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^ibraro of t^e Sluseum
COMPARATIYE ZOÔLOGY,
AT DARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS.
JFoun'Det) l)B ptfbatE suliscrfptfon, tn 1861.
Deposited by ALEX. AGASSIZ.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
1894
SECOAD SEMESTIIE.
COMPTES REM)LS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
rAK MM. I,ES SECRÉTAaîSliS I»EIIPÉTI'E1«S .
TOME CX1\.
N^ 4 (2 Juillet 1894),
PARIS,
GAUÏHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBKAIKES
DES COMPTES KENDUS DES SÉ.VNGES DE 1/ A.C ADÉMI E DES SCIBNCliS
yiiai des Grands-Augusiins, "îS.
■^■'1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDIS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
lies CompU's rendus hebdomadaires des scéances de
r Académie se composent des extraits des travaux de
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les RajJ-
s(-s Mfembres et de l'analvse des Mémoires ou Notes \ ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autanl
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages on 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
U y a deux volumes par année.
Artici.k P'. — Impressions des travaux de l' Académie.
I
I-esextraits des Mémoires présentés p;ii' un Membre
que l'Académie l'aura décidé.
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blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Aktw.i.y. 2. — Impression des travaiiv des Savants
étrangers à l'Académie.
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au plus 6 pages par numéro.
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vernement sont imprimés en entier.
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discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
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l^ris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne ! un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de 1 l'impression de chaque vohmie.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Mendjre qui (ait IiW|)résentation esl toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
AliTlCLE 3.
Le l)on à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est in^éré dans \c Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu siu-
vaut, et mis à la (in du cahier.
Akticu". 1. — Planches et tirage ù part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Amici.E 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Secrétaires sont chargés de l'evéculion du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5*'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 2 JUILLET 1894,
PRÉSroENCE DE M. LŒWV.
aiÉllIOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la phénylhydrazine. Action de l'oxy-
gène et action de V eau ; formation des sels; par M. Berthelot.
« Avant eu occasion, clans ces derniers temps, d'employer la phényl-
hydrazine dans mes recherches de Physiologie végétale, j'ai fait diverses
observations qui me paraissent mériter d'être signalées, en raison de
leur application à l'usage de ce précieux réactif. Elles sont relatives à
l'action de l'oxygène libre, qui en dégage de l'azote à froid, réaction
exceptionnelle et du plus haut intérêt; à l'action de l'eau; enfin à la for-
mation des combinaisons salines, qui donne lieu à des observations dignes
de remarque pour la Statique chimique.
( M
I. — Action de l'oxygène libre.
)) 1. La phcnylhydrazlne, exposée au conlact de l'air, ne Larde pas à
jaunir et à s'altérer. Cette altération est plus manifeste encore lorsqu'on
opère sur les dissolutions de la phénylhydrazine dans l'eau pure, ou dans
les acides. Ces dissolutions brunissent et déposent une matière insoluble.
Mais l'altération n'a pas lieu lorsqu'on opère dans inie atmosphère ab-
solument exempte d'oxygène, ou de gaz oxydant. En raison de ces cir-
constances, le réactif doit toujours être employé à l'état frais.
» J'ai étudié de plus près cette oxydation, en opérant en présence d'un
volume d'oxygène exactement mesuré, soit à froid, soit à ioo°; dans ce
dernier cas en ballons scellés. L'hydrazine était pesée exactement et em-
ployée soit pure et anhydre, soit dissoute dans une proportion équivalente
d'acide chlorhydrique étendu, c'est-à-dire à l'état de chlorhydrate :
CH'Az-.HCl,
tantôt pur, tantôt mélangé avec son équivalent d'acétate de soude, tel qu'on
a coutume de l'employer. Il contenait^ d'équivalent d'alcali par litre, dans
mes essais.
» 2. C'est pour ce dernier cas que l'action est la jjIus nette. Lorsqu'elle
est poussée jusqu'à son terme, à ioo°, ce qui exige une douzaine d'heures,
elle donne lieu à l'absorption d'un atome d'oxygène et à un dégagement
d'un atome d'azote, de telle sorte que le volume gazeux ne change pas.
C« H» AzMiCl étendu + O dégage Az.
» Les mêmes rapports de volumes s'observent pendant toute la durée
de l'expérience ; ils ont été obtenus également avec une action poussée seu-
lement à la moitié de sa limite, poussée au tiers, et môme seulement au
sixième; dernier essai quia été réalisé à froid, vers iS", dans l'espace d'un
jour.
» Dans ces conditions, il se sépare des liqueurs un composé huileux,
incristallisable, qui répond aux propriétés de la diphénylhvdrazine
C'-H'-Az- : toutefois, l'analyse n'en a pas été faite. Sa formation explique
bien la réaction observée :
sCH'Az^ -h 0^= C'-ir-Az=4- Az=H- .iH^O.
)) 3. La phénylljydrazine pure et anhydre, renfermée dans un ballon
scellé avec de l'oxygène et chauffée à loo", se décompose d'une manière
( 7 )
ilifférente. Elle a absorbe, dans les mêmes conditions, une dose d'oxygène
un peu supérieure à un atome, soit i,i dans un essai; 1,25 dans un
autre; et elle a dégagé un volume d'azote qui surpassait de près de moitié
celui de l'oxygène, soit i,6 et 1,7 atomes dans les deux essais ci-dessus.
Elle se rapproche donc, parla, d'une élimination totale, probablement par
suite de la formation de produits de plus en plus condensés, produits rési-
neux, insolubles dans l'eau et incristallisables.
» 4. La décomposition par oxydation directe de la phénylhydrazine
pure, ou dissoute dans l'eau, ou bien dans les acides et au contact de
l'eau, se manifeste de même par un dégagement continu de bulles d'a-
zote, faciles à observer, soit à froid, soit dans le cours des distillations de
cet alcali. La phénylhydrazine ne réagit pas sur l'oxyde de carbone. Elle
n'attire pas l'acide carbonique de l'air.
II. — Action de l'eau (')• — Hydrate de phénylhydrazine.
» 1. La phénylhydrazine pure attire l'humidité de l'air et quelques
gouttes placées au fond d'un verre cristallisent au bout de quelques
heures en beaux cristaux lamelleux, pourvu que la température ambiante
soit inférieure à 22°. On les obtient également, si l'on sature d'eau la phé-
nylhydrazine, en y ajoutant, par exemple, un peu moins de la moitié de son
volume d'eau et en abandonnant la liqueur dans une assiette à l'évapora-
tion spontanée; le tout se change en magnifiques cristaux brillants et in-
colores, au moment de leur apparition, mais qui ne tardent pas à jaunir sur
( ') La réaction entre l'eau et la phénylhydrazine, indépendamment de la formation
de l'hydrate, donne lieu à des pliénomènes de quelque intérêt, au point de vue des
équilibres qui s'établissent entre deux corps réciproquement solubles dans l'autre,
sans cependant se dissoudre en toutes proportions. Nous avons déjà traité ce sujet,
M. Jungfleisch et moi {Annales de Chimie et de Phys., 4° série, t. XXVI, p. Sgô).
Voici des observations sur la phénylhydrazine : si l'on ajoute de la phénylhydrazine
dans l'eau en excès, vers 20", elle s'y dissout d'abord complètementet tant que sa pro-
portion ne surpasse pas 8 centièmes environ du poids de l'eau. Réciproquement, la
phénylhydrazine dissout l'eau, tant que le poids de celle-ci ne surpasse pas /jo à 45 cen-
tièmes du poids du premier liquide. Quand les proportions relatives sont comprises
en dehors de ces deux, limites, il se forme deux couches, contenant chacujie de l'eau
et de la phénylhydrazine. Si l'on élève la température, la phénylhydrazine dissout une
quantité d'eau croissante et finit par s'y mélanger en toutes proportions. Mais, pen-
dant le refroidissement, il se reforme deux couches.
les bords, puis à prendre une teinte orangée, par suite de leur oxydation
lente. Cependant la masse principale subsiste pendant plusieurs jours.
» 2. Ces cristaux fondent à + 24°, i. Ils paraissent avoir été confondus
jusqu'ici avec la phénylhydrazine anhydre, à laquelle on attribue, dans
les Traités, un point de fusion de 28°. En réalité, elle fond à -t- 17", 5.
» 3. On obtient du premier coup l'hydrate de phénylhydrazine, en ajou-
tant à lo*^*^ de la base anhydre o"'^,9 d'eau ; l'eau s'y dissout d'abord, puis
le mélange se prend en une masse cristalline, qui durcit rapidement. Dans
le cas où il demeure liquide et surfondu, il suffit d'y ajouter un cristal déjà
formé pour faire cesser la sursaturation; artifice qui s'applique également
aux mélanges plus hydratés, et renfermant, par exemple, pour 2 parties
d'alcali, un poids voisitl de i partie d'eau.
» 4. Quel que soit le procédé de préparation, il convient d'exprimer
les cristaux par compression entre des feuilles de papier buvard. Quand ils
sont aussi purs que possible, on en fait l'analyse élémentaire. T'ai trouvé
ainsi la formule
2C''H^Az%H-0,
laquelle exige
C = 6i,5, H = 7,7.
L'analyse a donné
C=:6o,9: H = 7,7;
le carbone étant un peu faible, à cause de la grande oxydabilité de la ma-
tière.
» 5. J'en ai déterminé la chaleur de formation par deux méthodes diffé-
rentes. I/une consiste à dissoudre dans la même quantité d'eau pure,
3o parties par exemple, d'une part l'hydrate, d'autre part un poids équi-
valent de phénylhydrazine pure.
» L'autre consiste à faire les mêmes opérations, en employant l'acide
chlorhydrique étendu comme dissolvant. Enfin j'ai exécuté les mêmes opé-
rations comparatives avec la phénylhydrazine liquide (surfondue) et avec
cet alcali cristallisé à la même température, ce qui en fournit la chaleur
de fusion.
» J'ai trouvé ainsi
Cal Cal
Phénylhydrazine liquide, C H* A z-, H- eau, à ifi°.. . . -i-o,5i; à 21°, 4-0,29
» cristallisée à 17" — 2,16
Hydrate, 2C«H8Az2H''0, cristallisé à lô» —7,40
Phénylhydrazine liquide, H- HCl(iéq.= 2'), à 16".. -j- 8,70
» cristallisée » >i . -h 6,08
Hydrate cristallisé -1- 2HCi(i éq.=: 2M -4-9,00
—
Cal
2,67
(
et — 2
■.ê\
,62
-f-
8,42
et +8,
,/,o
3,08
i ,53
en- 3,
,16
( 9 )
» 6. On déduit de ces données :
Clialcur de fusion moléculaire de la phéiiylhydrazine, C^U'Az^ . .
Chaleur de combinaison de l'eau et de la pliénylhydrazine
2C''FPAz--H H-0, les composants liquides
Chaleur de combinaison de l'eau liquide et de la phénylliydrazine
cristallisée
Chaleur de combinaison, les deux composants cristallisés, environ.
» L'union des deux composants liquides formant un composé liquide surfondu a
donné, par action immédiate : -H o'^^'jSy. D'où, chaleur de fusion de l'hydrate: -(- 8,o4.
» 7. Ces nombres se rapportent à un hydrate bien cristallisé au sein
d'un dissolvant, soigneusement purgé de toute trace liquide et formé
depuis un certain temps.
» Mais on obtiendrait des valeurs différentes, si l'on essayait de le pré-
parer par synthèse directe et si l'on opérait sur un hydrate récemment
obtenu, ou récemment refondu, en raison de l'état de transformation in-
complète qu'il présente dans les premiers moments.
)) Ainsi, ayant placé au fond d'un petit ballon de verre mince, immergé
dans l'eau du calorimètre, à 19°, un certain poids de phénylhydrazine, j'v
ai ajouté la dose d'eau strictement équivalente : il s'est dégagé + o^''',37
pour 2C*H'Az^-l- H-0; le tout formant un liquide homogène. J'ai projeté
dans ce liquide quelques cristaux. La cristallisation a commencé aussitôt.
Au bout de dix-huit minutes, elle semblait totale ; la masse était durcie et
le thermomètre calorimétrique commençait à baisser; la marche de son
refroidissement (o°,oo2 par minute) étant d'ailleurs sensiblement iden-
tique avec celle du refroidissement de l'eau, observé après enlèvement du
petit ballon. On pourrait calculer à l'aide de ces données la chaleur de soli-
dification du corps dans les cas ordinaires.
» J'ai trouvé ainsi, tout calcul fait :
Col _
Chaleur de solidification prétendue -1-2,96 au lieu de -i-8,o4
Chaleur de combinaison depuis les composants liquides. . -t-3,33 au lieu de -l-S,/|i
Ecart +5,08
j'y reviendrai.
» Cependant, le ballon ayant été conservé pendant une demi-heure
sur la table, je l'ai réintroduit dans le calorimètre et, quand l'équilibre de
température a été rétabli, j'ai brisé le ballon avec mon écraseur et j'ai
dissous le composé qu'il renfermait dans l'eau du calorimètre. La dissolution
a absorbé — 2*^"', 64 au lieu de — 7,40 • écart ■+■ 4.76. La différence avec
5,08 répond au degré d'avancement plus grand delà combinaison pendant
C. R.,iSq4, J" Semeslre. (T. CXI\, N° 1.) 2
( 'o )
l'intervalle d'une demi-heure, degré insensible à l'observation thermomé-
Irique directe à cause de la durée de cet intervalle. La combinaison se
poursuit ainsi peu à peu. Mais au bout d'une semaine elle n'était pas encore
accomplie. En effet, un échantillon similaire, préparé de même par syn-
thèse entre 17° et 19°, après sept jours, a fourni une chaleur de dissolu-
lion égale à — 6,18; au lieu de — 7, 4°.
» La différence entre ces nombres caractérise l'état incomplet de la
transformation : ce qui s'explique pour une partie par l'état plastique ini-
tial de semblables composés; pour une autre partie, par la combinaison
incomplète de l'eau avec la phénylhydrazine, laquelle maintient en outre
à l'état semi-fluide une portion notable de l'hydrate déjà constitué. J'ai
déjà signalé des phénomènes du même ordre pour l'hydrate de chloral
{Ann. de Chim. et de Phys., 5* série, t. XII, p. 54o à 564).
» Ils montrent à quelles erreurs expose le procédé ordinairement suivi
pour mesurer la chaleur de fusion des corps, d'après la chaleur dégagée
pendant leur solidification, les deux phénomènes n'étant pas nécessaire-
ment réciproques; il est nécessaire dès lors de ramener les corps à un étal
final identique, par leur dissolution totale dans un même milieu, accom-
pagnée ou suivie au besoin de la formation d'un composé défini, tel que
le chlorhydrate de phénylhydrazine.
III. — Formation des sels.
» 1 . Chlorhydrate :
HCI(i éq. = 2')-HC«H'AzMiq. à i5°,4 ■+- 8C''i,7o | Alcali dissous... +8,19
» M. Petit a trouvé en 1889, pour le premier nombre : 8,9.
» Un excès d'acide ne produit pas d'effet sensible.
» 2. Sulfate :
SO'H-(i mol. = 4')-hG''H8Az2 1iq. à 21°. .. -)-9<=='',ii | Alcali dissous. . . -i-8,82
)) Ce chiffre répond au bisulfate.
SO'H2(imol. = 4i) + 2C«H»Azniq. à 21°.. +i9<:ai,39| D" +18, Si ou 9,40 x 2
» Le premier équivalent de base dégage moins de chaleur que le
second, comme il arrive en général pour les bisulfates.
M 3. Acétate :
C=H*OHi éq. = 8')-HG'=H»AzMiq. à ai-,;. -4- 5<:",42
2C2H'0^( d" ) -t-C«H«AzMi(i .'. +6c»',68
Alcali dissous. . . -i-5,i3
D" H-6,39
( II )
» Le sel acide dégage plus de chaleur que le sel neutre, sans doute parce
que l'acétate est dissocié par l'eau.
» Un excès d'alcali accroît les nombres obtenus pour les sels neutres
dans une proportion sensible.
» 4. Carbonate. — La phénylliydrazine n'attire pas l'acide carbonique
de l'air, même en présence de l'eau. Son chlorhydrate, mélangé avec une
dissolution de carbonate de soude, ne donne lieu d'abord à aucun dégage-
ment gazeux ; mais il se forme quelques bulles au bout d'un certain temps.
Au contraire, le mélange du chlorhydrate, avec le bicarbonate de soude
dissous, produit une vive effervescence. Pour mesurer la réaction, il
faut opérer en présence d'un volume d'eau capable de dissoudre la totalité
du gaz carbonique.
(2) C«H«Az«,HCl(iéq.= 22i)-i-CO=KH(imol. =:4')à 220,4.... — 2<^=',63
» En admettant ime double décomposition totale, on en déduit
C«H» Az2 dissous + GO^ dissous -+-3<^^\i
(1) C«H'Az%HCl(i éq. = ioi)4-^C0'Na2(i moI. = 4') à2i°,8... — 2<:",28
» On en déduit, en admettant de même une réaction totale, comme il
arrive en fait pour les sels ammoniacaux,
2C'=H«Az^ dissous + CO2 dissous -r4'^''',8
» Ces nombres s'appliquent à des corps dissociés.
» Entre la chaleur de formation du sulfate et celle du chlorure la diffé-
rence : 9,40 — 8,19 =+ 1,21 est de l'ordre de grandeur de celles qui ca-
ractérisent les sels alcalins stables ; mais la différence entre [l'acétate et le
chlorure (h- 3,o) est notablement plus forte, ce qui répond à l'état dissocié
du premier sel; l'écart croît surtout lorsqu'on passe aux carbonates
(5,1 pour le bicarbonate; 5,8 pour le carbonate ordinaire) conformément
à ce qui arrive pour l'ammoniaque (') et pour les oxydes métalliques (' )
comparés aux oxydes des métaux alcalins. Aussi, lorsqu'on mélange la disso-
lution du chlorhydrate ou du sulfate de phénylhydrazine avec celle de
l'acétate de soude, se produit-il une absorption de chaleur très notable et
cette absorption est beaucoup plus marquée encore avec les carbonates
alcalins.
') Toutes ces expériences vérifient de nouveau une loi que j'ai établie
( ' ) Annales de Chimie et de Physique, l\' série, t. XXIX, p. 477"48i
( = ) Même Recueil, 5' série, t. IV, p. 168.
( 12 )
par une miiUiliule d'expériences thermiques sur les sels dissous (^Annales
de Chimie et de Physique, !f série, t. XXX, p. loo, io3, 5o3, etc.; 1873),
à savoir que : l'acide fort s'unit à la base forte, en formant en totalité, ou
à peu près ('), le sel le plus stable en présence de l'eau, lequel est en même
temps celui dont la formation à l'état solide dégage le plus de chaleur. Par
suite de la constitution de ce sel au sein de la liqueur, l'acide faible reste
ainsi en présence de la base faible, de façon à constituer le sel le plus dis-
socié, et de cet accroissement de dissociation résulte une absorption de
chaleur considérable, dont la valeur numérique démontre l'existence d'une
réaction à peu près totale. Ces phénomènes ne résultent pas d'une théorie;
mais ils ont été établis directement par les expériences elles-mêmes. Ils
sont en contradiction avec l'énoncé de la thermoneutralité saline; ils sont
aussi en contradiction formelle avec les véritables idées de Berthollet ("),
telles qu'il les a formulées de la façon la plus explicite, en disant que
« chacun des acides », mis en présence d'une base, « a dans l'action une
» partie déterminée par sa capacité de saturation et sa quantité », c'est-
à-dire « par sa masse chimique » (ce qui signifie, d'après le langage actuel,
en raison de son]équivalent et du nombre d'équivalents mis enjeu), « sans
« que l'action d'un de ces acides l'emporte sur celles des autres. »
CHIMIE MINÉRALE. — Impuretés de Valuminium industriel.
Note de M. Henri Moissan.
« L'industrie de l'aluminium, fondée en France par Henri Sainte-Claire
Deville en i854, se transforme actuellement avec une très grande rapidité.
Depuis que ce métal a pu être obtenu par la décomposition de l'alumine au
moyen de courants intenses, sa préparation est devenue assez pratique
pour que le prix du métal soit descendu à 5^'' le kilogramme. De plus, le
progrès si rapide de cette industrie permet d'espérer que le prix actuel
pourra assez facilement être diminué.
» Il est probable que les qualités de ce métal si léger se prêteront dès
lors à de nombreuses applications.
(') Je dis « à peu près » : les sels mêmes des acides forts étant susceptibles de
quelque trace de dissociation en présence de l'eau.
(^) Statique chimique, t.I, p. i5 et 72. Voir aussi Annales de Chimie et de Phy-
sique, 5"= série, t. VI, p. 442.
( '3 )
» Les poinls secondaires qui demanclenl de nouvelles recherches, tels
que l'affinage de l'aluminium ou la préparation à hon marché de l'alumine
pure en partant de la bauxite ou du kaolin, ne tarderont |)as sans doute à
être résolus.
» L'aluminium industriel a déjà quelques débouchés; outre son emploi
dans l'affinage des aciers et des fontes ('), quelques-uns de ces alliages
présentent des propriétés très curieuses.
» Nous ajouterons seulement que l'aluminium produit par les différents
procédés électrolytiques n'est jamais pur et que sa composition est assez
variable; tous les métaUurgistes savent combien les propriétés chimiques
et physiques d'un métal varient avec des traces de corps étrangers. Il y
aurait donc tout intérêt pour l'industrie à chercher à obtenir un aluminium
aussi pur que possible, dont les propriétés deviendraient constantes et
fourniraient toujours les mêmes résultats.
» Les impuretés de l'aluminium industriel signalées jusqu'ici sont au
nombre de deux : le fer et le silicium.
» Le fer provient du minerai, des électrodes et des creusets. La pureté
de l'alumine et la fabrication soignée des électrodes et des creusets
semblent devoir l'écarter. M. Minet a publié d'intéressantes expériences
sur ce sujet et a bien établi quelle pouvait être ^'influence fâcheuse exercée
par une petite quantité de fer.
)) Le silicium provient aussi en partie des électrodes et des creusets
mais surtout de l'alumine employée. La présence de ce métalloïde semble
plus difficile à éviter. Bien que, dans certains cas, ce corps simple ne pré-
sente aucune action nuisible, nous avons pu en diminuer facilement la
teneur par une simple fusion du métal sous une couche de fluorure
alcalin (-).
(' ) Cet affinage de l'acier a été étudié en Angleterre par M. Iladfield, et en France
par M. Le Verrier.
(-) L'échantillon d'aluminium que nou^ avons utilisé dans cette étude présentait
la composition suivante :
Aluminium 98,02
Fer o , 90
Silicium 0,81
Carbone 0,08
Azote traces
99.8'
Après une fusion sous uue couche de fluorures alcalins, il ne contenait plus que 0,5;
de silicium pour 100.
( i4)
)) Mais, en dehors du silicium et du fer, il existe couramment dans la-
luminium industriel deux autres impuretés qui n'ont pas été signalées
jusqu'ici. Nous voulons parler de l'azote et du carbone.
» Lorsque l'on traite un fragment d'aluminium industriel par une solu-
tion de potasse à lo pour loo, le métal est rapidement attaqué, et l'hydro-
gène qui se dégage en abondance entraîne une très petite quantité de va-
peurs ammoniacales. On peut en démontrer l'existence en faisant passer,
bulle à bulle, l'hydrogène dans le réactif de Nessler.
)) Il ne tarde pas à se produire une coloration, enfin un précipité plus
ou moins abondant. Il est très important dans cette réaction d'employer
de la potasse absolument pure.
» Lorsque l'on fait passer un courant d'azote dans de l'aluminium en
lusion, on le sature de ce gaz et le métal ainsi obtenu nous a présenté une
petite diminution dans sa charge à la rupture et dans son allongement. La
présence de l'azote fait donc varier les propriétés physiques de l'alu-
minium (').
» M. Mallet, professeur à l'Université de Virginie, avaitindiqué, dèsi876,
l'existence d'un azoture d'aluminium; c'est à ce corps légèrement soluble
dans l'aluminium que doivent être attribués ces changements de pro-
priétés (-).
» Nous avons rencontré le carbone dans les aluminiums industriels
d'une façon constante, et en plus grande quantité que l'azote. Lorsque
l'on traite une centaine de grammes d'aluminium par un courant d'acide
chlorhydrique ou d'acide iodhydrique bien exempt d'oxygène, il reste un
résidu gris. Cette matière, reprise par l'acide chlorhydrique étendu donne
un carbone amorphe très léger, de couleur marron, qui brûle entièrement
dans l'oxygène en donnant de l'acide carbonique; ce carbone ne contient
pas trace de graphite. On peut doser ce carbone en attaquant une dizaine
de grammes d'aluminium par une solution concentrée de potasse. On re-
prend le résidu par l'eau, puis on le sèche et enfin on le brûle dans un cou-
rant d'oxygène. Du poids d'acide carbonique recueilli il est facile de
déduire le poids decarbone. Nous avons trouvé ainsi les chiffres suivants :
Carbone pour loo : o,io4, o,io8et 0,080.
Limite Charge
d'élasticité. de rupture. Allongement.
(') Aluminium fondu 7''s, 5oo ii"'?, 103 g""
Aluminium saturé d'Az .... G'^s.ooo g''?, 600 6"""
(■-) J. Mailet, St/r un azoture d'aluminium (Journ. of the chem. Society, 1. XXX,
p. 340; 1876).
( i5 )
>i L'action exercée par ce métalloïde sur les propriétés physiques de
l'aluminium nous semble bien caractéristique.
M Pour la mettre en évidence, nous avons fait fondre au creuset un
aluminium de bonne qualité; nous en avons coulé une partie dans une
lingotière; puis, dans la masse restante encore liquide, nous avons fait dis-
soudre du carbure d'aluminium cristallisé, préparé au four électrique.
Quelques instants plus tard, on coulait un nouvel échantillon du métal, et
l'on avait ainsi deux échantillons : l'un d'aluminium fondu, l'autre d'alu-
minium carburé.
» On a découpé dans ces lingots des éprouvettes, et, tandis que l'alu-
minium fondu présentait, par millimètre carré, une charge de rupture de
I i''s,ioo, et un allongement pour loo de 9™'", l'aluminium carburé ne pré-
sentait plus qu'une charge de rupture qui a oscillé entre 8''s,6oo et 6'*^, 5oo
et un allongement pour 100 de S"""" a 5""^ (').
» En résumé, l'aluminium industriel, outre le fer et le silicium, contient
une petite quantité de carbone et des traces d'azote (^ ). Ces différents
corps modifient notablement les propriétés de l'aluminium, mais il est à
espérer que l'électrométallurgle pourra produire bientôt un métal plus
pur et de composition constante. »
(') Ces expériences ont été faites sur le métal tel qu'il a été fondu, sans laminage
ni recuit.
Après un premier laminage sans recuit, on a obtenu les chilTres suivants :
Aluminium carburé
Après laminage et recuit.
Limite
Charge
d'élasticité.
de rupture.
Allongement
2o''S
20''S, 793
2""™, 5
■j^s, 700
i3''s,8oo
26°"", 5
(2) Nous ajouterons aussi que l'aluminium industriel renferme une petite quantité
d'alumine ne présentant aucune forme cristalline. Enfin, dans certains échantillons,
nous avons pu reconnaître au microscope, dans le résidu provenant de l'attaque par
l'acide chlorhjdrique, de petits cristaux très nets de borure de carbone. Le bore de
ce composé provenait de Tacide borique qui avait servi à agglomérer le charbon des
électrodes.
( '(' )
CHIMIE MINÉRALE. — Préparation d' un carbure d'aluminium cristallisé.
Note de ÎM. Henri Moissajî.
« On ne connaissait jusqu'ici aucun carbure d'aluminium. La solubilité
du carbone dans ce métal avait même été mise en doute par plusieurs
savants (').
» Nous avons préparé au four électrique un carbure d'aluminium de
formule C'Az'', très bien cristallisé, auquel nous avons fait allusion dans la
Note précédente.
» Préparation. ~,Pour obtenir ce nouveau composé, on se sert du four
électrique à tube, que nous avons décrit dans une Note antérieure (-).
Des nacelles de charbon assez épaisses, remplies d'aluminium, sont pla-
cées dans le tube de charbon, qui est traversé par un courant d'hydro-
gène. Chaque nacelle contient environ i5s''à2oS'' d'aluminium; on chauffe
pendant cinq à six minutes avec un courant de 3oo ampères et 65 volts.
Le refroidissement se termine dans le courant d'hydrogène, et l'on trouve
les nacelles remplies d'une masse métallique de couleur grise, sur la surface
de laquelle se trouvent des sphères métalliques qui se sont formées par
suite d'un rochage au moment de la solidification.
» Lorsque l'on casse le contenu de la nacelle, l'aluminium apparaît
pailleté de cristaux brillants d'une belle couleur jaune.
» On obtient un aluminium qui présente le même aspect lorsque l'on
chauffe modérément ce métal dans un creuset de charbon au four élec-
trique ; seulement, dans cette dernière préparation, les cristaux jaunes
de carbure d'aluminium sont souillés par une petite quantité d'azote.
En réduisant au four électrique un mélange de kaolin et de charbon, le ré-
sultat est identique. Il se dégage d'abondantes vapeurs et il reste un culot
métallique présentant une cassure cristalline bien nette, de couleur jaune
pâle.
(') D'après M. Mallet, l'alLuninium ne se combine pas au carbone ; au conlraire,
M. Frank, par la calcination d'un^mélange de noir de fumée et d'aluminium, a obtenu
un métal qui fournit par l'acide chlorliydrique de l'hydrogène souillé d'acétylène.
('-) Henri Moiss.v\, Sur un nouveau modèle de four électrique à réverbère et à
électrodes mobiles [Comptes rendus, l. CXN II, p. G-gV
( '7 )
» Pour séparer ce carbure de l'excès de métal, on divise le culot en
fragments de i^ à ^k"", et l'on en attaque 2^' à 3^'' au plus par l'acide chlor-
hvdrique concentré. Cette attaque se fait dans un tube à essai entoin-é d'eau
glacée. Il est imj)orlant, en effet, d'empêcher la température de s'élever, et
d'opérer le plus rapidement possible, car l'eau, même froide, décom-
pose le carbure d'aluminium comme nous le verrons plus loin.
M Lorsfpie l'attaque s'arrête par suite de la formation de chlorure
d'aluminium peu soluble dans l'acide chlorhydrique, on lave à l'eau gla-
cée, on décante le liquide, puis on reprend le métal par une nouvelle
quantité d'acide. Dès qu'il ne se dégage plus d'hydrogène, le résidu est
lavé rapidement à l'eau froide, puis avec de l'alcool concentré, enfin avec
de l'éther, et séché à l'étuve.
» Pour que cette préparation soit bien faite, elle doit s'exécuter en
trente minutes environ. On dispose une série de tubes à essai que l'on
surveille tous en même temps.
» Ij'emploi de l'acide chlorhydrique moins concentré détermine une
attaque beaucoup plus calme, mais aussi plus longue, il fournit un produit
déjà très altéré.
» Propriétés. — Le carbure d'aluminium préparé dans les conditions
que nous venons d'indiquer se présente en beaux cristaux jaunes, trans-
parents, dont certains atteignent S""" à 6™" de diamètre. Quelques cristaux
ont la forme d'hexagones bien réguliers doués d'une certaine épaisseur.
Leur densité, prise dans la benzine, est de 2,36. La température la plus
élevée que paisse fournir l'arc électrique les décompose.
» Le chlore attaque ce carbure au rouge sombre avec incandescence. Il
se forme du chlorure d'aluminium et il reste un charbon lamellaire qui a
conservé la forme des cristaux primitifs; c'est un carbone amorphe sans
trace de graphite. Le brome est sans action sur ce carbure à la tempéra-
ture ordinaire, mais, vers 700'', une incandescence se produit, il se fait du
bromure d'aluminium et un résidu de carbone. L'iode ne paraît pas avoir
d'action au rouge vif.
» L'oxygène au rouge sombre n'attaque le carbure d'aluminium que
superficiellement; ce phénomène tient à ce que l'alumine qui se forme
dès le début de la réaction recouvre le carbure d'une gaine protectrice.
Au contraire, le soufre r;;ttaque à la même température avec un grand
dégagement de chaleur; il se produit en quelques instants du sulfure
d'aluminium et des traces de sulfure de carbone. La plus grande partie du
charbon reste sous forme de minces lamelles.
C. R., iH.i4, 2" Semestre. (T. CXIX, .N° 1.) ■'
( -« )
)i L'azote et le phosphore ne rlécomposcnt pns le carbure d'aluminium
au rouge sombre.
» Certains oxydants attaquent ce carbure avec énergie. Mélangé avec
du permanganate de potasse sec et légèrement chauffé, il produit une
belle incandescence ; il se forme de l'alumine et il se dégage de l'acide
carbonique. Le bichromate de potasse et l'acide chromique le brûlent
lentement au rouge sombre. L'oxyde puce de plomb et le massicot sont
réduits avec incandescence, tandis que le chlorate et l'azotate de potassium
sont sans action.
» Une solution de bichromate alcalin, additionnée d'acide sulfurique,
l'attaque lentement à froid et à l'ébullition. L'acide nitrique fumant est
sans action à froid ou à chaud, mais l'addition de l'eau détermine l'attaque
qui se produit en quelques instants.
» L'acide chlorhydrique concentré n'attaque que très lentement ce car-
bure, tandis que l'acide étendu le dissout en quelques heures. L'acide sul-
furique concentré et bouillant est réduit avec formation d'acide sulfureux ;
l'acide étendu réagit surtout vers loo".
» La potasse en fusion attaque ce carbure très énergiquement à une
température voisine de Soo"; au contraire, les carbonates alcalins, au
rouge vif, ne produisent qu'une décomposition incomplète.
» La réaction la plus curieuse que nous présente ce carbure d'aluminium
est la décomposition lente de l'eau qu'il |)rodultà la température ordinaire.
Nous avons démontré précédemment que les acétylures alcalino-terreux
cristallisés, de formule C-Ca, se décomposaient au contact de l'eau en
fournissant du gaz acétylène pur. Le carbure jaune d'aluminium, de for-
mule C^Al', se décompose en présence de l'eau en donnant du méthane CH".
Il suffit de placer dans un tube rempli de mercure quelques cristaux de ce
composé avec une petite quantité d'eau pour voir le dégagement se pro-
duire. Après douze heures, o,i45 de ce carbure ont donné 7™, 5 de gaz, et
après soixante-douze heures un Aolume de 35"^*^, 5. La décomposition, pour
être complète, demande dix à douze jours. La chaleur l'accélère, mais la
lumière ne parait pas avoir d'effet.
» Cette réaction, d'après nos analyses, est exprimée par la formule :
C Al'' -+-* 12H-O = 3Cn ■■ + 2 [ Al-(OTI)"] ( • ).
» Analyse. — L'analyse de ce carbure {rahuiiiuiiim nous a présenté de
{') D'après cette formule, o,ioo de carbure doivent donner 48"^s8 de méthane, Voici
( "J )
nombreuses difficultés à cause de sa facile décomposition par l'eau. Si les
échantillons obtenus ne sont pas absolument purs, ils contiennent de l'alu-
mine hydraté, qui complique beaucoup le dosage. La formule C Al' exige-
rait théoriquement C = 24,6 et Al = 75,4-
» Dosage de raluininium. — Nous avons employé deux méthodes pour
doser l'aluminium :
» 1° Un poids connu de ce carbure est abandonné quelques heures au
contact de l'acide chlorhydrique étendu jusqu'à dissolution complète. Si
le corps est absolument pur, il n'y a pas de résidu, sinon on peut fdtrer
pour séparer une petite quantité de carbone et de produits insolubles.
Le liquide limpide renferme du chlorure d'aluminium; on l'évaporé lente-
ment, puis on le calcine avec précaution. Il ne reste que de l'alumine très
légère qui donne, par son poids, la quantité d'aluminium que renfermait
le composé.
» Nous avons trouvé ainsi :
Al pour 100 74 ,48 73, 12
>i li" \jn poids donné de ce carbure d'aluminium est attaqué par la po-
tasse au creusel d'argent. On reprend le résidu par l'eau et la solution est
neutralisée par l'acide chlorhydrique que l'on maintient en très léger
excès. Le liquide porté à l'ébullition est traité en liqueur étendue par
rhvposulfile de soude. Il se produit un |)rét'ipité d'alumine et de soufre.
Après filtration, on calcine et l'on pèse.
Al pour 100 74,7 74,9 7.5,7
» Dosage du carbone. — Lorsque l'on traite le carbure d'aluminium par
le chlore tout le métal est entraîné sous forme de chlorure et il reste du
charbon. Il est facile d'enlever l'excès de chlore retenu par le charbon en
chauffant ce dernier dans un courant d'hydrogène, puis de brûler le
carbone dans l'oxygène et de peser l'acide carbonique produit. Cette
le détail de deu\ expériences :
I" 0,070 onl donné 01'^'^, 5; il faudrait théoricjuenient 32,6;
3" o, 1 45 ont donné 6g'''", i; il faudrait ihéoriqueinent 70,9.
Le gaz recueilli dans ces conditions est du méthane, ainsi ([ue l'établit l'anah. se sui-
vante : volume primitif i'^",6, oxygène ajouté 8'='=, 5. Après détonation 7'^'^, 1 , contrac-
tion 3". Après potasse 5'^'", 6. Acide carbonique formé i"^"^, 5.
( 20 )
méthode nous a toujours donné des résultats trop faibles même avec du
chlore parfaitement desséché. Cela tient à ce que le chlore peut renfer-
mer des traces d'oxygène et d'acide carbonique et aussi à la présence
d'une petite quantité d'alumine qui souille le plus souvent le produit
et qui, mélangée au charbon, est attaquée par le chlore avec production
d'oxyde de carbone.
» Le chiffre le plus rapproché que nous avons trouvé par celte mé-
thode était de 23,5, tandis que la formule C^Al' exigerait 24.6-
» Le seul procédé qui nous ail donné des résultats comparables consiste
à décomposer par l'eau à la température ordinaire un poids déterminé de
carbure et à mesurer le volume du gaz méthane dégagé. De ce dernier vo-
lume il est facile de déduire le poids de carbone contenu dans le carbure
d'aluminium.
» Nous avons trouvé ainsi :
Carbone pour 100 24,2 24,7 24,8
» Conclusions. — En résumé, le carbone peut s'unir à l'aluminium pour
fournir un carbure jaune cristallisé de formule C\\l''. Ce nouveau composé
possède des propriétés réductrices bien marquées; sa réaction la plus
curieuse est de décomposer lentement l'eau à la température ordinaire en
dégageant du méthane ou formène CH*. C'est le premier exemple d'une
semblable décomposition. Peut-être ce carbure intervienl-il dans les phé-
nomènes géologiques qui produisent depuis des siècles des dégagements
de formène. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Du lieu de production et du mécanisme des souffles
entendus dans les tuyaux qui sont le siège d'un écoulement d'air; par
M. A. Chauveau.
« La liltérature scientifique, si riche en travaux sur les bruits musicaux
ayant pour cause directe ou indirecte les vibrations de l'air, est d'une rare
pauvreté sur les bruits de souffle ou simples murmures engendrés ])ar l'écou-
lement des fluides élastiques dans les tuyaux. Ce dernier sujet est, sans
doute, moins intéressant que le premier pour les physiciens. jMais il im-
porte tout particulièrement aux physiologistes. C'est, en effet, à l'étude
physique des souffles et des murmures, engendres par l'écoulement de
l'air dans les tuyaux inertes, qu'ils ont à demander les éléments du méca-
( 21 )
nisme des bruits respiratoires divers que l'auscultation révèle aux obser-
vateurs.
» Tout récemment, au cours de leçons sur la théorie de l'auscultation,
j'ai été placé en présence de la nécessité de suppléer à celte pénurie de
documents spéciaux. J'ai dû taire plusieurs séries de recherches expéri-
mentales, pour étudier les jihénoménes acoustiques produits par le mouve-
ment de l'air dans les tuyaux inertes. Il n'est peut-être pas inutile de faire
connaître ces recherches, ne fût-ce que pour exciter les gens compétents
à s'occuper du sujet.
» Délimitation du sujet. — Tout d'abord, il est nécessaire de s'entendre
sur les phénomènes acoustiques visés dans cette étude. Il s'agit de phéno-
mènes dont la perception est accessible à l'ouïe, sans autre intermédiaire
que les appareils acoustiques qui permettent d'ausculter l'intérieur des
tuyaux o\\ s'accomplit un écoulement d'air.
» Par exemple, une des extrémités d'un tube en caoutchouc de petit
diamètre est introduite, par une narine, jusqu'aux environs de l'orifice
guttural de la cavité nasale. L'autre extrémité est munie d'un embout
auriculaire étroitement engagé dans le conduit auditif externe. On entend
ainsi, sur soi-même, admirablement bien, les bruits respiratoires qui se
|)roduisent ou qui retentissent dans la cavité pharyngienne : ils sont tantôt
très forts, forts, faibles, tantôt nuls, suivant la rapidité avec laquelle
s'effectue l'écoulement de l'air dans l'arbre respiratoire. Ce sont ces bruits,
souffles plus ou moins rudes ou murmures doux à peine perceptibles, qui
font l'objet des présentes recherches.
M II est bon d'indiquer de suite la portée et la signification de ces re-
cherches, en formulant les diverses propositions qu'elles ont servi à établir.
» Propositions résumant et synthétisant les résultats des expé-
riences. — \° L écoulement de l'air dans les tuyaux est, par lui-même, ab-
solument silencieux.
» 1° L'aphonie des écoulements d'air se constate surtout dans les conditions
suivantes :
» a. La section du tuyau oit s'opère l' écoulement est parjaitement uniforme
dans tous les points;
» b. Le pourtour des orifices terminaux du tuyau ne forme pas d'arête vive
capable de briser et de faire vibrer les courants d'air à leur entrée ou à leur
sortie;
» c. La vitesse de l'écoulement reste au-dessous d'un certain minimum, de
valeur constante pour les tuyaux de même longueur et de même diamètre.
( ^o
» 3" Si la vitesse de V écoulement s'cléve plus ou moins au-dessus dudit mi-
nimum, les autres conditions restant les mêmes, l'écoulement devient souf-
flant.
)) 4° L'écoulement peut devenir également soufflant quand, sans rien chan-
ger à la vitesse qui le rend habituellement aphone, on modifie en un ou plu-
sieurs points le diamètre du tuyau, soit par dilatation, soit par rétrécissement.
» 5" Les souffles sont dus, dans ces divers cas, aux veines fluides qui se
forment aux orifices de sortie de l'air : orifices extérieurs ou orifices intérieurs,
représentés par l'abouchement d'une partie relativement étroite dans une
partie relativement ou absolument dilatée des tuyaux à section non uniforme.
