'être de 5 à 2, serait de 5 à i, et, par suite, conduirait à la formule ThO, PhO'(Th = 58,i) ou Th'O-, 2PhO''(Th' = 1 16,2), formules analogues à celles d'autres sels de thoriinn. » J'ai préparé le métaphosphate de ihoriiun en faisant réagir du chlo- rure de thorium aidiydre sur un excès d'acide mélaphosphorique main- tenu en fusion. J'ai obtenu ainsi des cristaux insolubles dans l'eau, et par suite faciles à séparer de l'acide métaphosphorique. » Leur densité, prise à 16", 4, a été trouvée égale à 4", 08. » Ces c^i^taux présentent l'aspect de tables carrées. Ils sont en général très peu épais. ( ' ) Annales de Chimie et de Physique, 5" série, t. XXX, |>. 5^ i . (2) Bulletin de la Société chimique, t. XXI, p. 1 15. (3) Comptes rendus, t. XCVI, p. loSî. ( 212 ) » Examinés a» microscope, ils ont, même sous une faible épaisseur, une action sensible sur la lumière polarisée parallèle. M Observés dans la lumière polarisée convergente, ils présentent une croix noire qui se déforme sensibUment quand on fait tourner le porte- objet sur lequel repose le cristal. » Ils appartiennent au système orthorbombique avec deux axes extrê- mement rapprocbés et bissectrice positive. Ils ne présentent, par suite, aucune analogie de forme avec le métaphospbate de silice, car celui-ci cris- tallise en octaèdres n'ayant pis d'action sensible sur la lumière polarisée ('). » L'analyse du métaphospbate de thorium a donné les résultats sui- vants : Calculé pour pour Trouvé. ThO, PhO'. Th'O', PliO'. Acide métaphosphorique 52,45 5i ,76 34,94 Thorine 47-61 4^*^.24 65,o(i i(jû,cif) ioo,Ol) 100,00 » La composition du métaphospbate de thorium est donc ThO, PhO" on Th'O-, 2pb0% elle n'est pas ïb'0=, PbO'. » Ce corps ne présente donc, tant au point de vue de sa composition qu'à celui de sa forme cristalline, aucune analogie avec le métaphosphate de silice SiO-,PhO% et il ne peut fournir aucun argument pour rap- procher la fornuile de la thorine de celle d'un bioxyde plutôt que de celle d'un proloxyde. )i Dans une prochaine Conunnnication, je décrirai quelques autres phos- phates de thorium. » PHYSIOLOGIE EXPÉRiMENTAl-K. — Recherches relatives à In durée de l'exci- tabilité des régions excito-molrices du ceroenu pwpremenl dit après la mort Note de M. Vui.pian. « J'ai indiqué bi ièvement, dans une précédente Communication (^), les résuliats d'une expérience qui avait pour but de déterminer la durée de l'excitabilité du cerveau proprement dit, chez le chien, après la mort. J'ai (') MM. HAUTKHiUiLLK et Margottet, Co/w/;?e.5 rendus, t. XCVI, p. iof)3. ('^) CumjiU's rendus, t. C, p. 1106. ( 2t3 ) répété plusieurs fois cetie expérience et je puis confirmer, d'une façon générale, les données consignées dans la Note que je viens de rappeler. » Après avoir mis à découvert, sur un chien, le gyrus sigmoïde du côté gauche et les parties circonvoisines du cerveau, on détermine avec soin, à l'aide del.» faradisalion, les points excito-moteurs de cette région : le point cérébro-brachial, le point cérébro-crural et le point cérébro -facial. Ainsi que je crois l'avoir démontré, ce n'est pas la substance grise qui est excitée par l'électricité au niveau de ces points; c'est la substance blanche sous- jncente. C'est donc l'excitabilité île cette substance blanche qui est en question dans les expériences dont il s'agit. » Cette reclierche préalable étant faite, on arrête le cœur, en électrisant les ventricules du cœur, pendant un instant, au moyen d'un courant faradiqne très inten&e. Pour cela, on introduit une longue aiguille dans un des espaces intercostaux de la région précordiale, jusqu'à ce qu'elle arrive au contact des ventricules du cœur : un excitateur est mis en rap|)ort avec celle aiguille; un autre excitateur est posé sur une plaie de la jambe ou sin- la plaie de la tête et l'on fait passer le courant. Aussitôt, les mouvements imprimés à l'aiguille par le cœur s'affaiblissent et deviennent extrêmement irréguliers; le pouls crural cesse immédiatement d'être perceptible; le cœiw n'envoie plus d'ondées sanguines dans le système artériel (*). » On procède tout aussitôt à l'examen de l'excitabilité des points céré- bro-brachial, cérébro-crural et cérébro-facial de la région cérébrale mise à découvert; on étudie en même temps les mouvements réflexes des pau- pières et ceux que provoque dans les membres postérieurs la faradisatiou du bout central du nerf sciatiqiie gauche. » Dans les premiers instants, la faradisation des divers points excito- moteurs du cerveau (ceux qui viennent d'être indiqués) détermine des mouvements dans les parties correspondantes du corps : si l'on faradise le point cérébro-facial gauche, les paupières de l'œil droit, la joue et la commissure labiale ainsi qjie l'oreille du côté droit entrent aussitôt en mouvement. Il en est de même pour les membres du côté droit, lorsqu'on faradise le point cérébro-brachial ou le point cérébro-crural du côlé gauche. Le minimum du courant qui suffisait, avant l'arrêt des systoles (') Au moment où les systoles régulières du cœur s'airèleut, il y a souvent de ragitation et parfois des cris plaintifs. Quelques secondes plus tard, les membres et la tète s'étendent spasmodiquement : ceUe convulsion ne dure qu'un instant, apiès lequel l'animal est en complète résolution. ( ^'4 ) efficaces du cœur, à provoquer des mouvements de ces parties, stiffil encore pendant ies premières secondes après la cessation du pouls crural. » L'excilabilité dfs régions excito-inotrices du cerveau ne tarde pas à diminuer et, pour ol)tenir des mouvements des membres ou de la moitié fie la face du côté opposé aux régions cérébrales excitées, ou est obligé alors d'augmenter la force du courant, en rapjirochant la bobine au fil induit du point où elle recouvre entièrement la bobine au fil inducteur (appareil à chariot de du Bois-Reymond). Dans une de mes expériences, il m'a semblé que l'excitabilité des régions cérébrales excito-motrices avait augmenté pendant deux ou trois secondes avant de commencer à diminuer. Dès que cette excitabilité s'affaiblit, elle ne tarde pas à disparaître. Le plus souvent elle est absolument éteinte quarante-cinq secondes après que l'on a cessé de sentir le pouls crural ('). A ce moment, on |)eul faire usage du maximum du courant obtetiu avec un ap|>areii d'une grande énergie; on n'observe plus la moindre contraction des muscles des membres (antérieur et postérieur) du côté droit (faradisation des régions excito-motrices du côté gauche du cerveau). Le point cérébro-crural perd sou excitabilité un instant avant le point cérébro-brachial (*). Le point cérébro-facial conserve habituellement son excitabilité un peu plus longtemps que les points qui correspondent aux membres, c'est-à-dire pendant une minuie, rarement une minute et quelques secondes après l'arrêt de la circulation artérielle. J'ai vu, dans une expérience, une minute et demie après la cessation du |)ouls crural (les mouvements des paupières, provoqués par l'excitation des points cérébro-oculaires, ayant disparu depuis une demi-minute), le globe de l'œil droit se rétracter encore sous l'influence de la faradisation des parties du cerveau voisines du gyrus .sigmoïde gauche. Un instant après, il n'y avait pins rien de semblable. » Lorsque la faradisation de la surface des régions excito-motrices du cerveau proprement dit ne détermine plus aucun mouvement dans les membres ou dans la moitié de la face du côté opposé aux régions exciiées, on peut enfoncer les excitateurs dans les profondeurs du lobe cérébral mis en expérience, leur faire traverser ce lobe de part en part, de telle sorte (') Exceptionnellement, j'ai va l'excitabilité des points cérébro-brachial et cérébro- crural durer une minute et quelques secondes. (") Lorsque je parle de l'nbolition de l'excitabilité des régions excito-motrices, je veux dire seulement cpie ces régions ne répondent plus à l'excitation électrique par des con- tiaclions musculaires dans lespartiesdn corps avec lesquelles elles sont en lelution analomo- pliysioloyiqiip. ( ^'-> ) qu'ils soient eu contact pnr leurs extrémités avec la base du crâne, sans qu'il se manifeste la moindre contraction dans les membres ou la moitié de la f.ice du côté opposé ( ' ). » Pendant que l'on faradise ainsi l'un des lobes cérébraux, le lobe céré- bral gaucbe par exemple, soit superficiellement, soit profondément, sans provoquer le moindre mouvement dans la moitié droite du corps, on voit des contractions phis ou moins violentasse produire dans la moitié gauche de la face et dans les muscles du côté gauche du cou. Ces contractions ont lieu, même lorsque les excitateurs sont appliqués sur la surface du lobe cérébral gauche, soit sur le gyrus, soit sur des points non excitables, à con- dition d'employer un courant d'une certaine intensité : elles sont évidem- ment dues au [lassage direct des courants, des points d'application des excitateurs aux muscles mis en mouvement et à leurs nerfs. » Les mouvements réflexes des paupières, provoqués par souffle sur le globe oculaire ou par attouchement de ce globe, persistent pendant une minute après la faraôisation du cœur (cessation du pouls crural). Tls sont d'abord très nets, rapides et complets-, puis ils s'affaiblissent et, à partir de ce moment, ils disparaissent eu trois ou quatre secondes. » Je n'ai pas étudié les mouvements réflexes de l'iris. » La faradisalion du bout central du nerf sciatique gauche, dans une expérience, a provoqué, pendant plus d'une minute après l'arrêt de la cir- culation artérielle, de forts mouvements réflexes dans les deux membres postérieurs, la queue et les muscles de l'abdomen : la bobine au fil induit était écartée de son point de départ (point où elle recouvre entièrement la bobuie au fil inducteur) de o°',io, puis de o^jS. Au bout d'une minute et demie, les mouvements réflexes n'ont plus eu lieu que dans le membre postérieur gauche et la queue ; une demi-minute plus tard, il n'y avait plus de mouvements réflexes que dans la queue, et ils y étaient très faibles; enfin, deux minutes et demie après la disparition du pouls crural, il n'y avait plus la moindre contraction réflexe sous l'influence des faradisations les plus énergiques du bout central du nerf sciatique. » La respiration, dans toutes mes expériences, a duré en moyenne une minute et demie après la cessation de la circulation artérielle : parfois elle a duré deux minutes ; elle avait donc lieu encore, dans ce cas, plus d'une (') Dans toutes mes expériences, je ine suis servi, côtnine excitateurs, de deux fils métalli- ques traversant une sorte de manchon isolant. Les pointes libres de ces excitateurs étaient à une distance, l'une île l'.iutie, de 5""". ( --'6) minute après que l'excitabilité du cerveau proprement dit avait totalement disparu. Les mouvements respiratoires étaient lents, peu réguliers, assez amples, suspirieux dans quelques cas. » On voit que l'excilabilité des régions excito-motrices du cerveau pro- prement dit ne survit, chez le chien adulte, que 1res peu de temps à l'arrêt de la circulation artérielle, puisque le plus souvent elle ne peut plus èlre mise en jeu quarante-cinq secondes après la cessation du pouls crural. Je ne l'ai jamais vue durer une minute et demie après la faradisation des ventricules du cœur. C'est là une donnée absolument certaine et, toutes les fois que l'on a cru avoir observé une survie plus longue de l'excitabilité des régions excito-motrices du cerveau pro[)rement dit, on a commis l'er- reur de prendre pour des effets de l'excitation du cerveau des contractions dues à l'électrisation directe, par courants pénétrants ou dérivés, des nerfs et des muscles en rapport de voisinage avec le cerveau. Les contractions que l'on provoque en faradisant l'un des lobes cérébraux ('), quelques minutes après la mort, n'ont jamais Heu dans les membres; elles sont tou- jours bornées aux muscles de la face (surtout le temporal), aux muscles du cou (y compris le trapèze). Si le courant faradique mis en usage n'est pas d'une intensité excessive, ces contractions sont toujours limitées au côté faradisé : elles ont lieu, par exemple, dans la moitié gauche de la face et du cou, si c'est le lobe cérébral gauche qui est électrisé. Si le courant est assez intense pour exciter des contractions des deux côtés de la face et du cou, ces contractions sont toujours beaucoup plus énergiques du même côté que le lobe cérébral soumis à la faradisation. Ces remarques, si faciles à faire, doivent, ce me semble, empêcher de commettre l'erreur dont je viens de parler. » Ces eftèts, résultant de l'excitation directe des nerfs et des muscles par des courants pénétrants ou dérivés, sont tout à lait semblables à ceux qu'on a obtenus dans les expériences suivantes, où la question d'excitabilité n'était plus en cause. » Sur un chien, quelques minutes après la cessation du pouls crural (sous l'influence de la faradisation des ventricules du cœur), on enlève rapidement l'encéphale, en sectionnant la moelle épinière en arrière du bulbe rachi- (') Je parle des expériences faites en mettant les régions excito-niolrices du cerveau proprement dit à découvert, par ablation d'une partie de la paroi du crâne et excision de la dure-mère. Les expériences faites dans d'autres conditions ne peuvent donner que des résultats contestables. ( 217 ) dien et en coupant tous les nerfs crâniens. Après avoir laissé l'encéphale pendant quelques instants suc la table d'expérience, on le remet avec soin sur la base du crâne, de façon à lui faire reprendre sa situation normale. On applique alors les excitateurs de l'appareil à courants induits sur l.i sut- face d'un des lobes cérébraux : les pointes de ces excitateurs sont à o'",oo5 de dislance l'une de l'autre. On fait passer un courant assez intense (bobine au fil induit à o™,o8 du point où elle recouvre entièrement la bobine an fil inducteur) par ces excitateurs. Des contractions se produisent dans le muscle temporal et les muscles du cou du côté correspondant au lobe célébrai électrisé. Les muscles du cou se contractent surtout quand on faradise le tiers postérieur du lobe cérébral , et [)lus fortement encore lors- qu'on faradise la surface du cervelet. Ces effets peuvent être observés au bout d'une demi-heure au moins, après l'arrêt des systoles des ventricules du cœnr. Ils sont plus forts lor>qa'on enfonce les excitateurs dans le lobe cérébral que lorsqu'on les applique à la surface de ce lobe. » Ou peut aiiMsi constater les mêmes contractions, en plaçant sur la base du ctâne, après avoir enlevé l'encéphale, une éponge mouillée et un jieu comprimée. Lorsqu'on fiit passer un courant faradique par les excitateurs appliqués à la surface de cette éponge, on provoque, suivant les points - d'ap|)lication des excitateurs, des mouvements dans le nniscle temporal ou dans les muscles du cou, du côté correspondant aux points électrisés. Avec les excitateurs disposés comme dans les expériences faites sur le cerveau, j'ai |)u obtenir dans une expérience, en électrisant la surface de l'éponge, au moyen de courants assez forts, des contractions du muscle temporal du côté correspondant, quarante-cinq et même cinquante minutes après l'arrêt de toute circulation artérielle. Le plus ordinairement, les phénomènes, qui sont encore très nets au bout de vingt-cinq minutes, cessent de se produire au bout de trente à trente-cinq minutes. » Les données établies |)ar ces diverses expériences ne s'appliquent, dans toute leur teneur, qu'au chien adulte. Cependant il est peu probable qu'il y ait de notables différences, sous le rapport de la durée de l'excita- bilité cérébrale après la mort, entre le chien et les autres mammifères adul- tes, à moins qu'il ne s'agisse des mammifères hibernants, en état d'hiber- nation. » Cette durée varie sans doute suivant le genre de mort ; mais les diffé- rences, selon que la mort a lieu par arrêt du cœur, par hémorrhagie ra- pide et excessive, par commotion des centres nerveux, etc., sont, bien certainement aussi, peu prononcées. En ne considérant que les cas qui C. K., i885, 2» Semestre. (I, H, ^° 5.) -^° ( 2.8 ) viennent d'être énoncés, c'est vraisemblablement dans celui de mort par arrêt du cœur que la durée de l'excitabililé cérébrale post morlem est le plus longue, parce qu'il n'y a alors ni brusque anémie du cerveau, ni pa- ralysie soudaine des éléments anatomiques des centres nerveux. Le cerveau proprement dit des cliiens nouveau-nés n'est pas excitable, comme l'ont prouvé les expériences de MM. Rouget, Soltmann, Tarcha- noff, comme je l'ai vu aussi. L'excitabilité réflexe de la moelle épinière dure bien plus longtemps chez eux, après la décapitation, que chez les chiens adultes. Dans ces conditions spéciales, j'ai vu les mouvements réflexes des membres postérieurs durer pendant vingt-deux minutes chez un chien nouveau-né de la veille, tandis que chez le chien adulte ils ne persistent pas au delà de deux minutes à deux minutes et demie. » ZOOLOGIE. — Observations sur la faune de ta grande Comore; par MM. A. Milne-Edwards et E. Oustalet. « L'étude de la faune des îles qui entourent Madagascar présente un grand intérêt, car elle peut nous éclairer sur les relations que ces terres ont jadis eues entre elles. La plupart des Naturalistes s'accordent à penser qu'autrefois Madagascar s'étendait beaucoup vers le sud et qu'une partie de ce continent s'est peu à peu enfoncée sous les eaux de l'Océan. Mais se prolongeait-il vers le nord, et doit-on considérer les Comores, Aldabra, Cosmoledo, Farquhar, etc., comme des tronçons détachés d'une terre an- cienne ? L'étude des productions naturelles de ces îles peut fournir les élé- ments d'une réponse à cette question ; car, si l'on trouve les mêmes animaux sur ces terres aujourd'hui séparées par une vaste étendue de mer, on est en droit de supposer qu'elles étaient autrefois en continuité ;si, au contraire, on constate, à cet égard, des différences profondes, il y a lieu de croire qu'elles ont toujours été séparées. Les éléments du problème ainsi posé sont cependant plus complexes qu'on ne le penseraitau premier abord, car, dans une étude de ce genre, où il s'agit de reconnaître et de circonscrire des foyers zoogéniqueSjil ne suffit pas de faire le dénombrement des espèces dont on a signalé la présence et de noter celles qui sont communes aux diverses régions ou qui sont localisées ; il faut examiner chacune d'entre elles, en établir la valeur et lui donner en quelque sorte un coefficient. Il faut tenir grand compte de ses moyens de locomotion plus ou moins puissants qui facilitent ou entravent sa dissémination ; il faut aussi avoir égard à son im- portance organique, car si un type zoologique est très répandu et en ( 2r9 ) quelque sorte banalisa présence ne fournit que des indications sans valeur; si, au contraire, il est fortement caractérisé et circonscrit, il donnera des renseignements beaucoup plus utiles. » Une étude de ce genre peut être entreprise pour la grande Comore à l'aide des collections qui ont été rapportées récemment par un voyageur français, M. Humblot. Celte île, à raison de ses révolutions et de ses guerres civiles perpétuelles, était longtemps restée en dehors de la sphère d'explo- ration des Européens et elle constituait un champ d'investigation presque vierge. M. Humblot y a séjourné plusieurs mois et les récolles qu'il y a faites sont des plus intéressantes. » La grande Comore ou Angasiza, dont le panache de fumée, couronnant un volcan de aSoo"" d'altitude, se voit au loin en mer, est couverte de fo- rêts épaisses où croissent des arbres énormes. Ou n'y trouve cependant au- cun Muki, aucun de ces Lémuriens si nombreux à Madagascar et qui donnent à la faune de cette île un aspect si particulier. Il n'y a pas à la grande Comore de Mammifère indigène, ceux que l'on y rencontre y ont été transportés ou y sont arrivés en volant. Ce sont d'abord des Zébus et des Chèvres qui servent à l'alimentation des habitants; un petit Carnassier du genre Civette, la Civella Scitlegeli, que l'on trouve aussi à Madagascar et sur la côte occidentale d'Afrique ; on comprend facilement que ce petit animal, grand destructeur de Rats, ait été le compagnon des Arabes qui se sont établis aux Comores; un Tanrec, le Centetes ecaudalus, espèce de Madagas- car qui a été introduite dans toutes les îles voisines; deux espèces de Musa- raignes, le Sorex crassicaiiddtus, que les navires transportent souvent, et le Sorex madagascaritnsis, qui n'est pas rare à Madagascar et à Mayotte. Les autres Mamuiifères sont des Chauves-Souris dont les ailes sont assez puis- santes pour leur permettre de franchir de larges bras de mer; le Pleropm Edwardsii, qui s'est transporté de Madagascar jusqu'aux Seychelles; le M'ininpterus Schieibersii, qui est cosmopolite, et enfin le Nictynomits liinbntus, qui est loin d'être rare sur la côte il'Afrique, à Zanzibar et à Madagascar. » Tous ces animaux constituent une faune d'emprunt. !) Les collections de M. Humblot comprennent aussi trente-cinq espèces d'Oiseaux. >) Quelques-unes ont une très large dissémination géographique, et leur présence ne fournit par conséquent aucune indication utile. Telles sont : la Chouette Effraie, p\us[eurs Èchassiers {Jrdea atrtcapilla, Tringoïdes hypo- leucus et Dtomas ardeoùi); d'autres ont été évidemment transportées par l'homme, comme la Pintade [Numida mUrata) de Madagascar, ou de pelits ( 2 20 ) Passereaux de volière, signalés déjà aux Scvchelles, à la Réunion et à Mada- gascar [Vidiin jirincipaUs, Eslieldn nmandaua el Spermesles cucullalus). La plus grande partie peut être regardée comme des émigrants qui, arrivés en volant des régions voisines, se sont perpétués sans cliangfments ou bien ont subi, sous l'influence des conditions nouvelles au milieu desquelles ils se trouvaient, des modifications peu profondes, mais facilement apprécia- bles, caractérisant ce que l'un de nous a désigné dans une précédente pu- blication sous le nom d'espèces secondaires ou dérivées ('). Enfin on y re- marque deux oiseaux ne semblant pas avoir d'analogues ailleurs. » Le groupe des Perroquets est représenté par deux espèces, dont l'une, se rapprochant du Grand Vasa de Madagascar, a été d'abord découverte à Anjouau par Peters et décrite par ce naturaliste sous le nom de Coracopsis coinoi ensis ; l'autre, très voisine du Coracopsis nigra de Madagascar et du C. Barklyii des Seyclielles et d'Anjouan, n'avait pas été signalée jusqu'à ce jour. Cette nouvelle espèce [Corncopsis sibilans) a les ailes un peu plus lon- gues que le C. Bnrkiyii et n'offre pas sur les joues la coloration grise que l'on observe chez ce dernier. Ce Perroquet module ses sifflements d'une manière beaucoup |)bis variée que le C. iiigra. •n Un grand oiseau de proie du genre Busard [Circiis Humblod, nov. sp.) dilfere tlu C. Maillaidi de l'île de la Réunion par ses ailes beaucouj) plus longues et par les teintes plus claires des parties inférieures du corps chez le jeune(-). Les Autours tués à Angasiza ne paraissent pas différer de ceux d'Anjouan connus sous le nom iV Ailiir pusdlus (Gurney). » Le genre malgache Leplosomus est représenté par une forme nouvelle Lepl. gracilis) qui se dislingue du L. afer de Madagascar, de Mayoïte el d'Anjouan par ses formes plus grêles, sa taille plus faible, et la coloration particulière des pennes caudales chez les femelles et les jeunes mâles. Ces pennes, en effet, sont d'un roux vif, avec inie tache plus foncée, à peine distincte, dans leur portion terminale. » Le Martin-Pêcheur huppé [Cotylltoinis ventsiodes), le Guêpier à sour- cils [Merops superciliosiis) et le Souimanga angladian {Nectarinia angladiana) de Madagascar vivent à la grande Comore à côté d'une petite espèce de Souimanga (Cn»yns//uHi6/o//) bien différente de toutes celles déjà connues. [ ' j iieclu'icliL's SI//- Ui jaune ck's n-gio/is aui/ralc.'.'. (2) Déj 1 M. Gurney avait rtniaujiié que les Busards d'Anjouan étaienl de taille un peu plus (orte que ceux de AIadat;;ascai', mais il n'avait pas cru devoir aiuibuer à ces différences de proportions une valeur spécilique (voir IIjîs, p. lag; 1876), ( 221 ) Cet oiseau a des teintes plus riches que les Souimangas typiques malga- ches; les mâles portent sur la poitrine un plaslrou d'iui rouge brûlé, qui se fond en arrière dans la teinte verte des flancs et qui contraste avec le jaiuie d'or des touffes latérales; la gorge et le front ont la couleur du bronze florentin et, par conséquent, d'un ton plus cuivré que dans l'espèce que nous venons de citer; en outre, le dos est d'un vert olive et non d'un vert métallique, comme chez les Cinnyris souimanga, Coquereli et comorensis. » Les Zosterops se rapportent à deux espèces inédites : la première, Z. moiironiensis, au ventre d'un jaune vif et uniforme, sans mélange de gris comme chez le Z. aiijuanerisis et le Z. madagnscariensis, ou de fauve comme chez le Z. stmijlava, se distingue aussi par son front jaune comme chfz les Zosterops du Cip et du Sénégal. La seconde {Zosterops Anqasizœ est beaucoup plus petite et ses teintes jaunes sont encore plus vives. » Une fauvette [Ellisia lypica),un Traquet [Pralincola sibylla) et un Mar- tinet [Cliœtura Grnndidieri) ne diffèrent en rien des mêmes oiseaux qui ha- bitent Madagascar. » Un véritable Merle [Turdus comorensis), appartenant au groupe des Turdiis olivaceus (L.) et du Tun/i/s /»e/(os (Bonp.), se distinguefacilement des précédents, ainsi que du T. Z>eu»:>/ierj (Newton) d'Anjouan, par son mode de coloration, la teinte foncée de son bec, l'absence de marques en crois- sant sur les flancs, qui sont d'un brun olivâtre presque uniforme. » Les Dicruridés de la grande Comore ne se rapportent point, comme on aurait pu s'y attendre, au genre Edoliiis et à une espèce plus ou moins sem- blable au Dicrurus [EdoUus J'orficalus) de Madagascar ; ce sont de vrais Bu- changas, du type du Buchancjaalra [Werrm.), mais se distinguant des Drongos de l'Afrique orientale et deMayotte [Buchangaatra, var. assimitis) parleurs grandes pennes alaires et caudales brunes et non pas noires. Ces individus paraissent cependant complètement adultes. » J^es Graucolus ou Ceblepyris de la grande Comore n'appartiennent pas davantage à l'espèce malgache. Chez les uns (Grauca/us cucutlalits, nov. sp.), le capuchon est d'un gris noir très foncé et tranche nettement, du côté de la poitrine, avec la teinte blanche qui règne sur toutes les parties inférieures du corps et qui remplace la teinte grise du Graucalus caniis. Chez un autre [Graucalus sulpliiireus, nov. sp.), la poitrine et l'abdomen sont, au con- traire, lavés de jaune soufré. » La famille des Muscicapidés compte à la grande Comore une forme extrêmement remarquable, Humblolia flauitostris, qui constitue le type d'un nouveau genre et d'une nouvelle espèce. Par son plumage, V Humblolia res- ( 222 ) semble étonnamment à un Hemichelidon, notamment à V Hemichelidon sibi- rica; mais elle a le front blanc, avec des stries brunes, le bec et les pattes jaunâtres, et de la base de sa mandibule supérieure partent de longues sniesau moins aussi développées que chez les Culicapa, les Crjplolopha de l'Asie méridionale ou \es Smilliornis (\e l'Afrique australe et orientale. C'est, du reste, à côté de ce genre et des Pseudobias de Madagascar que vient se placer le nouveau genre Hiimblotta. » Les Terpsiplione (ou Tcliitrea) sont également distinctes de celles des Seychelles [T. corvina), de Madagascar (7". miitata) et même de celles d'Anjouan (7*. vulpina). En effet, chez les individus adultes tués à la grande Comore [Terpsiplione comorensis, nov. sp.), on remarque bien sur les ailes de grandes taches blanches formées par les couvertures et les pennes secondaires, comme chez le Jerps'phone vulpina, mais les rémiges sont d'un noir uniforme, sans lisérés blancs, et le manteau, de même que la poitrine et l'abdomen, sont d'un roux cannelle foncé et non d'un blanc pur ou d'un roux pâle uniforme. » h'Hypsipetes de la grande Comore [Hypsipeles parviioslris, nov. sp.) diffère, comme son nom l'indique, par son bec beaucoup plus grêle, de V Hypsipeles des Seychelles [Hypsipeles crassirosiris), mais il porte une livrée analogue; il ne saurait donc être confondu avec V Hypsipeles ourovang de Madagascar, de Mayotte et d'Anjouan. » Enfin le Tisserin d'Angasiza [Fottdin cosobrina, nov. sp.) diffère |)ar la nuance rouge-vermillon, et non rouge de Saturne, de son capuchon, du Foudia Algondœ de Mayotte, et ressemble, sous ce rapport, aux Foudia eminenlissima de Zanzibar, F, eiylhrocepliala de l'île Maurice et F. mada- (jascariensis de Madagascar. Cependant il n'offre pas, comme ces derniers, un trait noir bien distinct allant de la commissure du bec à la région posté- rieure de l'œil et, par les dimensions de ses mandibules, il est intermédiaire entre les Foudia erylhrocephata et Foudia madagascariemis d'une part et le Foudia eminenlissima d'autre part. » En résiuné, l'élude des Mammifères et des Oiseaux de la grande Comore semble montrer que cette île n'est pas une dépendance de Mada- gascar, qu'elle n*a jamais été rattachée à celte terre et qu'elle s'est peuplée aux dépens de la faune des régions voisines. •» ( 223 MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur l'orbite inlerinédiaire de la Lune. Note de M. Hugo Gyldén. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Herinite.) « Dans les pages suivantes, je nie permettrai de vous signaler quelques résultats relativement à l'orbite intermédiaire de la Lune, que je viens d'ob- tenir par application de voire solution de l'équation de Lamé. En renvoyant, pour plus de détails, à un Mémoire qui paraîtra dans les Jeta malliematica, je me bornerai à ne donner ici que les traits principaux de la recherche. » Pour abréger autant que possible l'exposé dont il s'agit, je vais d'abord donner l'explication des notations dont je me suis servi. » Par /'o et r^ on a désigné les rayons vecteurs de la Lune et du Soleil, le centre de la Terre étant l'origine des coordonnées; par v^ et v\ les longi- tudes intermédiaires des deux astres; par n et par n' les mouvements moyens, et par A et A' les longitudes moyennes de l'époque. » Puis, j'mtroduis, au lieu de r„ et /', deux fonctions nouvelles po et p'^,, en posant ap , (i p' a et a! étant les modules des distances (distances moyennes), et p et // deux constantes peu différentes de l'unité. )} En désignant par j la longitude vraie de la Lune, je mets î^ - "^0 = X- En posant encore ,;. = ^, p,= ^^% À = 2(1 -p.), A = 2(A'-f;.A), on aura les deux équations suivantes du second ordre, d'où l'on tire, en les intégrant, les expressions de j^ et de p» ,/„. =-p,(i - 4po+3p;,)sin(),u„-f2x- A), (i) ( ^^ ?o | + [.-r.,-3/3.cos(X.„+2;,-A) + 2g-Hg)], - 3p. - /3, p', — p, cos(Xi;o + 2x - A) , -3/3.p:,cos(Xu„+ax-A)-2g_(g)^ On a négligé ici, pour opérer avec les expressions les plus simples, les ( 224 ) termes dépendants de jx', ainsi que les termes des ordres supérieurs; on n'a retenu aussi que les termes flu premier ordre par rapport à p„ et p„. On n'obtiendra donc pas, il est vrai, les résultats suffisamment approchés, eu intégrant les équations précédentes, mais la méthoile que nous allons exjjoser s'applique encore sans altération aux équations plus complètes » Même dans le cas où sont négligés tous les termes dépendant de p^, les équations que nous avons établies ne sont inlégrables qu'au moyen des approximations successives; je me propose d'en donner la première dans celte Communication. Mais vous verrez que le résultat numérique fourni par la première approximation se rattache déjà tellement à la vérité qu'on peut considérer l'orbite correspondante comme l'orbite intermédiaire de la Lune. Cependant, au moyen des approximations ultérieures, on peut faci- lement corriger les résultats de calcul numérique sans altérer la forme ana- lytique des expressions que nous allons trouver. » Dans le but proposé, on peut écrire l'uitégrale de la première des équations (i) que voici : ^ = J ^^>^{''v„— A) + /i[-j,J p^Alui'KVo— .\)dvo, où l'on a omis les termes dépendant de p'^. Au moyen de celle expression, on tire immédiatement de la seconde des équations dont il s'agit la sui- vante : § + ['-^-*-;g-(3i3,-^)cosi-«-A)]p„ = - 8j3, / ,.„ sin [Iv, - A ) dv, - ^fi,-'- % i3,-+- -|^jcos(ÀUo- A) — .... » En ditférentiant ce résultat, on obtiendrait une équation linéaire de troisième degré, mais il nous conviendrait mieux de maintenir le degré de l'équation proposée, si c'était possible. Dans ce but, nous chercherons une formule de transformation au moyen de laquelle on peut éliminer, au moins d'une manière approchée, le terme contenant le signe /, de sorte qu'on aura une équation du second ordre qui ne renfermera pas un tel terme, au moins si l'on ne considère dans la première ap|)roximauon que les termes essentiels. Dans les Comptes rendus du lo juillet 1882, on trouvera la déduction d'une telle formule; mais, dans le cas actuel, on peut opérer d'une manière encore plus simple. ( 225 ) )» En effet, soit, pour abréger, Pi Po = /3,-i^. p = 3p.-4, 2 X on lire immédiatement de l'équation précédente Po = -7z!:p;^ + 7^PoCOs(^y„-A)- ;4^//5osin(>u-A)rfuo + » En vertu de cette valeur, on obtient aisément /oo sin(Xu„ ~ A) dv^ =: - y^^J ^ sin(Xyo— A) dv^ ' ' /p„^in2(X^;„ — A)«'uo 2 I — p„ 88 — ,'_'c /-sin(Xii„ — A)(/u„ /p„sin(\u„ — A) r/i;o4-... » Après quelques réductions, on en lire (Xo + /3o— i)/posin(Xu„ — A)c/yo= ;/-°sin(),u„ — A) - lp„cos(>,u„ - A) + î(f -|3)/fosin2(X.„-A)^.„ 8 ft pcos(>u„ — A)/poSin(Xuo--A)rt'u„ — ..., ce qui donne, en employant les notations l'équation suivante : ; ft^p^ y.n, s\n{')-j„— A) f/p„ l dvl I -+- «i cos(Xuo — A ) (fuD (2 { -t- I — p„ — Scos Xu„ — A) 4^^! f-lpo = ^7V -T /'PoSin2(XUo — A)rfu„ +.... \ I + », cos(Xuo — A) ■' ' ^ " /Il » Les termes à droite sont ou des fonctions connues deuo ou des petites quantités de l'ordre plus élevé, que nous considérons dans la première ap- proximation; nous les regardons donc comme connus. » On ramène l'équation (2) à la forme canonique si l'on y introduit, au C. R., i885, 3' Semestre. (T. Cl, N° 5.) 29 [ 226 ) lieu de po, l;i fonction E déterminée par la formule E= P" y'i -+- »i cos(>uo — A) » En désignant la somme de termes à droite par «, on aura rf-E j , o /i k\ ^ >!,)- C()s().U(, — A) .7^ + î ' - r^" - /3cos(X.„ - A) - - .^.^,J,(,,^_1) _ 3 ■n\r-s\n(\yo — AY I .- _ » Maintenant, si l'on pose ^o = l3o - 8>3'>^% j5=^+ --I.Xa, et si l'on néglige, en général, les termes de second ordre, relativement à vj, on parvient an résullat (3) ^ + [x_^„-pcos(K-A)]E = « ('). » L'équation que nous venons de trouver donne, par l'intégration, un résultat très a|)proché, relativement au mouvement de la Lune. Par un cal- cul direct et très simple, j'ai obtenu la valeur p — 0,009117 pour le mouvement du périgée par rapport au mouvement moyen. La va- leur vraie étant 0,008539, *^" * donc obtenu, dans la première approxi- mation, un résullat très satisfaisant, vu que les méthodes anciennes ne donnent, par la voie directe, qu'environ la moitié de la quantité dont il s'agit. » Il me faut ajouter que M. A. Shdanow, de Saint-Pétersbourg, a conti- nué ces calculs en effectuant la seconde approximation. Le résultat obtenu par ce savant est p = o, 008582, qui ne diffère que de ~ de la valeur exacte. » (*) La méthode d'intégration que j'ai employée se trouve exposée dans les Comptes rendus, 18 juillet 1881 . ( 227 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste de deux candidats qui doivent être présentés à M. le Ministre de l'inslruc- tion publique, pour la chaire de Mécanique céleste et de Mécanique ana- lytique, devenue vacante au Collège de France par le décès de M. Serrt-l. Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi- dat, le nombre des votants étant 4o, M. Maurice Lévy obtient. ....... Sg suffrages M. Mathieu » i >> Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candi- dat, le nombre des votants étant 38, M. Mathieu obtient 38 suffrages En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre de l'Instruction publique comprendra : En première ligne M. I^Iaurice Lévy En deuxième ligne M. UIathieu RAPPORTS. M. GossELiN donne lecture de la Note suivante : « La Commission de l'Académie des Sciences chargée d'examiner les titres des candidats an prix Bréant déclare, en ce qui touche les travaux de M. Ferran, qu'il lui est indispensable, avant tout examen, d'avoir à sa dis- position les statistiques oJficiiUes et complètes, relatives aux inoculations déjà pratiquées par ce Médecin. Elle exprime, en conséquence, le vœu formel que ces statistiques soient adressées a l'Acadéuiie le plus tôt possible. » ( 228 ) MEMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — De l'action vaso-motrice de la suggestion chez les hystériques hypnotisables. Note de M. Dcmontpallier. « En 1882, j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie deux Mémoires oùse Irouvaient exposés les résultats des expériences que j'avais entreprises à l'hôpital de la Pitié (') pour étudier l'action des agents physiques (lumière, chaleur, électricité, etc.) sur les hystériques en état d'hypno- tisme. Dans le même ordre d'idées, j'ai été conduit à rechercher, avec le thermomètre, les modifications de température que la suggestion peut déterminer en différentes régions de la surface du corps chez les hysté- riques hypnotisables. » En suggérant une idée à l'hypnotisé somnambulique-, on peut lui faire éprouver des sensations, commettre des actes et déterminer chez lui des hallucinations. Ces faits sont aujourd'hui acceptés par les psychologues, les physiologistes et les cliniciens les plus autorisés; cependant on ne sau- rait prétendre porter la conviction dans l'esprit de tous qu'à la condition d'étahlir, par une constatation physique, scientifiquement mesurable, la réalité, l'exactitude absolue des phénomènes qui peuvent être produits par la suggestion. C'estle but que j'ai voulu atteindre en faisant les expériences que je soumets au jugement de l'Académie. « Dans ces derniers temps, MM. Bernheim, Beaunis et Liébeault, de Nancy, ont communiqué aux Sociétés savantes les résultats de leurs expé- riences sur la vésication de la peau, déterminée par suggestion chez une hystérique en état de somnambulisme. La situation officielle, l'honorabi- lité des expéritneiitateurs commandaient que l'on prît en sérieuse consi- dération leurs affirmations. Dans le courant du mois de juin, j'ai donc voulu répéter l'expérience qui avait été faite par MM. Bernheim et Beaunis. » Alors, sur une malade hystérique de mon service, à l'hôpital de la Pitié, je procédai de la fnçon suivante. Une bande de linge fut enroulée autour de la partie supérieure delà jambe droite de cette malade et, pen- (') Sur le conseil de M. le Professeur Bouley et avec le concours de M. le D^ P. Ma- gnin. ( 2 29 ) dant la période de somnambulisme, je suggérai à la malade l'idée que sous la bande de linge se trouvait un papier vésicant qui devait produire, le len- demain matin, une vésication delà peau sur la région supérieure et interne de lajjimbe droite. Toute la journée et la nuit, la malade éprouva une sen- sation de brûlure à l'endroit indiqué; le lendemain, lorsque j'enlevai la bande de linge, je constatai avec le thermomètre une différence de tem- pérature de 4"G. entre la région sus-indiquée et la région homologue du membre opposé; mais il n'y avait pas apparence de vésication. » Restait à étudier si le disposilif expérimental, unilatéral, n'avait pas déterminé le phénomène dit transfert delà température, ce qui eût, en dehors de toute action de suggestion, expliqué l'élévation de température. » Le 3o juin, je recommençai l'expérience sur deux hystériques de mon service. Les malades étant l'une et l'autre dans l'état somnambulique, j'appli- quai sur la partie supérieure et interne de chacune de leurs jambes un mor- ceau de papier ordinaire. Le papier était maintenu en place nar plusieurs tours de bande de linge, et le tout fut fixé par une bandelette dediachylon. Puis, ayant constaté que le bandage, identique pour les quatre jambes, ne pouvait produire de gène de la circulation, je traçai sur chaque appareil des lignes, afin de pouvoir m'assurer que l'appareil ne serait pas dérangé. » Tout étant ainsi disposé pour chacune des deux malades en état de somnambulisme, je suggérai à l'une d'elles que la région supérieure et interne de sa jambe gauche serait le siège d'une vésication et à la seconde malade que la même région de sa jambe droite serait aussi le siège d'une vésication de la peau. » Le matin du jour de l'expérience, les malades restèrent endormies seu- lement pendant une heure. Dans l'état hypnotique et dans l'état de veille, chacune de ces malades se plaignait d'une sensation de brûlure, que l'une d'elles comparait à la brûlure d'iui sinapisme. Deux jours de suite, ces ma- lades furent hypnotisées, malin et soir, peu.lant une heure; dans le somnambulisme, on leur répéta plusieurs fois que le papier vésicant devait agir. Le lendemain et le surlendemain du début de l'expérience, les appa- reils de pansement ne paraissaient pas altérés par de la sérosité; mais, en glissant un thermomètre, au contact de la peau, sous chacun des panse- ments, on constatait : » Pour la jambe droite de la nommée IL, une élévation de température de 3° (34°-37°) après vingt-quatre heures, et de 2°, 4 après quarante-huit heures (34°-36°, 4). ') Pour la jambe gauche de la nommée M., une élévation de température ( 23o ) de Yô de degré après vingt-quatre heures (33°, 2-33°, 5) et de 2°, 8 après quarante-huit heures (33°, 2-36°). M Notons que, immédiatement au-dessous des zones influencées par la suggestion, la température était inférieure de plusieurs degrés pour chaque membre en expérience. Dans les zones homologues des deux membres inférieurs de la même malade, la température a présenté des oscillations à différents moments de l'expérience; mais toujours la tem- pérature est restée supérieure potir le côté où avait porté la siiggeslion. » Afin de diminuer les conditions d'erreur, lorsque je repris pour la troisième fois les mêmes expériences, du 5 au 8 juillet, chez les mêmes malades, je variai le dispositif expérimental qui, cette fois, ne portait que sur le membre inférieur, opposé à celui qui avait servi à la première série d'expériences. » De ces nouvelles expériences, il ressort : )) 1° Que, pendant toute la durée des expériences, mais surtout dans les périodes hypnotiques, l'élévation de la température du membre sur lequel avait porté la suggestion a été constante et marquée par un maximum de 2°, 4 (34,4-^6,8) pour l'une des hystériques, et de i°,7 (35,i-36,8) pour l'autre sujet ; » 2° Que la différence de température des deux membres de la même malade, dans les régions homologues et aux mêmes moments de l'expé- rience, a oscillé entre 0°, 5 et 2° pour l'une des malades, et entre o°,5 et 6°, 4 pour la seconde malade. (Une part doit être fnite au phénomène du transfert, pour se rendre compte de la différence de 6°,4 ) » Toutefois, ce qui est constant, c'est la surélévation de température de la région du membre sur lequel a porté la suggestion. » 3° Les expériences terminées, la température est redevenue égale, pour les régions homologues des membres inférieurs. ' » De l'exposé de ces faits il résulte que, dans des circonstances détermi- nées, In siiggeslion peut produire une moclijicalion vnsoinolrice, caractérisée par une élévation de température de plusieurs degrés centigrades, et cela pour des régions limitées à volonté. n Le fait de l'élévation locale de la température, déterminée par la sug- gestion, ouvre la voie à une série d'txpériences nouvelles de même ordre et permet une interprétation physiologique de phénomènes sur la réalité desquels phuiait toujours le doute scientifique : peut-être u'existe-t-il, entre l'élévalion locale de la température et la production de phiyctènes, d'ec- chymoses, d'hémorrliagies, que des degrés d'action de la suggestion. » ( 23 I MEMOIRES PRÉSENTÉS. M. R. DE WocvES adresse une Note relative à « la question du microbe cholérique ». (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. J. Chamard et M. Cuaudruc adressent diverses Communications rela- tives aux aérostats. (Renvoi à la Commission des aérostats.) CORRESPOIVDAIVCE. M, GossELET, nommé Correspondant pour la Section de Minéralogie, adresse ses reraercîments à l'Académie. Aj^^RONOMiE. — Observations de la nouvelle comète Bar nard, faites à l'obser- vatoire de Nice (équatorial de Gautier). Note de M. Guarlois, présentée par M. Faye. Étoiles Ascension Dates. de droite Position 18S5. comparaison. Comète — Étoile. Comète — Étoile. Observateur. m s , „ Juillet II a Anonyme. -f- o. 7,34 — 0.35,6 Charlois. 12 6 2353 Lanionta. -h i.4'i36 — 12.39,3 » i3 c 2344 Lamontj. + 3. 7,75 — 9.58,5 » i4 d Q.35i LamoDtj. — 0.54,79 — 11.2,1 » i5 e 2078 Lamont^. -+- o.io,g5 -H 4-45 > 7 " 16 / 207 1 Laniontj. + o.35,oo ■+- 0.14,8 » 17 , ij 2067 Lamontj. +o.35,oo — o.i5,8 » Positions des étoiles de comparaison. Ascension droite Réduction Position Réduction Dates. moyenne au moyenne au 1885. Étoiles. 1885,0. jour. 1885,0. jour. Autorités. h m s s o ' " " Juin. II.. a 17.14.31,15 -t-2,94 96.59.13,7 —8,9 Lamont3 2347(4comp.) 12., b 17. II. 9,60 +2,94 97.44'33,4 —8,6 Lamont. i3.. c 17. 7.53,53 +2,94 98.16.12,9 —8,4 Ob. Paris 1874-1877. ( 2^2 Ascension droite Réduction Posilioii Réduction Dates. moyenne au moyenne an 1885. Étoiles. 1885.0. h ni s jour. 1885,0. 0 ' jour. Autorités. lill. 14. . d 17.10. 8,6g + 2,95 98.51.18,6 -8,5 Lamoirt i5. e 17. 7.19,55 ^-2,95 99. 8.44,7 —8,3 • 16. ■ J 17 . 5. 12,00 + •2,95 99.47. 2,0 -8,0 i> '7- ■ g 17. 3.06, 38 + 2,95 100.22. i5, I -7,8 U Positions apparentes de la comète. Temps moyen Ascension Distance Nombre Dates. de droite Lo^j. fact. polaire Log. fact. de 1885. Nice. h m s apparente. h lu s parallaxe. apparente. 0 1 " parallaxe. compar. uill. II.. 9.56.17 .7.. 4. 4", 43 3,4'9 96.58.29,2 o,838„ 8 12 . . 9.16. 9 17 . 1 2 . 53 ,90 3>797" 97 . 3i .45,5 o,84.„ 6 i3.. 9.26.50 1 7 . 1 1 . 4 ' 2 2 2,5oo„ 98. 6. 6,0 o,844„ 6 .4.. 9.30. 1 1 17. 9.16,85 2,i58„ 98.40. 8,0 o,848„ 6 i5. . 9. 5.40 17. 7.33,45 3,702,, 99. 1 3. 22, 1 0 , 85 I „ 9 16.. 9 . 1 2 . 1 5 17. 5.49,95 ^,434,, 99 47- 8,8 o,854„ 7 •7-- 10. 9.20 .7. 4- 4,33 2,967 100. 21 . 5i ,5 o,856„ 7 » Nota. — Le I I juillet, le no^au de la comète était de grandeur 10, 5; il était entouré d'une légère nébulosité, de forme assez confuse, ayant un diamètre de i',5 environ. Le i3 et le i5, MM. Tliollon et Perrotin àtit examiné la comète au speclrosco|)e : le noyau a donné un spectre continu très faible, sur lequel on distinguait, par moments, les bandes ordinaires des comètes. » GÉOMÉTRIE. — Sur les seize réseaux des plans de t'icosaèdre régulier convexe. Note de M. E. Hénaud, présentée par M. Laguerre. « Dans son Mémoire Sur les polyèdies réguliers [Journal de l'Ecole Po- lytechnique, t. IX), Caucliy avait depuis longtemps fait remarquer qu'on pouvait obtenir tous les polyèdres réguliers d'espèces supérieures, en pro- longeant les arêtes ou \es faces des polyèdres réguliers convexes. » M. Barbier [Comptes rendus, t. XV) a, depuis, confirmé cette idée en faisant la description du dodécaèdre régulier à faces indéfiniment pro- longées, et en montrant la formation cellul.iire successive des trois dodé- caèdres étoiles de Poinsot. Il indique à la fin de sa Note la possibilité de construire sept enceintes cellulaires successives pour l'icosaèdre régulier. Cette formation par cellules complique inutilement la construction, en ( 233 ) exigeant pour 1 établissement de chaque cellule la combinaison de/aceUe$ appartenant à deux réseaux polyédriques différents. (Nousappelons/oce//es les polygones élémentaires réguliers ou irréguliers limitant effectivement le volume du polyèdre, et face l'ensemble des facettes contenues dans un même pian). » Nous avons étudié cette question en reprenant l'idée primitive de Cauchy, et nous avons cherché les réseaux successifs des facettes, formés par les intersections des plans de l'icosaèdre régulier indéfiniment [iro- longés, en procédant de la manière suivante : Soit un icosaèdre régulier convexe, dont le volume est limité par un premier réseau de vingt triangles équilatéraux; nous prolongerons chacun des plans de ces triangles au delà de chacune des arêtes qui les limitent jusqu'à la rencontre immédiatement voisine des autres plans du polyèdre; nous obtiendrons ainsi un deuxième réseau polyédrique; en prolongeant de même les plans des facettes du deuxième réseau jusqu'à la rencontre immédiatement voisine des autres plans du polyèdre, nous obtiendrons le troisième réseau, et ainsi de suite. » Il est facile de voir, dans les formations successives des réseaux, que les plans des facettes convergent vers douze points d'intersection situés à égale distance du centre sur les six droites ou grands axes passant par les sommets opposés de l'icosaèdre primitif, et vers vingt points d'intersection situés à égale distance du centre sur les dix droites ou petits axes passant par le centre des faces o|)|)osées de l'icosaèdre convexe primitif. » En prolongeant les plans de l'icosaèdre au delà tie chacune de leurs arêtes, les facettes convergent à la fois vers ces deux séries de points, et l'on obtient huit réseaux polyédriques que nous appellerons réseaux prin- cipaux; en prolongeant les plans des réseaux principaux seulement vers l'une ou l'autre de ces deux séries de points, on obtient huit nouveaux réseaux que nous appellerons réseaux secondaires. Chaque réseau est com- posé d'une série de facettes liinituut effectivement le volume du solide; ces facettes sont groupées en même nombre et de la même manière dans les vingt plans de l'icosaèdre ; elles forment vingt faces identiques pour chacun des différents réseaux. Au delà du huitième réseau principal, les plans de l'icosaèdre ne limitent plus aucune portion finie de l'espace. » Nous donnons ici la figure représentant l'eutemble de ces corps avec leurs dimensions relatives. Ils sont classés suivant leur mode de formation l'indice A ou a indique les réseaux secondaires obtenus par le prolonge- C. K., i885. 2' Semestre. (T. CI, W 5.) ^^ ( 2^4 ) lîient des facettes des réseaux principaux vers les points de convergence situés soit sur les six grands axes, soit sur les dix petits axes). ft At; a», Oo. @« . f )i'] r ). Parmi ces seize réseaux, 1, est l'icosaèdre convexe, I, est l'icosaèdre étoile de Poinsot. Ij, \.^^ figurent dans la collection Mouret, du Conserva- ( p. 35 ) loire des Arts et Métiers, comme dérivant de l'icosaédre au moyen de pointes trièdres ou pentaèdres. Nous avons construit I3, I,, I5, [g, dont l'existence possible avait été annoncée par M. Barbier, et découvert le huitième réseau Ig, ainsi que les sept réseaux secondaires I^^, I,„, Tj^, Fj,,, îj^, len lea- Ces corps n'ont rien de commun avec les solides semi-réguliers de M. Catalan ou avec les figures isoscèles de M. Badoureau [Journal de l' Ecole Polytechnique, t. XXIV et XXX), qui résultent de la discussion de la for- mule d'Euler, ou qui dérivent par troncature ou évidemment des polyèdres semi-réguliers. Les polyèdres semi-réguliers sont formés par la combinaison (le poljgones réguliers; les douze réseaux nouveaux de l'icosaédre que nous présentons aujourd'hui, ainsi que les quatre précédemment con- struits, sont formés au contraire par des polygones qui sont parfois irré- guliers, mais toujours groupés d'une manière identique dans des plans également inclinés deux à deux. En joignant aux seize réseaux de l'ico- saédre les réseaux connus des autres polyèdres réguliers convexes [Oj, Dj, Dj, D, [voir la figure)], on obtient une famille de vingt-quatre solides par- faitement caractérisés. On pourrait les aj)peler polyèdres équifaciaux. Ils répondent tous à cette définition : Les polyèdres équifaciaux sont des solides ayant leurs faces égales entre elles et ér/alernent inclinées deux à deux. » PllYSlQtJK. — Sur les constantes capillaires des solutions salines. Note de M. A. Chervet. « I. Quand un liquide mouille le verre, la hauteur soulevée dans un tube cylindrique de rayon rest /• si le liquide mouille parfaitement le verre, l'angle de raccordement est nul; le coefficient a, indépendant de la nature de la paroi, est particulier au liquide; c'est la constante capillaire de ce liquide. Soient p la densité; X le rayon d'activité moléculaire; 9(j:) luie fonction qui dépend de h na- ture du liquide et qui s'annule pour les valeurs de .r supérieures àX; l'ex- pression de la constante capillaire est a/ 0 x] dx. ( 2'i6 ) » Le produit F = rtp est la force d'adhésion du liquide pour lui-même, ^ p- / o{x)i 11 On a, de même, pour un second liquide de densité p,, «1 = Pi / 'J'\, en faisant toutefois cette hypothèse, que les fonctions 9, ç, et «p' sont indé- pendantes de la diffusion des liquides, l'un dans l'autre. Celte proposition ( 237 ) n'est pas évidenle; la mesure des constantes capillaires des mélanges de deux liquides ou des dissolutions salines permet d'en vérifier l'exacti- tude. » III. Dissolution d'un set dans l'eau. — Soit une solution saline con- tenant un poids p de sel anhydre et (i — p) d'eau; si ci est la densité de la dissolution et D celle du sel, ^ est le volume de sel contenu dans l'unité de volume du mélange; (i — p)d est le volume de l'eau. Je rapporte les constantes capillaires à celle de l'eau prise pour unité; la force d'adhésion de l'eau est alors égale à i, et j'appelle k la force d'adhésion du sel anhydre, H la force d'adhésion de l'eau pour le sel ; en appliquant la formule (i), on obtient la force d'adhésion de la solution saline (2) ¥ = d'{i-y.p-h^p'), en posant la constante capillaire de la solution saline est a = d{i — cep -h ^p")- » IV. Limite de la solubilité à une température donnée. — Je considère une solution saline contenant p de sel dans l'unité de poids; j'appelle d sa densité. Je mélange un poids s de sel anhydre et un poids (i — s) de la première dissolution; j'obtiens une seconde solution île densité d', qui, dans l'imité de volume, contient ^' ~/'' de la première dissolution, dont la force d'adhésion est F, et ^-^ de sel anhydre, dont la force d'adhésion est A. J'appelle R la force de réunion du sel anhydre pour la première dis- solution, et j'applique la formule (i), qui fera connaître la force d'adhé- on du mélange F. Après simplification, en négligeant le carré de s, SI on a F' F_/2ï^ 2F 7= ~ ^ ~ Horf """ ~d^ Cette nouvelle dissolution, de densité d', peut être considérée comme formée d'un poids p' de sel anhydre dissous dans un poids (i — ^') d'eau; alors (l'on l'on lire pl régnlilé précédenle devient i — levient F' F .7^ 7' 1 1 / :> R /'•-/' — /y ' D> o, ou bien, en rempla- çant R, F, K i)ar leurs valeurs en fonction de « et de [-j, (/|) a(D-r/,)(D-/;^)-|3(D-/;fl?)^- (n-./^^>o. » Si (^^ est la densité de la dissolution saturée à la lempéralure des expé- riences, et si p^ est la proportion de sel dans la dissolution saiurée, laditfé- reiice 2R — F — K devient nulle, si bien que les coefficients a et |S doivent satisfaire à la condition suivante : (5) .^(L)_,y,}(D- ^,,/,)_,'î(n-/;,r/,;--(D-r/,)--'-o. » De nombreuses mesures des forces d'adhésion, pour diverses solutions salines, m'ont permis de vérifier les résultats auxquels m'avait conduit la théorie. » l'IlYSlQUic. — Siiv lu ptoddi ùon (les ji/tts hnsses lenipénitKrfS. Note de M. lî. Olszfavski. (Extrait.) « Dans une de mes Notes précédentes (' ), j'ai lait mention de l'appareil qui permettait d'éliminer l'influence de i'éthylène sur les gaz liquéfiés, et d'obtenir des températures très basses à l'aide de l'oxxgéne et de l'air s'évaporani dans le vide. Cette méthode consistait à introduire dans un (') Compta tendus, I. XCVIII, p. 365. \ -^9 ) tube de verre épais, résistant à la pression tle 70""" (o'",o2o de diamètre extérieur, o™,oi4 de diamètre intérieur) un autre tube en verre très mince, plus étroit que le premier (ta"""», 5 de diamètre). Lorsqu'on suppri- mait la haute pression qui s'exerçait sur l'oxygène liquéfié dans les deux tubes, la température s'abaissait beaucoup; l'oxygène du tube extérieur, chauffé [)ar l'éthylène environnant, s'évaporait le premier et se transfor- mait en in)e couche de gaz, tandis que l'oxygène liquide du tube intérieur se trouvait ainsi complètement soustrait à l'influence d'un corps plus chaud. » Dans une série d'expériences postérieures (' ), j'ai encore introduit dans mon appareil ini deuxième tube en verre très mince (o'",oi r en dia- mètre), et j'ai ainsi isolé les gaz liquéfiés par une double couche gazuiise. La pression et la température subissant alors un abaissement encore plus considérable, j'ai pu solidifier l'azote, l'oxyde de carbone, le fonnène et le deutoxvde d'azote, et déterminer en même temps les températures de leur solidification. Enfin, en abaissant la pression de l'azole solide jusqu'à o'",oo4 de mercure, j'ai réussi à obtenir la plus basse température connue — 225". » L'élimination de l'influence fâcheuse de l'éthylène est une condition indispensable pour ces expériences, et la méthode que je viens de décrire est probablement la seule qui conduise à ce but. L'appareil construit d'après cette méthode m'a servi depuis le mois de septembre i883; il n'a pas encore été décrit jusqu'à présent, mais je l'ai fait connaître à quelques- uns de mes collègues. » Dans cet appareil, la pression de l'éthylène liquide a pu être abaissée jusqu'à o'", 002, et même o", 001 de mercure; la température atteignait alors — 162", mais l'éihylèue restait toujours liquide et transparent, ce qui démontre toute sa valeur comme réfrigérant. » Enfin, c'est dans le même apj^areil que j'ai exécuté les expériences sur les températures que peuvent donner l'air et le mélange de l'air avec l'azote. L'air liquide, sous o"',oio de pression, était à une température de — 220°; sous la pression de o'",oo4 il restait encore liquide et trans- parent. Le mélange d'air et d'azole (a volumes égaux) atteignait — 220" sous la pression deo"',oi3, et restait liquide et transparent, même à o"',oo4 de pression. Par conséquent, ce mélange ne peut doruier de tem- pérature sensiblement plus basse que l'air lui-même. (') Compltts rendus, t. C, |). 35o. ' ( 24o ) » Etant en possession de réfrigérants aussi puissants, j'ai tenté d'en faire usage pour liquéfier l'hydrogène. En le soumettant à la température de — 220° et à la pression de 20'"" à 180*'", je n'ai jamais vu de ménisque; en produisant ensuite une délente partielle, j'observais les mêmes phéno- mènes qui se trouvent décrits dans mes Notes précédentes. » Si M. Wroblewbki n'a pas réussi à liquéfier l'hydrogène à l'aide de l'azote s'évaporant dans le vide(') et n'a pu voir de liquide incolore, il me paraît certain que cela tient à ce qu'il opérait une détente trop éner- gique, au lieu d'abaisser la pression jusqu'à 40^"™- E^ détente totale de l'hydrogène produit, en effet, une ébullition tellement rapide et instantanée, qu'on ne peut pas distinguer de gouttelettes incolores. Les di- mensions du tube contenant l'hydrogène influent également sur les résul- tais de ces difficiles expériences. , » L'expérience suivante montre d'ailleurs que l'hydrogène liquide est incolore. Un mélange composé de 2 volumes d'hydrogène et de i volume d'oxygène (préparé par l'électrolyse de l'eau) a été refroidi à — 21 3° et soumis à une forte pression. Le liquide obtenu était parfaitement incolore et bouillait rapidement après la détente ; il perdait la plus grande partie de son hydrogène pendant la détente et se conservait, par suite, assez long- temps sous la pression atmosphérique. » L'auteur termine en maintenant, malgré les objections qui ont pu lui être faites, l'exactitude des températures indiquées dans ses travaux sur la liquéfaction des gaz, températures qui ont été toujours mesurées à l'aide d'un thermomètre à hydrogène. ÉLECTRICITÉ. — SuT tes régimes de charge et de décharge des accumulateurs. Note de MM. Crova et Garve, présentée par M. Faye. « Dans une Communication précédente (^), nous avons indiqué les méthotles que nous avons suivies pour observer et enregistrer la charge et la décharge des accumulateurs. Nous résumons dans cette Note les résul- tats que nous avons obtenus par la méthode d'enregistrement. » Nous rappellerons que les accumulateurs dont nous nous sommes servis sont ceux de M. Planté, perfectionnés par M. Faure ; chacun d'eux (') Comptes rendus, séance du i3 avril i885. (') Ibid., t. G, p. i34o. ( ^4i ) est formé de douze lames de i*^""', isnr chaque face, développant sur chaque pôle une surface active de 28'^'"'', 4. » 1° Phénomènes de chat ge. — L'intensité du courant décharge étant considérable (12 ampères), le poids des laines diminue rapidement, mais un dégagement gazeux se produit à leui' surface au bout de trois heures ; ce dégagement n'indique pas que racciimulateur est saturé, car la ligne droite inclinée qui accuse le régime décharge (') commence alors à s'in- fléchir en tournant sa concavité vers l'axe auquel elle tend à devenir [paral- lèle; elle devient alors tremblée, à cause du dégagement gazeux qui im- prime à la balance de légères oscillations, et au bout d'un temjis assez long (huit heures environ), elle devient droite et parallèle à l'axe, en accusant ainsi la limite de charge; la diminution totale de poids, correspondant à une charge complète, a été de i/jS^"'. » Plus l'intensité du courant de charge est faible, plus tard apparaît le dégagemer)t gazeux; avec un régime constant de charge de 3 ampères, il ne se manifeste que lorsque la charge totale est acquise. » Le dégagement gazeux doit, autant que possible, être évité; en effet, il accuse une perle d'énergie non absorbée, et il concourt à la désagréga- tion de la couche active; on voit alors des flotoos bruns et gris de bioxyde et de stdfale se détacher des laines et tomber au fond du vase. » L'intensité du courant de charge ne doit donc pas dépasser une cer- taine valeur, qui est celle pour laquelle le dégagement ne se manifeste que lorsque la saturation des lames est obtenue, c'est-à-dire lorsqu'elles ces- sent de diminuer de poids. » 2° Phénomènes de décharge. — L'accumulateur étant fermé sur une résistance connue, le régime de débit uniforme s'établit presque instanta- nément; l'intensité varie à peine au début, et atteint rapidement une con- staïue remarquable ; l'enregislreiir trace alors une droite, d'autant plus inclinée sur l'axe des abscisses que le débit est [)lus intense. » An bout d'un temps variable avec l'intensité du courant de décharge, la ligne droite s'infléchit rapidement; le débit diminue brusquement et l'accumulateur trace une ligne beaucoup moins inclinée, qui finit par dégénérer en ime courbe très longue tendant à devenir luie droite paral- lèle à l'axe des abscisses; ré[)uiseinent est alors à peu près complet. » Le second régime de décharge faible et non constante correspond à ( ' ) Celle ligne a pour axe des abscisses l'axe Jes temps, et pour axe des ordonnées les variations de poids de l'accumulateur. C. R., i885, 2- Semestre. (T. CI, IN° ô.) J' ( 242 j une frnction, pratiquement non utilisable, de la charge. Plus l'intensité du coiinuit de décharge est grande, plus la ligne droite qui représente le débit pratiquement utilisable et constant est inclinée et courte; plus aussi la durée de la décharge résiduelle correspondant à un faible potentiel est longue; après une décharge puissante de S^'^p/j, ayant duré trois heures senlemeui, la décharge de faible régime a duré cent quinze heures et représentait les ^ de la charge totale; une fraction ^ de la charge totale était seule utilisée; dans ce cas, il fallait recharger les accumulateurs pour les saturer de nouveau, sans essayer de recueillir la charge résiduelle; mais alors les choses se passent comme si la capacité de l'accumulateur était réduite à une fraction d'autant plus faible que l'intensité du courant de décharge est plus considérable. Plus le courant de décharge est faible, |)liis le régime constant se prolonge; avec lui rt'gime de 3 ampères, nous avons eu un débit constant pendant plus de quinze heures; dans ce cas, 1,1 fi action de la charge utilisée en régime constant a été les | de la charge totale; avec un débit plus faible encore, le rendement utile serait encore plus grand. » Pendant la décharge intense, l'action chimique se localise sur les parties de la couche active immédiatement en contact avec le plomb; si le régime est faible, l'action chimique tend à s'égaliser dans l'épaisseur de la couche; plus il est rapide, plus la couche de sulfate formée au contact du plomb tend à le séparer du reste de la couche active. » Aussi, si, après avoir établi un réjjime de décharge déterminé, on interrompt le circuit, voit-on la balance tracer, non plus une droite paral- lèle à l'axe des temps, ce qui indiquerait l'invariabilité du poids des lames, mais une courbe ascendante, qui ne tend que lentement vers une parallèle à l'axe; on voit que, dans ces conditions, l'accumulateur continue à se sulfater quelque temps en circuit ouvert, accusant ainsi des réactions qui se produisent dans l'épaisseur de la couche active, sans émission de courant, entre le plomb, le sulfate formé, le bioxyde restant et l'acide sulfurique libre. » 3° Phénomènes qui se produisent en circuit ouvert. — Notre méthode nous a permis l'étude prolongée des accumulateurs même en circuit ouvert. Dans ce dernier cas, l'enregistreur trace une droite parallèle à l'axe des temps, indiquant que la charge se conserve sans déperdition. » Cependant, si, après avoir chargé les accumulateurs par un courant puissant, avec dégagement abondant longtemps prolongé, on laisse le circuit ouvert, la balance accuse un accroissement de poids très lent et ( 24-3 ) relativement faible (5"^'), en même temps que le voltmètre montre que le potenliel, de i^"",92 au début, (end lentement vers une valeur fixe de i'°", 87. Cela tient |)robablement à l'influence des gaz retenus dans la couche active. Au bout de peu de temps, l'accumuiateur finit par acquérir un poids et un potentiel invariables, et celte constance s'est maintenue pendant toute la durée de l'enregistrement (4o heures). M Conclusions. — Le potentiel correspondant au régime de charge est constant, tant que l'enregistreur trace sa ligne droite inclinée; le dégage- ment gazeux n'est pas un indice de saturation, c'est une cause de perte d'énergie et de destruction de la couche, qui apparaît d'autant plus tôt avant la fin de la saturation que le courant de charge est plus piussant. » La rapidité du débit a pour résultat de diminuer- la capacité |)rali- quenient utdis^ble; le travail chimique consécutil à rniterruplion ne peut produire aucun résultat utile postérieurement au régime uniforme; car l'elfet proiluit, énergique au moment où l'on referme le cucuit, décroit rapidement et s'épuise presque aussitôt. » Les couches épaisses de matière active ne sont donc utiles que lorsque le débit, rapporté à l'unité de surface, est snifisamment faible, environ Qamp^j pg,, cléciniètre carré de surface active; il est donc avan'agriix, d ins le cas d'un puissant débit, d'augmenter la surf ice des lames et d'o|)érer sur des couches actives d épaisseur relativement faible; les limites dans les- quelles on peut augmenter utilement cette épaisseur dépendant du débit par unité de surface des lames, et |)robablement aussi de la constitution de la couche active, variable avec le mode de construction ou de formation. » ÉLECTRICITÉ. — Sur la résistance électrique de l'alcool. Note de M G. Focssereau. ■ ... -t- 17,50 » de para|)htalate » ... -h 16,60 » La chaleur de formation des deux derniers sels a été contrôlée par l'observation de la quantité de chaleur qui se dégage dans leur décompo- sition par l'acide chlorhydrique dissous. » La chaleur de disi>olulio>i cCun équivalent d'acide (ortho) phlalique (i^, 5o dans aSo^'' d'eau vers i5") est de — /\^-^^,8-]. L'abaissement de lempéiaiure observé est environ — o", i5. » La chaleur de dissolution des acides isomères n'a pas été déterminée, ces corps étant à peu près insolubles. Chaleur de dissolulioii des dijjèients pluaiales ncutics de soude pivaablenunt sèches à 100", ce < le métaphtalate + 8, 4 «" +4i2 X 2 " le paraphtalate +1 i ,60 ou +5,8 X 2 » En traitant comme contrôle ces sels d'argent par une solution de sel marin à J d'équivalent par lilre, on trouve que : Cal La forniation de l'orthophtalate d'argent dégaye. . . 9,8 au lieu de 10,2 • de mélaphtalate » » ... + 8,8 » + 8,4 de paraphtalate » " ... +11,80 » 11,6 » Les deux derniers précipités sont gélatineux (' ). » (') Ce travail a c\é fait an laboratoire de M. Berllitlot, (|iii ma guide dans ces recher- ches avec la jiliis grande bieiividllance. ( 2/,8 ) CMIMIK PHYSIOLOGIQUE. — De quelques faits d'oxydation et de réduction, produits par les organismes microscopiques du sol. Note de M. A. Mcntz, présentée par M. Sclilresiiig. idité et revient à l'étal de cblo- riue. Kn laissant l'action se continuer jjemhint quelques semaines, la trans- formation est intégrale. Cette similitude dans les faits de ré iuction de ces trois corps permet de prévoir que les faits d'oxydation seront également semblables. » I^es organismes que j'ai rencontrés dans les milieux réducteurs sur lesquels j'ai opéré sont semblables à ceux auxquels MM. Gayon et Dupetit ei MM. Deliéraiii et Maquenne attribuent la réduction des nitrates; mais j'ai, en ciutte, trouvé en abondance des organismes qui paraissent iden- tiques avec ceux delà nitrification et qui, mis à l'abri du contact de l'air, jouent peiii-ètre là \in rôle inver.se de celui qui leur est babituel dans la ualiu-e. » CMIMIK ORGANIQUE, — Sur In vniinticm des propriétés physiques dans les dérivés ciiloro arétiipies. Note de M. L. Henry, présentée par M. Friedel. « J>e remplacement successif de l'bydrogène par le chlore dans le iliiiîioii -CH'' des dérivés acétiques détermine dans ceux-ci une éléva- tion progressive dans le poids moléculaire. P ,1,') -len U » Ainsi en est-il de la uolntililé et de la Uciisilë k l'état liquide. 1" / oltililitr. Ébulliliuii. Dillejciii . cir'-co;oHj ,,6 CH-CI-CO(OH i85 "^^'^ CHCI=-CO(OH 190 ^^ CCI'-CO(OH) ,95 "'" ^ CH'-CO(OCH'; 5'> CH-C1-C0(0CH' i3o '^'* clICl•--co{ocH^/ (44 '^'■* CCP-CO(OCH^) 154 "^'" ■'." Deriiiié. Oi-nsite d à -1-19", 2 (' ). Dill'éreiicf. CH'-CO(OCH': 0,9238 ., , CH5C1-C0(0CH' 1,2352 "'"'^i CHC1--C0(0CU' i,38o8 0,14^6 CCP-CO(OCH' 1,4892 0,1084 » Ou remarquera que la variation déterminée dans ces deux propriétés, si elle est proqressive, n'est pas conslanie dans. sa valeur; la différence la plus considérable est celle qui existe entre le dérivé acétique simple et 1» dérivé correspondant monochloié. Il en doit être ainsi, car c'est le rempla- cement du premier atome d hydrogène par le chlore qui délermiiie la mo- (' ) Pai rapport à l'eau à la iiiùmc Itnipéraliirf. ( 2^2 ) (lification la plus profonde dans le poids moléculaire et dans la composition du dérivé acétique primitif. C'est ce que prouvent les chiffres rapportés plus haut. » b. En ce qui concerne certaines propriétés, la modification est ou con- traire alternante. » Il en est ainsi de la fitsibililé. Ce fait se constate avec netteté dans la série des dérivés chlorés de l'acide acétique lui-même. Dillëieiue Fusion. Difleience. CH^-CO(OH) 1 +16,5 CH-CI-CO(OH) —4 / —62-63 CHCP-CO(OH).... _4 (-f-12,5 CCP-CO(OH) +58,5 +46 -5o -+-46 M On voit que le remplacement de H par Cl, dans l'acide acétique pour donner l'acide acétique monochloré, dans l'acide dichloro-acélique pour donner l'acide trichloro-acélique, détermine une élévation dans le point de fusion de 46°. » Le remplacement de H par Cl dans l'acide monochloro-acétique pour donner l'acide bichloro-acélique détermine, au contraire, un abaissement dans le point de fusion de 5o". w Enfin, le remplacement de H- par Cl', tant dans l'acide acétique que dans l'acide monochloro-acétique, détermine, dans le point de fusion, un abaissement de 4"' » Des relations du même genre, mais consistant en différences d'une autre valeur, se constatent avec la même netteté dans le groupe des amides acétique et chloro-acétique. Voici les chiffres : Fusion. Différence. CH-'-CO(lSH^j / 82° CH''CI-CO(NH-^). . .. -t- '4" /) iig» ~*" ^,' " CHCI--CO(NH-) _^ ,6„ ( 96''-98" ~ l^" C CI'-CO(NH^) ( iSSMaÔ" "^9" » En ce qui concerne la solubilité dans l'eau, à la température ordi- naire, on constate entre les dérivés acétiques chlorés des variations d'un genre à peu près analogue. Ces déterminations ne peuvent se faire qu'avec les amides : Cll^— CO(NH') Très soluble dans l'eau. Corps déliquescent. CH« Cl — CO ( NH' ) à 18', 5 . Soluble dans i G parties d'eau. • CHCr- — CO(NH') à io",9. Soluble dans 14,3 parties d'eau. CCI' — CO;NH-j à ao°,2.. . Soluble dans i4o parties deau. ( 253 ) » On voit que l'aiiiide acétique et la dichloro-acétamide se caractérisent par une solubilité spéciale. » Je ne chercherai pas à expliquer cette variation alternante qui se con- state avec une régularité si remarquable en ce qui concerne la fusibilité. » Je ferai observer seulement que tous ces dérivés acéliques sont, au fond, des dérivés de substitution pairs ou impairs du méthane CH*. )> Je rappellerai en même temps que, tout récemment, une différence alternante aussi très marquée a été signalée, quant à leur action physiolo- gique, entre les dérivés chlorés du méthane, pairs et impairs ((JH-Gl et CCI" d'une part, CH'Cl et CHCl' d'autre part) (' ). » Ces faits montrent une fois de plus l'importance des questions de nombre dans la détermination des propriétés physiques des composés carbonés. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTAL!-;. — Sur l'existence du q/ycogèyiedans la Levure de bière. Note de M. Léo errera, présentée par M. Ph. Van Tieghem. « Le glycogène, découvert par Claude Bernard dans le foie des Mammi- fères, a été peu à peu retrouvé dans toute la série animale. Des recherches récentes (-) nous ont démontré que cette substance existe aussi chez un très grand nombre de Champignons, et qu'elle y remplit un rôle en tout semblable à celui de l'amidon dans la plupart des autres végétaux. Le gly- cogène n'est donc pas un composé propre au Régne animal, comme on était porté à le croire. » Pour établir ces faits, nous avons surtout eu recours à la méthode microcliimique, c'est-à-dire à l'étude des caractères et des réactions qui per- mettent de reconnaître le glycogène sous le microscope et d'en déterminer exactement la répartition dans les diverses cellules des tissus. Chaque fois que l'on observe dans une cellule une masse semi-fluide, blanchâtre, ré- fringente, opalescente, facilement soluble dans l'eau du porte-objet quand on écrase la préparation, et prenant par l'iode une coloration brun-rouge, qui se dissipe vers 5o-6o° pour reparaître par le refroidissement, on doit (') J. Regnauld et ViLLEJKAN, Coiiiptes lendtis, t. C, p. i i46. (') L'é/jiplasme des Jsomycèles et le glycogène des i'égétauj{'ïhkst d'agrégation); Bruxelles, 1882. — Sur le glycogène chez les Mucorlnées [Bull. Acad. roy. Belg., 3" sér. , t. IV, p. 45i; 1882). — Sur le glycogène chez les Basidiomycètes [Mém. Acad. roy. Belg.; in-8°, t. XXXVII, i885). i ^A ) conclure, selon nous, à la présence du glycogène. Celle conclusion, tour à four critiquée à l'Académie de Belgique (') par M. Morren et appuyée par MM. Stas et Gilkinet, nous semble parfaitement légitime, car : » 1° On ne connaît, en dehors du glycogène, aucune substance qui pré- sente cet ensemble de caractères; » 2° En traitant, par les procédés ordinaires de l'analyse chimique, les Champignons chez lesquels on observe ces caractères, on arrive à isoler une substance douée de loules les propriétés du glycogène hépatique. Cl'est ce dont nous nous sommes assuré pour les Champignons suivants, qui ap- partiennent à (les familles très diverses : Peziza vesicnlosn, Tuber melano- sporum, Tuber œstivum, Phycomyccs niteus, Clilocybe nelntlaris. Phallus impit- diciis. » Parmi les Champignons dont la chiniie offre le plus d'intérêt, il faut compter la Levure de h.ère [Sacclinroin/ces cerevisiœ). Bien que M. Niigeli (°) eût émis l'avis que le contenu cellulaire de la Levure ne renferme pas d'hy- drates de carbone en quantité appréciable, nous y avions, dès nos premit^rps études, recherché le glycogène, et, sans arriver d'emblée à un résultat dé- finitif, nous étions cependant conduit à penser « que la Levure renferme » du glycogène typique, en qu&nlilé variable, sans doute d'après l'état de » nutrition des individus ( ') ». » Les nouvelles observations que nous avons faites dans ces derniers temps, et dont nous avons l'honneur de comnuiniquer ici le résultat à l'Académie, nous permettent de confirmer cette conclusion d'une manière positive. » Dans une culture vigoureuse de Levure de bière, telle qu'on en obtient si l'on sème un peu de Levure fraîche dans une solution sucrée, additionnée de phosphates de potasse et de chaux, de sulfate de magnésie et de tarlrate d'ammoniaque (liquide de Cohn) et portée à 3o° environ, on remarque bientôt que les cellules ne se colorent plus toutes uniformément en jaune par l'iode, comme elles le font d'ordinaire dans la Levure primitive. Plus la culture est vigoureuse, plus on trouve de cellules de Levure que l'iode colore en brun-rouge. Avec quelque attention, il est facile de constater que ces cellules donnent très nettement toutes les réactions indiquées plus haut — -^ __ _____ . ^_ (') BaUetin, 3° sér., l. VIII, n" 12, 1884. ('-) Silzungsbcn'c/itc der matlt-pliys. C/une dci. A. i«i/. Akad. di:r lyis.sc/ischn/Ufi, l. VIII. |). 166; 187S. (*) Eplptiisinc dei Asciiiii)vètis, ji. 3j- )4. ( ri";'; ^ |)niii' le glycogènp : la teinte biiine disparnit à rliaiid el reparaît à froid; si 1 oïl écrase les cellules, on voir !a substance brune se dissoudre dans l'eau qui les entoure; en opérant sur un petit amas de cellulesdeLeviire, comme il s'en forme toujours dans les préparafions, on s'assure même qu'à l'en- droit précis où l'on a écrasé les cellules colorées par l'iode, le liquide prend une nuance brun-rouge qui, elle aussi, disparaît par la chaleur et revient par le refroidissement. Après l'écrasement et la dissolution du glycogène, les restes des cellules de Levure se colorent seulement en jaune par l'iode, à la manière des snbstances albuminoïdes. Dans beaucoup de cellules de Ltvure, le glycogène form^^ uu amas semi-lunaire, réfringent, comme on l'observe souvent dans le Règne animal; d'autres fois, le glycogène est si al.oudaul qu il remplit toute la cellule. » On peut déduire avec certitude de tous ces faits que la Levure de bière est capable de fabriquer et d'emmagasiner du glycogène, par un véritable travail de synthèse, au moyeu des tartrates et des matières sucrées que l'on met à sa disposition. Ce glycogène représente pour elle une réserve hydro- caibonép, qii elle consommera plus tard pour sa croissance, sa multiplica- tion, sa respiration, etc.. exactement comme les plantes supérieures uti- lisent l'amidon. » IMusienrs observations anciennes, complètement obscures jusqu'à présent, s'expliquent sans peine par cette faculté que la Levure possède de former du glycogène lorsqu'elle est bien nourrie. C'est ce que j'ai déjà indiqué dans ma Thèse d'agrégation ('), et je me contenterai ici de rap- peler les observations de M. Pasteur et celles de MM. Schûtzenberger et Destrem. » M. Pasteur (') a constaté qu'une Levure bien nourrie donne beaucoup de sucre par l'ébuUition avec l'acide sulfurique étendu; et les deux autres savants déduisent de leurs analyses que, lorsque la Levure vit dans l'eau distillée, ce qui l'oblige évidemment à consommer ses réserves nutrifivt^s, elle détruit dans sa propre substance « une matière hydrocarbonée qui, au contraire, reste ou est remplacée pendant la fermentation (') ». » Comme on le recoimaîtra sans qu'il soit nécessaire d'y insister, ces faits remarquables n'acquièrent toute leur signification que par la décou- verte du glycogène, et ils trouvent ainsi l'explication la plus naturelle. » ;*) P;ii;e 29. (-) Comptes nfir/iis, t. XI. VIII, ji. (i/jo. C^) JO,;/., I. LXXXVIII, p. ^89. ( 256 ) ZOOLOGIE. — De l'existence d'un système nerveux chez les Planaires acœles et d'un organe des sens nouveau chez la Convoi uta Schiiltzii (O. Schm.) Note de M. Yves Delage, présentée par M. H. de Lac ize-Diithiers. « Il existe dans le Règne animal un petit nombre d'êtres à tissus diffé- renciés chez lesquels on n'a pu reconnaître la présence d'un système nerveux. Cependant, l'existence bien reconnue chez eux de muscles et même d'organes des sens permet presque d'affirmer a /jn'oW celle de cellules ganglionnaires et de nerfs. Au nombre de ces êtres se trouvent les Planaires les plus inférieures réunies dans le groupe des Rhabdocœles acœles. Dans l'ouvrage le plus récent et le plus autorisé en ces matières, celui de L. Graff, ces Planaires sont données comme n'ayant pas de système nerveux. Cependant une Zoologiste russe, M"" Pereyaslawzew, parlant in- cidemment de l'adulte dans une courte Note préliminaire consacrée au développement de l'embryon des A.cœles, dit : « J'ai trouvé le système » nerveux chez les Acœla adultes, de même que la cavité digestive, visibles » parfaitement sur les coupes ». Toutes nos connaissances sur ce chapitre se réduisent à cette phrase, qui n'est suivie d'aucune description et accom- pagnée d'aucune figure. » J'ai décojivert chez une de nos plus intéressantes Acœles, la Convoluta Schullzii (O. Schm.) un système nerveux très développé et j'ai pu le meitre en éviilence, avec la plus grande netteté, non seulement dans les coupes, mais sur l'animal entier ( ' ). » Système nerveux. — On trouve autour de l'otocyste luie masse gan- glionnaire bilobée, qui forme la portion principale du système central. Deux autres masses formant la paire, plus petites et situées plus haut (^), sont rattachées à la principale par une paire degros conneclifs et s'unissent entre elles par une commissure transversale. Ces parties centrales du système nerveux sont formées de fibres et de cellules. Les fibres occupent le centre des parties renflées et forment à elles seules la presque totalité des cordons connectifs et commissuraux. Elles sont extrêmement fines et délicates, ondnleuses et parallèles. Les cellules sont situées à la périphérie des parties renflées et forment en particulier un amas assez fort à la partie (') Dans lin Travail accompagné de planches, qui est terminé et paraîtra prochainement, je ferai connaître les réactifs spéciaux qui m'ont permis d'arriver à ce résultat. (') Je place comme toujours l'animal la tète en liant et lu face ventrale en avant. ( 257) postéro-inférieure de la masse principale, et une couche continue autour de l'otocyste. Elles ont un diamètre moyen de 5|x à 7p. et sont polyédriques. Chez certaines, on peut voir partir des angles des prolongements qui se jettent dans la couche de fibres. Leur noyau uni, non nucléole, a 3p. à 4fJ'- de diamètre. » Le système périphéi'ique est formé de six nerfs longitudinaux paral- lèles et de leurs ramifications. Ces nerfs sont situés immédiatement au- dessous de la couche des zoochlorelles; ils forment trois paires, une ex- terne qui court dans les bords repliés du corps, une interne qui descend un peu en dehors de la ligne médiane, et une moyenne située à peu près à égaie distance entre les deux précédentes. Ces deux dernières correspondent aux quatre traînées claires que l'on peut apercevoir sur l'animal vivant sans aucune préparation. Le nerf interne naît de chaque côté de la masse ganglionnaire principale qui entoure l'otocyste. Les deux nerfs externes naissent, par un court tronc commun transversal, de la petite masse supé- rieure. Un cordon partant du ganglion inférieur se jette dans le nerf moyen à sa naissance, en sorte que ce dernier a une double origine. Ces troncs longitudinaux sont réunis par des anastomoses transversales qui les coupent à angle droit comme les échelons d'une échelle. Ces anastomoses ne sont pas toutes partaitement constantes dans leur situation, mais la variation n'est pas considérable. D'une manière générale, elles deviennent de plus en plus nombreuses à mesure que l'on s'éloigne de la tête. A l'extréniilé infé- rieure, les cordons convergent et se résolvent en un riche plexus. Des cor- dons principaux et des anastomoses partent de nombreux filaments très fins qui s'anastomosent entre eux, de manière à former un réseau à mailles carrées ou rectangulaires. Les nerfs sont formés des mêmes fibres fines que les commissures du système central. » Oicjanes des sens. — Outre l'otocyste, il existe, quoi qu'en ait dit Graff, deux yeux représentés par deux taches pigmentaires jaunes, et j'ai reconnu l'existence d'un appareil sensilif nouveau, que je nommerai l'organe fron- lal. C'est une masse ovoïde, claire, réfringente, située à l'extrémité termi- nale supérieure. Elle mesure environ o""",o4 sur o°"",o3. Le gros bout de l'ovoïde est situé à une petite dislance de la commissure la plus élevée du système nerveux, ou même arrive jusqu'à elle; le petit bout s'appuie sur les téguments qui, à ce niveau, sont dépourvus de cils e! munis de courtes papilles coniques régulièrement disposées. La masse est limitée sur les côtés par une double couche de cellules ganglionnaires. Un petit nombre de cellules de même nature se trouve dans son intérieur. Des cellules bor- C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N° 3.) ^'^ ( 258 ) danles, des cellules centrales et de la commissure nerveuse partent de nom- breux filaments très fins qui s'anastomosent dans la masse réfringente et forment un réseau; puis les filaments se rapprochent peu à peu et con- vergent régulièrement vers l'extrémité supérieure, où ils se terminent cha- cun à l'une des papilles ci-dessus mentionnées. Dans un grand nombre de cas, j'ai pu suivre les filaments de leurs cellules d'origine jusqu'à la papille terminale. La matière réfringente joue le rôle de substance de soutien. Tout l'appareil est très mobile et l'animal semble sans cesse tâter avec les papilles qui le terminent. )) Chez les jeunes Convolutn venant d'éclore et encore dépourvues de zoo- chlorelles, l'organe frontal existe, plus développé même relativement que chez les adultes, et j'ai pu mettre en évidence le système nerveux qui est constitué comme chez l'adulte, mais moins condensé et moins riche en ra- mifications. Lacunes du rélicidum. — Les nerfs se montrent partout entourés d'une gaine endotliéliile dont les cellules, lisses et aplaties du côté du nerf, se continuent en dehors avec celles du réiiculum. La cavité, comprise entre le nerf et sa gaine, n'est pas entièrement virtuelle. Au moyen d'un certain réactif que je ferai connaître, on met en évidence l'existence d'une cavité entre le nerf et sa gaine, et cette cavité se continue partout avec un système de lacunes extrêmement développé, qui occupe toute la couche des zoo- chlorclles. Chacune de ces algues est contenue dans une cavité libre, et les espaces interposés à ces cavités sont constitués par les lacunes en question. » Des détails plus circonstanciés sur ce point ne pourront trouver place que dans le Mémoire, mais il est un fait que je tiens à mettre en lumière. Les zoologistes allemands ont reproché à M. Blanchard d'avoir injecté le sy.stème nerveux des Planaires et donné ce système nerveux pour un ap- pareil circulatoire. Mais un système nerveux n'est pas un organe creux susceptible d'être injecté, et l'imputation paraît avoir été faite lui peu à la légère. La discussion n'ayant pas porté sur les Acœles, je ne sais dans quelle mesure mes résultats petivent s'appliquer aux Planaires injectées par M. Blanchard, mais chez toutes il paraît exister autour des nerfs une gaine et, si les lacunes attenantes existaient aussi, on aurait là une explication naturelle de toutes les difficultés, et la preuve que l'erreur n'a pas été tout entière du côté du zoologiste français ('). » (') Ce travail a été fait au laboratoire de Luc-sur-Mer, sur des animaux envoyés par la station de RoscofT. î59 ZOOLOGIE. — Morphologie analytique et comparée de la mâchoire chez les Hyménoptères. Note de M. Joannes Cuatin, préseiilée par M. A. Milne- Edwards. » La constitution des diverses pièces buccales considérées isolément, leurs affinités morphologiques, les tendances qui se combinent pour leur imprimer des modifications parfois considérables n'ont été que rarement et incomplètement étudiées chez les Hyménoptères dont on se borne à décrire l'appareil buccal dans son ensemble en lui assignant des carac- tères dont la valeur est des plus contestables, ces notions classicjues se trouvant en désaccord avec les résultats de l'observation directe dès qu'on étend celle-ci à un certain nombre de types. » L'étude des mâchoires suffirait k le démontrer : ces organes sont constamment représentés comme différant totalement chez les Hyméno- ptères de ce qu'Us sont chez les Insectes broyeurs; les pièces qui les consti- tuent chez ces derniers semblent faire ici défaut, les formes sont figurées comme profondément dissemblables, nul lien morphologique ne semble exister entre ces parties. Cette conception, fort erronée ainsi qu'on va pou- voir s'en convaincre, doit être rapportée à un examen trop rapide et trop limité. Il est indispensable de multiplier les sujets d'observation en les empruntant aux divers groupes et l'on ne tarde pas alors à voir s'affirmer des connexions étroites qui unissent par une progression continue les formes entre lesquelles tout rapprochement semble d'abord impossible. » La famille des Vespides [Vespa orientalis, etc.) fournit les premiers termes de cette série : la mâchoire s'y montre supportée par un sous-maxil- laire obliquement dirigé et sur lequel s'élève un maxillaire très développé qui rappelle celui des Termites. Un petit tubercule sphéroïdal, placé au côté externe du maxillaire, représente le palpigère et porte un palpe multi- arliculé. En dedans, se trouve le sous-galéa, petite pièce cubique sur laquelle s'insèrent le galéa et l'intermaxillaire généralement assez réduit. On retrouve donc ici la mâchoire des Broyeurs, non seulement avec son aspect normal, mais avec toutes ses pièces constitutives. » Auprès des types précédents, on peut en grouper plusieurs autres, chez lesquels l'organe offre les mêmes dispositions : tel est le Microgaster depri- motor dont le galéa claviforme rappelle celui du Gryllus domesticus ou des Oligotomes; tels sont aussi les Bracon, Gonalopus, Xjpliidria, etc. » Chez les Pe/'iïam/je^ en outre du développement des pièces basilaires, ( 26o ) il faut signaler l'union intime du galéa et de l'intermaxillaire : étroitement rapprochés, ils peuvent encore se distinguer assez facilement l'un de l'autre. Le fait est d'autant plus intéressant qu'il cessera bientôt de s'ob- server, la tendance qui s'ébauche ici devant s'accentuer rapidement. » La preuve en est dans l'élude des Cepints. Sur un sous-maxillaire, petit et oblique, se voit un maxillaire court, renflé, presque globuleux. Ce maxillaire porte en dehors un palpe allongé, tandis que sur sa face supé- rieure s'élève un appendice excavé intérieurement et qui paraît sim[)le, bien qu'en réalilé il soit constitué par l'union du galéa et de l'intermaxillaire, dont les limites s'effacent presque complètement. » Il en est de même chez les Bombides [Bombus iapidarius, etc.) : au- dessus d'un petit sous-maxillaire s'élève un maxillaire très allongé, véri- table slipe formant le centre de l'organe. A son côté externe s'insère un rudiment de palpe tubériforme, tandis qu'en dedans de cette saillie pal- poïde se montre une longue lame effilée et barbelée sur sa face interne. Une vague suture longitudinale permet de lui reconnaître deux parties inégales, l'une externe, l'autre interne. La première répond au galéa, la seconde à l'intermaxillaiie, ces pièces s'étant réunies pour former la longue lame qui semble constituer toute la mâchoire. » Celle-ci est encore plus profondément modifiée chez les Mégachiles; elle ne rappelle nullement celle des Broyeurs et se présente sous l'aspect d'une lame recourbée en cimeterre et portée sur une base élargie. Les ré- sultats fournis par l'examen des types précédents permettent de retrouver dans celle-ci le sous-maxillaire et le maxillaire, et de rapporter la lame à la coalescence du galéa et de l'intermaxillaire. » On arrive ainsi progressivement aux Apides, dont la mâchoire est sans cesse citée comme représentant le type normal des Hyménoptères, tandis qu'elle exprime, en réalilé, le dernier terme des modifications que cet organe peut y subir. La mâchoire des Anthophores, etc., semble se résumer en une longue lame effilée dont la signification ne saurait maintenant faire l'objet d'aucun doute : elle est constituée par le galéa soudé à l'intermaxillaire. En multipliant les observations, on rencontre quelques individus offrant sur cette lame une côte longitudinale, dernier témoin de l'indépendance originelle des pièces ainsi confondues. )) Les recherches qui viennent d'être succinctement résimiées montrent que, si la mâchoire des Hyménoptères diffère parfois et très notablement de celle des Insectes broyeurs, il existe cependant entre ces types des liens étroits s'affirmant souvent par des dispositions entièrement comparables. ( 26i ) Quant aux modifications progressives que subit l'organe, elles doivent être surtout rapportées à l'union de plus en plus étroite qui s'observe entre le galéa et l'intermaxillaire. La tendance qui s'affirme ainsi présente des con- séquences beaucoup plus lointaines qu'on ne le supposerait tout d'abord : elles ne dominent pas seulement, on vient de le voir, l'étude des organes buccaux chez les Hyménoptères; elles retentissent sur l'ensemble des or- ganes appendiculaires des Arthropodes. Cette fusion du galéa et de Tinter- maxillaire, cette prééminence du galéa sur les pièces voisines représentent deux dispositions qui ne cessent de s'observer dans l'armature buccale étudiée chez les divers Insectes comme dans les différents appendices céphaliques des Crustacés, témoignant ainsi de l'intime parenté de ces or- ganes. » ZOOLOGIE. — Les Core'gones {Coregonus) de Suisse, classification et conditions de frai. Note de M. V. Fatio, présentée par M. Blanchard. « Les Corégonps, qui vivent emprisonnés dans seize lacs de la Suisse, entre 375™ et 565™ d'élévation au-dessus de la mer, sont certainement d'o- rigine marine et septentrionale. Il est plus que probable que leur réclusion dans le pays doit remonter au moment oîi, après la grande débâcle de la fin de l'époque glaciaire, les communications avec la mer devinrent trop étroites, rapides ou accidentées, pour permettre encore la circulation aux espèces du genre les moins aptes à lutter contre les courants. Ces poissons ont dû, depuis lors, se modifier lentement sous l'influence des conditions diverses de milieu et peu à peu prendre les formes différentes que nous leur voyons aujourd'hui. » Il est bien possible que quelques-uns, dans certains petits lacs, dérivent directement des hôtes d'autres bassins plus grands et voisins. Ce- pendant, il semble que, pour quelques-uns aussi, il faille chercher de pré- férence le type en dehors de nos limites, et qu'issus au même degré d'une même souche, ceux-ci se soient simultanément modifiés dans les lacs différents où ils se trouvaient forcément confinés. C'est du moins ce que doit faire supposer la constatation de formes parallèles dans d'autres régions. » Deux types ont dii donner naissance à toutes les formes variées de Corégones qui habitent les lacs suisses, ainsi qu'à plusieurs de celles qui, sous des noms différents, habitent d'autres lacs, bien loin à l'ouest et au nord, en dehors de nos limites. L'un est le Lavaret de mer, Salmo lavaritus ! a62 ) (Linné, nec Cuvier), qui remonte encore plus ou moins dans les eaux douces des régions septentrionales et y a donné naissance à des formes la- custres voisines de quelques-unes de celles de nos lacs. I/autre, représenté aujourd'hui par une foule de formes lacuslres très répandues, souvent voisines aussi de quelques-unes des nôtres, semble avoir échappé jusqu'ici à l'ohservaîion, dans sa forme originelle ou marine. )) Bien qu'avec des prototypes communs nos espèces puissent être con- sidérées comme de simples formes locales, je n'hésite pourtant pas à attri- buer des noms spécifiques à des groupes de dérivés qui, depuis des siècles, isolés et sans chance de retour, constituent maintenant comme une branche accidentellement séparée de l'arbre généalogique, avec ses divers rameaux secondaires et ses caractères particidiers. » Après tantôt quinze ans de recherches et de comparaisons minutieuses, je suis arrivé à la conviction que les 24 principales formes que l'on peut distinguer dans les lacs de la Suisse doivent être groupées dans deux es- pèces, que je nomme Corecj. dispersas et Corecj. halleus, et parmi lesquelles viennent se placer deux composées, Coreg. Suidteri (mihi) du lac de Sam- pach et Core^y. Iiiemalis [hwien) du Léman, composées qui pourraient bien être des dérivés anciens de l'une des premières, combinée avec un repré- sentant de l'autre peu à peu disparu. Le Lavaret du Bourget doit rentrer, à titre de dérivé, dans le C. disi)ersus. » Si, contrairement à mes principes, j'ai dû créer des noms nouveaux pour quelques Corégones qui en possèdent déjà bien d'autres, c'est que, les auteurs précédents ayant rarement recouru aux mêmes caractères dif- férenciels, il n'était pas possible d'affirmer toujours la similitude complète de leurs types avec telle ou telle des formes de nos lacs. » Parmi les nombreux caractères qui ont été tour à tour invoqués dans l'étude des Corégones, il en est d'importances très différentes. Beaucoup peuvent être profondément modifiés par les conditions d'habitat; un cer- tain nombre tiennent à des conditions d'âge ; enfin, quelques-uns sont pure- ment sexuels. Les moins sujets à varier m'ont [)aru ceux tirés de diverses parties de la bouche et des branchies. Ces derniers, tirés surtout du nombre et des proportions des épines [branchiospines, faussement appelées dents bran- chiales), qui garnissent le bord antérieur des arcs branchiaux, peuvent être très précieux dans l'établissement de certains grands groupes de formes autrement distinctes. Cependant, les auteurs qui s'en sont avantageusement servis, dansées dernières années, ont, à mon avis, exagéré l'importance de certaines petites différences qui, loin d'avoir une valeur spécifique , ( 263 ) doivent rentrer pour uioi dans les limites actuelles de la variabilité de l'es- pèce. C'est, du reste, plutôt dans le concours d'un certain nombre de caractères comparés que dans l'examen exclusif de rtiii d'entre eux qu'il faut chercher la détermination de l'espèce ou de la sous-espèce, dans ce chaos de formes enchevêtrées. » Les Corégones suisses, avec des formes moyennes, portent tous des dents linguales et pharyngiennes bien développées et m'ont paru, sous ce rap- port, mieux pourvus que plusieurs des Corégones de régions plus septen- trionales de l'Europe et de l'Amérique du Nord. " L'étude comparée desdites/ormei moyennes, dans les régions moyennes et septentrionales des deux hémisphères, permet d'établir, pour celles-ci, la règle générale suivante : » A une bouche antérieure ou terminale correspondent généralement des branchiospines nombreuses et longues. » A une bouche inférieure correspondent généralement des branchio- spines courtes et peu nondjreuses. » Quelques exceptions se rencontrent chez des espèces ou sous-espèces composées qui semblent résulter d'un mélange des caractères divers des deux espèces ci-dessus. » A côté (le la variabilité aitribunble aux influences de milieu, je trouve encore deux sources principales de confusion : l'une, dans le fait que quebjues-uns de nos Corégones se présentent toujours sous deux formes parallèles, parfois multipliant ensemble dans les mêmes circonstances, mais susceptibles aussi de diverger, par séparation accidentelle, dans des condi- tions différentes, jusqu'à donner naissance à ele nouvelles variétés ; l'autre, d;uis la constatation de nombreux bà'artis entre nos deux espèces, dans les lacs de Zurich et Neuchâtel principalement, où les conditions locales entraî- nent communauté d'époque et de lieu de frai. » Tous les lacs suisst-s d'une certaine importance, au nord des Alpes, 9 sur i6, y compris maintenant Zurich, Neuchâtel et Bienne, d'après mes observations, possèdent les deux espèces sous diverses formes; dans le Léman seul, parmi les gran Is biissins, le C. dispersus est remplacé par une composée. Dans chacpie lac, les deux espèces, avec des formes particu- lières, demeurent constamment distinctes, aussi longtemps qu'une simili- tude de conditions de frai ne vient pas, comme à Zurich et à Neuchâtel, interposer des formes bâtardes intermédiaires. » Tous les Corégones qui rentrent ici dans le C. dispersas frayent, dans nos eaux, au fond, parfois à de grandes profondeurs, sauf lesdites Ballen ( 264 ) des lacs de Baldegq et Halwyl, qui viennent par contre frayer le long des bords dans très peu d'eau. L'époque de frai peut varier, dans l'espèce, avecles conditions, les sous-espèces et les variétés, du 20 juin au 20 janvier. » La nature et la température des eaux, ainsi que la configuration et le revêtement du fond des lacs, paraissent les principaux agents des diver- gences de formes et d'allures que nous remarquons dans chacun de nos bassins. » Il est intéressant de voir combien, dans x\n espace si limité, des con- ditions de milieu différentes ont pu profondément modifier en sens divers les caractères morphologiques et biologiques des premiers types naguère isolés dans nos eaux. » GÉOLOGIE. — Le bassin tertiaire de Grenade. Note de MM. 31. Bertrand et W. KiLiAN, présentée par M. Hébert. « Nous avons déjà signalé ( ' ) la discordance qui sépare en Andalousie la mollasse helvétienne des dépôts plus récents. L'étude des fossiles, faite au laboratoire de la Sorbonne par M. Kilian, nous permet de préciser la série des couches tertiaires, et par suite l'âge de cette discordance. » 1. Helvétien. — Il ne reste plus des dépôts de la mer helvétienne que des lambeaux, s'appuyant sur les roches anciennes ou jurassiques et for- mant comme une ceinture discontinue autour du remplissage plus récent du bassin. Le voisinage du rivage est accusé par la nature même des dépôts et de la faune. I) Les conglomérats de la base contiennent à Antequera VOstrea crassis- sima Lam. et VOstrea gingensis,Sch\ . sp., à Escuzar : Oslrea digitalina, Duh., et 0. Velaini, Mun.-Ch. in coll. (-). » Il faut signaler en deux points (Quentar et le Pradon ) la présence, à la partie inférieure de la mollasse, de marnes noires avec gypse, que leur posi- tion straligraphique ne permet pas de confondre avec le gypse messinien. Au Pradon, on trouve au sommet de ces marnes et sous la mollasse un lit de cailloux roulés avec Céphalopodes néocomiens charriés. » Puis viennent de gros bancs de mollasse coquillière pétrie de Bryo- ( ' ) Comptes rendus, 20 avril i885. (*) Celle huîlre se trouve aussi en Algérie où elle caractérise les couches à Clypéastres; M. Muiiier-Chalnias l'a appelée O. retaini. Nous ferons figurer celle es|)èce d'après les échantillonb types (l'Algérie que nous a gracieusement communiqués M. Munier-Clialmas. ( 265 ) zoaires, renfermant des Lithotamnium [Lithothamnienkalke de M. Drasche) et caractérisés dans toute la région par le Pecten scabriusculus, Lam. (O. d'An- tequera, Pradon, Escuzar, Beznar, Montefrio, etc.). » Cette coquille est accompagnée à Escuzar du Pecten Zitleli, Fiichs, du Lacazella mef/(ferrrt;ief7, Rissosp., et du Cidoris avenionensis, Desm., et à Mon- tefrio (lu Pecten Toiirnali, de Serres, du P. HoUjeri, Gein., et ilu Terebra- tula grandis, Broun. A Alfacar on rencontre : Pecten opercularis, L., P. Celestini, Font., P. Fuchsi, Font., Chicaensis, M.-Ch., et des Clypéastres; dans le ravin de Talara, près d'un petit îlot de calcaire triasique, on trouve dans une mollasse sableuse à Bryozoaires ^.l Lithotamnium : Pecten scabrius- culus, Lam., P. prœscabriusculus, Font., Terebratula sinuosa, Brocchi. Dans le petit golfe d'Albunuelas, au-dessus de marnes grises à <7ar^nmi /j/an5, Brocch., affleure un banc à Ostrea gingensis, O. Bubtayei, Desh., puis vient un calcaire très sableux à Pecten crislatus, Brocchi, une molla«se calcaire à Pecten scabriusculus, et des sables grossiers à Clypeaster insignis, Segu., Ostrea Velaini, M. -CI»., rurn) Dans les parties plus profondes, comme à Alhama, nous avons recueilli à la base du système, dans une mollasse glauconieuse alternant avec des conglomérats, le Spondylus crassicosta, Lam., et plus haut, dans un calcaire à Bryozoaires, des Pecten et le Cidaris avenionensis, Desm. 1) Il ne nous a pas été possible, à cause de ces changements de faciès, d'établir de subdivisions dans l'étage; mais ce sont là bien certainement partout des espèces helvéliennes. » En dehors de ces lambeaux molassiques, le remplissage du bassin ter- tiaire de Grenade est formé par un immense entassement de cailloux plus ou moins roulés {Block/ormation, Drasche) eu bancs généralement bien lités et par des couches gypseuses dépassant 200™ d'épaisseur au centre du bassin. Ce système appartient tout entier au Miocène supérieur pris dans son sens le plus large. » IL Jortonien et Sarmatique. — A la base des sables et cailloutis dont nous venons de parler, il y a, à Dudar, plusieurs intercalations de marnes hleues Avec Terebra fuscata. Broc, AnciUaria obsoleta. Broc, Chenopus pes graculi, Bvonn., Dentalium Bouei, Desh., D. inœcpiale, Brom^., Nucula nu- cteus, L., Pecten cristatus, Brocchi, Arca diluvii, Lam., Ceiatotrocims mul- tispinosus, Edw. et H. C'est une faune lorlonienne. Dans les graviers supé- rieurs, nous avons recueilli ï'Oslrta lamellosa, Brocchi. Les conglomérats sur lesquels est construit l'Alhambra se prolongent au nord du Geiiil jus- qu'à Loja, les éléments calcaires y remplacent là les blocs de schistes de G. R., i885, 2' Semestre. (T. Cl, N° 3) >^4 [ 26G ) la Sierra N''vatla. Un banc de Polypiers s'y intercale près delà gared'Illoîa. Des calcaires à Polypiers, contenant en abondance les Cer. mitrale, Eichw. et viilgalum, Brng., espèces sarmatiqnes, se trouvent également à l'onest de Jayena au-dessous de gypse messinien et reposant en discordance sur des Phyllades. Il résulte de là, ainsi que des perforations de rivage, que ces dépôts caillouteux sont, au moins en grande partie, marins et qu'ils corres- pondent aux époques tortonienne et sarmatique (*). » III. Aralo-Caspien (Messinien moyen). — A Alfacar et à l'est de Loja, les graviers et cailioutis s'enfoncent sous des marnes foncées gypsifères, passant au gypse pur (La Malâ). Le gypse même renferme à Alfacar Mela- nopsis impressa^ Rrauss. Il est surmonté là et à Annas del Rey par des marnes sableuses et ligniteuses avec Melanopsis impressa, Krauss, Limnea Forbesi, G. et F., Hydrobia etrusca, Cap., Planorbis solidus (Tho), G. et F. (*). Cette faune met le gypse de Grenade sur le niveau delà formation sulfo-gypseuse de l'Italie et des marnes à Congéries du bassin de Vienne. » IV. Le système du gypse est surmonté, dans le bassin d'Alhama, par des assises très régulières d'un calcaire lacustre blanc [cream coloured, Sil- vertop) et vacuolaire ; on y trouve : Planorbis solidus, G. et F., Limnea girundicaj Noul., Hydrobia sp. — Cette formation peut être synchronisée avec les calcaires d'eau douce du centre de l'Espagne et plus spécialement avec ceux deConcud (Teruel), qui renferment le même Planorbe (coll. de Verneuil) et qui alternent avec des couches à Hipparion. » V. Tandis qu'en Italie le gypse n'est qu'un épisode entre deux for- mations marines, il correspond en Andalousie à l'émersion définitive du bassin. Les dépôts astiens ne se montrent que sur la côte où le Miocène fait défaut. Le bassin de la mer actuelle ne s'est sans doute affaissé qu'après le Messinien. » L'histoire des mouvements du sol dans le bassin de Grenade y est bien différente de celle des régions voisines, comme le montre la comparaison avec le bassin du Rhône résumée dans le Tableau suivant : (') Nous ferons remarquer que l'époque rortonienne a été, d'après M. Fuchs, signalée en Italie (Serravalle-Monie Rosso) par de puissants dépôts détritiques qui correspondent à la Blockformation de Grenade. (2) Ce Planorbe, qui ne peut être identifié avec le /"/. ,i Voici, à ce sujet, l'opinion d'un juge dont personne ne contestera la haute compétence, M. Hirn (' ) : » Le progrès accompli par M. Paye dans la Météorologie, et définitivement acquis à la Science, a consisté à ramener à une même classe un grand nombre de phénomènes naturels entre lesquels on n'avait aperçu aucun rapport, et de plus à rapporter ces phénomènes à un même ordre de causes. Ce progrès est immense. » » Je me permettrai de faire remarquer à l'Académie que ce débat, sur la question de savoir si les mouvements gyratoires de l'atmosphère sont ascendants ou descendants, n'est pas sans analogie avec ce qui s'est passé, en Astronomie, pour le mouvement diurne. Attribuez-le à la Terre, tout se comprend ; attribuez-le aux astres et vous tombez dans les impossibilités qui ont entravé la Science pendant vingt siècles. » Réponse à la Communication de M. Faye ; par M. Mascakt. « Je prie l'Académie de m'excuser si je reviens, à la suite de M. Faye, sur une question où il ne semble pas que nous soyons prés d'avoir des opi- nions conciliables. » J'ai été un peu surpris d'entendre notre Confrère affirmer que l'étude des isobares est restée stérile, que les anticyclones et les cyclones sont [ ' ) Hirn, Élude sur une classe particulière de tourbillons. Paris, Gauthier-Villars, 1878. ( 288 , des ettets trop complexes et que la discussion des tornados est plus facile. » Il m'avait semblé, au contraire, l'identilé mécanique des phénomènes étant admise, que l'étude des cyclones eu particulier présente plus de ga- ranties que celle des tornados, puisque l'on peut connaître en chaque point la pression, la températuie de l'riir, son état hygrométrique, la direc- tion et la force du vent, c'est-à-dire toutes les conditions physiques, tandis qu'on n'a jamais évalué la pression sur le trajet d'un tornado, l'observation présentant beaucoup de difficultés et même de dangers. » L'aire de pression maximum qui existe dans la région des Açores n'est pas un produit de l'imagination, mais le résultat des milliers d'observations faites par les navires qui traversent l' Atlantique. » On ne connaît pas, dit M. Faye, la signification mécanique de ces iso- » bares, de ces gradients, de ces déviations des flèches du vent. » » Est- il nécessaire de rappeler que les progrès fie la Météorologie dyna- mique dans ces dernières années tiennent en grande partie à la discussion des observations simultanées pour laquelle le tracé des isobares est aussi utile que les courbes de niveau en topographie? Pour apprécier le rôle du vent dans un cyclone il ne faut pas comparer sa direction aux rsyonfi tirés vers le cetitre présumé du cyclone, mais à la position véritable du centre, et je ne connais pas d'autre moyen de connaître cette position que par le point où l'ensemble des observations démontre l'existence d'une pression minimum. Dans ce cas, si l'on discute les résultais indiqués par des observateurs in- dépendants les uns des autres et qui ne sauraient être guidés par un parti pris, puisqu'ils ignorent l'usage qui sera fait de leurs observations, on trouve que le vent a toujours une composante dirigée vers le centre. Je ne vou- drais pas uudliplier les citations à ce sujet et je préfère les emprunter aux travaux étrangers. M. le Directeur de l'Observatoire météorologique de l'Athénée municipal de Manille, par exen)ple, après avoir étudié un cy- clone qui a passé à Manille le 4 novembre 1882, eu allant de l'est à l'ouest, cciHclut en ces termes : > ( 289 ) » M. Paye dit encore : « Les nùninia sont-ils dus à une raréfaction de » l'air? » J'avoue que je suis confondu par cette question. S'il est permis de douter que le poids de la colonne d'air qui se trouve au-dessus du point où la pression barométrique est minimum soit lui-même un minimum, je ne vois plus qu'aucune discussion .^oit possible. » M. Paye préfère limiter le débat à la discussion et à l'explication des tornados; je suis donc obligé, à regret, de rester sur ce terrain, où les données exactes font singulièrement défaut. » Si les tornados descendent des hautes régions de l'atmosphère et se propagent sans \^ard aux obstacles du sol, comment expliquer leur préfé- rence si marquée pour les vastes plaines du Missouri et du Missis^ipi, ainsi que l'immunité de la région des Alleghanys? » J'ai pris soin d'éviter toute considération théorique, uniquement pour rester dans l'examen des faits, mais je crois que les météorologistes, tout en reconnaissant dans l'exposé de M. Faye l'indication des causes qui ex- pliquent le mouvement ascendant de l'air dans les cyclones, n'accepte- raient pas sans réserves tons les détails de son interprétation. » Je m'associerais volontiers à notre Confrère pour apprécier sévèrement la théorie d'après laquelle « là où l'air a commencé à s'élever, il faut que » tout Vaiv de la couche surcliauflëe, s'étendant sur des centaines et des u milliers de kilomètres carrés, passe par cette étroite issue ». Je me hâte d'ajouter qu'aucun n)étéorologiste ne revendique ra une pareille concep- tion. » Je voudrais seulement répondre à l'objection que 1' hypothèse d'une masse d'air ascendante serait impuissante à expliquer la ro'ation des cyclones et des toriiaiios. Si le vent, dans l'hémisphère nord, converge vers un centre d'aspiiation, il doit se (levier à droite, par suite de l'influence connue du mouvement de la Terre, et l'ensemble de la masse d'air qui entre en jeu doit prendre une rotation gauche. Le sens du phénomène s'explique donc sans dilfîculté, et j'ajouterai que la rotation devrait être inverse pour une masse d'air descenilanti'. » Enfin, je terminerai par une citation de M. le lieutenant Finley, qui poursuit de[)uis plusieurs années l'étude des tornados et dont on ne saurait méconnaître la compétence. « Lorsqu'un lornado court à la surface du sol, l'air est aspiré (suckcil) des deux côtés de sa route avec une grande foi'ce... Comme preuve de la force centripète, je nienlionnerai le fait observé fréquemment jiar des personnes placées en dehors de la trajectoire: c'est que de petits objets, tels «pie des ustensiles de ménage, des seaux, des boîtes, même à la ilis- C. R., .885, j- Semestre. (T. CI, l\° 4) -^l f 290 ) tance de 5oo à 800 pieds, sont subitement entraînés vers le nuage comme par une force mystérieuse, etc. >' » Est-ce là une illusion ou le résultat d'une idée préconçue? » THERMOCHIMIE. — De l'isomérie dans la série aromatique. — Sut les acides oxybenzdiques et sur leur chaleur de formation et de transformation; pju' MM. Berthelot et VVerner. « 1, Nousavons étudié l'action thermique et chimique d'un même réactif, le brome, sur les trois acides oxybenzoïques isomères, acides déjà distin- gués par nous, à ce double point de vue, pnr le mode de leur neutrali- sation. L'action du brome n'en est pas moins caractéristique. En parti- culier, elle donne naissance, avec deux des acides oxybenzoïques, à des produits identiques : l'acide carbonique et le phénol tribromé. L'état fii)al étant ainsi le même, il est facile de calculer la chaleur de transformation réciproque des deux isomères : problème du plus haut intérêt et qui n'avait pas encore été abordé dans la série aromatique et pour les isoméries dites déposition. Il devient également facile de calculer la chaleur de formation par les éléments de deux dss acides oxybenzoïques. Voici nos observa- tions : » 2. Jcide salicylique (orthoxybenzoïque), C" H"0'' = iSS»"'. — Deux procédés ont été employés, savoir : l'action du brome sur l'acide libre et sur son sel de soude. » 1° Acide dissous. — L'acide était dissous dans 60''' environ, par équi- valent, et le brome dans un volume d'eau moitié moindre que celui qui renfermait l'acide. Acide dissous + 3Br- dissous = C'0* dissous H-3HBrdissous-hC' = H'Br'0' précipité. M L'expérience dure de trois à cinq minutes. » Cinq expériences, entre i4"et 19° : + ■y2'^'^',ia. » Quelques tâtonnements sont nécessaires, à cause des pertes de brome par évaporatiou ; on doit arriver à un point tel que l'iodure de potassium ne soit pas attaqué par le brome en excès et que le perchlorure de fer, d'autre part, n'accuse pas d'acide salicylique libre. » Quatre contrôles ont été institués, souvent sur une même expérience, savoir le titrage de l'acide bromhydrique par alcalimétrie et par l'azotate ( 291 ) d'argent, la pesée du phénol tribromé et son analyse. Par exemple, 0^% 8o5 d'acide salicylique ont fourni : Théorie. Acide bromhydrifjue d'après l'alcalimétrie i ,4o8 ■ )4i7 d'après l'azotate d'argent i ,409 ■> Phénol tribromé. . i ,qo i ,q3 lequel renfermait Br= '52,47 cenlièmes >. n.i,5o » Ces contrôles multiples sont indispensables dans les expériences calo- rimétriques faites sur des composés organiques aussi compliqués et sou- vent susceptibles d'éprouver des réactions multiples. Si la réalité et la simplicité chimique de la réaction opérée dans le calorimètre n'étaient pas démontrées, la mesure perdrait toute signification. » 2° Sel de soude. — L'emploi du salicylate de soude permet d'opérer avec des liqueurs plus concentrées que celui de l'acide libre. Toutefois on est limité, à cet égard, par la nécessité de retenir tout l'acide carbonique en dissolution, pour obtenir des résultats définis. Les liqueurs employées formaient de 22''' à 3o''' environ pour i""! d'acide salicylique, le brome étant dissous dans un volume d'eau égal à celui qui renfermait le sel. CH-^NaO" dissous + 3Br* dissous = G=0' dissous -+- Na Br dissous -H 2 H Brdissous -<- C - H^ Br^ O* précipité. L'expérience est plus prompte et dure deux minutes et demie. Quatre expériences, vers 18" + 72*^^', 85 » On déduit de ce chiffre, en tenant compte des chaleurs de neutralisa- tion respectives des acides salicylique et bromhydrique par la soude, pour la réaction opérée sur l'acide salicylique libre dissous : + 72'^"', o5. » Les tâtonnements et les contrôles ont été les mêmes que ci-dessus. On remarquera que, dans les contrôles, le titrage de l'acide bromhydrique par l'azotate d'argent donne un résultat supérieur de moitié au titrage alcali- métrique. Par exemple, i«',449 d'acide salicylique ont fourni : Théorie. Acide bromhydrique libre (alcalimétrie) 1,71 1,71 Acide bromhydrique total (azotate d'argent) 2,56 2,55 Phénol tribromé 3,46 3 ,48 » On a vérifié encore que le phénol tribromé ainsi obtenu était iden- tique avec le dérivé direct du phénol, d'après la mesure de son point de fusion et de sa chaleur de neutralisation. ( 292 ) » D'après les chiffres observés, on a : P;ir l'acide salicyliqiie, direclemeot -t-^a,i2 » sous forme de sel de soude 4-72,05 Moyenne +72,085 » La même réaction, opérée sur le phénol dissous ( ' ), dégage, d'après nos expériences : + 68'""',/i5. » On en déduit, pour la chaleur de transformation de l'acide salicylique dissous, en phénol et acide carbonique dissous, C"H«0« dissous = C'2H«0* dissous + C- O' dissous -t-Si^^SeS Les corps étant pris dans leur état actuel et pur CH^O" solide (ortho) = CH^O^ solide + C^O* gaz, on aurait au contraire : — 6^''\32. » Cette absorption de chaleur résultant de la décomposition peut être attribuée, à peu près en totalité, à la transformation d'un solide en gaz car- bonique. » Réciproquement, la combinaison de ce gaz et du phénol pour former l'acide salicylique C'^H'^O^ solide + C-0* gaz = C'*H«0'' solide (ortho), dégage +6'^''\3i. chiffre comparable à la chaleur dégagée dans la synthèse analogue de l'acide oxalique par l'acide formique : C« H^ O* solide + 0'0* gaz = C* H' Qs solide +7,5 » Enfin la formation de l'acide salicylique depuis les éléments C" (diamant) -+- H*^ -4- O» = C" H' Oi* (ortho) -t-i3o«^"',3 1' 3. Acide paraoxybenzoïque : C'^H"0" = i38s'. — On a opéré comme avec l'acide salicylique, » 1 " Acide dissous : C"H''0'diss. + 3Br-diss. = C*0'diss. + 3HBrdiss. + C'-H»Br='0' préc. » L'expérience est très rapide et dure de une minute et demie à deux minutes et demie; cinq expériences. En moyenne : +70*^"', 20 vers 18°. [ ' j Aniicdes de Chimie et de PAjsifjuc, 6" série, t. III, \>. 55-j. ( 29^5 ) » On a contrôlé les résultats comme plus haut. Par exemple, o'^'jSji d'acide paraoxybenzoïque ont fourni Théoi'i Acide bromliydriqiie, litre alcaliraétrique i ,5o35 . i ,4985 » ])ar l'azolate d'argent i,5o6 Phénol tribromé 2,002 2,o4i Ce composé renfermait : brome 73,61 centièmes 7a, 5o » 2° Sel de soude. — Deux expériences ont été faites en partant de l'acide déshydraté, trois avec l'acide hydraté; l'acide étant dissotis imnié- diateiiient dans l'alcali. Les quantités d'acide étaient presque doubles des précédentes. Acide déshydraté, 2 expériences . . +70,87 Acide hydraté, 3 expériences +70,01 Moyenne générale +70,89 » Mêmes contrôles que plus haut. » En tenant compte des chaleurs de neutralisation des acides bromhv- drique et paraoxybenzoïque par la soude, on déduit de ce chiffre pour la réaction opérée par L'acide paraoxybenzoïque dissous. . +70,04 L'expérience directe a donné +70,20 Moyenne +70,12 » Le phénol tribromé obtenu avec l'acide paraoxybenzoïque a été vérifié identique avec celui de l'acide salicylique, d'après son point de fusion et sa chaleur de neutralisation. » On tire encore de là, pour la transformation de l'acide paraoxyben- zoïque dissous en phénol et acide carbonique dissous C'H'O'^ dissous (para) = C"'H«0- dissous + G-0*dissous +i'^''',6-] » De même C"H«0" solide (para) =C'-H«0- solide + C-0' gaz — 7,'5i )) Et réciproquement C'm« 0= solide et C=0* gaz =C"H« 06 solide (para) +7^-1,51 » La formation même de l'acide paraoxybenzoïque par les éléments C" ( diamant) + H«+0'''= C* H' 0« solide (para) +101,4 { 294 ) » 4. Àcide métaoxybenzotqiie : C'^PI^O" = i38^'. — Cet acide dissous absorbe le brome comme ses deux isomères, et il en prend immédiate- ment 6 équivalents, 3Br-, sans donner lieu à aucun précipité. » C'est seulement après quelque temps que l'on voit apparaître un pré- cipité blanc floconneux, mais en petite quantité; 2 autres équivalents de brome sont encore absorbés plus lentement, avec formalion d'un précipité fin, rongeâtre et avec coloration de la liqueur en brun. » Les choses se passent à peu près de même lorsqu'on tait agir, soit 3B. ^ dissous, soit 4Br^ dissous, sur le métaoxybenzoate de soude dissous. » On voit par ces faits que l'action immédiate du brome sur l'acide métaoxybenzoïque n'est pas la même que sur ses isomères; les phénols tribromés ou quadribromés n'apparaissent pas de suite et tout au plus sous l'influence prolongée du temps et de la chaleur. » Pour pousser plus loin, a près avoir fait agir 3Br- dissous sur i équivalent de métaoxybenzoate de soude dissous et mesuré la clialeurdégagée [voir plus loin), on a agité la liqueur avec de l'éther et évaporé; on a obtenu un pro- duit solide jaunâtre, constitué par l'acide métaoxybenzoïque tribromé.En effet, ce composé, obtenu par simple évaporation, est Un hydrate, renfermant Br := 61 , 5 Séché à 1 00°, il a fourni Br = 63 ,9 La formule CH^Br^O'- exige Br = 64,o Celle derhydrateC'*H'Br^0«+H2 0- Br = 6i,i » Il résulte de ces observations que l'acide métaoxybenzoïque fournit par l'action du brome un acide substitué, soluble dans les quantités d'eau employées et analogue à l'acide trichloracétique. Il ne se dédouble pas immédiatement en phénol Iribromé et acide carbonique. Il est probable que ses isomères donneraient lieu à des acides bromes isomères, si l'on opérait à plus basse température, ou dans des conditions convenables. Mais ces acides bromes se dédoublent aussitôt, dans les conditions des ex- périences. » Pour caractériser plus complètement cette diversité, nous avons cru utile de mesurer la chaleur dégagée dans la réaction du brome, employé par équivalents successifs, et de l'acide métaoxybenzoïque. Nous avons trouvé: 1° Acide dissous : Cal C"H«0" dissous 4- Br= dissous -t-2i ,81 1 » +2Br' dissous +44'°S( (Action immédiate). » -+- 3Br' dissous 4-65, 04 ) (^95) C'H^O' dissous + \B,- dissous +66%,. | f^'=''"" lenteetdont le terme ( n'est pas atteint). 2» C'H^NaO'^ dissous -H Br'^ dissous. +22,61 J -r- 2Br' -*-45,o8 > (Action immédiate). -+-3Br^ -f-65,44 1 " -l-4Br- +67,07 ) (Action lenle se prolongeant • + 6Br'- +71 ,^4 i pendant plusieurs jours). » C'est le produit tie la troisième expérience, faite avec le sel de soude qui a servi à extraire l'acide inétaoxybenzoïque tribromé, » Les quatre premiers nombres obtenus avec le sel de soude ne diffèrent pas de ceux observés avec l'acide libre dissous, si l'on déduit la différence de chaleur de neutralisation delà soude par les acides broiiihydriqne et mé- taoxybenzoïque, soit 0,8 environ. Pour passer de là à l'acide tribromé solide, il faudrait ajouter la chaleur de dissolution, prise en signe contraire. Si l'on admettait par analogie que celle-ci est voisine de S'^^'à 6^^"', on arriverait à une valeur fort voisine de celle qui a été observée pour les deux autres acides. » On remarquera que la chaleur dégagée est sensiblement proportion- nelle à la quantité de brome employée : précisément comme avec le phénol dissous (+ 26,3; + 46,5; + 68,4, '^s dérivés étant séparés sous forme solide); avec le pyrogallol dissous (+ 22,4; 4- 43,8 ;+ 6r ,2 : produits dissous) et avec la pyrocatéchine (+14,8; + 3i ,7; +43,6). Les nombres mêmes sont à peu près identiques à ceux du phénol et de la pyrocatéchine. La substitution du quatrième équivalent du brome s'écarte au contraire be uicoup pour le phénol et ses dérivés, ainsi qu'il résulte des expériences propres de M. Werner. » .). Examinons maintenant la chaleur mise en jeu d uis les transforma- tions réciproques des acides oxybenzoïques isomères. Il est facile de la déduire des expériences pour les deux acides qui fournissent aussitôt du phénol tribromé et de l'acide carbonique. En effet, les produits finals étant identiques, on a, dans l'état dissous : pour l'acide ortho- (salicylique) + 72,08, pour l'acide para- : + 70,12. » D'où il suit que la transformation de l'acide salicylique dissous, dans l'acide para-oxybenzoïque, dégage de la chaleur : soit + i*^''',96. » On passe de là aux acides solides, d'après la connaissance de leurs chaleurs de dissolution : soit — 6,35 (ortho) et — 5,58 (para); d'oij résulte C'^Hf^O" (ortho) solide = C* H'' O" (para ) solide, dégage. . +i'^^',i9. quantité très petite et à peine distincte des erreurs d'expérience. ( ^9^^ ) » Il est vraisemblable qu'il en est de même de l'acide méfa , si l'on observe que !a substitution Iribromée dégage une quantité de chaleur voi- sine pour les trois acides (i;o/r plus haut); et que le dédoublement même, en phénol et acide carbonique dissous, ne donne lieu qu'à des effets ther- miques assez minimes, pour les deux premiers acides. » Quoi qu'il en soit, la conclusion demeure acquise pour les acides orthobenzoïque et para-oxybenzoïque. Elle confirme pour les isoméries de position ce qui a été établi déjà, à bien des reprises et dans une multitude d'expériences, par M. Berthelot : à savoir que la transformation réciproque des isomères de même fonction chimique ne donne lieu qu'à des t-lfets ther- miques faibles, et par conséquent à un travail très petit, relativement à celui qui répond aux combinaisons proprement dites, aux polymérisations et aux changements de fonction véritable. » ANATOMIE ANIMALE. — Note Sur l'nnatomie du Dentale; par M. DE Lacaze-Duthieks. « Dans la séance du aS mai dernier, j'ai adressé à l'Académie le résumé d'un travail que mon excellent et savant ami, M. le professeur Hermann Fol, m'avait demandé de présenter. Il ne m'était pas possible à ce moment de vérifier quelques-uns des faits contenus dans cette Note, faits qui sont en contradiction avec les résultats de mes recherches, déjà anciennes, sur le même sujet : .< M. de Lacaze-Diithiers a cru voir, dit M. Fol, un canal efférent pour les produits génitaux, qui déboucheraient à droite de l'anus, par le même orifice que la glande rénale. Je n'ai pas su retrouver ce canal, ..., les glandes sexuelles na'ont paru closes sur elles- mêmes et ne pouvoir s'ouvrir que par déhiscence, soit dans la cavité palléale, soit ien propre à déterminer des ruptures, je ne l'ai point reconnue, bien que la sortie des éléments sexuels eût eu lieu, puisque la cavité du manteau en était remplie. » Reste l'organe rénal. Jamais je n'ai vu sortir les produits sexuels par le rein gauche, et bien souvent j'ai produit la ponte ou la spermatization en pressant légèrement sur le canal excrétmir médian et refoulant ainsi de bas en haut les œufs ou les spermatozoïdes. Toujours c'est par l'orifice droit du corps deBojanus que j'ai vu sortir les produits des glandes mâles ou femelles, très faciles à distinguer par leur couleur blanche ou rougeâtre, suivant le sexe. D'ailleurs, ne serait-il p.is étrange qu'une déhiscence ou déchirure accidentelle se fit toujours du même côté et dans le même corps rénal? » M. Fol dit que j';ii cru voir un canal efférent. Non seulement j'ai cru le voir, mais je suis certain de l'avoir vu, j'ajoute, de l'avoir revu dnns mes études nouvelles. Que mon collègue fasse les préparations suivantes, et je suis assuré qu'il se convaincra de la réalité rlu fait : qu'il couche un C. R., -RS?. 2' S-:7vcstre. (T. Cl, N» 'i.) ^" ( 29H ) Deiitaie luori sur if coté gauche et qu'il enlève fibre par fibre les longs paquets musculaires allant du manteau au pavillon inférieur, il trouvera au-dessous d'eux les cœcums latéraux el la glande génitale, et en haut les culs-de-sac d'un jaune terreux du rein. La préparation est fort difficile. Il ne faut pas s'oublier un seul instant, car un tiraillement un peu trop vif déchirerait le canal qu'il s'agit de découvrir, et la transparence de ses piirois est telle qu'on ne pourrait plus le reconnaître dès qu'il serait vidé. Si la préparation est bien réussie, et, je le répète, la chose est fort difficile, on voit une colonne rougeâtre ou blanche, suivant le sexe, se portant à droite, croisant les muscles, et que l'on peut faire cheminer et conduire jus- qu'au inilieu des cœcums du rein. Alors, en retournant l'animal et ouvrant son manteau, on distingue la sortie des produits des glandes par l'orifice rénal de droite. » Le rein, traité par l'acide chromique, se conserve niieux et ses cellules se désagrègent moins. On peut, en l'ouvrant par sa face antérieure, voir dans le fond de sa cavité l'orifice béant du canal génital. » Enfin, par l'action de l'acide azotique mélangé au centième avec l'eau, les glandes génitales deviennent opaques, leur contenu se coagulant, et les muscles, après un ou deux jours de macération, acquièrent une transpa- rence qui permet de voir ce qui existe au-dessous d'eux. Aussi, lorsqu'on rencontre des individus dont les glandes sont modérément turgides, on voit facilement au travers des bandelettes musculaires devenues transpa- rentes le canal excréteur se porter à droite et se perdre au milieu des digi- tations du corps rénal; ce sonl surtout les œufs formant une série rougeâtre qui se font nettement remarquer, et il m'est arrivé bien des fois de les faire tomber un à un dans le sac de Bojanus. » Je ne crois donc pas qu'il y ait eu erreur de ma part. La difficulté seule de l'observation a pu faire naître quelques doutes. » Il faut enfin observer que le Dentale n'est pas le seul animal chez qui l'on ait beaucoup de peine à trouver l'orifice génital ; dans les Acéphales, dont les organes génitaux s'ouvrent dans le corps de Bojanus, il est à peu près impossible de découvrir l'orifice dans le dédale inextricable formé par les lobules de la glande. Ce n'est que sur les espèces dont les œufs sont colorés, qu'en provoquant la ponte à l'aide de la pression, on arrive à voir p.ir où sortent les germes. Je citerai l'Huître vermeille des Mahonais, qui a des œufs d'une belle couleur rose, d'où le nom qui lui a été donné par les habitants de Minorque. Il me paraît bien incertain, à l'aide des coupes, de tomber sur un orifice situé au fond des innombrables culs-de-sac d'une glande rénale aussi développée que l'est celle du Spondilus gœdero- ( 29!) ) pus, ou Huître vermeille; mais, lorsque les œufs sortent en série, on reton- nait immédiatement la véritable position de l'orifice génital. » M. H. Fol, à qui j'écrivais pour lui faire part de mes recherches nou- velles et à qui je demandais quelle était la méthode qu'il avait employée dans ses études, me répondait qu'il avait pleine confiance dans ses coupes. Je le comprends, car il les fait avec une grande habileté, mais cependant il est nécessaire de s'entendre et je me demande s'il est possible d'admettre la conclusion à laquelle on peut être conduit par ce procédé. Faut-il en effet admettre que : ce qu'une coupe ne montre pas n'existe pas? n'est-ce pas exagérer? car souvent, bien souveut il est fort difficile, sinon impossible, de tomber sur certains points particidiers d'un organe que l'on coupe, et par conséquent de voir des dispositions qui peuvent échapper au rasoir mais qui n'en existent pas moins. » Ce n'est pas la première fois que, pour mes travaux, je rencontre des oppositions qui n'ont eu d'autre origine que l'exagération de la confiance dans une méthode excellente, mais employée d'une façon trop exclu- sive. C'est ainsi-que pour les glandes génitales des huîtres, après avoir cru que j'avais fait erreur sur la position de leur orifice, on a dû, en modifiant les procédés d'investigation, reconnaître le bien-fondé de mes indications. » Un dernier mot sur la Note de mon excellent ami. Je crois que, par les préparations avec l'acide chromiqne, les deux muscles en éventail et dilatateurs des orifices de la circulation deviennent facilement démon- trables, quand on enlève tous les tissus postérieurs à la membrane et au sinus qui les renferment. Il suffit de faire des colorations et de porter la membrane obtenue sous le microsco[)e, pour reconnaître des fibres radiées qui ressemblent évidemment aux autres fibres musculaires de l'animal. » Puisque l'occasion se présente de reparler du Dentale, je dois dire, et j'aurais dû le faire depuis longtemps, que quelques-unes des appréciations contenues dans mon travail méritaient d'être reprises pour-être modifiées. » Quelques-unes d'elles ont été l'objet des observations de M. Kowa- levski et de M. Fol. Pour les excuser, je n'aurais qu'à rappeler que mes recherches ont été faites il y a trente ans et que depuis lors la technique histologique a fait d'immenses progrès. Alors la théorie cellulaire avait peine à se dégager encore bien précisedes faits qui l'appuyaient ou la com- battaient. Il fut de mode à une époque de soutenir que, partout et à tout instant de la vie d'un animal, la cellule ne précédait pas l'état cellulaire ultérieur des organes et cela parce qu'(m ne la voyait pas : il serait plus juste de dire parce qu'on n'avait pas les réactifs permettant de la voir. L'étude dts premières phases embryogénitjues du Dentale était à reprendre : [ 3oo ) aubsi les deux savaiils dont je citais les noms ont eu giandement raison de la rt'f.iire et, à ce propos, je dois remercier M. Kowalevsky de l'attention délicate qu'il a eue de me dédier son travail. » A l'é[)oque oi'i je publiai mes recherches, les observations sur la ra- dula des Mollusques étaient loin d'être ce qu'elles sont devenues depuis, et si j'ai comparé à ce point de vue le Dentale aux Nudibranches d'une façon beaucoup trop restrictive, je n'avais d'autre intention que d'opposer deux types fort différents, quant à leur plan de symétrie, et offrant cepen- dant un organe fort caratéristique de l'un d'eux, la radula. » Enfin, en imposant un nom nouveau au groupe, je croyais, comme je le crois encore, devoir faire disparaître des noms qui reposaient sur des er- reurs. Le nom de Soléiioconques que j'ai donné à ces animaux est exact et partant légitime; ceux de Scaphopodes et de Citrihranches n'ont aucune raison d'être. Jamais le pied du Dentale, à aucun moment de sa vie ou dans quelque état de contraction ou de dilatation qu'on l'observe, n'a res- semblé à une barque ou à un navire quelconque, et les cirres céphaliques ne sont pas des branchies. Par conséquent, on est autorisé a rejeter les mots qui représentent des non-sens, car le respect de la priorité ne me parait pas devoir être poussé jusqu'à continuer l'emploi de noms reposant sur des erreurs. » M. RiciiET donne à ses Confrères des nouvelles rassurantes sur la sauté de M. Jamiii. « Je suis heureux , dit-il, d'apprendre à l'Académie que la santé de notre sympathique Secrétaire perpétuel, M. Jamin, un moment compromise par le développement d'un volumineux anliirax du cou, survenu rapidement diins le cours d'une autre affection, ne nous laisse plus aujourd'hui d'in- quiétude. i> M. Jamin a supporté courageusement et sans chloroforme une dou- loureuse opération ; il est aujourd'hui en pleine voie de guérison. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrului, à la nomination d'une Commission de deux Membres, pour la vérification des comptes de l'année 1884. MM. Chevreul, Miii'CHEZ réunissent la majorité des suffrages. ( 3oi ) »IEMOIRES PRESENTES. M. A. Lefébuue adresse deux Mémoires « Sur le dernier théorème de Fermât », (Commissaires : MM. Hermite, Bonnet, Darboux.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétcel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure île MM. Munier-Chalmas el Schlumberger, intitulée « Note sur les Miliolidées tréiuatophorées ». (Présentée par M. Hébert.) ASTRONOMIE. — Observations de ta comète Barnard faites à l'équatorial de i4 pouces de l'observatoire de Bordeaux. Note de MM. G. Rayet et Flamme. Date 1885. Juillet I I '4 i5 i6 i8 '9 20 Temps moyen de Bordeaux. h m s II. 5. o 10 . 26.23 1 I . i3.36 10.56.21 9.44-34 g.5i .48 '7 '7 '7 '7 •7 17 Ascension droite apparente. h m s 4.31,53 9. 11,00 7.20,59 5.4o,5'2 2.24,92 0.47,31 10.32. 5 16.59. 9,07 Facteur j^arallaxe. 1.475 î,3j4 ï,632 1,589 Ï,I24 Î.279 ï ,627 Etoile de Déclinaison Facteur compa- apparente. parallaxe, raison. Observateur. o ' " — 7. o. 0,5 o,836 a Rayet. ^ 8.41.49,4 0,848 /> Rayet. — 9-'7- 7,8 0,844 c Flamme. — 9.49.26,7 o,85o d Rayet. — 10.54.51,5 0,860 e Rayet. — 11.28.17,8 0,861 / Rayot. — 12. 2.17,7 0,859 8 Rayet. » Les étoiles de comparaison employées ont été, pour le plus grand nombre, observées au cercle méridien de Bordeaux. Leurs positions .sont les suivantes : Position lies étoiles de comparaison. Ascension droite moyenne Étoiles. pour janvier 0. h m s (I (7-8) 17. 16.51,73 b (8) 17. 7-47.52 c (8) 17.10.21 ,80 Réduction au jour. + 2,96 + 2,91 -1-2, «.)<■> Déclinaison moyenne pour janvier 0. o ' " — 6.58.28,9 - 8.45. 7,1 — 9.21 .55,6 Réduction au jour. -*-9'7 -t-9,6 Autorité. Schjellerup 62o3 obs. méridienne. • 302 ) Ascension droite Réduction Déclinaison Réduction moyenne au moyenne au Étoiles. pour janvier o. jour. pour janvier o. jour. Autorité. h m s s o ' " " 8 j ^,g_goi _,5o_ » La comète a environ une demi-minute de diamètre, avec un noyau central de 10* à 11* grandeur. » ASTRONOMIE. — Éléments et éphéméride de la comète Barnaîd {i88j) déduits des observations des 12, 16 et 20 juillet, faites à l'observatoire de Nice. Note de M. Cuarlois, présentée par M. Faye. Eléments. T =3 i885 août 6,50762, temps moyen de Paris. o / // îr =: 27 1 . 5.62, 2 \ Q= 92.18.21,7 ', Équinoxe moyen i885,o. /= 80.34.35,3 ) \ogq = 0,398893. Mouvement diieit. ■■> Ces éléments représentent l'observation ilu milieu de la manière bui- vante : o. — c. coSjSA). = - i",i, Ap = H-o",4. Ephéméride pour 12'', temps moyeu de Paris. IS85. Ascension droite. Déclinaison. logA. intensité. b m s o / fl Juillet 3o 16.45.16,3 —17.14. o 0,253574 0,82 Août I 16.42.58,6 —18. 11. 56 0,259693 0,80 3 16 4o.5o,3 —'9- 8.28 0,266984 0,77 5 i6.38.5i,6 —20. 3.33 0,272420 0,76 7 16.37. ^i'^ —20,57.12 0,278978 0,73 9 16.35.22,4 —21.49.27 0,286634 0,71 " i6.33.5i,8 —22.40.18 0,292364 0,69 '3 i6.32.3o,6 —23.29.48 0,299149 0,66 i5 i6.3i.i8,4 —24.17.68 0,306997 0,64 17 i6.3o.i5,2 -25.4.62 o,3i28o3 0,62 » L'éclat du 9 juillet est pris pour luiité. ( 3o3 ) M. Fate, en présentant ces éléments, signale cette particularité que l'axe de l'orbite est à très peu près couché sur l'écliptique, et par consé- quent sur les plans des orbites des grandes planètes. Il se pourrait donc que, malgré l'inclinaison de 80", cette comète fût périodique, comme la plupart de celles qui présentent cette particularité. ASTRONOMIE. — Résumé des observations solaires, faites pendant le deuxième tiiinestre de l'année i885. Lettre de M. P. Tacchini à uî. le Pré- sident. « Rome, 24 juillet i885. » Pour les taches et les facules, le nombre des jours d'observation, pen- dant ce trimestre, a été de ■^8 : savoir, 21 en août, 28 en mai et 29 en juin. Pendant le premier trimestre, le nombre avait été de 72. Fi relative 'éqiiencc des jours Grandeur relative Nombre des groupes des sans des des de taches 1885. taches. taches. taches. facules. par jour. Avril . . . i5,io 0,00 56,86 49.70 3,48 Mai . 18,68 0,00 86,21 44,93 5,80 Juin . . , 22,36 0,00 l32, 76 45,52 5,31 » A la suite du minimum secondaire des taches qui avait été constaté vers la fin de mars, le phénomène est allé en augmentant pendant le deuxième trimestre, avec un maximum assez marqué dans la grandeur des taches en juin, comparable seulement au maximum du mois d'avril 1884. Les facules, au contraire, ont présenté une diminution par rapport aux va- leurs obtenues pour le premier trimestre. La grandeur relative d'une tache a été pour le premier trimestre 2,77 et pour le deuxième 4591 ! J^s nom- bres resnectifs des groupes, par jour, 4, 4o et 4,83 ; la règle est donc con- firmée, c'est-à-dire que, pour évaluer l'augmentation d'activité, on peut se contenter 4 » On voit donc que les protubérances solaires, ainsi que les taches, ont été plus nombreuses pendant le deuxième trimestre i885, et qu'au minimum des taches en mars correspond un minimum secondaire dans les phénomènes de la chromosphère solaire. En juin, nous avons trouvé huit fois des protubérances qui atteignaient ou dépassaient la hauteur de 2 minutes. » GiiOMÉTRIE. — Observation à propos de la Note récente de M. E. Ilénard sur les seize réseaux des plans de l'icosaèdre régulier convexe ; par M. Em. Barrif.k. « Toutes les figures de la page 284 du t. CI me sont connues et je désire faire remarquer que I, (qui est l'icosaèdre complet, c'est-à-dire le polyèdre le plus étendu qui ait pour noyau l'icosaèdre régulier) est inscriptible dans une sphère; par cette propriété, ce polyèdre à noyau régulier se distingue des autres polyèdres non réguliers à noyau régulier. » Ig^ est un ensemble de dix tétraèdres réguliers enchevêtrés d'une manière bien remarquable autour d'un point. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la fonction Ç(j) de Riemann. Note de M. Bourguet, présentée par M. Hermite. » M. Hermite a donné, dans un récent travail {Comptes rendus, p. r 12), l'extension à tout le plan de l'intégrale / ^ — - par l'expression F{s) + G{s), ( 3o5 ) où l'on a, en supposant en particulier w = i, ^ ' C T OC ,' , I . -> . . . 2 « ( ,v -f- 2 « — I ) tandis que G{s) est une fonction holomorphe donnée par l'intéotale '—^ î et que je représenterai par la série c„ 4- cj +. . .-t- c„s" -h ■ Je me propose de montrer comment on obtient, par une analyse toute setn- blable à celle que j'ai employée à l'égard de la fonction Q(x) de M. Prym, dans une Thèse sur les intégrales eulériennes, la valeur très approchée des coefficients c„ pour de grandes valeurs de l'indice. » Partant à cet effet de la formule j'en conclus d'abord I e et comme ' / (/xy'f'"''— est justement le «''"""'coefficient delà série qui représente la fonction Q(?) = / ^'~' e^'' ^x, en appelant ce coeffi cient c'„, on voit qu'on a I e d'ailleurs, c„>c„. Nous parvenons donc ainsi à tine limite inférieure et une limite supérieure de c„. » Mais on peut obtenir une limite plus approchée de c„. » Nous avons, en effet, 3q c. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N° '•.) 3o6 ) Or le maximum du l'acleur -^ est -5 donc OU, à |)lus lorle raison, _K0 I I + ^ 30 3s ^2 Donc r ^«■^ \ej r(«H-i) 1^ .?-' r (^■)^ . 1 /i\" 1 \2 ) _ 1 /2\" \ln 1 .î- Et, en remplaçant T (- — -\ par sa valeur approchée, ce qui augmente en- core la valeur de l'expression, on a I Il Pour des valeurs un peu grandes de ti, on obtient, par conséquent, , /2e I ce qui est la limite trouvée pour les coefficients de » Afin déjuger du degré d'approximation fourni par la formule appro- ( 3o7 chée, je fais n = 17. La formule approchée donne ''n 0,0000000000002163 Viaie valeur, P], 0,000000000000 i8i4 Différence. .. 0,0000 0000 0000 o34t) » Je me propose de poursuivre ces recherches sur la fonction G{s), et de calculer les valeurs numériques des premiers coefficients c„. Je remarque en terminant que la fonction méromorphe F(i) a, comme la fonction P(x) de M. Prym, la propriété remarquable que l'équation F(5) = o possède une infinité de racines réelles, qui tendent de plus en plus à se confondre avec les pôles, et qu'à l'intérieur d'un cercle de rayon quelconque ayant son centre à l'origine, le nombre des racines est égal au nombre des pôles contenus dans ce cercle diminué d'une unité. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'équilibre (Cune masse fluide animée d'un mouvement de rotation. Noie de M. H. Poincaré, présentée par M. Hermite. « Dans une Communication faite à l'Académie le 20 avril i885, j'ai montré qu'une masse fluide homogène, soumise à l'attraction newtonienne et animée d'un mouvement de rotation, était susceptible d'une infinité de figures d'équilibre, outre celles qui sont déjà connues. J'en ai défini un certain nombre qui, sans être ellipsoïdales, diffèrent infiniment peu d'un ellipsoïde de révolution. J'ai montré que ces figures nouvelles étaient insta- bles. » J'ai reconnu depuis qu'il existe également des ellipsoïdes de Jacobi appartenant en même temps à une série linéaire de figures d'équilibre non ellipsoïdales. » Soient (3, \/p^ — b^, \/p- — c'^ les trois axes de l'ellipsoïde; soit R une fonction de Lamé quelconque de p; soit dp s=(2« + i)R r"— la fonction S conjuguée de R d'après la notation de Liouville. iNous dis- tinguerons les fonctions R, = vr~c% r. = pn/(3^-6% ainsi que les fonctions R3, R4, . . ., R„, ... définies comme il suit ( 3o8 ) fonction K„ sera une londion de l.anii' d'ordre n ne contenant en fadeur ,^i y/j- — c-, ni \l^'^ — b'^ et ne s'annulant que pour des valeurs de p^ com- prises entre zéro et b-. Pour toute valeur n, il y en a toujours une et une seule; S,,So, S^, . . , S„ seront alors les fonctions conjuguées de R,, R,, . . ., R„. Cela posé, tout ellipsoïde de Jacobi satisfera à la condition RjS, _ RjSj s'il satisfait en outre à la condition R»S, ll„S„ il appartiendra à la îois à deux séries linéaires de figures d'équilibre: àsi- voir, la série des ellipsoïdes de Jacobi, et une série de figures 2,j non ellip- soïdales. Quel que soit n, il y aura toujours un ellipsoïde de Jacobi satis- faisant à la condition (i). Nous avons donc démontré l'existence d'une infinité de figures d'équilibre nouvelles ^3, i^, . . ., 2„. M La figure 2„ a mêmes plans de symétrie que l'ellipsoïde si n est pair; si n est impair, elle est symétrique par rapport aux plans des xjr et desxz, mais non par rapport au plan des jz. » Les figures ^3 sont stables, toutes les autres sont instables. )) Les ellipsoïdes de révolution sont stables, s'ils sont moins aplatis que celui qui est en même temps un ellipsoïde de Jacobi (c'est ce que sir W. ïhomson avait déjà démontré eu supposant qu'on imposait à la masse fluide co;7j/;ie liaison la condition de rester ellipsoïdale; cette condition n'est pas nécessaire). Les ellipsoïdes de Jacobi sont stables s'ils sont moins allongés (suivant le grand axe) que celui qui appartient en même temps à la série des figures 23. . » Pour résumer les résultats obtenus, faisons l'iiypothèse suivante : » Supposons une masse fluide homogène, se contractant par un refroi- dissement, et imaginons que ce refroidissement soit .issezlent pour qu'elle conserve un mouvement de rotation uniforme dans toutes ses parties et que l'homogénéité subsiste constamment, » 11 arrivera alors que cette masse, d'abord presque sphérique, affec- tera la forme d'un ellipsoïde de révolution dont l'excentricité ira sans cesse en croissant, jusqu'à ce qu'elle atteigne la valeur 0,81; la masse deviendra ensuite un ellipsoïde de Jacobi, puis une figure I^. Pour expliquer grossiè- rement la déformation qu'elle subit alors, imaginons que l'ellipsoïde soit { 3o9 ) coupô en deux moitiés par un [plan perpendiculaire au grand axe. En de- venant une figure ^j, l'une des moitiés de l'ellipsoïde s'aplatira et se rap- prochera de la forme hémisphérique, l'autre moitié s'allongera au con- traire de plus en plus. Il est difficile de dire ce qui arrivera ensuite si le refroidissement continue, mais l'examen des figures 1^ porte à croire que la masse ira en s'étranglant dans sa partie moyenne pour se [)artager en- suite en deux masses isolées et inégales. » ANALYSK MATHÉMATiQUii. — Sur les différenlitlles des fonctions de plusieurs variables indépendantes. Note de M. E. Goursat, présentée par M. Dar- boux. 0 On connaît, d'après les recherches récentes de M. Darhoux [Bulletin des Sciences matliéniatiquts, 2* série, t. V, p. 3^6 et 3t)5), toutes les fonc- tions de plusieurs variables indépendantes telles que la diflérenlielle [n + iy>=™« est exactement divisible par la différentielle «'*■■"*. Dans un tra- vail qui sera publié prochainement, je me suis proposé de rechercher toutes les fonctions d'un nombre quelconque [x de variables indépen- dantes a;,, a?2, ..., x^, telles que les différentielles «'«"»« et («-1-1)"""* admettent un diviseur commun, fonction entière et homogène des dx^. J'indiquerai rapidement, dans cette Note, les résultats que j'ai obtenus. On trouve trois catégories de fonctions répondant à la question, tout à fait analogues aux trois catégories de solutions trouvées par M. Darboux. » Je démontre d'aboid que tout diviseur commun à d'f et à d"^*J divise aussi toutes les différentielles à partir de celles-là. Dans le cas de deux variables indépendantes, le problème est susceptihle d'une interpré- tation géométrique qui facilite beaucoup la solution. Soient x *ii j les variables, y(x, /) la fonction et S la surface qui a pour équation en coor- données rectilignes (i) z=f{x,j); si d"f Ht d"^'/ sont divisibles par un même facteur X.dx-hYdj, par chaque point de la surface S passe une parabole d'ordre n — 1, située tout entière sur la surface et ayant des équations de la forme ■y — mx -h p, z ^ ax"-' + fix"-- -h . . .-h l, (2) et inversement. Si d"f et d"-^'J sont divisibles par {Xdx ^Ydj-y, pour ( 3io ) la parabole correspondante, il existera un paraboloïde d'ordre n — i où P„_, {x, jr'j désigne un polynôme d'ordre n — i , qui aura un contact d'ordre p — i avec la surface S tout le long de cette parabole. Il est aisé de déduire de là la forme de la fonctiony"(a;, j-). Si le diviseur commun à d"/ et à d''^*J est un facteur linéaire, tel que Xfir + Y rf/, la surface S la plus générale répondant à la question sera engendrée par une parabole d'ordre n — i, ayant des équations de la forme (2), qui se déplace d'une façon arbitraire dans l'espace. ■1 Si le facteur commun à d"fet à d"'^'f est de la forme {Xdx + YdyY, la foncliony^aura pour expression la fonction u étant définie par l'équatioTi X9,(m) -+- }y.,{u) -h '^{u) = o. o,, Ç2. ^ sont des fonctions arbitraires du u, et V{x, /) une fonction en- tière de j:^ et de ^ de degré n — p, dont les coefficients sont des fonctions quelconques de u. » Enfin, si le facteur commun à d"f el à ^"^'y n'est ni un facteur linéaire ni une puissance parfaite d'un facteur linéaire, la surface S ad- mettra plusieurs modes distincts de génération parabolique. Il est aisé de démontrer que la surface sera algébrique et que son équation sera du pre- mier ou du second degré en z, et l'on n'a plus qu'à rechercher, parmi les surfaces de cette espèce, celles qui admettent des systèmes de sections pa- raboliques par des plans parallèles à l'axe des z. On est conduit à deux ca- tégories de surfaces dont les équations sont les suivantes, abstraction faite d'un polynôme arbitraire de degré n — 1 : » 1° Les surfaces ayant pour équation lù P(a;, /) est une lonction entière de degré n -\- p — \ . Pour que d'^J ei c^""^'y aient un diviseur commun d'ordre^ par rapport à dx^ dj, l'équa- ( 3.1 ) tion P(a7, jr) = o devra représenter une courbe plane ayant q points mul- tiples d'ordre /* sur la droite ax + by + c = o. Les q systèmes de sections paraboliques sont dans des plans ayant pour traces sur le plan des xj des droites passant par l'un de ces points multiples; >) 2° Les surfaces ayant j)oiir équation z ^f[oc,j) = Q[x, y) s/R(^77) , Q(a:, jr) désignant un polynôme d'ordre n — i, et R(a;, j) un polynôme du second degré. Les plans des sections paraboliques ont pour traces, sur le plan des xy, les tangentes à la conique 'K[x, y) = o. Soit R(a' -\-hdx, y -\- h dj) = A 4- i^h -\- Ch- ; si (^{x^ y) est divisible par Ri^~', sans être divisible par K^, le diviseur commun à d"fei à d"^*f sera (B^-ACf. » Les résultats précédents s'étendent aux fonctions d'un nombre quel- conque de variables, et, en résumé, on a trois sortes de solutions : » 1. Les fonctions de la forme Il étant défini par l'équation X-, y, {u) -+-...+ Xy,ç^^(^n) +-(];(«) = o et F désignant une fonction entière des or, de degré n — p, dont les coeffi. cients dépendent de u. Le facteur commun à d'^J et à d"'^*/ est la puis- sance /)''""* d'un facteur linéaire. rt IL Les fonctions de la forme J — \i\X,, Xo, ■ . . , x^) yix( J?, , x^i . ■ . , x^j , Q étant un polynôme arbitraire de degré n — 2 et R un polynôme quel- conque du second degré. Le facteur commun à d"/et à d"*'/est une puis- sance parfaite d'un facteur quadratique. » IlL Les fonctions rationnelles de la forme ( 3.2 ) où (fi est une fonction entière de deo;ré n -h p — i — q[p — /) — /, où R est une fonction entière rie rlegré • .. 35 no » » .. 35 80 ne fut pas complète 90 .. 70 .. 70 A 35° environ un maximum de vitesse avait été observé et des recherches ultérieures dé- montraient qu'à + 96°, 6 le temps nécessaire à la transformation est infiniment grand. « Je résume les résultats dans le Tableau suivant : Température. Durée. Observateurs -36° à— l5° 12 jours estim. brute Ruys .3,oà_ 8° 10 » w -^4o° 3o minutes (j^ de jour) Reicher -h6o>> 35 .. + 95'. 6 00 " \> » Le lecteur peut juger ce qu'il y a de commun entre le travail de M. Ruys et le mien. » Je me contenterai de faire deux remarques : 1° Il n'est indiqué nulle part que la transformation ait été provoquée à partir d'un point donné. Or mon travail a eu pour effet de montrer que les études antérieures n'avaient conduit à aucun résultat sérieux, parce qu'on n'avait pas tenu compte de ce fait que le soufre prismatique non touché par un octaèdre peut rester longtemps sans se dévitrifier. » 2° Il n'est dit nulle part non plus sur quelle longueur de soufre à par- tir d'un point donné s'est propagée la transformation pendant les temps indiqués. D'où il suit que, même en supposant le cas le plus favorable aux observateurs, où la période de surfusiou cristalline fut nulle, les temps mar- qués ci-dessus représentent les durées de la transformation sur une lon- gueur inconnue. J'ajouterai que mon travail a surtout porté sur la déter- mination de la vitesse de cette transformation et sur les conséquences que l'on peut tirer de cette mesure relativement aux modifications isomériques que le soufre a subies sous des influences diverses. (M L -Th. Reicher, De Temperatitr der allotropisclte rerandering van de zwavel en haar afhankelijkheid van der druk, p. 29. ;^ii6 ) CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle mélliode d'analyse volumcttique, applicable aux essais des bioxydes de manganèse. Note de M. Paul Char- pentier, présentée par M. Debray. « La nouvelle méthode d'analyse que je vais exposer, et qui est fondée sur l'emploi des sulfocyanures alcalins, évite certaines longueurs ou causes d'erreur, certains inconvénients que présentent les modes d'analyse em- ployés jusqu'ici pour l'essai des bioxydes de manganèse. » En principe, l'appareil que j'adopte comprend un petit ballon A muni d'un bouchon percé de deux trous. Par l'un s'engage un tube fermé pendant l'essai, mais par lequel, l'opération étant terminée et le ballon étant refroidi, on peut faire passer par aspiration ou par insufflation un courant d'air qui, chassant les dernières traces de chlore, les force à venir se fixer dans la liqueur absorbante. Dans le deuxième trou s'engage un tube très court, débouchant dans ini flacon B à deux tubulures ne conte- nant rien, mais entouré d'eau froide; enfin ce flacon B communique par un tube de sûreté avec un ballon C ou un tube à boules renfermant le liquide destiné à fixer le chlore. » Je rappellerai les réactions sur lesquelles sont fondées la nouvelle mé- thode faisant le sujet de cette Note, et celles que j'ai indiquées il y a plus de quinze ans pour les essais alcalimétriques et acidimétriques, les essais de fer et d'argent, les dosages de l'azote et du mercure au moyen des sulfocyanures alcalins. (i) 3RC^AzS= + Fe-0^'3SO' = Fe=(C^4zS^)'+ 3ROSO% (2) Fe=(C='AzS^)'4- 3KOHO= FeH)' + 3KC^AzS= H- 3HO, (3) KOHO +Fe=0^-h-4SO^HO==KOSO»+5HO-4-Fe='0^3SO% (4) Fe-0'3SO^ + 3RC*AzS^==Fe='(C='AzS^)' + 3KOSO% ( AgOAzO» + 2(Fe*0'3AzO^) + RC'AzS' i =AgC^AzS^ + ROAzO^+2(Fe20'3AzO''), (6) Fe^O'3AzO''-^3RC=AzS==Fe=(C='AzS=')'+3ROAzO% (7) 6(FeOSO'+ 7HO) + 3CI = Fe-Cl* + 2(Fe='0^3SO^') + 42HO. (5) » Ceci posé, nous pouvons appliquer la méthode de deux façons diffé- rentes : par suroxydation du fer, ou par le dosage de l'argent. Dans les deux cas, nous supposerons l'emploi du sulfocyanure de potassium. » Premier mode. — Les réactions utilisées seront les n"* (i), (2), (7). ( 3i7 ) Notre burette étant divisée en dixièmes de centimètre cube, nous prépa- rons une solution titrée de potasse telle qu'une division de la burette cor- responde à la précipilation de o*^', oo5 de fer. Le calcul nous indique qu'il faut pour cela dissoudre ido^"" de potasse pure caustique dans i'" d'eau distillée. Nous traitons ensuite dans le ballon A, par l'acide chlorhydrique à la manière ordinaire, i?"' de bioxyde de manganèse qui, s'il était pur, pourrait dégager o?"", 8 i6i de chlore occupant o''%2574 à o" et 760™". Le flacon B arrêtera au passage, en les condensant, les quelques vapeurs d'acide chlorhydrique qui pourraient, par manque de précaution, se dégager avec le chlore. Nous reciieillerons ce dernier dans le vase C, ren- fermant par exemple i'"' d'eau tenant en dissolution lo^'' de sulfate de protoxyde de fer bien pur. Le calcul montre que le chlore dégagé par i*"' de bioxyde pur marquant 100 degrés chlorométriques pourrait suroxyder 6^', 391 de sulfate. » L'opération terminée et le chlore chassé des vases A et B, nous ajou- tons à la solution ferrosoferrique une petite quantité de chlorhydrate d'ammoniaque, puis du sulfocyanure de potassium; une magnifique colo- ration rouge sang se produit. Nous y versons alors la solution titrée de potasse jusqu'à décoloration. Le nombre N de divisions employé indiquera du premier coup le volume en centimètres cubes de chlore que peut dégager i^'^ de l'oxyde essayé. Nous aurons alors un Tableau à deux colonnes, dont la première renfermera les valeurs de N; la seconde, celle des degrés chlorométriques correspondants D. N. D. N. D a58 100,12 3.57,7 100 129 5o,o6 128,85 5o o 0,00 0,00 o a Deuxième mode. — Ici, nous utiliserons les réactions (5) et (6). Nous savons quele poids de bioxyde de manganèse pur nécessaire pour dégager i'" 43 5 de chlore à o" et 760'""' est égal exactement à 3,17 x Tg^ = 35^,884. Nous traitons donc 3"^', 884 de bioxyde et nous recueillons le chlore dans i''' d'eau renfermant iS*'", 180 d'azote d'argent pur cristallisé. Nous ajoutons ensuite une goutte d'azotate de sesquioxyde de fer et nous versons la li- queur titrée de sulfocyanure de potassium, préparée de telle façon que 5oo divisions précipitent i5s%i8o d'azotate d'iugent. Si l'oxyde est pur, ( :^i8 ) tout l'argent a été précipité par le chlore; une goutte de sulfocyanure fait alors apparaître la teinte rouge immédiatement. Si le bioxyde n'a pas dégagé de chlore, nous serons amené à verser 5oo divisions avant la coloration. Le o de la burette correspond donc au degré chlorométrique loo. Le nombre n de divisions versé indiquera donc immédiatement le degré chlorométrique selon le Tableau suivant : n Degrés d. aSo 5o 5oo o » Remarquons que les valeurs d, qui donnent les centièmes de litre de chlore obtenus, indiquent également les centièmes de manganèse pur con- tenus dans l'échantillon. » Ces deux modes sont rapides et sûrs. L'avantage principal de ces mé- thodes est dû à l'extrême sensibilité de la réaction (i), qui est telle que la présence de jôôo¥!h5 ^^ ^^^ P^""^ ^^^^ signalée. » THERMOCHIMIE. — Chaleur de formation des alcoolates alcalins. Note de M. de Forcrand,, présentée par M. Berthelot. « J'ai fait connaître antérieurement plusieurs séries d'expériences rela- tives à ce genre de combinaisons, notamment sur la chaleur de formation des éthylate et méthylate de soude, et du glycolate de soude bibasique (' ). » Il résultait de ces premières données que la molécule d'eau H-O*, con- tenue dans la formule des alcools C-"H^" (H-0^) ou des acides alcools C-"H-"~^ (H°0-)(0''), agit sur le sodium et sur la soude pour former des alcoolates, en dégageant à peu près la même quantité de chaleur que si cette molécule d'eau H^O^, isolée, agissait sur le métal ou son oxyde. » Je me suis proposé de rechercher si ces analogies se poursuivent, soit lorsqu'on remplace le sodium par un autre métal alcalin, soit lorsqu'on substitue aux alcools méthylique et éthylique quelques-uns de leurs homo- logues supérieurs. La chaleur de formation des oxydes des trois métaux alcalins que j'ai employés étant connue, elle peut servir de terme de com- paraison. {•) Comptes rendus, t. XCVI, p. l'jaS, et t. XCVII, p. io8. ( 3i9) » Réservant l'étude des divers alcoolates formés par les alcools, j'ai seulement déterminé, dans ce travail, la chaleur dégagée lorsqu'on dissout, dans un grand excès de ces corps, le sodium, le potassium et le lithium, c'est-à-dire dans la réaction M solide -h {m ■+■ i) C^" B-" {W- O^- ) \iq. = H gaz + C'«H-"(MHO=) dissous dans /kC='"H-«(H^O'). ' J'ai pris constamment m = ôo'i, m'étant assuré par plusieurs expé- riences que cet excès d'alcool est suffisant pour que l'addition d'une nou- velle quantité d'alcool au liquide obtenu ne produise plus aucun effet thermique. )) L'appareil calorimétrique que j'ai employé est une fiole de verre mince de i5o™, ajustée à un serpentin dont le développement est de i"", 5o et qui entoure la fiole. Ce serpentin communique avec un tube abducteur qui permet de recueillir les gaz sur le mercure. La masse en eau des appa- reils en verre est de iS^"^; iisplongent presque complètement dans 500*=° d'eau placés dans le calorimètre en platine de i'". Au moyen d'un dispositif très simple, on suspend avant l'expérience le fragment du métal pesé, dans une petite nacelle en fil de platine qu'on peut faire plonger dans le liquide en abaissant une tige de verre qui supporte la nacelle. » J'ai obtenu les résultats suivants, à -+- 20°. » Alcool méthylique. — Cet alcool, purifié par distillation, avait été transformé en éther oxalique, puis régénéré et deshydraté. Cal Dissolution de Na , -1-48, o3 Dissolution de K ^-5o ,g3 Dissolution de Li -t-55, 10 » Alcool éthylique. — L'alcool anhydre provenait de la distillation de l'éthylate de baryte alcoolique. Cal Dissolution de Na -(- 44 > 7" Dissolution de K +49 ' ^^ Dissolution de Li -h5i ,5o » Cette dernière donnée ( -l- 5i,5o) est un peu incertaine, à cause de la lenteur de la dissolution; mais le nombre véritable est certainement com- pris entre ■+- Si^"' et -V- Sa'^*'. » Pour les homologues supérieurs, la dissolution du lithium est telle- ment lente que toute détermination devient impossible. ( 320 ) » Jlcool fji'opylùfue (de fermenlation). — Point d'ébullition, + 97", 5 à + 98°(H = 765); densité, o,8oi{t= -h 24°) : Dissolution de Na + 42'^'", 35 Dissolution de K . . . -+- 47'^"', 68 I Pour les autres alcools, j'ai pu seulement dissoudre le potassium, le sodium étant trop lentement attaqué. )) Alcoot isobutylique (de fermentation). — Point d'ébullition, 4- 108° à -Mo8<',5(H = 765); densité, o,8oo(/ = -+- 24°) : Dissolution de K + 41'^''', 88 » Alcool amylique (de fermentation ) — Point d'ébullition, -f- i3o°,i à + i3o°,8(H=:r ^65); densité, o,8o8(< + 26°): Disàoluiion de K + 45'^'', ^4 » Ces trois derniers alcools, que je dois à l'obligeance de M. Puchot, proviennent des expériences de MM. Is. Pierre et Puchot sur les alcools de fermentation; soigneusement purifiés par distillation, ils ont été déshy- dratés par le carbonate de potasse fondu, et distillés. " J'ai dij déterminer la chaleiu' spécifique des alcools propylique et iso- butylique. J'ai trouvé, de + 20° à + 5o" : C^H'O^.. 0,593 pour 18', ou 35,58 pour i''i = 6o8'' CH'^O^. 0,610 pour is', ou45, i4 pour i'^^^i= 74^"' II Rapprochons ces résultats de ceux qu'a obtenus M. Beketoff pour la dissolution de ces métaux dans l'eau : Na... +43<=-",io K.. -i-47Cai,8o Li... 4-48c»',8o('). » Il convient de remarquer que les alcools isobutylique et amylique ne sont pas des alcools primaires normaux; aussi, les résultats qu'ils four- nissent doivent-ils être mis à part, puisqu'ils ne sont pas comparables aux trois premiers. » Pour les autres alcools, on voit immédiatement que les nombres obte- luis sont très voisins de ceux qu'on trouve avec l'eau, tout en diminuant un peu et régulièrement à mesiu'e que l'équivalent s'élève. De métue, [)our chaque alcool, la chaleiu" dégagée augmente lorsqu'on passe du sodium au litliiiun ; celle que fournit le potassium est intermédiaire. (') J'ai trouvé pour le lithium qui servait à mes expériences -I- 48*^^', 65 pour la cha- leur de dissolution dans l'eau, nombre qui concorde avec celui de M. Beketoff. ( 321 ) » L'analogie que j'ai signalée précédemment entre le mode d'action de l'eau et des alcools sur les métaux alcalins se retrouve do!;c et se géné- ralise. » Si l'on fait les différences des c'naleurs dégagées pour un même métal, lorsqu'on passe diin alcool C-"H-"(Fl-0-) à un autre, on trouve : » Pour le sodium : De a; ^^ I à « r^ 2 — 3*^"', 33 De « = 2 à « =; 3 — 2^"', 35 w Pour le potassium : De // ^ r à « = 2 — i'^»',68 De « := 2 à /< =; 3 — i*-"', 5^ » Pour le lithium : De « = I ù n ^zz 1 — 3''''',6o » Afin de poursuivre l'étude de ces analogies et de ces différences, je me piopose d'étendre ces déterminations aux alcoolates solides. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le peptonale de /tr. ^ole de M. Maurice Robi.v, présentée par M. Berthelot. « Eu étudiant les propriétés du peptonate de fer, j'ai remarqué que le fer est dissimulé par la présence de la glycérine, mais à la condition que celle-ci soit ajoutée à l'avance. Voici comment je procède : » Je mélange une solution de peptone avec une certaine quantité de perchloiure de fer oflicinal; j'ajoute de la glycérine, et je termine en ajoutant une quantité suffisante d'ammoniaque pur à '60°. L'ammoniaque forme d'abord un magma de sesquioxyde de fer, puis ce précipité est re- dissous par l'addition de quelques gouttes d'ammoniaque. La liqueur doit devenir finalement neutre au papier tournesol, claire et transparente. » Si l'on prend d'abord le mélange de peptone et de perchlorure de fer, ce mélange donne, avec le lerrocyanure, la réaction bleu de Prusse. » Si, au contraire, on prend la liqueur finale, aucune réaction n'est ob- tenue, ni par le ferricyanure, ni par le ferrocyanure; ce qui ferait supposer que cette solution n'est pas ferrugineuse; mais, en y ajoutant quelques gouttes d'acide chlorhydrique pur, on obtient facilement un beau précipité bleu de Prusse. C. K.. 1883. 2' Semestre. (T. CI, M» i.) 4 ' ( 3.2 ) » Si l'on essaye d'obtenir cette redissolution au moyen de l'ammoniaque, sans avoir mis de peptone, cela est impossible. » Il en est de même si, ayant fait le mélange de peptone et de perchlo- rnre de fer, on ne met pas de glycérine. » Si, ayant ajouté la quantité d'ammoniaque reconnue d'avance comme suffisante, on ajoute, après le magma formé, la glycérine en dernier lieu. elle ne sert plus de rien. Elle doit donc, pour être utile, intervenir au mo- ment de la décomposition du perclilorure de fer en sesquioxyde et chlor- hydrate d'ammoniaque. » La liqueur de peptonate de fer est parfaitement dialysable; elle peut se mélanger au sang et à toute autre matière alcaline, sans réaction, ni décomposition. On a administré 7S' de ce peptonate de fer par la voie rec- tale à un chien, qui a pris en même temps par l'estomac du ferricyanure de potassium : le sang coagulé de cet animal n'a présenté aucune colo- ration bleue dans son sérum, tandis que cette coloration était facilement obtenue dans les urines par l'addition de quelques gouttes d'acide clilor- hydrique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur trois nouveaux composés du rhodium. Note de M. Camille Vincent, présentée par M. Friedel. « Le sesquichlorure de rhodium Rh-Cl° peut se combiner avec les chlorhydrates de mono-, de di- et de trir-méthylamine. Les aminés que j'ai employées ont été obtenues par les procédés indiqués dans une précédente Note {Comptes rendus, t. C, u° 2, 12 janvier i885). Le rhodium a élé extrait de résidus d'attaque de minerais de platine, que MM. Lebrun et Desmoutis ont généreusement mis à ma disposition. » Ce rhodium a servi à préparer le chlororhodate d'ammonium, qui a été purifié par cristallisations dans une dissolution bouillante de sel ammo- niac, puis transformé en chloro-amidure; ce dernier a laissé par calcina- tion le rhodium pur. » Le chlorure de rhodium hydraté a été obtenu selon le procédé de MM. Sainte-Claire Devilie et Debray, en chauffant au rouge i partie de métal en poudre fine, avec i partie de baryte anhydre et 3 parties d'azotate de baryte. » Le produit calciné a été attaqué après pulvérisation, par 10 parties d'acide chlorhydrique étendues de 20 parties d'eau. La liqueur, addi- tionnée de I partie d'acide azotique, a été traitée par l'acide sulfurique, ( 323 ) jusqu'à complète précipitation de la baryte. Le liquide éclairci par le repos, décanté, a été évaporé à sec an bain-niarie, afin de rendre insoluble la silice provenant de l'attaque du creuset. Le chlorure de rhodium, redis- sous dans l'eau, a donné, après filtration, le liquide avec lequel j'ai pré- paré les chlororhodates. Pour obtenir ces composés nouveaux, il suffit de mélanger des dissolutions concentrées et chaudes de chlorure de rhodium et de chlorhydrate d'aminé. Par refroidissement et surtout par évaporation dans le vide, on obtient les chlorures doubles cristallisés. On facilite la cristallisation de ces produits en ayant soin de mettre un excès de chlor- hydrate d'aminé, dans lequel le chlorure double est moins soluble que dans l'eau pure. » 1° Le chlororhodate de mono-mélhylammonium se présente sous forme de longs prismes minces, se groupant volontiers autour d'un centre. » Ces cristaux sont d'un beau rouge grenat foncé; ils sont anhydres et peuvent être maintenus à l'étuve à ilio" sans altération. Ils paraissent être orthorhombiques. » L'analyse de ce composé a donné ; Calculé Trouvé d'aprè» la formule pour 100. Kh'CI', (AzH'CH^CI)'. Rli 21,45 •21,64 Cl 51,57 51,72 AzH'CH' 25,90 26,64 98,92 100,00 » Ce chlorure double correspond, comme on le voit, au chlorure hydraté Rh='Cl«,8H=0. » 2° Le chlororhodate de diméthylammonium se dépose, soit par refroidissement, soit par évaporation lente, sous forme de gros prismes rouge grenat foncé efflorescenis. Ces cristaux ont été mesurés par M. Frie- del. Leur forme primitive est ortliorhombique mm =']&', i (angle des normales) b\h. = 2,0126. lis présentent les faces /*', b' , h', cette dernière peu développée. Angles. Calculé. i J. " " ' i^ b- en avant 53 . 28 ,5 » JL J b^ b^ de coté 70.17,5 » /,»/i3 66 à 68. 4,0 68.40 mm » 76. I 6«A' 45.45 45.49 ( '.^^4 ) » Lps faces sont assez brillantes, mais rionnent des images très étendues, surtout celles du prisme //' . » L'analyse de ce com|iosé desséché a donné Rh. Cl . Calculé Trouvé d'iiprès la Tormule lour 100. Rh>Cl'',[AzH=(CH')'CI)«. 22,82 9,2,85 46, 40 46,8. » Ce sel cristallise avec 3H*0, comme le chlororhodate d'ammonium. » 3° Lechlororhodate de triméthylammoniimi se dépose par évaporation lente sous forme de longs prismes grenat, très solubles dans l'eau, renfer- mant qH^O. Tis s'altèrent très rapidement. » L'analyse de ce produit desséché a donné Rh. Cl. Calculé Trouvé d'après la formule Dur loo. Uh'Cl«[Az(CH')'CI]^ 20,48 ?,o,qo 4?., 35 42,86 1) Soumis à l'action de la chaleur, ces trois chlororhodates fondent d'abord, puis brunissent et se boursouflent en se décomposant. Ils laissent un résidu de rhodium et de charbon qui, par incinération, donne le rhodium sous la (orme d'une époïige légèrement oxydée à la surface; chiiuffé un instant dans l'hydrogène, le métal est parfaitement pur. » L'addition de l'azotate d'argent dans la dissolution des chlororho- dates, donnant un précipité de chiorothodate d'argent, rose chair, il faut, pour doser le chlore dans ces produits, les décomposer d abord par une dissolution de carbonate de sonde dans un creuset de platine, dessécher le mélange et le fondre. Ou détruit ainsi le cldorure de rhodium et on obtient un chlorure alcalin, qu'on sépare de l'oxyde de rhodium par l'eau. On peut alors, après acidification par l'acide azotique, précipiter le chlore au moyeu du nitrate d'argent. » GÉOLOGIE. — Oiiqine et mode de formation de certains minerais de manqa- tièse. — Leur liaison, au point de vue de l'oriyine, avec la baryte nui les accompagne. Note de M. Dieui.afait. « L'origine et le mode de formation des minerais de manganèse con- stitue l'une des qtiestions qui m'ont le plus préoccupé dans mes recher- ches de géologie chimique, et cela pour deux raisons principales : la pre- ( ?5.' ) mière, parce que les minerais tl« manganèse sont, de tous les minerais métallifères, ceux qui ont subi le plus grand nombre de transformations, avant d'atteindre l'état d'équilibre stable sous lequel tious les voyons aujourd'hui; la seconde, parce que les combinaisons de manganèse se précipitant ou restant solublesdans certaines conditions générales, parfai- tement définies au point de vue chimique et au point de vue géologique, l'accumulation exceptionnelle ou l'absence au moins relative du manga- nèse, dans de grands groupes de roches, constituent des arguments d'un très grand poids en faveur du mode de formation de ces roches elles- mêmes. » Parmi les divers types de minerais de manganèse, il en est tui dont l'importance l'emporte de beaucoup sur tous les autres : c'est celui qui montre le manganèse encaissé dans des cavités de toutes les formes pos- sibles, loiijours ouvertes dans des calcaires compacts. Quand on examine ces sortes de gisements, l'observation la plus superficielle suffit pour montrer que ces minerais, non seulement ne sont pas contemporains des calcaires, mais ont été introduits, après coup, là où ils existent aujourd'hui, tenus en dissolution dans un liquide qui corrodait la roche calcaire, ou après qu'un liquide corrodant avait ouvert, par dissolution, dans les roches calcaires, les cavités aujourd'hui occupées par les minerais manganési- fères. Ce sont les minerais de ce grand groupe dont je commence aujour- d'hui l'étude; je prends pour type le gisement considérable qui s'étend sur les communes de Biot, Roquefort et Villeneuve (Alpes-Maritimes). » Ce gisement est associé et constitué de la façon suivante : à l'extérieur, un cirque de montagnes formées de calcaires compacts, appartenant, en général, à l'oxfordien et au corallien : au centre, des sédiments tertiaires formés, au bas, par d'énormes dépôts de sable recouverts par l'horizon à nummulites des Alpes, puis de puissants dépôts de tufs volcaniques. » Le minerai de manganèse qui occupe en longueur un développement de plus de io'""se montre dans deux positions très nettes par rapport aux terrains encaissants : i° il existe, et c'est la plus grande partie, toujours an contact des calcaires compacts jurassiques et du terrain tertiaire; 2" l'autre portion se montre en plein calcaire, mais cependant toujours à une faible distance des dépôts tertiaires. Dans les deux cas, le manganèse occupe des cavités, des poches, des cavernes, etc., absolument identiques, comme physionomie générale, et même, comme détails, aux cavités qui, sur les causses du sud et du sud-ouest de la France, renferment les phos- ( U6 ) phorites et les dépôts sidérolithiques que j'ai étudiés dans un récent Mé- moire {Annales de Chimie et de Physique, i885). » Les vastes masses de sable par lesquelles débute la formation tertiaire, dans la région de Biot, sont des produits évidents de la destruction de roches primordiales : quartz, mica et feldspath décomposé. Dans des re- cherches antérieures, j'ai montré que toutes les roches de la formation primordiale renferment, à l'état de dissémination absolument complète, de la baryte, de la strontiane, de la lithine, du cuivre, du zinc et du man- ganèse, ce dernier étant de beaucoup le plus abondant. J'ai repris cette élude, eu l'appliquant aux sables et aux minerais de manganèse de Biot. J'ai d'abord examiné soixante-deux échantillons, pris d.Mis toute la région dessables. Tous m'ont donné de la baryte, de la strontiane, delà lithine, du cuivre et du zinc. J'ai ensuite étudié vingt-deux échantillons de manga- nèse. Dans tous, j'ai immédiatement reconnu la présence de la baryte, et, pour huit cas, en partant seulement de 28''de minerai : il en a été de a)éme pour le zinc et le cuivre. Ce dernier résultat, c'est-à-dire le fait delà dissé- mination absolument complète du zinc, du cuivre et surtout de la baryte dans le minerai de manganèse, conduit à cette importante conclusion que le minerai de manganèse et les corps qui l'accompagnent, la baryte en particulier, sont certainement contemporains et ont très probablement la même origine. » Les sables de Biot comprennent trois types : i° sables blancs, conte- nant très peu de fer et de manganèse ; 2°sables rouges, richesen fer, pauvres en manganèse; 3° sables grès ou plutôt grès gris, riches en manganèse. Ces trois types ne correspondent en aucune façon a une dioiéine géologique ou même pélrograpbique. L'examen des lieux ne permet pas de douter un seul instant que primitivement toute la masse des sables ne correspondît an type n" 3, et que les deux types n" i et n" a ne soient arrivés à l'état où ils existent aujourd'hui par l'action seule des eaux aérées qui, agissant sur eux, ont dissous le fer et le manganèse dans les sables blancs, et une partie du manganèse dans les sables rouges. » Le rapprochement et la comparaison des faits géologiques et chimi- ques qui viennent d'être résumés permettent de considérer les minerais de manganèse de la région de Biot comme étant le résultat de l'action de l'eau sur les sables avec lesquels les dépôts de manganèse sont le plus sou- vent en contact. Cette conclusion s'appuie surtout sur les trois séries de faits suivants: i" les sables tertiaires de Biot renferment, encore aujourd'hui, ( 327 ) des quantités de manganèse bien des fois supérieures à celles qui se trou- vent isolées dans les gisements exploités actuellement; 2° on voit encore en action, à l'heure actuelle, les agents qui ont séparé le minerai de manga- nèse; 3" le minerai de manganèse de Biot contient à l'état de détermina- tion complète plusieurs corps très spéciaux, notamment du zinc, du cuivre et surtout de la baryte, corps qui se retrouvent dans les sables avec le manganèse. » Quant à l'explication de ce fait, que les combinaisons de manganèse se sont séparées de celles du fer et sont venues s'isoler au contact de cal- caires compacts jurassiques, ou même complètement au milieu de ces calcaires, c'est une question complexe, mais les lois de la Thermochimie me permettront d'y répondre prochainement d'une manière complète. » ZOOLOGIE. — Sur im état nouveau de RIxizopodes réticulaires. Note de M. de Folin, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Parmi les formes des Rhizopodes réticulaires appartenant à la tribu des Nus, c'est-à-dire de ceux qui vivent sans enveloppes, nous avons dis- tingué de remarquables sujets constitués par une sorte de gaine submem- braneuse se développant en tubes contenant du sarcode. Ces tubes pré- sentent de nombreux rameaux dont les enchevêtrements s'entre-croisent sur plusieurs plans, ce qui donne à l'ensemble l'aspect d'un réseau irrégu- lier. Ce sont les Pseudaïk/s. Nous les trouvons abrités dans toutes les cavités que présentent les vieux tests perforés; à ta façon dont ils les rem- plissent, à la multiplicité des branches qui les composent, on pourrait croire qu'ils ont eux-mêmes creusé leurs abris. Quelques observations nous ont fait voir qu'il n'en était rien. Une circonstance on ne peut plus significa- tive vint dissiper tous les doutes à cet égard : ce fut la rencontre d'un magnifique exemplaire de Pseudarkys habitant les loges d'un Dentalina et en ayant adopté les formes. On le distinguait assez bien au travers du test à demi transparent, et dans cette position il offrait une preuve fort claire que l'organisme appartenait bien à la tribu des Nus. A sa naissance, il s'était introduit dans l'asile, et en grandissant il avait moulé le système de son branchage sur les parois internes. •0 Le même animal, variant de dimensions suivant les retraites dans lesquelles il s'était retiré, s'est rencontré dans un assez grand nombre des dragages du Travailleur, mais l'espèce paraît demeurer la même. Un de ceux du Talisman nous fournissait, au contraire, un exemple d'un chan- : -62% ) gement dans la façon de s'abriter, employée par cet organisme. Le bran- chage, an lieu de pénétrer dans une retraite toute faite, s'entourait de cor- puscules et surtout de Globigérines se trouvant en grande abondance sur le fond où il vivait. Dans quelques cas, l'enveloppe n'étant pas achevée, il fut facile de voir comment les éléments se trouvaient réunis et cimentés par le sarcodesrae. Dans cette nouvelle condition, presque toujours une masse de sarcode se trouvait amassée, constituant, suivant toute probabilité, comme une sorte de réserve destinée à se transformer en tubes se greffant sur ceux existants. Celte nouvelle manière de vivre abrité, différant essen- tielltment de la première, devenait la source d'un nouveau genre, Ain- pliiexis, de la famille des Pseiidnrkysiœ. M Dans un dragage récent exécuté un peu au large de la côte sud du golfe de Gascogne, sur un fond de sable à gros grains, nous avons trouvé cpielques échantillons à' Ainphiexis, c'est-à-dire des organismes semblables à ceux capturés par le Talisman, mais en différant par l'enveloppe. L'enve- loppe, au lieu d'être composée de Globigérines, est formée d'un assem- blage de grains de sable, de petits tests de Mollusques ou de leurs débiis et d'un peu de vase. Ils en diffèrent également en ce que le sarcode qui enveloppe le système branchu est beaucoup plus condensé sur les sujets de noire côte. » La découverte la plus intéressante que nous ayons faite est celle d'un troisième état des Pseudarkjsiœ. C'est sous la forme de petits cailloux ou graviers et avec leur dureté que cet organisme se présente. La ressemblance est si parfaite qu'on s'y trompe facilement. » L'organisme s'imprègne d'ime pâte qu'il forme avec des corpuscules étrangers et du sarcodesme, établit ainsi une sorte de gâteau, qu'il glace, on pourrait dire, en le recouvrant d'une composition de sécrétion et de sarcode, tout à fait analogue à celle qui constitue les tests des Foraminifères porcelanés. Le recouvrement est aussi lisse, aussi poli, aussi brillant, aussi dur que le sont ceux-ci; mais, au lieu d'être blanc, il est coloré en plusieurs nuances. Le sarcode qui enveloppe le système branchu est fortement con- densé. Si l'on brise un de ces petits pseudo-cailloux, la cassure est de celles que l'on nomme grasses. Ce nouvel état donne donc lieu à l'établissement du genre Litliozoa, et nous croyons qu'on pourra le diviser en plusieuis espèces. » ( 329 PATHOLOGIE. — De In Mégaloscopie. Note de M. Boisseau du Rocher, présentée par M. Larrey. « J'indiquerai d'abord le principe optique qui m'a guidé dans la con- struction d'une série d'instruments pour l'inspeclion des cavités, notam- ment V estomac, la vessie, le rectum (t^syai;, grand; axiiv, image; moizelv, voir). » Étant donné un tube de o'°,oo7 de diamètre et de o",5o de lonç, faire passer par ce tube l'image d'un objet très rapproché, ayant o™,2o de côté, tel était le problème. Pour cela, avec un objectif convenablement disposé, je réduis à des dimensions microscopiques l'image de l'objet à observer. Cette image, visible à la partie inférieure de l'instrument, est alors examinée au moyen d'une lunette, à laquelle je donne le nom de lu7wtte mégoloscopiqiie. On comprend que, avec des lentilles de foyers con- venables, on puisse grossir l'image réduite de l'objet, et, par conséquent, l'observer avec les dimensions normales de cet objet. )) L'application de ce principe est la suivante : L'instrument est formé d'un tube, on sonde, terminé à sa partie extrême par une lanterne, à l'in- térieur de laquelle se fixe une lampe à incandescence. Au-dessus, est la partie optique qui réduit à des dimensions microscopiques l'image de la muqueuse à observer. Cette partie se compose d'un prisme à angle droit; au-dessus, deux lentilles plans-convexes, se regardant par leurs convexités, m'ont donné le meilleur résultat, tant au point de vue du rapetissement de l'image et du champ observé qu'au point de vue de la déformation, qui est ainsi nulle. A l'extrémité opposée, se fixe la lunette mégaloscopique, qui est constituée par un objectif et un oculaire de grossissements conve- nables. )) Les avantages de cette disposition sont les suivants : d'abord, l'adap- tation à la vue de chaque observatenr se fait extérieurement, au moyen de l'oculaire, ce qui supprime tout mécanisme intérieur. Cela permet, tn outre, de substituer à ce premier oculaire, mobile, un second oculaire d'un plus fort grossissement. On observe alors la muqueuse, et les lésions qu'elle présente, comme au moyen d'une loupe. En second lieu, la mise au point proprement dite est nulle. Cette proposition, qui n'est pas exacte théoriquement, l'est cependant pratiquement. L'image réduite, qui se forme dans l'espace, ne se déplaçant que d'une très faible quantité, en rapport avec le plus ou moins grand éloignement de l'objet observé, la mise au C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, K» -S.) 4 2 ( 33o ) point est négligeable : l'œil de l'observateur fait lui-même, inconsciemment, sa propre mise au point, et les différentes parties de la muqueuse, situées sur des plans différents, sont ainsi vues dans leur ensemble avec la même netteté, ce qui était de première importance. » Pour la vessie et pour le rectum, les tubes ou sondes sont droits. Pour l'estomac, la sonde est formée d'une double sonde : l'une, coudée, logeant un [irisme long de o", 07, placé entre l'image réduite et la lunette; l'autre, droite, rentrant dans celle-ci, et dont les mouvements de descente et de montée et les mouvements de rotation sont commandés par des mécanismes extérieurs, » Un dernier perfectionnement, qui est à l'étude, est la reproduction photographique de l'image mégaloscopique. M Enfin, cet instrument démontre que le résultat obtenu est et sera toujours le même, quelque long quesoit le tube à l'extrémité duquel se forme l'image réduite, quelle que soit la distance de cette image à la lunette et à l'œil de l'observateur. » La pile motrice est la pile à circulation par pression d'air, que j'ai présentée, pour la galvanocaustique, à l'Académie de Médecine, dans la séance du 24 février i885. » MÉTÉOROLOGIE. — Observation de la couronne solaire, faite sur l'Etna; réapparition de lueurs crépusculaires. Lettre de M. P. Taccbini à M. le Se- crétaire perpétuel. « Rome, 24 juillet i885. » M. Forel écrivait récemment que, sur les hautes montagnes, lorsque le ciel est serein, la couronne solaire ou le cercle de Bishop est tellement ap- parent, qu'il frappe tous les observateurs; il ajoute que les montagnards et les Alpinistes sont d'accord pour affirmer que c'est là un phénomène nouveau. Je puis ajouter une observation que j'ai laite, il y a peu de jours, et qui confirme le fait de la visibilité de la couronne sur les hautes mon- tagnes. » Au commencement de juillet, je suis monté sur l'Etna, et, tandis que, à Rome, Naples, Messine, Catane, le Soleil se montrait entoui-é d'une large couronneblancliCjj'ai été surpris de constater que, près du volcan, à33oo™, par un ciel très pur d'un bleu foncé, on voyait le Soleil entouré d'une auréole blanche, concentrique à une magnifique couronne rouge-cuivre. La couronne se transformait, près de l'horizon, en un arc moins défini et ( 33i ) d'une amplitude plus grande, à peu près comme on l'observait à Rome l'année dernière, ainsi que je l'ai signalé dans les Comptes rendus. » Je dois cependant ajouter que, depuis le 2 juillet 1 885, j'ai constaté la réapparition des phénomènes crépusculaires rouges et du grand arc, au le- ver et au coucher du Soleil. Quoique ces phénomènes se montrent aujour- d'hui bien plus faibles que ceux de 1 883 et i884, les alternatives observées, y compris la disparition même du phénomène, me semblent démontrer qu'on ne doit pas les attribuer à l'explosion du Krakatoa. » ASTRONOMIE. — Sur Corigine cosmique des lueurs crépusculaires. Note deM. José J. Landerer, présentée par M. Janssen. « Ainsi que l'observation le montre, les lueurs crépusculaires ont acquis, dans les derniers jours de mai et les premiers de juin, une intensité extraordinaire. Comme c'est moi qui, le premier, ai fait voir les raisons qui militent en faveur de leur origine cosmique, en les attribuant à la comète Biela-Gambart, je ne puis m'empêcher de signaler un argument de plus à l'appui de cette hypothèse. » On sait que la longitude du nœud ascendant de la comète était de 246°. Or la longitude de la Terre au i" juin est précisément, à quel- ques degrés près, celle du nœud dont il s'agit. Il est donc fort présumable que ces lueurs ne sont produites que par cette poussière, de nature parti- culière, que la Terre vient de traverser, présomption qui devient presque une certitude, dès qu'on songe à ce que des rencontres analogues, don- nant origine aux mêmes apparences, ont eu lieu à six mois d'intervalle. Il s'ensuit donc, logiquement, que cette poussière constitue une sorte de traînée, à lambeaux plus ou moins distancés (la segmentation de la comète en 1846 en serait la raison première) et à section assez large, alignée dans le sens de l'orbite de la comète ou la fermant complètement sons la forme d'anneau elliptique. Elle ne serait ainsi que la troisième ou peut-être la dernière phase de la comète, l'averse météorique du 27 novembre 1872 en ayant été la deuxième. » La position de cette traînée dans l'espace serait donc désormais con- nue, et il serait possible, en conséquence, d'en prévoir la rencontre, tant qu'elle continuera à passer ou jusqu'à ce qu'elle se soit évanouie, en vertu d'actions aussi mystérieuses que celles qui ont présidé à son dédoublement en 1846. » Il n'est pas douteux que la vapeur d'eau puisse rehausser la vivacité ( 332 ) de ces lueurs, mais il semble évident que ce n'est pas la cause efficiente du phénomène, ainsi que le prétend le P. Denza. Je dois faire remarquer, à ce propos, que pendant la période exceptionnellement pluvieuse que nous traversons depuis le mois de septembre, il n'est pas de journée, même la plus sereine, où les raies d'absorption de la vapeur d'eau, dans le rouge et l'orangé, ne soient fort accusées au spectroscope. Ces observations, que je poursuis systématiquement, ont été faites à Tortose, à une altitude de 33™, et à partir du i4 j^ùn, sur les montagnes voisines, à une altitude de 790". En dirigant le spectroscope vers la région de la couronne, api es le coucher du Soleil, l'instrument ne m'a fourni aucune indication différente de celle que j'obtiens en pleine journée en visant un point quelconque du ciel, ayant la même hauteur au-dessus de l'horizon. )) Si l'on réfléchit et à l'impossibilité d'admettre la suspension permanente, dans l'air, des poussières cristallines du Krakatoa, et aux conséquences qui découlent de cette hypothèse, conséquences qui sont en contradiction avec certains faits essentiels, ainsi que je l'ai fait voir dans ma dernière Note, on se sentira, sans doute, entraîné à regarder la théorie que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie comme étant la seule qui, parmi celles que l'on a proposées, explique d'une manière rationnelle les phénomènes dont il vient d'être question. » M. A. QcERUEL adresse une Note relative à des Tables numériques qu'il a conbtruites, pour simplifier le calcul de la détente clans les machines à vaneur. 1 La séance est levée à 4 heures et demie. J. B. ►^^H^ COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DISCOURS PR0i\ONCÉS AUX OBSÈQUES DE M. HENUIMILNE EDWARDS LE 31 JUILLET 1885. Discours de M. A. de Quatrifagks, AU NOM DE l'académie DES SCIENCES. « Messieurs, » .Tamais l'Académie des Sciences n'a été aussi cruellement frappée que depuis dix-huit mois. En 1884, elle a perdu huit de ses membres; à peine la moitié de i885 est-elle écoulée, et déjà six autres de nos Confrères nous ont été enlevés. Parmi ces morts que nous pleurons, deux surtout ont droit à tous nos regrets, parce qu'ils étaient du petit nombre de ceux que le monde savant avait universellement reconnus et acceptés pour maîtres : J.-IS. Dumas, dont le nom résume toute une période glorieuse pour les Sciences chimiques; Henri-Milne Edwaiids, le fondateur et le chef incon- testé d'une grande Ecole qui, née en France, a rapidement embrassé la plupart des naturalistes de tous pays. Une étroite amitié unissait ces deux grands esprits depuis plus de soixante années. La mort, qui les avait sé- parés, les réunit aujourd'hui, ravivant et redoublant des douleurs que doivent ressentir, non pas seulement les hommes de science, mais encore tous ceux qui ont au cœur l'amour de notre patrie et de ses gloires. » Henri-Milne Edwards est né à Bruges, le 23 octobre 1800. Il était le vingt-neuvième enfant de William Edwards, riche planteur et lieutenant- colonel de milice à la Jamaïque. A la suite des événements politiques des C. R., i885, a« Semestre. (T. CI, N° S.) 4^ ( 334 ) premières années de ce siècle, ce chef de tamille vint s'établir d'abord en Angleterre, puis en Belgique. Il avait épousé en secondes noces Elisa- beth Vaux, d'une ancienne famille anglaise dont un membre avait été élevé à la pairie au xvii^ siècle; Milne Edwards fut le second fruit de cette union. Le colonel Edwards comptait de nombreux amis dans le monde littéraire et philosophique. Mais, malgré la nature de ces relations, il ne put échapper aux rigueurs de la police impériale, alors toute-puis- sante dans la Belgique, momentanément devenue française. Soupçonné d'avoir facilité l'évasion de quelques prisonniers, il fut lui-même incarcéré et ne recouvra la liberté qu'après sept ans de détention. Bien loin de garder rancune à la France, il se hâta de se rendre à Paris et de réclamer pour son fds Henri-Milne Edwards le bénéfice de la loi qui lui permettait de le faire reconnaître en qualité de citoyen français. » Pendant la captivité de son père, Milne Edwards avait été confié aux soins de son frère aine, William Edwards, l'éminent Physiologiste, dont les travaux ne sont pas toujours estimés comme ils le mériteraient. A coup sûr, cette circonstance eut une influence sérieuse sur le développement intellectuel du jeune élève. A l'âge de dix ou onze ans, il avait reçu en cadeau l'Histoire des animaux, de Buflfon. Après l'avoir lue, il tenta d'en faire une analyse scientifique. » Dans son Histoire de la vie et des travaux de Cuvier, Duvernoy rapporte un fait analogue au sujet de celui qui fut son maître et son ami. Chez ces deux enfants, les futurs grands naturalistes se sont pour ainsi dire révélés à peu près au même âge et comme sous l'inspiration de leur illustre prédé- cesseur. » Pourtant IMilne Edwai'ds fut quelque temps à trouver sa voie. Il fit, il est vrai, très sérieusement ses études en Médecine et conquit aisément son diplôme, mais sans avoir l'intention de se livrer à la pratique médicale. Élevé dans une grande aisance, croyant sa fortune assurée, il se laissait entraîner par ses goûts, à la fois sérieux et délicats, mais qui pouvaient l'éloigner de la Science. Sans doute celle-ci ne fut pas complètement négligée; la date des premières publications de Milne Edwards en fait foi. Mais une large part était accordée aussi à la peinture, à la musique; notre Confrère fut à cette époque un des auditeurs assidus du Théâtre Italien. Des événements inattendus, des épreuves dures à traverser, mais qui devaient le conduire au bien-être et à la gloire, vinrent transformer cette existence, qui semblait devoir être seulement celle d'un amateur éclairé de tout ce qui sollicite une intelligence ouverte et élevée. ( 335 ) » En 1823, Milne Edwards avait épousé M"^ Laure Trézel, fdle d'un simple colonel, qui devait devenir plus tard général et ministre de la Guerre. Ce mariage, amené par une affection réciproque, semblait se con- clure sous les plus heureux auspices. La grand'mère maternelle de Milne Edwards voulait léguer à son petit-fds une fortune considérable. Des évé- nements de famille, où se montra dans tout son jour la loyale délicatesse de notre regretté Confrère, en décidèrent autrement. En iSaS, le jeune ménage se trouva subitement dans une véritable gêne, et Milne Edwards dut demander à son traAail les moyens de subvenir aux besoins croissants de sa famille. Ce fut alors qu'il publia successivement trois Ouvrages élé- mentaires relatifs à la Médecine, entre autres le Manuel de matière médi- cale, rédigé en collaboration avec Vavasseur, qui eût plusieurs éditions françaises et fut traduit en anolais, en allemand et en hollandais. C'est dire quelle est la valeur pratique de ce petit Livre, que tous les médecins de mon temps ont à coup sûr dans leur bibliothèque. » De meilleurs jours vinrent enfin. En i832, Milne Edwards fut nommé professeur d'Histoire naturelle au Collège Henri IV et à l'École centrale des Arts et Manufactures. En i838, il remplaça Frédéric Cuvier à l'Aca- démie des Sciences. En 1841, il succéda à Victor Audouin dans la chaire d'Entomologie du Muséum, chaire qu'il quitta en 1861 pour prendre celle de Mammalogie. En i844. la mort d'Etienne-Geoffroy Saint-Hilaire, qu'il suppléait depuis quelques années, lui ouvrit la Faculté des Sciences, dont il devint le Doyen en 1849. En même temps, notre Confrère voyait son autorité scientifique grandir chaque jour et de zélés travailleurs marcher, à l'étranger aussi bien qu'en France, dans les voies qu'il avait ouvertes. Tout semblait devoir désormais lui sourire, et pourtant de nouvelles et bien douloureuses épreuves l'attendaient encore. » Depuis quelques années, celle qui avait été pour Milne Edwards une compagne chérie dans la vie de tous les jours, souvent une aide dévouée dans ses travaux, souffrait d'un mal qui ne pardonne pas. Dire comment notre Confrère lutta pas à pas avec la maladie; comment, inspiré par son ardente affection, il inventa chaque jour quelque nouveau moyen tle rési- stance; comment il conduisit sa chère malade sous un ciel plus doux; com- ment il transforma en une serre chaude son modeste appartement de la rue Saint-Etienne-du-Mont, serait trop long et trop pénible. Si je m'arrête un instant à ces douloureux souvenirs, c'est pour montrer ce que fut Milne Edwards dans ces années d'angoisses incessantes. Le travail, le travail seul lui permit d'aller jusqu'au bout de sa tâche. Il y puisait les forces néces- ( 336 ) saires pour continuer une lutte sans espoir. Et quand vint le dernier jour, ce fut encore au travail qu'il demanda, non pas l'oubli, non pas la conso- lation, mais au moins un allégement à une douleur dont il m'a été donné de mesurer la profondeur et la durée. » Ce n'est pas la seule tombe sur laquelle notre Confrère ait eu à pleurer. De son mariage avec M'"^ Trézel étaient nés neuf enfants. Il en restait quatre lors de mes premières relations avec lui! Parmi eux était une jeune fdle, toute de grâce et de beauté. Son union avec le fds de Dumas avait comblé les vœux des deux familles. Et peu après elle mourait! » A cet homme de cœur, si cruellement frappé comme époux et comme père, le Ciel devait une compensation. Vous savez tous qu'il l'a trouvée. Certes, Mdne Edwards a eu deux grands jours de bonheur dans sa vie, lorsqu'il a vu son fds lui succéder dans sa chaire de Mammalogie au Mu- séum, lorsqu'il l'a vu s'asseoir à côté de lui à l'Académie des Sciences. » Ah! c'est que jamais chez notre Confrère le développement de l'intel- ligence n'a fait tort aux sentiments du cœur; c'est qu'il a toujours senti dans tout ce qu'elles ont de profond les douleurs et les joies de la famille; c'est qu'il a été toute sa vie l'homme des affections et des dévouements. Aux temps même les plus difficiles, lorsque sa plume et son pinceau four- nissaient presque seuls aux besoins de tout ce qui lui était cher, sa bourse et sa maison sont restées ouvertes à ses parents, à ses amis. Et lorsqu'en i83-2 le choléra vint épouvanter Paris, Milne Edwards, se rappelant son titre de Docteur en Médecine, s'enrôla des premiers parmi ceux qui se dévouèrent pour combattre le fléau. Une médaille lui fut décernée au nom de la Ville de Paris reconnaissante. Ce sont les seuls émoluments qu'il ait jamais reçus à titre de médecin. » Et maintenant est-il besoin de dire comment le plus modeste débutant était reçu par ce savant dont la renommée était si grande, dont le nom était si haut placé? Ici, je puis en appeler à mon expérience personnelle. J'étais arrivé à Paris avec un bagage scientifique bien mince; et, par suite de circonstances que j'aime à oublier, Milne Edwards avait de moi une fort triste opinion. Ma première campagne aux îles Chausey suffit pour faire tomber ces préventions. Le Maître vint dans ma mansarde feuilleter les cartons de l'élève, vérifier l'exactitude de ses observations. Dès ce jour, sa bienveillance me fut acquise et il m'en donna une bien grande preuve. Il veillait fort tard dans son cabinet de travail situé au rez-de-chaussée ; il m'engagea à venir l'v trouver. Que de fois j'ai frappé à la A'itre de ce cabinet, quand je rentrais le soir de ma promenade quotidienne! Comme ( 337) il quittait sa table et m'ouvrait la porte de la rue, ayant l'air d'être aussi content de me recevoir que je me sentais honoré d'être reçu ! Et que de choses j'ai apprises dans ces causeries, où le savant déjà illustre semblait s'oublier avec autant de plaisir que si j'eusse été son égal! » Messieurs, vous trouvez peut-être qu'en vous parlant de Milne Ed- wards je m'occupe trop longtemps de V homme. C'est qu'il est moins connu que le savant; c'est que je voudrais vous le faire aimer autant que vous l'estimez; c'est que, même une simple esquisse de cette vie où s'entremêlent les joies et les douleurs, les luttes de bien des sortes et un triomphe final dû â la persévérance et au travail, me semble renieimer des enseigne- ments pour tous. Mais je m'arrête et en viens à ce qui fait que la foule se presse autour de cette tombe, attestant par sa seule présence que la mort de Milne Edwards laisse un bien grand ^•i■' Il laisse un i^rand nombre d'élèves qui sont aujourd'hui des Maîtres éminents, parmi lesquels je trouve avec émotion un fils, devenu notre con- frère de l'Académie et qui soutient si dignement l'honneur d'un beau nom. )) Adieu donc, cher Confrère : vous avez élevé un monument scienti- fique qui ne périra pas. n Nous citons, avec un juste orgueil, les noms des Savants illustres qui sont sortis du Muséum. Depuis longtemps nous vous avons placé sur cette liste d'honneur, à côté de nos plus grands Naturalistes français ». Discours de M. de Lacaze-Duthiers, AO NOM DP. L\ FACULTÉ DES SCIEWRES DR PARIS. « Messieurs, » Depuis que la Faculté des Sciences a perdu l'homme illustre qui fut si longtemps son Doyen, depuis surtout que j'ai été désigné pour venir dire un dernier adieu à notre vénéré et regretté maître, les souvenirs de mes premières années d'études se présentent en foule à mon esprit, et, malgré mon désir de les éloigner, un rapprochement s'impose que je ne puis écarter. » Lorsque, tout jeune, j'arrivais du fond de la province à Paris, dans les premières années qui suivirent 1840, la curiosité me poussait d'un amphi- théâtre à l'autre, ne fût-ce que pour voir et pour connaître ceux dont les ( 348 ) livres avaient servi à mes premières éludes. A cette époque, l'enseignement des Facultés de la Sorbonne brillait d'un éclat sans égal. Dumas, de Blaiu- ville, iNIilue Edwards, pour ne citer que des noms d'hommes de Science, appelaient autour de leur chaire des auditeurs nombreux et enthousiastes. » Je n'oublierai jamais l'impression profonde que firent sur moi la vue et l'enseignement de nos deux grands naturalistes! La fougue du langage, l'originalité des vues théoriques subjuguaient chez Blainville; chezM.Milne Edwards, au contraire, ses entretiens, comme il aimait à appeler ses sa- vantes Leçons, étaient calmes et remplis de faits intéressants et instructifs. Se plaçant toujours au point de vue pratique, éloignant les théories et les interprétations hasardées, mon ancien ^îaitre nous charmait par la simpli- cité et l'originalité de sa diction, par la précision de ses descriptions, par les détails attachants qu'il nous donnait sur les animaux inférieurs, qu'il connaissait si bien et qu'on ne voyait guère alors. » Qui ne se rappelle parmi nous d'avoir vu M. Milne Edwards, avec un art consommé s'aidant de son habile crayon, reproduire au tableau, en quelques traits saillants, avec une facilité merveilleuse et une vérité étonnante, les animaux dont il parlait! En le voyant dessiner, en l'enten- dant parler, on devinait qu'il avait vu, qu'il avait admiré ces êtres infé- rieurs dont on s'occupait encore assez peu et dont l'étude nous apparaissait effrayante, tant elle nous semblait hérissée de difficultés! )) Après chacune de ces Leçons, on se sentait aimer davantage les Sciences naturelles, et le désir de voir les choses dont l'histoire venait d'être faite aiguillonnait vivement la curiosité. » C'est que M. Milne Edwards savait rendre aimable l'étude des ani- maux inférieurs, fort délaissée avant lui. » C'est ainsi que, dans les amphithéâtres de la Sorbonne, en écoutant un tel Maître, j'ai ajipris à aimer la Zoologie. » Combien de fois, en sortant de ces Leçons si nourries et par cela même si instructives, dans les petits groupes d'auditeurs qui se formaient dans la cour de la Sorbonne, ne nous sommes-nous pas répété, après une description pleine d'attrait de quelques animaux marins qu'on ne voyait alors nulle part, combien de fois ne nous sommes-nous pas dit : « La mer (c doit être bien belle à étudier avec son monde si varié et si curieux! » Aussi plus d'un alors brûlait secrètement du désir de faire des voyages d'observation. » Et aujourd'hui, poursuivi par ces souvenirs de mes jeunes années, que réveillent les tristes circonstances qui nous réunissent, c'est moi, moi l'an- ( 349 ) cieii auditeur et élève, le simple préparateur du grand naturaliste, qui ai l'honneur, bien grand sans doute, mais aussi bien douloureux, de venir, au nom de la Faculté des Sciences de Paris, dire un dernier adieu au Maître vénéré. » Ce rapprochement m'a poursuivi jusqu'au bord de cette tombe; je n'ai pas pu l'écartei-, espérant d'ailleurs que vous y verrez comment avait pu naître l'admiration profonde de l'un de vous pour celui que nous per- dons; comment bien d'autres sans doute ont été conduits de même à subir l'influence si grande et si légitime de notre illustre Doyen! >i Sans doute la précision et les qualités toutes particulières du long professorat de M. Milne Edwards pouvaient expliquer son influence incon- testée sur la marche et les progrès de la Zoologie; mais une autre cause me paraît avoir aussi puissamment concouru à produire ce résultat. Il n'ai- mait pas la nature morte, il n'aimait pas surtout de n'avoir pas sous la main les preuves matérielles de ce qu'il devait enseigner. Il voulait voir la nature vivante et sur place, si l'on peut ainsi parler. Ce qu'il voulait pour lui, il le voulait aussi pour ses élèves. Il aimait, en un mot, les démonstra- tions sur les choses mêmes, et c'est incontestablement cela qui donnait à son enseignement un si grand attrait, une si grande valeur et une si grande autorité. » Il avait compris cjuc les tra\aux de Cuvier, (jui, au commencement du siècle, modifièrent profondément la Zoologie, n'avaient dû leur renommée qu'aux conditions où ils avaient été faits. Aussi, il n'en faut pas douter, les premiers voyages d'Audouin et de Milne Edwards, suivis de la description des côtes de France, et qui sont à jamais célèbres parce qu'ils ont ouvert une voie nouvelle, ont eu pour première cause l'exemple donné par Cu- vier, dont les mémorables études sur les Mollusques furent faites sur les lieux mêmes où vivaient les animaux. )) L'origine des voyages aux bords de la mer pour y faire des études est à l'état de germe dans les conditions forcées que subissait Cuvier; Milne Edwards développa l'idée, fit des adeptes et devint ce chef d'école dont l'autorité incontestée entraîna de tous côtés les naturalistes à cher- cher par eux-mêmes et à se transporter là où vivaient les animaux pour les mieux étudier et les mieux connaître. » Nous pouvons, nous devons revendiquer hautement pour M. Milne Edwards la priorité de cette impulsion heureuse qu'il donna à l'étude de la Zoologie marine, et, s'il Ht de nombreux prosélytes, c'est, disons-le aussi, parce qu'il donna toujours l'exemple. Nous avons tous présent à la C. 11., iSS5. J» Semuscre. (T. CI, IS" i).) 4^ , ( 35o ) mémoire le voyage qu'il fit en Sicile accompagné par MM. de Quatrefages et Blanchard, alors qu'il occupait les positions les plus élevées, les plus enviées et qu'il n'avait plus rien à désirer. Lui, professeur au Muséum, à la Sorbonne, membre de l'Institut, allait loin de sa famille, loin de ses chaires, étudier des questions d'Embryogénie en se faisant descendre au fond de la mer, dans des appareils de plongeurs bien incomplets alors, et dont l'emploi n'était pas exempt de danger. » Doit-on s'étonner, après cela, de l'intérêt qui s'attachait à son ensei- gnement quand il nous faisait assister, pour ainsi dire, chaque jour à ses observations et ses découvertes nouvelles? » Il aimait, ai-je dit, cpie les élèves vissent par eux-mêmes les choses dont il parlait; pour tout dire, en un mot, il aimait les démonstrations, Sans aucun doute, il en est parmi vous qui ont souvenir de la fin de presque toutes ses Leçons : il appelait son auditoire autour de lui, et là, dans sa chaire, il se complaisait à montrer sur de magnifiques pré- parations qu'il faisait souvent lui-même, les faits dont il venait de nous entretenir. )) C'est encore dans ces démonstrations familières cpi'il faut rechercher non seulement la cause du succès de ses Cours, mais encore l'origine des épreuves pratiques qui font aujourd'hui partie de tous les examens supé- rieurs des Facultés. Il les avait longtemps réclamées; c'était naturel, puis- qu'elles étaient la consécration de ses idées et de son enseignement. )) Cette innovation des épreuves pratic[ues eut la plus heureuse in- fluence sur toutes les études scientifiques; elle a conduit forcément en effet au développement des laboratoires que réclama bien longtemps M. Milne Edwards, et auquel il travailla avec cette activité quelquefois fébrile que nous lui avons tous connue. )) Personne n'a oublié combien il aimait aussi à encourager les jeunes travailleurs. Il me souvient encore qu'il nous faisait apporter nos dessins dans ses soirées où il recevait avec tant d'affabilité. Là, à côté des hommes les plus célèbres, tels qu'Ehrenberg, exposant sur des microscopes ses collections d'Infusoires, le jeune naturaliste encore inconnu présentait ses premiers essais de recherches dont le sujet, le plus souvent, lui avait été indiqué par le Maître. » Lorsqu'en 1 849 Dumas devint Ministre, M. Milne Edwards lui succéda comme Doyen. Ce fut alors qu'il fit créer de petites places bien modestes de 3oo'^' à 4oo'^'> destinées à favoriser les rechercljes des jeunes gens. C'était bien peu de chose, et cependant c'était beaucoup à une époque ( 35i ) où il fallait payer pour entrer dans la plupart des laboratoires, chose qu'a toujours désapprouvée vivement notre Doyen. » Cette institution ne se maintint pas, mais elle contenait en germe l'institution des bourses d'études qui, aujourd'hui, sont un bienfait véri- table pour la jeunesse. » Dans toutes les questions d'organisation ou d'amélioration qui se po- saient, la première pensée de M. Milne Edwards était toujours dirigée vers le côté le plus libéral et le plus pratique, et si parfois ses élans de li- béralisme restaient sans produire les effets qu'on en attendait, c'est que des circonstances particulières venaient en entraver ou en modifier le dé- veloppement. Nous avons tous été témoins pendant son décanat d'une durée exceptionnelle, de 1849 à i885, de l'activité prodigieuse, de la téna- cité vraiment admirable qu'il employait à obtenir des concessions favo- rables aux progrès de la Science. » Les locaux anciens devenaient-ils insuffisants pour les besoins des services nouveaux créés par l'administration, on le voyait, malgré son grand âge, aller avec les architectes dans les bâtiments de ce reste du vieux Paris qui longe la rue Saint-Jacques, à la découverte des emplace- ments nécessaires. Il fatiguait dans ces courses, on peut le dire, les plus jeunes d'entre nous qui l'avaient appelé. » S'agissait-il des plans de la nouvelle Sorbonne, U réunissait successi- vement les différents professeurs et discutait avec eux les dispositions in- diquées, jugeant et résolvant presque toujours les questions les plus diffi- ciles, tenant toujours très haut les prérogatives et les traditions utiles à la Science. » Tout cela s'expliquait pour qui avait longtemps vécu auprès de M. Mdne Edwards; on reconnaissait bien vite, en effet, qu'il aimait beau- coup la Faculté des Sciences et son enseignement. Je lui ai souvent en- tendu répéter, lorsque j'avais l'honneur d'être son préparateur à la Sor- bonne : C'est ici qu'est mon enseignement rentable, et, en fait, on peut dire qu'il a prolongé volontairement son protcssorat exceptionnellement long, car il n'aimait pas à se faire suppléer, et il ne l'a été que bien rarement lorsque des missions, rares aussi, le forcèrent à s'éloigner de Paris. » Administrateur consommé, il répondait à toutes les exigences d'un service très lourd, et ses Rapports nombreux, toujours fort habilement conçus et rédigés, lui avaient donné une grande autorité au Ministère de l'Instruction publique, où on le consulta bien longtemps dans toutes les questions universitaires graves et importantes. ( ^^^ ) » D'iuiLros vous oui dit ou Aous diront encore ce que furent ses publi- cations, ses découvertes, ses recherches sans nombre. Je n'ai vouhi envi- sager celte carrière si bien rempHe qu'au point de vue de notre Faculté, qu'il dirigea pendant près de trente-cinq ans avec un dévouement sans bornes. » Mais si j'ai montré toute son activité et son dévouement àlaSorbonne, on sentira combien sa puissance de travail était grande, en songeant c[u'il occupa successivement au Muséum deux; des chaires les plus différentes, et tjue ses publications, toujours de la plus haute imjiortance et des plus variées, ne cessèrent jamais, pas plus que ses fonctions administratives. » Si mes souvenirs sont exacts, c'était l'Anatomie comparée que M. Milne Edwards eut professée avec le plus de satisfaction au Muséum, mais des circonstances se rencontrèrent pour en décider autrement. » Ijorsque la chaire d'Anatomie comparée devint vacante à la mort de Duvernoy, notre Doyen était dans toute la force de l'âge et il jouissait comme naturaliste d'une renommée universelle. J'étais alors à l'étranger, et un savant bien connu me disait très naturellement et sans avoir de doute : « C'est M. Milne Edwards qui va maintenant occuper la plus belle chaire de Paris, la chaire illustrée par Cuvier. C'est à lui que revient la place, il est désigné d'a-sance en Europe », et, comme je répondais négativement : « C'est un malheur pour la Science », me dit mon sa- vant ami. » Un tel mot se passe de tout commentaire, car il montre en quelle es- time était tenu le savant français. » J'avouerai cependant que la Faculté des Sciences n'a pas eu à re- gretter cette circonstance. C'est en effet chez nous, à la Sorbonne, qu'ont été faites ces belles leçons d'Anatomie et de Physiologie comparée, qui, publiées par M. Milne Edwards, resteront comme un monument de la Science française et comme un modèle de l'enseignement classique de notre Faculté. » Permettez-moi, Messieurs, de ne pas vous entretenir plus longue- ment des travaux scientifiques que notre illustre Doyen publia, on pourrait presque dire depuis le commencement du siècle, sur toutes les branches de la Zoologie. )) Pourquoi prolonger les conditions pénibles et douloureuses qui nous réunissent? La renommée de notre grand zoologiste fut telle que nous n'y ajouterions rien. Son nom restera inscrit parmi ceux des natura- listes les plus illustres. Sa position 'scienliPinnc dans le monde entier iiit ( 353 ) si considérable que, nous devons le proclamer aujourd'hui, jamais perle ne fut plus grande pour la Faculté et pour les Sciences naturelles. )) Le vide que laissera parmi nous celui qui dirigea pendant trente- cinq ans nos réunions et nos travaux se fei-a sentir bien longtemps encore. » Nul ne fut plus longtemps doyen que M. Milne Edwards, nul parmi nous n'aurait songé à le remplacer, et lorsque, dans la pensée de l'Admi- nistration, l'élection du primas interpares des Facultés semblait être arrêtée, pas un seul de nous n'eût voulu accepter une voix. Il n'y aurait pas eu d'élection à la Faculté des Sciences de Paris. jM. Milne Edwards eût été acclamé Doyen. » Je m'arrête, Messieurs; les éloges sont superflus devant un nom cé- lèbre entre tous, qui s'imposait déjà du vivant de celui qui le portait si glorieusement et qui s'imposera de même aux générations futures. » Au nom de mes collègues j'adresse un dernier adieu à notre Maître regretté, et, au moment solennel où sa dépouille va disparaître pour tou- jours, je dépose respectueusement au bord de sa tombe l'expression de la vénération profonde, de la reconnaissance et de l'admiration qu'avait la Faculté des Sciences de Paris pour son Doyen regretté Henri-Milne Edwards. » SÉANCE DU LUNDI 3 AOUT 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MÈ^IOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le PiiÉsiDEXï, en rai pelant ^ l'Acailémie la perte qu'elle a f.ile dans la personne de M. Hmri-Milne Edwards, décédé le 29 juillet, s'exprime counne il suit : « L'Académie vient de faire une nouvelle et bien grande perte dans la personne d'un de ses doyens, M. Henri-Milne Edwards, Membre de !aSec- ( 354 ) tion d'Anatomie et de Zoologie, l'un des plus grands savants qui aient honoré la Science française. » La proposition est faite de rendre hommage à la mémoire de cet illustre Confrère en levant la séance publique ; je soumets cette proposition à l'Aca- démie. » L'Académie décide que la séance sera levée, en signe de deuil, immédia- tement après le dépouillement de la Correspondance. CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l' acide oxalique dans la végétation . Méthodes d'analyse; par MM. Bekthelot et André. « L'existence du sel d'oseille est connue depuis des siècles, et la pré- sence de l'acide oxalique a été signalée dans un grand nombre de végé- taux ; mais il n'existe pas, à notre connaissance, de recherches méthodiques sur les conditions de sa formation, systématiquement étudiée dans plusieurs plantes et pendant tout le cours de la vie végétale, si ce n'est dans les feuilles de la Betterave. Telle est la question que nos recherches d'ensemble sur la formation des acides végétaux nous conduisaient à examiner. » Nous allons exposer aujourd'hui nos méthodes d'analyse. L'acide oxalique signalé dans les végétaux l'a été le plus souvent d'après l'aspect des cristaux d'oxalatede chaux [raphides) observés au microscope : carac- tère sur l'insuffisance duquel il nous paraît superflu d'insister. C'est, en réahté, une simple indication. Elle n'a d'ailleurs rien de quantitatif. Dans un certain nombre de cas, on a été plus loin, et l'on a cru pouvoir affirmer la présence de l'acide oxalique d'après l'existence d'un précipité par les sels de chaux, dans une liqueur acidulée par l'acide acétique; conformé- ment aux indications des Traités d'analyse les plus répandus. Ce caractère est insuffisant, comme nous l'avons observé : divers autres acides végétaux, l'acide racémique en particulier, donnent lieu également, dans ces condi- tions, à des précipités qui ont dû conduire plus d'une fois à affirmer l'exis- tence de l'acide oxalique dans des végétaux qui n'en contenaient point. Le sulfate de chaux peut aussi donner lieu à des erreurs du même genre. » En outre, dans le cas même où les précipités de ce genre contiennent de l'oxalate de chaux, cet oxalate n'est presque jamais pur, mais associé d'ordinaire avec des matières diverses, soit principes azotés coagulés, soit tartrate de chaux ou même citrate de chaux entraîné, soit sulfate de chaux ; lesquels ne permettent pas de conclure du poids du sel obtenu celui de ( 355 ) l'acide oxalique véritable. Après de nombreux essais et tâtonnements, voici le procédé auquel nous nous sommes arrêtés : ce procédé s'applique à la fois aux oxalates solubles et aux oxalates insolubles. Il permet d'ob- tenir l'oxalate de chaux pur, en présence des mélanges les plus divers. )) Les différentes parties de la plante étant séparées les unes des autres on les pèse aussitôt, puis on les broie dans un mortier; on verse les débris dans une capsule de porcelaine, on ajoute une quantité d'eau suffisante, on chauffe doucement jusque vers loo" pendant une heure et on laisse macérer vingt-quatre heures, puis on décante et l'on filtre; on traite les débris par une nouvelle quantité d'eau chaude, on décante et l'on filtre encore, enfin on exprime dans un linge. Les liquides clairs sont addi- tionnés d'acide chlorhydrique étendu, portés à l'ébullilion, filtrés de nou- veau. Tout ceci s'applique à l'extraction des oxalates solubles. Pour obtenir les oxalates insolubles, ou pour mieux dire les oxalates totaux, on ajoute dès le début, à l'eau de macération, 20*^*= à 3o" d'acide chlorhy- drique pur (à 3o pour 100 environ) pour 400'''= d'eau et loo^"" de plante humide, et l'on poursuit comme plus haut. » Dans un cas comme dans l'autre, la liqueur, filtrée après ébullition, est additionnée d'ammoniaque en excès, ce qui détermine un précipité d'oxalate de chaux impur (provenant des sels calcaires de la plante), plus ou moins coloré et mêlé de matières floconneuses. On ajoute alors de l'a- cide borique dissous en excès (5o'^"' de solution concentrée), acide dont la présence, jointe à celle du chlorhydrate d'ammoniaque, donne lieu à des sels doubles spéciaux qui empêchent la précipitation lente des tartrates, citrates, paratartrates, etc.; ou redissolvent les sels de ce genre, déjà pré- cipités, comme nous l'avons spécialement vérifié par des études quanti- tatives. Sans l'emploi de ces deux sels, les dosages d'acide oxalique ris- quent d'être incorrects. En effet, l'acide tartrique pur, en présence de l'acétate de chaux et de l'acide acétique, même avec addition de chlorhy- drate d'ammoniaque, fournit, après quelque temps, un précipité cristallin. Ce précipité est plus abondant et plus prompt avec l'acide racémique; bien plus, si l'on opère avec l'acide oxalique mélangé d'acides racémique, ou tartrique, ou citrique, ou mêmemalique, le précipité d'oxalate de chaux formé en présence de l'acide acétique est exposé à contenir des sels de chaux étrangers, entraînés avec lui, probablement à l'état de sels dou- bles. L'emploi du chlorhydrate d'ammoniaque empêche la précipitation du citrate; mais il n'a pas une efficacité suffisante avec le tartrate et le racé- mate de chaux. Au contraire, l'acide borique, à dose suffisante, empêche la précipitation de ces derniers sels. ( 356 ) » Cela fait, on acidulé lortement par l'acide acétique, qui redissout les carbonates et divers autres sels, et on ajoute de l'acétate de chaux : on chauffe pendant une heure sans ébullition, afin de permettre au précipité de se rassembler. On le recueille sur un filtre et on le lave : mais il est" trop impur pour être pesé dans cet état. On le place dans un ballon de So*^*^ à 60"*^, on le redissout dans l'acide chlorhydrique étendu et on le repré- cipite par l'ammoniaque, avec addition ultérieure d'acide acétique; on chauffe au bain-marie pour rassembler le précipité. On répèle au besoin deux fois ces redissolutions, précipitations, lavages, etc. Il s'agit mainte- nant de laver et de recueillir le précipité, sans avoir recours à un filtre de papier, qui entraverait la fin de l'analyse. Nous y sommes parvenus à l'aide d'un tour de main qui consiste à décanier la liqueur à l'aide d'un petit siphon muni à son origine, au point immergé, d'une petite boule garnie d'amiante, laquelle arrête conqilèteaient l'oxalate de chaux. On lave à deux ou trois reprises à l'eau chaude, en décantant chaque fois. » A ce moment l'oxalate de chaux est pur et isolé. 11 suffit de redis- soudre la petite dose retenue dans le siphon, de la reprécipiter, de la laver et de la réunir au reste, puis de sécher et de peser le tout. Au besoin, on peut changer le sel en sulfate de chaux, le calciner et le peser, suivant une marche bien connue. » Mais nous avons trouvé un procédé plus simple et plus élégant, qui ramène le dosage de l'acide oxalique à la mesure d'un certain volume gazeux, à savoir celui de l'oxyde de carbone, résultant de sa transfor- mation par l'acide sulturique. A cet effet, le précipité d'oxalate de chaux une fois lavé et séparé de l'eau île façon à en retenir 2^'' à 3^'' au plus, est laissé au fond du ballon de 5o" dans lequel on l'a lavé. D'autre part, on coupe la boule du petit siphon, renleniiant l'ainianle qui a retenu l'oxalate entraîné clans la décantation. On introduit alors dans le ballon iS*^*^ environ d'acide sulfurique concentré (bouilli); celte dose est néces- saire, la décomposition ne se faisant pas bien, quand le poids de l'eau excède le quart de celui de l'acide suliurique. On adapte au ballon un bouchon percé de deux trous, dont l'un destiné à recevoir un tube à robinet, par lequel arrive un courant d'acide carbonique; l'autre est ajusté à un réfrigérant serpentin ascendant, où se condense l'eau pendant l'ébullilion, eau qui retourne sans cesse au ballon. Ce réfrigérant se termine par un tube conduibant les gaz sur la cuve à mercure. Cela fait, on chasse rapidement l'air du ballon par un courant d'acide carbonique, que l'on arrête ensuite à l'aide du robinet; puis on chauffe doucement la liqueur, en récoltant les gaz. A la fin, on balaye de nouveau par l'acide carbonique. ( 357 ) . On absorbe alors l'acide carbonique par la potasse , puis l'oxyde de carbone par le chlorure cuivreux acide. Le volume réduit de l'oxyde de carbone est proportionnel au poids de l'acide oxalique. » Ce procédé exige, bien entendu, que l'oxalate de chaux soit déjà purifié à l'avance, et qu'il ne soit mélangé ni avec d'autres sels (sauf le sul- fate de chaux ou la silice), ni avec des matières coagulées, ni avec les débris de papier d'un filtre, susceptibles de fournir de l'oxyde de carbone. » Nous avons vérifié spécialement, sur les sels désignés dans les analyses ci-dessous comme oxalate de chaux, que ces sels fournissent l'oxyde de carbone et l'acide carbonique à volumes égaux : il suffit pour cela d'opé- rer en retirant l'air du Lallon au moyen de la pompe à mercure, avant de décomposer le sel par l'acide sulfurique. » Donnons quelques-unes des expériences de contrôle (volumes ré- duits) : ce 1. Acide oxalique ilissous 5'^''; susceptible de fournir : oxyde de carbone ^4 >9 Eau ^ i5" ; SO'H = /{o"^'^ (4^ ™'""'ss) de chauffe; oxyde de carbone obtenu 54,1 2. Acide oxalique 5'^'^ ; Eau = 'i5"', SO' H = ^o"; oxyde de carbone apiès une heure i8,o " » » après sept heures 4''->' 3. Acide oxalique 5"''^; on le précii)ile par l'acétate de baryte. Oxalate de baryte. ., . 53,9 '•■. Acide oxalique 5"^"=; on le ])réeipite par l'acétate de chaux. Oxalate de chaux. . . . 54, o 5. Acide oxalique 5"" 4- acide larlrique iccÇiimii — ; [ritj précipité par l'acétate de chaux mêlé de chlorhydrate d'ainmoniaque, etc 54 ,3 G. Acide oxalique 5'''^ + acide tartrique S'^' (imoi ^:;:: i'''), par acétate de chaux et acide acéliiiue; une heure , . l5g,6 7. Acide oxalique 5"^ 4- acide tartrique i'^". Précipité par l'acétate de chaux, addi- tionné d'acide acétique 62 ,o Ceci montre qu'il se forme du tartrate de chaux mêlé à l'oxalate. 8. Acide oxalique 5" ■+- acide tartrique i"^"^. Avec acide borique et acétate de chaux 55,2 9. Acide oxalique 5" + acide tartrique 1". Avec acide borique et acide acétique, . 55, a 10. Acide oxalique 5" -H acide citrique 5" (i™"'=: i'''), avec acéiate de chaux et acide acéiiqMC (45 minutes) ^9^0 11. Acide oxalique 5"^+ acide citrique i'^'^ ; avec AmCl et acétate Ca 53,3 12. Id. BO^ et acétate Ca 54,7 13. Id. AmCI, C'H'O', acétate Ca 54,3 14. Id. BO', C'H'OS acétate Ca 54,3 15. Acide oxalique 5" 4- acide maliqiie 5'^'' (1'""'=: i'") + acide tartrique i"^ (1'"°'=: i'''), avec BO' + acétate Ca (20 minutes d'ébullltion ) 55,o 16. Acide oxalique 5° H- acide malique 5"''+ acide citrique i" (i'"^'rr i'") avec BO' -+- acétate Ca (20 minutes d'ébullition) 53, o 17. Acide oxalique 5" + acide racémique 2" (1 ■"»'=: i'") -|- eau 20"; avec borate d'anuiioniaque, acide acétique et acétate de chaux. La précipitation ne doit pas durer trop longtemps , 53 ,5 C. R., i8S5, 2" Semestre. (T. CI, I\° S.) 4^ f 358) » La iuélhode étant ainsi définie, nous nous bornerons aujourd'hui à donner quelques exemples pour préciser les idées; l'étude systématique de certaines espèces devant être exposée plus tard. » Cheiiopodium qiiinoa, i8 mai. — Le jus est sensiblement neutre. » I pied pèse à l'état sec oS'',4752. Il renferme 8 fois son poids d'eau. Il contient : acide oxalique total, o8'",oi857; soit 3,90 centièmes : Sous forme de sel soluble. 1,21 ) » insoluble 2 ,6g ) Eau Acitle oxalique on centièmes pour 100 de cliaque jiai'tie sèche 1 'juin. — =«»- — ~ — =»"- — sèclie. soluble. insoluble. total. Racine o,5oii 11,! 208 o,q8 1,80 2,'jS Tige 2,0019 44>4 681 0,88 2,76 3,64 Feuilles ,. 1,9186 ^^,5 ^q6 45'2 0,62 4!74 Inflorescences.. 0,0914 2,0 538 " « 4,29 I pied total .. . 4°'>5i3o 100,0 547 2,25 » ^,02. Acide oxalique 17 juillet. -=1.,^ - _c«=-^ Eau. soluble. insoluble. total. Racine 7,2175 9,0 246 1,00 o,45 i,45 Tige 46,8180 58,3 476 0,53 3,.6 3,69 Feuilles 16,9146 21,0 471 5,44 7,37 12,81 Fleurs 9,35oo 11,7 488 4,56 2,42 6,98 I pied total... 8o'',3ooi 100,0 4^5 2, ro 3,69 5,79 » Amaranlus caudatm, 18 juin. — Sensiblement neutre. Acide oxalique en centièmes, de chaque pai'lie sèche ^ — ■"- ' — - Kau. soluble. insoluble. total. Racine 0,1877 10, 5 337 0,61 3,65 3,76 T'gf 0,5994 33,6 717 0,0 6,97 6,97 l'eui'les 0,8079 45,3 487 0,53 5,86 6,39 Inflorescences.. 0,1879 '0,6 448 0,42 1,75 -2,17 ipiedtotalsec, i6'-,7829 100,0 5^5 o,35 5,5i 5,86 » Les oxalates sont en proportion considérable dans cette plante, qui est en même temps généiatrice d'azotates. Ils sont surtout sous foime inso- luble et la répartition n'est pas la même que celle des azotates, surtout concentrés dans la tige. ( 359 ) MesenihtyaiUhcmum cristalllnum. 18 iiirii. — Acidité nulle. P Acide oxalique pour 100 pour 100. soluble. insoluble. total. •pied sec 0,0189 2385 5, 60 4,45 10, o5 9 Juin. — Acidité nulle. Acide oxalique — -~^-_— Eau. solublc. insoluble. total. Racines o,o443 Sa 294 s » trace Tiges et feuilles. 0,607') 68 2524 7,89 1,61 9,48 I pied oi^^ôSiS 100 2373 8 Juillet. — Jus acide. Acide oxalique . ,11 - — • Eau, etc. sohible. insoluble. total. Racines 0,4467 3,39 208 1,44 ,,60 3,04 Tiges 4,o532 3o,85 i83i 1,4, i ,6G 3,07 Feuilles 8,6375 65,76 2685 5,91 3,33 9,24 I pied total. . i3s',i364 100,00 2338 4»37 1,99 6,36 » Il y a des oxalates solnbles dans toutes les parties, mais la plus forte dose est dans les feuilles. C'est ce que vérifie encore la mesure du titre acide. Ce titre, évalué comme acide oxalique, a été trouvé : Racines o Tige 0)37 centièmes Feuilles ■ 2,o3 centièmes (virage incertain! » Les feuilles soûl donc le siège principal de l'acide libre. Ritme.r: acetosa. — 8 juin. Acide oxalique solublc. insoluble. total. I l>ied SOC os'',o472 5, 06 8,86 13,92 26 Juin. — Titre acide : 3,68. .Vcidc oxalique ._— ™^.^^__^,- — . Eau, etc. soluble. insoluble. total. Racines 0,0726 16,1 439 traces. 4>25 4:25 Pétioles etnerv.. o,i3i3 2g, 5 949 2,3o 8,o3 10, 33 Limbes 0,2419 54,4 '009 6,70 5,37 '■^)"7 I pied total ... . o^''',4458 100,0 898 4'3i 5, 97 10,28 » Acidité : racines : 0,75; pétioles, etc. : 5, 7 ^, conduit à une conséquence importante relative à la fonc- tion de M. Tchebychif 8[x) = somme des logarithmes des nombres pre- miers qui ne surpassent pas Jc. » Eu désignant pur J{ii) le nombre des diviseurs de 72, je rappelle ce résultat dû à Dirichlet, que /(l) +/(a) +■ . +/(/^) — rilogn + (2C— i)/; reste comprise entre deux limites finies, C étant la constante eulérienne. » On en conclut facilement que la série /i' 1 est convergente pour s > !^. ( 369 ) )) Voici maintenant deux théorèmes relatifs aux séries de la forme > ^^ qui nous sont nécessaires : 1 » Théorème I. — Lorsque la série \ -~^, oii ^ ]> o, esl convergente, on a I iim-^-^ ^— ^— ^_' _ o (n = oo). » Théorème II. — Lorsque tes deux séries sont convergentes pour s = a ^ o et que les séries 1 1 sont convergentes pour s =^ a -h p, alors la série obtenue en multipliant les deux premières 1 v('0=^M^^)y-(r;)' f, d'après le théorème II. » Or on obtient ainsi Vi-g(") où g:(i) = 2C, et, lorsque p est premier, g{p'') = log/>, tandis que g{n) = o lorsque n n'est pas de la forme p*. On en conclut, d'après le théorème I, 1- " — S'il] — ^(2) — ... — si") , ^ is iim ^-^ ^-^, ^^=0 (« = co, ^>|); ou ( 370 ^ mais on voil facilement que ^(l) + g-(2)+...+ g(«) = 2C+0fn) + ft(«^) + 0(«^)+.. , en sorte que, en posant 0(ra) + 0(72") -f- &\n') -+-...= n -h A„n\ on trouve limA„r=o pour «^00. » Il est facile d'en déduire qu'on a aussi B{n) = n-^ B„«% où limB„ =: o dès que -f > 7. » Ce résultat conduit à cette conséquence que, quelque petit que soit un nombre positif /?, le nombre des nombres premiers compris entre n et [\ + h)n finit toujours par croître au delà de toute limite, quand n croît indéfini- ment. « ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'herpolhodie dans le cas d'une surface du second degré quelconque. Note de M. de Sparre, présentée par M. Her- mite. « Les équations dont est parti M. Hermite et les hypothèses qu'il a faites dans son Mémoire Sur la rotation des corps peuvent s'appliquer au roulement sans glissement d'une surface du second degré quelconque, dont le centre est fixe, sur un plan langent fixe; en supposant, bien en- tendu, que la vitesse de rotation angulaire w est à chaque instant propor- tionnelle au rayon vecteur p, qui joint le centre au point de contact, pro- blème dont la solution a été donnée par M. Darboux. )) Soit, en effet, x^ r- -' - + T +- = ' °= P 7 l'équation de la surface du second degré rapportée à ses axes. Prenons, pour axe des ;: du système de comparaison fixe, la perpendiculaire abaissée du centre sur le plan tangent fixe. Les coordonnées du point de contact ( ^7- ) seront p q r JO = -, r = h Z =^ -r-, h -^ h n p, q, r étant les composantes de w suivant les axes de l'ellipsoïde, et h la quantité, constante par hypothèse, L'éqnation du plan tangent sera f a Y r z j y + 7 = '- Exprimant que le carré â de la distance de ce plan au centre est constante, nous aurons p- q- r- h- ou p- q- r- -X- p y- , ., . /l'- en prenant, ce qui est évidemment permis, — pour unité. » On déduira immédiatement de là p = aa", q = ^b\ r = yc", a", b", c" ayant la même signification que dans le Mémoire de M. Hermite. » On aura enfin , en exprimant que le point de contact est sur l'el- lipsoïde, p- q'^ I'' 1 .. - + ^ + ~ =^h- a p 7 ou, en tenant compte des relations précédentes, D'ailleurs, comme c? est évidemment compris entre a et y, on pourra prendre, suivant qu'il est plus petit ou plus grand que ^, ( soit a < /3 < 0 < y, ^'' I soit a>/5>5>7. » On voit donc que tous les importants résultats obtenus par M. Hermite, dans sou beau Mémoire Su7' la rotalion des corps solides, s'étendent sans ( 372 ) peine au cas actuel, sauf qu'ici a, p, y sont des quantités réelles quel- conques. » En particulier, on pourra appliquer l'équation qui détermine les points d'inflexion de l'herpolliodie, telle que je l'ai donnée dans ma Communica- tion (lu 24 novembre dernier, et que j'écris comme il suit : d'où l'on déduit ■ 2 ___^.S- I - -+■ y I a — 1 p 1 I I p Z 4- I I 7 I 1 7 2 0 7 î»'" «- 5 P_ ■ a 1 - + a. 2 » De ces deux expressions on conclut, bien simplement, en tenant aussi compte des deux systèmes d'inégalités (1), que, pour que l'herpolliodie présente des points d'uiflexion : » 1° Dans le cas de l'ellipsoïde — + 7^-+-^ = i. où a>b>c. Cl'- b- c- il faudra que l'on ait c" b- a- la deuxième inégalité exprime que l'axe instantané ilevra être compris dans l'angle dièdre des plans ,. a- -6^ _ ^2 ^- - '^ _ a' ^ à ' qui comprend le grand axe de l'ellipsoïde; » 1° Dans le cas de l'hjperboloïde à une nappe x'- "p — ,:ï = I . où n > ^, il faudra que l'on ait la deuxième inégalité expiime que l'axe instantané doit être compris dans ( 373 ) le dièdre des plans ■ — l — = O, qui comprend l'axe non transverse; » 3" Dans le cas de l'hyperboloide à deux nappes ■^ J2 1' n'^ II- c- I , OÙ h <^c, il faudra seulement que l'on ait Si elle est remplie, il y aura toujours des points d'inflexion. » Remarque. — Dans le cas de l'hyperboloide à une nappe, le roulement ne pourrait avoir lieu pratiquement, puisque le plan tangent coupe la surface. » ÉLECTRICITÉ. — Sur l'emploi des cottrants alternatifs pour la mesure des résistances liquides. Note de MM. Bocty et Fodssereau. « Deux méthodes ont été signalées comme fournissant des mesures exactes de la résistance des liquides : l'une, fondée sur l'emploi des élec- tromètres, et dont nous avons fait usage dans nos recherches antérieures, est à l'abri de toute critique, puisqu'elle élimine absolument l'influence de la polarisation des électrodes; l'autre consiste à affaiblir la polarisation jusqu'à la rendre négligeable, en augmentant le plus possible la surface utile des électrodes et en ayant recours à des courants alternatifs de la plus courte durée possible. Cette méthode a été fréquemment employée à l'étranger, particulièrement par M. F. Kohlraiisch. » Désireux de nous rendre compte de la comparabilité des résultats obtenus par les deux méthodes, nous avons fait usage d'un petit moteur Marcel Deprez, tournant avec une vitesse de loo tours par seconde, et nous avons dirigé les courants qu'il fournit dans un pont de Wheatstone, où le galvanomètre était remplacé par un excellent téléphone Ader. » Première expéiience. — Les quatre branches du pont sont entièrement métalliques : nous les empruntons à des caisses de résistance de la maison Elliot de Londres ou de la maison Breguet. Il est absolument impossible de régler le pont de manière à rendre le téléphone silencieux. Trois bran- C. R., i885, 2' Semestre. (T. Cl, N" S.) 4° . ( ^74 ) chesA,B, Cdu pont étant égales à loooo ohms, !e minimum du bruit correspond à D = 93oo ohms. Si l'on prenait G comme inconnue, le calcul ordinaire du pont en fournirait donc la valeur avec une erreur de 7 pour loo. Pour A = B = lo ooo ohms, C = looooo ohms, on a trouvé D = 80000 olims ; Terreur relative serait de 20 pour 100. » Deuxième expérience. — En remplaçant successivement une, deux, trois branches métalliques par des résistances liquides impolarisables, for- mées de sulfate de zinc concentré avec des électrodes de zinc amalgamé, on améliore beaucoup l'expérience, sans cependant obtenir de bonnes extinc- tions. On n'en a pas davantage en formant la quatrième branche d'une sorte de rhéostat à sulfate de cuivre et à électrodes filiformes. » L'induction propre des bobines dans la première expérience, la polarisa- tion des petites électrodes dans la dernière, introduisent dans le pont des forces électromotrices parasites; il en résulte une cause d'erreurs systémati- ques, qui n'a peut-être pas toujours été évitée par les expérimentateurs. La méthode des courants alternatifs ne peut donc être appliquée que si : 1° on exclut du circuit toute résistance métallique non rectiligne et, en particulier, les caisses de résistance du commerce, et que si : 2" on n'emploie, même dans les liqueurs concentrées, que des électrodes à très large surface. » Pour réaliser des mesures dans ces conditions, nous avons utilisé un rhéostat à sulfate de cuivre, dont voici la disposition : deux éprouvettes superposées A et B, pleines de sulfate de cuivre, contieiuient chacune une électrode de cuivre de plusieurs décimètres carrés de surface. Les deux éprouvettes communiquent par un tube vertical dans lequel s'engage une lige de verre pleine, de section presque égale, que l'on enfonce à volonté, et dont on note la position à l'aide d'un index et d'une règle divisée. On mesure, à l'aide de courants continus de très faible intensité, la résistance du rhéostat correspondant à chaque division de l'échelle, et l'on peut, dés- ormais, employer l'appareil pour des mesures absolues ('). » La résistance liquide à mesurer est formée par deux vases, contenant chacun une électrode en platine platiné de i'^™'' de surface, et communi- quant par un siphon plein du même liquide que les vases. Les branches fixes du pont de Whealstone ont une disposition analogue, mais les élec- trodes sont des zincs amalgamés de pile, plongeant dans une solution concentrée de sulfate de zinc. (') Il est indispensable de connaîire la température dn liquide, car la résistance du sul- fite de cuivre varie de j'^ de sa valeur à o", par degré centigrade. ( ;^7^ ) » Dans ces conditions, on obtienr, au léléphone, des extinctions de bruit absolues, et les résultats des mesures concordent sensiblement avec ceux que fournit l'éleetromètre ; mais la précision relative est d'autant plus mé- diocre que les résistances à comparer sont plus grandes. Par exemple, tandis que le rapport des résistances de solutions de chlorure de magnésium et de chlorure de potassium au ^ a été trouvée, dans deux mesures consé- cutives à l'électrométre, de f, 546 et i,54i, la méthode des courants alter- natifs, appliquée aux mêmes liquides, à la même température, a donné 1,609 ^^ 1,586 pour valeur du même rapport. » Les moyennes des valeurs obtenues par les deux méthodes ne dif- férent pas plus entre elles que ne diffèrent deux mesures individuelles du même rapport, fournies par les courants alternatifs; mais, avec l'électro- métre, la précision des mesures est bien plus considérable. Il semble même bien difficile que l'on puisse appliquer, avec quelque succès, la méthode des courants alternatifs aux liqueurs très diluées ou extrêmement résis- tantes que nous avons eu l'occasion d'étudier précédemment ('). » CHIMIE. — Sur la formation de t hydrate de zmr cristallisé. Note de M. J. Ville. « L'hydrate de zinc cristallisé a été obtenu par l'électrolyse très lente d'une solution ammoniacale d'oxyde de zinc. C'est ainsi qu'ont procédé Malaguti, Sarzeaud, Cornu. La formation de ces cristaux exige un temps très long; le rendement est peu considérable. » En étudiant les carbonates de zinc, j'ai observé un mode de formation très simple, qui permet d'obtenir rapidement l'hydrate cristallisé; il repose sur l'action de la potasse sur le carbonate de zinc. Ce procédé me paraît être général; j'ai constaté du moins qu'il pouvait s'appliquer à plusieurs carbonates insolubles. Je me réserve de l'étudier à ce point de vue ; je me bornerai, dans cette Note, à l'indiquer [)Our la formation de 1 hydrate de zinc cristallisé. » On peut employer le carbonate neutre ou les carbonates basiques de zinc. Le carbonate neutre que j'emploie est obtenu par l'action du gaz carbonique sur l'oxyde de zinc en présence de l'eau. Le dispositif et le mode opératoire sont identiques à ceux qu'indique M. R. Engel, pour la prépa- ie') Ce travail a été exécuté au laboratoire Js Recherches physiques de la Faculté dts Séances. ( 376 ) ration du carbonate neutre de magnésie ('). Traité par la potasse, ce corps se transforme rapidement en cristaux d'hydrate de zinc. J.a concentration de la liqueur alcaline et les proportions employées ont une grande influence sur la formation des cristaux. Une solution trop concentrée s'oppose à une cristallisation bien définie, à cause, sans doute, de la transformation trop rapide du carbonate. Un trop grand excès de potasse maintiendrait en dis- solution l'hydrate formé. L'expérience m'a indiqué que, pour obtenir une belle cristallisation, il faut opérer avec une solution de potasse au -^, em- ployée en quantité double de la quantité théoriquement nécessaire pour déplacer tout le zinc du carbonate. Le carbonate de zinc est introduit en poudre très fine dans la solution de potasse; on agite de manière à bien mélanger. Quelques minutes après, on observe de petits cristaux dont on peut suivre le grossissement sous le microscope. La cristallisation est très rapide : vingt à trente minutes suffisent pour qu'elle soit complète; le champ du microscope est rempli de cristaux prismatiques. A défaut de carbonate neutre, on peut employer de l'hydrocarbonate de zinc; il faut opérer avec une solution de potasse au ■—, ou mieux au ;^, en quantité double de la quantité théoriquement nécessaire pour déplacer tout le zinc correspondant au sulfate de zinc employé. La cristallisation est moins ra- pide qu'avec le carbonate neutre. » Les cristaux ainsi obtenus sont insolubles dans l'eau, solubles dans les acides sans effervescence, solubles dans un excès de potasse. Leur com- position est celle de l'hydrate de zinc, comme l'indiquent les résultats ana- Ivliques suivants : Trouvé. 1. il. Calculé. ZnO 81,402 82,075 8i,8i8 H-0 18, 564 17,803 18,182 99-966 99,878 100,000 » Suivant les cas, on obtient des prismes ou des modifications de ces prismes, offrant quelquefois l'aspect d'octaèdres plus ou moins aplatis et tronqués; ces modifications paraissent identiques à celles qu'a mdiquées M. Cornu (-). Dans les conditions précédemment indiquées, le carbonate neutre de zinc donne une très belle cristallisation, exclusivement formée de prismes; l'hydrocarbonate, au contraire, fournit des prismes modifiés. Des (') Comptes rendus, février i885, p. 444* (-) £u/L de la Soc. chim., i863, p. 64. (377 ) variations dans les proportions de la liqueur alcaline employée eniraînent des variations dans la forme cristalline. C'est que, dans la formation de l'hydrate de zinc cristallisé, il ne faut pas seulement considérer l'action de la potasse sur le carbonate, il faut également tenir compte du zincate de potassium qui se forme, et l'action de ce produit secondaire peut devenir prépondérante, comme dans le cas de l'hydrocarbonate. » Un certain nombre de faits permettent d'analyser l'action de la potasse et du zincate de potassium sur le carbonate de zinc. » i" Quand on augmente les proportions de potasse, le carbonate neutre de zinc fournit un mélange de prismes et de modifications; pour certaines proportions, on n'observe que des usodifications. Ce résultat ne peut être attribué qu'à l'action du zincate de potassium formé aux dépens d'une partie du carbonate de zinc. » 2" Un mélange de carbonate dezincel d'hydrate, récemment précipité et lavé, donne par la potasse un mélange de prismes et de modifications ou des modifications seules, suivant les proportions du mélange. M 3" Une solution suffisamment concentrée de zincate de potassium donne, avec le carbonate neutre de zinc, des prismes modifiés. Dans les mêmes conditions, l'hydrocarbonate fournit des prismes modifiés, au sein d'un magma amorphe, constitué par l'hydrate de zinc de l'hydrocarbonate. » 4" Si l'on augmente convenablement les proportions de potasse, l'hy- drocarbonate donne des prismes, accompagnés d'un peu de masse amorphe et de quelques rares modifications. » Ces faits permettent d'uiterpréter les changements de forme qui ac- compagnent la cristallisation de l'hydrate de zinc. » Quand on opère sur le carbonate neutre de zinc, et qu'on emploie une solution de potasse assez concentrée et en quantité suffisante, l'action de la potasse es^t |)répondérante, le zincate de potassium se forme en trop faible proportion pour avoir une action efficace; dans ce cas, l'hydrate cristallise en prismes. Quand on s'adresse à l'hydrocarbonate de zinc, la potasse se trouve directement en contact d'une grande quantité d'hydrate, aveclequel elle se combine pour former du zincate; la solution alcaline se trouve ainsi considérablement affaiblie, et l'action directe de la potasse sur le car- bonate est faible ou nulle, à cause des proportions relativement considéra- bles de zincate formé : dans ce cas, l'action du zincate sur le carbonate pré- domine et l'on obtient des prismes modifiés. » On s'explique de même les changements de forme que l'on observe en faisant varier les proportions de potasse. (378 ) M Eli résumé : l'hydrate de zinc cristallisé s'obtient par l'action de la potasse sur le carbonate neutre ou les carbonates basiques de zinc. » A l'action directe de la potasse sur le carbonate vient s'ajouter, notam- ment pour l'hydrocarbonate, celle duzincate, produit secondaire de la réac- tion. Suivant l'action prépondérante de la potasse ou du zincate, on obtient des prismes ou des modifications, ou un mélange de ces deux formes cris- tallines. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hex a bromure de benzine. Note de M. J. Mecniek, présentée par M. Troost. « J'ai repris l'étude de l'hexabromure de benzine, qui n'avait été obtenu jusqu'ici que sous la forme d'une poudre blanche composée de petits prismes obliques, visibles seulement au microscope. » Pour le préparer, je me suis servi du même procédé que pour l'hexachiorure, me ménageant ainsi les chances d'obtenir, s'il y avait lieu, un isomère correspondant au /3-hexachlorure. Ce procédé consiste à faire tomber, goutte à goutte, du brome dans une cornue contenant de^la berzine en ébullition et exposée aux rayons du soleil. Des récipients de verre reliés à la cornue et redressés condensent et font refluer les vapeurs. » Dans une de mes opérations, j'ai employé 55oS'^ de brome pour 2508"^ de benzine, et j'ai maintenu l'ébullition pendant quatre heures environ. Le brome, quelle que soit l'énergie lumineuse, n'est jamais complètement absorbé : l'appareil se remplit de vapeurs rouges, dont la teinte devient moins foncée en présence d'un excès de vapeurs de benzine, mais ne dispa- raît jamais tout à fait. Pendant le refroidissement, les parois de la cornue se tapissent de cristaux, et la plus grande partie de l'hexabromure se soli- difie dans la panse, au sein d'un liquide rougeâtre. » On décante ce liquide et on lave la masse cristalline extraite de la cornue avec une lessive alcaline, on la comprime ensuite et on la sèche. Quand l'humidité est complètement enlevée, il reste une poudre qu'on sublime, opération qui s'effectue facilement à une température ménagée. Il faut avoir soin de rejeter les premiers produits, qui se condensent sans prendre une forme cristalline bien déterminée, car ils sont presque exclu- sivement composés de benzine tribromée. Ou ne recueille que les produits parfaitement blancs, ayant l'aspect de flocons cristallins ou de lamelles aiguës, puis on les dissout dans un mélange de benzine et d'alcool bouil- lant, qu'on laisse ensuite refroidir aussi lentement que possible. L'hexahro- ( 379 ) mure, beaucoup moins soliible à froid qu'à chaud, se dépose ainsi du jour au lendemain, en beaux cristaux. On doit alors retirer ceux-ci du dissol- vant dans lequel ils ont pris naissance, sans quoi les variations de tempé- rature qu'ils éprouvent produisent des dépôts successifs, qui altèrent la transparence des faces et favorisent le développement de ces taches de stries dont il sera question plus loin. » Ces cristaux sont très denses et fondent, snns se décomposer, à 2 [2°. Ce sont des prismes rhomboïd^iux obliques ('), qui présentent les faces/», g', p\ n'" ; la face A' qu'on rencontre dans l'hexachlorure est rem- placée ici par une paire de faces m. Observés. Calculés. o / O ' ii'n, i33.37 '""' 93.24 92.46 mm sui'^' 87 . I o 87.14 pc 153.57 eg' li5.5o 116. 3 pa 1 2:' . 9.5 B pap ''9-27 57.35 pm 104.52 » Angle des axes ZX = 69° i4', a'.h'.c ^= 1,0191:1 :o, 533. face rt"'= n*. » Les faces les plus développées sont les faces g', mais on remarque sur celles-ci deux faisceaux de stries partant du centre et divergeant de chaque côté en formant deux taches blanches; les faces e' sont peu développées, tniis brillantes. » La bissectrice obtuse positive ou peu oblique à la base 2 H„ = r 26° pour le rouge. » Dispersion très forte p <^v, dispersion inclinée très prononcée. » M. Bodewig (*),qui a mesuré les cristaux d'a-hexachlorure, a observé 1 les faces p, g\ e\ a'" et h* au lieu du biseau m de l'hexabromure et a ( ' ) Je dois ces déierminations cristallographiques à la bienveillance de M. Des Cloizeaux ; qu'il me soit permis de lui en témoiguer ici tous mes remerciements. (-) BonEwic, Grnt/i' 7,eitsrhriji, t. III, p. 38i. ( 38o ) donné les chiffres suivants h>p I 1 I . 1 4 e'fi-' I 1 5 . 22 \_ pa"^ 1 9 ?.. 54 d'où ZX = 68° 46', a'.ù'.e z= o, 5o8(' ): 1:0, 527. » Ces chiffres, comparés aux précédents, démontrent bien qne l'hexa- bromure et l'a-hexachlorure sont isomorphes et possèdent par suite la même constitution chimique. » Produits liquides. — Ces produits, qu'on a séparés par décantation, doivent subir d'abord un lavage alcalin, qui les débarrasse du brome et de l'acide bromhydrique libres auxquels ils doivent leur odeur très irritante. Abandonnée au repos, la lessive alcaline se rassemble à la partie supérieure, et laisse, comme couche inférieure, de la benzine monobromée liquide, tenant en suspension une matière solide formée principalement de benzine tribromée. Pour caractériser la benzine monobromée, on l'a filtrée à la trompe, puis on l'a distillée, après l'avoir préalablement desséchée sur du chlorure de calcium. Cette opération, recommencée une seconde fois, a donné un liquide très réfringent, bouillant à la température indiquée pour la benzine monobromée. J'en ai obtenu ainsi près de 200^'', tandis que je n'ai eu que 85^"' d'hexabromure. » En comparant l'action du brome sur la benzine à celle du chlore, on voit que le brome fournit surtout de la benzine monobrou)ée, avec luie proportion beaucoup moindre d'hexabromure ; tandis que, dans l'action du chlore, c'est l'hexachlorure qui domine, accompagné de benzines tri et té- trachlorées. Il ne se produit presque pas de benzine monochlorée; une opération où j'avais 3'^*', 5oo d'hexachlorure ne m'a pas donné !^o^^ de benzine monochlorée. » Donc, à mesure que la proportion des produits d'addition c{\i\, eux, ont (') L'auteur dans ses calculs a choisi i pour caractéristique de la face a, tandis que dans la maille du réseau que j'ai adopté cette caractéristique est |. Pour rapporter la face a à ce I I dernier réseau et écrire «'"= «*, il faut doubler le paramèu-e correspondant : a = o, 5o8 X 2 = I , o 1 6. >■ Le paramètre a de l'hexabromure est 1,019. ( 38i ) la même constitution, vient à diminuer, le degré de substitution devient de moins en moins avancé ('). » THERMOCHIMIE. — Chaleur déformation des picrates. Note de M. TsciiELTzow, présentée par M. Berthelol, « On déduit, d'après la théorie, que la force des matières explosives sera d'autant plus coDsidérable, tontes choses égales d'ailleurs, que l'union préalable des composants aura dégagé moins de chaleur. » De là, lorsque la matière est un acide, comme l'acide picrique, ses sels formés à l'avance donneront un effet utile d'autant moindre, que l'énergie du système formé aura été plus diminuée au moment de la combi- naison de l'acide avec l'oxyde (-). » A ce point de vue, l'étude thermocbimique des picrates présente un intérêt direct pour les applications. D'un autre côté, les données ther- miques permettront de caractériser avec plus de précision l'acide picrique lui-même, com[)araiivement avec les autres acides. » Nous rappellerons que les chaleurs de formation des picrates de potasse, de soude et d'ammoniaque ont été mesurées depuis longtemps déjà par M. Berthelot ('). Plus tard, MM. Sarrau et Vieille ont déterminé leur chaleur de formation depuis les éléments, d'après la cond)iistioii dans l'oxygène (^). Ce sont les autres picrates qui vont être étudiés. » Nous donnons les nombres obtenus dans le Tableau suivant, auxquels nous avons joint les chiffres relatifs à l'acide et aux sels de potassium, sodium, ammoniaque, d'après les expériences de MM. Berthelot, Sarrau et Vieille : Chaleur Nombre i j- i .- de dissolution ' — ' équivalents du d'eau sel hydraté de criatalli- vers du d'hydratation du de de à l'état fo rmation depuis Picrate. salion. i8* à 20'. sel anhydre. sel anhydre. neutralisation. solide. les éléments. Ca... . 6 -7,455 + I , 080 + 8,535 -m3,783 + 8,533 -1- q5,200 Sr. . . . . 6 —7,214 + 0,892 + 7,606 4-13,744 + l3,022 + 100, 5oo (') Ce travail a été fait au Laboratoire des Hautes Études de la Faciillé des Sciences. ("'') Berthelot, Sur la force des matières explosives, t. II, p. 8. (^) Berthelot, Jnn. de Chimie et de Physii/ue, 5° série, t. IV, p. 99. ['*) Sarrau et Vieille, Comptes rendus, t. XCIII, p. 270. »., i885, a* Semestre. (T. CI, N" 8.) 49 ( 382 ) Chaleur Koiiibrr des équivalents du d'eau sel hydraté decristalli- vers Picrate. satioii. iS^àao". Cal de dissolution Ba. Pb.. Mg.. Zn.. Cu.. H.. K.. Na. Ara. 6 2 8 S 8 o o o o —7,373 -6,579(?) — 7,953 — 7'947 —8,87.2 du sel anhydre. — 2,370 — 3,53o -+- 7,362 -h 5,762 -t- i,63G — 7'' — 10,5 -6,4 — 8,7 d'hydratation du sel anhydre. -+- 5,000 )» 4-i5,3i5 + 13,709 -+-10,458 de formation de nentralisaliuu. -+-13,786 -+- 6,913 -hi4,oi6 -I- 1 o , 34 -^ + 7>7y5 + i3,7 + i3,7 -+-12,7 à l'étst solide. 4-i5,6i6 ^ 4,847 *- 0.9' 9 - >,>89 1- 0,469 -3o,5 -24,3 -22,9 depuis les éléments. 4- 38,000 + 44,730 + 89, 100 + 53,780 + 32,63g + 49'' -+-ii3,5 H-io5,3 -f- 80,1 » D'après ce Tableau, on voit que •. » 1° Les chaleurs de dissolution des sels hydratés de même compo- sition sont à peu près constantes ; » 2" Les chaleurs de dissolution des sels anhydres ont le même signe que pour les chlorures et azotates anhydres des mêmes métaux. Les sels de baryum, de plomb absorbent de la chaleur; les sels de calcium, de strontium, de magnésium, de zinc et de cuivre donnent lieu à un dégage- ment de chaleur. » 3° Les chaleurs de neutralisation ont à peu près les mêmes valeurs que pour les acides azotique et chlorhydrique; elles sont, par là même, conformes à la loi d'Andrews et prévues par cette loi, ainsi que les modules de substitution. M Mais ce sont les chaleurs de dissolution de l'acide picrique et des picrates solides qui déterminent le rapprochement des chaleurs de neu- tralisation de ces trois acides, qui sont d'un caraclère si différent; les chaleurs mêmes de formation des sels dans l'état solide étant tout à fait distinctes. » 4° En effet, les chaleurs de formation des picrates anhydres solides in- diquent que l'ordre relatif de l'affinité tles bases pour l'acide picrique so- lide suit une marche très différente pour l'acide picrique et pour les acides formiqtie et acétique {voir les Tableaux de V Annuaire du Bureau des Lon- cjiludts pour i885, p. 618); l'écart entre les chaleurs de lorination des sels de potasse et des sels de zinc, par exemple, est 18,6 pour les acétates, au lieu de 3 1,7 pour les picrates. ( 383 ) » 5° Les picrates de magnésium et de enivre, anhydres, sont formés avec une perte insignifiante d'énergie des composants, et le picrate de zinc ab- sorbe même un peu de chaleur; d'où il résulte que ces derniers picrates anhydres donneront un effet utile plus considérable que les autres, sous l'iiifluence d'un même oxydant (' ) >. CHIMIE ORGANIQUE. — Sur rcfseiire decilron. Note de MM. G. BonciiAROAT et J, Lafont, présentée par M. Chatin. « L'étude de l'essence de citron a déjà fait l'objet de travaux importants ; M. Berthelot ( ' ) a montré qu'elle est formée principalement de deux (rac • tions de même composition C'^H", mais ayant des points d'ébuUition diffé- rents et des pouvoirs rolatoires dextrogyres différents: l'une, la plus abon- dante, fournissant un dichlot hydrate solide C'" H'^allCI ; l'autre portion par l'action de l'acide chlorhydrique fournissant un produit liquide de composition intermédiaire entre le monochlorhydrale de térébenthène C=''H"'HC1 et le clilorhydrate de citrène C=''H'%2HCl ; liquide où l'acide nitrique finnaut met en évidence du mouochlorliydrale solide; mais ce corps n'avait pu être obtenu de façon à en faire l'étude. » Nous avons repris cette analyse dans le but d'isoler les divers prin- cipes de l'essence de citron et d'en étudier les dérivés. » L'essence qui a servi à nos recherches était de l'essence obtenue par expression et d'origine sûre; nous l'avons soumise à une série de distilla- tions fractionnées dans le vide sous une pression réduite à 35'"'" de mer- cure. Nous nous sommes arrêtés quand les déviations polarimétriques n'ont plus présenté de variations d'une distillation à l'autre. » Cependant aucune fraction n'est encore formée par un carbure pur. » Les poids des portions à point d'ébuUition les plus faibles sont peu consiiîérables par rapport à celui du citrène proprement dit, qui passe de 173° à 174°- i-"^ densité du premier produit se rapproche de celle ( ' ) Ce travail a été fait au laboratoire de M. Berthelot, que je prie d'agréer l'expression de ma reconnaissance. (-) Berthelot, Annales de Chiinie et de Physique [Z], t. XX.XXII, p. 223; t. XL, p. 36. ( 384 ) des lérébenthènes; celle du citrène se confond avec celles des isotérében- tliènes. » Nous avons saturé chaque fraction isolément par un courant de gaz chlorliydrique sec. Les poids d'acide fixé par les deux premières portions corrPsi)ondent sensiblement à la composition d'un monochlorhydrate; ceperid;uit les prodiiiis restent liquides. Les dernières portions se solidifient presque totalement en doinianl le chlorhydrate de citrène C-" Il'°, 2HCI. M Four i»!oler les produits, nous avons distillé chaque fraction saturée sous une pression réduite a 5o""" de mercure, de façon à abaisser la tem- pérature d'ébullition assez pour éviter la décomposition des chlorhjdrati s ; déplus, sous cette faible pression, le dichlorhytlrate ne passe pas abon- damment, même à + 140°, tandis qu'il distdle jjresque sans décomposition de + I 28"^ à + i3o°, sous la pression de 10°"" de mercure. » Les premières |)ortionsoni toutes déposé du monochlorhydrate solide dans les parties di>tillant de io5°à iao° sous cette pression de 5o""°, après deux (raclioruiements. Les portions supérieures, après deux distillations, ont été traitées de nouveau par le gaz chlorliydrique, jiuis redistillées, et ce n'est qu'après six opérations de celte nature que l'on a pu retirer de l'une d'elles une portion de monochlorhydrate solide; toutes en ont fourni, mais de moins en moins, à mesure que l'on opérait sur de l'essence à point d'ébullition plus élevé. Chaque fois, il se séparait, à la fin, du dichlorhy- drate de citrène également solide. » Les liquides mères ont tous été réunis et, par une longue série de trai- tements analogues, on les a résolus en lolalUé en monochlorhydrate solide (20^'') et dichlorhydrate solide, et en cyméne bouillant à 174*^-176°, sous la pression normale, aS^"^ environ. » Il est resté sur i'^^ d'essence de citron à peine a*^*^ à 3" d'autres pro- duits liquides qui, traités avec ménagement par l'acide sulfurique fumant, ont abandonné environ les | de monochlorhydrate solide. » Les monochlorhydrates solides ont toutes les propriétés du chlorhy- drate de térébenthene, bouillant de -t- 2o5° à -H 208°, ayant un point de fu- sion compris entre + 129° et 4- 133°, mais ils différent par leurs propriétés optiques; ils sont tous lévogyres, alors que toutes les fractions de carbures étaient dextrogyres. » Le Tableau suivant comprend les pouvoirs rotatoires de ces mono- chlorhydrates déterminés pour une solution alcoolique occupant 5'^'=: ( 385 ) Points d ebiillition de l'essence primitive, o 0 Au-dessous de 162 162-164 164-166 . . 166-168 .. 78-80 (vide) 168- 169,5 . 80-82 » i6g,5-i7 1 82-84 " '71 -172,5.. 84-86 .. ,72 -,73,5.. 86-88 .. 173 -174 .. 88-90 1) 1 74 - 1 76 Monochlorliydiale nit-langé . Pouvoir Déviation rotatoire Densité imprimée Poids du de par 10" du Déviation monoclilor. l'essence d'épaisseur monochlor. au. [^D]. 0 0 ' nr ' 0 •> ■+- 9.5 0,166 / := 1 5 — • 20 — io,o4 0,8714 + 21 , l5 0,117 / = 20 — 4'ï -14,5 0,8709 -(-3o 0,187 u - 60 -.3, .4 0,8700 -t-4o 0 , 1 29 '> - 54 -16,8 0,8644 -t-60, i5 0,1 58 » — 60 -i5,5 0,8625 + 73 u n » » 0 ,8616 + 78 u B u » o,86o5 -1-85 o,.68 • — 106 -25,8 0 , 860 I H-go, i5 u » it » 0,8672 +86,45 n » » » 0,4 10 180 —18,3 » Ces monorliloi hydrates sont à peine décomposHbles par l'eau; o^"", aSo traités pendant huit heures à 100" par cent fois le poids d'eau n'ont mis en hberté que la quantité d'acide saturant o",8 de baryte décime; o^'', aSo mis en contact avec la même quantité d'eau à la température ordinaire saturent seulement o*''', i5 de baryte décime après quinze jours de contact. » L'échantillon moyen de pouvoir rotatoire — 18, 3 traité par la potasse alcoolique à 180°, pendant soixante-dix heures, s'est transformé en un cainphéne C-"H", solide, bouillant de + i 56 à -l-iSg, fusible à -1-45°, et lévogyre en solution alcoolique, [a]„ = — 29°, 3. Sa densité à 4- 61" est de 0,83557 et à 100° de o,8o35. » Traité à nouveau eu solution alcoolique, ce cilrocamphène se trans- forme en monochlorhydrate C-" U'"HCI, facilement décomposable par l'eau froide, fusible à -+-129°, et possédant eu solution alcoolique récente un faible pouvoir rotatoire de sens contraire à celui du monochlorhydrate de térébenthène [«][, = -+- 2°,3o. )) L'essence de citron est donc très complexe, formée surtout de car- bures C-"H"' et d'un peu de cymène. Le plus abondant des carbures C-"H"' est le citrène bouillant vers 178°, ayant un pouvoir rotatoire supérieur à -+- io5°, et donnant directement un dichlorhydrate solide inaclif. Il y existe en outre, en faibles proportions, plusieurs térébenthènes commençant à bouillir au-dessous de 162°, fournissant des monochlorhy- drates différant entre eux par leurs pouvoirs rotatoires. » ( 386 ) ANATOMIE ANIMALE. — Sur la forme larvaire du Dorocîâavis pap\\\^lSL ('). Note de M. Henri Procho, présentée par M. de Lacaze-Diithiers. « La forme larvaire des Cidaridœ étant restée inconnue jusqu'à ce jour, et, d'autre part, un cas de viviparité ayant été signalé dans ces dernières années chez le Cidans nutrix{-), il était intéressant d'étudier de près le développement du Dorocidaris papillota, espèce voisine du Cidaris nulrix. Les individus mâles el femelles qui m'ont fourni les produits sexuels étaient en parfait état de conservation et sont encore vivants dans les aqua- riums du laboratoire Arago. » La ponte du Dorocidaris papillnla a lieu dans le courant du mois de février. Les œufs, blancs-jaunâtres, peu transparents, mesurent o""",i6. La segmentation totale et régulière conduit, dés le troisième jour, à une Gaslrula entièrement revêtue de cils vibratiles, qui a la forme d'un ellips- oïde dont l'un des pôles, aplati, présente en son milieu le blastopore, tandis que le pôle opposé est muni d'une houppe de cils très longs. )) Celte Gaslrula netanle pas à perdre son axe de symétrie; elle devient bilatérale el se transforme peu à peu en un Pluteus qui, trois mois après la fécondation, a acquis ses caractères définitifs. Ce Pluleus est construit sur le type bien connu des larves d'Ecliinides latistellés. Les éléments cellu- laires de V endoderme varient selon qu'on les considère dans l'œsophage, l'estomac ou l'intestin, mais sont toujours disposés en une seule assise. Les cils vibratiles existent sur toute la surface interne du tube digestif et sont surtout serrés et actifs dans l'œsophage et l'estomac. L'œsophage seul est muni de fibres contractiles circulaires. » TjP mésoderme renferme trois sortes d'éléments, savoir : " i" Cellules incolores à prolongements irréguliers; » 2" Éléments globuleux incolores qui sont les cellules formatrices des spicules; » 3" Cellules amœhoïdes colorées en brun-acajou, rappelant les corpus- cules bruns amœboides du sang de l'ailulte. Le pigment qui colore ces cellules a [iris naissance le cinquième joiu* dans l'ectoderme, et, selon toute i^robabilité, les cellules dont je viens de parler sont d'origine ecto- dermique. ( ' ) Ce travail a été fait au laboratoire de Zoologie ex|iérinicntale de Banyuls-sur-Mer. (") W. Thomson. ( 387 ) » Vectoderme est constitué par une couche de cellules larges, plates, à contour polygonal, offrant çà et là des cils vibratiles peu nombreux. Le long de la bande ciliée ces cellules deviennent longues, étroites et sont munies de cils très actifs. « Les vésicules vaso-périlonéales se sont formées, selon la règle, aux dé- pens de deux diverticulums du tube digestif. Chaque vésicule s'est divisée de bonne heure en deux lobes, dont l'un est appliqué contre l'œsophage, tandis que l'autre descend le long de l'estomac et de l'intestin. La vésicule giuche est en communication avec l'extérieur par le pore dorsal. Ces for- mations sont parfaitement creuses et leurs parois ainsi que celles du tube aquifèresont formées d'une couche de cellules offrant, après l'action des réactifs, les mêmes caractères que les cellules mésodermiques incolores. » Les bras, sur lesquels s'étend la bande ciliée, sont au nombre de quatre paires : » 1° Une paire de 6; as fjostérienrs, dont la longueur égale environ trois foin celle du corps. Ces bras sont soutenus par des spicules treillissés, par- faitement rectilignes, formés de trois baguettes réunies, de distance en dis- tance, par de petits croisillons; » a" Une paire de bras antérieurs. Ceux-ci restent courts et leurs spi- cules simples se réunissent à la base de ceux des bras postérieurs; « ?>° Une paire de bras antéro- latéraux, dont la longueur atteint presque celle des bras postérieurs. Leurs spicules treillissés sont identiques à ceux de ces derniers; » 4" Une paire de bras antcro-internes. Ces bras, formés les derniers, sont les plus courts et leurs spicules simples viennent se réunir sur la face dorsale. » Il existe, en outre, des formations calcaires indépendantes des appen- dices larvaires. Les plus remarquables sont les spicules arqués et rameux, servant de soutien à la coupole et qui sont en relation avec des fibres con- tractiles transversales. Il faut aussi signaler un spicule unpair et médian de forme irrégulière, situé à l'endroit même où se forme le bras impair des larves de Spatangoïdes. » Enfin le Pluteus du D. papillata, chez lequel les épauteltes ciliées font défaut, est remarquable par le grand développement des lobes le long des- quels court la bande ciliée. On y distingue : » 1° Trois lobes dans l'angle des bras postérieurs, dont l'un médian est très grand, échancré et dressé, tandis que les deux autres, situés de chaque côté du premier, sont entiers et rejetés en dehors; ( 388 ) » 2° Deux paires de lobes dorso-latéraux; » 3° Une paire de lobes latéraux, étalés en dehors, entre les bras posté- rieurs et antéro-latéraux. » La présence et le grand développement de ces lobes, la réticulation desspiciiles, ainsi que l'aplatissement exagéré de la coupole donnent à la larve une pliysionomie toute particulière. Toutefois, il esta remarquer que ce Pluteus, dont la forme est certainement bien définie, offre de grandes analogies avec quelques larves décrites et figurées par J. MûUer et attri- buées par lui à VEcliinus brevispinosus e.\ Eclnnocidaris œquituberculala {\ar\e de Messine), espèces certainement très éloignées de celle qui nous occupe. » Quoi qu'il en soit, on voit, d'après ce qui précède, que la forme lar- vaire des Cidaridœ, quand elle existe, est un Pluteus parlailement carac- térisé et qu'il ne saurait être question de viviparité pour le D. pnpillata. >> ANATOMIE ANIMALE. — Sur le tube dicjeslif, le corps de Boj'anus, les organes génitaux et la ponte de la Fissurelle. Note de M. L. Doutan, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. » Tube digestif. — Le tube digestif de la Fissurelle rappelle, par son plan général, celui de l'Haliolide. Comme chez ceGastéropotle, la bouche, munie d'une paire de mâchoires et d'une radula, est située à la pariie antérieure du corps et le rectum débouche, après avoir traversé le cœur, sur la face dorsale, entre les branchies. L'œsophage est également pourvu, chez les deux types, de poches latérales volumineuses; l'estomac est divisé en trois régions distinctes et le tube dis-estif est cilié dans toute son étendue, sauf sur les parois stomacales. )) Malgré ces ressemblances frappantes, il existe cependant des diffé- rences qu'il importe de signaler : » Au lieu de quatre cartilages radulaires, on n'en trouve plus que deux chez la Fissurelle. Les deux premières poches œsophagiennes font défaut, et les deux autres, très volumineuses, ne me paraissent pas jouer le rôle qu'on leur a attribué chez l'Haliotide. Leur surface interne, en effet, est tel- lement encombrée d'éléments glandulaires ramifiés, qu'il me paraît diffi- cile, étant donnée leur structure d'une délicatesse extrême, d'admettre que les aliments puissent y séjourner même momentanément. L'état de vacuité où je les ai toujours trouvées me conduit à rejeter cette hypothèse et me porte à les considérer comme ayant une fonction purement digeslive. » Les valvules qui se trouvent au niveau de ces poches offrent aussi des ( 389) particularités : elles sont formées chacune par deux lames superposées el; semblent beaucoup plus développées que chez l'Haliolide. » L'anus s'ouvre au niveau de l'ouverture de l'organe de Bojanus, sur la ligne médiane du corps, en arrière de l'orifice apical. » Le foie est formé par deux lobes réunis sur la face ventrale de l'esto- mac et verse ses produits par plusieurs orifices dans la première région stomacale signalée plus haut. » Les culs-de-sac de la glande sont constitués de cellules en houppe, munies à leur base d'un gros noyau et encombrées de granulations noi- râtres. » Les glandes salivaires présentent l'aspect de tubes arborescents, ta- pissés d'un épilhélium vibratile, et sont dans leur ensemble moins compactes que chez l'Haliolide. » Enfin je signalerai, pour terminer cette étude succincte du tubedigestif, une paire de glandes situées dans l'intérieur de la bouche et qui me parais- sent jouer le rôle d'une première paire de glandes salivaires. Ces organes sont constitués |iar des cellules ciliées qui se colorent en violet intense par l'hématoxyline et qui tranchent vivement par leur coloration sur le reste de l'épithélium intestinal. » Corps (le Bojanus. — Le corps de Bojanus est un organe impair et mé- dian, divisé eu deux lobes inégaux, celui de droite étant de beaucoup le plus important. Dans la partie antérieure et dorsale, il adhère au plancher de la cavité branchiale et arrive presque au contact des poches œsophagiennes. » Dans sa partie médiane, il se divise en deux lobes, contourne le péii- carde, recouvre la partie dorsale du foie et atteint, i)ar sa partie inférieure droite, le niveau de la glande génitale. » L'orifice de l'organe de Bojanus est commun avec celui des organes génitaux; il s'ouvre à la droite de l'anus, à la base de la brancliie corres- pondante. » Malgré l'extrême fragilité des cellules du corps de Bojanus, très dif- ficiles à observer directement dans leur ensemble, on peut sur des coupes se rendre très nettement compte de la structure. L'organe est constitué par des files de cellules disposées en une seule couche limitant les diverses ca- vités de la glande. Ces cellules ont de grandes dimensions; elles sont cubiques, munies d'tm très gros noyau et encombrées de granulations qui donnent au corps de Bojanus sa coloration jaunâtre. » Organes fjénilaux, — J'ai observé deux types au point de vue des or- ganes génitaux : la Fiss. gibba et la Fiss. reliculata. C. R., i8S5, 2' Semestre. (T. Cl, N» 3.) 5o ( 39'> ) » L'époqu ■ (le l;i reproduction étant difl'cienle chez ces deux espèce.-;, j'ai pu de cette façon examiner les glandes génitales dans leurs divers éla(s de développement, ce qui est, je crois, une condition indispensable pour arriver à une connaissance exacte de ces organes. » La glande femelle a la forme d'un sac disposé en croissant à la partie inférieure du corps. La face supérieure est intimement accolée au foie et repose latéralement sur le pied et l'épipodium. » En observant l'organe en formation lorsqu'il n'est pas encore encom- bré d'œufs, on aperçoit facilement l'éléinent essentiel de la glande : ce sont de grosses cellules pédiculées contenant chacune un œuf. Ces cellules n'existent que sur la paroi de la glande qui n'est pas en contact avec le foie. » C'est dans la partie droite qu'on trouve le conduit excréteur des or- ganes génitaux ; ce conduit, formé par une membrane mince et très lâche, n'est eu rapport avec l'organe de Bojanus que par la partie antérieure de son orifice. » C'est sur la paroi du conduit qu'on trouve la glande annexe sécrétant les glaires. Cette glande a une forme pennée et se détache très nettement sur les organes voisins, grâce à sa coloration blanchâtre. >i Par simple compression on aperçoit sons le microscope les grosses cellules qui la constituent. Ces cellules, remplies de globules blanchâtres, sont ciliées. » Quand la glande génitale mûrit, elle acquiert des pro|)ortions tontes diflérenles : ses deux extrémités remontent de chaque côté de la paroi du corps, compriment le foie et le tube digeslit et arrivent au niveau de la région œsophagienne. Les organes génitaux mâles sont construits sur le même type. » Ponte. — La Fiss. reliculata pond ses œufs en plaques étalées, dans une masse glaireuse adhérant aux corps voisins. M Les œufs sortent par la partie antérieure de la cavité branchiale, et la Fissurelle les applique sur la surface choisie, grâce à des mouvements ondulatoires de son pied. » J'ai constaté plusieurs fois le fait chez la Fiss, reliculata ; cependaul, une observation qui m'a été communiquée, et à laquelle j'attache une grande importance, me fait douter qu'il eu soit ainsi chez toutes les espèces. Je n'affirme donc le fait que pour l'animal qui m'a servi de type. » Les petits grains noirs qui représentent les œnts sont disposés sur une seule épaisseur et sont fort dilhciles à observer à l'œil nu. Cependant, ( %' ) après avoir obtenu un certain nombre de pontes dans mes cuvettes, j'ai pu en recueillir non loin du rivage, à une petite profondeur et à la face inférieure des grosses pierres. » Les œufs ne sont fécondés qu'après la ponte; il n'y a pas d'accouple- ment et les spermatozoïdes sont éliminés par les mâles sous forme de petits jets blanchâtres qui sortent par le trou apical. » J'ai déjà observé en partie le développement de la Fissurelle et recueilli des faits intéressants » PHYSIOLOGIE viÎGÉTALE. — Les réserves hydrocarhonées des Champignons. Note de M. Léo Errera, présentée par M. Van Tieghem. « On sait depuis longtemps que les matériaux de réserve ternaires se présentent chez les plantes supérieures sous deux formes très différentes : hydrates de carbone et corps gras. C'est ainsi que l'on connaît des graines olé;tgineuses et des graines amylacées, des tubercules oléagineux {Cyperus esculenlus) à côté des tubercules à amidon (pomme de terre) on à inuline [Dahlia). Il existe certaines graines chez lesquelles la réserve affecte eti- core une troisième forme : celle de couches de cellulose qui sont digérées et absorbées peu à peu par l'embrYoïi pendant la germination. » Jusqu'à présent, on s'était à peine occupé de l'étude des matières de réserve des Champignons. Mais, depuis la découverte du glycogène chez ces végétaux, il y avait lieu de se demander si cette substance, isomère de l'amidon, remplit aussi les fonctions de l'amidon dans leurs dépôts lui- tritifs. » Les gros réservoirs alimentaires des Champignons connus sous le nom de sclërotes conviennent fort bien lorsqu'il s'agit d'étudier la nature chi- mique des substances de réserve. Cette étude, à laquelle je me suis livré, m'a conduit au résultat remarquable et nouveau qu'il existe un |)arallé- lisme complet entre les réserves nutritives des Champignons et celles des autres plantes. De même qu'il y a des graines à huile, des graines à ami- don et des graines à cellulose, nous trouvons chez les sclérotes, comme réserve prédominante, tantôt de l'huile (par exemple : Claviceps purpwea), tantôt du glycogène (par exemple : Coprinus niveiis,Peziza sclerotionnn),tnu- lôl des couches d'épaississement de la membrane (par exemple : le Pa- chyma Cocos, sclérole problématique que l'on trouve en Chine). Chez plu- sieurs sclérotes, la réserve semble consister à la fois en glycogène et en couches d'épaississement absorbables ; c'est ce que j'ai surtout pu observer ( 392 ) tlai)s des corps sclérotioïdes magnifiques, découverts il y a plusieurs an- nées aux environs de Bruxelles, par M. le professeur Bonimer. D'après une obligeante Communication de M. le D'' Cooke, de Londres, ces masses fongiques se rapprochent du Sclerolium stii)ilaluin (Tchou-Ling des Chi- nois). Leur tissu est formé de deux éléments : petites cellules arrondies à paroi mince, et longues fibres à paroi tellement épaisse que la cavité cel- lulaire n'existe pour ainsi dire plus. Les cellules sont remplies de glycogène, tandis que les fibres n'en renferment pas trace. Il ne serait pas difficile, du reste, d'indiquer parmi les graines phanérogamiques des cas analogues où l'on trouve en même temps de l'amidon et d'épaisses couches de cellulose. » renflant la germination des sclérotes glycogéniféres, on voit le glyco- gène diminuer dans le sclérote et s'accumuler de plus en [)iusdans le jeune Champignon. Si l'on cultive, par exemple, des sclérotes du Coprimis i^iveiis sur du sable humide, on voit au bout de quelque temps se développer les jeunes Coprins, dont le stipe, le chapeau et les lamelles présentent beau- coup de glycogène: ce glycogène ne saurait évidemment provenir que du tissu du sclérote et il doit y avoir là une véritable inujmlion du glycogène, comparable à la migration de l'amidon chez les plantes supérieiu'cs. » IjCs sclérotes oléagineux nous ont donné des résultats parliculièrement intéressants. M. Sachs a montré, il y a déjà plus de vingt-cinq ans (' ), que, dans la germination des graines oléagineuses, l'huile est toujours partiel- lement ou complètement transformée en amidon avant d'être utilisée par la jeune plante: il se forme, comme on dit, de l'amidon transitoire. Le même fait se retrouve exactement pour les sclérotes oléagineux : j'ai pu y constater pendant la germination une formation temporaire de glycogène, qui mérite à tous égards le nom de glycogène transitoire. Dans l'ergot de Seigle, par exemple (sclérote du Clavicpps purpurea), on voit disparaître l'huile des cellides du sclérote, à la base de chacun des Claviceps au'i ^'y développent. Celte huile est d'abord remplacée dans ces mêmes cellules par du glycogène, qui disparaît à son tour. On retrouve alors un dépôt de glycogène dans le tissu des jeunes Clavlceps, notamment aux points où se formeront |)lus tard les organes de fructification : il existe un amas sj)é- cial deglycogène dans les cellules qui occupent la région ceiitraledu ventre de chaque futur périthèce. Enfin, à la complète maturité des spores, ce glycogène-là a aussi disparu. ( ') Uvber dus AufUelcn der Sûirke bel dcr Ke mttng uUialtiger Sameii [Botan. Zeitniig, i85y). ( 39^ » Tous ces détails rappellent absolument la germination de beaucoup de graines oléagineuses, par exemple du Ricin ou du Melon. » J'ajouterai que le glycogèue transitoire se retrouve dans la germinaliou des spores de divers Champignons. Comme je l'ai déjà décrit antérieure- ment ('), beaucoup de ces spores renferment, à la maturité, de l'huile qui s'est formée aux dépens du glycogèue. Pendant la germination, l'huile dis- paraît et l'on voit se déposer du glycogène transitoire dans les tubes ger- minatifs. C'est ce qu'il est facile d'observer chez les Mucorinées. » Un parallélisme inattendu existe ainsi, au point de vue de la Chimie physiologique, entre la germination des Champignons et celle des végétaux supérieurs. » EMBRYOLOGIE. — Sur l' évolution comparée de la sexualité dans l'individu et dans l'espèce. Noie de M. F. Laulanié, présentée par M. Bouley. « Au cours de recherches que j'ai instituées, depuis longtemps déjà, sur le développement des glandes sexuelles chez les Vertébrés supérieurs et, particulièrement, chez les Oiseaux, dans le seid but de me faire luie opi- nion personnelle et de choisir parmi les théories si diverses et si contra- dictoires émises sur ce point, j'ai pu rasseud^ler lui grand nombre de faits permettant d'établir un parallélisme étroit entre l'évolution onto- génique et l'évolution phytogénique de la sexualité. » Le développement des glandes génitales, chez le poulet, comprend trois grandes périodes : » i" Une période, dite à' indifférence ou de neutralité sexuelle (du qua- trième au sixième jour), dans laquelle l'éminence génitale est surtout ca- ractérisée par l'épithélium germinalif avec ses ovnles primordiaux. Or ces derniers éléments n'ont pas cette neutralité sexuelle qu'on leur prête in- variablement. Ils évolueront chez la femelle et rétrograderont chez le mâle, et leur évolution dans l'ovaire se trahira par une prolifératfon active amenant la formation de la couche ovigène. Les ovules primordiaux de l'épithéhum germinatif, que j'appellerai ovules corticaux, ont donc, dès leiu' apparition et contrairement à l'opinion accréditée parmi les embryolo- gistes, une signification très précise, celle d'éléments femelles, de véri- tables germes au sens morj)hologique. M La période dite (V indifférence est donc, en réalité, une période de (') Epiplosiiic (les Jscoiii) cèles, p. "igetsiiiv.; G/jcogè/icc/iez les Basidioz/iycétcs, p. /\^. ( 394 ) gerrniparité, puisque le premier effort de difïérenciation qui la caractérise aboutit à la formation d'élémenls, que leur histoire ultérieure désigne comme des ovules femelles. » Dans la deuxième période, qui commence au septième jour, la sexua- lité s'affirme dans l'ovaire par la formation d'une couche ovigène résultant de la prolifération des ovules corticaux. » Chez le mâle, on voit apparaître à la même époque, et dans la couche médullaire, des cordons cellulaires pleins, anastomosés les uns avec les autres et formant un système réticulé, indépendant de l'épithélium germi- natif ou système cortical. Ces cordons, différenciés sur /j/ace, constituent l'ébauche des tubes séminifères, comme le montrent leurs différencia- tions ultérieures. Ils reçoivent déjà, à cette première phase de leur évolu- tion, une empreinte sexuelle non équivoque, qui leur est donnée par des ovules primordiaux disséminés dans leur épaisseur, et constituant l'ébau- che des futurs ovules mâles. » Il est donc établi que, dès cette seconde période, la sexualité femelle a pour expression les ovules corticaux de l'épithélium germinalif, plus ou moins multipliés, tandis que la sexualité mâle réside en des ovules primor- diaux, morphologiquement identiques aux ovules corticaux, mais issus du mésoderme et méritant, pour ce motif, le nom d'ovules médullaires. » Mais, en même temps que s'ébauchent dans les deux glandes les élé- ments de la sexualité définitive, on y découvre aussi les éléments de la sexualité opposée. C'est ainsi que, dans l'ovaire, la couche médullaire, très énergiquement séparée à cette époque de la couche ovigène par une lame conjonctive (lame conjonctive intermédiaire), contient un grand nombre d'ovules médullaires disséminés dans le stroma et particulièrement abondants au niveau du bile. En même temps, on trouve dans le testicule quelques ovules corticaux persistant encore dans l'épithélium germinalif. Il y a donc dans les deux glandes les deux systèmes d'ovules, le système cortical et le système médullaire juxtaposés, mais distincts. » C'est là un témoignage irrécusable de l'hermaphrodisme réel, entendu au sens de Geoffroy Saint-Hilaire, de l'hermaphrodisme organique auquel on ne saurait ramener, sans faire un abus de mots, le prétendu hermaphro- disme cellulaire tel que le comprend M. Balbiani, et qui n'impliquerait, à tout prendre, que la complexité primitive des éléments sexuels. » La période d'hermaphrodisme a, d'ailleurs, dans les embryons de poulet une très courte durée. Les ovules corticaux disparaissent très rapi- dement dans les testicules, dont l'épithélium germinalif devient plat du hui- ( 3ç)5 ) liciiH' iui neuvième joui et s'isole desélemenls médullaires sous-jaceuls par une mince albuginée. » Les ovules médullaires (ovules mâles) de l'ovaire ne disparaissent entièrement qu'au dixième jour, et à partir de ce moment commence déci- dément poui' les deux glandes la période de la sexualité pure. 11 En ce qui touche les Mammifères, les faits que j'ai recueillis jusqu'ici, quoique étant encore peu nombreux, m'autorisent à affirmer que l'évolu- tion sexuelle parcourt les mêmes étapes que dans le poulet. Il y a, cepen- dant, celte particularité que le foyer mâle médullaire de l'ovaire trouve ici une exiiression beaucoup plus nette et affecte, comme dans le testicule, la forme de cordons pleins et anastomosés qui persistent très longtem|)s dans certaines espèces, quelquefois jusqu'aux limites de la vieillesse la plus avancée, tout en se dépouillant des ovules primordiaux médullaires en qui réside surtout la sexualité mâle. 1) Les ovules corticaux du testicule ont une durée beaucoup moindre, quoiqu'on puisse en trouver encore sur des testicules embryonnaires dont les lubcs affectent déjà les caractères histologiques des tubes impubères. » La succession phénoménale qui précède est également celle qu'on retrouve dans l'évolution sexuelle envisagée dans la série animale, dont les progrès comportent aussi ces trois grandes étapes : i° germiparité; 2° herma[)hrodisme; 3" sexualité pure ou unisexualité. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUIC. — Influence de la lumière du Soleil sur In vitalilé des nuciococcus. Note de M. E. Duclaux, présentée par M. Boidey. « Dans ma dernière Communication (') au sujet de l'influence de la lumière solaire sur les microbes, j'ai laissé de côté tout ce qui est relatif aux micrococcus. J'ai dû attendre d'être mieux renseigné sur la physio- logie et les besoins nutritifs de ces petits êtres pour pouvoir affirmer que, lorsqu'ils se refusaient à peupler un liquide nourricier, après une exposi- tion plus ou moins longue au soleil, c'est qu'ils étaient réellement morts, et non parce que je ne savais pas leur oifrir un liquide approprié. Je peux aujour^l'hui parler, en connaissance de cause, des six espèces de micro- coccus que voici : Comj>les vendus, t. C, p. 119; i885. ( 39^) ) » 1° Celui que j'ai découvert dans le sang d'un malade alleint du clou de Biskrn{'); n 2° Le micrococcus du furoncle que je n trouve depuis six ans, tou- jours identique à lui-même, sur le malade chez lequel il a été découvert en 1879 par M. Pasteur; » 3° Un micrococcus que j'ai rencontré dans trois cas de folliculile agminée, pris dans le service de M. A. Fournier, et qui a fait l'objet d'un travail de M. ]^e\o\v {Progt-ès médical, 1884); » 4° Un micrococcus rencontré dans trois cas de pemphigus grave et bénin et identique morphologiquement, sauf qu'il n'a pas de mobilité, à la bactérie du pemphigus de M. Gibier; » 5° Un autre micrococcus, fréquemment rencontré dans le sang et l'urine d'un malade atteint de nodosités rhumatismales, dans le service de M. Fournier; » 6° Enfin un autre coccus, rencontré à deux reprises dans des cas ù^impeligo contagiosa, toujours dans le même service. » Tous ces coccus ont entre eux de grandes ressemblances morpholo- giques et physiologiques qui ne les empécbenl pas d'être différents les uns des autres, mais qui permettent de les rassembler dans une étude commune sur la façon dont ils résistent à l'action solaire. » Celte action est variable suivant qu'elle s'exerce sur un microbe plus ou moins vieux, conservé à sec, ou dans un liquide de culture. Elle varie aussi suivant la saison. Au sujet de ce dernier facteur, je n'ai pas cherché à séparer l'influence de la lumière de celle de la chaleur solaire. J'ai tenu à rester dans les conditions ordinaires, celles que subissent les germes en suspension dans l'air ou déposés à la surface des corps. La seule condition à laquelle je me sois astreint, c'est de ne pas dépasser comme température le voisinage de celles qui conviennent le mieux aux cultures des microbes (') Bulletin de l'Jciidcniie de Médecine, lo juin 1884, et Archives de Phy biologie, 1884. Depuis la publication de ces Mémoires, j'ai reçu de M. C. Gessard dis cultures faites par lui à Gafsa (Tunisie), avec la lymphe des c/oh.v d'un certain nimibre de malades. J'y ai retrouvé un microbe en tout identique à celui de l'unique nialade que j'avais pu étudier à Paris dans le service de M. le professeur Alf. Fournier, à l'hôpital Saint-Louis. La corré- lalion cuire le clou de Diskra ou de Gafsa et l'existence d'un micrococcus spécial s'aflirme donc de plus en plus. C'est à une des cultures de M. Gessard qu'a été emprunté le microbe dont il est question ici. ( 397 ) et qui sont comprises entre So" et 4ù°. La température au Soleil monte quelquefois heaucoup plus haut. Les limites de vitalité que j'ai trouvées dans mes expériences sont donc des limites maxima et sont surtout sous l'influence de la lumière solaire. Dans la nature, où la ch deiu' intervient avec la lumière, elles sont encore plus étroites. On va voir pourtant que celles de mes expériences sont singulièrement restreintes dans quelques cas. » En laissant de côté des détails secondaires, je peux résumer très briè- vement mes résultats. Des cultures jeunes de mes micrococcns dans du bouillon de veau neutre, qui vivent en moyenne plus d'un an, quand elles sont conservées à l'obscurité ou à la lumière diffuse, n'ont pas résisté cette année plus de quarante jours au soleil fa)ble et intermittent du printemps, du 4 mai au i3 juin. En juillet, quinze jours d'insolation sufljseut à les tuer, un nombre moindre à les atténuer et à leur enlever toute action sur l'organisme des animaux même les plus sensibles à leur influence. » La vitalité est encore plus faible quand le microbe est: conservé à sec, dans l'enduit imperceptible que laisse une goutte de liquide de culture évaporée sur le fond d'un matras. Le micrococcus du clou de Biskra, celui du pemphigiis, qu'on trouve encore très vivants après cinq à six mois de séjour à sec et à l'obscurité, ont été tués par huit jours d'exposition au soleil entre le 26 mai et le 3 juin. En juillet, deux à trois jours suffisent, et il en est à peu près de même pour les autres. Aucun de ceux que j'ai étudiés n'a résisté à trois jours d'insolation, du 7 au 9 juillet, sur l'appui d'une fenêtre ouverte au midi, qui n'avait le soleil que quatre heures par jour, de y'' à i*", et où la température n'est jamais montée à plus de 39°. » Ce sont des chiffres très notablement inférieurs à ceux que j'ai trouvés pour les bacilles, et la différence tient sans doute surtout à ce que, chez les micrococcus, la spore, forme de résistance de l'être, si elle existe, est rare et encore inconnue. Quoi qu'il en soit, il est intéressant de constater que quelques heures d'insolation suffisent à atténuer d'abord, à tuer ensuite ces micrococcus, qui comptent tant d'espèces redoutables et large- ment répandues. On s'explique ainsi que l'air emporte tant de germes morts, que beaucoup de maladies restent confinées, malgré les courants d'air et les vents, dans leurs foyers d'origine, que lorsqu'elles viennent de loin, leurs germes aériens nous arrivent atténués et qu'ils aient besoin, pour conserver leur virulence, de voyager sur des vêtements empaquetés, dans des ballots de marchandises, ou encore dans les cales sombres et humides d'un navire. Pour tout dire en un mot, la lumière solaire est C. R., l885, 2' Semestre. (T. CI, N» o. ) 5l ( 39^ ) l'agent d'assainissement à la fois le plus universel, le pins économique et le plus actif auquel puisse avoir recours l'hygiène privée ou publique. » ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Études comparées sur la lèpre [analomie patho- logique de ta lèpre). Note de M. HENRitiELoiR.présentéepar M. Paul Bert. « 1° Peau. — A. Epiderme, — a. Dans les tubercules récents, crus, non excédents, on constate que l'épiderme est intact; cependant^ tantôt ses pro- longements interpapillaires sont hypertrophiés, tantôt (surtout dans les tubercules voiumiiieiix) ils sont aplatis et peuvent même avoii" disparu; A cette période, l'épiderme est en somme intact. Bien qu'il contienne des cellules migratrices^ je n'ai pas trouvé de bacilles dans ces cellules mi- gratrices ayiînt filé entre les cellules dn corpS de Malpighi. » 6. Dans les tnbercuies plus anciens, tendant à s'ulcérer^j'ai pu constater nue analogie frap[)ante entre ces lésions épidermiques, siégeant à la surface de ces tubercules lépreux, et celles que j'ai étudiées à la surface des tuber- cules lupeux; c'est-à-dire : ou bien des lésions de desquamation; ou bien des lésions de vésico-pustulation ; ou bien des lésions de phlycténisation; fait intéressant, j'ai pu dans deux cas constater des bacilles dans les leu- cocytes et dans le liquide contenus dans la cavité: i° d'une phlycténule et 2° d'une vésico-pustule non crevées. » B. Derme. — Le léprôme siège dans le derme, surtout dans les régions moyennes et inférieures du derme; mais il envahit aussi fréquemment les couches supérieures du derme et la couche papillaire, sauf souvent une même couche qui le sépare de l'épiderme. )> Ce léprôme présente, dans sa distribution topogt-aphique^ une assez grande analogie avec le lupôme; ainsi, de même que dans le lupus tuber- culeux, le derme se trouve infiltré par des masses de cellules tendant à se grouper en manchonSj principalement autour des vaisseaux, et à suivre les trajets et fentes lymphatiques du derme. Il y a de véritables lymphangites lépreuses, comme il y a des lymjjhangites lupeuses. Mais, en outre, les tu- bercules lépreux^ les nodules du léprôme ont une grande tendance à se grouper autour des nerfs du derme et de l'hypoderme; » Le léprôme envahit fréquemment l'hypoderme; au début^ on con- stat'' sa tendance à se masseï' autour îles glandes de la peau, des nerfs et des vaisseaux; les lésions de névrite parenchymateuse paraissent être secondaires à l'actioU directe des bacilles lépreux et de leurs sporeS, que l'on trouve renfermées en grande abondance dans les cellules lymphatiques ( ^99 ) qui dissocient les tiibes nerveux. Pour la description des bacilles et spores qui se trouventdans la peau et ailleurs, je n'ai rien à ajouter aux excellentes descriptions qui en ont été faites par Hansen, Neisser, Cornil, Bibès, etc. Je remarquerai, cependant, que lesm.isses considérées par Vircliow comme de grosses cellules (cellules lépreuses) ne sont antre cliose que des amas de bacilles, sans aucun rapport avec des éléments cellulaires; ce sont des amas zooglœïques de bacilles et spores de lèpre disposés sous forme de boules. » Donc, le derme et l'hypoderme (ainsi que les muqueuses de la boijclie el du jibarynx) constituent un excellent terrain de culture pour le bacille qui y pullule, sons forme de bâtonnets et de spores. Qu int à l'épiderme, il constitue un détestable terrain de cullin-e, sans doute à cause du peu de cellules l}mphatiques qu'il contient, et peut-être de l'in- suffisance de la température. » 2" Moqueuses. — A. Les lésions de muqueuses labiales, buccales, guttu- rales sont assez analogues à celles que l'on observe dans la peau. Dans deux cas, j'ai été étonné de la prodigieuse quantité de bacilles contenus dans la salive de lépreux atteints de lésions tuberculeuses de la bouche. » B. Je dois injisler sur les lésions de la langue dans la lè[)re tubercu- leuse, car elles ne sont pas on à peine signalées par les aufeuis. Dans un premier type, la langue ressemble grossièrement à une glossite syphili- tique. On peut très bien constater cette analogie également au point his- tologique. Le derme muqueux, dans toute son épaisseur, est infiltré en masse et d'une façon étendue par le léprôme, lequel pénètre jusque dans la portion musculaire de l'organe, dissociant les fibres musculaires, dont il amène la destruction. Ce léprôme est peu vascularisé; il tend, en nombre de points, à subir la dégénérescence fibreuse, et d'une façon générale rap- pelle très bien une coupe de glossite scléro-gommeuse. Il est peu riche en bacilles. » Dans une autre variété, l'infiltrat lé[)reux est plus superficiel, il n'a pas subi la dégénérescence fibreuse; il est cousiitué par des cellules em- bryonnaires, au milieu desquelles on aperçoit une assez grande quantité de grosses boules, constituées uniquement par des bacilles et des spores. En certains points de la coupe, les bacilles sont tellement abondants, que l'on dirait une culture pure de bacilles. Les papUles du derme muqueux sont hypertrophiées, pleines de bacilles. L'épiderme et ses prolongements inter- papillaires sont hypertrophiés. En quelques points, l'épiderme a disparu, il y a une érosion, et, à ce niveau, les tissus bourrés de bacilles sont direc- tement baignés par la salive. ( 4oo ) » C, Le larynx est très souvent altéré d'une façon notable dans la lèpre tuberculeuse. Sa muqueuse est épaissie, surtout au niveau de l'épiglolte et des cordes vocales supérieures et inférieures à des ventricules. Dans certains cas, il y a une sorte d'Iiypertrophie éléphantiasique, pouvant amener des accidents semblables à ceux de l'œdème de la glotte. » Dans d'autres cas, le léprôme subit, par îlots, une dégénérescence ca- séeuse, qui aboutira à la formation d'ulcérations superficielles de la mu- queuse laryngée, 1res analogues à celles que l'on observe dans certaines variétés de tuberculose laryngée. J'ai parfois pu constater des bacilles dans l'inlétieur des vaisseaux sanguins ou des lymphatiques dilatés des larynx ainsi affectés. L'épiderme, lorsqu'il existe encore, ne contient pas de ba- cilles; de même les cartilages, que j'ai trouvés toujours intacts. ') 3° Des ganglions lyrnpliatiques où aboutissent les lymphatiques du tégument malade sont atteints et pleins de bacilles. Il semblerait que le bacille lépreux, parti des régions légumentaires précitées, arrive par l'in- termédiaire des lymphatiques dans les ganglions où aboutissent ceux-ci. L'histologie de ces ganglions lymphatiques a été bien faite par différents auteurs, entre autres par Cornil. » 4° JDans le foie, on trouve des bacilles et quelques spores : i° en amns dans les espaces interlobulaires et, en particulier, dans le tissu con- jonctif qui entoure les espaces portes. Les rameaux de la veme porte con- tiennent parfois des bacilles, enfermés ou non dans des leucocytes. Les espaces lymphatiques qui se trouveut dans les espaces interlobulaires renferment souvent des bacilles. 2° Dans le lobule, entre les cellules hépatiques plus ou moins altérées, on trouve des bacilles libres, ou ren- fermés dans des cellules migratrices plus ou moins groupées ou dissé- uiinées. Les cellules hépatiques renferment aussi parfois des bacilles, groupés surtout dans l'espèce de zone hyaline centrale périnucléaire qui entoure le noyau de la cellule. » 5° Dans la rate, le bacille existe à l'état disséminé dans les cellules lymphatiques de cet organe. De tous les viscères, c'est peut-être la rate qui renferme le plus de spores, soit en amas libres, soit contenues dans les cellules lymphatiques de spores. Elles y forment souvent des masses bru- nâtres, granuleuses. » 6° Le testicule est pris presque toujours. Le léprôme s'y trouve fré- quemment à l'état fibreux. Je n'ai pas à décrire ici ces lésions, bien étudiées par Cornil. De même que cet auteur et A. Hansen, j'ai souvent trouvé des bacilles libres dans les conduits séminifères. » Les lésions osseuses ne paraissent être que secondaires aux ulcérations ( 4oi ) et à la dénudation de l'os qui en résulte. Ce sont des lésions du nécrose. Les os malades ne paraissent pas renfermer de bacilles. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches sur l'empoisonnement par l'hy- drogène sulfuré. Note de MM. P. Broitaruel et Padl Loye, présentée par M. Paul Bert. « Les ouvriers qui meurent victimes de l'intoxication par les gnz des vidanges succombent en présentant des accidents eu apjiareuce très dis- semblables. Pour déterminer les causes de ces variations, nous avons d'abord expérimenté sur des chiens trachéotomisés, auxquels nous fai- sions respirer des mélanges, en proportions connues, de gaz sulfhydrique et d'air. Les mélanges à 2 pour 100 et à o,5 pour 100 nous ont paru des plus intéressants à étudier, car ils se rapprochent de ceux que l'on ren- contre fréquemment dans les recherches médico-légales. » I. Mélange de 2'" d' hydrogène sulfuré dans 100'" d'air. — La mort sur- vient le plus souvent en deux ou trois minutes; les symptômes que l'on observe sont les suivants : » 1° Elat de In pupille. — Cinq à huit secondes après le début de l'inha- lation, la pupille se dilate largement, l'œil est projeté au dehors. IjC réflexe pupillaire a disparu, l'aiiproche d'une lumière vive ne provoque aucune contraction. Les vaisseaux du fond de l'œil sont tr^s dilatés. 1) 2° Sensibilité. — La cornée est devenue tout à fait insensible : l'irrita- tion de cette membrane ne produit pas le moindre abaissement des pau- pières. L'excitation delà peau reste sans eltet ; vingt secondes après le début de l'expérience, la galvanisation du nerf sciatique par un courant énergique n'amène pas de mouvements généraux. Ainsi, on constate la dis- parition de tous les réflexes. » 3° Conlraclure. — A la suite des premières inhalations, l'animal pré- sente inie très courte phase d'agitation; puis les muscles entrent en con- tracture, les membres sont en extension forcée et le thorax reste en expira- tion. Celle contracture disparaît après l'arrêt des mouvements respiratoires. Il y a expulsion d'urine et de matières fécales. » 4° Respiration. — Dans les premières secondes, la respiration est ralentie; elle devient ensuite convulsive, au moment où l'animal s'agite. Après vingt ou vingt-cinq secondes, les mouvements respiratoires cessent complètement pour ne plus reparaître. » Si l'on étudie l'empoisonnement par ^l'hydrogène sulfuré chez un ( 402 ) animal soumis à l'anesthésie chloroformique, on n'observe pas de respira- tions convulsives. Le rythme respiratoire est tout d'abord ralenti, puis il s'accélère et diminue peu à peu d'amplitude; la respiration s'arrête après trente ou trente-cinq secondes. » Si les inhalations d'hydrogène sulfuré sont faites chez un animal au- quel on a coupé les deux pneumogastriques, les phénoniènes ne sont pas modifiés, et l'arrêt survient dans le même temps. » 5° Cœur et pression sanguine. — Le nombre des battements est diminué : au lieu d'en compter quinze pendant cinq secondes, on n'en compte plus que quatre après l'uilialation d'hydrogène sulfuré. Ce ralentissement ne persiste pas jusqu'à la mort : à la fin de la première minute, on voit repa- raître le nombre normal. Les battements du cœur sont très énergiques pendant ce ralentissement : le thorax est soulevé d'une façon très mani- feste et les artères donnent un pouls très marqué. » Cette modification dans le rythme cardiaque nous paraît due à l'ac- tion du sang chargé d'acide sulfhydrique sur les nerfs centripètes du cœur. En effet, si nous sectionnons le bulbe rachidien, si nous coupons les nerfs pneumogastriques, si nous soumettons l'animal à l'anesthésie chlorofor- mique, il n'y a plus diminution du nombre des battements. » Toujours le cœur est ï'ullimum moriens : il s'arrête environ deux mi- nutes après la respiration. Les mouvements spontanés des oreillettes per- sistent longtemps après la mort : nous avons pu les suivre plus d'une heure après l'ouverture du thorax. M La pression sanguine s'élève un peu au début de l'inhalation, puis elle s'abaisse d'une façon assez régulière jusqu'à la mort. L'excitation du bout périphérique du nerf vague provoque le ralentissement du cœur pendant toute la durée de l'expérience, f^a galvanisation du nerf sciatique, faite après vingt secondes, ne modifie en rien la hauteur de la pression sanguine. » 6° Sang. — Le sang recueilli au moment de la mort se coagule rapi- dement : vu en couche mince, il paraît violacé. Nous n'avons pas pu dé- celer au spectroscope la raie caractéristique de l'hydrogène sulfuré. Le sang artériel, analysé après l'arrêt définitif du cœur, contient encore assez d'oxygène pour entretenir la vie : la capacité respiratoire est peu diminuée. » IL Mélange de o''',5 d'hydrogène sulfuré dans loo'" d'air. — La mort survient dans un délai variant de dix-sept à cinquante minutes : les sym- ptômes observés sont les suivants : » 1° Etat de la pupille. — La pupille reste dilatée pendant toute la durée de l'expérience : l'œil est en exophlhahnie; le réflexe pupillaire disparaît. ( 4o3 ) » 2° Sensibilité.— La cornée est tout d'abord insensible; mais, dès qtie les mouvements respiratoires reparaissent, elle reprend peu à peu sa sensibi- lité, et elle la conserve jusqu'à la mort. » 3° Contracture. — Les membres sont contractures dans l'extension, quinze secondes après le commencement de l'expérience. Cette contracture disparaît an retour de la respiration, mais elle revient plusieurs fois. 4" Respiration. — Au début, on constate de grands mouvements respira- toires : ils diminuent peu à peu et cessent an bout de trente secondes. Cet arrêt dure environ une minute; puis on voit revenir de grandes inspira- tions, qui mettent en jeu tous les muscles du thorax et qui soulèvent éner- giquementles membres antérieurs. Ces inspirations augmentent peu à peu d'amplitude; le rythme respiratoire diminue ensuite jusqu'à la mort. " 5° Cœur et pression ianguiue. — Le ralentissement du cœur est très marqué dès les premières inhalations, et il persiste assez longtemps : puis les battements deviennent plus nombreux; le cœur s'arrête après la respi- ration. La pression sanguine s'élève pendant la première minute» puis di- minue pour se relever : la hauteur varie ainsi d'une façon très irrégulière, et elle s'abaisse presque subitement au moment de l'arrêt définitif du cœiu-, » 6° Sang. — La coagulation du sang est rapide : la couleur est très vio- lacée. Il est possible de déceler au spectroscope la raie caractéristique de l'hydrogène sulfuré; mais cette recherche est des plus délicates et elle ne rappelle que de très loin les descriptions données par les auteurs. M. le D'' G. Pouchet a pu cependant reconnaître les caractères spectroscopiques indiqués. Le sang artériel, au moment de l'arrêt du cœur, est très pauvre en oxygène : la capacité respiratoire et diminuée. » 'j" Urine. — La vessie est souvent pleine d'une urine claire qui ren- ferme, tantôt de l'albumine, tantôt du sucre, quelquefois ces deux éléments. » 8° Conli aclilité musculaire. — Les muscles répondent à l'électrisatiou après la mort, contrairement à ce qu'annoncent plusieurs auteurs : l'exci- tation des nerfs moteurs est également efficace. » Conclusions. — Il nous paraît légitime de distinguer deux formes dans l'empoisonnement par l'hydrogène sulfuré. Dans la première, la mort est foudroyante et semble très nettement due a une action sur les centres nerveux. Dans la seconde, la mort est lente; aux accidents nerveux, se joignent des phénomènes que nous croyons pouvoir rapporter à l'asphyxie. » C'est la proportion d'hydrogène sulfuré dans l'air inhalé qui règle la ( 4o4 ) marche de l'empoisonnement. Un chien est tué en deux minutes, après avoir respiré 5'" d'un mélange à a pour loo; un autre chien succombe en trois quarts d'heure, après avoir inhalé i oo'" d'un mélange à o, 5 pour i oo. C'est donc moins de la quantité absolue que de la tension dans l'air, qu'il faut tenir compte dans cet empoisonnement. » Dans une prochaine Coinmunicalion, nous indiquerons les caractères anatomo-pathologiques de l'intoxication sulfhydrique, ainsi que les ap- plications médico-légales qui dérivent de nos recherches. » ZOOLOGIE, — Note sur un écliouement d'Hyperoodon, à Rosendaël. Note de MM. PoucHET et Beauregard, présentée par M. Robin. « Le 24 juillet dernier, une compagnie de fantassins manœuvrant sur la plage de Rosendaël, près de Dunkerque, aperçut un Célacé pris par le jusant et qui essayait de se dégager du sable. Quelques balles lui furent envoyées, puis il fut achevé à coups de baïonnette. » L'Administration de la Marine, toujours dévouée aux intérêts de la Science, avisa aussitôt le Muséum. Par suite de circonstances indépen- dantes de noire volonté, la dépêche de M. Barrière, commissaire de l'in- scription maritime à Duukerque ne nous parvint que tardivement. » L'un de nous se rendit aussitôt à Dunkerque et put constater com- bien ce retard avait été préjudiciable aux intérêts des collections du Muséum. Il s'agissait, en effet, d'un Hyperoodon rostratus mâle, long de 6", 80, pris vivant, et par suite dans des conditions particulièrement favo- rables pour l'étude anatomique d'un animal très imparfaitement connu. » Le Cétacé avait été vendu et dépecé pour en tirer l'huile. On n'en a pas extrait moins de iSoo''. Les os avaient été employés comme combus- tible, et il ne restait que l'extrémité du bec qui avait été réservée par le D"" Bourgeois, médecin-major au 110* de ligne. Nous y avons trouvé sons la gencive les dents caractéristiques. » M. Bauer a bien voulu nous remettre une photographie de l'animal. Malheureusement celle-ci est prise du côié du ventre. Elle montre, au niveau des branches de la mâchoire et en dedans, deux plis convergents en avant et parallèles à ces branches. Un harpon était implanté dans les chairs du Cétacé. Ce harpon ne portait aucune indication de propriétaire qui permît d'apprécier rigoureusement le déplacement de l'animal depuis qu'il avait été harponné. Cet instrulneut est un de ceux qu'on lance avec les armes à feu. Par ses dimensions, il paraît destiné à la chasse régulière du ( 4o5 ) Béluga. 'l\ portail encore 20'" de ligne enroulés autour du corps de l'ani- mal. M L'intérêt des échonemenis d'Hyperoodon est dans leur rareté sur les côtes de France. Rappelons, toutefois, celui qui eut lieu l'an dernier |)resque à pareille époque au dp Hreton. (Voir Comptes rendus, séance du 12 février i88j.) » M. DE Lacaze-Diîthiers, en présentant à l'Académie des appareils d'éclai- rage électrique pour les travaux des nnluralistes, chimistes, microgra- phes, etc., construits par M. G. Tioiivé, s'ex|)rime comme il suit : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, de la part de M. Gustave Trouvé, divers ajjpnreils d'éclairage électrique, que j'ai expérimentés dans mou labor.itoire de la Sorbonne et qui sont appelés à rendre de réels ser- vices dans mes stations zoologiques de Roscoff et de Banyuls, pour les- quelles ces instruments ont été construits. Il n'est pas douteux que les chimistes, les botanistes et les minéralogistes ne puissent, comme les zoolo- C. B., l8S5, >' Semestre. (T. tl, N° i). ) '^- ( /|o6 ) gisles, en tirer un grand profit. Ces appareils se composent, comme le montre la figure, d'un vase cylindrique en cristal, au-dessous duquel est un miroir en glace argentée. Le vase est recouvert d'un couvercle réflecteur argenté, à surface paraholique, au centre duquel est suspendue une lampe à incandescence. Il est rempli d'eau de mer dans laquelle s'agitent descoma- tules, des térébelles, avec leurs longs tentacules, deslucernaires que je mets sous les yeux de l'Académie en y ajoutant une branche de corail dont les polypes sont épanouis. Entre le couvercle parabolique et le miroir du fond, il s'opère un renvoi de rayons dans une direction parallèle aux parois verticales du vase. L'éclaiiage ainsi dirigé permet d'étudier ces animaux délicats jusque dans leurs détails les plus minutieux, avec une netteté surprenante, et de suivre tous leurs mouvements avec la plus grande faci- lité. A l'aide de la loupe, les résultats de l'observation sont vraiment remar- quables, si l'on considère la simplicité des organes mis en jeu. A Roscoff, comme au laboratoire Arago, la lumière électrique produite avec les appareils simples de M. Trouvé nous aidera beaucoup pour l'observation des animaux délicats et transparents qui flottent à la surface de la mer et que nous recueillons dans nos pêches pélagiques. M Pour étudier les fermentations, l'appareil est un peu modifié; le cou- vercle réflecteur est vissé sur une garniture métallique scellée sur le bord supérieur du vase de cristal, pour mettre les préparations à l'abri de l'air. Une chemise métallique en forme de lanterne met l'appareil à l'abri de tout choc extérieur. )) Voici un second appareil qui n'est autre que le photophore électrique de MM. Hélol et Trouvé modifié pour l'usage auquel je l'ai employé. Il permet d'opérer les dissections les plus fines en éclairant vivement les préparations. Il sera d'un grand secours dans les journées sombres qui sont fréquentes à Roscoff en été et même à Banjuls en hiver, quand le manque de lumière interrompra un travail déjà commencé. Sa lumière n'altère en rien la couleur des animaux, qui apparaissent tels qu'ils sont au jour. Ce qu'il faut apprécier dans le photophore de M, Trouvé, c'est son petit volume et surtout son maniement très facile, qui permet de le placer comme on le désire, d'éclairer obliquement ou dans tout autre sens l'objet à examiner. Il est, par exemple, possible, en posant sur un pied un bocal rempli d'eau de mer où vivent des animaux, de rester plongé dans l'ob- scurité, tandis qu'on promène le pinceau éclatant de lumière sur telle ou telle partie du bocal qu'on examine à la loupe. » En faisant varier les incidences do l'éclairagi» s^jus une loupiî 1res ( 4o7 ) grossissante, j'ai disséqué avec beaucoup de facilité des filets nerveux de la plus grande délicatesse et 1res difficiles à voir en plein jour. » Le générateur d'électricité, qui met en jeu les organes des appareils que je viens de montrer à l'Acalémie, est peu encombrant; il pèse à peine 3''^; néanmoins il m'a permis d'opérer avec une grande sûreté : c'est du reste la batterie universelle automatique, que notre confrère M Ja min vous a pré- sentée récemment. » M. Pei.igot fait remarquer qu'ayant expérimenté les appareils de M. Trouvé dans son Laboratoire de la Monnaie, il a acquis la conviction que ces ap|)areils seront d'un grand secours dans l'enseignement pour faire assister les élèves aux phénomènes de cristallisation. M. Df.nis adresse, de Mont-Bernanclion (Pas-de-Calais), la préface et un extrait d'un Ouvrage en préparation, sous le titre : « Généalogie des nombres «. M, A.-C. Benoit-Duportaii< adresse une Note « Sur les ondulations de la mer ». M. D,-S. Stroumbo adresse, d'Athènes, une Note sur un procédé pour rtndre visible, à un grand auditoire, la marche des rayons dans un cristal biréfringent. A 3 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret, La séance est levée à 4 heures. J. R. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. OUVBAGES REÇUS DANS LA SKANCE DU 37 JUILLET l885. Diagnostic et traitement des tumeurs de l'abdomen et du bassin ; par J . Péan, Chirurgien de l'Hôpital Saint-Loui^ t. II. Paris, Adrien Delahaye et Emile Lecrosnier, i885; i vol. in-S". (Présenté |)ar M. le Baron Larrey.) (4o8 ) La virilité et (\îge critique ciiez l'homme et chez la femme; par le D"^ Louis deSéré. Paris, Adrien Delaliaye et Lecrosnier, i885; iii-S". (Présenté par M. le Baron Larrey.) Note sur les Miliolidées Irémalophorées,- pat Ml'NIER-Chalmas etScuLUM- BERGER. Lagny, F. Aurean, i885; in-8°. (Présenté par M. Debray.) Expériences sur le rôle des palpes chez les Arthropodes maxillés; i" Partie : Palpes des Insectes biojeurs; par Félix Plateau. Meiilan, Société zoo- logique de France, i885; in-S". Résumé analytique delà théorie des m(i;ee5, e/c, ,p«/' Edmond Dubois. Paris, L. Baudoin et C'% i885; in-8°. Thèses présentées à la Faculté des Sciences de P^r/sy /;nr Georges H umbert. Paris, Gautliier-Villars, i885; in-4". Mémoires de l' Académie des Sciences, Inscriptions el Belles-Lettres de Toulouse, t. VII. Toulouse, Douladoure-Privat, i885; in-8°. Bulletin de la Société des amis des Sciences naturelles de Rouen, 2* série, 20* année, 1884. Rouen, L. Desliaye, i885; in-S". Eloge de P.- A. Daguin; par J. Buunoes (s. d. ) ; in-8°. Notice sur les Travaux scientifiques de Edmond Dubois. Brest, Hubert, Griesheim et fils, i885; in -4°. IFaclisen die Kiystalle nur durcit Juxtaposition neuer Molekeln? von L. WuLFF. Leipzig, Wilhelin Eiigelmann, i885; 2 br. in-8°. Antonio d'Achiardi, Délia trachite e del porfido quaizijeii di Donoralico presso Castagnelo, netla provincia di Piia. Pisa, T. Nistti, i885; in-8°. Memoiie délia Società degli Spettroscopisti ilaliani, raccolte e pubblicale per cura del prof . P. Tacchini ; vol. XIV, maggio i885. Roma, Eredi Botta; in-4°. ERRATA. (Séance du 23 mars i885.) Page 855, lignes 9, 14 et 18, un lieu de plus réfiangible, lisez moins réfrangiLle. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE ^ACADÉMIE DES SCIENCES SÉA.NCE DU LUNDI 10 AOUT 188S. PRÉSIDENCE DE M. BOULE V MÈi^ïOIRES ET COÎ^IMUiXICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉCANIQUK CÉLESTE. — Sur /es mnments d'ineitie principaux (h In Terre. Note de M. F. Tisserand. « Soieiu CxJ",, Gv,. V.z, les axes principaux d'inertie pour le centre de gravité de la Terre, A, B, G les moments d'inertie correspondants, rangés par ordre de grandeur croissante; l'axe instantané de rotation est très rapproché de G:;, avec lequel \\ fait un angle fort petit; on sait que l'on a •■■ C — A — B _ _i_ aC 3o6' R — A Ips observations du pendule montrent que ^--— ^ est petit. » Dans son Mémoire Sur le mnnvement de rotatiou de la Terre ( ' ), M- E. Mathieu dit que la véritable méthode pour calculer le rapport ^— [•1 Jnariial de Mathématiques, 3" série, t. II, p. 33-68 et p. i6i-iG4; 1876. C. R.. !885. 2- Somatr^. (T. T.l, N» G.) ^^ 1 4io ) réside dans la théorie du mouvement de rotation de la Terre; en admet- tant que la latitude d'un lieu de la Terre ne peut varier de deux secondes dans uu espace de temps d'environ cent cinquante-trois jours, il en déduit B- A que le rapport --^v— serait plus petit que 3-^^^^- » Ayant étudié la même question, j'ai été conduit à des conclusions dilférentes: jetrouve que le rapport pourrait avoir une valeur sen- sible, comparable par exemple à -^^— , sans que, pour cela, la latitude d'un lieu de la surface de la Terre varie d'une façon appréciable; ce n'est donc pas en suivant cette voie que l'on peut arriver à trouver une limite supé- B — A rieure du rapport — -; — • » Je supprime d'abord la fonction perturbatrice U, provenant des actions du Soleil et de la Lune; soient XY le plan fixe; XyY,, le plan du couple résultant, Xo étant un point fixe de ce plan ; GZ„ l'axe du couple résultant. » Je pose, en outre, XN - <]., XNx,^<), Na;, -r-.f, XN'-'V, XN'X„:-6', N'X„ = -, X„H->j;,„ X„Hx, --5„ H.f, --. -p„; 5o est un angle très petit, au plus égal à i". (4.1 ) M La considération du triangle sphérique NHN' donne les formules ' cosô = cos5„ cos6' — sinô„ sinS' cos('J>„ — g), \ siii5sin(4; — •/") = sin^,, sin (i{>„ — g), I sii)5cos(i} — t|;') = cos5„sin5'-+- sin9„ cosô' cos(4'o — g:), j sinSsin (ç,, — o) — sin6' s\n{<\i„ — g), \ sin(/cos(oo — ?) = sinÔ„co^&'4- cosO„ sin5' cos(=" o„ - ■!>, + g + S„ col 6' sin(io — g) Reste donc à trouver 6„, •]/„ et cpo en l'onction de <. » On a les formules connues , Ap — — Gsiii$„ sin9„, (2) ' B AB on trouve am^i 5^„=a-^cos^>. + fi=sin^X, rfX = V — dt, . ., a" cns^ ). _ rll 2CH — G- dl . "yfo—— - ^' ^.^cosn + p-sinn' en désignant par /t une ci>ustante arbitraire, on en conclut /A(C— B) [n G, , '1 (5) f«"g?o-\/B|c=^'^"«U~'c(' + ^')J' r G , i /A(G — B) .f G, ,,|) (6) 4'o----cV^ + /'i + '^'''='«"gîVBlc^'°l'^ c(' + ^')Jr on a ajouté à <|>„ la constante , ce qui revient à changer une fois pour toutes la position du point fixe Xj ; enfin, dans l'expression de tang(j5„, on a pris le radical avec le signe -h, parce que la formule f/yo __ _ A(C — A;//- + B(C — B)y- iir ^ Av+B-7'- '' que l'on démontre aisément, prouve que 9^ décroît sans cesse. » On tire de (5) et (6) cette relation iniportante (7) '^o=?o-^{t + f^)-l- » On a finalement lea formules suivantes pour exprimer y, 0, 1^ en fonc- tioi» de t et des six constantes arbitraires G, H, ^, h, 0' , <\i' : 0 =$' + 5„cos(i|„ — y), o =^4-^(<-f-/0 + à'-^-5»cot9'sin(^„-g). » Il faut maintenant tenir compte de la fonction perturbatrice U ; il suffit pour cela de faire varier les six constantes arbitraires; on obtient ain^i six équations différentielles, parmi lesquelles je choisis les deux suivantes : (8) -. = -, -. :/G _ àV f/H _ du dt Os ' dt dli » Posons •iCH — G- / .1. , L\ B— A en comparant a la preauere des équations (A), on voit, comme ^ _ ^ est û jietit, que - différera peu de i. » On conclut de (8) et (9) ^ - 2tg4g - A ^ C - BJ X' ôh ^ Og) G Og ■ le dernier terme de cette formule est négligeable, et l'on peut écrire, en ne gardant que la partie principale de ^> ,h _ A i_ /OU _ du \ . on a remplacé G par nC, n df'signant la vitesse angulaire de la rotation, autour de l'axe instantané; on peut écrire aussi f/(T A I dt C{C — A)n''(j 10 ( X làë [m - " àg) + dï id - ''ôgj ^ T, U " "àg)\' ( 4-4 ) ou déduit aisément des formules (A) les expressions des dérivées partielles de «j et ^ par rapport à // et g. » On constate que les dérivées partielles de 5 et de y contiennent 0„ en facteur; il n'en est pas de mê.ne des dérivées partielles de y; mais cela a lieu néanmoins pour la combniaison ' — n -t-5 car on trouve ' (In 119 I C B — A (,,)^-,.-'^ = v»fi„cot'i';-cos(.:„-g)+^^^sin(i.,-g)sinL2v«(' + A)] ; la formule (lo) donne ainsi, en négligeant la partie qui contient le facteur ^~^, et remplaçant v et •% P^"" leurs valeurs approchées : sin9 \d->f (J'f J ) » Si l'on désigne par "C l'angle que fait l'axe instantané de rotation avec , ,. B — A . G;,, on a, comme on le voit aisément, en négligeant — ^^o^ il vient donc finalement, en introduisant une autre constante ^', , au lieu de g, (B) É--A-;^r'"LC+vJ»^+gJ^ + - ^^ J, --^(^^+c.os6^)j; les dérivées partielles ^ et — contiennent le facteur C— A, landi,- que j- renferme le facteur B — A; on voit que, a piioii, le coefficient de E — A sera du même ordre de grandeur que celui de C — A, dans les inégalités de t. Si donc les inégalités de "C, qui sont multipliées par C — A, sont reconnues insensibles, il devra en être de même de celles qui dépendent de B - A. » Il convient de remarquer que toute la différence entre les calculs de M. Mathieu et les nôtres provient de ce que les expressions de ^ — '^ ;^ ne sont pas les mêmes dans les deux cas; la nôtre contient le facteur 0„, qui ne paraît pas figurer dans la seconde. 1) En appliquant la formule (B) à la partie la plus considérable de U, (4>5 ) celle qui ne contient pas les excentricités ni les inclinaisons, on trouve que, iiième en supposant B — A comparable à C — A, la plus grande des iiiégaliti's périodiques de 'C ne dépasse pas o",oi . » Remarque. — La formule (B), qui ne me paraît pas avoir été donnée explicitement jusqu'ici, est assez importante : elle permet de résoudre ra- pidement toutes les questions relatives aux variations des pôles à la surface de la Terre. » ANALYSE MATHÉMATlQUic. — Sur une relation de récuirence qui se présente dans la théorie des fonctions elliptiques. Note de M. de Jonquièises. « I. M. Catalan, dans un Mémoire sur un certain développement de l'intégrale elliptique de [iremière espèce ('), a rattaché les coefficients suc- cessifs qui s'y présentent à la loi de récurrence formulée par l'équation (i) /rP„ - 8(3«-- 3/i^i)P„_, + i28(^r^T)'p„_. = o. avec la condition initiale P„ = i, et a tlénioutré que chaque nombre P„ est un nombre entier, multiple de 2". » Ayant eu l'occasion récemment de me faire connaître cette relation remarquable et ces résultats, l'auteur m'a fait l'honneur de me demander s'il ne serait pas possible de préciser davantage les caractères distinctifs des coefficients P„. f.a présente Noie a pour objet de répondre à l'invitation de notre savant compatriote, en donnant toutefois plus d'extension à la ques- tion. .) II. Tout d'abord j'ai reconnu que les propriétés précitées, dans ce qu'elles ont d'essentiel, ne sont pas le partage exclusif de la formule (1), mais qu'elles appartiennent au^si aux coefficients dérivés de la loi plus [2) n'P„ - ■2-{^>r - i,, -+- i)P„_, + 2''^-'{n - if P„_, = o, où l'exposant a. peut être quelconque, même fractionnaire nu négatif. En effet, on a toujours, quel que soit a, P = 2f"B R„ étant un nombre impair. Quant à l'exposant fi,„ dont le facteur 2 est ('] Cumiiiunifiué au Congrès du Havre, en 1877. f 4>6 ) affecté, il est, dans tous les cas, égal à une fonction de ii, définie par l'équalion (3) fi„^ ail — 2 a)' où le symbole désigne le plus grand nombre entier contenu dans — Lorsque a. = 3, c'est-à-dire dans le cas particulier de la formule (i), on voit, par la relation (3), que la valeur minimum de |3„ est n + 2, et se pré- sente chaque fois que n est une puissance exacte de 2. Pour toute autre valeur de /?, l'excès de (5„ sur n est plus grand que 2; il atteint même -jk, lorsque n ^ •2'' — i . » ITI. 11 découle de ce qui précède que les nombres (impairs) Ii„sont irwariahles pour une même valeur de n, quelle que soit celle de a. Les nombres P„, dont ils sont l'un des facteurs, ne varient donc, d'un a à l'autre, qu'à raison de la puissance [3„ de 2 par laquelle les nombres R„ correspondants sont multipliés. » Il s'ensuit de là que, si a, nombre entier, est ^2, 2^ est toujours >i, et, par conséquent, les nombres P„ sont entiers, aussi bien que dans le cas de « =: 3, considéré par M. Catalan. Si, au contraire, «, nombre en- tier, est plus petit que + 2, ou s'il est fractionnaire, ou bien encore s'il est négatif, les nombres P„ ne sont plus entiers; mais les R„, n'ayant pas changé, le sont toujours. » Les nombres R„, qui jouissent de cette propriété singulière, ont les valeurs ci-après : R„ = r, R, = 1, Rj = 5, R^ R,, = 1781, R, =3o35, R, 7, R4 = iG9, 338377, 1^0 = R5 = 269, ■50)9569, R,„ = 4306645, R,, = 7816895, R,2 = 2290! I025, R,, = /p.24oi885, R,, = 3i3567f;6o5. R.g = 585oi5622;; R ,„ = 28069086174 1 7. R|7 ^== 528i843r 2610.5 » Ils sont d'ailleurs donnés par la formule indépendante [n) '^n — -i ' dans laquelle p et q désignent les produits de tous les facteurs premiers ( 4>7 ) impairs contenus dans 72 — i et « ('), respectivement, tandis que la valeur de l'exposant y„ est fournie par la relation très simple le nombre n étant écrit sous la forme n = i''i 4- r, où i désigne un entier impair. )) On voit que, si n est pair, auquel cas on a k z= o, l'exposant y,, est tou- jours égal à l'unité; qu'il est toujours égal à 5, si n est le double d'un im- pair, augmenté de i, etc. » IV^. Il y a lieu de remarquer, en terminant, que les résultats précé- dents ne sont pas modifiés, dans ce qu'ils ont de caractéristique, si la con- dition initinle, au lieu d'être P„:=i, devient P„ = m, car ni les facteurs a''", ni les nombres fondamentaux R„ ne sont changés par cette substitution, le facteur m étant laissé en évidence. » M. Te colonel Perrier offre à l'Académie, de la part de M. le Ministre de la Guerre : 1° La troisième livraison de la Carte de la Tunisie, publiée par le Déptjl de la Guerre, à l'échelle de jj^^, et com|)renai)t les feuilles de Gafsa, Gabès, Maharès, Zarzis. Kebili, Trois feuilles seulement restent à publier pour que la Carte de la Tuni- sie soit complète; elles sont déjà levées sur le terrain. 2° La sixième livraison de la Carte générale de l'Afrique, à l'échelle de ■.,^„|,^^^, exécutée au Dépôt de la Guerre par le capitaine de Lannoy, com- prenant les feuilles de : il. Tabora, 48. Mossammédès, 42. Zanzibar, 49. Linyanii, 45. Livingstone, 50. Tété, 46. Vicioux, 51. Quilimanc, (' ) Si « est paii-, p ^^ n — i ; s'il est impair , q =r n, C. H., i885, 3" Semestre. (T. Cl, N" 6.) 54 ( 4i8) cette dernière déjà revisée pour être mise d'accord avec des explorations récentes. Ces feuilles comprennent la région des Grands Lacs. 3" Enfin un assemblage de trois feuilles de cette Carte de l'Afrique, formant comme une Carte spéciale de Madagascar et de l'île de la Réunion. Pour la partie relative à Madagascar, M. le capitaine de Lannoy s'est surtout inspiré des travaux de notre confrère M. Grandidier. MÉMOIRES LUS. PHYSIQUE DU GLOBE. — Sw un enregistreur de l'intensité calorifique de la radiation solaire. Note de M. A. Ckova. v Dans le cours de mes recherches sur les variations diurnes et annuelles de la radiation solaire, j'ai souvent remarqué des écarts et des causes d'in- certitude, dont je n'ai pu obtenir l'explication que par l'enregistrement continu de son intensité. » Le problème peut être posé de la manière suivante : » Enregistrer les indications d'un actinomètre donnant l'intensité calo- rifique de la radiation solaire, cet appareil recevant les radiations solaires directement, c'est-à-dire sans interposition d'une lame transparente quel- conque, et étant soustrait à l'action perturbatrice du vent. » L'actinomètre enregistreur est formé de deux disques parallèles, composés chacun de deux lames de fer et encore soudées sous pression, d'un cinquième de millimètre d'épaisseur totale et de o™,oi5de diamètre, constituant un élément thermo-électrique enfermé dans un tube mince de laiton ; l'une des soudures est dans l'obscurité ; l'autre reçoit un faisceau solaire tombant normalement, à sa surface noircie, dans l'axe du tube, qui est muni de cinq diaphragmes en aluminium, d'ouvertures progressivement dé- croissantes, jusqu'à la dernière qui a 4™™ de diamètre, et convenablement espacés. Ce tube est monté sur un mouvement équatorial, qui maintient son axe dans la direction des rayons solaires. Quoique librement exposé au soleil, le disque aclinométrique ne reçoit pas l'action des courants d'air; il se produit ici un phénomène analogue à celui de la machine à piston lii)re de M. Deleud, et dont l'explication est la même. ( 419 ) )) Ce disque ne reçoit le soleil que sur une faible partie de sa surface ; mais, par suite du phénomène de Peltier, l'effet est le même que si la quan- tité d'énergie contenue dans la section droite du faisceau solaire était uni- formément répandue à sa surface. J'ai vérifié ce fait, en concentrant, au moyen d'une lentille convergente, un faisceau solaire sur cet actinomètre; l'intensité du courant obtenu est la même, soit que l'on fasse tomber le foyer principal sur la lame, soit qu'en la rapprochant on reçoive la section droite du faisceau convergent, jusqu'à couvrir la totalité de sa surface. » Les deux extrémités de l'élément et les points de jonction des fds sontsoudés galvanoplastiquement,par un dépôt de cuivre, à un circuit qui se relie à un galvanomètre placé dans une chambre obscure ; l'actinomètre monté sur son mouvement est placé sur le toit. » Les indications du galvanomètre à miroir sont enregistrées photogra- phiquemeiit, par un dispositif qui, à quelques modifications près, est iden- tique à celui qu'emploie M. Mascart pour l'enregistrement du magné- tisme terrestre et de l'électricité atmosphérique. » Afin d'éviter l'enregistrement simultané des variations de la décli- naison et d'autres causes perturbatrices, le galvanomètre est entièrement enfermé dans une large enveloppe en fer, munie d'un orifice latéral pour le passage des rayons lumineux; la force directrice est donnée par lui système de barreaux aimantés, placés dans l'enveloppe ; on peut obtenir ainsi telle sensibilité que l'on veut. » La courbe actinométrique est tracée sur du papier au gélatinobro- mure d'argent; afin d'obtenir la concordance rigoureuse des mouvements du cadre photographique et de l'actinomètre, l'horloge du cadre, réglée sur le temps solaire vrai, porte un interrupteur qui actionne électrique- ment le mouvement équatorial; les deux mouvements sont ainsi solidaires l'un de l'autre. i) Les courbes diurnes sont étalonnées au moyen d'observations faites avec mon actinomètre; immédiatement après l'observation, on ramène un instant au zéro l'aiguille du galvanomètre au moyen d'une dérivation, et l'on trace ainsi sur la feuille une ordonnée qui donne le moment de l'ob- servation. » L'appareil a été installé à l'École nationale d'Agriculture de Mont- pellier; je dois ici remercier M. Foex, directeur de l'Ecole, qui a bien voulu mettre à ma disposition tous les moyens nécessaires pour mener ( 420 ) à bonne fin ces études qui intéressent l'Agriculture, et M. Houdaille, répéti- teur de Physique, qui a bien voulu accepter la direction et le contrôle de l'appareil. M Voici les premiers résultats, coucernant les journées d'été : au lever du Soleil, la radiation auguiente avec rapidité jusqu'à 9'' ou 10'', époque à laquelle elle atleint souvent uu maximum; puis, elle oscille rapidement de Lu li;jiiic <.'i-juiijtc est Kl n'prudiicliuii t'vutlc île la courbe du i- juillet. part et d'autre d'une valeur moyenne, qui diminue en atteignant un mini- mum au moment où la température est le plus élevée; elle augmente en- suite vers 4'S sans atteindre toutefois le maximum de 9'', et décroît^ensuite. régulièrement jusqu'au coucher du soleil. )i Je n'ai pu encore ohtenir une journée symétrique par rapport à midi; dans mes recherches précédentes, je n'eu avais rencontré que par de belles journées d'hiver. » Les plus légers nuages, les moindres accidents atmosphériques sont traduits par des oscillations de la couibe, qui donne ainsi la physionomie de la journée. » Les oscillations continuelles de la courbe contrastent d'une manière remarquable avec la constance apparente de la lumière solaire, surtout par un beau ciel et uu temps calme; elles sont dues, soit à des coiuanls ( 421 ) atmosphériques supérieurs, soit aux courants ascendants d'air humide qui s'élèvent du sol, dès qu'il est échauffé par les rayons solaires. » Pendant que raclinomètre traçait sa courbe à l'École d'Agriculture, il m'est arrivé plusieurs fois d'observer avec un appareil identique, mais à lecture directe, placé dans mon cabinet de la Faculté des Sciences, à une distance de près de 3'^'", et d'obtenir ainsi des courbes identiques, avec les mêmes oscillations, dont l'amplitude, sans cause apparente, dépasse souvent T de la valeur moyenne, dans les conditions atmosphériques les plus favorables. L'étude des variations diurnes et annuelles donne une indication de l'état atmosphérique bien autrement délicate que celles que l'ou obtient par les autres observations. Il serait du |)lus haut intérêt de comparer les courbes obtenues au même moment, à la surface du sol, c'esl-à-dire au fond de la vase atmosphérique, avec celles que l'on obtien- drait à une grande altitude, dans une atmosphère relativement peu absor- bante, toutes ces courbes étant tarées au moyen d'un actinomètre absolu. On en déduirait avec précision la valeur de la constante solaire. , » J'ai rhonneur de présenter à l'Académie deux courbes aclinomé- Iriques, obtenues pendant le mois de juillet. » VITICULTURE. — Siiî' le traitement du Peronospora vilis par l'acide sulfureux. Mémoire de M. Emile Vii>vi,. (Commissaires : MM. Fremy, Duchartre, Yan Tieghem.) « Après l'oïdium, après le Phylloxéra, voici venir un troisième fléau, le Mildew [Peronospora vilis), qui menace la vigne; ses ravages sont telle- ment généralisés cette année et les moyens connus de le combattre si in- suffisants, que je n'ai pas hésité à faire connaître le résultat de mes recherches. Mes expériences sont encore incomplètes, mais elles en provo- queront d'autres et pourront, je l'espère, servir de point de départ pour la défense de nos vignobles. M La présence du Mildew a été signalée en Europe depuis plusieurs années; ce microphyte a été, dit-on, importé d'Amérique, et c'est en sep- tembre iS'jS que M. Planchon, de Montpellier, l'a constaté pour la pre- mière fois en France. Au mois de septembre 1880, il se développa tout à coup à Hyères dans ma'pépiniere deJacqucz; je le combattis avec assez ( 4^2 ) de succès, à cette époque, au moyen d'un mélange de parties égales en poids de soufre et de chaux hydraulique; mais, convaincu que nous nous trouvions en présence d'un très redoutable ennemi, je priai le savant my- cologue, M. le U"^ Tulasne, de vouloir bien l'étudier avec moi. » Les résultats de ces recherches ont été publiés dans le Compte rendu de la Sociélé d'acjricuUure de Toulon (décembre 1880) et, avec planches à l'ap- pui, àân^lst Pi ovence agricole au i5 janvier 1881 (Toulon, imp. Massone); on y trouvera la preuve que, dès cette époque, il a été parfaitement établi : « Que le Mildew se développe clans le parenchyme de la feuille, qu'il détruit cet or- gane essentiel de la" plante et qu'il a deux modes de reproduction, l'un extérieur, l'autre intérieur. Les graines extérieures, ou conidies, sont, pour la plupart, moins des graines ])ro- prement dites que des réceptacles d'où s'échappent, à un moment donne', des spores véri- tables, plusou moins nombreuses, armées de cils, douées de mouvements et qui ne germent qu'après avoir déposé leur app;ireil de locomotion. Quant aux graines endogènes qui se cachent dans les tissus de la plante envahie, elles se distinguent par leur gros volume, et chacune d'elles est le résultat d'un acte de fécondation ou de contact et de l'influence réci- proque de deux organes différents. Ces zoospores, ainsi qu'on les désigne, sont privés de mouvements et semblent destinés à conserver la vie de l'espèce plus longtemps que les coni- dies ou zoûspores. » » Le Peronospora vitis a donc à sa disposition un oeuf d'été fort délicat, mais que le vent peut transporter à de grandes distances, et un œuf d'hiver très difficile à détruire, puisque, d'après les expériences de M.Viala, pro- fesseur à l'École d'Agriculture de Montpellier, il résiste aux froids les plus rigoureux, à la fermenlalioii des fumiers, et qu'on le retrouve intact dans les crottins des moutons nourris avec des feuilles de vigne péronosporées. >i C'est, en général, dans le courant du mois de septembre qu'apparaît le Peronospora; les rosées lui foin'nissent l'eau nécessaire à son dévelop- pement; il pénètre probablement par les slomates, détruit les feuilles et nuit ainsi à la maturation des raisins; mais il n attaque ni les fruits, ni les pédoncules, par la raison toute simple qu'à cette époque leurs enveloppes sont trop dures pour être facilement pénétrées. » Cette année, en Provence, des circonstances atmosphériques particu- lières ont permis au Mildew de se développer plus tôt que d'habitude, d'attaquer le raisin et d'anéantir les espérances fondées sur une fructifica- tion exceptionnelle. » Je vois, en effet, dans mes Tableaux d'observations météorologiques, ( 423 ) que le 21 juin nous subissons un assez fort coup de vent d'ouest; le 22 et le 23, nous constatons un abaissement considérable de la température noc- turne; le thermomètre descend pendant ces deux nuits à io°C., et les plaines sont couvertes le matin d'une abondante rosée. » Le 24 juin, je remarque quelques taches de Mildew sous les feuilles supérieures, et, à partir de ce moment, le champignon germe avec une telle rapidité, qu'en moins de huit jours il envahit près de 25''^ de vignes françaises, très phylloxérées, ainsi que près de So*"* de vignes américaines, en excellent état de végétation et couvertes de raisins. Les feuilles supérieures seules sont atteintes; les feuilles inférieures, déjà plus dures et abritées par le couvert des rameaux supérieurs, sont intactes; mais quelle n'est pas ma pénible surprise en constatant que les raisins, encore très petits à cette époque, sont très violemment attaqués ! » Je crois devoir appeler l'attention sur ce fuît, parce qu'il est impos- sible que des gouttes de rosée aient pu pénétrer sous les couverts, et cepen- dant on avait admis jusqu'ici que le Peronospora ne peut se développer sur les feuilles sans le secours de l'eau à Vélat liquide. Les œufs d'été pé- nétreraient-ils plus fiicilement dans les tissus encore mons de la jeune grappe que dans le parenchyme des feuilles par les stomates? » Dès le 23 juin, nous avons essayé de lutter contre le Mildew, soit au moyen de poudres à base de soufre, de sulfate de {er, de sulfate de chaux, de carbonate de chaux, soit au moyen de soufre sublimé, projetés sur les raisins et sous les feuilles par des soufflets à tige recourbée; mais nous avons constaté que la marche du fléau n'était pas arrêtée. » C'est alors que nous avons eu l'idée de faire l'essai de l'acide sulfureux. Notre procédé a consisté à promener rapidement sous les vignes et autour des raisins attaqués des mèches soufrées qui brûlaient au bout d'un roseau. Dans bien des endroits, nous avons dépassé le but et grillé les rameaux; mais, à part ces accidents des premiers jours, les résultats obtenus ont été généralement assez satisfaisants. M En résumé, nous croyons pouvoir affirmer que les vapeurs d'acide sulfureux mélangées à une certaine quantité d'air arrêtent le dévelop- pement du Peronospora vitis et détruisent les zoospores ou œufs d'été. » Nous nous sommes livré depuis à une longue série d'expériences, en brûlant du soufre sous des cloches de verre, pour arriver à fixer approxi- mativement dans quelles proportions doit être effectué le mélange d'air et d'acide sulfureux destiné à flétrir les filaments fructifères et leurs coni- ( 424 ) dies sans attaquer la feuille elle-même. Nous avons obtenu ce résultat en laissant, pendant deux minutes, des raisins et des feuilles péronosporées sous une cloche de 20'" à 21'" de capacité, dans laquelle nous avons fait hriileroK', 25 de soufre; la température était de So^C. et la pression atmo- sphérique de 760"™. Or nous savons qu'à cette température et sous cette pression i^'^ de soufre dégage en brûlant 824*'' d'acide sulfureux; pour ©^"■jaS de soufre, nous avions donc sous notre cloche un mélange dans lequel l'acide sulfureux était à peu près dans la proportion de i pour 100. » Dans ces conditions, nous pensons qu'il serait relativement facile de placer sur un léger chariot un brûloir de soufre et une pompe à air aspi- rante et foulante, munie, du côté du refoulement, d'iine manclie terminée par un bec recourbé, de recevoir l'acide sulfureux dans un tambour et de projeter le mélange, dosé, d'air et d'acide sulfureux sur les raisins et sous les feuilles. Ce procédé serait certainement moins long et moins coûteux que les soufrages auxquels nous nous livrons pour combattre l'oïdium. » Cet arrosage gazeux aurait, en outre, l'avantage de dessécher les fila- ments fructifères et de briser, par la vigueur de son courant, les organes externes si délicats du Peronospora qui tapissent la surface inférieure des feuilles, les pédoncules et les grains du raisin. » Ce serait déjà là un résultat fort important; car on sait, d'après les calculs de M. Viala, que le Mildew répandu sur une seule vigne peut pro- duire plus de quatre cent cinquante mille conidies ou œufs d'été. Quant aux organes internes, nous ne savons point quel effet produisent sur eux ces vapeurs d'acide sulfureux ; il est pourtant permis de penser que la des- truction de toutes les parties extérieures doit nuire au développement du mycélium et des œufs d'hiver. » MEMOIRES PRESENTES. M. F. AxGLA adresse, par ordre du D'' Ferran, un certificat, signé de «plusieurs médecins, concernant les résultats des inoculations anticholé- riques à Benifayo, et un diagramme indiquant la marche de l'épidémie avant et après ces inoculalions. Il annonce l'envoi prochain de documents semblables, concernant d'autres villes. ^lleiivoi à la Commission du legsBréanl) ( 425 ) M. Paul Gibier adresse une dépêche télégraphique, relative aux expé- riences qu'il a faites sur les inoculations hypodermiques de bacilles cho- lériques. Lesrésultiits de ces expériences seront prochainement communi- qués à l'Académie. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Arsène Duoiiet adresse,' par l'entremise de M. Bouley, un Mémoire sur le traitement du choléra parle badigeon abdominal au collodion. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. Teruel, m. J. Degen, M. Mancabelli adressent diverses Communi- cations relatives au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) CORRESPONDANCE. M. Faye communique la dépêche suivante de M. Perrolin, directeur de l'observatoire de Nice, en date du lo août : '< Avons avec Cliarlois observé le retour de la comète de Tiittle, le 8 et le g août. Voici la posiiion du g : i5'' I i'"ç)* t. m. de Nice. M ... 7i'23"'43%i5, (fi +a8''i'a4", 3. 1. Les corrections de l'éphéméride donnée dans les Astionomische Naclirichten, n° 2674, sont de — i 3* en .H et de +5', 4 6" '^■ 11 Comète faible, sans condensation, de 7.' de diamètre • ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Remarques iui une démonslralion de la loi de réciprocilé. Note de M. A. Genocchi, présentée par M. Hermite. « La démonstration parue dans les Comptes rendus de i88o (') est tirt'e de la généralisation d'un lemme de Gauss et de la formule Séance du i6 février, p. 3oo-3o3. C. R., I885, 2' Semestre. (T. CI, N° 6.) ^^ M26 ) qu'on trouve eu considéraut deux nombres impairs m et Ji premiers entre eux, faisant p — 5 q = — — 5 divisant par n les multiples I /«, 2 m, 3w, . . . , (jin, et par m les multiples I ?i, 2H, 3/2, . . . , pn. Dans ces divisions, on prend les restes les plus petits en valeur absolue, et enfin on désigne par m, le nombre des restes négatifs de la première suite, et par n, le nombre des restes négatifs de la deuxième; q est un nombre entier qu'on n'a pas besoin d'indiquer plus spécialement. » Or il suit de cette formule que la somme m, -+- n, ne pourra être un nombre impair que dans le seul cas où les nombres p et q seront impairs tous les deux, et, par conséquent, dans le seul cas où les nombres m et 11 seront tous deux de la forme ^x -{- 3 {x entier). Il est d'ailleurs évident que cette seule supposition, pour la somme h«, -f- «,, est suffisante pour conduire à la loi de réciprocité entre deux nombres impairs, même com- posés, premiers entre eux. » On voit ainsi que la démonstration de M. Zeller, étendue à des nom- bres non premiers, est comprise dans la précédente. Je dois ajouter que, pour deux nombres premiers, la démonstration rapportée ci-dessus avait été donnée dans mon Mémoire de novembre 1 852. La démonstration de M. Zeller a été publiée par M. Kronecker dans la séance de l'Académie de Berlin, 16 décembre 1872 ( ' ), et a été ap[daudie. » La généralisation, que j'ai mentionnée, d'iu) lemme de Gauss a été attribuée à M. Schering, de Gottingue, qui, en effet, doit y être parvenu par lui-même, et l'a communiquée à M. Kummer en la faisant présenter à l'Académie de Berlin le 22 juin 1876 (^). Mais, dans la même séance, à la suite de la Note de M. Schering, on insérait un Mémoire de M. Kronecker, qui affirmait avoir exposé la même généralisation dans ses Leçons de l'hiver 1869-70, et donnait tous les développements nécessaires, qui composent un travail extrêmement soigné et d'un grand prix ('). On sait, de plus, que ses Leçons de l'hiver 1875-76 ont été rédigées et mises en ordre par l'un de ses auditeurs, M. Heltner. Celte rédaction contient tous les développe- [') Afo/2flfî6enc/(fi?, p. 846-847- ( = ) Ibid., 1876, p. 33o-33i. (\, Ibid., 1876, p. 33 1-341. ( 427 ) ments publiés en 1876 ('), J'accomplis donc un devoir en reconnaissant la priorité de M. Kronecker. » Je veux enfin réparer une omission, et je nomme Eisenstein comme l'auteur auquel sont dues plusieurs des formules que j'ai employées dans mon Mémoire de 1802. Je n'ai pu citer les travaux d'Eiseusteiu dans ce Mémoire, parce qu'en le rédigeant je ne connaissais pas les publications ingénieuses et d'un mérite supérieur de l'éminent géomètre. » PHYSIQUE. — Sur les lempêralures et les pressions criliqucs de (juelijues vapeurs. Note de MM. C. Vincent et J. Chappuis, présentée par M. Peligot. « Nous avons donné, dans une précédente Note (^), les pressions et les teuipératures critiques de l'acide clilorhydrique et du chlorure de mé- thyle ; nous nous proposons de soumettre aujourd'hui à l'Académie les résultats de nos recherches sur le chlorure d'éthyle et sur une autre série de corps homologues comprenant l'ammoniaque et les trois méthyl- amines. » i" Le gaz ammoniac, chassé par la chaleur de sa dissolution aqueuse, additionnée de lessive de soude caustique, est desséché sur une Imigue co- lonne de chaux vive, puis dirigé dans le tube de l'appareil Cailletet; la pointe de ce tube est ensuite fermée à la lampe. » La détermination du point critique se fait comme nous l'avons indiqué dans une précédente Note. Nous avons fixé ce point à i ji" pour le gaz anuiioniac, et la pression correspondante, mesurée à l'aide d'un mano- mètre mélallique, a été trouvée voisine de 113""". » 2" La méthode suivie pour remplissage du tube avec les aminés est la même que celle que nous avons décrite à propos du chlorure de méthyle; cette méthode exige la préparation préalable des cor|js à l'état liquide. j) Les méihylamines, parfaitement pures, sur lesquelles nous avons opéré, étaient les mêmes que celles qu'a employées l'un de nous pour la préparation des chlorures doubles d'iridium et de rhodium ( ' ). Elles ont été liquéfiées dans un mélange réfrigérant de glace et de sel. (') Foir Académie de Berlin, séance du i'"' mai i884, Sitzungsberichte, p. S'zS-Sîg. M. Kronecker a rappelé la démonstratinn de M. Zeller d;ins la séance du 3o avril i885, Sitzurigsberic/ile, p. SgS. [-] Comptes rendus, t. C, n" 19, il mai i885. P) Com/jtes rendus, t. C, n" 2, i 2 janvier i885: — Comptes rendus, t. CI, n° 4-, î.'j juillet 188"). ( 428 ) » Les points critiques ont été observés : à i55° pour la monométhyl- amine; à 163° pour la diméthvlamine; à iGr>°,5 pour la triinéthylamine. Les pressions correspondantes étaient : ■ja""", 56"'" et 4 1"""- » 3° Températures critiques. — Le Tableau suivant résume les résultats obtenus dans nos expériences: Températures Températures pi'itiques d'ébuUition Substances. Compositiuii. T. Différence. t. T — t. o o 0 Acide chlorhydrique.. HCI ïi,5 o — '55 86,5 Chlorure de mcihyle. . CH^Cl i4i ,5 9" — ■?.3,7 i65,2 Chlorure d'éthyle. .. . C-H^Ci 182, 5 4' —12, 5 '95,o Ammoniaque AzH' i3i / — 38,5 169,5 Rlonométhylamine . . . AzH^CH' i5'j g — 2 iS^ Diméthylamine AzH(CH=)2 i63 —25 "^ ^ '^^ Trimélhylauiine Az(CH^)' 160, 5 +g,3 i5i,2 » On peut faiie, au sujet de ces résultats, les remarques suivantes : >> Dans les deux séries étudiées, les températures critiques vont en s'é- levant progressivement; cependant, les différerices des températures cri- tiques vont en diminuant rapidement avec l'introduction de CH- dans la molécule. » La dernière colonne donne les différences entre les températures cri- tiques et les températures d'ébullition ; ces différences, qui vont en aug- mentant pour la première .série de corps, diminuent, au contraire, progres- sivement dans la seconde. » M. Nadejdine avait fait la remarque que les températures critiques des homologues diffèrent de leurs températures d'ébullition d'une quantité constante. M. Pawlewsky a érigé cette remarque en loi. Les nombres que nous indiquons montrent qu'il n'y a là qu'une remarque présentant de nombreuses irrégularités. » à° Pressions critiques. — Le Tableau suivant donne les pressions ob- servées. Pressions critiques Températures a'jS -)_ T Substances. P. critiques. p al m u Acide chlorhydrique 96 5i ,5 3,4 fi D > j Chlorure de méthyle, ^3 '4' jS Chlorure d'éthyle 54 182,5 8,4 Ammoniaque 1 13 t3i 3,6 INIonométhylamine 72 i55 5,() Diméthylamine 56 i63 7,9 Triméthylamine 4 ' 1 60 , 5 1 o , 5 ( 429 ) » Le rapport — -. de la température critique absolue à la pression critique va en augmentant progressivement avec la complexité de la com- position des corps soumis à l'expérience, tandis que les pressions critiques vont en diminuant; c'est-à-dire que pour les corps d'une même série, qui peuvent être considérés comme dérivés d'un même type, aux températures critiques les plus élevées correspondent les pressions critiques les plus basses. » M. Deward (' ) a fait déjà remarquer que si l'on étudie, sous le même volume moléculaire, les gaz simples et les gaz types, dont la plupart des autres peuvent se dériver par substitution, aux températures critiques éle- vées correspondent les pressions critiques élevées. Les calculs montrent même que, dans ce cas, les températures critiques et les pressions corres- pondantes sont sensiblement proportionnelles, le rapport -'— — ,à peu près constant ayant la valeur moyenne 3,5. » D'après nos recherches, l'acide chlorhydrique et l'ammoniaque satis- font bien à cette remarque, le rapport calculé étant 3,4 pour l'un et 3, (i pour l'autre, w PHYSlQUIi DU GLOBE. — Suv l'éunijoration dans C air en mouvement. Note de M, Hoddaille, présentée par M. Faye. « L'évaporation de l'eau dans l'air en mouvement semble, de même que dans l'air en repos ("), dépendre essentiellement du facteur (F — f), qui exprime la différence de tension existant entre la force élastique de la vapeur émise par le liquide et celle que possède cette même vapeur dans l'air où se produit l'évaporation. » L'évaporouièire de M. Piche, que j'ai étudié dans tin courant d'air de vitesse connue, produit à l'aide d'un ventilateur, constitue une surface évaporante, dont la température tend à se confondre avec celle du thermo- mètre mouillé d'un psychromètre, observé dans les mêmes conditions de température et d'état hygrométrique. Il semble donc que l'on devrait rem- placer F par F', tension correspondant à la température du thermomètre mouillé, et l'évaporation devrait être proportionnelle à (F' — f). [') Philosophical Magazine, 5" série, t. XVIII, p. iio; 1884. (- j Comptes rendus, t. C, n" 3. ( '»3o ) » Mais, en réalité, la rondelle de l'évaporomètre de Piche possède une température intermédiaire entre la température t de l'air et celle t' du psy- chroiiiètre. Elle se rapproche d'autant |)lus de t' que l'évaporation qui dé- lerniiue son refroidissement devient plus intense par le fait de l'accroisse- ment de (F' — /); j'ai cherché la relation qui lie l'évaporation à ce dernier facteur. Une série de déterminations, effectuées pour des tetnpéralures va- riant de 6° à 28°, et des états hygrométriques oscillant entre 0,42 et 0,82, a donné, pour une même vites^e de 9"" par seconde, les résultats sui- vants : Pour (F'— y ). . . . o""",85 i™"',9.o i""",ro 2""", 10 2""",3o 3""", 00 4""". 00 5""", 3o Éviiporation 45"'5'' 57"'s'' 'j2"'s' 86"'s'' ()3"'s'' io6'"s'' ii'j^f-'- i45'"s'- '> La courbe représentative des poids d'eau évaporée, exprimés en milli- grammes par heure et par centimètre carré, est exactementdonnée, pour une vitesse de 9"", par la relation " — - ^ '^^ '~~f — ' I -H py I 4- o ,24 tp en posant [¥' —J) — >'j. » l\eiaùon entre t'évaporalionet la vitesse dit courant d'nir.— Lorsque la vi- tesse de l'air est nulle, l'évaporation prend la valeur yo, qui lui est assignée par la vitesse de diffusion dans l'air en repos. Quand la vitesse passe de zéro à V, l'évaporation s'opère d'abord, à la fois, et par diffusion et par re- nouvellement mécanique des couches d'air en contact avec la surface évaporante; puis, lorsque la,vitesse a atteint une certaine valeur, l'évapo- ration n'est plus influencée que par la vitesse de l'air. De telle sorte que l'évaporation, pour une vitesse donnée, sera représentée par la somme de deux termes /3 et/j', dont l'un p, évaporation dans l'air en repos, tend à s'annuler quand V augmente, et dont l'autre p' croît avec la vitesse de l'air. » Le premier terme a été trouvé de la forme -> où a = o,5. • I + xV ' » Le second terme n'a paru obéir qu'à la relation empirique /=K(V + 5vV). On peut admettre que, pour une vitesse de 9™, l'évaporation, qui a été trouvée égale a P = —,—* sera aussi représentée par '' I -H o , 24 ? • P = -^ +R'(V + 5v'V). ( 43. ) L'expérience indique qne ^ = 4'i3, et l'on trouve, en combinant ces deux valeurs de P, que l'évaporation dans un courant d'air de vitesse quel- conque sera donnée par la relation générale I -+- a V \ -{- «,'Y ' " et, numériquement, P - ^^ + -^^^ (V + 5 v'V). I + o , 5 V I H- o , 9.4 u ^ * ' » Les résidtats numériques consignés ci-dessous montrent l'accord, en général satisfaisant, de l'expérience et du calcul : Évaporation pour ( = [î'-S, i = ij.Si. r = i6°,8, i; = o,6fi. ; = 38", 2, ^ -= 0,52. F F b du courant (lair. Calcul. Kxpéiience. (;alcul. Expérience. Calcul. Expérience. m I 1) i5 -25,1 26 47>4 47 4 27 29 48.4 48 86,4 86 g 44 45 80,1 80 '4o,2 i4o » Le coefficient i— de la relation ci-dessus ne tient compte que i -I- o , 24 ? r T d'une façon approchée du refroidissement de la rondelle, variable avec l'état hygrométrique, et il y aurait tout avantage à obtenir une surface d'évaporation dont la température tendrait à se confondre avec celle de l'air: la loi de l'évaporomètre y gagnerait en simplicité, et la loi de l'évaporation ainsi mesurée se rapprocherait davantage de celle qui s'impose aux phé- noiuènes naturels. L'importance du facteur (V + j\/\) établit, en outre, que les constructeurs ne sauraient faire varier les dimensions du tube d'alimentation qui abrite une partie de.la surface évaporante, sans compro- mettre la comparabiUté des indications de cet instrument. » ÉLECTRICITÉ. — Sur un étalon de volt. Note de M. A. Gaiffe. « Lorsque j'étudiai, en 1872, les propriétés des solutions de chlorure de zinc, comme liquides excitateurs de la pile au chlorure d'argent, j'avais remarqué que leur densité influait sur la force électromotrice des couples et que, chose assez inattendue, les liqueurs les plus concentrées donnaient les couples les plus faibles. ( 432 ) » Je m'étais arrêté à la liqueur contenant 5 pour loo de chlorure i!e zinc . elle est suffisamment conductrice et donne E= i^°",o2(B. A.) ou i'«",oi(C.G.S.). » Des expériences un peu hâtivement faites à cette époque, en vue de créer im volt étalon, n'ayant pas donné des résultats très constants, avaient été abandonnées momentanément. » J'ai reconnu depuis que les perturbations étaient causées par l'emploi de produits impurs, et aussi par des variations de température dont je ne tenais pas compte et dont l'influence, très légère vers 18°, va s'accentuant de plus en plus à mesure qu'on approche du zéro de l'échelle centigrade. A cette dernière température, E ne vaut plus que o^"",98 environ. » En opérant avec du zinc bien amalgamé, du chlorure d'argent fondu pur, des solutions limpides de chlorure de zinc pur, aussi neutres que possible et à la température de 18", la même solution donne toujours la même force éleciromotrice. » C'est la liqueur pesant 107 au densimètre qui semble donner le volt légal. » Avec le couple au chlorure d'argent, on doit, lorsqu'on veut faire des déterminations exactes, expérimenter sur des résistances considérables, 5ooo ohms au moins : 1° à cause de la polarisation ; 2° à cause de réchauf- fement des lames constituant le couple qui résulte du courant même. » ÉLECTROCHIMIE. — Produits d'oxydalioii du charbon par l'electrolyse d'une solution ammoniacale. Note de M. A. Millot. « J'ai indiqué dans une Note précédente qu'en se servant de charbon comme électrode positive, et d'une lame de platine comme électrode néga- tive, dans une solution ammoniacale, on obtenait au bout d'un certain temps une liqueur fortement colorée eu noir. » Le liquide noir, additionné d'un acide minéral, se décolore et laisse précipiter une matière noire renlermant du charbon, de l'oxygène, de l'hydrogène et de l'azote, dont j'ai indiqué la composition centésimale. Cette matière a la plus grande ressemblance avec les matières ulmiques. » Si l'on évapore la solution noire au bain -marie, elle devient acide et la matière noire se précipite. On évapore à siccilé et l'on reprend par l'alcool chaud : la matière noire est insoluble et l'on obtient une solution alcoolique jaune. Cette liqueur, évaporée à consistance sirupeuse, laisse déposer une substance azotée faiblement coloiée en jaune, que l'on peut ( 433 ) séparer par le filtre; cette matière est soliible dans l'eau bouillante, à laquelle elle donne une réaction acide, et se précipite par le refroidisse- ment. » On recommence plusieurs fois cette opération, jusqu'à ce que l'on n'obtienne plus de dépôt. » Enfin, en éva|)orant la liqueur filtrée, on obtient un produit cristallisé, que l'on sépaie d'eaux mères iiicristallisables. Cette substance cristalline, purifiée par plusieurs cristallisations dans l'eau et l'alcool, a été analysée. Sa formule est exactement celle de l'urée : le nitrate et l'oxalateont monué que c'était de l'urée pure. » Le liquide incristailisable est acide et sera étuilié ultérieurement; mais il ne présente pas les propriétés de l'acide mellique et de ses dérivés, comme l'ont annoncé iMM. B:u-loli et Papasogli. » La matière noire, o-xydée par l'hypochiorite de soude, se transforme en la substance azotée soluble dans l'eau bouillante obtenue ci-dessus, sans donner naissance à de l'acide mellique. » Le cliaibou employé était du cbarbon de cornue de sciage, purifié au chlore. La pile se composait L\ii S éléments Bunsen de très grand mo- dèle. » Eu huit jours l'éleclrolyse de o'",j d'ammoniaf|ue étendue de son volume d'eau donne 6'''' à 8^'' de matière noire et i'''^ d'urée pure. » Ou réalise donc dans celte expérience la synthèse de l'urée à troid, par combinaison des éléments de l'acide carbonique et de l'ammoniaque, sous l'influence de la force électrique. » CHIMIE INDUSTUIELLK. — Sur les alliages du cobalt tl du cuivre. Note de M. G. Glillemin, présentée par M. Peligol. « Les alliages que le cobalt forme avec le cuivre présentent une couleur rouge et une cassure fine et soyeuse, qui rappelle celle du cuivre pur. Ils possèdent une ductilité, une malléabilité et une ténacité remarquables; ils se prêtent bien au travail du forgeage et du laminage à chaud; ils ne prennent pas la trempe. » Ces alliages s'obtiennent en tondant au creuset du cuivre et du cobalt métallique, sous un tlux composé d'acide borique et de charbon de bois. M Les échantillons que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie ont été préparés au moyen de cuivre rouge électrolylique provenant de la Nord- C. K., i885, ■■!' Semestre. (T. CI, IS» C) ^^ ( /.S', ) cleiitsclie 4/finerie de Hambourg (rupture à i-]*"^ par i°""q), et d'un alliage riche en cobalt provenant de la maison H. llussey Vivan, de Swansea. » Cet alliage a été coulé en grenailles; il est attiré par l'aimant; sa com- position est la suivante : Pour loo. Cobalt 48,28 Nickel 1 Cuivre 5o , a6 Fer 0,46 Il est à remarquer que ces grenailles ont une couleur rouge, soit au poli, soit à la cassure, tandis que l'alliage, dans les mêmes proportions, de nickel et de cuivre est blanc. » Les alliages cobalt-cuivre que j'ai étudiés renferment de i à 6 pour 100 de cobalt. Ils se forgent, s'étirent el se laminent à chaud avec la même fa- cilité que le cuivre rouge, mais leur ténacité est bien plus cousi lérable. » Des éprouvettes coulées en sable, sous forme de cylindres de So'"™ de diamètre, puis calibrées, sur le tour, à 20°"" de diamètre, ont été essayées à la traction sur une longueur de aoo""". Elles se sont rompues sous des charges variant (pour des teneurs de i à 6 pour 100 de cobalt), de 25''*'' à 36''s par millimètre carré, avec des allongements de 28 à^i5 pour 100. » L'alliage à 5 pour 100 de cobalt,, notamment, coulé en sable, donne 3/i''8 à la rupture, avec un allongement de i5 pour 100. Le même alliage, forgé et laminé à 20™"" de diamètre, ne se rompt que sous un effort de ^o^^ par millimètre carré, après un allongement de 10 pour 100. » Son prix de revient n'est pas très élevé; on peut, en effet, obtenir au- jourd'hui le cobalt métallique à 32*^'' ou 33^' le kilogramme, et ce prix sera réduit dans une forte proportion lorsqu'on préparera ce métal en grand. Eu quelques années, le prix du nickel a été abaissé de So*^' à '7'^'' le kilo- gramme. » L'alliage à 5 pour joo de cobalt est particulièrement intéressant par ses qualités utiles; il est inoxydable et malléable comme le cuivre, tenace et ductile comme le fer. L'industrie pourra l'utiliser pour la fabrication des rivets, des plaques de foyers de locomotives, des tubes et d'une grande variété d'appareils de chaudroiuierie. » ( /435 ) THEBMOGHIMIE. — Sur la chaleur de transformation du protochlorure dechrome en sesquichlorure. Note de M. Recocr.v, présentée par M. Berthelot. « Les sels de protoxyde de chrome, en présence de l'oxygène ou d'un milieu oxydant, se transforment en sels de sesqtiioxyde, avec une rapidité qui rend leur maniement à l'air complètement impossible. J'ai entrepris l'étude des phénomènes thermiques qui accompagnent ces transformations. Je parlerai aujourd'hui de la transformation du protochlorure de chrome en sesquichlorure. Voici le principe de la méthode employée : État initial Cr- Cl- diss. + Cl yaz + O gaz 4- H gaz + 3 Na 0 et. Élat final Cr°0' précipité 4- 3NaCl étendu + HO li(iiiide. Premier cycle. Cr-Cl-diss. +Ogaz = Cr-Cl-0 et H- 7 H gaz + Cl gaz = H Cl et + .9,5 ( '.37 ) » Ici également, il est nécessaire de taire agir la sonde immédiatement après la dissolution du sel dans l'eau, car la dissolution se modifie avec le temps : de verte qu'elle était, elle devient ronge par transparence. Je donne, à titre provisoire, la variation de la chaleur dégagée par le premier équi- valent de soude : Ca Immédiatement après la dissoliuion . 15,4 Vingt-fjuatre heures apics io,3 Quarante-luiit heuies après 8,6 Six jours après (î,8 )> Les deux autres équivalents tle soude dégagent toujours environ 7^'''. Je me propose, du reste, de continuer cette étude. » Conclusion. — En résumé, en admettant l'identité d'état moléculaire de l'oxyde de chrome, sous toute réserve : Cr^Cl^ dissous 4-0= Cr^Cl-O dissous +50,4 H + Clyaz = HCi dissous + Sg.S Cr'-Cl-O dissous + HCl dissous + o,(j Cr-Ci-Odiss. + HCl diss. + 3NaO diss. =: Cr'O^ précipite -t- 3NaCl. . + 25,9 Total -f-i 16,2 Ci = Ci- dissous -|-Cl=:Cr2Cl-^ dissous H- x Cr'^CI^ dissous -4- 3 NaO dissous =:Cr-0^ précipité + 3 Na Cl dissous. . . -i- ag.S H 4-0 gaz = HO liquide 4- 34,5 Total r 4- 64,0 jj + 64 = I 16,2. » On aurait donc x=^ 52,2. » Ainsi l'^'i de Cl, en se fixant sur a""'' de protochlonn-e de chrome, dégage une quantité de chaleur considérable, qui surpasse la chaleur dégagée par le Cl en se fixant sur la plupart des éléments. M Nous avons vu également que i'^'' d'oxygène dégage So^''', 4 en se fixant sur Cl -Cl^. Cette quantité de chaleur surpasse également la chalein- de for- mation d'tm grand nombre d'oxydes. On peut s'expliquer ainsi l'altérabi- lité instantanée à Pair du protoclilorure de chrome. « Je me propose de poursuivre cette étude pour les autres sels de prot- oxyde de chrome. » ( 438 ) CRlSTALLOGRAPrilE. — Stir les caractères cristallographiques des déiivés substitués (lu camphre. Note de MM. P. Cazenecve et J. Morel. « Le camphre ordinaire C'^H'^O présente une série de produits de substitulions dans lesquels l'hydrogène est remplacé, soit une fois, soit deux fois, parunélémenthalogène, chlore, brome, iode, ou parun radical mono- atomique, tel que AzO- ou CAz, ou encore par un élément métallique, tel que le zinc. » L'étude des formes cristallines de ces dérivés et leur comparaison soit entre elles, soit avec la forme cristalline du camphre, permettent de faire certains rapprochements, de mettre en évidence certaines différences ou certaines analogies, et de préjuger peut-être de l'influence particulière d'un élémentdétermiîiédansla conslitulion moléculaire du réseau cristallin. » Le camphre ordinaire cristallise en prismes hexagones réguliers, ter- minés par une pyramide ayant une large base, dans laquelle l'inclinaison des faces sur la base est de 1 18°9' (Des Cloizeaux). » On a réuni dans le Tableau ci-dessous les éléments cristallographiques caractéristiques des dérivés monosubstitués qui ont été mesurés, c'est- à-dire le camphre monochloré a C'^IfClO; le camphre monobroiné C'^H'^BrO; le camphre monocyané C'A^CyOet le camphre mono-iodé C'«H'»IO. mm. pli'. pa'. e' c\ C'H'^CIO. '39"2o' 93! i5 iSg^Ss' 91 '.'So' Ciofl'SBrO 79.37 93.52 139.31 C"JH'5ÇyO 78.50 94.45 140.40 C'iH'^IO '37-42 94 » 9'-'" » On voit, par suite, que ces quatre dérivés, qui sont tous clinorhom- biques, ont des angles très voisins les uns des autres et que l'on peut les considérer comme isomorphes; de sorte que le chlore, le brome, le cyano- gène et peut-être l'iode, qu'on laisse un peu à part à cause d'incertitudes dans la détermination des cristaux, joueraient le même rôle dans l'édifice cristallin. » Parmi les dérivés bisubstitués, on a groupé dans le Tableau ci-dessous \e camphre bichloi é C"'ïi"C[-0, le camphre chlorobromé CTt^ClBrO, le camphre chloronilré C'H' 'Cl( AzO')0, le camphre bibiomc C"'H"Br='0 ( 439 ) et le camphre 6romonî/re' C'"H''Br(AzO^)0, dont voici les éléments angu- laires : mrii. me'. e'e'. C'HV''C\-0 123. lo' i07.°i4 io2°28 C"'H"CIBrO 124,48 loô.Sa 102.24 • C"°H'''Cl(AzO'')0 127.8 io5.i5 106.35 C'»H"Br-0 128.24 io5.2i io5.i8 C"*H'>Br(AzO=)0 128.39 » 106, 54 )) Ces divers dérivés sont orthorhombiqnes et leurs angles se rappro- chent encore assez pour que l'on ne puisse méconnaître des analogies cris- taliograpliiques étroites, sinon l'isomorphisme parfait de tous ces produits. L'équivalence cristalline du chlore et du brome parait exister encore, mais les différences s'accentuent davantage; l'introduction du radical AzO- exercerait une influence particulière sur la variation individuelle, mais, malgré cela, elle semble encore acceptable au point de vue cristallogra- phiquc. Elle pourra se compléter d'ailleurs par l'étude des autres dérivés bisubstitués de même ordre qui n'ont pas encore été obtenus. » Il y a, enfin, toute une série de dérivés bisubstitués métalliques, dont le type est le camphre zinconitré, que l'un de nous vient d'obtenir (Caze- neuve) : C'»H'''(AzO=)0^ • /Zn; C'°H''(AzO=)0/ ils cristallisent en tables hexagonales, qui sont souvent à l'état de paillettes de dimensions non mesurables. L'étude des cristaux du dérivé zinciqne a permis de reconnaître qu'ils appartiennent à un prisme orthorhombique tout à fait distinct de celui de la série précédente, ce qui constituerait proba- blement le premier type d'une nouvelle série de corps bisubstitués. » En résumé, pour les corps que l'on vient d'examiner : » 1° La substitution, dans le camphre C'H"', d'un élément monoato- mique à l'hydrogène, modifie complètement la forme cristalline du cam- phre; il n'y a donc pas équivalence cristalline entre l'hydrogène et l'élé- ment monoatomique substitué. » 2° Le chlore, le brome, le cyanogène, le radical AzO-, l'iode parais- sent posséder l'équivalence cristalline, c'est-à-dire sont susceptibles de se remplacer mutuellement dans un composé, sans modifier con)plétement la forme cristalline de celui-ci; cependant cette équivalence n'est pas absolue: ( 44o ) il se produit quelquefois des variations individuelles, qui paraissent s'ac- centuer avec le nombre des substitutions. » 3° Le zinc et les autres métaux sont susceptibles de se substituer à l'hydrogène en présence du radical (AzO'^) dans une molécule de camphre et de donner lieu a des produits de substitution sériés, différents des pré- cédents. » ZOOLOGIE. — Sur une Tortue terrestre d'espèce nouvelle, rap/jortée par M. Hum- blotrt» Muséum d'Hlitoire nnlutelle. Note de M. Léon Vaillant, présentée par M. Ém. Blanchard. K L'abondance et la remarquable variété de t ypes spécifiques que présente le groupe des Tortues terrestres en Afrique, et surtout dans les îles situées à l'est de ce continent, sont des faits depuis longtemps constatés, et d'im- portants travaux ont été publiés sur ce sujet; il su(fit de rappeler le Mémoire de M. Gûniher sur les Tortues gigantesques. On peut donc s'étonner de rencontrer encore dans cette région un animal d'une taille relativement considérable, appartenant à ce groupe, et que ses caractères ne permettent de confondre avec aucune autre espèce du genre. » C'est à l'un de nos plus zélés voyageurs, M. Humblot, que le Muséum est redevable de ce curieux Chélonien. Ce naturaliste, qui en a possédé sept individus, nous affirme que celui-ci, qui a le volume d'une Tortue rayonnée de forte taille, n'était pas le plus développé; quelques-uns attei- gnaient une dimension presque double. » La carapace est bombée, hémisphérique dans son ensemble, avec les orifices antérieur et postérieur peu élevés, rafipelant celle du Testudo radiata Shaw. La dossière présente un léger rétrécissement en avant, elle est arrondie en arrière; on trouve une écaille nuchale, très petite il est vrai. La forme du plastron caractérise particulièrement cette espèce. La plaque gulaire, au lieu d'être double, ce qu'on trouve d'ordinaire chez les Tortues proprement dites, est simple, comme chez les quelques espèces dont Gray a proposé de former le genre Cheisina : ceci ne s'observe bien qu'en dessous ; à la face supérieure existe un sillon, indice de la division habituelle. Celle ]jlaque et la portion osseuse qui la supporte, distinctes du reste du plas- tron, forment un prolongement aplati, triangulaire, du double plus long que large à la base, recourbé de bas en haut, disposition toute spéciale dont la singularité avait frappé M. Humblot, qui l'a observée sur les sept indi- vidus. ( 44i ) » La couleur (Je la dossière est roux jaune, avec des nuances brunes sur le pourtour des plaques écailleuses du disque et sur le limbe; le plastron, uniformément jiiune-paille, offre quelques restes d'nne teinte sombre vers le bord des plaques abdouiinales. L'ensemble de la coloration ])articipe, en somme, à la fois de celles qu'on observe chez le Tesludo ladiata Sliaw et le Tesludo [Chci^sina) angidaln Dum. » Ces caractères permettent de distinguer à première vue ce Chélonien des autres Toriues proprement dites actuellement connues; je proposerai de le désignerions le nom de Ttsludo yniphora, faisant allusion à la forme spéciale de la partie antérieure du plastron. » Quoique la provenance de celte espèce ne puisse être fixée d'une ma- nière absoluutent précise, on doit cependant regarder comme certain, d'a- près les renseignements fournis par les matelots arabes qui, à la grande Comore, vendirent à M. Hnmblot ces Tortues, que ces animaux avaieîit été capturés sur un îlot silué au nord-nord-est de cetle terre; d'ailleurs, étant donné les vents qui régnaient à cette époque et la manière de naviguer de ces hommes, leur embarcation n'avait pu venir qu'en suivant cette di- rection, c'est-à-dire d'une localité située vers Aldabra, dépendant même peul-étie de ce groupe d'iles où l'on connaît de si curieux représentants de la famille desChersites. » ZOOLOGlli. — Sur les Brisingidae de la mission du Talisman. Note de M. Edmoxd Perkier, présentée par M. de Quatrefages. « La famille desBrisincjidœ, que j'ai établie en 1875 dans ma révision des Stellérides, ne contenait d'abord que le genre Biisiiujaet semblait complè- tement isolée dans la classe des Stellérides. Dans son beau Mémoire sur les B.coionala etendecacnemos, Ossian Surs rapprochait ces remarquables ani- maux des Solaslerj mais la forme de leurs pédicellaires démontrait, au contraire, jusqu'à l'évidence, qu'il fallait les rattacher aux Asleriadœ, et je pensai dès lors qu'il convenait de grouper dans la famille des Biisincjidœ toutes les Asleriadœ aberrantes qui n'avaient que deux rangées de tubes ambulacraires, c'est-à-dire les Pe^jce//as. Edii'anlsii et, pour leurs formes nouvelles, les F.spimilosaet F. se.xradiata . Chez ces formes toute la partie renflée des bras est, en effet, entièrement garnie de pla(]ues polygonales encore disposées en arceaux peu réguliers et en nombre égal à celiu des plaques adambul;icraires chez la D. Edwanbii, dont nous ne possédons qu'un bras, mais formant, au contraire, une mosai(pic régu- lière chez la F. spinulnsa et la F. scxradiitlri. Cette dernière forme, prove- nant de 4060™ de profondeur, est remarquable par ses bras au nombre de six setdement; la F. spiindosa a, au contraire, de onze à quinze bras, généralement treize, très allongés; elle est de coideur jaune orangé et ré- pand, quand elle est vivante, luie assez forte odeur alliacée. On la trouve du cap Vert aux Açores do 2000'" à /jooo'" de profondeur. Les Frtyella, déjà reuiarquables par le mode de constitution tout sjiécial de leur sque- lette, ne portent pas de grandes épines comme la li. coronala ou rolimla; leiu's phujues squeletlicpies sont lisses chez la /''. Etlii' irdsii, munies chacune d'un petit [)i([uant cluz la F, sexradiala, d'une rangée transversale de petits picjuants chez l.i F. sinnulosa. » Enfin h s Coronos/er rappellent exactement par leur apparence les <-/s- krias dugroupe de 1'//. teniiispiiut, et possèdent, comuie elles, un 5(|uelette dorsal réticulé à larges mailles. Mais leurs tubes ambulacraires ne sont dis- posés que sur deux rangées; leurs [licpiants sont envelo|)pés d'ure gaine qui peut remonter jusipi'au voisinage de leui- soiinnet et |)orte une élégante collerette de pédicellaires. Les bras, qui se détachent très facilement du disque, comme chez les Biisincja, sont au nombre de onze. Un échantillon nnic[ue a été recueilli aux iles du cap Vert |)ar 200'" de profondeur. Ils constituent ini terme exactement intermédiaire entre les Lahtdiasttv et les Aslei ias t.\u\ se trouvent ainsi étroitement reliées aux Brhinija, cotiune la Fieyella itxi adiata co\\i\u\l diiectemerit des Brhinija aws. Ptdicellasler à efn<| et six bras. Les Brhimja, tout eu demeurant îles formes des plus remur- ( Wx ) qiiables et en demeurant relativement isolées des Ophiures dont on les avait tout d'abord rapprochées, sont ainsi par les découvertes nouvelles de pins en |)lus nettement reliées aux Stellérides proprement dites. Au point de vue du développement du squelette dorsal, on peut les disposer en série ascen- dante de la façon suivante : Hymenodisciis Jgnssizii E. P.; Brisinga merliler- rnnea E. P.; B. eleqans E. P.; B. endecncnemos Abjornssen, B. coronnln E. P. ; B. semi-co7onatnE. P. ; B. robusln E. P.; Labidiasler radiosus I^ovén; Brisingmler Bobillardi de I^oriol ; Pedicellasler typicus Ijovén; Coronnster Parfaiti E. P.; Jsterins teiniispina Lmk. Les Frejella forment une série aberrante. « EMBRYOGliNlR. — Orientation de l'emhtyon et formation du cocon chez In Periplaneta orientalis. Note de M. P. Hallez, adressée par M. de Lacaze-Duthiers. « Une question d'embryologie générale qui a une importance incon- testable, c'est celle de V orientation de Vemhryon. J'entends, par ces mots, la détermination exacte des relations qui existent entre l'axe organique de l'œuf, l'axe principal de l'embryon et celui de l'organisme maternel. » Tous les embryologistes, peut-être, se sont inquiétés de cette question. J'ai entrepris, pour la résotidre, des recherches spéciales, d'abord sur les Insectes. J'ai l'honneur de présenter aujourdhui àl'Académiele résultat de mes observations sur la Periplaneta orientalis. Je me suis efforcé de suivre l'œuf pendant foute la durée de sa formation et de son évolution. Je ne nuis, dans cette Note, faire connaître les phénomènes de maturation de l'œuf, ni les particularités du développement de l'embryon de cet Ortho- ptère : mou but est simplement d'établir les relations indiquées plus haut. » Les sacs ovigères, qui, comme on sait, sont au nombre de huit de chaque côté, sont remplis d'œufs présentant la disposition en chapelet bien connue. Aussi loin qu'on remonte vers l'extrémité effilée des sacs ovigères, toujours on voit les jeunes œufs disposés en ime seule sfrie. Les plus petits sont formés d'un protoplasme transparent qui, traité par le picrocarmin, se colore en jaune avec des traînées rouge pâle, d'un grand noyau qui se colore en rouge et d'un nucléole de chromatine qui, pendant le cotu's de la maturation de l'œuf, présente des phénomènes particuliers que je ne puis décrire ici. Si l'on appelle axe organique de l'œuf celui qui passe par l'axe du tube ovigère, lequel est parallèle à. celui de la mète, on voit qu'à ce moment l'axe organique est plus petit que l'axe transversal. Au fur et à ( 445 ) mesure que l'œuf descend dans le lube ovigère, son axe organique devient plus grand, si bien que, dans l'œuf mûr, il est trois ou quatre fois plus grand que l'axe transversal. » Ainsi, dans toute la longueur du tube ovigère, l'œuf a son axe orga- nique parallèle à l'axe de la Blatte mère. Il est évident, d'autre part, que le pôle de l'œuf, dirigé vers la partie amincie du tube ovigère, correspond à l'extrémité céphalique de ce dernier axe. La maturation des œufs marche d'une manière isochrone dans les seize tubes à la fois, si bien que, à un moment donné, la Blatte présente, dans chacun de ses tubes, un œuf mûr: c'est celui qui est le plus voisin du calice ou oviducte. A ce moment, la ponte et la formation du cocon sont imminentes. » Les glandes sérifiques, comme les appelle Léon Dufour, constituent alors un paquet volumineux, ventralement situé et formé de tubes très longs, pelotonnés, bifides ou muitifides. Ces tubes sont remplis d'une substance opaque, facilement coagulable. dans laquelle se trouvent disséminés des cris- taux en nombre infini. Ce sont des prismes à base rhombe, présentant une petite facette de troncature reclangulaire à la place des arêtes aiguës. Ils mesurent en moyenne iSp., sont insolubles dans l'eau et l'acide azotique faible; ils .'onl, au contraire, détruits sans dégagement gazeux par l'acide sulfurique concentré; la potasse caustiqtie les dissout plus rapidement en- core. Ces cristaux sont destinés à la fabrication du cocon, qui est formé par un assemblage de ces cristaux cimentés par la substance coagulable, au sein de laquelle ils ont pris naissance. » Ce cocon, que L. Dufour compare à une petite valise fermée, est ovoïde et présente une crête dentelée, qui est la ligne de déhiscence. L'extrémité postérieure (celle qui sort la première au moment de l'accou- chemeiu) est généralement un peu plus grosse, l'autre est facilement recon- naissable, grâce à la présence d'une sorte de petit hile. La ligne de déhis- cence est supérieure, correspondant par conséquent à la face dorsale du Rakerlac. Les œufs, au nombre de seize, sont disposés sur deux rangs verticalement dans ce cocon; enfin, toujours, surplus de cent cocons que j'ai éiudiés, j'ai trouvé la tête de tous les embryons correspondant à la ligne de déhiscence. » J'ai eu l'occasion d'observer directement la fabrication du cocon et la mise en place des œufs à l'intérieur. Les deux oviductes viennent déboucher un peu en avant de la plaque sous-génitale, au niveau supérieur de l'armure génitale. Cet appareil, assez semblable à celui de la Blatta americana qui a été décrit et figuré par M. de Lacaze-Duthiers, dans son admirable travail sur ( 4;t; ) r.irnuiie génitale des Insectes, est essentiellement formé de deux épister- nites et d'un sternite à deux iiranches bir.ttnées. L'ensemble constitue une sorte d'entonnoir ou de spéculum à quatre branches mobiles, disposé obliquement d'avant en arrière et de haut eu bas. L'œuf venant de l'ovi- ducte toiid)e dans cet entotuioir, qui le saisit et l'aligne à côté des œufs pré- cédemment pondus; eu même temps, par le mécanisme combiné des parois de la poche génitale et des pièces de l'armure, la matière coagul:d)le et ses cristaux sont uniformément répaiulus et prennent la forme du cocon. La ligne de déhiscence est produite par un pincen)ent exercé par la pai'tie su- périeure du sternite et peut-être aussi par la rainure du tergite de l'anueau anal. Le cocon est d'ailleurs tnaintenu eu dessouspar In plarpie sous-génitale. » Je me suis assuré que l'œuf toudj^- dans l'armure génitale, ayant le pèle caudal en bas; il ne pourrait d'ailleurs en être autrement. Orce pôle caudal est celui qui est opposé à la ligne de déhisctncc dans le cocon. Ou voit donc : i> i" Que l'axe organique de l'œnif, c[ui est aussi sou axe de figure, est le même que l'axe principal de l'embryon ; '< 2" Que l'axe organique de l'œuf présente la même orientation (pie la mète, puisipie son pôle autérieru- est celui qui correspond à la tète de l em- bryon, taudis cpieson pôle opposé deviendra l'extrémité caudale de celui-ci. » Loin de tuoi la pt usée de vouloir tirer des conclusions générales de cette observation, mais je ne puis m'einpêclier de fiire luie réflexion. Lœut, pendant une période de son histoire, fait partie de l'organisme cnaternel à titre de simple élément histologique. Or, les ex[)eriences deseitions et de régéî érations, faites sur les Planaires et autres animaux, montrent que cbiupie tronçon, si petit ([u'il soit, conserve la même orientation, c'est- à-dire les deux polarités céphali-(jue et caudale, tpi'il avait dans l'animal entier. C'est (juelque chose de comparable à rex[)érienco de l'aimant brisé. Ne |)eul-on en conclure que chaque élément histologicpie possètle, lui aussi, ces deux polarités de l'animal, polarités qui persisteraient dans la cellule- œuf, après ([u'elle a cessé de faire partie des tissus maternels? a PATHOLOGIE. — Sitr le tiaileiuenl local de In pneiiinoiiic fibrineuie jiar les injcclions uitia-pareiichjinaleiiset. Note de :M. II. Lépi.xk, présentée p;u' M. Marey. « Si, chez un [jueumouique au troisième ou au quatrième jour, on in- jecte d.uis la partie hépatisée, au mo)en tl'une aiguille capillaire, c[uelques ( 447 ) centinièlres cubes de solution aqueuse de bichlorure de meicuie à i pour 4oooo, à trois ou quatre places, distantes l'utie de l'autre de quelques centimètres, de préléreuce à la périphérie de la lésion, dans le but d'es- sayer de la circonscrire (en tout 20*^"^ à aS*^*^, c'est-à-dire une quantité de sublimé absolument inolfensive pour l'iiidividu), on constate : i" au ni- veau des injections, la diminution immédiate des râles crépitants et du souffle, qui sonte/i partie remplacés par du silence respiratoire et quelques râles plus gros; 2" quelques hemes plus tard, une exacerbation passagère de la température centrale; 3° le lendemain, un j^rand amendement de l'état général et notaiumeiit une dêftrvescence précoce; 4° idtér-ieurement, une résolution qui, à en juger par la persistance du souffle, surtout dans les parties bépatisées qui n'ont pas reçu d'injection, ne s'effectue qu'au bout de plusieurs jours, c'est-à-dire au moment où elle aurait eu lieu si la pneumonie avait été abandonnée à sa marche naturelle ou traitée par les moyens ordinaires. Tels sont les faits que j'ai plusieurs lois constatés, avec MM. les D'" Audry, mon chef de clinique, et Leclerc, mon interne, en préseuce des élèves de ma clinique, et qui me paraissent prouver avec d'autant plus d'évidence l'utilité de ce traitement dirigé contre le pro- cessus pneumonique, que les malades qui y ont été soumis élaitr-nt at- teints, non de pneumonie congestive, mais d'bépatisation solide, ainsi qu'on pouvait s'en convaincre par l'intensité de la matité et du souffle tu- baire, mieux encore, par la sensation spéciale de résistance qu'on percevait, en faisant exécuter des mouvements à l'aiguille enfoncée dans le poumon. Quant à l'ir.nocuité relative des injections intra-pulmonaires de sublimé, à la dose susdite, dans l'iiépatisation rouge (' ), pourvu, bien entendu, qu'on se tienne éloigné des gros vaisseaux du hile et qu'on ne pénètre pas à plus de o"", o3 à o'",o4 de profondeur dans le poumon, elle est démontrée par le fait que je n'ai perdu aucun malade et que je n'ai eu aucun accident ('■ ). » Dans le poumon sain, de telles injections produisent des lésions assez ( ' ) Je ne les ai jamais pratiquées dans l'hépatisation grise. (-) Le seul i/iconcé/iierit est la douleur; mais elle est fort modérée et l'on peut l'atténuer en ajoutant un peu de niorphiue à la s:)lulion. A|)rès l'introduction de l'aiguille dans la partie hépatisée, et avant qu'on y ait adapté la seringue, il s'écoule quelques gouttes de sang qui exposent à l'oblitération de la lumière si l'on tarde à pousser l'injection. Quand l'aiguille est enfoncée dans le poumon sain ou dans le poumon tuberculeux, il ne s'écoule d'habitude pas de sang. Voir, relativement à l'innocuité des injections intra-pulmonaires, faites d'après certaines règles, chez les tuberculeux au premier degré, l'excellente Thèse de mon ancien interne, le D"' Truc (Lyon, i885, p. i4i et suivantes.). ( 448 ) prononcées : si, en effet, on sacrifie un chien deux jours après l'injection intra-pulmonaire de 3'='= à 4™ d'une solution de sublimé, à la vérité un peu plus concentrée (à i pour 3o ooo), on trouve, au niveau de la piqûre, un point diir (caillot hémorrhagique) circonscrit, qu'entourent deux zones, la première hémorrhagique, la seconde d'apparence œdémato-cougestive. A l'examen histologique pratiqué avec le D'' Blanc, nous avons vu les alvéoles de la zone hémorrhagique déformées et bourrées de globules rouges; celh s de la zone qui semblait simplement affectée de congestion et d'œdèiue ren- fermaient des globules rouges, quelques globules blancs, quelques grosses cellules d'origine épithéliale, gonflées, et enfin un réseau fibrineux plus ou moins abondant, mais pas d'amas fîbrineus. Avec la solution à i pour 4oooo les lésions sont notamment moindres. » Peut-être trouvera-t-on une substance moins irritante pour le poumon que le sublimé et capable cependant de suspendre ou de modérer le pro- ctrssus pneumonique. En tous cas, la méthode des injections intra-paren- chymateuses, qu'on n'a jamais encore appliquée au traitement de la pneiunonie, me paraît susceptible de l'éti'e dans ceitains cas, toiijour's avec prudence, et sans préjudice, naturellement, du traitement de l'état général et des indications multiples de la maladie. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur la cyslite et la néphrite produites chez l'animal sain par l'introduction, dans l'urètre, du micrococcus urex[Cohn). Note de MM. R. Lépixe et Gabriel Roux, présentée par M. Marey. « Si l'on injecte, avec une pipette flambée, une demi-goutte de cidlure pure de micrococcus ureœ dans l'urètre d'un cobaye mâle et qu'on lie le prépuce pendant quelques heures, d survient, les jours suivants, un gon- flement plus ou moins étendu de la région, avec un peu de sphacèle ; l'urine, très ammoniacale, renferme beaucoup de micrococci et des cylindres gra- nuleux. A l'autopsie, la vessie est épaissie; sa muqueuse est rouge. Si l'ani- mal a été prématurément sacrifié, les reins sont congestionnés; si l'on a attendu sa mort, qui survient au bout de quelques jours, ces organes sont devenus jaunes. » Dans les deux cas, à l'examen de coupes convenablement colorées, on trouve des micrococci dans les cellules épithéliales; de plus, un fragment du centre de l'organe rénal, enlevé avec un couteau flambé et porté dans de l'urine stérilisée, donne une culture pure de micrococcus ureœ. » Plusieurs femelles saints, qui su trouvaient dans la cage des n aies ino- ( 449 ) cillés, ont eu également l'urine ammoniacale, renfermant des cylindres et des micrococci ; elles ont succombé au bout de quelques jours, avec les lé- sions vésicales et rénales sns-mentionnées. » Chez le chien sain, dont l'urine concentrée et acide, comme on sait, paraît, a priori, uti mdieu de culture très défavorable, l'introduction dans l'urètre de quelques gouttes de culture pure de micrococci, suivie de la li- gature du prépuce pendant quelques heures, peut aussi produire de la cystite et de la néphrite. Voici la relation d'une expérience : « Chien de chasse robusle el liés vif. Le i3 juin, l'urine étant acide et sans albumine, on introduit dans le canal, à la profondeur de o"',o2 à o'",o3, trois gouttes de culture pure. Ligature du prépuce pendant douze heures; alimentation avec de la soupe. » Le lendemain, gontleinent du prépuce et du fourreau. » Le i5, l'animal est moins vif et mange peu ; sa température dépasse 40" C; le gonfle- ment du fourreau a augmenté; on y voit deux points mortifiés; urine trouble, un peu al- bumineiise, acide et renfermant des micrococci, » Les jours suivants, même état de l'urine; les plaques mortifiées s'étendent. '< Le 24 juin, l'urine recueillie directement à rémission est ammoniacale; elle est légè- rement teintée de sang; le dépôt présente des cylindres granuleux, des leucocytes, des hé- maties, des cellules épithéliales, des spermatozoïdes, des cristaux et des micrococci , isolés, par couples ou en chaînettes; de plus, quelques bacilles très mobiles. » Le lendemain, l'animai qui, bien qu'affaibli, n'avait pas cessé de manger, est trouvé mort. Autopsie: vessie épaissie, vascularisée, muqueuse rouge, présentant une vingtaine de plaijues hémorrhagùiues à la périphérie desquelles on trouve, infiltrés dans la muqueuse, des leucocytes et des organismes, les uns paraissant être le microcuccus urcie ; d'autres sont ovoïdes et plus gros. RemsiSe volume normal, présentant à leur surface, après l'ablation de la capsule et à la coupe dans la substance corticale, de nombreuses taches sanguines, et les glomérules de RLilpighi faisant relief. » Chez plusieurs chiens inoculés exactement comme le précédent, mis au régime de la viande, et chez un bon nombre de chiennes, qui, après sec- tion du périnée, avaient été accidentellement contagionnées par un cathéter malpropre, nous avons observé des lésions beaucoup moins accentuées et n'entraînant pas la mort, mais se traduisant \>zv la présence de cylindres granuleux et de »rtic;ocotct dans l'urine restée toujours acide (ou, tout au plus, neutre). A l'autopsie des animaux sacrifiés, nous avons trouvé la mu- queuse vésicale rouge et les reins, souvent pâles, renfermant des micro- cocci. » Les résultais précédents, qui différent essentiellement, comme on voit, de ceux de M. Gn'uird [llièse de Paris, t883) montrent que le cifcrococcMS ureœ, pénétrant dans les voies urinairei saines, peut se développer alors c. K., i8«5, ■-• Semestre. (T. ( I, IN» G.) 58 ( ^5o ) mptrip que l'urine est acidp, et produire des lésions vésicales et réunies sus- ce|ifil)lps de causer !n mort. Ils tip sont, «ans rlonte, p^s sans analogues dans l:i pathologie humaine. » PIlYSlOLOGir, PATHOr^OGIQUlî. — Le mirrohe de la fièvre lypho'irle de l'homme; ailliires el inoculations. Note de M. Tayon, présentée par M. Boulev. « Dans deux Notes en date du i8 août 1884 et du g février i885, j'an- nonçais que j'avais cultivé le microbe de la fièvre ty|)hoïde de l'homme, et que cet infiniment petit était très dangereux pour certains animaux, potirvu qu'on le dépose dans le périîoine. l! agit avec la même activité, provoque les mêmes symptômes et les mêmes lésions si l'on emploie l'injection intra-veineuse. Avec cette dernière méthode j'ai fait mourir des brebis adultes, vingf-quntre heures après l'inoculation. » L'injeclion iuira-veineuse ou intra-péritonéaie est flonc très rlange- reuse à doses infiniment petites , tandis que l'inoculation sous-cnlanée est toujours incapable de provoquer la mort. » La résistance des cobayes, des lapins, des chi' ns et des chais à de fortes injections sous-cutanées, faites avec des liquides de cultiu'es très virulentes, m'a décidé à étudier sur moi-même l'effet du microbe lyphiqiie introduit sous la peau. » Le 4 mai, lin étudiant en médecine, M. Te 6, notre état s'améliore et tout est reniré dans l'état normal le S. M.Varennes, quia leplus souffert de cette expéiience, a eu trois selles liquides le 6 mai, ( '!'■ ) el penihmt ([iiaraiile-hiiit heures des iiiaiix do Icli', la iarigue sèi-lio, |iàleLisc; de plus, il .1 fpi'odvé une lassitiide très prononcée. » Le i3 juin, j'ai procédé à de nouvelles inoculations siii- l'Iiomnie. >■ Je me suis fait inoculer une seconde fois à l'autre bras par M. Kern pff et l'ai eu suite ino- ciiléavecun houillon aussi virulent que celui du ly mai, puis j'ai pratl(|ué la même injection sur un étudiant qui n'avait pas subi l'inoculation du 4 '"•'', M. Milton Creiuleropoulos. » JM. Kenipft" et moi même n'avons éprouve aucun malaise, aucun trouble, aucun chani^ement dans l'état de notre santi-, si ce n'est un peu de goiiflement autour de la piqûre. Quant à M. Crenderopoulos, il a ressenti des symptômes généraux très nets, semblables à ceux que nous avions é[)rouvés la première fois : inappétence, maux de tète, fatigue gé- nérale, fièvre, etc. "> Enfin, le i j juin, j'ai inoculé un bouillon, virulent setdement pour le cobaye, sous la peau du bras de M. IMozziconacci, mon préparateur et mou collaborateur, de MM. Grimm et Vallord, élèves à l'École d'Agriculture (A divisionde la seringue de Pravaz à chacun). » Soumis à l'action d'une culture moins virulente que les précédentes, ils ont é|)rouvé des symptômes locaux et généraux semblables à ceux déjà décrits, mais plus fugaces et plus éphémères. » Ces résultats autorisent à admettre que l'inoculation sous-cutanée du microbe typhique n'est p;is mortelle pour l'iionime. Confère-t-elle l'im- munité contre la fièvre typlioïde? l'organisme qui a subi ileux iiijectiotis sous-cutanées devient-il réfractaire au développement du microbe typlii- que? Je ne puis résoudre cette question, dont la solution exige des moyens de recherches dont je ne dispose pas. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Passage des microbes palliogèues de la inèie ail fœtus. Note de M. Koubassoff, présentée par M. Pasteur. « Nous examinons dans cette Note le passage du vibrion septique, du rouget etdts bncilUs tubciruleux, de la mère au fœius. » Pour prouver la vraisemblance du passage des microbes en général de la mère au fœtus, nous avons fait deux expériences avec le vibrion septique, lequel est un micro-organisme anaérobie qui ne se développe pas dans le sang oxygéné. A cause de cette circonstance, le passage de ce mi- crobe de la mère au fœtus est le moins vraisemblable. En conséquence, si l'on constate dans les fœtus les bacilles du vibrion septique inoculés à la u)ère, on sera conduit à admettre, conune très vraisetnblable, le fait général du passage de tous les microbes de la mère au fœtus, et l'on sera conduit à sup[)Oser l'existence, dans le placenta, de communications di- rectes entre les vaisseaux de la mère et des fœlus ( 452 ) )) Voici les expériences qui prouvent ce passage : » Le 3o janvier, à 9''3o du matin, on a inoculé à une cobaye pleine 3 divisions de la ciiltnre anaérobique de vibrion septique. Elle niouriU le lendemain à io''3o'" du matin; l'autopsie a été faite tout de suite. On a trouvé 5 fœtus de C^jOS de longueur. On a fait des cultures anaérobiques de leurs . PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Observations des petites planètes, méridien de l'observatoire de Paris, pendant l'année i885. Communiquées par M. Mouchez faites au grand instrument le deuxième trimestre de Correction Correction Dates. Temps moyen Ascension d e Distance de 1885. de Paris. droite. IVphémér. polaire. l'épiicmér. ® Pallas. h m s h m s .s u 1 n Avril 3.. I I . 0 . 1 3. I 1.49.54,38 — '.97 77.26.21 ,0 + 2,0 lO. . 10.29. I 3 ' .46 26,43 — «67 75.24. 2,7 + 3,1 II . 10.24.52 I .46 1,33 — ,82 75. 8.17,7 H- 3,5 i3. 10. 16. i5 I .45 15,39 — ,78 74.38. 5,6 + 3,3 >4- 10. II. 58 I .44 54,37 — ,85 7Î.23.38,6 + 2,6 '7- 9.59.16 I -44 o,o5 — '74 73.42.57,9 -+- 2,4 i8.. 9.55. 5 II .43 44.7' — ,82 73. 3o. 17,3 + ■Î.9 21 . . 9.42.40 I .43 7,8. — .73 72.54.49,0 + 3,0 9.8 . 9. i4 • 35 1 .42 33,87 — ,66 71.46.35,5 + 3,4 3o.. 9. 6.47 II .42 37.49 — -73 71.30.39,4 H- 3,6 Mai 9. . 8.32.53 .1 •44- 6,53 — ,,8 70.36.45,9 + 3,9 11.. 8.25.36 I ■44 4i ,5o — ,40 70 .28.27 , 7 ^- 3,5 C. R., l8S5, 2" Semestre. (1 . CI, N° 7.) h 458 ) D.ites. 1885. Avril i3. Avril i3 '7 i8 =3 3o 9 1 1 12 i5 i8 Mai Correction Temps moyen Ascension de Distance de Paris. droite. l'épliémér. polaire. @ Olympia (')• h m s h m s s 0 1 '1 10.34.47 ' 2. 3.50,42 0 CÉRÈS 86.22.39,8 I I . 34.4" ' 3. 3.53,72 + 1,32 80. 6.55,1 11.29.54 1 3 . 3 . 3,02 + 1,08 80. 5.19,2 I 1.15.38 3. 0.34,88 -t- 1,08 80. 1.48,7 I I . 10.54 2.59.46,69 -t- I ,01 80. 1 . 4jO II. 1 .29 12.58. 12 ,80 + 1,08 80 . 0.11,1 10 .56.47 12.57.26,99 -1- 1 ,02 bo. G. 6,2 10.47 . ^7 2.55.58,26 -h I.II 80. o.3i,8 io.i5.i8 2.5i . 19,68 -+- I ,o3 80. 8.46,9 9.35.25 2.46.48,93 -h 1,10 80.34. 9>4 9.26.47 12.46. 3,3g -+- 0,88 80.41 .52,9 9. 22. 3i 12.45.42,95 + 0,98 80.46. 2,1 9. 9.5i 2.44.49,89 + 0,93 80.59.31 ,4 8.57.23 ■î-44- 9.96 -u 0,96 81.14.33,0 Correction de l'éphémér. 8,. 7,5 8,2 8,3 6,7 8,0 7,3 6,7 8,1 6,9 7,4 6,7 6,9 @ JUNON. Avril 18... 12. I . 9 i3.5o. 9,27 4- 3,83 89.22.34,9 + 10,2 20. . . I I .5i .42 .3.48.34,61 -H 3,82 89. 9.17,4 + 10,8 21 . . . H.47. 0 13.47.47,41 + 3,71 89. 2.45,9 + 8,4 23... 11.37.35 13.46. i3, 97 + 3,76 88. 5o. 8,5 -)- 8,0 3o. . . . .1. 4.4« i3 .40.57 ,93 4- 3,4. 88.10. 7,1 + 9,2 Mai II... 10.14.19 13.33.42,32 + 3,52 87.22. 4,0 + 8,1 1 2 . . . 10. 9.48 i3.33. 7,54 + 3,47 87.18.41,8 + 9,0 i5... 9.56.22 1 3 . 3 1 . 29 , I 9 + 3,60 87. 9.33,8 + 9,1 16... 9. 5i .55 .3.3o.58,3o -f- 3,55 u fi (87) Sylvia. Avril 20. . . 11.59.52 13.56.45,37 u 90 . 2 . I . 0 »• 21 . . . . II. 55.1', i3 56. 2,78 » 89.59.36,8 » (2<«) ASPORINA. Avril 21.. . 8.43.49 10.44. 6,22 » 76.35. 5,8 1» (' ) On n'a pu s'assurer si l'astre observé est bien la planète. ( 459 ) Correction Correction [)ates. Temps moyen Ascension de Distance de Ib85. de Paris. droite. l'épiiëmér. polaire. l'ùpliémér. (57) Mnémosyne. Mai Mai Mai Mai Mai Jnin 8 I I .24 0 14. 3i .45,29 H- 8, 27 96.46.37,6 — 10,0 9 I I . ig.24 14. 3i. 5,i4 + 8 63 .. It II.... I 1 . 10. 12 .4.29.44,87 -+- 8 32 .. .. 12. . . II. 5.37 14.29. 5,68 -+- 8, 5i 96.23.37,4 — 10,9 16.... 10.47 .21 14.26.32,60 -+■ 8 o3 96. 1. 8,3 — 10,8 (s) Flore 8.... II .29.26 14.37.12,49 -h 8 98 95.55.26,6 +55,3 9.... I I .24.30 14.36. 12,1 3 -+- 9 07 95.52. 5,8 -f-53,9 II.... ,..14.39 i4.'34. 12,49 -h 8 >9' 95.45 485" +52,9 12. . . . II. 9.44 14.33.13,57 4- 8 87 95.42.52,6 +54,0 i5.... 10.55. 5 i4.3o.2i ,20 + 8 9^ 95.34.50,2 +51,7 16.... 1 0 . 5o . I 3 14=29.25,14 +- 8 .7' 95.32.28,5 +52,8 @ Cléopatre. 9.... 10.55. 17 14. 6.54,43 i> 102. I .39,7 n 11.... 10.46. I i4- 5.3o,i6 (™) Ino. loi . 4 q . 10, I j> 9 11.43.57 14.55.42,67 it 85.57.10,1 n II.... 11.34.30 14.54. 6,71 )l 85.49.56,2 » 12. . . . Il . 29 . 46 14.53.18,87 » 85.46.28,0 M i5.... ii.i5.38 14.50.57,85 .. 85.37.23,5 ]> 16.... I I . 10.56 i4.5o. 1 I ,39 >i 85.34.47.7 N (5) Philomèle 9 1 i .52.5o i5. 4.36,45 .. 102.33. I 3, 5 1* II.... I I .43. 20 i5. 2.58,12 .. 102. 3o. i3,o » 12. . . 11.38.35 i5. 2. 9,29 i> 102.28.48,5 " i5.... 1 I .24.22 14.59.43,68 » 102.24.4*^,9 » 16.... II. 19. 39 14.58.56,02 ii 102.23.28,5 n (S\ Athamantis 4.... 1 1 . 22, 3 16.16. i5,o3 )> io8.36.25,o 11 5.... 1 1 . 17. 10 I 6. I 5. 17 ,55 }) 108. 3o. 4,8 » 10. . . . 10.52.54 16. 10.40,49 11 107.58.55,1 » II.... 10.48. 5 16. 9.47,7^ » 107.52.59,3 » 12. . . . 10.43. I 5 16. 8.53,76 " 107.47. 2,3 )» i3.... io.38.3i 17. 8. 5,09 » 107.41 ■ 10, I I» ( 46o Uales. 18S5. Juin Juin Juin Correction Temps moyen de Paris. Ascension droite. lepl de léuiér. Distance polaire. @ Camilla. 4.... 5... h m s ii.3o.i4 11.25.38 h m s 16.24.27,97 16.23.46,84 s D » 0 ' ■' 98 . 3 1 . 56 , 7 98 . 3o . I 8 , 0 lO. . . II... 12.. . . i3... II. 2 . 3q I0.58. 4 io.53.3o 10.48.57 16.20. 27 ,20 16.19.48,54 16. 19. 10, 18 16. 18. 32, ,56 u 98.23.28,8 98.22.25,5 98.21.29,8 98.20.27,0 (71?) EUBYNOME. 4... 5... 10. . . 11.46.35 I i . 4 1 • 4o II . 17. 10 i6.4o.5i ,02 16.39.52,28 16.35. 0,71 -i- -h -i- 0.97 *,i8 1 ,06 » 106.58.43,4 106.4^.59,1 II... 12. . . i3... 11.12.17 II. 7.25 II. 2.33 16. 3f. 3,45 16.33. 6,96 16. 32 . 10, 85 + 0'94 1,04 0,96 106.39.45,5 106.37 . 17,0 (^■1?) Hf.kmione. 4... lO. . . 12. . . II. 47-'''; II. 19. 39 1 1 . 1 0 . 1 4 16.42.13,44 16.37 . 29,62 16 35.56,87 n 111 .27.35,9 Il 1.28, 37, '3 111.28,52,8 Correction de réphémér. 5,8 3,7 » Les comparaisons de Gérés, Pailas et Junon se rapportent aux éphémé- rides du Nnulical Almanac^ celles de Mnétnosyne à l'éphéméride publiée dans le Bulletin astronomique [l. II, mars i885); celles d'Eurynonie à l'éphéméride donnée dans le n" 250 des circulaires du Beiliner Jahrbuch; celles de Flore à l'éphéméride du Derliner Jalnbuch. ' » Les observations des 3, 28 et 3o avril ont été faites par M. F. Boquel; toutes les autres, par M. P. Puiseux. » MÉTÉOROLOGIE. — Sut les grains arqués et les typhons. Note de M. Faye. « On sait, en dépit des assertions de quelques savants Météorologistes qui soutiennent encore que les niouvements gyratoires de l'atmosphère sont des phénomènes d'aspiration, et que l'air s'y élève en spirales con- vergeant versie centre, on sail,dis-je, que les trombes et les tornados sont dus à des gyrations descendantes qui n'ont rien de centripète en bas. La (orme cylindro-conique de ces tornados montre en effet, à tous les yeux, que les mouvements intérieurs y sont sensiblement circulaires, même au ( 46i ) moment où ces gyralions rencontrent, en descendant, l'obstacle du sol. Le même genre d'évidence n'a plus lieu pour les cyclones; ceux-ci ne sont pas revêtus, comme les trombes et les tornados, d'une enveloppe nébuleuse qui en dessine les contours; on ne saurait d'ailleurs les embrasser d'un coup d'œil à cause de leurs énormes dimensions. Il y a pourtant dans les typhons, à dimensions plus restreintes, des indications bien frappantes de leur parfaite circularité. Ce sont ces indications que je vais mettre en évidence par une élude rapide des grains arqués, phénomène sur lequel mon attention a été appelée l'an dernier par un habile météorologiste de Nancy, M. Millot, ancien officier de la marine de l'Etat ('). » La première mention que l'on connaisse de ces phénomènes date du XVII* siècle, époque où les Missionnaires ont étendu leurs entreprises sur l'extrême Orient. Le P. Charlevoix en parle ainsi dans son Histoire du Japon (-) : « On appelle typhons, dans les Indes, un vent de tourbillon, qui souffle de tous les côtés et (jui domine fort sur les mers de la Chine et du Japon. Un vaisseau ainsi investi ne fait que pirouetter, et les plus habiles pilotes y sont bientôt au bout de leur art. Ce qu'il y a de plus fâcheux, c'est que ces tourmentes durent ordinairement plusieurs jours de suite, en sorte qu'il faut qu'un bâtiment soit bon et bien gouverné pour résister jusqu'à la fin. Par bonheur, on peut les |)révoir et se mettre en état de n'être pas surpris, car on ne manque jamais d'en être averti par un phénomène fort singulier. On voit un [leu auparavant, vers le nord, trois arcs-en-ciel concentriques de couleur pouriire. » n Piddington donne une description plus détaillée des grains arqués des mers des Indes. ■< Une masse de nuages noirs se rassemble et monte rapidement en formant un arc immense et magnifique, au-dessous duquel on observe toujours, même dans la nuit la plus sombre, une lumière terne et phosphorescente; par moments, elle devient plus vive, parti- culièrement lorsque l'arc approche du zénith. » On observe souvent des na])pes d'éclairs très pâles, (|ui traversent cet espace. A mesure que l'arc s'élève, on peut entendre le sourd grondement du tonnerre, la chute de la pluie et le mugissement éloigné du vent. » La première bouffée est toujours terrible et suffisante |)0ur démâter et désemparer la plus fine frégate, si elle s'aventurait à la recevoir sous d'autres voiles que les voiles de cape. ( ' ) Comptes rendus du i i février 1884, t. XCVIII, p. 385. Je reviens ici sur une opinion exprimée dans cette Note. (*) Cette citation et les suivantes sont tirées de l'intéressant Ouvrage de MM. Zurcheret Margollé, intitulé : Trombes et Cyclones. ( 462 ) Bien des navires ont été perdus par des officiers endormis ou téméraires, qui se laissent surprendre. Vers la fin du grain, le vent varie un peu; mais, d'ajirès toutes les relations, rien ne peut faire supposer que cette bourrasque souffle autrement qu'en ligne droite. » )) Cette dernière appréciation, reproduite par le colonel Reid, est inexacte. Une tempête annoncée par un grain arqué présente au plus haut degré le caractère gyratoire, à moins qu'elle ne fasse que passer à distance devant l'observateur, ce qui, d'ailleurs, arrive fréquemment. La description que le savant docteur Borius a donnée des petits typhons (tornades) du Sénégal ne laisse à ce sujet aucun doute. « Ce phénomène, dit-il ( ' ), survient le plus souvent après une journée de chaleur acca- blante. La brise du sud-ouest, qui dominait pendant l'hivernage, a fait place à un calme dans lequel la girouette indique par instants des vents très faibles du nord au nord-est. Malgré cette direction des vents, à laquelle est dû un ciel complètement découvert de nuages, la partie méridionale de l'horizon s'assombrit, une petite niasse nuageuse, noire, peu étendue, apparaît au sud et au sud-est, et permet de présager déjà la formation d'une tornade ( '). Après un temps qui varie de deux à trois ou quatre heures, cette masse noire se met en mouvement et tend à se rapprocher du zénith, en s'étendant de manière que le segment de la calotte céleste qu'elle couvre va en grandissant. Ce mouvement est lent; je l'ai toujours vu se faire dans une direction voisine de celle du sud au nord. Lorsque la masse de nimbus s'est élevée à a5° au-dessus de l'horizon, elle y forme un demi-cercle régulier au-dessous duquel on peut parfois apercevoir le ciel (^). >> La direction du sud au nord du nimbus supérieur indique bien la marche générale du météore, son mouvement de translation qui est le seul apparent, tant que la bande supé- rieure demi-circulaire qui circonscrit ces nuages n'a pas atteint le zénith. » Le bord de cette masse en mouvement tranche, par sa teinte d'un noir sombre, sur le bleu du ciel à peine parcouru par quelques flocons blancs qui, sur un autre plan, se meuvent dans la direction des vents du nord-est devenus un peu plus énergiques dans les couches inférieures de l'air. » Ce bord a l'apparence d'un bourrelet... Lorsque cette accumulation de nuages s'est avancée jusqu'à une distance de 45° du zénith, elle offre un aspect des plus caractéristiques. C'est un vaste cercle noir, une sorte de cliampignon sans |)ied qui serait vu de trois quarts et par-dessous; ses contours sont bien limités en avant et sur les bords droit et gauche, mal définis en arrière dans la partie qui se confond avec l'horizon. Quelquefois, cette forme, com- (') Recherches sur le climat du Sénégal. Paris, iS^S. (') Ke pas confondre les tornades du Sénégal, qui sont de petits typhons, de4à51ieues de diamètre, avec les toniados des États-Unis dont le diamètre est ordinairement de quelques centaines de mètres. (^) M. Millot remarque expressément que le plan de ces arcs est toujours incliné en avant. ( 463 ) parable à celle d'un champignon incomplètement ouvert, possède un double bourrelet, comme si une calotte sphérique plus petite en surmontait une autre. » Parfois la marche du météore est si lente qu'il met une demi-heure à atteindre le zénith; d'autres fois, il s'écoule à peine cinq minutes entre le moment où les nuages com- mencent à se mouvoir et celui où ils arrivent au-dessus de nos tètes. Si un navire est surpris alors avec toutes ses voiles, il n'aura pas le temps de les serrer au moment où, se trouvant placé sous ce vaste tourbillon, il en ressentira les redoutables effets. » A un moment, qui est ordinairement celui où le bord antérieur de la tornade atteint le zénith, souvent un peu plus tôt, et parfois seulement où les deux tiers du ciel se trouvent couverts, un vent d'une violence extrême se déchaîne à la surface du sol, dans la direction du sud-est. La masse météorique, vue en dessous et de près, n'a plus alors de forme dé- finie; la partie du ciel qui était restée découverte est promptement envahie par les nuages, qui semblent se mouvoir en désordre. Comme le météore continue sa marche vers le nord, il est facile de constater que la direction du vent n'est due qu'à un mouvement propre du météore sur lui-même, combiné avec son mouvement de progression. Cette bourrasque dure au plus un quart d'heure, pendant lequel le vent prend une direction qui passe à l'est, puis au nord-est, au nord, enfin au nord-ouest, puis au sud-ouest, avec une intensité qui va gé- néralement en faiblissant d'abord, et qui reprend de l'énergie lorsque les vents passent au sud-ouest... » Nous croyons pouvoir conclure de ces observations que la tornade est un mouvement cyclonique, prenant son origine dans le sud-est, marchant du sud au nord ou du sud-est au nord-ouest; que la vitesse de ce mouvement doit être de i5 lieues à l'heure (' ) (en France, la vitesse moyenne des mouvements orageux est de lo à 12 lieues à l'heure) ; qu'il a une grande analogie avec les bourrasques d'été accompagnées d'orages qui s'observent en France; que la plus grande régularité et l'origine de ce mouvement sont la seule différence qu'il y a entre lui et ceux des bourrasques observées dans les climats tempérés. » » On remarque que, dans ces descriptions fort bien faites, il n'est nulle- ment question des masses énormes d'air qui doivent être, d'après certains météorologistes dont le nombre diminue chaque année, à mesure que les phénomènes sont mieux étudiés, emportées dans les régions supérieures par une aspiration puissante. Les observateurs parlent seulement d'ime vio- lente gyration qui marche à grande vitesse dans un sens déterminé. » C'est à ces tornades du Sénégal et aux typhons de la mer des Indes que je vais rattacher les grains arqués dont nos marins nous parlent sou- vent. Les deux premiers sont en effet précédés, comme on vient de le voir, de l'apparition d'une bande de nuages en forme d'arc dont les pieds re- posent sur l'horizon et qui tantôt suit l'horizon sans monter beaucoup, tantôt s'élève rapidement, envahit le ciel tout entier avec tout le cortège D'après cela, le diamètre de ces petits typhons serait de 4 à 5 lieues seulement. H. F ( 464 ) des phénomènes cycloniqiies. Voici le dessin que M, Millot a donné des grains arqués (' ). i> L'explicalion de ces phénomènes est bien simple, si l'on se reporte à nia théorie qui fait naître les grands mouvenients gyratoires dans les cou- rants supérieurs si souvent chargés de cirrhus. » La figure ci-jointe représente un de ces vastes tourbillons en projec- Fig. 2. H COUHAM -'.^ SIII>E1UEUK ET KÉOIO> i "ES CllinilUS \ COURONNE IDE NrMBUS # tion verticale, au-dessus du globe terrestre ABC. Les cirrhus entraînés jusque Classification des nuages, par ftl. iMiilot ; Nancy, i885. ( 465 ) dans les couches basses, chaudes et humides, y produisent un nimbus plu- vieux et orageux qui a la forme d'une couronne aplatie UE, dont l'axe est la verticale BH. On a représenté plus bas la projection sur un plan hori- zontal de ce nimbus bordé de cumulus. » L'observateur est placé en A. Le plan de son horizon AK coupe la couronne de nuages et passe au-dessous d'un segment GIE. Cette partie de la couronne sera donc vue en perspective sur le ciel de l'observateur pro- jeté horizontalement eu A', sous la forme d'un arc nuageux gel. On voit, par la description du D"^ Borius, que cette espèce de bourrelet peut être double, et, d'après les dires rapportés par le P. de Charlevoix, qu'il peut offrir l'apparence d'un arc triple. » Si la trajectoire du typhon est dirigée en GA', vers l'observateur, l'arc (jci s'élèvera rapidement vers le zénith, et bientôt l'observateur sera en plein dans le cyclone; il ne distinguera plus rien que les nuages bordant tout l'horizon, sauf en certains cas une éclaircie au haut du ciel. Mais si la trajectoire n'est pas dirigée vers A', l'azimut du sommet variera, l'arc glissera sur le tour de l'horizon en montant plus ou moins. Ce sera un simple grain arqué où l'on n'observera pas le renversement des vents qui se produit dans les tempêtes circulaires {'). En tout cas, la demi-somme des azimuts des pieds du grain fera connaître exactement l'azimut mobile du centre de la tempête. » Inutde d'ajouter que celte couronne de nuages ne marche pas comme un tore tournant lancé dans l'atmosphère; elle se reforme continuellement à mesure que le cyclone marche, tant que l'air descendant est chargé des aiguilles glacées des cirriuis. Si le courant supérieur au sein duquel se forme ce mouvement gyratoire ne charrie pas de cirrhus eu quantité sulfisante, on aura une tornade sèche, sans pluie et sans tonnerre, » La même figure montre aussi de quel genre est l'action qu'un ob- stacle terrestre, une chaîne de montagnes assez peu élevée, par exemple, exercera sur ces phénomènes. Le courant supérieur où naît le mouvement gyratoire passe bien au-dessus de montagnes de 2000" ou 3ooo™; mais la couche basse où se forme la vaste panne de nuages pluvieux et orageux peut se trouver interceptée : le phénomène change alors localement d'aspect, ce qui n'empêche pas le cyclone de poursuivre sa course, et si plus loin il retrouve la mer, comme avant le passage de l'obstacle, il reproduira exac- tement les mêmes phénomènes(Bridet), car, encore une fois, la cause méca- (') De là l'idée que les grains arqués soufflent en ligne droite. C. H., i8h5, 2» Semescre. (T. CI, N' 7.) OO ( 46G ) nique est en haut, dans la région des cirrhus et des courants supérieurs, et non en bas. Quant aux épiphénomènes tels que les trombes et tornados, qui se forment sans doute dans les hauts courants circulaires des cyclones, comme des gyrations accessoires et parasites, on comprend qu'ils soient gênés dans les régions montagneuses, et ne prennent leur entier développe- ment que dans des contrées où les accidents du sol n'atleignent pas leur em- bouchure dont la hauteur peut, du reste, varier beaucoup. C'est ainsi que M. Lecoq s'est vu plongé, au sommet du Puy de Dôme, au sein d'un nuage de grêle, à iSoo" d'altitude, tandis que le nuage de grêle que M. Colla- don a étudié, dans son passige sur la Suisse, dominait entièrement les chaînes de montagnes de iSoo"" et de 2000" d'altitude qu'il a traversées. M Mais, la conséquence que je veux tirer aujourd'hui de cette étude sur les grains arqués et les typhons qu'on observe, de Malacca au Japon, et sur les tornades du Sénégal, c'est que tous ces mouvements cycloniques affectent une figure circulaire. Nous n'en jugeons pas ici comme des trombes ou des tornados des Étals-Unis, dont la forme cyliudro-conique est rendue visible du haut en bas par la gaine nébuleuse qui les enveloppe, mais par cette couronne de nuages qui, dans les mers de l'Indo-Chine ou de l'Afrique occidentale, se montre au commencement sous forme d'arc bien dessiné, et dont les pieds reposent sur l'horizon. Les détails que je viens de citer montrent, à n'en pas douter, que cette couronne de nimbus pluvieux et orageux est circulaire : il en doit donc être de même de la sec- tion horizontale du mouvement gyratoire qui lui donne naissance. La même conclusion s'étend évidemment, par analogie, aux cyclones trop grands pour que la perspective de leur immense panne de nimbus se dessine ainsi sur l'horizon du spectateur; celui-ci voit alors le banc de nuages monter, sur l'horizon, comme uue muraille sombre, et non comme un arc bien dessiné. » Cette conclusion est importante au point de vue de la théorie qui considère ces grands phénomènes de la nature comme des gyrations nette- ment circonscrites et de forme circulaire, non comme des afflux conver- geant vers un centre d'aspiration et sans limites extérieures saisissables. » ( 467 ) ANTHROPOLOGIE. — Recherches sur les populalions actuelles et préhistoriques du Brésil. Archives du Musée national de Rio de Janeiro. Note de M. de QrATREFAGES. M. DE QcATREFAGEs présente à l'Académie, au nom de S. M, dom Pedro, Empereur du Brésil, le sixième Volume des Archives du Musée national de Rio de Janeiro. Les Mémoires qu'il renferme sont dus à MM. Hartt, J.-B. de Lacerda, J.-R. Peixoto et L. Netto et sont accompagnés d'un grand nombre de Bgures dans le texte et de planches en partie coloriées. « Le travail de M. Hartt comprend plusieurs Notes sur les sambaquis de coquilles fluviatiles et marines, sur diverses stations funéraires, sur des grottes ayant la même destination, sur plusieurs points d'archéologie, etc. Une mort prématurée a empêché l'auteur de poursuivre ses recherches. » Je dois signaler parmi ces Notes un recueil de légendes fort curieuses dont plusieurs ont pour sujet le Jabuli. Cet animal est une espèce de Tortue [Emysfaveolala, Mik ; E. depressa, Merr.) qui joue un rôle considé- rable dans la mythologie brésilienne. D'autres traditions rappellent les croyances européennes relatives aux Sirennes, aux Nyxes, etc. C'est un de ces faits qui montrent combien l'esprit humain reste partout semblable, même dans le domaine de la fantaisie. » Le Mémoire de M. de Lacerda sur l'homme des sambaquis nous ren- seigne, pour la première fois, sur les caractères de la population qui a amon- celé ces tertres artificiels essentiellement composés de coquilles, mais où l'on rencontre aussi des os de Masnmifères, de Poissons, d'hommes, parfois des squelettes entiers, ainsi que divers objets d'industrie primitive. On voit que les sambaquis sont leskjoekkenmœddings du Brésil. .) M. de Lacerda a décrit, figuré et mesuré treize têtes osseuses retirées de divers sambaquis. Il h s divise en trois séries. Tout en insistant sur le peu d'homogénéité des caractères de celte population, il conclut que ses formes crâniennes se rapprochent notablement de celles des Botocudos. C'est un témoignage de plus en faveur de l'ancienneté des éléments ethtio- logiques de ces tribus. La comparaison de ces trois séries de crânes pré- senterait d'ailleurs un grand intérêt; mais on comprend que je ne puis entrer ici dans ces détails. » J'en dirai autant du travail de M. Peixoto sur les Botocudos. L'auteur a repris ici un sujet qu'il avait déjà abordé avec M. de Lacerda et dont je me suis aussi occupé. Il décrit et figure douze crânes, et donne un tableau ( 4fi8 ) détaillé de mensurations; puis il discute l'ensemble de ces données et en conclut que, par les caractères crâniens, lesBotocudos se rapprochent de la race fossile de Lagoa Santa et, parles caractères faciaux, de la race des sambaquis. L'auteur se demande si les Botocudos ne seraient pas le pro- duit du croisement de ces deux races. Cette conclusion a pour elle des probabilités et rentrerait dans celles que j'avais tirées moi-même de la com- paraison de diverses têtes osseuses américaines avec le crâne fossile décou- vert par Lund. M. Peixoto fait d'ailleurs de sages réserves, auxquelles je ne puis que m'associer. » Près de la moitié du beau Volume que nous envoie le Brésil est oc- cupée par tin grand Mémoire de M. Ladislau Netto, directeur général du Musée, sur l'archéologie brésilienne. Il a essentiellement pour but de faire connaître les objets retirés de la colline artificielle de Pacoval, située dans l'île de Marajo, qui sépare rembouchure de l'Amazone de celle du To- cantin. Bien des détails donnés par l'auteur échappent à ma compétence et sont surtout du ressort des américanistes; toutefois il renferme un cer- tain nombre de faits dont l'intérêt et l'importance ne sauraient échapper à personne. » La colline de Pacoval est placée sur les bords d'un lac, dans une plaine que les crues de l'Amazone inondent régulièrement, tous les ans, pendant deux mois. A l'époque des basses eaux, elle forme une presqu'île de 3oo™ de long sur 25o'° de large et 6"^ de hauteur au maximum. Lors des inondations, elle n'est plus qu'un îlot de 5o™ de diamètre dans sa plus grande longueur. M. Netto pense d'ailleurs que ces dimensions ont été ré- duites peut-être au cinquième ou au sixième de ce qu'elles étaient jadis. Cette colline est entièrement formée de main d'homme. Sa forme est celle d'un gigantesque Jnbuti, de cette Tortue dont j'ai parlé plus haut. Ce fait rappelle évidemment ceux qui ont été tant de fois signalés dans l'Ohio et autres provinces des États-Unis. On voit que, si le Brésil à ses kjœkken- mœddings, il a eu aussi ses mund-builders. A quelque autre usage qu'ait servi cette colline artificielle, elle paraît avoir été avant tout un monument funéraire. Les morts étaient sans doute enterrés d'abord ailleurs ; puis, quand les chairs avaient disparu, on net- toyait les os et on les renfermait dans une urne que l'on déposait dans la colline sacrée, avec une foule d'objets. Cette nécropole est devenue ainsi une véritable mine d'antiquités, que les savants brésiliens ont exploitée avec autant d'ardeur que d'intelligence. M. Netto a décrit un très grand nombre d'objets ainsi obtenus; des ( 469 ) planches, lithographiées et coloriées avec grand soin, permettent en outre de s'en faire une idée très précise. On comprend que je ne saurais aborder ces détails; et d'ailleurs le temps m'a manqué pour les étudier avec le soin qu'ils méritent. Je dois donc me borner à quelques indications som- maires. » Les plus remarquables produits de cette industrie précolombienne appartiennent à la céramique. Les urnes funéraires, les vases, les tangas sont couverts de dessins d'ornementation d'une délicatesse et d'un goût presque toujours remarquables, peints ou gravés, tantôt d'une assez grande sobriété, tantôt d'une complication extrême, quelquefois modelés en relief. A. cet égard, les ouvriers de Pacoval méritent vraiment d'être appelés des artistes. » Il en est autrement lorsqu'ils essayent de reproduire soit l'homme, soit des animaux. Alors ils ne produisent que des ébauches grossières. Pour la sculpture ou le dessin des animaux en particulier, ils restent bien loin de nos troglodytes quaternaires de la race de Cro-Magnon. » Ces produits de l'industrie sont d'ailleurs inégalement bien confec- tionnés. Le musée de Pacoval paraît présenter les objets les plus remar- quables dans ses couches les plus profondes. Ce fait a frappé M. Netto, qui propose diverses explications pour en rendre compte. )) Les objets très variés, urnes funéraires, vases divers, idoles, amulettes, haches de pierre, etc., prêteront à des comparaisons d'un haut intérêt. Dés à présent M. Netto a fait quelques rapprochements tout au moins bien curieux. Un cerlain nombre de signes peints ou gravés sur des objets de Pacoval lui ont paru avoir une signification hiéroglyphique. Il les a repro- duits en mettant en regard les signes semblables ou analogues figurés sur les monuments du Mexique, de la Chine, de l'Egypte et de l'Inde. I^a simi- litude est parfois frappante; mais souvent aussi on peut discuter les ana- logies. Quoi qu'il en soit, en utilisant les données que l'on possède sur ces divers moyens de traduire la pensée par des signes, l'auteur a essayé de déchiffrer ce qu'il regarde comme une inscription tracée sur un vase extrait de cette nécropole. Elle lui a paru parler de longs voyages, d'arrivée dans une région déserte, etc. Lui-même ne donne d'ailleurs cette tentative que comme un essai fait pour montrer la voie dans laquelle on pourra peut- être trouver des éclaircissements sur un de ces problèmes obscurs, que pose à chaque instant l'histoire précolombienne du Nouveau-Monde. » Mais le fait seul de l'existence du musée de Pacoval, son caractère et son contenu ne peuvent que faire penser aux migrations dont cette ( h-jo ) histoire est remplie. Tout paraît indiquer que nous avons ici un nouvel exemple. Telle est la conclusion de l'auteur, à laquelle tout le monde se ralliera. M Netto paraît incliner à regarder cette émigration comme s'étant effectuée par les Andes et le bassin de l'Amazone, quoique reconnaissant qu'elle peut aussi avoir eu lieu par mer, en suivant le littoral. » Quant au point de départ, quant à la nation plus ou moins civilisée dont un flot est venu peupler l'île de Marajo, on ne peut encore le déter- miner. Peut-être une comparaison attentive des objets retirés du musée de Pacoval avec ceux qui ont été recueillis sur divers points des deux Amé- riques pourra-t-elle un jour nous renseigner sur ce point; et le travail de ?.I. Netto a le grand mérite de mettre aux mains des Amérieanistes les élé- ments de cette comparaison. » L'Académieapprendra,sansen être surprise, que l'empereur dom Pedro s'intéresse à ces études archéologiques, comme à tout ce qui peut éveiller autour de lui l'esprit de recherches et de progrès. Accompagné de l'impé- ratrice, il a assisté à une Conférence, dans laquelle M. Netto a résumé les résultats obtenus par lui-même et par ses collaborateurs. » Un exemplaire de cette Conférence rédigée en français est joint au Volume dont je viens de parler. « NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de feu M. Al. Cialdi. Au premier tour descruîin, le nombre des votants étant i5, M. le général Ibaiiyz obtient. . . , 1 5 suffrages. M. le général Ibanez, ayant obtenu l'unanimité des suffrages, est pro- clamé élu. MÉ^IOIRES LUS. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches expérimentales sur le choléra. Note de MM. Paul Gibier et Van Erdiengesi. (Renvoi à la Commission du legs Brénnt. ) « Délégués en Espagne par nos gouvernements respectifs, pour étudier la méthode de vaccination anticholérique du D"" Ferran et donner notre ( 471 ) avis appréciatif sur celte question, nous sommes arrivés à des conclusions identiques dans le fond. » Tout en discutant cette méthode avec des arguments de raison, nous ajoutions qu'il fiUlait attendre, pour la juger définitivement, qu'on possédât des arguments de fait, c'est-à-dire les résultats d'expériences à faire sur les animaux. Aussi, dès notre retour d'Espagne, nous nous sommes misa l'œuvre : aujourd'hui, nous sommes eu mesure de prouver que les injec- tions sous-cutanées de cultures du bacille-virgule ne préservent pas du choléra les animaux sur lesquels on expérimente. Voici, en effet, ce que nous avons constaté. » Une série de cobayes reçut, en injection sous-cutanée, 2'^'= de culture virulente du bacille-virgule, les 12 et i3 juillet dernier. Trois semaines après celte inoculation, les accidents qu'elle avait déterminés ayant com- plètement disparu, nous avons injecté à ces mêmes animaux du liquide de culture, soit dans l'estomac, par les voies naturelles, selon la méthode do Koch, soit dans le duodénum, après incision des parois abdominales : ces animaux sont morts avec les symptômes cliniques et anatomiques du cho- lém. L'examen microscopique et les cultures nous ont montré une énorme quantité de bacilles caractéristiques dans les liquides intestinaux. » En connnuniquant cette courte Note, nous avons pour but de prendre date; nous ne suivrons donc pas M. le D"^ Ferran sur le terrain des contra- dictions qu'il a accumulées, comme à dessein, danssesdifférentesCoQimuni- cations. Nous ferons remarquer néanmoins que nos inoculations ont été faites avec des cultures non atténuées, provenant du laboratoire de M. Ferran; cependant, sur vingtanimaux inoculés sous la peau, quatre seu- lement meurent des suites de l'injection; les autres présentent, pendant trois ou quatre jours, un empâtement considérable, qui disparait ensuite graduellement. Cet empâtement inflammatoire est bien dû à la présence des éléments figurés, vivants, qui, jusqu'à leur dis|)arition, agissent sur les tissus, car on n'observe aucun accident après l'inoculation de quantités trois fois plus fortes du même liquide, dans lequel on a tué les bacilles en les soumettant pendant vingt minutes à la température de 65°. » Nous n'avons pas observé ces gangrènes ni ces abcès lardacés que dé- crit M. Ferran. » Ni le sang ni l'intestin des cobayes, qui succombent à l'injection sous- cutanée, ne contiennent trace de bacilles du choléra. Au contraire, dans le point inoculé, on en trouve encore uu grand nombre au bout de trois jours. La mort, dans ce cas, parait être due à l'intensité des phénomènes locaux. ( \T~ ) u Ajoutons encore que la dose de 2'^'^ en injection hypodermique, chez lin cobaye, équivaut, relativement au poids, à une quantité qui ne serait guère inférieure à o'", 5 de liquide virulent pour un homme de poids moyen. Malgré cela, l'immunité conférée par celte inoculation est nulle pour le cobaye, animal qui prend difficilement le choléra: n'a-t-on pas le droit de conclure que, chez l'homme, il doit en être de même? » M. Cil. Brame donne lecture d'une Noie « sur la cristallogénie du soufre ». MEMOIRES PRÉSENTÉS. M. R. SiDow, M. Cil. Pigeon, M. Dupuez adressent diverses Communi- cations relatives au choléra. (Eenvoi à la Commission du legsBréant). CORRESPONDANCE. M. Faye donne lecture à l'Académie de la Lettre suivante, qui lui est adressée par notre illustre Associé étranger, S. M. l'Empereur du Brésil : « La nouvelle de la mort du professeur Trescu m'a causé la plus vive peine; je suis sûr que vous l'avez ressentie comme moi. » Je vous prie de tr;insmettre l'expression de mes sentiments à l'Académie, au Conserva- toire des Arts et Métiers et à tous ceux à qui elle peut être due de la part de » Votre bien affectionné » D. Pedro d'Alcantaba. Kio, 20 juillet iS85. » M. le Maire DE TouLotisEtransmetunedélibération du Conseil municipal, le chargeant d'exprimer à l'Académie les regrets de la ville de Toulouse, à l'occasion de la perte que la Science vient de faire dans la personne de M. H. -M Une Edwards. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un volume de M. Nourrisson, portant pour litre : « Pascal, physicien et philosophe ». 473 ) ASTRONOMIE. — Observations de la comète Tultfe, faites à l' observatoire de Nice (^équatorial de Gautier). Note de M. Perrotix, présentée par M. Faye. « La comète de Tiittle, revue par M. Charlois et par moi, dès le 8 août, a été depuis ce jour l'objet de mesures faites par M. Charlois, que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie. » L'observation de cet astre présente des difficultés assez grandes, tenant à la faiblesse de son éclat et à son peu d'élévation au-dessus de l'horizon, durant les dix ou quinze minutes pendant lesquelles l'observation est seu- lement possible. » La comète a l'aspect d'une tache blanche de 2' de diamètre environ, sans condensation centrale bien apparente. » Le 10, [)ar des conditions atmosphériques exceptionnellement bonnes, j'ai cru voir la nébulosité allongée dans le .'ens du ujéridien. Étoiles Ascension Dates. de droite 1885. comparaison. Comète — Etoile. m s Août 8 .. . n /;, Gtnieaux. — 1.45,73 q h 62 Gémeaux. -h i. 3, 03 10.. . c Anonyme. — 0.45,22 iT '• VI. +0.49,61 Positions des étoiles de comp/iiriison. Ascension Étoiles droite Réduction Déclinaison Réduction Patps. df moyenne au moyenne au 1S85. corap. 1885,0. jour. 1885,0. jour. Autorités, h m s s Q I » Il Août 8 f 7.22.10,13 -:-o,8i +28.21.12,6 —11,6 Weisse. 9 /' 7.22.89,66 +0,82 +28. 9. 8,7 —11,5 Jainall. 10 r 7.27.48,65 +0,84 +27.23.14,6 —11,4 i> Gémeaux. II d 7.30.18,74 +o,85 +26.45.51,6 —11,4 767 Weisse. 12 e 7.34.15,99 +0,86 +26.9.14,5 —11,3 AVeisse. i3 / 7.36. 10, 3() +0,86 +25.3i.3o,2 — it,3 Argelander. C. R., i885, 2' 5cmesrre. (T. CI, N- 7.) 61 Nombre Déclinaison de Comète — Étoile. compar. + 16. '24 "8 2 — 7.36,1 4 + 0.52,2 6 3 - 1.33,2 5 — 2.3g,o 4 474 Positions apparentes de la comète. Temps moyen Correction Correction Dates. de Ascension de de 18S5. Nice. droite. l'éphéméride ('). Déclinaison. l'épliémcr.(') h ui s Il m s s 0 ' » ' " Aoijt 8.. .= 15.39. 25 •;. 20 .25,21 - l3,2 + 28.87.29,0 + 5.22 9 • ■• .. i5.li. 9 7.23 43, i5 — 12,8 H- 28. 1.24,3 + 5.20 lO. . . . i5. 1 I .5i 7.27. 4,02 — 12,9 4- 27.28.58,7 + 5.16 II.... I 5. 28.89 7.80,26,73 — 12,4 12. . . . i5 . 12. 3i 7.33.43,81 — 12,2 -•- 26. 7.33,2 + 5. .8 i3.... i5. 9.51 7.87. o,58 I 3 , 2 -V- 25.28.43,2 + 5.29 ASTRONOMIE. — Obiervations équatoriales de la comète Barnard [a), faites à l observatoire d' JUjer, nu télescope de o™, 5o, par RI. Cii. Trépied. ' niquées par M. Mouchez. ^onimu- Étoile Nombre Dates. de B Décl. de 1885. comparaison. G •andeur. Comète — -^ . Comète — it . comp. Août 4 ■ • a Anonvmt;. 9 — I. 8,86 +6'. 38" 7 12:12 6.. h BB,t. 11, z.3o5n° 43. 8 + 1.10,97 + I . 5o , 2 8:8 6.. b W + 1.10,43 + 1.2.4,7 8:8 10. . c BB,t. 11, z. 892 II" 3. 7 — 2.44» I I +7.24,0 8:8 10. . c » » + 2.45,51 +6.36,3 5:6 II.. . d BB,t. ll,z.386n< 33. 7:8 + 2.29,14 +2.48,2 6:6 Positions des étoiles de comparaison. Réd. au jour. Autorité. Il +4,0 Comp. éq. avec BB, t.lI,z.3o5 + 3,6 BB, t. II, z.3o5. + 3,1 BB, t. II, Z.392. + 2,5 BB, t. II, Z.386. » La comparaison de l'anonyme « du 4 août avec le ri" 46 de BB, f. IT, z.3o5, a donné les résultats suivants •. Nombre de comparaisons. « — 46 = +o>"5i%i5. +i3'24",7 6:6 Dates. Réd. 1885. Étoile. B moy. i885,o. au jour. Décl. moy. i885,o. h m s s 0 ' " Août 4- a 16.41- 2,33 +2,90 — 19.39.51 ,1 6. b 16.36.48,42 + 2,85 — 20.28.35,9 10 c iG. 37. 23, 79 + 2,86 — 22.18.18,4 II. d 16. 3 I .23,55 + 2,82 - 22.89.24 ,6 n" ?i6. Astronondselic Nnchrichten, n''2674. (475 ) Positions apparentes de la comète. Dates. Temps moyen Log. Log. 18S5. d'Alger. ai app. fact. par. Décl. app. l'nct. par. Il m s II m s o ^ „ Août 4---- • 10.16. 20 16.39.53,57 1,488 --19.33.12,4 o,836 6 8.59 7 16.38. 2,3o ï>-49 -■20.3.6.42,1 0,861 6 9.20.26 16.38. 1,76 ï)3-i4 -20.27. 7'*^ o,856 10 8.47.48 16. 3 (.42,54 ï>292 — 22. 10. 5 1,3 0,867 10 9.32. 5 i6.34-4')'4 1,455 — 32.11.39,0 0.852 II g. 7.40 ' 16.33. 55, 5 r 1,395 — 22.36.36,4 0,861 » Du 4 '^i' II août, l'éclat fiu noyau a été comparable à celui d'une étoile (Je 1 3^ grandeur, mais la nébulosité a toujours paru très faible. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Remarquable protubérance solaire. Note de M. E.-L. Trouvelot. « Hier, 16 août, à 9'' 2)'", temps iiioyen de Paris, ou voyait une protu- bérance solaire très brdlante, à 90°, sur le bord oriental du Soleil. A pre- mière vue cet objet paraissait libre et semblait flotter au-dessus de la sur- face solaire, comme les nuages dans l'atmosphère terrestre. Mais il n'eu était pas ainsi, et, avec un peu d'attention, on reconnaissait qu'il était ra:- taclié à la cbromosplière par un long et mince filament incliné et fort peu lumineux. Cette |)rotubéiance, fort compliquée, semblait être composée d'un filament unique et ramifié, replié, ou enroulé plusieurs fois sur lui- même, de manière à former une masse serrée de forme hémisphérique. Sa partie inférieure s'élevait à 2' 36" au-dessus de la surface solaire, et son sommet atteignait une hauteur de 3' 54". » Celte protubérance, d'abord fort tranquille, manifesta une heure plus tard des symptômes précurseurs du mouvement. En effet, de brillante qu'elle était, elle devint éclatante et, s'élevant graduellement au-dessus du Soleil, elle atteignait la hauteur de 4'5i" à io''3o°'. Continuant son ascen- sion, elle s'éleva successivement aux hauteurs suivantes, aux heures indi- quées ci-dessous: Hauteur Hauteur du sommet. du sommet. h m , „ h m ' " 10.46 6. o !«• 7 7-45 10.47 '^•■9 "• 9 ^' ^ lo.Si . 6.35 ii.n 8.i3 10.56 6.47 II. i3 S. 29 II. 2 7.16 11.20 9.27 ( 476 ) » A II'" 22™, cet objet, si biillant une demi-heure auparavant, était complètement invisible et éteint. » Pendant l'ascension de cette protubérance, il se produisit un phéno- mène fort curieux. En s'élevant, elle semblait se dérouler, la masse prin- cipale paraissant tourner sur elle-même à mesure qu'elle s'élevait, et les ramifications, d'abord visibles sur elle, restant parfaitement reconnaissables sur sa tige déroulée, malgré quelques changements de forme qu'elles avaient subies. Vers ii''^'", elle formait une longue colonne ramifiée plus bril- lante au sommet qu'à la base. » En même temps qu'elle s'élevait, cette protubérance perdait de son éclat, comme c'est le cas habituel parmi les protubérances qui s'élèvent au-dessus du Soleil, et, vers la fin de l'observation, elle était si faible que l'on ne distinguait plus que son sommet, qui resta visible le dernier. » Son mouvement était assez compliqué; car, outre le mouvement ascen- sionnel perpendiculaire qui l'élevait au-dessus de l'astre, son sommet était aussi transporté vers l'équateur solaire, taudis que ce même sommet, déplaçant la raie C vers la partie la plus réfrangible du spectre, indiquait encore un autre mouvement vers l'observateur de près de 200""° par seconde. » Bien que celte protubérance fût un objet remarquable, elle n'avait cependant aucune protubérance antipode comme celles du 26 mai dernier, dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie {Comptes rendus, t. CI, p. 5o); mais il est peut-être remarquable qu'elle était diamétralemeni opposée à la tache la plus occidentale, alors passée sur l'hémisphère invi- sible, d'un groupe de taches solaires situé à 273° près du limbe, de sorte que celte observation confirme, plutôt qu'elle ne contredit, ce que nous avons dit sur la relation qui semble exister entre les protubérances diamé- tralement opposées. I) PHYSIQUE. — Nouvel appareil de grandissement pour la projection, soit des ta- bleaux de grandes dimensions, soit des objets microscopiques. Note de MM. Théodore et Albert Diroscq. « Cet appareil est composé : 1° d'un système de lentilles, dit condenseur, destiné à faire converger les rayons émanant de la source lumineuse, et à les faire passer dans un système objectif achromatique, servant à projeter sur l'écran l'image d'un tableau placé tout près du condenseur. C'est le cas de la lanterne magique ordinaire. ( 477 ) » La nouveauté de noire appareil consiste dans l'addiliou que nous faisons subira cecône degranJisseinent, pour le faire servira la projection d'objets microscopiques. Pour remplir cette condition, l'appareil porte une platine de microscope, munie d'une lentille formant /octis destiné à raccourcir le foyer du grau I condenseur, pour concentrer la plus grande somme de lumière sur l'objet que l'on veut projeter. » Jusqu'à présent, les microscopes dits de projection ont été des appareils donnant un grossissement relativement fort, mais avec une netteté qui pa- rait aujourd'Iuli insuffisante pour les beâoins de la Science. Cela tient sur- tout à la qualité des systèmes objectifs qui sont employés d'ordinaire pour ces projections, et aussi à la façon dont l'éclairage est obtenu. Nous avons reconnu que, suivant les dimensions des objets microscopiques que l'on veut projeter et le grossissement que l'on veut obtenir, et par suite suivant le système objectif que l'on désire employ( r, il est nécessaire de faire varier la forme du faisceau convergent qui éclaire l'objet; par suite, la longueur focale du focus doit être modifiée. A cet elfet, notre appareil est muni de lentilles de foyers différents, qui sont destinées à servir de fo- cus, et que l'on clioisira suivant les cas. » En outre, nous nous sommes attachés à faire servir, pour les projections d'objets microscopiques, les divers numéros d'objectifs qui sont construits pour les microscopes d'observation. Grâce à l'emploi de ces objectifs et aussi à la perfection de notre système de focus, nous avons pu projeter des objets microscopiques avec de forts grossissements, et avec une netteté aussi par- faite que celle que l'on obtient avec le microscope d'observation. » De plus, la bonnette qui porte le focus peut recevoir un prisme de Nicol pour polariser les rayons lumineux. En avant de l'objectif, on place un second nicol, servant d'analyseur. Le porte-fiche est muni d'une platine tournante, permettant de placer l'objet dans les divers azimuts. Ainsi con- struit, l'appareil peut servir également aux minéralogistes pour projeter des coupes de roches et de crist;iux. » Une cuve spéciale, contenant de l'eau d'alun, permet d'arrêter une notable partie de la chaleur des rayons concentrés sur l'objet. » 478 ) CHIMIE ORGANIQUE. — De i' action de l'ioditre de phosphonium utr foxyde d'éllij'lène. Note de M. J. de Girakd. i> J'ai déjà eu l'hoiineiir de sigti;iler (') à rAcadéuiie la propriété de i'iodure de pliosphonium, de s'unir en totalité aux aldéhydes de la série grasse et aromalique, et j'ai décrit ailleurs (-) un tenaiii nombre de com- posés ainsi obtenus. Ces combinaisons devant être rapprochées des bases oxyéthyiéniqiies de Wurtz, il était intéressant d'essayer aussi l'union de I'iodure de phophoiiiuin avec l'oxyde d'étliyléne. » J'ai introduit, en trois reprises, So^"^ d'iodure de phosphoniuni dnns un niatras contenant environ aos"^ d'oxyde d'étliyléne. Ce corps avait été rectifié avec soin sur du chlorure de calcium fomlu. La réaction a été très vive au début, quoique le matras fût placé dans un mélange réfrigérant, puis elle s'est modérée, mais il s'est di-gagé constamment de l'hydrogène phosphore. I/oxyde d'éthylène est devenu d'abord sirupeux et n'a pas tardé à se colorer. J'ai trouvé le lendemain malin, à sa place, une substance solide i'îipréguée d'une petite quantité tl'une liqueur brune fumant à l'air. )! Cette liqueur était une solution aqueuse d'acide iodhydrique, conte- nant un peu d'iode libre. » La substance solide était insoluble dans l'eau. Lavée avec une solution de carbonate de potassium, puis reprise par de l'alcool bouillant, elle s'est dépobée par le refroidissement, sous la forme de magnifiques aiguilles blanches qui étaient du biiodure d'étliyléne, comme l'a prouvé le dosage de l'iode : Agi. 1" o^'^,.\6o (le matière ont Jonné o°'', ^67 2" o8'',^c)65 de matière ont donné 06', 828 d'où, en centièmes. Trouvé I. 11. pour C'H'l". iode gOjKJ 90» '2 90» 07 » J'ai vérifié que i'iodure d'éthylène fond à Si°-82", conformément aux (') Comples reiuhts, I. XCIV, p. 21. C) Annales de Chimie et de Ph)si(iue, 6" série, I. II, p. 5. ( 479 ) indications de MM. L. Aronheim et Kramps ('), tandis qne la plupart des auteurs lui attribuent im point de fusion inférieur de 9° (73°). » L'oxyde d'élhylène ne se conduit donc pas vis-à-vis de l'iodure de pl.iosphoniuni comme son isomère l'aldéliytle, mais bien comme l'éther ordinaire, ce qui est tout à fait d'accord avec ses propriétés générales. » J'ai observé en effet que l'éther anhydre, rectifié sur le sodium, est transformé à froid par l'iodure de pliosphonium en iodure d'éthyle, avec dégagement d'hydrogène phosphore. L'alcool absoUi rectifié sur le sodium et l'alcool propylique distillé sin- la baryte anhydre sont attaqués très vivement à froid par le même agent, avec production de l'iodure corres- pondant et dégagement d'hydrogène phosphore. )> L'iodure de phosphonium agit donc sur l'oxyde d'éthylène, de même que sur l'éther ordinaire et les alcools éthvlique et pro|)ylique, uniquement connue soince d'acide iodhydrique. La l'éaction a lieu probablement en deux phases, représentées par les équations suivantes : )i L'eau formée décompose une nouvelle dose d'iodure de phosphonium, jusqu'à ce qu'elle soit saturée d'acide iodhydrique. » CHIMIE OiiGANIQUE. — Sur la fermentalion alcoolique élective du sucre itUeruerli. Note de M. H. Leplav, présentée par M. Peligot. (c Dans trois Notes communiquées à l'Académie sur la f rmentation alcoolique élective créée par M. Dubruufaut, M. Bourquelot conclut de ses expériences que « l'expression fermentation élective doit être aban- donnée, puisque la levure ne manifeste aucune préférence, c'est-à-dire que, contrairement à ce qu'a observé M. Dubrunfaur, il n'y a pas de fermenta- tion élective. n M. Maumené, rappelant uu travail de M. Soubeiran dans lequel la fermentation alcoolique élective est contestée, conclut également de ses propres expériences que la fermentation élective n'existe pas. (') Deutsche chem. Gescllsch., p. 489; 1880. [ 4«o ) » J'ai eu l'occasion de répéter plusieurs fois l'expérience de M. Dubrun- faut sur la fermentation alcoolique élective du sucre interverti, et j'ai tou- jours obtenu les mêmes resullafs que M. Dnbrunfaut, savoir» que le sucre ■) qiii disparaît d'abord est un sucre optiquement neutre, et que le sucre » qui disparait le dernier est, au contraire, le sucre à haute rotation à » gaurhe ». » Comment comprendre des résidtats aussi contradictoires? » Lorsqu'on examine avec soin les expériences ra[)portées dans les Notes de M. Bourquelot, on reconnaît qu'elles n'ont pas été faites dans les conditions particulières à cette fermentation, indiquées par M. Dnbrun- faut pour la fermentation élective, » M. Bourquelot a opéré la fermentation sur un mélange de lévulose et de maltose. Or M. Dubruufaut, dans sa Note sur la fermentation élec- tive, dit : .1 La fermentation alcoolique appliquée à de simples mélanges de sucre ne paraît pas y produire de réactions analytiques; les transformations ont lieu sur les sucres simples mé- langés comme sur les sucres séparés sans choix ni préférence, et les quantités des deux sucres qui se décomposent à toutes les périodes de la fermentation conservent entre elles le même rapport, qui est celui du mélange lui-même. » » M. Bourquelot s'est donc placé dans ses expériences à côlé de la fer- mentation élective, et les résultats qu'il a obtenus ne peuvent en rien infir- mer cette fermentation. D En ce qui concerne l'expérience de M. Soubeiran, invoquée par M. Maumenépour infirmer la fermentation élective, il y a lieu d'examiner dans quelles conditions elle a été faite. M. Soubeitan a opéré la fermenta- tion sur une dissolution de sucre interverli à la densité de ii5o à 21" C, donnant, avant la fermentation, ime rotation à gauche de 18° à 21° temp. Après douze heures de fermentation la rotation à gauche était de 19°; après vingt-quatre heures, 20", 5 ; après quarante-six heures, 22°; après soixante et onze heures, 23°; après cent seize heures, 25°. .. Dans celte expérience, conclut j\l. Soubeiran, les clioses ne se sont pas passées comme l'avait vu M. Dubrunfaut : l'état de déviation de la liqueur n'est pas resté fixe pendant longtemps, mais l'accroissement vers la gauche s'est montré de suite. » » Examinons l'objection. Si l'on compare la relation initiale de i8" à gauche de la dissolution de sucre employée par M. Soubeiran avec sa densité de iioo à 21°, on remarque que, dans les conditions oi'i cette ro- tation a été déterminée par M. Soubeiran, si l'interversion du sticre avait ( /iBi ) été complète, la rotation, au lieu d'être de 18", aurait dû être de 29°. » Or, on sait que la levure de bière transforme complètement le sucre de canne (saccharose) en sucre interverti; le premier effet de la levure, daiîs l'expérience de M. Soubeiran, a été de continuer et d'achever l'interversion du sucre; de là, l'augmentation successive de la rotation à gauche au dé- but de la fermentation. Il en est de même de l'expérience rapportée par M. Maumené, où l'on voit la rotation à gauche s'élever de 18" à 23° en deux heures et demie. » Je donnerai l'expérience suivante comme exemple de la fermenta- tion élective du sucre interverti. » La quantité de sucre interverti employée dans l'expérience a été dosée parla méthode alcalino-cuprique. Le sucre disparu par la feruienia- tion et le sucre restant ont été déterminés à différentes épocpies de la fer- mentation par la même méthode, ramenée à loo^'', eu même temps que l'on suivaitsurle même liquide les changements produits dans la rotation. » Les résultats obtenus de cette expérience sont consignés dans le Ta- bleau suivant : Rotation ramenée à lOOK'de sucredecanne Rotation Siicie par litre dedissolution dn liquide interverti Qniintilé Kutalicm totale translornié Temps écoulé DcgréBannié en dose par de sucre dn sucre eu sucre interverti jgpyis du liquide fermentation la raétliode disparu disparu ^ .^ -, la mise en fer- en fermenta- à 1/4" alcaliuo- entrechaque entre chaque du sucre du sucre mentation. tion. de tempérât. cuprique. CNi>érience. expérience. disparu. restant, 1. 2. 3. h. 5. (J. 7. H. Valeur initiale : 6,8 ^5,2^^ i3,i5 ",00 » ,. I9,I6^^ Après 2i'3o"'... 6,8 25, 2'^^ i3,i;"i 0,00 .. . ';»''6\ » 5 6,8 25,4'^ i3,i5 0,00 . » i9j32\ n 21 6,7 27,2'\^ 12,52 0,63 0,0O 0,0 '•'.72\ » 27 6,1 -'^'^ \ 11,08 1,44 0)00 0,0 23,oo\ , 44 4,3 28,8 8,40 2,65 0,00 0,0 26,8o\ » 60 3,7 27,4 7,87 «,53 1,40^^^ 26,4 34,8o\ . 75 1,8 21, y 3,99 3,88 5,50*^ 14,2 54,8o\ « 81 1,2 19.2 3,04 0,95 •^■>1'^\ 28,4 63,io\ 95 0,4 . 1,79 ... » ,. „ ii3 "'Ï^'^T 5'0 *'''^° ^'44 '4. 20 58, o 83, So'^ » Au début de l'expérience, la rotation, ramenée à une dissolution de loos' de sucre de canne par litre transformé en sucre interverti, était de I g", 16 à gauche; si tout le sucre contenu dans cette dissolution avait été interverti, cette rotation aurait été de 23° à gauche, colonne n° 8. G. R., i885, 2» Semestre. (T. Cl, N" ï. ) 02 ( 482 ) » Le premier effet de la levure de bière [sur la dissolution a été d'a- chever l'interversion et, par suite, la rotation à gauche s'est relevée jus- qu'à 23°, comme cela arrive dans tous les cas d'interversion incomplète par les acides. Ce degré d'interversion n'a été obtenu qu'après vingt- sept heures; jusqu'alors il n'avait disparu que a^', 07 de sucre sur j3«',i5, et ce sucre n'avait évidemment pas de rotation (colonnes 5 et 6); les aS^-^gS de sucre qui disparaissent dans les sept heures suivantes n'ont pas non plus de rotation. Ainsi, il est disparu plus de 35 pour 100 du sucre con- tenu dans la .dissolution sans modifier la rotation à gauche du liquide en fermentation. » L'effet produit par la fermentation alcoolique élective sur le sucre in- terverti est mis bien plus en évidence par l'examen de la rotation du sucre non encore fermeiité resté dans la dissolution après chaque essai; à partir du moment où l'interversion est complétée par la levure de bière, la rota- tion à gauche du sucre restant va sans cesse en augmentant, d'abord de 23° k 26°, 8, puis à 34", 8, puis à 54", 8, puis à 63", i , enfin, vers la fin de la fermentation, jusqu'à 83°, 3 (colonne n" 8). » La conclusion générale à tirer de cette expérience et de ces observa- tions est que la fermentation alcoolique élective, telle que l'a fait con- naître M. Dubrunfaut, existe, et qu'elle doit être maintenue dans le do- maine scientifique comme un fait peut-être inexpliqué, mais bien observé. » ANATOMiE COMPARÉE. — Sur l'organisation du Pachydrilus Enchytrseoides. Note de M. Remy Saint-Loup, présentée par M. de Quatrefages. « On trouve abondamment dans les algues attachées aux bois immergés ou aux pierres du quai, dans le vieux port de Marseille, de petites Oligo- chètes que M. le Professeur Marion a le premier remarquées et sur lesquelles il a attiré mon attention. I) Aspect extérieur. — Cette Annélide est d'une longueur de o™,oi2 à o"',o 1 5. Le corps est légèrement atténué aux deux extrémités. Elle présente quatre rangées de soies, dont deux sont ventrales et deux dorso-latérales. Chaque segment porte ainsi quatre groupes de soies; le nombre des élé- ments composant chaque groupe varie de deux à huit, sans que la varia- tion du nombre semble régulière. Les soies sont presque droites et leur extrémité s'infléchit légèrement sans se recourber en crochet. Le nombre des segments est d'environ trente-cinq. La bouche est ventrale, située entre le lobe céphalique et l'anneau buccal. L'anus s'ouvre dans le dernier anneau. (483) au fond d'une cavité en forme d'entonnoir ou de ventouse, constituée par un repli des parois du corps sur elles-mêmes. Le Clitellum occupe les dou- zième et treizième anneaux. » appareil circulatoire. — Le sang est rouge, il circule dans un vaisseau ventral et un vaisseau dorsal réunis aux deux extrémités. Le vaisseau dorsal s'unit directement, à l'extrémité antérieure, aux deux branches que forme le vaisseau ventral dans les cinq |)reniiers anneaux. En outre, trois paires de canaux anastomotiques font communiquer dans cet espace le système dorso- ventral. A l'extrémité postérieure, les deux vaisseaux principaux, qui restent directs et simples dans la partie moyenne du corps, s'unissent autour de la partie terminale de l'intestin. » Il faut remarquer que, dans l'intervalle des dissépiments de la région cliteilienne, le vaisseau dorsal est plus dilaté que partout ailleurs. » Il peut être intéressant de comparer cet appareil circulatoire simple à celui plus compliqué des Enchytraeus de Vejdovvsky et aux appareils de même ordre, si soigneusement décrits chez les Oligochètes terricoles par M. Edmond Perrier. » Appareil digestif. — Le tube digestif est direct, la portion œsopha- gienne étant seule différenciée, la région postérieure ne se distinguant de la région moyenne que par une moins grande quantité de cellules hépa- tiques. J'emploie cette dénomination de cellules hépatiques pour désigner les sphérules qui tapissent extérieurement les parois du tube digestif et tombent ensuite dans la cavité générale, sans que cette expression doive entraîner de comparaisons au point de vue physiologique et par rappro- chement purement anatomique avec les cellules hépatiques d'autres Anné- lides. Chacune de ces cellules présente un nucleus très visible et qui est environné d'un grand nombre d'éléments sphériques beaucoup plus petits, constituant la substance de la cellule. » Il est remarquable que ces cellules se trouvent abondamment en suspension, dans le liquide de la cavité du corps où les échanges chimiques qui constituent la respiration doivent se faire plus facilement que dans l'appareil circulatoire proprement dit, qui est plus interne. L'appareil à sang rouge ne renferme d'ailleurs aucun globule ou élément cellulaire. » Parois du corps. — Les parois du corps sont confornjées comme chez les Enchytrseus et présentent une mince cuticule et un derme (hypoderme de Vejdov*rsky, matrice de la cuticule pour d'autres, épiderme pour Bûchioz) formé d'une substance protoplasmique amorphe et de cellules ( m ) de formes variées, plus ou moins glandulaires. Les éléments cellulaires du derme sont comme hypertrophiés dans la région clitellienne. » Au-dessous se trouvent deux assises musculaires, la première formée de fibres annidaires, la seconde de fibrilles longitudinales; les formations péritonéales viennent ensuite. » Cavité du corps. — L'espace compris entre les parois du corps et l'intestin forme la cavilé du corps, divisée en compartiments par les cloisons incomplètes des dissépiments. Cette cavité contient, outre l'appa- reil circulatoire et le système nerveux, un certain nombre d'appareils dont la plupart sont, pour Vejdowsky, des organes segmentaires modifiés. Les trois premiers anneaux ne présentent pas de formation de ce genre. De chaque côlé du corps, entre le quatrième et le cinquième anneau, s'ouvrent les réceptacles de la semence, qui ont la forme de petits sacs clos à l'extré- mité interne, tandis que l'ouverture externe est entourée d'une rosette sous- dermique de cellules glandulaires aciniformes . Les cinquième, sixième et septième anneaux présentent des glandes volumineuses, adossées aux dissépiments postérieurs de chaque segment et tenant toute la largeur de la cavité du corps. Elles sont l'analogue des quatre glandes que Vejdowsky appelle scplaldrusen. Je n'en ai distingué que trois groupes dans l'espèce dont il s'agit. M Les testicules en grappes occupent les anneaux suivants, et au milieu de leur masse on aperçoit les différentes parties des appareils éducateurs. Antérieurement au niveau du dixième segment, se trouvent les entonnoirs sexuels, placés symétriquement l'un à côté de l'autre et courbés en forme de C. L'une des extrémités est ouverte et ciliée, l'autre se continue par le canal grêle qui, après plusieurs circonvolutions, débouche dans la poche ou ampoule copulalrice. Après avoir traversé cette ampoule, le canal s'ouvre à l'extérieur, dans le onzième segment, au niveau d'une papille ou pénis. L'appareil symétrique est formé de la même manière. » Les ovaires occupent le douzième anneau. A leur niveau existent, à la face ventrale du clitellum, deux fentes pour la sortie des œufs. Tous les anneaux postérieurs contiennent des organes segmentaires. » Le système nerveux présente : un ganglion sus-œsophagien, lié au ganglion sous-œsophagien par un anneau connectif, une chaîne nerveuse dont les ganglions, bien formés dans les trois premiers segments, s'atténuent ensuite pour n'être plus sensibles que sous la forme de légers renflements du double cordon connectif. ( 485 ) » Malgré les quelques différences que celte Oligochète présente avec les Pachydrilus, tels que les caraclérise Vejdowsky, je les rapporterai à ce genre, à cause de ses grandes analogies avec les Pachydrilus marins, décrits par Claparède. Toutefois, pour rappeler que cette forme semble établir un passage aux Enchylrseus, je lui ai donné le noui de Pachydrilus Encliy- trœoides. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Extraction et composition des gaz contenus dans les feuilles flottantes et submergées. Note de MM. N. Gréhant et J. Peykoc. « Eu continuant, au Muséum d'Histoire naturelle, dans le laboratoire de M. le professeur Rouget, les recherches dont nous avons eu l'honneur de communiquer à l'Académie les premiers résultats, nous avons extrait et analysé les gaz contenus dans les feuilles ou dans les cellules de quelques plantes flottantes ou submergées. )) Nous avons reconnu qu'il est avantageux de remplacer le tube de cuivre droit et long de i'", qui nous a servi d'abord à refroidir l'eau, par un serpentin du même mêlai ayant 3'" de long et un calibre presque capillaire, qui est immergé dans un bocal traversé par un courant d'eau froide; l'eau, privée de gaz par une longue ébullition, est rapidement refroidie avant d'être aspirée par la pompe à mercure et injectée dans le récipient. » Nous avons fait un grand nombre d'expériences, parmi lesquelles nous avons choisi celles qui sont indiquées dans le Tableau suivant. » loo'î'' de feuilles ont donné : l£t;il ilii temps. Soleil et nuages. Temps couvert . Soleil Soleil Soleil Temps couvert . Soleil Tem|)s couvert . . Temps couvert . Nom lie la pliinte. Nymphéa alha. Lemna (lenlilles d'eau] Elodea cnnadensis. Potamogeton lucens. Potamogflon coinpressiis. Algue Spirogyra quinina. Gaz obtenu à So". Acide carbo- Oxy- iiiqiu". gène. •29,8 4 10,4 0,9 7,6 1,5 7,2 3,6 3,4 0,26 ■j,i 0,26 9,1 0.8 8,4 1,1 4,1 0,35 Azote. ce 60, 1 a5,3 21,8 •^.9 7'' 10,8 26,7 6,8 Oxygène dans le mélange d'azote et d'oxygène. Pour roo. 3,4 6,6 1 1 6,2 3,6 6,9 3,9 4.9 Gaz obtenu à ; Acide carbo- nique. ce 60,4 10 11,2 0.vy- Oéne. trace 9,7 trace 10,7 trace i4,i •9î2 9,8 29,4 trace trace o o Azote, ce 0,3 0,1 0,1 0,2 trace o, I o, j5 1,3 0,5 ( 486 ) « On voit que les éléments qui forment le parenchyme des feuilles flot- tantes ou submergées, ou les cellules qui constituent les algues d'eau douce [Spirogyra), vivent dans un milieu intérieur assez pauvre en oxygène. Il y a toujours une grande différence en moins, quant à l'oxygène, entre la compo- sition del'airextraitdesfeuilleset l'air extérieur qui renferme 20,8 pour 100 d'oxygène et l'air extrait de l'eau qui contient jusqu'à Sopourioodece gaz; on remarque cependant que les gaz de la même plante, recueillis lorsque le temps est couvert ou lorsque le soleil brille depuis quelques heures, présen- tent une différence de composition très marquée; ainsi les feuilles du Pota- mogeton lucens, prises dans la Seine auprès de l'Hôtel de Ville, par un temps couvert, ont donné 3,6 pour 100 d'oxygène, tandis que les mêmes feuilles, prises au même endroit par un beau soleil, en renfermaient 6, y pour loo. M Le même fait s'est vérifié sur les lentilles d'eau, qui, par un temps couvert, ont donné seulement 3, 4 pour 100 d'oxygène, tandis que les len- tilles de la même provenance, exposées au soleil, ont donné une fois 6,6 pour 100 et une autre fois 1 1 pour 100 de ce gaz. » Nous avons même réussi, en activant la fonction chlorophyllienne des lentilles d'eau, à obtenir une plus grande proportion d'oxygène, et voici l'expérience que nous avons fnite : nous avons placé, da ns une cloche de 2"' sur le mercure, i'" d'eau ch;trgée d'acide carbonique, So»' de len- tilles d'eau bien vertes et i''' d'air; la cloche, fermée par un bouchon à robinet et entourée d'un courant d'eau froide, tut exposée au soleil pen- dant six heures; l'air qui se trouvait au-dessus des lentilles renfermait alors 28 pour 100 d'oxygène, l'acide carbonique dissous dans l'eau ay^nt été en partie décomposé, tandis que les lentilles introduites dans notre récipient, plein d'eau privée de gaz, ont donné un mélange d'azote et d'oxygène ren- fermant i4 pour joo de te dernier gaz. Ce nombre, le plus élevé que nous ayons obtenu jusqu'ici, n'est égal qu'à la moitié du chiffre 28 de l'oxygène qui était dans l'air, au-dessus des feuilles, à la fin de lexpérience. » L'acide carbonique est en partie libre et dissous dans les tissus des feuilles; mais il provient aussi, selon toute probabililé, de la décomposi- tion dans le vide à 5o" et à ion" des bicarbonales, dont la présence dans les végétaux a été signalée tout récemment |)ar AiM. Bet thelol et André. » ( 487 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Nouveau tremblement de terre partiel aux environs de Douai [Nord). Note de M. "Virlet d'Aoust. (Extrait.) « Le tremblement de terre superficiel des mines de l'Escarpe) et des en- virons de Douai, du 24 juin dernier, que j'ai fait connaître à l'Académie, vient d'avoir son contre-coup. La nouvelle secousse paraît être partie du même point initial que la précédente, les abords du puits n" 5 de Do- rignies. Voici, à ce sujet, la Note que m'a adressée, sur ma demande, M. Brun, ingénieur-directeur des Mines de l'Escarpel : n La commotion terrestre, ressentie le 5 août à Dorignies, vers une heure de relevée, c'est-à-dire au moment où le travail souterrain d'extraction est le plus actif, n'a pas été perçue par le nombreux personnel occupé dans les fosses 3, 4 et 5. Aucune ]Krtuibation, cou[) d'air ou éijoulement n'a révélé des mouvements du sol, soit du terrain liouilicr, soit même de la partie inférieure de la formation crétacée. Cette commotion a été moins in- tense et plus localisée que la première; les effeis de loiiles deux n'ont d'ailleurs laissé aucune trace à la surface du sol. " » ... L'action dynamique des secousses de Dorignies, ayant été toute superficielle, prouve qu'elles ont été tout à fait étrangères au terrain houiller, qu'elles n'ont eu aucun rapport avec les travaux de ses mines et surtout qu'elles ne doivent influer en rien sur les affaissements que les éboulements de l'iiitérienr des travaux pourraient, par la suite, déter- miner à la surface du sol ; or, le foisonnement du terrain ne permet guère de supposer que ces affaissements se propagent jamais ici jusqu'à la surface, à travers un recouvrement crétacé deaSo"" de hauteur. » M. GoETscHE adresse à M. Faye la Lettre suivante, au sujet d'un bolide observé par lui le 1 1 août : " Me trouvant ce matin dans la forêt de Fontainebleau, sur la route dite Ronde, entre les routes de Paris et de Milly, j'ai ct<- témr)in du passage d'un bulide, sensiblement au zé- nith, mais toutefois un peu vers le sud, soit 10" environ. Il marchait du sud-est au nord- ouest, avec la vitesse apparente d'un train de chemin de fer. » Le ciel était, à ce moment, semé de petits cumulus moutonnés, très élevés, paraissant sensiblement immobiles; des nuages bas, légers, transparents, couraient rapidement du nord-ouest au sud-est ; le Soleil était très brillant. INIalgré la lumière du jour et l'éclat du Soleil, le météore, qui se détachait sur le bleu du ciel, était parfaitement visible et d'un blanc d'argent éblouissant. Il présentait la forme d'une sorte de poire très allongée, la tête en avant, dont la longueur totale devait surpasser légèrement le diamètre apparent du Soleil. Je le vis pendant trois ou quatre secondes; il disparut ensuite derrière les arbres. ( 488 ) » A ce moment, je n'avais pas de montre sur moi : je ne puis donc donner 1 heure exacte du phénomène. Mais, comme j'étais à cheval et que je revins directement à Fontaine- bleau, où j'étais arrivé à ^''So™, j'eslime que j'ai dû ai)eicevoir le météore de ^''yS'" à 'j''3o™ environ . >> M. Chapel signale à l'Acaclémiedes colorations crépusculaires, observées à Paris du 9 au i4 août, coiiiine étant en relation avec les essaims cosmi- ques connus sous le nom de « courant de Laurentius ». A 4 heures un quart, l'Académie se tonne en Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. J. R. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages ukçijs dans la séance du ■}.'] juillet i885. Bulletin de l'Jcadémie royale de Médecine de Belgique, 3" série, t. XIX. n° 6, année i885. Bruxelles, A. Manceaiix; in-8°. The Canadinn Btcord of Science, etc., vol. 1, n° 2. Montréal, The iiatural History Society, i884; in-8°. Annual meeting, i885 th annual Address : Egy^pt, etc.; hy |)Pof. G. -G. Stokes, the Victoria Institute. London; in-8°. Bepoit 0/ the loiva ÏVt-ather service; [\ br. in-8°. Des Moines, lowa, 1882- 83-85. A Paper on die nature of grnvUy, etc.; bjr G. -A. de Penning. Calcutta, W. Newman and C°, i885; 3 br. in-8°. Bejjort on the scientific results of the voyage of H. M. S. Challenger, diiring the years 1^3-1876. Nairalive, vol. I, first and second Pari. Lon- don, i885; in-4°. Tomasz Konstanly Swiatecki, etc., napiicd A. Dzwonkowski. Warszawa, D.-F. Czerwinskiego, 1884. EBRJTA. (Séance du 10 aoùl i885.) Page 418, ligne 21, au lieu de de fer et encore, iitez de Ter et de cuivre. .^ COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 24 AOUT 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY, MEMOIRES Er COMMUIVICAÏIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMiE. PHYSIOLOGIE. — Locomotion humaine, mécanisme du saut. Note de M. Maret, en commun avec M. G. Dejieny. « Bien que le saut ne soit pas le genre de locomotion le plus usité, nous en parlerons en premier lieu, parce qu'il est beaucoup plus simple que les alliu-es régulières de l'homme, la marche et la course, dans lesquelles le corps exécute des mouvements compliqués suivant les trois dimensions de l'espace. Le saut consiste en une projection de la masse du corps par la détente brusque des membres inférieurs préalablement fléchis : c'est un monvement comparable à ceux qu'on étudie dans la balistique dont il suit les lois. Mais ici le projectile n'est pas une sphère homogène où le centre de gravité reste immuable; dans le corps d'un animal, le centre de gravité se déplace à chaque changement d'attitude des membres. Il en ré- sulte une certaine complication pour l'analyse du mécanisme du saut. » L'intelligence de ce mécanisme suppose à la fois la notion cinéma- tique et la notion dynamique du saut, c'est-à-dire la connaissance du mou- vement et celle des forces en action. C. R., i885, 2« Semestre. (T. CI, N° 8.) 63 ( 490 ) » L'analyse cinématique du saut, comme celle de tous les mouvements d'un animal, est devenue facilement accessible par la pholo-chronographie qui traduit la série des positions que chaque point du corps a occupées successivement dans l'espace à des instants équidistants ( ' ). M La fig. I représente ainsi les positions successives des jambes, des Fig. I. Lpôii. H..I Chrono-photographio d'un saut de pied ferme. Détermination de la trajectoire du centre de grav'ité sous forme d'une parabole ponctuée, bras et de l'épaule chez un homme qui exécute un saut en longueur de pied ferme, c'est-à-dire sans course préalable (on a retranché de cette figure les images qui précèdent et qui suivent le saut proprement dit). Des lignes ponctuées ont été tracées pour éclairer cette figure : l'une montre la la direction de l'impulsion au moment où le corps quitte le sol ; l'autre, (') P'oir la iS'ote du 26 juin i883. i 491 ) inclinée inversement, correspond à la direction dernière de la chute. La bissectrice de l'angle formé par ces deux lignes est verticale et représente l'axe de la parabole sur laquelle se mouvra le centre de gravité. Mais, puisque le centre de gravité se déplace dans le corps à chaque changement d'attitude, il a fallu déterminer la position de ce centre pour un certain nombre des attitudes représentées par la chrono-photographie, afin de construire la parabole décrite et même pour déterminer les lignes de construction dont on vient de parler. A cet effet, M. Demeny, reprenant une méthode imaginée parBorelli, a mesuré la quantité dont le centre de gravité se déplace suivant l'axe du corps dans les différentes attitudes des bras et des jambes; c'est d'après cette détermination qu'on a pu vérifier que le centre de gravité du corps décrit exactement une parabole. Mais un point du corps considéré isolé- ment ne se déplace pas suivant cette ligne; on voit, en effet, que la partie supérieure du corps s'abaisse si les jambes se relèvent; c'est même la condition nécessaire du maintien du centre de gravité sur sa trajectoire parabolique. » Ces données géométriques suffisent, étant connu le poids du corps, pour déterminer le travail effectué dans le saut, puisque la construction de la parabole indique la hauteur à laquelle ce poids a été élevé. » Le travail dans un saut oblique est la somme des travaux suivant la verticale et suivant l'horizontale. Nous n'avons considéré ici que la pre- mière sorte de travail, qui se résume par le produit du poids du corps par la hauteur d'élévation. » De ces données peut se déduire également la quantité de mouvement imprimée à la masse du corps au moment où elle a quitté le sol. » En construisant, d'après d'autres images photographiques, la courbe de l'accélération verticale du centre de gravité avant l'instant où le corps a quitté le sol, on a obtenu la loi de variation de la force impulsive suivant la verticale. La courbe qui représente cette variation de la force impulsive a une aire proportionnelle à la quantité de mouvement acquise par le corps suivant la verticale. » iJanaljie dynamique au moyen du dynamographe (') fournit un con- trôle expérimental des déterminations ci-dessus indiquées et donne, pour la plupart des actes de la locomotion, une mesure directe des quantités de mouvement imprimées au corps. (1) Voir la Note (les 8 et i5 octobre i883. ( 492 ) » Quand la pression verticale des pieds accusée par le dynamographe est supérieure au poids du corps, elle exprime à chaque instant, par cet excès, la force impulsive qui imprime au corps une accélération verticale. L'aire fie la courbe dynainographique mesurera la quantité de mouvement commu- niquée au corps par l'action musculaire. L'expérience a montré que celte courbe suffit, en général, pour donner la loi du mouveiuent dans un saut. En opérant sur un même sujet, on voit : » î° Que, si les aires d'impulsion sont égales, quelles que soient les formes des courbes, le saut aura la même hauteur ; » 2° Que, pour des aires inégales, celles-ci sont proportionnelles à la racine carrée de la hauteur du saut ; » 3° Que, pour des sauteurs différents ou pour un homme chargé de poids additionnels, à égale hauteur du sauf, les aires sont proportionnelles au poids total soulevé. » La fig. 2 correspond à deux sauts dans lesquels, partant de l'attitude accroupie, le même homme s'est élevé à des hauteurs variables. Dans les v\„ Deux sauts en hauteur exécutés sur le dynamograplie. — Eu haut, les hauteurs CD, CD' réduites toutes deux h la même échelle. — En bas, tracés dynamométriques : les aires d'impulsion correspondant à chacun des sauts sont teintées de hachures. courbes supérieures, les ordonnées DC et D'C sont proportionnelles aux hauteurs des sauts. Les courbes inférieures expriment, par leurs aires tein- tées de hachures, les quantités de mouvement communiquées au corps dans ces deux sauts. Sur ces figures ramenées à de plus grandes dimen- ( 49^ ) sions, on a constaté que les aires sont proportionnelles aux racines carrées des hauteurs des s^uts. » Ces mêmes figures montrent eucore que ce n'est pas Vinlensité absolue de l'effort qui influe sur la hauteur du saut, mais \^ qunntilé de, mouvement, c'est-à-dire le produit des efforts par Ifiir durée, produit qui correspond à l'aire de la courbe. En effet, dans les figures ci-dessus, c'estauplus petit sautque correspondait l'effort le plus intense, mais aussi le plus bref; de sorte que, pour des aires d'impulsion égales et correspondant à des sauts de même hauteur, il peut y avoir une infinité de formes diverses de la courbe dyua. mographique, un effort intense, mais bref, pouvant toujours équivaloir à un effort plus faible, mais fie plus longue durée. » Au moyen des deux méthodes que nous venons de décrire, on a pu analyser dans leurs divers éléments les différents types de saut que l'homuie peut effectuer. » On distingue à cet égard les sauts en hauteur et les sauts en longueur, ceux qu'on exécute de pîer//èrme et ceux qui sont précédés d'une course. Il n'est pas possible d'exposer en détail ces différentes sortes de sauts, auxquelles sont toujours applicables les lois de la balistique. » La photographie montre comment la vitesse horizontale acquise dans une course se combine avec la vitesse verticale imprimée au corps par le saut proprement dit pour donner au corps des impulsions variées suivant le but à atteindre. Elle montre également que la hauteur de l'obstacle franchi dans un saut ne correspond pas à celle dont s'est élevé le centre de gravité du corps au-dessus du sol, mais qu'elle dépend surtout de l'attitude des membres inférieurs au moment où l'on franchit l'obstacle ('). » Enfin, au moment de la chute qui suit le saut, la quantité de mouve- ment que le corps avait reçue de bas en haut se retrouve de haut en bas et doit être annulée. Quand on retombe sur le dynauiographe, une partie seulement de cette quantité de mouvement se retrouve dans la courbe tracée ; la quantité disparue peut servira évaluer le travail intérieur absorbé par nos organes. » La chute, comme l'impulsion, peut présenteras phases les plus variées : (') La flexion des jambes a un effet complexe : d'une part, e/le soulève nos pitils au-dessus de l'obstacle à franchir, mais, d'autre pail, en élevant le centre de gravite' à l'intérieur du corps, elle abaisse celui-ci d'une quantité égale. La différence de ces deux effets contraires s'ajoute à l'élévation du centre de gravité pour constituer la hauteur du saut. ( 494 ) le sauteur, en graduant l'intensité et la durée de ses efforts résistants, cher- chera à réaliser les genres de chute pour lesquels la pression sur le sol aura la moindre intensité : c'est ce qu'on appelle amortir la chute. L'idéal, en ce cas, serait d'exercer sur le sol une pression constante et prolongée pendant la durée de laquelle le mouvement du centre de gravité serait uniformé- ment retardé. Quelques-uns de nos tracés dynamographiques et de nos photographies montrent que des sauteurs exercés se rapprochent de ces conditions. » L'action des muscles pendant la chute est donc de produire un travail résistant ; ils effectuent alors les actes intimes qui caractérisent la contrac- tion. Mais ce qui fait la différence entre le travail impulsif ou extérieur et le travail résistant ou intérieur, c'est que, dans la chute, les muscles con- tractés se laissent vaincre et allonger par la force extérieure qui fléchit les membres, tandis que dans l'acte impulsif ils font du travail extérieur en se raccourcissant et en redressant les articulations fléchies des membres. M Dans tous les actes delà locomotion, on observe ainsi une alternance entre le travail impulsif et le travail résistant; or, dans ce dernier cas, il semble que le muscle accumule en lui de l'énergie capable de devenir ensuite travail impulsif : le fait suivant tend à le prouver. » Si nous exécutons, successivement deux sauts en hauteur en déployant chaque fois tout l'effort dont nous sommes capables, il arrive toujours que le second saut a plus de hauteur que le premier. » L'emmagasinement du travail dans le muscle tendu donne à celui-ci, dès le début du second saut, une force élastique très grande à laquelle, dans le premier saut, le muscle n'était arrivé que graduellement. Or, comme l'accélération imprimée au centre de gravité du corps est propor- tionnelle à la force qui agit sur lui, elle sera plus grande dans le sf^cond saut que dans le premier, et la hauteur du saut en sera augmentée. >> L'action adjuvante des mouvements des bras dans le saut se rattache au même mécanisme; enfin l'avantage d'une course préalable sur la hauteur d'un saut doit s'expliquer par des considérations de même ordre. En effet, avant de s'élancer, le coureur fléchit ses membres inférieurs pour ralentir sa vitesse et fait un travail résistant que ses muscles restitueront en partie. Aussi voit-on, après une course, que le saut effectué par l'impulsion d'une seule jambe a souvent plus de hauteur qu'un saut de pied ferme pour lequel concourent les deux jambes à la fois. Le développement de ces propositions sommaires trouvera ailleurs les développements qu'il comporte. » ( 495 ) ■ MÉDECINE. — Le choléra et la peste en Perse sans les quarantaines. Note de M. J.-D. Tholozan. « Il y a vingt-huit ans bientôt que j'ai entrepris d'étudier, au point de vue de leur émergence et de leur développement en Perse, les deux maladies contagieuses dont l'Europe se préoccupe le plus. Ce sont des fléaux exo- tiques, comme on l'a dit, et depuis plus de trois cents ans on a cherché tous les moyens possibles d'empêcher l'introduction de l'un d'entre eux en Oc- cident. L'autre, plus récent, ne nous est venu qu'en i83o, et dès lors sa prophylaxie a été l'objet de toutes les préoccupations du monde civilisé. Depuis l'origine des institutions quarantenaires, qui datent de plus de trois cents ans, la science sanitaire a-t-elle enregistré dans ses annales des faits bien constatés prouvant Vutililé radicale, générale et absolue, des me- sures prescrites et appliquées ? A-t-on procédé, dans l'appréciation du degré d'utilité de ces moyens, avec toute la prudence et la rigueur nécessaires pour en déduire la connaissance exacte du bien produit? Si l'on cherche à connaître la vérité à ce sujet, on arrive aux résultats suivants : La peste a disparu progressivement de l'Europe depuis la dernière moitié du xvii* siècle. Dans le xviii" siècle, on ne compte dans l'Europe occi- dentale que l'épidémie de Marseille en 1720, et dans le xix*^ siècle que celle de Noia, en Italie. Peu à peu, la peste s'est éteinte, même dans la Turquie d'Europe où elle n'a plus paru depuis 1837. On a attribué ce grand fait de la disparition du fléau à l'influence de la ci- vilisation et du développement de l'hygiène parmi les nations euro- péennes. Il y aurait peut-être à faire quelques restrictions à ce sujet; je me bornerai aujourd'hui à mentionner une observation capitale: le mou- vement lent de rétrogradation de la peste ne s'est pas arrêté à l'Europe, il s'est étendu à l'Anatolie, et, qui plus est, à l'Egypte, jadis la terre classique du fléau. On n'a pas manqué alors d'attribuer la cessation de la maladie, non plus seulement à l'hygiène qui est restée stationnaire en Asie, mais aux quarantaines appliquées plus régulièrement, a-t-on dit, en Turquie d'Asie depuis i84o. Or, j'ai démontré, il y a quelques années, qu'il est im- possible d'attribuer, même aujourd'hui, aux quarantaines turques, toutes perfectionnées qu'on les suppose, l'arrêt des épidémies de peste qui, depuis ( 496) i858, se sont monirées dans ce pays ('). Ces maladies se sont arrêtées spon- tanément, il n'y a plus le moindre doute à ce sujet. » Ces faits donnent à réfléchir; je n'en ai pas conclu qu'il fallût abolir les quarantaines; j'ai conseillé de les mieux appliquer et d'en étudier les effets d'une manière plus scientifique, que ces effets soient bons, nuls ou mauvais. La peste est une de ces maladies dont personne ne nie aujour- d'hui la contagion ; pourtant, comme toutes les autres épidémies, elle a souvent, par une mystérieuse action, la propriété de se limiter spontané- ment ; c'est ce que j'ai vu en Perse, dans six épidémies, dont j'ai été, pour ainsi dire, témoin. Il n'y a pas, et il n'a pas pu y avoir de quarantaines sérieuses en Perse. L'administration du pays, n'ayant pas pour les quaran- taines un budget international comme la Turquie, n'a pas été en état d'en établir; et, voyant enfin qu'elles auraient été plutôt nuisibles qu'utiles, je n'ai pas poussé longtemps à leur application. )) En 1877, une épidémie de peste grave se déclare dans la ville de Redit, où depuis quarante-cinq ans le fléau ne s'était pas montré. Tous les quar- tiers de cette capitale du Guilan sont infestés, beaucoup d'habitants quittent leurs demeures et s'établissent hors de la ville, dans les petits vil- lages qui l'entourent; les plus riches partent pour les pays voisins. On s'at- tendait au transport de la maladie, et l'angoisse était grande partout. Or, le mal ne franchit pas les portes de la ville. C'est cependant une de ces contrées que les écrivains spéciaux désignent comme disposées à la propa- gation de la maladie : climat chaud, sol bas et marécageux, eaux stagnantes, population mal nourrie, à peine vêtue et très pauvre. » Si le gouvernement persan avait été partisan convaincu des quaran- taines, il aurait sans doute pu réussir à établir quelque simulacre de cordon sanitaire autour de cette ville pestiférée; il aurait parla sans doute créé bien des embarras, causé bien des injustices et des vexations à ces popula- tions déjà si malheureuses. Il n'aurait pas pu faire établir à grands frais, comme le gouvernement russe en 1879, à Vétlianka sur le Volga, trois cor- dons sanitaires concentriques ; mais il aurait pu dire, avec les faibles moyens d'action dont il aurait disposé, qu'il avait arrêté la peste, qu'il l'avait étouf- fée dans son foyer originel. Dans tous les cas, il n'est pas sans intérêt de signaler que la peste de Recht, dont on a voulu faire naître celle de Vét- ('j La peste en Turquie dans les temps modernes, sa prophylaxie défectueuse, sa limi- tation sponlani-e. ( 497 ) lianka, n'a pas eu de radiation en Perse même, en dehors de son unique foyer. J'admets, si l'on vent, que les germes du mal, passant par-dessus toute la Caspienne et le cours inférieur du Volga, aient laissé indemnes Lénkoran, Bakou, Derbent, Pétrowski, Astrakan, pour aller s'arrêter et se développer à Vétlianka, dans ce petit village de pêcheurs, sur la rive droite du Volga, au-dessous de la ville de ïsaritzine, village qui n'a du reste au- cune communication directe avec la Perse. On sera bien forcé de convenir en retour que rien ne prouve que ces cordons sanitaires, appliqués par le gouvernement russe, aient sûrement été la cause de la limitation de la ma- ladie à Vétlianka et à son voisinage immédiat; puisqu'à Recht, dans le foyer originel, la maladie s'est arrêtée d'elle-même. » On raisonne quelquefois aujourd'hui en matière sanitaire comme les médecins raisonnaient autrefois en thérapeutique; ils donnaient des médicaments qui, disaient-ils, guérissaient le mal, parce que celui-ci se guérissait le plus souvent de lui-même. L'observation que je viens de citer à propos de la peste s'est répétée maintes fois, identique à propos du choléra. En i865 une explosion bien connue de ce fléau, à la Mecque et en Egypte, couvrit presque instantanément de choléra la plupart des ports de la Méditerranée; en 1866, la niajenre partie et le centre même de l'Europe étaient atteints ; dans la capitale de la Perse, le mal ne vint qu'à la fin de 1H67. Cependant, dans tous les ports del'Europe il y avait des quarantaines et il n'y en avait aucune en Perse. Si le gouvernement persan avait établi des quarantaines en i865et 1866, n'aurait-ii pas été en droit de dire qu'd s'était garanti, pendant ces années, du choléra qui existait en Mésopotamie et en Russie à cette époque? N'a-t-oti pas affirmé de la manière la plus positive que ce sont les quarantaines de la mer Rouge qui ont préservé l'Europe de 1867 à 1 884? Je ne dis pas non, mais je demande comment on le prouve. On a été plus loin, on a affirmé aussi que les mesures restrictives imparfaites, exécutées à la hâte sur les côtes de la mer Rouge en 1866, avaient empêché cette année une seconde importation du choléra, alors que l'Europe tout entière était déjà cholérisée depuis i865. Un malade qui a déjà la variole peut-il prendre une seconde fois cette maladie, alors que la première est encore flans son cours? » Après son introduction au centre de la Perse, le choléra parcourut cet empire les années suivantes et jusqu'en 1872. Que de fois nous aurions pu pendant ces six années parler de l'utilité des quarantaines, si nous avions pu en établir ! Je ferai une seule remarque à ce sujet. On a accusé la Perse d'être un foyer de choléra ou au moins de servir de passage aux irra- C. R., i8S5, 2- Semestre. (T. CI, 1S° -H.) «4 ( 49^ ) diations du fléau indien. Pourtant, dans l'épidémie dont je viens de parler, c'est la Russie au nord et la Turquie à l'ouest qui ont transmis le choléra à la Perse. De plus, ce fléau, dans cette dernière pandémie, est resté deux ans de plus dans certains pays de l'Europe qu'en Perse et pourtant, je le répète, la Perse n'avait pas de quarantaines. » J'arrive aux faits relatifs à la voie de mer. Par le golfe Persique, la Perse est en communication non interrompue avec l'Inde et particulière- ment avec la ville de Bombay, qui est un foyer persistant de choléra. Les communications par navires à voile et à vapeur sont incessantes. Les trois ports principaux sont ceux de Bender-Abbas et de Bouchir sur le golfe et celui deMohaméra sur une branche du Shatt el Arab. C'est un des climats les plus chauds et les plus humides du monde. » Ces localités sont, en outre, dansdesconditionshygiéniques qui laissent beaucoup à désirer : elles reposent sur un sol alluvial, sont entourées de marais et dans toutes les conditions voulues pour le développement du choléra. De plus, la population très pauvre fait usage d'aliments grossiers et indigestes. On serait donc en droit de penser que ces localités devraient être des nids à choléra ou du moins des foyers secondaires puissants. En outre, il n'y a jamais eu de quarantaines dans ces localités. Or, depuis 1821 que le choléra s'étendit de Bassora et de Mascate à Bouchire et de là à Chiraz, on n'a pas eu un seul autre exemple de l'introduction du fléau en Perse par celte voie. » L'immunité des villes que je viens de citer est très grande et très re- marquable; elle frappera d'autant plus les esprits que, dans certains ou- vrages ex professa, on considère encore ces régions comme des foyers cho- lériques. » Bien plus, il n'y a pas longtemps qu'un médecin sérieux a proposé d'établir une quarantaine internationale à l'entrée du golfe Persique, de même qu'on a prescrit d en établir une à l'entrée de la mer Rouge. Pour le coup, les bienfaits de cette institution nouvelle n'auraient pas fait l'ombre d'un doute et, à supposer qu'on eût institué cette quarantaine dès 1822, on pourrait dire aujourd'hui que pendant soixante-trois ans on a, par ce moyen, préservé la Perse du fléau indien. » M. Larrey présente les observations suivantes • « Je remercie M. le Président de l'Académie de vouloir bien me demander si, en l'absence de quelques-uns de nos honorables confrères plus auto- ( 499 ) risés, j'aurais à exprimer un avis sur l'importante Communication de M. le D' Tholozan. w Ses longues et laborieuses recherches sur La peste et le choléra en Perse sans les quarantaines ont d'autant plus de valeur, que M. Tholozan réside dans cette contrée depuis vingt-cinq ou trente ans. Les citations précises qu'il vient d'exposer lui permettent de conclure à l'inutilité des quaran- taines pour la Perse. » Je n'ai pas à discuter ici cette grave question; il me semble seulement opportun de rappeler à l'Académie qu'au commencement de 1882, notre illustre Confrère M. de Lesseps lui avait communiqué, dans le même sens, une Note sur les quarantaines imposées au canal de Suez, pour les prove- nances maritimes de l'Extrême Orient. » L'Académie nomma une Commission dont j'eus l'honneur de foire le Rapport, exprimant le vœu qu'une revision médicale et administrative des quarantaines fût soumise à l'examen d'une nouvelle Conférence interna- tionale. Cette proposition ne parut pas à l'Académie pouvoir être transmise alors au Gouvernement, sans qu'il en fit la demande. » Là se borne ce que je puis rappeler aujourd'hui sur l'insuffisance prophylactique des quarantaines. » M. DE JoxQuiÈREs fait hommage à l'Académie de deux Opuscules qu'il a publiés récemment, l'un dans le Journal de Mathématiques de M. Battaglini, l'autre dans les Atti detl' Accademia pontificia de' nuovi Lincei. « Le premier, dit M. de Jonquières, est un Mémoire de Géométrie qui est resté, pendant plusieurs années, classé dans les Archives de l'Académie. Une courte Notice, insérée au compte rendu de la séance du 10 octobre 1859 (' ), avait fait connaître la présentation, le sujet et le principe de ce travail, dont une analyse fut publiée, en 1864, dans les Nouvelles Annales de Mathématiques (-). La reproduction intégrale du Mémoire original peut néanmoins offrir encore un certain intérêt historique, en ce sens particu- lièrement qu'il y était fait usage pour la première fois, je crois, et systéma- tiquement, de courbes, d'un degré supérieur au second, dont les points se déterminent individuellement, courbes auxquelles M. Cayley donna plus tard le nom d'uidcursales, qui leur est resté. (') Comptes rendus, t. XLIX, p. Sp. {■-) Tome III, Q.' série, p. 9';. ( 5oo ) » Le second MéiDoire développe la solution d'une question d'Algèbre, partiellement énoncée dans une Note que j'ai insérée au compte rendu de la séance du 29 décembre 1884 (' ). » M. HiRN adresse à l'Académie, par l'entremise de M. Faye, une « Notice sur les rougeurs crépusculaires observées à la fin de i883 ». ( Extraite du Bulletin de la Sociélé d'Histoire naturelle de Colmar. ) M. Faye rappelle, en transmettant cette Notice à l'Académie, les opi- nions qui ont été émises p;ir divers savants, au sujet des lueurs dont il s'agit. Les uns les ont attribuées à l'éruption du Rrakatoa; d'autres, à des poussières cosmiques que la Terre aurait rencontrées dans sa course. M. Hirn, qui a suivi ce phénomène de son observatoire de Colmar, a été fort surpris de leur trouver une altitude bien supérieure à la hauteur de l'atmosphère. Sans prendre positivement parti pour l'une ou l'autre hypo- thèse, il pense que l'électricité seule aurait été capable de maintenir ces matériaux extrêmement rares à une pareille distance, en supposant : 1° quf les couches extrême^ de notre atmosphère possèdent une électricité propre assez puissante, et 2° que ces poussières aient été lancées elles- mêmes avec une électricité de même nom. » MEaiOIRES PRESENTES. M. C DtcHARME adresse une Note « sur de nouvelles analogies entre les anneaux électrochimiques et les anneaux électrodynamiques ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. C. Pawuck, m. V. îÎENiTEz, M. Latapie adressent diverses Com-nu- nications relatives au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) (') Comptes rendus, t, XCIX, p. li43. ( Soi ) COKUESPOIVDAIVCE. M. 1p SeciîÉtaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure de M. F. Fontannes, intitulée « Etudes stra- tigraphiqiies et pdéontologiques pour servir à l'histoire de la période ter- tiaire dans le bassin du Rhône ». (Présentée par M. Hébert.) M. le Général IbaSez, nomaiéCorrespondant pour la Section deGéogra- phie et Navigation, adresse ses remerciements à l'Académie. ASTRONOMIE. — Cbservations (le la nouvelle planète (m), faites à l'observatoire de Paris [équatorial de la tour de l'Ouest) ; par M. G. Bigourdan. « Cette planète a été découverte par M. C.-H.-F. Peters, à Clinton (N.-Y.); le i6 août, à i4''46™,6, temps moyen de Clinton, elle était à la position : vïl = 2i''58°*52% déci. ^^ -- i5°5i'. Étoiles Nombre D.ites. Je ^ Décl. do 1885. coniptirnisoii. Grandeur. Planète — ■)( . l'iani-tc — >(• . coinp. m s , Aoiit i8... a Anonyme. io,5 —0.29,64 —0.41, 5 12:12 19... f' 1(1. 11,5 —0.10,64 —0.28,3 i6:i6 c ai 779 A. OK.. g +1.46,03 —0. 8,6 i?,; 8 n 20. Positions des étoiles de comparaison. P;,tes. 7& Réduction Déclinaison Réduction ISSÔ. Étoiles. moy. iSS5,o. au jour. moy. iSSJ.o. au jour. Autorités. Il m ^s s .. ' >i „ Août 18 « 12. 57. a"), 01 +3,26 — i5.4'J.29,o -h2a,6 Rapportée à c et «. iq h 21.56. 0,57 4-3,27 —15.43.34,8 +22,6 Id. 20 c 21. 52. 5i, 86 -i-3,28 —15.41,29,2 -t-22,5 Arg. OEItzen,. d 21. 5i. 31,72 » — i5.4o. 8,0 » ij, » Au moyen de l'éqnatorial, j'ai obtenu : Far comparaisons. i^a—-kd -f 5. 53, 34 —5.32,4 12.8 * fl — )^ r +4-33,09 —3.58,3 12.8 -kb—'kd +4.28,89 —3.28,2 12.8 *i - *c +3. 8,66 —2. 4,1 12.8 ( 502 ) Positions apparentes de la planète. Dates. Temps moyen Log. 1885. de Paris. iR app. fact. par. h m s h ui s Août 1 8 i2.i5.36 21.56.58,63 à,i84 ig II. 28.41 21.55.53,20 2,768,, 20 i2.5o. 6 21.54 4" > '7 2,971 Log. Décl. app. fact. par. — 15.45. 47",9 0,901 ^i5.43.4oi5 0,900 — i5.4> i5,3 o, 899 ASTRONOMIE. — Observations de ta comète Barnard, faites à l'éqiiatorial de i4 pouces de l'observatoire de Bordeaux. Note de M. G. Rayet. Dates. 1885. Août 8. . 9-- i3. , Dates. 1885. Août 8 . 9- i3. Temps moyen Ascension de droite Bordeaux. apparente. h m s ^li m s 9. I I . I I 16.36. 12, 16 9.23.49 16.35.28,71 , 9. II. 8 16.32.36,77 Facteur Déclinaison parallaxe. apparente. o ' w T.'oi — 21.19.56,18 0,891 ï,3f)5 —21.46.21,18 0,891 1,392 — 23.26.26,11 0,893 Étoiles Facteur de parall. comp. Observateur a b c G. Rayet. Positions des étoiles de comparaison. Étoiles. Ascension droite moyenne 1885,0. h m s ^ 1 6 . 34 • 2 , 60 16.42.43,47 16.36.56,07 Déclinaison moyenne 1885,0. Réduction au jour. s 0 ' " -f-2,86 — 21.26.33,93 Réduction au jour. Autorité. -2,89 -2,84 -21. 38. 56, o5 — 23. 17 .3o,oi -3,10 9'' g"*'""' rapportée à 15870. Argelander-OEltzen, -3,71 6" g^'"''. Catalogue du Cap pour 1860, n° 702. -2,78 9° g"*'"'' rapportée à 9088. Catal.du Cap p. 1880. » Pendant les dernières observations, la comète était très faible et très basse sur l'horizon ; il n'y a pas d'espoir qu'elle puisse être observée après la Lune. » OPTIQUE. — Sur la théorie des miroirs tournants. Note de M. Gouv. « Dans la mesure de la vitesse de la lumière par la méthode du miroir tournant, et dans quelques autres cas moins intéressants au point de vue expérimental, on a à considérer des rayons de direction variable, c'est- à-dire une suite d'ondes qui ne sont pas exactement concentriques, comme cela a lieu d'ordinaire. Le présent travail a pour objet d'examiner les con- ( 5o3 ) séquences qui en résultent au point de vue de la propagation des ondes, en tenant compte de la dispersion des milieux optiques (' ). » Considérons d'abord le cas simple où un point lumineux S, de période vibratoire G, se meut en ligne droite dans un milieu indéfini, avec une vitesse constante v, très petite par rapport à la vitesse de la lumière. Dans une direction faisant, avec celle du mouvement du point S, un angle w, le mouvement vibratoire envoyé par ce point aura pour période non pas Q, Cl ( " COSw \ , X , , . -,-. 1.1 -1 mais e I 1 rr^jC), en désignant par W la vitesse de propagation des ondes de période Q. Par suite, dans cette direction, la vitesse de propaga- tion des ondes aura la valeur qui correspond à cette période d'après la ispersion du milieu, c est-a-dire W » Considérons une onde en particulier et prenons pour origine du temps le moment où elle est émise; soit O la position du point S à cet instant. Au temps t, la surface de l'onde sera parvenue, dans la direction définie plus haut, à une distance p du point O donnée par l'équation P ^ tlW — 6f cosM W Cette équation définit la surface de l'onde au temps t; c'est une sphère de rayon Wt, dont le centre A est sur la trajectoire du point S, à la distance — — du point U, et en arrière de ce point par rapport au mouvement de S. Ainsi l'onde reste sphérique pendant sa propagation, et son rayon s'accroît avec la même vitesse que si la source lumineuse était immobile; mais son centre se déplace, avec une vitesse constante, en sens contraire du mouvement de la source. » Soit un observateur placé en un point fixe B, où l'onde que nous con- sidérons passe au temps t. Il voit, à cet instant, la source lumineuse au point A, centre de l'onde qu'il reçoit, et non au point O, position qu'oc- (' ) Cette question a déjà été examinée par lord Rayleigli {Nature, l'j novembre i8Si). D'après ce physicien, la méthode de Foucault mesurex-ait non pas W, mais la quantité — ) en employant les notations de la présente Note. La déviation de l'image serait plus petite que celle qu'indique la théorie ordinaire. Ces résultats sont en opposition avec ceux de notre travail. (-) D'après la loi établie par Dcippler et par M. Fizeau, et vérifiée par de nombreuses observations d'Astronomie physique. ^ 5o4 ) ciipait la source au moment où cette onde a été émise. Le point S a passé au pouît A au temps — r^ -rr-? c est-a-dire un temps M • + -^y "^ ) ^^^nt le moment actuel. Le phénomène observable est donc le même que si l'onde se propageait concentriquement, mais avec une vitesse V telle, qu'elle em- ployât le temps ;!( i + ^ --^) à aller du point lumineux au point B, au lieu dn temps t, qu'elle emploie en réalité. D'où il vient cil W 6 e dw I I H d - W rfe l en désignant par X la longueur d'onde qui correspond à la période 0 dans le milieu qui nous occupe. » Des considérations analogues s'appliquent aux miroirs tournants, en sorte que le résultat de l'expérience donne, non pas la vitesse de propa- gation des ondes W, mais la vitesse V. On peut le démontrer de plusieurs manières, soit en considérant chaque point du miroir comme un centre d'ébranlement, et tenant compte de la variation de période produite par le mouvement du miroir par rapport à la source lumineuse et par rapport au milieu ambiant; soit en considérant directement les ondes réfléchies, et tenant compte de la rotation qu'elles éprouvent en se propageant, par suite de l'inégale vitesse de propagation de leurs différentes parties. M II en résulte que la déviation de l'image dans l'expérience de Foucault doit être un peu plus grande que ne l'indique la théorie ordinaire, dans le rapport de W à V. La différence, nulle pour le vide, est en moyenne ^r^^; de la déviation pour l'air, et -^ pour l'eau. Avec le sulfure de carbone, cette différence, peut-être mesurable ('), varie de ^-^ à \ en allant du rouge au violet extrême. )) Dans un travail antérieur (^), nous avons montré que, avec des rayons de direction invariable, les vaiiations d'intensité, ou, plus généralement, les par liciild rites observables, se transportent avec la vitesse V tléfinie plus haut, et non avec la vitesse individuelle des ondes W. Si l'on rap[)roche ces divers résultats, ou voit que les phénomènes qui dépendent de la valeur absolue (') L'expérience est en préparation. (^) Comptes rendus, aq novembre l88o, et J ouirtal de Mathéinatiquts pures et iippti- qiiees, octobre 1882. ( 5o5 ) de la vitesse de la lumière peuvent être calculéi en admettant que la propagation se fait comme dans un milieu sans dispersion, mais avec la vitesse V, dérivée de - par rapport à - ■ >■> Cet énoncé laisse de côté, comme on le voit, les nombreux phéno- mènes qui dépendent des longueurs d'ondes seules, ou du rapport des vitesses de propagation dans divers milieux (interférences, réfraction, etc.). On doit aussi en excepter l'aberration et les phénomènes dépendant de la translation des milieux optiques, étudiés par MM. Fizeau et Mascart. » OPTIQUE. — Expériences sur la double réfraction ; par M. D.-S. Stkoumdo (' ). « Je parviens très simplement à rendre visible |)our un nombreux audi- toire la marche > Le l5 mai, on a opéré de même avec une autre cobaye pleine, à laquelle on a injecté la culture du charbon virulent. Elle avait trois fœtus dans la matrice, et, chez deux d'entre eux, dans le liquide qui coulait des cordons coupés, on a constaté des bâtonnets de charbon placés séparément. » Le 24 juin, on a fait la même expérience avec la troisième cobaye, qui fut injectée de la même façon avec la culture du rouget. Elle avait quatre fœtus dans la matrice, et, dans deux d'entre eux, on a constaté une assez grande quantité de bacilles placés séparément. L'un des fœtus, dont le cordon fut coupé à la fin de l'injection, fut mis pendant vingt- quatre heures dans l'étuve, et l'on a constaté dans son foie des bcâtonnets du rouget placés séparément. » Tels sont les re5u/(af5 de notre étude: 1° le charbon, le rouget et les bacilles tuberculeux passent aussi dans le lait; 2° une fois apparus dans le lait, ils y restent jusqu'à la fin de la lactation ou jusqu'à la mort de la fe- melle; 3° les foetus qui se nourrissent avec du lait où il y a des bacilles du charbon, du rouget ou de la tuberculose ne prennent pas ces maladies et restent vivants, même dans les cas où leurs mères en périssent; 4" le pas- sage des microbes de la mère aux fœtus dépend probablement de l'existence dans le placenta de communications directes entre les vaisseaux de la mère et des fœtus. » CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur une substance alcaloïdiqae extraite de bouillons de culture du microbe de iioc/i. Note de M. A. -Gabriel Podchet, présentée par M. Bouley. « Dans une Note présentée à l'Académie, le 17 novembre 1884, ainsi que dans deux Notes publiées ensuite, j'ai établi l'existence, dans les déjec- ( 5.1 ) tions de cholériques, d'une substance alcaloïdique très altérable et se com- portant comme un poison violent à l'égard de l'homme et des animaux. Il était intéressant de déterminer, au point de vue de la pathologie elle- même, le mode de prodisction ainsi que le rôle de cette substance dans les manifestations cholériques. » Pour y parvenir, j'ai analysé, à l'instigation de M. le professeur Brouardel, des bouillons de culture pure du microbe de Roch et j'ai pu y constater la présence, à l'état de traces il est vrai, d'un alcaloïde liquide et dont les caractères extérieurs (odeur, altérabilité, toxicité pour les ani- maux) paraissent identiques à ceux de la substance isolée des déjections de cholériques. » Si de nouvelles expériences, entreprises sur de plus grandes quantités de liquides de cultures, confirment ces premiers résultats, ce serait une preuve indirecte que le microbe de Koch est bien l'agent pathogène du choléra. Je vais continuer ces recherches et en même temps en instituer d'analogues sur des bouillons de cultures pures d'autres maladi^s dont les micro-organismes sont bien déterminés. Il y aura lieu alors de comparer entre eux les caractères chimiques et l'action physiologique de ces alca- loïdes. » Dans ma thèse inaugurale (publiée en 1880), j'ai démontré qu'il existe, dans 1 urine normale, des alcaloïdes. Depuis, soit seul, soit en collabora- tion avec M. Brouardel, j'ai constaté que, dans les urines de certains malades, en dehors de toute affection des voies urinaires, il se développe des alcaloïdes dont la nature et la quantité varient suivant diverses cir- constances; la difficulté pour établir leur origine, que j'attribuais à la vie des cellules, était de les produire en dehors de l'économie vivante. » Le résultat obtenu par l'analyse des bouillons de culture cholérique me semble fournir une méthode de recherche qui permettra d'écarter beaucoup plus facilement les causes d'erreur résultant de la complexité des phénomènes vitaux. » PHYSIOLOGIE GÉNÉRALE. — Influence du Soleil sur la végétabiltté des spores du Bacillus anthracis. Note de M. S. Arloing, présentée par M. Bouley. « Le 9 février i885, nous adressions à l'Académie une Note sur l'in- fluence de la lumière artificielle sur la végétation et les propriétés d'un microbe pathogène, le Bacillus anthracis. Nous entreprenons aujourd'hui ( 5.2 ) la |)ul)lication du résultai d'expériences analogues, faites avec la lumière solaire. » Dans chaque série d'expériences, les conditions, sauf celles de l'éclai- rage, étaient identiques. Grâce à l'obligeance de notre collègue, M. le pro- fesseur Péteaux, nous avons opéré dans un local et avec des instruments appropriés à ce but. » Voici en quelques mots le manuel que nous avons employé : Les rayons solaires étaient recueillis et lancés sur nos matras à l'aide d'un hé- liostat, directement ou après avoir traversé des écrans liqiiides colorés. L'évolution des bacilles était suspendue, quand on le jugeait nécessaire, dès que le Soleil quittait l'horizon, en transportant les matras dans une glacière. Nous avons utdisé des bouillons de même composition; enfin, les matras soumis aux radiations solaires et les matras témoins étaient maintenus à la même température. » Les expériences ont porté sur trois points principaux. Dans cette pre- mière Note, il sera question de l'influence de la lumière sur la végétabilité des spores. » I. Si l'on appelle végélabililé le pouvoir que possèdent le mycéliuin sporulé ou les spores libres de donner naissance à du mycélium nouveau, on constate qu'elle est rapidement supprimée, par les radiations du Soleil de juillet, dans les bouillons fraîchement ensemencés; une exposition de deux heures, par une température comprise entre 4-35*' et +39°, suffit à amener ce résultat. La végétabilité est réellement supprimée dans ces conditions; car, aujourd'hui 18 août, tous les ballons qui furent ensoleillés au moins deux heures, du 19 au 27 juillet, immédiatement après avoir été fécondés, sont encore stériles, malgré leur séjour dans une étuve sombre à température eugénésique. » Lorsque l'influence des rayons solaires s'est exercée moins de deux heures, la végétabilité est simplement suspendue. Aussi, tandis que des traces évidentes de végétation apparaissaient dans les matras non enso- leillés après huit à neuf heures d'exposition à l'étuve sombre, elles ne se montraient qu'après seize à dix-huit heures dans les matras ensoleillés, au milieu du jour, pendant une heure; après trente heures, dans les matras ensoleillés une heure et demie, et, après trois à quatre jours, dans les matras ensoleillés une heure trois quarts. » n. Si l'on se demande quels sont les rayons de la lumière solaire qui exercent une influence si remarquable sur les semis du Bacillus anlhracisAAns les milieux liquides, on arrive aisément à se convaincre que ce ne sont pas ( 5'3 ) les rayons dans lesquels résident au plus haut degré les propriétés calori- fiques ou actiniques. Que l'on place en avant des malras, qui reçoivent à l'étuve les radiations solaires, un flacon à faces parallèles, plein d'une solution qui n'admet que les rayons rouges ou les rayons actiniques du spectre, on verra les malras éclairés se troubler à peu près autant et aussi vite que les matras plongés dans l'obscurité. Seraient-ce les rayons lumi- neux du spectre? On serait tenté de le croire, par voie d'exclusion. Mais, si l'on entreprend une démonstration directe, on est bientôt désabusé. Nous avons transformé un laboratoire en étuve sombre; un faisceau de lumière solaire recueilli par l'héliostat était dirigé dans le laboratoire, sur l'arête d'un prisine, de façon à donner au delà un spectre allongé dans les cou- leurs duquel il était facile de suspendre des tubes Pasteur. Ceux-ci, fé- condés avec une semence identique, furent exposés séparément pendant quatre heures dans les sept teintes du spectre, de ii** du matin à 3'' du soir, la température du laboratoire étant à -f-32'^. Au bout de ce temps, ils furent tous transportés dans une étuve sombre chauffée à 4-35°. Le lendemain, tous les tubes offraient des indices de culture, tandis que le tube témoin exposé au Soleil pendant le même temps était absolument stérile. M Conséquemnient, il ne semble |)as que l'action suspensive ou destruc- tive de la végétabilité du Bacillus anthracis appartienne à quelques-uns seulement des rayons du spectre. Cette propriété est l'apanage de la lu- mière solaire complète, et, de plus, est en rapport avec son intensité. En effet, si les rayons solaires traversent une couche d'eau distillée de quel- ques centimètres d'épaisseur, la semence qui les reçoit s-e développe à peu près aussi bien que dans l'obscurité ou derrière un écran coloré rouge ou bleu. » III. Ces résultats corroborent, en les schématisant en quelque sorte, ceux que nous avons obtenus avec la lumière artificielle. Nous avions ob- servé que la lumière du gaz ralentissait la végétation du Bacillus anlhrach; pour rendre son action suspensive, il fallait ajouter à son influence celle d'une température dysgénésique. Ici la lumière du Soleil de juillet, seule, détruit en deux heures le pouvoir végétatif des spores du bacille char- bonneux, dans un milieu liquide. » Non seulement ces faits nous renseignent sur la puissance destructive du Soleil vis-à-vis des germes pathogènes, mais s'ajoutent encore à d'autres faits déjà connus pour démontrer que la spore n'est pas aussi résistante qu'on a pu le croire et que les tentatives d'atténuation des virus sous cet état sont parfaitement légitimes. » C. R., i885, 2» Semestre. (T. CI, N° 8.) 66 ( 5i4 ) THÉRAPEUTIQUE EXPÉRIMENTALE. — Action des anlisepliques sur les orga- nismes supérieurs. Iode, azotate d'argent. Quatrième Note de MM. Mairet, PiLATTE et CoMEEiMAi.E, présentée par M. Paul Bert. « Iode. — Nos expériences sur l'iode ont été ftiites par les mêmes pro- cédés et dans les mêmes conditions que pour les autres antiseptiques (' ). L'iode était dissous soit dans l'alcool, la glycérine et l'eau, soit dans l'iodure de potassium et l'eau. Dans les deux cas, les effets obtenus ont été absolument les mêmes; il n'y a pas eu de coagulations sanguines. La quan- tité totale d'iode injecté a varié entre i^', 92 et o^', 21, et, par rapport au kilogramme du poids de l'animal, entre oS',o3 et oS',1464. La dose limite de tolérance est de o^', o45 par kilogramme du poids de l'animal. Au-des- sus de ce chiffre, la mort survient au bout d'un temps plus ou moins long, pouvant aller de un à sept jours. Au-dessous de ce chiffre, l'animal ne meurt pas; mais, au-dessus de o*-', o3, la convalescence est longue, peut durer jusqu'à huit jours et plus, et l'on constate pendant ce temps l'exis- tence de frottements pleuraux, qui se localisent surtout à la base en arrière et le long de la gouttière vertébrale. » Les symptômes et les lésions que nous avons constatés peuvent se ré- sumer ainsi : » Pendant l'injection. — Cessation des plaintes, affaissement pouvant aller jusqu'à la résolution musculaire complète; intelligence et sensibilité conservées. Respiration généralement augmentée, toujours profonde, très difficile, l'animal emploie tous ses muscles pour respirer; pouls accéléré ; la température reste normale, ou s'abaisse d'autant plus que la dose d'iode injecté est moins toxique. » Après l'injection. — Dans les cas qui se terminent heureusement, l'af- faissement disparaît vite; dans les autres, l'affaissement persiste, et l'on peut constater de véritables paraplégies d( s membres inférieurs et supé- rieurs; parfois, cet affaissement disparaît après l'injection, pour réappa- raître quelques heures après, ou est remplacé, mais rarement, par un état tétanique. La respiration reste toujours très gênée, anxieuse, mêlée d'une toux quinteuse avec frottements pleuraux. Le pouls est un peu au-dessus de la normale; il en est de même de la température, qui peut dépasser celle-ci de 2° et plus; dans les cas heureux, l'élévation thermique persiste Comptes rendus, séances des 2, 22 juin et ao juillet i885. ( 5.5 ) deux ou trois jours et diminue ensuite progressivement; dans les cas graves, elle se maintient jusqu'à la mort ou s'abaisse, dans les derniers temps, au- dessous de la normale. La soif est intense, et des vomissements avec de la diarrhée peuvent se produire. » Les urines sont abondantes et renferment de l'iode. La dénutrition est considérable. » A l'aulopsie. — On constate, du côté de l'appareil pulmonaire, des adhérences pleurales multiples, des ecchymoses superficielles, de l'hépati- sation, et, dans les bronches, un licpiide séro-purulent; du côté du cœur, de la péricardite, due à la propagation de l'inflammation pleuro-jiulmo- naire, et quelques hémorrhagies lenticulaires sous-endocardiques; du côté du foie, un aspect marbré et même de petits abcès; du côté du tube di- gestif, une inflammation surtout inarquée au niveau du duodénum, du colon et sur certains points de l'intestin grêle; du côlé des reins, de petites hémorrhagies au-dessous de ta capsule et une teinte noirâtre, prin- cipalement à la périphérie; enfin, du côté du système nerveux, une conges- tion s'étendant du bulbe à la protubérance et à la base du cerveau, et, par- fois, une inflammation de la pie-niére en ces points. » Azotate d'argent. — L'azotate d'argent a été injecté dans les veines en solution aqueuse, à dose totale variant entre o^"", o36 et oS'', 074, et par kilo- gramme du poids de l'animal, entre o^', 002 et oi''',oo4. A la dose de cS'',oo2 par kilogramme du poids de l'animal, les troubles disparaissent après vingt-quatre ou quarante-huit heures d'affaissement et de gène de la respiration; à la dose de o«', 0028, la mort est constante et rapide. » Parmi les symptômes observés, nous noterons seulement : 1° la gêne considérable de la respiration, qui est saccadée, abdominale, et dont la fréquence devient extrême et peut atteindre 78 et 80 par minute; 2° le peu d'influence de l'azotate d'argent sur la température; 3° la chute du pouls à dose thérapeutique et la conservation de l'intelligence. » J l'autopsie, on trouve : 1° une congestion pulmonaire intense, avec marbrures d'un aspect spécial, mal limitées, à teintes décroissantes, renfer- mant une grande quantité de globules d'air, qui persillent le petit épanche- ment sanguin sous-pleurétique ou parenchymateux; un exsudât gélatineux interpleurétique accompagnait les lésions précédentes, dans un cas où l'animal avait reçu deux injections d'azotate d'argent, à quatre jours d'in- tervalle; 2° une congestion bronchique, avec hypersécrétion de mucus et de liquide sanguinolent et spumeux dans les bronches de tout calibre; 3° une légère endocardite du ventricule gauche; 4° de la congestion et de ( 5i6) l'inflammation du foie, du tube digestif et des reins; 5° une congestion assez intense des enveloppes et des diverses parties de l'encéphale. » M. A. Pio adresse, de Syra (Grèce), une Note sur les équations linéaires aux dérivées partielles. M. Sacc adresse, de Cocliabamba, une Note relative à un gisement d'a- lunite très riche, dans les Andes péruviennes. M. E. ViAHD adresse une Note sur les vins de vignes américaines. La séance est levée à 4 heures un quart. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQITE. Od-VRAGES REÇCS dans la séance du 3 AOUT l885. Porls maritimes de la Fiance; t. VI, 1" Partie : De La Bochelle à Maubert; texte et planches. Ministère des Travaux publics. Imprimerie nationale, i885;in-8. Mémorial de rjrtillerie de la Marine; texte, t. XIII, i™ livr. Ministère de la Marine et des Colonies. Paris, L. Baudoin et C'^, i885; in-8. Mémorial de rjrtillerie de la Marine; planches, i'* livr. Muiistère de la Marine et des Colonies. Paris, Lemorcier et C'*, i885; in-folio. Âide-Mémoire d^ Artillerie navale (annexe au Mémorial de l'Artillerie de la Marine); texte in-8, planches in-folio; i" livr., i885, chapitres III et IV. Ministère de la Marine et des Colonies. Paris, L. Baudoin et C", i885; in-8. Étude sur les torpilleurs; }iar J.-A. Normamd. Paris, Gauthier- Villars, i885; iii-4. Pierres entaillées des temps préhistoriques, période néolithique; par Frxncjs Pérot. Chalon-sur-Saône, L. Marceau, iF83; \n-l\. ( 5i7 ) Mémoires de ta Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg ; t. XXIV. Paris, J.-B. B;iillière et fils, i8i<4; in-8. Traité des résections et des opérations conservatrices qu'on peut protiquer dans le s/stème osseux; t. I, par L. Ollier. Paris, G. Masson, i885; in-8. (Pré- senté par M. Gosselin.) Sur quelques théorèmes qui peuvent conduire à la loi de réciprocité de Legendre; par M. A. Genocchi. Rome, imprimerie des Sciences mathématiques et physiques, i885; br. in-4. Sur un théorème de Goldbach. Lettre de M, Gustave Enestrom () D. D. Boncompagni. Rome, imprimerie des Sciences mathématiques et physiques, i885; br. in-4. Intorno alla Biblioteca matenialica del D' Gustavo Emstrôm, Rapporta di B. Boncompagni. Roma, tipngrafia délie Scienze matematiche e fisiche, i885 ; br. iii-4. Anales del Instituto y Observatorio de Marina de San-Fernando, pubticados de orden delà superioridad, por cl director don Cecilio Pujazon, capitan de navio. St'ccion 2 : Obseruaciones meteorologicns, <7«oi884. San-Fernando don José Maria Gay y Bru, i885; in-folio. Econoniia rurale. Effetti di sostanze diverse sulla produzione del fiumenlo coltivato nella sabbia lavala. Nota del M. E. prof. Gaetano Cantoni. Estratto àai Rendiconli del R. Istituto Lombardo. Milano, Bernardoni di G. Rebes- chini e G", i885; br. in-8, accompagnée d'une planche. Vorlrâge iiber Geschichte der technisthen Mechanik und der dnmil in Zn- sammenhang steheiidcn mathematischen Wissenscliaften. Zundchst fur tcclini- iche Lehranstallen besliminty von D'' M. Ruhlmann. i eipzig, i885; Baum- gàrtner's Buchhandlung; in-8. Transactions of tlte Glasgow archœological Society; new séries vol. 1 Part 1. Glasgow, James Maclehose and Sons, i885; in-8. Télégraphie détermination of longitudes in Mexico and central America and on thewest coast oj South America, i883-i884. Washington, Government printing office, i885; in-4. The american ephemeris and nautical almanac for the year 1888, published in compliance tvith a joint resolution oJ the Jorly-sixth Congress. Washington, Bureau of navigation, i885; in-4. Department of the Interior, census office. Compendium ofthe tenth census (l'une 1, 1880), compiled pmsuand ta an act qf Congress approved august 7, 1882; Part I, II. Washington, Government printing office, i883; 2 vol. in-8. ( 5i8 ) Department of Agriculture, cheminai division : ihe sugar industry oj llie Uni- ted States; by Harvey W. Wiley Washington, Government prinfing office, i885; in-8. Typlioid Fever and Low water in wells; by Henri B. Baker. M. D. Laii- sing, Mich.; Lansing, Mich., W. S. George îind C°, i885; in-8. Marginal kames', by H. Carvill Lewis (reprinted froin the Proceedinys of the Academy of natural Sciences of Pliiladelphia, jn^e 2, i885); br. in-8. OOVRAGES HEÇOS DANS Li SÉANCE DV 10 AOUT l885. Ministère de l'Agriculture. — Bulletin. Documents officiels. Slatislicjue. Rap- ports, etc.; 4* année, n" 4- Paris, loiprimerie nationale, i885. Du choléra pendant l' épidémie de 1884, dans l' arrondissement de Brignoles; par le D'" Marius Patritti. Paris, E. Dentu, i885; in-8. Formule thérapeutique du collodion; par le D'' Arsème Drouet. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1884; br. in-8. Memorie e letture scientifiche di D.-E. Djamilla-Muller : Astronomia. Magnelismo terrestre. Torino, Unione tipografico-editrice. Parigi, Gauthier- Villars, i885; in-4. (Présenté par M. Paye.) Transactions of the Connecticut Academy of Arts and Sciences; \o\. VI, Partir. New Haven, published by the Academy, i885; in-8. Rhinocerophis nasus Garm. Bolhrops ammodytoidesLeyh. Cuestiones sino- nimicas sobre una Vibora de la fauna argentina. — Quindecim Coleopter'a nova faunœ Reipublicœ Argentinœ; par Carlos Berg. Biienos-Aires, imprenta de Pablo e Coni, spécial para obras, i885; 2 br. in-8. [Anales de la Sociedad cientifica argentina.) Nova acta regiœ Societatis Scientiarum upsaliensis ; Seriei tertise, vol. XII, fasciculus posterior. Upsaliœ, excuditEd. Berling, reg. Acad. typographus, i885;in-4. Eiymologicum magnum Romaniœ. — Dictionarul limbei islorice sipoporane a Românilor , etc.,sub auspiciele Academiei romane, deB. Petriceicu-Hasdeu; fasciora I. Bucuresci, stabilimentul grafic Socec etTeciii, i8H5; iii-4. Ouvrages reçus dans i,a séance dd i^ août i885. Ministère du Commerce. — Statistique des décès cholériques occasionnés par r épidémie de 1884 en France et en Algérie. Paris, Imprimerie nationale, i885; br. in-8. ( 5i9) Tiavaux du Conseil d' hygiène publique et de salubrité du département de la Gironde, pendant l'année i884; t. XXVI. Bordeaux, A. de Lanetranque, i885; in-8. Pascal physicien et philosophe; par Nourrisson, Membre de l'Institut. Paris, Emile Perrin, i885; in- 12. Archivos do Museu nacional do Rio-de-Janeiro, vol. VI. Rio-de-Janeiro. Machado e G% i885; ii)-4. Memoirs of the geological Survey of India. — PaUeontologia indica. being figures and descriptions, etc. (séries diverses et variées), published by order of His Excellency the governor gênerai of India in council. Calcutta, geological Survey olfice, and hy ail booksellers, i884; G vol. in-folio. Geological Survey oflhe State oj New-York, — Palœontology,\o\.Y ,,Va.Y\. I : Lamellibrnnchiala,\, text and plates, etc. Albany, N.-Y. : Charles van Ben- thnysen and Sons, i884; in-4- Department of the Inlerior. — Munographs of llie United States geological Suivey, vol. VI. Washington, govcrnment printing office, i883; in-4. Observations météorologiques suédoises publiées par l'Académie royale des Sciences de Suède, elc, vol. XX, 1878; vol. XXI, 1879; 2 vol. in-4. Kongliga svenska vetenskaps-akademiens Handlingar ; ny toljd, adertonde bandet 1880, Nittonde bandet 1881; senare haftel et forra hiiftet. Stock- holm, 1881-1882-1884; 3 vol. in-4. On pourialesia a genusof Echinoidea; by S\en Lovén, wilh twenty one plates. Stockholm, kongl. boktryckeriet, P. A. Norsted etSoner; in-4. Nieuwe verluindelingen van het BaLaaJsch genootschap der proejondeivinde- lijke Wijsbegeerte te Rotterdam. Rotterdam, VV. J. van Hengel, i885; br. in-4. Magnetische und meleorologische Beobachtungen an der K. K. Slernvoartezu Prag im Jahre i884; von Professor D"^ L. Weinek; ^5. Jahrgang. Prag, R. R. Hofbuchdruckerei A. Haase; br. in-4. The bitter cry of Outcast, invenlors; by Thomas Waghorn. London, the strand puLlishing Company, i885; br. in-8. The Proceedings of the Linnean Society of new south ivales; vol. IX, Part the third, november 1884, et part the fourth, niarch i885. Sydney, F. Cun- ningham and C°; 2 vol. in-8. ( 520 Ouvrages reçus dans la séance du 2^ août i885. Éludes sttatigrapliiques el j)aléontolocjiques pour servir à l'histoire de In période teitiaire dans te bassin du Rhône; par F. Fontannes. Lyon, H. Georg; Paris, F. Savy, i885; in-8°. (Préseiilé par M. Hébert.) Bulletin de ta Sociéié des Sciences historiques el naluielles de l'Yonne; année i885. Auxerre, Secrétariat de la Société, i885; in-8°. Etude sur les équations algébriques numériques^ etc. , et Mémoire sur les figures isographiques, etc.; par E. de Jokquières. Rome, Imprimerie des Sciences mathématiques et physiques, i8S5; 2 hr. in-4". Aperçu géologique sur le terrain déi^onien du grand-duché de Luxembourg . Note sur le taunusien dans le bassin du Luxembourg , etc.; parM..3. Gosselet (Extrait des Annales de la Société géologiifue du Nord). i885 ; 2 hr. in-8. Bydragen toi de dierkunde uitgegeven door hel genootschap natura artis magistra le Amsterdam;i2,^ n(lit\ering. Amslerdam, T. J. vanHolkema, i885 ; fa se. in-4". Ofversigt af Kongl, Velenskaps akademiensfôrhandlingar. Fyrtiondeandra Srqangen. Stockhohn, Rongl. Boktryckeriet. P. A. Norstedt et Soiier, i885. ElLibertadorde la America delSur. London,Ranken and C°, i88'5; in-8°. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 51 AOUT 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY, aiÈ^IOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTROJNOMlli. — Sur la nature cyctonique des taches du Soleil. Réponse à une objection de M. Taccliini ; par M. Faye. « Dans le dernier numéro des Memon'e dei spetlioscopisli italiani, M. Tac- chini cite, comme une objection à ma théorie, le fait que le beau groupe de taches de juin, visible à l'œil nu, n'a présenté la forme cyclonique dans aucune de ses parties. La persistance avec laquelle le savant Direc- teur de l'observatoire du Collège romain reproduit cette objection plusieurs fois réfutée m'oblige à revenir sur un sujet que je croyais épuisé. » Ce que M.Tacchini appelle forme cyclonique, c'est la disposition spi- raloïde que prennent parfois les nuages filamenteux de la pénombre. Ces spires sont centrées régulièrement sur la tache elle-même, lorsque celle-ci a une figure normale, c'est-à-dire circulaire; autrement, je veux dire si la tache est en train de se segmenter, ces spires s'enroulent autour de quelques noyaux noirs destinés à former bientôt des taches indépendantes. M. Tac- chini admet que ces taches-là sont bien tourbillonnaires; mais, quand il cesse d'y voir cet;e structure spiraloïde de la pénombre, il pense que la tache a changé de nature et cessé d'être un tourbillon. C'est contondre C. H., itS5, -2' Semestre. (T. Cl, K» 9.) ^'7 ( 522 ) deux choses bien distinctes : l'enveloppe extéiieure, la gaine du tourbillon qui sur le Soleil constitue la pénombre parfaitement visible, et le tour- billon lui-même formé de gaz animés d'une gyration violente, mais par- faitement invisible. Il y a longtemps que ces discussions seraient closes si mes savants adversaires, astronomes ou météorologistes, avaient suivi l'exemple de M. Hirn -, avant de prendre la parole sur ces questions avec l'autorité qui lui appartient, notre éminent Correspondant a voulu les étu- dier lui-même en quelques points accessibles à l'expérience, M En procédant ainsi, en se familiarisant une bonne fois avec les phé- nomènes tourbillonnaires, M. Tacchiui verrait que ce n'est pas seulement sur un accident des taches solaires que j'ai conclu à leur identité avec nos tourbillons, mais en me fondant sur la coïncidence parfaite de tous les caractères permanents des taches avec tous les caractères constants de nos tourbillons. » Un tourbillon est un phénomène purement mécanique qui peut se pro- duire dans les liquides, les vapeurs ou les gaz, et qui n'est pas du tout par- ticulier au globe terrestre. Il s'en produit fréquemment sur notre globe, dans nos cours d'eau et dans notre atmosphère; ils jouent un rôle au' moins aussi important que les taches sur le Soleil. Il est même facile de les faire naître artificiellement et de les étudier à loisir. Il y en a de deux sortes : i° les tourbillons fixes; 2° les tourbillons qui marchent. » Les premiers ont été étudiés par différents expérimenta leurs. Je citerai en particulier les belles et faciles expériences d'un auteur bien connu, M. Xavier de Maistre; on en trouvera la description dans la collection de la Bibliothèque universelle de Genève; puis celles que M. Hirn a décrites dans son Etude sur une classe de tourbillons (Gauthier-Villars; 1878). » Quant aux tourbillons qui marchent, comme ceux de nos cours d'eau ('), M. Tacchini peut consulter quelque ingénieur qui .se sera occupé du régime des fleuves ou des rivières; il n'en manque pas de très habiles en Italie. Il consultera surtout avec fruit les travaux de Venturi, un maître en fait d'Hydraulique au dernier siècle. » J'ai aussi signalé, dans les Comptes rendus, une brochure très instruc- tive de notre Confrère, feu M. Belgrand, l'ancien Directeur du service des (') II se produit aussi, dans les cours d'eau, à la rencontre de certains obstacles, des tourbillons à peu près fixes. Ils ne suivent pas le Cl de l'eau, parce que, au delà de l'obstacle, ils ne trouveraient plus les différences de vitesse nécessaires pour les alimenter, niais ils se reproduisent continuellement à la même place, à peu près, derrière l'obstacle. ( 523 ) eaux de la Ville de Paris, et deux Notes intéressantes du général Morin. Enfin, bien que l'Analyse mathématique ne soit pas encore en état de traiter com[)lélement ces phénomènes, on a pourtant démontré certains théorèmes sur la figure extérieure des tourbillons persistants et sur la ioi des vitesses à l'intérieur (en raison inverse du carré de la distance à l'axe), ce qui empêche de confondre les tourbillons, produits au sein d'une masse d'eau indéfinie, avec la figure d'une masse d'eau contenue dans un vase qu'on fait tourner autour d'un axe vertical. Dans ce dernier cas, en effet, la sur- face libre de l'eau prend une figure parabolique, au lieu de se disposer en entonnoir ou en trompe d'éléphant, et les vitesses suivent une tout autre loi. » Par quelques expériences faciles, il sera aisé de reconnaître aux tour- billons les caractères suivants et de les comparer à ceux des taches solaires: » i" Vus d'en haut, leur ouverture est circulaire. » 2° Leur embouchure très évasée a la figure d'un entonnoir, placé verticalement. » 3" Vus en élévation, leurs contours, quand ils apparaissent à l'oeil ('), sont ceux d'une suiface de révolution dont la courbe méridienne tourne sa concavité vers le bas et dont l'axe est vertical. » 4° La gyration augmente de rapidité à mesure que les spires se res- serrent. Très lente sur les bords de l'embouchure, elle devient excessive à la pointe où se transuiet et s'accumule toute la force vive emmagasinée dans le réservoir supérieur. » 5° Les tourbillons terrestres sont de toutes les dimensions imaginables, depuis quelques centimètres de diamètre jusqu'à des centaines ou des mil- liers ou des centaines de milliers de mètres. )> 6° Ils sont descendants. L'extrémité inférieure du tourbillon descend d'autant plus dans la masse fluide en repos que la force vive emmagasinée en haut, dans l'embouchure, est plus considérable. La pointe inférieiu-e remonte, le tourbillon se raccourcit verticalement quand cette force vive diminue. » 'j" Un tourbillon peut entraîner en bas, jusqu'à sa pointe, des corps dix, cent, mille fois plus légers que le iluide où il se forme. » 8" S'il rencontre un obstacle solide ou des couches trop denses, il épuise sur cet obstacle, en exécutant un travail géométriquement défini, (M On les rtnd bien visibles, même pour les amliteiirs d'un cours, en projetant un peu (le sciia'c de bois à la surface du liquide. { 524 ) la force vive emmagasinée en haut. Tl abandonne, a ii contact de cet ob- stacle, les fluides ou les corps légers qu'il a entraînés en bas. » 9° Ces fluides ou ces corps légers remontent alors tumultueusement ou par bulles, autour du tourbillon, en vertu de leur légèreté spécifique, en sorte qu'un tourbillon persistant devient l'organe d'une circulation ver- ticale régulière et de haut en bas à l'intérieur, diffuse et de bas en haut à l'extérieur. « lo'' Si les fluides entraînés de haut en bas ont une température infé- rieure à celle du milieu, le tourbillon produit en lui et autour de lui, sur tout son trajet, un abaissement de température plus ou moins sen- sible. )) A ces caractères, bien faciles à vérifier par l'expérience directe, il faut en joindre d'autres particuliers aux tourbillons qui marchent, c'est-à-dire qui se produisent spontanément dans des courants fluides, aux dépens des inégalités de vitesse des filets parallèles de ces coin-ants, et qui en suivent le fil avec la vitesse moyenne et toujours léduite de ces mêmes courants. Ici il faut recourir, non plus à l'expérience, mais à l'observation. J'ai cité les observateurs : Venturi, Belgrand, le général Morin. C'est sur- tout en temps de débâcle qu'il est facile de voir ces tourbillons fonctionner, engloutir les glaçons jusqu'à une certaine profondeur, et les laisser un peu plus loin remonter à la surface. Ces tourbillons descendent souvent jus- qu'au fond, jusqu'au lit du fleuve qu'ils affouillent. Ils ont d'ailleurs tous les caractères des tourbillons fixes. C'est surtout dans l'atmosphère qu'on les voit fonctionner à grande échelle, avec une incroyable puissance, sous la forme de trombes et de tornados. Alors ils se revêtent d'une gaine nébu- leuse due au refroidissement qu'ils produisent autourd'eux dans les couches d'air basses et humides où ils pénètrent en descendant, et cette gaine de condensation extérieure les rend visibles à tous les yeux. On y reconnaît la forme cylindro-conique que nous venons d'observer dans les tourbillons fixes. Et, ce qui répond justement à l'objection de M. Tacchini, celte gaine nébuleuse extérieure participe si peu d'ordinaire à la violente gyra- tion interne, que le spectateur n'a pas la sensation d'un tournoiement, et que les météorologistes ont pu nier longtemps la gyration interne, surtout dans les trombes de mer. » 1 1° Mais le caractère le plus frappant de ces tourbillons aériens, c'est leur tendance à s'étendre et à grandir lorsque les différences de vitesse des courants supérieurs où ils prennent naissance s'accentuent. Alors ils se segmentent en tourbillons partiels, qui naissent dans le même entonnoir. ( 525 C'est ainsi qu'on voit fréquemment deux, trois, quatre, dix, quinze trombes, et plus, pendre rlu même nuage et finir par se séparer totalement, à moins que, par une variation survenue dans le courant supérieur, ces trombes partielles finissent, au contraire, par se réunir en une seule, dans laquelle se concentrent toutes les gyrations partielles. Supposez un observateur placé non pins en bas, mais en haut, au-dessus du courant où se produit le tourbillon, il verra l'embouchure primitive, avec un seul orifice obscur répondant au tube cylindro-conique descendant de l'entonnoir, se subdi- viser sous mille formes diverses et présenter finalement autant de trous obscurs qu'il y aura eu de segmentations. Et, dans le cas de la réunion de plusieurs tourbillons en un seul, il assistera au phénomène inverse à travers une série de déformations passagères plus ou moins compliquées. » Si, de ces phénomènes terrestres, nous passons à ceux que nous pré- sente le Soleil, nous retrouverons dans les taches du Soleil les caractères que nous venons d'énnmérer. » Voici les caractères des taches solaires : » 1° Les taches, à l'état normal, ont une figure circulaire, comme les tourbillons. » 2° La pénombre a la figure d'un entonnoir largement évasé, comme les tourbillons. » 3° Le noyau d'ombre présente un trou circulaire encore plus noir, d'un diamètre encore plus petit. Même rétrécissement dans les tourbillons. )) 4" Ces diverses circonférences sont concentriques, lorsqu'on les voit vers le centre du disque solaire, ce qui prouve la verticalité de l'axe de figure, comme cela a lieu dans les tourbillons. » 5° Comme les tourbillons, elles affectent toutes les dimensions imagi- nables, depuis l'imperceptible pore, jusqu'aux taches à l'intérieur desquelles le globe terrestre se mouvrait à l'aise. » 6° L'hydrogène relativement froid de la chromosphère y est entraîné jusqu'à une certaine profondeur, de même que l'air est entraîné dans les tourbillons aqueux : il y descend, car le noyau des lâches est noir. S'il s'a- gissait d'un mouvement ascendant, d'une éruption d'hydrogène, le noyau des taches serait plus lumineux que la photosphère. » 7" L'hydrogène a beau être comprimé en descendant par le canal des taches à de grandes profondeurs, il reste bien plus léger que les couches de vapeurs métalliques qu'il traverse. Il doit donc s'échapper par le bas et remonter tumultueusement auiour de la tache avec luie grande vitesse. Il ( 526 ) en est de même de l'air entraîné dans nos tourbillons. C'est cet hydrogène que nous voyons jaillir en effet autour des taches et des pores, subissant ainsi, par ce mécanisme facile à réaliser dans nos expériences terrestres, une circulation continuelle de haut en bas, avec un retour de bas en haut. C'est ainsi que la chromosphère, cette mince couche d'hydrogène dont le Soleil est entouré, ne s'épuise ni ne s'augmente jamais. » 8° Comme nos tourbillons, les taches commencent par de simples pores qui s'élargissent rapidement; quand elles ont atteint certaines dimen- sions, elles se décomposent, elles se segmentent en deux, trois, quatre, dix, quinze, etc. taches partielles, d'abord assez confuses, mais qui par- viennent à se compléter, à se former un noyau noir et une pénombre régulière, suivant isolément, indépendamment les unes des autres, le fil du courant où est née la tache mère. » 9° Les nuages brillants de la photosphère sont dus à des courants ascendants de vapeurs métalliques qui viennent se condenser à la stirface, parce qu'ils y rencontrent un abaissement de température convenable, dii au rayonnement vers l'espace. De mèm.e l'hydrogène froid entraîné en bas dans l'entonnoir des taches, produisant tout autour de l'entonnoir, jusqu'à une cestaine dislance, dans l'intérieur même du Soleil, ini abais- sement de température, cet abaissement détermine, sur les parois incli- nées de l'embouchure, la condensation des vapeurs mélalliques ascen- dantes, bien au-dessous du niveau ordinaire. De là les nuages non pas floconneux, mais étirés, de la pénombre, nuages moins brillants dans leur ensemble que ceux de la photosphère, parce qu'ils sont vus à travers une épaisseur considérable de gaz refroidis. » Cette gaine nuageuse, qui dessine à nos yeux l'entonnoir d'une tache, ne participe pas d'ordinaire à la rotation violente de l'intérieur. Mais, si la tache vient à s'élargir rapidement, il se peut que cette gaine nuageuse soit attaquée par le tourbillonnement interne. Alors on voit les filaments qui la composent se disposer momentanément en spires concentriques autour du noyau, jusqu'à ce que la pénombre, en se reformant peu à peu, plus oin de l'axe, reprenne sa figure ordinaire. » Ainsi l'identité mécanique est com[)lète. Ce n'est donc pas seulement parce que l'on voit, parfois, une disposition spiraloïde dans les filaments de la [dénombre que l'on conclut à la nature cyclonique des taches : c'est parce que tous les caractères de nos tourbillons se retrouvent dans les tacites du Soleil. Le manque de cette disposition particulière dans la pénombre de ( 527 ) telle ou telle tache ne prouve absolument rien contre ma théorie; celle-ci explique, au contraire, comment cette disposition peut se produire et comment il se fait qu'elle manque le plus souvent. » Mais cette théorie resterait incomplète, si je n'avais montré que la cause absolument nécessaire à la production des tourbillons en marche, c'est-à-dire l'existence de courants horizontaux possédant, dans le sens transversal, des inégalités persistantes de vitesse, se retrouve sur le Soleil à l'échelle la plus grande, par suita du mode exceptionnel de rotation de celle niasse énorme. » Que l'Académie me permette de signaler, à cette occasion, une lacune regrettable dans les Cours ou les Traités de Mécanique et de Physique. Il serait à désirer qu'on y consacrât une leçon ou un chapitre aux mouve- ments tourbillonnnires, qui jouent un si grand rôle dans la nature, et qui sont généralement si peu connus. » MÉDECINE. — Note concernant l'expérience de M. Bochefontaine sur l'origine du choléra; par M. Tkécdl. « Je suis bien surpris que l'on ne se préoccupe pas d'une expérience du plus haut intérêt exécutée par M. Bochefontaine, directeur des travaisx du laboratoire de notre confrère M. Richet. » M. Bochefontaine a pris une certaine quantité de déjections de cholé- rique, qui contenaient le fameux microbe en virgule; il en fit un bol et l'avala. Il n'eut pas le choléra. Cette expérience tend à monlrt^r que le bacille de M. Roch n'est pas aussi terrible que beaucoup de savants méde- cins le croient. )) Il est bien désirable que cette expérience soit renouvelée devant une Commission de l'Académie des Sciences, de l'Académie de Médecine ou du Conseil d'hygiène. Des discussions interminables seraient par là évitées, et il faudrait chercher ailleurs la cause du choléra. w J'apprends, à la fin de la séance, que l'on a voulu ridiculiser l'acte de M. Bochefontaine. C'est un grand tort; car il a fallu beaucoup de courage pour affronter un aussi grand danger que celui qui est attribué à l'absor- ption des matières en question. Il y a là un grand acte de dévouement à la Science et au bien de l'humanité. C'est réellement une action d'éclat, qui mérite une récompense. De tels actes doivent être encouragés. » ( 528 ) MEMOIRES PRESENTES. VITICULTURE. — Sur le rùle des bacilles^ dans les ravages attribues au Phylloxéra vastatrix. Note de M. Ldiz de Andraoe Corvo. (Commissaires : MM. Duchartre, Chatin, Van Tieghem, Marey.) « J'avais déjà constaté que des vignes, entièrement débarrassées du Phylloxéra , continuaient à dépérir et que des ceps entièrement sains semblaient, au bout d'un certain temps, atteints de la même maladie que leurs voisins. J'ai cru devoir donner le nom de tuberculose à cette maladie, produite en dehors de l'action de l'insecte; d'autre part, j'ai élevé des Phylloxéras à l'abri de tout contact possible avec des plants malades, j'ai poussé l'isolement méthodique jusqu'à la troisième et qua- trième génération et j'ai constaté que mes élèves avaient perdu la faculté d'inoculer la maladie des vignes, dites phylloxérées. » J'ai conclu de mes premières expériences qu'en cherchant unique- ment à détruire le Phylloxéra, on n'apporterait pas aux viticulteurs le remède qu'ils réclament. J'ai pensé qu'il fallait, tout en faisant disparaître les insectes, attaquer directement la maladie. J'ai donc étudié, aussi scrupuleusement que possible, les ravages causés par la tuberculose sur des plants phylloxérés, en même temps que je mettais en observation d'autres plants, auxquels j'avais inoculé la maladie en introduisant, à l'aide d'un canif, un peu du liquide jaune et huileux qu'on trouve en abon- dance dans les tissus altérés des vignes malades. » Les phénomènes morbides ont été exactement les mêmes de part et d'autre : j'ai donc été autorisé à conclure, d'après ce seul fait et aussi par l'ensemble des faits mentionnés dans ma première Communication, que la tuberculose était la mnladie réelle des vignes dites phylloxérées et que le Phylloxéra n'avait joué que le rôle important, mais secondaire, de propagateur de la tuberculose, par inoculation opérée à l'extrémité des radicelles. » J'ai observé attentivement aussi des vignes contaminées par hérédité, des boutures, des greffes ou des semis provenant de plants tuberculoses. J'ai constaté que, toutes les fois, la tuberculose se propageait identique- ment. En conséquence, je considère comme définitivement acquis : i° que la maladie des vignes attribuée au Phylloxéra est une maladie parf.iitement ( 529 distincte de l'insecte; 2" qu'elle est constitutionnelle et héréditaire, et qu'elle peut aussi être Iransuiise par contagion du terrain contaminé aux radicelles du cep. M J'ai porté mes recherches sur le virus de la tuberculose et sur ses effets sur les différents tissus de la vigne : j'ai trouvé que ce virus ne pouvait être autre que le liquide jaune, réfringent et huileux, qui co- lore les éléments constituant les tubercules et qui semble déteindre sur l'insecte lui-même, à mesure qu'il vieillit. Ce virus, se développant aux dépens des éléments de la plante, obstruant successivement tous les conduits séveux, devait avoir pour origine, non pas un insecte comme le Phylloxéra visible à l'œil nu, mais un de ces organismes inférieurs, dont M. Pasteur a si admirablement décrit le rôle dans la nature. C'est en m'inspirant de ses théories que j'ai recherché, avec persévérance, l'agent provocateur de la transformation des tissus et des sucs séveux du cep. » J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que cet agent de transforma- tion me paraît être un bacille, de forme presque sphérique, doué de mou- vements d'agitation assez rapides et facilement observables avec un puis- sant microscope. » Le moyen que j'ai employé, pour obtenir les bacilles de la tuberculose de la vigne, consiste à dissoudre, dans un matras contenant de l'eau dis- tillée, une certaine quantité de sève de vigne, additionnée d'un peu de virus de la tuberculose; on abandonne le tout, bien bouché, pendant quelque temps; après deux ou trois jours, le liquide perd sa transparence et prend en même temps une couleur jaunâtre. Dès lors, une immense quantité de petits organismes mobiles apparaissent dans le liquide, et aussi dans l'intérieur des cellules qui peuvent s'y trouver mêlées. Si l'on plonge dans ce liquide un sarment fendu, dont les tissus internes soient bien sains et dont la moelle soit bien blanche, le bout immergé prend premièrement la couleur jaune pâle, puis jaune vif, ensuite jaune d'or et finaleîiient jaune brun foncé. Ces changements successifs de couleur se retrouvent d'ailleurs dans les phases de la tuberculose : ils en sont, comme je l'ai déjà dit plus haut, le principal caractère distinctif. On peut aussi couper, avec un scalpel, une très mince tranche des tissus jaunâtres et altérés, et la placer sous le microscope, entre deux verres minces, avec une goutte d'eau bien pure : les bacilles apparaissent presque immédiatement. » L'expérience est facile à répéter et présente un très vif iutéiél : on assiste à la reproduction du bacille, et l'on voit de très petites gouttes, qui contiennent un certain nombre de bacilles, prendre des mouvements ra- C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, IN» 9.) "" ( 53o ) pides; ces mouvements semblent produits par l'éiuigration des bacilles, qui abandonnent successivement les gouttelettes de virus, en suspension dans l'eau sans s'y mêler. Parfais les bacilles se groupent par deux, et quel- quefois aussi en chaîne ou chapelet. » Je ne saurais, pour le moment, préciser les détails de la vie de ces ba- cilles. Je constate seulement que lenrs dimensions sont si petites, que j'en ai trouvé jusque dans le corps de Phylloxéras recueillis sur des plantes tuberculosées; leur vitalité est telle, que j'en ai trouvé aussi dans les tissus renflés des radicelles, à la suite des piqûres de l'insecte contaminé, bien que ces radicelles aient été immergées près de deux mois dans l'alcool à 42°, et simplement lavées à l'eau pure avant l'examen au microscope. )) En résumé, j'ai constaté la présence du même bacille : » i" Dans les éléments infiltrés par le liquide jaunâtre que j'appelle le virus de la tuberculose de la vigne; » 2° Dans tous les tissus internes altérés des ceps non phylloxérés, mais atteints de tuberculose; » 3" Dans tous les tissus altérés à la suite d'inoculation ; » 4° Dans le corps des Phylloxéras élevés ou nourris sur des vignes at- teintes de tuberculose; » 5" Dans les tissus des radicelles renflées à la suite d'une piqiire de Phylloxéra contaminé. » J'ajoute que jamais je n'ai retrouvé ce bacille, en opérant avec des tissus non altérés par la tuberculose. » M. J. Maistre adresse une Note relative au traitement des vignes phyl- loxérées par l'arrosage. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra. ) M. Cii.-V. Zenger adresse une Note concernant « Les perturbations ma- gnétiques et les aurores boréales, comparées avec l'activité solaire et les héliophotographies, en 1882 ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée. ) M. Sacc adresse, de Cochabamba, une « Étude sur le Coton en arbre de Bolivie, Gossypium nigrum ». (Renvoi à la Section de Botanique.) ( 53i ) M. F. Angla, m. Ochix, m. de Kottwitz-Kautzki, m. A. RancixV, M. A. Allemand adressent diverses Conimunications relatives au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) CORRESPONDANCE. M. le Seciiétaire perpétcel donne lecture de la Lettre suivante, adressée par M. MiUag-Leffler: « Sa Majesté Oscar II, désireuse de donner une nouvelle preuve de l'intérêt qu'elle porte à l'avancement des Sciences mathématiques, intérêt qu'elle a déjà témoigné, en encoura- geant la publication du journal Acla Matliemalica, qui se trouve sous son auguste jirotec- tion, a résolu de décerner le 21 janvier i88c), soixantième anniversaire de sa naissance, un prix à une découverte importante dans le domaine de l'Analyse mathématique supérieure. Ce prix consistera en une médaille, du dix-huitième module, portant l'efligie de Sa Ma- jesté et ayant une valeur en or de mille francs, ainsi qu'en une somme de deux mille cinq cents kronor en or (i krona = i franc ^o centimes environ). » Sa Majesté a daigné confier le soin de réaliser ses intentions à une Commission de trois membres : SI. Cari Weierstrass, à Berlin; M. Charles Hermite, à Paris; et le rédacteur en chef de ce Journal, M. Costa IMitlag-Leffler, à Stockholm. Le travail des commissaires a été l'objet d'un rapport dont Sa Majesté a pris connaissance, et voici leurs conclusions aux- quelles elle a donné son approbation : » Prenant en considération les questions qui, à divers titres, préoccupent également les analystes et dont la solution serait du plus grand intérêt pour les progrès de la Science, la Commission propose respectueusement à Sa Majesté d'accorder le prix au meilleur Mémoire sur l'un des sujets suivants: » 1. Étant donné un système d'un nombre quelconque de points matériels qui s'attirent mutuellement suivant la loi de Newton, on propose, sous la supposition (pi'un choc de deux points n'ait jamais lieu, de représenter les coordonnées de chaque point sous forme de séries procédant suivant quehjues fonctions connues du temps et qui convergent uni- formément pour toute valeur réelle de la variable. » Ce problème, dont la solution étendra considérablement nos connaissances par rapport au système du monde, paraît pouvoir être résolu à l'aide des moyens analytiques que nous avons actuellement à notre disposition; on peut le supposer du moins, car Lejeune- Dirichlet a communiqué, peu de temps avant sa mort, à un géomètre de ses amis, qu'il avait découvert une méthode pour l'intégration des é> CHIMIE. — Octaèdres à base carrée de soufre, dont la base est physiquement un rhombe. Note de M. Ch. Brame. « En condensant sur une lame de verre la vapeur de petites gouttes de soufre fondu, écartées les unes des autres, on obtient un dépôt de vési- cules, sans trace de cristaux. A la température ordinaire, on voit appa- raître d'abord, parmi les vésicules, des cristaux incomplets, mais ayant une tendance à former des octaèdres à base carrée; puis, au bout de quelques jours d'insolation, on distingue de beaux octaèdres à base carrée, isolés ou encyclides. » Le mécanisme de la formation de ces octaèdres est le suivant : entre- croisement des deux seuls axes égaux empruntables aux rhomboctaèdres, de manière que le carré mathématique de la base est physiquement un rhombe. Le côté du carré de ces octaèdres ne paraît jias dépasser o"'",i; ces octa- ( 534 ) èiJres peuvent se combiner entre eux ou avec des rhomboctaèdres, et donner ainsi des figures variées; de plus, ils peuvent se transformer en rhomboctaèdres. » Les tables carrées cylogénées, engendrées par des vésicules ou des iitricules de soufre, sont, comme la base de l'octaèdre à base carrée ma- thématique, de véritables rhombes physiques. » TOXICOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur certains points de l'action physiologique (lu Tanguin. Note de M. Ch.-E. Qcinqcacd, présentée par M. Bouley. « Le Tanguin de Madagascar, ou poison d'épreuve des Malgaches, porte primitivement son action sur le système nerveux central, il diminue les mouvements volontaires des Batraciens; ce sont des phénomènes d'exci- tation qui préludent chez le chien : nausées, vomissements, diarrhée, parfois ténesine rectal. Le caractère fondamental est l'augmentation de la Téflecti- ii/it)+ NaO(i'q = 4'i'),à 17° +12,90) » +2'=NaO » 4- ^,63 1 +aoC^',62. -f- 3°NaO . H- 0,09 ) M L'acide protocatéchique se comporte donc, en solution étendue, à la fois comme un acide monobasique, comparable aux acides acétique et salicylique, et comme un phénol monoatomique. C'est en effet ce qui doit arriver, en raison de sa relation connue avec la pyrocatéchine, phénol appar- tenant à la série ortho et fonctionnant vis-à-vis des bases comme mono- atomique, d'après les mesures thermiques. » Ce double caractère intervient également dans l'action exercée par l'oxygène sur les solutions des sels de cet acide. En présence d'un seul équivalent de base, la solution se teinte à peine à l'air, du moins dans les premiers moments; en présence de 2. équivalents, elle jaunit, mais sans ab- sorber une dose sensible d'oxygène dans l'espace de quelques minutes. Ce ( 544 ) n'est que quand la dose relative d'alcali augmente, que l'absorption de l'oxygène commence à devenir plus active, » Les résultats sont analogues avec l'acide galliqne, k cela près que ce corps absorbe l'oxygène plus rapidement. Mais il y a également une diffé- rence progressive très marquée sous ce rapport, à mesure que l'on opère en présence de i, 2, 3, 4 équivalents de base, ou davantage. » L'influenced'unexcèsd'alcalisurcesoxydationsadéjàétéreconnue par M. Chevreul, il y a soixante ans, et notée depuis par divers observateurs. La Thermochimie permet d'en donner aujourd'hui l'explication. En effet, j'ai fait observer qu'une même réaction, toutes choses égales d'ailleurs, s'opère d'ordinaire d'autant mieux et à plus basse température qu'elle ré- pond à un dégagement de chaleur plus notable, c'est-à-dire que le système initial renferme une plus forte dose d'énergie disponible. Or c'est là ce qui arrive lorsqu'une oxydation a lieu en présence d'un alcali capable de s'unir à mesure avec l'acide formé, tn donnant lieu à un dégagement de chaleur additionnel. Ce dégagement lui-même, dans le cas de l'acide protocatt- chique et de l'acide gallique, est le moindre possible en présence d'un seul équivalent de base; attendu que le système a perdu déjà une dose d'énergie correspondant à la chaleur normale de neutralisation. » En présence du second équivalent de base, il subsiste dans le système neutralisé une dose d'énergie plus forte, la chaleur qui répond à la neu- tralisation phénolique étant moindre; par suite, l'oxydation devient plus active. Mais, lorsque toutes les fonctions, acide et phénolique, sont neutra- lisées, l'oxydation acquiert le maximum de son intensité, sous l'influence d'un excès d'alcali. » J'ai trouvé pour la chaleur de dissolution de l'acide prolocatéchique liydraté dans l'eau C'*H'^0%H-0-=:i72S'-[3,5'',i5 dansSoo"], à i6%8... — f^\3y, M IV. Acides trioxtbenzoiques. — Un seul de ces nombreux isomères, Vacille gallique, a pu être étudié jusqu'ici. J'ai trouvé C'»H«0"(ri=4o'")+ NaO(i^i=4'"),ài7» » 4-2"'NaO » » +3» Na O 4-4'NaO . + 5" Na O Cal + l3,I7. -+- K0(-^q = 4'i') . Cal . -f-i3,i7 + 7,25 + 2"= K.0 ■ -+- 7.07 H- 6,04 + 3= ICO . 4- 6,23 H- 2,65 + 4" KO + 3,01 + 1 ,01 -t- 5' ICO -t- 0,52 30,07 -t-3o,oo ( 545 ) I) On voit (jue la potasse et la soude agissent sensiblement de même, comme il arrive d'ordinaire dans les neutralisations. 0 D'après ces nombres, l'acide gallique se comporte à la fois comme un acide monobasique et comme un phénol diatomique; l'action se prolon- geant même sensiblement au delà, sans doute à cause d'une compensa- lion entre l'action décomposante de l'eau sur les phénates bibasiques et l'influence d'un excès d'alcali. Les faits de cet ordre sont communs dans l'état des phénols polyatomiques et ils s'observent spécialement avec le pyrogallol. Le pyrogallol, d'ailleurs, se comporte comme un phénol dia- tomique, de même que l'acide gallique, dont il dérive : ce caractère est en i-apport exact avec la constitution de ces deux corps, formés l'un et l'autre en vertu de deux substitutions contiguës dans la molécule benzénique gé- nératrice. » J';ii trouvé pour la chaleur de dissolution de l'acide gallique hydraté dans l'eau C'*FI'''0'», H^O-(i88='') [2'%35 dans 5oo"], à 17» — ^'"'".oH » V, DÉRIVÉS PAR ADDITION. — Acide quinique G''H'^0'^= iQa''"'. — Chaleur de dissolution : (9S>-,6 dans 4oof^'' d'eau). Pour C'^H'^O'^^ ig?.?--, à ,-,0^3 _ 3«^i,o45 Chaleur de neutralisation : C'*H'=0»*(i«i=i6'") -+-R0(ri=2"'), à 17», 5 +i3c^',4 (;;UHl!0i°-(i^q= 8'")+ ANaO(l'1=:2;'"), à 17° -(-6C=",54 ) _j_j3cai^3 -t-2iNaO » +6c»',69 ) » L'action est proportionnelle à la dose d'alcali. » Un deuxième et un troisième équivalent d'alcali n'ont pas donné lieu à des phénomènes thermiques notables. On voit que l'acide quinique ne possède pas la fonction phénolique. Quant à la fonction alcoolique, elle n'est pas manifeste dans des liqueurs si étendues. » Acide camphorique. — C^^H'^O^ = 200S'. Cal 4-a''NaO " +12,70 | -+- 26C"',74 + 3'=NaO • + 0,47 ) » C'est donc un acide bibasique, sans fonction phénolique. Le premier équivalent d'alcali dégage un peu plus de chaleur que le second. » L'ensemble des expériences que je viens d'exposer complète les ( 546) études déjà faites sur les phénols polyatouiiques et sur les acides oxyben- zoiques; il confirme les relations générales et les distinctions que j'ai pré- cédemment établies entre la fonction phénolique des trois séries de dé- rivés isomères de la série aromatique, d'après la mesure de leurs chaleurs de neutralisation et de substitution bromée. C'est là un nouvel ordre de recherches, susceptible de longs et féconds développements. » CHIRURGIE. — Études sur le mode d'action du sous-nitrate de bismuth dans le pansement des plaies; par MM. Gosselin et Héret. « I. Les chirurgiens qui ont employé le sous-nitrate de bismuth pour les pansements ont signalé comme effet de ce médicament la diminution de l'écoulement sanguin post-opératoire, d'où cette conclusion, formulée par M. Kocher (de Berne) ('), qu'il n'est pas nécessaire, si l'on emploie le bis- muth, de mettre des drains, le liquide ne s'amassant pas derrière la suture en quantité assez grande pour empêcher l'agglutination entre elles des surfaces profondes de la plaie. Ce serait aller trop loin cependant que de prononcer, au moins pour l'homme, le mot de dessiccation, car il s'agit d'une diminution et non d'une suppression de l'écoulement sanguin, et cette diminution varie suivant les sujets. Très notable et immédiate chez les uns, elle est moins prononcée chez les autres, et souvent ne se prononce qu'un certain nombre d'heures après l'opération. C'est au moins ce qui résulte des renseignements cliniques que nous avons pu recueillir sur ce sujet. » Si nous nous en rapportions à ce que nous avons vu dans nos expé- riences, nous pourrions croire que la diminution immédiate est la règle. Nous avons fait à des cobayes et à des lapins des amputations et des plaies artificielles, que nous avons pansées avec le sous-nitrate de bismuth, soit en poudre, soit en arrosement. Or, nous avons noté dans la plupart de Cjes opérations C) l'absence d'écoulement sanguin par les intervalles des points de suture et l'absence d'épanchement appréciable derrière cette suture. Sur près de la moitié des animaux (i i sur 25), nous avons eu une réunion (') Revue de Chirurgie de Paris j i883; p. goS. (-) Nos expériences ont été faites à la Faculté de Médecine de Paris, dans le laboratoire de pharmacologie, dont M. Héret est préparateur, avec les bons conseils de M. le professeur Regnauld et de son chef de laboratoire, M. Villejeau, à chacun desquels nous adressons ici nos sincères remerciements. ( 547 ) immédiate absolue; sur huit autres, la guérison s'est faite en huit ou dix jours après un peu de suppuration partielle, soit à la surface, soit profon- dément sur le trajet d'un ou de deux fils. Sur les six derniers, il y a eu désunion de la plaie et suppuration abondante, ce que nous avons attribué, pour quatre des cas, soit à une mauvaise disposition individuelle, soit à l'absence d'un pansement protecteur que ces animaux ne supportent pas, et pour les deux autres à l'emploi d'un mélange à ~ que nous avions filtré, et, par suite, dépouillé d'une trop grande quantité de bismuth. » Mais, dans aucun cas, nous n'avons observé, ni le premier, ni le se- cond jour, la sortie ou l'accumulaUon rélro-suturale du sang, que nous avons notée au contraire dans des pansements comparatifs faits sur quatre autres animaux, soit avec la poudre de silice ou d'amidon, soit avec l'acide nitrique à ^. » Vhjdrate de bismuth, employé comparativement sur sept animaux, nous a donné trois fois une réunion immédiate absolue, une fois la gué- rison rapide après un peu de suppuration partielle, et trois fois une sup- puration abondante ; mais sur aucun des sujets nous n'avons vu le sang sortir ou s'amasser le jour de l'opération, ni les jours suivants. » II. Il nous a paru curieux de rechercher comment le sous-nitrate de bismuth amenait ce résultat. INous avons tout d'abord pensé à une action coagulante; mais s'il possède cette action, ce n'est certainement pas au même degré et de la même façon que l'acide phénique ou l'alcool, lesquels sont coagulants par eux-mêmes et sans décomposition préalable de leur substance. En effet, si nous mettons un peu de sous-nitrate de bismuth en poudre dans un verre de montre contenant de la sérosité d'hydrocèle ou de la solution de blanc d'oeuf, nous ne voyons pas autre chose que la chute du sel au fond du vase, mais rien qui ressemble à un précipité albumi- neux. Si nous laissons tomber une goutte d'un mélange d'eau et de sous- nitrate de bismuth à -^, nous ne voyons encore que la précipitation du sel au fond du verre de montre. C'est à peine si, après avoir filtré un mélange à Y^, de manière à le rendre presque transparent, nous avons vu se pro- duire un petit nuage grisâtre qui pouvait être considéré comme de l'albu- mine coagulée. Mais était-ce le sel dans son intégrité qui donnait ce résultat, et ne fallait-il pas l'expliquer par une condition spéciale? » Nous touchons ici un point délicat qui a été effleuré, mais n'a pas été approfondi par les pathologistes. M. le professeur Regnauld, en étudiant les effets produits par le sous-nitrate de bismuth dans l'intestin, a bien vu que l'hydrogène sulfuré s'y emparait de l'oxyde de bismuth et mettait en ( 548 ) liberté l'acide nitrique; mais, en dehors de l'action décomposante de l'hy- drogène sulfuré, le sous-nitrate de bismuth, pour peu qu'il soit mélangé avec de l'eau, laisse encore dégager de l'acide. C'est un fait qui est admis par les chimistes, et dont ne paraissent pas douter les médecins, et notam- ment MM. Béchamp ('), Fonssagrives (°) et H. Gintrac (') qui, dans ces derniers temps, ont écrit sur l'action thérapeutique de ce mystérieux mé- dicament. Il est vrai que si les uns et les autres ont énoncé le fait, ils ne nous ont pas dit comment ils le démontraient; sans doute c'est parce que la chose leur a paru trop simple; mais nous, qui nous nous adressons plus spécialement aux chirurgiens, nous croyons devoir leur donner cette dé- monstration pour ne laisser aucun doute dans leurs esprits. » D'abord M. Regnauld nous a fait voir, et nous avons plusieurs fois répété avec lui cette petite expérience, que, si l'on met sur un papier bleu de tournesol bien sec un peu de sous-nitrate de bismuth , le papier ne rougit pas, mais si on laisse tomber avec une baguette de verre la moindre goutte d'eau, on voit bientôt la coloration rouge se produire. X Ensuite nous avons essayé, avec le même papier de tournesol bleu, les mélanges aqueux à y^ et à j^ dont nous nous sommes servis dans nos pansements par arrosement; toujours nous avons trouvé ces mélanges acides, tandis que les mélanges d'eau et d'hydrate de bismuth restaient neutres. » En6n, toutes les fois que nous avons fait, pour étudier l'action ger- micide, des bouillies avec le sous-nitrate de bismuth et le sang ou le bouillon de bœuf, et que nous avons placé sur ces mélanges le papier de tournesol, nous l'avons vu rougir. I) Tous ces résultats ne peuvent pas s'expliquer autrement que par le dégagement de l'acide nitrique; d'où il résulte que le sous-nitrate de bis- tnulh, sans être coagulant par lui-même, le devient par l'acide nitrique qui l'abandonne, et nous pouvons admettre que, mis en contact avec des sur- faces traumatiques, toujours humides, il laisse dégager son acide sur ces surfaces et par conséquent sur l'embouchure des capillaires qui y sont ouverts. Sans doute, le dégagement doit être peu abondant , car nous avons calculé que i^"' de sel dans loo^' d'eau distillée cède à peine o^'', o63 d'acide, et il n'est pas probable que cette quantité-là se sépare à la surface d'une (') Montpellier mcdical , 1860, t. IV. ( ^) Article « Bismuth >■ du Dict. encyclop. des Sciences médicales. (^) Article « Bismuth « du Dtct. de Médecine et de Chirurgie pratiques. ( 5/,9 ) pliiie; mais, si faillie que soit la quantité, ne suffit-elle pus, puisque l'acide nitrique est par lui-même très coagulant, pour coaguler le sang à l'entrée d'un certain nombre de capillaires et les oblitérer; d'où une explication de l'hémostase plus ou moins imparfaite, qui suit l'application du sous- nitrate de bismuth sur les plaies. » Mais, comme nous ne pouvons pas démontrer de visu celte coagula- tion, la présence de l'acide nitrique naissant nous permet de hasarder une autre explication. Plus abondant, il brillerait; en si faible quantité, n'est- il pas astringent et ne peut-il pas resserrer les capillaires au point de les fermer et d'empêcher la sortie du sang? Nous aurions ainsi deux explica- tions de l'hémostase : l'action coagulante et l'action astringente de l'acide mis en liberté. » Et il y a place encore pour une troisième. L'hydrate de bismuth, qui n'est pas coagulant, parait diminuer aussi l'écoulement sanguin post-opé- raloire; ne serait-ce pas parce que cet oxyde est lui-même astringent et sus- ceptible de resserrer les capillaires dans une certaine mesure? Auquel cas raction hémostatique complémentaire du sous-nitrate de bismuth serait due, lout à la fois, et à l'acide nitrique et à l'oxyde de bismuth combiné avec lui. » III. Aclion aiilijihlogistique. — En deliors de son action hémostatique, le sous-nitrate de bismuth a, comme les autres antiseptiques, la propriété de modérer l'état inflammatoire et de donner aux plaies la frigidité. A quoi cela est-il dû? Et d'abord le sous-nitrate de bismuth est-il germicide? Certainement il ne l'est pas à distance, puisqu'd n'est pas volatil; et comme, d'autre part, il est insoluble, on ne peut espérer qu'il détruirait tous les germes d'iui liquide dans lequel on le plongerait. C't^st en vain qu'après avoir préparé du bouillon de bœuf, suivant les indications du D"' Miquel, nous en avons mélangé loo^'' avec lo^'', i Ss'', 20^'' et Zo^' de sous- nitrate de bismuth; nous avons trouvé ce bouillon rempli de niicrococci, de vibrions aniielés et filamenteux, dès le deuxième et le troisième jour. Le sel s'était déposé au fond du vase, et, par conséquent, n'était pas resté dans un rapport assez étroit avec le liquide pour y détruire tous les germes de la putréfaction, s'il avait le pouvoir de le faire. Même expérience et même résultat avec le sang. » Mais nous avons réussi à empêcher la putréfaction, et, nous le croyons, à démontrer le pouvoir germicide par un autre procédé, qui a consisté à faire des bouillies modérément consistantes, en mélangeant, au moyen d'une spatule, le sel, soit avec du bouillon, soit avec du sang. Nous met- C. R., iS85, 2° Semestre. (T. CI, K» 10.) 7^ ( 55o ) lions ainsi les deux substances dans un contact permanent ; seulement il fallait empêcher la dessiccation, qui eût été prompte, si les bouillies étaient restées simplement à l'air ; pour cela, nous avons placé les petites cupules contenant nos mélanges (qui étaient gros comme des noix) dans une capsule plus grande, ;iu fond de laquelle nous avions mis de l'eau, et nous avons recouvert le tout d'une cloche en verre, que nous enlevions tous les jours. La dessiccation a été empêchée par l'évaporation incessante de l'eau, et nos bouillies ont conservé assez de mollesse pour que nous ayons pu en faire un examen quotidien au microscope. Or, tandis que le bouillon et le sang témoins, de même que d'autres mélanges faits avec les poudres de silice et de talc, nous ont offert des micrococci et des bactéries mobiles le troisième et le quatrième jour, les bouillies bismuthées n'ont eu aucune altération jusqu'au vingtième jour, époque à laquelle nous avons cessé les explorations. » Donc le sons-nitrate de bismuth est germicide au contact, et comme, dans nos pansements, nous le mettons en rapport intime avec la surface traumalique, il doit empêcher le développement des germes qui pourraient avoir été déposés à l'avance, ou être amenés plus tard sur la plaie. Or, celle-ci ne devenant pas putride, c'est déjà une raison pour que l'in- flammation ne se développe pas, ou, si elle se développe, ne prenne pas un mauvais caractère; mais cette raison ne suffit pas à elle seule pour expliquer l'absence de suppuration et la réunion immédiate. Elle n'ex- plique pas non plus cet autre effet remarqué du sous-nitrate de bismuth, de diminuer la sécrétion séreuse et séro-sanguinolente consécutive. Sans aucun doute cette diminution est liée étroitement au peu d'intensité des phénomènes inflammatoires. Mais pourquoi est-elle plus prononcéequ'avec l'acide phénique et l'alcool ? Probablement par suite d'une modification physiologique, que nous avons admise déjà pour les autres antiseptiques et à laquelle nous sommes amenés par voie indirecte. » Les médecins qui ont parlé des effets du sous-nitrate de bismuth dans les gastralgies et les maladies de l'intestin n'ont pas hésité à les attribuer à une action sédative spéciale et toute locale sur les nerfs des organes dou- loureux; ne nous est-il pas permis d'admettre une action sédative analogue sur les nerfs des plaies, et de croire que le sous-nitrate de bismuth, et aussi l'hydrate, nsodifient ces nerfs d'une façon mystérieuse en vertu de laquelle la douleur s'atténue, les sécrétions consécutives s'amoindrissent, et les phénomènes inflammatoires se modèrent? » Nous aurions donc, comme explication complexe des phénomènes ( 55i ) consécutifs à l'emploi du sous-nitrate de bismuth, une action coagulante due à l'acide azotique naissant, une action astringente due tout à la fois à cet acide et à l'oxyde de bismuth, une action germicide et une action sédative toute spéciale dues à l'ensemble du composé salin. » IV. Quoique notre travail soit surtout physiologique, nous avons inci- demment soulevé quelques questions pratiques sur lesquelles nous de- mandons à dire un mot. » 1° Peut-on indifféremment choisir, pour les pansements, l'hydrate ou le sous-nitrate de bismuth? Nous ne conseillons pas le premier, parce qu'il n'a guère été employé chez l'homme, et qu'il n'apporte pas aux plaies l'action coagulante et constrictive que donne au sous-nitrate le dégagement de son acide. » 2" Vaut-il mieux employer le sel en poudre, comme le fait M. Marc Sée, ou préférer l'arrosement adopté par M. Rocher? En poudre, il a l'a- vantage de donner plus sûrement tous ses effets; mais il a l'inconvénient de ne pas se résorber et de rester, à l'état de corps étranger, intimement combiné avec les tissus. 11 est vrai que, dans aucune des dissections plus ou moins tardives que nous avons faites sur nos animaux, nous n'avons trouvé de suppuration concomitante, et nous ne connaissons pas de fait dans lequel cela ait eu lieu chez l'iiomme. Somme toute, le choix est à peu près indifférent, à la condition, si l'on emploie l'arrosement, de le faire très abondant et avec un mélange à ^ plutôt qu'à jj^. M 3" Doit-on compléter les sutures, c'est-à-dire fermer la plaie le joui même de l'opération ou remettre au lendemain (suture secondaire de M. Kocher)? Tout dépend, selon nous, delà quantité de sang qui coule encore après l'opération. Si le sujet est de ceux chez lesquels, après l'ap- plication du sel, cette quantité est assez grande pour qu'on puisse craindre une accumulation derrière la suture, il vaut mieux placer les fils, mais ajourner la suture au lendemain, en recouvrant la plaie d'une mousseline imbibée du mélange d'eau et de bismuth à ~ avec un pansement com- pressif par-dessus. Si au contraire le sujet est de ceux chez lesquels l'hémo- stase est suffisante, on doit compléter la suture le jour même, quelques minutes ou quelques heures après l'opération. En un mot, nous ne voyons pas aujourd'hui d'autre règle à poser que celle-ci : fermer la plaie aussitôt qu'elle saigne assez peu pour qu'on puisse, en toute sécurité, se [tasser du drainage. » ( 552 ) CHIMIE. — 5«r In fluorescence des terres rares. T^ote de M. Lecoq de Boisbaudran. (( J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie de nouvelles observations sur la fluorescence des terres rares. w Depuis l'envoi de sa dernière Note, M. Grookes a examiné quelques-uns de mes produits et, a fait des expériences qu'il veut bien me laisser le soin de rapporter ici, usant en cela d'une courtoisie dont je suis d'autant plus touché que nos conclusions respectives différent sur plusieurs points. » Je commencerai par compléter, ou expliquer, certains passages de mon pli cacheté, ouvert dans la séance du 8 juin dernier. Observntions sur ma Communication du S juin i885. » 1° Il aété imprimé (p. i437, lig- i4) qu^ j'avais observé le spectre de fluorescence avec ])lusieurs de mes, préparateurs ; c'est : avec |)lusieurs de mes piéparations qu'il faut lire. Presque tous les échantillons de terres du groupe de l'yttria que j'ai examinés m'ont en effet donné cette fluorescence plus ou moins marquée. » 2" Quand je n'avais encore obtenu que des fluorescences assez peu brillantes, je pou- vais craindre qu'à la rigueur le calcium ne fût pour quelque chose dans la production de la bande rouge gif; il n'en est rien : cette bande est bien due à la terre. !. 3° La bande io4 ^ m'avait paru être, relativement à la bande ii5i, un peu plus faible dans les sulfates potassiques les moins solubles. Ceci s'est vérifié depuis. La bande io5 gagne sur 1 15 à mesure qu'on se rapproche de la tête des fractionnements par Az H'. » 4° J'ai conlirraé ma première opinion que les bandes to5, Il5, etc., ne sont pas ducs à : Di, Er, Ya, La, Tu, Yb, Yt, Ce, Se, Th, Zr. » 5= Ni Za, ni Zj3 ne peuvent être considérées comme identiques avec le nouveau (') dé- cipium (annoncé par M. Del.ifontaine); ce dernier corps devant, d'après les propriétés que lui assigne l'auteur, se trouver du côté de l'Ya et du .Sin {voir la Note de M. Dela- fonlaine, Comptes rendus, ]m\\el l88i, p. 64)- » 6° La fluorescence des terres se voit sans renverser les pôles (c'est-à- dire en laissant le liquide négatif), mais elle est alors moins belle et surtout masquée par des spectres d'un tout autre ordre. Pour obtenir une brillante fluorescence, il est bon que la solution chlor- hydrique soit très acide, pas sirupeuse et non échauffée par un passage prolongé du cou- rant induit. Examen des terres de M. Cioohes. I. Terre A. — Contient beaucoup de Di et de Sm, avec une proportion fort notable de Ya, ainsi qu'une très petite quantité de Yt, Ho et Er. (') Uancien décipium a été reconnu par M. Dclafontaine coniuie étant constitué par un mélange de nouveau décipium, de samarium, etc. ( 553 ) » Terre B. — Contient principalement de l'yttria, avec seulement un peu de Di, Er et Ho. >. Terre C. — Contient beaucoup d'yltria (mais moins que j5), des quantités assez nota- bles de Er et Ho et très faibles de Sm, Y« et Di. Cette terre est d'un jaune-orangé assez foncé. » Par mon procédé de renversement, on a : » Avec A, un S|)ectre de fluorescence assez bien marqué, comprenant (en outre des bandes qui nous intéressent plus spécialement) la bande orangée du Sm. i> Avec B, la fluorescence est beaucoup plus faible que pour A. La bande du Sin est absente. » Avec C, la fluorescence est encore très supérieure à celle de A. Pas de bande du Sm appréciable. » En résumé, ]a fluorescence des solutions chlorhydriques, par renver- sement, est d'autant plus belle que la matière se rapproche davantage des terres du genre terbine. L'échantillon le plus riche en yttria est celui de moindre fluortscence. » y4 Cétnl de sul/ales solides et dans te vide, ces mêmes terres ont donné à M. Crookes les résultats suivants : ^ » Le mélange de A et d'un peu de chaux fournit assez brillamment le spectre que M. Crookes a montré être caractéristique des matières conienant à la fois Sm, Yt (' ) et Ca. » B produit un très beau spectre de Yt ('), tel que M. Crookes l'a déjà décrit. « C permet encore d'obtenir les bandes citron et verte, mais beaucoup moins intenses qu'avec A et surtout qu'avec B. » En réstnné, la fluorescence des sulfates solides est d'autant plus in- tense qu'on opère stn- une matière plus pauvre en terres du genre terbine. Le fait saillant qui ressort de ces observations, c'est que les effets obtenus par les deux méthodes sont inverses. Examen de mes terres. » Terre A. — Contient de l'yttria qui en constitue la presque totalité; il y a, en outre, des traces faibles de Ho et très faibles de Er et Di . Cette terre est blanche, avec une pointe de jaune bien moins prononcée que dans la terre B de M. Crookes. » Terre B. — Contient beaucoiqi de Er et Ho. L'erbine est encore plus abondante que l'holraine. Il y a aussi une quantité assez sensible de Tu, un peu de Yt, ainsi que des traces de Yb. M. Crookes aduieltnnt ici que les bandes io4 fj;, i i5 j-, etc., appartiennent à ryttria. ( 554 ) u Par mon procédé de renversement, on a : » Avec A, une très faible fluorescence. I,a bande verte est seule franchement visible. » Avec B, la fluorescence est très notable, avec prédominance marquée de la bande io5. » En résumé, la fluorescence des solutions est beaucoup plus belle pour la matière qui contient le moins d'yttria. » ^ l'état de sulfates solides et dans le vide, ces mêmes terres ont donné à M. Crookes les résultats suivants : » A produit une très belle fluorescence (spectre de Yt de 5î. Crookes]. » Le sulfate simple de B ne laisse voir que des traces de fluorescence, mais le sulfate du mélange de B et de CaO développe une fluorescence très marquée, bien qu'inférieure à celle de A . La bande citron est la plus intense : elle ne porte cependant pus la forte raie à bords nets de la bande citron de A. ') En résumé, la fluorescence, brillante avec la matière très riche en Yt, est presque nulle avec l'autre, tout en se dévelop|jant très notablement chez cette dernière par l'addition de CaO. Encore ici, les deu.x méthodes fournissent des résultats inverses. » Mes terres A et B ont été, en outre, examinées (sous forme de divers sels solides, avec ou sans chaux ) par M. Becquerel, qui les a exposées à l'action d'une puissante lumière violette. Dans ces conditions, il s'est produit une fluorescence paraissant être semblable à celle obtenue dans les tubes Crookes. L'analogie des deux phénomènes se retrouve dans ce fait que la terre A (la plus riche en Yt) a fourni à M. Becquerel la plus belle fluorescence. » La lumière d'une forte étincelle d'induction, condensée, éclatant entre deux conducteurs de platine, près, mais non au contact d'une solution chlorhydrique des terres rares, provoque la fluorescence, bien qu'avec un peu moins d'intensité que lorsqu'on fait jaillir l'étincelle (non condensée) sur le liquide lui-même. Cette expérience m'a été suggérée par M. Becquerel. » Voici, enfin, une curieuse observation, qui a été récemment faite par M. Crookes. Ce savant, ayant mêlé mes terres A et B par portions égales, a reconnu que la fluorescence du sulfate mixte est presque nulle dans le vide. La fluorescence, naguère si belle, de A est ainsi détruite par la présence de B. Le mélange se coiiîporte à peu près comme B. Il y a cependant cette différence intéressante que l'addition de chaux produit avec le sulfate mixte une fluorescence plus faible que celle qu'on obtient avec B + CaO. Ainsi, non seulement B, faiblement fluorescent, éteint A, mais A 4- CaO, si bril- lant par lui-même, diminue la fluorescence de B + CaO, tout en perdant ( 555 ) la sienne propre. Il y a là un effet d'extinction mutuelle, analogue à ce que M. Crookes a signalé pour les mélanges de samarine et d'yttria. » En présence de la vive fluorescence des sulfates de ma terre A et de la terre B de M. Crookes, ainsi que de la faible réaction obtenue, dans les mêmes conditions, au moyen des terres du genre terbine, lesquelles don- nent, au contraire, de beaux spectres par renversement, on est naturel- lement conduit à faire quelques hypothèses pour tâcher d'expliquer les singulières anomalies que je viens de décrire. Ces hypoîlièses, qui sont au fond de simples questions nécessairement posées par le résultat même des expériences, revêtent des formes différentes suivant que l'on considère l'yttria comme la cause première de la fluorescence, ainsi que l'a fait M. Crookes, ou qu'on attribue celle-ci à d'autres substances, suivant l'opi- nion que j'ai émise. L'éminent chisniste anglais a bien voulu me commu- niquer les réflexions que lui ont suggérées ses dernières observations et les arguments (jui lui paraissent pouvoir être proposés en faveur de la fluores- cence de l'yttria; arguments qu'il entend très expressément ne présenter qu'avec la plus grande réserve et que j'aurais d'ailleurs exposés de mon propre mouvement, tant ils sont indiqués par les faits observés, sauf à développer ensuite les raisons contraires qui me font penser que l'yttria n'est pas la cause efficiente de la fluorescence. Les limites restreintes de la présente Note ne me permettent pas d'aborder aujourd'hui cette discus- sion, qui sera, si l'Académie le permet, le sujet d'une autre Communication. » M. Lecoq de Boisbavoran annonce, pour prendre date, qu'il a obtenu de l'yttria ne donnant plus qu'une très faible fluorescence dans les tubes Crookes. MÉMOIRES LUS. PATHOLOGIE. — Les aneslhésies apparentes et tes sensations retardées dans les Tiévroses. Note de M. V. Revillout. « C'est une question des plus délicates que celle des anesthésies dans les névroses. Rappelons d'abord comment se présentent les phénomènes. » Chez une Lystéro-épileptique, par exemple, il est presque de règle qu'on trouve une moitié du corps insensible, non seulement à l'attouche- ment, au contact des corps chauds ou froids, mais à la piqûre et à toutes les impressions courtes qui pourraient ailleurs éveiller luie sensation vive. ( 556 ) On dit alors qu'il y a hémi-anesthésie : et, jusqu'à présent, on supposait qu'il existait de ce côté une paralysie réelle et complète de la faculté sen- sitive sous toutes ses formes. Aussi semblait-il extraordinaire de voir sou- vent la seîisibilité se ranimer en quelques instants dans les régions où on la croyait si bien éteinte (sauf à disparaître, en certain cas, simultanément dans les régions correspondantes de l'autre côté du corps, phénomène du transfert'), et cela sous les influences les plus diverses : l'application d'un aimant, ou d'un métal (métatlothérapie), ou d'un bois [xylothcrapie], ou d'un corps vibrant, ou d'un papier coloré; un rayon de lumière; un souffle; moins encore : comme l'avait fort bien indiqué M. Bernheim et comme je l'ai constaté moi-même des centaines de fois dans les hôpitaux, la sugges- tion simple, c'est-à-dire une action morale s'exerçant, en dehors de toute hypnotisation proprement dite, sur des individus pleinement éveillés et conscients, parla conviction qu'on leur impose que la chose doit se passer ainsi. Ce n'est pas seulement, d'ailleurs, dans les névroses, mais aussi dans des affections où il s'est produit un grand trouble dans les fonctions du système nerveux, consécutivement, par exemple, à une apoplexie céré- brale, qu'on rencontre des zones d'insensibilité du même genre, justiciables des mêmes procédés. Notons que, dans ces derniers cas, généralement, l'anesthésie, une fois su|>priniée par l'application d'un aimant, par la suggestion ou toute autre cause analogue, ne se reproduira plus, comme elle le fait souvent chez les hystériques, où tout est d'une mobilité, d'une variabilité extrême. Chez les hémiplégiques par cause cérébrale, le réveil des sensations, une fois provoqué, est habituellement définitif, comme le rétablissement spontané des fonctions après certaines lésions nerveuses. » Un malade de M. Tillaux, qui avait eu le neif médian coupé et dont j'ai longuement raconté l'histoire dans la Gazette des hôpitaux, est devenu l'occasion de mes recherches récentes sur les anesthésies réelles et appa- rentes, sur les divers degrés de celles-ci, recherches dont je viens com- muniquer à l'Académie quelques résultats de nature à diuunuer l'étonne- ment causé par les faits ra[ipelés ci-dessus. )) Chez un très grand nombre d'hystériques et d'hystéro-épileptiques, des deux sexes, étudiés par moi dans les divers hôpitaux de Pans, j'ai con- staté qu'il n'y avait pas en réalité une paralysie proprement dite de la sensi- bilité, mais une sorte d'obtusion se traduisant par un retard plus ou moins notable, après lequel la sensation, quand elle se prolonge, pénètre jusqu'au sensoriiitn commune. Dans mes expériences j'ai eu recours au pincement énergique, soutenu et même progressivement accru, plutôt qu'aux piqûres. ( 5.57 ) Avec l'aiguille, il est très difficile de toucher juste le même point, lorsque l'on cherche à prolonger la ca\ise de sensation par la répétition rapide des piqûres sur un même filet nerveux, et à mesurer l'infervaile après lequel cette sensation se fera jour jusqu'au moi conscient. Il suffit d'un relard de cinq ou six secondes dans les sensations provoquées par tme impression continue, pour qn'nprès avoir enfoncé une aiguille à travers les chairs (où nne fois qu'elle a pénétré elle ne cause plus de dotileur, même chez les personnes les plus sensibles), on soit condtnt à supposer une anes- tFiésie absolue. Mais souvent aussi, chez d'autres malades classés dans les mêmes catégories, il faut prolonger le pincement cinq, dix, quinze mi- nutes, ou même davantage, pour qu'une sensation consciente entre en jeu. » Dans le premier cas, c'est-à-dire toutes les fois que le retard n'est que de quelques secondes, on peut éveiller également une sensation retardée par une impression brusque, il est vrai, mais agissant sur une siu'face étendue. Si l'on trace obliquement une longue ligne sur la peau avec l'ongle, pressant fortement et la rayant, pour ainsi dire, on n'est pas senti pour le moment; mais, après un retard proportionnel à celui qu'on avait trouvé par le pincement, la sensation est accusée, comme se montrant seulement alors. Bien que ces malades soient regardés généralement comme anesthé- siques d'après les résultats fournis par les piqûres, il y a bien peu de diffé- rence entre eux et d'autres neuropathiques qui perçoivent encore la dou- leur causée par l'épingle, mais après un court intervalle. )) On peut donc dire que l'échelle est complète au point de vue des re- tards de la sensibilité chez les malades alfeclés de névroses. Chez quelques- uns, ce sont ces retards très légers que Cruveilher avait observés et décrits dans l'ataxie locomotrice : toutes les sensations sont perçues, mais un peu de temps après avoir été causées; chez d'autres, des retards plus longs, qui exigent une impression plus étendue, au moins en surface, pour la mise en jeu du centre conscient; chez d'autres, des retards plus longs encore : la continuité de l'impression devient nécessaire; autrement elle passe inaperçue, comme elle peut le faire chez un homme préoccupé par une passion violente ou une grande tension d'esprit. Souvent même, dans ces conditions, la sensation, une fois provoquée, n'apparaît pas telle qu'elle devrait être. Le malade qu'on pince commence par accuser l'impression que lui produirait un contact superficiel, le passage d'une mouclip.ou une pression simple, ou même l'éveil d'ime sensation de température, de chnnd ou de froid. Dans les cas les |)lus accentués que j'aie rencontrés et où le C. R.. i88,î, a' St-mescre. (T. CI, IN- iO.) 7^' ( 558 ) retard se prolongeait jusqu'à une demi-Iieure et plus, il arrivait aussi que des sensations autres se manifestaient dans la même région, sans que le malade, qui auparavant n'y sentait absolument rien, rapportât d'al)ord ce qu'il éprouvant an point précis où l'excitation était appliquée. » L'espace me manque pour le3 détails relatifs aux formes diverses de sensation, aux degrés divers de retard qu'elles éprouvent, etc.; mais je tiendrais à dire quelques mois d'une observation qui écarte l'objection pos- sible tirée de l'idée d'une simple action morale, d'une suggestion réveillant une sensibilité réellement éteinte. Une hystéro-épileptique, du service de M. Ferrand, qui avait paru hémi-aneslhésique à gauche, dormait profoiidé- ment quand je me mis à pincer son bras gauche pendant hors du lit. Après avoir, pendant plusieurs minutes, continué à dormir sans y rien sentir, elle se réveilla subitement en jetant un petit cri et portant vivement la main vers le point que je pinçais. » MEMOIRES PRESENTES. M. A. Lf.fébure adresse, de Privas, une addition à son précédent Mé- moire sur le dernier théorème de Fermât. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. C. Decharme adresse, par l'entremise de M. Berlhelot, uue seconde rédaction de sa Note portant pour titre : « Nouvelles analogies entre les an- neaux électrochimiques et les anneaux hydrodynamiques obtenus dans des conditions particulières ou anormales ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. J. Chamar adresse un complément à son précédent Mémoire sur ini « propulseur pneumatique des aérostats ». (Renvoi à la Commission des aérostats. ) CORRESPONDANCE. M. Mouchez fait hommage à l'Académie des « Observations de 1881 » et du tome XVIII des « Annales de l'Observatoire (Mémoires) ». ( 55;) ) M. BocHEFONTAiNE aiinoiice que, après avoir piis connaissance de la Note insérée par M. Trécul, au sujet de son expérience sur l'ingestion sto- macale de déjections alvines du choléra, « il sera heureux de se mettre à la disposition de l'Académie pour continuer devant elle ces expériences, et entreprendre toutes celles qu'elle jugerait convenables ». (Renvoi à la Section de Médecine et Chirurgie. ) M. Faye adresse à M. le Secrétaire perpétuel la Lettre suivante, annon- çant la découverte d'une étoile nouvelle dans la nébuleuse d'Andromède, par M. Lajoie : « La Haye, 3 septembre iS85. » Voici une dépêche qui m'a été envoyée le 3i août à Paris, et qui m'est parvenue en Hollande après quelque relard. Elle est d'un M. P. Lajoye, de Reims, et annonce la découverte d'une singulière transforma- tion qui est survenue dans la nébuleuse d'Andromède. Il y avait, au centre de cette nébuleuse, une condensation de lumière assez marquée. Il paraît qu'actuellement il s'y est formé une étoile de 7*^ grandeur. Cette" observa- tion importante a été faite antérieureiiient, le 3o août, à Poulkowa, en Russie. Il est bon cependant de réserver à M. Lajoye le mérite de l'avoir faite de son côté. » Sans doute cette découverte aura déjà été annoncée à l'Observatoire de Paris et à ceux de province. On aura pu analyser au spectroscope la lu- mière de cette étoile et y reconnaître peut-être de curieuses particularités. » Je vous adresse à tout hasard et bien tard, à mon grand regret, ce télégramme; vous jugerez s'il y a lieu d'en faire part à l'Académie dans sa prochaine séance. » ASTliONOMIlî. — Sur lei. cliangeinenls récents survenus dans la nébuleuse d' An- dromède. Note de M. G. Bigouedan, communiquée par M. Mouchez. « Divers observateurs, entre autres M. Harlwig, ont signalé de grands changements survenus depuis {)eu dans la nébuleuse d'Andromède. Jus- qu'à ces derniers temps, cette nébuleuse avait un noyau comparable à une étoile de 10^-11* grandeur (Scliônfeld). A peu près à la place de ce petit noyau, se trouve maintenant une belle étoile de 7* grandeur, mais il est important de noter que cette belle étoile n'occupe pas exactement la place du noyau même de la nébuleuse. ( 56o ) » En ctt'el, le noyau de la nébuleuse s'aperçoit encore : il est situé à très peu près sur le parallèle de la belle étoile et passe i% 2 après. Toutefois, comme il est assez difficile à apercevoir, cela pourrait ne point suffire pour montrer que c'est bien là le noyau ancien de la nébuleuse : les me- sures suivantes ne laissent subsister aucun doute à cet égard. » Il existe en avant du centre de la nébuleuse une étoile de 1 1^-12" gran- deur, dont la différence d'ascension droite avec le noyau a été déterminée deux fois par D'Arrest [SkL nebulosorum . . . , p. 12), le 12 août 1 862 et le 3o juillet i865 : il trouva pour cette différence respectivement 11% 26 et 1 1=*, 6 ; or, aujourd'hui, la différence d'ascension droite, entre la même petite étoile et la belle, est seulement 9%4o : l'étoile de 7* grandeur a donc une asceubion droite plus petite, de i%97, que celle de l'ancien noyau de la nébuleuse. )) Enfin, l'étoile de 7^ grandeur précède l'étoile 969 Weisse de o''a™3% 07, ce qui donne o''3G™26%9i (i885, o) pour l'ascension droite de la nouvelle étoile; or, d'après ScliônfeUl [Aslronomische Beobaclilungen..., zweite Ab- theilung), l'ascension droite de la nébuleuse est o'' 36*" 28"*, 06 : la diffé- rence est encore du même sens. » Ainsi, la belle étoile qui se trouve actuellement dans la nébuleuse d'Andromède ne se confond pas avec son noyau. Il est à peine utile d'ob- server que, par suite, ce remarquable phénomène comj)orte une tout autre explication que si la nouvelle étoile occupait la place même du no^au de la nébuleuse, » AhTRONOMiE. — Observations de (a nouvelle comète Brooks et de la nouvelle planète (25o), fades à l'observatoire de Paris [équatorial de la tour de l'Ouest); par M. G. Bigoludan. Communiquées par M. Mouchez. « Cette nouvelle comète vient d'être découverte par M. Brooks, de Phelps, le 3i août i88.5. » Yoici les positions qu'elle occupait les 2 et 3 septembre : Temps moyen Dates. de M. Déclinaison 18S5. Cambi'iJge (U. S.). apparente. aiJi>arente. h m b ui s Or" Septembre 2 g. 8,5 13.42.28,2 +36.38.1 3 8.3.6,5 13.47.44,5 +37.6.6 1) l.a nouvelle planète f%i(j) a été découverte par M. J. Palisu, à Vienne, ( 56i ) le 3 seplembre, et à cette date, à io''58'",6, temps luoyeu de Vienne, sa position était : M app. = 23''34'"39%9, Décl. app. — — i6°9'35". Étoiles Astre — i^ . Nombre Dates. de — ^ — - — — ^ ~ de 18S5. comparaison. Grandeur. jl. Decl. corap. ni s f ri I Sept. 5... fl 25o4 B . D . -I- 38". 9 -1-0.59,80 -1-0.20,2 6; 4 5... b 25io Id. 7,5 — 1.34,93 -f-o.5o,3 3: 2 6... c 25!4 Id. 9 +i-49>83 4-0.23,8 i5:io (g) 4... ^/ 22971 Arg. OE2. 8,5 —0.32,37 — 9-4'>' 5: 4 Positions des étoiles de comparaison. Dates. A\ Réduction Déclinaison Réduction 1885. Étoiles. moy. i885,o. au jour. moy. i8S5,o. au jour. Autorites. h m 8 s u ' " " Sept. 5.. .. a 13.56.39,99 4-o,23 -t-37.55.43,7 -)- 7,3 Rapportée à b. 5 b 13.59.17,81 -1-0,24 -t-37.55.26,8 +7,5 Weisse. li''. G c 14. 1.36,44 -l-o,2i -1-38.22 37,6 -H 7,6 Rapportée à e. 4.. .. d 23.34.16,06 -(-3,19 —16. 3.25,0 +22, q Arg. OEj. e 14. i-'9.72 » -1-38. 28.51 ,2 )i B.B. VI. » Les étoiles « et c ont été rapportées, au moyen de l'équatorial, à b et e; j'ai obtenu ainsi : Comparaisons, m 9 I it if a — i^ h — 2.37,82 -fo.16,9 9.6 it c — it e -t-0. 16,72 — 6.i3,6 9-12 Positions apparentes de la comète et de la planète. Dates. Temps moyen Log. Log. 1885. de Paris. JR app. fact. par. Décl. app. fuct. par. Il m s h m s o r „ / Sept. 5 8.19.30 i3.57.4"»02 1,687 -t-37 .56. 1 1 ,2 0,667 ^ 5 8.31.43 13.57.43,12 Ï.690 4-37.56.2,4,6 0,684 ( 6 8.39.42 i4- 3.26,48 Ï1694 -1-38.23 9,0 0,690 (250^ 4- • ' • • - '2. 9-32 23.33.46,88 2,8i6„ — 16.12.43,2 0,902 » Remarques. — Seplembre 6. La comète est une nébulosité ronde, de 2' de diamètre, notamment plus brillante au centre, où se trouve un noyau faible et un peu dilfus. L'ensemble de la comète s'aperçoit à peu prés avec la même facilité qu'une étoile de 10* grandeur. » Septembre 6. La planète (250) est de i 2*^ grandeur. » ( 562 ) GÉOMÉTRIE. — Tableau des principaux éléments des dix figures polyédriques régulières. Note de M. Em. Barbier. « 1. En écrivant cette très simple Note, je n'ai pas oublié que, selon la pensée du très pur écrivain à qui nous devons les polyèdres étoiles, les théories qui intéressent le plus n'embrassent ni trop, ni trop peu d'objets. )) 2. Dix figures polyédriques méritent le nom de régulières, parce qu'elles peuvent se superposer à une figure égale d'un nombre de ma- nières double du nombre des arêtes de la figure. » Autant il y a de côtés dans les F polygones réguliers qui forment le po- lyèdre régulier en se rapprochant (avec ou sans entrecroisement des faces), autant ce polyèdre a de superpositions distinctes possibles avec une figure égale. » 3. Cinq polyèdres réguliers (connus des anciens : le tétraèdre; le cube et l'octaèdre; le dodécaèdre et l'icosaèdre) nous offrent les figures régulières convexes à 6, 12 et 3o arêtes. » Cinq polyèdres étoiles : l'octaèdreo complet (formé de deux tétraèdres réguliers entrecroisés); le dédocaèdrea (pyramide) et le dodécaèdrCj, le dodécaèdre,, (complet) et l'icosaèdre^ étoile (quia sept enceintes; une hui- tième, déjà signalée à la p. 1688 du t. XCVI des Comptes rendus, fait passer de l'icosaèdre de Poinsot à l'icosaèdre régulier complété par le prolonge- ment de ses faces) ont 12 ou 3o arêtes et méritent le nom de figures régu- lières. » 4. Le nombre des enceintes polyédriques fermées que les faces d'un polyèdre régulier forment autour du centre donne l'espèce E' du polyèdre (selon Poinsot). )> 5. L'espèce E du polyèdre (selon Cauchy ) ne diffère de E' que lorsque les faces du polyèdre régulier sont étoilées. Cauciiy compte double, systé- matiquement, la surface du pentagone convexe régulier que l'on voit au milieu du pentagone régulier étoile. » 6. F est le nombre des faces; n le nombre des côtés d'une face; si ç ^ I la face est convexe; elle est de seconde espèce ou étoilée si ç= 2. » 7. La nombre des sommets du polyèdre est marqué S; en un sommet aboutissent m fiices. L'angle polyédrique à m faces est convexe si (7 = i; il est étoile si 7 = 2. » 8. A marque le nombre des arêtes du polyèdre. — = A = — • ( 563 ) » 9. £ donne le nombre de degrés dont la projection du polyèdre, faite à partir du centre sur une sphère concentrique, augmente l'angle d'une face. £= —^ X E. Toutes les valeurs de e sont multiples de 6". A » 10. Les tangentes trigonométriques de l'angle dièdre I suivant une arête du polyèdre ont été déterminées : i" par la considération d'une des pyramides qui, s'adjoignant au dodécaèdre , j^égidier formeraient un dodé- caèdre, : la hauteur h de cette pyramide, le rayon de sa base et une des arêtes montantes forment un triangle rectangle dont les côtés permettent (étant portés comme cordes consécutives dans la circonférence de rayon 4) de partager en lo, 6 et 5 parties la circonférence circonscrite à une face du noyau; 2° [)our les icosnédres, une pyramide régulière pentagonale aura une hauteur, un rayon de base et une arête montante respectivement égaux aux côtés du décagone, de l'hexagone et du pentagone, si cette pyramide a pour faces les cinq triangles équilatéraux qui aboutissent à un même som- met de l'icosaèdre,. Il n'y a pas d'emprunt à la Trigonométrie; l'expression tanglest courte, c'est à ce litre qu'elle paraît dans notre Tableau (p. 564). » 11. Nous avons pris le rayon p du cercle circonscrit aune face du polyèdre égal à 4, et non point à l'unité, afin d'éviter quelques dénomina- teurs. La longueur a du côté d'une face donne l'arête du polyèdre, p' est le rayon du cercle inscrit dans une face. » 12. Le rayon /' de la sphère tangente à toutes les faces du polyèdre et la figure d'une face d'un polyèdre régulier coupée par toutes les autres suffisent à la mensuration complète des polyèdres dont le noyau est régu- Ucr. Si l'Académie le veut permettre, nous publierons la figure d'une face ( 564 ) de l'isocaèdrej complet coupée par les i8 qui ne luisent pas parallèles. Il y a plusieurs années que j'eusse pu le faire, comme je le ferai dans huit jours avec la permission demandée. Déjà M. Darboux connaît cette utile y^j/ure plane. » Les valeurs de R montrent que l'on peut avoir un icosaèdre de o'",020 d'arêtes dans une sphère ayant un peu plus de o'°,oi9 de rayon. C'est fait en buis. » Toutes les valeurs de R se construisent aisément à l'aide des valeurs dert, c'est-à-dire à l'aide des polygones réguliers de la Géométrie d'Eu- clide. » 13. Nous avons donné les valeurs du rayon R' de la sphère tangenle à toutes les arêtes d'un polyèdre régulier. » 14. L'angle dièdre du tétraèdre (et par suite de l'octaèdre) a pour cosiuTisi; car, sur le plan d'une face, trois faces se projettent suivant trois triangles égaux. L'angle dièdre des icosaèdres réguliers a pour sinus | ; la projection hexagonale régulière de l'icosaèdre, sur inie de ses faces est un moyen de trouver sinl = |, comme on a trouvé cosI=:i pour le té- traèdre. ■n » 15. La valeur de - servira de vérification. r » 16. Peut-on attendre qu'un quaternioniste inaugure avec les polyè- dres réguliers étoiles un^ théorie aussi intéressante que celle de l'équation binôme rendue sensible parles polygones étoiles de Poinsot? 7 OU 3 3 3 7 6o" X I 3o° X I 30" X I I2°X I I2°X I 3o«X2 i2<'x3 i2°x3 i2»x 7 i2»X7 4=p Longueur de l'aréle a. 4v^ 2^/î\/5 2 ^/^\/' 5+^1-. -V5 l/5 4v/3 v/5 + i v/5 — I 2^/2 3 + \/5 3 + 4/5 3-/5 3-i/5 2 \pi\J2 2/3^/2 v/Sv/av/â- -V/3 v/3v/îv/5+v/5 S^/i 2v/5 ■xs/l l/3v/2v/5 — v/5 R- langl v/6 -y.sf^ '( ce 2/3 r- 2 y 5 + 2 4/5 i — 2 v/3(v/5-4-i) -2:v/5 v/6 2V/Î v/Jy/s— i/5 — 2 /^V^s+v/s 2 2V/5— 2/5 l/3(v^-.) 2:1/5 j 1 v/5 ( 505 ) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Nouveau dessin du speclre solaire. Note de M. L. Thollon, présentée par M. l'Amiral Mouchez. « Le dessin que j';ti l'iionneur de présenter à l'Académie comprend toute la portion du spectre solaire qui s'étend depuis A jusqu'à /', c'est- à-dire le^ environ du spectre prismatique. 11 a plus de lo™ de long et se compose de 8200 raies, le double de ce que contient l'Atlas d'Angstroin. 11 a été fait tout entier à l'observatoire de Nice et n'a pas demandé moins de quatre ans de travail assidu. Bien qu'il ne soit pas encore publié et ne doive paraître que l'année prochaine dans les Annales de l'observa- toire de Nice, je demande à l'Académie la permission de lui soumettre ce travail et de lui dire dans quelles conditions il a été exécuté. » Le dessin est partagé dans le sens de la hauteur en quatre bandes marquées i, 2, 3, 4- La bande supérieure, u° 1, donne l'aspect du spectre quand le Soleil est à 80" du zénith et pour un état hygrométrique moven de l'atmosphère. Dans la deuxième, ou a représenté le spectre tel qn'on le voit quand le Soleil est à 60° du zénith et que l'air est très humide. La troisième bande correspond à la même distance zénithale de 60° et à un air très.sec. La quatrième contient le prolongement de toutes les raies d'ori- gine exclusivement solaire ; c'est le spectre qu'on obtiendrait si l'on pou- vait observer en dehors de l'atmosphère. » Cette disposition permet non seulement de distinguer sans peine toutes les raies telluriques, mais de reconnaître celles qui proviennent des éléments constants, et celles qui proviennent des éléments variables de l'atmosphère. » L'instrument dont j'ai fait usage est le grand spectroscope que j'ai déjà eu l'honneur de présenter à l'Académie. Les mesures ont été faites a l'aide d'un excellent micromètre oculaire, construit par M. Gautier. Parmi les raies dont j'avais à déterminer les positions, j'en ai choisi 352 très nettes et très faciles à pointer, partageant la portion du spectre A.-b en 25i intervalles inégaux, mais dont aucun ne dépassait le triple de la dis- tance D,-D2 ou le \ du champ de la lunette. Ces 25i intervalles ont été mesurés avec le plus grand soin de la manière suivante : » La raie la moins réfrangible d'un intervalle à mesurer ayant été amenée au milieu du champ, je pointais deux fois celle-ci, quatre fois la plus réfrangible et encore deux fois la première. Je faisais les mêmes opé- rations sur 10 intervalles successifs constituant un groupe. La série de G. R., i885, 2- Semestre. (T. CI, N° 10.) 73 ( 56G ) délermiiialioiis (ailes sur un groupe était toujours précédée et suivie de mesures semblables, f;iites sur la distance Dj-D^. Le jj de cette distance était l'unité adoptée : c'est le millimètre de mon dessin. La grandeur de tous les intervalles mesurés était évaluée en millimètres. Cette série d'opé- rations a été effectuée trois fois sur les 25 1 intervalles par des températures très différentes et les résultats ont été concordants. A ces raies que j'ap- pelle Jbndamentales ont été rattachées les raies intermédiaires, dont les positions ont été déterminées par quatre pointés faits sur chacune d'elles. » D'après les propriétés de mon appareil, le milieu du champ corres- pond au minimum de déviation. Or, dans les mesures décrites ci-dessus, la raie la moins réfrangible étant à ce minimum, l'autre en était plus ou moins éloignée, et leur distance était d'autant plus exagérée qu'elle était plus grande. Les corrections, qui souvent n'étaient point négligeables, ont été faites au moyen de Tables spéciales, calculées et vérifiées par des expé- riences directes. De cette manière, le dessin conserve dans toute son étendue les proportions d'un spectre prismatique, dont tous les éléments auraient été successivement déterminés au minimum de déviation. Je n'ai pas cru devoir, à l'exemple de MM. Vogel et Fiévès, ramener mon dessin aux pro- portions du spectre normal, par cette raison que, mes mesures relatives dé- passant de beaucoup en précision celles d'Angsttom, je me serais trouvé dans l'alternative soit de modifier un grand nombre des longueurs d'ondes adinises, ce qui n'eiit pas été légitime, ou d'altérer d'une manière souvent notable mes intervalles mesurés. » Après avoir déterminé avec la plus grande exactitude les positions de toutes les raies qu'il m'a été possible de voir, il me restait à les repré- senter avec leur aspect, leurs largeurs, leurs intensités relatives. Or on sait que les raies solaires ne changent pas, tandis que les raies telluriques va- rient avec la hauteur du Soleil et l'état de notre atmosphère. De là, pour moi, la nécessité de faire une étude approfondie de ces dernières. » Cette élude comprend deux opérations distinctes. 11 faut, en premier lieu, reconnaître toutes les raies telluriques. Pour cela, j'ai fait un dessin représentant avec toute la fidélité possible l'aspect que présente le spectre à midi. Puis le spectre était comparé au dessin quand le Soleil se trouvait près de l'horizon. Toutes les raies purement telluriques, apparaissant alors beaucoup plus noires et plus larges, se distinguaient sans peine et avec une sûreté parfaite; mais un grand nombre d'entre elles se superposent plus ou moins bien à des raies solaires, et les variations d'intensité qu'elles éprouvent sont inégalement apparentes et souvent presque insaisissables. ( 567 ) Ces raies mixtes sont très difficiles à étudier, surtout dans le rouge entre A et B, où la lumière fait défaut. » La seconde opération consiste à distinguer parmi toutes les raies tel- luriques celles qui proviennent des éléments constants et celles qui pro- viennent des éléments variables de l'atmosphère. L'expérience mémorable faite par ]\L Janssen, à la Villelte, a démontré que, parmi les éléments va- riables, la vapeur d'eau jouait un rôle prépondérant et peut-être exclusif. » En conséquence, dans un nouveau dessin auxiliaire, je me suis appli- qué à représenter fidèlement l'aspect du spectre, par un temps sec et fioid, quand le Soleil était à 60° du zénith. En observant à la même distance zénithale, mais dans des conditions atmosphériques aussi différentes que possible, les raies qui conservaient toujours la même intensité prove- naient évidemment des éléments constants de l'atmosphère; les autres pro- venaient des éléments variables. » Ces opérations, faites sur un si grand nombre de raies, sont longues, pénibles, délicates; elles demandent à être conduites avec beaucoup de soin et de méthode. J'ai déterminé ainsi plus de 900 raies telluriques. Sur ce nombre, 126, distribuées par égale part dans les groupes A, B et a, ne varient d'intensité qu'avec la hauteur du Soleil. D'après l'expérience directe de M. Egoroff, elles appartiennent à l'oxygène. Toutes les autres appartiennent à la vapeur d'eau, puisqu'elles font partie des bandes d'ab- sorption, obtenues directement par M. Janssen, et qu'elles varient toutes dans le même sens dans les mêmes circonstances. Aucune raie ne semble pouvoir être attribuée à l'azote. » Le but que je me suis efforcé d'atteindre en exécutant ce travail a été de fixer en quelque sorte l'état actuel du spectre solaire. Indépendamment de toute autre considération, il y a un intérêt de premier ordre à ce que le physicien soit à même de constater tous les changements qui peuvent se produire dans le spectre, avec la même certitude que l'astronome con- state les changements qui se produisent dans le ciel. Le but serait pleine- ment atteint, si les savants voulaient soumettre mon dessin à un contrôle rigoureux et signaler toutes les omissions, toutes les erreurs qu'il renferme. Je m'estimerais heureux qu'il fût jugé digne de servir de base à un pareil travail de rectifications. Ces rectifications formeraient un Supplément au Catalogue qui sera publié en même temps que l'Atlas. » M. Trépied, qui a un instrument pareil au mien, se propose de con- tinuer cette étude jusque dans la région du spectre où les images photo- graphiques auront un avantage marqué sur les images optiques. « ( 5(38 ) MÉTÉOROLOGIE. Sur un appareil producteur du vent. Note de M^"" Rodgeuie, évéque de Painiers. <( l'anémogène, ou producteur du veut, est un nppareil qui donne lieu à des courants d'air semblables atix grands vents de l'atmosphère. Il est com- posé d'un petit globe terrestre artificiel, en rotation dans l'air ambiant; c'est, en miniature, la planète qui nous porte, et, en grand, l'enveloppe gazeuse de la Terre. Mis en rotation autour de son axe, l'anémogène en- gendre, par son action mécanique sur les molécules aériennes, et permet de constater, sans difficulté, des courants d'air semblables aux vents doniinanls observés par les marins sur la plus grande partie de la surface des océans. Les courants sont indiqués par des girouettes établies de 5° en 5", comme les roses des vents sur les belles cartes de la marine française par M. le lieutenant Brault. » Voici quelques-uns des faits les plus saillants relevés sur l'appareil : » T. L'anémogène reproduit d'une façon complète : » 1° Les alizés du nord-est et du sud-est sur tous les océans; » 2° La ligne de rencontre des deux alizés, dans les parages de l'équaleur, avec ses diverses inflexions sur chaque océan ; » 3" Les calmes équatoriaux, sous le point de rencontre des alizés ; )) 4° Les brises folles du nord et du sud, remplaçant brusquement les calmes équatoriaux et leur cédant tour à tour la place; » 5° Le renversement de l'alizé du nord-est en mousson du sud-ouest, dans les golfes d'Oman et du Bengale; » 6° Un grand courant équatorial ascendant, sur la ligne de rencontre des alizés. Ces vents réguliers continuant ainsi leur course dans la direction du zénith, après avoir quitté la surface des mers, constituent la force vive qui charrie et accumule autour de l'équateur l'atmeau perpétuel de nuages. La base de ce courant ascendant jalonne la ligne de pression barométrique minima vers l'équateur; » 7° Dn courant descendant, vers les Açores, sous le centre de pression barométrique maxima de l'Atlantique nord ; » 8° Un courant descendant, entre l'Ile Sainte-Hélène et la côte méri- dionale d'Afrique, sous le centre de pression barométrique maxima dans l'Atlantique sud; ( 569 ) » 9° Sur l'un et l'autre pôle, un courant descendiint du zénith, qui con- tribue, pour sa part, à l'entretien des glaces perpéluelles des pôles; » io° L'alizé du sud-est, rrgniuit dans les parages des Canaries à la sur- face de l'Océan, en même temps qu'un vent d'ouest souffle au sommet du pic de Ténériffe ('); » 1 1" Des courants ascendants de l'est et de l'ouest, sur l'Amérique cen- trale, qui, combinés avec le courant supérieur de retour de l'alizé nord-est, permettent d'expliquer comment les cendres du volcan Coseguina, situé sur le bord du lac de Nicaragua, furent transportées sur la Jamaïque, en sens inverse de l'alizé nord-est qui soufflait sur cette île lors de l'éruption du 2,5 février i835 (^). » II, A cause des imperfections de sa construction encore élémen- taire, l'anémogène reproduit d'une façon insuffisante, vu la petitesse de l'afipareil et la trop grande variabilité du vent dans ces régions : » 1° Les vents variables qui régnent entre le tropique du Cancer et le 5o^ degré nord; M 2° Les vents variables qui régnent entre les tropiques du Capricorne et le So" degré sud. )) III. L'anémogène reproduit d'une façon insuffisante, vu la trop grande épaisseur de son atmosphère : » i" Les vents du sud-ouest qui, du 5o* degré nord, se dirigent oblique- ment vers le cercle polaire arctique; » 2° Les venis du nord-ouest qui, du 5o* degré sud, se dirigent oblique- ment vers le cercle polaire antarctique. » Par ces faits et par beaucoup d'autres qu'il serait trop long d'énu- mérer, l'appareil reproducteur des courants aériens semble ouvrir une large voie vers l'explication mécanique d'une partie considérable des phéno- mènes de l'atmosphère. » [') MoHN, Les phénomènes de t'ittmnsphèiej Y>- >^-3. (-) Sanna Solaro, p. 4o3. ( '^:o ) PHYSIOLOGIE. — Sur la période d'excitation latente de quelques muscles tisses de ta vie de relation chez les Inveitébiés (' ). Note de M. IIenuy de Vauignv, présentée par M. A. Richet. « J'ai montré, il y a un an (-), combien la période d'excitation latente, quoique variable, est normalement longue chez V Hélix Pomatia. Il ne s'en- suit pas, cependant, que la période latente des muscles lisses soit nécessai- remesit toujours prolongée : la longue durée de cette période ne saurait constituer une caractéristique de la fibre lisse. Cela est surtout net quand on étudie les muscles lisses chez les Invertébrés, par exemple chez les Mollusques, les Vers et les Échinodermes : on observe en effet, dans les variations de la période latente, toute la série des passages, depuis la pé- riode très longue, comparable à celle du muscle lisse de la vie animale chez le Vertébré (intestin, vessie, estomac, uretère) jusqu'à la période très courte qui se rapproche de celle du muscle strié le mieux développé, » Le Tableau qui suit résume les chiffres moyens résultant de mes expé- riences, ainsi que les valeurs extrêmes; ils indiquent la durée de la période latente en trentièmes de seconde. Valeurs Valeurs moyennes. extrêmes. Scaphander lignarius 35 3o-4o Cassidaria echinophora i5 i3-a4 Solecurlus slrigillatus 1 1 1 1-12 Slichopus regalis 10 S-aS Cardium echinalum 10 7-1 5 ïrito corrugatus 8 6-13 Cardium Norvegicum 7 S-q Ilermione IlysUix 3 3-4 Octopus vulgaris , 2 i i-2 ^ Eledone moschata i J i {-^^ Sepia ofûciiialis i {- i " ^ à » Les chiffres qui précèdent n'ont pas tous une égale valeur; iels sont (') Travail du Laboratoire de Zoologie expcrlincntale de Banyuls-sur-Mcr, foudô et dirigé par M. IT. de Liicaze-Diithiers. (-) Coiiiplcs icndiis, séance du 18 août i884i P' 334. ( 571 ) les résultais de quarante ou cinquante expériences ( Eledone, Stichopiis) ; tels résultent de deux ou trois épreuves seulement [Scaphnnder, Cassidaria, Hennione). Quoi qu'il en soit, les moyennes doivent pouvoir être consi- dérées comme à peu près exactes, dans la mesure où peuvent être exactes des mensurations dont la variabilité constitue le caractère essentiel. En effet, si la durée de la période latente varie beaucoup d'un animal à l'autre, elle varie à un degré considérable chez le même animal, dans le même muscle, selon diverses conditions expérimentales; c'est ce qui explique les écarts considérables entre les chiffres extrêmes. Elle varie: i° selon l'intensité du courant; ainsi, pour V Elcdonc, j'ai observé les variations suivantes : Période latenle, en soixantièmes de seconde. Bobine àio 4 Bobine à 5 a Bobine à o i 2° Selon le mode d excitation. Ainsi, en excitant sucaessivement le même muscle d'Eledone, de façons diverses (les autres conditions expérimentales demeurant invariables), on constate que, pour l'excitation névro-muscu- laire, la période latente varie de 6 à 8 soixantièmes; pour l'excitation musculaire directe, elle varie entre 4 et G; pour l'excitation ganglionnaire, elle va de i à 2 soixantièmes. Pareillement, si l'on compare la période latente des excitations électriques et des excitations mécaniques, on con- state, chezr//e/(x et chez le Stichopus, par exemple, que dans le dernier cas la valeur est double, triple ou quadruple de ce qu'elle est dans le premier. 3° Selon le poids soulevé par le muscle. Par exemple, pour VEledone, Soixanliùmes de seconde. A un jioids de i5 correspond une période latente de 3 u 20 » 1) 4 » 4o » » 5 » Elle varie encore selon de nombreuses conditions : selon la tempéra- ture, selon l'état de repos ou de fatigue, selon la durée du temps écoulé depuis le moment où le muscle a été isolé du reste de l'organisme. En un mot, les variations de la période latente se produisent sous l'influence des mêmes facteurs, en même sens, et avec une intensité généralement compa- ( 572 ) rable chez les muscles lisses et chez les muscles striés : la différence de structure histologique ne semblant créer aucune différence physiologique essentielle entre ces deux catégories de muscles. Il y a des différences de degré, mais pas de différences de nature. » A mesure que la fibre lisse se perfectionne physiologiquement, comme chez V Eledone, la Sej)ia, VOclopus, où la période latente est fort courte, et comme chez la Sangsue où elle est plus courte encore et devient tout à fait comparable à celle des muscles striés de la Grenouille ou du Lapin, la durée de la contraction devient plus courte, c'est-à-dire que les phases de raccourcissement et de relâchement se produisent et se succèdent très rapi- dement. En même temps — et c'est un corollaire nécessaire du fait qui précède — le tétanos ne se produit qu'à la condition d'envoyer au muscle un nombre considérable d'excitations; ce nombre est d'autant plus élevé que le muscle est plus agile. )) En somme, donc, il y a, chez les Invertébrés, des muscles de la vie de relation tout à fait comparables, au point de vue de la période latente, de la durée de la contraction, et de la production du tétanos, aux muscles lisses de la vie animale chez les Vertébrés (yo/r les résultats obtenus par Engelmann sur l'uretère du Lapin, par Ranvier sur divers muscles de la Grenouille, par P. Bert sur le poumon de différents Vertébrés); par contre, il y a, chez les Céphalopodes et les Vers, des muscles lisses appartenant aussi à la vie de relation, qui sont entièrement assimilables aux muscles striés, aux points de vue précédemment énumérés. Entre ces deux catégories de muscles, à structure histologique identique, et qui diffèrent cependant au point de vue physiologique autant que diffèrent les fibres striées des fibres lisses, chez les Vertébrés supérieurs, on observe tous les passages ou peu s'en faut. Mes recherches n'ont porté en effet que sur un nombre restreint d'espèces, et je ne doute pas qu'en les étendant à un nombre plus considérable, on ne trouve toutes les transitions possibles, de|)uis le muscle le plus lent des Térétilles, par exemple, jusqu'au muscle lisse le plus agile, comparable au nuiscle strié le mieux développé. Les faits présentement acquis me semblent, en tous cas, suffisants pour qu'il soit permis de conclure que les différences histologiques ne sauraient être invoquées pour expliquer les différences physiologiques que l'on a établies entie le tissu strié et le tissu lisse, puisque ces dernières peuvent dispa- raître complètement. » ( 573 ANATOMllî. — Des nerfs qui ont été appelés vidiens chez (es Oiseaux. Note de M. F. Rochas, présentée par IVI. A.-Milne Edwards. n On sait que, chez Ips Mammifères, le nerf vidien provient de l'union du grand pétreux superficiel émané du facial et d'un rameau sympathique né du plexus carotidien, et que, d'autre part, il aboutit au ganglion de Meckel, lequel reçoit en outre un ou plusieurs fdets de la deuxième branche du trijumeau et émet des branches afférentes destinées aux régions nasale, palatine et pharyngienne. Or, chez les Oiseaux, il existe deux rameaux im- portants du grand sympathique qui, en raison de leurs connexions avec le facial, ont reçu dans une portion de leur trajet le nom de nerfs vidiens. » L'un de ces rameaux pMrt du ganglion cervical supérieur et s'engage dans le canal de Fallope ovi il est uni au facial par un filet anastomotique que l'on a décrit chez divers Oiseaux, et que j'ai signalé moi-même chez le Canard dans la Note que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'académie le 2 mars dernier. M. Magnien regarde ce filet comme un grand pétreux superficiel, et la branche sympathique elle-même, à partir du point où elle reçoit cette anastomose, comme un nerf vidien, qu'il fait aboutir à la deuxième bran- che du trijumeau. Enfin, pour rendre l'analogie plus évidente, à l'union du grand pétreux su[)erficiel avec le facial, cet anatomiste décrit un amas de cellules ganglionnaires qu'il considère consme le représentant du gan- glion géniculé des Mammifères. Le nerf vidien ainsi formé, si par sa com- position il semble mériter ce nom, n'a pas la même destinée que chez ces derniers. Il ne se jette pas dans un ganglion et se porte presque en totalité, en accompagnant l'artère ophtalmique externe ['), autour de laquelle il se résout souvent en plexus, jusque sur le globe oculaire et la glande la- crymale. Ce n'est que par luie et parfois deux ou trois branches, tantôt très grêles, d'autres fois plus importantes, qu'il s'anastomose avec le tri- jumeau. » Le second rameau sympathique, qui le plus souvent a été regardé comme contribuant à former un nerf vidien, naît du ganglion cervical supérieur et pénètre avec l'artère carotide cérébrale dans le canal caroli- ' ) Une erreur d'impression m'a fait mettre dans ma Note ( Comptes renr/i/s, t. C, p. 65o) : •t Cu nerf en ra|)port avec l'oplitalmique interne. » C'est citerne qu'il faut lire. C. K., i8S5, 2' Scmeslre. (T. CI, fi» lOO 7'+ ( ■'i74 ) dien. Dans ce conduit osseux, il est mis en communication avec le facial par un fort filet anastomotique qui aboutit au nerf de la septième paire, à très peu près au niveau du coude que décrit ce derner. Uni à ce filel, « il » quitte le canal carotidien, écrivent Siebold et Stannius, pour se rendre » comme nerf vidien le long de la paroi interne de l'orbite. Il donne des » rameaux palatins, nasaux postérieurs et des filets à glande de Harder, et » finit oar se confondre avec la première branche du trijumeau... » Weber figure ce nerf et en donne une description qui l'amène à conclure d'une manière très affirmative : « Nemo de eo dubitare potest, quin ramum in » canalem carosicum intrantem atque cum nervo faciali conjunctum pro M nervo Vidiano habeat, qui, cum nasus a cranio reiiiotior sit, longior » est. » D'après cette manière de voir, le filet anastomotique qui unit le facial à la branche sympathique serait lui-même un grand pétrenx superfi- ciel. J'ajoute, en insistant siu' ce fait, qu'à son point d'union avec le nerf de la se|)tième paire, j'ai constaté l'existence d'une notable quantité de cellules ganglionnaires. La présence de ces cellules, si elle ne diminue pas l'importance de la masse ganglionnaire que M. Magnien assimile au gan- glion géniculé des Mammifères et n'en modifie pas la signification morpho- logique, doit légitimement faire admettre en ce point un second ganglion géniculé. La réciproque est nécessairement vraie. Au reste, comme j'aurai l'occasion de le montrer, les cellules ganglionnaires offrent chez les Oiseaux de fréquentes variations dans leur nombre et leur situation. On en trouve sur le trajet des filets sympathiques, qui sont disséminées en des points très divers, isolées ou réunies par groupes, rappelant ainsi les ganglions élé- mentaires des Vertébrés inférieurs, et souvent sans que le nerf extérieure- ment en accuse l'existence par des dilatations ou intumescences appré- ciables à l'œil nu ou au grossissement des loupes ordinaires de dissection. Quoi qu'il en soit, si par la nature de ses rameaux d'origine ce nerf vidien peut être comparé à celui des Mammifères, il s'en rapproche encore par le mode de distribution de quelques-unes de ses branches terminales, qui, bien qu'elles ne s'y rendent pas par l'intermédiaire d'un ganglion, abou- tissent aux régions nasale et palatine. Enfin, il présente, après être sorti du canal carotidien, avec l'os ptérygoïde correspondant des rapports qui constituent un caractère d'analogie de premier ordre, d'après Weber. » Ainsi il existe chez les Oiseaux deux nerfs que, dans une certaine me- sure et à divers titres, on peut rapprocher du nerf vidien des Mammifères. Toutefois, en les désignant ainsi, ne court-on pas le risque de pous^er trop ( 573 ) loin ra?simi!ation ? Et ne serait-ce pas ici céder tro:) aux îenciances, con- traires à la méthode et à l'esprit d'une saine philosophie anatomique, qui conduisent quelques observateurs à toujours rapporter au type le plus élevé en organisation et le mieux connu (homme et Mammifères supérieurs) les diverses dispositions anatomiques constatées dans les autres groupes d'animaux? Un autre inconvénient, qui résulterait de cette double et sem- blable terminologie chez les Oiseaux, serait de rendre les descriptions dif- ficiles à suivre, et inévitable la confusion commise depuis longtemps déjà parSchleinm. Cet anatomiste donne lui aussi le nom de nerf vidien à la branche sympathique du canal de Fallope, après qu'elle s'est anastomosée avec le facial. Il l'indique formellement dans son texte, et, dans la planche où ces dispositions sont représentées, c'est, à n'en pas douter, le rameau du canal carotidien qui est figuré. » Pour tous ces motifs, le mieux est de renoncer à qualifier de vidiens les nerfs dont il vient d'être question. Prochainement j'indiquerai diverses particularités relatives à leur trajet, leurs rapports et leur distribution, et j'essayerai de les désigner de façon à empêcher toute confusion à l'a- venir ('). » ZOOLOGIE. — Sur forganisalion de la Truncateila. Note de M. A. Vayssière (^), présentée par M. A. Milne-Edwards. '( La Truncateila avait été coMsiùérée jusqu'à ce jour, par presque tous les naturalistes, comme un Prosobranche pulmoîié; son genre de vie, au milieu des débris de Zostères, ou dans du sable vaseux, toujours à quelque distance du niveau de la mer, semblait corroborer cette manière de voir. Seuls, deux naturalistes anglais, Lowe et Clark, avaient émis un avis con- traire; pour eux, ce petit Mollusque était branchifère. » Ayant pu me procurer un certain nombre d'individus de la Trunca- teila truncatula, pris dans le golfe de Marseille, au milieu du sable vaseux, à quelques mètres du niveau ordinaire de l'iau, j'ai voulu me rendre compte du mode de respiration de cette petite espèce de Mollusque. Voici les résultats auxquels je suis arrivé. ( ' ) Ce tiavail a été fait clans le lalioraloire de Zoologie de la Faciikc dis Sciences de Lyon. (■-) Ces recherches ont été faites au laboiatoirc de Zoologie marine, dirigé par M. Ma- rion. ( ^7G ) )) x\près avoir eu le soin tle briser la coquille, puis de tlil.icérer la partie antérieure du corps de l'animal, il m'a été possible, après plusieurs essais infructueux, de mettre à découvert un organe assez allongé, composé de douze à quinze lamelles triangulaires, couvertes chacune de longs cils vibratiles dans toute leur étendue. Cet organe, qui constitue bien une véri- table brancltie, adhère au plafond d'une grande cavité, la cavité respira- toire, que l'on observe à la face dorsale de ce Mollusque. » Cette branchie est disposée transversalement par rapport à l'axe du corps de la Truncattlla; les diverses pièces ou lamelles qui la constituent, bien que placées les unes à la suite des autres, conservent cependant toute leur indéj)endance, ce qui permet à l'animal de les agiter simultanément ou séparément pour renouveler l'eau ambiante. » Ce Mollusque doit emmagasiner dans sa cavité respiratoire une cer- taine quantité d'eau qu'il renouvelle chaque fois que quelque vague vient baigner sou habitat; cette eau, par suite du milieu très humi.le où vit la lyuncalelta, s'évapore très peu, ce qui permet à ce Mollusque de demeurer assez longtemps sans avoir besoin d'en recevoir d'autre. » 'Voulant mettre complètement à profit les matériaux dont je disposais, j'ai étudié l'ensemble de l'organisation de ce petit animal. Nous allons faire connaître les points principaux de son anatomie. » Eu avant du bulbe buccal, nous trouvons une trompe assez longue et très protractile que quelques naturalistes considèrent comme aidant l'animal dans la marche. Nous avons pu nous assurer que le pied seul fonctionne comme organe locomoteur ; ce n'est qu'exceptionnellement, lorsque la Trun- calella est sortie de l'eau et qu'elle se trouve sur une surface très lisse, qu'on la voit se servir de l'extrémité de son mufle comme point d'appui. » Dans le bulbe buccal on trouve deux mâchoires cornées, entre les- quelles est placée une radula très longue dont la formule dentaire est 2, I, I, 1,2. L'estomac est également muni de pièces cornées destinées à teruHuer la trituration des aliments. » Le foie qui occupe l'extrémité tronquée delà coquille (environ les deux derniers tours) est assez volumineux; il verse ses produus par un seul comluit qui débouche dans l'intestin immédiatement en arrière de l'estomac. » La glande génitale (mâle ou femelle suivant le sexe de l'imlividu) est placée uumédiatement eu avant du foie et contracte toujours avec lui une certaine adhérence. Le conduit excréteur (canal déférent ou oviducte) longe le côté droit du corps en suivant l'intestin et vient déboucher a l'uit'- ( >;? ) rieur de la cavité respir.atoire, dans le voisinage de l'anus; lorsque! l'on a affaire à un individu mâle, le conduit excréteur se termine par un pénis assez long, cylindrique et inerme. )) Enveloppant plus ou moins l'intestin et le conduit génital, nous trou- vons diverses glandes (organe deBojanus et prostate ou glande de l'albu- mine) qu'il nous a été impossible d'isoler par suite des dimensions trop exiguës de la Truncalelta (nos plus gros individus atteignaient à peine 4 millimètres). » Le système nerveux de ce Mollusque se compose : d'un collier œso- phagien présentant deux centres volumineux, placés au-dessus de l'œso- phage, presque accolés l'un à l'autre : ce sont les ganglions cérébroïdes ; deux inférieurs, les ganglions pédieux, presque aussi gros que les précé- dents auxquels ils sont rattachés par deux conneclif> de chaque côté et reliés entre eux par une commissure assez longue; enfin quatre ganglions beaucoup plus petits, les ganglions viscéraux, disposés deux par deux, sur les côtés de l'œsophage, et reliés seulement aux centres sus-œsopha- giens, complètent le collier. » Les ganglions viscéraux sont mis en rapport par deux longs connec- tifs avec un cinquième centre viscéral, le ganglion viscéro-génital, que l'on trouve enfoncé dans la masse glandulaire qui entoure l'intestin. En dehors de ces neuf centres nerveux, nous devons signaler les ganglions buccaux qui sont placés à la partie postérieure du bulbe, sous la nais- sance de l'œsophage. Les yeux, très visibles à l'extérieur, occupent la région basilaire des tentacules; quant aux otocystes, ils reposent sur les ganglions pédieux et sont rattachés aux ganglions cérébroïdes par des nerfs très délicats. .Dans chaque otocyste nous avons constaté la présence d'un seul otolithe volumineux, d'une forme sphériqne. M Je terminerai cette Note par quelques mois sur un type curieux d'In- fusoire, de la famille des Vorticellidés, un Scj^jhidia, que nous avons ren- contré sur l'extrémité de l'organe copulateur de plusieurs de nos Trun- calella. Les espèces faisant partie de ce genre n'avaient été rencontrées jusqu'à ce jour que sur des animaux ou des végétaux habitant les eaux douces; notre espèce, que nous nommons Scjjjhidia Fisclieri, est donc la seule qui soit marine. Son corps est cylindrique, légèrement atténué à sa partie supérieure; son péristome est peu réfléchi; son pied large et très épais lui permet d'adhérer fortement sur les corps où il se trouve. La sur- face de son corps est légèrement striée suivant sa longueur» » Ces Infusoires se déplacent très lentement. » ( 578 ) ZOOLOGIE. — Sur les Annélides pélagiques de la baie d'Alger. Note de M. C. ViGuiEK, présentée par M. de Lacaze-Diilhiers. « Du mois de novembre 1884 à juin i885, j'ai fait, à l'entrée du port d'Alger, des pèches quotidiennes en vue d'étudier la faune pélagique de la baie, et spécialement les Annélides. Ces recherches sont exposées dans un Mémoire à peu près terminé; mais, comme la publication de ce travail doit subir encore quelques retards, je désire prendre date pour les princi- paux résultats. » On sait que les Annélides pélagiques se divisent en plusieurs groupes. Les uns, comme les Hétéronéréides ou les Syllidiens sans génération alter- nante, n'appartiennent à la faune de surface que pendant la courte période de l'activité sexuelle. D'autres sont bien pélagiques pendant toute leur existence; mais cette existence, très brève, ne correspond qu'à celte période d'activité du groupe précédent : ce sont les stolons sexués des Syllidiens à génération alternante, Polybostriches et Sacconéréides. Un troisième groupe, enfin, renferme les êtres essentiellement pélagiques qui n'ont jamais été observés qu'à la surface et paraissent entièrement ada|)tés à ce genre de vie. D'après mes observations, tous ces êtres appartiennent aux deux familles des Alciopiens et des Phyllodocieiis; car on peut consi- dérer comme des Phyllodociens très fortement modifiés, d'une part les Tomopteris, d'autre part les curieuses Sagitella. Etant donnée l'étroite affi- nité qui unit les familles, autrefois confondues, des Alciopiens et des Phyllodociens, on pouvait s'étonner que, tous les animaux qui composent la première étant pélagiques, on ne connût encore, avec certitude, qu'»« 5eu/Phyllodocien pélagique, V Hydrophanes de Ciaparède. Je ne parle pas, et pour cause, du Lopadorhynchus de Grube. Trois autres types pélagiques de cette famille avaient été vus cependant, dès 1879, par M. Greeff, aux Canaries; mais une étude imparfaite les avait fait ranger, par ce savant, deux parmi les Syllidiens et un parmi les Lycoridiens. J'ai retrouvé, non seulement \ Hydrophanes de Ciaparède, mais les trois types de Greeff; et en outre deux genres nouveaux, qui appartiennent bien évidemment aussi aux Phyllodociens. Cela fait un total de six genres, présentant une véri- table gradation dans la concentration des anneaux postcéphaliques et la disposition de leurs appendices. » Parmi les Alciopiens, je n'ai reconnu que deux espèces nouvelles. » Quant aux animaux dont les pareils n'habitent la surface que pen- ( 579 ) daiit l;i vie larvaire et descendent au fond pendant le reste de leur existence, il devient difficile, quand on les trouve à un certain état de développe- ment, de dire si ce sont des sujets attardés dans l'existence pélagique, mais qui finissent par habiter le fond; ou bien des êtres qui se sont définitive- ment adaptés à des conditions d'existence tout autres que celles du reste de la famille. La question ne saurait guère être tranchée, lorsqu'on ne trouve pas de produits sexuels bien développés. C'est dans cette classe douteuse que je rangerai rO/j/ir}'oïroc/irt de Claparéde, bien que le savant genevois l'ait vue chargée d'œufs. J'y mettrai aussi une Polynoe, à laquelle je m'abstiens pour le moment de donner un nom, mais qui me paraît cependant présenter une véritable adaptation à la vie pélagique. » Voici la liste complète des espèces observées : Aphroditiens : Polynoe, sp.? LoMEKicoNÉRÉiDiExs : Ophryotioclia puerilis (Clap. et Meczn.). Syllidiens : A, sans génération alternante: Exo^one gemmifera (Pag.), Sphcerosyllis piri- fera (Clap.), Sph. hystrix (Clap.), Grubea limbata (Clap.); B. à génération alternante : Jutolytus ? Firchoivia clavata (Langerh.), diverses Sacconéréides indéterminées. Phyllodociens : Pelagobia longocinata (Greeff), Maupasia cœca (C. Vig.), Hydrophanes Krohnii (Clap.), Pontodora pelagica (Greeff), loda micioceros (C. Vig.), Phalacrophoms pictiis (Greeff). Aeciopiens : Asterope candida (Clap.), Alciope Cantrainii [ÇÀa.'p.), Alciope microcephala (G. Vi"), Vanadis hcterocliœtu[Ci. Vig.), Rhynchonerella capilata (Greeff). ToMOPTÉRiENS : Toinopteris Kefersteinii (Greeff), Sagitella Kowaleivskyi (N. Wag.). » Il est à remarquer que, sur ces vingt espèces, quatre sont nouvelles; cinq n'ont été signalées jusqu'ici qu'aux Canaries, par M. Greef, et une à Madère, par M. Langerhans. » BOTANIQUE. — Sur l'organisation anatomique des ascidies, dans les genres Sar- racenia, Darlingtonia et Nepetithes. Note de MM. Edouard Heckel et Jules Chareyre, présentée par M. Ducharlre. « De récentes observations, relatées par M. Treat dans la Nature du 3o juillet i885, ayant présenté sous un certain jour les phénomènes de capture des insectes dans les urnes de Sarracenia violaris, nous avons pensé qu'il convenait de faire connaître les dispositions anatomiques qui, dans ces formations élranges, peuvent rendre compte, eu di-hors de toute autre influence, de l'impossibilité qu'éprouvent les insecti^s à sortir de la cavité ( 58o ) une fois qu'ils y sont entrés et de la facilité qu'ils rencontrent, le poids de leur corps aidant, à y pénétrer et à gagner peu à peu le fond de l'Ascidie. G. Sarbacf.nia. ■I Nos observations ont porté sur plusieurs espèces : toutes ont pre'senté la même structure. L'urne, développée aux dépens de la feuille dès son plus jeune ày.e, naît d'un dédoublement partiel et central du parenchyme. La cavité qui en résulte, d'abord cy- lindri(jue et couverte de poils aigus, devient plus tard conique, et la feuille prend finale- ment la forme irrégulière qu'on lui connaît, pendant C[ue la cavité s'organise à sa sur- face ainsi qu'il suit. » Au point de vue anatomicpie, l'urne peut se subdiviser en quatre régions dont l'é- tendue diffère un peu suivant les espèces examinées. » Première région : Opercule. — L'épiderme supérieur (externe) présente, comme dans toutle reste de l'urne, les caractères d'un revêtement foliaire ordinaire. L'épiderme inférieur (interne) est formé de cellules à parois sinueuses et pourvu d'énormes poils visibles à l'œil nu, longs, rigides, cannelés dans le sens de la longueur, transparents et dirigés tons vers l'inlérieur de l'urne. « Deuxième région : Gorge. — Cette zone très réduite (quelques millimètres de long) est revêtue d'un épiderme <à éléments rectangulaires, allongés dans le sens de la plus grande dimension de la feuille, à parois épaisses. Sur la paroi extérieure, se développe un appen- dice cellulosique extrêmement aigu, très court (sa longueur dépasse peu celle de la paroi cellulaire qui le porte), couché sur la surface épidermique et dirigé vers le fond de l'urne. A l'oeil nu, la présence de ces poils se trahit par un reflet brillant et légèrement irisé de la région tout entière. » Troisième région : Milieu. — Elle occupe environ les deux tiers ou la moitié supérieure de la cavité de l'urne. L'épiderme y est constitué par de grande? cellules h parois sinueuses dont le contenu protoplasmique est toujours abondant. Entre ces cellules, se trouvent de très nombreuses glandes, à structure particulière, formées de huit cellules : quatre centrales triangulaires (formant par leur réunion un losange très régulier), et quatre périphériques beaucoup plus grandes. » Quatrième région : Fond. — Elle occupe toute la portion inférieure de l'urne et pré- sente des cellules épidermiques petites, à parois rectilignes, dont plusieurs renferment un contenu de couleur marron foncé; toutes sont pourvues d'un protoplasma abondant. Poils très nombreux, couches et orientés vers le fond de l'urne, à parois rigides et à cavité oc- cupée par la même matière colorante niairon. C'est dans cette région seulement que se trouvent entassés les débris d'Insectes, Crustacés, Arachnides (Scorpion ), Mollusques, et il est digne de remarque que la totalité de l'urne du Darlingtonia californica Torr. (le seul que nous ayons pu avoir) présente absolument les caractères anatomiques de ce fond. Il en ré- sulte que les urnes du Z'«r/;«g^^o«/(7, moins bien adaptées que celles des .Sarz-rt-ce/?