)) G" La production des souffles dépend exclusivement des vibrations propres
de ces veines fluides.^ Dans les tuyaux à section parfaitement uniforme, où il
n'y a de veine fluide qu'à l'orifice extérieur d'écoulement, le souffle entendu
à Vintérieur de ces tuyaux a donc son origine au dehors, vers l'extrémité ter-
minale de l'appareil d'écoulement.
» '7° Les bruits de soujfie qu'engendrent les veines fluides se transmettent,
en eff'et, avec la plus grande facilité et peuvent être entendus très loin du lieu
de leur production, avec une netteté qui donne l'illusion de cette production
dans le point fnême où l'oreille les perçoit.
» 8° La transmissibilité des souffles est fonction de leur intensité, et cette
intensité, fonction de la vitesse dont sont animées les veines fluides soufflantes.
» Ces propositions ressortent des faits qui se révèlent dans les expé-
riences ci-après signalées.
» Matériel employé pour les expériences. — Pour étudier les écoulements d'air,
je me sers d'un tuyau de caoutchouc de fabrication soignée, ayant 20" de longueur et
gmm (jg diamètre. Il est garni à ses deux extrémités d'ajutages métalliques qui portent
les orifices. Ceux-ci s'ouvrent chacun au milieu d'un petit disque plat. Leur pourtour
est émoussé pour éviter la production des bruits autres que ceux, qui sont la consé-
quence directe du mouvement même de l'air à l'intérieur des tuyaux.
» Un étroit branchement latéral de l'ajutage permet l'adaptation du tube de caout-
chouc avec lequel on pratique l'auscultation intérieure de ces tuyaux. Grâce à cette dis-
position, les moindres bruits intérieurs arrivent à la menbrane du tympan : celle-ci
faisant alors partie de la paroi d'une sorte de diverticule de la cavité tubulaire où les
bruits sont perçus.
» L'appareil moteur qui détermine l'écoulement de l'air dans le tuyau se compose
de deux réservoirs d'une capacité de 4° litres, communiquant par un large et long
tube intermédiaire, en caoutchouc. L'un de ces réservoirs est fixe. L'autre peut, à l'aide
d'un treuil, être élevé au-dessus ou abaissé au-dessous du premier. On fait ainsi passer
de l'un dans l'autre une certaine quantité d'eau ; d'où il résulte un refoulement ou
un appel d'air dans le réservoir fixe. Une large tubulure placée à la partie supérieure
( ^3)
de ce dernier réservoir reçoit l'une des extrémités du tuvau de 20"". Ce luvau devient
ainsi le siège d'un écoulement par compression ou par aspiration, c'est-à-dire sous pres-
sion positive ou sous pression négative : c'est la reproduction schématique de l'expi-
ration et de l'inspiration.
» Cet outillage permet la reproduction facile de deux séries d'expé-
riences fondamentales :
1° Dans l'une, on transforme un écoulement soufflant en écoulement
silencieux, par diminution de la vitesse de l'écoulement.
1° Dans l'autre, on rend à un écoulement silencieux son aptitude souf-
flante, sans modifier la vitesse de l'écoulement.
» Transformation d'un ccoulemenl soufflant en écoulement silencieux, par ra-
lentissement de la vitesse de l'air. — Un écoulement d'air est établi dans le tuyau de
20™, soit par refoulement, soit par appel, avec une vitesse assez considérable, par
exemple 4" par seconde. Cet écoulement est très fortement soufdant dans toute la lon-
gueur du tuyau. Que si l'on diminue graduellement la vitesse de l'écoulement, en di-
minuant la dénivellation entre les surfaces d'eau des deux réservoirs, il arrive un mo-
ment où tout bruit de souffle est supprimé dans le tuyau : l'écoulement est rendu tout
à fait aplione.
» Mais cette aphonie ne survient pas en même temps aux deux extrémités du tuyau.
Elle débute par l'extrémité qui constitue la porte d'entrée de l'air. Lorsque l'écoulement
se fait par refoulement, tout souflle disparaît du côté de l'entrée même avant que la
vitesse de l'air ait été réduite à 2"' par seconde (dénivellation de 36"" à ^o*^™ par
seconde). A l'autre extrémité, celle qui répond à la sortie de l'air, pour que le souffle
disparaisse complètement sous l'oreille, il faut que la dénivellation soit diminuée da-
vantage.
» D'après cette expérience on serait tenté de croire que les bruits de
souffle entendus dans les tuyaux, qui sont le siège d'un écoulement d'air,
se produisent ^wr/^/ace, par collision des molécules d'air sur la paroi des
tuvaux. La marche de la disparition des souffles, pendant l'atténuation gra-
duelle de la vitesse d'écoulement, est très favorable à cette manière de voir.
En effet, la production du bruit dans l'expérience se montre influencée,
comme l'est le frottement, par la vitesse de l'écoulement de l'air. Il ne ftiut
pas oublier que l'air n'est pas animé de la même vitesse dans toute l'éten-.
due des tuyaux où il s'écoule. Le chemin parcouru par l'air en un temps
donné croît en progression arithmétique, à peu près régulière, de l'entrée
à la sortie des tuyaux, parce que la valeur du débit, en chaque point
que l'on considère, est inversement proportionnelle à la densité de l'air en-
traîné ou à la pression qu'il supporte. Or la pression supportée par l'air en
mouvement dans uu tuvau diminue graduellement de l'entrée à la sortie. La
( M )
vitesse d'entraînement de l'air augmente donc graduellement à mesure
qu'il s'avance vers l'orifice d'écoulement.
» Ainsi, dans notre expérience, le souffle cesse d'abord de se taire en-
tendre du côté de l'entrée de l'air, là où l'écoulement est le moins rapide,
puis du côté de la sortie, là où l'écoulement prend plus de ra|Mdilé. Il est
donc logique de considérer les bruits de souffle comme l'effet direct de la
vitesse avec laquelle l'air entraîné frotte contre les parois du tuyau d'écou-
lement; maison va voir que cette hypothèse, si plausible soit-elle, ne repré-
sente pas le véritable mécanisme des souffles.
» Transformation d'un écoulement aphone en écoulement soujjflant sans modi-
fication de la vitesse de l'air. — Il convient, pour ces nouvelles expériences, d'adop-
ter la disposition dans laquelle l'écoulement se fait de l'extérieur vers le réservoir :
les expériences sont rendues plus faciles. Pour avoir alors un écoulement silencieux du
côté de l'orifice de sortie, il faut réduire la dénivellation du réservoir à 20""-25'^'".
L'aphonie complète étant obtenue, on substitue à l'ajutage simple de l'extrémité libre
un ajutage dilaté, dans sa partie moyenne, par une ampoule cylindrique, longue de 6'"'",
large de 3""', ayant le pourtour de ses orifices intérieurs parfaitement émoussé comme
celui des orifices extérieurs. On constate alors qu'avec la même dénivellation des ré-
servoirs, l'auscultation permet d'entendre un souffle très intense aux deux extrémités
du tuyau.
» Ainsi, la vitesse de l'écoulement ne constitue pas le facteur essentiel
du mécanisme des souffles, puisque, sans rien changer à cette vitesse, on
redonne à un écoulement, rendu aphone, l'aptitude à produire des souffles
retentissants.
» La suite de l'expérience apprend quelque chose de plus.
» Cette expérience, en e.Tel, étant disposée comme il vient d'être dit, on arrive encore,
par ralentissement graduel de la vitesse d'écoulement, à faire disparaître le souffle.
Mais, chose remarquable, l'aphonie sunuent plus tût du côté de la sortie que du côté
de l'entrée. C'est précisément le contraire de ce qui s'observe dans la première série
des expériences. Maintenant, en effet, il faut ramener la différence des niveaux de
l'eau dans les deux réservoirs à iG'^-iy""™, pour rendre l'écoulement silencieux du côté
delà sortie de l'air, et à i5="'-i6'=™, pour obtenir le même résultat du C(Jté de l'entrée,
» Ces faits ne permettent plus de considérer la production des souffles
comme l'effet direct de la vitesse de l'écoulement, vitesse qui, au-dessus
d'une certaine valeur minima, donnerait au frottement de l'air, sin* la paroi
du tuyau, l'aptitude à provoquer, entre les molécules gazeuses, des colli-
sions sonores.
» Objection. — - La substitution d'un ajutage ainpuUaire à un ajutage
simple ne modifie pas d'une manière appréciable la vitesse d'ensemble de
( 25 )
rccoulement, doiiL la |)eiitc générale reste exactement la même clans les
deux cas : ceci est parfaitement vrai. Mais il se produit des modifications
locales, tenant aux changements que la présence de l'ampoule introduit
dans la distribution des pressions. Il est sûr, en effet, qu'au point où l'air
passe de l'ampoule dans le tuyau, il y a une chute brusque de la pression,
donc une accélération de l'écoulement. Ne serait-ce pas cette accélération,
en un point extrêmement limité, qui serait la cause du souffle provoqué
par l'adjonction de l'ampoule? La question peut être posée. ]Mais il n'y
faut voir qu'une objection théorique. S'il est vrai, en effet, que l'accéléra-
tion locale d'un écoulement puisse atteindre une grande valeur du fait de
la présence d'une ampoule sur le trajet d'un tuyau, ce n'est pas dans le
cas particulier que nous examinons. En effet, sur notre tuyau de 20", une
ampoule de 6'^'" de long, placée à quelques centimètres du point d'entrée
de l'air, ne peut exercer qu'une influence insignifiante sur la vitesse de
l'écoulement, au point d'union de l'ampoule et du tuyau. Néanmoins, il
est bon de montrer expérimentalement que cette objection ne doit pas
être prise en considération. liadite démonstration se trouve, avec d'autres
renseignements importants, dans l'expérience suivante.
» Ecoulement aphone rendit soufjlant sans aucune niodi/icalion nialérielle ap-
portée à l'appareil où s'effectue l'écoulement. — Cette fois on se sert d'un écoulement
dair allant du réservoir à l'extréniilé libre du tuyau, c'est-à-dire s'elîectuant sous
pression positive. L'écoulement est rendu silencieux, par un amoindrissement suffisant
de la dénivellation de l'eau des réservoirs. Que Ion approche alors de l'orifice de sortie,
une mince membrane en caoutcliouc, bien tendue sur une caisse de résonance;
aussitôt l'écoulement devient soufflant dans toute la longueur du tuyau: les vibrations
de la \eine lluiile extérieure, (jui s'échappe de ce tuyau, sont alors assez renforcées
pour que le souflle qui en résulte s'entende non seulement près de l'orifice de sortie,
mais encore près de l'orifice d'entrée, c'est-à-dire à 20™ du point où le bruit prend
naissance.
» Conclusion dèfînilive. — Cette expérience ne laisse subsister aucun
doute sur le lieu de production et le mécanisme des souffles entendus dans
les tuyaux, siège d'un écoulement d'air. Ces souffles ne se produisent pas
sur place, ils sont l'effet de la transmission des bruits engendrés par les
veines fluides vibrantes qui se forment aux orifices d'écoulement (veines
extérieures), ou à l'entrée des dilatations absolues ou relatives des tuyaux
(veines intérieures).
» Expériences confirmalii^es. — 1" Dans tous les cas dont il a été parlé jusqu'à
présent, si l'on compare attentivement les bruits entendus auv deux extrémités du
C. R., 1894, i' Semesire. (T. CXIX, N« 1.) 1
( ^(i )
tuvau, ces bruils sont plus faibles, plus loinliins à Tune de ces exlrémilés. On sent
qu'ils se produisent à l'autre d'où ils se propagent vers la première. Au moins ceci
est-il très net lorsque l'écoulemenl s'opère avec la vitesse miniraa nécessaire à sa
sonorité.
» 2° Si, l'écoulement ayant lieu de l'extérieur vers le réservoir, ou place, à l'extré-
mité libre du tuvau, une ampoule dont l'orifice extérieur puisse être facilement
modifié dans sa longueur, sans atteinte portée au diamètre, le timbre et l'intensité du
bruit produit par la veine fluide intérieure, qui se forme alors dans l'ampoule, subis-
sent des modifications considérables. Or, toutes ces modifications se traduisent 20"'
plus loin, près de l'orifice de sortie; elles donnent bien alors aux bruits entendus sur
ce point leur véritable caractère, celui de bruits transmis.
» Ces exjjériences ont été variées de bien des manières, et toujours
elles ont donné les mêmes résultats. Jamais il n'a été possible, dans les
conditions expérimentales où je me suis placé, de produire des souffles
autres que ceux qui résultent des vibrations des veines fluides, extérieures
ou intérieures, engendrées par l'écoulement de l'air. »
ÉCONOMIE RURALE. — Application de la pomme de terre à V alimentation
du bétail. — Production de la viande; par M. Aimé Girard.
« C'est, en maintes contrées, une coutume ancienne que de faire inter-
venir accidentellement, et dans une mesure limitée, la pomme de terre à
l'alimentation du bétail. Il en est ainsi en France dans les provinces de
l'Est, dans certaines parties de la Bourgogne, etc.
» Mais c'est toujours sans règle et sans compte que cette intervention
a eu lieu jusqu'ici. Deux agriculteurs seulement, M. Cormouls-IIoulès à
Mazamet (Tarn) et M. Pluchet, à Roye (Somme), ont, l'année dernière,
fait connaître à ce propos quelques résultats précis et singulièrement satis-
faisants d'ailleurs.
» Ces résultats, cependant, ne sauraient suffire à éclairer nos cultivateurs
au sujet de la grande valeur fourragère qu'il convient d'attribuer à la
pomme de terre; pour porter la conviction dans leur esprit, c'était chose
nécessaire que de soimiettre la question à un examen nouveau, essentiel-
lement méthodique, et permettant d'établir la balance entre les dépenses
et les profits que détermine l'emploi de ce fourrage.
» Cet examen, il est vrai, a déjà donné lieu en Allemagne, il y a trente
ans, à divers travaux dus à MM. Wolf, Wilhem et surtout à M. le D' Kûhn ;
mais, aujourd'hui, en suite des grands progrès accomplis par la culture
( 2; )
intensive de la pomme de terre, les conclusions auxquelles ces travaux ont
conduit doivent être regardées comme surannées.
» Les considérations qui précèdent m'ont amené à penser que ce serait
faire œuvre utile à l'agriculture française que de reprendre cet examen,
et c'est sur les animaux de l'espèce bovine et de l'espèce ovine qu'il m'a
semblé surtout intéressant de le faire porter.
» Ainsi limitée, l'entreprise était cependant trop vaste encore pour que
je pusse prétendre à la suivre tout entière. J'ai pensé qu'il y aurait avan-
tage pour la science agricole à ce qu'elle fût divisée, et j'ai fait appel, pour
qu'il en prît sa part, à M. Cornevin, professeur à l'Ecole Vétérinaire de
Lvon, bien connu pour ses travaux sur l'alimentation du bétail.
» Répondant à cet appel, M. Cornevin a bien voulu se charger d'étudier
à Lvon, suivant ses inspirations propres, l'influence de l'alimentation à la
pomme de terre sur les vaches laitières ('); tandis que, de mon côté, je
m'appliquais à préciser l'influence de cette alimentation sur la production
de la viande.
» C'est à Joinville-le-Pont, dans les étables de la ferme de la Faisanderie,
annexée à l'Institut national agronomique, et sous la surveillance de
M. Lachouille, régisseur de la ferme, que mes recherches ont eu lieu.
Elles ont porté sur une bande de neuf grands bœufs, du poids de 800''^ en
movenne, que M. Maringe, éleveur réputé de la Nièvre, avait bien voulu
me confier, et sur 33 moutons choisis dans le troupeau de Joiuville; elles
ont duré du 28 novembre 1893 au 24 mars 1894.
M Le plan d'ensemble suivant lequel ces recherches ont été conduites
a consisté à mettre en parallèle, pour les bœufs aussi bien que pour les
moutons, trois lots recevant : le premier, une ration normale faite de
betteraves et de foin; le second, une ration normale également, équi-
valente à la première, mais faite de pommes de terre et de foin ; le troi-
sième, une ration enricliie en pommes de terre; les deux premiers lots
devant permettre de constater la valeur de la pomme de terre fourragère
au point de vue de la production de la viande, en comparaison avec la va-
leur bien connue de la betterave; le troisième étant destiné à reconnaître
l'influence d'une quantité de tubercules supérieure à la raiion normale et
à fixer, par conséquent, la limite de l'emploi utile de la pomme de terre.
» C'est à l'état cuit que ce fourrage, sauf un cas tlistinct de ceux qui
viennent d'être indiqués, a été délivré aux animaux.
» Tja betterave et la pomme de terre, mises en parallèle, avaient l'une
(') \'(>ir, page ii5, la Noie de M. Cornevin.
( 28 )
et l'autre une composition (elle qu'au point de vue des matières sèches,
considérées comme nutritives, loo'''' de betteraves équivalaient à 5o''^ de
pommes de terre.
» Dans ces conditions, la ration normale a été, par tète et par jour :
» 1° Pour les bœufs, de So''^ de betteraves ou de 2.5''^ de pommes de
terre cuites, enrobés dans 5'~s de menue paille, de 7"^^, 5oo de foin et de
SoS'-de sel.
» 2° Pour les moutons, de 4''s de betteraves ou de 2^^ de pommes de
terre cuites, enrobés dans 0*^^,500 de menue paille, de o'^s, 700 de foin et
de So^"' de sel.
» Quant à la grande ration, elle a été constituée en portant la propor-
tion de pommes de t,erre à So'^s pour les bœufs et à 3'"^ pour les moutons, la
proportion de foin, de la menue paille, etc., ne subissant d'ailleurs aucun
changement.
. » Les bœufs ont été, aussi exactement que possible, répartis en trois
lots de trois animaux chacun : le premier pesait au total 23S-j^^ , C)Oo , le
second 23 16''''', le troisième 2362'^^, 5oo.
» Pour mieux caractériser l'influence exercée sur l'accroissement de
ces bœufs par l'alimentation à la pomme de terre, j'ai maintenu d'abord
en comparaison, pendant une période de 61 jours, du 28 novembre iSgS
au 27 janvier i8g4, les trois lots séparés, recevant chacun la ration ci-
dessus indiquée. Chaque semaine, les bœufs étaient individuellement
pesés à la bascule; sans noter ici ces pesées successives ('), j'indiquerai
les pesées initiales et finales de chaque lot, ainsi que l'augmentation en
poids vif à laquelle celles-ci correspondent.
Augmentation du poids vif
Poids _- — ^ —^mm— -^
■- — - — ^ par tête en cent, du
initial. final. totale. et par jour, poids init.
( Ralion normale de 1 .
\ I ks kK kg kg
!'"■ lot. ' betterave et de ■ 2887,9 aSôg 186, 4 1,000 7,3
foin. '
Ration normale de 1
pommes de terre '■ 2816,0 2564 238,5 i,3o8 10,1
.'lot. ,„ _.....
[ et de foin. )
/ Grande ration de
3" lot. pomme.s de terre ) 2362,5 2688 276,6 i,52o 18,7
( et de foin. )
(') Voir le Mémoire complet qui paraîtra prochainement au Bulletin du Ministère
de V Asrriculture.
( ^-9 )
» Ces chifTies sulfisenl à établir, d'une manière saisissante, la supério-
rité de l'alimentation à la pomme de terre sur l'alimentation à la bet-
terave.
)) Si la ration ost normale, c'est, au bénéfice de la première, une dift'é-
rence de o''s,3o8 dans l'augmentation par tète et par jour du poids vif; si
la ration est d'u« cinquième plus riche en pommes de terre, cette augmen-
tation s'élève jusqu'à o'^,520.
» A la suite de cette première période, et désireux de charger les ani-
maux en viande nette et en graisse, désireux d'autre part de vérifier l'ap-
titude de ceux qui avaient été nourris jusqu'alors à la betterave, pour
l'alimentation à la pomme de terre, j'ai réuni huit de ces bœufs en un lot
.unique, dont tous les sujets ont reçu alors indistinctement une ration de
pommes de terre et de foin, additionnée de 2*"' de tourteau par jour. Cette
deuxième période a été courte, elle n'a duré que vingt-huit jours ; troublée
par un accident, elle n'en a pas moins montré les huit bœufs gas^nant en
moyenne, par tète et par jour, pendant deux semaines, 2''s,o3j et même
2^^,3i'2 de poids vif. Ce gain devait être le dernier; à partir du 24 février,
en effet, et pendant les deux semaines qui ont suivi, l'augmentation est
devenue très faible ; les animaux étaient à point et l'effet de l'alimentation
à la pomme de terre pouvait être considéré comme complet.
» C'est le 10 mars que cette alimentation a pris fin. Pour l'ensemble des
deux périodes qu'elle avait embrassées, les résultats auxquels elle a abouti
peuvent être résumés à l'aide de quelques chiffres.
» En qualre-vingl quinze jours les bœufs du lot 11° 1, nourris à la betterave pen-
dant soixante-sept jours, à la ponirae de terre pendant vingt-huit jours, n'ont aug-
men'lé en poids vif que de o"*?, g56 par tète et par jour.
» En qualre-vingl un jours, les bœufs du lot n° 2 re-
cevant la ration normale de pommes de terre, ont
augmenté de . , i'-s,33i »
» En qualre-vingl un jours les bœufs du lot n° 3 re-
cevant la grande ration de pommes de lerre, ont
augmenté de i'*s,629 »
» C'est à des résultats plus remarquables encore que m'a conduit
l'étude de l'introduction de la pomme de terre dans la ration des moutons.
» Les moutons avaient été assortis en quatre lots.
» Le lot n° 1 (10 moutons) a reçu la ration normale de betteraves et de
loin précédemment indiquée.
» Le lot n° 2 (10 moutons) a reçu la ration normale de pommes de
terre et de foin.
( :^o )
» Le lot n° 3 (lo moutons) a reçu la grande ration de pommes de terre
et de foin.
» A ces trois lots, la pomme de terre a été donnée cuite.
» Un quatrième lot enfin (3 moutons seulement) a été mis au régime
de la pomme de terre crue; la ration de ce lot comprenait 3''^ de pommes
de terre et o''^, ySo de fojn.
» Les résultats ont été les suivants : comparés l'un à l'autre, les lots
n° 1 et n° 2 recevant l'un en betteraves, l'autre en pommes de terre, la
ration normale, ont, en soixante-dix jours, réalisé les augmentations sui-
vantes de poids vif :
Augmentation du poids \i(
Poi
ids
par tête
en cenlièmes
, — — ^--
— — -
et
du
initial.
final.
totale.
par jour.
poids initial.
kS
38o
kg
4'9.4
kg^
39 > 4
o,o56
k:
.0,3
388,4
404,4
76,0
0,109
'9>0
Lot n" 1 (à la betterave)...
Lot n° 2 (à la poni me de terre) 388,4
L'augmentation, dans le second cas, est double de ce qu'elle est dans le
premier.
» Les lots n"* 1 et 3, recevant, l'un 2''^, l'autre 3''^ de pommes de terre
par jour, ont été mis en parallèle, afin d'établir la mesure dans laquelle
une augmentation de la ration féculente peut infltiencer l'augmentation du
poids vif; prolongée pendant cent seize jours, la comparaison entre ces
deux modes d'alimentation a fourni les résultats ci-dessous :
Augmentation du poids vif
Poids
par tète
et
en centièmes
du
poids initial.
initial.
final.
totale.
par jour.
ks
345
kg
464,4
kg
119,3
kg
0, io3
3478
35i,4
007,2
i55,8
o,i34
44,3
Lot 11° 2 (ration normale).
Lot n" 3 (grande i-atiou)..
)) Ce sont là des résultats singulièrement remarquables; en cent seize
jotirs, des moutons de 35^^ ont augmenté de i5''s,58o en poids vif: leur
poids a augmenté de moitié.
» Quant au quatrième lot recevant de la pomme de terre crue, mis en
parallèle avec le lot n° 3, il a permis de reconnaître qu'à cet état la
pomme de terre introduite dans la ration fournit des résultats inférieurs
à ceux auxquels aboutit l'emploi de la pomme de terre cuite.
» Pour les moutons, par conséquent, comme pour les bœufs, la pomme
( 3. )
(le terre donnée à l'état cuit doit être considérée, au point de vue de l'aiig-
nientation en poids vif des animaux, comme un fourrage de premier ordre
et, en tout cas, tout à fait supérieur à la betterave.
)> Mais, à côté de l'augmentation en poids vif des animaux, et pour
apprécier la valeur de l'alimentation qu'ils reçoivent, il convient de faire
intervenir leur rendement en viande nette et la qualité de cette viande.
» De ce côté, l'emploi de la pomme de terre cuite a donné des résultats
inespérés. Le rendement en viande nette pour les bœufs s'est élevé, en
moyenne, à 39,17 pour 100.
» Pour le lot n" 2. recevant la ration normale, il a atteint 60, 19 pour 100.
Le rendement ordinaire des bœufs d'étable ne dépasse pas 53 à 5G pour 100;
de ce côté, la supériorité est donc de 3 à 6 pour 100 du poids vif.
)) Pour les moutons, le rendement en viande nette s'est élevé à
5i pour 100; il était, à la sortie du troupeau, avant l'alimentation à la
pomme de terre, de 4' pour too; c'est chose rare, d'ailleurs, que de voir
le rendement de 5o pour 100 dépassé.
M Quant à la qualité de la viande, elle était absolument supérieure.
Toutes les personnes qui ont eu l'occasion de la goûter l'ont trouvée fine
et succulente entre toutes.
» Le succès est donc complet au point de vue de l'augmentation en
poids vif, du rendement en viande nette et de la qualité.
» Une seule question reste à examiner maintenant: c'est celle du prix
auquel ces résultats ont été obtenus.
» Sans prétendre fournir, à ce propos, des données rigoureusement
exactes, j'ai tenté cependant, dans mon Mémoire, de présenter au moins
un aperçu des dépenses et des recettes, et je suis ainsi arrivé, en chargeant
mes dépenses, en allégeant au contraire mes recettes, à reconnaître que,
dans les conditions où mes recherches ont été faites, le bénéfice net pou-
vait être considéré comme s'élevant :
Par Létc.
h
!à la betterave, à 4-^,28
, , , 1 ration normale, à. .. . io4,83
a la pomme de terre ! , • . o
( grande ration, a oi , 10
_ , ■ . , , i ration normale, à. . . . 5,5g
1 our les moulons nourris a la pomme de terre • , • . , /
( grande ration, a 4i94
» D'où il convient de conclure que, de toutes les rations, c'est la ration
normale qui fournit, au point de vue économique, les résultats les plus
rémunérateurs.
( 32)
» Pour les bœufs comme pour les moutons, il est une limite au delà de
laquelle l'augmentation de poids vif est payée d'un trop grand prix.
» Des faits qui viennent d'être exposés, il résulte que, dans la pomme
de terre riche et à haut rendement, il convient de voir dorénavant un four-
rage normal fournissant économiquement des résultats remarquables, au
point de vue de la production de la viande. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Note de M. Armaxd Gautier accompagnant la
présentation de l'Ouvrage qu'il vient de publier sous le titre : « La
Chimie de la cellule vivante » ( ' ).
« J'ai écrit avec soin ce petit Ouvrage, où j'expose le mécanisme de la
vie de la cellule tel que je le conçois aujourd'hui à la suite d'un travail d'es-
prit et de recherches de laboratoire qui n'ont pas duré moins de vingt années.
» L'observation que je faisais en 1872 que les microbes anaérobies pro-
duisent des alcaloïdes (les ptomaïnes) aux dépens des albuminoïdes qu'ils
dédoublent, que c'est là une condition tout à fait générale du fonctionne-
ment de ces petits organismes, m'a conduit plus tard à chercher si les cel-
lules des tissus des animaux ne pouvaient pas aussi, dans certains cas, être
le siè£;e d'une fonction semblable. La découverte des leucomaïnes est
venue répondre affirmativement à cette hypothèse; elle me fit dès lors
soupçonner que l'économie animale pouvait être, au moins localement, le
siège de phénomènes anaérobies. J'ai donné en 1H82 les preuves tirées de
considérations d'ordre divers que cette conception, appliquée à l'ensemble
de l'être vivant, était bien conforme aux faits. Mais faisant un pas de plus,
et qui me paraît important, j'espère avoir démontré dans cet Ouvrage que
toutes, ou presque toutes les cellules de l'économie animale sont à la fois
le siège d'un double fonctionnement anaérobie et aérobie. Dans la profondeur
du protoplasma albuminoïde de la cellule se produisent d'une manière con-
tinue et régulière des phénomènes d'hydratation et même de réduction, à
r abri de toute intervention de l'oxygène étranger. Dans les parties vacuolairse
ou périphériques de la cellule, les produits formés à l'aliri de l'oxygène
sont soumis ensuite à l'action de ce gaz, et se brûlent définitivement.
» C'est dans la première phase, ou phase anaérobie, de ces dédouble-
ments du protoplasma cellulaire que se produisent les hydrates de carbone,
{'■) Encyclopédie Léaiilé.
( 33 )
les sucres, les graisses, les iiréides et l'urée elle-même. Cette dernière sub-
stance, l'urée, n'est donc pas un produit d'oxydation, directe ou indirecte,
des substances protéiques, comme on le croit généralement, mais un
produit d'hydratation, ou plutôt, de fermentation hydratante de ces sub-
stances. C'est seulement aux albuminoïdes, et à l'eau qu'elles fixent, que
l'urée emprunte son oxygène.
» Presque toutes les cellules de l'économie fonctionnent sur le même
type. Partout les matières albuminoïdes des protoplasmas donnent par
hydratation de l'urée ou des uréides, des amides et des corps non azotés;
mais, tandis que dans les cellules hépatiques il se dépose du glycogène.
dans la plupart des autres cellules, ce dernier corps ne se forme que vir-
tuellement; il est remplacé par un système équivalent, à savoir des graisses
et de l'acide carbonique formés simultanément, sans intervention de l'oxy-
gène, par dédoublement fermentatif.
» C'est le Tableau synthétique de ces phénomènes, et les mécanismes par
lesquels l'urée, les uréides, les leucomaïnes, les amides, les ferments, le gly-
cogène et les corps gras se produisent corrélativement à la destruction
des albuminoïdes, que j'expose dans ce petit Ouvrage. »
M. Haton de la Goupillikre fait hommage à l'Académie d'une brochure
dans laquelle il a envisagé la recherche de la courbe de potentiel minimum.
MEMOIRES LUS.
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. — Sur la distribution géographique rfoCyrtandrées.
Note de M. E. Drake del Castillo.
« On a souvent cherché à caractériser les différentes régions du globe,
au point de vue botanique, par la présence d'une espèce ou d'un groupe
plus ou moins étendu d'espèces : ainsi, la région intertropicale qui s'étend
de l'Hindoustan aux limites orientales de l'Archipel asiatique doit sa phy-
sionomie pai liculière aux Corypha, Borassus, Nepenthes, etc. A côté de ces
formes saillantes s'en trouvent d'autres qui le^sont moins, mais qui, néan-
moins, occupent un rang assez important dans la Botanique systématique.
Tel est le cas des Cyrtandrées, tribu intéressante à étudier dans l'immense
G. R., 189/,, 2" Semestre. (T. CXIX, N' 1.) 5
( 34)
flore qui semble avoir son siège principal dans la région indo-malaise.
» Les Cyrtandrées exigent toutes, sauf de rares exceptions, les mêmes
conditions climatériques, savoir une température élevée sans être ex-
trême et une grande humidité. Vu la distribution des moyennes de tempé-
rature sur le globe pendant la saison chaude, on peut ranger celles qui dé-
passent 28°C. parmi les extrêmes et celles qui n'atteignent pas ^5° parmi les
modérément élevées. D'autre part, on peut considérer comme très humides
les régions qui reçoivent une précipitation annuelle de 2™ et davantage. Si
l'on cherche sur la carte de l'ancien monde, sur quels points ces conditions
sont le plus complètement réalisées, on trouvera tout d'abord l'Archipel
asiatique. Ijargement ouvertes aux moussons tropicales, les îles de l'Océan
indien reçoivent une quantité d'eau annuelle considérable : environ 2™;
leur situation dans la zone équatoriale fait qu'il n'y a guère pour elles,
dans tout le cours de l'année, qu'une seule saison pendant laquelle la tem-
pérature est presque uniformément de aS^C. Si l'on s'écarte de l'Archipel
asiatique ou de la Polynésie, on retrouvera les mêmes conditions climaté-
riques dans d'autres pays, mais cette fois pendant une partie de l'année
seulement et avec cette différence que l'on devra, pour apprécier la tem-
pérature de la saison chaude, l'observer en juillet pour l'hémisphère boréal,
et en janvier pour l'hémisphère austral. On peut donc chercher à circon-
scrire une portion de l'ancien monde, l'Afrique exceptée, au nord de
l'équateur par la ligne isotherme de 28° en juillet et au sud par l'isotherme
de janvier d'un égal degré. Si l'on combine cette ligne avec celle des fortes
précipitations, on obtiendra une aire d'une forme irrégulière dont la limite
partira de l'est de la Polynésie, s'avancera vers le nord-ouest jusqu'à l'Asie,
en passant au nord de l'Archipel malais, renfermera une partie de la
Chine orientale, puis sera un peu refoulée au sud-est par les montagnes
du Thibet, fera une pointe le long de l'Himalaya dans les régions arrosées
par les tributaires de la rive gauche du Gange, reviendra sur ses pas jusque
vers l'embouchure du grand fleuve indien, descendra en laissant à l'ouest
la péninsule hindoue jusqu'à l'île de Ceylan qu'elle renfermera, de là re-
montera vers le nord détacher une étroite bande de terre sur la partie
occidentale de l'Hindoustan jusque vers Bombay, retournera alors vers
l'Archipel asiatique, passera au sud de Sumatra, de Java et de la Nouvelle-
Guinée, échancrera la portion orientale de l'Australie, et reviendra à son
point de départ en passant au sud de la Nouvelle-Calédonie et de la Poly-
nésie. La vaste région que l'on aura ainsi limitée correspond à peu près à
( 35 )
l'aire de diiTusion de la presque totalité desCyrtandrées. Il n'y a en dehors
d'elle qu'une espèce à la Nouvelle-Zélande, les quatre Ramondia euro-
péens (y compris Vllaberlea), un petit nombre d'espèces remontant jusque
dans la Chine septentrionale, et un Conandron au Japon.
» Les espèces sont inégalement réparties dans les divers pays que cette
région comprend. Les îles de l'Archipel indien sont les plus riches (de 46
à 47 pour 100 environ de la totalité des espèces de l'ancien monde); l'Inde
transgangétique en compte de 18 à 19, la Polynésie environ 17, l'Inde
cisgangétique de i3 à i4, la Chine de 10 à i r, la Nouvelle-Calédonie 12 et
l'Australie i . Les îles de l'Archipel asiatique peuvent donc être considérées
comme le point central de répartition des Cyrtandrées : presque tous les
types de sous-tribu y sont représentés : genres à fruit sec et déhiscent, ou
à fruit charnu et indéhiscent, à graines munies d'une aigrette ou à graines
nues. Le genre le plus considérable par le nombre d'espèces, sinon celui
qui par ses caractères représente le type de la majorité des genres de la
tribu, quoiqu'il lui ait donné son nom, le genre Cyrlandra, partage presque
exclusivement les espèces dont il se compose entre les îles de l'Archipel
asiatique et la Polynésie : celte dernière contrée n'en possède pas d'autres.
Parmi les grandes îles de l'Archipel asiatique, Bornéo est la plus riche en
Cyrlandra; viennent ensuite Sumatra et Java. Dans l'Inde transgangétique
la région la plus riche est l'Assam. Vu l'état actuel de nos connaissances,
les diverses autres parties de l' Indo-Chine semblent devoir être également
pourvues de Cyrtandrées, car le chiffre des espèces qu'on en possède est à
peu près en proportion de l'importance des matériaux que les explorateurs
en ont rapportés. C'est ainsi que l'Inde transgangétique anglaise semble
plus riche que l'Annam et le Tonkin, parce que ces derniers pays ont été
peu explorés; et l'on peut cependant citer la collection de Balansa, la-
quelle donne une idée assez exacte de la végétation du Tonkin méridional,
et qui sur 2000 espèces à peine comprend près de 20 Cyrtandrées. Dans
l'Inde cisgangétique les régions les plus riches sont le SUdcimet leNépaul;
Ceylan et les monts Nilgherries occupent un rang secondaire. On remar-
quera avec intérêt que la richesse en Cyrtandrées diminue, lorsque du
s^-stçme orographique du bassin de l'Irraouaddy, et des affluents de la rive
gauche du Brahma-Poutra, on passe dans celui du bassin du Gange.
» L'Afrique ne compte qu'un petit nombre de Cyrtandrées (de 4 'i 5
pour 100 du chiffre total des espèces de l'ancien monde) ; mais, là encore,
on retrouve les espèces de cette tribu partout oii sont réalisées les condi-
( 36)
lions climatériques indiquées plus haut. Des remarques analogues pour-
raient être faites sur le continent américain.
» Quant aux Cyrtandrées européennes, il est assez curieux que, pour les
i-etrouver, on soit obligé de taire un énorme saut de l'Inde aux Balkans et
de là dans les Pyrénées. Ce phénomène de disjonction prouverait-il que les
Ramondia sont des restes d'une antique flore existant à une époque à la-
quelle nos climats étaient plus chauds et plus humides?
» En général, l'habitation de chaque espèce de Cyrtaïidrées est assez
restreinte et, sauf de rares exceptions, l'aire la plus vaste qu'une espèce
puisse couvrir s'étend à peine plus loin que du Népaul à l'Assam inclusive-
ment, ou delà péninsule de IMalacca à l'extrémité de Java. Les espèces
sont très voisines les unes des autres.
» En résumé, l'étude de la distribution des Cyrtandrées prouve deux
faits d'ordre différent : i" cette tribu comprend des espèces qui, presque
universellement, recherchent des conditions climatériques uniformes;
2" elle peut être prise avec assez de vérité comme type pour étudier dans
quelle limite s'étend le domaine de la flore indo-malaise. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. Sappix-Trocffv soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
« Sur les Urédinées ».
(Commissaires : MM. Duchartre, Van Tieghem. )
M. Cii. Degagxy adresse une Note intitulée : « Sur la formation de la
plaque nucléaire et l'orientation des fds du fuseau chez les végétaux ».
(Commissaires : MM. Duchartre, Van Tieghem, Bornet.)
M. Cote adresse la description d'un moteur « applicable à l'induslriev
la locomotion ».
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
à l'Agriculture et à la locomotion ».
(37 )
CORRESPONDANCE.
M. le MiNiSTiiE DE l'Instruction publique invite l'Académie à lui adres-
ser une liste de deux candidats pour la chaire d'Anatomie comparée, laissée
vacante au Muséum d'Histoire naturelle par le décès de M. Pouchet.
(Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégralion algébrique des équations
différentielles linéaires. Note de M. Paul Painlevé, présentée par
M. Picard.
« Les résultats publiés par M. Vernier, dans les Comptes rendus du
1 1 juin « Sur les équations linéaires du second ordre », sont des théorèmes
bien connus de M. F. Klein. I.a méthode par laquelle M. Vernier a re-
trouvé ces résultats n'est que l'application aux équations du second ordre
(à coefficients rationnels) de la méthode que j'ai indiquée pour une équa-
tion linéaire d'ordre quelconque, à coefficients algébriques (voir les
Comptes rendus, juin, juillet 1887 et février 1888).
» Les propositions que j'ai obtenues se résument ainsi : soit une équa-
tion différentielle linéaire d'ordre q à coefficients algébriques,
, , d'iy i d'i 'y . dy .
dont les coefficients A sont exprimés rationnellement en fonction des va-
riables ic et X liées par la relation algébrique G (ar, X) = o. Soit, en
outre, s = — : la fonction z vérifie une équation différentielle d'ordre
{q — i) facile à former. Ceci posé, quand V inté grale générale de (i) est al-
gébrique :
■» 1° q intégrales distinctes jk(^) satisfont à une relation de la forme
(2) y^ + x, v"'"-" 4- ... 4- av_, y" -hx^ = o,
où les X sont rationnels en a; et X ; N appartient à un certain système d'en-
tiers bien définis pour chaque valeur de q et inférieurs dans tous les cas à
(38)
une certaine limite
.. D'où suit que si une équa-
tion a toutes les racines de son équation caractéristiques réelles
d\
Or,
= -A.
( 4t )
('X,, X, >.„), on peut formera priori des équations inlégrables 'immé-
diatement et les possé lant. Nous considérerons
équivalente au système
qu'on intègre de proche en proche en se donnant les valeurs initiales de
» Soit f{z) = O(a-r) une telle équation. On lui étend le lemme primitif
sans grandes modifications.
» Une équation à caractéristiques réelles pourra toujours se mettre
sous la forme
/■(=) = U(=).
z ne contenant que des dérivées partielles jusqu'à l'ordre n — \ .
)) On l'intègre par approximations successives, et l'application du lemme
conduit à un système de comparaison qui, par un changement de variables,
se ramène aux équations déjà considérées dans une précédente Note
(Comptes rendus, 3o avril). Il en résulte immédiatement :
» Dans une région où tous les \ et les coefficients de u sont analytiques,
prenons un segment S (y =70); '^ existe une région 9 entourant S et telle
que toute intégrale déterminée par des conditions initiales analytiques sur tout
S soit analytique dans tout o.
» On étend immédiatement la même propriété à un arc de courbe dont
la tangente en aucun point n'est une caractéristique. Il en résulte, comme
dans la Note déjà citée, le résultat suivant :
« Dans la région où l'équation caractéristique a toutes ses racines réelles,
les intégrales analytiques ne peuvent présenter que trois sortes de lignes singu-
lières essentielles :
» 1° Les lignes singulières essentielles des coefficients ;
» 2° Les lignes le long desquelles deux racines distinctes de l'équation ca-
ractéristique viennent se confondre;
» 3° Des caractéristiques.
» La démonstration donnée fournit encore le résultat suivant :
» Le contour du domaine dans lequel une intégrale est analytique ne
G. R., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N" 1.) °
(42)
peut présenter de points anguleux tournant leur point vers l'intérieur, à moins
qu'ils n appartiennent aux lignes singulières fixes.
» Appliquons aux équations
f{z) = u{z),
les 1 étant des constantes ayant m valeurs distinctes et les coefficients de u
étant analytiques dans tout le plan. Désignons de telles équations par
ô(.) = o.
» Nous obtiendrons immédiatement :
» Le domaine dans lequel une intégrale quelconque de 6(3) = o est analy-
tique est l'aire d'un polygone convexe ayant au plus im côtés, qui sont paral-
lèles aux 2m directions caractéristiques distinctes.
» Soient A et B 'deux points quelconques, AB n'étant pas une caracté-
ristique. Il y a un parallélogramme/» limité par des caractéristiques issues
de A et B, qui est à l'intérieur de tous les polygones que nous venons de
considérer et qui contiendraient A et B. En outre, tout arc analytique ré-
gulier allant de A en B et n'ayant aucune tangente caractéristique sera à
l'intérieur de ce parallélogramme.