/»? pour la chasse des Insectes, en sont réduites à cette quatrième zone et il est juste de reconnaître qu'elles fonctionnent avec moins de perfection. Cette quatrième région serait donc la por- tion active et indispensable de l'Ascidie, si sa fonction est bien d'assimiler les matières d'o- rigine auiuiale. En somme, de ces quatre régions projjres aux Sarracénias, trois sont or- ( 58r ) ganisées, par l'agencement des poils et appendices, potir empêcher le retour de l'insecte en arrière, et par la sécrétion sucrée, des glandes pour l'attirer; une seule, la quatrième, pourrait peut-être être absorbante en même temps qu'elle fixe dans son entonnoir les nom- breux débris d'animaux qui s'y accumulent. G. Nepenthes. » Cette urne ])eut se diviser anatomiquement en trois régions : » Première région : Opercule. — Les deux épidermes présentent des ceilules sinueuses entre lesquelles se trouvent des glandes capitces, i)resque sessiles, dont le pied est formé par une seule cellule très courte et la tête par quatre ou cinq cellules en rosette, irrégulières de forme, à contenu rouge-brique. Quelques poils pluricellulaires très délicats, également colores en rouge-brique, s'y trouvent mêlés à quelques stomates. Ces caractères anatomiques sont du reste ceux de la feuille (limbe). » Deuxième région : Gorge. — En dessous de l'anneau spécial bien connu qui borde l'ouverture de l'urne, cette zone forme la moitié supérieure de la cavité ascidienne. Elle est pourvue d'un épiderme lisse dont les éléments à parois sinueuses sont pourvus d'un très abondant contenu protoplasmique et d'un noyau très petit, mais très apparent. Un grand nombrede ces cellules épidermiques épaississent leur paroi cellulosique externe pour former une cavité niduliforme (en forme de nid d'hirondelle), analogue morphologiquement à celle qui, dans la zone suivante, contient les glandes. Cette cavité est formée par la paroi d'une seule cellule, tandis que celle qui contient les glandes est pluricellulaire. De chacune de ces cavités sort une matière grisâtre, granuleuse, lépandue en couche uniforme à peu près sur toute la surface de la zone; l'ouverture ou boid de ces nids est dirigée vers le fond de l'urne. » Dans la couche sous-jacente (mésophyllleniie) de cette zone et de la zone suivante, on voit des cellules |)lus grandes contenant des cristaux d'oxalate de chaux. Dans la même couche, d'autres cellules plus nombreuses ont un noyau volumineux, et, dans leur cavité, s'agitent un grand nombre de granulations incolores, animées d'un mouvement brownien très vif. I. Troisième région : Fond. — L'épiderrae est formé par des cellules à parois très épaisses, engrenées. Des glandes, formées par un nombre considérable de très petites cellides réunies en un amas rauriforme, sont enchâssées dans des replis formés par les parois de plusieurs cellules. Suivant les espèces, la glande est plus ou moins volumineuse et plus ou moins saillante en dehors de son nid. Les éléments qui la composent, à parois assez épaisses, ont un contenu protoplasmique abondant, coloré en rouge-brique très vif. Ces glandes et leurs nids sont visibles à l'œil nu sous forme de petits points rouges. Le tranchant du nid est dirigé vers le fond de l'urne, qui, chez les Nepenthes, renferme toujours beaucoup moins de débris animaux que chez les Sarracénias. » Coiuiiie on vient de le voir par ces descriptions, nous avons, dans la structure de ces trois catégories d'urnes, des degrés fort diflérents dans la perfection de l'adaptation de la feuille à la condition de piège à capture des insectes. Il est remarquable de voir que les plus compliqués de ces appa- C. R., i885, 2" Semestre. (T. CI, K« 10.) "^ ( 582 ) reils sont aussi propres aux urnes les mieux pourvues de gibier. Il semble- rait donc, si l'on ne perd pas de vue que le liquide sucré (appât) est sécrété par les trois genres d'Ascidies, qu'il conviendrait de rapporter l'abondance des débris entassés dans ces cavités, bien plus à l'adaptation spéciale des épidermes qu'à la qualité du nectar, comme le voudrait M. Treat. » VITICULTURE. — Le Black Rot américain dans les viijnobtes français. Note de MM. P. ViALA et L, Ravaz, présentée par M. Ph. Van Tieghem. « Le Black Rot (pourriture noire) est une maladie des raisins qui cause de grands ravages aux États-Unis; elle est, avec le Mildew [Peronosporn viticola), le plus grand obstacle à la culture de la vigne dans les provinces de l'Ohio, du Mississipi et dans les vallées inférieures du Missouri. Elle n'avait pas encore été signalée en Europe; nous venons malheureusement de la constater dans les vignobles de l'Hérault. M. Henri Ricard, régisseur du domaine de Val-Marie, à Ganges (Hérault), nous adressait, le 1 1 août, à l'École d'Agriculture de Montpellier, des grains de raisins que l'on voyait rapidement pourrir et se dessécher. Nous avons bientôt reconnu que leur altération était due au Black Rot; une étude, sur les lieux, nous a permis de juger des caractères et des effets de cette nouvelle maladie. w Le vignoble de Val-Marie est établi sur les bords de l'Hérault, dans un terrain riche et sableux submergé, exposé aux vents dominants du nord-ouest et du sud. Des canaux d'irrigation le sillonnent en tous sens et maintiennent une certaine humidité qui, jointe à une température élevée, constitue un milieu des plus favorables au développement des maladies cryptogamiques. C'est dans la deuxième quinzaine de juillet, après un ar- rosage et une assez forte pluie, que le Black Rot s'est montré, d'abord iso- lément sur quelques grains, puis, au bout de très peu de temps, sur des grappes entières. Actuellement (20 août), la moitié de la récolte est anéan- tie, et si la maladie, entravée depuis huit jours, reprend son intensité, les dégâts seront bien plus considérables. » Les grains présentent tout d'abord une petite tache d'un rouge livide, qui s'étend rapidement en surface et en profondeur, envahissant tout le fruit, qui est complètement altéré au bout d'un ou deux jours. Il est alors d'un rouge brun livide, mou, spongieux, comme pourri. Le grain se flétrit et se dessèche dans l'espace de trois ou quatre jours; il est d'un noir foncé, la peau collée contre les pépins. A ce moment, sa surface est recouverte de petites proéminences noires, très nombreuses, et visibles à l'œil nu. Elles ( 583 ) apparaissent quand le raisin commence à se flétrir et sont constituées par deux sortes d'organes fructifères du champignon, cause du Black Rot, le Phoma uvicola (Berk. et Curt.). Ces fructifications ont déjà été décrites sur des raisins atteints du Black Rot, et provenant d'Amérique ('), ce qui ne permet pas de douter de la nature de la maladie que nous venons de constater. Elles sont distribuées indifféremment, parfois accolées : les unes sont des pycnides avec stylospores ovoïdes, globuleux, incolores, granuleux (diamètre de o°"",oo45"à o"'",oo93), et fixés sur de fins stérigmates; les autres sont des spermogonies avec spermaties en bâtonnets très ténus, allongés, incolores. L'enveloppe épaisse de ces conceptacles est percée à son sommet d'une ouverture, par où sortent en grand nombre les corps reproducteurs. Le mycélium du champignon, abondamment répandu dans les tissus du grain, est ramifié, cloisonné, variqueux, rampant entre les cellules ou les traversant. » Nous n'avons observé le Rot que par exception sur les sarments, les pétioles et les nervures des feuilles. Il s'y manifeste d'abord par une tache étendue, noire; l'altération gagne peu à peu l'intérieur des tissus et à la surface apparaissent les pustules caractéristiques de la maladie. Enfin, le Rot se développe rarement sur le parenchyme des jeunes feuilles sous forme de taches peu étendues, qui acquièrent brusquement, sur les deux faces, la teinte feuille morte et sèchent dans l'espace de vingt-quatre à quarante- huit heures; on aperçoit alors les fructifications du champignon. Le mal sur ces organes est insignifiant. » Les fruits de toutes les variétés n'ont pas été également atteints; il nous paraît que les grains juteux, à pulpe abondante, sont surtout attaqués; ainsi l'Aramon est la variété qui en souffre le plus; puis viennent par ordre : Carignan, Morrastel, Aspiron, Petit-Bouschet, Cinsant, Jacquez, Alicante- Bouschet. Nous n'avons pas observé le Black Rot dans d'autres vignobles de l'Hérault, du Vaucluse, du Gard et de la Drôme que nous venons de parcourir; il est cependant difficile de s'expliquer comment le mal a pu débuter dans le vignoble de Yal-Marie, où l'on n'a pas reçu de vignes amé- ricaines depuis six années. » Le Black Rot n'a absolument aucune analogie et ne peut être confon- du avec l'Anthracnose ni avec le Peronosposa viticola. Sa gravité serait (') Les Maladies de la vigne, par Pierre Viala, p. iG3 ;\ 1G7, et PI. T'II. — Quelques mots sur le Rot des 7ugnes américaines et l'Anthracnose des vignes françaises, par K. Pril- lieux [Bull. Soc, Botan., 1880; p. 34). ( 584 ) aussi £;rande que celle de ce dernier, si son extension était aussi rapide. Les quelques observations que nous avons faites semblent donner l'indice que son développement est relativement lent; toutefois, elles ne sont pas suffi- santes pour nous permettre de nous prononcer sur ce point, m PHYSIQUE DU GLOBE. — .Sur une secousse de tremblement de terre, ressentie à Orléans. Lettre de M. E. Rendu à M. le Secrétaire perpétuel. « Le didianche lô août i885, à Orléans, un grand nombre de personnes ont entendu un bruit sourd, accompagné d'une trépidation du sol. M. Nouel, professeur de Physique au Ivcée de Vendôme, alors à Marigny, à lo""" au nord-est d'Orléans, aperçu le bruit et ressenti la secousse; l'heure a été constatée par plusieurs personnes et fixée par M. Nouel à ^^23111 ^y^ gQJr (temps moyen de Paris). » On a constaté les mêmes effets à Meung, entre Orléans et Blois; mais au delà, à Beaugency par exemple, on n'a rien remarqué. » Avant ces renseignements, j'avais reçu de M. Tremeschini, qui habite les Lilas, près de Paris, une lettre dans laquelle il m'annonçait qu'il avait constaté, le même jour, à ']^2'i°^ du soir, un bruit et une secousse de trem- blement de terre. » La publicité donnée à ces observations engagera peut-être d'autres personnes à faire connaître ce qu'elles auraient pu recueillir concernant le même phénomène. » M. H. Gadeau de Kerville annonce qu'il a obtenu un hybride bigénère de Pigeon domestique et de Tourterelle à collier. Cet hybride présente, bien qu'avec une certaine atténuation, tous les caractères spéciaux des deux types parents, sauf le capuchon du mâle et la couleur noire du bec de la femelle. La séance est levée à 4 heures et demie. J. B. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE UACADËMIE DES SCIENCES. DISCOURS PRONONCES AUX OBSEQUES DE M. BOIQUET LE 11 SEPTEMBRE 1885. Discours de 31. J. Bertuand, SECUÉTAIRE PERPETUEL DE l'aCADÉMIE. « Messieurs, » Tous les géomètres de l'Europe étaient conviés, il y a huit jours à peine, à un concours qui sera mémorable. Le roi de Suède, admirateur éclairé des Sciences mathématiques, rappelait leurs progrès depuis un demi-siècle et lesespérancesquigrandissentchaque jour. Dans un tableau, tracé de main de maître, quelques noms brillent en tète des voies les ])lus nouvelles et déjà les plus suivies. Ceux de Briot et Bouquet occupent la place d'honneur, et cette consécration d'une gloire que le temps doit accroître a été, pour notre Confrère mourant, une suprême récompense et une dernière joie. » Briot et Bouquet! L'histoire de la Science retiendra ces deux noms sans les séparer jamais, et l'Académie des Sciences, dont les listes n'en ont inscrit qu'un seul, doit à leur mémoire les mêmes hommages et les mêmes regrets. » Jamais union scientifique ne fut plus complète et plus fructueuse. Liés d'une étroite amitié sur les bancs de l'École Normale, ils se retrou- vaient, presque à leur début, professeurs tous deux à la Faculté des Sciences de Lyon. L'habitude d'étudier ensemble fut bien vite reprise. Les C. R., i885, 2= Semestre. (T. CI, N° li) 7" ( 586 ) plus difficiles problèmes furent abordés. Dans ces conférences de chaque jour, presque de chaque heure, leur but était de s'instruire; plus d'une découverte semblait naître comme d'elle-même; sur qui tomba d'abord l'irtspiralion? S'ils ne l'ont jamais dit, c'est qu'en vérité ils ne le savaient pas. Ils arrivaient au but, et, pendant la route, souvent longue et pénible, leurs esprits ne s'étaient pas quittés. » Tous deux ont glorieusement rempli leur tâche. L'un, plus curieux de toutes choses, avait abordé toutes les études et laissera, sur les voies les plus diverses, les marques durables d'un esprit supérieur ; l'autre est resté le type le plus aimable du pur géomètre. La Géométrie le délassait de l'Algèbre, le Calcul intégral de la Théorie des nombres. Il travaillait sans cesse, publiait peu, mais inventait souvent; ses élèves sont nombreux, ils peuvent en rendre témoignage. » Il a été dit : « Bienheureux ceux qui sont doux et ceux qui sont " simples! » Bouquet a possédé ces deux béatitudes. Jamais les petits en- nuis, les petites déceptions, les injustices même, que la carrière des Sciences n'épargne pas plus qu'aucune autre à ceux c]ui s'y distinguent, n'ont fait naître chez lui la plus légère aigreur. Trop modeste pour mettre son amour-propre de la partie, la résignation lui était facile. Lorsque, trop tardivement au jugement de ses amis, non au sien, une justice plus com- plète lui était rendue, sa joie aurait été sans arrière-pensée s'il n'avait regretté, et d'un cœur bien sincère, que, pour penser à lui, on en eût oublié d'autres. )) Adieu, Bouquet, excellent Confrère, ami toujours dévoué, maître in- comparable, ta perte laissera parmi nous de longs regrets. Tes élèves cou serveront de toi un pieux et reconnaissant souvenir. Je n'essayerai pas de dire l'inconsolable douleur de ta famille. » Discours de M. Hermite, MEMBRE LE L'iNSTITIT, AU NOM DE LA FACULTÉ DES SCIENCES. « Messieurs, » Je viens adresser, au nom de la Faculté des Sciences, un dernier adieu à l'un de nos collègues les plus respectés et les plus aimés, dont les travaux mathématiques ont honoré la Science française, et qui s'est consa- ( 587 ) cré avec dévouement jusque dans ces derniers mois, jusqu'à ce que la maladie eîit triomphé de son zèle, à ses devoirs d'enseignement. 1) En sortant de l'École Normale, M. Bouquet a été d'abord professeur au lycée de Mai'seille, puis à la Faculté des Sciences de Lyon, pour occu- per ensuite, pendant près de vingt ans, la chaire de Mathématiques spé- ciales du lycée Condorcet et du lycée Louis-le-Grand. Ces deux établisse- ments garderont toujours le souvenir des brillants succès dans les examens d'admission à l'École Polytechnique, dus autant à l'homme de cœur qui portait à tous ses élèves intérêt et affection, qu'à l'éminent géomèti'c qui mettait un talent supérieur à enseigner les éléments de la Science dont ses travaux reculaient les bornes. C'est en collaboration avec Briot que M. Bouquet a donné de beaux et importants Mémoires, parmi lesquels je dois surtout mentionner celui qui concerne les équations différentielles du premier ordre, puis sur la théorie des fonctions elliptiques un ouvrage qui compte parmi les plus importantes publications analytiques de notre époque. D'autres recherches de notre savant collègue ont pour objet la variation des intégrales doubles, les tangentes aux courbes gauches, les surfaces orthogonales, les équations aux différentielles totales, des ques- tions difficiles et d'un haut intérêt dans la théorie des intégrales hyperel- lipliques et leurs fonctions inverses. Le mérite de ces travaux, universelle- ment reconnu, a reçu la plus haute des consécrations : l'Académie des Sciences, en 1875, a appelé M. Bouquet à occuper, dans la Section de Géométrie, la place de M. Bertrand devenu Secrétaire perpétuel. » En ce moment, je ne dois pas entreprendre d'apprécier les recherches d'Analvse qui ont été l'œuvre principale de notre collègue, mais je ne puis omettre de rappeler qu'elles ont été inspirées par les découvertes de Cauchy. Au terme de sa glorieuse carrière, Cauchy a eu le bonheur d'avoir dans nos collègues Puiseux, Briot et Bouquet, des disciples dignes de lui, qui ont, en des points essentiels, complété ses travaux et mis dans une plus vive lumière la puissance et la fécondité de ses principes. Ces disciples ont été des amis dévoués à sa mémoire, au culte de son génie; M. Bou- quet, pendant les treize années qu'il a occupé la chaire d'Analyse de la Faculté, s'est fait l'instituteur des doctrines du maître immortel, et ce n'est pas le moindre honneur de sa carrière, d'avoir élevé ses leçons au niveau de la Science de notre temps, et aplani pour les élèves le chemin qui mène à ses plus hautes régions. » Au nom de la Faculté des Sciences, au nom de l'amitié qui nous ( 588 ) unissait, j'adresse un suprême adieu à l'homme excellent, au collègue regretté de tous, au géomètre éminent que nous avons perdu. » SÉANCE DU LUNDI 14 SEPTEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président rappelle à l'Académie la |)erfe douloureuse qu'elle a faite, dans la personne de M. Bouquet, Membre de la Section de Géométrie, décédé à Paris, le 9 septembre 1 885. M. Bertrand rappelle, en quelques mots, les services rendus à la Science et à l'Académie par M. Bouquet, Le discours prononcé par M. Bertrand, aux obsèques de M. Bouquet, est inséré plus haut (page 585). CHIMIE. — Sur la fluorescence des terres rares. Note de M. Lecoq DE BOISBAUDRAN ( ' ) . « Voici les qnatre principales objections suggérées, contre mon inter- prétation, par l'ensemble des faits observés : » 1° Relativement à l'extinction mutuelle de mes terres A et B (sulfates dans le vide) : l'yttria étant la cause essentielle de la fluorescence, existe- l-il dans B une terre s'opposant à la vibration fluorescente de Yi^O'? » 2° Mais, comme B donne une fluorescence notable par mon procédé Vciir la Note précédcnic, Comptes rendus, p. 55?., sept. i885. ( 589 ) de renversement, les spectres obtenus par les deux méthodes ne sont peut- être pas dus aux mêmes substances? L'yttria fluorescerait dans le vide, sous forme de sulfate et non en solution; ce serait le contraire pour Za et Zj3, lesquelles, inertes à l'état solide, fluoresceraient eu solution. Cette hypothèse s'appuie en partie sur la non-identité de constitution des bandes obtenues par les deux méthodes. » 3° L'yttria, cause réelle de la fluorescence, ne vibre pas seule : la pré- sence d'un ou de plusieurs des oxydes du genre terbine lui connnunique la faculté de fluorescer dans le vide, ainsi que le fait la chaux pour la sama- rine? Cette hypothèse n'est pas incompatible avec la première, car les terres du genre terbine pourraient contenir certains corps favorisant la fluorescence de l'yttria et d'autres la contrariant. » 4° Même avec mon procédé par renversement, une des terres du genre terbine affaiblit surtout la bande citron, tandis qu'une autre agit de pré- férence sur la bande verte? Ceci expliquerait les différences d'éclat relatif que j'ai notées entre ces deux bandes chez plusieurs produits. Les bandes io5, ii5, etc., appartenant à l'yttria, seraient inégalement modifiées par les substances étrangères. Réponses aux objections précédentes. » Première objection. — Elle pourrait s'appliquer à la fluorescence des sulfates dans le vide, mais non à celle des solutions traitées par renverse- ment, ainsi que le montre l'expérience suivante : » J'ai mêlé quantités égales de mes terres A et B. La solution chloiliy- drique a donné la même fluorescence que B seule, sauf affaiblissement d'éclat sensiblement proportionnel à la ddution subie par B. Il me paraît résulter de là que si A seule ne fluoresce pas (par renversement), ce n'est point parce qu'elle contient une substance empêchant de vibrer l'yttria qui en constitue la presque totalité; dans ce cas, la fluorescence de B au- rait été éteinte ou très diminuée. Si B, très pauvre en yttria, donne par elle-même une fluorescence notable, ce n'est point parce qu'elle contient une terre facilitant la vibration de l'yttria (troisième objection), puisque l'addition de A n'augmente pas la fluorescence de B. Ainsi A et B conser- vent leurs fluorescences respectives dans le mélange. Les objections i" et 3° ne s'appliquent donc pas à la fluorescence des solutions. L'indépen- dance doit être, d'ailleurs, bien plus grande, entre les diverses terres, dans un liquide que dans un corps solide. Je n'ai jamais observé de chan- gement dans la constitution des bandes de reuversemenl obtenues avec ( 590 ) des matières très diverses, tandis que M. Crookes a signalé de nombreuses modifications consécutives à l'addition de chaux, d'oxyde de plomb, etc., aux terres examinées par sa méthode. » Une forte proportion de CaCP ne modifie pas la fluorescence de ma terre A en solution chlorhydrique ; ce fait a été aussi observé par M. Crookes. » J'ai obtenu la fluorescence des bandes de Za et Z|3 avec une solution nitrique très acide, » Un mélange de samarine et des terres du genre terbine (avec ou sans Di), dissous dansHCl, donne à la fois, par renversement, les bandesduSm et celles de Za et Z/3. Il n'y a pas extinction mutuelle, contrairement à ce qui s'observe dans la belle expérience de M. Crookes (sulfates dans le vide). » Deuxième objection. — Si l'on admettait que les bandes obtenues par les deux méthodes sont d'origines identiques, la question serait résolue dans le sens de mon opinion ; mais ces bandes sont ilissemblabies, n'étant pas formées des mêmes raies élémentaires et leurs positions variant un peu. Toutefois, les raisons suivantes militent en faveur de la communauté d'ori- gine. » Le samarium offre un exemple de bandes subissant des changements de même ordre, suivant le mode d'observation et la nature des substances ajoutées, ainsi que l'a montré M. Crookes d'une façon frappante. » Il serait bien surprenant que des corps essentiellement différents don- nassent de pareilles séries de bandes, d'aspects généraux si analogues, rela- tivement placées de la même manière et ne différant que par des détails, comme les spectres des composés solides du didyme diffèrent entre eux. M Troisième objection. — Répondu en même temps qu'à la première. » Quatrième objection. — L'indépendance des fluorescences dans les mé- langes de terres, examinés par renversement, répond en partie à cette objec- tion. Dans un spectre fluorescent, une bande donnée pourrait cependant être éteinte, à l'exclusion des autres, soit par une bande d'absorption du liquide (cas facile à reconnaître) (' ), soit parce que certains rayons excita- teurs delà fluorescence seraient absorbés dans une autre partie du spectre. D'après les beaux travaux de M. Becquerel, l'extinction de notre fluores- cence partirait alors très probablement d'un certain point pour s'étendre plus ou moins vers le rouge; tout au plus se produirait-il une extinc- (') Ce cas se présente, pour la bande Z« io5, quand la liqueur contient une proportion notable de didyme. ( Sgi ) tion sur un assez large espace limité à droite et à gauche. Mais les varia- tions relatives de ZaetZ|3 ne s'expliqueraient ainsi qu'en admettant une extinction très localisée sur la position de la bande Zaio47^ (environ X 58o,6 à X5G5,8) et ne s'étendant ni à Zj3 i i5|(environ X553,4 à X538,5), ni à loi (environ X590,9 à X58o,6) qui louche Za. Cela n'est peut-éire pas théoriquement impossible, mais me paraît bien improbable. » Les observations suivantes se rattachent à la présente discussion. » Une de mes terres ne donne, par étincelle directe, aucune trace du spectre de l'yttria et occupe, dans le fractionnement dont elle fait parîie, une place assez éloignée du point où l'yttria commence à se montrer : cette terre donne, par renversement, une très belle fluorescence, ZaïoS l'em- portant sur Z/3 1 15. » Une antre terre ne montre pas d'yttria au spectroscope et fournit, par renversement, une magnifique fluorescence comprenant les bandes Z|S i i5 et autres, toutes très fortes, tandis que Z« io5 y est relativement peu déve- loppée. » En résumé, je crois que l'yttria n'est pas la cause première des bandes ZotioS, Z/3 1 15, etc., obtenues soit par la méthode de M. Crookes, soit par la mienne. I^a preuve serait faite si l'identité des spectres observés avec les deux méthodes était rigoureusement démontrée. A l'appui de mon opinion, je citerai le fait que l'yttria la plus pure fournit la plus faible fluorescence, non seulement en solution par renversement, mais encore dans le vide, sous forme de sulfate. « En parlant de ma terre A, j'ai préparé une ytiria (sans doute la plus pure qu'on ait obtenue jusqu'ici) dont le sulfate ne donne plus, dans le vide, qu'une très légère trace des bandes Za, Z|3, etc. ('), appartenant à la fluorescence qui nous occupe et qui est si brillante avec ma terre A, la terre B de M. Crookes et l'yttria de M. Clève. L'addition de 3 à 6 parties de CaO à ma nouvelle yttria ne développe point les bandes Z«, Zp, etc.; elle les rend même à peu près imperceptibles. J'espère pouvoir éliminer complètement les traces de matières étrangères qui donnent lieu, d'après moi, à ce léger reste de la fluorescence de ma terre A (- ). » A mesure qu'en purifiant l'yttria on voit s'évanouir la fluorescence par- ( ' ) Zk io5 est seule distinctement visible, quoique bien faible. (^) Cela sera peut-être difficile avec la substance actuellement en ma possession, à cause de rcxtrêine diminution de quantité que lui ont fait subir les nombreuses opérations qui ont été nécessaires pour la préparer. ( 592 ) ticulière aux anciennes yttria, on constate l'apparition d'iaie autre fluo- rescence (') très différente, que j'étudie depuis quelques jours et dont je décris les principaux caractères dans un pli cacheté que j'aurai l'honneur de déposer sur le Bureau de l'Académie en même temps que la présente Note. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur lin nouveau modèle d'intégralité, système D. IVapoli et Abdank-Abakanowicz. (Renvoi au Concours de Mécanique. ) « L'appareil que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie sert à tracer une courbe intégrale [Y = f/[Jc) dx -+- C], étant donnée une courbe quelconque [j =f[x)]. » L'un de nous a déjà présenté à l'Académie (") plusieurs intégrateurs, basés sur l'emploi d'un nouveau principe cinématique, qui étaifcnt destinés à remplir le même office. Depuis ce temps, on s'est beaucoup occupé de ce nouveau moyen d'intégration, de la courbe intégrale et des appareils des- tinés à la tracer [voir C.-V. Boys, Henry Selby Hele Shaw, Mestre et autres). » Nous n'avons pas besoin d'insister sur la théorie de ce genre d'inté- grateurs mécaniques, que nous avons eu l'occasion de donner. Nous nous bornerons à rappeler qu'ils sont caractérisés parles deux points suivants : » 1° Absence de glissement entre les surfaces des parties constituantes de l'appareil, qui changent leur position relative en roulant les unes sur les autres. » 2° Les dimensions de ces parties ne jouent aucun rôle, comme dans les intégrateurs antérieurs, et ce n'est que la direction des axes et des plans de rotation qui a de l'importance. » V intégraplie que nous présentons aujourd'hui est une modification du modèle indiqué par la^îg. 3 [Comptes rendus, 20 mars 1882); seulement, au lieu que la roulette reste sur l'axe des abscisses, et que le plan se meuve da ns la direction des ordonnées, c'est le contraire qui a lieu. Le plan du dessin ( ' ) Cette fluorescence est d'une jolie couleur rose-aurore. (^) Comptes rendus, ?.i fc'vrier 1881, 7 mars i88i, '20 mars 1882, i~j novembre 1882. ( iy^ ) reste immobile et la roulette décrit la courbe intégrale, comme dans l'ap- pareil de M. Boys (' ), » La nouveauté de l'appareil que nous présentons consiste principale- ment dans les détiiils d'exécution, qui sont toujours de la plus haute im- portance dans cette classe d'instruments. » Les avantages principaux, que nous trouvons dans ce modèle, sont les suivants : » 1° Les courbes sont tracées à l'encre, par un tire-ligne, ce qui fait qu'elles sont extrêmement nettes et que leur commencement et leiu- fin sotit bien déterminés. » 2° Dans les parties mobiles, il n'y a pas de jeu, ce qui peiinet de tracer les courbes avec une très grande exactitude. » La figure ci-jointe représente cet appareil. Une règle en fer en I, pa- rallèle à l'axe desX, se fixe sur la planclie à dessiner. Elle porte unf rainure longitudinale sur sa face supérieure. Dans cette raiiuue, peuvent rouler deux galets, portant, au milieu de la pièce qui les réunit, deux règles de laiton en forme de T parallèles entre elles et perpendiculaires à la première. Elles donnent la direction des ordonnées. » Entre ces deux règles, deux chariots peuvent se mouvoir. Le premier, placé le plus près de la règle des X, porte une pointe A, destinée à suivre la courbe donnée j ^^/ {x), qui est un cercle sur notre figure. Le second, placé plus loin, est muni à son centre d'un tire-ligne B', dont la jjointeest. guidée par deux roulettes équidistantes /■, /' roulant sur le papier de manière à avoir leur plan parallèle à une droite donnée et ayant toujours une direction telle, que la tangente de son angle avec l'axe des X soit constamment proportionnelle à l'ordonnée de la courbe primitive. » Les deux chariots sont rendus très mobiles, en remplaçant le frottement de glissement des axes par un frottement de roulement ; à cet effet, les extré- mités des axes des roulettes qui les supportent et les guident sont amin- cies, et roulent sur la surface plane des échancrures ménagées pour cela dans les fact-s latérales en acier des chariots, pendant que la circonférence de ces roulettes roule dans des rainures pratiquées tout le long des deux fers en T. » Ces fers en T sont portés, d'un côté, par les galets roulant dans la rai- nure du fer en I; de l'autre, par un galet unique reposant sur le papier. » Perpendiculairement à l'une de ces barres est fixée une règle divisée, Philosophical Miig.; 1881. R., i885, 2' Semescre. (T. CI, N- IS.) ( 59'. ) par un point de laquelle passe conlimiellenient, entre deux petits galets, tine troisième règle dont l'extrémité tourillonne sur la pointe A du pre- mier chariot. ■) Lorsque la règle divisée est placée sur l'axe des X et que la pointe du chariot suit le contour de la figiu-e donnée, la tangente de l'angle que fait la règle inclinée avec l'axe des X est proportionnelle à l'ordonnée de la figure. M C'est parallèlement à cette règle que doivent se mouvoir les roulettes r, r' et le tire-ligne B' du second chariot. )i Pour obtenir ce parallélisme, on emploie un parallélogramme défor- ( 595 ) niable, constitué de la façon suivante. Deux roues d'engrenage, de même diamètre et formant treuil, sont fixées sur la règle qui aboutit à la pointe A du premier chariot et leur ligne des centres est parallèle à cette dernière. Le second chariot porte aussi deux tambours, également égaux en diamètres à ceux des treuils des roues dentées précédentes. Ils sont fixes et leur ligne des centres doit rester constamment parallèle à la ligne des centres des treuils à engrenage, et conséquemment à la droite qui passe par la pointe A. Ce parallélisme est obtenu au moyen d'une faible lame de ressort en acier ou d'un fil de soie, passant sur les quatre roues précitées, dont les deux premières à engrenage le maintiennent toujours tendu à l'aiile d'iui ressort à barillet situé au centre de l'une d'elles. Le tranchant des roulettes /•, r' du second chariot empêche celui-ci de céder à la traction de ces fils, ne lui permettant ainsi de se mouvoir que dans la direction de lein* plan. On voit que, par ce moyen, deux des côtés du |)arailélogratnme peuvent s'allonger ou se raccourcir, par le déroulement ou l'enroulenient des lames de ressorts ou des fils de soie sur les treuils des deux roues dentées, qui, engrenant ensemble, n'en laissent échapper qu'une même quantité sur les deux brins. » Les applications de l'inlégraphe sont très nombreuses ('), et c'est surtout dans l'art de l'ingénieur qu'il peut rendre de grands services. On connaît quel rôle joue le tracé des courbes ou polygones funiculaires dans les problèmes de la Statique. Or l'intégraphe trace mécaniquement ces courbes et avec une très grande précision. Ainsi les problèmes de ce genre, comme centres de gravité, moments d'inertie, courbes des efforts tran- chants et moments fléchissants, courbes élastiques, etc., sont résolus d'une manière rapide et exacte (^). « ART MILITAIRE. — Sur les contre-mines sous-marines. Lettre de M. A. Trêve à M. le Président. (Renvoi à la Section de Physique.) n 3o juillet 1885, abord du cuirassé t'.Halante. — Eu mer, diî Hong-Kong il Saigon. )) J'ai l'honneur de vous informer, et de vous prier de vouloir bien en faire part à l'Académie, que, le 22 de ce mois, par ordre et en présence (') Comptes rciid.ts, séance du "] mars 1881. ( -)_L'^'P|).iit!il est construit par la maison P. Biuljicr et C'-. de M. le conti-e-amiral Lespès, commandant en chci l'escndre de l'extrême Orient, j'ai procédé, en rade des Pescadores, anx expériences de contre- mines sous-marines que j'avais préparées en vue de l'attaque probable des ports de Tamsui, de Ningpo et de Port-Jrllvir, tous les trois protégés par de nondjreuses torpilles dormantes. » Ces expériences ont aussi complètemenl réussi qu'il y a quatre ans, à Boyardville, quand j'y commandais l'École de Torpilles. » En conséquence, j'ai l'honneur de soumettre à la haute appréciation de l'Académie, qui fut toujours si bienveillante pour moi, le Mémoire ci- inclus, consacré à l'exposé du système de contre-mines sous-marines en question, et de plusieurs autres projets ayant Irait à l'attaque comme à la défense des ports et rades. » M. Beaufils, m. a. Netter, M. A. Schweitzeu, M. G. Mvutz, M. J.-A. Canteko adtessent diverses Communications relatives au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. A. BivAi'D, M. Deleuil adressent diverses Communications relatives au Phylloxéra. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) CORRESPONDANCE. ASTRONOMIE. — Sur l'éloilc nouvelle de la nébuleuse d' Andromède. Observa- tions de la comète Brooks, Jattes à l'observatoire de Paris [équatorial de la tour de V Ouest); par M. G. Bigourdan. Communiqué par M. Mouchez. « L'étoile nouvelle, apparue récemment à côté du noyau de la nébu- leuse d'Andromède, a déjà diminué de grandeur. Voici la comparaison de son éclat avec l'étoile iS^B.D -|- 4o" = 969 Weissej o'' : » Le 6 septembre, l'étoile nouvelle snrpass;iit 96g Weisse.j de i,') à 2 grandeurs, et elle paraissait notablement rouge. Le 11 septembre, la dif- férence, encore à l'avantage de l'étoile nouvelle, atteignait à peine une grandeur entière, et l'étoile nouvelle ne paraissait plus nettement rouge. Le 12 septembre, les deux étoiles étaient à bien peu près de même écbit; peut-être l'étoile rionvelle était légèrement plus faible que l'antre. ( '^91 ) » En adoptant 9,0 jinnr 1;) gtandetir de gBgWeissp^o'', les gr; successives de l'étoile nouvelle seraient donc : n letiis 1885. Sept. 6 à ■r'Oj/f (temps sidéral de Paris) '7, 3 » I I à ?,o,g » 8,2 19. a 20,4 9,0 » Maintenant que réioile a diminué d'éclat, on voit sans peine, à côté d'elle, le noyau de la nébuleuse. Ohseivntinns de la comète Broo/iS Dates. 18S5. Etoiles de comparaison. Sept. 7 fi ?.53o B.D. + 38" ,S /' 2g?. Weisse, i4'^- q c Anonyme. ,', ./ G8i-87.W,.4i'. 12 c 801-02 W.i 4''. Grandem*. 10 7 1 1 9 8 M. m s 4-0. 8,17 — o. 0,55 -o- 9>7' + 0. 1,32 -t-1 .26,33 + • Dëcl. f H — I .52, I —6. 6,7 — o. 12 ,2 -9. 8,1 + 6.27,8 Nombre de coiiip. i5:i5 i5:i5 12:12 20:20 80:20 Positions des étoiles de comparaison. laies. M Réduction Déclinaison Réduction 1885. Étoiles. moy. 1 885,0. au jour. moy. !8S5,o. au jour. Autorités. >ept. 7 . . a 14. 9.26,7 + 0,20 +38.51.25 + 8,3 B.D. 8.. .. b i4.i5. ^,i5 +0, rg + 39. ig.23,o + 8,8 Wei.ssej. î)-- c 14.21 .17,53 +o,i8 + 39.37,31,4 + 9.3 Ra|)poiléc à y et j> 10 . . . d 14.33.32,96 4-o,i5 +4o-3i. 9,6 H- 1 0 , 3 Weisscj. 12. . e 14. 38. 3i, 23 +0, i5 +40.36. 7,0 + 10,6 Id. f 14. 19 -36, 01 1! + 39.39.15,2 i> Id. S 14.22.11,67 » +39.38.46,3 » Id. Positions apparentes de la comète. Dates, 1885. Sept. Temps moyen de Paris. h m » 7 10. 7.49 8 8.13.4 () 8. 20 . o Il 8.24. 18 12 8.21.7 ÎK .ipp. Il m s 14. 9.35,1 14. i5. 3,89 14.21 . 8,00 14.33.34,43 14.39.57,71 Los. fact. par. 7,G8o ï.Ggi T,6g5 1,770 T,765 Décl. app + 38. 49'. 4." + 39. 1 3. 25, 1 +39.37.28,4 -1-40.22. 1 1 ,8 -t- 40.42.45,4 1.0 17. Hict. ]>.'ir. ">79l o,638 o , 642 0,635 0,622 { 59^ ) ASTRONOM I K. — Tables numériques destinées à facitiler le calcul des éphémêrides des petites planètes. Note de MM. O. Callandbeac et L. Fabry, présentée par M. Mouchez, « Habituellement la solution de l'équation de Kepler joue un rôle essen- tiel dans le calcul d'une éphéiiiéride. On sait que, en partant d'une valeur approchée de l'anomalie excentrique, déduite par exemple d'un dia- gramme, comme celui de M. Radau [Bulletin astronomique, t. I, p. 38i), on obtient la valeur exacte après quelques essais; des formules bien connues permettent d'avoir ensuite l'anomalie vraie qui figure dans les expressions des coordonnées rectangulaires de la planète. » On conçoit que cette méthode générale puisse être simplifiée si l'on se place dans des conditions particulières bien définies. Nous avons eu en vue spécialement les éphémêrides des petites planètes. Les excentricités des orbites n'atteignent pas 0,4- Nous nous contentons de la précision des Tables à cinq décimales, très convenables pour construire des éphémêrides d'observation. « Dans ces conditions, on obtient du premier coup l'anomalie vraie v au moyen de l'anomalie moyenne M par la formule suivante 5i' — M „ I -, tang— ^-=Ctang-M, une fois que C est connu. Or il arrive que ce coefficient diffère peu de tang^ (45°-+- f ?), en posant, suivant l'usage, l'excentricité e=:sin(p (voir loc. cit.). On comprend dès lors pourquoi nos Tables fournissent les diffé- rences logC- 2logtang(45°H-fî>), au moyen des arguments M et ©. » Quand f ne dépasse pas 10°, la différence, insensible pour 1°, 2° ou 3", atteint au maximum trente unités du cinquième ordre décimal. Lorsque cp est compris entre 10" et 24°, on ne tire pas directement la différence des Tables : le nombre qu'on trouve a besoin d'être multiplié par un facteur auxiliaire dépendant seulement de y et facile à calculer. )) Les valeurs de logC pour le commencement et la fin d'une éphéméride sont souvent idtnlicjues; dans tous les c;is, une interpolation facile fait con- ( %9 ) naiire les logarithmes des coefficients intermédiaires. On économise ainsi, à pen de chose près, le calcul de l'anomalie excentrique. » Les Tables dont il s'agit paraîtront prochainement dans le Bit/lelin mlronomique, et nous espérons qu'elles seront bien accueillies par les as- tronomes. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés métliyléniques. Note de M. Louis IIp.nrv, présentée par M. Friedel. I. — MÉTHANE EI-ÉTHYLOXYLK H" C.-( OC'-II'' )^. « Ce composé résulte de l'action de l'iodure de méth^'lène H'C-P sur l'étliylale sodique, dans l'alcool. » C'est un liquide mobile, parfaitement incolore et d'une limpiditécom- {)lète, d'une agréable odeur sui generis, tout autre que celle de l'acétal, d'une saveur piquante, peu soluble dans l'eau où il surnage, tout à lait insoluble dans la solution concentrée du chlorure calcique. Sa densité à 16", 7 est, par rapport à l'eau à la même température, 0,8270. Il bout sous la pression de yGo'"" à Sa^-SS". C'est le point d'ébullition qui le rend ana- logue aux dérivés oxy-méthyliques et haloïdes corresj)ondanls. » Sa densité de vapeur a été trouvée 3,44 ; 'a densité calculée est 3,5g. » Ce corps complète la série des dérivés élhyloxjlés du méthane, lesquels tiennent lieu, comme on sait, des dérivés hydroxylés correspondants, dont le premier seul, l'alcool méthylique, est connu, du moins est stable. iiiiiiiiiiiiiii. Il'C 164" l':i)iillili(in. Éliiilliticin. ii'C(oii) ((i' iim::{oc-ii=') m" ll'C(Oll)'' » II-C{OC=H=*)^ 82-83"^ HC(OH)'' » HC(OC-H=)' 145-146 H»C(01I)' .. C(OC-H')'* 1 58-1 59" H. — Dérivés iialoidks mi\ti.s. ,C1 » a. Cliloro-bromure de méllijlène H'C . — J'ai obtenu ce corps, comme précédemment le chloro-bromurc d'éthylène C'-H':;^ ('), par \Br Comptes reniliis, t. LXX, p. i4o4 (année 1870 ( 6ocj ) c l'action du brome en excès sur le chloroiodure correspondant H-C , . » C'est un liquide mobile, incolore, ne se décomposant pas à la lumière, d'une agréable odeur éthérée, d'une saveur douceâtre et piquante, insoluble et plus dense que l'eau; sa densité à 19° est, par rapport à l'eau à la même température, 1,9907. Il bout à 68"-96°, sous la pression de yGS""". Sa densité de vapeur a été trouvée 4,43; la densité calculée est 4,47- Br » b. Broino-ioclure de mélltylène H'C C . — Il résulte de l'action du \ I brome, employé en quantité insuffisante, et mieux de celle du bromure d'iode IBr, sur l'iodure de méthylène H^CI". Des rectifications répétées permettent d'arriver à un produit pur, exempt de CH-Br- (ébuU. 98") et deCH^I-(ébull. 180°). » Le bromo-iodure de méthylène constitue un liquide incolore, mais prenant une couleur purpurine à la lumière, d'une odeur éthérée agréable, d'une saveur amère et douceâtre; il est insoluble et plus dense cjue l'eau; sa densité à 16", 8 est, par rapport à l'eau dans les mêmes conditions, 2,9262. Il bout, sous la pression de 754"", à i38°-i4o°. » Sa densité de vapeur a été trouvée 7,65, la densité calculée est 7>63. )» Ces deux corps complètent la série des dérivés haloides mixtes du méthylène. ÉbulliLion. (H^CjCI Br 68-69 (il^C)CII 109-110 (t) (ti«C)BrI i38-i4o » Ils se rangent parmi les éthers haloïdes mixtes les plus simples. Je me j)ropose de les utiliser pour résoudre la question générale de la différence d'afjlilude réacdonnelle dtis corps halogènes, question que j'ai déjà étudiée expérimentalement dans les dérivés élliyléniques [-). » Les corps décrits dans cette Note ont élé analysés ''*■.» (') SiLVA, BuUfliri de la SuciéCé cliiiiiique de Bcrtiii, t. VllI, p. l47o; iS^S. [''■] Sakuhai, Jouiintl of tlif clicinicid Society, !. I, 1882, ]). 36o, et avril l88fj, [>. ii)8. (■') Comjdes tendus, I. XCN I, p. 1062 tl ii40J '883. ( f'"I ) criiMlF, iNDUSTniELl.K. — Sur la fermentation panaire. Note (le M. Aimé Girard. « La transformation rie la farine en pain est, certainement, la résultante de réactions chimiques variées. Les recherches récentes de MM. Chican- dard, Marcano, Moussette, Boutroiix, etc., celles que poursuit M. Balland fournissent sur ce sujet des documents très intéressants. » Mon intention n'est pas, pour le moment du moins, de reprendre en détail l'examen de toutes ces réactions; mon but est simplemetit de recher- cher (parce que cette recherche m'est nécessaire pour d'autres travaux) si le phi^nomène principal dont la panification s'accompagne, celui qu'on désigne sous le nom de levée du pain, est bien, comme l'indiquait Malouin dès 1760, le résultat d'une fermentation spiritueuse, c'est-à-dire alcoolique, ou bien si, au contraire, cette façon d'interpréter les choses doit être rejetée, comme le pensent, aujourd'hui, quelques savants. » Lorsque, sous le microscope, on examine une des membranes minces qui forment les parois des cavités panaires, on n'y reconnaît d'abord aucune organisation; mais si, après avoir mouillé cette niembrane, on la froisse légèrement, on la voit, aussitôt, se séparer d'ini côté en fragments minces et plats, que l'iode colore en brun : ce sont des fragments de gluten ; d'un autre, en grains non plus arrondis, mais irréguliers, gonflés, plissés, que le même réactif colore en bleu : ce sont des grains d'empois. Si, en- suite, reprenant 'une membrane semblable, on la fait digérer à 5o° avec de leau de malt, on voit les grains d'empois disparaître, et sous l'objectif il ne reste plus qu'ime feuille continue, d'une minceur extrême, port.ant les traces d'un étirage énergique, colorable en briui par l'iode : c'est une feuille de gluten. » La constitution physique du pain se dessine alors avec netteté; en laissant de côté les f:iits accessoires dont on ne doit pas, cependant, né- gliger l'importance, il apparaît comme une masse spongieuse dont les cavités (les yeux) sont fermées par des membranes de gluten soudé par le pétris- sage, et dans lesquelles sont enchâssés les grains d'amidon que la cuisson a transformés en empois. » Pour caractériser la réaction d'où naît le premier terme de cette trans- formation de la farine, c'est-à-dire la levée de la pâte, j'ai cherché à carac- tériser les produits essentiels qui accompagnent le phénomène, l'acide carbonique et l'alcool, et surtout à en évaluer la quantité. C. R., iS85, 2° Semestre. (T. CI, N" 11.) 7" ■ 6()2 ) )) J'ai, (laiis ce but, fait [létrir soit an fournil, soit au laboratoire, tantôt sur levain, tantôt sur levin-e ('), des pâtes qui, aussitôt à point, pour éviter les transformations ultérieures, ont été soTunises à l'analyse. M. Lucas, directeur du marché des farines doiize-uiarques, a bien voulu, pour ce travail, mettre à ma disposition son chef d'atelier, M. Antoine. .Te suis heu- reux de les remercier ici, l'un et l'autre, du concours qu'ils m'ont prèle. » Gaz fournis par la levée de In pâle. — La jjâte ayant été pétrie, de petits pains ont été tournés qu'aussitôt, pour les pouvoir manier, j'ai logés dans des cylii:dres en toile métallique. Mis en couches, les pains ont été ensuite, à différents Uioments de l'apprêt, glissés avec leur enveloppe dans des cols droit, remplis d'eau bouillie, qui, bouchés immédiatement, ont été njis en communication avec une trompe de Schloesing; les gaz ont été recueillis en quelques minuies; les résultats ont été les suivants : iijo i>artios de gaz Po'Js Et.1t contenant Rapport pain- l'appivt. l'ocneilli. Ac. carb. Oxyg. Azote, .i l'azote. 33,5 A point (-) 44 8fi,io 3, 00 10,90 21 ,5 Sur leviiio. . . ' 4o,o Poussé 'ï?. 8q,oo 2,60 8,4o ^^^' 40,0 Très poussé 58 93, 00 1,49 5,5o 20, 1 79.9 40,9 Très jeune (-).. . 3o 91,90 1,66 6,34 — -^ " " 79.3 Sur levain ,. . ■ f\o,o A point (-) 42 9l,4o Oj88 L,qS ^^ ' ' 85, o 40,0 Un peu poussé. . . 53,5 94)5o 1,1 a 4 1^9 ^^^ 79''^ 4o,o Jeune (-; 25,7 89,00 1,80 0,20 1^ 84,0 •■ ••• 4o.o A i)oint 52,5 94,00 0,95 5,i4 ', '^ 83, 3 40,0 Poussé 5i,o q5,3o 0,59 4,o4 ^-î^ 87,3 » L'examen de ces chiffres ne laisse, à mon avis, aucun doule siu- la na- tiue des gaz qui déterminent la levée du pain; ces gaz sont essentiellement (') J"ai vérifié que cette levure ne contenait pas tiace a|)préciable d'alcool. (-) La riTollo i\u i^az a élé, intcntionnellcmunl, pour ces quatre essais, arrêtée avanlijircirc fùl Icrnilui'o. ( Go3 ) formés (racide carbonique, auquel resle luélaugé l';\ir priiiiitivciut'iil cou- tenu dans la farine; dans certains cas, une partie de l'oxygène paraît avoir disparu, employée, sans doute, à une fernientalion acétique secondaire. » Recherche de l'alcool. — Je citerai seuletnint les deux dernières expé- riences que j'ai faites à ce point de vue. 0 }" 5^' de i)âte ont clé pélris sur levure ; à l'apprêt, chaque pain tle i^^ a élc lapidement malaxé dans i''' d'eau, de manière à séparer le gluten. Les eaux amylacées, traitées par un grand excès de sous-acétate de plomb, ont été filtrées sur toile, le résidu pressé et les eaux claires recueillies. De ces eaux, un volume correspondant à 2}-^ de pain (4''',4oo) a été distillé doucement, de manière à obtenir i'"' de phlegme. Par des distillations succes- sives ce phlegme a été amené au volume de 3o" , et dans ces 3o™ j'ai reconnu la présence de 6" d'alcool, que j'en ai pu, par fractionnement, extraire en partie à l'état de pureté, rete- nant cependant luie essence très volatile, jaunâtre, qui lui communique une odeur rappelant celle de l'alcool de grains. » 2" 5^' de pâte o^t été, de même, pétris sur levain et, dans les mêmes conditions, j'ai pu de 2''^' de pâte levée retirer 6'',6 d'alcool. ') Au cours lie la levée du pain, on voit donc se développer dans l'ou- vrage, d'un côté une quantité de gaz qui, d'après les données ci-dessus, peut s'élever jusqu'à SS*"" pour un pain de 4°^'' et dans laquelle l'acide car- bonique, figurant pour 96 pour 100, s'élève au poids de 2«'',73 par kilo- gramme de pain ; d'un autre côté, une quantité d'alcool qui, en moyenne, pour ce même kilogramme, atteint 3^'',i5, c'est-à-dire 2B'',5o environ. » Il suffit alors de comparer ces deux cliiffres pour reconnaître qu'ils se présentent, aussi exactement qu'on peut le souhaiter, dans la proportion qu'exige l'équation de la fermentation alcoolique, telle que nous l'a donnée M. Pasteur, el, par suite, il convient d'admettre que, considéré indépen- damment des transformations accessoires que la pâle peut subn-, le pliéno- mène essentiel de la panification, celui par lequel la pâte compacte est transformée en une pâte poreuse, accessible aux sucs digestifs, est le résul- tat d'une fermentation alcoolique. » ANATOMIE VÉGÉTALE. — Recherches sur la morphologie el l'anatomie des Fougères ('). Note de M. P. Lach.m.\n\, présentée par M. Ph. Van Tieghem. « La tige principale des Nephrolepis produit, sous la base de ses feuilles, des organes que Brongniart et M. ïrécul ont considérés comme de vraies (') Ce travail a été fait au laboratoire de Botanique de la Faculté des Sciences de Lyon. ( 6o4 ) racines. Pour Ruiize et llofmeisler, au contraire, la iialure caulinaire de ces productions est si évidente, que l'idée de les comparer à des racines ne vient même pas à l'esprit de ces botanistes. MM. Russow et deB.iry parta- gent la seconde opinion, mais ils attribuent une structure radicuiaire au cylindre central des stolons apliylles de plusieurs Nephrolepis. » L'étude des N. tuberosa, neglecla et Di'ffli m'a fourni les résultats suivants. » Lorsque la lige principale de ces Fougères a produit une rosette de feuilles très serrées, elle émet sous chacune de celles-ci un stolon, qui tantôt se développe librement à l'air eu un organe flagelliforme, peu ou point ramifié, tantôt s'enfonce dans le sol et s'y ramifie comme une racine. Dans le premier cas, les racines grêles que produit le stolon sont peu nom- breuses, généralement simples et transitoires, à moins qu'elles n'arrivent au contact d'un sol humide, favorable à leur croissance. Elles s'y fixent alors, et, procurant au stolon les aliments nécessaires, provoquent la trans- formation de son extrémité, ou de celle d'un rameau voisin, eu un bourgeon qui peut donner une plante nouvelle. Dans le second cas, le stolon pro- duit de nombreux rameaux courts qui, de même que sa partie principale, se couvrent de racines disposées en plusieurs rangées. Ces racines sont toujours beaucoup plus minces que les stolons; tandis que le diamètre de teux-ci atteint environ o'",oo2, celui des racines dépasse rarement o""™,5. Elles portent deux rangs de radicelles diamétralement opposés. Ce sont ces stolons enracinés que M. Trécul prend pour des racines, quand il dit que les organes sarmentifornies des Neplirolepis « ont l'insertion, le volume » et la structure des vraies racines de la plante mère » et que « l'extré- » mité de ces racines ou celle de leurs rameaux peut se modifier en véri- )) table lige. » » Parfois les deux organes, racine et stolon, existent sous une même feuille. Dans ce cas, la racine s'insère toujours sur la tige indépendam- ment et un peu au-dessus du stolon; sou volume est toujours égal à celui des racines grêles produites par ce dernier, sou cylindre central renferme deux laisceaux ligneux et deux faisceaux libériens alternes; sa structure estbinaire, comme dans la plupart des Polypodiacées. » Le stolon a une structure bien différente. Le système conducteur forme un cylindre central, dont le bois, constitué par 3 à 8 faisceaux con- fluents au centre, est entouré par une zone conliiiue de liber, avec de larges tubes criblés. On n'y trouve jamais cette alternance du bois pri- mordial et du liber x[ui caractérise la racine. La différenciation centripète du bois ne saurait être invoquée en faveur de la nature radicuiaire de cette ( 6o5 ) structure, puisque, dans toutes les tiges de Fougères, celte différeuciation a lieu également de dehors en dedans. » Le stolon a une origine expgèi)e. Son sommet végétatif, toujours dé- pourvu de coiffe, est protégé par de jeunes poils écailleux, contenant de petits grains d'amidon. Il croît par une cellule terminale cunéiforme. L'é()iderme se spécialise très tardivement après la naissance des poils, des rameaux et des racines. » Les cellules de l'endoderme et celles du péricycle double ou triple proviennent du cloisonnement tangentiel cVunemênie assise, contrairement à ce qu'on a admis jusqu'à ce jour. Leur contenu n'évolue pas comme celui des cellules de l'écorce interne, mais plutôt comme celui des cellules conjonctives du cyUndre central. Parleur origine et par leur différencia- tion, ces éléments se rattachent au tissu conjonctit du système conducteur. C'est dans une des initiales de ce tissu périphérique que la cellule mère de la racine adventive parait se constituer. » Dans la racine des Nephrolepis et de beaucoup d'autres Fougères, l'endoderme et le péricycle ont également une origine commune; les radi- celles naissent de l'endoderme et par suite de l'assise externe du cylindre central. » Pour former les tubercules, qu'on rencontre dans plusieurs Nephro- lepis [N. luùerosa, necjlecla), le stolon renfle son extrémité ou celle d'un de ses rameaux courts. Le parenchyme de ces renflements contient quelques petits grains d'amidon et des cristaux analogues aux sphérocristaux dé- crits par M. Kussow dans la tige des Maiattia et des Sélaginelles. » Pour constituer le système conducteur du tubercule, le cylindre cen- tral du stolon se divise en huit à dix branches, qui, après s'être épanouies et anastomosées eu un réseau à mailles assez régulières, confluent de nou- veau vers le sommet de l'organe et reconstituent un cylindre central qui se prolonge dans le bourgeon terminal. Cette disposition en réseau des faisceaux, dans un organe caulinaire dépourvu de feudies, nous montre que le réseau libéro-ligueux de la tige n'est pas formé par la réunion des traces foliaires, comme M. Conwentz l'admet pour les Fougères à symétrie axile. » L'opinion de ce Botaniste est encore infirmée par un phénomène as- sez fréquent chez les NepliTolepis. heuv tige grêle, stolonitorme, parcourue par un cylindre central dans le bas, large au contraire, feuUlée et pourvue d'un réseau libéro-ligueux d-ms sa partie supérieure, cesse parfois, pour des raisons ddficiles à préciser, de produite de nouvelles feuilles; néan- ( (ioG ) moins elle continue de croître par son souiinel et se prolongrî alors (liri?cle- ment en un stolon à cordon libéro-ligneux axile, qui, après s'être allongé de un ou plusieurs centimètres, pourra se continuer par un puissant axe feuille. Ici encore, l'épanouissement du cylindre central en un réseau et la concentration de ce réseau en un cylindre central démontrent avec évi- dence la nature caulinaire de ce système conducteur. « GÉOLOGIE. — Sur le régime des eaux arlésieimes de l'Oued Bir et du bas Sahara en général. Note de M. G. Rollaxd, présentée par M. Daubrée. c L'inimense bassin d'atterrissement du chotl Melrir ou du bas Sahara algérien et tunisien, dont nous avons décrit les terrains de transport et lacustres ('), est en même temps un remarquable bassin artésien. Nous résumerons sommairement ici les conclusions principales des observations et des études poursuivies par nous depuis six ans sur le régime des eaux artésiennes de ce bassin et, en particulier^ de l'Oued Rir'. » L'Oued Rir' est une large vallée, qui descend du sud au nord, sur iSo*"", et aboutit au sud-ouest du chott Melrir. Elle présente, sur son bord oriental, une zone étroite de bas-fonds (altitude amont 79", aval — 14™) : à l'aplomb, existe un réservoir souterrain d'eaux artésiennes, le long du~ quel s'échelonnent de nombreux jiuits, creusés par les indigènes ou par la sonde française, jaillissants et débitant eubemble plus de 3™"=, 5 d'eau par seconde, à une température moyenne de 25°,!. Le gisement aquifère se trouve au sein de sables perméables, appartenant à notre étage de transport inférieur; il est recouvert par le massif marneux et imj)erméable de notre étage lacustre, épais de 65"', lequel maintient les eaux sous pression. Par place, celles-ci ont pu se frayer passage elles-mêmes jusqu'au jour, donnant lieu à des sources naturelles, beliour et cliria (-). » On connaît les remarquables travaux de M. l'Inspecteur général des mines Ville (^) sur les eaux artésieiuies du Sahara. Dans l'Oued Rir' cepen- dant, il ne s'agit pas d'une ni de plusieurs nappes ordinaires, régulières et concentriques aux couchesgéologiques, de largeur et longueur comparables. Il n'y a qu'une nappe principale, accompagnée parfois, quand la couverture est unparfaite, d'une ou deux nappes lenticulaires au-dessus; cette nappe (') Association française (Congrès de Blois, i8S4). Rtvue scie/itifiquc,6 décembre 1884. (^) G. Rolland, Note présentée à l'Acudémie des Sciences, 19 décembre i88i. [') G. Ville, l (lyngn d'e.rplnuition dans les basxins du Hoilria i-l du Snhnni, i8()5. ( ^o-j ) présente son maximum de pression et de volume du côté est de la vallée, mais disparaît assez brusquement vers l'ouest, bien que l'étage marno- laciistre se poursuive au delà. C'est une zone aquifére nord-sud, allongée el limitée sur ses bords, coïncidant avec une zone de plus grande perméa- bilité des sables inférieurs; c'est une sorte d'artère souterraine. » Son allure est capricieuse et, pour la déterminer, il a fallu l'expé- rience et la sagacité de M. Jus, le Directeur des sondages. L'artère serpente sous la couverture depuis Ourir, au nord, jusqu'à Tougonrt, au sud, sur plus de ioo''°; sa largeur connue varie de 4''" à i4'""- Au centre de l'Oued Rir', vis-à-vis d'Ourlana, elle se dédouble vers le nord, et sans doute aussi vers le sud, de manière à figurer un X irrégulier. )) La force ascensionnelle et le débit des puits sont fort variables, le long même de la zone artésienne. r>es deux facteurs principaux, tontes choses égales quant aux conditions souterraines d'alimentation, sont la perméa- bilité des sables aquifères et l'imperméabilité de la couverture. Pour l'al- titude, elle influe peu sur la pression, les eaux artésiennes ayant sans doute des réservoirs d'alimentation situés notablement en contre-haut. » Une zone artésienne analogue, mais moins importante, régne, à loo'"'" plus au sud, sous le bas-fond de Negoussa à Ouargla (altitude, iGi™). Le débit total des puits jaillissants indigènes de cette région (') est d'en- viron i"^"^ d'eau par seconde, à 24°, 2. La couverture des eaux artésiennes est formée par une couche argileuse, située à 34", entre notre premier et notre second étage de transport (-). » En outre, une diffusion générale d'eaux artésiennes existe au sein des terrains sableux du bas Sahara, au nord duquel on a constaté des nappes ascendantes ou faiblement jaillissantes. Dans tout le bassin règne une nappe ascendante, qui remonte, par pression et par capillarité, jusque auprès de la surface, épouse les ondulations du sol, et affleurant dans les dépressions, alimente les sebklia et les diolts : c'est elle qui filtre au fond des entoiuioirs naturels de l'Aïn Taïba, du behar Ramada, etc., dans les puits ordinaires, les excavations du Souf ('), les feggara du Nefzaoua. De toutes parts a lieu, sous le climat ^aharien, aux dépens de cette nappe supérieure, une (M De|)iiis deux ans, des sondages ont aussi été entrepris avec succès à Ouargla, sous la direction de M. le capitaine A. Le CiuUelier, aUaché au service des affaires indigènes. (-) Nous pensons que cette artère artésienne se poursuit sur une dizaine de kilomètres au sud de Ouargla, mais cesse au delà, dans l'Oued Mya. (^) Au Souf, elle est [Am abondante, à cause de ra|)point qu'elle reçoit des giandes dunes. ( 6o8 ) évaporation active, incomparablement plus grande que le débit de tous les puits jaillissants de l'Oued Rir' et de Ouaigla. » Où et comment s'alimentent les eaux artésiennes du bassin considéré? » D'abord, par les eaux de pluie et l'apport des rivières, surtout de celles qui prennent leur source dans l'Atlas, au nord, et présentent des crues annuelles. Ces eaux s'infiltient en partie dans les sols perméables, puis descendent et se distribuent dans les formations d'alterrissement, les- quelles plongent vers l'intérieur du bassin, et dont les dispositions les amènent à être ascendantes ou jaillissantes dans les régions basses. )) D'autre part, les terrains crétacés des montagnes qui se dressent au nord renferment eux-mêmes des nappes artésiennes, alimentées par les pluies et les neiges tombant sur ces massifs, dont l'altitude atteint 23oo™ dans l'Aurés, et ces nappes, s'écoidant vers le sud, donnent lieu, le long de la lisière nord du bas Saliara, à l'ouest, aux belles sources du Zib occidental et central, décrites par Ville, et, à l'est, aux sources ana- logues du Djerid. M. Jus a observé que les eaux des sources crétacées du Zab occidental disparaissent dans le sol d'atterrisseinent, et for- ment de petites rivières qui descendent vers le sud; celles-ci se groupe- raient au delà, en profondeur, et une rivière principale, s'écoulant vers le sud-est-sud, se rendrait dans les sables inférieurs d'un grand réservoir, situé au sud-ouest du chott Meirir, sous l'étage marno-lacustre, d'où les eaux comprimées seraient ensuite refoulées dans l'artère remontant sous rOucd-Rir', au sud. Plus à l'ouest, ime autre rivière descendrait directe- ment vers le centre de l'Oued Rir'. De plus, aux sources qui émergent à la surface du Zab s'ajoutent d'autres sources, également crétacées, mais sou- terraines, s'épanouissant à divers niveaux perméables des atterrissements. » Nous pensons que des sources semblables existent en d'autres régions de la lisière nord et même de l'intérieur du bassin. On sait que les couches crétacées régnent avec coiitiiuiité sous le bassin d'atterrisseinent, se rele- vant tout autour, avec plongements faibles dans le Sahara et raides au nord, de manière à fij^urer une cuvette dissymétrique, encore plus vaste. Des nappes aquifèresy circulent en quantité variable : abondantes dans les montagnes du nord, d'où une partie se poursuit vers le sud, elles ne font pas défaut même sur les plateaux crétacés du Sahara, ainsi que le j)rou- vent, dans le haut Sahara algérien, les nombreux puits des chebka du Mzab et du Sud, le cours d'eau souterrain du plateau de Rou Noura, et, en Tripolitaiue, les sources crétacées de Ghadamès. Or, les eaux crétacées, tendant à se rassembler vers le fond de la cuvette, doivent y former des ( 6o9 ) nappes ou des zones artésiennes, à pression élevée, jaillissant par certaines lignes d'affleurement on de fracture des couches, puis s'élevant et se dis- tribuant dans les atterrissements superposés. Ces phénomènes de sources souterraines nous semblent surtout probables vers le nord du bassin et au bas du versant occidental de la cuvette, où ils seraient en relation plus ou moins directe avec les artères artésiennes de l'Oued Rir' et de Oiiargla. » MINÉRALOGIE. — application des lois de la Tliermochimie aux phénomènes géologiques. — Minerais de manganèse. Note de M. Dieclafait. (Extrait.) « Mes recherches de Géologie chimique ont apporté un certain nombre de faits nouveaux, i)arini lesquels il en est de tout à fiiit imprévus; mais là n'était pas cependant le but principal de ces recherches. » Quels sont, parmi les grands faits géologiques révélés par l'observation, ceux qui peuvent s'expliquer par les lois de la Thennocliimie? » Voilà le problème que je me suis posé. Il n'est jamais entré dans ma •pensée de l'embrasser dans toute sa généralité; ce serait, du reste, à l'heure actuelle, une entreprise inabordable, puisque les déterminations thermiques dont dispose en ce moment la Science se rapportent presque exclusivement à des corps dissous dans l'eau et réagissant à la température ordinaire. » Ce sont les faits et les observations se rattachant directement à cet ordre d'idées qui ont toujours fait l'objet exclusif de mes recherches de Géologie chimique. On voit, dès lors, que je ne mérite en aucune façon le reproche qui m'a été fait, de repousser les idées de chaleur, de feu central , d'émanations intérieures, etc., et d'essayer de faire revivre les anciennes théories neptuniennes. Je n'obéis à aucune théorie; l'idée qui me guide depuis douze ans est la suivante : » Rechercher, dans l'ensemble des faits qui constituent aujourd'hui le domaine de la Géologie et de la Minéralogie, quels sont ceux qui peuvent s'expliquer par les lois de la Thermochunie, restreintes aux cas ou les corps en présence seraierit dissous dans l'eau, et réagiraient à la température ordinaire. » Si je puis poser le vaste problème qui vient d'être formulé, et essayer d'en résoudre quelques parties, c'est grâce au puissant instrument de re- cherches mis par M. Berthelot au service de la Science; mais, en outre, je dois remercier M. Berthelot du concours si effectif qu'il me donne depuis dix ans ; sans ce concours, je n'aurais jamais osé aborder les recherches dont je commence aujourd'hui à présenter la synthèse. C. R., i885, 2« Semestre. (T. CI, 1S« 11.) 79 ( 6io ) » J'ai consacré prés de quinze ans de ma vie à rechercher quelles étaient les substances rares, et en particulier les substances métallifères qui existent à l'état de diffusion complète dans les roches de la formation primordiale. Si je n'ai pas reculé devant cette entreprise, dont la longueur n'avait d'égale que la monotonie, c'est que j'étais soutenu par un grand espoir : re- cueillir assez de faits pour vérifier si les lois de la Thermochimie, telles qu'elles sont limitées plus haut, pouvaient, dans un ordre donné, expli- quer les résultais acquis par l'observation. Ce but, je l'ai atteint aujour- d'hui; je commence cet ordre de vérification par l'étude des minerais métallifères, et d'abord par celle des minerais de manganèse. » J'ai montré que toutes les roches de la formation primordiale et celles qui en dérivent directement contiennent, à l'état de diffusion complète, des proportions notables de manganèse; elles renferment aussi, comme on le sait depuis longtemps, du fer en assez grande quantité. » Dans ces roches non décomposées, le fer et le manganèse sont à l'état de silicates de protoxydes. On ne connaît pas la valeur de la chaleur qui se développe dans la formation de ces deux silicates, mais on sait, par l'ob- servation de ce qui se passe journellement dans les régions où ces roches existent au contact de l'air, que l'oxygène et l'acide carbonique décom- posent complètement ces deux silicates. On peut donc raisonner, dans ce qui va suivre, comme si l'on partait du protoxyde de fer et du protoxyde de manganèse, puisqu'on n'invoquera que l'action de l'oxygène et de l'acide carbonique. » 1° En faisant agir de l'oxygène sur un mélange de protoxyde de fer et de manganèse, la chaleur dégagée, dans les deux cas, sera 2FeO+0= Fe^O' = 26c='i,6; 2MnO-+-20= 3MnO-= 2iC»i,4. » Différence en faveur du sesquioxyde de fer 5*"^',2. Donc lesesquioxyde de fer se formera le premier et sera le plus stable. » 2° Eu faisant agir de l'acide carbonique sur un mélange de protoxyde de fer et de protoxyde de manganèse, la chaleur dégagée sera FeO + CO- = FeO,CO- = 5^»'; MnO + CO- = MnO, CO^ = 6^-^', 8. » Différence, en faveur du carbonate de manganèse, i^'^', 8. Donc le car- bonate de manganèse se formera le premier et sera le plus stable. » 3° En fiiisant agir, sur un mélange de protoxyde de fer et de protoxyde manganèse, à lajbis, de l'oxygène et de l'acide carbonique, iun et l'autre en excèsj il ne pourra se former ni carbonate de protoxyde de fer, ni car- (6,1 ) bonate de protoxyde de manganèse, parce que la chaleur dégagée par l'union du protoxyde de fer, pour former du sesquioxyde, et avec le protoxyde de manganèse, pour former du bioxyde, est, dans chaque cas, plus grande que celle qui se dégagerait s'il se faisait des carbonates de protoxvdes. 2FeO + 0 = Fe^O^ .... 26^6)^.,,, ,„ _ „„.,> „ ,^ ^,^, ■ Différence en faveur de Fe^ 0^ . . i(j<:^i,6 aFeO + CO) = 2Fe 0,C0-. . ■ . 10,0 ) ' 2MnO + 30 =::2MnO- .... 21,4 2Mn0-h2C0'- =2MnO, CO- i3,6 Différence en faveur de 2 Mn 0- . . . t*^"' , 8 » If Mais si, au lieu d'admetire, comme dans le cas précédent, que l'oxygène et l'acide carbonique arrivent toujours en excès, on suppose qu'ils arrivent lentement et en quantités insuffisantes pour transformer intégralement les protoxydes, voici ce qui va se passer : 1° L'oxygène se portera surtout, sinon exclusivement, sur le protoxyde de fer, parce que l'union de l'oxygène avec le protoxyde de fer dégage 26^*', 6, alors qu'il ne dégage que 2i'^''', 4 en se combinant avec le protoxyde de manga- nèse. 2° L'acide carbonique ne pourra se combiner avec le sesquioxyde de fer formé, puisque la combinaison Fe-0',CO- n'existe pas, et, d'un autre côté, il laissera même le protoxyde de fer pour se porter sur le protoxyde de manganèse, parce que la combinaison de l'acide carbonique avec le protoxyde de manganèse dégage 6*^'', 8, tandis que sa combinaison avec le protoxyde de fer ne dégage que 5*^-''. D'où cette conclusion que, si l'on fait agir sur un mélange de proloxy de de fer et de manganèse (ou sur un mélange de silicates de protoxydes de fer et de manganèse) un courant lent d'acide carbonique et d'oxygène, les deux effets thermiques s'ajou- teront, pour donner naissance à du sesquioxyde de fer insoluble et à du carbonate de manganèse notablement soluble. Si les deux gaz sont di.ssous dans l'eau et que le tout traverse une roche priraordi de, l'eau qui sortira contiendra en dissolution du carbonate de manganèse, en proportion relative bien plus considérable que celle qui existait dans la roche. Telle est, dans son principe fondamental, la réaction en vertu de laquelle certains minerais de mangnnèse, aujourd'hui isolés, et ne contenant que très peu de Jér, n'en ont pas moins été extraits de roches riches en Jèr, et cela par l'action seule de l'eau ordinaire, contenant en dissolution, comme on le sait, de petites quantités d'oxygène et d'acide carbonique. » Comment maintenant ces carbonates de manganèse ont-ils perdu leur acide carbonique et sont-ils passés à un degré d'oxydation plus avancé, comment se sont-ils accumulés là où ils existent aujourd'hui, etc. ? Ces ( 6i2 ) questions et beaucoup d'autres seront examinées en délail et résolues; mais i! est indispensable au préalable de fixer un autre point : c'est le rôle des terrains (suivant qu'ils sont siliceux ou calcaires) sur lesquels le man- ganèse isolé de la roche est allé se déposer. » M. A. Brocdel adresse, d'Alger, une Note relative à une opération thérapeutique, à laquelle il donne le nom de diélectrofyse. a On sait que, si l'on fait passer un courant dans une solution saline, le métal se porte au pôle négatif, et le métalloïde ou l'acide au pôle positif. Si donc on applique, sur luie partie quelconque du Qorps, la cuisse, par exemple, une rondelle d'amadou imprégnée d'une solution d'iodure potas- sique, et au-dessus de laquelle vient aboutir le pôle négatif d'une pile, tandis que le pôle positif se trouve placé sur la face opposée du membre, le sel est décomposé, le potassium reste au pôle négatif, et l'iode, mis en liberté, chemine vers l'électrode positive, en imprégnant les tissus. Au bout de peu de temps, en employant une électrode en platine, l'iode apparaît en nature au pôle positif. Presque tous les autres corps simples peuvent éga- lement traverser l'organisme, quoique moins aisément que l'iode. » L'auteur indiqua diverses applications de ce procédé, faites par lui au traitement de fibromes utérins, de névralgie ovarienne, de rhumatisme chronique, etc. M. G. Petrowitsh adresse une étude trigonométrique d'une pyramide sur laquelle l'attention a été appelée par M. L. Hugo, et qui a j)our base le triangle de Pythagore. Les«côtés de la base étant respectivement dans les rapports des nombres 3, 4, 5, les faces de cette pyramide satisfont à la relation 3' H- 4' -f- 5' — 6% le nombre 6 étant la mesure du triangle rectangle de base. A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures un quart. J. B. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉA.NCE DU LUNDI 21 SEPTEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MEMOIRES PRESENTES. MiCDEClNE. — Sur la genèse du choléra dans l'Inde, et l'action des ptomaïnes volatiles. Note de M. Gcstave Le Bon. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) « Dans une récente séance de l'Académie de Médecine, M. le profes- seur Peter a émis celle opinion, que le choléra-nostras ne diffère du choléra indien que par la plus grande intensité niorbifique des causes qui le produisent. Ces deux formes de choléra pourraient naître spontanément en Europe ou dans l'Inde, et seraient engendrées par des ptomaïnes vola- tiles produites par la putréfaction des matières organiques. » A l'appui de cette théorie sur la genèse du choléra, théorie que je considère d'ailleurs comme très compatible avec le mode de propagation de cette affection par l'influence des microbes, je rappellerai les recherches que j'ai consignées il y a quelques années dans les Comptes rendus et les faits que j'ai eu occasion d'observer récemment dans l'Inde. » Dans les recherches auxquelles il vient d'être fait allusion [Comptes rendus du 3i juillet 1882), j'essayais de démontrer qu'en dehors des pto- C. R., i885, 2- Semestre. (T. CI, W.12.) 8o ( 6,4 ) maïnes solides engendrées par la putréfaction, les seules dont l'effet avait été étudié jusqu'ici, il existe une série d'alcaloïdes volatils, dont l'intro- duction dans l'organisme par l'appareil respiratoire détermine des effets toxiques presque foudroyants. L'influence de ces ptomaines volatiles avait été méconnue jusqu'alors, parce qu'elles ne se forment que lorsque la pu- tréfaction est ancienne, c'est-à-dire remonte à un ou deux mois environ. Les produits volatils qui se dégagent au début sont, malgré leur odeur in- fecte, à peu près inoffensifs, alors que les produits liquides sont très viru- lents. Plus tard, et alors précisément qne les produits liquides ont perdu leur virulence, les produits volatils sont devenus au contraire extrêmement toxiques, ainsi que je l'ai démontré par mes expériences. » Ces recherches, ainsi que je le faisais observer dans ma Note, jettent une vive lumière sur les accidents observés pendant l'exhumation des corps enterrés depuis longtemps, et sur les épidémies de fièvres typhoïdes ou d'affections analogues, reconnaissant pour point de départ l'action des ma- tières en putréfaction. Je regrette que d'autres occupations ne m'aient pas permis de les poursuivre, car je suis persuadé que ce chapitre tout nou- veau de la Médecine comptera un jour parmi les plus importants. 11 Les fails que j'ai eu récemment occasion d'observer dans l'Inde vien- nent à l'appui de ce qui précède, et tendent à confirmer l'hypothèse que les plomaïnes volatiles de la putréfaction jouent bien un rôle prépondérant dans la genèse du choléra. De tous ces faits, le plus probantes! le suivant. » Au mois de février de cette année, je me trouvais dans le sud de l'Tnde, aux environs de la ville de Kombakonum, où le choléra venait d'é- clater brusquement, et faisait de tels ravages que les autorités avaient cru devoir placer, aux abords de toutes les routes conduisant à cette cité, des écriteaux invitant le public à ne pas s'approcher de la localité qui parais- sait être le centre de l'infection. » liCs études archéologiques dont j'avais été chargé par le gouvernement m'obligeant à visiter la grande pagode de Kombakonum, je ne tins pas compte de cette recommandation et je séjournai dans la ville le temps né- cessaire pour terminer mes recherches. )) La grande pagode de Kombakonum possède un vaste réservoir sacré, dans lequel les prêtres et des adorateurs, dont le nombre se chiffre journelle- ment |)ar centaines, font leurs ablutions et lavent leur linge. Ayant été obligé de m'en approcher très près pour installer un théodolite, je fus frappé de l'apparence trouble du liquide et de l'odeur absolument épouvantable qui s'en dégageait. D'après les renseignements que me fournirent les Brahmines, (6i5) cette odeur existait depuis un certain temps. Elle provenait sans doute de la quantité considérable de matériaux organiques contenus dans le liquide, de son défaut de renotivellement et de la température excessive (53° au soleil) qui régnait depuis quelque temps. Il était visible d'ailleurs que la hauteur normale de l'eau avait sensiblement baissé. » Quoi qu'il en soit, le choléra sévissait cruellement sur les visiteurs de la pagode, et, bien que n'ayant pas séjourné plus de dix minutes auprès de l'étang sacré, je fus saisi de coliques et d'une diarrhée violente qui persista plusieurs heures. » Si, comme tout semble le démontrer, les ptomaïnes volatiles produites par la décomposition de matières organiques sont l'origine du choléra dans l'Inde, il semble probable qu'en Europe les mêmes causes engendreront les mêmes effets, et, si on les observe si rarement, puisqu'il est évident que le choléra pénètre surtout chez nous par voie d'importation, c'est sans doute parce qu'une élévation suffisante de la température ou toute autre cause analogue inconnue ne se présente que fort rarement. Lorsque ces causes apparaissent sous une forme atténuée, on observe alors le choléra-nostras, véritable diminutif du choléra indien, dont au fond il ne diffère que par l'intensité des symptômes. » Sans vouloiraborder ici la question de la prophylaxie du choléra, je ferai cependant remarquer que, dans l'Inde, il sévit à peu près exclusivement sur la population hindoue. Même dans les grandes villes, telles qu'Agra, Dehii, Benarès, tous les Anglais, militaires ou civils, vivent dans des cantonne- ments à leur usage exclusif, systématiquement situés à plusieurs kilomètres des villes. L'hygiène y est fort bien entendue, la propreté poussée à l'excès, et l'on attache l'attention la plus scrupuleuse à l'origine de l'eau dont on fait usage. C'est une vérité considérée comme indiscutable dans l'Inde, que l'eau est le principal véhicule de propagation du choléra et des fièvres intermittentes. En ce qui concerne ces dernières, j'ai vu si fréquemment des hommes de mes escortes atteints de fièvre après avoir bu certaines e^ux , que je ne puis conserver aucun doute sur ce point. » Je ne saurais trop, en terminant, appeler l'attention des expérimenta- teurs sur l'étude des ptomaïnes volatiles. Ce n'est pas le choléra seulement, mais la fièvre typhoïde et peut-être d'autres affections, que peut engendrer leur action el que les microbes propagent probablement ensuite. » ( 6i6 ) M. RÉGIS adresse une nouvelle Note relative à l'emploi de l'iode, comme moyen prophylactique contre le choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Ouvrage de M. Lender portant pour titre : » DieGase und ihre Bedeutung fiir den menschicVien Organismus, mit spectroscopis- chen Untersuchungen, Berlin, i885 ». (Présenté par M. Berthelot. ) ASTRONOMIE. — Etémenls de ta comète Btooks; par M. R. Radau. « En me servant d'une observation de Cambridge, du 2 septembre, el de deux observations de Paris, du 9 et du i5, qui m'ont été commu- niquées par M. Bigourdan, j'ai trouvé les éléments suivants : T = i885, août 10,30467 ; temps moyen de Paris. n — Q— 43. o'.47"| Q = 204.33. 7 > Équinoxe moyen de i885,o. /= 59.22.30 ) •og? = 9 '87694. •' ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Nouveau speclroscope slellaire. Note de M. Ch.-V. Zenger, présentée par M. Janssen. « On sait combien il est difficile d'effectuer des mesures précises sur des étoiles doubles très rapprochées, soit qu'on mesure leur angle de position, soit qu'on veuille déterminer leur distance, quand celle-ci dépasse une seconde d'arc. Il faut alors des instruments puissants, peu accessibles au plus grand nombre des astronomes amateurs. J'ai pensé que laspectrosco- pie pourrait fournir le moyen d'agrandir largement la limite de séparation, qui est, pour les meilleurs objectifs achromatiques, § = — — > c'est-à-dire qu'un télesco])e hiées. La structure de ces prétendues glandes, leur situation dans une membrane qui participe à la copulation, et par-dessus tout la nature de leur contenu me permettent de les appeler dès maintenant des poches copu- latrices. )) Comment les spermatozoïdes s'introduisent-ils dans ces poches? J'ai déjà fait remarquer que les spermatophores se groupent de préférence au- près de leur orifice externe; de plus la muqueuse de la membrane buccale est à ce moment très gonflée, fortement plissée et creusée de sillons très bien disposés pour conduire les spermatozoïdes jusqu'à cet orifice. Cette disposition est particulièrement marquée dans le genre Loligo. Ici la poche spermatique est unique et a la forme d'une glinde en grappe ramassée sur elle-même, s'ouvrant au dehors par un orifice unique situé sur la ligne médiane ventrale. Tout autour de cet orifice s'élèvent des plis circulaires, qui l'entourent d'une sorte d'enceinte dans laquelle sont maintenus les ( 621 ) spermatozoïdes sortis des spermatophores en bouteille disposés dans le voisinage. Chez le Loligo subulata, dont la petite taille et la transparence se prêtent facilement à l'examen microscopique, j'ai pu voir souvent les spermatozoïdes, guidés par les plis de la muqueuse, gagner par leurs mou- vements propres l'orifice de la poche. La disposition des organes est la même chez le Loligo subulata, qui manque de ventouses à la membrane buccale, et chez le Loligo vulgaris, dont la membrane buccale est acétabn- lifére. » Plusieurs fois, j'ai vu des femelles de Loligo vulgaris, ayant lancé leurs œufs par l'entonnoir, les retenir entre leurs deux bras ventraux au devant de leur bouche. Il est probable qu'à ce moment elles peuvent les arroser volontairement du sperme contenu dans leur poche copulatrice. De cette manière, la fécondation a lieu au moment où l'œuf mûr va être muni de ses enveloppes protectrices, puis abandonné, et elle est assurée d'une façon bien plus efficace que si elle était laissée au hasard de la présence de spermatozoïdes, sur une membrane dans laquelle jusqu'ici on n'avait vu aucun organe destiné à les emmagasiner et à les tenir en quelque sorte en réserve. » Il y a lieu de remarquer que la poche copulatrice appartient en propre aux lobes ventraux delà membrane buccale; cette opinion n'est pas renversée par ce fait, qu'il n'y a qu'une poche copulatrice chez le Calmar et deux lobes ventraux, car on voit que ces deux lobes, confondus à leur base, tendent à se réunir en un seul, comme cela a lieu chez d'autres Céphalopodes, mais ici la coalescence des poches copulatrices a précédé celle des lobes. Nous voyons en même temps que, chez la femelle, la fécon- dation s'effectue par une adaptation spéciale d'un lobe de la membrane buccale qui n'est qu'un bras rudimentaire. » BOTANIQUE. — Sur l'organisation anatomique des urnes du Ce|)halolus folli- cularis Labill. Note de MM. Jules Charevre et Edouard Heceel, présentée par M. P. Duchartre. « Dans une précédente Communication, nous avons fait connaître la structure anatomique du piège et du système glandulaire des urnes de Sarracenia, Darlinglonia et Nepenthes, en montrant qu'une certaine unifor- mité d'adaptation cellulaire se dégage, au milieu des multiples modifica- tions propres à chaque genre de ces plantes singulières. Les faits analogues que nous avons constatés dans l'urne du Cephalolus follicularis Labill. C. R., iS85. 2« Semestre. (T. CI, N" 12.) 8l ( 62^8 ) viennent confirmer ces rapprochements, montrant que la nature nous pré- sente ici une nouvelle variation, fort intéressante du reste, d'un thème unique. C-.'S manifestations paraîtront très remarquables si l'on ne perd pas de vue que ces plantes, uniformément organisées pour un même but bien évident, appartiennent à des familles dépourvues de toute affinité et très éloignées par leur constitution. Voici quelle est celte organisation. L'ascidie comprend quatre régions, comme les urnes précédentes les miens organisées. u Première région. — Uopercule, dont l'épiderme inférieur est uniquement formé de petites cellules à paroi supérieure se .prolongeant en une papille strie'e longitudinalement, très aiguë et très délicate, orientée vers le point d'attache de l'opercule. L'épiderme supé- rieur est poiliî. '> Deuxième région. — La gorge, qui, dédoublée, fait saillie au dedans des parois et se couronne au sommet (sur le rebord) de l'urne par de petites lanières épideriniques recour- bées formant un tout analogue au bourrelet des Nepentliès. Celte gorge a un aspect brillant, tout particulier, dû à des cellules épiderniiques semblables à celles de l'opercule, présentant les mêmes prolongements, mais un peu plus grandes {papilles en fer de lance]. Entre ces papilles, se voient quelques glandes analogues à celles qui existent dans la troisième région {milieu) des Sarracenia et qui, sauf leur simplicité de structure, se rapprochent de celles qui, plus complexes, sont situées plus loin dans la troisième région. » Troisième région : Milieu. — Avec cette région, commence la vraie cavité de l'urne : elle en occupe les deux liers supérieurs environ. Elle est tapissée par un épiderme à cellules grandes, sinueuses, entre lesquelles se trouvent de nombreuses glandes pluricellulaires. Sur une coupe transversale, ces glandes sont formées par un massif de cellules petites, péné- trant très profondément dans le parenchyme foliaire et rappelant les glandes internes des Crustacés en général. La zone supérieure présente des cellules prismatiques, tandis que toutes les autres, plus profondes, sont polyédriques. Le contenu est entièrement proto- plasmatique et très abondant, sans matières colorantes; les parois cellulaires sont délicates. >> Quatrième région : Fond. — Le tiers inférieur de la cavité est pourvu d'un épiderme à cellules sinueuses, mais dépourvu de glandes. Ces deux dernières régions sont séparées l'une de l'autre par un bourrelet un peu saillant, régnant de chaque côté de l'urne, d'un tissu vert plus foncé, et dont l'épiderme, à petites cellules polygonales, présente de très nombreux et très grands stomates aquifères. Ces organes sécrètent le liquide qui remplit normalement tout le fond de l'urne jusqu'un peu au-dessus du bourrelet. Ce dernier pré- sente quelques glandes (une dizaine) analogues à celles de la troisième région [milieu], mais beaucoup plus grandes, formées de cellules plus nombreuses et visibles à l'œil nu sons forme de petites ponctuations. )) En somme, nous retrouvons encore ici : i° les cellules en épée ou en fer de lance, destinées à empêcher le retour en arrière de l'animal engagé déjà dans le piège à la faveur de la structure operculaire, puis conduit fa- talement dans l'urne ; 2° le système glandulaire, très complexe par lui-même ( 623 ) et compliqué ici encore par la présence de stomates aquifères. Ces derniers organes forment le caractère propre et distinctif (tant au point de vue ana- tomique que physiologique sans doute) de cette étonnante adaptation de la feuille à la capture des insectes. » M. J. Martin adresse une Note relative à une disposition nouvelle du condensateur électrique. M. J. MoRiN adresse une Note relative à un perfectionnement apporté aux machines magnéto-électriques de la Compagnie l' Alliance. M. L. Arnacdet adresse une Note sur le mécanisme des trerahlements de terre et le mode de formation des volcans. M. E. Vidal adresse un complément à sa Communication précédente, concernant l'emploi des vapeurs d'acide sulfureux pour combattre les ravages produits sur la vigne par le Peronospora vitis. M. RivENAs adresse une Note relative à l'action régénératrice de la po- tasse sur les vignes. La séance est levée à 3 heures trois quarts. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPUIQCE. s Outrages reçus uans la séance do 3i août i885. Élude sur les équations algébriques numériques dans leurs relations avec la règle des lignes de Descartes; par M. E. ue Jonquières. Rome, i885; in-4°. (Extrait des Alti deW Accademia pontificia de' Nuovi Lincei.) Mémoire sur les figures isotjraphiques et sur un mode uniforme de génération des courbes àdouble courbure d'un ordre quelconque au moyen de deux faisceaux correspondants de droites; par E. de Jonquières. Napoli, sans date; br. ( 624 ) in-8°. (Estratto dal volume XXIII del G/or/io/e di Matemaliche iMrello dal Prof. G. Battaglini.) Aperçu géologique sur le terrain dévonien du grand-duché de Luxembourg, — Note sur te taunusien dans le bassin du Luxembourg et particulièrement dans te golfe de Charleville; par M. J. Gosselet. I.ille, Liégeois-Six, i885; 2 br. iii-S". (Extrait des Annales de la Société géologique du Nord.) Bulletin de ta Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne; année i885, 39* volume. Auxerre, i885; in-b°. Etudes stratigrapliiques et paléonlo- logiques pour servir à l'histoire de ta période tertiaire dans le bassin du Rhône; parF. Fo]VTANNEs;VIIT.Z,e G'"\ 8*=' ou lo*^'' d'eau sont remplacés par le même nombre d'équivalents d'acide nitrique hydraté. » Les celluloses nitriques sont donc de véritables élhers composés, formés ( 632 ) par la cellulose. Sous l'influence des bases énergiques, elles devraient former des nitrates et régénérer la cellulose; mais les réactions sont bien plus complexes et varient avec les conditions de l'expérience. » Le fulmicoton s'attaque lentement à froid par une solution concen- trée de potasse. Si l'on chauffe, le mélange brunit fortement; il se forme de l'azotate et de l'azotite, du carbonate et de l'oxalate de potasse : ce qu'on pouvait prévoir, puisque la cellulose donne aussi de l'acide oxalique quand on la chauffe avec de la potasse. On obtient aussi de petites quan- tités d'acide succinique. » L'ammoniaque agit d'une manière analogue : à 100°, dans des tubes scellés, il se forme des produits bruns azotés, solubles dans des alcalis, précipités par les acides. » Mais quand on fait agir à basse température les bases énergiques sur le fulmicoton, les réactions sont toutes différentes. » Si l'on verse une solution alcoolique de potasse sur du fulmicoton, le tfiélange brunit fortement et s'échauffe au point de faire explosion. » Au contraire, si l'on ajoute le fulmicoton par petites portions dans la solution alcaline, à plusieurs heures d'intervalle, le mélange brunit à peine et la liqueur se sépare en deux couches très distinctes, pendant queles parois du vase se recouvrent d'une abondante cristallisation d'azotate de potasse. » La couche liquide inférieure est une solution aqueuse de différents produits peu solubles dans l'alcool : azotate de potasse (avec un peu d'a- zotite), un acide particulier, combiné avec la potasse, et une matière sucrée analogue au glucose. Cette liqueur ne contient que très peu d'oxalate. )> On sursature par l'acide acétique et l'on chauffe de manière à décom- poser l'azotite de potasse : on ajoute de l'eau et l'on précipite par l'acétate neutre de plomb. Le précipité renferme de l'acide oxalique et un acide particulier qui n'est pas de l'acide tartrique (M. Vankerknhoff a obtenu de l'acide tartrique en traitant à chaud le fulmicoton par la potasse caustique). » L'eau mère retient une matière sucrée qui réduit énergiquement le tartrate de cuivre et de potasse. Cette matière se précipite en combinaison avec l'oxyde de plomb quand on sursature par l'ammoniaque. » Mais, dans les mêmes conditions, l'azotate de potasse donne un préci- pité d'azotate de plomb basique, même quand la liqueur ne contient que I pour 100 d'azotate, ainsi que je l'ai constaté dans un travail déjà ancien ('). La matière sucrée se trouve donc mêlée d'un azotate, ou Comptes rendus, t. LVI, j). 358. ( 633 ) d'acide azotique libre, quand on a séparé le plomb : et il est difficile de l'obtenir à l'état de pureté et de constater si elle est identique au glucose ordinaire. » Le fulmicoton s'attaque peu à peu par l'alcool atntuoniacal et se dissout en partie au bout de quelques jours. La partie non dissoute se compose de fibres très courtes, légèrement courbes et simulant des cris- taux; l'asptct de cette matière est absolument différent de celui du fulmi- coton quand on l'examine au microscope. Si l'on chauffe à ioo"(en tube scellé) pendant quelques minutes, la dissolution est complète, mais par le refroidissement la matière dissoute se dépose à l'état amorphe. » La solution précipite par l'eau (( t même par l'alcool), en donnant une matière amorphe qu'on obtient aussi par simple évaporation. » L'eau mère contient de l'azotate d'ammoniaque, ce qui prouve qu'd ne s'agit pas ici d'une simple dissolution du fulmicoton dans l'alcool ammoniacal. Le produit amorphe présente les propriétés de l'amide indiquée autrefois par M. Blondeau. Il se dissout aisément dans l'étlier acétique, comme les celluloses nitriques; mais celles-ci sont plus solubles à chaud qu'à froid, tandis que le contraire arrive pour le produit amidé. » A l'aide de la chaleur, la potasse décompose ce produit en dégageant de l'ammoniaque et formant des produits identiques à ceux que donne l'action de la potasse alcoolique sur le fulmicoton. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Mestre adresse une réclamation de priorité, au sujet de l'api^areil dit inh'qmphe , qui a été préseuié a l'Académie par MM. NapoU et Abdan/c- Jbalicnioivicz, dans la séance du i4 septembre dernier. (La Note de M. Mestre et celle de MM. Napoli et Abdank-Abakanowicz seront soumises à l'examen d'une Commission composée de MM. Bertrand, Philhps et C. Jordan.) M. P. Lazerc.es adresse un Mémoire sur les tremblements de terre. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. J. JcLUEN adresse, par l'entremise de M. Bouley, un Mémoire sur le traitement des vignes phylloxérées, par les sulfures organirpies et les poly- c. K., i885, 2' Semestre. (1. CI. i>° 13.) "^ ( 634 ; sulfures d'ainmoiiiiim obtenus eu faisant digérer du soufre en poudre dans les eaux de vidange des fosses d'aisance en putréfaction. « Le traitement que je propose, dit l'auteur, est pratique et peu coû- teux; il est à la portée de tous les viticidteurs et convient à tous les terrains. Il consiste, d'ahord, à faire digérer du soufre en poudre dans les eaux de vidange en putréfaction, pendant un temps suffisamineut long pour trans- former certaines matières organiques, probablement les matières grasses, protéiques, albumineuses et amylacées, et les sulfures d'ammonium qu'elles contiennent, en sidfures organiques et en polysulfures d'ammo- nium; ensuite, à arroser les vignes malades avec ces eaux, préalablement étendues d'une quantité d'eau ordinaire variant avec le degré de perméabilité du sol ; oi) doit avoir soin d'effectuer les arrosages, de préférence, pendant riiiver, afin que les pluies et les neiges, en entraînant les sulfures, puissent bien en imprégner les racines et la terre dans laquelle elles plongent. » (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) M. ScHiJLE, M. Devine, M. Polmade, M. Pigeon et un auteur anonyme adressent diverses Conuiuinicalions relatives au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, trois M^•moiros publiés en italien par M. G. Govi, dans le « Rendicoiito délia R. Accidemia délie Scienze fis. e mat. di Napoli ». « Un premier Mémoire se rapporte à un document inédit relatif à l'inven- tion et à la tliéorie de la lunette d'appioche. (î'est luie lettre écrite de Kome, le 2G février 1610, par im nommé Sergio Venturi, adressée à Jean-Baptiste Manso, marquis de Villa, à Naples. Manso s'intéressait beaucoup au pro- grès des Sciences et des Lettres, il était l'ami de J.-B. délia Porta, il corres- pondait avec Galilée, et ne tarda pas à fonder à Naples (le 3 mai 161 1) une Académie [ l'Académie des Oisifs ((/egf/j Oziosi)] à l'imitation de celle des Lincei, que Frédéric Cesi avait fondée à Rome. Dans sa lettre, Venturi essaye, mais sans y réussir, d'expliquer l'action des deux verres de la lunette que l.ipperslieim V( nait d'inventer en Hollande, et que Galilée s'était empressé ( 635 ) de reproLluire à Paiioiie et de tourner avec tant de succès sur les aslres. Il était réservé à Kepler de donner le premier, en iGi i, la véritable explica- tion des effets de la lunette d'approche. La lettre de Venluri n'en est ce- pendant pas moins curieuse, puisqu'elle est antérieure à la première pu- blication de Galilée sur le Télescope. » Dans un autre Mémoire, M. Govi propose ini artifice assez simple, pour éliminer une difficulté grave que l'on rencontre toutes les fois qu'on veut appliquer la méthode hydrostatique, si ingénieuse, proposée par Du- long et Petit pour mesurer la dilatation absolue des liquides. On sait en effet que, dans celte méthode, rien ne permet de déterminer avec précision le plan horizontal à partir duquel on doit mesurer les hauteurs des co- lonnes liquides en équilibre. M. Govi propose de viser d'abord les som- mets de deux colonnes liquides très courtes, se faisant équilibre à la partie inférieure des tubes portés à deux températures différentes, puis, d'y ajouter deux nouvelles colonnes, l'une froide, l'autre chamle, et de me- surer les hauteurs absolues de ces deux colonnes au-dessus des preu)ières. Le rapport inverse de ces deux hauteurs donne alors le rapport de densités, et, par conséquent, le coefficient de dilatation absolue du liquide. )) Enfin, un dernier Mémoire traite de la construction d'un spectroscopc ù vision directe, sa/is prismes et sans réseaux. Il s'agit tout simplement de l'emploi d'une matière très dispersive (sulfure de carbone, huile de cassia, flint lourd, etc.) limitée par des faces planes et parallèles, qui peut donner un très beau spectre par la seule dispersion intérieure. Les rayons colorés sortent alors par la seconde face du milieu parallèlement aux rayons inci- dents; ils ne subissent donc pas de déviation, et les raies de Frannhoter, ou les lignes spectrales lumineuses, s'y voient tout aussi bien 199,55 3,0 ■97,15 )) 198,8 4 '99.8 V 196,35 '14,6 1 y8 , 95 u 200 2,8 » Tandis que la tension des vapeurs du liqiiiile évaporé [jar la |iomj)e ne cesse de diminuer d'une f.içon progressive, la température, indiquée dans le Tableau pour des intervalles de temps équidislants, passe pac une série de maxima et de minima; elle atteint, sous de faibles pressions, en dernier lieu, des valeurs à peine supérieures à celles que présente l'oxygène pur à la même pression. Dans ces conditions, l'air ne contient plus qu'une bien faible quantité d'azote. )i Mais ce n'est pas tout. T/air peut fournir deux liquides distincts, d'une ( 637 ) apparence el d'une composition différentes, superposés l'un à l'autre et séparés par un ménisque parfaitement visible. Je suis parvenu à ce résultat par le procédé suivant. Ayant liquéfié, à la température de — 142° C, une certaine quantité d'air dans le tube de l'appareil dont je me sers poiir l'emploi des gaz permanents comme moyens réfrigérants, je laisse entrer dans ce même tube une quantité d'air gazeux suffisante pour que, la pression du gaz devenant égale à 40"'"', et sa densité optique égale à celle du liquide, le ménisque du liquide s'efface et disparaisse entièrement; après quoi, je diminue lentement la pression : au moment où le manomètre ac- cuse une pression d'environ 37-""',6, j'aperçois, eu un point du tube beaucoup plus élevé que la place occupée auparavant par le ménisque disparu, un nouveau ménisque qui se forme. Quelques instants après, le premier ménisque reparait à la même place où nous l'avions vu dispa- raître, et au méuie moment on distingue nettement deux liquides d'une ap- parence différente, superposés l'un à l'autre. Les deux liquides continuent à rester séparés pendant plusieurs secondes. Après quoi, l'on voit se former tout un courant de petites bulles, qui remontent en se détachant du ménisque qui sépare les deux liqiùdes. I^ar suite de ce phénomène, le liquide supérieur devient un peu trouble; le ménisque, détruit peu à peu par le courant, finit par disparaître entièrement, et l'on obtient comme dernier résultat un seul liquide d'apparence homogène ('). » A l'aide d'un petit tube métallique introduit dans l'appareil, j'ai pu, sans détruire le ménisque marquant la séparation, prendre à volonté de sa couche inférieure ou supérieure une quantité de liquide suffisante pour l'analyse. Tandis que le liquide inférieur contenait en volumes 21,28 à 21,5 pour 100 d'oxygène, le liquide supérieur n'en contenait que 17,3 à 18,7. » Cette expérience est d'une haute importance, au point de vue de la théorie de l'état critique des gaz. Elle démontre en effet, contrairement à l'assertion avancée il y a quelques années par certains physiciens, que la disparition du ménisque d'un liquide, quand elle est obtenue par l'aug- (') Dans cette expérience, l'air, qui esl un lii|uide comi)lèlcmeMt incolore, jiréseiilc en outre un phénomène optique singulièrement énigniatiquc, qui précède immédiatement l'ap- parition du ménisque supérieur. L'endroit du tube où ce ménisque doit se lormer prend une coloration faiblement orangée, laquelle s'évanouit instantanément au moment même où le ménisque apparaît. Pareil phénomène ne précède jamais l'apparition du ménisque inlé- rieur (jui sépare les deux liquides. ( 63S ) inenlation «le la pression exercée sur un gaz superposé, n'amène pas la dissolution du liquide dans le gaz. » PHYSIQUE. — Sur deux types nouveaux d' hygromèlres à condensation. Note de M. Georges Sire. « On sait que la précision des hygromètres à condensation dépend de l'exactitude avec laquelle on détermine la température de la surface où se fait le dépôt de rosée, ainsi que de la perception plus ou moins nette de ce dépôt. » Je suis parvenu à rendre très sensibles ces déterminations, en obser- vant le dépôt de vapeur d'eau sur une surface brillante, cylindrique ou plane, ce qui donne lieu à deux types nouveaux d'hygromètres à conden- sation, dans lesquels l'abaissement de température est obtenu par l'évapo- ration de l'éther suifurique où plonge un thermomètre. » Le premier type a son réservoir à éther formé d'un tube cylindrique, en métal mince et brillant, dont les extrémités sont isolées, intérieurement, par deux pièces d'ébonite, de façon que le liquide volatil n'est en contact avec la paroi métallique que sur une zone moyenne de o'",oi de hauteur environ. C'est sur cette zone que se fait le dépôt de vapeur d'eau ; il se traduit par un anneau blanchâtre qui apparaît à mi-hauteur du réservoir à éther. » Le réservoir du deuxième type est entièrement en ébonite ; il est percé laléralenieiit d'une ouverture circulaire, fermée par lui disque métallique mince et poli à l'intérieur. C'est sur la partie de ce disque correspondante à l'ouverture, que se dépose la vapeur d'eau; il se forme, dans ce cas, un petit cercle blanc mat au centre du disque, disque que l'on voit d'un beau noii' pour une certaine orientation. » Les surfaces brillantes sont obtenues par un dépôt électrochimique de palladium; le poli noir de ce métal rend perceptibles les plus faibles traces de condensation. » Le caractère essentiel des hygromètres précitée, c'est que le dépôt de rosée se fait et s'ob.serve au milieu d'une surface métallique brillante sans solution de continuité. D'autre part, l'agitation du liquide volatil et la minceur des parois qu'il mouille assurent la parfaite égalité de tempéra- ture (le ces deux parties, dans l'un eî l'.iutre instrument. » ( 639 ) CRISTALLOGÉNIE. — Genèse des crislnnx de soiijre, en tables carrées. Note de M. Ch. Brame. « Sons la forme de vésicules ou d'ntricules, le soufre peut éprouver l,i mélamnrpliose cristalline, en tables carrées, dans diverses circonstances : je vais en décrire les résultats lf=s plus remarquables. » Ulriciiles. — i° Du soufre étant porté à aSo", on le recouvre d'une lame de verre, préalablement chauffée au delà de 5o**. Parmi les utricules de o™"',i à o""",i5, qui se déposent sur la lame de verre, il y en a plusieurs qui se transforment, sous l'œil de l'observateur. Les lignes courbes du sphéroïde utriculaire s'étendent, se redressent et se changent en lignes droites, décrivant un carré parfait, dans lequel sont souvent emboîtés d'autres carrés; ces carrés sont interrompus par une sorte de croix, à branches plus ou moins arrondies, engendrée par la partie inférieure du tégument membranifoniie de l'utricule. Tel est un mode spécial de genèse, par les utricules, de la table carrée de soufre. » 2° De petites utricules de o™'°,o2 à o""",o4, obtenues par un mé- lange de vapeurs blanche et jaune de soufre, peuvent passer à la péri- cristallie, doimant naissance à de petites tables carrées en grand nombre, soudées entre elles et à des utricules, de manière à former une dendrilc cylocrislalline. » Vésicules. — i° En maintenant de petites gouttelettes de soufre à 120" et pendant quelques minutes, recevant la vapeur sur une lame de verre très rapprochée, il apparaît, sur celte lame, de petits amas blancs, ar- rondis, di>tancés, qui, examinés au microscope, se montrent presque en- tièrement formés de véhicules, de o""'",oo2 à o^^jOoS de diamètre. Aban- données à elles-mêmes à la température ordinaire, ces vésicules s'unissent en assez grand nombre, pour former des tables carrées de o""", 2 à o""'',3 et plus de côté. On voit ces vésicules s'aplatir, s'étaler, se joindre, se con- fondre et finalement se transformer en un seul cristal transparent. Les cris- taux tabulaires segmentés ou incomplets présentent eux-mêmes, en diffé- rents points de leur surface, des vésicules génératrices. » Ce qu'd y a de remarquable, dans les résultats de cette expérience, c'est que la forme du cristal, lequel n'existe pas encore ou bien n'existe qu'en partie, est dessinée par des vésicules, transformées ou non; si bien que celles-ci occupent les parties absentes des arêtes du cristal. w ce ce < w Pu < DJ 3 ce w o ., — r Od tjq ce: Du :z) o 04 oo &î ^ (^=^ Q « en 3 -a 3 et 5: X) < Ci w o y o O t. 3 (D CI. > O CM •3 tu a, > cd CO CO m' o f-. ' "S (3 P O m OJ Q ( 64i Fig. i et 2. — Vapeur d'une petite quantité de soufre à i3o°. Au milieu d'un assez graïul noiiiljre de rhomboctaèdres, on distingue : Fig. 1.— a. Quelques tables carrées, portant des vestiges de la partie inférieure de l'utricule; ces vestiges sont disposés régulièrement. b. Modification de la base carrée d'un octaèdre rliombique. a',b'. Tables carrées portant de nombreuses traces de vésicules, plus ou moins déformées et soudées. Fig. 2.— a. Petites utricules cristallogéniques /«'/■/(■/•/.«/(////«e.j, engendrées par les vapeurs de soufre jaune et blanche mêlées. Dendrite cylocrislallinc. b. Utricules, prises dans la flamme de l'acide sulfhydrique, refroidies et abandonnées dans une étuve à4o°-5o''. Cristaux bacillaires et tables carrées soudés. Fig. 3. — a. Table carrée segmentée. b. Table carrée modifiée sur un angle. Des vésicules de soufre, en grande partie plus ou moins transformées, dessinent deux cùtés de lai/ig. 3, a, et plusieurs parties absentes des cotés de \ajig. 3, b. — Les vési- cules, provenant de la vapeur de soufre à lao", ont été obtenues en petits amas blancs arrondis, sur une lame de verre, très rapprocliée de l'émission de vapeur, pendant quelques minutes. Ce sont ces vésicules de o"'°',oo:> à o°'",oo3 de diamètre qui en- gendrent à froid les tables carrées très minces, atteignant jusqu'à o"",3 de coté. Fig. 4- — Vapeur de soufre à 25o°, reçue sur une lame de verre chaude. Table à base carrée, cytogénée, engendrée sous les yeux de l'observateur. Passages successifs de la ligne courbe à la ligne droite (sphéroïdo-orthoïdic). Croix à branches arrondies, formée par la partie inférieure du tégument membranifornie de l'utricule. Fig. 5. — Octaèdre à base carrée, cytogénc, dont la base est physiquement un rhombc. » Les tables ciirrées de soufre, engendrées à froid par des vésicules soudées, sont très minces; elles se brûlent au contact de l'air et disparais- sent, sans laisser presque jamais de résidu. » 2° En faisant déposer de la vapeur de soufre à i8o"-20o°, sur une lame de verre, de manière à former une couche mince continue de soufre fondu, qu'on abandonne à elle-même, à la température ordinaire, il se forme, par retrait, de beaux cristaux aiguillés, brillants, soudés et perpendiculaires les uns aux autres, parmi lesquels se trouvent des tables carrées, ayant jusqu'à o"™,3 et plus de côlé. Quelques cristaux, mutuellement brisés, laissent nettement recoiuiaîlre dans leurs cassures de nombreuses traces des vésicules qui leur ont donné naissance. » Les tables carrées de soufre peuvent être modifiées également sur les quatre angles et constituer ainsi un hexaèdre régtdier; celui-ci peut appa- raître dans la peVicm/a//îe hexagonale de ce corps ('). Mais souvent aussi, ') Ainsi, par exemple, au moyen de la traction et de la pression d'une petite goutte de soufre, on obtient des séries line'aires et parallèles d'iilricules; ces utricules refroidies peu- vent passer à la péricrisi allie hexagonale régulière. C. R., it'.85. a' S,!:ncstre. (T. TI, iV» l.".) '^4 642 ) ces tables carrées ne se moililient que sur Jeux angles opposés, accusant ainsi leur nature rhomboïdale. C'est qu'en effet la table carrée de soufre, comme la base carrée de l'octaèdre de ce corps, appartient aux cristaux rhomboïdaux, dont l'axe vertical devient égal à l'horizontal (' ). » Les expériences entreprises sur la genèse des tables carrées de soufre montrent, dans leur cristallogénie, le passage direct de la ligne courbe à la ligne droite ou bien la sphéroido-orthoïdie. » ZOOLOGIE. — Sur la mandibule des Hyménoptères. Note de M. Joannès Chatix, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Dans une précédente Communication (^) j'ai montré l'étroite simi- litude qui existe entre la mâchoire des Hyménoptères et celle des Insectes Broyeurs. Cette inliine parenté morphologique s'affirme plus nettement encore à l'égard de la mandibule. » Non seulement l'aspect est généralement identique, mais la consti- tution même de l'organe ne cesse de s'exprimer par des caractères abso- lument comparables et, lorsque des variations se produisent, elles se succèdent en quelque sorte parallèlement, obéissant aux mêmes tendances dans les deux groupes. M Observée à son plus haut degré de complexité, la mandibule des Insectes Broyeurs se montre composée de quatre pièces (sous-maxillaire, maxillaire, galéa, intermaxillaire), dont l'importance est loin d'être égale et dont les rapports pourront, chez tlifférents types, se modifier dans des limites assez étendues pour s'adapter aux divers rôles fonctionnels que l'organe devra remplir. Chez les Hyménoptères on observe des dis|)ositions analogues, facilement mises en évidence par l'analyse morphologique. » Pour s'en convaincre, il suffit de se reporter à l'une des particularités les plus caractéristiques de la mandibule des Broyeurs : il est rare que le maxillaire y conserve les ra|)ports qu'on peut lui assigner comme normaux dans la mâchoire, s'appuyant sur le sous-maxillaire par sa face inférieure, portant sur sa face supérieure le galéa et rintermaxillaire; dans la plupart des cas, le maxillaire de la mandibule se déplace pour gagner le côté externe de l'organe, y formant une sorte d'étai dorsal destiné à soutenir (') Ch. Brame, Octaèdres h base carrée de soufre, dont la base est physiqiirnunt un rlioinbc [Comptes rendus, p. 533 de ce Volume). ('^) Voir Comptes rendus, 2i) juillet i88'j. ( 643 ) le galéa et par suite l'iiitermaxillaire, auquel revient le rôle le plus actif dans le fonctionnement général de la mandibule. Cette modification ne s'accomplit pas brusquement : s'ébaucbant progressivement chez le Forfi- cula awicularia, le Grj'llus clomesticiis, le Phasma Japelus, etc., elle s'affirme définitivement chez le Cnrabus aurattis, le Locustn viridissimn , etc. Peut-on observer chez les Hyménoptères les effets de cette même tendance, qui domine l'ensemble des formes mandibidaires chez les Broyeurs? » Les Cynips fournissent déjà des types hautement démonstratifs : leur mandibule présente inférieurement une petite pièce assez irrégtdière, ré- pondant au sous-maxillaire et portant à sa face supérieure un maxillaire externe, un galéa médian, un intermaxillaire interne. La situation dorsale du niaxill.iire commence donc à s'accentuer nettement : il convient d'a- jouter que la suture du galéa et du maxillaire se trouve marquée par une longue côte snillante ; en outre, le galéa et l'uitermaxillaire ne deviennent distincts que dans leur partie supérieure, » Le Mellioca formicaria offre des dispositions analogues : médiocre- ment développé et excavé inférieurement, le sous-maxillaire porte un maxillaire très puissant, placé au côté dorsal de l'organe, dominant l'inter- maxillaire et le galéa. Ce dernier offre des dimensions relativement faibles et se place immédiatement en dedans du maxillaire, se recourbant comme lui vers son sommet, qui recouvre ainsi l'intermaxiUaire, assez réduit. )) Chez \e.Mulillariifip('s, le sous-maxillaire est bien distinct, quoique ppu développé ; le maxillaire est représenté par une mince bandelette dorsale. Quant au galéa et à l'intermaxiUaire, ils semblent se confondre ici comme chez certains Broyeurs; cependant on peut encore reconnaître leurs limites respectives, la saillie terminale et incurvée du galéa le diflérenciant de l'intermaxiUaire placé à son côté interne. » Chez les Vespides, la fusion du maxillaire et du galéa est généralement complète : au-dessus du sous-maxillaire s'élève une pièce volumineuse, formant comme le centre de la mandibule; elle est constituée par l'union des deux pièces qui viennent d'être mentionnées et porte à son côté interne un intermaxillaire armé de dents niguës. » La tendance qui se manifestait graduellement dans les types précé- dents s'affirme mieux encore chez le Sipliomira Sclimidlii : la coalescence y atteignant un degré inconnu jusqu'ici, on voit les trois pièces supérieures maxillaire, galéa, interm.ixillaire) se souder intimement pour constituer une mandibule remarquablement solide et puissante, fortement recourbée et présentant à son bord interne de nombreuses dents acérées. ( 644 ) )i c'est sous cet aspect, qui rappelle si exactement la mandibule des Btoveurs les mieux armés, que l'organe se montre chez un grand nombre d'Hyménoptères. Une observation attentive permet de constater que les mêmes dispositions fonctionnelles sont obtenues par les mêmes modi- fications organiques. Dans le genre Chrjsis, toutes les parties de la mandibule sont intimement unies et confondues, à l'exception du sous- maxillaire; encore doit-on rappeler que les limites de celui-ci sont très faiblement indiquées. Ailleurs, comme chez les Helonts, toute démarcation devient impossible enire les diverses pièces mandibulaires qui se sont inti- mement soudées. Il en est de même chez les Perilampe, et c'est à peine si les Chatcis laissent distinguer une côte dorsale vaguement tracée. Chez les Cephits, toutes les pièces mandibulaires sont rapprochées de la façon la plus intime et les Xyela n'en diffèrent pas sensiblement à cet égard. Enfin, dans la plupart des espèces du genre Sirex, la puissance de la mandibule s'exprime par des dispositions analogues : toute distinction semble s'effacer entre les diverses pièces constitutives et l'on voit que, chez les Hyménoptères comme chez les Insectes Broyeurs, le fonctionnement de l'organe se trouve de mieux en mieux assuré par l'application des mêmes tendances géné- rales. » GÉOLOGIE. — application de la Thermocliimie à l'explication des phénomènes géologiques. Minerais de fer. Note de M. Dieulafait. « J'ai montré comment les lois de la Thermochimie conduisent à cette conséquence, que le carbonate de protoxyde de fer ne peut pas se produire au contact d'un excès d'un mélange d'oxygène et d'acide carbonique, et dès lors à l'air libre, puisque le protoxyde de fer, pour se transformer en sesquioxyde, développe beaucoup plus de chaleur que pour passer à l'état de carbonate de protoxyde. 2FeO-f-0 =Fe-0' =26^»!, 6. 2Fe0 4- 2CO'-= 2FeO,CO= = 10^'". « Cependant il existe, dans l'écorce de notre globe, de puissants gise- ments de carbonate de protoxyde de fer, toujours recherchés et exploités par les métallurgistes comme des minerais de premier ordre. Il semble résulter dès lors, de ce fait d'observation, que les fers carbonates n'ont pu se former dans l'eau, au moins dans des conditions ordinaires ; mais, quand ( 645 j on examine sur les lieux l'associntion de ces minerais, il en est autrement. » Au point de vue minérrilogique, les minerais de fer carbonate se di- visent en deux grands groupes natiu-els : les uns sont nettement cristalli- sés, ce sont \es fers spalliiques ; les autres pris en niasse sont amorphes, ce sont \esfers carbonates lithoïdes. » Au point de vue de l'âge, les différences ne sont pas moins profondes : il existe des fers carbonates jusque dans les gneiss; on en connaît dans des terrains sédimentaires d'âges relativement récents. Toutefois, quand on étu- die l'âge des niineraisfle/ércArtonafe, unraitsedégageimmédialementetdo- minetoutlerestercesmineraissontsurtoutconcentrésdansungrandhorizon, assez limité, celui qui comprend larégion //o»///ère dans le terrain houiller. Ils se montrent là en couches souvent bien réglées, mais fréquemment aussi en rognons encaissés de toute part dans des argiles, ou bien encore engagés dans des couches grézeuses fortement bitumineuses. La formation du fer carbonate de la période houillère rentre dès lors complètement dans les lois de la Tliermochimie. En effet, on sait que les dépôts houillers, dans la région de la houille, sont des dé[)ôts d'estuaires, de plages très basses, souvent et facilement envahies par les eaux. Un pareil milieu était donc très pauvre en oxygène, éminemment réducteur même, et riche en acide carbonique. Il est, dès lors, tout naturel, et même nécessaire, que le fer, qui, sortant de ces combinaisons silicatées, était amené dans un milieu de cette nature, se combinât avec l'acide carbonique; il est, en outre, non moins naturel que ce carbonate de fer (enfoui dans des argiles qui, même à l'heure actuelle, n'ont pas encore absorbé tout l'oxygène qu'elles pour- raient prendre) soit resté jusqu'à notre époque à l'état de carbonate de proloxyde de fer; ce qui montre bien, du reste, que l'explication qui pré- cède est A'raie, c'est que, si l'on expose à l'air ce fer carbonate des houillères, il passe spontanément à l'état de sesquioxyde, en absorbant l'oxygène de l'air et laissant dégager son acide carbonique. )) La même explication est complètement applicable aux nombreux fers carbonates lithoïdes qui existent dans les terrains sédimentaires. Quand on examine sur les lieux leurs conditions de gisement, on reconnaît immé- diatement qu'ils se sont déposés dans un milieu réducteur. » Je devrais maintenant examiner les fers carbonates des terrains anciens, mais là de nouveaux éléments interviennent : cette partie delà question des fers carbonates anciens sera traitée à part, et prochainement. » La Tliermochimie permet encore de faire avancer une autre grande question dont je me suis déjà occupé bien des fois : c'est celle de l'origine ( 6.',G ) des minerais de fer, si nombreux en France, connus sous le nom (absolu- ment mauviiis géologiquement et légalement) de minerais d'alluvion. 1) L'opinion admise à peu près unanimement veut que ces minerais soient venus des profondeurs à letat de carbonates ou de bicarbonates dissous dans l'ean. I.a Thermochimie explique parfaitement comment ces carbonates de protoxyde de fer amenés à Tair auraient, en présence de l'oxygène, perdu leur acide carbonique et seraient passés à l'état de ses- quioxyde; mais il en est tout autrement pour la plus grande partie de ces sortes de dépôts, celle de beaucoup la plus considérable, qui reinijlit les cavernes, les crevasses, les fissures, etc., des calcaires compacts, quel que soit du reste l'âge de ces calcaires. Du moment, en effet, où des carbonates de fer seraient amenés des profondeurs, en dissolution dans l'eau, il est absolument nécessaire que les conduites par lesquelles s'élèveraient les eaux ferrugineuses, c'est-à-dire les cavernes, crevasses, fissures, etc., ac- tuelles, fussent complètement remplies d'eau. Ceci étant, si du fer se dépose dans ces crevasses, il s'y déposera nécessairement à l'état de carbonate de protoxyde. Or rien de semblable n'existe dans la nature; toujours \e fer, dit d'alluvion, le fer des cavernes des terrains calcaires, est à l'état de ses- quioxyde hydraté, c'est-à-dire à cet état d'équilibre définitif vers lequel tend constamment le carbonate de fer. On n'a pas même ici la ressource de dire que la transformation en sesquioxyde s'est faite dans les cavernes, postérieurement au déjiôl, quand les eaux ascendantes ont peu à peu dimi- nué, car dans ce cas la partie supérieure seule des longues colonnes de mi- nerai des cavernes se serait peroxydée, et l'on sait que, jusqu'à la base des dépôts, tout est à l'état de peroxyde. Si l'on rapproche cette déduction thermique des faits chimiques que j'ai fait connaître ailleurs, notamment (le ce fait que les multiples substances, de natures rares, existant dans les minerais de fer et les arsjiles d'alluvion, se retrouvent dans les roches cal- caires qui encaissent les minerais de fer : que ces substances de natures rares varient simultanément dans les minerais argileux et dans les roches encaissantes, à mesure qu'on pisse d'une région à une autre, on verra combien il devient de plus en plus probable que l'origine des minerais dits d'alluvion ne doit pas être cherchée dans des sources ascendantes, ayant pris leur fer dans les profondeurs du globe, mais que, au contraire, ces minerais et ces argiles ont été enlevés aux roches extérieures, par des eaux extérieures, circulant de haut en bas. >■ ( 647 ) M. CouRssERANTiidresse une léclamation de prioiilé, au siijel tle la Com- munication faite le i4 septembre par M. A. Broiidet, sur une opération thérapeutique dite diétectrol/se. La séance est levée à 4 heures. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPUIQDE. Ouvrages reçus dans la séance do y septembre i885. Ministères de la Marine et de l'Instruction publique. Mission scientifujue du C■ » +0,20) t ' ■ Le premier chiffre ne doit pas différer beaucoup de la chaleur dégagée par la solution aqueuse; la dissolution d'un liquide dans un autre liquide ne donne jamais lieu à une absorption de chaleur considérable. La chaleur de neutralisation de cet élher est donc minime et comparable à celle d'un phénol à affinités faibles. L'éther a été reprécipité de cette solution par l'acide chlorhydrique sans altération ni formation sensible d'acide salicy- lique, comme on s'en est assuré en le rectifiant. » 3. L'acide benzylalojbrmique [mandelsâure) possède une constitution bien différente des deux précédents, l'oxygène étant transposé du résidu benzylique sur le résidu méthylique, comme le montre la formule C'^H''0=(C-H-0^). C'est un acide monobasique, sans fonction phénolique. » Voici les expériences thermiques. » Cet acide étant beaucoup plus soluble dans l'eau que les corps précé- dents, j'en ai d'abord mesuré la chaleur de dissolution, en opérant sur (') J'ai trouvé dans cette essence, après l'action des alcalis, quelques millièmes d'un isomère cristallisé de l'alcool campholique ou borncol, C-"II'^0'. (^) On n'a pas écrit dans ces formules l'isomérie des acides para-oxybenzoïque et salicy- lique, qui n'entre pour rien dans les raisonnements. Pour l'inscrire, il suffirait de déve- lopper les trois acétylènes du noyau benzénique. ( 653 ) 7^,6, en présence de 4ooS'' d'eau. J'ai trouvé à i8°, pour i"°'= iSa^"' : -3C»',o9. Cette solution (i™<" = 8'") -I- ^«30(1=1= 2''') a dégagé -1-6,74 j -Ha^ÎNaO " -1-6,88 I -f-i3c=", 86 -+- 3^^NaO .. H-o,?4 ) » Ce corps se comporte donc conformément à la théorie. » 4. La vaniltine ou aldéhyde mélhylprotocatéchique diffère de l'acide anisiqiie par une transposition d'oxygène, qui change d'une part la fonction acide en fonction aldéhyde et d'autre part ajoute une fonction phénolique. Voici les expériences thermiques : iS'',52 dissous dans 3oo" ont fourni, pour la dissolution d'une molécule, := iSa^'', à i3", 7 — 5,9-0 La solution (i"'°'= 3o''^) -f- NaO(l':i=: 5'") a dégagé. +9>26 « -+-2']\a0 » -1-0,00 » La vanilliue se comporte donc réellement comme un phénol mono- atomique, dégageant à peu près la même quantité de chaleur que la se- conde atomicité de l'acide para-oxybenzoïque ( -f- 8,8). » 5. L'acide vanillique ou méthylprotocaléchique, C'"H'*0% ou cumule les fonctions d'acide monobasique et de phénol mono-atomique. Voici les expériences thermiques : » La chaleur de dissolution dans l'eau, à i3°,9, aété trouvée: —5*^"', 16. » Cette quantité n'a pu être mesurée directement à cause de la lenteur extrême de la dissolution de l'acide. Mais on l'obtient par voie indirecte . on opère la dissolution de l'acide dans un alcali étendu, ce qui a lieu assez vite, et dans des conditions de mesure calorimétrique. Puis, on traite la liqueur, dans le calorimètre, par une dose d'acide minéral exactement équivalente. En opérant avec une dose d'eau convenable, l'acide vanilliq.ue demeure dissous. En admettant, conformément aux fails connus, que l'acide vanillique a été complètement déplacé dans la liqueur, il est facile d'en calculer la chaleur de neutralisation à l'état dissous et, par suite, sa chaleur même de dissolution. ( 654 ) 1) L'acide cristallisé dissous dans i'^'' de soude (i*^'' = 35'"') A dégagé : -|- ']'^^',^8; soit pour l'aciUe dissous -(-12,64 ) -H2«NaO : -I- 9,74 I -)-?.3C''i,75 -+-3=NaO -f- 1,37) » Les propriétés thermiques de cet acide répondent donc exactement à la théorie. Je l'ai également vérifiée sur les corps du groupe pipérique, qui se rattache aussi à l'acide protocatéchique. » 6. he Pipéronal ou Aldéhyde mélhjlénoprotocaléchique, C"'H°0% ou C'*H^(G^H^O')0^ = i5os%est un aldéhyde, sans fonction phénolique; les deux atomicités du générateur ayant été neutralisées par la substitution méthyléiiique. Sa dissolution dans l'eau est extrêmement lenle; dans la soude, elle est un peu plus rapide. Dans les deux cas, il se produit une absorption de chaleur identique, soit — o°,o4 pour iS'',5o dans 3oo" à 16°. Sans tirer une valeur absolue d'un nombre si petit, il est cependant permis d'en conclure que la soude ne dégage pas de chaleur appréciable en se combinant avec ce composé dissous. » 7. h'acide pipéronylicjue, ou acide méthylénoprolocalcclùque doit être un acide monobasique, sans fonction phénolique, pour les mêmes motifs. » La solution dans l'eau était trop lente et trop faible pour donner lieu à des mesures exactes. Ou s'est borné à le dissoudre (i 28'', 45 d'acide) dans une solution alcaline. C'H'^O'^-f- NaO étendue à 16°, i dégage +3,9 >> +2"= NaO » +0,3 -4c^',2 » Le premier nombre est la différence entre la chaleur de dissolution dans l'eau et la chaleur de neutralisation. En admettant celle-ci égale à + i3,o, la chaleur de dissolution serait environ — g*'"',!. » Eu tous cas, le deuxième équivalent de soude ne produit qu'un dégage- ment de chaleur insignifiant, ce qui est conforme à la théorie. » 8. Acide pipérique, — Cet acide de constitution complexe répond à la formule C-'H'»0« = siSs^ » On l'a dissous (lo^^g) dans 1*^1 de soude NaO =8'", à 16° -f-2C^',54 Un deuxième NaO » » -f- o, o ( 655 ) » (l'est donc un acide monobasique sans fonction phénolique ('). Cec est conforme à la théorie, qui le dérive d'un acide monobasique diphé noiique, dont une substitution méthylénique aurait saturé les deux atomi cités phénoliques : C"H''(C-I1'0'')0", dérivé de C=='H°(H=0=)(lFO-)OV » 9. Jcide véralrique. — Cet acide répond à la formule C"H'°0' = 182 On admet que c'est un dérivé dimétliylprotocatéchique. On l'a dissous dans une solution alcaline étendue, opération lente et pénible. On a trouvé Par l'action deNaO, à i2'',4 ■ • ■ + 6'^''',9 (-) Le deuxième , H- o'^='',o » C'est donc un acide monobasique, sans fonction phénolique; les deux atomicités phénoliques de l'acide protocatéchique ayant été neutralisées par deux substitutions méthyliques, suivant un procédé analogue à celui de l'acide anisique : soit l'acide vératrique C'*H-(C='H*0^)(C='H*0^)0% dérivé de C'^H=(H-0^)(H*0=)0\ » J'ai contrôlé la théorie par d'autres épreuves, faites sur divers com- posés neutres du même groupe. » 10. V aldéhyde anisique ou mcthytpara-oxybenzoïque, C"'H* (C-H*0*)0-, dissous par une solution étendue de soude (is%3 dans Soo'^''), n'a pas dé- gagé une quantité de chaleur notable. Il se comporte à cet égard comme l'aldéhyde benzoïque ; il ne possède donc pas la fonclion phénolique. » 1 1 . L'alcool anisique ou mêlhylpara-oxybenzdique, C ^ H'' (C- II' 0") (H- 0=), traité de même par la soude (iS'',3 d'alcool dans 3oo'=<'), n'a pas non plus dégagé de chaleur; il ne possède donc pas la fonction phénolique. » 12. A ces trois termes fondamentaux de la série anisique, j'ai joint Vanisolou. élher méthylphênique, C'^H* (C-H*0=); mais ce corps demeure insoluble dans la solution alcaline, étendue : c'est \\n éther mixte, dans lequel la fonction phénolique a été neutralisée. » 13. Vanéthol, principe cristallisé de l'essence d'anis, C"" H'- 0% s'est comporté de même : ce qui s'accorde avec la constitution attribuée à ce corps (méthylanol). » 14. La salicine ou éther glucososaligénique Cnjjo02(C''H''0' = ) = 286^^ • a donné par sa dissolution dans l'eau (3s%575 dans l^oo'''), à 17°, 7: - 2C''',93. [1 ) Clialeur de dissolution évaluée à — i3,o+3,5 = — lo^»' (•-) Chaleur de dissolution évaluée à — i3, 0 + 6, 9 = — 6,1. ( 656 ) » Cette solution, traitée par NaO(i'"' = 4"'), n'a pas dégagé une quan- tité sensible de chaleur. La salicine répond donc à la m^ntralisation de la fonction phénolique de la saligénine [voir ce Recueil, p. 542). « 15. Au contraire, reugfeno/(principe de l'essence de girofles), quoique à peu près insoluble dans l'eau, s'est dissous dans une solution de soude : 8^',i dans 400" NaO(r'i= 2'''), en dégageant Un j" équivalent NaO >> + 0,86 [ h- 6^"' ,63 5,77 ) 0,86 \ En ajoutant |NaO ■> -t-o,o » C'est donc un phénol mono-atomique, un éther méthylique analogue à l'anisol, mais dérivé d'un phénol diatomique, dont une seule atomicité a été neutralisée par l'éthérification. » Ces propriétés sont conformes à la constitution que l'on assigne, en général, à l'eugénol. » 16. L'acide totuénosalfurique {iiam),C*'^li^S'-0'^, se comporte comme un acide simplement monobasique, sans fonction phénolique, ainsi qu'on devait d'ailleurs s'y attendre. » C'est ce que j'ai vérifié sur un très beau sel de potasse, préparé par M. Vogt. CH"KS-0'',H-0- = -228'"''(5b'-,o7 dissous dans SooS'' d'eau, àii°,5).. — 5C'''',o2 La liqueur traitée par KO (1^1 = 2'") -4- 0,0 M 17. De même le benzinosulfate de soudedissous, C'-H'NaS-0% n'a donné lieu, avec la soude, qu'à un phénomène thermique très faible. » L'ensemble de ces résultats montre la concordance parfaite entre les indications thermiques et les théories chimiques relatives aux fonctions phénoliques complexes. C'est un nouvel et précieux instrument de re- cherche rais entre les mains des expérimentateurs. )> M. lIiRN fait hommage à l'Académie, par l'entremise de M. Faye, d'une Note qu'il vient de publier dans la Revue scientifique, sous le titre « La notion de la force dans la science moderne ». ( 65? ) NOMINATIONS. El) raison des vides produits par la mort de M. Rolland et de M. Tresca dans les Commissions nommées pour juger les divers concours de l'année i885, MM. lÎERTKAXD et Berthelot sont désignés pour faire partie de la Commission du prix de Mécanique (fondation Moiilyon); M. IIesal est désigné pour faire partie de la Commission du prix Dahnont. MEMOIRES PRESENTES. VITICULTURE. — Sur le traileinenl du mtldeiv et du rot. Noie de M. A. Millaudet. ( Renvoi à la Commission du Phylloxéra .) « Le i*"" mai dernier, je fis, à la Société d'Agriculture de la Gironde, une Communication sur un traitement du inildew par nu mélange de chaux et de sulfate de cuivre ('). I.a connaissance de ce mélange, la détermination des proportions des substances composantes, les instructions relatives, soit au mode de préparation et d'application, soit au moment le plus favo- rable pour faire le traiteuient, sont, ainsi que je l'ai dit ailleurs, le fruit de deux années de recherches, exécutées avec le concours de M. Ernest David, régisseur de M. Nathaniel Johnston, propriétaire des châteaux Dauzac et Beaucaillou, en Médoc. » A la suite de cette Communication, plusieurs propriétaires du Médoc ne craignirent pas d'appliquer en grand le traitement que je préconisais. M. N. Johnston entra avec décision dans cette voie et ht traiter, à luiseid, 5oooo ceps, sur ses deux propriétés. C'est le résultat de ces expériences que je prends la liberté de soumettre à l'Académie. » Aujourd'hui, 3 octobre, les vignes traitées ont une végétation nor- male. Les feuilles sont saines et d'un beau vert; les raisins sont noirs et par- faitement mûrs. Au contraire, les vignes non traitées présentent l'aspect le plus misérable : la plupart des feuilles sont tombées; le peu qui reste est à moitié sec; les raisins encore rouges ne pourront servir à autre chose qu'à (' ) Annales de la Société d'Agriculture de la Gironde, p. 'j3; i885. G. K,, 1885, 2' Semestre. (T. Cl, N» 14l. ) ^^ ( 658 ) faire de la piquette. Le contraste est saisissant. L'Académie pourra s'assurer de l'exaclitude des faits que je rapporte, par les photographies et les feuilles jointes à cette Note. J'ajouterai que mon collègue, M. Gayon, professeur de Chimie à la Faculté des Sciences, a bien voulu examiner les moûts produits par les raisins des ceps traités, et ceux des ceps non traités. Il a trouvé, pour un même cépage (le mnlbec) : Ceps raités. non traités, ■37 5,1 91,8 7.7 Sucre, par litre Acidité (rapportée à l'acide sulfurique) par litre . . . » Ce qui augmente la valeur de ces expériences, c'est qu'elles ont été faites d'une manière méthodique. Dans chaque pièce traitée, se trouvent, comme témoins, plusieurs lignes de ceps non traités. Je ferai remarquer, en outre, que le traitement a eu lieu de préférence sur les cépages les plus sensibles au mildew, le malbec, \c cabernet franc et le peid-verdol^à&XaWe manière que les effets sur des cépages moins sujets à la maladie ne peuvent qu'être encore plus satisfaisants. Enfin, j'ajouterai que, cette année, le mildew a eu une gravité exceptionnelle. » Je me crois donc sutfisainment autorisé à affirmer, de la manière la plus formelle, l'efficacité du traitement dont je parle, contre un fléau qui, jus- qu'ici, a déjoué tous les efforts tant en Europe qu'en Amérique, c'est- à-dire le mî/c/eu; proprement dit et le rot ou mildew du raisin, » Il sera bon de dire maintenant tn quoi consiste le traitement, quand et comment on doit l'appliquer. ). Dans loo''' d'eau quelconque (de puits, de pluie ou de rivière) on fait dissoudre &^ de sulfate de cuivre du commerce. D'un antre côté, on fait, avec 3o''^ d'eau et i5''s de chaux grasse en pierres, un lait de chaux que l'on mélange à la solution de sulfate de cuivre. Il se forme une bouillie bleuâtre. L'ouvrier verse une partiedu mélange, enl'agitant, dans un seau ou dans un arrosoir qu'il lient d.ins la main gauche, tandis que, de la droite, avec un petit balai, il asperge les feuilles, tout en prenant des pré- cautions pour ne pas atteindre les raisins. — Il n'y a aucun accident à redouter, même pour les organes les plus tendres. » Chez M. Johnston, 5o'" du mélange ont suffi, en moyenne, au traite- ment de looo ceps, ce qui, pour i'" (joooo ceps), porte la dépense totale (|)rix des substances composantes et de la main-d'œuvre) à So^' au plus. » Le traitement a été fait du lo au 20 juillet ; stir quelques points, l'o- ( ^"^9 ) pération a été répétée une seconde fois snr la fin d'août, muis sans grand avantage. Il est donc établi qu'une seule application suffit. » Le mélange, lorsqu'il a spch;^ demeure très adhérent aux feuilles. Après le traitement, les vignes ont essuyé plusieurs orages, au commence- ment et à la fin du mois d'août, et des pluies fréquentes en septembre. Malgré cela, on peut encore aujourd'hui reconnaître facilement, sur plus de la moitié des feuilles, les points où celles-ci ont été touchées par le mé- lange. Mais celles qui n'ont p;(s gardé de traces de ce dernier sont en aussi bon état que celles qui sont encore tachées. » Il n'est pas nécessaire que les feuilles soient recouvertes en totalité parle mélange préservateur. Je crois pouvoir dire qu'une seule tache de celui-ci par feuille est suffisante, » Ces expériences montrent combien j'avais raison d'insister, dans ma Communication du i''"' mai dernier à la Société d'Agriculture de la Gironde, sur la nécessité de faire le traitement d'une manière préventive, c'est-k-dire dès que le mildew apparaît dans le vignoble ([u'on veut préserver. Toutes les personnes qui ont traité des vignes déjà un peu sérieusement atteintes n'ont retiré qii'ini bénéfice bien moindre de l'opération. » Il est un dernier point important à considérer. Malgré toutes les pré- cautions, il arrive que quelques gouttes du mélange cuivreux tombent sur le raisin. Le cuivre se retrouvera-l-il dans le vin? Et s'il s'y retrouve, pour- rait-il y être en quantité suffisante pour que rhy^'iène dût en souffrir? Mon collègue, M. Gayon, a bien voulu me promettre son concours pour élu- cider cette question. Un essai fait par lui, sur 800^'' de raisins provenant de ceps traités, n'a pas révélé de cuivre d'une manière absolument certaine. Des recherches seront continuées dans cette direction; j'es[)ère être à même, sous peu, d'en soumettre les résultats à l'Académie. » VITICULTURE, — Sur la destruction du mildew par le sulfate de cuivre. Note de M. A. Perrey, pro'^sentée par M. Ph. Van Tieghem. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) « Nous avons communiqué à l'Académie, le 29 septembre i884, des observations qui démontraient l'action destructive exercée sur le mildew, par le sulfate de cuivre. Après avoir constaté l'immunité procurée aux jeunes plantes par le trempage des échalas dans une solution cuivrique, nous faisions une réserve sur la valeur pratique de ce mode de préserva- ( 66o ) tiou de la \igne, en tous cas assez coûteux, d'une efficacité insuffisante pour la protection des ceps à grande arborescence, inapplicable aux vignes non échalassées. Cette année, nous avons expérimenté un mode d'emploi du sel de cuivre qui en assure l'efficacité complète et en permet l'emploi économique à toutes les cultmes. Il consiste dans l'épandage, sur la face supérieure des feuilles, à l'aide d'un pulvérisateur et sous forme de brouil- lard, d'une solution à 5 pour loo de sulfate de cuivre cristallisé. n Voici dans quelles conditions nos expériences ont été exécutées. L'apparition du mildew a été observée à la fin île juillet, peut-être même |)liis tôt. Lorsque nous sommes arrivés en Bourgogne, le 8 août, les vignes avaient cependant un aspect superbe ; sur de rares points seulement on avait pu constater déjà ((uelqiies accidents, les vignerons se croyaient à l'abri de lout danger. Mais, en examinant le dessous des feuilles sur un grand nombre de ceps en apparence indemnes, nous pûmes, dès le 8 août, reconnaître la présence du champignon i)arasite et quelques taches rousses accusatrices. » Le traitement au sulfate de cuivre fut appliqué à cinq parcelles, aux dates des 8, 9, i ) , 12, 23, 29 août. 1) Du 8 au 28 août, il ne tomba pas une goulte de ])luie, la rosée ne mouilla pas une seule fois les feuilles. Du ï5 au 22-28 août, nous pûmes suivre, dans sa marche lente, le développement du parasite; du 22-28 au 28, le développement fit des progrès très rapides, sans que cependant l'°s vignes cessassent de présenter une teiute générale verte, qui, les der- niers jours seulement, commcnciit à jaunir. Les progrès du mildew furent exactement les mêmes dans les parcelles soumises au traitement et dans les vignes environnantes. Le 28 août, commence une période ])luvieuse. A la fin de la première semaine de septembre, l'aspect des vignes a changé radicalement dans toute la région : on les ])rendrait maintenant de loin, à leur couleur brune, pour des champs labourés. Les feuilles sont tombées en grand nombre; celles qui restent, largement marginécs de brun, ont leur centre d'un vert terne, comme des feuilles que l'on aurait fait sécher après les avoir détachées de la tige. » Le 1 3 septembre, nous visitons nos champs d'expériences. Le premier porte une ))lante de gamay Mourot, de six. ans d'âge. Sa superficie est de i''", sa forme celle d'un rectangle allongé ; un étroit sentier le sépare, dans le sens de la longueur : à gauche, un demi-hectare non traité, à droite un demi-hectare traité du 9 au 11 août. La différence d'aspect des deux parties nous saisit au premier coup d'oeil : à gauche, les ceps ont seule- ment gardé quelques feuilles flétries et brûlées; à droite, ils ont conservé les deux tiers de leur feuillage normal; le dommage porte presque exclusivement sur le pied. Les feuilles tachées sur la marge ont gardé une couleur vert brillant, et n'étaient les plaques pourpres qui les marbrent, comme il arrive toujours, à cette époque, aux vignes de ce cépage, on ne remarquerait aucune dilférence entre l'aspect que présentaient les ceps à l'arrivée des pluies et celui qu'ils présentent à la date du i3 septembre, » Le deuxième cham)) d'expériences porte une vigne de Mourot de 25'^ de super- ficie. Cette vigne, extraoï'diuairement belle à la fin de juillet, avait exceptionnellement souffert à la date du 12 août. Le traitement fut, à ce moment, appliqué à la moitié la plus endommagée. Le i3 septembre, la partie (pii n'a pas été traitée est perdue : il n'y reste ( 66i ) pas une feuille |)our amener le grain à maturation. La partie traitée, qui, le 12 août, était la plus malade, n'est certes pas en brillant état, mais les ceps, surtout dépouillés à la base, sont encore assez verts et assez convenablement garnis dans leur paitie supérieure. » Les deux antres parcelles, l'une enclave'e dans une vigne de gamay très âgée et traitée le 8 août, l'antre enclavée dans une vigne de pinot, recouchée cet hiver et traitée le 2q août, tranchent de loin par leur verdeur, de près par l'abondance de leurs feuilles, sur le fond brûlé et dcfeuillé de la pièce d'enclave, » Kn définitive, avant les pluies, le mildew a fait les mêmes progrès dans toutes les vignes, traitées ou non; la jjluie arrive, agit comiue le com|)lément indispensable du trai- tement, et tandis que les vignes qui n'ont pas été traitées se défeuillent en quelques jours, les progrès ultérieurs du mildew sont arrêtés radicalement par la diffusion du sel de cuivre. " Le ^,5 septembre, veille des vendanges, nous faisons une nouvelle visite. La différence constatée dans l'appareil végétatif, le i3, s'est encore accentuée, les ceps non traités ayant perdu leurs dernières feuilles, les ceps traités n'ayant pas éprouvé de pertes sensibles, sauf ceux de la deuxième parcelle. Mais la difféience essentielle entre les deux catégories de ceps porte maintenant sur l'état du bois et de la graine. S'irles ceps non traités, le bois, surpris par la chute des feuilles, s'est mal aoûlé; les pousses de l'année, encore à l'état herbacé sur une grande partie de leur longueur, d'un bran clair à la base, se sont même parfois brisées sous le poids des grappes terminales. Sur les ceps traités, l'aoùtage du bois, profitant de trois semaines de végétation, a donné aux pousses une consistance ligneuse, une coloration brune, qui s'étendent tout pièsde leur extrémité. » Le gain de la graine, ridée et facile à détacher sui' les ceps non traités, pleine et tenant fortement à la gra])pe sur les ceps traités, frappe immédiatement un œil inexpérimenté; le vigneron évalue, d'une manière très approchée, que le gain dû au traitement est moyen- nement de 1 en quantité comme en qualité, c'est-à-dire que la vigne traitée donnera 4''"'' valant loo'^'', tandis que la vigne non traitée donnera 3''''' valant -jS'^ Appliqué au début de la maladie, le traitement aurait donné, toujours d'après l'évaluation du vigneron, un gain de \ sur la quantité et sur la qualité. » Eu lésiiiné, notre tiaileinent n'a pas eu un effet préventif de totit doniniage, patce qu'appliqué seulement à une époque ou le mildew avait commencé à se développer, il a été suivi d'une longue période de séche- resse absolue. Mais il a eu un effet curatif dont l'efficacité, assurée par la première pluie, est démoiilrée par la conservation des fetnlles, l'aoûlage du bois, le développement et la mattnation de la graine, d'une manière d'autant plus frappante que le développement de la maladie était plus avancé. Il conviendra, en Bourgogne, d'appliquer ce traitement du 1"' au 1 5 juillet. I/expérience seule décidera si un traitement unique est suffi- sant; cela nous paraît très probable ('). (') Le pulvérisateur que nous avons employé, construit à Paris par 51. Dufour, est tout en cuivre rouge, avec brasures fortes, le cuivre résistant seul à l'action de la solution cui - vrique. Il est d'ime construction simple et solide, du prix de ■?.o'''. Il recevra utilement ( 6f)2 ) » Nous tenterons de substituer la solution de sulfate de cuivre au soufre pour le traitement de l'oïdium; il y aurait un intérêt d'économie. En ter- minant, ajoutons que la plus grande partie des vignes de notre région ont été soufrées cette année, et que le soufrage, appliqué dans les conditions habituelles, n'a nulle part arrêté, d'une manière appréciable, l'envahisse- ment du mildew. » VITICULTURE. — Sur l'invasion du miUew dans le nord de In Touraine en 1 885. Extrait d'une Note de M. Larregut de Civriecx, présentée par M. Bouley. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) « En 1 883, et surtout en 1 884, le mildew s'était montré dans nos vignes, atteignant exclusivement nos cots (cépages rouges originaires de Cahors) et réduisant notre vendange d'un tiers. Mais, eu i885, quand au mois de juillet nous avions les plus belles espérances, le désastre a été complet pour le cot; en outre, les autres cépages (pineau d'Aunis, gioleau, bour- gogne, gros noir, etc.) ont été partiellement et très sensiblement atteints, les vignes blanches seules restant indemnes. )) C'est au lendemain même d'un violent orage et d'une pluie tori'entielle, survenus le 5 juillet, à 5'' du soir, et suivis d'un soleil ardent, que le mil- dew, le 8 ou 10 juillet, apparut soudainement .sur toute la bande de terrain parcourue par cet orage, et très nettement délimitée du sud-oue?t au nord- est, sur une largeur de 4"^™ à 6'^'" et sur une longueur de so*^". 1) Le même phénomène s'est reproduit, de la même façon et dans les mêmes conditions, sinon avec la même orientation, sur plusieurs autres points du département d'Indre-et-Loire. » En ce qui me concerne, huit jours après et malgré une sécheresse pro- longée, mes lo'^'* de cots en chaintres, situés sur le plateau, étaient détruits en tant que feuilles et grappes, et quinze jours après toutes mes autres vi- quelques moilificalions, qui seiont 1 tudie'es en vue Je la campagne piochiiine. Avec cet in- stiiiment, le traitement de i liectare plante de iSooo pieds vigoureux a consommé moins de 100''' de solution et exigé quarante- cinq heures de travail. Nous donnons ce dernier chiffre pour nous tenir dans la limite des résultats acquis, mais avec la conviction qu'un temps moitié moindre, qui suffit à couvrir l'hectare de fleur de soufre, suffira à la couvrir du brouillard cuivrique; il sera seulement nécessaire de donner un peu plus d'écart à la gerbe du pulvérisateur. ( 663 ) gnes, ou pleines ou plantées à 2"", sises sur le même plateau ou en coteau, subissaient le même sort, sauf, comme je l'ai dit plus haut, la résistance partielle ou plus longue des cépages autres que le cot. » Mais ici se place une remarque singulière : tous les rejets, jeunes pousses et branches basses de chêne de mon parc, qui longe au nord-est mes vignes, ont été pris à leur tour, à l'exclusion de toutes autres essences. Pendant un mois, j'ai pu suivre, dansle parallélogramme de ce parc de iS*"*, la marche régulièrement progressive du mildew^ qui, aujourd'hui, a envahi toute cette superficie jusqu'à la limite du nord-est. M Le uiildew se retrouve maintenant, d'ailleurs, sur les basses pousses et les basses branches des chênes de tous les bois du pays, voisins des vignes et compris dans la bande de terrain susmentionnée. » M. A. Allemand adresse, de Grasse, une Communication relative à l'é- tiologie du choléra. (Renvoi à la Commission ilu legs Bréant.) M. G. Dcpcis, M. J. Chamard adressent diverses Communications rela- tives à la direction des aérostats. (Renvoi à la Commission des aérostats.) M. Mestre adresse une série de documents à l'appui de sa réclamation de priorité, concernant l'appareil désigné sous le nom d'inlégraphe. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) COIUIESPONDANCE. M. le Secrétaire pekpétcel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Une brochure de M. Melsens, portant pour titre « Légendes et plan- ches du Travail des paratonnerres à pointes, à conducteurs et raccorde- ments terrestres multiples; Bruxelles, i885 ». (Présentée par M. Mascart. 2° Une brochure de MM. H. Joulie et H. CoHu, intitulées Nouvelleétude sur l'ensilage; expériences sur la valeur alimentaire comparée des trèfles {m ) vert, sec el ensilé ». (Extrait de V Annuaire de la Société des Acjricukeurs de France, i885.) (Présenté par M. Fremy.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les jorines quadratiques dans la théorie des équations différentielles linéaires. Note de M. Halphen. « Si, entre diverses solutions d'une équation ditférentielle linéaire, so- lutions d'ailleurs inconnues, il existe une relation connue, on peut, eu général, intégrer complètement cette équation ditférentielle. C'est ce que j'ai montré dans un récent Mémoire ('). Mais j'ai signalé, en méuie teuips, une exception très remarquable, que voici. On connaît, en fonction de la variable indépendante, r expression d'une forme quadratique, à coefficients constants, où. tes indéterminées sont remplacées par les solutions inconimes,- pour une relation de cette nature, la théorie générale tombe en défaut. Une théorie spéciale est à faire sur l'usage des formes quadratiques pour l'inté- gration des équations différentielles linéaires. Je n'ai réussi à l'achever que pour les équations différentielles jusqu'au sixième ordre. » L'ordre de l'équation étant désigné par «, soient y,, Ja» • • •> J^n des solutions, distinctes entre elles, et xij'fJ^i •••>/«) ^^ abrévialivement ^(^) une forme quadratique, à coefficients constants, dont on connaît l'expression sement de l'ordre pour ces équations différen- lielles, coïncide avec celui de la reclierilie d'une ligne asyniptotique sur une surface gaudie. Avant de montrer ces proiiriétés singulières, il me faut exposer quelques faits concernant les équations d'ordre quelconque. » Soit, connue précédemment, /(_/) une forme quadratique, composée avec des solutions d'une équation linéaire d'ordre n. Il peut arriver que, non seidement x(^), mais encore y^ij''), yiij")' ■ • ■ soient égales à zéro. Pi'enoiis, parmi ces formes, la première, /(j'*'^'), qui ne soit pas nulle, et disons alors que l'équation différentielle est de rang r, relativement à la forme y^. Ce rang r a pour maximum le plus grand entier conteiui dans ~[n — i); il existe elfectivement, pour chaque ordre, des équations de chaque rang jusqu'au maxiimim. )) Le rang se caractérise aussi, d'une manière toute différente, |)ar la considération de l'équation adjointe. Soient G(j-) et T{-ri) les premiers membres de l'équation différentielle et de son adjointe, en sorte que,^ et ïj restant indéterminées, la combinaison est la dérivée exacte d'une forme B(j-, v;) bilinéaire, par rapport k j^, C. p.., i885, 2» Semestre. (T Cl, K» 1^.) ^7 ( 66G ) y' , . . . , jC'-*' d'une part, et vj, vj', . . . , ïj'""'' d'autre part. Cette forme est d'ailleurs toute connue, et ses coefficients s'expriment très simplement par ceux de G(^). » A chaque forme quadratique j((j^) correspond, pour r(ïî), un mulli- plicateur r,(ïj), qui est aussi une fonction linéaire et homogène de v^ et de ses dérivées, mais d'ordre au plus égal à [n — i), et dont on peut calculer facilement les coefficients quand on connaît l'expression de x(^) en fonc- tion de X. Le caractère distinctil du multiplicateur peut être précisé de deux manières, au fond, équivalentes : i° si l'on considère vj comme une indéterminée, le produit r(vî)r,(ï3) est une dérivée exacte, c'est-à-dire la dérivée d'une fonction quadratique en vj, vj', . . . , dont les coefficients sont des fonctions de jt, toutes connues; 2" si l'on effectue la substitution / = r, (y; ), l'équation T (vj) = o a pour transformée 0(7)^ o. Cette deuxième manière d'envisager les niulti[)licateurs donne une ouverture sur une ques- tion nouvelle et fort importante, la recheiche des uibslitulions qui transfonnenl une éqwilion linéaire en elle-même : mais je ne peux m'y arrêter, et je reviens à la définition du rang par le moyen du multiplicateur. Elle résulte de la proposition suivante : » Le rancj de l'équation G(^) = o, relativement à la forme /(j), étaiil désigné par r, l'ordre du multiplicateur correspondant T ^[■e]) est égal à (« — I — ar). » On voit par là que, pour les équations de rang maximum et d'ordre pair, le multiplicateur est d'ordre i et prend la forme Ay3' + Bvj, tandis que, pour les équations de rang maximum et d'ordre impair, il est de la forme la plus simple, Ayj. » Le but de la théorie générale actuelle consiste dans la réduction de toute équation de rang 1 à une autre, de rang maximiun; après quoi, on aura à chercher l'abaissement de l'ordre pour les équations de rang maxi- mum. Dans une seconde Communication, si l'Académie le permet, j'ex- poserai la théorie de la réduction du rang. Je montrerai ensuite que les équalions du cinquième et du sixième ordre, de rang maximum, sont des transformées d'équations linéaires du quatrièuie ordre. » ( 667 ) PHYSIOLOGIE. — De l' action physiologique des sets de rubidium . Note de M. Ch. Richet, prései)tée par M. A. Richet. « Les propriétés physiologiques des sels de rubidium étant peu con- nues ('), j'ai cherché à voir les effets du chlorure de ce métal sur divers animaux. » On peut l'administrer soit par injection sous-cutanée, soit par injection intra-veineuse : les effets toxiques et la dose mortelle sont, dans ces deux cas, assez différenis. » Quand le poison est introduit sous la peau, l'absorption se faisant avec lenteur et l'élimination par le rein ayant lieu simtdtanément, la dose toxique niortelle nécessaire est plus forte que dans le cas d'une injection intra-veineuse. » Voici quelles ont été les doses toxiques mortelles mininia chez divers animaux. Les chiffres expriment la quantité de métal rapportée à i''^ du poids de l'animal : Tortues De i à i,io ( Moy. de 8 expériences.) Poissons o, ^o à o,g5 ( 17 ) Grenouilles.. 0,7'j à 1,10 ( 21 ) Cobayes i à i,2o ( 27 ) Pigeons o , yS à i , i o ( i o ) Lapins 1 à 1,10 ( 9 ) )> Nous avons donc, très sensiblement, une moyenne de i"'' comme dose (') Une première expérii'nce a été faite par M. Grandeau [Journal de l'Jnatomie et de la Physiologie, 1867, p. 378) quia constaté qu'une dose de o5'',66 du chlorure (soit oS'',47 du métal) n'a pas tué un lapin et que is'' de ce même sel (soit oS'', 705 de métal) n'a pas tué un chien. M. Ral)uleau [Éléments de Chimie minérale, p. 4^9) -^ ingéré o'", 25 d'io- dafe de rubidium, sans éprouver aucun effet. Il a fait absorber o^"', 5o de ce sel à un chien, sans ol)servcr de symptômes d'empoisonnement. MM. Lauder Bruntonet Cash [Procredings o/the Royal Society, n° '220, i883), étudiant l'action des divers chlorures métalliques sur les grenouilles, placent le rubidium, au point (ie vue du pouvoir toxique, après le potassium et le béryllium; avant le baryum, l'ammonium et les autres métaux. J"ai déjà fait connaître les efii-ts du chlorure de rubiiiium sur le cceiir des grenouilles et sur les cobayes (Archives de Physiologie, t. X, p. i45 et 366). M. Ringer [Journal of Physiology, t. IV, p. 370) a fait quelques expériences de circulation artificielle avec les sels de rubidium; et il a con- staté que ce métal ressemble au potassium par ses propriétés physiologiques. { 668 ) mortelle minima. Dans les mêmes conditions, la tlose toxique minima de potassium est à peu près de oS',5o. Par conséquent, le rubiduun est moitié moins toxique que le potassium ('). » L;i mort des animaux empoisonnés ainsi est due à l'affaiblissement pro- gressif des battements du cœur et à l'épuisement des fonctions du système nerveux. Le cœur s'arréie avant la respiration, la température s'abaisse, et c'est la suspension progressive de la circulation qui détermine la mort. » Pai' des injections inira-veineuses laites sur des cliiens, ou peut mieux suivre la marche des effets physiologiques. En opérant ainsi, j'ai vu, dans cinq expériences, la mort survenir quand les quantités de sel injectées ont été (par rapport à 1*^20111 poids de l'animal et en poids de métal) de o^^Sia, oS',490, o^'',6ii, o^'\6i3, o5%2g7. La dose toxique minima semble donc être différente suivant que l'injection est faite dans les veines ou sous la peau; différence due sans doute à ce que, dans l'injection intra- veineuse, l'effet du poison sur le cœur est immédiat. » Dans ces cinq expériences, les effets de l'injection ont été absolument identiques; et la mort est survenue de la même manière, à savoir par l'arrêt du cœur. Quelque précaution qu'on prenne (en injectant avec une extrême lenteur des solutions très diluées), on voit le cœur s'arrêter. Ce qui prouve que ce n'est pas un accident, mais une satui'ation du muscle cardiaque par le poison, c'est que la circulation devient déplus en plus imparfaite à me- sure qu'on se rapproche de la dose toxique. La gueule pâlit, les gencives se décolorent, les pupilles se dilatent, les respirations deviennent pro- fondes et précipitées, et, quoique la pression ne diminue pas notablement, les battements du cœur se ralentissent. Enfin, tout d'un coup, le cœur s'arrête, l'animal pousse un grand cri asphyxique et meurt. Pendant deux ou trois minutes encore, les respirations spontanées continuent à se faire; car la mort est survenue par l'arrêt du cœur et non par la suspension de l'innervation bulbaire. . C'est absolument de la même manière que tue le chlorure de potas- sium, mais à dose beaucoup plus faible. En faisant l'injection intravei- neuse avec de grandes précautions, et me servant de solutions très diluées, (') Dans une ConimunicMtion prochaine, je niontrenii que le potasbium, le rubidium, le lithium soiLt tDxiques ( ' ) L'automa aerio, o sviluppo délia soluzione del pvoblema sulla direzione dcgli aero- stati, dat prof. Vittorio Angius di Cagliari. Torino, i855; typ. Cassone. ( 68o ) MÉTÉOROLOGIE. — Sur tin météore observé à Sair/on, dans ta soirée du 22 août. Extrait d'une Note de M. Réveillère, présentée par M. Paye. « Le 22 août, à Saigon, vers S'^iS™ du soir, j étais en compagnie de M. le lieutenant de vaisseau Guiberteau, et je faisais face au sud, lorsque j'aperçus, à peu près dans la direction de la Croix, voilée par les cirrhus, un magnifique astre rouge; il était plus gros que Vénus, d'un rouge intense, et nous observâmes bientôt qu'il était animé d'un mouvement notable. Faute d'instruments, voici ce que nous avons pu constater : » Le météore fut aperçu subitement vers le sud; il disparut environ dans le sud-est | est. La hauteur au-dessus de l'horizon était de i5° à 20°. Il suivit dans sa marche une ligne très sensiblement horizontale, avec une vitesse assez semblable à celle d'un nuage poussé par un vent modéré. Il mit environ sept à huit minutes à parcourir un arc de So" à 60", et dis- parut éclipsé par un nuage d'une opacité médiocre. » Il m'a semblé que les petits nuages blancs lui faisaient perdre de son intensité, et quecette intensité variait avec l'épaisseur du nuage. M. Guiberteau pense, au contraire, que le météore décrivait sa trajectoire au-dessous des cirrhus ». M. Pages adresse, par l'entremise de M. Marey, une Note portant pour titre : « Cinématique de la locomotion quadrupède. Trajectoires et vitesses comparées du boulet et du sabot du cheval aux diverses allures ». Ce travail, exécuté au moyen de la chrono-photographie, a permis à l'auteur de déterminer pour chaque allure l'étendue du pas, la trajec- toire du boulet et du sabot, la vitesse du pied à chaque instant et les mou- vements de flexion et d'extension du sabot aux différentes phases de l'appui et du levé du pied. M. Pages applique à la locomotion du cheval les méthodes qui ont servi à M. Marey pour analyser les différents actes de la locomotion humaine. La Note relative à ces expériences et les figures obtenues seront insérées prochainement aux Comptes rendus. La séance est levée à 4 heures un quart. J. B. i COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 12 OCTOBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. Ch. Rubiii, Membie de la Section d'Aiia- toraie et de Zoologie, décédé à Jasseron (Ain), le 6 octobre i885. « J'ai encore aujourd'hui une douloureuse mission à remplir devant l'Académie : celle de lui annoncer la perte nouvelle et bien considérable qu'elle vient de faire dans la personne de M. Charles Robin, membre de la Section d'Aiiatomie et de Zoologie. C'est la huitième fois, depuis le com- mencement de cette année, que l'Académie est ainsi frappée. M. Robin a succombé à une attaque d'apoplexie foudroyante, dans sa commune natale oîi ont eu lieu ses obsèques. L'Académie n'ayant pu y être représentée, votre Bureau a adressé, en son nom, à la famille de M. Robin une dépêche télégraphique, lui exprimant sa respectueuse sympathie pour la mémoire du Confrère éminenL qui lui était si inopinément enlevé. )) Charles Robin laissera dans la Science une trace profonde et durable. » Il faisait partie, il y a trente-cinq ans, de cette pléiade de jeuîies C. R., i8S5, 2" Semestre. (T. Cl, IN» IS. ) 8g ( 682 ) hommes qui doiinèicntà l'illuslre Rayer le concours de leur jeunesse, de leur activité, de leur instruction tous les jours grandissante, pour la fon- dation de la Société de Biologie, qui a si bien répondu aux espérances de ceux qui en avaient conçu l'idée et contribué, dans une si large mesure, aux progrès de toutes les Sciences qui se rattachent à la vie dans les deux règnes. » Robin choisit l'Histologie pour objet particulier de ses études. On peut dire qu'au moment où il les entreprit, cette science n'était pas encore française. Elle n'avait, parmi nous, que quelques représentants, et encore étaient-ils étrangers. Les recherches sur l'anatomie des tissus n'avaient pas été poussées au delà des limites où Bichat s'était arrêté. Robin a le mérite d'avoir franchi ces limites et continué, en l'agrandissant, la grande œuvre de Bichat. En portant ses investigations au delà de ce qui est visible pour la simple vue, il entra dans une voie de recherches que son devancier n'avait pas connue, et put pénétrer plus profondément que lui dans la connaissance de la structure des tissus du corps vivant. Robin fut à la hauteur de sa tâche, et l'œuvre si considérable qu'il a accomplie lui mérite d'être rangé, à juste titre, parmi les chefs d'école, c'est-à-dire parmi les initiateurs qui impriment un mouvement nouveau aux hommes et aux idées de leur temps. » Robin aura, dans l'Histoire de la Science française, ce litre incontes- table; et si, comme il arrive souvent dans les sciences en évolution, après avoir été un grand promoteur, il ne s'est pas plié à accepter volontiers celles des idées de ses successeurs qui étaient un progrès sur les siennes, c'est là une faiblesse qui n'est pas rare chez les inventeurs, et qui ne doit pas faire oublier les grands services que Charles Robin a rendus par l'ensemble de son œuvre scientifique. » HISTOIRE DES SCIENCES. — L'œuvre botanique de M. Charles-Edmond Boissier, Correspondant de l'Académie, Section de Botanique,' par M. P. Dccuartre. «. La Section de Botanique vient de perdre l'un de ses Correspondants les plus illustres ; M. Charles-Edmond Boissier est mort le aS septembre dernier, dans sa propriété de Valleyres, canton de Vaud, des suites d'une maladie d'estomac dont les germes s'étaient développés eu lui pendant le cours de ses nombreux et pénibles voyages. Ce laborieux et savant bota- niste était né à Genève, le 23 m;ii 1810. Il appartenait à une famille fran- çaise qui s'était réfugiée en Suisse lors de la révocation de l'Edit de ( 683 ) Nantes. Sa nomination par l'Académie, comme Correspondant dans la Sec- tion de Botanique, avait eu lieu le 20 avril dernier; il n'est donc resté notre confrère que pendant le court espace de chiq mois. » L'amour des plantes était né de bonne heure en M. Boissier, à la vue de la riche végétation qui s'offrait à lui pendant ses excursions dans les forêts et sur les montagnes des environs de Valleyres. Les leçons du cé- lèbre de CandoUe (Aug.-Pyr.), qu'U reçut à l'Académie de Genève, affer- mirent ce goût et lui donnèrent un caraclère sérieux. Ce sont les plantes des Alpes qui attirèrent d'abord son attention, et, pour les avoir sans cesse sous les yeux, pour les suivre dans toutes les phases de leur déve- loppement, il ne tarda pns à en former, dans sa belle propriété, une riche collection dont la culture a toujours été pour lui la source de vives jouis- sances et qu'il n'a cessé d'étendre jusqu'à sa mort. Mais bientôt, tout at- tachant qu'il fût, ce cadre de ses études lui sembla trop restreint, et dès lors il entreprit cette longue série de voyages botaniques qui ont valu à la Science plusieurs Ouvrages d'une haute importance. B En 1837, il se rendit en Espagne dont il explora avec soin le midi, et plus particuhèrement le royaume de Grenade. Ce voyage, très fructueux pour la Science, amena la connaissance d'un grand nombre d'espèces nou- velles, notamment celle d'un arbre qui, aujourd'hui, figure dans tous les parcs, le Pinsapo (Pmus PinsajjoBo'iss.; V^rlut; Jbies Pinsapo Boiss., Voy.), magnifique Conifère de la Sierra Nevada où elle avait été jusqu'alors incon- nue. Les résultats de cette exploration ont fourni la matière, en premier lieu, d'une publication en quelque sorte préliminaire( ' ); un peu plus tard, d'un excellent et splendide Ouvrage, qui a paru de iSScj à i845, en 22 fascicules, formant deux volumes in-4°,dont l'un ne renferme pas moins deaoSplanches dessinées et coloriées avec un art irréprochable (-). ri Après l'Espagne, c'est le Levant qui attira II. Boissier. Il y fit suc- cessivement, en 1842 et 1846, deux longs voyages dans lesquels il explora la Grèce, l'Anatolie, la Syrie et l'Egypte. De nombreuses découvertes furent le fruit des recherches consciencieuses du savant voyageur, qui en fit les éléments d'un ouvrage spécial publié par lui de 1842 à 18.59, en deux (') Elenchus ijLintarum nuvaruni imnusqite cognitaium quia in iditere hispanico legit Boissier (Ediii.). Genève, i838; in-8° de C)4 l^''^*'*- (-) Voyage botanique dans le midi de l'Espagne pendant l'année 1837; P;iiis, Gide, 1839-1845; 2 vol. 111-4°. 1"' ^"'- = ^'^'"' ''" voyage et géographie botanique, j)l. x, 248 pages; 208 planches col.; Il' vol. : Éniiméralioii des plantes, 757 pages. ( 684 ) scrips formant trois volumes ('). Plus tard, embrassant le vaste ensemble de la flore du Levant compris dans le sens le plus large de ce mot, réunis- sant en outre aux espèces trouvées par lui toutes celles dont on devait la connaissance à des botanistes, soit antérieurs, soit contemporains, il a en- trepris et mené à bonne fin, de 1867 à 1884, la publication, sous le titre de Flora arientalis, d'un Tableau complet delà végétation orientale, travail im- mense dont l'exécution exigeait à la fois un très grand nombre d'observations faites sur place et de riches collections (^). Lasurface des pays dont ce grand Ouvrage fait connaître la flore réuiiit le sud-est de l'Europe et le nord-est de l'Afrique à une grande partie de l'Asie; elle comprend, en effet, la Grèce, avec les îles de l'Adriatique et de l'Arcliipel qui en dépendent, ainsi que la Turquie d'Europe jusqu'aux Balkans, la Crimée et les provinces transcau- casiennes de la Piussie avec les deux versants du Caucase, l'Egypte jus- qu'aux premières cataractes et l'Arabie jusqu'au tropique du Cancer, l'Asie Mineure, l'Arménie, la Syrie, la Mésopotamie, la Perse, l'Af- ghanistan, le Béloutchistan, enfin le Turkestan méridional jusque vers le 45" degré de latitude. Pour rassembler les éléments de son grand Ouvrage sur ces vastes régions, non seulement M. Boissier avait exploré lui-même une grande partie des contrées dont il dépeint la flore, mais encore il avait subventionné divers voyageurs qui les parcouraient en vue d'en recueillir les richesses végétales; il avait enfin réuni dans son her- bier, l'un des plus riches de l'Europe, toutes les collections de plantes orientales qui avaient été publiées. Avec de pareilles ressources, il a pu tracer un tableau aussi complet que possible de la végétation orien- tale, et néanmoins une communication de notre éminent Associé étranger, M. Alph. de Candolle, m'apprend qu'ayant poursuivi son œuvre jusqu'au dernier moment, l'infatigable botaniste laisse encore en manuscrit des additions à sa Flore, dont il est permis d'espérer que sa mort n'empêchera pas la publication. » Des Ouvrages aussi considérables et aussi sérieusement élaborés que le Voyage botanique en Espagne, les Diagnoses orientales et la Flore d'Orient auraient dû, ce semble, absorber toute une existence scientifique, quelque (') !'■'' série intitulée Diagno.'Sfs plantariiiii orientalium novanim, 1842-1854, i3 fasc. ou 2 vol. 111-8"; o." série intitulée : Diagnoses j)tantaruiii novaruiii prœseriim orientalium, i854-i85ç), 6 fasc. ou i vol. in-8°. (2) Flora orientalix, sive cnumeratio plantarum in Oriente, a Graecia et jEgypto ad Indiœ fines huciisque observatariitn ; 5 forts vol. in-S", 1867-1884. ( 685 ) longue et laborieuse qu'elle pût être; cependant, là ne s'est pas borné» l'œuvre de ]M. Boissier. En effet, son incessante activité lui a permis encore de rédiger pour le Prodromiis la monographie des Etiphorbiées ('), dans laquelle le genre Euphorbia figure à lui seul pour 723 espèces, et d'en illus- trer le texte purement descriptif à l'aide d'nn volume in-folio de planches, sous le titre de Icônes Eiipliorbiarum. » En somme, ce rapide aperçu suffit, je crois, pour faire sentir l'impor- tance majeure des services que notre regretté Correspondant a rendus à la Science des plantes et pour justifier de tous points l'exactitude de ce que me faisait l'honneur de m'écrire, hier encore, M. Alph. de Candolle : « Boissier a été un exemple rare d'une immense activité dans les explora- » tions sur le terrain et d'une grande persévérance dans les travaux de » cabinet, m CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la neutralisation des acides aromatiques; par M. Rkrthelot. « Voici des expériences faites sur divers acides aromatiques ou congé- nères : expériences qu'il convient de joindre à celles déjà données sur les acides oxybenzoïques (ce Recueil, t. C, p. i5G8) et sur les acides quinique et camphorique (ce Volume, p. 545), ainsi qu'à ma Note de la séance pré- cédente. » yécide mellique : C'''W'0'' = '5^2. — Ce remarquable acide, dérivé de la benzine et de l'acide carbonique, CH" +6C"0'', est regardé comme liexabasique à fonction simple. Les expériences thermiques sont conformes à cette manière de voir. » Sa chaleur de dissolution dans l'eau (4^'',275 dans3oo''")a été trouvée -I- 3^^\6']'2. à 20°, 4. Il dégage donc ainsi de la chaleur, contrairement à la plupart des acides organiques très oxygénés. Cal CeUe dissolution (!'""' = 24'") + NaO (i''i = 4'") -f-i4,8o j -f- 2= NaO +14,70 [ -t-44c^'',3o + 3" NaO +14,80 ) + 4' NaO +i3,6o ) + 5' NaO +12,90 +39C",i3 + 6= NaO +i'2,63 ) -t- 83c»', 4 3 Moyenne +1 3*^»' ,90 X 6. (') Prodioiniis systemalis natiiralis regni. vegutahilts, vol. XV, 2" section, p. 3-i88 1862. ( 686 ) » L'acide est franchement hexabasique, d'après ces nombres; seulement les trois derniers équivalents d'alcali dégagent un peu moins de chaleur que les trois premiers : remarque conforme à celle qui résulte des expé- riences de M. Colson sur l'acide phîalique, le second des acides benzino- carboniques. Les \aleurs numériques de la chaleur moyenne de neutrali- sation sont d'ailleurs à peu près les mêmes pour l'acide mellique, pour l'acide phtalique et pour l'acide benzoïque, dont les générateurs sont les mêmes. » Jcideméconique: C*'^W0'\3R"0-= 254. — Cet acide, dont la place est assez incertaine dans les séries orgaiiiques, e^t réputé tribasique. Voici les expériences thermiques qui le concernent. » 3s'', 170 dissous dans SooS'' d'eau à 12°, 7 ont donné pour la molécule : g^''^, 10. Cal Acide dissous -1- NaO (i"i= 2"') +14, 4 -l-2=NaO » +l3,6 + 3=NaO ,. +8,7 -l-4«NaO .. +0,7 -28C",o » Ces nombres rappellent ceux que nous avons observés, M. Lougui- nine et moi, avec l'acide phosphorique. Ils indiquent que l'acide méco- nique est réellement bibasique, avec une fonction accessoire, congénère de l'acidité, et analogue ou idomique avec la fonction phi'nolique. » Acide aajlacélique : C*H*0^(C''H''0'') — 1 14- — Je dois à l'obligeance de M. Demarçay un échantillon de ce corps, appelé à l'origine acide tëtrique : 2'',85 dissous dans 400^'' d'eau ont donné, pour la molécule, à 12°, 7. . — 3*^"', 90 Acide dissous +NaO(i'^^i -=18''') -i-i2C->',5 On ajoute ^NaO; résultat nul sensiblement. » C'est donc un acide monobasique, à fonction simple. » On remarquera à quel point persiste la caractéristique thermique de la chaleur de neutralisation de l'acidité véritable, caractéristique qui oscille autour de + i^^"' pour les acides organiques les plus variés, aussi bien pour les acides à fonction simple que pour les acides complexes, aussi bien pour les acides exempts d'oxygène, tels que l'acide ferrocyanhydrique, que pour les oxacides organiques et minéraux proprement dits. » ( (587 ) THERMOCHIMIE. — Sur divers phénols; i)arM. Berthelot. « J'ai étendu l'étude du phénol normal à ses homologues, les crésylols et le thymol ordinaire, ainsi qu'aux phénols dérivés de la naphtaline, les naphtols. Cette étude fournit en même temps de nouveaux résultats, propres à confirmer la similitude d'action thermochimique des isomères de même fonction; similitude déjà établie par mes recherches sur les acides éthylsulhirique et isélhionique, et sur un grand nombre d'autres isomères. J'ai joint à ces recherches la mesure de la chaleur de neutralisation de l'alizarine, celle de la chaleur de formation du quinon vert, curieuse com- binaison de qninon et d'hydroqrànon, enfin l'examen de divers principes rangés dans le groupe des quinons. » 1. Crésylol {para), en gros cristaux, C'''H'0^= io8. — S»'", 4 ont été dissous d;ins Soos"^ ri'eau. Cal Chaleur de dissolution à 1 1'',4 — 2,08 La solution, -+- NaO{ r'i= lo''') +7,TQ ) On ajoute i NaO +o,4o ) ' ^^ )) 2. Crésylol [orlho). — Masse lamelleuse rayonnée. Cal 3, .3 n a/. 1 +8'^-'',27 Chaleur de dissolution à 1 1'',4 — 3, i3 La solution +NaO(i'T=io'") +7)64 } On ajoute ^NaO -+-o,43 i )i On voit que les deux isomères fournissent des nombres extrêmement voisins pour les chaleurs de dissolution et de neutralisation. Ces nombres sont en outre très voisins de ceux du phénol normal, homologue commun des deux crésylols. « 3. Thymol tiré de l'essence de thym, C-^H' ''O- = i5o. — Echantillon cristallisé depuis trente ans, donné autrefois par M. Lallemand à M. Biot. Ce corps est trop peu soluble pour que l'on ait pu opérer sur sa solu- tion. On a dissous 5s'' dans 3oo'='= de NaO(i'''i = 2'") à 11°, 2; ce qui a dégagé + 5*^^', 73. » Un autre essai, fait avec un seul équivalent de soude, a duré un tt mps très long, ce qui diminue la précision du chiffre obtenu (-1- 5,2); niais on a pu constater que ^NaO additionnel ne donnait lieu qu'à des phéno- mènes thermiques insignifiants. On remarquera que le nombre +5, 73 ne diffère pas sensiblement de celui que l'on obtient en partant, soit des deux crésylols solides : +6'^''',oi et +6,14; soit du phénol solide : +5'^''', 9. Le thymol se comporte donc comme ses homologues et, par suite, sa chaleur ( 688 ) de dissolution peut être regardée comme également voisine de — a^''',o. » Tous ces chiffres se rapportent à un échantillon très ancien et très pur, cristallisé, je le répète, il y a trente ans. On pourrait en obtenir de bien différents avec un thymol récemment fondu ou précipité. En effet, en trai- tant les solutions alcalines de thymol par l'acide chlorhydrique étendu, et en mesurant la chaleur dégagée, j'ai trouvé à diverses reprises des nombres trop faibles de 2*^-'', 90 et S'^^'jOÔ; le thymol était, d'ailleurs, séparé sous forme de cristaux. Ce déficit représente la chaleur de fusion retenue par le corps, ou plus exactement le travail nécessaire pour passer de son état initial à son état final. Il montre que le thymol se comporte à cet égard comme l'hydrate de chloral, sur lequel j'ai signalé des écarts analogues. Les corps résineux et les corps analogues au camphre par leurs propriétés sont sujets à tels écarts. » 4. Nnphlol a : C-^H^O" = i44. ■js^aont été dissous dans NaO (i"i= 8'''), àr2",2. Pour i44"''- • • • +2,84 ) La solution est lente. / + 3'^'',o4 On ajoute un 2= NaO 0,30 ) » Ce nombre est la somme de deux elfels, la dissolution et la neutrali- sation. » 5. Naphtol^. ']''', 2 dans NaO [1^1 -+- 8''') 12", 2, solution rapide. Pour i44*^' 2,19 ) + 2'^-'',19 On ajoute un 2» NaO 0,00 ) » Les deux naphtols isomères se comportent donc à peu près de la même manière. Leur insolubilité dans l'eau n'a pas permis de les comparer rigou- reusement, c'est-à-dire dans l'état dissous, avec les phénols de la série benzénique. » 6. Quinon vert. — On a d'abord mesuré la chaleur de dissolution dans reauduquinon(7S^dansi'"),ài3",soit — 3'^«',77pourC'='HH)' = io8s''. » Un essai antérieur, fait avec M. Werner, avait donné — 4,23 ; nombre dont l'écart s'explique par la lenteur de la dissolution du quinon (une demi-heure) et la grandeur des corrections de refroidissement. Je prendrai la moyenne : +4'^''Soo.. i> La chaleur de dissolution de l'hydroquinon (7^',! dans 5oo'=';) a été trouvée à i3" : — 4,i55 pour C'-H^O' = 110'''''. Nous avions trouvé précé- demment — 4îï8 à 9°, 9- La durée plus courte de l'expérience donne ici plus de précision aux mesures. » J'ai mêlé les deux liqueurs, dans les proportions exactes des équiva- lents; le mélange rougit aussitôt, en dégageant + o'-''',5o, avant toute préci- ( 689 ) pilatipn. On obtient sensiblement le même chiffre (+0,6) en étendant à l'avance la solution de quinon avec trois fois son volume d'eau, avant de la mêler avec la solution d'hydroquinon : circonstance dans laquelle il ne se forme aucun précipité. Avec la liqueur plus concentrée, la cristallisation s'opère rapidement, en dégageant en tout -+- lo^'"*', 85. Pour tenir compte de la portion restée dissoute, j'ai recueilli, séché à froid sur la chaux vive et pesé le quinon vert. J'ai trouvé ainsi, toute correction faite : C'H'O' dissous +C'M1''0* dissous = Ci-H'0'', C'-H^O* dissous ... . -f- o,"5o C"H*0* dissous +C'2H«0» dissous = C- H* 0*, C'-H'^O' cristallisé . . -I- 17,?. C" H' 0* cristallisé + C'^H'O* cristallisée Quinon vert cristallisé -1-9,0 » On voit que la chaleur de formation du quinon vert est considérable. » Une partie de ce corps exige très sensiblement 3oo parties d'eau à 14" pour se dissoudre. » 7. J'ai examiné dans le calorimètre l'action des alcalis aqueux sur divers corps désignés sous le nom de quinons, tels que l'anthraquiuon ou oxan- thracène et le phénanlhraquinon; mais les alcalis sont sans action ther- mique, ce qui confirme l'opinion qui écarte ces corps du groupe des qui- nons véritables. Un échantillon de phlorone, en très jolis cristaux d'apparence homogène, doiuié par M. Rommier, ne s'est guère dissons davantage dans les alcalis étendus que dans l'eau et n'a pas dégagé ime quantité sensible de chaleur; quoique la liqueur ait bruni fortement, probablement en raison d'une trace d'impureté. Tous ces corps sont plutôt assimilables aux dérivés oxydés des carbures d'hydrogène, tels que l'acé- tone, formé par l'oxydation directe du propylène, à l'oxyde d'allylène, si remarquable par sa stabilité, et le camphre, que j'ai obtenu pareillement par l'oxydation du camphène. » 8. Alizarinc, C-^H'O'* = 240. Ce principe offre un intérêt tout parti- culier à cause de son importance comme matière colorante. C'est, comme on sait, un corps deux fois phénol, dérivé de l'oxanthracène. J'ai examiné son action thermique sur les alcalis. J'ai opéré sur un échantillon d'alizarine sublimée, en bi'Ues aiguilles brillantes, 3»'' ont été dissous dans 45o" et dans 35o*=*= d'eau, renfermant une dose de soude équivalente. J'ai trouvé : Cal Cîsjjso'crisf.H- NaO ft. à i2",9. -t-5,i7; ài3°,7. +5,i3; moy. +5,i5) cai -t-i'^NaO .. ". +0,65 .. . +0,63 +0,64 | "*" ''^ » +3'NaO » . +0.0 79 On voit par ces résultats que l'alizarine en solution très étendue ne mani- C. R., i8>î5, 3' Semestre. (T. CI, N° IS.) 9'î ( 690 ) fesle, vis-à-vis des alcalis, qu'une seule des deux fonctions phénoliques qui la caractérisent. Elle se comporte à cet égard comme la pyrocatéchine et comme les divers pliénols simples (pyrogallol, phloroglucine) ou ir.ixtes (acide salicylique) de la série ortho, série dans laquelle l'une des aptitudes phénoliques à s'unir aux bases disparaît parla dilution, précisément comme l'aptitude analogue des alcools proprement dits. L'alizarine viendrait donc se ranger à côté des corps de la série ortliobenzénique. » ASTRONOMIE. — Sur le premier volume des a Jnnales de l'obsei-vatoire de Bordeaux ». Note de M. Lœwy. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le premier volume des an- nales de l'observatoire de Bordeaux, publiées par M. Rayet, Directeur de cet établissement astronomique. » La situation de la ville de Bordeaux sous la latitude de 45°, c'est-à-dire au milieu de notre hémisphère boréal, semblait appeler tout naturellement en ce point la fondation d'un observatoire; aussi les savants de Bordeaux furent-ils de tout temps frappés de l'importance qu'aurait pour cette vil le une semblable création au double point de vue scientifique et maritime. » L'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Bordeaux n'a cessé, par suite, de faire les efforts les plus sérieux pour arriver à ce but; mais chaque fois qu'on pouvait espérer aboutir, quelque obstacle imprévu venait entra- ver la réalisation de ce projet. Ce n'est que grâce à l'initiative persé- vérante de la municipalité et à sa libéralité éclairée qu'en 1871 on a pu obtenir la création définitive de l'observatoire, dans des conditions scien- tifiques excellentes. » Le terrain a été choisi, après un examen sérieux et approfondi, par une Commission nommée à cet effet et composée de : MM. Marius Faget, adjoint délégué pour l'Instruction publique; Daeas, recteur de l'Académie; ÂBKiA, doyen de la Faculté des Sciences; Lespiault, professeur de Mécanique et d'Astronomie à la Faculté des Sciences; Ratet, professeur d'Astronomie physique à la Faculté des Sciences; Hautredx, directeur des mouvements du port; Simon, professeur d'Hydrographie; Ed. Boutan, ingénieur des Mines; MÉïADiER, conseiller général. (figi ) » L'observatoire se trouve établi sur le domaine de Montfraguey, dans la commune de Floirac, à une altitude de 73™, sur une sorte de cap formant l'extrémité i>ud de l'une des collines que des érosions diluviennes ont dr- coupé, en suivant la courbe que forme la Garonne devant Bordeaux. Cette situation élevée permet d'avoir, en tous points, un horizon complètement dégagé. » Les instruments construits réunissent tous les progrès de la Science moderne et sont les suivants : » 1" Un instrument méridien de o'", 19, d'Eichens; » 1° Un équatorial de o™,22, d'Eicbens-Gautier; » 3° Ln équatorial de o™,39, d'Eichens-Gautier ; » 4" Deux pendules, deM. Fénon; » 5° Une pendule de temps moyen, de M. Redier. » La première partie du Volume que j'ai l'iionneur de jjrésenter con- tient la description détaillée et minutieuse de ces instruments, accompa- gnée d'une étude sur leur installation, leur stabilité et la détermination de la valeur numérique des constantes instrumentales. On y trouve égale- ment une Note sur les travaux astronomiques accomplis dans le passé à Bordeaux. » En prenant la direction de l'Observatoire, le premier soin de M.Rayet fut d'évaluer les coordonnées géographiques de l'établissement. » La détermination de la longitude a été effectuée, sous les auspices du Bureau des Longitudes, par M. Rayet et M. Salats, lieutenant de vais- seau. Les opérations ont été conduites dans des conditions de précision particulières, et ce travail, 1res complet et très important, forme la deuxième partie du Volume. » Se fondant sur des considérations scientifiques très élevées, et tenaiît compte de la position particulièrement favorable de l'observatoire, iM. Rayel a inauguré, en i885, une étude d'une très grande importance. » On sait qu'un travail d'exploration de la voûte céleste a été entrepris, il y a quelques années, par un grand nombre d'observatoires d'Europe et d'Amérique; il s'agissait de déterminer avec précision les coordonnées de toutes les étoiles, jusqu'à la çf et la 10*' grandeur, qui peuplent l'hémisphère boréal; mais, dans le plan général ainsi conçu, les astronomes n'avaient pas compris, à cause de la position défavorable de leurs observatoires, la portion la plus boréale de l'hémisphère austral. Pour combler cette lacune, M. Rayet a entrepris la détermination des coordonnées de 23 000 étoiles ( (\)2 ) fie la rt'gion australe, eiilre — i5° el — So'', déjà observées par Argeluiider à l'observatoire de Bonn, en i85o. » Celte recherche n'a pas seulement pour but de dresser la Carte précise du ciel pour l'époque actuelle, elle doit encore fournir des points de re- père pour beaucoup d'autres études, el nous éclairer sur divers points im- portants de l'Astronomie stellaire. » Une partie de ce travail se trouve déjà consignée dans le présent Vo- lume, et les observations ain.-i effectuées accusent un tel degré d'exactitude, que l'on est en droit d'affirmer que l'observatoire de Bordeaux, d'ici à quelques années, aura doté la Science astronomique d'une œuvre consi- dérable. I) Enfin, la dernière partie de ce premier Volume des Annales de l'Ob- servaioiie de Bordeaux renferme toutes les observations magnétiques et mé- téorologiques exécutées en 1880 et 188 1. » M. DE Lesseps transmet à l'Académie, au nom delà Compagnie univer- selle du canal maritime de Suez, nn ouvrage intitulé : « Procès-verbaux et Rapport de la Commission consultative internationale. 1 884-1 885 ». MEMOIRES PRESENTES. VITICULTURE. — Ejjets du mildew sur la vigne. Influence d'un traitement ejficace. Note de MM. Millardet el Gayon. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) (( On possède déjà des données importantes, relativement à l'influence du mildèw sur la végétation de la vigne, sur sa fructification et sur la qua- lité de ses produits; mais, faute d'un traitement réellement efficace, il a élé impossible jusqu'ici de déterminer cette influence avec exactitude, c'est- à-dire à l'aide de la comparaison immédiate de ceps atteints par le fléau avec des ceps complètement sains et parfaitement comparables aux pre- miers, pour l'âge, le sol où ils croissent, etc. Grâce à l'application du trai- tement que l'un de nous a fait connaître à l'Académie dans sa dernière séance, cette lacune peut actuellement être comblée. » Les échantillons sur lesquels ont porté les observations, dont on trou- ( 69^ ) vera plus loin les résultais, ont été choisis par nous-mèiues, il y a huit jours à peine, en Médoc, dans le vignoble du château Dauzac, dont M. Natli. Johnston est propriétaire. Ils représentent l'état moyen de la végétation, qu'ils appartiennent ou non à des parcelles soumises au traitement. Les plantes dont ils proviennent étaient voisines, de même âge, plantées dans des sols de même nature, de sorte que les observations auxquelles donne lieu leur étude sont susceptibles de comparaison. » Les photographies jointes à cette Note représentent deux pieds de Cabernel, tous deux âgés de i5 ans et provenant de deux rangées de vignes adjacentes, dont l'une a été traitée au milieu de juillet dernier et l'autre ne l'a pas été. Arrachés avec le plus grand soin, ils ont été photographiés immédiatement, au même grossissement. L'Académie n'aura pas de peine à reconnaître sur l'un de ces ceps les effets désastreux de la maladie, et sur l'autre l'efficacité vraiment merveilleuse du traitement. » Cette impression générale se trouve encore fortifiée par le détail des observations qui suivent, sur le poids et le nombre relatifs des feuilles, des sarments, des racines, etc., que portaient le cep traité et le cep non traité : Cep traite. non traité. Difloronco. Feuilles. — Nombre 4^4 4'^ 38* Poids total 2906' i5" 27 5*'' i> moyen.... os'',684 o"'", 357 o^', 827 Raisins, — Nombre 18 \\ 4 Poids total i''s,57o o''S,827 o''6,743 » moyen.... o''*,o877 o''s,o5g o''°,o287 Sarments. — Nombre 18 i3 5 Poids total 432^'" 21 5='' 2176'' Longueur totale. . i4"',oo 7'">^4 6'", 36 » L'élude comparative des moûts fournis par les raisins de ceps traités et non traités, du même cépage, cueillis en même temps, dans la même vigne, sur des pietls de même âge, donne des résultats non moins précis et inléressants. Ceps traités. non traités. Différence. 1" Malbec ou Côte-Rouye. Rendement en moût 66,9 "/o 65,3 "/o 1,6 "/„ Densité du moût 1080 io43 87 Sucre par litre i77S'',o 9i''',8 85»'', 2 Acidité par lilre (rapportée à l'acide sulfurique) 5^'', i 7s'', 7 — 2''', 6 { 69:j ) Ceps traités. non traités. DifTérenco. 2° Cahernct-Sauvignon. Rendement en moût 7i,3 7o 70,2 "/o i > i V» Densité du moût lO'jS io53 22 Sucre par litre 1 78'% 6 1 1&'', 1 G^i"', 4 Acidilc par litre (rapportée à l'acide sulfurique) 4°%^ 6^'' 3 — i^S 7 3° Caberncl-Franc , Rendement en moût 71, 8% 7o,5 "/» ijS"/» Densité dit moût io84 io5o 34 Sucre par litre I88=^6 io3s'-,o 85s%6 Acidité par litre ( rapportée à l'acide sulfurique)., 5s%6 7S',2 — i^^G 4° Petit-Verdot. Rendement en moût 70,8 Vo 68,4 "U '-)4 7i> Densité du moût. 1080 1037 43 Sucre par litre i75s'',o 39",4 iSSs^G Acidité par litre (rapportée à l'acide sulfurique) 7s'', 9 cf", 3 — i'"', 4 » 11 sera bon de mentionner encore la différence considérable de colo- ration que présentent les raisins et les moûts des ceps traités et ceux des ceps non traités. Tandis que pour les premiers la couleur est normale, pour les seconds elle reste bien au-dessous de la limite inférieure habi- tuelle. » Nous ferons remarquer, en terminant, combien grande est la diffé- rence de richesse en alcool des vins provenant de ceps traités, d'une part, et des vins provenant de ceps non traités, d'autre part. En effet, des quan- tités de sucre inscrites au Tableau précédent, on peut induire que les vins de la première clahse contiendront de 8 à 10 pour 100 d'alcool, suivant les variétés ; tandis que, pour les vins de la seconde classe, la teneur en alcool variera entre 2 à 6 pour 100 seulement. » Cette dernière observation vient à l'appui d'une remarque faite déjà par l'iui de nous, savoir que, dans tout le Sud-Ouest, depuis l'apparition du miidew, la richesse alcoolique des vins a baissé, année moyenne, de 3°, c'est-à-dire du tiers environ de sa valeur absolue. Depuis ce temps, nombre de propriétaires ont fait des vins de 2° à 3", qu'il a fallu, pour les colorer et les conserver, couper avec des vins étrangers à litre alcoolique élevé. ( %5 ) Cette année, les effets du fléau sont tellement formidables, qu'un très grand nombre de propriétaires ne feront même pas de récolte. Dans le Gers, notamment, la vigne est dépouillée de ses feuilles depuis la lin de juillet : les raisins sont encore à l'état de verjus et le bois est vert. Si ces vignes Jie meurent pas dans le courant de l'année, ce qui pourrait arriver, du moins peut-on affirmer que ce n'est pas avant deux ans qu'elles seront à même de produire une récolte. » CHIMIE. — Observations relatives à la nature du sucre interverti et à la fermentation élective. Note de M. E. Maumené. (Extrait.) (Commissaires : MM. Peligot, Debray.) « 1° Nature du sucre inverti. — J'ai démontré, depuis longtemps, que ce mé- lange contient au moins trois variétés, ce qui ne permet plus d'admettre des équivalents égaux de glucose et chylariose. M. Bourquelot, pour com- battre l'argument que j'ai tiré de l'impossibilité d'extraire du sucre inverti la moitié de son poids de glucose en glucosate de chlorure de sodium, af- firme qu'on peut obtenir plus du double de ce que j'ai obtenu de ce gluco- sate. J'affirmerais le contraire, si je ne savais combien le sucre inverti peut offrir de variétés; j'ai montré que la partie de ce sucre envisagée comme chylariose redevient glucose, par diverses influences, et entre autres par celle du temps toute seule. Je ne puis donc prétendre qu'une variété de sucre inverti ne peut donner le double du glucosate de chlorure que j'ai obtenu avec une autre variété; mais cette quantité double reste encore beaucoup au-dessous d'une exacte moitié de glucose. » Presque tous les chimistes, ajoute M. BourqTielot, considèrent le sucre inverti comme uniquement composé de glucose et de chylariose à équiva- lents égaux ; or personne n'a prouvé l'absence du troisième corps, dontje viens de rappeler la découverte » 2" Fermentation élective. — J'ai depuis longtemps prouvé l'absence de toute élection dans la fermentation alcoolique. M. Leplay revient aujour- d'hui à la fermentation élective Je me borne à présenter, pour mon compte, l'observation suivante : » Le sucre inverti dont j'ai fait usage n'était pas, comme le suppose M. Leplay, mêlé de sucre normal; c'était un sucre absolument inverti, l'un de ceux qui m'ont fait reconnaître le degré 42, au moins, à gauche, au lieu de 38 admis par Biot, différence confirmée depuis par M. Lippinanu. (696) » Ce sucre n'a pas offert une augmentation de rotation par inversion, mais parla suite directe et nécessaire de la fermentation du mélange, formé de 3 parties (an moins), ne nous lassons pas de le répéter, et sans aucun indice d'élection. » M. A. NonMAND adresse une Note « sur la présence constante de l'^r- mœba coli dans les mucosités dysentériques ». L'auteur rappelle un certain nombre de résultats, signalés par divers auteurs et par lui-même, depuis six à sept ans, et insiste sur les consé- quences qu'il en a déjà tirées, pour l'étude de la dysenterie, au point de vue de sa nature, de son étiologie et de la thérapeutique qui lui est appli- cable. (Renvoi à la Section de Médecine.) M. Wendroth, m. a. Allemand adressent diverses Communications relatives au choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) M. P. Cagxy adresse, pour le concours de Médecine et de Chirurgie (fondation Monlyon) 1886, un Mémoire intitulé « Ligature élastique, en chirurgie vétérinaire ». (Renvoi à la future Commission.) CORRESPONDANCE. ASTRONOMIE, — Observations de ta nouvelle planète (sm) Palisa, faites à l'ob- servatoire de Paris{Eqiiatorial de la lourde l'Ouest), par M. G. Bigocrdan. Communiquées par M. Mouchez. Nombre Dates m Déclinaison de 1885. Étoile. Giamleur. PI. — *. pi. - - * comparaisons. Octobre 7 . 9' I I 70 W,, 231^ Id. ni s 9 —0. 2,89 9 — i.i8,4i l'étoile dé comparaison. -f- I I . .57'; . 22. ,1 12.12 — 0. ,6 i5.i2 Position de 1 ^^, Étoi le m. Réduction Déclinaison Réduction Dates. de moyenne au moyenne au 1885. compar: lison . pour 1885,0. jour. pour 1885,0. jour. Autorité Octobre 7 . . i 170 w, Il m s 23.58.36,91 -4- 3' 35 -7 "36' .l5,2 + 21,6 Weisse, 9- Id. » + 3,35 « + ?.i,5 Id. ( %? ) Position de lu pUinèle. Dates Temps moyen Log. 1S85. do Paris. ai app. f;ict. par tdbie . h m s . 7 10. 9.17. h m s 23.58.37,37 â,86o„ 9 I 0 . J9 . I 9.3.57.21,85 à,4'ii Dccl. app. 0 ' » — 7 . 23.56,4 — 7 .36 16,3 )• Remarque. — Octobre 7 : la planète est de grandeur i3,2. » Log. fact. par. 0,864 0,866 ASTRONOMIE. — Obsetvatiois de la comète Biooks et de la nouvelle planète Palisa (5^), faites à l' observatoire d' Alger au télescope de o™, 5o ; par M. R.\MBACD. Présentées par M. Mouchez. Comète Binoks. Ascension droite. Déclinaison, Étoiles — — --- Dates. de Log. Log. 1885. comp. Grandeur. Comète — *. fact. par. Comète — ih ■ fact. par Sept. 8 . . . n 7 m s -HO. 8,00 T,786 — 5.23,9 0,591 9- ■ .. b 9 -hl.42,83 T,788 — 0.52,5 0,634 10 . . c 8 -2.57,45 1,781 ■+- 4.32,5 0,484 II.. . . fi S — 2 .82, l5 7,788 — 0.49,6 0,520 12 . . r 8 4-1 .30,45 î,79'- H- 6.52,4 0,527 14.. ■■ f 9,3 +..57,54 Planète P(i 1,781 liXil. - 3.36,3 o,4i3 Sept. 8 . . ^ 7,8 H-5.3i ,96 T,r3o„ -l-i3.23, 1 0,844 9- ■■ S 7,8 -{-4.40.93 ^.,923,, -hio. 19,8 0,848 10 . . .. Il 9 -i.5a,94 ï,528„ + 12.11 ,5 n.8l5 II.. .. Il 9 — 2.47,08 T,2l8„ + 9-4o,6 0,843 12 . . ■ ■ g ■ 7-8 -4-2. 12, 5t î,42'« + 3.24,9 o,83o ■4.. • • s 7,8 -+-o.3o,64 T. 4 ,3,, — o.4î,9 o,832 i5.. ■ ■ s 7,8 —0. 19,56 T,452„ — 2.24,6 0,828 Étoiles Dates. de 1885. comparaison. Sept. 8. . . a AV.,, n°292, 14I' 9... b W.,, n" 39i, i4'' 10. . . c Ws, n° 615, 14I' II.. . d W,, n°7i3, i4'' 12 . . e W,, n» 802, i V 14... f B B., t. VI, 253 Positions des étoiles i/c comparaison. Ascension droite Réduction Déclinaison Réduction nioy. i885,o. au jour. moy. iS85,o. au jour. Autorités. h m s s n ' " " i4-i5. 4'-'^ +o,'9 4-39.19.23,1 -H 8,9 Weisse2. 14.19 36, 61 +0,18 4-39.39.15,4 + 9, -+-3,25 » ■4-22,8 Id. 10.. . h 22986-7 Arg.-OEltz. 23.30,42,21 +3,24 — 16.40.54,6 + 22,7 Arg. OEltzen. II.. . h Id. u -t-3,25 i> + 22,7 Id. 12. . . g 46023 Lai . 23.24.53,87 +3,26 -16. 36.55,4 + 22,8 5 obs. mér. Paris 14... g là. » +3,27 n + 22,6 Id. i5... g Id. B 4-3,27 » + 22,5 Id. Positions apparentes de la comète Ascension Dates. Temps moyen droite 1885. d'Alger. apparente. h m s h m s Sept. 8 8.53.25 14. i5. 12,45 9 9-'7-i4 14-21.19,62 10 8.17. o 14.27.14,23 II., 8.34. I 14.33.36,32 12 8.40.34 l4-4''' 2,32 i4 8. g. 9 14.53. 2,26 Positions apparentes de la planète Sept. 8 ii.i3. 6 23.30.29,07 9 11.34. o 23.29.38,05 10 9.16.16 23.28.52,51 II 10.45.35 23.27.58,38 12 9-49-47 23.27. 9M i4 9-43' 8 23.2.5.27,78 i5 9.24.59 23.24.37,58 Brooks. Nombre Déclinaison de apparente. comparaisons +39" 14'. 8",i i3:i3 +39.38.31,9 7:7 +40. o.36,i 5:5 +40.22.26,5 5:5 +40.43. 8,1 5:5 +4i .20.23,9 6:& (§). — 16.23. g, 5 7:7 — 16.26.12,8 5:5 — 16.28.20,4 10:10 — i6.3o.5i ,3 6:6 — 16.33. 7,7 10; 10 — 16.37.14,7 10:20 -16.38.57,5 10: 10 CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur le vanadium; propriétés de l'acide vanadicjue. Note de M. A. Ditte, présentée par M. Debray. « L'étude de certaines réactions de l'acide vanadique m'a conduit à en- treprendre un travail d'ensemble sur les combinaisons de ce métal, dont l'histoire est restée jusqu'ici bien incomplète. Quoique ce travail, com- mencé en i883, ne soit pas achevé, je demanderai à l'Académie la per- mission df lui faire connaître dès maintenant quelques-uns des résultats obtenus; je prendrai, en premier lieu, ceux qui se rapportent à l'acide vanadique. ( 699 ) » I. Quand on chauffe du vanadale d'ammoniaque dans un creuset de platine fermé, l'acide vanadique est réduit par les gaz qui se dégagent, et l'on obtient une poudre de couleur foncée, qui n'est pas homogène; elle est bleuâtre à la surface, vert foncé dans les parties profondes, et c'est un mélange, à proportions variables, des oxydes VO* et VO% dans lequel ce dernier domine de beaucoup. Cette matière est oxydée, à froid, par l'acide nitrique ; à chaud, la réaction est plus rapide, et si l'on évapore le mélange à sec jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de vapeurs, puis qu'on calcine légè- rement, il reste comme résidu une substance jaune rougeâtre, ocreuse, qui est de l'acide vanadique anhydre et pur. » Cet acide, abandonné au contact de l'air à la température ordinaire, se modifie et change de couleur; peu à peu la nuance jaune disparaît, la teinte rouge s'accentue, et, au bout de quelques jours, on a une poudre rouge foncé, d'aspect velouté, qui dès lors ne change plus de couleur : l'acide anhydre a graduellement absorbé la vapeur d'eau atmosphérique en fixant d'abord i*'', puis a^i d'eau; l'hydrate V0%2H0, placé pendant quelques jours sous une cloche à parois mouillées, absorbe une nouvelle quantité de vapeur et se change en un autre hydrate VO^, 8 HO; celui-ci d'ailleurs perd de Teau jusqu'à n'en plus contenir que a'^i quand on l'aban- donne dans l'atmosphère. On le voit, l'acide anhydre mis en contact avec de l'air chargé de vapeur d'eau en absorbe des quantités variables avec la tension de cette vapeur. Nous examinerons ultérieurement la dissociation des hydrates qui se forment dans ces circonstances. <) Quand, au lieu d'opérer avec de la vapeur d'eau, on met l'acide vana- dique anhydre ou ses hydrates rouges en présence d'une petite quantité d'eau froide, ils se transforment immédiatement en une pâte visqueuse, presque gélatineuse, qui se dissout en entier dans une plus grande quantité d'eau froide, et, mieux encore, dans l'eau chaude; la liqueur filtrée est limpide, ronge de sang foncé; saturée à 20", elle contient, par litre, environ 8^" d'acide vanadique anhydre. Cette dissolution rouge ne se trouble pas quand on la fait bouillir ni quand on la mêle, à froid, avec de l'alcool. Quelques gouttes d'acide nitrique y déterminent la formation d'un préci- pité floconneux rougeâtre, qui se dissout dans un peu plus d'acide en don- nant une liqueur jaune-paille; cette dernière, évaporée dans le vide, sur de la potasse, se dessèche en une masse rouge, veloutée, d'acide vanadique hydraté, soluble dans l'eau, en formant une liqueur rouge foncé identique à la solution primitive. Le sel marin, le chlorure de potassium et d'autres ( yO" ) sels, ajoutés à la soiutiou rouge, y foi meut un dépôl flocouneux jaune de rouille, qui est, coniuie on va le voir, une seconde variété de l'acide vana- dique hydraté. « II. Uu excès d'une solution de chlorure de potassium, ajouté à la so- lution rouge précédente, eu pîéci[)ite tout l'acide vanadique eu flocons rougeâtres qui ne changent pas d'aspect quand ou porte la liqueur à l'ébuUitiou; ce précipité, lavé à l'eau froide, ne se modifie pas et l'eau de lavage reste incolore tant qu'd y a du chlorure de potassium; mais, dès qu'il n'en reste plus que des traces, l'eau se colore en jaune clair eu même temps que le dépôt passe de la teinte ocreuse à une nuance orangée voi- sine de celle du sulfure d'antimoine. Le précipité se dépose lentement dans l'eau pure, qui est encore trouble après quarante-huit heures de repos; la liqueur' fillrée est limpide et non plus rouge de sang, mais elle ofhe la belle teinte iaune d'une solulion concentrée de chromate neutre de potasse. )) Quand on verse quelques gouttes d'acide nitrique dans une dissolution incolore et froide de vauadate d'ammoniaque, on observe tout d'abord la formation d'un trouble rouge, mais il disparaît par l'addition d'un peu d'acide uitiique et l'on obtient uiie liqueur rouge groseille peu foncée; chauffée avec précaution, elle couimence à se troubler vers 80**, et le dépôt rouge qui s'y forme augmente rapidement à mesure que la température s'élève; il est complet quand le liquide bout, et il nage dans une eau mère faiblement jaune orangé. » L'acide vauadique ainsi précipité, débarrassé de toute trace d'acide nitrique par uu lavage à l'eau froide, et séché à l'air libre, devient une poudre rouge foncé dont la composiiiou répond encore à la formule V0%2ll0; il a tout à iait l'aspect de l'hydrate signalé plus haut, mais il n'en possède pas les proprrétés; en effet, au contact de l'eau il n'éprouve aucune modification; il s'y dissout peu, même à 100°, en donuaiit la solu- tion jaune; cciie-ci, saturée à. froid, ne retient que o''', 5oo environ d'acide vanadique aniiydre. » Lorsque, au lieu de traiter par l'acide nitrique le produit de la calci- nalion du vanadate d'ammoniaque en vase clos, on le soumet pendant quelques heures à l'acliou d'un courant d'air sec à 44^", il se change en une poudre jaune clair légèrement verdàtre, qui est de l'acide vanadique pur. C'est une seconde variété d'acide anhydre coi respundant aux hydrates peu solubles, et qu'on pi ut obtenir- encore en chatiliant ces hyilratcs ( :"i ) à 350" ou à 44'-'''> "i^'is alors il est jaune rougeâtre. Cet acide anhydre n'absorbe pas l'humidité atmosphérique, il se dissout dans l'eau en donisant la même solution jaune que les hydrates peu solubles. » III. Quand la calcination du vanadaie d'ammoniaque est faite non plus en vase clos, mais au contact de l'air, le produit obtenu fond peu à peu, si l'on n'opère que sur une faible qnantilé de vanadate, et donne un liquide rouge foncé ; ce liquide se solidifie en une mi-.sse cristalline formée d'aiguilles à reflets bleu foncé, que l'on regarde ordinairement comme de l'acide vanadique pur; il n'en est rien. M II se forme en effet, dans cette opération, des oxydes inférieurs du va- nadium qui, peu à peu, s'oxydent aux dépens de l'oxygène de l'air; mais la matière fondue, fornée pour la plus grande partie d'acide vanadique, contient en outre une coudjinaison de cet acide avec l'oxyde VO* ; je dirai ailleurs comment on peut l'isoler pure et bien cristallisée. Or, ce composé (Jilficilement oxydable, surtout dans un bain d'acide vanadique peu per- méable aux gaz, demeure toujours en quantité plus ou moins grande dans l'acide obtenu par la calcination du vanadate ammoniacal et lui donne une teinte bleu d'acier particulière. En chauffant, avec de l'acide nitrique en excès, le mélange d'oxydes provenant de la calcination du vanadate d'am- moniaque en vase clos, évaporant à sec et fondant le résidu, on obtient de l'acide vanadique pur : il se solidifie en une masse brillante, formée de belles aiguilles douées d'tui éclat gras, et présentant au lieu de la nuance bleuâtre une couleur rouge brun foncé ; les aiguilles minces sont transpa- rentes et laissent passer une lumière bruu rouge. C'est là une troisième variété d'acide vanadique; laisse plusieurs mois au contact de l'eau, il ne s'hydrate pas et s'y dissout à peine; la solution qu'il forme, à peine teintée de jaune, contient, dans 1'", 0'',o5o d'aciile anhydre seulement. » IV. En résumé, l'acide vanadique se présente sous ti ois formes diffé- rentes, que l'on peut rapprocher des trois variétés polymères d'acide phos- phorique anhydre découvertes par MM. Hautefeudle et Perrey : 1" acide rouge ocreiix, attirant l'immidué de l'air en donnant des hydrates rouge foncé solubles dai'.s l'eau; la dissolution aqueuse rouge de sang con- tient 8^'' d'acide par litre; les acides et les sels la modihent ; 2° aci le jaune n'attirant pas l'humidité de l'air; cette variété correspond à des hydrates rouges peu solubles, doiiuanl avec l'eau une solution jaune clair que les acidts et les sels ne modifient pas, et qui renferme par litre oS'',5oo d'a- cide vanadique; 3° acide cristallisé ne se coudjinant pas avec l'eau, et ( 702 ) presque insoluble dans ce liquide qui n'en retient par litre que o^,o5o environ. » PHYSIOLOGIE. — Analyse cinématique de la locomotion du cheval. Note de M. Pages, présentée par M. Marey. « L'appareil chronophotographique de M. Marey est jusqu'ici le seul qui donne des renseignements complets sur la locomotion des quadrupèdes, en faisant connaître exactement les différentes positions d'un point quelconque du corps dans le temps et dans l'espace. C'est avec les conseils de M. Marey et sous sa direction que j'ai entrepris, à la Station physiologique du Collège de France, une série de recherches sur la locomotion du cheval, étudiée par la clironophotographie ('). » Trajectoire et vitesse du pied et du boulet dans les trois allures principales du cheval : le pas, le trot et le galop. — Tous les observateurs qui se sont oc- cupés du jeu des membres dans la progression du cheval ont considéré la courbe décrite par le sabot, dans la période de soutien, comme un arc de cercle, de rayon plus ou moins grand, dont la corde, représentée par le sol, mesure l'amplitude de l'oscillation du membre. Ou va voir que, dans au- cune allure, la courbe décrite par le pied n'offre cette forme régulière. » Les fig. i à 4 représentent par des lignes ponctuées les trajectoires du sabot et par de petites croix celles du boulet. » Mouvement du sabot. — On constate d'abord que le pied antérieur et le pied postérieur n'ont pas tous deux exactement la même trajectoire dans le pas [fig. i et 2). Le sabot antérieur, après avoir décrit une courbe d'assez court rayon, s'abaisse lentement en suivant une ligne presque droite jusqu'au moment du poser. Le sabot postérieur s'élève par une courbe d'un rayon plus long, puis se porte en avant suivant une ligne doublement infléchie qui descend assez vite au sommet du poser. Dans le trot le sabot antérieur suit une courbe analogue à celle du pas, tandis que dans le galop la trajectoire se rapproche davantage d'un arc de cercle. L'échelle mé- trique, tracée sur la piste parcourue, permet d'évaluer la longueur absolue du pas aux différentes allures et la hauteur à laquelle le pied s'élève au- dessus du sol. (') Foir, pour la description des appareils et des expériences, Marey, Méthode gra- ohique, 7.' èàiûon.; Paris, 1S84. ( 7o3 ) » Enfin, sachant que l'intervalle qui sépare deux images consécutives est rigoureusement de -^ de seconde, on en déduit à chaque instant la vitesse du sabot. Cette vitesse est en moyenne, dans le pas, de 4™; dans le trot de 6™ et dans le petit galop, de 8" par seconde. Trajectoires du boulet et du sahot aux. différente;; allures du cheval. Fig. I. Membre postérieur droit, dans le pas. Fig. 2. Membre antérieur droit, dans le pas. Fig. 3. Membre antérieur droit, dans le trot. Fig. 4. \ u.*- ». .. -*— -■ Membre antérieur droit, dans le petit galop. » L'inégalité des espaces qui séparent des images obtenues à des inter- valles de temps égaux montre que le sabot est animé d'un mouvement accéléré au début de son oscillation et ralenti à la fin ; mais ces accélérations et ralentissements, beaucoup moins prononcés que dans une oscillation peudulaire, prouvent que, chez le cheval comme chez l'homme, l'action des muscles intervient au début comme à la fin du mouvement du pied. ( 7^>'i ) » C'est dans la seconde moitié de son jjarcours qiif le sabot atteint son maximum de vitesse. Dans le galop représevté fig. 4, ce maximum ne dé- passe pas lo™ par seconde, car i'allnre à laquelle il correspond n'est pas rapide : c'est le galop fie manège. Dans le grand galop de course, en ad- mettant les mêmes phases du nmuvemenf, la vitesse du sabot pourrait atteindre 5o™ par seconde. » Pendant sa translation, le sabot exécute un mouvement de rotation autour d'un axe transversal, de telle sorte que sa face inférieure se porte en arrière et même im peu en haut pendant le levé du pied, puis retourne graduellement à sa direction primitive pour retomber à plat sur le sol au moment du poser. Afin de rendre sensibles les phases de ce mouvement rotatif, on a muni le sabot d'un signe d'une forme particulière, sorte de p- couché dont l'une des branches est horizontale quand le pied pose à plat sur le sol, tandis que l'autre branche offre l'inclinaison de la face an- térietîre du sabot. Daprès les changements d'orientation de ce signe dans les images successives {fig. i et 2), on apprécie aisément les mouvements de rotation du sabot, dont l'étendue n'excède guère, sur nos figures, 180°. » Mouvements du boulet. — La trajectoire du bonlet diffère notablement de celle dn sabot : d'tme part, pendant le poser, tandis que le sabot est im- mobile, le boub^t décrit un arc de cercle dont le centre est à la deuxième articulation inlerphnlançjienne, de sorte que le rayon phalaiigien prend des positions successives formant entre elles une série d'angles à ouvertures de plus en plus grandes et dont le sommet commun est à l'articulation, qui joue le rôle de centre du mouvement. » Une autre différence entre les deux trajectoires tient au mouvement de bascule du sabot dont nous avons parlé ci-dessus : le boulet s'abaisse en même temps que le sabot se relève; i! en résulte que les deux trajec- toires se rapprochent l'une de l'autre au commencement du lever (^j^. i et 2); elles peuvent devenir tangentes dans le pas rapide; elles se coupent en deux points dans les allures plus rapides encore : le trot et le galop (/?^. 3et4). » En somme, c'est l'orientation du raynn phalangien qui règle la distance que présentent entre elles les deux trajectoires : celles-ci n'ar- riveiit à être tangentes que si le paturon atteint la position horizontale; elles se couperont si l'extrémité inférieure de ce ravon osseux s'élève plus haut que l'extrémité supérieure. » Enfin le point le plus curieux de la trajectoire du boulet, c'est la ( 7o5 ) double infli-xion qu'elle suit au moment du poser du pied. La figure schématique 5 donne une idée de cette trajectoire, qui offre deux direc- tions successives inverses l'une de l'autre. » Au moment où le membre antérieur ABC atteint le sol, fous les rayons iniérieurs, jusqu'au coude, sont en ligne droite et le boulet occupe la po- sition B. Dès cet instant, il décrit un arc de cercle BB', ayant pour centre le point C, seconde articulation interphalangiennne, puis s'arrête en B'", pour marcher en sens inverse jusqu'en B". (C'est pour montrer ces deux Fia- 5. \ \ \ \ \ % c directions différentes que nous avons tracé deux arcs de cercle concen- triques ne se confondant pas entre eux; des flèches indiquent le sens du mouvement sur la trajectoire.) Ce mouvement alternatif du boidet est dû à l'élasticité du muscle fléchisseur dont le tendon contourne l'articulation métacarpo-phalangienne; sou effet est celui d'un ressort; il adoucit, comme on sait, les réactions du cheval, de sorte que les chevaux long-jointés et bas-joinlés, c'est-à-dire ceux dont le rayon phalangien est très long et très oblique, sont d'excellents chevaux de selle, à cause de la douceur de leurs réactions. » l'ilYblOLOGIE GÉNÉRALE. — Sur les pliciiomènes intimes de la contraction musculaire, dans les faisceaux primitifs stiiés. Noie de M. F. Laulanié, présentée par M. Bouley. « On ne saurait avoir quelque chance de présenter une théorie accep- table de la contraction musculaire, qu'en déterminant avec la plus grande exactitude les modifications histologiques qui accompagnent la contraction dans l'élément musculaire, surpris au moment même où se développe son activité et dans des conditions qui assurent le maintien de son état normal. c. R., i8S5, 2' semestre. (T. CI, N" 13.) 92 ( 7o6 ) » L'application du mjoscope à l'étude des muscles hyoïdiens de la gre- nouille m'a permis de réaliser ces conditions et de faire des constatations que je crois absolument rigoureuses. A l'aide de la méthode des excita- tions progressivement croissantes et très rapprochées, il est possible de saisir les faisceaux primitifs au moment précis où commence le tétanos, de les suivre dans l'accroissement d'énergie, et le déplacement lent et régulier qu'on leur impose par des excitations progressivement crois- santes; (le les amener enfin, sans jamais les perdre de vue, à un tétanos très énergique, uniforme et aussi durable que la série des excitations induites. Or les observations les plus attentives, les plus soutenues, les plus fréquemment répétées m'autorisent à formuler sans réserve l'affir- mation suivante : La contraction des faisceaux primitifs des muscles hyoïdiens de la grenouille ji' apporte aucun changement ^ ni dans le sens de la striation, ni dans les rapports de situation des parties du segment contractile (bandes claires et disques épais). » Pour être négative, cette constatation n'en présente pas moins un réel intérêt. Elle permet de rejeter d'emblée toutes les théories émises jusqu'à présent sur la contraction musculaire, et qui toutes impliquent soit un changement dans la distribution des parties du segment contractile, soit un changement dans le sens de la striation. Je dois cependant donner sur ce dernier point quelques explications. L'apparition de la striation longitu- dinale, qui, dans la théorie de M. Ranvier, la seule qui mérite d'être dis- cutée, constitue le fait capital, en ce qu'il trahirait indirectement la dimi- nution de volume des disques épais, ce phénomène fait invariablement défaut dans la contraction normale des faisceaux primitifs de la grenouille. Par contre, il est constant dans la contraction normale des faisceaux pri- mitifs des Invertébrés, comme j'ai pu le voir maintes fois sur les larves aquatiques du Corethra plumicornis. Cela ne veut certainement pas dire que la contraction emprunte ici un mécanisme différent. Cela dépend tout simplement du degré d'indépendance des fibrilles associées pour former le faisceau primitif. Ce dernier élément est, en somme, un système plus ou moins cohérent. Il l'est beaucoup chez les Vertébrés, il l'est fort peu chez les Invertébrés où il se laisse résoudre en fibrilles avec la plus grande fa- cilité. Voilà pourquoi la tension qui accompagne les secousses chez les Invertébrés suffit à rendre sensible l'isolement fonctionnel et anatomique des fibrilles, tandis que les tétanos les plus énergiques sont impuissants, chez les Vertébrés, à produire le même résultat. » La striation longitudinale est donc un fait tout contingent, relatif et ( 7«7 ^ inconstant, parce qu'il est placé sous la dépendance d'un arrangement ana- tomique dépourvu lui-même de constance et de régularité. On ne saurait donc en inférer rien de légitime touchant le mode intime de la contraction musculaire. » Or, sur ce dernier point, les constatations positives sont extrêmement difficiles. Ni sur les Vertébrés ni sur les Invertébrés, je n'ai pu, au moment des contractions normales (secousses ou tétanos), surprendre une modifica- tion saisissable sur les parties du segment contractile. Elles conservent les mêmes rapports de |)Osition, cela est entendu, mais leurs changements de forme restent inpénétrables. Ces changements deviennent au contraire très évidents sur les parties du faisceau primitif parcourues par une onde mus- culaire. Ici les modifications apportées par l'état d'activité se trouvent gros- sies par la concentration du phénomène, et voici ce que l'on peut voir : Les disques épais et les bandes claires s'aplatissent et s'élargissent sans changer de volume. Leur hauteur diminue et leur longueur augmente, en sorte que la striation transversale acquiert une très grande finesse. Si maintenant on ré- fléchit que la contraction totale et simultanée, c'est-à-dire la secousse et la contraction partielle et ondulatoire, c'est-à-dire l'onde musculaire, diffé- rent seulement par la forme et non par leur nature intime, on pourra édifier sur les faits qui précèdent une théorie vraie, sinon complète, de la contraction en disant : La contraction des fibrilles du faisceau primitif est la sommation des changements de formes (aplatissement) opérés dans les disques épais et les bandes claires. » Le phénomène premier et provisoirement irréductible est donc la contraction des disques épais et des bandes claires qui sont de la même manière, sinon dans la même mesure, contractiles et élastiques. » L'hétérogénéité de la fibrille reste d'ailleurs inexplicable, à moins qu'on n'adopte l'hypothèse très soutenable de M. Ranvier, d'après laquelle la fragmentation de la substance contractile serait faite pour offrir aux échanges chimiques, qui accompagnent la contraction, une très grande surface et assurer ainsi la rapidité de ces échanges et partant celle de la contraction. » PHYSIOLOGIE. — De l'action physiologique des sels de lithium, de potassium et de rubidium. Note de M. Ch. Richet, présentée par M. A. Richet. « Je me suis proposé de déterminer la dose toxique de trois métaux alcalins : lithium, potassium et rubidium. J'ai expérimenté avec les chlo- rures et sur des animaux divers. i 70« ) » J'appelle dose mortelle minimum la dose qui est toxique et qui dé- termine la mort de l'animal, mais qui est aussi voisine que possible de la dose qui ne tue pas : c'est, par conséquent, la limite entre la dose mor- telle et la dose non mortelle. » 3'indiquerai seulement les résultats obtenus : les chiffres se rapportent à un kilogramme du poids de l'animal et expriment non la quantité de sel, mais la quantité de métal contenu dans le sel injecté. L'introduc- tion du poison a toujours été faite de la même manière, par la voie sous- culanée : Doses mortelles minima. Nombre d'expériencos. Lithium ('). Potassium. Rubidium. Moyennes. LXI Limaçons. 0,100 o,65o 1,800 o,85o LVI Écrevisses. o,o5") 0,280 o,38o 0,238 LUI Poissons (Tanches). 0,087 o,45o 0,720 f!4'9 XXVIII... Tortues. 0,1 35 0,480 i,o3o 0,548 LV Grenouilles. 0,1 45 o,5oo o,c)3o o,525 - XXXIV . . Pigeons. 0,084 o,520 1,100 o,568 LVIII .... Cobayes. 0,100 o,55o i,o5o 0,566 XX Lapins ('-). 0,087 ° 1,090 » Moyennes Oj099 <'>490 1,012 o,534 » On voit que pour l'écrevisse des doses faibles sont suffisantes. Chez ces Invertébrés, la disposition du système circulatoire est telle que la substance toxique injectée passe itîimédiatement dans la circulation; de telle sorte qu'une injection faite aune écrevisse est toujours une injection intra-vei- neuse et non sous-cutanée. Alors le poison est rapidement porté au contact du système nerveux sans qu'd y ait pénétration progressive et, simultané- ment, élimination. Chez les poissons, on voir de même la substance injec- tée pénétrer r.ipidement dans tout l'organisme. Enfin, chez les limaçons, la vitalité extrême des tissus explique la résistance plus grande de l'animal au poison. » En somme, en laissant de côté les écrevisses et les limaçons, on voit qtio chez les divers animaux les doses toxiques se ressemblent beaucoup. » La moyenne, en chiffres ronds, de ces expériences nous donne donc (') Pour juger de la toxicité ou de l'innocuité du llliiium, il faut attendre ileiix ou trois jours, car ses effets sont extrêmement lents. Au rontraire, les effets du potassium et du rubidium se manifestent en quelques heures. (-) Le chloruie de potassiiaii injecté sous la peau, chez les lapins, est trè.s difficilement absorijé et produit des escarres. On ne peut donc eu bien juger les effets, ( :o9 ) les nombres de o,ioo pour le lithium; o,5o pour le potassium et i,oo pour le riihirlium; ce qui est à peu près le même rapport que le poids ato- mique des trois métaux : 7, 3g et 85. » Si alors nous divisons les cliiffies obtenus par le [loids atomique, nous avons les nombres suivants, qui expriment la quantité de substance toxique, envisngée en tant que molécules chimiques et non au point de vue du poids absolu. » Ainsi les chiffres que nous allons donner représentent la quantité de substance toxique telle qu'elle a été indiquée plus haut, à cela [)rés que les poi'ls sont divisés par le poids atomique du métal. Doses mortelles minima moléculaires . Lithium. Potassium. Rubidium. Moyennes. Limaçons o,oi47 o,oi65 0,0213 o,oi'j5 Écrevisses o,oo'j8 0,00^2 o,oo^5 o,oo65 Poissons 0,0124 o,oi5 o,oo85 0,0106 Tortues o,oig3 o,oi23 0,0121 0,0146 Grenouilles 0,0207 0,0129 0,0109 0,0148 Pigeons 0,0120 o,oi33 0,0129 0,0127 Cobayes o,oi47 o,oi4i o,oi23 0,0187 T^apins 0,0124 o 0,0128 0,0126 0,0143,5 0,0125,5 o,oiig,o 0,0128 » Ainsi, étant donné : P le poids atomique d'un métal alcalin, la quan- tité de substance nécessaire pour tuer un animal de i''^ sera Pxo,or28 ('). M Si l'on rapproche ces faits de l'innocuité extrême des sels de sodium, on voit que vraisemblablement ces sels agissent en se substituant, molé- cule à molécule, au chlorure de sodium con)biné à nos tissus. » Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, il n'en reste pas moins démontré que les sels de lithium, de potassium et de ndiidium sont, à peu de chose prés, également toxiques, si l'on tient compte de leur poids molécu- laire et non de leur poids absolu. Par conséquent, l'action toxique est iden- tique à luie action chimique. De même que pour décomposer une molécule (M Comme ces sels alcalins agissent à peu près de la même manière, un mélange sera aussi efficace, quand la doie totale sera égale à Px 0,0128. Ainsi, un pigeon a succombé apiès avoir reçu o ,o3 de lithium, 0,17 de potassium et o,36 de rubidium. Ces trois doses l'tant insuffisantes poui- déterminer la mort, si on les avait données isolément. ( 710 ) d'acétate d'argent il faut une molécule de chlorure de lithium, ou une mo- lécule de chlorure de potassium, ou une molécule de chlorure de rubi- dium; de même, il faut une molécule de ces sels pour empoisonner un même poids d'un animal vivant ('). » ZOOLOGIE. — Sur le développement de la Fissurelle [- ) . Note de M. L. Boctan. « Pour déterminer la place exacte d'un animal qui s'éloigne, par beau- coup de ses caractères, du type normal auquel cependant on est obligé de le rapporter, l'étude de son développement est indispensable. Nous en trouverons un exemple des plus concluants, eu étudiant le développement de la Fissurelle. » L'œuf, renfermé dans la masse glaireuse que j'ai décrite dans une Note précédente, se segmente trois ou quatre heures après la fécondation. j> Les premiers stades du développement ne présentent rien de bien particulier : après une segmentation régulière en deux et quatre sphères, la segmentation devient irrégulière et une distinction très nette s'établit entre le vitellus nutritif et le vitellus formatif. Ce dernier ne tarde pas à englober le vitellus nutritif, qui se trouve bientôt complètement recouvert. » La Gastrula framboisée, qui résulte de cette segmentation, a d'abord une forme oblongue régulière; mais on ne tarde pas à distinguer vers son tiers supérieur une couronne de cils, premier indice du voile qui ne va pas tarder à se différencier. Au-dessous de ce voile rudimentaire, on re- marque, en un point de la périphérie, une proéminence qui indique l'endroit où le pied doit se former. Entre cette proéminence et la couronne de cils, on aperçoit un enfoncement, qui marque l'emplacement de la bouche future. Enfin, à l'opposé de la couronne de cils, on reconnaît les premières traces de l'invagination coquillière. » Au stade suivant, les différentes parties que je viens d'énumérer ont déjà pris une importance relative beaucoup plus considérable : la cou- ronne ciliaire du voile s'est isolée des parties voisines; le pied a pris la forme d'une languette couverte de cils vibratiles très fins; l'invagination coquillière a donné naissance à une coquille, qui porte déjà la trace de l'enroulement caractéristique des Gastéropodes; enfin, le manteau s'est (•) Travail du Laboratoire de Physiologie de la Facidté de Médecine de Paris. (2\ Travail fait au laboratoire Arat; 6 et 8 pour 1000 de sels marins. Les conditions de nourriture, d'aération, d'éclairage, etc., étaient identiques dans tous les vases. Deux autres vases, contenant des solutions à 10 et 12 pour 1000, ne m'ont fourni que des résultats négatifs, et cela dans trois séries d'expériences. » Aux doses que je viens d'indiquer, les têtards se sont développés d'au- tant plus lentement que la solution était plus conceîitrée. La première petite grenouille est apparue, en moyenne, dix-sept jours plus tôt dans l'eau douce que dans l'eau renfermant 8 pour 1000 de sels marins. Les différents stades évolutifs, disparition des branchies externes, apparition des membres, se sont produits avec un retard correspondant. D'ailleurs, des mensurations bi-hebdomadaires (longueur et largeur de six têtards, pris dans chaque vase) ont constaté la régularité du retard dans les solutions salées. La mortalité a aussi été plus grande dans ces dernières que dans l'eau douce. » J'ai étudié, en outre, concurremment avec l'action des sels, l'influence d'un mouvement de vague sur le développement des têtards. L'appareil employé consiste en une sorte de trembleur, composé d'un plateau suspendu, entretenu jour et nuit dans un mouvement irrégulier d'oscillation, au moyen d'une bielle excentrique mue par un petit moteur Edison, lui-même actionné par une pile Bunsen de grande dimension. Les vases contenant les têtards étaient placés sur le plateau et agités de telle sorte que la sur- face du liquide était parcourue par des vagues. » Je ferai connaître plus tard l'influence d'une pareille agitation sur le développement de la jeune grenouille; je dirai seulement que l'on peut, dans ces conditions, obtenir le développement complet des têtards, dans une eau contenant 12 pour 1000 de sels, dose qui arrête le développement dans des vases non agités. » ( 7'5 ) MÉTÉOROLOGIE. — Sur les mouvements des aérostats. Note de M. G. Tissaxdier. « Le Compte rendu de la dernière séance contient (page 67g) une Note de M. Diamilla-MuUer, sur les Tourbillons aériens observés par les aéronaules. Il résulterait d'un fait signalé par M. Victor Angius, en i854, qu'un ballon se serait trouvé pris par un tourbillon descendant, qui aurait déterminé la chute et la rotation de l'appareil. Il y a là, selon moi, une erreur d'inter- prétation dans la cause du phénomène observé. » Quand un ballon s'élève dans l'atmosphère, il rencontre parfois des couches aériennes froides, qui contractent le gaz, et qui, d'autre part, dé- posent à la surface du ballon de la vapeur d'eau ou des paillettes de glace; ces deux causes, refroidissement ou accroissement de poids, ont pour ré- sultat de déterminer la descente quelquefois très prompte et très rapide de l'aérostat. » La vitesse de descente s'accélère, si le voyageur aérien n'a pas la pré- caution de jeter du lest; le ballon tourne sur son axe et le débutant inex- périmenté peut se figurer qu'il est saisi par un courant descendant et tour- billonnant, tandis qu'il n'en est rien. » Lorsque Pilâtre du Rozier fit sa première ascension, en 1783, le temps était fort calme; si la montgolfière que montait l'intrépide voyageur des- cendit rapidement à un moment donné, c'est simplement parce que le feu allumé dans la galerie du ballon à air chaud venait de tomber, et non pas parce que des tourbillons descendants existaient dans l'atmosphère, comme l'a supposé M. Angius. » Il arrive parfois qu'un aérostat peut être agité dans l'air par des re- mous, mais cela n'a lieu que pendant les gros temps et les bourrasques. » M. G. Chicandard, à l'occasion d'une Communication récente de M. Aimé Girard sur la fermentation panaire, adresse un Mémoire qu'il a publié lui-même sur cette question. M. A. Girard, pour établir que la fermentation panaireest une fermen- tation alcoolique, invoque la présence de l'acide carbonique et de l'alcool parmi les produits obtenus, ainsi que les proportions relatives de ces deux corps : ils satisferaient, d'après ses expériences, aux équations de Gay-Lussac et de M. Pasteur. D'après M. Chicandard, l'équation de Gay- ( 7i6 ) Lussac est incomplète : l'acide acétique, l'acide lactique, l'acide buty- rique, la leucine ne sont pas des quantités négligeables, et l'on pourrait tout aussi bien, en ne considérant qu'un de ces produits, envisager la fer- mentation panaire comme une fermentation lactique ou butyrique. M. Deladrier adresse une Note intitulée : « Nouvelle théorie, fondée sur l'expérience, de la cause de la production de l'électricité dans les piles hydro-électriques et thermo-électriques. » La séance est levée à 3 heures trois quarts. J, B COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 19 OCTOBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MEaiOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Faye, en présentant à l'Académie, au nom du Bureau des Longitudes, le CCIX® Volume de la Connaissance des Temps, ponv l'année 1887, s'exprime comme il suit : « La longue série des perfectionnements qui ont été introduits, depuis quelques années, dans les Volumes successifs, sur la demande des astro- nomes et des navigateurs, a été close par le Volume de 1886, et ces per- fectionnements ont placé les Épliémérides françaises au premier rang des publications de ce genre à l'étranger. Cependant le Bureau des Longitudes a désiré que l'on pût tenir un compte rigoureux de très petits termes de la nutation, dans le calcul des positions apparentes des étoiles fondamen- tales, bien que ces termes ne dépassent pas de très petites fractions de se- conde. IVI. Lœwy, qui dirige les calculs de la Connaissance des Temps et à qui nous devons les perfectionnements qu'elle a reçus depviis une dizaine d'années, a fait calculer ces termes, dont il sera facile désormais de tenir compte quand on le jugera nécessaire. C. R., 188Ô, 2' Semestre. (T. Cl, N- 16.) 94 ( 7'« ) » La partie géographique de la Connaissance des Temps, que le Bureau a confiée à M. l'amiral Cloué, continue à s'enrichir chaque année de dé- terminations nouvelles qui la tiennent au niveau des progrès de la Géogra- phie et de la Géodésie. » Le Bureau exprime en outre toute sa satisfaction à l'éditeur, M. Gau- thier-Villars, qui ne néglige rien pour donner à ces Volumes la perfection matérielle si désirable dans des publications de ce genre. » ASTRONOMIE. — Sur l'élablissement d'un laboraloite pour le mesurage des plaques photographiques du passage de Fénus. Note de M. Bouquet de la Grve. M. Bouquet de la Grye annonce à l'Académie que, en exécution du pro- gramme approuvé par la Commission du passage de Vénus, il a installé, dans la salle du rez-de-chaussée de l'Institut, un Bureau chargé de mesurer les plaques photographiques obtenues pendant le passage de Vénus de 1882. « L'instrument qui sert aux mesures a été construit par ]MM. Brunner frères; il appartient à l'observatoire de Meudon et a été obligeamment prêté par M. Janssen. Il sera remplacé, au mois de janvier, par un appa- reil de moindres dimensions, commandé aux mêmes habiles artistes. » Un crédit a été obtenu, grâce à la bienveillance de M. le Ministre de l'Instruction publique et à celle du Parlement, pour les dépenses de men- surations. Le service du Bureau est organisé de telle sorte que les calculs et les mesures relatifs à sept cents plaques seront terminés dans quinze mois. 1) La méthode suivie est celle qui a été exposée à l'Académie dans les séances des 9 juin et 3 novembre 1884. » PALÉONTOLOGIE. — Sur les Dinocérutidés que M. Marsh a recueillis dans l'éocène du TVj'oming. Note de M. Albert Gaudky, a Tous les naturalistes ont entendu parler des étonnantes découvertes paléontolo^iques qui ont été faites en Amérique dans les territoires de l'Ouest. Depuis l'établissement du chemin de fer qui traverse l'Amérique des côtes de l'océan Atlantique à celles de l'océan Pacifique, îles contrées jusqu'alors fermées à la civilisation et à la Science ont été explorées. On ( 719 ) y a trouvé une multitude d'animaux fossiles dont plusieurs sont très dif- férents de ceux que nous connaissons en Europe. » La région du Wyoming, comprise entre les montagnes Rocheuses, à l'est, et la chaîne du Wahsatch, à l'ouest, est ixne de celles qui ont fourni le plus de surprises aux paléontologistes. A l'époque éocène, la mer qui l'occupait pendant l'époque crétacée a été remplacée par de vastes lacs d'eau douce, sur les hords desquels s'est épanouie une riche végétation et s'est développée la famille des gigantesques Pachydermes auxquels on a donné le nom de Dinoccraùdés. M. Marsh vient de publier un grand Ouvrage sur ces étranges créatures, et il a eu ia bonté de m'envoyer, pour le Jardin des Plantes, une série de modèles qui permettent de s'en faire une idée très exacte : je meîs sous les yeux de l'Académie quelques- uns de ces modèles. M La vue des crânes de Diiiocératidés explique de suite pourquoi on leur a donné leur nom ((Jsivo'ç, terrible; y-spaç, corne). Jamais on n'avait vu de têtes aussi cornues : les os du nez portent en avant deux petites protubé- rances osseuses; les maxillaires produisent au-dessus des canines deux fortes protubérances; une troisième paire de protubérances encore plus grosses et plus extraordinaires est formée par les pariétaux; elles se conti- nuent avec une énorme crête qui borde le haut de la partie postérieure de la tête, laissant un grand creux dans le milieu; il n'est pas aisé de com- prendre quel pouvait être l'aspect d'une pareille tête à l'état vivant. » Le cerveau n'est pas moins étonnant ; il laisse complètement à dé- couvert les lobes olfactifs ainsi que le cervelet, et il est plus petit que dans aucun autre Mammifère; il a l'aspect d'un cerveau de reptile. M. Marsh a constaté que la petitesse du cerveau est un caractère propre à plusieurs Mammifères du tertiaire inférieur; cet organe a pris plus de développe- ment chez les genres du tertiaire moyen et surtout chez ceux de l'époque actuelle. Comme il y a en général quelque relation entre le développe- ment du cerveau et celui de l'intelligetice des animaux, on peut croire que les anciens Mammifères ont eu moins d'intelligence que ceux d'au- jourd'hui. )) Évidemment, le Coryphodon est l'animal fossile qui, par ses membres et sa dentition, se rapproche le plus fies Dinocératidés; mais notre éminent confrère, M. Hébert, auquel on doit une étude sur le Coryphodon, nous dé- clarera sans iloute que cet animal est encore bien éloigné des Dinocératidés. Malgré leur taille énorme et certaines dispositions cie leurs membres, les grandes bêtes cornues des Western-Terri tories ne peuvent être rapprochées ( 720 ) des Proboscidiens, car elles n'avaient ni trompes, ni incisives supérieures, et, bien que leurs pâlies présentent quelque ressemblance avec celles des Éléphants, elles diifèrent en ce que leur cuboïde supporte l'astragale, et non le naviculaire. Eu réalité, les Dinocéralidés sont des créatures qui, après avoir contribué à donner une physionomie propre au monde éocène, ont disparu sans laisser de postérité. » On éprouve quelque étonnement en voyant apparaître, dès l'époque du tertiaire inférieur, des bêtes si puissantes, car les recherches qui ont été faites dernièrement en Amérique, comme celles qui ont eu lieu en Europe, n'ont jusqu'à présent fourni que des Mammifères secondaires assez chétifs. » Outre son grand Volume sur les Dinocéralidés, M. Marsh a déjà fait paraître un Volume sur les oiseaux fossiles qui ont eu des dents, et il va bientôt en donner un troisième sur les Dinosauriens, ces gigantesques et étranges reptiles qui ont joué sur les continents de l'époque secondaire le rôle que les Mammifères ont joué sur les continents de l'époque tertiaire. » Avant les vastes travaux de M. Marsh sur les Vertébrés fossiles des Western-Territories, il y a eu ceux de M. Leidy, qui ont été aussi très im- portants. M. Cope, qui a fait de grandes publications sur les mêmes ani- maux, vient, cette année, de consacrer un gros Volume à leur étude. M. Osborn commence à suivre les exemples de MM. Leidy, Marsh et Cope. L'ensemble des découvertes de ces Naturalistes a singulièrement enrichi le domaine de la Paléontologie. Les savants de notre vieille Europe ne peuvent manquer de suivre avec un intérêt sympathique les courageuses et fécondes explorations des savants de la jeune Amérique. » GÉOMÉTRIE. — Sur les transformations géométriques birationnelles d'ordre n; par M. DE JOiNQVlÈRES. « L Dans un beau Mémoire présenté, eu i865, à l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne (' ), M. Cremona a, le premier, établi, dans toute leur généralité, les condition.s iondamentales auxquelles doivt^it satisfaire les courbes d'ordre n qui interviennent dans les transformations géométri- ques dont il s'agit, de telle sorte que, aux droites de la première figure correspondent, dans la seconde figure, des courbes rationnelles (unicursales) d'ordre /i, formant un réseau (dit omaloïdique), que, réciproquement, aux (' ) Mtiinoires de l'Académie des Sciences de l'Institut de Bologne, t. V, 2* série; l865. ( 721 ) droites de la seconde figure correspondent, dans la première, les courbes d'un pareil réseau, et qu'à un point variable de l'une des figures corres- ponde, dans l'autre, un point unique, bien déterminé en général. Les for- mules, faisant essentiellement partie de ces conditions, auxquelles est par- venu le savant auteur sont les suivantes : -n — t ;a) i — Il — i i^n — l 1 '-'=- 1 '■- où les a et les «' expriment des nombres de points communs à toutes les courbes des deux réseaux respectivement, et les i désignent les ordres res- pectifs de multiplicité ordinaire de ces points /b/Jt/crmen/at/x (' ) indépendants entre eux. » II. De la sorte, le problème proposé revient d'abord à trouver une solution des équations (A) en nombres entiers, par rapport aux inconnues a et i, pour un nombre donné n (ce qui est, au fond, une question d'analyse indéterminée), sous la réserve que les valeurs ainsi trouvées arithmcliqitement définissent des courbes (jéomélriquement possibles ; et il faut, en outre, que les courbes Jbndamentales, dont l'ensemble constitue le lieu, d'ordre 3(« — i), des points doubles du réseau ainsi déterminé, ou ce qu'on appelle sa jaco- bienne, courbes dont les degrés respectifs i sont une conséquence des valeurs dont il s'agit, soient, dans chacun de ces degrés, en nombres «; tels, que les nombres hiérarchisés a', (ou a\, a.,, a!,, . . . , a], ..., a^,_,), qui en ré- sultent, fournissent une deuxième soliUion des équations (A), ainsi con- juguée à la première, et réciproquement; ce qui complète les conditions géométriques du problème. » III. Après avoir traité plusieiu's cas numériques particuliers, et trouvé pour chacun d'eux plusieurs solutions, différentes l'une de l'autre dans chaque cas, M. Cremona aborde celui de n quelconque, et montre d'abord, (') f-'oir le § 21 du Méinoiio ci-dessus. On peut aussi consulter avec fruit, dans le tome V (1879) du Bullelin des Sciences malhématUiucs, lédiyc par MJl. Daiboux et tloùel, un excellent article où M. Dewulf a résumé les travaux du M. Cremona, en y ajoutant quelques résultats obtenus ultérieurement par MM. Caylcy, Notlier et Clebscli. Par l'exjjressidn « multiplicité ordinaire u, on entend ici que chacune des branches de courbes qui passent par un point multiple y possède une tangente distincte de celles des autres branches. { 722 ) comme il l'avait déjà fait en i864, dans un premier Mémoire inséré au Re- cueil précité, que la solution la plus simple qui se présente, et même la seule qui semble répondre à cet énoncé absolument général sans jamnis souffrir d'exception, est celle où les courbes des deux réseaux sont des courbes douées cbaciuie, en un même point du plan, pour chaque réseau, d'un point multiple d'ordre [n — i) et, en outre, de i[7i - i) points simples communs à toutes celles d'un même réseau omaloïdique. « J'avais moi-même, en abordant le premier l'étude des transformations d'ordre supérieur au second, traité ce cas et trouvé cette solution, tant géométrique que numérique^ dans un Mémoire présenté à l'Académie des Sciences, en octobre iSSg, et qui était resté depuis lors déposé clans ses Archives ( ' ). » M. Cremona fait connaître ensuite deux autres solutions générales : l'une, qui s'applique au cas de n quelconque pn/r, l'autre au cas de n im- pair. Enfin, le savant auteur donne six Tableaux présentant : i° deux autres solutions pour chacune des valeurs ci-après de n, savoir (°) n^^ l i \ (mod 3); ' 2 ) 2° quatre solutions pour chacune des valeurs suivantes de « : c> I 2 3 (mod 4). » IV. Il n'est pas à ma connaissance qu'à ce côté de la question il ait été, depuis lors, ajouté d'antres résultats que celui, relatif au c;ts pariicu- licr de n-r 8, dû à M. Cayley (1870) ("), et celui, qui eu est une belle généralisation, obtenu récf inmeiit par M. le D' Guccia (de Palerme), sous l'énoncé suivant : » Lorsqu'on an =^ 2'" [m nombre enlier), on a toujours la solution, conjuguée (') J'ai publié rccrinment, d'aprc'S le Icxte oiij^'inal, ce Mémoire, dont je n'av.iis doniii', en i8(14> dans les Nni(vcf:e.t Annales de Mathématiques, qu'une analyse, citée par M. Ore- mona dans son grand Mémoire de i865. (') Je cite cetic solution de l'illnslre géomètre d'après M. Dewulf, dans rnjtirlc préeiié [Bnlletin /les Sciences inalhéiiititiijiirs, |i. '.'-Iq). ( 7^-3 ) à elle-même, «I = ^-'i — «2 = c/.'., = «2= -- a'^î = «2» = a'.," = ...-; (Zo"-' _r a'.-,"-' = 3. Ce même nombre 3 es< ««55i celai des points simples fondamentaux a, de l'un des deux réseaux appartenant à l'une, au moins, des solutions conjuguées rela- tives à toute transformation birationnelle plane d'ordre pair, si tous les points multiples %i de ce réseau ont une multiplicité paire. » V. L'objet de la présente Note est de faire connaître, pour le cas d'un noiiibre quelconque /?, écrit sous la forme n = kl, oVi ^ et Z sont des nom- bres entiers positifs quelconques, une nouvelle solution générale, définie par les valeurs ci-après des a et des i : «, =2(/-.l). «', = 2(/v- 1 «/-I =1, «1-, = i; a, =2(A---i), «Â --^2(/-,; C-<'(A--i) — I, «A,/- -n = I . » Cette solution satisfait aux équations (A), comme il est aisé de s'en as- surer, et, par suite, aux loisdc Clebsch (*) et deNcilher (-); elle remplit aussi les conditions géométriques tirées de la considération de la jacobienne ( '). î ) Hi| •■' ■? 'ilVji, ( ') Je elle cette loi de Clebsch d'après M. Dewulf [Bulletin des Sciences matliématiques, p. 233, ligne i ). ["-] La loi démontrée par Nôther, à laquelle je fais ici allusion, et que M. Clifford avait énoncée de son côté, est la suivante : Dans toute solution île transformation plane birationnelle d'ordre n, la somme des trois nombres exprimant les degrés de multiplicité des trois points fondamentau.r. les plus élevés en hiérarchie , dans chaque réseau, fournit un nombre >■ ti. Elle a conduit son savant auteur à ce beau théorème : Toute transformation birationnelle d'ordic n des figures planes est décomposable en transformations du second ordre. (■"j Les Y'o\\\i% fonda mejitaux du réseavi de la première figure, par lesquels passent, une ou plusieurs fois, liis diverses courbes fondamentales dont l'ensemble forme la jacobienne, sont, en désignant ici par des exposants leurs degrés respectifs de multiplicité, et, en vertu des valeurs des «', du réseau de la seconde figure, cette jacobienne se comjjose ( 7^4 ) » Si l'on y suppose k (ou /) égal à l'unité, on retombe sur la solution initiale, conjuguée avec elle-même, a, = a, = 2(/ — i), a^^, =^ 7.;_, = I, en sorte qu'on peut regarder la solution nouvelle comme étant une géné- ralisation de celle-ci, qui s'était présentée à l'origine même des recherches dont cette théorie a été l'objet de la part des géomètres. » J'ajoute que cette solution n'est comprise ni parmi celles que M. Cre- mona a données pour les cas de n pair ou n impair, ni parmi celles décou- vertes par ce géomètre pour ceux de ( I ) (M H^, (mod3) ou de n^\ 2 - fmodA). bien que tout nombre entier, qui n'est multiple ni de 3, ni de 4? puisse s'écrire sous l'une ou l'autre de ces formes. Il va sans dire d'ailleurs que, dans le cas où l'on a, en particulier, k =--- 3 ou k = 4? ^^e concorde numé- riquement, quoique sous une forme algébrique très différente, avec celles présentées par le même auteur pour ji ri o (mod 3) et jisibo (mod 4)- » de 2(/i ■ — i) droites; une courbe C'^', d'ordre /■ — i; 2(/ — 1) courbes C'', et enfin une courbe C*i'~". Ces diverses brandies sont déterminées ainsi qu'il suit : 1° Les ■2.[lc — i) droites sont ctlles qui passent par le point nuilliple /i el [lar ciiacun des points fl, ; 2" La courbe C''"'' passe (/• — 2) fols par le point /i^ et une seule fois par chaque point rt,; 3° Les 2(/ — 1) courbes C' sont celles dont cliacune passe (X- ~ i) fois par le point /;,, une fois par chaque pointe/,, par le point Z», et par l'un des i[l — i) points simples o, ; 4° La courbe C''''-" passe [k ~ i){l — i) fois par le point /(,, (/— i) fois |)ar chacun des 2(^—1) points a,, [l — 2) fois par le point />, et une fois par les i[l — 1) poinis simples o,. L'ensemble de ces courbes partielles équivaut à une seule courbe du degré 3 (// — r), ce qui est bien le degré 3(« — 1) de toute jacobienne, d'un réseau omaloidique d'ordre n = Al. On trouverait de même les éléments dont se compose la jacobienne du réseau de la se- conde figure, etc. ( 7^3 ) M. le colonel Perriek offre à l'Académie, au nom du Ministre de la Guerre : i" La cinquième livraison de la Carte topograpliique de l'Algérie, en couleurs, à l'échelle de yu-aolT' comprenant les feuilles de : Djibcl-FiUila, Bône, Oued-Gucryonr et Cap Rosa, 2° Les feuilles do : S nippes, Verdun, Bar-le-Duc, Ménerville, Wédéali, Mostaganeni. Longiiyon, CliampliUe, Vcsoid, de la Carte de France, au ^^^oô") ^" couleurs. 3" Enfin les feuilles de : Mulhouse, Autuii, de la Carte de France, au vjnrj^, en couleurs. La Crirte de l'Algérie est une carte originale, provenant de levés récents exécutés sur le terrain; les Cartes au ^^ |,„„ et au „„„'(,„^ ne sont que des cartes dérivées, en couleurs, de la grande C nte de l'État-Major en noir. MEMOIRES LUS, PHYSIQUE DU GLOBE. — Lcs ravins SOUS- lacustres des fleuves glaciaires. Note de M. F.-A. Foiiel. « M. l'Ingénieur J. Hôrnlimann, chargé par le Bureau topographique suisse, sous la direction de M. le colonel J.-J. Lochmann, d'établir la Carte hydrographique du lac Léman, vient de constater, à l'embouchure du Rhône, un fait qu'il avait lui-même découvert en i883 à l'entrée du Rhin dans le lac de Constance, fait qui semble ainsi avoir un caractère de géné- ralité. » Les deux fleuves alpins continuent leur trajet sous les eaux lacustres, dans de profonds ravins creusés dans le sol du delta immergé, ravins que l'on peut suivre fort loin et à de grandes profondeurs. Le ravin du Rhin est connu sur 4*"" de longueur et jusqu'à lao™ sous la nappe des eaux; dans son profil de plus grand développement, il mesure jusqu'à 70'" de prolon- deur et Goo"" de largeur. c. K., iS85. 2= Semestre. (T. Cl, K° IG.) i5 l 726 ) » Le ravii) sous-lacustre du Rhône a été suivi jusqu'à plus de 6""" de l'embouchure du fleuve; il mesure de Soo™ à 800™ de large; l;i profondeur de sa tranchée, qui atteint jusqu'à So™ à 800™ du rivage, est encore de lo"* au delà de Saint-Gingolph, par 200" et 23o™ de fond. M Ces ravins sont constitués par un sillon creusé dans le talus général du delta sous-lacustre, et par des digues latérales faisant saillie de chaque côté. Leur cours n'est pas rectiligne, mais plusieurs fois recourbé; dans le Léman, il est très évidemment parallèle à la ligne du rivage. » Des ravins analogues, quoique moins profonds, sont visibles à l'em- bouchure d'anciens lits du Rhin et du Rhône, devant le village d'Altenrhein au lac de Constance, et devant le canal qui porte le nom de Vieux-Rhône au lac Léman. » Les faits topographiques découverts par M. Ilôrnlimann sont donc certains. Comment les expliquer? » J'écarte d'abord l'idée que ces ravins seraient des restes d'anciens faits orographiques. L'iiUuvion est trop puissante dans ces régions pour ne pas avoir comblé dès longtemps tous les accidents du relief primitif du lac. Ces ravins sont donc d'origine récente, et de production actuelle. » D'après leur profil transverse, ils sont en partie causés par une action de creusement, érosion d'un courant qui attaque le sol du delta, en partie par une action de dépôt sur les bords de ce courant, qui bâtit les digues latérales. Le courant du fleuve se continue donc dans la profondeur, sous la nappe des eaux, en suivant la déclivité du deltu. » Ce courant profond résulte de la plus grande densité des eaux fluviales, qui sont plus lourdes que les eaux du lac : i" par le fait de leur température, 2° par leur charge d'alluvion qui les rend laiteuses. » La température du Rhône s'élève progressivement, dès le premier printemps, de 0° jusqu'à 10° et même iS". » Les eaux du Léman ont en hiver 5° à G" dans toute leur masse ; elles se réchauffent en été et présentent alors la stratification suivante (été de i885) : Siii'f.ire 2i ,0 So'" G, I 20'" i3,G 100'" 5,9 4o'" 7,5 i2o"' .. 5,8 Go'" G,< -3.0 3.7 » Pendant tout l'été les eaux fluviales sont plus iroides que les eaux de surface du lac; au printemps, elles sont même plus froides que les eaux lacustres les plus profondes. ( 7-7 ) » L'alluvion glaciaire allourdit encore ces eaux fluviales. D'après une mesure ancifune (1869), l'eau du Rliôue, en été, contient au moins iSo^'' par inèti'e cube de matières argileuses eu sus|)ension, ce qui augmente la densité de l'eau de o,oooo65. Dans les crues du printemps celte surcharge d'alluvion doit être bien plus forte. » Nous avons là les conditions suffisantes pour la production du courant profond prouvé par l'existence des ravins sous-lacustres. Pendant l'été un courant très puissant descenti en cascade jusqu'à 3o™ ou 60™ de profon- deur, en produisant le beau phénomène connu sous le nom de bntcnllière; pendant le premier printemps récoulement de l'eau, très froide et très dense, descend jusqu'aux plus grands fonds du lac. » La pente du delta immergé, qui est d'abord de 0,10, puisdeo,025, est encore de 0,01^ à 4''™ et 6'"" du rivage; elle est assez forte pour donner une assez grande vitesse au fleuve sous-lacustre. » Il en doit résulter l'érosion de la couche superficielle de l'argile du fond. Celle-ci, en efièt, à sa surface, dans sa couche de dépôt récent, con- tient beaucoup de matières organiques; elle est de consistance crémeuse et est 1res facilement attaquable. » J'estime donc qu'au printemps, lors des crues dues à la fonte des neiges inférieures, lorsque l'eau du Rhône est très froide et très allourdie par l'alluvion, le courant sous-lacustre peut se prolonger jusqu'à 200™ et plus de fond, enlever l'alluvion récente tiéposée pendant l'été précédent et maintenir ainsi ouvert le lit du ravin. M Le ravin se conservant ainsi en place d'année en année, nous avons, dans les sinuosités de ce ravin, l'iîidicalion du lieu du thalweg primitif du ! ic, avant que l'alluvion ait commencéà le combler. Nous pourrons donc, quand la Carte définitive aura été établie et que nous pourrons étudier l'in- clinaison des talus latéraux du lac, en déduire la profondeur de la vallée cpii a formé le plancher originel du lac. » Les digues latérales, faisant saillie sur le delta immergé, servent de guide au dépôt de l'alluvion. Nous pouvons donc prévoir les positions suc- cessives de l'embouchufe du fleuve dans les siècles futurs. Elles suivront nécessairement l'axe du ravin. » Nous avons là un type nouveau de délia fluviatile, très différent des deltas dppo^és par les fleuves qui se versent dans la uier et dont les eaux douces, plus légères que les eaux salées, s'étalent à la surface et tendent à former des barres. La Géographie devra dorénavant distinguer doux cliisses principales de deltas : ( 7^8 ) » i" Les deltas de fleuves à eaux légères : deltas marins. » 2° Les deltas de fleuves à eaux loiirdes, qui se creusent des ravins soTis-lacustres : deltas des fleuves glaciaires. » S' GÉOLOGIE COMPARÉE. — Sur la clossificntion et l'origine des méléoriles. Note de M. Stanislas Meunieu. (Extrait par l'auteur.) « Les travaux que je poursuis, depuis près de vingt ans, sur les météo- rites, viennent d'être, de la part de M. Breziiia, l'objet d'une attaque qui ne me paraît pas fondée (' ). Comme l'Académie a bien voulu m'accorder une de ses récompenses à l'occasion des découvertes aujourd'hui disculées par le savant allemand, je crois devoir lui exposer, très brièvement d'ailleurs, létat de la question. M La publication de M. Brezina consiste essentiellement dans le Cata- logue de la collection des météorites du Musée de Vienne. L'auteur, ayant à justifier la classification à laquelle il s'est arrêté, déclare que celle que J'ai proposée réunit, comme d'un coup de dé, les types les plus hétérogènes et sépare les plus analogues [Die verschiedenartigsten Tjpen zusammenwinj'elt und ganz gleichartige Irennl). La forme de celte critique 'étonnera sans doute, quand on se rappellera que les types dont il s'agit ont été admis par M. Daubrée, au ])oint que la Collection du Muséum est entièrement classée en conformité avec eux, et que le récent Catalogue offitiel qui en a été pu- blié (^) en est une véritable consécration. » Le minéralogiste autrichien insiste, et avec raison, sur la difficulté de déterminer les types de fers météoriques; mais, à cette occasion, il me fait dire des choses auxquelles je suis complètement étranger. J'ai montré com- ment, à l'aide d'une grande patience et seulement dans des cas très déter- minés, sans doute exceptionnels, on parvient à séparer les divers alliages associés dans un même fer et à réaliser de chacun d'eux une analyse chi- mique complète (''). M. Brezina paraît croire que c'est ainsi que je déter- mine le type d'un fer donné, et il qualifie alors logiquement, quoique injustement, la mélhode de grossière [grobe Millel). ( ' ) Die Mclcoiitcnsaminlung des mincralogisclicn HoJ habinetes in Jf'icri am i . iiuii i885, von 1)'' Aristides Brezin;i; in-S" de 126 pages, avec 4 planches. Tirage à part tlu Jahrhrch der Geologischen ReiclisiinsUtlt, t. XXXV. ("-) Guide dans la Collection de météorites du Muséum; in-S" de /jo jiagcs; 1882. ( ') Anna'cs de Chimie et de Physique, 4" série, t. XVII, p. 5; i8(j(). ( 7^9 ) » Mais il me paraît plus difficile encore d'accepter le procédé de discussion de M. Brezina en ce qui concerne les types de pierres. Il établif, entre les diverses inclusions des météorites, une confusion semblable à celle qu'on pourrait faire naître entre les cailloux roulés d'un poudingue et les sphérules cristallisés du diorite orbiculaire ou du pyroméride. » M. Brezina néglige, en effet, de remarquer que les pierres vraiment chondriiiques font partie, pour la plupart, non pas des types que je consi- dère comme brécbiformes, mais de la catégorie de météorites que j'ai ap- pelées primitives ou normales ('). De celles-ci, j'ai dit qu'elles ont dû se produire « par la concrétion pure et simple de l'atmosphère photosphé- » rique d'un astre, constitué sur le même plan que le Soleil », et plus loin : « il paraît difficile de ne pas admettre que les cliondres sont aux » roches de précipitation gazeuse ce que les dragées de Carlsbad et le fer » en grains sont aux roches de précipitation aqueuse ». » L'Académie a ouvert son Recueil des Savants étrangers (-) à l'exposé des méthodes qui m'ont permis de faire des chondres une imitation fidèle, sans qu'il y intervienne quoi que ce soit, qui, de près ou de loin, concerne des phénomènes élastiques. Les globules artificiels sont ordinairement à sur- face drusique ; ils se compriment parfois réciproquement, et se gênent jus- qu'à se réimir; avec eux, se dépose une matière grenue, et les réchauffe- ments développent entre eux des parties vitreuses; bref, les conditions imposées par M. Brezina sont si parfaitement remplies que, s'il avait voulu appuyer mes expériences de synthèse, par condensation de vapeurs, il n'aurait pas pu s'y prendre d'une manière plus décisive. » Raisonner comme M. Brezina, c'est comme si l'on voulait tirer, de l'étude intime du granité en place, des arguments contre la théorie de for- mation des arkoses. » Nulle part, M. Brezina n'aborde l'examen des météorites évidemment brécliiformes, et, malgré sa condamnation des types lithologiques, consti- tués au hasju'd, il les laisse associées à des masses coniplètenîeut différentes au point de vue de la structure, alors même qu'elles auraient à peu près la même constitution minéralogique ('). Je n'en veux citer qu'un exemple. ' ') Arlicle Mc'léurites de VE/wrcl'jjjt'dic cltiiiiiquc, p. 044 lI siiiv. (-) '1'. XN.VII, 11" 0. — f'oir aussi Carl Vogt : les Orgiinismcs des Mélroiltes, p. 4> vt suiv.; in-4° avec 3 planchfis. Gtncve, 1882. (') Par exemple, M, Brezina laisse dans le nièine gnnipe le fer de Paliiis et le fer d'Ata- cania; cela prouve que, malyré ses 200 tranches minces, il n"a pas coniiiaré les portions lithoïdes de ces deux masses. ( l^o ) » Sous le 11° 22, M. Brezina inscrit dans son Catalogue un groupe qu'il appelle Kûcjelchondril ; ou y trouve, parmi vingt-sept chutes, d'une part Aussun (Montréjeau, 9 décembre i85S), et d'autre pariSarbanoviic (Soko- baujri, 3 décembre 1877). Or la première météorite est entièrement ooli- tbique et montre, dans toute leur netteté, les chondres de précipitation. L'autre renferme des blocs anguleux à structure très serrée, dont les di- mensions dépassent parfois i*^*^ et qui présentent une surface extérieure frottée, identique à celle des cailloux empâtés dans les conglomérats ter- restres. Le bel échantillon de près de a''^ que possède le Muséum ne laissera aucun doute à cet égard. )) Enfin, d'après M. Brezina, je n'aïu'ais fait que reprendre, sans les citer, les faits avancés par Reichenbach et par Haidinger : ces savants étaient arrivés avant moi à la géologie des météorites. Je crois devoir répéter ici que j'ai toujours eu soin de citer mes prédécesseurs; je n'ai pas à insister sur ce point. » J'ai été amené à la notion des relations stratigraphiques des météorites par l'étude, sans idée préconçue, du fer de Deessa, donné en 1866 au Mu- séum par M. Domeyko. J'ai reconnu, en effet, dans les éléments lithoïdes et métalliques dont l'association constitue cette masse, deux roches cos- miques, représentées déjà dans les musées par des chutes complètement distinctes : cette donnée féconde ne pouvait pas être fournie par le fer de Netschaevo, étudié par Haidinger. » C'est successivement que, à ceite notion ilesroches éruptivescosiiiiques, se sont ajoutées celles des roches filoniennes, des roches métamorphiques, des roches épigéniques, etc., dont l'étude est veisue constituer, pour la pre- mière fois, toute une géologie dont l'objet n'était pas la Terre. « RIEMOIRES PilÉSENTÉS. M. PiiivAT soumet au jugement de l'Académie un Mémoire portatit pour titro : « Cin-.idérations théoriques et expériences sur la résistance des fluides ». (Renvoi à la Commission du concours Plumet.) M. T. ïlovadres-e une Noie relative à la préservation des vignes contre le mildew, au moyen d'échalas trempés dans le sidtate de cuivre. (Renvoi à la Cominission du Phylloxéra.) ( 73' ) M. G. Daky adresse une Note inlitulée « Des causes électriques des tremblemenls de terre ». (Renvoi à la Commission.) M. Dupont adresse, par l'entremise de M. Larrey, un nouveau Mémoire intitulé : « Statistique médicale de Rocheforl en i884 (Si*" année) ». (Renvoi à la Commiiision du concours de Statistique. ) CORRESPONDAIVCE. M. le Secuétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Une Brochure de M. Ch. Diujuet, portant pour titre : « Limite d'é- lasticité et résistance à la rupture ». (Présentée par M. Daubrée.) 2° Une Brochure intitulée : « Su la vita ed i lavori scientifici di Quin- lino Sella. Discorso di J. Cossn ». (Présentée par M. Daubrée.) ASTRONOMIE. — Sw la lalitiulc de l' observatoire de Bordeaux [Floirac). Note de M. G. Kaykt, présentée par M. Lœwy. « Les observations faites en i88i ont donné la longitude de l'observa- toire de Bordeaux, qui est égale à ii'"26%444 ouest. Pour compléter la détermination de la position géogiaphique de l'établissement, il restait à étabhr sa latitude; tel est le but des observations que je résume dans cette Noie et qui ont été faites en 1884. » Les divisions des deux cercles de l'instrument méridien d'Eichens n'ayant pu être encore étudiées, la détermination de la latitude a été faile parla mesure de la distance zénithale d'une série d'étoiles fondamentales âe la Connaissance des Temps, réparties entre le pôle et i'équateur. On a utilisé ainsi une série de divisions du cercle, s'étendanl sur un arc de plus de 90°, et le résultat final ne peut plus être affecté que de la moyenne des erreurs de l'ensemble de toutes ces divisions. » Chaque soirée d'observations comprenait deux ou trois détermina- tions directes du zénith et l'observation de 1 8 à 20 étoiles. Des observations ont d'ailleurs été faites dans la position directe et dans la position inverse de l'instrument, de manière à utiliser les deux cercles, dont les erreurs de ( 732 ) graduation ne peuvent être identiques, et à éliminer encore ainsi l'influence de la plus grande |iartie de ces erreurs. » Si l'on suppose, ce qui est pratiquement exact, que les erreurs de détermination du nadir sont négligeables en comparaison de l'ensemble des erreurs commises dans la visée d'une étoile, ce degré d'exactitude d'une série d'observations s'obtiendra aisément par la comparaison de la latitude moyenne d'une soirée avec cliaque latitude individuelle. Ij'erreur moyenne de la moyenne de chaque soirée et son poids se calculeront ensuite {)ar les formules connues. » Le Tableau suivant fait connaître les latitudes obtenues dans les di- verses soirées, leur erreur moyenne et leur poids. L'unité de poids est celui d'une observation dont l'erreur moyenne serait o", lo. I"a!c. Position. Laliliule moyenne. EircMU' moyenne. Poids. o ' " " 188'!'. Févr. 23 Directe 44-^o-7i-^ u,9.o 0,26 Fc'vr. 2T Dnecte /l^.Sn.G,5'] 0,10 0,97 "v'ais 7 Inverse /i/i.5o.6,S'i 0,16 o,/\o Rlai's 8 Inverse 44 ■^"•^■^7 °>'-r) 0,12 Jlnrs 12 Inverse .^4 -50.6,86 o,3i 0,10 Mai 8 Inverse 44- 5° •7, 11 0,28 0,1 3 Mai 9 Inverse 44 -^o. 7, 4 7 0,26 0,17 Mai 10 Inverse 44 -50.7,25 0,21 0,22 Mai 25 Diiecte 44'5o.7,i6 o,3o 0,11 Juin ro Directe 44 -50.7, 53 0,26 0,1 5 Jnin II Directe 44 ■ 5o . 7 , 7 1 " 0,21 0,24 Août 12 Directe 44-5o.7,86 0,21 0,22 Août i3 Directe /[^.'jo.'j.SS 0,22 0,20 Août i5 Directe 44-5o.8,oi 0,16 o,38 Kov. 4 Inverse 44 -50.7,84 «,'<) 0,28 Nov. 6 Inverse' 44-5°. 7,1 4 0,20 o,25 Nov. 8 l!} verse 44 -5° ('549 0,22 0,21 Moyenne pondérée 44 '50.7, 19 4)4' Erreur moyenne Je la nioyenne. . dzo,o5 » La moyenne arithmétique aurait donné pour latitude 44°5o'7", 28 avec une erreur moyenne de ± o", 1 1. » Les observations précédentes peuvent d'ailleurs être discutées par un autre procédé. » J'ai successivement évalué, par des observations directes, l'erreur moyenne d'une détermination du nadir, l'erreur moyenne de l'observation ( 7'^3 ) des six microscopes du cercle de déclinaison, l'erreur moyenne du pointé d'une étoile. Avec ces nombres, et en admettant qu'il n'y a pas d'erreurs de division sur le cercle et que les déclinaisons des étoiles observées sont exactes, il est aisé de calculer l'erreur moyenne et le poids d'une série d'observations renfermant 7^ déterminations du nadir et l'observation d'un nombre e d'étoiles. » C'est ainsi qu'ont été obtenus les nombres du Tableau suivant : Date. Position. Lalitiulo moyenne. Eiieiii' movonnc. Poids. 1884'. Ffivr. 23 Diie( te 44'5o.7,38 o,ii o>94 Févr. 27 Directe /{^.5o.6,5'j 0)09 1,16 Mars 7 Inverse 44- 5° -6, 83 0,0g i,t3 Mars 8 Inverse .'J4. Jo .6,87 0,10 i,o3 Mars 12 Inverse J^^.5o.6,S6 o,oc) i,o5 Mai 8 Inverse 44-^'J-75'' '')"9 1,1 3 Mai 9 Inverse 44 -^o- 7 54? o>"9 i )09 Mai 10 Inverse ^^.5o.'],ii5 o,oc) 1,12 Mai 25 Directe 44-5o.7,i6 O)09 1,08 Juin 10 Directe /[^[.5o.'] ,^)3 0,0g >)'7 Juin II Directe 4 i- 50.7,71 0,09 ')'7 Août 12 Directe /J4-2o-7>86 °'09 r,i5 Août i3 Diiecie 44 -20.7, 58 0)"9 '>'2 Août i5 Directe 44-5°'^iO' 0,09 i ,og Nov. 4 Inverse 44-5o.7,84 ",09 i,i5 Nov. G Inverse 44-5°'7>'4 0,09 '''7 Nov. 8 Inverse 44-5o''^>49 0,11 o,c)n Moyenne pondérée 44- ^o. 7, 27 Erreur moyenne de la moyenne. ±0,02 » Cette dernière moyenne diffère de la précédente de o",o8. La latitude établie dans l'hypothèse que les erreurs de division peuvent être considé- rées comme des erreurs accidentelles et la latitude établie dans l'hypothèse que la moyenne des erreurs de division d'un arc de 90° est négligeable ne diffèrent donc que d'une quantité très faible. » La moyenne des deux valeurs de la latitude, 44°5o'7", aS, doit donc représenter avec une grande approximation la latitude du cercle méridien de l'observatoire de Bordeaux. » Les valeurs (le la latitude obtenue dans les divers mois présente une variation analogue à celle que M. Y. Viilarceau a trouvée pour les latitudes de Paris données par les observations de la polaire. » G. R., i885, 3» Semestre. (T. Cl, N» IC.) 96 ( 734 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales de différentielles totales de seconde espèce. Note de M. E. Picard, présentée par M. Hermite. « J'ai commencé, dans un Mémoire récent ('), l'étude des intégrales de différentielles totales de la forme (i) fVrU-^Qr/r, où P et Q sont des fonctions rationnelles de x, j et z, celles-ci étant liées par une relation oùy est un polynôme, et j'ai considéré seulement le cas où l'intégrale est de première espèce, c'est-à-dire reste finie pour toute valeur des deux va- riables indépendantes jc et y. Je me suis occupé depuis d'un cas plus gé- néral, en considérant les intégrales que l'on peut appeler de seconde espèce, et dont voici la définition précise. Une intégrale telle que (i) sera dite de seconde espèce si elle satisfait aux conditions suivantes : soit cc = a, y ^^b un système quelconque de valeurs de j? et/; on pose \[t) et p.(i) désignant deux fonctions holomorphes quelconques de t dans le voisinage de < = o, et l'on substitue ces valeurs dans l'intégrale; celle-ci devient une fonction de t qui, dans le voisinage de t =^ o, devra avoir le caractère d'une fonction algébrique. Il est évident que les intégrales de première espèce satisfont à ces conditions. » J'ai établi, dans le Mémoire cité, que la surface la plus générale d'un degré donné ne possédait pas d'intégrales de première espèce. Une conclu- sion analogue subsiste pour les intégrales de seconde espèce : je veux dire que, pour la surface la plus générale d'un degré donné, toutes les intégrales de seconde espèce se réduisent à des fonctions rationnelles de x, y et z> Le mode de démonstration employé pour les intégrales de première espèce est absolument inapplicable pour le cas plus général que je considère maintenant. Je voudrais indiquer ici la marche que j'ai suivie, d'autant plus qu'elle me sera très utile, comme je le montrerai plus tard, pour l'étude des cas où il y a d'autres intégrales que ces intégrales ration- nelles. Journal de Muthémaliques, 4° série, t. I'"'. ( 735 ) » Je me borne ici à un cas particulier, le cas générai exigeant, quoique la marche soit la même, des développements un peu trop longs; c'est celui où la surface aurait son équation de la forme /étant un polynôme que je suppose le plus général de degré m, et soit une intégrale de seconde espèce, de la forme (i), attachée à cette surface. » Donnons à y une valeur constante arbitraire, et considérons l'inté- grale hyperelliptique de seconde espèce (2) fVdx. « On établit d'abord que les périodes de celte intégrale sont des con- stantes, c'est-à-dire qu'elles ne dépendent pas de la valeur arbitraire donnée à j; c'est sur cette remarque que va être fondée la démonstration. » Pour une valeur arbitraire donnée à y, Vé(\\\!x\.\QnJ\x,j) ^^ o aura m racines distinctes, et si l'on considère x comme fonction dey, deux va- leurs de jc seulement deviendront égales, pour chaque valeur singulière de y. Soient, pour une valeur arbitraire y^, non singulière, dey x^ , ;t'2, . . ., X,„ les 772 racines de l'équation. On peut les supposer rangées dans un ordre tel que, _y allant de j*o à une certaine position singulière j-'^ par un chemin convenable, x^ et x., deviennent égales, puis ensuite^ allant de y^ à une autre position singulière x.^ et x^ deviendront égales, et ainsi de suite. Ceci posé, il est possible de tracer dans le plan de la variable x un contour simple C ne rencontrant aucun des chemins décrits par les racines J?, quand ^ varie, comme il a été indiqué, dejTo à y'^ ; de plus ce contour com- prend seulement à son intérieur les deux racines ol\ et x.^ et par suite la racine tlouble x\, qui est la limite de x, et x^. M Revenons maintenant à l'intégrale (2), où nous ferons d'abord y ^j-^ ; au contour C va correspondre luie période de cette intégrale : je dis que cette période sera nulle. En effet, faisons varier^ d'une manière continue de To^j'o- ^^ période ne change pas; or on voit de suite qu'elle est nulle pour y — j'o, puisque le polynômey'(x,/'„) admet la racine double j:', et quel'in- îégrale (2) est de seconde espèce. L'intégrale le long de C est donc nulle, et, comme toutes les périodes de l'intégrale peuvent être obtenues en em- ployant des contours analogues à C, on en conclut que toutes les périodes de l'intégrale ( 2 ) sont nulles . Il est aisé d'en conclure qu'il en est de même ( 736) des périodes de l'intégrale (i) et qu'alors celle-ci se réduit à une fonction rationnelle de x, y et s. » Les considérations précédentes, étendues avec des modifications con- venables au cas où l'équation de In surface est quelconque, m'ont permis d'aborder l'élude des surfaces qui possèdent d'autres intégrales de seconde espèce que des fonctions rationnelles : j'y reviendrai prochainement. Je terminerai seulement par une remarque relative aux fonctions hyperfuch- siennes et hyperabéliennes. » Ne considérons que des groupes hyperfuchsiens ou hyperabéliens G, pour lesquels le polyèdre fondamental n'a aucun point commun avec la limite du domaine dans lequel doivent rester les deux variables indépen- dantes. Un groupe G étant donné, on peut trouver trois fonctions j?, y, z, correspondant à ce groupe, au moyen desquelles toutes les autres s'expri- ment rationnellement, et l'on a la relation algébrique f{x, y, z) = o. » J'ai montré [Comptes rendus, mars i885) que cette surface admet des intégrales de seconde espèce, dont toutes les périodes ne sont pas nulles, et j'ai donné le nombre des période de ces intégrales. On peut tirer de là une conséquence, qui, pour être négative, ne m'en paraît pas moins présenter quelque intérêt. On ne pourra pas exprimer les coordonnées d'un point quelconque de la surface la plus générale d'un degré donné par des fonc- tions Iiyperfuchsiennes ou hyperabéliennes correspondant à un groupe G. Ces groupes ne conduisent qu'à une certaine classe de fonctions algébri- ques de deux variables indépendantes, et ne correspondent pas par con- séquent à l'ensemble de ces irrationnelles; on voit que, pour deux va- riables, la conclusion est bien différente de celle à laquelle est arrivé M. Poincaré dans ses mémorables travaux sur les groupes fuchsiens et les fonctions algébriques d'une variable. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Questions qui se rapportent à un faisceau de cubiques planes. Note de M. P. -H. Schocte, présentée par M. Hermite. « 1. Nous étudions le lieu T„ du lû"™" point tangentiel A„ d'iui des points de base A d'un faisceau de cubiques planes donné par rapport à l'ensemble des courbes du faisceau. Pour » = i et// = — t nous trouvons : » J.EMME 1. — Le lieu T, es/, comme le lieu du point d^ intersection des élé- ments correspondants de deuxjaisceaux projecti/s, le faisceau des cubiques et le ( 73? ) faisceau des tangentes en A à ces courbes, ta courbe C''(A% 8B), c est-à-dire la courbe du quatrième ordre, qui passe trois /ois par A et une fois par chacun des huit nulres points de base B. Elle est touchée en A par les trois cubiques du fais- ceau, dont A est point d'inflexion. » Lemme II. — Le lieu T_, des points A_,, dont A est le premier point tan- gentiel, est, comme le lieu des points d'intersection des éléments correspondants de deux faisceaux projectifs, le faisceau des cubiques et le faisceau des coniques polaires du point A par rapport à ces courbes, une courbe C'(A% 8B). Elle est touchée en A par les tangentes de T, en ce point (' ). » 2. Si a„, b,„ p^ représentent l'ordre de multiplicité du point A et des huit points E sur T„ et l'ordre de ce lieu, nous trouvons les équations j 3/7„ = rt„ + 8/;„ + i, (0 \ 5pn = rt„ -f- I o b„ + b„,_ , , ïï(/'« - i)(A< - 2) = ',a„{a„ - i) + lih„{b„-i), dont les deux premières s'obtiennent par la considération des points d'in- tersection deT„ avec une quelconque des cubiques et avecT_,; la troisième résulte de l'observation que, la courbe T„ étant unicursale, ses points cor- respondent un à un aux courbes du faisceau. Nous les remplaçons par I ^«+1 =— ■^■b„-i- 'ip„ -h I, Ces équations déterminent a,,^^,, i„^,, ^„^, en fonction de Z»„ et /j„. Et comme le premier lemme donne les valeurs de b, et p,, elles mènent successive- ment à rto, b.,, po, H a^, bj, p^, . . .. Il est remarquable qu'en passant de n ii n -h i elles ne donnent qu'un seid système de valeurs entières des incon- nues, quoique la troisième équation soit du second ordre. » Le Tableau des valeurs de fl„, b„, p„ pour « = i, ?., 3, . . ., qu'on obtient au moyen de ces équations récurrentes, mène aux formules / *«=ï(4v„ + 5)( v„ - i), (3) rt^^=i(2V„-5)(2V„+ l), (') La courbe C'' passant par les douze points doubles du faisceau, ces poinis forment l'intersection complétante de deux courbes C-^(A3, B, 7P) et C''(A,C5, 7P). En général, les 3[n — i]- points doubles d'un faisceau de courbes C" sont les poinis d'intersection complétants de deux courbes C-""' [A", B, [11- — a)P] et C2"-i[A, B«, {n- — 2)?]. f 738 ) où v„ représente (— 2)". Nous les démonirerons par le riiisonnement ordi- naire en passant de nkn-\-i. D'abord la substitution des valeurs de b^ et p,j dans la ])remière des équations (2) donne la première équation (3), ou n est remplacé par /z-4-i. Ensuite, les valeurs de rt„.^, et Pn^^-, fournies par les deux antres équations (2), se laissent transformer au moyen de cette relation nouvelle, qui mène à l'équation (i^''^,M^-9)^-±K8v„-M-+-'). de manière que l'on trouve Pn^-^ =^ 3^,_^, -4- tt[9 — (8v„^., -!- l)J- » Enfin, ces équations prouvent qu'on n'obtient qu'un seul système de valeurs entières pourrt,,.^., et /?„+,, celles qui résultent des signes inférieurs, c'est-à-dire les valeurs données par les deux dernières équations (3), où n est remplacé par n~{- i. Si donc les équations (3) représentent la solution unique des équations (2), quand le paramètre qui y entre a la valeur ji, elles représenteront encore la solution unique du problème pour la valeur Az H- 1 de ce paramètre. » Mais, d'après le lemme I, elles donnent la solution unique du pro- blème pour 7z r^ 1; donc nous avons démontré le théorème suivant : » Théorème I. — Le lieu T„ estime courbe unicursale de L'ordre f(4" — •)' qui passe i[(„,)-. + 5][(-2)'"'-.]/o/3 par A et par chacun des points B. Elle ne possède d'autres points multiples que ces neuf points de base, qui la déterminent complètement. El, jjarmi ses tangentes en A, se trouvent les trois tangentes de T, en ce point. » L'addition des deux dernières équations (2), où n -i- i est remplacé par Ji, montre que T„ est dctermitié par les neuf points de base. » 3. L'ordre de T_„ surpasse celui de T„ de i(4" — i), les neuf points (A, 8B) jouant le même rôle par rapport aux deux courbes, et A étant sur une courbe quelconque du faisceau le «"""* point taiigentiel de 4" points A_„. Donc : » Théorîîme il — Le lieu T_„ est une courbe de l'ordre |(4" — i)> 7'" passe autant de J'ois par les points {A, SU) que le lieu T„. Elle louche en A les tangentes à T„ en ce point. ( 739 ) » 4. Le point A est /z""'" point tangentiel de lui-même sur une cubique, quanti il est point d'inflexion de la courbe ou quand il est sommet d'un polygone de n côtés à la lois inscrit et circonscrit à la courbe ('). En ob- servant que i(2v„ — 5) (2v„-h i) — 3 = f (v„-l- 2) (v„ — 4), nous trouvons : » Théorème TH. — Le faisceau contient '--{{— 2)""-— 1] [(— 2)""' — i] courbes, sur lesquelles te point A est sommet d'unpoljcjone à la fois inscrit et cir- conscrit à la courbe, dont le nombre des côtés est Ji ou un facteur de n. 1) 5. Le nombre des points d'intersection des lieux T„ etT„+|, qui ne coïncident pas avec un des neuf points de base, est en même temps la somme totale j„ des nombres (7,„ des courbes du faisceau, sur lesquelles A,„, mais non encore A,,,.,, soit point d'inflexion; cette somme est prise de 7«=~ i à wî = 7i. On a donc II 1 ou, OU égard aux formules (3), ^l' ce qui donne pour a,,, ou s,^ — ,y„_, la valeur 3 . 4". Donc : )) Théorî:ime IV. — Le faisceau contient 3.4" courbes, sur lesquelles A„, mais non encore A,j_,, est un j)oint d'inflexion. » Dans une Communication suivante, nous nous occuperons d'une géné- ralisation de ces considérations. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la torsion des prismes. Note de M. Marcel Brillouin, présentée par M. Mascart. « Un cylindre droit de substance isotrope, fixé par une de ses bases, est tordu d'un angle 0 par un couple C appliqué à l'autre base. Si la distribu- ( ' ) H. PiCQDET, jtpplicntioiis de la repiésentatlon des courbes du troisième degré h l'aide des fonctions elliptiiiues [Journal de l'Ecole Polytechnique, LIV Cahier). (-) L'équation s,^=^3p„ ai'.met une vérification; car le lion des points ilinllexion du faisceau est une courbe C''-(a', 8B'), qui coupe T„ hors des points de base en \ip„— (3a„4- 3)24i„ ou, suivant la première des équations (i), en 3/>„ points. ( 74o ) lion des forces dans les deux bases est convenable, on a en appelant L la longueur du cylindre, p. la rigidité de sa matière. » Les axes rectangulaires Ojc, Oj sont situés dans le plan de la base fixe, l'origine au centre de gravité; les intégrales sont étendues à l'aire entière de la section droite. La fonction w est déterminée pai' les équations différentielles , . (?-ii' d'iv dans tout l'intérieur de la section droite, (3) l^^+m^=.lj-mx sur le contour de la section ; /, ui sont les cosinus des angles de la normale au contour avec les axes Ox, Oj [Barré de Saint-Venant, Mémoire sur la torsion [Savants ctranqers)\. » L Le coefficient de torsion K est toujours plus petit que le moment d'inertie de la base par iripport à son centre de yravité. » Cette propriété, qui s'est rencontrée dans tous les exemples traités par M. de Saint-Venant, est générale. Poin- le démontrer, j'établis d'abord la formule suivante, analogue à la formule de Green : » La première intégrale est étendue à l'aire, la seconde au contour de la section droite. On suppose seulement que les fonctions U, V, ainsi que leurs dérivées premières, sont finies et continues dans l'intérieur du con- tour. En prenant pour U, V les fonctions H^'-^ )'') et w, il vient puis, en vertu des équations (2), (3), et de la formule de Green, ( 74i ) » Cette dernière intégrale est toujours négative, ce qui dénfiontre la pro- priété énoncée ci-dessus. » II. On peut trouver une valeur de K. approchée par excès en étudiant les.torsious qui satisfont à toutes les conditions du problème de M. de Saint- Venant, sauf à la condition du contour (3}. Les forces extérieures qui produisent cette déformation sont toutes superficielles, les unes appliquées à la base mobile dans le plan de cette base, les autres appliquées à la sur- face latérale parallèlement à la longueur. Les déplacements it, i> sont les mêmes que dans le problème de M. de Suint-Venant, le déplacement %v' est différent de w. Dans ces conditions, il résulte d'une proposition générale de lord Rayleigh [Tlieory oj Sound, vol. I, p. 70 ' que l'énergie de la nouvelle déformation est toujours plus grande que celle de la déformation étudiée par M. de Saint-Venant. Le rapport de cette énergie de déformation, à l'angle de torsion (?, est donc plus grand que le coefficient de torsion R- de M. de Saint-Venant. » Ainsi, quand le calcul rigoureux est impossible, on peut avoir une valeiu- de R approchée par excès en prenant pour w' une fonction qui sa- tisfait à l'équation (2 ); elle contient un ou plusieurs coefficients arbitraires que l'on détermine par la condition que l'énergie soit minimum. Cette condition équivaut à l'équation (3) lorsque la fonction w' convient à la forme du contour. » Dans le cas où les moments d'inertie principaux 1' et I" de la section droite sont différents, on obtient le coefficient approché par excès II" quand on donne à w' la forme Aœj ('). Cette valeur, exacte pour le con- ( ' ) La valeur de l'énergie est alors = ^ n I + A )^ r j'y' dx dj+[i-AY f j'y' dxdyl. T/ I// n Le minimum A —, r, V- a lieu quand on prend ^ 1' + 1 L ' I I y- dx dy — 1 1 x'^dxdr y- ) dx dy //"= les axes O.r, 0/ étant les axes principaux d'inertie de la section. G. R.. IË85, 2' Semestre. (T. CI, N» 16.) 97 ( 7^2 ) tour elliptique, doit s'écarler peu d'une autre formule approchée donnée par M. d« Saint-Venant sans démonstration théorique K"= . _, , ,„, > mais justifiée numériquement dans un grand nombre de cas. » Si les moments d'inertie principaux sont égaux, le degré de symétrie du contour indiquera quel polynôme entier il convienl de choisir pour w' parmi ceux qui satisfont à l'équation (2). En prenant w' nul, on retombe sur la proposition I. - ÉLECTRICITÉ. - Sur un nouvel appareil de mesure des courants électriques. Noie de M. F. de Lalande, présentée par M. Cornu. « Les appareils de mesure des courants électriques, fondés sur l'emploi d'aiguilles aimantées ou d'aimants permanents, sont, comme on le sait, influencés dans une large mesure tant par la variation du magnétisme terrestre que par la variation de l'état magnétique des aimants eux-mêmes. Les indicationsfourniespar les instruments de ce genre, qui sont munis d'une graduation fixe en ampères ou en volts, tie peuvent présenter de garanties qu'autant que leur étalonnage est vérifié à intervalles rapprochés. C'est là un grave inconvénient, surtout pour les applications industrielles pour lesquelles ces instruments ont d'ailleurs le grand avantage de fournir des indications immédiates et continues, " Les ampères-mètres et volts-mètres, que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, ne comprennent pas d'aimant permanent dans leur construc- tion et sont, par suite, à l'abri de la cause d'erretn- qui vient d'élre rappelée. Ils sont fondés sur l'action qu'exerce un solénoïde sur un faisceau de fils de fer doux mobile à son intérieur et maintenu par une force antagoniste. Ils se rapportent au type de la balance électromagnétique de M. Becquerel et permettent, comme cet instrument, de peser ^ pour ainsi dire, l'action électrique des courants. » Pour obtenir ce résultat, l'appareil, qu'on pourrait appeler un aréo- mètre électrique, est simplement formé d'un faisceau de fils de fer doux placé à l'intérieur d'un aréomètre métallique plongeant dans une éprou- vette remplie d'eau et entourée par une bobine que traverse le courant à mesurer, La position initiale de l'aréomètre (réglée par le niveau, main- tenu constant, du liquide) étant toujours la même, on comprend qu'd prendra une position d'équilibre fixe en s'enfonçanl d'une certaine quan- tité, variable avec chaque inlen.'.ité du courant qui traverse la bobine, mais constante pour une même intensité. La partie supérieure de la lige ( 743) de l'aréomètre est plane et constitue l'index qui se déplace le long d'une échelle verticale graduée expérimentalement. Une particularité impor- tante est le guidage de la tige de raréomèlre qui traverse un œil métal- lique à l'intérieur du liquide. Celte disposition supprime les frottements contre les parois de l'éprouvette et n'altère en rien la sensibilité de l'aréo- mètre. » En faisant varier les dimensions de la bobine et celles du faisceau de fils de fer doux ou de la tige de l'aréomètre, on peut, pour une intensité donnée, obtenir une course aussi grande qu'on peut le désirer. Dans les modèles courants, très habilement construits par M. J. Carpentier qui en a étudié avec le plus grand soin tous les détails, un déplacement de o™,io environ corres|)ond à une intensité de lo à aS ampères, suivant les appareils, ou à une différence de potentiel de loo volts. I) Les bobines des ampères-mètres sont formées par une ou deux rangées seulement de très gros fil; elles peuvent n'avoir qu'une résistance de tÔj à pi;-, d'oliui; l'appareil peut donc être introduit sans inconvénientdans la plupart des circuits électriques. La bobine du volt-mètre est à fil fin et présente une résistance d'environ lyoo ohms. <> Les courbes qui représentent le déplacement de l'aréomètre en fonction de l'intensité ou de la force électromotrice des courants offrent un point d'inflexion dans le voisinage duquel elles ne s'éloignent pas beaucoup d'iuie ( 744 ) ligne droite; on a déterminé les variables de façon à utiliser surtout cette partie de la courbe ( ' ). » L'appareil est nettement apériodique; il n'est pas influencé d'une façon sensible par les variations de température; ses indications ne sont pas altérées par le voisinage de niasses métalliques ou d'aimants même très puissants; sa sensibilité est très grande. Nous pensons que ces divers avantages lui permettront de rendre de réels services » TÉLÉPHONIE. — Sur la théorie du téléphone électrotnagnétique transmetteur. Note de M. E. Meucadier, présentée par M. Cornu. « Le premier point à étudier dans cette théorie est le rôle que joue le diaphragme en fer ou en acier du téléphone : i" au point de vue élastique, relativement à la nature des mouvements qu'il effectue; 2" au point de vue magnétique, dans la transform ttion d'énergie mécanique en énergie magné- tique résultant de ses mouvements. )) L Quand on produit dans l'air devant le diaphragme des mouve- ments vibratoires simples, ou complexes comme ceux qui résultent de la parole articulée, ou bien les sons fondamental et harmoniques du dia- phragme ne se produisent pas, ou bien ils ne jouent qu'un rôle secondaire. » En effet : 1° Les diaphragmes ne sont jamais mis en vibration comme on le suppose quand on veut déterminer la série des harmoniques et des lignes nodales; car on ne les abandonne pas à eux-mêmes lorsqu'ils ont été mis en mouvement ; on ne laisse pas un libre jeu à l'action des forces élastiques : en un mot, les vibrations qu'ils peuvent effectuer sont des vibrations constamment /brcees. » 2° Quand un disque est absolument encastré, quand ses bords sont fixes, la théorie indique que les premiers harmoniques du disque libre doivent seulement s'élever un peu. Prenons des disques d'acier de o"", 10 de diamètre et de o™,oo2 d'épaisseur seulement, dont le son fondamental, à l'état libre, est environ ut^, et que l'encastrement ne fait qu'élever encore. On ne voit pas comment ce fondamental et les harmoniques pourraient (') L'appareil pourrait être modifié de bien des manières suivant le but qu'on se pro- poserait : je citerai en particulier le type de dispositif dans lequel l'aréomètre et le sold- noïde seraient ramenés à une position relative constante. On y parvient aisément en chargeant l'aréomètre ou en déplaçant la bobine. Dans ce cas la loi d'action est plus simple et la graduation de l'appareil se réduit sensiblement à la connaissance d'un seul coefficient au lieu de la détermination d'une couibe. ( 745 ) être mis en jeu, lorsqu'on produit devant le disque une série continue de sons ou d'accords de hauteur inférieure à iit^, ou lorsqu'un homme, dont la hauteur de la parole articulée se maintient toujours dans la gamme d'in- dice 3, parle sur un diaphragme de ce genre; pourtant, ces sons et celte parole sont parfaitement reproduits (avec une faible intensité, il est vrai, dans un téléphone ordinaire) avec leur hauteur et leur timbre : ils pro- duisent donc dans le diaphragme transmetteur des mouvements autres que ceux du son fondamental et de ses harmoniques particuliers. » 3° 11 est vrai qu'en pratique les bords du diaphragme téléphonique ne sont nullement fixes, mais seulement encastrés ou plutôt serrés plus ou moins entre des manchons de bois ou de métal dont la masse est compa- rable à la leur : ils sont donc, au point de vue élastique, dans des conditions mal déterminées. Cependant, un diapliragme de diamètre ordinaire (deo'",o5 à o",io) et très mince (deo""", 25 à o'""',5 d'épaisseur), serré de cette façon sur ses bords, est susceptible de vibrer quand on produit auprès de lui une série continue de sons, par exemple à l'aide d'une série de tuyaux d'orgue; mais la série de sons qu'il renforce nettement, en manifestant des sortes de lignes nodales complexes, est visiblement f/jsconi»u/e ; comment, dés lors, son existence suffirait-elle pour expliquer la production d'une échelle conlimie de sons isolés ou superposés, ce qui est la propriété capi- tale du téléphone? » li° L'interposition entre le diaphragme et la source des mouvements vibratoires d'une lame d'une substance quelconque n'altère en rien ses qualités téléphoniques, et par suite la nature des mouvements qu'il effectue, ce qui serait très étonnant si c'étaient ceux qui correspondent aux sons particuliers du diaphragme. Ce fait est déjà connu : je l'ai vérifié avec du mica, du verre, du zinc, du cuivre, du liège, du bois, du papier, du coton, de la plume, de la cire molle, du sable, de l'eau..., même en prenant certaines de ces substances sous des épaisseurs de o'",i5 à o", 20. >i 5" On peut mettre un diaphragme manifestement hors d'état d'effec- tuer son échelle particulière de sons harmoniques, en le chargeant de jjetites masses inégales et irrégulièrement distribuées sur sa surface, en le découpant en forme de roue, en le criblant de trous de façon à lui enlever jusqu'à la moitié de sa masse. Aucune de ces modifications ne lui enlève ses qualités téléphoniques. » 6" On peut enfin aller plus loin et employer des diaphragmes d'une rigidité et d'une élasticité à peu près nulles, sans que les propriétés télé- phoniques essentielles, reproduction d'une série continue de sons, d'ac- ( 746) cords et de timbres, soient altérées. Tel est le cas d'un diaphragme en toile de fer. Il est bien difficile alors de songer à un son fondamental et à des harmoniques. » La conclusion de tout ceci me paraît être que le mécanisme en vertu duquel les diaphragmes téléphoniques exécutent leurs mouvements est tout au moins analogue, sinon identique, à celui par lequel les corps solides de forme quelconque, un mur, par exemple, transmettent à l'une de leurs surfaces tous les mouvements vibratoires simples ou complexes, successifs ou simultanés, de période variant d'une manière continue ou discon- tinue, qu'on produit dans l'air en contact avec l'autre surface. En un mot, il V aurait là un phénomène de résonance. Dans les diaphragmes d'épais- seur suffisante, ce genre de mouvement existerait seul; dans les dia- phragmes minces les mouvements correspondant à leurs sons particuliers pourraient se superposer aux précédents; superposition plutôt fâcheuse qu'utile d'aillec.rs, car s'd en résulte en ces cas un renforcement des effets produits, c'est aux dépens de la reproduction du timbre, les harmo- niques du diaphragme ne pouvant coïncider que par le plus grand des hasards avec ceux des sons qui mettraient en jeu le son fondamental do ce diaphragme ; c'est ce que l'expérience démontre nettement. M II. Passons muintenant aurôlemcf^neVîV/uedu diaphragme téléphonique. Ce rôle peut être défini assez nettement par les faits suivants : )> 1° I.a présence du champ magnétique du téléphone ne change rien aux conclusions précédentes. « 2° En diminuant de plus en plus la rigidité et l'élasticité du dia- phragme,je suis parvenu aie supprimer complètement. En effet, il suffit de le remplacer, dans un téléphone quelconque, par quelques grains de limaille de fer jetés sur le pôle de l'aimant recouvert d'un moiceau de papier ou de carton, pour pouvoir reproduire, avec une intensité très faible, il est vrai, tous les sons et la parole articulée avec son timbre caractéristique. 1) 3° Pour augmenter l'intensité de l'effet produit, il suffit de remplacer le diaphagme en fer par un disque mince de n'importe quelle substance un peu flexible, métallique ou non, de carton par exemple, et de répon- dre sur lui, à travers l'ouverture du couvercle ordinaire de l'instrument. oS%i ou o«',2 de limaille de fer qui dessine dans l'espace des amorces de lignes de force. )] On obtient ainsi un téléplione à limaille de J'er. En augmentant con- venablement l'intensité du champ magnétique, j'ai pu obtenir des télé- phones de ce genre produisant dans un récepteur ordinaire des effets ( 7^7 ) aussi intenses que les transmetteurs ordinaires à disques rigides, et réver- sibles comme eux. Mais pour un champ d'intensité donnée, il y a un poids de limaille qui produit un maxitninu d'effet. » On voit ainsi que l'avantage du diaphragme en fer sur la limaille se réduit véritablement à présenter dans un même volume à l'action du chaîn() et aux actions extérieures un nombre beaucoup plus considérable de mo- lécules magnétiques. Il augmente {'intensité des effets téléphoniques; mais, pour les produire avec loute leur variété, leur finesse et leur perfeclion, d n'est nullement iudisjiensable : il suffit de matérialiser en quelque sorte les lignes de force avec de la limaUle de fer, et d'agir mécaniquement sur elles et, par suite, sur le champ lui-même. •' M. 3Iercadier demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui le 5 janvier i885. Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note « Sur un téléphone électromagnétique nouveau, sans diaphragme magnétique ri- gide », dans laquelle sont énoncés les principaux résultats développés dans la Communication ci-dessus. ÉLEGTROCHIMIE, — Sur rélectrotyse des sels. Note de M. Ad. Renard. « Lorsqu'on soumet, à l'action d'un même courant, des solutions renfermant des poids atomiques équivalents de métal et qu'on fait varier 'eur concentration, on n'obtient, en général, aucun rapport simple entre les quantités de métal précipité. Il n'en est plus de même, comme je vais le démontrer, si l'on fait usage de solutions suffisamment étendues. » Les expériences ont été faites sur des solutions renfermant, pour loo, des poids atomiques équivalents de métal variant de ^^^^ à ~~. Afin d'éviter l'influence des changements de composition du bain, on a tou- jours opéré sur i'" de liqueur. Le courant élait fourni par une pile thermo- électrique, qu'il est facile de maintenir constante pendant plusieurs heures, les deux électrodes étaient constituées par deux disques de 226'"™'' de surface, idongeant verticalement dans le liquide et recouverts, sur l'une de leurs faces, d'un vernis isolant inattaquable par les acides, les deux faces en regard en étant dépourvues. L'électrode positive, constituée par un disque de même métal que le disque contenu dans la solution, était fixée à une crémaillère divisée, permetlant de la faire avancer ou reculer d'une quantité déterminée. L'électrode négative, en plaline, était fixée au trem- ( ?48 ) bleur d'une sonnerie électrique, de façon à lui communiquer un mouve- ment rapide de va-et-vient, destiné à renouveler les surfaces et surtout à permettre d'obtenir des dépôts métalliques non pulvérulents, comme cela se produit lorsqu'on fait usage d'électrodes fixes et de solutions très étendues. La durée des expériences avarié d'une heure à cinq heures, suivant la quan- tité de métal déposé. Après chaque expérience, l'électrode est retirée du bain, lavée, séchée et pesée : l'augmentation de poids donne la proportion de métal déposé qui, dans le Tableau suivant, a été ramenée à une durée d'une heure. » Les conditions constantes de l'expérience étaient : distance des élec- trodes au repos, o™,02; température de la dissolution, + iG°; force élec- tromotrice du courant, S^^'^^jôS . 11 En désignant par q le rapport des quantités de métal précipité lors- qu'on double successivement la concentration de la liqueur, j'ai obtenu les résultats suivants, exprimés en milligrammes (') : r f t 2 t 8 16 32 et concentration kk,,,,, loooo loooo loooo loooo loooo loooo SO*Cu -4,9 5,8 11,6 19,0 3i,o 5i,3 85,'') q... 2,01 1,98 1,63 1,63 1,65 1,66 (AzO^)'-Cu.. 3,0 6,1 11,9 23,9 46,6 87,3 160,7 q... 2,o3 1,95 2,01 1,95 1,87 1,84 CuCP. ... 2,8 5,6 11,1 22,2 4' '3 70,3 122,0 q... 2,00 1598 2,00 1,86 1,70 1,73 SO*Zn 2,8 5,8 12,0 23,0 35, o 58, o 90,0 q... 2,07 2,06 1,91 1,52 1,66 1,55 (AzO^)-Zn. 3,1 6,4 i3,o 25,4 5o,6 100,0 190,0 q... 2,06 2,o3 1,95 1,99 ''97 ''9° SO*Cd 5,3 10,6 21,4 4°'° 65,6 97,0 191 j6 q... 2,00 2,01 1,86 1,64 1,47 1,97 CdCP 5,4 10,9 21,7 4')3 73,4 ii3,6 176,0 q... 2,01 1,99 1,90 1,77 1,54 1,54 (AzO^Aq)-. TO,o 20,0 4o>3 80,7 161,0 32i,8 626,9 q... 2,00 2,01 2,00 1,99 1,99 1,94 I) Si, en outre, on divise les poids atomiques équivalents des différents métaux par la quantité de métal déposé lorsque la solution est suffisam- (') Le sulfate ferreux, le chlorure de nickel, l'azotate de plomb donnent un dépôt de métal mélangé d'hydrate. Le chlorure mercuiique ne laisse pas passer le courant. ( 749) ment étendue pour donner 7= 2, ou obtient un quotient Q constant. Ainsi, pour la solution à —rr^i on a : Poids atomiques Poids de métal équivalents. déposé. Q. SO'Cu 63,5 5,8 10,8 (AzO')'Cu 63,5 6,1 10,4 CuCl'- 63,5 5,6 11,3 SO^Zn 65 5,8 11,2 (AaO^j^Zn 65 6,4 10, i SO^Cd 112 10,6 10,5 Cd Cl- ira 10,9 10,1 (AzO'Aq)- 108X2 30,0 10,8 » 1° Conclusions. — Dans des solutions suffisamment étendues, la quan- tité de métal précipité est proportionnelle à la concentration de la liqueur, » 2° Les proportions du métal déposé sont dans le même rapport que leurs poids atomiques équivalents. » 3° D'après la loi de Faraday, la quantité de métal précipité étant proportionelle à l'intensité du courant, la conductibilité des solutions renfermant des poids atomiques équivalents de métal est la même, comme l'a démontré M. Bouty par une méthode directe ('). » CHIMIE MINÉRALE. — Combinaison du carbonate neutre de magnésie avec le bicarbonate de potasse. Note de M. R. Engel, présentée par M. Friedel. « Dans une précédente Communication (^Comptes rendus, 11 mai i885) j'ai signalé l'action du bicarbonate de magnésie sur le bicarbonate de potasse et indiqué les limites au delà desquelles la réaction n'a plus lieu, lorsqu'on fait varier la pression de l'acide carbonique qui maintient le carbonate de magnésie en solution à l'état de bicarbonate. » J'ai étudié également les conditions dans lesquelles le carbonate neutre de magnésie se combine avec le bicarbonate de potasse. Cette étude m'a conduit aux réstdtats suivants : » 1° Le titre alcalimétrique du bicarbonate de potasse étant le même, la vitesse de la réaction décroît quand la température s'élève. ( 1 Jnn. de Chiin. et de PItjs., 6° année, t. III, [i. 433. G. R., i885, 2° Semestre. (T. CI, N° 13.) 9^ ( 75o) » 2° La tempérntiire élant la même, la vitesse de la réaction croit avec la richesse initiale de la solution de bicarbonate de potasse. » 3° La combinaison du carbonate de magnésie avec le bicarbonate de potasse est limitée. » f\° La limite de combinaison, mesurée par la richesse du bicarbonate de potasse restant en présence du carbonate de magnésie en excès, sans se combiner avec lui, croit avec la tempéi\ilure. )) 5° Les variations de celte limite avec la température sont données par la formule d'interpolation j?' = m + nx -{- px''^ dans laquelle y est le nombre de centimètres cubes d'acide sulfurique titré nécessaire pour neu- traliser la somme des carbonates restant en solution, x la température, m, n et/; des coefficients déterminés à l'aide des expériences I, IV, V et dont les valeurs sont 771 — 2,5236, 7i := 0,005l7, /î = 0,Oo3loG. » 6° Le Tableau suivant pormot de comparer les résultats de l'expé- rience et ceux du calcul à l'aide de la formule ci-dessus : Limite Expérience. Température. trouvée. calculée. 1 6,75 2,7 0 2,69990 II i4 3,25 3,21 m i5 3,35 3,36 IV 3o 5,45 5,474 V 4° 7»7 7^7 » 'j° Le produit de la combinaison du carbonate neutre de mngnésie avec le bicarbonate de potasse : CO' Mg, CO'HK -+ /|H-0, se décompose sous l'influence de l'eau. La limite de décomposition de ce sel double ne se confond pas avec la limile de combinaison, comme il était natm-el de le penser, mais est toujours inférieure à celle-ci, et cela d'une quantité à peu près égale à toutes les températures. » Ce fait ressort de la comparaison des chiffres du Tableau suivant : (') Nombre '^7^ ' » Ce fait a élé l'objet de nombreuses vérifications; j'ai pensé, en pré- sence des premiers résultats obtenus, que le bicarbonate de potasse dont je me servais dans les expériences de combinaison renfermait une certaine quantité de carbonate neutre do potasse, qui, n'intervenant pas pour limiter la décomposition, augmentait le titre du liquide filtré. » Du bicarbonate que l'analyse a révélé exempt de carbonate neutre a donné les mêmes résultats. » Enfin, j'ai encore vérifié ce fait en me servant, pour déterminer la limite de combinaison, de carbonate de magnésie et de bicarbonate de potasse provenant de la décomposition du sel double lui-même. Pour cela, j'ai mis du sel double en suspension dans l'eau; température, i4°. Après être arrivé à la limite de décomposition 2,7 et avoir constaté que cette limite n'avait subi aucun cbangement après trois lieures, j'ai |iorté, pen- dant quelques instants, la masse à 3o", de manière à élever le titre du liquide et à lui faire atteindre un chiffre voisin de la limite 4)95 à cette température. Ramenant alors, par un courant d'eau fioide, la température à i,/|°, j'ai observé que le nouveau titre était 3,2, c'est-à-dire le même que celui que l'on obtient comme limite de combinaison entre le carbonate de magnésie et le bicarbonate de potasse, les deux corps ayant été préparés séparément. Après trois jours, le titre était resté le même 3,2, dépassant ainsi de o, 5 la limite de décomposition du sel double. Pendant toute l'expérience aucune trace d'acide carbonique n'a pu s'échapper, l'opération ayant été effectuée en vase clos et plein de liquide. Un peu d'air seulement, correspondant au volume des prises d'essai (loo*^*^ environ pour 10'" de liquide), a été introduit dans l'appareil. » ( ' ) Sans que lu limite change. ( 752) CHIMIE. — Falsifications de l'huile d'olive comestible. Note de M. A. AuDOYNAUD. (Extrait.) « L'huile d'olive destinée à l'alimentation est très souvent adultérée par une addition plus ou moins forte d'huiles de graines (sésame, ara- chide, coton, œillette). L'agriculture et le commerce demandent depuis longtemps un procédé facile et expéditif pour déceler ces sortes de mé- langes. Les méthodes physiques (densité, dilatation, élévation de tempé- rature par les acides, etc.) n'ont pu résoudre la question posée. Les mé- thodes chimiques ont approché davantage du but, surtout celles qui modifient les principes colorants des huiles par l'application de certains réactifs; maison n'a pu trouver, dans les diverses réactions, qu'iuie solution parfois incertaine. J'ai pensé qu'on pouvait trouver une solution plus com- plète, en produisant simultanément les réactions reconnues jusqu'ici conune les plus efficaces, en mettant en présence de l'huile à essayer le bichromate de potasse et l'acide azoto-sulfurique. En ajoutant à ce mélange quelques gouttes d'éther, on produit une vive effervescence; il se forme du sulfate d'élhyle, qui réagit à son tour sur le bichromate, de telle sorte qu'on obtient à la fois des vapeurs rutilantes abondantes, de l'oxygène libre et de l'acide sulfurique libre. i> Mode opératoire. — Je prends un tube à essai, de o'",i5 de longueur et o'",oi5 de dia- mètre, divisé en centimètres cubes ; je mesure 2" d'huile; j'ajoute o*',! de bichromate de potasse en poudre et j'agite quelques instants le tube sans le fermer. Je verse alors de l'acide azoto-sulfurique, de façon à faire un volume total de 4'^'^; j'i'gite de nouveau : la liqueur devient d'un louge brun; après un repos de une à deux minutes, j ajoute de l'other ordinaire à 65", de manière à compléter le volume de 5". Une dernière agitation mé- lange le tout. La liqueur verdàtre tend alors, par le repos, à se diviser en deux couches. Mais, après quelques instants, une vive effervescence se manifeste; d'abondantes vapeurs rutilantes se dégagent, et enfin l'huile vient surnager à la surface du liquide, avec une cou- leur particulière. » Avec l'huile d'olive pure, la couleur d'huile surnageante est verte ; avec une huile contenant au moins 5 ])our 100 d'huile de sésame, d'arachide, de coton, d'œilletle, la couleur varie du vert jaunâtre au jaune, et même au jaune rougeâtre, suivant la nature et la proportion du mélange. Pour mieux apprécier ces colorations, j'ajoute de l'eau jusqu'à la dixième division du tube : l'huile s'élève en conservant sensiblement les mêmes caractères pendant plusieurs heures. >• J'ai vérifié ce procédé sur des huiles d'olive d'origines très diverses. La constance et la netteté des résultats me permettent d'affirmer qu'en une seule opération, qui dure de ( 753 ) quinze à vingt minutes au plus, on peut reconnaître si l'huile d'olive est pure, dans la limite de 5 pour loo de mélange. » aNATOMIE animale. — Sur le développement des dents du Cachalot. Note de M. G. PoccHET, présentée par M. A. Milne-Edwards. a Le développement des dents du Cachalot offre certaines particularités, dont les unes n'avaient encore été signalées chez aucun Mammifère, dont les autres rendent compte de quelques détails de structure, difficiles à in- terpréter chez l'adulte sans la connaissance de leur évolution. » A la mâchoire inférieure, quand l'embryon mesure i"*,3o, toutes les dents sont déjà formées dans la gouttière maxillaire. Nous comptons vingt- cinq follicules du côté droit; les deux premiers sont un peu moins déve- loppés que les autres. Dans ceux-ci la dent présente un chapeau de dentine conique haut de 2°"", à paroi épaisse de 6o°"° à 70""". Ce cône est porté à l'extrémité de la pulpe prolongée en forme de colonne cylindrique (co- lonne pulpaire), haute de 2°"", 5 environ et en continuité par sa base seule- ment avec le tissu de la gouttière qui lui fournit ses vaisseaux et ses nerfs. » I.a colonne j)ulpaire et le chapeau de dentine sont enveloppés jusqu'à la base par le tissu de l'organe adamantin. Toutefois l'émail, dont M. Owen avait admis hypolhétiquemeut la présence, ne paraît point exister. Nous avons montré-ailleurs que, si l'organe adamantin est la condition embryo- génique nécessaire de la formation du follicule et par conséquent de l'ap- parition de la dent, il ne donne naissance à une couche d'émail à la sur- face de celle-ci, qu'autant qu'il a subi lui-même une évolution spéciale en devenant aréolaire (par pénétration de tissu mésodermique). Or il ne semble point, chez le Cachalot plusque chez lesBalénides, subir celte trans- formation. Si la dent du Cachalot ne s'atrophie pas comme celle des Bâléni- des, il faut sans doute en chercher la raison dans la formation précoce à la surface de celle-là d'une couche de cément qui la protège après la dispa- rition de l'organe adamantin. » L'absence d'émail paraît en rapport avec une autre disposition du chapeau de dentine. Au lieu de présenter, comme chez tous les Mammi- fères, même les Balénides, son m;iximiun d'épaisseur au point où il se montre d'abord , c'est-à-dire au sommet du cône creux représenté par l'excavation de l'organe adamantin, le sommet du chapeau de dentine chez le Cachalot reste extrêmement mince, taudis que ses parois épaississent. La den- tine forme un cône tronqué et creux, dont la paroi, avant d'atteindre le ( 754 ) sommet, diminue subitement d'épaisseur et se réduit à une simple la- melle flexible dessinant (sous l'influence du retrait de la pulpe) une sorte de cupule remplie par les débris épithéliaux de l'organe adamantin. Cette disposition rend compte de l'existence, dans la longueur des dents du Ca- chalot, d'un canalicule central occupé de bonne heure par l'ostéodentine. » Bien que les dents de la mâchoire supérieure du Cachalot soient con- nues depuis plus d'un siècle [l'J^i, Registres de la ville de Bayonne),e.t même figurées (Owen, i845), certains zoologistes paraissent encore douter de leur existence ou ne les signalent point. Nous les retrouvons sur notre em- bryon, sans toutefois en avoir déterminé le nombre, queBennett (i836) dit être de huit de chaque côté. L'écartement de celles que nous avons mises à découvert est de o'°,oo4. Leur situation et leurs dispositions sont carac- téristiques. Elles sont placées en dehors d'une bande pupillaire qui existe de chaque côté de la région palatine du Cachalot, et dont il est impossible de méconnaître l'homologie avec la région qui porte les fanons chez les Balénides. 1) Mais, tandis que chez ces derniers les dents rudimentaires supérieures, cointiie nous l'avons montré ailleurs, sont tournées eu dehors, les dents rudimentaires de la mâchoire supérieure du Cachalot, par une disposition unique chez les Mammifères, sont tournées en dedans, transversalement, et regardent la ligne médiane. On les trouve peu profondément au-dessous de la muqueuse. Quand on ouvre le follicule par la face palatine, elles se pré- sentent à peu près comme celles de la mâchoire inférieure, à cette dilft- rence près qu'elles sont couchées horizontalement. Comme aux dents de la mâchoire inférieure, le chapeau de dentine conique est porté à l'extrémité d'une longue colonne pulpaire. Seulement ici, la colonne pulpaire n'est pas adhéren'e au tissu gingival par sa hase uniquement, mais par toute la moitié de sa hauteur en dessus; de façon qu'elle paraît, de ce coté, moitié plus courte qu'en dessous, c'est-à-dire du côté de la muqueuse palatine. » ZOOLOGIE. — Sur le mode de développement de /'Epicauta verticalis. Note de M. II. lÎEACREGAKD, présentée par M. A. Aldne-Edwards. « Dans une précédente Communication [Comptes rendus, i3 octobre 1884), en même temps queje faisais connaître la première larve del'Epicaitta verticalis, j'attirais l'attention tur l'intérêt qu'il y aurait à connaître le mode de développement de cet insecte vésicanl. L'an dernier, je n'avais pu ( 7^5 ) réussir à élever mes larves ; de nouveaux essais, entrepris cette année, m'ont donné des résultats qui font l'objet de la présente Note. » Il s'agissait de savoir si les larves de YEpicaula veriicalis vivent en p:)rasites dans les nids d'Acridiens, comme cela a été démontré par Riley pour les espèces américaines. » Uiie vingtaine d'Epicaula vivants me furent envoyés cet été à Paris, par M. François, instituteur à Saint-Victor la Coste, dont j'ai pu à maintes reprises apjjrécier le dévouement à la Science et que je tiens à remercier publiquement de son extrême obligeance. » J'obtins des pontes successivement le 25 juillet et le 4 août. L'éclosion des œufs de la première ponte eut lieu le ai août seulement. J'étais, à celle date, dans les environs de Grenoble. Toutes les fouilles que j'avais faites, en prévision de l'événement pour recueillir des nids de Criquets, étaient restées infructueuses. Je me décidai alors à mettre en cage un certain nombre d'Acridiens du genre JEdijioda [/E. cœrulescens et jE. germanica) qui abondaient dans la région. » Au bout de quelques jours, en remuant le sol de la cage, je trouvai deux pontes dont je m'emparai pour les offrir à mes larves. » Le ?.8 août, l'expérience commence : une laive A'Epuauia est placée avec un niil iWEdipoda dans un lubc de verre. Au bout de deux jours, aucun résultat. I,e bouchon niuqueux qui ferme l'orifice du nid n'est pas attaqué par la larve, contrairement à mon attente. » Le 3o, je pratique une petite entaille sur l'un des côtés du nid. La larve s'introduit dans la journée par cet orifice, et, dès le lendemain, j'en vois sortir une substance blan- châtre, piquetée de jaune, qui a toutes les apparences d'excréments rejetés par le parasite, •lusqu'au 4 septembre, la quantité de ces excréments va en augmentant. Impatient desavoir re qui se passe, je brise le nid au niveau de l'entaille et, après avoir enlevé une épaisse couche de détritus, je trouve la première mue de ma larve iS,' Epicauta fendue sur le dos. J'extrais cette mue, cl j'aperçois alors une larve lilanchc (deuxième larve) courbée sur elle- même, au milieu des œufs qu'elle dévore. » 12 septembre. ■ — Deuxième mue. La larve a considérablement grossi. » Le i5 octobre, je crois ma larve morte, car elle reste immobile depuis quelques jours et ue fait plus de progrés. Je la place dans l'alcool. L'examen que j'en f;»is plus lard me montre que j'ai agi avec trop de précipitation; car, sous une nouvelle mue qui se délache, je trouve la pscudo'chrjsalidc, forme hivernale de tous les vésicants. » Celte expérience prouve, en tous cas, que V Epicauta veriicalis, comme les espèces américaines, est, à l'état larvaire, parasite des nids de certains Orthoptères. » Comme contre-épreuve, j'ai tenté d'élever les mêmes larves avec du (756) miel. Aux unes, j'ai offert le miel d'un Anthidinm; aux antres, celui du Colletés signata. Ces essais sont restés infructueux. Il est certain que les larves d'Epicaula ne sont pas parasites des cellules des Hyménoptères sou- terrains, )) Il reste à savoir à quelles espèces de Criquets elles s'attaquent à l'état naturel. La rareté relative des Epicauta, en France, rend cette détermina- tion très difficile; mais j'ai fait quelques essais qui jettent un certain jour sur la question. » J'ai pu obtenir les diverses transformations jusqu'à la forme pseudo- chrysalidaire, en me servant des œufs d'espèces d'Orthoptères très di- verses. » 1° Ayant obtenu en captivité la ponte île l'Empuse commune, je divisai celte ponte en deux, et j'offris chaque moitié à une larve. J'obtins ainsi les diverses transforirations. Jlais j'étais obligé, cliaque jour, dr faire une coupe fraîche dans le nid pour mettre à la portée de mes élèves les œufs que protègent des cloisons trop dures pour être attaquées par leurs mandibules. » 2° J'ai réussi également à faire quelques éducations avec les œufs du Dectique ( Decticiis verrucivorus) . Mais, comme la coque de ces œufs est très résistante, il me fallait cliaque jour servir à mes larves trois ou quatre de ceux-ci ouverts d'un coup de ciseau. » 3° Enfin ne pouvant obtenir de nouvelles pontes d'Acridiens et désireux d'élever en- core quelques-unes des nombreuses larves que j'avais en réserve, je pris le parti de leur offrir des œufs extraits directement du corps des Mdipoda. Cette méthode me réussit très bien et, en choisissant avec soin les œufs à peu près mûrs, j'arrivai à obtenir quelques trans- formations de quelques-unes de mes larves. » Ces expériences prouvent qu'en fait d'Orthoptères l'espèce importe peu à la larve, pourvu que les œufs soient réunis en quantité suffisante et qu'ils soient facilement attaques par ses mandibules. Ce sont les Acridiens qui répondent le mieux à ces conditions. A l'état naturel, les Epicaula doivent rechercher les nids des espèces les plus volumineuses; ceux des JEdipoda ne doivent être considérés que comme pis-aller. Les pseudo-chry- salides que j'ai obtenues de la sorte sont en effet d'assez petite taille. Mais il y a lieu de suj^poser que les larves iVEpicctitta sont parasites de diverses espèces d'Acridiens, comme la Caniharide, ainsi que je l'ai démontré, est parasite des cellules de divers Hyménoptères. Et jamais la IsLTve de V Epicaula ne se nourrira de miel, pas plus, l'expérience me l'a démontré, que la larve de la Cantharide ne se nourrira d'œufs d'Orthoptères. » ( 7'^7 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le prétendu rôle des tissus vivants du bois, dans r ascension de la sève. Note de M. J. Vesque, présentée par M. Du- chartre. « Quelques physiologistes ne croient pas qu'il soit possible d'expliquer l'ascension de l'eau, dans les arbres de plus de lo"" de hauteur, par le con- cours de forces purement physiques. » M. Godiewski, entre autres, cherche à réfuter ces théories physiques par une réduction à l'absurde, en les assimilant au mouvement perpétuel; mais le schéma qu'il imagine à cet effet pèche par un point essentiel. Dans la plante, l'eau est enlevée à la partie supérieure du système capillaire, sans que le ménisque concave auquel toute la colonne liquide est suspendue soit détruit. Il n'en est pas de même dans son schéma. De ce que l'huile ne s'écoule pas de la mèche d'une lampe éteinte, on ne peut pas conclure qu'elle ne monte pas dans celle d'une lampe allumée. » M. Godiewski attribue aux tissus vivants du bois, rayons médullaires et parenchyme ligneux, des fonctions comparables à celles du cœur des animaux. » Sans vouloir insister ici sur les difficultés sans nombre qu'on rencon- trerait, si l'on voulait préciser dans tous ses détails le mécanisme que cet auteur se borne à esquisser, il est d'autant plus nécessaire de voir si, oui ou non, les tissus vivants sont indispensables au mouvement de la sève, qu'un savant hollandais, M. Janse ('), a déjà fait des expériences dans ce sens. M. Janse tue les tissus vivants du bois par une immersion prolongée de la base d'un rameau long et flexible dans l'eau à 70". Il voit que ce rameau se dessèche, au bout d'un temps plus ou moins long, et croit pou- voir considérer les résultats de ses expériences comme une preuve expéri- mentale en faveur de la théorie de M. Godiewski. M J'ai répété ces expériences sur plusieurs espèces ligneuses (Pin, Troène, Laurier-cerise, Poirier, Rosier, Framboisier), et je suis parvenu à démon- trer que la mort des tissus vivants de la base d'un rameau entraîne deux séries parfaitement distinctes de phénomènes morbides, dont la première est très probablement en rapport avec la migration des principes immé- (') En experimenleel bswys voor de Théorie von Godiewski. £ot. Zen., i885, col. 3o2. C. R., i883, 2' Semestre. (T. CI, IN° 16.) 99 1758 ) diats, tandis que la seconde n'est que la suite d'une obturation cicatricielle des vaisseaux et des trachéides. » Voici, à titre d'exemple, ce que j'ai observé sur un rameau de Troène tenant à l'arbuste et dont la base avait été maintenue pendant quinze mi- nutes, et sur une longueur de o"", 20 dans de l'eau à 80°. )) Le cinquième jour après l'opération, les sommets des deux jeunes feuilles en voie de développement, mais déjà séparées l'une de l'autre, se sont desséchées sans se faner, tout le reste du rameau ayant conservé son aspect normal. Le treizième jour, toutes les feuilles ont commencé à se faner légèrement; le vingtième jour tout le rameau était visiblement fané et la sommité avait perdu sa turgescence. » Les coupes faites au-dessus de la partie morte ont montré que la plu- part des vaisseaux étaient bouchés par une gomme brune. La première période est donc caractérisée par le dessèchement d'une partie des jeunes feuilles en voie d'accroissement, sans fanaison préalable, symptôme qui n'est pas celui du manque d'eau, puisque les feuilles d'un Troène privé d'eau commencent par se faner, pour se dessécher ensuite. Pendant la seconde période, les tissus voisins de la région tuée par l'eau chaude deviennent le siège d'une formation cicatricielle de gomme qui, s'écoulant dans les vaisseaux, s'oppose au passage de l'eau. Dès ce moment, les feuilles se fanent et finissent par se dessécher. » Pendant la première période, les feuilles se dessèchent parce qu'elles meurerit; pendant la seconde, elles meurent parce qu'elles se dessèchent. )) En résumé, mes expériences sont loin de plaider en faveur de la théorie de M. Godiewski ; elles prouvent simplement que les feuilles en voie de développement souffrent lorsqu'on tue une partie des organes de réserve delà tige; que, dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres, ainsi que l'a montré M. Frank, la plante isole les parties restées saines par la production d'une gomme cicatricielle qui bouche les vaisseaux, et enfin que l'eau se meut dans les cavités cellulaires, et non dans l'épaisseur des parois. » Il est facile de démontrer que le mouvement de l'eau peut s'opérer d'une manière purement physique, dans un rameau de Laurier-cerise de o™, 65 de longueur, en plongeant le rameau détaché tout entier dans l'eau bouillante pendant quinze minutes. Un rameau traité de cette manière, et placé ensuite par sa base dans un vase contenant de l'eau, est encore frais au bout de vingt-six heures, malgré la temjjérature élevée et la sécheresse de l'air ambiant; en taillant la base en forme de biseau, on peut s'assu- ( 759) rer au microscope que l'eau se précipite dans les vaisseaux. Ce n'est qu'au bout de huit jours, que les plus jeunes feuilles se dessèchent et se racor- nissent. » Il est malheureusement impossible de tuer tous les tissus vivants d'un arbre de plus de lo" de hauteur sans avoir recours au poison, qui aurait le tort très grave de tuer en même temps les feuilles. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur ime trombe observée à Shanghai, le 21 aoiîl i885. Extrait d'une Lettre de M. Martial, capitaine de frégate, conuuandnnt le Champlain, présentée par M. Mascart. « .... L'on vint m'annoncer qu'une trombe passait sur un petit trois-màts allemand, mouillé à 45o"' ou 5oo"'en aval de nous dans la rivière (de Shanghai). Je pensais recevoir sa visite et montai sur le pont; le temps était à l'orage et un gros nuage noir à bords assez nets s'avançait de l'est vers l'ouest. Devant ce nuage et peut-être jusqu'à une hauteur de 5o'" ou 6o"\ on voyait la trombe qui paraissait comme une colonne de fumée, d'une centaine de mètres de diamètre; sa direction était est-sud-est vers l'ouest-nord-ouest. Elle passa à 3oo'" ou 4oo™ du Champlain, coupant la rivière en écharpe, et alla tomber sur un grand ferry- boat accosté au quai. Les tentes des deux navires atteints furent soulevées en l'air el on IfS voyait flolter à i5o"' ou 200'" de hauteur. Puis la trombe continua sa course et ne tarda pas à disparaître. Nulle communication entre le nuage supérieur et le tourbillon iiiléiieiir, comme je l'ai vu ordinairement se produire. Pas de trace d'eau ; on dit cependant que, a\aut qu'il nous eût atteint, le météore présentait deux trombes, dont l'une d'eau; je ne l'ai j)as vue. » Les Chinois, qui se précipitaient de tous côtés vers les bords de la rivière, expliquaient le phénomène en disant qu'il y avait deux dragons en train d'épuiser le fleuve. • métÉOROLOGID:. — Sur la même trombe. Letlre de M. Marc Decuevrkns, présentée par M. Mascart. « J'avais vu le commandant à son bord vers 3'' di^ l'après-midi, et je sortais de la ville pour revenir à Zi-Ka-'Wéi, quand des attroupements chinois sur la route appelèrent mon attention du côté delà ville. Une magnifique trombe blanchâtre pendait des nuages noirs qui couvraient l'horizon est. Elle était loin de toucher le sol, d'où cependant devait s'élever une colonne de poussière large et grisâtre, que je voyais en partie par-dessus les toits; elle s'approchait assez près de l'extrémité inférieure de la trombe, qui semblait comme déchirée, déchiquetée : car cette extrémité se terminait jiar trois filaments d'inégales longueurs. Le commandant Martial, de son bord, n'aurait pas vu la trombe, mais seulement la colonne inférieure, à laquelle il donne près de 100'" de diamètre. Je pus suivre les transformations ( 7^0) de la trombe jusqu'à son complet évanouissement; elle s'amincit, se courba à angle droit, se tordit plusieurs fois en remontant et descendant à plusieurs reprises; finalement le lilet délié qui rejoignait la tête évasée du météore près de disparaître se disposa en serpent, et c'est ainsi qu'elle se dissipa après quelques minutes. » J'étais trop loin pour rien voir des curieux effets de celte trombe sur les bâtiments en rivière et les maisons de la Concession française qu'elle rencontra sur sa route : c'est le contre-pied exact de ce que devrait produire une trombe à mouvement intérieur plongeant. Ici, d'après les descriptions que m'en ont faites plusieurs témoins oculaires, et qu'en ont données les journaux de Shanghaï, était en jeu une puissante force d'arrachement, qui a ])U enlever, jusqu'à loo"" et 200'" de hauteur, des nattes, des voiles, des plaques de zinc et de tôle. « Avant que la trombe se fût engagée sur la rivière pour la traverser, elle détruisit quatre maisons dont elle emporta en l'air tous les débris, m'a dit un sergent de la police qui en fut témoin oculaire. » Environ cinq minutes après la disparition de cette première trombe, m'étant retourné j)Our contempler les énormes masses de nuages noirs qui passaient sur la ville, je fus agréablement surpris de voir, non loin de ma petite voiture japonaise, une seconde trombe déjà toute formée, descendant de la bordure de ces nuages. » Comme j'en étais tout près, je fus témoin des mouvements divers qui l'agitaient. Elle n'était ])oint compacte comme la première, que je ne vis que de loin, mais transparente et toute formée de filets vaporeux minces, s'enchevêtrant les uns dans les autres, comme le font les bouillons de fumée sortant d'une cheminée d'usine. » L'ensemble de ces filets constituait une sorte d'enveloppe, de gaine cylindrique ayant un mouvement de gyration parfaitement marqué, en sens inverse des aiguilles d'une montre, et le tout montait en même tenqjs, mais assez lentement, à cause des bouillons que les filets paraissaient former en se roidant sur eux-mêmes, tout en tournant autour de l'axe commun de la trombe. Le pied, encore ici, n'atteignit pas le sol; mais, dans son prolongement, uire sorte de colonne vague, très vaporeuse, comme de la fumée peu épaisse, paraissait mani- festement attirée vers la trombe; des haies m'empêchaient de voir ce qui se passait sur le sol même. Cette jolie trombe n'eut qu'une durée éphémère; ellese dissipa sur place, au bout de trois ou quatre minutes. Comme elle s'était formée en pleine campagne, je ne vis en l'air aucun objet qui rappelât les effets de la première sur Shanghaï, u M. le général Favé, en présentant à l'Académie uu nouveau modèle de fusil dîi à M. Buisson, s'exprime comme il suit : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une arme de guerre que M. Btiisson, chef de bataillon d'infanterie de marine en retraite, a disposée de telle sorte que le soldat puisse la tirer en marchant sur l'ennemi au pas de course et sans s'arrêter. » M. Btiisson s'étant mis en dehors de toutes les voies suivies jusqu'ici pour amélioier les armes de guerre ou leur emploi, je crois nécessaire ( 7^' ) d'exposer quelques considérations militaires, qui sont le point de départ de son invention. » Pendant les guerres de la République et du premier Empire, toutes les infanteries de l'Europe se phiçaieiit sur trois rangs et formaient une ligne de bataille d'une grande longueur. En face d'une telle ligne, l'infanterie fran- çaise forîna de petites colonnes, qui marchaient sur l'ennemi sans tirer et qui forçaient sa position à la baïonnette. Ce procédé lui a valu pendant longtemps une supériorité incontestée. Mais actuellement ce mode d'at- taque, si favorable à la valeur personnelle de nos soldats, ne peut plus être pratiqué avec succès, à cause des pertes énormes qu'éprouveraient les co- lonnes d'attaque sous le feu des armes à longue portée, à grande justesse et à tir rapide. » M. Buisson a pensé que l'attaque directe, en marchant sur la position de l'ennemi, redeviendrait possible et efficace si nos soldats possédaient une arme qui leur permît de tirer non pas seulement en marchant, mais en courant sur l'ennemi, et il a cherché les moyens de donner cette propriété toute nouvelle à tous iios soldats d'infanterie. » La Note ci-jointe, rédigée par lui, contient la description très succincte de cette invention. « A l'aide d'une disposition particulière, la crosse tourne : le liée de la crosse passe de dessous en dessus, entraînant l'extrémité de la bretelle; le battant de grenadiers tourne éga- lement, entraînant l'antre extrémité de la bretelle. La bretelle est ainsi sur le dessus de l'arme; on la lance sur l'épaule, on ent,'age la paume de la main dans un trou praliqué dans la crosse, et l'on vient appliquer celte main et la crosse au corps. L'arme est ainsi sou- tenue par ré[)aule, maintenue par la main droits et appuyée au corps. Pour diriger l'aime sur le but, il suffît de faire glisser la main droite, en avant ou en arrièie, contre le corps; l'arme prend ainsi diverses inclinaisons : c'est un corps suspendu; ce mouvement est donc facile à produire. » Il ne reste plus qu'à presser la détente. Or la crosse contient un mécanisme de trans- mission de mouvement : au départ du couj), l'index de la main droite est placé sur la détente de cette transmission de mouvement. Donc, au moment précis où l'homme juge que son arme est en direction, le coup peut partir. » Le recul se produit : recul libre, si la main n'exerce aucun eO'ort pour l'arrèler; reçu limité et plus ou moins limité, selon que la main exerce une action plus ou moins forte pour maintenir l'arme. Le recul, dans ce cas, est supporté par la paume de la main, partie élastique, charnue, bien disposée pour le recevoir. Donc aucune lésion n'est à craindre. (On peut tirer cent coups de fusil sans s'arrêler.) » Le coup parti, il faut recharger l'arme. Ces diverses opérations sont ell'ectuées par la main gauche, la main droite ne quittant pas sa position. Elles sont assurées, à chaque effort de la main gauche, par une action de la main droite destinée à immobiliser l'arme. Le chargement fait, le tir continue. ( 7'^2 ) 7. Un homme non exercé peut, au bout de trois jours, tirer sans difficulté de cinf[ à dix cou])S de fusil à la minute. Au repos, on peut, dans cette condition, tirer de quinze à seize coups. Le système à répétition est donc complètement inutile. » M. A. BiÉcHiE adresse une Note relative à un nouveau modèle d'accu- mulateur électrique. La séance est levée à 5 heures. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du il septembre i885. Collection de chroniques belges inédiles, publiée par ordre du gouver- nement. Relations politiques des Pays-Bas et de r Angleterre sous le rècjne de Philippe II, publiées par M. le Baron Kervyn DELiTTENnovE;'t. Ilf, Régence de la duchesse de Parme; — Carlulnire des Comtes de Hainaut, de l' avènement de Guillaume II à la mort de Jacqueline de Bavière, publié par L. Devillersj t. II; — Correspondance du Cardinal de Granvelle i565-i583, publiée par M. Ch. Piot. Bruxelles, F. Hayez, 1 883-1 884; 3 vol. in-4". Mémoires couronnés et Mémoires des Savants étrangers publiés par l'Aca- démie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Aits de Belgique, t. XLV- XLVI. Bruxelles, F. Hayez, i883-i884; a vol. in-4°. Mémoires de C Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique, t. XLV. Bruxelles, F. Hayez, i884; iu-4". Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de Belgique; collection in-H", t. XXXIV, XXXV, XXXVI. Bruxelles, F. Hayez, i883-i884; 3 vol. in-8°. Annales du musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, t. IX. Description des ossements fossiles des environs d'Anvers; par M. P. J. Van Beneden. 4''Partie. — Cétacés, Genre : Plesiocelus, texte et planches; — t. XI, F> 27 » » 11 Le 8 " 6 soir ■> 29 » » 9 Le 9 » II matin » i"'' juillet, « 8 Le 10 ■) II matin » 3 » » 7 Le I 1 » Il matin u 5 » » 6 Le 12 • I matin .... » •j » >, 5 Le i3 » j I matin » () ., » /^ Le i4 " II matin >■ i 1 ■> >. 3 Le i5 ■> Il matin. ... • i3 » » 2 Le 16 ■' Il matin » i5 » « i » Je portai ainsi à i3 le nombre des inoculations et à 10 le nombre des jours de traitement. Je dirai plus tard qu'tm plus petit nombre d'inocula- tions eussent été suffisantes. Mais on comprendra que dans ce premier essai je dusse agir avec une circonspection tonte particulière. » Par les diverses moelles employées, on inocula par trépanation deux lapins neufs, afin de suivre les états de virulence de ces moelles. » L'observation des lapins permit de constater que les moelles des 6, 7, 8,9, 10 juillet n'étaient pas virulentes; car elles ne rendirent pas leurs lapins enragés. Les moelles des 11, 12, i4, i5, 16 juillet furent toutes virulentes, et la matière virulente s'y trouvait en proportion de plus en plus forte. La rage se déclara après sept jours d'incubation sur les lapins des i5 et 16 juillet; après huit jours sur ceux du 12 et du i/j; après quinze jours sur ceux du 11 juillet. » Dans les derniers jours, j'avais donc inoculé à Joseph Meister le virus rabique le plus virulent, celui du chien renforcé par une foule de passages de lapins à lapins, virus qui donne la rage à ces animaux après sept jours d'incubation, après huit ou dix jours aux chiens. J'étais autorisé dans cette entreprise par ce qui s'était passé pour les cinquante chiens dont j'ai parlé. )) IvOrsque l'état d'imtnunité est atteint, on peut sans inconvénient ( 77» '• inoculer le virus le plus virulent et eu quantité quelconque. Il m'a toujours paru que cela n'avait d'autre effet que de consolider l'état réfractaire à la rage. » Joseph Meister a donc échappé, non seulesnent à la rage que ses mor- sures auraient pu développer, mais à celle qui' je lui ai inoculée pour con- trôle de l'immunité due au traitement, rage plus virulente que celle du chien des rues. » L'inoculation finale très virulente a encore l'avantage de limiter la durée des appréhensions qu'on peut avoir sur les suites des morsures. Si la rage pouvait éclater, elle se déclarerait plus vite par un virus plus viru- lent que par celui des morsures. Dès le milieu du mois d'aoiàt, j'envisageais avec confiance l'avenir de la santé de Joseph Meister. Aujourd'hui encore, après trois mois et trois semaines écoulés depuis l'accident, cette santé ne laisse rien à désirer. » Quelle interprétation donner à la nouvelle méthode que je viens de faire connaître [)Our prévenir la rage après morsures? Je n'ai pas l'intention de traiter aujourd'hui cette question d'une manière complète. Je veux me borner à quelques détails préliminaires, propres à faire comprendre le sens des expériences que je poursuis dans le but de bien fixer les idées sur la meilleure des interprétations possibles. » En se reportant aux méthodes d'atténuation progressive des virus mortels et à la prophylaxie qu'on peut en déduire; étant donnée, d'autre part, l'influence de l'air dans l'atténuation, la première pensée qui s'offre à l'esprit pour rendre compte des effets de la njétho le, c'est que le séjour des moelles rabiques au contact de l'air sec diminue progressivement l'intensité de la virulence de ces moelles jusqu'à la rendre nulle. » On serait, dès lors, porté à croire que la méthode prophylactique dont il s'agit repose sur l'emploi de virus d'abord sans activité appréciable, faibles ensuite et de plus en plus virulents. » Je montrerai ultérieurement que les faits sont en désaccord avec cette manière de voir. Je prouverai que les retards dans les durées d'incubation de la rage communiquée, jour par jour, à des lapins, ainsi que je l'ai dit tout à l'heure, pour éprouver l'état de virulence de nos moelles dessé- chées au contact de l'air, sont un elfet d'appauvrissement eu quantité du virus rabique contenu dans ces moelles et non un effet de son appauvris- sement en virulence. » Pourrait-on admettre que l'inoculation d'un virus, de virulence tou- jours identique à ello-méme, serait capable d'amener l'état réfractaire à la 1 77' ) rage, en procédant à son emploi par quantités très petites, mais quotidien- nement croissantes? C'est une interprétation des faits de la méthode que j'étudie au point de vue expérimental. » On peut donner de la nouvelle méthode une autre interprétation encore, interprétation assurément fort étrange au premier aspect, mais qui mérite toute considération, parce qu'elle est en iiarmonie avec certains résultats déjà connus que nous offrent les phénomènes de la vie chez quelques êtres inférieurs, et notamment chez divers microbes pathogènes. » Beaucoup de microbes paraissent donner naissance dans leurs cul- tures à des matières qui ont la propriété de nuire à leur propre développe- ment. » Dès l'année 1880, j'avais institué des recherches afin d'établir que le microbe du choléra des poules devait produire une .«orte de poison de ce microbe (voir Comptes lendus, I. XC; 1880). Je n'ai point réussi à mettre en évidence la présence d une telle matière; îuais je pense aujourd'hui que cette étude doit être reprise — et je n'y manquerai pas pour ce qui uie regarde — en opérant eu présence du gaz acide carbonique pur. » Le microbe du rouget du porc se cultive dans des bouillons très divers, mais le poids qui s'en forme est tellement faible et si promptement arrêté dans sa proportion, que c'est à peine, quelquefois, si la culture s'en accuse par de faibles ondes soyeuses à l'intérieiu" du mdieu nutritif. On dirait que, tout de suite, prend naissnnce un produit qui arrête le dé- veloppement de ce microbe, soit qu'on le cultive au contact de l'air, soit dans le vide. » M. Raulin, mon ancien |)réparateur, aujourd'hui professeur à la Faculté de Lyon, a établi, dans la thèse si remarquable qu il a soutenue à Paris, le 22 mars t8'70, que la végétation de V Aspergillus nkjer développe une substance qui arrête, en partie, la production de cette moisissure quand le milieu nutritif ne renferme pas de sels de fer. » Se pourrait-il que ce qui constitue le virus rabique soit formé de deux substances distinctes et qu'à côté de celle qui est vivante, capable de pul- luler dans le système nerveux, il y en ait une autre, non vivante, ayant la faculté, quand elle est en proportion convenable, d'arrêter le développe- ment de la première? J'examinerai ex|)érimentalement, dans une prochaine Communication, avec toute l'attention qu'elle mérite, cette troisièineiuler- prétalion de la méihode de prophylaxie de la rage. » Je n'ai pas besoin de faire remarquer eu terminant que la plus sé- rieuse des questions à résoudre en ce înoment est peut-être celle de l'in- ( 772 ) tervalle à observer entre l'instant des morsures et celui où commence le traitement. Cet intervalle pour Joseph Meister a été de deux jours et demi. Mais il faut s'attendre à ce qu'il soit souvent beaucoup plus long. » Mardi dernier, 20 octobre, avec l'assistance obligeante de MM. Vulpian et Grancher, j'ai dû commencer à traiter un jeune homme de quinze ans, mordu depuis six jours pleins, à chacune des deux mains, dans des con- ditions exceptionnellement graves. )) Je m'empresserai de faire connaître à l'Académie ce qui adviendra de cette nouvelle tentative. » L'Académie n'entendra peut-être pas sans émotion le récit de l'acte de courage et de présence d'esprit de l'enfant dont j'ai entrepris le traite- ment mardi dernier. C'est un berger, âgé de i5 ans, du nom de Jean- Baptiste Jupiile, de Viliers-Farlay (Jura), qui, voyant un chien à allures suspectas, de forte taille, se précipiter sur un groupe de six de ses petits camarades, tous plus jeiuies que lui, s'est élancé, armé de son fouet, au- devant de l'animal. Le chien saisit Jupiile à la main gauche. Jupille alors terrasse le chien, le maintient sous lui, lui ouvre la gueule avec sa main droite pour dégager sa main gauche, non sans recevoir plusieurs morsures nouvelles, puis, avec la lanière de son fouet, il lui lie le museau, et, saisis- sant l'un de ses sabots, il l'assomme. >> Remarques de M. Vulpian à propos de la Communication de M. Pasteur. « L'Académie ne s'étonnera pas si, comme membre de la Section de Médecine et de Chirurgie, je demande la parole, pour exprimer les senti- ments d'admiration que m'inspire la Communication de M. Pasteur. Ces sentiments seront partagés, j'en ai la conviction, par le corps médical tout entier. » I^a rage, cette maladie terrible, contre laquelle toutes les tentatives thérapeutiques avaient échoué jusqu'ici, a enfin trouvé son remède! M. Pasteur, qui n'a eu, dans cette voie, aucun autre précurseur que lui- même, a été conduit, par une série de recherches poursuivies sans inter- ruption pendant des années, à créer une méthode de traitement à l'aide de laquelle on peut empêcher, à coup sûr, le développement de la rage chez l'homme mordu récemment |)ar un chien enragé. Je dis à coup nir, parce que, d'après ce que j'ai vu dans le laboratoire de M. Pasteur, je ne doute pas du succès constant de ce traitement, lorsqu'il sera mis en pratique dans toute sa teneur, peu de jours après la morsure rabique. ( 773 ) » Il devient dès à présent nécessaire de se préoccDper de l'organisation d'un service de traitement de la rage, par la méthode Pasteur. Il faut que toute personne mordue par un chien enragé puisse bénéficier de cette grande découverte, qui met le sceau à la gloire de notre illustre conhére et qui jettera le plus vif éclat sur notre pays. » M. Larrey demande la parole et fait la motion suivante : « L'importance de la découverte communiquée à l'Académie par M. Pas- teur vient de fournir à notre illustre confrère l'occasion de signaler la con- duite d'iu) jeune berger dont le nom m'échappe et mérite d'être proclamé. » Celui qui a eu, tout à coup, l'inspiration et le courage, l'adresse et la force de museler le chien enragé, menaçant la vie des assistants épouvantés, a mis l'animal furieux dans l'impuissance de répandre plus loin la terreur : un tel acte de bravoure attend sa récompense. » C'est pourquoi j'ai l'honneur de prier l'Académie des Sciences de recommander à l'Académie Française ce jeune berger, qui, en donnant un si généreux exemple de courage, s'est rendu assurément digne d'un prix de vertu. » M. le PnÉsiuEST prend alors la parole et s'exprime comme il suit : « L'Académie vient de manifester par ses applaudissements les senti- ments d'admiration et de reconnaissance que lui fait éprouver l'annonce de l'accomplissement de la nouvelle oeuvre dont M. Pasteur lui a donné communication. » Le Président de l'Académie se fait un devoir de s'associer tout parti- cuHérement, comme vient de le faire M. Vulpian, à l'expression de ces sentiments. Nous avons le droit de dire que la date de la séance qui se tient ici en ce moment restera à jamais mémorable dans l'histoire de la Médecine et à jamais glorieuse pour la Science française, puisqu'elle est celle d'un des plus grands progrès qui ait jamais été accompli dans l'ordre des choses médicales : le progrés réalisé par la découverte d'un moyen efficace de traitement préventif d'une maladie dont les siècles, dans leur succession depuis le commenceiuent des temps, se sont toujours légué l'in- curabilité. A partir d'aujourd'iiui, l'humanité est armée d'un moyen de lutter contre la fatalité de la rage et de prévenir ses sévices. Cela, nous le devons à M. Pasteur et nous ne saurions avoir trop d'admiration et de reconnaissance pour des efforts qui ont abouti à un si beau résultat. C. R., 1885, a' Semestre. (T. Cl, N° 17.) lO' ( 774 ) M Je suis heureux de porter ce témoignage public nu uora de l'Académie des Sciences dont j'ai l'honneur d'être l'organe. » Cela dit, je demande la permission à M. Pasteur de réclamer de lui un éclaircissement sur un point important de l'application de sa méthode, afin de prévenir quelques objections a priori qu'on pourrait lui opposer. Cette méthode consiste, on vient de le voir, à saturer graduellement l'orga- nisme qu'on veut prémunir avec du virus à énergie croissante. Ce virus reste sans action dangereuse lorsqu'on l'inocule avec cette mesure. Mais a-t-il perdu pour cela ses propriétés actives? Ne se pourrait-il pas qu'inof- fensif pour cet organisme, déjà prémuni contre lui, il se montrât actif, voire nuisible pour un autre qui n'aurait pas encore été soumis aux in- fluences susceptibles de le rendre moins propre à la pullnlation de l'éié- tnent de la virulence rabique? Par exemple, peut-on affirmer, dès mainte- nant, que les morsures que peut faire, en jouant, un jeune chien soumis au traitement preve/i^j/" de la rage, sont aussi inoffensives, au point de vue de l'inoculation rabique, que celles de ce même animal dans des conditions physiologiques? )) Cette question peut être posée; et sans doute que M. Pasteur, qui sait si bien tout prévoir, quand il institue des expériences, se l'est posée à lui- même et possède actuellement les éléments de sa solution. » Réponse de M. Pasteur aux remarques de MM. Vulpian, Bouley et Larrey. « Je remercie notre savant Confrère, M. Vulpian, des paroles très en- courageantes et si flatteuses qu'il vient de m'adresser. Je ferai tous mes efforts pour rendre aussi pratique que possible la méthode de prophylaxie de la rage. Heureusement, il me semble facile d'y arriver, puisqu'il sulfit d'entretenir la rage sur eles lapins sans inlerruptioi). » La question que veut bien m'adresser notre cher Président, M. Bouley, est fort judicieuse; je la soumettrai à l'expérience, dès que j'en aurai le loisir. » Enfin, dés jeudi prochain, je serai heureux de soumettre à l'Acadé- mie française la proposition de M. le baron f.atrey, dont la prise en consi- dération par l'illustre Compagnie ne saurait faire doute. » ( 775 ) CHIMIE. — Fixation directe de l'azote atinosphérique libre par certains terrains argileux; par M. Berthelot. « Nulle question n'est plus intéressante en Agriculture que celle de l'origine de l'azote des végétaux, source première eux-mêmes de la forma- tion des tissus animaux; nulle cependant n'est demeurée plus obscure, malgré cent ans d'expériences et de discussions. Les composés azotés qui concourent à l'entretien de la vie traversent un cycle continuel de trans- formations, pendant lesquelles quelque |)ortion de leur azote retourne sans cesse à l'état élémentaire : il faut donc qu'il existe des actions inverses, capables de fixer l'azote atmosphérique. Mais la seule action de ce genre qui ail été connue jusqu'à ces derniers temps, la formation de l'acide ni- trique par les étincelles électriques, est manifestement insuffisante : ainsi l'azote nitrique formé dans l'air de nos climats en un an (1882-1 883) s" est élevé à 385^' par hectare, d'a|)rès les observations faites à Montsouris [Annuaire pour 1884, p. 386 et '5g5); tandis qu'il en faudrait 5o^^ à 6o''s par hectare pour fournir l'azote enlevé par la récolte annuelle d'une prairie ou d'une forêl. A la vérité, l'étincelle forme aussi de l'azotite d'ammoniaque en agissant sur l'azote humide; mais le poids de l'azote ammoniacal, qui résulte ainsi de la décomposition de l'eau, serait tout au plus égal à celui de l'azote nitreux formé en même temps. Eu fait, il lui est fort inférieur, une portion de l'acide azotique se formant directement dans l'air par ses éléments libres. La théorie ingénieuse de la circulation de l'ammoniaque entre l'air, les mers et le sol végétal, proposée par M. Schlœsing, laisserait toujours subsister la difficulté d'origine. On avait pensé d'abord que les plantes ordinaires possédaient la propriété d'assimiler directement l'azote libre; mais, à la suite de longues controverses et d'une multitude d't-xpé- riences, les auteurs les plus modernes et les plus autorisés se sont accordés avec M. Boussingault pour écarter cette hypothèse, comme démentie par toutes les observations exactes. Enfin la fixation de l'azote par l'hydrogène naissant que fourniraient les matières humiques en décomposition n'a pas pu non plus être démontrée. » Cependant, il y a quelques années, j'ai établi l'existence d'une cause nouvelle et inattendue de fixation directe de l'azote libre sur les principes unmédiats des végétaux : je veux diie l'électricité atmosphérique, agissant non plus accidentellement par ces décharges subites et ces étincelles vio- lentes qui forment l'acide azotique et l'azotite d'ammoniaque pendant les ( 776) orages; mais engendrant peu à peu des composés azotés complexes, par une action lente, continue, en vertu des faibles tensions qui exislenl en tout temps, en tout lieu, à la surface du globe. En cherchant à approfondir cette réaction, sur laquelb' j'aurai occasion de revenir encore, j'ai décou- vert une autre condition, nouvelle aussi et plus générale peut-être, de fixa- tion directe de l'azote atmosphérique : je veux parler de l'action sourde mais incessante des sols argileux et des organismes microscopiques qu'ils renferment. )i Mes expériences ont été exécutées dans la Station de Chimie végétale de Meudon, et poursuivies, pendant deux ans, sur quatre terrains argi- leux différents. Elles constituent cinq séries distinctes, mais simultanées, comprenant j)his de 5oo analyses, savoir : simple conservation dans une chambre close; séjour dans une prairie, sous abri ; séjour en haut d'une tour de 28", sans abri; séjour dans des flacons hermétiquement clos; enfin stérilisations. » Examinons d'abord ce qui se passe dans un sable argileux, récem- ment tiré de terre, pendant sa conservation au contact de l'air. » Première série. — Séjour dans de grands pots de grés vernissé, ouverts ('), cylindriques, de o™, 36 de diamèire, renfermant de So''^ à 6o''s de matière, laquelle occupait à Lt fin une épaisseur de o'°,45 environ. Ces pots sont déposés dans luie pièce close, cimentée à neuf sur toutes ses parois, bien éclairée, sèche, à l'abri de toute émanation. e. Sable anjUeux jaune [Ij. — Cette matière se trouve au-dessous des meu- lières et pierres siliceuses des plateaux de Meudon et de Sèvres : c'est une des formations les plus répandues du nord-est de la France. Exposée à l'air, elle se couvre rapidement de végétation. 10 octobre iSS.'i. Surl'ace Mélange 6 oct. i885. Mélange Analyses (•). >9 mai 1884. du pot. de la masse. 3oavriliS85. 10 juill. i885. Surface. de la masse. gr Azote combiné o,o^o5 o,o8r7 0,0871 o,o833 0,1 o35 0,1 oSc) o.iioS Azote des nitrates. . o,ooo4 » 0,0062 0,0077 0,0074 0,0074 0,0074 0,0709 >■ 0,0933 0,0910 0,1109 0,1 133 0,1179 Azote ammoniacal. . » » o,oo34 0,0079 o,oo58 o,oo33 o,oo3o Eau (i)erte à 110"). i ,73 " '»9S 2,08 i,gi 2,10 2,10 (') Recouverts d'une planclie. ('- ) Les chifrres sont tous rapportés par le calcul à i""' de matière séchée à 1 10°. L'eau re- présente la perte à 1 10" de 100 parties de matière brute. Dans les dosages d'azote combiné, 777 ) Analyses. Azote combiné. . . Azote des nitrates. Azote ammoniacal. Eau pour i oo . . . Snble ar^f/fri.r jrn/ne [II]. Autre échantillon. 24 octdbri! G octobre 18S5. 30 avril 10 juillet 1885. Masse 1885. 1885. Surface, mélangée. pr sr er cr o,iioi o,i384 0,1455 0,1557 0,0018 0,0043 0,0082 o.ooSa Argtle blnnche [HI]. l\noUn hriit{^), (S. K. S. Fargetas : sable lavé, non broyé.) 21 octobre G octobre 1885. IGjiiiii .10 avril IG juillet 1-8S5. Masse 1884. 1885. 1885. Surface, mélangée. er gr cr gr gr 0,0170 0,0206 o,o32g 0,0354 0,0407 o,oo44 0,0004 traces traces traces 0,1119 0,1432 0,1537 o,i63f) o.ooSp 0,0070 0,0043 » 4,92 4,00 3,97 o,o2i4 0,0210 0,0329 o,o354 0,040"} » 0,00^9 0,0025 0,0012 » 24, "jo 4,92 4,48 4,52 I » Il résulte de ces analyses que l'azote combiné (seul ou ajouté à l'azote des nitrates) va sans cesse en croissant dans les sables argileux étudiés et dans le kaolin, au contact de l'air. Cet accroissement a lieu dans toute la masse (^). Il n'a pas été observé pendant la saison froide (octobre 1884 à avril i885). Il n'est pas corrélatif de la nitrification, restée stationnaire pendant la seconde année dans le sable [I], légèrement croissante dans le sable [II], décroissante dans le kaolin [111], minime dans tous les cas. Il n'est pas non plus corrélatif de l'azote ammoniacal, dont la dose est restée fort petite et a tendu plutôt à diminuer. Dans le kaolin [III], la fixation de l'azote n'a pas eu lieu d'abord avec la matière gorgée d'eau, mais seu- lement après que celle-ci est devenue ameublie et poreuse par la dessic- cation. » Considérons maintenant ce qui se passe à l'air libre, au voisinage du sol d'une prairie. » Deuxtèmi; SÉRIE. — Séjour des mêmes terrains dans des pots de porce- laine vernie, percés au fond, contenant i^^ de matière, laquelle occupe par la cliau.x sodée, on a opéré sur 3o*''à 4o°' de sable; tantôt sans aucune dessiccation, tantôt après simple dessiccation dans le vide, à froid, pour ne pas perdre l'azote ammoniacal que la dessiccation à 1 10° élimine en majeure partie. L'azote ammoniacal peut donc être regardé comme se retrouvant dans l'azote combiné, dont il forme d'ailleurs une fraction minime. Les azotates ont été dosés sur5oos''à i''»; leur azote a été ajouté dans les Tableaux à l'azote fourni par la chaux sodée, bien qu'une fraction puisse être changée en ammo- niaque par la calcination. Mais les chiffres sont tels que cela ne change rien aux conclusions. Toutes les analyses ont été faites avec une même provision de chaux sodée, dans laquelle on a dosé les traces presque insensibles d'azote qu'elle renfermait. (') Donné par M. Laulh, directeur de la Manufacture de Sèvres. (^) Pourvu qu'elle soit homogène et poreuse. Dans un autre kaolin, très difficile à sécher, et qui s'agglomérait en petites boules, les analyses ont donné des résultats irréguliers. (778 ) une surface de i iS*^'' et une épaisseur de o'",o8 îi o"',io. Ces pots sont dé- posés dans une prairie, sur des tréteaux, à o™, 70 du sol, sous un petit toit destiné à les préserver d'une pluie verticale, tout en laisSiuit l'air circuler librement. La pluie oblique y pénétrait. Pendant la deuxième période, on les arrosait de temps en temps, en raison de la sécheresse. L'eau distillée ainsi fournie (i'", 5oo) a apporté o8'",oooi d'azote ammoniacal, d'après do- sage. Ceci s'applique aussi à la troisième série. [I] Sahie aTgUeux jaune. [Il] Autre sable argileux. Analystes. 3o avril i8St. 3 juillet. lo octobre. 3o avril. 3 juillet. lo octobre. gi- gr gr gr gr gr Azote combiné ... . o,o833 0,0989 0,0983 0,1101 o,ii4" 0,1281 Azole des nitrates. . 0,007'j o,oo38 Traces' 0,0018 0,0024 9'- Qî^^ » [111] Argile, liaolin brut. [JV] Autre kaolin brut. Analyses. 3o avril iSS3. 3 juillet. kp octobre. 3o avril. 3 juillet. 10 octobre. ?!• gr gr gr gr gr Azote combiné ... . 0,0206 o,o4o3 o,o332 0,1 o45 0,1 oo3 0,1124 Azote des nitrates. . 0,0004 o,ooo3 0,0021 0,0020 0,0037 0,0020 0,0210 o,o4o6 o,o353 o,io65 o,io4o o,ii44 Azote ammoniacal. . o,oo5g 0,0009 o,oo3i 0,0197 o,oo38 0,01 13 Eau pour 100 4j92 12, i5 4-35 4.^^ 12,86 4j79 » Ainsi les terrains argileux expérimentés ont tous finalement fixé tle l'azote. La marche de cette fixation a été plus ou moins rapide; elle a méine dans deux cas éprouvé une rétrogradation temporaire : oscillations inévitables dans l'étude des phénomènes dus aux êtres vivants, et qui semblent liées ici avec les giandes variations de la dose de l'eau dans ces terrains. La fixation de l'azole n'a été corrélative ni de la nitrification, qui n'a pas eu lieu, ou a décru; ni de l'azote ammoniacal, assez notable dans le dernier échantillon. Enfin elle a été, dans la prairie, du même ordre de gr.mdeur que dans la pièce intérieure. Comparons ces résultats avec ceux que l'on ob.serve à une certaine altitude. » Troisième série. — Séjour des mêmes terrains dans des pots pareils aux précédents, déposés sur une planche, sans aucun abri, en haut d'une (') Cet échantillon a été lavé en partie par la jikiie, ipii a enlevé les nitiates (.r) ( 779 ) tour isolée et dominante, à 29™ du sol de la prairie. Ils ont été à plusieurs reprises inondés par la pluie, qui s'est écoulée par le trou du pot, en entraî- nant les nitrates et autres matières solubles. Analyses. Azote combiné . . . Azote des nitrates . [ I ] Sahle argileux jaune. 3o avril 1883. 6 juillet. 10 octobre. er Rr o,o833 0,0945 Brisé par 0,0077 Traces accident ["1 .'iiitre .tab/f armleit.r. 3o avril. 6 juillol. ro octobre. fr Kr gr o,iioi 0,1279 0,1387 0,0018 Traces 0,0009 0,0910 o,og45 (emporté Azote ammoniacal. . 0,0079 0,0093 par Eau pour 100 2,08 i ,68 le vent . An.ilyses. Azole combiné . . Azote des nitrates. [Ili] Argile, kaolin brul. — ■iiwiiin ' — iinTT~ 3o avril iS85. 0 juillet. 10 octobre. 0,1119 '-' ' '^79 "' '^9^ o,oo5() o,oo5() o,oo83 4,92 1,73 [l\ ] Antre kaolin brut. 3o avril. 'i juillet. 0,0206 0,0004 0,0210 0,00 59 o,o4i4 Ti'jcos Azote ammoniacal. Eai! pour 100 4 '9^ o,o4i4 0,0044 5,i3 0,0557 Nul o,o557 0,0073 o, io'j5 o ,0020 o , I o65 0,0197 4,65 0,1181 0,0007 0,1188 0,0091 7,9' 10 octobre. pi* 0,1497 Traces o,i4g7 0,0023 )) Les conclusions sont les mêmes que pour la seconde série. Malgré les lavages dus à la pluie, l'azote s'est fixé à dose considérable, particulière- ment sur les kaolins, qui ont donné leur maximum : on peut soupçonner ici l'influence de l'électricité atmosphérique, les pots étant au potentiel du sol, tandis que l'air, qui les baigne, est à un potentiel supérieur en moyenne de 600 à 800 volts, d'après mes mesures. J'y reviendrai. » Les expériences faites sur la tour et dans la prairie ont donné lieu à un examen spécial, celui des apports en ammoniaque et acide azotique faits par la pluie et par l'atmosphère : les seconds étant communs aux deux séries; les premiers ayant eu heu surtout sur la tour. La pluie a été re- cueillie dans un udomètre de surface connue et analysée de temps en temps. Elle a fourni pour la surface des pots (r l'i"^) : tlu3o avril au 3o juin, 08'', 00028 d'azote ammoniacal; du 3o juin au iS septembre, o^'',ooo3i . L'eau d'arrosage a apporté : os^oooi, soit en tout oe'^oooôg. L'azote ni- trique n'a pu être dosé, même sur 2'" d'eau de pluie : il était inférieur à of='', oooT . Ces apports sont ré^-ls. Quant à l'ammoniaque gazeu.se, que l'at- mosphère aurait pu céder aux sols expérimentés, son estimation est fort incertaine. Mais j'ai pensé que l'on aurait au moins lui maxiuiuuî, en plu- (78o) çant de l'acide sulfurique étendu dans une large conserve, à côté des pots, et eu dosant l'ammoniaque absorbée. J'ai trouvé ainsi dans la prairie, à G™, 70 (lu sol, sous un abri, pendant la période d'avril à octobre : o^', oo5i d'azote ammoniacal gazeux, pour une surface de i iS*"'. Ce chiffre, ajouté à l'azote de la pluie, donne o»', oo58 (5''^ par hectare); tandis que l'azote fixé sur les terrains et sur la tour s'est élevé à o«', 0277; oS', 0347; o^'^?o432 (aS'^s à 4o''s par hectare), c'est-à-dire qu'il a été de 4 à 8 fois aussi considé- rable. Cet azote ne paraît donc attribiiable ni aux apports de l'eau de pluie, ni à l'ammoniaque gazeuse atmosphérique. » Pendant une autre série d'expériences analogues, faites en 1884, j'ai trouvé que l'^s du sable [I], exposé sur la tour, sur une surface de 1 13'^'', dans diverses conditions, pendant cinq semaines, avait fixé les doses d'azote suivantes: oS%oi8; oS'',oi4; oS'',oi2; oS'',oo8 (7 à i6'^^ par hectare); tandis que la pluie avait ajiporté o,oooi5 et que l'ammoniaque atmosphérique gazeuse absorbée par l'acide sulfurique sur une même surface, jointe à celle de l'eau de pluie, s'élevait à o,o025 (a'^s, 3 par hectare) : chiffre également fort inférieur à l'azote fixé. Ce sont ces premiers résultats qui m'ont engagé à instituer les expériences méthodiques que j'expose aujourd'hui. Elles con- courent à établir que la fixation de l'azote atmosphérique sur les sols argi- leux s'opère indépendamment des apports d'azote combiné. C'est ce que vont démontrer sans réplique les expériences faites en vase clos, lesquels éliminent l'influence des composés azotés, acide nitrique et ammoniaque, disséminés à faible dose dans l'atmosphère illimitée. Quatrième série. — Séjour des mêmes terrains dans de grands flacons de verre blanc de 4''S remplis d'air, contenant i'^^^ de sable, bouchés à l'émeri, les uns placés dans l'obscurité (armoire close), les autres à la lumière diffuse. On a ajouté un peu d'eau (10'^'=) au début, et l'on a ouvert une fois pour prélever 5oos^ On agitait de temps en temps. [I] Sable argileux jaune. [Il] Sable argileux autre. 6 juillet. lu octobre. 6 juillet. lo octobre. Analyses. joavr.i885. Lumière. Oliscurilé. Luiiiiôre. Obscurité, jo avr.i885. Lumièro. Obscurité. Lumière. Obscurité. , Sf (' ) , I ' 1 Azote combiné. . o,o833 0,0964 0,087g 0,1222 0,1022 0,1101 0,1169 0,1280 û,i455 o,i343 Azotedesnitrales. 0,0077 o,ooi5 0,0046 0,0067 0,0077 0,0018 0,0019 0,0029 0,0048 0,0029 0,0910 0,0979 0,0925 0,1289 0,1099 0,1119 0,1188 0,1269 o,i5o3 0,1372 Az, ammoniacal . 0,0079 o,oo43 o,oo34 0,0020 o,oo3.'5 0,0069 o,ooi3 0,0020 o,oo44 ",0016 Eau poui' loo . . 2,08 2,85 2,95 3,02 2,77 4)92 9>79 >o,6 9>6o io,i (') Il s'est développé des moisissures vertes; ce qui n'a été observé dans aucune autre expérience. ( 7«i rilll Arsile haoUn. Analyses. 3o avril iS85. fi juillet. Lumière. Obscurité 10 octobre. Lumière. Obscurité. Azote combiné 0,0206 Azote des nitrates . . o,ooo4 Azote ammoniacal , 0,0210 o,oo5ç) Eau pour 100 4)9'^ 0,0892 0,0002 0,0894 0,0006 5,69 0,0346 o ,0002 0,0348 o,oooy 5,86 0,0494 Traces. 0,0494 0,0016 5,80 0,0433 Traces. 0,0433 o,oooS 6,o3 » La fixation de l'azote a eu lieu sur les trois terrains étudiés, et elle s'est faite d'une manière progressive, précisément comme à l'air libre, et suivant des proportions du même ordre. Elle s'est opérée dans l'obscurité aussi bien qu'à la liunière diffuse, mais plus activement sous cette dernière influence. » Avant de pousser plus loin ces comparaisons, donnons les expériences de stérilisation. Elles ont paru intéressantes. En effet, on a vu que la fixa- tion de l'azote sur les terrains argileux n'avait pas eu lieu sous forme d'acide nitrique ou d'ammoniaque, m;iis de composés amidés complexes, insolubles, de l'ordre de ceux qui existent dans les êtres vivants. Ce fait in- dique que l'action est attribunbleà des micro-organismes; peut-être à ceux- là mêmes qui fixent la silice et qui ont donné lieu à de si importantes for- mations géologiques. J'ai cru nécessaire de pousser plus loin la démon- stration. CiNQUiÈ.^iE SÉRIE. — StcriHsntions . ~ i''" de sable, de richesse connue en azote, a été placé dans un vase de 4''S et le tout porté à 100° pendant deux heures, en complétant l'action par un courant de vapeur d'eau prolongé cinq minutes. Pendant le relroidissement, on n'a laissé rentrer que de l'air filtré par des tampons de coton, glycérines préalablementet portés à i3o". Puis les ballons ont été abandonnés à eux-mêmes, du 10 juillet au 6 octobre 188.'). Analyses. Azote combiné. Az. (les nitrates . [1] Sable argileux. Avaut Après chauffage, conservation. O, Io35 0,09c) I 0,0074 o,oo55 [II] Autre sable. [III] Argile kaolin. Avant Après Avant Après chaulTage. conservation, chauffage, conservation. O, I log o, 1046 Az. ammoniacal.. o,oo58 0,0046 Eau pour 100. .. . 1,91 ' »42 C. R., i885, 2- Semestre. (T CI, IN» 17.) o,i384 0,1270 0,0829 o,o3oi 0,0048 o,oo3i 0,0000 0,0000 0, 1432 0, i3oi 0,0829 o,o3oi 0,0070 0,0047 0,0025 0 ,0021 4,00 3,53 4,48 4,08 [IV] Autre kaolin. Avant Après chauffage, conservation. 0,0622 0,o6o3 0,0029 o,oo85 o,o65i o,o638 o,oo52 0,0044 4,57 4,3o 102 ( 7«2 ) » Dans toutes ces expériences, l'azole est resté stationnairp et même a un peu diminué, sans doute au moiiit^nt de l'érhauffeuient initial. Celui-ci a donc détruit la cause de fixation de l'azote. Les terrains ainsi stérilisés n'ont pas repris leur aptitude à fixer l'azote pendant la même période de temps, ni sous l'influence, de l'air libre (dans la pièce intérieure), ni par une addition d'une petite quantité de la matière originelle, comme l'ont montré de nombreuses analyses que l'espace ne permet pas de reproduire ici. Ces résultats sont décisifs. » Je me bornerai à ajouter que les terrains stérilisés, abandonnés à l'air libre dans la chambre close, jusqu'au 0 octobre, n'ont pas fixé une dose d'azote ammoniacal supérieure à celle qu'ilscontenaient le lo juillet. Dans le sable [I], porté d'une part à ioo°, comme il vient d'être dit, et d'autre part à i3o" dans une étuve ordinaire, un a trouvé, trois mois a|)rès (6 oc- tobre) : os%oo6o et oS'",oo5i d'azote ammoniacal; au lieu de oSi^,oo58 ob- servé avant le chauffage. De même dans le kaolin [III], traité pareillement : oS'',oo27 et oS'',ooi8 d'azote ammoniacal, trois mois après; au lieu de o,oo25 avant le chauffage. On ne saurait invoquer ici la présence des êtres vivants (détruits par le chauffage) connue propre à transformer à mesure eu composés complexes l'azote ammoniacal de l'atmosphère, supposé fixable directement par le sable argileux, aux dépens de l'atmosphère, dans les autres expériences où le sol n'a pas été stérilisé. » En résimié, les terrains argileux étudiés, sables et kaolins, possèdent la propriété de fixer lentement l'azote atmosphérique libre. Cette aptitude est indépendante de la nitrification, aussi bien que de la condensation de l'ammoniaque. Elle est attribuable à l'action de certains organismes vivants. Elle n'est pas manifeste en hiver : mais elle s'exerce surtout pendant la saison d'activité de la végétation. Une température de 100° l'anéantit. Elle s'exerce aussi bien en vase clos qu'au contact de l'atmo- sphère; aussi bien à l'air complètement lil)re, au sommet d'une tour, que sous un abri, au voisinage du sol couvert de végétation, ou dans une chambre close, à l'intérieur d'un bâtiment. Elle a lieu dans l'obscurité, comme à la lumière, quoique plus activement dans le second cas. » Les chiffres suivants précisent celte fixation opérée sur i''^ de matière, pendant une saison (avril à octobre i885) : { 7«3 ) Flacon clos Substance. Azote initial. (lumière). Chambre close. Prairie. Tour. ET gr gr gr ;r Sable jaune [I] 0,09 to 0,1289 *'>''79 o,oq83 a Sable [II] 0,1119 o,i5o3 0,1639 0,1^95 0,1896 Argile kaiilin [III].. . 0,0210 o,o49J 0,0407 o,o353 o,o557 Kaolin [IV] o,io65 o,i236 » 0,1 144 o»'497 » On voit qu'elle est du même ordre de grandeur dans les quatre cas; sans que l'exposition à l'air ait donné lieu à quelque accroissement parti- culier, aftribuable aux compostas azotés, ammoniaque ou acide azotique, apportés par l'atmosphère. L'apport possible de ces derniers demeurerait en tous cas, d'après les expériences citées, fort au-dessous des quantités d'azote réellement fixées. Il ne saurait, d'ailleurs, en être question dans les expériences faites en vase clos. » Attachons-nous au poids absolu de l'azote absorbé par i''^. Il s'est élevé, au contact de l'air dans la chambre, avec le sable [I], dans la pre- mière saison (i884), à oB'^jOsa; dans la seconde saison (i885), à oK'^,024; en vase clos, à o^^oSS. » Avec le sable [II], les î^ains ont été, dans la chambre, o^', oSa; eu vase clos, o^', o38; dans la prairie et sur la tour, oS', oi8 et oS'^,028; mais ces derniers sont trop faibles, les lavages dus à la pluie ayant dû amener des déperditions. » Avec le kaolin [III |, les gains ont été, dans la chambre, os',020; dans le vase clos, os^o28; dans la prairie, o^'',oil\; sur la tour, oS',o35. Ce kaolin était très pauvre en azote aux débuts. » Si l'on rap|)roche de ces chiffres la surface des pots employés dans la prairie et sur la tour(i iS'"'), ils conduiraient, pour une surface de i hectare, à des fixations d'azote telles que : ao'^s pour le sable [I], 16 et 25''Spour le sable [II], Sa"**? pour le kaolin [III] ; nombres que je donne seulement pour fixer les idées. Ils sont, en effet, beaucoup trop faibles, parce qu'ils se rap- portent à des épaisseurs de sol minimes, telles que o"", 08 à o", 10; tandis que l'absorption de l'azote s'est faite tout aussi bien et proportionnellement sous une épaisseur quintuple (o'", 45) dans les pots de la chambre inté- rieure. On comprendra mieux l'ordre de grandeur du phénomène, si l'on observe, d'une part, que les apports d'azote, dus à l'azote, tant nitrique qu'ammoniacal des eaux de pluie, à Rothamsted, sont évalués, par MM. Lawes et Gilbert, à S^^ par hectare (';). A Montsouris, on a trouvé I Grande&u, Cours (l'Jgnctilluie^ t. I, p. 4^2; 1879. ( 784 ) seulement i*"^, 7 en i883. D'autre part, la quantité d'azote soustraite au sol annuellement, lorsqu'on enlève la récolte d'une prairie, serait voisine de 5o à 6o''S par hectare. » La déperdition annuelle serait dès lors de 40''^ à So'^s, aux dépens de la terre végétale. A la vérité, celle-ci y suffit pendant un certain temps, parce qu'elle renferme de i^"^ à 2^'^, 5 d'azote par kilogramme, c'est-à-dire 5o à 100 fois autant qu'il s'en est fixé en une saison, sur les terrains argi- leux que j'ai étudiés. Mais il est incontestable que la terre végétale d'une prairie ou d'une forêt s'appauvrirait peu à peu, par le fait de la végétation joint à l'enlèvement des récoltes, s'il n'existait pas de causes compensa- trices, plus énergiques que les apports météoriques, pour régénérer à me- sure les composés azotés. En fait, et malgré ces déperditions incessantes, toutes les fois qu'on n'épuise pas la terre par une culture intensive, la vie végétale se reproduit dans les prairies et dans les forêts, en vertu d'une ro- tation indéfinie. Or les expériences actuelles mettent en évidence l'un des mécanismes de cette régénération, indispensable pour rendre compte de la fertilité continue des sols naturels. Elles expliquent en même temps com- ment des sables argileux, presque stériles au moment où ils sont amenés au contact de l'atmosphère, peuvent cependant servir de support et d'ali- ment à des végétations successives, de plus en plus florissantes, parce qu'elles utilisent à mesure l'azote fixé annuellement par ces sables et celui des débris des végétations antérieures, accumulés et associés aux mêmes sables argileux, de façon à constituer à la longue la terre végétale. » ZOOLOGIE. — Les Cjnlhictdés des cèles de Fiance : type Cynthia morus. Note de MM. H. de Lacaze-Dutuiers et Ytes Delage. « Parmi les Ascidies simples, le groupe des Cynthia est certainement l'iu) des mieux caractérisés, l'un des plus nombreux et des plus intéres- sants. Dans les eaux des deux stations maritimes de Roscoff et de Banyuls, les espèces qu'il est possible de se procurer sont variées et nombreuses. Nous en avons fait la revision. » Sans nous arrêter en ce momiiit à leur nomenclature ou à la discus- sion des genres qu'elles représentent, nous nous occuperons plus particu- lièrcmenl d'une espèce qui se trouve à la fois dans l'Océan, dans la Manche et dans la Méditerranée. Elle nous servira de type et de terme de compa- ( 785 ) raison. Nous la désignerons ici par le nom qui permet de la reconnaître et de la retrouver facilement dans les Ouvrages, nous réservant plus lard de discuter la valeur des divisions établies ou à établir et sans rien préjuger à cet égard. » La Cynllnu morus est très commune sur toutes les grèves de Roscoff, où sa belle couleur rouge, rose, jaune orangé, etc., la fait facilement dis- tinguer, aux grandes marées, sous les pierres, sur les grosses tiges des laminaires et des Cystoseris; on la rencontre aussi sur les débris variés rap- portés par la drague des profondeurs moyennes. L'un de nous l'a trouvée en grande quantité à Breha, et nous l'avons recueillie à Morgate, au Conquet, dans la rade de Brest, aux Sept-Iles, à Trécastel, à Ploumanac'h, à Perros, à Laniiion, etc. Dans les eaux de Celte, de Banyuls, de Collioure, elle est rapportée par le chalut des bateaux-bœuf, fixée aux Bichus et Bi~ tolches, Cyniliia comestibles, ou aux Molgules diverses et autres corps sous- marins. » Les individus de la Méditerranée se distinguent moins facilement à première vue que ceux de la Manche ou de l'Océan. Nous le constatons en- core au moment où nous rédigeons ces lignes, à Banyuls, où nous sommes venus vérifier quelques points douteux sur les animaux vivants fraîche- ment recueillis par les bateaux de la station. Cela lient à ce que la tunique est couverte le plus souvent de colonies ou d'habitations d'animaux diveis sédentaires qui en masquent les caractères. » Cette espèce a dû son nom aux mamelons arrondis ou polygonaux dont sa tunique est couverte, ainsi qu'à sa couleur tantôt rose, tantôt ronge vif, qui l'a fait conjparer à une mûre ou à inie framboise. Forbes (') la trouva, donna sa diagnose et la nomma en la comparant au fruit qu'in- dique son nom. » Lorsqu'elle est contractée, sa taille, dans les plus beaux échantil- lons, ne paraît pas dépasser les proportions d'une belle noix ; mais, épanouie et gonflée, elle devient plus volumineuse. Pendant l'épanouissement com- plet ses deux orifices sont très écartés; alors quelques individus fixés par la partie convexe de leur corps prennent presque la forme d'un croissant dont Us cornes sont représentées par les tubes respirateurs. » Le faciès général est caractéristique en raison même de la posi- tion des tubes et de l'apparence extérieure de la tunique; ct pendant de fort nombreuses variétés se montrent relativement à cette position. I') Foir Forbes et Hanley, British Mollusca, vol. I. ( 78^' ) mais jamais le tube expimteur ou anal ne se rapproche et ne s'accole au tube inspirateur comme dans d'autres espèces. « I^a livrée ( ' ) des Cynthiadés est fort utile à bien connailre pour les spéci- fications. Elle n'a peut-être pas toujours été suffisamment étudiée et décrite. Dans notre espèce, pendant l'épanouissement complet, les tubes inspira- teur et expirateur dans la partie qui dépasse la surface mamelonnée et verruqueuse de la tunique sont membraneux, transparents et vivement co- lorés. Ils sont ordinairement lavés d'une légère teinte semblable à celle du reste du corps. Les deux oscules ou ouvertures proprement dites sont qua- drangulaires. Leurs angles sont un peu rentrés en dedans et portent de 1res légères échancrures qui partagent le bord libre en quatre îobes fort peu accusés. Habituellement un liséré rose vif occupe le bord tranchant de leur pourtour. Lorsque commence la contraction, avant que les lobes soient to- talement effacés, les bords, en se rapprochant, di-ssinent des figures cruci- formes variables avec l'état de la contraction et l'intensité de la coloraliot). Sur des individus qui ne sont pas rares, le liséré rouge est remplacé par une bordure d'un blanc mat très accusé; dans ce cas, le corps est ordi- nairement grisâtre. Lorsque des bandes colorées existent, elles descendent sur la surface interne du tube; en général, elles sont doubles et occupent le milieu des lobes. Il faut beaucouj) de soin et d'attention, il faut exami- ner longuement et patiemment à la loupe la contraction et l'épanouisse- ment des osctdes pour èire assuré de la disposition des couleurs qui déter- minent la livrée. Les variations de tons et de nuances de cette livrée sont sans nombre et embarrassent pour les déterminations à première vue. » On peut dire de cette espèce qu'elle est polymorphe. Mais il existe un caractère précieux pour la diagnose. On sait qu'il est difficile de déterminer les Ascidies, parce que les espèces et les genres ont été faits souvent soit d'après des échantillons uniques ou peu nombreux et par cela même insuf- fisamment étudiés, soit d'après des animaux conservés et défigurés par les liquides conservateurs. Dans le cas de la Cynthia morus, lorsque les animaux sont vivants, la diversité des couleurs et de l'aspect fait naître des doutes et l'on se demande si l'on n'a pas sotisles yeux des espèces dif- férentes. Mais il existe, à la face interne des orifices, des éléments micro- scopiques qu'il suffit d'observer pour arrivera une détermination précise. D'un coup de ciseaux rapide, il faut enlever une parcelle d'épiderme des (') Nous entendons par livrée l'ensemble des caractères offerts par la natuic de la cou- leur, sa nuance el sa distribution sur 1rs orifices. ( 7«7 ) osctiles épanouis et la porter sous le microscope; la vue df l'élément en forme d'écaille arrondie, saillante, toujours identique chez les individus les plus différents d'aspect, suffit à lèverions les doutes ('). » La Cyntltia moins est donc une Cynthia armée. C'est là un caractère important. » Le manteau est épais, très musculeux et renferme des fibres réunies en paquets formant des couches faciles à reconnaître, car elles ont des di- rections constantes. Deux couches sont semblablement disposées autour de chacun des orifices : l'une a ses paquets de fibres parallèles à la direc- tion des tubes, l'autre les a circulaires autour de l'oscule pris comme centre. Cette dernière constitue un puissant sphincter. Les divers réactifs employés pour étudier les éléments histologiques rendent très évidents les deux plans formés parles muscles et en facilitent l'étuiie. Les sphincters occupent le plan le plus superficiel. En voyant l'épaisseur des couches musculaires, on comprend la puissante contractilité de ces animaux et l'on s'explique aisément les variations de volume du corps chez les individus conservés. » Il suffit d'enlever avec soin et peu à peu les épaisses couches muscu- laires entre les deux orifices sur la ligne médiane pour découvrir le ganglion nerveux fort allongé et que recouvre une glande prénervienne. » La brancliie est grande et régulièrement constituée. Elle présente sept plis méridiens de chaque côté des deuxraphés antérieur et postérieur, qui la partagent en deux moitiés égales et symétriques. Exceptionnellement, quelques exemplaires n'ont présenté que six méridiens. La membrane fondamentale n'offre p^s d'infundibulums secondaires et subdivisés. Les trémas sont nombreux, réguliers et petits. Les côtes sont saillantes, bien accu'iées et, sur les têtes des méridiens, autour de la bouche, elles se pro- longent en filaments subniés libres qui fournissent un bon caractère. » La bouche proprement dite, placée au centre des tètes des méridiens formant un cercle au pôle supérieur de la cavité branchiale, présente deux replis ou lèvres en croissant qui s'enlacent par leur concavité. Celui de gauche descend du raphé antérieur dont l'extrémité supérieure est assez éloignée de l'entrée du tube digestif. )) Tjes raplics offrent deux particularités à noter. L'antérieur est un peu écarté du manteau auquel il est cependant uni par une lame mince de tissu. Cette disposition a pour conséquence un plus grand développement (') De Lacaze-Duthiers, ^«r an élément propre h Jaciliter la déterminolion des Cyn- thiadês [Comptes rendus, t. XCIX, p. iio3). ( 7«8 ) de la cavité péribranchiale. Le postérieur, formé d'une lame peu saillante, a son bord libre couvert d'une série d'appendices subulés, qui le font paraître dentelé en scie. » L'ouverture inspiratrice de la braiichie est garnie d'une couronne de trente-deux tentacules de trois ordres de grandeur et alternant entre eux. Ces tentacules sont pourvus de petits appendices latéraux simples, non ramifiés, à l'exception de quelques-uns, fort peu nombreux, qui offrent une ou deux bifurcations insignifiantes. » Entre la terminaison inférieure des méridiens et la couronne tentacu- laire existent les replis circulaires qui unissent, comme d'ordinaire, les extrémités des deux raphés. Dans l'angle qu'ils forment en allant rejoindre le raphé postérieur, ils reçoivent Vorgane oibrntile en forme de fer à cheval à branches recroquevillées intérieurement, » Le tube digestif né au sommet de la voûle branchiale se porte en avant et suit le raphé antérieur sur la droite. Il décrit presque une circonférence, car, accolé au manteau, passant en arrière après avoir abandonné le raphé antérieur, puis remontant, il vient s'ouvrir eti arrière, un peu au-dessous de la bouche, dans la cavité péribranchiale, à la hauteur de l'ouverture intérieure de l'orifice expirateur. » Uanus est entouré d'un repli à limbe découpé et frangé. Il faut re- marquer aussi que la position de la dernière partie de l'intestin et de l'anus est très différente de celle qu'on rencontre dans les Molgulides. Au lieu d'être attaché à la face postérieure du raphé postérieur de la branchie, c'est à la face interne du manteau qu'est suspendue la dernière partie de l'in- testin. Il y a dans ces dispositions une particularité caractéristique. » Le /b/e rappelle celui des Molgulides. Il est multilobé et très lobule. Il présente à gauche un lobe volumineux placé très haut. A la partie la plus élevée de l'extrémilé de la voiJte branchiale, il apparaît sous une Famé mince de tissu conjonctif limitant la cavité péribranchiale. A droite, vers le mdieu de la hauteur, et tout le long du tube digestif, dans la concavité de sa courbure, on distingue trois lobes dont les cœcumsd'un jaune verdâtre sont très évidents. On le voit, la CynUiia morus a un foie plus nettement différencié que beaucoup d'autres Ascidies. » "Le péricarde et le cœur offrent une longueur presque égale à celle du raphé antérieur qu'ils langent en se tenant tout près de lui et à sa gauche, en sorte que, en considérant le corps de la Cyitthia morus par la face antérieure, on voit sur la ligne médiane, après avoir enlevé la tunique, trois bandelettes contigués : une médiane jaunâtre, Vendostyte; une à gauche de l'observateur (par conséquent à la droite de l'animal), l'in- ( 789 ) testin; enfin une troisième à la gauche de l'animal (par conséquent à droite de l'observateur), le cœur, renfermé dans le péricarde. La position de ces trois organes servira grandement dans la comparaison des différents types de Cynthiadés en facilitant la recherche des homologies, rendue par- fois difficile par des déviations ou des modifications dans le développe- ment des parties. » Restent les organes reproducteurs dont on a quelque peine à se faire une idée juste si l'on ne tient compte de ce fait que les glandes sont tantôt turgides, tantôt flétries. Dans le cas d'inactivité, les lobules glandulaires sont flasques et vides et les conduits excréteurs difficiles à découvrir. Dans le cas de turgidilé excessive, par une raison inverse, les canaux déférents ou ovariens disparaissent encore, sous les amas de produits sexuels. » Dans les Cynthiadés, la face interne du manteau, à droite et à gauche de l'orifice postérieur, est en général couverte de mamelons multiples pé- doncules, tantôt incolores, tantôt colorés, qui ont fait donr)er le nom fort impropre de polycarpées à quelques Cynthin. Ce sont les ovaires et les testi- cules réunis, mais divisés en lobules devenus saillants, qu'on peut toujours rapporter à une glande composée. » Dans l'exemple, il y a ordinairement de chaque côté du corps deux amas distincts de lobules, piriformes et coniques dans leur partie libre. Ils sont d'un beau rose vif et couverts, dans leur portion conique, saillante, d'un voile blanc laiteux. » Chacun de ces lobules est formé d'un ovaire (partie rouge) recouvert d'un testicule (partie blanche). » Au milieu de l'amas des lobules, on trouve un gros canal se dirigeant d'avant en arriére, véritable collecteur, recevant sur ses côtés les cana- licules secondaires : c'est un oviducte s'ouvrant tout près, de l'orifice postérieur du cloaque. » Ce qui vient d'être indiqué pour la glande femelle doit être répété pour la glande mâle. Un canal déférent très grêle descend de la partie blanche, s'accole au petit oviducte et arrive à un collecteur spermatique situé au-dessus de l'oviducte principal dont il suit le trajet. » Il faut une observation attentive pour reconnaître la superposition des conduits, et les coupes ne laissent plus de doute en montrant, dans le pédoncule des glandes, les deux ordres de canaux. Avec une forte loupe, on voit, vers l'extrémité, un peu saillante, du canal principal, deux pores situés sur des mamelons distincts et superposés, qui sont les ouvertures des organes des deux sexes. C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N° 17.) lo3 ( 790 ) » Ce qui rend l'observation parfois difficile, c'est l'état de vacuité des glandes, dont les conduits, par suite de l'inactivité, semblent avoir dis- paru, et alors fort grand est l'embarras pour reconnaître, dans les C/n- thiadés polycarpés des auteurs, les dispositions analomiques vraies variant beaucoup avec les espèces. Ici, les faits sont faciles à constater, car deux amas glandulaires existant de chaque côté et les glandes étant très nette- ment lobulées, on peut avoir, sur le même individu, tous les états, depuis la turgidité la plus excessive jusqu'à la vacuité la plus complète. Par là, on peut se rendre un compte exact des conditions qui se rencontrent ailleurs, et s'expliquer ainsi les différences de forme des organes génitaux dans le groupe important qui nous occupe. » Nous n'étendrons pas plus loin ces détails et n'établirons de compa- raison qu'avec les Molgulides, dont la parenté avec ce type est si proche. La bouche et les méridiens branchiaux offrent beaucoup de ressemblance dans les deux groupes, sauf en ce qui concerne les infundibulums, qui sont ici d'une grande simplicité. L'intestin décrit une courbe à grand rayon, et non une anse dont les deux branches se rapprochent comme dans les Molgulides. Le cœur est plus long et plus antérieur. La position des glandes génitales, par rapport à l'organe de la circidation, est donc différente. L'organe rénal n'est pas en évidence comme chez les Molgulides. Le rectum et l'anus, accolés au manteau et éloignés de la paroi branchiale, offrent ici et en cela une différence notable. La glande prénervienne et le gan- glion nerveux ont des rapports généraux identiques dans les deux groupes, mais montrent des différences de détail qui séparent les deux divisions. » En signalant quelques différences légères, mHiscaractéristiques,onpeut donc facilement passer de l'organisation d'une Molgulide à celle de la Cyn- ihia monts : reste à passer de celle-ci aux formes dérivées qui s'éloignent du type et conduisent aux formes plus aberrantes et, par cela même, plus difficiles à comprendre. Ce sont ces raisons qui nous ont conduits à faire con- naître d'abord un type simple, propre à servir de terme de comparaison ('). » MÉTÉOROLOGIE. — Note relative à de récentes Communications sur les trombes; par M. Faye. « Quelques personnes s'attendent peut-être à ce que je donne des ex- plicaiions au sujet de la force d'arrachement et d'aspiration que deux Fait au lalioiatoire Aiago, le i4 octobre i885. ( 79' ) observateurs attribuent aux trombes, dans le dernier numéro des Comptes ?eH(/u5. Ces explications se trouvent d'avance consignées dans un travail que je viens de terminer. )j II a été question, dans une discussion récente, d'une belle enquête faite aux États-Unis, par ordre de VArmy^ si(/nal Sei-vice, sur les treize tor- nados des 29 et3o mai 1879. C'est, en effet, l'enquête la plus complète et la plus sérieuse qui ait été jamais publiée sur cette question. J'ai pris le Rap- port, j'ai dépouillé avec un soin scrupuleux la masse énorme de documents authentiques qu'il contient, et je les ai comparés avec les deux théories en présence, non pas seulement pour constater une fois de plus la vérité de la mienne, mais aussi pour la compléter en quelques points importants. Ce travail, aujourd'hui achevé, ne serait pas de nature à paraître dans les Comptes rendus de l'Académie, mais le Bureau des Longitudes a bien voulu, sans prendre parti dans ces discussions, en autoriser l'insertion dans Y Aimuaire de l'année 1886. Il est actuellement à l'impression et paraî- tra en décembre prochain. » MEMOIUES PRESENTES. MÉCANIQUE. — Expériences de transmission de la force par l'électricité entre Paris et Creil. Note de M. Marcel Depkez. (Renvoi à la Section de Mécanique. ) « Je suis heureux d'annoncer à l'Académie que les premières expé- riences de transmission de la force par l'électricité entre Paris et Creil vien- nent d'avoir lieu et que les résultats ont été très satisfaisants. » La longueur de la ligne télégraphique qui relie les deux stations est de Sô''"" ; mais, comme le retour du courant n'a pas lieu par la terre, il est obligé de parcourir en réalité une longueur de i la"""" d'un câble en cuivre, équivalant, comme section, à un conducteur unique de 5™" de diamètre. » La résistance électrique totale de ce câble est de 100 ohms à la tempé- rature de i5". » La machine génératrice est située à Creil. Elle a deux anneaux tour- nant dans deux champs magnétiques distincts, constitués chacun par huit électro-aimants. Chaque anneau a une résistance de 16°*""% 5 et un dia- mètre extérieur de o"", 78. » Le courant engendré par cette machine sera utihsé à la Chapelle par ( 792 ) deux machines réceptrices, situées à quelques centaines de mètres l'une de l'autre. Une seule des réceptrices est actuellement terminée. Elle possède, comme la génératrice, deux anneaux; ils ont o™, 58 de diamètre extérieur et une résistance électrique de i8 ohms chacun. » Les expériences, commencées depuis le 17 octobre dernier, ont eu lieu en boucle, c'est-à-dire que les machines génératrice et réceptrice sont à côté l'une de l'autre, ainsi que cela a eu lieu d'ailleurs dans les expériences faites au mois de mars i883, aux ateliers du chemin de fer du Nord, par une Commission nommée par l'Académie. Les objections que certaines personnes ont faites à ce procédé d'expérimentation, qui se prête, beaucoup mieux que la marche à distance, aux constatations scientifiques, ont été déclarées sans fondement par Tresca, sous la réserve que l'on prenne, bien entendu, toutes les précautions nécessaires pour mesurer, pendant rex[ érience même, la résistance réelle de la ligne, ce qui a toujours été fait. » Entre la génératrice et la machine à vapeur qui la met en mouvement, est intercalé un dynamomètre très exact, analogue au dynamomètre de White, qui inscrit à chaque instant sur une bande de papier le travail méca- nique absorbé par la génératrice. Ce dynamomètre a été étudié par M. Contamin, ingénieur de la Compagnie du Chemin de fer du Nord. » La réceptrice est munie d'un frein de Prony, dans lequel réchauf- fement de la poulie de friction est rendu impossible grâce à une circula- tion d'eau. Ce frein reste en équilibre parfait pendant des heures entières. Des tachymètres Buss font connaître, à chaque instant, la vitesse de la géné- ratrice et de la réceptrice. Ces vitesses restent d'ailleurs constantes pendant toute la durée d'une expérience. » On a donc tous les éléments nécessaires pour déterminer le travail mécanique absorbé par la généi'atrice, ainsi que celui qui est restitué par la réceptrice. » Quant aux mesures électriques, elles sont prises à l'aide de trois galvano- mètres, parfaitement gradués, et qui font connaître la différence du poten- tiel aux balais de la génératrice, la différence de potentiel aux balais de la réceptrice, et l'intensité du courant qui traverse les deux machines et la ligne. Enfin deux autres galvanomètres permettent de mesurer l'intensité des courants engendrés par les petites machines excitatrices, servant à produire les champs magnétiques de la génératrice et de la réceptrice. Les indications de ces divers instruments sont d'une grande exactitude. » Je donnerai, dans une prochaine Communication, des Tableaux très ( 79») complets, contenant toutes les données électriques et mécaniques des expé- riences faites, soit par la Commission d'expériences présidée par M. l'in- génieur en chef des Ponts et Cfiaussées Coliignon, soit par moi. Je me contenterai, quant à présent, de faire connaître les résultats d'une des expériences de la Commission, et d'une autre expérience faite deux jours après devant M. Sartiaux, sous-clief de l'Exploitation du Chemin de fer du Nord et ingénieur délégué de la Commission d'expériences. Tableau d'expériences. Promîère expérience. Deuxième expérience. Génératrice. Réceptrice. Génératrice. Réceptrice. Vitesses en tours par minute igo -248 170 277 Force électroinotrice (directe ou inverse) 5469^ ^■i^i'' 5717' 444''' Intensité du courant 7''')2i 7''>2i 7^,20 7=', -20 Travail dans le champ magnétique (en chevaux) 9'^''\20 3'i>'',75 to'^'>%3o 3<^''\8o Travail électrique dans l'induit (en chevaux) 53'^''\5<:) 4i"'%44 55=^^ ,qo 43'-''\4 Travail mécanique mesuré (au dy- namomètre ou au frein) 62''"', 10 35'^''\8o Gi"^''" 40'^'"' Renilements. Première Deuxième expérience. expérience. l'our 100. Pour loo. Électrique 77 78 Mécanique industrielle 47i7 ^3, 4 » On voit, et c'est sur ce point que je désire attirer l'attention, qu'un travail utile de 40*'''^ a été développé par la réceptrice avec un rendement industriel de 5o pour lOo, la vitesse de la génératrice étant de 170 tours seulement par minute et celle de la réceptrice de 277 tours. I>a force électromotrice de la génératrice était de 0700 volts environ. Dans d'au- tres expériences, on a dépassé 6000 volts. Ces machines développent donc des forces électromotrices considérables, avec de très faibles vitesses angulaires. On remarquera également que la réceptrice, bien que n'ayant que des anneaux de o",5o de diamètre et n'étant parcourue que par un courant de 7 ampères, a développé un travail mécanique utile de 648''S" par tour, sans aucun écliaujfement appréciable. Ce sont là des conditions qui n'ont jamais été réalisées jusqu'ici. » Je ne puis terminer cette Note sans citer les personnes grâce au con- ( 794 ) cours desquelles des expériences aussi coûteuses ont été rendues possibles : d'abord, et dans l'ordre cbronologique, M. le D' Herz, directeur du journal la Lumière électrique, qui, pendant deux ans, a détendu avec la plus grande énergie, par tous les moyens en son pouvoir, la cause de la transmission électrique de la force à grande distance, et grâce auquel j'ai pu faire les expériences de Munich, du Chemin de 1er du Nord et de Grenoble. » Les expériences actuelles, dont je viens d'apporter les premiers résul- tats devant l'Académie, ont été faites avec l'appui et le concours de MM. de Rothschild. » Je suis heureux de pouvoir leur en témoigner publiquement ma re- connaissance. M MECANIQUE. — Sur la propagation du mouvement dans les corps, et spéciale- ment dans les gaz parfaits. Mémoire de M. Hdgoxiot, présenté par M. Maurice Lévy. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Bertrand, Cornu, Darboux, Maurice Lévy.) « Les mouvements considérés dans ce travail sont ceux qui s'accomplis- sent par tranches parallèles, de manière que dans chaque tranche la vi- tesse de tous les points soit la même au même instant et perpendiculaire à la direction de la tranche. J'établis les équations aux dérivées partielles, qui régissent ces mouvements pour les fluides, doiit la conductibilité est assez faible pour être négligée. Lorsqu'on ne tient compte ni des frotte- ments, ni de la viscosité, ni des forces extérieures, ces équations sont, pour un fluide primitivement fiomogène, de la forme u étant le déplacement subi par la tranche x, à l'instant t. Mais, pour un fluide déterminé, cette équation cesse de régir l'ensemble du phénomène, aussitôt que des discontinuités s'introduisent dans le mouvement, c'est- à-dire quand la vitesse d'une tranche peut éprouver une variation finie dans un temps infiniment petit. En particulier, pour un gaz parf.iit, dont p^ désigne la densité et p^ la pression à l'instant initial, l'équation bien connue (2) Po-^TÏ ='"/'a( c)x j 0.V- ( 795 ) dans laquelle m représente le rapport des chaleurs spécifiques, cesse de convenir quand les discontinuités s'introduisent. Il faut alors considérer l'équation plus générale /(-)(■-")""} f{x) désignant une fonction arbitraire. » Il y a propagation d'un mouvemenl A dans un mouvement B quand, le corps étant séparé par une tranche | en deux parties animées, l'une du mouvement E, l'autre du mouvement A, ce dernier s'étend constamment aux dépens de l'autre avec une vitesse y qui est la vilesse de propagation, sans qu'il se produise d'nutre phénomène. Quand il en est ainsi, les deux mouvements sont dits compatibles. » Je représente géométriquement les mouvements par des surfaces en prenant pour ordonnée verticale le déplacement n, les variables a: et ^ étant les abscisses horizontales. Ces surfaces sont des surfaces intégrales d'une même éqr.ation aux dérivées partielles. Quand il ne se produit pas de discontinuités, les deux surfaces intégrales qui représentent des mouvements compatibles se raccordent suivant la ligne d'intersection qui est une caractéris- tique commune. » Il en résulte que la vitesse de propagation est égale au coefficient angu- laire de la projection horizontale de la caractéristique. Ainsi, pour le fluide dont le mouvement est régi par l'équation (t), la vitesse de propagation a pour expression analytique ±:l/F(-r^j; cette expression resterait la même si l'équation contenait d'autres termes, pourvu qu'ils fussent indé- pendants des dérivées du second ordre. » Si l'on considère une colonne de fluide non conducteur primitivement en repos, dont le mouvement est régi par l'équation (i), et si l'on astreint l'extrémité à une condition quelconque, fonction du temps, le mouvement qui prend naissance est représenté géométriquement, tant qu'il ne s'est pas produit de réflexions, par une surface développable. Les diverses sur- faces développables appartiennent à une même classe qui, si l'on pose ^w=MI)]' ( 796) a pour équation du premier ordre du du , . (du - = o(o)-4i'i8",7 (B) ( 8o4 ) la moyenne des positions obtenues étant, pour le i8 juillet, o°^i' iS",']. » Le même calcul a fourni, pour l'étoile 55 L., les positions suivantes . Juillet i8. Juillet 23. Juillet 24. Juillet 25. i''o'49",2 l'o'So'So i°o'5o",o i»o'5o",4 qui, ramenées au jour de la première observation, donnent : Juillet 18. Juillet 23. Juillet 24. Juillet 25. ]''o'49",3 i"o'49",3 i°o'49",i i»o'48",8 » La moyenne des positions obtenues est donc, pour le 18 juillet, i"o'/i9",i- » L'ensemble de ces résultats montre que l'erreur moyenne d'une obser- vation isolée ne dépasse pas o",35. » Pour la troisième méthode de M. Lœwy, les observations n'ont plus besoin d'être symétriques, ni par rapport au méridien, ni par rapport au premier cercle horaire; elles doivent seulement être effectuées à quatre heures d'intervalle, le calcul de la distance polaire correspondante devant se faire parla formule (VIII), qui, pour plus de précision, doit être modifiée de la manière suivante : sinPsiu t"- ^[ . A '- A' ■2 A" H- A ■cost'" sin 2 cos A"-h 2 A' A"~ A' . p 2 P" cos fP' + ^" 1 ) ) 2 { 2 + sin A" + A' 2 sin à" — A' sin ( P' + P" 2 + ^)] 2 P' - P" sini SHl — cost' , sun » Si dans cette formule on évalue 1 avec une erreur ne dépassant pas 10", l'erreur commise dans le calcul de P ne dépassera pas quelques cen- tièmes de seconde d'arc. » Dans chacune des soirées des 18, 24 et aS juillet, j'ai pu réaliser des observations de la Polaire dans les conditions suivantes : deux séries de dix pointés chacune ont été effectuées une heure et demie avant et deux heures et demie après le passage de la Polaire au méridien inférieur; deux autres séries ont été faites de même une heure avant et trois heures après le même passage. En prenant la moyenne des deux observations faites de la première manière, et la moyenne des deux observations faites de la deuxième, j'ai obtenu chaque jour deux valeurs de la dittance polaire de a Petite Ourse. J'.ti l'honneur de présenter a l'Académie les résultats ob- ( 8o5 ) tenus en appliquant la formule (B) à ces observations : Juillet i8. Juillet 2:5. Juillet 25. 0 ' " o ' '/ O I fl Première position 1.1829,5 1.18.27,7 1.18.27,4 Deuxième position. .. . 1.18.29,8 1.18.28,2 1.18.28,4 Moyenne 1.18,29,6 1.18.28,0 1.18.27,9 » La Connaissance des Temps donnant, pour chacune de ces dates, Juillet iS. Juillet 2/). Juillet 25. i''i8'28",6 i-'i8'27",7 i<'i8'27',6 les différences entre les positions observées et les positions calculées sont respectivement +i",o, -f- o", 3, -t-o"',3, la moyenne de la correction à apporter à la Connaissance des Temps étant + o", 5. » L'accord remarquable des résultats provenant de l'application de l'une ou de l'autre de ces méthodes montre d'une manière suffisante toute leur importance, puisqu'elles permettent, par un petit nombre d'observations, d'obtenir des positions absolues, indépendantes soit des constantes instru- mentales, soit des coordonnées des étoiles fondamentales fournies par les différents Catalogues. M Dans une prochaine Note, j'aurai l'honneur d'exposer à l'Académie les résultats obtenus pour les ascensions droites des luèmes étoiles calculées par les mètucs méthodes. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Questions (lui se rapporlenl à un faisceau de cubiques planes (suite). Note de M. P. -H. Scuoute, présentée par M. Hermite. « 1. Une courbe C*, de l'ordre A, qui a, en un point déterminé A d'une cubique donnée, un contact de l'ordre 3A' — 2 avec cette courbe, la coupe encore en un point A^', que nous appelons le premier point tamjentiel de puissance k du point A par rapport à la cubique. Suivant un théorème de Jacobi, ce point A* est unique, même pour k >■ 2, où il y a une infinité de courbes C* qui satisfont à la condition posée. Nous continuerons nos recherches par l'étude du lieu T^'^ du point AJ,, c'est-à-dire du «''^""^ point tangentiel de puissance k du point A, dont nous désignons les nombres caractéristiques fl„, b^, p„ parrt,,,^, ^«,a, Pn,k- » Tandis que chaque courbe du faisceau ne contient qu'un seul point A*, ie point Aest/i'^'"'' point tangentiel de puissance k de (3 A" — \)-", ou, comme C. K., i8S5, 2* Semestre. (T. Cl, N» 17.) Io5 ( 8o6 ) nous représentons (i — 3A)" par v„,a, de v^,^;. points sur elle. Cela prouve que l'ordre de T*;', surpasse celui de TJ de j(v; ^— i) et est donc représenté par p^ ^_^ l(v^^ ^. — i), les neuf points (A, 8B) jouant le même rôle par rapport aux deux courbes. Comme au n° 2 de la Noie précédente, nous trouvons donc les équations récurrentes (A) I 3/)„,A = ««,/,+ 8^>„_A+ I, auxquelles on satisfait par les suppositions I ^«,A = H4V,...A+ 5)( v„,,-i), (5) j rt„,/, = î,(2V„^A-— 5)(2V„,A+l), ( /'«.A = K 1^«,A- 0' comme nous allons le démontrer. » 2. Pour cela, remarquons que tous les points d'intersection des deux lieux T* et T^"*^' coïncident avec les points (A, SB) : on a donc (6) Pi,/,,A^, + 3. Cette équation, combinée avec les deux dernières équations (4), où l'on a remplacé 7i par i et A par k-hï, donne deux systèmes de valeurs pour ^(,A+i» ^i,A+M /'i.A+i- Et tandis qu'un de ces systèmes est à rejeter, parce qu'il mène à une valeur de ^2,^+1 pour laquelle 16^2 ^4-1 + 9 n'est pas un carré parfait et pour laquelle, d'après le n° 2, les valeurs de «2,aw-i et ^a.A+i sont toutes les deux incommensurables, l'autre système est déduit des deux dernières équations (5) en remplaçiuit n par i et k par ^- + 1. Donc, les équations (5), où l'on a remplacé k par A 4- i, donnent la solution unique pour « = I, mais dans ce cas elles le font pour ?i quelconque. On a donc : » Théorème V. — Le lieu T,^ est une courbe unicursale de l'ordre f [(i - 3A-)=«- i], qui /jasse i[2(i - 3A-)"- 5] [2(1 — 3A)«+ l'jfois par A et ^[4(i — 3A-)"+ 5] [(i — 3A)"— i] Jois par chaque point B. Elle «e pos- sède d'autres points multiples que les neuf points de base, qui la déterminent complètement. ( ^^07 ) » Théorème VI. — Le lieu T^„ est une courbe de l'ordre |[(i — 3k)'-'' — i], qui passe autant de fois par les points (A, 8B) que T'^. Elle touche en A les tan- gentes à T* en ce point. M 3. Nous appelons un point A d'une cubique donnée un point d'in- flexion de puissance k de cette courbe, quand le point A^ sur elle coïn- cide avec A. Cela posé, il est évident que le nombre des courbes du fais- ceau, dont A est point d'inflexion de puissance le ou un facteur de k, est a,k— 3 ou 4(^^— i). Donc, si a, ^, y, ... représentent les facteurs pre- miers de k, y compris k quand k est premier, et que H ( i :, ) symbolise le produit (i ;) (i — ^) (i ;) •••j on a pour /■>!, d'après une réduction connue : » Théorème VII. — Le faisceau contient lik^ïl (i jj courbes, sur les- quelles le point A est point d'inflexion de puissance k. » Parce que «„,;. — rt,,^ = ^(v„,;i - v,,a.)(v„,a 4- y,,A — 2), on a : » Théorème VIII. — Le Jaisceau contient :;■(, - 3/c)[{i - 3 k)"-' - i][{i - 3 k)" - i - 3k] courbes, sur lesquelles A est sommet d'un polycjone curviligne à la/bis inscrit et circonscrit, dont le nombre des côtés est k ou un facteur de k. » Si s„ et 5„ du n° 5 se rapportent sous la forme j„_a et (7„,/, à des points d'inflexion de puissance k ou un facteur de k, y compris l'unité, on a n 1 et, d'après le lieu C'-(A%8B') des points d'inflexion ordinaire, On trouve donc ff„,/, et c,, ,, ce qui donne : i> Théorème IX. — Le faisceau contient i2k{3k~ 2)(i — SA')-'""" courbes, sur lesquelles A*, et pas encore A*_, , est point d'inflexion ordinaire et i2li{k^ - i){3k -~ 2){i - 3k)'^"''^ courbes, sur lesquelles A^, et pas encore Af,_,, es' point d'inflexion de j>uis- sance k ou un facteur de k. ( 8o8 ) » 4. Suivant le premier alinéa du n° 3, le lieu des poinis d'inflexion de puissance k ou un fadeur de k passe [\[P — i) fois par les points de base ; il est touché en A par4('^"— •) des tangentes de T,*^. D'après "la valeur de J„,A — J„,,, le lieu cherché et T* se coupent en \^{k- — ï)Pn,h points; donc : » Théorème X. — Le lieu des points d'inflexion de puissance k{k^ i) est une courbe de l'ordre iSA'^II ( i Ai dont les neuf poinis de base sont des poinis multiples de l'ordre /^k-Tl ( i ; ]• » Comme 3. i5(^- — i) — 9,4(^"'— i) = 9(^" ~ 0» nous retrouvons (' ), en terminant : » Théorème XI. — Une cubique quelconque contient gk-ïl ( i -\ poinis d 'inflt xion de puissance ^ ( A" ^ i ) . » GÉOMÉTRIE. — Sur les transformations géométriques planes biralionnelles . JNote de M. G.-B. Gcccia, présentée par M. de Jonquières. « La forme symétrique de l'élégante solution présentée à l'Académie, dans sa dernière séance, par M. de Jonquières, pour la transformation d'ordre ii = kl, m'a suggéré l'idée de l'interpréter de la manière suivante : » La tr.insformation T/,; étant regardée comme la résultante des deux composantes connues TA=[a,= 2(A- - i), «;i_, = i] et T/--[a, = a(/ - i), «;_, = j], on peut dire que l'une des deux solutions conjuguées de la résultante T^ s'obtient en écrivant d'abord, tels quels, les éléments a^ de l'une des com- posantes T;, puis en y adjoignant ceux de l'autre composante T^, en con- servant à ceux-ci leurs valeurs numériques a, mais en multipliant leurs" indices par l. La solution conjuguée à celle ainsi obtenue s'obtient, par le même procédé, à l'aide de la simple inversion des lettres A et l. » Cette remarque m'a porté à conjecturer, puis à démontrer, que la même loi de composition s'étend à toutes les autres solutions de T^ et T;, prises comme composantes, d'où résulte ce théorème : » Théorème. — Si (T^, T^) et (T^, T'^) sont, respectivement, deux solutions conjuguées quelconques pour les transformations d'ordres L et k, l'une des trous- (') Foir II. PicQUET, /oc. et. ( 8o9 ) formations de l'ordre kl s'exprimera par le symbole T/,;ees[T;+ Tjl""'], ayant pour sa conjuguée T^i^ [T'^. -+- Ti'"*"] . » Dans cet énoncé, le symbole T^;'"''', par exemple, signifie qu'après avoir écrit les éléments de la transformation T;, avec leurs valeurs numériques, on y change tous leurs indices respectifs en les multipliant par l, et qu'après les avoir ainsi hiérarchisés (selon l'expression employée par M. de Jonquières), on les adjoint à ceux de T^, auquels on aura conservé leurs valeurs numériques et leurs indices respectifs. On obtient une solution T^/, dont la conjuguée se formera de la même manière, par la permutation des lettres k et l. » Par exemple, soient donnés T2^(«i = 3) et T5ss(«| = 3, «. = 3, «3 = i); on aura, pour l'un des groupes de solutions conjuguées de T,„, T,oSs[«( = 3 -{-[Ci,y,.= 3, «2X2= 3, «3X2= i)] = («, = 3, «o = 3, «, = 3, «c = i), T',o = [(«i = 3, «n = 3, «3 = 0 -+-«,x5= 3] = (a,r= 3, «2=3, «3 = 1, «5 = 3), qtii figurent, en eflet, comme solutions conjuguées, dans le tableau donné par M. Cremona (g® colonne) pour la transformation du dixième ordre. » Géométriquement, la transformation T^^, d'ordre kl, ne résuite, en d'autres termes, que de la transformation T/,, d'ordre A', appliquée à un réseau omaloïdique déterminant une transformation T/, d'ordre /, les points fondamentaux du réseau transformateur T^ ne coïncidant avec aucun des points fondamentaux du réseau primitif T^, et inversement. « ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Équations différentielles générales (jui se ramènent aux quadratures. Note de M. Wladijiir Maximovitch. « Nous proposons une théorie nouvelle qui, dans l'étude des équations différentielles ordinaires, aune portée analogue à celle que présente dans l'Analyse algébrique la théorie des équations résolubles par radicaux. Notamment, nous considérons des équations différentielles ^eneVa/es, c'est- à-dire contenant, à titre de coefficients indéterminés, des fonctions arbi- traires p,q, . . ., r de la variable indépendante, et recherchons les cas où, sans spécifier ces fonctions p, q, . . ,, r, il est possible d'intégrer l'équation proposée au moyen d'un nombre fini de quadratures portant sur des ex- ( f^io ) pressions formées avec p, q-, . . ., r et leurs dérivées. Nous nous bornerons aciuellement aux équations du premier ordre, et alors la condition néces- saire et suffisante pour que l'équation proposée soit intégrable sous forme finie consiste en ce que cette équation doit être une transformée de la li- néaire. En termes plus précis, l'équation pour être intégrable par quadratures, doit provenir d'une équation li- néaire (II) È-M..+ N, M = ¥{x,p, p\ . . .,p""), q, q', . . .,qi"\ . . ., r, r', . . ., /'W), N = 0(. . .), au moyen d'une substitution de la forme U = 9(jr, X, p,p', . . .,p^"'-'\ q,q',..., q^"~'\ . . ., r, /^, . . ., r"-"). où les ordres des dérivées de p,q, . . ., rsont d'une itnilé inférieurs à ceux qui figurent dans les équations (I) et (II). Nous indiquons également la ma- nière de mettre toute équation proposée (!) sous la forme (II), lorsqu'une telle réduction est possible, ou bien d'en faire voir l'impossibilité, et par- tant l'impossibilité de l'intégration sous forme finie. En suivant cette voie, nous avons pu étudier complètement le cas particulier le plus important, où l'équation proposée (I) ne contient pas de dérivées des coefficients in- déterminés/3, q, ■ • -, r. Dans ce cas, le nombre de ces coefficients p, q., . . ., r ne doit pas surpasser deux ('), et l'équatioi} (I) doit pouvoir se réduire à la forme (III) p|+Q=.R^ + y, où P, Q, R sont des expressions données de j: et ^ seuls, ne contenant pas les lettres p et q. L'équation (III ) présente seulement deux cas d'inté- grabilité. Le premier cas pourra avoir lieu lorsque la différentielle P f/j + Q clx ( ' ) Ou, (lu moins, il doit être rcduclible à cleu.i-, ce qui cxiye que les leUres />,'/, . . . , '', quel que soit d'ailleurs leur nomlire, ne lij^iircnt dans l'équation proposée que par le moyen de deux arguments seulement. (8.1) admet un facteur intégrant indépendant de j-, et alors, comme on sait, l'expression Q- l/^ _ ^\ P \ dy dxj ne doit pas contenir y. Si, au contraire, cette expression S contient y, alors un second cas d'intégrabilité de l'équation (III) peut se présenter lorsque la différentielle admet un facteur intégrant indépendant de ^ ( ' ). En particulier, l'équa- tion à laquelle se ramène, par abaissement d'ordre, l'équation linéaire dx'- Pdl-^'i^^""^ ne rentre évidemment dans aucune de ces deux catégories d'intégrabilité, en sorte que l'équation générale linéaire du second ordre ne s'intègre pas au moyen d'un nombre fini de quadratures. » OPTIQUE. — Sur un nouveau spectroscope d'absorption. Note de M. HIacrice DE Thierry, présentée par M. Cornu. (' Dans ime Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie dans sa séance du 1 1 mai i885 (-), j'ai fait connaître un appareil dit héma-spec- Iroscope, qui est employé pour la recherche de quantités infinitésimales de sang dans un liquide quelconque, eau, urine, humeurs, etc., et à déceler sa présence dans les taches. B Cetappareil,s'adaptant sur n'importe quel microscope, est spécialement destiné aux opérations courantes du laboratoire. Il ne permet d'observer un liquide que sous une épaisseur de o"", 5o. Étant amené, par une série de recherches, à étudier le spectre d'absorption de différents liquides de l'éco- nomie, j'ai imaginé un nouvel appareil que j'appellerai spectroscope d'ab- ( ') Dans chaque cas d'intégrabilité tle l'équation (III), il y a des conditions supplémen- taires que nous omettons pour ne pas compliquer notre énoncé. (^) Comptes rendus, t. C, n° 19. ( «'2 ) sorption, permettant d'étudier les liquides sous une épaisseur de lo'". Le spectroscope que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie a 4" de longueur totale et permet d'observer une couche de 3"" d'épaisseur; il se compose de trois parties principales : » 1° Le spectroscope proprement dit ; » 2° Les tubes pour contenir les liquides dont on veut étudier le spectre d'absorption ; » 3" Les appareils d'éclairage. » 1° Le spectroscope est composé d'un collimateur ou autrement dit d'une fente rectiligne placée au foyer principal d'un objectif achroma- tique, d'un prisme à vision directe, très dispersif, et d'une lunette d'obser- vation réglée sur l'infini. Une petite lunette, faisant également fonction de collimateur, est placée sur le côté du spectroscope et perpendiculairement à son axe optique; elle porte une échelle transparente divisée sur verre : c'est le micromètre. Il se réfléchit sur le prisme, et son image renvoyée dans la lunette vient se superposer avec celle du spectre. )) Au foyer de l'oculaire se trouve un réticule en fil d'araignée, fixé sur un chariot mobile à l'aide d'une vis. Ce fil, se projetant sur l'image du spectreetsurcelle du micromètre, permet, parson déplacement, de mesurer très exactement, soit l'écartement existant entre deux raies ou bandes, soit la largeur d'une d'entre elles. Pour permettre d'observei' le spectre dans toute son étendue, la lunette est mobile autour d'un axe passant par le plan vertical de son objectif. » 2° Les tubes sont de deux sortes : en métal inoxydable, garnis intérieu- rement d'un manchon de verre et fermés à leurs extrémités par deux disques également en verre, à faces parfaitement planes et parallèles et entièrement en cristal ; les disques servant à la fermeture sont fixés à l'aide de colliers mobiles en ébonite. Les tubes sont par séries de six ; trois tubes de I™, un de o'", 5o, un de o™,20 et enfin un de o'", lo. » 3° L'éclairage peut être fourni, soit par la lumière électrique, soit par la lumière de Drummond. Dans l'appareil que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je me sers de cette dernière. Une petite lanterne à lumière oxhydrique, fixée à l'instrument, munie d'un système de lentilles dit con- denseur, donne des rayons parallèles qui éclairent les tubes. » Ensemble de l'appareil. — Le bâti est composé de trois supports en fonte de fer verni, de i'",io de hauteur, sur lesquels sont fixées des gout- tières en fer, parfaitement dressées et reliées aux supports par des entre- toises qui assurent la stabilité de l'appareil. Ces goultièies, destinées à ( 8j3 ) recevoir les tubes à liquide, sont au nombre de deux et ont une longueur totale (le 3'"; mais l'appareil est disposé de telle sorte que la longueur peut être portée à lo™ et au delà, la longueur n'étant limitée que par la source lumineuse, qtii, s'affaiblissant peu à peu en traversant les corps soumis à l'expérience, arriverait à élre insuffisante avec un appareil trop long. Les pieds des supports sont munis de vis calantes permettant de régler l'horizontalité de l'instrument. » L'un des supports porte une pince à charnière, dans laquelle on fixe le speciroscope par l'extrémité du collimateur, tandis qu'une jambe de force le soutient dans son milieu. Cette jambe de force porte aussi un bec de gaz entouré d'un manchon métallique percé d'un trou destiné à éclairer le micromètre. Au-dessous du spectroscope se trouve un robinet double, dit de barrage, permettant à l'observateur, sans quitter son poste d'ob- servation, de produire à volonté l'éclairage fourni par la lanterne oxyhy- drique, ainsi que par le bec de gaz du micromètre, l'allumage ayant été fait et réglé primitivement. De longs tubes métalliques fixés sur les mon- tants conduisent le gaz hydrogène et oxygène du robinet de barrage aux appareils d'éclairage. » Avec l'appareil de 3™, j'ai reconnu la présence de l'oxyhémoglobine dans un liquide qui n'en renfermait que ,^,^^^„„„; les plus petites quantités de seigle ergoté, mélangé à de la farine ordinaire, se retrouvent immédia- tement; de même, pour la chlorophylle; si les liquides sont colorés, on prend, suivant le degré de coloration, un quelconque des tubes. M En résimié, cet appareil de haute précision, construit avec le plus grand soin par MM. Th. et A. Duboscq, auteurs du robinet de barrage mentionné ci-dessus, offre toutes les garanties d'exactitude et peut rendre, je crois, de véritables service à la Médecine légale, à la Chimie biologique et à la Physique, par l'étude des spectres d'absorption des liquides exami- nés sous une très grande épaisseur. )) Dans une prochaine Note, je rendrai compte à l'Académie de mes recherches sur le spectre d'absorption du sang des différents animaux, des liquides de l'économie, et de quelques composés minéraux et orga- niques. » G. R., i8Si), -i' Semestre. (1. Cl. N" J7. ) 106 ( «'4 ) CHIMIE. — Sur un nouveau carbonate neutre de magnésie. Noie de M. R. Engel, présentée par M. Friedel. « On trouve dans la nature un carbonate neutre de magnésie CO^ Mg, ne renfermant que des tracesd'eau. De Senarmonta obtenu artificiellement un carbonate neutre de magnésie, cristallisé et anhydre, en chauflant à i5o°-i6o° une solution de bicarbonate de magnésie dans des vases fermés par des tampons de plâtre, de manière à ne permettre qu'un départ ex- trêmement lent de l'acide carbonique en excès. » lie carbonate naturel et le carbonate artificiellement obtenu par de Senarniont se ressemblent par leurs propriétés : » 1° Tous deux, maintenus sous l'eau à l'état de poudre impalpable, ne s'hydratent pas. Ils sont à peine attaquables à froid par les acides affaiblis. )) 2° Tous deux, lorsqu'on les chauffe avec de l'eau, ne perdent que des traces seulement d'acide carbonique. Les carbonates hydratés connus C0'Mg + 2H-0, C0'Mg+3H-0, CO^Mg+ 5H-0 perdent au con- traire tous de l'acide carbonique lorsqu'on les chauffe en présence de l'eau et se transforment en hydrocarbonate de magnésie. Lorsqu'on les chauffe à sec, une partieseulement de leur eau s'élimine à loo^-iio", et, si l'on élève la température, il s'échappe de l'acide carbonique en même temps que de l'eau. Il est donc impossible d'obtenir le carbonate neutre anhydre en partant des carbonates de magnésie hydratés. » J'ai pourtant obtenu un carbonate de magnésie anhydre, qui est abso- lument différent du carbonate naturel et de celui dedeSenarmont.En effet : » 1° Maintenu en présence de l'eau, il s'hydrate en dégageant de la chaleur et se transforme, en moins de deux heures, en carbonate de ma- gnésie à 5 molécules d'eau de cristallisation si la température est inférieure à i6°, et en carbonate à 3 molécules d'eau lorsque la température est su- périeure à i6°. Il fixe même l'humidité de l'air. Si l'on fait avec ce carbo- nate et de l'eau une bouillie claire, le tout ne tarde pas à se prendre en masse et l'on peut retourner le vase dans lequel s'est faite l'expérience. » 2° Ce carbonate neutre ne subsistant pas en présence de l'eau sans s'hydrater, on conçoit qu'il perde facilement de l'acide carbonique sous l'influence de l'eau et de la chaleur, comme les carbonates hvdratés. » On obtient le carbonate de magnésie, dont je viens de décrire les pro- priétés caractéristiques, en partant du sesquicarbonate double de magnésie et de potasse : CO'Mg, CO' KH + 4 H-0. Lorsqu'on chauffe fortement (8.5) ce sel, il fond (H. Sainte-Claire Deville), et la masse fondue est une combi- naison des carbonates neutres de magnésie et de potasse. Si, au contraire, on le chauffe avec précaution entre 70° et i5o° ou même 200°, en élevant peu à peu la température, la masse ne fond pas; le sel double perd son eau de cristallisation et la moitié de l'acide carbonique du bicarbonate de potasse, comme le montrent les analyses suivantes : Poite ' " théorique pour loo llo poiils. poUl- 100. (.^H'0-H|CO=). 0,452 36,59 36,72 0,7867 36, 60 t ,212 36, ig Poids du sel double. 1 1,335 2 2,i4g 3 3,339 » Si l'on examine, au microscope, les cristaux ainsi décomposés, on constate qu'ils ont gardé leur forme primitive. Ils sont transparents, comme avant leur décomposition. Le carbonate de potasse ne s'est pas combiné avec le carbonate de magnésie. En lavant, en effet, le produit avec de l'eau, le carbonate de potasse se dissout, et il reste du carbonate de magnésie ayant toujours gardé la forme des cristaux du sel double. C'est ce carbonate neutre qui s'hydrate avec la plus grande facilité. Il ne retient qu'environ i à 2 pour 100 et souvent des traces seulement de carbonate de potasse. Il est beaucoup plus soluble dans l'eau que les car- bonates hydratés. Aussi sa solution dépose-t-elle, après quelque temps, des cristaux de carbonate hydraté. L'alcalinité du liquide s'abaisse alors et finit par devenir égale à celle qui résulte de la dissolution dans l'eau du carbonate hydraté. » Lorsqu'on chauffe le sel double dans les mêmes conditions de tempé- rature, mais au sein d'une atmosphère humide, ou bien en grande masse, bref lorsqu'on maintient le carbonate de magnésie anhydre et le carbonate de potasse, résultant de la décomposition du sel double, en présence de vapeur d'eau, ces sels fixent de l'eau, et alors la combinaison entre les deux carbonates a lieu, sans qu'il y ait toutefois fusion de la masse. Dans ce cas, les cristaux, examinés au microscope, ont encore gardé leur forme primi- tive, mais ne sont plus transparents et paraissent noirs. L'eau les décom- pose; mais la décomposition est limitée, et l'on ne peut plus isoler de la combinaison le carbonate anhydre. Au fur et à mesure que le sel double se décompose par l'addition d'eau, le carbonate hydraté prend naissance. ( 8.6 ) Il en est de même lorsqu'on décompose par l'eau le sesquicarbonate de magnésie et de potasse. w L'existence d'un carbonate de magnésie, plus soluble que les carbo- nates hydratés que l'on connaissait jusqu'à présent, donne l'explication de plusieurs faits de l'histoire des sels de magnésie. » CHIMIE ORGANIQUE. —Sur la volatilUé dans les composés onjaniques mixtes. Note de M. Louis Henrt, présentée par M. Ch. Friedel. « Il m'a paru intéressant, à divers points de vue, de recliercher les rap- ports de volatilité qui, dans l'ordre des combinaisons du carbone, existent entre les composés mixtes et les composés simples correspondants. Or, pour découvrir les lois qui régissent la manière d'être et l'activiié des corps quels qu'ils soient, c'est aux plus simples d'entre eux qu'il faut s'adres- ser avant tout. Conformément à ce principe, j'examinerai tout d'abord cette question dans les composés mixtes les plus simples, c'est-à-dire les doubles = CXX' et parmi ceux-ci, dans les dérivés )no/iocar6o;ie's, les dérivés méLlijléniques H" CXX' et les dérivés carboniques OCXX'. )) Des comparaisons que l'on peut établir entre les compo.sés de ces deux groupes, il résulte que la volatilité des composés mixtes monocarbonés, par rapport à celle des composés simples correspondants, dé[)end essentiel- leuient des, relations de nature fonctionnelle des radicaux différentiels X et X'. Voici deux pro[)Ositions générales que l'on peut formuler à cet égard ; » 1° Les ilérivés mixtes > CXX', qui renferment des radicaux ou grou- pements X et X' équivalents et /b/jc(«OH/je//emen< analogues, ont un point d'é- bullitioti qui est la moyenne entre les points d'ébullition des composés simples >^ CXX et > CX'X' correspondants. Dérivés méthyléniq ites , ÉbuUition. Moyenne. Ébiillition. IPCCl'^ 4l° . .Cl N ^ Gq" H*C( 68"- Gn IPCBr' 98" / ^Br H^CCF 4i° . " /Cl ■110° H-C:; — loq"-no" ir-cp 180" / \i "^ H'CBr^ 08» . .Br VSq" H^'Cf i38"-i3q" W-C-P 180° / \i CIUC-CI- 61", 2 , Cl CIHC-Bi» 123-125'/ \Bi ' -^ ( 8'7 ) Dérivés carboniques. OC-(OCH')= qi° . ,OCH' ^io8°,5 0C( (') ion" 0C-(0C'H^)2 126» / \OC'H' SC(OC^H^)- 161" . ,OC?B.' ,ioo\5 se 200" SC(SC2H^)- 240° / ^SC^H^ » 2° Les dérivés mixtes > CXX' qui renferment des radicaux ou groupe- ments X et X' équivalents, mais fonclionnetlement diffétenls, ont un point d ebuUilion qui est notablement plus élevé que la moyenne des points d'ébuliition des composés simples > CXX et > CX'X' correspondants. Dérivés méthy Uniques. Élnillilion. Moyenne. Ébullition. H^CCP 4o"-4i°, QQXi? ) 4l° H^^C^ Sq» H^C(OCH') 42° / \C1 H^CCI^ 4o''-4i'', Cl H=C(C2H^0°-) 170" ^C^H'O^ H2C(0CH^)^ 42» , /OCH» ;io6" H-Cr^ Ii7'-ii8" H=C(C-H'0'=) 170»/ \C^H'02 ' Dérivés carboniques, Ébullition. Moyenne, ÉbuUitiou. OCCI- + 8", /Cl ) 49%5 0C( ni" 0C(0CH^)2 91"/ ^ ^OCB' OC-Cl= 4- 8% /Cl , 67° 0C(^ (') 94» OC(OC^H') 126" ^OCH^ 0CC1= + 8°. /Cl ~ 1 4 1 ° 5 OC 1 65° 0C[Az(CH^)^]2 i^S»-- ' \N(CH')^ » Les dérivés aldéhydkjues (C"H-" ')CHX- et acéloiiiques (C"H-"+')-CX- sont respectivement les dérivés métliylénkjues R-CX-, mono ou bi-alkylés; aussi observe-t-on dans les dérivés mixtes aldéhydiques et acélonufues les mêmes relations de volatilité que celles que je viens de signaler entre les dérivés méthyléniques. D'iiuUes étlurs caiboniiiiics mixtes poiirraii-nt être signales à côté de celui-ci. 'D'autres ethers chloio-caiijoniqiies pouriaient encore être sij^naL's. ( 8.8 ) Dérivés aldéhydiques H' C - CIIXX' à radicaux fonctionnellement équivalents. ÉbuUition. Moyenne. Ébulliliun. [pc-CHcr- 60% /Cl H'C-CHBr- 110°^ ^Br H'c-caci- 60V /Cl ^118", 5 H'C-CH; ii7«-iiq" H'C-CHI- 177" ^I H^C-CHBr^ io\ /Br >43%5 H c-ca( 143° H'C-CHP 177°^ ^I H^C-CH(OCH^). ... 64% /OCH^ ^ ' ^84° H^C-CH; 85' H3C-CH(0C^H^) . .. io4°/ ^ OC^H^ » Les dérivés haloïdes de substitution de ces composés se comporlent comme ceux-ci, soit que la substitution ait été réali.sée dans le chaînon -CH% dans le chaînon -CH ou dans tous les deux à la fois. Ébullition. Moyenne. ÉbuUition. CH'-CCICI^ 74%5 s /Cl 99° CH=-CC1 ; 98"- 99° CH^-CCIBr- i23-'-i24°/^ ^Br CH^Br-CHCP i37''-i38''\ ,Cl ^162° CH^Br-CH^ 162" 163° CH^Br-CHBr- 186° - 187°''^ ^Br CH=Br-CClCl' i5i°-i53% Cl ;i77" CH=Br^CCl( 176'' -178" CH=Br-CClBi= 2oo''-2oi<"^ ^Br Dérivés aldéhydiques à radicaux Jonctionnellement différents. H^C-CHCl^ 60V .Cl , 62° H'C-CH ; 72° H3C-CH(OCH^)2 64°'^ \0CH3 H^C-CBCl^ 60». /CI ;n4° H^C-CHC '2> H^G^CH (CH^O^)... 169"/ \C=H'0^ Dérivés acétoniques (CH')^ - CXX'. (CHM'- CBr= iiSV /Cl (CH»)^-CCF 70"/ ^ ' ' ^Bï -^ ^ » Des relations d'un genre analogue se constatent dans les dérivés poly- carbonés mixtes XC CX.', où les radicaux différents X et X' sont fixés sur des atomes de carbone distincts. J'aurai l'honneur de m'en occuper dans une Communication ultérieure. » ( 8i9) PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Propriétés zymotiques de certains virus. Note de M. S. Arloing, présentée par M. Bouley. <( Les études qui se poursuivent, depuis plusieurs années, dans le domaine de la virulence, nous portent à assimiler de plus en plus les virus aux fer- ments figurés. Mais il faut avouer que cette assimilation, en train de se faire dans les esprits, ne reposait encore sur aucune démonstration expéri- mentale. Nous avons l'honneur de communiquera l'Académie le résultat de quelques tentatives, entreprises dans le but de justifier le courant d'idées dans lequel sont entraînés les bactériologues. » I. Quatre virus étaient à notre disposition, savoir : ceux du sang de rate, de la septicémie puerpérale, de la septicémie gangreneuse et du charbon emphysémateux ou symptomatique du bœuf. Le premier a pour base un microorganisme aérobie, les deux derniers, des microbes anaéro- bies, et le second un microbe qui, d'après nos recherches, peut vivre presque indifféremment dans le vide ou dans l'air, dans l'acide carbonique ou au contact de l'oxygène. Nous avons enfermé ces virus avec une sub- stance fermentescible, sans air, dans des tubes à essais renversés sur le mercure et nous les avons déposés dans une éluve chauffée à -i- So" ou -h 32", c'est-à-dire que nous avons réalisé un ensemble de conditions favo- rables à la manifestation des propriétés zymotiques. » IL Le Bacillus anthracis, emprunté à des cultures faites dans un mi- lieu liquide ou sur gélatine, n'a jamais provoqué entre nos mains une vé- ritable fermentation de la glucose. Quand ce bacille était emprunté à une culture jeune, en pleine évolution, nous avons vu de très petites bulles de gaz se former autour des amas de mycélium; mais leur dégagement s'ar- rêtait rapidement. La présence de l'air au-dessus de la solution sucrée n'a rien changé au phénomène. )) Le Micrococcus septicus puerperalis, puisé dans une vieille culture, ne produit aucune trace de fermentation, bien qu'il soit encore capable de végéter dans un bouillon ad hoc. Au contraire, s'il est puisé dans une cul- ture datant de vingt-quatre à trente-six heures, il détermine un déga- gement assez abondant d'acide carbonique et d'hydrogène. » Mais ce sont surtout les microorganismes de la septicémie gangreneuse et ceux du charbon emphysémateux du bœuf c^ui nous ont donné des fer- mentations nettes et abondantes dans plusieurs corps hydrocarbonés. » Nous avons mis en présence de ces virus, fraîchement extraits du tissu ( 820 ) musculaire ou coujonctif, des solutions deglycose, de lactose, de lévulose, de rnannite, de sucre de canne. Tous ces sucres oui fermenté plus ou moins et leur fermentation s'est opérée en moins de cinquante heures. » En appréciant l'intensité des fermentations par la quantité de gaz émise dans chaque tube, on les placerait dans l'ordre suivant : i° le sucre de canne (quelques bulles seulement); 2° la lactose; 3" la glycose; 4° 'ation. — X..., âgé de aS ans, atteint de néphrite albumineuse, a pris pendant six jours du rouge soluble, d'abord à la dose de ob'', 5o pendant trois jours, puis de iS'' pendant deux jours, puis de a^'' pendant un jour. Le dernier jour le malade s'est plaint d'un peu de colique sans diarrhée. On a cessé l'administration du produit. La quantité d'urine excrétée par jour n'a pas été modifiée ( a'"). Li quantité d'albumine, os'',4 pour loo, n'a pas augmenté. » Nous regardons comme absolument accidentel et indépendant de l'administration du produit le phénomène constaté finalement par le malade. Les trois observations suivantes en sont la preuve : » Troisième, quatrième et cinquième observation. — Trois malades atteints de maladies de Bright, dont l'urine renfermait de is' à Ss"' d'albumine par litre, ont pris pendant huit jours i^'' de rouge soluble. L'albuminurie n'a pas paru influencée. Aucun phénomène sub- jectif appréciable n'a été constaté. » Sixième observation. — Un homme de trente ans, atteint de sclérose en plaques, dont les organes urinalres sont sains, a pris un jour 4''"^ de rouge soluble, puis un autre jour OB'", sans aucun effet physiologique. » Comme dernières observations, nous pourrions citer les ouvriers chargés de fabri- quer ce produit dans les usines, qui sont quotidiennement exposés à ces poussières sans éprouver aucun phénomène. [ 826 ) » Nous concluons de l'ensemble de ces expériences et observations que le composé diazoïque sulfoconjugtié sodique de la roccelline est une substance absolument dénuée de propriétés toxiques et qui ne peut être qualifiée de nuisible à la santé, aux doses très faibles auxquelles on peut l'employer. Cette opinion, basée sur l'expérience, va à l'encontre des ap- préhensions des hygiénistes qui ont qualifié les azoïques a priori de sub- stances extrêmement redoutables. » Nous publierons prochainement la suite de nos recherches sur ces produits si employés, en dépit de la loi, dans l'industrie alimentaire. » ANATOMIE. — La circulation dans les cellules cjanqlionnaires. Note de M. A. Adamkiew'icz, présentée par M. Paul Bert. (Extrait.) « Nos recherches (') sur la distribution des vaisseaux sanguins dans la moelle épinière nous ont démontré que la richesse du réseau capillaire était en raison directe du nombre des cellules nerveuses. » Ce fait mettait hors de doute qu'il existe entre la cellul'' nerveuse et le sang des relations, dont nous avons pu découvrir la natiue L'injec- tion des ganglions du plexus brachial nous a conduit à la découverte des communications que nous cherchions. » Les cellules nerveuses qui composent les ganglions intervertébraux sont renfermées chacune dans une capsule vésiculaire. Elle présente deux pro- longements tubuleux,dont la situation est variable et est constituée par une lame conjonctive que revêt intérieurement un épithélium plat. La cellnle nerveuse est elle-même entourée d'une membrane également formée d'épi- théliuu) plat et présentant encore deux prolongements, qui s'insinuent dans ceux delà capsule. Entre la cellule et sa membrane d'une part, entre la membrane cellulaire et la capsule d'autre part, existent des espaces dont le premier est très étroit, tandis que le second présente des dimensions consi- dérables. » A un faible grossissement, une injection artérielle de ganglion inter- vertébral montre des troncules qui pénètrent dans le stroma du ganglion par divers points de la surface, ainsi que par les racines nerveuses. Ces troncules se ramifient en buissons et leurs plus fines ramifications forment les madles déjà signalées et portent des sortes de globules rouges, à con- tour très net, qui ressemblent à des fruits appendus à la branche au moyen ( ' ) Alb. Adamriewicz, Die Blûtgcfasse des menschlichcn RiXckenmarl.es [Sitzungsber. der k./c. Akad.derWiss. zu Wien, LXXXIV u. LXXXV, i883). ( 027 ) d'un étroit pédoncule. Avec un plus fort grossissement, on constate que le pédoncule correspond à l'un des deux prolongements de la membrane qui entoure la cellule ganglionnaire et le globule rouge à la cellule elle- même. Un examen plus attentif démontre encore que la masse d'injection, partie du réseau capillaire, s'est propagée le long du pédoncule et est venue se répandre entre la cellule et sa membrane, ainsi que dans le se- cond prolongement de celte dernière; le ganglion se montre toujours séparé de sa capsule par l'espace vide déjà décrit. » L'injection a été faite par l'artère : les deux canaux qui proviennent de la membrane entourant la cellule et cette membrane elle-même consti- tuent donc un appareil artériel propre à la cellule, appareil que l'on peut se représenter comme formé d'un vaisseau qui, sur un point de son trajet, s'élargit pour entourer l;i cellule. Cela étant admis, l'un des canaux doit être considéré comme afférent, l'autre comme efférent, disposition histo- logique analogue à celle que l'on connaît déjà pour les glomérules ilu rein. a En général, le capillaire efférent est plus étroit que l'.nfférent; son diamètre est extraordinairement restreint : il correspond souvent à o^^, i. » J'arrive maintenant à la description de l'aijpareil veineux. Tandis que les artères nous offraient des ramifications plus ou moins dendritiques, les veines se présentent sous l'aspect d'un réseau très irrégulier. Mais, ce qu'il y a de plus frappant, c'est de voir l'injection pénétrer à l'intérieur de la cellule ganglionnaire. A un fort grossissement, la masse qui a pénétré dans la cellule se montre comme un cercle à contours bien arrêtés et au centre duquel, en manœuvrant la vis microiuétrique, on reconnaît le nucléole : la partie qui s'est remplie par l'injection est précisément celle à laquelle on attribue d'ordinaire la signification de noyau cellulaire. Ce phénomène se présente avec une telle fréquence, qu'on ne saurait douter qu'il soit normal. Or, comme les noyaux, qui sont des corps solides, ne sauraient être pénétrés par une masse d'injection, l'espace rempli par cette dernière doit correspondre à une cavité normale. Ce résultat est confirmé par les réactions spéciales que l'on peut obtenir à l'aide de notre méthode de co- loration par la safranine (') ; cette substance donne au corps cellulaire une teinte violet clair, au nucléole une teinte violet intense, mais laisse le prétendu noyau incolore; ce dernier apparaît alors comme un espace clair, interposé au protopiasma cellulaire et au nucléole. ( ' ) Alb. Adamkiewicz, Noie sur la cotoiativn des tissus du système nerveux cential au moyen de la nijranine [Comptes rendus de la Société de Biologie, n" 39; 1884). ( 828 ) » L'espace qui se trouve ainsi creusé dans la cellule nerveuse appartient au système veineux, puisqu'on le remplit en injectant les veines. La certitude est désormais absolue, car nous avons découvert entre cet espace et les capillaires veineux ime communication directe qui se fait par l'in- termédiaire d'un vaisseau d'une incomparable finesse ; ce vaisseau, parti de l'espace périnucléolaire, traverse le corps cellulaire, la membrane cellu- laire, l'espace interposé entre celle-ci et la capsule, perfore la capsule elle- même et va, au delà de cette dernière, se jeter dans un capillaire veineux. On ne saurait le prendre pour un simple interstice : il a sa paroi propre et son diamètre n'est pas supérieur à ot^, i ; il appartient donc à la catégorie des plus fins canalicules que nous connaissions. Il existe parfois deux vais- seaux pour une seule cellule; parfois aussi leur diamètre est plus considé- rable et s'élève à ii^ou 2^. » L'espace intracellulaire et le canalicule qui l'unit aux capillaires voi- sins appartiennent au système veineux : on peut donc désigner le premier sous le nom de sinus veineux central et le second sous celui de veine centrale de la cellule ganglionnaire. Puisque le prétendu noyau de la cellule n'est qu'un espace sanguin, il devient évident que le véritable noyau n'est lui- même autre chose que le corpuscide considéré jusqu'à présent comme le nucléole. Celui-ci ne flotte pas librement dans la cavité du sinus, mais est fixe; on doit donc penser que le sinus est une sorte d'anneau creux, au centre duquel est fixé le nucléole et dans la cavité duquel vient s'amasser le sang veineux. » Il est permis d'admettre que les résultats obtenus pour les ganglions intervertébraux peuvent être généralisés à toutes les cellules nerveuses. La circulation des cellules nerveuses en général serait dès lors la sui- vante : » Le sang artériel est amené par un vaisseau afférent qui, après avoir traversé la capsule, s'élargit autour de la cellule nerveuse en une sorte de vésicule, d'où se sépare le vaisseau efférent : la cellule se trouve ainsi com- plètement plongée dans le sang. Le canal efférent est d'ordinaire plus étroit que l'afférent ; il en résulte, en amont du premier, un ralentissement de la circulation péricellulaire et, par conséquent, une utilisation plus complète des principes nutritifs amenés an contact de la cellule. Par suite de ce même ralentissement circulatoire, le sang tend à pénétrer par endos- mose à l'intérieur du corps cellulaire et à venir se ramasser dans le sinus veineux central, d'où la veine centrale de la cellule ganglionnaire l'emmène dans le torrent circulatoire général. ( 8^9 ) » Entin, l'espace interposé entre la capsule et la membrane de la cellule a la signification d'une gaine lymphatique périvasculaire, et même signifi- cation doit être attribuée aux deux prolongements de la capsule. » ANATOMIE ANIMALE. — Du mode de distribulion de quelques filets sympathiques inlra- crâniens, et de l'existence d'une racine sympathique du gnncjtion cilinire, chez l'Oie. Note de M. F. Rochas, présentée par M. A. Milne-Edwards. « 1. La brandie ascendante postérieure, que le ganglion cervical supé- rieur envoie dans le crâne, peut, en raison de ses connexions et de son tra- jet, recevoir le nom de nerf lemporo-lacrymal. Elle pénètre, comme on sait, dans le canal de Fallope. Au moment où elle s'y engage, elle croise le facial et s'accole à lui jusqu'au niveau, ou à fort peu près, du coude qu'il décrit en changeant de direction. Quelquefois, chez le Canard principalement, le nerf temporo-lacrymal peut, dans cette partie de son trajet, assez aisément se séparer du facial et apparaît alors sous la forme d'un cordon unique, situé en avant et en dehors du nerf de la septième paire. Chr z l'Oie, le plus souvent, le nerf sympathique est étalé, en quelque sorte, sur le facial qu'il enveloppe en dehors, en adhérant intimement à lui, et fréquemment il se divise, dans cette portion même de sa longueur, en deux rameaux qui restent joints l'un à l'autre et ne s'écartent, pour suivre d'ailleurs une direction parallèle, qu'après avoir abandonné la paire crânienne. Quelque intime que soit la juxtaposition du nerf sympathique et du facial, ils restent indépen- dants l'un de l'autre, sauf ou un point, où ils .s'anastomosent ensemble, soit près du coude du facial, soit plus en dehors, voire même à l'orifice ex- terne du canal de Fallope. Laissant ici de côté tous les détails d'importance secondaire, relatifs à cette portion du tempoio-lacrymal, je signalerai spé- cialement l'exislence d'un rameau anastomotique que j'ai toujours rencon- tré, et qui unit ce nerf au pneumogastrique. Il prend naissance dans le canal de Fallope, près de l'orifice externe de ce dernier; puis, il s'engage directement dans un conduit osseux très étroit, dirigé presque horizonta- lement en dedans et un peu en arrière, jusqu'au point où les racines du vague et du glossopharyngien se séparent pour constituer respectivement, dans l'ouverture de l'occipital latéral qui leur est destinée, le tronc de cha- cun de ces nerfs. Le filet sympathique croise le glossopharyngien et se jette dansle pneumogastrique. Sur une de mes préparations, il aboutit au cordon radiculaire le plus élevé de la dixième paire, cordon jusque-là accolé à la racine la plus inférieure du glossopharyngien. Après lui avoir abandonné C. R., iFS5, 2' Semestre. (T. CI, K° 17 ) '°" ( 83o ) quelques fibres exlrémement comtes qui le suivent en sens inverse et s'y terminent, il descend avec ce cordon radiculaire, préalablement dissocié sur une grande longueur dans l'épaisseur de la dixième paire, sort avec lui du trou jugulaire et l'accompagne jusqu'au point où le nert vague envoie au glossopharyngien la branche de renCorcement signalée par tous les au- teurs, et située un peu au-dessous du ganglion cervical supérieur. En cet endroit, le filet sympathiquese dédouble. Une partie se perd définitivement dans le pneumogastrique ; l'autre, la plus forte, contribue à former l'anasto- mose des deux nerfs crâniens et peut se suivre jusqu'au glossopharyngien, dans l'épaisseur duquel on la perd. » Tant qu'd est en contact avec le facial, le nerf temporo-lacrymal suit une direction oblique de bas en haut et d'arrière en avant. Dès qu'il aban- donne la paire crânienne, il se porte directement en avant pour se distri- buer à la glande lacrymale. Qu'il reste unique en quittant le facial, ou qu'il soit divisé en deux branches, ses rapports généraux sont ceux de l'artère ophtalmique externe, bien indiqués par Hahu et par Barkow. Quaiul il est double, l'artère chemine entre les deux rameaux qui le repré- sentent, et qui, jusqu'à ce qu'elle se résolve elle-même en plexus {Rele temporale de Hahn; Rete mirnbile ophtalmicum de Barkow), s'envoient mutuellement des filets anastomotiques qui enlacent le vaisseau sanguin. Ce réseau sympathique, de plus en plus serré, forme, au niveau même du re ZOOLOGIE. — Sur le développement des Némnlodes. Deuxième Note de M. Paul Uallez, présentée par M. de Lacaze-Dulhiers. « Dans une Note insérée aux Comptes re/jr/i« (i 3 juillet i885), j'ai fait connaître les phénomènes de la segmentation chez V Ascaris megnlocephcda. J'ai montré que, dès le stade 8, les trois feuillets se trouvent représentés par leurs cellules initiales. J'espère être bientôt en mesure de démontrer que ce fait est plus général qu'on ne le croit généralement, et que, chez cer- taines espèces où le mésoderme est considéré comme se différenciant tardi- vement de l'enloderme, alors que la segmentation et l'invagination même sont déjà très avancées, les cellules initiales du mésoderme y paraissent en réalité très tôt, » Chez r^scammegfa/ocep/ifl/a, j'ai décrit la segmentation jusqu'au stade 24. Ce stade se compose d'une calotte formée par 16 cellules exodermiques disposées sur trois rangs : un rang médian dorsal de 4 cellules avec le glo- bule polaire, et deux rangs latéraux de chacun 6 cellules dont 2 postérieures en saillie (les cellules caudales), et d'une face méso-entodermique ou ven- (') Ce travail a été fait au Laboratoire de Zoologie tle la Faculté des Sciences de Lyon. ( 832 ) traie formée de 4 cellules eiitodermiques sur une seule rangée médiane anléro-postérieure, et de deux rangées latérales, formées chacune de 2 cel- lules mésodermiques. » Au début do ce stade, on a une blastosphère à peu près cylindrique et pourvue d'une petite cavité de segmentation. Mais bientôt les deux cel- lules endodermiques centrales ne tardent pas à prendre des dimensions un peu plus grandes que les autres; elles deviennent en même tem|)s iin peu plus opaques, et, glissant contre leurs voisines, elles s'invagiiient. Ces deux cellules invaginées donnent naissance à l'intestin moyen; la cellule entodermique antérieure domiera naissance plus tarda l'intestin antérieur, tandis que la cellule postérieure deviendra le point de départ de l'intestin postérieur. Les cellules mésodermiques (lesquelles sont situées plus en ar- rière qu'en avant) sont entraînées par le mouvement de glissement, et forment à ce moment les parois [)Ostérieures de ce qu'on peut appeler ïoiiverliire prosiomiale primitive. » Dans les stades ultérieurs, qui seront décrits avec détails dans un travail actuellement sous presse, on voit que les cellules entodermiques antérieure et postérieure se multiplient, en même temps que les cellules exodermiques, mais moins rapidement que celles-ci. Cette |)rolifération est d'abord surtout accusée à l'extrémité postérieure, qui devient plus large et se présente alors sous la forme d'une lame à deux feuillets, terminée par les deux cellules caudales, et à convexité dorsale. Les bords de cette lame se rejoignent sur la face ventrale, et l'on a alors un stade très général dans le groupe des Nématodes : c'est celui que je désigne sous le nom de stade sandale, à cause de sa forme et de sa large ouverture antérieure et ventrale [ouverture prosio- miale secondaire). Cette ouveituie se ferme d'arrière en avant, comme l'a très bien vu Goette chez FJiabditis uiyrovenosa. Lts deux cellules ento- dermiques centrales du stade 24 proiilèrent aussi, mais constituent plus longtemps que les cellules de l'intestin antérieur et de l'intestin postérieur une masse pleine. Quant aux cellules mésodenuiques, on voit que, pendant l'occlusion de l'ouverture prostomiale secondaire, elles se trouvent inter- calées entre l'exodenne, d'une part, qui glisse au-dessus d'elles, et l'ento- derme invaginé d'autre part; on conçoit, en outre, qu'au moment où la faite prostomiale commence à se fermer en arrière, ces initiales du méso- derme puissent être refoulées un instant au dehors, et donner les appa- rences que Goette a si bien représentées dans ses figures 16 et 17. L'espace me manque ici pour décrire le passage de la forme gastrula à l'embryon ; je renvoie au Mémoire qui paraîtra prochainement, et je me borne à résu- mer nus obseivations relatives à l'éclosion. ( 833 ) » Dans un de ses travaux, le savant D' Davaine lire, de ses expériences sur réclusion, les Irois conclusions suivantes : i° « Ij'embryon n'éclôt que lorsqu'il est rapporté dans l'intestin par les aliments ou par les bois- sons » ; 2° « deux conditions sont nécessaires à cette éclosion : le ramol- lissement de la coque par les sucs intestinaux et l'activité de l'embryon sous l'influence d'une chaleur de 4o°C. environ »; 3" « quel que soit l'animal qui fournit ces conditions, l'œuf éclùt s'il fait dans l'intestin un séjour suffisamment prolongé; toutefois l'embryon ne tarde pas à être expulsé et à périr, si l'animal n'est pas celai chez lequel le Ver peut acquérir son développement extérieur. » » La troisième conclusion de Davaine n'est pas contestable; mais on ne peut en dire autant de la première et de la seconde, ainsi que le démon- trent les observations suivantes : » 1° Le i8 juin de cette année, je répandis des œufs d'Jsc. megaloce- phala contenant des embryons complètement développés et bien vivants, à la surface de la terre de pots à fleurs. Ces pots étaient exposés à l'air et au soleil, mais posés dans des assiettes contenant de l'eau, de manière à maintenir la terre dans un état d'humidité convenable. Le 17 août, je con- statai un certain nombre d'éclosions ; beaucoup d'embryons étaient en partie seulement sortis de leur coque. Les jours suivants, les éclosions se multiplièrent, et un grand nombre d'Ascarides se mouvaient librement à la surface de la terre. « ]S. B. — Des œufs semblables, qui étaient conservés à sec sur une lame de verre pendant tout le temps que dura l'expérience, ne purent éclore, bien que les embryons eussent conservé toute leur vitalité à l'inté- rieur de la coque. Il en fut de même pour des œufs conservés sous l'eau. 2° J'ai transporté de jeunes Ascaris nouvellement éclos sur des feuilles de salade mouillées, sur des tranches de poires, de prunes, etc., et j'ai constaté que, dans ces conditions, la vie de ces animaux pouvait se pro- longer au delà de trois semaines. Sous l'eau, ils meurent beaucoup plus tôt. » 3° Des Ascaris nouvellement éclos, abandonnés sur une lame de verre, se dessèchent et ne présentent pas le phénomène de la reviviscence quand on leur rend de l'humidité. » Ces expériences, outre les applications qu'en peut faire l'hygiéniste, montrent que l'éclosion ne se produit pas toujours nécessairement dans l'mtestin, et qu'd n'est pas indispensable que la coque soit ramollie par les sucs intestinaux. ( 834 ) » Je crois pouvoir conclure que l'éclosion ne se produit jamais sous l'eau, ni à sec, mais seulement dans des conditions convenables d'humi- dité et de chaleur. J'ajouterai que l'oxygène, qui a une si grande influence sur le développement de l'œuf, paraît être également indispensable aux jeunes après l'éclosion et pendant l'éclosion, car si celle-ci ne se produit jamais sous l'eau, c'est vraisemblablement parce que les jeunes, privés en partie d'oxygène, n'ont pas l'activité nécessaire pour sortir de leur coque. » TÉJîATOLOGlE. — Nouvelles recherches concernant l'influence des secousses sur le (jerme de rœujde la poule, pendant la période qui sépare la ponte de la mise en incubation. Note de M. Dareste. « J'ai fait connaître à l'Académie (séance du 19 février i883) la produc- tion d'anomalies et de monstruosités dans l'embryon de la poule sous l'in- fluence de secousses imprimées à l'œuf pendant la période qui sépare la ponte de la mise en incubation. » J'avais constaté toutefois que cette apparition des monstres dans les œufs secoués n'était pas un fait constant. Dans la même expérience, je trouvais parfois des embryons normaux, bien que le plus grand nombre fût monstrueux. On sait d'ailleurs que les œufs destinés à l'incubation sont journellement expédiés au loin. Leur transport par des charrettes, ou par les chemins de fer, les expose, pendant un temps plus ou moins long, à des trépidations de diverses natin-es. Et cependant la vitalité du germe résiste ordinairement à cette influence, bien qu'elle soit incontestablement modifiée dans certains cas, au moins d'une façon temporaire. » Comment expliquer la différence de ces résultats qui, au premier abord, paraissent contradictoires? I) Tout d'abord, il est bien évident que certains de ces faits proviennent du germe lui-même, et de l'œuf dans lequel il est contenu. J'ai signalé, depuis longtemps, l'individualité du germe, fait qui domine toute la téra- togénie. Deux germes ne sont jamais identiques, ni par leur constitution initiale, ni par les modifications qu'ils ont pu subir après la ponte : ils ne réagissent jamais exactement de la même manière contre les influences extérieures. Ainsi donc c'est par l'individualité que l'on doit expliquer l'ap- parition simultanée d'embryons normaux et d'embryons monstrueux soumis ensemble aux mêmes secousses. » Mais la différence des résultats pouvait aussi dépendre de la nature ( 835 ) même des secousses, et i!e la manière dont leur action s'applique à l'œut. En effet, les secousses peuvent s'exercer dans un sens vertical ou horizon- tal ; être plus ou moins nombreuses dans un temps donné ; se continuer pen- dant un temps plus ou moins long. Eu outre, des secousses de même nature peuvent exercer des effets différents sur les œufs suivant leur posi- tion; puisque le grand diamètre des œufs peut être horizontal, oblique ou vertical et que, dans ces deux positions, le pôle obtus et le pôle aigu de l'œuf peuvent être placés en haut ou en bas. Or ces différences de position pouvaient différencier l'effet des secousses ; puisque, dans quelque position que l'on place un œuf, le germe, en vertu de sa moindre pesanteur spéci- fique, vient toujours se placer à la partie culminante. Et d'ailleurs, la chambre à air se produit presque toujours au pôle obtus. Les conditions dans lesquelles se trouve le germe varient donc avec les différentes posi- tions de l'œuf, puisque tantôt il est en contact avec la chambre à air, et tantôt avec la coquille. ') L'expérience peut donc être variée d'un grand nombre de manières, et donner, par conséquent, des résultats très différents. » Je n'avais à ma disposition, pour produire les secousses, qu'une ma- chine, la tapoteitse des fabriques de chocolat. Celle qui m'a servi donne 1620 secousses par minute (et non 120, comme une erreur typographique me le fait dire dans ma Note précédente), secousses qui déplacent l'objet secoué dans un sens vertical, d'environ o™,oi5. Ce sont là des conditions inhérentes à la machine elle-même et que je ne pouvais modifier. La seule condition qu'il m'était possible de faire varier était le nombre même des secousses. Or d'assez nombreuses expériences faites pendant quinze, trente et soixante minutes, où, par conséquent, je faisais subir aux œufs 24 800, 49 600 et 97 200 secousses, ne m'ont pas donné des résultais sensi- blement différents. J'avais à peu prèsautant de monstres après quinze mi- nutes qu'après soixante; ce qui prouve que la modification du germe s'était produite sous l'influence d'un nombre relativement restreint de secousses et qu'une fois produite elle ne s'était point aggravée. » Mais, si je ne pouvais modifier la nature des secousses, je pouvais cependant modifier la manière dont les œufs subissent leur influence. » Dans mes premières expériences, j'avais placé les œufs verticalement dans une caisse remplie de sciure de bois. Mais je n'avais pas pris soin de noter la position du pôle obtus et du pôle aigu. De plus je n'avais pris aucune précaution pour maintenir invariablement les œufs dans la posi- tion verticale qu'ils occupaient au début. La violence des secousses avait ( 836 ) fait sortir une partie de la sciure de bois par les inlerslices des parois de la caisse; et les œufs, n'étant plus maintenus dans une position immuable, avaient été déplacés dans le sens horizontal, tandis que la machine dépla- çait la caisse dans le sens vertical. En ouvrant la caisse, à la fin de l'expé- rience, je trouvai tous les œufs placés horizontalement. Ils avaient donc été soumis, pendant toute la durée de l'expérience, à des mouvements très complexes, en différents sens, et qui n'étaient pas les mêmes au commen- cement et à la fin. » Il falhiit donc recommencer l'expérience en maintenant les œufs dans une position absoKiment invariable. J'y suis parvenu en isolant chaque œuf dans un compartiment en carton, et en collant des bandes de papier sur les interstices des parois de la caisse pour empêcher la sortie de la sciure de bois. Dans ces conditions, j'ai pu étudier l'effet des secousses verticales sur les œufs placés horizontalement ou verticalement; et, dans ce dernier cas, le pôle obtus ou le pôle aigu étant à la partie supérieure. » L'expérience, plusieurs fois répétée, m'a conduit à un résultat abso- lument inattendu. » J'ai reconnu que l'action nuisible des secousses imprimées aux œufs par la tapoteuse varie notablement avec la position des œufs. Les œufs, secoués dans la position verticale, le pôle aigu en haut, m'ont donné géné- ralement des embryons monstrueux. Les œufs secoués dans la position ver- ticale, le pôle obtus en haut, ou dans la position horizontale, m'ont, au contraire, donné généralement des embryons normaux. Quelques-uns de ces derniers, en très petit nombre, sont éclos. Les autres sont morts peu de temps avant l'éclosion, par suite de la non-pénétration du jaune dans la cavité abdominale. J'ai cru, tout d'abord, que cette mort de l'embryon, un peu avant l'éclosion, résultait de l'action des secousses; m;iis des expé- riences récentes, dont j'ai comuuuiiqué les résultais à l'Académie, à la séance du 16 mai i88j, m'ont appris que la non-pénétration du jaune dans la cavité abdominale résulte de l'immobilité des œufs pendant l'incuba- tion. » Ainsi les secousses verticales donnent des résultats très différents sui- vant la différence de position des œufs. Qu'arriverait-il avec des secousses horizontales? Il n'est pas possible de le prévoir. L'expérience seule pourra résoudre la question. » ( 837 ) MÉTÉOROLOGIE. — Recherches ihénriques sur la distribution delà chaleur à lu surface du globe. Note de M. Alfred Angot, présentée par M. Mascart. « La recherche théorique de la quantité de chaleur que le Soleil rayonne vers la Terre aux différentes saisons et aux différentes latitudes a été, depuis Halley, Lambert et Poisson, l'objet d'un grand nombre de tra- vaux. Mais, dans tous ces travaux, on s'est borné jusqu'ici à calculer la quantité de chaleur reçue à la limite supérieure de l'atmosphère ou, ce qui revient au même, celle qui parviendrait au sol si l'atmosphère n'exer- çait aucune absorption. Les nombres que l'on obtient ainsi pré.sentent un grand intérêt théorique, mais ne sauraient avoir de relation directe avec les phénomènes thermiques que l'on observe à la surface du sol, car l'ab- sorption atmosphérique altère les quantités de chaleur qui nous parvien- nent, à la fois dans leurs valeurs absolues et dans leurs rapports entre elles. » La connaissance de la distribution de la chaleur sur notre globe forme la base de toutes les études météorologiques; j'ai donc cru utile de cher- cher à résoudre ce problème dans toute sa généralité. » Supposons le Soleil à la hauteur h au-dessus de l'horizon et à la dis- tance r de la Terre (/• étant exprimé en fonction du demi grand axe de l'orbite). Si nous désignons par C la constante solaire, ou quantité de cha- leur envoyée pendant l'unité de temps par le Soleil, situé à la distance i, sur une surface de l'^i, normale aux rayons incidents; par p le coeffident de transparence, ou fraction de la chaleur totale qui parviendrait au sol pour un rayon homogène traversant l'atmosphère normalement, et pars la masse atmosphérique traversée parle rayon quand la hauteur du Soleil est h, la quantité de chaleur dq reçue pendant le temps dt sur une surface ho- rizontale de i*"! sera (i) dq= —p' siwhdt. » Dans un lieu de latitude >. et à une époque de l'année où la décli- naison du Soleil est ô, la hauteur A du Soleil au temps t est donnée par la formule (2) sinA = sinXsinS -f- cosXcos(J"cosf. » La quantité de chaleur reçue pendant une journée entière à la surface c. R., i885, a' Semestre. (T. (I, N" 17.) I 'JP ( 838 ) d(i sol sera donc (3) 7 = ^1 ffs\nhdt = —, en désignant, pour abréger, l'intégrale pari. Dans celte formule, /i est une fonction de t donnée par l'équalion (2), z une fonction de h qui a été cal- culée par diiférents auteurs, Bouguer, Lambert, Laplnce, et enfin zp t^ l'heure du lever et du coucher du Soleil. Quant à ret &, ce sont aussi des fonctions du temps, mais on peut les supposer constantes pendant toule la durée d'une journée. » L'expression (3) a été calculée aisément quand on suppose p =: 1 ; mais il n'en est plus de même quand on tient compte de l'absorption atmo- sphérique (p<^i). Le calcul, soit direct, soit même par un développement en série, ne m'a pas paru possible. Pour arriver au résultat numérique, il a donc fallu construire la courbe qui a pour abscisses le temps et pour ordonnées les valeurs de p'sïuh, et déterminer l'aire de cette courbe par les procédés connus de quadratures. J,e calcul de l'intégrale I a été fait ainsi pour toutes les latitudes, de 1 0° en 10°, pour quinze valeurs de ô, qui correspondent à vingt-huit époques de l'année, et en donnant kp successi- vement les valeurs i , 0,9, 0,8, 0,7 et 0,6. Les résultats de tous ces calculs, extrêmement longs, sont donnés in extenso dans le Mémoire qui est publié dans les Annales du Bureau central météorologique. » Pour des valeurs données de la latitude géographique X et du coeffi- cient de transparence de l'atmosphère, p, la quantité CI ne dépend j)lus que de la déclinaison du Soleil ou de sa longitude /. On peut alors repré- senter la marche annuelle de CI par la formule de Fourier Cl ^ a -h b, sin/ -h c, cos/ + h., sinaZ -+- c, C0S2/ 4- b,, sin3Z -h . . , où les coefficients a, b^, c^, bi, . ■ . varient seulement avec la latitude géo- graphique et le coefficient de transparence. Cette série se simplifie beau- coup si l'on remarque qu'elle doit reprendre la même valeur quand on change Z en tt ~ Z, ou bien encore quand on change à la fois X en — X et & en — 8, ou Z en TT + Z. La série se réduit donc à CI = rt dr ô, sin Z -f- Co cos 2 Z ±: Z», sin 3 / -1- C4 cos 4 Z ± . . , , où le signe ■+- correspond à une latitude nord, et le signe — à la même latitude tlans i'héinispiière sud. » Nous avons calculé pi'écédemuieut quinze valeurs do I pour chaque ( «39 ) laliUide, de lo" en lo", et différents élats de l'atmosphère. On aura donc quinze équations de condition, qui fourniront, pour chaque cas, les valeurs des coifficients a, b,, r„, » Enfin, au moyen de développements connus, on exprime r et Z en f'onclion de l'anoniaUe moyenne ui, et l'on arrive finalement à une équa- tion de la l'orme ■ » r/ = A + B, sinni -+- C, cosjm + Basinaw + C2 cos2in -h. qui doiuie, pour toutes les latitudes et tous les états de l'atmosphère, la va- leur, à une époque quelconque de l'année m, de la quantité de chaleur envoyée en un jour par le Soleil sur le sol. Pour avoir la quantité totale de chaleur reçue pendant une portion quelconque de l'année, il n'y aura pins qu'à calculer entre les limites convenables l'intégrale Jqdin, ce qui ne présente aucune difficulté. » Après avoir ainsi exposé la méthode, il resterait à indiquer quelques- uns des résultats obtenus. Je me bornerai, pour le moment, au Tableau suivant, qui donne les quantités totales de chaleur reçues en un an, sous les parallèles 0°, 3o°, 60° et 90", en supposant au coefficient de transpa- rence les différentes valeurs ci-dessous : Coefficient de transparence. Latitude. 1. O/J. 0,8. 0,7. 0,6. o" [é(jiiatcur) 35o,3 298,4 25i,g 209,2 «70,2 So» 307,9 256,8 215., 3 '72,9 ï37,6 Go" '99>2 152,9 118,2 90,2 67,4 90" (pôles) 'i'',4 100,1 68,2 45,0 28,4 » On voit avec quelle rapidité la quantité de chaleur reçue diminue de l'équateur aux pôles, dès que le coefficient de transparence tombe au- dessous de 0,8, c'est-à-dire atteint les valeurs que l'on rencontre d'ordi- naire. » Dans le Tableau précédent, on a pris pour unité la quantité totale de clialeurqui tombe sur un centimètre carré à l'équateur, aux limites de l'at- mosphère, le jour de l'équinoxe. Si l'on voidait exprimer ces nombres en calories, il faudrait donnera la constante solaiie C une valeur particulière. En prenant celle qui résulie des expériences de M. Violle (C = 2,54), l'iuiité employée ci-dessus correspondrait à 1 164*^^' (gramme-degré). « Dans une prochaint; Communicaiion, j'aurai l'honneur de revenir sur certains résultais de ce travail, qui présentent quelque importance pour la Météorologie et la Géographie générale. » ( «4o ) MÉTÉOROLOGIE. — Sur les époques de vendanges en France. Noie de M. Alfred Angot, présentée par M. Mascart. « En même temps qu'il organisait l'observation régulière des phéno- mènes de végétation en France, le Bureau central météorologique s'est préoccupé de recueillir les observations anciennes, afin de permettre des études comparatives portant sur d'assez longues périodes. Parmi tous les phénomènes de végétation, celui sur lequel il est le plus facile de trouver des renseignements précis pour les époques anciennes est la date de l'ou- verture des vendanges. Cette date était généralement, en effet, fixée par un arrêté, ou han de vendanges, dont on retrouve souvent la trace dans les registres des municipalités. )) Nous avons pu ainsi réunir les dates de l'ouverture des vendanges dans 622 localités de la France ou de la partie de la Suisse la plus voisine. Ces séries d'observations s'étendent d'ordinaire de 1840 à 1880; un grand nombre remontent beaucoup plus loin, au xvrii" et même au xvii*^ siècle; 5 enfin vont jusqu'au xvi* siècle, et i (Dijon) jusqu'à la fin du xiv'. Le Mémoire publié dans les Annales du Bureau central météorologique de Fiance donne en détail les '79 plus longues séries et, pour toutes les au- tres, les époques moyennes des vendanges par périodes de dix années. En- fin on y a réuni des renseignements sur la qualité et la quantité des ven- danges pour chaque année, depuis i236, sauf quelques lacunes dans les deux premiers siècles. » Bien que le Mémoire soit surtout un travail de statistique, dans lequel on se proposait principalement de réunir et de publier des observations anciennes, une première discussion de ces observations a permis de for- muler quelques conclusions que je demanderai la permission d'indiquer. » Diujs une même localité, l'époque des vendanges varie beaucoup d'une année à l'autre, et la différence entre les dates extrêmes peut atteindre et même dépasser ■70 jours. Dans presque toute la France, au moins depuis 200 ans, l'année la plus tardive a été 181G, et la plus précoce 1822. La cause de ces vnrialions est bien connue et se trouve dans les conditions météorologiques de chaque année. Pour que le raisin mûrisse, il faut que la vigne ait reçu une certaine quantité de chaleur, caractéristique de chaque nature de plant. La relation entre l'époque de la maturité et la température est tellement nette que l'on peut aisément calculer, à deux ou trois jours prés, la date de l'ouverlure des vendanges au moyen de la marche de la ( «4i ) température, même pour les années les plus exceptionnelles. On trouvera dans le Mémoire plusieurs exemples de ce calcul. » Indépendamment de la nature du cépage et des conditions topogra- phiques et climatologiques, beaucoup d'autres causes accessoires font varier l'époque des vendanges dans un même pays : âge du plant, mode de cul- ture, fumure, soufrage, espacement des ceps; enfin le goût des acheteurs et les habitudes locales ont aussi une grande influence. L'étude de la varia- lion des époques des vendanges est donc très complexe et soumise, au point de vue climatologique, à bien des restrictions; mais elle rachète en partie ces inconvénients par le grand nombre et la longue durée des séries d'observations que l'on possède. » En dehors des variations annuelles, il est très intéressant de rechercher si l'époque moyenne des vendanges, pour des périodes assez longues, subit une variation régulière que l'on puisse attribuer à des changements du climat. Dans quelques localités les vendanges ont été notablement plus tardives au commencement de notre siècle qu'à la fin du xvii*, et quelques auteurs ont cru pouvoir en conclure à une détérioration progressive du climat. Les nombres que nous avons publiés ne paraissent pas favorables à cette opinion. Nous prendrons, par exemple, trois séries, celles de Dijon, de Salins (Jura) et d'Aubonne (entre Lausanne et Genève), pour lesquelles nous possédons trois cents ans d'observations complètes, de iSyS à 1874. Nous avons calculé pour ces trois stations l'époque moyenne des ven- danges par périodes de vingt-cinq ans, et l'écart de ces époques à la moyenne générale des trois cents ans. Voici le Tableau de ces écarts, en jours; le signe ■+- signifie un retard et le signe — une avance de la période considérée sur la moyenne. 1575-09. 1G00-Î4. IG-25-40. 1650-74. 1075-99. 1700-24. Dijon +1 —I —3 —5 —5 —2 Salins -+- 4 +2 o —3 -1- 1 — i Aubonne — 4 —8 —4 —5 4-5 -1-8 il-Vo-i'.). 1750-74. 1775-99. 1800-24. 1825-49. 1850-74. Dijon 4- 1 -t-3 -t-i -f-7 +2 —2 Salins — 2 o — 5 — i -f- 1 -+-2 Aubonne -4- 10 +9 — i -(-3 — 4 — 6 » Quant à la date moyenne pour les trois cents ans, elle est : à Dijon, le 28 septembre; à Salins, le [ i octobre, et à Aubonne, le 19 octobre. » Ces stations sont assez peu éloignées l'une de l'autre pour que les va- ( H42 ) riations à longue jîériode du climat y soient par;illèles; et, de plus, les v;iriy lions pour Salins devraient être intermédiaires à celles des deux autres localité-. Or les nombres rapportés ci-dessus montrent qu'il n'existe aucun parallélisme entre les variations des époques des vendanges de ces trois sta- tions; on doit donc les attribuer, non à des causes climatologiques, mais à. des changements dans les habitudes locales, dans la nature du plant ou dans le mode de culture. En tous cas, ces observations, et d'autres que nous avons signalées dans le Mémoire, ne permettent de conclure d'aucune manière que notre climat aille sans cesse en se détériorant. » Enfin quelques auteurs ont cru reconnaître que les époques des ven- danges suivaient une variation périodique analogue à celle des taches du Soleil. J'ai calculé séparément, pour dix stations, l'époque moyenne des vendanges de toutes les années de maximum et de minimum des taches so- laires, de 1700 à 1879. Ces époques moyennes sont identiques pour les deux séries d'années, ou ne différent que d'un jour, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre. L'influence présumée est donc absolument nulle ou inappréciable. » GÉOLOGIE. — Application de la Therinochimie à l'txpUcalion des phénomènes géologiques. Carbonate de zinc. Note de M. Dieulafait, présentée par M. Berthelot. « Parmi les combinaisons naturelles du zinc, il en est deux qui dominent presque exclusivement : ce sont le zinc sulfuré et le zinc carbonate. » Et d'abord , comment se fait-il que, pour trois métaux aussi rappro- chés que le manganèse, le fer et le zinc, les combinaisons avec l'acide car- bonique soient presque nulles pour le manganèse, exceptionnelles pour le fer et très considérables pour le zinc? Voici la réponse fournie par la Thermochimie. » Les proloxydes de manganèse, de fer et de zinc, en s'unissant à l'acide carbonique, dégagent respectivement les quantités de chaleur suivantes : MnO+-CO==6C-",8; F,' O + C0= = 5^^1,0 ; ZnO + CO= = 5C-',5. » L'oxygène agissant, voici ce qui va se passer : » 1° Le protoxyde de manganèse, pour atteindre son état d'équilibre définitif, le bioxyde, dégagera, a partir du protoxyde, io^-^',7-, comme le protoxyde, en se combinant avec l'acide caibonique, ne dégage que G^^^S, l'acide carbonique sera complètement déplacé. ( 843 ) » ■?." Le passage du protoxyde de fer à l'état de sesquioxyde dégage i3'^'',3; la formation du carbonate ne dégage que 5*^"'; le sesquioxyde se formera donc au contact de l'air, même aux dé[)ens du carbonate de prot- oxyde, et ce dernier ne pourra se maintenir que dans des milieux réducteurs. )) 3° Les choses se passent tout autrement pour le zinc. Il n'existe pas, pour ce métal, de degré d'oxydation supérieur au protoxyde. Dès lors, l'union de l'acide carbonique avec l'oxyde de zinc constitue, pour le zinc, l'état d'équilibre le plus stable; toutes les fois donc que le carbonate de zinc aura pu se produire, il restera dans cet état. F^oità pourquoi l'une des plus importantes (ombinaisons naturelles du zinc est (e zinc carbonate. » Le zinc carbonate, tel qu'il existe dans ses gisements actuels, est venu de points divers et, pour arriver à cet état d'équilibre définitif, il a subi des transformations chimiques qui sont loin d'avoir toujours été les mêmes. J'examinerai successivement ces traiisformalions ; mais il est nécessaire d'établir d'abord un premier résultat d'ordre tout à fait général. » Un fait d'observation qui se reproduit pour toutes les régions du globe, et sur lequel ont insisté les géologues et les ingénieurs, est le suivant : Les gisements de zinc carbonate grands et petits sont presque toujours en relation avec des roches doloniitiques. Voici l'explication de ce grand fait. » Beaucoup de minerais aujourd'iiui à l'état de carbonates et de pro- toxydes ont d'abord été déposés à l'état de sulfures; c'est par l'oxydation de ces derniers que les minerais actuels se sont formés : cela est surtout applicable aux minerais de zinc, comme je le montrerai bientôt, en étudiant les sulfures de la famille du fer. Examinons, dès lors, une eau contenaîit en dissolution un sel de zinc, et en particulier du sulfate. Cette eau, en outre, pourra tenir en dissolution ducarboTiate de chaux, soit pur, soit mélangé avec du carbonate de magnésie, ou couler sur des roches déjà formées, constituées à leur tour, soit par du calcaire à peu près pur, soit par un mélange de carbonate de chaux et de carbonate de magnésie. » Dans le cas du calcaire pur, voici ce qui va se passer : ZiiO + SO' iicai,^ ZnO+CO- 5c»',5 CaO-t-CO"- 9Cai,8 CaO + SO' i5c=",8 21'="', 5 2 1 Cal, 3 » La deuxième transformation dégageant moins de chaleur que la pre- mière et le carbonate de zinc étant plus dissociable que celui de chaux, le premier système se produira de préférence. ( 844 ) » Si, ail contraire, le sulfate de zinc se trouve mis en contact avec des roclies dolomitiques, voici ce qui va se passer : ZnO + SO^.. , . iiC-',7 Mso^-co^ .. g"^^' , o 2o':=>,7 ZnO+CO^ 5'^",5 Mgo-f-so' iSt^-se )• La seconde transformation dégageant plus de chaleur que la première et le carbonate de magnésie se di^sociant le plus aisément, le second sys- tème se produira de préférence, et il se précipitera du carbonate de zinc. J'ai expérimentalement vérifié cette conclusion [Comptes rendus, 1884). » Si, à cette première cause de précipitation, on ajoute ces deux autres circonstances que les sels de zinc sont isomorphes avec les sels de ma- gnésie, et que les sels de zinc et de magnésie à acide commun se com- binent pour former des sels doubles, on comprendra que, dans un milieu où se dépose du carbonate de magnésie, il se précipitera, en même temps, du carbonate de zinc, si le liquide contient un sel de zinc en dissolution. » C'est pour vérifier cette conclusion que j'ai exécuté mes longues re- cherches sur la diffusion du zinc dans les dépôts dolomitiques. Voici l'ordre d'idées qui me guidait. » J'avais montré que les eaux des mers modernes renferment du zinc en dissolution, que la quantité de zinc dissoute dans l'eau de ces mers était même bien des milliers de fois supérieure à celle qui existe dans tous les gisements de zinc connus. Il en avait été nécessairement de même pour les mers anciennes, puisque, une fois constituées, les mers n'ont plus, à travers les transformations des âges géologiques, changé sensiblement de composition au point He vue des substances tenues en dissolution. Partout donc oîi s'étaient formés des dépôts dolomitiques d'origine marine, on devait retrouver du carbonate de zinc disséminé au milieu de ces dépôts. On sait que l'analyse chimique a complètement confirmé ces prévisions. » Sans remonter aujourd'hui plus haut que les mers au sein desquelles se sont précipités les carbonates de magnésie zincifères, l'âge et le mode de dépôt du carbonate de zinc dans ses gisements actuels ne sont pas les mêmes partout; il y a d'abord trois grandes divisions à faire : 1° des com- binaisons de zinc (et c'est la partie de beaucoup la plus coi\sidérable) sont restées associées à la roche magnésienne dans un état de dissémination complète; 2° le caibonate de zinc, isolé en lits et en filets stratifiés dans la roche, a été séparé de l'ensemble au moment de la formation de ces roches : il en est dès lors contemporain ; mais, pour expliquer son accumulation en ( 845 ) assises parfois suffisantes pour devenir industriellement exploitables, il est nécessaire d'exposer et d'analyser certaines réactions intermédiaires, sur lesquelles j'insisterai quand je traiterai de la transformation des sulfures; 3° le troisième type, celui qui existe aujourd'hui en dépôt dans des fis- sures, des crevasses, des cavernes, etc., de roches dolomitiques, a été extrait par l'eau de ces roches, à des époques qui peuvent être prodigieusement postérieures à la précipitation de la roche magnésienne zincifère, et par une réaction générale tout à fait analogue à celle qui m'a permis d'expli- quer la séparation et l'isolement du phosphate de chaux dans les calcaires des montagnes du sud-ouest de la France. » L'ensemble des faits qui viennent d'être exposés et ceux qui ont été rappelés conduisent à cette conclusion définitive : » L-'association du zinc carbonate avec des roches sédimentaires riches en carbonate de magnésie, et sa rareté relative, en dehors de cette associa- tion, sont en conformité complète avec les lois de la Tliermochimie, telles que je les ai limitées, c'est-à-dire agissant seulement à la température or- dinaire. On peut donc considérer comme établi que le zinc carbonate as- socié aux dépôts dolomitiques était, à l'époque de la précipitation de la dolomie, en dissolution dans les eaux avec les éléments de la dolomie elle- même; que le tout était contemporain; enfin que l'isolement du carbonate de zinc dans ses gisements actuels est le résultat de transformations qui ne sont, au point de vue de la science générale, que tout à fait secondaires. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le rayon vert, observé dans l ' océan Indien . Note de M. Trêve, présentée par M. Chevreul. « Certains phénomènes météorologiques prennent souvent, quand on les observe en pleine mer, une ampleur surprenante, accentuant vivement les particularités qui les caractérisent. Tels sont les féeriques spectacles que donnent les couchers de soleil. Dans le cours de ma nouvelle et récente traversée de l'océan Indien, l'occasion s'est plusieurs fois présentée de contempler la lumière rayonnée par le soleil descendant à l'horizon, l'atteignant, pour disparaître bientôt après, » Les colorations dont le ciel est inondé, quand les rayons de lumière directe vont faire place aux rayons crépusculaires, et la diminution pro- gressive de la lumière qui succède au coucher du soleil, sont l'un des effets d'optique les plus magnifiques. Après une belle journée, pendant laquelle la pureté du ciel s'est maintenue, le soleil s'achemine à l'horizon C. K., iS85. 2" Semestre. (T. CI, N° 17.) IIO ( 846 ) sous un ciel nuancé d'un rouge orangé, passant graduellement au rouge pourpre, avec diverses nuances dues à l'état plus ou moins hygrométrique de l'atmosphère et à la distance de l'astre au zénith. Peu après le coucher du soleil, il arrive souvent qu'une teinte rouge jaunâtre à l'horizon va en se fondant sur le ciel et prend une nuance violacée en s'élevant vers le zénith. D'autres fois, le rouge qui borne la vue est très foncé, passe à l'orangé, et la teinte se perd insensiblement dans un fond bleu grisâtre. » Mais ce qu'il y a de plus frappant, on le sait (' ), c'est que, dans l'instant qui suit immédiatement la disparition du bord supérieur du disque, on voit parfois un rayon absolument vert, d'une grande beauté, succéder aux derniers rayons rouges projetés sur les eaux et dans l'atmo- sphère. » Il faut, du reste, des conditions tout exceptionnelles d'extrême lim- pidité du ciel et de grande pureté d'horizon, pour que ce phénomène appa- raisse à l'observateur. » Sa durée est celle d'un éclair. C'est, pour le navigateur, comme un adieu chargé de promesses, toujours fidèlement tenues, d'un beau temps pour le lendemain; il est, en effet, bien peu d'exemples, s'il y en a, qu'un beau coucher de soleil ait été suivi d'un mauvais temps. » Ce phénomène si remarquable nous semble devoir se rattacher aux belles expériences de M. Chevrenl, sur le contraste simultané des couleurs et sur les ombres projetées derrière les corps opaques exposés aux différentes couleurs qui composent le spectre fourni par la lumière blanche. Ces ombres sont toujours d'une couleur complémentaire de celle dans laquelle est plongé le corps obscur. » Ce phénomène ne saurait finalement trouver son explication que dans les mémorables travaux de l'illustre savant, qui a établi, de la façon la plus nette, par l'invention des pirouettes complémentaires, que la vision d'une couleur matérielle quelconque A en mouvement, une fois perçue, a pré- paré la partie de la rétine qui vient d'être affectée de la couleur A à rece- voir d'une fraction de la lumière blanche^ qui l'éclairé, la sensation de la couleur C complémentaire de A. Dans l'exemple cité, c'est donc la per- ception du rouge qui est suivie de celle du vert. » ') Surtout depuis la charmante vulgarisation qui en a été faite par M. J. Verne. C) ( «47 ) M. Ed. Divers adresse les observations suivantes, au sujet d'une Note récente de M. G. Arlh [Comptes rendus, t. C, p. i588), relative à « l'action de i'azotale d'ammoniaque ammoniacal anhydre sur quelques métaux ». « En décrivant quelques expériences qu'il a faites avec le zinc, le cuivre, i'étain et le fer, M. Arth me fait l'honneur de parler de ma découverte de ce liquide ammoniacal. Il ignore sans doute qu'une relation d'expériences semblables aux siennes a été donnée dans mon Mémoire présenté en 18^3 à la Royal Society of London. » A la seule exception du métal fer, les résultats qu'il a obtenus sem- blent bien s'accorder avec les miens. Ce dernier métal, selon lui, se dissout dans le liquide, tandis que je l'y ai trouvé inerte. » M. Ch. Okdonneau demande l'ouverture d'un pli cacheté, déposé par lui le 4 niai i885, sur « Les produits de feriuentalion du raisin des Charentes, cépage folle-blanche ». Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient une série d'analyses faites sur S*"'" d'eau-de-vie pure, provenant du raisin folle- blanche, préparée en i864 et laissée pendant vingt années dans le même fût. Au lieu de 70" qu'elle marquait au moment de sa préparation, elle ne marquait plus, lors de l'analyse, que 5o° à l'alcoomètre centésimal. « Les diverses analyses ont permis d'y constater la présence de l'alcool propylique normal, de l'alcool butylique normal (bouillant à 116°) et de l'alcool amylique (bouillant à 1 27% pour la plus grande partie ) ; cependant le point d'ébullition de ce dernier alcool s'est élevé jusqu'à iSa", en sorte qu'il semble identique à celui qui est produit par la levure de bière. Ce ré- sultat, ajoute l'auteur, établit une différence considérable entre les alcools de vin et ceux qui proviennent de la fermentation par le Mycoderma cere- visiœ. » On doit retrouver l'alcool butylique normal dans les essences de marc de raisin, ainsi que dans les alcools de fruits fermentes, qui contiennent des ferments souvent identiques à ceux du raisin. Ce corps est certaine- ment fourni par une levure spéciale; caries vins de seconde cuvée, faits soit avec des saccharoses de betterave ou de canne, soit avec des glucoses, contiennent assurément l'alcool butylique normal, qui est essentiel à la ( 848 ) formation du bouquet. On ne saurait donc l'attribuer à l'action du ferment sur des corps spéciaux du raisin. » La séance est levée à 5 beures un quart. J. B. ERRJTA. (Séance du 19 octobre i885.) Page 721, ligne 6 en remontant (dans la note), au lieu de 187g, lisez i8']'6. » 753, .. 9, nu lieu de 60"" à 70°"", lisez 6o""""" à 70"""". COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 NOVEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. BOULEY. MEMOIRES ET GOMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel nnnonce à l'Académie la perte qu'elle vient de taire dans la personne de M. Jolj, Correspondant de la Section d'Ana- toinie et de Zoologie, décédé à Toulouse le 17 octobre i885. MÉCANIQUE. — Remarques on sujet des récentes expériences de M. Hirn sur la vitesse d'écoulement des gaz; par M. Faye. « L'Académie se rappelle que notre savant Correspondant, M. Hirn, a entrepris, il y a quatre ans, un grand travail de vérification expérimentale sur cette hypothèse de Physique mécanique qui consiste à considérer les gaz comme formés de molécules indépendantes, parfaitement élastiques, se mouvant en tous sens, à grande vitesse, et allant incessamment frapper les parois des vases où ils sont enfermés. Par cette conception, ou a réussi à représenter les phénomènes de pression, de température, de détente, etc. Elle sert de base à une théorie, dite /cinétique, des gaz, quia reçu de grands développements à l'étranger. G. R., i885, 2« Semestre. (T. CI, N" t8.) I I 1 ( 85o ) » M. Hirn a cherché, dans les Mémoires que je viens de présenter de sa part à l'Académie, si l'on ne pourrait pas mettre en relief quelque con- clusion inhérente à l'hypothèse et la soumettre à l'expérience, de ma- nière à en vérifier la réalité ou la non-réalité. Il a trouvé que la résistance qu'un gaz ainsi constitué oppose au mouvement d'un corps quelconque devrait être une fonction immédiate de la température. Or des expé- riences, conduites avec le plus grand soin entre des écarts de température de o^àaoo", ont montré que cette conséquence n'est pas fondée : la résis- tance du gaz maintenu à la même pression s'est montrée indifférente aux variations de température. Ainsi la théorie kinétique des gaz, prise en défaut sur une de ses conséquences essentielles, doit être rejetée. » J'avoue que l'échec de cette hypothèse ingénieuse, mais par trop fac- tice, ne m'a pas surpris; j'ai donc, pour ma part, accepté avec empresse- ment le résultat du travail de M. Hirn. Il n'en a pas été de même en Bel- gique où d'excellents juges, sans contester des expériences qu'il leur eût été par trop pénible de reprendre dans l'unique but d'une vérification qui ne leur semblait pas nécessaire, et tout en rendant justice au mérite incon- testable de l'auteur, ont pensé que ces expériences étaient, en elles-mêmes, trop délicates et trop difficiles pour trancher définitivement la question contre une théorie sur laquelle un célèbre géomètre allemand a édifié une partie de ses beaux travaux. Le Mémoire de M. Hirn se trouvait donc des- tiné à n'inspirer qu'un sentiment d'estime assez stérile, sans obtenir d'adhé- sion définitive. » C'est que, lorsqu'on veut faire la critique d'une hypothèse, on ne tombe pas toujours, du premier coup, sur le vrai point faible, là où une expérience décisive prononce magistralement, pour tout le monde, entre le vrai et le faux. » C'est ce qui est arrivé à M. Hirn. Après avoir cherché bien loin, il a fini par s'apercevoir que l'hypothèse kinétique impose une limite parfai- tement nette à la vitesse d'écoulement d'un gaz passant, d'un réservoir à pression déterminée et à température constante, dans une enceinte où la pression est moindre. Cette limite est de 485™ par seconde pour l'air (à la température absolue de 273°), lorsqu'il s'élance dans le vide. » Or des expériences récentes, instituées avec le plus grand soin p'ir M. Hiri), sur des pressions variant de o'", 40 à o"', 01 duis le récepteur, ont montré clairement que celte limite n'existe pas. Déjà, pour la pression de o™,oi flans le bief d'écoulement, la vitesse atteignait 4266™ par se- conde, résultat huit fois plus grand que la vitesse de 5oo"' dans l'hypo- ( 85i ) thèse en question. Tout porte à croire qu'en poussant plus loin la raréfac- tion clans le récepteur, la vitesse d'écoulement croîtrait indéfiniment. » Cette fois l'expérience porte sur un fait saillant qui n'exige pas d'effort d'analyse pour son interprétation; elle est relativement facile à contrôler; enfin elle intéresse l'étude si souvent reprise de la loi d'écoulement des gaz, car la formule la plus récente, celle de Weissbach, se trouve ébranlée du même coup. Je pense donc que cette fois les physiciens n'hésiteront pas à reprendre la question au point où M. Hirn vient de la placer, et que leurs résultats, diiment vérifiés dans plusieurs laboratoires, prendront dans la Science une place considérable, indépendamment de leur valeur critique par rapport à l'hypothèse susdite. » PHYSIOLOGIE EXPÉKIMENTAI.E. — Nouvelles recherches sur l'origine des fibres nerveuses glandulaires et des fibres nerveuses vaso-dilatatrices qui font partie de la corde du tympan et du tierf glosso-pharyngien ,• par M. Vulpian. « En 1878, j'ai communiqué à l'Académie des Sciences les résultats d'expériences que j'avais entreprises dans le but d'arriver h déterminer la véritable origine de la corde du tympan ('). Ces expériences m'avaient conduit à quelques données que j'avais cru devoir publier; mais, malheu- reusement, elles ne m'avaient pas fourni la solution du problème que je m'étais posé. J'ai fait récemment de nouvelles tentatives et j'ai réussi, cette fois, à reconnaître nettement la provenance de ce cordon nerveux. Les conditions dans lesquelles ont été faites ces expériences m'ont permis d'étudier aussi l'origine des fibres nerveuses glandulaires et vaso-dilata- trices, contenues dans le nerf glosso-pharyngien. )) On peut, sur un chien curarisé et soumis à la respiration artificielle, mettre à découvert les nerfs crâniens à leur origine et les exciter à l'aide de courants électriques, dans le crâne. J'ai pu ainsi, dans de bonnes con- ditions expérimentales, faradiser isolément, entre autres, le nerf trijumeau, le nerf facial et l'auditif, les nerfs glosso-pharyngien, pneumogastrique, spinal ou accessoire de Willis. » Si l'expérience est faite, après qu'on a introduit et fixé dans le conduit de Sténon et dans le conduit de Wharton des canules métalliques, il est facile de constater l'action produite par l'électrisalion de ces différents (') A. Vulpian, Expétiences ayant pour but de déterminer la véritable origine de la corde du tympan [Comptes rendus, 1878, t. LXXXVI, p. io53). ( 852 ) nerfs sur la sécrétion soit de la glande parotide, soit de la glande sous- niaxillaire et, par conséquent, de déterminer l'origine des nerfs excito- sécréteurs de chacune de ces glandes. D'autre part, en examinant la langue de l'animal après que chacun de ces nerfs a été faradisé, on reconnaît sans peine de quels nerfs proviennent les fibres qui exercent une influence vaso- dilatatrice sur la membrane muqueuse linguale. Or, on sait que les fibres nerveuses dont l'excitation provoque la sécrétion de la glande sous-maxil- laire et celles dont l'excitation fait dilater les vaisseaux de li membrane muqueuse de la langue, dans les deux tiers antérieurs de cet organe, sont toutes contenues dans la corde du tympan, rameau du facial; les effets de la faradisation des nerfs crâniens dans le crâne doivent donc montrer si ces fibres naissent toutes du bulbe rachidien en même temps que le nerf facial, ou s'il en est autrement. De même, pour le nerf glosso-pharyngien qui contient les fibres vaso-dilatatrices du liers postérieur de la membrane muqueuse de la langue et les fibres excito-sécrétoires de la glande parotide, les expériences portant sur les nerfs crâniens, à l'intérieur du crâne, doivent faire voir si ces fibres appartiennent en propre au nerf glosso-pharyngien ou si ce sont des fibres anastomotiques. » Lors de mes premiers essais dans ces nouvelles recherches, je faisais usage de courants faradiques assez intenses. La bobine au fil induit de l'appareil à chariot de Du Bois-Reymond (pile de Grenet de moyen mo- dèle) était à o^jio du point où elle recouvre entièrement la bobine au fil inducteur. Dans ces conditions, l'électrisalion du nerf trijumeau dans le crâne provoquait une sécrétion abondante de la glande sous-maxillaire correspondante et une sécrétion un peu moindre de la glande parotide. En diminuant l'intensité du courant faradique employé, j'ai obtenu de tout autres effets, et j'ai pu ainsi me convaincre que l'action excito-sécrétoire, constatée dans ces premiers essais, était due à ce que le courant était trans- mis par diffusion jusqu'aux nerfs voisins (facial et glosso-pharyngien). » Lorsque la bobine au fil induit est écartée du point où elle recouvre la bobine au fil inducteur par un intervalle de o™,i 8, le résultat, comme je viens de le dire, est bien différent. Par l'électrisation du nerf trijumeau, il ne se manifeste aucune action sécrétoire. En électrisant le nerf facial, on voit, après quelques instants, un abondant flux de salive s'écouler par la canule fixée dans le conduit de Wharton ; il ne se montre pas la plus pe- tite gouttelette de salive à l'extrémité de la canule fixée dans le conduit de Sténon. On observe l'inverse lorsqu'on faradisé les nerfs qui sortent par le trou déchiré postérieur : la glande parotide entre seule en activité et un ( 853 ) écoulement salivaire abondant a lieu exclusivement par la canule introduite dans le conduit de Sténon, Les nerfs électrisés étaient le plus souvent in- tacts, dans leurs rapports normaux avec la protubérance annulaire (triju- meau) et le bulbe rachidien (facial, glosso-pharyngien, etc.); les effets ont été les mêmes, dans les cas où ces nerfs étaient coupés et où on les faradi- sait dans les orifices où ils pénètrent, presque au sortir des centres ner- veux ('). » Pour provoquer des actions vaso-dilatatrices, j'aiélé obligé de recourir à des courants un peu moins faibles, à ceux qu'on obtient lorsque la bobine au fil induit est à o'",i2 du point où elle recouvre la bobine au fil induc- teur. En faradisant avec ce courant le nerf trijumeau, à l'intérieur du crâne, on ne produisait point de dilatation des vaisseaux de la membrane mu- queuse de la langue, ou bien l'effet était si faible qu'on pouvait l'attribuer à une communicalion de l'excitation, par l'inlennédiairedesos, au nerffa- cial. L'électrisation directe du nerf facial en dedans du crâne faisait naître une vive congestion dans les deux tiers antérieurs du côté corres- pondant de la langue. Une congestion tout aussi prononcée se montrait dans le tiers postéi ieur de ce côté de la langue, c'est-à-dire dans la partie de cet organe qui est en arriére du V des papilles caliciformes, lorsqu'on électrisait le nerf glosso-pbaryngien, entre son lieu d'origine et le trou dé- chiré postérieur (^), » On voit, par ces expériences, que les fibres nerveuses glandulaires et les fibres nerveuses vaso-dilatatrices, contenues dans la corde du tympan, sortent du bulbe rachidien au niveau du nerf facial et qu'aucune d'elles n'émane du nerf trijumeau. La corde du tympan, outre ces fibres glandu- (') Lorsque les nerfs étaient intacls, je n'ai pas observé d'effets sécrétoires réflexes, en électrisant le nerf trijumeau ou le glosso-pharyngien, probablement parce que les liraille- nients auxquels étaient nécessairement soumis ces nerfs à leur origine, au moment où, pour les mettre à tlécouvert, on écartait la protubérance annulaire et le bulbe rachidien, para- lysaient leur action centripète. (-) En affaiblissant d'une façon progressive les courants, on peut réussir îi électriser isolément, malgré leur contiguïté, les trois nerfs qui passent par cet orifice du crâne. On peut ainsi constater. qne le glosso-pharyngien est le seul de ces trois nerfs qui agisse sur la sécrétion parotidienne ; que le nerf spinal exerce seul une action d'arrêt sur le coeur, que le nerf pneumogastrique et le nerf spinal jouent, l'un et l'autre, le rôle de nerfs moteurs par rapport à l'estomac, etc. L'électrisation du nerf pneumogastrique n'a eu, dans une expé- rience où j'ai fait cette recherche, aucune influence sur la circulation ou sur les sécrétions de la membrane muqueuse stomacale. ( 854 ) laires et vaso-dilatatrices, en contient d'autres qui prennent une part impor- tante au fonctionnement de la langue, comme organe du goût ; pour de nombreux auteurs, c'est exclusivement, ou à peu près, par ces fibres que les impressions gustatives, portant sur les deux tiers antérieurs delà langue, seraient transmises aux centres nerveux . Un physiologiste italien d'un grand mérite, M. Lussana, me paraît avoir bien prouvé, à l'aide de faits anato- niiques, expérimentaux et cliniques, réunis et commentés dans deux inté- ressants Mémoires (' ), que ces fibres, comme on l'avait déjà dit, tirent leur véritable origine du nerf facial. Elles feraient suite au nerf intermédiaire de Wrisberg, qui a été considéré par divers anatomistes comme la racine postérieure ou sensitive du nerf facial (■) et qui, en tout cas, est bien une racine de ce nerf. Toutes les fibres, à fonction connue, de la corde du tympan proviennent donc, en réalité, du nerf facial. En d'autres termes, la corde du tympan n'est pas le produit d'anastomoses fournies au nerf facial par d'autres troncs nerveux; elle est véritablement une branche du nerf facial lui-même et, à l'exception de quelques rares fibres anastomotiques, elle est soumise tout entière à l'influence trophique du ganghon géni- culé('). )) Les expériences ont été tout aussi concluantes, en ce qui concerne soit les fibres glandulaires que le nerf glosso-piiaryngien donne à la glande pa- rotide, soit les fibres vaso-dilatatrices que ce même nerf fournit à la partie postérieure de la langue. Elles prouvent que ces fibres existent, les unes iM Pn. LussvNV, Recherches expérimentales e'. Ohhervations pathologiques sur les nerfs du goût [Jrchives de Physiologie normale et pathologique, i86g, p. 20 et siiiv.). — Sur les nerfs du goût ; Observations et Expériences nouvelles (même Recueil, iS'j'j, p. i5o et suiv.). C) Cette interprétation, proposée par Bischoff, Gœdechens, Barthold, etc. (cités par Longet), a été fonnulée d'une façon très nette par M. Cusco; M. Lussan.i l'a adoptée et s'est efforcé d'en démontrer l'exactitude. Plus récemment, elle a trouvé un nouvel appui dans les Recherches de M. Maihias Duval sur l'origine réelle des nerfs crâniens (Journal de Robin el Pouchet, 1880, p. 53^ et suiv.). Pour MM. Cusco et Lussana, l'origine appa- rente du nerf de Wrisberg ferait suite à celle du nerf glosso-])haryngien. M. Mathias Duval a bien mis en lumière les relations que présentent aussi ces deux nerfs, sous le rapport de leur origine profonde, intra-bulbaire. (■') C'est pour cela que, à la suite de la section intra-cranienne du nerf facial, comme je l'ai fait voir dans ma Communication de 1878 {loc. cit.), les fibres de la corde du tympan restent intactes, tandis que celles des autres branches de ce nerf subissent toutes l'altération atrophique, ( 855 ) et les autres, dans le nerf glosso-pharyngien dès qu'il sort de la moelle allongée ( '). » HISTOIRE NATURELLE. - L'histoire naturelle de Vile Campbell et de la Nouvelle-Zélande ; par M. Alph. Milne-Edwards. « En organisant la mission astronomique chargée d'observer, à l'île Campbell, le passage de Vénus sur le Soleil, l'Académie crut utile d'y adjoindre un naturaliste, et elle désigna M. le D"' H. Filliol pour accom- pagner M. Bouquet de la Grye, le chef de l'expédition. Les collections formées par ce zoologiste furent exposées, en 1876, dans une des salles du Muséum d'Hisloire naturelle, et tous ceux qui la visitèrent furent frappés de leur importance. Ensuite, ces riches matériaux d'étude furent mis en œuvre, et M. Filhol vient de terminer la publication des résultats obteiujs pendant son voyage; ils sont réunis en un volume accoiupagné d'un atlas et ayant pour titre : Recherches zoologiques, botaniques et géolo- giques faites à l'île Campbell et en Nouvelle-Zélande. » Notre regretté Secrétaire perpétuel, M. Dumas, aurait été heureux de présenter à l'Académie ce Livre, dont il avait suivi les progrès avec une sollicitude de tous les jours, veillant à ce que les moyens matériels d'exé- cution fussent mis à la disposition de l'auteur; nous ne devons pas oublier que c'est lui qui a été l'instigateur de cette publication. » D'importantes questions relatives à la Géographie et à l'Histoire natu- relle générale se rattachaient à l'étude de l'île Campbell. Cet îlot, isolé au milieu de l'Océan austral , dcvtiit-il être considéré comme un débris détaché d'un continent plus étendu et en connexion avec la Nouvelle-Zélande? ou avait-il toujours été séparé de celte dernière terre? La connaissance des animaux et des plantes vivant à sa surface, ainsi que celle des roches qui en forment le sol, pouvait seule permettre de résoudre ces questions. C'est pour répondre au programme tracé par l'Académie que M. Filhol a ex- (') On sait, par les recherches anatomiques de M. Loeb (1869), confirmées par les ex- périences de M. Heidenhain et par les miennes, que les libres excito-sécrétoires de la glande parotide ne proviennent pas du nerf facial, comme on l'a cru pendant longtemps, mais du nerf glosso-pharyngien, par le rameau de Jacobson. [Vulpian, Leçons sur l'action p/ijsio/oghjue des substances to.riqucs et médicamenteuses, Paris, 1881, p. 1^0; Des effets de l'arrachement de ta partie intra-cranienne du nerf glosso-pharyngien {Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1880, t. XCI,p. loSa).] ( 856 ) ploré aussi complètement que possible l'île Campbell; il alla ensuite à la Nouvelle-Zélande et, en parliculier, à l'île Stewart chercher des points de comparaison entre les faunes, les flores et les roches. » Il résulte de ses recherches que, depuis la fui de l'époque crétacée, ou le commencement de l'époque tertiaire, Campbell a été séparé de toute autre terre; l'auteur arrive à cette conclusion après avoir étudié successi- vement la Zoologie, la Botanique et la Géologie de ces régions. Je n'ai ici à parler que de la première partie, qui est la plus considérable. » La faune de Campbell est d'une pauvreté extrême. Les Mammifères ne comptent aucune espèce indigène; des Otaries et des Phoques visitent seuls ses rivages à l'époque de la reproduction . Parmi les Oiseaux, une uni- que espèceterrestre, le Zoosleiops lateralis, vient, chaque année, nicher au milieu des bruyères de l'Ile ; mais ce Passereau doit être considéré comme un émigrant du continent australien; les autres représentants de celte classe vivent sur la mer, et ce n'est qu'à certains moments qu'ils viennent sur les roches de Campbell pour y établir leiu* nid. Parmi ces derniers, les Manchots sont représentés par plusieurs espèces dont l'organisation est peu connue; M. Filho! les a étudiés avec beaucoup de soin, et le chapitre anatomique qu'il leur consacre contient des faits d'un grand intérêt. » L'île Campbell ne nourrit aucun Reptile. Les Insectes et les Arachni- des paraissent y être d'une rareté extrême; au contraire, les Invertébrés marins y sont représentés par des espèces variées dont la nomenclature et la description occupent une partie considérable du Volume. Les dragages exécutés par notre voyageur, soit à Campbell, soit sur les cotes de la Nou- velle-Zélande, ont ramené de nombreuses espèces nouvelles de Crustacés et de Mollusques; leur étude permet de suivre les relations qui existent entre la faune de ces deux régions. » En résumé, l'Ouvrage que vient de publier M. Filhol abonde en faits nouveaux, et il augmente beaucoup nos connaissances relatives à l'histoire naturelle des terres situées au sud de l'Australie. » ( 857 ) xVNALYSE MATHÉMATIQUE. — Solution d'une question d'Analyse indélermiiiée , qui est fondamenlale dans la théorie des transformations Creniona; par M. DE JONQUIÈRES. « I. La solution, en nombres entiers, des équations (A) \ ic(i= ?>{n ~ i) et \ i-Vj= n- — i, (=1 i=l est un problème qui, limité aux valeurs positives des indéterminées, inté- resse la Géométrie, comme je l'ai rappelé dans noire avant-dernière séance. Les travaux, déjà anciens, de quelques savants auteurs, et les recherches récentes, que les derniers numéros des Comptes rendus ont publiées ('), sont loin d'avoir épuisé la question, ni même abordé tous les cas. Il restait à donner le moyen de trouver, sans tâtonnements et par des calculs faciles, pour un nombre quelconque n, premier ou composé, non plus seulement quelques solutions plus ou moins nombreuses des équations (A), mais la totalité de celles que ce nombre comporte, ainsi que M. Cremona, dans le Mémoire que j'ai cité, l'a fait pour les valeurs de 2 à lo. » Les résultats obtenus par ce savant géomètre entre les limites préci- tées semblent, au premier abord, n'avoir entre eux que des liens inextri- cables, lorsqu'on veut passer d'une valeur de u à une autre. Mais, en étu- diant ce sujet, j'ai été assez heureux pour apercevoir qu'ils ont, au contraire, des dépendances mutuelles fort simples, bien qu'assez profon- dément cachées. La présente Note a pour but de les faire connaître pour une valeur quelconque de n. » J'énoncerai, d'ailleurs, dans toute sa généralité, une loi qui exprime ces dépendances mutuelles, en écartant la première des restrictions introduites par la Géométrie, qui consiste à n'admettre, pour les indéterminées «,, que des valeurs positives. L'énoncé sera, de la sorte, plus simple, et l'on saura ensuite lesquelles des solutions trouvées il faudra écarter lorsque la restric- tion dont il s'agit et d'autres encore devront être admises. » II. Soit T„EEEE(a|, «o^ag, ...,a,-, .. ., a„_,) une des solutions des équa- tions (A), où quelques-uns des nombres a peuvent être d'ailleurs nuls. Cette solution est supposée connue et donnée. (') Voir Comptes reiulus, t. CI, p. 'J20 tt 808. G. R.. !883, 2- Semestre, (T. Cl, N» 18.) 1 '^ ^ 858 ) » La méthode que je A'ais indiquer consiste à déduire de T„ toutes les solutions T„+,, d'ordre « H- i, auxquelles celle-là peut donner lieu. Comme cette méthode est réciproque, ou réversible, on en conclut que, si l'on prend successivement pour point de départ toutes les solutions d'ordre //, suppo- sées connues, ou obtiendra par le même procédé toutes celles d'ordre n ■+-!, et, inversement, toutes celles de T„ se déduiraient, au besoin, de toutes celles de T„Hi Or, on connaît a priori celle, unique, relative 0.71 — 2, qui est T„^(a, = 3). On s'élèvera donc ainsi, de proche en proche, jusqu'à tel nombre qu'on voudra en partant de cette solution initiale T3, ce qui résout complètement le problème proposé, comme par une sorte d'arbre généa- logique émanant de la souche commune Ta- » Pour y parvenir, voici une Règle infaillible, parmi d'autres de même nature que je pourrais aussi donner. On commencera par écrire les n — i premiers nombres 1, 2, 3, 4, . .., /, ..., {n — i), et on les réunira par groupes de un, deux, trois, etc., en affectant à chacun d'eux le signe -h ou le signe —, de façon que, dnns chaque groupe, la somme des nombres positifs excède de deux unités celle des nombres affectés du signe — . On aura ainsi les groupes 2; (^ i, 3 ); ( 2,/| j ; . . .: ( 1 , 2, 3j ; (1,4? 5); . ..; (i, 2, 3, 4y ; • • •> que» pour éviter toute confusion dans le langage, j'appellerai les types de la transformation. Je dirai tout de suite qu'autant on aura pu former de types semblables avec les nombres de i à (7^ — 1), c'est-à-dire '— ^5 autant, en général et au plus, on obtiendra de solutions T„^_|, en pf-enant pour point de départ toutes les solutions ï„, l'une après l'autre, et épuisant sur chacune la série entière des types obte- nus, comme on vient de le dire. Les solutions ainsi dérivées à l'aide de types différents peuvent, d'ailleurs, n'être pas toutes distinctes, même lorsque le point de départ T„ ne change pas; en d'autres termes, l'emploi de plu- sieurs types différents peut conduire à un seul et même résultat particu- lier T„^,. + — -f- -t- » III. Actuellement, soit (sousune forme générale) i, ■■■, /c, .. , ^, .., /', . ., t, ... un type dont on a fait choix. On fera la somme a = r -h /- -l- /- 4- .. des nombres qui sont affectés du signe + dans le type, et la somme o' = k- -{- 1' -h .. des nombres qui y sont affectés du signe — . Posant p= -5 on déterminera la valeur d'une inconnue x, qui joue un rôle ( 859 ) essentiel dans l'opération, eu écrivant a: = « — p. Les indices i des a, étant, comme on le supjjose, tous positifs, p devra être plus petit que n ou égal à 7z ('), pour que le type choisi puisse donner lieu à une solution T„+, dérivée de T„. » Cela fait, de la solution connue T„, on déduira imojédiatement la composition de T„^_| par la règle suivante : » Règle. — On écrira, en y conservant leurs rangs respectifs et leurs va- leurs numériques, tous ceux des nombres a,, «„, ..,, Ug, ..., a^, ..., dont les indices ne figurent pas parmi ceux du type dont on fait usage, sauf celui dont l'indice est égala x, s'il s'y rencontre. On y adjoindra, avec leurs indices respectifs /, /, r, ..., tous les nombres oc,, a,, a,., .... a|)rès avoir accru chacun d'eux d'une unité; on diminuera, au contraire, d'une unité chacun des nombres a^,, «,, ..., dont les indices k, t, ... figurent dans le type avec le signe — . Quant au terme a^, de rang x, on l'é- crira dans T„^| après l'avoir diminué d'une unité, sans préjudice de l'ac- croissement ou Je la diminution que t'On signe (si le nombre jr figure dans le type) commande; on accroîtra, au contraire, d'une unité le nombre ^x+ii du rang x + i immédiatement supérieur, sans préjudice aussi de la variation qu'il doit subir, d'après le signe dont le nombre ^ + i est affecté dans le type, s'il y figure. La solution T„+,, dérivée de T„ pour le type choisi, étant ainsi obtenue, on changera de type pour en trouver une autre; et ainsi de suite. » Par exemple, soient n = 9 et T^ ^ (2, 3, i , 2, 1). Prenant pour type le groupe ( S, 5], on trouve d'où p = 8 et 07^9 — 8 = 1. On en conclut, en appliquante règle, T,o = (i,/|,o, 2, 2). » Soit encore Ta^(o,4,o,4,o,o,o,o).Siron prend (2) pour type, d'où ( ' ) Dans le cas où p = n, on a x = o. 5Iais la Règle ci- après ne cesse pas d'être a))pli- cable, bien que le terme «„, — c'^ — 3et.r= ■> et si l'on part de T4 ^(6, o, 1), on trouve, par le sixième mode, T5 = (0,6,0), . solution déjà obtenue précédemment par le troisième mode. » Dans un mode d'ordre ^, il y a solutions T„+, déri- vées d'une solution donnée T„. » Lorsque la solution dérivée ï„^, comporte deux solutions conjuguées, ces deux solutions ne résultent pas, en général, des deux solutions conju- guées T„, T,^, si celte dernière en a deux aussi. )i Une solution géométrique T,^^ y ne dérive pas toujours d'une solution géométrique T,j. Par exemple, toutes les solutions géométriques ï,o dérivent ( 8Gi ) des solutions géométriques T„, sauf la suivante, T,i, see(o, G, o, o, 3), qui dérive de la solution non géométrique Tç,5s(i, 5, i,o, 2), celle-ci étant dérivée de la solution géométrique Tsi:;i(o, ,'5, 2,0, i), etc. » Je ne puis entrer ici dans plus de détails sur ce sujet, que je me pro- pose de développer ailleurs, en donnant la démonstration. » RIE^IOÏIIES LUS, CHALIîUR ANlMALK. — Recherches expérimentales sur la température qu'on observe chez la femme au moment de l'accouchement et sur celle de l'enfant au moment de la naissance. — Comparaison de ces deux températures entre elles. Note de M.Bonnal. (Extrait.) « Les observations qui servent de base à ce travail ont été faites à la Clinique d'accoucbement de Paris, durant les mois d'octobre et de no- vembre 1882, et durant le mois d'octobre i885, dans le service de MIVI. Depaul et Pajot, suppléés par M. Cbarpentier. » Comme dans mes recliercbes précédentes [Comptes rendus, séances des 27 octobre iB'jg et i5 novembre 1880), je me suis servi de thermomètres à maxima à bulle d'air, de Walferdin, construitspar MM. Baudin et divisés en dixièmes de degré. J'avais déterminé exactement, au moyen de la glace fondante, le point zéro de chacun d'eux et fixé leurmarche comparative en les plongeant simultanément dans les eaux thermales à température con- stante de Brides-les-Bains, de Salins-Moustiers et de Royat. » Le nombre des femmes et celui des enfants que j'ai pu observer s'élève au chiffre de trente. La température de la mère a été prise avant l'accou- chement et simultanément dans le rectum et dans le vagin, et, après raccouchemenf, dans le rectum et dans l'utérus. La température du nou- veau-né a toujours été prise dans le rectum aussitôt après sa naissance et avant la section du cordon ombilical. » Mes recherches m'autorisent à tirer les conclusions suivantes : » I. Le travail d'accouchement n'a pas pour conséquence obligée d'élever dune façon appréciable la température de la parturiente. C'est à tort que Bœrenspriing, et avec lui presque tous les auteurs, ont avancé que la température s'élevait toujours pendant l'accouchement. » IL Le degré de la température constaté après l'accouchement n'est en rapport direct ni avec la durée du travail, ni avec l'intensité de la souf- ( 862 ) france, ni avec l'âge de la femme, ni avec le temps écoulé depuis la rupture des eaux. Toutes choses égales d'ailleurs, et d'une manière générale, elle n'est pas plus élevée chez les primipares et dans les grossesses gémellaires, )> L'assertion de Lehmann, cpii veut que la température augmente d'une façon constante dans l'accouchement et d'une manière proportionnelle à la durée du travail et k la violence des douleurs, ne paraît pas justifiée. » Dans les accouchements anormaux, quelle qu'en soit la cause, géné- rale ou locale, la température peut atteindre 3q° et au delà. 1) Contrairement à l'opinion d'Andral, de Parrot et de beaucoup d'autres observateurs, la température lUérine, après l'accouchement, n'est pas tou- jours supérieure à la température anale, prise avant; il arrive même par- fois qu'elle lui est inférieure. Du reste, il n'est pas rare de constater que l'une ou l'autre de ces régions, explorées à quelques minutes d'intervalle, donne des températures variant entre elles de o°,2. » Les variations normales nocturnes et diurnes de la chaleur animale ne m'ont paru avoir aucune influence sur la plus ou moins grande éléva- tion de la température après l'accouchement. Au surplus, Schrœder et Winckel, qui disent avoir constaté cette influence, fixent les minima et les maxima normaux de la chaleur animale à des heures qui ne concor- dent pas avec celles indiquées par une sérieuse expérimentation. » En portant à 3^°, 5 la température utérine normale de la femme à terme, et à 38°, 2 la température moyenne de l'utérus après l'accouche- ment, M. Peter me semble avoir indiqué des chiffres trop élevés. Or, c'est sur ces chiffres qu'il s'appuie pour établir que la surélévation de la tem- pérature utérine place l'utérus dans un état d'imminence morbide. » Dans deux fausses couches que j'ai eu l'occasion d'observer, la tem- pérature s'est élevée à 3^°, 5 et à 3^", 7. » Température des nouveau-nés. — La température anale des enfants, prise au moment de leur naissance et avant la rupture du cordon ombi- lical, est rarement inférieure à 37°, 5 et oscille d'ordinaire entre 37°, 6 et 38", 3 ; je l'ai pourtant constatée une fois à 36°, 8 et une autre fois à 37°, 1 , D'une manière générale, les variations de température sont en rapport direct avec la durée de la période d'expidsion. )) Dans les accouchements anormaux, la température anormale de l'en- fant s'élève davantage et peut atteindre et même dépasser 39°. » Comparée à celle de sa mère, la température de l'enfant, au moment de sa naissance, est exceptionnellement inférieure à la température de sa mère, rarement égale et presque toujours supérieure. ( 863 ) » D'ordinaire, il existe entre la température de la mère et celle du nou- veau-né, et en faveur de celui-ci, une différence de 2 dixièmes à 7 dixièmes de degré. Cette différence prouve, à mon avis, que l'enfant, dans certaines circonstances données, et avant qu'il soit détaché de sa mère, souffre dans sa propre individualité et d'une façon pour ainsi dire indépendante. » Ainsi que tous les observateurs l'ont constaté, la température du nou- veau-né baisse rapidement après sa naissance, surtout si, comme il arrive (l'ordinaire dans les salles de clinique dont la température est pourtant de 20" environ, l'enfant est abandonné durant quelque temps, recouvert seu- lement d'un drap. Après un abandon de trente minutes à trente-cinq mi- nutes, la température descend très souvent au-dessous de 36". » Toutefois les températures de 33°, que M. Lépine dit avoir observées chez les enfants débiles, appellent de nouvelles confirmations. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De l'atténuation du virus de la variole ovine. Note de M. P. Pocrquier. (Extrait.) « Il n'est peut-être pas de maladie pins redoutée des éleveurs du Midi de la France que la variole ovine. » J'ai émis l'opinion que le seul moyen de se prémunir contre ce fléau résidait dans la variolisation préventive des troupeaux. Malheureusement, cette opération, telle qu'on la pratique actuellement, n'est pas toujours sans danger; il arrive parfois, en effet, que l'inoculation occasionne une mortalité qui s'élève à 5, 10, i5 et jusqu'à 60 pour 100 des sujets. )) Bien que mes recherches sur la variole ovine remontent à sept ou huit ans, je me fiiis un respectueux devoir de reconnaître que la découverte de l'atténuation du virus claveleux est due à l'application des principes dé- couverts par M. Pasteur. » Une courte digression me paraît nécessaire avant de faire connaître le principe sur lequel est basée cette atténuation. i> La dégénérescence, qu'on pourrait encore appeler l'atténuation du vaccin sur l'espèce humaine, est un fait observé depuis longtemps. ) Si l'on vaccine avec un virus pris sur une pustule vaccinale mal déve- loppée d'un enfant chétif, l'immunité, si elle se produit, est, dans bien des cas, d'une durée parfois (rès courte. Cette dégénérescence vaccinale se montre également sur certains sujets de l'espèce bovine, qu'on a surmenés et qui se trouvent sous le coup d'une entérite plus ou moins grave. » L'atténuation persiste, quand bien même on reporte le virus modifié sur des sujets vigoureux. Si l'on inocule à un même animal (en prenant les ( 864 ) précautions voulues) un virus possédant toute son activité et un virus atténué, les deux éruptions se développent parallèlement, sans se con- trarier, conservant chacune les caractères propres au virus qui leur a donné naissance. » L'atténuation du virus vaccinal est donc possible, et il est facile de la produire par une autre méthode, c'est-à-dire en se servant de sujets sains, vigoureux, mais dont l'organisme a subi une modification due aune première inoculation. » Il est certain que, si l'on veut utiliser indifféremment tous les boutons de revaccinés, on inoculera souvent un virus faible, qui donnera des résultats très variables. Il n'en est pas ainsi lorsqu'on a le soin de n'utiliser que l'humeur vaccinale puisée dans les pustules les mieux formées. Les inoculations faites avec ce virus seront tout aussi belles que celles produites avec les pustules d'un bel enfant inoculé pour la première fois. » Ces faits, observés depuis longtemps, à propos du vaccin inoculé à l'espèce humaine, se présentent également sur les bêtes ovines qui ont subi une première inoculation variolique. » L'immunité produite à la suite de l'inoculation du virus claveleux est d'une durée très variable, selon les sujets; elle peut être de deux ans, de trois ans, et, souvent, elle persiste pendant toute la vie de l'animal. » Si l'on choisit avec soin les moutons inoculés une première fois de la variole et qu'on les réinocule une seconde fois, on observe que ce virus est susceptible de se modifier, de s'atténuer et que, inoculé à d'autres sujets n'ayant jamais subi les atteintes de la clavelée, cette dernière est d'une béni- gnité remarquable. Cet effet est souvent peu marqué après une première culture, mais il est des plus évidents si l'on inocule successivement une série de bêtes ovines dont l'organisme a été suffisamment modifié par une variolisalion antérieure. )) Les pustules qui se développent alors sont considérablement réduites; elles se caractérisent : par un diamètre de plus en plus restreint; leur évo- lution est plus rapide; la dessiccation commence à se produire dès le douzième jour et parfois dès le dixième; la plaie qui se montre après la chute de la croûte est, relativement à ce qui se passe habituellement, presque insignifiante et, dans tous les cas, peu profonde. » Si l'atténuation du virus variolique n'a pas été poussée trop loin, chose facile à éviter, les sujets inoculés avec ce virus jouissent de l'immu- nité variolique. » Le nouveau virus obtenu par ma méthode d'atténuation n'a pas acquis, ainsi que l'a observé M. Ctiauveau pour le charbon, d'une manière assurée, ( 805 ) les caractères d'une espèce fixe. « Tout concourt ;i rJérnontrer que ces nou- » veaux virus sont plutôt, au moins pour !e moment, de simples familles " auxquelles on a réussi à imprimer quelques caractères spéciaux, certains I) signes de dégénérescence, susceptibles de se transmettre par hérédité, M avec conservation de la tendance à revenir au type primitif, comme cela )) arrive dans les plantes et les animaux supérieurs. » » Cette tendance du virus variolique modifié à revenir au type primitif est très marquée et facile à produire expérimentalement. L'inoculation du liquide virulent, puisé dans ime pustule très réduite de revarioliséet inoculé à vingt moutons dont l'organisme n'a jamais été influencé par l'inoculation variolique, donne naissance à des pustules à diamètre presque toujours plus grand que celui de la pustule qui lui a donné naissance. Si l'on inocule le virus pris directement dans une de ces pustules à d'autres animaux, la tendance à revenir au type primitif s'accuse de plus en ])lus, et ce dernier est bientôt atteint. » Si l'on veut obtenir dans la pratique les bienfaits qui résultent de l'inoculation variolique, il ne faut utiliser que le virus claveleux provenant des pustules de sujets ayant déjà subi les atteintes d'une première varioli- sation. » En résumé, des recherches auxquelles je me suis livré, il résulte qu'il est possible d'atténuer le virus variolique des bètes ovines, de le transformer en un véritable vaccin et d'éviter ainsi à l'élevage des pertes considé- rables. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. Aucun Mémoire n'ayant été présenté à la Commission chargée de juger les pièces du concours du prix Bordin (Sciences physiques), elle propose de remettre la même question au concours. M. Serrano Fatigati adresse des « Recherches sur des réactions chi- miques dans le champ du microscope ». Cette Communication est accompagnée de dix photographies relatives à la formation des substances cristallisées. (Commissaires : MM. Fremy, Des Cloizeaux, Trocst.) M. R. Gilbert soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé : « Nouveau mode de suspension de la nacelle proposé pour les aérostats ». (Renvoi à la Commission des aérostats.) C. R., iS85, 2° Semestre. (T. CI, N» {!!.) Il3 ( 86G ) M. Pigeon adresse une Note relative à la diarrhée de la période prodro- niiqiie du choléra. (Renvoi à la Commission du prix Bréaiit.) CORRESPOIVDAKCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Un Ouvrage intitulé : « L'estuaire de la Seine. Mémoires, Notes el documents », par M. G. Lennier. (Cet Ouvrage, présenté par M. Daubrée, est renvoyé au concours des prix de Statistique.) 2° Une Note de M. Clarin de la Rive sur la navigation aérienne, pré- sentée par M. le général Favé. GÉOMÉTRIE. — Sur les transformations Cremona dans le plan. Note de M. G.-B. GucciA, présentée par M. de Jonquières. « Soit donnée dans un plan une transformation Cremona de l'ordre n, pour laquelle p est le nombre des points fondamentaux dans chacune des figures F, F'. Je rappellerai brièvement, d'après la théorie générale ('), qu'en désignant par respectivement, les ordres de multiplicité des points fondamentaux de F et de F', et par w/j le nombre des branches de toute courbe fondatnentale de F (de F') de l'ordre Sj (de l'ordre r,) qui passe par tout point fonda- mental de F (de F') r(-ple(jy-ple), on a les relations suivantes : (^) S''^=S^^="'-'' S''^=S^^=3(,.-,), > <^lj = -S'y + I . / w/.,/ = i^j — ' ) / n'^>,:j = '"y- £x=sd Aa^ SaaÀ (') Cbfmoka, .Vcmo/rcs fie l'Jcarlcniic tlex Sciences de Bologne, 2° série, t. II, i 863 ; t. V, l865. — Clebsch, Matliemalischi; Annalcn, t. IV. Etc. ( 8r>7 ) » La correspondance birationnelle d'ordre n admet, en ou\.re, n-\- 2 points- unis ou points de coïncidence. » M. de Jonquières (') a appelé courbes isotocjiijues d'un point quel- conque/j [centre cl' iso/ogie) les lieux des points de l'une des figiu-es qui, joints à leurs correspondants de l'autre, donnent des droites passant par ^. )) Il a considéré ces courbes dans la transformation d'ordre n, connue dans la Science sous le nom de transfoimalion de Jonquières. » M. Cremona, dans son second Mémoire Sur les transformations (i865), a montré que les mêmes propriétés ont lieu lorsqu'on considère ces lieux géométriques dans toutes les transformationscorrespondantaux autres solu- tions des équations (A). Ainsi les courbes isologiques P, P', d'un point/;, sont de l'ordre n -;- i, passent par le centre d'isologie/), parles points-unis, et possèlent, respectivement, un point r,-ple, ^^-ple en chaque point fonda- mental /'j-ple, .îy-ple, des figure s F et F'. Toute droite menée par p ren- contre P et P' en n couples de points correspondants. Les isologiques P et P', relatives à tous les points du plan, forment deux réseaux de courbes [P], [P'] projectifs. » Deux courbes P,, P, du réseau [P], p. ex., relatives à deux points /j,, p.2, se rencontrent ultérieurement en n points de la droite p, p.^, points où celle-ci est rencontrée par sa courbe correspondante de la figure F, etc. » L'étude des courbes isologiques et de leurs réseaux qui, à ma con- naissance, n'a jamais été faite, m'a conduit aux propriétés suivantes : » I. Les courbes isologiques d'un quelconque des n -r- 2 points-unis passent chacune deux fois par leur centre d'isologie. » II. La coutbe isologique V[l^') d'un point fondamental ri-l)le[Si pie) de la figure F(F') passe (r, -1- i)fbis [{Sj -l- i)fois] par son centre d'isologie. » m. La courbe isologique P(P') d'un point fondamental s j-ple[ri-ple) de la figure F'(F) se décompose en deux courbes, savoir: la courbe fondamentale de ¥ [de F') de l'ordre ^y (/'(■), correspondant à ce point, et une courbe Py(P^) de l'ordre 71 — Sj-h i [de l'ordre n~ r^ : i) qui passe par le centre d'isologie, par les points-unis, et possède un point [r^ — (,)ij)-ple[[Sj — oiij)-ple] en chaque point fondamental ri-ple[Sj-ple) "-m-m '^ji ( «7' ) qui ne sont pas toutes nulles, puisque Ay est égal à ô, différent de zéro par hypotfièse. Il en résulte que le déterminant de ces équations est nul; or celui-ci se ramènera au mineur considéré en remplaçant les lignes par les colonnes, c4 réciproquement; par conséquent, ce mineur est nul, et il en est ainsi pour les autres. » Ceci posé, donnons à j successivement les n valeurs m~n-\-\. m — « + 2 , .... m et posons ^^j ^■',«-«+2 — o> •• • •L>,„-,..+, = O, I ' ' • ■ ' ) Dm-ii+l -f^m » Eu vertu de ces a" équations, tous les mineurs de l'ordre /i — i , que l'on peut former au moyen des m — ii premières lignes, auxquelles on joint successivement l'une quelconqiie des autres, seront nuls. » Je dis maintenant que, en général, tous les mineurs de l'ordre n — r sans exception, sont nuls en vertu des équations (3). » Considérons, en effet, l'une quelconque des combinaisons des colonnes de A m — n + \ à m — ii ->r \\ les mineurs de l'ordre 7i — i, formés au moyen des éléments de ces colonnes, qui sont compris dans les m — n pre- mières lignes, auxquelles on joint successivement l'une quelconque des autres, sont nuls, puisqu'ils font partie des mineurs, qui sont nuls à cause des équations (3). Si donc l'un des mineurs de l'ordre «, formé des élé- ments de ces colonnes compris dans les m — n premières lignes, n'est pas nul, en raisonnant par rapport aux colonnes comme on l'a fait par rapport aux lignes, on démontrera que tous les mineurs de l'ordre n— i, formés avec les éléments de ces colonnes, sont nuls, et il en sera de même pour toute autre combinaison des colonnes ni — n + i k m — n -\- j ; par suite, tous les mineurs de l'ordre n — i, sans exception, sont nuL. » En résumé, on voit que, si, dans chaque combinaison des colonnes de A m — n + i 'a m — n ~{- \ , l'un des mineurs de l'ordre h, compris dans m. — n mêmes ligues, u est pas nul, tous les mineurs de l'ordre n — i de A seront nuls en vertu des n^ équations (3). » Passons maintenant au cas où A tst le discriminant d'une forme qua- dratique à ni variables; il est alors symétrique par rapport à la diagonale qui joint les éléments «[, «"', et l'on a ( 872 ) de sorte que les «^ équations (3) se réduisent aux — ' équations (4) D;7i - /i -I- 2 _ T\ '« « » On voit, dans ce cas, que, si le mineur de l'ordre n de A, qui se (roiive en tète de ce déterminant, n'est pas nul et si, dans chaque combinaison des colonnes m — n -\~ i à jn — 72 + 1, l'un des mineurs de l'ordre n, ren- fermé dans les m — n premières lignes, n'est pas nul, tous les mineurs de l'ordre n — r de A seront nuls en vertu des équations (4). » Remarquons que tout mineur de l'ordre 7/, symétrique par rapport à la diagonale qui joint a\, a\ a"\, peut être amené en tête du déterminant A par des permutations de lignes et de colonnes sans que la symétrie soit détruite. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la tlicorie de M. Helmholtz reLtlive à la conservation de la chaleur solaire. Note de M. Pu. Gilbert, présentée par M. Resal. « D'après M. Helmholtz, la concentration de la masse du Soleil par la gravité est une source de chaleur; de plus, elle accroît la vitesse de rota- tion de l'astre. On n'a pas remnrqué, je pense, qu'il résulte de là un accrois- sement de force vive, et que, par suite, une pirtiedu travail intérieur n'est pas convertie en chaleur. » Soient M la masse du Soleil ; R son rayon ; n l'énergie potentielle; U l'énergie actuelle visible ; V l'énergie calorifique del'aslre à un instant donné. » Le principe de la conservation de l'énergie donne n -(- U 4- V = const.; d'où, pour une condensation infiniment petite, (i) ^v = - on - cJu. ( 873) » L'attraction sur «ne molécule nz se réduit (en supposant les couches concentriques et homogènes) à celle de la sphère de masse M' et de rayon /' passant par ce point ; elle a pour expression ,"' (/ étant la con- stante de l'attraction), el le travail élémentaire de la gravité est ainsi .nvm ^ j— 0/'. » On a donc, 2:: s'étendant à toutes les molécules du Soleil, » Comme il s'agit seulement ici de donner une idée des choses, nous supposerons, pour simplifier les calculs, que la masse soit homogène avant et après la condensation. Il en résulte que d' ou M' r3 Hr r M ~ R^' SK ~ R c?n = /M R' âï\. 1 ini et, en effectuant l'intégration indiquée, (2) gn=|4!^'aa. ^ ' 5 11- » L'énergie visible a pour expression, a étant la vitesse angulaire du Soleil et H son moment d'inertie par rapport à l'axe de rotation, d'où 2 » Mais, d'après le théorème des aires, Hco est invariable; donc Hâw + wSH = o, d'où et, par l'élimination de Sw, §co = - 5 SH ■2 C. K., i885, 2- Semestre. (T. CI, N» 18 ) I '4 ( «74 ) )) Enfin, l'expression du moment H étant, comme on sait, 'MR-, nous aurons, pour une variation âR du rayon, BH = ^MR(?R, car M est constant et, par conséquent, (3) SU = -|a)-MRSR. Substituant, dans l'équation (i), les valeurs (2) et (3) et divisant par l'é- quivalent mécanique pour avoir l'expression de SV en calories, on trouve en fin » C'est le dernier terme de cette expression qui manque, je crois, dans le calcul de M. Helmhollz. La correction est insignifiante pour le Soleil, car — ~- représente le triple de la gravité à sa surface, aw-Rle double de la force centrifuge à l'équateur, et l'on sait que, sur le Soleil, la force cen- trifuge n'est qu'une fraction négligeable de la gravité. On a d'ailleurs, en nombres, 3/M R2 =^816, 2a)-R = 0,01 17. » Mais il n'en serait pas de même si la force attractive était beaucoup plus faible ou la vitesse rotatoire u beaucoup plus grande. Au point de vue théorique, la question n'était donc pas sans intérêt. » PHYSIQUE. — Dispetsion de double réfraclion du quartz. Note de M. J. Macé DE LÉPiNAY, présentée par M. Mascart. « I. Dans une Communication précédente (') j'ai eu l'honneur d'indi- quer à l'Académie par quelle méthode, fondée sur l'observation des franges de Talbot, j'étais parvenu à mesurer avec une très grande précision les épaisseurs, en fonction du centimètre de Fraunhofer (^), de deux lames de quartz parallèles à l'axe, de 4™" «"t de 6'°™ environ. Ces mêmes lames, superposées (sections principales parallèles), introduites entre deux niçois croisés et réglées bien normalement au faisceau de lumière solaire qui les (') Comptes rendus, t. C, p. 187 7; i885. (-) Défini par la condition ).„. = 5,888 X lo-^ cent. ( 875 ) traversait, ont donné naissance à des spectres cannelés de Fizeaii et Fou- cault à franges assez étroites pour se prêter à des pointés très précis, au moyen desquels on a pu déterminer les valeurs, exactes à ,-yi^ près environ en valeurs relatives et à ^5^ en valeurs absolues, de la différence ^^' — n des deux indices du quartz, pour les dix raies A, B, C, Do, b,, F, Zg de van der Willigen, G d'Angstrom, h et H. La méthode adoptée à cet effet consistait à pointer, pour chacune des raies étudiées, la raie elle-même, ainsi que les quatre franges les plus voi- „. ,, 9. («' — n] e , . . . , ,. suies. Si 1 on pose ^ — r — — = p, p est un nombre entier pair, immédia- tement conu, pour les milieux des quatre franges observées. On en déduit, par interpolation parabolique, la valeur de p correspondant à la raie étudiée, et par suite la valeur de n' — n. n II est important de remarquer que, dans la formule ci-dessus, entrent seulement les rapports r-. Il en résulte qu'elle nous donnera les valeurs abso- lues de la différence des indices, et cela, indépendamment de l'inexactitude probable du centimètre de Fraunhofer, en fonction duquel sont exprimées tout à la fois les longueurs e et 1. )) Les nombres inscrits dans le Tableau suivant sont les moyennes de quatre séries indépendantes de mesures. Ils ont été ramenés par le calcul au vide, et à la température moyenne des expériences, t= 22°, 5. Raies. lo^^.. n' — «. Obs. — Cale. A . 7,6018 0,0089216 ±0 B 6,8674 89867 ±0 C... ... 6,56o6 90184 -)- 2 D, 5 ,8880 90993 — 4 6, 5,1823 gaiSi +4 F 4,8600 92835 +3 39 4,3238 94327 -2 G 4,3o66 94381 —5 h 4)ioo8 gSiSg ±0 H 3,9680 95696 + 2 )) L'étude de la dispersion de double réfraction du quartz, même limi- tée aux seules radiations visibles, est particulièrement propre à contrôler les diverses formules de dispersion qui ont été proposées. La différence n' — n des indices du quartz varie en effet, dans ces limites, de 6 pour 100 environ de sa valeur moyenne. ( 876 ) » La formule de Cauchy réduite à deux termes [n' — n) =«+ .^ ne suffit pas à rendre compte des phénomènes. » Si l'on prend pour abscisses les valeurs de a^ = — > et pour ordonnées les écarts observation-calcul, la courbe ainsi tracée, loin d'être une para- bole, ainsi que rexigerait la formule de Cauchy à trois termes, ressemble à une branche d'hyperbole a/ant l'une de ses asymptotes presque parallèle à l'axe des f. On est donc directement conduit, comme première approxima- tion, à représenter la courbe des écarts par l'équation » Cette formule, encore insiiftisanle, se trouve parfaitement corrigée par l'adjonction d'un terme en - avec les valeurs suivantes : io'(n'-«)= 8,8568+ ^^^^ + ^Ëi!^ _ o,oo2o3i X"-. » Celte formule, qui, ainsi que le montre la dernière colonne du Ta- bleau, représente fidèlement les résultats des observations, n'est autre que celle de Briot. La formule de Cauchy à trois termes est, par contre, com- plètement insuffisante. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur la distribution théorique de la chaleur à la surface du globe. Note de M. A. Angot, présentée par M. Mascart. « J'ai eu l'honneur d'exposer récemment (p. 837) le principe de la méthode que j'ai employée pour calculer la distribution théorique de la chaleur à la surface du globe. Je demande la permission de revenir sur ce sujet, pour indiquer quelques résultats particuliers de mon travail. » Un premier problème intéressant est la détermination du parallèle sur lequel la quantité totale de chaleur reçue en un jour quelconque est maximum. A l'équinoxe, la durée du jour étant la même pour toute la Terre, la chaleur reçue est maximum à l'équateur et décroit symétrique- ment dans les deux hémisphères jusqu'aux pôles. Mais, à mesure que le Soleil s'éloigne de l'équateur, le maximum de la chaleur reçue se déplace dans le même sens et plus vite. En effet, sous la latitude égale à la décli- naison du Soleil, cet astre passe au zénith à midi; mais la durée du jour ( «77 ) est moindre qu'aux latitudes plus élevées, de sorte que, dans l'évaluation de la chaleur totale reçue en un jour, ce dernier effet surpasse le premier. Le maximum de chaleur doit donc se produirez une latitude toujours plus élevée que celle où le Soleil passe au zénith à midi. La différence est né- cessairement d'autant moindre que la transparence de l'atmosphère est plus faible, puisque l'absorption est beaucoup plus grande dans les lati- tudes élevées, où le Soleil reste plus bas sur l'horizon. » Nous donnons ici les valeurs de la latitude où la chaleur totale reçue en un jour est maximum, pour différentes valeurs du coefficient de trans- parence de l'atmosphère, et les jours où la déclinaison du Soleil est respec- tivement o°(équinoxe), 8"(io avril et 2 septembre), i6°(4 mars et 8 août) et 23°27'2o" (solstice). Dcclinaison Coefficient de transparence de l'atmosphère. Soleil. 1 0,9 0,S 0,7 0,G o o 0000 O O O O O O 8 1 2 . 3o II. 3o' 1 1 II II 16 26.30 25 24 23 22 23.2'j'2o" 43 -^o 3r) 36 34 32. 3o' Les travaux antérieurs, où l'on avait toujours supposé la transparence de l'air parfaite, avaient donné les nombres rapportés dans la seconde co- lonne (^r=i). Il en résultait, pour la position du maximum de chaleur au solstice, une latitude (43"3o') beaucoup plus élevée que celle où l'on sait que se présente le maximum de température. Cette anomalie disparaît quand on fait intervenir l'absorption atmosphérique, en prenant pour le coefficient de transparence les valeurs voisines de 0,8 ou 0,7, que l'on rencontre d'ordinaire dans les observations. » Les calculs dont j'ai indiqué le principe font également disparaître une autre anomalie très curieuse relative aux latitudes circompolaires. Quand on suppose l'atmosphère parfaitement transparente, on démontre aisément que sous ces latitudes, depuis le moment où le Soleil ne se couche plus pendant vingt-quatre heures, la quantité totale de chaleur reçue en un jour croît proportionnellement au sinus de la latitude. A partir du maximum que nous avons signalé ci-dessus dans les latitudes moyennes, la quantité totale de chaleur reçue en un jour diminue donc d'abord, quand la latitude augmente, pour augmenter ensuite jusqu'au pôle, où se trou- verait un second maximum. Au solstice, le maximum absolu serait même, non pas celui des latitudes moyennes (43"3o'), mais celui du pôle; de sorte {878 ) que c'est au pôle que, le jour du solstice, la quantité de chaleur reçue pen- dant les vingt-quatre heures serait maximum pour toute la Terre. Cette con- séquence curieuse des formules a déjà été signalée par bien des auteurs et a certainement exercé une grande influence sur les idées des partisans de la mer libre du pôle ('). Mais c'est un résultat purement théorique, qui n'est vrai que pour la limite supérieure de l'atmosphère ou pour une transpa- rence parfaite. En supposant le coeflicient de transparence égal à o,g, le maximum du pôle tombe déjà au-dessous de celui des latitudes moyennes <'t il diminue de plus en plus avec le coefficient de transparence. Quand le coefficient de transparence atteint la valeur o, 73, la quantité de chaleur reçue le jour du solstice est la même au pôle et à !a latitude 80°; pour des valeurs plus faibles de la transparence, le maximum relatif du pôle dispa- rait entièrement et la quantité de chaleur diminue constamment depuis les Ittitudes moyennes jusqu'au pôle. L'introduction de l'absorption atmo- sphérique dans les calculs fait donc disparaître toutes les anomalies que l'on avait signalées dans la comparaison de la distribution théorique de la cha- leur solaire à la surface du globe et de la répartition des températures four- nies par les observations. » La distribution de la chaleur solaire étant connue, on doit théorique- ment pouvoir en déduire celle de la température. Il faut faire intervenir le j^ouvoir absorbant du sol, le rayonnement vers les espaces célestes, la transmission par conductibilité vers l'intérieur, etc.; le problème devient alors tellement compliqué qu'il n'y a guère lieu d'espérer qu'on puisse le résoudre d'une manière générale. Toutefois il n'est pas impossible qu'on arrive à la solution numérique en suivant une marche analogue à celle que j'ai indiquée pour la chaleur solaire. Ce sera de ma part l'objet de nou- velles recherches. « CHIMIE MINERALE. — Combinaisons de l'azotate d'argent avec les azotates alcaliiis. Note de M. A. Ditte, présentée par M. Debray. « L Azotate de potasse. — On sait que là forme ordinaire du nitrate d'argent est un prisme orthorhombique très voisin de celui du salpêtre. Quand on évapore lentement un mélange de ces deux sels, le nitrate de potasse, beaucoup moins soluble à froid que celui d'argent, se dépose le (•) Voir Plana, Sur l 'expression de la chaleur solaire dans les latitudes ciicompnlaires de la Terre [Comptes rendus^ t. LVIII, p. 182; 1864). ( 8/9 ) premier, et pur, avec sa forme habituelle de prismes cannelés; mais les cristaux changent d'aspect lorsque la liqueur mère renferme environ 3'^i de sel d'argent pour 1'='' de nitrate alcaliu. Ils dérivent encore d'un prisme rhomboïdal droit, mais ils portent des modifications nombreuses et très nettes. Ces cristaux, volumineux et Iranspaients, offrent le plus souvent l'aspect de tables épaisses, deux faces parallèles se développant beaucoup plus que les autres; ils sont constitués par une combinaison à équivalents égaux des deux nitrates considérés. Le composé AzO^\gO, AzO'KO se forme toujours quand la solution évaporée est assez riche en sel d'argent pour que les deux nitrates se déposent en même temps; l'eau enlève du nitrate d'argent au sel double, si bien que sa formation n'est possible à la température ordinaire que dans une liqueur renfermant au moins S^"» de nitrate d'argent pour i^^ de nitrate de potasse. » II. Azotate de rubidium. — Cet azotate, qui cristallise comme le salpêtre, se comporte tout à fait comme lui en présence du nitrate d'argent. L'éva- poration d'une solution contenant un excès de ce dernier nitrate donne de beaux cristaux brillants, tout à fait semblables à ceux qui viennent d'être décrits. On a là encore une combinaison des deux sels répondant à la formule AzO'AgO, AzO'RbO. » Il est très vraisemblable que l'azotate de césium anhydre, comme celui de potasse, et cristallisant sous la même forme, donnerait aussi avec le nitrate d'argent un sel soluble analogue aux précédents. » III. Azotate d'ammoniaque — Celui-ci cristallise encore anliydre et en prismes orthorhombiques tout à fait analogues aux cristaux de salpêtre; il forme aussi un sel double avec le nitrate d'argent. Lorsqu'on évapore une solution de ces deux sels dans laquelle le sel d'argent domine, il se dépose seul tout d'abord ; mais, le nitrate d'ammoniaque se concentrant dans les eaux mères à mesure que le nitrate d'argent cristallise, on obtient bientôt des cristaux de nitrate double. Ils se produisent très facilement quand le sel ammoniacal est eu excès, par exemple dans une liqueur renfermant poids égaux des deux nitrates; ces cristaux volumineux, brillants et transparents, ont, comme ceux de potasse, l'apparence de tables épaisses, et leur composition correspond à la formule AzO^AgO, AzO'^ AzH^O. » IV. Jzotate de soude. — H. Rose a constaté que, lorsqu'on fait cristal- liser une solution de nitrate d'argent en excès mélangée de nitrate de soude, on obtient d'abord des tables du premier sel, puis des cristaux isomorphes avec ceux de nitrate de soude et renfermant de 2""^ à 4^'' de ce dernier pour i^'î de sel d'argent. ( 88o ) » Pour examiner s'il y a là un simple fait d'isomorphisme, ou si les deux nitrates peuvent se combiner l'un avec l'autre, j'ai fait évaporer len- tement, et à température presque constante, des solutions contenant ces deux corps en proportions très différentes. Les cristallisations étaient frac- tionnées ; on analysait séparément les contenus successivement déposés et la liqueur mère dans laquelle ils avaient pris naissance, de façon à s'assurer si la composition, tant des cristaux que des liqueurs, présentait des varia- tions continues et régulières, ou si elle éprouvait de brusques changements. Les résultats obtenus ont toujours été les mêmes. » Quand le nitrate d'argent est en excès (au moins 2^1 pour 1*1 de nitrate de soude), les premiers cristaux déposés sont du nitrate d'argent pur, affectant sa forme ordinaire de lames striées, dérivant d'un prisme rbom- Itoïdal droit. Mais, dès que la liqueur est assez riche en nitrate de soude, pour que celui-ci puisse commencer à se déposer, il impose sa forme au nitrate d'argent, et, depuis ce moment, jusqu'à la fin de la cristallisation, ou n'obtient plus que des rhomboèdres. Si le sel d'argent n'est pas en quan- tité suffisante pour se déposer d'abord seul, on n'obtient jamais que des rhomboèdres, quelles que soient les proportions des deux sels, et la com- position des cristaux et des liqueurs varie d'une manière continue. Les Ta- bleaux ci-dessous, qui contiennent les résultats de deux séries d'expé- riences, montreront commenta lieu cette variation : Liqueur renfermant 3"i d'azotate de soude et i"^'! de nitrate d'argent. E;uix mères. Cristaux. AîO'.NaO dans AzOsAgO dans Cristalli- Rapport exprimé sation. AzOSNaO. AzOSAgO. en équivalents. 1000 d'eau. 1000 d'eau. Température. 1... 81,45 18,55 I à 8,8 774 5io 0 9.8 2... 72,78 27,22 là 5,35 8i5 5.7 9.8 3... 72, 4G 27,54 là 5,258 838 56 1 10,2 4... 68,20 3i,8o I à 4,28 778 629 10,6 3... 68, 8G 3i,i4 , à 4,42 7G0 608 9>5 6... 69,84 3o, 16 I à 4,63 743 672 9-4 7... 64,59 35,4. I à 3,65 788 742 9.8 8.., , 66,23 33,77 1 à 3,90 742 8i3 9'9 9.., ■ 62,95 37,05 I à 3,48 790 845 9.7 10.., , 61,32 38,68 I à 3, 175 795 89 1 ..,4 11.. • 57,54 42,46 I à 2,72 743 930 i.,4 12.. . 58,33 4., 67 I à 2,80 999 1248 i4,o ( 88i ) 2" Liqueur renfermant a'T d'nzolatc de soude pour i^T de nitrate d'argent. Cristaux. Eaux nicrrs. Rypi^ort AzOSlNaO AzO%A{tO Cristalli- exprimé dan, s dans Tompé sation. AzOSNaO. AîOSAsO. en équivalents. 1000 d'eau. 1000 d'eau. rature. 1.... 6G, 49 33, 5i .à4 753 668 0 10,0 2. . . . 66, 5o 33, 5o I à 4 7'4 692 10,0 3.... 61,54 38,46 I à 3 , 20 686 868 0,0 4.... 58, 60 4i,4o I à 2,835 703 916 10,0 5.... 55,44 44,56 I à 2,448 <* u 10,1 6.... 54,31 45,69 I à 2,38o 733 1028 10, « 7 5i,6i 48,39 I à 2 , 1 1 0 727 1206 10, 1 8.... 49 '9?' 5o,o8 I à 1 ,996 748 1255 10, I 9.... 47,43 5,., 57 I à I , 806 1> » » » On le voit, les cristaux rhoinboédriques Gonliennent des proportions des deux nitrates essentitllenient variables avec la composition de la liqueur irière, et il n'y a pas de combinaison définie. ÎNIais toutes les fois que les dissolutions considérées sont dans un tel état de concentration que les deux sels peuvent se déposer en même temps, ils cristallisent ensemble et ton- jours en rhomboèdres. Le dimorpbisme du nitrate d'argent se trouve ici nettement accusé, cependant je n'ai pas réussi à l'obtenir encore en rhom- boèdres, et tout à fait pur, de nitrate de soude. » V. Jzolale de lithine. — Au-dessous de 10" cet azotate cristallise en retenant 5"'' d'eau; si, dans ces conditions, on le mélange avec du nitrate d'argent qui est toujours anhydre, les deux sels cristallisent isolément; on a d'abord le sel d'argent sous sa forme ordinaire, puis, quand la liqueur est très concentrée, des aiguilles prismatiques d'azotate de lithine hydraté. » Au-dessus de i5°, l'azolate de lithine cristallise anhydre et en rhom- boèdres très voisins de ceux du nitrate de soude; dans ces circonstances, une liqueur renfermant un excès de nitrate de lithine laisse déposer des cristaux rhomboédriques; mais leur composition varie, comme dans le cas du nitrate de soude, avec celle de la liqueur mère, d'une manière continue, et l'on n'obtient pas de combinaison définie des deux sels. » C. p.., )885, a' Semestre. (T. CI, N» 18.) I l5 ( 882 ) CHIMIE MINÉRALE. — Sur le chlorure anhydre et le silicate de cériiim. Note de M. P. Didier, présentée par M. H. Debray. «. Dans une précédente Communication ( ' ), j'ai signalé l'action de l'acide sulfliydriquesurle chlorure de cérium anhydre. Je vais indiquer ici un pro- cédé de préparation de ce corps et décrire quelques autres composés par voie sèche qu'il permet d'obtenir. » Pour préparer le chlorure de cérium anhydre, Mosander décompo- sait le sulfure par le chlore. Ce procédé est depuis longtemps abandonné. On préfère fondre avec du chlorhydrate d'ammoniaque, afin d'éviter son oxydation, le chlorure hydraté obtenu par double décomposition. C'est la métbode suivie pour le chlorure de magnésium. )) 11 est plus avantageux de transformer directement l'oxyde cérosocé- rique en chlorure anhydre. Pour y parvenir, je fais agir à haute tempéra- ture sur cet oxyde, placé dans une nacelle de charbon, un mélange de chlore et d'oxyde de carbone bien secs. On laisse refroidir la nacelle dans l'oxychlorure de carbone qui remplit le tube de porcelaine employé; on en retire alors le chlorure de cérium anhydre sous la forme d'une masse cristalline incolore ou légèrement ambrée. » Ce chlorure est assez facilement fusible, mais très peu volatil. Il attire rapidement l'humidité de l'air et tombe eu déliquescence. Il se dis- sout dans l'eau avec un grand dégagement de chaleur sans laisser aucun résidu d'oxychlorure. Sa composition correspond à !a formule Ce Cl, avec Ce .= 47. » L'oxygène le décompose au rouge faible en dégageant du chlore et en produisant de l'oxyde cérosocérique. Si l'on ajoute préalablement du sel marin au chlorure de cérium, l'oxyde produit forme alors des cristaux paraissant appartenir au système cubique, d'un aspect métallique et d'une couleur rouge éclatante s'ils ont été préparés à haute température. Ces cristaux sont identiques à ceux qu'a obtenus M. Grandeau par une autre méthode (-). » La vapeur d'eau, agissant à température très élevée, transforme égale- ment en oxyde le chlorure de cérium, en dégageant de l'acide chlorhy- drique. Mais, si l'on modère son action, en la faisant passer, entraînée par (') Comptes rendus, t. C, p. 1461. (^) Comptes rendus, t. C, p. 11 34. ( 883 ) un courant d'azote, sur un mélange de chlorure de cérium et de sel marin fondus, il se forme uniquement de l'oxychlorure Ce'O^Cl. Ce corps, que l'on sépare du chlorure de sodium par un simple lavage à l'eau, se pré- sente sons forme d'écaillés micacées et chatoyantes, d'un éclat argentin. En dissolution dans les fondants, ou préparé amorphe, il a une coloration légè- rement violacée. Il se forme avec facilité, chaque fois qu'un oxyde de cé- rium et l'acide chlorhydrique, ou le chlorure céreux et la vapeur d'eau, se trouvent en présence à chaud. Si de l'oxygène intervient, il se produit en outre, comme on l'a vu plus haut, de l'oxyde. C'est ce qui explique com- ment l'oxychlorure, sign;ilé par plusieurs chimistes, a été cependant dé- crit de laçons si différentes. Il peut en effet se trouver mélangé avec des quantités plus ou moins grandes d'oxyde. » Les acides étendus dissolvent facilement l'oxychlorure de cérium. Chauffé à l'air, il dégage de l'acide chlorhydrique et se transforme en oxyde cérosocérique. Sa composition correspond très exactement à la formule qui lui est assignée. » Dans le cours des expériences précédentes, j'ai remarqué que les parties des tubes de porcelaine employés qui se trouvaient accidentelle- ment au contact du chlorure de cérium en fusion s'altéraient et se cou- vraient de cristaux insolubles dans l'eau et renfermant de la silice. J'ai été ainsi amené à étudier méthodiquement l'action de la silice sur le chlorure de cérium. )) Lorsque l'on chauffe un mélange de ces deux corps, contenant un excès de chlorure de cérium, dans un vase de platine au milieu d'une at- mosphère peu oxydante, une grande partie de la silice passe à l'état de chlorure de silicium et par suite se volatilise. Ou la retrouve de nouveau à l'état de silice dans les parties les plus éloignées du foyer, quand on opère dans un tube de porcelaine. » Il reste dans la nacelle, avec l'excès de chlorure de cérium, de longues aiguilles incolores, insolubles dans l'eau, agissant sur 1 1 lumière polarisée. Elles sont formées d'un chlorosilicatede cérium, dont la composition peut être représentée par la formule SiO", aCeO, aCeCl. Ce corps s'altère peu dans l'eau, mais brunit rapidement à l'air, en se suroxydant, comme le montre le dégagement de chlore que produit alors l'acide chlorhydrique. Il est intimement mêlé à des paillettes de l'oxychlorure décrit plus haut. » Pour éviter la transformation presque tot.ile de la silice en chlorure de silicium, il faut diminuer la proportion du chlorure céreux. Mais, comme la masse n'a plus alors assez de fusibilité pour permettre la cristallisation ( m ) des produits de la réaction, il est avantageux de remplacer le chlorure par l'osychlonue, et d'employer un fondant, tel que le sel marin ou le chlo- rure de calcium. En opérant de cette façon, j'ai obtenu un silicate de cé- rium bien défini. Il cristallise en prismes agissant énergiquement sur la lumière polarisée, bipyramidés ou présentant de nombreuses modifica- tions, très analogues d'aspect avec les cristaux de péridot. » On les sépare facilement du fondant en lessivant la masse avec de l'eau acidulée. Leur densité est 4,9 environ. Quelques-uns de ces cristaux sont colorés en vert par des traces de fer. » Les acides chlorbydrique, azotique, sulfurique les attaquent plus ou moins ra|Mdement suivant leur degré de concentration. L'analyse montre qu'ils contiennent 2"^i d'oxyde céreux pour l'i d'acide silicique. Leur composition est, par conséquent, représentée par la formule SiO^, aCeO, qui est analogue à celle du péridot. » Il serait peut-être intéressant de comparer, particulièrement au point de vue des propriétés optiques, ce produit artificiel aux silicates complexes qui constituent la cérine et la cérérite. Je me propose d'entreprendre pro- chainement cette comparaison ('). » ZOOLOGIE. — Sur les Steltérides recueillis durant la mission du Talisman. Note de M. Edm. Perrieu, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Le nombre des espèces de Stellérides recueillis durant la mission du Talisman s'élève à cinquante-quatre espèces, représentées par près de deux cents exemplaires dont quelques-uns proviennent d'une profondeur dé- passant 4000™. Après l'exploration des grands fonds de la mer des Antilles et du golfe du Mexique par Alexandre Agassiz, après la campagne du Challenger^ on pouvait craindre qu'un grand nombre des espèces draguées par le Talisman fussent déjà connues. Même en ce cas, son expédition n'eût pas cessé d'être fructueuse : elle aurait contribué à affermir l'idée d'une prétendue uniformité de la faune profonde et aurait enrichi nos musées de pièces qu'on ne peut espérer obtenir par des échanges. Mais nous n'avons plus à craindre de voir réduits à ces proportions les résultats du voyage si habilement organisé pai' M. Alphonse Milne-Edwards. Nous n'avons encore trouvé que trois espèces de Stellérides communs à la mer des Antilles [Dorigona arenata E. P.; Goniopecten sublilis E. P.; Archaster [Clieiraster) ( ' ) Ce travail a élé fait au Laljoialoire des Hautes Éludes de l'Ecole Nmmale supérieure. ( 88:^ ) mirabilis E. P.] ; les espèces identiques à celles du Clicdlencjer et de diverses campngnes anglaises sont les suivantes : Brisinga coronala, Zoronster fuUjens, Jrchaster bifrons. Des espèces d'Étoiles de mer recueillies, trente-cinq sont nouvelles et beaucoup éminemuient instructives par les combinaisons de caractères qu'elles présentent. » Un examen plus complet des formes de Brisimjidœ, que nous avions dé- signées sous les noms de Brisinga elegans, B. semicoronala, B. robusta, nous a montré chez elles, en abondance, ces tubes teniaculaires, si constants chez les Stellérides, et qui manquent aux Brisinga et aux Freyella; c'est une tran- sition de plus vers les Asleriadœ; il devient nécessaire d'établir, pour les trois espèces qui présentent ce nouveau caractère, un genre que nous ap- pellerons Odinin. Exactement entre les Coionasler et VAsterias temiispina vient encore s'intercaler une forme nouvelle d'Asterias que nous appelle- rons A. brisingoides et qui est remarquable par ses bras, au nombre de huit, et ses pédicellaires croisés, groupés comme ceux des Co;ono5ter^ à mi-hauteur des piquants. Le genre Zoroasler nous a présenté, outre le Z. Jhlgens Wy- ville Thomson, une espèce nouvelle, le Z. loitgicauda E. P., trouvée de 3ooo™ à 4255"", qui atteint o'",4o de diamètre, son disque n'ayant guère que o",025, et dont les tubes ambulacrairesnesont quadrisériés qu'à la base des bras. Près de ces Asleriadœ vient se placer le Slichasler Tatismani E. P., qui descend jusqu'à 1442"" de profondeur; il présente sept langécs de pla- ques dorsales et deux rangées ventrales armées de petits piquants. Les Zo- roaster et Stichasler forment une famille des Stichasterid^, voisine de celle des Asteriaus et qui paraît la remplacer dans les grands fonds. » Seule, dans nos dragages, une Cribrelle nouvelle [Cribrella abyssicola), portant sur ses plaques adambulacraires un peigne oblique de cinq ou six piquants, représente les Ecuinasterid^. En revanche, les Gowiasterid.ï;, les PterasteridjE, les Porcellanasterid^ et les ArchasteridjE sont nom- breux. Les LinckiaDjE manquent totalement, au delà de 200", de même que lesPENTACEROTiD^, les AsTERiNiDjECt les AsTROPECTiNiD^. Les espèces nouvelles de GoNiASTEiuD.E se rattachent à trois genres : les Sleplianaster, à bras dilatés ou arrondis au sommet, les Pentaqonaster, de forme pentago- nale,maisà côtes concaves et soiumets pointus; les Dorigona, à bras allongés et à plaques marginales dorsales se rencontrant le long de la ligne médiane des bras. Le Sleplianaster Bourgeli, sp. nov., n'a que six plaques margi- nales de chaque côté du corps; ces plaques grandissent du milieu des côtés jusqu'à l'avant-dernière incluL-ivement. On ne trouve de formes analogues que sur les côtes d'Australie et de la Nouvelle-Zélande [Penlagonasler ( 886 ) putchellus Gray; P. Dûbeni Gray; P. Gunnii E. P. ; P. dilataliis E. P.). Tous \es Pentagonasler sont uniformément granuleux, comme le P. cjranularis des mers du Nord, et se distinguent par leurs piaques marginales, au nombre de lo {P. Gosseltni, nov. sp.), de 12 (P. crassus), 16-18 (P. Deplasi, Fincenti, grandis, nov. sp.) et leurs piquants adambulacraires, au nombre de 3 [P. Deplasi), de 4 (f • Fincenti), de 5 [P. crassits, P. Gosselini) ou davantage [P. grandis) sur chaque plaque. Les Dorigona sont représentées par deux espèces ; elles ne deviennent côtières que dans les mers de l'Inde et de la Chine. » Les PorcellanasteridjE n'appartiennent pas à moins de neuf espèces, réparties entre les genres Caulaster E. P., Porcellanasler W. T., Styracasler, Percy Sladen, Hyphnlasler P. S., et Pseudaster E. P. Les Caulaster ( C. pedunculatus E. P., C. Sladeni E. P.) sont caractérisés par l'absence presque complète du squelette dorsal, représenté seulement par cinq ban- delettes épineuses descendant du pédoncule dorsal et exactement inter- radiales ; les Porcellanaster [P. inermis E. P.^P. granulosus,E. P.) ont été bien caractérisées par Percy Sladen ; mais, contrairement à sa définition du genre Styracasler, une de nos espèces (5. spinosus E. P.) présente un pédon- cule dorsal ; l'autre [S. Edwardsi E. P.) n'a qu'un simple tubercule, mais chacun de ses bras porte sept épines sur sa ligne médiane dorsale. Les Hjplialaster [H. Antonii E. P., H. Parfaiti E. P.) ont leurs plaques adam- bulacraires de forme normale, et non pas obliques, par rapport à la gouttière qu'elles bordent; le premier a sept organes cribriformes, dont deuxrudimentaires, mais il y a, pour chaque bras, neuf plaques marginales dorsales dont les quatre dernières se soudent à leurs symétriques; le second a neuf organes cribriformes. Les Pseudaster ressemblent exactement à des Pentagonaster k côtés légèrement concaves; leurs organes cribri- formes sont rudimentaires, et leur plaque apicale grande et en forme de cœur. » Les plus proches parents côtiers des PoRCELLANASTERiOiE sont les Cteno- discus du nord de l'Atlantique et des côtes de la Patagonie. Ils habitent dans les profondeurs suivantes : le Porcellanasler inermis vit à 3ooo'" de profondeur; le Slyracaster Edwardsi, à 3655""; V Hyphnlaster Anlonii, à 2995™; VH. Parfaiti, à 4787"" ; le Pseudaster cordifer, à 4050™. » Parmi les Pterasleridœ vient prendre place une forme tout à fait nou- velle que nous appellerons Myxaster Sol. Tous les Pterasleridœ connus jus- qu'ici ont des bras courts et une forme plus ou moins penîagonale. Le Myxaster Sol. a un disque large, aplati, autour duquel rayonnent neuf ou dix ( 887 ) bras grêles, allongés, flexibles qui donnent un peu à l'animal l'apparence du Solasler endeca. La poche niarsupiale dorsale si caractéristique des Ple- rasleridœ est du reste bien développée et fermée comme d'habitude par cinq valves. Les deux exemplaires recueillis par le Talisman ont été dragués sur les côtes du Sahara, l'un à i4o5™, l'antre à iSoo"" de profondeur. Cette forme nous parait indiquer entre les Solasler, les Koulhrasler et les Pleraste- ridœ une parenté bien plus étroite qu'on ne l'adniet d'habitude. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la respiration des feuilles à robscurité. Acide carbonique retenu par les Jeuilles. Deuxième Note de MM. Dehérain et Maquenne, présentée par M. Schlœsiug. « Dans une première Note ('), nous avons fait voir que, pour VEvony- CO- mus japonica, à 35°, le rapport— de l'acide carbonique produit à loxy- gène absorbé pendant la respiration est, contrairen)ent aux conclusions énoncées par MM. Bonnier et Mangin, égal à i, 20 pendant la saison d'été. Nous avons expliqué ce désaccord en montrant, par des expériences chif- frées, que les feuilles sont capables de retenir une partie de l'acide car- bonique qu'elles produisent. Ces résultats ayant été contestés (-), nous avons dû reprendre la question. Nous nous proposons aujourd'hui de faire CO- voir que la valeur du rapport -— déterminée par la seule analyse des gaz où séjournent les feuilles varie, comme on pouvait le prévoir, avec ce que nous appelons la densité de chargement des appareils, c'est-à-dire avec le rapport du volume des feuilles au volume du vase où elles sont ren- fermées. » Nous avons eu soin de diriger nos essais de manière qu'ils com- prennent, comme cas particuliers, les densités de chargement voisines de yj, que l'on rencontre fréquemment dans les expériences qui nous sont opposées. » Les analyses des gaz, qui ne renfermaient jamais pins de 4 pour 100 d'acide carbonique, ont été exécutées à l'aide de l'eudiomètrede Regnault, modifié par M. Schlœsing; enfin tous nos essais ont été exécutés par deux méthodes différentes. » 1° Méthode du vide. — Cette méthode, déjà décrite dans notre première (') Comptes rendus, t. C, p. li3^, {-] Ibid., t, C, p. i3o4 et iSig. ( 888 ) Note, consiste essentiellement à maintenir dans un volume connu d'air pur lin poids connu de feuilles /jHrgfe« de gaz. Après un temps convenable, on fait, à l'aide de la trompe, une prise instantanée des gaz contenus dans l'appareil, ce qui donne un échantillon de l'aUnosphère extérieure aux feuilles; puis, immédiatement après, on achève l'extraction des gaz en fai- sant le vide complètement. On recueille ainsi le reste de l'atmosphère exté- rieure aux feuilles, plus les gaz qu'elles avaient retenus. L'analyse de ces deux échantillons est faite séparément : la première permet de calculer ce co- que nous appellerons rapport -r- apparent; les deux, combinées, donnent co- le rapport -^ réel. » 2." Métltode de compensation.— Les feuilles, pesées, mais non purgées de gaz, sont introduites dans un manchon en verre, de forme spéciale, qui est relié à la trompe par l'intermédiaire d'un bon robinet. On commence à prendre un échantillon de gaz lorsqu'on suppose qu'il s'est formé 2 à 4 pour 100 d'acide carbonique; les prises se succèdent alors à intervalles égaux, de façon que toutes renferment à peu près la même proportion centésimale d'acide carbonique. Chaque fois on rétablit la pression initiale en laissant rentrer dans le manchon un volume d'air pur égal à celui du gaz qui vient d'être extrait. » Dans ces conditions, les feuilles se saturent bientôt des gaz ambiants ; l'erreur due à l'absorption de l'acide carbonique s'atténue peu à peu, et CO' l'on voit le rapport —croître régulièrement jusqu'à un maximum fixe qui représente sa valeur réelle. La première prise fait connaître, comme dans CO" la méthode du vide, le rapport — — apparent. » On pourra juger de l'importance des variations que présente le rapport CO- -Q-j par l'exemple suivant : 37S1 cle feuilles, dans un manchon de 870" et à la température de 35°, ont fourni, pour la première prise, un rapport égal à 1,06; la cinquième a donné 1,16, la huitième 1,18, la dixième, enfin, 1,20. » Nous avons résumé, dans le Tableau qui suit, nos principaux résul- tats : toutes ces expériences ont été faites à 35°, avec des feuilles de fusain du Japon, détachées de leur tige et choisies parmi les plus saines et les plus vigoureuses. ( «% ) Rapport du volume des feuilles au volume total (densité de chargement). 20- 40- ,,., ^"""P""- , Compensation. Compen- Compen- \ide. sation. Vide. , Vide. sation. Vide. salion. C02 , -Q^reel i,i6 i,23 1,19 \ ,10 1,20 1,23 1,20 ,22 I ,20 » On voit que les deux méthodes précédemment décrites donnent, d;tns tous les cas étudiés, des rapports analogues, ce qui prouve que les expé- riences sont régulières; si maintenant on examine, dans chaque série d'es- sais, la valeur du rapport —— apparent, on la voit s'écarter de celle du rapport réel à mesure que la densité de chargement s'accroît, et lorsque celle-ci atteint ou dépasse -^, les différences deviennent considérables; il n'est plus permis alors de les négliger. » Si concluants que soient ces résultats, nous avons cru devoir les appuyer davantage encore par une expérience directe, en montrant que les feuilles, même à l'obscurité, sont susceptibles d'absorber l'acide carbo- nique : 4''''» 7 de feuilles de fusain, placées dans un tube de 47"^ '*u contact d'un mélange gazeux parfaitement connu et dosant environ 10 pour 100 d'acide carbonique, ont, dans l'espace d'un quart d'heure, pris i de ce gaz à 35° et un peu plus de | à o. i> Nous persistons donc à croire, comme l'a démontré, du reste, M.Bous- singault de[)uis longtemps, que, pour déterminer rigoureusement les échanges gazeux qui se produisent entre l'atmosphère et les organes végé- taux, d faut tenir compte, suivant l'heureuse expression qu'il a employée, de Valtnosphère des feuilles. » Dans une Note très prochaine, nous aurons l'honneur de communi- quer à l'Académie les résultats que nous avons obtenus en étudiant l'in- fluence qu'exerce la température sur la valeur du rapport — — • « MINÉRALOGIE. — Ol'ujiste terreux artificiel. Note de M. Stak. Meunier. « Il y a quelques mois, M. Albert Leroy, régisseur de l'usine à gaz de Vaugirard, dont j'ai eu l'occasion déjà de signaler le dévouement à la Science, a bien voulu me remettre un produit dérivant de l'altération de C. R., 1885, 2» Semestre. (T. Cl, N» 18.) - I 16 ( Sgo ) tirants en fer, disposés depuis vingt ans dans les fours, au-dessous des cornues. » C'est une matière pulvérulente d'un gris bleuâtre. Elle constituait un cylindre, dont le diamètre était plus que le double de celui de la barre de fer originelle. Un second tirant, moins longtemps attaqué, est beaucoup moins grossi et plus cohérent. » Presque sans action sur la boussole, la matière soumise à mon examen ne cède à l'aimant qu'une quantité très minime de petits grains noirs. Elle devient magnétique au chalumeau; l'acide chlorhydrique, même bouil- lant, ne la dissout pas sensiblement; sa poussière est rouge; elle ne donne pas d'eau dans le tube où on la chauffe. L'analyse n'y trouve que du fer et du carbone, celui-ci se déposant en flocons après la dissolution du premier. » En somme, les caractères de cette substance, sauf sa nuance bleuâtre, qui paraît résulter d'une sorte de teinture accidentelle par des traces de cuivre qu'extrait l'ammoniaque, sont ceux d'une variété terreuse de fer oligiste. La densité, il est vrai, est relativement faible, à peine supérieure à 4î6; mais elle peut avoir été abaissée par la structure poreuse de l'oxvde et par son mélange avec une certaine quantité de graphite. « Pour expliquer la formation d'un semblable composé, j'ai examiné la situation des tirants de fer à l'usine de Vaugirard, et la conclusion est que de la vapeur d'eau est l'agent d'oxydation des barres métalliques for- tement chauffées. Bien qu'il n'y ait pas eu cristallisation et depuis qu'on a démontré l'existence du fer métallique dans les régions infragranitiques, c'est un cas de synthèse minéralogique qui ne manque pas d'intérêt. » Je sais bien que de Haldat a annoncé que des fils de fer soumis au rouge à l'action d'un courant de vapeur d'eau se hérissent de petits rhom- boèdres d'oligiste, dont quelques-uns mesurent jusqu'à o"", 002 de lon- gueur. Mais, si l'on se reporte au Mémoire original ('), on peut se de- mander si l'auteur a vraiment produit de l'oligiste et s'il n'a pas simplement confondu avec des rho:nboèdres de cet oxyde, des octaèdres plus ou moins déformés de magnétite. De Haldat ne paraît pas supposer qu'on fasse jamais autre chose que de l'oligiste, quand on prépare au rouge l'hydro- gèrie par le fer : « Ce procédé, qui permet d'imiter les fers de l'île d'Elbe et de Framont, n'a, dit-il, rien de nouveau, jinisqu'il n'est autre chose que celui par lequel s'opère la décomposition de (') Annales de Chimie et de Physique, t. XLVI, p. 71 ; l83i. ( Sgi ) l'eau dans les cours de Chimie, et je dois ajouter que tous ceux qui ont pratiqué cette opéra- tion ont obtenu le produit sur lequel je veux appeler l'attention des naturalistes. » » Comme je n'ai jamais pu produire ainsi d'oxyde non attirable et à poussière rouge, mais simplement de la magiiétite (Fe'O^), je crois que la synthèse annoncée par de Haldat devra être confirmée. » Cette circonstance ajoute un intérêt de plus à l'oligiste terreux qui s'est produit à l'usine de Vaugirard. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur les propriétés zymotiques du sang charbonneux et seplicémique. Note de M. A. Sanson, présentée par M. Bouley. « Dans la Note de M. S. Arloing, publiée par le n° 17 des Comptes rendus (26 octobre i885), il est établi que les micro-organismes de \di septicémie gangreneuse et ceux du charbon emphysémateux du bœuf ont la propriété de faire fermenter l'amidon cuit et la dextrine et de les transformer en gly- cose. Je demande la permission de faire remarquer que le même fait a élé constaté par moi dès 1868, lors des recherches que j'avais été chargé de faire en Auvergne sur la maladie charbonneuse appelée mal de montagne. Il fut commuiiiqtié à l'Académie dans la séance du 11 janvier 1869 [Comptes rendus, t. LXVIII, p. 84), par M. Bouley, dans les termes suivants : « M. Sanson, rapporteur de la Commission, a émis sur les conditions de la virulence, dans les maladies charbonneuses une opinion qu'il a déjà fait connaître, du reste, par les voies de la publicité, et dont je crois devoir lui laisser l'honneur comme la responsabilité. Suivant lui, le plasma du sang charbonneux subit une modification en vertu de laquelle son albumine passe à l'titat do diastase et peut transformer, dans les conditions ordinaires, l'amidon en glucose. Suivant lui encore, la même modification se produit dans le sang extrait des veines d'un animal sain et abandonné aux influences naturelles, dans un tube fermé. « » Et plus loin : « Je ne fais qu'exprimer ici l'opinion de M. Sanson, sans l'adopter, pour ma part, puisqu'il ne m'a pas encore été possible de la vérifier expérimentalement; mais il m'a paru juste de la mettre en relief et de l'attribuer à qui a le droit de la revendiquer comme sienne. Si l'expé- rience au contrôle de laquelle elle va être nécessairement soumise, venait à en confirmer la justesse, ce serait là, à coup sûr, un fait considérable. » » Celle ancienne constatation a évidemment échappé à l'attention de { 892 ) M. Arloing; car, dans le beau rravail publié avec ses collaborateurs, MM. Cornevin et Thomas, sur leur découverte iln charbon appelé bac- térien, charbon symptomalique ou charbon emphysémateux , l'exactitude de mes observations relatives aux caractères du micro-organisme du sang, contestée dans le temps par Davaine et par Toussaint, a été explicitement confirmée. » PATHOLOGIE EXPÉKIMENTALE. — Transmission de la morve aiguë au porc. Note de MM. Cadéac et Malet, présentée par M. Bouley. « A diverses reprises, Renault et M. H. Bouley (') ont vainement essayé de transmettre la morve an porc par ingestion gastrique et par divers pro- cédés d'inoculation. )) D'autre part, Spinola (-) et Gerlach (') n'ayant obtenu que des ré- sultats douteux, on est à peu près unanime aujourd'hui à regarder le porc comme réfractai re à la morve. » En présence de ces tentatives infructueuses ou incertaines, nous avons jugé utile fie rechercher si, véritablement, le porc, si sensible à l'endroit de la tuberculose, est dépourvu de toute réceptivité pour la morve, A cet effet, le 7 mars i885, nous avons inocidé la morve aiguë à la base de l'oreille gauche d'un porcelet, âgé de trois mois environ, en parfaite santé, et d'une truie maigre, âgée de quinze mois, affectée d'un renversement ancien du rectum, d'un abcès du volume d'un œuf de poule silué au ni- veau des deux dernières mamelles et de mortifications de peau dans les parties saillantes du corps, par suite d'un décubitus prolongé dans un lieu dépourvu de litière. l>es deux piqûres sous-cutanées où les nodules mor- veux ont été insérés présentent d'abord une tuméfaction légère, de peu de durée, et les plaies se cicatrisent vite. » Vers le 1 5 mars, elles se tuméfient de nouveau, rougissent et s'ulcèrent vers le 20 chez les deux sujets d'expérience. Les ulcérations recouvertes d'une croûte épaisse et noirâtre restent stationnaires chez le plus jeune porc qui, sacrifié le it avril suivant, ne montre aucune lésion consécutive à cette inocidation. Il n'y a qu'une nécrose locale déterminée par le trau- matisme et l'action phlogogène des produits morveux. (') Recueil de Mécl. vétérinaire, i83g, p. 475; id., i84o, p. 53g, el id., r85i. C) Pathologie de Werner et de Spinola. (^) Dict. de Zuudcl, t. II, p. jSy. ( 89^ ) » Chez la truie, les symptômes s'aggravent, et l'oreille inoculée devient le siège d'une éruption particulière non sans analogie avec le f;ircin. Cet organe se couvre littéralement de boutons et d'ulcères. Les boutons, du volume d'une noisette, sont violacés, saillants, durs à la pression des doigts et se convertissent rapidement en ulcérations sans éprouver de ramollisse- ment manifeste. Les chancres sont déprimés, cupuliformes, d'une étendue d'une pièce de un franc, d'un rouge foncé sur les bords, recouverts au fond d'une couche blanchâtre, légèrement grisâtre, de matière fibrinetise, peu riche en globules de pus et offrant tous les caractères du contenu des bou- toîis non ouverts. » Puis, les ganglions du cou s'hypertrophient, des cordes du volume d'une grosse plume à écrire se dessinent vers la base dç l'oreille ; elles de- viennent moniliformes par le fait de l'évolution de quelques boutons sur leur trajet, mais elles ne se ramollissent pns; l'animal succombe le 27 mars dans le marasme le plus complet, 1) A l'autopsie on constate, eu dehors des lésions précitées, le ramollis- sement complet des ganglions parotidiens pharyn giens gauches et l'hyper- trophie, l'infiltration par de petites granulations grisâtres, transparentes, caséeuses ou calcaires des ganglions bronchiques du même côté. En outre, le poumon est criblé de granulations, blanchâtres ou grisâtres, caséifiées ou en voie de calcification, du volume d'une tète d'épingle ou d'une graine de millet. Le foie en renferme ainsi quelques-unes et la rate en est par- semée. )> Les cavités nasales sont le siège d'hémorrhagies multiples, de nodules blanchâtres, aplatis ou lenticulaires, et de chancres irréguliers et végétants : lésions semblables à celles qu'on rencontre sur la cloison nasale du cheval affecté de morve aiguë. » iNOcnLATiONS COMPARATIVES : I " Anc. — L'inoculation a t'tc faite le 27 mars par. pi- qûres sur la lèvre supérieure et sur l'aile externe du nez et par injection hypodermique sur les faces latérales de l'encolure. » Trois jours plus tard, les piqûres sont tuméfiées et les symptômes généraux très in- tenses : la température est très élevée, la respiration oppressée et plaintive, la faiblesse si grande que l'animal se couche et ne peut plus se relever. Il meurt le 3i mars, trois jours après l'inoculation. » Cette marche extrêmement rapide doit être attribuée à la débilité du sujet, à la quan- tité et à l'activité extraordinaire du virus inoculé. » A l'autopsie, on constate les lésions de la morve aiguë : granulations jaunâtres en nombre infini dans le poumon ; une seule élevure sur la cloison nasale. Aucune lésion sur la muqueuse laryngienne trachéale et bronchique. Les ganglions de l'auge sont tuméfiés et ( 894 ) infiltrés et le tissu conjonctif de l'encolure situé au niveau des points d'inoculation est aussi le siège d'infiltrations et d'héraorrhagies. » 2° Chienne. — L'inoculation est pratiquée sur le front d'une chienne courante par trois godets sous-cutanés, le ménie jour que chez l'âne. On injecte aussi vers le milieu delà face une seringue Pravaz de liquide virulent. » Le 29 mars, les godets commencent à suppurer, le siège de l'injection est tume'fié, chaud, douloureux, et l'œil correspondant devient en même temps chassieux. Les ganglions gutturaux s'hypertrophient. » Le i" avril, les piqûres sont transformées en chancres coniques profonds, à bords cir- culaires, rouges, saignants et sécrétant un pus grisâtre et séreux. D'autre part, la tuméfac- tion de la face se transforme en un abcès dont l'ouverture donne naissance à trois fistules par où s'écoule du pus grisâtre mêlé de stries sanguines. » Puis, les chancres gagnent en étendue et en profondeur, se couvrent de croûtes et pré- sentent un fond déchiqueté et anfractueux. » Le n avril, deux boutons farcineux gris rougeâtre font leur apparition à la face infé- rieure du cou; ils s'ulcèrent, et bientôt d'autres se montrent à la base des oreilles, sur le dos, aux flancs, aux coudes, à la région du nez, comme dans le farcin confluent du cheval. Les nombreux chancres qui en résultent donnent à l'ensemble du corps un aspect hideux. Cette éruption farcineuse se répète plusieurs fois et met plus d'un mois à se compléter. s En fin de compte, les chancres primitifs se rejoignent et se confondent, ce qui rend leurs contours irréguliers; puis ils rétrogradent, se sèchent peu à peu et, le i3 mai suivant, ils sont à peu près tous cicatrisés. » A l'autopsie de cette bête, sacrifiée le 18 mai, nous avons rencontré les lésions sui- vantes : dans les cavités nasales de petites ulcérations coniques rouges, injectées, situées sur le cornet maxillaire droit, et une cicatrice sur la face gauche de la cloison. Les ganglions gutturaux sont plus gros; le poumon est sain. » 3° Cobayes. — Deux cobayes sont inoculés aussi le 2'j mars, à la cuisse gauche, l'un par trois godets sous-cutanés où des molécules pulmonaires sont insérées, l'autre par une injection hypodermique. » Symptômes locaux consécutifs : tuméfaction chaude et douloureuse; abcès du volume d'une noix au pli de l'aine; conversion des piqûres en chancres; ouverture des abcès et formation de chancres à sa place; production d'arthrites aux articulations des membres antérieurs et de nodosités purulentes en divers points du corps. En même temps, les deux sujets maigrissent beaucoup, jettent quelque peu, offrent des tremblements intermittents; leur poil est piqué, leur respiration accélérée. Ils succombent, l'un le 2 avril, l'autre le 10 du même mois. » A l'autopsie, ulcérations sur la cloison nasale; abcès sous- cutanés à contenu blan- châtre crémeux et en des nodules blanchâtres entourés ou non d'une zone hémorrhagique, situés dans le poumon, la rate et le foie. » ( 895 ) VITICULTURE. — Sur le traitement du mitdew par le sulfate de cuivre. Note de M. A. Muntz, présentée par M. Hervé Mangon. « Le niildew qui, dans ces dernières années, a atteint la vigne, a causé à la production vinicole, dans certaines régions de la France, un préjudice considérable. S'attaquant principalement à la feuille, ce champignon en arrête les fonctions vitales et les fait tomber; l'assimilation étant ainsi annulée, le raisin ne s'enrichit plus en matières sucrées; son développe- ment et sa maturation restent incomplets. De divers côtés, on a cherché le moyen de guérir ou de préserver la vigne de ce fléau. Dès l'année dernière, l'efficacité du suUate de cuivre a été reconnue par quelques observateurs; M. Perrey en a, le premier, signalé l'emploi à l'Académie. Les espérances fondées sur les premiers résultats ont été pleinement justifiées cette année, et le succès a été d'autant plus grand que la maladie a sévi avec plus d'in- tensité. Déjà l'Académie a reçu plusieurs communications sur le traite- ment par le sulfate de cuivre; je viens y joindre l'exposé de mes propres expériences. » Elles ont été faites dans quatre domaines, situés dans les départe- ments de laDordogne, de la Gironde et de Lot-et-Garonne, et qui appar- tiennent à la Société Nationale contre le Phylloxéra. Traités annuellement par le sulfocarbonate de potasse, ils sont dans un état de végétation très prospère, et l'action du Phylloxéra y est complètement enrayée; la pro- duction y est normale, lorsque le mildew n'y sévit pas. Cette année, la maladie a commencé à s'y montrer vers le milieu du mois de juillet. Aussitôt, c'est-à-dire du 16 au 20 juillet, un traitement au sulfate de cuivre a été appliqué. De fortes chaleurs, survenues à cette époque, ont arrêté le développement du champignon ; on n'a donc pas pu observer de différence sensible entre les parties traitées et celles qui ne l'étaient pas. Cette pre- mière observation n'a pas donné de résultat concluant, puisque le mal a été enrayé par les conditions météorologiques. » Mais les pluies du commencement de septembre ont amené une nou- velle invasion de mildew, bien plus énergique que la première; les feuilles se sont desséchées et sont tombées dans l'espace de peu de jours. C'est alors que l'action du sulfate de cuivre est devenue manifeste. Tous les ceps qui avaient été traités au mois de juillet ont conservé leurs feuilles; ils formaient des oasis de verdure, au milieu des plantations entièrement dépouillées; le raisin qu'ils portaient a mûri, tandis que celui des vignes ( 896) non traitées a été arrêté dans son développement et sa maturation. Voici le résultat de l'examen des raisins : Vignes non traitées. Poids moyen du grain i ,04 Sucre pour loo de moût , 9)4» Acide (exprimé en acide sulfiirique) par litre de moût 9>6o Vignes traitées. Poids moyen du grain i , 45 Sucre pour 100 de moût i5,3o Acide (exprimé en acide sulfurique) j)ar litre de moût 5, 20 » Il est inutile d'insister sur la différence qui doit exister entre les vins provenant de ces deux lots de raisins. » On voit que le traitement appliqué en juillet a préservé les vignes de l'invasion qui a eu lieu au mois de septembre. » Voici les conditions dans lesquelles le traitement a été pratiqué : aS'^'' environ d'une solution de sulfate de cuivre à ~ ont été répandus sur le cep à l'aide d'un petit pulvérisateur à main. Les vignes étaient plantées en rangs espacés de 2™, à raison de 5ooo ceps à l'hectare. Le traitement a porté sur 1070 ceps, pris sur huit points différents des quatre domaines; on a choisi le cépage qui, dans cette région, est le plus exposé aux ravages du mil- dew : le jurançon. Les frais de ce traitement, fait dans des conditions éco- nomiques très défavorables, n'est revenu qu'à 24''", 4o par hectare ; la main- d'œuvre, estimée à quarante-neuf heures de travail, figure dans ce chiffre pour près de i5'^''. » Voici les observations fiiites pendant le cours de l'expérience : » L'application exagérée d'une solution de sulfate de cuivre peut pro- duire des taches rousses sur les feuilles, mais ces taches disparaissent au bout de peu de jours. » Une solution de sulfate de cuivre à 5 pour 100 paraît donner des résultats presque aussi avantageux qu'une solution à 10 pour 100. » Il est inutile de s'astreindre à appliquer la solution à la partie infé- rieure des feuilles. » Les jeunes pousses développées après l'application du sulfate de cuivre ne sont pas préservées; les extrémités des sarments sur lesquels se déve- loppent des feuilles, postérieurement au traitement, sont entièrement dé- pouillées. ( 897 ) M Un traitement effectué par un vent violent donne de moins bons ré- sultats. » Dans le vin de ceps traités, on n'a pas retrouvé de cuivre. » Le mélange de chaux et de sulfate de cuivre produit des résidlats peut- être encore plus frappants, car, dans ce cas, le cuivre reste appliqué sur les feuilles sous une forme insoluble, et il n'est pas enlevé par la pluie. Mais, dans ce cas, on s'expose à avoir du cuivre dans la vendange. » Il reste maintenant à déterminer dans quelles conditions pratiques cette application de la solution de sulfate de cuivre pourra être faite. Le prix de la matière première étant peu élevé, il faut surtout s'attacher à l'économie de la main-d'œuvre. » Le mode de plantation de la vigne étant très variable, l'ajjpareil à em- ployer devra varier également. Pour les vignes plantées en rangs, le moyen le pluséconouuque consiste dans l'emploi d'une petite charrette, traînée par un cheval ou |)ar un homme; les roues actionnent un soufflet à double vent qui communique avec le réservoir contenant la solution; le liquide est projeté latéralement et des deux côtés à la fois, par plusieurs tubes pul- vérisateurs, placés sur une ligne verticale, de façon à asperger les ceps sur toute leur hauteur. Cette charrette, passant dans les rangs des vignes, au pas du cheval ou de l'hounne, peut effectuer en moins de deux heures le traitement d'un hectare des vignes sur lesquelles ont porté nos essais. Ce procédé permet donc tl'opérer très vite, ce qui est important à cause de la rapidité avec laquelle le mildew exerce ses ravages. Dans les conditions que nous venons d'exposer, le prix du traitement pour les vignes envisa- gées ne dépasserait pas sensiblement lo'^'' par hectare. » Etant donjiée la modicité des frais de traitement, il semble rationnel de l'appliquer préventivement, un peu avant l'époque à laquelle le mildew fait ordinairement son apparition, époque qui varie suivant les localités. » Ces observations confirment, dans leurs parties essentielles, celles qui ont été laites, par d'autres expérimentateurs, sur le même sujet et montrent que la maladie qui sévissait sur la vigne avec une si grande intensité peut être aujourd'hui combattue par un traitement d'un prix minime, d'une application facile et d'une efficacité sulfisante. » C. R., i885, 2= Semestre. (T CI, N" 1».) U7 ( 89^ ) CHIMIE APPLIQUÉE. — Le iulfure de chairée et son emploi contre les maladies parasitaires animales et végétales. Note de M. Ddponchel. « I. Far le lessivage de la charrée, rendu très abondant et actuellement sans aucune valeur, de la fabrication des soudes artificielles, on obtient un liquide que je désignerai provisoirement sous le nom de sulfure de charrée, très fortement chargé en matière sulfureuse, probablement à l'état de sulf- hjdrate de sulfure de calcium : loc'^^de charrée fraîche peuvent fournir environ i-]^^ de soufre dissous à l'état d'hydrogène sulfuré. » Le sulfure de charrée est d'une limpidité conifilète et d'une grande stabilité. Il se conserve indéfiniment en vase clos et très longtemps à l'air libre, en émettant, dans ce dernier cas, un faible dégagement d'hydrogène sulfuré et laissant déposer une petite quantité de soufre, qui émerge à la surface ou tombe au fond du vase sans jamais produire de précipité boueux. Le liquide peut, en outre, être dilué dans une quantité d'eau quelconque ou être concentré par la chaleur jusqu'à consistance sirupeuse, sans rien perdre de sa limpidité. » IL Ce produit, plus ou moins concentré, présente, à un très haut degré, les propriétés thérapeutiques qui caractérisent les eaux sulfureuses naturelles à base calcique. Il peut, à volonté, servir soit à renforcer ces dernières, soit à en fabriquer d'artificielles, en associant le principe sulfu- reux à tels autres principes minéraux ou organiques qu'on jugera conve- nables. » 111. A raison de son très minime prix de revient, le sulfure de charrée paraît également destiné à servir au traitement de toutes les maladies pa- rasitaires des végétaux et plus particulièrement celh s de la vigne. J'ai con- staté par l'observation que le sulfure de charrée, répandu par aspersion à la suiface des feuilles de la vigne, ne disparaissait pas par une simple éva- poration, mais bien par une véritable absorption du tissu végétal, la matière minérale pénétrant en entier dans le courant de circulation de la sève. Son action ne doit, dès lors, pas être localisée; elle doit s'étendre à l'organisme tout entier, aux racines souterraines aussi bien qu'aux pampres aériens. Il est, par suite, naturel d'espénr que l'efficacité du traitement antiparasitaire pourra s'appliquer au Phylloxéra de même qu'à l'oïdium et au mildew. « Les premières expériences pratiques auxquelles j'ai pu me livrer cette année dans ma propriété, bien que faites tardivement, me paraissent con- firnur cette induction théorique. («99) » Sans parler du Phylloxéra an sujet rliiquel je n'ai pu faire encore d'expérience concluante, j'ai constaté l'efficacité complète du remède contre l'oïdium, qui est plus radicalement guéri par une seule aspersion de sulfure de charrée que par deux ou trois soufrages ordinaires. Les résidtats de l'expérience, bien que moins complets en ce qui concerne le Mildew, ne laissent pas que d'être satisfaisants. Si la maladie n'a pas été complète- ment supprimée par un seul traitement au sulfure de charrée, elle a été très sensiblement enrayée. Ma récolte, qui sur certains points avait été réduite l'an dernier de près fie moitié par le mildew, n'en' a pas souffert cette année. Pendant que les vignes voisines perdaient tout leur feuillage en septembre et se trouvent aujourd'hui complètement dénudées, les miennes ont conservé la majeure partie de leurs premières feuilles et en émettent encore de nouvelles à la fin d'octobre. J'ai donc lieu d'espérer qu'en opérant l'an prochain plus tôt que je ne l'ai fait et renouvelant une ou deux fois le traitement, son succès sera complet. » M. C. André transmet à l'Académie la relation d'un phénomène dont il a été témoin à Pondichéry. (Extrait.) « Le samedi i3 juin i885, vers 8'' du soir, j'étais à table, dans une chambre attenante à la tour du phare, dans la partie nord-ouest de cette tour; tout à coup, je vis une bande brumeuse, d'environ 2™ de large, se détacher de l'arête supérieure de la muraille, à laquelle je faisais face, et obscurcir soudainement cette dernière, en même temps que sous la table, à mes pieds, se produisait un bruit sec, sans écho ni durée, et d'une vio- lence extrême. La sonorité a été celle qu'aurait produite le choc formi- dable, de bas en haut, d'un corps dur contre la paroi inférieure tout en- tière de la table, laquelle, à ma plus grande surprise, n'a pas bougé, non plus que les divers objets qui la garnissaient. » Après cette détonation, mon assiette se mit à pivoter et exécuta sur la table plusieurs mouvements de rotation sans aucun bruit de frottement, ce qui prouve qu'à ce moment l'assiette a quitté la table sans toutefois s'en éloigner sensiblement. L'assiette et la table restèrent intactes. Obsermtions. — i° Le temps était demi-orageux; le service du port signale quelques éclairs lointains dans le sud-sud-est à sud-sud-ouest, et, vers 8'', un grand bruit en tout semblable à un formidable coup de tonnerre (le port est à 5oo™ du lieu que j'habite) . » a" Le paratonnerre placé au-dessus de ma tête, ainsi que le câble métallique qui le relie à la terre, étaient, avant et après le phénomène, en parfait e'tat. ( 900 ) » 3" Aucune manifestation lumineuse (ni éclair ni foudre) ne s'est révélée au moment du grand bruit; une lampe à pétrole placée sur la table n'a rien perdu de sa clarté. ■> 4" Aucun courant d'air ne s'est produit ni au moment du bruit, ni, chose aussi étrange, au moment où l'assiette s'est déplacée avec une grande vitesse, la flamme de la lampe n'a pas vacillé, bien que rapprochée; je n'ai non plus rien ressenti, pas le moindre souffle d'air. » 5° Aucune odeur ne s'est produite. » 6" L'appartement était clos. » 7° Une pluie abondante, tombée une heure plus tard, avait rendu le tablier du pont débarcardère tellement glissant que je ne pus me rendre à son extrémité, qui est à 7.6f\'" de la terre. Un domestique, nu-pieds, avait peine à se tenir debout. )' Mes domestiques ont affirmé, pour l'avoir vu et entendu, tout ce que je viens de rapporter. » M. P. MoRiN adresse une Note relative à im projet de « Communication à grande vitesse entre l'océan Atlantique et l'Europe centrale ». La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance rm 5 octobre i885. Archives de viédecine et de pharmacie militaires, publiées par ordre du Ministre de la Guerre, t. V, Paris, V. Rozier, i885; in-8". Croiseur « Le Milan » . Jtlas des dessins concernant la coque et l'appareil moteur; ;>rtrM. Bertin. Paris, impr. Broise et Cotn-tier, i885; i vol. gr. aigle. La Notion de force dans la Science moderne; })arG.-\. Hirn. Paris, Bureau des Deux Bévues, i885; br. in-8°. (Extrait de la Revue Scientifique. ) Ville deBruxelles. Légendes et planches dû travail : Des paratonnerres à pointes, à conducteurs et à raccordements terrestres multiples. Description détaillée des paratonnerres établis sur l'Hôtel de ville de Bruxelles en i865; par Melsens. Bruxelles, Lebègue et C'*, i885; gr. in-8''. Nouvelle élude sur l'ensilage; par MM. H. Joulie et H. Cottu. Paris, L. Vanier, i885; br. iii-S", (Présentée par M. Fremy.) ( 90I ) Terrains granitiques. Agriculture du Centre de la France; par F. Vidalin. Paris, Librnrie agricole de la Maison rustique, i885; 2 vol. in-12 cart. Revision des valeurs numériques de la force répulsive; par Th. Bredichin. Moscou, i885; br. in-8". Rapport sur les travaux des Conseils et Commissions d'hygiène et de salubrité publiques du département d'Alger en i883 et i884; par le D''. E.-L. Ber- THERAND. Alger, impr. Casabianoa, i885; br. in-8°. (Deux exemplaires.) Les Corégones de In Suisse, classification et conditions de frai; par le D' V. Fatio. Genève et Râle, H. Georg, i885; br. in-S". Rappoit du Comité météorologique international; parM. Hildebrand-Hilde- BRANDsoN. Upsala, i885; in-8". Proceedings of the american Academj of Arts and Sciences; new séries, vol. XII; whole séries, vol. XX, from may 1880 to may r885. Boston,!. Wilson, i885; in-8". Memoirs uftlie american A carie my of Arts and Sciences. Centennial volume; vol. XI, part II, 11° I. Cambridge, J. Wilson, i885; in-4°. Embryolocjy of the Ctenophorœ; by Alex. Agassiz. Cambridge, Mass., augnst 1874; in-4". [Memoirs of the american Jcademy ofArls and Sciences.) Department of the Interior. Monographs ofthc United States geological Sur- ve/; vol,, VIII. Washington, government printing office, i884; in-4° relié. Universidad central. Memoria-annuario. Madrid, Gregorio Estrada, i884; in-4°. DennorskeNordhars-Expedition 1 876-1 878. XIV. Zoologi : Crustacea l'-I". ved G.-O. Sars. Christiania, Grondai, i885 ; 2 vol. in-4". Ouvrages reçus dans la séance dd 12 octobre i885. Statistique de la France; nouvelle série, t. XII, Statistique annuelle; année 1882. Paris, Impr. nationale, i885; in-(». (Deux exemplaires.) Annales de l' Observatoire de Bordeaux, publiées parG. Ratet; t. I. Paris, Gaulhier-Villars; Bordeaux, Féret et fils, i885; in-4°. Compagnie tmiverselle du canal maritime de Suez. Procès-verbaux et Rapport de la Commission consultative internationale, i884-i885. Paris, impr. de la Compagnie, i885; in-f°. Notions sur le phénomène des marées; par M. P. Hatt. Paris, Impr. natio- nale, i885; in-8°. La fermentation panaire ; par G. Chigandard. Paris, Renou, Maulde et ( 902 ) Cock, i883; in-4". (Extrait du Moniteur [scientifique Quesneuille.) (Quatre exemplaires.) Les machines magnéto-électriques et l'arc vollnique des phares; par F. Lucas. Paris, V* Ch. Dunod, i885; in-8"'. (Renvoi au concours Dalmont.) Archives du musée Tey 1er ; séné II, vol. II, 2* partie. Haarlem, les héri- tiers Loosjes ; Paris, Gauthier-Villars, i885; gr. in-8°. Eludes électriques et mécaniques sur les corps solides. Conférences par h. Weil- LER. Paris, J. Michelet, i885; i vol. in-ia. Verhnndelingen radenke den natuurlijken en geopenbaarden Godsdienst, uit- gegeven door Teylers Godgelcerd genootschap ; nieuwe série, elfde deel, 2« stuk. Haarlem, F. Bohn, i885; m-S°. OdVBAOES HEÇDS DA.NS LA SÉANCE Dtl î C) OCTOBRE l885. Connaissance des Temps ou des mouvements célestes à l'usage des astronomes et des navigateurs, pour Tan 1887^ publiée par le Bureau des Longitudes. Paris, Gauthier-Villars, 188,^; in-8°. Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Éludes, publiée sous les auspices du Minis- tère de l'Instruction publique. Section des Sciences naturelles; t. XXX. Paris, G. Masson, i885; in-8°. (Deux exemplaires.) Résultats de l'enquête sur l'épidémie de choléra en France en 1884. Rapport lu à l'académie de Médecine, au 110m d'une Commission composée de MM. Ber- geron, Besnier, Brouardel, Legouest, Pasteur, Proust, Rochard et M. Marey rapporteur. Paris, G. Masson, i885; in-8°. Déformation des corps solides. Limite d'élasticité et résistance à la rupture; prtrCH.DuGCET. ol" Partie : Statique générale. Paris, Berger-Levranlt, i885 ; in-S". (Présenté par M. Daiibrée.) Fossiles caractéristiques des terrains sédimentaires dessinés som la direction de M. A. DE Lapparent, d'après la collection de l'Institut catholique de Paris ; par P. Fritel. 1" fascicule : Fossiles primaires. Paris, F. Savy, 1886; in-4''. La Jaune profonde des Incs suisses; par le D"" F. -A. Forel. Bâle, Genève et Lyon, H. Georg, i885; in-4''. La formule des Seiches; par M. le D'' F. -A. Forel. 2* Mémoire, sans lieu ni date; opuscule in-8''. (Extrait des Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève.) Observations and researches made al (lie Hongl-ong observalory, in the yrar i884; b/W. Doberck. Hongkong, Noronha, i885; in-f". ( 9o3 ) New théories ofrnaUer and ofjorce; by W. Barlow. Londoo, Sampsoii Low, i885; in-8° relié. Reheerinncruucjeii ans Algérien und Tunis; von D' W. Robelt. Fraiikfiirt am Main, Morilz Diesterweg, i885; in-8°. Ouvrages reçus dans i-a séance du 26 octobre i885. Ministère des Travaux publics. Album de Statistique graphique: de 1884. Paris, Imp. nationale, i885; in-4°. (Présenté par M. Lalanne.) Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par E. Mas- CART. Année 1882, Il : Bulletin des observations françaises et Revue climatolo- gique. Année i883, I : Étude des orages en France et Mémoires divers; III : Pluies en France ; lY : Météorologie générale. Paris, Gauthier-Villars, i885; 4 vol. in-4°. Table des positions géograpinques des principaux lieux du globe, par Daussy , Darondeau et de la Roche-Poncié, continuée par M. le vice-amiral Cloué. Paris, Gauthier-Villars, i885; in-8<'. (Extrait de la Connaissance des Temps pour 1887.) Société géologique de Normandie. L'estuaire de la Seine, Mémoires, Notes et documents pour servir à l'éUule de l'estuaire de lu Seine; par G. Lennier. Le Havre, impr. E. liiistin; 2 vol. 10-4°, avec atlas. (Présenté par M. Dau- brée.) Paul Soleillet. Voyages en Ethiopie [janvier 1882-octobre 1884 )■ Notes, leltt es et documents divers. Rouen, inipr. Esp. Cagniard, 1886; x vol. in-4". (Adressé par l'auteur au concours Delalande-Guérineau.) Cours de Mécanique ; par M.. Despeyrous, avec des Notes par M. G.Dar- Boux. Tome II. Paris, A. Hermann, 1886; in-8". Tr-ailé de Mécanique; par Eo. Coi.i.iG^o-s. IV' Partie : Dynamique, livres Y, VI et YII; deuxième édition. Paris, Hachette et C'% i885; ni-8". Le Monde physique; par Au. Guillemiw. T. V, La Météorologie, la Physi- que moléculaire. Paiis, Hachette et G"^, i885; in-8". Ponts métalliques; par J. Resal. Paris, Baudry et C^*, i885; in-8°. (Renvoyé au concours Dahnont.) Leçons de Statique graphique; par Ant. Favaro, traduites de l'italien par P. Terrier. 2' Partie : Calcul graphique, avec Appendices et Notes du traduc- teur. Paris, Gauthier-Villars, i885; in-8°. (Présenté par M, Lalanne.) Traité d'Anatomie comparée pratique; par le prof. Carl Vogt et Emile ( 904 ) Yung; 7® livraison. Paris, C. Picinwald, i885; in-8°. (Présenté par M. de Quatrefages.) Nouvelle contribution à la faune et à lajlore des marnes pliocènes à Bris- opsis d'Eurre [Diàine] ; par F. Fontanines. Lyon, H. Georg; Paris, F. Savy. i8.S5; in-8". (Présenté par M. A. Gaudry.) L'organisation du service de la vaccine en France; par M. J. Rochard. Paris, i885; opuscule in-8°. (Extrait de la Uevued'liycjiène él de police sani- taire.) Les ressources alimentaires de la Fiance; par W. J. Rochard. Paris, bureau des Deux Revues, i885; br. in-8°. (Extrait de \d Revue Scientifupie.) Lijluence de l'hygiène sur la grandeur et la prospérité des nations. Conférence faite à Rouen le 7 décembre 1884 par le D' J. Rochard. Paris, J.-B. Bail- lière, i885; br. in-8". (Ces trois derniers Ouvrages sont présentés par M. le baron Larrey.) Addresses al the complimentar/ dinner to D"^ BENJ\Mm kvTaoRP Gould, Hôtel Vendôme, Boston^ may 6 i885. Lynn, Mass., P. Nichols, i885; in-8°. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 9 NOVEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. JURIEN DE LA GRAVIÈRE. MEMOIRES Er COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE PHYSIOLOGIE. — Mesure du travail mécanique e^eclué dans la locomotion de l'homme. Noie de MM. Maiîey et Demeny. K Tl est fort important, au point de vue pratique, d'estimer la quantité de travail musculaire dépensé par l'iioinme dans les différentes formes de la locomotion. Cette évaluation n'a encore été faite qu'au point de vue mé- canique et seidement pour le cas où l'homme monte ou descend une route inclinée. Le poids du corps, du marcheur multiplié par la hauteur verti- cale dont il s'est élevé ou dont il est descendu, fournit la mesure du travail positif ou négatif, autrement dit du travail moteur ou du travail résistant qu'il a effectué. Dans l'un et dans l'autre genre de travail, une fatigue musculaire se produit; car nos musclasse contractent aussi bien pour élever noire corps que pour en ralentir la chute : à cet égard, le point de vue du physiologiste est différent de celui du mécanicien. En eifet, si un homme, pesant ']5^^, s'élève de loo™ sur un chemin montant, puis redes- cend au point d'où il était parti, il aura dépensé contre la pesanteur C. R., i885, 2< Semestre. (T. CI, IS° 10.) Il8 ( 9o6 ) ^Soo''''''"-, mais la pesanteur les lui aura rendus dans la descente et, en défi- nitive, le marcheur n'aura effectué aucun travail extérieur. )) Pour le physiologiste, au contraire, les muscles, ayant agi dans la des- cente comme dans la montée, auront fourni un travail total de i5 000''*=''". La fatigue musculaire qui suit un exercice de ce genre montre bien qu'il a exigé une dépense de force, et la contradictiou apparente que nous si- gnalions tout à l'heure disparait si l'on considère que le muscle se fatigue aussi bien à faire de la chaleur pendant le travail résistant de la descente qu'à produire du travail extérieur dans l'ascension. On est donc autorisé, lorsqu'on évalue la dépense de force dans les différents actes muscu- laires, à considérer le travail moteur et le travail résistant comme devant s'ajouter l'un à l'autre et ne se neutralisaiit pas. I) Dans la marche ou dans la course sur un terrain parfaitement hori- zontal, il se fait continuellement inie série de petits travaux, alternative- ment moteurs et résistants, dont la somme constitue, au bout d'un certain temps, une assez grande dépense de force musculaire. C'est cette dépense que nous avons cherché à mesurer par des expériences. )) Si l'on pouvait suivre dans l'espace les mouvements du centre de gra- vité du corps, on verrait qu'd exécute une série d'oscillations verticales, dont chacune correspond à l'appui d'un des pieds et qu'en même temps la translation de ce point passe par des vitesses variables, s'accélérant et se ralentissant tour à tour pendant chaque oscillation. D'autres mouvements encore s'effectuent de droite à gauche et réciproquement, de sorte que la trajectoire du centre de gravité du corps s'infléchit en réalité suivant les trois dimensions de l'espace ('). Mais, comme les mouvements de celte der- nière sorte sont peu étendus, nous les négligerons et ne considérerons que les déplacements du centre de gravité, dans un plan vertical parallèle à la direction de la marche. » Enfin, une autre dépense de travail musculaire réside dans les mou- vements imprimés tour à tour à chacune des jambes, mouvements que la pesanteur suffirait à produire s'ds étaient, coinme l'ont cru les frères Weber, assimilables aux oscdlutions du pendule, mais qui, eu réalité, exigent en général l'intervention des muscles. » C'est par l'emploi de la chronophotographie (-) que nous avons (•) Voir la Noie du 2 juin i8t)5 sur les //«rt^'« sirréoscopiqucs de ta tiajecloirc d'un lioiiit du corps pendant la marche, la course et les autres allures. (-) Voir Marev, L(i inetliode grap/iirjue [Sa\i\)\émc\n, \). 47). ( O"? ^ obtenu la mesure des différents mouvements que présente la masse du corps ou celle des membres inférieurs dans les différents genres de locomotion. » Il y a donc lieu de faire concourir trois éléments principaux dans la mesure du travail musculaire dépensé par l'homme dans la locomotion sur un plan horizontal : » 1° Le travail suivant la verticale; » 2° Le travail suivant l'horizontale; •) 3° I>e travail nécessaire à l'oscillation du membre inférieur pendant sa suspension. » A. Travail musculaire dépensé suivant la verticale. — La valeur de ce travaii.s'obliendrait en multipliant Ir poiils du corps, rapporté à sou centre de gravité, parla hauteur dont ce centre s'élève et s'abaisse tour à tour pendant chacune des oscillations verticales produites par l'action des mem- bres inférieurs. » Mais, couime le centre de gravité est un point idéal qui se déplace sans cesse à l'intérieur du corps, nous avons cherché quel était le point matériel dont on devrait recueillir la trajectoire chronophotographique pour obtenir une courbe aussi approchée que possible de celle du centre de gravité. C'est le sommet de la tête qui remplit le mieux ces conditions. Eu effet, ce point situé sur l'axe vertical du corps échappe aux mouve- ments de torsion suivant cet axe, qui ont élé décrits par M. Carlet ('), et dont l'effet est d'altérer la vitesse apparente de la translation du corps. Qunnt aux balancements de l'axe du tronc dans le plan vertical de la progression, on en tient compte s'il y a lieu. » La trajectoire chronophotographique du sommet de la tète pendant la marche est une courbe sinueuse représentée fuj, i, qui passe périodi- quement par les mêmes maxima au milieu de l'appui du pied et les mêmes minima aux instants du posé('). Les droites parallèles ponctuées, tangentes aux inflexions supérieures et inférieures de cette courbe, mesurent par leur écartement la hauteur des oscillations verticales du corps. Pour ob- tenir la valeur réelle de ces déplacements, on a projeté sur un écran l'image de la fig. i en l'agrandissant au moyen d'instruments d'optique (') Cablet, Essai expérimental sur la loromotinn de l'homme [Annales des Sciences naturelles, i8';2). (-) Dans la course au contraire, tes maxima corres|)on ,3 Accélérations et ralentissements dans le sens horizontal iS.'j Total , a4 , 1 » Ainsi la dépense de travail dans un demi-pas effectué sur terrain plat varie de 9''^'" à 24''^'". Si l'on tient compte du nombre des pas effectués en une minute à ces allures extrêmes, on trouve que la dépense de travail ( 9'i ) dans la marche lente serait de 364'*°'" et, dans ia course rapide, de 3374''°'", soit dans le premier cas 6''^"' et dans le second cas 56'*sm par seconde. » Si l'on compare entre elles les valenrs des différents éléments du travail dépensé dans un pas, on trouve qu'ils ne sont pas influencés de la même manière, par la rapidité de l'iillure. Ainsi, dans la ntarche lente, le travail dépensé dans les oscillations verticales est plus grand que celui qui correspond aux différences dans la vitesse de la translation horizontale; dans la course rapide, c'est l'inverse qui se produit. » Il était donc nécessaire de suivre à travers toutes leurs phases les variations que chacun des éléments du travail éprouve sous l'influence d'une accélération graduelle de la cadence des allures. Pour rendre ces variations plus saisissahles on les a ramenées [Jig. i) à la forme graphique. Fie- '• K>r. if y y ^"4^ 1 'TT' -n^-jl^^ T 1 - 1 L — — p 'to is âo is Oo 6ï jo jx 60 sf ^o yô jfo josr œ? us Ho J26 lie jss Hv /■is \ ali'ms ri'Uilivos du travail dépensé dans les dilTéreiils actes qui constituent un pas. Les expériences ont été faites sur un liomiue jiesant 64''*, mai'cliant ou couranl sui- un teirain Ceime parfaitement hori- zontal. » Dans la construction de ces courbes, on a pris pour abscisses les nombres des pas effectués à la minute et, pour les ordonnées, on a ajouté bout à bout les longueurs correspondant à chacun des éléments du tra- vail total. » Pour toutes les cadences ces valeurs sont disposées de bas en haut suivant le même ordre : i° la valeur du travail dépensé dans la translation du membre inférieur; 2° celle qui correspond aux oscillations verticales du corps; 3° celle qui est liée aux accélérations ou ralentissements de la trans- lation horizontale. ( 9'2 ) » Les courbes de \a-fig- i inonlrent que les différents éléments du tra- vail total varient de façons qui semblent bizarres; mais ces variations s'ex- pliquent aisément par certaines conditions cinémaliques ou dynamiques propres aux différentes allures. » A. Voiiations du travail dépensé da72s la translation du membre inférieur. — Le travail dépensé dans cet acte croît d'une munière sensiblement pro- portionnelle à l'accélération de la cadence; mais un fait qui étonne au premier abord, c'est que, pour une même cadence, la course coûte moins de travail que la marche. Ainsi, pour quatre-vingt-dix pas à la minute, la marche dépenserait i''s'°, 4 pour la translation du membre inférieur, tandis que la courbe n'en dépense que o,5, et pourtant la vitesse absolue du membre est plus grande si l'on court que si l'on marche. » Cette différence de travail tient à ce que la vitesse du membre par rapport au tronc doit seule être considérée dans ces évaluations ; or cette vitesse est plus grande dans la marche que dans la course. » En effet, à égale cadence du pas, la durée de l'oscillation du membre inférieur est d'autant plus grande que celle de l'appui du pied est moindre. Cet appui, dans la marche, excède la moitié de la durée du pas complet; dans la course, au contraire, la durée de l'appui est toujours inférieure à la moitié de celle du pas ('). Or, comme le déplacement angulaire du membre inférieur est à peu près le même dans la marche et dans la course, la vitesse sera d'autant moindre que la période d'oscillation aura plus de durée. M Une conséquence physiologique de cette inégalité de la durée d'oscil- lation du membre aux différentes allures, c'est la tendance instinctive qu'on éprouve à courir, au heu de marcher, aussitôt qu'on impose à l'allure une cadence trop rapide. C'est une des nombreuses manifestations de notre propension naturelle à rechercher le moindre effort dans tous les actes musculaires. » B. Variations du travail dépeiisé dans les oscillations verticales du corps. — JjR fg. I montre que cet élément du travail ne croît pas régulièrement avec la rapidité de la cadence. Dans la marche, ce travail augmente rapi- dement entre cinquante-cinq et soixante-dix pas à la minute, puis va en décroissant; dans la course, il est très grand pour les cadences les plus lentes et diminue à mesure que l'allure devient plus rapide. Les deux (') Voir à ce sujet Demeny, Variations de lu durée du double appui des pieds dans la marche de l'homme (séance du i5 juin i885). (9'3) facteurs de cet élément du travail étant le poids du corps et l'amplitude de ses oscillations verticales, c'est aux variations de celles-ci que se rapportent les inégalités du travail dépensé aux diverses allures. » La photographie et l'inscriplion directe des oscillations verticales du corps montrent que, dans la marche, il y a une relation entre la lon- gueur du pas et l'amplitude des oscillations verticales du corps; et, comme nous avons établi que la longueur du pas augmente avec la rapidité de la cadence jusque vers soixante-dix pas environ, puis diminue rapidement à mesure que la cadence s'accélère ('), il est nalurel que le travail corres- pondant à ces différentes cadences éprouve des variations semblables. Fig. 2. 1^ 45 50 5i 60 é5 ]0 75 80 V5 "0 t,', IJJ -10! llî IJ« i;s 15t' 155 -!40 Variations îles oscillations vcrlicales ilu corps ilans la niaicho et dans la conisu à des cadences va- riant de 4o à i'|0 pas à la minute. Comparaison de la conrhe des oscillations à cell<' de la lonj^nenr des pas. )) Dans la course, le travail est plus grand pour les cadences lentes et décroît ensuite indéfiniment. Les oscillations verticales suivent, dans cette allure, luie variation semblable. Le corps, suspendu en l'air pendant une partie de la durée du pas de cour.>.e, n est plus constamment soumis aux changements (le direclion des membres; dès lors, c'est la durée imijosée aux oscillations verticales qui en règle l'amplitude. Aux cadences lentes, (') Mabey, Eliuh's .1111 la innrclic de l'hnmiiie cm moyen de t'odograplie. Note du 3 novembre 1884. C. R., l885, 2' Semestre. (T. CI, ^'' iO. ) ' '9 ( 9'4 ) il faut que le corps ait été élevé très haut pour i)e retomber que tar- divement sur le membre et l'appui; aux cadences rapides, une faible étendue est imposée à l'oscdlation [)ar la courte durée qui lui est assignée. )) Ainsi, dans la marche, l'amplitude des oscillations verticales du corps est liée à la longueur du pas; elle en est indép:ndante dans la course, où l'on observe même, à cet égard, une relation inverse: on a exprimé ces rapports dans \Afi(j. 2. » C. Faiialioiis du travail dépensé dans les accélérations et les ralentissements de la translation horizontale du corps. — Cet élément du travail s'accroît assez régulièrement avec la vitesse de l'allure et avec la longueur du pas. Dans la course, il prend une valeur tiès grande, quoique les variations absolues de la vitesse soient faibles; cela tient à ce que les variations de la force vive acquise ou perdue par la masse du corps sont proportionnelles à la difié- rence des carrés des vitesses maxima et mininia de la translation. >i De ces mesures on peut tirer des applications pratiques à la meilleure utilisation des forces musculaires dans la marche ou dans la course, suivant le but qu'on se propose, et qui sera tantôt de faire le plus long parcours possible avec la moindre dépense de force, tantôt de franchir une certaine distance dans le temps le plus coiut possible. » On devra non seulement recourir à des allures différentes, mais régler chacune d'elles sur la cadence la plus favorable. » La fig. I monirait déjà que, pour la marche, dans les cadences ra- pides, à partir de 70 doubles pas à la minute, la dépense de travail croît rapidement; que pour la course, le travail total, assez grand aux cadences les plus lentes, diminue d'abord quand la fréquence des pas s'accroît, puis augmente de nouveau. Il y a donc, pour chaque allure, certaines ca- dences particulièrement favorables : ce sont celles où la vitesse croît plus vile que la dépense de travail. » D'autres considérations doivent intervenir encore pour motiver le choix des allures. Il ne faut pas que la dépense de travail se fasse en un temps trop court, sans quoi la réparation des forces musculaires n'arrive- rait plus à compenser la fatigue. On peut impunément soutenir une longue marche au bout de laquelle on aura dépensé un grand travail, taudis qu'une course rapide épuiserait en très peu de temps la force musculaire, avec une dépense totale de travail beaucoup moindre (fig. 3). » Il y aura donc lieu de déterminer, pour chaque allure, la dépense de travail à l'heure et au kilomètre, ainsi que les relations de la vitesse avec la cadence. ( 9'.5 ) » D'autre part, il faudra répéter sur un grand nombre de sujets ces études, qui n'ont porté jusqu'ici que sur (Io(]x hommes, et chercher l'influence du poids et de la taille, celle de la charge portée, de la pente et de la Fi". 3. 4o 4^ 5(' 5f eo 6S 70 JS U> Sf pe pf 7Û0 jof no m /* /«- }3o 13^ l*o Kilv^i, N.mfcrj Je) T> i U mmitt Comparaison du travail à riieuro et au l>ilomètro dans di-s allures dont la cadence s'accélère ré(;u- lièrcmcnt : variations correspondantes de la vitesse. nature du terrain. C'est particulièrement au perfectionnement des exer- cices du soldat que s'appliquent ces recherches; elles ont excité l'intérêt de quelques ofliciers supérieurs de notre armée; nous comptons sur leur concours pour les diriger dans le sens le plus utile. >> BOTANIQUE. — Nature, radiculaire des stolons des Nephrolepis. Réponse à M. P. Lachmann; par M. A. Trécul « En 1869, j'ai décrit succinctement la structure radiciforme des stolons des Nephiolepis, et j'ai dit en i 870 que ces stolons sont formés par de véri- tables racines. Cette opinion a été combattue dernièrement (p. 6o3 de ce volume) par M. P. Lachmann, qui pense que ces stolons sont consti- tués par des tiges. ( 9'6 ) » Voici les objections de M. Lachmanii : La première consiste en ce que, suivant lui, « parfois les deux organes, racine et stolon, existent sous une » même feuille. Dans ce cas, la racine s'in>ère toujouis siu' la tige indé- » pendamment et un peu au-dessus du stolon ; son volume est toujours M égal à celui des racines grêles produites par ce dernier; son cylindre » ceiitml renferme deux faisceaux ligneux et deux faisceaux libériens » alternes; sa structure est binaire, couune dans la plupart des Polypo- )( diacées. « » J';ipprécierai tout à l'iieure la valeur de cette assertion. « Le stolon, continue M. Lacliinann, a une struclure bien Jifféreute. Le système con- ducteur forme un cylindre central, dont le bois, constitué par trois à huit faisceaux con- fluents au cenlre, est entouré par une zone continue de liber, avec de hirges tubes criblés. On n'y trouve jamais cette alternance du bois primordial et du liber qui caractérise la racine. La différenciation centripète du bois ne saurait élre invocpiée en f.iveur de la nature radiculaire de cette structure; j/uisiiue, dans tou'es les tii^cs îles Foufjères, cette différencia- tion a également lieu de dehors en dedans, u » Auisi, d'après M. Lachmann lui-rnétne, le stolon a de trois à huit faisceaux confluents au centre, et la différenciation du bois qu'ils forment est centripète, absolument comme dans les racines. En termes plus pré- cis, chacun de ces trois à huit faisceaux a ses petits vaisseaux au côté ex- terne et les gros dans le centre du siolon, et, de ces divers vaisseaux, les petits, qui sont superficiels, naissent d'abord, et les gros ensuite, tout à fait comme dans les racines. Quant au liber, j'alfirme qu'il a la même dis- position que celui de toutes les racines binaires des Neplirolepis, et des ra- cines binaires et ternaires de toutes les autres Fougères que j'ai examinées. Il y a toujours, entre les groupes de petits vaisseaux et couvrant les gros, une strate de liber cribrenx, plus épaisse au milieu, qui conflue avec les voisines similaires, en passant devant les petits vaisseaux. La structure de ces htolons est donc bien celle de vraies racines. » Quand M. Ijachmann dit que dans toutes les tiges des Fougères la diffé- renciation du bois a lieu également de dehors en dedans, comme dans les racines, et qu'à cause de cela ou ne peut invoquer cette différenciation en faveur de la nature radiculaire des stolons des Nejjhrolepis, il commet plus qu'une très grande exagération de principe. Il semblerait, d'après cela, que, dans toutes les tiges des Fougères, les faisceaux soient orientés radia- Icment et que toujours les petits vaisseaux primordiaux soient à la face externe des faisceaux, comme dans les racines. Il n'en est rien. Dans la tige d'une multitude d'espèces, les faisceaux sont disposés parallèlement ( 9'7 ) à la circonférence, et il n'y a de petits vaisseaux primordiaux (annelés, spiro-annelés, réticulés et spiraux) qu'au bord des mailles, et seulement au- dessous de l'insertion des faisceaux pétioiaires. » Ces petits vaisseaux primordiaux sont à la face inlerne des faisceaux atténués, sur les bords des mailles, en une lame décurrente qui se rétrécit de haut en bas, et qui est plus ou moins recourbée en dedans à sa marge, de façon à former un commencement de crochet, quand elle est vue sur une coupe transversale. Il n'y a souvent sur cette lame qu'une ligne de ces petits vaisseaux; il y en a davantage quand la lame est plus large. Il en existe deux dans Y Aspidium ulujinosum, trois dans V Jspidium [Nephrodium] violascens, jusqu'à quatre dans les Aspidium [Nephrodium) Serra et'jjalem. Ils sont placés dans de petits enfoncements de la face interne de la lame mar- ginale. » l'Alhyrium Filix femiiia, \' Aspidium decursivepiimaliftdum,VAsplenium ilrialam, V Adianlum lentrum, le Didymocidœna siiniosa, la Scolopendre, la Cétérach, etc., n'ont ni vaisseaux aiuielés, ni spiro-annelés, ni spiraux, dans les faisceaux de la tige. » D'autres Fouijères ont une structure bien différente, non moins con- traire à l'opinion de M. Lachmann. » La tij;e de V Aspidium coriaceum n'a que deux faisceaux longitudinaux : l'un très large forme une lame assez é()aisse à la face intérieure du rhizome et porte la plupart des racines adventives; l'autre, très étroit relativement, est à la face supérieure. Ces deux faisceaux sont réunis à droite et à gauche par des faisceaux plus ou moins obliques, qui délimitent de chaque côté une série de mailles, sur lesquelles sont insérés les faisceaux des frondes, etc. » La tige du Pleiis aipiilinn a, dans le centre, deux très larges faisceaux parallèles, étendus horizontalement l'un au-dessus de l'autre. L'inférieur est souvent divisé en deux ou trois. Ces larges faisceaux ont deux ou trois groupes de petits vaisseaux spiraux et annelés, enveloppés par les gros vaisseaux, parfois rapprochés de la face externe du faisceau. Plus à l'exté- rieur est un cercle de faisceaux plus petits, excepté celui qui est à la face supérieure. Il est large et parallèle aux deux grands du centre. Dans les petits faisceaux le groupe des petits vaisseaux est central, « Ou voit que cet ensemble ne peut avoir rien à faire avec la différen- ciation centripète des racines que M. Lachmann prête à toutes les tiges des Fougères. » Les tiges de certaines Fougères, au lieu d'avoir de larges mailles formées par des faisceaux plus ou moins étroits, ont un système vasculaire ( 9'« ) tubuleiix, percé, à l'insertion des frondes, de fenles espacées ou d'ouver- tures plus larges, plus distantes encore. Les tiges des Dicksonia ndiantoides, nilidula, Dovallia Novœ Zelnndiœ, stiigosa, immersn, irichosliilia, etc., ont les ouvertures foliaires séparées par des intervalles plus ou moins longue- ment tubuleux. Il n'existe pas de petits vaisseaux primordiaux dans les tiges des Davallia strigosa et tricliosliclia au-dessous de l'insertion des frondes; mais dans le Dicksonia nitiduia des groupes de petits vaisseaux du fond de la gouttière foliaire se prolongent d.ins une petite anse sur la face interne du tube vasculaire de la tige, d'où ils passent à l'extérieur, où ils sont recouverts par une rangée de vaisseaux plus grêles que les autres ( ' ). » Entre toutes les tiges que je viens de citer et les stolons des Nepluole- pis, il y a, outre la constitution générale, une autre différence anatomique dont l'importance n'échappera à personne : c'est que dans ces stolons, et c'est aussi le caractère des racines en général, les groupes de petits vaisseaux primordiaux sont continus dans toute la longueur de ces organes. Il n'en est pas de même dans les tiges citées, où les groupes de ces petits vaisseaux font souvent complètement défaut, s'arrêlant à la base des faisceaux pétio- laires, et où, quand ils existent dans la tige, ils ne sont étendus que de l'insertion des faisceaux du pétiole à la base des mailles, allant assez rare- ment un peu plus bas, comme dans ï Asplenium Lasiopteris, VJspidiwn The- lypleris, etc. » On peut donc affirmer, contre l'opinion de M. Lachmann, qu'une différenciation centripète, semblable à celle qui est observée dans les ra- cines, n'a pas lieu dans les tiges de toutes les Fougères, comme il le prétend, et que, par conséquent, l'argument invoqué par ce botaniste contre la nature radiculaire des stolons des Nephrolepis est sans portée. » Mais, objectera-t-on, ces stolons n'ont pas de coiffe protégeant leur extrémité. Cela est vrai. Il n'y a, à cette extrémité, qu'un petit mamelon de cellules, ordinairement riches en chlorophylle, au-dessous duquel nais- sent, sur le corps radiculaire s'élargissant, les délicates écailles très aiguës qui protègent cette extrémité (" ). ( ' ) Dans le Dicfrsonia nitiduia et dans le Davallia Novœ Zelandiœ, le système vasculaire lubuleux des rameaux est inséré sur le côté inférieur en gouttière du bas des frondes. Dans rextréme jeunesse, le rudiment du rameau paraît précéder celui de la fronde, mais un peu plus tard ce dernier croît plus vite. (^) Le mamelon terminal de ces stolons est limité extérieurement par une rangée de cel- lules dont la hauteur verticale va croissant de bas en haut du mamelon. Un examen attentif montre que la cellule du milieu de cette rangée, la plus grande de toutes, a souvent la forme ( 919 ) )> C'est moi qui ai montré l'existence à peu près générale d'une piléorliize ou coiffe à l'extrémité des racines des plantes élevées en organisation. Ce- pendant je ne voudrais pas prétendre qu'une telle piléorliize doive exister nécessairement au sommet de toutes les racines sans exception. Et, en effet, les stolons des Nephrolepis, qui sont bien des racines, comme on va le voir, font exception à la règle que l'on croyait générale. » Voici une considération décisive en faveur de mon opuiion. M Je dis que les stolons des Neplirolepis sont des racines. S'ils n'en étaient pas, la tige mère serait constamment dépourvue de racines, car il n'y en a pas d'autres sur ces tiges. Dans les Neplirolepis exallata, necjlecta, il yen a ordinairement une un peu au-dessous de chaque maille. Dans le Nepltiolepis davaUioides, il y en a une au-dessous de chaque maille et une autre un peu plus haut sur l'un des côtés, soit à droite, soit à gauche. Dans une des deux tiges examinées, la seconde racine est toujours à droite, et dans l'autre lige elle est toujours à gauche, en sorte que l'en- semble de ces couples de racines forme une spirale qui tourne à droite dans une de ces tiges, tandis qu'elle tourne à gauche dans l'autre tige. Dans le Ncphrolepis acula Presl. (Hooker Syn.), ces racines ou stolons existent parfois de uiême au-dessous de quelques mailles, mais |)lus son- vent leur insertion est diverse; elle a lieu à des hauteurs variables sur chaque faisceau qui sépare deux mailles, tantôt un peu au-dessus de la base de l'une de celles ci, tantôt vers le milieu de la hauteur, tantôt plus haut. » Jamais je n'ai rencontré sur les tiges mères d'autre insertion radicu- laire que celle de ces stolons. t. M. Lachmann ;issure avoir vu parfois une racine à faisceau binaire insérée au-dessus d'un stolon et indépendante de lui. Je crois qu'il se trompe. Aurait-il pris l'insertion d'un faisceau dorsal du pétiole pour une insertion déracine? C est pourtant d'après une racine trouvée dans cette situation qu'il décrit la structure des racines à faisceau vasculaire binaire. On pourrait défier M. Lachmann de présenter une seule racine à faisceau binaire insérée sur la lige mère au-dessus d'un stolon. Et si, par hasard, on en trouvait une, cela ne prouverait rien contre la nature radiculaire des (l'une clff (le voûte. D';iuties fois, elle est très élargie en un triangle scalèiie, el l'on peut reuiar(]uer (ju'tn se divisant parallèlement à ses C(''>tés, elle multiplie les cellules supérieures du mamelon (pii, elles-mêmes, se divisent ensuite, etc. C'est elle qui a fait dire à M. Lach- mann f]ue le sommet du stolon » croît par une cellule terminale cunéiforme ». ( 920 ) stolons, puisque les racines en général sont très souvent disposées les unes au-dessus des autres, en séries verticales. M Si l'on ne voulait pas admettre la nature radicnlaire de ces stolons, on aurait pour la même plante une tige mère sans racines, à structure cau- linaire normale, c'est-à-dire à système vasculaire réticulé, autour d'un centre médullaire, et des ran.eaux ou tiges filles à structure radicnlaire, qui seules porteraient des racines. » ]N'est-il pas bien plus rationnel d'admettre ce que l'on voit : une tige mère dont certaines racines primaires, avant la strncttu'e des stolons, s'en- foncent dans le sol, y produisent des racines secondaires, et celles-ci un abon- dant chevelu, tandis que d'autres racines primaires, les stolons, s'étendent à la surface du sol, y donnent aussi des racines de second ordre, etc., et transforment leur extrémité en un bourgeon feuillu, qui multiplie la plante mère. » J'ai signalé, dans d'autres Fougères, des exemples analogues, c'est- à-dire que des faisceaux, qui ordinairement ne produisent que des racines, peuvent engendrer à leur extrémité un bourgeon feuillu, qui devient un nouveau rhizome. » L'espace me manquant pour donner une description, même succincte, de ces faits curieux, je renvoie aux Comptes rendus, t. LXXII, p. 472, et t. LXX, p. 491 Pt 589, pour les Àspidium quinquangulare, Goldianutn, Blecli- num occidentale et Aspleniiim Serra. » Ce mode de multiplication par les racines n'est pas particulier aux Fougères : il a été signalé dans des Monocotylédones, d'abord par la Flore française de de Lamarck et de Candolle, 181 5, t. III, p. 223, où de petites bulbes sont dites«Jiaître à Vextrémité des radicules de V Àllium nigrum. Le deuxième cas a été décrit par M. Prillieux, qui a vu aussi un bourgeon adventif naître à l'extrémité des racines du Neoltia nidus avis. » La conclusion principale à déduire de ce qui précède, c'est qu'il existe deux sortes de stolons : les uns radiculaircs, constitués par des racines {Ne- plirolepis); les autres caulinaves, formés par des liges [Fragaria, etc.). » Le mot stolon vient de azéHai, qui veut dire : j'envoie (porter au loin des bourgeons). Ne pourrait-on pas admettre une troisième sorte, les 5/0- tons foliaires, qui serait donnée par ces Fougères, dont l'extrémité ou la partie supérieure des frondes s'enracine au contact du sol humide et pro- duit des bourgeons adventifs {Jcroslichum flaqelli/eium, etc.)