» A tout groupe de deux points A et B est attaché un parallélogramme p.
Quel que soit l'arc analytique régulier T allant de A. en B et n'ayant aucune
tangente caractéristique, et quelles que soient les/onctions initiales analytiques
sur tout r, l'intégrale correspondante dé l'équation 6(s) = o est analytique
dans tout p.
Et plus particulièrement :
» Soit une droite A non caractéristique, toute intégrale de 9(-) définie par
des conditions initiales analytiques tout le long de A est analytique dans tout
le plan,
car p vient recouvrir entièrement le plan. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de polynômes décomposables en
facteurs linéaires. Extrait d'une Lettre de M. Moutard à M. Appell.
« Soit A un symbole d'opération, linéaire par rapport aux dérivées par-
tielles d'une fonction de/? variables, dans lequel le multiplicateur de chaque
dérivée est une forme d'un degré égal à l'ordre de la dérivée. Le problème
qui a pour objet de trouver une forme d'un degré donné, qui soumise à
( 43 )
l'opération A se reproduise ;i un facteur constant près, en d'autres termes
qui vérifie l'équation A(«) — su ^= o (où s est une constante inconnue),
est en général un problème déterminé. L'étude élémentaire du résultat de
la substitution d'une forme de degré m, à coefficients indéterminés, dans
A(w) — su conduit, en effet, à reconnaître que la solution du problème
dépend d'une équation F (5) = o, dont le degré par rapport à s est néces-
sairement égal au nombre des termes d'une forme de degré m à/? variables,
et dont il est d'ailleurs facile d'assigner le degré par rapport aux divers
coefficients de A.
» A toute racine simple de l'équation F(j) = o, et plus généralement à
toute valeur de s, qui n'annulerait pas en même temps que Y (s) les déri-
vées premières de F (5) par rapport à tous les coefficients de A(«) — su
correspond nécessairement une forme unique, abstraction faite d'un facteur
constant arbitraire.
» Ces remarques permettraient de former des équations de conditions
auxquelles doivent satisfaire les coefficients de A, pour que la proposition
générale puisse tomber en défaut, mais elles ne sont pas indispensables
pour ce qui va suivre.
« Considérons en particulier le symbole
où les a, les h et k sont des constantes, et ce,, . . ., Xp les variables. Une
épreuve directe permet de reconnaître que la forme particulière du sym-
bole ne rentre pas en général dans les cas d'exception, et même que V équa-
tion F(*) = o correspondante est en général irréductible.
» Cela posé, le symbole Q jouit de cette propriété singulière que les formes
qui lui sont associées ( c'est-à-dire celles pour lesquelles — ^ est une con-
stante ) sont, en général, décomposables en facteurs linéaires. Pour le démon-
trer, il suffirait, après ce qui précède, de montrer que l'on peut en général,
malgré la surabondance des conditions, trouver des formes de degré m,
décomposables en facteurs linéaires, associées au symboles; mais, pour éviter
les obscurités qui pourraient résulter de ce que les équations d'exception
ne sont pas données explicitement, on peut montrer en outre que le nombre
des solutions du nouveau problème est le même, en général, que celui du
problème primitif.
( 44 )
» Posons en général
et proposons-nous de rechercher m valeurs 1,, 1.^, . . ■,'km par la condition
que si l'on pose u = u,, u^, ■ ■ •, «„,, soit une constante s.
» La substitution directe dans - (a-, y-^ -+-...+ Xp -r— ; 1 donne
1 1
r "^x, 1
Jn-rtiX,)(i + rtiXy)
el en remarquant que
f/f.r,
ap\i
ce résultat devient
de même, en appelant u^, le facteur rt,ir, +. . ., on trouve
enfin
il vient donc finalement
» Il suffira donc pour résoudre le problème de choisir X,, X.,, ..., X,„ de
manière à vérifier les m. équations
A- <•/,//, Q'/./'/.
(i=i.2...w) :i y ^ — r + ^H — !— v+----t-
i + aiX/ '" \-\-a„\i
o,
et chaque système distinct de valeurs des X donnera une valeur correspon-
dante pour 5 :=: — ^'^ )-•
i
Il Fj'étude directe des m équations conduit, sans grande difficulté, à re-
connaître que le nombre des solutions distinctes est égal en général à
( /p )
m -h-p — t. g'gg^.^.jipj, ;ju nombre des solutions du premier problème. Ou
mlp — Il ' '
pourrait arriver au même résultat en remarquant que, si l'on pose
/{■\)={i-\)Ck~\,)...(i-\^),
P(X) = -X(n-a,X)...(i + apl),
Q(^) _ _^ «1 h\ n„hp
P(X) "~ ). "^ i + a,). •••"^ i + a,X
la résolution des équations revient à la recherche d'un polynôme
fÇk) par la condition que yrrrr ^ pT\\ s'annule pour toutes les valeurs
de \ qui annulent f {'>-), en d'autres termes, que Vf"+ Q/' soit divisible
par/.
» Si, dans ce qui précède, on remplace le symbole 0 par le symbole plus
général
(«0 -+- a.a:, +...) (a.. ^ -t-. ..+A, ^ +...) + /• (a, x, ^ +.
où a„^ o, et qu'on remplace partout le mot /orwie, par l'expression poly-
nôme entier et rationnel, on arrive aux mêmes conclusions.
. » Il suffit de remplacer dans notre analyse, «, par
I 4- «iX,-
» Parmi les corollaires de la proposition relative au symbole ©, je crois
intéressant de citer le suivant :
» Les formes harmoniques qui admettent un diviseur quadratique sont en
général décomposables en un produit de facteurs quadratiques et de facteurs
linéaires homofocaux. Les exceptions ne peuvent se produire que lorsque
les invariants orthogonaux du diviseur quadratique en question satisfont à
certaines conditions spéciales. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Recherches expérimentales sur le matériel de la
batellerie. Noie de M. J.-li. de Mas, présentée par M. Sarrau.
« Dans deux Notes précédentes (Comptes rendus, 23 mai 1892 et 3 juil-
let 1893), nous avons donné un aperçu des expériences faites en 1890,
(46 y
1891 et 1892 à l'amout du barrage de Port-à-1'Anglais, dans une partie de
la Seine qui peut être assimilée à une eau indéfinie, avec des bateaux sus-
ceptibles de naviguer alternativement sur les rivières et les canaux. Nous
en avons conclu qu'en donnant aux deux extrémités une forme de cuiller,
on obtiendrait, sans dépasser la longueur de 38", 5o à la ligne de flottai-
son, ni la largeur de 5™ au maître couple, des bateaux dont le coefficient de
déplacement resterait compris entre o,g5 et 0,(^0 et dont la traction sur les ri-
vières ne demanderait qu'un effort égal à o, 20 environ de celui qu exigent les
péniches. L'objet de la présente Note est de rendre compte des expériences
faites en iSgS sur le canal de Bourgogne pour reconnaître si la forme ci-
dessus indiquée présente aussi des avantages en canal.
» La portion considérée du canal de Bourgogne a une section mouillée moyenne
de 29'»"i,53 correspondant aux dimensions moyennes ci-après : largeur au plan d'eau
18™, 70, largeur au plafond 8'°, 3o, mouillage 2", 19.
» Les expériences ont porté sur neuf bateaux appartenant aux cinq types précé-
demment définis {Comptes rendus,?) juillet 1898), savoir : une péniche, quatre
flûtes, deux toues, un margotat et un bateau prussien. Tous ces bateaux étaient en
bois et parfaitement comparables au point de vue de l'état de la surface.
» Influence de la longueur. — Sur le canal, comme en rivière, la résistance totale
d'un même type est indépendante de la longueur, du moins dans les limites et dans
les conditions où ont été faites nos expériences. Voici, par exemple, les résultats ob-
tenus à l'enfoncement de i"',3o, d'une part, avec deux toues; d'autre part, avec trois
flûtes, ayant les unes et les autres même largeur (5™, 03), ne différant que par la lon-
gueur.
Longueur
de la partie Résistances aux vitesses successives de
immergée "
Désignation des bateaux. des coques. 0",'25. O^SO. 0",75. 1",00. 1",25.
m kf kg kg kg kg
Toue Gambetta ^7,78 22 68 i5o 272 469
Toue Célestin 29,85 22 68 i5o 272 469
Flùle Avant-garde ^7t7^ 22 70 i56 284 49'
Flûie Jeanne 3o,oo 22 70 i55 282 487
Flùle Petite-Jeanne 24,00 21 66 i46 263 45i
« A la vérité, les résistances de la Petite-Jeanne sonl un peu inférieures à celles de
l' Avant-garde et de la Jeanne, mais cela peut très bien s'expliquer par ce fait que la
première flûte avait l'arrière un peu plus effilé que les deux autres.
» Influence des formes. — Elle ressort très nettement du Tableau ci-dessus, où
nous avons réuni les résultats obtenus avec un bateau de chaque type, à l'enfonce-
ment commun de i™,3o. Tous avaient sensiblement la même largeur; il résulte d'ail-
leurs de ce qui précède que leurs résistances n'auraient pas changé, s'ils avaient été
ramenés à une longueur uniforme, celle de la péniche, par exemple (38"", 25).
(47)
Résistances aux vitesses successives de
Désignation des bateaux. 0'°,2b. 0'",50. 0»,75. I^.ÛO. 1",25.
„, . , ks kR ke kc kg
Péniche 33 n4 256 " 469 807
Flûte 22 70 i56 284 491
Toue 22 68 i5o 272 469
Margotat 17 53 112 197 335
Bateau prussien 17 54 119 2i5 870
» A ne considérer que les chiffres du Tableau, c'est le margotat qui de-
vrait avoir la préférence, mais pour la navigation sur les canaux ce type
présente un vice rédhibitoire. Si l'on veut qu'il puisse à la fois passer par
les écluses de 38", 5ode longueur et prendre l'enfoncement légal de i",8o,
son déplacement, par conséquent son tonnage utile, se réduit dans une
forte proportion.
1) L'avantage reste donc au bateau prussien et nous sommes fondé à
penser qu'en donnant aux extrémités des bateaux la forme de cuiller, on
obtiendrait des résultats satisfaisants sur toutes les parties du réseau de nos
voies navigables.
)) Sur les canaux où la traction animale est encore généralement em-
ployée, l'adoption des formes de moindre résistance permettrait d'aug-
menter la vitesse sans accroître le travail des chevaux de halage. Sur le
canal de Bourgogne, une courbe (une paire de chevaux), halant avec la
vitesse de o™,75 une flûte à l'enfoncement de i™,3o, produit un travail
de ii^"*^"". En supposant que le travail des chevaux reste constant pour de
faibles variations de la vitesse, la vitesse qu'on pourrait obtenir à l'enfon-
cement de i™,3o avec une courbe serait :
m
Pour la péniche o, 64 à la seconde
Pour la flûte 0,76 »
Pour la toue 0,76 »
Pour le bateau prussien o,83 »
l'adoplion des formes de moindre résistance permettrait donc de réaliser, par
rapport à la péniche, une augmentation de vitesse d'environ 3o pour 100.
» Comparaison de la résistance en canal avec la résistance en rivière. —
Lorsque le bateau passe de la rivière en canal, la résistance augmente con-
sidérablement. Si l'on désigne par
ù la section mouillée du canal;
u) la section inamergée du bateau au maître couple;
R la résistance totale à la traction, en canal;
( 48 )
/• la résistance totale à la traction, en rivière;
— est le rapport de ces deux résistances correspondant au rapport — des sections, ce
qu'on peut appeler le coefficient de résistance de la voie considérée.
» Le Tableau ci-dessous donne le coefficient de résistance du canal de
Bourgogne pour divers bateaux à différents enfoncements et aux deux
vitesses de o™,5o et i",oo par seconde :
A la vitesse A la vitesse
de o",5o. de i".
Enfoncements -- — .i i .^ — -"-
. . " , , i^ R. ., 5. R. ,-. 5.
désignation des bateaux. \i. w. i-j r r
Enfoncement de i'",6o. ^ . , ,
J liiq mq k k k k
Péniche i 29,53 8,o5 8,67 172 102 1,69 860 3oi 2,86
Flûte 29,53 8,o3 3,68 112 54 2,07 48> 162 2,97
Toiie 29,53 8,o3 3,68 109 44 2,4s 463 126 8,67
Enfoncement de i'",3o.
Flûte 29,53 6,53 4,32 70 44 1,59 284 143 1,99
Bateau prussien 29j53 6,38 4^62 54 22 2,45 2i5 80 2,69
Margolat 29,53 6,5o 4>54 53 21 2.52 197 67 2,94
Enfoncement de i"',oo.
Flûte 29,53 5,02 5,88 48 89 1,28 191 129 i,48
» Ce Tableau met en évidence un fait intéressant :
)) Pour une inêine imleiir du rapport -, le coefficient de résistance de la voie
est d' autant plus grand que la résistance en rivière était moindre. Le bénéfice
des formes est moins important, en canal qu en rivière. »
PHYSIQUE. — Sur l'élasticité de torsion d'un /il-oscillant. ^ole
de MM. G. Berso.v et H. Bouasse, présentée par M. Mascart.
« Les multiples recherches expérimentales effectuées jusqu'ici sur
l'élasticité de torsion des fds ont eu pour but l'étude des lois de la torsion
à l'état statique : l'une des extrémités du fil ou de la barre employée est
maintenue fixe, l'autre est tordue par un couple connu qui agit progressi-
vement de façon à produire la torsion avec une vitesse angulaire aussi
petite que possible. Nous nous sommes proposé d'étudier le mouvement
oscillatoire d\m fil de platine, recuit au rouge, lancé brusquement de sa
position d'équilibre.
(49)
» Nous déterminons la forme cinétique de l'impulsion en photographiant
à des instants connus une cpiinzaine de positions du Cil pendant la durée
d'action de la force de lancement (environ une seconde); nous photogra-
phions de même de dix à quinze autres positions du fil pendant une frac-
tion de la seconde suivante.
» Nous prenons ensuite de 5o à loo épreuves photographiques pendant
les premières oscillations, à des moments équidistants déterminés. Ces
temps, ainsi que les précédents, sont inscrits sur la bande de papier d'un
chronographe électromagnétique. Nous enregistrons sur le même appareil
chronographique les instants des passages au zéro initial.
» Enfin, nous lisons les positions extrêmes du fil pendant un grand
nombre d'oscillations, ce qui nous donne les élongations par le rapport
au zéro initial et les amplitudes.
» Le premier résultat général de nos expériences a été l'apparition évi-
dente d'un déplacement permanent du zéro. Ce déplacement s'effectue
dans le sens de l'impulsion initiale. Pour un fil de nature donnée, il croit :
» 1° Avec le diamètre du fil ; le phénomène, très peu marqué pour des
fils de o''™,oi de diamètre, acquiert une valeur qui a dépassé 35° pour un
diamètre de o'=™,oi5.
» 2° Avec l'accélération maxima pendant la durée de l'action impulsive,
c'est-à-dire qu'à des élongations initiales égales correspondent des dépla-
cements de zéro d'autant plus grands que la durée de l'impulsion est plus
courte.
» Jj'expérience prouve d'autre part que, si un fil recuit a été lancé une
première fois en subissant un certain déplacement du zéro, et si, après
l'extinction des oscillations, on lui imprime une nouvelle impulsion égale
à la première et dans le même sens, il se produit un nouveau déplacement
du zéro dans le même sens, mais beaucoup plus petit que le premier; il
en sera de même pour une troisième, une quatrième, ... impulsion, les
déplacements du zéro diminuant graduellement et rapidement.
» Lorsque, après une première série d'oscillations, la nouvelle impulsion
est de sens contraire à la première, il se produit un déplacement du zéro
. dans le sens de cette nouvelle impulsion, mais notablement plus faible
que le premier, de sorte que le zéro, après cette deuxième série d'oscil-
lations, est loin d'être revenu à sa position initiale.
» Cette déformation' permanente du fil, se- manifestant pour des
torsions très petites par rap[)ort à celle qui correspond à la limite d'élas-
ticité statique, est corrélative d'une perte d'énergie considérable pendant
C. R., iSij4, 2' Semestre. (T. CXIX, N" 1.) 7
( 5o)
la première oscillation, l'énergie du fil tendant, en oscillant, vers une
certaine valeur asymptotique. »
PHYSIQUE. — Sur les radiations calorifiques comprises dans la partie lumineuse
du spectre. Note de M. Aymoxxet.
« L'existence des maxima périodiques des spectres calorifiques fait
supposer :
» I" Que les corps transparents sont inégalement diathermanes pour
les radiations comprises entre le rouge et le violet;
» 2° Que l'œU ne perçoit pas tous les rayonnements de la partie lumi-
neuse du spectre.
» Dans cette Note, je vais exposer les expériences caractéristiques et
faciles à répéter que j'ai exécutées pour résoudre la première question;
et si l'Académie le permet, j'indiquerai dans une Note ultérieure les
résultats expérimentaux relatifs à la seconde.
» Le système spectroscopique employé est matériellement hétérogène;
il se compose : de deux grandes lentilles de crown L,, L^ de iS*"™ de foyer
(L, est à ij*"" de la source, L^ à i5'" de la fente du spectroscope) ; d'une
lentille achromatique L3 de 22'" de foyer servant de collimateur; d'un
prisme de tlint, A = 60°, «j, = 1,6264, placé au minimum de déviation
pour la raie D et ayant sa face opposée à l'angle de réfraction couverte de
noir de fumée; d'une lentille achromatique L^ de 33"™ de foyer, comme
objectif; d'un oculaire L^ pouvant avoir son réticule remplacé par la fente
d'une pile linéaire, thermo-électrique.
» La pile est en relation avec un galvanomètre astatique de Thomson,
dont les bobines, couplées convenablement, ont une résistance égale à celle
de la pile. C'est grâce à l'obligeance de M. Pellat que j'ai pu disposer de
ce galvanomètre construit par la maison Carpeatier. Cet instrument était
réglé à ses dernières limites de sensibilité, pour le milieu dans lequel
j'opérais; ainsi vers la raie A, avec une fente de pile de i™"" et une fente
d'admission de 0°"", 666, j'obtenais avec la lampe Drummond une dévia-
tion de 71 divisions de la règle, et une déviation de [\o divisions avec la
lampe Bourbouze portée vers 1200".
» Une partie des radiations émises par la source est directement réfléchie
par un miroir sur un thermo-multiplicateur témoin. Un écran mobile per-
met d'intercepter, en même temps, les rayonnements tombant sur les deux
piles. Les images monochromatiques ont i™"' de largeur.
( 5i )
» Quand la fente du spectroscope est suffisamment étroite, et la source
le Soleil, on distingue une multitude de raies de A en H', et en particu-
lier les raies de Fraiienliofer. Dans une première série d'expériences, j'ai
mesuré, en différents points du spectre, les pouvoirs diathermanes de
quatre auges de verre vides, à faces planes : x, [3, y, «^ (le verre des faces
est du verre à vitre sans bulles), de l'auge y remplie de chloroforme et de
l'auge (5 pleine d'eau. Les épaisseurs e des deux lames de verre des auges
et des couches liquides; les densités rfdes verres et des liquides sont :
e .
cl.
4
omm
,44
,58i
4"", 67
2"", 522
Eau.
20"""
Chloroforme.
10"""
i"'"',488
» La source employée est la lampe Bourbouze portée vers 1200". Les
auges sont placées avant la fente spectroscopique. La pile a i™™,5 d'ou-
verture.
Diathermanéilé.
Position en À
du milieu
Intensité
3.
?•
V.
.:.
r
S
de la fente.
sans auge.
:hIoroformc.
eau.
0,7750
J J 'J^
0,57
0,66
0,87
o,83
o,83
o,63
0,7805
54,10
o,Go
0,71
0,82
0,69
0,62
0,6771 .. .
25,90
0,67
0,74
0,84
0,82
0,74
0,67
o,636o . . .
i7'4i
o,65
0,69
0,80
0,69
0,7'
0 , 6000 . . .
9-97
0,73
0,77
0,74
o,84
0,74
0,67
0,5710 . . .
6,i5
0,71
0,81
0,88
0,71
0,67
0,5475 . . .
4,5o
0,66
0,82
0,81
0,87
0,70
0,,'35
0,5255 . . .
3,19
0,69
0,71
o,84
0,69
0,68
0 , 5o65 . . .
2,58
0,69
0,67
0,71
0,87
0,75
o,4o
0,4875...
2,17
0,62
0.77
0.90
0,71
o,4i
0,4780 . . .
1,85
o,5i
0,73
0,78
0,70
0,37
0,4620 . . .
1,45
o,5i
0,C9
0,81
0,80
0,33
0,4580 . . .
. 1,34
0,55
0,78
0,79
0,61
0,39
0,4370. . .
i,3i
0,43
0,67
0,78
0,7:3
0,62
o,4i
» Ce Tableau montre, entre autres, que les corps transparents le sont
avec de notables différences. Un corps nous paraît transparent quand il
se laisse traverser par des quantités suffisantes de radiations assez rappro-
chées en >. et distribuées dans toutes les couleurs du spectre.
» Après avoir constaté que les pouvoirs de transmission spécifiques d'un
corps sont constants, lorsqu'on éloigne plus ou moins ce corps d'une
source de température constante, j'ai fait les expériences suivantes :
» La pile linéaire est placée sur la raie C\=^ o,656i, la lampe Bour-
( 52)
bouze est portée à différentes températures, estimées à l'aide du galvano-
mètre témoin, puis déterminées en se servant de la courbe de M. Violle(').
Pour toutes ces températures le spectre paraît continu, même observé avec
un spectroscope Thollon que je dois à l'obligeance de M. Pellat (^).
Diathermanéité.
Intensités — — ^ ~^ — ■'
Température. sans auge Auge a Auge fl Auge 5
en C. vide. vide. pleine d'eau.
ilan.
S-o" o,56 0,71 0,9.5 0,43
950° 1,29 0,76 0,86 0,55
1000° 3,53 0,61 0)79 o>69
1070° 6,i4 0,57 0,76 o,65
iioo°...p 8,1 5 0,60 0,70 0,64
ii4o° 11,95 0,70 0,76 0,77
1190° 20,55 0.64 0,77 0,74
» Ces résultats montrent, en particulier, que les radiations émises par
une source et considérées dans une portion étroite du spectre, changent
de nature avec la température de cette source, quoique le .spectre lumi-
neux paraisse toujours continu; ils indiquent également que la recherche
des maxima périodiques dans un spectre n'est possible qu'autant que la
source est suffisamment constante.
» D'après les deux Tableaux précédents, il est très probable que les
corps solides incandescents cmellent, (>t les corps transparents laissent
passer, dans la partie lumineuse du spectre, des rayonnements discontinus
en 1. Si cette discontinuité n'est pas visible, cela tient à ce que ces rayon-
nements très nombreux, fort rapprochés et presque équidistants, ont leurs
images en partie superposées. N'a-t-on pas vu d'abord une seule raie D,
puis 2, puis 3, puis 64; et, rien n'établit que chacune de ces 6/( ne pourra
être plus tard résolue en plusieurs autres.
» Comme dans un .spectroscope, il est très difficile, sinon impossible de
constater la présence de maxima ou de minima d'éclat si ces variations
quoique considérables ont de grands rayons de courbure; on ne peut guère
songer à rechercher optiquement les maxima périodiques (^). »
( ') \ioLiE, Comptes rench/s, 1879, i*'' semestre.
(^) Le spectroscope appartenant au collège Rollin permet de voir trois des raies D.
(^) Ces expériences ont été faites au laboratoire d'enseignement de la Sorbonne.
( 53)
ACOUSTIQUE. — liéceplion des sons. Note de M. Hexri Gilbault,
présentée par M. Lippinann.
« Dans une Note que j'ai en l'honneur de présenter à l'Académie, le
7 mai, j'ai établi une équation donnant l'élongation d'un mouvement vi-
bratoire par influence; si, dans cette équation, on suppose/ un peu grand,
c'est-à-dire que le régime permanent soit établi, l'élongation est
et l'amplitude de la résonance :
I -)- ^'«^
inn'^y-h (q--h r'yn''
n Ces équations conduisent à un certain nombre de conséquences :
» 1° L'amplitude a de la vihralion par influence est proportionnelle à
V amplitude A de la source. — Quoiqu'on puisse, comme je l'ai dit ('),
considérer cet énoncé comme une conséquence de la décroissance loga-
rithmique des amplitudes d'une source abandonnée à elle-même, j'ai tenu
à le vérifier directement. Des expériences, faites en employant comme
corps soumis à l'influence des diapasons et des membranes observés au
microscope micrométrique et comme source un diapason, ont vérifié par-
faitement cette loi.
» i'' La résonance tKirie avec m. — Si Ton suppose m variable et toutes
les autres quantités constantes, l'équation (a) passe par un maximum pour
p- — mn- = o,
ou
n = —Jp-m,
alors que la hauteur propre du corps est
n =:
m
-i/p-m -,;
la source a donc, dans le cas où la résonance est maxima, un son plus
aigu que le son propre du corps influencé, elle a le son qu'avait ce corps
(') Comptes rendus, t. CXVIIl, p. 1087; 1894.
( 54)
s'il était dénué de frottement intérieur et s'il était placé dans le vide; pour
toute autre valeur de m, la résonance est plus faible. Pour faire des expé-
riences constituant une vérification, je prenuis deux diapasons : l'un en
acier, qui était un microscope vibrant, servait de source, l'autre en bronze
portant des masses mobiles; je les plaçais d'abord en regard ayant leurs
branches parallèles et je mesurais l'amplitude a du diapason de bronze;
puis, leurs branches étant perpendiculaires, j'examinais avec le microscope
vibrant de la poudre d'antimoine fixée au diapason de bronze, de façon à
former la figure de Lissajous correspondante, dont je mesurais le temps
de déplacement, ce qui permettait de calculer la différence de hauteur h
entre les deux corps.
)) Je faisais ainsi toute une série d'expériences en déplaçant les masses
mobiles, ce qui me donnait des valeurs de a et h, avec lesquelles j'ai pu
tracer une courbe qui est bien représentée par l'équation empirique
a =
dh + h-'
avec
c =■ 0,0000593,
b 1= 0,00073,
d = o,o3di,
dont le maximum ne correspond pas à une valeur de h = o, mais
h = 0,0175.
» 3*^ La résonance varie avec p. — En effet, si l'on suppose p variable,
l'équation (2) passe par un minimum pour p = o, et l'amplitude est
a = \k\/ — -,,
\ 1)1/1'
r
+ {q-'-\-r'y
c'est-à-dire qu'elle est indépendante de n, le corps influencé vibre comme
une tranche d'air, à l'unisson et proportionnellement à toute source. Je
me suis approché de ce cas théorique, en prenant une membrane très petite
et pas tendue; elle était placée au-dessus d'une source constituée par une
membrane portant une lame de fer, qui était attirée périodiquement par
un électro-aimant placé en regar I et parcouru par des courants interrom-
pus par des diapasons dont la hauteur était différente; la source a toujours
même surface, et j'ai pu constater qu'il y a sensiblement proportionnalité
entre A et a lorsque la hauteur du diapason interrupteur varie entre sol,,
et ut^.
( 55 )
» En supposant toujours p variable, l'équation (2) passe par un maxi-
mum pour p- — mri- = o et
a = hk-rr^ — 5'
(j- -h 1-
c'est-à-dire qu'il y a encore proportionnalité entre a et A quelle que soit la
hauteur de la source, mais à condition que
n = —\fp^
m.
c'est-à-dire que le corps influencé soit maintenu à l'unisson de la source, ce
qui explique (') que j'ai pu prendre une membrane à tension variable
comme phonomètre. J'ai pu également vérifier cette conception.
» 4" L(i résonance varie avec q. ■- Plaçons-nous, par exemple, dans le
cas du maximum de résonance
a
=--/iA
r + r-
puis changeons la nature de la surface du corps influencé, ainsi que sa
masse, par exenqile, jusqu'à obtenir à nouveau le maximum de résonance,
on a
fjl + r-'
or SI g, > y, a, >- a.
» Dans le cas où le corps influencé est dans de grandes limites à l'unis-
son de la source, il y a variulion de la résonance par simple variation de la
surface, il y a donc un pouvoir absorbant sonore, c.^ que j'ai pu vérifier.
» 5° Il y a une diJJ'érence de pliase entre la source et le corps injluencé. —
Si nous nous plaçons dans le cas du maximum de résonance
mn- = o.
tang s = 30
comme > i et que n est très grand, tangç est très grand et ^— t-ï est
très voisin de i. Il n'y a donc pas sensiblement de différence de phase
entre ces deux corps. Si /w ou p varient, tq t <^ ce, il s'établit une différence
de phase qui tend vers la valeur j lorsque l'intensité de la résonance
tend vers o, et cela se conçoit puisque, dans ce cas, pendant la moitié du
(') Comptes rendus, t. CXVllI, [j. 1244; 1894.
( 56 )
temps, les deux mouvements sont de même sens et pendant l'autre moitié
de sens inverse,
)) J'ai entrepris cette étude expérimentale en faisant vibrer par
influence un diapason de bronze placé en regard d'un diapason d'acier
entretenu électriquement; dans le circuit de cette source se trouvait un
électro-aimant actionnant, sans différence de phase, un microscope
vibrant avec lequel j'examinais le diapason de bronze de façon à former
les figures de Lissajous. »
ACOUSTIQUE MUSICALE. — Sur les gammes enharmoniques.
Note de M. A. de Bertua, présentée par M. Sarrau.
« Le nuuiéro du 1 8 juin 1894 des Comptes rendus contient une Note de
M. Edmond de Polignac, dans laquelle il revendique son droit de priorité
aux gammes enharmoniques que j' ni ]n-ésentées à l'Académie le 21 mai 1894.
)i J'ai déjà reconnu à cette occasion qu'une de ces gammes avait été em-
ployée en 1888 par M. de Polignac; je reconnais également que dans une
Note d'une douzaine de lignes annexée à son morceau il a donné la défini-
tion des trois gammes qui constituent ce que j'appelle les premières homo-
tones.
» Mais les combinaisons arithmétiques, qui servent de base aux gammes
enharmoniques, m'ont conduit non seulement aux trois trouvées, ce que
j'ignorais, par M. de Polignac, mais à ti'ois autres gammes conjuguées d'é-
gale importance et qui constituent ce que j'appelle les homotones secondes.
» De leur ensembicrésulte tout un système dont j'ai étudié et exposé tous
les détails au point de vue de l'Acoustique, des théories musicales et de l'en-
seignement de la musique dans mon « Essai d'un système de gammes nou-
» velles » publié dans le numéro du 1*'' janvier 1894 de la Nouvelle Revue
et présenté à l'Académie, avec des additions musicales, dans la séance du
21 mai 1894; c'est ce système dont on doit m'accorder l'entière pro-
priété. »
( -^7 )
ÉLECTRICITÉ. — Sur une application des rayons cathodiques à l'étude des
champs magnétiques variables. Note de M. Albert Hess, présentée par
M. A. Cornu.
« Les propriétés des rayons cathodiques ont été récemment l'objet
d'une étude très étendue de M. P. Lenard (') qui vient compléter les
travaux publiés sur ce sujet par Hitlorf, Crooks, Goldstein, Hertz, Eberl
et Wiedemann, et d'autres physiciens. Au point de vue qui m'occupe,
c'est-à-dire de l'utilisation de quelques-unes des propriétés de ces rayons
pour l'étude des champs magnétiques, je ne retiendrai que les résultats
suivants de ces travaux :
» i" Les rayons cathodiques peuvent traverser des lames métalliques
minces;
» 2" Ces rayons, quoique ne pouvant cive produits que dans des milieux
très raréfiés, se propagent dans tous les gaz à toutes les pressions; mais le
faisceau est d'autant moins diffus que la pression du gaz est plus faible;
» 3° L'aimant fait tlévier les rayons cathodiques; la déviation, variable
avec l'intensité du champ, n'est pas due à une action directe de l'aimant
sur les rayons eux-mêmes, mais à la déformation magnétique du milieu,
qui, dans ce cas n'est autre que l'éther;
» 4° A conditions de production égales des rayons et pour la même
intensité de champ, l'a déviation du faisceau est la même dans tous les gaz
et à toutes les pressions ;
» 5° Les rayons cathodiques agissent sur la pellicule photogra])hique.
» On peut utiliser ces propriétés pour l'étude des champs variables en
se servant d'un dispositif expérimental dont je n'indiquerai que les grandes
lignes, les détails de l'appareil étant aisés à combiner d'après les indica-
tions circonstanciées données par M. Lenard dans son travail mentionné
plus haut.
)) Les rayons cathodiques sont produits dans un tube Geissler, dont
l'extrémité opposée à la cathode est fermée hermétiquement par une
plaque métallique présentant une fente diamétrale de i""" à 2'°" de lar-
geur. Cette fente est obturée par une feuille métallique très mince (-). On
(') \\ iedemann's Anitalen, l. LI, p. iî."); l. LU, p. aS, i8y4-
(-) Feuille d'aluminiiun de o"'"',oo2 à o""",oo3 d'épaisseur, fournie par les batteurs
de feuilles.
C. R., 1894, a' Semestre. (T. CXIX, ^• 1.) 8
( 58)
dispose le champ magnétique à étudier de manière que la déviation du
faisceau ait lieu dans le sens de la longueur de la fente.
» Les rayons traversent cette feuille mince et sortent du tube de Geissler ;
ils sont reçus dans une caisse métallique complètement close, et dont la
paroi rapprochée de la fente est constituée par une feuille métallique très
mince, de l'ordre de l'épaisseur de la feuille qui recouvre la fente. Cette
caisse contient une pellicule photographique à laquelle un dispositif quel-
conque communique un déplacement dans le sens normal à l'axe du fais-
ceau pénétrant dans la caisse et au sens de la déviation. La position de ce
dernier se trouve ainsi photographiée à chaque instant, et l'on obtient une
courbe des variations de l'intensité du champ magnétique.
)) La caisse métallique peut contenir de l'air; il convient, dans ce cas,
pour obtenir une trace nette du faisceau, d'abaisser la pression, à l'inté-
rieur de la caisse, à quelques millimètres de mercure. Si la caisse est rem-
plie d'hydrogène, la pression peut être de quelques dizaines de millimètres.
La valeur de cette pression n'influe d'ailleurs pas sur la grandeur de la
déviation que subit l'axe du faisceau, elle n'affecte que le degré de netteté
de ce dernier.
» Étant donné que les déviations des rayons sont dues aux modifications
dans l'état de tension de l'éther sous l'influence du champ magnétique,
que ces déformations se propagent avec une vitesse très grande, et con-
naissant, d'autre part, le mode de variation de la déviation en fonction de
l'intensité du champ, on possède dans les rayons cathodiques un index
sans inertie, capable d'enregistrer, avec une vitesse limitée seulement par
la sensibilité de la pellicule photogr.iphique, les variations les plus rapides
des intensités de champs magnétiques et, indirectement, des intensités de
courants électriques. »
ÉLECTRICITÉ. — Détermination de la forme des courants périodiques en
fonction du temps au moyen de la méthode d' inscription électrochimique (' ) .
Note de M. P. Janet, présentée par M. Mascart.
« Il est possible d'appliquer la méthode d'inscription électrochimique
des courants alternatifs, que j'ai eu l'honneur de présenter récemment
à l'Académie (^), à la détermination de la forme de ces courants en fonc-
(') Laboratoire d'Electricité industrielle de la Faculté des Sciences de Grenoble.
(^) Comptes rendus, t. CXVIII, p. 862.
( 59 )
tion du temps. Voici quel est le principe de cette nouvelle application.
» Soient M et N deux points pris sur un circuit alternatif et séparés par
une résistance non inductive, une lampe à incandescence par exemple.
Supposons, pour fixer les idées, que le point M soit maintenu au potentiel o ;
alors le potentiel V du point N pourra être représenté par
V =f{t),
/{t) étant une fonction périodique du temps que je ne supposerai pas
sinusoïdale : celte fonction est d'ailleurs proportionnelle à l'intensité du
courant que l'on veut étudier. Mettons le point M en communication avec
le cylindre enregistreur, le point N en communication avec un premier
style S,. La fonction /"(/) représente à chaque instant l'excès de potentiel
de ce style S, sur le cylindre, le circuit dérivé MS,N étant, comme dans le
cas des voltmètres, très résistant. Traçons la courbe C, représentative de
la fonction /(/) {ftg. i). Le style S, commencera à marquer sur le cylindre
une trace de bleu de Prusse chaque fois que l'excès de potentiel de ce style
sur le cylindre atteindra une valeur bien déterminée a que nous n'avons
pas besoin de connaître. Traçons donc la droite aa' parallèle k Ot k une
distance a. Il est facile de voir que si le cylindre tourne d'une vitesse uni-
forme et si la figure est faite à une échelle convenable, les segments de
droite AB, A'B', . . . , représentent en grandeur et en position les traces bleues
que l'on, observe sur le papier déroulé.
» Cela posé, mettons le même point N en communication avec le pôle
négatif d'une pile (') de force électromotrice connue e et de résistance in-
térieure négligeable. Le pôle positif de cette pile communique avec un
second stvle So disposé à côté du style S, et au même niveau que lui (les
(') Dpns la pratique, on emploie une batterie tracciinnulalenis.
( 6o )
])ointes (les styles S, et Sj étant toujours sur une même génératrice du cy-
lindre enregistreur). L'excès de potentiel du style Sj sur le cvlindre est
évidemment V =y^(/) + e, de sorte que cet excès est représenté par la
courbe Cj, qui se déduit de la courbe C, en augmentant les ordonnées
d'une quantité constante e. Ici encore, les traces bleues commenceront à
s'inscrire sur le cylindre dès que cet excès de potentiel dépassera la même
valeur a que tout à l'heure : elles seront donc représentées par les seg-
ments de droite CD, CD', etc.
» Sur les graphiques ainsi obtenus, nous pouvons maintenant mesurer
à la machine à diviser la longueur BD, distance des extrémités des deux
traits bleus sur les deux traces parallèles ; d'autre part, nous connaissons DE
qui est égal à la force électromotrice e introduite; nous connaissons
donc l'abscisse et l'ordonnée du point E en prenant comme origine
le point B et comme axe des temps la droite aà . De même, le point C
nous fournissait le point E'. En faisant varier e, on construira ainsi par
points l'arc BF'E'; et en renversant les pôles de la pile, on se procurera
tous les points de l'arc BFA. On aura ainsi construit une période entière
de la courbe C,.
1) Nous avons supposé, dans ce qui précède, la vitesse du cylindre uni-
forme; mais cette restriction est facile à lever, ce qui nous permettra de
faire tourner le cylindre simplement à la main; il suffit, en effet, de rame-
ner toutes les mesures à ce qu'elles seraient si la vitesse était constante.
Pour cela, remarquons que les segments tels que AB sont proportionnels
à la vitesse du cvlindre; il suffira alors, pour corriger les variations de
vitesse, de considérer partout, au lieu de la valeur absolue BD, le quo-
. BD
tient T-B"
AB
» Les mesures se simplifient notablement si l'on suppose a priori c^ue
la courbe est symétrique par rapport à un axe vertical tel que XY. On
mesure alors directement sur le graphique fourni par le style 2 l'ab-
scisse PD du point D dont l'ordonnée connue est DE. Celte mesure suffit
si la A'itesse du cylindre est constante ; si elle est variable, on prend à l'aide
du style i un graphique de comparaison qui sert, comme précédemment, à
ramener toutes les mesures à la même vitesse. Même en l'absence d'un
axe de symétrie, ces courbes représentent, comme il est facile de le voir,
un courant fictif avant même intensité moyenne (mais non efficace) que
le courant étudié.
» Si nous comparons la méthode que nous venons d'exposer à la mé-
( (il )
thode classique de M. Joubcrt {' ), nous trouvons que la différence consiste
essentiellement en ce que, dans la méthode de M. Toubert, on se donne le
temps et on mesure le potentiel, tandis que, dans la méthode actuelle, on
se donne le potentiel et on mesure le temps; les avantages de cette ma-
nière de procéder sont, en premier lieu, la très grande simplicité des ap-
pareils et des mesures, en second lieu la possibilité de n'avoir à sa disposi-
tion ni l'alternateur qui fournit le courant, ni un moteur svnchrone.
» Enfin, comme j'espère pouvoir le montrer prochainement, la mé-
thode s'applique, avec quelques modifications de détail, à l'inscription
autographique directe de la forme des courants périodiques. «
ÉLECTRICITÉ. — Transformateur (le courant monophasé en courants triphasés .
Note de M. Désiké Korda, présentée par M. Lippmann.
« Cet appareil a pour but la production d'un champ magnétique tour-
nant d'intensité constante tout en u utilisant qu'iui courant monophasé. Il
est destiné à rendre possible le démarrage, en pleine charge, des moteurs
asynchrones à courants alternatifs simples, ainsi qu'à permettre le branche-
ment de moteurs à courants triphasés sur un réseau existant à courant
monophasé et à servir en même temps de transformateur de tension.
» Il se compose, en principe, d'un transformateur à trois noyaux et
d'une bobine de self-induction à noyau mobile.
» Le principe de son fonctionnement est le suivant :
» Le circuit du courant sinusoïdal monophasé : ? = Iosinu/ étant bi-
furqué de façon que les deux branches I et II aient la même résistance
ohmiqueR, on place dans la branche II une bobine de self-induction L,
telle qu'on ait
(i). -jf = V^ = tangôo",
en posant tu = ^ (T étant la durée d'une période).
» Si nous représentons le courant de la branche l,
E .
t, = jT sinco<
(•) Annales de l'École ISormale, i" série, t. X.
(62)
(E étant la force électromotrice maxima), en valeur maxima par le dia-
mètre AB d'un cercle, le courant de la branche II sera représenté, égale-
ment en valeur maxima, par la corde AC, faisant 60" avec AB. En effet,
on a
E . E .
/., = — sin(M< — «) = — ^ sin(co/ — 60°),
- v'R2-H(o-L"- ^ -^ 2R ^ '
c'est-à-dire le courant i^ sera la moitié du courant i^ tant que la condi-
tion (i) sera satisfaite.
» Par conséquent, en enroulant la branche II r?-fois autour du premier
noyau du transformateur et la branche I — fois autour du deuxième noyau,
mais en ayant soin de faire ces deux enroulements en sens contraire l'un
par rapport à l'autre, on obtiendra dans ces deux noyaux des flux sinus-
oïdaux d'intensités égales, mais ayant une différence de phases de 240°.
» L'un sera de la forme
$, = (ï)(,sin(rti
et l'autre
2 = — o sin(o)« — 60°) = o sin(to/ — 240°).
La somme des spires de ces deux noyaux enroulées en sens contraire sur
le troisième noyau du transformateur nous fournira un troisième flux de
1^ forme suivante :
$3 = — {^^ + $2) = o sin(co/ — 120°).