? Les frondes des rejetons nés ainsi se comportant comme celles de la plante mère, celle-ci peut être environnée de plusieurs générations. » 921 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la dérivation des solutions dans la théorie des transformations Cremona; par M. de Jonquières. « Le mode de solution qui fait l'objet de ma dernière Communication {Comptes rendus, p. 867) n'est pas le seul qu'on puisse employer. Il y en a d'autres, fondés sur le même principe, qui ont leurs avantages propres. » 11 s'agit, dans ce qui va suivre, de déduire d'une solution connue, d'ordre n, des solutions T„+/„ d'ordre n + k. Je supposerai que le nombre entier^ est positif; mais il peut aussi être négatif, de façon à donner les dérivations descendantes. » Soient m, p deux nombres entiers donnés, et œ un entier inconnu, désignant le rang, ou indice, du terme a^; de la solution initiale T„, duquel on devra retrancher /n unités pour les ajouter au terme a^+p, de rang x -h p, qui doit, ainsi accru, entrer dans T„+/,. » On assemblera les nombres consécutifs i, 2, 3, ..., (« — i) par groupes de un, deux, trois, ..,,(« — i) [sans exclure les répétitions d'un même nombre dans un groupe ('), s'il y a lieu], chaque nombre étant affecté du signe -f- ou du signe —, de f;içon que, dans chaque groupe, la différence (positive ou négative) entre la somme S des nombres positifs et celle S' des nombres néaatifs .'■atiÀfasse à la relation — ri ^ I le mp. Chaque groupe (y, /, /•, . , . , q, t, i^, ...j ainsi formé est ce que j'ai appelé un type dont :: est la base. » On fera ensuite la somme ff" des carrés y^, Z-, r^, ... des nombres y, /, ■', . . . surmontés du signe +, et celle a'^ des carrés q"^, t-, i>-, . . . des nom- brrs q, t, v, ... surmontés du signe — , et la valeur de l'inconnue jc sera donnée par la relation , , 2 /.■ // H- / - — »i/r — 0 (1 .T— -' ■- , où p = a- — (7 -. (') Ces répétitions, où d'ailleurs un même nombre ne doit pas figurer avec deux signes différents, accroissent d'autant le nombre total des solutions, dont la formule 1 cil l'on doit n'(n' — i) ,. , n'n — i] ., , - , , , ,1 lire — ! CUL lieu de —^ -^ n étant égal a (« — i) ne tenait pas compte. C. R., i8t-5, V Semestre. (T. CI, N- 19.) I20 ( p2 ) » I.orsque A = m = /) = i, comme je l'ai supposé dans ma précédente Communication, x est toujours entier, quel que soit n^ à cause de 7: =: 2; et l'application de la règle est toujours efficace. Pour d'autres valeurs de A", m, p, la formule (2) exige, au contraire, qu'il y ait certaines relations entre ces nombres et ji. » L'opération, ainsi préparée, sera conduite comme il suit : » RÈGLE. — Pour former une solution T„+^, d'ordre n -+- k, en partant d'une solution connue T„, d'ordre n [n pouvant être pris égal à i), on j écrira, en conservant leurs ranqs [ou indices) respectifs, ainsi que leurs valeurs numé- riques, tous ceux des nombres a, de T„ dont les indices ne figurent point parmi les nombres dont se compose le type adopté pour l'opération. On y intercalera, aux rangs qui leur conviennent, les nombres ccj, a^, a^, a„, . . ., dont les indices figurent dans le tjpe avec le signe + , après avoir accru chacun d'eux d'autant d'imités que son indice figure de fois dans le type. On y intercalera, pareillement, les nombres a^, a^, a,,, . . ., apr^ès avoir dinnnué chacun d'eux d'autant d'unités que son indice figurée de fois dans le type avec le signe — . Cette première com- position de T„^^/, étant achevée, on y diminuera le terme a^. du rang x de «1 unités, et Cou y accroîtra de m unités le terme a^^p, de rang oc + p. » Le résultai sera la solution cherchée T„+a. M Le procédé qui vient d'être exposé complète le premier, notamment en ce qui concerne la dépendance mutuelle des solutions, dites géomé- triques, des divers ordres, supprime la restriction que celui-ci comportait et qui a été énoncée (p. 860 des Comptes rendus, ligne 2 en remontant), et conduit à l'énoncé suivant : » Deux solutions (géométriques ou non), d'ordres quelconques, peuvent toujours être dérivées directement l'ur\e de l'autre. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la combe de Péguère, près Couterets {Hautes-Pyrénées). Note de M. Demontzey. n La station thermale de Cauterets, l'une des plus importantes des Py- rénées, est située dans une vallée secondaire du gave de Pau, à une alti- tude de 924'" au-dessus de la mer, au fond d'une gorge, d'as[)ect étran- gement sauvage, enserrée par des montagnes abruptes qui s'élèvent par escarpements successifs avec intervalles garnis de bois ou de gazon. Les principaux établissements et les habitations sont bâtis au pied du versant { 9^3 ) Nord du pic de Pégnère, dont le sommet (2200'") les domine d'une hau- teur d'environ i3oo'". » A une distance de 2''"" en amont dans la direction Nord-Sud, on ren- contre, le long du versant Est du Péguère, le groupe des thermes les plus fréquentés de Canlerets, la source si renommée delà Raillère, puis celles du Mauhonrat, du Petit-Saint-Sauvenr et du Pré. j Entre les deux premières, se dresse un vaste cône d'éboulis, formé par une agglomération de blocs dont les dimensions, gigantesques à sa base, vont en diminuant graduellement à mesure que l'on approche de son som- met, où elles se réduisent à celles de petits moellons ordinaires. Ce cône est dominépar un escarpeinent_, d'une hauteur de 200™, à parois rocheuses presque verticales, dont l'arête supérieure {i4oo™ d'altitude), presque ho- rizontale, forme le débouché d'un vaste couloir, véritable canal d'écoule- ment des blocs, d'une largeur moyenne de i5o™, à fond rocheux, le plus souvent sans berges et à profil en travers généralement plat et parfois même convexe vers le ciel. Les pentes y varient de 70 à 80 pour 100, et la différence de niveau des points extrêmes atteint 4oo™. ') A partir de la cote 1800'", le couloir fait place à une combe, creusée dans la roche vive, dont le point culminant atteint 2o3o™. Son profil en long va se redressant de plus en plus vers l'amont et présente une pente moyenne de 100 pour 100; la hauteur des berges varie de 10™ à So™, et la surface totale de la plaie vive ne dépasse pas 2''*",5o en projection hori- zontale. » Lepic de Péguère, tout entier composé de roche granitique, présente cette particularité, commune d'ailleins à toutes les montagnes voisines du même massif, que, sur les crêtes, la roche est disloquée en tons sens parfois à d'assez grandes profondeurs. Les berges vives de la combe en donnent une preuve frappante; elles sont formées de blocs de toutes dimensions et à arêtes vives, produits par la dislocation de la roche primitive, présentant entre eux des vides plus ou moins grands, garnis de terre sablonneuse et placés dans un état d'instabilité des plus menaçants. La moindre commo- tion, le plus léger effort, l'action seule de la pesanteur peut détermiiier un ébouleinent dans ces berges, mais c'est surtout à l'eau qu'on doit attribuer les fortes débâcles. En hiver, elle s'infiltre en abondance dans les innom- brables fissures de la roche, s'y congèle et la fait éclater en tous sens; au printemps, ati moment d'une fonte subite de neige ou de grosses pluies persistantes, les sables terreux qui garnissent les intervalles des blocs sont entraînés par les eaux, et l'équilibre instable une fois rompu, la débâcle ( 924 ) se produit avec tous les caractères du transport en masse. Les blocs mis en mouvement se précipitent par immenses bonds, sur ces pentes rocheuses et presque lisses de 80 à loo pour 100, se brisent dans leur course désor- donnée et mitraillent parfois de leurs débris l'établissement de la Raillera ou celui de Mauhourat. Cette plaie hideuse tend à s'étendre de plus en plus, et ne tarderait pas à compromettre la sécurité de la ville même de Caulerets, si des mesures promptes et énergiques n'étaient pas prises pour conjurer un pareil danger. » La combe de Péguére n'est évidemment pas de formation récente. Dans toute celte région montagneuse on trouve de vieux cônes d'éboulis entièrement semblables, surmontés d'anciennes combes, à pentes tout aussi fortes, creusées dans des sols tout à fait identiques et cependant absolu- ment inoffensives aujourd'hui. L'observation indique immédiatement que cette innocuité tieiit exclusivement à la présence de la végétation ligneuse et herbacée, dans toute l'étendue du bassin de réception. » La montagne de Péguère, elle-même, fournit un précieux sujet d'ob- servations de ce genre. Sur son versant Est, en effet, entre la Raillère et Cauterets, on rencontre la combe de la Glacière, aujourd'hui dans une période d'absolu repos. Semblable en tous points à la combe de Péguère, mêmes dimensions, cône analogue, profils identiques, elle a dû fonction- ner jadis de la même manière; mais aujourd'hui, admirablement gazonnée, embroussaillée et boisée de la base au sommet, les gelées et les pluies n'y ont plus la moindre puissance d'affouillement sur les parties terreuses, dont le maintien assure et perpétue la stabilité des blocs qui occupent son bassin de réception. » Sous les débris granitiques à cassure fraîche et blanchâtre qui recou- vrent le cône de la combe de Péguère, on rencontre à une assez faible profondeur les anciens éboulis, qui démontrent qu'après une longue période d'accalmie les phénomènes torrentiels ont repris une nouvelle activité, due à une seule et unique cause, l'imprudence et l'insouciance de l'homme. Il y a peu d'années, en effet, que cette combe, gazonnée comme ses voisines, peut-être plus accessible alors, était la route journellement suivie par les troupeaux de moutons |)assant de la vallée de Cambasque dans celle de Marcadaou. Le piétinement des animaux, joint à l'abus du parcours, n'a pas tardé à excorier le sol, les gazons entamés, déchirés, ont été entraînés, la terre a suivi et, la roche une fois mise à nu, l'érosion a développé pro- gressivement ses elfets destructeurs sous 'action puissante des agents atmosphériques. ( 9^-^ ) M L'observation, en indiquant les causes de ces phénomènes torrentiels, fournit les moyens d'y mettre fin en démontrant que la végétation seule peut arriver à panser et à cautériser la plaie vive de la combe de Péguère. On ne saurait se dissimuler que le traitement présentera des difficultés exceptionnelles, dues à l'extrême déclivité des pentes, à la nature du sol et à la rigueur du climat; mais elles ne seront pas insurmontables, et, dans peu d'années, la sécurité rendue à cette station thermale de premier ordre justifiera, une fois de plus et d'une façon éclatante, l'observation de Viollet- le-Duc dans son Etude sur le mont Blanc : « Il n'est pas dans la nature de petits moyens, ou plutôt l'action de la nature ne résulte que de raccumulatioii de petits moyens. L'homme peut donc agir à son tour, puisque ces l)elits moyens foiil à sa portée et que son intelligence lui |)erniet d'en apprécier les effets. >• M. Haton de la Gocpillière fait hommage à l'Académie d'un exem- plaire imprimé du Mémoire qu'il vient de publier dans le Bulletin delà Société scientifique de Bruxelles, sur des propriétés nouvelles du paramètre différentiel du second ordre des fonctions de plusieurs variables indépen- dantes. M. HiRN fait houimage à l'Académie de trois Mémoires qu'il vient de publier, dans les « Mémoires de l'Académie royale de Belgique, t. XLVI ; 1886 », et qui ont pour titres : « Recherches expérimentales et analytiques sur les lois de l'écoulement » et du choc des gaz, en fonction de la température »; « L'avenir du dynamisme dans les Sciences physiques»; « Nouvelle réfutation générale des théories appelées cinétiques ». NOMINATIOAS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un membre de la Commission administrative, en remplacement de feu M. H.- Milne Edwards. Le nombre des votants étant 4i> M. Fremy obtient 4o suffrages. l y26 ) MEMOIRES LUS. PHYSIOLOGIE. — Recherches expériinentales jjaraissanl moiilier (juc les mus- cles atteints de ricjidilé cadavérique restent doués de vitalité jusqu'à l'appari- tion de la putréfaction. Note de M. Iîrown-Séquard. (' Je vais essayer de montrer que, même durant des semaines après la mort, une certaine vitalité semble exister dans les muscles et que la rigi- dité cadavérique parait due, en partie du moins, à la persistance de la propriété essentielle aux tissus contracules vivants. » Déjà, en i8ji, j'avais fait des expériences établissant que, si la vitalité semble perdue dans des muscles rigides, elle peui, au moins, y revenir sous l'influence d'injections de sang richement oxygéné. Mais les faits que je vais mentionner sont plus duects et semblent ne laisser aucun doute sur l'existence d'une vitalité assez grande dans les fibres musculaires rigides. En effet, j'ai trouvé que les muscles atteints de rsiiéeiiv posi-morlem, pro- bablement sous l'influence excitatrice des changements chimiques qui s'y produisent constamment et y préparent la [)utréfaction, 5e contractent et s'allongent allernaliventent, nombre de fois depuis le moment où la rigidité s'y montre jusqu'à ce qu'elle y cesse. Ces mouvements, chez des animaux morts avecrarrét actif des échanges entre les tissus et 'e sang (' ), peuvent encore être observés nombre de semaines après la mort. Ces contractions et ces allongements sont absoliuuent indépendants des circonstances exté- rieures (température, humidité, état électrique de l'atmosphère, etc.). En effet, chez un même animal, tandis que quelques muscles se contractent, d'autres s'allongent et d'autres encore (en bien plus grand nombre) res- tent immobiles. De plus, un même muscle peut continuer son mouvement soit de contraction, soit d'allongement, pendant plusieurs jours, malgré la production de changements météorologiques considérables. (') Dans lin UMvail que j'ai lu à i'Acaclciiiie, le 20 février 1^)82, j'ai iiionhé que le sys- tème nerveux jieut produire l'arrêt des échanges entre le sang et les tissus, d'une manière si notable, que le sang se montre rouge dans les veines, malgré la cessation plus ou moins complète de la respiration. Comme conséquence de cette inhibition des échanges nutritifs, il y a de tels changements dans les muscles, que la rigidité cadavérique y paraît très tai'di- vement et peut durer plusieurs semaines après la mort. Dans un cas, chez un chien que j'ai montré de semaine en semaine à la Société de Biologie, en 1871, la raideur existait encore, à un degré assez notable, plus de ipiarante jours après la mort. ( 92; ) )> Je me suis assuré de l'existence des contractions et des allongements des muscles rigides par des mesures d'angle donnant la longueur de ces muscles et aussi par la méthode graphique. On sait que, sans cesser d'être rigides, des membres d'animaux morts depuis quelques jours peuvent être mis en mouvement, jusqu'à un certain point, sans aucun effort dans le sens de la flexion et dans celui de l'extension. Ceci estdii, comme je l'ai trouvé, à ce que les muscles, l)ien que rigides, se sont allongés. Si l'on pousse, pour la fléchir ou l'étendre, une des parties d'un membre, il n'y a pas de résistance jusqu'à ce que le tendon, qui était libre à cause de l'allonge- ment du miiscie, soit tendu. Il y a alors luie résistance notable provenant de ce que le muscle, bien qu'allongé, est encore très raide. J'ai mesuré, sur un nombre considérable d'animaux, et surtout sur des chif ns, l'angle formé par une même partie d'un membre, dans les deux positions de flexion et d'extension, de manière à pouvoir juger ainsi du degré d'allongenuMit ou de raccourcissement des muscles, et j'ai constaté, de la façon la plus incon- testable, que des fluclualions fréquentes ont lieu, montrant que les muscles rigides changent souvent de longueur. Je ne donnerai ici que deux exemples de ces fluctuations, et je les choisis dans des cas où des membres déraidis se sont de nouveau en partie rigidifiés, ce qui, comme je le mon- trerai plus tard, peut avoir lieu même très longtemps après la mort. Sur le membre postérieur d'un chien, tué le 6 octobre et soumis au déraidisse- ment le i5 (neuf jours après la moit), le pied (alorsque lerestedu membre était fixé dans l'extension) a donné, aux. dates suivantes, les angles que voici : le i5, 34"; le iG, 32°; le 17, id"; le 22, 12°; le 25, 21° ; le 28, 23°; le 3o, 18"; le 3ij 20°, et le 4 novembre, 23°. La rigidité persiste encore aujourd'hui, 8 novembre, chez ce chien, mort en syncope, avec arrêt actif des échanges. Sur le membre postérieur d'un autre chien, après déraidisse- ment, le genou a donné les angles suivants : 62°, 34", 7°, à peine 1°, 33°, 66°, [\^%°,ei enfin, dix-sept jours après la mort, 27° seulement. » La méthode graphique est en train de me donner des résultats très précieux. Six horloges, fonctionnant depuis près d'un mois au Collège de France, m'ont déjà fourni un grand nombre de graphiques établissant, de la manière la plus nette, le fait que les muscles rigides se contractent et s'allongent alternativement, d'un jour à l'autre quelquefois, ou, le plus souvent, à des époques irrégulières, tous les deux, trois ou quatre jours. Il n'est pas rare que des fluctuations très légères aient lieu nombre de fois dans une même journée. » Dans la /î(/. i.se trouvent quatre tracés indiquant les changements ( 9=8 ) de longueur qui ont eu lieu en quatre jours (le cylindre enregistreur faisait une révolution en vingt-quaire heures) dans la masse musculaire du mollet d'un chien tué, avec arrêt actif des échanges, le i5 oc- tobre. Le tracé a, rt, a, commençant à i^ le 23 octobre, a monté d'abord, ce qui indique une très légère contraction, puis est descendu, ce qui montre un allongement, de 2^ du matin jusqu'à S*" du soir, le 24 ( tracés a, 2I1 Midi. ' a. ' . a. ., a -24 ~^^ ^___ a^ d 26 27 d 1 ~~ ^0 ~~V-^^ b"^'^^'^^^^ b ■ 2* 25 b " — rz^ 5^:\.__ ■ - 25 s-e, : c. --'—^ — V a et rt, h). Dans la nuit du 24 au 25, il y a eu à peine de change- ment. De g"* du matin à 2''3o" du soir, le 25, il y a eu un nouvel allon- gement [}), b). Puis une période sans changement a eu lieu (tracé c, c) jusqu'à minuit à peu près, moment où a commencé une ascension (con- traction) qui a continué une grande partie de la journée du 2G. Après une légère descente, vers io''3o'" du soir le 2G, et une cessation de mou- vement jusqu'à ;")'' 3u"' le -i-j (tracée/, d ), il y a eu une légère ascension, bientôt suivie d'une descente considérable [d, d, d) jusqu'à 2'' i5'" du soir le 27. On voit par là que la masse musculaire s'est surtout allongée du 23 au 26, puis s'est rapidement contractée le 2G et enfin allongée de nou- veau le 27. Cette masse musculaire, longue d'environ o™,07, s'est allongée de o™,oo2 et raccourcie de o™,ooi5. ( 929 ) » Chez un autre chien, mort le 22 octobre, le graphique ci-dessus {fig. 2) a été obtenu sur un cylindre enregistreur ne faisant sa révolution qu'en sept jours. Le 24 octobre, la masse musculaire, après s'être très lé- gèrement contractée, est restée sans mouvement quatorze ou quinze heures; elle s'est alors allongée pendant quatre heures le 25, puis elle s'est con- tractée de nouveau depuis 2'' de l'après-midi le 25 jusqu'à lo*" du matin le 26. La contraction menaçant alors de faire descendre la plume au-dessous du papier, j'ai été obligé de changer le niveau de la plume qui a continué à tracer une ligne descendante jusqu'à 4'' de l'après-midi. De 8'' à lo"^ du soir, il y a eu de l'allongement, puis après 2'' du matin, le 22, il y a eu encore de la contraction, et enfin, le même jour, un allongement si notable que la plume, en montant, a quitté le papier. » Des expériences de contre-épreuve, que je ne puis décrire dans le mo- ment, ont montré que des tracés rectilignes s'obtiennent quand les muscles ont perdu leur rigidité cadavérique ou quand on a opposé les unes aux autres des masses musculaires rigides, les unes tirant d'un côté, les autres en sens contraire. Je rapporterai bientôt d'autres expériences, capables avec les précédentes de jeter un jour tout nouveau sur les principales questions relatives à la raideur cadavérique. » Ces recherches rendent probable que la rigidité cadavérique n'est pas un état de mort des nuxscles, mais un passage de la vie à la mort, passage qui peut durer nombre de semaines. » MEMOIRES PRÉSENTÉS. VITICULTURE. — De l'actioti du mélange de sulfate de cuivre et de chaux sur le mUdtw. Note de MM. Millardet et U. Gayon, présentée par M. Pasteur. (Renvoi à la Commission nommée pour les Communications relatives au mildew.) « J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie, en mon nom et au nom de mon collègue, M. Gayon, une Note complémentaire de ma Communica- tion du 5 octobre dernier sur le traitement du niildew par le mélange d'une solution de sulfate de cuivre avec un lait de chaux. » J'étudiais le développement des spores d'été ou conidies du Perono- spora, lorsque je constatai que ces corps reproducteurs ne se développaient C. R., iS8b, 2* Semestre. (1. Cl, N" 19.) 121 ( 93o ) jamais dans l'eau de mon puits (' ); tandis que, remis dans l'eau de la ville, dans l'eau de pluie, de rosée ou l'eau distillée, ils ne tardaient pas k com- pléter leur évolution en engendrant des zoospores. » L'explication de ce fait étrange m'échappa longtemps. ;> Il devrait suffire, comme je l'ai dit, « de couvrir, préventivemeîit, la )> surface des feuilles de diverses substances capables de faire perdre aux » spores d'été leur vitalité ou du moins d'entraver leur germination (-). » » J'en étais donc à ce point, lorsqu'en 1882 je fus témoin, pour la pre- mière fois, de l'action favorable qu'exerce ssu- le miLlew le mélange de sul- fate de cuivre et de chaux employé de temps immémorial, en Médoc, pour prévenir la maraude. » Il me sembla que l'agent réellement actif dans ce mélange devait être le cuivre, quoique ce métal y fût à un état presque insoluble. Aussi, dès l'année suivante (i883), des essais nombreux furent faits, soit par moi, à Bordeaux, soit sous ma direction, à Dauzac, par M. E. David, au moyen de divers sels de cuivre et de fer, mélangi's ou non à la chaux (^). Conti- nués en 1884, ces essais nous amenèrent, en i885, à concentrer tous nos efforts sur le mélange de sulfate de cuivre et de chaux, à la dose la plus utile, déterminée exactement par les essais des deux précédentes années, mélange qui, de toutes les substances employées, nous avait jusque-là donné les résultats les plus satisfaisants. » Lorsque l'on met les conidies du Peronospora en contact avec de l'eau |)ure, à une température supérieure à 9" C, après une heure ou une heure et demie, elles émettent des zoospores qui se meuvent d'abord rapidement dans l'eau, pendant trois à cinq heures, puis s'arrêtent, se fixent et émettent des filaments-germes. Ces derniers percent l'épiderme de la feuille et pé- nètrent dans ses tissus, de telle façon que, six à huit heures après le com- mencement de l'expérience, l'infection de la feuille par le parasite est con- sommée. » Mais, si l'on en)ploie des solutions très étendues de chaux, de sulfate de fer ou de cuivre, on constate que les conidies et les zoospores qu'elles engendrent sont, à l'égard de ces solutions, d'une sensibilité vraiment pro- digieuse. Si la solution est un peu trop concentrée pour le développement (') Ce fait t'st consigné aux Annales de la Société d'Agriculture de la Gironde, année l885, p. 79. [^) Annales de la Société d'Agriculture delà Gironde, \oc. cit. (^) Un aperçu de ces essais se trouve dans le travail précité, p. 74. ( 93' ) des conidies, celles-ci n'émettent pas de /oospores et meurent sans éprouver de changements notables. Si la liqueur est un peu moins con- centrée, quelques zoospores se forment, mais au contact du liquide, au lieu de se mouvoir rapidement, elles se traînent lentement, s'arrêtent bientôt et ne tardent pas à périr. Si, suivant une autre marche, on sème les conidies sous un volume connu d'eau distillée, et si l'on ajoute à celle-ci, une fois que les zoospores sont en mouvement, des doses croissantes d'une solution titrée de chaux, de sulfate de fer ou de cuivre, il arrive un mo- ment où les zoospores s'arrêtent et sont tués défiiiilivemeut. » L'expérience m'a appris que la limite de concentration compatible avec le développement complet des organes reproducteurs est : pour la chaux, une solution à t^tjjtt^; pour le sulfate de protoxyde de fer, une solu- tion à rsiTôôïï; pour le sulfate de cuivre, une solution qui contient de ,^,„^^„^„o à ,au^f,^„o de cuivre, c'est-à-dire que les sels de fer, bien qu'ils soient très actifs, le sont près de cent fois moins que ceux de cuivre, et que la chaux l'est six fois moins que le fer. » Ce n'est qu'après avoir obtenu ces résultats qu'il m'a été possible, grâce au concours de M. Gayon, de me rendre compte du fait si curieux mentionné plus haut, et qui a été, en réalité, le point de départ de toutes mes recherches, je veux dire l'absence de développement des conidies du parasite lorsque je les semais dans l'eau de mon puits. » Ce puits a II'" de profondeur. L'eau en est élevée à l'aide d'un s vieille pompe en cuivre. L'analyse y a révélé 5'°^' de cuivre par litre, c'est-à-dire plus de dix fois autant qu'il en faut pour tuer les germes re- producteurs du Peronospora. )> Un autre fait obscur et d'un intérêt capital, dont il me reste à parler, ne pouvait être élucidé que par un chimiste. C'est encore au concours de mon savant collègue qu'en est due l'explication. » Le cuivre, dans le mélange et sur les feuilles, se trouve à l'état d'Iiy- drate d'oxyde, qui est généralement regardé comme insoluble. C'est sous la forme de granulations amorphes qu'on l'y découvre au microscope, lesquelles sont d'abord englobées par la chaux et le sulfate de chaux, et plus tard protégées par une croûte solide et peu soluble de carbonate cal- caire. M Or il résulte des recherches de M. Gayon que cet oxyde est dissous lentement, mais intégralement, par l'eau contenant en dissolution du car- bonate d'ammoniaque; que l'eau chargée d'acide carbonique dissout o^,o4o de cuivre par litre et que l'eau pure n'en prend que des traces. ( 9^2 ) » Les gouttelettes du mélange cupro-calciqne, disséminées sur les feuilles, fonctionnent donc comme ,„ en est le n'«™* terme, et si S„ est la somme des 72 premiers termes, l'équation (i) admettra une intégrale J, telle que lim^(J — S„) = o, quand x tend vers l'infini avec un argument donné. Celte intégrale exis- tera quel que soit cet argument; mais il pourra se faire que l'intégrale J, qui jouit de cette propriété, ne soit pas la même pour les différents argu- ments. » Ce fait analytique est tout à fait analogue à celui qui se présente dans l'étude de la série de Stirling. » Le cas le plus simple, après celui que nous venons d'étudier, est celui où toutes les séries normales sont du second ordre au plus, c'est-à-dire où le degré de chacun des polynômes P n'est jamais supérieur de plus d'une unité au degré du polynôme qui le précède immédiatement. ( 94i ) » Soit w(x) une intégrale quelconque de l'équation (i). Posons » Il arrive alors que ii, regardée comme fonction de <, satisfait à une équation linéaire d'ordre n^, qu'il est aisé de former, et dont les coeffi- cients sont des polynômes entiers en t. On s'assure facilement que les séries normales qui y satisfont formellement sont toutes du premier ordre. On est donc ainsi ramené au cas précédent, et l'on peut exprimer m, grâce à la transformation de Laplace, par une intégrale définie. » Quant à j- = M-*')» cette fonction se calculera à l'aide de l'équation F étant une fonction rationnelle de x, de u et de ses premières dérivées; on obtiendra donc ^, dès que l'on connaîtrait, par de simples quadratures. » Il resterait à étendre ces résultats au cas général et à examiner divers cas d'exception; ce sera, si l'Académie veut bien le permettre, l'objet d'une autre Communication. » PHYSIQUE. — Sur In compressibilité des fluides. ''Soie de M. E. Saurau, présentée par M. Cornu. « 1. M. Clausius a proposé, pour l'acide carbonique, la relation sui- vante entre la pression p, le volume v et la température absolue T (' ), , , RT K J'ai montré (-), en m'appuyant sur les expériences de M. Amagat, que li même formule convenait à d'autres gaz et j'en ai déduit pour ces gaz, an- térieurement aux expériences de MM. Wroblewski et Olszewski, les élé- ments approchés du point critique. Mais ces résidtats ne constituent qu'une approximation, à laquelle il n'est pas permis de s'arrêter quand on veut étudier toutes les circonstances de la compressibilité des fluides et vérifier notamment la corrélation qui, suivant M. Clausius ('), existe entre l'équa- tion caractéristique du corps et les lois qui régissent sa vapeur saturée; l'im- (') Annales de Chimie et de PItysique, 5° série, t. XXX, p. 372. (2) Comptes rendus, t. XCIV, p. 689, 718 et 845. (') Annales de Cliimic et de Physique, 5' série, t. XXX, p. 437- ( 942 ) portance du sujet m'a déterminé à reprendre une étude que la longueur et la difficulté des calculs numériques rendent assez pénible. Les résultats de ces nouvelles recherches, qui ont porté sur l'acide carbonique, sont con- formes aux vues de M. Clausius, et j'ai lieu d'espérer dès à présent que d'autres gaz donneront la même vérification. » 2. M. Clausius a déjà remarqué que, pour obtenir une concordance satisfaisante entre la théorie et l'expérience, il était nécessaire de remplacer le facteur — de l'équation (i) par une autre fonction 8 de la température. L'éminent physicien a assigné à cette fonction une forme empirique qui, pour l'eau et l'éther, se prête à une détermination exacte de la tension des vapeurs saturées : mais il était impossible de vérifier, pour ces corps, si la même fonction représentait également bien la compressibilité au-dessus de la température critique. Cette vérification est au contraire possible pour l'acide carbonique, et je l'ai obtenue avec une fonction 6 plus simple que celle qu'a admise M. Clausius. » Réservant pour une prochaine Communication l'étude de la vapeur saturée et du liquide, je considérerai d'abord la compressibilité du gaz, en me servant toujours des expériences de M. Amagat ('). » 3. La méthode que j'ai employée pour déterminer les coefficients de l'équation (i) cesse d'être applicable lorsque, en admettant la relation , . RT 9 2) p = ■ -a [v + ^Y' on se propose de trouver à la fois les constantes R, «, ^ et la forme de la fonction Q; voici la marche que j'ai suivie pour y parvenir. » A une température déterminée, la valeur de /) est de la forme A B A, B, a, |3 étant des constantes qui soiit déterminées quand on connaît quatre systèmes de valeurs (p, v). J'ai opéré cette détermination pour la température de So", en y faisant concourir sept conditions particulières d'expérience où la pression a varié de 3o™ à 90™ de mercure (-). La (') Annales de Chimie et de Physiijw, 5" série, l. XXII, p. SGg. (*) La détermination de a, p esl ])articiilièrement difficile; ces constantes peuvent, en effet, varier sensiljlement sans que les variations correspondantes de p deviennent supé- rieures à celles que comporte la précision des expériences. Le système des coefficients que l'on a adopté est celui qui représente les expériences avec un écart moyen minimum entre les limites indiquées, mais ce choix reste soumis à des réserves. ( 943 ) constante A étant égale à RT, sa valeur donne celle de R. Connaissant ainsi R, a, /3, on peut calculer les valeurs de B pour diverses tempéra- tures si l'on i\, par expérience, à chacune de ces températures, un système de valeurs correspondantes {p, i'). V Les résultats obtenus par iM. Amiigat permettent cette détermination pour sept températures, dont les extrêmes sont 35°, i et ioo°, et, entre ces limites, on trouve que logB peut être représenté par une fonction linéaire de la température, de sorte que 6 = Ks"'^, K et £ sont des constantes. On est ainsi conduit à poser .„, _ RT K;-T avec le système de coefficients a = 2,95, |3 = 3,5o, logR = 0,98692, logK = 5,17628, log(log£) — 3,07834, les unités étant celles de M. Amagat. » Voici quelques vérifications des pressions calculées avec ces coeffi- cients ; t — li\5. tz^ 5o°. t = 80°. . t= lOO" p (mes.).. p (cale.).. Différ.. p. p (mes.).. p (cale.).. Différ.. V , p (mes.). . p (cale). . Differ. . V (mes.). . p (cale.).. Différ. . 78,66 5 1,6-2 34, 5o 19,50 10, 36 3o 40 5o 60 70 '9.98 40, 3i 5o,33 59,35 69,44 + 0,02 — o,3i — 0,33 -+- o,65 4- o,56 86,33 42,90 3i ,00 21,86 12,00 3o 5o 60 80 90 ?9-9<^ 49,85 60,01 80,16 90,00 -t-. 0,04 -h 0, i5 — 0,01 — 0,16 0 99,83 53,70 27,81 19,40 12,25 3o 5o 80 100 i4o 3o,o5 5o , 9,0 79,95 100,1a .39,78 — o,o5 — 0,20 -t- o,o5 — 0,12 -1- 0,22 107,50 59,60 28,11 18, 83 i3,3i 3o 5o 90 120 160 30,27 50,42 90,16 120, 38 .59,37 — 0,3.7 — 0,42 — 0, 16 — o,38 -1- 0,63 » L'accord du calcul et de l'expérience cesse lorsque la valeur du volume devient moindi'e que 10, 5 environ : la pression calculée est alors inférieure à la pression mesurée. Nous n'emploierons la formule que dans les limites de sa vérification, ce qui a lieu dans le voisinage du point critique. ( 944 ) , . . . • dp 'f-p . . » 4. Lorsque le point critique est atteint, on a -!- =■ o, -—j = o; en joi- gnant ces équations à la formule (3), on a trois équations donnant v, T, p au point critique. En posant y = a -f- ['5, on trouve ainsi Pour l'acide carbonique, les valeurs admises pour les coefficients donnent f, = + 32°,7, /^,= 75-^'"',64. Les chiffres généralement admis, d'après les expériences de M. Andrews, sont<,= 3i°, /3,= 77"'". » 5. Dans les expériences de M. Amagat, les pressions sont évaluées en mètres de mercure ou, en divisant par o, 7G0, en atmosphères. L'unité de volume n'est pas spécifiée; mais, sans la connaître, on peut, ainsi que je l'ai fait antérieurement, déterminer les valeurs qu'ont les constantes lorsque, eu adoptant l'atmosphère pour unité de pression, on prend pour unité de volume le volume normal, ou volume que le gaz occuperait, à l'état parfait, à zéro sous la pression atmosphérique. Le volume normal, pour ruiiité de poids d'un gaz dont le poids moléculaire est sj, se calcule par la formule ('o= j les unités étant le litre et le kilogramme, et le poids molécu- laire de l'hydrogène étant pris égal à i. » Avec ces nouvelles unités, les coefficients deviennent « = 0,000846, |5 = 0,001004, Il=:o,oo3663, K = 0,016253, £ = 1,00276. Ce choix d'unités attribuant à R, pour tous les gaz, la valeur -.;\-, réduit à 4 le nombre des paramètres de la formule. » RADIOPHONIE. — Sur deux espèces nouvelles de radiophones. Note de M. E. Mercadier, présentée par M. Cornu. « On peut diviser les radiophones connus en deux classes : » 1" Ceux dans lesquels la transformation d'énergie radiante en énergie mécanique sous forme sonore s'effectue directement. Ils se divisent eux- mêmes en trois genres : les llieimoplioiies, où les radiations thermiques sont principalement en jeu ; tels sont la plupart des gaz et les vapeurs enfermés ( 945 j dans une enveloppe transparente; en second lieu, kspholophones comme la vapeur d'iode et le peroxyde d'azote, dont les vibrations sont surtout exci- tées par les radiations lumineuses: enfin les actinopliones qui seraient ex- citas par les radiations actiniques ultra-violettes, mais dont on ne connaît encore aucun exemple. » 2° Les radiophones qu'on peut appeler indirects, dans lesquels la trans- formation finale d'énergie radiante en énergie sonore exige une ou plusieurs transformations intermédiaires. On n'en connaissait qu'un seul genre, appelé pholophone par M. G. Bell, dans lequel des radiations intermittentes agissent sur une couche de sélénium, d'alliages de sélénium et tellure, ou de noir de fumée, placée dans un circuit renfermant une pile et un télé- phone. En ce cas, on sait que ce sont les radiations lumineuses qui agissent principalement, produisant dans le circuit des variations d'énergie élec- trique, d'où résultent des sons dans le téléphone récepteur. Ces appareils constituent donc en réalité des radiophones indirects photo-électriques ou des plioto-électroplwnes. » J'ai réalisé deux espèces nouvelles de radiophones indirects du genre thermique, c'est-à-dire provenant des transformations d'une énergie ra- diantethermique initiale. » Piemiérement, j'ai constaté qu'un microphone est sensible à l'action de radiations intermittentes. Il suffit de prendre un instrument de ce genre, où les supports des charbons sont fixés à une lame ou diaphragme mince de sapin verni, et reliés à un téléphone récepteur avec ou sans bobine d'induction dans le circuit de la pile. En exposant le diaphragme à l'action de radiations intenses, rendues intermittentes, par exem[)le, à l'aide d'une roue percée d'ouvertures, semblable à celle que j'ai décrite dans les Comptes rendus (t.XCI, p. 929 et 982), on entend dans le télé- phone des sons dont la hauteur varie d'une manière continue avec la vitesse de la roue, le nombre des vibrations correspondant étant égal à celui des intermittences. » En second lieu, un téléphone transmetteur quelconque est également sensible à la même action produite sur le diaphragme en fer : on entend dans un récepteur des sons analogues aux précédents. » Dans les deux cas, le diaphragme en sapin ou en fer non poli doit nécessairement vibrer en absorbant superficiellement les radiations //ler- viiques, et constituant ce que j'ai appelé un thermoplione, ainsi que je l'ai montré il y a quatre ans (voir les Comptes rendus, loc. cit.). Mais, en outre, il résulte de ses vibrations une seconde transformation d'énergie. Dans le C. K., it^85, 2' Semestre. (T. Cl, ^° 10.) ' 2 J ( 946 ) cas du microphone il se produit en effet des variations dans l'énergie élec- trique du circuit : les sons entendus dans le téléphone récepteur peuvent donc être qualifiés de ihermo-électrophoniques, et l'appareil lui-même est un thermo-électrophone ( ' ). Dans le cas du téléphone, c'est l'énergie ma- gnétique du champ de l'aimant qui varie : les sons du récepteur peuvent donc être appelés ihermo-magnetophoniques, et l'appareil ainsi employé constitue un therino-magnéioplione {' ). » L'intensité des effets ainsi produits, toutes choses égales d'ailleurs, peut être augmentée de plusieurs manières : » i" Eu enfumant la surface des diaphragmes en bois ou en fer, moyen de renforcement que j'ai déjà indiqué pour tous les effets thermophoniques directs; » 2" En multipliant en quelque sorte l'effet de la surface absorbante en- fumée par celle d'une couche d'air, mise ainsi en vibration dans une cavité fermée par une lame de verre ou de mica, et disposée en avant du dia- phragme ; » 3° En augmentant l'intensité de la source radiante. Faibles avec la lu- mière oxhydrique, les effets sont assez intenses avec la lumière électrique, et plus encore avec la lumière solaire (^). » On peut dans un appareil simple condenser pour ainsi dire deux effets thermophoniques directs, et l'effet indirect ihermo-magnétophonique. On prend un téléphone quelconque à diaphragme enfumé : on le recouvre d'un cylindre formant une chambre à air fermée par une lame de verre, et percée, en avant du diaphragme, d'une ouverture latérale à laquelle on adapte un tuyau acoustique : un second tuyau est fixé à une ouverture pratiquée dans la monture du téléphone, en arrière du diaphragme; enfin on relie les bouts de l'hélice à un téléphone récepteur. En approchant de l'oreille les deux tuyaux et le récepteur, on entend : par le premier tube, les sons thermophoniques de l'air en avant du diaphragme; par le second tube, les sons thermophoniques de l'air intérieur de l'instrument; par le (') Il va sans dire que dans ces dénominations on ne tient pas cumpte des transforma- tions d'énergie qui se produisent comme d'habitude dans le récepteur téléplionique ; car il n'est considéré et employé ici que comme un moyen de mettre en évidence des mouvements vibratoires intiniment petits. (^) Je pense qu'il sera possible, avec une radiation solaire intense, de reproduire avec ces appareils la parole articulée, en employant la méthode qui m'a déjà réussi pour les thermo- phones à air et noir de fumée (voir Journal de Physique, t. X, 1881 ); mais je suis forcé d'attendre pour cela un temps favorable. ( !)47 ) récepteur, les sons thermo-magnétophoiiiques. Comme cela doit être, on observe que ces derniers, résultant de plusieurs transformations d'énergie, sont moins intenses que les deux autres. » ÉLECTROMAGNÉTISME. — Sur l aimantation proiluite par tes décharges des condensateurs. Note de M. Ch. Clavkihe. « On sait, depuis les expériences de Savary, que si l'on fait passer une décharge d'un condensateur dans le voisinage d'une aiguille d'acier, cette aiguille se trouve aimantée tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, avec une intensité variable, dépendant de circonstances multiples. » Les explications proposées par Savary, puis plus tard par Verdet, des anomalies observées, reposent sur l'hypothèse que chacune des aiguilles d'acier est aimantée par la décharge dans le même sens dans toute son épaisseiu'. Il semble bien qu'avec des aiguilles du diamètre de celles qu'employait Savary (! de millimètre) il dût en être ainsi. Le [)lus souvent il n'en est rien. » Si l'on fait passer la décharge d'une batterie dans le voisinage d'une aiguille d'acier trempée raide, et si l'on use progressivement cette aiguille dans l'acide chlorhydrique, en déterminant k des intervalles de temps égaux, toutes les dix minutes, par exemple, le moment magnétique, on constate en général, dans la profondeur de l'acier, des aimantations alterna- tivement de sens contraires et qui ont pénétré à des profondeurs diffé- rentes. » Mes expériences ont été faites avec une batterie de 12 jarres, d'une capacité de ^ de microfarad environ. Les aiguilles d'acier étaient placées suivant l'axe et au centre d'une spirale magnétisante de Soo"™ de longueur et i3'""' de diamètre; cette spirale était faite d'un fil de cuivre bien isolé, de ^ millimètre de diamètre, et avait un pas de ^ de millimètre. Le champ produit par un courant d'intensité i a au milieu de cette spirale une intensité 9- x 1,998 et, ào'",o5 de part et d'autre du milieu, cette intensité est encore 9- X 1,997^. Nous pouvons donc admettre qu'une aiguille de lo""" de longueur, placée au milieu de cette spirale, a tous ses points dans un champ uniforme. La différence de potentiel entre les deux armatures de la batterie était réglée par la distance des deux boules d'un excitateur à vis niicrométrique. » Quelle que soit celte distance, si toutes les communications sont métalliques, on obtient, dans une aigudie d'acier trempée raide et pouvant ( 948 ) se briser comme du verre, les aimantations superposées dont j'ai parlé. Je citerai l'exemple suivant : la distance explosive étant de io°"", et l'aiguille ayant iS"""" de longueur et 7, millimètre de diamètpe, j'ai eu, après des érosions successives de dix minutes chacune par l'acide chlorhydrique, les momeuls magnétiques suivants, rapportés à une unité arbitraire : -1-20,5 -h!4,5 -t-5 —5 —II — 15 —18,5 —18 — 13,5 —16 — 13 —9 —6 —3,5 —1 H-") -+'] -1-8 -+-io,5 -I-I2 -+-ii,5 -t-ii -1-8,5 -t-(-i,5 -i-,6 -t-3 -+-2 -Hi —0,5 —0,5 -)-o,5 le signe -+- indiquant l'aimantation conforme à la loi d'Ampère. » Ou sait, d'autre part, depuis les expériences de Feddersen sur la dé- charge des condensateurs, que, pour une résistance suffisamment faible du circuit, la décliarge oscille d'une armature à l'autre avec une intensité gra- duellement décroissante et qu'il en est ainsi quand on détermine la dé- charge à travers un circuit métallique. Si l'on fciit croître progressivement la résistance à l'aide de colonnes liquides interposées, à un certain moment la décharge, d'oscillante qu'elle était, devient continue. » Or, si l'on fait passer une décharge continue dans le voisinage d'une aiguille d'acier trempée raiile, non seulement on n'observe jamais de ren- versement dans le sens de l'aimantation, qui est toujours conforme à la loi d'Ampère, mais encore, dans toutes les parties de l'aiguille où l'aimantation a pénétré, elle a le même sens. » En interposant dans le circuit de la batterie une colonne de sulfate de cuivre de 1 12""" de long et 3""" de diamètre, et plaçant dans la spirale une aiguille de o'"'",25 de diamètre, il suffit d'une distance explosive de 8""" pour aimanter l'aiguille jusqu'à l'axe, comme on peut s'en assurer par des érosions successives par l'acide chlorhydrique. Des décharges plus fortes, correspondant par exemple à dea distances explosives de 10""" et 12"""", don- nent le même moment et la même aimantation dans toute la profondeur. Des décharges corres|)oiidant a des distances explosives moindrea donnent des moments plus iaibles, el l'aimantation est moiiiS profonde. » S'il est vrai que raïuiantation pénètre à des profondeurs d'autant plus grandes que la décharge est plus intense, en faisant passer successivement deux decliarges de sens contraire, la seconde étant la plus forte, celte der- uieie devra produire la même aunanlatiou que si la preiiuere n'avait pas existé : c'est ce que l'expérience a vérifié. Mais, si la seconde décharge est la plus faible et ne pénètre pas jusqu'à l'axe, elle pourra donner un moment résultant nul ou négatif; en usant l'aiguille dans l'acide chlorhydrique, ( 'J49 ) on trouvera, dniis les couches superficielles, l'aimaDtalion produite par la seconde décharge; dans les couches plus profondes, l'aiiuantation pro- duite par la première. C'est encore ce que l'expérience a vérifié. Si l'on soumet une même aiguille à l'action de décharges progressivement décrois- santes et alternativement de sens contraire, la première aimantant seule jus- qu'à l'axe, on retrouve, en usant l'aiguille dans l'acide chlorhydriqne, succes- sivement toutes les aimantations correspondant aux différentes décharges. » Je crois avoir démontré, par ce qui précède, que les courants de très courte durée, produits par les décharges des condensateurs, aimantent l'acier comme les autres, conformément à la loi d'Ampère. Toutes les fois que la décharge est continue, le pôle austral est à la gauche du courant. Dans le cas des décharges oscillantes, l'aiguille reçoit, à des profondeurs progressivement décroissantes, des aimantations alternativement de sens contraires, les premières pouvant pénétrer jusqu'à l'axe et alors se détruire complètement. L'aimantation résultante peut être, tantôt dans un sens, tantôt dans l'antre, d'après le sens de la dernière des aimantations qui ont pénétré jusqu'au cœur et celui des aimantations superficielles. Le sens de l'aimantation résultante dépend évidemment, en grande partie, de celui des couches superficielles dont la section, pour une même épaisseur, est beau- coup plus grande que celle des couches profondes. M Ainsi se trouvent expliquées les anomalies observées par Savary (' ). » CHIMIE. — Sur ta loi de Schlœsiitij relative à la solubilité du carbonate de chaux par l'acide carbunifjue. Note de M. R. Enuel, présentée par M. Schlœ- sing. « I>a solubilité du carbonate de chaux dans l'eau chargée d'acide carbo- nique a été déterminée par M. Schlœsing, qui a formulé la loi du phéno- mène pour les pressions inférieures a la pression atmosphérique. On ignore si cette loi se poursuit pour les pressions supérieures. » J'ai déjà établi, dans une précédente Communication, que le carbonate de magnésie se dissout conformément à la loi de Schlœsing, jusqu'à C''". L'expérience n'a pas été poussée plus loin. M Postérieurement au travail de M. Schlœsing, M. Caro [Jrch. phann., (3), t. IV, p. i45] est arrivé aux résultats suivants : l'eau dissout au maxi- mums^' de carbonate de chaux par litre. Ce maximum est atteint à S'' à la (' ) Ce travail a été fait dans le laboratoire de M, Jamtn, à la Sorbonne. ( !)5o ) pression atmosphérique; à lo" sous la pression de 4"'"'; î> 20° sous la pression de 7^"". Ces conclusions, si opposées aux données d« M. Schlœ- sing, m'ont amené à chercher la loi de solubililé du carbonate de chaux aux pressions supérieures à la pression atmosphérique. » Les opérations ont été conduites comme celles relatives à la solubilité du carbonate de magnésie. Sans insister ici sur toutes les précautions prises, je signale les points suivants : 1) La vitesse de la dissolution du carbonate de chaux a été suivie d'heure en heure à l'aide d'un titrage alcalimétrique sur des prises d'essai de la masse en expérience. Lorsque le titre était resté invariable pendant a** à 3'', on prélevait loo'^'^ du liquide filtré pour y doser la chaux. » J'ai constaté ainsi qu'il fallait dans mon appareil environ la*" pour arriver à la limite de solubilité à une pression et à une température don- nées. La limite n'est atteinte que beaucoup plus tard, si l'on ne met que peu de carbonate de chaux en suspension dans l'eau. » On pouvait s'attendre à des difficultés très grandes pour arriver à filtrer et à mesurer le liquide sans que la quantité de carbonate de chaux en so- lution diminue par une précipitation partielle. M. Schloesing a, en effet, indiqué que le moindre abaissement de la tension de l'acide carbonique déterminait la précipitation de carbonate de chaux. Il n'en est plus ainsi lorsqu'on opère dans de l'acide carbonique pur. La limite de solubilité étant atteinte à une pression donnée, le titre de la solution ne s'abaisse qu'avec une exti'ême lenteur, lorsqu'on vient à diminuer la pression. Li raison de cette différence tient peut-être à ce fait, déjà signalé par Berzélius, que l'eau non aérée, chargée d'acide carbonique, ne cède ce gaz qu'avec une extrême lenteur lorsqu'on l'expose à l'air ; tandis que l'eau aérée perd rapidement son acide carbonique. Or, dans les expériences de M. Schlœ- sing, c'était un mélange d'air et d'acide carbonique qui barbottait dans le liquide; tandis que dans les miennes c'était de l'acide carbonique pur, ou du moins ne renfermant que les traces d'air que contient toujours l'acide carbonique préparé avec le n)arbre. » Je n'ai pas tenu compte de cette petite quantité d'air, » De plus, je me suis servi d'un manomètre métallique, ne disposant pas d'un manomètre à air libre pour des pressions élevées. Les causes d'er- reur provenant de ces deux chefs me paraissent inférieures aux autres causes d'erreur de .semblables expériences. Les variations de la solubilité sont assez faibles, pour une atmosphère aux pressions supérieures, pour ne pas être affectées sérieusement par les différences de o"',02 à o'",o3 de mer- ( 95' ) cure, qui constituent l,i limite de précision et de sensibilité des manomètres métalliques allant à 6'^"". » J'indique, dans le Tableau ci-dessous, les solubilités trouvées aux dif- férentes pressions, et je les compare aux quantités qui devraient se dis- soudre, en admetlant que la loi de Schlœsing s'applique aux pressions supé- rieures. Solubilité Atmosphères. trouvée. calculée. Difléreiice. 1. (Pression atmosphérique). . .... . . 1079 io85 -+■ 6 2. .' i4o3 i4ii -f- 8 •'<•• " 1820 1834 -m4 6- » 3' 09 -'39 -i-3o » De ces résultats on tire les conclusions suivantes : » 1° Les indications de M. Caro sont inexactes. » 2° La solubilité du carbonate de chaux suit sensiblement la loi de Schlœ- sing pour les pressions supérieures à la pression atmosphérique. Toutefois les différences restent constamment positives et augmentent avec la pres- sion, quoique la quantité d'acide carbonique qui se dissout aux pressions élevées croisse plus vite que ne l'indique la loi de proportionnalité à la pression. Les deux dernières différences du Tableau de M. Schlœsing sont déjà positives. » La formule approchée que j'ai proposée pour exprimer la solubilité du carbonate de magnésie, j= ^\^^, donne également, pour le carbonate, des valeurs très approchées. » J'ai également vérifié la loi de Schlœsing pour le carbonate de baryte aux pressions supérieures à la pression atmosphérique. Les résultats sont du même ordre que ceux obtenus pour le carbonate de chaux. » CHIMIE. — Sur une réaction colorée du rhodium. Note de M. Eugènk Demauçay, présentée par M. Cahours. « Une solution neutre ou faiblement acide de chlororhodale d'ammo- niaque étant additionnée d'un petit excès d'hypochlorite de sodium donne un précipité jaunâtre si elle est suffisamment concentrée. En ajoutant alors goutte à goutte à la liqueur une solution d'acide acétique à ,~ , et ayant soin d'agiter après l'addition de chaque goutte d'acide, on voit le précipité se dissoudre et le liquide prendre une teinte orangée assez intense, puis se ( 0^2 ) décolorer rapidement en donnant nu précipité grisâtre, et passer enfin à une teinte bleu céleste très intense. Celte coloration se maintient quelques heures, puis disparaît graduellement. Dans la liquetir décolorée, on peut la faire reparaître en opérant comme précédemment. Un excès notable d'acide (surtout concentré) hâte cette décomposition. » On peut, au lieu d'acide acétique, prendre de l'acide azotique ou de l'acide sulfurique très étendu, mais le moindre excès d'acide est alors très préjudiciable à la réaction. Avec un hypochlorite ancien décomposé en grande partie, la coloration bleue ne se produit qu'avec une certaine len- teur. Il convient donc, pour avoir quelque certitude, d'opérer avec une dissolution d'hypochlorile suffisamment concentrée. Un excès d'hypo- chlorite n'est, du reste, nuisible qu'en diluant la liqueur. » La chaleur hâte la disparition de la coloration bleue : aussi faut-il opérer à froid et refroidir avant d'aciduler, si le liquide s'est échauffé par l'addition d'hypochlorite. Si la solution rliodique est notablement acide, il convient de neutraliser presque entièrement avec de la potasse ou de la soude et d'opérer comme ci-dessus. » Il est indifférent que la solution rhodique soit jaune ou rouge. Du reste, le passage de l'une à l'autre de ces teintes paraît dépendre vmiquement de la formation ou de la destruction du chlororhodate ou d'oxychlorures rhodiques inconnus. En effet, du chlororhodate d'ammoniaque dissons dans beaucoup d'eau devient jaune lentement à froid, de suite à chaud. Inversement, une solution jaune additionnée d'acide chlorhydrique ou de chlorure alcalin devient immédiatement rose à l'ébuliition. Si la propor- tion du chlorure est faible, la teinte varie du jaiuie au rose. » La solution des chlorures des autres métaux de la famille du platine n'éprouve dans les mêmes conditions aucune action de la part de l'hypo- chlorite de soude. Aussi peut-on reconnaître encore de petites quantités de rhodium à l'état de mélange, à condition toutefois d'opérer par compa- raison avec deux portions de liqueur dont on dilue l'une avec de l'eau pour l'amener au même volume que celle sur laquelle on fait l'essai. » Ce procédé permet de reconnaître le rhodium contenu dans -^ de milligramme de chororhodate d'ammoniaque dissous dans 3*"^. La colo- ration bleue, qui est très longue à se manifester, est alors fort pâle. » Ces solutions bleues de rhodium doiuient avec la potasse im précipité verdâtre. Ce précipité est sohdjje en bleu sombre dans l'acide acétique. Il semblerait d'après cela que cette coloration soit due à la formation d'ini sel correspondant à l'hydrate vert de bioxydede rhodium. » ( 053 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le rosolène. Note de M. Emile Serrant. « Lorsqu'on soumet la colophane ou résine (laquelle est un mélange d'acide pinique et sylvique) à la distillation sèche, on obtient différents produits, que des distillations fractionnées séparent en plusieurs corps ou hydrocarbures très distincts, qui ont été quelque peu décrits : le rétinaphte C'*H', le rétinyle C"H'% le rétinol ou plutôt le raso/ène C'^H", la méta- naphtaline C^^H'. Il se produit aussi du goudron, en assez forte propor- tion, comme résidu de la distillation. » Le mélange de rétinaphte, rétinol et métanaphialine constitue l'huile de resme employée dans diverses industries; quant au rétinyle, qu'on appelle aussi essence de résine, il possède à peu prés les mêmes [propriétés et les mêmes applications que l'essence de térébenthine. » Mais le rétinol ou plutôt le rosolène, après qu'il a été isolé et soumis a un traitement spécial, constitue un produit très intéressant à divers points de vue. Dans la distillation de la résine ou colophane, il passe à 280", se présentant alors sous l'aspect d'une huile fixe ou lourde, d'une couleur brune ou vert foncé, et avec une odeur goudronneuse fortement pro- noncée. On distille de nouveau cette huile avec un égal volume d'eau légèrement alcaline, puis on lave le produit avec une petite quantité de litharge finement pulvérisée. Ou a obtenu alors le rosolène comme pro- duit définitif. » Le rosolène est tout à fait analogue d'aspect à l'huile d'œillette ou ti'amande douce; sa couleiu- est jaune ou jaune pâle, réfractant légère- ment en violet la lumière solaire. Savein- s|)éciale faible, odeur presque nulle. On peut le prendre à l'intérieur par grande quantité, plusieurs cuil- lerées à bouche, sans qu'il produise autre chose qu'un léger effet purgatif. » Le rosolène est insoluble dans l'eau et dans l'alcool, soluble dans l'éther, les huiles essentielles et le sulfure de carbone; il se mélange par- faitement et en toutes proportions aux huiles fixes, mais il n'est pas sapo- nifiable, ne peut s'oxyder ou rancir comme les huiles ordinaires, et prcsente toujours une réaction tout à fait neutre. Sa densité est de gSo. » Le rosolène est un hydrocarbure huileux qui, en raison de son ori- gine et de son mode de préparation, contient divers corps, tels que : téré- bène, colophène, résine modifiée, acides crésylique et phénique, créosote et dérivés pyrogénés de la créosote, mais en faible proportion. C'est sans doute à la présence de ces divers princi[)es, en dissolution dans l'hydrocar- C. R., i885, 2- Semestre. (T. CI, N" 19.) I 24 (954) bure huileux, qu'il faut attribuer les propriétés thérapeutiques du rosolène. Cependant, malgré la formule C"H'° qui lui est assignée, il faut consi- dérer le rosolène comme étant composé de plusieurs hydrocarbures, y compris lo réiinol proprement dit. De plusieurs analyses que j'ai faites, il résulte, en effet, que ce produit a des points d'ébullition très variables. Suivant les températures, on obtient des quantités de liquide en propor- tions diverses et de nature différente. » Le rosolène commence à bouillir à 2o5°; et jusqu'à 3i5°, suivant la température d'ébullition, il distille des proportions et des sortes différentes de liquide. A 33o°, la décomposition commence, le résidu charbonne et il passe à la distillation des produits pyrogénés, de l'eau et de la naph- taline. » Le liquide qui passe à 2i4° possède une densité de 870; il présente une légère odeur de créosote et se dissout en partie dans l'ammoniaque. En le traitant par l'acide azotique, il se produit une substance d'un brun noir, de nature indéterminée; par l'acide suifurique, on détermine dans le liquide la formation d'une matière rougeâtre, laquelle, reprise par l'eau et traitée par le carbonate de baryte, donne lieu à du sulfocrésylate de baryte. » En traitant l'hydrocarbure complexe ou rosolène par les alcalis, on obtient d'abord un semblant d'émulsion du liquide, puis la matière hui- leuse se sépare, et l'on trouve dans la solution aqueuse une petite quantité de phénate et résinate alcalins. » Les portions d'huile passant de 25o° à 270° offrent les réactions du rétinol accompagné d'une forte proportion de colophène. » Quant au rétinol proprement dit, se présentant à l'état de pureté et bouillant régulièrement à 240°, on l'obtient à la suite de plusieurs distil- lations successives. La densité du rétinol pur est de 900°, sa densité de vapeur est de 7. » Le rosolène, qui est le produit huileux, passant vers 280° dans la distillation de la résine, comprend donc, outre le rétinol, plusieurs autres carbures d'hydrogène et les différents produits qui ont été mentionnés. » En raison de sa nature et de sa composition, le rosolène peut agir nécessairement à la façon des huiles et des corps gras dans heaucoup d'ap- plications variées; mais il a, sur les corps gras ordinaires, l'avantage de ne rancir ou s'oxyder sous aucune influence. Et c'est ce qui m'a permis de l'employer avec succès, à la place des huiles et des graisses, pour l'extrac- tion des parfums fugaces de certaines fleurs. (955 ) » Mais, pour l'usage thérapeutique, et en raison des différents principes qu'il renferme, tels que la résine modifiée, le crésylol, etc., en dissolution dans l'hydrocarbure huileux, le rosolène possède de très remarquables propriétés comme antiseptique, tonique, modificateur et cicatrisant. » Si on l'applique directement, il exerce une influence antisuppuratoire et cicatrisante sur les muqueuses et sur les surfaces de solutions de con- tinuité, alors qu'il y a suppuration de mauvaise nature et surabondante, et sans tendance à une prompte et normale cicatrisation ; peu importe la na- ture de ces solutions de continuité, que ce soit par opération chirurgicale, par accident ou spontanément. » Mais le rosolène mérite encore l'intérêt, à cause de son prix de revient peu considérable, car on pourrait l'obtenir à des prix deux ou trois fois moindres que ceux des huiles ordinaires. » Il comporte tout à la fois les propriétés des huiles et des corps gras, cérats, pommade, vnseline, etc., outre les propriétés toutes spéciales des principes antiseptiques qu'il contient naturellement. » Le rosolène est un produit intéressant à tous ces points de vue, et en raison surtout des applications qu'il peut avoir dans l'industrie et en thé- rapeutique. » MATIÈRE MÉDICALE. — De ta racine du Danais fragrans Comm., ou Liane jaune, et de sa composition chimique; par MM. Edodard Heckel et Fb. ScHLAGDENHACFFEX, présentée par M. Ad. Chatin. (f La Liane jaune ou Liane bœuf de notre colonie de la Réunion, de Mau- rice, de l'île de Rodiigues et de Madagascar, fournie par le Danais fra- grans, est une Rubiacée grimpante vivace dont la racine, pourvue à l'état frais d'un suc abondant et coloré en beau jaune (ce qui permettrait peut- être de la recommander comme agent tinctorial), est employée de temps immémorial dans les îles Mascareignes comme un vulnéraire des plus énergiques. C'est surtout par son suc frais qu'elle agirait à l'égal du plus remarquable des cicatrisants : la racine est encore employée, en décoc- tion, comme tonique et fébrifuge. » Cylindrique et de la grosseur d'un fort porte-plume, la racine atteint jusqu'à o™,o5 ou o"',o6 de diamètre. Son écorce, d'un rouge brun foncé, est striée assez profondément dans le sens longitudinal : à l'état sec, elle présente à la cassure une couleur jaune-orange, le bois est jaune-réglisse ( 956 ) et peu dense. La saveur du tout est légèrement douceâtre, sans arrière- goût bien manifeste. » Des recherches antérieures, dues à M. Bourdon et consignées dans une remarquable Tiièse (soutenue en 1882 devant la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Borde;uix), il résulte que cette racine contient un alca- loïde auquel l'auteur a donné le nom de danaïdine. En répétant les expé- riences de l'auteur, nous avons constaté, comme M. Bourdon, la formation des cristaux qu'il décrit; mais, en essayant de les isoler à l'aide de véhicules appropriés, nous avons reconnu qu'ils étaient constitués par du sulfate do chaux. Dans le but de rechercher les principes constitutifs de cette sub- stance, nous avons suivi le procédé généralement employé en pareilles cir- constances et qui consiste à épuiser la matière par l'élher de pétrole, le chloroforme et l'alcool. B I. Traitement à iéther de pétrole. — L'extraction de la nialière dans un appareil à déplacement continu par l'éther de pétrole fournit un liquide brun rouge qui, après éva- poration, laisse un extrait du poids de o,i55pour 100. Cet extrait, repris par l'eau acidulée, ne cède à ce dissolvant rien qui précipite par les réactifs des alcaloïdes; il est formé prin- cipalement par des corps gras, de la cire et de la matière colorante. La solution protéique ne |)résente pas de raie? au spectroscope. » II. Traitement au chloroforme. — Le chloroforme se comporte comme l'élher de pé- trole : il dissout le restant de la cire et de corps gras. L'extrait brun rouge, entièrement semblable au précédent, est de o,o5o pour 100. » III. Traitement a l'alcool, — En épuisant la matière par de l'alcool à gî" dans le même appareil, on obtient, comme ci-dessus, une solution rouge jaunâtre qui, ajirès éva- poration, fournit un extrait beaucoup plus abondant, dont le rendement est de 9,t)o pour 100. » Cet extrait ne se dissout pas complètement dans l'eau. Le cinquième environ reste sous forme de masse poisseuse, derniers restes de corps gras et de cire mélangés à de la matière colorante. » Il résulte donc de l'ensemble des réactions obtenues avec divers réactifs que la solution aqueuse de l'extrait alcoolique renferme une matière colorante rouge brun, de la glucose, point de tannin et pas de base organique. Le dosage de la glucose, assez difficile à réaliser, a pu être fixé à 0,66 pour 100. » L'absence de toute trace de précipitation par les iodures doubles et par le i)l)osphorao- lybdate de sodium indique donc que la racine ne renferme pas d'alcaloïdes. Les précipita- tions signalées par M. Bourdon étaient dues à des matières résineuses et colorantes dissoutes à la faveur des dissolvants employés. » Le principe constitutif qui semble le [)lus digne d'attention est sans contredit la matière colorante brun rouge qui imprègne tous les extraits obtenus par les divers véhicules. Or, comme cette matière colorante fournit un abondant précipité par l'acétate de plomb neutre et basique, nous avons ajouté à notre liquide aqueux successivement ces deux réactifs, afin ( 9^7 ) d'obtenir le composé nmge-briiiiie cjiii en résulte. Nous avons lavé les précipités dans le moins d'eau possible, afin de ne pas redissoudre une trop grande quantité de la combinaison plombique; puis, après avf)ir décomposé par l'iiydrogènc sulfuré le précipité en suspension, nous avons chassé du liquide louge filtré l'hydrogène sulfuré et évaporé la solution jusqu'à siccité. La substance ainsi obtenue a un aspect brun verdàtre, elle se dissout entièrement dans l'alcool, l'acétone et l'alcool niéthylique, moins bien dans le chloroforme et l'éther, peu dans l'eau froide, mais en totalité dans l'eau bouillante. Elle constitue la matière colorante dans la drogue et jouit de la propriété des glucosiiles. Chauffée dans un tube, elle fournit des va- peurs jaunes qui se condensent sur la jiartie refroidie des parois, sans forme cristalline dé- finie. Le produit condensé rougit fortement au contact de Vammoitiaqiie et devient cra- moisi par l'addition de \a. potasse, d'où il résulte que la substance examinée est volatile sans décomposition. Elle ne l'est pas toutefois d'une manière complète, puisqu'elle se charbonne en partie. » La substance ne laisse aucun résidu sur la lame de platine. Sa solution jaune, acidulée par l'acide chlorhydriquc étendu ou un sel acide, tel que le hitartrale de potasse, ne pré- sente aucune particularité au spectroscope. La substance n'est pas azotée. L'analytc élé- mentaire donne les résultats suivants : Pinu- lOO. Poids de la matière. ... o,2g4'> C. C)4iOO CO- trouvé o ,6899 11 5 , 3o Il-O o,i4i2 0 30,70 ICO, 00 • Ces nombres conduisent à la formule C'H'^O". » Nous pi^oposon.s de donner le nom de dandine à cette substance qui constitue la matière colorante de la racine de Danois fracjrans. Comme elle se dédouble, ainsi que nous l'avons dit, en glucose et en un composé amorphe de nature résineuse et que la quantité de sucre correspond à la moitié de la quantité de c/rtn«ïne mise en présence, nous pensons devoir interpréter la réaction par l'équalion suivante : aCni'^O^ -l-2H-0 = C=-IP"0'' hCH'^O". Danaïiic. Danaïdine. » Nous donnons le nom de dandidine au produit de dédoublement dont nous nous réservons de faire l'analyse dès que nous pourrons disposer d'une quantité de matière plus considérable. » Ce principe colorant, la dandine, très anciennement connu, est suscep- tible de se fixer sur la laine et la soie. Il constitue l'agent médicamenteux de la drogue. » (958) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition et la fermentation du sucre interverti. Note de M. Em. Bourquelot, présentée par M. Paul Bert. « Ma dernière Communication à l'Académie sin- la coniposition et l;i t'ermentation du sucre interverti (') a été suivie de deux Notes relatives au même sujet : l'une, de M, Leplay (-), l'autre de M. Maumené ('). Dans ces deux Notes, les résultats que j'ai publiés sont l'objet de critiques nou- velles, que je demande la permission d'examiner. « M. Maumené admettant l'absence d'élection dans la fermentation alcoolique du sucre interverti, ce qui est la conclusion de mes expériences, je ne suis plus en désaccord avec lui que sur la composition de cette ma- tière sucrée qu'il affirme n'être pas formée de parties égales de glucose et de lévulose. Je ne serais pas revenu sur ce point, que j'ai déjà discuté, si M. Maumené n'avait soulevé une question nouvelle, qui est celle du pouvoir rotaloire du sucre interverti. « Le sucre dont je me suis servi, )) dit-il, était l'un de ceux qui m'ont fait connaître le degré 42 au moins à » gauche, degré confirmé depuis par M. Lippmann «. Déjà, en 1881, lors de la publication des travaux du chimiste allemand, M. Maumené a fait à cet égard une réclamation de priorité. Or le chiffre de — 44°» publié par M. Lippmann, se rapporte à une solution de sucre de canne interverti qui, avant l'interversion, déviait de 100° à droite; ce n'est donc pas le pouvoir rotaloire spécifique. Celui-ci, déterminé d'autre part par M. Lippmann, a été trouvé [a]D = — 24°, 5 à 10°, etc. » Si j'insiste sur ce point, c'est que, depuis la réclamation de M. Mau- mené, plusieurs chimistes français ont cru que M. Lippmann avait trouvé comme pouvoir rotatoire — 44°? ^t l'ont opposé aux chiffres voisins de — 23°, généralement admis auparavant. On j)eut affirmer que le pouvoir rotatoire du sucre interverti est bien — 24°, 5 à 10°. Et ce chiffre, corres- pondant à la moyenne des pouvoirs inverses de la glucose et de la lévu- lose, fournit encore un argument en faveur de l'opinion que j'ai adoptée, d'après laquelle le sucre interverti est bien composé de proportions égales de glucose et de lévulose. » Les critiques de M. Leplay s'adressent à ma conclusion principale, (*) Séance du 6 juillet, (-) Séance du l'j août. (') Séance du 12 octobre. ( 959) puisqu'il affirme, contrairement d'ailleurs à M. Mail mené, « que la fer- » mentation élective du sucre interverti existe, que le sucre qui disparaît: » d'abord est un sucre optiquement neutre, et que celui qui disparaît le « dernier est le sucre à haute rotation à gauche ». Pour éviter tout malen- tendu, je crois devoir préciser à nouveau, surtout en ce qui concerne la prétendue élection, les conditions de la question. » 1° Si, dans la fermentation du sucre complètement interverti, chacun des deux sucres est consommé successivement par la levure, je ne fais nulle difficulté d'admettre qu'il y a élection. » 2" Mais si les deux sucres fermentent sinuiltanément; si même ils fer- mentent en proportions inégales, mais si l'inégalité varie avec les condi- tions physico-chimiques de la fermentation ; si la même inégalité subsiste lorsqu'on fait fermeuter les sucrt-s isolément, j'estime être en droit de conclure que cette inégalité n'est pas due à une préférence de la levure, en un mot, qu'il n'y a pas élection. )) Mes ex[)ériences prouvent que, pour le sucre interverti connue pour tous les mélanges de sucres, il en est connue je viens de le dire en second lieu; mais M. Leplay ayant supposé que je m'étais placé dans des conditions spéciales, je vais démontrer, à l'aide de ses propres chiffres, que les choses se passent comme je l'ai indiqué. » INous trouvons dans le Tableau publié par M. Leplay, d'une part, la rotation du liquide en fermentation à 14°; d'autre part, la proportion de sucre réducteur que ce liquide renferme. Ces deux données suffisent pour calculer, ce que n'a pas fait ce chimiste, les proportions respectives de glucose et de lévulose qui composent ce sucre réducteur. Toutefois, M. Leplay s'étant servi de sucre incomplètement interverti, le calcul n'est possible qu'à partir de la vingt-septième heure, à laquelle, d'après l'auteur, l'interversion est terminée. « Voici donc le Tableau de M. Leplay, complété par le calcul depuis la vingt-septième heure : Composition du sucre Duiée Kotation ., , réducteur. de lu du Sucre _— -— «.^^-^ - fermentation. liquide. i-éducteur. Lévulose. Glucose. Il 27 . — 28,2 1 1 ,oS 5,84 5,■?./^ 44 -'«-8 8,40 4,94 3,46 60 — 27,4 7>^7 4)*56 3, -21 7^ —21,9 3,99 2,93 i,oG 81 — 19>2 3,04 2,4i o,63 95 '»79 ii3 — 5 0,60 0,55 o,o5 ( 96o ) I) Un simple examen montre : i° que les deux sucres ont fermenté simul- tanément, la glucose fermentant à l'origine plus vite que la lévulose; a° que l'inégalité a disparu entre la soixante-quinzième et la quatre-vingt- unième heure pour reparaître aussitôt en sens inverse, changement qui est dû, comme je l'ai établi, aux changements survenus dans la concentration des sucres. » Mais ce n'est pas tout. M. Leplay dit: « Le sucre qui a fermenté » entre la vingt-septième et la quarante-quatrième heure n'avait pas de a rotation. » Le Tableau indique simplement que, dans cet intervalle, la rotation s'est élevée de — - 28°, 2, à — 28°, 8, ce qui signifie qu'un mélange de sucre (lévulose, o''''',9o; glucose, i^'',']ii), ayant une rotation à droite de 0,6, a disparu du mélange. La même rectification s'adresse aux observa- tions faites avant la vingt-septième heure. » Il n'est donc pas exact que le premier sucre qui a fermenté fût neutre : il était dextrogyre par différence. » Ainsi les expériences de M. Leplay démontrent, en réalité : 1° que l'élection n'existe pas; 2° que le sucre qui disparaît tout d'abord neslpas neutre optiquement; 3° que celui qui disparaît en dernier lieu n'est pas composé unique- ment de sucre gauche. » La fermentation alcoolique d'un mélange de sucres peut être étudiée comme une action chimique quelconque. Qu'on soiuuetle à l'action de la chaleur un mélange de sucres, la chaleur ne les choisira pas pour les dé- truire successivement, elle les détruira en proportions inverses à leur résis- tance. » Il n'en va pas autrement avec ce que j'appellerai V énergie fermenlaire. Elle s'adresse aux deux sucres à la fois; elle les détruit suivant leur résis- tance dans les conditions de l'expérience, et cette résistance est réglée par des lois qui sont du domaine de la Mécanique chimique. » THÉRAPEUTIQUE EXPÉKIMENTALE. — Sur les propriétés hypnotiques de la phé- nylmélhylacétone ou acélophénone. Noie de MM. Diîjahdin-îîeaumetz et G. Baudet, présentée par M. Vulpi in. « La phénylinéthylacétone ou acélophénone est une acétone mixte de la formule CH', CO, CH% qui a déjà été étudiée au ()oint de vue de ses propriétés physiologiques par Po|)of (de Varsovie) et Neucki ; ces expéri- mentateurs ont démontré que ce produit se transformait dans l'organisme eu acide carbonitjue et en acide benzoïque et qu'on le retrouvait finalement dans les urines à l'état d'hippurates. ( 9'Ji ) » Nous avons continué ces recherches et nous avons trouvé à celte phénylmélhylacétone des propriétés hypnotiques très intenses. Aussi pourrait-on peut-être substituer au nom composé de cette acétone la désigna- tion plus courante d7ij/3no?ie, qui rappelle en même temps ses propriétés et sa nature. Employée chez l'adulte à la dose de 0=', o5 à oK'',i5, mélangée à un peu de glycérine et ingérée dans des capsules de gélatine, la phénylméthylacétone détermine un sommeil profond et chez les alcooliques ses propriétés hypno- tiques nous ont semblé supérieures à celles du choral et de la paraldé- hyde. Chez les neuf malades auxquels nous l'avons administrée depuis quinze jours, nous n'avons pas encore constaté d'effets d'intolérance; seulement l'odeur de l'haleine devient désagréable par suite de l'élimination de cette acétone par le poiunon. » Si Ton injecte sous la peau de cobayes cette phénylméthyl-icétone à l'état pur, à la dose de o*-'', 5o à i*»'', on détermine un engourdissement hypnotique remarquable, qui se transforme peu à peu en un état comateux dans lequel l'animal finit par succomber au bout de cinqou six heures (').» ANATOMIE ANIMALE. — Sur le système nerveux du Phylloxéra. Note de M. VxcTon Lemoijje, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Les recherches dont j'ai l'honneur d'entretenir l'Académie sont rela- tives au système nerveux du Phylloxéra punciata, qui vit sur le chêne à fleurs sessiles. Elles sont basées sur de nombreuses dissections opérées : 1° sur la forme agame aptère à œufs agames, étudiée à ses différents âges et avant l'éclosion de l'œuf; 2° sur la forme agame aptère à œufs dioïques; 3° sur la nymphe; 4° sur la forme agame ailée; 5" sur la forme dioïque mâle; 6° sur la forme dioïque femelle. Elles s'appuient, en outre, sur des études cotnparatives, faites sur différents types de Pucerons et de Coccidés. » Dans la forme agame aptère adulte du Phylloxéra, le cerveau, réduit dans ses dimensions, allongé transversalement, présente d'une façon dis- tincte les lobes cérébraux primitifs, les ganglions optiques latéraux [lobi (') Cette éuule fait partie d'un travail d'ensemble que nous avons entrepris sur les pro- priétés pliysiolof^iques des produits de la série aromatique en fonction de leur constitution chimique. Is'ous compléterons prochainement celte Note par des recherches sur les effets des différents corps qui se rattachent à cette phénylinéthylacétone. C. K., i885. 2' Semestre. (ï. CI, N» 1!>.) 1 -23 ( 9^2 ) ojAici) et des lobes supérieurs innervant les antennes [lobi olfactoni). J'ai pu parfois mettre en évidence un ganglion frontal et deux petits ganglions sous-jacents à la masse nerveuse sus-œsophagienne. » Le ganglion sous-œsophagien présente trois paires de centres distincts, il se relie par de longs pédoncules à la fois au ganglion sus-œsophagien et aux ganglions thoraciques. Ces derniers forment une masse allongée, ovalaire, dans laquelle on distingue facilement un ganglion thoracique antérieur présentant deux paires de masses centrales distinctes et un gan- glion thoracique postérieur qui offre trois paires de centres ganghonnaires plus larges, suivis d'un prolongement beaucoup plus étroit, formé de cinq à six petites masses plus ou moins intimement confondues et représentant la partie abdominale de la chaîne. Celle-ci se termine par un tronc nerveux grqs et allongé qui se subdivise en une série nombreuse de branches. Nous ne pouvons insister ici sur le mode d'origine et de distribution des diffé- rents nerfs fournis par la chaîne ganglionnaire. Les branches destinées aux viscères se font remarquer par la présence de petits amas de cellules ner- veuses surajoutées. Nous avons pu suivre les filets nerveux tégumentaires. dont quelques-uns paraissent aboutir à des corps ovalaires à saillie en forme de tête de clou, qui remplissent des sortes de cupules chitineuses saillantes. Les filets destinés aux muscles se terminent par un cône de Doyère parfois bien appréciable. » Dans les formes jeunes, la masse ganglionnaire sous-œsophagienne est plus allongée et les pédoncules commissnraux sont de plus en plus courts. Leur brièveté est surtout remarquable dans l'embryon, où la chaîne gan- glionnaire, composée d'autant de parties qu'il y a de segments dans le corps, occupe celui-ci dans toute sa longueur. Cette étude peut être faite d'une façon assez complète au moment du retournement de l'embryon dans l'œuf. Chez la nymphe, la chaîne ganglionnaire se concentre de plus en plus dans les régions antérieures du corps; des centres nouveaux se produisent aux points d'émergence des nerfs des ailes, ce qui élargit la partie correspondante de la chaîne. Les commissures interganglionnaires se réduisent de plus en plus et le cerveau prend, par contre, un développe- ment tout spécial, en rapport avec l'apparition des nouveaux organes des sens. Le résultat de ces modifications, que nous avons suivies dans toutes leurs phases, se traduit surtout par l'accroissement considérable des lobes optiques, les yeux composés de nouvelle formation venant s'intercaler en avant des trois ocelles primitives, qui ont persisté. Un centre distinct in- nerve l'organe spécial situé en avant et en dedans des yeux composés. La ( r)^>3 ) forme et la constitution de cet organe (membrane transparente tendue sur un cadre chitineux, gros corps lenticulaire unique, auquel aboutissent de petites saillies batonnoïdes, sans doute de nature nerveuse) nous por- teraient à le considérer plutôt comme un appareil tympanal destiné peut- être à l'audition. » Dans les formes dioïques, mâle et femelle, la partie centrale du sys- tème nerveux offre la plus grande analogie, sauf la forme plus arrondie du cerveau et l'absence presque complète des commissures nerveuses, par suite de l'accolement intime du ganglion sous-oesophagien, singulièrement réduit dans son volume, d'une part au ganglion sus-œsophagien, d'autre part aux deux ganglions thoraciqnes encore bien distincts l'un de l'autre. Le tronc nerveux qui fait suite à ces ganglions est court et se termine en un pinceau de branches nerveuses, que nous avons pu étudier d'une façon assez complète. » Chez une femelle récemment éclose, et par suite très favorable à l'étude par transparence, nous avons pu étudier dans tous ses détails le nerf antennaire, qui présente deux dilatations successives, la dernière sur- montée des saillies de la fossette olfactive, si complètement figurées par M. Balbiani. M Le système nerveux de la vie organique parait consister principale- ment en un tronc nerveux relativement dévelo|)pé, qui paraît provenir des petits ganglions accolés au cerveau. Ce tronc présente bientôt lui-même une petite masse ganglionnaire, à la suite de laquelle il se divise en deux branches, l'une plus grêle et plus courte destinée à l'intestin antérieur et à l'intestin moyen, l'autre plus longue qui innerve l'intestin postérieur, les organes génitaux et la dilatation postérieure et contractile du vaisseau dorsal. Nous avons pu étudier cette partie du système nerveux à la fois dans les formes dioïques et dans les formes agames, aptère et ailée. » Dans la forme agame aptère, nos recherche» ont porté spécialement sur le plexus d'innervation de l'intestin moyen, qui ne contient pas moins de douze branches entremêlées de cellules nerveuses. Des plexus ana- logues innervent l'intestin postérieur et les organes génitaux. » ZOOLOGIE. — 5ur les Limaciens des environs de Sàinl-Faast- la-TIouc/ite [Manche). Note de M. S. Jourdain, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Les nombreuses dissections de Limaciens que j'ai eu l'occasion de faire m'ont amené à la conviction que les malacologistes avaient beaucoup ( 964 ) trop multiplié les coupes spécifiques dans cette famille de Gastéropodes pulmonés. Les auteurs ont, la plupart du temps, basé leur diagnose sur la forme générale, la coloration, la structure de la coquille on limacelle, la conformation des mâchoires, caractères dont plusieurs sont sujets à varier avec râ£;e, l'habitat, etc. Pour rencontrer des bases solides de détermina- tion, i! faut avoir recours aux organes internes, à la disposition de l'appa- reil générateur en particulier, et encore, pour ce dernier, importe-t-il de tenir compte de l'âge et de la saison. J'ai pu, en outre, tirer parti de l'exa- men de la glande dite pédieuse que Rleeberg a signalée, en 1829, à l'atten- tion des naturalistes. » La glande pédieuse, peu étudiée jusqu'ici, comprend un canal excré- teur cylindrique, qui occupe une longueur variable sur la ligne médiane, à la face interne de la sole, et qui reçoit la sécrétion nnicosogranuleuse des lobules d'une glande en grappe formant une bande des deux côtés du canal médian. La face interne de ce canal est vibratile, et il va s'ouvrir, en s'éva- sant, au fond du sillon transverse qui sépare le mamelon buccal du bord antérieur de la sole. r> Cette glande reçoit son sang de l'artère pédieuse. Nous ne mentionne- rons que pour mémoire l'opinion de Kleeberg qui la croyait en communi- cation directe avec le système veineux. » J'ai pu constater que, chez les Limaciens, cette glande naît comme un refoulement en doigt de gant de l'exoderme, se produisant à la partie infé- rieure de la fosse orale, dans l'épaisseur de la masse soléaire. Ce refoule- ment présente d'abord un diamètre assez considérable, qui va diminuant à mesure qu'il se propage en arrière. Plus tard, il présente de nombreux branchements, dont les extrémités se revêtent de cellules mésodermiques qui prennent rapidement le caractère de cellules sécrétoires. » En se plaçant, pour la distinction des espèces, au point de vue que j'ai développé plus haut, j'ai reconnu que l'on peut ramener à quatre le nombre de celles qu'on rencontre dans les environs de Saint-Vaast : Arion ntfus, Limax agrestis, Liniax inaxiinits, Limax variegatus, Milax gagales. » Je vais donner quelques renseignements sur chaciuie de ces Limaces, en me bornant à signaler divers caractères que les malacologistes ont surtout négligés. Pour le reste de la diagnose, on se reportera aux divers Ouvrages descriptifs qui traitent de ces Pulmonés ('). (') Voir aussi mes Recherches sur /es organes de la génération de quelques Limitciens ( Il/vue (les Sciences naturelles, iDais i<579, avec une ])lani-lic). ( D^S ) » Arion ni/us. — Ce Limacien atteint une grande taille : j'en ai recueilli un individu dont la longueur dépassait o™,i5. Il est commun sous les pierres, les détritns végétanx, etc. Comme le Zonites algtrus du Midi, c'est une espèce cpii se repaît très volontiers de matières animales. Si l'on écrase dans un jardin des Stélices ou des Limaces, on voit invariablement les Arions, attirés par ces débris, les dévorer de préférence aux matières végétales succu- lentes qui se trouvent dans le voisinage. » La coloration dans le jeune âge a plus de fixité que dans l'âge adulte. Les jeunes indi- vidus ont la partie supérieure du corps occupée par une large bande brun foncé, nettement séparée de la bande des flancs par une ligne claire si les flancs sont aussi foncés que le dos et plus sombre si, comme on le voit plus fréquemment, les flancs sont plus clairs que le dos. » La glande pédieuse est adhérente à la sole et occupe environ les f de sa longueur; elle reçoit son sang de l'artère pédieuse, dont le tronc, d'abord unique, se divise en deux branches qui courent le long du bord externe de la masse glandulaire. La branche droite, moins volumineuse, s'épuise dans la glande, tandis que la gauche se prolonge au delà de l'organe excréteur, jusqu'à l'extréniilé postérieure du pied. » La coque de l'oeuf est fortement incrustée de calcaires, comme toutes les branches du système artériel. La vésicule contractile ou podocyste de l'embryon est cylindrique et pré- sente un grand développement en longueur. » Limax maximui. — Cette belle espèce vit surtout dans les caves, les citernes, sous les amas de pierres. Elle est beaucoup moins répandue que la précédente, mais elle acquiert presque la même taille. Elle se nourrit de matières végétales succulentes, des détritus des ruisseaux, etc. » Dans les jeunes individus, la coloration se présente avec une grande uniformité. Elle consiste en un système de bandes longitudinales noires ou très foncées sur un fond gris plus ou moins mélangé de rougeâtre. Plus tard les bandes se fragmentent et composent un ensemble de macules irrégulièies, dans la distribution desquelles toutefois on retrouve des traces évidentes de la fasciation primitive. » Cette espèce présente un caractère éminemment leur de !ui VA}' au C(P au CO' volume tolal. ~Ô ' volume total. () volume total. O i o,85 i 0,77 J. o,G4 A o,8i ,,V 0,79 L 0,66 » A ce propos, nous ferons remarquer que la méthode dite de comj.en- s.'.'i;o/j_, proposée par MM. Dehérain etMaqiienne(' ) pour vérifier le nombre déjà publié par ces auteurs, relatif au Fusain, est fondée sur ini prnicipe inexact. Nous démontrerons prochainement, par un calcul très simple, que l'on peut, avec celte méthode, obtenir tous les nombres que l'on veut trouver. » Des expériences de contrôle que nous avons citées et de la remarque qui vient d'être faite, il résulte donc que les nombres que nous donnons représentent bien le rapport réel, des g.z échangés dans la respiration. » LiTHOLOGlli. — Sur un ijranile amycjdaldide de la Vendée. Note de M. Stanisc^as Meuxieiî. « M. de Kroutschoft' a appelé de nouveau l'atteniion, dans ces derniers temps (-), sur les nodules micacés que renferme le granité de Vermont, aux États-Unis, où ils ont d'abord été signalés par M. Hitchkock ('). Ce sont des masses noires et brillantes, fusiformes et mesurant jusqu'à d^,o<5 de «rosseursuro*", i.5 de longueur. Leur surface ridée rappelle celle dun truit desséché. L'existence de ces masses, en plein granité, offre évidemment un grand intérêt, puisqu'on peut espérer de leur élude quelque lumière sur l'oi'igine encore si obscure de la roche fondamentale. » C'est au même titre que je crois devoir joindre aux observations qui (') Comptes rendus, 2 novembre j885. (2) Bulletin de la Société miiiéralogi(iue île France, t. VIII, p. 1.32; i88j. (^) Report on the Geology uf Vermont, t. II, p. 564; 1881. C. R., i88d, 2- Semestre. (T. Cl, ^° 10.) ( 970 ) viennent d'être rappelées celles que j'ai faites sur un noyau granitique analogue à certains égards aux précédents, mais dont l'origine est fran- çaise et que je dois à l'extrême obligeance de M. le D'' Mignen. 11 a été re- cueilli, en pleine roche, à la carrière de gi'aiiite de Riaillé, commune de Saiut-Hilciire de Loulay, a 5oû™ au nord de Moutaigu (Vendée). La trou- vaille de semblables noyaux est des plus rares : d'après M. le D'' Mignun, elle n'a pas été faite plus de cinq ou six fois depuis vingt ans; mon ai- mable correspondant en conserve un échantillon d'un quart plus petit que celui qu'il a bien voulu m'offrir. » Ce dernier a la forme d'un ellipsoïde aplati, sensiblement régulier, dont les trois axes mesurent respectivement o'", n, o*", 8 et o™,i2. Ce très bel échantillon est, à l'extérieur, fort brillant, à cause de l'abondance des lames de mica noir qui l'enveloppent complètement; mais le mica n'est en proportion exceptionnelle que tout à fait à la périphérie: un trait de scie au travers du nodule montre qu'à l'intérieur de celui-ci les paillettes sont en quantité tout à fait normale et n'observent aucune orientation spéciale. Il s'agit donc, non pas, comme en Amérique, d'une masse sphéroïdale constituée par des feuillets concentriques comparables aux tuniques d'un oignon, mais d'un noyau de granité à structure ordinaire, enveloppé d'une sorte de gaine micacée qui le sépare de la roche granitique dans laquelle il était empâté. » L'examen microscopique d'une Lme mince montre comment des fais- ceaux de lames de mica enveloppent les éléments minéraux de la région superficielle. On y voit aussi que ce mica très briui, comme la biotite, est associé d'une façon intime à la uuiscovile; il est très actif sur la lumière polarisée et se colore vivement. Les padiettes micacées sont habituellement tordues et brisées, et les anties minéraux témoignant de leur ancienneté relative sont venus se mouler sur elles. Le quartz est remarquable par le grand nombre de ses inclusions, le unes entièrement solides, le» autres contenant un noyau liquide ou gazeux. Dans la première catégorie sont de véritables cribiaux, tantôt aciculaires à la façon du rutile, tantôt ayant la forme du quartz lui-iriéme. Il faut rapprocher de ces derniers des inclu- sions de la forme d'une section, suivant Taxe, d'un prisme bipyramidé, mais dont la substance consiste en granulations opaques. Le feldspath coinpr2nd de l'orlhose, du microchne et du plagioclase en lamelles hémi- tropes. Dans le microcline, parfois à texture quadrdlée très nette, par l'in- terposition d'un réseau de filets minéraux, on retrouve, outre des paillettes micacées et une matière nébuleuse blanchâtre, de longues aiguilles cristal- ( 97' ) lines analogues à celles déjà mentionnées dans le quartz. En somme, k l'intérieur du noyau comme à l'extérieur, il s'agit ici du granité à deux iiiicas parfaitement typique. )) Sans vouloir risquer dès maintenant une hypothèse, quant à l'origine des noyaux granitiques, j'ajouterai que j'ai cherché en vain, dans celui-ci, la calcite dont M. de Kroutschoff indique l'existence dans les nodules de Vermont, et que nulle part les acides n'y ont provoqué d'effervescence sensihie. » PALÉONTOLOGIF, IJUMAINE. — Sur des Jra(/rneiUs de ci ânes humains el un débris de poterie, coniempondns de /'Ursusspeiœus. Note de MM. E.-A. Martel et L. deLaijnav, présentée par M. de Qiialrefages. (Extrait.) « En i835,M. Joly trouvait, dans la caverne deNabrigas,à ô""" ouest de Meyrueis (Lozère), un fragment de poterie grossière non cuite au feu, mêlé à des ossements fï Ursus spelœus/ suv un crâne de ce carnassier, il vit en même temps la cicatrice d'une blessure, qui paraissait faite avec un instru- ment tranchant (silex (aillé). S'appuyant sur cette découverte, M. Joly émit donc, l'un des premiers, l'idée que l'iiomnie avait pu être contemporain du grand Ours des cavernes. La proposition était précoce et la Note du jeune savant sur la caverne de Nabrigas passa presque inaperçue. MM. Jeanjean, Trntat, Cartailhac, l'abbé Cérès, etc., en vinrent même à nier ia contempo- ranéilé de l'homme et du grand Ours dans la Lozère. » Une belle hache en silex taille (du type de Saint-Acheul), rencontrée par M. le D' Prunières dans une grotte à Ursus des gorges du Tarn, devint un premier argument contre cette négation absolue. » Du 28 au 3o aoiît i885, nous avons enfin recueilli, à Nabrigas même, dans une jioche profonde, vierge de fouilles et non remaniée par les eaux, quelques ossements Itumains el un morceau de poterie, en contact immédiat avec les restes d'au moins deux squelettes iV Ursus speUeus. » Les ossements humains, indéterminables en tant que race, compren- nent : une portion de mâchoire (maxillaire supérieur gauche) avec sept alvéoles gardant encore trois dents adultes (canine, première et deuxième grosses molaires); une apophyse mastoïde, incomplète, du côté gauche, et sept morceaux de crânes, provenant d'individus d'âges différents. » La pièce de poterie, fort petite (o",o4i sur o'",o55), a tout l'aspect des quelques fragments de céramique découverts jusqu'à présent dans les dépôts à' Ursus el donnés comme paléolithiques. La pâte est grise, noirâtre. ( '.)7'^ ) (riiible, s'émiettaiit sous les doigts par suite de sa cuisson incomplète, liée par des grains de quartz et de mica et des parcelles de calcaire et de charbon. )> Les rugosités des deux faces indiquent que le vase avait été façonné à la main. L'une, convexe, est rouge, engobée d'une couche de cette argile hydroxydée que le phénomène sidérolilhiqtie éocène a étendue sur les causses en nappes aljondantes; l'autre face, concave, semble revêtue dune sorte de vernis noir. L'épaisseur atteint o™,oi6. Ces caractères témoignent de la plus primitive antiquité. » Plusieurs fois déjà on a signalé des restes de poterie ainsi associés, dans des cavernes contenant les restes d'animaux éteints de l'époque qua- ternaire. L^s découvertes de Bize,dePondres, deSouvignargues, d'Aurignac, de Nabrigas, etc., celles même de M. Dupont en Belgique ont été systéma- tiquement contestées. MM. de Morlillet, Cartailhac, Cazalis de Fondouce, Trutat, etc., affirment que l'homme de la pierre taillée n'a pas fait le moindre essai de céramique. Ils ont poiu' adversaires Lartet, Christy, MM. de Qiia- irefagps, Haniy, Joly, Dupont, etc., qui ont admis l'an I lien licite de ces rares trouvailles. Il importerait donc, puisque nous produisons tni nouvel élément de discussion, de parer d'avance à la grave objection des remaniemeiits, et, à cet effet, de déciire avec pi'écision le gisement où la découverte a eu lieu : c'est ce que nous aurons soin de faire dans une autre publication. » Dans sa Notice de i835, M. Joly a démontré non seulement que la caverne de Nabrigas n'a subi aucim remaniement alluvial depuis l'époque fîlquaternaire, mais encore que son remplissage s'est opéré par voie d'in- tralioiis et d'éboulements, et nullement par des inondations diluviennes. Il invoque comme preuves : la hauteur de la caverne au-dessus de la rivière de la Joute (3oo'"); l'absence totale de graviers et de cailloux roulés; la position relative des ossements d^Ursiis, indiquant que nombre d'individus sont morts où ils gisent aujourd'hui, dans leur repaire; leur abondance extrême et la conservation de leurs arêtes et de leurs angles qui contredi- sent l'hypothèse du transport. On ne saurait discuter ces arguments : nous n'avons qu'à en ajouter un qui les corrobore tous. » Celte année, le 28 août, nous attaquâmes, contre la paroi gauche d'un large corridor, dans un coin reculé, derrière une saillie rocheuse, un petit mur de cailloux qui n'avait pas été touché et semblait dé- noncer inie poche. L'épaisseur, comme la hauteur de ce mur, était d'en- viron )"', et sa longueur, à peu près double. Le déblaiement dégagea eflécfivement l'ouverture très large d'une sorte de cul-de-four, comblé jusqu'à la voûle. Son-; les cailloux et eu ari'ière se présenta d'abord, ( Tr^ ) en guise de stalagmite, un lit de gros blocs argilo-calcaires, caverneux, de couleur jnime, agglomérés avec un limon de même teinte tout rempli d'ossements à'Vrsiis : cette formation argilo-calcaire avait assez exacte- ment moulé certains os. Après l'enlèvement des plus grosses masses et de o™, 20 de limon ossifère, après la rencontre de plusieurs vertèbres et dents d'ours, la tiiâchoire humaine apparut à travers un bloc troué. Tout à côté et au même niveau, vinrent successivement : une têle d'Uisus, d'uu seul morceau et ayant conservé ses arêtes vives, comme si l'animal eût été enfoui encore en chair; des côtes entières; une suite de vertèbres emboîtées; un bassin; des os longs, etc.; en un mot, un squeletle désarticulé, mais presque complet, et dont la position siu- le flanc droit ne permettait pas de douter que l'animal fîxt venu ex|»rer dans cette cavité. » Nous avons dit que de gros blocs d'une roche argilo-calcaire, rem- plaçant la stalagmite, encombraient et recouvraient même presque entiè- rement le haut du limon ossifère; ces blocs diminuaient de nombre et de voliune flans la profondeur, en même temps que le limon passaic insensi- blement du jaune clair au jaune brun, puis au l)ruu rouge, en sorte que la tranche inférieure de la terre à ossements revêtait la couleur la plus foncée et ne contenait plus un seul caillou argilo-calcaire. » La mâchoire gisait, on l'a vu, dans la partie supérieure du limon jaune, à côté du squelette d'Ursns. C'est plus bas, à différents niveaux, jusque dans la couche la plus foncée, que se sont trouvés les autres restes de crânes humains. La poterie s'est rencontrée aux deux tiers de la h.uuem- (environ 2" de la surface). Un inlermaxillaire gauche [d'Ursus spelœm) avec son incisive externe, la plus grande partie d'un frontal et divers débris de ciâues, un radius incomplet, un calcanéum et nombre de fragments indé- terminables étaient épars dans la même poche. Enfin, en dessous du pre- mier squelette et plus à gauche, une seconde tête d'Ours. » Eu résumé, si les têtes humaines n'ont pas été mangées par un Urstis spelœus, on serait au moins fondé à tenir pour démontrés les deux faits sui- vants, jusqu'ici controversés: i" l'existence de l'homme, dans la Lozère, à l'époque du grand Ours; 2" la connaissance de la poterie à cette même époque, -i ( 974 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la Iransforrnnlion des (onrbillons aériens dans les tempêtes. Note de M. Ad. IVicolas, présentée par M. l'amiral Jurien de la Gravière. (Extrait). Il Comme tous les marins, j'ai vu, eu maintes occasions, apparaître et se résoudre des tiombes; il m'en est resté l'impression que les trombes descendantes, qui se présentent sous la forme banale d'un entonnoir allongé, dont la base se confond avec la strate iiimhetise noire plus ou moins stratifiée et frangée {|ni précède ou accompagne les tempêtes, et dont le sommet se contourne et se lord en tire-Louchon déformé, que ces trombes, dis-je, sont de beaucoup les plus communes, à ce point que beaucoup de personnes n'en ont pas vu d'autres. >> D'autre part, beaucoup de marins ne se résignent pas à admettre que toutes les trombes soient constituées sur !e même type et par le même mécanisme; que tel type de trombe, que nous avons vu de près, soit dépourvu de mouvement ascensionnel du vent, manifesté par l'ascension de l'eau, quand la trombe se forme au-dessus de l'Océan; par l'arrachement et l'enlèvement des objets terrestres, dans les trombes continentales. » .... L'apparition d'une trombe en mer, au voisinage des navires, est toujoiu's extrê- mement émouvante; et les ofllciers, qui pourraient en rendre compte, ont autre chose a faire alors que d'observer le phénomène au point de vue météorologique. » Je me souviens surtout d'une trombe que j'ai vue de très près, à l'époque où j'étais délégué du Gouvernement à l'Immigration africaine, sur im trois-mâts-barque de z-jS toc- neaux, ayant, en tout, en dehors du délégué, onze hommes d'équipage. Nous étions en pleine tornade, dans une région où j'en ai compté jusqu'à onze en une journée. Toutes n'a- boutissaient pas, mais il ne fallait pas moins les prévenir : manœuvrer le navire, cargueret serrer lestement les voiles, les élablir de nouveau, pour perdre le moins de route possible; ce qui, sur un trois-niâts de onze hommes d'équipage, n'est pas une petite affaire. » Les tornades durent peu; celle-ci touchait à sa fin, il ventait frais, unis la brise était maniable : on avait rétabli les voiles et nous marchions au plus près, les amures à tribord. Tout à coup j'aperçus dans le lit du vent, à travers ta brume épaissie, une véritable danse de pantins électriques à la surface de la mer. L'eau jaillissait à plus d'un niètre, sous la forme de ces gouttelettes que l'on voit rebondir du sol dans les pluies violentes; mais la hauteur du jet écartait cette interprétation. J'avertis le capitaine, (pii reconnut aussitôt une trombe; et, ne perdant ni son sang-froid, ni son coup d'oeil de marin, ne toucha pas une voile et continua sa route au plus près, de manière que la trombe nous passa à poupe le plus iionnêlement du monde. » Je crois qu'il est rare de voir le phénomène de plus près. Or, il n'y avait là ni en- tonnoir supérieur, ni dépression au centre de la mer soulevée circulairement. Il sera diffi- cile de me convaincre (jue ce soulèvement pût avoir lieu, dans ces conditions, sans mouve- ment ascensionnel. Je ne puis comparer ce que j'ai vu aitirs qu'aux touibillons dépoussière (pie le vent soulève de la même manière sur les hauts plateaux ras et dénudés. >• C'est sur le plateau de l'Auahuac, par 2000'" d'altitude, que j'ai vu le plus nettement, pour ma part, ilc ces tourbillons en voie de formation. Ils se présentent fréi]uemment sur 97^ ) nos roules, mais, à ces hauteurs, vu la rareté relative de l'air, l'ascension de la poussière est plus facile. Or, les tourbillons ascendants de poussière se forment là d'une manière banale . . î'ourcjuoi un vent plus ou moins violent, rasant le sol ou rasant la nier, ne détermi- nerait-il pas des tourbillons ascensionnels i)ar suite des inégalités de vitesse des particules de poussière DU d'eau cliarriées par lui? » N'est-ce pas ce (pii se présente dans les tourbillons aqueux des courants, soit dans les torrents, soit dans les fleuves, soit dans les détroits, les barres, etc., soit dans les baies? Ces tourbillons soni, pour la jilupart, des effets de remous; cejiendant il n'est pas douteux qu'il s'en produise, dans tous ces cas, par le frottement de l'eau sur le fouil. Je ne pense pas qu'aucune personne ayant un peu observé les courants i\n Morbilian. sans aller plus loin, puisse penser autrement. " J'étudie depuis lonjjtemps les mouvements des nuages. A la suite de la publication des travau.t de M. Coulvier-Gravier, j'ai fait, ;i toute heure du jour et de la nuit, pendant des traversées de àS à 90 jours sur l'Atlantique entre le Gabon et le Congo, d'une ])art, les Antilles et la Guyane, d'autre jiart, des observations suivies des nuages, dans le but de sa- voir s'il était possible, comme on le disait, d'ajiprécier par la courbure des cirrlius la di- rection des venis sujiérieuis et le vent ])robab!e du lendemain. Je ne suis arrive à aucun résultat; et je crois que, nièuîe en plein Océan, les causes locales ont ])lus d'inqxirtance qu'il ne sendjie. » J'observe encore, tous les étés, ces mouvements des nuages dans une localité monta- gneuse du Puy-de-Dùme , et j'en suis ariivé à cette conclusion, que rien n'est plus incohé- rent (]ue les courants aériens supérii urs, dans certaines circonslances imprévues, même en l'absence de tout orage, au moins dans cette région de lu France centrale; je crois qu'il est téméraire de généraliser, en jiareille matière, et l'observation des brouillards en formation dans les montagnes témoigne suffisamment de la fréquence des mouvements tourbillonnaires ascensionnels. » Pour conclure, il me semble que les tourbillons ascendants sont inévitables dans un courant aérien un peu rapide, soit qu'il rase un sol poudreux, soit qu'il rase la mer. Mais je reconnais que la formation de tourbillons descendants est bien plus facile au contact de lu couche moyenne la ))lus basse, où le courant aérien inférieur frôle des éléments nébuleux. Si bien que, sous le rapport de la fiéquenci^, j'ailmcttrais : » i° Les tourbillons supérieurs ascendants formés )>ar le flottement des vents supérieurs sur lu couche nébuleuse rarriiée: » 2° Les tourbillons terrestres pulvérulents, également ascendants; » 3" Les trombes ileseendantis classiques; " 4° '^cs tourbillons maiins ascendants, qui les accompagnent quelqiufois, mais qui peuvent aussi se former isolement. I. Toutes les tempêtes contiennent peut-être toutes ces catégories de tourbillons : ce sont des cyclones en pytit; et la notion acquise du mouvement gyratoire des cyclones n'exclut pas l'idée qu'ils ne sont que les tourbillons élargis d'une vaste nappe aérienne, animée d'un mouvement de transi. itiou reclilii;ne en masse, assimilable à un courant marin. » ( 1)7« ) M. Albekt Gaiidry, 111 présentant un travail de M. Jouidy, clief d'esca- dron d'artillerie an Tonkin, ^'exprime en ces termes : « Parmi nos braves olficiers qni sont an Tonkin, nons avons nn géologue, M. Joiirdy, chef d'escadron d'arlillerie. Il y a déjà longtemps, INÎ. Jonrdy a publié avec M. Terquem un important Mémoire dans les Recueils de la Sociélé géologique de France. Au milieu des fatigues que ses devoirs niilit, lires lui imposent, il n'a pas oublié la Géologie, et il vient d'envoyer un manuscrit intitulé : Nota mr la géoloijic de l'Est du Tonkin. M. Jourdy a visité des localités qui n'avaient pas été comprises dans le cadre des belles recherches de M. Fuchs et de M. Petiton ; il a examiné particnliére- nient le bassin de Chù et la route de Chù à Lang-Son. La dimension de sa Note et les coupes qui l'accompagnent ne permettent pas qu'elle puis^e éli'e insérée dans les Comptes jendus; j^en donne seulement les conclusions ; « Pour espérer trouver de la houille, dit M. Jourdy, il faut la chercher au-dessus des calcaires carbonifères, c'est-à-dire au nord de Lang-Son, probablement dans les environs de Thâit-Khé ou de Phù-Doan. Pour avoir du minerai de fer, il faut diriger les recherches parmi les filons et épanchements à Doiig-Sunj;, et non dans le bassin de Chù où ils sont plus faibles. Pour trouver de l'oi', on devra examiner les filons de quart/, (jui s'.digncutau nord de Chû, aux environs du marché de Hii-Hô. » » Je pense que l'Académie voudra bien me permettre d'écrire au Com- mandant Join-dy qu'elle fait des vœux pour la continuation de ses savantes recherches, dans luie contrée restée jusqu'à |)résent inconnue aux géo- logues. » M. Charpentier adresse la réponse suivante aux observations présentées par M. Parinmid, à propos des fonctions des éléments rétiniens : « Dans une Noie publiée le 26 octobre dernier, M. Parinaud déclare que j'ai reconnu, trois ans seuleu»ent a|)rès lui, la liiversité de fonctton.s des deux sortes d'éléments rétiniens. Il me par.iît y avoir la une confusion. » En 1881, M. Parinaud a émis une opmion pariiculiere sur U' rôle des cônes et des bâtonnets; cette opinion, toute théorique, n'a rien à voir avec la série des recherches purement expérimentales qiie j'ai poursuivies tlepuis iS'j'j, recherches qui ont été résumées dans une série de Notes adressées à l'Académie des Sciences (') et qui toutes concluent a l'existence de deux (') 10 leviier, -.'.o mai, 27 mai 1878; 27 janvier, 10 février 1879; i3 décembre et 27 décembre 1880; 10 janvier 1881; etc. ( 977 ) modes de perception distincts dans l'appareil visuel. J'ai toujours été très réservé en ce qui concerne la localisation probable de ces deux modes de perception, chose qui est actuellement du domaine de l'hypothèse; pour- tant, sur ce point comme sur tous les autres, j'ai encore précédé Aï. Pari- naud, car, en 1878 [Comptes rendus, 20 et 27 mai), j'ai établi que l'exer- cice de la sensibilité lumineuse brute est lié à l'existence du rouée rétinien, qui, tout le monde le sait, ne se trouve que dans les bâtonnets; quant aux cônes, il y a bien longten)|)s qu'on les a fait servir à la percep- tion des formes et à celle des couleurs, comme en témoignent tous les ou- vrages classiques de Physiologie. » M. GoNZALÈs RoMERo adrftsse, de la Grande Canarie, une Note relative à la structure du cristallin. En regardant un système de loupes éclairées par une bougie, de façon à produire l'illumination de tout le champ, l'auteur a observé, se déplaçant sur le fond brillant, desgranulations lenticulaires plus ou moins sphériques, réunies généralement en cordons. M. Romero pense que ces corpuscules existent dans le cristallin; et le procédé qu'il a employé pour les percevoir lui paraît pouvoir servir à reconnaître les maladies de l'œil. M. Ch. Tellieu informe l'Académie que l'appareil dont il a donné la description à l'Académie, le 10 août dernier, pour l'élévation des eaux !)ar la chaleur atmosphérique, lui a permis d'élever, le 2 novembre, aSoo'" d'eau en une heure, d'une profondeur de 6™. A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. J. B. C. R., i885. 2- Semestre, (T. CI, N» 19.) ^ ^1 978 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. e Ouvrages reçus dans la séance dd 2 novembre i885. Description des machines et pi océdés fiour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du ^juillet i844> publiée par les ordres de M. le Ministre du Commerce; t. XXXI, 1'^ et a« Parties; tr. XXXII, i'% 2' et 3* Parties. Paris, impr. nationale, i88j; 5 vol in-4°. Annuaire statistique de la ville de Paris ^ année i883. Paris, G. Masson, i885; gr. in-8°. Edmond Boissier. Notice biographique; par M. A. de Candolle. Genève, i885; br. in-8°. (Extrait des Archives des Sciences physiques et naturelles.) Pioprictés nouvelles du paramctie différentiel du second 01 dre des fondions de plusieurs variables indépendantes; par M. Haton de la Goupillière. Bruxelles, F. 113)62, i885; in-8°. (Extrait des Annales de la Société scienti - fiqiie de Bruxelles.) Iconographie des Orchidées des environs de Paris; par ]M. E.-G. Camus. Paris, Impr. Paindebied, i8iS5; in-f", texte et planches. Mémoires de l'Académie de Stanislas, i884, S* série; t. II. Nancy, Berger- Levrault, i885; in-S". Elude sur le mode de formation de la houille du bassin franco-belge [ihéoiie nouvelle) : pat L. Breto??. Paris, F. Savy, i885; in-S". L'automatisme dans les actes volontaires [instinct et volonté); par le D"^. Ad. Nicolas. Paris, G. Masson, i885; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de la Société d' Anthropologie). Recherches expérimentales sur ta vision chez les insectes; par F. Plateau. Bruxelles, F. Hayez, i385; br. in-8°. Résimié météorologique de l'année i884 pour Genève et le grand Saint-Ber- nard; par E. Gadtier et A. Kammermann. Genève, impr. Schuchardt, 1 885 ; in-8°. (Extrait des Archives des Sciences de la Bibliothèque universelle.) La teoiia geometrica attuale délie reslituzioni prospettive rivedutta e corretta. Memoria per l'Ing. St. VECciii. Parma, tipog. Rossi-Ubaldi, i885; in-4". 979 ) OnVBAGES BEÇDS DANS LA SÉANCB DO () NOVEMBRE lb85. Travaux el Mémoires du Bureau international des poids et mesures, publiés sous l'autorilé du Comité international par le Directeur du Bureau; t. IV. Paris, Gaulhier-Vilhirs, i885; in-4''. Les derniers jours de ta Marine à rames y par le vice-amiral Jdrien de la Gravière. Paris, Pion, i88j; in-ia. Description et iconographie des vaisseaux lymphatiques considérés chez C Homme et chez les Feriébr es, • par P a. -C. Sxppey ; Xi" livraison. Paris, A. Delahaye et Lecrosnier, i885 ; in-f'^. Marius FoNTANE. Histoiie universelle. La Grèce l^de i3oo à 480 av. J.-C.) Paris, A. Lemerre, i885; in-8'', (Présenté par M. de Lesseps.) Traité de Mécanique; par Ed. Collignon ; première Partie : Cinématique. Paris, Hachelte et C'% i885; in-S" Les microbes, les ferments et les moisissures ; par le D' E.-L. Trouessart. Paris, F. Alcan, i885; in-8° relié. Monographie du Phylloxéra vastatrix, de la maladie phylloxérique de la vigne et des cépages américains; parU.-Y.. Delamotte; t. I. Alger, A. Jour- dan, i885; in-8°. La péripneumonie bovine dans les Basses- Pyrénées. Extrait du rapport des vété- rinaires militaires délégués par 3L te Ministre de r agriculture, en 1884. Paris, Asselin et Houzeau, i885; in-8°. ♦ Manuel de Conchyliologie et de Paléontologie conchjliologique; par le D"' F. Fischer; fascicule IX. Paris, F. Savy, i885; in-8°. (Présenté par M. de Lacaze-Diilhiers.) Les insectes fossiles des terrains primaires; parCa. Brongniart. Rouen, impr. J. Lecerf, i885; br. iii-S". (Extrait du Bulletin de la Société des Amis des Sciences nalurelles de Rouen.) Département de Lol-et-Garoniie. Comité central d'études et de vigilance contre le Phylloxéra. ( Compte rendu de la séance du 3o septembre i885.) Agen, impr. V. Lentliéric, i885; in-8°. Congrès international d'horticulture tenu à Paris, rue de Grenelle, 84, les 21 et 22 mai i885. Pans, impr, G. Rougier, i885;in-8°. Memorias de la real Academia de Ciencias de Banelona. Segunda epoca ; t. Il, li'^ 1. Barcelona, i885; ui-4". 98o ) ERRATA. (Séance du 2G octobre i885.) Page 809, ligne 2, au lieu deT,,= [T,^ +T'/='^''], lisez T'^, = [T;._i-T/' = ''"]. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 16 NOVEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. JURIEN DE LA GRAVIÈRE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le vice-amiral Jurien de la Gravière fait hommage à l'Académie d'un Volume qu'il vient de publier, sous ce titre : « Les derniers jours de la marine à rames ». PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. ~ Recherches prouvant que le nerf Irijumean contient des fibres vaso-dilatatrices dès son origine; par M. Vdlpian. « MM. Jolyet et Laffont ont montré, en iH'yg, que l'excitation électrique du bout périphérique du nerf maxillaire supérieur coupé en travers, chez les Mammifères, détermine une rubéfaction intense de la membrane mu- queuse labiale et gingivale du côté correspondant, d'où ils ont conclu que ce nerf contient des fibres qui exercent une action dilatatrice directe sur les vaisseaux de cette membrane. Peu de temps après, MM. Dastre et Morat constataient, sur le chien, que la faradisation du bout périphérique du cordon cervical du grand sympathique (accolé, chez cet animal, au nerf pneumogastrique) produit i< une vive congestion sur les lèvres (supérieure C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, IS° 20.) 1^8 l 9^2 ) » et inférieure), sur les gencives, les joues, la voûte palatine, la muqueuse >• nasale et les régions cutanées correspondantes. La dilatation vasculaire » ainsi provoquée est considérable; elle est maxima. » M Les actions vaso-dilatatrices directes, provoquées par l'excitation fara- dique soit de la branche maxillaire supérieure du trijumeau, soit du grand sympathique (chez le chien), sont incontestables : tous les physiologistes qui ont répété les expériences de MM. Jolyet et Laffont et celles de MM. Dastre et Morat ont obtenu les mêmes résultats que ces investigateurs. » Ij'ensemble des faits expérimentaux conduit à admettre que l'influence exercée par le nerf inaxillaire supérieur sur les régions susdites lui appar- tient en propre pour une part, mais que, pour une autre part, elle est due à des fibres anastomotiques que ce nerf reçoit du grand sympathique cer- vical ( ' ). » Les recherches que j'ai faites récemment sur les nerfs crâniens, en les soumettant à des excitations faradiques, dans l'intérieur même du crâne, chez des chiens curarisés et soumis à la respiration artificielle, m'ont permis de reconnaître, d'une façon précise, que le nerf trijumeau contient, en effet, dès son origine protubéranlielle, des fibres vaso-dilatatrices. Quelques instants de faradisation du nerf trijumeau, à l'aide d'un courant assez faible, entre le point où ce nerf sort de la protubérance annulaire et celui où il pénètre dans le ganglion de Casser, ont constamment provoqué une rougeur très manifeste dans la membrane muqueuse des lèvres, dans celle de la joue et celle des gencives du côté du nerf électrisé. L'orifice de la narine du même côté et la région de la membrane muqueuse nasale que l'on peut voir au fond de cet orifice sont plus rouges que les mêmes |)arties du côté opposé; la narine est plus chaude aussi. La perte considé- rable de sang subie par les animaux dans ces expériences empêche évi- demment les effets d'être aussi intenses qu'ils le seraient dans d'autres conditions; mais ces effets sont tout à fait nets. La congestion ainsi déter- minée dans la membrane muqueuse buccale s'arrête d'une façon assez pré- cise, pour les gencives, au niveau de la séparation entre les incisives du côté faradisé et celles du côté opposé, et, pour les lèvres, elle se limite tout aussi exactement au côté mis en expérience. La rougeur a été souvent un peu plus vive dans les gencives, au niveau et au voisinage des canines (sur- tout de la canine supérieure), que dans les autres régions. (') A. Dastrk et J.-P. Morat, Recherches expérimentales sur le système nerveux vaso- moteur. Paris, G. Masson, i884, p. iHget igi, ( 983 ) » On peut se convaincre facilement que l'action vaso-dilatatrice qui se manifeste dans ces circonstances est bien due à l'excitation du nerf triju- meau lui-même et non à celle des nerfs voisins. Si l'on attend que la rou- geur ainsi produite ait disparu, ce qui a lieu assez rapidement, on constate qtie la faradisation du nerf facial, entre son origine et le trou auditif in- terne, ne donne naissance à aucune congestion dans les mêmes régions. Il en est de même lorsqu'on faradise les nerfs glosso-pharyngien, pneumo- gastrique et spinal, entre le bulbe rachidien et le irou déchiré postérieur : la membrane muqueuse des lèvres et des gencives reste pâle. Eu recom- mençant alors l'éleclrisation du trijumeau, cette membrane muqueuse de- vient de nouveau le siège d'une congestion très accusée. La langue, le plancher buccal, le voile du palais, ne subissent aucun changement de colo- ration ('). » L'existence de fibres nerveuses vaso-dilatatrices dans le nerf trijumeau, dès le point même où il sort de la protubérance annulaire, ne peut donc pas être mise en doiite. » La faradisation de ce nerf dans la cavité crânienne, en deçà du ganglion de Gasser, produit aussi une légère congestion de la conjonctive oculaire du côté correspondant, » M. le Secuétaike perpétuel annonce à l'Académie la perte doidoureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. fFilliam- Benjamin Carpenter, Correspondant de la Section de Zoologie, décédé le lo novembre i885, à l'âge de 72 ans. JM. A. Milne-Edwards fait à ce sujet la Communication suivante: « La Section d'Anatomie et de Zoologie vient de perdre l'un de ses Cor- respondants les plus illustres, le D"^ William-Benjamin Carpenler, mort (') Dans ces expériences, il est nécessaire de ne pratiquer la faradisation que lorsqu'il n'y a pas de sang sur la base du crâne; autrement, le courant pourrait, par l'interme'- diaire de ce liquide, passer du nerf excité aux autres nerfs voisins, et les résultats n'auraient point la clarté qu'ils présentent lorsque l'électrisation agit exclusivement sur tel ou tel nerf. C'est aussi pour éviter autant que possible le passage de l'excitation du nerf faradise aux nerfs voisins que je fais usage de courants relativement fiiibles, de ceux, par exemple, qu'on obtient avec l'appareil ordinaire à chariot, quand la bobine au fil induit est séparée da point où elle recouvre entièrement la bobine au fil inducteur par un intervalle deo"',i5 à o",i6. ( 984 ) le lo novembre, à Londres, à l'âge de 72 ans. I/influence de Carpenter sur le développement des sciences naturelles en Angleterre a été considé- rable, et, jusqu'à la fin de sa vie, il a poursuivi ses recherches avec uneinfi- tigable ai deur. Après de fortes études à l'Ecole de Médecine de Bristol, au Collège de l'Université et au Collège des Chirurgiens de Londres, il exerça, pendant quelques années, à Bristol, la profession médicale, et ce n'est qu'en iS/jS qu'il vint à Londres, où il fut d'abord chargé du cours de Physiologie à l'École de l'Hôpital, et ensuite nommé examinateur de Physiologie et d'Anatomie comparée à l'Université. En effet, ses travaux l'avaient déjà placé au premier rang parmi les physiologistes anglais, et les nombreux Mémoires qu'il publia alors sur les fonctions du système ner- veux, l'opposilion qu'il fit à la Phrénologie et au Mesmérisme, portent l'empreinte d'un esprit philosophique et investigateur. Plus tard, il fut appelé à prendre part à l'administration de l'Université, et, pendant les vingt-deux années qu'il remplit ces fonctions, il rendit à l'enseignement les services les plus désintéressés. » Tiès habile à manier le microscope, il a étudié avec soin la structure des parties solides des Mollusques, des Crustacés, des Echinodermes, et surtout desForaminifères. Ces derniers animaux étaient peu connus quand il entreprit ses recherches; ce fut pour lui un sujet de prédilection, et, der- nièrement, il terminait un grand Mémoire sur les Orbitolites. L'Ouvrage qu'il a consacré aux Foraminiferes est devenu classique, et beaucoup de naturalistes admettent maintenant avec lui que chez ces êtres les formes n'ont pas la même fixité que dans les groupes plus élevés du règne ani- mal, et qu'il est impossible de tracer les limites exactes des espèces ou des genres. )) L'examen approfondi qu'il avait fait de ces organismes inférieurs lui permit d'intervenir, avec une rare autorité, dans la discussion qui s'éleva entre les naturalistes au sujet de l'origine animale de l'i^ozoon canademe, ce fossile des terrains les plus anciens du Canada. Carpenter le considérait comme un Foraminifère dont les loges auraient été remplies par de la ser- pentine, et il soutint cette opinion dans une série de Mémoires fort re- marqués. D'autres recherches occupèrent aussi la fin de son existence, et ce sera une gloire pour lui d'avoir été le promoteur des expéditions de dragages sous-marins entreprises par l'Angleterre. C'est, en effet, à son instigation que l'amirauté consentit à ce qu'un navire de la marine de l'État, le Lùjlitnmg, fût chargé de l'exploration des fonds de l'Océan au nord (!e l'Ecosse. Pendant plusieurs années, soit à bord du LiglitniiKj, soit à (985 ) ])ord du Porcupine, il continua ses investigations rie zoologie sous-marine, tlontil parlage.i l'honneur avec Wyville Thomson et Gwyn Jeffreys, morts tous deux depuis. Les f;iits nouveaux qui résultèrent de ces différentes cam- pagnes, poursuivies jusque dans la Méditerranée, frappèrent vivement l'at- tention et ne furent pas sans influence sur la décision que prit le Gouver- nement d'armer une corvette à hélice, le Challenrjer, dans le but de fouiller les diverses mers du globe pour en étudier la configuration, les courants, les fonds et la faune. » Le naturaliste dont nous déplorons la perte laisse, après lui, d'una- nimes regrets, d'excellents souvenirs et un nom justement honoré. » MEMOIRES PRESENTES. viTrcuLTURK. — Recherche du cuivre sur les ceps de vignes, traités par te mélange de chaux et de sulfate de cuivre, et dans la récolte. Note de MM. Millardet et Gayon, présentée par M. Pasteur. (Renvoi à la Commission spéciale pour les Communications relatives au mildew.) n Après avoir fait connaître le traitement du mildew par le mélange de chaux et de sulfate de cuivre, en avoir décrit les effets et expliqué le mode d'action, il était important, au point de vue du traitement en lui-même, de se rendre compte de la distribution du cuivre sur la plante, de sa persis- tance et de sa durée d'action. Il ne l'était pas moins, au point de vue de l'hygiène, de déterminer exactement les proportions d'une substance aussi toxique que le cuivi-e, qui pouvaient exister sur les fruits, dans le moût et le vin. Nous espérons que nos recherches actuelles ne seront pas sans in- térêt à ce double point de vue. » Les quantités de cuivre qu'il s'agissait de constater sont tellement minimes, que les procédés les plus délicats de l'analyse seuls étaient ca- pables de les révéler. Tous les organes de la plante (feuilles, etc.), tous ses produits (moûts, vins), ont été d'abord incinérés avec soin. Les cendres ont été soumises ensuite à l'électrolyse, avec les précautions indiquées par M. Riche; les quantités de cuivre précipité de leurs solutions ont été estimées finalement par la méthode colorimétrique. Pour les vins notam- ment, la sensibilité et l'exactitude de la méthode ont été éprouvées par plusieurs expériences de contrôle, dans lesquelles un dixième de milli- (986) gramme de cuivre, à l'état de sulfate, ajouté à un litre de vin n'en conte- nant pas, a toujours été retrouvé intégralement. >■ Le Tableau suivant donnera une idée générale des quantités de cuivre reconnues sur les diverses parties du cep et dans ses produits. Les échanlillons de feuilles, sarments et souches, ont été récollés dans la première quinzaine d'octobre. Les rafles n'ont pas subi la fermentation. Les moûts ont été obtenus par l'expression directe des raisins, du 8 au i4 octobre. Les échantillons de marcs ont été prélevés à la décuvaison, en même temps que les vins, c'est-à-dire après la fin de la fermentation. Cuivre Noms des cépages. Cabernet franc 6^0 Cabeniet- Sauvigiion . Malbec Petit- Verdel Poids contenu par Poids total. des cendres. d.ins les cendres. kilogramme, 1° Feuilles [non desséchées). gr et mgr mer 64o 17,02 12,3 19,1 290 13,96 20,2 69,6 680 20,82 65,0 95,5 63o 18,20 .5,7 ^4.9 Cabernet-Sauvignon 2° Sarments et souche. 1677 35,52 3° Rafles (grappes). Cabernet franc i835 34,52 Cabernet-Sauvignon. ... 102 2,53 4° Marcs ( peaux et pépins ) Cabernet franc i5oo 16,66 Cépages divers, mélangés. i365 26,25 5° Moûts. 9.8 27,6 «.9 16,7 29.9 5,8 i5,o 18,6 11,1 21,9 Volume du moût. Noms des cépages. Cabernet franc 723 Cabernet-Sauvignon 802 Malbec 777 Petit- Verdet 652 Cuivre par litre. niRr 1 ,2 1,0 2,2 6° Fins. Origine du vin. Cuivre par litre. Château Dauzac moins de o""''',i o Pez traces douteuses » Poujeaux » » Langoa moins de o'"^'', i ( 987 ) )) Il ressort de ces chiffres que, à l'époque de la vendnnge, ce sont les feuilles qui sont les plus riches en cuivre; ensuite, viennent les rafles et les peaux. Il nous paraît probable, d'après des faits sur lesquels il est impossible d'insister ici, que la presque totalité de ce cuivre est simplement adnérente à la surface des organes. Les moûts contiennent des quantités extrêmement faibles de ce métal. Quant aux vins, ils n'en offrent que des traces infini- ment petites ou même douteuses, au maximum o^', i par 1000 litres. » Mais, comme avec les rafles, dans les pays où l'égrappage n'a pas lieu, en tous cas avec les peaux du raisin, on introduit dans la cuve des quan- tités notables de cuivre, il était important de rechercher la cause qui pro- voque la disparition presque complète de ce métal du vin. Des expériences instituées dans le but d'éclaircir ce point particulier, et qu'il serait super- flu de rapporter ici, ont montré que c'est à l'action de la fermentation qu'il faut attribuer l'absence plus ou moins complète du cuivre dans le vin. Ce métal est précipité et se retrouve dans la lie. Le tannin et le soufre, ajoutés aux moûts avant la fermentation, favorisent celte épuration du vin. Ce dernier fait est d'accord avec la remarque faite il y a quelques jours par M. Michel Perret, au sujet de l'action qu'exerce le soufre sur les sels solubles de cuivre, pendant la fermentation ('). « M. P. Latocii, m. L. Pingeon adressent diverses Communications rela- tives à la destruction du mildew par le sulfate de cuivre. (Renvoi à la Commission spéciale.) M. Balsiy adresse une Note relative à son précédent Mémoire sur la ma- ladie des pommes de terre. (Renvoi à la Section d'Économie rurale.) M. Sacc adresse, de Cochabamba (Bolivie), une Note relative à une Til- landsia qui couvre les vieux arbres, en Bolivie, et qui serait susceptible de recevoir diverses applications. (Renvoi à l'examen de M. V;in Tieghem ) ( ' ) Dans le Journal d'Agriculture ptatique, numéro du 29 octobre i885. (988) M. F.-V. MocLY adresse une Note relative à un système de chauffage et de ventilation. (Renvoi à la Section de Physique. M. Chamard adresse un complément à ses Communications précédentes, sur un propulseur pneumatique des aérostats. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) M. J. Deschamps adresse un « Essai sur le postulatum d'Eiiclide ». (Commissaires : MM. Darboux, Laguerre.) L'Académie reçoit quatre nouveaux Mémoires destinés au concours du prix Bordin (question des déblais et remblais). Trois de ces Mémoires portent les devises suivantes : 1° L'homme est fait pour connaître la vertu : il la désire, il la recherche (Pascal). 1" Le calcul intégral des équations aux différences partielles est encore bien éloigné de la perfection nécessaire pour l'intégration d'équations aussi compliquées. . .. 3° Arte georaetrica. Le quatrième Métnoire ne porte pas de devise : le nom de l'auteur e.st contenu dans un pli cacheté. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de la Guerre informe l'Académie qu'il a désigné MM. Htrvé Mangon et Periier pour faire partie du Conseil de perfection- nement de l'École Polytechnique, pendant l'année scolaire i885-i886, au titre de Membres de l'Académie des Sciences. M. le Secrétaire perpétuel signale à l'Académie la deuxième partie du Tome m (texte et atlat) des « Dociniients relatifs au passage de Vénus ». Ce Volimie complète la série des documents de l'année 1874 ( 1)89 ) M. le Secrétaire PERPÉTCEL, en signalant à l'Acadéinie un Volinne que vient de publier M. Gilbert Govi, sous le titre « L'Ottica di Claudio Tolomeo, da Eugénie. », donne lecture de la Lettre suivante, qui accompagne cet envoi : « Naples, le 12 novembre i885. » Le liuidi 3 (iclobre 1870, M. Eggcr présenta à l'Académie des Sciences quelques frag- ments d'un Traité d'Optique, tirés d'un papyrus gien que M. Mariette avait découvert à Sakkarah, en 18G9. M. Egger rappela, à cette occasion, le Traité d'Optique attribué à Ptolémée, qu'on avait considéré comme perdu, mais dont il existait une traduction latine incomplète, retrouvée à la fin du siècle dernier à la Bibliothèque Nationaie. Après avoir dit qu'il avait clierché inutilement, dans l'Optique mutilée de Ptolémée, les fragments du pa- pyrus de Sakkara, Ht. Egger ajoutait : » VOptiqiie latine de Ptolémée, même en son état actuel de mutilation, mérite, au plus >• haut degré, de trouver un éditeur apiès tant de siècles d'oubli. » » Aussitôt après avoir eu connaissance de ce vœu exprimé par M. Egger, je m'empressai de proposer à l'Académie des Sciences de Turin la publication de la traduction latine de Y Optique lie Ptolémée, traduction qui a été faite au xu^ siècle par un Italien ( l'amiral Eugène, Sicilien), et qu'un autre Italien, J.-B. Venturi, s'était proposé de publier d'après un manu- scrit de la Bibliothèque Ambroisienne, dont il avait même donné une savante analyse. )> L'Académie de Turin accueillit avec empressement ma proposition et, le 17 juillet 1871, M. Egger en donna la nouvelle à l'Académie des Sciences de Paris dans les termes suivants : » M. le comte Sclopis, de l'Académie royale de Turin, Associé étranger de l'Institut de » France, par une lettre en date du i3 courant, m'annonce que ma Note du 3 octobre a été » signalée à l'Académie par l'un de ses membres, M. Gilbert Govi; que la Compagnie a pris » en main et résolu d'accomplir à ses propres frais la publication des quatre Livres de » Ptolémée, surtout d'après le manuscrit qui appartient à la Bibliothèque Ambroisienne de » Milan, où une copie vient d'en être faite, à cette intention, par IM. l'abbé Antoine Ceruti. » L'impression de l'Ouvrage fut aussitôt commencée, et, au bout d'une année, le texte et les planches étaient complètement imprimés. Restait V Introduction, que je m'étais proposé d'écrire, et dans laquelle je comptais exposer l'histoire du livre, le recensement des ma- nuscrits qu'on en possède et dont j'avais pu avoir connaissance, une analyse des doctrines de Ptolémée, et quelques éclaircissements aux endroits les plus obscurs de cette obscure tra- duction latine d'une traduction arabe, probablement peu fidèle. Mais j'avais compté sans les événements. De fréquents déplacements, des missions scientiliques longues et laborieuses, un surcroît incessant d'occupations lu'ont empêché, jusqu'à ces derniers temps, tie donner suite à mon projet, auquel je ne pouvais cependant pas me décider à renoncer tout à fait. » C'est en profitant de quelques courts loisii's, que j'ai pu écrire enfin V Introduction si longuement attendue, et, quoiqu'elle ne soit pas telle que je l'avais conçue tout d'abord (car, malgré les années écoulées, le temps m'a manqué pour l'exécuter à mon gré), j'espère qu'on y pourra puiser d'utiles renseignements. » Le texte latin de \Optique est la reproduction fidèle du manuscrit de l'Ambroisienne, le plus complet et peut-être le plus ancien des manuscrits connus de cet Ouvrage. J'ai refait entièrement les figures, qui ne répondaient pas, ou ne répondaient que fort imparfaitement, C. l;., i883, 2' Semestre. (T. Cl, IN» aO.) '29 ( 99« ) au texte dans les différents manuscrits. Ce livre, tel qu'il vient de paraître, ne nie semble pas tout à fait indigne d'être présenté à l'Académie des Sciences de Paris. C'est ce que je fais aujourd'hui, au nom de Y Acadcinie des Sciences de Turin et au mien. » Les savants et les érudits vont désormais pouvoir étudier ce précieux monument scientifique de l'antiquité. On y rencontrera sans doute des points très faibles, à côté d'in- tuitions, d'expériences ou de jjropositions étonnantes; mais on y puisera, malgré tout, la conviction que Ptolémée a été un heureux et habile précurseur de cette Ecole expérimentale dont Léonard de Vinci et Galilée ont été, dans les temps modernes, les véritables fonda- teurs. » M. Marcel Depiîez prie l'AcadéiTiie de vouloir bien le comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Mécanique. (Renvoi à la Section de Mécanique. ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les inlêgrales irrégulières des équations linéaires. Noie de M. H. Poincaré, présentée par M. Hermite. « Dans une Note que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie le g novembre dernier, j'ai montré que, si les séries normales qui satisfont formellement à une équation linéaire sont toutes du premier ordre, elles présentent, lors même qu'elles sont divergentes, les mêmes particularités que la série de Stirling. J'ai fait voir ensuite par quelle transformation on peut ramener le cas où ces séries sont toutes du second ordre à celui où elles sont toutes du premier. » L'emploi de cette transformation et l'application de certains principes relatifs à l'usage légitime des séries analogues à celle de Stirling permettent de démontrer les résultats suivants : » i" Pour que l'une des séries normales soit convergente, il faut et il suffit qu'une équation auxiliaire, facile à former, admette une intégrale égale à une puissance de z — a multipliée par une fonction holomorphe dans tout le plan. » 2° Si S„ désigne la somme des n premiers termes d'une série normale divergente et si X„ désigne le /z'^'"'' terme, l'équation linéaire à laquelle cette .série normale satisfait formellement admettra une intégrale J telle que lim^^ = o '■n quand x tend vers l'infini avrc un argument donné. ( 99' ■ » Les résultats sont, comme on le voit, tout à fait analogues à ceux que nous avons obtenus lorsque les séries sont toutes du premier ordre. Ils peuvent d'ailleurs s'étendre au cas général. » Soit, en effet, j- = (f[x) une fonction définie par une équation d'ordre 7i à laquelle satisfont formellenu nt n séries normales d'ordre p. Nous poserons li — (f{x)(p{ax). . .(p{aP'' x), t = af, a étant une racine p"^""' de l'unité. Alors u, regardé comme fonction de <, satisfera à une équation linéaire facile à former et à laquelle ne satisferont que des séries normales du premier ordre. On pourra alors exprimer u par une intégrale définie à l'aide de la transformation de Laplace. » Quant à j, on l'obtiendra à l'aide de l'équation ï =/*-. F étant une fonction rationnelle de x, de it et de ses premières dérivées. » Ou retrouve donc dans le cas général les résultats que nous avons rencontrés dans les cas particuliers déjà examinés. » Il peut cependant y avoir un cas d'exception : c'est celui où l'ordre de l'équation auxiliaire qui donne u en fonction de i s'abaisserait d'une ou de plusieurs unités. Il arriverait alors que - — ne serait plus égal à une fonction rationnelle, mais à une fonction algébrique de ce, de u et de ses dérivées. L'analyse se poursuivrait d'ailleurs comme dans le cas général. » Ce cas exceptionnel se rencontre en particulier dans les circonstances suivantes : il arrive quelquefois qu'on ne peut pas trouver n séries nor- males satisfaisant formellement à une équation linéaire donnée. M. Fabry, dans une Thèse remarquable récemment soutenue devant la Faculté des Sciences de Paris, a montré qu'on peut alors, par une transformation simple, ramener l'équation proposée à une autre susceptible d'être satis- faite par n séries normales. L'équation, ainsi transformée, présentera alors la particularité que je viens de signaler. » Il résulte donc des considérations qui précèdent que les séries de M. Thoma;, qui satisfont formellement à une équation différentielle li- néaire, représentent, même lorsqu'elles sont divergentes, les intégrales de cette équation absolument de la même façon que la série de Stirling repré- sente la fonction Try— f- » ( 992 ) MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — EJfoiis dpiamiqiies produits par le passage des roues des locomotives et des wagons aux joints des rails. Note de M. A. Considère, présentée par M. Cornu. « En passant aux joints des rails, les roues des locomotives et des wagons produisent des chocs que chacun a ressentis en circulant sur les voies fer- rées. Il importait de rechercher s'il n'en résulte pas des efforts dynamiques assez intenses pour influer sur la durée du matériel et des ouvrages d'art. Des expériences ont été faites dans ce hut sur deux ponts en fer; elles ont pour principe la mesure des déformations élastiques subies au moment du choc par les pièces qui y sont le plus exposées, et le calcid des efforts qui ont été nécessaires pour produire ces déformations. » Dans un pont de aS™ d'ouverture, où les semelles supérieures des |joutres supportent directement la voie, le passage d'une locomotive, à la vitesse de So''", a développé dans les diagonales du trediis des efforts dy- namiques qui ont atteint 3''^, 3 par millimètre carré de section dangereuse lorsque les boulons des éclisses étaient mal serrés. Pour produire celte action énergique sur la poutre, il a fallu qu'une des roues motrices exerçât sur le rail un effort dynamique de i33oo''S environ, en sus de la charge statique de 66oo''s qu'elle lui transmet au repos. » Dans un pont de 49" d'ouverture à voie inférieure, les pièces de pont supportant les joints ont pris en moyenne des flèches de 3™™,23, loi'sque les boulons des éclisses étaient desserrés, au moment du passage d'un train animé d'une vitesse de 64''", tandis qu'elles n'ont fléchi que de l'^'^jiô sous le poids du même train passant à la vitesse de 6''™. Le calcul appliqué à ces chiffres prouve cjue les pièces de pont en question ont supporté des elfurts dynamiques de 1 1 ooo'^s à ra|)lomb de chaque rad, soit, au total, de 22000''* en sus de la charge statique de l'essieu, qui ne dépassait pas ]3ioo''s. » On a constaté que, sur une voie neuve, formée de rails et d'éclisses en acier, le serrage des boulons avait presque complètement aimulé ces efforts dynamiques; mais que, siu- deux voies différentes, datant de cinq ans et formées de rails d'acier réunis par des éclisses en fer, le serrage parfait des boulons n'avait réduit les efforts dynamiques que de la moitié ou des trois cinquièmes au plus. » L'importance des effets des chocs aux joints pouvant paraître hors de proportion avec les irrégularités de voies, très légères en apparence, qui ( 99^ ) les produisent, il importait de souiiieltre le fait au calcul. Le raisonnement fait prévoir, et la mesure des bandes prises par les ressorts des locomotives a établi d'une manière certaine, que la portion du poids du véhicule, qui est transmise aux fusées par l'intermédiaire des ressorts, ne peut pas exercer d'influence sensible sur les chocs aux joints. La masse propre des essieux montés, y compris les pièce» du mécanisme qu'ils portent sans intermédiaire élastique, produit donc seule les efforts dynamiques que l'on observe. Désignons par m cette masse; par (x celle des parties de la voie et de la construction qui reçoivent le choc direct; par v la composante, normale au rail d'aval, de la vitesse V, avec laquelle la roue arrive au joint en sui- vant le rail d'amont ou, en d'autres termes, la vitesse de marche Y multi- pliée par le sinus de l'angle que font entre elles les lignes de roulement des rails contigus; par K et K'ies coefficients de rigidité de la voie et des pièces qui la supportent, c'est-à-dire le rapport d'une force quelconque à la dé- formation élastique qu'elle fait prendre à la voie ou à ces pièces; par x et par ^ les abaissements que subissent, au moment du choc, le rail et celle des pièces de la charpente métallique qui supporte la voie sous le joint. Les équations différentielles des mouvements des masses m et p, sont alors (i) '«7^^ = -K(x-j) et (2) p.^' =K(x-7)-K'j, dont l'intégration donne les deux équations suivantes : (3) x = v— -A r 1-^ TT (4) j-=v rt a"' — a' \ a a. ± u.'sj — I et ± v!'\j — I étant les lacines de l'équation «'' -\- [a -h d)cf.- -\- ac — o, où l'on introduit K I e\ p comme l'abscisse et l'or- ( 995 ) donnée d'un point, cette équation représente, pour une température déter- minée, une courbe isothermiqice (S). » Lorsque T est très grand, (S) se rapproche d'une hyperbole équilatère. La température s'abaissant, il existe une valeur de T telle que (S) a un point d'inflexion et que la tangente en ce point, correspondant au point critique, est parallèle à l'axe des v. Au-dessous de cette valeur, l'ordonnée présente un minimum et un maximum, de sorte que la courbe rencontre en trois points A, B, C une parallèle à l'axe des i> menée à une distance de cet axe égale à la tension de la vapeur saturée. La courbe isothermique effective se compose alors . i " d'une branche MA asymptote à la droite f = a ; 2° d'une droite AC parallèle à l'axe des volumes; 3° d'une branche CN asymptote à cet axe. » Ces trois parties correspondent respectivement à la transformation : 1° du liquide; 2" du mélange du liquide et de sa vapeur saturée; 3° du gaz. » 2. Une application remarquable des principes de la Thermodyna- mique a conduit M. Clausius à admettre que ta droite AC sépare sur la courbe (S) deux segments ayant des aires égales. La tension de la vapeur saturée s'obtient alors en menant sous cette condition une parallèle à l'axe des volumes, et les abscisses des extrémités C, A de cette droite représentent les volumes de la vapeur saturée et du liquide. La détermination des lois qui régissent l'état de saturation d'un fluide d'après son équation caracté- ristique se réduit ainsi à un problème de pure analyse dont M. Clausius a donné la solution complète. » Soient, à la température absolue T, P la tension de la vapeur saturée, fj ti s les volumes du liquide et du gaz sous la pression P. Eu désignant par l'indice c les valeurs relatives au point critique, et en posant on a, pour déterminer P, c et s, trois relations ^ c -*T (f, j(, 1]^ étant des fonctions purement numériques, indépendantes de la nature du corps, dont M. Clausius a donné des Tables ('). » 3. Voici la vériBcation de la première des formules (3) par les résultats C) Annales de Chimie et de Physique, 5^ série, t. XXX, p. 45i. (996) des expériences de Rrgnanlt (') sur la vapeur saturée d'acide carbonique. Les expériences de M. Amagat sur le gaz nous ont conduit à la forme si donc la corrélation théorique entre l'état de saturation et l'état gazeux est conforme à la réalité, la tension P de la vnpeur saturée doit se calculer exactement par les formules (4) ^ = ^?i^^)^ a: = ^r'^'-^' avec des valeurs de T,., Pc s. égales à celles qui se déduisent des coefficients de l'équation caractéristique d'après les équations (-) » Nous avons trouvé pour ces valeurs o5 — 0,18 — 7,24 —14,12 — 25, 5o t[ca\c.] + 4°i'5 + 0,01 — 7,i8 — i4,i2 —25,74 Différence,. — o", i5 — 0,19 — 0,06 » +0,24 » Dans la même hypothèse et en pren int pour unités l'atmosphère et It" volume normal du gaz, on tire des relations (5) y = o,ooi853, K = o,oi655, au lieu des valeurs Y = o,ooi85o, K = 0,01625, (') Relation des expériences, t. II, p. 618. (^) Cdm/nes rendus, I. CI, p. 944- (3) Ibid. ( 997 ) qui résultent îles expéiiences de M. Amagat. La véiificalioii est donc satis- faisante et l'on peut admettre que, pour l'acide carbonique, la droite de liquéfaclion est située, par rapporta la courbe (S), conforméuient à la règle de M. Clausius. » 4. Il résulte de ces calculs que, les expériences de ]M. Amagat sur le gaz et celles de Regnault sur la vapeur saturée conduisent sé[)arément à des valeurs concordantes pour les coefficients K, s de l'équation caracté- ristique et pour la somme -y = a, + ^ des deux autres ; il reste à établir qu'il est possible d'assigner à ceux-ci des valeurs telles, que la même équation caractéristique puisse convenir au corps, gazeux ou liquide, au-dessus ou au-dessous de son point critique. Cette question sera l'objet d'une pro- chaine Communication. » 5. Les expériences de Regnault sur la vapeur saturée de l'acide car- bonique offrent une particularité à signaler; la série des mesures part de — 25° et s'étend jusqu'à +42°, c'est-à-dire au delà de la limite de 3i°, après laquelle il n'y a plus de condensation de l'aiide carbonique, et, par suite, plus de tension de vapeur saturée. L'état critique s'était donc pro- duit; mais, les expériences sur l'acide carbonique liquide n'ayant pu être faites que dans un appareil en fonte, l'dluslre physicien avait réalisé, sans pouvoir l'observer, le phénomène découvert par M. Andrews ('). » (') Il est à présumer que la proximité de l'état critique a été la cause d'anomalies, con- statées par Regnault au-dessus de 25"; contiaiiement i ce qui s'ist généralement produit dans l'étude des vapeurs saturées, il n'a pas été possible de représenter par la même for- niide empirique les résultats obtenus, soit au-dessus, soit au-dessous de cette température. Cette circonstance avait vivement préoccupé Regnault, qui, en remarquant que les anoma- lies auraient pu être attribuées " à ce lait que le récij)ient ne renfermait plus d'acide car- >i bonique li(]uide au delà de aj" >>, ajoutait que cette explication n'était pas admissible, puisque « alors le gaz n'aurait changé de force élastique que par l'élévation de température, » et la variation aurait été infiniment plus faible que celle qui est indiquée par l'expé- » rience ». On sait anjouid'hui que le phénomène est autre ([ue ne le sui)posait Regnault, et que, au-dessus et dans le voisinage du point critique, la pression d'un gaz varie avec la température, pour un volume déterminé, aussi rapidement que la tension de la vapeur sa- turée, déserte que l'état gazeux ne pouvait pas se révéler par une variation brusque de la loi des pressions. Quoiqu'il en soit, nous n'avons utilisé que les données d'expérience au-des- sous de 26'^, et, dans ces conditions, exemptes d'anomalies, les résultats obtenus par un expérimentateur, dont tous les travaux étaient des chefs-d'œuvre d'exactitude, confirment les vues de IM. Clausius. C. R., i8S5, 2« Semestre. (T. CI, N» 20.) i3e ( 99^^ ) THERMODYNAMIQUE. — Théorie des mélanges réfrigérants. Note de M. A. Potier, présentée par M. Cornu. « Lorsqu'un cycle est non réversible, la Théorie mécanique de la cha- leur indique dans quel sens il peut être parcouru, et l'application de ses principes est particulièrement simple lorsque les transformations dont se compose le cycle ont lieu à température constante, comme l'a fait remar- quer M. Moutier; dans ce cas, il faut que le résultat du cycle consiste en une dépense de travail sur le corps ou système étudié, qui doit céder une quantité de chaleur équivalente, énoncé qui dérive immédiatement des formes données au second principe par MM. Clausius et Thomson. » Or, si l'on considère une dissolution saline, on peut vaporiser à tem- pérature déterminée l'eau de la dissolution, la condenser à l'état d'eau ou de glace (suivant la température choisie) et remettre l'eau ou la glace en contact avec le sel ; le travail total à dépenser pendant ces opérations est positif ou négatif, suivant que la tension maximum de la vapeur d'eau du mélange est plus petite ou plus grande que la tension maxima de la vapeur en contact avec l'eau ou la glace pure; ce travail devant être positif, la première tension est plus petite que la seconde, résultat bien connu, quand il s'agit d'eau liquide, mais qui contient aussi la théorie des mélanges réfrigérants; on en conclut, en effet, que la glace supposée en excès fondra au contact du sel ou de l'acide, jusqu'à ce que la tension de vapeur du liquide résultant soit égale à celle de la glace à même température; à zéro, la tension de vapeur de la glace est la plus grande; la fusion est donc nécessaire ; quand la température s'abaisse, la tension maximum s'abaisse plus vite pour la glace que pour le liquide, et il existe une température pour laquelle elles sont égales : c'est la température minimum du mélange réfrigérant. Si l'on met en contact la glace et le sel amenés préalablement à une température inférieure, il n'y aura plus de fusion. Si l'on refroidit artificitUement le mélange au-dessous de cette température, il y aura con- gélation, la tension de vapeur de la glace étant alors la plus grande. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Ecoulement des gaz; lignes adiabaliques. Note de M. Marccllix Langlois, présentée par M. Cornu. « La théorie de l'écoulement des gaz a été faite en dehors de toute hy- pothèse sur leur constitution. Je la reprends en m'appuyant sur ma théorie du mouvement moléculaire. ( 999 ) » L'air d'un réservoir s'écoule dans l'air libre par un ajutage conve- nable et sous une pression constante de i''"",5. La pression extérieure est de I*'"; la température de l'air dans le réservoir, 3o°. Quelle est la vitesse d'écoulement et la température de l'air dans l'ajutage? M Supposons un plan de séparation des deux tranches moléculaires en contact à la sortie : N étant le nombre des molécules de l'intérieure, n celui de l'extérieure, Mv- la force vive moléculaire à So", le plan de séparation sera animé d'une force vive de translation (N + 7i)my^ ; (m = (N H- n)my''={^ — «)4/n^- Cette force vive représente la différence des forces d'oscillation molécu- laire 4"î~i» de part et d'autre du plan de séparation. » Il en résulte TT^ N-t-«' y » Si R désigne le rayon moléculaire dans la tranche extérieure sous la pression P, r et /j les quantités correspondantes pour l'intérieure, on a les équations 7^ = 1 ^' « = 7^ = Vfi = ''3i°3. » Tous calculs effectués, 7-= ^,0,5372. Dans ma théorie, on trouve, pour valeur de - à 0° et pour l'air 330", 89 et 3 30°, — = 33o, 89 (i -I- 3oa). » Il s'ensuit 7 = 255,52 (trouvé : 253, i5). La température dans l'orifice s'obtient par les considérations suivantes : » Les atomes qui se trouvent à lui instant donné sur le plan de sé- paration des deux tranches, et dont la masse est n— = nm, reçoivent un accroissement de force vive oscillatoire égal à funy-. Soit l>if[m-j \a force ( lOOO ) vive oscillatoire finale de la tranche intérieure; on a el, si ^ désigne la différence des températures pour lesquelles on a nw'^ et iiw'-, et, tons calculs effectués, « = 3i°,24. » La température de l'air dans l'orifice est donc — i°, 24 (Zeuner trouve — 2°, 43; mais, en faisant E = 424, K = i, 4 f au lieu de i,4o5). » Lignes adiabatiques. — Soient V le volume moléculaire initial, p la pr.'ssion initiale, V, le volume final, pf la pression finale, dans un gaz qui se dilate dans une enveloppe, sans perdre ni recevoir de chaleur et en sup- portant toujours une pression égale à sa tension. » ni di>- représentant la variation de force vive atomique et la seule énergie dépensée étant de l'énergie d'oscillatioii moléculaire, j'obtiens la re- lation (i) mdi>-=Ad\pK', R'= 4 =o,4o52. » A est une constante que l'on détermine d'après la formule du mouve- ment atomique mdv'^ se détermine, en outre, par la relation (2) mdi'' = \Vp~ A{\-\-dy){p - dp). Égalant (i) et (2), il reste Ydp = pdW{i + K'), I-^-R'=K = I,4o52, ^'=:^K, et, après intégration, /j,V' = />V^=const., équation des courbes de variations de pression, dites adiabatiques. » ( lOOI TÉLÉPHONIE. — Sur ta théorie du téléphone électromagnétique récepteur. Note de M. E. Mercadieb, présentée par M. Cornu. « J'ai donné précédemment [Comjites rendus, t. CI, p. 944) "ne série d'expériences qui m'ont conduit à une théorie du téléphone transmetteur : quelques mots suffiront pour exposer celle du récepteur. Cette théorie a donné lieu, pendant les premières années qui ont suivi l'invention du téléphone, à un nomhre considérahle de travaux, dont les principaux résultats peuvent être résumés dans les deux points suivants : » 1° Toutes les parties d'un récepteur télé|)lionique, noyau, hélice, plaque, manche, ... vibrent simultanément (Boudet de Paris, Laborde, A. Bréguet, Ader, du Moncel, . . . ). » Mais il est incontestable que les effets de beaucoup les plus énergiques sont ceux de la plaque. On n'a pu mettre hors de doute les vibrations du noyau et de l'hélice qu'en employant des courants transmelteius très éner- giques, ou des dispositions spéciales de récepteur très simplifiées (Ader, du Moncel, .. .); » 2" On peut employer dans les récepteurs des plaques ou diaphragmes de toute épaisseur jusqu'à o™,i 5. (G. Bell, A.Breguet, ...) >) Il résultait déjà: du premier point, que le diaphragme n'était pas plus indispensable dans le récepteur qu'il ne l'est dans le transmetteur ainsi que je l'ai montré précédemment (voir Comptes rendus, t. CI, p. 944); du se- cond point, qu'il y avait dans un récepteur d'autres effets que ceux qu pouvaient résulter des vibrations transversales correspondant au son fon- damental et aux harmoniques du a détermination expérimentale des lois numériques des équilibres chimiques permettra un jour de déduire certaines lois élémentaiies de l'action chimique suffisantes pour prévoir a priori par une marche inverse les lois (le tous les équilibres chimiques possibles. C'est ce que réalisent G. -R., I885, 2- Semestre. (T. CI, N" 20. ) I ^ ' ( ioo6 ) aujourd'hui, [)our l'équilibre des corps flottants, le principe d Àrctiiuiède, pour l'équilibre des systèoies élastiques les lois de la compres^ibilité, etc. Mais l'étude des équilibres chimiques présente, dans la majeure partie des cas, de telles difficultés que li question est encore peu avancée. Plu- sieurs savants, suivant une voie opposée, ont fait a pnon' certaines hypo- thèses sur la constitution de la matière, la nature de l'action chimique, et en ont déduit pour les équilibres chimiques des lois numériques qu'ils ont soumises ensuite au contrôle de l'expérience. Malheureusement toutes les formules proposées renferment un nombre de constantes arbitraires telles, qu'étant donné le peu d'étendue et le peu de précision que com- portent les expériences, l'accord e^t toujours possible à obtenir quelles que soient les hypothèses initi;tles. On peut s'assurer de plus, en suivant la marche des raisonnements qui servent à établir ces formules, qu'elles re- posent beaucoup plus sur quelques lois générales des phénomènes naturels, telles que la conlinuité, la |)roportioiinalitéde la cause à l'effet, que sur les hypothèses qui sont censées leur servir de base et à la vérification des- quelles elles devraient concourir. » J'ai cherché à éîabhr une formule analogue aux précédentes, indépen- damment de toute hypothèse sur la nature de l'action chimique, en m'ap- puyant seuletcent sur les considérations générales invoquées plus haut et sur les notions expérimentales encore assez vagues que nous possédons sur les équilibres chimiques. » L'expérience nous apprend que l'état d'un système chimique en équi- libre, c'est-à-dire le rapport - de la quantité de ce système se trouvant en- core dans l'état initial I à celle se trouvant dans l'état final F, dépend de grandeurs appartenant à trois ordres différents : la condensation, c'est-à-dire la quantité de matière contenue dans l'unité de volume de chacun des corps différant physiquement ou chimiquement qui interviennent dans l'équi- libre, de la température et enfin de certaines conditions électriques à peine entrevues jusqu'ici et que je laisserai de côté. » On aura donc, en appelant A, B, G la condensation de chacun des coips, T la température comptée à partir d'une origine convenable, i;=7(A,B, ...,T). » L'expéiience apprend encore que ce rapport s'annule chaque fois que ( I007 ) certaines de ces grandeurs deviennent nulles et d'autres infinies, ce qui conduit à essayer pour cette fonction !;> form? i=/(A)/'(B).../"(C-').../"(T). » On pourra dans une première approximation remplacer ces fonctions de nature inconnue par une fonction plus simple remplissant les condi- tions énoncées plus haut, uneexponenlielle, par exemple, dont l'allure se prête généralement beaucoup mieux à la représentation des phénomènes naturels que les premiers termes du développement en série habituellement usité dans les cas analogues ^ = a«bp...c-ï. ..T^ r » Cette fonction, considérée dins un intervalle assez petit pour se con- fondre avec la formule exacte, donnera par diflérentiation dont il s'agit de déterminer les coefhcients a, (3, 7, . . ., 0. » Cette méthode, qui pourrait êire appliquée identiquement aux équi- libres mécaniques et physiques, conduit à des coefficients a, ]3 généralement simples, dépendant beaucoup plus de la nature des phénomènes considérés que celle des corps particuliers intervenant dans l'équilibre. j) Le principe de l'opposition de l' ru lion et de la réaction que j'ai formulé antérieurement uiontie qu'il doit en être de même pour les équilibres chi- miques. Le coefficient delà température doit s'annuler et changer de signe avec Q; ceux de la condensation doivent être fonction du changement de volume entraîné par la disparition de chacun des corps. .) On peut aller plus loin et chercher à déterminer la valeur exacte de ces coefficients en s'aidant du seul cas d'équilibre dont nous connaissions les lois numériques d'une fiçon rigoureuse ; celui de V équilibre indi(^éienl pour lequel la Thermodynamique dotuie la relation » Cette formule, identifiée avec celle donnée plus h sut et généralisée au ( ioo8 ) cas de plusieurs corps différents, donne pour la valeur des coefficients a, /3, . . ., relatifs à l'équilibre des systèmes gazeux, la loi suivante : )) I " L(' coefficient de la variation pi'oportionnelle de la condensation de chaque corps en présence est égale à l'énergie gagnée par le système, sous forme d'tnxer- gie mécanique, du fait de In disparition du corps considéré, pendant une trans- formation infiniment petite du système; )i 2° Le coefficient relatif à la température est /'énergie calorifique gagnée dans les mêmes conditions. » Li formule donnée plus haut ne renferme donc aucun coefficient indéterminé et est susceptible, par suite, d'une vérification expérimentale effective; ce sera là l'objet d'une prochaine Communication. » La même formule doit pouvoir s'étendre aux systèmes liquides, mais la détermination des coefficients présente une certaine difficulté résultant de ce fait, que le travail iiiéca nique provenant de l'élimination d'un corps n'est pas, comme dans un système gazeux, indépendant de la présence des autres corps intervenant dans l'équilibre. L'étude des phénomènes de dis- solution, qui est susceptible de mesures d une grande précision, permettra sans doute de jeter quelque jour sur cette question. » En appelant S le poids de sel et Ag le poids d'eau renfermé dans l'unité de volume d'une dissolution, on aura la relation a. S A^ EQ^=o, qui diffère peu de la formule que j'ai établie précédemment, en suivant une voie extrêmement détournée et peu rationnelle. Le coefficient de solu- bilité s, employé dans cette formule, a pour valeur S I , . eintitt (Je l'azote. Première série. Deuxicme série. Terre de Dombe, Sable de Fontainebleau, deux récoltes : sarrasin et loin. récolte de sarrasin. Numéros Récoltes sèches Azote gagné Récolte séciie Azote (;a;;ni' d'ordre. par pot. ou perdu. par pot. ou perdu. sr sr «r gr 1. 11,00 -t-(),49o8 o>97o -4-0,0710 2 i3,45 +o,5i3o 6,825 +0,0640 3 iÇ)>'o -i-o,55i3 âjôS") +0,0705 k '45 70 +0,6080 5,890 +0,1420 5 i3,8o +0,8654 7,85o +0,0770 6.. '4»42 +0,2276 75612 +o,i665 7 8,80 +0,2760 6,425 +o,ii3o 8 11,35 +0,1674 5,600 +0,0025 9 14, 85 f 0,264g 45^72 +o,i52o 10 '7'95 +0,3554 1,225 — 0,1075 11 12,80 — o,oi36 » » 12 i5,65 +0,1374 » » )/ Le phénomène a presque constamment marché clans le sens d'un gain d'azote, dont l'intensité avarié entre des limites assez éloignées et qui est arrivé, dans une d^s expériences, jusqu'à os',865 pour 1'", 5oo de sol, soit 06', 577 par kilogramme. » La couche de terre contenue dans les pots ayant environ o"', 10 d'é- paissem-, si l'on admettait que la même fixation eût lieu sur la surface d un hectare et dans une couche de même épiisseur dont le poids serait de 2000 tonnes environ, on aurait une fixation de ii44''^ d'azote. » Rapportée à l'hectare, en ne tenant pas compte du poids de la terre, mais seulement de sa surface, la fixation serait encore de 432''^, le sol ayant eu, dans les pots en expérience, une surface de o'"'', 02. » Cette fixation fort importante d'azote ne peut évidemment êlre attri- buée ni aux poussières ni aux composés azotés de l'air, conditions égales pour tous les pots, puisqu'elle a varié d'une expérience à l'autre, jusqu'à se changer en perte dans deux cas. Il faut nécessairement en voir l'origine dans l'iizoïe élémentaire de l'air. » Faut-il l'attrilmer aux microbes qui pullulaient dans les sols et dans l'eau des cuvettes ou à la végétation elle-même? Les chiffres que je viens de rapporter ne p.'iraissent pas favorables à la dernière hypothèse, puisque ( lO) I ) l'intensité du phéiioinene n'est pas proportionnelle au développement de la végétation. Cependant la question nous semble devoir rester indécise, jusqu'à ce que de nouvelles expériences, comprenant des pots semblables, mais sans végétation, nous permettent de la trancher. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sw l'action physiologique du sulto de fuchsine et de la safronine. Note de MM. P. Cazeneuve et R. Lépiive, présentée par M. Vulpian. n Nous avons fait des expériences chez les animaux avec le sulfo de fuchsine cristallisé du commerce, très employé pour colorer les vins. Nous avons recueilli également des observations chez riiomme. » Prcmii rr expérience. — Une chienne boule, tlii poids de i5''b, a pris en poudre par la bouche 18'' de sulfo de fiiclisine pendant ([ninze jours, |)uis 2='' pendant cinq jours, puis S^'' pendant cinq jours, puis los'' pendant cinq jours, sans aucun effet physiologique appréciable. Pas de diarrhée, pas de vomissements. Les urines sont restées constamment exemptes d'al- bumine. Elles étaient tanlôt incolores, tantôt colorées en rose faible. Dans tous les cas l'addition d'un acide développe immédiatement la couleur fuchsine. Le sulfo de fuchsine ne paraît pas brûlé dans l'économie, mais simplement décomposé avec mise en liberté de la base qui réapparaît à l'état salin avec sa coloration propre, par addition d'acide. Ce fait est constant chez les animaux observés, chien, porc, et chez l'homme. » Celte chienne boule a été soumise à une alimentation mixte : lait, viande, soupe. Elle a pris souvent le colorant dissous dans du lait sans répugnance. L'appétit et l'allure gaie ont été absolument conservés. ■» Deuxième expérience. — Un griffon du poids de 'j'^e, 35o a pris d'un seul coup, par la bouche, 105'' de sulfo de fuchsine en poudre, soit i8'', 3?. par kilogramme de son poids. Au- cun phénomène n'apparait : pas de vomissements, pas de diarrhée, pas d'albumine dans les urines. Appétit et allure vive conservés. L'élimination du colorant dure quatre jours avec la modification signalée. » Troisième expérience. — Un porc blanc du poids de 25''° a pris, pendant quinze jours, 5"' de sulfo de fuchsine, puis iobi" pendant ([uinze jours, puis 20s'' pendant le même temps sans aucun phénomène. Le colorant était dissous dans la nourriture. Selles non colorées. Urines à peine rosées, souvent incolores, virant fortement au rouge par addition d'acide, comme chez le chien. Pas d'albumine. État général excellent. » Quatrième expérience. — Chienne de I2''s. Injection dans la veine crurale de G'"" de sulfo de fuchsine dans 3oo" d'eau salée à 7 pour 1000. En très peu de minutes, les mu- queuses apparentes et la peau, partout où elle est fine, deviennentde couleur rose. Aucun symptôme notable, si ce n'est une très légère accélération de la respiration, comme après toute injection intra-veineuse. Pas d'accélération notable des battements du cœur. L'urine, émise moins de dix minutes après la fin de l'injection, est de couleur rosée; sa coloration s'accentue par les acides; elle ne renferme pas trace d'albumine, non plus que les quatre ( lOI 2 ) jours suivanls pendant Icsqnels l'nrine a été colorée. L'animal s'est p.ii f.iitement rétabli. >i Cinquième expérience. — Un poisson louge 07 1,20 1,07 1,20 trouvées. 0,84 o,56 i,o3 0,85 1,12 0,92 '-'9 calculées. 0,87 OiSg i ,o3 0,79 i,ii 0,91 1,16 Valeurs de R » L'accord entre les nombres trouvés et calculés est suffisamment ap- procbé pour qu'on puisse dire que la solubilité de l'acide carbonique dans l'eau de la feuille est une des causes qui déterminent les différences observées entre les rapports —- apparents et réels. Nous ferons remarquer cependant que les valeurs de s qui résultent de nos expériences sont supé- rieures aux coefficients de solubilité de l'acide carbonique dans l'eau, ce qui indiquerait que les feuilles sont sursaturées de ce gaz. » On vient de voir que, dans le cas du Fusain, le rapport -— - réel s'abaisse légèrement avec la température; la même conclusion ressort d'expériences effectuées sur quelques autres espèces et dont les principaux résultats sont donnés dans le Tableau suivant : Valeurs du rapport —— réel à 0° et à 35° [été de l885). Maximum. Minimum. Moyenne, o „ . , ^ ( vers o ( 7 exp.) 1,14 i jOi i ,on Fusain du Japon \ . ^. ) i ^ [ , r ( a 3o(ioexp.) 1)24 i,id 1,20 Pin d'Aun-iche \ ""''' ? \ f '^P] «'9' °'^^ °'^f / a 3 ) ( 5 exp.) i ,07 i ,o5 1 ,06 „. , ( vers o( 3 exp.) o,o3 o,8q 0,02 Pin sylvestre - sr , r- , % ( a 35 ( 3 exp.) i ,ob i ,04 i ,o5 » L'If seul, parmi les plantes que nous avons étudiées, nous a donné la même valeur 0,9? à o'' et à 35° pendant la saison d'hiver, au mois de janvier i885. » Dans quelques-unes de ces expériences il s'est formé jusqu'à i5[)our 100 d'acide carbonique; mais on a reconnu que la valeur de — ^ n'est pas in- fluencée par la présence, dans l'atmosphère ambiante, d'un grand excès d'acide carbonique ou d'oxygène ajouté dès le début; par conséquent tous ces résidlals sont exactement comparables entre eux. ( 1023 ) » Il nous parait donc démontré que, confoiméinent aux conchîsions que l'un de nous avait déjà formulées dans un travail publié en collabo- ration avec M. Moissan ('), l'élévation de la température a pour effet CO- d'accroître la valeur du rapport — > du moins pour un certain nombre de plantes. On remarquera, en outre, que dans un grand nombre de cas, parti- cnlierement aux températures élevées, la valeur de — - dépasse l'unité; il est donc probable que la perte d'oxygène que l'on constate à l'analyse élémentaire d'une plante, et qui a été signalée par M. Schlœsing dans la Note jointe à notre première Communication, est due, au moins en partie, à une combustion intracellulaire qui se produit, à l'obscurité, indépen- damment de l'oxygène que renferme l'atmosphère ambiante. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les variations que présente la composition des gaz dans les feuilles aériennes. Note de M. J. Peyrou, présentée par M, Du- chartre. « Dans un travail fait en commun avec M. Gréhant, nous nous sommes occupés de rechercher quels étaient les gaz contenus dans les lacunes et le parenchyme des feuilles, » Notre travail est divisé en deux parties : la première, pour les plantes terrestres; la seconde, pour les plantes flottantes et submergées. Nous avons toujours trouvé dans nos expériences une différence notable entre la composition de l'atmosphère ambiante et celle de l'intérieur des feuilles; cette dernière s'est montrée constamment plus pauvre en oxygène que la première, mais présentant des variationsconsidérables d'une plante à l'autre, des variations dans les plantes de la même espèce et aussi dans les mêmes plantes. Ainsi, par exemjjle, des feuilles de Perce-neige prises sur les mêmes plantes, mais à des jours et à des heures différents, nous ont donné comme composition en oxygène : une fois, 8, 9 pour 100, une autre fois, 11,7 et, dans une troisième expérience, i4,5 pour 100. Ces variations nous avaient frappés; elles méritaient d'être étudiées et suivies de très près; or c'est ce que j'ai fait seul avec la permission de mon savant et bienveillant maître et collaborateur M. Gréhant. » Je me suis servi dans mes recherches du même appareil que celui que nous avons décrit dans notre Communication du 8 juin i885. (') Annales des Sciences naturelles, Bot., 5" série, t. XIX, 1874. ( I024 ) » Mes premières expériences ont porté sur des études comparatives de jour et de nuit. J'ai toujours trouvé plus d'oxygène libre dans les feuilles la nuit que le jour; la différence est en moyenne de 4 pour loo à 5 pour loo; parfois même j'ai obtenu des différences de 8 et lo pour lOO. » Partant de celte idée, que m'avaient suggérée mes expériences anté- rieures, que la proportion d'oxygène libre augmente lorsque l'activité proto- plasmique diminue, j'ai comparé les gaz extraits des feuilles jeunes, en plein développement, à ceux qui provenaient des feuilles adultes dans les mêmes plantes. Les feuilles jeunes m'ont donné, en effet, toujours moins d'oxy- gène libre, toutes choses égales d'ailleurs, que les feuilles adultes, et ces dernières moins que les feuilles étiolées. Comme il est facile de le prévoir, l'acide carbonique augmente lorsque la proportion d'oxygène diminue. » Mes expériences ont porté ensuite sur des feuilles venues à l'ombre et j'ai comparé les gaz extraits à ceux qui provenaient des feuilles des mêmes plantes développées en pleine lumière : j'ai trouvé constamment chez ces dernières moins d'oxygène libre que dans les feuilles venues à l'ombre ou exposées, artificiellement à l'ombre pendant un certain temps. Tous les résultats obtenus ont été concordants. » J'ai ensuite cherché à savoir si la coloration des feuillrs pouvait in- fluencer son contenu gazeux; mes expériences m'ont conduit à admettre qu'il n'en est rien; les feudles colorées se comportent à cet égard comme les feuilles vertes. » Je me suis enfin attaché à étudier les variations du contenu gazeux des feuilles pendant une même journée. Dans ces expériences compara- tives, j'ai eu soin de prendre le même jour toutes les feuilles sur les mêmes j)lantes, identiques autant que possible, et surtout offrant la même expo- sition par rapport à la hnnière; je faisais des extractions de deux en deux heures, notant l'heure et la température. Les résultats obtenus m'ont con- duit à admettre que, dans la journée, il y a deux moments ; un, le matin, entre S*" et lo'', et l'autre, le soir, entre 4'' et d'^So", où la quantité d'oxy- gène libre est minimum et, probablement, l'activité protoplasmique corres- pondante maximum, et une autre heure, généralement de i i''3o'" à 2^, où la quantité d'oxygène est maximum, correspondant probablement au maximum de lumière. » Ce résumé de nos expériences repose sur iGo à 200 extractions et ana- lyses des gaz, que je me propose de publier complètement plus fard ('). » ( ' ) Co travail a cté fait à Clamart, avec des a|)pai-eils que M. Rouget, direcleur du lalio- ratoii-ede Physiologie générale au Muséum, a giinéreusemcnt misa ma disposition. ( I025 BOTANIQUE. — Sur le polymorphisme floral des Renoncules aquatkiues. Note de M. Louis Crié, présentée par M. Cliatin. « Les recherches que nous avons entreprises sur le polymorphisme flora nous ont permis de retrouver, dans plusieurs familles de plantes dialypé- tales diplo^témonées et polystémonées de la flore actuelle, le type quinaire pur carastéristique des Dicotylédones. » On sait que les fleurs des Ratiiinrulus sont considérées, depuis long- temps, comme pentamères, dans leurs deux verticilles externes, avec un nombre indéfini d'étamines et de carpelles disposés en spirale. Nous nous proposons de démontrer que cette structure générale subit d'importantes modifications dans la fleur des Renoncules aquatiques. La spirale, qui ne présente assez souvent que cinq élamines chez les Ranuncuttis Iripartiliis, hederaceus el Droueiii, en montre ordinairement de huila dix [Raniinciilns Lenormandi), de huit à quinze [R. capillaceus), de douze à quinze [R. Iri- pliyllos), de quinze à dix-huit [R. radians), de quinze à vingt (if. ololeucos), ou un nombre illimité (/?, aqualitis). La spirale du gynécée, qui continue celle de l'androcée, nous a offert aussi de nombreuses transitions entre la fleur du R. Iripartiliis, renfermant assez fréquemment cinq carpelles, et celle du R. aqualilis, qui en possède un nombre indéfini. Le type quinaire pur de la fleur des Ranunculus est donc réalisé, dans la flore actuelle, par le R. tiijiarlilus. La forme émeigée de celte espèce, qui croît en gazons courts sur les vases desséchées des ter- rains schibleux de l'ouest de la France, nous présente, chaque année, des individus portant, sur le même pied, des fleurs polystémonées et polycar- pellées avec d'autres fleurs pentamères pour le calice, la corolle, l'andro- cée et le gynécée. » Plus rarement, la spirale développe un nombre encore plus réduit d'étamines et de carpelles. Le Ranunculus capillaceus Thuill. nous a plu- sieurs fois offert, dans le Maine et la Bretagne, des fleurs à androcée, mo- nandre, diandre el triandre, avec un ou trois carpelles. Celle année, le Ranunculus capillaceus, que nous avons observé en Suisse, dans une mare avoisinant le glacier du Rhône, à 2433™ d'altitude, nous a présenté plu- sieurs individus à fleurs monandres el mono ou dicarpellées. » Les passages gradués que l'on observe entre ces divers ordres spirales, depuis la spire, parfois très simple, du R. capillaceus, formée de deux à quatre ( I026 ) éléments jusqu'à celle, aux cycles très nombreux, du Ranunculus aqualilis, sont forls instructifs au point de vue de l'évolution du plan floral des Rn- nunculus. » PALÉONTOLOGIE. — Le gisement quaternaire de Ferreux. Note de M. Emile Rivière, présentée par M. A. Gaudry. « Il y a trois ans ('), j'avais l'honneur d'entretenir l'Académie des recherches que j'avais faites dans les sablières de Billancourt (Seine) et de lui en soumettre les principaux résultats. Aujourd'hui, j'ai à faire connaître des gisements du même ordre, mais situés plus loin de Pnris et dans une direction opposée, à l'est. » Ces nouveaux gisements, que j'explore depuis une année environ, sont les sablières du Ferreux de Nogent-sur-Marne (Seine). Ces sablières, au nombre de quatre et toutes voisines les unes des autres, sont situées pour ainsi dire sur les bords de la Marne, entre l'avenue des Champs-Elysées et l'avenue de Bry. Elles comprennent une grande étendue de terrain et sont exploitées, pour l'extraction du sable et du caillou, de haut eu bas jusqu'à la rencontre de la nappe d'eau souterraine. Ee fond de deux d'entre elles a même été dragué sur certains points jusqu'à près de 2™ au-dessous des plus basses eaux (*), jusqu'aux marnes tertiaires sur lesquelles les sables quaternaires reposent immédiatement. » La couche dans laquelle se trouvaient tous les ossements d'animaux dont je donne ci-dessous la liste, ainsi que les silex taillés dont j'ai l'hon- neur de présenter à l'Académie les principaux échantillons, est une sorte (le conglomérat, généralement dur, formé d'un mélange de sable fin, de gravier et de cailloux de dimensions variables, souvent si fortement agglu- tinés entre eux et adhérents aux os et aux silex qu'd est parfois très difficile de les dégager sans les briser. » La profondeur à laquelle on rencontre ces os et ces silex n'est pas partout la même, elle oscille entre la cote 33 et la cote 36, selon l'obli- quité et l'épaisseur plus ou moins grandes de la couche. Je puis d'autant mieux l'affirmer que, en dehors des objets découverts par les ouvriers ciirriers et qui par eux m'ont été remis, j'ai trouvé moi-même en place (M Comptes rendus, séance du 21 août 1882. ( ' ) Ces eaux sont le résultai des infiltrations de la Marne dont elles suivent le niveau. ( I027 ) plusieurs pièces importantes, entre autres une portion de défense d'Élé- phant. » Faune. — Les ossements et les dents que j'ai recueillis jusqu'à présent n'appartiennen qu'à un petit nombre d'espèces animales. Ce sont : si" Elephas primigenius. ■ — La bonne conservation de quatre dents molaires sur les sept que je possède ne peut laisser aucun doute sur l'animal auquel elles appartiennent. Je possède en plus quelques os d'Éléphant, entre autres l'épiphyse inférieure, entière, d'un fémur déjeune Eléphant, qui n'était pas encore soudée à la diaphyse; elle a été mise h dé- couvert en faisant sauter par la mine un bloc de calcin baigné par les eaux. » Rhinocéros tichorhinus. — Ici, également, la parfaite conservation des trois dents mo- laires supérieures de Rhinocéros ne permet pas de les confondre avec celles d'une autre espèce. C'est bien \c Rhinocéros tichorhinus. » 3" Equus.... — Les pièces trouvées sont au nombre de huit : sept dents molaires inférieures ou supérieures, appartenant à des animaux de taille ordinaire, et un fragment de canon. » 4° Ceri'idé..., — Plusieurs os, un scapulum entre autres, représentent les Cervidés (Cerf ou Renne); plus une portion de bois en trop mauvais état pour être déterrainable. » 5° Bovidé.... — Le seul ossement trouvé est l'extrémité inférieure d'un canon ayant dû appartenir à un Rœuf de grande taille (Aurochs ou Bison). » J'ajoute que j'ai recueilli aussi dans ces sablières d'autres os plus ou moins brisés et trop incomplets pour les pouvoir déterminer sûrement. Ce sont pour la plupart des dia- physes, dont quelques-unes ont été fendues et brisées intentionnellement, comme celles que l'on rencontre dans les grottes d'habitation de l'homme. 1) J'ai trouvé, dans la même couche que les os que je viens d'énumérer, huit échantillons de bois fossile dont l'un est de grande dimension. » Industrie. — Je demande la permission d'appeler tout particulièrement l'attention de l'Académie sur les points suivants : ainsi, tandis que dans les divers gisements de Billancourt je n'avais trouvé, dans l'espace de plu- sieurs années, qu'une seule pièce absolument authentique au point de vue du travail de l'homme, qu'un seul silex taillé (type du Moustiers), par contre, les sablières du Ferreux m'ont donné des pièces relativement noiti- breuses dans les couches à ossements fossiles. Quelques-unes d'entre elles sont des plus remarquables par leur patine, par leur forme et leur fini. Elles appartiennent au type moustiérien. Ce sont : de belles lames et de grandes dimensions, les unes larges, minces et plates, les autres longues et épaisses; des pointes grandes aussi pour la plupart (l'une d'elles ne me- sure pas moins de o™,i55), aux bords tranchants et fine.nent retouchés. J'ai trouvé aussi deux beaux grattoirs, l'un très large et grand, l'autre petit et court. Parmi ces pièces les unes, les plus nombreuses, sont entières et pourvues de leurs bulbes de percussion ; quelques-unes sont brisées. ( ioi8 ) Une de mes plus belles pointes a été, malheureusement, retouchée par l'ouvrier qui l'a trouvée et qui a cru ainsi lui donner plus de valeur. Enfin je citerai un nucléus de très grande dimension (o"*,i8 de long sur o^.iôS de large). Je n'ai pas trouvé la moindre hache chelléenne, mais seulement peut-être une simple ébauche ; je dis « peut-être », car la pièce me paraît bien douteuse en tant même que hache ébauchée. » Les silex taillés du Ferreux ont été examinés par M. Stanislas Meunier, qui les a reconnus comme appartenant tous, sauf trois pièces, à l'horizon du travertin de Champigny (Seine). Sur ces trois pièces deux sont des meulières supérieures de Beauce à Cliara medicaginiila, pouvant piovenir du coteau prolongé de ViUeneuve-Saint-Georges, soit de Limeil par exemple. La troisième est une meulière à Planorbe de Brie, pouvant pro- venir de ]Noisy-le-Grand ou de Villiers-sur-Marne. » En résumé, les sablières du Ferreux me paraissent constituer un nouveau et très important gisement quaternaire à ajouter à ceux qui ont été déjà signalés aux environs de Faris. Non seulement il démontre une fois de plus la contemporanéité de l'homme et des grands animaux qua- ternaires, mais il représente l'une de ces trois grandes phases établies par mon savant maître, M. le professeiu' Gaudry, dont les deux autres sont représentées : i° par les dépôts du plateau de Montreuil; 2° par les sa- blières de Chelles. » Je n'aurai garde d'omettre, avant de terminer, les recherches faites aussi dans cette même localité du Ferreux, depuis quelques années, par M. Eck, dont j'ai visité hier, sur les indications de M. Albert Gaudry, qui 3 étudié aussi le quaternaire de Ferreux, et dont le laboratoire possède luie dent d^Elej/has primigenius provenant de ce gisement, la très intéres- sante collection. Celle-ci, en effet, ne contient pas moins de douze à quinze dénis d'Elephas primigenius, dont quelques-unes sont entières et de fort belle conservation; plusieurs fragments de dents et d'os de Rhi- nocéros lichorhinus ; des dents d'Équidé et quelques rares pièces de Bovidé et de Cervidé ('). Far contre, les silex réelltmeiit taillés parla main de l'homme sont extrêmement peu nombreux dans la collection de M. Eck. Toutes les pièces osseuses constituent une faune absolument identique à celle que j'ai trouvée et proviennent du même milieu. » (') Noie sur le quaternaire de l'avenue de Rosny [Nogent-snr-Marne], par M.André Eik [Bulletin de la Société d' Anlht apologie de Paris, i885). ( '029 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une expérience entreprise pour déterminer la di- rection des courants de i' Atlantique. Note de S. A. le Prince Albert de 3I0NACO, présentée par M. Paul Bert. « On admet généralement aujourd'hui (') que le courant du golfe ne fait pas sentir sou influence au delà du 40* degré de latitude nord, et qu'une nappe distincte beaucoup plus étendue, beaucoup plus lente dans son mouvement, sollicitée vers le nord-est par son poids spécifique et les vents dominants, vient échauffer la côte européenne. )> D'autre part, certains faits connus de flottage (bouteille du Herder, bouteille de l'Himalaya, renseignements personnels) semblent montrer que, vers le 5o* degré de latitude environ, les courants de surface de l'A- tlantique suivent une direction sensiblement parallèle à l'Equateur. » C'est dans l'espoir d'apporter peut-être une certaine lumière dans l'histoire de ce courant, que l'expérience suivante a été faite. J'exposerai d'abord les circonstances qui l'ont amenée. » M. Poucliet reçut, il y a quelque temps, du Conseil municipal de Paris, une somme pour un voyage ou des acquisitions scientifiques aux Açores. Exécuter une grande expérience, dont le courant du golfe serait l'objet, parut aussitôt à M. Pouchet la meilleure façon d'utiliser cette somme; il s'agissait de jeter à la mer, dans la région nord-ouest des Açores, un certain nombre de flotteurs. Mais la difficulté de gagner ces parages, avec un but aussi spécial, avait jusqu'alors retardé l'exécution du projet. J'eus connaissance de la question, à la veille d'entreprendre, avec ma goélette à voiles V Hirondelle, une campagne dans l'Atlantique, où j'allais faire des recherches bien différentes. Il fut aussitôt convenu que, modifiant ma route suivant le nécessaire, je me chargerais de l'expérience. » Ces flotteurs sont de trois catégories : « 1° Dix sphères en cuivre rouge, de o'^jSo de diamètre, formées de deux hémisphères rapprochés et vissés sur un joint en caoutchouc au moyen d'écrous très apparents, qui donneront au destinataire éventuel l'iciée de les ouvrir. » a° Vinj^t barils de 16'", fabriqués à Tanionville, sur le modèle de ceux qu'on emploie pour le transport de la bière, à douves très fortes, cerclés de fer, goudronnés intérieure- ment. Pour fixer l'attention et attirer les recherches des personnes qui pourront les trouver et qui les auront ouverts, ils ont été remplis de balle d'avoine. (') Noir Segelbuchfiir den Atlantischen Océan; i885. C. R., i885, 2" Semestre. (T. CI, N" 20.) '34 ( io3o ) » 3° Cent cinquante bouteilles ordinaires fermées par un bouchon de choix, coiffé d'un gant en caoutchouc. » Chaque flotteur contient un imprimé ainsi conçu : a Dans le but d'étudier les courants de la mer, avec l'aide du Conseil municipal de la . ville de Paris, ce papier a été jeté à la mer par les soins de S. A. le Prince héréditaire de .' Monaco, à bord de son yachl l'Hirondelle et en sa présence. Toute personne qui trouvera » ce papier est priée de le faire parvenir aux autorités de son pays, pour être transmis » au Gouvernement français, en indiquant, avec le plus de détails possible, le lieu, la date » et les circonstances où ce papier aura été retrouvé. » Signé : Albert, Prince héréditaire de Monaco, » G. PoucHET, Professem- au Muséum de Paris. » » Suit une réduction sommaire de cet avis, reproduite en russe, norwégien, danois, anglais, allemand, hollandais, espagnol, portugais et maugrebin. Chaque imprimé, qui porte un numéro d'ordre, est détaché d'un carnet à souches, pour que l'authenticité puisse au besoin en être constatée ; il est, de plus, inclus dans un tube de verre fort soudé à la lampe, qui le conservera indéfiniment. Ce document est roulé sur lui-même, de telle sorte que, sans briser le tube, on puisse lire son numéro et voir qu'il est polyglotte. o La fermeture des sphères de cuivre et des barils a été faite avec le plus grand soin, par l'arsenal de Lorient, auquel M. le Minisire de la Marine avait bien voulu envoyer des ordres. » Il eût été désirable de constituer d'avance aux sphères métalliques et aux barils un poids spécifique de peu supérieur à celui de l'eau de mer, pour éviter l'action du vent; mais, comme il fallait compter avec une immersion de plusieurs mois (six au moins, d'après les faits connus), on devait craindre que l'imbibition du bois, les infiltrations possibles, les productions animales calcaires vinssent augmenter la densité du système et le faire couler. Nous croyons avoir paré dans une certaine mesure à ce mal, en laissant aux sphères mé- talliques un excès de force ascensionnelle, contrebalancé par un lest temporaire appliqué également aux barils. C'est, pour ceux-ci, un fragment de gueuse retenu extérieurement par une anse en fil de fer, à deux cerceaux de bois. Pour les flotteurs métalliques, c'est un sac de jute, où la sphère est enfermée au-dessus d'une poche remplie de sable. Nous avons es- timé qu'ayant plusieurs mois de séjour à la mer, le fil de fer, les cerceaux de bois, le jute des sacs seront usés, mangés, que la gueuse et le sable couleront, allégeant le flotteur et lui permettant de surnager longtemps encore, malgré l'augmentation de poids qu'il aura pu prendre lui-même. » Les trois catégories de flotteurs ont été lancées par-dessus bord, du 27 au 28 juillet de cette année. L'opération, commencée vers un point situé à iio milles au nord-ouest de Corvo, la plus occidentale des Açores, s'est poursuivie dans le N. i4°0. de ce point sur une longueur de 170 milles. Les flotteurs ont été espacés de mille en mille, de deux en deux milles ou de demi en demi-mille, suivant leur natiue, mais très régulièrement. Tout se terminait en un jour et un quart (3i''33'"), et je puis ajouter ( io3. ) que l'équipage entier de ['Hirondelle a mis Iieaucoup de zèle, d'intelligence même, dans l'exécution de l'entreprise. » Si quelqu'un de ces flotteurs gagne la côte d'Europe, ce qui est pro- bable, s'il parvient aux mains d'une personne éclairée, ce qui est plus difficile, nos prévisions sont que ce double succès se produira entre le /lo" et le 5o* degré de latitude nord. S'ils devaient tous disparaître, nous ne regretterions pas d'avoir risqué une expérience que nous croyons impor- tante. En tous cas, la précaution prise, d'enfermer le document écrit dans un tube de verre scellé à la lampe, assure pour une durée plusieurs fois séculaire l'existence de ce parchemin. Il serait donc possible à la rigueur que, dans un temps éloigné, un de ces tubes fût retrouvé sur quelque plage lointaine ou peu explorée. » J'ai en conséquence l'honneur de joindre à cette Noie, au nom de M. Pouchet et au mien, pour être déposés dans les Archives de l'Académie des Sciences : » 1° Un modèle du document contenu dans les flotteurs; » 2° Un tube de verre scellé, renfermant un de ces documents; » 3" Un baril et une sphère de cuivre munis de leur lest. » La précédente Note était rédigée lorsqu'un premier résultat vient de nous surprendre. Le télégraphe m'annonce, de Lisbonne, que deux des flot- teurs ont été recueillis, le 19 septembre, aux Açores, près de l'île San Miguel. Ils auraient donc employé cinquante-deux jours à parcourir 4^0 milles suivant la dirrction du S. 49" E., si l'on admet qu'ils aient été recueillis au moment de leur arrivée sur la côte. Toutefois nous attendons, pour éta- blir définitivement ce résidtat, la vue des deux documents et la constatation de leur identité. » P. S. — Un troisième flotteur a été recueilli, le 16 octobre, au sud de l'île Sainte-Marie (Açores). » M. JuRiEN DE LA Gravière, poiir répoudrc au désir exprimé par M. Paul Bert en présentant la Note qui précède, expose en quelques mots l'intérêt tout particulier qu'ont pour les marins les éludes qui concernent les grands courants de l'Atlantique, du Pacifique et de l'océan Indien : « La marine à vapeur, dit-il, peut tenir peu de compte de ce déplacement des eaux; mais la marine à voiles n'est pas encore morte, et cette marine sait tireE- grand parti de la circulation des fleuves océaniques. Le courasit ( io32 ) du gulf-streain n'eniporte-t-il pas rapidement vers le nord, malgré des vents contraires, les navires qui s'engagent dans le canal de la Floride? Pareil phénomène ne se produil-il pas à l'est de Foraiose? Les navires à voiles ne remonteraient pas de Hong-Kong à Shang-Haï, pendant la mousson de nord-est, sans le secours de cette onde qui s'écoule vers le nord a|)rès qu'elle a fr;ippé les rivages contre lesquels la poussent incessamment les vents alizés. » Tout n'est pas connu en fait de courants : des observations superfi- cielles ont introduit, à ce sujet, beaucoup de notions fausses. » En calculant le courant éprouvé pendant vingt-quatre heures par le rapprochement du point observé et du point estimé, on s'expose à prendre pour base de ses conclusions une estime défectueuse. Des renseignements infiniment plus exacts résulteront de la constatation du chemin parcouru, durant un certain laps de temps, par des bouées soustraites à l'action du vent et n'ayant été entraînées que par le transport des eaux. Il paraît donc que les considérations les plus sérieuses sollicitent la marine à encourager la poursuite des expériences dont M. Paul Bert vient d'entretenir l'Aca- démie. » MÉTÉOROLOGIE. — Observations des lueurs crépusculaires. Note de ]M. A. Boillot. a Le 2 novembre, avant 7'' du matin, à Paris, le lever du Soleil était précédé d'une coloration du ciel très prononcée. L'horizon était illuminé à l'est par une teinte rougeâtre mélangée (le jaune. Cette lueur persista longtemps; elle ne disparut même pas dans la journée, car le Soleil se montra constamment entouré d'une auréole, dont la nuance très dominante était le rouge, qui allait en s'affaiblissant avec l'augmentation de la distance au disque de l'astre flamboyant. » Le 16, le même phénomène se manifesta, mais avec une plus grande intensité : à 6'' 4*3"", il était à son maximum d'éclat. L'illumination, rouge à l'horizon est, devenait rouge orangé, se teintait de violet pour se fondre dans le bleu du ciel zénithal. » Le soir du 2 novembre, au moment du coucher du Soleil, la lueur crépusculaire re- doubla d'intensité ; à S*", la coloration était très vive; sa teinte dominante était le rouge orangé. L'éclat de cette lumière diminuait ])rogressivement à mesure que son rapproche- ment au zénith augmentait ; à une quarantaine de degrés de ce point culminant, la lumière crépusculaire était sensiblement mélangée de violet. Avant 5''l5, le phénomène avait à peu près disparu ; une couche nuageuse s'élevait insensiblement vers l'ouest. » A quelle cause faut-il attribuer ces effets lumineux? Nous pensons (ju'il n'est guère possible maintenant défaire intervenir les poussières provenant de l'éruption du Krakatoa, ( io33 ) laquelle date de vingt-sept mois environ. Faut-il admettre l'existence de matériaux cos- miques, circulant dans les espaces planétaires, entre la Terre et le Soleil ; ou bien la cause doit-elle être attribuée à des cristaux déglace très petits, nageant dans les hautes régions de rataiosi)hère? » M. S. Jourdain adresse, par l'enlremise de M. de Lacaze-Duthiers, deux Notes « Sur la vascularisation du cœur chez les Vertébrés » et « Sur le mécanisme du mouvement des mâchoires chez les Téléostéens et les Lopho- branches ». M. E.-E. Debrcn adresse une Note sur un procédé pour distinguer les vins colores avec les bjies de sureau, des vins teintés par les vins de vigne américaine (Jacquez). M. Chapel adresse une Note « Sur la variabilité des étoiles ». L'auteur considère comme très probable que la variabilité des étoiles est directement liée au mouvement de la Terre sur son orbite. A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret, La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du i6 novembse i885. La vie au fond des mers. Les explorations sous-marines et les voyages du Travailleur e/ f/u Talisman; p«r H. FiLHOL. Paris, G. Masson, i885; i vol. gr. in-S" illustré. (Présenté par RI. A. ÛIilne-Edwards.) Guide hycjiénicjue et médical du voyaijeur dans F Afrique centrale; par Ad. Nicolas, Lacaze et Sigjvol. Paris, Challamel, i885; in-ia relié. (Présenté par M. Vulpian potn- le concours iMouiyon (Médecine et Chirurgie) de 1886.) ( »o3/, ) Société des Sciences médicales de Gannal. Compte rendu des travaux de l'année i8S/i- 1 885 présenté dans la séance du 5 juin 1 885; par M. A. M allât. Paris, A. Delahaye et Lecrosnier, i885; in-8°. L'aseptot. Acide orthoxyphénjUulfureux ; par E. Serrant. Paris, Berthier, sans date; br. in-8°. (Deux exemplaires.) Description pétrographique des roches des terrains cristallins piimaires et sédimenlaires du massif delà chaîne du Mont-Blanc, etc. ; parN . Patot. Genève, i886; in- 12. Bulletin météorologique du déparlement des Pyrénées-Orient des, 1 872-1 883. Perpignan, eu. Latrobe, 1873-1884; 12 fascicules iii-4°- Mémoires et Comptes rendus de la Société royale du Canada pour T année i884; t. II. Montréal, Dawson frères, i885; in-4° relié. L'Otlica di Claudio lolomeo da Eugenio, ammiraglio di Sicilia, scriltore del secolo XII, etc., pubblicata da G. Govi. Torino, Paravia, i885 ; in-8". Reports of observations ofthe total éclipse ofthe Sun, augusl 7, 1869, made by parties under the gênerai direction q/'prof. J.-H.-C. Coffin. Washington, 1877; I vol. in-4° relié. Institution ofinechanical engineers. General index toProceedings 1874-1884. Lonnon, i885; in-8°. Second geologicnl Survey of Pensjlvania. Reports of Progress, loines F", I, 1% 1% r, J, R, R-, R% R", L, M, M-, M% N, O, 0% O', P, P^ P% Q, Q\ Q%Q%R, R%T, TST*, V, W, Z; Atlas A% F, P, P% R, R-,T, X. Harris- burg, 1 879-1 885; 4o vol. in-8° reliés et brochés. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE ^ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 23 NOVEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. JURIEN DE LA GRAVIÈRE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE, ASTRONOMIE. — Observations des petites planètes, faites au grand instrument méridien de l'observatoire de Paris, pendant le troisième trimestre de l'année i885. Communiquées par M. Mouchez. Correction Correction Dates. Temps moyen Ascension de Distance de 18S5. de Paris. droite. l'épliémér. polaire. l'épliémér. 'Isg) Phti IIA, iill. 7... Il m s . .1.44. . Il m s iS. 48. 23,00 ■ — S '1.49 0 f a 104. i5.5o,2 -24"3 iG... II. 0.16 18.39.57,89 ® IIÉBÉ 12,89 104.28. 7,0 -27,0 liU. 7... 12.23. 8 19. 27. 3f), 57 + 0,44 98.39.42,1 + «,9 9... 12. i3. 24 19.25.43,77 -+- o,5o 98.55. 4,7 + ',9 10. . . 12. 8.3i 19.24.46,52 -+- 0,37 99. 3. 3,8 + 2,3 11... . 12. 3.38 19.23.49,23 -f- 0,55 99.11.13,5 + 2,1 16... I 1 . 39. 9 19. 18.59,3g + 0.58 99.54.37,7 -+- 1,9 18... 11.29.22 19.17. 3,74 -4- o,5o 100. i3. 4' ' -f- 1 ,3 C. P ., i8£5, 2' Semestre. (T. CI, N» 21.) 1 35 ( io36 ) Correction Correction Dates. Temps moyen Ascension de Distance de 1885. de Paris. droite. l'éphémér. polaire, l'éph émcr. Juin. 20. . . . Il Dl S I 1 . 19.36 h III s 19.15. 9,41 s 4- 0,57 0 / " 100,32. 5,2 H- 3",. 2 1.... II. 14.44 I 9 . I 4 • 1 2 , 86 -i- 0,61 1 00 . 4 1 45 J I -+■ 2,2 22 ... . 11. 9.52 I g . 13.16,73 -i- o,5i 100. 5i .32, I + 1.7 23. .. . II. 5. 1 19. 12.21 , 3 I -;- 0,54 10 I . I .26,6 + 2,4 25, .. . 10.55.20 ig. 10.32,59 -h 0,62 loi .21 . 3i ,3 -f- 2,2 28.... 10. 40. 58 19. 7.55,55 -1- o,5o 101 .53. 14.8 4- 1,8 Août 3 , . . . 10. 12.37 19. 3. 10,92 ■' 102.55. 9,2 " 6.... 9.58.45 19. I. 6,71 '■ 103.26.57,1 » 7.... 9.54. II 19. 0.28,36 103.37.32,3 " 8.... 949-39 18.59.5 1 ,79 " 103.48.16,8 » (n) Pauthénope. Juin. 16. . . 12. 9.15 19.49.10,76 -H 3,17 109.33.21 ,5 — 4,7 17.. . 13. 4.24 19.48.14,81 + 3,39 iog.38.32,g — 4,3 i8... 11.59.39. 19.47-18,60 -i- 3,21 109.43.45,4 — 2,8 21 . . . 11.44.57 19.44.30,73 -t- 3,20 109. Sg. 16, I — 2,9 22. . . 11.40. 5 19.43.35, 1 I + 3,08 110. 4-25,1 — 2,3 23... . ii.35.i5 1 9 . 42 • 4° » ' ^ -h 3,23 no. g.Si ,5 — 3,0 25... 11.25.34 ig.4o.5i ,26 + 3,22 110. 19.40,2 — 3,0 28... . II. II. 8 19. 38. 12,64 -h 3,17 I 10. 34- 35, g 3,0 Août 1 . . . 10.52. 6 19.34.53,28 +- 3,28 110.53.48,5 — 2,0 3... 10.42.41 19,33. 19,87 + 3,20 m. 3. 2,7 >,4 7... 10.24. 6 19.30.28,56 -t- 3,o5 1 1 1 .20.37 ,5 2,0 1'™) HOKOHIE. Juin. 20. . . 10.49 52 18. 45, 20, 12 100.47.37,9 i> Août 3 . . . . 9.45.4. I 8 . 36 . I 0 , gS " 10c .36.48, 7 » 6... 9.32.29 18.34.46,12 » 101,49. 4,4 » n J ' II... 9.28. 8 9.11. 0 18. 34. 2 1 ,20 18.32.56,27 i> loi. 53. i5, 8 102. 9.58,8 » !■',... 9. G. 47 18.32.39,22 11 102. 14. 22, I » i3... 9. 3.36 18.32.23,88 H - 102.18.37,8 •) 14... 8.58.26 18.32. 9,99 @ Vala 102.22.56,8 » Sept. 9.., 11. 2.23 22. 18.57,90 » 109.14.24,9 » (') On n';i pu s'a->siirer si l'astre observé est bien la planète. [o3' Dates. 1885. Temps moyen de Paris. Ascension droite. & Correction de l'épiiénîér. Distance polairo. Correction de l'éphémér. Sept. 12. 14. Il m s ... ii.Ti.3i 11.48.58 h m s 23.27. 5,01 23. 25. 23, 5o Il 106.33. 11,5 ( 106.37.28,1 ( ) » (si) Al.EXANnRA. Sept. 16. 18. 1 7 . 0 . 46 I 1 . 5o . 57 23.45. 6,54 23.43. 8,81 (37) FlDES -1841 -.8,43 75.55. 6,3 75.58.37,9 -4-169,9 + 170,8 Sept. 14. i5. 16. 18. 28. 12. 8.46 12. 3.57 .. 11.59. 8 11.49.29 II. I . 24 23.45. i3,97 23.44-20i8l 23.43.27,51 23.41 .40,20 23.32.53,07 (iîs) jEmu.ia - 7,83 - 7^81. - 7,74 - 7.80 - 7>68 n- 93. T. 4,8 93. 5.19,4 93. 9.33,7 93.18. 3,6 93.58.10,5 +5o, I +5o,8 + 5i ,0 +53,4 +5o,o Sept. i5. 10.45.8 22.23. 19,75 « 103.39.54,7 » » Les comparaisons de Parthénope et d'Hébé se rapportent aux éphémé- rides publiées dans le Butlttin astronomique [i. II, juin i885); celles de Phthia et d'Alexandra aux éphémériiles publiées dans les n°* 253 et 257 des circulaires du Bertiner Jahrbuch; celle de Fides se rapporte à l'éphé- méride du Berliner Jahrlmch » Les observations du mois d'août ont été faites par M. O, Callandreau ; toutes les autres, par M. P. Puiseiix. » PHYSIOLOGIlî KXPÉRIMENTALE. — Recherches sur les fonctions du nerf de Wrisbercj; par M. Vulpian. « Le nerf facial nait du bulbe rachidien, cliez les Mammifères, par deux racines : l'une, la plus voiiuiiineuse, est la racine motrice; l'autre, située entre le nerf acoustique et la racine motrice du facial, a été considérée comme la racine sensitive de ce nerf et elle est connue sous le nom de (M Oliservation non corrigée de la jinralLixc. ('^) On n'a [)ii s'assurer si l'astre observé est bien la planète. ( io38 ) nerf de Wrisberg. Cette racine se rend au ganglion génioulé, au sortir duquel elle se fusionne avec la racine motrice pour former le tronc du nerf facial qui parcourt ensuite l'aqueduc de Fallope. » Une partie des fibres du nerf deWrisberg se sépare, dans cet aqueduc, du tronc du nerf facial, pour constituer la corde du tympan. Il suffit d'énoncer ce fait pour que l'on voie combien il serait inexact de considérer le nerf de Wrisberg comme exclusivement composé de fibres nerveuses sensitives. La corde du tympan, ainsi que l'ont démontré Ludwig, Cl. Ber- nard, Scliiff, est, en effet, le nerf excito-sécréteur de la glande sous-maxil- laire ; d'autre part, Cl. Bernard a découvert que l'excitation de la corde du tympan provoque la dilatation des vaisseaux de cette glande, et j'ai fait voir qu'elle exerce une action semblable sur la langue. La corde du tym- pan contient donc des fibres nerveuses excito-sécrétoires et des fibres vaso-dilatatrices. Elle contient aussi des fibres sensitives. On a reconnu, en effet, qu'elle est douée de sensibilité à la douleur. D'autre part, l'expé- rimentation et la clinique ont prouvé que la corde du tympan joue un rôle considérable dans les sensations gustatives : pour divers auteurs même, ce serait ce rameau nerveux qui serait le nerf du goût, et le nerf lingual, auquel vient s'unir la corde du tympan, ne donnerait à la langue que la sensibilité générale. » Ainsi, le nerf de Wrisberg, dont la corde du tympan est une prove- nance, est à la fois nerf de sensibilité générale et de sensibilité gustative, nerf excito-sécréteur, nerf vaso-dilatateur. » Je crois être en mesure de montrer : i° que son intervention, comme nerf vaso-dilatateur, ne se confine pas dans la glande sous-maxillaire et dans la membrane muqueuse de la langue, mais qu'elle s'étend au voile du palais; 2° qu'il préside, en grande partie tout au moins, à la sensibilité gustative de ce voile. » L Pour ce qui est de l'action vaso-dilatatrice, il suffit d'examiner, sous ce rapport, sur un cbien curarisé et soumis à la respiration artificielle, les effets de la faradisation du nerf facial dans le crâne, entre le bulbe ra- cbidien et l'entrée du conduit auditif. Si l'on excite le nerf facial dans ce point, à l'aide d'un courant faradique saccadé, d'intensité relativement faible (.ippareil à chariot; pile de Grenet de moyen modèle; bobine au fil induit, sé|)arée du point où elle recouvre entièrement la bobine au fil in- ducteur par un intervalle de o"", i6 à o™, 18), on voit, en quelques se- condes, se développer une forte congestion de toute la moitié correspon- dante de la langue, dans les deux tiers ou les trois quarts antérieurs; la ( io39 ) rougeur est tout aussi vive, du même côté, sur la face inférieure de la langue, sur le plancher buccal et sur le freiu de la langue; elle s'étend à la face interne des gencives inférieures, surtout dans la région de la canine. En même temps, on peut constater une congestion très nette de la moitié correspondante du voile du palais, depuis le bord inférieur de ce voile jusqu'à o"\o2 en arrière du bord postérieur de la voûle palatine. La rougeur s'étend ainsi plus haut que le bord supérieur de l'amygdale : la couleur de celle-ci ne se modifie pas. Toutes les fois que l'expérience a eu lieu dans de bonnes conditions, la rougeur du voile du palais n'a jamais fait défaut. La congestion ainsi provoquée est un résultat d'ac- tion vaso-dilatatrice directe; car on l'observe avec les mêmes caractères dans les cas où l'excitation faradique porte sur le nerf facial, dans le crâne, après que l'on a détaché ce nerf du bulbe rachidien. Cette congestion est bien le fait de l'excitation du nerf facial, et non d'une transmission du courant aux nerfs voisins, c'est-à-dire au trijumeau ou à l'ensemble des nerfs glosso-pharyngien, pneumo-gaslrique et spinal, car la faradisation isolée de chacun de ces nerfs, avec le même courant, ne produit jamais de congestion dans la moitié correspondante du voile du palais ( '). » Cette action vaso-dilatatrice, exercée sur le voile du palais par le nerf facial, me paraît devoir être attribuée au nerf de Wrisberg. On sait que la membrane muqueuse du voile du palais reçoit ses fibres nerveuses des nerfs palatins qui proviennent du ganglion de Meckel. Or, l'un de ces nerfs, le nerf palatin postérieur, est regardé comme le prolongement du grand nerf pélreux superficiel, et ce dernier nerf qui émane du ganglion géniculé est formé surtout, en réalité, par le nerf de Wrisberg. Le nerf de Wrisberg exerce donc une action vaso-dilatatrice sur le voile du palais. » 2. Ce nerf intervient-il, comme nerf du goût, dans les fonctions du voile du palais? Les auteurs ne sont pas absolument d'accord, relativement à la fonction gustative du voile du palais. Disons cependant que, si des physio- logistes d'un grand mérite, au premier rang desquels on doit citer Longet, refusent au voile du palais toute sensibilité gustative, la plupart des expé- rimentateurs sont d'un avis contraire et admettent que ce voile membraneux possède à un certain degré ce mode de sensibilité spéciale. Pour moi, la question n'est pas douteuse; les expériences que j'ai faites sur moi-même et sur d'autres personnes m'ont convaincu que le voile du palais peut servir (*) Je conserve, toutefois, un certain doute pour ce qui conceine le nerf i;losso-pliaryn- gien ; mais, si ce nerf provoque une congestion du voile du palais, elle est extrêmement faible. ( 'o4o ) à reconnaître la saveur du sucre, celle du sel, celle du sulfate de qui- nine, etc., et cela, non seulement vers le milieu, mais encore par les parties latérales de sa face antéro-inférieure, jusqu'à une certaine distance de la ligne médiane (' ). » Les expériences sur les animaux ne peuvent pas, on le conçoit, nous èlre de quelque secours dans la recherche dont il s'agit ici. Il serait déjà difficile de s'assurer, sur eux, si le voile du palais est doué de sensibilité gustative, et par conséquent tout essai tenté pour déterminer, chez eux, l'origine des fibres nerveuses qui transmettent aux centres les impressions sapides portant sur ce voile membraneux, serait condamné d'avance à donner des résultats obscurs, indécis. Il n'en est pas de même des observa- tions faites sur certains malades. Le fait suivant me paraît très instructif sous ce rapport. » Un des lits de mon service, à l'Hôtel-Dieu, est occupé de[)uis quelques jours par un homme âgé de 87 ans, paraissant d'assez forte constitution, qui s'est éveillé, un matin, il y a cinq semaines environ, avec des étour- dissements, un peu de vertige et un affaiblissement notable de la motilité et de la sensibilité dans les deux membres du côté gauche. Son état ne s'est pas modifié depuis le début de la maladie. La sensibilité est affaiblie aussi dans la moitié gauche de la face; mais les muscles faciaux ont conservé toute leur énergie de ce côté, tandis que ceux du côté droit sont paralysés. Tous les plis de la peau (front et joue) sont effacés du côté droit et exagérés du côté gauche, la commissure gauche est un peu tirée en haut et en dehors, la narine gauche est entraînée aussi en dehors. L'orbiculaire des paupières du côté ilroit ne semble pas paralysé, ou ne l'est que très neu. Il n'y a pas de déviation de la langue lorsqu'elle est tirée hors de la bouche; la luette est très légèrement inclinée à droite. » Ce malade est donc atleintde la variété d'Iiémiplégie à laquelle Gubler a donné le nom à' hémiplégie alterne. Les muscles de la face paralysés ne présentent pas la réaction de dégénératiou, à rexce()tion des muscles py- ramidal du nez, sourcilier et frontal. La sécrétion sudorale est beaucouj) plus active dans le côté gauche de la face que dans le côlé droit. >■ L'odorat est manifestement affaibli du côté droit; il n'y a point de dif- ft'ience notable entre les deux côtés pour l'ouïe. La vue est à peu près égale à droite et à gauche. (' ) Les saveurs sont, du reste, senties moins vivement et reconnues ninins proniptenient lorsque les impressions sont faites sur le voile du palais (jne lorsqu'elles ont lieu sur la face dorsale de la langue. [ Jo^i ) » La sensibilité générale de la moitié gauche de la langue, dans tonte la région innervée par le lingual, est amoindrie; celle de la moitié droite est normale : au contraire, la sensibilité gustative est intacte du côté gauche et elle est affaiblie du côté droit, comme on s'en assure au moyen du sul- fate de quiniup pulvérulent. La face inférieure de la moitié gauche de la langue est un peu plus rouge que la région correspondante de la moitié droite de cet organe et la différence s'accentue davantage lorsqu'on met du vinaigre sur la langue ('). Toutes ces particularités s'expliquent facile- ment à l'aide des notions que nous possédons aujourd'hui sur le rôle de la corde du tympan comme nerf gustatif et nerf vaso-dilatateur. )) La sensibilité gustative de la région de la langue, située en arrière des papilles caliciformes (région innervée par le glosso-pharyngien), paraît in- tacte à droite et à gauche. » Outre les symptômes qui viennent d'être énumérés, on constate une paralysie bien marquée de la moitié droite du voile du palais. Pour peu que le malade crie, la bouche ouverte, on voit la moitié gauche du voile du palais se raccourcir fortement de bas en haut et former un pli vertical profond, à peu de dislance de la ligne médiane, tandis que la moitié droite reste inerte, pendante. La voix est tout à fait nasonnée et la déglutition très embarrassée. Mais voici ce qui est intéressant au point de vue de l'ori- gine des fibres nerveuses gusiatives du voile du palais. Pendant que le ma- lade, qui a conservé toute son intelligence, tient la bouche ouverte, j'abaisse la langue avec une cuiller, de façon à bien voir le voile du palais et je porte, à l'aide du bout non taillé d'un crayon, une petite quantité de sul- fate de quinine pulvérulent sur chacun des côtés delà partie antéro-inférieure de ce voile. Le sulfate de quinine adhère au voile du palais et, au bout de quelques instants, le malade, dont la bouche est demeurée ouverte, ce qui l'empêche de parler, fait signe qu'il sent mieux du côté gauche et il pro- fère deux sons successifs («-e;), pour nous indiquer que la substance est amère. La moitié gauche du voile du palais sent donc mieux la saveur amère que la moitié droite. L'expérience, répétée plusieurs fois, a toujours donné le même résultat. Le malade nous assure que la différence d'inten- sité de la saveur est très nette, mais que c'est le même goût qu'il ressent à droite et à gauche (il en est de même pour les deux côtés de la langue). (') 3'ai examiné les oiilices des canaux de Whaitdn, sur le plancher buccal, après avoir mis une goiiUe de vinaigre sur la langue : il m'a semble que la sécrétion salivaire sous- maxillaire ainsi provoquée était plus abondante à gauche qu'à droite. ( I042 ) Pour la sensibilité générale du voile du palais, les effets sont inverses : la nioilié gauche de ce voile a pardu une partie de sa sensibilité générale, tandis que, sous ce rapport, la moitié droite de ce voile est dans l'état nor- mal. Ainsi, si l'on frotte avec un corps quelconque la moitié gauche du voile du palais, il n'y a pas production de nausée, tandis qu'il en est tout autrement si l'on frotte de la même façon la moitié droite. Le froid est beaucoup mieux senti sur cette moitié droite que sur la moitié gauche, etc. » Les saveurs sont donc moins bien senties par le voile du palais du côté où le nerf facial est paralysé que du côté où la sensibilité générale est affaiblie. C'est donc le nerf facial qui paraît conférer, en grande partie au moins, la sensibilité gnstative au voile du palais, ou plutôt c'est le nerf de Wrisberg, racine sensitive du facial. » Une remarque encore : le frottement de la membrane muqueuse du côté gauche du voile du palais y déterniine une congestion réflexe plus accusée que celle qui se manifeste du côté droit, lorsqu'on fait subir la même excitation à ce côté du voile du palais. » En résumé, le nerf de Wrisberg, par l'intermédiaire du grand nerf pétreux superficiel, fournit, au voile du palais des fibres nerveuses gusla- tives et des fibres nerveuses vaso-dilatatrices. » 3. Le petit nerf pétreux superficiel, qui naît du ganglion géniculé, comme le grand nerf pétreux superficiel, provient surtout, ainsi que celui-ci, du nerf de Wrisberg. Il doit donc, suivant toute vraisemblance, posséder, dès son origine, un pouvoir vaso-dilatateur et contenir des fibres sensitives (peut-être aussi dos fibres excito-sécrétoires propres, en dehors de celles que lui donne le filet anastomotique qu'il reçoit du ra- meau de Jacobson); mais jusqu'ici ces présomptions n'ont été l'objet d'au- cune vérification expérimentale. » ANALYSE MATHILMATIQUE. — Sur une nouvelle lliéorie déformes algébriques ; par M. Symester. « Si l'on imagine une fonction de dérivées différentielles (toutes d'un ordre supérieur à l'unité) dej par rapport àx, qui,sauf l'introduction d'un facteur multiple numérique, d'une puissance de —■> ne change pas sa va- leur quand on remplace jrparj' et j- par x, il est évident qu'une telle fonction restera invariable (sauf l'introduction d'une constante comme facteur) quand pour .x" et r on substitue des fonctions linéaires quelcon- ( îo/i3 ) ques, homogènes ou non liomogènes de y et x. Ainsi une telle fonction conduira immédiatement à la connaissance d'un point singulier d'une courbe d'un degré quelconque. J,eseul exemple d'une telle fonction, traité jusqu'à ce jour, est la simple fonction -y^.^ qui, par cette seule propriété, sans aucune autre considération, sert à démontrer l'existence d'une pro- prieté projective de courbes dont la condition est — = o. Il nous paraît donc très utile de chercher un moyen de produire toutes les fonctions de cette espèce auxquelles nous donnerons le nom de réciprocants purs ou simplement réciprocants. On verra qu'il existe des réciprocants mixtes, c'est-à-dire contenant des puissances de -j- (comme la forme bien connue deM.Schwarz, ~ '--^ V^ ~ ) qui possèdent la même faculté d'inva- rtx ■ elj:' 2 (l^- dx- J ^ ' riance par rapport à l'échange de ^avec jc, comme les réciprocants purs, mais qui évidemment ne peuvent pas indiquer l'existence de points singu- liers dans les courbes. » Nous écrirons, au lieu de Ov^, à'j.j, f^lfi §)./, . . ., les lettres t, a, h, c, . . . , et [)our leurs réciproques èyX, SJ.r, ^\x^ . . ., -u, ce, ^,y, . . .. On verra facilement que, pour que F{t, a,b, c, . . .) soit un réciprocant pur, F doit être d'un degré et d'vm poids constant lians les lettres de chaque terme; de plus (pour un réciprocant F d'une nature quelconque), on aura F={-ift'\ où 0 sera le plus pelit nombre des lettres a, b, c, ... dans un terme quel- conque de F, et 1 sera la moyenne arithmétique entre le poids et trois fois le degré de F, en comptant le poids de t, a, h, c, . . . comme étant — i, o, 1,2, Cela donne lieu à une remarque importante par rapport aux réci- procants mixtes: pour qu'on puisse additionner deux formes mixtes afin de former un nouveau réciprocant, il faut non seulement que le degré et le poids soient les mêmes pour tous les deux, mais aussi le caractère qui dé- pend de la valeur de Q et que l'on peut qualifier comme caractère pair ou impair selon la parité de 6. Ainsi, par exemple, 2{b — '5a- et a^ sont tous deux réciprocants, mais 2tb ne le sera pas, parce que les caractères des deux doiniées sont contraires. Il est facile de démontrer que, si R est un réci- procant quelconque, (2T& — 3rt-)ô„R + {-izc — 4rti)(ÏAR + (2Tf/ — 4ac)§cR +•■ • c. R., i88b, 2- Semestre. (T. Cl, N" 21.) 1 36 ( io44 ) sera aussi un réciprocant de même caractère que R. Ainsi, en commençant avec le réciprocant a, on peut obtenir une suite infinie de réciprocants mixtes: ces réciprocants ainsi obtenus ne seront pas en général irréduc- tibles; mais, sans les réduire, leur forme fait voir immédiatement que tout réciprocant, qu'il soit pur ou mixte, peut être exprimé comme une fonction rationnelle et aussi (si l'on regarde t comme unité) entière de combinaisons lécjiliines ( ' ) de ces quantités. » Pour obtenir tous les réciprocants purs de poids, degré et ordre (c'est-à-dire nombre de lettres) donnés, linéairement indépendants les uns des autres, on peut former une équation partielle différentielle, linéaire, où R est la variable dépendante, et a,b,c,... les variables indépen- dantes; elle exprimera la condition nécessaire et suffisante pour que R soit un tel réciprocant et fournira un moyen sur de résoudre le problème ijroposé. Voici la manière de démontrer ce théorème fondamental. » Si, dans l'équation F{a,b,c,...)--={-ifr-'-F{a,^.,-/,..), on donne à j la variation zœ, on voit que rt, b,c, .. , et conséquemment F, restent invariables. Les variations de a, /3, 7, ... sont faciles à déterminer, et la variation de t est donnée. » Ainsi, après quelques calculs faciles, en égalant à zéro, séparément, dans la variation de i-^ F (a, |3, ...), les termes qui contiennent t et ceux (jui ne le contiennent pas, on arrive à deux équations dont l'une sera (3«.^-+-4^^ + 5c^^+...)F(a,^,...) = .XF, qui exprime la valeur numérique de >., comme fonction du poids et du degré de F; l'autre équation, en écrivant V— -3rt'c?„-)- ioab) Tl nous reste à signaler un sixième cas des plus probants: il s'agil d'un asihme cardiaque avec albuminurie, le pouls présentant une déprécia- tion et un trouble complet; quarante minutes après l'ingestion du médica- ment tout était changé; la régularité et la force avaient reparu. » RésitUats el indicaliotis thérapeutiques. — Trois effets caractéristiques et constants ressortent de ces observations : le premier, qui est le plus im- portant, c'est le relèvement du cœur et du pouls; sous ce rapport, il équi- vaut à la digitale ou à l'alcaloïde du muguet appcdé convallamarine, et son action tonique est infiniment plus marquée, [)lus prompte et plus durable. Le deuxième effet c'est la régularisation immédiate du rythme cardiaque troublé; aucun médicament ne saurait lui être comparé à cet égard. Le troisième résultat, c'est l'accélération des battements qui s'impose, pour ainsi dire, dans les graves atonies avec ralentissement du cœur et, par cela même, le rapproche de la belladone. Tous ces phénomènes apparaissent au bout d'une heure ou de quelques heures au plus et se maintiennent trois à quatre jours après la suppression du médicament. Pendant ce temps, les forces augmentent et la respiration est facilitée, mais beaucoup moins bien que par l'iodure de potassium ; la fonction urinaire seule ne paraît pas in- fluencée par la dose modérée que nous avons employée jusqu'ici. » Le sulfate de spartéine semble donc indiqué chaque fois que le myo- carde a fléchi, soit parce qu'il a subi une altération de son tissu, soit parce qu'il est devenu insuffisant pour compenser les obstacles à la circulation. Lorsque le pouls est faible, irrégulier, arythmique, le sulfate de spar- téine rétablit rapidement le type normal. Quand enfin la circidalion est ralentie, le médicament paraît immédiatement obviera ce trouble fonction- nel, tout en maintenant ou augmentant la force acquise du muscle. » ( '049 ) MEMOIRES PRESENTES. VITICULTURE. — action de la chaux sur les vignes nlteinies du mildtw. Note de JM™" la duchesse de Fitz- James, présentée par M. Pasteur. (Renvoi à la Commission.) « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie le résultat d'expériences faitessur des vignes de mon domaine de Saint-Bénézet, près de Saint-Gilles, à l'aide du lait de chaux, pour coml>attre le mildew. M En juin de cette année, plusieurs petits propriétaires de la Camargue ont préservé une partie de leur récolle en dressant des gerbes de roseaux entre les souches, afin de les abriter du soleil. De cette manière ils ont pu arrêter, au moins en partie, le développement du mildew. Les vignes ainsi abritées ont conservé leurs feuilles, et le raisin a eu un degré saccharimc- trique à peu près normal. » Ce genre d'abri n'étant pas pratique, j'ai cherché un moyen plus éco- nomique et surtout plus résistant au vent : je l'ai obtenu en répandant, à de courts intervalles, plusieurs couches d'un lait de chaux sur les feuilles de souches de jacquez envahies par le mildew. Au bout de quinze jours, le mal a été circonscrit, limité aux taches antérieures à l'application de la chaux, et les taches desséchées ont laissé des trous nettement découpés sur les parties saines (' ). » L'emploi de la chaux à haute dose sur les feuilles de la vigne, pour combattre le mildew, me paraît le remède le plus facilement applicable dans le midi de la France. En elfet, dans celte région de l'olivier, région à laquelle cette Note s'applique exclusivement, la diffusion du sulfate de cuivre em- ployé en dissolution, comme traitement des vignes, sera lente et irrégulière parles étés secs qui surviennent chez nous presque tous les ans. De même, le mélange de chaux et d'oxyde de cuivre, qui a réussi cette année dans le bordelais, ne recevant pas dans le Midi des pluies fréquentes, restera encore abondamment surnos raisins avec toutes ses propriétés toxiques au moment des vendanges. L'emploi de l'eau de chaux pour combattre le mildew ne (') Ces faits ont été constatés à deux reprises différentes par M. Foëx, directeur de l'E- cole d'Agriculture de Montpellier, visitant mon domaine de Saint-Bénézet avec ses élèves italiens. ( io5o ) présentera pas tous ces inconvénients et en aura tous les avantages, surtout pour les raisins de table, raisins précoces, dont nous produisons actuelle- ment de grandes quantités. » M. .1. Desnos adresse une Note relative aux insuccès qu'il a constatés dans l'emploi du procédé consistant à imprégner de sulfate de cuivre les échalas des vignes pour combattre le mildew. (Renvoi à la Commission.) CORRESPONDANCE . M. le Secrétaire perpétiel rappelle qu'un Concours est ouvert, par la Société de Physique el d'Histoire naturelle de Genève, pour la meilleiu'e mo- nographie inédite d'un genre ou d'une famille de plantes. (Prix de cinq cents francs, fondé par Augustin-Pyramus de CandoUe.) Les manuscrits peuvent être rédigés en latin, français, allemand (écrit en lettres latines), anglais ou italien; ils doivent être adressés, franco, avant le i" octobre 1889, au Président de la Société de Physique et d'Hib- toire naturelle de Genève, à l'Athénée, Genève (Suisse). ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la formule d'interpolation de Lagrange. Note de M. Bendixson, présentée par M. Hermite. « Dans son Mémoire Â/r /fi /ormu/e d'interpolation de Lagrange [Ci elle s Journal, t. 84), M. Hermite présente la formule de Lagrange sous la forme suivante la fonctiony(a') étant uniforme et régulière à l'intérieur de l'aire S qui comprend, d'une part, rt,, . . ., a„ et, de l'autre, la quantité x. » I^a fonction F„(.r), définie par cette égalité, est alors, à l'égard de la variable x, un polynôme entier de degré « — i, et l'on a f''«(«v)=y(«v) (v = ',-- ,«)• M. Hermite fait, de plus, la remarque que la différence entre la fonction et ( .o5i ) le polynôme d'interpolation peut, sous certaines conditions, diminuer sans limite lorsque le nombre n va en augmentant. » Ces observations m'ont conduit à quelques formules qui me semblent ne pas manquer d'intérêt. » Soient a,, ..., a,„ .. ., a tous compris à l'intérieur de S, et admettons, à l'égard de ces nombres a, , . . ., a,, . . . , la condition que lim «, = a, on a l'égalité n=^l^nij^.v — z (z — »,)... {z-a„) J ' tant que \jr — a\<^\z — a\, c'est-à-dire tant que x est contenu dans un cercle ayant pour centre le point a et étant lui-même contenu à l'intérieur de S. Ces résultats nous montrent que/(j:) peut être mis sous la forme /(x) = F,(^) +|][F„,,(.r) - F„(.r)], ce qui nous permet d'écrire /(x)-.^r.^./.+(.._.,)^.r-_4i^ — ,./=+.,. dz formule correspondant à la série de Taylor. » En mettant les constantes k^^^l^ se calculent au moyen des qunnlifés A„ par les for- mules suivantes : A "" A "" V = ■' (n=o, I,...), en observant que A" = A„. » Ces observations nous donnent alors le théorème suivant : » Élanl données les valeurs A,, . . ., A,„ . . . r/e la fonction J [x) aux points fi,, . . ., «vi • • •> limfi^= a, je puis toujours, sij (x) est régulière au point fi, trouver chaijue valeur de la foncdon dans un voisinage suffisamment petit de n C. R., i885, 2" Semestre. (T. CI, N» 21.) iS'/ ( io52 ) par l'égalité /{ce) = A, + k'..{x- — rt|) + Kl{x — a,){:r — ^, )-+-■• . mais, à l'égard des séries de la forme v = o elles sont évidemment convergentes dans un cercle de convergence à l'in- térieur duquel elles sont uniformément convergentes, ce qui nous permet d'affirmer que la série \ Av_, (a- — a). . .{oc — a^) a tout à fait le même V =0 domaine de convergence que le développement ùej{x) en série de Taylor au point a. » En mettanty^(a?) = ? on obtient 1 I , (.f — a,) , , I.T — „,).... I.r —û,] y. — «lia — «, a — rt, , . . a — aJiu.- pour Ijc — a\ ^\a — a\, d'où l'on déduit O = . — «v-i)l«.— a.+,i v ■ -, It -1- («,— «,). . .(o,— «._,)(av— "v+i). . .(«v— ",x) pour \x — a\ "^^ — 7-' • • •' lunOv = xi , on déduit aisément l'identité suivante: ; />, + io ) ( i-, -+- />3 ) ■•■ (bt-^b,)...{ù^-hO. u+l I ») La série \ (.<. fi) . .■ [j: — ^vj pétant uniformément conver- ^ (a — «,).. . (« — «„) (a — a,_t.ij ViicO gente pour toutes les valeurs de x- et a satisfaisant à la condition 5e<^ I ; on obtient, en formant les dérivées par rapport à a et x, — a les relations (•'■ — ''il / ' , ' \ , a — rt , / 'li' (« — "i)(« — "2) [x — «, ) . ■ . I.V — a^) ^a — «1; . . . ^a — 'V+lJ et (a — «i)(a — «.) (a (.,. _„,)(.r — fl,) / I ^_ 1 \ — rt,)(a — «2)(a — «3) \''' — "1 -r — «2/ [a: — r/,) ...(.r— a^) / i _ (a — «1) ... (a — «,,+,) \ .r — «, Des résultats analogues s'obtiennent pour- r-» » La dernière de ces égalités donne lieu à une identité analogue à celle déjà déduite, savoir : {l),-+-b.-{-b3)-h... pour lim è^ = co . » /;i + 6,) ... (6,+ Vi)^ ' ( io54 ) MÉCANIQUE. — Sur le tliéorème de Kœnig, relatif à la force vive d'un système. Note de M. Ph. Gilbert, présentée par M. Resal. « Ce théorème, fort connu ('), consiste en ce que la force vive totale qui anime un système matériel à un instant donné se décompose en deux parties, l'une qui est égale à la masse du système multipliée par le carré de la vitesse de son centre de gravité, l'autre qui est la force vive que possède le système dans son mouvement relatif autour du centre de gravité. » Le centre de gravité n'est pas le seul point qui jouisse de cette pro- priété, et le but du calcul suivant est d'assigner une loi simple qui en fournit une infinité d'autres, dans le cas où le système matériel se réduit à un corps solide. » Soient, en général, A une origine mobile; Ajc, Aj', Ai; trois axes mobiles parallèlement à eux-mêmes; ('„ la \ liesse (lu poinl A; i' la \iit'.s.-c abso'ue cl f' la vitesse relative, par rappoi t au système kœyz, d'un point qnel- C()i:ij!i(> m di) sysièiiie m.ilriicl. On a ^//ii= ^ ::«/[( IV,-!- t';.)-H- (.■„> + «'_,.)' + (*'''^+ ''^^'i et, en développant et désignant par M la masse totale, Mais, sïv\ désigne la vitesse relative du centre de gravité du système par rapport à Accyz, cette équation peut aussi s'écrire Va.v\ désignant, suivant la notation de M. Resal, le produit géométrique des vitesses v,, et v\. Pour que le dernier terme s'annule et que le point A jouisse de la propriété demandée, il faut donc et il suffit que ce produit soit nul (') D'a|)rès un renseignement que je dois à l'obligeance de M. Resal, il a été publié par S. KœnJL' dans les Jcla Erudiloitim. ( io55 ) ou que la vitesse absolue de l'origine A fasse un angle droit avec la vitesse relative du centre de gravité par rapport à A. » Supposons maintenant que le système matériel soit invariable, et soient, à un instant quelconque de son mouvement, OZ l'axe de rotation et de glissement ou axe de Mozzi, G le centre de gravité, A un point quel- conque du corps et AI l'axe instantané relatif au point A. » La vitesse relative v\ du centre de gravité par rapport au point A n'est autre que la vitesse du point G, due à la rotation autour de l'axe AI : elle est normale au plan GAI mené par cet axe et par le centre de gravité. La vitesse v^ du point A est la résultante de la vitesse de glissement Q, suivant AI et de la vitesse w du point A, due à la rotation autour de OZ. D'après les propriétés des produits géométriques, on a donc car Q.v\ est évidemment nul H faut donc et il suffit, pour que le dernier terme de l'équation (i) disparaisse, que la vitesse w du point A, due à la rotation autour de OZ, soit normale à v\ et, par suite, dirigée dans le plan GAI, d'où l'on conclut sans peine que les deux plans GAI, AOZ doivent être perpendiculaires l'un à l'autre. Le point A doit donc appartenir à l'in- tersection de deux plans rectangulaires, menés respectivement par OZ et par la parallèle GZ' à OZ. De là ce théorème : » Si, à un instant quelconque du mouvement d\m solide, on décrit un cr- lindre circulaiie droit, dont la génératrice est parallèle à l'axe de Mozzi, et dont la section droite a pour diamètre la j)crjiendicalaire abaissée du centre de gravité sur l'axe de Mozzi, tout point A pris sur cette surface cylindrique fouira de la propriété énoncée dans le théorème de Kœnig, c est-à-dire que la force vive totale du corps à f instant considéré ser-a la somme de la force vive qu'aurait le point A Si toute la masse j était réunie, et de la force vive du corps dans son mouvement autour du point A. Il n'y a pas d'autres points du solide jouissant de cette propriété. » On voit, en particulier, que tout point pris sur l'axe de Mozzi satisfait à cette condition, et, s'il arrive qu'un même point du corps reste constam- ment sur cet axe, comme cela a lieu dans un mouvement hélicoïdal fini, le théorème de Kœnig s'appliquera à ce point tout comme au centre de gra- vité. » ( io56 ) CHiMil!. — /application rie la cryoicopie à In détermination des poids molécu- laires. Ntjte de M. F. -M. Raoult, présentée par M. Berthelot. « L'abaissement moléculaire décongélation T d'nne substance dissoute s'obtient, comme on sait, en multipliant le poids moléculaire M de cette substance par son coefficient d'abaissement A, dans le dissolvant employé. On a donc {,) M = ^. » Le coefficient d'abaissement A s'obtient, dans chaque cas particulier, en divisant l'abiiissement du point de congélation par le poids de la sub- stance qui existe en dissolution dans loo^'' de dissolvant. Cette quantité peut, comme je l'ai liiontré ailieurs, être déterminée avec tonte l'exactitude nécessaire, pourvu seulement que l'abaissement du point de congélation soit supérieur à o°,5C. Quant à l'abaissement moléculaire T, c'est une quantité qui varie d'un dissolvant à l'autre, mais qui, dans un même dis- solvant, reste la même pour des groupes de composés nombreux et bien définis; elle peut donc être considérée comme connue, au moins approxi- mativement. Il en résulte que la valeur approchée du poids moléculaire M d'une substance dissoute peut être calculée, au moyen de la formule qui précède, et servir à déterminer le choix entre deux poids moléculaires mul- tiples l'un de l'autre. L'expérience, faite sur plus de aSo composés de toute espèce, prouve qu'en effet on ohtietit ainsi des résultats nets et cor- rects {* ). » Voici quelques indications pratiques pour fixer, par cette méthode, le poids moléculaire d'une substance soluble dans l'eau, dans V acide acétique ou dans la benzine. 1) Poids moléculaires des matières organiques. — Si l'eau est le dissolvant employé, le poids moléculaire M de la substance organique dissoute (pourvu que ce ne soit ni un sel véritable, ni un ammonium) est désigné par la formule ( ' ) Comptes rendu/:, t. XCIV à CI ; Annales de Chimie et de Physique, 5° série, t. XXVIII ; 6" série, t. II et IV. ( 'o57 ) » Si l'acide acétique est le dissolvant employé, le poids moléculaire M delà substance organique dissoute est indiqué par la formule (3) M=^. » Si la benzine est le dissolvant employé, et si la matière organique dis- soute n'est ni un alcool, ni un phénol, ni un acide (ce dont il est facile de s'assurer), on a (4) M = ^. A i> Il arrive souvent qu'une même substance organique peut se dissoudre dans plus d'un de ces dissolvants. On profite de cette circonstance pour déterminer son poids moléculaire dans deux de ces liquides et se ménager ainsi un moyen de contrôle. En cas de désaccord, c'est, bien entendu, le plus faible des poids moléculaires trouvés qui doit être adopté. » Poids moléculaires des chlorures minéraux anhydres. — Beaucoup de chlorures minéraux anhydres (AsCl% PhCl% Sn-Cl\ ...) sont solubles dans l'acide acétique ou la benzine. Dans l'acide acétique, le poids molé- culaire d'un chlorure anhydre est indiqué par la formule (3); dans la benzine, il est donné par la formule (4), exactement comme pour les ma- tières organiques. » Poids moléculaires des composés minéraux solubles dans l'eau. — Les poids moléculau-es des acides, des bases et des sels, peuvent être déter- minés directement, d'après l'abaissement du point de congélation qu'ils produisent dans l'eau; il suffit, pour cela, de s'appuyer sur les lois que j'ai établies relativement aux abaissements moléculaires de ces différents com- posés dans ce liquide. Miiis il est plus simple de les calculer, connaissant la basicité de l'acide et l'atomicité du métal. Voici comment on peut dé- terminer l'une et l'autre. » Détermination de la basicité d'un acide. — Si l'on désigne par E le poids d'un sel alcalin neutre qui renferme i'='» de métal (savoir, Sg^'' de potas- i-ium, 23^'' de sodium, etc.) et par A le coefficient d'abaissement du sel dis- sous dans l'eau, on a A X E = 35 si l'acide du sel alcalin est monobasique; A X E = 20 si l'acide du sel alcalin est bibasique; A X E = i5 si l'acide du sel alcalin est tribasique ou tétrabasique. ( ]o58 ) » D'après cela, pour déterminer la basicité d'un acide, on le fait passer à l'état de sel alcalin neutre, en le saturant avec de la potasse, de la soude ou même de l'ammoniaque; on détermine le coefficient d'abaissement A du sel formé, dissous dans l'eau; enfin on calcule la valeur du produit A X E. Suivant que ce produit se rapproche de 35, de 20 ou de i5, on conclut que l'acide du sel est monobasique, bibasique ou tribasique. » Délerminalion de i'alomicilé d'un métal. — Si l'on désigne par E le poids d'un azotate métallique qui renferme r'"' d'acide, on a A X E = 35 si le métal de l'azotate est monoatomique, A X E = 22,5 si le métal de l'azolate est biatomique, A X E •< 22,5 si le métal de l'azotate est polyatomique. » Cela dit, voici comment on procède pour reconnaître l'atomicité d'un métal. On détermine la valeur du coefficient d'abaissement A de l'azolate de ce métal, dissous dans l'eau; on calcule la valeur du produit A X E, et, suivant que ce produit est voisin de 35 ou de 22,5, on peut dire avec cer- titude si ce métal est monoatomique ou s'il ne l'est pas. Dans cette recherche, les chloi'iires peuvent être employés à la place des azotates, sans qu'il soit nécessaire de rien changer aux chiffres précédents. » La basicité des acides et l'atomicité des métaux peuvent encore être déduites de l'abaissement du point de congélation, produit par les éthers et par les radicaux organométalliques, dans l'acide acétique ou dans la benzine. » On voit, par cet exposé rapide, que la méthode cryoscopique permet de déterminer le poids moléculaire d'un corps quelconque, aussi bien de nature minérale que de nature organique, à la seule condition que ce corps, ou un de ses composés, ou un de ses dérivés par substitution, soit soluble dans l'eau, dans l'acide acétique ou dans la benzine. Elle est donc très générale; elle est, en même temps, tiès sûre, puisque la plupart de ses indications sont susceptibles d'être vérifiées de plusieurs manières. » CHIMIE. — Recherches sur l'acide hjpophosphorique. Note de M. A. Joly, présentée par M. Debray. « En poursuivant l'étude de diverses combinaisons des acides arsénieux et arsénique que j'ai précédemment signalées ('), et |)armi lesquelles s'en (') Coiiiplcs rciidiis, t. C, p. 129.1. ( loSg ) trouve une particulièrement intéressante, dont la com[)osition est celle d'un acide hypoarséniqite AsO*Aq ou AsO', AsO° Aq, j'ui été amenéà étu- dier un acide du phosphore de composition analogue, Vacide hypophospho- rique. On sait que, dans le liquide acide provenant de l'oxydalioii lente du phosphore dans l'air humide, liquide désigné tout d'abord par Pelle- tier sous le nom d'acide phospliatique, puis envisagé par Diilong comme un mélange des acides phosphoreux et phosphorique, M. Salzer a signalé, en 1877, l'existence d'un acide liypopliosplwrique PhO*,2HO ou Ph20%4HO, dont il a soigneusement décrit les principales combinaisons salines. Dans le cours des recherches que j'ai effectuées sur le ménie sujet, j'ai pu con- stater la parfaite exactitude des résultais annoncés par le savant chimiste allemand, et me convaincre que la facilité avec laquelle on obtient cet acide, la netteté de ses réactions et la stabilité de ses sels méritent que son élude prenne place, dans notre enseignement, à côté de celle des acides phosphoreux et phosphorique. » Je résumerai succesï>ivemfnt les expériences que j'ai faites sur l'oxy- dation lente du phosphore, la saturation de l'acide hypophosphorique par les alcalis cl la baryte, et sur l'acide pur dont j'ai pu obtenir un hydrate cristallisé. » I. J'ai préparé de grandes quantités d'acide hypophosphoriqne ou plutôt du mélange de cet acide avec les acides phosphoreux et phosphorique par l'oxydation lente du phosphore à l'air humide, en employant un dispositif peu différentde celui qui avait été adopté par M. Salzer. Dans un flacon de iSoS"', à large goidot, j'introduis deux hâions de phosphore de o™, 01 de diamètre et de ©'",07 de longueur, disposés en croix, et une quantité d'eau suffisante pour que la partie inférieure des bâtons soit immergée jusqu'au- dessus de leur point de jonction et que ceux-ci n'émergent que de o",oi à o™, 02. Ces flacons sont disposés, au nombre de quinze, dans de grands cristallisoirs remplis d'eau et abandonnés dans une cave pendant un temps plus ou moins long, suivant la température ambiante. En été, alors que la température est supérieure à i5°, l'oxydation est rapide et, au bout de qua- rante-huit heures, les bâtons de phosphore sont coupés nettement au ras de l'eau; en hiver, par des températures inférieures à 8°, l'oxydation n'est achevée qu'au bout de trois ou quatre jours. Le liquide acide est décanté, une nouvelle quantité d'eau est introduite dans les flacons, et l'expérience poursuivie ainsi jusqu'à disparition presque complète du phosphore. C. K., 1885, 2= Semestre. (T. CI, N° 21.) l38 { io6o ) » En disposant de quarante-cinq flacons, on peut opérer sur 700^"^ ou 800^' de phosphore et oxyder, dans l'espace de quarante-huit heures, 70''' à 80S' de celte substance. » M. Salzer séparait l'acide hypophosphorique en versant le Uquide acide dans une dissolution saturée d'acétate de soude ; il obtenait un pré- cipité cristallin d'un sel acide NaO,HO, PhO* + 6HO, peu soluble dans l'eau froide. Ce mode opératoire est incertain, et je lui ai substitué le suivant, qui m'a permis de préparer sans peine prés de 2^^ d'hy|)opbos- phate acide de soude. )) Le mélange acide, porté à l'ébuUition, est saturé peu à peu par du carbonate de soude sec, jusqu'à ce que quelques gouttes du liquide, étendues d'eau, cessent de faire virer au rouge V orangé n" 3; on con;^entrc aux I du volume el, par refroidissement, l'hypopliosphale cristallise. On lave ce sel à l'eau froide, puis on le dissout dans une petite quantité d'eau bouillante; le sel se dépose, par refroidissement, en inagnifiqups cristaux inaltérables à l'air, présentant tous les caractères du sel décrit par M. Salzer. Sa dissolution précipite en blanc par le nitrate d'argent; le précipité se dissout dans l'acide étendu et chaud, et cristallise par le refroidissement (2 AgO, PhO"). Il perd facilement 6*=' d'eau de cristallisation à iio"" et, au rouge, se transforme en métaphosphate de soude, avec dégagement d'iiy- drogèue qui briile avec une flamme livide. » Dans plusieurs séries d'expériences faites en été, le rapport entre le poids du sel recueilli et le poids du sel calculé, en admettant que le phos- phore ait été complètement transformé en acide hypophosphorique, a été trouvé égal à ^ en moyenne; ce rapport s'est élevé à y ou { en hiver. Ces nombres, bien que supérieurs au rendement -^ observé par M. Salzer, sont certainement inférieurs aux rapports réels, car il est imjîossible de tenir compte d'un poids assez notable de sel resté dans les eaux mères. » II. L'acide phosphorique et l'acide phosphoreux sont neutralisés, en présence de quelques gouttes d'une dissolution étendue d'orangé n" 3, par 1^1 de soude. Il était à présumer que l'acide hypophosphorique se com- porterait de même, e( il est facile de vérifier, en effet, que la dissolution du sel NaO,HO,Ph O'' + 6HO, acide au tournesol, est neutre à Voratigé. C'est en m'a[)puyant sur cette réaction, comme on l'a vu plus haut, que j'ai pu effectuer la saturation rigoureuse du mélaiîge des trois acides et leur séparation, car, tandis que le phosphate monosodique ne cristallise qu'en liqueur sirupeuse, et que le phosphite cristallise difficilement, l'hypophosphale monosodique n'est soluble que dans /jS fois son poids li'eau fioiile. ( loGi ) « M. Saizer a décrit cinq sels de soude, dont denx sont pirticulière- ment faciles à préparer : le sel disodique aNaOjPhO" -h loHO, et un sel sesquisodique, 3 NaO, HO, 2 PhO' -h- 18 HO. Le premier réagit comme un alcali libre sur la pldaléine du phénol; la dissolution étendue du second est colorée par ce réactif en violet pâle. Si, dans une dissolution d'hypophos- phate acide, additionnée de phlaléine, on verse goutte à goutte une disso- lution titrée de soude caustique, on observe que le liquide, toiU d'abord incolore, prend une très légère coloration violacée dès que le poids de soude ajouté est égal à la moitié de celui qui est contenu dans le sel acide; la coloration du liquide s'accentue à mesure que l'on ajoute l'alcnli et passt; au rouge intense lorsqu'on a doublé le poids de soude. L'acide hypophos- phorique accuse ainsi, vis-à-vis de Vorancjé n° 3 et de la plitaléine, des états de saturation différents, comme l'acide phosphorique et l'acide phos- phoreux, mais il se distingue de ces derniers en ce qu'il est possible de saisir un troisième état intermédiaire correspondant à la formation d'un sesquihypophosphate. » J'étudierai, dans vuie prochaine Communication, la préparation de l'acide hypophosphorique pur < t les propriétés de son hydrate crislal- lisé. » THERMOCHiMfE. — Clinleitr de. combustion de quelques substances de la série grasse. Note de M. LonfiuiNJsiî, présentée par M. Berthelot. (c L J'ai étudié d'abord la chaleur de combustion de la pnratdéliyde for mée par la combinaison de 3"""' de C^H*0. » H est très difficile d'obtenir cette substance à l'état de pureté; à la dis- tillation, (lie se décompose partiellement en aldéhyde. J'avais à ma dispo- sition 5oof!' (le paraldéhyde; par une série decongéla'ions successives dans la glace, je parvins à en isoler une portion drnt le point de fusion était à -H 10°, 3 et la densité de 0,998^, nombre correspondant aux iinlications des auteurs qui ont étudié ia paraldéliyde. Il a été dégagé, dans la combus- tion de i^'' (le cette substance (moyeinie de 3 expériences variant au plus de 0,3 pour 100), 61 54'^''', 3, » Les différentes portions de paraldéhyde rejetées pour obtenir cet échanlillon ont élé réunies, congelées d'abord dans un mélange de glace et de sel marin, et ap.rès liquéFacîiou plusieurs (ois encore dans de laglac;- pure; j'obtins ainsi un;: portion de iidjstance fondant entre 10" et 10", 6, ayant une densité égale à 0,9990, iégèremenî supérieure à celle de la por- ( J 0G2 tion précédente. Il a été dégagé, dans la combustion de i^'' de cette suh- slance (moyenne de 3 expériences ne différant entre elles que de o,3 pour 100), 6166*^^', 5; nombre différant fort peu de celui qu'avait donné la première portion. 1) Je crois donc pouvoir admettre que la chaleur de combustion de i^^'' de paraldt^iyde e^t 6i6o'''''',4, moyenne des nombres trouvés pour U^s deux échantillons étudiés : celle de 1°^°' en grammes de cette substance se calcule par l'équation C^H'^OMiq. -MSOgaz. = 6C0-gaz. -i-6H=Oliq. = 8i3i72'^'-",8. 1) Or la chaleur de combustion de 5'"°' d'aldéhyde à l'état liquide est 3 ;< 280000 = 240000'^'''. Il suit de là qu'il a été dégagé, lors delà com- binaison de 3""' de^C^H^'O et de leur transformation en paraUléhyde, + -^6827^=". » II. Jcide el anhydride propionique normal. — Il était intéressant de déterminer d'abord un des nombres se rapportant à la chaleur de com- bustion de la série des acides gras et de contrôler sous ce rapport les don- nées de Favre et Sdbermann; de contrôler également la chaleur de trans- formation de l'anhydride en acide, question qui avait été étudiée il y a quelques années par M. Berthelot et par moi dans le cas spécial de l'an- hydride acétique. » a. Chaleur de combuslion de r acide propionique normal, purifié et ana- lysé par moi. — Dans la combustion de i^"^ de cette substance, il se dégage (moyenne de trois expériences variant entre elles de 0,9 pour 100), 4937""', 8 ; pour la combustion de i*""' en grammes, on a l'équation CMl"()-liq. -+- 70gaz. — 3C0'gaz. 4- 3H-01iq. = 366877"^'', 2. » b. Anhydride propionique, purifié el analysé dans mon laboratoire. — Il se dégage dans la combuslion de i^''"' de cette substance (moyenne de trois expériences différant entre elles au plus de 0,8 pour 100), 5746''"^',8; pour jinoi g„ g,-ammes, on a l'équation (J0JJIOQ3 ij^j +140 gaz. =:6G0-gaz. -4-5llH)liq. = 747084'="'. ,. Il suit de là que, dans la réaction C»H"'0' -i- H='0 = 2C=II''0-, il a été dégagé +9330*="'. » Dans des recherches précédentes, faites |)ar AI. Berthelot el par moi (Annales de Chimie et de Physique, 5* hérie, tome VI), nous avons trouvé que la transformation de l'anhydride acétique en acide acétique étendu ( iof.3 ) ('tait accompagnée d'un dégagement de +• i3'''',9, nombre dont on peut dé- dnire lach;ileur de dissolution de l'acide acétique dans l'eau, o''-''',84 pour 2™°' d'acide, ce qui nous ramène à r3''*',o6, nombre peu diffèrent de celui que j'ai trouvé pour la transformation de l'anhydride propioiiique en acide. » III. Lt détermination de Id chaleur de combustion de l'aldol présen- tait des difficultés extrêmes, que je ne suis parvenu à vaincre qu'eu partie. J'avais préparé de l'alilol en parlant d'un mélange d'aldéhyde, de paral- déhyde et de méîaldéhyde. Cet aldol, conservé pendant plusieurs mois, s'est transformé en paraldol solide, qui a servi de base à mes recherches. Ce pa- raldol a été distillé dans le vide : à une pression de o™, o3, il distillait en majeure partie entre ioo° et i lo"; la substance s'est légèrement échauffée immédiatement après sa distillation, pendant que je la transvasais dans une éprouvelte qui a été de suite plongée dans de la glace. La substance a été comburéedansle calorimètre, à peu près deux heures après sa préparation ; j'ai tâché défaire la combustion aussi vite que possible après la distilla- tion de la substance, sachant que le travail de polymérisation de l'aldol comme!. çait immédiatement après sa préparation. » Dans ces conditions, il n'a pas été possible de faire l'analyse de la sub- stance, et il a fallu se contenter des données analytiques fournies par l'ex- périence elle-même; la quantité de matière calculée d'après le poids de CO" absorbé dans les divers tubes d'absorption de l'appareil, comparée à la perte du poids de la lampe, a été trouvée supérieure à cette dernière de 0,9 pour 100. La chaleur dégagée dans la combustion de i^"" de celte matière est 62 18"^', 3. » La substance sur laquelle celte expérience a été faite s'est considé- rablement épaissie du jour au lendemain ; je l'ai redistillée dans le vide et j'en ai recueilli la majt-ure partie entre qS" et io5" à la pression de o^.oa. la substance a été immédiatement plongée dans la glace, où elle est restée jusqu'à la combustion qui a été faite une heure après la préparation. Slalgré ces mesures de précaution, cette fois encore, je n'ai pas pu éviter un léger échaulfement de la matière. Il a été dégagé, dans la combustion de i^ de substance, 6210*^^', 2, nombre très voisin du précédent. » Je crois pouvoir affirmer que la chaleur dégagée dans la combustion de iS'' d'aldol est assez approximativement égale à 6214*'^', 3 : pour la cha- leur dégagée dans la combustion de 1'"°' en grammes, on a l'équation C'H'OMiq. + loO gazeux = 4CO' gazeux -(-4H-0liq. = 546858™', 4. » Or la chaleur de combustion de 2"'"' d'aldéhyde à l'étal liquide est ( 'o64 ) 56oooo™'. Il suit (le là que 2"" ' d'aldéhyde, en se combinant sans perle de malière, mais avec changement de structure, pour former de l'aldol , dégagen t -h r3i42'''''. L'aldol est isomère de l'acide butyrique, mais dans ce cas la fonction chimique des deux substances est différente; aussi y a-t-il une grande différence entre leurs chaleurs de combustion : 546858'^'', 4 pour l'aldol et 517 '779'=''' pour l'acide isobutyrique étudié par moi. » Des divergences aussi grandes ne se retrouvent pas entre isomères de même fonction chimique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau mode de chloruration. Note de MM. Albert Colson et Henri Gautier, présentée par M. Cahours. « Nous allons établir : 1° que le perchlorure de phosphore permet d'in- troduire dans les homologues de la benzine une quantité de chlore déter- minée; 2° que le chlore dégagé par le perchlorure de phosphore n'agit sur l'hydrogène benzénique qu'après s'être substitué à l'hydrogène des chaînes latérales. Ce fait est assez inattendu, car il résulte des travaux pu- bliés par M. Merz et ses élèves que l'hydrogène du noyau benzénique est aisément remplacé par le chlore quand on attaque par les perchlorures de phosphore et d'antimoine certains composés aromatiques. » L'étude des actions successives du perchlorure de phosphore et de l'eau sur l'éthyline paraxylénique conduisit l'un de nous à penser que la transformation de ce corps en aldéhyde tollylénique était due à la dissocia- tion du perchlorure de phosphore (') et que, si telle était la cause première de la réaction, les carbures eux-mêmes devaient se chlorurer à la façon de l'éthyline : c'est dans le but de vérifier cette prévision que nous avons enlrepris.les expériences suivantes sur les méthylbenzines. » Premier degré de chloruration : Xylènes. — Chauffe-t-on vers 190", en tubes scellés, 10''" de l'un des xylènes et 35^' de perchlorure de phosphore, au bout de deux heures, la réaction est terminée. En ouvrant les tubes avec précaution, une énorme quantité de gaz chlorhydrique se dégage; il reste dans le tube une dissolution de xylènes chlorés dans du protochlorure de phosphore. Après évaporation de ce dissolvant, la partie fixe cristallise si l'on a mis en œuvre le paraxylène; elle demeure liquide si l'on a fait usage des deux autres isomères, » Le solide provenant de l'attaque du paraxylène cristallise dans Voir Coiiipces icndiis, iléceuiluc i884- ( io6^ ) l'alcool et possède les propriélésdn chlorure tollyléniqiie C"H*(CH''Cl)'- : il fond à ioo° et se transforme par saponification en glycol fusible à 1 13", points de fusion indiqués par M. Grimaux. Le liquide formé dans l'at- taque de l'orlhoxylène est incolore quand on n'a pas dépassé la tempéra- ture de 200"; il distille vers 145" sous une pression de o'",02 de mercure et se prend par refroidissement en une masse qu'on purifie par compres- sion et cristallisation dans l'éther de pétrole. Les cristaux formés sont identiques avec ceux du bichlorure orthoxylénique C''H'(CH^Cl)^; ils en ont la composition (*) et les propriétés : ils fondent à S/i", 5 et leur saponi- fication donne naissance au glycol orthoxylénique décrit par l'un de nous (^). » Pour le paraxylène et l'orthoxylène, le rendement est supérieur à la moitié du poids du carbure mis en œuvre; on l'augmente en saponifiant les eaux mères par l'eau et traitant le glycol obtenu par l'acide chlorhy- drique du commerce. ^) Les rendements sont moins bons avec le métaxylène; on réussit rare- ment à faire cristalliser le liquide résultant de l'attaque. Cependant nous avons isolé par cette méthode le dichlorure correspondant au glycol mé- taxylénique. Ces dérivés du métaxylène ont été étudiés dans une Note an- érieure ('). Second degré de chloruratiow : Toluène. — En chauffant en tubes scellés, dans les conditions indiquées ci-dessus, 3oS'" de perchlorure et 7"" de toluène, on transforme ce carbure en chlorure debenzylène C°H', GHCI-, que nous avons reconnu à son point d'ébullition, à l'analyse chimique et à sa transformation en aldéhyde benzoïque. » Paraxylène. — Un mélange de 5"^", 5 de paraxylène et de 40^' de per- chlorure de phosphore, chauffé à igS** pendant deux heures, fournit une quantité abondante de gaz chlorhydrique et un liquide incolore qui, chauffé au bain-marie, se résout en trichlorure de phosphore et en un corps solide. Ce dernier, après compression et cristallisation dans l'éther, se présente sous l'aspect de cristaux transparents, fusibles à gS", solublesdans leur poids environ d'éther bouillant, dans i4 parties d'éther de pétrole, dans le chloroforme, la benzine, l'alcool. Ils répondent à la formule ( ' ) Mat., o, i8q ; Cl, 4o,3'j pour loo, au lieu de 40,5^. (-) Lomptes rendus, ']\nn 1884. ['■'] Ihid., juillet 1884. ( loGG ) brute C*H*C1' (') et leur constitution est représentée par le symbole C"'H*(CHCI-)" ; car, lorsqu'on clianffe ce composé avec loo fois son poids d'eau au réfrigérant ascen lant, il abandonne la totalité de son chlore et se transforme en aidéiiyde térépbtalique facile à caractériser par son point d'ébullition et la coloration rouge qu'il prend au contact d'une solution alcoolique de cyanure de potassium, etc. » Orllioxylène. — La préparation du tétrachlorure d'orthoxylène C''H^(CHCl")- est calquée sur celle de son isomère paraxylénique. Le dérivé de l'orihoxyléne est fusible à 86°, soluble duns son poids d'éllier vers i5° et dans deux fois moins d'éther bouillant; j^lus soluble dans l'élher de pétrole que le tétriichlorure paraxylénique, il peut aussi se dis- soudre dans la benzine, le chloroforme et l'alcool. « Comme son isomère, il perd tout son chlore au contact de l'eau bouil- lante. Nous n'avons pas encore isolé l'aldéhyde correspondante; cependant nous n'hésitons pas à attribuer au tétrachlorure orlhoxyléuique la formule ( CHCl' ( CCI' CH* „„„„ et non la formule CH' „„„^,5 parce que le dosaee alcalimé- ( CULl" ( Lii'LI ' ' '-' trique indique qu'iuie molt'cule de ce co!npo>é fournit une quantité d'acide correspondant à quatre molécules de soude, tandis que la saponi- ( CCI' fication du tétrachlorure CH^ cwn donnerait un acide C^H^CH-OIl, CO-H, qui absorberait une cinquième molécule d'alcali. » Les rendements obtenus déjiassent le poids des xylènes employés pour les di'ux carbures étudii's, » On est donc eu possession d'une méthode qui permet d'introduire dans les chaînes latérales des quantités de chlore déterniinées et de former des composés qu'il nous semble difficile de récdiser par un autre mode d'opération ( *). « Nous nous proposons de soumettre à l'action du perchlorure de phos- phore d'autres carbures de la série arotnatiqiie et de la série grasse. » Pour if)o. Au liou tïc : (') Matière : 0,355 C 39,40 39,34 II 2,47 2,46 Slalicii" : o,2o3 Cl 58,34 58, 20 [''■) Ce travail a été fait à l'École Polyteclmique, clans les laboratoires de MM. Gai et Giiiiiaux. ( 10^7 ) CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence de l'alcool métliylique dans tes pioduils de la dislillalion des plantes avec l'eau. Note de M. Maquenne, présentée par M. Schlœsing. « Lorsqu'on chauffe une plante fraîche (aooS'' au moins) avec de l'eau, au réfrigérant ascendant, on voit ordinairement se produire, à l'endroit où les vapeurs se condensent, des stries analogues à celles qu'on observe pen- dant la distillation d'un mélange d'eau et d'alcool. L'expérience a été faite sur le fusain, le lierre, le mais, le ray-grass, l'orlie, une variété de galium, les feuilles du topinambour, du lilas, du dahlia et du vernis du Japon ; elle réussit aussi bien avec les plantes pauvres en essences volatiles qu'avec les autres; par conséquent les feuilles abandonnent à la distilla- tion des principes volatils différents des huiles essentielles et qui viennent se réunir, comme celles-ci, dans les premières portions du liquide distillé. J'ai pu isoler un de ces principes, le plus abondant, en opérant de la ma- nière suivante : » Les plantes, aussi fraîches que possible, sont distillées par fractions de i5'^° à ao''" dans un grand alambic contenant /jo'" ou 5o'" d'eau. A chaque opération, on recueille lo'" à i^'"' de liquides que l'on réunit et que l'on rectifie, à plusieurs reprises, à l'aide du serpentin ascendant de M. Schlœsing ; on recueille chaque fois le dixième du volume traité en sé[)arant les gouttelettes huileuses d'essence qui surnagent. On ajoute, enfin, au dernier produit, dont le volume ne doit pas dépasser iS'^'-' à 20" pour ^o^^ de plantes, un excès de carbonate de potasse; on voit alors se séparer à la partie supérieure une couche d'un liquide jaunâtre, soluble dans l'eau eu toutes proportions, combustible avec une flamme très pâle, commençant à bouillir vers 65", possédant enfin une odeur forte, variable avec les espèces végétales étudiées et due à une petite quantité d'essence, ainsi qu'à de l'ammoniaque dissoute. Pour purifier et déterminer ce liquide, on l'a d'abord distillé sur de l'acide phosphorique sirupeux en léger excès pour retenir l'ammoniaque, puis sur de la chaux vive en poudre ; il passe alors de 65" à 76° en moyenne; puis on l'a éthérifié par l'iode et le phosphore; l'iodure obtenu, lavé à la potasse et à l'eau, a enfin été rectifié une dernière fois sur le chlorure de calcium. On a toujours obtenu ainsi un produit dis- tillant vers 44°> 6t dosant 88 à 89 pour 100 d'iode (procédé Carius); ces constantes carac- térisent l'iodure de méthyle qui, à l'état de pureté, bout à /\3° et titre 89,4 d'iode. » Pour s'assurer que ces résultats sont bien dus aux plantes et non à l'eau dont on s'est servi, on a recommencé le même traitement sur 80''' d'eau ordinaire; les résultats ont été absolument négatifs; on n'a pu que constater la production d'iodoforme signalée déjà par W. Miintz, en traitant le dernier produit par l'iode et le carbonate de potasse ('), mais { ' ) Comptes rendus, t. XCII, p. 499- C. R., i885, a' Jemeftre. (T. CI, N» 21.) JSq ( io68 ) celle circonstance iloit rester étrangère à la question qui nous occupe, puisque l'on sait que l'alcool niélliylique ne donne pas d'iodoforme dans ces conditions. » Voici le détail des résultats qui ont été obtenus avec les cinq plantes ([ue j'ai pu avoir en assez grande quantité pour les soumettre au traitement qui vient d'être décrit : 1) 1° Fusain du Japon : i5^5; alcool, i^' environ, distillant de 65° à 'j4°- P"int d'cbuili- lion de l'iodure, 43°-44°! iode, 88,8 pour loo. i> %" Herbe des pelouses du Jardin des Plantes : 3^'^S; alcool, lo"', passant de 65" à ■jS". Point d'ébullilion de l'iodure, 43°-47'' (quelques gouttes non recueillies de 47° àôa"). Iode, 88,3. » 3° Ortie : 3o^''. Pendant la dernière rectification, on a vu se produire, dans le réfii- gérant, une abondante cristallisation de carbonate d'ammoniaque. Alcool, los'' passant à 65°-76". Point d'ébullilion de l'iodiirej 43°-45". Iode, 89,0 ])our loo. » 4° Lierre: 35^ ; alcool, 8^', distillant de 65" à 96". Point d'ébullilion de l'iodure, 43°- 45°. Iode, 88,4 poi'r 100. Le lierre adonné, de plus, 28'' d'une essence odorante, à point d'ébullilion élevé et qui, après dessiccation sur le chlorure de calcium, a donné à l'analyse les nombres suivants : Calculé pour Trouvé. (C"H'«)=H"0. Carbone 82,0 82,7 Hydrogène 1 1 > 4 • ■ < 7 L'essence de lierre est donc un hydrate de térébenthène, isomérique de terpinol. » 5" 3'Iaïs : loo""?. Les plantes qui ont été traitées entraient dans leur période de matura- tion; les tiges, pauvres en alcool, prédominaient alors de beaucoup sur les feuilles : c'est ce qui explique le faible rendement qu'on a obtenu. En outre, le liquide de l'alambic a de'- bordé, pendant l'une des distillations, jusque dans le serpentin; le produit distillé s'est alors trouvé contenir des matières organiques fixes et lorsque, le lendemain, on a procédé aux rectifications, le liquide avait déjà pris une légère odeur de produits fermentes. C'est à cet accident qu'il faut attribuer l'apparition d'alcool éthylique, que l'on n'a jamais ren- contré dans une opération normale. » Alcool, 8?'', distillant entre 67" et 76°. Point d'ébullilion de l'iodure, 44"-7 1°; par frac- tionnement, on en sépare deux produits, passant à 44''"47'' cl àôS'-^i". Le premier ren- ferme 89, 1 pour 100 d'iode : c'est bien de l'iodure de méthyle; le second titre 82,9 pour 100 d'iode : c'est de l'iodure d'éthyle mélangé avec un peu de l'éther précédent (théorie pourCMPI, 81,4 d'iode). » En résumé, l'eau qui a dislillé sur des plantes fraîches renferme de l'alcool méthylique, quelquefois en proportion relativement considérable, puisqu'on la voit atteindre dans l'ortie j^ environ du poids de la plante entière, supposée sèche. A quelle cause peut-on rapporter sa présence? Deux hypothèses sont également admissibles; ou bien l'alcool méthylique existe en nature dans les végétaux, et la distillation n'a pas d'autre effet que de l'entraîner, comme il arrive avec les essences volatiles, ou bien il se { io% ) produit pendant la distillation elle-même, aux dépens de quelque principe immédiat plus complexe. » Dans le pren)ier cas, sa présence offrirait un certain intérêt théo- rique, car elle viendrait à l'appui des idées émises autrefois par Wuriz au sujet de la formation des hydrates de carbone dans les végétaux ('), mais les expériences qui précèdent ne permettent pas encore de décidir la question ; je me propose de les reprendre aussitôt que la saison le per- mettra; j'aurai alors l'honneur de communiquer à l'Académie de nou- veaux résultats. » BOTANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la gutta-percha de Bassia (Butyrospernuim ) Parkii, G. Don, et sur sa composition chimique. Note de MM. Ed. IIeckel et Fr. SciiLAGDENHAUFFEiV, présentée par M. A. Chalin. « Dans une Note précédente [Comptes rendus, ii mai 188"), p. 1239, n° 19), M. Heckel a fait connaître la possibilité d'obtenir de l'arbre à Karité [Dutyrospermum Parkii, Kotscliy) un latex coagulable en une gutta-percha comparable à celle du Dichopsis qutta, Bauth. [Isonandra gulta, Tlooker) et l'a terminée en annonçant pour une Communication ultérieure la connais- sance des propriétés physiques et de la composition chimique de ce pro- duit, comparées à celles du latex d'Isonandra. Le but de la Note actuelle est de rem|)lir cette promesse. » La gutta de Bassia Parkii se présente en masses serrées, denses; elle est fibreuse et comparable, comme structure et résistance, à la gutta rouge de Bornéo. Sa densité est représentée par o™,976, tandis que Payen indique o'",975 à o™,98o pour la densité de la gutta commerciale. Elle s'électrise aussi facilement que la première par le frottement et peut donc, au même titre que celle-ci, servir de corps isolant. » Elle se ramollit dans l'eau chaude de la même façon que la gutia ordinaire et devient adhésive comme elle à la température voisine de l'é- bullition. » Au point de vue chimique, il existe cependant quelques différences, car lesdeux produits ne se comportent pas d'une manière identique à l'égard des dissolvants. La gutta de Bassia, traitée par Vélher de pétrole, ï'éther ordinaire, la térébenthine^ ['acide acétique bouillant, cède à ces véhicules moins de principes solubles que la gutta ordinaire; en outre, les liquides (' ) Voir Comptes rendus, t. LXXIV. ( '070 ) évaporés n'.ihandonnenl pas des produits identiques. IjCS résidus de la gntta de Bnssia sont poisseux, lanilis que ceux de l,i gnita commerciale constituent pour ainsi dire un vernis sec non adhésif. » Mais l'identilé est à peu près parfaite au point de vue de la solubilité dans le sulfure de carbone, le chloroforme, la benzine, V alcool froid on bouilb.nl, ainsi que l'indique le Tableau suivant de solubilité dans les divers dissol- vants : Nature Sulfure Éther Essence Acide Alcool des de Étiier de de tcré- acétique à 95° produits. carbone. Cliloroforme. Benzine. sulfuriqiie. pétrole. benlliine. bouillant. bouill.ant GiUta du commerce 11° 1 . 99.72 98,60 93,20 40,8 34,0 20 19,2 n y Gulta deBassia 97.92 98,28 92,80 20, I 18,1 8 12,8 1 » La solubilité la plus grande des deux produits est en faveur du sulfure de carbone et du chloroforme, puis vient celle de la benzine. » Pour compléter cette étude préliminaire, nous avons appliqué à nos divers échantillons le mode d'analyse indiqué parPayen, consistant à laisser macérer la substance dans l'alcool à 9.5° à froid, à la faire bouillir ensuite dans le même véhicule et à évaporer dans chacun de ces cas la partie dissoute. La première opération enlève la fluavile, résine jaunâtre et dia- phane qui devient pâteuse à 60° et entièrement fluide à 100°. La seconde dissout rfl//)ane^ résine cristalline fusible seulement à 160". La partie non dissoute après les deux opérations constitue alors la gutta. » En appliquant le procédé aux échantillons bruts ou purifiés par le sulfure de car- bone, nous n'avons pas obtenu des résultais identiques à ceux de Payen, obtenus sur la yutta de Bornéo. Les proportions dejluai'ilc ctà'iilhane ont toujours été inférieures à celles qui sont consignées dans le Mémoire dePayen, comme l'indique le Tableau ci-contre : Guttas purifiées par le sulfure de carbone Gutta de Bassîa .- ibi ^ -^ brute. du commerce n*^ 1. de Bassin. Gutla- peri :lia cl le Bornéo Nature bi rute. des . -^ »^ _»— ~ priucipes. N°l. N« 2. Gutta-perclia. . . 92 9'.^ Albanc 6 6,5 riuavile 2 3 91 ,5 92 91 îS 5,5 "5,8 6 3 2,2 2,5 ). En chauflant les guttas jusqu'à carbonisation et incinérant le produit, on obtient des cendies (jni présentent la plus grande analogie au point de vue physique. Pour roo. Avec los'' de giilta de Bassia nous obtenons un résidu fixe de. . . o'i'\ 120 soit i ,20 » (Ir gutta commerciale » ... OB'", 126 1,26 ( I07I ) » Dans le pi-cinier cas, nous trouvons que la quantité de fer, calculé sous forme de ses- (juioxyde anhydre, est de o,io'j8 pour loo et de o,i56 pour loo dans le second. • Additionnées d'un peu de carbonate de soude et calcinées à nouveau, les cendres prennent dans les deux cas une coloration verdâtre, ce qui indique la présence d'un peu de niing.inèse. >■ Dissoutes dans l'acide azotique et additionnors de bioxyde deplonib, elles fournissent, après ébullitinn, un liquide rouge dû à la présence de l'acide pcrnianganiquc, réaction qui confinnc la |)réci'dcnle. » La dissolution chlorhydrique des cendres précipite abondamment pai- le chlorure de baryum, par l'oxalate d'ammoniaque après addition d'ammoniaque : ce qui prouve que les deux résidus fixes renferment de la chaux à l'état de sulfate. Une petite quantité existe aussi à l'état de carbonate (effervescence par les acides). Elles ne contiennent pas de traces àe phosphate, car le réactif molybdique ne produit pas de précipité ni de coloration jaune dans leur solution azotique. L'eau régale ne les dissout pas complètement; le résidu com- plètement blanc qui reste après ce traitement est constitué par de la silice. " Rufin, lorsque, après avoir éliminé le fer et la chaux, on évapore le résidu et qu'on le redissout dans un |)eu d'acide chlorhydriipie, on dislingue dans la solution acide, à l'exa- men spectroscopique, et d'une manière très manifeste, les raies du sodium, du potassium et (lu lithium. » De l'ensemble de ces résultats il est permis de conclure à l'identité approchée de deux produits. Néanmoins, jiour justifier cette manière de voir, il fallait encore la consécration expérimentale. » Un ouvrier qui ne s'occupe durant toute l'année que de la confection des moules pour la galvanoplastie a bien voulu, avec l'autorisation de M. le Directeur de la grande imprimerie Berger-Levrault (de Nancy), en faire l'essai. Il en résulte que la gutta de Bassia se laisse malaxer dans l'eau avec la même facilité que les échantillons types du commerce, et en second lieu cpie les moules obtenus ne le cèdent en rien à ceux que l'on prépare avec les meilleures guttas de Paris. » L'avenir de la gutta de Bassia Parkii pour les emplois industriels semble donc assuré, et si nous nous en rapportons à certains renseigne- ments qu'a bien voulu nous transmettre M. Daruty, le savant et zélé Pré- sident de la Société d'acclimatation de l'île Maurice (Mascareignes), il y a lieu de supposer que d'autres Bassia, notamment Bassia longifolia, sont capables de donner un bon produit. Il reste à savoir si le latex sera suffi- samment abondant pour une exploitation bien rémunératrice et si les dif- ficultés d'exploitation et d'extraction seront facilement vaincues. » ( io;72 ) ANATOMIE. — De la prétendue circulation dans les cellules c/nnglionnaires. Note de M. W. Vignal, présentée par M. Vnlpian. (( On sait que, lorsqu'on injecte le système vasculaire d'un animal, en em- ployant une pression supérieure à celle du sang à l'état normal, on déter- mine des extravMsations de la masse injectée. Ces extravasations se répan- dent entre les éléments, les compriment, les déforment et créent des apparences bizarres, qui ont été quelquefois décrites comme normales; d'autrefois la masse, après s'être répandue dans le tissu conjonctif diffus, pénètre de là dans les vaisseaux lymphatiques. » Lorsque la matière colorante de la masse injectée est une substance non colloïde, telle que le bleu de Prusse rendu soluble par l'acide oxalique, des couleurs dérivées de l'aniline, le carmin ammoniacal, etc., la matière colorante, outre l'extravasation qui se produit lorsque la paroi des vais- seaux est rompue, passe presque toujours à travers celle-ci par diffusion, obéissant ainsi aux lois que Graham a établies. Elle colore alors les élé- ments environnants, surtout les noyaux des cellules, qui possèdent, comme on le sait, une affinité spéciale pour la grande majorité des matières colo- rantes. Lorsque l'injection a été poussée avec un excès de pression, l'extra- vasation, comme bien on le pense, vient augmenter et compliquer les effets de la diffusion. » C'est ce qui m'a semblé devoir être arrivé à M. Adamkiewioz (' ), lors- que j'ai lu la Note qu'il a présentée à l'Académie sur la Circulation dans les cellules ganglionnaires, et dans laquelle il décrit une sorte de sinus arté- riel autour des cellules ganglionnaires et un second sinus veineux à la place du noyau, dans l'intérieur de celles-ci. Cependant, je n'ai point voulu me fier aux connaissances acquises et à ce que mon expérience personnelle m'avait fait connaître, pour affirmer que M. Adanddewicz eût donné une explication erronée de ce qu'il avait vu : j'ai voulu m'adresser de nouveau à l'expérimentation. » Dans ce but, j'ai injecté en entier le système vasculaire de deux lapins, en prenant toutes les précautions usitées pour réussir, précautions que je crois inutile d'indiquer ici, car on les trouve exposées au long dans le Traité technique d'Histologie de M. Ranvier. J'ai employé, pour ces deux injections, une masse formée par quatre parties de gélatine dissoutes dans (' ) Adamkiewicz, Comptes rendus, p. 8?.6; 26 octobre i885. ( I073 ) loo de matière colorante. La matière colorante de la première injection était une substance colloïde, par conséquent non diffusible, formée par du bleu de Prusse soluble dans l'eau, préparé suivant le procédé de M, Ranvier [Traite lechniqne, p. 120); la matière colorante delà seconde était du carminate d'ammoniaque, légèrement ammoniacal, c'est-à-dire une substance diffu- sible. Ces deux masses étaient absolument homogènes et très fluides à 37°; elles pouvaient pénétrer dans n'importe quel vaisseau : il me suffira de dire qu'elles avaient été filtrées à chaud à travers du papier Berzelius. » L'examen des coupes des ganglions intervertébraux du premier de ces deux animaux montre leur aspect bien connu, c'est-à-dire qu'on voit, sur les racines postérieures, en dedans de l'enveloppe du ganglion, des groupes de cellules ganglionnaires situées sur les côtés des fibres nerveuses delà racine; entre ces cellules et logé dans le tissu conjonctif, on aperçoit un assez riche réseau capillaire, dont les mailles enveloppent les globes gan- glionnaires. » L'examen des coupes des ganglions intervertébraux du second lapin (celui qui avait été injecté avec une masse carminée, diffusible à travers une membrane) montre que le carmin s'est diffusé à travers la paroi des vais- seaux, s'est répandu dans le tissu conjonctif intercellulaire, l'a coloré, et finalement est venu colorer le protoplasma et plus fortement le noyau des cellules ganglionnaires, donnant à ces cellules l'aspect de « fruits appendus » à la branche (des artérioles) au moyen d'un étroit pédoncule ». « Je pense, surtout lorsqu'on réfléchit à ce que nous savions déjà, que ces deux expériences montrent qu'il faut rejeter, d'une manière absolue, le sinus artériel péricellulaire et le sinus veineux intra-cellulaire décrit par M. Adainkiewicz dans les cellules ganglionnaires. Du reste, relativement au sinus intra-cellulaire, il n'est nullement besoin de recourir à un procédé aussi long qu'une injection pour démontrer sa non-existence; il suffit de dissocier un peu brusquement dans n'importe quel liquide des cellules nerveuses, pour obtenir des noyaux libres, ce qui montre que le noyau est un corps plein el non une sphère creuse ('). » ( I074 ) PALÉONTOLOGIE. — Observations sur l'appareil apicial de quelques Echinides crétacés et tertiaires. Note de M. MunierChalmas, présentée par M. Hé- bert. « L'importance de l'appareil apicial, pour la classific.ition des Echinides fossiles, a frappé depuis longtemps les paléontologistes. Les remarquables travaux de M. Colteau sur les Echinides secondaires et tertinires de France ont encore rendu ce fait plus évident. MM. Peron et Gauthier ont aussi contribué par leurs intéressantes recherches à faire connaître l'appareil apicial des Echinides secondaires d'Algérie. » Les nombreuses collections paléontologiques de la Sorboune m'ont permis de faire sur ce sujet les observations suivantes. » I. Répartition des pores aquifères [liydrotrèmes) à la surface des plaques génitales etpseudo-ocellaires. » Chez les Echinides endocycles et exocycles des terrains secondaires et chez les Echinides des mers actuelles, il n'y a, comme oi» le sait, qu'une seule plaque génitale ( ' ) qui soit traversée par de petits canaux destinés à faire communiquer le canal acjuifère (canal du sable) avtc le milieu am- biant. Cette plaque, qui est toujours la génitale antérieure droite, permet d'orienter les Echinides endocycles. » 11 y a cependant quelques remarquables exceptions à cette règle, ex- ceptions qui deviendront certainement de plus en plus nombreuses, à me- sure que des recherches seront faites dans ce sens. M. Cotteau a déjà fait connaître, dans le Cénomanien d'Algérie, un Échinide endocycle, le Micro- pedina Cottcaui Coquand s|)., qui présente trois plaqiies génitales criblées, ayant à peu près la même disposition et les mêmes dimensions; de là l'im- [lossibilité ou la grande difficulté de reconnaître la plaque antérieure droite (plaque criblée proprement dite). » Dans les exocycles crétacés, les cas où l'on constate la présence de pores aquifères sur les autres génitales sont plus nombreux, mais la posi- tion du périprocte en dehors du cycle apicial permet toujours de distin- guer la plaque génitale antérieure droite de ses congénères. M. Cotteau a égaltinent fait connaître que le Discoidea inféra Des. présente des pores aquifères sur les cinq génitales. C'est un caractère spécifique que j'ai retrouvé sin* tous les individus de cette espèce que j'ai pu étudier. [') Plaque criblée proprement dite. ( 'Oj5 ) MM. Peron et Ganihier ont aussi indiqué que, dans le Discoiden cylindiica Ag. du Céiiomaiiien de France et d'Algérie, on retrouve la même dispo- sition; le fait est rigoureusement exact. » J'ai constaté dans le genre Ecldnoconm une structure analogue. >} V Echinoconus subrotundus d'Orh. , qui est si abondant dans l'étace turo- nien, présente de nombreux individus dont les pores aquifères sont ré- partis soit sur les quatre plaques génitales, soit sur trois, sur deux ou bien sur une Siule. Dans ce cas, le nombre des plaques criblées est un caractère purement individuel. )) J'ai encore trouvé une disposition analogue dans les Echinoconus conicus et Rolhomagensis d'Orb. » Je dois encore signaler une espèce nouvelle d'//o/asto appartenant aux collections de l'École des Mines, qui a des pores aquifères sur les quatre plaques génitales. » Mais le type qui paraît s'écarter le plus de la règle ordinaire est cer- tainement le genre Hemipneusles. Les pores aquifères sont plus petits que dans les genres voisins et se trouvent disséminés, non seulement sur deux ou sur quatre génitales, mais encore sur les trois plaques pseudo-ocellaires anté- rieures. Cette disposition (') est très facile à constater dans V IJemipneusIes radiatus Ag. du Danien de Maestricht. L' Hemipneustes pjrenaicus Hébert et V Hemipneustes Lejmeriei Hébert offrent également les mêmes caractères. Cette disposition paraît donc devoir se retrouver dans toutes les espèces du genre (-). » Il résulte en outre, des différentes observations que j'ai pu faire, que les pores aquifères ont comme point de départ de leur extension la plaque génitale antérieure droite. Ils se répandent à partir de là sur les autres plaques géiiitales et sur les trois j)laques pseudo-ocellaires antérieures qui sont, par leur position, en rapport plus ou moins immédiat avec la plaque criblée proprement dite. M L'observation démontre aussi que, lorsqu'il n'y a qu'une seule plaque criblée, il n'y a pas concentration des pores aquifères sur cette plaque, mais bien disparition de ceux qui sont sur les autres génitales. (') Qucnsteclt, linwi btfA Recherches sur Us Echmides foisiles, iwaii àc^ix fait ieiiiai(|ucr que les plaques psL'udo-ocellaires antérieures étaient poreuses, mais sans préciser la nalure ni le rôle des pores. ('] Il est probable qu'il en sera de même pour les Hemi/>neit.s/cs nfriceinns et Beletirci Coq., appartenant au Danien d'Algérie et figurés dans l'intéres'^ant travail de Mi\T. Pcron et Gauthier. C. K., l885. 2' Semestre. (T. Cl, N° 2i.) I 40 (' ro7() ) » Comme exemple, je citerai un individu d'Echinoconus subrotiindtis d'Orb. avec quatre plaques génitales criblées, ayant environ un total de trois cent soixante-dix pores aquifères; un second exemplaire, ne présentant que trois plaques criblées, avait deux cent cinquante pores, tandis que la moyenne des pores dans les individus qui n'ont qu'une seule plaque cri- blée est de quatre-vingt-dix à cent dix. Les autres espèces donnent des résultats du même ordre. On peut déduire de ces faits que, pendant la période crétacée, un certain nombre cVEcliinides endocycles et exocycles pré- sentaient des pores aquifères sur une, deux, trois, quatre ou cinq de lesirs plaques génitales et sur au moins trois de leurs plaques pseudo-oceliaires antérieures. )> Ces caractères doivent être considérés, suivant les cas, comme géné- riques, spécifiques ou individuels. » II. Disposition des ouvertures génitales. » Le nombre des pores génitaux a une grande importance générique dans les Échinides tertiaires et crétacés dont je m'occupe dans celte Note. » Plusieurs genres, très communs dans les collections, ont été décrits et figurés soit en France, soit à l'étranger, comme ayant quatre ouvertures gé- nitales, tandis qu'en réalité il n'en existe que trois ou seulement deux. A.. — Genres ayant seulement trois potes génitaux. » 1. Isastcr Desor. — Dans ce genre, dont on ne connaît encore qu'une seule es]ièce piovenant du Danien des Pyrénées, l'appareil apicial présente seulement trois pores géni- taux, la plaque culilée en étant complètement dépourvue. » 2. Isopneustes Pomel. — Ce t}'pe, très voisin des Cyclasler, renferme cinq on six es- pèces sénoniennes et daniennes qui ont été recueillies par M. Hébert dans les Pyrénées; elles présentent le même nombre de pores génitaux que dans les Isaster. » 3. Cyclaster CotteSin. — Les huit ou dix espèces de ce groupe sont tontes tertiaires, les pores génitaux sont également toujours au nombre de trois. t k. Pericosmus A^ASsiz. — Ce genre, très répandu dans les terrains tertiaires, a été égale- ment indiqué à tort comme ayant quatre pores génitaux; il n'y en a en réalité que trois. La plaque criblée qui en est dépourvue traverse l'appareil apicial; ce caractère l'c'loigne des trois premiers genres dont je viens de parler. B. — Genres ayant seulement deux pores génitau.r. » 5. Ditremaster Miinicr-Chalraas. VHemiaster nux Desor, si répandu dans l'Éocène moyen îles Alpes, a toujours passé pour avoir quatre pores génitaux ; il n'en présente en réalité que deux, silués sur les plaques génitales postérieures, ce qui modifie sensible- ment la forme de son appareil apicial. VHem. Covazii de l'Éocène moyen d'Istric est dans ( '"77 ) le même cas. Il est probable qu'une grande partie, sinon la totalité îles Hcininster éocènes, doivent rentrer dans les Ditreiuaster. » On voit que dans les Echinides que je viens de passer en revue, lorsqu'un premier pore génital disparait, c'est celui de la plaque criblée proprement dite, et que, lorsqu'un second vient également à manquer, c'est celui qui se trouve situé sur la [)laque génitale antérieure opposée (gauche). Il en résulte nécessairement que la disposition symétrique des pores génitaux par rapport au plan général de construction se rétablit. -> COSMOLOGIE. — Observation d'un bolide. Note de M. Stanislas Meunier. o Passant ce soir, mercredi i8 novembre, à 6''3o"', au coin de la rue Linné et de la vne des Boulangers, et me dirigeant vers la Pitié, je vis apparaître un beau bolide. Il se montra dans le sud-sud-est, au voisinage de la Lune, en ce moment peu éloignée de son plein, et présenta la forme d'un corps non régulièrement circulaire, dont le diamètre apparent excé- dait sensiblement celui de Vénus. Il me sembla complètement blanc : son éclat était plus vif que celui de la Lune et des nombreux becs de gaz entre lesquels je le voyais. Le météore n'était pas à plus de qo" au-dessus de l'horizon; il descendit avec une lenteur des plus remarquables vers le sud, en suivant nue pente de 4^° environ. Plusieurs étincelles très blanches tombèrent derrière lui. Il disparut, masqué par les maisons, et je n'entendis aucun bruit. » AS l'RONOMlE. — Sur l'essaim de météores qui jionria accompagner le passage de In Terre par le nœud descendant de la comète de Biela, le 27 novembre. Extrait d'une Lettre de M. Zenker à M. Paye. « Permettez-moi d'appeler votre attention sur le 27 novembre i885,jour de passage de la Terre par le nœud descendant de la comète de Biela. D'après les éléments de cette comète donnés par divers astronomes, il n'est |)as certain, mais très possible, que la Terre y ren- contre, comme en 1872, une partie plus dense de la comète, et qu'elle en reçoive une foule de météores. » Nous préparons ici une observation de ce phénomène an moyen de la photographie. Deux appareils presque identiques seront placés à une distance de quelques kilomètres, dirigés parallèlement vers une partie du ciel située à So" ou 60° du point de rayonnement (défini par m = 23»; © = 43", 3). Devant l'un des appareils, un disque de carton à fentes sera mis en mouvement de manière à intercepter la lumière dix fois par seconde. Les lignes noires, tracées par les météores lumineux sur la plaque négative, seront divisées en parties correspondant à des fractions de temps de -^ de seconde. On pourra ainsi déterminer sté- réométriquement la trajectoire des météores et leur vitesse à chaque instant. » Il est à souhaiter que des expériences semblables soient effectuées en des points très distants, ])our éviter les insuccès causés par le mauvais temps. On fera l)ien de diriger les ( '078 ) instruments veis le noid et de prendre une ligne de position ouest-est. Des observations spectroscopiques pourront |)eut-être également fournir quelques résultats. » M. H. Parinaud adresse une nouvelle réplique à la Réponse qui lui avait été faile par M. Charpentier, à propos des fonctions des éléments rétiniens. « L'opinion que j'ai émise en 1881, dit M. Parinaud, sur le rôle des bâtonnets et des cônes, n'est pas une opinion « toute théorique ». Elle est fondée sur les caractères du Irouble'^visuel de l'hétnéralopie (' ). Nulle expé- rience physiologique n'est plus précise et plus féconde en déductions que l'analyse de ce fait clinique. Velardi, après moi, a tiré du même fait des conséquences physiologiques analogues. Au surplus, j'ai confirmé mes con- clusions par des recherches pureiuent expérimentales ("). » » Quant à l'existence de deux modes de perception distincte dans l'ap- pareil visuel, je ferai remarquer qu'il s'agit ici d'une question bien dé- terminée, se prêtant à l'expérimentation directe, et qui est la suivante : '( Il y a deux espèces de sensibililéà la lumière, en rapport avec deux pro- » cessus d'impression. L'une, celle des bâtonnets, dont l'excitation se fait » par l'intermédiaire du pourpre, nous donne des sensations piuement lu- » mineuses et plus ou moins diffuses. L'autre, celle des cônes, nous donne » à la fois des sensations lumineuses et colorées, et sert également à la » perception des formes. » M. Charpentier n'a pas établi cette distinction avant moi : on en peut trouver les preuves dans la manière dont il s'exprime, quand il commence à en parler, trois ans après ma Coînmunication. ... » En ce qui concerne le pourpre visuel, sans méconnaître que l'on a dit beaucoup de choses avant moi sur ce sujet, je crois avoir été le premier à en préciser les fonctions, en montrant que sa lésion produit l'hétnéralopie; qu'il n'intervient que dans l'un des modes de sensibilité à la lumière; que son rôle, d'ailleurs secondaire, est en rapport avec l'accommodation réti- nienne et la vision nocturne; que les animaux qui en sont dépourvus sont héméralopes » ( ' ) L'Htmércdo/jie dans les affections du foie [Jicli. gè'i. deMéd., avril 1881). — L'IIè ■ iiiéi alopie et les fonctions du pourpre l'isiiel (Note à l'Académie du i''"' août 1881). (-) Note à l'Académie du 9.4 novembre 1884. ( i»79 ) M. Emile Caistailiiac adresse, par lentremise de M. de Qiiatrefnges, une Réponse à la INoie j)résenlt'e par MM. Martel et de Launay « sur des fragmenis de crânes humains el nn débris de poterie, contemporains de I ' Ursus spelœus » . « Celte Noie, dit M. Cartailhac, comprend deux parties. Dans l'une, les auteurs décrivent la fouille qu'ils viennent de faire à Nabrigiias; dans l'autre, ils se préoccupent de l'exislence de la poterie à l'âge de la pierre ! li'lée, et m'accusent de l'avoir « systématiquement contestée ». » f Je connais la poterie trouvée en i835 par feu M. Joly. Elle est cuite au feu ; elle est pareille aux spécimens de poterie recueillis dans les stations ou sépultures néolithiques, soit aux environs immédiats de Nabriguas, soit dans maintes localités françaises. J'ai souvent examiné le crâne d'ours qui était associé à ce fond de vase; rien ne prouve que la blessure de ce crâne soit i]ue à un instrument tranchant, on va i}lus loin, à un silex taillé. » J'ai visité plusieurs fois la grolte de Nabriguas; je l'ai trouvée pareille aux auties cavernes qui ont servi de repaires aux ours, aux lions et aux hyènes, et dans lesquelles les eaux ont joué un rôle considérable. Pendant toute la durée des temps quaternaires, elles ont été soumises aux retours subits et irréguliers des courants d'eau. Il va de soi que l'on n'a pas besoin de trouver des graviers et des cailloux roulés pour admettre ces inonda- tions venues par eu haut ('), qui apportèrent en général un limon jaune particulier, dans lequel sont accumulés les os entraînés et les squelettes des animaux surpris et noyés. Ce que j'ai vu à Nabriguas m'a prouvé que les eaux, mèuie après l'éjjoque quaternaire, ont opéré des remaniements dans les dépôts qui recouvrent le sol et remplissent certaines poches. y Si cette caverne était seule à nous fournir des renseignements sur le quaternaire, sur l'homme et son industrie à l'époque préhistorique, nous dirions simplement que peut-être les ossements humains, les poteries, les restes de grands ours sont contemporains. Mais les gisements abondent; les documents qu'ils nous ont livrés permettent le contrôle Nous savons aujourd'hui que l'homme habitait la France en même temps que VUrsus spelœus, depuis les débuts au moins de l'époque quaternaire; mais, s'il s'est mesuré souvent avec ce carnassier, s'il s'est nourri de sa chair, (') Une serait pas impossible que la Jonte, à l'origine, à la fin du pliocène ou |)(.'u après, soit montée au niveau de la caverne. J'ai constaté sur plusieurs points, [iresque à celte hauteur, des lits de conglomérats, en roches anciennes venues de loin. La vallée est entièrement calcaire. paré de ses canines, il reslo peu probable qu'il ait vécu avec lui. Sans doute, l'antre de Nabriguas, jusqu'à la disparition du dernier grand ours, fut un endroit soigneusement évité. Plus tard cette grotte, comme d'autres de la vallée de la Joute, abrita nos aiicèties de l'âge de la pierre polie et fut même choisie pour servir de caveau funéraire. . . . « MM. Martel et de Launay me reprochent de contester « systématique- ment » l'ancienneté des poteries des grottes belges. Lorsque je visitai pour la première fois le splendide Muséum que M. Dupont a organisé pour la Belgique, j'étudiai avec lui soin tout spécial les morceaux de vases extraits des dépôts des cavernes : les uns étaient ornés de stries élégantes, d'autres avaient été fabriqués au tour. On y remarquait également des os d'animaux domestiques, tout à tait dépaysés dans les collections quaternaires. Or, plus tard, en iSyS, ces échantillons ne figuraient plus dans les vitrines, l'erreur était reconnue. » Quant au vase du Irou du Fronial, à Furfooz, i! appartient à un type qu'on a trouvé dans la grotte purement néolithique de Cravanche-Beitort et ailleurs, dans les mêmes conditions. Il a toute la valeur d'une médaille ou d'un monument épigraphique qui porterait sa date. » Eu revanche, toutes les grandes stations de l'âge du renne ou plus anciennes ont fourni des résultats négatifs; leurs couches si profondes, leurs foyers si riches en objets de tous genres, explorés publiquement avec un soin parfait, n'ont révélé aucun fait à l'ai^pui de l'existence de l'industrie du potier de terre à i'âj,e de la pierre taillée, industrie qui récemment encore était inconnue à certaines populations. » A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. ik loSi ) BPIXETIN BiBLIOGItAPHIQUE. Ouvrages rfçds dans la séancf. nn 23 novembre i885. Àdministralion des Douanes. Tarif officiel des Douanes de France; premipr fascicule. Paris, Imprim. nationale, i885; i vol. in-4''. Nouvelle réfulnlion générale des théories appelées cinétiques ; pniG.-\. Hiim. Paris, Gauthier-Villars, 1886; in-4". L'avenir du dynamisme dans les Sciences physiques; par- G. -A. Hirn. Paris, Gauthier-Vil lars, 1886; in-4'\ Recherches expcr-imentales et analytiques sur les lois de l'écoulement et du choc des cjaz en fonction de la tempéralur^e ; par G. -A. Hirn. Paris, Gauthier- Vil lars, 1886; in-4°. Le monde des atomes; par Wilfrid de Fonvielle. Paris, Hachet'e, i885 ; I vol. in-i2. Nouvelle flore du Tarn et de la région toulousaine; par J. Bel. AIbi, H. Amalric, i885; i vol. in-12. Paléontologie française, i" série : Jnlmaux invertébrés,- liv. I. Paris, G. Masson, i885; in-8°. (Présenté par M. Hébert.) D'A. Tripier. Electrotogie médicale. Précis thérapeutique et instrumental. Paris, J.-B. Baillière et A. Gaiffe, i88r>; in -8°. Théorie de la mécaniijue, de la forme et de la char-pente ovoïde et ses appli- cations dans la navigation aquatique et aér-ienne, etc.; par Hurel. Rouen, imp. Alexandre, i885; br. iu-S". Statistique des chemins de fer de l' Europe pour Cannée 1882 et résultats gé- néraux de cette statistique pour l'exercice i883. Vienne, Inipr. impériale royale, i885;in-8''. The Proceedings ofthe Linnean Society of New Soulli TFales; vol. X, june- july i885. Sydney, Cunninghaïue, i885; 2 vol. in-8°. Proceedings of thc Birmingham piiilosophical Society; vol. IV, Part II. Birmingham, i885; in-8°. Doine si strigaturi din ardeal date la ivealn de W Joan Urban Jarnik si Andrei Barseanu. Bucuresci, i885; in-12. ( io82 ) Eli HATA. (Séance du 2 novembre i8i>5 ) Page 860, ligne la, après le mot fournir ajouter : si l'on n';Klmet pas dans les types les répétitions éventuelles d'un ou de plusieurs nombres. Wènie page, ligne 16 : au lieu de a — 0' r=r o, lisez t: -= s — i' r= o. Même page, lignes 21, et 2 en remontant : avoir égard à l'addition faite ci-dessus ligne 12. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LU^DI 50 NOVEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. JURIEN DE LA GRAVIÈRE. M. le Vice-Président Jcrif.x de la Gkavière annonce à l'Académie la mort de son Président, M. Boule/, décédé ce matin même. Il rappelle en termes émus la carrière si bien remplie d'Henri Bonley, son entier dévouement à la Science et la généreuse ardeur avec laquelle, compté depuis longtemps parmi les grands maîtres, il s'est fait le disciple d'un Confrère illustre, dont l'Académie l'a vu, mortellement frappé déjà par un mal que son expérience jugeait sans faiblesse, saluer avec une admiraiion touchante la récente et grande découverte. La séance publique est levée immédiatement, en signe de deuil. L'Aca- démie se forme en Comité secret. G. R., i885, 2' Semestre. (T. Cl, N- U2.) î4l ( io84 ) DISCOURS PRO^O^'CÉS AIX OBSÈOIES DE M. BOILEY. Discours de M. Hervé Mangon, AD NOM DE l'académie DES SCIENCES, « Messieurs, >) L'Académie des Sciences, si souvent et si cruellement atteinte depuis quelques mois, est frappée à,'uï\ pouveau deuil. » Notre excellent Confrère, M. Henri Bouley, a succombé à la maladie contre laquelle nous l'avons vu lutter si courageusement pour occuper, jusqu'au dernier jour, pour ainsi dire, le fauteuil de la présidence auquel l'avaient appelé notre estime et notre affection. Henri-Marie Bouley, né à Paris le 17 mai i8i4, avait à peine 28 ans lorsqu'il fut nommé chef de service des hôpitaux à l'Ecole vétérinaire d'Alfort. En i83(>, il devint professeur suppléant, et en 1849 il fut nommé titulaire du cours de Pathologie chirurgicale et de Manuel opératoire. Il occupa cette chaire avec la plus grande distinction jusqu'en 1866, date de sa promotion au grade élevé d'Inspecteur général des Ecoles vétérinaires, dont il a conservé les fonctions jusqu'au jour de sa mort. » L'importance des travaux de Bouley lui mérita l'honneur d'être élu, eu 1868, membre de l'Académie des Sciences, dans la Section d'Économie rurale, en remplacement de Rayer. Il reçut la croix de Commandeur de la Légion d'honneur, en 1881, des mains de M. Devès, Minisitre de l'Agricul- ture du cabinet Gambetta. Enfin, à la mort de Clçiude Bernard, il fut nommé, au Muséum d'Histoire naturelle, professeur d'un cours de Patho- logie comparée. » Jamais carrière consacrée à la science vétérinaire et aux grandes ques- tions de l'hygiène des animaux, si importantes pour l'Agriculture natio- nale, ne fut plus brillamment et mieux remplie que celle de notre regretté Confrère. Ce n'est ni le lieu ni le moment de rappeler en détail les travaux et les nombreux écrits de Bouley, mais je ne saurais me dispenser de citer quelques-uns de ses titres à la reconnaissance des sa^ ants, du corps vété- rinaire tout entier et de l'Agriculture française. w A l'époque où notre Confrère débuta dans la carrière de l'enseigne- ( io85 ) ment, la morve était fort mal connue; la contagion de cette maladie, sous sa forme chronique, était mise en doute, sa cause primitive était ignorée. Le jeune savant établit que la morve était contagieuse, quelles c{ue fussent les formes qu'elle affectait, il donna le diagnostic certain de la maladie, en signalant la présence d'ulcérations caractéristiques sous le repli de l'aile interne du nez, il fit voir enfin que la morve pouvait être spontanée, sous l'influence d'une nourriture insuffisante et d'un travail exagéré. Depuis ces découvertes, les hommes, mis en garde contre le danger de la contagion, ont échappé aux atteintes de cette terrible maladie, et les animaux, soignés d'une manière plus rationnelle, en sont actuellement plus rarement atteints. » La péripneumonie du gros bétail est un des plus redoutables fléaux de l'Agriculture. Nommé membre de la Commission chargée, en i85o, d'étudier cette maladie, Bouley donna, dans son Rapport, la démonstration certaine du caractère contagieux de cette affection, et posa, dès cette époque, le principe des moyens administratifs qui permettent de la com- battre aujourd'hui avec tant de succès. » En i865, une maladie inconnue sévissait avec violence, en Angle- terre, sur le bétail. Bouley fut chargé d'aller étudier sur place la cause du màli Le jour même de son arrivée sur le territoire britannique, il reconnut que cette maladie meurtrière n'était autre que le typhus contagieux des bêtes à Cornes. Il en informa, par le télégraphe, le Gouvernement français, signala l'imminence du danger, indiqua les mesures à prendre d'urgence pour l'éviter, et parvint, par sa perspicacité et son énergie, à préserver notre pays d'un fléau qui fit perdre à l'Angleterre et à la Hollande près de 5oo ooo têtes de gros bétail. » A la suite de plusieurs missions accomplies dans les contrées où sé- vissait le typhus contagieux, Bouley démontra, d'une part, que cette maladie, originaire des steppes de l'Europe orientale, ne se développe jamais spontanément dans l'Etirope occidentale oîi elle ne peut être intro- duite que par la voie de la contagion, et, d'autre part, que, dans tous les pays de cette dernière partie de l'Europe, on est toujours maître d'arrêter les ravages du typhus si l'on sait étouffer, par des sacrifices faits à propos, les foyers de la contagion partout où ils tendent à s'allumer. Ces faits bien établis orlt servi de bases aux mesures sanitaires qui, jusqu'à présent, nous ont préservés des ravages de ce redoutable fléau. » Préparé par ses études des maladies contagieuses et par ses nombreuses ( ioS6 ) missions, Boulev a été l'un des principaux auteurs de la réforme de notre législation sur la police sanitaire des animaux. On lui doit un très grand nomljre de rapports et de documents officiels sur cette matière. Jamais la Science appliquée n'a mieux éclairé les principes d'une législation nouvelle. L'expérience est aujourd'hui complète, et l'on peut affirmer que cette légis- lation, due en grande partie aux travaux de Boulev, a diminué dans une énorme proportion et tend à réduire de plus en plus les pertes de bestiaux qui pesaient si lourdement autrefois sur notre Agriculture. >: Pendant toute sa vie, Bouley a été attaché à l'enseignement vétéri- naire. 11 avait pour ses collègues, presque tous ses anciens élèves, un atta- chement et un dévouement sans bornes. Il a puissamment aidé aux pro- grès que l'art vétérinaire a faits dans l'estime publique depuis un certain nombre d'années, a Nul, disait récemment notre illustre Confrère, M. Pas- » teur, n'a plus honoré que Bouley l'art vétérinaire. Par son talent, par » son caractère, par son enthousiasme pour les choses de la Science, il a » triomphé de certains préjugés qui, sournoisement, empêchaient la pro- » fession vétérinaire de prendre la place qui lui est due. m » Ce n'est point, en effet, à des mesures législatives comme le suppo- sent certaines personnes, ce n'est point à ce que l'on appelle la protection de l'Etat que l'on doit demander le relèvement d'une profession libérale : c'est par la valeur et la dignité personnelles de ses membres qu'elle obtient l'autorité qui fait sa force et sa grandeur. La profession vétérinaire, pour continuer à grandir et à s'élever, n'a besoin, comme l'a dit M. Pasteur, que de conserver à sa tête une élite de professeurs et de savants, élèves de Bouley et continuateurs de son œuvre. » Bouley fut des premiers à comprendre les idées et les théories de M. Pasteur. Il croyait fermement et avec i-aison qu'elles sont appelées à renouveler la Médecine et l'Hygiène. Ce sera son honneur de n'avoir jamais perdu une occasion d'exposer, de développer et de défendre les doctrines du Maître. Il mettait au service de cette grande cause sa parole élégante et facile, son éloquence aimable et persuasive, la grâce et le charme naturel de sa personne : toutes ces qualités, en un mot, qui fai- saient de lui, dans les discussions scientifiques, un conquérant par la pa- role. « Depuis quelque temps déjà Bouley ressentait les atteintes de la maladie à laquelle il devait succomber; il en suivait les progrès sans se faire aucune illusion. Ses amis voyaient, avec douleur, cet homme, si robuste encore ( io87 ) il y a quelques mois, lutter inutilement contre la mort avec un courage et une fermeté qui faisaient l'admiration des confidents de ses souffrances et de ses pensées intimes. )) Bouley était aimé de tous ceux qui le connaissaient et laissera un grand vide dans le sein des nombreuses Sociétés savantes auxquelles il appartenait. Ses travaux resteront dans la Science, et l'Agriculture ne cessera pas d'en profiter; ses Confrères ne l'oublieront jamais, et sa vie si bien remplie par d'utiles labeurs servira longtemps de modèle à ceux qui viendront après lui. » Adieu, cher Confrère, puissent les hommages que nous rendons à ta mémoire adoucir pour ta famille l'amertume de ses regrets! » Discours de M. A. Milne-Edwakds, AU NOM DU MUSÉUM DHISTOIRE NATURELLE. u. Messieurs, » An nom du Muséum d'Histoire naturelle, je viens dire un dernier adieu au Confrère regretté et à l'homme de bien que nous aimions et que nous pleurons tous. » Henri Boulev ne nous a appartenu que peu de temps, mais, avant sa nomination de professeur, il était déjà des nôtres par ses études, par les tendances de son esprit, par ses amitiés. Ce n'est qu'à la fin de 1879, lorsque la mort de Claude Bernard laissa vacante la chaire de Physiologie générale, que le Muséum et l'Académie des Sciences le désignèrent pour recueillir ce lourd héritage; c'était une preuve éclatante de l'estime qu'il avait su inspirer. Ces présentations faites par les hommes les plus autorisés du pays sont d'ordinaire écoutées et confirmées; il n'en fut pas ainsi. Le Ministre donna la succession de Claude Bernard à un professeur éminent, mais dont les travaux, fort appréciés, avaient été conçus dans une direc- tion différente; il créa en même temps au Muséum un enseignement nou- veau, celui de la Pathologie comparée, et il y appela Bouley. » Notre ami avait alors soixante-six ans; après une carrière brillante et bien remplie, il aurait pu aspirer au repos, ou se borner à continuer une route facile, en suivant les voies tracées et aplanies par les efforts de ses devanciers. Cependant il n'hésita pas à accepter la tâche difficile qu'on lui confiait, parce qu'il comprit qu'il ferait là une œuvre utile et qu'il était de force à la mener à bien. ( To88 ) » Son but était de montrer que la Médecine ne progresse qu'en s'ap- puyant sur l'expérimentation, que les hypothèses basées sur l'observation seule sont trop souvent vaines et fausses, que les maladies des animaux peuvent et doivent éclairer la pathologie de l'homme, enfin que les mani- festations de la vie, comme les troubles de l'organisme, sont gouvernées par des règles scientifiques dont l'expérience peut donner la signification. Il cherchait aussi à mettre en évidence l'application des belles découvertes qui venaient d'être faites sur la nature des maladies contagieuses, sur l'in- fluence et le rôle des êtres infiniment petits que l'on appelle des microbes, sur les transformations successives que la culture leur fait subir pour en atténuer l'action ou en réveiller la virulence. » Les qualités de professeur que Bouley avait montrées à un si haut degré dans sa jeunesse, à l'époque où il enseignait la clinique des animaux aux élèves de l'École vétérinaire d'Alfort, il les retrouva intactes lorsqu'il monta dans sa chaire du Muséum. Son passage trop court laissera des traces durables et ses auditeurs n'oublieront pas les leçons éloquentes qui, maintenant réunies en Volumes, seront toujours constdtées avec fruit. 11 y apportait la chaleur de pensée, l'élégance de langage, la conviction ardente qui donnaient tant de charme à sa parole. Il s'appliquait surtout à suivre l'enchaînement logique des expériences et des idées qui ont éclairé l'histoire de ces maladies terribles connues sous le nom àa péripneumoine, de chai-bon, de tuberculose et de 7nge. Il savait communiquer l'enthousiasme qui l'animait pour les nouvelles doctrines de M. Pasteur dont il a été l'ami dévoué et l'admirateur fervent; C'était avec unô impatience presque fié- vreuse qu'il suivait les progrès de ses recherches, et avec un véritable bon- heur qu'il en saluait le succès; de ce Côté il voyait poindre la lumière et il voulait qu'elle pût luirô aux yeux de tous. Il se fit l'apôtre et le champion des doctrines de cet illustre physiologiste, et, toujoiu's sur la brèche, dans son Cours, dans ses Conférences, dan& ses Ecrits, il s'efforça de faire partager sa conviction et de ramener les incrédules. » Ce fut avec une émotion profonde et touchante qu'il présida cette séance mémorable de l'Académie où celui qu'il aimait à appeler « le Maître « fit connaître les immenses résultats auxquels l'avait conduit une méthode expérimentale sévère, guidée par une merveilleuse sagacité; la Rage, cette maladie affreuse, implacable, venait d'être domptée, et Bouley se rappelait que, dans ce combat livré par la Science et dont elle sortait victorieuse, il avait aussi lutté pour la bonne cause et il sentait que la gloire du Maître rayonnait sur lui. Pour ce cœur lovai, ce fut le triomphe ( ïo89 ) le plus pur qu'il ait jamais souhaité, car si Bouley traitait parfois avec un scepticisme doucement railleur les croyances de notre vieille société, il avait le respect et l'amour de la Science; il disait souvent que la mission de l'homme est d'arriver par le progrès incessant au règne de la vérité ; dans cette voie, comme un pionnier infatigable, il a travaillé pour le bien de l'humanité. » Il eut le rare privilège de ne compter que des amis, ses émules et ses contradicteui's n'ont jamais été ses ennemis. Son cœur s'ouvrait à tous, surtout aux faibles et aux jeunes; ceux-là étaient les bienvenus, il les con- seillait, les couvrait de sa protection et même les aidait trop facilement de sa bourse; quelques-uns en abusaient; sans se décourager, il se consolait par de nouveaux bienfaits et ses élèves ont été plus d'une fois obligés de veiller autour de lui pour le soustraire à des sollicitations trop intéressées que sa bonté n'aurait pas su repousser. » C'est au moment où les honneurs lui arrivaient de tous côtés, comme la consécration d'une vie de labeur, qu'il ressentit les atteintes du mal qui devait nous l'enlever. La netteté de son jugement, l'habitude qu'il avait de l'observation, ses connaissances médicales ne lui laissèrent aucune il- lusion; il accepta sans faiblesse le coup qui le frappait et, heureux de sentir que son intelligence survivrait à ses forces, il s'apprêta à lutter jus- qu'au bout. Nous l'avons vu diriger les séances de l'Académie, s'associer à ses travaux, prendre part aux délibérations du Muséum jusqu'au moment où la maladie l'a terrassé. Il est mort au champ d'honneur, entouré d'ami- tiés fidèles; les souvenirs qu'il laisse assurent à sa mémoire la sympathie et les regrets de tous. » DlSCOUKS DE M. A. DE QuATREFAGES, AU NOM ET COMME VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ d' ACCLIMATATION. « MeSSiIEVRS, « Je ne vous arrêterai pas longtemps auprès de cette tombe, qui sembte s'ouvrir pour aviver encore tant de douleurs récentes. Les orateurs qui ont pris la parole avant moi vous ont dit ce qu'était Bouley. Ils ont raconté cette vie si pleine; ils ont rappelé cette intelligence si active, si prête à accueillir toute idée nouvelle se présentant au nom du progrès et sachant ramener à une pratique utile les plus hautes spéculations scientifiques. Pas un n'a oublié ce caractère, à la fois sérieux et enjoué, qui gagnait si ( logo j vite les cœurs; cette loyauté parfaite, qui savait reconnaître et avouer, quand il y avait lieu, des entraînements toujours causés par l'amour du bon et du vrai. » Cet ensemble de qualités rares, s'ajoutant à la spécialité de ses études, avait naturellement désigné Bouley aux suffrages de la Société d'Accli- matation, lorsqu'elle eut à choisir son troisième Président. Isidore-Geof- froy Saint-Hilaire et Drouyn de Lhuys avaient disparu. Par suite de leurs mérites divers, le fondateur de la Société et son éminent continuateur laissaient une place difficile à remplir. Le nouvel élu fut à la hauteur de sa tâche. Son entrée à la Société date de 1872. Moins d'une année après, il était membre du Conseil. Il fut nommé Président en 1882. li Je n'ai pas besoin de rappeler comment il remplit les fonctions qu'il avait acceptées. Dans une Société libre, du genre de la nôtre, la prési- dence a parfois des difficultés spéciales. En réalité, ces difficultés n'exis- taient pas pour Bouley. Ici, les qualités aimables sont plus qu'un charme : elles sont une force, et nul ne les posséda à un plus haut degré que lui. le n'ai pas à insister sur ce point. A coup sûr, vos cœurs vous en disent bien plus que ne le feraient mes paroles. J'aimerais à vous rappeler toute la part prise aux travaux de la Société par celui qu'elle avait mis à sa tête ; mais le temps presse et je dois être court. Laissant donc de côté tout le reste, je mentionnerai seulement les discours prononcés dans deux de nos séances publiques. A eux seuls ils font comprendre tout ce qu'était Bouley. » Dans le premier (1874), notre Collègue raconte comment l'Homme s'est assujetti les animaux domestiques et les a refaçonnés à son usage. Avec F. Cuvier, il trouve dans l'instinct de sociabilité de certaines espèces animales la condition première d'une véritable domestication. Puis, il fait intervenir l'Homme qui modifie et métamorphose, non seulement les formes extérieures des serviteurs qu'il s'est acquis, non seulement leurs os, leur chair et tous leurs tissus, mais encore leurs instincts et jusqu'à la manière de dépenser le surcroît de force dont il les a douées. Enfin, il montre la Science seule réalisant ce qu'il appelle ces créations de seconde main; et alors il touche à toutes les principales questions qui relèvent de l'action des milieux, de la sélection, de l'hérédité. » Jusque-là, l'orateur, dans un style toujours approprié au sujet qu'il traite ou qu'il effleure, a mêlé aux austères leçons de la Science des rap- prochements ingénieux, des saillies de bon goût; il a placé à côté des plus doctes enseignements quelques vers de ses poètes favoris et jusqu'à ( I09I ) des refrains populaires. Mais, avant de finir, il devient grave, presque tra- gique; et en même temps son langage s'élève et touche à l'éloquence. C'est qu'il est conduit à parler du rôle immense joué par les animaux do- mestiques dans nos Sociétés humaines: c'est cju'il se demande ce qu'elles deviendraient, si les animaux de la ferme et les oiseaux de la basse-cour venaient à nous manquer. Et alors, éclairé par son expérience person- nelle, songeant aux millions que nous a coûté la peste bovine importée par les armées ennemies, il comprend mieux et fait comprendre les courts récits de nos vieux chroniqueurs parlant des ravages que laissait jadis après elle une cpizootie. Il montre « les campagnes dépeuplées de leur popula- » tion animale; l'Homme, dans son isolement, ne pouvant accomplir la » tâche c[u'il demandait à ses auxiliaires; les champs restant en friche, )) et leur stérilité forcée ajoutant sa part de malheurs à ceux qu'avait pro- n duits la contagion ». — « Terrible cercle vicieux, ajoute-t-il, où s'accu- » Ululaient toutes les misères et où couvaient ces fortes haines, cpii, plus » d'une fois, ont poussé aux révoltes sanglantes! » » Les dernières pages de ce premier discours expliquent le choix du sujet et l'esprit général du second (1882). Onze années les séparent; et, dans cet intervalle, un miracle scientifique ) » La différence de longitude entre Paris et l'observatoire de Milan, le centre astronomique le plus important de l'Italie, qui lui-même est déjà relié à Vienne, Munich et Neuchàlel, a été obtenue en 1881. A l'époque où l'on allait procéder à celle détermination, l'observatoire de Nice, dont la création est due aux libéralités de M. Bischoffslieim, était déjà pourvu d'une petite salle méridienne; de concert avec ce généreux donateur, nous pen- sâiiu'S qu'il était opportun d'en faire l'inauguration scientifique par la mesure de la dilférence de longitude entre P.iris et Nice. A c tefift, et aussi dans le but de fermer le triangle Paris-Milan-Nice, et d'obtenir ainsi un contrôle précieux, il parut intéressant de faire en même temps la longitude Nice-Milan. Cette triple opération a été effectuée dans la même année, et successivement, par MM. Perrier et Bassot du Dépôt de la Guerre, M. Per- rotin, directeur de l'observatoire de Nice, et M. Celoria, astronome de l'ob- servatoire de Milan. Nos collaborateurs ont bien voulu nous confier la mission d'en faire connaître les résultats à l'Académie. » Les observations ont été faites, à Paris, dans le pavillon astronomique de la Guerre, à Montsonris, dont la distance à la méridienne de France, mesurée géodésiquement, est de o% 288 àl'ouest; à Mdan, dans le jardin botanique de Bréra, à 0*^,073 à l'est de la méridienne de l'observatoire; à Nice, au centre même par lequel passe la méridienne jusqu'ici adoptée. Les mesures ont été exécutées entre Paris et Milan par MM. Perrier et Celoria, entre Paris et Nice par MM. Bassot et Perrotin, entre Nice et Milan, par MM. Celoria et Perrotin. » MM. Perrier et Bassot ont observé avec un cercle nu^ridien de Brimner, M. Perrotin avec un cercle méridien de Gautier, M. Celoria avec une limette brisée de Repsold. Les instruments de Brunner et de Gautier, said quelques dispositions de détail, sont absolument comparables, mais diffè- rent notablement l'un et l'autre de l'instrument de Repsold. Pour éliminer l'erreur personnelle instrumentale, il fut décidé que les observateurs et les instruments, quand ceux-ci ne seraient pas comparables, seraient permutés entre les stations coiijuguées, au milieu même des observations : entre Paris et Milan, MM. Perrier et Celoria firent l'échange de leurs per- sonnes et de leurs instrutnents; entre Paris et Nice, MM. Bassot et Perrotin n'échangèrent que leurs personnes sans déplacer leurs instruments; mal- heureusement, pour Nice-Milan, des obstacles matériels empêchèrent l'échange des observateurs et des instruments; aussi cette dernière opéra- tion ne comporte-t-elle pas une précision comparable à celle des deux premières. » L'équation personnelle relative des observateurs a été déterminée ( '«97 ) avant, au milieu et à la fin de chaque opération, par des observations faites avec chacun des instruments employés. )) Les résultats obtenus sont les suivants : A. — PARIS-MILAN, par MM. Penier et Celoria. ÉQUATION PF.RSONNELI.E. Troisième mesure à Milan. Api'ès les observations. Instrument de Brunner. 