» Nous disposons ainsi d'un artifice qui nous permet de produire trois
flux triphasés induisant des courants triphasés dans les trois enroulements
secondaires de notre transformateur. Par conséquent, en réunissant les
trois bouts commençants de ces bobines secondaires, on obtient un point
zéro O, tant que la condition (i) est remplie et l'on peut relier dans ce cas
le point O par un conducteur, soit à la terre, soit au deuxième point de
réunion O' des fils secondaires sans observer aucun courant dans ce con-
ducteur.
» Seulement, dès que la charge du transformateur varie, la différence
de phase, exprimée par le membre gauche de (i) variera également. En
effet, en posant
^ = A — ., , ,„ ., /
(63)
et
a' ^ L -h >.,
où M est le coefficient d'induction mutuelle, A le coefficient de self-induc-
tion des spires primaires et / celui de l'enroulement secondaire dont r est
la résistance ohmique, nous aurons pour l'angle de phase de la branche
avec bobine de self-induction L
, X'co
tangç = —
et pour l'autre branche
Xo.
lang(p=-^.
Pour rétablir la différence de phase cp' — ç = 60", il faut, par conséquent,
déplacer le noyau de la bobine de self-induction de façon qu'on ait
lang((p'-9)= v/3,
ce qui détermine la nouvelle valeur de L, c'est-à-dire jusqu'à ce que la
tension au point O s'annule de nouveau.
» Le déplacement du noyau peut s'effectuer par un régulateur auto-
matique qui ne vient au repos qu'autant que les trois courants secondaires
sont parfaitement symétriques et que, par suite, il n'y a pas de courant
dans le fil OO'. »
CHIMIE. — Recherches sur l'action qu'exercent les molybdates çcides de soude
et d' ammoniaque sur le pouvoir rotatoire de la rhamnose (^isodulate) . Note
de M. D. Gerxez, présentée par M. Duclaux.
« Dans des Communications antérieures ('), j'ai établi que les molyb-
dates acides de soude et d'ammoniaque exercent sur les solutions aqueuses
des composés polyalcooliques,mannite, sorbileetperséile, des actions dont
on peut suivre les progrès par la variation qui se produit dans le pouvoir
rotatoire de ces substances, lorsqu'on y ajoute des quantités graduelle-
ment croissantes de ces sels.
» Le pouvoir rotatoire de ces sucres prend, lorsqu'on fiiit intervenir
l'action des molybdates, des valeurs relativement considérables. Ainsi les
(') Comptes rendus, i. CXU, p. i36o; t. CXUI, p. io3i, et i. CXIV, p. 480.
( 64 )
quantités de ces trois corps qui produisent des rotations de i,i6 et 1 1 mi-
nutes donnent, après addition d'une même quantité de molybdate acide de
soude et toutes choses égales d'ailleurs des solutions dont les rotations
sont i65, 323 et43i minutes, c'est-à-dire i6o, 20 et 4o fois les rotations
initiales. Or, plusieurs des corps précédents ayant été longtemps consi-
dérés comme inactifs, il était naturel d'essayer l'effet des molvbdates alci,-
lins sur les sucres qui leur sont analogues et que les déterminations di-
rectes indiquent comme n'ayant pas d'action sur la lumière polarisée : la
dulcite, par exemple.
» Des solutions concentrées de cette substance, additionnées de molyb-
dates acides de soude et d'ammoniaque, en quantités graduellement crois-
santes et suffisantes pour saturer les solutions aqueuses à froid ou à chaud,
n'ont produit sur 'la lumière polarisée aucun effet appréciable. On peut
conclure de là, ou bien que la dulcite agit sur les molybdates acides autre-
ment que ses isomères, la mannite et la sorbite, ou bien, ce qui est plus
probable, qu'elle ne doit pas être considérée comme un corps actif à pou-
\ oir rotatoire trop faible pour être évalué. Ce fait vient alors à l'appui de
ceux qui ont permis de fixer la formule de constitution de la dulcite.
» Les sucres à fonction aldéhydique n'éprouvent, de la part des molyb-
dates alcalins acides que des effets d'une intensité généralement très faible ;
il en est un toutefois dont l'action sur la lumière polarisée peut être dou-
blée par l'addition de quantités convenables de ces sels : c'est l'isodulcile
ou rhamnose que ses propriétés chimiques conduisent à regarder comme
une méthylpentose. Elle présente, au point de vue du pouvoir rotatoire,
des particularrtés signalées ou étudiées par MM. Rayman, Kruis, Sclinelle,
Jacobi et qui expliquent la diversité des nombres qui ont été donnés
comme représentant cette constante.
» La matière dont j'ai fait usage était formée de beaux cristaux limpides
provenant de la xanthorhamnine. Son pouvoir rotatoire, mesuré 90 se-
condes après la dissolution dans l'eau, était [xH" = — 6'*,o5, et, quelques
heures après, la valeur correspondant à l'équilibre était [ocjù" = -i- 9°, 70,
un peu supérieure à celle de 9", 4 qu'ont observée JNLM. Rayman et Kruis.
» Les solutions sur lesquelles ont porté les expériences contenaient
o^', 7583 de rhamnose avec des quantités de sel augmentant graduelle-
ment par fractions du poids moléculaire égales à ^^ , et l'eau distillée néces-
saire pour que le volume total fût de 12'='= à 18", température à laquelle
toutes les mesures ont été faites à la lumière du sodium dans un tube de
200™™ de longueur et sur des solutions arrivées à l'état d'équilibre stable.
Variai
ions pour
Holatious.
:i
de m.
t.3T'
36'
,.4:.
28
1. ?,
r8
3.l3
lO
a . 20
1
>. .25
5
2.29
4
2.3l
2,7
2.3l
0
2.3l
0
2.3o
— r
)) Le Tableau suivant résume les expériences :
Molybdatc acide de soude. Molylnlalr aride d'ammoniaque.
Quantités de sel ■ ^^ —'
pour 5', Variations pour
du poids moléculaire /». Kolations. 4x "4'
»
i^S'
»
Déviations du corps pur. . .
Déviations du mélange
» L'acétate d'amyle exempt d'anhydride me paraît présenter tous les
(caractères de la congélation interne admise par M. Le Bel : constance de la
déviation à haute température et abaissement progressif et marqué de la
déviation par l'action du froid ('). Et cependant une petite quantité d'anhy-
dride acétique vient détruire les effets de la température et donner au
pouvoir rotatoire une valeur constatîte différente de celle que l'on constate
vers 100°, ainsi que le montre l'inspection du Tableau précédent. La con-
gélation interne serait donc ici détruite par une faible quantité d'anhy-
dride acétique : on ne voit pas pourquoi. Au contraire, connaissant la facile
décomposition deséthers acétiques et les phénomènes d'équilibre constatés
sur ces corps par MM. Berthelot et Péan de Saint-Gille, il semble probable
que l'éthérification, plus facile à 100" qu'à o", est toujours limitée (soit
que l'étlier contienne une trace d'eau, ou mieux une trace d'acide et d'al-
cool non combinés) et qu'entre les trois corps, acide, alcool, eau, il
existe pour chaque température un équilibre déterminé, accusé par une
valeur correspondante du pouvoir rotatoire. On comprend alors qu'un
excès d'anhydride acétique, ab.sorbant l'eau, donne de la stabilité à la mo-
lécule en provoquant un équilibre stable.
» A l'appui de cette opinion, considérons un éther acétique qui soit en
même temps un anhydride avide d'eau. Il est évident que dans ce cas l'ad-
dition de I pour 100 d'anhydride acétique aura peu d'influence sur l'équi-
libre et par suite sur le pouvoir rotatoire qui résulte de cet équilibre. C'est
ce que montre le Tableau suivant :
Elher pui-
Mélange acétique.
Températi
lires
vers
60».
40°.
30°.
18».
-i-Sa'
— 1°22'
-i"i8'
-i-S'
-1029'
— I''2l'
-
-fiS'
— I°IO
» L'éther pur sur lequel j'ai opéré est l'anhydride acétylmalique. Ce
corps étant cristallisé, fusible à 63°, se purifie plus aisément qu'un
liquide, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer. En été, il reste aisément en sur-
(') Ces observations ont été faites pendant l'hiver et contrôlées par M. Favier, in-
génieur des Arts et Manufactures. Par refroidissement on retrouve sur le corps pur
o°,57' vers o".
( 6H ;
fusion à l'état visqueux, et il est avide d'eau. Sa viscosité empêche l'action
de l'humidité atmosphérique, c'est-à-dire toute saponification extérieure,
et son avidité pour l'eau empêche toute altération par l'eau à l'intérieur de
la masse visqueuse. Ces exemj)les établissent donc :
» 1" Qu'il existe des composés qui possèdent un pouvoir rotatoire ex-
trêmement variable avec la température à tel point qu'il peut changer de
Signe, comme je l'ai lait voir dans le cas de l'oxyde isobutylamylique;
» ■2" Qu'en certains cas ces grandes variations sont occasionnées par des
équilibres chimiques. »
CHIMIE MlMiKALE.! — Sur le spectre de lignes du soufre, et sur sa recherche
dans les composés métalliques. Note de M. A. ue Gkamo.vt, présentée
par M. Friedel.
« En continuant l'étude des spectres d'étincelles des sulfures métal-
liques ('), j'ai observé certains groupes de raies fines, se détachant faible-
ment sur la partie verte du spectre, et dont les longueurs d'onde coïncidaient
avec celles des principales lignes du spectre, dit secondaire, du soufre. On
obtenait celui-ci, jusqu'ici, en faisant passer l'étincelle d'induction con-
densée dans un tube de Plïicker ou dans un tube à gaines, rempli de va-
peurs de soufre à une faible pression. J'ai cherché à m'assurer que l'on
pouvait obtenir le même spectre dans les conditions ordinaires de tempé-
rature et de ])ression, en faisant éclater l'étincelle de la bobine d'induction
servant précédemment à mes recherches, entre deux fils de platine ou
entre deux baguettes de charbon de cornue, recouvertes de soufre pur,
fondu et refroidi.
» Lorsqu'on opère sans condensateur, le soufre s'enflamme et donne
un spectre continu et peu lumineux. Mais en interposant dans le circuit
induit un condensateur de /^o à 5o'"^°"', j'ai obtenu le beau spectre de lignes
très net figuré ci-contre. C'est bien le même que signalèrent d'abord Pliic-
ker et Ilittort et qu'étudia M. Salet (Ann. de Chim. et de Phys., 4* série,
t. XXVIII, p. 3^); le mode de production, beaucoup plus simple, seul
dilTère.
» Voici les longueurs d'onde des raies principales, en regard des divi.
sions micrométriques observées CVa,, = loo). l^es lettres grecques dési-
(') Séances du 12 mars iSg/j, p. Syi, el du a avril 189/i, p. 7^6.
{ ^9 )
gnant les groupes sont celles du Mémoire de M. Saict, cl la lettre d
accompagnant un chiffre indique le milieu d'une double raie :
87 rf... (64o) (638,5)
89,3rf. (63 i) {600)
'jo (628,r)
100,4.-. (565,7)
106,6... (566)
io7rf... (564,7) (5<>4)
ioS,5... (56i)
I 112....
( ii5,3rf
j 118,5..
^1 119,5..
5 i2!\d.
129...
(55o,9)
(547-0
(545)
(543,i)(542,7j
. (534,3)
. (332)
. (52I,3)(520,2)
(5.0,2)
i33....
i33,5...
'^
1 34 , 5 rf .
i35
(.>..3)
(5o2,4)
(5oi,3)
(5oo) (5oo,8)
(i99.3)
«38 (492,6)
«45 (48i,4)
,5i,5... (471,5)
Baiule [ i5j ('(69,5)
Vague
161 (456)
l'ii (455)
. . (453,3)
(4'48,8)
\ 170.... (446,3)
Bande 182. (43i,5)
i63. .
168.,
. i«.>,5 (4î9,3)
1 i85.. (428,4)
) 186.. (427)
( i87.. (425,6)
i .97 •• (4'6)
i à2ooà(4i4)
660 fiMl 610 600
ffjiifjrfu Pfomb
CHALCOSINE
UaKSduCuivre.
•>. fines )
trouvé ainsi dans le spectre du sélénium, donné commercialement comme
pur, les groupes du soufre Soc et Sp, et les raies de l'arsenic (' ). »
CHIMIE MINÉRALE. — Nouvelles recherches sur les boracites hromées. Note de
MM. G. Rousseau et H. Allaire, présentée par M. Troost.
« Nous avons décrit antérieurement deux boracites bromées de fer et
de zinc. Elles avaient été obtenues l'une et l'autre en faisant passer le brome
en vapeurs sur un mélange de métal et de boronatrocalcite, chauffé au
rouge (^ = ).
» Cette méthode est générale. Elle nous a permis de réaliser la synthèse
de toute la série des boracites bromées de la série magnésienne par une
réaction parallèle à celle qui donne naissance aux boracites chlorées (').
Nous avons constaté en outre que la méthode de Heintz, qui n'avait réussi,
lors de nos recherches sur les chloroboracites, que pour la reproduction
du sel zincique, n'est également applicable qu'à la préparation des bromo-
boracites de magnésium et de zinc. Ajoutons que toutes ces boracites bro-
mées cristallisent, comme les boracites chlorées correspondantes, en cubes,
en tétraèdres ou en dodécaèdres, appartenant à la svmétrie pseudo-
cubique et agissant sur la lumière polarisée. Ces deux groupes de boracites
substituées présentent donc une analogie complète de composition chi-
mique, de propriétés optiques et cristallographiques, et se forment dans
des conditions pareilles.
» Boracite bromée de jnagnésium 6MgO, 8Bo^O', MgBr-. — Nous l'avons
obtenue par deux méthodes :
« 1° On dispose un mélange intime de boronatrocalcite desséchée et de magnésium
en poudre dans un tube de verre de Bohème que l'on couche ensuite sur une grille à
analyse. Afin de modérer la réaction du brome sur le métal, on le dilue dans un grand
excès d'hydrogène, condition qu'on réalise en faisant passer un courant assez rapide
de ce gaz dans une cornue renfermant du brome, maintenu vers So" ou !^o° à l'aide
d'un bain-marie. Dès que l'appareil est purgé d'air on porte graduellement la grille
au rouge sombre. Il se forme ainsi de l'acide bromhydrique qui attaque le métal
avec incandescence vers le rouge obscur. L'action se propage de proche en proche et
(') Ce Travail a été fait au laboratoire du regretté M. Salet, où M. Friedel a bien
voulu me donner une hospitalité dont je tiens à le remercier ici.
(-) Comptes rendus, i3 juin 1898.
(') Ibid., 23 mai 1898 et 4 juin ■894-
( 72 )
finit par gagner rextrémité postérieure du tube. A ce moment, on interrompt Faction
du feu. Afin d'éviter un échaufTement trop considérable de la masse et la destruction
consécutive de la boracite, on baisse successivement la flamme des becs dans la zone
où l'incandescence indique que la réaction commence.
» Malgré toutes ces précautions, l'opération échoue fréquemment; il se forme en
outre des quantités notables d'une matière brune, décomposant l'eau avec une vive
effervescence et qui paraît être du sous-oxyde de magnésium. La boracite formée est
toujours accompagnée d'aiguilles prismatiques de borate de magnésium, dont on la
débarrasse par une petite proportion de silice et d'oxyde de fer provenant du ma-
gnésium.
» 2° On obtient un produit beaucoup plus pur, d'après la méthode de Heintz, en
chaufTant au rouge, dans un creuset de platine, un mélange équimoléculaire de MgBr*
et de NaBr avec un peu de borax et d'acide borique. La masse est soumise, après
fusion, à un refroidissement lent dans un moufle. On la reprend par l'eau qui laisse
un mélange de boracite cubique et de prismes de borate de magnésium que l'on traite
par l'acide chlorliydrique froid.
» La boracile bromée de magnésium cristallise en cubes et en tétraèdres
incolores.
» Boracite hromée de zinc : 6ZnO, 8Bo-0\ ZnBr-. — Nous avons décrit
précédemment la préparation de ce corps par l'action du brome sur un
mélange de boronatrocalcite et de zinc métallique. La méthode de Heintz
nous ayant donné de bons résultats avec la chloroboracite de zinc, nous
avons été conduits à reproduire par le même procédé la bromoboracite
correspondante.
» On chauffe dans un creuset de platine un mélange à molécules égales
de bromure de zinc et de bromure de sodium, puis on y incorpore une
petite quantité de borax fondu et d'acide borique vitreux. Après un refroi-
dissement lent on reprend la masse par l'eau.
» La boracile préparée dans ces conditions est constituée par un
mélange de tétraèdres, de dodécaèdres et de cubes.
» Boracite bromée de cadmium (jCdO, 8B0-O', CdBr'. — Ce composé,
ainsi que les suivants, a été obtenu par l'action du brome sur un nciélange
de boronatrocalcite desséchée et de métal en filets ou en fragments,
chanfté au rouge sombre dans un tube de verre de Bohême à l'aide d'une
grille à analyse. La masse refroidie était reprise par l'eau, puis ou la puri-
fiait par une digestion à froid dans l'acide chlorhydrique ou bromhydrique
fumant. Ce traitement, indispensable pour les échantillons qu'on veut sou-
mettre à l'analyse, corrode les faces des cristaux et leur fait perdre leur
transparence; aussi convient-il, pour l'étude au microscope, d'employer le
produit simplement lavé à l'eau.
( 73)
» La boracife de cadmium cristallise en tétraèdres et en dodécaèdres
incolores.
» Boracile de manganèse 6MnO, 8Bo-0% MnBr'. — Comme la boracite
chlorée correspondante, ce composé, préparé à l'aide du carbure de man-
ganèse, est souillé par du carbone et des oxydes manganiques bruns. On le
débarrasse des oxydes par un traitement à l'acide chlorhydrique concentré,
et du carbone par des lévigations dans le bromot'orme ou l'iodure de
méthylène.
» La boracite de manganèse cristallise en cubes et en tétraèdres inco-
lores.
» Boracite de cobalt GCoO, 8Bo-0% CoBr-. — Elle cristallise en
tétraèdres et en dodécaèdres. Ces cristaux, comme ceux de la chlorobora-
cite correspondante, sont verts par transparence et violets par réflexion.
» Boracite de nickel 6NiO, 8Bo^O', NiBr-. — Ce produit, qui prend
naissance dans les mêmes conditions que les boracites précédentes, est
formé par des tétraèdres et des dodécaèdres de couleur jaune.
» A l'exception des bromoboracites de magnésium et de zinc obtenues
par la méthode de Heintz, tous les composés que nous venons de décrire
renferment environ i pour loo de calcium isomorphiquement substitué,
provenant de la boronatrocalcite employée dans la préparation.
» Nous publierons prochainement les résultats de nos recherches sur
les boracites iodées. »
CHIMIE MINÉRALE. — Influence de la pression sur la combinaison de l'hydro-
gène et du sélénium. Note de M. H. Pélabox, présentée par M. Troost.
« Quand un corps gazeux peut se combiner partiellement en vase clos
à un corps solide ou liquide, pour donner un composé gazeux, le rapport
qui existe à chaque température entre la pression partielle du composé
dans le mélange gazeux et la pression partielle du composant gazeux dé-
pend en général de la pression totale que supporte le système.
» La théorie de la dissociation indique cependant {[ue si le composé en
question renferme un volume égal au sien du composant gazeux (c'est le cas
de l'acide sélénhydrique), la pression n'a aucune influence sur la valeur du
rapport considéré.
» En opérant à 35o° et à 44o" avec des tubes scellés contenant du sélé-
nium et dans lesquels la pression de l'hydrogène introduit était de o^o""'"
G. R., 1894, j- Semestre. (T. CXI\, !i- 1.) '^
( 74)
et 940"™ de mercure, M. Ditte (') a constaté qu'au bout d'un même nom-
bre d'heures la quantité d'acide sélénhydrique formée dans le tube où la
pression est la plus forte est supérieure de i à 3 pour 100 à celle que l'on
trouve dans celui oîi la pression est la plus petite.
» Nous nous sommes proposé d'étudier l'influence de la pression en
faisant varier celle-ci dans des limites plus étendues.
» Pour introduire dans un tube de verre un morceau de sélénium et de
l'hydrogène sous une pression de plusieurs atmosphères, nous avons eu
recours au procédé suivant : le tube contenant le sélénium est effilé aux
deux extrémités. Il est mis en relation avec un appareil à hydrogène pur et
lorsque l'air est complètement chassé, on ferme l'une des extrémités à la
lampe.
» Le tube est pUcé verticalement, l'extrémité fermée en haut et l'on y
comprime l'hydrogène. Quand on a donné au gaz la pression voulue, on
chauffe légèrement le sélénium de manière à l'amener, à l'état liquide, à la
partie inférieure du tube. On le laisse se solidifier en cet endroit ; il inter-
cepte alors la communication entre le tube et l'appareil producteur d'hy-
drogène. On peut alors ramener la pression du gaz dans cet appareil à une
valeur peu différente de celle de la pression atmosphérique, sans modifier
la force élastique du gaz qui se trouve à l'intérieur du tube de verre. En
dessous du bouchon de sélénium, on pourra donner un coup de chalumeau
et fermer définitivemeat le tube.
» Nous avons pu, de cette manière, introduire dans des tubes de verre
scellés du gaz hydrogène sous des pressions allant jusqu'à 5""".
» Voici les principaux résultats que nous avons obtenus relativement à
la combinaison de l'hydrogène et du sélénium sous pression ;
» Quatre tubes chauffés à la même température, 620°, et dans lesquels la pression
de l'hydrogène était 520"", 1270™"", 1 520'"°' et SoiGo""" de mercure ont donné res-
pectivement, pour valeur du rapport de la pression partielle de l'hydrogène sélénié à
la pression totale, les nombres o,4o5, o,4ii2, 0,42, 0,428.
B A la température de 5^5° pour des pressions de 678""" et i38o'"'" de mercure, les
valeurs du rapport ont été 0,89 et o,4o3.
» Enfin, à une température plus basse. Sic", sous des pressions de 58o'"'° et 1520°'°',
nous avons obtenu les nombres 0,214 et 0,28.
» Ces résultats montrent bien, comme l'avait, du reste, fait remarquer
M. Ditte, que l'augmentation de pression accroît très légèrement la quantité
(') Ditte, Annales de l'École Normale supérieure, 2.' série, t. I.
( 75 )
diacide sélénhydrique produit à une certaine température; que, de plus, c'est
à la température la moins élevée que cette influence se fait sentir davantwe.
)) Nous avons remarqué, en outre, que la pression a pour effet d'ac-
croître la vitesse de la réaction.
» En somme, les nombres que nous avons obtenus montrent que les
conclusions de la théorie de la dissociation sont sensiblement vérifiées par
l'expérience, et cela d'autant mieux que la température est plus éle-
vée ('). »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une réaction des aldéhydes. — Différenciation
des aldoses et des cétoses. Note de MM. A. Villiers et M. Fayolle, pré-
sentée par M. Henri Moissan.
« Sclimidt a indiqué en 1848 une réaction des aldéhydes sur les solu-
tions aqueuses de fuchsine décolorées par l'acide sulfureux. Il se produit,
à froid, une recoloration immédiate, si l'aldéhyde est ajoutée en propor-
tion notable, lente, s'il n'y en a que des traces très faibles. Cette réaction,
d'une sensibilité assez grande pour déceler la présence des plus petites
quantités d'aldéhydes, par exemple dans les alcools commerciaux, a été
attribuée aussi bien aux aldéhydes qu'aux acétones. Et, en fait, l'acétone
du commerce, même celle qui est vendue sous le nom d'acétone pure et
bouillant à une température sensiblement fixe, la produit nettement.
/> Ayant eu l'occasion de préparer de l'acétone absolument pure, nous
avons rectifié, dans un appareil Claudon et Morin, 20''' d'acétone pure de
commerce. Nous avons ainsi obtenu 18'" de liquide bouillant, sous une
pression fixe, entre 55°, 7 et 55", 9; les produits de tête et de queue bouil-
lant eux-mêmes un demi-degré au-dessous et au-dessus. La portion prin •
cipale a donné une coloration marquée, immédiatement avec i'^'^ ou 2'^'',
au bout de quelques minutes avec deux gouttes. Les produits de queue
coloraient à peine le réactif; les produits de tête, au contraire, donnaient
une coloration à peu près aussi intense que l'aldéhyde elle-même. Ayant
ainsi constaté que la coloration produite par l'acétone allait en s'atténuant,
à mesure que cette dernière était débarrassée des parties les plus volatiles,
nous avons été conduits à penser que la réaction que l'on peut obtenir avec
(') Ce travail a été fait à la Faculté des Sciences de Lille.
( 76)
l'acétone devait être attribuée à des impuretés, et, pour nous en assurer,
nous avons poursuivi la purification du produit.
» La portion principale obtenue par une première rectification a été
combinée au bisulfite de soude et les cristaux ont été essorés. Un second
traitement au bisulfite a été effectué sur l'acétone régénérée de sa combi-
naison par l'action d'une lessive de soude étendue, à l'ébullition. Les cris-
taux ont été essorés une seconde fois, et l'acétone régénérée de nouveau
a été soumise à une seconde rectification. Le produit ainsi obtenu bouillait
à une température constante. Nous avons constaté qu'il était sans action
sur le réactif, du moins lorsque le volume d'acétone ne dépasse pas i™ ou
2.'^" pour 5'"' de ce dernier. Au delà, on obtient encore, au bout d'une
heure, une légère cploralion, qui ne peut être évidemment attribuée qu'à
des traces d'impuretés. Il nous paraît impossible d'éliminer ces dernières
d'une manière absolument complète.
» Nous avons fait usage, dans ces essais, d'un réactif aussi sensible que
possible, c'est-à-dire préparé sans excès d'acide sulfureux. La décoloration
de la fuchsine, dans ces conditions, est très longue et n'est complète qu'au
bout d'une journée ; mais le réactif ainsi préparé se recolore sous l'influence
des moindres traces d'aldéhydes, telles que l'aldéhyde ordinaire, l'aldéhyde
benzoïque. Les essais doivent être faits dans des tubes bouchés, car le
réactif se recolore en rouge, par une exposition prolongée à l'air.
» Nous avons cru devoir signaler cette différence entre l'iddéhvde et
l'acétone, surtout parce que la recoloration de la fuchsine décolorée par
l'acide sulfureux a été à plusieurs reprises signalée comme une réaction de
l'acélone, permettant de caractériser cette dernière, notamment dans cer-
taines urines. En fait, bien que cette réaction ne soit due qu'à une impureté
de l'acétone, elle nous paraît pou voir encore, dans certains cas, être utilisée
à ce point de vue, et nous pensons que toute urine contenant de l'acétone
doit la produire, l'acétone se formant presque toujours en même temps que
de l'aldéhyde. C'est ainsi que l'acétone synthétique, préparée récemment
par M. Desgrcz, par hydratation de l'allylène fourni par la décomposition
de l'acide tétrolique, recolore encore légèrement le réactif, d'après les
indications de l'auteur.
» L'emploi de la solution de fuchsine décolorée par l'acide sulfureux
permet de vérifier la pureté de l'acétone. Pour que ce mode d'essai puisse
être employé pratiquement, on devra se contenter d'ajouter une seule
goutte d'acétone à quelques centimètres cubes du réactif.
(77 )
» Cette réaction nous paraît aussi pouvoir permettre de différencier les
aldéhydes des acétones. Nous avons constaté que, de même que l'acétone
ordinaire, la niéthyléthylacétone, suffisamment rectifiée, donnait un ré-
sultat négatif. Mais il serait nécessaire, avant de généraliser ce fait, d'é-
tendre ces essais à un plus grand nombre d'acétones.
» Dès maintenant, nous pouvons affirmer qu'elle permet de différencier
les sucres aldoses des sucres cétosiques. liC glucose, le sucre interverti, le
galactose rougissent le réactif ainsi que les. aldéhydes; il en est de même
des dextrines réductrices. Nous avons, au contraire, constaté que deux
échantillons de lévulose et de sorbine purs, que nous devons à l'obli-
geance de M. Jungfleisch et de M. Vincent, donnent un résultat tout à fait
négatif. La réaction des sucres aldéhydiques est empêchée par la présence
des acides; aussi doit-on employer un réactif préparé ainsi que nous l'avons
dit plus haut, et opérer avec des liqueurs neutres dans un tube bouché.
De plus, on doit faire agir une quantité de sucre assez grande, telle que i*''
pour 10''° à 12"' de réactif. Dans ces conditions, la recoloration de la solu-
tion de fuchsine est aussi intense qu'avec les aldéhydes ordinaires, bien
qu'elle se produise plus lentement.
» La réaction doit être essayée sur des sucres soigneusement purifiés;
c'est ainsi que le lévulose tel qu'on l'obtient dans une première cristalli-
sation contient encore assez de glucose potu' donner très nettement la
réaction des aldéhydes. Inversement, elle permet de vérifier la pureté des
sucres cétosiques. ou, du moins, l'absence des sucres aldéhydiques. Ce-
pendant, la sensibilité du réactif est moins grande pour les sucres aldé-
hydiques que pour les aldéhydes telles que l'aldéhyde ordinaire.
» Les saccharoses tels que le sucre ordinaire, le maltose, le lactose, ne
donnent pas de coloration, bien qu'ils soient formés en totalité ou en par-
tie par des glucoses aldéhydiques et que les deux derniers possèdent aussi
un pouvoir réducteur. On n'observe aucune coloration du réactif après
quelques heures, alors que les sucres aldéhydiques ont produit une colo-
ration intense. Après plusieurs jours, la coloration se développe indiquant
un dédoublement produit à froid par l'action de l'eau avec formation de
glucoses aldéhydiques. »
( 78 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les substitutions de radicaux alcooliques liés au
carbone et à l'azote. Note de M. C. Matig.vox.
« Dans le dernier numéro du Journal fur praktiche Chemie ( ' ), MM. Stoh-
mann et Langbein adressent une réclamation au sujet de la loi relative à
la variation de la chaleur de combustion d'un corps dans lequel on effectue
une substitution alcoolique liée au carbone ou à l'azote. Je demande à
l'Académie la permission de rappeler ce que je disais en présentant mon
travail :
» En poursuivant l'étude thermochimique des uréides, je suis arrivé, il y a près
de six mois, à la loi suivante : La substitution d'un radical alcoolique lié à l'azote
augmente la chaleur de combustion d^ une quantité plus grande que la substitu-
tion du même radical lié au carbone. J'attendais, pour communiquer ce résultat,
qu'il fût confirmé par un plus grand nombre d'expériences ; mais la publication d'un
travail de MM. Stohmann et Langbein, où la même loi se trouve énoncée, m'oblige
adonner de suite les nombres qui m'y ont conduit (-).
» J'ajouterai que MM. Stohmann et Langbein énoncent la loi précédente
sous la forme d'une simple remarque et sans y ajouter le moindre déve-
loppement ('); au contraire, dans la Note précédente publiée aussitôt que
j'eus connaissance des travaux de ces savants, j'insiste sur l'importance de
cette loi, en même temps que je montre par un exemple les applications
dont elle est susceptible. Depuis, je l'ai utilisée pour établir que l'acide
désoxyamalique de M. Fischer était l'acide tétraméthylhvdurilique (*);
pour différencier les aminés primaires, secondaires et tertiaires, pour
l'étude et la prévision des migrations moléculaires (^) ; je l'ai généralisée
et j'ai montré qu'elle s'appliquait aux substitutions nitrées, ce qui m'a
permis de déduire quelques conséquences relatives aux explosifs (°);
enfin, j'ai montré qu'une loi analogue existait pour les liaisons avec l'oxy-
(') T.XLIX, p. 490; 1894.
(-) Comptes rendus, t. CXIII, p. 55o.
(^) Journal fïtr praktiche Chemie, t. XLIV, p. SgS.
(') Comptes rendus, t. CXVI, p. 642.
(^) Annales de Chimie et de Physique, 6' série, t. XXVIII, p. 498 à 5i2.
(^) Comptes rendus; t. CXIV, p. 1197.
( 79)
gène et que, d'une façon générale, la substitution d'un radical alcoolique
augmente la chaleur de combustion du composé d'une quantité d'autant
plus grande que le poids atomique du corps qui sert de liaison est plus
élevé (' ). »
Remarques sur la Note précédente ; par M. Behthelot.
« Dès l'origine de mes recherches sur la chaleur de formation des com-
posés organiques, j'ai distingué la chaleur de formation des composés
éthérés et celle des corps homologues, qui leur sont isomériques : les pre-
miers étant regardés comme des composés secondaires, c'est-à-dire facile-
ment dédoublables et formés avec des dégagements de ^chaleur faibles ou
nuls, depuis l'alcool générateur et l'autre composant ; tandis que les se-
conds étaient désignés comme des co/?î/>o^e.y unitaires, diiiicWe?, à dédoubler,
et formés avec des dégagements de chaleur plus considérables depuis les
mêmes composants et, par conséquent, depuis les éléments : ces lois ont
été particulièrement développées (p. 98 et p. 102 à 106) dans une Leçon
sur l'Isomérie, professée en i863 devant la Société chimique de Paris, et
publiée dans ses Recueils (^).
» Si nous exprimons par des formules atomiques ces relations, — ce qui
n'ajoute rien d'essentiel k leur existence, ou à leur interprétation générale,
— nous pouvons dire que, dans les composés unitaires, le méthyle, et plus
généralement le radical alcoolique est lié directement au carbone, tandis
que, dans les composés éthérés, le radical alcoolique est lié avec l'oxygène
ou l'azote, etc. D'après ce qui précède, la chaleur de formation des pre-
miers est supérieure en général à celle des seconds, et, par conséquent, la
chaleur de combustion des seconds l'emporte sur celle des premiers. Tel
est le cas de la méthylaniline, véritable éther de l'aniline, ainsi que la
chose est d'ailleurs reconnue d'après sa synthèse par l'alcool méthylique
et son dédoublement par l'acide iodhydrique en ammoniaque, benzène et
formène; tandis que les toluidines régénèrent uniquement du toluène et
de l'ammoniaque. C'est ce qu'exprime la notation atomique, en disant que
(') Bulletin de la Société chimique, 3° série, t. IX, p. 662.
(^) Voir aussi mes Leçons sur les méthodes de synthèse, professées au Collège de
France, p. 25o, en i864 5 chez Gaulhier-Villars ; el Annales de Chimie et de Physique,
4° série, t. VI, p. 342 et 353, i86d.
( 8o )■
le méthyle est lié à l'azote dans la raéthvlaniline, tandis que le méthyle
est lié au carbone (du groupe benzénique) dans la toluidine.
» Enfin la benzylamine réalise l'union du méthyle, à la fois avec le
carbone et l'azote.
» En raison de l'intérêt qui s'attache à ces isomères et à leur définition
thermochimique, j'ai prié M. Petit, qui travaillait dans mon laboratoire en
1888, de mesurer la chaleur de combustion de ces divers alcalis, et par
conséquent leur chaleur de formation depuis les éléments. Ce savant a
obtenu (Ann. de Chim. et de Phys., 6* série, t. XVIII, p. 149 et suivantes)
les valeurs suivantes pour les chaleurs de formation :
Cal
Toluidine paira + 9*^"', 7 (cristallisée), d'où. . . -h 7 environ liquide.
» ortlio )i .... -H 3,8 liquide.
» meta « .... -t- 2,9 liquide.
Benzylamine » .... — 0,1 liquide.
Méthylaniline h .... — 5,5 liquide.
» On voit que la chaleur de formation la plus faible de toutes est celle
de la méthylaniline, dérivé éthéré, et la plus forte, celle des toluidines,
la benzylamine étant intermédiaire : ce qui est conforme à la loi annoncée,
d'après la théorie des composés éthérés.
» Ces relations, signalées il y a bien des années d'une manière géné-
rale, n'étaient pas purement théoriques; car elles ont été précisées dès le
début par la comparaison thermique des éthers avec les acides gras iso-
mériques et, plus récemment, dans le cas particulier des alcalis aroma-
tiques, par les expériences de M. Petit.
» Leur étude a été continuée, à partir de 1889, par M. Matignon, qui
a succédé à M. Petit dans mon laboratoire; il a suivi une voie originale
pour approfondir un problème déjà soulevé, aussi bien que MM. Stohmann
etLangbein, qui développent avec tant de zèle et de succès l'étude ther-
mochimique des combinaisons organiques. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la picéùie, glucoside des feuilles du sapin épicéa
(pinus picea). Note de M. Taxret.
« La précipitation des glucosides par des sels neutres, suivie d'un trai-
tement par des solvants appropriés, est un mode de préparation que j'ai
( 8i ) '
précédemment indiqué pour les vincétoxines ut l'îiarantiamariiie (' ). (le
procédé est susceptible d'une certaine généralisation : appliqué, en effet,
aux f Propriétés physiques. — La picéine, hydratée ou anhydre, cristallise
en aiguilles prismatiques soyeuses, solubles dans i j)artie d'eau bouillante
et dans 5o parties à i5"; dans 20 parties d'alcool à 70", G8 parties à 90" et
,'534 parties d'alcool absolu à froid (i5°); 33 parties d'alcool absolu bouil-
lant et 123 parties d'éther acétique à iS". Elle est insoluble dans l'éther et
le chloroforme. Sa saveur est amère.
» J.a picéine est lévogyre : «0=^ — 84° en solution dans l'eau et
a^,= — 78" en solution dans l'alcool à 70° (').
(') Compte.'! rendus, t. G et Cil.
C) Trouvé pour le produit séché à 100° : C =; 5&, 32 et 56,38; 11 = 6,20 et 6,28.
Calculé : C = 56,37, ^^ ^ =6,04. Eau trouvée : 6,10 pour 100; calculé : 5,69.
(') Avec l'eau : /j = 2S"',5o; »' = 60'''^; a ——7"; 1 = 35". Avec l'alcool : p — is' ;
i> = 25"; a=:— 6>'3o; 1 = id".
G. R., i8.j',, 3- Semestre. (T. CXI\, N° 1.) ï I
( 82)
1) La picéine anhydre fond à 194".
» Réactions. — Sous l'inflaence de l'émulsiae la picéine fixe une molé-
cule d'eau et se dédouble en glucose C^ H'-O" et picéol (') C^H^O'- selon
l'équation
C'*H'»0'^H-0 ^^CH'-O^-h C^'H^O-.
» Les acides étendus produisent le même dédoublement, mais, con-
trairement à ce qui se passe pour la saligénine et l'alcool coniférylique,
ce picéol cristallise aussi bien que celui que donne l'émulsine.
» Projetée en petite quantité dans l'acide sulfurique concentré la pi-
céine s'y dissout avec une colorahon brun rougeàtre à peine sensible. Or,
on sait que des traces de coniférine donnent, avec l'acide sulfurique, une
coloration violette intense. On a donc là une réaction différentielle des
deux glucosides des plus nettes.
» La picéine n'est précipitée ni par le tannin, ni par le sous-acétate de
plomb. Elle donne avec l'acétate de plomb ammoniacal un précipité qui
répond à la formule C'H'M^bO'.
M Le sulfate de magnésie la précipite de ses solutions, mais sans s'y com-
biner.
» Bien que peu soluble dans l'eau froide, elle s'y dissout néanmoins
abondamment en présence des glucosides amorphes qui l'accompagnent
dans les feuilles d'é[)icéa. J'ai déjà signalé un fait semblable pour la vincé-
toxine insoluble et l'hespéridine, dont la vincétoxine soluble et l'aurantia-
marine sont les dissolvants naturels.
» La picéine chauffée avec l'anhydride acétique et un fragment de chlo-
rure de zinc donne un éther tétracétique (C " H'» O') (C- H^ 0')\ Cet éther,
qui est cristallisé et soluble dans l'éther, fond à 170". La picéine est donc
en même temps éther et alcool.
« Picéol. — Le picéol CIl'O' fond à 109°. Il est soluble dans 100 par-
ties d'eau à i5° et dans i4 parties d'eau bouillante. Cette dernière solution
en refroidissant le laisse déposer en gouttelettes qui, peu à peu, se trans-
forment en cristaux. Il est coloré en violet par le perchlorure de fer.
» Le picéol se dissout dans les solutions de carbonates alcalins sans en
déplacer l'acide carbonique; avec les alcalis caustiques, il forme des com-
posés cristallisés décomposables par l'acide carbonique, mais non par
l'eau; il a pu, d'autre part, être combiné aux acides acétique et benzoïque.
(') Trouvé : C = 70,80 et II = G,i.5. Calculé : G = 70,09 et H =r 5,
( 83 )
Le picéol se comporte doac comme un phénol et, j'ajouterai, comme un
phénol monoatomique. Son composé barytique répond, en effet, à la for-
mule (C^H^O-)- BaO, et son éther benzoïque {'), qui fond à i3/|", à
(C''H''0)(C'H''0^).
» L'étude du nouveau glucoside sera complétée dans une prochaine
Communication. )>
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la présence de V hydrogène et de l'hydrogène
proto-carboné dans l'azote rési'liial du sang. Note de M. L. de Saixt-
Makti\.
« I^a présence de l'hydrogène et de l'hydrogène proto-carboné dans les
atmosphères closes où ont longuement séjourné les animaux et surtout les
herbivores avait été mise en évidence par les travaux de MM. Regnault et
Reiset (^). L'opinion généralement admise était que ces gaz pi'oviennent
du tube intestinal, lorsque, en 1884, Tacke démontra que les lapins tra-
chéotomisés exhalent directement par le poumon des quantités notables
de ces deux gaz (plusieurs centimètres cubes de chacun d'eux par heure et
par kilogramme d'animal) ('). Que l'hydrogène et le gaz des marais ainsi
reconnus proviennent des tissus ou, ce qui est plus probable, d'une résorp-
tion intestinale, ils ont nécessairement traversé l'appareil circulatoire et
leur présence dans le sang devenait certaine bien que difficile à prouver,
en raison de leur très faible quantité.
)) M. Gréhant, le premier, vient d'annoncer qu'il avait trouvé, à l'aide
de son ingénieux grisoumètre, une petite quantité d'hydrogène dans l'azote
résidual des gaz extraits du sang de chien. De mon côté, après avoir répété
et vérifié les expériences de Tacke, j'avais entrepris de rechercher les
mêmes gaz dans le sang, et les résultats que j'ai obtenus confirment et
complètent le fait annoncé par M. Gréhant. J'ai opéré sur le sang de bœuf
afin de pouvoir agir sur une grande masse de sang provenant d'un animal
herbivore.
)) Dans chaque expérience, j'épuise de ses gaz, au moyen de la pompe à
(' ) Trouvé : C = 74.61 et 74j79) H = 5,29 et 5, 19 ; calculé C = jj et H =: 5.
(^) Regnault et Reiset, Ann. de Physique et de Chimie, 5= série, t. XXVI; 1849.