1884. P — G. M. s Août 9... H-o,log 4° » 10. . . +o,o83 4° Instrument de RepsoUl. II... +0,093 4^ -i-O, 100 ^o Première mesure à Paris Avant les observations. Instrument de Brunner. 1881. r — C. N. Juillet 5. . +0,071 4. " J ' ' + 0,021 40 9.. + 0,06) 42 » 10. . -1-0,122 42 Moyenne. -1-0,0(19 i65 Deuxième mesure à Milan Au milieu des observations. Instrumei t de Repsold. 1881. P-C. N. . i5. x 17 . . » 18. . » 2 3. Moy. L, El Première mesure. IVrrier à Paris, M. Celoria à Milan. Erreur moy. Poids. 27.25,399 25,4o3 25,388 25,291 25,297 25,3 10 27.25,353 reur moyenne . . ±0,026 024 024 022 o3o o4o Poids. . ±o\oii 2,9 3,5 3 ,5 4,- 2,3 ■,3 17,6 Deuxième mesure. M. Celoria à Paris, M. Porrier ii Milan. 1881. Lj. Krreur moy. l'oids. Août 2. . lu s 27.25,264 ±0,023 3,9 « 3 . . 25,337 0,027 2,8 » 4-- 25,281 0,024 3,6 . 5.. 25,245 0,024 3,6 .. 6.. 25,25l 0,024 3,6 ..7.. 25,297 0,025 3. Moy. Lj. . 27.25,276 Poids.. 20,6 Erreur moyenne ±o',oio )) La moyenne des valeurs de L, et L,, L = 27"" 25% 3 12, ( 'ogs ) est affranchie de l'erreur instrumentale et de l'équation personnelle et in- strumentale. » Si, dans les valeurs L, et L^, l'erreur d'équation personnelle subsistait seule, la différence L, — L., devrait être égale au double de l'équation per- sonnelle mesurée directement; or on a L, - 1.2 = 0', 077, tandis que le double de l'équation personnelle est égal à o%i56 : l'écart est de 0^,079; et, si l'on applique l'équation personnelle à chacune des mesures, on obtient Première mesure 27'"25%275 ) ^ , ,, , ,„ e. •> q tr orA ( ^'> pour la moyenne pondérée, 2-/"25',iio, Deuxième mesure 2^'" 20% 354 ) » On voit par ces nombres qu'il est téméraire de se fier à une seule opé- ration pour la mesure d'une différence de longitude, en s'abandonnant à l'illusion que paraît donner l'erreur moyenne pour la précision des résul- tats; l'erreur instrumentale n'en est pas éliminée, et il est de toute néces- sité, pour s'en affranchir, de faire deux mesures conjuguées, en déplaçant, à la seconde mesure, à la fois les instruments et les observateurs. M En définitive, comme l'équation personnelle a été très rigoureusement déterminée, nous avons admis que le résultat qu'on obtient en en tenant compte présente autant de gai anties que le premier, et nous avons adopté, pour valeur de la différence de longitude entre les instruments de Paris et de Milan, la moyenne entre les deux nombres, soit 27™ 25% 3 1 5. B. — PARIS-NICE, par MM. Bassot et Perrotin. EQUATION PERSONNELLE. Première mesure à Nice, Deuxième mesure à Paris. Avant Au milieu les observations. des observations. Instrument do Gaiitiei'. Instrument de Brunner. 1881. P. - 1'. N. 1881. lî-P. N. Août 20. . . +0,112 3o .Se|>t. 26. . . +0, io3 38 » 22. 4-0 , 096 10 » 27... +0,117 29 » 23. +o,i4o 29 » 28. . . +0, 107 5o » 9.4 • .. +0,124 Si +0,108 117 Troisième mesure à A'ioe. Après les observations. Instrument de Gautier. I8SI. li-P. N. S Oct. 23... +0,090 5o 1) 24... +o,o55 5g Moyenne. +0,072 109 +0,124 100 ( I099 ) M Nous avons adopté la moyenne h-o%ii5 des première et deuxième mesures potn* être appliquée au résultat de la première détermination de îa longitude, et la moyenne +o%090 des deuxième et troisième mesures pour être appliquée au résultat de la deuxième détermination. DIFFERENCE DF. LONGITDDE. Première mesure. Deuxième me lire. M. Bassot il Paris, M. Pcrrotin à Nice. M. Pcr •otin à Paris, M. Bassot h Nice. 1881. L'i- Erreur moy. Poids. 1881 U. Erreur moy. Poids. Sept. 4 m s ig.5i ,681 s ±0,021 4,6 Oct. 4... m s 19.51,404 3 ±0,023 3,8 ). 7 51,590 ±o,o36 1,5 )) 5... 5,,4i4 ±0,019 5,6 » i3 5i ,670 ±0,0-21 4,6 » 10. . . 5i,49i ±0,025 3,2 » i5 5i ,612 ±0,022 4,3 )) .4... 5i,338 ±0,025 3,2 » i6 5i ,620 ±0,020 4,9 )) i5... 5i,323 ±o,o3i 2,1 )> 17 51,687 ±0,021 4,6 )> 16... 5i ,340 ±0,021 4,6 » 18 5i ,6o3 ±0,024 Poids. 3,6 17... 21 . . . 5., 448 01,387 ±0,029 ±0,023 2,4 Moy.L ... 19.51,644 28,1 3,8 I erreur moyenne. . . ±o%oo9 Moy .L,... 19.51,394 Poitls. 28,7 Erreur moyenne. . ±o%oo9 » La moyenne générale est L = i9™5i%5i9. » En appliquant l'équation personnelle, on obtient m s Première mesure. ... i9-5i ,529 Deuxième mesure. .9.5i,484 et, pour la moyenne générale : i9'"5i^,5o7 » Les deux mesures indépendantes donnent encore ici des résultats différents et fournissent une nouvelle preuve des considérations que nous avons développées dans les conclusions de la longitude Paris-Milan; mais l'écart n'est que de o%o45, ce qui semble bien montrer qu'il y a avantage à employer des instruments comparables dans les deux stations. » Nous avons adopté pour valeur de la différence de longitude entre les instruments de Paris et de Nice i9""5i%5i3. ( I lOO ) C. — MILAN-NICE, par MM. Celoria et Perrotin. EQBATION PERSONNELLE. !'• tfiesuic à I\ice. — Avant les obsei'vatîoH^. (Instrument de Gautior.) 1881. C-P. Aoiit ig +0,228 20 . 22. 23. 24. 25. + 0, I7.J +0, .73 -1-0, ■9^ +0, 184 -1-0, 148 Moyenne . +0,171) N. 26 00 I I 3o 3i 3i 7% '2* mesure à Milan. — Apres les ubservaùoits. (Instiument de RepsoUl.) C-P. 1881. Sept. 20 . » 20 Moyenne. . +0,027 +0,060 +0,073 -1-0,061 N. 40 4" 58 i38 » La variation de l'équation personnelle de la première à la seconde pé- riode est sensible; elle tient évidemment an changement d'instrument: quand on passe d'une lunette droite à une lunette brisée, les apparences dans la marche des étoiles changeant brusquement, l'œil est surpris, et l'appréciation des passages exige un travail différent qui peut modifier sen- siblemetit leur moment chez l'observateur qui n'a l'hiibitnde que d'une espèce d'instrument. On a adopté la moyenne des deux mesures : C — P =:= + o*, I 20. DIFFERENCE I>E LONGITUDE. 1881. Aoi'lt 2C) Sept. 4 » 5 „ 7 " 9 » 1 1 L. m s 7.33,488 33,539 33,720 33 , 720 33, 761 33,628 33 ,639 Ki'reur moyennu dzo,o26 +0,024 ±o,o48 ±o,o3o ±0,024 ±0,037 ±o,o3o Poids. ISSl. 2,5 Sept. i3 2,9 » 1 4 0.7 » i5 1,9 " 16 2 , t) « 1 7 1,2 » 1 8 > j9 Poids '^9)2 L. 11] S 7.33,661 33,749 oj,73() 33,737 33,788 33,882 Erreur moy. Erreur moyenne. Poids. +0,025 +0,025 ±0,026 ±0,025 ±0,023 ±0 ,o35 ±o%oo8 2>7 2,7 2, 5 2,7 3 , 2 «.4 L 7">33%692 » En introduisant l'équation personnelle, on obtient pour valeur la diffé- rence de longitude entre les instruments de Nice et de Milan 7'"33S8i2. » En résumé, les valeurs obtenues pour les différences de longitude entre les instruments de Paris, Milan et Nice sont : Milaii-Pdiis Paris-Nice. , -27 .25,3i5 '^•':'o''î'-7--:325r^ Nice-Milan ^- 7 . 33,Si2 ) ;o',oi. ( 'loi ) « Le triangle de longitudes ferme donc à o%oi, ce qui est très satisfai- sant. » En appliquant aux stations de Montsouris et de Milan les réductions aux méridiens officiels de départ, on a définitivement : Dl s Milan-Paris +27.3.4,954 Paris-Nice —19.51,225 Nice-Milan — 7.33,739 » L'introduction de la longitude Milan-Paris dans le réseau des longi- tudes européennes conduit aux fermetures suivantes : Poljgom- Pnrif-I ieiiiie-Milaii. Poly(H + Ç-.j + d'zn' — z- !> " ^ ' ' dt- a U > expression qui, dif'férenliée par rapport à a; et substituée dans la seconde (3), donne (8) u=- ^ d.,: dC^d.c 2 H Multipliant par tj— ^ et intégrant de s = o à :; = H + C pour en obtenir la valeur moyenne, on a I /•"^' ^ d'i n d'C, " d.c 3 dt- dx ( ..o5 ) -^ . ,, • / \ , '/" iJ'l du , 11. » Mais, d après 2 , ir ^= ,- -h n- — h n^' -r- dont le dernier terme, pro- duit de deux quantités très petites, est négligeable, et dont le premier a sensiblement pour moyenne —■> il n'est pas difficile de voir, sans récourir aux développements, qu'on trouverait, au Mémoire ^ssa/ sur les eaux cou- rantes, que la moyenne de u' est réductible à— — t- U— • En l'égalant à celle (9), on obtient la seconde des deux équations suivantes (10), ne conteîiant plus que la vitesse moyenne U, et dont la première n'est qu'une reproducti on de l'équation (5) dite de continuité : ^ ' dt d.i- d.v ' de djc ° d.r 3 dt- d.r )) 3. Onde solitaire. — Cette onde, une de celles que les équations (lo) régissent, est caractérisée par sa longévité ou parce qu'elle se propage avec une célérilé (vitesse apparente) constante, sans se déformer (si ce n'est à la longue, par des frottements dont nous supposons ici que l'effet ne s'est pas encore fait sentir); en sorte que, si l'on fait croître t de dt, et x de d^dt, w désignant cette célérité constante, ( et U ne changent [)as. Autrement dit, Ç et U sont fonctions de :r — oj/, ou tels que, dans (lo), on peut 1 , d[i,\]] f/(?,U) remplacer les — — — - par — oj -5_ — l. » De cette substitution il résulte (.1) ^J-.Ç + HU--UÇ]=o, ^.[-.U + ^U^ + gÇ + 5£Ji|=.o. » Donc les deux polynômes entre crochets sont constants dans toute l'étendue de l'onde; et, comme tous leurs termes sont nuls pour jr ^ co , ces deux polynômes doivent être égalés à zéro. Il en résulte deux équa- tions, dont la première fournit une valeur de U qui, substituée dans la seconde, donne pour or, en divisant le numérateur par le dénominateur et effaçant les carrés de quantités très petites, , . „ „ / 3 ? H-- d'-c,\ ( I !o6 PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches relatives à r influence qu'exercent les lésions (le la moelle épinière sur la forme des convulsions de l'épilepsie expérimentale, d'origine cérébrale; par M. Vli-pian. « Dans le cours de mes études sur l'épilepsie expérimentale d'origine cérébrale, j'ai été conduit à examiner l'influence exercée par les lésions de la moelle épinière sur celte épilepsie. Pour cette recherche, on mettait à découvert la moelle épinière sur des chiens engourdis par une injection inlra-veinense de oS',o5 de chlorhydrate de morphine en solution aqueuse; puis on comparait la forme des attaques épileptiformes provoquées par l'excitation d'un des gyrus sigmoïJes avant toute lésion médullaire à la forme de ces attaques après qu'on avait pratiqué une hémisection de la moelle. La relation abrégée d'une des expériences que j'ai faites sur ce point de Pathologie expérimentale montrera les modifications subies par l'attaque épileptique d'origine cérébrale, après une section complète d'une des moitiés de la moelle (de la moitié du côté opposé au gyrus sigmoïde fa ra dise). » Expérience. — Chien bull-teriier, de moyenne taille, vigoureux. Le 3 mai i885, on niorphinise cet animal au moyen d'une solution aqueuse de 0''',o') de chlorhydrate de morniiine, injeclée dans une des veines sa|)hèncs, vers le cœur. » On met à découvert la région du gyrus sigmoïde du côté gauche, en laissant pour le moment la dure-mère crânienne inlacle. On met ensuite à nu la moelle épinière, ou plutôt lu dure-mère rachidienne, vers la partie postérieure de la région dorsale. On a été obligé, pour empéiher les mouvements que faisait l'animal, chaque fois que, pendant l'opération de l'ouverture du rachis, on touchait la dure-mère s])inale, de saupoudrer celte membrane de chlorhydrate de cocaïne. Il est probable que l'insensibilité delà dure-mère ainsi obtenue a conlribué à rendre moins abondante l'hémorrliagie produite ])ar la section des muscles et des os : somme toute, la perle de sang a été peu considérable. » Après ces opérations préalables, on laisse l'animal en repos pendant un quart d'heure. On incise ensuite la dure-mère crânienne et l'on a ainsi sous les yeux, à découvert, le gyrus sigmoïde du côté gauche. » On faradise la surface du gyrus avec l'apjjareil à chariot (bobine au (il induit écartée du point où elle recouvre entièrement la bobine au lil inducteui' par un intervalle de o™, i5). La faradisation du point cérébro-facial détermine des mouvements dans la moitié droite de la face; celle du point cérébro-brachial en pro\oque dans le membre antérieur droit. Avec le même courant, ou n'obtient aucun mouvement du ini ndjie postérieur droit, en éleetii- sanl le point cérébro crural gauche : il est vrai que ce point n est pas à nu dans toute bon élendue. et que, pour l'atteindre dans l'indroit le |)lus excitable, on est obligé d'introduire les pointes de l'excitateur sous le bord de l'ouverture du crâne : d'où diffusion plus grande ( no? ) (lu counint, ilonl la forer entre les deux pointes est, par cela même, affaiblie. Avec o™,i4 d'écarlement de la bobine au fil induit, il y a un léger mouvement du membre postérieur droit et, avec o'",i3, on produit un fort mouvement de ce membre. Les mouvements ob- tenus par ces diverses excitations offrent la forine bien connue. » \])rès avoir observé, à plusieurs reprises, ces effets de la faradisalion des régions exci- tables du cerveau, on provoque une attaque d'épilepsie, en faradisant, avec o'",io d'écar- tement de la bobine au (il induit, la surface du gyrus siguioïde gauche, près du point céiébro-crural. Dès (|ue le courant est établi, on voit se manifester une trépidation de tout l'animal; sa tète est renversée en arrière; il pousse des gémissements plaintifs; les membres s'étendent pendant un instant, puis sont agités de secousses rapides; les muscles de la face sont aussi le siège de mouvements convulsifs. On interrom|U le courant ; l'excitation du gyrus n'a pas duré plus de liois à quatre secondes. On assiste alors à nue très forte attaque d'épilepsie qui dure au moins deux minutes. La tète est tournée convulsivement à droite; il y a des mouvements trépidants de la face : l'animal, qui est sur le ventre, fait gros dos, ramène ses membres antérieurs vers lui (ils viennent d'être détachés); de même, il fléchit ses membres postérieurs sous lui et les quatre membres exécutent des mouvements cloniqucs assez rapides. Pupilles dilatées, salivation, etc. Vers la fui de l'attaque, l'anijnal urine beaucoup. Les pu|)illes, au moment où l'attaque se termine, se resserrent peu à peu et deviennent plus étroites qu'avant l'attaque, mais bientôt elles reprennent le diamètre qu'elles avaient alors. Pendant jdus d'une minute après l'attaque, il y a des mouvements comme rythmiques des muscles de la face. Les oreilles y prennent part de tcmjis à autre. B Au bout d'un quart d'heure, on incise la dure-mère lachidienno; puis, avec un bistouri à lame courte et ('troite, on traverse de part en part la moelle épinière, sur la ligne mé- diane, entre les deux faisceaux postérieurs, et l'on sectionne d'un seul coup la moitié droite de ce centre nerveux, llémorrhagie veineuse qui s'arrête bientôt. Quelques minutes après cette opération, on faradise la surface du gyrus sigmoiMe gauche avec o'", i^, puis avec n™,i3 d'é'cartement delà bobine au fil induit. Aucun mouvement dans le membre postérieur droit, quand la faradisition porte sur la région cérébro-cruiale ; mouvements toujours très nets dans la moitié droite de la face ou dans le mendjre antérieur droit, suivant qu'on fara- dise, avec o'",i3 ou avec o'", i4 d'écartement^ la région ccrébro-f.uiale ou la région cérébro- brachiale. La faradisation de la région cérébro-crurale, avec un écartement de o'",i2, détermine de très faibles contractions dans les muscles de la cuisse droite et dans le luuscle gastro-cnémien du même côté. » On faradise ensuite la surface du gyrus sigmoïde, vers la région cérébro-crurale, avec un courant plus fort ( o'", lo d'écartement de la bobine au fil induit). Mouvement de ren- versement de la tête en arrière; gémissements plaintifs; puis commenceir.ent d'attaque. On interrompt le courant au bout de trois seccmdes. Tout le corps est en trépidation conviil- sive, sauf les membres postérieurs; mais, très rapidement, c'est-à-dire une ou deuxsecondes après la cessation de la faradisation, le membre postérieur droit s'étend et se raidit en extension. Un instant après, le membre postérieiir gauche se prend aussi de contracture. Le membre antérieur droit, qui a été, comme le membre antérieur gauche, agité par des mou- vements spasmodiques alternatifs de flexion et d'extension, s'étend convulsivement à la fin de l'attaque, au moment où les pupilles se resserrent; le membre antérieur gauche se raidit en extension deux ou trois secondes plus tard. Dans ce même moment, la raideur cesse dans ( iio8 ) les niiinbres poslérieiirs : tl'abûrd dans le membre dioit; puis, dans le membre j^auche. » Lu raideur îles membres antérieurs dure de quatre à cinq minutes; les muscles sont durs à la palpaiion et un peu doidoureuv (du moins l'animal gérait quand on presse ces muscles), Ensuite ces menil)res redeviennent souples. » Un quart d'heure après cette première attaque, on en provoque une seconde de la même façon. Celle fois, le membre postérieur droit s'étend convulsivement dès le début de l'attaque. Le membre postérieur gauche ne se raidit pas; mais il est agité, comme les membres antérieurs, par des mouvements cloniques; il est, comme eux, en fle.xion. La crise est moins prolongée que la précédente; mais elle est très intense aussi. Lorsqu'elle est sur le point de finir, les deux membres antérieurs s'étendent et offrent une raideur tout aussi forte et tout aussi durable que la [ireniière fois. Rien de sendjlable dans le membre postérieur gauche, qui reste soujile lorsqu'il cesse d'être agité. ].e membre postérieur droit s'est relâché aussi, à peu près à l'instant oii se montrait la contracture des membres antérieurs. Les muscles fa- ciaux continuent pendant quelques minutes, comme après la première attaque, à être le siège de contractions produisant une sorte de tic spasmodique choréiforme de la face : ces con- tractions existent des deux côtés; elles sont pourtant un pen plus fortes du côté droit que du côté gauche. » Après la mort de l'animal, on s'est assuré que la moitié droite de la moelle épinière avait été complètement coupée en travers, au niveau de la douzième côte. )) On voit, dans cette expérience, que la section transversale d'une moi- tié de la moelle épinière n'a pas modifié, d'une façon reconnaissable, les mouvements provoqués par une faraiiisation modérée du gyrns sigmoide gauche dans la moitié droite de la face et dans le membre antérieur droit; mais elle opposait un obstacle d'une certaine résistance à la transmission des excitations du gyrns au membre postérieur droit. Lorsqnel'on aug- mentait un peu l'intensité du courant, cet obsîacle était franchi et l'on constatait une faible contraction des muscles de ce membre. Dans d'autres expériences, il s'est produit un mouvement très net du membre, et ce mouvement ne différait pas de celui qui se manifeste lorsque la moelle épi- nière n'a subi auctuie atteinte. Je n'ai pas vu, dans les expériences de ce genre, la contracture que M. Lewaschew a observée dans le membre pos- térieur du côté correspondant au gyi us excité, soit avant, soit après une iiémisection du côté opi)osé de la moelle épinière ('). Cela ti' nt évidem- ment à des difféiences dans la force et la durée des excitations. 11 I^'hémisection de la moelle a modifié, au contraire, d'une manière notable, les caractères dv l'attaque d'épilepsie provoquée par lun^ excita- (') Lewaschew, Uebcr die f.eitung cler E?regung von rler GrosfliirnheDiispharen zit den Extremitnleii [Jrchivfiir die gesammtr Pliysiologif, \. XXXVI, p. ^'.78 — Anal, dans la fiefiie drx Sciences iiii'-dir/ilcs, I. XXVL p. {i^). ( '«09 ) tion fnradique, relativement forte, du gynis sigmoïde du côté gauclie. J.e membre postérieur droit a présenté constamment une extension spasmo- dique, tandis que les autres membres étaient agités par des mouvements cloniques (dans la première attaque, le membre postérieur gauche a pré- senté aussi de la contracture). En outre, à la fin de l'attaque, les membres antérieurs se sont raidis dans l'extension et ils sont demeurés en contrac- ture pendant quatre ou cinq minutes. » Les phénomènes de l'attaque d'épilepsie ont été modifiés tle même dans une antre expérience, faite de la même façon et dans laquelle l'hénii- section de la moelle était complète. Dans une troisième expérience, sem- blable aux deux précédentes, les choses se sont encore passées de même, à cela près que le membre antérieur droit a présenté de la contracture comme le membre postérieur droit. L'hémisection de la moelle avait été l)ratiquée, dans ce cas, au niveau de la onzième vertèbre dorsale : elle était loin d'être complète; l'instrument n'avait coupé que la moitié externe du faisceau postérieur droit, la partie postérieiu-e du faisceau latéral droit et la région externe correspondante de li substance grise. » Les incitations motrices partant d'un des hémisphères cérébraux peuvent donc être transmises au membre postérieur du côté opposé, bien que la moitié de la moelle, qui correspond à ce membre, ait subi une secfion transversale complète dans la région dorsale : la transmission est seulement rendue xm peu plus difficile. Ce fait physiologique avait déjà été démontré. On avait constaté qu'une hémisection de la moelle épinière, dans la région dorsale, ne détermine qu'une paralysie incomplète du mouvement du membre postérieur du même côté. » D'antre part, les lésions de la moelle épinière modifient les effets des incitations motrices convulsivantes, émanées du cerveau, de façon à rem- placer par une contracture véritable, dans le membre postérieur du côté correspondant à la lésion médullaire, les mouvements cloniques qui y auraient eu lieu si la moelle avait été intacte. Cette modification a d'ail- leurs lieu aussi dans des cas où la lésion est bilatérale, très étendue, et la contracture s'observe alors dans les deux membres. C'est ce que j'ai vu sur un chien qui avait subi, le 28 février i885, une lésion transversale très étendue de la moelle dans la région dorsale postérieure. Il y avait eu immédiatement une paralysie complète du mouvement et de la sen- sibilité dans les deux membres postérieurs, paralysie qui avait duré près d'un mois; puis la motilité avait reparu, à un faible degré, dans ces membres. Le 29 mai, on mita découvert, sur ce chien, le gyrus sigmoïde du côté gauche. Les attaques épileptiformes, provoquées par la faradisa- tion de ce gyrus, différaient des attaques ordinaires en ce que les membres postérieurs, au lieu d'offrir les mouvements ordinaires de trépidation spasmodique, devenaient raides, contractures dans la flexion. Cette raideur disparaissait lorsque l'attaque cessait, et elle faisait place à quelques mouvements choréiformes. On reconnut que la moelle avait été coupée presque complètement. Il ne restait plus, au niveau de la section, qu'une petite partie des faisceaux antérieurs et des cornes antérieures. » Un autre point intéressant des expériences dans lesquelles on avait pratiqué une hémisection de la moelle, c'est la production d'une contrac- ture, en extension, dans les membres antérieurs, au moment où l'attaque épilepliforme prenait fin. » Cette tendance des excitations convulsivantes, d'origine cérébrale, à produire, dans ces conditions spéciales, des contractures des membres, me parait offrir de l'intérêt. Les résultats expérimentaux consignés dans celte Note pourront sans doute èlre utilisés dans les discussions relatives à la palhogénie des contractures qu'on observe chez l'homme à la suite des lésions encéphaliques et des altérations secondaires, consécutives, de la moelle épinière. >> ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie ihs formes algébriques. Note de M. Sylvester. (Extrait d'iuie Lettre à M. Hermite.) « Mon long exil en Amérique expliquera, je l'espère, comment j'ai pu ignorer l'identité des invariants différentiels de M. Halphen avec les fermes que j'ai nommées récipiocanls purs. Les travaux vraiment remarquables de M. Halphen n'ont pas besoin de mes éloges et auront été couronnés par l'admiration de tous les géomètres dignes de ce nom. » Je crois cependant qu'il y a assez de différence entre le but et la marche de mes recherches sur ce terrain et ceux de M. Halphen pour justifier l'insertion dans les Comptes rendus de ma discussion de la théorie regardée comme une théorie de formes algébriques. Si je ne me trompe pas, M. Halphen, s'il l'a découverte, n'a fait nul usage de l'équation par- tielle différentielle que j'ai donnée et qui sert à établir le parallélisme merveilleux entre les invariants différentiels et les semi-invariants ordi- naires. )) De plus, il n'a pas eu occasion de faire allusion aux formes que j'ap- pelle rêciprocants mixtes orthogonaux, qui ne sont point compris dans la ( ">I ) définition des invariants différentiels, et qui sont essentiels pour expliquer les singularités quasi-métriques des courbes. » NOMEVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de l'un de ses Membres, qui devra la représenter dans la Commission du |)rix de Lin- guistique (fondé par M. de Volney), en remplacement de léu M. H.-Milne Edwards. M. Berthelot réunit la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. AÉROSTATION. — Sur les nouvelles expériences exécutées en i885 oh moyen du ballon dirigeable « La France ». Note de M. Ch. Renard ('). « Nous avons fait connaître, l'année dernière, les résultats obtenus au moyen du ballon dirigeable construit aux ateliers militaires de Chalais (-). » On exécuta en 1884 quatre ascensions : une le 9 aoijt, une le 12 sep- tembre, qui ne réussit pas à cause d'une avarie de machine, et deux le 8 novembre qui réussirent parfaitement. Trois fois sur quatre, l'aérostat est revenu à son point de départ. » Le ballon ne pouvant emporter en 1884 que deux aéronautes, il avait été impossible d'exécuter des mesures précises de la vitesse propre du bal- lon, Il s'agissait celte année de combler cette lacune; aussi le ballon dut-il être modifié dans certaines parties. » Il fallut d'abord l'alléger et gagner le poids d'uu aéronaute : j'y réussis facilement en modifiant certains organes (ventilateurs, piles, accumula- teurs, voile de queue). » La machine motrice multipolaire employée l'année dernière ayant (') Cette Note a été lue dans la séance du 23 novembre. La préparation des figures en avait fait ajourner l'insertion. (-) Note sur un aérostat dirigeable, par MM. Ch. Renaid et A. Krebs, i8 août et 10 novembre 1884. Ces deux communications ont été faites par M. Hervé ManL'on. C. -R., i885, 2» Semestre. (T. CI, N° 23.) l45 ( I'I2 ) donné lieu à divers accidents, je la remplaçai par un moteur à deux pôles dont la construction fut confiée à M. Gramme. Noire éminent ingéi.'ieur électricien nous livra un appareil excellent, très robuste, admirablement équilibré et d'un poids sensiblement égal à celui du premier. » La transmission du mouvement dut aussi être modifiée. Pour éviter les dégrènements et les ruptures de dents dus aux déformations in. vila- blés de la nacelle, je suspendis tout le train des roues dentées à l'arbre même de l'hélice, le pignon n'étant relié à la machine motrice que par l'in- termédiaire d'un manchon à calage élastique permettant au train de se déplacer notablement, sans que la transmission cesse de se produire. » Enfin, des précautions minutieuses furent prises pour assurer le grais- sage continu et le refroidissement des coussinets du pignon, dont la vitesse pouvait être portée, à un moment donné, à 36oo tours par minute. » Tout cet ensemble fut essayé à outrance, dans le hangar de Chalais. Ces essais nous donnèrent une entière confiance dans le nouveau dispo- sitif. » A la vitesse de 36oo tours, qui put être soutenue indéfiniment, la force motrice développée sur l'arbre put être portée à 9 chevaux. » La poussée de l'hélice fut mesurée ; on trouva qu'elle était reliée à l'in- tensité du courant par la formule H = 0,753c — 17.3, (H poussée de l'hélice en kilogrammes, C courant en ampères), Cette formule se vérifie très exactement pour des valeurs de C variant de o à 108 ampères, On put démontrer qu'elle s'applique sensiblement au cas où le ballon, au lieu d'être immobile, obéit librement à l'effort de l'hélice. » Enfin je m'attachai à améliorer la pile et je réussis encore à l'alléger en modifiant légèrement la composition du liquide des éléments. » J'arrive au procédé, très simple, destiné à mesurer la vitesse du ballon par rapport à l'air ambiant. Comme l'hélice est à l'avant du ballon, on ne peut employer un anémomètre, car il donnerait des indications trop fortes ; en revanche, rien ne gêne pour l'emploi d'un loch aérien. Ce loch fut organisé de la façon suivante : un ballon en baudruche de 120'" fut rempli en partie de gaz de façon à rester exactement en équilibre dans l'air. Ce ballon fut attaché à l'extrémité centrale du fil d'une bobine de soie de 100™ de longueur. Pour faire une mesure, l'opérateur enroule autour de son doigt l'autre extrémité du fil, lâche le ballon qui s'éloigne horizontale- ( 'ii3 ) ment vers l'arrière, et qui, arrivé au bout de sa course, produit sur le doigt un choc sensible. L'instant du départ et celui du choc final sont pointés sur un chronomètre. On mesura avec soin la dérivation de ce loch; elle fut trouvée égale à o™, i 17 par seconde. Dès lors, la vitesse v du ballon était reliée à la durée t du déroulement par la formule v ^ h o, 1 17 (i' est exprimé en mètres et t en secondes). » Les choses étant ainsi préparées, on profita du premier beau jour pour essayer le nouveau mécanisme en l'air. " ascension du 2 5 août. — La première ascension eut lieu le 23 août. Il s'agissait seulement, comme nous l'avons dit, d'essayer le nouveau mé- canisme. Dès lors, il importait peu de revenir au point de départ; aussi ne crut-on pas devoir attendre que le vent devînt assez faible pour permettre la direction absolue. » Le ballon s'éleva par un vent assez rapide, 6'",5o à 7", soufflant de l'Est. Il était monté seulement par deux aéronautes, MM. Ch. et P. Renard. » Pendant une heure, il lutta contre le vent, avançant légèrement dans les basses régions, reculant un peu dès qu'il fut arrivé à l'altitude de 400"". » Diverses évolutions furent exécutées, et l'aérostat, après avoir dérivé de 1800"" environ, atterrit heureusement près de Villacoublay, où il était attendu par l'équipe des ouvriers militaires de Chalais. Le mécanisme s'était admirablement comporté pendant cette expérience préliminaire et le succès des essais futurs nous parut certain. » Ascension du 22 septembre. — Le 22 septembre, le vent soufflant du nord-nord-est, c'est-à-dire de Paris; et sa vitesse ne dépassant pas 3"", 5o par seconde au ras du sol, le départ fut décidé. Le ballon emportait trois aéro- nautes, le capitaine Ch. Renard, chargé de la machine et du gouvernail, le capitaine P. Renard, ayant pour mission d'exécuter les mesures et obser- vations de toute nature, et M. Duté-Poitevin, aéronaute de l'établissement, chargé de la manœuvre du lest et de la soupape. » Le départ eut lieu à 41^ 25" du soir, par un temps humide et brumeux. L'hélice fut mise en mouvement et le cap dirigé sur Paris. » Nous eûmes d'abord quelques embardées, mais elles cessèrent bientôt de se produire, et dès lors, malgré le vent, le ballon, s'engageant au-dessus du village de Meudon, traversa le chemin de fer et atteignit la Seine vers 5'', à l'extrémité ouest de l'île de Billancourt. La vitesse [)ropre du ballon fut alors mesurée, au moyen du loch. Elle fut trouvée égale exactement à 6™ par seconde. Ballon dirigeable « La France ». Ascension du 23 septembre l885. — Diagramme du parcours hoiizontal sur h sol. 7 ./ esse! par rapport _,4u sol s'est trouvée '"'radeau PointduJour), lt'!Zi 30 Temps qu'on aurail employé a parcourir l'itinéraire si la vitesse du vent avait été nulle (43 minulesl. Hi^ures : 5*^'° = lo"^*". BÉSCLTATS NUMÉRIQUES. Aller {contre le vent). Vitesse moyenne de l'hélice 55 tours u propre moyenne dans l'air (mesurée au ballon loch)... 6", 00 par seconde Durée du trajet 4? minutes ou 2820 secondes Parcours -j-joo" Vitesse moyenne sur le sol. 7700" 2820- >73 » du vent contraire à la marche 6" — 2", 73 3", 27 (Ce dernier chiffre est douteux, en raison du tracé très sinueux de l'ilinéraire.) Hetour {avec le vent). Vitesse de l'hélice 55 tours » propre 6" , 00 par seconde Durée du trajet 11 minutes ou 660 secondes Parcours 3700" 5700" Vitesse moyenne sur le sol » du vent favorable à la marche. 660- 8", 63 2", 63 Remarque. — Les évaluations de la vitesse du vent sont trop faibles, car les trajectoires sont sinueuses, le vent n'étant jamais ni complètement favorable ni tout à fait contraire. L'ensemble des mesures exécutées un peu avant le départ conduit pour le vent à une vitesse de 4'° environ à la seconde. ( ïii5 ) » A S'Ma"", après quarante-sept minutes de voyage, l'aérostat entrait dans l'enceinte de Paris. Malgré notre désir de prolonger l'expérience, nous dûmes alors effectuer notre voyage et revenir à Chalais. Le temps était devenu, en effet, de plus en [)lus humide, et nous avions sacrifié la plus grande partie de notre lest. Ballon dirigeable « La France >> . a 3"; 26 sep ^em t>re Ifc 8 t). - - L "««■ ran me du par OUI s lu -irizo !<- A lier 11 ■l_rc ojr M cen / r ! 1 i / i 1 À f i / 1 1 r i \J j 1 1 1 i i il t\ 1 i y ! _L 1 i / 1 i j Je. i _i Heures : 5" — 10" th ■R13K" 10 Kl "^i- 5KT tb)? RÉSULTATS. Aller (avec le vent). Vitesse moyenne de l'hélice (pile relevée) 4? tours » propre moyenne dans l'air 5", 12 par seconde , 6500° , 3 )) moyenne sur le sol o jJ3 » 1020" » du venl favorable à la marche i",20 » Ketour (contre le vent). Vitesse moyenne de l'hélice (pile entièrement plongée) 55 tours » propre moyenne dans l'air 6'", 00 par seconde » » sur le sol 5", 42 » » du venl contraire à la marche o'",68 » Remarque. - Cette différence entre les deux vitesses du venl provient de la différence des alti- tudes ; 25o° en moyenne à l'aller, et 4oû'° au retour. (11,6) » Le retour s'effectua rapidement, car nous avions cette fois le vent pour nous. Onze minutes suffirent pour parcourir, au retour, un chemin qui nous avait coiJté à l'aller quarante-sept minutes d'efforts. L'aérostat vira de bord, pour atterrir debout au vent, et notre nacelle descendit dou- cement sur la pelouse des départs. <- Ascension du 25 Aoùl 1885 Asc«nsion du 22 Septembre 1885 Ascension du 23 Septembre 1885 » Ascension du :i'i septembre. — Le lendemain, devant M. le général Carapenon, Ministre de la Guerre, et M. le général Bressonnet, président du Comité des fortifications, on recommença l'expérience de la veille. ( Ï117 ) M L'itinéiaire fut à peu près le niéine, mais le vent était plus faible el nous portait vers Paris. » De nouvelles mesures de vitesse furent exécutées, et les résultats des deux journées furent concordants : le ballon revint comme la veille à son point de départ. » Formules du travail. — Les mesures de vitesse, que nous avons exé- cutées pendant ces deux expériences, nous ont permis d'établir sur des bai.es sérieuses les formules fondamentales qtii peuvent servir à l'évaliiatioii de la résistance des ballons analogues à la France, en y comprenant le filet et la nacelle. Les résistances mesurées sont beaucoup plus grandes que nous ne l'avions cru sur la foi des expériences très incomplètes dont nous avions dû nous contenter pour l'établissement de notre projet. » Si l'on désigne par R la résistance de l'air au mouvement longitudinal de l'appareil (en kilo- grammes); ç sa vitesse en mètres par seconde; 0 le travail de traction diiect; T le travail sur l'arbre de l'hélice; D le diamètre du ballon, on aura (x) R = o,oi685D-i^% (2) 0 = o,oi685 D-r', (3) T = 0,0326 D^'\ M S'd s'agit, par exemple, d'un ballon de lo"" de diamètre (3i42°"= envi- ron), la force motrice nécessaire pour lui imprimer une vitesse propre de 10" par seconde, qui suffirait pour le diriger dans la plupart des cas, serait, d'après l'équation (3), T = o,o326 X 7^' X m' = SaGoi^B" ou 43*^"% 5. » Nous terminons cette Note en résumant, dans un Tableau, les résul- tats obtenus dans les sept ascensions du ballon la France. Les vitesses dts ascensions de l'année dernière ont été rectifiées d'après les résultats des ascensions du 22 et du 23 septembre i885 : ( iii8 ) Nombre Vitesse Numéros de tours du ballon des d'hélice en mètres ascensions. Dates. par minute, par seconde. Observations. II] 1 g août 1884 42 4>58 Le ballon rentre à Chalais. 2 12 sept. 1884 5o 5,45 Avarie de machine. Descente à Ve- lizy. 3. . . . . 8 nov. 1884 55 6,00 Le ballon rentre à Chalais. 4. » 35 3,82 a 5 25 août i885 55 6,00 Vent de 6'",5o à ^'",00. Descente à Viliaconblay. 6 22 sept. i885 55 6,00 Le ballon rentre à Chalais. 7 28 sept. i885 57 6,22 • « L'aérostat est revenu cinq fois sur sept à son point de départ. » MEMOIRES PRESENTES. MÉCANIQUE. — Sur la propagation du mouvement dans un fluide indéfini (première Partie). Mémoire de M. Hugoniot, présenté par M. Maurice Lévy. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Bertrand, Cornu, Darboux, Maurice Lévy.) « La théorie de la propagation du mouvement dans un fluide indéfini est restée jusqu'à présent bien incomplète. On ne s'est guère occupé que des gaz parfaits, du moins quand on a cherché à étudier le phénomène avec quelque rigueur. De plus, on a introduit dans les équations de l'Hy- drodynamique des hypothèses, déguisées, i! est vrai, sous le nom d'ap- proximations, mais qui altèrent singulièrement la valeur des résultats que l'on peut en déduire. » Je vais montrer dans ce travail que l'expression analytique de la vitesse de propagation s'obtient aisément, et de la manière la plus générale, par la simple considération des équations de l'Hydrodynamique, sans qu'd soit aucunement besoin de se préoccuper de la forme des intégrales. Pour cela il me suffira de généraliser les principes dont j'ai fait usage dans un travail antérieur ('). Outre l'importance que la question présente ( ' ) Mémoire sur la propagation du mouvement dans les corps, et spécialement dans les gaz parfaits, présenté a. l'Académie des Sciences le 26 octobre i885. ( '119 ) pour la Mécanique et la Physique mathématique, elle se rattache à l'ex- teusion de la théorie des caractéristiques aux équalious aux dérivées par- tielles à plus de deux variables indépendantes et aux systèmes d'équations. C'est un point sur lequel je reviendrai. » Je prends pour point de départ, dans la première Partie de ce travail, les équations bien connues d'Euler I dp „ du du <)u du --T-=A r H ^ V-- — (P — , p ôx ot d.r (h àz 1 âp -^ Of (Jv dv dv p dy dt d.v dy dz I dp „ diy d'v div ùiv ---=/ ^ u t,^ (V-r-) p dz dt ô.i: dy dz, dt àjc dy dz » l^a conductibilité du fluide pour la chaleur est supposée négligeable, et l'on admet que le mouvement est continu, c'est-à-dire que dans chaque instant infiniment petit la variation de vitesse d'un élément de masse est toujours infiniment petite. Dans ces conditions, chaque élément de masse se détend en satisfaisant à la loi adiabalique, de sorte qu'il existe entre la pression et la densité une relation de la forme p =z F(yj), qu'on suppose être la même pour tous les points du fluide. » Un système quelconque d'intégrales du système représente un mouve- ment possible. Je suppose que, à l'instant t, le fluide soit divisé en deux parties par une surface S; d'un côté de cette surface existe un mouve- ment A représenté par un certain système d'intégrales ?/,, t',, «',, /;,, p,; de l'autre côté de S existe un mouvement B représenté par un deuxième sys- tème d'intégrales u^, v-i-, w^, p2i p2- H y " propagation quand, à l'instant t -h dt, le mouvement de l'ensemble du fluide est encore représenté par les mêmes systèmes d'intégrales, la surface S s'élant déplacée et déformée infiniment peu, de manière à occuper une position S,. » Menant au point [x, f, z) de S la normale à cette surface, on désigne par \, [j., V ses cosinus directeurs ; soit dn la longueur de cette normale comprise entre S et S,, le rapport — est la vitesse de propagation. » Posant M, — Mo = U, i>, — i)2 = V, w, — w^ = W, p, — p^ = P, et rem- plaçant dans les équations d'Euler p par F{p), on trouve aisément les G. R., i885, 2- Semestre. (T. CI, N» 25.) l46 ( I I20 équations suivantes, qui ont lieu pour tous les points de S, ,' ¥'{/}] (dP d? d? ù\'\ du d\ ô^N (■) < 1 F(p) \dt OX Or (>'- I à.r 0) à: ' I OP dV dV OU àV p Ox Ot Ox Oj OZ et deux équations analogues à la dernière. En effet, la continuité exige que pour tous les points de S on ait u^ = ti.,, c, ^ c^, n», rz= i,\\, p, = p.^. M D'autre part on a, sur la surface S, ). f/. V dv ■" ov — du' du dn dt "*" dt dx Oy dz , du à\} d\]\ Ox ' Or dz I ' ce qui permet d'exjiriiner toutes les dérivées partielles de U en fonction de l'une d'entre elles, '■ — ■> par exemj le; de même pour V, W, P. » Substituant dans les équations (i), on iroiive dP ^d\3 dV dW dx- (jx ' dx dx l-F'{p)\~d,/ ^^' l àP rdn ,^ ,ldV ( p^ = |.7/. -(^" + !'■'' + ^Hj:^' et deux équations analogues à la dernière. T'M- ■ .• y dV àV dVf dP ^ , . . , , , „ » L e imination de -^, -r- , ^r— > ^- entre les équations ( 2) donne enfin dx dx dx dx ^ ^ ' dn ^ , / I — =: \u -\- U.V -f- yw àz \/ t^,— , • dt ^ V i*'(/^j » La quantité lu -+- [ja> h- vw est la vitesse avec laquelle le fluide se dé- place suivant la normale à la surface S. La vitesse de propagation rapportée au fluide lui-même est v/;./! y "" \/ 'J' q"iJ"d on la rapporte aux axes de coordonnées fixes : il faut augmenter ou diminuer sa valeur absolue de la vitesse du fluide parallèlement à la normale. » M. L. Bidault-Braciiet, M. J. Doimergde adressent des réclamations de priorité, ;ui sujet de l'emploi du sulfate de cuivre pour préserver les vignes du mildeiv. (Renvoi à la Commission.) ( -121 ) M. J. FouGEREAu adresse un Mémoire sur la direction des aérostats. (Renvoi à la Commission des aérostats.) CORRESPOrVDAlVCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1" Le Tome IV, i'* eJ a* Parties, de l'Ouvrage de M. TViedemann, inti- tulé : « Die Lehre von dcr Electricitdl o, 3" édition, (Présenté par M. Mas- cart.) 2" Un Volume de M. J. Mille, intitulé : « Assainissement des villes par l'eau, les égouts, les irrigations ». (Présenté |)ar M. Daubrée.) ASTRONOMIE. — Découverte d'une comète à Cobservatoire de Paris; p;ir M. Fabry. — Observations faites aux observatoires de Paris ^ Bordeaux, Lyon et Alger; présentées par M. Mouchez. « Dans la soirée du i" décembre dernier, vers 8'', M. Fabry, élève- astronome de l'Observatoire de Paris, a découvert une nouvelle comète dans la constellation d'Andromède. Le ciel, presque continuellement cou- vert depuis cette époque, n'a permis de revoir cet astre à Paris que dans la soirée du 4 décembre. » La comète a l'apparence d'une faible nébulosité arrondie (i2« gran- deur) de i' de diamètre environ, avec un très petit noyau central d'aspect stellaire. » L'observatoire de Paris n'ayant pas d'instrument spécial destiné à la recherche des comètes, c'est avec l'équatorial coudé, confié depuis trois mois pour ce service à M. Fabry, qu'a été faite celte découverte. « Nous donnons ci-après les positions du nouvel astre, obtenues à l'ob- servatoire de Paris les i" et 4 décembre, et nous y joignons les observa- tions des 2, 3, 4 et S décembre, faites aux observatoires de Bordeaux, Lyon et Alger, telles qu'elles nous ont été transmises. ( I 122 ) Dates 1885. Décembre i u I Observations de la comète Fnbry. Observatoire de Paris. N"». Étoiles. Grnndeiii'S. 1 <7 ioi6 Weissej o'' 8 2 fi id. 3 b 738 Weisseo o'" 9 4 i id. -4- 5 b id. -4- G c 838-4o Weisse^ o'' 6 — Comète — Etoile. Ascension droite. Déclinaison. 1.34,55 1.44,22 1.55,87 1.48,68 1.38,43 2. 6,48 +2. 7,4 + 1 .56,2 +0.26,3 +0.22,5 —0.17,2 +8.3o,o Nombi-e de compa- raisons. 29-22 27-18 6-6 ia-8 27-48 35-20 Positions (les étoiles de compartiison. Ascension droite Rédnction Déclinaison Réduction N". Etoiles. moyenne 1885,0. au jour. moyenne 1885,0. au jour. Aiitorilês 1. a Il m s 0.40.39,76 +3,63 0 ' " + 20.59.45,2 + 24,1 Weisseg 2. a 0.40. 39, 75 +3,63 + 20.59.45,3 + 24,1 u 3. b o.3o. i6,4i + 3,52 +20.56.44)6 + 24,7 )> k. h id. td. id. id. 1> 5. b o.3o. 16, 4i +3,5. +20.56 44 »6 +24,7 » 6. c 0.33.52,43 +3,54 +20.48.26,9 +24,4 » Positions apparentes de la comète. Temps Ascension Instruments Dates moyen droite Log facl. Déclinaison Log fact. et 1885. N»'. de Paris. apparente. parall. apparente. parall. observateurs. Décembre .. 1 h m s 9.34.24 ti m s 0 39. 8,84 1,241 0 / " + 21 . 2. 16,7 0,643 Équatorial coudé, RI. Lœwy. „ 2. 2 II. 7.50 0 . 38.59, 16 Î.492 + 21. 2. 5,6 0,681 ' Équatorial tour >> 4. 3 6. 3.24 0.32. i5,8o ï , a2i« + 20.57.35,6 o,63i ouest, G. Bigour- u 4- k 7.16.58 0.32. 8,61 2,664" + 20.57.31,8 0,614 dan. Équatorial ouest » 4- 5 8.56.55 0.31.58, 35 T,i58 + 9.0.57.26,5 o,63o du jardin , A. Koinot. M 4. 0 10.36. 17 o.3i .49i')9 1,469 +20.57.21 ,3 0,674 Équatorial coudé, L. Fabry. f II23 ) Observatoire de Bordeaux. [Lettre de M. R^yet, Directeur). Équatorial de i4 podces. — Observateur : G. Rayet. Date. Temps moyen Ascension droite Log l'act. Distance polaii'e Log facl. 1885. (le Bordeaux. apparente. parall. apparente. parall. Dec. 2 6''9"'i7%o o^37™is68 —1,281 68''57'47",6 -0,578 L'étoile de comparaison est Argelander zone -I-20", n" 87. Position (le l'étoile de comparaison. Rcductioii Réduction Date. Ascension droite. au jour. Distance polaire. au jour. 1883,0 o''33™52%92 +3%56 69" 10' 28", 7 —24", 5 Instrument méridien. — Observateur : Flamme. Date. _ Temps moyen Ascension droite 1885. de Bordeaux. apparente. Dec. 2 7''49"'34%5 o''36'"49% 97 ^''' déclinaison n'a pu être ojjservée. Depuis le 1 décembre le ciel reste couvert. Observations [équatoriid de 6 pouces de Brunner, de V Observatoire de Ljon) et éléments de la comèie Fabtj ; par M. Gonnessiat. Date. Temps moyen Ascenàion droite Lo|; fact. Déclinaison Log fact. N. de Étoiles jgg5_ de Lyon. apparente. parall. apparente. parall. comp. de comp. h m s h m s _ " ' " Dec. 2... 9.47.57 0.36.41,14 1,340 +21, 0.37,7 0'597 20:20 I 2... 11.22. I o.36.3i,i6 î,55o 4-21- 0.33,6 0,659 12: r2 2 3... 9.27.27 0.34.18,76 1,289 +20.59. 4,3 0,590 20:20 2 Positions des étoiles de comparaison. Date. Ascension droite Réduction Déclinaison Réduction lgg5_ ^. i885,o. au jour. i885,o. au jour. Autorité. Il m s s o ' » j)éc. 2... I o.36.52,i3 +3,59 +21. 9.52,3 +?.4»4 Comparée à ;f 2 2... 2 0.33.52,35 +3,56 +20.48.27,8 +24,4 55 Poissons: Lyon, Yarn., Rad. 3... 2 » +3,55 ■■ -+-24,4 » La position donnée par Cat. Weisse pour l'étoile i doit être corrigée de — o%20 et +o",4- 1) Dans la seconde observation du 2 décembre, la différence d'ascension droite a été es- timée au moyen de passages; elle a été mesurée microraétriquement dans les deux antres cas. ( I ' 2/j ) 11 Le calcul des éléments approchés a été basé sur l'observation du 1'='' décembre, coni- miiniquée par l'observatoire de Paris, savoir : 9'' 34'", 4 T. m. Paris 9''4'j'8" +2i''2'25," et sur la première et la troisième des observations données ci-dessus. On a trouvé T =r 1886, janvier 19, 366; temps moyen de Paris. ,r- g =:. 3748,8) Q = 343. 2,0 [ i885,o. i= 4-45,8 ) Iog9= 1,9496. » Représentation du lieu moyen : [O.— C] : AXcosp = -f- o',4; A|3 = o,o. 11 C'est peut-être la comète de i']^6. Observatoire d'Alger [Dépêche télégraphique de M. Trépied, Dircrleur). Date. 1S85. Doc. 4. Temps moyen d'Alger. Log fact. Ascension droite. parai! . Lor; fact. Déclinaison. parall. iih^^m 3s o''3i"'44%29 T,633 -i-2o"57' 9", 4 o,553 ■}''46"'5i'^ (-'■29™46%9T 2,55i -+-2o"55'53",5 0,379 Dates. 1885. Dec. 2. 3. 4. ASTRONOMIE. — Observations de la comète Fabrj, faites à l obsewatoire de Nice; par M. Perrotijj. (Présentée.s par M. Fayp.) Étoile Ascension Nombre Dates do droite Déclinaison de 1885. comparaison. Comète — Etoile. Comète — Étoile. comp. m s ' " De'cembre 2 55 Poissons. -)-3.56,58 -1-11.57,1 6 3 Id. -+-0.37,58 -1-10.25,6 6 4 Id. —1.54,14 -f- 8.37,2 5 Position de l'cloile de eo.uparaison. Étoile Ascension droite Réduction Déclinaison Réduction de moyenne an moyenne au comparaison. pour 1885,0. jour. pour 1885,0. jour. Autorité h Dl s s U ' " " . 55 Poissons. 0.33.52,38 -t-3,56 +20.48.26,2 -(-24,5 GlasgowCat. Id- » -h3,55 . -1-24,4 I'' Id. . -1-3,54 •• ■+-'■4,4 Id. ( 1^25) Positions apparentes de la comète. Dates Temps moyen Ascension Lo(; l'rtot. Log fact. 1885. de Nice. droite. parai!. Déclinaison. paiall. écembre 2.. , h ni s . . 8. (S. 0 b m s 0. 36. 5?., 52 2,523 0 ' '' + 21. 0.47,8 0,535 3.. 7.10.23 0.34.33,51 2,824„ + 20.59 '^'- 0,537 4.. .. 8.48 6 0.33. 1,78 ï, i5o + 20.57.27,8 0,548 .. GÉODÉSIE. — Sur L'emploi des bomes-pnnorama, comme signaux solaires. Note (le M. Hatt, présentée par M. Bouquet de la Grye. « L'emploi des nriroirs solaires, ces auxiliaires précieux des opérations géodésiques, est particulièrement indiqué pour ceux des sommets de triiingles que Ton projette sur la Terre en les visant d'un sommet voisin. Ce cas s'est présenté fréquemment à moi pendant la campagne hydrogra- |)hique que j'ai faite l'année dernière sur la côte de Corse, et j'avais été frappé, d'une part, de l'intensité lumineuse, très gênante pour la vue, des images renvoyées par les miroirs solaires, même diaphragmes au miniisHim, et, d'autre part, des inconvénients multiples résultant de la nécessité de maintenir auprès de chaque miroir un personnel chargé de diriger conve- nablement le rayon solaire. » En remplaçant le miroir-plan par une sphère réfléchissante, on suppri- mait ce dernier inconvénient, mais on pouvait craindre, quant au pre- mier, de tomber dans l'excès inverse, à cause de l'excessive petitesse de l'élément de surface utile. Il est à remarquer, en effet, que les rayons per- çus par réflexion forment avec leur direction priuiitiveun angle bissecté par la normale à la surface. Si l'on joint le centre du Soleil à celui delà sphère et à l'observateur, le point brillant central sera sur le rayon bissecteur de cet angle et les points brillants correspondant à la surface du Soleil se trouveront compris dans un cône allongé formé autour de ce rayon. Ce cône est droit et à base circulaire, et a pour angle la moitié du diamètre apparent du Soleil quand l'astre se trouve exactement derrière l'observa- teur; pour les autres positions du Soleil, le cône conserve cette dimension minimum dans le plan d'incidence et de réflexion, mais s'allonge dans le sens perpendiculaire sans que cependant ses dimensions tleviennent bien notables pour des incidences moyennes. Quanti le rayon incident et le rayon réfléchi sont à go° l'un de l'autre, le plus grand angle est à peu près égal aux I du diamètre du Soleil. Il y a égalité pour une incidence de 120", et à 160° l'angle maximum n'atteint pas le triple du diamètre du Soleil. La ( II26 ) surface brillante est donc, en général, inférieure à l'élément circulaire dé- coupé sur la sphère par un cône tangent au Soleil et, pour une sphère de o^îaS de rayon, cet élément n'a que 2™" de diamètre environ. » Il pouvait y avoir doute sur la possibilité de percevoir à distance une aussi petite surface, et c'est à titre d'essai que j'ai emporté pour la cam- pagne de i885 une boule-panorama de jardin ordinaire, de o™,5o de dia- mètre. Les expériences n'ont pu être faites qu'à des distances relativement petites, la nature particulière du pays ne se prêtant pas, surtout au voisi- nage de la côte, à la formation des grands triangles géodésiques, mais elles ont donné des résultats assez nettement favorables pour que je n'hésite pas à conclure à la possibilité de voir le point brillant à une distance double de la distance maximum d'essai. En se servant de cette sphère d'un assez petit diamètre, l'image perçue à lo'^'" au moyen de la lunette du cercle azimutal avait un éclat comparable à celui que présente une étoile de deuxième grandeur dans un champ faiblement éclairé. La grande faci- lité qu'offre une image aussi nette et les frais minimes d'installation exigés par cet appareil primitif devraient engager à s'en servir comme signal de triangulation, quand la nature du terrain ne permet pas de projeter ce signal sur le ciel. Les signaux peints en blanc, que l'on emploie dans un pareil cas, ont généralement une jjhase dont le calcul ne permet pas tou- jours de s'affranchir entièrement. L'emploi du miroir sphérique nécessite, à vrai dire, une correction pour ramener le pointé au centre de la sphère, mais il ne peut exister aucune incertitude sur sa valeur. » La formule de correction est, en désignant par H la hauteur du So- leil, Scelle du signal, Y la différence d'azimut entre le miroir et le Soleil et r le rayon de la boule, si 11 Tcoill \Ji(i + cos/( ciisH CDsT — sin/j sinH) » Cette formule s'établit assez laborieusement par la Géométrie analy- tique. Je dois à l'obligeance de M. Gustave Plirr, le savant traducteur du Traité de M. Tait, une démonstration bien simple de la n ême formule, fondée sur l'emploi du Calcul des quatcrnious. « II27 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE, — Sur certaines fonctions- lijperfuchsiennes. Note de M. E. Picard, présentée par M. Hermite. « Je me suis occupé, précédeuimenf, des fonctions hyperfnchsiennes qui proviennent des séries hypergéométriqnes de deux variables. Les résul- tats auxquels j'étais arrivé ont besoin d'être complétés et précisés : c'est ce que je me propose de faire dans cette Note. On sait que, pour l'équation linéaire du second ordre E, à laquelle satisfont les intégrales hypergéomé- triqnes / (où g et h désignent deux des quantités o, i, a?, x> ), M. Schwarz a signalé des cas dans lesquels l'inversion du rapport de deux intégrales conduit à une fonction uniforme (fuchsienne); ce sont ceux dans lesquels les trois nombres X + /^ — r , ). + io — f , 1/^ + b.,~ i sont ég;nix à l'inverse d'un nombre entier positif, la somme À +- /', -t- />.., étant d'ailleurs inférieure à a. )i Je me suis proposé de rechercher les cas analogues à ceux de M. Schwarz pour le système S des trois équations linéaires aux dérivées partielles, au- quel satisfont les intégrales X' „«,-' (,/ _ i)V(/i - xf-' (a - jf-'dn (où g et h désignent deux des quantités o, i , x, y et oo ), ces intégrales étant considérées comme fonctions des deux variables indépendantes x et^. I.e système S admet trois solutions linéairement indépendantes w,, w,, w^» et nous voulons indiquer les cas analogues aux précédents, dans lesquels les équations M', Wj -- = II, - = (' 6)| Wj donneront, pour a; et j", des fonctions uniformes (hyperluchsiennes) de « et V. » Considérons d'abord deux quelconques des quatre quantités 1, u., h, C. p.., i885, a- Semestre. (T. Cl, N« 25.) ^47 ( II 28 ) er b..; soient, par exemple, À et /;,, les expressions telles que ). + A, - I devront être égales à l'inverse d'un nombre entier positif. Envisageons en- suite trois quelconques des mêmes quantités )., a, b^ et b.,; soient, par exemple, >. [j. et /»,, les expressions telles que ■j. — 1 — [I. — h^ devront encore être égales à l'inverse d'un nombre entier positif. La somme ) + u. -+- b, + bo doit d'ailleuis être supposée inférieure à 3. » Dans ces conditions, les fonctions .r et^" sont des fonctions uniformes de?/ et i',et l'on peut choisir les I rois solu t ions w ,,0)0, fj,, de telle manière que en posant n — ic' -+- iu", c = i'' -i- iv". » Les fonctions x et j- sont des fonctions hyperfuchsiennes de u et c, définies seulement à l'intérieur de l'hypersphère de rayon un. » Citons, comme exemple, le cas où ). —I ij. z= h^^=^ bn=-- !, dont j'ai fait autrefois l'étude par une méthode indirecte. Le domaine fon- damental du groupe hyperfuchsien correspondant a ici un certain nombre de sommets sur la surface de l'hypersphère limite. )) Voici un autre exemple où des cii constances différentes se présentent : c'est celui ou y, = u. = /; , = /^o = ^ . Dans ce cas, le domaine fondamental est tout entier à l'intérieur de l'hyper- sphère de rayon un. Nous obtenons donc là un exemple dégroupe hyper- fuchsien différent de ceux que j'avais rencontrés dans mes recherches an- térieures; car, poiu" tous les groupes auxquels on est conduit par l'étude arithmétique des formes quadratiques ternaires à indéterminées conju- guées, le domaine fondamental a toujours Tin ou plusieurs sommets sur la surface de l'hypersphère : c'est ce que j'ai montré dans mon Mémoire .sur ces formes {/icla mnlli., t. V). " 1 1129 ) ANALYSE MATHÉMATIQUK. — Sur In forme d'interpolation de Lagrange. Note de M. Bexdixson ( ' ), présentée par M. Hermite. » En étudiant la série V=0 j'ai supposé que la fonction soit régulière au point a. Si le point«est un point singulier, nous savons que la fonction n'est pas déterminée quand on donne les valeurs A,, . . ., A,„ ... de la fonction aux points rt, , . . ., a,,, .... » La série \ A^J^, (a" — a,) . . . [x — a^) n'est alors pas en général con- vergente, ce que l'on vérifie sans difficulté sur la formule binôme I 1.2 1 . 2 ... V qui est divergente tant que i jc| > i, mais de l'autre côté n'est qu'un déve- loppement de la fonction e!*'°e( •-*-'', les valeurs de la fonction étant données pour p = o, I , . . ., V, . . .. Dans des cas spéciaux, la convergence se main- tient pourtant et nous donne des résultats assez intéressants. » Nous avons, dans le cas où lim a., = a, V=::x I I (-'•■ — • «I ! {^ — "l ; ■ • ■ l-'^ — "„ ] « — .t a — «1 (« — a,)(a — «j) ^a — rt,) ...(« — «„) (a — « ce qui nous donne l'égalité ■ _ ' . (■^■• — "i) , — r- ■; T-, ; -|- . . . y. — .(■ a — /(, [a. — ('i]\«- — "2] (a — «,).. .(a — rt„)(a — «„+,) (a — fl, ) . . . (a — a„+, ) a — .<■ » Il s'ensuit que _i r 1 ■■'■ — — = — :c , le développement de se fait tant que la ^j 17., ' ' a — '• V -: 1 partie réelle de a — jc est > o. Quand la partie réelle de a. — x est io, la série est divergente. » La première de ces égalités nous donne .r .i,-('.r — ti.,] xi.v — a.,\[x — fl, ) 0 = 1 ' " — «2 «i":i "i^^i"; laquelle pour a., — v — i se change en la formule binôme X .rA.r. — l) x[X — l\\X — 2) , 0 = 1 h - ^ I 1.2 I . î . 3 convergente tant (jue la partie réelle de j? >- o. » ANALYSiî MATHÉMATIQUE. — Sur les séries Irigonomélriques. Note de M. H. Poincaré, présentée par M. Hermite. « Les séries de la forme suivante iKs'moct ( 11^2 ) qui sont convergentes sans l'être uniformément présentent un certain intérêt, parce qu'on en rencontre d'analogues dans la Mécanique céleste. D;ins une Communication que j'ai en l'honneur de faire à l'Académie le 3o octobre i88a, j'ai montré qu'une fonction définie par une pareille série peut devenir plus grande que toute quantité donnée. Mais on peut se de- mander si elle « tend vers l'infini » (c'est-à-dire si, après être devenue plus grande qu'une quantité donnée, elle reste plus grande que cette quantité) j ou bien si sa valeur subit des oscillations d'amplitude indéfiniment crois- sante. Dans ce deinier cas, quelque grand que soit ?„, on peut toujours trouver une valeur de f^ t^ et telle que la fonction ait la valetir que l'on veut. » Je vais montrer par deux exemples que les deux cas peuvent se pré- senter. Soit Fit) = sïnt -4- A sin - -h A'-sin >-+-... + A"sin -- -h ■ ... Cette série sera absolument convergente si A <^ 2 ; mais la convergence ne sera pas uniforme si A >> r . On a alors F(2itj — A ¥{i} 4- sin2/, d'où (i) F{2i)>AF{t)-i. ') Observons maintenant que, si l'on suppose < >■ o, sin<>/!— -Ti sui— ^— 1— -T . () 2" 2" \ b/ d'oii (2) I Â" 2 Prenons ensuite to<^^ t,-^ = n>oi si ^o o); A satisfera bien aux conditions r < A < A . » L'inég.ilité (2) donne alors puis l'inégalité (i) donnera F(/)>j^-4-A// (2/,, j^^ 4- A" // I '2" f,— ' H/i, ( ii34 ) h étant positif et aussi grand qu'on le veut. On aura alors A — I ' et F(2<) sera négatif et très grand. » Dans le second cas, on pourra écrire h étant positif et très grand, et il viendra ^ •^ A — I de sorte que F( 2<) sera positif et très grand. » On est donc certain que Y\t) peut devenir successivement positif et très grand, et négatif et très grand ; par conséquent, la valeur de cette fonc- tion ira constamment en oscillant, et l'amplitude des oscillations croîtra au delà de toute limite. En d'autres termes, F(<) prend une infinité de fois toutes les valeurs possibles. « ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les solutions communes à plusieurs équations linénires aux dérivé t s partielles. Noie de M. R. Liouville. « 1. Quand deux équations linéaires du second ordre possèdent trois solutions communes distinctes, il est toujours facile d'en déduire une troi- sième équation semblable, qui admet aussi ces mêmes solutions; le groupe ainsi formé peut alors s'écrire I t + V p + qq + Z z^o = k[z), (i) ^+P> + Q'ry + Z'; = o.-=A'(;), ( /• + V"p + Q"7 -+- Z"; = o = A"(;), et, pour qu'il ait trois intégrales indépendantes, les conditions nécessaires et suffisantes s'expriment avec une grande simplicité. Il existe, en effet, deux équations nouvelles : (^) î -[Ë-'-^-lP-Q)^^-^^^^^J-o = A,.), ( ii35 ) / /,,, r)logP\ dont les coefficients sont composés avec ceux des équations données, et cela de telle manière que, si A,A'(z) représente l'expression trouvée, en introduisant dans le premier membre de (2) le résultat obtenu par la substitution d'une fonction quelconque z dans le premier membre de A'(::) = o, les conditions cherchées se résu- ment dans Videntilé (4) A.A'(:^)-A;A(.) = o. M Déplus, (5) .l.(:;) = o, A/(s) = o, ..., .l.,,(::)=o, ... étant respectivement les adjointes [Comptes rendus, 26 janvier i885) des équations A(:;) = o, A'(3) = o, ..., A,( = ) = o, ..., l'identité (4) entraîne la suivante (6) Xd,\{z) — a/x,{z) = o, et réciproquement. Tl s'ensuit que les équations X,{z) = o, ^'^ (x'.(:^) = o, dont les coefficients sont connus en même temps que ceux des équa- tions (1), admettent, comme ces dernières, trois solutions communes dis- tinctes. » 2. Deux équations linéaires du second ordre, qui ont quatre inté- grales communes, peuvent présenter deux cas différents. Lorsqu'elles se laissent réduire à la forme (8) t-^P p + Qq-hZz = o, (9) s-h?'p+Q'q + Z'z = o, ce qu'on reconnaît sans peine, il n'existe une identité semblable à (4) G. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N» 25.) l48 ( ii36 ) qu'en prenant pour A,(-) = o, A',(^) = o, deux équations du premier ordre : l'équation (9) s'intègre alors par les transformations de Laplace et même dès la seconde opération. « Aucune réduction n'ayant lieu, on peut au moins imaginer que le sys- tème proposé soit celui-ci : ^'°^ i t + n'r~hV'p + Q'q^Z'z = o = A'{z). » Cela fait, il y a encore deux équations linéaires du second ordre, A,(;) = o, A',(:;) = o, vérifiant, avec les précédentes, l'identité (I.) A,A'(s)-A'.A(:;) = o, tandis que leurs adjointes vérifient la suivante : (12) A,x\{z) — X'A,,{z) = o. » L'une ou l'autre des relations identiques (( i), (la) contient toutes les conditions nécessaires pour l'existence de quatre intégrales du système (10), et les équations ,o^ (.^(-) = 0, C^) |..',(.) = o ont aussi quatre intégrales communes ('). » 3. Les solutions communes à deux ou plusieurs équations aux déri- vées partielles s'obtiennent en intégrant un système d'équations aux diffé- rentielles totales, qu'il est facile de former. En lui appliquant une méthode due à M. Mayer, on reconnaît que toute la question est d'intégrer une équation différentielle linéaire à une seule variable, dont l'ordre est 3 ou 4, selon qu'il s'agit des équations (i) ou (10). Lorsqu'une solution des équa- tions (7) est donnée, l'une des intégrations qu'il fiiut faire pour résoudre entièrement le système (1) est remplacée par une quadrature et les équa- tions (10) et (i3) possédant la même propriélé. » 4. Pourvu que :; soit supposée choisie de manière à rendre A'(s) = o, les identités (6) et (4) s'expriment au moyen de la fonction A(z) = Ç, qui ( ' ) Pour les équalioiis d'ordre quelconque, on trouve des propositions assez analogues, i|iU' les limites imposées à cctie Cnniniiinication ne permettent pas d'indiquer ici. ( ii37 ) répond à cette hypothèse, par la relation évidi nie (i4) a;(ç)==o, et le système (i5) A'(2) = o, (16) A(:;)=Ç, où Ç n'est définie que par Vcqualion (i4)) a quatre ou trois solutions dis- tinctes. » Comme elles fournissent l'intégrale générale de (i 5) sous une forme qui semble nouvelle, on est conduit à rechercher si l'on s'en peut servir dans l'étude des cas qui ne se prêtent point à une intégration immédiate, c'est-à-dire s'il arrive que l'équation (r4) soit intégrahle par la méthode de Laplace, alors même que l'équation (i5) ne l'est pas. » Deux équations adjointes se résolvent toujours à la fois par la mé- thode de Laplace : si donc elle réussit pour l'équation (i4), elle le fait aussi pour ^l,',(s) =0, et, s, étant l'intégrale générale de cette dernière, »l,,(s,) est l'intégrale générale de A,'{z) = o, qui est l'adjointe de la proposée. Celle-ci admet donc elle-même une inté- grale de Laplace. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les conditions d' holomorphisme des intégrales de r équation itérative, et de quelques autres équations fonctionnelles. Note de M. G. Kœmgs, présentée par M. Darboux. « Soit 9(2) une fonction holomorphe dans le domaine d'un point-limite, c'est-à-dire d'un point x vérifiant les conditions (p{x) = x [modç>'(a;) '(^) égal nia o ni à i, la fonction 135(3) fait certainement partie d'un groupe de fonctions Z, et qu'elle est représentée par Z[3, (p'(x)]. En partant de là, il est aisé de voir que, si l'on prend pour k l'une quelconque des p valeurs de V(p'(x), la fonction Z(:;, k) donne lieu à la relation Z,(., /t) = Z( =, /t") = Z[r, ç'H] = ç(=) ; d'où il suit que l'équation (I) possède toujours p solutions holomorphes dans le domaine du point x. Enfin nous avons le moyen de résoudre ce problème proposé et traité à un autre point de vue par M. Korkine : dé- finir la fonction itérative pour des valeurs quelconques de l'indice d'itéra- tion. Il suffit d'imaginer que, dans les formules précédentes, p représente une quantité réelle ou imaginaire quelconque. Dans ce cas, v?'(^) ^ une infinité de valeurs, et à chacune d'elles répond une solution de l'équation itérative, holomorphe en x. » L'équation (D) n'est qu'une extension de l'équation (G); pour qu'elle admette une solution holomorphe en a;, il faut que, a; et ^ étant des points limites pour .) c\y{z,k)-\=k^z), analogue à l'équation (X), et où C[z) n'est autre que la fonction limite rela- tive à 'j^(s). J'ai été ainsi conduit à un quadruple groupe de fonctions qui se reproduisent les unes les autres, lorsque dans l'une d'elles on remplace l'argument :; par une autre de ces fonctions. » ( >i4o ) MÉCANIQUE. — Remarque relative à une précédente Communicntion sur te théorème de Kœnicj; par M. Ph. Gilbert, présentée par M. Resal. « D'après une information que je reçois, le théorème que j'ai eu l'iionneur de communiquer à l'Académie dans sa séance du 23 novembre n'est pas nouveau. Cauchy l'avait obtenu dans le tome II des Anciens Exercices, page io4, 1827, par une méthode compliquée : il ne s'est occupé d'ailleurs que du cas d'un système invariable. Depuis, dans les Mémoires de L'Académie de Montpellier , M. O. Bonnet a retrouvé ce théorème par une voie bien plus simple, en le déduisant d'un théorème générai appli- cable à tout système matériel et auquel revient mon équation (i). Il a fait voir, de plus, que les points du cylindre sont les seuls à jouir de cette propriété. » Ma démonstration est peut-être un peu plus simple encore. » M. Resal pense que, à cette occasion, il n'est pas superflu de rappeler les élégants théorèmes de notre Confrère M. Bonnet, qui ont fait l'objet du Mémoire de l'Académie de Montpellier, signalé par M. Gilbert : « Soient Ox, Oj, Oz trois axes rectangulaires fixes auxquels on rap- porte un système matériel à liaison; O'x', O'j', O'z' trois axes qui restent parallèles aux précédents, mais dont l'origine O' est animée d'un mouve- ment indéterminé. » Théorème I. — Pour que r équation des forces vives s'applique au sys- tème d'axes mobiles, il faut que les projections, sur la direction de l'accéléiation de l'origine de ces axes, de la vitesse de cette origine et de la vitesse absolue du centre de gravité soient égales. » Corollaire. — Si le système matériel est solide, l'accélération de l'origine mobile est parallèle au plan mené, par cette origine et le centre de gravité, pa- rallèlement à l'axe instantané de rotation et de glissement. » Théorème II. — La condition pour que lajorce vive du système soit égale à la force vive de toute la niasse censée concentrée à l'origine mobile, augmentée de lajorce vive due au mouvement relatij par rapport aux axes mobiles, est que ta vitesse de celte origine soit égale à la projection, sur sa direction, de la vitesse absolue du centre de gravité. » Corollaire. — Démonstration du tliéoième de Cauchy. » ( l'il ) PHYSIQUE TERRESTRE. — Rôle de la rolation de la Terre, dans la déviation des cours d'eau à la surface du globe. Note de M. Fontes, présentée par M. Cornu. « L'opinion la plus généralement répandue, surtout parmi les mathé- maticiens, au sujet de l'influence de la rotation terrestre sur la déviation des rivières, est que cette influence n'est pas sensible ('). Telle n'est pas l'opinion de quelques géologues, entre autres de M. G.-R. Gilbert (^), qui a récemment appuyé son dire d'un calcul et d'exemples tirés des rivières de Long Island. Mais l'analyse du savant américain comporte à la fois des hypothèses inexactes (notamment la constance du rayon de courbure des filets liquides) et des cousidérations vagues qui interdisent d'eu tirer une conclusion rigoureuse. Cependant l'idée qui a guidé M. Gilbert dans son travail mérite de fixer l'attention. Il fait remarquer que nous ne pouvons ohserver dans la nature qu'une superposition d'effets dus, les uns à la courhure du lit, et les autres à la rotation terrestre. Or la courbure étant la cause de phénomènes importants d'érosion et de dépôts d'alluvion et même de divagation des thalwegs dont l'étude estfaite depuis longtemps ('), il suffira de faire voir que les effets dus à la rotation sont du même ordre que les premiers (sans cependant être prédominants) pour prouver que la rotation doit produire des effets sensibles. La présente Note a pour hut de fournir cette démonstration, avec un exemple concret à l'appui. » La réaction due à la courbure est la force centrifuge. Son existence se manifeste à la surface des eaux par une dénivellation dont l'expression est classique. Sa valeur est donnée par la formule (I) z=^loghyp(i + ^)(^). » V étant la vitesse à la surface, l la largeur du cours d'eau, r le rayon de courbure intérieur, z peut être pris pour mesure des effets de la force centrifuge, puisqu'il mesure l'augmentation correspondante de pression le long de la rive attaquée. Pour tenir compte, dans le calcul, de la rotation (') Comptes rendus, iSSg; MM. Bertrand et Delaiinay. (-) American Journal of Science, vol. XXVII; juin 1884. (^) Annales des Ponts et Chaussées, 1868, i"' semestre. M. Fargue. (') Bresse, Mécanique appliquée, 2" vol., §§ 16 et 17. ( I>42 ) de la Terre, nous devrons introduire les composantes horizontale et verti- cale de la force centrifuge composée ou force deCoriolis, qui sont 2w VsinX et 2&)Vcos>siniJ/, m étant la vitesse angulaire de la Terre, X la latitude, ({/ l'angle de V avec la méridienne. Il est aisé de s'assurer que la compo- sante verticale (constante dans l'étendue d'une même section transversale du cours d'eau et s'ajoutant ou se retranchant, suivant le signe de sin J/, à la gravité) ne fait varier cette dernière que d'une quantité insignifiante (' ) et peut être négligée pratiquement, ce qui permet d'effectuer les calculs sans en tenir compte. Mais la composante awVsinX ajoute ou retranche (suivant le sens de la courbure) à la dénivellation z une quantité (2) 2 =r zt » de telle sorte qu'on observe en réalité une dénivellation Z = z± z'. Or, en attribuant aux données leurs valeurs usuelles, on trouve que le rapport f^,» peut être représenté en général par une fraction moins éloignée de l'unité qu'on ne le croirait a priori, surtout quand les vitesses sont celles du régime normal; z', qu'on peut prendre pour mesure des effets de la force de Coriolis est donc du même ordre que z, ce qui démontre la proposition énoncée. » Z est en général assez difficile à observer à cause des oscillations de la surface. Néanmoins on peut constater l'existence d'une dénivellation même sur de très petits cours d'eau. Nous citerons comme exemple une observa- tion de la Baïse, que nous avons pu faire à Condom pendant la petite crue du 16 avril 1874. On avait V = i'",3o, / = SS"", r= 275'". La mesure di- recte a donné Z = o", oo5o. Le calcul donne z = o^jOoAS, z'= o'",ooo5, d'où Z = o™,oo48. Cette coïncidence à 4 pour 100 près pourrait, il est vrai, n'être due qu'au hasard; mais notre exemple nous donne tout au moins une idée de l'ordre de grandeur des dénivellations qui peuvent se produire et surtout de la valeur du rapport - , ici égal à plus dei, fraction loin d'être négligeable. Pour de plus grands cours d'eau que la Baïse, ce rapport ne pourrait qu'augmenter; car z' est proportionnel à la largeur, tandis que z est constant pour des figures semhlables, Enfin nous ferons remarquer ?. to V ( ' ) est, en effet, jjoiir les plus grandes valeurs de V qu'on rencontre dans les ri- n vières, infe'rieur à jûoôô- ( n43 ) que, alors même que la formule employée ne se vérifierait qu'avec une ap- proximation insuffisante, noire conclusion (à savoir que z et z' sont du même ordre de grandeur) pourrait n'en être pas infirmée. » Nous considérons donc comme démontré par ce qui précède que la rotation intervient d'une manière sensible dans les phénomènes de corro- sion des rives des cours d'eau, bien que son intervention soit masquée par la courbure, cause prédominante. Les forces de Coriolis augmentent sur une rive les effets d'érosion, les diminuent sur l'autre, et à la longue, grâce à la continuité de l'effort et à sa durée, il résulte de cette dissymétrie un déplacement sensible du lit. Ces effets sont d'autant plus manifestes que le cours d'eau est plus grand. » L'explication de la déviation des cours d'eau, donnée en iSSg par M. Babinet, n'est donc pas en désaccord avec la théorie. Ce désaccord n'eût peut-être pas paru exister si l'on eût songé alors à mettre en parallèle les faibles intensités de la force centrifuge et les effets considérables de corro- sion et d'érosion des rives des cours d'eau qui leur correspondent. » La conséquence philosophique de ce qui précède est qu'en Hydrody- namique on ne saurait négliger les forces de Coriolis, malgré leur faible intensité, avant d'avoir examiné si elles ne sont pas du même ordre que les forces dont on tient compte. Faute de cette précaution, la formule citée plus haut peut conduire, avec certaines données usuelles, à des eireurs re- latives de près d'un tiers de la grandeur à calculer. » PHYSIQUE. — Spectre cVabsorption de l'oxygène. Note de M. IV. Ecoroff, présentée |iar M. Mouchez. « L'étude que je poursuis depuis 1879, sur les groupes telluriques du spectre solaire, a attiré mon attention particulièrement sur les groupes A et B, qui sont remarquables par leur intensité et leur constitution, et dont l'origine avait donné lieu, jusqu'à ces dernières années, à des opinions contradictoires. )) D'abord (') j'ai répété l'expérience de M. Janssen avec la vapeur d'eau, uniquement dans le but de bien constater que les groupes A et B appar- tiennent aux groupes fondamentaux de la vapeur d'eau, qui ne disparaî- traient pas même pendant de grandes gelées. Ayant à ma disposition un (') Comptes rendus, t. XCIII, p. 385; 1881. C. R., l885, 2' Semestre. (T. CI, N" 25.) '49 ( 1144 ) tube de 20™ de longueur rempli de vapeur d'eau, sous pression variable (maxim., 4""")' J'^^ remarqué que le groupe fondamental est a. » Mes expériences avec le même tube, sur l'acide carbonique, et mes études sur le spectre de l'ozone et de l'ammoniaque me donnèrent un résultat négatif. » En 1881 ('), M. le Directeur de l'observatoire de Paris m'a autorisé à faire, à l'aide du grand équatorial (i4 pouces), des observations sur le spectre de l'atmosphère. Dans la couche de lo*"" d'épaisseur comprise entre le mont Valérien et l'Observatoire, parmi une quantité de lignes, le groupe B tout entier était parfaitement visible dans le réseau de Chapman. ,, E'.i 1882 (-), j'ai répété ces observations en commun avec M. ThoUon. En ii;ontant deux prismes ThoUon en spectroscope, il était facile d'aper- cevoir les groupes A, B et beaucoup d'autres. » Puis, passant à l'étude des couches atmosphériques de moins de 10'""' d'épaisseur, de 1600"", 240" et 80'", j'ai reconnu que les traces de A res- tent encore visibles dans le spectre de la couche atmosphérique de So"". M Après un tel résultat, il me restait à passer aux expériences immé- diates avec l'air atmosphériqueet ses éléments fondamentaux, l'oxygène ou l'azote. Il fallait remplacer de ioo™à 200™ d'air par une couche équivalente d'air comprimé ou d'oxygène pur. C'est dans ce but que furent entreprises pour la première fois les expériences (') sur le spectre d'absorption de l'oxygène, dans le cabinet de Physique de l'Université de Saint-Pétersbourg, en collaboration avec M. Khamantoff. » En comprimant l'oxygène jusqu'à 8*"", j'ai trouvé que A et B appar- tieiment à l'oxygène; mais je dtsu-ais constater que toutes les raies des groupes A et B, de même que de a, appartiennent également à ce gaz. >) Au mois d'avril de cette année, j'ai observé de nouveau le spectre d'absorption d'une couche atmosphérique de 3'"" d'épaisseur, entre le pa- villon astro-physique de l'Université de Saint-Pétersbourg et le cabinet de Physique de l'Académie de Médecine. La lumière d'un grand projecteur de Mangin de o™,9o était concentrée par le miroir Foucault de o™,3o sur les fentes de deux spectroscopes : le premier était un grand spectroscope de Rirchhoff à quatre prismes de Steinheil, et le second était un spectroscope à réseau de Chapman. A l'aide d'une plaque oculaire à divisions, j'iii dé- (') Comptes rendus, t. XCIII, p. 788; 1881. (^) Comptes rendus, t. XCV, p. 447; 1882. (') Ibid., t. XCVII, p. S55; iS«3. { 11/4.5 1 terminé la position des groupes A, a et B. Le groupe a était absent ('). » L'intensité des groupes complets A et B était assez forte. Je ne doutais nullement de la possibilité de les revoir dans le spectre d'une couche oxygénique de 60™ d'épaisseur, à une pression modérée. Dans un apparte- ment de l'Université, furent placés deux tubes, chacun de So"" de longueur, et, au moyen d'un miroir plan, les rayons du régulateur Serrin furent di- rigés à travers les tuyaux, et concentrés par une lentille sur le grand spec- troscope de Kirchhoff. » Sous la pression de 6'"™, la couche oxygénique rie 60™, correspondant à la couche de 1800™ d'air atmosphérique, a donné d'une manière bien visible le groupe A (la bande préliminaire et les doublets), la bande préli- minaire et les sept doublets du groupe B. Nulle raie entre A et B, apparte- nant à la vapeur d'eau, n'apparaissait, tellement l'oxygène était desséché. Il est maintenant évident pour moi que toutes les raies des groupes A, B et a appartiennent à l'oxygène, et j'insiste sur ce point particulièrement en vue de deux Notes de M. Janssen, sur ses recherches entreprises à Meudon (-) avec les gaz qui forment l'atmosphère terrestre, dons des tuyaux de 20™ et 60"" de longueur sous de très hautes pressions. » Les résultats de mes recherches spectroscopiques, avec les travaux si remarquables de M. L. Thollon('), éclairent complètement l'origine des raies telluriques dans la partie A-Z» du spectre solaire; 126 raies, distribuées par égale part et identiquement dans les groupes A, B et «, dépendent exclusivement de l'oxygène, tandis que les autres appartiennent à la va- peur d'eau (''). » THERMODYNAMIQUE. — Sur l'équalion caractéristique de l'actde carbonique. Note de M. E. Sarkau, présentée par M. Cornu. « 1. L'équation caractéristique de l'acide carbonique étant mise sous la forme RT Ke-T (0 P = 7^ v — a ('' + P)' (') Le groupe a correspond évidemment à une couche plus épaisse. (-) Comptes rendus, 2' semestre, i885. (^) Ibid. (*) Mes dernières recherches, que je viens de citer, ont été faites grâce à l'aide matérielle de la Société physico chimique russe. Je dois une large part de reconnaissance à mes colla- borateurs. M. ICliamantoff et M. Louboslawsky. ( ii46 ) les expériences de M. Amagat sur le gaz et celles de Regnault sur la vapeur saturée concourent à déterminer R, s et la somme a + /3; la con- stante R peut être considérée comme connue a priori. Il reste à déterminer a, /3 de manière à représenter, s'il est possible, les résultats des expériences faites sur le gaz et sur le liquide. » Les données relatives au liquide sont celles qui se prêtent le mieux à cette détermination. » 2. Soit V — a = îv; l'équation (i) devient , , RT Ks-T (2) p= : ^- <\' «' ■ ■7) Supposons que l'expérience ait donné, pour le liquide, un système de valeurs correspondantes de p, T, v, la valeur de w s'obtient en calculant la plus petite racine de l'équation (2) et l'on en déduit ensuite a. = v — (v. J'ai fait ce calcul en me servant des densités de l'acide carbonique liquide évaluées par MM. Cailletet et Hautefeuille ('), aux températures de 0° et — 23", sous des pressions de 100""", 200^"" et Soo'"". » Prenant pour unités l'atmosphère et le volume normal du gaz parfait et admettant, avec R = — r» les valeurs (3) K = o,oi655i, £ = 1,00285, y = o,ooi853, qui résultent des expériences de Regnault, on trouve (4) « = o,ooii5o, p = o, 000708. » Les Tableaux suivants permettent d'apprécier l'approximation avec laquelle ce système de coefficients représente les expériences de MM. Cail- tet et Hautefeuille (-) : le p ( mes.) ioo"<" 200'"™ Boo"'"' densités o,()8^ • joSg 'i074 'c(expér.) o,oo2oo3 0,001897 o,ooi835 ^(calc.) 0,002065 o, 001912 0,001818 j» (mes.) loo'^"" 200"'™ 3oo"'"» densités >,092 1,126 1,1 5i (1 (expér.) o,ooi8o5 0,001751 0,001712 «"(cale.) 0,001811 0,001782 0,001679 « = —23°.. (') Comptes rendus, t. XCII, p. go3 et 1087. (^) Les nombres de la troisième ligne s'obtiennent en divisant les volumes spécifiques, /^ inverses des densités, ])ar le volume normal = ^07 , 3. 22 ( ii47 ) » 3. Les seules expériences élendues qui aient été faites sur le gaz sont celles de M. Andrews et de M. Atnagat; elles ne se prêtent pas à une vérifica- tion absolument décisive. En effet, M. Andrews a mesuré les pressions avec un manomètre à air comprimé en supposant que l'air suivait la loi de Mariette jusqu'à des pressions qui ont dépassé 200""", et l'on sait que ce gaz s'écarte notablement de cette loi sous de telles pressions ('). D'autre part, le Mémoire de M. Amagat ne fait pas connaître la valeur à attribuer, avec l'unité adoptée, au volume normal du gaz, et le calcul qui supplée à cette donnée repose sur une extrapolation dont l'approximation est incer- taine. » Si, cependant, on accepte ces résultats, on constate que les pressions calculées par la formule (i), avec les valeurs (3) et (4) des coefficients, sont comprises entre celles qu'a données M. Andrews dans ses expériences les plus récentes et celles qui résultent de la formule représentative des expé- riences de M. Amagat (- ). Voici quelques exemples : t = 6'>,5. ('. . = o,oG3o6 0,03435 0,02236 /9 (Andrews) i4i7 24,8 34,5 /) (formule) '4)7 ^4,8 34,4 /((Amagat) i4>^ ^45^ 34, o V o,o5o83 0,02652 0,01473 , /3 (Andrews) 22,6 ^o,5 65, o "~ 4-''" 1 y^ (formule) 22,5 4°!' 64, 3 /? (Amagat) 22,3 39,6 63, o t> o , o52 1 9 o , 02690 0,01 4o8 /> (Andrews) 24,8 46»o 80,2 ''='°°''-"* jp (formule) 24,7 45,6 79,6 ( ;^ (Amagat) 24,6 45, o 77,8 » Les pressions/? sont exprimées en atmosphères. » En résumé, la compressibilité du liquide, la tension de la vapeur sa- turée et, dans une assez grande étendue, la compressibilité du gaz sont représentées par l'équation caractéristique (i) avec les valeurs (3) et (4) des coelficients. Cette circonstance permet de supposer que les nombres du (') En fait, d'après les expériences de M. Amagat, la loi de MarioUe serait applicable, à l'air, sans grande erreur, pour des pressions variant de 3o^"" à i3o»""; au-dessus, les pressions calculées suivant cette loi seraient trop faibles ( Annales de Chimie et de Phy~ sique, 5" série, t. XIX, p. 375). (^) Comptes rendus, t. CI, p. 944- ( ii48 ) Tableau ci-après, calculés avec ces coefficients à l'aide des Tables de M. Clausiiis, s'écartent peu de la vérité. On désigne par P la tension de la vapeur d'acide carbonique saturée à la température t; s, G les volumes spécifiques de la vapeur et du liquide sous la pression P, rapportés au volume normal du gaz; A la densité du liquide. t. 30°. 10°. -10°. -30°. -50°. P 73»'", 49 46"""", 12 2'3='"»,02 l4"™,49 e^'^iQ! s o,oo568 0,01423 0,02706 o,o52i6 0,10795 <7 0,00428 o,oo25i 0,00208 o,ooi83 0,00167 A 0,461 0,785 o,g5o 1,076 1,178 » A la température de solidification (—57°), on trouve P = 5*'™,i5, A = i,2og; la tension mesurée par Faraday est 5""°, 3. » 4. La vérification expérimentale de ces résultais offrirait un grand intérêt; malheureusement, la détermination expérimentale des densités de la vapeur ou du liquide offre de sérieuses difficultés. M. d'Andréeff a fait connaître, dans un travail publié en i85g, dans les y4nnales de Chimie et de Physique ('), les densités de l'acide carbonique liquide, à diverses tempé- ratures, sous la pression de la vapeur saturée. Mais la méthode adoptée pour cette détermination, faite d'ailleurs avec soin, présente une cause d'erreur fondamentale. L'auteur, observant, dans un tube de verre, les volumes respectivement occupés par la vapeur et le liquide résultant de la vaporisation partielle d'un poids connu d'acide carbonique, évaluait le poids de la vapeur d'après la densité calculée par les lois de Mariotte et de Gay-Lussac. On ignorait alors que ce mode de calcul devait donner, dans le voisinage du point critique, des évaluations erronées. » CHIMIE. — Sur la préparation de l'acide hypophosphorique. Note de M. A. JoLT, présentée par M. Debray. « L M. Salzer a décrit deux hypophosphates de baryte : un sel bibary- tique 2BaO, PhO'', que l'on obtient en préci|)itant une dissolution de l'hypophosphate bisodique par le chlorure de baryum; un sel monobary- lique qui cristallise lorsque, après avoir mélangé des dissolutions étendues et bouillantes d'hypophosphate monosodique et de chlorure de baryum, (') Aitiialc! de Chimie et de Physiiiue, Z' série, t. LVI, p. 817. ( ti49 ) on laisse refroidir le liquide. En répétant cette dernière réaction, j'ai obtenu cependant des précipités renfermant des quantités variables de ba- ryte et qui n'étaient que des mélanges des deux sels précités. Pour pré- parer l'acide hypophosphorique à l'aide du sel de baryte et calculer rigou- reusement le poids d'acide sulfurique à employer, il était indispensable de connaître la composition exacte de l'hypophosphate et de fixer les con- ditions précises dans lesquelles se forme le sel nionobarytique. » Lorsqu'on verse dans une dissolution d'hypophosphate monosodique un poids équivalent de chlorure de baryum, on obtient un précipité géla- tineux; les dissolutions réagissantes étaient neutres kïorangé: le liquide qui baigne le précipité est devenu fortement acide et un titrage alcalimé- trique montre immédiatement qu'il y a eu mise en liberté d'un demi-équi- valent d'acide. Le précipité est donc un bypopbosphate bibarytique. Lors- qu'on abandonne ce précipité au contact du liquide acide, coloré en rouge par quelques gouttes d'orangé, on voit peu à peu l'acidité diminuer, et, lorsque le liquide est devenu neutre, le précipité gélatineux s'est transformé entièrement en cristaux du sel nionobarytique, d'autant plus beaux que la cristallisation a été plus lente. Cette transformation d'un précipité gélatineux en cristaux de composition différente, qui résulte d'une réaction chimique entre le précipité formé tout d'abord et le liquide au sein duquel il a pris naissance, et non d'une transformation moléculaire, est activée par le frot- tement ou une élévation de température de 5o° ou 60°. Lorsqu'on effectue les réactions précédentes à 100", le précipité gélatineux se transforme presque immédiatement en un précipité grenu de même composition, qui ne réagit plus que lentement sur le liquide acide; si l'on jette ce précipité sur un filtre avant de s'èire assuré que la réaction secondaire est actievée, on s'expose à recueillir un mélange des deux sels de baryte. Aussi est-il préférable, pour préparer un bypopbosphate de composition bien déter- minée, et en petits cristaux faciles à laver, d'opérer à froid ou à une tem- pérature voisine de 60°, en agitant vivement le liquide avec une baguette de verre. » L'hypophosphate nionobarytique est à peine soluble dans l'eau; il perd 2*"' d'eau (10,8 pour 100) lorsqu'on le chauffe à i4o°> et, à une tem- pérature un peu plus élevée, il laisse dégager de l'hydrogène qui brûle avec une flamme verte. » IL J'ai pu d'ailleurs extraire directement l'hypophosphate nionoba- rytique des produits de la combustion lente du phosphore et simplifier ainsi la préparation de l'acide hypophosphorique. ( ii5o ) )) Le titre du liquide acide est déterminé tout d'abord à l'aide d'une solution titrée de soude en présence de Vorangé n° 3; puis, après l'avoir porté à une température voisine de l'ébullition, j'ajoute un poids de car- bonate de baryte suffisant pour neutraliser le quart de l'acidité totale. Par refroidissement, l'hypophosphate monobarytique cristallise seul. Le poids de carbonate de baryte ajouté est, en effet, plus que suffisant pour saturer la totalité de l'acide hypopliosphorique, dont la proportion dans le mé- lange ne dépasse pas i6 pour loo du poids des acides; il ne peut se déposer de phosphite, qui est très soliible, et, dans les conditions de l'expé- rience, on n'a pas à craindre la précipitation de phosphate. En effet, bien que le phosphate monobarytique soit décomposable par l'eau en sel biba- rylique insoluble, cette décomposition ne peut avoir lieu en présence du grand excès d'acide libre laissé dans la liqueur ('). » Le précipité cristallin d'hypophosphate est lavé à l'eau froide à plu- sieurs reprises, jusqu'à ce que le liquide cesse de réduire le nitrate d'argent à l'ébullition, et purifié par cristallisation dans l'acide azotique très étendu et bouillant. » ITL Lorsque, après un jour ou deux de contact du sel monobarytique et d'un poids équivalent d'acide sulfurique étendu de son poids d'eau, on s'est assuré que la réaction est complète, on évapore le liquide dans le vide sec. Bien que M. Saizer n'ait pas obtenu l'acide hypophosphorique cristallisé, j'ai observé que, dès que le liquide sirupeux atteignait une com- position voisine de PhO*-4- 6H0, des cristaux se formaient spontanément. » Ces cristaux, égouttés sur une plaque de porcelaine dégourdie, sous une cloche sèche, renferment 63, i pour loo d'acide anhydre, ce qui cor- respond à la composition PhO*, 4 HO (calculé: 63,6 pour lOo). Ce sont des tables rectangulaires, parfois très volumineuses, probablement orlho- rhombiques. Ces cristaux sont déliquescents et se dissolvent rapidement au contact d'une petite quantité d'eau. La dissolution précipite en blanc par le nitrate d'argent, le précipité ne noircit pas lorsqu'on porte le liquide à l'ébullition et il se dissout, à chaud, dans l'acide nitrique étendu de son poids d'eau. (') Il résulte de l'étude que j'ai faite de la décomposition qu'éprouve le phosphate mo- nobaryticiue au contact de Veiax {Comptes rendus, t. XCVIII, p. 1274) qu'il faudrait, pour qu'il y eût dépôt du sel bibarytique, dans le cas le plus défavorable, c'est-à-dire lorsque le liquide renferme ao'je'' d'acide phosphorique anhydre par litre, saturer par la baryte la moitié de l'acidité totale; pour toutes les concentrations inférieures, et c'est certainement le cas actuel, on peut saturer impunément des proportions d'acide plus considérables. ( "Si ) » L'étude de cet hydrate, des circonstances de formation de l'acide hy- pophosphoriqiie et de son dédoublement en acides phosphoreux et phos- phorique fera l'objet d'une prochaine Communication. » CHIMIE. — Sur un procédé de préparation du chlorure de vanadyle. Note de M. L. L'Hôte, présentée par M. Peligot. « Le vanadium, découvert en i83o par Selfslrom dans un fer suédois, existe dans un assez grand nombre de roches métallifères. Les minerais qui le renferment en proportion notable étant rares et son extraction présen- tant de grandes difficultés, l'étude du métal et de ses combinaisons est en- core très incomplète. » Parmi les minerais relativement riches en vanadium, on peut citer la vanadite ou vanadate de plomb, qui constitue un gisement important à San Luis Potosi, au Mexique. Ayant reçu plusieurs kilogrammes de ce minerai, j'ai cherché à en extraire le vanadium à l'état de trichlorure de vanadyle (VO-CP). Ce composé peut en effet être considéré comme le plus impor- tant, puisqu'il permet de préparer l'acide vanadique, le vanadium et les vanadates. » Ce minerai soumis à l'andyse a présenté la composition suivante : silice et aliiiiiinc i 3,2o Chaux 5,4B Oxyde de fer 3 ,08 Oxyde de manganèse i ,57 Oxyde de cuivre 10,01 Oxyde de plomb 43; 08 Acide arsénique . 0,46 Acide vanadique. . . '4'4'^ Perte au feu 8,70 I 00 , 00 Le procédé publié par Schafarik (') pour l'extraction du vanadium con- siste à attaquer le minerai par un mélange de nitrate de potasse et de car- bonate de soude. La solution, convenablement traitée par le sel ammoniac et l'alcool, donne du vanadate d'ammoniaque qui, par la calcination, laisse de l'acide vanadique. D'autres chimistes ont proposé d'utiliser la solubi- lité du sulfure de vanadium dans le sulfure d'ammonium, pour le séparer (') Annales de Chimie cl de Physique, 3*= série, t. LV, p. 479- C. R., i8Ç5, 1' Semestre. (T. CI. N« SI.) '^O ( 1102 ) des autres sulfures métalliques. Ces procédés sont longs et entraînent une perle notable de vanadium, qui reste, soit dans les eaux-mères, soit mé- langé mécaniquement aux sulfures précipités. » On peut arriver à une séparation complète du vanadium à l'état de chlorure de vanadyle en utilisant la volatilité différente des chlonwes de fer, de plomb et de vanadyle à une température déterminée. » Voici comment j'opère : la vanadite broyée est mélangée avec quatre fois son poids de noir de fumée; le mélange intime, emi>âîé avec de l'huile, puis calciné, esttraité à chaud par un courant de chlore sec. Le chlore, après avoir été lavé dans de l'eau et séché dans des éprouvettes tubulées conte- nant de la ponce sulfurique, arrive dans un tube en verre vert contenant le produit calciné et placé dans un bain d'huile présentant une disposition spéciale. Ce bain en cuivre, de forme rectangulaire, renferme un mélange d'huile et de paraffine; il porte un couvercle sur lequel est fixé un tube en cuivre pour l'échappement des fumées acres. Dans la partie médiane, se trouve un étui en cuivre horizontal, traversant les parois verticales du bain, et destiné à recevoir les tubes pleins du mélange calciné de vanadite et de charbon. Avec ce dispositif, l'opération est pour ainsi dire continue. L'extrémité du tube en verre vert est reliée à des tubes en U à ampoules, placés dans des mélanges réfrigérants dans lesquels se condense le chlo- rure de vanadyle. n L'appareil étant rempli de chlore, on chauffe le bain d'huile avec pré- caution; le chlorure de vanadyle commence à distiller vers 210°. On élève la température jusqu'à Soo". Lorsqu'il ne passe plus de vapeurs, on arrête le dégagement du chlore, et l'on remplace le tube traité par un autre tube plein du mélange; en procédant ainsi, l'on obtient un départ rapide du vanadium du minorai. L'analyse ne décèle aucune trace de vanadium dans le mélange des différents chlorures avec le charbon, après le passage du chlore. » Le chlorure de vanadyle condensé constitue un liquide de couleur jaune d'or, très volatil, répandant à l'air des fumées rougeâtres.On a trouvé, pour sa densité, i,854, à la température de 18", et 126", ;ï pour son point d'ébullition. Il présente les caractères et la composition du trichlorure de vanadyle chimiquement pur, )) J'ai appliqué ce procédé à la constatation du vanadium dans les roches. Os nouvelles recherches feront l'objet d'une prochaine Note. » ( ii53 ) CHIMIE. — Sur iiuelf]ites propriétés du zinc. Note de M. L. L'Hoïe, présentée par M. Peligot. « Dans une Note précédente [Comptes rendus, iG juin 1884), j'ai dit qu'en chauffant le zinc impur avec du chlorure de magnésium anhydre on le prive complètement d'arsenic et d'antimoine; le zinc ainsi traité est attaqué par l'acide sulfurique au -^ s'il renferme du fer. » Je me suis demandé si le zinc pur de tout métal étranger peut dé- composer l'eau, soit à l'ébullition, soit en présence de l'acide sulfurique dilué. Les renseignements donnés à ce sujet par les ouvrages de Chimie sont assez contradictoires. Les zincs distillés du commerce n'étant jamais exempts de fer, j'ai préparé du zinc pur au laboratoire, en traitant de l'oxyde de zinc convenablement précipité par du noir de fumée calciné. Le mélange chauffé donne, à la distillation per descenswn, du zinc chimi- quement pur. Ce zinc, chauffé avec de l'eau distillée dans un ballon dis- posé pour recueillir les gaz sur le mercure, ne dégage pas d'hydrogène pur une ébullitiou prolongée. Il est inattaquable par l'acide sulfurique dilué. » On peut modifier complètement les propriétés chimiques du métal, en l'alliant avec une très petite quantité de fer. Pour cela, il suffit de foudre le zinc dans un creuset et de l'agiter avec une tige de fer avant de le gre- nadier. Ce zinc, titré par la méthode de Margueritte avec une solution faible de permanganate, accuse de ^— h ~^ de fer. Dans cet état, il dé- compose l'eau à l'ébullition et donne du gaz hydrogène pur à l'analyse (Hidiométrique. L'acide sulfurique dilué l'attaque également. » Dans la recherche loxicologique de l'arsenic, il arrive souvent que, le zinc s'attaquant très difficilement, on verse dans l'appareil de Marsh une petite quantité d'un tel métallique (qui n'est pas toujours exempt d'arsenic) pour provoquer l'attaque. Pour obvier à cet inconvénient, il me paraît beaucoup plus rationnel de refondre le métal en l'agitant avec une tige de fer. » J'ajouterai que le zinc pur, allié aune très petite quantité d'arsenic ou d'antimoine, se comporte avec l'eau comme le zinc chargé de fer. Aussi tous les zincs du commerce décomposent-ils l'eau à l'ébullition. « ( m54 ) THERMOGHIMIE. — Chaleur de combustion de quelques étheis d'acides orga- niques. Note de M. Louguinixe, présentée par M. Berthelot. « Mes expériences précédentes m'ont amené à la conclusion que la chaleur de conibiislion d'un é;her est approximativement égale à la somme des chaleurs de combustion de l'acide et. de l'alcool (suivant le nombre de molécules de ce dernier) qui contribuait à la formation de l'éther. D'après M. Berthelot, pour déduire exactement la chaleur de com- bustion d'un acide de celle de son éther, il faut retrancher de cette der- nière, d'abord la chaleur de combustion du nombre de molécules d'alcool qui servent à la former, et ensuite autant de fois 2000*^*' qu'il y entre de molécules d'alcool. Cette conclusion, tirée d'expériences faites sur les éthers d'acides fort différents entre eux, pouvait, comme application pra- tique, permettre d'évaluer la chaleur de combustion de quelques acides, pour lesquels la détermination directe présentait de grandes dilficidlés. C'est dans ce but que j'ai déterminé les chaleurs de combustion suivantes : » 1. Etheh ethylkjue de l'acidj: lactique. — L'élher CH'-CHOH-CO='(C-H^) a été préparé et analysé dans mon laboratoire, de même que tous les sui- vants. » Point d'ébullition : i53°,2, i53°,3; chaleur dégagée dans la com- bustion de i^'' (le substance (trois expériences) : 55or)'^''',4. » Pour la combustion de i""*' en grammes, on a employé l'équation C''H'"05 1iq. -H 12O gazeux = 5C0-g;izeux-f- 511-0 lit] 6560009™' » La chaleur de combustion de i™"'en grammes de C-fl^O = i245oo'*'; ce qui donne, suivant la règle ci-dessus, pour l'acide lactique, 656009'^' — 32450O''"' — 2000 = 33 1 509"' — 2000 — 329509"'. » Dans un Mémoire précédent, j'ai donné la chaleur de combustion de l'acide propionique normal pour i""'' en grammes = 366877'''''. Le rem- placement de I atome de H dans l'acide propionique par (OU), amenant sa transformation en acide lactique, a déterminé une diminution dans sa chaleur de comhnstion égale à 366877, 2 — 3295o9'-'-'" = 37368'^"'. Il est uitéressnnt de comparer ce nombre à celui que l'on trouve pour les alcools delà série grasse, dans le cas de la mémesubslitniion. Eu passant de l'alcool propionique norm.il au glycol normal, j'ai trouvé une diminution. ( ii55 ) dans la chaleur de coinhustion, de 49 lA^*^''- Pour le glycol isopropio- nique, celte diminution est de 42014*^"'. >) L'intro'hiction dans le glycol propionique normal d'un troisième OH, ce qui correspond à sa transformation en glycérine, amène une dimi- nution, dans la chaleur de combustion, moindre que celle qui correspond à l'introduction de OH dans l'alcool. Elle est, dans ce cas, de 38716''^'. » Il résulte de ces exemples que la substitution de OH à H, dans la mo- lécule d'un alcool et d'un acide, amène toujours une diminution dans les chaleurs de combustion; mais cette diminution n'a pus la même valeur dans les divers cas et semble s'amoindrir avec le nombre de OH introduits. » La chaleur de formation de l'acide lactique, déterminée il'après sa chaleur de combustion, semit égale à la chaleur de condjusiion de 3C = 290880*-'*' et de 6n = 2o5o8o''''''; soit une somme de 495960*="', di- minuée de la chaleur de combustion de l'acide lactique : 49596o'=-'' — 329509'"' = 16645 1^"'. » 11. CiTUATK d'éthyle C" 1 1^ O' ( C" H^ )^ — Cet éther 3 été préparé par moi d'après la méthode usuelle (dissolution de l'acide citrique dans l'alcool, action de H Cl gazeux); il a distillé dans le vide (pression de i5°"") entre 182° et 184°, à l'état de liquide huileux absolument incolore; l'ana- lyse en a prouvé la pureté. Il a été dégagé, dans la combustion de i''" de cet éther, 6298''"'; après une seconde distillation, 5280"', 4; moyenne, 5288'-''. » La chaleur de combustion de i"""' en gramme C'U=0'(C-H^)' liquide + 27 0 gazeux =: 1 2 CO^ gazeux -|- 10 11^0 liquide. . . i4597o8<'''' M La chaleur de combustion de 3C^ H"0 — y^Saoo^-''; cequi doiuier.iit, pour la chaleur de combustion de l'acide citrique, 486209'="' — 6000 = 48o209'=-'', et pour sa chaleur de formation la différence entre Chuleur de combustion des éléments 855200'=''' Clialtur de combustion de I '.iclde /j8o20q"='' 27499i"i » III. Éther ÉfHYLBUTYRiQUE NORMAL. — Pieinièit série : Dans la combustion de i''"' de substance, il a été dégagé 7328*="', 4. » Deuxième série : Dans ia combustion de is' de substance, il a été dé- gagé 7348""', 4; moyenne des deux séries, 7338*="', 4. ( ii56 ) » Pour la molécule en grammes, suivant l'équatinii C''li'0-(C=1-P; liquider 1 60 gazeux = GCO^ j^azeiix + 6 H- 0 liquide 8")i254"',i » La chaleur de combustion de i""' de C-H^O étant de 32/j5oo''^', je trouve, d'apns la règle citée plus haut, que !a chaleur de coinbustiou de l'acide butyrique normal doit être de 524764"', nombre noîabie- inent supérieur à celui qui a été donné par Favre et Silbermann (496940-'). « IV. ÉxHEU ÉTHYLisoBUTYiîiQUE. — Dans la combustiou de i^"^ de cette substance, il se dégage yago*^^"', 7, ce qui donne, pour la chaleur de com- bustion de i"""' en grammes, + 845721'^"', 2, iiombre différent de celui que j'ai trouvé pour l'éther de l'acide butyrique normal seulement d'à peu près 0,6 pour 100; différence tombant dans la limite d'erreurs de ce genre de recherches, et confirmant une fois de plus ce fait, que les chaleurs de combustion des isomères de mêmes fonctions chimiques dégagent dans leur combustion approximativement les mêmes quantités de chaleur. » Dans un Mémoire précédent [Conijjles reudus, n" 1, t. C, p. G6), j'ai déterminé la chaleur de combustion de l'acide isobutyrique (qui proba- blement ne diffère pas beaucoup de celle de l'acide isobutyrique normal). 3'ai trouvé que dans la combustion de i"""' en grammes de cet acivie (équa- tion usuelle) il se dégage 517796''"'. » D'après la relation entre les chaleurs de combustion de l'éther de cet acide, de l'alcool éthylique qui entre dans sa composition et de l'acide lui-même, la chaleur de combustiou de ce dernier aurait dû être égale à 519221''''', nombre différant de uioins de o,4 pour 100 de celui que l'txpérieiice directe a donné. » CHIMIE ORGAINIQUE. — Sur (a décoinposilion pyiocjénée des acides de lu série grasse. Note de M. Hankiot, présentée par M. Friedel. « Les lois de décomposition |jyrogénée des acides polyatomiques de la série grasse sout encore mal connut s, ces acides donnant naissance à un grand nombre de composés, notamment à des acétones que l'on ne peut y rattacher par une relation simple. J'ai étudié la décomposition d'un cer- tain nombre de ces acides en [jrésence d'un grand excès de chaux éteinte, cette déconjposition étant plus simple dans ces conditions. M Acide succiiti;tte solution, chauffée pendant quelque temps au bain d'eau, en vase clos, fournit abondamment du chlorhydrate d'ammoniaque. L'acide y-chlorobutyrique formé reste dissous; on l'extrait aisément par l'élher. » V^cide y-cldorobutjrique CH-Cl-(Cn-)--CO(OH) constitue un liquide incolore, épais et visqueux, d'une fliible odein- butyrique, d'une saveur brûlante; sa densité à 10° est 1,2498. Il est fort peu soluble dans l'eau au fond de laquelle il tombe; l'alcool et l'éther le dissolventfacilement.il est faiblement corrosif. » Refroidi à quelques degrés au-dessous de zéro, dans un mélange réfri- gérant de sulfate sodique et d'acide chlorhydrique, l'acide chlorobutyrique cristallise aisément; il forme de grandes lamelles minces d'une parfaite transparence; son point de fusion et de solidificaiion me paraît être situé entre 10'' et 10°, 5. « L'acide -y-chlorobutyrique n'est pas dislillable sous la pression ordi- naire; chauffé, il dégage abondamment, dès qu'il atteint 180° à i85°, de 'acide chlorhydrique, el il distille de la laclone butyrique CH=ci-(CH=)--co(OH) = iici + av-{cn-y--co. ' 0 i Pendant cette distillation, le tliermomètre se uiaintient vers 200". ') Comptes reii lus, I. XCVI, p. 10(12 (année i883). C. R., iSSi), J" Semestre. (1. CI, IN- ','5) • -^ ' ( I i6o ) » La laclone que j'ai obtenue de cette façon bouillait à 200-201° et avait pour densité, à )o°, 1,1295. M Cette réaction est d'une netteté remarquable; c'est um* véritable ex- périence de cours. La distillation de l'acide •y-clilorohutyriqiie me paraît être la mélhode la plus avantageuse pour obtenir la lactone butyrique » La dissolution du nitrileY-cblorobutyriquedansles alcools mélhylique et éthylique, saturée d'acide H Cl gazeux, et chauffée pendant quelque temps, fournit aisément les élhers y-clilorobutjriques corvespouâants. » Ce sont des liquides incolores, d'une agréable odeur rappelant quelque peu la menthe, d'une saveur piquante et poivrée. Leur réaction sur l'ammoniaque aqueuse, à la température ordinaire, est fort lente. » Ils sont insolubles dans l'eau et plus denses qu'elle. ). Le chlorobutp-ate de mélhyle CH^CI -(CH-)--CO(OCH') bout à 173"-- 174°, sous la pression de 758™™. Sa densité à 10° est 1,1894. » Le cldorobiilyrate d'éthjle CH-CI -(CH=') - CO(OC=H^) bout, dans les mêmes conditions, à 1 83°-! 84°. Sa densité à 10° est 1,1221. » Le trichlorure de phosphore convertit aisément l'acide Y-chlorobnty- rique en son chlorure CH^GI - (CfP)=-COCl. » Le chlorure de cldorobulyryle normal et primaire constitue un liquide incolore, d'une odeur suffocante, fort désagréable; sa densité à 10° est égale à 1,2679; il bout sous la pression de 750™'" à i73"-i74°. C'est le point d'ébullition qu'il est permis de lui assigtier d'après ses rapports de composition avec d'autres composés du même ordre; on sait que les dérivés chlorés =CCl ont fréquemment le même point d'ébidlilion, ou à peu près^ que les dérivés oxyméihyliques =C(OCH^) correspondants; il en est ainsi notamment des chlorures butyriques par rapport aux élhers mélhyliques. ÉbuUilioii. CH'-(C112)=-C0C1 101-102° CH'-(GH4--C0(0Cir') lop; Cil -COCI . .. 02 3/ ^ \ CH CH' ") Cil -co(oap)... 02, 1 ( "6i ) )) Le chlorure de y-chlorobitlpyle réagit énergiquement sur l'eau, l'am- moniaque, les alcools, etc., à la façon des chlorures acides en général. « Je possède en ce moment environ 70^'' de ce chlorure; j'espère pou- voir en obtenir la monochlorhjdrine télramciliyléniqtce CH=(OH)-(CH=')--CH=C], et par là le cjlycol succinique lui-tnéine CÎI-(OH) - (CH-)^- CIl-(OII). » La réaction de l'ammoniaque sur l'éther chlorobutyrique méthylique ou sur le chlorure de chlorobulyryle fournit aisément Vamide y-clilorobit- lyrique CH=Cl- (CH^) -CO(AzIP). » C'est un corps solide, peu soluble dans l'eau, aisément solubie à chaud dans l'alcool, d'où il cristallise en aiguilles. L'amide y-chlorobulyrique fond à SS^-go". Elle n'est pas distillable. Je reviendrai sur l'action qu'elle subit de la part de la chaleur, action vraisemblablement identique à celle que subit l'acide lui-même. » Le chlorobromure de trimétliylène est un corps très propre à réaliser de nombreuses et intéressantes transformations. J'en continue l'étude. Dans îine Gonunuuication ultérieure, j'aurai l'honneur de faire connaître divers composés triméthyléniques que l'on peut en déduire. » CulMin: ORGANIQUE. — Action du chlore sur le cliloral nnhjdre. Note de M. Henri Gactier, présentée par M. Friedel. « M. Wurtz, dans ses recherches relatives à l'action du chlore sur l'al- déhyde, a montré que l'hydrogène typique était le premier attaqué par ce réactif et que l'hydrogène méthylique ne l'était qu'ultérieurement, après la transformation du groupement COII en groupement COCI. » Des recherches postérieures l'amenèrent à reconnaître que, si, au lieu d'employer de l'aldéhyde parfaitement desséchée, on employait de l'al- déhyde renfermant une certaine quantité d'eau, le chlore agissait différem- ment, et la substitution se produisait dans le groupe méfhyle; il put ainsi mettre en évidence la formation d'aldéhyde bichlorée et de chloral. » Par analogie, on pouvait penser qu'en soumettant à l'action du chlore le chloral anhydre, c'est-à-dire eu se plaçant dans les mêmes conditions que M. Wurtz dans ses premières expériences, on obtiendrait le chlorure de Irichloracétyle, puisque l'hydrogène aldéhydique existe encore dans le chloral. L'expérience n'a pas confirmé C; tie hypothèse. » On a introduit dans un flacon de 10''', préalablement bien desséché, Qo^' de chloral, puis rempli le flacon de chlore, ce qui correspond à environ ( ri62 ) So^"' de ce gaz, quantité théoriquement nécessaire pour effectuer la réac- tion que l'on avait en vue. Si l'on abandonne ce flacon à lui-même dans l'obscurité, il ne se manifeste aucune réaction, même après quinze jours de contact. A la lumière diffuse, la réaction s'établit lentement. Elle est très rapide à la lumière solaire et, au bout de deux ou trois heures, le flacon est complètement décoloré. » Si la réaction s'était établie dans le sens supposé, le volume des pro- duits gazeux eût été le même après la réaction qu'avant. En ouvrant le flacon, on a constaté qu'il s'y était produit un excès de pression notable; le gaz qui s'en dégageait était doué d'une odeur suffocante et provoquait le larmoiement. » Le produit liquide, soumis à la distillation, passe entièrement au-dessous de no"; le chlorure de trichloracétyle bout à i 18°. Si, avant de distiller ce liquide, on l'agite avec de l'eau tiède, on obtient un dégagement d'acide carbonique ; en même temps, l'eau dissout le cbloral non attaqué. La partie non dissoute, séchée sur le chlorure de calcium, dislille à 78", point d'é- bullition du tétrachlorure de carbone. » Un dosage de chlore de ce produit a donné : Matière employée 0'^% 21 35 Chlorure d'argent o»%7935 d'où, en centièmes, Théorie pouiCCl*. Ci...... 9')% 92,21 u Le produit liquide de la réaction est donc constitué par du tétraclilo- rurede carbone ; quant aux produits gazeux, ils sont formés d'acide chlor- bydrique, puis de chlorure de carbonyle, reconnaissable à son odeur et à l'acide carbonique auquel il donne naissance lorsqu'on le soumet à l'action de l'eau. » La réaction du chlore sur le chloral peut donc, en résumé, se repré- senter par la formule suivante : CC1^-CH0 + 4CI =CCP + C0C1^+HCI. » Cette expérience vient contredire ce fait, signalé dans la dernière édi- tion du Traité de Chimie de Beilstein ( ' ), que le chlore, même sous l'influence de la lumière solaire, est sans action sur le chloral (■). » (') Beilstein, Handbiich iJer organi.ic/ien C/iemic, zwe'ile Audace, [i. ■jGo. (-) Ce travail a c'tc fait au laboratoire de M. Gai, à l'École Polyleclmiijue. ( ii63 ) CHIMIE ANALYTIQUE, — Analyse du dépôt Jormé par l'eau de Chabetout. Noie de M. Fu. TiiABuis, présentée par M. Rerthelot. (Extrait.) « Parmi les nombreuses eaux minérales que l'on rencontre dans le dé- partement du Puy-de-Dôme, celle de Cliabetout n'est pas des moins inté- ressantes, tant au point de vue de sa composition que de ses propriétés médicales Les sources sortent d'une roche compacte formée de mica- schiste et de gneiss ; elle est imprégnéede petits cristaux de pyrite ferrugineuse et de traces d'arséniosulfure de fer. Les quantités notables d'arsenic conte- nues dans le dépôt des eaux s'expliquent par la présence de ce dernier corps. » Il nous a donc paru digne d'intérêt de faire l'analyse de ce dépôt : celui que nous avons examini; provenait de la source de l'Evéque. Il est ocracé, onctueux au touchtr; à la loupe et même à l'œil nu, ou y voit de nombreuses paillettes micacées, accompagnées de quelques autres pail- lettes jaune d'or, qui semblent être de la pyrite entraînée par l'eau. I^es résultats suivants ont été fournis par quatre analyses concordantes. On trouve, pour loo»'' de boue desséchée à l'air (*) : Chaux 2 , 234 Acide carbonique i , 820 Maij'ncsio 0,276 » arsénique 0,280 Alcalis, lilliirie, etc. . 0,406 » pIios|)lioi'ique o,i45 Matière organique. . . g,4oo Silice gélatineuse 1 i , i3'j Sable, mica, etc 2,087 Sesqiiioxyde de fer ^(),(^io Eau 22,goo » de manganèse. . . . o,3o5 Alumine o,goo » On sait que les eaux ferrugineuses de Luxeuil, Forges et Bussang lais- (') Sans nous étendre sur les procédés analytiques employés, nous dirons que les alcalis mentionnés ont été isolés par lixiviaiion du dépôt avec de l'eau bouillante. La liqueur ainsi obtenue a laissé, après élimination de la chaux, évaporation et calcination, un résidu entièrement soluble dans l'eau. L'examen spectroscopique nous a permis de constater la présence de la potasse et de la lithine à côté de la soude, formant la plus grande partie du produit. Peut-être trouverons-nous, dans le fait signalé ici, l'explication de la variation des alcalis dans certaines eaux et même de la disparition de quelques sels solubles existant en très petite quantité, sels dont la présence est constatée avant la formation du dépôt. Enfin le manganèse a été dosé par le procédé de M. Beilstein, fondé sur l'insolubilité du bioxyde dans l'acide nitrique concentré, et les autreséléments parles méthodes ordinairement employées. ( ii6^ ) sent aussi un aboiidanï dépôt. Dans chacun d'eux, on acotistalé la présence de l'arsenie, mais non celle de l'acide phosphorique. Jusqu'à présent, on n'a trouvé ces deux corps que dans le travertin d'Hammam-Meskoutine (Algérie). » Dans le dépôt que nous avons analysé, l'arsenic est combiné au fer à l'état d'arséniate basique, tandis que le phosphore est uni à la chaux sous forme de phosphate. En effet, la solution chlothydrique atlditionnée d'a- cide tartrique ne donne, par l'ammoniaque, aucun précipité arsenical, mais il se précipite du phosphate de cliaux (' ). » MINÉUALOGIE. — Exomen optique de quelques minéraux peu connus. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué. K L'étude au microscope, en lumière polarisée parallèle et convergente, de lamés minces de minéraux, donne aujourd'hui à leur détermination un degré de certitude qui leur faisait défaut alors qu'il n'était pas possible de vérifier la pureté des substances soumises à l'analyse. » Aussi beaucoup de minéraux considérés comme des individualités ne sont-ils que des mélanges d'espèces bien connues, ou de la matière amorphe tenant en suspension des cristaux ou fragments de cristaux de substances déterminables. Tel est le cas de la kirwanite, de la Imllile, de la harringfo- nite et de la bowlingite, qui font l'objet de cette Note. )) La kirwanite est un silicate de protoxyde de fer, de chaux et d'alumine avec environ 4 pour loo d'eau. On la considère généralement comme une variété de glauconite. L'étude optique fait voir qu'elle est constituée par de petites aiguilles monocliniques allongées suivant l'arête h' g' . Le plan des axes optiques est compris dans g, et fait un angle de i8° avec i'aréte h' g' . La bissectrice aiguë est négative et fait un angle d'environ 72° avec h*. Le pléochroïsme est très marqué. L'absorption maximum a lieu suivant le plus grand indice de réfiaction (vert d'herbe foncé), et le minimum d'absorption se produit suivant le plus petit indice (jaune sale). Dans la direction de l'indice moyen on observe le vert jaunâtre. Tous ces carac- tères sont ceux de l'amphibole. Si l'on remarque que la kirv^ranite est entourée et intimement mélangée d'épidote et de quartz, on ne s'étonnera pas de la composition du minéral, un peu différente de celle des amphi- boles ordinaires. Ce travail :i ctc fjit an Laljoraloiic munici'ial. ( ii65 ) » La liullite, ainsi que la kirwanite et la harringtonite, se trouve dans les roches basiques de l'Irlande. Elle n'est constituée que par de la matière amorphe dont les irrégularités de coloration décèlent des inégalités de teneur en fer. Ou y trouve en grande quantité des inclusions d'une sub- stance sphérolitbique, peu biréfringente, analogue à celle qui provient de l'altération de l'oliviue dans les basaltes et les mélaphyres, des inclusions de feroxydulé, d'un feldspath triclinique, le labrador, et enfin de calcite. Ce mélange informe est le résultat de la décomposition des bisilicateset du péridot des roches qui le renferment et ne peut à aucun titre être considéré comme une espèce définie. » ha. Iiarringtonite est une zéolithe de chaux et de soude; mais, si on l'examine en lumière polarisée, en voit qu'elle est formée d'une .sub-.t;uice gommense, tenant en suspension de fines aiguilles d'une zéolithe ortho- rhombique de signe positif (inésotype) et d'une autre zéolithe monoclini'jue et négative (scolésite). Etant donnée l'origiiie thermale des zéolithes, il n'est pas extraordinaire de trouver de semblables résidus de cristallisa- tion. » La liowlingite est un hydrosiiicate d'alumine, de fer et de magnésie. Il provient, de niènie que la huUite, de la décomposition des silicates ma- gnésiens et ferroinaguésiens de roches basiques (mélaphyres jabradoriques des bords de la Clyde). La bowlingite est formée de fibres monocliuiques allongées suivant l'arête ph' ou oithorho.nbiques, entourées de matières serpentiueuses. La bowlingite semble avoir des propriétés optiques suffi- samment nettes pour que l'on puisse la considérer comme une espèce distincte; mais la grande quantité d'impuretés qu'elle renferme ne permet pas d'admettre la composition centésimale qui en a été donnée. w L'emploi de ces mêmes procédés d'étude m'a fait voir que la botryolite, considérée jusqu'alors comme une variété amorphe de dalholite ou comme une espèce voisine, était bien identique avec ce dernier minéral. » La boliyolile forme en effet des sphérolithes, elle est mouocliniquc. Les fibres du sphérolithe sont alloni;ées suivant l'arête p}i\ Le plan des axes optiques est compris dans g' ; par suite, l'allongement est tantôt positif, tantôt négatif. La bissectrice aiguë est presque perpendiculaire à l'une des faces d'allongement (p dans la datholite). La biréfringence maximum, mesurée approximativement dans les sections parallèles au plan des axes optiques, est de 0,0494 î h» biréfringence des sections perpendi- culaires à la normale optique est 0,0276. » Toutes ces propriétés sont celles de la datholite. La biréfringence de ( ii66 ) la dalholite, calculée d'après les indices donnés par M. Des Cloizeaux, est, pour les deux directions citées plus haut, 0,0262 et 0,0478. L'accord est très suffisant, si l'on tient compte de la grande difficulté que l'on rencontre à trouver, dans un s()hérolithe ayant quelques millimètres de diamètre, une plage exactement taillée dans la direction cherchée. )) J'ai entrepris l'examen d'un grand nombre de ces substances critiques; j'en communiquerai prochainement les résultats à l'Académie. » PHYSIOLOGIE GÉNiîRALE. — Sur la dénutrition expérimentale. Note de M. Ch.-E. Quixquaud, présentée par M. Larrey. « Lorsqu'on abandonne à lui-même un organe ou un fragment d'organe, on trouve une augmentation progressive du poids des substances solubles dans l'eau : ces substances sont précisément celles que l'on considère comme des déche"ts; il se fait donc une désa^^régation organique et miné- raie reproduisant assez fidèlement ce qui se passe dans l'organisme vivant : ce sont des phénomènes de même ordre, bien que l'identité ne soit pas absolue. » Le procédé est très simple : on note d'abord la quantité d'extrait aqueux fournie par un tissu animal ou un tissu végétal frais, j)uis la nature des corps chimiques qu'il renferme; des parties de même tissu et de même poids sont placées dans certaines conditions de température, d'aération, de stérilisation, que l'on peut modifier à son gré; enfin, on analyse l'extrait aqueux : il est possible, en employant la méthode comparative, de constater les variations de quantité et de qualité de l'extrait; dans la présente Note, nous n'avons en vue que les variations de quantité. » En agissant ainsi, nous sommes arrivé aux conclusions suivantes : 1" la rate, les reins, le foie et les poumons sont les organes où la désassi- milalion est la plus active; 2° la dénutrition est moins intense dans les muscles de la vie de relation, d;ins le cœur et dans le cerveau ; 3" l'os est le tissu où le mouvement dénutritif est le plus faible : ainsi loo^'' de rein donnent, en vingt-quatre heures, à la température de 15°, à l'état frais, 3b'',i5, iooK'' de rate 3«',i2, loos'' de poumon 2S'-,i8, loo^'' de foie 2S'',i5, tandisque loo'"' decceur fournissent i^'', looS'' de muscles \^',gB, rooR'' de cerveaxi tB'',i5, et loo*^'' d'os oK',4o. » L'application de cette méthode à l'élude des phénomènes physiologi- f|n(s et à l'étude du mode d'action des agents médicamenteux nous montre que : i** l'acide carbonique et surtout l'oxygène favorisent la dénutritioSi; ( ji(J7 ) au contraire, l'hydrugèue et l'azote entravent l'activité dénutritive; 2" le chloroforme, l'élher, l'alcool à faible close s'opposent à la désassimilation, tandis que l'acide cyanhydrique la favorise; exemple : loo^' de muscles frais donnent, immédiatement après la mort, 6s'',47 de substances de dé- nutrition, après vingt-quatre heures 7^', 19; mis en contact avec l'acide carbonique, pendant vingt-quatre heures, ils donnent 7°', 38, avec l'oxygène 76»', 29, avec l'acide cyanhydrique 7'''', 97 et avec l'hydrogène ô^^^g; avec le chloroforme, l'élher et l'alcool, 68', 5o, 6°''', 54, 6s'',j']. M Les mêmes conclusions s'appliqnent à la levure de bière. » En résumé, ce nouveau mode d'investigation permet aux physiolo- gistes et aux thérapeutes de pénétrer plus avant dans l'étude de la niilti- tion élémentaire et du mode d'action fondamental des médicaments. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur les effets produits par l'ingestion et t'injii- sion intra-veineuse de trois colorants faunes, dérivés de la houille. Note de MM. P. Cazexeuve et R. Lépine, présentée par M. Vnlpian. « Nous avons étudié l'action de trois jaunes très employés pour colorer les boissons et les denrées alimentaires : 1° le jaune de binitronaphlol (jaune de Martius ou jaune de Manchester) ; 2° le jaune NS, qui est le pré- cédent sulfo-conjuyué; 3" le jaune soliile, qui est l'amido-azo-ortho-toluul, également sulfo-conjugué. Nous avons spécialement expérimenté avec la combinaison sodique (neutre) du binitronaphlol (jaune d'or) qui st^rt, de- puis dix ans au moins, à colorer les pâtes alimentaires, à la dose de a'''' par 100''''' de pâtes. Quant aux jaunes NS et solide, ils servent, mélangés à dû bleu, à colorer l'absinthe, el à des bleus et rouges, à colorer les vins. » 1" Jaune de binitrONAphtoL sodique. — A. Ingestion dans le tube dicjestij. » Première expérience. — Un chien yiill'nn, de 7''S, reçoit chaque jour dans la gueule oS'',5 de jaune en poudre. Dès le second jour, selles diarrhéiques et voraissemeals, maintes J'ois observes de matière jaune ; inappétence, sauf pour le lait. L'animal, dès le (juatrièine jour, est couché et //a/e^a«<. TR, 4»° ^- Le sixième jour, aggravation : la respiration est \\a\^- lnute et très expinitrice. TR. 42" C. Plus de nourriture. L'urine renferme du colorant et de l'albumine. Mort. — Autopsie. Quelques-uns des viscères uu peu leints; la pkipait sont for- tement congestionnés. » Il est incontestable que l'animal est m.ort intoxiqué; il ne l'est pas moins qu'il Ta été avec une quantité de beaucoup inférieure à celle qui lui était administrée, car il a vomi chaque jour. c. R., l885, 2' Semestre. (T. CI, N" 23.) I^^ ( 11 68 ) - E.i-pi-iieiicc 11. — Chien vigoureux de aa'^s. Dans l'apiès midi il reçoit os', 4° de jaune d'or pulvérisé, en suspension dans du sirop. Vomissements yVi««ei- la nuit; la matière vomie ne présente pas les réactions de la bile. Le lendeuiain matin, nouveaux vomissements de matière jaune non bilieuse. On lui ingère o",5o. Peu après, diarrhée séreuse jaune brun liés abondante; il se tord et s'agite. Deux heures après, respiration haletante et expiratnce ; TR. 4o''C.; il boit avidement plus d'un litre d'eau, refuse toute nourriture. Le lendemain la diarrhée persiste. Le jour suivant, l'animal affaibli refuse encore toute nourriture. Il est sa- crifié dans le but de rechercher s'il existe des lésions de la muqueuse stomacale. Elles font défaut : on trouve seulement l'intestin foit congestionné; les viscères ne paraissent pas colorés. » Iiulépenclamment des voinisseinenis et de la diarrhée, nous appelons l'altention sur la respiration linLlanle, coiiiiiie après une course, mais plus expiralrke, et surtout sur l'clévalion de la température centrale et périphc- tique, sans convulsions. L'injection (!e la substance toxique dans les veines, en produisant brusquement ces deux symptômes, nous a permis de les bien observer. » B. Infusion dans les veines [Expériences ITI, IV, V et VI). — Nous ne relatons pas en dclail ces expériences, qui sont identiques entre elles. Elles ont porté sur des chiens (lu poids de io''s à i^^^, ayant reçu de oe',o3 à o''s,o6 (par kilogramme) de jaune d'or dissous dans une solution salée à ■j pour looo, infusée dans la veine fémorale à la tempéra- ture de 38" C. Dans un espace de temps variant entre vingt minutes et une demi-heure, la respiration est devenue haletante et expiratrice, la peau très chaude, et la température cen- trale s'est élevée, pour arriver quelque leinps après (et très rapidement aussitôt l'ascension commencée) à 4i° ou 42''G. Dans un cas, au moment de la mort, le thermomètre (gradue sur verre par Alvergniat) marquait juste 44°^. Chez les quatre chiens la mort est arrivée dans un laps de temps compris entre trois quarts d'heure et une heure et demie. » Il est à noter que la solution infusée était neutre, plutôt alcaline. » Avec une dose de seulement o'''',oi par kilogramme, nous avons, chez un cliien, noté la respiration expiratrice, mais l'animal s'est rétabli. » Chez deux des chiens ayant succombé, nous avons retiré de la caro- tide environ 50*^*= de sang pour le dosage des gaz (lequel a été fait par M. Aubert, chef des travaux chimiques à la Faculté, que nous remercions de son obligeance et du soin extrême qu'il a apporté à ces dosages ). Dans le sang du chien mort avec 44° G. la proportion d'O était très faible; mais coitune la prise a été faite au moment même de ta mort, ce résultat prouve seulement qu'eu cet instant l'asphyxie était complète. Le sang de l'autre chien, pesant i5' de sang) 1 4'°', 2 d'O et 33^"', 7 (le CO". Comme ce sang était dilué environ du tiers, par suite de ( ' ' ^'9 ) l'infusion de Sao'^'^ d'eau salée (nrcessaires pour la parfaite solution du jaune d'or), on voit que cette substance, même alors que la température centrale était déjà notablement élevée, n'avait apporté auctoi obstacle à la combinaison de l'O avec l'hémoglobine. » 2" Jaune NS. — A. Ingestion : a Expciience. — Une jeune chienne épagneule, ])leine, pesant i5''s, reçoit dans la gueule, à l'état de poudre, o^', 5 pendant quinze jours, puis as'' pendant dix jours, et enfin 46'' pendant les dix jours suivants. Elle met bas alors neuf petits, dont huit vivants. Elle n'a jamais eu ni vomissements, ni diarrhée. L'urine clait colorée, non allnimineuse ; l'appétit parfaitement conservé. On lui laiss:i allaiter trois petits pendant trois semaines. L'alimentation consistait en pain, lait et viande. i> Administré par la bouche, en cachets, à la dose de ■îS"' à 4^'' par jour, le jaune NS, chez trois sujets atteints d'affections chronicpies, a produit quelques coliques et de la diarrhée, sans autres ])hén' Chez deux sujets atteints d'affections chroniques, le jaune o solide », administré en cachets à la dose de 2I"' à 4°'' p^ir jour, a paru causer des coliques, sans diarrhée. » B. Infuùon. — Ce jaune est également peu soluble. Infusé à la dose de oS'', 3 (parK) chez un chien, il n'a rien produit de notable; à la dose de oK'',^, chez un autre chien, il a amené une accélération des battements du cœur, des vomissements jaunes, de la polyuric et de l'albuminurie que nous sommes portés à rapporter à la solution salée qui servait de véhicule. L'animal s'est parfaitement rétabli, u » En résumé, uotis concluons: i"que le jaune de biuitronaphlol i-odique (neutre) est doué d'une assez ^riuide toxicité, puistpi'il produit, à dose rela- tivement faible, nue tespiralion haletante {snm diminution de In proportion normale d'oxygène contenue dans le sang), une grande élévation de la tempéra- ture centrale et périphétique {sans convulsions) el la mort; 2" que ce même produit à l'état sulfo-coiijugué (jaune NS) n'a plus de toxicité appréci;ible; 3° (jue l'azoïque suifo-conjngué appA^S jaune « solide » paraît an moins aussi in( Lames. — Elles sont en grand nombre, soit entières et avec leur bulbe de percussion sur leur face d'éclatement comme les autres pièces, soit brisées. .. Pointes. — Elles sont très petites pour la plupart et minces; elles ne présentent que peu ou point de retouches sur les bords. Leur extrémité pointue est généralement assez bien conservée, au moins pour un certain nombre d'entie elles. » Percuteur. — Je n'entai trouvé (pi'un seul; il a été asstz grossièrement fabricjué avec un fra"nicnt de hache, sur laquelle on aperçoit distinctement les stries de polissage. II devait être destiné seulement à faire les petites retouches. .1 Poliisoir. J'ai recueilli deux petits polissoirs en silex; l'un d'eux surtout est intéres- * r C. R.. 1IS85. i' Somcstr^. (T. CI, «' 25.) ^ J'^ ( 119- ) sant : c'ost un niorreau de silex d'une certaine épaisseur qui présente, sur l'une de ses faces planes, plusieurs petites rainures de polissage, les unes profondes, les autres superficielles. » J'ajoute que, parmi les silex du Trou-au-Lou[), il en est un certain nombre qui ont subi l'action du feu et présentent une infinité de craque- lures plus ou moins prononcées. » Enfin, j'ai ramassé çà et là, mais toujours dans le même endroit, tantôt groupés, tantôt isolés, un très grand nombre d'éclats de silex, généralement assez petits; un grand nombre aussi d'instruments plus ou moins brisés et quelques nuclei en silex, de même nature que ceux que je viens d'indiquer brièvement. » Avant de terminer, je dirai que je viens de trouver, sur un autre point du bois de Clamart, dans la direction de Meudon et à quelques centaines de mètres du Trou-au-Loup, également dans une petite clairière dont te sol est creusé en cuvette et entouré d'un taillis assez épais, plusieurs autres silex taillés, dont un également en grattoir. Ces silex sont identiques à ceux de l'atelier ou station humaine que je viens de signaler. S'agit-il là d'une seconde station, d'un second atelier de fabrication de la même époque néolithique? C'est ce que je me propose d'étudier prochainement. » MÉTÉOROLOGIE. — De l'utilité que présente la connaissance des déplacements du courant du yulf-stream, an point de vue de la prévision du temps à longue échéance. Note de M. de Tastes, présentée par M. Mascart. « Dans l'état actuel de la Météorologie, des prévisions qui renseigne- raient l'agriculteur sur le caractère d'inie saison quelques mois à l'avance paraissent impossibles, et cependant ce sont celles dont il pourrait tirer le meilleur parti. Je reconnais autant que personne la difficulté actuelle de prévisions régulières faites chaque année, l'hiver, par exemple, sur le caractère de l'éié suivant, et potn-tant je me suis toujours attaché à rechercher si dans quelques cas rares, en saisissant des indices souvent légers et des renseignements puisés un peu partout, il ne me serait pas possible de hasarder quelques prévisions de ce genre, dans une région donnée et en particidier dans notre pays. Depuis l'époque où la puissante initiative de Le Verrier renouait en France la chaùie interrompue des tra- vaux de Lavoisier et de Lamarck, c'est-à-dire pendant une période de vingt ans, je n'ai eu que quatre fois l'occasion d'émettre avec succès des prévisions à longue échéance, savoir la sécheresse de 1870 et l'hiver ri- goureux qui l'a suivie, les caractères généraux de 1873, l'hiver si doux ( 1193 ) (le 1874, et enfin l'été si sec de i885, ainsi qu'on peut le voir dans le Bulletin mensuel du Buieau Central météorologique de mai i885. » Je demande à l'Académie la permission de lui exposer les considéra- tions qui m'ont permis de hasarder cette dernière prévision. Tout le monde reconnaît que le grand courant aérien circulant autour de l'aire des liantes pressions, qui oscille autour de la région des Açores, est le fac- teur principal de la climatologie européenne et lui confère ses privilèges météorologiques parmilcs régions de l'hémisphère nord comprises entre les mêmes parallèles. Mais la même unanimité n'existe pas à l'endroit des causes qui déterminent cette circulation. J'ai cherché à établir, dans des travaux antérieurs, que si la Terre présentait une surface homogène, il n'y aurait aucune raison pour que le courant qui porte l'air de l'équateur vers les pôles et le courant de retour qui en est la conséquence inévitable s'établissent sur un point plutôt que sur un autre, mais que le courant marin du gulf-stream était le lieu d'élection du courant aérien, qu'il lui servait d'amorce, qu'il y avait un gulf-stream atmosphérique entourant une sorte de mer des sargasses aérienne, comme il y a un gulf-stream océa- nique, et que, par conséquent, s'd se produit une modification dans la direction de ce dernier, elle ne peut manquer d'exercer une influence sur la direction générale du transport de l'air. Supposons ces deux courants supprimés ou notablement affaiblis, le climat de la France deviendrait celui de l'État du Maine ou de Verniont avec des étés secs et chauds succédant sans transition à des hivers rigoureux ( * ). » Reste à savoir d'après quels indices on pouvait, au printemps dernier, soupçonner une modification des courants marins. Des télégrammes du Sicjnal Office de Washington nous indiquent depuis cette année seulement les coordonnées géographiques des points où l'on rencontre les glaces flot- tantes descendues de la mer de Baffin vers de plus basses latitudes. 11 m'avait semblé qu'elles descendaient plus au sud qu'à l'ordinaire, en rap- prochant les dépèches de Washington de quelques renseignements anté- (') On pourrait affiniier, sans trop de paradoxe, que les caractères du climat européen sont dus à l'existence de l'étroite bande de terre qui constitue l'Amérique centrale. C'est cette barrière qui force le grand courant marin équatorial à se précipiter vers les passes étroites de Bemini et à se dirij^'er vers l'Europe, eu vertu du mouvement de rotation du "lobe. Qu'une vaste et profonde coupure laisse le courant océanien pénétrer dans le Pacifique entre l'isllnne de Darien et celui de ïuantépec, le gulf-stream ne réchauffe plus l'Europe, son congénère aéiien change d'allure et les fjords de la Norwè^e se couvrent de glaciers permanents comme ceux du Groenland. ( 1191 ) lieuis, ilont l'aulbeiiticité ne m'était pas bien démontrée; mais ce qui n'était qu'un soupçon sur le déplacement de la limite nord du gulf-stream vers les basses latitudes se trouvait confirmé par d'antres considérations. » Les dépêches du Ntiu-Vor/c Herald, malgré leur concision, peuvent encore nous fournir d'utiles renseignements. Bien qu'un certain nombre des dépressions annoncées n'arrivent pas jusqu'en Europe, il en est qui accomplissent la trop longue traversée et abordent les côtes des îles Britan- niques et de France. Or, quand ces dépressions, au lieu d'être signalées comme venant de la région du cap Hatteras pour se diriger vers la Norvège, nous sont indiquées comme partant du Labrador pour aborder l'Irlande et la France, on peut soupçonner qu'une modification importante s'est opérée dans la direction des courants aéiiens et |)ar suite dans le courant marin dont il suit le cours. D'ailleurs elles portent avec elles leur certificat d'ori- gine. Leur bord méridional où régnent les vents sud-ouest, au lieu de nous apporter en hiver et au printemps les brises tièdes et luimides venant des régions subtropicales, donnait, au contraire, des vents aigres et froids comme ceux qui nous viennent de l'Atlantique nord. Je me croyais au- torisé à conclure de là que la grande branche du courant aérien avait perdu de sa force d'impulsion vers le nord-esl, et que, par suite, noire climat allait affecter, l'été suivant, un caractère continental, c'e^t-à-dire que la prédominance des vents d'entre nord et est allait amener un élé chaud et surtout sec. » Le mois de mai i885 a eu tous les caractères de la fin des hivers des pays de latitude moyenne à climats excessifs: il a été froid et humide, et, le 24 mai, l'été s'est montré tout à coup, ne nous amenant d'autres pluies que celles fournies par les orages. Mes prévisions étaient confirmées. » Le déplacement du gulf-stream est d'ailleurs rendu vraisemblable par nu (ait économique qui touche une de nos grandes industrits. Les bancs de sardines disparaissent de nos côtes de l'Ouest. Or la présence de ces bancs dépend de celle des aliments que la sardine recherche. Il y a donc pertur- bation dans le courant marin et dans ses dérivés, comme le courant de Rennel qui longe nos côtes. » Ces prévisioiis sont fondées sur des faits dont quelques-uns ont encore un caractère conjectural, mais la réalisation des prévisions leur sert de con- firmation, de démonstration a fjusleriori . » Je Cl ois, en résumé, que la connaissance exacte des limites du gulf- stream et de tes dérivés aurait, sur les prévisions du temps à longue échéance, l'influence la plus heureuse. Cette connaissance est aujourd'hui très imparfaite, et la vieille méthode des bouteilles et des bouées flottantes, trop rarement employée, est encore la meilleure. Les expériences entre- prises par M. Pouchet, avec le concours du prince de Monaco, dans les parages des Açores, sont un premier pas dans cette voie féconde et seront accueillies avec joie et espoir par quiconque s'occupe de Météorologie. » M. A. Meslin adresse une « Étude snr le travail prodnit et dépensé par les pressions vives ». M. P. Marin adresse deux Notes sur un projet de communication à grande vitesse entre l'océan Atlantique et l'Etu'ope centrale. M. Van Assche adresse une Note sur un cadran universel, ponr l'unifi- cation de l'heure et de la longitude. M. Sacc adresse, de Cochabamba, les analyses de deux plantes de la Bolivie, qui pourraient être l'objet d'applications industrielles. M. Ch. Coknevix adresse des reclierches sur l'origine de la race bovine sans cornes, ou à'Jiujus. M. A. Charpentieii adresse une nouvelle réponse aux observations de M. Parinaud, sur le rôle des cônes et des bâtonnets dans la vision. M. Charpentier maintient les divers points sur lesquels il a insisté dans ses Notes précédentes, et ses droits de priorité dans la question dont il s'agit. Communications relatives aux étoiles filantes du 27 novembre 1 884 • M. Stephan, Correspondant de l'Académie, écrit de l'observatoire de Marseille, le 28 novembre (Lettre communiquée par M. Tisserand) : « Nous avons été témoins, hier soir, à Marseille, d'une magnifique pluie d'étoiles filantes, tout à fait comparable à celle du 27 novembre 1872. » Visible avant même la fin du crépuscule, le phénomène a persisté jusqu'au milieu de la iwuil. ( "9« ) » C'est eiilic 6'' el '^^ (\\ie raboîidaiicc des méléores nous parait avoir atteint sou maxinuiin : pendant cette période, il était impossible d'en évaluer le nombre autrement que d'une manière approximative; il en jaillissait des gerbes de lo à 20 à la fois. » Nous partageant les régions du ciel, MM. Borrelly, Coggia et moi, nous avons trouvé, à plusieurs reprises, des nombres dépassant assurément 600 par minute. A io''3o'", au moment du lever delà Lune, on n'en comptait plus que 00 à 60. » En général, les étoiles étaient petites el avaient une faible vitesse, comme en 1872; cependant, de temps à autre, il s'en trouvait de fort brillantes, de i" gran- deur, dont quelques-unes éclataient en fusée, laissant après elles une traînée vaporeuse persistant pendant plusieurs minutes » Le point radiant a paru se mouvoir un peu de (3 vers y d'Andromède. De 6''3o™ à 7''3o"', il était très voisin de 5o Andromède, étoile de 5" grandeur, dont les coordonnées moyennes pour i885,o sont c. = i''3o"',o, y?= 49"io',o. » C'est aussi dans la même région que se trouvait le point radiant en 1872. » Celte apparition me paraît avoir une grande importance : déjà, en 1872, les astronomes ont été à peu près unanimes à rattacher le flux du 27 novembre à la comète de Hiela; après cette nouvelle observation, la probabilité se change en certitude. )) On peut de plus, je crois, conclure que l'essaim est assez dense, mais qu'il n'est ni très épais ni très allongé. » M. G. -A. HiRN, Correspondant de l'Académie, écrit de Calmar, le 28 novembre : « Hier vendredi, 27 courant, le ciel avait été couvert et pluvieux tout le jour, jusqu'à la tombée de la nuit Vers 6'', le ciel s'élant éclairci du côté de l'ouest, sur un tiers environ de l'horizon, à partir du zénith, nous fûmes témoins d'une vraie pluie d'étoiles filantes. Il se passait rarement plus de deux ou trois secondes sans ([u'oii en vil, el parfois une dizaine à la fois. Les nuages s'étant sé- parés un peu du côté de l'est, nous vîmes aussi des étoiles filantes dans la brèche qui s'était ouverte. Je resterai probablement au-dessous de la vérité en disant que le nombre continucUenienl visible était au moins de 4 ^ 5 par seconde. Leur éclat variait beaucoup de l'une à l'autre, ainsi que l'étendue de leur trajet; j'en ai vu qui surpassaient Vénus en éclat, ou qui parcouraient un angle de plus de 4t'" ; d'autres étaient 1res faibles, ou ne faisaient qu'apparaître et disparaître. ( "97 ) L'une d'elles, vue par mon préparateur, a eu un éclat extraordinaire et a laissé derrière elle une traînée lumineuse qui a persisté pendant plusieurs minutes. Toutes celles que nons pouvions voir vers le zénith cheminaient de l'est à l'ouest, et sur des lignes sensiblement parallèles entre elles: cela m'a particulièrement frappé. » Le ciel s'élant voilé vers y'', nous ne pûmes continuer à observer. Une brèche s'étant faite entre les nuées vers p'^So™, on put s'assurer que le phénomène durait toujours. » Aucune des étoiles que nous avons aperçues n'a éclaté on n'a produit le moindre bruit. » M. D. CoLi-ADON. Correspondant de l'Académie, écrit de Genève, le 28 novembre : « La température moyenne du jour avait été assez élevée, environ i 2" à iS" C. Lèvent faible soufflait du sud-ouest. Dans ces conditions atmosphériques, le ciel a été voilé en totalité ou en partie pendant une grande partie de la nuit, soit par des nuages, soit par une légère brume. Cependant, à Genève, de 6''3o"' à ^''45'" du soir, les parties élevées du ciel étaient assez dépourvues de nuages pour qu'il fût facile de voir des étoiles de 6'' grandeur. ') A 6'' 5o"', je reçtis l'avis qu'on observait depuis près dune demi-heure une chute extraordinaire d'étoiles filantes 5 dès ce moment, j'ai pu compter sur une partie claire du ciel, leprésentant environ } de la voûte céleste visible à Genève, une pluie incessante détoiles, se succédant en général à moins d'une seconde près. Un aide, qui observait du côté nord-est, en même temps que moi du côté sud- otiest, en a compté un peu moins en moyenne 5 chacun de nous pouvait en compter 55 à 60 par minute. Par intervalles, 2, 3, 4, une fois même 5, ont été visibles au même instant. Aucune de ces étoiles ne dépassait en éclat lumineux une étoile de i" grandeur, comme la Chèvre ou Arcturus, visibles pendant ce temps. Vers ^''45", les nuages ont empêché de continuer ces observations. Pendant tout ce temps, la direction moyenne des astéroïdes, près du zénith, paiaissalt être du nord-est au sud-ouest; toutes sont blanches, jj seulement laissent une traînée blanchâtre. » Vers 9'', le ciel, découvert à l'esl-sud-est, permet de voir en entier la constel- lation d'Orion, que 5 ou 6 étoiles filantes par minute traversent verticalement. » En général, après 9'' et jusqu'à iTiinuit, à chaque éclaircie partielle au-dessus de l'horizon, soit du côté est-sud-est, soit du côté ouest-nord-ouest, les étoiles filantes semblent tomber verticalement. « Depuis minuit jusqu'à 1'' du matin, une éclaircie dans la partie supérieure du ciel permet de voir assez bien, dans Orion, le Taureau et les parties voisines, les étoiles des trois premières grandeurs, mais la lumière de la Lune et une légère ( i'9« ) brume ne permettent de distinguer que les élolles filantes les plus brillantes. Pen- dant ce temps, je n'ai pu eu distinguer que 6, et, chose remarquable, ces 6 ont traversé horizontalemenl de l'ouest à l'est la portion du ciel où se trouvaient les deux constellations ci-dessus. » Le 27 novembre 1872, le P. Secchi, à Rome, avait compté Sp étoiles filantes par minute; M. Lowe, en Angleterre, 5o, mais plusieurs laissaient de longues traînées colorées. A Genève, en 1880, je n'ai vu aucune étoile filante ni aucune traînée colorée. Quelques-unes de ces étoiles étaient visibles pendant | ou j se- conde, d'autres paraissaient presque instantanées. » M. Perrotin adresse, de l'observatoire de Nice, la Noie suivante : « L'observation des étoiles filantes qui proviennent de la comète de Bida a été faite à l'observatoire de Nice de 5'' 48'" h 10S8", temps moyen du lieu, par un ciel généralement nuageux. Elle a été interrompue, un peu plus lard, parle brouillard et la lumière de la Lune. )) La pluie d'étoiles, très abondante déjà vers 6'', a augmenté jusqu'à j'-d'", moment du maximum, pour diminuer ensuite, après une légère recrudescence survenue entre 7'' 33" et 7'' 48'". » Le Tableau qui suit donne le nombre moyen d'étoiles observées pendant une minute, durant les diverses phases du phénomène : ÎVomlîre d'étoiles Intervalles du temps. en une minute, h m h m De 5.48 à 6.18 DJ 6.18 6.48 88 6.48 7.3 96 7.3 7.18 121 7.18 7.33 69 7.33 • 7.48 81 7.48 8.18 - . 74 8.18 8.48 4i 8.48 9.18 23 9.18 9.48 20 9.48 )o.i8 9 » Dans un même intervalle de temps, le nombre d'étoiles a souvent varié beaucoup, et d'une manière fort irrégulière, d'une minute à l'autre. » Par moments, les étoiles ont apparu plus nombreuses dans certains azimuts par rapport au point radiant. » Dans le cours des observations, j'ai marqué sur une carte les trajectoires d'une cinquantaine d'étoiles que j'avais pu facilement repérer dans le ciel. Leurs intersections donnent, pour l'ascension droite et la déclinaison du point radiant, l ''99 ) Ifs valeurs siiivaiilfs, déterniiiu^es gi aplikjuetiieiit : .î\ = 24", 2, lÛ — 4- 4:V', I . » De son côlé, M. Thollun a observé un grand nombre d'éloiles uvec un spec- iroscope à vision directe dont il avait supprimé le collimateur. Le prisme, d'une faible dispersion, avait une section très grande et permettait d'utiliser tonte l'ouverture de la lunette, qui était de o"',oa. En tournant l'instrument de manière que les arêtes réfringentes du piisnie fussent parallèles aux trajectoires des étoiles tilantes, la trainée lumineuse qu'elles traçaient dans le ciel tenait lieu de fente éclairée. )) Tous les spectres observés offraient le même caractère. On voyait, dans le jaune, le vert et l'orangé, des bandes brillantes qui semblaient être des faisceaux de raies lumineuses. Si une étoile biillante avait passé dans le eliamp de l'instru- ment, il est probable que ces faisceaux se seraient résolus en raies. Mallieurcnse- nientM. Tliollon n'en a pu observer aucune. Néanmoins, en legardant le ciel à travers le piisnie seul séparé delà lunette, il a pu voir une étoile assez brillante lui donner un très beau spectre, dans lequel une bande jaune très intense indiquait sans doute la présence du sodium. » En maintenant le spectroscopc dirigé vers la même région du ciel, dans le voi- sinage de Véga, M. Tliollon a vu passer dans le clianip de la lunette, qui est de 8", les spectres de 20 étoiles de y'' 45'" à ;'' 55'", et de 17 seulement de 8'' 9'" à 8''a8"'. » M. Faye ajoute à la Conimunicatioii de M. Perrotin les détails suivanis : « Pendant les observations, à 7'V'18"', il a été frappé de l'apparition subite d'un nuage très brillant qui venait de prendre naissance tout à côté de £ Cassiopée, au point même où, au dire d'un de ses assistants, M. Javelle, venait de finir une belle étoile brillante. Ce nuage, de couleur rougeàtre et de forme irrégulière, mesu- rait i" de long sur 3o' de large, et était animé d'un mouvement assez rapide qui l'entraînait vers 0 Grande Ourse, dans une direction inclinée de près de 45" sur les tra|ecloiies des étoiles filantes passant près de s Cassiopée. Il allait s'éleignant graduellement et finissait par disparaître avant d'atteindre 0 Grande Ourse, à 1" de distance à peu près de cette étoile et à 8'' 18'". » Ce nuage était sûrement de nature cosmique et provenait sans doute d'une explosion considérable dont les produits, incandescents à l'origine, étaient entraînés par les courants supérieurs de notre atmosplière. » A cette luure, le vent ne soufflait pas d'une manière sensible. » M. Faye a aussi reçu de M. Quenin, instituteur à Pelonne (Drôme), un récit intéressant du phénoiïiène. M. Quenin a noté l'uniformité de leur C. K., i88â. 2" Semestre. (T. CI, IN" 25.) ' ^'° ( I2CU ) éclat et de leur direction. En considérant celles qui passaient an zénith, il a lâché de déterminer l'angle de leurs trajectoires avec le méridien. Après avoir fixé des jalons dans ce plan, il a constaté que les trajectoires, du nord vers le sud, faisaient un angle d'environ 28" avec le méridien. Cet angle a été un peu plus aigu au début qu'à la fin de l'apparition. » M. Jansse\ communique un télégramme de M. Landerer, d'où il résulte qu'il a observé la pluie d'étoiles filantes du 27 dans toute sa splendeur et qu'il y trouve la confirmation de sa théorie des lueurs crépusculaires. MM. H. HiLDEBRAND HiLDEBRASDSsoN, directeur de l'observatoire météo- rologique d'Upsala, et C. Ciiarlif.k, astronome à l'observatoire asirono- mique, adressent la Noie suivante (communiquée par M. Faye) : « Le 27 novembre a été brumeux à Upsala jusqu'à 5^ du soir. A 5''3o"', le ciel était tout à fait serein; on vit immédiatement un nombre considérable de météores. Douze observateurs prirent place en plein air autour de l'observatoire météoro- logique. )) \. Nombre clef: météores. — Le nombre d'étoiles filantes pour cliaque quart d'heure fut compté depuis 6'' jusqu'à 1 1'' du soir. Voici le résultat : Temps. Norabi'o. il m h III De 6. 0 ;i , 6.i5 2545 6.i5 6.3o 2287 6.3o (>.45 2906 6.45 7. 0 3382 7. 0 7.15 4213 7. .5 7.30 .V122 7.30 7 45 333o 7-15 8. 0 3383 S. 0 8.i5 ^■497 S,i5 8.3o 2072 Temps. Nombre. De h m 8.3o à Il lu 8 45 229 j 8.45 9. 0 ■999 9. 0 9. i") i33(i 9. t5 q.3o >34i 9.30 9.45 799 9.45 10. 0 585 10. 0 10. i5 5o2 10. i5 10. 3o 375 10. 3o 10.45 307 10.45 II. 0 268 Tie W8U )) Par interpolation graphique, nous avons trouvé pour le temps du maximum de fréquence T= ;''i9"',5, temps civil de Suède, ou T^7''29'",8, temps moyen d'Upsala. » 2. Coordonnées du point de radiation. — On a dessiné, sur 27 cartes cé- lestes, 2210 trajectoires d'étoiles filantes. Cependant nous n'avons employé que 12 cartes renfermant 464 observatioTis dans le voisinage du point da radiation. pour déterminer les coordonnées de ce point. Chacune de ces 12 cartes a été ( I20I ) l'objet d'une recherche indépendante. Voici les résultats : Observateurs. W. Gvllenskiold. C.-G. Fineman. C. Charlier. A. Schullz-Steinheil. Ad. Meyer, S. Petlerson. Temps Nombi-0 ( jipproxim. ). d'olisorvations. pr-clinaisoii. A\. Il Ul 6.i5 34 0 444 0 23,7 fi.5o 49 44,-^ 22,3 7 . 3r> 48 44,^ 21 ,0 lO. o 21 45,9 9.5,6 6.5o 62 4. ,5 22,6 8.3o 37 44,9 21,1 io.3o 27 45,4 21,7 7.45 42 45,0 23,4 10. 3o 74 45,5 24,6 1 1 .3o •7 47,3 23,9 9. 0 ■ 5 4-j,5 25,2 8. 0 38 46,4 22, I 4.6i U,8 23,1 » 3. Eléments elliptiques de l'orbite. — En admettant que l'essaim d'étoiles filantes ait fait deux révolutions depuis l'apparition de 1872, hypothèse admissible au moins comme première approximation, on peut facilement calculer la durée do la révolution. En effet, nous avons trouvé plus haut, pour le temps du maximum de fréquence, i885 novembre 27, 7'' 2g'", 8 T. m. d'Upsala. Selon M. J. Schmidt, directeur de l'observatoire d'Athènes ( ' j, on avait (1872) le temps correspondant 187! novembre 27, 8'' 20™, 6 T. m. d'Upsala; d'où, temps de révolution, 2373J""'%g6', ou presque exactement 6""%j. •1 Cette valeur, combinée avec les coordonnées du point de radiation, a=-(-23",i , o =-|- 44°, 8, et avec la position de la Terre dans son orbite, donne les éléments suivants. Dans ce Tableau, nous avons inséré les derniers éléments de la comète de Biela, calculés par M. Hubbard en i8à2 (-). liléments. lissaims. Biila. a 3,482 " i i3%5o 1 2° 33' 19" a ■45», 7 1 245''5i'28" TT ioS'%71 109° 8'iC" e 0,7494 o',755S65 ? 0,8732 0,860632 Périhélie i885. Dec. 26 ,6 i852. Sept. 22, 22'' 4?'" 46' ^') \o\r /tstroiiomisc/ie Nacfuichten^ n" i9l6; 1873. -) HouzEAU, J iiile-mecnm de l'Astronome, p. 776. Bruxelles, 1882. ( I 202 ) n On voit que les élémeiUsde l'essaim en question et ceux de la coniètede Biela sont presque identiques. " M. PiiiPsoN écrit de Londres : « J'ai pu observer le ciel dans le voisinage d'Andromède, dans la soirée du 27 novembre, afin de compter les étoiles filantes que l'on suppose dues à la comète de Biela. De S*" à S^'ao"' j'ai compté 91 étoiles, la plupart fort petites et à queue très courte, mais 6 à 8 assez grandes et très brillantes. De temps en temps, deux ou trois tombaient au même instant, quelquefois dans des directions opposées et d'autres fois à peu près dans la même direction. Une fois, deux étoiles ont par- couru ensemble une vingtaine de degrés ou plus, tout à fait parallèlement l'une à l'autre. « Cette observation montre que les étoiles tombaient à raison de 2^3 par lieure. (A 8'' 3o'" le ciel, à Putney, près Londres, devint voilé.) Elle montre ainsi que le nombre d'étoiles, en cette occasion, était, pour le temps d'observation, aussi conside'rable que pendant l'essaim du i3-i4 novembre 1866, décrit dans ma ?s"ote publiée dans les Comptes renflas el plus tard, avec détails, dans V Appendice de mon volume publié en 1867 (p. 238) ; mais, excepté pour quelques cas isolés, les étoiles filantes étaient loin d'être aussi brillantes qu'en 1866. » De 9'' 20"' à 9'' 3o'", pendant dix minutes, il m'a été possible d'observer encore, mais avec un ciel un peu nuageux (et à peu près voilé à f)''3o"'). Dans cet inter- valle de temps j'ai compté 27 étoiles, soit à raison de 162 étoiles par beure. » Ces étoiles partaient toutes du voisinage de la constellation d'Andromède, mais elles présentaient deux couleurs, vert jaunâtre ou vert bleuâtre, et rouge ou rouge jaunâtre. Celles qui étaient rouges piéseiitaient une sorte de scintillation, comme si le météore en tombant tournait sur Ini-nième en décrivant une série ra- pide de petites courbes paraboliques. » Le P. Denza jtdresse, de l'observatoire de Moncalieri, la Note stiivante (communiquée par M. Fave) : « Des télégrammes et des relations que nous avons reçus, il résulte que le plié- nomène a été remarqué dans toute l'Italie, depuis les Alpes jusqu'à l'extrémité de la Sicile, et qu'il s'est produit partout sous les mêmes formes. Il a commencé à la tombée du jour. A Tarente, à 5'' du soir, les éioiles filaient en lignes si compactes, qu'elles perçaient de temps en temps l'obscinité déjà avancée de la nuit. A Païenne, quelques-uns de mes anciens élèves ingénieurs ont compté 4600 météores de 5''i5"' à 6 '3o"'. A celle beure, la pluie météorique se manifestait en plusieurs autres en- droits avec une abondance tout à fait surprenante. ( i2o3 ) » Dans noire observatoire de Moncalieri, on commença à explorer le ciel à 6^ du soir (temps moyen de Rome). Nous avons suivi la méthode que j'avais employée en 1872; les observations actuelles peuvent, en conséquence, être comparables avec celles d'alors. Comme j'ai eu déjà plusieurs fois l'occasion d'exposer celte mé- thode, je crois à propos de ne pas la décrire ici. Je me bornerai à rapporter les résultats obtenus à Moncalieri de quinze eu cpiinze minutes, et, afin de mieux éclaircir ma relation, je vais donner un Tableau, dont la seconde colonne indique le nombre des observateurs chaque quart d'heure et la troisième l'état de l'atmo- sphère, en dixièmes de ciel libre. La quatrième colonne indique le nombre des météores réellement comptés, et la dernière le nombre supputé des étoiles, c'est-à-dire le nombre qu'on aurait dû avoir si les observateurs eussent été tou- jours au nombre de quatre et que le ciel eùl été toujours serein. Durée Nombre Dixièmes ,t , ■ , , , rSombre des météores de des de ,^ ^^, robservalîon . oliservatetii-s, ciel déeoiiM'rt. observé. calculé. h m II iii De 6.00 à 6. i5 2 10 2800 56oo 6.1 5 6.3o . -1 10 3 100 6200 6.3o 6.45 2' 10 3400 6200 ti.45 'j .00 3 10 4^"'^ (")ooo 7.00 7.15. 4 ' O 3200 620Q 7.15 7.80 4 7 35oo 5<)oo 7.30 7 4'' 3^ 7 3ioo 4900 7.45 8.00 4 7 2200 4^°" 8.00 8.1 5 4 7 3roo 440" 8.1 5 8.3o \ 7 1700 2400 8.3o 8.15 \ 6 i3oo p.Soo 8.45 9-00 4 5 1000 2000 y. 00 <).i5 4 ^^ ^00 1600 9.15 9 • 3o 4 4 ^00 I joo 9 . 3o 9 ■ 4^ 4 4 5oo ' ■ïoo 9.45 10.00 3 3 234 1000 10.00 10.08 4 3 3"' 1000 4i'.8'" 39546 62300 » Le ciel fut obscurci h i o''8"' par un épais brouillard, qui le déroba à nos yeux toul le reste de la nuit. Ailleurs aussi, de noires vapeurs voilèrent le ciel à la même heure, et même avant. Seulement, dans quelques localités de montagne eldu midi, où le ciel se conserva serein jusqu'à l'heure la plus reculée de la nuit, on affirme d'un commun accord qu'à 11'' le phénomène était presque terminé. Les observa- lions que nous avons faites dans les deux soirées suivantes, du 28 et du 29, nous conduisent à un résultat identique. » Eu 1872, nous avions compté 33 000 étoiles dans l'esjjace de six heures ; celte ( I2()4 ) fois, quoique les observateurs ne fussent pas toujours au nombre de quatre comme à cette époque, nous en avons compté 89 000. » En 1872, l'abondance des étoiles atteignit son maximum entre 7''45"' et 8''i5'"; cette année, au contraire, le maximum avait déjà commencé quand le phéno- mène put apparaître, ainsi que le prouvent les nombres calculés à Moncalieri dans les deux heures, nombres qui sont presque constants. Beaucoup ont assuré que, dès la nuit du 26 au 27, ou vil une grande foule de météores sillonner les airs; ici, le ciel était cliargé. Les observations des régions orientales répandront plus de lumière sur ce sujet. En 1872, nous étions toujours au nombre de quatre observateurs et nous comp- tâmes 18 600 étoiles filantes pendant les deux heures voisines du maximum, tandis que, cette fois, dans le même temps et presque toujours au nombre de deux ou trois, nous sommes parvenus au chilîre imposant de 29800. Nous nous hâtons cependant de dire que tous ces chiffres ne donnent qu'une estimation approxima- tive de l'apparition, puisque, pendant ces deux heures, on ne comptait guère chaque météore, mais les groupes d'étoiles seulement (et pas même tous), qui se succé- daient presque sans interruption. v) Par conséquent, les résultats obtenus pendant ce temps ne représentent que la cinquième ou la sixième partie, et peut-être sont-ils inférieurs à la réalité. Je crois donc ne pas m'abuser en affirmant que le nombre des étoiles apparues dans la durée de nos observations n'a pas été au-dessous de i5o 000 à 160 000. » Le spectacle qui s'offrit à nos yeux pendant les deux premières heures du maximum était surprenant, et tel qu'on arriverait dillicilement à le décrire. De toutes les parties du ciel, il pleuvait des masses d'étoiles semblables à des nuages cosmiques qui se fondaient. Elles étaient suivies de traces lumineuses; et beaucoup de ces étoiles surpassaient celles de première grandeur; quelques-unes même étaient de véritables bolides. La marche était généralement lente, et la couleur prédominante était le rouge, produit par les nombreuses vapeurs éparses dans l'atmosphère. Les météores les plus voisins des régions radiantes étaient très courts : plusieurs n'étaient que des points brillants, par la loi de perspective. » La plus grande partie jaillissait de la région même d'où elles irradiaient en 1872, entre Pcrsée, Cassiopée et Andromède. On ne distinguait aucun centre se- condaire, comme dans les soirées ordinaires de plus grande aftluence. » J'ai mis tous mes soins à déterminer exclusivement la position du radiant, ce qui ne présentait aucune difficulté. Voici de quelle manière : j'en fixai attentivement la position approximative, et ensuile je traçai sur le papier la trajectoire dequel- ques-uns de ces météores qui se détachaient autour de ce point. J'achevai de cette façon presque 190 trajectoires, dont chacune en représente une infinité d'autres, qui suivaient le même chemin. En partageant ces trajectoires en trois groupes^ j'ai obtenu les trois positions suivantes : ( 2o5 ] I FiAdiant. h A 7.35 K = 7.2 iî = +44 A 8.2.0 « = 26 ^— + 43 A 9. 8.... a = 28 5 = + 43 » Ces points sont compris entre «y et y trAndromède, et le troisième point est tout près de cette dernière étoile. » Mon savant collègue, M. Schiaparelli, a obtenu pour résultat : A 6.35 Kr=i5 'J = + .45 A7.I2 «=l8,5 iît=:+44 A 8 . 7 a = ?.3 0 = + 4?- » En résumé, l'abondance des météores observés cette fois est la même que l'on avait constatée en iSSp et en 1872 : elle se présente avec un intervalle de treize ans, qui correspond à la double période de la comète Biela-Ganibart, avec laquelle cet essaim météorique a des relations immédiates. » Le P. Jehl adresse, de l'observatoire de Grignon(Càte-d'Or), une Noie qui est transmise par le P. Lamey, et dont nous extrayons les détails suivants : « A la tombée de la nuit, h mesure que l'obscurité devenait plus complète, on voyait les météores se succéder avec rapidité. De 4'' 55™ à 6'' environ, nous en avons compté jofi; de6''à6''ii)", le nombre s'est augmenlédeaoo, ce qui donne un total de 700 apparitions bien constatées dansTinlervalle de i '' 20'". Nous n'étions pas trop de quatre pour les compter et une cinquantaine au moins a dû nous écbapper, au témoignage d'un cinquième observateur, qui surveillait de temps en temps la ré- gion sud du ciel, à laquelle nous tournions le dos. L'observation était du reste très gênée par les nuages. Dans les instants les plus favorables, il n'y avait pas plus d'un cinquième ou d'un sixième du ciel de découvert; la région du zénith était peut-être la plus riche en météores. Du côté de l'ouest, le ciel a presque toujours été couvert.... Il est difficile de calculer quel eût été le nombre horaire dans de meilleures conditions de visibilité; mais il est évident qu'il eût été de plus d'un millier. » Le point radiant, quoique difficile à déterminer, devait se trouver un peu à l'est du zénith, à peu près dans la position suivante : I^ = 23*" et cD = 43". Ces corps se dirigeaient principalement vers le nord-nord-est, le nord-nord-ouest et l'ouest. Ces météores se présentaient souvent plusieurs ensemble et un peu par groupes de 4 à 5, visibles quelquefois simultanément-, ces groupes manifestaient des recrudescences très notables. » Leur durée de visibilité était en moyenne de deux à quatre secondes et la longueur de leur trajectoire, surtout pour les principales, de 10" à 25". 1) Les plus beaux de ces corps, supciieuis en éclat aux étoiles de i'* gran- deur, étaient d'une couleur forlemeiit rougeàtre et laissaient ordinairement après eux une traînée lumineuse de même couleur. Les étoiles filantes de i' et 3"' aran- deur m'ont paru au contraire Llancliàires et un peu nébuleuses. » ... L'observation actuelle montre donc qu'un essaim météorique continue à parcourir l'orbite de l'ancienne comète de Biela, et qu'il n'a peut-être rien perdu de la splendeur avec laquelle il s'est manifesté en 187a ('). » Depuis trois jours la température s'est maintenue fort douce : le minimum moyeu a été de + 8". Il faut remonter jusqu'au !'■ octobre pour trouver une température comparable. » M. J. BviLLS écrit, de Toulon, le 28 novembre (Lettre transmise par M. Lœwy) : a Vers 6'' du soir, le phénomène avait déjà atteint son maximum d'intensité, car il n'a fait que décroître à partir de ce moment. » Le centre de radiation était situé par 42"2o' déclinaison boréale et i8"45''^; je ne pense pas qu'il y ait un degré d'erreur dans ces chiffres; voici d'ailleurs les repères qui ont servi à les fixer : » Ils ont été obtenus, non seulement par des centaines de trajectoires, mais encore par des vérifications plus précises, qu'il n'est pas inutile d'indiquer. Dans le grand nombre de ces trajectoires, quelques-unes coupaient exactement des ali- gnements d'étoiles connues telles que : a. Triangle — a Bélier, a Andromède — x Algol. y. Aiulromède — z Pégase. » La ligne a Cassiopée — a Bélier coupait le centre. )) Enfin, après avoir ainsi reconnu le centre d'émission, j'ai essayé, pour véri- fication complète, de surprendre le cas particulier du météore sans trajectoire ap- parente. En une heure et demie, le fait s'est produit rigoureuseinent deux fois, et eincj autres fois dans des limites très approchées, c'est-à-dire la trajectoire n'em- iirassaut pas 1" d'étendue, bien que la duiée fût très appréciable. (') On se souvient que M. Pogsnn, prévenu par le télégraphe de l'apparition qia venait d'émerveiller l'Europe, découvrit de son observatoire de Madras une comète assez belle près (le d Centaure, précisément au point de convergence de l'essaim météorique. Malheu- reusement une troisième observation de la position de l'astre, nécessaire ])oiir en déter- miner l'orbite, n'a pu être effectuée. La question reste donc sans solution eom])lète. Peut- être y aurait-il lieu, vu l'importance du sujet, de télégraphier cette fois encore à quelque observatoire de l'hénnsphète austral. i Ï207 ) » Le centre était extrêmement voisin d'une étoile de 4° grandeur, ou peut-être de deux étoiles de 5" se confondant à l'œil nu (je n'ai pas sous la main de Carte ni Catalogue qui puisse me fixer à cet égard). Il formait avec la base |3, y d'An- dromède un triangle isoscèle presque rectangle, très légèrement obtus. )) A 8'', j'ai clierclié à estimer grossièrement le nombre des étoiles filantes. Fixant les yeux sur le centre d'émission, mais de manière à percevoir toute lueur dans le champ de vision, soit 45° environ autour de ce point comme pôle, j'en ai compté 4oo en treize minutes. Répétant l'observation à 8''3o'", dans des condi- tions meilleures (en rase campagne), j'ai compté le même nombre en douze mi- nutes ; mais déjà le phénomène était en décroissance marquée. J'estime qu'un peu après 6^ la moyenne devait être à peu près double, c'est-à-dire de 4 par seconde pour tout le ciel. » La radiation n'était pas uniforme, mais bien par gerbes de 4^8 étoiles simul- tanément, toutes les deux ou trois secondes. » Le centre est resté identiquement au même point sidéral pendant toute la durée du phénomène. » Cette pluie d'étoiles est évidemment la même qui a été déjà observée le 27 no- vembre 1872. Le centre ne parait pas avoir sensiblement varié, » Le passage de la Terre dans ce milieu cosmique, dont la plus grande partie est peut-être à l'état de brume sèche, pourrait expliquer la douceur exceptionnelle de la température dont nous jouissons depuis quelques jours. » M. G. Rayet adresse, de l'observatoire de Bordeaux, la Note suivante (communiquée par M. Mouchez) : « La pluie d'étoiles filantes a commencé dès le coucher du Soleil : de ô*" à 7"^, l'un de nous a pu, à Bordeaux et malgré l'éclairage des becs de gaz, en compter environ 45 par chaque période de quinze minutes. » A partir de 8'', des observations plus suivies ont été faites à l'observatoire , elles ont donné les résultats suivants : Intervalle Nombre d'étoiles des observations. observées. État dn ciel. b m De 8. 3 b m à 8.18 65 Brumeux. 8.18 8.33 9.56 Beau. 8.33 8.40 2.2 Le ciel se couvre. 9. 0 9.15 89 Brumeux. 9.45 10. 0 18 Brumeux. 10. 0 10. i5 44 Assez beau. 10. i5 10. 3o 36 Beau. La Lune se lève. 10. 3o 10.45 22 Assez beau. La Lune est levée. G. R., i885. , 2« Semestre. (T. CI, N° Î43.) 167 ( 1208 ) » Ces nombres tendraient à faire penser que le maximum du phénomène a eu lieu vers 8''3o'"; mais ils ont été oblenus dans des conditions trop défavorables pour autoriser une pareille conséquence. L'impression unanime des observateurs est, au contraire, que le maximum de fréquence s'est produit entre 6'' et j^. » Le fait le plus remanjuable est la présence d'un nombre inusité d'étoiles de i" et de 'a' grandeur, et la faiblesse des vitesses apparentes. Les étoiles étaient presque toutes blanches, avec traînées orangées et assez persistantes. Comme tou- jours, les étoiles se montraient par groupes et tombaient comme par ondées. » La zone radiante nous a paru avoir pour centre un point situé entre l'amas de Perséeet y d'Andromède, par i''54" d'ascension droite et 46° de déclinaison. » Le phénomène a été moins brillant qu'au 27 novembre 1872. » L'origine des étoiles filantes du 27 novembre i885 ne peut être douteuse; elle doivent être attribuées à la comète de Biela, et il est à remarquer que, entre le 27 novembre 187a et le 27 novembre i885, il y a un intervalle de treize ans, égal à deux fois la révolution sidérale de la comète. « Aucune étoile Giante n'a été observée le 26; le 28, le ciel a été couvert. M. Mouchez, après cette Commutiication, fait connaître qu'on s'était préparé, à l'observatoire de Paris et à celui de Montsouris, à observer et photographier le passage des étoiles filantes du 27 novembre; malheureu- sement le ciel, complètement couvert depuis plusieurs jours, n'a permis de rien voir. Dans les autres parties de la France oti l'état du ciel a été lavo- rable, ce phénomène a été parlout observé et signalé; mais aucune autre observation régulière et utile que celle de Bordeaux n'est encore par- venue à l'observatoire de Paris. M. Ch. André écrit, de l'observatoire de Lyon (Rhône) (Lettre com- muniquée par i>l. Wolf) : « Le ciel était très défavorable; à part une petite éclaircie relative, à la chute du jour, le ciel a été couvert. » Dans cette éclaircie, de 6'' à 6'' 20"', l'averse de météores était très abondante (de 6''5"' à 6^'6"' j'en ai compté 2o3) et le point radiant était voisin de y d'An- dromède. » A i"", le ciel était devenu clair, mais l'averse avait complètement cessé. )> M. Lephay, lieutenant de vaisseau, à bord de la Fénus, écrit de Pirée (Grèce), ie 28 novembre (Lettre communiquée par M. Lœwy): « A 6^, la quantité d'étoiles filantes visibles était déjà très considérable, bien que le ciel fût à moitié couvert. Vers 7*', les derniers nuages s'étanl dissipés, ( I209 ) le phénomène apparut dans tonte sa splendeur, et nous eûmes alors jusqu'au lever de la Lune, vers 1 1**, le magnifique spectacle d'un véritable bombardement de notre globe pariine quantité innombrable d'astéroïdes, dont plusieurs étaient de remarquables bolides. » Je ne crains point d'exagérer en disant que, pendant les cinq heures comprises entre 6'' et ii'' du soir, plus d'un million d'astéroïdes ont laissé leur trace lumineuse sur la partie du ciel visible au-dessus de notre horizon. En effet, plusieurs observateurs étant réunis, nous avons constaté que, dans l'espace à'uTie seconde, on comptait en moyenne au minimum 4o à 5o étoiles filantes au- dessus de l'horizon, soit 180000 environ par heure. Et, d'après le témoignage de plusieurs officiers qui l'ont étudié avec moi, ce remarquable phénomène s'est continué avec la même intensité pendant cinq heures. » A certains instants, il jaillissait littéralement, sur un espace de quelques degrés du ciel, des fusées ou gerbes de 6, 7 ou même 10 étoiles filantes. On avait alors l'impression véritable d'un feu d'artifice, » Le fait le plus remarquable a été la façon très nette dont divergeaient toutes les trajectoires, d'un point situé à très peu près à mi-distance entre y et y) d'An- dromède. Le point radiant de cet essaim si important d'astéroïdes correspondrait donc parfaitement avec celui qui est indiqué sous le titre VIII dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes, et que l'on pense être en connexion avec la comète de Biela-Gambart. » Aujourd'hui même, où la soirée est très belle (i i**), le ciel ne donne presque lieu à aucune observation d'étoiles filantes. » M. AIaxime Oget écrit d'Adelia, en Algérie (Lettre communiquée par M. Lœwy) : « Ce n'est qu'à j'', c'est-à-dire deux heures après le coucher du Soleil, que le phénomène attira mon attention. Deux courants principaux, ayant pour point de partage Cassiopée, Persée, le Cocher, voire même les Pléiades, lequel point parais- sait avoir une largeur de plusieurs degrés, se dirigeaient l'un du sud au nord, l'autre du nord au sud. Je n'ai pas vu un seul météore suivre la direction contraire dans l'un ou l'autre courant. Quelques-uns seulement obliquaient légèrement vers l'est ou l'ouest. Je ne crois pas m' écarter de la vérité en portant leur nombre, en moyenne, à 4o ou 5o par seconde. Il a dû. atteindre parfois le chiure de 100 et plus. Leur marche était rapide, et, en général, leur trajectoire peu étendue. Un certain nombre brillaient d'un assez vif éclat, et laissaient une traînée lumi- neuse d'un rouge sombre. A 1 1"*, l'averse avait cessé en partie. » Ce qui me frappa plus que le phénomène lui-même, c'est que, pendant toute la durée, le ciel, quoique dégagé de nuages, resta constamment couveri d'une couche de vapeur, qui ne laissait voir que les étoiles des trois premières grandeurs. ( I2IO ) Celle couche se dissipa quand cessa le phénomène, el les éloiles brillèrent alors d'un éclat inaccoutumé dans nos latitudes, car, à Paris et dans le nord de la France, j'ai remarqué que leur éclat et leur scintillement sont beaucoup plus vifs qu'en Algérie. 1) Si ce flux de météores provient réellement de la décomposition de la comète de Biela, les astronomes devront donner la raison qui fait scinder ainsi, en deux courants opposés, la trajectoire des courants de corpuscules. « M. Ch. Contejean écrit, de Poitiers (Lettre communiquée par M. D.ui- brée) : « Vers 6^20™, le ciel était absolument sillonné de traînées de feu, toutes descendantes, et rayonnant, même celles qui s'allumaient assez bas sur l'horizon, aiuour de la constellation de Persée, un peu au-dessus de la Poignée du Sabre, m'a-t-il semblé. Les trajectoires étaient rectilignes, sauf une seule, qui marqua, presque au zénith, un sillon tordu comme un S majuscule » M. C. Flammarion adresse les documents suivants, extraits des observa- tions qui lui ont été transmises : « Qu'il me soit permis de signaler d'abord les observations dues aux Sociétés scientifiques Flammarion, de Marseille, de Bruxelles et Jaën (Espagne). De ces trois points, si éloignés l'un de l'autre, on s'accorde à constater la magnificence du phénomène, et à fixer vers 6'' (temps moyen de Paris) l'heure du maximum. » M. Bruguière, président de la première de ces Sociétés, m'écrit qu'en com- pagnie de IMINL Bressy, Codde, Lihou et Vian, il a compté environ 4ooo étoiles en dix minutes, émanant de trois radiants, le plus important voisin de y d'Andro- mède, le second au nord de cette étoile, et le troisième voisin de « Persée, le tout situé à peu près au zénith vers l'heure du maximum. Le président de la seconde Société, M. Vuilmet, écrit qu'à Bruxelles le spectacle a été merveilleux; que, vers 6'', le ciel était littéralement sillonné et que, montre en main, une seule per- sonne pouvait en compter 160 par minute pour un quart du ciel. )) De Saint-Pons (Ardèche), M, Ginieis a placé le radiant principal, vers 6'', à i''4o™ d'ascension droite et 45" de déclinaison boréale. » De Saint-Germain-des-Fossés (Allier), INI. Lemosy a placé ce radiant un peu à l'ouest de y d'Andromède. » A Orange, M. Tramblay écrit que la pluie commença pendant le crépuscule, dès 4''3o"', c'est-à-dire dès le moment où l'obscurcissement de l'atmosphère permit la visibilité, et qu'à ô*", à la nuit presque close, on pouvait compter 20 météores par seconde, de la i" à la 5° grandeur inclusivement. Cet observateur fixe le point ( I2II ) radiant à 2''2" d'ascension droite et 4i° de déclinaison. Le phénomène, qui avait certainement commencé pendant le jour, a diminué graduellement pour s'évanouir vers minuit. » A Dax (Landes), M. Tliore a déterminé, vers S*", le point radiant à i''2o'"et 41°, à moitié de la distance de 7 à v d'Andromède. » De Dieuletit (Drôme), 1\L Coueslant écrit que le phénomène a causé une grande émotion dans la conlrée, que le peuple craignait de voir tomber toutes les étoiles du ciel et ne fut rassuré que lorsqu'on lui montra que les astronomes avaient annoncé cette averse d'étoiles. 1) M. Denning, à Bristol, place le radiant à 23" en M. et 45° en (D, celui de la comète de Biela devant être, d'après le calcul, par 24" et 42" (accord remar- quable). » M. Arcimis écrit de Madrid qu'il a compté environ 5o étoiles par minute pendant l'heure du maximum et qu'autour de lui l'étonnement public voyait un rapport entre ce mystérieux phénomène et la mort du roi, arrivée le 25. » M. G. Hermite, observant sur une montagne, aux environs deLocle (Suisse), a compté jusqu'à 3o étoiles par seconde au plus fort de l'averse; à y*", le centre d'émanation s'est déplacé parmi les constellations, s'est porté sur les Pléiades et est revenu vers Andromède. )> De Liège, M. Hébert a vu l'une des étoiles filantes arriver vers l'étoile 41 du Bélier, dévier en sinuosité et laisser une traînée lumineuse qui persista pendant douze minutes. M. Dupuy a fait la même observation à Nyons (Drôme). » A Prague, M. Zenger a compté i4ooo étoiles filantes de 7'' à S"" et relève un accroissement de température de 4"? 8 à 10", 9 (maximum de deux heures) du 26 au 7.y. » D'Alger, M. Duprat écrit que le phénomène avait commencé dès le 26. » De Tunis, M. Portanier signale le maximum vers y^k la nuit tombée, et fait part des craintes des populations. » De Suez, M. Borghetti expose que les étoiles semblaient tomber du zénith comme de la neige. )) De Constanlinople, M. Mavrogordato nous mande que la pluie d'étoiles y a été observée, ainsi qu'à Athènes, Smyrne et Jérusalem, le maximum ayant eu lieu dans la soirée, entre 7'' et 9'' et le point radiant étant y d'Andromède. » Des observations analogues, sur la magnificence de cette pluie d'étoiles et sur la position du point radiant, sont adressées par un grand nombre de correspon- dants. Nous citerons principalement MM. Lange de Ferrières, à Rupt, par Scey- sur- Saône; Courtois, à Muges (Lot-et-Garonne); Haizeaux, à Guincourt (Ardennes); Riveau, à Genouillé (Charente-Inférieure); Tedesche, à Aubenas (Ardèche); Bachelier, à Civray (Vienne); Rouchet, à la Roche-sous-Briançon (Hautes-Alpes); Gully, à Rouen; Michel, à Mane; Bougé, à Nantes; Hillaire, à Vendeuvre (Vienne); Arnoye, à Montauban; Perrolet des Pins, à Cheval-Blanc ( I2I2 ) (Vaucluse); Alcibiade Mathieu, à San-Remo (Italie); Junod, à Sainte-Croix (Suisse); Comas, à Barcelone 5 etc., etc. » M. J. Vingt transmet à l'Académie les noms d'un certain nombre de correspondants qui lui ont adressé des descriptions détaillées du phéno- mène : «MM. Stammler, à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes); R. Guérin, à Marseille; Clément-Saint-Just, à Avignon; E. Lef'é, à Tours; Leconte, à Tatin- ghem, près Saint-Omer (Pas-de-Calais); Michel, à Vierzon (Cher); Jean Roger, à Fontcouverte, par Moux (Aude) ; Cornillon, à Arles-sur-Rhône; Léon Arnoye, à Montauban; H. Courtois, à Muges (Lot-et-Garonne); Lory de Luet, à Bruxelles; Gallet, à Lorient; Pujos-Capet, à Eauze (Gers): A. Pelletier, à Porl- Navalo (Morbihan). » A 5 heures , l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. J- B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reços dans la séance dd 7 décembre i885. Ministère du Commerce. Service de la statistique générale de France. Annuaire statistique de la France; huitième année, i885. Paris, Impr, natio- nale, i885; in-8°. Mémoires delà Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève; t. XXIX, i"^* Partie. Genève, Cherbuliez et H. Georg, i884-i885; i voL in-4°. Mémoires du Comité géologique ; vol. I, n° 4; vol. II, n" 2; voL III, n" i. Saint-Pétersbourg, i88d; 3 fasc. in-4''. Analyse des mélasses et de matières sucrées au point de vue de la sucraterie et de la distillerie. De l'existence d'un sucre optiquement neutre et de ses dérives dans la mélasse et dans les produits sucrés en cours de travail dans la fabrication et le raffinage des sucres; par U. Leplay. Paris, P. Dubreuil, i886-, in-S**. (Présenté par M. Peligot.) ( I2l3 ) Assainissement des villes par l'eau, les égouts, les irrigations; par A. Mille. Paris, Y'*" Dunod, 1886; in-8°. (Présenté par M. Daubrée.) Législation sur les logements insalubres. Traité pratique; par G. Jodrdan. Paris, Berger-Levrault, 1886; 1 vol. in-12. Etude sur les projet de revision de la loi concernant les logements insalubres ; par G. JouRDAN. Paris, Ber^er-Levrauif, i883; br. 111-8". L'assainisement de Paris; par G. Jourdan. Paris, Berger-Levraull, i885; br. in-8°. (Ces trois Ouvrages sont présentés par M. le baron Larrey, pour le Concours des Arts insalubres.) Le permien dans la région des Vosges. Les roches basaltiques de la cùle d'Es- ser. Diabase andésitique et gabbro labradorique à structure opliitique dans le lins moyen de la province d'Oran; parCa. Vélain. Lagny, impr.. F. Aureau, i885; in-8°. (Présenté par M. Hébert.) Les cataclysmes volcaniques de i883: Isciùa, Krakatau, Alaska. Conférence faite à la Sorbonne; par M. Ch. Vélain. Paris, Gauthier-Yillars, i885; br. in-8". (Présenté par M. Hébert.) Rapport sur les travaux : ï° du Conseil central d'hygiène publique et de salu- brité de la ville de Nantes et du département de la Loire-Inférieure; 2° des Con- seils d'hygiène des arrondissemerrts; 3° des médecins des épidémies, etc., pendant Vannée i%?,l^, présenté à M. A. Catiisse, préfet delà Loire-Inférieure. Nantes, impr. C. Mellinet, i885; in-S". Les cimetières depuis la fondation de la monarchie française Jusqu'à nos jours. Histoire et législation; par le D'^ Gannal. 3* et 4« fascicule. Paris, Muzird et fils, i885; in-8''. Etudesur les carbonates neutres de magnésie. Thèse par M. R. Engel. Nancy, impr. Berger-Levrault, i885; in-4°. Bulletin de l'Ecole supérieure des Sciences d'Alger; i" fascicule, 1884. Alger, A. Jourdan, i884; in-8". Sur les progrès de la science électrique et les nouvelles machines d'induction; par S. Boulanger. Paris, Gauthier-Villars, i885; in-S". Note sur la graduation solaire, etc.; par Boiii M. Lamet. Chambéry, iinp. Châtelain, 188 5; br. in-8°. Sur les travaux exécutés à l'observatoire de Grignon [Côte- d' Or) en i884; 2" Notice, par DoM Lamet. Karlsruhe, i885; br. in-8°. Sur les apparences physiques de la planète Uranus en mars, avril et mai i885 ; par le P. Lamey. Paris, Gauthier-Villars, i885; in-4°. Jeta maiheniatica. Journal rédigé par G. Mittag-Leffler ; t. VH, n"' i ( I2l4 ) et 2. Stockholm, Beijer; Paris, Hermann, i885; aliv. in-4°. (Présentées par M. Hermite.) DieLehre von der E leklricitdt ; von G. Wiedemann; vierter Band, I et II. Braunschweig, Fr. Vieweg, i885; 2 vol. in-8°. (Présenté par M. Mascart.) IheNaulical Almanac and Jitronomical Epliemeris for iheyear 1889. Lon- don, i885;in-8°. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI li DÉCEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. .lURIEN DE LA GRAVIÈRE. MEMOIRES ET COMMUN ICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Secrétaire perpétuel rappelle à l'Académie que la Séance pu- blique annuelle, pour la proclamation des résultats des divers Concours de l'année i885, est fixée à lundi prochain, 21 décembre. HYDRODYNAMIQUE. — Mouvements des molécules de l'onde dite solitaire, pro- pagée à la surface de l'eau d'un canal; par M. de Saint-Venant ( ' ). « 4. Suite. — On donne à l'équation (ta) une autre forme, en appe- lant A une quantité telle qu'on ait (i3) .^"- = g{R + h); ( ' ) Voir même Tome, p. 1 1 o i . Errata. — Numéro du 7 décembre, page iioT, lijjne 3 en remontant, iv', lisez »■, ; jdem, ligne 5 en remontant, s'accroît, lisez est prise; jiage 1104, ligne i3, même ilegré, lisez même premier degré; page i [o5, ligne 8 en remontant, li' x. Usez dx'-. G. R., i885, 2" Semestre. (T. CI, N" 2'<.1 1^8 ( I2l6 ) car les deux expressions comparées de m" changent l'équation (12) en Multipliant cette équation différentielle par 2 j^> puis intégrant en obser- vant que ^s'annule en même temps que Ç, on obtient (■5) m z-ç-[h- -ç w ' équation montrant déjà que la pente — de la surface fluide est nulle non seulement pour Ç = o, mais aussi pour Ç — fi, ce qtù prouve : » 1° Que l'onde est tout en relief sur le plan z = H, qui était la surface libre primitive de l'eau; )i 2" Que h est la hauteur du sommet de l'onde au-dessus de ce plan ; » 3° Que sa surface est symétrique de part et d'autre de l'ordonnée (^ z= hde ce sommet, puisque la pente -^ a des valeurs égales au signe près pour deux points où Ç a la même grandeur ; » 4° Que, comme on a ^ = o pour Ç = o, la courbe coupe de l'onde par le plan xz a pour asymptote commune à ses deux branches l'horizon- tale Ç = o ou z = H ; » 5° Que, comme on a — =0 aussi pour Ç = |A, cette courbe a deux inflexions à une hauteur f /i au-dessus de la même asymptote. » 5. Equation de cette onde en Z et X. Comme -^ {-] es\ = — — -— , on a, ' dx yç y ç2 dv ' eu égard à (i 5), » Si l'on différeiitie en x et si l'on divise ensuite par 2--^? il vient ' d.t: Ç une équation qu'on peut écrire d- / h 1 \ 3h / h I de- \K 2 y H-' \ ? - " dont l'intégrale, si l'on détermine les constantes en choisissant x = (,yt pour l'ab-scisse du sommet Ç = A île l'onde et de manière à vérifier (16), est ■coshyp\^^{x-c^t); h i i , . /3/1 = — I C 2 ?. ( 1217 d' ou X —=v/Sn[(^'-.)*v/(t -)"-]• formule qui peut servir à tracer la courbe. » 6. Trajectoires des molécules fluides pendant le passage de tonde. — Celles des molécules de la surface sont, ainsi qu'on peut le voir à V Essai sur la théorie des eaux courantes ( n° 162), des arceaux de parabole ayant une flèche A; leur cordeow double ordonnée horizontale sur le plan Ç =: o ou s =: H étant d'une longueur [\\/ ^^ » Les deux extrémités Ç = o de ces arceaux ne sont atteintes par l'onde qu'aux temps t=— ^ , t~-=-\- ^ . Mais le trajet d'une molécule entre deux points où roriJouiiée Ç est iinie, par exemple seulement entre Ç = 3/2 et Ç = /^, a lieu dans un temps généralement très court. !> Pendant que l'onde passe, les molécules de l'eau inférieures parcourent aussi des trajectoires paraboliques de même corde ou double coordonnée horizontale 4\/-^' mais dont les flèches ainsi que les coordonnées verti- cales sont moindres que celles du haut, dans le rapport, -^5 à la profon- deur primitive H, de la hauteur z, au-dessus du fond, de leur corde. Fond du Canal j « lO/ » 7. Représenlaiion de la inaiclie de i'onde. — Sur ia hgure ci-jouile, les cinq courbes allongées dont les sommets sont en S,, Sa, 83,8.;, S', et qui ont l'horizontale AaoOrt'„ A' pour asymptote commune, représentent, en coupe verticale longitudinale, la surface d'une même onde solitaire à cinq époques de sa translation de gauche à droite; translation purement apparente, puisque les molécules de cette surface ne font que parcourir, de ^ = — co à ^ = 30 , de courtes trajectoires en arceaux paraboliques a^aaiCi^. a\ a' a\, donl il vient d'être question au n° 6. » La même molécule de celte surface d'onde qui, à un temps infini en { I2l8 ) deçà de celui où elle occupe le sommet S3 ou a^, se serait trouvée en a^ sur son asymptote AOA', et qui, à la première des cinq époques désignées, se trouve en rt, à une hauteur ^A au-dessus de cette asym|)tote ou de la surface primitive Ç = o de l'eau, occupera successivement, aux quatre autres époques, après des temps finis et généralement courts, les autres points rt,, «2, a',, a' à des hauteurs \h, h, f/^, jh, mais n'arrivera en à^, deuxième extrémité de l'arceau, qu'au temps i = +=0 , si, fictivement, l'on imagine que l'onde dure sans altération jusque-là. » Il n'y a que les parties extrêmes, telles que a^a, a' d^ de la trajectoire, qui ne peuvent être parcourues que dans des temps infinis. Le reste, aa,ana\ a\ a', le sera généralement dans un temps très court, vu la gran- deur ordinaire de la célérité w (vitesse apparente) de propagation de l'onde, dont le carré est exprimé par la formule (i3). » Nous pensons que ces indications et tracés, dont les éléments sont dus à M. Boussinesq, en y joignant ce qui a été dit au n" 6 pour les trajectoires des molécules au-dessous de la surface lihre, et dont les flèches sont moindres que /;, suffisent pour donner une idée des mouvements des molé- cules fluides d'un canal au passage d'une onde solitaire dont la saillie h n'excède pas le tiers de la profondeur primitive H de l'eau; de même que les indiralions et tracés de mouvements déjà précédemment décrits, tels que ceux qui le sont par la planche finale du Mémoire de 1869, cité au n° 1 [Ondes périodiques {Savants étrangers, 1872)], donnent clairement ces mou- vements dans les ondes périodiques de la houle et du clapotis. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une méthode d'analjse applicable à des mélanges d'hydrocarbures de la série aromatique; par MM. C. Fiîiedel et J.-3I. Crafts. « Il existe, dans la série aromatique, quatre corps isomériques répon- dant à la formuleC^H'" : ce sont l'étliylbenzine et les trois xylènes. Tous les quatre peuvent prendre naissance dans une réaction que nous étudions depuis quelque temps, l'action décomposante du chlorure d'aluminium chauffé avec les hydrocarbures. Il se forme, par exemple (pour prendre l'un des cas les plus simples), quand on chauffe le toluène en vase clos ou même en vase ouvert avec le chlorure d'aluminium, une série de pro- duits commençant par la benzine et allant jusqu'à des corps bouillant au- dessus de4oo°.Le degré de complication moléculaire correspond, dans une ( '219 ) certaine mesure, à la température d'ébuUition des produits. Après avoir sépnré, autant que possible, ceux-ci par des distillations fractionnées, nous avons voulu examiner d'abord les corps les moins compliqués, qui sont, après la benzine et le toluène, ceuxqui distillent vers i38" et qui ont une composition répondant à la formule G" H'". Il s'agissait surtout de déter- miner si le toluène, chauffé à l'ébullition en vase ouvert, est en partie détruit avec formation des corps de la série grasse, éthylène, propylène et leurs homologues, ou bien si la réaction se borne à tin déplacement du mé- thyle dans le toluène suivant la réaction 2 G" IP CH» == C H" H- G» H" (GIF)-. » Nous avons démontré dans des recherches antérieures que l'éthylène se combine avec la benzine ou avec le toluène en présence du chlorui e d'a- luminium. Il résulte de là que laformation de l'éthylène dans cette réaction ne serait pas indiquée par le dégagement de ce gaz, mais par la présence de l'élhylbenzine et de l'élhyltoluène parmi les produits; par conséquent, dans le produit bouillant à 138°, nous avions à chercher l'éthylbenzine mélangée aux xylènes. » Nous rappellerons que la question est déjà résolue pour le cas où l'on chauffe le toluène en vase clos vers 200° avec le chlorure d'aluminium et que, dans ces circonstances, nous avons obtenu des quantités très con- sidéi-ables des benzines éthylées; mais, à une température inférieure, la décomposition du toluène est beaucoup moins complète, et l'on ne peut s'attendre à trouver qu'une faible proportion d'élhylbenzine mélangée avec les xylènes, et, pour arriver à déceler sa présence, il a fallu inventer un nouveau procédé d'analyse. Les meilleures méthodes de séparation employées jusqu'ici sont fondées sur les recherches exactes et minu- tieuses de M. Jacobsen sur les acides sulfoconjugués. Ges travaux ont donné le moyen de préparer en grand les trois xylènes, et une fabrique de Rostock les livre dans un état de pureté remarquable; mais ce pro- cédé qui opère par des cristallisations fractionnées est difficile à employer pour l'analyse d'une quantité restreinte de matière, quoiqu'il s'adapte bien à une fabrication continue, où les produits intermédiaires sont repris dans des opérations suivantes. Les anciennes méthodes d'oxydation des hydrocarbures donnent des produits caractéristiques, mais toujours avec de grandes pertes de substance, et, comme les hydrocarbures sont brûlés inégalement par les oxydants, on ne peut pas conclure de la quantité des acides obtenus à la proportion relative des hydrocarbures contenus dans un mélange. » Par le procédé que nous allons décrire, nous avons réussi à trans- ( I2 20 ) former chacun des corps isomériques G*H"* en des subitauces aiussi facile- ment séparables que la plupart des corps qui se présentent dans l'analyse minérale, et non seulement il n'y a pas perte de matière, mais les combi- naisons, qu'on dose finalement, ont de cinq à sept fois le poids de l'hydro- carbure employé pour l'analyse. » C'est eu nous servant de traitements méthodiques par le brome que iious avons transformé les hydrocarbures en produits sépambles. On petit faire l'analyse avec quelques décigrammes de matière; mais, quand l'éthyl- benzine est présente, il est préférable d'employer une quantité plus grande, allant jusqu'à 5^"". » Le brome aec, mélangé à i pour loo d'iode, transforme nettement les trois xylènes en corps tétrabromés, tandis que réthylbenzine forme un produit de substitution dibromé, de composition moins bien déterminée, mais capable d'être transformé par l'jiddition du brome en présence de bromure (ou de chlorure) d'aluminium en éthylbenzine pentabromée. La formation d'éthylbenzine pentabromée a été indiquée, par M. Gus- tavson, comme un exemple de l'emploi de son excellent procédé, pour bromer les hydrocarbures aromatiques; mais il n'a pas décrit ce corps. Il fond à i4i°j5; il cristallise en beaux prismes clinorhombiques et distille avec une décomposition très notable, sous la pression ordinaire; mais, sous une pression de o"',i6 de mercure, on peut le distiller sans décom- position. )> Il est soluble dans ii parties d'éther de pétrole à 20°, et le produit bibromé qui se forme par l'action du brome iodé est miscible presque en toute proportion avec l'éther de pétrole. » Les xylènes tétrabromés ont une solubilité beaucoup moins grande. Il faut environ 200 parties d'éther de pétrole pour dissoudre i partie de xylène tétrabromé. On les sépare de l'éthylbenzinede la manière suivante : » On ajoute au mélange des hydrocarbures environ dix fois son poids de brome, additionné de i pour 100 d'iode, et on abandonne le tout, pendant dix heures, à la température ordinaire; on enlève l'excès de brome avec une dissolution de potasse, on dessèche le produit brome, et on le lave avec de l'éther de pétrole, employé par portions successives jusqu'à ce que le produit extrait ail un point de fusion plus élevé que 240°. » On évapore l'éther de pétrole jusqu'à un commencement de cristal- libalion; on peut même continuer l'évaporation aussi longtemps que les xylènes tétrabromés qui se séparent ont un point de fusion élevé, et l'on peut calculer, d'après le coefficient de leur solubilité donné plus haut, ( Î22I ) le poids de la petite quantité de ces corps qui reste dans lo dissolution dont on détermine le poids. » Il faut encore doser l'éthylbenzine dans un état de combinaison bien défini. Après avoir évaporé la dissolution et chassé l'éther de pétrole, on mélange le produit partiellement brome avec quatre ou cinq fois son poids de brome, qui le dissout sans action chimique; mais, dès qu'on ajoute du bromure ou du chlorure d'ahiminium, on voit se dégager de l'acide brom- hydrique. Après quelques heures (on peut prolonger l'action jusqu'à douze heures sans inconvénient), tout l'hydrogène de la chaîne centrale est rem- placé par du brome, tandis que le groupe éthyle reste intact. On purifie par un lavage à la potasse, on fait cristalliser dans la benzine et l'on pèse l'éthylbenzine pentabromée. Il y a une correction à faire pour la petite quantité de xylène tétrabromé qui est resté mélangé avec l'éthyl- benzine, et un dosage de brome peut servir à contrôler les résultats et à calculer la proportion d'éthylbenzine pentabromée dans la substance pesée. » Nous avons trouvé par ce procédé environ lo pour loo d'éthylben- zine dans un produit bouillant vers i^']", obtenu en chauffant à iio° rien lant deux jours le toluène avec 20 pour 100 de chlorure d'aluminium, » On peut expliquer la production d'éthylène et de ses homologues par une condensation de méthylène qui serait dégagé dans la réaction ^aW'CW = aCH-'-f C=H'' et la formation d'éthylbenzine par la réaction étudiée par nous C«H«4-C-H' = C''H=C='H'. » Il nous parait probable que ces réactions ont lieu en présence du chlorure d'aluminium ; mais il est certain que ce corps exerce en même temps luie action plus énergique sur les hydrocarbures aromatiques, que le noyau C° H" lui-même est détruit et que le résultat de cette destruction est la formation d'une série. très compliquée d'hydrocarbures, dont l'étude est très difficile par les moyens d'analyse employés jusqu'ici. » Nous espérons pouvoir aborder bientôt la question de la com[)osition des produits ayant la formule C"H'- et qui sont isomériques avec le mési- tylène, et nous comptons aussi examiner quelques-uns des corps bouillant plus haut qui n'appartiennent pas à la série des homologues de la benzine. » Dans les opérations qu'on vient de décrire, on a choisi comme dissol- vant l'éther de pétrole bouillant à So^-go", parce qu'il dissout à peu près ( 1222 ) la même quantité des trois xylènes létrabromés et, par conséquent, leur proportion n'est pas changée dans le produit qui reste non dissous après traitement. Une portion de ce produit peut servira déterminer la quantité relative de chacun des isomères. » On pèse environ 2^' des xylènes tétrabromés ; on les enferme dans un tube scellé avec ao^'de brome et 20" d'eau. En chauffant pendant cinq heures à une température soigneusement maintenue à i6o"-i7o°, on transforme ces corps, absolument sans perte, en des acides phtaliques tétrabromés. L'acide orthophlalique remplit le tube de petites paillettes, l'acide para d'aiguilles, et l'acide métaphtalique reste complètement dissous dans l'eau acide chargée de brome. Il faut que les tubes soient chaulfés dans une posi- tion horizontale et nous avons maintenu la température exactement à 167° au moyen d'un appareil contenant du pseudocumène en ébullition. L'oxydation a lieu suivant l'équation C"Br^(CH*)- +6Br- + 4IPO = C«Br^(CO-H)- H- laHBr. » Nous avons contrôlé l'exactitude de notre supposition en dosant, par l'excellent procédé de M. Voliiard, l'acide bromhydrique formé. » Une destruction des acides par oxydation complète se trahirait par la présence d'acide carbonique dans les tubes. Nous avons constaté qne, s'il s'en forme, la quantité n'en dépasse pas o*^", 5. » Le Tableau suivant donne les résultats de plusieurs oxydations opérées sur les trois xylènes. On a pesé exactement 2^'', u, les deux centièmes du poids molécnlaire 422 du corps C^Il'Br". La première colonne donne la quantité de substance restant inallaquée, la deuxième, l'acide trouvé, et l'on voit que ce produit correspond bien avec la quantité théorique —2^',l\i. La troisième colonne donne les proportions d'acide bromhydrique formées, exprimées en molécules: Orlhoxylène tétrabi'omé .... RI' ( o,oo5 ( o,oo4 3,39 2,42 mol 12, l6 11,95 Métaxylène tétrabronié , ( o,oo4 ' ( 0 ,000 2,42 2,3Ç) 12,01 11,88 Pdraxyléne téu-abiomc ( 0,020 1 0,000 ■» 2,4, •'Î.94 11,76 » Parmi les méthodes d'oxydation qui ont été essayées, celle-ci est la seule qui agisse également sur les trois xylènes ('). C) M. Biiiinlt'iii [Bericlite, 1S84, |). 2492) a brome l'oitho.xylène on présence du bromure (ralmiiiiiiuiii, addition inutile et niènie nuisible dans notre procédé d\malyse, et il a oxydé ( 1223 ) » Les acides phtaliques tétrabromés sont des corps très stables, facile- ment cristallisables, qui se laissent séparer par des précipitations caracté- ristiques; mais les détails de ces opérations trouveront mieux leur place dans une autre publication. Nous ne pouvons mentionner ici que la faible solubilité de l'acide orthopbtalique tétrabromé (4oo parties d'eau à iS"). Sa f.icile précipitation et sa transformation en anhydride ou en imide ser- vent à le distinguer. » L'acide para donne un précipité avec les sels d'argent, tandis que l'acide meta ne se précipite pas. Ce dernier acide est beaucoup plus soluble dans l'eau que les deux autres; il est aussi plus facilement détruit dans plusieurs réactions. » Dans cette Communication, nous avons tenu surtout à insister sur ce fait que les acides phtaliques peuvent être obtenus exactement dans les proportions qui correspondent aux hydrocarbures isomériques pris pour l'analyse et que les opérations peuvent être exécutées avec de très faibles quantités de matière. » PALÉONTOLOGIE. — Sur de nouvtlles pièces qui viennent d'être placées dans la galerie de Paléontologie du Muséum. Note de M. Albekt tiAUDKY. « Comme presque tous les membres de l'Académie sont venus, au Muséum, visiter la nouvelle galerie de Paléontologie et ont paru s'y inté- resser, je crois pouvoir leur aiuioucer que notre collection vient de s'enri- chir d'une pièce importante. Grâce aux fonds légués par un de nos anciens Confrères, M. Serres, nous avons acquis un squelette entier d'un Edenté fossile, le Scelidollieriwn teptocephalum. Ce squelette a été habilement monté par M. Emile DeyroUe; il a été trouvé dans le limon des Pampas, très près de Buenos- Ayres, sur les bords du Rio de la Plata, entre les endroits nommés Piecoleta et Palermo. Le Scelidolheriuni paraît avoir été le contem- porain du Megalherium et du Gljptodon. Bien que notre nouveau squelette soit notablement plus fort que celui des Édentés actuels, il ne paraît pas très grand à côté des gigantesques fossiles réunis dans la galerie de le xylène tétrabromé avec un mélange d'acide nitrique et de bionie, procédé qui donne lien à un dégagement de gaz et qui fournit une quantité un peu inférieure de produit. Elle ne permet d'ailleurs pas de tenir compte de la marche de l'oxydation en dosant l'acide brom- hydrique formé. C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, iS° Vi.) '^9 ( 1224 ) Paléontologie, mais il est intéressant par ce qu'il présente plusieurs particu- larités différentes de celles qu'on observe dans le Mecjatherium; ceci ressor- tira d'une Note que je présente à l'Académie an nom du savant aide-natu- raliste de la Paléontologie, M. le D'' Fischer (' ). » Ceux de nos Confrères qui voudront bien revenir visiter notre nou- velle galerie y verront, outre le Scelidotlieriiun, plusieurs autres pièces que nous y avons ajoutées, notamment un squelette de Mjstriosaurus d'une re- marquable conservation. Ils pourront aussi étudier dans notre laboratoire les moulages de quelques fossiles étranges, qui viennent d'être montés : le Megalania de laNouvelle-Zélande, V E tasmotherium de Russie et les Dinoceras des Montagnes Rocheuses, dont j'ai entretenu dernièrement l'Académie. » M. DE Lacaze-Ddthiers, à propos des réclamations qui s'élèvent relati- vement à la priorité pour l'emploi du sulfate de cuivre dans le traitement du mildew, fait remarquer que, dans une conversation sur ce sujet, M. Pril- lieux, Inspecteur de l'Agriculture et botaniste bien connu de l'Académie, lui rappelait que Benedict Prévost s'était déjà, il y a bien longtemps (1807 ), occupé de l'emploi du sulfate de cuivre pour préserver le blé de la carie. Il croit devoir demander à l'Académie la permission d'insérer aux Comptes rendus les quelques lignes suivantes, extraites du Mémoire sur la cause im- médiate de la carie ou charbon des blés, par M. Benedict Prévost. i< Montauban, 1S07. " P. 55. — Ayant lavé de la carie, d'abord avec de l'eau de puits à plusieurs reprises, puis avec de l'eau qui avait été distillée dans un grand alambic de cuivre, et l'ayant laissée quelque temps dans un gobelet de verre avec de cette eau, je mis, dans un verre de montre à demi plein d'eau distillée très pure, quelques gouttes de l'eau du go'fielet contenant jjlusieurs centaines de gemmes ou semences de carie qui, à mon grand étonnement, ne germèrent pas ou germèrent fort mal, tandis que d'autres, dans de semblables circonstances, au cuivre près, germèrent comme à l'ordinaire. Je me décidai donc à diriger premièrement et princi- palement mes recherches sur le cuivre et les sels cuivreux. » P. 57. — OS', 010 à OS'', 012 de cuivre en poudre fine, mêlée à de la carie, délayée dans iSos'' d'eau, l'empêchent de germer. Une plaque de cuivre jaune ou rouge, décapé ou non, ou de billon, ou de métal de cloche de i5''i produit le même effet. Pour tâcher de déter- miner les limites de l'influence du cuivre sur la germination et la végétation de la carie, je me suis servi d'une plaque de ce métal, parfaitement décapée, dont la surface totale était de o"", i5 (3 pouces). Je la laissais tremper plus ou moins de temps, au fond d'un verre à boire, (') Voir cette Kole à la Currespondance, p. lagi. ( 1225 ) dans os%3 (i once) d'eau commune. Je la retirais plus ou moins oxydée en noir ou en brun, ou irise'e; et je délayais ensuite dans cette eau de la carie que j'y laissais jusqu'à ce qu'elle i^ermàt ou que l'époque de sa germination fût passée depuis longtemps. 1) Il faut que cette plaque séjourne soixante ou soixante-douze heures dans l'eau pour que celle-ci, par une température de 5 ou 6 grades, produise un effet bien marqué sur la végétation de la carie; alors elle n'y germe point ou y germe mal et ne produit que des tiges difformes, » P. 6o. — .... Ainsi le sulfate réel nécessaire pour donner à l'eau la faculté d'empê- cher la carie d'y germer par une température basse ne va pas à un quatre-cent-millième de son poids, et un douze-ccnt-millièine en retarde la germination. » P. 6i. — Lorsqu'on dissout du sulfate de cuivre dans de l'eau commune, comme je le fais presque toujours dans ces expériences, afin qu'elles soient plus applicables à la pratique, il se forme un précipité blanc bleuâtre ou verdâtre qui demeure très longtemps suspendu dans la liqueur et qui doit être un mélange de sulfate de chaux et de carbonate de cuivre. Le sulfate de cuivre est donc décomposé, et cela dans une proportion d'autant plus grande que sa quantité est plus petite eu égard à celle de l'eau. , , . » .... Le précipité et la dissolution dans laquelle il est suspendu agissent ensemble ou séparément sur toute la carie que cette dernière est capable de mouiller complètement. » ANALYSE ALGÉBRIQUE. — Sur une nouvelle théorie de formes algébriques; par M. Sylvester. « Nous rappelons que parle mot réciprocant (sans qualification) il a été convenu de sous-entendre une forme de cette espèce qui ne contient pas t (c'est-à-dire ^j et nous avons trouvé que le nombre de ces réciprocants linéairement indépendants, du degré i, de l'étendue j (c'est-à-dire conte- nant j -h I lettres distinctes) et du poids w, s'exprime par la formule (co, /, /)_(io — r, i+î, j), où en général {l; m, n) signifie le nombre de partitions de Zen tn ou un plus petit nombre que m de parties dont aucune n'excède n en gran- deur-, de sorte que(/; m, n), quand m est plus grand que l, signifie la même chose que [l; l, n), car tous les deux sont équivalents à (Z; =o , «). Conséquemment (/; i, /)-(/- I ; i + I , /) = [^i; i, /) - (/ - i ; /, /), lequel sera toujours positif quand / et; sont tous les deux plus grands que l'unité ; et, puisque a, qui est du degré i, est un réciprocant, il s'ensuit que, pour un degré quelconque donné, il existe toujours des réciprocants ( 1226 ) (car on peut faire a = /), mais en nombre fini, car, en faisant croître w, ^y _ j; / _}_ I, co ), au delà d'une certaine valeur de w, deviendra néces- sairement plus grand que (ro; i, co ). On peut exprimer par [l : m) ce que devient (/; ?«, n) quand n = oo , et alors (w : i) — (w — / : /-h i) ex|)ri- mera le nombre de réciprocants linéairement indépendants du poids « et du degré i sans autre limitation. Ainsi on trouvera que du degré i il n'existe qu'un seul réciprocant du poids o; pour le degré 2, un seul du poids 2; pour le degré 3, deux qui seront respectivement du poids 3 et du poids 4 ; <^tc. )) On trouvera qu'étant donné ; il existe toujours, sauf pour le cas où / = 1, un réciprocant qui contient toutes lesy-l-i lettres et qui de plus contiendra un terme qui est un produit de la dernière lettre par une puis- sance de a. Ces formes, qu'on peut nommer les protomorplies, sont les analogues des formes a, ac — è^ ard-^. . ., «e +. . ., qu'on connaît dans la théorie des sous-invariants. Dans le cas des réciprocants, ces protomor- phes seront a, ac, . .., a-d, . . ., a-e, . .., a^f, ...,à-g, ..., etc. » Évidemment une fonction rationnelle quelconque des lettres peut, au moyen de substitutions successives, être exprimée comme une fonction rationnelle des protomorphes et de b divisée par une puissance de a. Soit donc R un réciprocant quelconque; on aura a=R-+-P + Qè+...M- J^'= o, où P, Q, .. ., J sont eux-mêmes des réciprocanls. En opérant / fois sur cette équation avec notre opérateur V, on voit qu'on obtient «'"J = o; donc J est nul, et l'on voit ainsi que tous les termes Q, . . ., J disparaissent et que R (en faisant a = i) devient une fonction rationnelle et entière des protomorphes. Nous allons appliquer ce principe fondamental, commun aux deux théories des sous-invariants et des réciprocants, pour obtenir les formes irréductibles (les Gmndformen) des réciprocants pour les onlres 2, 3, 4- » Faisons y = 2, r = 2, w = 2 et supposons que le réciprocant R soit \nc -\-[j.b-', on obtient VR = (3a=ôi-)- io«/;ô,.)R = (6;x + ioX)«°^^ = o. )) Donc — ). : p. : : 3 : 5 et nous obtenons le réciprocant Zac — îyb- (' ). (' ) Il est bon de rern.-irqiier que 3«c — 56- =0, c'est-à-dire ^ (F- y d'y ^ fd'yy- v)a^/;- = o. On aura donc y. = — 5)., Qv = 4o)^, de sorte qu'on peut écrire R = ga-d — ^5abc -+- 4o/>^ On reconnaîtra immédiatement que R = o est l'équation différentielle donnée par Monge et retrouvée par M. Halphen à une conique et que exprime la condition que le point [x, y) d'une courbe quelconque sera un point d'inflexion du second ordre, c'est-à-dire un point où une conique passe par six points consécutifs. Le nombre de ces points peut être trouvé en fonction linéaire de n, ordre d'une courbe donnée, en opérant sur cette équation une transformation analogue à celle au moyen de laquelle on passe du système y = o, -j^ = o au système équivalent, mais épuré, 0 = 0; H9 = o('). iiuliqiie que le point (r, r), qiianil cette équation est satisfaite i)ar telles coordonnées d'une courbe quelconque, est un point supra-parabolique, c'est-à-dire où une parabole passe par 5 au lieu de 4 points consécutifs seulement. iM Pour le cas d'une cubique, le nombre de ces points d'inflexion du second ordre est vingt-sept; on démontre facilement que ce sont les intersections de la courbe avec son covariant du degré-ordre la.g. On voit immédiatement, au moyen de notre théorie connue de résidus géométriques, que ces vingt-sept points sont les points de la cubique où elle est rencontrée par les neuf faisceaux des tangentes qu'on peut mener des neuf points d'inflexion ordinaire. Car un quelconque de ces points doit être tel que sa dérivée à l'indice 5 sera co'incidente avec le point lui-même. On aura doue i , i = i ,5, c'est-à-dire 2 = l\, ce qui veut dire que le tan- gentiel du point est un point d'inflexion; ce qui était à démontrer. Soit dit, par parenthèse, que la même théorie de résiduation enseigne que le point fixeQ, où une cubique donnée sera coupée par une autre cubique quelconque qui a en conunun avec la première 8 points consécutifs à un point donné P, sera le troisième langentiel de P et peut être nommé son satellite ; quand le satellite coïncide avec son primaire, en se ser- ( 1228 ) » Passons an cas où j =. ^, i = 3, o) = 4, et écrivons K = la'^e -\- [j.ahd -f- vac- -i- nb-c. On atira V = 3fl-^j-4- ioab5^+ {i5ac ■+- iob'-)5a-+- (2ia^+ 356^)5^, et, en posant RV = o, on obtient, en égalant séparément à zéro les coeffi- cients de a^d, a-bc, ab^, les équations ai'X+Sfi. = 0, 35X + l5[y. + 20V 4- ÔTT = o, iojj. + iott = o, et ainsi on neiit écrite R = 5a'e— 35a^<^+7ac2+35è='c. » Voici donc le système de protomorphes pour tous les ordres ju&qu'an quatrième inclusivement : (i) a, (2) 3ac — 5 b-, (3) ga-d— ItSabc -h liob^, (4) 5a^e — 35abd-\- ']ac--h35b^c. » En combinant le cube du deuxième avec !e carré du troisième, et en divisant par a, on obtient la forme (analogue au discriminant) de la cu- bique, mais d'un degré plus élevé, ( lio5 a' d'' — ^o5o a^bcd -h ï'j 28 a^c^ ^' \ ■+i585nb^c- + 36ooab'd-î8ooob'r{'). vant pour le moment de la forme canonique pour exprimer la cubique donnée, et en nom- mant r, j, :; les coordonnées du primaire, celles du satellite seront (d'après notre théorie exposée dans V American Journal of Mathcmatics] x, y, zmtdtipliés respectivement par des fonctions rationnelles de r'jjr', s', chacune du degré 21. C'est un fait depuis longtemps connu que les points primaires qni coïncident avec leurs satellites (en ne tenant pas compte des neuf inflexions) sont en nombre 72. ( ') Cette fonction, égalée à zéro, exprime que x, y sont les coordonnées d'un ])oint par où l'on peut faire passer une parabole cubique ayant 5 points consécutifs comn)nns ;i la courbe dont x,y sont les coordonnées. ( 1329 ) » En combinant le produit de (2) et de (4), linéairement, avec (5), on obtient ( ^8ooa-ce — Soooab'e — :i83oa^d''' - 5'i']6ac^ ^ ' i - 52.5oabcd+5o8ooh^r/^ ii3o5b'c-. » Si l'on se borne aux lettres a, b, c, d, les formes (i), (2), (3), (5) for- meront un système complet de Grundjormen : si on laisse entrer la nouvelle lettre e, (5) n'est plus irréductible, et le système complet de Grundformai est constitué par les formes (i), (2), (3), (4), (6). M Tout cela se passe précisément comme avec les sous-invariants avec les mêmes lettres : les poids des formes sont les mêmes pour les deux sys- tèmes, et la seule différence essentielle entre les deux consiste en ce fait, que les trois dernières formes subissent chacune une élévation d'une unité de degré en passant du système des sous-invariants à celui des récipro- cants. » Il est nécessaire d'ajouter quelques mots sur les réciprocants mixtes, qui se distinguent en deux espèces, homogènes et hétérogènes. Comme exemple des premiers, ou a la dérivée Schwarzienne 2tb — 3a-, laquelle, égalée à zéro, ne donne aucune espèce de singularité, mais signifie seule- ment qu'au point {jc,y) on peut mener une conique qui passera par cinq points consécutifs, < n ayant ses deux asymptotes parallèles aux axes, ou bien la forme te — 5ab. Comme exemple de l'autre classe, on a la forme connue (i + t-)h — 3 ta', dont l'évanouissement (pourvu que j, z soient des coordonnées reclancjulaires) signifie que le point {oc,j) est un point de courbure maximum ou minimum. » MEMOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE. — Sur la propagation du mouvement dans un fluide indéfini (deuxième Partie). Mémoire de M. Uvciomot, présenté par M. Maurice Lévy. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Bertrand, Cornu, Darboux, Maurice Lévy.) « Dans un Mémoire dont un Extrait a été publié dans les Comptes rendus (7 décembre i885), j'ai montré comment on parvenait à l'expression ana- lytique de la vitesse de propagation du mouvement dans un fluide en par- tant des équations d'Euler et en supposant qu'il existe entre la densité p et ( 123o ) la pression p une relation de la forme p —Y[p). Mais j'avais été obligé de supposer que cetie relation était la même pour tous les points du fluide, ce qui imposait une restriction à l'état initial. De là une lacune que je me propose aujourd'hui de combler. » Il faut, pour cela, faire usage des équations de Lagrange qui permet- tent de suivre cbaque molécule dans son mouvement. Désignant par x, y, z les coordonnées initiales d'une molécule du fluide, par u, v, w ses coordonnées à l'instant ï, par X, Y, Z les composantes de la force exté- rieure rapportée à l'unité de masse, ces équatiotis sont (0 p 1)11 1 d-v -Y -^)5-(S -Y {' ' Id'n --)I'-(S -Y D dp dx dp 1)7- D désigne une fonction de x, j, z, et Q est le déterminant du (9i' d»' Ojc dx àx du dv ()«' dy df dr du dv dw dz dz dz )> Le mouvement ayant lieu sans discontinuités, il existe entre la densité et la pression d'un élément une relation de la forme la fonction F[p) pouvant d'ailleurs dépendre de x, j", :;. » La première des équations (i) peut évideuiment être mise sous la forme (=) >ni»[{^.-^)t d^ - Y de dx d'n- d¥ (hrl dxj dx et de même pour les deux suivantes, ce qui donne un système de trois équations, renfermant trois fonctions inconnues u, i> et w, car p peut être exprimé en fonction de 6. ( I2'3l ) » Je considère un niouveiiîeiit A défini par un système d'intégrales «,, t'i, w, de ces équations, dans lequel se propage un mouvement B, repré- senté par un autre système d'intégrales «o, v^, w^, et je suppose qu'il ne se produise pas de discontinuités. On peut définir de deux manières diffé- rentes la surface de séparation des deux mouvements ou surface de l'onde, suivant qu'on la regarde comme le lieu S des positions initiales des molé- cules atteintes simultanément par les deux mouvements, ou comme le lieu S' de leurs positions actuelles. On est ainsi amené à considérer deux vitesses de propagation [voir la première Partie du Mémoire), l'une — correspon- dant à la surface S, l'autre — correspondant à la surface S'. » Posant u, — II., = U, V, ~ v, ^ V, n'i — w, — W, la continuité exige que l'on ait, le long de la surface tie l'onde, ju ,m ô\} (m -j-=o, --=o, -— = o, ^-— o, ■••■, ainsi qu'il est facile de s'en rendre compte. » Soient X, p., v les cosinus directeurs de la norma'le à la surface S; on a une suite de relations analogues aux suivantes C'est le premier travail d'ensemble, entrepris en Alsace, sur ces questions encore si controversées. Les auteurs ont dressé les inventaires des objets et des monuments antiques découverts, vérifié les gisements, comparé les résultats de leurs investigations avec ceux qui ont été obtenus dans les pays voisins, s'abstenant de toute hypothèse et n'admettafit que les conclusions qui ressortent de faits bien acquis. Ils ont pu établir de la sorte, non seu- 1 ement la succession des âges préhistoriques en Alsace, mais encore la répartition et l'im- portance des populations à chacune des époques. » Voici les conclusions auxquelles ils sont arrivés : 1. 1° L'existence de l'homme, en Alsace, se révèle dès les plus anciens temps de l'âge de la pierre, par des vestiges, encore rares il est vrai ; 1) 2" Les périodes paléolitliique et néolithique, si distinctes dans certaines régions, ne le sont nullement en Alsace et dans la Lorraine française, où leurs gisements se confondent ; » 3° A l'époque néolithique, la densité de la population devait être déjà assez grande. ( 123,', ) d'après les nombreux inslnimcnts de ])ierre polie qu'on a découverts : elle occupait sur- tout la partie méridionale de la piovince confinant à la Suisse et la région des collines sous- vosgiennes; " 4" La transition de la pierre au métal n'est repre'sentée que par quelques rares décou- vertes; » 5° A l'âge de la pierre, a succédé un âge du bronze bien caractérisé et qui a dû avoir nne durée fort longue; » 6° La transition du bronze an fer (période de Hallstatt) est, marquée parles innom- brables tumulus qui couvrent la vaste plaine d'Alsace; a 7° Le premier âge du fer (période de La Tène) se révèle dans quelques gisements restreints. « Les auteurs se proposent de poursuivre leurs travaux par l'étude de l'âge du fer, encore très obscur dans notre contrée. ■) ASTRONOMIE. — Observfilions de la comète Fabry et de la comète harnaui, faites à r observatoire d'Alger, au télescope de o"", 5o; par M. Trépied. (Présentées par M. Mouchez. ) Dates. 1885. Étoiles (!.■ c'oinparnisoii Ascension droil(^. Déclin.iisfin. Log Lof;. f.ictoiu' forlinir Grnncleiii'. Comète — -^ . p.ivnll. Comète — i^ . |)nr:ill. Comité Fdhry. Dec. 4. 0 B.D. + 9,0° n" 74.. 9 + 1 . 30,07 T,535 4- a ■ 9 + I . 24 , 26 î,633 5, a >» 9 — 0.33,06 â,55i 5. (i C 9 -0.35,34 T,o54 8. . h B.D. 4- aC^n'-^T. 8.9 +0. 10, 1 3 T,356 9- c B. D. -f- 20''n''39. 9-I +o.4S,85 T,l3l Comf'te Bnrnarâ. Dec. 6. . d B.D. + S-'n-CST. 9 — 0. I I ,67 T,547" 8. c B.D. -h 5° n" Cil. 9-5 l-I .32, !•>. î,o44„ 9- . f B.D.+ 5"n"601. 7 + 2.-41,26 î,365„ +0. 3,4 o,4S5 +0. 0,2 0,553 -i.i5,7 0,379 — 1.17,4 0,389 —5. 5,3 0,480 + 0.28,3 0,897 — 9.20,1 G. 685 -h3. 11,0 0,666 -M. 1,3 0,671 235 Pnsifion.f fies t'Iniles (le comparaison. Ascension EtoilPï droite Rédiiclion Déclinaison Rédnctînn Dates. de moyenne an moyenne an 1885. ooinpar 188j,0. jour. 18Sd,0. jour. Antorilés. D('c. 4..- a 0 m ^ , 3o . I 6 , 5 I +3', 5a -(-2o.56.44>5 + 24.7 AV, n" 738 oi' 5... a' » -4-3, 5o .. -t-24,7 » 6... d 4 i').3i ,5o -t-4»'i -H 5. 6.5i ,1 -i- 1,4 W, n"27C4'' 8... h 0 22.44'06 +3,4. -(- 20 . 55 . 5o , 2 -t-25, I B B.t.VIn"4.7-l-2o 8... e 4. 8.42,38 -!-4,II + 5. 5.45,3 + 2,0 W, n''l23 4'' 9... c 0 20. 1,61 +3,37 -i-20. 48.56,9 4-25,2 B. B.t.VIn"39-)-2o 9.. f 4 5.12 ,22 + '{,11 + 5.13.19,8 -f- 2,2 W, n" W 4'' Temps Ascension NomhiM' Dntes. moyen d roite ncelinaisoii (le 1885. H'AI(;er. app a rente. apparei te. (^ani parais. Positions apparentes rie la comète Fahry. Dit. 4 10.26.22 4 1 1 .27. 3 5 7.46.51 5 8.32.14 8 8.58.17 9 8. 7.53 Drc.6 8 9 o . 3i .5o, 10 o . 3 1 . 44 > '9 0.29.46,95 o.29.44>67 0.22.57,60 0.20.53,83 -1-20.57 • "jfi -(-20.57. 9,4 -f 20.55.53,5 -t-2o.55.5i ,8 -f-20.5r .10,0 -1-20.49.50,4 Positions apparentes de la comète Barnnrd. .. 4 4.15.2.3,94 + 4-57-32,4 4. 10. 18,61 4. 7.57,59 -i- 5. 8.58,3 -H 5.14.23,3 i3:i3 7:7 5:5 5:5 i3:i3 10:10 10:10 4:4 5:5 . .. 8.56.29 » Décembre 9. — L'éclat du noyau de la comète Fabry est comparable à celui d'une étoile de onzième grandeur; la nébulosité parait allongée dans l'angle de position 87°. » Le novan de la comète Barnard a l'éclat d'une donzième. » Ces observations ont été faites sur l'emplacement du nouvel observa- toire d'Alger, actuellement en construction sur l'iui des sommets de la Boiizaréa, et dont les coordonnées provisoires sont : Longitude e?t (nioiiJien de Paris) 2™ 48' Latitude nord 36"47'5o" Altitude. 35o'" ( 1236 ) ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle comète Barnard, faites à l'obser- vatoire de Paris [équatorial de la tour de l'Ouest); par M. G. Bigocrdan. (Commnniquées par M. Mouchez.) « Cette comète a été découverte par M. Barnard, à Nashville (Tennessee), le 3 décembre. Ce jour-là, à 9''20°', o, temps moyen de Nashville, ses coordonnées étaient Ascens. droite = 4''2i'"56' Déclin. = -i- 4°45'. *^ — *. Dates. — ^ — ^~ ■ -~ Nombre 1885. Étoiles. Grandeurs. Asc. droite. Déclinaison. de comp. m s ' „ Dec. 8 0611B.D. +5" 9 +1.45,80 +3.33,7 21. i4 q t Anonyme 10 +0.17,76 — 0.11,7 18.18 10 c 601 B.D. + 5" 7 +0. 5,87 +7.13,0 16.16 Position lies étoiles de comparaison. iscension droite Réduction Déclinaison Réduction Dates. moyenne au moyenne au 1885. Étoile-. pour 1885,0. jour. pour 1885,0. jour. Autorité. Il m s s 0 ' " " Décembres.... a 4-8-42j63 +4>ii +5. 5.45,7 -l-'>9 Weisse,. O). . . . h 4-7-42j34 +4,12 +5.i4-i5,6 +1,9 Rapp. à c lo.... c 4-5-i2,2i +4.12 +5.i3.2o,i +2,i Weisse,. Positions apparentes de la comète. Dates. Temps moyen Ascension Log fact. Log faot. 1885. de Paris. droite. parall. Déclinaison. parall. h m s II ui s a I 'I Décembres 7.48.48 4- •0-32,54 ï,46i« +5. 8. 21, 3 0,796 g.... 7.48.41 4- 8. 4j22 T,45o„ +5.i4- 5,8 0,795 10.... 9.58 10 4- ''.21,70 2,909,, +5.20.35,0 0,783 » Décembre lo. — La comète est une nél»ulosité de i' de diamètre et de 12" grandeur; elle a un noyau diffus qui se détache à peine de la che- velure. )) ASTRONOMIE. — Sur la construction des grands cercles méridiens doubles. Note de M. Gruey. « M. Gautier vient de poser, à l'observatoire de Besançon, nne Innette méridienne, sortie de ses ateliers, remarquable par un grand nombre de ( 1^37 ) perfectionnements, la précision, l'élégance et le fini du travail. A ma grande surprise, comme à ma grande satisfaction, car ce gros détail n'était pas prévu dans le traité de construction, la lunette porte, la première je crois, fixés aux extrémités de l'axe de rotation, deux grands cercles de déclinai- son, au lieu d'un. A chaque cercle divisé correspond un cercle porteur très massif, sur lequel six microscopes sont répartis à volonté au moyen de fortes vis de serrage. » Je n'ai pas l'intention de décrire ici, comme il le mérite, ce bel in- strument. Je veux seulement appeler sur un point particulier l'attention des constructeurs qui imiteront sans doute M. Gautier. » Les cercles ont été divisés successivement sur une même machine et d'une manière identique. Sur les deux limbes, les traits de même numéro sont donc affectés de la même erreur systématique. La graduation croît auss dans le même sens, de gauche à droite, pour l'observateur couché sur l'axe de rotation et ayant les pieds successivement appuyés sur les divisions de chaque limbe. Ces divisions regardent l'est pour l'un des cercles et l'ouest pour l'autre; de telle sorte que la lecture croît pour l'un des sys- tèmes de microscopes et décroît pour l'autre de la même quantité, lors- qu'on fait tourner la lunette. Il résulte de là que, pendant la rotation de la lunette, si les lectures des douze microscopes forment, à un instant donné, une progression arithmétique de raison égale à 3o°, il n'en est plus de même aux instants suivants. La moyenne arithmétique des lectures des douze microscopes n'aura donc pas, en général, plus de précision que celle des lectures des s/x microscopes d'un cercle, répétées chacune deux fois. Les erreurs périodiques d'excentricité, de flexion, de division, ne seront éli- minées de ces moyennes que jusqu'à leur sixième puissance. •n II en serait autrement et mieux, si les cercles étaient divisés en sens contraire, le reste demeurant d'ailleurs identique, c'est-à-dire les divisions de même numéro demeurant toujours affectées de la même erreur systé- matique. Dans ce cas, l'étal de progression arithmétique une lois établi, ce qui est facile au moment de la pose, entre les lectures des douze micro- scopes, pour une direction donnée de la lunette, se maintiendrait con- stamment pour toute autre direction. La moyenne des douze lectures serait donc purgée de toutes les erreurs périodiques jusqu'à leur douzième puissance. » Pour obtenir deux cercles gradués ainsi de la même manière, mais en sens contraire, il est nécessaire de modifier un peu le dispositif des ma- chines à diviser actuelles. Il faudrail, ce qui me paraît très possible, placer ( 1238 ) les limbes de ces cercles concentriqneineiit et siniuiumémenl de part et d'autre de la platine, puis employer un double Iracelet qui marquerait, à chaque coup, deux divisions à la fois, une sur la face extérieure de chaque limbe. La division des deux cercles serait alors aussi rapide que celle d'un seul, et l'identité de leurs erreurs complètement assurée. « AiSALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une nouvelle classe d'équations différentielles linéaires intégrables. Note de M. Halphen. « Je me propose de faire connaître les caractères distinctifs des équa- tions linéaires, sans second membre(à inconnue^ et à variable x), dont la solution générale revêt la forme ( I ) J = e"-''J{x) + e*-'> (x) -r £'••'■ (j; (x) -h . . . , les symboles /, 153, tj;, ... désignant des fractions rationnelles. » Pour bien entendre l'énoncé qui va suivre, il faut se rappeler qu'une méthode fort simple, due à M. Fuchs, permet de reconnaître si la solution générale d'une équation linéaire est une fonction uniforme (pour toutes les valeurs de la variable). » Théorème. — Pour qu'une équation linéaire s'intègre sous la forme (i), il faut et il suffit : 1° que ses coefficients P soient des polynômes entiers, dont le degré ne surpasse pas le degré du premier d'entre eux Pq-, 2° que son intégrale générale soit uniforme. » Les deux conditions sont nécessaires. Pour la seconde, c'est évident. Pour la première, c'est une conséquence immédiate de la théorie des in- tégrales irrégulières, commencée par M. Thomas, continuée récemment par M. Poincaré. Mais cette théorie ne semble pas encore permettre de prouver que les deux conditions sont sulfisantes. On aurait même cru d'a- bord qu'elles ne le sont pas. C'est ce qu'on va comprendre par l'examen d'un cas particulier. » En général, si tous les polynômes P sont d'un même degré ;«, soient Ao, A,, . . ., A„ les coefficients de x'" dans chacun d'eux : les constantes a, b,c, ..., qui figurent dans l'expression (i) de y, sont les racines de l'é- quation (3) A„=" + A,z" '-^ ... + A„_, = -t- A„ = o. (1239 » Si donc Po est seul du plus haut degré, les constantes a,b, c, . , . se- ront toutes nulles, et j sera rationnel. Or on sait, par la théorie des inté- grales régulières, que nécessairement, si y est rationnel, P, est au plus du degré wz — i, P2 du degré m — 2, .. ., P,; du degré m — n. On serait donc, dans ce cas particulier, tenté de croire insuffisantes les deux conditions énoncées. Il n'en est rien : la seconde entraîne avec elle, d'une manière cachée, cette loi des degrés des polynômes. » Ces considérations justifient, je pense, la méthode détournée, quoique très simple, par où je prouve mon théorème, en faisant appel aux fonctions elliptiques ('). Il suffira d'indiquer ici, par quelques mots, ma démon- stration. » Toute équation (2), qui satisfait aux conditions énoncées, peut être considérée comme la dégénérescence d'une autre équation, à coe/j^aen<6 doublement périodiques et à intégrale générale uniforme. Ceci devient presque évident quand on a divisé le premier membre (2) par P^ et réduit chaque coefficient en fractions simples, si alors, dans chaque coefficient, la somme des résidus est égale à zéro. Mais cette restriction disparaît si l'on a soin d'envisager une équation à coefficients doublement périodiques ayant ii points singuliers de plus que la proposée. On peut prendre les va- leurs de Xy qui répondent à ces points singuliers sous la forme «-4-a,, w + a,, ..., où w désigne une demi-période. Si maintenant on fait con- verger vers zéro les deux invariants des fonctions elliptiques, les éléments simples, relatifs aux points singuliers supplémentaires, tendent tous vers zéro, pourvu que a,, «2» ••• conservent des valeurs finies. En même temps, les éléments simples, relatifs aux points singuliers primitifs, con- vergent vers les fractions simples qui forment les coefficients de l'équation proposée (2). « Par un beau théorème, dû à M. Picard, on connaît la forme générale de la solution pour une équation à coefficients doublement périodiques et à intégrale générale uniforme. Cette forme dégénère en la forme (i) quand les invariants convergent vers zéro. Ma proposition se trouve ainsi prouvée. » J'avais déjà, il y a six ans ("), indiqué qu'on peut, des équations à coefficients elliptiques, déduire d'autres équations intégrables sous la 1 1 ) Je sais aussi démontrer la proposition par une autre méthode, où les fonctions ellip- tiques n'interviennent pas. (^ Mémoire sur la réduction des équations différentielles linéai/es, p. Ili, 1 80 et 2^3 (Savants étrangers, t. XXVIU). C. R., i885, 2- Semestre. (T. CI, N" 24.) I"I ( 124o ) forme (i). Mais, à cette époque, je n'avais pas soupçonné l'existence d'un théorème aussi général et aussi simple. Voici les exemples que j'avais alors donnés {n est un nombre entier, qui, dans le second exemple, ne doit pas être divisible par 3); le premier est, depuis bien longtemps, classique : ,,, I — n- , Il — 72- \ y + —;^y - \-x^ + aj j = o; » Voici maintenant des exemples nouveaux; on peut en composer à volonté : » Dans celui-là, outre la solution J'^ a.x- ~ 2(2/2 — i), il y a deux autres solutions de la forme e*^"'"/(;r), oùy^est rationnel. Il ^^ r 2a n{n-\-i) , ., ."] y -i^—;y - [i?ir7 + 7V^+(^ -")(« + " + Ojj = o- » Dans ce nouvel exemple, ?i peut être supposé positif, et il y a deux solutions de la forme —;;-J{3c)^ oîi /est un polynôme entier, du degré « + i. » Voici enfin la forme générale de l'équation (2) quand on lui impose la condition d'avoir te point singulier unique x ^ o, où les intégrales par- ticulières doivent appartenir aux exposants o, i, 2, ... (« — 2) et n : f") ={l^a-k\ /'"-•) + (1 + A, a - Ao) j'"--' -+-... + (^+ ^«-^ - A„^.)/+ (^-^ + A„_,«) j = o. w Elle a pour solutions les exponentielles e"', où a est racine de l'équa- tion f[a) = a'-' + A, «"-= + k^ji"^' +. . .+ A„_, = o; et aussi cette autre solution complémentaire ( I24l ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur itn nouveau mode de génération des courbes algé- briques unicursales. Note de M. G. Fouret, présentée par M. Laguerre. « I. Le rôle important des courbes algébriques unicursales, dans un assez grand nombre de questions d'Analyse et de Géométrie, nous a fait penser qu'il pouvait y avoir quelque intérêt à faire connaître un nouveau mode de génération, s'appliquant à toutes ces courbes, quelles qu'en soient les singularités. Ce mode de génération repose sur la considération du ceiUre harmonique d'un système de points, introduit dans la Science par Poncelet, et défini ensuite par Cauchy de la manière suivante : » Etant donné dans l'espace un système de points de masses quelconques, positives ou négatives, sollicités par des forces parallèles, respectivement proportionnelles, en grandeur et signe, aux masses et aux inverses des distances de ces points à un pian, le centre harmonique du système, par rapport à ce plan, est le point de masse égale à la somme algébrique des masses données, qui coïncide aveclecentre des forces parallèles considérées. » Eu partant de cette définition, on démontre aisément, parla Géométrie, le théorème suivant : » Etant donnés dans Cespace n + i points A^, A,, A,, • . ., A„, affectés res- pectivement des masses m,,, m,, m.,, . . ., m,^, le centre harmonique de ces n + i points, par rapport à un plan variable, passant par une droite fixe A, décrit une courbe unicursalc du «""""' ordre passant par les n + i points A. )) Cette courbe est gauche, à moins que les points A ne soient dans un même plan. Dans ce cas, la courbe est située dans le pian, et l'on peut donner à l'énoncé du théorème une forme un peu différente. Nous ne nous occuperons ici que du cas des courbes gauches, qui comprend implicite- ment celui des courbes planes. » II. La proposition précédente n'a en elle-même que peu d'intérêt. La réciproque nous parait en présenter davantage. On peut, en effet, dé- montrer que toute courbe algébrique unicursale peut être engendrée comme il vient d'être dit, et même d'une infinité de manières, en raison du choix arbitraire que l'on peut faire de la droite A (' ) et de trois des points A pris à volonté sur la courbe. la démonstration, que nous ne ferons qu'in- diquer, s'appuie sur les belles méthodes données par M. Hermite (-) pour (') Cette droite toutefois ne doit pas rencontrer la courbe. ('^) Hermite, Cours d'Analyse, t. I, p. SaS. ( 1242 ) la décomposition en éléments simples de certaines fonctions trigonomé- triques. » Soient, par rapport à un système d'axes de coordonnées rectangu- laires, ^^ ^^-jvT^' ^-y(7;7ô' ^-/(TT^ les coordonnées d'un point quelconque d'une courbe algébrique unicur- sale du «"'"'' ordre,/, 9, ;( et <]/ désignant des fonctions entières, homogènes, et de degré n de deux paramètres variables t et u. On peut évidemment, sans introduire de restriction, admettre que f et « soient respectivement le sinus et le cosinus d'un même angle m. En considérant un plan P variable passant par l'axe des z, et incliné d'un angle w sur le plan XOZ, on voit que les équations (i) définissent une correspondance unidéterminative entre les plans passant par OZ et les points de la courbe. » Entre l'angle co et l'angle Q défini parla formule tangS on a la relation » On en conclut que les points de la courbe, situés sur les plans P qui leur correspondent, sont les n -+- i points Aq, A,, A.,, ..., A„ dont les para- mètres vérifient l'équation (2) t.^{t,u) — ux{t,u)=^o. » m. En désignant, d'une manière générale, par r la distance d'un point quelconque de la courbe à OZ, et affectant les coordonnées r, 5, z, ainsi que la masse m de chacun des points A„, A,, A2, . . ■ , A„, de l'indice relatif à ce point, on trouve assez facilement les trois relations 1= n cot(5— w) = V m,cot(i9,— u), 1=0 (3) I ^ ^ Y "'i^i 1 /•sin(9 — m) ii_^ /-, sin(9,- — w)' 1 = 0 /— n /■ sin ( 6 — w ) ^ ri sin ( 9,- — w ) ' Uf{t, ") + '/.((, u) ( 1243 ) » Les coefficients m sont déterminés par l'une ou l'autre des formules (4) (^") x{f>") ^ [«X(^ «) - '7(^ «)] ^, ['W. «) — "X(^ «)1 » Ils satisfont à la condition (5) !',«,: I. » Les relations (3) s'interprètent immédiatement. Appliquons, en effet aux points Ao, A,, Ao, . . ., A„ et A, dont les coordonnées sont r, Q, z, des forces parallèles, et respectivement proportionnelles, en tenant compte des signes, à /w,, m,, m^, ..., m„ et i, et aux inverses des distances de ces points au plan P passant par OZ et incliné de l'angle w sur le plan XOZ. En vertu de la relation (5), les relations (3) expriment, la dernière, que la force appliquée en A est la somme algébrique des n + i autres, la première et la seconde que les moments de la force appliquée en A par rapport au plan mené par OZ perpendiculairement à P, et par rapport au plan XOY, sont respectivement égaux aux sommes des moments par rapport à ces mêmes plans des n + i forces agissant en Ao, A,, Aj, . . ., A„. On en conclut que le point A, qui décrit la courbe unicursale, est constamment le centre har- monique par rapport au plan variable P, des points Ao. A,, A,, ..., A„, affectés respectivement des coefficients ou masses «„» '"m '^^a. •■•. '"«• C'est le mode de génération qu'd s'agissait d'établir. » IV. Une substitution linéaire quelconque t = at'+pu', u = yt'-h âu\ n'altérant pas la forme des équations (t), on en conclut que, pour une même droite OZ servant de charnière au plan mobile P, il y a une infinité triple de groupes de « + i points qui peuvent être utilisés pour la généra- tion de la courbe. On peut prendre arbitrairement sur cette courbe trois des points d'un même groupe : les n — a autres s'en déduisent. » Un mode de génération analogue à celui que nous venons d'exposer, et qui s'en déduit d'ailleurs immédiatement, peut servir à engendrer une développable unicurs de comme enveloppe de plans, ou une courbe plane unicursale comme enveloppe de droites. » ( I2A4 ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le mouvement d'un point dans un plan et sur te temps imaginaire ; par M. L. Lecornc. « La rareté des cas dans lesquels on sait intégrer les équations du mou- vement d'un point soumis à des forces données inspirait, en 1842, à Jacobi, dans son Mémoire De motn puiicti singularis [Journal de Crelle), la ré- flexion suivante : « Quo ma/ores in génère difficultates parit inlegratio œqua- tionum differentialiwn dynamicarum, eo majore cura ea examinare debemus problemata mechanica, in quibus inlegralionem ad quadraturas perducere con- tigit. » Il n'est donc pas sans intérêt de signaler un problème dynamique dont la solution se ramène immédiatement à des quadratures, et qui pré- sente en outre une application mécanique de l'analyse créée par Cauchy. Il s'agit de trouver le mouvement d'un point matériel dans un plan, sa- chant que les composantes X, Y de la force sont des fonctions des coor- données rectangulaires x, j du point et satisfont aux relations ÔJ- dy dy dx ce qui revient à dire que X -f- JY est une fonction analytique de x 4- iy. Si l'on pose a:-{-iy — z et X. ■+■ iy = t,V'{z), les équations du mouvement (pour une masse égale à l'unité) d^-.T _ ,r-y _ donnent d"-z IF d'où clt=. S=in^)> S/F(.) + C » Une seconde quadrature fournirait, sous forme finie, les équations du mouvement. )) L'étude de la relation précédenle, lorsque F(2) est une fonction mono- drome, fait l'objet principal d'un travail inséré par moi dans le LV* Cahier du Journal de l'Ecole Polytechnique. En appelant régime l'état de mouve- ment défini par une valeur particulière de la constante arbitriiire C; points d'arrêt les points pour lesquels la vitesse s'annule; points de projection les ( 1245 J points pour lesquels la vitesse est infinie; points d'équilibre ceux où le mo- bile peut rester en repos; circuits réels les trajectoires fermées décrites par le mobile, je démontre, entre autres, les propositions que voici : » Lorscjuune infinité de mobiles se meuvent suivant un régime donné, ta courbe variable, lieu de leurs positions simultanées, coupe sous un angle constant la trajectoire de chacun d'eux, et se dilate ou se contracte en chaque point pro- portionnellement à la vitesse. — Les circuits réels renjerment un nombre pair de points d'arrêt ou de projection. — Étant donné un circuit réel, si le mobile est écarté progressivement de ce circuit, sans que le régime soit modifié, il continue à décrire un circuit réel, avec un mouvement périodique, et la période conserve la même valeur tant que le mobile ne passe pas au voisinage d'un point singulier. — Les circuits réels s'enveloppent entièrement sans se rencontrer. — Si z est une fonction monodrome de t, à un couple de points d'arrêt fournissant une inté- grale réelle correspond un système de circuits réels. » Lorsque le régime est choisi, de telle façon qu'il y ait arrêt en un point d'équilibre, ce point n'est généralement pas entouré par des circuits réels. Dans le cas oit il existe de par-eils circuits, l'équilibre est stable, et réciproquement. » Supposant ensuite que la fonction F(z) soit multipliée par un facteur arbitraire, de module unité, auquel je donne le nom de caractéristique, je fais voir que : » Deux trajectoires réelles correspondant, pour un même régime, à deux ca- ractéristiques données, se coupent sous un angle constant. Elles ne peuvent se couper en deux points sans comprendr^e entre elles un point singulier. — La ca- ractéristique peut être choisie de telle façon que deux pvints d'arrêt dormes correspondent à un système de circuits réels, ou qu'un point d'équilibre donné soit un point d'équilibre stable. » Au point de vue cinématique, je suis conduit à un rapprochement cu- rieux, entre les deux composantes centripète et tangentielle, de l'accéléra- tion totale. Le mouvement d'un point dans un plan peut toujours être re- présenté par l'équation unique z — o{t), dans laquelle t est le temps et z est égal à x-+-iy. Si l'on remplace la variable réelle t par ô = t +■ it' (t et <' étant réels), l'équation z = cp(9) représente un réseau de courbes orthogonales et isothermes. A chaque valeur constante de t' correspond une trajectoire réelle, analogue à la première : celle-ci s'obtient en faisant t'= o. A chaque valeur constante de ^correspond une courbe orthogonale à l'ensemble des trajectoires réelles. Si f est la vitesse en uu point du plan, i>dtetvdt' aonlies côtés du carré élémentaire correspondant aux variations dt, dt'; V est égal au module de — : c'est une fonction réelle de t et t' . De- { 1^46 ) signant alors par p le rayon de courbure de la trajectoire, par p' celui de la courbe orthogonale (ces deux rayons étant affectés de signes conve- nables), et appliquant les formules connues sur les réseaux orthogonaux, il vient J d/' / dt' V Les deux composantes de l'accélération ont ainsi des expressions en- tièrement analogues. » Ce résultat montre l'utilité que peut présenter la notion du temps ima- ginaire. » GÉOMÉTRIE. — Sur certaines surfaces du troisième ordre qui ont une infinité d'ombilics. Note de M. A. de Saixt- Germain, présentée par M. Dar- boux. c Une surface du troisième ordre peut admettre comme ombilics tous les points d'une ligne tracée sur la surface; celte ligne peut être une droite ou une conique, et je vais indiquer quelques caractères des surfaces cor- respondantes. Dans le premier cas, on voit qu'aux divers points de la droite considérée, la sphère osculatrice à la surface a un rayon infini; elle se confond avec le plan tangent, qui est le même tout le long de la droite, ayant partout un contact du second ordre avec la surface; l'équation de celle-ci peut se ramener à la forme F désignant un polynôme quelconque du second degré en jc, y, z. >> La forme de la surface est plus particulière quand la ligne ombilicale doit être une conique. On trouve que cette conique ne peut être qu'une parabole ; soient j: = o, j- = 2 mz ses équations en coordonnées rectangu- laires. L'équation d'une surface du troisième ordre contenant la parabole donnée P est de la forme (j2_ 2Hîz) (aj + |3= + 7) + j: F(a:, j, z) = o. Les deux équations, bien connues, qui servent à déterminer les ombilics, doivent être vérifiées identiquement quand on y fait a:; = o, r = — : pour qu'il en soit ainsi, on trouve que l'équation de la surface doit se réduire à (2; + m) [y- — 2mz) -+- tnjc^-h \x'= o, ( 12/(7 ) X étant un paramètre arbitraire. Il y ^ donc xin faisceau de surfaces qui ont pour ombilics tous les points de P, et dont la forme se déduit aisément de la discussion de leurs sections planes. Remarquons du moins qu'une surface quelconque S du faisceau coupe le plan des jz suivant la parabole P, et sa directrice D, le plan Ijc -h m ■= o suivant une parabole P' et sa direc- trice D', dont les projections sur O^z sont précisément P et D. » Les droites, autres que D et D', qu'on peut tracer sur S sont imagi- naires; elles sont contenues dans des plans passant par D et D' et faisant avec Ojc^ des angles dont les tangentes sont respectivement données par les équations iG«' — 8//^ — Slir -\- u = o, 2«* :- 2u^ — lu- = o; D' et les six droites qui la rencontrent sont simples, les huit droites qui rencontrent D comptent comme doubles et D comme droite quadruple. En tous les points de D, S a un contact du troisième ordre avec un cône du second degré : sur D', on n'a pas de contact de cet ordre avec une qua- drique. » Considérons sur P un point A par lequel j = h et prenons pour axes de coordonnées la parallèle Ax' à O^r, la tangente A/' et la normale Az' à P; l'ordonnée d'un point M pris sur S à une distance infiniment petite de A peut se développer suivant les puissances de x' etj' : '3 i[h'--hm'-y » La normale à S en sï se projette sur le plan Ax'y' suivant une droite ayant pour équation (X' - .x') [2 mf - 3 h- m ''""'^^''^ + . . .1 [ (Y' — jr') 2rax'-4-Àx'- — [b^'-i-m-)' la plus courte distance de cette normale et de la normale en A est donc, en général, infiniment petite du second ordre; mais elle s'abaisse au troi- sième ordre si l'on a .'U/^-X^^:^!^.-'; -bx'A^c; on peut en conclure que, par l'ombilic considéré, il passe trois lignes de C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, iV" '24.) 162 ( 1248 ) courbure proprement dites : la parabole P et deux autres appartenant aux deux systèmes de lignes de courbure qui divisent la surface S en rectangles élémentaires. » ÉLECTRICITÉ. — Sur In construction des machines destinées à (a transmission électrique du travail. Note de M. Marcel Deprez. « Les machines qui opèrent actuellement la transmission électrique du travail entre Creil et Paris ne sont pas celles qui avaient d'abord été con- çues et construites dans ce but. Elles ont subi de profondes modifications, pour les raisons qui vont être données. >' Lorsque je dus aborder la construction des machines dynamo-élec- triques à grande puissance et à haute tension, plusieurs points restaient douteux. On devait se demander : » 1° Si les lois de l'induction électrique demeureraient sans perturba- tion, en changeant les proportions et la flisposition du champ magnétique; » 2° Si la perte de travail causée par la self-induction, dont l'action avait été reconnue dans les machines à basse tension, ne s'exagérerait pas dans les machines à haute tension, portant de grandes longueurs de fil ; » 3° Si la perte de travail, résultant du déplacement du magnétisme dans le fer doux des anneaux induits, ne s'exagérerait pas avec la masse du fer de ces anneaux ; » 4° Si les étincelles qui se produisent aux balais frotteurs dans la marche des machines ordinaires ne prendraient pas, dans les machines à haute tension, une importance dangereuse; » 5" S'il serait possible d'isoler suffisamment les diverses parties du système pour empêcher l'électricité à haute tension de s'échapper. » La réponse à ces diverses questions pouvait être préjugée par l'étude des machines existantes, et une extrapolation très justifiée donnait toutes garanties; néanmoins, la certitude ne pouvait être entière qu'après la con- struction et l'épreuve des machines elles-mêmes. Celles-ci devaient d'ailleurs répondre à des conditions spéciales. Elles devaient être industrielles, c'est- à-dire solides, facilement démontables et réparables. Elles furent étudiées et construites pour satisfaire à ces nécessités. » Mises à l'épreuve au commencement de cette année, on dut reconnaître aussitôt qu'elles étaient atteintes d'un vice de construction dont les con- séquences étaient désastreuses. Le noyau de fer de l'anneau était composé ( 1249 ) de lames de fer doux qui devaient être soigneusement isolées les unes des autres : elles ne l'étaient pas, ou très mal. Il en résultait que la mise en marche des machines engendrait dans cet anneau des courants intérieurs, du genre de ceux nommés courants Foucault, qui absorbaient une somme de travail énorme. » Comme on peut le penser, le temps d'arrêt et le retard sérieux entraî- nés par cette erreur ne furent pas sans causer quelque trouble parmi ceux qui s'occupaient des expériences. Je dois témoigner ici ma reconnaissance à M. A. Sartiaux, ingénieur, sous-chef de l'exploitation du chemin de fer du Nord; dès l'abord, il vit nettement que le défaut, malgré la grandeur de ses conséquences, n'avait qu'une importance apparente, et ne tenait en rien au principe ; son appui ferme et clairvoyant fut d'un très précieux secours, pour la suite et la conduite à bonne fin des travaux. » Il fallait procédera une réfection entière de ces pièces; de plus, la grandeur du défaut était telle, que toute étude devenait impossible et qu'au- cun des points douteux ne put être sérieusement élucidé. Enfin, le temps pressait, une limite ayant été fixée à l'expérience. » Dans ces conditions, je dus me résoudre à me placer avant tout dans les conditions les plus sûres. Renonçant aux dispositions industrielles, sacrifiant provisoirement la mobilité, la solidité et même un peu la facilité d'isolement, cependant si nécessaire, je m'efforçai de satisfaire aux condi- tions électriques seules, en éloignant, autant que possible, toute cause d'aléa et, pour cela, adoptant de parti pris les dispositions les plus usitées et les mieux connues. » Les anneaux induits, étudiés dans ce sens, furent mis en construc- tion; ce sont eux qui fonctionnent actuellement à Creil et à Paris. » Pendant cette construction, à titre d'expérience, un des anciens an- neaux fut mis en réparation; on sépara et réisola soigneusement les lames qui composaient le noyau. Cette opération longue et délicate fut menée à bonne fin par les soins de M. E. Sartiaux, chef du service télégraphique de la Compagnie du chemin de fer du Nord. L'anneau reconstitué fut mis à l'épreuve, et l'on reconnut qu'il donnait tous les résultats qui en avaient été attendus. Étudié d'abord avec quelques tours de fil enroulés diamé- tralement, puis avec un certain nombre de sections, puis complètement enroulé, il donna toujours les forces électromotrices prévues. De plus, il permit de répondre aux questions pendantes et l'on sut : » 1° Que les lois de l'induction n'éprouvent aucune perturbation , quelles que soient la grandeur des machines et la dimension de leur champ magnétique; ( laSo ) » 2° Que la self-induction n'a pas plus d'iniportance dans les grandes machines à nombreux tours de fil que dans les petites à faible nombre. Cette vérité avait d'ailleurs été mise à peu près hors de doute déjà par 1 étude de machines du type Gramme ordinaire, que j'avais comparées avec mes premières machines à haute tension ; cette étude avait montré que les machines ayant des sections formées par 4" de gros fil, et d'autres ayant des sections formées de ^5™ de fil fin, avaient exactement le même coefficient de perte; » 3" Que les travaux engendrés par le mouvement du magnétisme dans le fer restaient, dans toutes les machines, à peu près négligeables; » 4° Que les étincelles aux baiais peuvent toujours être évitées, eu éta- blissant une relation convenable entre la puissance du champ magnétique, l'intensité développée et la position des balais; bien plus, il fut reconnu qu'à ce point de vue les machines à haute tension étaient en somme plus favorables que les autres, en raison de la faiblesse relative des intensités qu'on y engendre. » Ces épreuves faites, il eût sans doute été préférable de revenir aux pre- miers anneaux, convenablement réparés; mais le temps pressait, les autres anneaux allaient être terminés; ils répondaient en somme aux nécessités de l'expérience, et je dus m'en servir. » On remarquera qu'il n'a pas été parlé de l'isolation : cette difficulté n'est pas de nature théorique, et il était certain que, par une étude pratique convenable, on arriverait à la vaincre. Les machines actuelles, bien que ne possédant pas, tant s'en faut, toutes les dispositions que j'ai préparées dans ce sens, sont cependant déjà arrivées à un haut point de perfection; elles supportent des forces électromotrices très élevées et des chocs élec- triques très violents. » Pour la ligne conductrice, son isolement général est très bon, ainsi que l'isolation mutuelle des deux fils d'aller et de retour qui la composent. Il a été impossible jusqu'ici de constater une perte électrique appréciable, malgré les temps détestables que nous venons de traverser. On peut consi- dérer, dès à présent, comme certain qu'une ligne aérienne sur poteaux, construite avec soin, sera un conducteur excellent pour la transmission électrique de la force. Toutefois, dans l'état actuel, elle reste encore expo- sée à un genre d'accidents dans la traversée des villes; on ne peut éviter que le fil de ligne passe auprès d'autres conducteurs affectés à la Télégra- phie ou à d'autres usages. Il peut alors se produire, entre ces conducteurs, des contacts temporaires, ou ces liaisons prolongées qu'on nomme, en Té- légraphie, mélange de fils. ( I25l ) » Par un hasard très regrettable, un accident de ce genre a eu lieu le jour même où un certain nombre des Membres de l'Institut ont bien voulu visiter les expériences de Creil-Paris, honneur dont je dois remercier pro- iiudédient l'Académie. » Les conséquences de ces accidents sont moins graves qu'on ne pour- rail le croire en considérant les étincelles éclatantes qu'ils occasionnent; des machines bien construites y résistent, et l'on a pu voir les machines de Creil-Paris reprendre leur marche, aussitôt après l'arrêt entraîné par un contact de ce genre. » Toutefois, de pareils à-coups dans la marche des machines seront fa- cilement évités; elles doivent conserver l'allure régulière si satisfaisante que MM. les Membres de l'Institut ont pu constater pendant ce mouve- ment. Ce résultat sera atteint par une étude pratique. L'expérience nous indiquera elle-même, parmi les dispositions qu'on peut immédiatement imaginer, laquelle doit être adoptée. » Il m'est donc permis dédire que tous les points qui pouvaient prêter au doute, en ce qui concerne la transmission électrique des grandes forces aux grandes distances, sont aujourd'hui élucidés; si les machines actuel- lement en fonction n'ont pas les qualités industrielles qu'on pourrait leur souhaiter, des motifs de circonstances seuls en sont cause; les premiers types construits les possédaient, rien ne s'oppose à ce qu'elles soient don- nées bientôt aux types définitifs. » ÉLECTRICITÉ. — Examen des causes qui onl entravé un instant les expériences de transport de la force, entre Creil et Paris. Note de M. A. Sartiaux. « J'ai fait visiter en détail la ligne de transport de force qui réunit Creil à la Chapelle, afin de tâcher de découvrir les causes auxquelles devait être attribué l'incident qui a entravé un instant les expériences de trans- port, pendant la visite à Creil des Membres de l'Académie des Sciences. » Yoici le résumé des constatations faites : » Le fil télégraphique qui sert à la correspondance entre les deux abris des machines électriques de Creil et de la Chapelle a été mis momentané- ment en communication, par le vent, avec la ligne nue d'expériences, à l'aide d'un arbre que la grande pluie de toute la journée avait rendu suffi- samment bon conducteur. Le courant venant de Creil s'est écoulé, en partie, par le fil de fer de cette communication télégraphique, et a produit [ laoa ) l'élincelle constatée à la Chapelle et à Creil, qui a brûlé quelques petits appareils. » Un contact complet a été constaté entre le fil du bureau de l'artillerie de Saint-Denis et le câble supérieur recouvert de plomb, servant à la trans- mission de la force, que ce fil traverse près du fort la Briche. Une décharge s'est, paraît-il, produite au bureau de l'artillerie. » Le fil du fort de la Briche, posé récemment, avait élé placé à une dis- tance insuffisante des conducteurs du transport. Enfin, on a trouvé, à un poteau voisin de Saint-Denis, un isolaleur brisé et brûlé, en un point où le plomb était détruit et où le filin goudronné, servant d'isolant, était brûlé. Quelle était la cause? quel était l'effet? Il ne paraît pas facile de le décider. Ce qui est certain, c'est que pendant l'expérience on a observé à ce poteau des étincelles. )) Toutes les réparations sont aujourd'hui faites et la ligne a retrouvé son parfait isolement des premiers jours. Je fais encore visiter tous les points d'attache du câble recouvert de plomb, à chaque isolateur. » En définitive, l'incident qui s'est produit, pour la première fois depuis plus d'un mois, est dû à un défaut d'isolement de la ligne de transport, résultant de communications accidentelles avec la terre, faciles à éviter. Il me parait faire ressortir qu'il ne faut pas abuser des précautions, et qu'un fil nu, suffisamment éloigné de la portée de la main et des fils télégraphiques voisins, est souvent préférable à un fil parfaitement isolé, comme l'est le nôtre sur une partie de sa longueur. » PHYSIQUE. — Relations entre l'absorption de la lumière et l'émission de la phosphorescence dans les composés «furanium; par M. Henri Bec- querel. (Extrait.) « La recherche des causes de l'absorplioi! et de l'émission élective de certaines radiations par divers corps, à une température inférieure à celle de l'incandescence, constitue l'un des problèmes les plus importants de la Physique, et s'il est difficile d'aborder la question dans toute sa généralité, l'étude des propriétés remarquables de certaines substances peut être par- ticulièrement instructive. Les composés d'uranium présentent à ce point de vue des caractères d'un très grand intérêt. » La phosphorescence de ces composés a été l'objet d'études {*) que je ( ' ) E. Becquerel, Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XL; Annales de Cliimie et de Physique, 5° série, t. X, p. 5. ( 1253 ) ne rappellerai pas dans cet extrait. Je résumerai seulement les principales conclusions auxquelles m'ont conduit des expériences nouvelles sur les- quelles on trouvera plus de développements dans un Mémoire qui paraîtra prochainement. » Les composés d'uranium peuvent se partager en deux classes corres- pondant à des propriétés optiques distinctes : i" les composés uraniques; 2° les composés uraneux. » 1° Composés uratiiques. — Les composés uraniques sont pour la plu- part phosphorescents. Lorsqu'on analyse au spectroscope la lumière qu'ils émettent, on observe, en général, un spectre discontinu formé de sept à huit bandes ou groupes de bandes, régulièrement distribuées entre les raies C et F, et dont les positions et les apparences diverses varient avec la nature des composés. Ces mêmes substances présentent un spectre d'ab- sorption formé de bandes, ou groupes de bandes, dont la position, le groupement et l'aspect figurent dans le spectre la continuation de la série régulière des bandes qu'elles émettent par phosphorescence. Les longueurs^ d'onde de toutes les bandes, soit du spectre de phosphorescence, soit du spectre d'absorption d'un même composé, sont liées entre elles par une même loi qui peut se formuler simplement de In manière suivante : La différence des inverses des longueurs d'onde, ou, en d'autres termes, la diffé- rence des nombres de vibrations lumineuses pendant le même temps, est sensible- ment constante en passant d'un groupe au suivant, et la valeur de celte différence varie peu pour les divers composés d'uranjle. » Chaque bande d'absorption correspond à un ensemble de radiations qui provoquent la phosphorescence. En excitant divers composés, exclu- sivement par les radiations correspondant à chacune des bandes d'absor- ption, j'ai reconnu que, dans chaque cas, le spectre de phosphorescence présentait les sept ou huit mêmes bandes moins réfrangibles que la région excitatrice considérée. Ainsi, les radiations absorbées par les composés d'ura- njle, et qui satisfont à une loi commune, excitent toutes dans ces corps les mêmes mouvements vibratoires lumineux, de périodes diverses, et qui paraissent être des harmoniques inférieures des radiations excitatrices. i> Comme exemple de la régularité du phénomène, je citerai les longueurs d'onde moyennes des bandes d'émission par phosphorescence et d'ab- sorption du nitrate d'uranyle. Phosphorescence... 65'(,4 6iS,o 5SG,o 55S,3 523,5 5o8,o liSC},S 470i" Absorption 4^6,5 470iO 4^3,0 437, o Différence ;r — ^•- 0,000090 o,oooo8S 0,000084 0,000087 0,000090 0,000087 0,00007a o,ooooSo 0,000086 ( 1254 ) )) Les autres composés uraniques (chlorures, sulfates, phosphates, etc., simples ou doubles) donnent des résultats du même ordre. » Il convient de remarquer que Von observe toujours une ou deux bandes communes au spectre d' absorption et au spectre d'émission par phosphores- cence. Ce fait montre que, dans ces régions, les corps émettent des radia- tions de même longueur d'onde que celles qui les excitent, et il suo;gère l'idée que la propriété qu'ont divers corps de vibrer à l'unisson de certaines radiations qui les frappent est probablement la cause même de l'absorption de ces radiations. Ces considérations théoriques sont traitées avec le dé- veloppement qu'elles comportent dans le Mémoire annoncé plus haut. » La partie la moins réfrangible du spectre d'absorption des composés uraniques parait se terminer entre F et 6. C'est là un des caractères spec- troscopiques de ces corps. » 2° Composés uraneux. — J'ai observé que les composés uraneux, qui n'offrent pas de phosphorescence appréciable, donnent un spectre d'ab- sorption discontinu très remarquable, depuis F, jusque très loin dans l'mfra-rouge. Les déterminations infra-rouges ont été faites par les mé- thodes que j'ai décrites il y a plusieurs années. Lorsque les composés ura- neux que j'ai étudiés sont en dissolution dans l'eau, leur spectre d'absorption n'a pas le même aspect que lorsqu'on les prend à l'état cristallisé, La va- riation du spectre, sur laquelle je reviendrai dans une prochaine Com- munication, dénote une combinaison des sels avec l'eau. Le Tableau qui suit donne les longueurs d'onde moyennes des bandes d'absorption princi- pales du sulfate et du chlorure uraneux, cristallisés et en dissolution. Les fortes bandes d'absorption delà région rouge et infra-rouge sont carac- téristiques des composés uraneux, ainsi que la large bande de la région verte (X = 5^9), dont la position est très voisine de celle du groupe de lignes le plus intense du spectre d'émission de la vapeur àhiranium incandescente. Sulfaln iiranoux dissous cristallisé. dnns l'eau. io56 690 iiiiljlo 672 j large 665 ) et très loi i-tp 657 ) • P C53 i "■''' '"'■"■ 655 faible 645 645 faible 63 1 63 1 6i5 610 58y (traces) Chlorure uranea\ dissous ntiliyilro crislallisp. dans l'eau. Gt);^ très forU' 685 6-J2 forte lOjG c,;,, , ,.-. ,. ., , ..... , lit's forte 645 ii.'îi fi:ii lin très forte lii i faible ■'^■\ \ taible Zirron uranifère. II 30 690 forte 683 faible 662 ] double 660 t faible GS-i très forte GiS,5 6,4,5 590 ) double 588 ) forte Clilurure uralieux dissous anhydre criittalti^é. dans l'eau. 5()5 557 ) 588 l'ailjlu 548,5 55Ô i'"'-'"^ 5ig laiye bande 499.5 1 lai-ge W\ ''J- 496 et 47S id. - 474 ) foi-to ( 1 255 ) Sulfale uraiieux dts&ous dans l'eau ■ anhydre crislallisé. dans l'eau. Zircun uranifère. 5()2,5 558 553 ), . 553 ). , 554 i 543 forte ,, forte j.^, , r^ 'oil« r,5 s 549 i 549 ) 548,0 5oo ) 537,0 5i6 540 faible 49'l >d. 496 j et 5i3 5o4 (lifTiise 498 large 47S id. ' 474 ' foi''« 483 » Un des corps les plus intéressants est un zircoii transparent que l'on trouve à Ceylan, en Norvège et au Groenland; ce corps présente, dans la région visible et dans l'infra-rouge, des bandes d'absorption nombreuses assez fines, dont j'ai déterminé les longueurs d'onde inscrites dans le Ta- bleau précédent. Les principales bandes de la région visible avaient été vues, en 1860, par M. Sorby dans certains zircons, auxquels il faisait subir des traitements divers, et avaient été attribuées à un composé spécial de zircone et d'uranium. Les déterminations qui précèdent montrent que la substance active manifeste les propriétés générales des composés uraneux. On peut du reste obtenir des matières vitreuses donnant des bandes presque identiques, en fondant au chalumeau un mélange de protoxyde d'uranium et de phosphate de soude ou de borax. » Les bandes d'absorplioii des composés uraneux suivent avec une régularité remarquable la loi de répartition des bandes d'émission par phosphorescence des composés ur uniques, sans cependant avoir les mêmes intensités relatives. Les con- sidérations énoncées plus haut donnent à cette remarque une importance toute particulière. » En résumé, on peut déduire de celte étude les conclusions sui- vantes : » Les composés d'uranium sont dans un état moléculaire tel, qu'ils exercent sur la lumière une absorption élective de radiations harmoniques les unes des autres. En même temps, un certain nombre de composés émet- tenj; par phosphorescence des radiations lumineuses harmoniques infé- rieures des radiations absorbées. » L'absorption paraît due, dans ces corps, à l'existence de mouvements vibratoires, qui prendraient naissance sous l'influence des radiations inci- dentes, et qui seraient synchrones des radiations absorbées. » Ces considérations, particulières aux composés d'uranium, peuvent s'étendre à un grand nombre de corps, comme je le montrerai dans une Communication ultérieure. C-K., .885, 2' Semestre. (T. CI, N° 24.) ^"'^ ( '25(3 ) » En lerrainant, j'appellerai l'alteniion sur l'importance des caractères spectroscopiques qui viennent d'être décrits, autant pour la région lumi- neuse que pour la région infra-rouge, et (jui permettent de déceler, dans certaines substances, des traces de composé» uraneux. » SPECTROSCOPIE. — Spectre de bandes de l'azote; son origine. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. Cornu. « Exposé de la question. — L'origine du spectre primaire ou spectre de bandes de l'azote a été l'objet de discussions très vives. Cette question se rattache, en effet, à une autre plus importante, à la question des spectres multiples d'un même corps simple. Plùcker et Hittorf et la plupart des auteurs attribuent ce spectre de bandes à l'azote pur, qui aurait ainsi à haute température deux systèmes de vibrations différents. Angstrom et Tha- len, de leur côté, soutiennent qu'un corps simple ne peut avoir qu'un seul spectre, un spectre de lignes, et admettent, sans preuves suffisantes, que le spectre de bandes de l'azote est dû à des composés de l'azote avec les élé- ments de l'eau. Telles sont les deux opinions en présence. » Résultats généraux obtenus. Reslrictiotis. — Ces discussions ont porté seulement sur la région lumineuse du spectre. Or, grâce au concours aimable de M. Cornu, qui m'a prêté ses appareils photographiques, j'ai pu étudier la portion ultra-violette du spectre de l'azote, et je suis parvenu à reconnaître sûrement l'origine d'un groupe entier de ces bandes ultra-vio- lettes, qui est le spectre d'un composé d'azote et d'oxygène. » Ce résultat confirme donc l'opinion émise par M. Angslrom, mais, et j'insiste sur ce point, seulement pour une partie du spectre de bandes; car il n'est pas encore prouvé qu'une autre partie de ce spectre n'est pas due aux vibrations de l'azote seul. » Le dessin ci-contre donne à la fois les portions lumineuses et ultra- violettes du spectre, telles qu'on les voit avec une faible dispersion. Les bandes paraissent alors à peu près semblables; mais, lorsque la dispersion est plus forte, elles montrent des différences très grandes; et l'on recon- naît alors aisément trois groupes bien distincts, à savoir : » Un premier groupe seulement lumineux, de >. 700 à X 5oo environ; » Un deuxième groupe à la fois lumineux et ultra-violet, qui commence à X 5oo environ et finit à X 280. » Un troisième groupe seulement ullr;) violet, de X 3oo à X200. H U a te te _ S = cî ce 2 =o ( 1258 ) » H existe encore un quatrième groupe de bandes distinct des trois pré- cédents: c'est le groupe spécial au pôle négatif qui, dans la région ultra- violette, offre une bande unique, voisine de H. » Angstrom et Tbalen, en s'appuyant sur des inductions et des preuves indirectes, ont donné à la portion lumineuse du spectre considéré le nom âe spectre du bioxy de d'ozoie. Mais, en réalité, aucune bande lumineuse ne dépend de l'oxygène. Si, en effet, on enlève du tube spectral d'azote, comme on le verra plus loin, les dernières traces d'oxygène, les deux pre- miers groupes subsistent, mais le troisième groupe, le groupe ultra-violet, disparaît complètement. Ce groupe ultra-violet est donc le seul qui soit dû à un oxyde d'azote. » Détails sur les expériences. — Lorsque l'azote et le tube spectral sont pré- parés et desséchés par les moyens ordinaires, le spectre obtenu montre les trois premiers groupes de bandes, à peu près avec les intensités qu'ils ont avec l'air ordinaire; de plus, il présente une ou deux bandes ultra-violettes de la vapeur d'eau, qu'il est très difficile de faire disparaître et qui sont souvent intenses, alors que la raie C de l'hydrogène est très faible. La pré- sence constante de la vapeur d'eau, rapprochée de la propriété bien connue qu'a l'étincelle de former directement l'acide hypoazotique et l'ammo- niaque, impose fortement à l'esprit l'idée de l'intervention probable des éléments de l'eau. J'ai donc songé à illuminer de l'azote absolument privé d'hydrogène et d'oxygène. Mais, a priori, il semble impossible d'éliminer l'hydrogène et les hydrocarbures qui se dégagent des électrodes, du verre et de la graisse des robinets. J'ai cherché seulement à faire disparaître l'oxygène. » A cet effet, l'azote a été préparé par un contact prolongé d'air sec avec du cuivre réduit par l'hydrogène et porté au rouge; de plus, le tube spectral a été desséché avec le plus grand soin par le moyen suivant : Le tube spectral, placé entre deux tubes ordinaires pleins de morceaux de sodium, était soudé à une trompe d'Alvergniat à trois corps de chute; et, pendant plusieurs jours, j'ai fait le vide dans le tube jusqu'à la limite extrême de la trompe, tout en volatilisant et promenant le sodium à l'in- térieur. Les tubes se recouvrent de sodium brillant sur une large surface et se dessèchent complètement; on arrive ainsi assez vite à un vide tel que l'étincelle d'une forte bobine de Ruhmkorff ne traverse plus le tube. A ce moment j'introduis l'azote, qui, s'il est encore humide, se dessèche au con- tact (le la large surface de sodium, et finalement le gaz intérieur comprend ( 1259 ) de l'azote sec avec un peu d'hydrogène et d'hydrocarbures. Le gaz illu- miné donne les résultats suivants : » Le premier groupe paraît ne pas avoir changé, ou peut-être a diminué légèrement. » Le deuxième groupe présente un renforcement notable. » Le troisième groupe disparaît complètement. » Si, ensuite, on fait rentrer de l'air ordinaire, le sodium le dessèche encore, et si on illumine à la même pression le gaz sec, mais oxygéné, on retrouve les trois groupes avec leurs intensités ordinaires. » De ces expériences je conclus : » 1° Que le troisième groupe est dû à un oxyde d'azote et vraisembla- blement à l'acide hypo'izotique; » 2" Que le deuxième groupe est dû probablement à un composé d'azote et d'hydrogène, à l'ammoniaque; » 3" Que le premier groupe semble pouvoir être attribué soit à l'azote seul, soit à un autre composé d'azote et d'hydrogène. » Détails sur les deuxième et troisième groupes. — Le deuxième groupe de bandes est le plus intense, dnns les conditions où je me suis placé, c'est- à-dire avec une bobine de Ruhmkorff, modèle moyen, les spectroscopes lu- mineux ordinaires et les plaques au gélatinobromure. Les bandes de ce groupe dans la région lumineuse sont à peu près égales d'intensité. Mais, dans la région ultra-violette, elles sont très inégales, et certaines bandes sont très fortes, à côté d'autres voisines très faibles, comme si elles avaient gagné ce que les autres ont perdu. Les deux plus fortes, dont les raies arêtes ont pour longueur d'onde 367,9 et 337, 2, sont caractéristiques de l'azote, et se montrent souvent, alors que toutes les bandes lumineuses sont invisibles. » Lorsqu'on examine ce deuxième groupe avec un appareil très dispersif, la raie la moins réfrangible de chaque bande ou raie-arête se divise en trois raies intenses, et la partie dégradée ou la plus réfrangible offre une série de triplets. Cette structure par triplels, non encore signalée, est spéciale au deuxième groupe. » Le troisième groupe est moins intense que le second ; il offre à peu près la même disposition générale de bandes, et la même succession de maxima et de minima. Il présente de même deux bandes très fortes, qui correspondent aux bandes très fortes du deuxième groupe, et dont les raies arêtes ont pour longueur d'onde 248, o et 237, i . Avec une dispersion ( 1 aôo ) assez forte, chaque bande de ce groupe, ainsi que le montre le dessin, paraît formée par la superposition de deux bandes semblables. » Recherches uUéiieitres. — De toute façon, ces trois groupes sont les spectres de trois corps, simples ou composés, qui ont ini élément commun, l'azote; aussi ces trois groupes, examinés au point de vue de la disposition générale et de la structure intime des bandes, offrent des carac- tères commims, ce à quoi l'on pouvait s'attendre. L'étude de ces carac- tères commiuis et des conséquences théoriques auxquelles ils peuvent con- duire fera l'objet d'une Communication prochaine. ■' PHYSIQUE. — Sur la diffusion de In chaleur. Note de M. Léon Godard, présentée par M. Mascarf. « F. de la Provoslaye et P. Desains ( ' ) ont montré que, si de la chaleur tombe normalement sur une plaque de céruse, les quantités de chaleur dif- fusée varient proportionnellement au cosinus de l'obliquité; que le cinabre et le chromate de ploir b viennent, sous le rapport de la diffusion, se ranger tout près de la céruse; enfin que la loi de décroissement est beaucoup plus rapide pour l'argent en poudre. » Dans mes expériences, la disposition expérimentale était analogue à celle qui se trouve indiquée dans le travail de ces physiciens. F/appareil permettait de placer la plaque diffusante horizontalement. Pour éviter les causes d'erreur signalées |iar A. Daguin (^) et par M. J. Tyiulall (^), les corps bien pulvérisés étairnt mis en suspension dans l'eau distillée et ré- pandus sur des plaques de verre horizontales. Dans certains cas, l'eau était remplacée par l'alcool. » Cette étude nous a permis d'établir que )a loi du cosinus s'applique à toutes les substances mates, qu'elle est vraie quelle que soit la source de cha- leur, et qu'elle s'applique dans certaines limites aux sul)sianc<'s qui, comme l'argent en poudre, présentent un pouvoir réflecteur. Toutefois celte loi ne se vérifie d'une façon com[)lète que lorsque la plaque diffusante a une certaine épaisseur. Ou est donc conduit à admettre l'influence de l'épais- seur de la couche diffusante et, par suite, l'existence d'une épaisseur limite £, f ') Annules de Chimie et de Physiiine, 3'' série, I. XXXIV. [''■] Trailé de Physique, t II, p. q5 ; 1878. (^) Influence des cniileins et de lu ennditinii niérniiiiiue sur lu rhiileiir rayonniinlr. ( I26l ) à partir de laquelle la diffusion caloi ifique devra se faire dans les conditions normales. » Considérons une plaque d'épaisseur e, e étant plus petit que e; pour un angle de diffusion a (angle compté à partir de la normale), on peut admettre que la courbe diffusante a une épaisseur e, = ' ' cosa » Lorsque l'angle oc est voisin de 90°, celte épaisseur e, est plus grande que l'épaisseur limite e, et la loi doit s'appliquer. Si l'angle a croît, e, dimi- nue, et nous arrivons à une position pour laquelle e, = e. Soit y l'angle cor- respondant. On a alors e COS7 Si celte hypothèse est exacte, tme pareille plaque devra suivre la loi du cosinus pour les rayons diffusés voisins de la surface, et la loi devra être brusquement rompue quand on prendra des rayons diffusés de plus en plus voisins de la normale. C'est ce que l'expérience a vérifié. » On déduit aisément de ces considérations un moyen de déterminer l'épaisseur limite e. Dans le cas de la chaleur solaire, on a trouvé, pour les épaisseurs limites : lu m Blanc de cériise o,346 Cinabre o»'?^ Jaune de chrome o, i65 Bleu Tlienaid o, i63 » Cette épaisseur limite, variable avec chaque substance, varie aussi avec la source de chaleur et augmente quand la température de la source diminue. Le pouvoir diffusif de la substance diminuant quand la tempé- rature de la source s'abaisse, et par suite le pouvoir absorbant augmentant, il est permis d'admettre que l'épaisseur limite, déterminée expérimenta- lement au moyen de la diffusion, est celle qui est nécessaire à l'absorption complète des rayons calorifiques. Pour justifier cette hypothèse, si l'on prend une plaque de blanc de céruse, d'épaisseur plus faible que l'épaisseur limite, et si, derrière cette plaque, disposée sur une Lame de verre, on place une pile thermo-électrique, l'aiguille du galvanomètre est déviée, indiquant ainsi le passage d'une certaine quantité de chaleur. Si à celle plaque on en substitue une autre d'épaisseur plus grande que e, l'aiguille reste immobile. » Ces expériences permettent en outre de conclure que les molécules du ( 1202 ) verre, du carbonate de plomb cristallisé, conservent leur diathermanéité quand ces substances ont été pulvérisées; et l'on conçoit l'existence d'un nombre suffisant de ces petites parcelles pour empêcher la chaleur de passer, comme si chacune d'elles jouait le rôle des lames de glace que Melloni superposait pour étudier le décroissement du pouvoir diathermane avec l'épaisseur. Ajoutons que cette épaisseur limite, assez grande pour les substances facilement diathermanes, devient plus faible pour les sub- stances qui, à l'état cristallisé, comme le sulfate de cuivre, présentent un pouvoir diathermane presque nul (' ). » CHIMIE. — Sur (es hydrates de l'acide arsénique. Note de M. A. Joly, présentée par M. Debray. « Les hydrates de l'acide arsénique ont été étudiés par E. Kopp, en i856 {Jnn. de Chimie et de Phys., 3' série, t. XLVIII, p. 106); en 1874, M. J. Thomsen [Deutsche Chein. Gesell., p. 1002) a déterminé la chaleur de formation, à partir des éléments, de l'acide arsénique anhydre et des deux hydrates AsO',3HO et AsO%2HO. L'hydrate AsO^^HO, sommairement étudié par E. Kopp, qui le premier l'a fait connaître, n'a pas été examiné par Thomsen. Il m'a paru intéressant de faire de cet hydrate une étude plus complète, en raison des relations d'isomorphisme que j'ai signalées entre les composés AsO% 4HO et PhO% 4 HO (Comp/es rendus, t. C, p. 447)- » L Une dissolution sirupeuse d'acide arsénique, dont la composition est rigoureusement AsO%4HO, ou n'en diffère que par un léger excès d'eau, laisse toujours déposer, pendant l'hiver, par suite des variations de tempé- rature du laboratoire, ou par l'agitation de longs prismes transparents, de l'hydrate AsO%4I10' Si la dissolution est plus étendue, la cristallisation spontanée ne se produit plus, et il est indispensable, pour faire cesser la sur- saturation, de toucher le liquide avec un cristal d'acidearsénique AsO% 4IIO ou d'acide phosphorique quadriliydraté. J'ai pu refroidir une dissolution renfermant AsO%4HO + HO à — 5o° et frotter énergiquement les parois du vase avec une baguette de verre sans obtenir la cristallisation. Mais, au contact d'un cristal d'acide arsénique, la solidification s'est produite instan- tanément. » Séchés sur une plaque de porcelaine dégourdie, sous une cloche (') Ce travail a élé fait au Laboratoire creiiseigueuient, à la Surbonne. ( .263 ) sèche, les cristaux renferment 76,7 d'acide anhydre (calcnlé : 76,2). Ils fondent et se solidifient entre 35", 5 et 36°. Très déliquescents, ils se dis- solvent rapidement dans une petite quantité d'eau avec abaissement de température. Leur chaleur de dissolution dans «H-0^ à i3", a été trouvée égale Cal Pour — 1,4, à « = 100 Pour — ^i ,3, à n =z 3oo Pour — 1,0, à « = 900 La chaleur de fusion est — 3^"', 7. » En comparant ces nombres avec les chaleurs de dissolution de l'acide anhydre et déshydrates AsO', 2HO et AsO% 3 HO dans 3oo H'O- environ, données par Thomsen, on trouve Cal AsO^ sol. -f- 2HO sol -l-o,g5 AsO^ sol. + 3H0 sol +1,3 AsO- sol. +4H0 sol -M, 4 » L'union des deux premiers équivalents d'eau dégage eu moyenne o^^',475 ('); l'union du troisième, o^-^', 35, et celle du dernier, seulement o*-"', I. Ces chaleurs d'hydratation sont beaucoup plus faibles que celles qui ont été observées pour l'acide phosphorique. » n. Dans le vide sec, les cristaux de l'hydrate AsO',4HO s'effleurissent rapidement et se transforment en une matière pulvérulente blanche dont la composition, déterminée au bout d'un mois et vérifiée après deux mois et huit mois, correspondait toujours à la formule AsO'-t-|HO. » On obtient ce même produit quand on maintient les cristaux de AsO%3HO dans l'étuve, à 110°, jusqu'à cessation de perte de poids. Ce nouvel hydrate est d'un maniement facile, il ne s'hydrate que lentement au contact de l'air humide et se dissout rapidement dans l'eau avec élévation de température. » La chaleur de dissolution à il\°, dans SooH^O-, a été trouvée égale à -f- i^"',38, et l'on calcule AsO^sol. + IHO sol +oC''',55 (') La chaleur de dissolution de l'acide arsénique monohydraté n'a pas été déterminée; car cet acide est difficile à obtenir pur par la méthode de E. Kopp et, d'autre partj il ne se dissout dans l'eau qu'avec une extrême lenteur. C. K., i885, 2« Semestre. (T. CI, N» 24.) it!^ ( '264 ) nombre un peu inférieur à f.o'^^'jQS = o^^^GS, ce qui tient évidemment à ce que le premier équivalent d'eau solide, en se combinant à l'acide arsé- nique anhydre, dégage plus de chaleur que le second. » III. Lorsqu'on fond l'hydrate AsOS4HO en vase clos et qu'on l'aban donne en surfusion à la température ordinaire, on remarque bientôt qu'il se dépose sur les parois du vase de petits cristaux microscopiques de l'hy- drate AsO', 3H0. Ces cristaux continuent de se développer lentement dans le liquide, formant une couche très dure au fond du flacon, en même temps que les cristaux deviennent plus nets. L'analyse du liquide accuse, au bout de deux mois, la composition AsO' -i- 4, 08 HO, et au bout d'une année AsO^ + 5 HO, » IV. L'hydrate AsO', 4H0 n'est donc pas stable à l'état liquide, il se dédouble en eau et en hydrate immédiatement inférieur. Cette transforma- tion est, en effet, exothermique; d'après les nombres donnés ci-dessus, on aurait AsO», 4H01iq. = AsO% 3H0sol.-h HOliq ^aCai ^ )) E. Ropp obtenait l'hydrate As0*,3H0 en évaporant une dissolution d'acide arsénique à 100°. L'évaporation a donc uniquement pour effet de maintenir le liquide qui surnage les cristaux au même état de saturation et de faciliter, par conséquent, le dédoublement total de l'hydrate à 4^** d'eau. " Il est probable, d'après les indications que donne E. Kopp sur les cir- constances de formation des hydrates, AsO% 2HO et AsOMIO,et d'après les observations que j'ai faites moi-même, que ces deux hydrates se forment aussi par dédoublement de l'hydrate inférieur. Mais la nécessité d'opérer en tube scellé, à des températures de 180° et 210°, et l'attaque des parois de verre par l'acide arsénique rendent l'étude de leurs transformations plus difficile. » V. L'hydrate AsO', 3H0, qu'il ait été obtenu à 100° ou à la tempé- rature ordinaire, ne fait pas cesser la surfusion de l'acide phosphorique trihydraté liquide. J'ai maintes fois répété cette expérience et j'ai tou- jours obtenu un résultat négatif. Ce fait est d'autant plus digne de re- marque que les acides phosphorique et arsénique quadrihydratés font, réciproquement, cristalliser leurs liquides surfondus. » ( 1265 ) CHIMIE. — Recherches sur la formation des gisements de nitrate de soude. Note de M. A. Muntz, présentée par M. Hervé Mangon. « Les gisements de nitrate de soude, qui forment des masses consi- dérables dans certaines parties de l'Amérique du Sud, sont exploités depuis de longues années. Cependant aucune explication satisfaisante de leur mode de formation n'a été donnée. On ne sait pas quelle est l'origine de l'azote combiné qu'ils renferment, pourquoi cet azote se trouve à l'état d'acide nitrique et pourquoi ce dernier est tmi à la soude, alors que par- tout ailleurs, à de très rares exceptions près, il est combiné à la chaux ; on ignore la cause de la présence du sel marin dans ces nitrates et de leur concentration dans les terrains qu'ils occupent. » Les études que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie ont eu pour but de résoudre les diverses questions que je viens de poser. » Dans de précédentes recherches (' ) nous avons montré, M. Marcano et moi, que la nitrification, qui s'effectue avec une si grande énergie sous les tropiques, a pour cause unique et immédiate la transformation des résidus de la vie sous l'influence d'un organisme microscopique. Dans les nombreuses localités dans lesquelles nous avons constaté la formation du nitre, nous avons en même temps trouvé la matière organique en décom- position, le phosphate de chaux, témoin d'une origine animale, et le ferment de la nitrification. » Le mode de formation du nilre est donc, sous les tropiques, à l'intensité près, ce qu'il est dans les pays tempérés. « Un fait singulier a fixé mon attention : les gisements de nitrate de soude, qu'on trouve sur les côtes de l'océan Pacifique, contiennent de l'iode, à un état anormal, celui d'acide iodique. C'est le seul exemple, à ma connais- sance, de l'existence, dans la nature, d'un composé oxygéné de l'iode. J'ai montré (^j que, de même qu'on trouve dans ces nitrates l'iode à l'état d'io- date, on y trouve le brome à l'état de bromate. Ces faits m'ont porté à re- chercher si les iodures et les bromures, placés en présence de l'organisme nitrifiant, dont la faculté d'oxydation est si grande, pouvaient fixer de l'oxygène pour se transformer en iodates et bromates. Il en a été ainsi en (') Comptes rendus, t. CI, p. 248. (-) Ibid., t. CI, p. Il 36. ( 1266 ) effet (') et la présence des combinaisons oxygénées de l'iode et du brome dans les nitrates de soude est une preuve de plus de la formation de ces gisements sous l'influence de l'organisme nitrificateur. » La présence de l'iode et du brome, qui se trouvent en proportion notable dans l'élément marin, et ailleurs seulement à l'état de traces, montreque la mer est intervenue, ce qui est confirmé par l'existence du sel mélangé an nitre. Si nous avions trouvé l'iode et le brome à l'état d'iodure et de bromure, nous eussions pu penser que la mer est intervenue postérieurement à cette for- mation. Mais le fait de les trouver à l'état d'iodate et de bromate montre que cette intervention a eu lieu antérieurement, au cours même de la nitrifica- tion quia produit, simultanément et |iar le même phénomène, l'oxydation de l'azote et celle du brome et de l'iode. Nous savons que la nitrification peut se produire en présence de l'eau de mer(^); j'ai constaté que l'eau mère des marais salants ne l'empêche pas non plus de se produire. » Ces divers faits conduisent à admettre C intervention des eaux marines, plus ou moins concentrées, à une époque qui a coïncidé avec la formation du nitre. » Ce qui précède n'explique pas pourquoi le nitre se trouve à l'état de nitrate de soude. Nous avons montré (') que l'acide nitrique qui se produit aux dépens de la matière organique azotée et au contact du calcaire s'unit H la chaux au moment de sa formation. C'est donc du nitrate de chaux qui se produit originairement. Le sel marin, agissant sur ce dernier, opère une double décomposition qui donne naissance à du nitrate de soude. Si, en effet, nous laissons évaporer un mélange de sel marin et de nitrate de chaux, les eaux mères contiennent de l'azotate de chaux et du chlorure de calcium, et les masses cristallines qui se sont formées consistent en un mélange de nitrate de soude et de sel marin. Si, au lieu de produire celte double décomposition dans un vase, nous la laissons s'effectuer au sein de la terre et dans un endroit exposé à l'action de la pluie, nous trouvons dans les parties supérieures des amas cristallins, constituant un mélange de sel marin et de nitrate de soude, semblable à celui qui forme les gisements du Pérou. Les eaux de drainage contiennent du chlorure de calcium. » La formation du nitrate de soude est le résultat d 'une double décomposition entre le nitrate de chaux et le sel marin. » Un autre point reste à expliquer: pourquoi les nitrates du Pérou se Irou- (') Compta rendus, t. CC, p. il 36. (2) Ihid., t. LXXXV, p. I020. {^) Ibid., t. CI, p. 65. ( 1267 ) vent-ils réunis dans des sols sablonneux ou compacts, dans lesquels la nitri- fication semble difficile? Dans nos études sur la formation des terres nitrées, nous avons montré que partout où l'on peut saisir la nitrification (') en pleine activité, on trouve, comme dernier témoin d'une origine animale, des quantités considérables de phosphate de chaux. Si les eaux interviennent, elles laissent le phosphate en place et enlèvent le nitre qui se transporto ainsi et peut cristalliser dans d'autres lieux. Ce phénomène de déplacement est fréquent, et s'effectue constamment sous nos yeux ; il produit les elflo- rescences qu'on trouve sur les murs. Dans les terres qui contiennent les amas de nitrate, on ne constate pas de phosphate : le nilre ne s'y est pas produit; il a voyagé el n a fait que s y concenlrer après avoir quille son lieu de formation. » Après avoir effectué ainsi la synthèse des phénomènes qui ont con- couru à la formation des gisements de nitrate de soude du Pérou, nous pouvons résumer, dans les conclusions suivantes, le résultat de nos recher- ches : » 1° Ces gisenients doivent leur origine à l'azote des matières organiques, oxydées sous l'influence du ferment de la nitrification. » 2° L'eau de mer ou, peut-être, l'eau mère de marais salants, a été en contact avec ces matières pendant le cours de la nitrification. » 3° Le nitrate de soude est produit par une double décomposition entre le nitrate de chaux originairement formé et le sel marin. M 4° Le nitrate de soude ne s'est pas formé dans les terrains qu'il occupe actuellement; il s'y est concentré après avoir quitté son lieu d'origine. » CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles recherches sur les matières protéiques. Note de M. Paul Scuctzenberger, présentée par M. Friedel. « Par mes précédents travaux sur les substances protéiques : matières albuminoïdes, matières coUagènes, productions épidermiques, j'ai démon- tré que les seuls produits importants comme masse formés dans le dédou- blement par hydratation sous l'inQuence de la baryte, les seuls, par con- séquent, dont il y ait à tenir compte pour établir la constitution des composés protéiques, sont : ( ' ) Nous ne considérons, clans tout le cours de ce travail, que la nitrification intense qui donne naissance ù de grandes masses de nitrates, comme dans les terres nitrées. ( 1268 ) » I. L'acide carbonique, l'acide, oxalique, l'ammoniaque, dans les rapports de décomposition de l'urée (carbamide) et de l'oxamide; » II. Des composés amidés de la forme C"H'-""^'AzO^, homologues du sucre de £;élaliiie et cristallisables ; » III. Un produit incrislallisable par liii-inème, mais susceptible de cristalliser en combinaison avec les composés amidés de la forme CIF""*^' AzO-, produit qui, à l'analyse élémentaire, donne des nombres concordant avec la formule a;(C''H"' AzO"), et auquel j'ai donné le nom de leucéine. » L'apparition constante de ce produit parmi les dérivés du dédouble- ment de toutes les matières protéiques permet d'affirmer qu'il joue dans leur structure un rôle important, analogue à celui de la glycérine des corps gras. Il doit, en effet, d'après mes nouvelles recherches, être envi- sagé comme le noyau commun auquel se trouvent associés les divers groupements amidés C"H-""' AzO*, ainsi que l'urée et l'oxamide. » La différence entre deux matières protéiques telles que l'albumine et l'osséine dépend surtout du nombre des groupes amidés fixés au noyau et de la valeur moyenne de n qui, pour l'albumine, est très près de 4,5, tandis que pour l'osséine elle se rapproche de 3, » La constitution des corps de la forme C"H^"^'AzO^ est connue; ce sont des dérivés amidés des acides gras (acides acétique, propionique, etc.) ; celle de la leucéine restait seule indéterminée. » Il est évident, d'après ce court exposé, que la constitution de la leucéine représente la seule inconnue qui s'oppose encore à la solution du problème touchant la structure générale des matières protéiques. Cette considération m'a amené à diriger de nouvelles recherches dans cette voie. » La leucéine incristal lisable extraite du mélange des composés fixes pro- venant du dédoublement barytique de l'albumine coagulée ne donne des nombres concordant avec les rapports C H'AzO" qu'après avoir été sé- chée longtemps entre i4o° et i5o°. Séchée entre 1 00° et iio°, elle retient de l'eau de constitution. J'ai pu la scinder en deux parties équivalentescomme masse : l'une est un acide fort, donnant un sel barytique gommeux, incris- tallisabie, insoluble dans l'alcool à 90°, répondant à la formule C'H'''Az^O' et monobasique pour cette formule; l'autre est un corps neutre ou qui tout au moins ne donne pas de sel barytique indécomposable par l'acide carbonique; il est soluble dans l'eau et dans l'alcool absolu froid, difficilement cristallisable en cristaux indistincts de saveur sucrée. L'analyse de ce second produit conduit à la formule C* H'" Az-O'. Ces ( 1269 ) deux produits, acide proléique et glucoprotéine, sont entre eux dans les rapports de composition d'un acide et de l'alcool correspondant. » La leucéine séchée à 1 5o° représente leur combinaison avec perte d'eau ou leur étlier C*H'''Az-0' + C''H'"Az-0'- H^O = C'»H=«Az'0« = 4 (C^H'AzO-). » Les données qualitatives et quantitatives, si variées et si nombreuses, que j'ai publiées dans mon Mémoire inséré aux Annales de Chimie et de Physique[ ' ), concordent toutes d'une façon remarquable avec la constitu- tion suivante : aune molécule de leucéine ou éther protéiqueC"'H^^Az''0% on associe par union avec perte d'eau : 1° une molécule d'oxamide ; i" une molécule de leucine CH'^AzO*; 3° une molécule d'acide amidovalérique C^H"AzO^ » La formule de l'albumine serait alors C"H''*Az^O"' (^) et le dédou- blement par la baryte se représenterait par l'équation C"H'«Az«0'" + 7H20 = CH'^AzO^ + C'H"AzO- + [C«H"AzO' -+- C'H"=Az-0''] Albumine. Kau. Leucéine. Acide amido- Acide Gluco- valérique. protéique. protéine. + C^H^O» 4- 2AzH^ Acide Amnio- oxaliquc. niaque. )i Le résidu fixe formé par le mélange des composés araidés (leucine, acide amidovalérique, acide protéique, glucoprotéine) serait représenté on masse par l'expression C-'H*' Az"0' '. » Le Tableau suivant montre l'accord entre la théorie et l'expérience : » 1° La formule C-'H'* Az'O'", adoptée pour l'albumine coagulée, donne : Calcul. Expérience. Carbone 52 , 09 62 , i à 52 , 8 Hydrogène 7>i8 7,16 Azote 16,76 16,70 Poids moléculaire 668 (') 5= série, t. XVI, 1879. (") Ce poids moléculaire est certainement trop bas, mais il peut être facilement doublé, triplé, etc., en soudant plusieurs groupes entre eux par l'intermédiaire de l'urée ou de l'oxa- mide, composés à deux branches /AzH3 /AzH2 C-0'- X ou CO . . ^AzH^ ^AzH2 ( 127° ) » 2« Le résidu fixe C-Mi^Az^O'» donne : Calcul. Expérience. Carbone...' .' 48,35 48,4 Hydrogène 8,o6 8,o Azote 12,53 12,4 Poids moléculaire 670 » 3° Le poids du résida fixe doit être égal à celui de l'albumine em- ployée. On a trouvé : pour 100 d'albumine, 98,5 à 99 de résidu fixe. » 4° 100 d'albumine doivent fournir 37,1 d'acides amidés C"H^"^' AzO". On a trouvé : mélange de leucine et d'acide amidovalérique, 33 à 35. » 5° 100 d'albumine doivent dégager 4, i d'azote à l'état d'ammoniaque. On a trouvé I\,i, » 6" L'analyse du résidu fixe donne entre Az et O un rapport atomique égal à 1 : 2,1 5; la formule ci-dessus donne le rapport 6 : i3 = 2, 16. » Nous avons laissé de côté, dans nos équations, les produits acces- soires et qui n'apparaissent qu'à très faibles doses : tels que le soufre, la tyrosine, etc. Si la place le permettait, il nous serait aisé d'en expliquer le rôle. )) La leucéineou éther protéique, soumise àl'oxydation par divers agents, a fourni des termes qui se rattachent directement au groupe de l'acide succinique. Ce résultat jette quelque jour sur sa constitution et restreint beaucoup le champ des hypothèses possibles. Il nous serait aisé de donner pour l'albumine une formule de structure très simple et très élégante; mais nous préférons réserver ce point jusqu'à ce que les faits d'expérience soient assez nombreux pour qu'il n'y ait plus d'hésitation possible dans les détails. Ces recherches seront poursuivies activement, en vue de fixer par tous les moyens possibles la structure de la leucéine. » CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de Célher benzoylcyanacélique el de lu cyanacélophénone. Note de M. Haller, présentée par M. Berthelot. « Dans une Communication précédente (' ), que j'ai eu l'honneur de pré- senter à l'Académie et qui avait pour titre : Sur une nouvelle classe de com- posés cyanés à réaction acide^ j'ai fait voir que l'éther malonique sodé, (') Comptes rendus, t. XCV, p. 142. ( '27' ) traité par du chlorure de cyanogène, fournit un composé cyané qui a une réaction acide et qui est susceptible de fournir, avec les bases, des sels bien définis. Dans un travail fait en collaboration avec M. Held (' ), il a été démontré que l'éther acétylacétique jouit des mêmes propriétés. /) L'éther benzoylacétique CH^CO.CH^jCO-C- fl^, découvert parBaeyer a une constitution analogue à celle que possède l'éther acétylacétique ; aussi, traité dans les mêmes conditions que ce dernier par du chlorure de cyanogène, il fournit de l'éther benzoylcyanacétique, suivant l'équation CH', CO, CHNm, CO^C^H^ + ClCAz = NaCl -+- C' H% CO,ChC » Pour obtenir ce composé, on dissout 2^',4 de sodium dans 3oS' d'al- cool absolu et l'on ajoute à la solution refroidie 20''''' d'éther benzoylacé- tique. Le mélange est ensuite traité par un courant de chlorure de cyano- gène bien sec, jusqu'à ce qu'une portion du produit étendu d'eau ne mani- feste plus de réaction alcaline. A ce moment, on filtre; le liquide est réduit par évaporation et le résidu est repris par de l'eau, et agité avec de l'éther. Celui-ci a pour but d'enlever l'éther benzoylacétique non entré en réaction. La liqueur aqueuse, séparée de l'éther, est sursaturée par de l'acide sulfu- rique, puis de nouveau lavée à l'éther à plusieurs reprises. Les solutions éthérées réunies abandonnent par l'évaporation un liquide huileux rou- geâtre, qui finit peu à peu par cristalliser. On purifie ce produit en le pres- sant entre des doubles de papier et en le soumettant à de nouvelles cristal- lisations. » Le nouveau corps ainsi obtenu se présente sous la forme de beaux cristaux prismatiques, transparents, durs, solubles dans l'alcool, l'éther, la potasse et le carbonate de soude. Il fond à 37°,5. Les solutions alcooli- ques ont une réaction franchement acide; elles donnent, avec les sels fer- riques, une belle coloration rouge. L'analyse de ce corps a donné les résul- tats suivants : Ttiéorie Trouvé. pour C'"H"A2 0', — - — — pour 100. 1. II. C 66,35 65,71 65,82 H 5,06 5,28 5,33 Az 6,45 6,74 ( ' ) Comptes rendus, t. XCV, p. 335. C. R., i88a, i' Semestre. (T. CI, N" 24.) ltl3 ( '^72) » Comme ses analogues, l'éther henzoylcyanacétique se combine aux bases pour former des sels. » Le composé baryliqiie (C'-H'" AzO^)-Ea s'obtient en saturant une solu- tion hv(!ro-alcoolique de l'éther par de l'eau de baryte, filtrant et aban- donnant sous une cloche à dessiccation. Ce sont des cristaux blancs, solubles dans l'alcool, moins dans l'eau et ne décomposant pas par l'ébuilition. » f.e compose ca/czqiue (C'-H"'AzO")Ca s'obtient de la même manière. Il est blanc, cristallisé, soluble dans l'alcool, mais moins facilement dans l'eau. » Action d'une solution saturée d'acide chlorhydrique dans l'alcool absolu sur l'éther henzoylcyanacétique. — Le but de ce traitement était d'obtenir de l'éther benzoyimalonique, suivant l'équation CAz C''H%CO,CH^ -+-HCI +C-H*OH^-H=0 = C''H',C0,CHC +AzH^C]. La réaction se passe autrement. Si l'on abandonne pendant quelques mois le mélange à lui-même, on constate qu'il se dégage de l'acide carbonique et qu'il se dépose peu à peu du chlorure d'ammonium. Le liquide évaporé en partie dans le vide, puis le résidu saturé de CO'Na", laisse séparer un corps huileux qu'on enlève à l'éther. Par évaporation, celui-ci abandonne cette huile qu'on a reconnue être un mélange d'éther benzoïque et d'éther acétique. Quant à la solution alcaline, elle renfermait de petites quantités d'éther henzoylcyanacétique non entré en réaction. L'acide chlorhydrique réagit donc dans le sens de l'équation /CAz C»H%C0,CH( -+-HC1-hC^H"0+ 2H=0 = C«H5C0-,C=H^ -+- CH%CO=C-H» + CO- + AzH^Ci. » Action de l'eau bouillante sur l'éllier benzoylcyanacétique. — 5^'' d'éther henzoylcyanacétique dans 600^'' d'eau ont été chauffés pendant douze heures dans un ballon muni d'un appareil à reflux. On a arrêté l'opéra- tion quand il ne s'est plus dégagé d'acide carbonique, et l'on a filtré la solution bouillante. Par refroidissement, le licjuide s'est chargé de fines aigudies blanches, enchevêtrées, solubles dans l'alcool et dans l'éther et ( 1^73 ) fondant à 76", 5. L'analyse de ce produit a fourni les nombres suivants : Calculé pour C'H'OAz, pour 100. Trouvé. ^ "4.48 73>7^ H 4>82 5,o4 Az , 9î65 9,27 Ce corps n'est autre chose que de la cyanacétophénone, formée en vertu de la réaction suivante : /CAz C"H%CO,CH^ 4-H=0 = CO= + C'H''Oh-C''H=-CO-CH^-CAz. D'après son mode de formation, cette kétone renfermerait un groupe CH^ compris entre deux groupements éleclronégatifs, et. en se fondant sur des analogues, ce mode d'arrangement doit imprimer à la molécule une fonc- tion acide. De fait, ce corps a une action nettement acide, il se dissont dans la soude et paraît former une combinaison cristallisable. » Si telle est sa constitution, on pourra, je lespère, remonter à l'éther benzoylacétique, en saturant la solution alcoolique de cette kétone par de l'acide chlorhydrique. D'autre part, si la réaction prévue se produit, elle permettra de préjjarer le même éther benzoylacétique en partant de la bromacétophénone, qu'on transformera au préaiableen cyanacéiophénone. )> Je continue mes essais dans ce sens et chercherai aussi, par la prépa- ration de dérivés métalliques, à établir nettement le caractère acide de la nouvelle kétone cyanée. » CHIMIE AGRICOLE. — Sur l' enricliissemenl en azote d'un sol maintenu en prairie. Note de M. P.-P. Deiiérain, présentée par M. Peligot. » J'ai déjà eu l'honneur d'entretenir l'Académie des variations que pré- sente la teneur en azote des sols arables suivant le mode de culture au- quel ils sont soumis (*). J'ai montré que des parcelles du champ d'expé- riences de Grignon, employées à la culture continue des betteraves en 1875, 1876, 1877, puis à celles du maïs fourrage en 1878, accusaient, au com- mencement de 1879, une perte énorme d'azote, bien supérieure au prélè- (') Comptes rendus, t. XCVI, p. 198; jénnales èigronnmiques, t. VIII, p. 32i; 1882. ( 1274 ) vement des récoltes. Le quart de l'azote combiné contenu dans le sol à l'o- rigine des essais avait disparu. » En i8'}9, on sema sur ces parcelles du sninfoin qui fut maintenu jus- qu'à l'arrière-saison de 1881. A ce moment on reprit des échantillons de terre, et on procéda aux analyses comme on l'avait fait en 1879. On trouva que la terre s'était légèrement enrichie, bien qu'elle n'eût reçu aucun en- grais et qu'elle eût nourri trois bonnes récoltes de sainfoin. » Après avoir été défriché, puis semé de nouveau, le sainfoin fournit en 1882 une récolte passable, et une très bonne en i883; il était alors trop mêlé de graminées pour être conservé : on le détruisit, et la terre fut con- vertie en prairie permanente. » Cet automne on a repris des échantillons sur plusieurs parcelles, en procédant comme aux prises précédentes; c'est-à-dire qu'avec la terre pré- levée d'aboid sur cinq ou six points de la parcelle, puis sur cinq ou six autres, on compose deux échantillons qui sont analysés séparément; en général, les chiffres fournis par les dosages à la chaux sodée sont très voisins l'un de l'autre; s'il y a désaccord, on reprend un troisième échan- tillon. » En multipliant les dosages, en les contrôlant par l'analyse d'échan- tillons de provenance inconnue, et avec des liqueurs à titre varié, on réussit à savoir exactement la teneur en azote du sol des parcelles, car, à cause de leur faible étendue (un are), la principale difficulté de ce genre de recherches, la prise d'échantillons, se trouve fort atténuée. On est ar- rivé, à l'aide des analyses exécutées depuis dix ans, à établir le Tableau sui- vant : Azote combiné de \^^ de terre de diverses parcelles du champ d'expériences de Gri^non. Parcelles Cultures des p-ircelles. Betteraves en 1875- 1856-1877. Maïs fourrage en 1878. Sainfoin en 1879-1880-1881. Sainfoin en 1882- 1 883. Prairie permanente en i884-i885. » On voit qu'à la période d'appauvrissement qui s'étend de iSySà 1879, Époques de 4. Fumier .5. la prise d'échantillons. en 1875-1876-1877. (Rien depuis). Toujours sans engraÎ! gr gr ! 1875 9,, 04 •2,04 •879 1 ,5o 1,46 ' 1881 1,65 1 ,5o 1 .885 '»77 1,65 ( '275 ) pendant la culture des betteraves et du maïs fourrage, a succédé une pé- riode d'enrichissement quand la terre a été maintenue en prairie de sainfoin ou de graminées. » Si l'on admet que, prise jusqu'à une profondeur de o™,35, la terre d'un hectare pèse 385o tonnes, on aura, pour la teneur en azote du sol d'un hectare, les chiffres suivants : Azote contenu dans le sol d'un hectare de diverses parcelles du champ d'expériences de Grignon. Parcelles Époques 4. 5. de Fumier la prise m 1875-1876-1877. Toujours d'échantillons. (Rien depuis). sans entrais kg ks j '875 7854 7854 î '879 5775 5621 ' 1881 1 6352 5775 i885 6814 6.^52 Cultures dos pareolles. Betteraves en 1875-1876- 1877. Maïs fourrage en 1878. Sainfoin en 1879-1880-1881. Sainfoin en 1882-1883. Prairie permanente en 1 884-1 885. » En quatre ans de prairie de légumineuses et de graminées, de 188 1 à i885, le sol de la parcelle 4 a donc gagné 462''^ d'azote, et celui de la parcelle 6,577''^. On a récolté, pendant cette période, du foin qui a été pesé et sur lequel on a fait quelques dosages, ce qui a permis d'établir le Tableau suivant : Récoltes à l 'hectare et azote qu'elles renferment. Parcelle 4. Parcelle 5. Foin sec. Azote. Foin sec. Azote, ks kîT k- kg 1883. Sainfoin 5ioo ri2 4o5o 81 1883. Sainfoin 11937 238 8800 i66 1884-. Prairie 345o 52 i53o 23 1885. 5700 85 4950 74 4«7 344 » Ni le sainfoin, ni la prairie n'a reçu d'engrais; l'azote contenu dans les récoltes provient donc du sol, et, pour avoir la quantité totale gagnée de 188 1 à i885, il faut ajouter à l'azote en surcroît reconnu dans la terre ( 1276 ) par l'analyse, celui qui se trouve dans le foin récolté. On arrive ainsi aux quantités suivantes : Azote Azote „ . Gain gagné par le sol du „ — -, ^ de iSSi à i885. foin. total. annuel. kB kg kR kg Parcelle 4. 4^^ 4^7 949 287 Parcelle 5 477 ^44 82 1 2o5 )) Tels sont les chiffres auxquels conduisent les analyses ; leur interpré- tation est délicate. Aux apports d'ammoniaque atmosphérique étudiés par M. Schlœsing, à la fixation d'azote libre dont je me suis occupé autre- fois, et sur lesquels M. Berthelot, puis M. Joulie ont tout récemment appelé l'attention de l'Académie, i! faut ajouter, d'après les idées de MM. Lawes, Gilbert et Warington ('), l'arrivée possible des nitrates des eaux souterraines. » Dans un sol non remué, mal aéré comme celui d'une prairie, les perles par combustion lente sont plus faibles que dans un sol labouré, les nitrates s'y forment en moindre proportion; dès lors, si le sol de la prairie est baigné à sa partie inférieure par des eaux chargées de nitrates, ceux-ci ont d'autant plus de chances d'être appelés par diffusion, que le sol en renferme une moindre quantité; si, en outre, les longues racines des plantes vivaces de la prairie pénètrent jusqu'aux eaux souterraines et y puisent des nitrates, la couche superficielle s'enrichira de débris végétaux dont l'azote provient, non de l'atmosphère, mais des nitrates formés sur des pièces voisines. » Quelles que soient les causes qui déterminent lenrichissement en azote d'un sol de prairies, il m'a paru intéressant d'en fournir un exemple précis et de justifier ainsi l'opinion ancienne des cultivateurs sur « l'action » amélioTante de la prairie. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur wi microbe dont ta présence paraît liée à la virulence rabiqiie. Note de M. H. Fol, présentée par M. de Lacaze- Duthiers. « Les admirables travaux de M. Pasteur ont, dans une large mesure, élucidé les conditions du développement du virus rabique ; elles ont même (') Annales agronomiques, I. X, p. 382. ( 1^77 ) fourni deux solutions au problème de son atténuation. Aussi ne peut-on plus guère douter qu'il ne s'agisse d'une maladie essentiellement parasi- taire. Toutefois, les ettorts faits jusqu'à ce jour pour metire en évidence l'organisme parasite et pour le cultiver n'ont pas été couronnés de succès. » C'est sur ce côté théorique de la question que nous nous efforçons depuis près d'une année de jeter quelque lumière. » Après avoir, comme nos prédécesseurs, vainement cherché à obtenir, par les moyens ordinaires, la coloration de quelque organisme spécial, nous avons fini par adopter une méthode qui nous a révélé, dans la moelle rabique, l'existence de certains éléments qu'on ne retrouve pas dans la moelle saine. Nous avons atteint notre but en adoptant le principe des méthodes de durcissement et de coloration inventées par M. Erlicky et M. Weigert et, d'autre part, en nous faisant une règle absolue de n'étudier que des coupes irréprochables, dont l'épaisseur ne doit pas dépasser :—; demi! limètre. » Les moelles ou les portions d'encéphale doivent être immergées immédiatement après la mort dans une solution de ■2S'', 5 de bichromate de potasse et i^' de sulfate de cuivre dans 100 parties d'eau. Le sulfate de cuivre est important, non seulement comme mordant pour la coloration subséquente, mais aussi parce que ses propriétés éminemment antisep- tiques donnent la garantie que de nouveaux organismes n'envahissent pas le morceau pen- dant le durcissement. La pièce est ensuite divisée en tranches que l'on ftiit imbiber dans la solution hémoxylique de Weigert; puis on les passe à l'alcool absolu, à l'essence, on les enrobe dans la paraffine, et chaque tranche fournit une série de coupes minces que l'on colle au couvre-objet à l'aide du liquide de P. Mayer et décolore ensuite au cyanoferrure de potassium- Enfin les séries sont montées au baume du Canada. On obtient des images analogues, mais moins démonstratives, en fixant les tranches par les vapeurs d'acide osmique et les décolorant dans une solution alcoolique d'acide oxalique, avant de les enrober. » Dans ces préparations, si elles ont été décolorées avec précaution, on voit des groupes de petits globules, qui ont tout l'aspect de microcoques, logés, soit dans les lamelles de la névroglie, soit, plus rarement, dans l'es- pace entre les cylindres colorés en bleu foncé par l'hématoxyliiîe et la gaine de Schwan, teintée seulement en jaune chamois. D'autres fois, on trouve ces groupes dans des cavités qui ont à peu près le diamètre d'une 6bre à myéline, cavités dont nous ignorons encore la nature histologique. Les grains sont parfaitement sphériques, très nets et colorés en violet foncé; ils sont disposés sans ordre défini et ne forment pas de chapelets, bien qu'on rencontre assez fréquemment la forme d'un 8 qui indique une multiplication par scissiparité. Ils ont 01^,2 de diamètre en moyenne. ( 1278 ) » Si l'on ensemence un milieu de culture approprié avec l'encéphale rabique, il s'y développe, à l'étuve, un léger nuage qui tombe au fond dés le quatrième jour. Ce dépôt, inoculé à des animaux sains, leur trans- met quelquefois une rage bien caractérisée; seulement la durée de l'incu- bation fut plus prolongée que celle du virus qui avait servi k l'ensemence- ment. « Comme terrain de culture, nous avons employé le suc d'une cervelle, le plus souvent celle du mouton, aussi fraîche que possible et triturée avec un peu d'eau stérilisée et de carbonate de potasse. Le liquide, liltré d'abord sur du papier, puis passé à travers un filtre Chamberland, reste indéfiniment clair, si toutes les opérations ont été bien conduites. Nous avons décrit ailleurs le sysièrae fort simple de bouchage qui nous permet d'écarter les chances d'insuccès. L'ensemencement a lieu à l'aide d'une aiguille mobile, dans un tube de verre stérilisé, dont on se sert à la manière d'un urétrotome caché. » Nous avons dû renoncer à l'emploi, trop compliqué pour nous, de la méthode de tré- panation. Nous injectons le liquide virulent à l'aide d'une canule pointue que nous intro- duisons à travers la conjonctive, dans le fond de l'orbite, et nous perçons facilement la lamelle osseuse, très mince chez les rongeurs, qui sépare l'orbite de la base du cerveau. Cette méthode nous réussit très bien. » » Le dépôt inoculable que présentent les cultures de quatre jours, étalé sur un couvre-objet, desséché et traité avec la solution de bichromate et de cuivre, puis coloré et décoloré de la même manière que les coupes de la moelle, présente les méines groupes de microcoques, avec la même nuance violet foncé. En inoculant des cultures anciennes déplus de six joins, nous n'avons pas obtenu de rage marquée. Il serait intéressant de savoir s'il s'agit dans ce cas d'une atténuation du virus et si les animaux inoculés peuvent devenir réfractaires. » Nous continuons nos expériences pour tâcher d'élucider ces points; mais, en attendant, il nous a semblé que la présence d'un microcoque dé- fini et colorable dans les substances virulentes naturelles et artificielles méritait d'être signalée. M. Pasteur a déjà remarqué la présence de cer- taines granulations dans la moelle rabique; mais, à défaut d'indications précises, il ne nous est pas possible de décider si elles sont identiques au microbe que nous avons pu colorer et cultiver. Quant aux granulations bril- lantes décrites par M. Gibier, elles paraissent être plus grosses que notre mi- crobe, qui n'est pas encore visible à un grossissement de 5oo à 600 diamètres. Nous ne croyons pas, du reste, qu'on puisse rien voir de net dans la sub- stance cérébrale simplement réduite en pulpe et directement examinée sous le microscope, sans aucune préparation comme le fait M. Gibier. 