- A. Reiset, Reclterclics praliqito; et ejpcrirnenlales sur V Agronomie, Paris ; i863.
(') Taose, Ber. d. deulsch. chein. {Ges., t. 17, p. iS-ir ; i884).
mercure, en deux fractions chacune de 5oo", un litre de sang de bœuf
déflbriné aussi frais que possible. Les gaz dégagés par le vide sont recueillis
sur le mercure dans une grande éprouvette garnie de 4*^"^ de potasse qui
absorbe au fur et à mesure l'acide carbonique. On les prive ensuite de
l'oxygène au moyen de l'hydrosulfite de soude; l'emploi d'une solution al-
caline d'acide pyrogallique, pour cet usage, doit être évité, parce que ce
réactif est susceptible d'introduire dans l'azote résidual des traces sen-
sibles d'oxyde de carbone. Le phosphore à froid, que j'avais d'abord essayé
dans le même but, a pris feu dans ce mélange gazeux très riche en oxvgène,
accident qui a fait perdre l'expérience.
» Après l'action de l'hydrosulfite de soude, le résidu gazeux, dès lors
réduit à 1 5"^^ ou ad*^*^, exhale une forte odeur caractéristique de triméthvl-
amine. Il est peu probable que cet alcali préexiste dans le sang; M. Des-
saignes ('), du reste, avait déjà signalé sa présence dans le sang de veau,
quelques heures après sa sortie de la veine.
» Aussi, avant de soumettre le résidu gazeux aux essais eudiométriques,
est-il nécessaire de l'agiter avec quelques gouttes d'acide sulfurique au cin-
quième, et de le mettre encore une fois en présence de la potasse et de
l'hydrosulfite de soude.
» Voici les résultats de deux analyses eudiométriques, exécutées, d'après
la méthode de Doyère, sur les résidus gazeux ainsi obtenus, chacun d'eux
provenant d'un litre de sang de bœuf défibriné introduit dans la pompe
une heure environ après l'abatage.
I. II.
ce CL-
Volume du résidu gazeux (Az, elc. ) '7; 28 '5,43
Il api'ès l'addition d'oxygène pur 28,22 20,86
» après l'addition de gaz de la pile 82,08 29,98
>i après l'explosion 20,96 18,24
» après l'action de la potasse 20,18 '7>47
i> après l'addition d'hydrogène de la pile. .. . 81,82 27,87
» après la seconde explosion '9, '6 ri, 3.5
» Dans la première analyse il y a eu production de o*^*^, 78 de CO^ avec
une contraction de v.™, 26 et consommation de 1^,89 d'oxygène. Ces
chiffres conduisent à 0"=, 78 de C-H' et à o'^'^, 46 d'hydrogène. 1^'oxygène
consommé est de i'^^'.Bq. Calculé i'''=,79.
» Dans la seconde analy.se il y a eu production de o"', 77 de CO' avec
( ') Dessatgnes, Journal de Pharmacie. 3'' série, t. XXXII, p. 43.
( 85 )
une contraction de 2^,62 et une conson)mation de i'"',92 de O. Ces
chffires correspondent à o"',7- de C'H* et :'i 0^*^,72 de H. F^'oxYgène con-
sommé est de i"\c)2. Calculé i'''',9o.
» En résumé un litre de sang de bœuf a fourni (chiffres réduits à o" et
à 760) :
I. II.
Hydrogène o'''', 41 o'"^,64
Hydrogène protocarboné. .. . C'^Gg o'''',68
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide sulfuriq ne sur le camphcne.
Note de MM. G. 1îouciiakd.4t et J. L.vfo.xt.
« L'acide sulfurique concentré réagit énergiquement sur le camphène
comme sur les térébenthènes et les terpilènes de même formule ; mais cette
action présente de grandes différences. Elle est moins violente, il se dégage
une bien moindre quantité de chaleur, les produits formés sont dissem-
blables, appartenant à des groupes doués de fonctions chimiques autres.
» Nous avons ajouté goutte à goutte au camphène inactif par compen-
sation, le dixième de son poids d'acide sulfurique monohvdraté. On
refroidit pour éviter les actions secondaires, et en particulier la formation
abondante de polymères n.C^^W\ qui se produisent toujours eu faible
quantité en opérant dans les meilleures conditions.
» L'acide sulfurique donne aussitôt, avec le camphène solide, un li-
quide homogène à peine coloré, sans séparation de matières résineuses
acides, brunes, que l'on observe toujours en opérant avec les térébenthènes
ou les citrènes. Après un contact de vingt-quatre heures, le produit a été
agité et lavé à grande eau.
» Les combinaisons formées primitivement par l'union de l'acide sulfu-
rique et du carbure sont en grande partie délrtiiles par l'action de l'eau.
Cependant ces eaux de lavage renferment une petite quantité d'un aciJe
sulfoconjugué.
» L'acidité de ces eaux de lavage, dans le cas le plus favorable, n'a été
que des trois quarts de l'acidité correspondant à l'acide sulfurique ajouté;
presque la même dans d'autres opérations.
» Le sel de baryte de l'acide ainsi formé étant très peu soluble se préci-
pite avec l'excès de sulfate île baryte. Il est très facilement décomposable
par l'eau, l'eau alcaline surtout, de même que les sels correspondants de
soude et de potasse. Le résidu de l'évaporation finit par noircir et ne
( 86)
donner que de l'acide sulfurique et des sulfates; pendant l'évaporation,
il se dégage une'odeur camphrée intense.
» Les eaux de lavage acides saturées par un excès de soude et distillées
donnent de l'eau qui entraîne un composé cristallin insoluble à l'eau, con-
stitué par du bornéol de camphène inactif, fusible 3210", donnant par oxy-
dation du camphre inactif. Ce bornéol C-TI'^O^ provient de la décom-
position par l'alcali d'un acide camphéno-sulfurique qui semble être le
produit normal primitif de l'action de l'acide sur le camphène. La propor-
tion de bornéol ainsi obtenue est faible.
» La partie huileuse surnageant les eaux acides a été soumise à l'action
d'un courant de vapeur d'eau qui en entraîne les deux tiers environ, loo^''
pour i65 du camphène mis en réaction. C'est du camphène inaltéré ren-
fermant des traces de bornéol et qui, traité à nouveau par l'acide sulfu-
rique, a donné les mêmes produits.
» L'huile privée de camphène est très épaisse, elle dépose une abon-
dante matière cristalline que l'on isole par un essorage et des cristallisations
dans l'éther qui la dissout abonrlamment. Les cristaux obtenus de la so-
lution éthérée sont en trémies d'apparence rhomboédrique ou en longs
prismes cannelés à faces brillantes, à cassure vitreuse ; leur composition
répond à la formule C*''H^''0-; carbone 83,3; 83,37; 82,8; hydrogène
11,7; 12,3; 11,8.
» Ils fondent à go^-gi"; ils distillent à 322° sous la pression normale
sans notable décomposition, la masse se reprend totalement par refroi-
dissement. Le brome forme avec cette substance un composé d'addition
peu stable qui laisse la substance inaltérée après la volatilisation du brome.
Le perchlorure de phosphore est sans action à froid sur ses solutions dans
l'éther de pétrole. Les solutions chlorhydriques saturées à o" n'agissent pas
sensiblement sur ce corps à 100°; à i5o° elles le transforment en chlory-
drate de camphène C^"H"Cl. L'acide nitrique concentré l'attaque très dif-
ficilement ;i l'ébuUition en donnant du camphre inactif C-°H'*0-. L'acide
nitrique fumant l'attaque à froid et donne du camphre. Les solutions con-
centrées d'acide chromique dans l'acide acétique l'oxydent en donnant le
même camphre. L'anhydride acétique est presque sans action, à 200° il y
a formation d'un peu de camphène C-°H'°. Toutes ces réaction? indiquent
que c'est Vélher mixte du bornéol de camphène inactif C-^IV^ (^C-^H^^ O'-).
)) Les huiles qui imprègnent les cristaux de ce coi'ps, soumises à la dis-
tillation sous pression réduite à 2"^'", donnent un peu de camphène, du
bornéol de camphène, et surtout des huiles passant de 2o(3 à 218; la frac-
( 87 )
lion 209-2 r 2 dépose d'abondants cristaux, identiques aux précédents. Les
fractions supérieures incristallisables donnent à l'analyse des chiffres in-
termédiaires entre ceux du carbure C'" II" et du corps C^''H"0-. Elles
renferment un peu de polymère du camphène, elles sont vivement atta-
quées par l'acide nitrique chaud comme ce polymère, et donnent du cam.
phre par une oxydation prolongée, camphre provenant de l'oxydation de
l'éther C"H"0=.
» Les produits de l'action de l'acide sulfurique sur le camphène sont
donc : i" Yéther du bornéolde camphène inactif, produit principal ; 2" l'acide
honiéol sidfurique donnant par saponification ultérieure du borncol de cam-
phène inactif; 3" eiifin un peu de polymères du camphène, le plus abondant
est C'"!!''-; la proportion en est d'autant plus élevée que l'addition de l'acide
a été plus rapidement faite et plus abondante. L'action de l'acide sulfu-
rique sur le camphène est donc très comparable à celle du même acide sur
l'éthylène, très différente de son action sur le citrène, qui ue fournit que
des polymères, ou sur les lérébenlhènes, qui forment à la fois des carbures
isomères et polymères très abondants, et des composés sulfuriques neutres
très stables.
» Nous avons produit le même éther du bornéol, mais en faible ])ropor-
liou, en traitant le camphène par l'acide acétique cristallisable, ad litionné
d'acide sulfurique, le produit principal dans ce cas étant l'éther bornéo!-
acétique du bornéol de camphène. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés bromes de l'éthylène perchloré.
Note de M. A. Bessox, présentée par M. Troost.
« La théorie permet de prévoir l'existence de chlorobromurcs du tvpe
C^X* présentant les compositions suivantes : C-CPBr, C-CP Br-, C-ClBr'.
L,e premier de ces corps n'a pas été signalé. JNL Bourgoin (5«//e^m delà
Société chimique de Paris, iSyS) a publié la préparation d'un composé
répondant à la seconde formule; enfin, Denzel a préparé le dernier de ces
corps.
» Je me suis proposé d'obtenir ces chlorobromures par substitution du
brome au chlore dans l'éthvlène perchloré C-CP; cette substitution se
fait aisément au moven du bromure d'aluminium, ajouté en quantité con-
venable à l'éthylène perchloré. La réaction, exigeant une faible élévation
de température, doit être faite au bain-raarie et dans un gaz inerte. Quand
( «8 )
elle est terminée, on traite avec précaution par l'eau pour détruire le
chlorure d'aluminium formé dans la réaction, on filtre à la trompe, puis
séparant l'eau de lavage, on sèche le liquide restant sur du chlorure de
calcium. On distille ensuite dans le vide pour éviter la décomposition des
produits les plus bromes, en recueillant tout d'abord ce qui passe jusqu'à
ioo°; cette portion peut alors être fractionnée dans l'air sans inconvénient
et on en retire successivement :
» 1° Un liquide qui distille de i45"-i48° et présente à l'anal3'se la composition
C-Cl'Br.
Poidsde iA£;Cl + AgBr=iS',498 , l Cl ^ ( Cl p. loo 5o,q8
< \<' ( n loo 9nr> n-
matièreoS',5i2/AgCl + AgCl = iS'-,393 ' » | Br i^' " ^ ' |Bip. loo 86,82
^ , ,. /-,/-uD » I CI ., o l f"^! P- 100 5o,6o
Calcule pour C- Cl' Br Ae ', _ p. 100 200,8' 00
r ° ( Br"^ ^ ( Br p. 100 38
» Il se solidifie sous l'influence du froid et le solide obtenu fond de — 12° à — 13";
densité 2,02 à i5°. Le brome est sans action sur ce corps à l'obscurité, même à la
température de 100°, mais, en présence de la lumière solaire, la combinaison est
totale au bout de quelques heures.
» Le composé résultant de cette combinaison est un solide blanc subiiinable, sans
décomposition dans le vide: cette snlsllmation commence à se produire à 100° en
donnant de petits cristaux prismatiques, mais elle ne devient active que vers iib".
Il fond à 178"-! 80°, mais avec décomposition partielle et mise en liberté du brome;
densité 2,44 à 18°. Ce corps dont la composition est, comme le fait prévoir sa genèse,
représentée par la formule C^CPBr^, n'avait pas encore été obtenu; l'analyse suivante
suffit à fixer sa composition :
Poidsde ) AgCl + AgBr=:i8'-,34o j Cl | Ci p. 100 28,9.5
matière os■■,499(AgCl + AgCl = IS^ 161 °)BrP' ^°° ^^*^' JBrp. 100 64, 4?
Calculé pour C^Cl^Br' AgS^'p. 100 268,4 lî^^^' '°° f/'^ï
' °(Br' (Brp. 100 64,78
» 2° Un liquide distillant de i69''-i7i°, dont la composition, représentée par
C^CPBr^, est justifiée par l'analyse suivante :
Poidsde ( AgCl + AgBr= iS'-,70i j Cl ( Cl p. 100 28,69
matière os^65I JAgCl + AgCl=:isr, 477 ^"(Br^' '°° ' (Brp. 100 61, 84
/■ I !■ r-ri'D ■> \ i C' c ( Cl p. 100 27,84
Calcule pour C-Cl-Br- Ag r. P- 100 260 „ / /
' " ( Br' j Brp. 100 62,74
B Ce liquide se solidifie sous l'action du froid en donnant ainsi un corps solide fon-
dant de + 1° à -H 2°; densité 2,35 à iS".
» Comme je l'ai dit précédemment, M. jjoiu'goin a signalé la prépara-
tion d'un corps de même composition en réduisant le chlorobromure
( ^9 )
C*Cl*Br= par l'aniline à loo", ce dilorobromiirc (l-CP Hi- ;ivant été obtenu
par l'action dn chlore snr le bromure d'acétylène C-il-Br'. Après réaction
(le l'aniline. l'autenr recueille ce qui distille jusqu'à 170"; puis, dans une
nouvelle (listillaLion il rejette ce qui passe au-dessous de i3o" et purifie
enfin le corps par solidification dans un mélange de glace et de sel marin,
en éliminant la partie restée liquide. L'auteur ne donne malheureusement
aucune constante physique caractéristique de son composé et dit seule-
ment que tout est fondu à o", tandis que le corps que j'ai obtenu ne se
liquéfie pas dans la glace fondante. Rien ne s'oppose d'ailleurs à l'existence
de deux combinaisons de même composition, car la théorie permet de pré-
voir deux corps différents C.-Cl-Br-, représentés par les schémas suivants :
C = GI^ C = ClBr
(': = Bi'' C = CiBr
» La fixation de brome sur C.-Cll-Br- se produit encore à la lumière so-
Liire, mais elle est beaucoup plus lente que pour C'Cl^Br; il en résulte un
corps solide blanc, sublimable dans le vide sans décomposition vers i5o°,
fusible avec décomposition de rr)'i"-i9j".
» Il présente à l'analyse la composition C^Cl-Br^; on a déjà décrit un
corps de même composition fondant vers iSo'\ mais on sait qu'il peut
exister deux isomères dérivant des deux schémas précédents.
» L'oxvgène ozonisé se fixe directement sur C^CPBi- comme sur C-Cl',
mais plus difficilement; car, bien que le liquide fût maintenu à la tempé-
rature de So", une partie de l'ozone échappait à la réaction; l'ozone, dans
sr>n action sur C^Cl', donnant des quantités notables de COCP, j'avais
espéré obtenir avec C^Cl-Br- un mélange de COCl" et COBr° : ces prévi-
sions n'ont pas été confirmées, car, tandis qu'il se dégage bien en effet
COCl-, le brome est mis en liberté, et, s'unissant ultérieurement à
C^Cl'Br'- donne le corps solide C-CPBr' que l'on peut séparer en majeure
partie du liquide par cristallisation sous l'action du froid. Le liquide
restant, d'odeur désagréable rappelant celle du chlorure de trichloracé-
tvle, fume à l'air et contient une fraction distilUmt vers i5o°, mais que je
n'ai pu séparera l'état de pureté; cependant le produit de l'action de l'eau
nous renseignera sur sa nature. Une petite quantité d'eau le décompose en
effet, avec formation d'un corps solide blanc déliquescent, à réaction
acide, sublimable dans le vide sans décomposition; il correspond à la for-
CCIBr^ -, r , 1 , , • CClBi'-
mule I : il faut donc admettre que le corps dont il dérive est 1
CO.OH ^ ^ COCl
C. K., 1894, ■>' Semestre. (T. CM\, N' 1 .) 12
( 90 .)
Cette réaction est d'ailleurs en tout semblable à celle que l'ozone donne
avec C-Cl" avec formation de chlorure de trichloracétyle.
» Je rappellerai à cette occasion que Demo\e (Comptes rendus 1878)3
pu fixer directement l'oxygène à une température qui ne dépassait pas 55",
sur l'étlivlène bibromé C-H-Br- et a obtenu un corps analogue 1
•' ' '^ COBr
» Le présent travail avait pour but principal la préparation des deux
produits de substitution C-Gl'Br et C-Cl^Br- que je viens de décrire;
cependant, on trouve déjà dans la partie liquide ayant distillé dans le vide
à 100° une quantité notable du troisième terme de substitution C-ClBr%
obtenu précédemment par Denzel par la décomposition du corps C^HClBr\
Il est hors de doute enfin que la substitution totale conduisant à l'élhylène
perbromé C-Br'' puisse s'obtenir en présence d'une quantité suffisante de
bromure d'aluminium, mais quand on aura cette préparation en vue, il
conviendra d'éviter une élévation trop considérable de température pen-
dant la préparation, car, sans celte précaution, du brome mis en liberté
s'unit ultérieurement aux produits de substitution et l'on obtient une masse
solide renfermant des chlorobromures correspondant au type C-X" et
dont la séparation présente des difficultés insurmontables. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur (le nouvelles combinaisons organo-mèlalUques.
Note de M. G. Périer, présentée par M. Friedel.
« Dans plusieurs Communications précédentes ('), jai montré que le
chlorure d'aluminium anhydre se combine avec un certain nombre de
corps appartenant à la série aromatique, pour donner des composés de
la formule générale [R]-Al-Cl"; [R] désignant une acétone, un chlorure
d'acide, un élher, etc. Celte propriété s'étend également aux aminés,
amides et à leurs produits de substitution.
» Chlorure d'aluminium et acétanilide. — Lorsqu'on chauffe légèrement
un mélanee de 2 molécules d'acélanilide et de i molécule de chlorure
d'aluminium anhvdre, récemment préparé, il se produit une réaction vio-
lente, donnant naissance à un liquide bien homogène qui, par refroidisse-
ment, se prend en une masse jaune translucide. Ce nouveau corps s'est
formé sans dégagement sensible d'acide chlorhvdrique. Pulvérisé et traité
par l'eau, il régénère l'acélanilide en totalité.
(') Comptes rendus. .") juin et i5 mai iS^) Au commencement de la fermentation quand la levure se trouve dans
un milieu où elle trouve amplement les matières nutritives nécessaires à
son développement, elle possède une énergie plus grande et les produits
accessoires se forment en proportions bien moins grandes.
» Cette différence d'action de la le\ ure au commencement et à la fin
de la fermentation, suivant f|u'elle est douée de toute son énergie fermen-
tative ou suiAant qu'elle a perdu celle-ci en grande partie, faute d'éléments
nutritifs, corrobore les observations que j'ai faites avec les levures accou-
tumées aux composés fluorés. Ces derniers, en effet, exaltent la levure,
augmentent son énergie fermentative; et par le fait même, à la fin de la
fermentation, ils la [placent dans des conditions similaires à celles dans
lesquelles se trouvent les levures non accoutumées au commencement de
la fermentation dans une' fermentation alcoolique conduite avec de la le-
vure ordinaire. »
CHIMIE AGRICOLE. — De l' injluence des chlorures sur la nitrification. Note
de MM. J. Crociietelle et J . Dumoxt, présentée par M. Dehérain.
« Les expériences que nous avons déjà exécutées (') sur l'influence
qu'exercent les sels de potasse sur la nitrification nous ont montré que
(') Compt.es rendus, t. GXMI, ]). 670; t. CXMII, p. 6o4.
( 94 )
si le carbonate et le sulfate de potasse étaient efficaces, il n'en était plus
de même pour le chlorure de potassium.
» M. Schlœsing a reconnu du reste, depuis longtemps, que ce sel est
sans action.
» Quand, cependant, on verse une dissolution de chlorure de potassium
sur un sol qui n'est pas dépourvu de calcaire, on reconnaît que les eaux
d'égoutlage renferment du chlorure de calcium, ce qui implique la forma-
tion du carbonate de potasse dont nous avons constaté l'influence favo-
rable; nous avons pensé que si cette action n'était pas manifeste après
remploi du chlorure de potassium, c'était, sans doute, parce que le chlo-
rure de calcium formé en même temps que le carbonate de potasse avait
une influence nuisible.
» Les expériences suivantes démontrent la justesse de cette hypothèse.
Azole nilrifié, en vingt Jours, dans looos'' de terre ayant reçu différentes doses
de chlorure de calcium.
Chlorure de calcium
Azote nitrique
pour looos'.
en niilli^raniine;
er
0,00
29>2
0,25
16,0
o,5o
ij,9
1 ,00
i3,8
1 ,5o
0 0
10,0
3,00
11,8
0,00
",9
8,00
ji,3
10,00
11 ,0
» Ce point étant acquis, nous avons eu l'idée de débarrasser la terre,
par une pluie artificielle, de la présence du chlorure de calcium provenant
de la l'éaction des chlorures alcalins sur le calcaire.
» Si, en effet, l'influence retardatrice du chlorure de calcium est bien
la cause du peu d'action du chlorure de potassium, nous devions trouver
que les terres ainsi débarrassées d'une matière nuisible devaient former
plus de nitrates que celles dans lesquelles le chlorure de calcium était
resté. On sait combien ce corps est soluble : en faisant passer, au travers
d'un échantillon de looS' de terre, assez d'eau pour recueillir 5o'^'=, on en-
lève la majeure partie de ce sel.
» En mettant en comparaison des terres ayant reçu les mêmes doses de
( 95 )
chlorure de potassium ou de sodiuin, lavées ou non, nous avons obtenu
les nombres suivants :
Azole nilrif/iie. en milligranimcs, oblenit en vingt joiir.i dans looos'' c/e terre.
Clilorure'ile potassium Clilorurc de sodium
pour lOooB'. lavé. non lavé. lavé. non lavé.
in?r mgr nigr ojgr
o 35,5 35,5 33,1 33, i
0,25 43,5 35,2 35,2 19 1 5
o,5o 69,3 33,6 52,3 18,2
1,00 57,3 21,4 54,8 17,0
i,5o 55,5 19,5 5o,4 i4)5
2,00 54,2 i5,7 45,0 i5,7
5,00 5o,4 i4i5 39,0 16,3
8,00 32,2 i3,9 35,2 i5,7
10,00 3o,i 12,4 32,1 a 10,1
» Ainsi, la terre qui a reçu du chlorure de potassium à la dose de oS' , 5o
par kilogramme nitrifie deux fois mieux que la terre normale pourvu
qu'elle ait été débarrassée du chlorure de calcium par un lavage; ceci
explique les actions très différentes d'une année à l'autre qu'exercent les
chlorures sur l'abondance des récoltes : pendant les années pluvieuses ils
sont favorables, tandis que leur effet est nul ou franchement nuisible pen-
dant les années sèches.
>) De I à 5 millièmes le chlorure de potassium exerce une action favo-
rable, mais aussitôt que les doses augmentent la quantité de nitrates formés
diminue.
» Le chlorure de sodium à la dose de -^^ provoque une nitrification
semblable à celle du chlorure de potassium, et il est facile d'en comprendre
la raison : le sel marin se transforme en effet dans le sol non seulement en
chlorure de calcium et en carbonate de soude, mais il se dédouble aussi
dans les terres riches en potasse pour former du chlorure de potassium.
» Nous rappellerons la curieuse expérience de IM. Dehérain qui, ayant
semé des haricots dans des pots à fleurs, et les ayant fait périr en les arro-
sant avec des dissolutions de sel marin, reconnut à l'analyse des cendres
que les plantes n'avaient pas absorbé de chlorure de sodium, mais étaient
mortes d'une pléthore de chlorure de potassium. On conçoit, par suite,
que le chlorure de sodium, eu se transformant dans le sol en chlorure de
( 9^' )
potassium, exerce une acLiou analogue à relie du chlorure de potassium
direcLement ajouté.
» L'efficacité du chlorure de potassium pour provoquer la nitrification
est bien due à sa transformation en carbonate de potasse sous l'influence
du calcaire, car son action est nulle dans les terres dépourvues de carbo-
nate de chaux. »
ZOOLOGIE. — Un nouveau cas de commensalisme : association de Vers du
genre Aspidosiphon avec des Polypes madréporaires et un Mollusque bivalve.
Note de M. E.-L. Bouvier, présentée par M. Edmond Perrier.
« Dans leur Monographie des Turhinolides publiée en 1848, Milne-
Edwards et Jules Haime ont signalé l'association de Mollusques gastéro-
podes avec des Polypes madré|)oraires qu'ils ont rangés plus tard (^Histoire
naturelle des Csralliaires, t. II, p. 5i, 1857 et t. III, p. 63, 1860) dans les
genres Heterocyathus, Heteropsarnmia et Stephanoseris. Ct^ phénomène de
commensalisme a également attiré l'altention de Deshayes (^Catalogue des
Mollusques de l'île de la Réunion, p. 65, i863) qui a considéré les com-
mensaux des Polypes comme des Gastéropodes à tours disjoints et qui a
formé pour eux, dans la famille des Vermétides, le genre Cryptobia.
Deshaves a exactement décrit les perforations respiratoires qui traversent
le squelette des Polypes pour aboutir au cor[)s de leur hôte; il a observé
en outre que la coquille du Mollusque persiste jusqu'à l'orifice externe
dans les Heteropsarnmia , mais non dans les Heterocyathus, que ses tours
disjoints n'ont pas la surface lisse et brillante de ceux qui sont restés con-
tigus, enfin qu'il v a lieu d'attribuer celte différence à une « dissolution
progressive de la matière du polypier dont le Mollusque aurait comblé les
porosités. »
» Grâce aux riches matériaux que M. le D"" Jousseaume a recueillis à
Aden, et qu'il m'a très obligeamment communiqués, j'ai pu reprendre
cette étude et je suis arrivé aux curieux résultats suivants :
» Les Polypes des genres Heterocyathus et Heteropsarnmia se fixent, pro-
bablement au sortir de la vie embryonnaire, sur des coquilles vides, mais
toujours très petites, de divers Gastéropodes; aussitôt fixés, ils reçoivent
pour commensaux de jeunes Géphvriens du genre Asjiidosiphon qui se logent
dans la cavité de la coquille et s'enroulent en spirale comme elle. Les
deux commensaux se développent ensuite simultanément; le Polype enva-
( 97 )
hissant de plus en plus la coquille qu'il recouvre complèlement et cpi'il
fmil par déborder; le ver croissant de son côté sous la forme d'une spirale
à tours disjoints et provoquant, dans le tissu calcaire du Polype, une
cavité de même forme qui prolonge celle de la coquille et qui s'ouvre au
dehors par un orifice arrondi.
» En même temps que croissent le Polype et son hôte, celui-ci sécrète un
tube qui prolonge celui de la coquille, mais qui en diffère par son épaisseur
plus faible, par son union intime avec le tissu du polypier, ainsi que pau
l'aspect de sa surface interne qui n'est ni lisse, ni brillante comme celle de
la coquille; dans les Heleropsammia, le tube ainsi formé atteint le plus sou-
vent l'orifice externe; il se développe, au contraire, plus lentement et
n'atteint pas cet orifice dans les Heterocyathus. Pour se maintenir en rela-
tion directe avec le milieu respirable, le ver dissout, suivant certaines lignes
normales à sa surface, les éléments calcaires environnants, et donne nais-
sance de la sorte à des perforations linéaires qui servent à l'entrée et à la
sortie de l'eau ambiante. La formation de ces sortes d'évents est due, sans
doute, à l'action dissolvante qu'exerce sur le calcaire la sécrétion de cer-
taines glandes cutanées.
» Les vers commensaux des Polypes sont munis d'une longue trompe
])rolractile et de deux boucliers solides formés par la juxtaposition de pièces
cornées. La trompe se termine par une couronne péribuccale de courts
tentacules et présente à sa surface de nombreuses rangées transversales de
crochets à une pointe; c'est un organe de préhension dont l'animal se sert
pour capturer sa proie; mais elle sert aussi, grâce à ses crochets, à la
locomotion des deux commensaux, car M. Jousseaume a vu le ver la projetei-
au dehors, l'appliquer sur le fond comme pour y trouver un point d'appui,
et la contracter ensuite de manière à entraîner le Polype. Les boucliers sont
au nombre de deux, comme dans toutes les espèces du genre Aspidosiphon ;
le premier est sillonné de stries transversales en avant, de stries longitudi-
nales en arrière, il est situé près de l'anus et à la base de la trompe; le
second occupe l'extrémité postérieure du ver et a la forme d'un cercle
sillonné par des rayons. Je ne sais quel est le rôle de ce dernier, mais le
bouclier anal ferme l'orifice du tube quand l'animal est rétracté, et joue
par conséquent, le rôle d'opercule protecteur.
)) Ces vers appartiennent à deux espèces nouvelles dont l'une habite les
Heleropsammia, l'autre les Heterocyathus. La première se rapproche beau-
coup de Y Aspidosiphon mirabilis Thée\, des mers de Suède, mais elle en dif-
fère par son habitat, par la forme de ses nc|)hridies et par le nombre des
C. n., 1894, a» Semestre. (T. CXIX, N» 1.) I -^
( 9» )
Jours du tube digestif; la seconde est voisine d'une espèce malaisienne,
VJ. raviis Sluiter, dont elle se distingue aisément par les sillons de ses bou-
cliers. Deshayes ayant proposé, pour les Gastéropodes qu'il croyait com-
mensaux des deux Polypes, les noms àcCryptohia heteropsammiarum et de
C. Michelini, il sera bon d'attribuer au Géphyrien des Heleropsammia le nom
iV A. heteropsammiarum et à celui des Heterocyathus le nom A' A. Michelini.
') Le commensalisme des Aspidosiphons se complique, au moins chez
J'^. Michelini, par la présence des jeunes d'un très petit Mollusque la-
mellibranche (la Kellia Deshayesi, s. p. nov. de M. Jousseaume) qui A'ient
se loger dans la cavité habitée par le Ver et qui se niche dans des dépres-
sions à la surface de ce dernier; quand les commensaux sont adultes, ces
bivalves sont au nombre de douze environ. Ils trouvent leur subsistance
dans le courant d'eau qu'amènent, à l'intérieur de la cavité spirale, les
perforations linéaires des Polypes.
En résumé : i*^ les Heleropsammia et les flsieTOcya//HZ5 ont pour com-
mensaux un Ver du genre Aspidosiphon et non un Gastéropode; 2° chaque
Polype a son espèce particulière et se développe avec elle; 3° les coquilles
sur lesquelles se fixent les Polypes sont quelconques et ne sauraient for-
mer un genre distinct ; 4° le tube rugueux qui leur fait suite n'appartient
pas à leur substance, mais est formé par le Ver; 5° l'association du Ver et
du Polype se complique, au moins chez les Heterocyathus, par la présence
d'un troisième commensal qui est un Mollusque bivalve.
» Abstraction faite de ce dernier animal, le commensalisme des Aspido-
siphons avec des Polypes rappelle à tous égards celui du Parapagurus pi-
losimanus avec les colonies d'Epizoanthe ( ' ). »
ANATOMIE. — Transformation des arcs aortiques chez la Grenouille.
Note de M. S. Jourdain, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« Au cours des reciierches que depuis plusieurs années je poursuis sur
les Grenouilles, j'ai eu l'occasion d'étudier, à l'aide des injections, les
transformations que subissent les gros vaisseaux, issus du bulbe aortique,
lors du passage de la vie aquatique à la vie aérienne. Les résultats de mes
observations diffèrent à tel point de ceux qui sont consignés dans les
traités de Zootomie, que je me suis décidé à en entretenir l'Académie.
(') Travail lail au iaboiatoire de JM. le professeur Edmond Perrier,
(99)
» On sait que chez le Têtard de Grenouille, les branchies sont an
nombre de quatre. La quatrième, celle qui est placée en arrière, est nota-
blement moins (léveloj)pée que les trois autres.
» Pour rendre ma description plus intelligible, je dois modifier, à cer-
tains égards, la terminologie adoptée. Je nomme crosses bulbaires les gros
vaisseaux, au nombre de quatre, qui apportent le sang noir aux branchies;
vaisseaux hypohranchiaux la portion subdivisée de chacune de ces crosses
qui se distribue aux branchies, et vaisseaux: épihranchiaux celle qui rap-
porte le sang hématisé à l'origine des artèi^es nées de ces épibranchiaux.
Ces artères sont, pour le premier arc, les carotico-linguales; pour le
deuxième, l'aorte; pour les troisième et quatrième la cutanée respiratoire
et la pulmonaire.
» Les vaisseaux épibranchiaux sont, de chaque côté, reliés les uns aux
autres, à peu de distance de leur émergence de la branchie, par des ra-
maux anastomotiques dirigés longitudinalement et que je nomme rameaux
connectifs.
» Enfin il est important de noter la présence d'un réseau anastomotique
court et large, que je désignerai sous le nom à' interbranchial , qui établit
une communication de plus en plus libre entre les hypo et les épibran-
chialesvers le point où ces dernières sortent de la branchie.
» D'une manière générale, la constitution du type circulatoire définitif
est réalisée par l'abouchement direct des crosses bulbaires avec l'origine
des. artères issues des épibranchiales, par l'intermédiaire des interbran-
chiales, et la disparition de tout le système circulatoire branchial avec la
branchie elle-même.
» Voyons maintenant comment les choses se passent pour chacun des
arcs branchiaux.
» Premier arc. — Le court lacis vasculaire qui représente l'inlerbran-
chiale établit une communication directe entre la première crosse bulbaire
et la carotico-linguale, qui en l'orme alors la terminaison. L'interbran-
chiale devient la glande carotidienne. La connective i à 2 disparaît.
» Deuxième arc. — Une anastomose à plein canal se forme, au moyen
de l'inlerbranchiale, entre la deuxième crosse bulbaire et l'origine de
l'aorte. La connective 2 à 3 s'atrophie.
» Troisième et quatrième arcs. — Pour ces arcs, la transformation est plus
complexe.
» Par l'intermédiaire de l'interbranchiale 3 et de la connective 3 à 4.
qui subsiste, la troisième crosse bulbaire se continue avec le vaisseau al'fé-
( 'oo )
rent du poumon ou artère pulmonaire, dont l'origine principale est l'épi-
branchiale du quatrième arc.
» La quatrième crosse bulbaire, qui n'est qu'une subdivision de la troi-
sième, devient inutile et s'atrophie.
» L'artère pulmonaire de l'adulte constituée par les divers tronçons que
je viens d'énumérer (crosse bulbaire 3, interbrancbiale 3, connective 3 à 4)
donne naissance, au niveau de la troisième branchie, à un vaisseau qu'on
peut rapporter à l'épibrancliiale de cette branchie, et qui forme cette
branche si intéressante de l'artère pulmonaire qu'on nomme cutanée respi-
ratoire.
» I-orsque le sac pulmonaire commence à s'organiser, il reçoit un vais-
seau alimenté par 1 épibranchiale du quatrième arc et aussi par la connec-
tive 3 à 4- Il résulte de cette disposition que ce vaisseau du poumon, qui
n'est autre chose que l'artère pulmonaire, reçoit du sang déjà hématose,
mélangé d'une petite quantité de sang noir provenant des anastomoses
interbranchiales. C'est qu'en effet, au début, cette artère est un Aaisseau
nourricier assimilable aux autres artères.
» Vers le terme de la vie larvaire, lorsque le poumon fonctionne comme
organe de respiration, l'artère conserve son rôle de nourricière, mais, en
outre, le sang qu'elle contient se surhématose et les veines pulmonaires
rapportent au cœur du sang rouge pur.
» Chez l'adulte enfin, l'artère pulmonaire charrie du sang noir presque
pur commençant à réaliser les conditions circulatoires des Vertébrés à ven-
tricules séparés. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la respiration des feuilles. Note de M. L.
Maquenne, présentée par M. Dehérain.
« Dans l'acte de la respiration normale, l'absorption d'oxygène et le
dégagement d'acide carbonique ont lieu simultanément; l'analyse de l'air
modifié par le séjour d'un organe végétal ne donne par suite que la résul-
tante de ces deux actions et il est impossible, par l'analyse seule de l'atmo-
sphère modifiée par le séjour d'une pLuite, de savoir si l'acide carbonique
dégagé provient, comme dans la fermentation, du dédoublement d'une
matière préalablement oxydée, ou s'il résulte de la combustion pure et
simple de quelque principe directement oxydable à l'air, que la plante éla-
borerait d'une manière continue. Dans le premier cas, l'absorption d'oxy-
( lOI )
gène serait en quelque sorte indépendante de la production d'acide carbo-
nique; dans le second, les échanges gazeux seraient, au contraire, en
relation intime et réellement simultanés.
» Le phénomène bien connu de la respiration intracellulaire, qui s'ac-
complit même à l'abri de l'oxygène, dans le vide ou dans une atmosphère
inerte, pourrait être invoqué en faveur de la première hypothèse; cepen-
dant on sait que le dégagement d'acide carbonique est alors beaucoup
moins considérable qu'à l'ordinaire et que sa production est accompagnée
de celle d'une petite quantité d'alcool; ce dernier, d'après M. Miintz (' ),
étant anormal, on peut admettre qu'il en est de même pour l'acide carbo-
nique, d'où il résulte que la respiration intracellulaire peut n'être que la
conséquence du changement de milieu.
» Il m'a semblé qu'en étudiant de plus près la vie d'une plante privée
d'air, on pourrait peut être éclairer davantage le mécanisme de la respira-
tion : si, en effet, conformément à notre seconde hypothèse, la cellule vi-
vante sécrète constamment un produit combustible qui, par simple exposi-
tion à l'air, s'oxyde et dégage de l'acide carbonique, ce produit doit s'v
accumuler si on la soustrait systématiquement à l'action de l'oxygène, et
plus tard, si on. la replace dans l'air, sa respiration doit en être accrue
d'autant.
» Pour vérifier cette manière de voir, j'ai comparé la respiration de dif-
férentes espèces de feuilles à l'état normal et après un séjour de quelques
heures dans le vide de la trompe à mercure; pour éviter toute erreur pro-
venant de l'individualité des sujets mis en expérience, les feuilles étaient
prises toujours sur la même plante, choisies dans les deux cas de même
poids et autant que possible de même âge.
» Les gaz ont été extraits à la trompe, suivant la méthode que nous
avons déjà employée, M. Dehérain et moi (-); les mesures et les analyses
ont été faites dans l'eudiomètre de M. Schlœsing, faisant office de volumé-
nomètre.
» J'ai ainsi reconnu, comme je l'avais supposé a priori, que, dans tous
les cas où la plante résiste à l'action du vide, sans subir d'altération appré-
ciable, elle dégage ensuite, dans l'air, une plus grande quantité d'acide
carbonique que la même plante, prise à l'état normal. Les nombres qui
suivent ne sauraient laisser aucun doute à cet égard : ils sont tous relatifs
(') Comptes rendus, t. LXXXVI, p. 49.
(^) Comptes rendus, t. C, p. 1234.
( '"2 )
à des feuilles détachées de leur tige; la durée de séjour dans le vide a été
uniformément de quatre heures et l'on a eu soin au début de chaque expé-
rience, avant de replacer les feuilles dans l'air, d'extraire tout l'acide car-
bonique que celles-ci avaient dégagé par suite de leur respiration intra-
cellulaire.
ce dégagé
en C0= dégagé en une heure
Désignation Poids quatre heures dans l'air.
des des dans —^ -^ •
feuilles. feuilles. Température, le vide. État normal. Après vide,
gr 0 ce ce ce
Fusain du Japon .. . 3,o5 16 i,4 0,66 1,06
Id. ... 3,9.5 i4 i>2 0,61 0,89
Id. ... 3,5o i4 1,1 0,73 1,01
Id. ..'. 4,3o 20 1,7 1,48 1,90
Td. ... 4,65 i4 1,2 0,66 I ,07
Lilas 4,55 18 2,5 1,39 2,02
Id 2,95 21 2,0 0,80 i,5i
Id 3,80 21 2,5 1,07 t,96
Girollée 3,70 18 1,9 1,22 2,43
» 3,75 20 2,0 1,87 2,76
Aster 3,20 20 1,9 1,52 2,47
Buis 4)00 20 2,0 1,34 1,54
)) Il est utile de faire observer que certaines feuilles particulièrement
délicates, comme celles du blé, de la luzerne ou de la pomme de terre, ne
supportent pas impunément un séjour quelque peu prolongé dans le vide;
après quelques heures on les voit se flétrir, changer de teinte et finale-
ment prendre une odeur spéciale qui indique une modification profonde
de leurs tissus; dans ces circonstances il est clair que l'étude ultérieure de
la respiration dans l'air ne peut plus conduire à aucun résultat intéressant
et qu'il nous faut renoncer à l'emploi de cette méthode pour les espèces
végétales très sensibles.
» D'ailleurs on observe généralement, dans ces cas particuliers, l'in-
verse de ce que montrent les espèces plus résistantes : la diminution du
volume d'acide carbonique produit est alors corrélative de l'affaiblissement
des fonctions vitales et ne saurait s'expliquer d'iuie autre manière.
)) Le phénomène que nous venons de signaler n'est pas le seul qui ré-
sulte du séjour préalable de la plante dans le vide; l'absorption d'oxygène
qui se produit ensuite est influencée de la même manière et nous aurons
prochainement l'occasion d'y revenir en étudiant les variations du rap-
port —^ consécutives à la privation momentanée d'air. »
( 'o3 )
BOTANIQT.'E. — Mécanisme des moiivemenls provoqués du Berbcris.
Noie de M. Gustave Chauveaud, présentée par M. Duchartre.
« On sait depuis longtemps qu'il suffit de toucher légèrement la face
interne du filet slaminal du Berberis, pour le voir s'infléchir brusquement
et venir appliquer son anthère sur le pistil. Mais le mécanisme de ce mou-
vement était demeuré inconnu jusqu'ici ('). Plusieurs tentatives, il est
vrai, ont été faites pour appliquer au Berberis la théorie proposée pour la
Sensitive, par exemple, dans laquelle l'expulsion et l'afflux de l'eau jouent
un rôle important. C'est ainsi que Pfeffer, pour tourner la difficulté résul-
tant de l'absence de méats ( -) dans le tissu irritable du Berberis, indiqite la
présence d'une « substance intercellulaire », susceptible de se gonfler beau-
coup et de faciliter par cette propriété le transport de l'eau expulsée des
cellules irritées. Il déclare même qu'il a pu observer l'expulsion d'une
gouttelette d'eau lors de la contraction d'une étamine qu'il avait sectionnée
transversalement (').
)) Je vais essayer de montrer que ce rôle attribué à l'eau n'existe pas et
que c'est par un mécanisme fort simple que s'effectue le mouvement du
Berberis.
» En plaçant une étamine coupée ii sa base dans un endroit sec, on
peut, après son redressement, provoquer chez elle une nouvelle flexion,
puis, après sou retour à l'état de repos, un autre mouvement, et ainsi de
suite, comme cela, pendant un certain temps. Or, si chaque contraction
s'accompagnait réellement d'une expulsion d'eau, comme le dit Pfeffer, le
second mouvement déjà serait rendu impossible, puisque l'étamine placée
dans l'air sec est séparée du corps de la plante, par conséquent dans des
conditions telles qu'elle ne peut réparer aucune perte d'eau. Cette expé-
rience prouve donc la non-intervention de l'eau.
» Etudions maintenant la structure anatomique.
» Le filet du Berberis (') présente, en dedans du faisceau libéro-ligneux,
(') Van TiEGHEJi, Traité de Botanique, 2" édit., p. 43.^.
(-) D'après Ukger, Anatoniie, p. 4'9; i855.
(■') W. Pfeffer, Physiolog. Untersuch., p. i58; 1873.
(') J'iii en vue spécialement le Berberis aristata, mais j'ai constaté sur les espèces
citées par les auteurs les divergences que je signalerai.
( io4 )
un tissu spécial qui occupe environ les deux tiers de sa section transver-
sale et les deux tiers de sa longueur. Ce tissu est formé de cellules étroites,
allongées, serrées les unes contre les autres, mais laissant toutefois entre
elles, surtout vers leurs extrémités, de petits méats.
» Les parois transversales de ces cellules sont minces; leurs parois lon-
gitudinales, au contraire, sont épaisses, mais demeurent cellulosiques et
présentent de nombreux amincissements. Ces amincissements disposés
suivant des lignes transversales, en même temps qu'ils facilitent les
échanges rapides entre les cellules, constituent la disposition mécanique
la plus favorable à la flexion dans le sens de la longueur (').
» Ce tissu élastique est revêtu d'une assise qui continue l'épiderme sur
la face interne et s^u- les faces latérales du filet, mais qui présente avec lui
des différences profondes tant dans la forme que dans le contenu de ses
cellules. Celles-ci sont arrondies par leur face liJire et leurs parois sont
très minces, sauf la paroi profonde qui est notablement épaissie. Leur con-
tenu, beaucoup plus opaque que celui des autres cellules épidermiques,
possède des propriétés tout ;i fait spéciales. C'est, en effet, cette assise,
superficielle ou épidermique, circonscrite aux faces interne et latérales
de la région moyenne du filet, qui constitue l'élément essentiellement actif
de cet organe. Le tissu sous-jaccnt lui prête son élasticité et sa souplesse.
Quant aux autres parties du filet : faisceau libéro-ligneux et parenchyme
de la face externe, elles sont tout à fait passives dans le mouvement
qu'elles exécutent (-).
» A l'état de repos, le protoplasma de chaque cellule de l'assise motrice
se montre condensé en une bande épaisse appliquée sur le fond de la cel-
lule. Sous l'influence d'une irritation mécanique physique ou chimique, du
plus petit choc, par exemple, ce protoplasma réagit : la bande se détend
subitement, se courbe en arc et, tandis que ses bords tirent sur les parois
transversales, son milieu convexe presse contre la paroi externe qui se
bombe encore davantage, de telle sorte que la cellule se raccourcit et aug-
(') Celte disposition anatomique qui me parait caractéristique du K'ssu irritable
des végétaux ne semble pas avoir été indiquée par les auteurs.
Par contre, on ne constate point la présence de la a substance intercellulaire »,
dont parle PfefTer {loc. cit., p. i58).
(-) On ne constate au repos, contrairement à l'opinion de Snetzler (voir Sur le
Berberis, in Bull, de la Soc. vaudoise des Se. nat., t. X, 1869; p. i3), aucune dilTé-
rence de tension entre les divers tissus et je n'ai pu observer aucun retrait de l'épi-
derme qui mettrait à nu la base de l'étamine qu'on vient de couper.
( 'o> )
mente d'épaisseur. L'ensemble des cellules motrices constitue une lame
située, ainsi que nous venons de le voir, du côté interne du fdet dans sa
région moyenne; leur déformation entraîne une déformation de la lame
qui s'incurve vers l'intérieur de la fleur entraînant dans son mouvement
l'étamine tout entière. La déformation est très grande, mais le changement
de volume est faible et la nature du tissu sous-jacent avec ses petits méats
pleins d'air suffit à l'expliquer.
» Ainsi, la région sensible de l'étamine, non seulement correspond à la
région motrice, mais encore se confond avec elle, puisque c'est l'assise su-
perficielle qui possède cette double propriété. On comprend facilement
dès lors pourquoi un léger attouchement produit sur l'épiderme de cette
région provoque immédiatement une réaction très vive, tandis que sur un
point voisin il peut n'éveiller aucune action.
» Les mouvements de contractilité des cellules motrices sont très ra-
pides; ils exigent, d'autre part, pour se manifester, l'intégrité complète de
la cellule, aussi sont-ils peu faciles à suivre dans toutes leurs phases. Toute-
fois il est possible d'arriver à saisir les phases extrêmes de leur évolution.
On y parvient en employant comme fixatif l'acide osmique sous différents
états. Alors, à Vétat de repos, on voit le protoplasma former une bande
colorée en noir foncé, appliquée contre le fond de chaque cellule motrice.
Sur une coupe longitudinale du filet, l'ensemble de ces bandes noires
situées bout à bout donne un ruban sensiblement rectiligne dont la colo-
ration s'atténue peu à peu vers ses extrémités qui correspondent aux
limites de la région sensible. A l'élat de tension, au contraire, la bande se
détache dans chaque cellule motrice sous forme d'un arc noir et l'en-
semble de ces arcs donne, sur la coupe longitudinale, un long ruban ondulé
dont la forme générale dessine une courbe très accentuée. Dans l'un et
l'autre cas, ces deux bandes se détachent fortement par leur coloration
noire sur le reste de la coupe qui est incolore.
» Ces deux aspects sont représentés par les photographies que je sou-
mets à l'Académie. Ces photographies, ayant été obtenues directement sans
coloration préalable des autres tissus, ne montrent pas les détails de
structure de ces derniers, mais elles mettent en év idence les modifications
essentielles de l'organe moteur du Berheris. »
C.R.,i8o4 a- Semestre. (T. CXIX, N" 1.) ' '^
( io6 )
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — La brûlure des feuilks de la Vigne produite par
/'Exobasidiiim Vitis. Note de ftlM. Prillieux et Delacroix, présentée par
M. Duchartre.
« Depuis quelques semaines, nous recevons au Laboratoire de Patho-
logie végétale, de régions viticoles diverses, des feuilles de Vigne présen-
tant des altérations généralement^désignées sous le nom de Rougeot ou de
Briilure.
« Les feuilles atteintes de cette maladie, qui cause aux vignerons une
certaine inquiétude, présentent une apparence assez caractéristique. Leur
coloration se modifie; elles prennent une nuance livide qui parle dessè-
chement devient fauve surtout sur le bord. En même temps, se marquent
sur le limbe des places qui se colorent en rouge pourpre ; elles modifient
à peine, au début, le ton vert de la feuille, mais leur coloration devient de
plus en plus intense en même temps que leur surface grandit et souvent
on voit toute la portion marginale desséchée et jaunâtre, tandis que la par-
tie centrale du limbe encore vivante se colore en rose.
» Sur les portions tuées, on voit apparaître des sortes d'efflorescences
blanches, concrètes, ressemblant à une fine poussière de plâtre ou de craie,
formant çà et là de petits amas plus épais et d'un blanc plus mat. Elles sont
produites par les filaments fructilères d'un parasite qui, en sortant par
touffes du tissu de la feuille malade, répandent autour d'eux des myriades
de spores.
» Nous avons reçu de pareils échantillons du Bordelais, de la Charente
et du Beaujolais. Sur tous, nous avons constaté la présence du même pa-
rasite qui nous paraît ne pas différer de celui que MM. Viala et Boyer ont
observé en 1891 sur des grains de raisin récoltés à Beaune et conservés
dans l'alcool dans les collections de l'École d'Agriculture de Montpellier et
qu'ils ont décrit sous le nom à' Aureobasidiurn Vitis.
» Le mycélium légèrement jaunâtre est cloisonné, assez lâche et à peine
agrégé; ses ramifications ultimes très grêles, qui s'insinuent entre les
cellules, sont hvalines. Par places il crève l'épiderme et émet des touffes
de filaments les uns stériles et s'allongeant à la surface^de la feuille, les
autres fertiles. Ces derniers se renflent le plus fréquemment en massue à
leur extrémité et deviennent de véritables basides qui portent un nombre
variable de spores à l'extrémité de très courts stérigmales; parfois cepeii-
( I07 )
dant, tout en produisant des spores à son extrémité, le Hlament fructifère
reste cylindrique. Le plus souvent la baside termine le fdament mycélien,
mais elle peut aussi être latérale et se former à l'extrémité d'une courte
ramification. Parfois un rameau devient baside, tandis que le filament prin-
cipal reste stérile et s'allonge. Il y a des filaments grêles et peu cloisonnés
qui se terminent en basides; il y en a d'autres plus gros, formés d'éléments
courts, à parois plus épaisses, d'apparence toruloïde, qui sont souvent
stériles, mais qui, dans certains cas, produisent des rameaux latéraux se
renflant en basides ou donnent des spores sur leur dernier article.
» Les basides sont toujours hyalines , à plasma granuleux fortement
guttulé. Leur largeur varie ordinairement entre 8a et lo;/.. L'insertion des
spores est le plus souvent terminale sur la baside; parfois, cependant, elle
descend un peu sur le côté pour une ou plusieurs spores.
)) Le nombre des spores sur chaque baside varie de a à 9. Il est toujours
plus considérable sur les basides terminales; sur les latérales, on n'en voit
souvent que 2 ou 3.
» Les spores sont tout à fait hyalines, droites, rarement un peu arquées,
tantôt ovoïdes, tantôt cylindriques, atténuées aux deux bouts. Leur forme
et leur taille sont très variables; leurs dimensions oscillent en général
entre 12 [j. et 16 [x de long pour une longueur de 4 y- ^ 6,5 [;.. Elles ger-
ment en bourgeonnant à la façon des levures. Il se forme dans leur plasma
des vacuoles qui le séparent souvent en plusieurs masses, mais il ne s'y
produit pas de cloisons. Aux deux pôles de la spore se montrent des bour-
geons, uniques la plupart du temps, quelquefois au nombre de deux sus-
ceptibles de proliférer en donnant un court chapelet.
)) Cette espèce ne nous paraît pas offrir de caractères essentiels qui
permettent de la séparer du genre Exobasidium. Si l'irrégularité de forme
des basides et les spores subsessiles l'éloignent un peu du type Exobasi-
dium, elle s'en rapproche beaucoup par le nombre considérable et en
même temps variable des spores naissant sur des basides disposées en
touffes et aussi par le mode de germination de ces spores qui est le même
que celui des Exobasidium, avec cette légère différence qu'elles ne se cloi-
sonnent pas en germant; il est fort différent de celui des Hypochnées aux-
quelles MM. Viala et Boyer ont rattaché leur genre Aureobasidium et dans
lesquelles en outre les basides sont régulières et portent deux ou quatre
stérigmates.
» f'e parasite, produisant la brûlure des feuilles de la Vigne en mai et
juin et attaquant les raisins en automne, doit donc, selon nous, être rap-
( 'oS )
porté au genre Exobasidium sous le nom à' Exobasidium Vins. Nous ne con-
naissons pas encore exactement l'intensité des dégâts qu'il cause cette
année dans les vignes. Un de nos correspondants, M. Cheysson, nous as-
sure qu'à Chiroubles, dans le Beaujolais, il a produit, au dire des vigne-
rons, autant de mal qu'une grêle.
» La maladie ne paraît pas avoir été arrêtée par les traitements cupri-
ques, mais peut-être ont-ils été effectués trop tardivement. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une nouvelle maladie du Blé causée par une
Chylridinée. Note de M. A. Prunet, présentée par M. Duchartre.
r
« Dans certaines régions de divers départements du Sud-Ouest, la
Haute-Garonne, le Gers, le Tarn, etc., le Blé se montre actuellement
atteint d'une maladie déjà redoutable par les effets qu'elle a produits, mais
dont on ne pourra mesurer toute la gravité qu'à l'époque de la moisson.
» La maladie est caractérisée par un arrêt de croissance suivi, après
un temps variable, d'un jaunissement et d'une dessiccation progressive
des feuilles d'abord, puis de la plante entière survenant à divers stades de
l'évolution du Blé; de telle sorte que, dans un même champ, on peut trou-
ver des chaumes malades ou morts de o™, lo à o", 1 2 de hauteur et d'autres
ayant presque atteint la taille normale. Les chaumes jaunis ou desséchés
et plus ou moins rabougris forment dans les emblavures des taches qui
s'accroissent de plus en plus et prennent souvent des dimensions consi-
dérables.
» Cette maladie est causée par un Champignon parasite appartenant à la
famille des Chytridinées, dont j'ai pu étudier l'organisation et en grande
partie le développement.
)) Comme dans toutes les Chytridinées, les spores sont mobiles; ce-sont
des zoospores. Elles pénètrent dans les tissus du Blé en perçant les parois des
cellules périphériques. En germant, elles produisent un mycélium ramifié,
intracellulaire, fort étendu, composé de fdaments purement protoplas-
miques, très délicats, d'une extrême finesse, difficiles à voir. De distance
en distance, un filament se renfle et donne naissance à une sphère termi-
nale ou intercalaire pourvue d'un noyau et représentant un zoosporange.
Il ne se forme habituellement qu'un zoosporange par cellule. D'abord nus,
les zoosporanges s'entourent plus tard d'une fine membrane; en grandis-
sant ils deviennent d'ordinaire ovoïdes ou pyriformes ou se moulent sur
( '09 )
les parois de la cellule qui les renferme et qu'ils remplissent alors com-
plètement. Le mycélium qui les accompagne disparait en général avant
qu'ils aient atteint leur taille définitive. Les zoosporanges mûrs ont un dia-
mètre compris entre i5y. etSojx. Ils s'ouvrent dans la cellule même qui les
contient par un orifice apical rarement placé à l'extrémité d'une courte
])apille. Les zoospores, d'abord plus ou moins anguleuses, deviennent en-
suite sphériques; elles sont pourvues d'un cil et renferment un noyau ré-
fringent; leur diamètre est d'environ 3 p.. Après s'être fixées à la paroi, elles
rétractent leur cil, s'entourent d'une membrane et, à leur tour, donnent
naissance à un mycélium ramifié qui s'étend dans les cellules voisines et
fournit un nombre variable de zoosporanges, ou bien elles se transforment
directement en zoosporanges. Des zoosporanges secondaires se forment
parfois à l'intérieur de zoosporanges qui se sont vidés de leur contenu.
Assez souvent, les zoosporanges portent à leur base une petite vésicule
vide de protoplasma qui paraît provenir d'une bipartition précoce.
» Les zoospores peuvent traverser les parois cellulaires et pénétrer dans
les cellules avoisinantes. Pour cela, après s'être fixées, elles poussent un
fin filament qui perce la paroi et, peu à peu, le contenu de la spore par-
court l'étroit canal ainsi creusé et passe dans la cellule contiguë, laissant
en arrière la délicate membrane, maintenant vide, qui l'entourait. Les
jeunes zoosporanges peuvent se comporter de la même façon.
» Les générations se multipliant, toutes les parties de la plante se
trouvent peu à peu envahies : racine, tige, feuilles, fleurs; la présence du
parasite dans l'ovule en détermine l'avortement plus ou moins complet.
Le nombre des zoosporanges que peut contenir une cellule donnée aug-
mente aussi de plus en plus : j'en ai compté dix-neuf dans une seule cellule.
Des zoosporanges peuvent se rencontrer dans tous les tissus, même dans
des éléments sclérifiés à parois très épaisses et d'une extrême dureté. On
peut en trouver aussi à la surface des téguments; les zoospores qui s'y
trouvent contenues servent à la propagation du parasite.
» Lorsque la nourriture s'épuise, il ne se forme plus de zoosporanges à
évolution rapide, mais des zoosporanges de repos ou kystes, à parois
d'une grande épaisseur, de couleur brune, habituellement héi'issés d'émi-
nences coniques. Ces kystes sont plus ou moins sphériques et d'ordinaire
plus petits que les zoosporanges, lis permettent aux parasites de résister
plus efficacement à la sécheresse et au froid et de se perpétuer d'une année
à l'autre.
» Par la nature de son mycélium et le mode de formation de ses zoo-
( "O )
sporanges, la Chytridinée que je viens de décrire se rattache à la tribu des
Cladochytriées ('). Toutefois par son action sur la plante qui la nourrit,
par son extension considérable, par la forme ou le mode de déhiscence de
ses zoosporanges, par la coexistence de zoosporanges et de kystes, non seu-
lement elle ne correspond à aucune des espèces que renferment les quatre
genres de la Iribu, mais encore elle ne paraît pouvoir prendre place dans
aucun de ses genres. Je proposerai donc de créer, pour cette nouvelle
Cladochytriée, un cinquième genre, Pyroclonum (TiOpo:, blé, et x.tsivw, je tue)
et de l'appeler Pyroclonum sphœricum.
C'est la première fois qu'on voit une Chytridinée s'attaquer aux plantes
de grande culture et provoquer ime maladie grave à allure épidémique
bien marquée. Sanis doute, les pluies aboudantes du printemps dernier ont
singulièrement favorisé son extension, mais il serait dangereux décompter
exclusivement sur des conditions atmosphériques plus normales pour en-
rayer la marche d'un parasite appartenant à une famille dont les espèces
se font remarquer par une évolution extrêmement rapide, par des moyens
de reproduction presque illimités et par une rare puissance de destruction.
» Il sera prudent de brûler les chaumes des champs atteints et de re-
noncer pendant quelque temps à y cultiver du Blé. Dans les régions con-
taminées on devra éviter l'emploi du fumier de ferme dans les emblavures,
la paille des litières pouvant apporter des kystes, et comme des kystes
pourraient se trouver aussi dans les grains de Blé récoltés, il sera bon d'em-
prunter les semences à des régions restées indemnes. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — La hniiiissure en Algérie. Note de M. F. Debray,
présentée par M. Duchartre.
« Cette maladie s'est présentéedès le mois de mai dans certains vignobles
des environs d'Alger. La température est restée froide, brumeuse et les
grands vents ont été fréquents.
» Les Vignes atteintes se développent très lentement; leur végétation
est languissante, leurs feuilles plus petites que normalement; ou bien,
dans d'autres régions plus chaudes, les sarments se sont allongés comme
d'habitude, et ils ne sont attaqués, ainsi que les feuilles qu'ils portent, que
(') Dans le sens de J. Schroler {Die nalinlichen Pjlanzenfamilien von Engler
iinH Prand, Theil I. Abllieil, 1, p. 80).
( MI )
dans leur région infériiHuo, la partie supérieure semblant rester saine. T^cs
pieds les plus atteints perdent leurs sarments qui tous ou quelque-suns se
dessèchent dans toute leiu' longueur.
» On observe sur les feuilles les caractères qui ont été décrits par
MM. Viala et Sauvageau. La coloration des feuilles atteintes est brune
chez la plupart des cépages observes, et le début de la maladie s'annonce
par des ponctuations également brunes; chez le Carignan et le petit Bous-
chet, les ponctuations sont très rares, et les feuilles prennent de suite une
coloration rouge. Certaines feuilles présentent, en outre, sur leur face
inférieure, une teinte jaune soufre, due à la présence du parasite sur les
poils. Les feuilles très atteintes sont souvent gondolées et leur bord re-
courbé.
» Chez tous les cépages, les tiges présentent les symptômes qui ont été
décrits comme constituant l'anthracnose ponctuée, affection dont le para-
site était jusqu'à présent resté inconnu. Ces derniers symptômes sont très
accusés dans certains vignobles, tandis que, dans d'autres, ils sont peu
marqués et n'apparaissent que sur des pieds très attaqués. Ils sont toujoui's
présents sur les sarments tués par cette maladie.
M Le parasite a été rencontré dans les cellules superficielles des tiges,
des vrilles, des pétioles, dn limbe; on le trouve également à la surface de
ces organes et sur les poils. Il se présente sous la forme d'amas globuleux
aplatis ou irréguliers, lobés ou réticulés, contenant des vacuoles généra-
lement très petites.
» J'ai pu observer la formation des spores sur les poils de la Vigne. Le
plasmodium tapisse la surface d'un poil ou bien en englobe plusieurs dans
sa masse qui peut atteindre plus d'un dixième de millimètre de diamètre.
On voit se former sur la surface des lobes qui se pédiculisent. Ces
spores, à leur parfait développement, présentent un double contour; elles
sont ovales, lisses et leur grand diamètre mesure généralement lo^ à 12^^,
rarement 8^^ à g^ seulement.
» Le soufre et la bouillie bordelaise restent sans effet. Nous avons
essayé la chaux hydraulique répandue en poudre fine, comme on le fait
pour le soufre, mais sans obtenir de résultat bien net. »
( "2 )
GÉOLOGIE. — Sur le tremblement de terre de Locride (Grèce) du mois
d'avril 1894. Note de M. Socrate-A. Papavasiliobe, présentée par
M. F. Tisserand.
(( Un tremblement de terre, ressenti sur toute la Grèce et bien au delà,
vient d'affecter la région nord-est de la Grèce continentale et surtout la pro-
vince de Locride.
» Ce tremblement de terre se compose de deux secousses très violentes,
qui ont été suivies d'innombrables autres plus ou moins fortes. L'une a eu
lieu le 20 avril et a été ressentie à Athènes à 6''52'" du soir, suivant l'indi-
cation du séismoscdpe de l'observatoire national. Elle fut précédée d'un
bruit souterrain et dura cinq secondes.
» La région que cette secousse a affectée d'une manière désastreuse peut
être divisée, suivant l'intensité de destruction, en trois zones principales :
» 1° Celle de l'épicentre, comprenant la presqu'île A'jEtolymion. Trois
villages de cette région, composés en tout de 800 maisons et de 1600 habi-
tants, ont été détruits de fond en comble. Le nombre des victimes s'élève
à 180, celui des blessés à 27.
» 2" Celle où presque tous les édifices des villages ont été démolis.
Cette zone a la forme d'une ellipse dont le grand axe, long de 28'"",
s'étend dans la direction sud-est-nord-ouest depuis la baie de Larymne
jusque près du cap à! Arkitza; le petit axe mesure 8'^™ à 9'^'". Les villages
affectés sont au nombre de 9 et se composent en tout d'environ 1200 mai-
sons avec 55oo habitants, dont 44 ont été tués et 20 blessés.
» 3" Enfin celle où il y a eu chute partielle ou de grands dégâts de mai-
sons dans plusieurs villages. Cette zone forme également une ellipse dont
le grand axe de direction sud-est-nord-ouest mesure 90'^'" et s'étend du
village de Drilza (20'"" à l'est de Thébes) jusque près du village Molos
(situé près des côtes sud du golfe Maliaque). Le petit axe a une longueur
d'environ Go""" et s'étend de la ville de Lévadie jusqu'au village de Man-
toudi (près des côtes nord-est de l'Ile d'Eubée).
» Les villages de cette zone qui ont le plus souffert sont environ 10 de
la province de Locride, plus de 12 de la province de Lévadie, situés surtout
sur les rivages sud de l'ancien lac de Ropaïs, et à peu près 12 de la pro-
vince de Thébes.
» Sur l'île cVEubée, ce n'est guère que le village de Sainte-Anne (sur les
côtes nord-est de l'île) qui a été endommagé d'une manière sensible.
( ii3 )
» Le sol, sur les trois zones, se compose de terrains crétacés, formés
de calcaires et de schistes, de terrains tertiaires (néogènes), disposés à peu
près horizontalement et en stratification discordante aux terrains précé-
dents, et formés de tufs calcaires, grès, conglomérats, marnes, etc.;
enfin de couches diluviales et alluviales. La région au sud-est de la pres-
qu'île i]\€lo!vnu'on, oîi prédominent les terrains crétacés, a beaucoup moins
souffert que la région opposée, où il y a prépondérance des couches ter-
tiaires et quaternaires, en général moins consistantes que les précédentes.
Il est à remarquer que la plupart des villages endommagés sont bâtis sur
un sol tertiaire ou quaternaire peu consistant.
» Après ladite secousse, qui a eu pour effet la formation de légères
crevasses du sol dans quelques endroits, le tarissement de certaines
sources et l'augmentation du cours d'autres, le sol, sur la première et la
deuxième zone, se trouvait, pendant la nuit du 20 au 21 avril, dans un
état d'ébranlement incessant pour ainsi dire, interrompu souvent par des
secousses paroxysmiques plus ou moins fortes et précédées, la plupart du
temps, de bruits souterrains.
» Pendant trois jours il y avait des secousses très fréquentes sur toute
l'étendue des trois zones; puis elles devenaient de plus en plus rares,
lorsque, le soir du 27 avril, une nouvelle secousse très violente, plus consi-
dérable que la première et précédée également d'un bruit souterrain,
pareil à un coup de canon tiré au loin, a ravagé de nouveau la région. Elle
dura douze secondes et a été assez sensiblement ressentie à Athènes à
2''2i™G* du soir, suivant le séismoscope de l'observatoire national. Après
la secousse, même ébranlement du sol, comme la première fois. Les
secousses, loin d'avoir cessé, se font encore sentir sur toute la région.
» L'aréal affecté par la seconde secousse violente est plus grand que
celui de la première. C'est ainsi que le grand axe de la deuxième zone
s'est allongé de oo'^'", surtout vers le nord-ouest, et s'est étendu depuis la baie
de Sc/opone/'i jusqu'au village de Saint-Cons/antùi {Palœokhén). J>e grand
axe de la troisième zone s'est étendu d'environ 22'"" jusqu'à la ville AeLamie.
Les deux petits axes de ces zones ont grandi de quelques kilomètres, sur-
tout du côté sud-ouest. Les mêmes villages, affectés par la première
secousse, l'ont été naturellement aussi cette fois, mais avec une intensité
et un dommage plus grands. Il y a eu très peu de victimes.
» Cette seconde secousse a été, à plus d'un point de vue, remarquable.
Ainsi, au moment de la secousse, la mer, sur toute l'étendue de la côte,
depuis la baie de Saint-Théologne (à l'ouest de la presqu'île A' Aito-
G. R., 1S94, V Semestre. (T. CXIX, N° 1.) I t
( -14 )
lymion) jusqu'au village de Saint-Constantin, s'était élevée en une onde
qui est venue submerger la côte sur une distance de quelques dizaines de
mètres en général. La mer s'est retirée à sa place initiale, sauf dans la plaine
iV Atalante, dont la plus grande partie de la côte, celle au nord, est resiée
couverte par les eaux sur une distance de quelques mètres, tandis que la
partie sud plonge dans les eaux, sur une distance de plusieurs dizaines de
mètres. Cette immersion, par suite de laquelle la presqu'île de Gaïdouro-
nisi, au fond de la baie d'Atalante, s'est transformée en île, est due à un
affaissement de cette plaine, dont il sera question plus bas.
» Divers autres phénomènes se sont produits. Ainsi des blocs de terre,
mesurant parfois 25°"^, ont été détachés de quelques collines. Plusieurs
sources ont tari, d'autres en ont augmenté le cours. De nouvelles sources
chaudes, abondantes et en grand nombre, ont surgi à ^Edipsos près des
sources préexistantes. D'aj)rès M. le professeur Dambergis, elles sont de
même nature que celles-ci et d'une température qui varie de Si" à 82°.
» De nombreuses crevasses, parfois longues de quelques kilomètres, ont
été formées, dont celles sur le cap Longos ont détaché une superficie de
ce cap de quelques milliers de mètres carrés et l'ont précipitée dans la mer.
Un phénomène pareil a été constaté aussi près du village Saint-Constantin
et, sur une moindre échelle, près du village Gialtra (situé sur l'extrémité
ouest de l'île d'Eubée). Près de certaines côtes (Saint-Constantin) un
abaissement du fond de la mer a été constaté.
» Mais le phénomène le plus remarquable, c'est la formation d'une
grande crevasse, longue d'environ .'iS'"'" (en plan), large de quelques cen-
timètres à 3" suivant la nature du terrain (largeur en généi'al peu consi-
dérable), qui s'étend en direction constante de la baie de Scroponen jus-
qu'à la ville d'Alalante qu'elle traverse juste au-dessus; de là elle suit en
direction toujours sud-est-nord-ouest, mais légèrement sinueuse, et va ss
perdre près du village de Saint-Constantin.
» Vu la nature alluviale de la plaine d'Atalante, l'affaissement de
celle-ci le long de la crevasse va jusqu'à i", 5.
» D'après mes observations faites sur place, il paraît que l'endroit épi-
central est une ligne qui s'étend de l'est du cap S/ra^'o et qui traverse la
presqu'île d'yElolymion en direction sud-est-nord-ouest. »
( ii5 )
ÉCONOMIE RURALE. — La pomme de Icrrc dans V alimenlalion de la vache
lailicre. Note de M. Ch. Cobxevix, présentée par M. Aimé Girard.
« A l'instigation de ]M. Aimé Girard, j'ai entrepris l'hiver dernier une
suite de recherches destinées à élucider quelques points du rôle que peut
jouer la pomme de terre dans l'alimentation de la vache laitière.
» Ces recherches dont les détails font l'objet d'un Mémoire spécial qui
paraîtra prochainement dans le Ihdletin du Ministère, de l' Agriculture, à
côté de celui publié par M. Aimé Girard sur la production de la viande
chez les bœufs et les moutons, ces recherches, dis-je, m'ont fourni les prin-
cipaux résultats qui suivent :
M Privées de toute nourriture autre que des pommes de terre qu'elles
reçoivent à discrétion, crues et convenablement divisées, les vaches laitières
en prennent chaque jour, en moyenne, 7 pour 100 de leur poids vif.
» Sous l'influence de ce régime exclusif, il y a élévation du rendement
en lait et perte notable de poids vif; l'opposition est très nctie et très re-
marquable. Les déjections, qui sont ramollies et blanchâtres, renferment
des granulations de fécule non attaquées par le travail digestif. Je n'ai pas
trouvé de sucre dans les urines.
» Les pommes de terre cuites sont bien prises par les bêles bovines,
mais quand elles sont données seules, à l'exclusion de tout autre aliment, la
rumination se fait mal ou s'arrête et la digestion est entravée; on ne peut
pas persister dans ce régime.
» Qu'elle soit crue ou cuite, la pomme de terre doit être mélangée à
d'autres aliments pour constituer une ration convenable au double point
de vue de la production du lait et de celle de la viande grasse. Le mélange
a pour résultat de favoriser les actes mécaniques et chimiques de la diges-
tion, d'élever le coefficient de digeslibilité en resserrant la relation nutri-
tive et le rapport adipo-protéique.
» En poursuivant parallèlement sur deux lots de vaches laitières l'étude
comparative des résultats fournis par une ration dont les pommes de terre
forment la moitié de la matière sèche totale et par une autre où elles n'en
forment que les 7"^, j'ai reconnu que la première est nettement préférable
à la seconde.
» D'autres expériences comparées m'ont montré qu'à quantités égales,
les pommes de terre crues favorisent la production du lait, tandis que
cuites elles provoquent l'engraissement et l'augmentation du poids.
( ii6 )
» Sons rinfliience d'un régime à base de pommes de lerre cuites, la
teneur du lait en sucre s'élève, mais l'élévation ne persiste pas quand on
change le régime.
» En analysant chaque semaine pendant près de quatre mois le lait de
huit vaches dont la ralion comportait 20'^^ de pommes de terre pour les
unes et lo'^^ pour les autres, j'ai constaté avec mon assistant, M. Boucher,
qui m'a prêté un concours empressé pour ces analyses longues et répétées,
les modifications suivantes qui ont été constantes : 1° diminution de
la densité, de la proportion d'extrait sec et de la caséine; 2° augmen-
tation du beurre et des matières minérales. Les conséquences pratiques de
ces constatations se déduisent d'elles-mêmes pour l'introduction de la
pomme de terre dans le régime dfes bêtes laitières, suivant que le lait est
vendu en nature ou que dans la ferme on se livre à l'industrie beurrière
ou à la fabrication des fromages.
» Parmi les aliments que j'ai associés aux pommes de terre, ceux d'ori-
gine animale (poudre de viande de baleine) ont donné des résultats très
intéressants, une fois que les vaches y furent accoutumées. Je reviendrai
ultérieurement sur ce point. »
ÉCONOMIE RURALE. — La végétation des vignes traitées par ta submersion.
Note de M. A. SIo.vtz, présentée par M. P. -P. Dehérain.
« La submersion des vignes est un des procédés les plus efficaces pour
combattre le Phylloxéra. Elle est employée sur une grande échelle dans le
Midi et dans le Sud-Ouest, là où la nature du terrain, le relief du sol et la
proximité de rivières permettent de maintenir le vignoble recouvert d'une
nappe d'eau, pendant une période de quarante à soixante jours consé-
cutifs.
)) Suivant que les sols sont plus perméables ou qu'ils ont plus de pente,
les quantités d'eau qu'il faut amener pour maintenir la vigne submergée
varient depuis locoo""*^ jusqu'à go 000""^ par hectare. C'est le plus souvent
à l'aide de pompes puissantes que l'eau est amenée et maintenue à un
niveau constant (ordinairement o'",20 ào"',3o au-dessus de la surface
du sol).
» La submersion n'a pas seulement pour effet de garantir les vignes des
atteintes du Phylloxéra, elle les garantit aussi des gelées printanières, qui
n'atteignent pas les jeunes pousses, aussi longtemps que la nappe d'eau
(i«7)
recouvre le sol ('). Mais cette pratique a l'inconvénient d'être coûteuse,
fl'o])érer un lavage du sol, qui élimine les principes fertilisants sohibles, et
de placer la vigne dans des conditions anormales qui favorisent le déve-
loppement des maladies cryptogamiques.
1) J'ai étudié les conditions de végétation et de production des vignes
traitées par la submersion.
» Le premier problème que j'ai cherché à résoudre, c'est celui de la
respiration des racines dans un sol recouvert d'eau, dans lequel l'oxygène
est absorbé rapidement et où des phénomènes de réduction ne tardent
pas à se produire. On sait que les racines respirent en absorbant l'oxygène
de l'atmosphère du sol et en émettant de l'acide carbonique. Privées d'oxy-
gène, elles meurent asphyxiées. Comment, dans la pratique de la submer-
sion, où tout au moins certaines parties du sol se trouvent transformées
en milieux réducteurs, exempts de toute trace d'oxygène libre, les racines
de la vigne ne sont-elles pas asphyxiées ?
)) J'ai trouvé la cause de cette résistance dans la présence des nitrates
préexistant dans le sol, ou amenés par les eaux qui servent à la submer-
sion. Dans une série d'expériences, j'ai pu faire vivre et prospérer indéfi-
niment des vignes dont les racines plongeaient dans une terre submergée
ne recevant aucune trace d'oxygène libre, mais qui contenait des nitrates,
tandis que, dans les mêmes milieux exempts de nitrates, la vigne périssait
rapidement. Comment les nitrates peuvent-ils intervenir pour fournir aux
racines l'oxygène nécessaire à leurs fonctions physiologiques?
» On sait, d'après les travaux de M, Schlœsing, de MM. Dehérain et
Maquenne, de MM. Gayon et Dupetit, que, dans une terre privée d'oxy-
gène, les nitrates se décomposent en dégageant de l'azote libre, du prot-
oxyde et du bioxyde d'azote et que cette décomposition est due à l'action des
microrganismes.
» Parmi les gaz ainsi dégagés, il en est un, le protoxyde d'azote ("), qui
peut entretenir la combustion à l'instar de l'oxygène. Peut-il servir aux ra-
cines de la vigne, à entretenir leurs fonctions respiratoires pendant la
durée de la submersion? J'ai va, par des expériences directes, qu'il en est
réellement ainsi et que les vignes dont les racines plongent dans un milieu
privé d'oxygène vivent indéfiniment quand on leur fournit du protoxyde
d'azote, même en petites quantités.
(') CuAUZiT, Revue de Viticulture, t. I, p. 92 etSSg.
(^) Signalé parMM. Dehérain et Maquenne.
( ii8 )
» La tlécomposition des nitrates sous l'influence des microrganismes
met donc à la disposition des racines des vignes submergées un gaz capable
de servir à leur respiration.
» Mais les racines sont-elles exclusivement tributaires des êtres inférieurs
qui vivent dans la terre et ne peuvent-elles pas directement, comme ces
derniers eux-mêmes, prendre l'oxygène des nitrates?
» J'ai dirigé mes études dans ce sens et, dans l'impossibilité de détruire
les microrganismes existant à la surface des racines, sans tuer ces der-
nières, j'ai procédé comparativement, en opérant sur des milieux iden-
tiques, formés de terre couverte d'eau, contenant des nitrates, et entière-
ment soustraits au contact de l'oxygène atmosphérique.
» Dans les uns il rt'y avait pas de vignes et l'action exclusive des micror-
ganismes s'y exerçait.
» Dans les autres, où étaient plongées les racines de vignes bien vivantes,
dont le système aérien se développait à l'air libre, l'action simultanée
des microrganismes et des racines se produisait.
» Voici un exemple des résultats obtenus :
Acideazotique détruit par l'action simultanée des racines et des microbes. 0,298
» des microbes seuls o , n 2
» directe des racines 0,181
» On voit que les racines peuvent directement agir sur les nitrates et
leur emprunter de l'oxygène. C'est donc grâce à la présence de nitrates
dans le sol et dans les eaux que les racines des vignes submergées résistent
à l'asphyxie, dans les cas où le sol se transforme en un milieu réducteur,
ce qui est surtout le cas des terres peu perméables, auxquelles la submer-
sion s'applique de préférence.
» L'énorme quantité d'eau qui lave, par infiltration, les terres des vignes
submergées, les place dans des conditions spéciales au point de vue de la
fumure. Les frais du mode d'exploitation, la faible valeur marchande des
vins obtenus, obligent le viticulteur à pousser à de grands rendements,
d'ailleurs favorisés par l'humidité du sol et le choix des cépages. Les ni-
trates surtout sont entraînés par les eaux. Les fumures azotées sont donc
les plus nécessaires. Comment se comporte la vigne vis-à-vis de celles
qu'on lui donne?
» J'ai pu étudier cette question dans le domaine de Saint-Laurent d'Ai-
gouze (Gard), appartenant à M. Trouchaud-Verdier et qui est un des types
les plus remarquables des vignobles traités par la submersion.
( "9 )
» En 1892, année ordinaire, la vigne a absorbé, pour sa végétation et
pour la production de la vendange, 5']^s,6 d'azote par hectare, avec une
production de vin de 190''', 2. ]>a partie la plus vigoureuse de l'exploita-
tion, prise séparément, a produit jusqu'à 3oo''', chiffre qu'on peut regar-
der comme représentant le maximum de productivité de la vigne; dans ce
dernier cas, la quantité d'azote absorbé a été de 82'^s, 5.
» De pareilles exigences nécessitent l'intervention de fortes fumures
azotées, puisque le sol, lavé par les eaux, est dépouillé, chaque année, de
l'apport précédent. Aussi a-t-on surtout recours au nitrate de soude, qu'on
donne par an et par hectare, à la dose de Goo''^, contenant gi'^s d'azote.
Ce n'est qu'à l'aide de cette fumure intensive que la vigne peut maintenir
sa productivité. Dans d'autres domaines on exagère les quantités de nitrate
au point de les doubler.
» Si nous comparons la quantité d'azote donnée par la fumure (91''^) à
celle qui est exportée en moyenne par le vin (■2^'^,56), nous trouvons que
la déperdition de l'azote est énorme et qu'elle atteint 97 pour 100 de ce
qu'apporte la fumure. Ce n'est donc guère que 3 pour 100 de l'azote donné
qui se retrouvent dans la récolte proprement dite, puisque, pour maintenir
la production, il faut chaque année renouveler la dose d'engrais azoté.
)) La pratique de la submersion entraîne donc des pertes énormes d'a-
zote. Cette fumure coûteuse, si abondamment donnée chaque année, ne
fait en réalité que traverser les organes de la plante, auxquels elle permet
d'élaborer de grandes quantités de raisins; les débris et les résidus de la
végétation annuelle retournent ensuite au sol, qui les consomme rapide-
ment et les laisse perdre dans les eaux qu'on amène à sa surface.
» La terre ne s'enrichissant jamais en azote, malgré les grandes quan-
tités de cet élément qu'on lui donne, malgré le retour à la terre d'une
grande partie des feuilles et des marcs, exige donc chaque année de nou-
veaux apports, pour maintenir cette végétation puissante à laquelle sont
dusses énormes rendements. »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur la délerminalion de la valeur agricole de
plusieurs phosphales naturels. Note de M. G. Paturel, présentée par
M. Dehérain.
« Les phosphates fossiles ont une valeur commerciale très variable, sui-
vant la région dont ils proviennent. En Bretagne, où leur consommation
( I20 )
est considérable, on emploie principalement, soit les phosphates de l'étage
des grès verts, dits du Boulonnais, qui se vendent couramment à raison de
o'''", 32 à o'^'', 35 le kilogramme d'acide phosphorique, soit les sables phos-
phatés de la Somme ou de l'Aisne, dont le prix ne dépasse pas o*^', 20 à
o'^'", 22 le degré. Au point de vue de la puissance fertilisante des deux pro-
duits, les résultats culturaux sont assez discordants, et les phosphates du
Boulonnais ne justifient pas toujours leur plus-value. Il est donc utile de
rechercher la cause des différences que l'on observe.
» L'assimilation de l'acide phosphorique nous paraît se produire de la
façon suivante : i" par l'action des sucs acides des racines; 2° par l'action
des acides du sol, acide carbonique et autres acides organiques qui exis-
tent dans les terre^ de landes, si abondantes dans notre région. Nous avons
examiné l'influence dissolvante de ces deux agents sur plusieurs phos-
phates naturels.