11 y a là trop de granulations de tout genre : les unes })âles, les aulrt^s brillante;;, ( 1279 ) parce qu'elles proviennent des gaines de myéline, pour qu'on puisse en discerner une espèce particulière, au milieu du mouvement brownien au- quel toutes ces particules se livrent. » Je tiens, en terminant, à remercier mon préparateur, M. FuUiquef, pour le zèle et l'habileté avec lesquels il m'a secondé dans ces recherches. » ANATOMIE COMPARÉE. — Construction du maxillaire des Fertébréi; par M. A. Lavocat. « En général, on admet que le maxillaire des Vertébrés est compo.sé de cinq pièces essentielles : le coronaire, l'articulaire, l'angulaire, le maxil- laire et le prémaxillaire. Mais, dans l'application, ce principe semble élre atteint par plusieurs exceptions; en effet, d'après les zoologistes, le maxil- laire est réduit à trois éléments chez les Poissons, et à quatre chez les Ophidiens. » Ces particularités reposent sur des appréciations inexactes, concernant des pièces osseuses comprises entre le maxillaire et l'écaillé temporale. Si l'on écarte ces fausses déterminations, on reconnaît que, chez les Poissons comme chez les Serpents, les éléments constitutifs du maxillaire sont en même nombre que dans les autres Vertébrés. » (2hez presque tous les Poissons osseux, les trois pièces auxquelles le maxillaire semble réduit sont l'angulaire, le maxillaire et le prémaxillaire. Les deux éléments qui manquent, c'est-à-dire le coronaire et l'articulaire, ne peuvent pas être considérés comme soudés aux autres, puisque, sur les plus jeunes sujets, on n'en voit aucune trace. Ils existent et ils sont consti- tués par les pièces précédemment indiquées. )) Toujours situées l'une au-dessus de l'autre, entre le maxillaire et l'é- caille temporale, ces deux pièces sont aplaties latéralement, triangulaires et unies l'une à l'autre par leur base. La première, ou le coronaire, est supé- rieure et fixée au devant de l'écaillé temporale; l'inférieure, qui est l'arti- culaire, se termine en condyle, sur lequel joue le maxillaire. Sur le bord antérieur s'appuient les deux ptérygoïdes superposés, qui les relient à la mâchoire supérieure et la relèvent, lorsque l'inférieure s'abaisse. » Cette détermination du coronaire et de l'articulaire est confirmée par ce fait, que leur développement, qui procède du cartilage de Meckel, est le même que celui du maxillaire, et aussi parce que tous deux donnent attache à une partie des fibres terminales du muscle crotaphite. C. R., i885, 3' Semestre. (T. CI, N» 24.) 1^6 ( laSo ) )) En outre, il importe de remarquer que, chez quelques Poissons, tels que les Ostéoglosses et les Lépidostées, ces deux mêmes éléments, au lieu d'élre séparés, sont réunis aux trois autres, de sorte que le maxillaire, composé des cinq pièces normales, s'articule et joue sans intermédiaire sur l'écaillé temporale. M II est donc évident que le coronaire et l'articulaire, bien que déta- chés du maxillaire, lui appartiennent; ce ne sont donc pas des annexes de l'écaillé temporale, à laquelle les zoologistes croient devoir les rattacher. » Par une erreur depuis longtemps accréditée, l'écaillé temporale, le coronaire et l'articulaire sont regardés, chez les Poissons, comme pièces tympaniqties : c'est ainsi que, d'après les auteurs les plus récents et les plus estimés, l'écaillé temporale reçoit le nom de épilympanique, le coro- naire celui de prét/mpanique ei l'articulaire celui de hypolympanique. D'ail- leurs, la fausse détermination, relative à l'écaillé temporale, s'étend à tous les Vertébrés ovipares, où elle est désignée par le terme d'os tjmpanique. Mais, en réalité, le tympanique ou tympanal n'existe pas dans ces ani- maux, et leur écadle temporale ou le squamosal, toujours simple et arti- culée avec le maxillaire, est généralement mobile sur le côté du crâne, excepté dans les Tortues et les Crocodiles. » Par suite de la séparation du coronaire et de l'articulaire, dans la plupart des Poissons osseux, le maxillaire est divisé en deux parties, l'une antérieure et horizontale, très mobile sur l'autre, qui est postérieure et montante; il résulte de cette disposition que la section antérieure, étant moins longue, est plus forte, et que sa base très abaissée permet une plus grande ouverture de la bouche. » On rencontre une sixième pièce, chez presque tous les Poissons osseux : moins étendue que les antres, aplatie et triangulaire, elle est appliquée en dedans et en arrière de l'articulaire; nommée sympiectique par Cuvier, eWe est ài\.e mésolympanique, d'après R. Owen. On la retrouve, à la face interne du maxillaire et sous le litre de complémentaire, chez quelques Poissons, telsqueleLépidostée, l'Ostéoglosse, etc., ainsi que dans les Cro- codiles. Homotype de l'appendice, annexée aux arcs viscéraux en général, elle est analogue à l'apophyse récurrente que portent les côtes des Croco- diles et des Oiseaux. M La disposition précédenunent examinée dans les Poissons se reproduit chez les Ser[)ents, à peu près semblable et dans le même but fonctionnel. Ici le maxillaire, composé de quatre pièces, est rattaché au crâne par deux tiges mobiles, bout à bout et inversement obliques, à angle ouvert en avant. ( I28l ) De ces deux pièces, l'inférieure, qui donne appui à la tige ptérygo-palatine, comme chez les Poissons, est le coronaire, nommé à tort os tj-mpajïique ; et la pièce supérieure est le squamosal, généralement désigné sous le titre de mastoïdien, bien que le mastoïde ne soit jamais mobile. » ANATOMIE COMPARÉE. — Sur le développemenl du bassin chez les Cétacés. Note de M. H. -P. Gervais, présentée par M. Albert Gaudry. « L'étude du développement de la ceinture pelvienne, chez les Vertébrés supérieurs, montre que l'os iliaque est représenté pendant la vie intra- utérine par un cartilage primordial dans lequel apparaissent successive- ment, avant la naissance et toujours dans le même ordre, trois points d'ossification correspondant chacun à l'une des trois parties primitivement distinctes, c'est-à-dire à l'ilion, à l'ischion et au pubis. » Ces différentes parties du bassin sont très reconnaissables chez tous les Mammifères terrestres dont les quatre membres se développent norma- lement; mais il n'en est pas de même chez les Thalassothériens de l'ordre des Cétacés, chez lesquels le bassin, abandonnant ses rapports normaux, n'est plus représenté chez l'adulte, de chaque côté du corps, que par un seul os perdu dans les masses musculaires de la région abdomino-caudale, os portant chez les Mysticètes les rudiments d'un membre abdominal réduit chez quelques espèces (genre Balœna) à un fémur et à un tibia rudimen- taires, chez d'autres (genres Megaptera et Bnlœnoptera) à un simple noyau osseux représentant le fémur, » Les anatomistes ne sont pas d'accord sur la signification certaine de cette pièce osseuse; tandis que les uns l'appellent ilion, d'autres la dé- signent sous le nom d'ischion; quelques-uns même, sans donner la raison de cette appellation, puisqu'on n'y a signalé jusqu'ici qu'un seul point d'ossification, la nomment iliaciue. » L'examen de cette partie du squelette chez plusieurs Balénoptères, réunis par M. Pouchet dans les collections du Muséum d'Histoire naturelle et appartenant à des âges différents, les uns encore à l'état fœtal, les autres jeunes ou arrivés à l'âge adulte, m'a permis de constater ce premier fait intéressant, que le bassin chez ces Mysticètes ne s'ossifie que lotig- temps après la naissance, à un âge qu'il mest difficile de préciser, mais que je puis supposer être postérieur à un an, puisque chez un Balœno- plera musculus de 12" de longueur (celte espèce mesurant 5™ environ au ( ia82 ) moment de la naissance) le bassin était encore représenté par une pièce cartilagineuse, dans laquelle les points d'ossification commençaient à apparaître. » Ce cartilage, dont la forme indique déjà celle du bassin chez l'adulte, était enveloppé d'nn épais périchondre qui, une fois enlevé, m'a permis de constater l'existence de deux points d'ossification rapprochés l'un de l'autre : l'un, situé dans la région supérieure, représentait par ses con- nexions l'ilion ; l'autre, situé un peu au-dessous et en arrière, contigu au premier, se rattachait à la branche postérieure du cartilage représentant l'ischion. » L'ossification de ces deux points est bien plus avancée sur l'iliaque du côté gauche du même sujet; ils y sont même en partie soudés entre eux. J'espérais pouvoir découvrir sur cette pièce un troisième point correspon- dant à la partie pubienne du bassin; mais il m'a été impossible de consta- ter la présence de ce noyau osseux, que l'on retrouvera, très probablement, sur un animal de même espèce un peu plus avancé en âge. » La présence de ces deux points d'ossification et l'existence probable d'un troisième chez les Balénoptères permettent donc de dire que le bassin des Mysticètes est construit sur le même type que celui des autres Mammi- fères, ce que confirment du reste les rapports de cette partie du squelette, soit avec l'appareil génital, soit avec les autres organes voisins. » ANATOMIE. — Développement de la couche cornée du gésier du poulet et des glandes gui la sécrètent {'). Note de M. Mavkice Cazix, présentée par M. A.-Milne Edwards. « Cattane, le seul auteur qui, à ma connaissance, se soit occupé du développement des glandes du gésier du poulet, considère ces glandes comme résultant de l'invagination d'un épithélium cylindrique simple, semblable à celui de l'intestin. Mes recherches, faites sur de nombreux embryons de poulet, m'ont montré que la formation de ces glandes a lieu aux dépens d'un épithélium stratifié, d'une façon qui rappelle assez ce qui se passe chez les Mammifères. En effet, dès la fin du troisième jour d'incu- bation, on se trouve en présence d'ini épithéliimi formé de plusieurs rangs de cellules allongées, disposées en balustre, arrangement qui ressemble à (') Travail fait au laboratoire de Zoologie de l'École des Hautes Études, dirigé par M. A. Milne- Edwards. ( 1283 ) celui de l'épendyaie. Sur sa face libre cet épitliélium est limité par une cuti- cule, très netteau sixiètnejour; les cellules profontlesde cetépithélium niou- trent dans les dissociations des prolongements effilés, qui prennent bientôt un grand développement et arrivent, vers le huitième jour, à perforer la cuticule pour faire saillie au-dessus d'elle sous forme de bâtonnets. A ce moment la surface interne du gésier est recouverte d'une couche assez épaisse de substance transparente, qui paraît d'abord homogène, mais dans laquelle on distingue, après l'action de l'acide osmique, des raies sombres, ondulées, parallèles entre elles, et qui font suite d'une manière nette aux bâtonnets dépassant la cuticule. Chaque cellule épithéliale produit donc un petit courant de sécrétion qui possède une consistance assez grande pour conserver en quelque sorte son individualité dans toute l'épaisseur de ce revêtement provisoire du gésier. Cette disposition m'a rappelé jusqu'à un certain point les résultats que Wiedersheim a obtenus pour le pigeon; chez cet oiseau, en effet, chaque cellule des glandes du gésier est en rapport avec un petit courant de sécrétion, que l'on peut suivre jusqu'à l'ouverture de la glande et même plus ou moins loin dans la couche cornée. » Il faut arriver au douzième jour d'incubation pour commencer à voir se dessiner nettement la première ébauche des glandes qui doivent sécréter le revêtement définitif du gésier. On voit alors l'épithélium présenter de légères ondulations, marquées surtout dans la région moyenne où se trouvent les noyaux. Ces ondulations correspondent à de très légers plis qui commencent à se manifester à la surface de la couche connective sous- muqueuse. Au quatorzième jour cette disposition est encore plus accentuée et en outre on s'aperçoit que la plupart des cellules épithéliales superficielles prennent peu à peu l'aspect de cellules à mucus. Vers la fin du seizième jour, la charpente conjonctive des glandes est presque entièrement formée et la structure de la couche glandulaire tout entière tend à se rapprocher de celle de l'adulte. » A mesure que l'organisation de la couche glandulaire se perfectionne, la nature de ses produits se transforme complètement, el la sécrétion pro- visoire, dont on trouve encore des traces au dix-huitième jour, fait place à la véritable couche cornée, qui prend naissance à l'intérieur des glandes, sous forme de courants parcourus par de très fines stries parallèles. Les cellules qui tapissent ces glandes se montrent sur des préparations faites chez l'embryon à terme, comme de gros éléments, dont les pieds se re- couvrent les uns les autres et sont par suite recourbés en crochet, tandis que leurs corps, fortement renflés, font à l'intérieur des glandes des saillies ( 1284 ) arrondies sur lesquelles se moule en quelque sorte le produit de leur sé- crétion. A l'orifice des glandes, le revêtement, formé de grosses cellules muqueuses, se continue sur le sommet des travées conjonctives formant la charpente de la couche glandulaire el fait dans la couche cornée des saillies qui se traduisent sur les coupes perpendiculaires par des flocons très élégants; sur ces coupes, on observe en outre, au-dessus de chacun de ces flocons, une file verticale de figures en forme de croissant, situées à des intervalles à peu près égaux; et l'on remarque que celles qui sont les plus rapprochées de la couche glandulaire sont précisément constituées par des cellules semblables à celles des flocons, tandis que celles qui sont plus éloignées ne renferment plus que des débris de cellules presque méconnaissables. On peut en conclure que ces croissants sont produits par une sorte de desquamation du revêtement superficiel de la couche glandu- laire. » En résumant ces faits, on voit que les glandes du gésier se développent aux dépens d'un épithélium non pas cylindrique simple, comme on l'avait dit jusqu'alors, mais nettement stratifié, et que, avant le complet dévelop- pement des glandes, la surface interne du gésier se trouve revêtue d'une sécrétion, qui change ensuite complètement d'aspect pour arriver à l'état définitif de la couche cornée de l'adulte. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur le développement des tonsilles chez les Mammi- fères (' ). Note de M. Rftterer, présentée par M. Paul Bert. « F. -Th. Schmidt (de Copenhague) a étudié (^) les tonsilles sur divers Mammifères, tant sur l'adulte que sur les jeunes et les fœtus. Il conclut de ses observations que les glandes lymphatiques constituant les amygdales résultent de la transformation [Uinb'dduncj) et de la prolifération continue des cellules conjonctives du chorion delà muqueuse. » Mes investigations ont porté sur un grand nombre de Mammifères, et les résidtats auxquels je suis arrivé et qui se rapportent à la conformation des tonsilles, à l'origine et à l'évolution des tissus qui concourent au déve- loppement de ces organes, viennent corroborer ceux que j'ai déjà eu l'hon- ( ' ) Ce travail a été fait au laboratoire d'Histologie de la Faculté de Médecine et au labo- ratoire maritime de Concarneau. (') Zeitscli. f. vinssencb. Zoologie, t. XIII, l863. ( 1285 ) neur de communiquer à l'Académie sur les amygdales de l'homme (29 juin i885). ï Les tonsilles varient de siège d'un animal à l'autre. Elles sont situées en arrière des piliers antérieurs, sur les parties latérales du voile du palais, au point de jonction de ces dernières avec la base de la langue [{homme, carnivores [chien et chat), ruminants [bœuf, mouton)^ etc.)]. Chez les solipèdes [cheval, â/ie, daim), elles se trouvent placées dans une gouttière limitée, en haut par la partie postérieure du voile du palais, en avant par la base de la langue, et en dedans et en arrière par l'épiglotte. Chez le porc, elles empiètent sur la portion antérieure du voile du palais et airivent jusque auprès de la ligne médiane. Le dau- phin et le marsouin les ont placées sur le milieu de la face inférieure (antérieure) du voile, de chaque côté de la ligne médiane, dont elles se trouvent distantes de 2™™ seulement. • Leur forme est tout aussi différente. Chez l'homme, les carnivores, etc., les tonsilles constituent des masses elliptiques qui deviennent proéminentes dans l'isthme du gosier; chez le lapin, les ruminants, le dauphin et le marsouin, elles font saillie du côté de la tunique musculaire, tandis qu'à leur niveau la muqueuse offre une fossette percée de trous. Chez le porc et les solipèdes, la région lonsillaire est étalée en surface; et sur toute l'étendue de cette dernière, la muqueuse présente des orifices qui conduisent dans le chorion épaissi de l'organe. » En examinant les parties sus-indiquées de l'isthme du gosier, on voit que la mu- queuse y offre, sur les embryons, la même texture que les portions avoisinantes et les glandes en grappes s'y développent comme ailleurs, avant toute apparition de tonsilles. Sur les foetus des animaux qui possèdent un organe tonsiliaire bien délimité et saillant, il se produit, à une période variable selon l'espèce, une ou un nombre très restreint d'invo- lutions constituées par un bourgeon épithélial plein, qui comprend toutes les couches de l'épithélinni de la muqueuse. Ce bourgeon s'enfonce |)eu à peu dans le chorion, en même temps qu'il s'élargit et se creuse un canal central. Le fond de l'introrsion se subdivise en branches secondaires, qui divergent à la manière de digitations dans la profondeur du chorion. Sur certaines espèces (bœuf), les involutions traversent la couche sous-muqueuse et pénètrent jusque dans la tunique musculaire striée dont elles dissocient les faisceaux. » Sur les solipèdes et le porc, les invaginations ont lieu sur des points multiples de la surface tonsiliaire. Ces introrsions épithéliales, d'abord pleines, deviennent creuses égale- ment, mais leurs subdivisions sont moins nombreuses et ne déterminent qu'un épaississe- ment du chorion, sans constituer des masses saillantes soit en dehors, soit en dedans. >• Le |)rocessus initial est donc partout le même; il consiste en une poussée d'invagina- tions épithéliales dans le mésoderme, où existent déjà les glandes en grappes sous-muqueuses. Jusque vers le milieu de la vie fœtale, on constate que ces introrsions sont délimitées, du côté du tissu mésoderniique, par une membrane semblable à la paroi propre des glandes en grappes, séparant constamment ces dernières du tissu lamineux qui les enveloppe. Mais, vers la fin de la gestation, le fond et les parties latérales des bourgeons épithéliaux, qui de- viennent creux comme l'involutlon primitive, manquent de paroi propre. Le mésoderme qui les avoisine devient le siège d'une prolifération active de tissu cellulaire jeune. Celui-ci englobe des portions, des involutions épithéliales et les sépare du bourgeon ectoderraique. A partir de cette époque, le tissu cellulaire pénètre au milieu des éléments épithéliaux de ( 1286 ) la péripliérie vers le centre. Cependant il continue à persister, longtemps après la nais- sance, des masses exclusivement épithëliales au milieu du tissu qui résulte de l'enchevètre- nient de ces éléments d'origine ecto- et mésodermique. C'est ainsi que se constitue le tissu propre des amygdales, qui continue à éire traversé par les restes des involutions sous forme de divertieules de la muqueuse. » Les ])hénoniènes évolutifs que nous venons de résumer permettent de comprendre et expliquent la texture compliquée des tonsilles sur le Mammifère adulte. Là où elles for- ment des masses délimitées, elles sont entourées par une capsule élastique, fibreuse et musculaire, d'où se détachent de distance en distance des cloisons lamineuses avec glandes en grappes et libres striées (bœuf), et subdivisant l'organe en une série de lobules de con- titution identique. Au centre de chaque lobule, il existe uu ou plusieurs divertieules s'ou- vrant à la surface de l'amygdale par un orifice distinct ou dans une fossette commune à plusieurs. La portion intermédiaire entre le diverticule et la cloison est occupée par le tissu enchevêtré. Le réseau de tissu cellulaire est d'autant plus serré et les éléments épithéliaux, inclus dans ses mailles, sont d'autant moins abondants que l'animal est plus âgé. Sur les espèces à région tonsillaire étendue en surface, les lobules ont une structure semblable, mais sont étalés, au lieu d'être réunis autour d'un centre ou d'une fossette commune. Il peut n'exister qu'un petit nombre de hjbules ou même un seul, comme chez certains Ron- geurs. » En somme, les tonsilles représentent un organe complexe : c'est un assemblage de glandes en grappes à conduits excréteurs et de glandes vas- culaires sanguines, qui en manquent. Ces dernières sont constituées par la pénétration réciproque de tissu cellulaire et de tissu épithélial. Les in- trorsions primitives de i'ectoderme y persistent sous la forme de diverti- cides allant s'ouvrir sur la muqueuse de l'isthme du gosier. » PHVSIOLOGIE ANIMALE. — Recherches sur l'analomie et la physiolocjie com- parée des nerjs trijumeau facial et sympathique céphalique chez les Oiseaux. Note de M. Laffont, présentée par M. Paul Berl. « 1° Le nerf trijumeau pourvu d'un ganglion de Gaser se divise aussitôt en trois branches à peu près d'égale importance. La première branche ou nerf ophtalmique se loge dans un canal étroit de la base du crâne, aii- des.sous du nerf pathétique, et parvient ainsi à la partie postéro-interne de l'orbite : s'engageant alors au-dessous des muscles du globe oculaire, dont il traverse même le postérieur, il fournit des rameaux multiples aux diffé- rentes parties de l'œil, et des paupières, à la glande de Harder; puis, arrivé à l'angle antérieur de l'orbite, au moment où il va en sortir pour se diviser en rameau nasal et en rameau frontal, il reçoit un nerf que l'oti ( X287 ) nomme improprement nerf vidien. Les branches maxillaires supérieure et inférieure sortent ensemble du crâne par un trou situé dans la cavité arti- culaire de l'os carré où ils reçoivent des filets sympathico-faciaux appelés à tort corde du lympan (L. Magnieiy, Comptes rendus, i6 novembre). » Le nerf maxillaire supérieur se porte ensuite d'arrière en avant à la partie inférieure de l'orbite, et va s'épuiser dans l'os maxillaire supérieur pour se perdre sur les parties latérales du bec. Ses principaux rameaux sont, d'arrière en avant : un filet volumineux pour la glande lacrymale, des filets pour la conjonctive, la membrane nyctitante, etc. » Le nerf maxillaire inférieur, en se séparant du précédent, se dirige obli- quement et en bas, eu se divisant presque aussitôt en deux branches : la supérieure se rend à la glande parotide placée à l'angle antérieur de la fosse zygoinatique; l'inférieure se divise eu trois branches, dont deux ex- ternes qui s'engagent dans le canal maxillaire, que l'une perfore pour se répandre en dehors sous la peau. L'interne, très volumineuse chez le din- don, s'accole à la face interne du mandibule, traverse le plancher du bec, passe sous le ventre antérieur du mylo-hyoïdien auquel elle fournit des lameaux dont quelques-uns vont aux amas glandulaires sublinguaux; enfin elle s'épanouit et s'épuise dans la glande sous-maxillaire, très volumineuse chez le dindon. Le nerf lingual n'existe pas. » 2° Le nerf facial pénètre, par un petit pertuis voisin du trou auditif in- terne, dans le canal de Fallope où il reçoit un filet anastomotique du sym- pathique, puis passe au-dessus et en arrière de la caisse du tympan. Delà caisse du tympan où il reçoit une autre anastomose du sympathique, il se dirige en arrière et sort du crâne par une ouverture située derrière l'os tym- panique, » Les seuls rameaux du facial qui nous intéressent sont ceux qu'il four- nit dans son trajet intrapétreux, et qui sont au nombre de deux. » En arrière, en dedans, dans le canal de Fdllope, il se détache du facial un filet qui s'accole à un filet venu du sympathique, et se rend avec lui, à travers le rocher et le canal de l'artère ophtalmique externe, dans la cavité articulaire de l'os carré, où il se divise eu plusieurs filets qui s'anastomosent avec les nerfs maxillaire supérieur et maxillaire intérieur. )> Au niveau de la caisse du tympan, au moment où il va s'infléchir en arrière et en bas, le nerf facial fournit un autre filet qui, s'unissant au filet carotidien supérieur du sympathique, pénètre dans le carotidien par uu trajet sinueux, puis sort à la base du crâne, en avant par le même orifice que la trompe d'Eustache, et se divise en deux rameaux : l'un, supérieur, C. K., I«ti5, 2" Semestre. (T. CI, N» 24.) ^^'1 ( 1288 ) qui s'accole au septum interorbitaire et va se jeter dans le nerf ophtal- mique à l'angle antérieur de l'œil, après avoir cédé des filets à la glande de Harder; l'autre, inférieur, se détache du premier au niveau du bord interne de l'os articulaire ou ptérygoïdien, se rend à la voûte palatine et aux organes glanduleux de la muqueuse. » Ce second filet du facial a reçu, par l'intermédiaire du filet carotidien du sympathique, un rameau du glosso-pharyngien qui se détache de ce nerf au-dessous de son anastomose transversale avec le pneumogastrique. )i 3° Le nerf glosso-pharyngieu, sortant du crâne par un canal voisin de celui qui contient le pneumogastrique, recouvre en partie le ganglion cervical supérieur du sympathique dont le filet anastomotique, avec le premier filet intrapétreux du facial, passe au-dessus de lui. Au niveau de l'extrémité inférieure du ganglion cervical supérieur, d'où se détache le filet carotidien destiné au second filet intrapétreux du facial, le nerf glosso-pharyngien cachant ce filet fournit l'anastomose transversale du pneumogastrique et un peu plus bas, en avant, le rameau de Jacobson. s Après avoir fourni des filets vasculaiies pour l'artère faciale, le nerf glosso-pharyngien se divise ensuite en deux branches dont l'antérieure, tra- versant le muscle hypoglosse, se rend à la langue et aux glandules sublin- guales, tandis que l'autre traverse le larynx et l'œsophage. » Quelles sont les fonctions de ces différents nerfs? 1° L'excitation avec un cournnf faradique faible du bout périphérique de chacune des branchps du trijumeau provoque la congestion vascu- culaire des départements correspondants, ainsi que la sécrétion glandu- laire. » 2° Chez l'animal curarisé, la faradisation de la caisse du tympan, dans l'état d'intégrité nerveuse, selon le procédé de M. Vulpian chez les Mammifères, provoque les mêmes effets vasculaires et excito-sécréloires déjà signales. » 3° L'excitation faradique des deux filets antérieurs sortis du ganglion cervical supérieur produit la congestion unilatérale des appendices érectiles sans effet excifo-sécrétoire. 4° L'excitation faradique des différentes branches du trijumeau produit les mêmes effets vasculaires et excito-sécrétoires un mois après l'excision du ganglion cervical supérieur. » Chez les Oiseaux comme chez les Mammifères, les nerfs vaso-dilata- teurs tirent donc leur origine de deux sources, le trijumeau et le nerf sym- pathique. » On remarquera que, pour les anastomoses du facial et du trijumeau, ( >289 ) je n'accepte pas les dénominations de nt-jf^ vidien et de corde du Ijmpan. En effet, au point de vue de l'Anatomie descriptive, ces filets nerveux n'ont ni la même origine, ni les mêmes rapports, ni le même trajet que les filets ainsi dénommés chez les Mammifères; ils ne se séparent pas du facial à un niveau correspondant, ils n'aboutissent pas aux mêmes branches du triju- meau : on ne doit donc |295 ) filtre un liquide verdâtre contenant de nombreux corps chlorophylliens, des fragments déchirés de cellules; mais pas une cellule intacte ne traverse le papier. » Nous divisons ce filtrat en deux parts. L'une est mise, avec du bleu Coupler décoloré, dans un flacon à robinet exactement rempli et renversé sur le mercure, puis exposé au soleil. L'autre, mise avec le même bleu dé- coloré et dans un récipient identique, est laissée à l'obscurité. )) En deux heures, la chlorophylle insolée a dégagé assez d'oxygène pour que la solution soit devenue d'un bleu intense. Dix jours après l'ex- périence, la solution laissée dans l'obscurité était encore incolore. » Ainsi isolés de la cellule, les grains de chlorophylle dégagent donc l'oxygène de l'acide carbonique dissous dans l'eau et fixent sur eux le carbone. Leur situation est alors celle des globules sanguins sortis des vaisseaux, et qui continuent néanmoins leur action tout en la ralentissant. » 2° Mais il faut aller plus loin, et isoler complètement la chlorophylle. Pour cela, nous la dissolvons dans l'éther ou l'alcool; puis nous trempons dans la solution des lamelles de cellulose pure, que nous desséchons rapi- dement dans le vide et à fi'oid ('). Nous faisons ainsi de véritables feuilles artificielles, vertes, mais sans cellules et sans protoplasma blanc; la chloro- phylle avec la xantophylle restent seules sur la cellulose. Ces feuilles artifi- cielles, bien desséchées, sont mises dans le bleu décoloré, puis exposées au soleil; elles dégagent alors assez d'oxygène pour recolorer ce bleu en deux on trois heures. L'échantillon témoin laissé dans l'obscurité demeure tout à fait incolore. » Nous concluons donc de ces faits : i" que les corps chlorophylliens séparés de la cellule continuent à décomposer l'acide carbonique; 2° que la chlorophylle séparée du protoplasma agit aussi, mais avec une intensité très faible (-). » (') CeUe dessiccation doit être bien complète, si l'on se sert d'éther; car ce liquide, en agissant sur l'hydrosulfite, pourrait faire virer le bleu Coupier et le recolorer même dans l'obscurité. (■) Travail fait au laboratoire de Physiologie générale de la Faculté des Sciences et à la station maritime du Havre. C. R., i885, 3' Semestre. (T. CI, N» a4.) 1"° ( 1296 ) GÉOLOGiK. — Sur la structure stratigrapliique des monts du Menez. Note de M. Charles Barrois, présentée par M. Héberl. « On a considéré jusqu'ici les terrains paléozoïques de la Bretagne comme formant deux bassins principaux (bassin de Rennes, bassin de Brest), séparés par un relèvement dirigé nord-sud des couches cambriennes, et désigné par Puillon-Boblaye sous le nom de chaîne du Menez et du Qullllo. » Le tracé de la Carie géologique est venu me montrer la continuité ma- térielle de ces deux grands bassins bretons, qui n'en font en réalité qu'un seul. Un même faisceau de couches siluro-dévonicnnes s'étend à travers la presqu'île armoricaine, de Crozon à Chàteaulin, les montagnes Noires, les montagnes du Menez, Gahard, Laval et Sablé. Mais, tandis que ce bassin est ouvert dans les régions de Chàteaulin, d'une part, et de Laval, d'autre part, il se trouve très resserré dans la région intermédiaire des monts du Menez, où il est limité au nord et au sud par des failles, )) Ces fractures forment un système complexe, où deux longues failles principales, dirigées est-ouest, parallèles à l'affleurement, se coupent en V en profondeur. Dans ce V des failles, se trouvent des lambeaux dévoniens qui ont échappé jusqu'ici à l'observation; ils butent au nord contre le granité de Saint-Brieuc, au sud contre le cambrien. Ce premier système est disloqué à son tour par de petites failles transverses, en escaliers. » Les monts du Menez ne sont donc autre chose qu'une partie effon- drée, entre failles, du grand bassin paléozoïque synclinal qui s'étendait de l'est à l'ouest, de Chàteaulin ( Finistère) à Sablé (Sarthe). Au sud de cette ligne, un grand axe anticlinal, formé par les couches cambriennes, tra- verse la Bretagne entière, de la baie de Douarnenez à Châteaii-Gonthier. » Ces observations modifient d'une façon notable la Carte géologique de la Bretagne. » M. IIÉBERT, à la suite de cette intéressante Communication, dit que l'ex- pression découches cambriennes, dont se sert M. Barrois pour désigner les schistes de Saint-Lô, est prise dans le sens que Dufrénoy et Elie de Beau- mont attribuaient au terme cambrien, sens adopté par tous les géologues qui ont écrit sur la Bretagne. « Mais ce mot a été créé par les géologues anglais; il s'applique à un ( 1297 ^ système de couches tout autre, système qui correspond au silurien in- férieur àyâune primordiale de Harrande ; il ne saurait être pris dans un autre sens. » Les schistes verts à Annélides, les conglomérats pourprés et les schistes rouges du cambrien anglais sont, pour M. Hébert, représentés en Bretagne pardes roches de même nature, jusqu'ici, il est vrai, à peu près dépourvues de fossiles. » Ainsi que Diifrénoy l'avait parfaitement reconnu et qu'il est facile de le constater, ces roches reposent, au nord-ouest de la France, en stratification complètement discordante sur les couches à'iles cmnbriennes. Une disloca- tion considérable du sol du BocMge normand et de la Bretagne septentrio- nale, aniérieure au dépôt des conglomérats pourprés, a relevé les schistes de Saint-Lô et leur a donné cette position presque verticale qu'ils affectent aujourd'hui dans ces régions; les conglomérats pourpres au contraire sont, sinon horizontaux, du moins peu inclinés comparativement. » Les schistes deSaint-Lô ne sauraient donc être appelés cambriens, sans qu'il en résulte une confusion regrettable. Ils sont précambriens, si l'on veut les comparer aux couches de l'Angleterre. » C'est pour éviter cette confusion que M. Hébert a cru devoir ( ' ), il y a quelques années, les comprendre dans un groupe à part, le groupe archéen, postérieur aux schistes cristallins ou primitifs, et antérieur au grand groupe silurien, dont le système cambrien est la partie inférieure. Ce mot archéen n'était pas nouveau d'ailleurs : il était déjà employé aux États-Unis pour désigner les formations plus anciennes que le cambrien, y compris les schistes cristallins primitifs, que leur nature et leur mode de formation éloignent complètement de toute assise à éléments détritiques, comme les schistes de Saint-Lô. Ainsi réduit, le groupe «rc/ieen constitue un ensemble des mieux définis. » PHYSIQUE DU GLOBlî. — Elude chimique des matériaux ramenés par les son- dages dans les expéditions du Travailleur et f/» Talisman; joreience constante du cuivre et du zinc dans ces dépôts. Note de M. Dieulafait, présentée par M. A. Milne Edwards. « M. A. Mdne-Edwards ayant bien vouhi me confier l'étude chimique des nombreux matériaux qui ont été retirés du fond des mers dans les grands Bulletin Soc. géologique de France, 3^ série, t. XI, p. ay. ( 1298 ) sondHges exécutés sous sa direction, je me suis proposé de tirer de ces do- cuments les résultats généraux qu'ils comportent et, en premier lieu, ceux qui peuvent éclairer les questions d'origine et de mode de formation de la pnrtie sédimentaire de notre globe. C'est nn premier point se rattachant directement à cet ordre d'idées que je signale aujourd'hui : la présence con- stante du cuivre et du zinc dans les dépôts des niers modernes. » Résultats obtenus. — J'ai traité chacun des échantillons examinés d'après la méthode décrite dans mes précédentes Communications, J'ai dirigé la marche de mon analyse de manière à concentrer le enivre et le zinc, s'ils existaient, dans un liquide légèrement ammoniacal et tenant en dissolu- tion du sel ammoniac; puis j'ai saturé le liquide par de l'hydrogène sulfuré, et j'ai abandonné l'éprouvette contenant le liquide dans une position ver- ticale. Dans ces conditions, un précipité s'est toujours produit. » Cuivre. — Pour reconnaître le enivre dans tous ces précipités, il n'a pas été néces-saire d'aller plus loin ; une parcelle de chacun de ces précipités, recueillie à l'extrémité d'un fil de platine, calcinée dans la parlie oxy- dante d'une flamme d'hydrogène sortant d'un bec de platine, puis humectée d'une trace d'acide azotique et enfin reportée dans la flamme de I hydrogène, a donné une flamme verte, caractéristique du cuivre. Le spec- troscope a, du reste, confirmé constamment cette première indication. » Zinc. — Après avoir obtenu les précipités produits par l'hydrogène sulfuré, j'en ai pris un et je l'ai traité de façon à isoler dans un liquide définitif le zinc, s'il existait. Le liquide m'a donné le spectre du zinc avec une si grande intensité, qu'il devenait évident que, si tous les précipités produits par l'hydrogène sulfuré renfermaient autant de zinc que le pre- mier, il n'était pas nécessaire de reprendre ces précipités pour en isoler le zinc dans quelques gouttes d'un liquide définitif: il suffisait de transformer les métaux précipités en chlorures et d'essayer directement ce mélange. L'observation a justifié celle induction : les précipités essayés directement ont tons donné, en particulier, le spectre du cuivre et du zinc avec une netteté parfaite: les intensités des spectres ont montré de très grandes diffé- rences, sur lesquelles je reviendrai ailleurs; mais, dans tous les précipités examinés, le cuivre et le zinc sont nettement apparus, avec des quantités de dépôts qui n'ont jamais dépassé lo^'' et qui, dans bien des cas, sont des- cendus jusqu'à 2^'. » Le nombre des essais que j'ai faits, les grandes profondeurs et les grandes distances des rivages auxquelles les dépôts étudiés ont été recueillis, l'immense étendue des mers qui les ont fournis, enfin la présence con- ( 1299 ; stante du cuivre et du zuicdans tous ces dépôts ne peuvent laisser de doute sur l'existence du fait général suivant : » ^u nombre des substances qui se séparent encore aujourd'hui des eaux des mers normales et se déposent sur leurs fonds, il faut placer le ctdvre et le zinc. » Ce résultat me permet de compléter mes recherches sur les minerais de zinc carbonate, associés aux terrains dolumiliipies, recherches que j'ai dû exécuter par parties; je les résumerai de la façon suivante : » Le zinc qui existe dans les eaux des mers modernes, au moins dans les proportions de oB'',oo2 par mètre cube, se sépare encore aujourd'hui des eaux des mers normales avec les autres produits vaseux ; il en a été de même à toutes les époques, puisque les dépôts des mers de tous les à2;es contiennent du zinc à l'état de dissémination complète. Une portion notable de ce zinc s'est plus particulièrement isolée dans les terrains dolomitiques. La concentration du zinc dans ces sortes de terrains, à l'exclusion relative des terrains de calcaire pnr, est eu conformité complète avec les lois de la Thermochimie, du moment où il est démontré que le zinc a existé en disso- lution dans les eaux des mers de tous les âges. Quant à la cause qui a dé- terminé au sein des mers la précipitation du carbonate de magnésie, il n'y a pas à s'en préoccuper pour le moment : il suffit de savoir que toute cause qui a déterminé cette précipitation a agi de la même façon sur le zinc dis- sous dans l'eau de mer. La présence du zinc dans l'eau des mers remon- tant jusqu'à l'époque de leur jM'emière formation, on est naturellement con- duit à se demander si les combinaisons zincifères, qui furent dissoutes par les premières eaux marines, étaient plus ou moins isolées, ou si elles sont le résultat de la trituration des roches constituant la première couche de con- solidation dont les débris sont encore aujourd'hui relativement riches en zinc, ou bien, enfin, si les combinaisons zincifères, comme toutes celles qui sont dissoutes dans l'eau des mers, du reste, ont cette double origine. Ce sont là des desiderata sur lesquels je reviendrai; mais, en ne sortant pas de la question des minerais de zinc carbonate, associés aux terrains dolomi- tiques, on voit, en remontant des mers actuelles jusqu'aux jilus anciennes, et en s'appuyant sur la Chimie et la Thermochimie, comment ce zinc car- bonate des terrains dolomitiques s'est isolé avec ces dépôts et comment, en définitive, il remonte aux premiers âges aqueux de notre planète. Quant à savoir comment ce zinc carbonate s'est concentré en certains points, jus- qu'à y devenir industriellement exploitable, c'est un point étranger à la question d'origine; celle-ci résolue, la question de concentration des mi- nerais de zinc carbonate dans les terrains dolomitiques devient une ques- ( i3oo ) tion de Géologie et de Chimie, qui devra être abordée pour chaq ticnlier. » MÉDECINE. — Du régime j^eti azoté dans te diabète. Note de M. Boucheron (Extrait). « Les diabétiques non héréditaires, comme les goutteux, sont des su- jets qui font depuis longtemps usage d'xuie alimentation riche en albumi- noïdes et en boissons fermentées, tout au moins dans nos pays occiden- taux tempérés. Un certain nombre de diabétiques sont aussi goutteux, ils sont presque tousazoturiques La relation entre l'arlhritisme et le diabète, reconnue par de nombreux auteurs, a surtout été remise en lumière, dans ces derniers temps, par M. Bouchard. » Cette donnée d'observation correspond à la notion expérimentale, établie depuis longtemps par Cl. Bernard, que l'alimentation albuminoïde exclusive produit le glycogène du foie et le glycogène diffus dans l'orga- nisme. Telles sont, par exemple, les expériences où des chiens, nourris exclusivement de viande pendant plusieurs mois, présentaient dti glyco- gène hépatique fabriqué aux dépens des albuminoïdes. L'origine albnmi- noïde du sucre coexiste donc avec l'origine hydrocarburée plus connue. » Dans le diabète sucré, le sucre dérivé des albuminoïdes est tout aussi important, sinon plus, que le sucre dérivé des hydrocarbures. M. Bouchard admet aussi que l'alimentation albuminoïde exclusive augmente le sucre du diabétique. » Dans la thérapeutique du diabète, il y a donc lieu de se préoccuper à la fois du sucre provenant des albuminoïdes et du sucre produit par. les hydrocarbures. Aussi est-il bon de diminuer la ration des albuminoïdes en même temps que celle des hydrocarbures, dans la proportion de l'utilisa- tion des matériaux alimentaires par chaque organisme. » La diminution des albuminoïdes a pour effet, non seulement de ré- duire la quantité du sucre et celle des déchets hydrocarbures collatéraux, mais aussi de réduire la quantité des déchets azotés (urée, acide urique, ptomaïnes). )) L'abstinence des hydrocarbures ne fait que diininvier le sucre, en laissant exister, à un haut degré quelquefois, l'azoturie avec ses effets dangereux » ( i3oi ) ASTRONOMIE. — Nouveaux documents à C appui de la ihéorie sur l'or'ujine cosmique des lueurs crépuscuLnres. Noie de M. José J. Landeuer, pré- sentée par M. Janssen, • Une nouvelle recrudescence des lueurs crépusculaires vient d'avoir lieu dans ks der- niers jours de novembre et les premiers de décembre, coïncidant avec le passage de la Terre au nœud descendant de l'orbite de la comète de Biela-Gambart, ainsi qu'avec la splendide averse météorique du 27 novembre, ce qui prouve une fois de plus l'élroile con- nexion d'origine de ces phénomènes. La théorie que je soutiens à ce sujet reçoit, ainsi qu'on le voit, un nouvel appui que je m'empresse de signaler à l'Académie, » On peut donc affirmer que la comète est devenue, en vertu d'une évolution iuconime quoique parfaitement constatée, une sorte d'anneau que la Terre rencontre à des époquvîs que l'on peut désormais prévoir, ainsi que je le faisais remarquer dans ma dernière Note ('). » Quant à savoir s'il s'agit ou non d'un anneau complètement fermé, c'est à l'observa- tion seule de décider. On est dès maintenant en droit de conclure, d'après les rencontres des trois deriiières années, à l'existence d'un arc d'au moins 180°, ce qui tend à prouver que cet arc a une bien plus grande étendue. Peut-être est-il accompagué de quelques lambeaux extérieurs subordonnés, à en juger par des recrudescences bien moins accentuées, quoique assez apparentes, qui ont lieu en dehors des époques susdites. J'en ai observé une le 3i août et le i"' septembre, par un temps d'extrême sécheresse, partant en des circonstances où l'influence de la va])eiir d'eau ne saurait guère être invoquée. « La persistance de l'espèce de gloire qui entoure le Soleil et du cercle rouge cuivre qui la termine prouvent, de plus, soit une sorte de diffusion de la matière cométaire dans l'espace, diffusion qui serait la dernière phase de l'évolution qu'elle éprouve; soit un mélange de cette matière avec les éléments de notre atmosphère, qui en deviendrait ainsi pourvue pour toujours. Dans l'une comme dans l'autre hypothèse, il résulterait à la longue une conséquence nécessaire, savoir : que la gloire et son cercle terminaleur gagneraient progressivement en éclat ce que les recrudescences iierdraicnt en intensité. Il serait mainte- nant téméraire, faute de moyens rationnels de comparaison, d'affiinier que le cercle et la gloire deviennent de jour en jour plus ajiparents, mais il est légitime de dire que, dans ces derniers temps, ils le sont assez pour frapper les esprits les moins cultivés. i> Quoi qu'il en soit de ces déductions, du reste assez fondées, il n'est pas moins certain que l'existence et la position de l'anneau de matière cosmique sont des faits désormais à l'abri de toute contestation. Reste à savoir si la ligne des noeuds éprouve un mouvement appréciable, car il semble résulter que l'iuiervalle compris entre le mihcu de la recrudes- cence de mai-juin et celui de la dernière est un peu inférieur à six mois, mais ce sont des particularités de détail que seules les observations ultérieures pourront mettre en lu- mière. » (') Voir Comptes rendus, séance du 27 juillet. ( i3o2 ) M. H. Hermite adresse une suite à ses Communications précédentes sur « l'unilé des forces en Géologie (')» . Dans une première Note, l'auteur cherche à établir qu'une extension des glaces dans les mers polaires a dû coïncider avec un abaissement de la surface de ces mers, et, par suite, avec un exhaussement relatif des terres voisines. Dans une seconde Note, il se propose de montrer que cette donnée permet de découvrir un enchaînement entre les principaux phénomènes de l'époque quaternaire : abondance des précipitations atmosphériques, étendue considérable des glaciers, refroidissement correspondant à la pé- riode glaciaire; froid sec correspondant à l'époque du Renne; formation d'une région tempérée située entre les régions glacées de l'Eiu'ope et de l'Amérique à la même latitude; comparaison de la température de l'époque quaternaire avec celle des époques tertiaires, dans les couches arctiques, d'après l'étude des fossiles, etc. M. CuAPEL adresse une Note intitulée : « La direction du mouvement de translation du système solaire, déJuile de l'étude des orbites cométaires ». A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. (') Comptes rendus, t. LXXXIV, p. 4j9 ^' 5io; t. LXXXVI, p. 3c)i, 1^07 et 1281; t. LXXXVIII, p. 436. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE PUBLIQUE ANTNUELUE DU 21 DÉCEMBRE 1885. PRÉSIDÉE PAR M. i.'ajiiral JURIEN DE LA GRAVIÈRE. M. Ji'iuEN DE La Gravière, Vice-Président de l'Académie pour l'année i885, exerçant h présidence par suite du décès de M. Bouley, prononce rallocution suivante : « MESSiEuns, » Des cinq Académies qui composent l'Institut, l'Académie des Sciences est peut-être la seule qui se soit vue trop souvent obligée d'ajourner la séance publique qu'elle aurait dû tenir dans l'année. Le grand nombre de prix que ses Commissions sont chargées de décerner, les études appro- fondies qu'exige l'appréciation de travaux sur les questions les plus diverses et parfois les plus contestées, expliquent suffisamment et justifient ample- ment, je pense, ces retards involontaires. Toujours est-il que la séance an- nuelle qui, pour l'Académie des Beaux-Arts, a lieu généralement au mois d'octobre, pour l'Académie française, l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, l'Académie des Sciences morales et politiques, au mois de novembre, a été, depuis l'année i864, reportée par l'Académie des Sciences aux mois de février, de mars, d'avril, de mai, de juin, et même, en 1870, de juillet, nous mettant ainsi en arrière de plus d'un semestre sur les autres classes de l'In- stitut. Cette année, nous sommes rentrés dans le rang. Le Président de l'Académie, M. Eouley, dès les premiers mois de sa présidence, n'avait C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N° 28.) I 69 ( i3o4 ) cessé de sliniLiler le zèle des GominissioiiSi de leur rappeler la date à laquelle il était désirable que leurs Rapports fussent déposés. Si voix a été eutendue : au jour fixé, nous étions prêts. » Quel intérêt si puissent pouvait donc animer votre Président? Tmait-il à honneur de marquer son passage au huieau de l'Académie par cette ponc- tualité qu'on a nommée la politesse des rois et qui ne convient pas moins aux hommes dont le monde attend la parole? M. Bouley n'avait pas de ces visées présomptueuses : il se sentait mourir et il voulait avoir la joie suprême, avant d'entrer dans l'éternel repos, de proclamer les noms des nombreux lauréats qui sont tout à la fois l'espoir de la Science et, pour la plupart, le légitime orgueil de notre pays. Bien peu s'en est fallu que ce vœu touchant ne fût réalisé. M. Bouley est mort le 3o novembre, il n'y a pas un mois. » L'avant-dernière séance que M. Bouley ait présidée — pendant la der- nière ses forces le trahirent et ne lui permirent pas d'aller jusqu'au bout, — a été cette séance mémorable du 26 octobre i885, — une date désor- mais historique, — dans laquelle M. Pasteur vint nous annoncer que, le 6 juillet, à 8^ du soir, se trouvant en présence d'un enfant cruellement mordu depuis soixante heures par un chien enragé, enfant dont la mort paraissait inévitable, il s'était décidé, non sans de vives et poignantes in- quiétudes, à tenter pour la première fois sur un être humain l'inoculation qui lui avait constamment réussi sur des créatures d'un ordre inférieur. « Aujourd'hui, ajoutait notre illustre Confrère, avec l'accent tranquille des » hommes qui savent faire sans faste les plus grandes choses, après trois » mois et trois semaines écoulés depuis l'accident, la santé de cet enfant, M sur lequel M. Yulpian et le D'' Grancher n'avaient pas constaté moins » de quatorze morsures, ne laisse rien à désirer. » » M. Vulpian, à son tour, se leva : « La rage, dit-il, cette maladie ter- rible, contre laquelle toutes les thérapeutiques avaient échoué jusqu'ici, a enfin trouvé son remède. » » M. Bouley était arrivé au fauteuil haletant, presque épuisé par un trop courageux effort : il retrouva des forces pour saluer le triomphe de celui qu'il appelait si justement le maître. Un triomphe sur la mort, n'est-ce pas le plus beau des lauriers? Et maintenant, Seigneur, tu peux rappeler à toi ton serviteur. Bouley a vu celte journée à jamais glorieuse pour la Science française, cette journée qu'il attendait avec la foi fervente des Siméon et qui ne devait pas lui manquer. Quelle autre joie scientifique comparable à celle-là pouvait lui réserver l'avenir? ( i3o5 ) » Presque toutes les grandes œuvres du siècle ont un nom qui a retenti dans celte enceinte. Vos conquêtes. Messieurs, ont transformé le monde plus sûrement que les prédications des philosophes. Au siècle de la poudre à canon et de la boussole, vous avez fait succéder le siècle de la vapeur et de l'électricité : il n'était guère probable que la constitution des sociétés ne s'en ressentît pas. Les conséquences matérielles et morales de vos efforts peuvent préoccuper les hommes d'État ; elles ne vous empêcheront jamais de poursuivre votre chemin. Yotrerôle à vous est de chercher la vérité. Ce qui fait que vous la trouvez si souvent, c'est que vous la chercliez toujours avec un cœur simple : l'esprit de système s'accorderait mal avec la méthode expérimentale qui est devenue votre loi. Cette poursuite obstinée du vrai, n'est-elle pas le titre le plus sérieux que nous puissions invoquer pour ré- sister aux théories qui voudraient nous confondre avec le reste des êtres? La sélection n'a pas, que je sache, réussi à créer, depuis que le monde existe, un animal qui cherchât le vrai : elle a pti se flatter d'embellir les espèces, de modifier les races; elle n'a jusqu'à présent inculqué à aucune ce désir df rétrécir le domaine de l'inconnu, désir immatériel où se mani- feste si bien l'instinct particulier qui nous distingue. » Cet instinct n'est pas, d'ailleurs, le seul qui nous soit propre : tous les êtres ont horreur de la mort; nous avons de plus qu'eux l'horreur du néant. Je n'en voudrais pour preuve que la sollicitude avec laquelle, de notre vivant, petits et grands, nous prenons soin de notre mémoire. Ce qu'on appelle la gloire est sans doute le lot d'une élite bien peu nombreuse : à côté de la gloire, il y a place heureusement pour des satisfactions plus modestes et cependant très enviables encore. Laisser, par exemple, un sou- venir attendri et fidèle au sein d'une illustre Compagnie comme la vôtre me paraît un espoir dont plus d'une ambition devrait se contenter. Heu- reux, trois fois heureux, ceux qui, arrivés au terme d'une carrière active, ont pu être admis dans ce temple de la sérénité où vous daignez, avec une sûreté de jugement qui ne le cède qu'à votre indulgence, leur révéler chaque jour les causes secrètes des choses ! » Je ne voudrais pas attrister outre mesure une réunion déjà bien assombrie par la perte de notre sympathique Président, par l'absence momentanée, permettez-nous de l'espérer, d'iui de vos Secrétaires perpé- tuels. Vous vous rappelez encore, j'en suis certain, quel charme M. Jimiin sut répandre l'année dernière sur cette séance annuelle que la nature des sujets traités condamne, quelque talent qu'on y emploie, à demeurer tou- jours un peu austère. M. Jamin éuùt désigné d'avance pour nous rendre la ( i3()G ) physionomie d'Arago. Lorsque fl'un trait rapide il embrasse à la fois les contours de cette merveilleuse figure et l'ensemble des travaux qui ont rajeuni l'Optique, ne semble-t-il pas qu'il ait dérobé le crayon auquel nous devons le portrait de James Watt et l'esquisse des lointains ancêtres de nos puissants appareils à vapeur? Nul devons, j'en suis sûr, n'aura oublié, le souvenir jelé en passant à Ampère. « Ce grand homme, nous disait M. Ja- » min, concentré dans la haute Philosophie, ne pouvait plus s'en distraire. » On l'interrogeait sur sa santé : « Ma santé! ma santé! s'écriait-il; il » s'agit bien de ma santé : il s'agit des vérités éternelles. >> Comme Ampère, M. Jamin n'a que trop négligé « les intérêts ordinaires de la vie et jus- » qu'aux soins de son existence ». Nous envoyons nos vœux à ce cher absent et notre pensée retourne pieusement à nos deuils. » L'année i885 a été cruelle à notre Compagnie. Neuf de nos Confrères nous ont quittés : je ne dirai pas que nous les avons perdus. Ils sont seule- ment partis les premiers; nous les retrouverons dans ce monde où leurs œuvres les suivent : par leurs œuvres j'entends surtout le bien qu'ils ont fait, tout le bien qu'ils ont fait, depuis le verre d'eau offert à celui qui souffre jusqu'aux plus sublimes découvertes données, sans compter, avec un désintéressement qui est l'apanage de notre race, à l'humanité tout entière. » Dupuy de Lôme, Serret, Rolland, Desains, Tresca, Milne Edwards, Bouquet, Robin, Bouley, neuf Confrères, neuf flambeaux éteints dans l'es- pace d'une seule année! Quelle douleur! Quelle leçon ! Quel besoin invo- lontaire de placer, en regard du deuil, l'apothéose! » Dupuy de Lôme, déjà célèbre à l'âge où tant d'autres, et des mieux doués, commencent à peine à se faire connaître, Dupuy de Lôme, objet de vos prédilections, pour qui vous avez élargi vos rangs, ne voulant pas at- tendre que le cours régulier des ans y produisît une vacance. » Serret, géomètre éniinent et professeur sans rival, dont la mort arra- chait ce cri douloureux à un de nos Confrères de l'Académie française : « Faut-il que d'aussi lumineuses intelligences disparaissent! » » Rolland, mort comme Bouley, pour ainsi dire sur la brèche; esprit sûr et pratique qui devait transformer successivement l'outillage mécanique de la plupart des grandes manufactures de l'État. » Desains, qu'un de nos Confrères, M. Fizeau, nommait ingénieusement lui vendangeur de faits, rappelant ainsi, avec son incontestable compétence, que « dans le chaaij) si vaste des relations de la chaleur et de l.i lumière, il » n'y avait pour ainsi dire pas un coin que Desains n'eût exploré avec » succès )). ( '3o7 ) » Tresca, qui eut l'honneur d'occuper, après M. Combes, le fauteuil du général Bonaparte, « nature de fer, nous a dit sur sa tombe M. Maurice » Lévy, que l'âge et la souffrance n'ont pu fléchir ». La mort l'a trouvé, lui aussi, debout. C'est un exemple que les rudes travailleurs de notre Com- pagnie ont souvent donné à la jeunesse. Tresca eu avait déjà donné bien d'autres. On a cité avec raison « l'acuité de son esprit et sa merveilleuse » aptitude à se mettre au courant des questions nouvelles ». Le plus bel éloge cependant qu'on ait fait de notre éminent confrère, ce sont ces pa- roles que vous aimerez à entendre redire : « Nous remettons avec contiance » au Dieu de justice celui qui a poursuivi avec tant d'ardeur la justice et » la vérité. » » Milne Edwards : arrêtons-nous sur ce nom, car ce nom représente soixante ans d'honneur et de travail. Le premier Mémoire que Mdne Edwards lut à l'Académie date de 1823. Si Ciivier a fondé la Z(Jologie anatomique, on peut dire que Milne Edwards en a pour ainsi dire consacré les principes, « en s'élevanf, suivant l'expression d'un de nos Confrères, » M. de Quatrefages, à la perception des lois les|) lus générales qui ont pré- » sidé à la constitution des êtres, au groupement de leurs innombrables » formes, à leur répartition dans le cadre du règne animal ». » Bouquet, ce digne et doux savant, « resté le type le plus aimable du » pur géomètre ». Vous m'approuverez, Messieurs, d'avoir retenu cette parole. Etre loué par un honune digtie de louange est un double bienfait du ciel : Bouquet, — récompense méritée de sa science et de ses vertus, — a eu cet avantage. » Les géomètres ont, plus que d'autres, besoin d'être jugés par leurs pairs : la Géométrie, en effet, est un arcane. Elle tient ses assises à part, décerne ses prix sans phrase et, contemplant avec une juste fierté l'univers soumis en ses plus intimes profondeurs aux lois dont elle a saisi l'enchaî- nement, se réfugie, calme et impassible, dans sa royauté silencieuse. C'est bien une royauté, en effet, et une royauté absolue qu'exerce cette science maîtresse qui ne connaît pas le doute comme ses soeurs et n'a jamais, de- puis le temps d'Euclide, bâli sur le sable. Ajoutons que, par son exemple, la Géométrie a influé sur la direction imprimée à toutes les branches des connaissances humaines. Vouée durant de longs siècles aux méthodes em- piriques, la Médecine elle-même a subi l'impulsion générale. Les Confrères de Robin, de Pasteur, ne me démentiront pas. » (Charles Robin a consacré sa vie laborieuse aux études anatoniiques les plu-, mystérieuses et les plus délicates. « Il a, nous assurait M. Bouley, dans ( i3o8 ) son allocution du 12 octobre, franclii les limites où s'était arrêté Bi- chat. » » Entrant clans une voie de recherches que son devancier n'avait pas connue, Robin put pénétrer plus profondément dans la connaissance de la structure des tissus du rorps vivant : l'œuvre considérable qu'il lui a été donné d'accomplir l'appelle à prendre rang parmi les chefs d'école. C'est un mérite assez rare, même au sein de cette Académie, pour consacrer à jamais le nom de celui qui le posséda. » Le dernier Confrère qui nous a été ravi, je l'ai déjà nommé : plus qu'un autre, j'ai sujet de m'affliger de ce deuil si récent. Conformément aux traditions de l'Académit', M. Bouley devait initier son futur successeur aux devoirs de la présidence. Pendant près de dix mois, je suis venu chaque lundi m'asseoir à ses côtés pour apprendre de lui comment je pourrais jus- tifier une confiance dont je me sentais bien indigne et dont je demeure encore confus. Je ne m'attendais pas à voir la tâche de M. Bouley si brus- quement abrégée : je n'ai pas même eu le tem[)s d'apprendre comment on rend justice à des travaux d'une aussi haute portée que les siens. Hier en- core, il était de mode de traiter comme une science subalterne la science vétérinaire : l'auteur des Géorgiques aurait-il donc été de cet avis? » Après ce tribut de regrets payé à de chères mémoires, il me resterait, Messieurs, à faire ressortir l'importance de vos concours. « Si quelqu'un, » nous disait M. Jamin le 2 avril i883, voulait connaître l'histoire des tra- )) vaux scientifiques accomplis en France, il la trouverait toute faite dans » les comptes rendus de nos séances annuelles. » J'en suis fâché, Messieurs, je le regrette profondément; mais, cette année, il y aura une lacune. Mon successeur, j'en emporterai l'espoir, la comblera, Pouviez-vous vraiment, quand vous êtes venus me tirer de mon obscurité, attendre d'un homu)e dont l'éducation s'est faite sur le banc de quart, d'un navigateur qui n'a jamais eu d'autre prétention que celle de bien connaître son métier, qu'il allait continuer l'œuvre des Paye, des Fremy, des Peligot, des Fizeau, des Daubrée, des Becquerel, des Wuriz, des Jamin, des Blanchard, des Rol- land? « L'Académie, s'écriait avec sa chaleureuse éloquence M. Fremy, » peut être fièredes lauréats qu'elle récompense! » Ce sont surtout ces lau- réats qui devaient s'enorgueillir de voir leurs travaux a|)préciés par de tels juges. Les lauréats de l'année i885 ne seront pas heureuseninnt tout à fait déçus : je proclamerai leurs noms, comme notre illustre Secrétaire perpé- tuel uï'en donnait l'année dernière l'exemple, comme ce fut, paraît-il, la coutume autrefois adoptée; les Rapports de vos Commissions, publiés à la ( i^og ) suite (lu compte rendu de cette sé;ince, distribueront l'éloge et feront ap- plaudir, j'en suis convaincu, mon silence. » Qu'il me soit seulement permis de constater ici que l'admirable éner- gie scientifique, une des forces de la France, à laquelle mes prédécesseurs rendaient à l'envi lioinmage, loin de diminuer, semble avoir, au contraire, acquis un degré nouveau de vigueur. L'année i885 aura été, si j'ose ni'ex- primer auisi, une année d'accomplissement : elle aura tenu les promesses de la période décennale que M. Fremy ouvrait le 21 juin 1875. « Nous avons vu partir, disait M. Fremy, ces trois savants qui s'étaient proposé de faire en quelque sorte la conquête scientifique de l'atmosphère. Ils sont partis : le voyage n'a pas été long. Trois heures après le départ, M. ïissandier, échappant à la mort, rapportait les corps inanimés de ces deux martyrs de la Science, Crocé-Spinelli et Sivel. » » En 1884, c'est M. Rolland qui accepte la mission de vous entretenir des nouvelles expériences aéronautiques des frères Tissandier; c'est lui qui, en même temps, vous expose les espérances que font concevoir les premiers succès obtenus le 9 aovit 1884 par les capitaines Renard et Krebs dans la voie où, novateurs hardis, ils viennent de s'élancer à la suite de notre grand ingénieur Dupuy de Lôme. M Pour un effort soutenu, il faut des muscles infatigables : l'électricité aujourd'hui se glisse partout; elle s'offre à mettre en mouvement le ballon dirigeable dîi à l'initiative de notre célèbre Confrère; l'atelier de Meudon, bien avisé, l'accueille : les pas encore incertains de l'aérostat soudain s'af- fermissent. Dans les expériences exécutées en 1884 et en i88j, l'aérostat est revenu cinq fois sur sept à son point de départ. /) Tout n'est pas fini cependant ; nous verrons sans doute des tâtonne- ments, des échecs partiels, des jours de découragement et de lassitude. Ne sail-on pas que la généreuse ardeur des inventeurs les conduit presque aussi souvent au martyre qu'à la gloire? Qu'importe? Il se trouvera bien quelques hommes de ioi, quelques esprits amis du progrès pour crier à nos héroïques pionniers : Courage ! Le chemin des airs est donc dès à présent, assurément, ouvert. Nous possédions tous les autres; il ne nous manquait que celui-là. J'en inscris la conquête au compte de l'année i885. « La chaleur, l'électricité, la lumière, nous disait à celte occasion » M. Rolland, sont des manifestations diverses d'une seule et même » chose : la force vive qui peut prendre successivement l'un ou l'autre de ces » aspects. » » Pour le vulgaire, l'électricité sera toujours l'agent redoutable qui pro- duit les éclats de la foudre. Tant qu'on n'emploiera le fluide mystérieux ( i3io ) qu'à la transmission à distance des messages écrits ou des sons de la parole humaine, on pourra le considérer comme l'inoffensif et utile instrument d'une sorcellerie bienfaisante; mais, quand le fil qui conduit l'électricité recèlera une force lentement accuinulée et prête à jaillir au moindre attou- chement, une sorte de respect superstitieux, un respect empreint de crainte, se mêlera, il faut s'y attendre, au sentiment orgueilleux de la possession. Le démon d'Aladin s'est mis à nos ordres; s'd allait se révolter! « Ne touchez pas à la hache-! » Telle est la recommandation qu'a- dressaient autrefois aux visiteurs indiscrets les gardiens de la tour de Londres. Ne posez pas non plus le doigt sur les conducteurs électriques. Est ce à dire que nous allons fouler un terrain miné et jouer à notre insu avec les explosions? Semblables appréhensions feraient sourire les profanes eux-mêmes; le temps n'est plus où une alchimie imprudente tuait les moines. La science pourtant, intrépide, disons plus, téméraire, quand il ne s'agit que d'exposer des savants, s'arme soudain d'une circonspection extrême le jour où elle est a|)pelée à donner sa sanction à quelque utili- saiion industrielle des forces de la nature. Dans celte même séance où M. Pasteur nous faisait connaître sa méthode « pour prévenir la rage après » morsure », M. Marcel Deprez annonçait à l'Académie « qu'il avait pu » dévf'Iopper des forces électromotrices considérables, obtenir des reii- » déments de 5o pour loo, sans aucun échauffe nient appréciable ». Ce sont-là, je me crois autorisé à l'afhrmer après M. Marcel Deprez, des con- ditions qui n'avaient jamais été réalisées jusqu'à présent. ■» Vous ne vous étonnerez pas, Messieurs, que sur un sujet aussi grave je ne m'en rapporte pis à mes impressions personnelles. Je n'ai pas mission de parler au nom de l'Académie; j'oserais encore bien moins parler en mon propre nom. Président surpris par uti honneur qui ne devait m'échoir que l'aT» prochain, je puis tout au plus, pour ne pas passer complètement sous silence un événement de celte importance, essayer de résumer en quelques mots les opinions qui se sont librement produites en ma présence dans des entretiens familieis. )) Le 5 décembre, sur l'invitation de M. Marcel Deprez et de MM. de Rothschild, nous nous étions rendus à Creil. Ce jour-là nous vîmes deux fils de cuivre de o™,oo5 de diamètre livrer passage à un couratit électrique dont nous revînmes constater les effets à Paris: la force de plus de /jo clie- vanx-\apeur se trouvait transportée par l'électricité à So*^"" de la machine génératrice. « Tentée dans cette proportion grandiose, disait-on autour de i> moi, l'expérience s'est accomplie coiiforméiuent aux prévisions de l'au- ( •3.1 ) » dacieux ingénieur. Les appareils se perfectionnent chaque jour et nous » verrons bientôt ce tlux électrique si effrayant devenir un serviteur docile » entre les mains habiles qui ont su le dompter. » Quel avenir, Messieurs, nous laisse entrevoir cet augure! » J'ai entendu jadis M. Wuriz s'émouvoir de la prodigalité avec laquelle nous dépensions les trésors de chaleur et de force amassés pendant des milliers de siècles, au sein des couches profondes du globe. Et voilà qu'au- jourd'hui on ose nous promettre d'asservir la force gratuite, la force iné- puisable des cours d'eau et des marées ! Cette force, on la portera par des fils métalliques sur les points où nous aurons intérêt à la mettre en action. Les ondulations de l'Océan travailleront pour nous, et les générations futures, dont on nous accusait de dissiper les réserves, n'auront plus rien à nous reprocher. » Ainsi la même année aura vu les progrès de l'aérostat dirigeable, la guérison de la rage et la transmission de la force par l'électricité. Dira-t-on que cette année ait été stérile? Je souhaite que l'année 1886 fasse preuve de la même fécondité; je souhaite que, sous mon consulat, elle épargne à notre Académie les douleurs de l'année i885; je souhaite surtout que, clémente et féconde, elle donne à notre cher pays, par vos œuvres, par vos découvertes, de tels dédommagements que, d'un bout de l'Europe à l'autre, les peuples éblouis se redisent, nulgré nos malheurs : « Dieu pro- tège la France ! » » J'ai terminé. Messieurs. Avant de passer la parole à un Confrère que vous êtes justement impatients d'entendre, je dois encore réclamer pour quelque» instants votre attention ; je vais proclamer les noms de vos lau- réats. » C, R., 1885, 2* Semestre. (T. Cl, N» 25.) '^1^ ( l3l2 ) PRIX DÉCERNÉS AMÉE 4885. (iEOMÉTKIE. PRIX BORDIN. (Commissaires : MM. Hermite, Jordan, Bertrand, O. Bonnet; Darboux, rapporteur.) Dans la question proposée en 1884, comme sujet du prix Bordin (Géo- métrie), l'Académie demandait aux concurrents, soit Céluie générale du problème des déblais et des remblais, soit la solulioii dans un cas simple choisi par l'auteur du Mémoire. L'étude de ce beau problème remonte à Monge qui, dans un Mésnoire publié en 1781, où se trouvent développées d'une manière incidente la théorie des lignes de courbure et les propriétés des systèmes de rayons recti- lignes, s'était proposé la question générale suivante : Deux volumes équivalents étant donnés, les décomposer en parcelles infini- ment petites et deux à deux équivalentes, se correspondant suivant une loi telle que, si l'on multiplie le chemin parcouru par chaque parcelle, transportée sur celle qui lui correspond, par le volume de cette parcelle, la somme des produits ainsi obtenus soit un minimum. Dans le cas où les volumes peuvent ètie assimilés à des aires planes situées dans le même plan, Monge résout complètement le |)robIème en remarquant que les routes de transport, lorsqu'elles forment un système continu, doivent détacher dans le déblai et dans le remblai des aires égales. Dans le cas où les routes ne peuvent former un système continu, il présente quelques remarques, complétées depuis par Dupin dans un Mé- moire sur le même sujet, qui fait partie des Applications d'Analyse, de Géo- métrie et de Méchanique. Enfin Monge, abordant le cas le plus difficile, ( .3i:J) celui où le déblai et le remblai sont des volumes, nécessairement équiva- lents, fait connaître la proposition suivante, qui est la pierre angulaire de cette théorie : Les roules de transport doivent servir chacune à une infinité de parcelles, et elles sont nécessairement normales à une famille de surfaces parallèles. Mais il faut avouer que les raisonnements par lesquels Monge est conduit à ce beau théorème n'entraînent, en aucune manière, l'adhésion ; ce point essentiel, malgré l'étude nouvelle qui en a été faite parDupin, attendait encore une démonstration solide et appelait de nouvelles recherches. I.a Commission espérait donc rencontrer, dans quelques-uns des Mé- moires soumis à son examen, la preuve complète et l'étude générale du théo- rème de Monge; elle désirait aussi, sans troposerl'espérer à cause delà diffi- culté de la question, obtenir l'intégration complète, dans un cas suffisamment étendu, de l'équation aux dérivées partielles du second ordre, déjà formée par Monge, qui sert à déterminer la surface normale à toutes les routes. Le Mémoire inscrit sous le n° 5 répond d'une manière complète aux espérances aussi bien qu'aux vœux de la Commission. C'est un travail de haute valeur où sont employées, alternativement et avec le plus grand succès, les ressources de la Géométrie et les méthodes de l'Analyse mo- derne; il réalise un progrès considérable dans l'étude de la question mise au concours. Au début de son Mémoire, l'auteur s'élève de la considéra- tion d'un système de points isolés à celle des masses continues. Il énonce, sous le nom de principe de translation, principe de symétrie, etc., un certain nombre de propositions élégantes et simples, dont l'application rendra certainement de grands services dans la pratique. Nous signalerons plus particulièrement deux propositions faisant connaître deux systèmes différents de routes, d'une définition très générale et réalisant, l'un et l'autre, le minimum absolu du prix de transport. Dans la deuxième Partie de son travail, l'auteur du Mémoire n° 5, après avoir démontré que les routes forment un système continu ou se décompo- sent en plusieurs systèmes continus, applique la méthode des variations au problème de Monge, et il établit le théorème fondamental, sans même sup- poser que la densité soit constante à l'intérieur du déblai ou du remblai. Enfin il examine le cas où les routes se partagent en plusieurs systèmes con- tinus et il indique les moyens de déterminer les surfaces séparatrices, c'est- à-dire les surfaces auxquelles viennent aboutir les routesappartenant à deux systèmes différents et contigus. Dans le cas des aires planes, nous l'avons déjà rappelé, le problème de ( i3.4 ) Monge peut recevoir une solution complète où ne figurent que des quadra- tures. On devait se demander si, dans l'espace, l'équation aux dérivées par- tielles donnée par Monge n'est pas, elle aussi, inlégrable dans tous les cas et d'une manière générale. Les résultats obtenus par l'auteur du Mémoire donnent une réponse complète à cette question difficile. Dans le cas où, par exemple, les volumes se réduisent à des aires planes situées dans des plans parallèles, l'intégration de l'équation de Monge est ramenée à celle des surfaces minima si les aires ont même densité, et à celle des surfaces à courbure constante si les densités sont différentes. Ces exemples sont précieux, parce qu'ils prouvent que l'on doit renon- cer à intégrer dans tous les cas l'équation du second ordre de Monge; mais aussi parce qu'ils ont permis à l'auteur de signaler avec netteté les difficultés nouvelles et sérieuses que l'on rencontrera, même après avoir intégré cette équation. Ces difficultés sont de la nature de celles qui se présentent dans la théorie des surfaces minima. Si l'on considère toutes les surfaces formant une nappe continue passant par une courbe fermée, le calcul des variations apprend que la surface d'aire minimum aura, en chaque point, ses rayons de courbure égaux et de signes contraires. L'équation aux dérivées par- tielles de cette surface une fois intégrée, la condition à laquelle elle est assujettie de passer par la courbe ne permet pas de déterminer complète- ment les deux fonctions arbitraires dont elle dépend. Il existe une infinité de surfaces minima contenant la courbe; mais ces surfaces ne satisfont pas toutes, on le sait, à la condition, supposée cependant par le calcul des variations, de former une nappe continue reliant les uns aux autres tous les points de la courbe. On ne peut déterminer les deux fonctions arbi- traires qu'en employant des considérations tout à fait indépendantes de la méthode des variations, puisque la condition à laquelle il s'agit de satis- faire est supposée remplie au moment même où commence l'application de cette méthode. Le problème auquel on est ainsi conduit arrête aujour- d'hui encore les efforts des géomètres et n'a pu être résolu que dans quelques cas particuliers. La solution du problème de Monge présente des difficultés analogues et peut-être plus grandes. Les fonctions arbitraires d'une variable, qui entrent dans les équations du système des routes, doivent être déterminées par la condition que les routes forment un système continu, permettant de transporter dans l'ensemble du remblai la totalité des parcelles qui com- posent le déblai. La condition, évidente apriori, que les routes limites soient ( i3i5 ) lançentes à la fois à la surface du déblai et à celle du remblai ne fait con- naître qu'une de ces deux fonctions et il n'existe, comme dans la théorie des surfaces minima, aucune règle fixe et précise conduisant à la solution com- plète de la question proposée. Des exemples bien choisis jettent beaucoup df^ lumière sur cette discussion délicate. Les indications rapides qui précèdent suffiront à montrer toute l'impor- tance des résultats obtenus par l'auteur du Mémoire n" 5. Le Mémoire inscrit sous le n" 1 contient également une réponse satis- faisante à plusieurs des questions dont la solution était désirée par la Com- mission. L'auteur, qui paraît très bien connaître la méthode des variations, en fait une application précise et élégante au problème proposé. Il donne, même dans le cas où la densité est variable à l'intérieur du déblai et du remblai, la démonstration rigoureuse du théorème de Monge. L'application systématique du calcul des variations le conduit à l'équa- tion aux dérivées partielles qui régit le système des routes, ainsi qu'à la détermination des surfaces séparatrices, dans le cas où les roules se par- tagent en plusieurs systèmes continus. Pour se conformer aux désirs de la Commission, exprimés dans un Rapport inséré aux Comptes rendus, t. C, p. 489, il donne la détermination du système des routes dans le cas où le déblai et le remblai sont des solides de révolution autour du même axe; mais ce cas particulier, qui a été aussi étudié par l'auteur du Mémoire n° 5, se ramène immédiatement à celui où le déblai et le remblai sont des aires situées dans un même plan, la densité de chaque parcelle étant égale à la distance de cette parcelle à une droite fixe du plan. A la fin de son Mé- moire, l'auteur se propose d'appliquer les méthodes de Monge et d'Ampère à la recherche des cas dans lesquels on peut intégrer l'équation aux dé- rivées partielles de la surface normale à toutes les routes. Nous l'enga- geons, s'il désire poursuivre cette recherche, à revoir soigneusement la fin de son travail; les raisonnements qui l'ont guidé ne nous paraissent pas à l'abri de toute objection. Enfin, le Mémoire n°2contient une étude clairement écrite dans laquelle l'auteur, employant exclusivement la méthode géométrique et suivant la voie ouverte par Dupin, se propose de démontrer le théorème de Monge par des voies élémentaires; on lui doit plusieurs remarques ingénieuses et quelques exemples dans lesquels la détermination des routes de transport s'effectue d'une manière élégante. La Commission propose de partager le prix Bordin entre les Mémoires n° 5 et n° 1, en attribuant deux mille francs à l'auteur du Mémoire n" 5, ( i3i6 ) mille Jrancs à l'auteur du Mémoire u° 1, et d'accorder en outre une men- tion honorable à l'auteur du Mémoire n° 2. Elle émet le vœu que les deux premiers Mémoires soient publiés, au moins par extrait, dans les Recueils de l'Académie. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. L'auteur du Mémoire inscrit sous le w° 5 est M. P. Appell. L'aiitetir du Mémoire inscrit sous le n" i est M. Otto Ohnesorge. Coiitormémeiit au désir exprimé par l'auteur, il a été procédé à l'ouver- ture du pli caclieté qui accompagne le Mémoire inscrit sous le n° 2. M. le Président a proclamé le nom de M. A. de Saint-Geumain. PRIX FRAN COEUR. (Commissaires : MM. Hermite, Bonnet, Darboux, Phillips; Bertrand rapporteur. ) A l'unanimité, la Commission décerne le prix Francœur de l'année tSSô à M. Emile Barbier. MECANIQUE. PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS, DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS IIE NATURE A ACCROITRE L'tFFlCACITÉ DE NOS FORCES NAVALES. (Commissaires : MM. Paris, Mouchez; de Jonquières, Jurien de la Gra- vière et Bouquet de la Grye, rapporteurs.) La Commission propose à l'Académie de partager le Prix extraordinaire de six mille francs de la manière suivante : i" A M. HÉLiE, deux mille francs; a" A M. HcGOMOT, mille francs; '6° A M. Do.N'EAVD DU Plan, mille Jrancs; 4" A M. Ph. h ATT, mille francs ; 5° A M. LucY, mille Jrancs, ( '3i7) Rapport sur l'Ouvrage de MM. Hélie et Hugoniot; par M. le vice-amiral DE JONQUIÈRES. Le Traité de Balistique expérimentale (2* édition, 1884), auquel votre Commission décerne un prix de trois mille francs, est un Ouvrage qui fait autorité parmi les savants et les artilleurs et dont la notoriété dispense votre rapporteur d'un long éloge. Il suffira d'en indiquer l'origine et le caractère. La Marine a, depuis de longues années, créé, pour son usage, sur la plage de Gâvre, à quelques kilomètres de Lorient, un polygone à grande portée, où elle a peu à peu réuni les instruments de recherche les plus perfec- tionnés et fait exécuter, sur le tir des bouches à feu de tous calibres, sur la forme, la portée, les effets des projectiles et, depuis vingt-cinq ans, sur leur pénétration dans les murailles cuirassées, toutes les expériences qui in- téressent son service. Afin d'imprimer plus d'unité à ces études, d'en per- pétuer la tradition et de faire ressortir, avec une méthode uniforme et sûre, les conclusions pratiques et théoriques dont elles sont le germe, le département institua, en i83o, sous le nom de Commission de Gâure, un comité permanent composé d'officiers de marine et d'artillerie de marine et d'ingénieurs des constructions navales, dont un colonel d'artillerie de marine eut la présidence. Elle confia les importantes fonctions de secrétaire de cette commission à un professeur d'artillerie, que ses antécédents, sa science et ses travaux désignaient dès lors à son choix. Le titulaire, qui a conservé ce poste pendant cinquante-cinq années et y a répandu un éclat qui ne sera point effacé, fut M. Hélie, ancien élève de l'École Polytechnique et de l'École d'application de Met/, né à Nantes le 3o octobre 1795, qui, après avoir pris part à la défense de Paris en 1814, avait concouru à celle de Metz en j8i5. Durant celte longue période, où l'artillerie navale a subi tant de transformations, M. Hélie n'a pas cessé un seul jour de prendre une part active auîc travaux de la Commission, qu'il animait du souffle de son esprit ingénieux, et dont il rendait compte avec précision, résumant dans des Mémoires substantiels les résultats incessamment acquis, souvent dif- ficiles à interpréter. Un jour ces résultats se trouvèrent assez nombreux et assez bien coor- donnés pour fournir les éléments d'un Livre; M. Hélie l'écrivit. Eu i8t55, ( i3i8 ) avec l'approbation du Ministre de la Marine, il publia le Traité de Balis- tUjue expérimentale, qui devint aussitôt l'ouvrage classique de l'artillerie navale et, révélant en M. Hélie un créateur, le plaça du premier coup aux premiei's rangs parmi les promoteurs de la Science. Le caractère dtstinctif de cette première édition était l'abstention systé- matique de toute hypothèse, l'étude patiente et la discussion rigoureuse des faits; méthode scientifique qui seule convient dans la recherche des lois naturelles. Ce n'est pas que la théorie en fût bannie; on l'y rencontre, au contraire, parfois très savante. Mais, pour M. Hélie, les formules ne sont, le plus souvent, dans ces questions dont on n'a pas le dernier mot, qu'un moyen commode de grouper provoisoirement les faits constatés, utile pour en faciliter la vérification et en prévoir les conséquences. C'est de l'empirisme, si l'on veut, mais de l'empirisme scientifiquement dirigé, qui, à son tour, n'égare point, lorsqu'on a soin de ne l'appliquer qu'entre \t6 limites des expériences. Avec sa vaste érudition, sa connaissance exacte des lois de la Mécanique, son habileté à manier l'instrument mathéma- tique, son esprit consciencieux d'observation, M. Hélie ne s'est jamais écarté de cette voie, scientifique autant que pratique, prenant pour devise : Non mihi res, sec/ me rébus subjungere conor ('). L'appréciation que nous venons de faire du Traité de i86j convient, mieux encore peut-être, à la deuxième édition que M. Hélie en a donnée, en 1884, avec la collaboration de M. le capitame d'artillerie de Marine Hugoniot, répétiteur à l'École Polytechnique. Cette nouvelle édition était rendue nécessaire par l'épuisement de la première; elle l'était surtout à cause des modifications profondes survenues depuis i865 dans l'artillerie, et particulièrement dans l'artillerie navale. Les expériences nombreuses exécutées dans ces vingt dernières années, tant en France qu'à l'étranger, ont été mises à contribution pour la rédaction de cet Ouvrage. Il est donc, à beaucoup d'égards, entièrement neuf dans sa deuxième Partie. Sans entrer ici dans les détails, bornons-nous à dire que, sous la direction tou- jours vigilante de M. Hélie, le plan général et la méthode primitive ont été conservés ; c'est dire que l'expérience y sert de base, sans qu'on y ait (' ) Horace a dit : • Et mihi res, non me rébus... ", E]). I, Liv. I; mais il s agissait pour lui de la pratique de la vie et non de la Balistique. (i3i9) négligé le concours de la Mécanique rationnelle, chaque fois que s'est présentée l'occasion justifiée d'y faire appel. C'est donc avec une entière confiance que votre Commission attribue un prix de trois mille francs à l'Ouvrage dont son Rapporteur vient de vous présenler les traits principaux et qui a contribué au perfectionnement de notre artillerie navale. Ce jugement sera favorablement accueilli par l'opi- nion des hommes compétents, et la Marine y verra, avec un hommage impersonnel rendu à la Commission de Gâvre tout entière, une récom- pense méritée, accordée au principal auteur du Livre présenté à son exa- men, ainsi qu'au savant collaborateur qu'il avait dû s'adjoindre vers le terme de sa longue carrière et qu'il se disait heureux d'avoir ren- contré. Pourquoi faut-il que ce Rapport se termine par l'expression douloureuse d'un regret? Lorsque votre Commission adopta en principe la décision qu'elle soumet à votre approbation, M. Hélie vivait encore. Aujourd'hui elle sera portée sur une tombe qui vient de se fermer. Le savant modeste, le consciencieux expérimentateur, l'infatigable serviteur de l'État, l'homme de bien qui, par son travail, a su atteindre à la renommée sans côtoyer la fortune, s'est éteint le 26 juillet dernier à 1 âge de quatre-vingt-dix ans! La croix de commandeur avait été, en 1882, une juste rémunération de ses services professionnels. La récompense accordée par l'Académie à son oeuvre scientifique sera un nouvel honneur rendu à sa mémoire et, nous le désirons, un adoucissement au chagrin de sa famille. En résumé, voire Commission, sous la réserve de votre approbation, décerne à l'auteur du Traité de Baiislujue expérimentale, deuxième édition, et à son collaborateur, un prix de trois mille Jrancs, à répartir ainsi : M. Hélie, deux mille francs; M. HuGONioT, mille francs. Rapport sur le prix décerné à M. Doneaud du Plan, conservateur de la biblio- thèque du port de Brest; par M. le vice-amiral Jlrien de la Gravière. Depuis longtemps déjà une remarquable étude sur l'ancienne Académie royale de Marine avait été signalée à l'attention de la Commission chargée de décerner le prix de six mille francs, prix réservé aux travaux qui con- C. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, ^• 2o.) ^7^ ( l320 ) cernent particulièrement l'art naval. Votre Commission a jugé le moment venu de récompenser les patientes et ingénieuses recherches qui ont fait en quelque sorte revivre une époque où déjà la marine ne se distinguait pas moins par son zèle scientifique que par sa bravoure. Instituée en 1762 par Louis-Antoine Rouillé, comte de Jouy, léorgu.isée en I 769 par César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin, affiliée à l'Académie des Sciences en 1771 par Pierre-Etienne Bourgeois de Boyne, l'Académie royale de Marine a subsisté jusqu'en 1793. Pendant près d'un demi-siècle, le port de Brest fut témoin de ses persévérants efforts pour prêter à la na- vigation et à la tactique militaire le secours d'une science résolument entrée dans la voie du progrès. Cette période si féconde, ces investigations si variées étaient à peu près oubliées lorsqu'en 1878 un professeur de l'École navale, M. Doneacd du Plan, se proposa de les remettre en lumière. Dans un volume in-8° de cinq cent soixante-deux pages, le savant professeur a ré".umé et analysé les diverses questions traitées par l'Académie de Brest. Nous comprenons le sentiment de regret qu'il a dû éprouver, le jour où, parvenu au terme de sa tâche laborieuse, il lui a fallu se séparer de cette glorieuse pléiade de travailleurs avec lesquels il avait intimement vécu pendant de longues années; car ce sont des années et beaucoup d'années qu'a exigées le dépouillement des précieuses archives dont nous possédons aujourd'hui, grâce à M. Doneaud du Plan, la substance. Nous nous bornerons à rappeler succinctement, et dans l'ordre chrono- logique où ils ont été traités, les divers sujets sur lesquels, de 1752 à 1793, se porta l'attention de l'Académie de Marine. Nous verrons ainsi naître et se développer les divers perfectionnements dont nous sommes redevables au labeur de nos devanciers. N'oublions pas d'ailleurs que ce labeur fut toujours provoqué, encouragé de la façon la plus paternelle par l'Académie des Sciences. La période dont nous esquissons ici l'histoire est celle en elfet où cette Compagnie semble avoir accordé l'intérêt le plus vigilant et le plus soutenu à tous les problèmes que soulève l'art de naviguer et de combattre sur mer. Devançant en quelque sorte la pensée de Fulton, l'Académie ne craignait pas de mettre dès lors au concours : « la manière la plus avantageuse de suppléer à l'action du vent sur les grands vaisseaux, soit en y appliquant les rames, soit en employant quelque autre moyen que ce puisse être ». La question était nettement posée; nous n'avons pas besoin de dire qu'elle ne fut pas résolue. Combien d'autres questions, en revanche, reçurent une [solution heureuse! On en jugera par le simple ( l32I ) énoncé des Mémoires lus, dans le court espace de quarante ans, à l'Aca- démie de Marine ; Mémoires : Sur la manière de diminuer le plus qu'il est possible le roulis et le tangage d'un navire; — Sur la manière d'élever des pointes métalliques pour en tirer la matière du tonnerre; — Sur la corruption de l'air dans les vaisseaux; — Sur la chute des corps dans l'eau; — Sur la cloche à plonger; — Sur la manière de purifier l'eau de la nier et de la lendre potable; — Sur les maladies des équip;iges dans les vaisseaux; — • Sur l'octant de Hadley; — Sur la nature de la courbe que décrit la Lune autour du Soleil; — Sur la ma- nière de lancer les vaisseaux; — Sur la force de l'homme appliquée au cabestan. Duval Le Roy combat, à cette occasion, l'idée de Lahire, savant mathé- maticien de l'Académie des Sciences, qui affirmait « que la force de l'homme consiste dans le poids qu'il emploie et que la force des muscles ne sert qu'à lui donner de la vitesse ». Ne nous laissons pas entraînera ces discussions, et reprenons le cours de notre nomenclature. Les dissertations, les Mémoires se succèdent : Sur les portes des formes de radoub; — Sur la question de savoir « s'il est plus avanta- geux de couler les canons de 36 à deux ou trois fourneaux; — Sur le gréement des vais- seaux; — Sur la tactique navale; — Sur la manière de conclure la hauteur méridienne du Soleil et, par conséquent, la latitude de deux hauteurs; — Sur le moyen de diminuer l'in- tensité de la lumière du Soleil dans les lunettes; — Sur le défaut de parallélisme des faces des miroirs dans l'usage de l'octant; — Sur la façon dont on peut faire l'épreuve d'une hor- loge marine pour s'assurer de la confiance qu'on doit avoir en elle pour la détermination des longitudes en mer; — Sur la manière de mesurer la résistance (ju'éprouve la proue du vaisseau; — Sur la chute des boulets; — Sur la vitesse des corps par rapport à la résistance de l'air. Verdun de la Grenue communique à ce sujet les expériences qu'il a faites en mer pour connaître la quantité verticale dont les boulets descen- dent au-dessous du prolongement de l'âme à luie dislance donnée. Toutes les parties de l'art naval, on le voit, sont menées de front. Au moment même où « les Tables et Instructions propres à la détermination des longi- tudes en mer pendant l'année 1773 » sont publiées par ordre de l'Académie de Marine, au moment oii»la Balistique commence à poser ses règles pour le tir des bouches à feu sur le plancher mobile des vaisseaux, l'Académie demande à l'intendant du port de Brest que tous les compas, eu d'autres termes les boussoles, soient soumis à son examen avant d'être délivrés aux navires de la flotte, et qu'à l'avenir on construise tous ces instruments sur le modèle fourni par l'Académie même. ( 1022 ) Avons-nous énutnéré assez de travaux pour bien faire comprendre le rôle important que joua, dans la période la plus intéressante de notre his- toire navale, l'Académie de Marine? Faut-il rappeler encore les Mémoires sur l'uliliié d'adopter un système général d'éclairage pour les côies de France? A. celte é|Joqiie, en 1771, on éclairait les phares par des téuxdebois ou de charbon de terre, et la tonne de cliarbon anglais coûtait 1 10 livres. L'Académie de Marine écoute avec un égal intérêt le calcul raisonné de la force d'un appareil pour tirer un vaisseau à terre, et la recherche d'équations différentielles du premier ordre à deux variables qui puissent être rendues inlégrablesen les multipliant par des facteurs déforme donnée. L'étude des forces centripètes, de l'habillement du soldat, des avantages d'un horizon artificiel adapté à l'octant, des changements arrivés à la barre de Bayonne, depuis le xiii^ siècle, ne la laisse pas indifférente. Elle ac- cueille avec une attention que la diversité des sujets ou les concejjtions par- fois les plus chimériques n'ont jamais rebutées toute une nouvelle série de travaux : sur les effets de la décomposition du vent pour la manoeuvre; sur les expériences propres à faire connaître si l'on augmente la vivacité des mouvements de tangage en portant les poids vers les extrémités du navire, ou en les rassemblant au milieu du vaisseau; sur l'arrangement et la coupe dfs principales pièces de charpente qui entrent dans la construction d'un bâtiment de guerre; sur les causes du prompt dépérissement des bois em- ployés; sur les causes qui font arquer les vaisseaux ; sur les expériences mé- téorologiques faites à fond de cale; sur l'appropriation d'une nouvelle voile d'étai pour mettre à la cape. Elle ne dédaigne même pas d'ouvrir ses archives à la description d'une pirogue à cadre de balancement, pontée et accas- lillée en façon de trirème,- pirogue en usage chez les indigènes des Philip- pines. En 1774» dernière année du règne de Louis XV, l'Académie de Marine tint quarante-sept séances. Ce fut dans cette année que le premier volume de ses publications, destinées à devenir périodiques, fut présenté « au Roi et à sa famille». On y trouvait « des éclaircissements » sur l'invention, la théorie, la construction et les épreuves des nouvelles machines proposées en France pour la détermination des longitudes en mer par la mesure du temps; sur la nécessité de bannir le cuivre jaune des boussoles; sur la variation de l'intensité magnétique. Le 24 août 1775, le Ministre qui devait marquer son passage aux affaires |)ar un redoublement d'activité imprimé à nos arsenaux, M. Antoine- ( i323 ) Raymonii-Jean-Guilbert-Gabriel de Sirtines, honora le port de Brest et l'Académie de Marine de sa visite. En sa présence fut lu un fort intéres- sant Mémoire sur la rentrée des vaisseaux. Les hostilités venaient d'éclater entre l'Angleterre et les insurgents d'Amérique : tous les esprits étaient déjà tournés vers l'action ; la paix seule put rendre nos officiers à leurs studieux et fructueux loisirs. En 1779, cependant, au plus fart de la guerre, des projets sont présentés pour les signaux de nuit et de brume ; en 1780, on propose d'installer à bord de nos vaisseaux des conducteurs électriques pour les préserver de la foudre. L'année 1785 nous offre un Mémoire con- cernant l'usage des baromètres en mer, un autre Mémoire sur « l'idée d'une machine au moyen de laquelle un plongeur pourrait s'enfoncer dans l'eau à toutes sortes de profondeurs, y voir très distinctement et y séjourner longtemps sans en être incommodé ». Je m'arrête dans cette énumération déjà trop longue. Il était cependant nécessaire, quand on louait M. Doneaud du Plan, d'avoir songé à exhtnner de la poudre où elles sommeillaient ces archives d'un passé qui nous a frayé la voie, de montrer que la plu()art des problèmes dont la solution nous intéresse avaient été l'objet des préoccupations de l'Académie de Marine. Si jamais cette utile institution pouvait renaître, à qui en devrions- nous reporter le mérite, si ce n'est au patient investigateur dont je n'ai fait que résumer les élégantes analyses? Votre Commission estime que M. Doneaud Dc 1*lan, en publiant son histoire de l'Académie de Marine, a rendu un réel service à l'art naval, et, convaincue que l'Académie des Sciences voudra bien partager à ce sujet sa manière de voir, elle décerne à l'éminent professeur, sur la somm • dont elle est autorisée à disposer, un prix de mille J'iancs. Rappoil sur V Ouvrage de M. Ph. Hatt; par M. Bouqcet de la Grye. L'Académie a toujours attaché une grande importance à la question théorique ou pratique des marées, et, pendant plusieurs années, ce sujet a été proposé par elle pour un de ses grands prix. A défaut de Mémoires ayant rempli les conditions de ce concours, elle a dû substituer d'autres sujets de prix; mais la première question reste encore ouverte, et le champ des explorations est encore vaste, malgré les beaux et récents travaux de M. Darwui et les développements que l'un de nos ( i324 ) éminents Confrères vient de donner sur ce sujet dans la dernière édition de sa Mëcmùque céleste. L'un des lauréats de l'Académie de l'année 1 883, M. Pu. Hatt, qui dirige en ce moment une mission hydrographique en Corse, a puhhé récemment une élude intitulée : Notions sur le phénomène des marées, qui est un résumé des leçons qu'il a été chargé de faire aux jeunes ingénieurs hydrographes, pour les familiarisera la fois avec la conception, si variable dans ses effets, du phénomène des marées et avec l'utilisation des données recueillies pour la publication de V Annuaire qui se fait actuellement sous sa direction. Dans ce Mémoire, l'auteur n'a point émis la prétention de donner les équations du mouvement de la mer, sous les influences luni-solaires : Laplace lui-même a reculé devant cette généralisation, mais il a cherché à faire comprendre comment pouvait se produire le phénomène d'oscillation en substituant à notre globe une sphère homogène, à la mer une eau théo- rique sans densité appréciable par rapport à celle de la terre et se mouvant dans un canal tracé suivant un parallèle ou suivant un méridien. Ce sont évidemment des hypothèses éloignées de la réalité des faits, mais les résultats obtenus dans de telles conditions s'écartent peu de ceux dont l'étude directe a démontré l'existence, et ils tendent à montrer que la mer astreinte aux lois de l'Hydraulique a un mouvement pendulaire dans lequel la translation horizontale des molécules est très grande par rapport à celle qui se fait dans la verticale. M. Hait envisage ensuite les principales conséquences qui découlent de ce fait, et il donne des règles pratiques pour le calcul des heures et des hauteurs des marées. Le dernier Chapitre de son Mémoire est consacré à l'étude empirique des marées, c'est-à-dire à la recherche des coelficients relatifs aux diverses ondes; M. Hatt donne diverses méthodes pour la découiposilion en ondes élémentaires des courbes recueillies par les marégraphes, ainsi que pour l'utilisation des résultats en admettant deux degrés dans les termes de la progression. En résumé, l'étude de M. Pu. Hatt constitue, au point de vue théorique, un essai ingénieux d'analyse et, an point de vue pratique, un exposé des méthodes employées dans le service hydrographique. La Commission croit devoir récompenser ce travail en lui attribuant un prix de mille francs sur les fonds alloués par le Ministère de la Marine. ( r325 ) Rapport sur l'Ouvrage de M. Lucy ; par M. Bouquet de la Ghye. Parmi les publications ayant passé sous les yeux de vos Commissaires, il en est une qui a fisé spécialement leur attention, comme œuvre de si longue haleine que nous sommes rarement habitués à en trouver de sem- blables dues à l'initiative privée. Son intérêt pour nos marins est d'ailleurs si immédiat que capitaines et armateurs attendent avec impatience l'apparition de chacun des fasci- cules de Vindt^x géographique. Son auteur, un Lorrain de Metz, M. Lucy, qui n'a point voulu perdre sa nationalité, s'est donné la tâche très patriotique de publier annuelle- ment tous les renseignements qui, dans les ports français ou étrangers, pouvaient être utiles à nos capitaines et seconder leurs opérations com- merciales. Son œuvre n'a que peu de rapports avec les instructions de pilotage livrées chaque trimestre au public maritime par nos services hydrogra- phiques; c'est une publication moins technique, mais plus complexe, car l'auteur y joint à des préceptes de navigation des documents sur toutes les formalités, quelques capitaines disent les embûches qui les attendent au moment précis où leurs navires sont mouillés ou amarrés dans un port. Il y a, pour la gouverne des capitaines, des tarifs de douane, de pilo- tage, de droits d'ancrage, d'amarrage, de bouées, de feux, de quais, de les- tage et délestage, de remorqueurs, de gabarrage, de courtage, etc., longue nomenclature exigeant une étude spéciale d'autant plus difficile que chacun de ces droits varie non seulement de pays à pays, mais de iocnlité à localité, si bien que nos capitaines se croient souvent lésés par les intermédiaires et que les armateurs ont de la peine à calculer d'avance les dépenses exigées dans un port avec lequel ils n'ont point encore eu de relations. Il en résidte pour nos commerçants une timidité d'allures extrême, une situation inférieure et souvent douloureuse, que les subventions gou- vernementales sont impuissantes à relever. Or la prospérité maritime a parmi ses facteurs les [)lus importants la connaissance exacte du terrain où elle s'exerce, et c'est pour faciliter celte connaissance que M. Lucy s'est mis à l'œuvre il y a dix ans et qu'd a publié les fascicules de son index relatifs à la France, à l'Anglettrre, au Portugal, ( iSaG ) à la Turquie, au Cauada, à la Grèce, etc. Ceux des autres pays paraîlrout en 1886, et tous seront tenus an courant chaque année. M. LucY, à l'origine de ses recherches, a été puissamment aidé par les documents que lui a remis M. Ledieu, Correspondant de l'Académie. Il a reçu depuis l'assistance de plusieurs Gouvernements étrangers et des dis- liiiclions dans les expositions géographiques; mais vos Commissaires ont pensé qu'une récompense plus haute pouvait lui être décernée, et ils vous proposent de lui at'ribuer i;n prix de mille Jrancs sur la subvention du Ministère de la Marine, comme encouragement à une œuvre patriotique intéressant ce département. Les conclusions de la Commission sont adoptées. PRIX PONCELET. (Conmissaires • MM. Bertrand, Phillips, Darboux, Ossian Bonnet; Hermite, rapporteur.) La Commission propose de décerner le prix à M. PIenri Poincaré, pour l'ensemble de ses travaux mathématiques. Cetle proposition est adoptée. PRIX MONTYON. {Commi^saires : MM. Phillips, M. Levy, Bertrand, Berihelot; Resal, rapporteur.) M. le professeur J. Amsler-Laffon, de Schaffouse, en partant de consi- dérations analytiques, a imaginé en i855, puis construit, un instrument ayant pour objet d'évaluer mécaniquement la valeur d'une aire |)lane, instrument auquel il a donné, ajuste titre, le nom de ploniniètre polaire. Cet instrument (dont on trouve la théorie fondamentale et la description dans le premier fascicule des Publications de la Société des Sciences naturelles de Zurich, i856) a reçu immédiatement, par sa simplicité et par la facilité du maniement, de nombreuses applications, parmi lesquelles nous citerons les évaluations des aires des diagrammes fournis par l'indicateur de pression . ( ^'^^1 ) Immédiatement après (second fascicule dn Recueil précité, i856), M. Amsler jette les bases de son intégrateur, dont les éléments convena- blement calculés permettent de déterminer mécaniquement plusieurs in- tégrales de la forme fy" àx, se rapportant à un contour fermé lorsque «est un nombre entier positif. H montre ensuite comment, par une modification apportée au mécanisme, on peut obtenir les coefficients de la série trigonoméirique qui représente une fonction périodique donnée. M. Amsler construit actuellement, dans l'atelier qu'il a créé, trois types d'intégrateurs, qui donnent chacun, en même temps, la valeur d'une aire, celles du moment statique et du moment d'inertie de cette aire par rapport à une droite tracée dans son plan. L'École Polytechnique de Zurich a commandé et reçu, en i865, le pre- mier intégrateur qui soit sorti de l'atelier de M. Amsler; deux autres ont été livrés en 1 869 à Vienne et Munich et, en 1 870, un quatrième à Dresde. Plusieurs de nos écoles nationales possèdent l'instrument dont il s'agit. Dans une Brochure publiée en 1875, M. Amsler fait l'application de son intégrateur au calcul des déblais et remblais. En 1880, M. Scott Russel présente à V Institution of naval architecls une modification apportée par M. Amsler à ses instruments, en vue de les rendre applicables à l'architecture navale. On doit donc à M. Amsler de belles et bien utiles inventions, qui of- frent ce caractère particulier qu'elles ont pour point de départ des consi- dérations analytiques ; en outre, l'inventeur est un constructeur des plus distingués d'instruments de précision. Par ces motifs, la Commission décerne le prix à M. Amsler-Laffon. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. C. K., 1880. i' Semestre. (T. Cl, K° 2S.) ^T^ ( i328 ) PRIX PLUMEY. (Commissaires : MM. Jurieii de la Gravière, Phillips, Bouquet de la Grye; Paris et Mouchez, rapporteurs.) Rapport sur l'Ouvrage de M. Bienaymé ; par M. l'amiral Paris. Parmi les travaux que la Commission du prix Plumey a dû examiner, celui de M. Bienatmé, destiné à l'instruction des élèves du génie maritime, a spécialement attiré l'attenlion. Il comprend l'historique de la machine à vapeur et la description des différents systèmes de mouvements adoptés, pour les roues à aubes comme pour les hélices. La force de ces machines est évaluée et des tableaux nu- mériques complètent ce premier exposé. Viennent ensuite les propriétés de la vapeur, avec de nombreuses équations, et les principes de la Thermody- namique, suivis des effets de la détente et de la surchauffe des vapeurs. L'examen de la machine théoriquement parfaite, c'est-à-dire ne perdant rien de la chaleur produite, est très étendu et se complète par l'exposé de ce qui approche le plus de cette perfection. Les pertes de la machine ordi- naire sont évaluées, ainsi que les influences de la détente en un cylindre ou dans un ou deux autres, et les pertes ou les gains de chaque système sont appréciés. Les divers indicateurs sont décrits, ainsi que les moyens d'utiliser les courbes qu'ils tracent. Une troisième partie s'occupe de la détermination des dimensions des organes principaux, cylindres, pistons et surtout des tiroirs, qui occupent naturellement beaucoup de pages à cause de leur importance et de leur variété ; aussi tout ce qui les concerne est détaillé avec beaucoup de soin, de même que les manières de produire la détente et les mécanismes variés qui mettent ces organes en mouvement. De nombreuses formules donnentdes règles k cetégard. La condensation delà va- peur, toujours usitée sur mer, est étudiée dans le cas où elleestopéréepar mé- lange et surtout dans celui oùelle agit par contact, comme dans les nouveaux appareils qui, en s'exemptant d'alimenter avec de l'eau de mer, ont permis de s'élever à des pressions très économiques. Aussi les divers condenseurs, leurs pompes à air et celles d'ahmentation ou de circulation, sont étudiés avec soin et les détails sont exposés par des formules. La question impor- tante de la stabilité des machines est examinée, ainsi que celle de l'inertie des pièces mouvantes, dont l'effet a pris de l'importance, depuis que, par la ( '329 ) nature de son action, l'hélice est entraînée à des rapidités de mouvements inconnues avant son adoption, et naturellement le graissage de toutes ces pièces a exigé des modifications aux vieux systèmes. Il eu est de même des luitées, qui reçoivent l'impulsion énergique et rapide de l'hélice sur l'arbre, des vireurs pour changer la position des machines au mouillage et enfin des embrayages pour laisser l'Iiélice libre, lorsqu'elle est inutile ou nuisible à la marche à la voile. Le propulseur si remarquable qui a remplacé les roues à aubes est étudié dans ses diverses propriétés, ainsi que les manières d'en tracer lessurfaces gauches et de les assortir à la puissance des machines relati- vement à la résistance que présentent les navires, suivant leurs formes et leur grandeur. Une revue souimaire des chaudières remonte à celles en tombe- reau, usitées d'abord pour les mines, suivies sur mer de celles si volumi- neuses à courants de flannne et enfin de celles à tubes nombreux, modifiées à mesure que la pression a été plus élevée, ce qui leur a fait donner une forme cylindrique après avoir eu longtemps leurs faces planes. Enfin il est question de celles, si légères relativement à leur production, qui font main- tenant voler les torpilleurs sur l'eau. Après leur description se trouvent les considérations relatives à la résistance de leurs diverses parties, la disposi- tion de leurs tubes, de leur cheminée. Enfin un chapitre est consacré à l'examen des explosions et de leurs causes, ainsi que les moyens de les éviter. Ce long travail se termine par l'examen de la combustion, de ses meilleures conditions, du tirage naturel ou forcé; les formules de la trans- mission de la chaleur, les dépôts et la manière de les éviter sont aussi passés en revue. Tel est l'ensemble du travail que votre Commission a dà examiner et d'après lequel elle a conclu à décerner le prix Plumey à M. l'Ingénieur de la marine Bienaymé, Rapport sur l'Ouvrage de M. V. Daymard, ingénieur de la marine; par M. l'amiral Mouchez. Le travail de M. V. Daymard, qui a été présenté l'année dernière à l'Aca- démie, donne sous une forme concise la solution complète du calcul et de la représentation graphique de la stabilité d'un navire dans tous les cas possibles. Pour en faire comprendre l'uidité et l'importance, rappelons quelques notions primordiales sur la stabilité géométrique des navires. ( i33o ) Si l'on considère un bâtiment en eau calme et qu'on l'écarle de sa posi- tion d'équilibre en l'inclinant d'angles successivement croissants, il sera soumis, dans chaque cas, à un couple de rappel dont la mesure est donnée par le produit du poids du navire multiplié par le bras de levier du couple. En traçant une courbe à coordonnées rectangulaires ayant pour abscisses les angles d'inclinaison et pour ordonnées les bras de levier correspon- dants, on peut se rendre compte de la loi que suit la force de redressement avec la variation d'inclinaison et reconnaître la période pendant laquelle cette force va en croissant, celle où elle commence à diminuer, et le moment où elle s'annule, moment auquel le moindre effort suffit à faire chavirer le navire. On conçoit donc toute l'importance que présente cette courbe, nommée courbe usuelle de stabilité. Il arrive que des navires à stabilité initiale très modérée présentent, au fur et à mesure qu'ils inclinent, une puissance de redressement croissante, comme nos anciennes frégates à voiles et les vaisseaux cuirassés actuels du type Océan. D'autres navires, au contraire, peuvent présenter une stabilité initiale très élevée pour les premiers angles d'inchnaison, mais qui cesse rapidement de croître et s'annule pour une inclinaison peu considérable; tels sont les navires ras sur l'eau, dont la stabilité diminue rapidement à partir du moment où l'arête du pont com- mence à s'immerger; tel était, en particulier, le cuirassé anglais le Captain^ qui chavira sous voile ('), en 1870, sous une raffale que supportèrent par- faitement les autres navires de l'escadre anglaise. La possibilité de calculer ces courbes si utiles était connue, sans doute, depuis longtemps; elles ne sont, du reste, qu'une transformation de la dé- veloppée métacentrique de Bouguer. Mais les procédés pratiques de calcul étaient encore, il y a peu d'années, si longs et si pénibles, que même pour des constructions importantes on n'exécutiit ces calculs qu'à un seul état de chargement et pour les premiers angles d'inclinaison seulement. L'idée fondamentale et tout à fait neuve de M. Daymard consiste dans la conception de courbes nouvelles, qu'il donne le moyen de calculer rapi- dement, et qui, une fois tracées pour un navire, permettent d'établir en quelques instants les courbes de stabilité usuelles pour tous les états de cliargeiiient qu'on peut avoir à envisager. L'auteur, après avoir expliqué la génération de ces nouvelles conrbes, qu'il nomme panlocarènes , eu fait connaître diverses propriétés géométri- Près du cap Finistère. ( .33. ) ques très intéressantes; pnis il indique une série de constructions aussi simples qu'élégantes, qui permettent d'en déduire, dans chaque cas, les courbes ordinaires de stabilité. Enfin, dans un dernier chapitre, M. Day- mard expose son procédé de calcul, fondé sur un nouveau et important théorème dont il donne la démonstration. L'Ouvrage de M. Daymard a été terminé en i883; il a précédé ainsi de quelque temps les travaux entrepris en Angleterre sur le même objet à la suite de la catastrophe de la Daphné, qui montra la nécessité de calculer la stabilité pour les cas de très faibles tirants d'eau. A la session des Naval archilects de Londres de i884, le travail de M. Daymard a été signalé comme le plus original et le plus complet, et Sir Ed. Reed, le grand ingénieur anglais, l'a reproduit in extenso, avec éloge pour l'auteur, dans l'impor- tant Ouvrage qu'il vient de publier sur la stabilité des navires. En France, le Ministre de la Marine a prescrit que cette nouvelle méthode serait introduite dans l'enseignement de l'Ecole du Génie maritifiie. Elle constitue donc une œuvre très remnrquable et éminemment utile, non seulement au point de vue de la théorie de l'architecture navale, mais aussi dans la pratique de la navigation, spécialement pour les navires susceptibles de grandes variations dans leur tirant d'eau. Le travail de M. V. Datmaiid rentre donc tout à fait dans le genre des Ouvrages à ré- compenser par le prix Plumey, et la Commission a été unanime à le lui accorder. Conformément aux conclusions de la Commission, l'Académie décerne celteannéedeux prix Plumey, l'un àM. Bienaymé, l'autre à M. V. Daymakd PRIX DALMONT. (Commissaires : MM. Phillips, Haton de la Goupillière, Lalanne, Hervé Mangon; Maurice Lévy, rapporteur.) Feu Dalmont, le très regretté libraire des corps des Ponts et Chaussées et des Mines, désirant encourager les recherches scientifiques chez les ingé- nieurs des Ponts et Chaussées, a imposé à ses légataires universels la charge de verser à la caisse de l'Académie pendant trente ans, à partir du jour de sa mort, laquelle a eu lieu en .864» et tous les trois ans, une somme de trois mille francs formant le montant d'un prix triennal à décerner à l'in- génieur des Ponts et Chaussées en activité de service qui aura fait, au juge- ( i332 ) ment de l'Académie, le meilleur travail ressortissant à l'une de ses Sec- tions. Parmi les travaux présentés cette année, votre Commission a distingué ceux, très nombreux et très variés, de M. Félix Lccas, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, adjoint à la direction des phares : particulièrement ses recherches expérimentales sur la durée de l'étincelle électrique, faites en collaboration avec M. Cazin; son Mémoire sur l'équilibre et le mouve- ment des systèmes matériels et celui relatif aux vibrations caloriâques, travaux dont l'Académie a ordonné l'insertion au Recueil des Savants étrau- ijers, ainsi que son Mémoire sur les arches biaises, qui renferme plusieurs théorèmes nouveaux et utiles. En conséquence, votre Commission a décerné le prix du legs Dalmont pour l'année i885 à M. Félix Lccas. Cette conclusion est adoptée. PRIX FOURNEYRON. (Commissaires : MM. Phillips, M. Lévy, Haton de la Goupillière, L. Lalanne; H. Resal, rapporteur,) L'Académie avait proposé pour sujet du prix qu'elle doit décerner cette année la question suivante : « Elude théorique et pratique sur les accumulateurs hydrauliques et leurs applications. » Aucun Mémoire ne lui étant parvenu sur cette question, la Commission a cru devoir se livrer à des recherches sur les travaux actuels, théoriques et pratiques, qui, parleur nature, rentrent dans le programme général tracé par le fondateur du prix; son attention s'est arrêtée sur M. Jeajv-Daniel CoLLADON. M. Colladon est le premier qui ait proposé (i852) l'emploi de l'air com- primé, substitué aux câbles, pour transmettre la forqe dansles tunnels, et c'est d'après ses idées que l'on a établi les compresseurs de Modane et Bardoniièche, régions extrêmes du tunnel du mont Cenis. En iS'^i, M. Colladon invente, pour la compression de l'air, une pompe dont le piston et la tige, prolongée au delà du cylindre, sont creux; leur intérieur est constamment refroidi par de l'eau amenée dans un tube con- centrique à la tige, et qui rp.<;sort pnr l'espice annuln're. ( i333 ) Les turbines d'AiroIo, de 200 chevaux chacune, faisant 35o révolutions par minute, M. CoUadon a t'ait établir les posnpes de son système en raison de 80 tours de manivelle dans le même temps, ce qui lui a permis de n'employer qu'un seul engrenage, comme transmission, de la roue tangentielle à chaque arbre moteur. Pour éviter l'emploi des volants, les pompes ont été grou[iées au nombre de trois, supportées par un même bâti et actionnées par une manivelle triple. Cinq groupes ont alimenté les cinq compresseurs. La même disposition a été adoptée du côté de Goschenen; seulement les arbres à manivelles n'ont fait que 60 tours par minute. On a constaté que lis pompes à grande vitesse du système Colladon ont donné rieux fois plus de puissance en air coiiprimé que les appareils du montCenis; d'ailleurs l'emplaceuient occupé a été réduit de j à ~ et la dépense de |. Il résulte de cet exposé que M. Colladon est le véritable créateur des compresseurs (dont, dès l'origine, il avait établi la théorie) et qu'il a apporté au Saint-Gothard des améliorations considérables aux anciens appareils du mont Cenis. Par ces motifs, la Commission décerne le prix à M. Jean-Daniel Colladon, et propose d'en porter exceptionnellement la valeur à trois mille francs. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ASTRONOMIE. PRIX LALANDE. (Commissaires : MM. Faye, Lœvvy, Mouchez, Wolf; Tisserand rapporteur.) La Commission décerne le prix à M. Thollon, pour le beau dessin du spectre solaire qu'il a exécuté à l'observatoire de Nice. Ce travail n'a pas exigé moins de quatre années d'efforts ininterrompus; il réalise un progrès important dans le domaine de l'Astronomie physique. M. Thollon l'a exé- cuté avec le puissant spectroscope de son invention; son dessin, qui repose ( i334 ) sur des mesures micrométriques nombreuses et précises, s'étend depuis A jusqu'à b, et comprend 8200 raies, soit environ deux fois plus que n'en cou lient l'atlas entier d'Angstiôm. En comparant deux dessins du spectre, obtenus, l'un aux environs de midi, l'autre qu;ind le Soleil est près de l'ho- rizon, M. Thollon a pu assigner une origine terrestre à plus de 900 raies. La Commission a été heureuse de récompenser un travail aussi important, exécuté dans le magnifique observatoire que la France doit à la générosité éclairée de M. Bischoflsheim. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX DAMOISEAU. (Commissaires : MM. Paye, Lœwy, Janssen, Wolf; Tisserand, rapporteur.) Aucun Mémoire n'a été adressé à l'Académie. La Commission sait néan- moins que quelques personnes s'occupent de la question proposée, et elle décide de maintenir la même question au concours. Les Mémoires seront reçus jusqu'au i^juin 1886. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. Voir aux Prix proposés, page 1409. PRIX VALZ. (Commissaires : MM. Tisserand, Wolf, Janssen, Mouchez; Faye, rapporteur.) M. le D' Spœreiî, actuellement attaché à l'observatoire astro-physique de Potsdam, est connu depuis longtemps des astronomes par ses travaux sur les taches du Soleil. On le considère comme le digne continuateur de M. Carrington. Les travaux de ce genre ne sauraient avoir de valeur que s'ils sont poursuivis avec persévérance pendant une longue suite d'années. Voici plus de trente ans que M. Spœrer s'y est dévoué avec une activité qui ne s'est jamais démentie. lien a été récompensé par d'importants résul- tats, parmi lesquels nousnous bornerons à citer la démonstration d'une loi bien singulière qui règle la production des taches, en vertu de laquelle ces phénomènes occupent sur les deux hémisphères du Soleil des zones qui se ( i335 ) contractent et se dilatent alternativement à chaque période undécennale. 11 y a là une relation frappante entre la distribntion des taches en latitude et les époques de leurs uiaxima et de leurs minima, et il en résulte que le mode d'activité qui préside à leur apparition, et qui se rattache profondé- ment à la constitution même de cet astre, subit, à la surface même, des fluctuations périodiques d'une régularité irappante. Citons encore la détermination définitive des éléments numériques de la rotation du Soleil, dans laquelle M. Spœrer a tenu compte de foutes les causes qui avaient rendu avant lui cette recherche si délicate et si incer- taine. Yotre Commission, appréciant le zèle et les succès de cet habile obser- vateur, lui décerne, à l'unanimité, le prix Valz pour l'ensemble de ses travaux d'observation et de calcul sur la constitution physique du Soleil. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PHYSIQUE. PRIX BORDIN (Commissaires : MM. Fizeau, Cornu, Jamin, Mascart; Ed. Becquerel, rapporteur.) La question mise au concours pour 1882 et reportée à i885 était la suivante : « Rechercher l'origine de C éleclricilé almosphcri(]ae et les causes du grand » développement des phénomènes électriques dans les nuages orageux. « Quatorze Mémoires, dont douze manuscrits (') et deux brochures im- primées, ont été adressés cette année à l'Académie. Un certain nombre d'entre eux sont des études longues et sérieuses sur la question proposée ; la plupart des auteurs de ces Mémoires commencent par passer en revue les diverses hypothèses relatives à l'électricité atmosphérique et indiquent celle qui leur paraît devoir être admise; cette partie de leur travail est en général la plus développée. Quant aux causes du grand développement (') Cinq en français, quatre en allemand et trois en anglais. C. P.., i8S5, 2» Scmeslre. (T. Cl, N» 23.) ^7^ ( 1.336 ) des phénomènes électriques dans les nuages orageux, elles ne sont que peu ou imparfaitement étudiées, et à cet égard les réponses laissent à dé- sirer. L'auteur du travail inscrit sous le n" 13, intitulé : Sept études sur Célec- Iricilé, etc., dans les parties qui ont trait au sujet de ce concours, admet, comme cause de l'électricité atmosphérique, l'électrisation de la glace et de quelques autres corps par leur frottement contre l'air humide. Ses études sont très intéressantes, mais ses explications ne sont pas suffisam- ment complètes. L'auteur du Mémoire n'' 6 (en français), intitulé : Recherches sur l'élec- Iricilé des orages, attribue les causes de l'électricité atmosphérique aux réactions chimiques du sol et des mers, auxquelles l'eau d'évaporation enlève de l'électricité positive, ainsi qu'au frottement de l'air humide contre la crête des vagues, contre les aspérités du sol, contre les végétaux et, peut-être, comme l'auteur du n° 13, contre les cristaux de glace en suspension dans l'air. Cette électricité, qui s'accumulerait dans les régions atmosphériques supérieures ou régions des cirrus, fournirait aux nuages orageux les hautes tensions que ceux-ci manifestent lors de leur formation. Ces hypothèses, déjà anciennes, ont été contestées par divers expérimenta- teurs; l'auteur a entrepris de nouvelles recherches expérimentales en vue d'en démontrer l'exactitude au moyen d'appareils qui semblent bien com- binés ; mais ces recherches demandent à être répétées et contrôlées avant de pouvoir conduire à des conclusions certaines. L'auteur du Mémoire n° 7 (en allemand), portant pour épigraphe : Fortes fortuna adjuval, prenant pour point de départ l'expérience classique d'Armstrong avec la chaudière à vapeur, admet que le frottement des masses de vapeur humides, celui de la neige, de la grêle et même des pous- sières est la cause du dégagement de l'électricilê de l'atmosphère et rap- porte aux effets de ce genre produits dans les mouvements gyratoires des masses nuageuses l'énergie des effets électriques observés dans les orages. En somme, pour l'auteur, les effets électriques de l'atmosphère ont uniquement pour causes les actions mécaniques de frottement; son travail est digne d'intérêt, mais les considérations qu'il met en avant n'ont pas paru à la Commission suffisamment justifiées par l'expérience. L'auteur du Mémoire n° 11 (en anglais), ayant pour titre : Cœli enatrant, a fait des expériences qui, suivant lui, ne conduisent qu'à des résultais douteux. Il expose avec détail la relation signalée déjà entre la fréquence des orages à l'île Maurice et la situation des aires de hautes et basses près- ( i337 ) sions barométriques et cherche à démontrer qu'une relation semblable se retrouve aux États-Unis et en Belgique. L'auteur reste dans une grande réserve sur les conséquences à déduire de son travail et se borne à signaler la relation suivante : l'électricité réside principalement dans les hautes régions de l'atmosphère. Le Mémoire est l'œuvre d'un observateur précis, très au courant des études de Physique expérimentale. Le Mémoire n° 12 (en français), ayant pour titre : Simplex sigilhun veri, est un long et intéressant travail sur la question et commence par un historique fort complet des différentes hypothèses proposées pour expli- quer les effets de l'électricité atmosphérique. L'auteur a institué des expériences à l'aide d'un électromètre de son invention et en se servant principalement de flammes pour mettre son appareil en équilibre de potentiel avec la couche d'air étudiée. Il s'était proposé dé résoudre deux questions : i° de reconnaître si l'air était élec- trique par hii-ménie; 2° de déterminer la variation de potentiel avec la hauteur hors de l'influence et sous l'influence des masses nuageuses. Ses observations n'ont pu lui permettre de répondre à la première question d'une manière positive; mais il a donné des valeurs numériques se rap- portant à la seconde, et cela dans diverses circonstances de sérénité plus ou moins grande de l'atmosphère. 11 conclut en rejetant les diverses théories proposées, sauf celle de Peltier, basée sur les expériences faites originairement par Erman et d'a- près laquelle on considère la Terre comme possédant une électrisation d'origine, de signe négatif, et agissant par induction électrostatique sur l'atmosphère, de façon à produire les différents effets que nous observons. Cette hypothèse est admise par plusieurs physiciens, mais il faudrait ex- pliquer les diverses circonstances de l'accumulation d'électricité dans les nuées orageuses; néanmoins, ce travail consciencieux mérite d'être men- tionné avec beaucoup d'éloges. La brochure imprimée de M. Edlund, professeur de Physique à l'Aca- démie royale des Sciences de Suède, portant le n° i du Concours et qui a pour titre : Sui- l'origine de l'électricité atmosphérique du tonnerre et de l'au- rore boréale, a surtout attiré l'attention de la Commission par sa nouveauté et l'originalité des vues qu'elle renferme. M. Edlund rapporte le dégagement de l'électricité atmosphérique à des effets d'induction électromagnétique qu'il a nommée induction unipo- laire. L'expérience fondamentale sur laquelle reposent ces effets consiste en ( i338 ) ce que, si un cylindre creux conducteur entoure une moitié d'un aimant permanent, dont l'axe est le même que celui du cylindre, la seconde moitié de l'aimant étant en dehors, au moment où le cylindre est mis en rotation il se produit dans la direction de chaque génératrice de ce cylindre une différence de potentiel dépendant du sens du mouvement de rotation, mais qui reste la même et de même sens, que l'aimant soit fixe ou mobile en même temps que le cylindre. En partant de ce fait et en assimilant la Terre et la partie supérieure de l'atmosphère à des conducteurs qui tournent sans cesse et qui sont soumis à l'influence du magnétisme terrestre agissant d'une manière constante, l'auteur en conclut que l'air tend à prendre une charge positive et la Terre une charge négative; en outre, cette électricité positive ne tarde pas à être conduite dans les régions supérieures de l'atmosphère, où elle se dirige vers les pôles par l'influence de cette même force magnétique. L'air à la surface du sol n'est pas conducteur; mais, en raison delà diminution de pression, sa conductibilité devient sensible dans les hantes régions, ce qui permet aux effets précédents de se produire. Du reste, dans ces régions se montrent les aurores boréales, dont l'origine électrique est hors de doute. L'électricité positive de l'atmosphère et l'électricité négative de la Terre, dans cette hypothèse, se réunissent de façon à donner lieu à un mouvement incessant d électricité, entretenu par l'action inductive du magnétisme ter- restre. L'auteur examine comment les effets varient suivant les latitudes, et il montre que la résistance à la neutralisation des électricités, forte dans les régions équatoriales, diminue en s'approchant des pôles, de sorte que dans les premières il se manifeste des décharges disruptives, tandis que dans les hautes latitudes il se produit des décharges lentes plus ou moins con- tinues. M. Ediund a déterminé, par expérience, quelle peut être la grandeur de cette induction électromagnétique terrestre exercée sur la terre et sur l'at- mosphère et, suivant ces évaluations, une différence de i™ d'élévation dans l'atmosphère, sous nos latitudes, donnerait lieu à une augmentation de jiolentiel positif égale environ à o'°",o23,soit de 2^°"% 3 pour une différence d'altitude de 100'". Cette valeur est bien inférieure à celle que donne l'expérience quand on étudie la distribution de l'électricité dans l'atmo- sphère par un ciel serein ; mais M. Ediund suppose qu'd se produit dans les régions supérieures une accumulation d'électricité pouvant donner lieu aux elfets des orages et aux différents phénomènes que nous observons. ( i339 ) L'hypothèse, proposée par M. Edlund, est ingénieuse et développée avec talent ; mais, dans l'état actuel de la Science, on ne saurait affirmer qu'elle rende compte du grand phénomène naturel dont l'explication n'est pas encore complète. La Commission, tout en faisant des réserves à cet égard, voulant témoigner à ce savant tout l'intérêt qu'elle a pris à ses recherches et récompenser un travail original dont elle apprécie toute la valeur, pro- pose à l'Académie de lui décerner le prix. Cette proposition est adoptée. GRAND PRLX: DES SCIENCES MATHEMATIQUES. (Prix du Budget.) (Étude de l'élaslicilé d'un on de plusieurs corps cristallisés, au double point de vue expéiimcnlal et théorique.) (Commissaires : MM. Fizeau, Cornu, Jamin, Daubrée; Becquerel rapporteur.) La Commission a reçu deux Mémoires, et, après leur examen, elle a pensé que la remise de la question à un prochain concotu's permettrait aux auteurs de compléter utilement leurs travaux. En conséquence, elle a l'honneur de proposer à l'Académie de remettre la question au concours pour l'année 1887. Celte proposition est adoptée. Voir aux Prix proposés, page i4io. PRIX LACAZE. (Commissaires : MM. Fizeau, Becquerel, Berthelot, Cornu, Jamin, Bertrand, Pasteur; Mascart, rapporteur.) La Commission a été unanime pour décerner le prix I^acaze à M. Gernez. Dans son premier travail, qui remonte à l'année 1864, M. Gernez a repris avec succès une expérience célèbre sur le pouvoir rolatoire de la vapeur d'essence de térébenthine, installée par Biot dans les serres du Luxembourg, et qui s'est terminée par une explosion au moment même où l'illusire physicieti croyait avoir constaté l'existence du phénomène. Les { i34o ) vapeurs des corps actifs sont aussi actives, en effet, comme l'avait prévu Biot, et le passage de l'état de liquide à l'état de vapeur s'effectue sans ap- porter de changement brusque au pouvoir rotatoire moléculaire. M. Gernez s'est encore occupé de différentes recherches d'analyse spec- trale, où il a montré que le spectre d'absorption d'une dissolution peut faire connaître la nature du composé dissous; mais il s'est surtout attaché à l'étude de phénomènes curieux, connus en partie depuis longtemps dans la Science et restés sans explication suffisante. Il s'agit de ces états d'équi- libre instable dans lesquels les corps peuvent éprouver des transformations physiques importantes, sans l'intervention d'aucune énergie étrangère, à la condition qu'ils soient sollicités par une cause extérieure infiniment petite, capable de provoquer le début du phénomène. Il nous suffira d'en résu- mer les principaux résultats. 1° Les corps amenés à l'état de surfusion se solidifient rapidement, soiE par une action mécanique localisée, soit par l'introduction d'une parcelle infiniment petite du corps solide qui doit se former; cette parcelle joue comme un rôle de germe ou de ferment. 2° Les liquides surchauffés s'évaporent lentement par leur surface libre; mais l'ébuUition devient régulière quand ils renferment une atmosphère gazeuse, une simple bulle de dimensions appréciables. 3" Les solutions salines sursaturées cristallisent par l'iiitroiliiclion d'une trace du sel qui doit se former, ou même d'un cristal isomorplie avec lui ; ces solutions sont donc comparables aux corps surfondus. 4"^ Les solutions gazeuses sursaturées se comportent comme les liquides surcViauffés. 5° Enfin, des caractères analogues se manifestent dans certains corps solides par une instabilité de structure. A une température élevée, par exemple, le soufre octaédrique se transforme en prismes par le contact d'un germe prismatique; à une température basse, le soufre prismatique se transforme en octaèdres sous l'influence d'un germe octaédrique. L'étude détaillée et minutieuse de ces phénomènes singuliers a conduit M. Gernez à plusieurs résultats imprévus : par exemple, la séparation phy- sique de cristaux droits et de cristaux gauches dans une solution sursatu- rée de paratartrate, la transformation toiale d'une solution de cldorate de soude en cristaux jouissant du pouvoir rotatoire droit ou gauche, la décou- verte d'une nouvelle forme cristalline du soufre, etc., et l'influence des états antérieurs par lesquels a passé un corps sur ses propriétés actuelles. Ainsi, la température de solidification du soufre octaédrique dépend du ( '■Ml ) temps pendant lequel le liquide a été maintenu à une température plus élevée; la vitesse de transformation des cristaux de soufre dépend de l'ori- gine du soufre, des moyens employés pour obtenir les cristaux, et des opérations de toute nature qu'a subies le corps depuis une époque éloi- gnée. L'histoire d'un corps se traduit ainsi par des variations de ses pro- priétés qui se manifestent dans la température de solidification ou dans la vitesse de transformation. L'ensemble de ces travaux importants, dont plusieurs sont devenus clas- siques, désignait M. Geknez pour l'une des plus hautes récompenses dont dispose l'Académie. L'Académie approuve les conclusions de ce Rapport. STATISTIQUE. PRIX MONTYON. (Couimissaires : MM. de Freycinet, Bouley, Hervé Mangon ; Lalanne et Haton de la Goupillière, rapporteurs.) Le nombre et surtout l'importance des travaux présentés cette année au concours de Statistique ont frappé la Commission. Après un examen approfondi, elle a reconnu le mérite exceptionnel de plusieurs de ces tra- vaux et, si elle s'était trouvée absolument libre, elle aurait certainement été à même de justifier la proposition de tripler, pour cette fois, le prix annuel. Mais une telle mesure eût été insolite; nous avons, par consé- quent, dû limiter notre vœu à l'obtention de deux prix, espérant que l'Aca- démie voudra bien les accorder à notre demande instante et surtout au mérite des auteurs. Nous réservons expressément d'ailleurs, pour un des futurs concours, les droits acquis par ceux qui ne recevraient pas aujour- d'hui la récompense entière de laquelle ils auraient pu être jugés dignes. Nous avons dû, comme les années précédentes, écarter plusieurs des Ouvrages ou Mémoires présentés au concours de cette année, les uns parce que, malgré leur incontestable valeur, ils ne se maintiennent pas dans le cadre étroit de la Statistique française proprement dite, faisant une part prépondérante soit à l'Histoire ou à la Géographie, soit à des théories ou à ( i342 ) des principes plus ou moins contestables d'économie politique; les autres parce qu'ils ne nous ont pas paru mériter une distinction particulière. Rapport sur les travaux de M. P. de Pietra-Santa ; par M. Lalakne. Votre Commission, lors du précédent concours, déclarait que les Mé- moires présentés par M. Prosper de Pietra-Santa, sous le titre de Contri- bution à l'étude de la fièvre typhoïde à Paris, lui paraissaient être assez riches en faits et résulter de travaux assez considérables pour qu'elle n'hésitât pas à proposer pou-r l'auteur un deuxième prix si la situation financière l'eût permis. Elle a lieu de croire que, cette année, les circonstances sont plus favorables et qu'en présence du nombre et de l'importance des pièces pro- duites pour le concours, l'Académie voudra bien doubler le prix, comme elle l'a déjà fait plus d'une fois. Les titres de M. de Pietra-Santa ayant été expressément réservés, la Commission, en tout état de cause, lui décerne le j)rix de Statistique, et propose d'en accorder un d'égale valeur aux publi- cations de M. O. Keller sur la Statistique minérale, publications dont il sera rendu compte ci-après dans un Rapport spécial. Nous devons d'ailleurs déclarer expressément que nous n'avons entendu récompenser aucune théorie médicale, aucune appréciation en dehors de notre compétence ; mais uniquement une collection de faits numériquement groupés suivant des catégories homogènes, ce qui est l'essence même de la Statistique. Rapport sur les travaux de M. O. Relier; par M. IIaton de la Goupillière. M. O. Keller, Ingénieur en chef des Mines, a présenté au concours de i885 les cinq derniers Volumes de la Statistique de l'industrie minérale et des appareils à vapeur en France et en Algérie. Cette publication annuelle est effectuée au Ministère des Travaux publics, sous la forme d'un gros volume in-Zj", par les soins d'un service spécial dont M. Keller a été le chef depuis 1877. Sa création remonte à i833, et, jusqu'en 1847, Le Play l'a fait paraître avec une grande régularité. Supprimé en 1848, ce service a subi depuis lors diverses vicissitudes, et les apparitions de ses volumes se sont produites à des intervalles irréguliers, oscillant entre trois et six années. On doit à M. Keller d'avoir, par son habileté et sa ferme direc- i ( i343 ) lion, promptement liquidé le passé et assuré, depuis 1879, la périodicité annuelle qui a doublé l'intérêt du Recueil. Mais il convient d'ajouter en même temps qu'il a, pour ainsi dire, trans- formé l'œuvre à laquelle il s'était consacré. Il y a notamment introduit les données relatives à l'Algérie, aux appareils à vapeur, la généralisation de l'emploi des documents de la Douane, celui des états de redevances des mines, bases solides et d'une grande richesse. Des tableaux nouveaux, extrêmement nombreux, ont été élaborés par son initiative à l'aide des documents annuellement réunis par les soins de MM. les Ingénieurs des Mines. Nous citerons par exemple les suivants : Nombre de mines con- cédées existant dans chaque département. Nombre de concessions instituées dans l'année. Liste détaillée des recherches de mines exécutées dans l'année. Relevé des sources minérales autorisées dans l'année. Résultats financiers de l'exploitation : 1" des mines de charbon, 2° des mines de fer, 3° des mines diverses. Classement de la production des combustibles par bassins, réduit de 68 à 20 groupes naturels. Tableau général du per- sonnel ouvrier, hommes, femmes ou enfants, employés à l'intérieur ou à l'extérieur, dans les houillères ou dans les mines diverses. Tableau annuel de la situation de l'industrie minérale aux colonies. Deux Tableaux faisant connaître la production des mines et celle des usines des principaux pays (lu globe. NomI)res de chaudières à vapeur appartenant aux principaux types de construction. Classement des appareils à vapeur par branche d'industrie dans chaque département. Statistique des machines à vapeur en activité sur les mines. Tableau des appareils en activité sur les bateaux. Statistique des opérations des associations de propriétaires d'appareils à vapeur. M. Relier a introduit dans son Volume annuel un grand nombre de diagrammes graphiques élaborés par lui. Un artifice très heureux con- siste à réunir sous un même coup d'oeil les valeurs représentatives relatives aux neuf années précédentes, rapprochées de celle qui f.iit l'objet de chaque Volume. On saisit ainsi avec facilité, en même temps que l'état actuel des choses, la marche qu'elles ont suivie pendant une période décennale. L'au- teur dispose ses diagrammes à la fois par bandes rectangulaires contiguës pour représenter les qunntités, et par lignes brisées pour figurer les prix moyens des produits. Parfois il emploie des bandes superposées, mode qui risquerait, entre des mains inhabiles, d'amener la confusion, mais qui, employé avec discernement, rend d'utiles services. Je citerai comme exemples le diagramme colorié de la production houillère en France; celui de l'im- C. R., i885, 2- Semestre. (T. CI, N« 1S.) '74 ( i344 ) portation, de l'exportation et de la consommation depuis 1811; la produc- tion comparative du combustible par groupes géographiques; la proportion des divers minerais de fer d'après leur nature niinéralogique; la production des aciers depuis 1826; le nombre, le salaire des ouvriers bouilleurs depuis 1843. Un troisième moyen représentatif a pris, entre les mains de M. Relier, une grande importance. Je veux parler de la Carte géographique de France, recouverte de signes conventionnels combinés suivant des modes très ingé- nieux : cercles coloriés, secteurs, courotines concentriques, carrés concen- triques ou débordant les uns sur les autres pour figurer divers détails, etc. Citons, parmi les principaux exemples : la Carte géographique et statistique de la production minérale de la France; la même, relative à l'Algérie; celle de la consommation des houilles par département en 1879; celle de la distribution de l'extraction par département en 1880; celle de l'importa- tion et de l'exportation rapprochées de la consommation ; celle de l'effectif des ouvriers mineurs en i883; celle des usines à fer en 1880; celle de la production sidérurgique en 1882; celle des eaux minérales en 1882, à laquelle il convient de rattacher un travail distinct et de longue haleine, exécuté parM. O. Keller dans les mêmes conditions, et intitulé : Statistique détaillée des sources minérales exploitées ou autorisées en France et en Algérie le i^'^ juillet 1882; enfin, la Carte géographique de la distribution des ap- pareils à vapeur, par département, en 1881 . Ces trois ordres de travaux .- Tableaux numériques, Diagrammes gra- phiques, Caries géographiques, portent en eux-mêmes leur enseignement. Mais, en outre, le Volume de la Statistique minérale publie chaque année un Rapport très étendu adressé par M. le Ministre des Travaux publics à M. le Président de la République. Ce document, dont la préparation était confiée à M. Relier, forme un résumé magistral du mouvement général de l'industrie minérale et des appareils à vapeur. La collection de ces rapports constitue, sans contredit, l'un des monuments les plus importants de la Statistique française. Les bornes du présent Rapport ne nous permettent pas d'insister davan- tage sur la nouveauté, l'ingéniosité, la difficulté vaincue, qui caractérisent à un haut degré l'œuvre de M. Relier. Nous espérons, cependant, vous avoir, par ce court exposé, fait partager notre conviction de sa haute valeur. Tel est le motif qui a porté votre Commission à décerner à M. O. Keller, ingé- nieur en chef des Mines, un prix égal au prix Montyon de Statistique pour l'année i885. ( i3/,5 ) Rapport sur l'Ouvrage de M. A. Cliervin ; par M. Lalanne. M. le D'' Arthur Chervin, poursuivant le cours des recherches qui lui ont déjà valu des mentions honorables aux concours de 1881 et de 1884, a produit une étude statistique sur la taille dans le département de la Seine- Inférieure. Il rappelle qu'à propos de son écrit sur la Géographie médicale du département de la Seine-Inférieure, mentionné parmi les pièces du pré- cédent concours, alors qu'il cherchait les causes qui font varier d'un canton à l'autre l'aptitude pathologique des populations, il avait pensé que la diversité des races était probablement un des facteurs du problème. Les documents historiques manquent, dit-il, ou tout au moins sont fort incomplets et ne nous renseignent que sur de grands groupes de popula- tions qui ne répondent pas à nos divisions administratives actuelles. Il n'y a, suivant lui, que la taille qui puisse fournir des indications vraiment sé- rieuses; et c'est ainsi qu'il a été amené à étudier la répartition géographique de la taille dans ce département. Ses recherches sur la géographie médicale portant sur les années com- prises entre i85o et 1869, il aurait désiré mettre en œuvre les documents sur la taille par canton pendant l'étendue entière de cette période ; mais, chose incroyable, dit-il, on a compté par pieds et pouces au Ministère de la Guerre jusqu'en 1866; et les rubriques sous lesquelles les tailles des conscrits étaient enregistrées ayant enfin étéchangéesen 1867, les nouvelles indications ne correspondent plus avec les anciennes, et l'auteur a pris le parti de limiter ses nouvelles recherches à la période i85o-i866. Un Tableau synoptique fait connaître, pour chacun des 44 cantons du département, d'abord le nombre de conscrits sur 1000 qui sont réformés pour défaut de taille (moins de i"',56o) ; ensuite les nombres afférents à onze autres catégories de tailles comprises entre deux limites déterminées depuis l'intervalle de i",56o à i", 669 jusqu'aux tailles au-dessus de i"',8i5 qui forment la dernière de ces 12 catégories. C'est ce Tableau unique dont les résultats sont figurés par des teintes sur 18 cartes du département divisé en cantons. Il faut bien avouer que les teintes qui correspondent à une même caté- gorie de tailles sont généralement groupées d'une façon fort irrégulière sur ces Cartes; cependant il en ressort que c'est dans les arrondisseinents de Dieppe et de Neufchâtel que se trouvent les conscrits dont la taille est la plus élevée. Faut-il en conclure que le département de la Seine-Inférieure ( i346 ) est peuplé par deux races d'hommes de stature différente? Il est permis d'émettre à ce sujet des doutes sur lesquels la Commission n'a pas à s'ex- pliquer, parce qu'il s'agit d'un ordre d'idées qui échappe à sa compétence. Quoiqu'il en soit, elle ne peut que signaler le travail consciencieux auquel s'est livré M. Chervin et lui accorder une mention très honorable qui con- firme, avec un degré de plus, les mentions honorables précédemment obtenues par lui. Rapporl sur les travaux de M. le Z)'' Jules Socquet; par M. Lalanne. Sous le titre de « Contributions à l'étude statistique sur le suicide eu France, de 1826 à 1878 », M. Jules Socqdet a présenté un manuscrit de plus de cent pages, accompagné de dix-sept tableaux graphiques et de sept cartes teintées, sans compter vingt et un Tableaux numériques intercalés dans le texte. Cette monographie d'une des plaies sociales qui sévissent le plus parmi les peuples civilisés est aussi complète que puissent le permettre les élé- ments recueillis dans les « Comptes rendus de la justice criminelle » pu- bliés annuellement par le Ministère de la Justice. Elle s'étend, de i83i à 1876, sur une période presque demi-séculaire. Les chiffres qu'elle renferme sont toujours calculés en ayant égard aux dénombrements quinquennaux, de manière à rendre les résultats comparables entre eux. Les suicides sui- vant les âges, les professions, le domicile urbain ou rural, l'état civil, le genre de mort adopté, les divers mois de l'année, les motifs présumés, la répartition par départements sont l'objet d'autant dechapitres, dans chacun desquels on a fait la paVt des deux sexes. Un pareil travail, où les faits abondent et dominent sans que la philoso- phie en soit absente, n'est guère susceptible d'analyse. Aussi doit-on se borner à en extraire quelques résultats, sans insister sur un sujet aussi douloureux. Tandis que la population française n'augmente que de ^ environ chaque année, le suicide augmente dans la proportion de j-, et le rapport du nombre des suicides à celui des habitants est moyennement de i à 10 000. Pour 1000 suicides du sexe féminin, il y en a 3436 du sexe masculin; presque trois fois et demie autant. L'accroissement du nombre des suicides augmente avec l'âge; il est plus accentué chez les hommes que chez les femmes, sauf de 5o à 60 ans. L'état de mariage avec enfants est celui où, dans les deux sexes, on a le ( '3/,7 ) moins de propension au suicide. C'est dans le célibat d'abord, dans le veu- vage ensuite qu'existe au plus haut degré la disposition contraire. Dans tous les cas, sauf dans le premier, la proportion relative est moindre chez les femmes que chez les hommes. La profession de commerçant est celle qui compte le moins de suicides; viennent ensuite, dans l'ordre croissant, la domesticité, l'agriculture, l'in- duslrie, les professions libérales. C'est tout naturellement parmi les gens sans aveu qu'il s'en produit le plus. Le nombre des suicides dans la population urbaine est presque double. de ce qu'il est dans la population rurale. L'accroissesneut est beaucoup plus considérable dans la première que dans la seconde. C'est, en général, dans les mois les plus chauds de l'année que les sui- cides sont le plus nombreux. Ce sont les maladies cérébrales qui fournissent le plus de suicides dans les deux sexes, mais surtout chez les femmes. Cependant l'ivrognerie tend à devenir la cause prépondérante. La lecture complète du Mémoire est nécessaire pour qu'on puisse se rendre un com[)te exact de ce qu'il a fallu de recherches, de soins, de sa- gacité, d'études laborieuses pour rendre les résultats comparables entre eux au moyen de données puisées dans des documents qui ne sont pas établis sur des cadres uniformes dans une même administration, et qui donnent même parfois des chiffres discordants sur un même objet, lors- qu'ils émanent d'administrations différentes. Ces difficultés n'ont pas été sans snggérer quelques critiques à celui qui en a souffert, bien qu'il ait cité l'opinion loute favorable d'un statisticien étranger, M. Morelli, qui re- connaît que « la Statistique française est à peu près la seule qui lui ait donné des chiffres indiscutables, pouvant servir de base à des conclusions scientifiques rigoureuses ». On peut espérer que l'unité dans la direction générale qu'imprimera dorénavant, sans doute, aux documents officiels de toute provenance, le Conseil supérieur de Slalisticjue créé par décret du 19 février de cette année, produira des résultats de nature à imposer si- lence aux critiques, à justifier mieux encore que par le passé les éloges des juges compétents. Nous hésitons d'autant moins à faire connaître à l'Aca- démie ce nouvel état de choses si désiré depuis longtemps qu'il lui serait permis de l'ignorer, puisqu'elle n'a été invitée à y prendre aucune part, ni dans la période de préparation, ni même dans l'avenir, lorsqu'on en viendra au fonctionnement régulier de la nouvelle institution. Nous ne critiquons pas, nous constatons qu'après avoir établi en principe que l'élément scien- ( i348 ) lifique ne devait pas y être en luajoriU', on a jugé ailleurs qu'il serait suf- fisamment représenté sans que l'Académie ait été appelée à désigner un seul de ses Membres pour siéger au sein du Conseil supérieur. Elle n'en continuera pas moins à recevoir chaque année, conformément aux inten- tions de M. deMontyon, les pièces produites an concours de Statistique, parmi lesquelles se trouvent souvent des documents officiels, dont les auteurs ne dédaignent pas de se soumettre à son jugement, alors uiéme qu'ils font partie de ce Conseil supérieur. Le souvenir des travaux spé- ciaux en la matière des Fourier, des Mathieu, des Bienaynié, des La Gournerie, etc., suffira peut-être pour la dispenser d'avoir à se défendre contre une allégation d'incompétence, d'où qu'elle vienne! M. le D"' J. SocQUET est aussi l'auteur d'une « Contribution à l'étude sta- tistique de la criminalité en France de 1826 à 1880 », ouvrage imprimé de plus de 80 pages, à la suite duquel se trouvent quatre graphiques et cinq Cartes coloriées. Les éléments de cet ouvrage sont empruntés aux docu- ments officiels, comme ceux du Mémoire dont il vient d'être question. C'est dans le Compte rendu général de l'administration de la justice crimi- nelle en France et dans les Recensements sur la population publiés par le Ministère du Commerce, que l'auteur a pris son point de départ, ainsi qu'on l'a fait dans tous les travaux du même genre publiés en Franco comme à l'étranger. « Nulle |>art, dit-il^ nous n'aurions pu en trouver de plus sûrs et de plus complets; mais ce n'est pas chose aisée de réunir la coUeclion complète de ces publications, que les biblio- thèques publiques elles-mêmes ne possèdent pas toutes, et ce n'est pas un petit travail de relever année par année tous les renseignements relatifs à une même nature d'affaires, de calculer les moyennes par périodes quinquennales, le tant pour cent, le rapport des nom- bres obtenus au chiffre de la population, de tracer les courbes, diagrammes et cartes néces- saires. Ce n'est qu'après avoir accompli cette longue et fastidieuse préparation qu'il est possible de se livrer à la comparaison et au groupement des résultats, seules choses que le public ait besoin de connaîtie, et qui seules l'intéressent. » Par les motifs énoncés plus liant, un pareil travail n'est guère susceptible d'analyse, à moins d'entrer dans des détails que notre cadre ne comporte pas. Il nous suffira d'énoncer, d'après l'auteur, les principaux résultats auxquels il parvient. En ne considérant le nombre des accusés que par rap- port à la population des deux sexes, on peut les répartir en deux groupes : l'un, composé de toutes les variétés de crimes qui présentent une augmen- tation, comprend les infanticides tentés ou perpétrés, les avortements, les viols et attanlats à la pudeur sur les enfants, les coups et blessures ayant ( '349 ) occasionné la mort, les incendies d'édifices habités on non. Le nondjie relatif des accnsés, au contraire, a diminué pour les meurtres et les assas- sinats tentés ou commis, les viols et attentats à la pudeur sur adultes, les parricides, les empoisonnements, les coups et blessures graves. Les crimes contre les adultes sont presque tous en diminution, tandis que les crimes contre l'enfance vont en augmentant. Quant à la contra- diction qui existe entre le fait ainsi constaté d'une diminution de la crimi- nalité contre la vie des adultes et l'opinion générale qui a trop facile- ment admis le contraire, elle s'explique par le développement excessif qu'a pris la publicité donnée à ces crinses dans les journaux, par la curiosité malsaine à laquelle cette publicité fournit un aliment et par la malveillance avec laquelle certains voisins, dont cependant la vertu peut bien inspirer quelques doutes, accueillent, sans contrôle, tout le mal que nous disons de nous-mêmes et puisent, dans nos propres erreurs, des arguments pour annoncer la décadence des Français, de leurs mœurs, et l'insécurité du séjour dans notre pays pour les étrangers qui viendraient lui demander l'hospitalité. Or, si nous envisageons les accusés sous le rapport de la na- tionalité, nous voyons que le taux pour un million d'habitants, soit fran- çais, soit étrangers, est de beaucoup plus élevé pour les étrangers que pour nos nationaux. L'esprit véritablement philosophique qui a présidé aux recherches de M. le D' J. SocQUET, les vues élevées qui s'en dégagent parfois, le travail considérable auquel il s'est livré, désignaient à la Commission l'ensemble de ses deux écrits comme véritablement digne d'une récompense exception- nelle. Dans l'impossibilité de demander pour lui, cette année, un troisième prix que pourtant il a mérité, elle se borne à lui décerner une mention exceptionnellement honorable, en prenant soin de réserver tous ses droits pour le plus prochain concours. Rapport sur le travail de M. Victor Tarquan ; par M. Lalaxne. M. Victor TunQUAN, rédacteur au Ministère du Commerce, a présenté un travail très considérable sur la population spécifique de la France, se proposant de faire connaître le plus exactement possible la manière dont la densité de la population varie sur l'étendue de notre territoire; il n'a pu se contenter des calculs déjà faits depuis longtemps pour chacun des 87 dé- partements, calculs qui ne donnent que la moyenne applicable à l'ensemble, sans avoir égard aux inégalités qui se pioduiseiit d'un point à un autre ( i35o ) dans lin même département. Or ces inégalités sont parfois excessives, même entre deux arrondissements conligns. C'est ainsi qne, dans les Bonches- du-Rhône, l'arrondissement d'Arles n'a que 36 habitants par kilomètre carré, tandis que l'arrondissement de Marseille n'en a pas moins de 607. Aussi les calculs faits séparément pour chacun des 362 arrondissements donnent-ils une notion beaucoup moins vague que ceux qui englobent sous une même rubrique les divers arrondissements d'un même département. Il était naturel, pour obtenir plus de précision encore, de poursuivre cette recherche jusqu'aux dernières subdivisions du territoire. Déjà notre Confrère de l'Académie des Sciences morales et politiques, M. Levasseur, avait entrepris et mené à bonne fin l'étude des populations spécifiques par canton, telles qu'on peut les déduire du recensement de 1876. M. Turquan a voulu aller plus loin encore et il a calculé les populations spécifiques des 36097 communes sur lesquelles a porté le dernier recensement, celui de 1881. Il a ensuite procédé à la recherche de la manière dont on peut établir des groupes par densités, et de l'importance numérique de chacun de ces groupes. De i à 200 habitants par kilomètre carré il a établi 200 groupes dans chacun desquels la densité ne varie que d'une unité. De 200 à 1000 ha- bitants la variation d'un groupe à l'autre est de 100; de 1000 a 4ooo et au- dessus, elle est de 1000 : lin Tableau synoptique donne, en 212 cases dif- férentes, les nombres de communes qui font respectivement partie d'un même groupement dans chacune des 212 catégories ainsi établies. La somme de tous ces nombres partiels reproduit le chiffre de 86097 com- munes. L'étude approfondie du Tableau A qui renferme, sous une forme synop- tique, tous les résultats numériques des calculs, a permis de constater qu'il y a autant de communes dont la population spécifique est inférieure, qu'il y en a dont la population est supérieure à 49 habitants par kilomètre carré. Sachant d'ailleurs que le nombre moyeu afférent à la France entière est 71, on voit immédiatement sur le Tableau qu'il y a 263 communes dont la population spécifique est précisément égale à la moyenne de la France. -Le chiffre de 4o habitants par kilomètre carré est celui sous lequel viennent se grouper le plus de communes; il n'y eu a pas moins de 643. Un diagramme, pour l'établissement duquel les abscisses sont propor- tionnelles aux densités de la population et les ordonnées aux nombres des communes afférents à chaque densité, est l'expression graphique des ré- sultats numériques consignés dans le Tableau A. La courbe ainsi tracée (annexe du Tableau A) présente, dans sa marche générale, une figure assez ( .351 ) régulière, autour de laquelle se produisent toutes sortes de déviations par- tielles; il n'y a d'ailleurs aucune raison pour qu'il en soit autrement. Le classement des communes par catégories d'égale population spéci- fique, variant entre des limites déterminées, peut se faire par département. Un Tableau B en donne le détail, basé sur les mêmes échelles de variation que le Tableau A; et l'annexe, traduction graphique des chiffres du Tableau B, se compose de 87 diagrammes départementaux mis en regard d'une quatre-vingt-huitième figure établie pour la France entière à la même échelle, et qui n'est que la réduction de celle que présente l'annexe de A. La comparaison de ces courbes départementales avec celle qui est relative à la France entière montre une ressemblance frappante entre cette dernière et la grande majorité des courbes partielles. Il est permis, d'ail- leurs, de n'y pas trouver, aussi distincts que l'auteur l'assure, les carac- tères spéciaux aux départements ruraux et à ceux où l'élément urbain do- mine. Suivant l'auteur, une densité de population supérieure à 200 habi- tants par kilomètre carré indique cette prédominance de l'élément urbain, proposition qui pourrait bien comporter quelques exceptions. Nous ne parlerons pas d'un troisième Tableau, désigné par la lettre C, parce qu'il y est fait usage de définitions nouvelles prêtant à l'équivoque et s'appliquant à des notions d'une utilité contestable. Que, pour abréger, on appelle densité moyenne d'un département le rapport de sa population à sa superficie, cela se peut, à la rigueur, à la condition qu'il soit bien entendu que le rapport présenté sous forme abstraite, si l'on veut, représentera d'une manière concrète le nombre moyen d'habitants pour l'unité adoptée comme mesure des superficies. Encore est-il mieux de s'en tenir a l'ex- pression que l'usage a consacrée, population spécifique. Mais introduire dans les recherches relatives à la répartition des populations une définition qui consiste à qualifier de densité moyenne des communes d'un département celle pour laquelle on compte autant de communes possédant une population spécifique plus forte qu'il y eu a possédant une population spécifique plus faible, c'est créer une véritable cause de confusion, donnant naissance à des résultats paradoxaux, en apparence, sans utilité réelle d'ailleurs. C'est ainsi que, nulle part, la densité moyenne du département, c'est- à-dire sa population spécifique, ne se trouve égale à la densité moyenne des communes de ce département, telle que l'auteur l'a définie; elle est constamment supérieure, sauf dans les cinq départements de la Corse, des Laudes, des Hautes-Pyrénées, de la Savoie et de la Haute-Savoie. Comme complément de ses études, M. V. Turquan a reporté sur des G. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N» 2ij.) ^7'' ( i352 ) Cartes des teintes variées qui expriment les résultats préalablement calculés de la répartition des populations sur la surface de la France : J'ai considéré, dit-il, la population de notre pays coraiiie un accident de terrain, une boursouflure du sol; plus la population sera dense, plus ce relief sera accentué; les espaces creux seraient ceux où. la population est le plus clairsemée. L'idée d'exprimer sur une Carte la répartition des populations par des courbes d'égale population spécifique est loin d'être nouvelle, car elle a plus de quarante ans de date. Elle était exposée à l'Académie dans sa séance du 17 février i845. « Semblable à un plan topographique, disait l'auteur, cette Carte présenterait des ondulations, des sommets escarpés, des cratères, des cois, des vallées, etc. » [Comples rendus, t. XX, p. 438). Restée pendant vingt-huit ans sans applications, elle fut reprise par M. l'in- génieur Vauthier qui, sans en avoir eu connaissance, présentait à l'Aca- démie le 26 janvier 1874 ('^'357 ) Depuis quinze ans, M. Ditte a publié, sur des sujets très variés de Chimie minérale, de nombreux Mémoires qui ont été favorablement accueillis par l'Académie. Ses recherches ne se bornent pas aux réactions chimiques pro- prement dites: elles portent également sur les constantes physiques qui s'y rattachent, telles que la chaleur de combinaison des éléments, la chaleur d'hydratation ou de dissolution des composés, leur tension de dissocia- tion, etc.; constantes qui ont une importance particulière pour l'explica- tion des phénomènes chimiques. C'est ainsi que, dans une étude approfondie de l'acide iodique et de ses principaux composés, présentée en 1870 à la Faculté des Sciences de Paris, comme Thèses de Ciiimie et de Physique, après avoir décrit quarante sels nouveaux, bien cristallisés, il donne l'expiication du peu de stabilité de i'acide iodique et de ses propriétés oxydantes énergiques, par la détermi- nation de la chaleur de combustion de l'iode et de la chaleur d'hydrata- tion ou de dissolution de l'acide iodique. Peu de temps après, dans un important travail sur la combustion directe du sélénium et du tellure avec l'hydrogène et sur leur vaporisation appa- rente dans ce gaz, il rend compte de leur transport et de leur cristallisation , par la dissociation des acides sélénhydrique et tellurhydrique à des tempé- ratures inférieures à celles où ces composés hydrogénés avaient pris nais- sance. Plusieurs de ses Mémoires sont consacrés aux combinaisons volatiles qui résultent de l'union directe des hydracides avec l'acide sélénieux, avec l'acide tellureux et avec le sulfate de mercure, ainsi qu'aux tensions de dissociation des corps ainsi formés. Ce sont encore des méthodes physico-chimiques qu'il a appliquées à la détermination des propriétés de l'acide borique, anhydre et hydraté. Il a d'ailleurs fait connaître des procédés généraux permettant de préparer, par voie sèche ou par voie humide, un grand nombre de borates cristallisés et il a montré comment on peut utiliser la production, relativement facile, du borate de chaux, pour effectuer avec exactitude, par voie sèche, le do- sage toujours difficile de l'acide borique, et sa séparation d'avec la silice et le fluor. En étudiant l'action exercée par l'acide azotique monohydraté sur les azotates métalliques, et par l'acide chlorhydrique sur les chlorures, M. Ditte a établi l'existence, jusqu'alors contestée, des azotates acides et d 's chlorures acides cristallisés. H. Sainte-Claire Deville et Caron avaient reproduit artificiellement des ( i358 ) apatites et des wagnérites chlorées; M. Ditle, en examinant les conditions de celte reproduction, a pii obtenir, en beaux cristaux, des apatites conte- nant du chlore, du brome, de l'iode ou du fluor avec des acides phospho- rique, arsénique ou vanadique. Ses Mémoires sur la décomposition de certains sels par l'eau sont des études très complètes de la décomposition par l'eau du sulfate de mercure, des azotates de bismuth, du chlorure et de l'oxychlorure d'antimoine, du sulfate double de potasse et de chaux, etc., etc. Ces travaux l'ont conduit à examiner lui grand nombre de circonstances très intéressantes, où deux réactions, inverses l'une de l'autre, peuvent s'accomplir en présence de l'eau. Citons encore ses recherches sur l'uranium et la préparation par voie sèche des uranates cristallisés, ses publications sur les oxydes et les sulfures de l'étain, et sur la préparation par voie sèche et par voie humide des stan- nates métalliques, enfin son Mémoire sur l'acide vanadique. Ce résumé très sommaire des travaux si variés où M. Ditte a utilisé, pour résoudre les questions les plus délicates, le nuituel appui que peuvent se prêter les méthodes de la Physique et celles de ia Chimie suffira pour justifier aux yeux de l'Académie le choix de la Commission du prix Lacaze. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. GEOLOGIE. PRIX DELESSE. (Commissaires : MM. Des Cloizeaux, Fouqué, Hébert, Gaudry; Daubrée, rapporteur.) Après une carrière éminemment utile à la Science et prématurément tranchée, M. Delesse continue à la servir encore, non seulement par les œuvres qu'il nous a laissées, mais aussi par une fondation dont nous profitons cette année pour la première fois. Un vœu de notre excellent Confrère avait été qu'un prix lût fondé en son nom, pour témoigner de son attachement à la science de la Géologie, qui avait occupé sa vie; sa digue compagne a, par une dotation qui perpé- ( '35f) ) tuera son nom, satisfait à la noble pensée de celui avec l'existence duquel elle s'était identifiée. Un volumineux travail a été présenté au concours par M. Alfred Caraven-Cachin sous le titre de : Esquisse géographique et géologique du dé- partement du Tarn; il est accompagné d'une Carte géologique inédite, à grande échelle et très détaillée, où l'auteur a établi de nombreuses subdivi- sions, tant dans les terrains stratifiés que dans les roches éruptives. Après une étude de géographie physique sur ce département, six Chapitres sont destinés à en faire connaître les masses cristallines et les terrains stratifiés qui comprennent : le silurien, le permo-carbonifère, le trias, le juras- sique et le tertiaire. Ce dernier contient des indications très précises sur les curieux gisements de Vertébrés de la Montagne Noire, où l'on re- marque la singulière association du Lophiodon avec le Paléothérium et même avec l'Acérothérium. Une dernière Section est consacrée aux dépôts quaternaires et actuels. Dans chacun des Chapitres, l'auteur s'occupe d'abord de la partie théorique, c'est-à-dire des subdivisions des terrains, de leurs contacts, de leur extension et enfin de leur faune et de leur flore ; dans une seconde Partie, sont exposées les applications, c'est-à-dire le gisement des matériaux de construction, des métaux, des combustibles, des sources et des matières utiles à l'agriculture. L'auteur dit que cet Ouvrage l'occupe depuis douze années, et on le comprend facilement, quand on voit le grand labeur qu'il représente, et notamment les citations d'une multitude de localités avec les listes des roches et des fossiles qu'on y trouve. Cette accumulation considérable de faits sera certainement très utile, et il est à désirer que ces documents soient publiés. Ils n'ont pu être réunis que par un très zélé et habile explorateur, qui mérite les félicitations de la Commission ; on ne saurait trop rendre justice à ces travailleurs isolés qui se dévouent pour faire connaître leur province. Notre attention se serait portée sur un autre savant, bien connu de l'Académie par les travaux distingués dont il est l'auteur, lors même qu'il n'aurait pas posé sa candidature; d'ailleurs nous n'ignorons pas que le donateur du prix l'honorait de son amitié. Déjà, il y a une vingtaine d'années, M. Gorceix, en explorant la Macédoine, pays alors à peu prés inconnu des géologues, y a découvert une série de couches fossilifères tort intéressantes, ainsi que de nombreux restes de Mammifères analogues à ceux dePikermi. Le bassin miocène de Roumi, dans l'île d'Eubée, lui a fourni des faits nouveaux, avec une riche collection de plantes fossiles. G. R., i885, 2' Semestre. (T. Cl, N» 25.) I 7^ ( i36o ) Ce savant a fait aussi des études très remarquables sur l'ile de Cos, sur les fumerolles de Nisyros et sur l'éruption d'eau salée dont cette île a été le siège, ainsi que sur les dernières phases de l'éruption de 186G au volcan de Santorin. Depuis onze années M. Gorceix est au Brésil où il dirige l'École des Mines que notre illustre confrère, Dom Pedro, a fondée à Ouro Preto, pour contribuer une fois de pins à l'avancement de la Science et au progrès matériel de son vaste empire. Plusieurs des questions géologiques si inté- ressantes, se rattachant aux richesses minérales du Brésil, ont fait l'objet des recherches de M. Gorceix, qui y était particulièrement bien préparé par des connaissances approfondies en Minéralogie. Dans son étude géologique des topazes de la province de Minas Ge- raès, l'auteur montre que les gisements de ces gemmes occupent deux fentes parallèles au milieu des schistes cristallins, fentes qui sont en relation avec une des principales dislocations du pays. La disposition de ces gîtes, les substances qui en font partie, mica, oligiste, rutile et autres, doi- vent faire attribuer leur formation aux mêmes causes que celles qui ont produit les filons métallifères; l'action d'agents fluorés y est manifeste, de même qu'on l'a déjà reconnu pour les amas de minerai d'étain. Après avoir indiqué une série de vingt-huit espèces minérales dans les graviers diamantifères, M. Gorceix a fixé la position du gisement en place du diamant à Sào Joào da Chapada, près Diamantiua, où on l'exploite; le diamant y est associé à la martite, au rutile, à l'anatase, à l'oligiste, tous en cristaux à arêtes vives, de telle sorte que le diamant paraît avoir la même origine que ces derniers minéraux. Parmi les observations relatives aux dépôts diamantifères, dont on est redevable au même savant, il convient de citer encore l'abondance de la monazite et du zircon, ainsi que la présence du corindon, qui ont été re- connus dans un gisement de la province de Bahia. Une découverte inattendue a été récemment faite par M. Gorceix : elle consiste dans la présence, au centre des montagnes du plateau central delà province de Minas Geraès, qui sont entièrement formées de roches cristal- lines, de deux bassins d'eau douce appartenant au terrain tertiaire récent, pliocène ou miocène supérieur. Ces bassins, situés à une altitude de plus de 1000™, correspondent à d'anciens lacs. Les couches argileuses qui en con- stituent la plus grande partie ont fourni en abondance des restes de plantes, feuilles, fleurs, graines appartenant à plusieurs familles parfaitement déter- minableset présentant, avec la flore actuelle de cette région, la plus grande ( i36i ) analogie, sauf quelques différences spécifiques. Les mêmes couches ont fourni des poissons appartenant à une famille qui est encore représentée dans les cours d'eau de la même région. Ces fossiles, tant végétaux qu'animaux, apprennent que le climat de cette région de l'Amérique est aujourd'hui le même qu'à l'époque tertiaire. Quant aux terrains eux-mêmes, ils ont été modifiés dans leur position première : ils ont été relevés par le mouvement dirigé du nord-nord-ouest au sud-sud- est, qui a donné à cette partie de l'Amérique du Sud les derniers traits de son relief. Quel que soit le mérite des divers travaux dont nous venons de donner une idée sommaire, nous nous sommes vus, avec regret, dans l'obligation d'ajourner la satisfaction d'en récompenser l'auteur. Il est un autre savant qui, pour cette première année, nous a paru mériter la préférence. M. DE Lapparent s'est d'abord fait connaître par des travaux de Géologie descriptive qui ont fait ressortir son tact d'observateur et son esprit d'exac- titude. Son Méinoite sur le pays de Brny a été rédigé pour servir de type aux des- criptions régionales qui devaient accompagner la publication de la Carte géologique de France, et l'on peut dire qu'il peut servir dé modèle. Il faut surtout y signaler un essai de représentation, par des courbes de niveau, du soulèvement du Bray. Ce mode de représentation a nécessité un travail ma- tériel considérable; car l'auteur a dij effectuer, sans aide, le nivellement de tous les affleurements de la contrée, sans préjudice des rectifications qu'il a été dans la nécessité d'apporter plus d'une fois à une Carte topo- graphique défectueuse. C'est une œuvre de précision, comme on eu trouve rarement dans les descriptions géologiques. L'examen des courbes ren- seigne mieux que ne pourraient le faire les coupes les plus multipliées, sur tous les détails d'un soulèvement des mieux caractérisés, dont Élie de Beaumont a fait ressortir le haut intérêt, au point de vue de la structure de cette partie de la France, et qui est loin d'être aussi simple qu'elle le paraît au premier abord. Quand il s'agit, en 187/i, de se mettre à l'œuvre pour percer un tunnel sous la Manche, on reconnut, avec raison, combien il importait, avant d'entreprendre ce gigantesque travail, de procéder à des explorations aussi circonstanciées que possible. C'est M. de Lapparent qui, dans le seiu d'une Commission officielle, posa et fit adopter l'idée de rechercher l'allure des lignes d'affleurement sous le détroit, afin d'en conclure, par une simple interprétation géométrique, l'allure des couches elles-mêmes. Ce programme { i362 ) a été rempli de la manière la plus satisfaisante par M. de Lapparent, en collaboration avec M. Potier qui a pris une part considérable à l'exécution du travail et à la discussion des résultats. La simple inspection des Cartes qu'ont levées ces deux ingénieurs distingués, au milieu de difficultés pra- tiques dont il est facile de se rendre compte, montre la multiplicité des documents qu'ils ont recueillis malgré l'épaisse couche d'eau marine qui recouvrait toutes les roches à reconnaître. Le mode de succession des couches au fond du détroit et les inflexions qu'elles ont subies sont repré- sentés avec exactitude, et la Carte satisfait d'une manière inespérée à toutes les conriilions du problème, que des galeries sous-marines très judicieuse- ment ouvertes du côté de la France et du côté de l'Angleterre continuaient à éclairer, lorsque s'est imposée la nécessité de suspendre cette grande en- treprise. Tous les géologues ont consulté et consultent encore avec reconnaissance la Revue dans laquelle M. Delesse leur faisait connaître, chaque année, les travaux relatifs à leur science, qui s'étaient exécutés en tous pays. Il est de toute justice de rappeler que M. de Lapparent a servi pendant quinze années de collaborateur à notre regretté Confrère, comme le rappelle jus- tement le titre de la publication, dans cette tâche aussi laborieuse que mé- ritoire. Ce dont l'Académie tient compte surtout dans la distribution de ses ré- compenses, c'est de l'originalité des découvertes; les exposés didactiques, quelque habilement qu'ils soient présentés, ne comptent pas pour beau- coup dans sa balance. Mais le Traité de Géologie, dont on est redevable à M. de Lapparent, se trouve dans des conditions exceptionnelles. Aucune science ne présente peut-être autant d'obstacles que la Géologie, dans l'état présent de cette science, à celui qui veut eu faire un tableau d'ensemble. D'abord la diversité des branches de connaissances mathéma- tiques, physiques et naturelles, auxquelles ou est obligé d'avoir recours pour bien comprendre et pour interpréter les faits, offre luie première série de difficultés, à celui qui ne recourt pas à des collaborateurs. De plus, la lâche se complique, par suite, de la multitude d'observations que l'on re- cueille, avec une activité toujours croissante, sur la constitution minérale des contrées les plus lointaines. Au lieu d'être concentrés, comme autre- fois, dans la partie occidentale de l'Europe, ces progrès demandent au- jourd'hui à être suivis sur toute la surface du globe. De là, des accroisse- ments extrêmement considérables de documents, qui ont été récemment acquis. De plus, les considérations paléontologiques ont pris, à côté de la ( i363 ) stratigraphie proprement dite, une place de jour en jour croissante. Enfin une science nouvelle, la Lithologie, a fait son apparition avec des procédés dont l'application réclame une sérieuse connaissance de la Physique et de la Géométrie, La tâche devient donc chaque jour plus difficile pour qui veut enseigner l'ensemble de la Géologie, et traiter avec une égale compé- tence tant de sujets variés. Familiarisé avec la bibliographie scientifique étrangère par cette colla- boration que nous venons de rappeler, M. de Lapparent avait de plus, dans l'exercice d'un professorat où la liberté de son programme était entière, eu l'occasion de mîirir im plan d'exposition propre à donner à l'histoire de notre globe autant d'intérêt que d'unité. Ce plan, tout inspiré des tra- ditions de l'école française, et particulièrement de celle d'Élie de Beau- mont, consistait à rattacher tous les phénomènes géologiques à un seul grand fait, celui de la déperdition de la chaleur : chaleur externe venant du Soleil, ou chaleur interne primitivement emmagasinée dans le globe ter- restre. D'ailleurs, ayant formé de ses mains une collection de fossiles, l'au- teur avait acquis les connaissances nécessaires pour aborder aussi bien les questions paléontologiqnes que celles soulevées par l'étude microscopique des roches. A part la méthode rigoureuse et systématique, qui a présidé à la disposition des matières, l'auteur a le droit de revendiquer, dans plu- sieurs Chapitres, une part persoinielle. Tel est le cas pour les considé- rations relatives au relief du globe, aussi bien que pour la nouvelle évaluation de la valeur de ce relief, évaluation aujourd'hui acceptée. Il en est de même pour la discussion des observations relatives à la chaleur in- terne, dont les conclusions viennent d'être confirmées par le sondage de Schiadebacli, en Prusse, d'une profondeur de 1675'". La théorie des volcans, celle des gîtes métallifères, celle de la formation des montagnes et l'histoire des phénomènes quaternaires, et d'antres questions encore ont plus d'une fois fourni à l'auteur l'occasion d'émettre des vues nouvelles. C'est d'une manière très remarquable que M. de Lapparent s'est ac- quitté de la lourde tâche qu'il n'a pas craint d'aborder dans toute son ampleur. Grâce à une vaste et solide érudition, à un esprit vif et péné- trant et à une critique éminemment judicieuse, il aborde et discute les faits, ainsi que les théories; et toutes les parties encore obscures de la science sont aussi bien traitées qu'il est possible avec nos connaissances actuelles. Ce n'est pas seulement aux étudiants que ce Livre rendra de réels services : il est appelé à être consulté non moins utilement par les ( <364 ) géologues de profession. Beaucoup d'entre eux y trouveront plus d'un Chapitre où ils se renseigneront exactement sur des questions qui n'avaient pas encore pris place dans l'enseignement, à cause des discussions dont elles étaient l'objet. Outre ces qualités de fond, c'est-à-dire compilation érudite et consciencieuse, et habile discussion des hypothèses, le Traité (le Géologie de M. de Lapparent se recommande par le mode d'exposition ; l'auteur possède un talent supérieur pour expliquer et faire comprendre les faits. La concision et la lucidité sont associées chez lui à une élégance de style qui com[)ense l'inévitable aridité inhérente à la nature même du sujet. La première édition du Traité de Géologie de M. de Lapparent a été rapi- tlement épuisée. Dans la seconde édition l'auteur a fait une refonte com- plète de la partie descriptive. L'énumération obligatoire des assises et des fossiles échappe difficilement au reproche d'aridité : l'auteur s'est elforcé d'atténuer ce défaut en suivant dans chaque région les transformations progressives des étages sédimentaires et par des considérations de Géogra- phie terrestre aux diverses époques géologiques. L'œuvre de M. de Lapparent, par son origiiialité et par la supériorité avec laquelle elle est exécutée, par la portée qu'elle aura au point de vue de la propagation de la science de la Terre, mérite les encouragements de l'Académie. Ajoutons que sa publication a été complétée par celle d'un Traité de Miné- ralogie imprégné des doctrines de la Cristallographie française; par là M. de Lapparent se montre encore le continuateur de M. Delesse, de qui l'atten- tion s'est toujours portée de préférence sur les questions minéralogiques. Ce qui vient d'être dit suffit pour montrer que si, dans la première application que nous faisons de cette fondation, nous en disposons en laveur de M. de Lapparent, c'est à la fois parce qu'il a été un collabora- teur dévoué de M. Delesse et honoré par lui d'une sympathie à laquelle nous devions nous associer en celte circonstance, et parce que, à part son Traité de Géologie, on lui est redevable d'un ensemble de travaux très distingués. Nous avons cherché à nous inspirer de la pensée qui eiit guidé notre émi- nent Confrère lui-même, si nous avions eu encore le bonheur de le posséder parmi nous. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que M. de Lapparent est lauréat: de l'Académie; il en recevait le prix Laplace, il y a aujourd'hui vingt-cinq ans, lorsqu'il sortait de l'École Polytechnique le premier de sa promotion pour entrer dans le Corps des Mines. ( 1.36.5 ) En résumé, la Commission attribue le prix Delesse à M. de Lapparknt, espérant que M. Gorceix pourra obtenir ultérieurement la même récom- pense. Elle exprime en outre le vœu que M. A. Caraveiv-Cachin reçoive un encouragement de mille francs pour l'aider dans la publication de son travail. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. BOTAMQUE. PRIX RARRIER. (Commissaires : MM. Vulpian, Gosselln, Richet, Larrey; Cliatin, rapporteur.) Deux Communications, toutes deux importantes, ont été adressées à l'AcadéiDie. Le n" 1 est une Note de M. Raphaël Dubois ayant pour litre : Machine à aneslhésier . Cette machine, qui rappelle par quelques-unes de ses parties la pompe dite des prêtres, permet d'obtenir automatiquement un mélange exact d'une quantité donnée de chloroforme, d'éther, etc., à un volume donné d'air ou de tout autre gaz. Adopté par M. Rert pour l'applicaiion de sa méthode aux recherches physiologiques, l'appareil de M. Dubois a été employé, en outre, dans quelques services de clinique chirurgicale. Sous le n° 2 sont inscrits une série de Mémoires présentés par MM. les professeurs Heckel et Schlagdenhauffex. Je me bornerai à éniimérer ces Mémoires, dont la plupart ont une réelle valeur, soit au point de vue de la Science pure, soit comme fournissant d'utiles données à la Thérapeutique. 1° Fontainea Pancheri, Fleckel : Étude au point de vue botanique et thérapeutique; 1" Sur l'huile de Bancoul; 3° Études sur les taches métalliques de la cornée ; 4° Sur la Glaciale {Mesemhn anthemum cristallinum); C)° De quelques phénomènes de localisation minérale et organique dans les tissus animaux et de leur importance au point de vue biologioue; ( i366 ) 6" Considérations générales sur la répartition des alcaloïdes dans les végétaux et élude physiologique de l'action des sels de strychnine sur les Mollusques gastéropodes; n" Recherches sur la globulaire. Ces sept Mémoires sont l'œuvre exclusive de M. le professeur Heckel. 8" De l'huile et de l'oléorésine du Cahphyllum inophyllum : q» Nouvelles recherches sur le suc du Mancenillier; 10° Nouvelles recherches chimiques et physiologiques sur le Niboundou {^Strychnos Icapa ) ; 1 1° Des Kolas africains au point de vue botanique, chimique et thérapeutique; 12° Du Doundaké et de son écorce dite Quinijuina d' Afrique ou Kina du Rio-Nufiez au point de vue botanique, chimique, thérapeutique et industriel. Ces cinq derniers Mémoires, tous d'une réelle importance, ont été pro- duits en collaboration par MM. Heckel et Schlagdenliauffen. L'Académie, reconnaissant une valeur réelle, bien que non comparable, aux Communications de M. R. Dubois d'une part, deMM. Heckel et Schlag- denhauffen d'autre part, décide qu'une moitié du prix sera attribuée à M. R. Dubois et l'autre moitié à MM. Heckel et Schlagdfnhauffen. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX DESMAZIERES. (Commissaires : MM. Duchartre, Chatin, Trécul, Cosson ; Van Tieghem, rapporteur.) La Commission décerne le prix Desmazières à M. LEcr.ERC dc Sablon, agrégé-préparateur à l'École Normale, pour ses /îec/ierc/ies sur les Hépatiques, .Mémoire manuscrit comprenant i3o pages de texte et 3o planches. Dans la première partie de son travail, l'auteur étudie le dévelo|)pement du sporogone dans les principaux genres de la classe des Hépatiques, y suit pas à pas la formation des spores et des élatères, et montre les différences qui existent sous ce rapport entre les genres. Dans la seconde, il décrit la structure du sporogone mùr et, par elle, explique le mécanisme de la déhiscence du sporange. Ses recherches antérieures sur la déhiscence des fruits à péricarpe sec, sur la déhiscence des anthères, sur la déhiscence des sporanges des Cryptogames vasculaires, trois Mémoires importants, dont le premier lui a servi de Thèse de doctorat, l'avaient de longue main préparé à ce genre d'études. En terminant, l'auteur établit la parfaite con- ( i367 ) cordance de la classification basée sur le développement du sporogone, telle qu'elle résulte de son travail, et de celle que les botanistes ont fondée sur l'organisation de la plante adulte. On voit que ce Mémoire vient combler une lacune dans nos connaissances. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX THORE. (Commissaires : MM. Blanchard, Chatin, Duchartre, de Lacaze-Duthiers ; Van Tieghem, rapporteur.) Le prix ïhore n'est pas décerné cette année. PRIX MONTAGNE. (Commissaires : MM. Tulasne, Duchartre, Naudin, Trécul, Chatin; Van Tieghem, rapporteur.) La Section de Botanique décerne le prix Montagne à M. Patouillahd, pharmacien à Fontenay-sous-Bois, pour le premier volume de son Ouvrage intitulé : Tabulœ analydcœ fungoruin : descriptions et analyses microscopiques des Champignons nouveaux, rares ou critiques. Ce volume comprend i35 pages de texte et 128 planches coloriées; 4oo espèces de Champignons, dont plusieurs nouvelles, y sont décrites avec soin et exactement dessinées. L'auteur s'est préoccupé avec raison d'introduire dans les descriptions anciennes, faites sur l'aspect extérieur de la plante, les données anatomiques qu'il lui a été possible d'observer; il s'est appliqué aussi à figurer ces caractères de structure. Aussi son Ouvrage est-il destiné à rendre de bons services à la Mycologie et faut-il souhaiter que la récompense qui lui est accordée par l'Académie en assure le prompt achèvement. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. C. K., i885, 2- Semestre. (T. CI, N» esoin de l'étudier. Pour ce qui est d'abord du formène (carbure d'hydrogène sans chlore), les douze ou quinze expériences faites par inhalations simples et par inhalations sous pression, tantôt avec mélange d'air, tantôt avec mé- lange d'oxygène, ont conduit les auteurs à celte conclusion absolue, que le formène, dans quelques conditions qu'on l'emploie, est dépourvu de toute propriété anesthésique. La substitution de i^'', 2*'', 'i^'^ ou 4^1 de chlore à l'hydrogène du for- mène fait naître le pouvoir anesthésique ou tout au moins analgésique dans les quatre dérivés chlorés. Cependant les propriétés anesthésiques ne croissent pas d'une façon progressive, en proportion du nombre des équi- valents de chlore. Le formène monochloré, celui qu'on appelle aussi le chlorure de méthyle, est un anesthésique assez bon et peu dangereux, qu'on peut manier comme le chloroforme, et qui est seulement un peu moins actif. I^e chloroforme, ( '377 ) dont nous connaissons les grandes vertus anesthésiques, et l'innocuité habi- tuelle, quand il est bien donné, a pourtant 2^'^ de chlore de plus que le précédent : c'est un formène Irichloré, et entre les deux le bichloré ou cfilo- rure de méthylène donne l'anesthésie aussi rapidement qu'eux, en même temps conduit bien plus vite à ce qu'il y a de dangereux dans les anes- thésiques, la syncope respiratoire et la paralysie du cœur. Qn:uit au for- mène tétrachloré ou perchloré, dit aussi tétrachlorure de carbone, il est le plus dangereux de tous; les trenle-huit expériences rapportées par MM. Re- gnauld et Villejean prouvent qu'il donne la mort plus vite que les deux autres, et qu'en conséquence il n'y a pas lieu de songer à l'employer chez l'homme. Il est juste de faire observer que, si ce travail est utile par les notions qu'il nous donne sur le mode d'action des lormènes chlorés, il est remar- quable aussi par le soin qu'ont pris les auteurs d'indiquer le mode de préparation nécessaire pour avoir dans leur état de pureté les agents dont ils voulaient apprécier les effets sur les animaux. Sous le rapport de la Chimie, comme sous celui de la Pliysiologie pathologique, ce travail est donc au premier rang et mérite sans conteste le prix que nous lui accor- dons. II. Votre Commission attribue en outre trois mentions honorables (de quinze cents francs chacune) à MM. les D" E. Gavoy, P. Redakd et P. To- PINARD. 1° AM. le D'E. Gavoy, pour avoirinventé un instrument ingénieux auquel il a donné le nom de cérébrotome, avec lequel il fait des coupes aussi minces que possible des diverses parties de l'encéphale, et pour avoir suivi exac- tement, sur ces coupes soumises à certaines macérations, la répartition de la substance blanche et de la substance grise. Le manuscrit de M. Gavoy est accompagné de très belles et nombreuses planches, faites par lui-même et représentant les diverses coupes qu'il a faites avec son instrument. 2° A M. P. Redard, pour avoir, dans un pi emier Ouvrage sur le transport en chemin de fer des blessés et malades militaires, indiqué les divers modes de transport employés par les différentes nations dans les dernières guerres et avoir décrit un wagon-transport de son invention, que les hommes com- pétents ont considéré comme étant celui qui satisfaisait le mieux à toutes les indications, et pour avoir dans un autre Ouvrage sur la Thermométrie fait connaître tout ce qu'il a observé sur les abaissements de la température dans les diverses maladies. ( '378 ) 3" A M. le D' Paul Topinard, pour avoir, dans un gros volume de 1 loo pages sur l'Anthropologie, réuni tous les documents dont l'ensemble a constitué la Science encore nouvelle connue sous ce nom, pour avoir indiqué la marche à suivre et le groupement des notions si variées dont se compose cette Science; pour avoir, en particulier, discuté longuement, sans cependant les juger en dernier ressort, toutes les opinions relatives au monogénisme et au polygénisme. III. Enfin votre Commission est d'avis d'accorder une citation hono- rable : 1° A M. le D'^ MoNCORVO (de Rio de Janeiro), pour ses deux manuscrits relatifs : l'un à Va dilatation de l'estomac c liez les enfants, l'autre à la recherche de la température de l'abdomen dans l'entérite et la péritonite; 2° AM. leD'' L.-A. Paoli, ^our^es, Eludes sur les accidents de l'organisme; 3" A M. le D'^ PoLAiLLON, pour sa Monographie sur la chirurgie du doigt; 4° A M. le D"^ L.-A. de Saint-Germain, pour ses Leçons sur la Chirurgie orthopédique; 5" A M. Saint- Yves Ménard, pour sa Contribution à l'étude de la crois- sance chez l'homme et les animaux; 6° A M. Ed. Retterer, pour ses Etudes sur le développement du squelette des extrémités; 7° A M. DE Robert deLatour, pour son Livre sur la chaleur animale; S° A M. le D'^L. Thomas, pour son Ouvrage intitulé : Lectures sur l'his- toire de la Médecine. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX BRÉANT. (Commissaires : MM. Gosselin, Vulpian, Marey, Bert, Richet; Charcot, rapporteur.) M. le D"^ Mahé, médecin sanitaire de France à Constantinople, ancien professeur d'épidémiologie aux écoles de Médecine de la Marine, a adressé à l'Académie des Sciences, pour prendre part au concours du prix Bréant, deux Mémoires imprimés ayant pour titre : 1° Mémoire sur la ninrclie et l'extension du choléra asiatique des Indes orien- ( i379 ) taki vêts l'Occident, depuis les dix dernières années (i 875- 1 884), et sur quelques conséquences qui en résultent f 2° Rapport adressé à M. le Ministre du Commerce sur la lecherche de l'ori- gine du choléra d'Egypte en i883. Le premier Mémoire représente une étude épidémiologique faite avec le plus grand soin, et qui conduit l'auteur à des conclusions pratiques im- portantes. Il comprend l'histoire très consciencieusement et très habile- ment recueillie de quinze épidémies de choléra asiatique, jusque-là, pour la plupart, non décrites, ayant eu lieu de 1875 à 1884, hors des Indes orientales, dans la direction de l'Occident, à partir de l'Afghanistan et de l'océan Indien, jusqu'à l'Egypte, la Syrie, la Méditerranée et enfin l'Eu- rope. L'étude critique des nombreuses épidémies survenues dans le Hedjaz, pendant cette période de temps, est, entre autres, particulièrement instruc- tive. Elle plaide, une fois de plus, très fortement en faveur de cette opinion bien connue que, même aux époques où le choléra n'y règne pas é|)idé- miquement, Bombay ne cesse pas cependant pour cela de menacer l'Europe; c'est qu'en effet cette grande ville est l'aboutissant, vers l'Occident, non seulement de l'Indoustan, mais encore de l'Asie centrale d'où affluent, par les voies ferrées, des voyageurs de toute sorte, militaires, pèlerins, com- merçants, que d'immenses steamers transportent, en dix ou quinze jours, en Egypte et dans la Méditerranée. La conséquence logique de ces faits est que la voie de l'océan Indien par la mer Rouge doit continuer à être con- stamment surveillée et que les quarantaines maritimes doivent être mainte- nues. Mais l'auteur reconnaît et proclame hautement que, si l'on veut qu'elles se montrent réellement efficaces et non vexatoires sans profit, il est absolument nécessaire que les conditions dans lesquelles elles ont été pratiquées jusqu'ici soient désormais profondément modifiées. Elles devront gagner en précision ce qu'elles auront à perdre en durée et en complications inutiles. Les procédés de désinfection surtout, actuellement en retard d'au moins un demi-siècle, devront être complètement transformés et fondés à l'avenir sur des bases scientifiques et expérimentales. L'importance de ces conclusions à la fois sobres et impartiales sera certainement appréciée par tous ceux qui se préoccupent sérieusement des graves problèmes relatifs à la genèse, à la propagation et à la prophylaxie du choléra. Le second travail de M. le D"" Mahé contient la relation de la mission médicale dont ce médecin a été chargé par M. le Ministre du Commerce en i883, pour rechercher l'origine du choléra qui sévissait alors en Egypte. En août i883, époque à laquelle M. Mahé arriva à Alexandrie en ( i38o ) compagnie des membres distingués de la Mission Pasteur, le désaccord régnait conrernant la nature et l'origine de l'épidémie récemment déve- loppée, les uns prétendant qu'il s'agissait là non du choléra indien, mais d'une combinaison étrange de typhus et d'une affection choléroïde locale, fruit de conditions hygiéniques déplorables, tandis que d'autres, niant éga- lement l'origine étrangère de la maladie actuelle, n'y voulaient voir qu'une recrudescence du choléra demeuré, prétendaient-ils, endémique sur les bords du Nil depuis la grande épidémie de i865. Relativement au premier point, M. Mahé put aisément établir, par ses observations cliniques, que la maladie présentait, à n'en pas douter, tous les caractères du choléra indien, résultat conforme d'ailleurs à celui auquel arrivaient, de leur côté, par des investigations dirigées à un autre point de vue, les membres des Missions scientifiques française et allemande. Mais l'objet spécial de la mission du D'' Malié, à savoir la recherche de l'origine de cette épidémie cholérique, était une question bien autrement délicate, fort discutée et vraiment difficile à débrouiller au milieu des obscurités créées par le parti pris et la préoccupation de certains intérêts. Pour chercher la solution proposée, il fallut, après avoir consulté les principaux médecins d'Alexandrie et du Caire, visiter successivement les villes situées sur le canal maritime, Suez, Ismaïlia, Port-Saïd, puisMansou- rah et surtout Damiette qui, la première, avait été envahie par le fléau. Après vingt jours d'investigations minutieuses, M. Mahé revenait à Alexan- drie, non sans avoir ressenti la fatigue dans ses excursions faites en pleine ardeur d'un été d'Egypte, ni même sans avoir rencontré le danger; car, ayant vu chavirer la barque qui le conduisait de Port-Saïd à Damiette, il dut rester, durant huit heures de nuit, plongé jusqu'aux épaules dans les eaux du grand lac Menzaleh, position critique d'où il fut heureusement tiré par des pécheurs, qui d'aventure passaient de ce côté. On sait quel a été le résultat de l'enquête (' ). M. Mahé établit, en se fondant sur des documents irréfutables, que le choléra n'avait pas paru en Egypte, pas plus à Damiette qu'ailleurs, avant le développement de l'épidémie de i883; que dans cette ville, atteinte la première par l'épidémie en question, la maladie avait éclaté tout à coup, sans prodromes, le 2i juin, au moment même oij se terminait une foire-pèlerinage qui avait attiré fieux ou trois mille Musulmans étrangers, venant de l'Inde pour la plupart, ainsi que (') Comptes rendus, séance publique annuelle du 5 mai 1884. Rapport sur le prix Bréant, p. 1142. ( t38, ) plusieurs indigènes égyptiens employés comme charbonniers et chaufFeurs sur les vapeurs venant également de l'Inde, et il rendit ainsi, au moins fort vraisemblable, l'origine indienne de l'épidémie. Ce résumé succinct d'un travail très substantiel suffira, nous l'espérons, pour faire ressortir l'impor- tance des questions qui y sont traitées. Il n'?st que juste d'y relever, entre autres, que l'auteur a grandement contribué à restituer aux événements épidémiologiques d'Egypte de i883 leur grave signification, méconnue on nltérée, et qu'il a l'un des premiers prévenu l'Europe de l'imminence de l'importation du fléau asiatique. Une cruelle expérience n'a que trop prouvé combien ses prévisions étaient fondées. Pour ces travaux, qui contribuent à éclairer certaines questions obscures relatives à l'étiologie et à la prophylaxie du choléra, ainsi que pour le dévouement dont il a fait preuve dans l'accomplissement de la mission qui lui a été confiée, la Commission décerne à M. le D'^ Mahé le prix annuel de cinq mille francs fourni par les intérêts de la fondation. MENTIONS HONORABLES. La Commission du prix Bréant a eu à examiner un Mémoire de M. le D"^ L. BouvERET intitulé : Éludes sur les foyers cholériques de CArdèche. L'au- teur a fait partie de la mission lyonnaise envoyée dans l'Ardèche et qui y est restée en permanence du 23 août au i 5 octobre 1884. Il a parcouru tous les foyers épidémiques répandus le long de la ligne du chemin de fer de Nîmes à Alais et s'est particulièrement attaché aux questions relatives au mode de développement et de propagation de la maladie. Huit ou dix mille personnes émigrées de l'Ardèche, en conséquence des dévastations récentes du Phylloxéra, et qui s'étaient transportées, soit à Marseille, soit à Toulon pour y chercher des moyens de subsistance, rentrèrent précipi- tamment dans leurs foyers dès les premières atteintes sérieuses du choléra dans ces deux villes, en suivant la ligne de Nimes à Alais. Sur une Carte très bien faite, dressée par l'auteur, on peut voir comment ces individus ont, en quelque sorte, chemin faisant, sem.é la maladie sur leur parcours, tout le Ion" de la voie ferrée. Il est fort instructif de reconnaître que l'épidémie s'est presque exclusivement limitée aux villages pourvus d'une gare ou avoisinant les gares, et qu'elle s'y est éteinte sans se propager dans l'inté- rieur du département. Ce mode d'importation du choléra, relevé déjà par nombre d'observa- teurs, est rendu ici pour ainsi dire palpable, par l'emploi judicieux des pro- cédés de la méthode graphique. Dans une autre partie de son Mémoire où ( i382 ) il fait preuve d'une grande sagacité, l'auteur expose des faits nombreux, re- cueillis par lui avec grand soin et qui viennent à l'appui de la doctrine dé- fendue récemment par notre savant Confrère M. Marey. Il montre en effet que tous les villages qui n'avaient à leur disposition d'autres eaux potables q>ie celles de puits ouverts ou de citernes facilement adultérées par les fumiers, les eaux ménagères, les excréments humains, etc., ont été affreu- sement ravagés par la maladie, tandis que ceux qu'alimentaient des sources amenées par des fontaines jaillissantes ont échappé à l'épidémie ou en ont été à peine touchés. C'est ainsi que la petite ville de Vais qui, lors de l'épi- démie de 1 854, avait été rudement éprouvée par le fléau, alors qu'elle était, au point de vue des eaux potables, placée dans de fâcheuses conditions, a été, grâce à une canalisation opérée en i863, complètement respectée en 1884, alors qu'autour d'elle la maladie faisait partout de grands ravages. Le Mémoire est accompagné de quinze planches donnant les plans des lieux contaminés, puis les courbes de la mortalité et de la morbidité. En somme, c'est là un travail très laborieusement poursuivi, très soigné, rempli d'enseignements précieux et qui devra être mis à profit par tous les épidémiologistes qui auront à s'occuper de l'éliologie et du mode de pro- pagation du choléra. Votre Commission attribue à l'auteur de ce travail une mention hono- rable de quinze cents francs. M. Gabriel Pocchet a adressé à l'Académie une Note manuscrite où il expose une série de recherches démontrant que, chez les cholériques ayant succombé dans la période algide, le sang contenu dans les gros vaisseaux renferme une proportion parfois considérable de sels biliaires. Dans cette même Note, l'auteur fait connaître en outre que les déjections cholériques contiennent une ptoma'ine dont il indique le mode d'extraction, ainsi que les caractères chimiques, et qui paraît douée d'un pouvoir toxique très énergique. Ce sont là des résultats fort intéressants, et votre Commission a jugé le travail de M. Pouchet digne d'une mention honorable de quinze cents Jrancs. La Commission a accordé également une mention honorable de quinze cents francs à M. Emile Rivière, auteur d'une série d'études statistiques très soignées sur le choléra observé dans les hôpitaux civils de Paris, depuis le début de la dernière épidémie (novembre 1884) jusqu'à sa terminaison (janvier i885). Les documents que fournissent ces ètudis ont été puisés ( i383 ) aux meilleures sources et peuvent être consultés en toute confiance. Il importe d'encourager les travaux de ce genre. M. A. ViLLiEns a communiqué à l'Académie une Note sur la formation des ptomaines dans le choléra. L'auteur a retiré des organes de deux cholériques un alcaloïde nellement caractérisé par sa réaction alcaline, ainsi que par ses réactions chimiques, et il en a constaté les propriétés toxiques à l'aide d'expériences faites sur les animaux. La Commission a récompensé l'auteur de ce travail par un encouragement de cinq cents francs. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX GODARD. (Commissaires : MM. Yulpian, Gosselin, Larrey, Charcot; Richet, rapporteur.) Rapport sur deux Mémoires adressés par M. le D^ Ernest Desnos. L'un de ces Mémoires est intitulé : « Étude sur une cause particulière de rétention d'urine. » Après avoir reconnu, avec tous les pathologistes, que la cause la plus fréquente de la rétention d'urine doit être cherchée dans les affections de la prostate, l'auteur relate deux observations dans lesquelles, cette réten- tion d'urine existant, on ne trouvait cependant, soit dans le col de la vessie, soit dans la prostate, aucune affection appréciable. Cependant les malades avaient besoin, pour uriner, d'être sondés, leur vessie ne pouvant se débarrasser que de l'excédent des urines, dont il sé- journait toujours environ 3ooS'' après les émissions volontaires. Dans les deux cas, l'affection s'étant terminée par la mort, on reconnut à l'autopsie que si l'urètre, le col de la vessie et la prostate ne présentaient aucune lésion, il n'en était pas de même du corps de la vessie, dont les parois, principalement au bas-fond, étaient considérablement augmentées de volume. Cet épaississement partiel offrait dans certains points jus- qu'à o"", 025, et il était dû uniquement à l'hypertrophie partielle des fibres musculaires de la vessie, hypertrophie constituant une sorte de tumeur à la- quelle l'auteur propose de donner le nom de fibro-mjoine, en raison de ses analogies avec les fibro-myomes utérins. Ces deux observations C. R., i885, a» Semestre. (T. CI, K° 2S.) t79 ( i384 ) offrent tous les caractères de faits sévèrement observés, ils doivent être pris en sérieuse considération, mais ils sont en trop petit nombre pour permettre d'établir définitivement une nouvelle entité morbide. Le second Méiiioire, intitulé « Recherches anatomiques sur l'appareil génital des vieillards », est une œuvre beaucoup plus considérable et qui a exigé de longues, patientes et laborieuses recherches. Il se compose de deux parties : i" les études d'anatomie pathologique, suivies d'appréciations et de conclusions; 2° les observations des maladies qui ont servi aux recherches nécropsiques. Les travaux de notre savant Confrère M. Gosselin ont démontré, depuis longues années, que, à la suite des inflammations blennorrhagiqucs ou autres de l'urètre, les voies séminales pouvaient s'obstruer et ces oblité- rations occasionner la stérilité à tous les âges. Il y a vingt ans, M. A. Du- play, puis plus tard M. Dieu, recherchant quelle pouvait être la cause qui déterminait l'impuissance et la stérilité chez les vieillards, ne furent pas peu surpris de constater que, dans plus de la moitié des cas, chez les individus âgés de 60 à 90 ans, on rencontrait dans les vésicules séminales des spermatozoaires vigoureux et en nombre très suffisant. M. le D"' Ernest Desnos, profitant de sa situation d'interne à l'hospice de la Vieillesse (hommes), a continué ces recherches et est arrivé aux mêmes résultats. Mais il a été plus loin que ses prédécesseurs : il a voulu reconnaître la cause qui faisait que, dans une moitié des cas, on ne trouvait pas d'animal- cules spermatiques dans les séminales, et il croit être arrivé à la démonstra- tion de cette cause. Suivant M. Gosselin et les auteurs qui l'ont suivi, l'occlusion des voies séminales par l'inflammation blennorrhagique serait la cause unique ou à peu près de cette absence des spermatozoaires. Des études de M. Desnos il semblerait résulter que, si cette inflammation joue un grand rôle dans la jeunesse et dans l'âge mvir, il en est une autre qui, chez les vieillards, peut conduire au même résultat : celte cause, c'est le développement considérable des deux faisceaux veineux, antérieur et postérieur du cordon, lesquels acquièrent, ce qui est de notoriété, une prépondérance très marquée par le fait de l'âge et qui disparaissent ensuite par oblitération progressive. S'appuyant sur de très nombreuses dissec- tions, l'auteur suit pas à pas cette occlusion, cette régression et cette dis- parition du système veineux du cordon, de l'épididyme et du testicule; il montre le testicule augmentant d'adord de volume sous l'influence de la congestion veineuse, puis, comme conséquence de cette même congestion, ( i385 ) répanchement séreux, si fréquent dans la vaginale. Consécutivement il étudie les transformations fibreuses qui, selon lui, résulteraient de cet état congestionnel, d'où une sorte de sclérose, qui entraînerait à sa suite l'obli- lération, vasculaire d'abord, et celle des voies spermatiques ensuite. Ces idées, que je viens de résumer et de condenser en quelques lignes, se déduisent logiquement de très nombreuses dissections faites sur les ca- davres de sujets observés avec soin pendant la vie, et elles offrent un très réel intérêt. Elles représentent une somme de travail considérable, et il ne faut pas oublier d'ajouter que l'auteur manie avec une grande habileté tous les procédés les plus récents d'investigation, c'est-à-dire le microscope et les réactifs de toute sorte. En résumé, les travaux de M. E. Desnos dénotent une grande sagacité et un véritable esprit scientifique. Les observations ont été étudiées avec soin et diins tous leurs détails, et l'auteur a su eu tirer des conclusions qui jettent un jour nouveau sur cette question, encore obscure, des affections génito-urinaires chez les vieillards Votre Commission lui décerne le prix Godard. Cette conclusion est adoptée.' PRIX DUSGATE. (Commissaires : MM. Gosselin, Charcot, Richet, Bert; Vulpian, rapporteur. ) La Commission a décidé qu'il n'y avait pas lieu de décerner le prix cette année. PRIX L ALLEMAND. (Commissaires : MM. Vulpian, Gosselin, Bert, Richet; Charcot, rapporteur.) M. le D"^ Grasset, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier, a soumis au jugement de l'Académie, pour le concours du prix Lallemand, un important Ouvrage de plus de looo pages, accompagné de Planches nombreuses et intitulé : Traité pratique des maladies du système neigeux. L'idée mère du livre a été surtout de résuuier, en les synthéiisant, les Ira- vaux neuropathologiques des vingt dernières années. L'accueil empressé eue le public a fait à cet Ouvrage, et qui en montre bien l'utilité, a rendu ( i386 ) nécessaires, ilans l'espace de liuil années, trois éditions. A chaque édition nouvelle, des perfectionnements matériels, planches, figures, ont été ap- portés à côté des nombreuses additions de texte nécessitées pnr les inces- sants progrès de cette partie de la science pathologique. Le plan général, cependant, a pu subsister tel quel, preuve que les découvertes de ces der- niers temps sont durables et que la neuropatliologie n'est pas condamnée, comme certains le prétendent, à subir d'incessants et profonds remanie- ments. Ce Livre d'ailleurs n'est pas seulement, tant s'en faut, un Ouvrage de vulga- risation : il présente un côté personnel qui a été croissant dans les éditions successives. Il contient, en effet, plusieurs Chapitres fondés presque exclu- sivement sur des recherches propres à l'auteur. Parmi ces travaux, nous signalerons : i° une série d études sur la thermométrie cérébrale, faites en collaboration avec le D"^ Biaise; 2° des recherches sur l'action esthésio- gène d'un certain nombre d'agents, en particulier du vésicatoire; 3" une description complètement neuve des symptômes d'hémiataxie et d'hémi- paralysie agitante, qui peuvent se montrer à la suite de certaines hémiplé- gies; 4° d'importantes contributions personnelles à l'histoire des localisa- tions cérébrales, de la déviation conjuguée de la tête et des yeux, de l'hémianopsie et de l'amblyopie croisée; 5° des observations relatives à la coexistence, jusque-là peu remarquée, qui existe entre certaines lésions car- diaques et l'ataxie locomotrice; puis, en collaboration avec le D'' Brousse, la première description qui ait été donnée en France, d'après des observa- tions originales, d'une maladie décrite à l'étranger sous les noms d'ataxie hérédUaire ou maladie de Friedreicli; 6° une série d'études cliniques inté- ressantes sur la sclérodermie, la lèpre, l'asphyxie des extrémités; sur la température périphérique des membres dans la paralysie agitante; sur les rapports qui existent entre l'hystérie et les diathèses scrofuleuse et tuber- culeuse; sur l'état troisième des hystériques hypnotistbies. Je signalerai, en dernier lieu, un long Chapitre sur les manifestations nerveuses des mala- dies générales, lequel contient un ensemble de documents inédits, recueillis en commun avec le D"^ Caisergues, concernant les myélites syphilitiques. Cette énumération, que l'on pourrait étendre encore, suffira à montrer que le mérite du livre de M. Grasset n'est pas uniquement dans les qualités de style, d'arrangement, de systématisation, qui le placent au premier rang des Ouvrages de vulgarisation -, mais que, en outre, il se distingue par le nombre et la valeur des recherches personnelles, qui en font une œuvre vraiment originale. C'est, d'ailleurs, surtout en considérant ce dernier ( i387 ) point que votre Commission a été conduite à attribuer à M. Grasset le prix Lallemand pour l'année i885. Une menlion honorable est accordée à M. le D'' Bernard, de Marseille, pour sa Thèse inaugurale ayant pour titre : De l'aphasie et de ses diverses /ormes (Paris, i885). Ce travail, non seulement donne un exposé très complet et très bien présenté de l'état actuel de la Science sur le sujet dont il traite, mais il contient en outre plusieurs observations originales, très intéressantes et recueillies avec le plus grand soin, particulièrement rela- tives à l'affection décrite dans ces derniers temps sous le nom de cécité verbale et à Vacjraphie. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PHYSÏ0I.0G1E. PRIX LACAZE. (Commissaires : MM. Gosselin, Vulpian, Marey, Bert, Richet, Charcot, Bouley, Fremy; Pasteur, rapporteur.) Dans les traditions de l'Académie, les prix de la fondation Lacaze ne sont pas la récompense de tel ou tel travail iléterminé, mais plutôt un témoi- gnage de grande estime pour tout un ensemble de recherches. Ils servent de sanction et en quelque sorte de couronnement à toute une vie scienti- fique. Tel est du moins le sentiment qui a inspiré à votre Commission le choix qu'elle a fait de M. Duclacx pour le prix de Physiologie de l'an- née i885. Les travaux que ce savant poursuit depuis plus de vingt ans té- moignent tous d'une longue persévérance et d'un constant effort vers le mieux dans les divers sujets qu'il a abordés. Ces sujets, quoique nombreux et variés, empruntent cependant une certaine unité à cette circonstance qu'ils sont les développements successifs des premières études faites par M. Duclaux dans le laboratoire de M. Pasteur, où il a débuté au moment où celui-ci s'occupait plus particulièrement des fermentations. Il s'est tout d'abord donné la mission de caractériser les traits secon- daires de ces manifestations vitales. La cellule de ferment ne se contente ( i388 ) pas d'agir, en la détruisant, sur la substance ferinenîescible; elle vit, transforme ses propres tissus et élimine constamment les produits de sa vie cellulaire. Ces deux actions ne sont pas isolées et indépendantes : elles sont, au contraire, fonction l'une de l'autre; mais ou peut les envisager séparément, et c'est ia seconde que M. Duclaux a surtout étudiée. Après avoir montré, dans sa Thèse pour le doctorat, que les acides de la série grasse étaient précisément des produits de cette vie cellulaire, il a depuis retrouvé ces mêmes acides dans les résidus vitaux d'un grand nombre de microbes divers et a montré qu'ils étaient indépendants du mode d'ali- mentation et de la nature de la substance fermentescible. A côté d'eux, il a pu et dû placer les corps, tels que les sels ammoniacaux, la leuci:ie, la tyrosine, l'urée; urée que l'on considérait comme produite exclusivement par les animaux supérieurs avant que M. Duclaux l'eût découverte dans le monde des microbes. Tous ces produits se retrouvent partout où il y a des cellules vivantes, et montrent la ressemblance des phénomènes vitaux à tous les degrés de l'échelle organique. Cette ressemblance ne se manifeste pas seulement par l'identité des pro- duits de désassimilation : on la retrouve encore dans les procédés mis en oeuvre par les diverses cellules pour se préparer des aliments assimilables aux dé- pens des matières nutritives mises à leur disposition. On connaissait, depuis Mitscherlich, la sécrétion par la levure de bière d'une diastase analogue à celle qui, chez les végétaux et les animaux supérieurs, transforme en glu- cose assimilable le sucre cristallisable. M. Duclaux a étendu et confirmé cette analogie en découvrant, dans le monde des microbes, une diastase identique à la présure de l'estomac du veau en lactation, et en interpré- tant de cette manière une curieuse expérience dont il avait été témoin dans le laboratoire de M. Pasteur et insérée dans les Annales de Chimie et de Phy- sique, à savoir la coagulation de la caséine du lait par suite de l'invasion d'un être microscopique sans que ce liquide perde soir alcalinité. En outre de cette présure, beaucoup de microbes sécrètent une autre diastase, plus spécialement digestive, et identique à celle qui, sécrétée par le pancréas, sert seule à la digestion du lait chez les mammifères. Celte identité dans le mécanisme de la digestion chez les grands animaux et chez les microbes a conduit M. Duclaux à t>e demander quel pouvait être le rôle de ces derniers dans notre canal digestif, où ils sont sans cesse présents et actifs. Il a trouvé qu'ils mêlaient leur action propre à celle des sucs di- gestifs normaux de l'organisme, et que nous avions en eux des auxiliaires qui n'étaient pas à dédaigner. ( ï389 ) Les notions ainsi acquises au sujet des diastases sécrétées par les mi- crobes ont servi à interpréter les phénomènes principaux de la fabrication et de la maturation des fromages, dans lesquels il y a toujours des espèces microscopiques en action. Mais, pour pouvoir avancer plus loin dans la voie qu'il se trouvait ainsi conduit à aborder, M. Duclaux s'est trouvé forcé de reprendre par la base toutes nos connaissances relatives an lait. Ses tra- vaux, dans cette direction, lui ont valu, l'an dernier, le prix de Morogucs et ont été rappelés ici même dans un brillant Rapport de M. Bouley. Il est inutile d'y revenir. Je ne les cite que comme un exemple de la ténacité de M. Duclaux à s'avancer dans un sujet aussi loin que le comportent ses forces, et en sortant, quand il le faut, du cercle de ses travaux habituels. Il en a donné un autre exemple : dans sa Thèse de doctorat, il avait pro- posé, pour le dosage des acides volatils existant en faible quantité dans les liqueurs fermentées, une méthode de distillation fractionnée, inaugurée par M. Boussingault, pour le dosage de l'ammoniaque. Il n'a cessé depuis de la perfectionner au point de vue pratique et l'a fait servir à l'étude des maladies des vins, à la détermination spéciâque des microbes, à la sépa- ration et au dosage des acides volatils du beurre, à l'épreuve de la pureté de ces acides qu'on rencontre si souvent mélangés. Il a fait plus, il l'a étudiée au point de vue théorique et est arrivé, au sujet des tensions des vapeurs émises par un mélange de deux liquides volatils, à des lois cu- rieuses, insérées dans un Mémoire qui a paru dans les Annales de Chimie et de Physicfue. A ces travaux de Physique pure, dans lesquels M. Duclaux se trouvait ainsi entraîné, sont venus se joindre, comme liés aux premiers par des liens étroits, d'autres travaux sur les actions moléculaires s'exerçaiit entre liquides et liquides, entre liquides et solides. A ces actions, M. Duclaux a pu aussi rattacher des phénomènes très divers, non seulement les phéno- mènes de coloration et de teinture, déjà étudiés par M. Chevreul, mais encore la coloration et la décoloration de l'iodure d'amidon, les condi- tions de stabilité des émulsions, les lois des mouvements des liquides dans les espaces capillaires, enfin les lois de la capillarité elle-même, dont M. Duclaux a publié une théorie élémentaire très simple. On voit toute la variété des sujets traités. Je ne l'ai pourtant pas épuisée, et je passe rapidement sur les travaux sur le Phylloxéra, faits par M. Du- claux comme délégué de l'Académie, pour revenir à la Physiologie, en par- lant de ses études sur les vers à soie, commencées au courant d'une autre mission, dans laquelle M. Pasteur lui avait demandé son concours. ( iSgo ) En étudiant la respiration des graines annuelles de vers à soie pendant la période qui s'étend depuis la ponte jusqu'à leur éclosion au printemps suivant, M. Duclaux a vu cette respiration, très active les premiers jours, aller en diminuant peu à peu et atteindre en hiver un minimum pour re- prendre seulement au moment où l'embryon commence à se former. Ce froid hibernal est la condition nécessaire de l'éclosion d'une graine nor- male ; elle en est aussi la condition suffisante, si bien qu'on peut, par une hiberiiation artificielle, provoquer à volonté une éclosion prématurée. Ces notions sur l'importance de l'hiver pour la bonne tenue d'une graine ont pris une grande place dans la pratique, et sont aujourd'hui considérées comme essentielles par les producteurs et les éducateurs de graines de vers à soie. Un autre fait, découvert par M. Duclaux, n'a pas acquis autant de va- leur pratique, mais présente un intérêt théorique et reste encore inexpliqué : c'est la possibilité de faire éclore prématurément une graine en lui faisant subir, dans les jours qui suivent la ponte, une courte immersion dans l'acide sulfurique. Au point de vue du résultat, ce bain remplace l'action de l'hiver; mais il ne met évidemment pas en jeu le même mécanisme phy- siologique et doit être rap]3roché des autres influences physiques ou mé- caniques qui provoquent aussi l'éclosion prématurée des graines de celle d'un brossage énergique, par exemple, ou bien de celle d'un jet d'électri- cité. Il y a là une mine de résultut.v inkMX'ssants. En résumé, on voit que tous ks travaux de M. Duclaux sont des travaux de longue haleine. Ils se composent, non de Notes éparses aux Comptes rendus de l'Académie, mais de Mémoires dont ces Notes ont accompagné la présentation et donné le résumé. Il a paru à votre Commission que c'était là un exemple devenu rare et bon à encourager, et elle vous pro- pose de décerner à M. Duclaux le prix Lacaze (Physiologie) pour i885. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX MONTYON. ( Commissaires : MM. Vulpian, Gosselin, Charcot, Marey ; P. Rert, rapporteur.) La Commission a été unanime pour décerner le prix au travail de M. C.-A. Rémy, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, sur ( i39i ) les nerfs éjacutateurs. C'est un Mémoire de quelques pages seulement, mais qui contient une découverte intéressante pour la Physiologie de la géné- ration, découverte très nettement démontrée et exposée. Sur la veine cave inférieure chez le cochon d'Inde, au niveau des veines rénales, M. Rémy a trouvé un petit ganglion nerveux dont l'excita- tion détermine très rapidement l'éjaculation ; l'excitation des nerfs qui en sortent produit le même effet, tandis que celle des neris afférents est sans action. Cette éjaculation a lieu sans érection, par la contraction des vésicules séminales. Aussi la section des nerfs efférents a pour conséquence la para- lysie et la dilatation de ces organes. L'appareil nerveux découvert par M. Rémy est tout à fait distinct de celui que Eckhart a décrit sous le nom de nerf érecteur . Une mention honorable est accordée à M. le D' Rouch, de Montpel- lier, pour son Mémoire sur La mélhode graphique appliquée à la pliy^sioloçjie du gros intestin. Des appareils ingénieux ont permis à l'auteur d'étudier les contractions intestinales à l'état normal, les causes diverses qui influencent leur activité, la nature des coliques, la défécation, etc. Ce travail contient nombre de faits intéressants et très finement observés. L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport. GEOGBAPHBE PHYSIQUE. PRIX GAY. (Commissaires : MM. Fizeau, Becquerel, Tisserand, Mascart; Cornu, rapporteur.) La question proposée par l'Académie, en f883, était la suivante : « Mesure de r intensité de la pesanteur par le pendule. » Exposé critique des méthodes et des appareils oscillants employés pour la » mesure de i'mtensilé absolue ou relative de la pesanteur, » Avantages et imperfections du pendule à émersion. Peut-on le mettre a r> l'abri des causes d'erreur qu'il comporte? » C. R., ,88b, 2" Semestre. (T. CI, N" 23.) l8o ( '392 ) La valeur de l'intensité de la pesanteur en chaque point de la surface de la Terre est une des données les plus importantes pour la détermination de la forme et de la structure de notre globe. Aussi la mesure de cet élé- ment est-elle devenue une opération nécessaire aux stations principales des réseaux géodésiques, et les géodésiens s'occupent depuis longtemps de perfectionner les instruments et les méthodes susceptibles d'en donner une valeur précise. Le pendule simple fournit théoriquement ce résultat avec une ex- trême facilité, puisqu'il suffit d'en mesurer la longueur et la durée d'os- cillation. Mais, dans la pratique, les difficultés apparaissent : au pendule simple théorique qu'on ne saurait réaliser rigoureusement, il faut substi- tuer des pendules composés, de forme plus ou moins complexe, et chercher à éliminer ou à corriger les causes d'erreur qui viennent troubler les ob- servations. Il s'ajoute, en outre, en Géodésie, une condition accessoire, mais impor- tante : l'appareil doit, autant que possible, être léger, facile à transporter et à mettre en station. C'est pour chercher à remplir tant de conditions, parfois contradic- toires, qu'on a successivement remplacé le pendule à boule et à fil des astronomes de l'ancienne Académie par le pendule invariable de Graham et Maupertuis, et finalement par le pendule à réversion. Il y aurait peut- être lieu d'examiner si, après les travaux de Borda et de Bessel, cette suc- cession a été réellement un progrès. Quoiqu'il en soit, c'est cette dernière forme qui est actuellement en faveur, et le modèle très portatif de la mai- son Repsold, de Hambourg, est aujourd'hui entre les mains de tous les géodésiens (' ). (') Le pendule Repsold est un solide de révolution, formé de deux cylindres aplatis re- liés par une tige creuse : perpendiculairement à cette tige, et symétriquement par rapport aux cylindres, sont fixés deux couteaux d'agate, autour desquels le sysième doit alternati- vement osciller. L'un des cylindres est vide, l'autre est rempli de plomb, de sorte que le centre de gravité est situé plus près de l'un des couteaux que de l'autre : d'après le théo- rème d'Huygens, on peut régler les masses de manière que la durée d'oscillation soit la même autour des deux axes, et cette durée commune est celle d'un pendule simple ayant pour longueur la distance des arêtes Jes couteaux. Théoriquement, le résultat ainsi ohtenu est indépendant de la distribution des masses qui composent le pendule; en outre [et c'est ce qui fait l'intérêt du ])endulc à réversion), il est également indépendant de la masse d'air entraînée dans le mouvement d'oscillation, si la forme extérieure du pendule est symé- trique par rapport aux deux couteaux; ce résultat important est dû à Bessel. ( '393 ) Des nombres considérables d'observations ont été faites à l'aide de ce pendule par d'habiles observateurs sur toute la surface du globe, et les astronomes sont actuellement occupés à en coordonner les résultats : il est donc du plus haut intérêt d'examiner les qualités et les défauts de cette forme de pendule, tant pour éclairer la discussion des résultats acquis que pour perfectionner un appareil si répandu aujourd'hui. C'est ce qui a décidé l'Académie à proposer la question qui fait l'objet du concours. L'étude approfondie du pendule à réversion, si élégant comme principe, s'est imposée depuis que des divergences vraiment extraordinaires ont été constatées : parmi les causes d'erreur les plus graves, reconnues et étu- diées par des observateurs éminents ( Peirce, Plantamour), on doit citer l'influence des flexions du trépied qui supporte le pendule : de ce chef on a été conduit à introduire des corrections qui atteignent et dépassent quel- quefois un tiers de millimètre par mètre. Comme l'appareil est disposé en vue de donner le millième de millimètre, on voit que la précision des ré- sultats est bien peu en rapport avec l'approximation présumée. S'il était démontré que de semblables corrections sont réellement inévitables avec le pendule à réversion, ne vaudrait-il pas mieux revenir au pendule et au fil de Bouguer et de Borda, si simple et comportant de si petites corrections? Un seul Mémoire a été présenté au concours, mais ce Mémoire est consi- dérable et répond parfaitement au programme proposé par l'Académie : il comprend, d'abord, un historique complet et un examen critique des observations faites avec les diverses formes de pendule ; en second lieu, une étude expérimentale très intéressante des points sur lesquels le pendule à réversion prête à de sérieuses critiques; enfin la construction et la méthode d'observation d'un pendule à réversion, modifié de manière à atténuer et même à éliminer l'influence de toutes les causes perturbatrices signalées jusqu'ici. L'auteur, M. le capitaine Defforges, attaché au Service géographique du Ministère de la Guerre, a montré dans ce travail de longue haleine des qualités éminentes comme observateur et comme physicien. Aussi votre Commission a-t-elle été unanime en lui décernant le prix Gay pour i885. JNous signalerons brièvement les résultats qui font le plus d'honneur à l'auteur du Mémoire. En premier lieu, nous citerons la méthode d'observation des coïnci- dences des oscillations du pendule avec celle du balancier de l'horloge de ( i394 ) comparaison, qui est une heureuse combinaison du dispositif de Bessel et du stroboscope. Ce mode d'observation accroît la précision des mesures dans une proportion très notable et s'applique encore à des amplitudes de 4', amplitudes qu'on ne saurait observer utilement par aucune autre méthode, même par celle de Vogel, avec laquelle elle n'est pas d'ailleurs sans analogie. La précision n'est limitée que par les irrégularités de la marche astronomique de l'horloge et par les variations de la température am- biante. L'étude de l'élasticité et du mouvement du support a été conduite avec beaucoup de soins : l'auteur est parvenu soit à atténuer, soit à multiplier à son gré les effets perturbateurs dans des proportions considérables, en faisant construire un trépied beaucoup plus stable, et en le plaçant sur des galets d'élasticité croissante : il a pu ainsi faire varier le coefficient d'élasticité statique du support dans le rapport de i à 80. La formule de correction, due à M. Peirce, a toujours été vérifiée, c'est-à-dire que la durée d'oscillation du pendule, corrigée par cette formule, s'est trouvée sensiblement indépendante de l'élasticité du support, même dans le cas des flexions les plus exagérées (*). Dans les mêmes conditions, l'auteur a pu mesurer avec une précision extrême le déplacement du support pendant l'oscillation même du pen- dule par l'emploi des anneaux colorés, suivant la méthode imaginée par notre Confrère, M. Fizeau. La valeur observée de l'amplitude oscillatoire du support a toujours été notablement inférieure à celle qu'on calcule d'après la mesure statique de l'élasticité. Cette divergence, déjà constatée par MM. Hirschet Plantamour, mériterait une étude approfondie : l'auteur se réserve de la poursuivre ultérieurement, quoique la détermination du coefficient d'élasticité du support par la méthode dynamique soit bien inférieure comme précision à la détermination statique. Au point de vue de la correction des observa- tions, l'emploi du coefficient dynamique a d'ailleurs l'inconvénient de donner une erreur systématique d'autant plus grande que le déplacement du support est plus considérable. C'est donc le coefficient statique qu'il faut substituer dans la formule de M. Peirce pour corriger les observations de l'influence du support. Parmi les résultats curieux obtenus par l'auteur, nous indiquerons (') L'influence de l'élasticité du supjiort est tellement régulière que l'auteur se propose de l'utiliser au réglage des horloges en marche sans toucher au balaucier. { -395 ) l'étude complète d'une cause d'erreur, signalée dès 1818 par Kater, et plus récemment par M. Oppolzer, erreur qui conduit à une incertitude d'en- viron ^ de millimètre dans la mesure de la distance des couteaux. Pour éliminer l'erreur de pointé due à l'irradiation ou à la dissymétrie des images, on a coutume d'observer successivement les couteaux sombres sur fond clair, puis les couteaux éclairés sur fond obscur, et l'on prend la moyenne des pointés. Or cette dernière observation n'a aucune valeur, parce que la surface des couteaux ne s'illumine pas jusqu'à leur arête. C'est qu'en effet l'arête d'un couteau est, en réalité, non pas une ligne droite, mais une surface cylindrique. Si l'on introduit dans les formules cette condition, que les couteaux sont des cylindres dont le rayon de courbure est notable (et l'au- teur donne divers moyens de la mesurer), il faut ajouter un nouveau terme de correction très appréciable. L'auteur montre d'abord qu'on annule ce terme de correction si les rayons de courbure des deux couteaux peuvent être rendus égaux : mais il a été plus loin, et il démontre qu'on peut éliminer en même temps l'in- fluence des couteaux et celle de l'élasticité du support. Usant d'un artifice très ingénieux, rappelant la méthode de Bessel, il dispose deux pendules à réversion de longueur différente, auxquels peu- vent s'adapter les mêmes couteaux : il leur donne le mémepoids et les rend semblables, c'est-à-dire réglés de telle sorte que /es centres de gravité des deux pendules soient semblable ment placés par rapport aux arêtes des couteaux. Dans ces conditions, la différence des résultats obtenus avec ces deux pendules, oscillant sur le même support et avec les mêmes couteaux, est affranchie des deux erreurs systématiques précitées, et en outre de celle provenant de la déformation des couteaux pendant le mouvement, ainsi que de l'erreur personnelle des pointés sur leurs arêtes. Ce résultat, facile à démontrer par le calcul, constitue un des théorèmes importants concernant le pendule à réversion. Ces pendules, exécutés par MM. Brunner avec leur habileté bien connue, ont été expérimentés et ont donné des résultats conformes aux prévisions de la théorie : l'élimination directe des erreurs ressort de la comparaison des chiffres qu'on obtient en traitant chaque pendule séparément avec les corrections ordinaires, et de ceux qui résultent de l'emploi du théorème ci-dessus. Comme le nombre de combinaisons éliminatoires est assez grand, lors- qu'on opère tous les retournements usités, on rencontre des vérifications multiples et très concluantes. ( '396 ) Le double pendule à réversion de M. le capitaine Defforges paraît donc répondre de la manière la plus satisfaisante à toutes les exigences de la Géodésie. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX GENERAUX. PRIX MONTYON, ARTS INSALURRES. (Commissaires : MM. Boussingault, Bouley, de Freycinet; Peligot et Schlœsing, rapporteurs.) Rapport de M. Peligot sur les travaux de M. Charles Girard, directeur du laboratoire municipal de la ville de Paris. Le laboratoire municipal de la ville de Paris, créé en 1878 comme annexe du service de la dégustation, a reçu deux années plus tard une extension considérable. Le Conseil municipal, d'accord avec l'Administration, a dé- cidé que cet établissement serait ouvert au public; il y a ajouté le service d'inspection des produits alimentaires. L'installation matérielle et la direc- tion de ce laboratoire ont été confiées à M. Charles Girard, chimiste déjà connu par d'importants travaux sur les matières colorantes dérivées de la houille. Sous le titre de Documeitls sur les falsifications des matières alimentaires et sur les travaux du laboratoire municipal, M. Ch. Girard a publié deux gros volumes in-4 concernant l'organisation et les travaux de cet établissement : on trouve dans ces ouvrages des indications précieuses surla statistique, l'ori- gine, la composition normale, la falsification des produits soumis à l'exa- men du laboratoire, ainsi que les procédés qui servent à reconnaître les fraudes. Le vin, la bière, le cidre, le lait, le beurre, le café, le chocolat, livrés par le commerce parisien, sont l'objet d'études et d'investigations journa- lières. Il en est de même des couleurs employées pour les jouets, pour les sucreries et pour les liqueurs ; de la recherche des trichines duns les viandes ( 1% ) de porc; de celle de l'acide salicylique, du borax, du enivre, dans les co- mestibles; des matières organiques contenues dans les eaux, etc. Une partie des échantillons est apportée par le public; l'analyse en est gratuite lorsqu'elle est qualitative; on se borne à déclarer que le produit est bon ou mauvais; dans ce dernier cas, on distingue ce qui est nuisible d'avec ce qui ne présente pas de danger pour la santé. L'analyse est payante d'après nn tarif fixé par l'Administration, lorsque le porteur de l'échantillon réclame un examen plus complet ; elle devient alors quantitative ; elle fait connaître les proportions des matières que ren- ferme le produit. Ces analyses rapportent annuellement environ Soooo'"'' à la caisse municipale. Des échantillons beaucoup plus nombreux sont prélevés chez les débi- tants par les experts inspecteurs, attachés au laboratoire municipal au nombre de vingt. Ceux-ci sont munis d'un microscope et d'une trousse contenant les réactifs qui leur permettent de trier sur place les produits qu'ils sont chargés d'examiner: ils ne font de prélèvements qu'autant que, à la suite d'une analyse sommaire, ils considèrent ces produits comme mau- vais ou de qualité douteuse. Cette manière de procéder a quelquefois donné Heu à des interprétations erronées : le tableau des analyses publié parle laboratoire ne concerne que les échantillons suspects : on ne s'oc- cupe pas des bons, qui sont heureusement en très grande majorité. Pour les vins, on procède d'abord à leur dégustation. Celle-ci est faite par des experts spéciaux. On sait combien est sûr ce mode d'épreuve. Les vins plâtrés, coupés, alcoolisés, factices, sont immédiatement reconnus et classés. Les chimistes attachés au laboratoire municipal sont au nombre de vingt- cinq; ils sont nommés au concours, ainsi que les commissaires-experts. On leur distribue les échantillons dont l'analyse doit être faite dans la journée; les uns sont chargés spécialement des vins, les autres des laits, d'autres des matières grasses. Le double de ces échantillons est gardé sous scellés. Lors de l'intervention de la justice pour la répression des fraudes, ces échantillons sont remis aux experts désignés par elle. Le laboratoire municipal, dans lequel on exécute annuellement vingt- cinq mille analyses, est doté de vastes locaux et de puissants moyens de travail. Son budget est d'environ 200000*^^. Il possède une importante réunion d'appareils perfectionnés; nous citerons ses moufles à tempéra- ture constante, ses étuves à vide, ses dialyseurs à courant d'eau continu, ses pipettes automatiques, etc. ( '398 ) Dans les rapports qu'il a publiés, M.Ch. Girard fait connaître les différentes méthodes d'investigation que la Chimie, la Physique, avec l'aide du micro- scope, de la Photographie et du spectroscope, mettent à sa disposition ; plu- sieurs de ces méthodes ont été créées ou perfectionnées par lui. L'étude bio- logique des eaux est basée sur les travaux de M. Pasteur; le dosage de la glycérine des vins plâtrés s'exécute par la distillation dans le vide du résidu fourni par l'éther; M. Ch. Girard s'est occupé avec un soin particulier de la recherche des matières colorantes, de nature si variée, qu'on ajoute aux vins. Il a appelé l'attention sur plusieurs fraudes encore peu connues; la substitution de l'huile de coton à l'huile d'olives, la falsification du poivre par les grignons de ce fruit; l'addition au beurre de cacao de graisses de diverses sortes, etc. On sait avec quelle habileté les fraudeurs des denrées alimentaires sa- vent mettre à profit les données de la Science pour masquer et pour rendre plus difficiles à reconnaître les méfaits qu'ils commettent ; c'est à la poursuite (le ces falsifications que M. Girard dépense toute son activité. Aussi ce n'est pas d'eux qu'il faut attendre un jugement impartial sur l'utilité du laboratoire municipal et sur les services qu'il rend à la morale et à l'hygiène publiques. Ces services ne sauraient être contestés. Déjà, en ce qui concerne deux de nos aliments les plus essentiels, le lait et le vin, le nombre des fraudes a notablement diminué. Plusieurs grandes villes de France et de l'Étranger ont créé ou se dispo- sent à créer des établissements dont le type est le laboratoire de Paris. L'installaUon de ce laboratoire fait grand honneur à notre Administration municipale; celle-ci a rencontré dans M. Ch. Girard un collaborateur dévoué. La Commission des Arts insalubres décerne à cet habile chimiste un prix de deux mille cinq cents francs. Rapport sur les filtres de M. Chamberland ; par M. SceLŒsiNG. M. Chamberland, s'inspirant des procédés employés par M. Pasteur pour séparer les microbes de leurs milieux de culture, est parvenu à débarrasser les eaux potables de toute poussière minérale ou organisée, en leur faisant traverser, sous pression et de dehors en dedans, des tubes poreux en por- celaine dégourdie, qu\\ stppeWe bougies filtrantes. Un de ces tubes, ayant o"',20 de hauteur et o",025 de diamètre, peut débiter, sous une pression de 2*'", 20''' d'eau en vingt-quatre heures, quantité suffisante pour un ménage. Le débit est évidemment lié à la pression ; il est beaucoup ( i399 ) moindre si la pression est faible, comme il arrive si le tube est simplement plongé dans un vase plein d'eau. Mais, dans toute canalisation à l'usage des villes, on trouve, au moins aux rez-de-chaussée des habitations, une pres- sion suffisante pour déterminer, dans une mesure satisfaisante, le passage de l'eau à travers les tubes. D'ailleurs, rien n'est plus simple que de com- penser le défaut de pression par le nombre de tubes associés dans un même appareil ; on a alors le filtre de campagne, adopté par M. Chamberiand pour le cas où les habitations ne sont point reliées à une canaliNation. Avec le double avantage d'une pression convenable et de l'association des bougies, on obtient des filtres d'une grande puissance, pouvant fournir des eaux pures à un hôpital, une caserne, une école, etc. Il nous paraît superflu de donner une description détaillée des filtres Cliamberland, tellement ils sont aujourd'hui répandus dans Paris, la pro- vince, et même à l'étranger. Il nous suffira de rappeler qu'ils éliminent ab- solument tout microbe, tout germe, et qu'ils ont résolu par là l'un des pro- blèmes les plus importants de l'hygiène: en les traversant, l'eau acquiert une limpidité égale à celle des sources les plus pures. Il faut dire encore que le nettoyage des tubes, opération inévitable qui est la conséquence nécessaire de leur bon fonctionnement, s'exécute simplement et en quel- ques minutes. La Commission des Arts insalubres décerne à M. Chamberland un prix de deux mille cinq cenisjrancs. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX CUVIER. (Commissaires : MM. de Quatrefages, Daubrée, Gaudry, Hébert; Emile Blanchard, rapporteur.) L'Académie, ou le sait, a, dans la plupart des circonstances, attribué le prix Cuvier aux plus illustres naturalistes étrangers, comme une sorte d'hommage rendu aux hommes qui ont, hors de notre pays, le mieux servi la Science par leurs découvertes et par la grandeur de leurs travaux. Ainsi ont successivement brillé dans nos Rapports les noms de Louis Agassiz, (le Jean Mùller, de Richard Owen, d'Ehrenberg, d'E. von Baer, d'Oswald Hetr. Cette fois encore, le prestige demeurera. Le prix Cuvier est décerné C. R.. i885, 2' Semestre. (T. CI, N» 2S.) li^I ( i4oo ) à M. Van Beneden, professeur à l'Université tle Louvain, Correspondant de l'Académie, qui, depuis iin demi-siècle, s'est signalé par une longue série de recherches sur l'organisation et le développement des animaux inférieurs, par des observations et des expériences de la plus haute valeur sur les métamorphoses et les migrations des Vers, par de grands travaux sur les Mammifères de l'ordre des Cétacés. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX TREMONT. (Commissaires : MM. Becquerel, Bertrand, Bouley, Jamin ; Tresca, rapporteur). La Commission du prix Trémont s'est trouvée dans un grand embarras au point de vue des deux candidats, dont tous les Membres appréciaient de la même façon les mérites et la position. C'est qu'il s'agissait de deux modestes travailleurs qui ont rendu à la Science de signalés services et qui nous inspiraient à tous les mêmes sympa- thies. M. BocRBouzE, préparateur du Cours de Physique à la Sorbonne, s'est signalé par l'établissement d'un très grand nombre d'appareils, d'expé- riences, et tout le monde connaît le parti qu'il a su tirer de ses projections photographiques fixes et mobiles. M. SiDOT, ancien préparateur et aujourd'hui maître répétiteur au Lycée Charlemagne, s'est élevé de lui-même jusqu'à préparer différents corps qui lui sont entièrement dus : un bisulfure de carbone obtenu par l'action de la lumière, une blende hexagonale phosphorescente, un verre de phosphate de chaux, etc. La Commission n'avait pour récompenser les mérites de ces habiles auxiliaires très méritants que la seule allocation du prix Trémont, et elle n"a su se décider à en partager entre eux la faible valeur. Elle a appris toutefois qu'il ne serait pas impossible d'y joindre cette année une alloca- tion disponible à prendre sur les fonds généraux de l'Académie, et elle vient vous demander, Messieurs, de partager, après cette adjonction, le prix ( '4oi ) Trémont, ainsi élevé à la somme de deux mille francs, entre M. Boukbouze et M. SiDOT. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. PRIX GEGNER. (Commissaires : MM. Fremy, Pastenr, H. Milne Edwards, Debray; Bertrand, rapporteur). La Commission propose à l'Académie de décerner le prix Gegner de l'année i885 à M. Valsojî. Cette proposition est adoptée. PRIX PETIT DORMOY. (Sciences mathématiques). (Commissaires : MM. Bertrand, Hermite, Tisserand, Darboux; G. Jordan rapporteur). La Section de Géométrie constatait naguère, avec une légitime satisfac- tion, l'état remarquablement florissant des études n)athématiques dans notre pays. Parmi les représentants de cette science encore étrangers à l'Académie, se distingue surtout M. G. H. Halphf.x, cbef d'escadron d'artillerie, répé- titeur et examinateur d'entrée à l'École Polytechnique, lauréat des Aca- démies de Paris et de Berlin, et déjà porté trois fois sur les listes de pré- sentation de la Section de Géométrie. L'œuvre de M. Halphen est très considérable. Parmi les quatre-vingt- dix Mémoires dont elle se compose, plusieurs forment de véritables vo- lumes de 200 à 3oo pages in-4°. Ils se distinguent par des qualités de pre- mier ordre : les questions traitées sont toujours importantes et difficiles; les solutions, élégantes et rigoureuses, ne sont jamais abandonnées à moitié chemin; les applications sont variées et intéressantes. Nous nous garderons d'entreprendre l'analyse de ces travaux, préférant concentrer l'attention de l'Académie sur un petit nombre de points fonda- mentaux. 1° L'élude des systèmes de coniques, inaugurée en 1862 par M. de Jon- ( l402 ) quières, a été poursuivie par M. Chasles avec une véritable passion pen- dant tonte la fin de sa vie. Notre illustre confrère y cherchait une nouvelle preuve de la fécondité de ses méthodes géométriques. Il avait énoncé, comme conclusion de ses recherches persévérantes, un tliéorèine général sur le nombre des coniques qui satisfont à cinq conditions. Cette proposition n'était fondée, il est vrai, que sur une induction; mais les exemples cités à l'appui étaient si nombreux que sa vérité ne faisait doute pour personne. Plusieurs géo- mètres éminents avaient essayé de la démontrer et croyaient même y être parvenus, lorsque M. Halphen, par une étude plus approfondie de la ques- tion, montra que le théorème est sujet à des restrictions qu'il précisa et établit les formules exactes qui résolvent définitivement la question. En rectifiant ainsi une erreur grave et universellement répandue, M. Halphen a rendu un service signalé aux Sciences mathématiques. 2° Les études qu'il entreprit ensuite sur les points singuliers des courbes algébriques présentent le même caractère. Les travaux de Riemann, Clebsch et Cayley avaient déjà fait ressortir toute l'importance de ce sujet pour la Géométrie et le Calcul intégral; mais ils s'étaient bornés à l'étude des cas les plus simples. Ou doit à M. Halphen d'avoir débrouillé complè- tement la question en donnant des formules applicables à des singularités quelconques, quelque complexes qu'elles puissent être. 3° Dans son Mémoire, couronné par l'Académie de Berlin, il a donné la solution complète de ce grand problème, qu il suffit d'énoncer pour en sentir l'importance : Enumérer et classer toutes les courbes gauches d'un degré donné, 4° Mais la théorie dont M. Halphen s'est le plus occupé est celle des in- variants différentiels. Les propriétés des êtres mathématiques, figures ou formules analytiques, sont de deux sortes, les unes individuelles, les autres communes à tous les êtres d'une même famille, et qu'on peut comparer aux caractères génériques des chimistes ou des naturalistes. L'étude systématique de ces dernières propriétés constitue la théorie des invariants, par laquelle se sont illus- trés MM. Cayley, Sylvester, Hermite, Clebsch et Gordan. Cette importante théorie a renouvelé l'Algèbre et la Géométrie analytique; mais rien de pa- reil n'avait été fait dans le Calcul différentiel et intégral. M. Halphen a entrepris de combler cette lacune et il y a réussi, en résol- vant complètement le problème suivant, qu'il avait été le premier à poser : ( «4o3 ) Trouver toutes les équations différentielles qui se reproduisent par une substi- tution linéaire. Les Mémoires postérieurs de M. Halphen contiennent de nombreuses et importantes applications de ces principes. La plus remarquable, contenue dans son Mémoire couronné de 1881, consiste dans l'intégration de trois classes très étendues d'équations différentielles linéaires. Voilà donc, en négligeant tous les détails, quatre théories fondamen- tales, conduites à leur terme dans les travaux de M. Halphen. Il en a achevé deux, qui n'étaient qu'ébauchées; il a créé de toutes pièces les deux autres. Elles feront vivre son nom dans l'histoire des Ma- thématiques et justifient pleinement la décision par laquelle la Comtnis- sion lui décerne à 1 unanimité le prix Petit d'Ormoy. PRIX PETIT D'ORMOY. (Commissaires: MM. de Quairefages, Hrbert, Chatin, A. Milne-Edw^ards; Emile Blanchard, rapporteur.) Pour la seconde fois, l'Académie ayant à décerner le prix des Sciences naturelles de la fondation Petit d'Ormoy, l'attention s'est tout de suite arrêtée sur le grand ouvrage de M. Sappey, ayant pour titre: Anatoniie, Physiologie et Pathologie des vaisseaux lymphatiques considérés chez l'homme et chez les vertébrés. Il faudrait écrire une longue histoire pour énumérer les recherches dont le système lymphatique a été l'objet depuis plus de deux siècles et demi. Telle est la complexité de ce système, telle est la difficulté de son étude, que de nouvelles recherches poursuivies, avec habileté, devaient encore amener des résultais inattendus. Dans ces dernières années, l'élude des vaisseaiix lymphatiques a été re- prise par différents analomistes avec l'ardeur que fait naître l'espoir d'une découverte à réaliser. Les controverses se sont renouvelées au sujet de leurs dispositions et surtout de leurs origines. Ce[)endant la pleine lumière n'a- vait point jailli. Si l'on connaissait le trajet des branches et des troncs lymphatiques chez l'homme et chez divers animaux, les injections en usage n'avaient pas donné de résultats certains à l'égard des origines et même avaient souvent conduit à Terreur. ( i-V'4 ) M. Sappey, ayant imaginé un moyen d'investigation plus sûr que tous ceux qui avaient déjà été employés, a obtenu un véritable succès. Réussissant à colorer la lymphe, il a pu suivre le parcours des vaisseaux les plus grêles, comme s'il s'agissait de vaisseaux sanguins. On cherchait encore si les premières radicules des vaisseaux lymphatiques prennent naissance dans le tissu conjonctif et si elles sont en communication avec les capillaires sanguins. En les soumettant à un grossissement conve- nable, M. Sappey est parvenu à déterminer les connexions qu'elles présen- tent avec les tissus environnants. On est maintenant assuré que les vaisseaux lymphatiques naissent d'un réseau de cainllicules et de lacunes se jetant dans un réseau à mailles beaucoup plus larges, formées par des vaisseaux dont la réunion successive constitue des troncs qui s'anastomosent entre eux et circonscrivent de plus larges mailles. On se troiDpait autrefois lorsque, considérant les injections les mieux réussies du système lymphatique, on croyait remplis les réseaux d'origine. Aujourd'hui, M. Sappey démontre que les capilUcules ou radicules forment des bouquets qui aboutissent à des cavités irrégulièrement étoilées; ces lacunes étant reliées entre elles par les capillicules, l'ensemble est un réseau d'une exquise délicatesse. Ces vaisseaux, les plus déliés de l'éco- nomie, ne sont jamais isolés, mais toujours en multitude innombrable dans les différents tissus où ils existent. En résumé, M. Sappey établit que ' les origines du système lymphatique sont indépendantes du tissu con- jonctif, et contre l'opinion généralement admise, qu'il y a des communi- cations multipliées presque à l'infini entre les lymphatiques et les capil- laires sanguins. L'ensemble des faits consignés dans l'Ouvrage intitulé : Analomie el Plry- siologie des vaisseaux lymplialiques semble compléter la connaissance d'un important système organique. A l'auteur de cette œuvre considérable, M. Sappey, professeur à la Faculté de Médecine, sera décerné le prix Petit d'Ormoy. Cette proposition est adoptée. ( i4o5 ) PRIX FONDÉ PAR M"« la Marquise DE LAPLACE. Une Ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à ac- cepter la donation, qui lui a été faite par M""* la Marquise de Laplace, d'une rente pour fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des Ouvrages de Laplace, qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'École Polytechnique, Le Président remet les cinq Volumes de la Mécanique céleste, V Exposition du Système du monde et le Traité des Probabilités à M. Coste (Émile- Gustave-Alfred), né à Paris, le i5 février 1864, et entré, en qualité d'Élève- Ingénieur, à l'École des Mines. PROGRAMME DES PRIX PROPOSES POUR LES A™ES 1886, 1887, 1888, 1890 ET 1893. GEOMETRIE. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES (Prix du Budget.) (Question proposée pour l'année 1886.) « Etudier les surfaces qui admettent tous les plans de symétrie de l'un des » polyèdres réguliers. » L'Académie appelle en particulier l'attention des concurrents sur celles de ces surfaces qui sont algébriques et du plus petit degré, ou qui jouis- sent de quelque propriété remarquable relative à la courbure. Les Ouvrages manuscrits destinés au concours seront reçus au Secré- tariat de l'Institut jusqu'au i^juin 1886; ils devront être accompagnés d'un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si !e Mémoire auquel il appartient est couronné. Le prix sera une médaille de la valeur de trois mille francs. ( i4ofi ) PRIX FRANCOEUR. Un Décret en date du i 8 janvier i883 autorise l'Académie à accepter la donation qui lui est faite par M™^ veuve Francœur, pour la fondation d'ini prix annuel àe mille francs qui sera décerné à l'auteur de découvertes ou de travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées. Les Mémoires manuscrits ou imprimés seront reçus jusqu'au i" juin de chaque année. MECANIQUE. PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS, DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE l'eFFICACITÉ DE NOS FORCES NAVALES. L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique de l'année 1886. Les Mémoires, plans et devis, manuscrits ou imprimés, devront être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le 1*' juin. PRIX PONCELET. Par Décret en date du 22 août 1868, l'Académie a été autorisée à accepter la donation qui lui a été faite, au nom du Général Poncelet, par M"^ Veuve Poncelet, pour la fondation à\m prix annuel destiné à récompen- ser l'Ouvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathén)atiques pures ou appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le jugement de l'Académie. Le Général Poncelet, plein d'affection pour ses Confrères et de dévoue- ment aux progrès de la Science, désirait que son nom fut associé d'une manière durable aux travaux de l'Académie et aux encouragements par les- quels elle excite l'émulation des savants. M"* Veuve Poncelet, en fondant ce ( i4o7 ) prix, s'est rendue l'interprète fidèle des sentiments et des volontés de l'il- lustre Géomètre. Le prix consiste en une médaille de la valeur de deux mille francs. Une donation spéciale de M"^ Veuve Poncelet permet à l'Académie d'ajouter au prix qu'elle a primitivement fondé un exemplaire des OEuvres complètes du Général Poncelet. PRIX MONTYON. M. de Montyon a offert une rente sur l'État pour la fondation d'un prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des instru- ments utiles aux progrès de l'Agriculture, des Arts mécaniques ou des Sciences. Le prix consiste en une médaille de la valeur de sept cents Jrancs. PRIX PLUMEY. Par un testament en date du lo juillet iSSg, M. J.-B. Plumey a légué à l'Académie des Sciences vingt-cinq actions de la Banque de France « pour » les dividendes être employés chaque année, s'il y a lieu, en im prix à » l'auteur du perfectionnement des machines à vapeur ou de toute » autre invention qui aura le plus contribué au progrès de la navigation à » vapeur. » En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera chaque année, dans sa séance publique, une médaille de la valeur de deux mille cinq cents francs au travail le plus important qui lui sera soumis sur ces matières. PRIX DALMONT. Par son testament en date du 5 novembre i863, M. Dalmont a mis à la charge de ses légataires universels de payer, tous les trois ans, à l'Acadé- mie des Sciences, une somme de trois mille Jrancs, pour être remise à celui de MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées en activité de service qui lui aura présenté, à son choix, le meilleur travail ressortissant à l'une des Sections de cette Académie. C. K., i885, 2' Semestre. (T. CI, N» S.'î.) 182 ( i4o8 ) Ce prix triennal de trois mille francs doit être décerné pendant la période de trente années, afin d'épuiser les trente mille francs légués à l'Académie, d'exciter MM. les ingénieurs à suivre l'exemple de leurs savants devanciers, Fresnel, Navier, Coriolis, Cauchy, de Prony et Girard, et comme eux ob- tenir le fauteuil académique. Un Décret en date du 6 mai i865 a autorisé l'Académie à accepter ce legs. En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera le prix fondé par M. Dalmont dans sa séance publique de l'année 1888. PRIX FOURNEYRON. L'Académie des Sciences a été autorisée, par décret du 6 novembre 1 867, à accepter le legs, qui lui a été fait par M. Benoît Fourneyron, d'une somme de cinq cents francs de rente sur l'État français, pour la fondation d'un prix de Mécanique appliquée, à décerner tous les deux ans, le fondateur laissant à l'Académie le soin d'en rédiger le programme. En conséquence, l'Académie propose pour sujet du prix Fourneyron, qu'elle décernera, s'il y a lieu, dans sa séance publique de l'année 1887, la question suivante : Etude théorique et pratique sur les progrès qui ont été réalisés depuis 1 880 dans la navigation aérienne. Les pièces de concours, manuscrites ou imprimées, devront être dé- posées au Secrétariat de l'Institut avant le i*' juin 1887. ASTRONOMIE. PRIX LALANDE. La médaille fondée par Jérôme de Lalande, pour être accordée annuelle- ment à la personne qui, en France ou adleurs, aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile au progrès de l'Astro- nomie, sera décernée dans la prochaine séance publique, conformément à l'arrêté consulaire en date du i3 floréal an X. ( i4o9 ) Ce prix consiste en une médaille d'or de la valeur de cinq cent quarante francs. PRIX DAMOISEAU. Question proposée pour 1869, remise à 1872, à i8'j6, à 1877, à 187g, à 1882, à i885, et enfin à 1886. Un Décret en date du 16 mai i863 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M"* la Baronne de Damoiseau, d'une sofnme de vingt mille Jrancs, « dont le revenu est destiné à former le montant d'un prix annuel », qui recevra la dénomination de Prix Da- moiseau. Ce prix, quand l'Académie le juge utile aux progrès de la Science, peut être converti en prix triennal sur une question proposée. L'Académie rappelle qu'elle maintient au concours pour sujet du prix Damoiseau qu'elle doit décerner en 188G la question suivante : « Revoir la théorie des satellites de Jupiter; discuter les observations et en )) déduire les constantes quelle renferme, et particulièrement celle qui fournit M une détermination directe de la vitesse de la lumière; enfin construire des » Tables particulières pour chaque satellite. » Elle invite les concurrents à donner une attention particulière à l'une des conditions du prix, celle qui est relative à la détermination de la vi- tesse de la lumière. Le prix sera une médaille de la valeur de dix mille francs. Les Mémoires seront reçus jusqu'au i^"^ juin 1886. PRIX VALZ. M"* Veuve Valz, par acte authentique en date du 17 juin 1874, a fait don à l'Académie d'une somme de dix mille francs, destinée à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les ans à des travaux sur l'Astronomie, conformément au prix Lalande. Sa valeur est de quatre cent soixante Jrancs. L'Académie a été autorisée à accepter cette donation par Décret en date du 29 janvier 1875. Elle décernera, s'il y a lieu, le prix Valz de l'année 1886 à l'auteur de l'observation astronomique la plus intéressante qui aura été faite dans le courant de l'année. ( i4io ) PHISIQUE. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. (Prix du Budget.) Question proposée pour l'année 1884, remise à 1886. L'Académie maintient au Concours, pour l'année 1886, la question sui- vante : « Perfectionner en quelque point important la théorie de l'application de » f électricité à la transmission du travail. » Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être remis au Secrétariat avant le i*""^ juin 1886; ils porteront une épigraphe ou devise, répétée dans un billet cacheté qui contiendra le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si la pièce à laquelle il appartient est couronnée. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES. (Prix du Budget.) Question proposée pour 1858, remise à 1880, à 1882, i885, et enfin à 1887. L'Académie avait proposé pour sujet du grand prix qu'elle devait dé- cerner en 1882 la question suivante : « Etude de r élasticité d'un ou de plusieurs corps cristallisés, au double point » de vue expérimental et théorique. » Elle maintient la même question au Concours pour l'année 1887. Le prix sera une médaille de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat avant le i" juin ; ils porteront une épigraphe ou devise répétée dans un billet cacheté qui contiendra le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si la pièce à laquelle il appartient est couronnée. ( I/ilI PRIX BORDIN. (Question proposée pour l'année 1886.) L'Académie propose pour sujet du prix qu'elle décernera, s'il y a lieu, dans la séance publique de l'année 1886, la question dont l'énoncé suit : « Perfectionner la lliéorie des réfractions astronomiques. » Le prix sera une médaille de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au 1" juin 1886. PRIX L. LACAZE. Par son testament en date du 24 juillet i865 et ses codicilles des aS août et 22 décembre 1866, M. Louis Lacaze, docteur-médecin à Paris, a légué à l'Académie des Sciences trois rentes de cinq mille francs chacune, dont il a réglé l'emploi de la manière suivante : « Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera réel- » Jement qu'autant qu'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs » de rente perpétuelle à l' Académie des Sciences, en priant ce corps savant » de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon » décès, un prix de dix mille francs (10 000 fr.) à l'auteur de l'Ouvrage » qui aura le plus contribué aux progrès de la Physiologie. Les étrangers » pourront concourir » Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la » somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à VAca- » demie des Sciences de Paris pour fonder un prix de Physiologie, que je » maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Acadé » mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle, » libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux » autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Physique, l'autre pour » le meilleur travail sur la Chimie. Ces deux prix seront, comme celui de » Physiologie^ distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon » décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront ( i4î2 ) » concourir. Ces sommes ne seront pas partageables, et seront données » en totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi, « par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut- » être ailleurs, une série continue de recherches sur les sciences naturelles, » qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain; et, en )) même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom- » penses par l'Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour » ce corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde » entier. Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils » seront distribués par des Français, et par le premier corps savant de » France. » Un Décret en date du 27 décembre 1869 a autorisé l'Académie à accep- ter cette fondation ; en conséquence, elle décernera, dans sa séance pu- blique de l'année 1887, trois prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le plus contribué aux progrès de la Physiologie, de la Physique et de la Chimie. (Voir pages iZji.^ et 1420.) STATISTIQUE. PRIX MONTYON. L'Académie annonce que, parmi les Ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions relatives à \a Statistique de la France, celui qui, à sou jugement, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la prochaine séance publique. Elle considère comme admis à ce concours les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent à sa connaissance. I..e prix consiste en une médaille de la valeur de cinq cents francs. ( i4i3 ) CHIMIE. PRIX JECRER. Par un testament, en date du lo mars i85i, M. le D"^ Jecker a fait à l'Académie un legs de dix mille francs de rente destiné à accélérer les progrès de la Chimie organique. A la suite d'une transaction intervenue entre elle et les héritiers Jecker, l'Académie avait dû fixer à cincf mille francs la valeur de ce prix jusqu'au moment où les reliquats tenus en réserve lui permettraient d'en rétablir la quotité, conformément aux intentions du testateur. Ce résultat étant obtenu depuis iH^y , l'Académie annonce qu'elle décernera ions les ans le prix Jecker, porté à la somme de dix mille francs, aux travaux qu'elle jugera les plus propres à hâter les progrès de la Citimia organuiue. PRIX L. LACAZE. Voir page i[\\\. GEOLOGIE. PRIX VAILLANT. Question proposée pour l'année i886. M. le Maréchal Vaillant, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une somme de quarante mille francs, destinée à fonder un prix qui sera décerné soit annuellement, soit à de plus longs intervalles. « Je « n'indique aucun sujet pour le prix, dit M. le Maréchal Vaillant, ayant » toujours pensé laisser une grande société comme l'Académie des Sciences )» appréciatrice suprême de ce qu'il y avait de mieux à faire avec les fonds » mis à sa disposition. » L'Académie, autorisée par Décret du 7 avril 1873 à accepter ce legs, a décidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant serait décerné tous les ( i4>4 ) deux ans. Elle propose, pour sujet de celui qu'elle décernera, s'il y a lien, en 1886, la question suivante : « Etudier l'uifluence que peuvent avoir sur les tremblements de terre l'étal » cjéoloc/ique d'une contrée, l'action des eaux ou celle de causes phjsiaues de » tout autre ordre. Les Mémoires manuscrits ou imprimés destinés au concours devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i"juin 1886. PRIX DELESSE. jyjme Veuve Delesse, par acte notarié en date du 28 février i883, a fait don à l'Académie d'une somme de vingt mille francs, destinée par elle à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les deux ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant les Sciences géolo- giques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. L'Académie, ayant été autorisée à accepter cette donation par Décret du i5 mai i883, a fixé la valeur du prix Delesse à quatorze cents francs. Il sera décerné, pour la seconde fois, dans la séance publique de l'année 1 887. BOTANIQUE. PRIX BARBIER. M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Grâce, a légué à l'Académie des Sciences une rente de deux mille francs, destinée à la fondation d'un prix annuel « pour celui qui fera une découverte pré- » cieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans » la Botanique ayant rapport à l'art de guérir ». L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance publique. ( i4i5 ) PRIX DESMAZIERES. Par son testament, en date dn iZj avril i855, M. Desmazières a légué à l'Académie des Sciences un capital de trente-cinq mille francs, devant être converti en rentes trois pour cent, et servir à fonder un prix annuel pour être décerné « à l'auteur, français ou étranger, du meilleur » ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente, sur » toutou partie de la Cryptogamie ». Conformément aux stipulations ci-dessus, l'Académie annonce qu'elle décernera le prix Desmazières dans sa prochaine séance publique. Le prix est une médaille de la valeur de seize cents francs. PRIX DE LA FONS MÉLICOCQ. M. de La Fons Mélicocq a légué à l'Académie des Sciences, par tes- tament en date du 4 février 1866, une rente de trois cents francs qui devra être accumulée, et « servira à la fondation d'un prix qui sera décerné tous » les tiois ans au meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord de la France, » c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, » de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne ». Ce prix consiste en une médaille de la valeur de neuf cents francs; l'Aca- démie le décernera, s'il y a lieu, dans sa séance publique de l'année 1886, au meilleur Ouvrage, manuscrit ou imprimé, remplissant les conditions stipulées par le testateur. PRIX THORE. Par son testament olographe, en date du 3 juin i863, M. François-Fran- klin Thore a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente trois pour cent de deux cents francs, pour fonder lui prix annuel à décerner « à l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Eu- » rope (Algues fluviatiles ou marines. Mousses, Lichens ou Champignons), » ou sur les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe ». Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cel- C. R., i885, a» Semestre. (T. Cl, N» tS.) < 83 ( r4'(> ) lulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'un Insecte. (Voir page i4i9-) PRIX MONTAGNE. Par testament en date du ii octobre 1862, M. Jean-François-Camille Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences la tota- lité de ses biens, à charge par elle de distribuer chaque année un ou deux p:ix, au choix de la Section de Botanique. « Ces prix, dit le testateur, seront ou pourront être, l'un de mille francs, l'autre de cinq cents francs. » Un Décret en date du 21 juillet 18^6 a autorisé l'Académie à accepter ce legs. En conséquence, i'Acaciémie décernera, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance publique, les prix Montagne aux auteurs de travaux importants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le développement ou la descrip- tion des Cryptogames inférieurs (Thallophytes et Muscinées). Ees Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le i^' juin; les concurrents devront être Français ou naturalisés Français. AGRICULTURE. PRIX MOROGUES. M. le baron B. deMorogues a légué, par son testament en date du 25 oc- tobre 1 834, "'16 somme de dix mille francs, placée en rentes sur l'Etat, pour faire l'objet d'un prix à décerner tous les cinq ans, allernativemeut, par l'A- cadémie des Sciences, à l'Ouvrage qui aura fait faire le plus grand pro- grès à f Agriculture en France, et par l'Académie des Sciences morales et politiques, au meilleur Ouvrage sur iélat du paupérisme en France et le moyen d'y remédier. L'Académie des Sciences décernera le prix Morogues en iSgS. Les ( '4'7 ) Ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le i" juin. A]\ATO»UE ET ZOOLOGIE. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. (Prix du Budget.) Question proposée pour l'année 1887. « Etudier les phénomènes de ta phosphorescence chez les animaux. » Les concurrents devront déterminer, à l'aide de recherches anatomiques etembryogéniques, quelle est la nature fondamentale des organes phospho- rescents. Ils devront en outre démontrer, par Ips méthodes physiques et chimiques, le mode de production et les propriétés de la lumière émise. Le prix pourra être décerné à tout travail suffisamment approfondi, por- tant sur un grand groupe du règne animal. Le prix sera une médaille de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i"juin 1887. PRIX BORDIN. Question proposée pour l'année i885 et remise à 1887. Élude comparative des animaux d'eau douce de l'Afrique, de l'Asie méri- dionale, de C Australie et des îles du grand Océan. Les concurrents devront examiner aussi très attentivement les relations zoologiques qui peuvent exister entre ces animaux et les espèces marines plus ou moins voisines. Le prix sera une médaille de la valeur de trois mille francs. ( i4i8 ) Les travaux, manuscrits ou imprimés, destinés à concourir devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*' juin 1887. PRIX BORDIN. (Question proposée pour l'année 1887. ) « Etude comparative de l'appareil auditif chez tes animaux vertébrés à sang » chaud. Mammifères et Oiseaux. » L'appareil auditif des Mammifères et des Oiseaux est passablement connu dans ses traits généraux; néanmoins, à l'égard des fonctions de cet appareil surgissent des questions du plus haut intérêt, qui appellent des recherches d'un caractère tout particulier. Il s'agirait de décrire et de représenter d'une manière comparative et absolument précise les dispositions et la structure de l'appareil auditif dans quelques types choisis de la classe des Mammifères et de la classe des Oiseaux, et de poursuivre des observations et des expériences en vue de déterminer dans chaque type la nature et l'étendue des perceptions audi- tives, en rapport avec la conformation organique. Il est certain que les perceptions auditives diffèrent d'une manière très notable chez des animaux d'une même classe. Il y a des particularités qui coïncident avec les conditions de la vie que trahissent les dispositions organiques. Un exemple pourra fixer les idées sur le genre de recherches que l'Académie entend provoquer. Ainsi, tandis que, chez les Mammifères en général, le rocher ou pétrosal qui loge l'oreille interne est la portion la plus dure et la plus épaisse des parois du crâne, chez les Chauves-Souris, le rocher demeure à l'état carti- lagineux, en même temps que toutes les parties de l'oreille présentent un développement exceptionnel. Or, on reconnaît que les Chauves-Souris errant la nuit, à travers les airs, à la poursuite d'insectes, entendent à distance le vol d'un moucheron, percevant ainsi des sons très faibles et des notes d'une extrême acuité qui échappent à l'oreille humaine comme à l'oreille de tous Mammifères terrestres. Selon certaines apparences, les Chauves-Souris n'entendent point les sons graves. En opposition, on sera conduit à étudier l'appareil auditif chez des Mammifères dont les cris annoncent la perception de sons très graves, peut-être à l'exclusion de notes aiguës : tels des Ruminants. ( '419 ) Chez les Oiseaux, le chaut de diverses espèces suffit à convaincre de la délicatesse des perceptions auditives. Quelques expériences incomplète- ment réalisées donnent à croire que ces êtres perçoivent des sons très élevés et sont insensibles à des notes basses qui affectent l'oreille humaine. On trouvera selon toute probabilité des aptitudes contraires chez d'autres Oiseaux, tels que des Cigognes, des Hérons, des Palmipèdes. Des observations comparatives vraiment rigoureuses et des expériences bien conduites éclaireraient certainement d'un jour nouveau des phéno- mènes qui intéressent à la fois la Physique, la Physiologie et la Psycho- logie. Le prix sera une médaille de la valeur de trois mille francs. î.es travaux, manuscrits ou imprimés, destinés à ce concours seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i®' juin 1887. PRIX THORE. Par son testament olographe, en date du 3 juin i863, M. François-Fran- klin Thore a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente trois pour cent de deux cents francs, pour fonder un prix annuel à décerner « à l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Europe (Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons), ou sur les moeurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe. » Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'un Insecte. (Voir page i4«5.) PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M"" LETELLIER. Un Décret, en date du ao avril 1864, a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M"* Letellier .au nom de Sa- vigny, d'une somme de vingt mille francs pour la fondation d'un prix annuel en faveur des jeunes zoologistes voyageurs. « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir » de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je » lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoolo- ( l420 ) M gie, vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savi- » gny, ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, M pour l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider » les jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du » Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans » vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » Le prix consiste en une médaille de neuf cent soixante-quinze francs. PRIX DA GAMA MACHADO. Par un testament en date du r 2 mars 1 852, M . le commandeur J. da Gama Machado a légué à l'Académie des Sciences une somme de vingt mille francs, réduite à dix mille francs, pour la fondation d'un prix qui doit porter son nom. Un Décret du 19 juillet 1878 a autorisé l'Académie à accepter ce legs. En conséquence, l'Académie, conformément aux intentions exprimées par le testateur, décernera, tous les trois ans, le prix da Gama Machado atix meilleurs Mémoires qu'elle aura reçus sur les parties colorées du sys- tème téguraentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Le prix consistera en une médaille de douze cents francs. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être reçus au Secré- tariat de l'Institut avant le i" juin 1888. MÉDECINE ET CHIRURGIE. PRIX MONTYON. Conformément au testament de M. Auget de Montyon , et aux Or- donnances royales des 2g juillet 1821, 2 juin iSsS et 23 août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou i!es découvertes qui seront jugés les plus utiles à l'art de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il ( i42I ) fs'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la Médecine ou la Chirurgie, ou qui diminueraient les dan- gers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Conformément à l'Ordonnance du 23 août 1829, outre les prix annoncés ci-dessus, il sera aussi décerné, s'il y a lieu, des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur des questions proposées par l'Académie, conformément aux vues du fondateur. Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année. PRIX BREANT. Par son testament en date du 28 août 18^9, M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fonda- tion d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de gué- rir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes de ce terrible fléau ( ' ) ». (') Il paraît convenable de reproduire ici les propres termes du fondateur : « Dans l'état » actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la com- >> position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet, rien n'a encore été découvert » au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques » o!i autres; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont répandus en » nouibre infini dans l 'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette » cruelle maladie. • Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à re- » connaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on aperçoit dans • l'eau en se servant des instruments microscopiques que la science met à la disposition de • ceux qui se livrent à celte étude » Comme il est probable que le prix de cent mille francs, institué comme je l'ai expliqué » plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que " l'intérêt dudit capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura fait avancer la » science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, soit en don- ( l422 ) Prévoyant que le prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que l'intérêt du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : 1° Pour remporter le prix de ce7it mille francs, il faudra : « Trouver une » médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'immense majorité des cas ; » Ou « Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de » façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épidémie; « Ou enfin « Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, » par exemple, celle de la vaccine pour la variole. » 2° Pour obtenir le prix annuel représenté par l'intérêt du capital, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur étiologie. PRIX GODARD. Par un testament, en date du /J septembre 1862, M. le D"" Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille francs, trois pour cent, pour fonder un prix qui, chaque année, sera donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. « Dans le cas où, une M année, le prix ne serait pas donné, il serait ajouté au prix de l'année sui- » vante. » » nant de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trou- » vant un procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jusqu'à présent ont •> échappé à l'œil du savant, et qui pourraient bien être la cause ou une des causes de la i< maladie, v ( i'»23 ) En conséquence, rAcadémie annonce que le prix Godard, représenté par une médaille de mille francs, sevR décerné, chaque année, dans sa séance publique, au travail qui remplira les conditions prescrites par le testateur. PRIX SERRES. M. Serres, membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une somme de soixante mille francs, pour l'institution d'un prix triennal « sur » l' embryologie générale appliquée autant que possible à la Physiologie et n à la Médecine ». Un Décret en date du 19 août 1868 a autorisé l'Académie à accepter ce legs; en conséquence, elle décernera un prix de la valeur de sept mille cinq cents francs j dans sa séance publique de l'année 1887, au meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le l^juin 1887. PRIX CHAUSSIER. M. Chaussier a légué à l'Académie des Sciences, par testament en date du 19 mai i863, >< une inscription de rente de deux mille cinq cents francs par an, que l'on accumulera pendant quatre ans pour donner un prix sur le meilleur Livre ou Mémoire qui aura paru pendant ce temps, et fait avancer la Médecine, soit sur la Médecine légale, soit sur la Médecine pratique. » Un Décret, en date du 7 juillet 1869, a autorisé l'Académie à accepter ce legs. Elle décernera ce prix, de la valeur de dix mille francs, dans sa séance publique de l'année 1887, au meilleur Ouvrage paru dans les quatre années qui auront précédé son jugement. Les Ouvrages ou Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'In- stitut avant le i^'' juin. PRIX DUSGATE. M. Dusgate, par testament en date du 1 1 janvier 1872, a légué à l'Acadé- mie des Sciences cinq cents francs de rentes françaises trois pour cent sur C. R., iSS5, 2" semestre (T. CI, N° 23.) ' ^^4 ( i424 ) l'Élat, pour, avec les arrérages annuels, fonder un prix de deux mille cinq cents francs, à délivrer tous les cinq ans à l'auteur du meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques delà mort et sur les moyens de prévenir les inhu- mations précipitées. Un Décret du 27 novembre i8'y4 a autorisé l'Académie à accepter ce legs; en conséquence, elle annonce qu'elle décernera le prix Dusgate, s'il y a lieu, dans sa séance publique de l'année 1890. Les Ouvrages ou Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institutjus- qu'au i" juin. PRIX LALLEMAND. Par un testament en date du 2 novembre i852, M. C.-F. Lailemand, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une somme de cinquante mille Jrancs dont les intérêts annuels doivent être employés, en son nom, à « récompenser ou encourager les travaux relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots ». Un Décret en date du 26 avril i855 a autorisé l'Académie à accepter ce legs, dont elle n'a pu bénéficier qu'en 1880; elle annonce, en conséquence, qu'elle décernera annuellement le prix Lailemand, dont la valeur est fixée à dix-huit cents francs. Les travaux destinés au concours devront être envoyés au Secrétariat avant le i" juin. PHYSIOLOGIE. PRIX MONTYON, PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. M. de Montyon, par deux donations successives, ayant offert à l'Aca- démie des Sciences la somme nécessaire à la fondation d'un prix annuel de Physiologie expérimentale, et le Gouvernement l'ayant autorisée à accepter ces donations, elle annonce qu'elle adjugera annuellement une médaille de la valeur de sept cent cinquante Jrancs à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra répondre le mieux aux vues du fondateur. ( i425 ) PRIX L. LACAZE. Voir page i4i i. GEOGRAPHIE PHYSIQUE. PRIX GAY. Par un lestament en date du 3 novembre i S'j'5, M . Claude Gay, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une rente perpétuelle de deux mille cinq cents francs, pour un prix annuel de Géographie physique, conformément au programme donné par une Commission nommée à cet effet. L'Académie rappelle qu'elle a proposé pour sujet du prix qu'elle doit décerner dans sa séance publique de l'année 1886, la question suivante : « Recherches sur les déformnlions du niveau de la surface des mers dans le « voisinage des continents, par l'effet des attractions locales dues au relief du soi. » Choisir des exemples qui mettent le phénomène bien en évidence. » Les travaux, manuscrits ou imprimés, destinés à ce concours devront être déposés au Secrétariat de rinstitut avant le 1" juin 1886. PRIX GAY. Question proposée pour l'année 1887. « Distribution de la chaleur à la surface du globe. » Rechercher par la théorie suivant quelles lois la chaleur solaire arrive aux différentes latitudes du globe terrestre dans le cours de l'année, en tenant compte de l'absorption atmosphérique. Faire une étude compa- rative de la distribution des températures données par les observations. Les Mémoires manuscrits ou imprimés seront reçus au Secrétariat de rinstitut jusqu'au i*' juin 1887. ( «426 ) PRO: GÉNÉRAUX. PRIX MONTYON, ARTS INSALUBRES. Conformément au testament de M. Auget de Montyon et aux Ordon- nances royales des 29 juillet 1821, 2 juin iSaS et 23 août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes qui seront jugés les plus utiles à ïart de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres a perfectionner la Médecine ou la Chirurgie, ou qui diminueraient les dan- gers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les Ouvrages ou Mémoires présentés au Concours doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i"juin de chaque année. PRIX CUVIER. La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait le nom de Cuvier, et serait décerné tous les trois aiis à l'Ouvrage le plus re- marquable, soit sur le règne animal, soit sur la Géologie, le Gouvernement a autorisé cette fondation par une Ordonnance en date du 9 août iS^g. L'Académie annonce qu'elle décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier dans sa séance publique de l'année 1888, à l'Ouvrage qui remplira les conditions ( '427 ) du Concours, et qui aura paru depuis le i" janvier i885 jusqu'au 3i décembre 1888. Le prix Cuvier consiste en une médaille de la valeur de quinze cents francs. PRIX TRÉMONT. M. le baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847, a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs, pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo- rieux pour la France ». Un Décret, en date du 8 septembre 1 856, a autorisé l'Académie à accepter cette fondation. En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique de l'année 1886, elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre d'encouragement, à tout « savant, ingénieur, artiste ou mécanicien » qui, se trouvant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de l'année, une découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le mieux aux intentions du fondateur. PRIX GEGNER. M. Jean-Louis Gegner, par testament en date du 12 mai 1868, a légué à l'Académie des Sciences « un nombre d'obligations suffisant pour former le capital d'un revenu annuel de quatre mille francs, destiné à soutenir un savant qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur des progrès des sciences positives ». L'Académie des Sciences a été autorisée, par Décret en date du 2 oc- tobre 1869, ^ accepter cette fondation. ( i428 ) PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU. Par un testament en date du 1 7 août 1 872, M"* Veuve Delalande-Guérineau a légué à l'Académie des Sciences une somme réduite à dix mille cinq francs , pour la fondation d'un prix à décerner tous les deux mis « au voyageur )) français ou au savant qui, l'un ou l^ autre, aura rendu le plus de services à » la France ou à la Science » . Un Décret en date du aS octobre iSn'S a autorisé l'Académie à accepter ce legs. Elle décernera, en conséquence, le prix Delalande-Guérineau dans sa séance publique de l'année 1886. Le prix consiste en une médaille de la valeur de mille francs. Les pièces de concours devront être déposées au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin. PRIX JEAN REYNAUD. M"* Veuve Jean Reynaud, « voulant honorer la mémoire de son mari et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France », a, par acte en date du 23 décembre 1878, fait donation à l'Institut de France d'une rente sur l'Étiit français, de la somme de dix mille francs , destinée à fonder un prix annuel qui sera successivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant, relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une période de cinq ans ». a Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une oeuvre origi- « nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté. » Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du Concours. » Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun 1) Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera )) délivrée à quelque grande infortune scientifique, littéraire ou artistique. » Un Décret en date du aS mars 1879 a autorisé l'Institut à accepter cette généreuse, donation. En conséquence, l'Académie des Sciences annonce qu'elle décernera le prix Jean Reynaud, pour la seconde fois, dans sa séance publique de l'année 1886. i429 ) PRIX JÉRÔME PONTI. M. le chevalier André Ponti, désirant perpétuer le souvenir de son frère Jérôme Poiiti, a fait donation, par acte notarié du ii janvier 1879, d'une somme de soixante mille lires italiennes, dont les intérêts devront être employés par l'Académie « selon qu'elle le jugera le plus à propos pour encourager les Sciences et aider à leurs progrès ». Un Décret en date du i5 avril 1879 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter cette donation; elle annonce, en conséquence, qu'elle décernera le prix Jérôme Ponti, tous les deux ans, à partir de l'année 1882. Le prix, de la valeur de trois mille cinq cents francs, sera accordé à l'auteur d'un travad scientifique dont la continuation ou le développement seront jugés importants pour la Science. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'ati 1"' juin 1886. PRIX PETIT D'ORMOY. Par son testament, en date du 24 juin 1870, M. A. Petit d'Ormoy a institué l'Académie des Sciences sa légataire universelle, à charge par elle d'employer les revenus de sa succession en prix et récompenses attribués suivant les conditions qu'elle jugera convenable d'établir, moitié à des travaux théoriques, moitié à des applications de la Science à la pratique, médicale, mécanique ou industrielle. Un Décret, en date du 20 février i883, a autorisé l'Académie à accepter ce legs; en conséquence, elle a décidé que, sur les (onds produits par le legs Petit d'Ormoy, elle décernera tous les deux ans, à partir de l'an- née i883, un prix de dix mille francs pour les Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs pour les Sciences naturelles. Les reliquats disponibles de la fondation pourront être employés par l'Académie en prix ou récompenses, suivant les décisions qui seront prises à ce sujet. ( i43o ) PRIX FONDÉ PAR M"" LA MARQUISE DE LAPLACE. Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des Ouvrages de Laplace. Ce prix est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École Polytechnique. i43! ) CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des Ouvrages envoyés aux Concours; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. Par une mesure générale prise en i865, l'Académie a décidé que la clôture des Concours pour les prix qu'elle propose aurait lieu à la même époque de l'année, et le terme a été fixé au premier juin. Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent le jugement de l'Académie. Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie s'il n'a été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des récompenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre. LECTURES. M. J. Bertrand lit les Eloges bisloriques de Charles-Pierre-Matiueu CoMRES et de Jules-Antoine-René Maillard de la Gourxerie, Membres de l'Académie. J. B. et J.J. C- R., i8S5, i' semestre (T. Cl, K» 2S.) l85 i'i32 ) TABLEAUX DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS DAÎSS LA SliANCE DU LUNDI 21 DECEMBRE 1885. TABLEAU DES PRIX DÉCERNÉS. ANNÉE 1885. GÉOMÉTBIE. Hmx BoRDiN. — Étiifîe générale du problème des déblais et remblais de Monge. Le prix est partagé de la manière suivante : M. P. Appeîl, deux mille francs; M. Otto O/i/ie- sorge, mille francs; une mention honorable est accordée ii M. A. de Suint-Germain. . , i3i:i Paix Franxoeur. — Le prix est décerné à M. Emile Barbier i.'^IÔ MÉCANIQUE. Prix extraordisvire ée six mille francs. — Progrès de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales. Le prix est partagé de la manière suivante : M. Hclîey deux mille francs; M. Hugonioi, mille francs; M. Doneaud rln Plan, mille francs; M. P/i. Hait, mille francs; M. Lticj, mille francs. i3i(i Prix Poscelet. — Le prix est décerné ix M. Henri Puittcarc i326 Prix Montyos. — Le prix est décerné à M. Amsler-Laffon i326 Prix Plume-ï. — Deux prix sont décernés à M. Bienaymc et à M. /'. Daymard lasS Prix Dalmost. — Le prix est décerné à IVI . Félix Lucas 1 33 1 Prix Fournevron. — Le prix, porté exception- nellement à trois mille francs, est décerné à M. Jean-Daniel Colladon i332 ASTRONOMIE. Prix Lalande. — Le prix est décerné à M. Thollon ,333 Prix Damoiseau. — Le concours est prorogé ii l'année i8S6. Prix Valz. — Le prix est décerné à M. Spcv- io.i:| 100 1 PHYSIQUE. Prix Bordin. — Rechercher l'origine de l'élec- tricité atmosphérique, etc. Le prix est dé- cerné à M. Edlund Grand prix des Sciences mathématioces. — Étude de l'élasticité d'un ou de plusieurs corps cristallisés, au double point de vue expérimental et théorique. Le concours est prorogé h l'année 1887 Prix Lacaze. — Le prix est décerné à IVI. Cer- nez STATISTIQUE. Prix Moxtyon. — La Commission décerne un prix à M. le D' P. de Pietra-Santa et un pris égal il M. O. Keller. Elle accorde en outre une mention exceptionnellement ho- norable à M. le D' J. Socquet, et une men- tion très honorable à M. T'. Turquan, ainsi qu'à M. le Xi' A. Cherfin CHIMIE. Prix Jecker. — Le prix est partagé. La Com- mission accorde à M. Prunier et à M. R.-D. Silva, une somme de quatre mille francs chacun, et à IVI. G. Rousseau une somme de deux mille francs Prie Lacaze. — Le prix est décerné à M. A. Ditle GÉOLOGIE. Prix Delesse. — Le prix est décerné à M. de Lapparent. Un encouragement de mille francs est accordé h M. Caraven-Cachin . . BOTANIQUE. Prix Barrier. — Le prix est partagé entre M. n. Dubois et VlU.Heckel et Schlagden- hauff'en i335 i33() i33ç) i34t .354 i3.S6 i35S i363 i433 Prix Desjiazières. — Le prix est décerné à M. Lecîerc du Sablon i366 Prix Thore. — Le prix n'est pas décerné... 1367 Prix Montagne. — Le prix est décerné à M. Patouillard 1867 ANATOMIE ET ZOOLOGIE. Prix Savkiny. — Le prix n'est pas décerné.. t368 Grand prix des Sciences phvsiqi'ES. — Étude de la structure intime des organes tactiles dans l'un des principaux groupes d'ani- maux invertébrés. Le prix est décerné à I\T. Joannès Chntin 1 3fi8 Prix Bordis. — Étude comparative des ani- maux d'eau douce de l'Afrique, de l'.^sie méridionale, de l'Australie, et des îles du (irand Océan. Le concours est prorogé .a l'année 1887 iSyi Prix da Gama Macdado. — Le prix est décerné à I\L Paul Girod 1371 MÉDECINE ET CHIRURGIE. Prix Montyon. — La Commission décerne trois prix de deux mille cinq cents francs ch.Tcun à M. Augustin Charpencier, à I\I. /..- //. Farabeuf, et h MM. J . Regrtauld ni E. ï'illejeau. Elle accorde trois mentions ho- norables de quinze cents francs chacune à MAI. E. Gafoy, P. Redard, P. Topinard^ et cite honorablement dans le Rapport les Ouvrages de MM. Moncorvo, L.-.4. Paoli, Polaillon, L.-A. de Saint-Germain, Saint- Vi'es Ménardf Ed. Retterer, de Robert de Latour, i. Thomas i3-4 Prix Brêam. — Le prix annuel est décerné à M. le D' Malle. La Commission accorde en outre trois mentions honorables de quinze cents francs chacune à M. le D' L. Rou- veret, à M. Gabriel Pouchet, à M. Emile Rifière et un encouragement de cinq cents francs à M. A. J'illters 1878 Prix Godard. — Le prix est décerné à M. E. Desnos ,383 Prix DusGATE. — Le prix n'est pas décerné. . i385 Tbix Lallemand. — Le prix est décerné à M. le D*" Grasset. Une mention honorable est accordée à M. le D' Bernard loSS PHYSIOLOGIE. Prix Lacaze. — Le prix est décerné à M. Du- claux 1 387 Prix Montyon. — Le prix est décerné à M. C.-A. Rémy, Une mention honorable est accordée a M. le D' Rouch i3i)o GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Prix Gay. — Le prix est décerné k M. le capi- taine Defforges 1391 PRIX GÉMÉRAIJX. Prix Montyon, Arts insalubres. — La Com- mission décerne à M. Cli. Girard et à M. Chamberland doux prix de deux mille cinq cents francs iSgô Prix Cuvieh. — Le prix est décerné à M. t'an Renedeu i Sgg Prix Trémont. — Le prix, élevé à la somme do deux mille francs, est partagé entre M. Rourbuuze et M. Sidot i4oo Prix Gegner. — Le prix est décerné ù ti\. P^alson i^oi Prix Petit d'Orhoy, Sciences MATnÉMATioiES. — Le prix est décerné à M. G.-H. Halphen. . i4oi Prix Petit d'Ormoy. Sciences natirelles. — Le prix est décerné à M. Sappey i^oS Prix Laplace. — Le prix est décerné à M. Coste (Émile-Gustai>e-Alfred),%OTXi le premier, en i885, de l'École Polytechnique et entré il l'École des Mines i4o5 PRIX PROPOSES pour les années 1886, 1887, 1888, 1890 el 1893. GÉOMÉTRIE. 1886. Grand prix des Sciences mathématiques. Étudier les surfaces qui admettent tous les plans de symétrie de l'un des polyèdres réguliers i4°5 1886. Prix Fbancoeur i4o6 MÉCANIQUE. 1886. Prix extraordinaire de six mille francs. — Destiné k récompenser tout progrès de nature k accroître l'efficacité de nos forces navales i4o6 1886. Prix Poncelet i4o6 1886. Prix Montyon 1407 1886. Prix Plumey 1407 1888. Prix Dalmont i4o7 1887. Prix Fourneyron. — Étude théorique et pratique sur les progrès qui ont été réa- lisés depuis 1880 dans la navigation aé- rienne.... i4"8 ( i434 ASTUONOMIE. 1886. Prix Lalande i4o8 1886. Prix Damoiseau. — Revoir la ihéorie des satellites de Jupiter, ete i4o9 1886. Prix Valz i4o9 physique. 1886. Grand prix des Sciences mathématiques. — Perfectionner en quelque point impor- tant la théorie de l'application de l'eloclri- cité à la transmission du travail i4io 1887. Grand prix des Sciences mathématiques. — Étude de l'élasticité d'un ou de plu- sieurs corps cristallisés, au double point de vue expérimental et théorique i4io 1886. Prix Bordin. — Perfectionner la théo- rie des réfractions astronomiques i4ii 1887. Prix L. Lacaze i4ii STATISTIQUE. 1886. Prix Montïon l4l2 CHIMIE. 1886. Prix Jecker i4i3 1887. Prix L, Lacaze i4i3 OÉOLOGIE. 1886. Prix Vaillant. — Étudier l'influence que peuvent avoir sur les tremblements de terre l'état géolo^'ique d'une contrée, l'action des eaux ou celle de causes phy- siques de tout autre ordre i^io 1887. Prix Delesse. — Décerné à l'auteur d'un travail concernant les Sciences géolo- giques ou, à défaut, les Sciences minéra- logiques i4i4 BOTANIQUE. 1886. Prix Barbier i4i4 1886. Prix Desmazières i4i5 1886. Prix de La Fons Mélicocq i4'5 1886. Prix Thore i4i5 1886. Prix Montagne. — Décerné aux auteurs de travaux importants ayant pour objet l'anatomic, la physiologie, le développe- ment ou la description des cryptogames inférieures i4 16 AGKICULTUKE. 1893. Prix Morogues i4i6 ANATOMIE ET ZOOLOGIE. 1887. Grand PRIX des Sciences physiques. — Étudier les phénomènes de la phospho- rescence chez les animaux 1887. Prix Bordin. — Etude comparative des animaux d'eau douce de l'Afrique, de l'Asie méridionale, de l'Australie et des iles du Grand Océan 1887. Prix Bordin. — Étude comparative de l'appareil auditif chez les animaux verté- brés à sang chaud. Mammifères et Oi- seaux 1886. Prix Tiiore 1886. Prix Savigny 1888. Prix da Gama Machado. — Sur les par- ties colorées du système tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés i4"7 >4'7 i4i8 '4i9 .419 1420 MÉDECINE ET CHIRURGIE. 18SG. Prix Montvon ,. 1420 1886. Prix Bkéant i4ai 1886. Prix Godard 1422 1887. Prix Serres i423 1887. Prix Ciiaussier i423 1890. Prix Dcsgate i423 1886. Prix Lallemand 1424 physiologie. 1886. Prix Montvon, Physiologie expérimen- tale 1424 1887. Prix L. Lacaze i425 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 1886. Prix Gay. — Recherches sur les défor- mations du niveau de la surface des mers dans le voisinage des continents, par l'effet des attractions locales dues au relief du sol i425 1887. Prix Gay. — Distribution de la cha- leur à la surface du globe i425 PRIX GÉNÉRAUX. 1886. Prix Moxtyon, Arts insalubres 1426 1888. Prix Cuvier 1426 1886. Prix Trémont i4^7 1886. Prix Gegner 1427 1886. Prix Delalande-Guérineaù 1428 1886. Prix Jean Reysaud 1428 1880. Piux Jérôme Ponti 1429 1887. Prix Peut d'Ormoy 14^9 1886. Prix Laplace i43o Conditions communes ii tous les Concours. . . . Avis relatif au titre de Lauréat de V Académie . i43i i43i ( >435 ) TABLEAU PAR ANNÉE DÉS PRIX PROPOSÉS POUR 1886, 1887, 1888, 1890 ET 1893. 1886 Grand prix des Sciences mathématiques. — Étu- dier les surfaces qui admettent tous les plans de symétrie de l'un des polyèdres réguliers. Pbix Frascoevr. — Découvertes ou travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées. Prix extraordinaire de six mille francs. ■ Pro- grès de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales. Prix Poscelet. — Décerné h l'auteur de l'Ou- vrage le plus utile aux progrès des Sciences ma- thématiques pures ou appliquées. Prix Montvon. — Mécanique. Prix Plumey. — Décerné à l'auteur du perfec- tionnement des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le plus contribué au pro- grès de la navigation à vapeur. Prix Lalande. — Astronomie. Prix Damoiseau.— Revoir la théorie des satellites de Jupiter. Prix Valz. — Astronomie. Grand prix des Sciences mathématiques. — Per- fectionner en quelque point important la théorie de l'application de l'électricité il la transmission du travail. Prix Bordin. — Perfectionner la théorie des ré- fractions astronomiques. Prix Moxtvon. — Statistique. Prix Jecrer. — Chimie organique. Prix Vaillant.— Étudier l'inQuence que peuvent avoir sur les tremblements de terre l'état géolo- gique d'une contrée, l'action des eaux ou celle de causes physiques de tout autre ordre. Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une découverte précieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique ayant rapport à l'art de guérir. Prix Desmaziêres. — Décerné à l'auteur de l'Ou- vrage le plus utile sur tout ou partie de la Cryp- ogamie. Prix de La Fons Mélicocq. — Décerné au meil- leur Ouvrage de Botanique sur le nord de la France. Prix Tiiore. — Décerné alternativement aux travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Europe, et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe. Prix Montagne. — Décerné aux auteurs de tra- vaux importants ayant pour objet l'Anatomie, la Physiologie, le développement ou la description des Cryptogames inférieures. Prix Savigny, fondé par M"* Letellier. — Dé- cerné à de jeunes zoologistes voyageurs. Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie. Prix Bréant. — Décerné à celui qui aura trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique. Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des organes génito-urinaires. Prix Lallemand. — Destiné h récompenser ou encourager les travaux relatifs au système ner- veux, dans la plus large acception dos mots. Prix Montyon. — Physiologie expérimentale. Prix G,\y. — Recherches sur les déformations du niveau de la surface des mers dans le voisinage des continents, par l'effet des attractions locales dues au relief du sol. Prix Montyon. — Arts insalubres. Prix Trémont. — Destiné à tout savant, artiste ou mécanicien auquel une assistance sera néces- saire pour atteindre un but utile et glorieux pour la France. Prix Gegner.— Destiné il soutenir un savant qui se sera distingué par des travaux sérieux pour- suivis en faveur du progrès des Sciences positives. Prix Delalasde-Gcérineao. — Destiné au voya- geur français ou au savant qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de services à la France ou à la Science. Prix Jean Reynaud. — Décerné au travail le plus méritant qui se sera produit pendant une période de cinq ans. ( 1436 ) Pnix Jérôme Ponti. — Décerné à l'auteur d'un travail scientifique dont la continuation ou le dé- veloppement seront jugés importants pour la Science. Prix Laplace. — Décerné au premier élève sor- tant de l'École Polytechnique. 1887 Prix Foi'Rseyron. — Étude théorique et pratique sur les progrès qui ont été réalises depuis iSSo dans la navigation aérienne. Grand prix des Sciences mathématiques. — Étude de l'élasticité d'un ou de plusieurs corps cristal- lisés, au double point de vue expérimental et théorique. Prix L. Lacaïe. — Décerné à l'auteur du meil- leur travail sur la Physique, sur la Chimie et sur la Physiologie. Prix Delesse. — Décerné à l'auteur d'un travail concernant les Sciences géologiques ou, à défaut, les Sciences minéralogiques. Grand prix des Sciences physiques. — Étudier les phénomènes de la phosphorescence chez les ani- maux. ' Prix Bordin.— Étude comparative des animaux d'eau douce de l'Afrique, de l'Asie méridionale, de l'Australie et des iles du grand Océan. Prix Kordin. — Étude comparative de l'appareil auditif chez les animaux vertébi-és à sang chaud, Mammilères et Oiseaux. Prix Serres. — Sur l'embryologie générale ap- pliquée autant que possible à la Physiologie et ii la Médecine. Prix Ciiacssier. — Décerné à des travaux impor- tants de Médecine légale ou de Médecine pratique. Prix Gay. — Distribution de la chaleur à la surface du globe. Prix Petit d'Ormoy. — Sciences mathématiques pures ou appliquées et Sciences naturelles. 1888 Prix Dalmont. — Décerné aux ingénieurs des Ponts et Chaussées qui auront présenté à l'Aca- démie le meilleur travail ressortissant à l'une de ses Sections. ■ Prix daGama Machado. — Sur les parties colorées du système tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Prix Cuvier. — Destiné à l'ouvrage le plus re- marquable soit sur le règne animal, soit sur la Géo- logie. 1890 Prix Dusgate. — Décerné !i l'auteur du meillour Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort. et sur les moyens de prévenir les inhumations précipitées. 1895. Prix Morogues. — Décerné à l'Ouvrage qui aura fait faire le plus grand progrès h l'Agriculture en France. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 28 DÉCEMBRE 1885. PRÉSIDENCE DE M. JURIEN DE LA GRAVIÈRE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOXS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. Tulasne, Membre de la Section de Botanique, décédé à Hyères le 22 décembre i885. M. le Président a reçu d'abord de M. le D"^ Vidal, le 22 décembre, une dépêche télégraphique l'informant de la mort de M. Tulasne; puis, le 25 décembre, une Lettre dont il communique à l'Académie les passages sui- vants : « Hyères, le 24 décembre i885, » Le mardi 22, M. Tulasne était encore bien portant; il avait accompagné un de ses amis, pendant près d'un kilomètre, sur la route qui va delà campagne qu'il habitait à Hyères; après midi, il fut frappé tout à coup d'une attaque d'apoplexie et il mourut vers 4'' sans avoir repris connaissance. 1. Vous aurez à Paris tous les renseignements sur ses travaux scientifiques; mais ce qu'on ne connaîtra jamais, c'est la somme de tout le bien qu'il a fait autour de lui. M. Tulasne vivait fort retiré à la campagne; il recevait tout le monde avec la même affabilité; mais on voyait que, pour l'intéresser vivement, il fallait lui indiquer des infortunes à soulager, et alors G. R., i885, 2' Semestre. (T. CI, N" 26.) ^86 ( i438 ) sa bonté et sa charité étaient également inépuisables. Aidé de son frère, le D' Tulasne, mort l'année dernière, il a fondé un peu paitout des établissements de charité. » On peut résumer cette existence si bien remplie, en disant qu'il fit le bien, rien que le bien, toujours le bien. » HISTOIRE DES SCIENCES. — Notice sur M. L.-R. Tiilasne et sur son œuvre botanique; par M. P. Duchartre. « L'Académie des Sciences a cette fois, elle aussi, son Année terrible. Il y a huit jours à peine, notre éminent Président rendait, en termes émus et éloquents, un légitime hommage de regrets à ceux de nos Confrères que la mort a frappés, en nombre cruellement exceptionnel, dans le cours de l'année qui va finir, et, dès le lendemain, un journal annonçait qu'une dixième perte était venue s'ajouter à celles que déjà nous avions eu à dé- plorer. Pendant deux ou trois jours, nous avons pu nous bercer de l'idée que cette triste nouvelle était sans fomlement; mais aujourd'hui le doute et avec lui l'espoir ont disparu devant une dépêche précise et en quelque sorte officielle. Il n'est donc que trop vrai! M. L.