)) 1° Action des acides des racines. — La réaction acide apparaît dans les
racines aussitôt qu'elles se forment. En répétant la vieille expérience de
Sachs, non pas avec des plaques de marbre, mais avec des blocs d'apatite
verte bien polis, nous avons trouvé à la surface de la roche dure des sillons
nombreux tracés par des racines de sarrazin, et la plante a prélevé sur
l'apatite 45™°'' d'acide phosphorique. D'autre part, en étudiant les acides
contenus dans les tubercules de pommes de terre, nous en avons séparé
aisément de l'acide citrique, produit très répandu, d'ailleurs, dans les vé-
gétaux.
» Partant de ce point, nous avons mis en contact dans des conditions
semblables plusieurs solutions d'acide citrique avec deux phosphates, du
Boulonnais et de la Somme, présentant sensiblement la même richesse.
Après vingt-quatre heures de contact, on a filtré, puis dosé l'acide phos-
phorique dissous. On a trou^ é :
Boulonnais. Somme.
Acide citrique, 10 pour 100 4i)4 24,9
» 5 » 3 1 , 5 9,2
w 2 » 19)5 1,6
>' I » 1 3 , 1 0,9
Pour 100
d'acide phosphorique l
lotal. I
i> Quelle que soit la concentration de la liqueur acide, on voit que le phos-
phate du Boulonnais est plus aisément attaquable que celui de la Somme.
Les différences sont dues à l'inégale teneur en carbonate de chaux des
deux produits : le premier contient 7,2 pour 100, et le second 33, i
pour 100 de calcaire. Et un examen plus approfondi de ces résultats
( 131 )
montre qu'il ne s'est pas opéré simplement une saturation partielle de
l'acide par le calcaire; mais, en outre, le citrate de chaux formé oppose un
obstacle spécial à la dissolution du phosphate par l'acide resté libre.
» Ce résultat a été confirmé par une série de vingt autres expériences
faites dans des conditions analogues; l'énergie de l'attaque est toujours
réglée par la proportion de calcaire qui accompagne le phosphate. Ce point
est aussi conforme à la pratique agricole qui conseille, sur les terres de
défrichement, de ne pas apporter à la fois les éléments calcaire et phos-
phaté, mais d'enfouir d'abord des phosphates, et de n'introduire l'amen-
dement calcaire que quelques années plus tard.
» 2" Action (les acides du sol. — Les terres de landes et de bruyère ont
une réaction acide très marquée, et depuis longtemjjs M. Dehérain a
caractérisé dans ces sols la présence de l'acide acétique. Nous avons
étudié l'action de cet acide sur les phosphates déjà examinés, en opérant
dans des conditions semblables aux précédentes. Les résultats sont :
lioulonnais. Somme.
„ / Acideacétiouefà 8°), 5o pour 100. . . 10,1 3,8
Pour 100 l 1 V / r
,,.,,,. " 20 1) ... 8,7 2,3
dacide phosphorinue ( '
, J » 10 » ... 7,0 1,3
tolal. f , _ _
n Ces nombres sont de même ordre que ceux déjà trouvés. Bien que
l'attaque soit moins énergique, il y a cependant une supériorité manifeste
dans la dissolution du phosphate du Boulonnais. L'écart est dû encore à la
différence de richesse en calcaire : en effet, en additionnant un même
phosphate de doses croissantes de carbonate de chaux, puis traitant les
mélanges par l'acide acétique, on voit la dissolution de l'acide pliospho-
rique décroître à mesure que la proportion de calcaire s'élève.
» L'action dissolvante de l'acide carbonique a été essayée également.
La quantité d'acide phosphorique solubilisé par ce corps a toujours été
minime; mais les phosphates ainsi traités, se trouvant débarrassés de la
majeure partie de leur gangue calcaire, sont ensuite bien plus aisément
attaquables par les acides citrique et acétique. C'est donc d'une façon indi-
recte que l'acide carbonique concourt à l'assimilation des phosphates.
» De l'ensemble de ces résultats, on peut conclure : 1° que les diffé-
rences constatées parfois dans l'efficacité des phosphates naturels tiennent
surtout à l'inégalité de leur teneur en calcaire : les sables de la Somme,
employés directement à la culture, sont, d'après leur origine géologique,
C. R., 1894, 2* Semestre. (T. C.XI.\, N° 1.) ^"
( 122 )
très chargés de carbonate de chaux et, par suite, résistent davantage aux
actions dissolvantes qui déterminent leur assimilation; i" la valeur com-
merciale des phosphates naturels ne devrait pas être basée uniquement sur
leur richesse : il conviendrait de tenir compte aussi de la quantité de car-
bonate de chaux associé au phosphate et de diminuer le prix de l'engrais
proportionnellement à cette quantité; 3° il serait désirable de voir appli-
quer dés maintenant aux phosphates de la Somme l'un des procédés méca-
niques ou chimiques proposés pour les enrichir, en les débarrassant de
leur gangue calcaire. Leur valeur agricole serait augmentée dans une telle
proportion que la culture aurait encore intérêt à les employer à l'état
naturel, même si leur prix de vente se trouvait, par ce fait, légèrement
élevé. » '
PHYSIQUE DU GLOBE. — Les couranls et les vents sur la côte des Landes
de Gascogne. Note de M. Hautreux.
« Depuis quelques années le courant de Rennell est discuté; son exis-
tence est mise en doute; de nouvelles expériences ont été entreprises
pendant une année entière, du i^' juin iSgS au 3i mai 1894, au moyen de
bouteilles flottantes lancées à une distance moyenne de 20 milles de terre,
par les vapeurs des Pêcheries d'Arcachon, et de i5o à 200 milles au large
par les paquebots des Messageries maritimes.
)) Pour éviter le roulement des bouteilles à la surface de l'eau, les bou-
teilles ont été accouplées par une cordelette de 3*" de longueur. L'une
d'elles aux trois quarts pleine d'eau sert de lest et maintient l'autre bou-
teille flottant dans sa verticale. L'ensemble obéit aux déplacements de la
couche d'eau voisine de la surface jusqu'à 3™ de profondeur. Le système
la montré une grande résistance; des bouteilles ont été recueillies après
sept mois d'immersion.
» Tableau des bouteilles flottantes. — Voici mois par mois le nombre des lance-
ments et celui des arrivages :
1893. 1894.
Mai. Juin. Juill. Août. Sept. Cet. Nov. Dec. Janv. Fév. Mars. Avril. Mai. Totaux.
Lancemenlè près *
déterre 7 19 9 18 28 13 8 i4 3 8 17 ?, 16 161
Arrivages » i4 7 r 6 4 2 3 4 5 i3 i 3 64
( 123 )
» Parmi ces arrivages il en provient :
Des lancements au large 19
Des lancements près de terre 45
» C'est pour ces derniers une proportion d'arrivages de 28 pour 100.
» Les grandes époques d'atterrissages ont été :
Du i5 au 17 juin 1898 10 bouteilles.
Du 1 4 au 18 juillet 1893 7 »
Du i3 au 17 mars 1894 1 1 >'
A ces difTérentes époques, il a régné à Arcaclion des vents forts du S.-W. au N.-W.
B Sur les 64 atterrissages, il n'y en a pas eu plus de 7 à 8 qui se soient produits
sans l'aide immédiate des vents du large.
» L'influence de la direction du vent est certaine et prépondérante.
» Les directions résultantes des bouteilles ont été :
Vers le S.-E. pour 4 ' bouteilles.
Vers l'E. « 10 »
Vers le N.-E. » i3 »
» Ces dernières ont toutes eu lieu pendant la saison froide.
» L'ensemble des atterrissages a eu lieu sur le rivage des Landes de Gascogne,
entre l'embouchure de la Gironde et celle de la Bidassoa.
» Les vitesses de transport, déduites du rapport entre la distance par-
courue et le temps d'immersion, dans les trajets de courte durée, donnent
pour les bouteilles lancées au large, 5 à 6 milles par vingt-quatre heures ;
tandis que, pour les bouteilles lancées à moins de 3o milles de terre, les
vitesses ne sont que de 2 à 3 milles par jour. Les vitesses s'amortissent à
mesure que les épaves pénètrent davantage dans le golfe. La côte repousse
au large les corps flottants. L'aspect de la carte des bouteilles montre que
les directions s'infléchissent le long des côtes. Les durées d'immersion
donnant les moindres vitesses ont eu lieu généralement en hiver, ainsi
que les directions les plus divergentes.
» Les grandes époques d'atterrissage ayant eu lieu par les gros vents
du large, on a étudié la direction générale et la poussée des vents aux
trois points qui limitent le champ des observations : La Coiibre, Arcachon
et Biarritz.
» Les bulletins météorologiques donnant chaque jour la direction et la
force relative du vent, on peut, sur un plan, comme on le ferait pour la
route estimée d'un navire, tracer une suite de lignes qui, quelle que soit
réclielle adoptée, représente un ensemble de mouvements semblable à
( 124 )
celui qu'ont réellement éprouvé les couches d'air voisines du point d'ob-
servation. C'est l'expression figurée de la poussée des vents. Ce travail,
exécuté pour les trois points désignés, a donné les résultats suivants pour
toute une année, à 7'' matin.
» La poussée des vents, à Biarritz, a donné une direction générale vers le nord. A
La Coubre, l'ensemble porle vers le large en décrivant un large circuit tourné vers le
sud, avec des rétrogradations en octobre iSgS et en mai 1894. A Arcachon, les lignes
s'enchevêtrent davantage et donnent la sensation de vastes tourbillonnements.
» D'après le graphique de Biarritz, l'air paraît s'écouler des sommets des montagnes
cantabriques vers le large, dans la matinée, et afTecter le caractère des brises de
terre.
» Les observations (^'Arcachon, prises à midi et le soir, montrent la tendance à la
rotation diurne des vents sur la côte des Landes. A midi la direction générale est vers
l'E.-S.-E. ; à S^" du soir elle est vers le S.-E. Pendant la saison froide l'appel des vents
du large ne se fait plus et le système des vents étésiens disparaît.
» La poussée des vents de la journée vers le S.-E. explique que les bou-
teilles aient suivi, pendant l'été, des trajets vers le S.-E., tandis qu'à partir
du mois de septembre les trajets vers le nord deviennent nombreux.
» Il y a concordance complète entre le régime météorologique et les
mouvements des eaux de la surface; il n'y a pas lieu de faire intervenir un
courant océanien d'origine extérieure.
» En résumé : Les corps flottants à l'ouvert du golfe de Gascogne ont,
pendant l'été, une tendance à pénétrer dans le golfe ; leur vitesse de trans-
port s'atténue à mesure qu'ils approchent de terre; ils éprouvent, pendant
l'hiver, des mouvements contrariés en tous sens.
)) Les courants de la côte des Landes sont la conséquence directe de la
poussée des vents. Pendant les mois chauds, les vents ont une tendance
marquée à souffler du large pendant la journée et à s'infléchir vers le sud-est
dans l'après-midi. Les eaux de la surface obéissent à cette poussée. Pour
cette raison, le rivage des Landes est, pour les épaves, un point d'atter-
rissage beaucoup plus fréqueut et presque exclusif des autres parties du
globe.
« Près de la côte existe, pour une cause encore indéterminée, une sorte
de répulsion qui amortit la vitesse de transport et retarde l'atterrissage; il
faut, pour le faciliter, l'aide des grosses brises du large. Les vitesses de
dérive, déduites des immersions de courte durée et des trajets de carcasses
flottantes, sont: au milieu du golfe, de 5 à 6 milles par vingt-quatre heures;
en dedans do 3o milles de terre, elles sont de 2 à 3 milles par jour. Avec
( 125 )
les gros vents d'ouest, les vitesses n'ont pas dépassé 6 milles en vingt-
quatre heures. »
M. G. Cleret adresse à l'Académie les Chapitres IV, V et VI de son
« Histoire de la Création ».
MM. Ed. Piette et J. de Laporterie adressent luie Note ayant pour
titre : « Les races humaines ».
M. E. Maumené adresse deux Notes intitulées : « Sur la loi des actions de
contact » et « Sur les composés de l'acide phosphorique ».
M. V. DucLA adresse à l'Académie plusieurs Notes relatives à la classi-
fication générale des sels métalliques.
Dans la séance du 3o septembre 1878 l'Académie avait accepté le dépôt
d'un pli cacheté de M. A. Lexoir.
Sur la demande de la famille de l'auteur, ce pli, inscrit sous le nu-
méro 3246, est ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel. Il con-
tient une Note sur la direction des aérostats.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçds dans la séance du 2 juillet 1894.
Œuvres de Fermât, publiées par les soins de MM. Paul Tannery et
Charles Henry, sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique.
Tome II : Correspondance. Paris, Gaulhier-Vilfars et fils, 1894; i vol.
in-A".
Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et
Jules Tannery. Deuxième série. Tome XVIII, avril 1894. Paris, Gaulhier-
Villarset fils, 1894; i fasc. in-8°.
( 126 )
Acta mathematica. Journal rédigé par G. Mittag-Leffler. 18 : 1. Paris,
A. Hermann; i fasc. in-8°. (Présenté par M, Hermite.)
Le Calcul simplifié par les procédés mécaniques et graphiques, par M. Mau-
rice d'Ocagne. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1894; i vol. in-8°.
Bulletin de la Société d' encouragement pour l'Industrie nationale^ publié
sous la direction des Secrétaires de la Société, MM. Collignon et Aimé
Girard. Mai 1894. Paris; i fasc. in-4''.
Bulletin de la Société géologique de France. Troisième série. Tome XXII.
Juin. Paris, 1894; i fasc. in-8°.
Bulletin des séances de la Société nationale d'Agriculture de France.
Compte rendu mensuel. Année 1894. Paris, Chamerot et Renouard ;
I fasc. in-8''. ,
Archives des Sciences physiques et naturelles. Troisième période.
TomeXXXI, n° 6. Paris, G. Masson, 1894; r fasc. in-8<'.
Annals of the Royal Botanic Garden, Calcutta. Vol. IV : The Anonaceœ
of British India, by George Ring, M. B. Calcutta-London, 1898; i vol.
in-4°.
Smithsonian Institution. United States national Muséum. Scientijic Taxy-
dermy for Muséums, by R.-W. Shufeldt, M. D. Washington, 1894; i vol.
in-S".
La Chimie delà cellule vivante, par Armand Gautier, Membre de l'Institut,
professeur à la Faculté de Médecine de Paris. G. Masson; Gauthier-Villars
et fils; I vol. in-8°. (Présenté par M. A. Gautier.)
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Pasteur, Friedel,
Mascart. Septième série, juillet 1894. Paris, G. Masson, 1894; i fasc. in-8".
Journal de Mathématiques pures et appliquées. Tome X. Année 1894.
Fasc. n° 1. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1894; in-4°.
Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri-
culture, par M. P. -P. Dehérain, Membre de l'Institut, etc. Tome XX, n°6.
Paris, G. Masson, 1894; 1 fasc. in-4°.
Recherches pour servira l'histoire des insectes fossiles des temps primaires,
précédées d'une étude sur la nervation des ailes des insectes, par Charles
Brongniart, assistant de Zoologie du Muséum d'Histoire naturelle. Texte
et atlas. Saint-Etienne, Théolier et C"; 2 vol. in-4°. (Présentés par
M. Blanchard.)
Les Annélides polychètes des côtes de Dinard. Troisième Partie, par le baron
DE Saint-Joseph (Extrait des Annales des Sciences naturelles, etc.). Paris,
G. Masson, 1894; i vol. gr. in-8". (Présenté par M. Milne-Edwards.)
( 127 )
Sur l'addition des fondions hyperelliptiqaes , par M. le Vicomte de Salvert,
Professeur à la Faculté libre des Sciences de Lille. (Extrait des Annales de
la Société scientifique de Bruxelles.^ Bruxelles, F. Ilavez, 1894 ; i br. in-8".
Essai de Thermodynamique graphique, par René de Sxusslre. (Extrait des
Archives des Sciences physiques cl naturelles.) Genève, Aubert Schuchardt,
189/i; I fasc. in-S".
Obsen'ations météorologiques publiées par l'Institut météorologique central
de la Société des Sciences de Finlande. 1881 à 1888. Kuopio, O.-W. Back-
mann, 1898; 4 vol. in-4''.
Philosophical Transactions of the Royal Society of London, (A-B) for the
year MDCCCXCIII. Vol. 184. London, Harrison and sons, 1894; 2 vol.
in-4''.
Documente privitore la Istoria Românilor culesse de Ludoxiu de Hurmuzaki;
VolumusVIII, 1376-1650. Bucuresci, 1894.
Universily ofNebraska Seventh annual Report of the Agricultural Expen-
ment Station of Nebraska. Lincoln, Nebraska ; i vol. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 18 juin 1894)
Note de M. Hinrichs, Notice préliminaire sur un genre inverse des pierres
météoriques communes :
l'age 1^20, ligne i5, au lieu de pj'rovénce, lisez doninie.
K 1.
TABU: DES Alll'l(:Lb:S. (Séance d.. 2 juillet 1894.
MEWOIUES ET COMaïUNICATlOi^S
DES MKMHHKS ET DES CORRESPONDANTS DR 1,'ACADÉMIE
l'iiges.
.M. Beutih;lot. — Ucchciclics sur la plienxl-
liydrazinc. Vclion de riixy);(;iic et action
de l'eau : formation des sels 5
M. IlExni MoissAN. — Inipiirclrs de l'alii-
iiiiniuiii industriel i'^
M. HiCNKi MoissAN. — Pirpai-aliiiii diiii cai-
bure d'aluminium cristallisé iii
M. A. CilAUVliAi;. — Du lieu de production
et du mécanisme des souflles entendus
dans les tuyaux i|ui sont le siéi;e d'un
écoulement d'air ■•-'>
Pages.
M. \iME (■IHAHU. — Appliialion rie la pomme
de terre à l'alimentation du bétail. Pro-
duction de la viande ''i
\l. AiiMAND Gautier. — Note accompagnant
la présentation de son Ouvrage « La Chi-
mie de la cellule vi\ante i> i •
M. llATOX DE LA GoLPiLLii;i!E l'ail liomuuige
à l'Académie d'une brochure dans lai|uclle
il a envisagé la reclierclic de la courbe île
piitentii-l minimum -'i •
MEMOIRES LUS.
M. E. Dkakk i>i;i. C
\,\ tli>l rihiUiod 'l<> ('\ / ftf//(//et.'s .
MEMOIRES PRESENTES.
M. SAPPlN'rTuoUEH siiiniirl an jii^iuienl de
l'Académie un Mémoire <■ .'^ur lis I ledi-
iiées » ■''i
M. Cit. Uegauny adresse une Note intitulée :
Il Sur la formation de la plaque nucléaire
et l'oricnlatioii des lil> du fuseau chez les
veL;étau\ ■>
M. Cote adresse la desciiption d'un moteur
'- applicable à l'indusrrie. à l'aeriiMilhiri-
et à la li)i"omotii)n -
CORRESPONDANCE.
M. le .Mi.NisTiu: OE l'1nstuui:tiii.s I'DI'.liqie
invite l'Académie A lui adresser une liste
de deux candidats pour la chaire d'\na-
tomie comparée, laissée vacante au Mu-
séum d'Histoire naturelle par le décès de
M. Poucliet 17
M. Paui. Painleve. — Sur l'intégration al-
gébrique des équations dillérentielles li-
néaires 37
M. Delassus. — Sur les équations aux dé-
rivées partielles, linéaires et à caractéri>
tiques réelles î"
M. Moutard. — Sur une classe de pois nés
déeomposablcs en facteurs linéaires 1 -
M. K.-B. DE Mas. — Iteclierchcs expériinen-
lales sur le matériel de la batellerie !\'y
MM. G. Berson et H. Bouasse. • Sur l'élas-
ticité de torsion d'un lil oscillant '|S
M. Aymonnet. — Sur les radiations calori-
fiques comprises dans la partie lumineusr
du spectre >o
M. Henri Gilbault. — Béceplion des sons.. V<
M. .\. DE Bertha. — Sur les gammes cnluu
moniques '''
-M. Vluert Hkss. — Sur une application des
rayons cathodiques à l'étude des champs
magnétiques vari.ibles 17
M. P. Janet. — Détermination de la forinc
des courants périodiques en fonction du
temps au moyen de la méthode d'inscrip-
tion électrochimique '1^
M. Désiré Korda. — Transformaleur de
courant monophasé en courants triphasés, im
_M. I>. (iEuxEZ. — Ueclierclies sur l'action
(|uexercent les molybdatcs acides de soude
et d'ammoniaque sur le pouvoir rotatoire
lie la rhainnose (isodulale) 'i-1
M. Vlbeut Colsox. — Sur le changement
de signe du pouvoir rotatoire li >
M. S. DE (Iramoxt. — Sur le spectre de
lignes du soufre, et sur sa recherche dan-
les composés métalliques ''^*
MM. tj. lioussEAU et H. Allaire. — Nou-
velles recherches sur les boracitcs liro-
mées 7 '
.M. II. Pei.abox. — lulluence de la pression
sur la combinaison de l'hydrogène et du
sélénium 7'
W i.
SrifTE HK L\ TABf.K DES ARTICLES.
MM.A. \ ii.i.iiiis ol M. I-'ayiili.k. - Sur une
réaction des aldéhydes. DifTéienrialinn
lies ;ildoses el des céloscs 71
M. ('., 'M.\'riG.\ON. — .Sur les sulislilulions de
i.idiciHix alrooli([ncs liés au carbone l'i à
l'azote ~^
M. liEiiTuiCLiFT. — IScmarques sur la Note
précédeule " 711
M. Tanket. — Sur la |jicéine, glucoside des
feuilles de sapin épicéa (pinus /ticca)... So
M. L. DE Saint-Martin. — .Sur la présence
fie riiydrogénc et de riivdrogénc proto-
carboné dans l'azote résidual du .sang.. . .^1
M.M. G. BouniiAiiDAT el J. Lafoxt. ~ \clion
de l'aeide sulfurique sur le canipliènc.. . . J^'i
M. \. Besson. — Sur les dérivés bromes
de l'élliylène pcrehloré 87
M. G. PÉRiEn. -- .Sur de nouvelles combi-
naisons organo-métalliques 90
.M. .1. Eefbont. — Sur la forniation de l'acide
succinique el de la glycérine ilans la fer-
mentation alcoolique i|î
MM. J. Crochetelle cl J. Dumont. — De
l'inlluenee des chlorures sur la nitrilica-
tion Il i
M. E.-L. Bouvier. - Un nouveau cas de
commensalisme : association de Vers du
genvc Aspidosip/ion avec des Polypes ma-
dréporaircs el un Mollusque bivalve ;/i
Al. S. .louRDAiN. — Transformation des aro
aoi'tiques chez la Grenouille i)!S
,\l. L. Maquk.nne. — Sur la rcspirati(ui des
feuilles 100
M. GisTAVE CiiAUVEAii>. - Mécauisme des
liUI.LlîTIN BIBLIOGRAPHIQUE
I'Irrvta
Pages.
iiinii\ riueiil^ pri'\ o(|ués «-lu lierberis \n.\
MM. l'niLi.iEUX et Delacroix. ~ La brûlure
lies feuilles de la >'igiie produite par l'^'.ro-
hasicliiim Vitis ' 1 uii
M. A. Pkunet. - Sur une nouvelle niabiilie
du blé causée par une Cbylridinée iii>i
M. I'. IlERRAV. — l.a bninissure en Algérie. 110
M. SiiCRATE-A. PAPAVASiLioRK.-Snr le Ireni-
blemenl de terre de Locride (Grèce) du
mois d'avril 189') 11^
M. Ch. Cornevin. — La pomme de terre dans
ralimenlation de la vache laitière 111
M. A. MuNTZ. — La végétation des vignes
traitées par la submersion l'i
M. G. PATUREE. — Sur la délerniinalioii de
la valeur agricole de plusieurs phosphales
iialnrcls ... 1 iji
M. Hauireux. — Les courants et les vent-
sur la côte des Landes de Gascogne 1 ^'
M. G. Ceeuet adresse à l'Académie les Cha-
pitres IV, V el VI de son « lii^ioire de Li
Création >> ' • '
MM. Ed. Piette et J. de Laporterie adres-
sent une Noie ayanl pour titre : « Les races
humaines de la période glyptique » 1 '•>
M. !•:. I\L\i!.iiENr, adresse deux Notes intitu-
lées: «Sur la loi des actions de contait"
et « Sur les composés de l'acide phospho-
riqne ) ' ' '
M. V. DuoLA adressée l'Académie plusieurs
\otes relatives à la classification générale
des sels métalliques ' ^-J
M. A. Lenoir. — Pli cacheté contenant une
. Note sur la direction des aérostats 1 ■'>
PAKIS — IMPUIMËKIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
^oijf 1894
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PAR MM. liES SECIIÉTA!ES£S PERPÉTl'EIiS .
TOME CXIX.
N^ 2 f9 Juillet 1894).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS,, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉA.NCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augustins, 55.
1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin jSG-i et 24 mai 1875.
I.cs t'omplcs rendus hebdomadaires des sceances de 1 Les Programmes des prix proposés par l'Académie
l'Académie se composent des extraits des travaux de sont imprimés dans les Comptes rendus, xn-àis les Rap-
ses Membres et de l'analvse des Mémoires oU Notes ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
présentés pai' des savants étrangers à l'Académio. que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
4H pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Af4T1c,i,e 1^'. — Impressions des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ouparun Associé étrangerdel'Académie coriiprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de ,to pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a élé remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
JjCS Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits desMémoir(>s iusoii communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspontlant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reprotluit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
jiiis part désirent qu'il en soit tait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau, L'iu) pression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Airrici.K 2. — Impression des travaux des Sava/its
étrangers à l' Académie.
I es Mémoii'es lus ou présentés par des personnes
ipii ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
dénue peuvent être l'objet d'une analyse ou d'ini ré-
simié qui ne dépasse pas 3 |)ages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. T^e
Membre qui lait la présentation est toujours nomme; ,
nuiis les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant c(u'ils le jugent con\ enable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la corresjîondance offi-
cielle ds l'Académie.
AlillCLE 3>
I,e bo/i à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé' au Compte rendu sui-
vant, et mis à la lin du cahier.
Ain'KU.r. 1.
Planches et tirage ù part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage ;i part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvei-nement.
Aiiiici.E 5.
Tous les six mois, la Commission administrative lait
ini Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'cxéculion du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 9 JUILf.ET 1894,^
PRÉSIDENCE DE M. LQEWY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIO]\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Présidext, en annonçant à l'Académie la perle douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Mallard, Membre de la Section de
Minéralogie, s'exprime comme il suit :
« C'est avec une profonde émotion que je remplis le pénible devoir
qui m'incombe, d'annoncer à l'Académie la mort d'un de nos Confrères
les plus estimés.
» M. Mallard a succombé vendredi, en quelques heures, à l'âge de
6i ans. En le voyant parmi nous alerte et plein de vie, il y a quelques
jours encore, personne n'aurait pu se douter de l'imminence de l'événe-
ment qui nous frappe si douloureusement. Ses obsèques ont eu lieu ce
matin à lo*" etle doyen de notre Section de Minéralogie, M. Daubrée, a
rappelé avec éloquence les titres scientifiques, si considérables, de notre
C. R. i8u'|. 2- Semestre. (T. CXIX, N" 2.) '7
( i3o )
Confrère, dont le caractère aimable et loyal nous inspirait la plus vive
sympathie. Je renouvelle ici l'expression des regrets que cause à l'Acadé-
mie la perte imprévue qu'elle vient de subir et qui prive la Minéralogie
d'un de ses représentants les plus illustres. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Siw les photographies de la Lune obtenues au
grand Équatorial coudé de l'Observatoire de Paris; par MM. Lœwy et
PuiSKUX.
« Ija Lune a toujours été, en raison de sa proximité de la Terre, celui
des corps célestes qui a le plus attiré la curiosité du public savant, et pro-
mis à l'Astronomie phvsique la plus abondante moisson de découvertes.
De faibles moyens optiques permettent, en effet, d'y découvrir une multi-
tude de détails d'un caractère net et persistant. Les premiers observateurs
se sont proposé d'interpréter les accidents comme l'œuvre de forces ana-
logues à celles qui agissent à la surface de la Terre. Bientôt même ils ont
cru constater des modifications permanentes pouvant être attribuées à l'ac-
tion de l'eau, de l'atmosphère ou des êtres vivants. Mais une critique plus
sévère n'a pas tardé à rendre ces conclusions douteuses. On a reconnu
que les changements signalés s'expliquaient presque tous par les déplace-
ments relatifs de la Lune, de la Terre et du Soleil, qui ne retrouvent qu'à
de longs intervalles leurs situations primitives. Bientôt les divergences
n'ont plus porté que sur les objets délicats et difficilement saisissables.
L'insuffisance des descriptions contenues dans les travaux scientifiques est
devenue manifeste, et les observateurs ont dû tenter d'obtenir j)ar le
dessin une représentation aussi fidèle que possible des apparences révélées
par le télescope.
» Ces dessins, exécutés par des procédés divers, et souvent avec une
habileté remarquable, trahissent presque toujours par leur facture et leur
aspect général la personnalité de leur auteur. Aussi s'est-on trouvé dans
un grand embarras chaque fois que l'on a eu à décider, en présence de
deux documents contradictoires et inconciliables, s'il fallait croire à un
changement réel, ou accuser l'imperfection inévitable des procédés gra-
phiques. Le doute en pareille matière est d'autant plus légitime que les
diverses représentations datées d'une même époque ne s'accordent guère
mieux entre elles que celles qui ont été faites à de longs intervalles.
L'abondance des renseignements, loin de fournir un contrôle décisif, ne
( i3i )
fait qu'augmenter l'incertitiule. On comprend d'ailleurs combien la tâche
du dessinateur est malaisée, en présence d'un Tableau changeant et com-
plexe. Le temps nécessaire pour décrire ou figurer avec soin une étendue
môme restreinte de la surface lunaire suffit pour modifier les teintes ou
faire apparaître de nouvelles ombres.
» Il est vrai que, par un exercice assidu , l'observateur acquiert une main
plus sûre, un coup d'oeil plus prompt; mais aussi certaines idées théoriques
se précisent dans son esprit, et finissent quelquefois par guider sa main
d'une manière plus ou moins inconsciente.
» Ce court aperçu des obstacles opposés aux investigations des séléno-
graphes montre dans quelle direction doit être cherché le remède. Tl
s'agit d'obtenir des images d'une authenticité incontestable, à la fois
précises et riches de détails, toujours comparables entre elles, se rappor-
tant à une époque déterminée et indépendante de toute erreur de per-
ception ou de jugement, commise par l'astronome. De cette manière
seulement, on évitera les discussions toujours si délicates qui peuvent
mettre en cause la clairvoyance ou l'habileté de l'observateur. Enfin il est
désirable que les épreuves puissent être multipliées à de courts intervalles.
Une simple comparaison suffira dès lors pour dissiper toute incertitude
sur la réalité ou l'interprétation des objets figurés. Il est bien évident ^ue
les méthodes photographiques permettent seules de réaliser dans toute son
étendue ce programme complexe. Ces remarques faites depuis longtemps
semblaient de nature à dicter sans hésitation le choix des astronomes.
Aussi accueillirent-ils avec un vif intérêt les premières tentatives faites
dans cette voie par Warren de la Rue et Rutherfurd. Mais une objection
de la plus haute gravité ne tarda pas à se présenter. L'examen des épreuves
obtenues, fait, il est vrai, dans bien des cas, sur des reproductions impar-
faites, conduisait à leur attribuer une infériorité considérable par rapport
à la vision directe. Des objets délicats, mais offrant encore pour l'œil des
teintes et des formes arrêtées, devenaient indiscernables sur la plaque sen-
sible, exposée derrière une lunette de même ouverture. Or c'est sur des
détails de ce genre qu'ont |)orté toutes les discussions engagées entre les
sélénographes. La photographie semblait donc incapable de rendre, dans
cet ordre de recherches, les services que l'on espérait d'elle. En fait, nous
voyons toutes les théories émises jusque dans ces dernières années, sur
l'histoire et la constitution présente de noire satellite, s'appuyer exclusi-
vement sur des dessins ou des descriptions verbales.
( i32 )
» Cet insuccès partiel tenait à diverses causes, et avant tout à une adap-
tation imparfaite des moyens d'exécution matérielle au but poursuivi. A
mesure que ceux-ci se sont perfectionnés, on a vu diminuer l'infériorité
provisoire de la photographie comparée à l'observation directe. La sensi-
bilité croissante des plaques au gélatino-bromure a permis de se contenter
de poses plus courtes. On atténue de cette manière une cause de trouble
considérable, consistant dans le défaut de stabilité de l'instrument et dans
l'imparfaite concordance de son mouvement avec celui de la Lune. De
plus un énorme progrès a été accompli par MM. Paul et Prosper Henry;
les perfectionnements qu'ils ont réalisés dans la construction des objectifs
spécialement achromatisés au point de vue chimique, les méthodes d'ob-
servation si exacte^ imaginées par eux et qui ont déjà trouvé une applica-
tion si importante dans la construction de la Carte générale du Ciel feront
époque dans l'histoire de la Photographie céleste. Il s'agissait enfui d'ob-
tenir des épreuves dont l'échelle fût équivalente à celle des meilleures
Cartes de la Lune, déjà très chargées de détails. Les photographies de
Rutherfurd n'auraient pu être portées à cette dimension que par un
agrandissement ultérieur excessif qui eût fait acquérir trop d'importance
aux défauts et aux lacunes de la couche sensible. On peut effectuer l'agran-
dissement sur la lunette elle-même avec un oculaire spécial. MM. Henry
ont obtenu par ce procédé des résultats extrêmement remarquables. Mais
l'instrument dont ils ont fait usage, établi en vue de la Carte du Ciel,
n'était pas adapté spécialement à la photographie de la Lune. On conçoit,
en effet, que si la construction des Cartes célestes demande un champ
considérable, la finesse et les dimensions de l'image prennent une impor-
tance majeure dans l'étude des étoiles doubles ou de la surface des planètes.
Il convient donc ici de s'adresser à un instrument de grande distance
focale, dût-on s'astreindre à une manœuvre plus pénible et plus déli-
cate. Et comme l'équatorial coudé a le privilège de se conduire avec une
facilité indépendante, ou peu s'en faut, de la distance focale, il nous a
paru devoir offrir la solution la plus satisfaisante du problème posé.
» L'avantase des instruments à grande distance focale a été mis en lu-
mière par les travaux des astronomes américains. L'observatoire Lick pos-
sède, comme l'on sait, un équatorial gigantesque de o'", 91 d'ouverture et
dont la distance focale se réduit à un peu moins de i5™ quand on lui ap-
plique la lentille de correction destinée aux opérations photographiques.
Cet instrument a fourni depuis plusieurs années une série de très beaux
( i33 )
clichés de la Lune. MM. Langley etilolden ont émis l'opinion qu'on pour-
rait la prendre comme base d'un travail d'ensemble destiné à remplacer
toutes les Cartes existantes et à les rectifier au besoin.
» Le D'^ Weinek, de Prague, auteur d'une collection de dessins d'un
grand effet artistique, a entrepris de comparer aux négatifs de Ijck les
objets les mieux étudiés par les anciens sélénographes. La difficulté, en
pareille matière, est de mettre le lecteur à même de se former, pièces en
mains, une opinion personnelle. Il faudrait pouvoir lui mettre sous les
veux une reproduction des clichés de Lick, aussi détaillée et plus lisible
que l'original lui-même. L'usage de la loupe, indispensable avec les
épreuves directes, n'est pas pratique quand il s'agit d'acquérir des notions
d'ensemble sur le relief du sol ou d'attribuer à des régions étendues leurs
caractères propres. D'autre part, l'expérience a conduit le D'' Weinek à
penser que tous les procédés d'agrandissement photographique entraîne-
raient la disparition de nombreux détails A'isibles sur les clichés. Il a donc
pris le parti d'exécuter ces agrandissements à la main, par un procédé de
lavis à l'encre de Chine qu'il a successiAcment amélioré, et que nous ne
connaissons pas encore dans tous ses détails.
» Tout en rendant justice aux travaux du D'' Weinek, il est permis de
croire que l'arrêt prononcé par lui n'est pas sans appel. Nos expériences
nous portent à penser, au contraire, qu'un agrandissement photogra-
phique exécuté avec soin, dans les dimensions prévues par le projet de
M. Langlev, rend aisément visibles tous les détails dont on peut affirmer
l'existence sur le cliché. Nous ne croyons pas qu'en présence d'un en-
semble aussi complexe, le plus habile artiste puisse se flatter d'atteindre le
même résultat par un procédé manuel, en laissant à chaque objet sa
valeur relative exacte. Il sera toujours indispensable, chaque fois qu'une
divergence ou un cas douteux se produira, de recourir à l'original. Alors
même qu'il v aurait lieu de rétablir artificiellement sur l'épreuve agrandie
quelques détails de l'image primitive, cette opération ne pourrait s'effec-
tuer qu'aux dépens de l'effet plastique et de la vérité générale. En tout
cas elle aurait l'inconvénient grave de faire perdre au document photo-
graphique son caractère d'absolue authenticité, et d'introduire à nouveau
la personnalité de l'observateur dans le domaine d'où il s'agissait de l'ex-
clure. On doit se préocuper aussi du risque des interprétations inexactes.
Tous les artistes savent combien il est difficile de rendre d'une manière à
la fois fidèle et détaillée un objet lointain, si l'on ne connaît pas à l'avance
le sens physique de tous les détails perceptibles.
( '34 )
» Il s'en faut bien que nos connaissances, relativement au relief de la
Lune, soient parvenues à ce degré d'avancement. M. Weinek lui-même
nous signale, dans les agrandissements exécutés par lui, des accidents assez
nombreux dont les observations ultérieures n'ont pas confirmé l'existence,
et qui doivent être attribués au défaut de la couche sensible. Le danger
de telles confusions disparaît si l'on dispose de plusieurs clichés pris à de
courts intervalles. Nous n'avons jamais, pour notre part, négligé cette pré-
caution. Il nous aurait donc été facile de lever l'incertitude, chaque fois
qu'elle se serait rencontrée. Mais, en fait, nous n'avons pas été obligés,
pour ce motif, dejuxtaposer les clichés d'une même soirée. Dans un agran-
dissement effectué parles procédés chimiques, les défauts de toute nature,
grains de poussière ou lacunes de la gélatine, se révèlent le plus souvent
avec une sécheresse et une netteté de contour qui les distinguent à pre-
mière vue des accidents de terrain, toujours modelés et dégradés sur les
bords. La comparaison des épreuves sera au contraire indispensable pour
vérifier la réalité des objets qui touchent à la limite de la visibilité.
» Il importe enfin, pour faire un choix entre les deux méthodes, de se
préoccuper de la durée probable du travail d'ensemble. Il s'agit, avons-
nous dit, d'exécuter une carte complète à l'échelle de i™,8o environ pour
le diamètre de la Lune. Le D"' Weinek estime à quarante-trois ou quarante-
cinq heures la durée du travail effectif exigé par la représentation d'un
seul cratère, sous un éclairage particulier. Or, la connaissance exacte du
relief linéaire ne peut résulter que de la comparaison d'images obtenues
sous des incidences variables des rayons solaires. Une formation importante
ne devra être considérée comme bien connue que si l'on a pu la voir éclai-
rée successivement par l'Est, par l'Ouest etducôté dumériden. Onjugera,
par là, que l'exécution manuelle d'une carte d'ensemble surpasserait les
forces d'un travailleur isolé. Comment, d'autre part, diviser la tâche entre
plusieurs artistes sans lui enlever son caractère d'unité? Nous croyons donc
pouvoir affirmer que le plan de M. Langley n'est pas réalisable par des
copies exécutées à la main. On ne fera faire ce pas décisif à la sélénogra-
phie qu'en obtenant pour toutes les phases de la Lune des reproductions
exclusivement photographiques, et en même temps aussi claires, aussi
complètes que les meilleures cartes existantes.
» Tel est le problème dont nous avons abordé la solution en utilisant le
grand équalorial coudé de l'Observatoire de Paris. Les épreuves que nous
avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie nous paraissent de
nature à justifier cette ambition. Il n'est point exagéré de dire que plu-
( '35 )
sieurs années seraient nécessaires pour décrire ou dessiner tous les détails
visibles sur une seule plaque obtenue en moins d'une seconde de pose.
Les épreuves directes surpassent en dimension celles de Lick; elles ne
cèdent en rien, pour la finesse, à celles que nous connaissons et suppor-
tent un grossissement considérable. Cela ne veut pas dire que nous consi-
dérons le travail comme arrivé à son terme. Sur cinquante ou soixante soirées
employées à la photographie de lai Aine, quatre ou cinq seulement nous sem-
blent avoir donné des résultats irréprochables, et ces dernières se rapportent
toutes à des phases comprises entre le premier et le dernier quartier. Encore
ce résultat partiel, si lentement acquis, a-t-il exigé une étude minutieuse des
difficultés à vaincre et des conditions qui doivent être réunies pour assurer
une réussite complète. A plusieurs reprises, nous avons dû apporter à notre
instrument des modifications pour lesquelles M. Tisserand, directeur de
l'Observatoire, nous a libéralement accordé les crédits nécessaires. Nous
croyons être aujourd'hui en mesure de conduire le travail à son terme, en
abordant les phases qui réclament une pose plus prolongée.
» La série de nos clichés, sans être encore complète, nous a fourni une
matière amplement suffisante pour les expériences d'agrandissement. Nous
n'avons pas tardé à nous convaincre que cette seconde partie du travail
était aussi minutieuse et aussi délicate que la première, avec cette seule
différence de ne pas dépendre de l'heure et de la saison. L'examen et le
réglage des différentes pièces de l'appareil, le choix de la source lumineuse
et du temps de pose demandent des soins comparables à ceux dont on en-
toure les déterminations astronomiques les plus précises, et il serait im-
possible de confier la surveillance immédiate du travail à de simples opé-
rateurs. En présence des résultats obtenus, nous pouvons dire que
l'exécution d'un atlas complet de la Lune, dans les dimensions proposées
par M. Langley, est dès à présent réalisable avec notre instrument sans
qu'il y ait lieu de redouter une dépense excessive de temps et de travail.
Une comparaison sommaire de nos agrandissements avec les représenta-
tions existantes des mêmes régions suffira aussi, croyons-nous, pour mon-
trer qu'ils réalisent un progrès sensible sur les travaux antérieurs. Nous
reviendrons sur ce point, si l'Académie veut bien le permettre, dans une
prochaine Communication. »
( i36 )
ASTRONOMIE. — Sur divers travaux exécutés à l'observatoire de Nice.
Note de M. Perroti.v.
« Dans la séance du 9 janvier 1893, j'avais l'honneur de communiquer
à l'Académie les premiers résultats obtenus à l'observatoire de Nice par
M. Charlois dans la recherche des petites planètes à l'aide de la Photogra-
phie. Depuis cette date, l'application de ce puissant moyen d'investigation,
que les astronomes français, notamment ceux de l'Observatoire de Paris,
ont porté à un si haut degré de perfectionnement, s'est poursuivie de
manière à nous faire entrevoir, pour un avenir peu éloigné, la réponse à
plusieurs des questions qui intéressent notre système planétaire.