-R. Tulasne, l'excellent confrère, le savant illustre, le doyen justement honoré de la Section de Botanique, vient d'être enlevé presque subitement à ses amis qui étaient loin de redouter pour lui une fin si brusque, à la Science française dont il était l'inie des gloires incontestées. » M. Tulasne est peu connu au sein de cette Académie qui, cependant, lui avait ouvert ses portes dès le 9 janvier i854, en l'appelant à remplacer Adrien de Jussieu. Cette circonstance, qui semble difficilement explicable quand il s'agit de l'auteur de tant de grands et beaux travaux scienti- fiques, tient à deux causes différentes. Doué des qualités qui fout le natura- liste de premier ordre, d'une exactitude et d'une pénétration sans égales dans l'observation, d'iui véritable génie pour relier les faits entre eux par des lois fécondes, possédant en outre un réel talent d'exposition qui rendait ses Ouvrages aussi clairs que méthodiques, notre regretté Confrère avait, d'un autre côté, à lutter sans cesse contre luie extrême timidité dont il ne se rendait maître par moments qu'au prix de pénibles efforts; aussi ne prenait-il que très rarement la parole dans nos réunions. Sa santé chancelante l'obligeait d'ailleurs à de fréquentes absences, et dés 1864, c'est-à-dire dix années seulement après son élection, elle le força de quitter définitivement Paris, dont le climat lui était absolument contraire. Il fit alors l'acquisi- tion d'une propriété atix portes d'Hyères (Var), et je ne crois pas que, ( i439 ) depuis cette époque éloignée, il soit jamais venu reprendre sa place parmi nous. » Né le 12 septembre i8i5 à Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), M. Tu- lasne fit d'excellentes études classiques qui développèrent en lui, plusieurs de ses ouvrages en font foi, une rare facilité à écrire dans la langue de Virgile et de Cicéron. Il étudia ensuite en droit et devint avocat; mais un goût prononcé pour les Sciences naturelles, et spécialement pour la Bota- nique, le détourna bientôt de la carrière du barreau, pour laquelle, il faut le reconnaître, il manquait d'une qualité fondamentale, l'aptitude à parler en public. Il se livra dès lors avec ardeur à l'étude des plantes, et ses progrès dans cette nouvelle voie furent assez rapides pour attirer l'at- tention d'Auguste Saint-Hilaire. Ce savant, justement célèbre, qui, de re- tour de ses grands voyages au Brésil et au Paraguay, préparait ses impor- tants ouvrages sur la flore de ces vastes contrées, l'appela auprès de lui comme collaborateur pour la rédaction d'une Revue de la flore brésilienne qu'il se proposait de publier. Mais ce travail considérable ne fut pas ter- miné, et, au mois de février 1842, M. Tulasne cessa de s'en occuper pour entrer au Muséum d'Histoire naturelle, en qualité d'aide-naturaliste at- taché à la chaire qu'illustrait alors Ad. Brongniart. C'est à peu près à cette époque qu'a commencé la publication des nombreux Mémoires et Ouvrages dont il a doté la Science, puisque son premier écrit botanique date du mois de juillet i85i, et la série en a été poursuivie par lui sans interruption jusqu'à l'année i865, date à laquelle l'affaiblissement de sa santé le mit dans la double nécessité de quitter Paris et de renoncer désor- mais à tout travail suivi. » Quoique circonscrite dans cet espace d'environ vingt-cinq années, la carrière botanique de M. Tulasne a été des plus fécondes et des plus profi- tables à la science des plantes. On s'expliquerait même difficilement que, dans cette partie relativement courte de son existence, il ait pu mènera bonne fin tant de travaux de premier ordre, si l'on ne savait qu'il a eu le rare bonheur d'avoir constamment auprès de lui, dans son frère, le D'' Charles Tulasne, un collaborateur dont le dévouement et l'abnégation dépassaient les limites du vraisemblable, dont en outre l'habileté à exé- cuter les préparations les plus délicates était jointe à un art merveilleux pour en figurer l'ensemble et les détails. » C'est à l'étude des végétaux inféiieurs ou Cryptogames et, parmi eux, à celle des Champignons, que M. Tulasne a surtout appliqué ses précieuses facultés. Dans ce champ immense, non seulement il a considérablement ( i44o ) agrandi le cercle de nos connaissances, mais encore il a été un véritable réformateur et il a su poser cette branche de la Botanique sur une base nouvelle et plus solide, parce qu'elle est seule en rapport avec la réalité et l'enchaînement des faits. Jusqu'à lui, en effet, les botanistes avaient décrit comme tout autant d'espèces, souvent même de genres, toutes les formes sous lesquelles s'offraient à eux ces êtres innombrables, dont beaucoup descendent jusqu'aux limites de la simplicité de structure et presque de la visibilité, tandis que d'autres, plus complexes en organisation, prennent des proportions plus fortes et des configurations aussi étranges que variées. Suivant pas à pas un grand nombre de ces végétaux pendant toute leur existence, notre regretté Confrère a prouvé que chez eux les organes re- producteurs, loin d'être d'une seule sorte, comme on le pensait, sont, au contraire, divers; que, de plus, ceux de chaque sorte prennent naissance dans ou sur un appareil spécial, et que ces appareils eux-mêmes se déve- loppent successivement, dans un ordre déterminé. Il a montré aussi que la production de ces différents moyens de multiplication se relie générale- ment à une manière d'être, à un aspect spécial qu'offre le Champignon au moment où il leur donne naissance, et que, par suite, la création d'un grand nombre de prétendues espèces, même de genres, n'avait été basée que sur la diversité des formes sous lesquelles peut se présenter un même être aux diverses phases de son évolution. Il a établi enfin ce fait remar- quable que, si beaucoup de Champignons parasites, une fois qu'ils se sont fixés sur un végétal nourricier, ne le quittent plus et atteignent sur lui leur complet développement (Champignons monoxénes, Tul.), d'autres envahissent l'un après l'autre des végétaux différents et ne peuvent pro- duire que sur l'un ou l'autre de ceux-ci l'un ou l'autre de leurs organes reproducteurs. Ces notions fondamentales, qui n'avaient pas même été soup- çonnées jusqu'alors, ont complètement changé la face de la Mycologie. » Il serait trop long d'énumérer ici les nombreux écrits par lesquels M. Tulasne a merveilleusement élucidé l'histoire, obscure avant lui, des Champignons; il suffira, pour donner une idée de cette œuvre consi- dérable, de rappeler, entre bien d'autres : son grand Mémoire sur lesUsti- laginées, publié en 1847; ses trois Mémoires sur les appareils reproducteurs des Champignons, qui ont paru en i85i, i852 et i853; un remarquable travail dans lequel il a mis en pleine lumière l'évolution entière de l'ergot des Graminées (i853); son beau voliune intitulé Fiiiuji liypogœi, histoire et monographie des Champignons souterrains, ouvrage fondamental ( 1 85 1), dont le texte est accompagné de vingt et une magnifiques planches gravées ( r44« ) d'après les dessins du D' Ch. Tulasne ; enfin, et comme un digne cou- ronnement de l'œuvre entière, la Selecta Funcjorum Carpotocjia, vrai mo- nument scientifique, qui à lui seul mettrait son auteur hors de pair. Cet ouvrage, admirable tant pour la forme que pour le fond, comprend trois volumes in-folio, datés des années 1861, i863, i865, dont l'exécution typographique honore l'Imprimerie nationale, et dont les soixante et une planches, dues encore au D' Ch. Tulasne, sont de véritables chefs-d'œuvre d'iconographie scientifique. » L'étroite affinité, pour ne pas dire plus, qui relie les Champignons et les Lichens devait amener notre éminenl mycologue à porter aussi son at- tention sur ces derniers végétaux cryptogames. Il en a fait, en i852, l'objet d'un grand Mémoire qui contient deux cent vingt-cinq pages de texte et seize planches. Dans cet important travail, se basant sur l'examen appro- fondi de presque tous les genres de Lichens qui appartiennent à la flore d'Europe, même sur des essais heureux de multiplication par semis, il en a exposé dans le plus grand détail, en texte et figures, la structure anato- niique ainsi que les divers modes de reproduction, dont certains étaient ou inconnus (pycnides avec stylospores), ou mal connus (spermogonies avec spermaties) avant lui. C'est un fait remarquable que, dès cette époque no- tablement antérieure à la publication par M. Schwendener de la théorie algo-lichénique, il ait insisté particulièrement sur l'existence, aux pre- miers âges de ces Cryptogames, d'une formation filamenteuse analogue au mycélium des Champignons et que, d'un autre côté, il ait fait ressortir la frappante analogie qui relie les corps reproducteurs des Lichens à ceux des Champignons. » Les beaux travaux dont je viens de donner la rapide et forcément in- complète énumération avaient suffi pour faire regarder universellement M. Tulasne comme l'un des botanistes les plus éminents de notre époque; mais, homme consciencieux avant tout, il n'a pas oublié un seul instant que sa position d'aide-naturaliste au Muséum lui créait des devoirs et lui imposait des travaux d'un autre ordre que ceux vers lesquels l'entraînait son penchant naturel. Le riche herbier de ce grand établissement national renferme sans doute de nombreuses séries d'échantillons de Cryptogames dont notre Confrère s'est occupé sérieusement; mais il est aussi composé en majeure partie de très grandes collections de Phanérogames, dans les- quelles il est d'autant plus difficile d'établir d'abord et de maintenir en- suite l'ordre nécessaire que, chaque année, de nouvelles plantes, recueillies sur tous les points du globe, viennent s'ajouter par milliers à celles qui ( «442 ) déjà s'y trouvaient en masses formidables. La détermination au moins ap- prochée et le classement de ces plantes s'imposent aux aides-naturalistes comme un travail incessant, jamais terminé, qui est, à proprement parler, leur véritable raison d'être. Senleoieiit, tandis que, parmi eux, les uns n'ont en vue, en le faisant, que l'accomplissement d'un devoir fonctionnel, les autres savent y puiser en même temps les éléments d'écrits qui tournent au profit de tous et qui contribuent puissamment aux progrès de la Science. Parmi ces derniers, et j'oserais presque dire à leur léte, s'est placé M. Tu- lasne. » Elle est longue, en effet, la série des Mémoires dont il a trouvé les ma- tériaux dans l'herbier du Muséum, comparé, toutes les fois que cela était utile, avec plusieurs grandes collections de Paris et de Londres, et, il n'est pas hors de propos de le faire observer, tous ces travaux ont été publiés de 1843 à i855, c'est-à-dire pendant la partie de son existence scientifique durant laquelle il dotait la Botanique cryptogamique de ses plus nombreux Ouvrages. Pour ne pas prolonger outre mesure cette Notice déjà longue, je me bornerai à dire que, dans cet espace de treize années, il a successi- vement fait paraître deux Mémoires sur des Légumineuses américaines; quatre Mémoires sur la flore de la Colombie; des fragments en deux grands Mémoires d'une flore de Madagascar; quatre travaux distincts sur des Monimiacées, sur des Gnétacées d'Amérique, sur deux genres américains établis par Aublet sous les noms de Quiina et Poracjueiba ; sur les deux genres Ànddesma et Stilaginelta, dont il a décrit, ainsi que pour les précé- dents, un grand nombre d'espèces nouvelles et dont en outre il a discuté les affinités en parfaite connaissance de cause; enfin une monographie, en un volume in-4° renfermant seize planches, de la famille des Podostémées, petites plantes fort singulières, qui ressemblent extérieurement à des Mousses ou à des Fougères, dont la structure est remarquablement simple, mais dans lesquelles toutefois notre regretté Confrère a démontré l'exis- tence d'un embryon nettement dicotylédoné, dont la présence oblige les ranger, contrairement à leur apparence, parmi les végétaux de l'ordre le plus élevé. Grâce aux richesses accumulées, de fraîche date, dans les her- biers de Paris et de Londres, l'auteur de cet excellent Travail a pu doubler le nombre des genres et des espèces, qui jusqu'à lui étaient connus comme composant ce curieux groupe naturel. » Les études incessantes sur les Cryptogames, poursuivies en même temps que de grands travaux sur les Phanérogames, n'ont pas encore absorbé complètement l'infatigable activité de M. Tulasne. Notre labo- ( i443 ) rieux Confrère a su trouver aussi le temps d'exécuter, sans interrompre ses autres recherches, une longue suite d'observations sur l'un des points les plus importants et les plus délicats de la physiologie des plantes, je veux dire la fécondation et ses suites, en d'autres termes, la formation de l'em- bryon. Il a consigné les résultats de ses persévérantes études sur ce sujet dans deux grands Mémoires qui ont paru, l'un en 1849, ^°"^ ^^ ''^''^ ^^ • Etudes d'embryogénie végétale (117 pages, 5 planches) , l'autre en i855, sous celui de : Nouvelles Etudes d'embryogénie végétale [58 pages, 12 planches). Schleiden venait d'émettre une théorie selon laquelle l'extrémité du tube poUinique, regardé jusqu'alors comme l'agent essentiel de la fécondation, une fois arrivée à l'ovule, aurait pénétré dans la profondeur du sac embryonnaire, et là, prenant un développement spécial, serait devenue l'embryon lui-même. Frappé de la hardiesse de cette théorie, qui était en opposition avec toutes les idées reçues, et qui ne tendait à rien moins qu'à renverser la notion des sexes dans les plantes, M. Tulasne résolut de la soumettre au contrôle de l'observation rigoureuse. Ses premières recher- ches, faites principalement sur des Véroniques, lui semblèrent justifier les assertions du savant allemand; mais bientôt la vérité apparut à ses yeux, et, finalement, ce fut lui qui porta le plus rude coup à la doctrine du pollen-embryon en prouvant que, fort souvent, la masse plasmique, dont la fécondation fera un nouvel individu végétal, s'attache, sous la voûte de la cavité embryonnaire, plus ou moins loin du point où s'arrête, en der- nière analyse, le tube fécondateur. Deux corps nettement séparés l'un de l'autre ne peuvent évidemment être une seule et même chose. )) Des travaux si absorbants, si pénibles même en raison du nombre et de la difficulté des observations qu'ds exigent, poursuivis sans relâche pendant au moins vingt-cinq années, auraient pu ébranler une organisation vigoureuse; celle de M. Tulasne était faible : elle ne résista pas à l'épreuve. Déployant une grande force de volonté, notre Confrère termina la publication du grand Ouvrage qui a mis le sceau à sa gloire scientifique ; mais il sentit alors qu'il ne pouvait aller plus loin. Avec un iii»mense regret, il dit un éternel adieu à cette Science qu'il avait cultivée jusqu'alors avec une ardeur sans égale et se condamna, à l'âge de cinquante ans, à une retraite définitive. C'est ainsi qu'il a passé les vingt dernières années de sa vie, dans notre extrême Midi, loin des bruits du dehors et ne songeant guère qu'à faire du bien, beaucoup de bien, autour de lui. Menant dès lors une vie calme et tranquille, à l'abri de toute fatigue, soit intellectuelle, soit physique, sou- tenu d'ailleurs par l'influence bienfaisante d'un admirable climat, il aurait ( i444 ) pu compter encore de longues années. Malheureusement, une maladie des plus graves, à laquelle il échappa presque miraculeusement, vint, à la date de quelques années, ajouter à sa faiblesse; son état devint enfin alarmant le jour peu éloigné où lui fut enlevé son frère chéri, qui était un autre lui-même et avec qui son existence entière s'était écoulée dans une parfaite union, dans une complète harmonie d'idées et de sentiments. Réduit dès ce moment à n'être plus que comme l'ombre de lui-même, M. Tulasne a langui pendant plus d'une année, et il est mort presque subitement mardi dernier, 22 décembre, laissant dans le cœur de tous ceux qui l'ont connu de profonds regrets, dans la Science française, un vide qui ne sera jamais rempli. » ASTRONOMIE. — Sur l'étoile nouvelle d'Orion. Note de M. C. Wolf. « L'étoile nouvelle découverte à l'observatoire de LordCrawford, à Dun Echt, présente des caractères qui la distinguent complètement des deux étoiles temporaires qui ont été observées depuis l'application de la spectro- scopie à l'étude des astres. L'étoile T de la Couronne (1866) et celle du Cygne apparue en iS'jG ont toutes deux offert, au moment du maximum d'éclat, un spectre à raies noires sur lequel se détachaient un certain nombre de lignes brillantes, celles de l'hydrogène pour la première, celles de l'hy- drogène, du sodium, du magnésium et la raie verte des nébuleuses dans le spectre de la deuxième. Puis ces lignes se sont peu à peu effacées : T de la Couronne est aujourd'hui de 9*, 5 grandeur avec un spectre continu; l'étoile du Cygne ne donne plus que la ligne verte des nébuleuses, singulier exemple de la transformation d'une étoile en une nébuleuse planétaire. » L'étoile d'Orion, observée à Dun Echt, nous apporte un cas tout diffé- rent. Son spectre appartient à la classe III, section a, de Vogel; il est sil- lonné de cannelures produites par une série de bandes noires sur un fond éclairé. Ces bandes, au nombre de sept au moins, sont nettement termi- nées du côté du violet, et s'estompent en s'affaiblissant du côté du rouge. Au premier aspect, quelques-unes dans le vert et le bleu semblent se ter- miner à une ligne brillante; telle a été l'impression ressentie par M. Cop- peland, par M. Rayet et par moi-même. Avec une dispersion plus forte je n'ai j)u constater la présence d'aucune raie brillante; M. Bigourdan ne l'a pas pu davantage à l'équatorial de l'Ouest. Mais il m'a semblé, au grand télescope, que, dans les instants de meilleure vision, plusieurs des bandes se résolvaient en lignes noires. Le spectre se fait remarquer par l'éclat du ( 1445 ) rouge et de l'orangé, ce qui explique la couleur de l'étoile; mais, contrai- rement à ce qui a lieu ordinairement dans les étoiles orangées, la partie la plus réfrangible se prolonge très loin. » L'apparition subite de cette étoile ne peut être attribuée, comme celle des étoiles temporaires du Cygne et de ia Couronne, à une incandescence soudaine de masses gazeuses répandues dans la chromosphère et au dehors. Mais il est un rapprochement assez curieux qui peut nous renseigner dès maintenant sur la nature de cette étoile et la classe dans laquelle il faut pro- bablement la ranger. Son spectre est tout à fait semblable à celui d'une des étodes les plus merveilleuses du Ciel, de Mira Ceti ou o de la Baleine. Ici également nous voyons des cannelures dans toute l'étendue du spectre; et lorsque l'étoile, en 333 jours, varie de la 9* à la 4* grandeur, parfois pres- qu'à la i'*, aucune ligne brillante n'apparaît, mais, d'après M. Vogel, quel- ques-unes des bandes s'éclaircissent et se résolvent en lignes noires. » La conclusion de ce rapprochement serait donc que nous avons ici non pas une étoile temporaire, dont une conflagration imprévue a augmenté l'éclat, mais plutôt une variable non reconnue jusqu'à ce jour. Si l'on re- marque qu'au moment de son maximum d'éclat l'étoile a atteint à peine la limite de visibilité à l'œil nu, on comprendra qu'il n'y ait rien d'étonnant à ce qu'elle n'ait pas encore été signalée lors de ses maxima antérieurs. » HYDRODYNAMIQUE. — Sur le mouvement des molécules de l'onde solitaire; par M. DE S.4IST- Venant (' ). « Considérons le mouvement pris entre les instants ou les époques tz= — ce el t ^ t par ime molécule de la surface de l'eau primitivement stagnante du canal, de profondeur H, parcouru par l'onde solitaire, et appelons ^ la distance horizontale entre les situations où se trouve, à ces deux instants, la section fluide transversale dont cette molécule fait partie, et qu'on i)eut supposer s'être déplacée sans se déformer sensiblement. » Couune l'e.ai étrangère, dont la rapide projection a déterminé la for- mation de l'onde, est supposée avoir afflué à l'extrémité amont, ou en deçà de la section que l'on considère, il y a autant de fluide dans le caniil à (M Voir Comptes rendus, séances des •; et i4 novembre, p. i loi et I2i5 de ce volume. Errata. — Numéro du i4 décembre, page 1217, ligne 8 en remontant, au lieu de Sj, S„ S3, s;, s; , usez s, s,, s., s;, S'; page t2i8, ligne i, au lieu de S,, lisez S,. C. K., iS85. 2' Semestre. (T. Cl, M" 26.) 1^7 ( i446 ) partir de la seconde de ces deux situations de la molécule et de sa sec- tion qu'à partir de la première en allant vers l'aval. Or, dans la seconde situation il y a, de moins que dans la première, le prisme fluide de lon- gueur ^ et de hauteur H; mais il y a de plus (toujours par unité de lar- geur) le fluide que l'onde a superposé à celui de toute la partie aval du canal, et dont le volume est / "(r/j:, x désignant l'abscisse de la section dans sa deuxième situation, et (^ représentant, comme on a dit, les hau- teurs, répondant aux valeurs subséquentes de cette abscisse, du fluide ainsi superposé à l'eau primitive qui était stagnante. Pour la conservation, né- cessaire avons-nous dit, du volume total, on doit avoir (17) HE = 9 si l'on tait 7=/ 'Qdx. M C'est l'équation désirée de la trajectoire de la molécule si l'on exprime le second membre en fonction de ses coordonnées ï,, C Pour y arriver, prenons ç, au lieu de x, pour variable indépendante. On a (•8) £ = -- ^°" T. = T,d:;:=---^d^i- Substituons dans l'équation (id) (^ j =... de la page 121G (i4 décem- bre); divisons les deux membres par C^ et extrayons les racines carrées : nous aurons ('9) £ = \/î^^^^ °" -[h-ird[h~l)=s/yq- Intégrant et déterminant la constante de manière à avoir C = o pour q = o, on obtient (20) \/h-\/h-'C='-^^,q' » Or, si l'on fait Q = / l^x ou si l'on nomme Q le volume de l'onde entière dont la moitié est, par raison de symétrie {a" 14), la valeur de q pour l'ordonnée maxima *( = h, cette équation donne (^0V/^=^V/5l' d'où Q = /,Hy/^, d'où h='^^%. Mais la même équation (20), lorsqu'on fait passer \/7i dans le second mem- ( i447 ) bre et qu'on élève au carré, donne, en réduisant et mettant pour h sa valeur (21), l'expression (digne de remarque) (-2) ^ = 4|i7(Q-?). qui, en mettant pour le volume partiel q de l'onde sa valeur (17) HÇ, et pour son volume total Q sa valeur (21), fournit définitivement, pour l'é- quation en ^ et Ç de la trajectoire d'une molécule de la surface de l'eau, donnant bien la parabole, à axe vertical, et tournant en bas sa concavité, /h // quia une ordonnée (verticale) Ç nulle pour| = o et pour ç = 4 \/"^> ^'^" leur de sa corde ou double coordonnée horizontale d'appui, et les autres propriétés énoncées au n° 4. » Quant aux trajectoires des molécules au-dessous de la surface libre de l'eau, l'équation (6)w = y ^ du 11° 3 prouve bien que leurs ordonnées verticales sont, comme nous avons dit, avec celles Ç des molécules superfi- cielles de mêmes abscisses données par (aS), dans la proportion des di- stances Ç, au fond, de leurs origines, avec la profondeur primitive H du fluide. » Cette analyse, avec la figure que nous avons donnée, complète, comme on voit, la solution du problème, en dispensant, comme nous avons dit nous le proposer (n° 1), de recourir aux Chapitres XXVII et XXVllI (n°* 134, 152 et autres) de VEsmï [Savants étrangers, t. XXIII) sur la théorie des eaux courantes. » PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les fondions du nerf de fFrisbercj. Note complémentaire; par M. Vulpian. « J'ai relaté, dans ma Communication du 23 novembre i885 ('), les principaux traits de l'histoire clinique d'un malade, qui offrait, d'une part, une hémi-parésie du côté gauche (sauf la face) avec hémi-hypesthésie de tout ce côté et, d'autre part, une paralysie faciale incomplète du côté droit. (') Vulpian, Recherches sur les fondions du nerf de {■Viisherg [Comptes rendus, 1. CI, p. loS^). ( 1448 ) Chez ce malade, la sensibilité gustative était diminuée dans la moitié droite de la partie antérieure de la langue, conservée dans la partie posté- rieure de cette même 'moitié et diminuée dans la moitié droite du voile du palais. J'avais conclu de cette distribution de l'hypesthésie du goût que la sensibilité gustative est conférée, du moins en grande partie, au voile du palais comme à la partie antérieure de la langue par la corde du tym- pan qui est une provenance du nerf de Wrisberg. » Le malade était, le 20 décembre, à peu près dans le même état que lorsque je l'ai observé la première fois. Il est mort dans la nuit du 20 au 21 , probablement au milieu d'une attaque d'épilepsie (il n'en avait pas eu d'autres auparavant). J'avais pensé qu'il devait y avoir, dans ce cas, une lésion de la moitié droite du bulbe rachidien ou de la protubérance annu- laire. Or j'ai trouvé, à l'autopsie, une tumeur du volume d'une petite noisette, analogue jusqu'à un certain point, comme texture, à une gomme syphilitique, siégeant dans la partie supérieure de la moitié droite du bulbe rachidien et remontant par en haut, sous le plancher du quatrième ventricule, jusqu'au voisinage immédiat de l'origine réelle du nerf facial droit. Ce néoplasme devait comprimer, en les repoussant de bas en haut, les fibres intra-bulbaires du nerf facial (ce nerf examiné au microscope ne contenait que quelques très rares fibres altérées); c'est sous l'influence de cette compression que s'était produite la paralysie d'une partie du nerf facial droit et celle (incomplète d'ailleurs) de la corde du tympan du même côté. Cette tumeur avait exercé aussi une compression sur les fibres du bulbe rachidien qui servent à la transmission centrifuge des ordres de la volonté et à la transmission centripète des impressions reçues à la périphérie; d'oii l'hémiparésie et l'hémi-hypesthésie du côté gauche. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur la proverwnce réelle des nerfs sécréteurs de la glande salivaire de Nuck el des cjlandules salivaires labiales du chien. Note de M. Vulpian. « Le nerf buccal, rameau de la branche maxillaire inférieure du nerf trijumeau, innerve, chez le chien, la glande molaire supérieure, glande salivaire volumineuse, nommée encore glande de Nuc/c, du nom de l'ana- tomiste qui la découvrit en 1682, glande sous-zygornalique, glande orhitaire : c'est de ce nerf que proviennent aussi les filets nerveux qui se distribuent, chez le même animal, aux glandules salivaires labiales. ( '449 ) » On peut facilement, en écartant et relevant la commissure des lèvres (et plus aisément encore en sectionnant la joue dans toute son étendue, à partir de cette commissure), mettre à découvert l'orifice du canal de la glande de Nuck. Cet orifice se trouve sur la membrane muqueuse qui revêt la partie alvéolaire de l'os maxillaire supérieur, un peu en arrière du milieu de la seconde molaire supérieure et très près de la limite supérieure de la gencive : il est là au sommet d'une petite élevure conique qui se relie, par un repli muqueux peu saillant, à une autre élevure de la membrane mu- queuse, au sommet de laquelle s'ouvre le conduit deSténon. Le repli qui va de l'un à l'autre de ces orifices offre une direction oblique de bas en haut et d'arrière en avant; sur un gros chien, il a prés de o™,o2 de longueur. « Quant aux glandules salivaires labiales, elles sont sous-muqueuses, de dimensions variables et sont situées latéralement, pour la plupart, près de la gouttière que forme la membrane muqueuse de la lèvre inférieure en allant se continuer avec la membrane muqueuse qui revêt l'os maxillaire inférieur. Elles ont de très courts conduits excréteurs dont les orifices se voient au sommet de petites saillies qui forment deux rangées parallèles, au nombre de sept à huit dans chaque rangée. Il y a plusieurs autres orifices présentant le même aspect et placés en dehors ou en arrière de ces rangées, orifices qui correspondent à des glandules salivaires du même genre : on en aper- çoit notamment trois ou quatre au fond du cul-de-sac de la joue. » En enlevant l'apophyse zygomatique et la partie supérieure du maxil- laire inférieur (apophyse coronoïde et partie condylienne), on peut mettre à découvert le nerf buccal, près du point où il se sépare des autres rameaux de la branche maxillaire inférieure du trijumeau. On lie alors le nerf en ce point et on le coupe en arrière de la ligature, de façon à pouvoir soumettre son bout périphérique à des excitations faradiques. La faradisation du bout périphérique du nerf buccal, pratiquée avec un assez faible courant induit et saccadé [appareil à chariot (^ ), bobine au fil induit séparée du point où elle recouvre entièrement la bobine au fil induit par un intervalle de o™,i5J provoque une sécrétion abondante de la glande de INuck et des glandules sous-muqueuses labiales et de celles de la joue. Cette action du nerf buccal sur la glande deNilck est connue (-). (') L'appareil à chariot dont j'ai fuit usage dans toutes nies expériences a des bobines qui ont o", 12 de longueur. La bobine au fil induit a donc tout à fait abandonné la bobine au fil inducteur, lorsqu'elle a parcouru sur la coulisse un trajet de o^.ia. Cet appareil est actionné par une |)ile de Grenet de moyen modèle. {'-) Heidenhain, Handbuch der Physiologie, herausg. von L. Hermann, t. V, p. 38. ( i-ISo ) » Je me suis proposé de chercher si les fibres de ce nerf qui se rendent à cette glande et aux glandes labiales et qui constituent leurs nerfs sécré- teurs appartiennent en réalité an nerf trijumeau, ou si elles proviennent d'autres nerfs, par voie d'anastomoses. Pour cette recherche, j'ai répété mes expériences de faradisation des nerfs crâniens dans l'intérieur du crâne. » L'excitation faradique, faite sur des chiens curarisés et soumis à la respiration artificielle, a porté successivement sur le nerf trijumeau, sur le nerf facial et sur le nerf glosso-pharyngien. Un excitateur était placé à de- meure, sous la peau du dos; l'autre, muni d'une tige grêle, servait à fara- diser les nerfs. » La faradisation du nerf trijumeau dans le crâne, avec o'^jiS d'écarte- ment de la bobine au fil induit, n'a pas déterminé l'issue de la moindre goutte de liquide, ni par l'orifice du conduit de la glande de Nuck, ni par les orifices des glandules labiales et autres. » La même excitation, pratiquée sur le nerf facial (et le nerf acoustique) dans le trou auditif interne, a provoqué la formation de gouttes de salive au niveau de l'orifice de la glande de Nuck et des orifices des glandules la- biales. Avec un écartement de o'^jiS, il y a eu encore, dans une expérience, un très faible effet. Avec un écartement de o"", 20, il ne se montrait plus la moindre goutte de liquide sur ces orifices. » L'excitation faradique du glosso-pharyngien dans le crâne, avec un écar- tement de o™, 18, était suivie presque aussitôt de l'apparition d'une grosse goutte de salive sur l'orifice du conduit de la glande de Nuck et, quelques instants après, de la formation de gouttelettes sur les orifices des glandules labiales. 11 se produisait aussi un écoulement de salive par l'orifice du canal de Sténon. La sécrétion de toutes les glandes dont il s'agit était bien plus rapide et plus abondante que lorsqu'on excitait le nerf facial, même avec o^jiS d'écarlement. Lorsque la bobine au fil induit était écartée du point où elle recouvre la bobine inductrice par un intervalle de o'",2o, on obte- nait encore, en faradisant le nerf glosso-pharyngien, une sécrétion de toutes ces glandes. La sécrétion, dans ces conditions, était d'ailleurs plus faible: c'est la salive de la glande de Nuck qui apparaissait la première; puis, deux ou trois secondes après, on voyait poindre une goutte de salive par l'orifice du canal de Sténon, et les gouttelettes données par les glan- dules des lèvres et de la joue se montraient en dernier lieu, en commen- çant par celles qui sont à la partie postérieure de la joue. Il faut tenir compte, sans doute, dans ces résultats, du volume relatif des glandes et ( i45i ) aussi, du moins pour la comparaison entre la glande de Niick et la glande parotide, sous le rapport de la rapidité de la sécrétion provoquée, de la lon- gueur différente des conduits excréteurs. » Tandis que la membrane muqueuse de la joue et celle des lèvres et des gencives devenaient le siège d'une congestion vive sous l'influence de la faradisation du nerf trijumeau ('), ces membranes restaient pâles, lorsqu'on électrisait le nerf glosso-pharyngien. J'ai vu cependant plusieurs fois le bord des orifices des canaux excréteurs rougir sous l'influence de cette électrisation, au moment où avait lieu l'issue de la salive. » L'effet excito-sécréteur observé lorsqu'on faradisait le nerf facial me paraît devoir être attribué à une transmission du courant au nerf glosso- pharyngien par les os. Dans la plupart des expériences, j'ai constaté que l'électrisation faradiqtie du nerf facial à l'aide de courants faibles ne pro- duit aucune sécrétion ni de la glande de Nuck, ni des glaudules des lèvres et des joues. 1) 11 résulte donc de ces expériences que les nerfs sécréteurs de la glande de Nuck et des glandules des lèvres et des joues proviennent du nerf glosso-pharyngien comme ceux de la glande parotide. Comme pour celte glande, ces nerfs émanent du rameau de Jacobson. Le nerf pétreux pro- fond externe, un des filets fournis par ce rameau, va s'unir, comme on le sait, au nerf petit pétreux superficiel et se rend ainsi avec lui au ganglion otique. Tandis qu'une partie des fibres de ce filet du rameau de Jacobson, (') Dans la Communication que j'ai faite à l'Académie le 16 novembre i885 [Comptes rendus, t. CI, p. 981), sur les effets de la faradisation du trijumeau dans le crâne, je n'ai point cité toutes les recherches de MM. Jolyet et Latfont. C'est un oubli que je tiens d'au- tant plus à réparer que ces expérimentateurs avaient signalé avant moi le fait principal exposé dans la Communication susdite. MM. Jolyet et Laffont, en faradisant, sur des chiens, le nerf trijumeau dans le crâne, ont constaté en effet que l'on provoque ainsi, même en agissant sur ce nerf séparé de la protubérance annulaire, une rubéfaction intense de la mem- brane muqueuse buccale. Ils ont donc reconnu avant moi, par la faradisation du nerf tri- jumeau dans le crâne, que ce nerf contient, dés son origine, des fibres vaso-dilatatrices [ Du nerf trijumeau considéré comme nerf dilatateur type delà langue, des muqueuses nasales^ labiales supérieures et inférieures, gingivales et géniennes {Comptes rendus de la Société de Biologie, p. 356; 1879)]. La faradisation du nerf trijumeau dans le crâne produit d'ail- leurs des effets vaso-dilatateurs beaucoup moins étendus que ne l'admettent MAI. Jolyet et Laffont, lorsqu'on fait usage de courants relativement faibles, afin d'éviter la transmission de l'excitation aux nerfs crâniens voisins. Ces physiologistes avaient vu aussi que la fara- disation du nerf trijumeau dans le crâne donne naissance à une congestion de la conjonc- tive, principalement à la paupière inférieure et à une dilatation de la pupille. ( 14^2 ) après avoir traversé ce ganglion, s'unit au nerf temporal superficiel ou auriculo-tempora) et s'en sépare ensuite pour former les nerfs sécréteurs de la parotide, une autre partie des fibres de ce filet, au sortir du ganglion otique, s'anastomose avec le nerf buccal qu'elle quitte plus loin pour consti- tuer les nerfs sécréteurs de la glande de Nuck et des glandules de la lèvre et de la joue. » Le nerf glosso-pharyngien fournit donc des nerfs sécréteurs à une glande salivaire (la parotide) dont le produit de sécrétion est très fluide, presque complètement dépourvu de viscosité et a des glandes (glande de Nuck, glandules de la lèvre et de la joue), qui produisent un liquide sali- vaire très visqueux et filant. » La faradisation des nerfs qui traversent la caisse du tympan, par le procédé que j'ai indiqué, provoque, comme on pouvait s'y attendre, la sécrétion de la glande de Nuck et des glandules labiales, en même temps que la sécrétion de la glande parotide, de la glande sous-maxillaire et de la glande sublinguale : en un mot, on met ainsi en activité toutes les glandes salivaires. Il se produit, eu même temps, une vive congestion de la membrane muqueuse buccale du côté correspondant, dans toute son étendue, y compris la membrane muqueuse qui tapisse le plancher buccal et celle de la langue. » M. Heidenhain a montré que, chez le chien, après la section du nerf vago-sympathique, la faradisation du bout supérieur de ce cordon ne pro- voque pas la sécrétion de la parotide, tandis que, ainsi qu'on le sait depuis longtemps, cette faradisation exerce une action sécrétoire sur la glande sous-maxillaire. J'ai examiné l'effet de l'excitation faradique du bout supé- rieur du nerf vago-sympathique sur la glande de Nuck et sur les glandules labiales. Cette excitation détermine la sécrétion de ces glandes. La sécré- tion ainsi produite est assez active, quoique moins abondante et moins rapide que celle qui suit la faradisation du nerf glosso-pharyngien. » L'injection intra-veineuse (par une des veines saphènes, vers le cœur) d'une solution de o^'', oi de sulfate d'atropine dans une petite quantité d'eau paralyse, au bout de deux à trois minutes, le pouvoir excito-sécré- teur du glosso-pharyngien. La faradisation de la caisse du tympan ne donne lieu à aucune sécrétion salivaire. On faradise aussitôt le bout supé- rieur du nerf vago-sympathique, avec un écartement de o°',i2. Il ne sort pas une goutte de salive par l'orifice du canal de Sténon; on voit, au con- traire, sourdre une goutte de salive par l'orifice du canal de la glande de Nuck, et des gouttelettes par les orifices des glandules labiales ; mais, deux ( i453 ) minutes plus tard, !a faradisation de ce même nerf n'a plus aucune in- fluence sur ces glandes. » L'atropine paralyse donc les fibres nerveuses excito-sécrétoires four- nies à la glande de Nuck et aux glandules labiales par le cordon cervical du grand syuipathique, comme elle paralyse les filets nerveux glandulaires provenant du nerf glosso-pharyngien. Les choses se passent donc autre- ment poiH' ces glandes que pour la glande sous-maxillaire. M. Heidenhain a montré, en eff^t, que, chez les chiens atropinisés, l'électrisation du bout supérieur du nerf vago-sympathique détermine une sécrétion active de la glande sous-maxillaire, alors que les fibres excito-sécrétoires de la corde du tympan ne répondent plus aux excitations électriques. » ANATOMIE VÉGÉTALE. — Observalions sur In structuie du système vnsiulaire dans le genre Davallia et en particulier dans le Davallia repens ; par M. A. Trécul. « Le genre Davallia contient des plantes de structure très différente. Des neuf espèces que j'ai étudiées, quatre appartiennent à la section des Eudavadia, deux à celle des Leucostegia, deux à celle des Micwlepia et une à la section des Odontolonm. Je vais résumer les caractères principaux de leur système vasculaire. Déjà Mettenius avait ébauché la disposition des faisceaux de la tige des Davallia vrais, et il a signalé la constitution tnbu- lense du système vasculaire du rhizome des Microlepia et celle de plantes appartenant à d'autres genres, ce que, du reste, H. Karsten avait indiqué en 1847, dans des P/ero, Chtilanlhes, Hypolej>is, etc. En ce qui regarde la tige, mes observations concordent avec celles de Mettenius. Les frondes des Davallia cités sont distiques; il y en a un rang de chaque côté de la face supérieure de la tige, et un peu en avant de chacune d'elles, chez les Eudavallia décrits ici, mais plus près de la f.ice inférieure du rhizome, il existe un groiqje de quelques racines adventives. Le Z). elegans en a mon- tré d'autres insérées sur le faisceau inférieur dont il va être question. Un bourgeon peut exister dans chaque aisselle, lui peu de côté, ou en dehors, entre la fronde et le groupe des racines [D. canariensis). » I. Le système vascalaire des Eudavallia, que j'ai pu étudier, est établi sur un même type. H y a dans la région centrale de la tige deux faisceaux principaux, placés à quelque distance l'un au-dessus de l'autre et parallèle- ment. L'inférietu" est d'ordinaire notablement plus hirge que le supérieur. Outre ces deux faisceaux, la coupe transversale en montre d'antres plus C. R., i885, 2« Semestre. (T. CI, N° 20.) 18S ( i454 ) grêles, en nombre variable, qui sont disposés de chaque côté suivant une courbe souvent plus saillante vers la face supérieure du rhizome que vers la face inférieure. Quand on examine longitudinalement le système vascu- laire, on trouve que ces faisceaux grêles forment un réseau étendu entre l'insertion des frondes superposées. Ce réseau est relié çà et là, d'un côté avec le faisceau principal supérieur de la tige, de l'autre côté avec le fai- sceau principal inférieur. Il est relié, en outre, par en haut avec les faisceaux de la fronde, par en bas avec ceux qui donnent insertion au bourgeon et qui sont disposés comme je vais le dire. Au bas de chaque mérithalle, il y a dans la tige deux faisceaux obliques qui aboutissent au bourgeon : l'un est inséré sur le faisceau principal supérieur, l'autre sur le faisceau principal inférieur. Tous les deux peuvent donner insertion à des faisceaux du réseau placé au-dessus. S'il n'y a pas de bourgeon au- dessus d'eux, ils sont simplement unis par leur extrémité; s'il y a un bour- geon, ils y entrent : celui de ces deux faisceaux obliques qui est inséré sur le faisceau principal supérieur du rhizome donne le principal supérieur du bourgeon, tandis que celui qui est inséré sur le principal inférieur du rhizome donne le principal inférieur du bourgeon. C'es< surcejaisceau oblique inférieur subgemmaire que sont insérées, en série, très près les unes des autres, les quelques racines advenlives (souvent quatre, trois ou deux seu- lement) qui constituent le petit groupe situé au voisinage de la base de chaque fronde. » Il y a dans le bas de chaque pétïnle deux faisceaux antérieurs, qui sont les plus forts, et qui ne manquent jamais, et un, deux ou trois dorsaux, qui peuvent manquer dans les plus petites frondes, he Jaisceau antérieur de chaque pétiole, qui correspond à la face supérieure du rhizome, est inséré sur le faisceau principal supérieur de ce rhizome, quelquefois isolément (D. canaj'iensis); ou bien il a, sur ce faisceau supérieur du rhizome, une base commune avec le faisceau oblique supérieur qui aboutit au bourgeon (D. pentaphylla, slenocarpa). he faisceau antérieur de chaque pétiole, qui est tourné vers la face inférieure du rhizome, est inséré sur le faisceau prin- cipal inférieur du rhizome; et, entre son insertion et la base du pétiole, il s'anastomose par une courte branche avec le faisceau oblique subgemmùire supérieur [D. pentaphy lia, stenocarpa, cauariensis); mais dans le D. cana- riensis la branche interposée peut être supprimée; alors les deux faisceaux (l'oblique subgemmaire supérieur et le foliaire antérieur du côté inférieur) arrivent au contact l'un de l'autre et sont unis latéralement ; ils vont ensuite à leur destination respective, l'un au bourgeon, l'autre au côté inférieur de ( i455 ) la fronde. Les faisceaux tlorsaux du jîétiole, qu'il en existe un, deux ou trois, prolongent des faisceaux du réseau sous-jacent; ils sont aussi mis en relation, par de courtes branches obliques, avec la partie inférieure des deux faisceaux antérieurs ou principaux du pétiole. » Dans les D. pentaphylla, stenocarpa, elecjans, les faisceaux longitudi- naux du réseau qui couvre l'intervalle de deux frondes superposées, sui- vant les places et l'espèce, sont au nombre de deux, trois, quatre ou six; reliés les uns aux autres et avec les deux principaux de la tige par des branches obliques, ils forment des mailles généralement allongées. Dans le D. canaiiensis, les faisceaux longitudinaux de ce réseau sont au nombre de sept à huit et donnent lieu à des mailles rectangulaires plus courtes. Au-dessous de la base de chaque fronde de ce Davallia, les faisceaux du réseau sont plus rapprochés les uns des autres, et les mailles qu'ils forment sont d'autant plus petites qu'elles sont plus voisines de la base du pétiole. Dans les espèces étudiées, les faisceaux de ce réseau ont toujours leurs vaisseaux plus petits sur les deux côtés que dans leur partie iiioyenne, » J'ai dit que le pétiole des plus petites frondes peut ne pas avoir de faisceaux dorsaux; il ne possède alors que les deux faisceaux ordinairement antérieurs. Les frondes plus fortes peuvent avoir de plus un faisceau dorsal ou deux et même trois. Les deux faisceaux antérieurs ou principaux, dont le grand diamètre est parallèle aux côtés du pétiole, ont des petits vais- seaux primordiaux aux côtés antérieur et au postérieur. Les faisceaux dor- saux les ont ordinairement sur les côtés [D. canaiiensis, stenocarpa). Ces divers faisceaux se réunissent en gouttière à une hauteur très variable, et toujours la gouttière est achevée à quelque distance au-dessous des ra- meaux inférieurs du rachis. Cette gouttière s'atténue de bas en haut de la fronde; mais, en approchant des rameaux, le bord de la gouttière corres- pondant à chacun de ceux-ci s'élargit dans sa partie pourvue de vaisseaux primordiaux; puis, un peu plus haut, de ce bord élargi s'écarte une ban- delette cellulo-vasculaire, droite ou un peu courbée eu avant, qui entre dans le rameau ou pétiole secondaire, dont elle forme le système vasculaire. La lamelle ainsi produite a ses petits vaisseaux sur les deux côtés; elle se com- porte comme la gouttière primaire pour donner le corps vasculaire des divisions de troisième ordre. Ce mode de ramification du système vascu- laire de la fronde des Eudavallia cités appartient au premier des six types que j'ai décrits en 1869 ( Comptes rendus, t. LXIX, p. sog) (' ). » II. Dans les Davallia [Microlepia) Irichosticha, strigosa et dans le Da- (') Je pourrai prochainement signaler deux autres types de ramification. ( '456 ) vallia (Leucoitegia) jmmersaj la tige rampante porte de distance en distance, de chaque côté, des rameaux qui sont indépendants de l'insertion des feuilles. Au contraire, dans le Davallia (Leucostegia) Novœ Ztlandiœ, chaque rameau est inséré sur le côté inférieur de la base d'une fronde. Ces frondes sont espacées sur les côtés de la face supérieure du rhizome. Des racines adventives naissent sur la face inférieure de celui-ci et sur ses côtés; elles sont à leur base dirigées en avant. » Le système celkilovasculaire de la tige se présente comme un tube continu, ouvert seulement à l'insertion des frondes. Ces insertions alternes sont séparées par des intervalles tubuleux longs He o™,oi, o™,02, jusqu'à o™,o5. Le corps vascul.iire du pétiole consiste en une lame courbée en gouttière, qui n'occupe sur la tige que le côté externe de l'ouverture foliaire. Le côté libre de l'ouverture est remarquablement épaissi en ded.ins du tube, de fiçon que cette partie renflée n'atteint pas la base du côté inférieur du pétiole, tandis que le côté supérieur de celui-ci se fusionne avec ce renfleu^eut au sommet de l'ouverture foliaire [D. immersa). Ce renflement du tube se prolonge à quelque distance ;iu-dessous de cette ouverture, et il est à remarquer que l'écoroe est souvent aussi notablement plus large du côté de répaississement du tube vasculaire. » Le système vasculaire du pétiole forme la gouttière dès sa base. Cette gouttière profonde a les côtés fortement épaissis entre les bords et le fond. La partie épaissie de chaque côté est un peu courbée en dedans. Au con- traire, le fond de la gouttière est très mince, formant une lame ondulée, ce qui est dû à sept ou huit petites anses fermées en dehors par des vaiseaux plus étroits que les autres, lesquelles anses contiennent des petits vaisseaux primordiaux (P. trichoslicha, immersa). Un peu plus haut dans le pétiole, chaque bord épaissi de la gouttière, en produisant, par son côté externe, une lamelle infléchie vers l'intérieur, donne lieu à une anse qui devient de plus en plus profonde en montant ; la paroi antérieure ou supérieure de l'anse, formée par cette lamelle mince, simule, sur la coupe transversale, un crochet qui recouvre les vaisseaux primordiaux. Eu approchant du ra- meau inférieur du rachis, le fond de l'anse fait de plus en plus saillie au dehors. Plus haut encore, l'anse est partagée i)ar une cloison transverse; il en résulte une partie tubuleuse formée par le fond de l'anse ancienne, et une anse nouvelle qui continue celle-ci par eu haut au bord de la gouttière. En montant, la cloison s'épaissit, puis se fend longiludinalement. La nouvelle anse et le tube s'isolent. Le tube, en s'écartant, arrive au rameau du rachis dans lequel il pénètre en s'ouvrant à sa face antérieure. Il forme alors une gouttière secondaire, munie de deux petits crochets ou replis sur ses bords. ( i457 ) Dans un rameau plus fort que le rameau inférieur du pétiole, dans le troi- sième ou le quatrième, le tube du rachis secondaire s'ouvrait sur sa face an- térieure avant d'être séparé vasculairement de la gouttière primaire {D. tri- cliosticha), et la nouvelle petite gouttière née ainsi était pourvue d'un crochet de chaque côte. C'est aussi du fond de ces crochets ou replis secon- daires qu'émane le corps vasculaire des nervures médianes des lobes lamel- laires de la fronde. Ce mode de ramification appartient au quatrième des types décrits en 1869 {loc. cit.). » Dans le rachis primaire, le système vasculaire s'affaiblissant graduelle- ment de bas en haut, vers la dixième pinnule, à partir du sommet de la fronde, il n'y a plus, au fond de la gouttière, qu'un groupe de petits vais- seaux primordiaux, au lieu de sept groupes qui existent vers le bas du pé- tiole {D. tricliosticlia). La ramification s'effectue de même dans les autres espèces citées. Toutefois je dois dire que dans le D.sliigosa le système vas- culaire du pétiole, dans sa partie la plus développée, est plus faible que dans les D. trichoidclia et iminersa. Il n'y a, au fond de la gouttière, que deux petites anses avec vaisseaux primordiaux, une de chaque côté. La gouttière dans le Z?. Novœ Zelandiœ est plus faible aussi, et je n'ai trouvé sur son fond qu'un seul groupe de vaisseaux primordiaux, ainsi que dans les crochets des bords. C'est près de la base de cette gouttière primaire, sur son côté inférieur, qu'est inséré, dans cette espèce, le système vascu- laire tubuleux de chaque rameau. Deux fois, dans la très jeune tige, j';ii vu le rudiment de ce rameau plus fort que le rudiment de la fronde; mais, si l'ordre de naissance est tel, la fronde prend vite le dessus. Dans le Dicksonia nitidula, dont l'insertion du rameau est semblable, j'ai vu plusieurs fois le rudiment de la fronde prédominant dès le début. C'est par mé- garde que, dans une citation récente, je l'ai assimilé sous ce rapport au Davallia Novœ Zelandiœ. » III. T^e rhizome du Davallia [OdontolomaJ) repens, quoique ayant aussi un système vasculaire tubuleux, présente cependant une structure bien différente de celle des espèces précédentes. Les frondes sont de même bisériées sur la face supérieure de la tige, et ses racines sont irrégulière- ment unisériées sur le milieu de la face inférieure. Le corps vasculaire de la tige n'est point un tube à peu près régulièrement épaissi comme dans les dernières espèces : il présente à sa face inférieure une épaisseur considé- rable, qui occupe au moins la moitié du diamètre du cylindre cellulo-vas- culaire. A sa face supérieure, au contraire, le tube est limité par une lame vasculaire mince, formée de vaisseaux plus petits que ceux de la paroi inférieure épaisse. Sous cette lame est une moelle à peu près en forme de ( i458 ) croissant. A une assez grande distance au-dessous des frondes, la lame supérieure, faisant la voûte, se distend, puis se fend un peu de côté, de sorte que la voûte est divisée en deux parties inégales. Un peu plus haut, la plus large émet un segment qui va constituer le syhtème vasculaire du pétiole. Un peu plus loin, la voûte rompue se ferme et reprend l'aspect qu'elle avait avant l'ouverture foliaire. )) Où la tige se bifurque, il y a une fronde au-dessus de la bifurcation. Au point où le système vasculaire de la tige commence à se partager en deux, la coupe transversale montre la voûte vasculaire ouverte, et au-rles- sous le corps vasculaire principal épaissi commençant à se fendre à la fois à sa face externe ou inférieure et à sa face interne snbaiédullaire. » Là, cette face supérieure submédullaire du corps vasculaire principal en voie de division, présente sur sa partie moyenne comme deux sillons saillants longitudinaux, dont chacun est opposé au bord d'une moitié de la lame de la voûte ouverte. Une moitié de la voûte qui ne doit pas porter la fronde s'unit par son bord au sillon saillant correspondant du corps vasculaire inférieur, et complète ainsi la voûte vasculaire de l'une des branches du rhizome. Vers le point où la séparation du corps vasculaire des deux branches de ce rhizome est accomplie, le sillon de la moitié du corps vasculaire encore ouverte s'élève et tend à s'unir au bord de la lame de la voûte encore libre. C'est à cette hauteur qu'apparaît sur ce sillon surélevé la première trace de la base du pétiole. Un peu au-dessous du bord de ce sillon changé en une petite lame un peu infléchie vers l'intérieur, naît une proéminence qui, en s'élevant, preml la forme d'une gouttière libre d'un côté, fusionnée par l'autre côté avec la petite lame formée par l'élévation du sillon mentionné. Le lieu d'adhérence, d'abord mince comme la lame elle-même, s'épaissit peu à peu, puis se fend longitudinalement et la gouttière s'isole, tandis que la lame qui la por- tait va compléter la voûte delà seconde branche du rhizome. La gouttière, base du pétiole, s'oppose alors à l'intervalle des deux branches, qui sont constituées sur le même type que la tige mère. » Dans le pétiole la gouttière vasculaire a ses bords droits, oblique- ment dirigés en dehors des deux côtés. Ils sont composés de vaisseaux plus petits que ceux de la région moyenne des côtés. De plus petits vaisseaux forment aussi le fond de la gouttière. La ramification du corps vasculaire du rachis s'opère suivant le premier des types que j'ai décrits (/oc. cit.). Au-dessous des rameaux de la fronde, chaque bord de la gouttière étant dé- pourvu de crochet, la partie constituée de petits vaisseaux s'allonge, se renfle un peu à l'extrémité, puis ce petit renflement se sépare en prenant ( '459 ) la figure d'un croissant à concavité tournée vers l'intérieur ou tout sim- plement celle d'un petit groupe vasculaire cylindracé ou irrégulièrement triangulaire, à côté interne le plus long, un peu bombé, lequel va constituer le système vasculaire de la division du pétiole placée au-dessus. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — La respiration des végétaux, en dehors des organismes vivants ; par M. Ad. Chatiîî. « La Communication faite par M. Regnard, dans la dernière séance, m'a rappelé d'anciennes recherches, en rapport sinon immédiat, du moins médiat, avec celles de ce savant distingué, » Je rappelle tout d'abord que, jusqu'aux belles recherches de M. Car- reau, les physiologistes confondaient, sous le nom de respiration diurne des plantes, deux phénomènes absolument distincts, savoir : l'action chloro- phyllienne, simple phénomène de nutrition, consistant en cette décompo- sition de l'acide carbonique qu'on opposait à la respiration animale, et le véritable phénomène respiratoire, production d'acide carbonique masquée, à la lumière, par la fonction chlorophyllienne, prépondérante, pour n'ap- paraître qu'à l'obscurité, où l'on allait jusqu'à la considérer comme le résultat de l'action de l'oxygène sur des surfaces ayant perdu leur vitalité. Par d'ingénieuses expériences, depuis répétées et variées, M. Carreau ana- lysa bien les deux phénomènes, établissant que, durant le jour comme pendant la nuit, il y a production incessante d'acide carbonique, et que c'était là le véritable acte respiratoire, dès lors identique dans les végétaux et les animaux, acte masqué et comme perdu, durant le jour, dans l'acte chlorophyllien, mais isolé de celui-ci durant la nuit, comme il l'est au milieu du jour, dans les organes des végétaux (racines, fleurs, fruits co- lorés, diverses espèces parasites, etc.) dépourvus de chlorophylle. » Ces faits rappelés, et étant acquis que le phénomène chlorophyllien se produirait en dehors de la vie, il peut ne pas sembler hors de propos de remettre sous les yeux des physiologistes les observations par lesquelles j'ai établi, depuis longtemps [Bulletin de la Société Botanique de France, 1860, et Comptes rendus), que le phénomène respiratoire s'exerce très nettement par la sève sans le concours des organismes vivants. » Si l'on extrait les tissus d'une plante en choisissant de préférence ceux dans lesquels se passent les principaux phénomènes d'accroissement et qu'on peut regarder, par cela même, comme renfermant, condensés, les principes essentiels de la sève nourricière, et qu'après avoir extrait celle-ci ( i46o ) on l'introduise sous des cloches placées sur le mercure, voici ce qu'on observe : )) 1° Le vide étant maintenu, rien ne se manifeste. » 2° De l'air (ou de l'oxygène) étant introduit dans la cloche, l'oxygène est remplacé par de l'aci'le carbonique, phénomène qu'on peut accélérer en absorbant le gaz carbonique à mesure qu'il se produit. » L'action est la même quand, au lieu d'extraire la sève des organismes, en voie de formation, on introduit ceux-ci, après les avoir broyés, sous la cloche. » J'ajoute que la formation de l'acide carbonique, favorisée par les al- calis, est retardée et peut même être arrêtée par les acides. » Ayant fait la remarque que, dans mes expériences, la production de gaz carbonique paraissait être sensiblement plus rapide quand il n'y avait pas ou peu de chlorophylle en mélange, par exemple dans les opérations portant sur les jeunes racines, les boutons floraux et la sève des Orobanches, par opposition à celles ayant pour sujet les bourgeons et jeunes feuilles, les deux hypothèses suivantes se présentèrent à mon esprit, appelant la vérifi- cation expérimentale : ou la chlorophylle retardait, entravait dans une cer- taine mesure la production de l'acide carbonique ; ou la fonction chloro- phyllienne, s'exerçant en même temps que le phénomène respiratoire, le masquait en partie. Il était toutefois bien évident que l'action chlorophyl- lienne était ici bien diminuée de ce qui se manifeste dans les tissus vivants, puique, loin de prédominer, au point de l'éteindre, siu" le phénomène respiratoire, elle était ici dissimulée elle-même et comme perdue dans celui-ci. ') Une question se présentait encore : sur lesquellt^s des matières consti- tuant la sève, corps complexe, se portait principalement le phénomène de décarbonisation ? Je reconnus un grand rôle à deux matières : i° à lu sub- stance, mal définie, que je désignais provisoirement par la lettre A, matière répondant, en général, à celle que de Saussure avait désignée sous le nom d' extrac tij, laquelle est toujours incolore dans la plante vivante; a" aux substances tanniques. « J'en étais là quand, ayant à faire oublier aux botanistes de l'Académie que je m'étais trop adonné aux recherches de Chiinie, je me jetai tout ei'tier dans l'Anafomie et l'Organogénie des végétaux. Mais on peut voir que, lorsque je suspendis les études que je viens de rappeler sommairement, je touchais à cette observation de M. Regnard, que le phénomène chloro- phyllien n'est pas éteint en dehors des organismes vivants. » ( i46i ) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une nouvelle théorie déformes algébriques ( ' ). Note de M. Sylvester. « Nous avons remarqué, par parenthèse, que l'équation (i + ^-)^ - 3ta-^o indique l'existence d'une singularité au point dont les coordonnées sont les X, y sous-entendus dans t, a, b de l'équation. » Mais, pour cpie cela soit vrai, il faut introduire la restriction que x, y sont des coordonnées rectangulaires , > On peut donner le nom de réciprocant orthogonal à tout réciprocant mixte qui jouit de la propriété de rester invariable (sauf l'introduction d'une puissance de t) quand on opère sur jc et y une transformation linéaire orthogonale. Cela étant convenu, on peut démontrer facilement que le coef- ficient différentiel par rapport à t d'un réciprocant est lui-même un réci- procant ou pur ou mixte. La proposition réciproque est aussi vraie, de sorte qu'on a le beau théorème suivant : » Si R. et — sont tous les deux réciprocants, alors R est un réciprocant ortho- gonal. >) Par exemple, le réciprocant que nous avons cité plus haut a pour coefficient différentiel par rapport à « la schwarzienne 2tb — '5a^; donc c'est un réciprocant orthogonal ; et, eu effet, il exprime qu'au point {x, j), où l'équation itb — 3a^ = o est satisfaite, on peut appliquer un cercle qui aura un contact du troisième ordre avec la courbe dont x et y sont les coor- données; au contraire, la schwarzienne elle-même ne correspond pas à une singularité quelconque, car sa dérivée par rapport à t, c'est-à-dire 2Ô, n'est pas un réciprocant. » De même nous avons trouvé qu'en intégrant le réciprocant 2tc — loab par rapport à t, entre les limites tel — c — i5rt% la forme résultante sera un réciprocant et conséquemment un réciprocant orthogonal, de sorte que l'équation [i + t-)c — loaht -H i5a'= o sera la condition d'une singularité de la courbe f{j, x) ^ o qui se rap- (') /^'o(> même Tome, p. 1225. C. R., i685, 2« Semestre. (T. CI, K» 26.) I 89 ( t462 ) porle aux points circulaires à l'infini ('). Peut-être trouvera-t-on que l'inté- grale, par rapport à t, d'un réciprocant mixte quelconque, prise entre des limites convenables, conduira nécessairement à un réciprocant orthogonal. Les singularités d'une courbe peuvent être partagées en trois classes : celles de la première classe seront projectives et peuvent être définies indiffé- remment au moyen de covariants de formes ternaires ou par des récipro- cants purs; celles de la deuxième classe seront non projectives, mais n'au- ront affaire qu'avec la ligne à l'infini ; les singularités de cette classe seront exprimables au moyen de réciprocants purs, mais non pas au moyen de covariants de formes ternaires. Restent celles de la troisième classe qui non seulement ne sont pas projectives, mais sont quasi métriques en caractère, c'est-à-dire ont des rapports avec les points circulaires à l'infini; les singularités de cette classe sont signalées par l'évanouissement de récipro- cants orthogonaux. Les réciprocants mixtes, qui ne sont ni purs ni ortho- gonaux, comme celui, par exemple, de M. Schwarz, ne répondront à au- cune de ces trois espèces de singularités; mais, quoique ne servant pas à représenter une propriété invariable d'une courbe, ils serviront souvent, peut-être toujours, comme bases des réciprocants orthogonaux, c'est-à-dire qu'ils seront les coefficients différentiels par rapport à t de ces derniers. » L'échelle des prolomoi plies, aussi bien dans la théorie des réciprocants purs que dans celle des sous-invariants, joue un rôle si capital, en ce qui concerne la détermination des formes irréductibles, qu'il nous semble in- dispensable de donner une démonstration rigoureuse de son existence dans l'une et l'autre théorie. » 1° Quant aux sous-invariants, soit /l'ordre (c'est-à-dire; + i le nombre des lettres que l'on considère). Si / est pair, on connaît les formes inva- riantives «c H- . . , rte -t- . . ., «g -+- • • , et l'on peut passer au cas où / est impair. Dans ce cas, le nombre de sous-invariants du poids / et du degré 3 sera (;;3,;)-(/-i;3,;). )) Mais il faut démontrer qu'il existe une forme de ce type, dans laquelle le coefficient du produit de a- et de la dernière lettre n'est pas nul. (') M. James llammond, dont on connaît les belles et importantes découvertes dans la théorie invariantivc des l'ormes binaires, a trouvé l'intégrale de cette équation, que nous avons donnée dans un discours inaugural, prononcé devant l'Université d'Oxford, lequel va être publié dans le journal anglais Nature. ( 1463 ) » Or je dis que le nombre des formes du type supposé, qui ne contiennent pas cette lettre, sera » Mais et, évidemment, (/; 3.7- 0-(;- i; 3,/- i). f/- >; 3,/) = (/- i; 3,/-i) (/;3,/)-(;; 3,/- i) = i; car les partitions dont le nombre est (y ; 3,;') contiendront toutes les par- titions dont le nombre est ty ; 3, y — i) et en plus la partition constituée par y combiné avec des zéros. )) Conséquemment il existe un sous-invariant dont un terme sera le pro- duit de a- par la dernière des lettres que l'on considère. » 1° Quant aux réciprocanis purs de l'ordre y, nous avons déjà dé- montré qu'on peut satisfaire à l'inégalité (/ ■■,x,j) — {j-i\x + i J) > o en donnant à x une certaine valeur pas plus grande que y* — i; et, pour démontrer qu'il y aura un réciprocant pur qui contient actuellement un terme a*"~' niulliplié par la dernière lettre, on pourrait faire précisément le même raisonnement que nous avons fait ci-dessus pour le cas précédent, et, puisque excède de l'unité la valeur de (y; x,j — i) — (y; a; -h i, y — i), on conclura avec certitude l'existence d'un protomorpbe pour l'ordre/. » On peut, en général, trouver plusieurs valeurs de x qui rendent {j;x,i) — {j — \ ; X + i,j) positif; parmi ces valeurs, il est commode d'adopter, comme prolomorphe par excellence, une quelconque de celles pour lesquelles la valeur de x qui satisfait à cette inégalité est un mi- nimum. Quand la lettre la plus avancée est inférieure à h, il n'y en a qu'un seul qui réponde à cette définition. Ainsi, par exemple, siy = 5, l'inégalité {S -.x) — (4 : jr -I- i) > I donne pour x la valeur minimum x = f\ et, avec l'aide de l'anéantisseur -h {-il ad + 35 6c)S^+(28ae+56éf/-h35c=')rV, ( i464 ) OD obtient le protomorphe l\Sa^J — [^2oa-be — l\2a- cd -^ 1 1 20 ab- d — 3i5a/;c- — ii2ob^ c. Cela servira pour conduire à la connaissance de fous les réciprocants purs de l'ordre 5, dont le nombre sera au moins égal à celui des Grundformen du quantic binaire. » Dans une Communication qui suivra celle-ci, nous nous proposons de donner la théorie des réciprocants doubles ou multiples dont ceux de l'espèce pure sont précisément analogues aux invariants ou sous-invariants de systèmes de formes binaires. )) La théorie des doubles réciprocants purs comprend nécessairement, comme cas particulier, l'étude des formes qui déterminent la position des tangentes communes à deux courbes et les points bitangentiels d'une seule. > Dans la remarque que nous avons faite, dans la première Note, sur le même sujet que la Noie actuelle, à propos des réciprocants mixtes de la forme [{2tb - 'ia-)\ + [itc - hab)oi. + {itd - [^ac) + . . .]' a, nous avons affirmé que tout réciprocant pur ou mixte peut être exprimé en fonction rationnelle et, de plus (quand on fait t égal à l'unité), entière de réciprocants de cette famille; nous n'avons pas limité, comme nous aurions dû le faire, cette affirmation au cas de réciprocants homogènes : la proposition a besoin d'une certaine modification si on veut la rendre applicable au cas de réciprocants non homogènes ; mais nous ne croyons pas nécessaire d'y insister en ce moment. Seulement, il est bon de remarquer que l'existence d'une équation partielle différentielle linéaire, que nous avons trouvée pour les réciprocants /)urs, suffit à établir immédiatement que ces réciprocants seront nécessairement, et sans exception aucune, ou homo- gènes ou séparablesen parties homogènes, dont chacune sera elle-même un réciprocant. » ( i465 ) RAPPORTS. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Rapport sur une réclamation de priorité de M. Mestie, au su/et de l'intégraplie de MM. Napoli et Abdank-Abaka- nowicz. (Commissaires : MM. Bertrand, Jordan rapporteur.) « MAI. Napoli et Abdank-Abakanowicz ont présenté à l'Académie, dans sa séance du i4 septembre i885, un intégraplie au sujet duquel M. Mestre a élevé, le 28 septembre, une réclamation de priorité. 1 La Coinîiiission chargée par l'Académie d'examiner cette question a entendu contradictoirement les diverses parties en cause. De leurs expli- cations résultent les faits suivants : » Le 16 mars 1875, M. Mestre a pris un brevet pour un intégraplie de son invention reposant sur le principe cinématique suivant : » Considérons un système de trois points mobiles O, M, M' se déplaçant de la manière suivante : » 1" Le point O décrit l'axe des x. n 2° Les projections de OM et de OM' sur l'axe des x conservent une valeur constante. » 3" Le déplacement infinitésimal du point M' est à chaque instant pa- rallèle à OM, " L'ordonnée de la courbe décrite par le point M' sera, à un facteur constant près, l'intégrale de la courbe décrite par le point M. » M. Regray, ingénieur en chef de la Compagnie de l'Est, ayant reçu communication de ce projet d'appareil, résolut d'en faire construire un spécimen, dont l'exécution fut confiée à M. Napoli, inspecteur principal de la Compagnie, chargé de la direction de l'atelier de précision. ). Cet appareil a été soumis à la Commission; il présente, comparé au projet primitif, des simplifications notables. En outre, les dispositifs pro- posés tout d'abord par M. Mestre pour assurer le parallélisme de la droite OM à la tangente à la trajectoire du point M' ont été abandonnés. Celui qui leur a été substitué parait être d'une efficacité plus certaine. Cette der- nière modification, qui n'est pas sans importance, est due à M. Napoli ; les autres parties de l'appareil appartiennent à M. Mestre. » Nous devons toutefois faire remarquer que ni le principe cinématique ( 1466 ) de M. Mestre ni le dispositif de M. Napoli ne sont entièrement nouveaux. L'un et l'autre avaient déjà été employés par M. Boys dans un intégrateur qu'il a construit en i88r. » L'appareil du chemin de fer de l'Est a été terminé dans le mois de juin i885. Peu de temps après, M. Napoli offrit à M. Abdaiik-Abakanowicz de s'associera lui pour la construction d'un nouvel intégraphe. M. Abdank accepta cette proposition, qui ne pouvait l'étonner, car, lors de l'Exposition de Vienne, en i883, il avait spontanément fait des ouvertures dans ce sens à M. Napoli; mais ce dernier, occupé à d'autres travaux, n'avait puy don- ner suite à cette époque. » L'appareil issu de cette nouvelle association est celui qui a été pré- senté à l'Académie le i4 septembre; il est extrêmement soigné dans toutes ses parties et son fonctionnement ne laisse rien à désirer. M. Abdank dé- clare d'ailleurs que tous les détails de construction appartiennent à son collaborateur. S'il y a joint son nom, c'est qu'il se considère comme l'in- %'enteur du principe de l'appareil. » Il résulte en effet des pièces que M. Abdank nous a communiquées que, dès 1879, il avait résolu le problème de construire la courbe intégrale. Il nous semble toutefois que les moyens qu'il employait pour atteindre ce résultat s'écartent très notablement de ceux qui sont mis en oeuvre dans les appareils actuels. » La disposition générale de l'intégrateur de MM. Napoli et Abdank s'é- loigne beaucoup de celle de l'appareil du chemin de fer de l'Est et de celle indiquée dans le brevet de M. Mestre; mais elle présente au contraire une ressemblance marquée avec un plan dressé au mois de mars dernier dans les bureaux du chemin de fer de l'Est sur les croquis de M. Mestre. Il pa- raît d'ailleurs établi que ce plan a passé sous les yeux de M. Napoli dans les conférences où il discutait avec M. Mestre la disposition à donner à l'in- tégra pbe. » La réclamation de M. Mestre nous semble donc fondée dans une cer- taine mesure; il peut en effet revendiquer la conception générale de l'appa- reil, mais on doit attribuer à M. Napoli tous les détails de construction, et particulièrement le dispositif destiné à assurer le parallélisme. » ( «467 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Chamard adresse deux nouveaux compléments à ses Communications sur lin (' Propulseur pneumatique des aérostats ». (Renvoi à la Commission des aérostats.) M. FouGEREAC adresse un complément à son Mémoire sur la direction des aérostats. (Renvoi à la Commission des aérostats.) M. L. Vallet adresse une Note relative à l'emploi d'échalas injectés au carbolineum, pour le traitement des vignes phylloxérées. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : i*^ Un Ouvrage de M. le contre-amiral Serre, portant pour titre : « Les marines de guerre de l'antiquité et du moyen âge ». (Présenté par M. Jurieii de la Gravière.) 1° Le second Volume des « Annales de l'Observatoire astronomique, magnétique et météorologique de Toulouse », présenté par M. Faye, au nom de M. Baillaud, directeur de cet observatoire. M. Faye signale parti- culièrement à l'attention de l'Académie les travaux effectués à Toulouse sur les satellites de Jupiter, des observations de ces satellites, de mai 1879 à mai 1884, et des observations des satellites de Saturne, d'octobre 1879 à février 1884. MM. Halphen, Lccas, Doneaud du Plan, de Pietra-Santa, Amsler- Laffon, Daymard, Spoerer, Valson, Gernez, Prunier, Heckel, Appell, Charpentier, Duclaux, Schl.agdenhauffen, Lucy, Hugoniot, Emile Rarbier, O. Keller, Thollon, a. de Saint-Germain, Rouveret, Farabeuf, Ca- raven Cacuin, Grasset, Ch. Girard, H. Poincaré, Cuamberland, Re- GNAULD et Yillejean, Ditte, D. Colladon, Oi-to Ohnesorge, Paul Girod, ( 1468 ) G. RoussEAC adressent leurs remerciements à l'Académie, pour les distinc- tions dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique. M. le 3I1NISTRE DE l'Instruction publique invite l'Académie à lui pré- senter une liste de deux candidats, pour la place de Membre titulaire, ac- tuellement vacante au Bureau des Longitudes, dans la Section d Astro- nomie, par suite du décès de M. Vvon Fillarceau. (Renvoi aux Sections d'Astronomie, de Géométrie et de Géographie et Navigation.) M. le Ministre de l'Instruction publique consulte l'Académie sur un projet de formation d'une Commission spéciale, pour étudier l'affaissement du sol sur les côtes de la Manche. Voici la Lettre de M, le Ministre : « M. Quénault, conseiller général du département de la Manche, qui, depuis longtemps, étudie l'affaissement du sol dans cette région de la France, vient de me communiciuer un travail qu'il a écrit sur ce sujet, et dont il a déjà donné lecture au Congrès tenu à Blois en 1884 par l'Association pour l'avancement des Sciences. >> Dans ce travail, l'auteur rapporte un ensemble d'observations qui tendraient à con- stater, pour le canal de la Manche et la presqu'île du Cotentin, un affaissement de o'",no à i'" en trente ans. Le même fait avait déjà été indiqué pour le phare de Cordouan. Ces oscillations du sol, quand bien même les évaluations de M. Quénault seraient inexactes, sont d'ailleurs incontestables : les géologues en ont cité, pour le nord de la France, dont la date est certainement postérieure à l'occupation romaine, « M. Quénault rappelle que les gouvernements de Suède et d'Italie, aussi bien que l'Aca- démie de Hollande, ont constitué des Commissions pour l'observation continue de ces phé- nomènes. Il reproduit, à titre de document, un questionnaire rédigé par le professeur Issel, de Gênes, et destiné à prendre place dans les établissements publics qu'il peut intéresser. Jugeant que la diminution ou l'augmentation progressive du sol de la France mérite une étude persévérante, conduite avec toutes les ressources actuelles de la science, M. Qué- naidt demande que le Gouvernement français institue à son tour, en vue des mêmes recher- ches, une Commission spéciale, conformément aux vœux déjà exprimés par le Conseil gé- néral de la Manche et par les Congrès scientifiques de Cherbourg et de Blois. Placée sous le patronage de mon département, cette Commission s'assurerait au besoin le concours des agents des Ponts et Chaussées, des gardes-côtes et des instituteurs des communes situées sur le littoral. Des Rapports, fondés sur des constatations précises, multiples et indéfiniment prolongées, viendraient périodiquement déterminer l'état relatif de la mer et des côtes. >' Avant de prendre aucune décision à cet égard, il m'a paru nécessaire de consulter l'A- cadémie. . . » (Renvoi à la Section de Géographie et Navigation et à la Section de Minéralogie.) ( i469 } ASTRONOMIE. — Sur la fréquence relative des taches sur les deux hémisphères du Soleil. Lettre de M. Spœrer, présentée par M. Faye. « Bien que du commencement de 1880 à la fin de 1882 les taches se soient montrées plus abondantes tantôt sur un hémisphère, tantôt sur l'autre, l'hémisphère boréal a maintenu une certaine prépondérance. Par toutes les périodes de la rotation solaire (du n" 258 au n" 296), on a De 1880,08 à 1882,98. ( 56 p. 100 pour les taches boréales. (44 " " australes. » Puis l'hémisphère austral a eu à son tour une prépondérance décidée. Détentes les rotations de l'année i883 (n^ 297 au n" 3io), aucune n'a été fjvorableà l'hémisphère boréal. Parmi les suivantes (du n" 311 au n" 320), il s'en est présenté seulement quatre qui ont donné un excès de taches au nord; mairi ensuite, parmi les quinze périodes suivantes, de 821 à 335, la prépondérance est passée à l'hémisphère austral pour treize de ces périodes, les deux autres étant à partage égal. Voici les résultats : ' De 1882,98 à 1884,76. De 1884,76 à 1885,87. 4o p. 100 (le taches boréales. 60 >■ » australes. 3o i> » lioréales. 69 )> » australes. H II y a plus : pendant ces deux époques la marche habituelle des taches qui, vers l'époque d'un maxinumi, tendent à se concentrer dans des zones voisines de l'équateur a été altérée et a perdu quelque chose de sa régula- rité. Voici les détails de ce curieux phénomène : Périodes des rotations. 2-]6-2ÇiO. 29i-3o5. 3o6-32o. 321-335. t'ri'iiuenco sur cliaque hômisphi^re sur les zones de ;<" do largeur. I 35 I 30. 116 ■20. 79 13. ^7 m. 1 1 s. // Somme. iMoyenne latitude liélioc \ N. 27(i ) . H- '9 " ) 3 ( S. 5 16 ■4 5o 117 23 16 // 2/|, 1 ^"7 — ■9 7 i >9 ( N. ( S. // II // 10 36 55 Se. 27 lO'S lOl) 1.39 8r II 5 7 379 3i8 1 «97 + "7 17 ;î ■7 5 ( s. rt II 2 3 .4 26 89 9" 92 ■■'7 i3S 7'l 96 '7 2 347 433 \ 780 H- i3 i5 2 ) I ) i4 3 ! N. II // n i5 55 200 .45 14 4''9 iot'i + it ^ ( 1 1 , 6 / s. rt // S y^ 97 233 212 3i 6i5 ^yj l \ — 11 9 ' ( N. ( S. II II „ n 5 20 1 2 lOI ,97 192 86 119 59 55 226 498 \ 7-'4 ( - 9 12 9 ) 2 S T I 5 i88o,3i-iS8i,42 1881,42-1882,53 1882, 53-1883 ,65 1883,65-1884,76 1884,76-1885,87 C. R., i885, 2" Semestre. (T. Cl, M» '-C ) 190 ( i470 ) ASTRONOMIE. — Sur une mélhode unique pour déterminer les constantes de l'altazimut et de la lunette méridienne à grand champ. Note de M. Gruev. « M. Lœwy a introduit récemment, dans la science des observations astronomiques, la lunette méridienne à grand champ, qui permet d'observer, à un instant quelconque de sa révolution diurne, une étoile dont la distance polaire atteint jusqu'à deux ou trois degrés. » La détermination des constantes de cette lunette par une circompolaire et de l'altazimut par un nadir peut s'opérer d'après une mélhode unique, qui intéressera peut-être quelques praticiens. » 1. Constantes de la lunette méridienne à grand champ, par une circompo- laire. — Suivant le procédé général adopté dans la théorie géométrique des instruments, menons, par le centre O d'une sphère auxiliaire de rayon un, des parallèles aux droites et plans qu'il faut considérer. Ces parallèles couperont la sphère en des points et des grands cercles représentant ces droites et pians. Ainsi soient : » P le pôle de la sphère céleste, Z le zénith, E la position d'une polaire; pez le plan du cercle divisé, parallèle, par construction, au plan de colli- mation nulle; I le zéro des divisions, croissantes dans le sens^; A le pôle ouest de ce plan, représentant l'axe de rotation de la lunette. M Menons les arcs de grand cercle AP/:», AEe, AZz et posons arcPZ = ^o*"— '|i, arcAP-go" — « ou Vp — ii, angle ZPA^go"— m, arc PE = 90° — D, angle ZPE = t, angle EPA = 0, arc le = rt, arc eE = A., — arclp = a^, arc Pp = n = //„. » Rapportons la figure à trois axes coordonnés rectangulaires, savoir : » Ox passant par le zéro I du cercle divisé, généralement voisin de p; M Oy rayon de ce cercle perpendiculaire à Ox du côté sud ; » Os rayon du point A. ( i47i ) 1) Entre les coordonnées rectilignes et polaires x, j, z et m, h de E; x^, Vg, z-g et «n, hg de P, on a les relations évidentes (i) j? = cosfl cosA, y = sinrtcos^, ^ = siii^, (2) ^Tfl = cosflocos^o, jo = sinr?(, cos^o, So = sinAo, et, par suite, (3) sincS =xXg-h YYo -^ 2^0= sinZt sin^o f- cos^cos/io cos [a — rig) ou bien (4) .r^+j-/î -+-3Ç = r, enposa nt sinffi sincD siniD » Suivant la méthode d'observation de M. Lœwy, on peut mesurer, à la fois, h par le fil horaire mobile et a par le fil mobile de déclinaison. On corrige ces angles des erreurs dues à la réfraction et au défaut d'orientation rigoureuse des fils micrométriques, pour calculer x, y, z par les for- mules (i). On obtient ainsi, pour déterminer ?,ïî,Ç, autant d'équations (4) que de relevés complets [a, h) des positions successives de E. Après avoir calculé 2, Y), Ç par la méthode des moindres carrés ou de Gauchy et Villar- ceau, on aura les constantes (7„, /?„, © par les formules tangrt,, = j7 tang//„ — - sin<7„ = j cos^o, sin©= 4=-^ = ^ = où hg n'est autre chose que n. » 2. En faisant un nadir avec les fils mobiles, horaire et polaire, de la lunette, on aura le zénith, comme si l'on avait observé une étoile en Z. Désignons par a, h les coordonnées angulaires de Z, conclues d'un grand nombre de mesures; par x, y, z les coordonnées rectilignes correspon- dantes, et considérons le triangle APZ. Nous aurons les constantes ç), m par les formules sin(j) = XgXi -î- J'o Ji + -0^1 =^ sin^o sinA, -t- coshg cosA, cos(a, — «„), sin/ii = sinç sin^o -f- cosipcos/zo sin/n, ( 1^72 ) dont la dernière peut s'écrire sin/« = siii^, séco sécn — tangçî taiigw. » 3. On a l'angle 6 par la formule sin/z = MUS) s'il) Ii^ + coscD cos„ cos5, que donne l'angle EPA; l'angle x et l'ascension droite .1, de l'étoile par les formules évidenles z = Qo°-^m-H, x= - - + tp+Cp, en appelant tp l'heure, C^ la correction de la pendule sidérale au moment de la mesure de [a, h). >> Ainsi, par des mesures microméiriques de {a, h), on obtient les con- stantes ^ï^, m, n, a, tO et les variables 0, z, sans l'intervention du niveau ni de la pendule. Celle-ci est seulement nécessaire au calcul de ^l,. » 4. Constantes de t'attazinml par un nadir. — Nous n'examinerons pas si les formules précédentes fournissent, dans les applications numériques, une précision suffisante; s'il ne serait pas avantageux, à ce point de vue, de les transformer en d'autres, celles, par exemple, de M. Loewy, qui groupent, deux à deux, les observations (a, h) faites symétriquement par rapport au méridien ou au premier cercle horidre. Nous nous bornerons à faire re- marquer que les constantes de l'altazimut peuvent se tu'er de l'observa- tion du nadir, par une marche et des formules identiques à celles que nous venons de suivre, susceptibles, par conséquent, des mêmes transforma- tions, s'il y a lieu. M L'altazimut n'est autre chose qu'tni grand théodolite à lunette con- centrique qui, dans la position verticale, objectif en bas, pointe sur un bain de mercure, et dont le réticule présente deux fils rectangulaires mo- bdes, l'un perpendiculaire, l'autre parallèle au cercle de hauteur H. » Si, sur une sphère auxiliaire O, on représente ce cercle par pez, son pôle par A, l'origine de ses divisions par 1, l'axe vertical de l'instrument par P, la verticale parE, et si l'on imagine quêtez tourne autour de P 1 position de E, relative au cercle de hauteur, sera la même que si, pez étant immobile, la verticale E tournait autour de OP. Mais une telle position relative est déterminée à chaque instant par les arcs a = le, h = eE, qui peuvent se mesurer en faisant, à cet instant, un nadir avee les deux fils mobiles. a ( ^73 ) » Sans entrer dans des développements inutiles, on voit immédiatement que, par des nadirs faits à la fois avec les deux fils, pour une série d'azi- muts successifs de H, et par des formules identiques à celles des nu- méros précédents, on déterminera les quantités analogues à «o, «, cD, Q ou les constantes de l'altazimut, savoir : rt'u la lecture du point de rencontre de pez avec l'arc AP ; n l'angle Pp de H avec l'axe vertiial de l'instrument, ou bien encore le complément de l'angle des deux axes de l'altazimut; ©' l'angle PE de la verticale avec l'axe vertical; Ô' l'angle EPA, pour la lecture azimutale correspondant à un nadir ob- servé. ■) ASTRONOMIE. — Observations du bi comète Baniavd, faites à l'observatoire de Bordeaux, par MM. G. ÏI.vyet, Doublet et Flamjie. Présentées par M, Mouchez. I. — ObscH'atioit.i à l'éqiiiituridl de i\ puuces. Temps moyen Ascension Distance Étoiles Dates. de droite Log. Tact. polaire Lo[;. fact. de 1.SS5. Boi'deaux. ap|iareiite. paraît. apparente. parall. comp. Observ. hms ttms u/n Dec. 10. . lo 20. 8,3 4- 5.i5,48 — 2,673 84.39.31 ,?,'2 —0,7 M H G. Rayet. II.. g.i447i^ 4- 2.54,o3 — T,i85 84.33.19,26 — 0,753 b là. 14. • g. 32. 34,2 3.55.18,74 — 5,944 84.13.27,06 — 0,762 c Id. i5. . 10.20.40,3 3.52.38,83 — 3,735 84. 6.25,63 —0,750 « !•;. Doublet. Position moyenne des étoiles de comparaison. Étoiles Ascension Distance de droite Réduction polaire Réduction comparaison. pour j8S5,0. au jour. pour i8S5,o. au jour. hms s a ' >i II n Argelander -I- 5°, 11" 590 4- 1.42,89 -f-4,i2 84. 36. 3r, 25 — 2,42 b » n" 389 4.037,57 4-4,12 84.35.34,82 —a, 45 c » 110779 3.52.28,97 +4,1 1 84.11.16,36 —3,07 d » n' 566. • 3.51.37,68 -f-4>i' '84- 9- 8,61 —2,1g II. — Obsc/i'atio/is au cercle méridien, I Temps moyen Ascension Réduction Distance Réduction Dates. de droite il polaire à Log. tact. 1885. Bordeaux. apparente. janvier 0. apparente. janvier 0. parall. Observ. Il m s 11 m s 3 747 Flaiiirae. i5.. 10.13.48,7 3.52.43,07 — 4>'2 84- 5.3q,5 -i-2,95 — 0,746 Id. ( '474 ) » La faiblesse de la comète et la présence de la Lune ont rendu les observations de distance polaire difficiles et peut-être douteuses. » ASTRONOMIE. — Observations de la comète Fabiy, faites à l'observatoire de Bordeaux ; j)ar MM. G. Hayet et Flamme. Présentées par M. Mouchez. I. — Observations à l'équatorial de i4 pouces. Temps moyen Ascension Distance Etoiles Oates. de droite Log. fact. polaire Log. fact. de 1885. Bordeaux. apparente. parall. aiiparentc. parall. comp. Observateur léc. 2... h m s 6. q.l6,q h m s 0.37. I , 14 -1,285 68.58.53,18 -0,578 a G. Rayet. 7... 8.48.18,8 0.25. 9 , 69 -i-ï,238 69. 7.30,55 — 0,573 b 9 9... 5.55. 4,0 o.2r . 4i ïo -T,,45 69. 10.30,45 — 0,559 c » 10.. . 5.50.45, I 0.18.57,35 — 1 , l32 69. I I .45, 10 — 0,574 d » II... 5.51.34,0 0. i6.53,o3 — T,o68 69. 12.43,50 —0,565 e » .4... 6. 5.19,3 0. II . I ,34 — 2,802 69 . I 5 . 26 , 06 — o,56i f u Position moyenne des ètoihs de comparaison. Étoiles do comparaison. a Catalogue Glascow, n° 177. b Argelander -1- 20"', n" 66. c » n° 48. d » n» kk. e » n° 39. / » n» 12. Asct^nsion Réduction Distance Réduction tiroite au polaire au pour 1885,0. jour. pour 1885,0. jour. Il m s 0 33.52,38 +3,56 0 / " 69. II .33,80 -24,45 0.28.29,45 H-3,45 69.15.38,80 -24,71 0.23.34,25 -1-3.40 69.15.13,38 -24,96 0. 21 . 1 I ,27 + 3,35 69.23. 6,78 — 25,02 0. iq.59,60 + 3,35 69.11. o,5i — 25, i3 0. 7.16,76 -1-3,21 69. i3. 16, 65 — 25,66 II. observations au cercle méridien. Temps moyen Ascension Réduction Distance Réduction Date. de droite à polaire à Log. fact. 1885. Kordoaux. apparente. janvier 0. apparente. janvier 0. parall. Observât . iéc. 9. . h m s 7. 6.12,8 b m s 0.20.57 ,06 -3', 38 0 ' '/ 69 . I 0 . 2 I , 7 +25, i3 -0,555 Flamme. 11... 6.54.13,9 0. 16.49,30 -3,32 69.13. 6, 2 +25,29 — o,556 •> » lia faiblesse de la comète et la présence de la Lune ont rendu les obser- vations de distance polaire difficiles et peut être douteuses. » ( '475 ) ASTRONOMIE. — Eléments de la comète Fabry. Note de M. Gonnessiat, présentée par M. Lœwy. «c Comme nouvelle approximation, les éléments suivants ont été calculés à l'aide des observations de Paris, i" décembre; Lyon, lo, 12 et 22 dé- cembre. T,= 1886, avril 6,4553; temps moyen de Paris. w z=z 1 26 . 2 1 . 47 5 5 Q= 36..24.34,5 ^■ ;= 83. 4-58,3 logç = 9,81 i34o. Équ. et éclipt. moyens i885,o. » Ces éléments représentent les lieux moyens avec les écarts suivants : 0 décembre. 12 décembre. H-l",8 ^o",6 ^-2",9 -i",o ASTBONOMIE. — Sur (a diminution séculaire de l'obliquité de l'écliptique. Deuxième Note de M. F. Folie. (Extrait par l'auteur.) « En appliquant au calcul de l'obliquité de l'écliptique la formule que j'ai démontrée dans une précédente Note, j'ai trouvé les résultats consignés dans le Tablenu ci-dessous. » Les deux premières colonnes indiquent la date de l'observation et le nom de l'astronome; la troisième, l'écart trouvé par Laplace, en parlant d'une diminution séculaire de Sa" entre l'observation et sa formule [Con- naissance des Temps pour 181 1); la quatrième, l'écart que j'ai trouvé entre l'observation et ma formule, en partant de la valeur empirique de la dimi- nution séculaire £, =: — 0",476 -4- o", 000 18^, l'année i85o étant prise pour origine du temps : c— L. 0.— F. — 1100 Cbeou-Thongi -ha. 4i' -J-i.36,4 — 25o tratosthènes .. — 12 — 3, g + 1^3 Observation cliinoise. , . — 44 > ' — ">o 461 Tsou-Chong , — 1.0,7 — i3,6 880 Albatenius -+- 28,0 -+- 7,5 1 000 Ebn-Jounis — 24 — 3,4 1279 Cocheou-King — 20 — 6,4 1460 Regiomontanus , » +6,2 ( >47(5 ) MÉCANIQUE CÉLESTE. — Energie potentielle de deux ellipsovles qui s'attirent. Note de M. O. Callandreau; présentée par M. Tisser;ind. « Il s'agit de l'intégrale r étondueà tons les éléments dm, dm, des deux ellipsoïdes, A étnnt leur dis- tance mutuelle. n Considérons d'abord le potentiel d'un ellipsoïde homogène ayant pour demi-axes a, h, c et pour masse ni relativement à un point éloigné {jc,j-, z). En choisissant parmi les ellipsoïdes homofocaux dont il est ques- tion dans Je théorème de Maclaurin généralisé celui qui se réduit à une plaque elliptique dont les demi-axes ont pour valeurs y'è- — rt'-— rzX et y/c" — a- =r al', on trouve que le développement en série du potentiel sui- vant les puissances de }- — n- = a' A- e! c- ~ a- = a-).- résulte simplement du développement de suivant les puissances de p et y, en ne conservant que les termes qui con- tiennent des puissances paires de |3 et y et remplaçant chaque terme |3-"'y^" par 1 . 3.5...('2ffl-i). 1.3.5. ■■(2« — i) „,„ ^^„„ .^ „,„ , ,2„ _ 5.7.9. . .(2/« H- 2/? + 3) c'est la remarque indiquée par Lagrange à la page 107 du Tome I de la Mécanique analytique (édition de M. Bertrand). » Supposons que jc, j', z soient les coordonnées d'un élément din, du second ellipsoïde ayant pour axes a,, /',, c,. Il y aura à évaluer l'intégrale dm, m J sl-v' v/,r^+(j-|3)^+(z_7 ,2 étendue à tous les éléments de l'ellipsoïde. » D'après ce qui a été dit plus haut, il suffira de considérer le dévelop- ( '477 ) pement de l'expression dans laquelle x,j, - ont les valeurs z =Ç+/|3, + 7"7,, suivant les puissances de [S,, 7, [x, j, z sont les coordonnées d'un point quelconque du plan de symétrie contenant les axes b, et c\ ; ^, yj, Ç sont les coordonnées du centre de l'ellipsoïde), en ne retenant toujours que les puissances paires de /3,, 7,, et remplaçant, d'une manière analogue, r + !>-- + r- = I, P9 + r'q' + p"q" = 0, f + r + r — I, 5.7.9. . .(a/» + 2« I » La quantité sous le radical dans l'expression (i) est homogène par rapport à |, y], Ç, jS, 7, |3,, 7, et de degré - i. Lorsqu'on développera sui- vant les puissances descendantes de en substituant à Ç, ri, Ç des coordonnées polaires, on aura forcément de» termes de la forme /j, et cpi désignant des fonctions homogènes de degré marqué par l'indice. ') Jusqu'ici l'on a supposé les ellipsoïdes homogènes. En différentiant le résultat par rapport à (fl,è,c) et (rt,,/;,, 6-,), on obtiendra l'énergie poten- tielle de deux couches ellipsoïdales infiniment minces, puis, au moyen d'une double intégration, l'énergie potentielle de deux ellipsoïdes formés de couches de densités variables. » Dans tous les cas, on voit nettement l'ordre de petitesse des termes successifs : le rapport d'un terme au précédent est comparable au produit du carré d'une parallaxe par une quantité de l'ordre des aplatissements des deux corps. » M. Serrel [Mémoire sur la rotation de la Terre [Annales de l'Observa- C. R., i885, 3» Semestre. (T. Cl, N" 2C. ) '9' ( i47« ) toire de Paris, t. V)] et M. Souillart [Mouvements relatifs de tous les astres du système solaire) avaient déjà obtenu en partie le résultat précédent. Les indications de M. Tisserand, dans son Cours à la Sorbonne, m'ont engagé à revenir sur le sujet. » Le développement algébrique des composantes de l'attraction se fera commodément en suivant la méthode ci-dessus. 11 est à noter qu'on aura à développer des expressions réductibles à celle-ci _^ [i — 2njc — zby -h a'- -^ b-) - suivant les puissances de a et b. M. Hermite s'en est occupé dans le Mé- moire Sur quelques développements en série de fonctions de plusieurs variables (Comptes rendus, t. LX). » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les Jonctions doublement périodiques de troisième espèce. Note de M. Appell, présentée par M. Hermite. « Les fonctions doublement périodiques de troisième espèce, qui sont méromorplies, peuvent se mettre sous la forme d'un produit de fonctions 0 divisé par un produit de fonctions©. Quand il y az/j fonctions e de plus au dénominateur qu'au numérateur, on peut, d'après une méthode que j'ai eu l'honneur d'indiquer précédemment {Comptes rendus, 17 décembre i883), et que j'ai développée dans deux Mémoires insérés aux Annales de l Ecole Normale en 1884 et i885, décomposer la fonction en éléments simples de la façon suivante. Soit F (s) la fonction considérée, cette fonc- tion étant ramenée à vérifier des équations de la forme F{z + 2R) = F(--), F{z -H 2/K') = e~^~F(z); appelons a, b, ..., l les pôles supposés simples que cette fonction possède dans un parallélogramme des périodes, A, B, . . ., L les résidus correspon- dants. Soit posé, d'autre part, // ^ -t- X X-(^.j)=i 2 '^ ' ?""""-" cot^(.r-jr-2mK'). « Alors on aura la formule de décomposition en éléments simples ( i479 ) Dans cette formule, les résidus A, B, . . ., L ne sont pas arbitraires ; ils sont liés par m relations linéaires homogènes. » Considérons maintenant une fonction ^{z) de troisième espèce con- tenant m fonctions© de plus au numérateur qu'au dénominateur et ramenée à vériBer les relations m -K z i cî.(s + 2K) = (Ii(z), + 2/R') = e "^ G{z]. n Cette fonction G^:;) est donc une fonction linéaire homogène à coeffi- cients constants de ;?i fonctions particulières, vérifiant ces mêmes relations, par exemple des fonctions VTT r ( _— ftiriTZZi cr['/"{z) = e'^ \ e ■* q">"("- 1) <-^"' (v = o,i,2, m - i), et l'on a ) III- 1 ' G(» = x„g;:"'(-) + A.«';"'(='^+--'+^'"-8'' » Pour déterminer la partie entière G{z), il suffira de déterminer les 77/ coefficients constants ^o, X,, . . ., X,„_,. Voici quelles sont les valeurs de ces coefficients. » Dans une certaine bande du plan, qui contient le côté PQ du parallé- logramme des périodes, la fonction $( = ) est développable en une série d'exponentielles, par la formule de Fourier 4> riTZ'- rt l'on a ( i/|«o ) X, = A,, ^;n-l — A^ » Dans les formules de décomposition ci-dessus écrites, j'ai supposé tous les pôles simples. Si certains de ces pôles étaient multiples, il faudrait, comme dans toutes les formules du même genre, introduire les dérivées de l'élément simple par rapport au paramètre. M f.a démonstration de la formule de décomposition que je viens d'in- diquer et son application à des exemples feront l'objet d'un Mémoire, qui paraîtra prochainement dans les J anales de l'Ecole Normale. Le mode de démonstration est celui que M. Hermite a employé pour établir la formule de décomposition en éléments simples des fonctions elliptiques. On peut aussi obtenir les valeurs de).„, X,, ..., )„,_,, par la comparaison des déve- loppements des deux membres de la formule (q) par la série de Fourier. » ÉLECTIUCITÉ. — Sur les ejjelsde la machine rhéoslali(^ue de quantité.' Note de M. Gaston Planté, ' « Jjà fig. I représente la dernière disposition que j'ai adoptée pour la machine rhéoslatique (le quantité. Tandis que, dans la machine rhéoslatique Fi s- '• (le tension, les condensateurs à lame de mica sonl successivement associés en quanlilé penijant la charge et réunis en tension pendant la décharge, dans l'appareil dont il s'agit ici, les con lensUeurs restent associés en quan- tité pendant la charge et la décharge. Séparés par des plaques minces d'ébc>nite,ils forment une pile verticale, disposée au-dessous d'un commu- ( i48. ) tateiir qui peut être animé d'un mouvement rapide de rotation et réunit alternativement ces condensateurs, soit avec la batterie secondaire de huit cents couples, employée pour les charger, soit avec les branches d'un exci- tateur on de tout autre appareil destiné à être traversé par les décharges. » J'ai déjà énuméré quelques-uns des phénomènes particuliers produits par le courant sut generis qui résulte de cette série continue de décharges Fig. 2. de condensateur.-,, rechargés sans cesse avec une grande rapidité par ime source d'électricité voltaïque de haute tension. Mais, parmi les effets les plus remarquables, je citerai celui que j'ai observé dans les conditions sui- vantes : » Si l'on fait déboucher le courant provenant de cet appareil à la surface d'un liquide conducteur, tel que l'eau salée, paruntil métallique introduit dans un fragment de tube capillaire de o'",o3 seulement de longueur, et { i482 ) s'arrêtaiit à o™,oo2 ou o^jOoS de l'extrémité du tube plongée dans le liquide, de manière à limiter ainsi dans un espace exigu la quantité de matière soumise à l'action directe du courant, il se produit un véritable jet d'eau continu, formé de gouttelettes extrêmement fines qui s'élèvent à plus de i" de hauteur [fiçj. 2). » Le passage des étincelles par le tube immergé dans le liquide est accompagné de chocs Violents, ainsi que d'un bruit [très intense ; la force mécanique en jeu" dans cet étroit espace est si considérable, qu'elle déter- mine quelquefois la rupture du bassin en verre dans lequel se fait l'expé- rience. » Si le pôle qui débouche dans le tube est positif, l'autre électrode étant entièrement plongée dans le liquide, le jet d'eau se produit également, mais s'élève à une moindre hauteur que si ce pôle est négatif. » Lorsque l'électrode aboutit simplement à la surface du liquide, sans que son extrémité soit renfermée dans un tube de verre qui l'isole partielle- ment, le liquide n'est projeté qu'à ime hauteur de o™,5o environ, mais forme une gerbe de gouttelettes plus grosses, et le vase dans lequel se fait l'expérience se trouve bientôt presque entièrement vidé, par cette projec- tion en dehors du liquide qu'il contenait. » Enfin, si, renversant la disposition de l'appareil, l'extrémité du petit tube capillaire, près de laquelle se termine le fil, est tournée vers le haut, au lieu de plonger dans le liquide et maintenue simplement humectée par de l'eau salée, l'autre électrode touchant d'ailleurs la partie supérieure du tube, l'étincelle produite et constamment renouvelée affecte la forme d'une flamme irrégulière, accompagnée d'une bruyante crépitation, due à la fois à la pulvérisation mécanique de l'eau, à la détonation des gaz prove- nant de sa décomposition, et à la combustion du sodium mis en liberté. » L'expérience représentée {fig. 2) imite d'une manière frappante l'effet du coup de foudre extraordinaire de Ribnitz que nous avons déjà cité ('), et pendant lequel un jet d'eau, partant du sol inondé par la pluie, s'est élancé sur le trajet même d'un éclair, et a pénétré dans une habitation par le trou étoile que cet éclair avait percé dans le verre d'une fenêtre. » Ces expériences expliquent aussi comment lorsqu'une trombe, forte- ment chargée d'électricité au point de manifester des effets lumineux ou des globes de feu à son extrémité, vient à atteindre la surface de la mer, il peut se produire tout autour une abondante gerbe d'eau pulvérisée, et i ■•'•'■ 'li pn li!! Il (') Comptes rendus, t. C, p. i3'î8 e\. Zeitschrift /tir Elektrotecknik, l5 mai i885. ( i4H3 ) quelquefois une ascension de l'eau le long du corps nuageux ou dans l'in- térieur même du canal vaporeux de la trombe. » ÉLECTRICITÉ. — Sur une application du principe de la transmission de la force à distance au moyen de l'électricité. Note de M. Manceron, présentée par M. le général Favé. i< Dès 1873, une expérience bien connue, exécutée à l'Exposition de Vienne par M. H. Fontaine, avait démontré la réversibilité de la machine Gramme, et mis en lumière pour la première fois le principe de la trans- mission de la force à distance par l'électricité. Cette découverte a reçu déjà de nombreuses applications : l'intérêt avec lequel ont été suivis les essais faits à Munich et à Grenoble, aussi bien que ceux qui se font actuel- lement à Creil, montre l'importance qu'on attache aux progrès accomplis dans cette voie. » L'expérience de 1873 avait eu un grand succès de curiosité, mais c'est en 1876 seulement que fut réalisée la première utilisation pratique de ce principe aujourd'hui si fécond. C'est dans un des établissements de l'artil- lerie, à l'atelier de précision de Saint-Thomas-d'Aqûin , placé sous les ordres du président du Comité de l'arme, que fut faite cette application. » Cet atelier, qui est chargé spécialement d'établir les étalons de mesure et tous les instruments de vérification et de contrôle destinés aux fabrica- tions si variées de l'artillerie, possédait une machine à diviser automa- tique très précise, livrée par la maison Dumoulin-Froment et nuieaumoyen d'un moteur électrique Froment et d'une pile. La machine ne fonction- nant qu'à des intervalles irréguliers, ou était obligé, chaque fois qu'on voulait s'en servir, de procéder au montage et au démontage des piles, dont l'entretien présentait en outre de graves inconvénients. M. le capi- taine Manceron, attaché à l'atelier de précision, proposa de remplacer la pile par une machine électrique, mise en mouvement dans l'atelier même, et dont le courant viendrait actionner à distance le moteur Froment. M. Niaudet, de la maison Breguet, avec une obligeance parfaite, voulut bien mettre à la disposition de cet officier une petite machine Gramme à aimant Jamin : l'essai ayant été couronné de succès, les piles furent dé- finitivement mises de côté. » A quelque temps de là, une machine à diviser circulaire, conduite à la main, fut transformée et disposée comme la précédente; un second moteur devenant alors nécessaire, on fil l'acquisition d'une machine Gramme ( i484 ) dynamo-électrique, qui devait d'ailleurs servir à d'autres applications; la machine à aimant Jamin, de génératrice devint récepltice. » La seconde de ces deux machines à diviser est installée dans une pièce qui dépend de l'atelier; la première, de laquelle on réclame plus de ri- gueur, a été placée dans un bâtiment séparé, afin d'être autant que pos- sible à l'abri des trépidations. Le circuit n'a guère que 200"". ') Un rhéostat, à l'aide duquel on peut faire varier l'intensité du cou- rant, accompagne chaque moteur et permet de régler à volonté sa vitesse. La force à transmettre est faible, le travail utilisé est d'environ l'^s", mais l'emploi de l'éleclricité a donné, dans ce cas, une solution commode d'un problème délicat. » Celte installation n'a pas été modifiée depuis l'époque à laquelle elle a été faite. Elle a été signalée pour la première fois dans un article de M. Niaudet, inséré en 1879 dans un journal d'électricité (' ) publié à Mu- nich par le D'^Carl, professeur de Physique à l'Académie militaire de cette ville. L'auteur de l'article, en demandant des renseignements à ce sujet, écrivait le 5 juillet 1879 : « Ces renseignements ont aujourd'hui tsne valeur que je dirai historique. Dans peu d'années, d'innombrables et itnmenses applications seront faites : il est d'une importance grande, à mon avis, de constater que les officiers de l'artillerie française ont précédé le inonde industriel tout entier dans cette voie féconde. » » Sans soidever ici une question de priorité, que l'Académie nous per- mette seulement de constater une fois encore devant elle que l'Artillerie est toujours attentive à réaliser les progrès, dès qu'elle en trouve l'oc- casion. » CHIMIE. — ÀjtpUcalion des lois numériques des équilibres chimiques à la dis- sociation de l'hydrate de chlorure. Note de M. II. Le Cuatelier, présentée par M. Daubrée. « I^a formule que j'ai proposée dans une récente Communication (-), pour exprimer la loi générale des équilibres chimiques, prend, dans le cas (') Zeitsc/tri/t fiir angeivandte Elektricitàtslehre , herausgegeben von D'' Ph. Cari, Professorder Physik an dcr kiuiij^l. Kriegs-Akademie in Miinchen. I ^) Depuis la publiLulion de cette Note, j'ai reçu de M. van t'Hoff un Mémoire venant de paraître dans les Annales néerlandaises, où ce savant établit la même formule et donne de plus une méthode très élégante pour le calcul des coeflicients dans le cas des systèmes liquides. ( t/,85 ^ des systèmes gazeux, la foiine très simple dp , dp' ,, dp" Q o dX on , p"n"' ... r Q o «i /7,yy, />", pressions du gaz intervenant dans l'équilibre ; «, n', n", nombres des poids moléculaires de chaque gaz figurant dans l'équation de la réaction chimique; Q, quantité de chaleur dégagée par la réaction des n. n', n", . . . poids mo- léculaires ; T, température absolue. » Cette formule se confond avec celles de MM. Lemoine, Gibbs, Horts- mann, van t'Hoff dans tous les cas où ces dernières sont d'accord entre elles, et par suite convient aussi bien pour représenter les expériences peu nombreuses qui ont été faites jusqu'ici sur les systèmes homogènes eu équilibre. Plutôt que de répéter ce travail de vérification a posteriori, peu concluant en réalité, à cause du |)eu de précision que comportent les expé- riences de cette nature, j'ai pensé qu'il serait plus intéressant d'employer ma formule à la prévision de faits nouveaux et de soumettre au contrôle de l'expérience les conclusions ainsi formulées rt priori. » C'est ce que j'ai fait pour l'hydrate de chlore Cl", ^^H-O". La loi d'é- quilibre formulée plus haut, qui établit une relation entre les corps gazeux Cl et HO, intervenant dans l'équilibre, montre que, contrairement à ce que l'on admet aujourd'hui comme évident, la tension des dissociations de ce composé et des composés analogues n'est pas constante à une température donnée, mais doit varier avec la condition de l'expérience. L'objet de la présente Note sera de doinier la démonstration expérimentale de ce fait. » Les constantes « et Q de la formule peuvent être déterminées direc- tement. Le nombre n de molécules d'eau combinées à une molécule de chlore dans l'hydrate solide a été déterminée par divers savants qui lui ont assigné des valeurs variant de4 ^ '2- Les expériences de M. Roozboom, qui paraissent mériter le plus de confiance, donnent n =; 8. » La chaleur de formation de l'hydrate de chlore n'était pas connue; j'ai cherché à la déterminer en mesurant la chaleur de dissolution de ce corps dans l'eau. J'ai trouvé à la température de 5", pour Cl', nll-Q- — i^*^"', ce qui donne, en tenant compte de la chaleur de dissoiiilion liu chlore, C. r,., iSS5, a" Semestre. (1 . Cl, N» 2C.) '9^ I i486 ) fixée par M. Derthelot à 3< "', Cl' + SH'O' liquide + i 7'=''' CI- + 8H-0- vapeur -f 109.'^^' » En introduisant la valeur de 71 et de Q dans la formule, il vient , ,„ f' 102 o^T 'ogP-/' - j^ ^754;, ^73 - = const. )) La valeur considérable de l'exposant de la tension de la vapeur d'eau exige qu'à de très faibles variations dans la valeur de cette tension corres- pondent des variations énormes dans celle du chlore ; ainsi à zéro une va- riation de o"",! du mercure dans la tension de la vapeur devrait entraîner une variation de 40™" dans celle du chlore. La constatation du phénomène doit donc èlre très facile, mais par contre la vérification numérique delà formule n'est pas possible, parce qu'on ne saurait mesurer avec une préci- sion suffisante la tension de la vapeur d'eau. » Dans les conditions habituelles des expériences, la tension de dissocia- tion de l'hydrate de chlore paraît constante, parce que l'on opère en pré- sence de l'eau pwre (en négligeant la petite quantité de chlore dissous), dont la tension de vapeur est fixe à une température donnée; il doit dans ce cas, d'après la formule, en être de même pour celle du chlore, et par suite aussi pour la tension de dissociation, qui est la somme des deux. Mais, si l'on fait varier la tension de vapeur de l'eau à température constante, ce qui s'obtient facilement en y dissolvant un corps étranger, on voit immé- diatement la tension des dissociations de l'hydrate se modifier rapide- ment. Il Le Tableau suivant montre les résultats que j'ai obtenus en mesurant la tension de dissociation de l'hydrate de chlore, au contact de dissolutions de chlorure de sodium et d'acide chlorhydrique : Tension de dissociation. Dissolution de H Cl liinpeiatiirc'. Eau piu-c. kmiK' dans i''^ ■ihiK' dans i'". Slin', fi dans 1' niiii o 247 373 >' 340 9. 307 452 » 4''^ 3,8 4 3c)5 570 ■> 5oo () 495 » •■ 6i.'> 7 9^^ 77" Dissolution de NaCI. !0()B' dans i''^ ■>(n)f''' dans I 375 .• 452 u D 770 570 •' » » 770 u ( ilH? ) » Les nombres obtenus avec l'eau pure sont très voisins de ceux de M. Isarabert, et identiques avec ceux de M. Roozbooin. Dans mes précé- dentes recherches sur l'hydrate de chlore ('), j'avais trouvé des tensions plus fortes, dues à ce que j'avais opéré en présence d'une dissolution d'acide chlorhyiirique, ne soupçonnant pas alors que la nature du liquide au contact des cristaux d'iiydrate de chlore pût avoir une influence sur sa tension de dissociation. Ce fait ne modifie en rien les conclusions que j'avais formulées; leur exactitude a été vérifiée du reste par M. Roozboom, qui a répété mes expériences en présence de l'eau pure et les a étendues aux hydrates de brome et d'acide sulfureux. Cet accord des résultats obtenus dans des conditions différentes provient de ce que toutes les courbes de tension de dissociation de l'hydrate ont la même équation différentielle, à condition d'opérer en présence de dissolutions dont la chaleur de dilution soit négligeable. L'équalion que j'avais donnée comme conséquence immédiate du second principe de la Thermodyna- mique peut se déduire aussi de la formule plus générale proposée ici, en retranchant huit fois l'équation relative à la vapeur d'eau saturée, ce qui donne dp 17 o dz p o,t)42 T- o. » Les considérations que je viens de développer s'appliquent immédia- tement à tons les hydrates des corps gazeux et à un grand nombre d'autres composés, parmi lesquels je citerai les bicarbonates alcalins, que j'étudie en ce moment. » CHIMIE MliNÉRALE. — Aclion de quel(jues réducteurs sui' Vacide vunadique. Note de M. A. Ditte, présentée par M. Debray. « L'acide vanadique, soumis, à une température élevée, à l'action de substances réductrices, peut, selon les circonstances, perdre une quantité plus ou moins grande d'oxygène. » Action de lliydrocjène. — Quand on fait agir ce gaz sur l'acide jaune pulvérulent qui provient de la calcination ménagée d'un hydrate vanadique, on observe des résultats qui diffèrent avec la température de l'expérience ; à 100° aucune réaction ne se manifeste même après plusieurs heures; à [\[\o° la réduction est lente : l'acide vanadique devient d'abord bleu en se transformant en acide hypovanadique, puis ce dernier, réduit à son tour, (') Comptes rendus, i5 dàeiubre 1884. ( i48« )■ devient une [joutlie veii foncé qui ne change plus de poids, quelle que soit la durée de l'expérience: c'est de l'oxyde vanadeux YO'. On arrive au même résultat, mais plus rapidement, en opérant au rouge sombre. » Le vanadate d'ammoniaque calcaire en vase clos se décompose, et l'acide vanadique se trouve soumis à l'action des gaz réducteurs provenant de la destruction de l'ammoniaque, c'est-à-dire de l'hydrogène; il se forme encore île l'oxyde vanadeux VO', mais on ne peut l'obtenir ainsi tout à fail pur: on ne peut empêcher complètement l'accès de l'air dans le creuset, et, pendant le refroidissement, de l'oxygène est absorbé avec formation d'un peu d'acide hypovanadique; nous étudierons plus lard la dissociation de cet oxyde. » Si l'on fait passer à /^o" un courant d'hydrogène sur de l'acide vana- dique fondu et pulvérisé, la réaction reste incomplète, car le gaz réduc- teur ne pénètre pas à l'intérieur des j)etits fragments d'acide fondu; ceux-ci deviennent bien verts, mais ils ne sont transformés qu'a la surface. Du reste il ne faut pas espérer, dans cette opération, arriver à de l'oxyde vanadeux pur, si l'acide vanadique fondu employé n'est pas tout à fait exemjjt d'acide hypovanadique, si ()ar exemple il provient delà calcination à l'ail' du vanadate d'ammoniaque, cas auquel, au lieu d'étie en aiguilles rouges et transparentes, il est plus ou moins bleuâtre, comme je l'ai dit dans ma Note du 12 octobre dernier. Un tel acide ne perdra pas la quantité d'oxygène théorique qui correspond à sa transformation en oxyde vana- deux: il renferme en effet un oxyde particulier que l'hydrogène ne réduit pas dans ces circonstances. » Cet oxyde intermédiaire peut être obtenu, sjit en calcinuit à l'air du vanadate d'ammoniaque jusqu'à ce que le résidu soit piesque entière- ment fondu, soit en chauffant une certaine quantité de l'oxyde qui pro- vient de la calcination en vase clo-. du vanadate ammoniacal, avec un excès d'acide vanadique. On fait bouillir la matière refroidie avec de l'ain- uîoniaque étendue de son volume d'eau, qui dissout rapidement l'acide vanadique; ou renouvelle l'aininoniaque plusieurs fois, et l'on arrive à une substance que l'ain noniaqiie ne disso it plus que très difficilement. Ce sont de betlesaiguilles brillantes, ou des cristaux plus petits, bleu foncé, brillants, et jjrésentant l'éclat des cristaux de silicium; c'est un oxyde saiin dont la formule est V^O" = 'VO* VO' » Cet acide est cependant attaqié, mais avec une lenteur extrême, par l'ammoniaque concentrée et chaude qui est capable de s unir à ses deux éléments, en donnant, grâce à l'intervention de l'oxygène de l'air, du vanadate d'ammoniaque. 1^'acide azoticjue bouillant ne l'oxyde que très ( '489 ) lenteinenr, car les ciislaii.v se recouvrent très vite d'une couche d'acide vaiiadique, très peu soluble dans l'acide azotique concentré; l'acide chlor- hydrique chaud l'attaque très vite en donnant une liqueur brun foncé contenant desoxychlorures. L'oxyde V'O' se dissout dans l'acide vanadique fondu, et même, quand il n'est qu'en très faible proportion, il lui commu- nique sa couleur bleue caractéristique. » Action du soufre. — L'oxyde vanadeux VO' peut être très facilement obtenu quand on calcine en vase clos du vanadate d'ammoniaque avec du soufre en excès. Il reste alors une poudre vert foncé qui est de l'oxyde va- nadeux pur. L'acide azotique l'attaqué immédiatement à froid en dégageant des vapeurs nitreuses, mais l'acide chlorhydrique ne le dissout que très difficilement. Action (le l'oxaliite (l'ammoniaque. — Les gaz réducteurs que donne la décomposition pyrogénée de ce sel enlèvent encore 2*^'' d'oxygène à l'acide vanadique. Cet acide pulvérulent, ou du vanadate d'ammoniaque, chauffé en vase clos avec un excès d'oxalate d'ammoniaque, laisse comme résidu de l'oxyde vaiiadeux pur. " Jction de l'arsenic. — On introduit dans un creuset de porcelaine un mélange d'acide vanadique pulvérulent ou de vanadate d'ammoniaque avec un excès d'arsenic pur pulvérisé; le creuset de porcelaine fermé est placé dans un creuset de terre contenant des fragments de charbon, et l'on chauffe le tout au rouge. L'acide vanadique éprouve une réduction partielle qui donne lieu à un nouvel oxyde intermédiaire; le produit de la réaction est une poudre cristallisée bleu foncé dont la couleur est celle du bleu de Prusse; elle se dissout à froid dans l'acide azotique en donnant luie solu- tion bleue, et ne relient |)as trace d'arsenic; en s'oxydant, elle fixe une quantité d'oxygène rigoureusement d'accord avec celle qu'exige la formule V-O' = VO', VO'. On obtient le même produit en chauffant, au fond d'un long tube de verre, le mélange d'arsenic et de vanadate d'ammoniaque, jusqu'à ce qu'il ne se volatilise plus d'arsenic, mais la poudre bleue qui reste ne paraît pas cristallisi'-e. » Action du phosjjlioie. — Avec un excès de phosphore rouge pur au lieu d'arsenic, la réduction de l'acide vanadique a lieu encore, mais elle s'ar- rête à l'acide hypovanadique. Cet acide ne reste pas libre, il s'unit à l'acide pho>phorique formé eu même temps que lui et donne un phos- phate hypovanadique cristallisé qui sera ultérieurement étudié. » Action de l^acide sulfureux. — L'acide vanadique chauffé dans un courant d'acide sulfureux sec ne commence à s'attaquer qu'au rouge sombre et très leiitemenl; à température plus haute il fond, et quand la ( i^9o ) réduction est terminée il reste un résidu formé de beaux cristaux ; ce sont des aiguilles bleu foncé et brillantes, que l'acide azotique chaud at- taque facilement en donnant une liqueur bleue qui laisse de l'acide vanadiqne quand on l'évaporé à sec. Au contraire, l'ammoniaque ne les altère pas sensiblement. Ces cristaux sont de l'acide liypovanadique pur. » En remplaçant l'acide vanadiqne par du vanadate d'ammoniaque, on peut pousser la réduction un peu plus loin et, en opérant au ronge, ob- tenir comme résidu une poudre bleu foncé qui est l'oxyde salin V-0' = yO%VO''. » Les réducteurs que nous venons de considérer permettent, on le voit, de préparer avec facilité et par voie sèche, à partir de l'acide vana- dique V0' = V^O'», lesoxydes V0%V05 = V-0'; VO' = V = 0^ V0%VO* = V-O'; VO^=:V-0«. Nous rechercherons, dans une Communication ultérieure, s'il est possible d'enlever plus d'oxygène encore et, sans passer par un chlorure, d'arriver jusqu'au métal. » CHIMIE. — Sur la préparation et tes propriétés physiques du penlnfluorure de phosphore. Note de M. H. Moissan, présentée par M. Debray. « Le pentafluorure de phosphore est un corps gazeux qui a été préparé pour la première fois par M. Thorpe en faisant réagir le trifluorure d'arsenic sur le pentachlorure de phosphore ( ' ) [Chemical News, t. XXXII, p. 232, et Bull. Soc. chim. de Paris, t. XXV, p. 548). Ce savant a déterminé sa den- sité et indiqué quelques-unes de ses propriétés. » Le procédé de préparation employé par M. Thorpe ne permet pas d'avoir ce gaz absolument pur. Lorsque l'on fait tomber goutte à goutte le trifluorure d'arsenic sur le pentachlorure de phosphore placé dans un petit ballon, la réaction est très vive et le gaz qui se dégage entraîne tou- jours des vapeurs de fluorure et de chlorure d'arsenic. Cette double dé- composition s'accomplit suivant réquation SAsFP + 3PhCP= 3PhCl' 4- 5AsCI». » Pour préparer le pentafluorure de phosphore, nous avons employé une autre réaction. (') Sur le prorluit d'addition PhFI'Br- obtenu par l'uctiun du brome sur te tti fluorure de phosphore [Comptes rendus, t. C, p. iS^H). ( i49i ) » Dans une Note précédente nous avons indiqué que, en faisant passer à refus un courant de gaz trifluorure de phosphore dans du brome main- tenu à — i5°, on obtenait un pentafluobromure de phosphore liquide, de couleur ambrée, qui se décomposait lentement en fournissant du penta- bromure et du pentafluonire de phosphore SPhFPBi- = 3PhFP+ 2PhBr^ » Le pentabromure de phospbore, étant un corps solide, reste dans le tube où se produit la décomposition. » Cette action du brome est assez curieuse, puisqu'elle permet de passer du trifluorure au pentafluorure ; elle fournit un dégagement régulier de gaz pentafluorure de phosphore. » On peut craindre, dans cette préparation, qu'une petite quantité de brome ne soit entraînée avec le pentafluorure, surtout si la saturation par le trifluorure n'a pas été complète. Pour se débarrasser de cette impureté, le gaz est recueilli sur le mercure dans^les flacons absolument secs, dans lesquels on a soin de laisser une petite quantité de ce métal. Le brome est lentement absorbé et l'on obtient ainsi du pentafluorure de phosphore pur. » C'est un gaz incombustible, très fumant à l'air, doué d'une odeur pi- quante, entièrement absorbable par l'eau. Densité. — M. Thorpe a indiqué comme densité du pentafluorure de phosphore le chiffre 4, 5. La densité théorique serait 4>4o43 en prenant pour densité de vapeur du phosphore 4,35 (Deville etTroost) et ijSaô^S pour densité théorique du fluor. » Cette recherche de la densité du pentafluorure de phosphore a été faite au moyen du petit appareil en verre de M. Chancel. Elle présentait une certaine difficulté à cause de l'énergie avec laquelle le pentafluorure de phosphore absorbe l'humidité. Le ballon de verre était d'abord chauffé dans une-étuve à i lo", et traversé à cette température par un courant d'air séché sur de l'oxyde de potassium KO. On maintenait le courant d'air sec pendant le refroidissement de l'appareil. Le pentafluorure de phosphore recueilli dans des flacons de verre était ensuite chassé dans le ballon au moyen de mercure bien sec. » Malgré tous ces soins, nous avons toujours trouvé, en opérant avec un gaz pur, une densité un peu supérieure à la densité théorique. Cette expé- rience, faite avec un gaz renfermant une petite quantité de fluorure de sili- cium ou de trifluorure de phosphore, donne des résultats trop faibles. Si, ( ï49^- ) au contraire, le gaz étudié renferme des vapeurs de brome, la densité trouvée est trop élevée. » Nous avons obtenu pour trois expériences concordantes, faites avec un gaz entièrement absorbable par l'eau sans trace de silice, les chiffres suivant» : 4,5o; 4,49, 4,48. » Liquéfaction, solidification et point critique. — En soumettant le gaz à nue pression de 12^"" à la température de 70°, M. Thorpe n'était pas arrivé à le liquéfier. On y parvient facilement en employant l'appareil de M. Cail- letet. » A la température de 16", le pentnfluorure de phosphore se liquéfie sous une pression de 46""". Aussitôt que cette pression est atteinte, on voit des stries abondantes se produire sur les parois du tube et former à la sur- face du mercure un liquide n'attaquant pas le verre. Le pentafluorure de phosphore liquide renferme 7"), 898 de fluor pour 100; il est assez curieux de remarquer qu'à 16° ce composé n'a pas d'action sur les silicates. )) Si l'on détend légèrement, on voit se former dans le tube une neige de pentafluoiure de phosphore qui ne tarde pas à reprendre l'état liquide. » Outre la liquéfaction et la solidification, le pentafluorure de phos- phore nous a présenté aussi un phénomène intéressant touchant son point critique. Lorsqu'on a liquéfié le pentafluorure de phosphore, malgré tous les soins pris pour opérer sur un corps pur, il reste toujours au-dessus du liquide une petite quantité de gaz. Dans ces conditions, si l'on porte la pression de 46"*"' à laS^"", on voit disparaître la ligne de séparation du liquide et du gaz. Tout l'espace compris au-dessus du mercure a le même indice de réfraction; le point critique est atteint. » Par la délente, on repasse par l'état solide, puis par l'état liquide, de telle sortequ'il est facile, avec le pentafluorure de phosphore, de démontrer, à la température ordinaire, la liquéfaction, la solidification et le point cri- tique d'un corps gazeux. » CHIMIE. — Sur les combinaisons du triclilorure d'or avec les tétrachlorures de ioufre et de sélénium. Note de M. L. Lixdeï, présentée par M. Debray . « Dans une précédente Communication {t. XLVIII, p. 1 382), j'ai montré que le perchlorure de phosphore peut s'unir au trichlorure d'or et former la combinaison Au-('.1% iMiCi^. Il m'a sendjlé intéressant de rechercher ( 1493 ) quelle serait, vis-à-vis du trichlorure d'or, l'action des autres chlorures acides. Au cours de celte élude, le tétrachlorure de soufre et le tétrachlo- rure de sélénium ont seuls paru capables de former avec le chlorure d'or des combinaisons doubles cristallisées, l'une répondant à la formule Au-Cl',S-CI% l'autre à la formule Au-Cl%Se-cr'. Les autres chlorures aciiles n'ont été pour le trichlorure d'or que de simples dissolvants. M Perclilontre d'or el de soufre Au-CP,S-Cl*. — Ce composé se présente en fines aiguilles jaunes. » Pour l'obtenir, on place dans un matras 2^' à 3^'' d'or en éponge et 5ofi'' environ de protochlorure de soufre, S* Cl, et, chauffant le matras vers i3o°, on y fait passer un courant de chlore sec. Dès que le protochlorure de soufre est saturé de chlore, l'or s'attaque, donne une liqueur rouge foncé, d'où se dépose par refroidissement le chlorure double. Il suffit alors, pour l'obtenir en beaux cristaux, de fermer le matras et de le réchauffer au bain d'huile vers i6o°. M Pour recueillir le chlorure double, on filtre rapidement sur de la laine de verre, on lave avec du sulfure de carbone anhydre, que l'on enlève en- . suile à la trompe. » Le produit est ensuite décomposé par inie solution alcaline faible, la liqueur traitée par le permanganate de potasse pour peroxyder le soufre, et l'excès de permanganate décomposé par l'alcool. Le précipité d'oxyde de manganèse contient tout l'or du composé, et, dans la liqueur claire, on dose l'acide sulfurique, puis l'acide chlorhydrique. On obtient ainsi les nombres suivants, qui répondent à la formule Au^Cl',S-Cl* : Trouvé. Calculé. Or .... 4' > • 4' >27 Chlore 5i,6 52, o4 Soufre 7,1 6,70 » Le chlorure d'or et de soufre se dissocie avec la plus grande facilité; il perd du chlore à la température ordinaire; il en perd même quand on tente de le sécher à chaud dans un courant de chlore. » 11 attire l'humidité de l'air et se décompose par l'eau en donnant des liqueurs brunes, que je n'ai pas encore étudiées; puis peu à peu l'or se ré- duit, el tout le soufre passe à l'état d'acide sulfurique. » II. Per chlorure d'or et de sélénium (Âu^CP,Se-Cl^). — Pour préparer ce composé à l'état cristallisé, je n'ai pu, comme dans le cas précédent, prendre pour dissolvant le chlorure acide lui-même, le tétrachlorure de C R., i88a, 2« Semeitre. (1. CI, N" 26.) '9^ ( '494 ) sélénium n'étant ni liquide ni fusible. J'ai dû prendre pour dissolvant le triclilorare d'arsenic. Pour l'utiliser à cette préparation, on opère de la manière suivante. » On attaque vers i3o° de l'or par un courant de chlore sec, en présence d'une grande quantité de chlorure d'arsenic, dans lequel on a, au préalable, dissous du tétrachlorure de sélénium en quantité équivalente à l'or em- ployé. Par refroidissement, on obtient des cristaux tabulaires, d'un beau rouge légèiement orangé. On décante le chlorure d'arsenic et l'on sèche le produit dans le vide à 65°-']0". » Le chlorure double est ensuite traité par l'eau, qui le décompose en chlorure d'or, en acide chlorhydrique et en acide sélénieux; on sature la liqueur de chlore, puis l'or est séparé de l'acide sélénique par l'hydrogène sulfuré. Sur un autre échantillon, on dose l'acide chlorhydrique après avoir précipité par l'hydrogène sulfuré l'or et l'acide sélénieux. Les nombres fournis par l'analyse assignent au produit la formule Au-Cl% Se-Ci'. Trouvé. Or , 37,79 37,55 37,51 Chlore..... ^Ttoz 47jt>2 47)33 Sélénium » i5,64 i5,i4 » Les combinaisons du trichlorure d'or avec les perchlorures de phos- phore, de soufre, de sélénium précisent le rôle que peut jouer le chlorure d'or dans les chlorures doubles. Les combinaisons obtenues jusqu'ici du trichlorure d'or avec les chlorures métalliques lui assignaient une fonction acide. Je crois avoir montré qu'en se combinant quelques chlorures mé- talloïdiques il peut remplir également la fonction basique. » IIL Sur la crislallisalion du trichlorure d'or anhydre dam certains chlo- rures acides. — Je n'ai pu, comme je l'ai dit plus haut, combiner au chlo- rure d'or d'autres chlorures acides. Mes essais ont porté sur le trichlorure d'arsenic, le tétrachlorure de silicium, le pentachlorure d'antimoine, le bi- chlorure d'étain, le bichlorure de titane. Tous dissolvent le chlorure d'or à chaud et le laissent, par refroidissement, cristalliser en prismes triclini- ques très aplatis, suivant la face m. Ces prismes, d'un beau rouge foncé, mesurent quelquefois plusieurs centimètres de longueur, et sont d'autant plus beau que le chlorure acide les dissout à chaud en plus grande quan- tité. Cette solubilité, assez forte dans les chlorures d'antimoine et d'arsenic, est plus faible dans les chlorures d'étain et de titane, plus faible encore dans le chlorure de silicium. ( '495 ) » Pour olitenir ce tiichloriire d'or cristallisé, le procédé à suivre est général. On attaque l'or par un courant de chlore, en présence du chlorure acide, maintenu à une température voisine de son point d'ébullition. Après refroidissement, on décante le chlorure acide et l'on sèche les cristaux à chaud dans un courant de chlore. Tous les produits ainsi obtenus ont donné à l'analyse des nombres qui correspondent à la formule Au- Cl'. » Il en a été de même des bromures acides correspondants. L'or, chauffé en tubes scellés avec du bromure d'arsenic, du bromure d'antimoine, etc., en présence d'un grand excès de brome, ne donne par refroidissement que des cristaux de tribromure d'or, Au-Br\ » TtiKUMOCHiMiE. — Recherches thermiques sur V acide g/yoxylique. Note de M. de Forcrand, présentée par M. Berthelot. « I. La constitution de l'acide glyoxylique a été l'objet de nombreux travaux, qui n'ont pas encore fixé d'une manière définitive la fonction chimique de ce composé. » Cet acide contient à l'état solide C*H*0% que l'on écrit quelquefois C* H^ 0° -i" H- O- ; mais il est impossible de lui enlever une molécule d'eau sans le détruire. Cette molécule d'eau se retrouve aussi dans tous ses sels, sauf le sel ammoniacal qui se dépose de sa solution aqueuse avec la for- mule C''H(AzH'')0". D'après la composition de ce dernier sel, on écrit la formule de l'acide cristallisé G' H-O" + H'O-, tandis que d'autres chimistes considèrent la molécule d'eau comme intimement liée à celle de l'acide, le sel ammoniacal étant alors considéré comme un dérivé amidé (' ). » J'ai entrepris de reprendre celte question avec l'aide des méthodes thermiques. Malheureusement, les procédés connus pour préparer l'acide glyoxylique donnent un rendement très faible, peu en rapport avec les quantités de matière dont on doit disposer pour les déterminations calori- métriques. » IL Le meilleur mode de préparation de l'acide glyoxylique est celui de Debus (-). Il consiste à oxyder lentement l'alcool ordinaire par l'acide nitrique, et, après évaporation, à transformer les acides qui prennent nais- sance en sels de chaux, par le carbonate de chaux. Debus indique alors (' ) Voir Perkin, Chem. Nen's, t. XXXI, p. 65. (") annales de Liehig, t. C, p. i. ( i496 ) que la liqueur séparée du précipité est additionnée d'alcool; il se sépare un mélange de sels calcaires que l'on recueille, et dont on sépare le glyoxylate de chaux par des traitements à l'eau bouillante, suivis de cris- tallisations fractionnées. » En opérant exactement suivant ces recommandations, on n'obtient qu'une très petite quantité de glyoxylate de chaux, le précipité volumi- neux produit par l'addition d'alcool contenant surtout du glycolate. On améliore beaucoup le rendement, en recherchant le glyoxylate surtout dans le produit insoluble dans l'eau froide; ce sel, peu soluble, y est mélangé avec un excès d'oxalate et de carbotiate de chaux. Celte matière blanche est épuisée par l'eau bouillante à plusieurs reprises; on évapore les disso- lutions ainsi obtenues; une seconde cristallisation dans l'eau donne du glyoxylate de chaux parfaitement pur. » En opérant sur 2^^ d'alcool, j'ai pu isoler ainsi près de loo^'' du glyoxylate de chaux, tandis que la précipitation par l'alcool n'avait séparé que quelques grammes de ce composé. i> L'analyse de ce sel a donné, après dessiccation à 1 10° : T) roiivé Calculé pour C'H'CaO». 25,22 CiiO 1. 25, i4 II. » 21,21 2,87 c . . • >> 21 ,6r H » 2,70 .i Ce sel dissous dans l'eau, et précipité exactement par l'acide oxalique, donne une dissolution d'acide glyoxylique que l'on concentre d'abord au bain-marie, puis dans le vide sec. En ajoutant au liquide sirupeux quelques cristaux déjà formés, la cristallisation a lieu en quelques heures; sinon, il faut prolonger pendant plusieurs semaines l'action du vide sec. » III. Les cristaux d'acide glyoxylique ont pour formule C'^H^'O*; ils sont très déliquescents et solubles dans l'eau. » Leur chaleur de dissolution a été trouvée de — a'^^^So pour ^i (926''), entre +10° et -h 12° (i^' d'acide dans 22^'' d'eau, ou i"' dans 2"'). » Cette liqueur acide, neutralisée par des dissolutions alcalines, a donné, à -H 1 0° : Cal C''H»0« (i"i= ■?}") + NaO (1-1= 2'i') -+-i3,23 C^H-'O» .. -+- CaO (i' -m3,3o +i3,4o h-i-2,oo Glycolique C'H^O" +i3,6o -'ni3,90 -l-i3,,23 Oxalique G* H2 08 +i4,3o +i8,5opréc. -i-12,70 ce qui est cofiforme aux analogies et à la loi d'Andrews. » IV. Le spI de sonde cristallise, à la température ordinaire, par évapo- ration de ses dissolutions satinées avec l.i formule C^H'NaO*. Il ne perd pas d'eau à iio°-i2o''. Sa cbaleur de dissolution est de —4^*''', 80 à 4-10' (i partie de sel pour 45 parties d'eau) : d'où C'H'O'sol. -hNaHO^sol.^C'IPNaO'sol. -f-lPO=sol 4- 26'^»', 76 i) Le sel de cliaux cristallise en petites aiguilles groupées, brillantes, soyeuses. Il contient de l'eau de cristallisation, qu'il perd à iio^-iao". Sa formule est alors C' IPCaO*, et su chaleur de dissolution de — i'^''',i2 à + 10° (i partie de sel dans 200 parties d'eau) : d'où C*H*0'sol. -h-CaHO^sol. =C'H'CaO«sol. H-H^O^sol -^i5'^^\5j )) Les sels correspondants de l'acide glycolique donnent, pour les mêmes réactions, des nombres un peu plus faibles : Avec Na HO- . +24c»',64 Avec CallO- +i3c^',49 » V. L'addition d'un excès de soude, dans les dissolutions neutres de glyoxylale de soude, dégage do la chaleur, en raison de la fonction mixte de l'acide. J'ai obtenu, à -4- 10° -.o C*H3NaO''(i«i = 4'") -1- NaO(i"^i— 2''') -f- 2C--'',oi (C'IPNaO«-l-NaO)(i'''i = 6'") + NaO(i"i=:2'") -r o<:-",64 » Le nombre -H 2'^''', 01 est beaucou[) plus faible que celui qui corres- pondrait à une seconde fonction acide, mais il dépasse notablement celui qui correspond à la fonction alcoolique de l'acide glycolique, dont le sel neutre de soude donne avec i"'' de soude en excès + o'^^^yi. » Ce dégagement de chaleur vient de la fonction aldéhydique de l'a- cide glyoxylique, fonction révélée d'ailleurs par les réactions connues de ce composé. Il est inférieur à celui qu'a obtenu M. Berihelot en faisant agir l'aldéhyde ordinaire (1^''= 2"') sur la soude (1^''= 2^"), soit -l- 4'^''', 33, sans doute à cause de l'influence décomposante de la masse d'eau plus ( i498 ) grande mise en présence. L'action dn second équivalent de sonde qui dé- gage -+- o'^''',64 angmente la stabilité de l'aldéhydate alcalin. » Je poursuis ces recherches sur diveis dérivés de l'acide glyoxylique, notamment sur les sels de plomb et d'ammoniaque. >> CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'oxydalion de l'acide sébnciqnc. Note de M. H. Carette, présentée par M. Troost. « Les produits formés dans l'oxydation de l'acide sébaciqne ont fait l'objet de cinq Mémoires différents ('); mais les résultats obtenus par les auteurs sont presque complètement en désaccord. Toujours on a employé l'acide azotique comme oxydant. Tantôt le produit principal a été con- sidéré comme de l'acide pyrotartrique, tantôt comme de l'acide succinique; quelques-uns ont pensé que les acides adipique et lipique doivent se former avec l'acide succinique, alors que d'autres ont atlmis la formation des acides adipique et succinique^ mais ont nié celle de l'acide lipique. J'ai repris l'étude de cette question ; la présente Note a pour but d'exposer mes résultats. » J'ai employé trois réactifs oxydants : le permanganate de potasse neutre, le même sel additionné d'acide sulfurique, et enfin l'acide azotique. Tous trois m'ont fourni des produits identiques. Je prendrai pour exemple l'oxydation par le permanganate acide. » On dissout 20^' d'acide sébaciqne dans le moins possible d'eau bouillante; à la liqueur chauffée au bain-marie on ajoute, alternativement et par petites parties, tantôt de l'acide sulfurique dilué de trois fois son poids d'eau, tantôt une solution de permanganate au dixième, en atten- dant, pour faire une nouvelle addition, que la réaction causée i)ar la pré- cédente soit calmée. On emploie les deux liqueurs de façon à faire inter- venir 35^"' d'acide sulfurique et loo^'' de permanganate. On termine en chauffant pendant une heure au bain-marie. On alcalinise légèrement le mélange par la potasse. On filtre et on lave le précipité d'oxyde de man- ganèse. On ajoute aux liquides réunis un excès d'acide chlorhydrique (') ScHLiEPER, Arinalen dcr Chenue und Pharmacie, t. LXX, |). I2i, année i84q. — Arppe, Annalen dcr CJiemic und Pharmacie, t. XCV, p. 542 > année i853, et t. CXXIV, p. 100, année 186'j. — Carlf.t, Comptes rendus, t. XXXVII, p. i3o, année 1853 — WiRZ, Annalen dcr Chemic und Pharmacie, t. CIV, p. ?.8o, année 1857. ( 1^99 ) qui met en liberté les acides organiques formés; enfin, on évapore jnsqii'à siccité. )) Le résidu est une masse semi-fluide à chaud, se solidifiant complè- tement par refroidissement. Il ne renferuie pas sensiblement d'acide sé- bacique; on s'en assure en le dissolvant à chaud dans un peu d't^au et laissant refroidir : il ne se forme aucun dépôt de cet acide, peu soluble à froid. En épuisant ce résidu par l'éther, on élimine le chlorure de po- tassium. Les acides dissous sont ensuite obtenus par distillation de l'éther. » Le mélange d'acides, étant repris par l'eau chaude et neutralisé exactement avec la baryte, donne un sel de baryte insoluble (A), que l'on purifie par lavage, et une liqueur (B). » (A). Le sel de barj'le insoluble n'est autre chose que du succinate de baryte sensiblement pur. Il a été caractérisé par l'analyse directe et par la transformation en acide libre. Celui-ci fond en effet à i8o° et donne à l'analyse des résultats (') conformes à la fornude C^H^O*. Il neutralise une quantité de baryte correspondant exactement à son équivalent théorique; il forme avec les sels ferriques le précipité ocreux caracté- ristique, etc. (B). La liqueur séparée du succinate de baryte ne fournit pas de cristaux nets quand on l'évaporé. Concentrée suffisamment, puis additionnée peu à peu et à froid d'alcool à go°, elle donne un précipité blanc, et se prend bientôt en une masse gélatineuse, laquelle se redissout quand on chauffe le mélange au bain-marie. Par refroidissement il se forme de belles aiguilles brillantes et incolores de plusieurs centimètres de longueur. L'eau-mère qui les baigne abandonne par une seconde addition d'alcool une nouvelle quantité du même produit. « i" Le sel de baryte qui constitue les cristaux étant purifié par de nouvelles cristallisations dans l'alcool faible, puis décomposé exactement par l'acide sulfurique dilué, donne, après filtration, une liqueur; celle-ci, évaporée au bain-marie, laisse l'acide libre sous forme d'un résidu huileux, cristallisable à froid. Par évaporation spontanée de sa solution éthérée, cet acide cristallise plus nettement. Son analyse élémentaire conduit à la Théorie Pour 100. Pour loo. pour loo. pour loo. (') C... 40,45 H... 5,48 C... 40,67 H.... 5,08 ( i5oo ) formule C'°H*0* ('), laquelle correspond à un acide bibasique, résultat confirmé par la quantité de baryte qu'il neutralise. )) M. Schlieper, le seul auteur ayant isolé un acide de cette composition dans l'oxydation de l'acide sébacique, a admis son identité avec l'acide pyrotartrique. Je vais établir au contraire qu'il s'agit d'un isomère. » Tandis que l'acide pyrotartrique fond à 112°, le nouvel acide fond constamment et invariablement à 96°,5, même après plusieurs transfor- mations successives en sel de baryte. M Tandis que le pyrotartrale de baryte ne cristallise pas dans l'eau alcoolisée et forme dans l'eau pure des croûtes cristallines à 4'^'' d'eau, le sel de baryte nettement cristallisé que j'ai obtenu contient 2S pour 100 d'eau (10*='') qu'il perd complètement à 180°. Enfin, le pyrotirlrate de chaux se précipitant en une poudre cristalline incolore à 4*'' d'eau, le sel de chaux du nouvel acide s'en distingue en ce qu'il forme dans l'eau de longs prismes brillants, perdant à iSo" 22,4 pour 100 d'eau, soit 6*=''. M Si l'acide que j'ai isolé est différent de l'acide pyrotartrique, il est, au contraire, identique avec celui des isomères de cet acide, qui a été obtenu par M, Reboul (-), en partant du dibromure de propylène normal et nommé par lui acide propylène dicarbonkjiie normal. Le point de fusion de l'acide et les propriétés des sels étudiés (Ba, Ca, Mg) concordent dans les deux cas. » 2° La liqueur) ayant cessé de fournir des cristaux d'isopyrotartrate de baryte, a été précipitée par un excès d'alcool. Le produit insoluble ayant été séparé, lavé à l'alcool, puis décomposé exactement par l'acide sulfu- rique dilué, fournit par évaporation de la solution filtrée un mélange d'acides inégalement fusibles. J'ai isolé la partie restant solide à 100°, en l'essorant dans une éluve entre des feuilles de papier buvard, et je l'ai purifiée par cristallisation dans l'éther.. Les cristaux présentent la composition centésimale, l'équivalent et le point de fusion (i48°) de l'acide adipique. Quant à la partie fusible au-dessous de 100°, elle est presque exclusivement formée d'acide propylène dicarbonique normal et d'acide adipique. » En résumé, l'oxydation de l'acide sébacique fournit à peu près exclu- Tliéorie Pour 100. Pour loo. pour loo. pour loo. (') C... 45,36 H... 6,62 C 45,45 H..,,. 6,06 (^) Annales de Chimie et de Physique, t. XIV, p. 5o3 ; 1878. ( i5or ) sivement l'acide succinique, l'acide adipique et l'acide propylène dicarbo- nique normal. » Je reviendrai prochainement sur ce dernier acide, qui se forme encore dans d'autres circonstances (' ). » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau moyen de vérifier la pureté des corps volatils. 'Note de M. E. Dcclaux, présentée par M. Pasteur. u. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un Mémoire dans lequel j'iitilisp, comme moyen d'éprouver la pureté des corps volatils, le procédé de distillation fractionnée que j'ai proposé dans ma Thèse, et sur lequel j'ai insisté à diverses reprises dans mes différents travaux. « Lorsqu'on distille un volume déterminé d'une solution d'un alcool ou d'un acide gras volatil, dont on recueille des prises égales les quantités d'alcool ou d'acide contenues dans chacune de ces prises vont en crois- sant ou en décroissant, suivant une loi régulière, caractéristique du corps étudié, et telle que ce corps se montre d'autant plus facilement volatil en solution étendue qu'il l'est moins à l'état pur. » Lorsque deux ou plusieurs de ces corps sont mélangés dans la solu- tion, chacun d'eux se comporte comme s'il était seul, et de la marche des nombres qui représentent la quantité du mélange passée dans les diverses prises on peut conclure la nature et la proportion approximative des corps mélangés, en opérant sur des quantités de matière qui échappe- raient à tout autre moyen d'étude et de dosage. » Dès lors, pour savoir si un corps est pur, il n'y aura qu'à en faire une solution à i ou 2 pour 100, qu'on partagera, par une distillation préa- lable, en deux parties équivalentes; ces deux moitiés, étudiées séparément à !a distillation fractionnée, se montreront identiques l'une avec l'autre, si le corps était pur. Si, au contraire, on avait affaire à un mélange, la première distillation eu distribuera inégalement les composants entre le produit distillé et le résidu resté dans la cornue, et ces deux fractions présenteraient à la distillation fractionnée des différences en rapport avec la nature et la proportion des substances mélangées. » En étudiant par ce procédé les acides formique et acétique cristalli- ^') Ce travail a été fait au laboratoire de M. le Professeur JungHeisch, à i' École supé- rieure de Pharmacie. G. R., i885, 2- Stmestrc. (T. CI, N" 26.) '94 ( l5o2 ) sables, on trouve que le commerce peut en fournir des échanlillons abso- lutnent purs. » L'acide propionique provenant du cyanure d'éthyle est déjà un peu moins pur. L'acide butyrique l'est bien rarement, pour ne pas dire jamais. Quelle que soit la source à laquelle on le puise, même en le soumettant à une rectification soigneuse dans un appareil à plateaux, on le trouve toujours mélangé, suivant sa provenance, tantôt d'acides gras de degré supérieur, tantôt de ses homologues inférieurs, tantôt des uns et des autres. Les critériums actuels de pureté ne suffisent donc pas, ou, du moins, celui que je propose est plus délicat qu'aucun autre. )) L'acide valérianique, même celui qu'on extrait de la racine de valé- riane, est d'ordinaire tout aussi impur que l'acide butyrique. » L'acide caproïque est dans le même cas. Pour les acides gras supé- rieurs, ils échappent à cette étude par leur insolubilité dans l'eau. » La constatation de ces faits nouveaux m'a amené à reviser les premiers nombres que j'avais donnés comme caractéristiques de la distd- lation des acides, prétendus purs, sur lesquels j'avais opéré. Voici ceux que je considère aujourd'hui comme tout à fait exacts pour les acides formique et acétique, et comme certainement très approchés pour les autres. Ils donnent les proportions d'acides passées dans les lo, 20, 3o, ... premiers centimètres cubes recueillis lorsqu'on distille iio'^'^ d'une solu- tion à I pour 100 environ de ces acides. Acides ( i5o3 ) PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — De l'uniformité du processus morbide développé par les inorulntions tuberculeuses. Note de M. G. Colin, présentée par M. Gosselin. « Les recherches que je poursuis, depuis 1867, sur les effets des inocu- lations du tubercule chez les différents animaux domestiques, établissent ce fait remarquable, que la tuberculisation, avant de prendre les caractères d'uneaffection viscérale, frappe constamment le système lymphatique à un degré variable suivant les espèces et l'impressionnabilité des sujets. » Les expériences démontrent q)ie la pénétration delà matière tubercu- leuse dans les voies de l'absorption détermine l'affection lymphatique et l'af- fection viscérale, d'une manière successive, comme si l'une devenait la cause ou le point de départ de l'autre. Elles font voir, d'une part, que la première affection, au lieu d'être généralisée, se trouve toujours limitée à la partie du système dans laquelle la matière étrangère est absorbée ou transportée, et, d'antre part, que cette tuberculisation lymphatique s'opère progressi- vement, dans l'ordre précis du transport de la matière tuberculeuse, c'est-à-dire sur le chemin que les éléments virulents suivent pour arriver à la circulation générale. » C'est après avoir atteint le premier ganglion, situé sur leur itinéraire, que les éléments virulents en frappent un second avec une intensité dé- crçissante et ainsi de suite à mesure qu'où s'éloigne des foyers où ils sont puisés. Aussi, d'après l'ordre de la tuberculisation lymphatique, il est facile de reconnaître la porte d'entrée de la matière tuberculeuse. » L'envahissement du système lymphatique se traduit toujours par une hypertrophie considérable des ganglions qui passent ultérieurement à tous les états des tubercules pulmonaires, notamment à ceux qui correspond enta la granulation grise, au ramollissement caséeux, à l'incrustation crétacée. La lésion, limitée quelquefois à deux ou trois ganglions, peut s'étendre à un très grand nombre, comme des poplitésaux inguinaux, aux pelviens, aux sous-lombaires, à la chaîne sous-dorsale et aux premiers thoraciques si la matière est puisée dans les membres abdominaux. Elle ne porte que sur les ganglions de la tête, du cou et de l'entrée de la poitrine, si le foyer d'emprunt est à la face ou autour du trâne. » C'est après la manifestation des lésions du système lymphatique que surgissent celles des poumons, des plèvres, du péritoine, de la i-ate, du foie, des reins, quelquefois celles du squelette, qui sont, de toutes, les plus ( i5o4 ) rares. Ces lésions viscérales sont toujours plus graves que les premières : elles conduisent souvent les animaux au marasme, même à la mort, comme les tuberculoses nées dans les conditions ordinaires. » Les deux séries de lésions provoquées par les inoculations tubercu- leuses, bien qu'elles soient successives au début, arrivent finalement à suivre ime marche parallèle, sans qu'il y ait entre elles une connexité constante. Quelquefois celles des lymphatiques se développent seules et s'arrêtent aux premiers ganglions atteints. Les viscérales s'ajoutent aux autres proportion- nellement à l'aptilude des animaux à contracter la tuberculose. » Chez les différents animaux domestiques, les altérations dont il s'agit se produisent d'une manière uniforme, sauf les variantes dans les degrés d'intensité. Les rongeurs, tels que le lapin, le cobaye et les jeunes rumi- nants de l'espèce bovine, sont surtout ceux qui deviennent le plus facile- ment tuberculeux par le fait de l'inoculation. » Les diverses particularités caractéristiques du mode d'évolution delà tuberculose, que je crois avoir signalées le premier dans plusieurs publica- tions, ont été données précédemment, pour la plupart, comme nouvelles à cette Académie. Je me crois donc fondé à en réclamer la priorité. » PHYSIOLOGIE AMMALE. — Sur le glycogène chez les Injusoires ciliés. Note de M. E. Maupas, présentée par M. de Lacaze-Duthiers, « Dans un travail tout récent (' ) sur les granulations solides du cyto- some des Grégarines, Biitschli exprime quelques doutes au sujet du glyco- gène, observé par Certes (^), chez les Ciliés. 11 se demande si la substance vue par l'observateur français élait bien du vrai gljcogène et si l'on ne devrait pas plutôt la rattacher à celle qui constitue les granules de Gréga- rines. Cette dernière, d'après ses observations, diffère du giycogène pro- prement dit par quelques caractères importants, tout en lui ressemblant par d'autres propriétés également importantes. Il lui donne le nom de paraglycogène. » Voici quelques observations destinées à lever ces doutes et qui dé- montreront que les Ciliés peuvent produire un giycogène comparable de Ions points à celui du foie des animaux supérieurs. (') Zeitsch, if i fur Biologie, t. XXT, p. 6ii. {}) Comptes rendus, t. XC, p. 'jo; 1880. ( i5o5 ^ » Je me suis servi du Paramecium Aurélia, pour cette démonstration . 11 s'agit d'avoir cet Iiifusoire en grande quantité; ce qui est des plus facile, puisqu'il se multiplie aisément dans les petits aquariums de chambre. u Première expérience. — Je recouvre d'une lamelle mince une goutte d'eau, contenant de nombreuses Paramécies. J'ai placé de petites cales sous le couvre-objet, de façon que les Infusoires soient légèrement comprimés sans être écrasés. La préparation ainsi dis- posée est lutée sur deux de ses bonis avec de la paraffine. Par les bords demeurés ouverts je fais pénétrer rapidement une solution faible d'iodure iodé et tue ainsi les Paramécies. Elles apparaissent toutes colorées en brun acajou. L'intensité de coloration peut cependant varier un peu d'un individu à l'autre. Les uns sont très foncés dans toute l'étendue du corps; chez d'autres, on voit comme des bandes de matière colorée, séparées par des régions incolores; chez d'autres, enfui, une moitié seule du corps s'est colorée. Mais chez aucun cette substance colorée ne j)rend de contours nets et définis, comme les granulations des Grégarincs. Elle est plutôt à l'état liquide, diffuse dans la masse des cyiosomes. On vé- rifie d'ailleurs aisément cet élat liquide, en compi'imant avec précaution une des Para- mécies au moyen d'une aiguille, tout en ayant l'œil au microscope. On voit alors le légu • ment se crever en un point quelconque du corps et, par la fissure, sort une fusée de matière brun acajou, qui disparaît rapidement eu se dilfusant dans l'eau ambiante. La Paramécie a perdu sa couleur brune et est devenue jaune verdâlre, couleur caractéristique du sarcode teinté par l'iode. Les autres Paramécies, sur lesquelles on n'a pas exercé de pression, ne tardent pas à se décolorei- aussi et, après une demi-heure, elles sont toutes devenues égale- ment jaune verdàtre. Le glycogène brun a diffusé lentement dans l'eau. » Deuxième exjié/ie/ice. — JMème dispositif. Je tue les Paramécies avec de l'alcool. Chez beaucoup d'entre elles le tégument se soulève, tandis que le sarcode du corps se rétracte, de sorte que ce dernier apparaît renfermé dans un sac, avec de grandes poches vides péri- l)hériques. Je ch:isse l'alcool en le remplaçant par la solution iodée. Toutes les Paramécies se colorent en brun acajou. Chez celles dont le tégument s'est boursouflé, on voit les poches délimitées par ce dei'nier se colorer rapidement en brun acajou foncé. Toute la substance glycogène contenue dans le corps diffuse et s'accumule dans ces vides. La membrane tégu- nientaire fixée par l'alcool ne laisse plus diffuser le glycogène au dehors que très difficile- ment. Des Paramécies ainsi préparées montrent encore très nettement la coloration brune sept à huit heures plus tard. Si l'on comprime avec précaution une des Paramécies à tégu- ments boursouflés, ce dernier se déchire et l'on voit sortir une fusée de matière brune qui se répand et disparaît rapidement dans le liquide ambiant. En remplaçant la solution iodée jiar de l'alcool que l'on fait pénétrer le plus lentement possible et en observant avec un grossissement de 4oo à 5oo diamètres, voici ce que l'on voit : d'abord les poches contenant la matière brune se décolorent. Cette substance, qui était absolument homogène, laisse apparaître quelques petites granulations, qui se multiplient rapidement sous l'action crois- saute de l'alcool et finissent par remplir toute la cavité des poches. Le glycogène, d'abord liquide, a été entièrement coagulé et précipité par l'alcool. Ou peut maintenant remplacer l'alcool par la solution iodée, qui redissout à nouveau le glycogène dans les poches et se colore en brun; puis, une seconde fois, faire arriver l'alcool, décolorer et coaguler et ainsi ( i5o6 ) de suite, à plusieurs reprises successives, siiiis que le glycogène ainsi renferme' se diffuse dans le liquide ambiant ('). » Trnisième e.i:périence. — Je dépose sur une lamelle porte-objet, en l'étalant le moins possible, une goutte d'eau fourmillant de Paramécies. Je laisse évaporer jusqu'à complète dessiccation. Je dépose sur les Infusnires ainsi tuées, de façon à les en bien recouvrir, une goutte de la solution iodée. J'observe de suite sans ajouter de couvre-objet. Toutes les Para- mécies sont colorées en brun acajou. Après deux, à trois minutes, on les voit entourées d'un nuage de substance brune qui diffuse rapidement dans le liquide ambiant. Je laisse évaporer lentement et, quand la goutte de liquide est réduite des trois quarts, une belle bordure de substance brun acajou s'est accumulée sur tout son pourtour. On peut laisser dessécher complètement cette première goutte de la solution iodée et ajouter alors une se- conde, qui épuise plus complètement le glycogène des Paramécies et donne une bordure plus large et plus colorée. Le corps des Paramécies est devenu jaune vcrdâtre. » Comme contrôle de l'expérience précédente, j'ai pris un petit grain de glycogène extrait d'un foie de lapin. Je l'ai choisi le plus petit possible et mesurant à peine :j^ à f^ de millimètre. Je l'ai placé sur un porte-objet, puis déposé dessus une goutte de la solution iodée, sans recouvrir avec une lamelle mince. En observant de suite avec le microscope, on voit d'a- bord le glycogène se gonfler en se colorant en brun. Puis il diffuse lente- ment dans la goutte de liquide, et, lorsque celle-ci s'est évaporée aux trois quarts, il va s'accumuler sur tout son pourtour et y forme une belle bordure brun acajou, identique avec celle de la troisième expérience. » J'ai renouvelé plusieurs fois ces expériences avec des résultats sembla- bles. Une seule fois, j'ai observé une riche culture de Paramécies, chez les- quelles je n'ai pu déceler la moindre trace de glycogène. Je ne sais à quoi attribuer cette exception. » Dans une prochaine Note je ferai connaître, comme addition à l'ex- cellent travail de Bùtschli, quelques observations personnelles sur le para- glycogène des Grégarines. « THÉRAPEUTIQUE. — Étude physiologique sur Cacélophénone. Note de MM. A. Mairet et Combemale, transmise par M. Charcot. (Extrait.) « Dans la séance du 9 novembre dernier, MM. Dujardin-Beaumetz et Bardet signalaient à l'Académie, comme jouissant de propriétés hypnoti- ( ' ) Ranvicr a fait une observation identique sur le glycogène des muscles de grenouille [Leçons d' Anatomie générale sur le système musculaire, p. iSa; i88o). ( i5o7 ) qnespuissantes, l'acétophénone, acétone découverte en 1857 parM. Friedel. Les résultats de nos expériences sur les animaux nous paraissent concorder, en plusieurs points, avec ceux que M. Laborde signalait le 12 décembre à la Société de Biologie. Il Nos expériences, au nombre de 82, ont porté sur 5 chiens, 4 chats, 3 lapins et 3 cobayes. L'acétophénone, soit pure, soit dissoute dans l'al- cool ou la glycérine, a été introduite dans l'économie par diverses voies : veines, tissu cellulaire sous-cutané, tube digestif, poumons » Les effets immédiats de l'acétophénone chez les animaux, à part un peu de somnolence passagère, laissant les sens en éveil et ne survenant qu'après des troubles assez graves, n'ont rien de commun avec le sommeil. D'après nos recherches, l'acétophénone serait moins toxique que ne le pen- saient MM. Dujardin-Beaumetz et Bardet; mais, à ce point de vue, à côté des effets qui précèdent, il en est d'autres consécutifs portant sur la nutri- tion, qui doivent rendre circonspect dans l'administration de cette sub- stance. Lorsqu'un animal a pris une forte dose d'acétophénone et qu'on le suit pendant plusieurs jours, on constate une perte de poids et une dimi- nution de l'hémoglobine; il en est de même lorsqu'on fait ingérer chaque jour à un chien des doses relativement faibles d'acétophénone. » ZOOLOGIE. — Sur les propriétés dialytiques de la membrane du kyste des Injusoires. Note de M. Fabre, présentée par M. A. Milne-Edwards. « Certains Infusoires ont la propriété de sécréter autour d'eux une membrane protectrice hermétiquement close et destinée à les soustraire à l'action d'un milieu devenu impropre à la vie. La plupart des auteurs s'accordent à reconnaître que cette membrane est formée d'une matière analogue à la chitine; l'opinion de Kôlliker, qui dit avoir vu la paroi des kystes se dissoudre dans la potasse à 20 ou 3o pour 100, est probablement due à ce tait que son expérience aura porté sur des kystes récemment formés. J'ai au contraire reconnu, après M. Balbiani, que de vieux kystes de Kolpodes, de Vorlicella nebulifera et de Stylonichia résistaient parfai- tement à l'action des alcalis, tout en subissant de profondes modifications internes. » Quel rôle joue la membrane du kyste au point de vue de la protec- tion? S'oppose-t-elle au passage des liquides? Jouit-elle au contraire de propriétés dialytiques particulières? C'est ce point que je vais essayer d'éclaircir ici. ( i5o8 ) ') Lorsque l'on suit l'enkystemenl d'un Infusoire, de la Vorlicelln nehit- lifèra pnr exemple, on remarque que la vésicule contractile continue régu- lièrement ses pulsations bien après la formation du kyste; on reconnaît de plus que le liquide expulsé vient frapper la membrane, sans s'accu- muler entre elle et la paroi du corps. Il y a là un échange incessant résul- tant de l'absorption de l'eau du dehors et de sa sortie à travers les parois de la membrane. La paroi du kyste est donc parfaitement poreuse, à ce moment du moins. » L'action du picrocarmin, de certaines couleurs d'aniline, nous prouve de plus que la membrane du kyste ne laisse point passer indif- féremment tout corps en solution dans l'eau, mais qu'au contraire elle oppose une barrière infranchissable à certains corps en laissant passer les autres, propriété qui en constitue toutes les vertus protectrices. Un kyste soumis à l'action du picrocarmin se colore en jaune pur avec une au- réole d'un rose vif sur toute la surface externe de la membrane. Avec le vert de méthyle, l'action est aussi frappante, les noyaux seuls se colorent en vert, le protoplasma restant incolore, mais la membrane absorbe une cou- leur violette que contient cette couleur d'aniline. J'ai pu enfin opérer dans lis kystes de véritables réactions chimiques en les traitant successivement par plusieurs réactifs qui donnaient à leur intérieur des précipités coloréj ou non, selon que la membrane permettait le passage des sels ou s'y opposait. » Enfin le bleu dediphénylarnine, indiqué par M. Certes comme n'ayant aucune action sur les Infusoires vivants, mais colorant fortement en bleu leurs ingesta, m'a donné également d'excellents résultats. Des kystes de différentes natures déposés dans une solution très concentrée de cette cou- leur sont restés absolument incolores dans toutes leurs parties protoplas- miques et chitineuses. Seuls les ingesta, ou mieux les produits d'assimila- tion, qui dans les kystes se présentent sous forme de globules épars très réfringents, ont pris la couleur bleue caractéristique. » Il me reste maintenant à parler de la propriété de pénétration des dif- férents liquides que j'ai essayés. L'eau distillée est absorbée librement par le kyste; elle y occasionne la présence d'une immense vacuole et en lue le contenu. L'eau acidulée par les acides acétique, nitrique, chlorhydrique, osmique, pénètreaussi très rapideujent. Par contre, les kystes peuvent vivre impunémentdans des dissolutions très concentrées, pures, neutresou légère- ment alcalines. La solution bien neutre de carmin ne les pénètre pas et les sels de chaux résultant de l'évaporation de l'eau potable demeiu-ent sans action sur eux. ( i5o9 ) En résumé, il me semble résulter de ces différentes observations que: 1° La membrane du kyste des Infusoires est formée bien réellement de chitine ; 2° Qu'elle est parfaitement poreuse, mais qu'elle jouit de propriétés élec- tives particulières en laissant passer certains corps; 3° Qu'elle oppose plus de difficulté au passage des solutions de sels neu- tres qu'aux solutions acides, ce en quoi elle remplit parfaitement le but que se propose la nature en évitant la mort de l'individu par suite de la con- centration des eaux dans lesquelles il vit. » ZOOLOGIE. — Sur les Annélides polychètes des côtes de Dinard. Note de M. DE Saint-Joseph, présentée par M. A. Milne-Edwards. « J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie, eu ce qui concerne les Annélides polychètes, le résultat très abrégé de recherches que j'ai pour- suivies sur les Invertébrés marins des côtes de Dinard pendant les mois d'été de neuf années, entre 1874 et i885. » Sans parler de la pêche pélagique, j'ai exploré la côte depuis la pointe du Meinga jusqu'à Saint-Briac, toutes les îles depuis l'ile Harbour et Cé- zembre jusqu'à l'île des Ehbiens inclusivement, et enfin le fond de la mer depuis la Basse-Rault jusqu'au Vieux-Banc, entraînant, soit le chalut, soit la drague, à une profondeur de 4™ à 27"". » Mon but a été de fixer autant que possible la faune locale, de décrire chacune des espèces qui me semblaient nouvelles et de compléter ou rec- tifier au besoin la description de celles qui étaient déjà connues. » J'ai relevé 186 espèces d'Annélides polychètes, auxquelles il y aura peut- être lieu d'en joindre 12 a i4 que je n'ai pas encore suffisamment détermi- nées. Sur ces 186 espèces, 44 nouvelles sont jusqu'à présent propres à Di- nard; 16 le sont à Dinard et à la Manche; 17 à Dinard et aux mers du Nord; 7 à Dinard, aux mers du Nord et à l'Océan ; i3à Dinard et à l'Océan; 35 à Dinard et à la Méditerranée; 35 à Dinard, à l'Océan et à la Méditerranée; i3 à Dinard, à l'Océan, à la Méditerranée et aux mers du Nord; 2 à Dinard, à la Méditerranée et aux mers du Nord; i à Dinard, aux mers du Nord et au Japon ; i à Dinard et au Japon ; enfin, 2 à Dinard et à une aire fort étendue comprenant presque toutes les mers du globe. » De ce résumé il ressort que 87 des espèces de Dinard existent dans la Méditerranée et 42 dans les mers du Nord [Atlantique du Nord, mer du G. K., i885, 2' Semestre. (T. CI, N» 26.) '9-^ ( i5io ) Nord, océan Glacial arctique ( ')]. La faune de Dinard se rapproche donc plus de celle de la Méditerranée que de celle du Nord; on remarquera qu'elle y est reliée dans l'Océan par 5o espèces, et il est probable que, lorsqu'on aura mieux exploré la côte française de l'Océan, on découvrira la plupart des chaînons qui manquent encore entre Dinard et la Médi- terranée. » Aux espèces que j'ai trouvées autour de Dinard, il faut joindre celles qui l'ont été antérieurement et que je n'ai pas retrouvées, c'est-à-dire 8 indiquées par Audouin et Milne-Edvfc^ards, 8 par M. de Quatrefages (^) et 28 par Grube, ce qui donne un total de 228 à 242 espèces reconnues sur cette partie des côtes de la France. » Des 186 que j'ai observées moi-même, j'en ai rencontré 38 sur le rivage seulement, 33 sur le rivage et dans les dragages, ii5 dans les dra- gages seulement (^). Si la grande majorité d'entre elles, les grosses es- pèces surtout, est stationnaire, on peut constater des migrations chez quelques-unes des petites. Parmi celles-ci, je citerai comme exemple le Paractius mulabilis N. S. très voisin du Paraclius littoralis Lev. découvert par i.evinsen, au Groenland, en 1878. Il apparut pour la première fois à Dinard en 1880, après l'hiver si froid de 1879- 1880, s'y maintint en 1881 et 1882, puis devint plus rare et finit par disparaître presque complète- ment en i885. Ce petit Annélide, qu'il faut probablement ranger parmi les Staurocéphaiidés, conserve la forme larvaire en parvenant à l'état de ma- turité; quoique ne dépassant pas S""", 80 de long, il possède la mâchoire la mieux garnie qui ait encore été observée chez un Polychète (environ 800 dents ou denticules). » L'espace me manque ici pour décrire ou même indiquer les espèces nouvelles que j'ai déterminées. Je mentionnerai seulement : le Labroroslratus (N. G.) parasiticus, petit Lombrinérien qui vit en parasite dans la cavité du corps de plusieurs espèces de Syllidiens et dont la taille n'est inférieure que d'un tiers à celle de son hôte, cas d'endoparasitisme curieux, puisqu'il se produit entre animaux de même classe; la Leptonereis FaUlanti, arrivant à (') Sur ces 42 espèces, il n'y en a que 19 qui s'e'tendent jusqu'à l'océan Glacial. (■-) Sur ces 16 espèces, MM. Milne-Edwards et de Quatrefages en ontattribué 1 1 aux îles Chausey, dont la faune, à en juger par la proximité, la température de la mer et la con- stitution géologique, doit être semblable à celle de Dinard. {■^) Avec le filet d'étamine j'ai pêche des larves d'Annélides (Spirodiens, Leucodoriens, Autolytus, etc.) et la foime hétéronéidienne de la Leptonereis l'aillanti JN. S. ( i5i' ) maturité sous la forme néréidienne et sous la forme hétéronéréidienne et dont j'ai pu suivre la transformation en hétéronéréide ; \eScleroclieilus cœcus, différant sensiblement du Scleroclieiliis miniitus, Gr., seule espèce jusqu'ici connue du genre Scleroclteiliis que j'aie rencontrée en grande abondance dans les dragages et dont Grnbe avait pris les yeux pour des mâchoires. » Chez les Syllidiens j'ai pu établir, d'après de nombreux exemplaires à' Eurjrsjllis parac^oxa Cl pd., que les ^ur^sj/Zw, dont le mode de reproduction était inconnu, se reproduisent par stolon tmique mâle ou femelle; j'ai observé les stolons en Tetraglene delà Trypanosyllis Krolmii Clpd. et le beau Polyboslrichus de V Autolytm (') pictus Ehl.; enfin j'ai trouvé inie Myrianida macutala Clpd. avec une chaîne de i5 stolons mâles. Les organes des Sylli- diens appelés jusqu'ici glandes en ï n'ont pas la structure glandulaire et sont garnis intérieurement d'épithélium vibratile; ils me semblent destinés à servir de réservoirs d'eau ; je leur donne le nom de poches latérales du ven- tricule. Après avoir comparé avec les miennes toutes les observations faites jusqu'à présent sur la reproduction des Aulolytus, je crois pouvoir formuler provisoirement les conclusions suivantes : les Àutoljtm se reproduisent d'abord par un premier stolon unique mâle ou femelle dû à la scissiparité, long, à trois régions, se formant à un segment de la souche très rapproché du proventricule, puis, après que la souche a régénéré les segments détachés, par un deuxième et peut-être d'autres semblables, pour continuer par un ou peut-être plusieurs stolons uniques successifs, mâles ou femelles, plus courts, à deux régions, bourgeonnant à l'avant-dernier segment de la souche bien loin du proventricule, et enfin, pour terminer, par une chaîne de plusieurs stolons également à deux régions, placés bout à bout, et produite de la même manière. Les Autolylus auraient alors trois modes successifs de géné- ration alternante. » Chez les Térébelliens, dans les palettes abdominales de beaucoup d'espèces, la base antérieure des plaques onciales est fixée par des muscles ou ligaments larges et courts et la base postérieure par des soies chiti- neuses très fines et plus longues, qui seules méritent le nom de soies. Il faut donc distinguer ces ligaments antérieurs des véritables soies postérieures et ne pas les confondre, comme on l'a fait jusqu'ici, sous le nom commun de soies de soutien. » Tel est l'exposé extrêmement incomplet d'une partie de mes recher- II m'a semblé difficile d'admettre le genre Procerœa Ehl. ( i5t2 ) ches sur les Annélides polychètes He Din;»rd, que je compte publier plus tard en entier dans un Mémoire accompagné de planches. » GÉOLOGIE. — Les traces glaciaires dans la grotle de Lombrives [Ariège). Note de M. E. Trctat, présentée par M. Daubrée. « Les glaciers quaternaires ont laissé de nombreuses traces de leur pas- sage dans la vallée de l' Ariège, et l'on peut suivre leurs moraines jusqu'aux portes de la ville de Foix. » En étudiant ces traces, et en relevant les nombreux blocs erratiques qui couvrent le grand plateau qui vient se terminer au niveau de Tarascon, et que limitent l'Ariège et le torrent de Vicdessos, j'ai été amené à constater un fait intéressant et que je crois nouveau pour la Science : le passage du glacier dans l'intérieur de la grotte de Lombrives. » Déjà celte grotte a fourni de précieux documents pour l'histoire de l'homme primitif, et ses premiers explorateurs, MM. Rames, Filhol et Gar- rigou, ont signalé dans la galerie supérieure des érosions, des dépôts de sable, de cailloux roulés qu'ils attribuèrent à une action diluvienne. Plus tard, M. Noulet reconnut que ces matériaux de transport provenaient d'un dépôt glaciaire qui couvre le plateau supérieur d'Albieck. Mais ni les uns ni les autres ne semblent avoir vu autre chose, dans les phénomènes aux- quels je fais allusion, qu'une action produite par les eaux. Une étude atten- tive des parois de la grotte me permet d'avancer, à mon tour, que les glaces sont passées dans la grotte, et que c'est à elles que sont dues les érosions que je vais décrire. » L'entrée actuelle de la grotte est située sur le flanc de la montagne qui fait face aux bains d'Ussat; en ce point les parois sont abruptes et tout indique qu'un éboulement relativement récent a profondément modifié la conformation ancienne de la montagne. Un immense talus de débris s'étend de cette surface d'arrachement aux bords de la rivière. Les travaux entrepris pour l'établissement de la voie ferrée ont largement entamé en divers points ces éboulis, et j'ai ainsi constaté qu'ils reposaient sur des roches moutonnées et polies sur lesquelles on trouve également des blocs erratiques, ceux-ci s'élevant assez haut sur les flancs de la montagne, jus- qu'au niveau de la grotte. » A l'entrée principale, dans une cavité latérale appelée la Fosse, on aperçoit une série de blocs erratiques enchâssés dans une cavité du cal- ( i5i3 ) caire dans lequel la grotte est creusée; l'un de ces blocs mesure près de 9""=. » A 200™ environ de ce point, s'ouvre en aval une seconde ouverture, reliée à la première par une galerie spacieuse [Caugtie de la Poupe), grotte de la Mamelle, et des blocs erratiques assez nombreux, souvent volumi- neux, sont épars sur le sol de ce couloir, au milieu de blocs calcaires tombés du plafond. » Tous ces blocs semblent avoir été introduits par les ouvertures qui donnent sur la vallée de l'Ariège, et leur composition lithologique est la même que celle des blocs déposés sur le flanc de la montagne. » A 350™ environ de l'entrée, on se trouve en présence d'un escarpe- ment élevé de iS"" environ, et situé à 45™ au-dessus de l'entrée principale : c'est le passage des Échelles. Là on peut constater la présence de deux grands blocs granitiques; l'un d'eux est enchâssé dans une sorte de mar- mite creusée dans le calcaire. Au-dessus de ce point, et après le passage du lac, les blocs granitiques deviennent de plus en plus nombreux, et en certains points ils forment des amoncellements au milieu de la galerie. Tous sont de gneiss granitoïde, et quelques-uns atteignent un volume de 2""=. » Jusqu'à présent, rien ne permet d'établir que ces blocs de la galerie supérieure aient été déposés à la place qu'ils occupent par un autre agent que par les eaux, et c'est là ce qu'ont pensé les différents géologues qui ont constaté leur présence. » Mais un peu plus loin, à i 400°" environ de l'entrée, au Défilé, j'ai con- staté, sur les parois polies du souterrain, des traces qui ne peuvent laisser de doute : ce sont bien des coups de gouge produits par la glace. » Ces traces présentent les caractères suivants : une rainure deo™, 02 à o°',o8 de large commence peu à peu dans la roche (calcaire marmoréen déstructure très homogène), et se termine brusquement par un ressaut : le coup de gouge. » Un peu plus loin, dans une partie du défilé qui monte rapidement, ces mêmes coups de gouge sont inclinés, mais l'angle qu'ils forment avec l'horizon est beaucoup plus aigu que celui de la galerie elle-même; il y avait là une chute brusque du glacier. » J'ai photographié ces parois, en les éclairant au magnésium, et il est facile de constater sur les épreuves ainsi obtenues, que je présente à l'Aca- démie, les caractères typiques du passage de la glace. » A l'époque où s'est produit ce phénomène, le glacier de l'Ariège ( i5>1 ) devait présenter une pliysionomie singulière; car deux bras marchaient parallèlement à une altitude différente. L'un glissait dans la vallée de i'Ariège, atteignait le niveau des ouvertures de la grotte, pénétrait dans la grande grotte pour aller ressortir un peu plus bas, en abandonnant des blocs erratiques dans ce parcours souterrain. L'autre bras, plus élevé de Soo"^, couvrait le plateau d'Albrech, après avoir reçu le rameau du cirque de Bouan. » Lors de sa plus grande extension, cette branche supérieure d'Albrech devait s'arrêter sur le bord du plateau sans descendre dans la vallée de Vicdessos, et c'est probablement alors qu'il envoyait, par une ouverture aujourd'hui obstruée, le bras souterrain qui remplissait la grotte de Lom- brives. » Plus tard, lors du retrait des glaces, les eaux provenant du glacier s'engouffraient dans ce même souterrain et déposaient des sables, de menus galets qui garnissent encore les galeries supérieures de Lombrives. Il se produisait alors un fait analogue à celui que nous voyons aujourd'hui aux pieds des glaciers de la iMaladetta: là, en effet, les eaux provenant du glacier du Néthou vont se réunir dans le trou de Toro, pour reparaître dans la vallée d'Aran, et les eaux qui descendent du glacier de la Mala- detta pénètrent sous terre au gouffre de la Rencluse, pour revenir au jour dans la vallée de l'Esserra ». GÉOLOGIE. — Nouvelle carte géologique de la France à V échelle de j~^, par MM. G. Vasseur et L. Garez, présentée par M. Hébert. « Nous avons l'honneur d'offrir à l'Académie les premières feuilles et le tableau d'assemblage d'une nouvelle carte géologique de la France dressée à l'échelle de g„„\,„„, sur la carte chorographique du Dépôt des fortifications. » Le 23 juin 1884 (' ). M. Hébert a bien voulu présenter à l'Institut les épreuves d'essai de ce travail ; depuis lors, la publication de notre ouvrage a suivi son cours, et nous avons l'espoir de la terminer dat)s le courant de l'année 1886. » En 1881, le Congrès géologique international de Bologne avait posé en principe que, sur les cartes futures, chaque grand groupe stratigraphique devrait être représenté par une seule couleur, dontles nuances graduées se- raient employées pour figurer les subdivisions du groupe, les plus foncées étant affectées aux subdivisions les plus anciennes. (') Yoir Comptes rendus, séaace du 28 juin 1884. ( i5r5 ) » La carte que nous présentons est conforme aux décisions précitées. » Dans son ensemble, elle comprendra quarante-huit feuilles, dont cinq destinées au litre et à la légende. Quinze planches sont actuellement im- primées; elles représentent le sud de l'Angleterre, la plus grande partie de la Belgique, le Luxembourg, les bords du Rhin jusqu'à Bonn et Franc- fort, l'Alsace-Lorraine et les parties orientale et centrale du bassin de Paris, enfin les environs de Bordeaux. » L'exécution de cet ouvrage n'aura pas nécessité moins de cinq années de travaux graphiques et d'études stratigraphiques personnelles. » Au point de vue du fond, la carte au j^^n^Tô résumera les progrès de la Géologie accomplis en France depuis quarante-trois ans. Outre les nom- breux travaux de cartographie géologique publiés pendant ce laps de temps et le résultat des recherches personnelles des auteurs, elle com- prendra un grand nombre de documents inédits et de renseignements par- ticuliers, dus à la précieuse collaboration de la majorité des géologues français. » L'énumération méthodique de tous ces matériaux et la nomenclature spéciale des terrains figurés sur chaque feuille constitueront d'ailleurs un volume de texte explicatif, complément indispensable de cette publica- tion. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Principaux résultais des recherches faites en Suède sur les courants supérieurs de l'atmosphère. Note de M. H. Hildebrandsson, présentée par M. Mascart. « Les premières Cartes synoptiques, dressées par Le Verrier et d'autres, il y a trente ans, ont montré que la direction du vent est centrifuge autour d'un maximum barométrique et centripète autour d'un minimum. En même temps, le mouvement a une composante tangentieile, et dans l'hé- misphère nord l'air tourne dans le sens des aiguilles d'une montre autour d'un maximum, dans le sens contraire autour d'un minimum. On doit donc en conclure que l'air monte au centre d'une tempête, et que, par- venu à une certaine hauteur, il s'éloigne du centre dans toutes les direc- tions. Dans les régions de maximum barométrique, cette nappe supérieure descend et alimente les courants inférieurs divergents. » Pour étudier de plus près le mécanisme de ce phénomène, il faut observer directement et avec précision le mouvement des courants dans les régions les plus élevées de l'atmosphère, ce qui est souvent possible. ( i5i6 ) grâce aux cristaux de glace qui constituent les nuages connus sous le nom de cirrus, et dont la marche indique la direction du courant dans lequel ils flottent. Guidé par cette pensée, j'ai organisé en Suède, dès 1873, l'obser- vation régulière des cirrus et j'ai déduit de ces observations les résultats suivants : i'' Tout près du centre d'une dépression, ou minimum barométrique, les courants supérieurs se meuvent à peu près dans une direction paral- lèle aux vents inférieurs; » 2° A mesure qu'on s'éloigne du centre, ils s'écartent en dehors et à droite des vents inférieurs ; » 3° Dans les régions de maximum barométrique, ils convergent vers le centre en coupant les isobares à peu près à angle droit; » 4° Le mouvement divergent des courants supérieurs est beaucoup plus grand dans la partie antérieure de la dépression, c'est-à-dire à l'est- nord-est du centre, que dans la partie postérieure, où le mouvement des cirrus s'approche de la direction de la tangente aux isobares. » Un examen analogue du mouvement des nuages inférieurs a montré que les courants dans lesquels flottent ces nuages marchent dans une direc- tion presque perpendiculaire à celle du gradient, ou parallèle à la tangente aux isobares. » Enfin le vent à la surface du sol fait avec le gradient un angle sensi- blement constant et vers la droite; il se dirige donc vers le centre delà dé- pression en suivant à peu près une spirale logarithmique. » Il est donc prouvé directement par l'observation que : » Uair, qui se meut à la surface terrestre en spirales loijarilhmiques autour du centre d'une dépression s'élève au centre; à une hauteur de 2000"" à 3ooo™, il est doué d'un mouvement presque circulaire autour du centre du tourbillon; enfin, pai'venu à une hauteur considérable dans la région des cirrus, il s'éloigne du centre, surtout dans la partie antéiieure. Ces courants supérieurs convergent vers le centre des régions de maximum barométrique et descendent vers la surface du sol où ils sortent du centre en mouvement centrifuge ( ' ). » Ces résultats ont été confirmés par les recherches faites indépendam- ment en Angleterre par M. Clément Ley. » En dehors de ces mouvements autour des centres de hautes et de basses pressions, il restait à déterminer la direction moyenne des mouvements supérieurs de l'atmosphère. En discutant les observations faites pendant (') Acta Soc, Reg, Scient, iipsal., 1874 et i833. (,5i7) dix années dans un grand nombre de stations en Suède et à l'étranger, j'en ai déduit les résultats suivants : » i" La direction moyenne des cirrus est comprise entre nord-ouest et sud-ouest pour toutes les stations de l'Europe et en toutes saisons, et semble coïncider à peu près avec la trajectoire moyenne des centres de dépres- sions; » 2" La composante nord du mouvement est plus grande en hiver qu'en été et est surtout grande en Suède et sur la côte sud de la Méditerranée. » Les observations qui précèdent ne se rapportent qu'au mouvement des nuages que l'on peut déterminer d'une seule station, et par conséquent à la composante horizontale de leur mouvement apparent. La détermination de la hauteur vraie et de la vitesse réelle des nuages, c'est-à-dire de leur trajectoire dans l'espace, présente encore plus d'importance. Il suffit, pour cela, que deux observateurs situés à une distance convenable, et reliés par une ligne téléphonique, visent simultanément le même point d'un nuage avec des appareils propres à mesurer les angles; plusieurs mesures succes- sives permettent de déterminer le mouvement réel du nuage dans le sens horizontal et dans le sens vertical. Des observations régulières ont été orga- nisées à Upsal en 1 884 avec deux bases, l'une de Soo"" pour les nuages inté- rieurs, l'autre de i3oo™ pour les cirrus. J'en réserverai l'examen détaillé pour le moment où elles embrasseront une année complète. Il me suffira d'indiquer aujourd'hui les principaux résultats. » Les cumulus et les cirrus présentent dans leur hauteur une variation diurne très marquée. La hauteur du sommet des cumulus et leur épaisseur atteignent leur maximum à une heure du soir; la hauteur des cirrus, au contraire, va en croissant du matin jusqu'au soir. » Le Tableau suivant d'observations donnera une idée du mouvement des cirrus : Vitesse Vent inférieur. Date. Hauteur ^ ^i „. ,, .^ ^ i885. moyenne. horizontale. verticale. Direction. Direction. Vitesse. m m m o m 26mai 8061 19,4 +5,i S 87 W SW 3,9 3omai 8069 42,3 -1-2,6 S 56 W WSW 7,9 6juin 9223 44,1 +6,1 S 67 W WSW 8,2 iSjuin 9237 36,5 -1,3 S 80 W SSE 4,0 lyjuin 8268 34,5 -h2,8 Wj5 N SSW 2,9 i3juillet.... 8825 i3,5 —1,7 S 36 W SSE 4,3 » io6o4 i5,ï — o>8 S 37 W » » » Comparant ensuite ces résultats avec la situation atmosphérique au C. R., t885, 2* Semestre. (T. CI, N» ÏC.) '9" ( i5i8 ) moment des observations, on constate que les vitesses verticales positives (de bas en haut) correspondent aux cas où l'on est au voisinage d'une dé- pression et les vitesses de haut en bas au voisinage d'un maximum baro- métrique. Les cirrus s élèvent donc au-dessus des dépressions et descendent vers les points où le pression inférieure est maximum. » L'étude des mouvements des couches supérieures de l'atmosphère pourra donc être résolue par l'observation des nuages, pourvu que cette observation soit faite régulièrement dans un grand nombre de stations placées dans des conditions chmatologiques diverses et à différentes alti- tudes au-dessus du niveau de la mer, » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la limite septentrionale de la mousson sud-ouest de l'océan Indien. Note de M. Venukoff, présentée par M. Mascart. « Le problème météorologique qui consiste à fixer la limite septen- trionale de la mousson du sud-ouest qui souffle aux Indes pendant l'été n'a pu être résolu jusqu'à nos jours, faute d'observations, au Thibet et dans l'Asie centrale. Cette limite n'est pas même indiquée dans les Ouvrages modernes les plus complets sur la Climatologie, parce que les données scientifiques font absolument défaut. Grâce au dernier voyage de M. Pre- jévalsxy, on peut tracer d'une manière au moins approximative cette li- mite sur la carte d'Asie, et j'ai l'honneur de présenter à l'Académie le pre- mier essai de cette détermination. » La limite septentrionale de la mousson du sud-ouest ne forme pas une ligne régulière, mais elle coïncide approximativement avec le trente- septième parallèle, en s'écartant tantôt vers le sud, tantôt vers le nord. Son extrémité occidentale se trouve vers les sources de l'Amou-Daria et du Tarim, où nous voyons beaucoup de neiges perpétuelles s'amasser sur les sommets des grandes montagnes, comme, par exemple, sur le pic de Ta- gharma (Sooo"") et d'autres moins élevés. De là la ligne limite s'incline un peu au sud-est et passe par les villes de Rhotan et de Kiria, puis, sous le méridien 85° est de Paris, s'abaisse le plus en latitude (36°). » Ces inflexions tiennent à la hauteur excessive de la partie de l'Hima- laya qui se trouvé juste au sud de Riria et de Tchertchène. Mais un peu à l'est du méridien des lacs Lob-Nor et Gasch (88° E. de Paris), la mousson s'étend davantage vers le nord, de sorte que les montagnes qui entourent les sources du Hoang-Ho et le lac Khou-Rhou-nor, jusqu'au 4o' parallèle, reçoivent leur humidité des vents du sud-ouest qui arrivent de l'océan ( ï5i9) Indien, par-dessus l'Himalaya oriental, beaucoup plus bas au Bouthan qu'au Népal. On peut dire que le méridien de Lang-Tchéou, capitale de la province Gan-Sou, dans la Cliine occidentale, forme la limite de la propa- gation de la mousson de l'Inde, et que, au delà de cette ville, nous entrons dans la zone des moussons de la Chine qui soufflent du nord-est au sud-est ou vice versa. J'ai essayé de tracer sur ma Carte la limite orientale de la mous- son de l'océan Indien, maiscen'est que d'une manière hypothétique, car les Caries climatologiques anglaises ne s'étendent pas au delà des frontières de l'Assam et du Ténassérime. Il est d'ailleurs probable (et les observations météorologiques du P. Desgodins, à Batang, confirment cette supposition) que les grands fleuves de l'Indo-Chine : l'irrouady, le Salouen, le Mékong et même l'immense Yang-Tzé supérieur, reçoivent leur eau de l'océan Indien, tandis qu'au ïonkin et dans l'Annam nous nous trouvons déjà sous l'influence prépondérante des vents alizés ou de la mousson de la Chine (sud-est). Quelques recherches convenablement dirigées au Tonkin et à Bangkok pourraient bien conduire à la solution plus ou moins précise de ce dernier problème. » Au nord de la limite septentrionale de la mousson de l'Inde, M. Pre- jévalsxy rencontrait, pendant son voyage, les vents continentaux qui vien- nent toujours du nord-est. Ces vents sont extrêmement secs et apportent beaucoup de poussière. « M. E. Macmené adresse quelques mots de réponse à une Note récente de M. Boiirquelot « Sur le sucre interverti » ( Comptes rendus, 9 novembre dernier) : « Je crois devoir faire remarquer que M. Bourquelot me fait dire le contraire de ce que disent mes affirmations. « Le sucre dont je me suis servi » était l'un de ceux qui m'ont fait coimaître le degré 42 au moins, à gauche, » degré confirmé depuis par M. Lippmann. » Je dis degré, et non pouvoir rolatoire. Tout le reste de mon article exprime qu'il s'agit du maximum de déviation à gauche, offert par la solution de sucre normal x6°,20 au vo- lume loo*^"^, qui dévie de 100" à droite avant l'inversion, de 44° à gauche après l'inversion (par CO-, Lippmann), maximum que j'avais indiqué 4^° au moins par HCI, etc., au lieu de 38 indiqué par Biot. » Au sujet de la composition du sucre inverti, je demande la permis- sion d'insister sur l'existence dans ce sucre, outre le glucose et le chyla- riose (lévulose), d'un troisième produit au moins, ce dont j'ai donné des preuves détaillées et précises. » ( l520 ) M.E. Maumené adresse, en outre, une Note destinée à apporter une confirmation nouvelle à sa « Théorie générale de l'action chimique », par l'étude de la décomposition du chlorate de potasse par la chaleur, et la détermination du maximum de perchiorate produit dans cette décompo- sition. MM. A. Herbelin et A. Ajsdouard adressent, par l'entremise de M. Cha- tin, une Note sur le guano d'Alcatras! Il résulte, des analyses faites par les auteurs, que les derniers chargements de guano d'Alcatras ne contiennent pas les matières azotées en quantités suf- fisantes pour que ce produit paraisse pouvoir être utilement appliqué à l'Agriculture. M. Emile Barbier adresse une nouvelle Note sur le dodécaèdre com- plétât le polyèdre qui provient du prolongement des faces des icosaèdres réguliers. M. Eugène Gaillard adresse un essai de théorie thermo-électrique. MM. Martel et de Lapnav adressent une réponse aux objections de M. CarlaUhac, sur les débris humains et la poterie de Nabrigas. Les auteurs, après avoir relevé les divers points sur lesquels ils sont d'accord avec M, Cartailhac, insistent sur les faits qu'ils ont déjà signalés, comme démontrant l'impossibilité d'admettre un remaniement postqua- ternaire de la grotte de Nabrigas. Ils terminent en maintenant les con- clusions qu'ils avaient formulées. A 5 heures , l'Académie se forme en Comité secret, La séance est levée à 5 heures un quart. J. B. ( l52I ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Outrages beçus sans la séance du i4 décembre i885. Direction générale des Douanes. Tableau général des mouvements du cabo- tage pendant l'année 1884. Paris, Impr. nationale, i885; in-4°. Annuaire pour l'an 1886, publié par le Bureau des Longitudes. Paris, Gauthier-Villars, i885; i vol. in-i8. (Présenté par M. Faye.) Eléments de Botanique. I. Botanique générale ; par Vn. VanTieghem. Paris, F. Savy, 1886; i vol. in-12. Résumé historique des études géologiques et des travaux d'excavation entrepris en France et en Angleterre en vue de l'exécution d'un chemin de fer sous ta Manche, etc.; parD. Colladon. Paris, impr. Capiomont et Renault, i883; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de ta Société des Ingénieurs civils.) Bateaux à vapeur Daniel Colladon. Paris, impr. Capiomont et Renault, i885; br. in-8°. (Extrait des Procès-verbaux de la Société des Ingénieurs civils.) Mémoire sur les travaux d'avancement du tunnel du Saint-Gothard, etc.; par M. D. Colladon. Paris, impr. Capiomont et Renault, 1880; br. in-8''. (Extrait des Mémoires de la Société des Ingénieurs civils.) Contribution à l'étude de la grêle et des trombes aspirantes; par M. D. Col- ladon. Genève, H. Georg, 1879; in-8". Expériences faites au tunnel du Saint-Gothard sur l'écoulement de l'air com- primé, etc.; parE. Stockalper. Genève, impr. Schuchardt, 1879; br. in-8°. Note sur les mouvements lents du sol et de la mer. — Note sur le calcaire carbonifère de Montmartin-sur-Mer ; parM. Quénault. Caen, impr. LeRlanc- Hardel, i885; 2 br. in-8°. (Préi^entées par M. Bouquet de la Grye.) Bapport à M. le Ministre de l' Agriculture sur la destruction de l'œuf d'hiver du Phylloxéra; par M. L.-F. Hennegut. Instructions pratiques pour le badi- geonnage des vignes. Paris, Impr. nationale, i88v'>; in-S". (Deux exemplaires.) Matériaux pour une élude préhistorique de l'Alsace; par M. le D'' Faudel et M. le D"" Bleicher. Colmar, impr. C. Decker, i885; in-8°. (Présenté par M. Hirn.) C.-D. Carusso. Importance de la cartographie officielle. Etude sur l'Ord- nance Survey du royaume uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. Genève, impr. Schuchardt, 1886; br. w-S". { 1322 ) Mesures de la polarisation elliptique de la lumière,- par B. Sissiwgh. Sans lieu ni date; br. in-8°. (Extrait des Archives néerlandaises, t. XX.) ~ Manuel de Paléontologie ; par R. Hoernes, traduit de l'allemand par L. DoLLo; fascicule I, pages i à i6o; Paris, F. Savy, 1886; iii-8°. Reclierches sur la construction théorique des hélices propulsives, — Remarques sur l'effet d' une force; par M. Dhroy de Bruignac. Paris, impr. Capiomont et Renault, i885; 1 br. in-S". Canal maritime de la Somme; pari. Joly. Chauny, impr. Bugnicourt, 1882 ; opusc. in-S". Foutth annual report oflhe United States geoloqical sui~vey to the Sécrétai y of the interior 1882-83 ; 6j J.-W. Powell, director. Washington, govern- ment printing office, 1884 ; gr. in-8° relié. The register ofthe privy council of Scotland, edited and abridged by David Masson; vol. YII, A. D. 1604-1607. Edinburgh, H.-M. General regisler- house, i885 ; gr. in-8° relié. Flora Chersonensis, auctore Eduardo a Lindemawn; vol. I. Odessae, 1881 ; in-B". Thermochemische Untersuchungen ; von J. Thomsen; vierter Band : Orga- nische Verbindungen. Leipzig, J. -A. Barth, 1886; in-8°. OdTRAGES &EÇDS DANS L* SÉANCE DD 28 DÉCEMBRE lti85. Jnnales de i observatoire astronomique, magnétique et météorologique de Toulouse; t. II, renfermant une partie des travaux exécutés de 1 879 à 1884, sous la direction de M. B. Bailladd. Paris, Gauthier-ViUars, 1886; in-4**. Botanique populaire illustrée. Flore pittoresque de la Fiance, publiée sous la direction de J. Rothschild, avec le concours de MM. G. Heuzé, Bouqu et de la Grye, s. Meunier, Pizzetta et Verlot. Paris, Rothschild, i885; in-4°* (Présenté par M. Duchartre.) Traité de Physiolocjie comparée des animaux ; par G. Colin; t. I. Paris, J.-B. Baillière, 1886; in-8''. (Présenté par M. Gosselin.) Histoire des Sciences malhématiques et physiques; par M. Max. Marie; t. VIII : d'Euler à Lagrange. Paris, Gauthier-Viilars, 1886; in-S". Actes de la Société Imnéenne de Bordeaux; l^^ série, t. VIII. Bordeaux, impr. J, Durand, i884; in-8°. Notions générales sur r éclairage électrique ;paili.Yi\A.Rt.z.¥àvii,J,Mich(i\el, 1886; iu-S". ( i523 ) Manuel d'hydrothérapie; par le D' P. Delmas. Paris, O. Doin, i88S; iti-i2 relié. De la Irépanalion du crâne chez les indigènes de l' Aurès {Algérie); par A. VÉDKÈNES. Paris, F. Alcan, i885;in-8°. (Extrait de la Revue de Chirurgie.) (Présenté par M. le baron Larey.) Les marines de guerre de ranliquité et du inojen âge; par M. le contre- amiral Serre. Paris, Baudoin, i885; in-8°. De la toxicologie en Allemagne et en Russie. Rapport adressé à M. le Mi- nistre de r Instruction publique et des Beaux-Arts; par M. Ph. La.foiy. Paris, Impr. nationale, i885; in-8°. (Présenté par M. Vulpian.) La France future sur l'Océan. La rade du Havre; parj^. Thdillard-Fro(- DEViLLE. Paris, Challamel, i885; in-4''. Projet des marins. La rade du Havre; II. Notes et plans; par L. Thdillard- Fkoideville. Paris, Challamel, i885; in-4°. Kystes, tumeurs perlées et tumeurs dermoïdes de l'iris, etc.; par Y,, Masse. Paris, G. Masson, i885; in-4°. (Adressé par l'auteur au concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1886.) Mollusques terrestres et fluviatiles recueillis par M. E. Soleillet dans son voyage en Choa [Ethiopie méridionale); par M. J.-R. Bodrguignat. Paris, V" Tremblay, i885; in-8°. (Renvoi au concours Delalande-Guérineau.) Traité théorique et pratique des machines dynamo-électriques ; par Silvanus P. Thompson, traduit de l'anglais par E. Boistel. Paris, Baudry et C'*, 1886; in-8°. Synopsis des diatomées de Belgique; par le D"^ H. Van Heurck; texte et table alphabétique. Anvers, édité par l'auteur, i884-i885; 2 vol. gr. in-8". La protubérance annulaire, etc.; par le D' Bitot. Bordeaux, impr. Bellier, i885; br. in-8<'. J.-A. PouMEAU. Méthode pour arriver à connaître l'existence individuelle dans l'espèce humaine. Bas«e-Terre, impr. du Gouvernement, i885; in-8°. Carte géologique de la France au jt^ïTôT»! f «'" G- Vasseur et L. Garez. Carte en i4 feuilles. Observations made at the magnetical and meteorological ohservalory at Ba- tavia; vol. VI, Part I et 2. Batavia, Government printing office, i885; 2 vol. in-t°. A stronomical , magnetical and meteorological observations made at the Royal Observatory Greenwich in theyear i883. London, i885; in-4° car- tonné. ( i524 ) Astronomical and meleorological observations made during ihe year 1881 al the United States Naval Observalory. Washington, Government printing of- fice, i885 ; in-4° relié. Publications of the Washburn Observatoiy of the University of Wisconsin; vol. III. Madison, Wisconsin, i885; in-8'' relié. Memoirs of the Royal Astronomical Society; vol, XLVIII, Part 11, 1884. London, 188 5; in-4''. FIN DU TOME CENT- UNIEME. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABETIQUES JUILLEl — DÉCEMBRE 1883. TABLE DES MATIERES DU TOME CI. Pages. Acétique (Acide) et ses dérivés. — Sur la variation des propriétés physiques dans les dérivés ciiloracéliqucs; par M. L. Henry -250 — Élude physiologique sur l'acélophénone: Noie de iMM.J/« //■> . 23 1, 558, C63, 988, 1232 et 1467 C. R., i885, i' Semestre. (T. Cl. Pages. -- M. G. Diipiiis adresse une Commu- nication relativei à la direction des aérostats GG3 — Sur les mouvemenis des aérostats. Note de M . G. Tissnndirr 713 — M. R. Gilbert adresse un Mémoire in- titulé : « Nouveau mode de susjicnsioM de la nacelle, proposé pour les aéro- stats » 800 — Sur les nouvelles expériences exécutées en i885 au moyen du ballon dirigeable La France. Note de M. Ch. Renard, r 1 1 1 — M. /. Foiigcrcaii adresse deux Notes sur la direction des aérostats. 1121 et 14O7 Alli.vges. — Sur les alliages du cobalt et du cuivre ; par M. G. Gudlemin 433 Aluns. — Indices de réfraction de quelques aluns cristallisés; par M. Ch. Snrct.. i56 Ammoni.vque et ses composés. - Obser- vations relatives à une Note de M. G. Jrth, concernant « l'action de l'azo- tale d'ammoniaque ammoniacal an- hydre sur quelques métaux « ; par M. Ed. Divers S47 "J7 ( i526 ) Analyse matiiématiqce. — Propriélcs nouvelles du paramètre différenliel du second ordre des fonctions d'un nom- bre quelconque de vaiiables indépen- dantes; par M. Ha ton de la Gmipi/- lU-ic 1 8 — Sur l'homograpliie de deux corps solides ; par M. Syh'eslcr 35 — Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe cubique Cremona ; par M. L. Aiitonne 53 — Note de M. Hermile relative à une Communication de M. Stieltjes « sur une fonction uniforme " 112 — Sur une fonction uniforme; Note de M. SticItjcs ..- i53 ~ M. J. Lcfébiire adresse deux Mt- moires « Sur le dernier théorème de Fermât » 3o i — Sur la fonction ?(.f) de Riemann; par M. Bour^uet 3o4 — Sur les différentielles des fonctions de plusieurs variables indépendantes; par M. E. Goursat Sog — Sur une loi asymptotique dans la théo- rie des nombres; par M. Stielijcs. . 368 — Sur une relation de récurrence qui se présente dans la théorie des fonctions elliptiques; par M. de Jonqidèrcs . . . \i5 — Remarques sur une démonstration de la loi de réciprocité; par M. yl. Ge«()cf/(/. 4'-5 — Sur les formes quadratiques dans la théorie des équations différentielles linéaires; par M. Halphen GG4 — Sur les intégrales de différentielles to- tales de seconde espèce; par M. E. Picard 734 — Solution d'une question d'Analyse in- déterminée, qui est fondamentale dans la théorie des transformations Cre- mona; par M. de Jonquières Siiy — Sur les transformations Cremona dans le plan ; par M. Ciœcia 806 ~ Sur la dérivation des solutions dans la théorie des transformations Cremona ; par M. de Jonrjnières ga 1 — Sur la décomposition des formes qua- dratiques; par M. BciKHt 86ij — Sur les intégrales irrégulières des équa- tions linéaires; i)ar M. H. Poinraié. g3() pt 090 — Sur une nouvelle théorie des formes algébriques; par M. Syhextcr 1042, 1 1 10, iiii el I (Gi Pages. — Sur la formule d'interpolation de {a- graiige; par M. -Bcv/rfi'.c.çf;//. . loSoel 1129 -- Sur certaines fonctions hyperfuchsicn- nes ; par M. E. Picard 1 1 27 — Sur les séries trigonométriques; par M. H. Pitimaré 1 1 3 1 — Sur les solutions communes à plusieurs équations linéaires aux dérivées par- tielles; par M. /{. Linimlle 1 134 — Sur les conditions d'holomorphisme des intégrales de l'équation itérative, el do quelques autres équations fonction- nelles; par M. G. Kœnig.i 1 ] 37 — Sur une nouvelle classe d'équations dif- férentielles linéaires intégrales; par M. Halphen 1238 - Sur les fonctions doublement périodi- ques de troisième espèce; par M. Ap- pell 1478 — 11. Denis adresse un extrait d'un Ou- vrage en préparation, sous le titre : » Généalogie des nombres ■> 407 — M. A. Pio adresse une Note sur les équations linéaires aux dérivées par- tielles 5i6 — M. A. Lefébiire adresse une addition à son précédent Mémoire sur le dernier théorème de Fermât 558 — M. E. Le Blanc adresse deux Commu- nications successives, sur une solu- tion du problème de Fermât 797 — M. Haton de la Goupillière fait hommage à l'Académie d'un Mémoire sur des propriétés nouvelles du paramètre dif- férentiel du second ordre des fonctions de plusieurs variables indépendantes. 925 — M. le Secrétaire perpétuel donne lec- ture d'une LettredeM. Mittag-Lcfjler annonçant qu'un prix sera décerné, le 21 janvier 1889, par Sa Majesté Os- car II, à l'auteur d'une découverte im|.)ortanle dans le domaine de l'Ana- lyse mathématique supérieure 53 1 Voir aussi Géométrie. 3Iécaniqiie el Mé- canique céleste. A^'AT01IIE ANiMAi.iî. — Structurc et ac- croissement des fanons des Baléno- ptères; par M. y. Delage 86 — Sur le développement des dents du Ca- chalot; par M. G. Pouchct 753 — Sur la structure et le mouvement des stylets dans l'aiguillon de l'abeille; par M. G. Garlct 89 — Sur le système ner\cux central de la ( i5 Pages. TetliY-i lepnrinn; par M. de Lacnze- Dalhivrs 1 3 3 — De l'existence d'un syslèmo nervenx cliez les Planaires acœlos et d'un or- gane des sens nouveau chez la Concol- villa Schultzii (0. Schm.): par M. }'. Dclagc '^56 — Morpliulogie analytique et comparée de la mâchoire chez les Hyménoptères; par M. /. Chatln aSg — Sur la mandibule des Hyménoptères: par M. /. Clialin . fi45. — Note sur l'anatomie du Dentale; par Rf. de Lnrnzf-Diithicrs agG — Sur le tube digestif, le corps de Boja- nus, les organes génitaux et la ponte de la Fissurelle ; par M. L. Boulan . . 388 — Sur le développement de la Fissurelle; par M. L. Boiitan "lo — Sur l'organisation du Pachydriliis En- cliytrœoides\\>ar'\\.RcmySai'it-Loiip. 482 — Sur l'organisation de la Tiuncatelln; par M. Vars:. 717 — M. /v/)r présente à l'Académie l'n An- nuaire du Bureau des Longitudes pour l'année 1 886 v i lii — M . le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui présenter une liste de deux candidats, pour la place de Membre titulaire, laissée vacante au Bureau des Longitudes, dans la Section d'Astronomie, par le décès de M. Ymn Villarcenu 1 4G8 c: Cadmium. — Sur un nouveau mode de do- sagedu cadmium; parMXI.ylc/. Carnot et P. -M. Proroniant Sg — Production de l'Iiydraie de caduiiuin cristallisé; par M. A. de Sclwlten. . . 7a Camphre. — Sur les caractères cristallogra- phiques des dérivés substitués du camphre; j)ar MM. P. Cazencuve et /. Mnrel Candidatures. — M. Sappry prie l'Aca- 438 ( iSag ) Pages, rlémie de le comprenrlre parmi les candidats à rune dos places viicantes dans la Section d'Anatoinie et Zoolo- gie 93 i — M. Marcel Deprez prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à une place vacante dans la Section de Mécanique 99" Capillarité. — Sur les constantes capil- laires des'solulions salines; par M. J. Chcrvct a3 J Carbonates. — Combinaison du carbonate neutre de magnésieavec le bicarbonate de potasse: par M. R. Ens,cl. 749 — Sur un nouveau carbonate neutre de magnésie; par M. /i. En^cl 814 — Sur la loi de Schlœsing, relative à la solubilité du carbonate de chaux par l'acide carbonique: par M. R. E/ii^rl. 949 Cellulose. — Recherches sur les cellu- loses nitriques (fulmicoton) ; par M. Ch.-Ern. Giiig'ifl 03 1 CÉRiuM ET SES COMPOSÉS. ■ — Sur le chlo- rure anhvdre et le silicate de cérium; par M. P. Didier 88--! CfLUiFFAGE (Systè.mes de). — Emploi de la chaleur atmosphérique, pour obtenir une force motrice capable d'élever l'eau à une certaine hauteur; par M. Ch. Tcllier i J J — Résultats obtenus au moyen de rap[)a- reil pour l'élévation des eaux par la chaleur atmosphérique; par M. Ch. Tcllier 977 — M. Feuillet de Conclu'!: communique un passage d'une Lettre de la com- tesse de Lnfciyette, écrite vers le mi- lieu du siècle de Louis XIV, où il est lait mention d'un feu iirlijiciel servant au chauffage 934 — M. F.-V. Mouly adresse une iNote le- lative à un système de chauffage et de ventilation 988 Chemins de fer. — Effoits dynamiques produits par le passage des roues des locomotives et des wagons, aux joints des rails; par M. A. Cnnsidère 992 Chimie. — Application de la cryoscopie à la détermination des poids molécu- laires ; par M. F.-M. Raoïdt io56 — Sur un nouveau mode de chloruralion; par M.M. Albert Colsnn et Henri Gau- tier 10G4 — Sur un nouveau moven de vérilier la Pages, pureté des corps volatils; par M. E. Dnclaiix 1 5o I — M. E. Manmené adresse une Note des- tinée à apporter une confirmation nou- velle à sa « Théorie générale de l'ac- tion chimique » i5an Voir aussi Thcrmochimie . Chimie agricole. — De quelq>ies faits d'oxydation et de réduction, produits par les organismes microscopiques du sol ; par M. A . Mùntz 248 " Fixation directe de l'azote atmosphé- rique libre par certains terrains argi- leux ; par ^^ Bcrthclot. . . . .■ 775 — Fixation (le l'azote atmosphérique dans le sol cultivé ; par M. H. Jmdie 1008 — Sur l'enrichissement en azote d'un sol maintenu en prairie; par iM. P. -P. Dehérnin 1273 Voir aussi Chimie vc^ctnle. Chimie analytique. — Sur un nouveau mode de dosage du cadmium; par MM. Ad. CnrnotelP.-.^f. Prornnmnt. Sg — Sur une nouvelle méthode d'analyse volumétrique, applicable aux essais des bioxydes de manganèse; par M. Paul C tun-pcntier 3 iC) Chimie industrielle. — Industrie de la magnésie; par M. Th. Schlœsing i3i — M. de In Baxtic adresse des échantillons d'assiettes en verretrempé. présentant une résistance exceptionnelle à la rup- ture 277 — Falsifications de l'huile d'olive comes- tible ; Note de M . A. Audoynaud . . . ■j'in — Sur la gutta-percha de Bassin ( Buty- rospermum) Pnrkii, G. Don, et sur sa composition chimique; par MM. Ed. Hcckel et Fr. Schlagdcnhnulfcn .... 1 0G9 ! — M. O. Pcw adresse un Mémoire por- tant pour titre : « Essai sur la déter- mination de la puissance calorifique des bois et sur l'évaluation, en calo- ries, du travail moléculaire de la dé- composition du tissu ligneux a 104 — M. Suce adresse une Note relative à un gisement d'alunite très riche, dans les Andes péruviennes 5iG Chimie organique. — Sur les propriétés réductrices du pyrogallol : action sur les sels de fer et de cuivre ; par MM. P. Cazeneuve et G. Linossicr. 56 — Sur la dissolution acétique des hypo- sulGtes alcalins; par M. E. Matliieu- ( i53o ) Pajîes. Plesxj 59 — Sur la varialion de, propriétés pliysi- qiiesdansles dérivés cliloro-acétiqiies; par M. L. Henry 25o — Sur lo peptonale de fur; par M. Mau- rice Robin 021 — Surl'iiexabromure debenzine;par M. J. Meunier 378 — Sur les caractères cristallographiques desdérivés substiiués du camphre; par MM. P. Cazriirm-c et J. M'^rel 438 — De l'aclion de l'iodure de phosplionium sur l'oxyde d'élhylène; par M. /. de Girard. 478 — Sur les dérivés alcooliques de la pilo- carpine; par M. Chastainf; 5o7 — Sur quelques dérivés méltiyléniques; par M. Louis Henry 099 — Recherches sur les celluloses nitriques (fulmicoton); parM. Ch.-Em.Guignrt. 63i — Sur la volatilité dans les composés or- ganiques mixtes ; par M. Louis Henry . 816 — Sur le rosolène; par M. E. Serrant. . . gâS — Sur un procédé de préparation du chlo- rure de vanadyle; par M. L. L'Hôte. ii5i — Sur la décomposition pyrogénée des acides de la série grasse; par M. Han- rint 1 1 56 — Sur les composés butyriques monochlo- rés, normaux etprimaires ; par M. Lriuis Henry 1 1 58 — Action du chlore sur le chloral anhydre ; par M. Henri Gautier 1 16 1 — Sur une méthode d'analyse applicable à des mélanges d'hydrocarbures de la série aromatique; par MM. C. Friedel et J.-M. Crafts I2l8 — Nouvelles recherches sur les matières proléiques; par M. P. Sc/iiilzcnbergcr. 1267 — Préparation de l'éther benzoylcyanacé- tique et de la cyanacétophénone ; par M. Haller ' 1270 — Sur l'oxydation de l'acide sébaciijue; par H. Carctte 1498 Chimie végétale. — Recherches sur la végétation. Sur les carbonates dans les plantes vivantes; par MM. Berihelot et André 24 — Sur l'acide oxalique dans la végétation Méthodes d'analyse; par MM. Ber- llicht et Andrc 354 — Sur l'essence de citron ; par MM. G. Doiicluirdat et J. Lafont 383 — Les réserves hydrocarbonées des Cham- Pages. pignons; par M. Lan Errera Sgi — Delà racina àvL Danaïsfragrans(Lomm., ou liane jaune, et de sa composition chimique; par MM. Ed. Hecl.el et Fr. Srhlagdenltauffen .- 955 — Sur la présence de l'alcool méthylique dans les produits de la distillation des plantes avec l'eau; par M. Maquennc. 10C7 Voir aussi Chimie agricole. CninuRGiE. — Études sur le mode d'action du sous-nitrate de bismuth dans le pansement des plaies; par MM. Gos- selin et Hcret 546 — Note relative à une opération thérapeu- tique nommée diclectrolyse ; par M. J. Brnudel G 1 2 — M. Co//rvAT/vwf adresse une réclamation de priorité, au sujet de la Communi- cation précédente G47 — M. P. Crtg/yadresse, pour le concours de Médecine et Chirurgie (fondation Montyon), 1886, un Mémoire intitulé (1 Ligature élastique en chirurgie vé- térinaire » CgG CuLORAL. — Action du chlore sur le chlo- ral anhydre; par M. H. Gautier. ... i iGi Chlorures. — Sur la chaleur de transfor- mation du protochlorure de chrome en sesquichlorure; pac M. Recoura.. 435 — Sur le chlorure anhydre de cérium; par M. P. Didier 882 — Sur un nouveau mode de chloruration; par MM. A. Cnlson et H. Gautier. . . io64 — Sur les combinaisons du trichlorure d'or avec les tétrachlorures de soufre et de sélénium; par M. L. Lindet. . . 1492 — Sur un procédé de préparation du chlo- rure de vanadyle; par M. L. L'Hôte. ii5i Choléra. — Sur la prophylaxie du cho- léra au moyen de cultures pures do bacille-virgule; par M. /. Fcrran. . . 147 — M. Sorianoy Roca adresse une Commu- nication relative au choléra 149 — Atténuation du virus cholérique; par MM. ISicati et Rietscli 1 86 — M. Gnsse/in, au nom de la Commission du legs Bréant, exprime le vœu que les statistiques relatives aux inocula- tions pratiquées par le D'' Ferran soient adressées à l'Académie le plus tôt possible 227 — M. 7>. de ]Vou{ics adresse une Note relative à « la question du microbe cholérique » 23 1 ( .531 ) Pages. M. Cossiin donne lecture d'une lettre de M. Bnissier, démentant la nouvelle que des cas di- choléra aient été con- statés à Gigean (Hérault) 278 l.eltro de M. /. Ferrnn à M. le Secré- taire perpétuel, au sujet du procédé de vaccination contre le choléra 3G7 Observalions de M. l'uljiinn, relatives à la Lettre de M. .T. Ferran 30; M. F. Arigta adresse, par ordre du D'' Ferran^ un certificat concernant les résultats des inoculations anliclio- lériqu<'S à Benifayo 421 M. Pciat Gibier adresse une dépêche télégraphique relative aux expériences qu'il a faites sur lesinoculations hypo- dermiques de bacilles cholériques. . . 4^5 M. Arsène Droitct adresse un Mémoire sur le traitement du choléra par le badigeon abdominal au coUodion jaS M. Terne I, M. /. Dcgen, M. Mancabelli adressent diverses Communications relatives au choléra 4^5 Recherches expérimentales sur le cho- léra; par MM. Pnul Gibier et fan Ërmcn^eni 47° M. R. Sidow^ M. Ch. Pigeon, M. Dii- prez adressent diverses Communica- tions relatives au choléra 47* Le choléra et la peste en Perse, sans les quarantaines ; par H.J.-D. Tho- lozan 49 J Observations de M. Larrey relatives à la Note précédente 4g8 M. C. Pmvhrk, M. F. Benitez et M. Latapic adressent diverses Com- munications relatives au choléra 5oo Note de M. Trécul concernant l'expé- rience de M. Bochefontaine sur l'ori- gine du choléra 527 M. Bochefontaine, en réponse à la Note de M. Trécul, annonce qu'il se met à la disposition de l'Académie 55g M. F. Anglri, M. Oc/lin, M. de Kott- witz-Kaliztki, M. A. fiancin, M. A. Allemand adressent diverses Commu- nications relatives au choléra 53i - M. Bcaufils, M. A. Netter, M. A. Scim-eitzer, M. G. Marlz, M. J.-A. Cantero adressent diverses Commu- nications relatives au choléra 59G • Sur la genèse du choléra dans l'Inde, etracliondes ptomaïnes volatiles; par M . Guslai'c Le Bon C 1 3 Pages. — M. Be'gi.s- adresse une nouvelle Note relative à l'emploi de l'iode, comme moyen prophylactique, contre le cho- léra 616 — M. Scinde, JNI. Devine, M. Poiijadc, M. Pigeon et un auteur anonyme adressent diverses Communications relatives au choléra G34 — M. A. Allemand adresse une Commu- nication relative à l'étiologie du tlio- léra 663 — M. Wendrot/i, M. A. Allemand adres- sent diverses Communications rela- tives au choléra 696 — M. Pigeon adresse une Note relative à la diarrhée de la période prodromique du choléra 8C6 Voir aussi Microbes et J'iridentcs [Ma- ladies ') . Cobalt. — Sur les alliages du cobalt et du cuivre; Note de M. G. Guillemin. 433 Collège de France. — M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Aca- démie à lui désigner deux candidats pour la chairede.AIécanique analytique et de Mécanique céleste, laissée va- cante au Collège de France par le dé- cès de M. Serret 49 — Liste de deux candidats présentée à M. le Ministre de l'Instruction pu- blique, pour cette chaire : i°M. Mau- rice Léi'y , 2° M. E. Mathieu 227 Comètes. — Observalions de la nouvelle comète Barnard, faites à l'Observatoire de Paris (équatorial de la tour de l'Ouest); par M. G. Bigourdan . . . . 149 — Observalions de la nouvelle comcle Barnard, faites à l'observatoire de Nice (équatorial de Gautier); par M. Char- lois 23 1 — Observations de la comète Barnard, faites à l'équatorial de 14 pouces de l'observatoire de Bordeaux; par MM. C Rayet et Flamme 3oi — Éléments et éphéméride de la comète Barnard (iSiî5 ) déduits des observa- tions faites à l'observatoire do Nice; par M. Charlois 3o2 — Remarque de M. Faye relative à la Communication précédente 3o3 — M. Faye communique une dépêche de M. Perrotin, annonçant le retour de la comète de Tuttle, observée le 8 et le 9 août à l'observatoire de Nice 4 '^5 ( i532 ) Pages. Observations de la comète Tuttle, faites à l'observatoire de Nice (équatorial de Gautier ) ; par M. Perrotiri 473 Observations équatoriales de la comète Barnard (s. polyèdre qui provient du prolonge- ment des faces des icosaèdres régu- 1 iers I J20 — Sur l'herpolhodie, dans le cas d'une surface du second degré quelconque; par M. de Sjiarre 370 — Sur le.-î transformations géométriques biralioniielles d'ordre .r ; par M. de Joiiqidèrcs 720 — Questions qui se rapportent à un fais- ceau de cubiques planes: par M. P.- H. Schoutc 73G et 8o5 — Sur les transformations géométriques planes birationnelles: par M. G.-B. Giiccia 808 — Équations dilVérentielles générales qui se ramènent aux quadratures; par M. //". Maxiinnvilcli 8og — Sur un nouveau mode de génération des courbes algébriques unicursales; par M. G. Fouret 1241 — Sur certaines surfaces du troisième ordre, qui ont une infinité d'ombilics; par M. A. de Sidnt-Gennain 124G — M. G. Pctrowilsli adresse une étude trigonoméirique d'une pyramide ayant pour base le triangle de Pythagore. . . G12 — M. J . Dcschnmps adresse un 0 Essai sur le postulatura d'Euclide " 988 Voir aussi Analyse mathématique. Glycogéne. — Sur l'existence du glyco- gène dans la levure de bière; par M. L. Errera 253 — Sur le glycogène chez leslnfusoires ci- liés; par M. E. Maupas i5o4 Guano. — MM. A. Ilerbelm et A. Jn- douaril adressent une Note sur le guano d'Alcatras i52o GuTT.v-PERCin. — Sur la gutla-perclia de Bassin, et sur sa composition chi- mique; par MM. Ed. tieekel el Fr. S,) Histoire des Sciences. — Sur le but thén- ri(|ue des principaux travaux de Henri Tresca; par .M. de S,dnt-T'enaiit. . . . — M. Ilirn fait honmiage à l'Académie d'une Note qu'il vient de publier dans la Revue scienlijiiiue, sous le titre « La notion de la force dans la science modcrno » G5G — ^L le Scerétaire perpétuel signale un volume de AL Nourrisson, portant pour litre : « Pascal, physicien et philosophe » 472 — M. \e Secrétaire /lerpétiiel s\i;nMi\ parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance, divers Mémoires publiés en ita- lien par M. Gilbert Govi G34 ( ^537 Pages. — M. le Secrétaire perpétuel siïnale un Volume que vient de publier M. Gil- bert Goci, sous le tilre « L'Oltica di Claudio Tolomeo da Eugenio », et donne lecture de la Leitre d'envoi.. . 989 lluiMîs. — Inilsificalion de l'huile d'olive comeslible;NotedeM.^. Audoynmid. 762 llïDiimiîS. — M. H. Gmlenii de Kerrille annonce qu'il a obtenu un hybride bi- génère de Pigeon domestique et de Tourterelle à collier 58/1 IIvi)R.\i:lique. — Expériences faites eu Beliîiqiie et en Hollande, sur une ap- plication des grands tubes mobiles du système contruit à l'écluse de r.-\u- bois. Nouvelles modilications de ce système; par M. J. de C(di^nr .... 3i) llvDnocAKBiRKS. — Sur une méthode d'a- nalyse applicable à des mélanges d hy- drocarbures de la série aromatique; par MM. C. Friedel eiJ.-M. CniJ'is. 1218 Hydrogène. — Sur un nouveau procédé de fabrication de gaz hydrogène; par Pages. MJf. F. Hembert et Henry 797 HvDKOLOGiE. — Sur le régime des eaux artésiennes de l'Oued Rir' et du bas Sahara en général; par M. G. Rol- land OoG — Les ravins sous-lacustres des fleuves glaciaires; par M. F.-.l. Forci 726 — Rôle de la rotation de la Terre, dans la déviation des cours d'eau à la surface du globe; par M. Fnniès 1141 llvcnosnîTRiE. — Nouvel hygromètre à condensation; son emploi pour la gra- duation des hygromètres à cheveu ; par M. G. Sire 3 12 — Sur deux types nouveaux d'hygromètres à condensation; par M. G. Sire 638 Uypnotis.me. — De l'action vaso-motrice de la suggestion chez les hystéri(;ues hvpnolisables; par M. Diiiiioiitp(dlicr. 228 IIyposim 'iTES. — Sur la dissolution acé- tique des hyposulfites alcalins; par M. E. Matliieu-Plessy 59 I Intégraphes. — Sur un nouveau modèle d'intégraphe; Note de MiM. D. Na/ioli et Alxlaah-Ahakanoivicz 692 — M. Mestre adresse une réclamation do priorité, au sujet de Vintégraplic do MM. Napoliai Abdaitk-Jbakanoivicz. 633 M. .}fcstre adresse une série de docu- ments à l'appui de sa réclamation de priorité 663 Rapport sur celte réclamation de prio- rité; par M. C. Jordan 1-165 427 635 Liquéfaction des gaz. — Sur les tempé- ratures et les pressions rritiipies de quelques vapeurs; par MJL C. Vincent et J. Chappiiis — Sur la séparation de l'air atmosphérique liquéfié, en doux liquides dilférents; par AL .S', ff'roblewshi Locomotion. — Sur la détermination pho- tographi(pie de latrajectoired'unpoint du corps humain, pendant les mouve- menis de locomotion; Note de M. J .- L. Suret 273 — Locomotion humaine, mécanisme du saut; par MM. Marer et Deincny . . . — M. Pages adresse une Note intitulée « Cinématique de la locomotion qua- drupède. Trajectoires et vitesses com- 4«9 parées du boulet et du sabot du che- val aux diverses allures » 680 — Analyse cinématique de la locomotion du cheval ; par M. Pages 702 — Mesure du travail mécanique eflectué dans la locomotion de l'homme; par M.^L Afarcy et Dcineny go5 — Variations du travail mécanique dé- pensé (lan^ les dilVérentes allures do l'homme ; par MAL Marcy et Deincny. 9 1 o Longitudes. — Détermination des diffé- rences de longitude entre Paris, Milan et Nice; par MM. F. Pci rier et L. Bassnt 1095 — M. Van Assche adresse une Note sur un cadran universel, pour l'unification de l'heure et de la longitude 1195 ( i538 ) M Pages. Machines a vapeur. — M. A. Queruel adresse une Note relative à des Tables numériques pour simplifier le calcul de la détente dans les machines à va- peur 332 MAGNicsfiî. — Industrie de la magnésie; par M. Th. Schlœsing 1 3 1 — Production de l'hydrale de magnésium cristallisé; par M. J. de Schntten. . . 72 MAGNKTiSiMK. — M. £ib Pofjes. les Oiseaux; par M. Lalfitni 1286 — Recherches sur la provenance réelle des nerfs sécréteurs de la glande salivaire do Nuck efdes glandules salivaires la- biales du chien ; par M. Ful/iid/i . . . . 1448 Voir aussi A/i/itmiiie rininialc et Vhysio- haie /inintdlc. Nitrique (Acri)E) et Nitrates. — Nou- veau procédé pour la recherche cl le dosage ra|iide de faibles quanlilcs d'acide nitrique dans l'air, l'eau, le sol, etc.; par MM. /-//. Grfiinh' Ci — Sur la formation des terres nitrées dans les régions tropicales; par MM. A. ( i54i ) Pages. Miinlz et F. Marccino 65 — Recherches sur la formation des gise- ments de nitrate de soude; par M. A. Mi'tntz riCS Nominations. — M. Grnndidirr est élu Membre de la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de feu M. Diijmy de Loiiie . 49 — M. Gos.sctct est élu Correspondant pour la Section do Minéralogie, on rempla- cement de M. Ciiillctct i47 — M. le Général y^wncG est élu Correspon- dant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de feu M. Al. Cioldi 470 o Observatoires. — M. Mouchez fait hom- mage à l'Académie des « Observations de 1881 » et du tome XVIII des « An- nales de l'Observatoire { .Mémoires) » . 558 — Sur lu premier volume des « Annales de l'observatoire de Bordeaux » ; Note de M. Lœivy 690 — M. Fore annonce à l'Académie que le grand objectif de o"", 76 destiné à l'ob- servatoire de Nice vient d'être terminé. g34 — M. le Secrèltnrc perpétuel signale le second volume des « Annales de l'ob- servatoire astronomique, magnétique et météorologique de Toulouse ». . . . 1467 Optique. — Indices de réfraction de quelques aluns cristallisés; parM. Cli. Soret 1 5() M. D.-S. Stroumhn adresse une Note sur un procédé pour rendre visible, à un grand auditoire, la marche des rayons dans un cristal biréfringent. . 4°? Nouvel appareil de grandissemenl pour la projection, soit des tableaux de grandes dimensions, soit des objets microscopiques; par MM. Tli. et J. Duboscrj 47*5 Sur la théorie des miroirs tournants; par M. Gouy 5o2 Expériences sur la double réfraction ; par M. D.-S. Stmumbn 5o5 Dispersion de double réfraction du quartz; par M. J. Macé de Lépinoy. S74 Paléo.ntologie. — Sur les Dinocéralidés que M. Marsh a recueillis dans l'éo- cène du Wyoming; par M. A. Gnu- dry. 718 — Le gisement quaternaire de Perreux; par M. Emile luwre 1026 — Observations sur l'appareil apicial de quelques Echinides crétncés et ter- tiaires; par M. Munier-Cludnias. . . . 1074 — Sur de nouvelles pièces qui viennent d'être placées dans la galerie de Pa- léontologie du Muséum ; par M. Albert Gaudry 1 228 — Sur le squelette du genre fossile .S'nV/- dotheriuiii ; par M. P. Fiic/ier ligi C. K., i88j, 2' Semestre. (T. Cl.) — M. Hir/i transmet à l'Académie la qua- trième partie des » Matériaux pour l'étude préhistorique de l'Alsace »; par MAI. Ftiudel et Bleicher, et adresse à ce propos quelques remarques i233 Voir aussi A/il/iropolngie et Botimùjue fossile. P.ATiioi.oGiE. — Études cliniques sur la lô[)re en Norwège; par M. Lehlr. ... 97 — Éludes comparées sur la lèpre (anato- mie ])aihûlogique de la lèpre); par M. Henri Leloir SgS — De la niégaloscopie; ])ar!M. linisscdu du Rocher 329 — Sur le (raitemcnt local de la pneumonie '99 ( i542 ) Pages, fibrineiise par les injections intrapa- renchymateuses; par -M. 7i. Lêpine. . 446 Voir aussi Physiolos^ic pnlholopijue. Phosphore et ses composés. — Sur les bromures doubles d'or et de phos- phore; par M. L. Lindet iG.j — Recherches sur l'acide hypophospho- rique ; par M. A. Joly io58 — Sur la préparation de l'acide hypophos- phorique; par i\I. A. Joly 1148 — Sur la préparation et les propriétés physiques du peutaHuorure de phos- phore; par M. H. JMnix.san 1 içjo Phosphorescence. — Étude spectrale des corps rendus phosphorescents par l'aclipn de la lumière ou par les dé- charges électriques ; Note de M. Eilm. Bccijuerel -lo^ — Relations entre l'absorption de la lu- mière et l'émission de la phosphores- cence, dans les composés d'uranium; par M. Henri Bccijiiercl laîa Physiologie animale. — Sur quelques expériences exécutées sur un sup- plicié, à Troyes (Aube); par MM. P. Regimrd et P. Loye 2G9 — Observations de M. PaidBert à propos des expériences sur les décapilés. . . 27a — Sur certains points de l'action plnsio- logique du Tanguin; par M. Ch.-E. Qainqunuil 534 — Do l'action physiologique des sels do ru- bidium ; par M. Cli. Riclict 667 — De l'action physiologique des sols de lithium, de potassium et de rubidium; par M. Ch. Ricliet 707 — Sur l'action physiologique du sulfocon- jugué sodique de la roccelline; par MM. P. Cazeneuve et R. Le'pine. . . . 8x3 — Sur les propriétés hypnotiques de lu phénylmélliylacétoneouacétophénone; par MM. Diijardiri-Bc/nimctz et G. Bardel g6o — Sur l'action physiologique du sidfo de fuchsine et de la safranine ; par MiM. P. Cdzcncinv et R. Léjnne i o 1 1 — Sur les effets produits par l'ingestion et l'infusion intraveineuse de trois colorants jaunes, dérivés de la houille; par MM. P. Cazencui'c vl R. Le'pine. 11G7 — Étude physiologique sur l'acétophé- nonc; par M.M. A. Mnirct et Conibe- 'nnle i5o6 — Recherches expérimentales sur la tem- P.iges . pérature qu'on observe chez la femme au moment de l'accouchement et sur celle de l'enfant au moment de la naissance; par M. Bunnal S61 — Sur la dénutrition e.\périnienlale ; par M. Ch.-E. Quiniptnud 1 166 — Sur la fécondation chez les Céphalo- podes; par M. L. Vitdlelon 619 — Sur les propriétés dialytiques de la membrane du kyste- des Infusoires; par M. Faire i 507 'Voir aussi Lucomnùon, Musculaire {Sy.'s- tènie), Ncrveujc (Système) el Vision. Physiologie pathologique. — Épilepsie d'origine auriculaire. Contribution à l'étutle de l'otopiésis (compression au- riculaire ) ; par M. Bnuchemn ga — Nouveaux procédés métalloscopiques dans les cas d'aptitudes métalliques dissimulées, notamment chez les sujets léthargiques, ca ta leptiquesou somnam- bules ; par M. Moricourt gG — Ueelierches sur l'empoisonnement par l'hydrogène sulfuré; par MM. P. Brouardel et Paul Loye 401 — Sur la toxicité respectÎNe des matières organiques et salines de l'urine; par M.M. R. Lépine et P . Auhcrt go — Sur la cystite et la néphrite produites chez l'animal sain par l'introduction, dans l'urètre, du nncrococciis ureœ \ par iMAI. R. Lépine et Gabriel Roux. ;148 Physiologie végétale. — Sur une cause de développementanormal des raisins ; par M. J.-B. Schnetzler 453 — Sur le prétendu rôle des tissus vivants du bois, dans l'ascension de la sève; par M. /. Vesipie 757 — Extraction et composition des gaz con- tenus dans les feuilles flottantes et submergées; par MM. N. Gre'hant et J.Peynm 4S5 — Sur la respiration des feuilles à l'ob- scurité. Acide carbonique retenu pai' les feuilles; par MM. Dche'rain et Ma- cpienne 8S7 — Variations de la respiration avec le dé- veloppement chez les végétaux ; par M.M. G. Bdiinier et L. Mangin gCC -- Sur la respiration des feuilles à l'obscu- rité ; par .\IM. Dehrniin et Marpienn( . 1020 — Sur les variations que présente la com- position des gaz dans les feuilles aériennes; par M. /. Peyrou loaS ( i543 Pajes. — Sur la respiration des végiHaiix; par MM. G. Bnnnler el L. Miiiigin 1 170 — Dessiccation des plantes dans des so- lutions a(iueuses; par M. Albert Lc- valloix 1175 — De l'action de la clilnropliylle sur l'acide carbonique, en dehors de la cellule végétale; par M. P. Rcgnard. 1293 — Respiration des végétaux, en dehors des organismes vivants; par M. Ad. Clintiri 1459 Voir aussi Chimie vc'i^ctalc. Physique du globe. — Réponse à la Note de M. Mascart sur les grands mouve- ments de l'atmosphère; par M. Fnye. 19 — Réponse à la Note de M. Mascart du 26 juin et bases de la nouvelle mé- téorologie dynamique: parM. f«ie. laS — Remarques relatives aux Communica- tions de M. Faye; par M. Mnscart.. 129 — Suite de la discussion sur les grands mouvemenis gyraloires de l'atmo- sphère ; i)ar M . Fayc 281 — Réponseàla Communication de M. Faye; par M. Mascart 287 — Sur le mouvement des poussières abandonnées à elles-mêmes; par M. Clici'real , 122 — Observation de la couronne solaire, faite sur l'Etna ; réapparition de lueurs crépusculaires; par M. P. Tucchini. 33o — Sur l'origine cosmique des lueurs cré- pusculaires; par M. /.-/. Landcrer. 33 1 — SI. Ch.-J'. Zer/^^rr adresse diverses Notes «Sur le parallélisme des grandes perturbations magnétiques et élec- triques et de la grande activité du Soleil en 1S82, comparé aux appari- tions de zones d'absorption extraor- dinaires dans les images liéliographi- ques » 367 et 53o — M. J.-C. Benoit- Duporlail adresse une Note « Sur les ondulations de la mer » 407 — Sur les grains arqués et les typhons; par M. F(iye !\'ia — M. Chiipel signale des colorations crépusculaires en relation avec les essaimscosmiques connus sous le nom do « courant de Laurentius » 488 — iM. Hlrn adresse une « Notice sur les rougeurs créimsculaires observées à la fin de i883 » 5oo — M. Fiiye rappelle les diverses opinions ) t'aues. qui se sont produites, au sujet de ces hieuis 5oo M. M(ile- montzcy 922 Observations des lueurs crépusculaires; [lar M . A. Bnillot io32 Nouveaux documents à l'appui de la théorie sur l'origine cosmique des lueurs crépusculaires; par M. Jose'J. Landerer 1 3o i De l'utilité que présente la connaissance des dé|)lacements du courant du gulf- slream au point de vue de la prévi- .sion du temps à longue échéance; par M. de Taste.s 1 192 Principaux résultats des recherches faites en Suède sur les courants supé- rieurs de l'atmosphère; par M. //. midebranihsitn 1 5 1 5 Sur la limite septentrionale de la mous- son sud-ouest de l'océan Indien; par M. reniikoff. i5i8 M. ]q Ministre de l'Instrnrtinn publique consulte l'Académie sur un projet de formation d'une Commission spéciale, pour étudier l'affaissement du sol sur les côtes de la Manche 14G8 Voir aussi Météomlogic et Treinble- me/its de terre. ( i5 Pages. PiLoc\npiNE. — Sur les dérivés alcoo- liques de la pilocarpine;par M. Chas- Ifiinfi Soy Planètes. — Observations des pcliles pla- nètes, faites au grand inslriimenl mé- ridien de l'observatoire de Paris, pen- dant le premier trimestre de l'année iSSJ; communiquées par M. Lœa'r.. igS — Observations des petites planètes, faites au grand instrument de l'observatoire de Paris, pendant le deuxième tri- mestrede l'année 1 885; communiquées par M. Mondiez 4^7 — Observations delà nouvelle planète ,249; , faites à l'observatoire de Paris; par M. G. Bif;oiirdn/i 5oi — Observationsdelanouvelleplanète(550) ; par M. G. Bigoui-Jan 56o — Tables numériques destinées à faciliter le calcul des éphémérides des petites planètes; par MM. O. Callandrcau et L. Fabry SgS — Observationsde la nouvelle planète (251) Palisa, faites à l'observatoire de Paris; par M. G. Bigourdan Ggg 44 ) Observations de la nouvelle planète Pa- lisa (S^i, faites à l'observatoire d"Al- ger au télescope de o*", 5o ; par },\.Ram- Pages. 697 band — Découverte d'une nouvelle petite jila- nète, à l'observatoire de Nice; par M. Pcrrntin 798 — Observations des petites planètes, faites au grand instrument méridien de l'ob- servatoire de Paris, pendant le troi- sième trimestre de l'année i885 ; com- muniquées par M. Mouchez io35 PnoTÉiouKs (MvTiKnES). — Nouvelles re- cherches sur les matières protéiques; par M. P. Schiïtzenbcrger laliy Piux DKciînxiîS PAU l'Ac\di';mie. — Table des prix décernés par l'Académie pour les divers concours de l'année i885.. i43'2 Pnix PROPOSÉS PAR l'Académie. — Table des prix proposés pour les divers concours des années 1886, 1887, 1888, 1890 et 1893 1533 PyROGALLOL. — Sur les propriétés réduc- trices du pyrogallol; action sur les sels de fer et de cuivre; par MiM. P. Cnzenciwe et G. Linossicr 5G R Uadiopiionie. — Surdeux espècesnouvelles de radiophones; par M. E. Mercn- dicr Rage. — Méthode pour prévenir la rage après morsure; par M. L. Pasteur . . — Remarques de M. Vnlpian à propos do la Communication de M. Pasteur. . . . — Observation do M. Larrey relative à la môme Communication — Remarques de M. Bouley au sujet de la niôrao Communication — Réponse aux remarques de MM. Vnl- pian, Bouley et Larrey; par M. Pas- teur. 11 ^ 944 7G5 772 773 773 — Sur un microbe dont la présence paraît liée à la virulence rabique; par JI. H. Fol 1 276 — M. Meiict adresse une Note relative à un mode de traitement de la rage. . . 54o Rhodium. — Sur trois nouveaux composés du rhodium; par M. C. f'incent 322 — Sur une réaction colorée du rhodium; jiar M. E. Dcmnrçny y Ji Rosolène.— Sur le rosolène.NotedeM.ii'. Serrant gSB RÉBACiQUE (Acide). —Sur l'oxydation de l'acide sébacique; par M. H. Carctic. i4g8 Soleil. — Remarquables protubérances solaires diamétralement opposées. Note de M. E.-L. Trouvelul 5o — Résumé des observations solaires laites pendant le deuxième trimestre de l'an- née i885; par M. P. Tacchini . .._... 3o3 Remarquable protubérance solaire. Note de M. E.-L. Trouvelot 175 Sur la nature cyclonique des taches du Soleil. Réponse à une objection de M. Tacchini ; par M. Paye Sïi Sur la fréquence relative des taches sur 3i3 Pages, les deux hémisplicros du Soleil; par M. Spocrer 1469 — Sur la théorie de M. Helmiioltz relative à la conservation de la chaleur solaire; par M. Pli. Gilbert 872 Soufre. — Sur la traiisfonnalion réci- proque des deux variétés prismati(|ue et octaédrique du soulYo; par M. D. Gcrncz — M. Ch. Brame donne leClure d'une Koleu Sur la cristallogénic du soufre». :\~i — Octaèdres à base carrée de soufre, dont la base est physiquement un rhonibe; par M. Ch. Brame 533 — Genèse des cristaux do soufre, en tables carrées; par M. Ch. Brame 03;) SoiisciiiPTioNS. — La Société des médecins du déparlemeuld'ludre-et-Loire ouvre une souscription, en vue d'élever^ à Tours, un monument à Brctonneau, Velpeau et Trousseau ia32 Spectuoscopie. — Spectre de l'ammo- niaque par renversement du courant induit; par ftl. Lecot] de Doisbnu- dran 4 2 — Spectres telluriqucs; par M. y.y««.«r/?. m — Sur les spectres d'absorption de quel- ques matières colorantes; par MM. Ch. Girard et Pabsl I 37 — Sur la distribution de l'uiiensilé lumi- neuse et de l'inlonsité visuelle dans le spectre solaire; par M. Aiig. Char- pentier I S2 — Étude spectrale des corps rendus phos- phorescents par l'action do la lumière ou par les décharges électriques; par ( «545 ) Pages. M. Edm. Becquerel 2q5 — Nouveau dessin du spectre solaire; par M. L. Thollon 5G5 — Nouveau spectroscope stellaire; par M. Ch.-V. Zenger GiO — Analyse spectrale des éléments de l'at- mosphère terrestre; par M. /. Jans- ■■'e/i 049 — Sur un nouveau spectroscope d'absorp- tion; par M. Maurice de Thierry. . . 811 — Sur un oplomètre speclroscopique; par M. Ch.-r. Zenger ioo3 — Spectroscope pour les hauts-fourneaux et pour le procédé Bessemer; par M. Ch.-f. Zenger ioo5 — Spectre d'absorption de l'oxygène; par M. A'. Egnrojf Il 43 — Spectre de bandes de l'azote; son ori- gine ; par M. //. Desl/indres 1236 Statistique.— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, l'album de Statis- tique graphique de 1884 "98 SucuES. — Sur la composition et la 1er- menlalion du sucre interverti; par M. Em. Bininpielot 08 — Fermentation alcoolicpie élective du sucre interverti; par M. H. Leplay. 470 — Observations relatives à cette Commu- nication; par iM. E.-J. Moumené.. . . Cyj — Sur la composition cl la fermentation du sucre interverti ; deuxième Note de M. Em. Bounpieltit 958 — Réiionsc à la Note précédente de M. Bourquelot; par M. 3Iaamene'.. iSig Voir aussi Fermentations et Glycogcne. Tannin. — M. F. Jean adresse une Note sur un nouveau mode d'essai des ma- tières tannifères 190 Téléphones. — Sur la théorie du télé- phone électromagnétique transmet- teur ; par M. E. Mercadier 744 — M. Mercadier demande l'ouverture d'un pli cacheté, contenant l'indica- tion des principaux résultats dévelop- pésdans laCdmmunicalion précédente. 747 — Sur la théorie du téléphone électroma- gnétique récepteur; par M. E. Mer- cadier 1001 Températures. — Sur la production ues plus basses températures; par M. À'. Olzcivski 238 Tératologie. — Sur nu cas de cébocé- phalie,avec complication d'anencépha- lie partielle, observé chez un poulain; pa r M . Dareste 1 8 1 — Nouvelles recherches concernant l'in- fluence des secousses sur le germe de l'œuf de la poule, pendant la pé- riode qui sépare la ponte de la mise en incubation ; par M . Dareste 834 Thérapeutique. — Note relative à une opération thérapeutique nommée die'- lectroljse; par M. Brou de l 612 ( i546 ) Pages. — M. Conrsseront adresse une réclama- tion de priorité au sujet de la Com- munication |ii('\:icUli'.'' 6.I7 TiiEn.Mociii.Miii:. — Sur la clialeui- de for- mation des bromure et iudure d'anti- moine; par M. Gûntz iGi — Chaleurs de formation de quelques phtalates; par M. Colsnn 245 — De l'isomérle dans. la série aromaliquc Sur les acides oxybenzoïques et sur leur chaleur de formation et de trans- formation; par MM. Bevlltclil et H''cr- ner 290 — Chaleur de formation des aleoolates al- calins; par M. de Forcmnd 3i8 — Chaleur de formation des picrates; par M. Tschclizmv 38 1 — Sur la chaleur de transformation du protoclilorure de chrome en sesqui- chlorure; par AI. Rccoara 43à — Kecliercliessur l'isomérie dans la série aromatique. Action des alcalis sur les phénols à fonction mixte ; par M. Bcr- tlwlot 541 — Études thermiques sur la série aroma- tique. Des phénols à fonction com- plexe; par M. Bertliclot 65 1 — Sur la neutralisation des acides aroma- tiques; par M. Bertliclot 685 — Sur divers phénols; par M. Bn-lhclot. 687 — Chaleur de combustion de quelques substances de la série grasse; par M. Lnuguiniiie 1061 — Sur les lois numériques des éqinlibres chimiques; par M. H. Le Chùtclier. ioo5 — Chaleur de combustion de quelques éthers d'acides organiques; [lar M. Zo«- gulniiie 1 1 54 — Application des lois numériques des équilibres chimiques à la dissociation de l'hydrate de chlorure; par M. H. Le Cliâlelier 1484 — Recherches thermiques sur l'acide glyoxylique; ^àr '^\. de Forcraiid. . . 1495 Therjiodïnamkjue. ■ — Sur la tension des vapeurs saturées; par M. E. Sanna.. 994 — Théorie des mélanges réfrigérants; par M. À. Potier 998 — Sur réipialiou caracléristif|ue do l'acide carbonique; par M. /i. Snrrtiu ii45 TuERMO-lJLECTIlICITli. — M. Edilène G(dl- Pagcs. /(7/r/adresseun'essai de théorie Ihermo- éleclrique 1 520 TliORIU.M ET SES COîilPOSÉS. — SuT le Hlé- taphosphale de thorium; par M. L. Troost 210 — Sur la densité de vapeur du chlorure de thorium et la formule de la tho- rino ; par M. L. Tronst 36o To.'CicoLOGiE. — Du sulfate de spartéine, comme médicament dynamique et ré- gulateur du cœur; par M. Gerniai/i Se'e io46 Tu vvAux. PUBLICS. — iM. p. Marin adresse di\erses Notes relatives à un projet de « Communicationà grande vitesseentrc l'océan Atlantique et l'Europe cen- trale» 900 et 1195 Tricmiu.ejients DE TERRE. — Sur un trem- blement de terre partiel de la surface seule du .col, dans le département du Nord ; par M. Firlet d'Aoïut 1S9 — M. Bouquet de la Grje donne lecture d'une lettre de M. Laf;uerre, relative à des secousses de tremblement de terre 277 — Nouveau tremblement de terre partiel aux environs de Douai (Nord); par M. Hrlet d'Aoust 487 — Sur une secousse de tremblement de terre, ressentie à Orléans; par M. E. He/ioti 584 — Sur les séismes; \id.v^\. J.d'AlAïadie. 629 — M. Z. Aniatidet adresse une Note sur le mécanisme des tremblements de terre et du mode de formation des volcans 6-23 — M. P. Lmerges adresse un Mémoire sur les tremblements de terre 633 — M. G. J3rt/^- adresse une Note intitulée : « Des causes électriques des tremble- ments de terre » 73i Tuberculose. — Marche des lésions con- sécutives à l'inoculation de la tuber- culose de l'homme, chez le la|iin et le cobaye. Application à l'étude de l'ino- culation et delà réinoculation de la tu- berculose; par M. .S'. Arloing 671 — De l'uniforuiité du processus morbide développé par les inoculations tuber- culeuses; par M. G. Collin i5o3 Voir uu.sbi T'irulenles {Maladies). ( i547 ) V Paffes. Vanadium et ses composés. - Recherches sur lo vanadium ; propriétés de l'acide vanadique; par M. A. Dittc GgS — Action do quelques réducteurs sur i'a- cide vaiiadique; par M. J. Ditic \\8- Vapiîurs. — Sur les tempéiatures et les |)i'essions critiques de quelques va- peurs; parMiM. C. Vincent elJ. Chap- piiis 427 VÉNUS (Passage de). — Sur l'éiablisse- ment d'un laboratoire pour le mesu- rage des plaques photographiques du passage de Vénus ; Note de U./iniujiict de la Grye 7 1 ort de M. Broaardel sur sa mission en Espagne 1 4G — Sur la prophylaxie du choléra au moyen d'injections hypodermiques de cul- tures pures du bacille-virgule; par M. /. Ferrnn 147 — Atténuation du virus cholérique; par M.M. Nicali et Hietsch i8(j — Propriétés zymotiques de certains vi- rus; par M. S. Jrloing 819 — De ratténuation du virus de la variole P.i(»es. ovine; par M. P. Poiir/pner 863 — Sur les propriétés zymotiques du sang charbonneux et septicémique; par M. A. Snnson Sg i — Transmission de la morve aiguë au porc ; par MM. Cndéac et Malet 892 — A propos des propriétés zymotiques do certains virus; par M. S. Arloing... ioi3 — De l'uniformité du processus morbide développé par les inoculations tuber- culeuses; par M. G. Colin i5o3 — Voir aussi Antiscptir/iicx, C/irdc'ra, Mi- crobes, Rage et Tubercidose Vision. — Sur la distribution do l'intensité lumineuse et de l'intensité visuelle dans le spectre solaire; par M. Ang. Charpentier '. . . . 1 82 — Théorie de la perception des couleurs; par M. Aiig. Charpentier ayS -- Sur l'existence de deux espèces de sen- sibilité à la lumière; par M.//. Pa- rinaud 821 — Réponse aux observations de M. Pari- naud, à propos des fonctions dos élé- ments rétiniens; par M. Aug. Char- pentier 976 — Note relative à la structure du cristal- lin ; par M. Gnnzalès Romero 977 — Nouvelle réplique à la réjionse de M. Charpentier, à propos des fonctions des éléments rétiniens; par M, //. Pa- rinautl r 078 — M. ,/. Charpentier adresse une nou- velle réponse aux observations de M. Parinaud, sur le rôle des cônes et des bâtonnets dans la vision 1 195 — Sur le rayon vert, observé dans l'o- céan Indien ; par M. Trèi>e 845 Viticulture. — M. .-/. Tannin adresse une Communication relative au Phylloxéra. 149 — Sur le traitement du Peronnspnra vitls parl'acide sulfureux. Notede M.Jinii/e Fidal f2i et G23 — Sur le rôle des bacilles, dans les rava- ges attribués au Phylloxéra vaslatri.r. Note de iM. L. de Andrnde Corvo. . . 528 — - M. /. Maistre adresse une Note rela- tiveau traitement des vignes phylloxé- récs, par l'arrosage 53o — Le Black Rot américain dans les vi- gnobles français; par MM. P. Viala ( i548 P.'ip.es. et L. Ravnz 582 M. ./. Rimnd, M. Ddeuil adressent di- verses Communications relalives au Pliylloxera SgG M. Ixweiias adresse une Nule reiativo à l'action régénératrice de la potasse sur les vignes C-23 M. J . Jullien adresse un Mémoire sur le traitement des vignes pliylloxérées, par les sulfures organiques et les po- lysulfures d'ammonium 633 Sur le traitement du mildew et du rot; par M. A. Milliiidct 637 Sur la destruction du mildew par le sulfate de cuivre; par M. A. Pcrrey. 65g Sur l'invasion du mildew dans le nord de la Touraine en i885. Noie de M. Larrcj^iiy th; Cii'rietix 662 Effets du mildew sur la vigne. In- tluence d'un trailement elTicace; par MM. Millardct et G/iyori 692 M. T. R'iy adresse une Note relative à la préservation des vignes contre le mildew, au moyen d'éclialas trempés dans le sulfate de cuivre 780 Sur le trailement du mildew par le sul- fate de cuivre ; par M. A. Miintz. . . . 8g5 Le sulfure de cliarrée et son emploi contre les maladies |)ariisilaires ani- males et végétales ; \>ar}.l. Diipo/ic/itL 898 De l'action du mélange de sulfate de cuivre et de chaux sur le mildew ; par Zinc et ses composés. — Sur la formation de l'hydrate de zinc cristallisé; par M. J.n/le 375 — Sur quelques propriétés du zinc; par M. L. L'Holc u53 Zoologie. — Sur le J'Ace/iicuids. Noie de M. (If Lcicnzc-Ddlliicrs 3o — SMTVAd/iiiisiK jHilliUin. NoledeM. f nu- rot 173 — Sur les parasites de la Mœiitividgnris ; par M. R. Sauit-Loiip 17 5 — Observations sur la faune de la grande Comorc; par MM. Alpli. Mdnc-Ed- ivards el E . Oiixinift 21S — Les Corégones {Cori'^onns) do Sui.sse; classification el condilioiis de frai; par M . V. Fdtin 2G1 — Sur un état nouveau doRhizO[)odes ré- ) Pages. MM. Midardct el U. Gayoïi 929 Recherche du cuivre sur les ceps de vignes, traités par le mélange de chaux et de sulfate de cuivre, et dans la ré- colte; par JLM. Millunlct et Giiyoii.. gSS M. P. Ldtnur. M. L. Pingcon adressent diverses Communications lelatives à la destruction du mildew par le sul- fate de cuivre 987 Action de la chaux sur les vignes at- teintes du mildew ; par M'"" la duchesse de Filz-Jnnw.s 1 049 M. /. Desnos adresse une Noie rela- tive aux insuccès qu'il a constatés dans l'emploi du sulfate de cuivre pour combattre le mildew , io5o M. L. Bid'udt-Dnicliet, M. J . Doiiicr- giie adressentdes réclamations de prio- rité, au sujet de l'emploi du sulfate de cuivre |)0ur préserver les vignes du mildew . 1120 M. lie Laedzc-Dutlders, à propos des réclamations de priorité pour l'emploi du sulfate de cuivre contre le mildew, rap|ielle quelques passages d'un Mé- moire de Bénc'dict Prctii//d/iiln ; par M. Henri Proidin 386 Noie sur un échouement d'Ilyperoodon, ù Rosendaël ; par MM. Pnuehct el Beimregind 4o4 Note de M. de Lncuze.-Dutlders accom- pagnant la préscnlalion d'appareils d'écl.iirago électrique pour natura- listes, chimistes, micrographes, etc., construits par M. G. Tmiifê 4o5 ReniartpiesdcM. Pelii^al, relatives à ces appareils 4°? Sur une Tortue terrestre, d'ospcce nouvelle, rapportée par M.Hiinib/niau Muséum d'Ilisloire naluiello. Noie de M. Léon Fidllanl ^{0 Sur les Bruin«klœ de la mission du ( i549 ) Tnlismnn. Note de M. Edmond Ver- rier Sur les Annélides pélagiques de la baie d'Alger; par M. C. Kigiiier. . . . Les Cynlhiades des côtes de France : type Cynthia morus; par MM. H. de Lacaze-Duthiers et Yves Dclngr . . . . Sur les Stellérides recueillis durant la mission du Talisman ; par M. Edm. Perrier Sur les Limaciensdes environs de Saint- Vaast-la-Hougue( Manche); par M. S. Jourdain Influence de l'eau salée sur le dévelop- pement des larves de grenouille; par M. E. Yung Influence du nombre des individus con- tenus dans un môme vase, et de la Paires. 4 il 578 7«4 884 963 7i3 Pages. forme de ce vase, sur le développe- ment des larves de grenouille; par M. E. Yung '. 1018 — Sur l'échouement d'une Mégaptère près de la Seyne; par M. G. Poucliei.. .. 1172 — Sur deux espèces de Balanoglosses; par M. A. -F. Marion 1 289 — Sur les Annélides polychètes des côtes de Dinard; par M. de Saint- Joseph.. 1609 — L'Histoire naturelle de l'île Campbell et de la Nouvelle-Zélande; par M. ^//j//. Milne-Edwanls 855 — M. C/(. Cor/;ei7« adresse des recherches sur l'origine de la race bovine sans cornes, ou d'Jngus 1 195 Voir aussi Anatomie animale. Embryo- logie, Paléontologie, Tératologie. C. R., i8S5, 3' Semestre. (T. Cl. 200 TABLE DES AUTEURS. A MM. Pages. ABBADIE (A. d'). — Sur les séismes C29 ADAMKIEWICZ (A.). - La circulation flans les cellules ganglionnaires 826 ABDAiNK-ABAKANOWICZ. - Sur un nou- veau modèle d'inlégraplie. (En com- mun avec M. ISiipnli.) 5g2 ALLEMAND (A.) adresse une Commu- nication relative à l'étiologie du cho- léra G63 AMSLER-LAFFON. — Un prix Montyon lui est décerne. (Concours de Mécanique, i885.) i326 — Adresse ses remerciments à l'Aca- démie i-if"'? ANDOUARD (A.) adresse une Note sur le guano d'.\lcatras. (En commun avec ^\. A . flrrl/r/in.) 1 520 ANDRADE CORVÛ (de). — Sur le rôle des bacilles, dans les ravages attri- bués au Pliyllo.rcra vnstalrLv Sa 8 ANDRÉ. — Recherches sur la végétation. Sur les carbonates dans les plantes vivantes. (En commun avec M." Ber- tlielot.) i-'i ANDRÉ (Cil.). — Communication relative à l'essaim d'étoiles filantes du 27 no- vembre i885 1195 — Transmet à l'Académie la relation d'un phénomène dont il a été témoin à Pon- dichéry 899 ANGLA (F.) adresse, par ordre du D' Fer- rari , un certificat concernant les résul- tats des inoculations anticholériques à Benifayo 4*4 — Adresse une Communication relative au choléra 53 1 ANGOT (A.). — Recherches théoriques sur la distribution de la chaleur à la surface du globe 837 — Sur les époques de vendanges en France. 840 MM. Pages. — Sur la distribution théorique de la cha- leur à la surface du globe 876 ANONYME (un) adresse une Communi- cation relative au choléra 634 APPELL. — Le prix Bordin lui est dé- cerné. (Concours de Géométrie, 1 885 ). (En commun avec M. Otio Ohnc- siirge. ) i3t2 — Adresse ses remerciments àl'Académie. 1467 — Sur les fonctions doublement pério- diques de troisième espèce 1478 ARLOING (S.). — Influence du soleil sur la végétabilité des spores du Dacillus ■ antliracii 5 1 1 — Influence du soleil sur la végélation, la végétabilité et la virulence des cul- tures du Bnci/hi.i anthraci.i 535 — Marche des lésions consécutives à l'ino- culation de la tuberculose de l'homme chez le lapin et le cobaye. Applica- tion à l'étude de l'inoculation et de la réinoculation de la tuberculose 671 — Propriétészymoliquesde certains virus. 819 — A propos des propriétés zymotiquesde certains virus 101 3 ARNAUDET (L.) adresse une Note sur le mécanisme des tremblements de terre et le mode de formation des volcans. 623 AUBERT. — Sur la toxicité respective des matières organiques et salines de l'urine. (En commun avec M. R. Lé- pi/te.) 90 AUBRY. — Observations géologiques sur le royaume du Choa et les pays Gal- las 1182 AUDOYNAUD (A.). — Falsifications de l'huile d'olive comestible 752 AUTONNE (D.). — Recherches sur les groupes d'ordre fini contenus dans le groupe cubique Creinona 53 ( i552 ) B MM. BAILLS (.T.). — Communication relative à l'essaim d'étoiles filantes du 27 no- vembre i885 1 igj BALMY adresse une Note relative à son précédent Mémoire sur la maladie des pommes de terre 987 BARBIER (Emile). — Observations à pro- pos d'une Note récente de M. E. Hé- nard, sur les seize réseaux des plans de l'icosaèdre régulier convexe 3o4 — Tableau des principaux éléments des dix figures polyédriques régulières. . 5G2 — Le prix Francœur lui est décerné. (Con- cours de Géométrie, i8S5. ) 1 3iG — Adresse ses remerciments à l'Académie. 1467 — Adresse une nouvelle Note sur le do- décaèdre complet et le polyèdre qui provient du prolongement des faces des icosaèdres réguliers i52o BARDET (G.). — Sur les propriétés hyp- notiques de la phénylméthylacélone ou acétophénone. (En commun avec M. Dijardin-Beaumetz.) 960 BARROIS (Charles). — Sur la structure stratigrapliique des monts du Menez. 1299 BASSOT (L.). — Détermination des diiïé- rcncesde longitude entre Paris, Alilan et Nice. (En commun avec M. F. l'vr- ricr.) 1 095 BASTIE (de la) adres.se des échantillons d'assiettes en verre trempé, présentant une résistance exceptionnelle à la rup- ture 277 BATUT (E.) adresse un Mémoire ayant pour titre : « Création des astres et leur reproduction. Histoire de la Terre et de la volcanicité " 190 BEAUFILS adresse une Communication relative au choléra 5g6 BEAUREGARD (H.). - Noie sur un échouement d'Hyperoodon, à Rosen- daël. (En commun avec M. Poiic/iei.). 404 — Sur le mode de développement de \'Epi- cnula verticalis 7J4 BÉCIIAMP (J.). - De la zymasc du jé- quirity. (En commun avec M. A. Dit- jardin.) 70 — Notesur « lesmicrozymasdu jéquirily )). (En commun avec M. A. Diijmdin.). 190 BECQUEREL ( Edmond). — Étude spectrale des corps rendus pliosphorescents MM. ' Pages. par l'action de la lumière ou par les décharges électriques 2o5 BECQUEREL (Henri). — Relations entre l'absorption de la lumière et l'émis- sion de la phosphorescence, dans les composés d'uranium 1 252 BENDIXON. — Sur la formule d'interpo- lation de Lagrange io58 et 1 129 BENITEZ (A.) adresse une Communication relative au choléra joo BENOIT. — Sur la décomposition des for- mes quadratiques 869 BENOIT-DUPORTAIL (A.-C.) adresse une Note «Sur les ondulations de la mer ». 407 BERGERON (J.). — Sur le terrain per- mien des départements de l'Aveyron et de l'Hérault 179 BERNARD. — Une mention honorable lui est accordée. (Concours de Médecine et Chirurgie, 1885.) i3S5 BERTHELOT. — Recherches sur la végé- tation. Sur les carbonates dans les plantes vivantes. (En commun avec 1\J. A ndré.) 24 — De i'isomérie dans la série aromatique. Sur les acides oxybenzuuiues et sur leur chaleur de formation cl de trans- formation. (En commun avecM. fFcr- /ter.) 290 — Sur l'acide oxalique dans la végétation. Méthodes d'analyse. (En commun avec M. André .) 354 — Recherches sur I'isomérie dans la série aromatique. Action des alcalis sur les phénols à fonction mixte .541 — Etudes thermiques sur la série aroma- tique : Des phénols à fonction com- plexe 65 1 — Sur la neutralisation des acides aroma- tiques 685 — Sur divers phénols 687 — Fixation directe de l'azote atuiosjilié- rique libre par certains terrains argi- leux 775 — Est adjoint à la Commission du prix de Mécanique (fondation Montyon) pour i885 657 — Est élu membre de la Commission du prix de Linguistique fondé par M. de Volncy, en rcm[)lacenient de feu //. -Md/ic Etln'iirds 1 1 1 1 ( i553 ) MM. Pages. BERT (Paul). — Observations à propos ries expériences sur les 'décapités . . . 272 BERTRAND (.Joseph). — M. le Secrétaire pcrpcliipl donne lecture d'une Lettre deM. Mitta«-LeJ[fler, annonçanlqu'un pri.K sera décerné, le 21 janvier 1889, par Sa Majesté Oscar H, à l'auteur d'une découverte importante dans l'A- nalyse mathématique supérieure. .. . 53i — Discours prononcé aux obsècpies de M. Bnuqiict, au nom de l'Académie des Sciences 585 — Rappelle, en quelques mots, les servi- ces rendus à la Science et à l'Acadé- mie par M. Bouquet 588 — Est adjoint;) la Commission du prix de Mécanique ( fondation Montyon) pour i885 G5; - Annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Jntr, Correspondant de la Section d'Anatomie et de Zoologie 8 19 — Annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. ÏVilliam- Benjamin Carpentcr, Correspondant de la Section de Zoo- logie 983 — Signale à l'Académie la deuxième Par- tie du tome III des « Documents re- latifs au passage de Vénus » 988 — Signale à l'.Acadéniie un Volume que vient de publier M. Gilbert Govi, sous le titre : « L'Oltica di Clodio Tolomeo da Eugenio », et donne lecture de la Lettre d'envoi 989 — Informe l'Académie qu'elle devra élire l'un de ses Membres pour remplir, dans la Commission du prix de Lin- guistique fondé par Volney, la place laissée vacante par le décès de M. //.- Milne Eihvards 1 046 — Rappelle qu'un Concours est ouvert, par la Socic'té de Physique et (V His- toire naturelle de Genève, pour la meilleure monographie inédite d'un genre ou d'une famille de plantes. . . lojo — Rappelle à l'Académie que la séance publique annuelle, pour la proclama- tion des résultats des Concours de 188 5, est fixée au lundi 21 décembre 121 5 — Informe l'Académie que la Société des médecins d'Indre-et-Loire ouvre une souscription, en vue d'élever un mo- nument à Bretonneau, Velpeau et MM. Pages. Trousseau 1282 — Donne lecture des éloges historiques de CItarles-Pierrc-Mathien Combes et de J uh's-Antinne-Rcnè Maillard de la Gourncrie. Membres de l'Académie.. i43i — M. le Secrétaire perpétuel signale. parmi les pièces imprimées de la Cor- respondance , divers Ouvrages de M. E}ig. Mouton, ée.M.J. Terqnem, de M.//. Cazin, 149.— Une brochure de MM. Municr-Chalmas et Selilum- berger, 3oi. — Divers Ouvrages de M. £. Foley, de M. Ed. Carnet, 368. — Un volume de M. Nourrisson, portant pour titre : « Pascal, phy- sicien et philosophe », 475i. — Une brochure de M. F. Fontannes, 5oi. — Un Ouvrage de M. Lender, GiG. — Divers Mémoires publiés en italien par M. G. Got'L, 034- — Divers Ouvrages de M. Melscns, de JIM. //. Joulie et H. Cottu, 663. — Divers Ouvrages de M. C/i. Duguet, deM. Cossa, ySi. — Divers Ouvrages de M. Jea/i Resal, de M. Despeyrous, de M. Ed. Colli- gnon, de M. Antonio Favaro, deM. F. Fontanes, et « l'Album de Statistique graphique de 1884,798. — Divers Ou- vrages de M. G. Lcnnier, de M. Cla- rin de la Rive, 866. — Divers Ou- vrages de M. Sapper, de M. Ed. Collignon, de M. L. Lnllcmand, de M. Marias Fontane, 934. — Divers Ouvrages de M. If'iedemann, de M. J. Mille, U2I. — Un Ouvrage de M. le contre-amiral Serre et le second Volume des « Annales de l'Ob- servatoire astronomique, magnétique et météorologique de Toulouse »... 1467 BERTRAND (Marcel) — Le bassin tertiaire de Grenade. (En commun avec M. Ki- lian. 1 264 BIDAULT-BRACHET (L.) adresse une ré- clamation de priorité, au sujet de l'em- ploi du sulfate de cuivre pour préser- ver les vignes du mildetv 1 120 BIECUIE (A.) adresse une Note relative à un nouveau modèle d'accumulateur électrique 762 BIENAYMÉ. —Un prix Plumey lui est dé- cerné. (Concours de Mécanique,! 885.) t328 BIGOURDAN (G.). — Observations de la nouvelle comète Barnard, à l'Obser- vatoire de Paris (équatorial de la tour ( i554 ) MM. Pages, de l'Ouest) i49 — Observations de la nouvelle planète (2Ïd), à l'observatoire de Paris 5oi — Sur les changements récents survenus dans la nébuleuse d'Andromède SSg — Observations de la nouvelle comèt,e Brooks et de la nouvelle planète (S?; , à l'observatoire de Paris 56o — Sur l'étoile nouvelle de la nébuleuse d'Andromède. Observations de la ro- mète Brooks, à l'observatoire de Paris. 596 — Observations de la nouvelle planète ('sm) Palisa, à l'observatoire de Paris. djO — Observations de la nouvelle comète Barnard, à l'Observatoire de Paris. . . rî36 BLANCHARD (Emile). — Discours pro- noncé aux obsèques de Henri-Milne Edwards, au nom du Muséum d'His- toire naturelle 344 BOCHEFONTAINE, en réponse à une Note de M. Trécid, concernant ses expé- riences sur le choléra, annonce qu'il se met à la disposition de l'Académie, iâg BOILLOT(A.). — Observations des lueurs crépusculaires io3-2 BOISSEAU DU ROCHER. — De la méga- loscopie 32g BOISSIER (Edmond). — Son décès est an- noncé à l'Académie "... (149 BONNAL. — Recherches expérimentales sur la température qu'on observe chez la femme au moment de l'accouche- ment et sur celle de l'enfant au mo- ment de la naissance , 86i BONNIER (Gastom. —Variations de la res- piration avec le développement, chez les végétaux. (En commun avec M. L. Mangin .) gC6 — Sur la respiration des végétaux. (En commun avec M. L. Man«in.) 1173 BOUCH.ARDAT (G.). - Sur l'essence de citron. (En commun avec M. Lnfoiit.) 383 BOUCHERON. — Épilepsie d'origine au- riculaire. Contribution à l'étude de l'otopiésis (compression auriculaire). 9'. — Du régime peu azoté dans le diabète. i3oo BOULEY. — M. le Président rappelle à l'Académie la perte qu'elle a faite dans la personne de M. Hcnri-Mitnc Ed- wards, Membre de la Section d'Anato- niic et Zoologie 353 — Rappelle à l'Académie la perle qu'elle a faite, dans la personne de M. Boii- MM. Pages. quel, Membre de la Section de Géo- métrie '388 — Annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Ch. Robhi, Membre de la Section d'Anatomie et Zoologie fiSi — Remarques au sujet de la Communi- cation de M. Pasteur pour prévenir la rage après morsure 773 — Son décès est annoncé à l'Académie. . io83 BOUQUET (Jean-Claude). — Son décès est annoncé à l'Académie 588 BOUQUET DE LA GRVE donne lecture d'une Lettre de M. Lngurrrc, relative à trois secousses de tremblement de terre 277 — Sur l'établissement d'un laboratoire pour le mesurage des plaques photo- graphiques du passage de Vénus. ... 718 BOURBOUZE. — Le prix Trémont lui est décerné. (Concours des prix généraux i885.) (En commun avec M. Sidot.). 1400 BOURGUEt! — Sur la fonction l{s) de Riemann 3o4 BOURQUELOT(Em.).— Sur la composi- tion et la fermentation du sucre inter- verti es et gSS BOUT AN (L.). — Sur le tube digestif, le corps de Bojanus, les organes génitaux et la ponte de la Fissureile 388 — Sur le développement de la Fissureile. 710 BDUTY. — Sur l'emploi des courants alternatifs pour la mesure des rési- stances liquides. (En commun avec ^L Foussereau.) 373 BOUVERET (L.). — Une mention hono- rable de quinze cents francs lui est ac- cordée. (Prix Bréant, Concours de Médecine et Chirurgie, i885) 1378 — Adresse ses remercîments à l'Académie. 1 467 BRAAIE (Cil.) donne lecture d'une Note « Sur la cristallogénie du soufre » . . ^ji — Octaèdres à base carrée de soufre, dont la base est physiquement un rhombe. 533 — Genèse des cristaux de soufre, en tables carrées 63g BRILLOUIN (Marcel). — Sur la torsion des prismes 739 BROWN-SÉQUARD, auquel l'Institut a dé- cerné le prix biennal , adresse ses remer- cîments à l'Académie, qui l'a proposé au choix de l'Institut i io — Recherches expérimentales paraissant montrer que les muscles atteints de ri- MM. gidité cadavérique reslenl doués do vitiilité jusqu'à l'apparition de la pu- tréfaction 926 BROUARDEL (P.). - Recherches sur l'empoisonnement par l'hydrogène sulfuré. (En commun avec M. Paul Lojrc) 401 ( i555 ) Pages MM. Pages. BROUDEL (A.). — Note relative à une opération thérapeutique nommée diélectrolyse C12 BUREAU ( Ed.). — Premières traces de la présence du terrain permien en Bre- tagne 17O c: CADÉÂC. — Transmission delà morve ai- guë au porc. (En commun avec M. Mrt- let\ 892 CAGNY (P.) adresse, pour le concours de Médecine et de Chirurgie (fondation Monlyon) 1886, un .Mémoire intitulé « Ligature élastique en chirurgie vété- rinaire » G9C CALIGNY (A. DE). — Expériences faites en Belgique et en Ilullande, sur une application des grands tubes mobiles du système construit à l'écluse de l'Aubois. Nouvelles modifications de ce système 39 L;ALLANDREAU(0.). — Tablesnumériques destinées à faciliter le calcul des éphé- mérides des petites planètes. (En com- mun avec M. L. Fabry. ) 598 — Énergie potentielle de deux ellipsoïdes qui s'attirent 1476 C.4NTER0 (J.-A.) adresse une Communi- cation relative au choléra 696 CARÂVEN-CACHIN. — Un encouragemoni de mille francs lui est accordé. (Con- cours de Géologie, prix Delesse, i8S5.) i3J8 — Adresse ses remercîments à l'Académie. 14G7 CARETTE. — Sur l'oxydation de l'acide sébacique 1 198 CAREZ (L.). — Nouvelle Carte géologique de la France à l'échelle de sôo'oôô' (En commun avec M. G. Fosseur.).. i5i4 CARLET (G.). — Sur la structure et le mouvement des stylets dans l'aiguillon de l'abeille 99 CARNOT (Ad.). — Sur un nouveau mode de dosage du cadmium. (En commun avec M. P.- M. Pmmnuint. ) 59 CARPENTER ( William-Benjamin). — Son décès est annoncé à l'Académie 983 CÂRTAILUAC (Emile). — Réponse à une Note de MM. Martel et de Launej, sur des fragments de crânes humains et un débris de poterie, contemporains de VUrstis spclœus '079 CAZENEUVE (P.). — Sur les propriétés réductrices du pyrogallol ; son action sur les sels de fer et de cuivre. (En commun avec M. G. Li/iossiei.) 56 — Sur les caractères cristallographiques des dérivés substitués du camphre. (En commun avec M. /. Morel). ... 488 — Sur l'action physiologique du sulfocon- jugué sodique delà roccelline. (En com- mun avec M. Le'piiie.) SaS — Sur l'action physiologique du sulfn de fuchsine et de la safranine loi i -=- Sur les effets produits par l'ingestion et l'infusion intraveineuse de trois colo- rants jaunes, dérivés de la houille. (En commun avec M. R. Lrpine.). . . 1 1G7 CAZIN (Maurice). — Développement de la couche cornée du gésier du poulet et des glandes qui la sécrètent 1282 CHAMARD ( J.) adresse diverses Commu- nications relatives aux aérostats. 281 558, C03, 988, 1282 et 14G7 CHAMBERLAND. — Un prix Montyon, Arts insalubres, de deux mille cinq cents francs, lui est décerné. (Con- cours des prix généraux, i885. ) . . . . 1890 — Adresse ses remercîments à l'Académie. liG; CHAPEL signale des colorations crépus- culaires, en relation avec les essaims cosmiques connus sous le nom de « courant de Laurentius » 488 — Adresse une Note « Sur la variabilité des étoiles » 1 o33 — Adresse une Note intitulée « La direc- tion du mouvement de translation du ■ système solaire, déduite de l'étude des orbites cométaires » i3o2 CHAPELLE adresse une réclamation de priorité, relative à une Communication récente de M. Trouvé, sur des appa- reils destinés aux armes de guerre pour le tir pendant la nuit .•:... 867 ( i556 ) MM. CIIArPUlS (J). — Sur tes températures et les pressions critiques de quelques vapeurs. (En commun avec M. C . Vin- cent:) CHAREYRE (.1.). — Sur l'organisation anatomique des Ascidies, dans les genres Sarracenin, Darlingtonia et Nepenthcs. (En commun avec M. Hec- lœl.^ — Sur l'organisation anatomique des urnes du Ccphtitoliis follicidaris'LAh\\\. (En commun avec M. Heckel.) CHARLIER (C). — Communication rela- tive à l'essaim d'étoiles filantes du 27 novembre 1 885 . . . ■. CHARLOIS. — Observations de la nouvelle comète Barnard faites à l'observatoire de Nice (équatorial de Gautier ) .... — Éléments et éphéméride de la comète Barnard ( i885) déduits des observa- tions des 12, 16 et 20 juillet, faites à l'observatoire de Nice . . .t CHARPENTIER (Alg.). - Théorie de la perception des couleurs — Sur la distribution de l'intensité lumi- neuse et de l'intensité visuelle dans le spectre solaire — Réponse aux observations de M. Pari- nnud, à propos des fonctions des élé- ments rétiniens — Adresse une nouvelle réponse aux ob- servations de M. Parinaud, sur le rôle des cônes et des bâtonnets dans la vi- sion — Un prix Montyon de deux mille cinq cents francs lui est décerné. (Concours de Médecine et Chirurgie, i885.) — Adresse ses remercîments à l'Académie. CHARPENTIER (Pavli. — Sur une nou- velle méthode d'analyse volumétrique, applicable aux essais des bioxydes de manganèse — Sur un échantillon de sapin, trouvé dans les glaces du Tschingel CHASTAING. — Sur lesdérivésalcooliques do la pilocarpine CHATIN (Ad.). — Respiration des végé- taux, en dehorsdesorganismes vivants. CHATIN (JoANNÈs). — Morphologie ana- lytique et comparée de la mâchoire chez les Hyménoiilères — Sur la mandibule des Hyménoptères . . — Le grand prix des Sciences physiques lui est décerné. ( Concours d'Anatomie Pages. 579 (321 II (j5 23 I 302 275 976 II95 ■374 1467 3i6 .(55 5o7 1459 a59 G42 MM. l'aies- et Zoologie, i885.) i368 CHAUDRUC adresse diverses Communica- tions relatives aux aérostats. (En com- mun avec M. /. Chnniard.) 23 1 CHAUVEAU(A.). — Application à l'inocu- lation préventive du sang de rate, ou fièvre splénique, de la méthode d'atté- nuation des virus par l'oxygène com- primé 45 - Sur la nature des transformations que subit le virus du sang de rate atté- nué par culture dans l'oxygène com- primé 142 CHERVIN ( A.). — Une mention très hono- rable lui est accordée. (Prix Mon- tyon, concours de Statistique, i885.>. i34i CHEVREUL.— Sur le mouvement des pous- sières abandonnées à elles-mêmes. . . 122 — Est nommé membre de la Commission chargée de la vérification des comptes de l'année 1884 3oi CHERVET (A.). — Sur les constantes ca- pillaires des solutions salines 23 J CHICANDARD (G.). — Observations rela- tives aux expériences de M. Aimé Girard swv \d. fermentation panaire. . 715 CLAVERIE (Cii.). — Sur l'aimantation produite par les décharges des con- densateurs 947 COLIN (G.). — De l'uniformité du proces- sus morbide développé par les inocu- lations tuberculeuses 1 5o3 COLLADON ( Daniel I. ~ Communication relative à l'essaim d'étoiles filantes du 27 novembre i8S5 1 195 — Le prix Fourneyron, porté exception- nellement à trois mille francs, lui est décerné. (Concours de Mécanique, i885.j i332 — Adresse ses remercîments à l'Académie. 1467 COLSON. — Chaleurs de formation de quelques phtalates 245 — Sur un nouveau mode de chloruration. (En commun avec M. Henri Gautier .). 1 064 COMBEMALE. — Contribution à l'étude des antiseptiques. Action des antisep- tiques sur les organismes supérieurs. Acide phénique, résorcine. (En com- mun avec MM. A. Mairetel Pilatle.) 267 — Action des antisepti(]ues sur les orga- nismes supérieurs. Iode, azotate d'ar- gent. (En commun avec MM. Mairet e.l Pi/atte.) 5i4 — Étude physiologique sur l'acétophé- ( î5 MM. Pages, nono. (En cnninnin avec M. A. Mni- '■<■(.) ,5o6 CONSIDÈKE (A.). - Efforts dynamiques produits par le passage des roues des locomotives et dos wagons, aux joints des rails 992 CONTEJAN (Ch.). — Communic:ition rela- tive à l'essaim d'étoiles filantes du 27 novembre i8S5 1 195 CORNE'VIN (Th.) adresse des recherches sur l'origine de la race bovine sans cornes, ou d'A'/f^iis 1 195 COSSON donne lecture d'une lettre de M. Boissier, démentant la nouvelle que des cas de choléra aient été constatés à Gigean( Hérault) 278 COSTE (Émile-Gistave-.Vlfred.). — Le prix Laplace lui est décerné. (Concours des prix généraux, i885, 1 i,jo') >7) WM. Pages. COURSSERANT adresse une réclamation de priorité, au sujet d'une Communi- cation de M.J. Bioiidcl sur une opé- iation tliérapêutiquedile(//<7f()! FITZ-.IAMES (M"'^- la duchesse de). — Ac- tion de la chaux sur les vignes at- teintes du mildew 1049 FLAMMARION (C). — Communication re- lative à l'essaim d'étoiles filantes du 27 novembre i885 1 195 FL.\MME. — Observations de la comète Barnard, faites à l'observatoirede Bor_- deaux. (En commun avec MM. Rayet et Doublet) 1473 — Observations de la comète Fabry, faites ( i56i ) MM. Pagas. à l'observatoirede Bordeaux. (Encom- mun avec M. G. Ktiyrt) i474 FOL (H.). — Sur un microbe dont la pré- sence parait liée à la virulence rabique. 1276 FOLIE. — Sur la diminution séculaire de robli(]uilé de l'écliptique 1-I7J FOLIN (ni:)- — Sur un état nouveau de Rliizopodes réticuhiires iiy FONTES. — Rôle de la rotation de la Terre, dans la déviation des cours d'eau à la surface du globe 1 1 4 r FORCRAND (DE).— Chaleur des alcoolates alcalins 3 18 — Recherches thermiques sur l'acide glyoxylique i495 F"OREL (F-A.). — Les ravins sous-lacus- tres des fleuves glaciaires 725 F'OUGEREAU (J.) adresse un Mémoire sur la direction des aérostats 1 121 — Adresse un complément à son Mémoire MM. Pages, sur la direction des aérostats 1467 FOURET (G.). — Sur un nouveau mode de génération des courbes algébriques unicursales 124 ' FOUSSEREAU (Geobges). — Sur la ré- sistance électrique de l'alcool 243 — Sur l'emploi des courants alternatifs pour la mesuredes résistances liquides- (En comnuin avec ti\. floti/j) 873 FREMY. — Discours prononcéauxobsèques de M. Hciiri-Milne Eilu'iirds 347 — Est nommé membre de la Commission administrative, en remplacement de feu M. H.-Mlliie Edwards gaS — Paroles d'adieu prononcées aux obsè- ques de M. Buidey 1092 FRIEDEL (C). — Sur une méthode d'ana- lyse applicable à des mélanges d'hy- drocarbures de la série aromatique. (En commun avec M. Crafts.) 1218 GADEAU DE KERVILLE (H.) annonce qu'il a obtenu un hybride bigénère de Pigeon domestique et de Tourterelle à collier 584 GA1FFE(A.). — Sur un étalon de volt... 43i GAILLARD (EugÈiNe) adresse un essai de théorie thermo-électrique . iS^o GARBE. — Sur les régimes de charge et décharge des accumulateurs 240 GAUDRY ( Albert ). - Sur les Dinocéra- tidés que M. Marsh a recueillis dans l'éocène du Wyoming 718 — Présentation d'un travail de M. Jourdr B Sur la géologie de l'est du Tonkin ». 97G — Sur de nouvelles pièces qui viennent d'être jilacées dans la galerie de Pa- léontologie du Muséum 1 12 î GAUTIER (Henri). — Action du chlore sur le chloral anhydre 1161 ^- Sur un nouveau modo de ehloiuration. (En commun avec M. Ad/crt Colsoii ). 10G4 GAVOY (E.). — Une mention honorable de quinze cents francs lui est ac- cordée. (Prix Munlyon, concours de Médecine et Chirurgie, »883.) 1374 GAYON (U.). — Effets du mildew sur la vigne. Influence d'un traitement effi- cace. (En commun avec M . MUltirdet.). 692 — De l'action du mélange de sulfate de cuivre et de chaux sur le mildew. (En commun avec M. Mdlnrdet.) . . . 929 — Recherche du cuivre sur les ceps de vignes, traités par le mélange de chaux et de sulfate de cuivre, et dans la ré- colte 985 GENOCCHl (A.). — Remarques sur une démonstration de la loi de réciprocité. 4^5 GERNEZ (DÉSIRÉ). — Sur la transfor- mation récipro([ue des .deux variétés prismatique et octaédrique du soufre. 3i3 — Le prix Lacaze lui est décerné. (Con- cours de Physique, i885. 1 i33y — Adresse ses remerciments àl'Académie. 1467 GERVAIS(H.-P.). — Sur ledéveloppement du bassin chez les Cétacés 1 28 1 GIBIER (Paul) adresse une dépêche télé- graphique relative aux expériences qu'il a failes sur les inoculations hypo- dermiques de bacilles cholériques.. . . 425 — Recherches expérimentales sur le cho- léra. (En commun avec M. van Er- niriiocm. ) 47" GILBERT ( Pu.). — Sur quelques formules de la théorie des courbes gauches. ... 52 — Sur la théorie de M. Uelmholtz relative à la conservation de la chaleur so- laire 872 — Sur le théorème de Kœnig, relatif à la force vive d'un système io54 — Remarques relatives à une précédente ( • MM. Pages. Communication sur le théorème do K'jenig ni" GILBERT (R.) adresse un Mémoire inti- tulé « Nouveau mode de suspension de la nacelle proposé pour les aéro- stats » 86('i GIRARD (AiMK)- — Sur la fermentation panaire Goi GIRARD (Ch.). — Sur les spectres d'ab- sorption de quelques matières colo- rantes. ( En commun avec M. Pabst). i Sy — Un prix Montyon, Arts insalubres, de deux mille cinq cents francs lui est décerné. (Concours des Prix généraux, i885.) 139O — Adresse ses remercîments à l'Académie. 1467 GIRARD (J. dk). — De l'action de l'iodure de phosphonium sur l'oxyde d'éthy- léne 478 GIROD (Pavl). —Le prix da Gama Ma- chado Ini est décerné. (Concours d'Anatomie et Zoologie, i885.) iSyi — Adresse ses remercîments à l'Académie. 1467 GODARD (LÉON). — Sur la diffusion de la chaleur 1 260 GOETSCHE. — Lettre au sujet d'un bo- lide observé le 1 1 août dans la forêt de Fontainebleau 487 GONNESSIAT. — Observations de la co- mète Fabry, faites à l'observatoire de Lyon, et éléments de cette comète. . 1 (23 — Éléments de la comète Fabry i475 GONNARD ( F.). — Sur un nouveau grou- pement réticulaire de l'orthose de Four-la-Brouque ( Puy-de-Dôme )... . 76 GONZALÈS ROMERO. — Note relative à la structure du cristallin 977 GOSSELET est élu Correspondant pour la Section de Minéralogie, en remplace- ment de M . Cailletet 147 — Adre.^ise ses remercîments à l'Académie. aSi GOSSELIN, au nom de la Commission du legs Bréant, exprime le vœu que les statistiques relatives aux inoculations pratiquées par le D' Ft-rran soient 562 ) MM. Faf;es. adressées à l'Académie le plus tôt pos- sible a-27 — Études sur le mode d'action du sous- nilrale de bismuth dans le pansement des plaies. (En commun avec M. Hé- rct.) 54G COURSAT (E.). — Sur les différentielles des fonctions de plusieurs variables indépendantes 309 GOUY. — Sur la théorie des miroirs tour- nants So'î GRANDIDIER ( Alfred) est nommé mem- bre de la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de feu M. Diipuy de Lôme 49 GRANDVAL (Al). — Nouveau procédé pour la recherche et le dosage rapide de faibles quantités d'acide nitrique dans l'air, l'eau, le sol, etc. (En com- mun avec M. H. Liijoux.) 62 GRASSET. — Le prix Lalleniand lui est décerné. (Concours de Médecine et Chirurgie, i885.) i38i — Adresse ses remercîmentsà l'Académie. 1467 GRÉHANT (N.). — Extraction et composi- tion des gaz contenus dans les feuilles flottantes et submergées. (En commun avec M. /. Veyron.) 48.5 GRUEY. — Sur la construction des grands cercles méridiens doubles laSB — Sur une méthode unique pour détermi- ner les constantes de l'altazimut et de la lunette méridienne à grand champ. 1470 GUCCIA (G.-B.). — Sur les transformations géométriques planes birationnelles. . . 808 — Sur les transformations Cremona dans le plan 86G GUIGNET (Ch.-Ern.). — Recherches sur les celluloses nitriques (fulmicoton ).. 03 1 GUILLEMIN (G.). — Sur les alliages du cobalt et du cuivre 433 GUNTZ. — Chaleur de formation des bro- ' mure et iodure d'antimoine 161 GYLDÉN ( Hugo). -— Sur l'orbite intermé- diaire de la Lune 223 H HALLER. — Préparation de l'éther ben- zoylcyanacétiquB et de la cyanacéto- phénone 1270 HALLEZ (P.). — Sur le développement des Nématodes 1 70 — Orientation de l'embryon et formation du cocon chez la Periplanetn uiien- tutis — Sur le développement des Nématodes. HALPHEN. — Sur les formes quadratiques 83i ( • MM. Hages. dans la théorie des équations différen- tielles linéaires GGi — Sur une nouvelle classe d"équations dif- férentielles linéaires inlé^rables laSS — Le prix Petit d'Ormoy, Sciences mathé- matiques, lui est décerné. (Concours des prix généraux, i885.i 1401 — Adresse ses remerchnents à l'Académie. 1467 HANRIOT. — Sur la décomposition pjro- génée des acides de la série grasse. . 1 1 J6 HATON DE LA GOUPILLIÈRR. - Proprié- tés nouvelles du paramètre différen- tiel du second ordre des fonctions d'un nombre quelconque de variables indé- pendantes 18 — Fait hommage à l'Académie d'un Mé- moire sur des pro|u-iétés nouvelles du paramètre différentiel du second ordre des fonctions de plusieurs variables indépendantes gaS HATT. — Sur l'emploi des boules-pano- rama, comme signaux solaires 1 125 — Une récompense de mille francs lui est décernée sur le prix extraordinaire de six mille francs, destiné à récompenser les progrès pouvant accroître l'effica- cité de nos forces navales i3i6 HÉBERT (Eumomd). — Observations rela- tives à une Communication deALM. M. Brrtrnnd Q\,fV.KiUim,s\\t\7 K1LI.\N (W.). — Sur la position de quel- ques roches ophitiques dans le nord de la province de Grenade 77 — Le bassin tertiaire de Grenade. (En commun avec M. M. Bertrand.) ?.G ( KCENIGS (G.). — Sur les conditions d'ho- lomorphisme des intégrales de l'équa- tion itérative, et de quelques autres équations fonctionnelles 1 137 KOTTWITZ-KALITZKI (m:) adresse une Communication relative au choléra. 53 r KOUBASSOFF. — Passage des microbes pathogènes delà mère au fœtus. 101 et 45i — Passage des microbes pathogènes de la mère aux fœtus et dans le lait 5o8 KRETZ (X.). — Réflexion, sans frottement, sur un plan, des déplacements élasti- ques dans un corps de forme et de conicxture quelconques 366 T. LiVCAZE-DUTHlERS (DE), - Sur le Phœ- niciirus 3o — Sur le système nerveux central de la 'letltys leporina i35 — Note sur l'anatomie du Dentale '296 — Discours prononcés aux obs6(|ues de I\r. Henii-Mdne Edivards, au nom de la Faculté des Sciences 347 — Note accompagnant la présentation d'ap- ' pareilsd'éclairage électrique pour natu- ralistes, chimistes, micrographes, etc., construits par M. G. Trom'é 4o5 — Les Cynthiadés des côtes de France : type Cyntliid morus. (En coiiniiun avec M. W'cs Delage.) 78^ — A propos des réclamations de priorité pour l'emploi du sulfate de cuivre contre le mildew, rappelle quelques passages d'un Mémoire de Bénédict C. R., l885, 1' Semeslr,-. ( \. Cl.) Premxt, intitulé « Sur la cause immé- diate de la carie ou charbon des blés ». 1224 LACHMANN (P.). — Recherches sur la morphologie et l'anatomie des Fou- gères 6o3 LACOMBE (EiG.) adresse un Mémoire sur le rôle de l'éther dans l'aimantation. . gSS L.-VCKÛIX (A-.l. — Sur le diagnostic des zéolitlies, en l'absence de formes cris- tallines détcrminables 74 — Examen optique de quelques mméraux peu connus 1 164 LAFFONT. — Recherches sur l'anatomie et la physiologie comparée des nerfs trijumeau facial et sympathique cépha- lique, chez les Oiseaux 128O LAFONT (J.). — Sur l'essence de citron. (En commun aveciM. Bouc/mrdat.).. 383 LAJOUX (H.). — Nouveau procédé pour 202 ( i5GG ; MM. Pases. la recherche et le dosage rapide de faibles quantités d'acide nitrique dans l'air, l'eau, le sol, elc Gi LALANDE (F. de). — Sur un nouvel appa- reil de mesure des courants élec- triques 742 LANDERER (.I.-.I.). — Sur l'origine cos- mique des lueurs crépusculaires 33i — Nouveaux documents à l'appui de la théorie sur l'origine cosmique des lueurs crépusculaires i3oi LANGLOIS (Marceli.in). — Écoulement des gaz; lignes adiabatiques 998 LAPPARENT (de). — Le prix Delesse lui est décerné. (Concours de Géologie, ,i885.) i358 LARREGUY DE CIVRIEUX. — Sur l'inva- sion du mildew dans le nord de la Touraine en 1 885 661 LARREY. — Observation relative à une Note de M. Tholozan, sur le choléra et la pesie en Perse, sans les quaran- taines 498 — Observation relative à une Communica- tion de M. Pasteur, sur la méthode pour prévenir la rage après morsure. 773 LATAPIE adresse une Communication rela- tive au choléra . ) 5oo LATOUR ( P.) adresse une Communication relative à la destruction du mildew par le sulfate de cuivre 987 LAULANÏÉ (F.). — Sur l'évolution com- parée de la sexualité dans l'individu et dans l'espèce 393 — Sur les phénomènes intimes de la con- traction musculaire dans les faisceaux primitifs striés 6(jg et 706 LAUNAY (de) adresse une réponse aux objections de M. CtnUiilliac, sur les débris humains et la poterie de Na- brigas. (En commun avec M. J/c;/7f/,) i5'2o LA'VOCÀT (A.). — Construction du maxil- laire des Vertébrés ; 1279 LAZERGES (P.) adres.se un Mémoire sur les tremblements de terre 633 LE BLANC (E.) adresse deux Communica- tions successives, sur une solution du problème de Fermât 797 LE BON (Gistave). — Sur la genèse du choléra dans l'Inde, et l'action des ptomaïnes volatiles 6i3 LE CHATELIER (IL). — Sur les lois nu- mériques des équilibres chimiques. . . ioo5 — Application des lois numériques des MM. Pages. équilibres chimiques à la dissociation de l'hydrate de chlorure i48_j LECLERC DU SABLON. — LeprixDesma- zières lui est décerné. (Concours de Botanique, i885.) ,' . . . i3GC LECOQ DE BOISBAUDRAN. — Spectre de l'ammoniaque par renversement du courant induit 4^ — Snria lluoresconce des terres rares. 552 et 588 LECORNU ( L.). — Sur le mouvement d'un point dans un plan et sur le temps ima::;inaire i244 LEFÉBURE ( A.) adre.sse deux Mémoires « Sur le dernier théorème de Fermai». 3oi — Adresse une addition à son précédent Mémoire sur le dernier théorème de Fermât 558 LELOIR (U.). — Études cliniques sur la lèpre en Norvège 97 — Études comparées sur la lèpre (analo- mie pathologi(pie de la lèpre) 39S LEMOINE ( V.). — Sur le système nerveux du Phylloxéra 961 LEPHAY. — Communication relative à l'essaim d'étoiles filantes du 27 no- vembre 1 885 1 1 g5 LÉPINE (R.). — Sur la toxicité res|>ective des matières organiques et salines de l'urine 90 — Sur le traitement local de la pneumonie fibrineuse par les injections intra- parenchymateuses 44G — Sur la cystite et la néphrite produites chez l'animal sain par l'introduction, dans l'urètre, du micfocnccus luctr. ( En commun avec M. Gabriel Rntix.) 448 — Sur l'action physiologique du sulfocou- jugué. sodique de la roccelline. (En commun avec M. P. Cazeneiive.). . . . 823 — Sur les effets produits par l'ingestion et l'infusion intraveineuse de trois co- lorants jaunes, dérivés de la houille. ( En commun avec M. P. Cetze/ieiwe. ) 1 167 LEPLAY(H.). — Sur la fermentation alcoo- lique élective du sucre interverti.. . . 479 LESSEPS (DE) transmet à l'Académie, au nom de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, les « Procès- ■Verbaux et Rapports de la Commis- sion consultalive mternationale, 188 [- i885 » C92 LEVALLOIS (Albeut). — Dessiccation des plantes dans les solutions aqueuses. . 1175 LÉVY (Maurice) est présenté en première ( • MM. PaEcs. ligne à M. le Ministre de l'Instruction publique, pour la chaire de Mécanique céleste et de Mécani(|ue analytique, devenue vacante au Collè|^e de France par le décès de M. Scrrct 227 LÉVY (Michel). — Sur la base des ter- rains tertiaires des environs d'Issoire. (lîn commun avec M. Munier-Cluil- inas.) 1 179 L'HOTE ( L.). — Sur un procédé de pré- paration du chlorure de vanadyle. ... i i5i — Sur quelques propriétés du zinc 1 153 LINDET ( L.). — Sur les bromures doubles d'or et de phosphore et sur un cliloro- bromure '6} — Sur les combinaisons du trichlorure d'or avec les tétrachlorures de soufre et de sélénium 1 l'ja LINOSSIER (G.). — Sur les i)ropriétés ré- ductrices du pyrogallol : action sur les sels de fer et de cuivre. ( En com- mun avec M. P. Ctize/iciive.) 50 LIOUVILLE (R.). — Sur les solutions com- munes à plusieurs équations linéaires aux dérivées partielles 1134 LUEWY. — Méthodes nouvelles pour la détermination des coordonnées abso- lues des polaires, sans c[u'il soit néces- saire de connaître les constantes in- strumentales 5 — Déterminations des coordonnées abso- lues des polaires, sans ([u'il soit néces- 567 ) MM. ' Pages, saire de connaître les constantes in- strumenlales ( déclinaisons ) io5 — Observ.itions des petites planètes, faites au grand instrument méridien de l'observatoire de Paris, pendant le premier trimestre de l'année i885.. . 198 — Sur le premier volume des « .4nnales de l'observatoire de Bordeaux « 690 LOUGUININE. — Chaleur de combustion de quelques substances de la série grasse 1061 ~ Chaleur do combustion de quelques étliers d'acides organi(|ues 1 154 LOYE ( Paul) — Sur quelques expériences exécutées sur un supplicié à Treyes ( Aube). ( En commun avec M. P. Me- i^finrd.) 269 — Recherches sur l'empoisonnement par l'hydrogène sulfuré. ( En couunun avec .M. Brounrdel.) 4o 1 LUC.\S (Félix). — Le pris Dalmont lui est décerné. (Concours de Mécanique, i885.) i33i — Adressesesremerciments à l'Académie. 1467 LUCY. — Une récompense de mille francs lui est décernée sur le pfix extraor- dinaire de six mille francs destiné à récompenser tout progrès de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales ' 3 1 6 — Adressesesremerciments à l'Académie. 1467 ]M MACÉ DE LÉPINAY (J.). - Dispersion de double réfraction du quartz 874 MAGNIEN (L.). — Recherches sur l'ana- tomie comparée de la corde du tympan des Oiseaux i o 1 3 MAHÉ. — Le prix annuel de cinq mille francs, fourni parlesintérètsdela fon- dation Bréanl, lui est décerné. (Con- coursde Médecine el Chirurgie, iSSâ.). 1378 MAmE DE TOULOUSE (M. le) transmet une délibération du Conseil municipal, exprimant à l'Académie les regrets de la ville de Toulouse, à l'occasion de la mml Ae.^. H.-MU'ie Edivanls. .. 47-2 RL41RET(A.). —Contribution à l'étude des antiseptiques. Action des antisep- tiques sur les organismes supérieurs : acide pbénique, résorcine. (En com- mun avec MM. Pilnlte et Cnmhcinotf). 267 — Action des antiseptiques sur les orga- nismes supérieurs. Iode, azotate d'ar- gent, (lin commun avec MM. Pilatle et Conibciii/ile.) 5 14 — Êtudephysiologiquesur l'acétophénone. (En commun avec M. Combemale.)... 1 506 MAISTRE (J.) adresse une Note relative au traitement des vignes phylloxérées par l'arro.sage 53o MALDANT adresse une Note relative aux opinions de M. Paye sur les grands mouvements de l'atmosphère 54o MALET. — Transmission do la morve aiguë au porc. (En commun avec M^ Ciuléiic) ■ S92 MANCABELLI adresse une Communication relative au choléra 4^5 ( '5 MM. Pages. MANCERON. — Sur une application du principe de la transmission de la force à distance, au moyen de l'électricité. i483 SIANGIN. — Variations de la respiration avec le développement, chez les végé- taux. (En commun avec M. G. Bon- mer.) 966 — Sur la respiration des végétaux. (En commun avec M. G. Bonnier.) 1173 MANGON (Hervé). — Discours prononcé aux obsèques de M. Boiiley, au nom de l'Académie des Sciences 1084 MAQUENNE. — Sur la respiration des feuilles à l'obscurité. Acide carbonique retenu par les feuilles. (En commun avecM. Delwmin.) 8S7 — Sur la respiration des feuilles à l'obscu- rité. (En commun avec M. Dehérain.) 1020 — Sur la présence de l'alcool méthylique dans les produits de la distillation des plantes avec l'eau 1 067 — Sur la formation des terres nitrées dans les régions tropicales. (En commun avec M. A. l\l/i/itz.) G5 MAREY. — Locomotion humaine, méca- nisme du saut. (En commun avec M. Denieny.) 4*^9 — Mesure du travail mécanique effectué dans la locomotion de l'homme. (En commun avec M. Demcnj . ) goS — Variations du travail mécanique dé- pensé dans les différentes allures de l'homme. (En commun avec M. Dr- nie/iy.) 910 MARIN (P.) adresse deux Notes sur un projet de communication à grande vitesse entre l'océan Atlantique et l'Europe centrale 900 et 1 195 MARION (A. -F.). — Sur deux espèces de Balanoglosses i -^Sg MARTEL (E.-A.). — Sur des fragments de crânes humains et un débris de pote- rie, contemporains de l'Ursiis spe- lœiis. (En commun avec M. L. de Launay.) 971 — Adresse une réponse aux objections de M. C(irtïo MAUPAS(E.). — Sur le glycogène chez les Infusoires ciliés 1 5o4 MAXIMOVITCH (W.). - Équations diffé- rentielles générales qui se ramènent aux quadratures S09 MENET adresse une Note relative à un mode de traitement de la rage 54o MERCADIER (E.). — Sur la théorie du té- léphone électromagnétique transmet- teur 744 — Demande l'ouverture d'un pli cacheté, contenant l'indication des principaux résultats développés dans la Com- munication précédente 7 17 — Sur deux espèces nouvelles de radio- phones 9 i4 — Sur la théorie du téléi)lione électro- magnétique récepteur loio MESLIN (A.) adresse une « Étude sur le travail produit et dépensé par les pressions vives » 1 igS i\IESTRE adresse une réclamation de prio- rité, au sujet de Xiiitégraphe de MM. Napoli ei Abdank-Abahanon'icz. 633 — Adresse une série de documents à l'ap- MM. Pages pui de sa réclamation de priorité, con- cernant l'appareil désigné sous le nom à'iiitcgraphe 603 — Rapport sur cette réclamation; par M. C . Jordan i if")") MEUNllîR (J). —Sur l'hexabromure de benzine. .- 378 MEUNIER (Stanislas ). — Sur la classifi- cation et l'origine des niéléoriles. . . 728 — Oligiste terreux artificiel 8Kg — Sur un granité amygdaloïde de la Vendée 969 — Observation d'un bolide 1077 MILLARDET. — Effels du mildcw sur la vigne. Influence d'un traitement effi- cace. (En commun avec M. Gnyon.). Gtja — Sur le traitement du mildew et du rot. 657 — De l'action du mélange de sulfate de cuivre et de cliaux sur le mildew. (En commun avec M . U. Gayon.) 92g — Recherche du cuivre sur les ceps de vignes, traités par le mélange de chaux et de sulfate de cuivre, et dans la ré- colte. (En commun avec M. Gnynn.). 986 MILLOT (A.). — Produits d'oxydation du charbon par l'électrolyse d'une solu- tion ammoniacale 432 MINISTRE DE LA GUERRE (AI. lk ) in- forme l'Acadéuiie qu'il a désigné M. M. Hrri'c Mfin^tin el Perricr pour faire partie du Conseil de perfectionne- ment de l'École Polytechnique, pen- dant l'année scolaire i885-i886 988 MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, DES BEAUX-ARTS ET DES CULTES ( M. LE ) invitel'Académieàlui désigner deux candidats pour la chaire de Méca- nique céleste et de Mécanique analy- tique, devenue vacante au Collège de France par suite du décès de M. &/•;■e^ 49 — Adresse l'ampliation du décret par lequel le Président de la République iqiprouve l'élection de il. A. Gnin- didiir, dans la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de M. Diipuy de Lôme igS — Invite l'Académie à lui présenter une liste de deux candidats, pour la place de Membre titulaire, actuellement va- cante au Bureau des Longitudes, dans la Section d'Astronomie, par suite du décès de M. Y von FilUirceau 1468 — Consulte l'Académie sur un projet de formation d'une Commission spéciale, MM. Pages, pour étudier l'affaissement du sol sur les côtes de la Manche i4G8 MOISSAN (IL). — Sur la préparation et les propriétés physiques du penla- fluorure de phosphore 1490 MONACO ( S. A. LE PRLNCE Albertde). — Sur une expérience entre|)risepourdé- terminer la direction des courants de l'Atlantique 1029 MONCORVO. — Une citation honorable dans le Rapport des Ouvrages du prix Montyon lui est accordée. (Concouis de Médecine et Chirurgie, i885.)... 1874 ■ MOREL ( J. ). — Sur les caractères cristal- lographiques des dérivés substitués du camphre. (En commun avec M. P. Cnzeneuve . ) 438 MORICOURT. — Nouveaux procédés mé- lalloscopiques dans les cas d'aptitudes métalliques dissimulées, notamment chez les sujets léthargiques, catalep- tiques ou somnambules g5 MORIN (J.) adresse une Note relative à un perfectioimemenl apporté aux ma- chines magnéto-électriques de la com- pagnie VJUiiincc C23 MOUCHEZ est nommé membre de la Com- mission chargée de la vérification des comptes pour l'année 1 884 3oi — Observations des petites planètes, faites au grand instrument méridien de l'observatoire de Paris, pendant le deuxième trimestre de l'année i885. . -- Fait hommage à l'Académie des « Ob- servations de 1881 » et du tome XVIII des « Annales de l'Oliservatoire (Mé- moires) » — Observations des petites planètes, faites au grand instrument méridien de l'ob- servatoire de Paris, pendant le troi- sième trimestre de l'année i885 io35 — Communication relative à l'essaim d'étoiles filantes du 27 novembre r885. iigS MOULV (F.-V.) adresse une Note relative à im système de chauffage et de ven- tilation 98S MOUNIER ( E.-P.) adresse la description d'un bolide observé le 11 août à Fon- tainebleau 540 MUNIER-CHALMAS. — Observations sur l'appareil apicialdequelqucsÉchinides crétacés et tertiaires 1074 — Sur la base des terrains tertiaires des environs d'Issoire. (En commun avec 4j7 558 MM. Pages. M. Michel Le\'y) 1 179 MUNTZ (A.). — Sur la forniiilion des terres nitrées dans les régions tropi- cales. (En commun avec M. /'. Mar- ca/io.) 65 — De quelques faits d'oxydation et de ré- 1570 ") MU! Pages (ludion, produits par les organismes microscopiques du sol '248 Sur le traitement du mildew par le sulfate de cuivre 896 Recherches sur la formation des gise- ments de nitrate de soude •. . 1265 N NAPOLI (D.). —Sur un nouveau modèle d'intégraphe.i EncommunavecM.^6- f/«///■-.yi«/y/«o(^(cc■ ) 092 NETTER adresse une Communication rela- tive au choléra jg'i NICATI. — Atténuation du virus cholé- rique i85 NICOL.^S (Ad.). — Sur la transformation des tourbillons aériens dans les tem- pêtes 974 NOGUÈS (A. -F.). — Sur l'âge des érup- tions pyro.\éno-ampliiboliques ( dio- rites et opliites ) de la Sierra de Peiia- llor, la genèse de l'or de ces roches et sa dissémination 80 NOR.MAND (A.) adresse une Note « sur la présence constante de VAniœba fn/( dans les mucosités dysentériques». O96 O OCHIN adresse une Communication rela- tive au choléra 53 1 OGET (Maxime). — Communication rela- tive à l'essaim d'étoiles fdantes du 9.7 novembre i885 1 195 OIINESORGE (Otto). — Un prix de mille francs lui est accordé dans le Con- cours du prix Bordin (Géométrie) pour i885 i3i2 — Adresse ses remercîmentsà l'Académie. 1467 OLZEWSKI ( K.). - Sur la production des plus basses températures -jJS ORDONNEAU ( Cii.), — Ouverture d'un |ili cacheté, sur « les produits de fermentation du raisin des Charenles, cépage folleblanche » 847 OUSTALET (E.). — Observations sur la faune de la grande Comore. (En com- mun avec M . Alpli.-Milne Edwards . ) 218 1^ PABST. — Sur les spectres d'absorption de quelques matières colorantes 1)7 PAGES adresse une Note intitulée : « Ciné- mati(|ue de la locomotion quadru|)ède. Trajectoires et vitesses comparées du boulet et du sabot du cheval aux di- verses allures » 680 — Analyse cinématique de la locomotion du cheval 702 PAOLl (L.-A.). — Une citation honorable dans le Rapport des prix Montyon lui est accordée ( Concours de Médecine et (^.hirurgie, iSSJ) 1374 PARINAUU (H.). — Sur l'existence de deux espèces de sensibilité à la lu- mière 821 — Nouvelle réplique à la réponse de M. Chariicnlivr, à propos des fonc- tions des éléments rétiniens io;.S PASTEUR (Louis) fait hommage à l'Acadé- mie du Rapjiortde M. Broiiardcl snr sa mission en Espagne 146 — Méthode pour prévenir la rage après morsure 7ni/i, Boiih'X et Liirrcy au sujet de la Communication précédente 774 PATOUILLARD. — Le prix Montagne lui est décerné. (Concours de Botanique, 1 885 . ) 1 3G7 ( '57. ) MM. Pages. PAWLICK adresse «ne Communication relative au choléra 5oo PELIGOT. — Remarques relatives à la présentation des appareils de M. G. Troiwé 4'-'7 PERIiEY (A.). — Sur la deslriiction du " mildcw par le sulfate de cuivre (Jig PERRllill (Edmond). — Sur les Brisin- g'uUc de la mission du Talisman 14 1 — Sur les Stellérides recueillis durant la mission du Talisman 884 PERRIER (François). — Offre à l'Aca- démie, de la part du Ministre de la Guerre, diverses livraisons de la Carte de la Tunisie et de la Carte générale de l'Afrique 417 — Offre à l'Académie, au nom du Ministre de la Guerre, de nouvelles feuilles des caries de l'Algérie et de la France... 7-25 — Détermination des différences de longi- tude entre Paris, Milan et Nice. (En commun avec M. L. Bassoi. 1 109'j PERROTIN. — Observations de la comète Tuttle, faites à l'observatoire de Nice (équatorial de Gautier ) 47 > — Découverle d'une nouvelle petite pla- nète, à l'observatoire de Nice 798 — Observations de la comète Fabry, faites à l'observatoire de Nice i laâ — Communication relative à l'essaim d'étoiles lîlantes du 27 novembre 1 885. iiqj PETIT (0.) adresse un Mémoire portant pour titre : « Essai sur la détermina- lion de la puissance calorifique des bois et sur l'évaluation, en calories, du travail moléculaire de la décomposition du tissu ligneux. » 104 PETROWITSII adresse une étude Irigono- niétrique d'une pyramide ayant pour base le triangle de Pythagore 612 PEYROU (J.). — Extraction et composition des gaz contenus dans les feuilles flot- tantes et submergées. (En commuti avec M. N. Grcliaiu. i 485 — Sur les variations que présente la com- position des gaz dans les feuilles aériennes 1023 PHIPSON (P. ). — Communication relative à l'etsaim d'étoiles filantes du 28 no- vembre ]885 1 195 PICARD ( E.). — Sur les intégrales de dif- férentielles totales de seconde espèce. 734 — Sur certaines fonctions hyperfuch- siennes 1 1 27 14O7 634 860 MM. Pages. PIETRA-SANTA (DE). - Un prix Mon- tyon lui est décerné (Concours de Statistique, i885) i34i — Adressesesremercîmeiits à l'.Vcadémie. PIGEON (Cu.) adresse diverses Communi- cations relatives au clioléra. 472 et — Adresse une Note relative à la diarrhée de la période prodromique du choléra. PILATTE. — Contribution à l'étude des antiseptiques. Action des antiseptiques sur les organismes supérieurs : acide phénique.résorcine. ( Encommunavec MM. A. Main-l et Comhcmalc.) 267 — Action des antiseptiques sur les orga- nismes supérieurs. Iode, azotate d'ar- gent. ( En commun avec MM. Mairet et Combi'malf.) 014 PINGEON (L.) adresse une Communica- tion relative à la destruction du mil- dew par le sulfate de cuivre gfiS PIO ( .4.) adre.sse une Note sur les équations linéaires aux dérivées partielles îiO PLANTÉ (G.). — Sur les effets de la ma- chine rhéostatique de quantité 1480 POINCARÉ (H.). — Sur l'équilibre d'une masse iUiide animée d'un mouvement de rotation 307 — Sur les intégrales irrégulières des équa- tions linéaires 939 et 990 ^ Sur les séries trigonométriques ii3i — Le prix Poncelet lui est décerné. (Cou- cours de Mécanique, i885) iSaO — Adresse sesremercimentsà l'Académie. 14O7 POLAILLON. — Une citation honorable lui est accordée dans le Rapport des Ouvrages du prix Montyon. (Concours de Médecine et Chirurgie, i885). ... 1374 POTIEK (A.). —Théorie dès mélanges ré- frigérants 998 POUCUETiK Gabriel). — Une mention honorable de quinze cents francs lui est accordée. ( Prix Bréant, concours do Méik'ciiie et Chirurgie, i885.).. 1378 POUCHET (Georges). — Note sur un échouement d'Hyperoodon, à Rosen- daijl. (En Cùmnimn avec M. Bcaiiie- garcl) 404 — Sur une substance alcaloïdique extraite de bouillons de culture du microbe de Koeh 5 1 o — Sur le développement des dents du Cachalot 753 — Sur l'échouement d'une Mégaptère près de la Seyne • 172 ( ^S'J1 ■) MM. Pages. POUJADE adresse une Communication re- lative au choléra 634 POURQUIER (P.). — De l'atténuation du virus de la variole ovine 863 PRIVAT adresse un Mémoire portant pour titre : « Considérations théoriques et expériences sur la résistance des fluides » 73o PROROMANT (P.-M.). — Sur un nouveau MM. Pages. mode de dosage du cadmium. (En commun avec M. Ad. Carnot. \ 39 PROUHO (Uenhi). — Sur la forme larvaire du Diiroritliiris jmpillnta 38G PRUNIEB. — Le prix Jeckerlui est décerné (Concours de Chimie, i885). (Prix partagé avec MM. Siicael Rnussmii.). i354 - Adresse ses remercîments à r.Vcadémie. 1467 Q QUATREFAGES (de).— Recherches sur les populations actuelles et préhistoriques du Brésil. Archives du Musée national de Rio de Janeiro 467 — Discours prononcé aux obsèques de M. Hcnri-Mitne Echvarils. au nom de l'Académie des Sciences 333 — Discours prononcé aux obsèques de ■ M. Boidey, au nom de la Société d'Acclimatation . 1089 QUÉRUEL (A.) adresse une Note relative à des Tables numériques qu'il a con- struites, pour simplifier le calcul de la détente dans les machines à vapeur. 33-2 QUINQUAUD ( Cn.-E.). — Sur la dénutri- tion expérimentale iiGG — Sur certains points de l'action physiolo- gique du Tan;;uin 534 R RADAU (R.). — Éléments de la comète Brooks 616 RAMBAL'D. — Observations de la comète Brooks et de la nouvelle planète Palisa (^50), faites à l'observatoire d'Alger, au télescope de o", 5o 697 RANZIN adresse une Communication re- lative au choléra ij 1 RAOULT (F.-M.). — Application de la cryoscopie à la détermination des poids moléculaires io56 RAVAZ ( L.). — Le Black Rut américain dans les vignobles. (En commun avec M. Fiula.) 58.1 RAYET (G.). — Observations de la co- mète Barnard, faites à l'équatorial de 1 4 pouces de l'observatoire de Bor- deaux. ( En communavecM. Fldiiiiiic.) 3oi . — Observations de la comète Barnard, faites à l'équatorial de 14 pouces de l'observatoire de Bordeaux '>oi — Sur la latitude de l'observatoire de Bor- deaux ( Eloirac ) 731 — Observations de la comète Fabry, faites à l'observatoire de Bordeaux 1 r23 — Communication relative à l'essaim d'é- toiles (liantes du 27 novembre i885. iigS — Observations de la comète Barnard, faites à l'observatoire de Bordeaux. (En commun avec MM. Doublet et Flamme. ) i473 — Observations de la comète Fabry, faites à l'observatoire de Bordeaux. (En commun avec M. Flamme.) 1474 REC0UR.4. — Sur la chaleur de transfor- mation du protochlorure de chrome en sesquichlorure 435 RED.ARD (P.). — Une mention honorable de quinze cents francs lui est accor- dée. (Prix Montyon, concours de Mé- decine et Chirurgie, 1 885.1 137 1 RÉGIS adresse une nouvelle Note relative à l'emploi de l'iode, comme moyen prophylactique contre le choléra. . . . G16 REGNARD (P.). — Sur quelques expé- riences exécutées sur un supplicié, à Troyes (Aube). (En commun avec M. 1'. Lo} e.) 269 — De l'action delà chluroiih}lle sur l'acide carbonique, en dehors de la cellule végétale I -293 UEGNAULD ( J.i. — Un prix Montyon de deux mille cinq cents francs lui est décerné (Concours de Médecine et Chirurgie, i885). (En commun avec MM. " Pa(»es. M. T'illejean.) 1 874 — Arlresseses remercimentsàrAcadémie. 1467 RÉMY (C.-A.). — Le prix Montyon lui est déi-erné (Concours de Physiologie, i885.) • i3t)o RENAN (Henri). — Application des nou- velles méthodes de M. Lœwy pour la détermination des coordonnées abso- lues des étoiles circompolaires, sans qu'il soit nécessaiie de connaître les constantes instrumentales (distances polaires et ascensions droites). 802 et i)35 RENARD (Ad.). — Sur l'électrolyse des sels. 747 RENARD (Cu ). — Sur les nouvelles expé- riences exécutées en iSS5 au moyen du ballon dirigeable la France 1 1 1 1 RENAULT (B.). — Sur les fructiBcation^ des Sigillaires 1 170 RENOU ( E. ). — Sur une secousse de trem- blement de terre ressentie à Orléans. J84 RESAL est adjoint à la Commission du prix Dalmont pour i8S5 657 -- Observations relatives à une Communi- cation de M. Pli. Gilbert sur le théo- rème de Kœnig 1 140 REITERER. — Sur le développement des lonsilles chez les Mammifères 128 i — Une citation honorable lui est accordée dans le Rapport des Ouvrages du prix Montyon. (Concours de Médecine et de Chirurgie, i885.) 1874 RÉVEILLÈRE. — Sur un météore observé à Saïson, dans la soirée du 11 août. . OSo REVILLOUT (V.). — Les anesthésies ap- parentes et les sensations retardées dans les névroses 555 RICHET (.\LFnED) annonce à l'Académie que la santé de M. Jamin^ un moment compromise, ne laisse plus d'inquié- tude . ■. 3oo RlCUET (Charles). — De l'action phy- , siologique des sels de rubidium GG7 — De l'action physiologique des sels de lithium, de potassium et de rubidium. 707 RIETSCII- — Atténuation du virus cholé- rique 186 RIVAUD (A.) adresse une Communication MM. Poges. relative au Phylloxéra SgG RIVENAS adresse une Noie relative à l'ac- tion régénératrice de la potasse sur les vignes Ciî RIVIÈRE (Emile). — Découverte d'une station humaine de l'ûge de pierre, dans le bois de Clamart 1 190 — Une mention honorable de quinze cents francs lui est accordée. (Prix Bréant, concours de Médecine et Chirurgie, i885.) 1378 ROBERT DE LATOUR(de). - Une cita- tion honorable lui est accordée dans le Rapport des prix Montyon. (Con- cours de Médecine et de Chirurgie. i885.) 1374 ROBIN (Charles-Philippe). — Son décès est annoncé à l'Académie 681 ROBIN (Mairice). — Sur'le peptonate de fer 3-2 1 ROCHAS (F). — Des nerfs qui ont été ap- pelés vidicns chez les Oiseaux 57! — Du modo de dislribulion de quelques filets sympathiques inlra-craniens, et de l'existence d'une racine sympa- thique du ganglion ciliaire, chez l'Oie. 829 ROLLAND (G.). — Sur le régime des eaux artésiennes de l'Oued Rir' et du bas Sahara en général 606 — Sur la montagne et la grande faille du Zaghouan (Tunisie; 1187 ROUCH. — Une mention honorable lui est accordée. (Concours de Physiologie, iS85.) i36o ROUGERIE {W). — Sur un appareil con- ducteur du vent. 568 ROUSSEAU (G.). — Sur une méthode de production des manganites alcalino- terreux 167 — Le |)rix .lecker lui est décerné (Con- cours de Chimie, i885). (Prix partagé avec MM. Prunier et Silva.) i354 — Adresse ses remercîments à l'Académie. 14IJ7 ROY ( T.) adresse une Note relative à la préservation des vignes contre lemil- dew, au moyen d'échalas trempés dans le sulfate de cuivre . . ' 73" SACC adresse une Note relative à un gise- ment d'alunite très riche, dans les C. U.; i885, 2' Semestre. (T. Cl.) Andes péruviennes 5i6 Adresse une « Étude sur le Colon en 2o3 ( >574 ) MM. Pages. 53o 9^*7 i37i arbre de Bolivie, Gnssypitim nis;rnni » — Adresse une Noie relative à une Til- land.iifi qui couvre les vieux arbres, en Bolivie, cl qui sérail siisceplible de recevoir diverses applications. . . . — Adresse les analyses de deux plantes de la Bolivie, qui pourraient être l'ob- jet d'applications industrielles 1195 SAINT-GERMAIN ( A. de ). - Sur cerlainos surfaces du troisième ordre, qui ont une infinité d'ombilics 1246 — Une mention honorable lui est accordée. (Concours de Géométrie i885, prix Bordin.) i3i6 SAINT-GERMAIN (L.-A. de). - Une ci- lation honorable lui est accordée dans le Rapport des prix Montyon. (Con- cours doMédecine'et'Chirurgie, i885.\ — Adressesesremercimentsà l'Académie. SAINT-JOSEPH (de). - Sur les Anné- lides polychotes des côtes de Dinard. SAINT-LOUP '(Re.mv). — Sur les parasites de la Mœna vid^aris 1^5 — Sur l'organisation du Pnc/iydrilus En- cliytrœoidcs J82 SAINT-VENANT (de). - Sur le but théo- rique des principaux travaux de Hcmi Trcsca 1 icj — Mouvements des molécules de l'onde dite solitaire, propagée à la surface de l'eau d'un canal iioi et — Sur le mouvement des molécules de l'onde solitaire SAINT-YVES MÉNARD. — Une citation honorable lui est accordée dans le Rap- port des prix Montyon. (Concours de Médecine et Chirurgie, i885.) 1.374 SANSON (A.). — Sur les propriétés zymo- tiques du sang charbonneux et septi- cémique SAPPEV prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à l'une des places vacantes dans la Section d'Anatomie et Zoologie g34 — Le prix Petit d'Ormoy, Sciences natu- relles, lui est décerné. (Concours des prix généraux, i885.) i4o3 SARRAU (E.). — Sur la compressibililé des fluides g4 1 — Sur la tension des vapeurs saturées. . . — Sur l'équation caractéristique de l'acide carbonique SARTIAUX ( .\.). — Examen des causes qui ont entravé un instant les expériences I2l5 i41a 8.J1 oyi 114:) MM. I'a(;es. de transport de la force, entre Creil et Paris laSi SCIILAGDENHAUFFEN (Fr.). - De la ra- cine du Damiïs fragrnns Comni., ou liane jaune, et de sa composition chi- mique 955 — Sur la gulta-perchadev5«M?'fl (i?;/(>ro- spei-mum) Parkii, G. Don, et sûr sa composition chimique. (En commun avec M. Ed. Heckel.) loGg Le prix Barbier lui est décerné (Con- cours de Botanique, i88j) en com- mun avec M. Heckel) (Prix partagé avec M. R. Dubois.-) i3G3 Adresse ses remercîments à l'Acadéniie. 14(^7 SCHŒNFLIES (A.). — Sur une loi de ré- ciprocité dans la théorie du déplace- ment d'un corps solide 1 5o SCHLŒSING (Th.) — Industrie de la ma- gnésie 1 3 1 SCHNETZLER (J.-B.i. -Sur une cause de développement anormal des raisins. . 4^3 SCHOUTE (P.-H.t. —Questions qui se rap- portent à un faisceau de cubiques planes 736 et 8o5 SCIIULE adresse une Communication rcla^ tive au choléra 634 SCHUTZENBERGER (Paul). - Nouvelles recherches sur les matières protéi- ques ' 267 SCHULTEN (A. de). — Sur la production de l'hydrate do magnésium cristallisé (brucite artificielle) et de l'hydrate de cadmium cristallisé 72 SCIIWEITZER (A.) adresse une Commu- nication relative au choléra. SgO SÉE ( Germain ). - Du sulfate de spar- téine, comme médicament dynamique et régulateur du cœur io4G SERRANO FATIG ATI adresse des « Recher- ches sur des réactions chimiques dans le cham|:i du microscope « 865 SERR.\NT (E.). - Sur le rosolène 953 SIDOW (R.) adresse une Communication relative au choléra 4/2 SILVA (R.-D.). — Le prix Jecker lui est décerné (Concours de Chimie, i885). (Prix partagé avec MM. Prunier et Rousseau.) 1 354 SIUE (G.). — Nouvel hygromètre à con- densation ; son emploi pour la gradua- tion des hygromètres à cheveu 3 1 2 — Sur deux types nouveaux d'hygromètres à condensation 638 ( '^7'ï ) MM. ■ Pages. SOCQUET ( J.). - Une mention exception- nellement honorable lui est accordée. (Concours de Slatistiqiie, prix Mon- tyon, i885.) i34( SORET (Cn.). — Indices de réfraclion de quelques aluns cristallisés i56 SORET (J.-L.V — Sur la détermination photographique de la trajectoire d'un point du corps humain, pendant les mouvements de locomotion 278 SORIANO Y ROCA adresse une Communi- cation relative au choléra 149 SOUILLART (C). — Théorie analytique des mouvements des satellites de Ju- piter. Seconde partie : Réduction des formules en nombres g3a SPAHRE(dei. - Sur l'Iierpolhodie, dans le cas d'une surface du second degré quelconque S-o SPŒRER. — Le prix Valz lui est décerné. (.Concours d'Astronomie, 1885.") i334 MM. . Pages. - Adresse ses remercîments à l'Académie. 14O7 — Sur la fréquence relative des taches sur les deux hémisphères du Soleil 146g STEPHAN. — Communication relative à l'essaim d'étoiles filantes du 27 no- vembre i885 1195 STIELTJES. — Sur une fonction uniforme. i53 — Sur une loi asymptotique dans la théo- rie des nombres 368 STROUMBO (D.-S.) adresse une Note sur un procédé pour rendre visible, à un grand auditoire, la marche des rayons dans un cristal biréfringent 4"7 - Expériences sur la double réfraction.. 'Jo5 SYLVESTER. — Surl'homographiededeux corps solides 35 — Sur l'homographie de deux solides in- finiment étendus iSg — Sur une nouvelle théorie des formes algébriques... 1042, iiio, 129.5 et i4Cr TACCHINI (P.). - Résumé des obser- vations solaires faites pendant le deuxième trimestre de l'année i885. . 3o3 — Observation de la couronne solaire, faite sur l'Etna ; réapparition de lueurs crépusculaires 33o TASTES (de). — Ue l'utilité que présente la connaissance des déplacements du courant du gulf-stream, au point de vue de la prévision du temps à longue échéance 1 1 92 TAYON. — Le microbe de la fièvre typhoïde de l'homme; cultures et inoculations. 45o TELLIER (Ch.), - Emploi de la chaleur ■atmosphérique, pour obtenir une force motrice capable d'élever l'eau à une certaine hauteur 4^^ — Résultats obtenus au moyen de son appareil pour l'élévation des eaux par la chaleur atmosphérique 977 TERUEL adresse une Communication re- lative au choléra 422 THABUIS (Fr.). — Analyse du dépôt formé par l'eau de Chabetout 1 163 THIERRY (i\lAURicE de ). — Sur un nouveau spectroscope d'absorption 811 THOLLON (L.). — Nouveau dessin du spectre solaire 565 — Le prix Laiande lui est décerné (Con- cours d'Astronomie, i885) i333 — Adresse ses remercîments à l'Académie. 1467 THOLOZAN (.I.-D.). - Le choléra et la peste en Perse, sans les quarantaines. 49^ TllO.MAS (L.). — Une citation honorable lui est accordée dans le Rapport des Ouvrages du prix Montyon (Concours de Médecine et Chirurgie, i885.).... 1374 THOMAS ( Philippe I. — Sur la découverte de gisements de phosphate de chaux dans le sud de la Tunisie 1 184 TISSANniER (G.) présente à l'Académie des photographies exécutées en ballon. . . 104 — Sur des expériences de photographie en ballon 187 — Sur les mouvements des aérostats yiS TISSERAND (F.-F.). — Sur le mouvement de rotation de la Terre autour de son centre de gravité igS — Sur les moments d'inertie principaux de la Terre 4og — Sur la libration de la Lune 625 TOPINARD (P.). - Une mention honorable de quinze cents francs lui est accor- dée (Prix Montyon, Concours de Mé- decine et Chirurgie, i885) 1874 TRÉCUL. — Note concernant l'expérience de M. Bochefontaine sur l'origine d choléra 5^7 ( > 57(> ) MM. P — Nature radiculairc des stolons des Ne- fj/irolrpsis. Réponse à M . /*. Laclimann. — Observationssurla strucliiredu système vasculaire dans lo genre Dmvitlia et en particulier dans le Diwallia rcpcns. TRÉPIED (Cii.)- — Observations équalo- rialesde la comète Barnard (-?), faites à l'observatoire d'Alger, au télescope de o™, 5o — Observations de la comète Fabry, faites à l'observatoire d'Alger — - Observations de la comète Fabry et de la comète Barnard, faites à l'observa- toire d'Alger, au télescope de o", îo. TREVE. — Sur les contre-mines sous-ina- rines — Sur le rayon vert, observé dans l'océan Indien TROOST (Louis). — Sur le métaphospliate de thorium — Sur la densité de vapeur du chlorure de thorium et la formule de la iliorine. âges. i453 liai 1234 595 845 210 3Go MM. • Pages. TllOUVÉ adresse une description de deux appareils destinés aux armes de guerre pour le tir pendant la nuit 104 TROUVELOT (L.).-— Remarquables pro- tubérances solaires, diamélra'ement opposées 5o — Observation d'un essaim de corpuscules noirs passant devant le Soleil i )4 — Remarquable protubérance solaire 47^ - Remarques sur l'étoile nouvelle de la nébuleuse d'Andromède 799 TRUTAT (E.). - Les traces glaciaires dans la grotte de Lombrives ( Ariège ) i5ia T9CHELTZ0W. — Clialeur de formation des picrates 38 1 TULASNE (Louis-René). — Son décès est annoncé à l'Académie 1 437 — Notice sur M. L.-R. Tiihiuie et sur son œuvre botanique; jiar M. Duclinrlrc. TURQUAN ( V.). — Une mention très hono- rable lui est accordée. (Prix Montyon, Concours de Statistique, i885.) 1438 41 V VAILLANT (Léon). — Sur une Tortue ter- restre, d'espèce nouvelle, rapportée par M . Hiimblot au Muséum d'Histoire naturelle 44o VALLET(L.) adresse une Note relative à l'emploi d'échalas injectés au cnrbnli- îieui»^ pour le traitement des vignes phylloxérées 1467 VALSON. — Le prix Gegnerlui estdécerné. (Concours des prix généraux de 1 885. ). i4oi — Adresse ses remercîmentsà l'Académie. 14C7 VAN ASSC.HE adresse une Note sur un cadran universel, pour runification de l'heure et de la longitude-. •. i igS VAN BENEDEN. — Le prix Cuvier lui est décerné (Concours des prix généraux, i885~) 1399 VARIGNY (H. DE). - Sur la période d'ex- citation latente de quelques muscles lisses de la vie de relation chez les Invertébrés 570 VASSEUR (G.). — Nouvelle carte géo- logique de la France à l'échelle de Vôo'i) uô'* ï^" commun avec M .L.Ciin-z.). 1 5i4 VAYSSIÈRE (A.). — Sur l'organisation de la 'Vninratclld 576 VENUKÛFF. — Sur la limite septentrionale de la mousson sud-ouest de l'océan Indien i5i8 VESQUE (J.). — Sur le prétendu rôle des tissus vivants du bois, dans l'ascen- sion de la sève 7^7 VIALA (P.). — Le BUick tht américain dans les vignoliles français. (En com- mun avec M. Haviis.) 582 VL\LLETON (L.). — Sur la fécondation chez les Céphalopodes 619 — Les centres nerveux des Céphalopodes. 1016 VIARD (E.) adresse une Note sur les vins de vignes américaines 5r6 VIDAL (Ë.). — Sur le traitement du Pero«o,v/m/Y(î);;ij- par l'acide sulfureux. - 421 — Adresse un complément à la Communi- cation précédente (')23 VIGNAL ( W.). — De la prétendue circula- tion dans les cellules ganglionnaires.. 1072 VIGUIER (C.\. - Sur lesAnnélides péla- giques de la baie d'Alger. . -. 57S VILLE (.1.). — Sur la formation de l'hydrate de zinc cristallisé 375 VILLEJE.\N (E.). — Un prix iMonlyoa de deux mille cinq cents francs lui est décerné (Concours de Médecine et Chirurgie, iS,S5). (En commun avec M. Hcgnauiit) 1 374 — Adresse Ses remercîmentsà l'.Vctidéuiie. 1467 ( I Mm. Pages. VILLIERS (A.). — Un encouragement de cinq cents francs lui est accordé. ( Concours de iMédecine et Chirurgie, 1885.1 ..-. '. .. iSjS VINCENT (C). — Sur trois nouveaux composés du rhodium Saa — Sur les températures et les pressions critiques de quelques vapeurs. (En commun avec M. J . C/ifippins.) 4^7 VINOT. — Sur des Tablies numériques des- tinées à faciliter les transformations de coordonnées en Astronomie gSS — Communication relative à l'essaim (J'é- loiles filanlesdu 27 novembre i885. . iigS VIHLETD'AOUST. - Sur un tremblement de lerre partiel de la surface du sol, dans le département du Nord 189 Nouveau tremblement de terre partiel, aux environs de Douai (Nord) 487 VULPIAN. — Recherches relatives à la durée de l'excitabilité des régions excito-motricés du cerveau propre- ment dit, après la mort 212 — Recherches sur les elTetsde l'excitation faradique directe des glandes 30) ■'î?? ) MM. Pages. — Observations relatives à une lettre de M. y. Feri-nn, au sujet de son procédé de vaccination contre le choléra 867 — Remarques à propos de la Communica- tion de M. Pnsleursnr la méthode pour prévenir la rage après morsure 772 — Nouvelles recherches sur l'origine des fibres nerveuses glandulaires et des fibres nerveuses vaso-dilatatrices qui font, partie de la corde du tympan et du nerf glosso-pharyngien. ........ 85i — Recherches prouvant que le nerf triju- meau contient dos fibres vaso-dilata- trices dès sou origine 981 — Recherches sur les fonctions du nerf do Wrisberg 1037 et 1^47 — Recherches relatives à l'influence qu'exercent les lésions de la moelle épinière sur la forme des convulsions de l'épilepsie expérimentale, d'origine cérébrale 1 106 — Recherches sur la provenance réelle des nerfs sécréteurs de la glande sali- vaire de Nuck et des glandules sali- vaires labiales du chien i448 w WENDROTH adresse diverses Communi- cations relatives au choléra. (En com- mun avec M. .■lllcmand.) Cgd WObF(L.V — Surrétoilenouvclled'Orion. i444 WOUVES (R. de) adresse une Note rela- tive à « la question du microbe cho- lérique " 23 1 WROBLEWSKl. — Sur la résistance élec- triqui! du cuivre à la température de 2011° au-dessous de zéro, et sur le pouvoir isolant de l'oxygène et de l'azote liquides itio — Sur la séparation de l'air atmosphérique liquéfié, en deux liquides différents.. 635 Y YUNG (E.). — Influence du nombre des individuscontenusdans un même vase, et de la forme de ce vase, sur le déve- loppement des larves de. grenouille. . 1018 Iiilluence de l'eau salée sur le dévelo[)- pementdes larves de grenouille 71 3 ZENGER (Cii.-V.) adresse une Noie « Sur le parallélisme des grandes perturba- tions magnétiques et électriques et de la grande activité du Soleil en 1882, comparé aux apparitions de zones d'absorption extraordinaires dans les images héliographiques » 367 - Adresse une Note concernant « Les perturbations magnétiques et les au- rores boréales, comparées avec l'acti- ( '57» ) MM. Pages. vite solaire et les héliophotographies, en 1 882 i> 53o — Nouveau spectroscope stellaire Ci 6 — Sur un optomèlre speclroscopique. . . . ioo3 — Spectroscope pour les hauts-fourneaux MM. Pagps. et pour le procédé Bessemer iou5 ZENKER. — Sur l'essaim de météores qui pourra afcnmpagner le passage de la comète de liiela, le 27 novembre. . . . 1077 UAU1QIEI<-VILL\ns, IMI'aiHKUR-LID UIIIË DES COMPTES IIKNDIS DliS SLANCES DE l'ACADÊUIE DES SCIENCIS. iii48 Paris. — Quai des Aiigiisliiis, 55. :w;^ j-^^i^ ''^'. ,t:^à %• ■i^;. •>.* * ^Mjé. '^Sri ^^ iwr^lj^ -<«fc^