» Depuis le 19 septembre 1892 jusqu'à ce jour, M. Charlois a décou-
vert 45 astéroïdes (soit 72 en tout, avec les 27 qu'il avait trofivés par l'ob-
servation directe) et, pour y parvenir, il a dû faire ii5 clichés renfermant
chacun, jusqu'à la grandeur i3,i4, toutes les étoiles comprises dans un
carré de 1 1° de côté. L'étendue du Ciel explorée de la sorte par la Pho-
tographie correspond à une bande de 11" de large qui, placée le long d'un
grand cercle, ferait trois fois et demie le tour de la sphère céleste.
» En môme temps que ces 45 planètes nouvelles, M. Charlois en ren-
contrait 112 déjà connues, fort inégalement distribuées, d'ailleurs, les
unes et les autres, sur les divers clichés, puisque 4° d'entre eux ne conte-
naient absolument rien, pas plus de planètes anciennes que de planètes
nouvelles.
M II peut paraître intéressant de réunir dans un Tableau, et classés
par ordre de grandeur, les astéroïdes dont la présence a été révélée par la
Photographie. Voici ce Tableau :
Nombre de planclcs
par ordre de grandeur.
Nombre de clichés.
1 15 dont 4o n'ont
rien donné ....
Planètes.
7. S.
y-
10".
II".
12'.
i3'.
Total
Anciennes . .
5
5
19
32
41
10
1 12
Nouvelles. . .
»
2
I
7
20
i5
45
Total
. 5
-T
20
39
61
20
» De son examen se dégagent les laits suivants ( ' ) :
» 1° Le nombre des planètes nouvelles est, dans l'ensemble, notable-
(') Le présent Tableau complète celui qui a été publié par M. Tisserand et sur sa
demande {Bulletin astronomique^ numéro de mai 1894)-
( i37 )
ment plus petit que celui des planètes anciennes. Le premier est presque
exactement les quatre dixièmes du second;
» "2.° Jusqu'à la douzième grandeur, les planètes nouvelles sont moins
nombreuses que les planètes anciennes, mais c'est l'inverse pour les astres
plus faibles actuellement connus;
)) 3° Pour les divers ordres de grandeur, le nombre total d'astéroïdes
(anciens et nouveaux réunis) suit une marche ascendante jusqu'à la dou-
zième grandeur pour diminuer brusquement aussitôt après (').
» Enfin, résultat que le Tableau fait pressentir, mais que montrent
mieux encore les nombres individuels qui l'ont fourni, dans ces derniers
temps, depuis surtout que la Photographie repasse par des régions déjà
explorées, le rapport du nombre des planètes nouvelles à celui des an-
ciennes a très notablement baissé; d'où cette conclusion que le nombre de
planètes qui restent à découvrir, jusqu'à la douzième grandeur tout au
moins, est nécessairement fort restreint.
)) Remarque importante et qui donne un certain poids à ces considéra-
tions : les régions photographiées ont été choisies au hasard, le long de
l'écliptique ou dans son voisinage, sans qu'on se soit préoccupé à l'avance
des planètes déjà connues qui pouvaient s'y rencontrer.
» Ces faits fournissent d'utiles renseignements sur la question si contro-
versée du nombre total de petites planètes et sur celui de leur masse
probable qui s'y rattache et nous en font espérer la solution pro-
chaine.
» Bien que résolu théoriquement par Le Verrier, ce dernier problème
préoccupe encore certains esprits et demande une solution pratique,
dût-on, pour y parvenir, faire usage d'instruments de plus grandes dimen-
sions que ceux dont on se sert aujourd'hui.
» Chemin faisant, d'autres questions se poseront ou se sont déjà posées,
celle du groupement des astéroïdes avecla distance moyenne au Soleil, par
exemple, et celle, non moins intéressante, de leur mode de distribution
dans l'intérieur et le long de l'anneau qui les contient. Celte distribution
ne semble pas uniforme si l'on considère que les petites planètes se ren-
contrent systématiquement dans certaines régions privilégiées du Ciel qui
ne dépendent pas exclusivement des circonstances plus ou moins favorables
de l'observation.
» Bien que modestes, ces résultats qui, sans la Photographie, auraient
(') Remarque faite par M. Newcomb sur le Tableau du Bulletin.
G. R., iSq'i, 1' Semestre. (T. C\I\, N" 2.) l8
( i38 )
exigé de nombreuses années de travail, sont de nature à engager les obser-
vateurs à poursuivre la recherche des petites planètes, et leurs précieux
auxiliaires, les calculateurs, à continuer à en déterminer les éléments, à
les passer toutes au crible de leurs calculs, pour ainsi dire, et, quel que
soit leur nombre. Ne devrait-on retenir, eu fin de compte, que les astres
qui nous intéressent à des titres divers, ceux notamment qui peuvent nous
instruire sur le degré de parenté, soupçonné dans ces derniers temps,
entre les astéroïdes et certaines comètes périodiques, question qui, comme
celles que je viens de rappeler, n'est pas indifférente au progrès de nos
connaissances cosmogoniques.
» Je n'aurais pas dit tout le parti que l'on peut tirer des photographies
prises à l'observatoire de M. Bischoffsheim, si je n'ajoutais que plusieurs
des clichés faits en double, à une année de distance, et contenant le plan
invariable du système du monde , peuvent être utilisés en vue de la
recherche de la planète ultra-neptunienne (si toutefois cette planète est
de iS*^ grandeur, au moins).
» Un appareil, dont M. Gautier fait en ce moment l'étude, rendra facile
et rapide la comparaison minutieuse de deux clichés représentant la même
partie du Ciel, à douze mois d'intervalle.
» Au commencement de l'année dernière, je faisais part à l'Académie du
projet formé par M. Bischoffsheim d'établir dans les Alpes-Maritimes, sur
le Mounier, à 2800™ d'altitude, une station astronomique destinée à
devenir une dépendance de son bel établissement de Nice. J'émettais
aussi l'espoir que le nouvel observatoire, terminé dans le courant de
l'été 1893, pourrait aussitôt après entrer en fonction.
» Une partie seulement de ce programme a pu recevoir son entière
exécution : l'observatoire était bien achevé à la fin dumoisd'aoûl, mais, dès
les premiers jours d'observation, au commencement de décembre, pendant
que mon assistant, M. Prim, renlrepreneur, M. Mavnard, son frère et moi
nous trouvions dans la coupole, un incendie se déclarait dans la maison-
nette d'habitation, la détruisait complètement à la faveur d'un vent d'une
violence extrême et, en nous privant des vivres et des provisions de toute
nature qu'elle renfermait, nous forçait, après une descente précipitée,
faite en partie la nuit, dans la neige, beaucoup plus pénible d'ailleurs que
dangereuse, à chercher un refuge au village de Beuil qui est le point le
plus voisin du nouvel observatoire.
» Dès ce moment, tout travail devenait impossible là-haut et devait
( '39 )
être remis à plus tard. C'est d'ailleurs la seule conséquence fâcheuse du
déplorable accident qui nous a si brusquement chassés du Mounier.
L'Académie apprendra avec plaisir que, grâce à la générosité de M. Bis-
chofîsheim que rien ne décourage, le mal sera bientôt réparé. Une nou-
velle maison (en maçonnerie cette fois et non en bois comme la première)
est en cours de construction et sera bientôt habitable; la coupole recou-
verte, à l'origine, avec de la toile imperméable et dont le vent et les
intempéries ont eu facilement raison, sera revêtue d'une enveloppe en
tôle de fer qui ne saurait subir le même sort. De plus, une galerie abritée
reliera la chambre de l'observateur avec la salle de l'équalorial et nul
doute dès lors que les études astronomiques ne puissent être bientôt
reprises dans des conditions meilleures que celles qu'on avait voulu tout
d'abord réaliser.
» Je termine en déposant sur le bureau de l'Académie un exemplaire
du deuxième Catalogue de nébuleuses découvertes par M. Javelle avec
notre grand équatorial : cela porte à 807 le nombre des nébuleuses dont
la position se trouve ainsi fixée avec la précision que comportent des
mesures micrométriques, sur les io5o trouvées en tout par cet obser-
vateur. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur Je nouveaux dérives obtenus en parlant de l'acide
benzoylbenzoïque. Note de MM. A. IIxVller et A. Guyot.
■(( Les recherches qui font l'objet de cette Note ont été effectuées en
partant de l'acide benzoylbenzoïque obtenu par l'élégante méthode do
MM. Friedel et Crafts, en traitant un mélange d'anhydride phtalique et de
benzène par du chlorure d'aluminium. Nous ferons remarquer qu'en opé-
rant avec du benzène pur et exempt de thiophène, on peut avoir un ren-
dement en acide représentant environ 92 pour 100 du rendement théo-
rique. Si l'on projette du penlachlorure de phosphore dans du sulfure de
carbone, tenant partie en dissolution et partie en supension de l'acide ben-
zoylbenzoïque, une vive réaction se déclare, de l'acide chlorhydrique se
dégage en abondance, et tout le produit ne tarde pas à se dissoudre. Après
avoir chassé dans le vide le sulfure de carbone et les chlorures de phos-
phore, en ayant soin de ne pas dépasser 100°, il reste une huile brune que
l'on décompose facilement, en donnant naissance à de l'acide benzoyl-
benzoïque et à de l'acide chlorhydrique.
( i4o )
)) Quand on dissout cette huile dans le benzène et qu'on ajoute à la
solution du chlorure d'aluminium, il se forme, avec un rendement de 85
pour loo environ, du diphénylphtalide , facile à obtenir 'pur, si l'on a eu
soin d'employer un carbure exempt de thiophène.
» La formule dissymétrique du diphénylphtalide étant admise, on peut
expliquer les réactions qui précèdent de deux manières, suivant qu'on
adopte pour l'acide benzoylbenzoique l'une ou l'autre des deux formules
(A) '-"\C()OH '
/OH
(II) ' C«H*( \
\ \0
co/
» Dans le premier cas, il se formerait un dérivé trichloré de la forme
qui, en présence de benzène et de chlorure d'aluminium, donnerait nais-
sance au composé IV. L'eau décomposei-ait ensuite ce dernier suivant
l'équation
/Cl /C«H5
(IV) c«H*/ \c^H3+"^0=CeH'/'^^" -+-2HCI.
coci co/
Mais des expériences en cours d'étude nous obligent d'ores et déjà à re-
jeter cette manière d'interpréter celte réaction.
» Dans le second cas, le perchlorure donnerait naissance au com-
posé V, avec lequel la formation du diphénylphtalide s'expliquerait très aisé-
ment :
/Cl /G' 11^
(V) CMi^/\o -t-CMi^-H=C=H*/ \Q +11C1.
CO/ CO/
» Un fait observé par nous, dans le cours de la préparation du diphényl-
phtalide, au moyen du chlorure de phtalyle, corrobore inversement cette
manière de voir. Si l'on a soin, dans cette dernière opération, d'éviter l'ad-
dition de la quantité voulue de chlorure d'aluminium au mélange de ben-
zène et de dichlorure de phtalyle, on obtient, en même temps que du
( i4i )
diphénylphtalide, de l'acide benzoylbenzoique. Or celui-ci ne peut se for-
mer qu'aux dépens d'un corps
/Cl /OU
C=H*/ \Q +H'0=11C1+C«H»/''\Q
CO/ CO/
» Si cette formule lactonique de l'acide benzoylbenzoïque ne permet
pas de rendre compte d'une façon simple de la formation de l'anthraqui-
none, elle se prête, par contre, très facilement à l'interprétation des réac-
tions signalées plus haut, de celles qui vont suivre et de beaucoup d'autres
déjà connues. Elle concorde, de plus, avec celle qui a été adoptée pour l'acide
dioxybenzoyl-o.-benzoique, par M. Graebe et ses élèves, MM. Rohn et
Huguenin.
)) Diméthylarnidodiphcnylphtalide. — Aune solution d'acide benzoylben-
zoïque, dans un grand excès de diméthylaniline, on ajoute peu à peu la
quantité théorique de trichlorure de phosphore dilué dans la diméthylani-
line. Pendant toute la durée de l'opération, on a soin de maintenir la tem-
pérature au-dessous de So". On reprend par l'eau, on alcalinise et on chasse
l'excès de diméthylaniline dans un rapide courant de vapeur d'eau. Il reste
une huile qui, au bout de quelques mois seulement, se met à cristalliser
quand on n'a pas à sa disposition un cristal du produit, pour amorcer la cris-
tallisation.
» Après purification au noir animal et cristallisations répétées au sein
de l'alcool, on obtient de beaux cristaux blancs, fondant à 119°, solubles
dans la plupart des dissolvants ordinaires, surtout à chaud, et se combinant
également aux acides.
M Le chlurhydrate C-^H'^AzO-HCl constitue des paillettes blanches,
perdant leur acide chlorhydrique à 100° et se dissociant facilement au
contact de l'eau.
» En nous appuyant sur ce qui précède, nous pouvons traduire la for-
mation de ce composé par l'équation suivante :
/Cl /C«H*A7.(CH3)2
/C — C«IP /C — CH^
C«H»^ \q 4-G«H»Az(CH3)'izz:C«H*^ \q + HCl.
\co/ \co/
» A côté du produit principal, on trouve dans les liquides mères une
huile jaune, dont les solutions sont légèrement fluorescentes, dislillables
( i42 )
sans décomposition et dont la quantité semble augmenter quand on em-
ploie un excès de trichlorure de phosphore.
» Oxydé, ce produit donne une coloration violette peu intense.
» Acide diméthylamidotriphénylméthaneorthocarbonique :
/C«H*Az(GH3)2
C«H'/ \C=PP
\C00H
» Ce composé s'obtient facilement et quantitativement quand on réduit le
phtalide étudié plus haut en solution chlorhydrique par le zinc, ou mieux
en solution alcoolique, au moyen de l'amalgame de sodium.
» Cristallisé dans le xylène bouillant, cet acide se présente sous la
forme de petits cristaux blancs, peu solubles dans les dissolvants ordi-
naires et fondant à 190°.
» Dimctliylamidophénylanthranol :
'( I ^G=IP ou CH*/] \
» Ce composé prend naissance quand on broie dans un mortier l'acide
diméthylamidotriphénylraéthaneorthocarbonique avec de l'acide sulfu-
rique concentré. On verse le tout dans l'eau et on neutralise par du carbo-
nate de soude. On obtient ainsi une poudre jaune qui, essorée et séchée,
est mise à cristalliser dans le xylène bouillant. Ce composé est très diffi-
cile à purifier et les rendements en cristaux purs ne dépassent guère i pour
100 de la quantité de matière employée.
» Les cristaux se présentent sous la forme d'aiguilles allongées, d'un
jaune d'or, sans point de fusion défini, car elles se décomposent avant de
fondre.
» On peut représenter ce corps par l'une ou l'autre des formules indi-
quées plus haut, mais nous sommes portés à considérer la première comme
se rapprochant plus des faits que la seconde. Des recherches en cours
d'exécution justifieront cette manière de voir. »
( '43 )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Production expérimentale de la péripncu-
monie contagieuse du bœuf, à l'aide de cultures. Démonstration de la spéci-
ficité du Pneumobacillus liquefaciens bovis. Note de M. S. Arloixg.
« I. Dans deux Notes insérées aux Comptes rendus, les 9 et i6 sep-
tembre 1889, j'ai résumé l'état de mes recherches sur la bactériologie de
la péripneumonie contagieuse du bœuf. Dans la seconde, j'exposais parti-
culièrement mes tentatives pour déterminer le microbe producteur de la
maladie.
« La détermination d'un microbe pathogène est complète, disais-je le
» 16 septembre 1889, lorsqu'on a reproduit, par l'inoculation de ses cul-
» tures, les lésions d'oîi il procède ».
» Je faisais ressortir alors, qu'il m'avait été impossible de reproduire
exactement, c'est-à-dire avec toute leur intensité, les lésions caracté-
ristiques de la péripneumonie naturelle, ou celles qui accompagnent quel-
quefois l'inoculation de la sérosité virulente du poumon dans le tissu
conjonctif sous-cutané ou dermique avec les cultures pures du microbe
que j'ai nommé Pneumobacillus liquefaciens bovis. Néanmoins, en présence
d'une série de faits d'une valeur secondaire, mais tous concordants, obte-
nus au cours de mes nombreuses tentatives d'inoculations, j'avais conclu
à la spécificité du pneumobacille.
» Depuis cette époque, je n'ai jamais cessé de poursuivre la preuve dé-
finitive de mon assertion , c'est-à-dire la reproduction intégrale des désordres
causés par le virus péripneumonique dans le poumon et le tissu conjonctif
à l'aide des cultures du microbe sus-indiqué.
)) Les doutes élevés sur la valeur étiologique du pneumobacille, parles
personnes qui se sont le plus occupées chez nous de la péripneumonie
contagieuse, me poussaient d'ailleurs à fournir cette démonstration; doutes
fort sérieux, puisqu'ils se sont traduits un jour par cette hypothèse que la
péripneumonie était probablement l'œuvre d'une particule vivante, échap-
pant aux moyens de culture et de coloration actuellement usités dans l'é-
tuJe des microbes connus.
)) Chemin faisant, je me suis aperçu que le pneumobacille déversait, dans
son bouillon de culture, des substances toxiques auxquelles les animaux
porteurs de lésions péripneumoniques étaient plus sensibles que les ani-
maux sains. J'ai pu m'assurer, en outre, que les cultures complètes, sous
( i44 )
un certain état virulent, donnaient au bœuf, sans lui faire courir aucun
danger sérieux, une immunité égale à celle que procure la sérosité du
poumon malade, inoculée selon le procédé du docteur Willems, de Has-
selt.
» Je reviendrai sur ces points ultérieurement. Aujourd'hui, je désire
montrer : i" que l'agent essentiel du virus se comporte à la manière des
microbes ordinaires; 2° que cet agent est le pneumobacille.
» II. Étant admis que la virulence péripneumonique est fonction d'une
particule vivante, elle doit grandir avec le nombre des particules présentes
dans la sérosité du poumon malade. Si cette particule est un microbe or-
dinaire et si son véhicule peut lui servir de milieu de culture, en plaçant la
sérosité recueillie ipurement dans les conditions où le microbe peut se
multiplier, l'activité de cette dernière augmentera, jusqu'à un certain
point, proportionnellement à la durée de la culture.
» Par conséquent, inoculant sous la peau du bœuf des quantités égales
de sérosité pulmonaire recueillie purement et soumises préalablement à
une incubation dans l'étuve à + 35°, si l'on obtient des effets locaux crois-
sant en raison du temps de l'incubation, on pourra conclure que la viru-
lence péripneumonique est fonction d'un microbe ordinaire. Or, l'expé-
rience a fourni des résultats conformes aux prévisions.
» La sérosité pulmonaire augmente de virulence et se trouble légère-
ment pendant son passage dans une étuve. I^e trouble est lié à la multipli-
cation des germes, comme l'atteste la culture dans la gélatine étalée, quand
cette opération est possible.
» Ne peut-on inférer de ces expériences que les agents pathogènes de
la péripneumonie sont des particules, vivantes aptes à se multiplier dans
leur véhicule naturel, autrement dit des microbes tels qu'un certain
nombre de ceux que nous connaissons?
» III. Les cultures, dans la gélatine étalée, des sérosités sortant d'une
étuve iucubatrice, ont révélé simultanément un accroissement de la viru-
lence et du nombre des germes. Si j'ajoute que les colonies les plus nom-
breuses sont liquéfiantes, il sera logique de déduire que le Pneumobacillus
liquefaciens est l'agent pathogène de la péripneumonie.
» Mais ce genre de démonstration serait encore une solution indirecte à
la seconde question qui nous occupe dans cette Note. Je n'insisterai donc
pas, car je suis en mesure de donner une réponse péremptoire.
» J'étais convaincu, d'une part, que les effets de mes inoculations ten-
dant à démontrer le rôle étiologique du pneumobacille s'étaient montres
( i45 )
insuffisants parce que l'activité du microbe propage dans mes cultures était
originellement trop faible. D'autre part, j'avais remarqué, dès avant 1889,
que les organismes contenus dans la sérosité pulmonaire devenaient plus
virulents en évoluant sous la peau du bœuf. Il m'était donc permis d'es-
pérer que je trouverais des microbes plus actifs, tels que je les désirais,
dans les lésions coccvgiennes succédant parfois à l'inoculation wil-
lemsienne, lésions graduellement envahissantes en dépit des mauvaises
conditions ambiantes. Je souhaitais vivement cnlre|)rendre une série de
cultures et d'inoculations en puisant la semence dans ces lésions :
M. Robcis, vétérinaire sanitaire à Paris, m'en a fourni l'occasion.
» Dans la couche profonde du derme et dans le tissu conjonctif inter-
musculaire d'une région caudale tuméfiée sous l'influence du virus péri-
pueuraonique, j'ai rencontré beaucoup plus de microbes qu'au sein des
lésions pulmonaires.
» Ces microbes se sont multipliés rapidement et abondamment dans du
bouillon de bœuf fortement peptoné.
» La méthode de Roch pour l'isolement des espèces m'a fait séparer des
cultures deux bacilles différant principalement par l'aptitude de l'un
d'eux à liquéfier promptemcnt la gélatine. Le bacille non liquéfiant est
généralement plus court que l'autre. Tous les deux sont abondamment
pourvus de cils. Le bacille liquéfiant répondait donc exactement aux carac-
tères que j'ai assignés jadis au Pneumobacille. En le propageant à l'état
de pureté, j'ai pu expérimenter son action physiologique.
» D'abord, j'ai été frappé de l'intensité des effets sous-cutanés de
2*^" d'une ctUture de deuxième génération, effets plus rapides mais exacte-
ment semblables à ceux de la sérosité pulmonaire la plus active. J'ai pensé
que l'occasion était excellente pour tenter des inoculations intra-pulmo-
naires fructueuses.
» J'ai préparé une culture de troisième génération et, dès le lendemain,
j'en poussai 1'^'' dans la profondeur du poumon droit sur un taurillon âge de
i5 mois. Le surlendemain, je répétai cette inoculation. Trois jours plus
tard, je sacrifiai le sujet et je trouvai à l'autopsie une masse pneumonique
d'un volume supérieur à celui du poing, offrant au plus haut degré tous les
caractères des lésions résultant de la contagion naturelle.
» Dans une seconde expérience, j'inoculai dans le poumon d'un jeune
bovidé une culture de quatrième génération, à la dose minime de o*''', 5, pour
éviter les effets toxiques immédiats des doses massives, et je renouvelai
cette inoculation pendant trois jours de suite avec des cultures de généra-
C. R., 1894, 2- Semestre. (T. CXIX, N»2.) '9
( -46 )
lions successives. Six jours après la première inoculation, je sacrifiai l'ani-
mal. L'autopsie a montré des noyaux pneumoniques bien caractérisés et
des lésions pleurales siégeant en face de ces derniers, ainsi qu'à la partie
antéro-inférieure de la poitrine.
» Enfin, dans une troisième expérience, pour mieux éviter les effets
toxiques immédiats, j'injectai simplement les microbes contenus dans lo*"'
d'une culture de dixième génération. L'injection ayant été poussée un peu
trop en arrière, le hasard voulut que les bacilles fussent déposés au delà
du poumon, sur les deux faces du diaphragme. A l'autopsie, pratiquée cinq
jours plus tard, je trouvai un épaississement séro-fibrineux du diaphragme
propagé au poumon, en avant, au péritoine et au foie, en arriére; de sorte
que ces trois organes faisaient corps dans une tumeur entourée de fausses
membranes. Je constatai en outre : une pleurésie très accusée au niveau
du péricarde et des deux lobes antérieurs du poumon ; du liquide citrin
dans la plèvre , le gonflement des ganglions lymphatiques médiastinaux et
sous-pleuraux.
M IV. Somme toute, j'ai reproduit sur le bœuf, avec des cultures pures
du Pneumobacille comprises entre la deuxième et la dixième génération,
les altérations typiques causées sous la peau et dans la poitrine parle virus
de la péripneumonie contagieuse. Je puis donc affirmer péremptoirement :
1° que l'agent virulent de la péripneumonie contagieuse est un microbe
ordinaire ; 2° que ce microbe est le Pmeumohacillus liquefaciens bovis.
» Je traiterai, dans une autre Note, les variations biologiques diverses
que peut offrir ce bacille pathogène. »
MEMOIRES LUS.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherches comparatives sur les produits de combustion
du gaz de l'éclairage fournis par un bec d'Argand et par un bec Auer.
Note de M. N. Gréhaxt (').
« J'ai soumis à de nouvelles recherches les produits de combustion du
gaz de l'éclairage, en me servant du procédé chimique par l'oxyde de cuivre,
et de mon procédé à la fois physiologique et chimique qui permet de doser
avec la plus grande exactitude les moindres traces d'oxyde de carbone.
(') Travail du laburaloire de Physiologie générale du Muséum d'Histoire iiaUirelle.
( î47 )
» t'oiir absorber complèlenient l'acide carbonique, j'ai utilist- trois barboteurs de
Cloëz remplis d'une solution filtrée de potasse dans l'eau de barvto : on est averti, par
un anneau de carbonate de bnrvte, du moment où le troisième barboteur commence à
fixer l'acide carbonique; les deii\ premiers devenant insuffisants sont remplacés; les
gaz traversent ensuite deux tulies témoins à eau de baryte, longs de o"\ 70, qui doivent
toujours rester parfaitement clairs; à la suite du tube à combustion, se trouve un der-
nier tube à eau de baryte. Tous les points par lesquels pourrait rentrer l'air extérieur
sont enveloppés de manchons de caoutchouc pleins d'eau.
» Vérification de l'appareil. — Je compose, dans un gazomètre construit sur le mo-
dèle de celui du D'' de Saint-Martin, un mélange de 34 litres d'air et de 3™, 4 d'oxyde
de carbone pur, mélange à ,,1^^^ ; je fais passer le gaz lentement, bulle à bulle, à l'aide
d'une trompe de Golaz et d'un régulateur de pression à mercure, à travers rox.yde de
cuivre rouge; il se produit un anneau très marqué dans le dernier tube à baryte; la
décomposition du carbonate de baryte dans le vide de la pompe à mercure a donné
3'"'",4 d'acide carbonique, correspondant exactement à 3'^'",4 d'oxyde de carbone.
» Bec cV Argand. — Je fais allumer un bec d'Argand, qui est enveloppé
d'un manchon de crislal et d'un couvercle métallique communiquant par
un réfrigérant et un long tube de caoutchouc avec le gazomètre dans lequel
on établit une diminution de pression de 2*^" d'eau; les produits de la com-
bustion remplissent ijo litres en six minutes.
» On fait passer ce gaz lentement sur l'oxyde de cuivre pendant vingt-quatre heures,
et l'on obtient, pour 73''', un léger anneau de carbonate de baryte qui, décomposé,
donne seulement i", 2 d'acide carbonique : il existe donc, dans les produits de la com-
bustion du bec d'Argand, une trace de gaz contenant du carbone, mais la proportion
en est si faible qu'on peut l'évaluer à , -„^„.
» En faisant respirer à un chien les produits de combustion d'un bec d'Argand,
après avoir pris un échantillon de sang normal pour doser le gaz combustible du sang,
j'ai trouvé, au bout d'une demi-heure, qu'un second échantillon de sang a donné la
même réduction au grisoumétre, ou 0,91, ce qui confirme le résultat précédent et
démontre l'absence de l'oxj'de de carbone dans ces produits de combustion.
» Bec Auer. — Il n'en est plus de même lorsqu'on opère avec le bec
Auer, qui donne une lumière si blanche et si éblouissante.
» En faisant passer 60"' de gaz provenant de la combustion de ce bec, j'ai obtenu,
après l'oxyde de cuivre, un précipité volumineux que je présente à l'Académie et qui,
décomposé dans une expérience toute semblable, m'adonne z'i'^',1 d'acide carbonique
correspondant à 23'"'", 2 de formène ou d'oxyde de carbone, ou d'un mélange des deux
gaz; la proportion de ce gaz combustible dans les produits de la combustion est égale
à '
" 2380"
» En recherchant avec un animal si ce gaz contient de l'oxyde de carbone, j'ai
obtenu un résultat positif; après une demi-heure de respiration, j'ai obtenu i",3
( i48 )
d'oxyde de carbone pour loo^'^ de sang, ce qui représentait dans l'air ^--5-;^ d'oxyde de
carbone.
» Il rcsiilfc de ces recherches qu'il y aurait le pUis grand intérêt, au
point de vue de l'hvgiène, à faire échapper au dehors les produits de la
combustion du gaz de l'éclairage, surtout ceux qui proviennent du
bec Auer. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. Béraud soumet au jugement de l'Académie quelques échantillons de
couleurs nouvelles,' extraites du cobalt.
(Coinmissaires : MM. Troost, Schùtzenberger. )
M. GiLEwisT adresse une Note relative à diverses applications du pho-
nographe.
(Commissaires : MM. Cornu, Mascart.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Images spéciales du Soleil données par les rayons
simples, qui correspondent aux raies noires du spectre solaire. Note de
M. !I. Deslandres, présentée par M. Tisserand.
« Jusqu'à présent, la surface du Soleil a été étudiée simplement avec la
lunette et le miroir ordinaires dont les images sont formées par l'ensemble
des rayons lumineux ou photographiques. Or, comme le spectre continu du
Soleil est sillonné par de très nombreuses raies noires, les images précé-
dentes sont dues en grande partie aux ravons simples des intervalles bril-
lants entre les raies noires, rayons c[ui, d'ailleurs étant réunis, donnent seu-
lement un résultat moyen. Aussi j'ai proposé déjà (') d'étudier le Soleil avec
chaque rayon simple brillant ou sombre, mais isolé, et dans le but de re-
connaître les couches successives du Soleil et de son atmosphère, qui ont
été dévoilées au bord par les éclipses totales, mais qui, en temps ordi-
naire, nous échappent encore, surtout dans la partie projetée sur le dis-
(') Comptes rendus du 26 décembre iSgS.
( '^19 )
que. Ces couches du Soleil, par le jeu de leurs émissions et absorptions
de lumière, produisent ces inégalités du spectre, qui, par contre, peuvent
servir à les déceler.
» J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les premiers résultats obtenus
dans cette voie nouvelle. L'appareil employé comprend un sidérostat, un
objectif ordinaire et un spectrographe enregistreur à deux fentes, qui donne
l'image d'une source quelconque en lumière monochromatique, d'après le
principe général posé par M. Janssen en 1869.
» i" Rayons les plus brillants. — J'ai isolé, d'abord avec le spectro-
graphe, un intervalle brillant entre des raies noires; l'image obtenue,
comme on pouvait s'y attendre, est celle de la lunette ordinaire employée
seule. Elle montre la photosphère avec les taches et les facules, qui sont
brillantes surtout au bord. J'ai constaté seulement que, dans la région lu-
mineuse, la seule étudiée, la distinction entre le fond brillantdu disque et
les taches et facules est plus marquée pour les rayons les plus réfran-
gibles (').
» 2" Rayons brillants des vapeurs de calcium. — Ils doivent être mis à
part, car ils sont renversés et émis par des matières non plus liquides ou
solides, comme dans le cas précédent, mais gazeuses, et placées plus haut
dans le Soleil. Ils donnent avec le spectrographe, comme je l'ai montré
précédemment, l'image de la chromosphère entière du Soleil, telle qu'on
la verrait isolée de la photosphère. Les plages brillantes sont en accord
général de formes avec les facules de la photosphère, mais avec le même
éclat sur toute la surface, au centre comme au bord, et avec une extension
plus grande, qui souvent cache les taches dont la pénombre en général
n'est pas marquée.
» 3° Rayons relativement sombres correspondant aux raies noires. — Avec
le spectrographe employé, la raie brillante du calcium a une largeur de
Qiunj q(3 ^ quiiu p^. j^-j.jjj, ]g large raie noire du calcium, qui comprend en
son milieu la raie brillante, est, de chaque côté, large au moins de o""'',35.
Or, si l'on isole, avec la seconde fente, une partie de la large raie noire,
on obtient, avec une pose à peine plus longue, un résultat curieux et d'ail-
leurs (lifléreut. Les jilages brillantes des flammes faculaires apparaissent
encore, aux mêmes points du disque, mais moins intenses par rappuit
au fond, moins étendues, sensiblement de même éclat au centre et au
(') Ces épreuves et les suivantes ont été obtenues avec le concours de mon assis-
tant, M. Mittau.
( i5o )
boni; les taches, d'autre part, se montrent nettes et non voilées, avec
leur pénombre bien marquée ('). J'ai obtenu encore des images sem-
blables dans leurs lignes générales, avec les antres raies noires (fer, alu-
minium, calcium, carbone) assez larges pour être isolées avec le spec-
trographe (^). Il y a donc là un fait général nouveau spécial à ces raies
noires.
» Ces images des raies noires sont intermédiaires entre les images de la
photosphère et de la chromosphère; en effet, elles sont fournies en grande
partie par les couches solaires productrices des raies noires, qui, vraisem-
blablement, tiennent à la photosphère comme à la chromosphère, qui, de
toute façon, occupent au moins la partie la plus basse de la chromosphère,
appelée, en anglais, the reversing layer. Ces couches apparaissent, en effet,
brillantes et renversées dans les éclipses totales, pendant les deux pre-
mières secondes de la totalité, d'après les observations de Young; et,
comme elles ont une faible hauteur, une seconde darc au plus, elles sont
aussitôt cachées par le mouvement de la Lune pendant les éclipses, et ne
peuvent pas non plus être étudiées par le spectroscopc en temps ordinaire.
Les images du Soleil, données par les rayons simples des raies noires,
permettent donc d'étudier la répartition et l'intensité des vapeurs cor-
respondantes, qui, jusqu'alors, ont échappé à l'observation, et ouvrent
ainsi une voie nouvelle d'investigation.
■a Tels sont les premiers résultats obtenus, encore incomplets eu égard
aux recherches nombreuses qui restent à faire dans la même direction.
Le spectrographe employé, qui est celui déjà décrit pour la photographie
de la chromosphère avec la raie brillante du calcium, a, en effet, une dis-
persion trop faible pour permettre l'isolement des raies très fuies du
spectre; il ne présente pas non plus les dispositions spéciales qui ont été
recommandées pour la recherche des plages brillantes dues à la couronne
du Soleil (') et qui ont toujours la même valeur. Les vapeurs du calcium,
(') Ce résultat avait été prévu à l'aide des spectrographes enregistreurs dits rfes
vitesses ou par sections qui montrent dans la large raie sombre un petit renforcement
de lumière aux points occupés par une flamme faculaire brillante.
(-) L'extension des plages brillantes est variable avec les diverses raies isolées.
(') Ces dispositions spéciales paraissent encore nécessaires pour mettre nettement
au jour les plages dues à la couronne ou aux masses donnant le spectre continu ob-
servé pendant les éclipses. Ces plages de la couronne peuvent coïncider avec les plages
de la chromosphère gazeuse, puisque l'on a observé des protubérances avec un spectre
( i5i )
d'une part, offrent un grand intérêt, à cause de leur renversement triple,
qui annonce trois couches différentes superposées dans le sens de la hau-
teur. Les deux couches les plus basses, correspondant à la large raie noire
et à la raie brillante double ont déjà été obtenues. Il convient de rechercher
l'image de la Iroisicmc couche, la plus voisine de la couronne, qui est
donnée par la petite raie noire centrale. Celte dernière image, d'après les
résultats déjà fournis par les spectrographes par sections, ne présentera
pas toutes les plages brillantes des couches inférieures; elle permettra de
créer entre les flammes faculaires une distinction utile à l'étude de l'atmo-
sphère solaire autour des taches. »
CHALEUR RAYONNANTE. — Sur ks radiations calorifiques comprises
dans la partie lumineuse du spectre. Note de M. Aymomnet.
« Melloni, en i835 et 1837 ('), a fait remarquer :
M 1" Que le maximum de 'lumière du spectre solaire conserve une po-
sition presque invariable, pendant que le maximum calorifique se dé-
place, et que l'action chimique varie, avec la nature du spectroscope, avec
la composition chimique des corps transparents mis en avant de la fente,
et avec l'époque des observations faites par un ciel également serein, le
Soleil étant à la même hauteur au-dessus de l'horizon;
» 2° Que les humeurs aqueuses de l'œil ne laissent arriver sur la rétine
que la série d'onde donnant le calorique lumineux;
» 3° Qu'il y a discordance entre les effets optiques et thermiques obser-
vés dans la partie lumineuse d'un spectre solaire obtenu avec un spectro-
scope de sel gemme.
» Jamin et Masson (-), en i85o, reprirent les expériences de Melloni,
relatives à la troisième remarque, en employant un spectroscope plus par-
fait optiquement que celui du savant italien, mais hétérogène, composé
de flint et de crown. Ils trouvèrent un ^.ccorà presque parfait entre les phé-
continu. Parmi les raies à isoler dans ce but, il faul citer la petite raie noire centrale
du calcium.
(') Melloni, Annales de Chimie et de Physique, t. LX, 2"^ série, p. 4i8; 2'* sé-
rie, t. LXXII, p. 334.
(-) Jamin et Masson, Comptes rendus, t. XXXI, p. i4.
( i52 )
nomènes calorifiques et lumineux. Celle divergence des résultats obtenus
par d'aussi habiles expérimentateurs peut être attribuée aux différences
de leurs spectroscopes, et aussi à ce que le sel gemme n'absorbe pas les
mômes radiations que le flint et le crown.
» Jamin ('), en 1860, fit des recherches sur la thermochrose des diffé-
rents tissus et humeurs de l'œil; il reconnut que, poLir les radiations
obscures, elle est identique à celle de l'eau. Cette identité subsiste-t-elle
encore pour les rayons compris entre le rouge et le violet? Si oui, comme
plusieurs expérimentateurs ont constaté que l'eau absorbe inégalement les
diverses radiations du spectre lumineux, il est certain que l'œil ne peut
percevoir les rayonnements de cette région capables d'êti-e absorbés par
1 eau.
» Je me suis proposé d'élucider expérimentalement cette question qui
inléresse, non seulement la théorie générale de l'Optique, mais encore et
particulièrement celle du spectre d'émission et d'absorption.
» Pour cela, j"ai déterminé les pouvoirs de transmission de quatre systèmes d'écrans,
placés successivement avant la fente du spectroscope décrit dans ma Note précédente,
spectroscope ne livrant passage qu'aux radiations non absorbées par les crowns et les
(lints les constituant. Ces écrans sont : i°.(M), l'auge y contenant une couche de i'^" de
chloroforme saturé d'iode, ne laissant jiasser de la lumière qu'entre les limites — 1'56
et — 15'94 de la raie A; 2° (N), l'auge 0, de a"", remplie d'eau et suivie de l'auge
iodée précédente; 3° (P), l'auge 0 renfermant une solution saturée de sulfate de
cuivre dans de l'eau ammoniacale, ne laissant passer de la lumière que vers G, entre
182' 19 et 25i'36 de A; 4° (Q), une lame de verre rouge, transparente seulement pour
les radiations comprises entre — io'2i et 5o'oo de A.
)) J'ai fait usage de sources artificielles : les lampes Bourbouze et Drummond.
Entre chacune d'elles et la pile ou l'œil de l'observateur, la quantité de vapeur d'eau
était faible.
» Je me suis servi également du Soleil; comme, entre lui et nous, la quantité d'eau
interposée est considérable, nous devons nous attendre à ne pas trouver dans son
spectre calorifique lumineux les radiations susceptibles d'être absorbées par l'eau; et
nous pouvons prévoir qu'il y aura moins de discordance entre les courbes repré-
sentant les distributions de la chaleur et de la lumière dans le spectre R — V solaire,
qu'entre les courbes analogues répondant aux spectres des sources artificielles, puisque
la plupart des rayons qui absorbent les humeurs de l'œil l'auront été par la vapeur
d'eau atmosphérique.
» Les intensités indiquées dans les colonnes i et 6 du Tableau suivant corres-
(') J. Jamin, Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. 60, p- 71.
( T^3 )
pondent à une fente spectroscopique de o™"',666 donnant des images nionocliromatlque^
de i™'" et à une ouverture de pile de i™"*, 5 sous-tendant un angle de i5',5.
ions (lu milieu
de la pile.
Lampe
Bourlïouze
vers l-iOû".
Lampe On
immond.
Sol
Rrtpp. de
eil.
■osil
IntcnsiU-s
sans écran.
Kapport de
tran^Qlis^iun.
InlPiisilés
sans écran.
Rapport
dotransnt.
M.
tran^m.
.M.
N.
P.
Q.
M.
Q-
1.
2.
3.
V.
5.
6.
7.
R.
9.
du.
div.
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nC) -8849...
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0,81
0,19
0,00
H-
281.99. . ,
»
»
»
»
»
1,20
»
»
»
» De l'examen de ce Tableau (-), on déduit les conclusions suivantes :
» 1° L'œil ne perçoit pas toutes les radiations comprises entre le rouge
et le violet;
)) 2° L'œil n'est pas impressionné par les rayonnements interceptés
par l'eau ;
)) 3° Lorsque le milieu interposé entre la source radiante et l'appareil
de mesure renferme de l'eau, il v a concordance, mais imparfaite, entre
la distribution de la chaleur et celle de la lumière dans la même région
du spectre;
» 4° I-'ÊS raies ou bandes brillantes que rions pouvons observer dans
un spectre sont seulement celles ou une partie de celles qui peuvent frau-
(') A celte position, le ([uatrième grand maximum du spectre solaire se superpose
aux. maxima des lampes Bourbouze et 'Drummond. Le maximum maximorum du
spectre solaire est à — ■ iS'.Sa.
(-) Si Ion calcule, par la formule de Fresne!,la quantité de chaleur pouvant tomber
sur la pile après trois réilexions sur les faces du prisme, sous l'angle du minimum de
déviation ;= So", on trouve qu'elle est les 0,0002 de la radiation directe. Le rayonne-
ment d'intensité maximum (lampe Bourbouze), supposé non dispersé, fournirait donc
après ces trois réflexions une déviation de o'^"",i6 : aussi, comme je l'ai trouvé, que la
face du prisme opposée à l'angle de rétraction soit noircie ou non, les résultats sont
identiques.
C. R., 189',, 2« ScmnUre. (T. CX1\, N» 2.) 20
( '54 )
chir l'eau. Ainsi il est probable que le sodium émet, dans R — V, d'autres
radiations que les raies D ;
» 5" Puisque l'eau intercepte les radiations obscures, son spectre d'ab-
sorption est discontinu en T.; il est très probable qu'il en est ainsi pour les
spectres d'absorption de tous les corps; aucun d'eux n'est continu ('). »
OPTIQUE. — Sur la polarisation rie la lumière diffusée par les surfaces dépolies.
Note de M. A. Lafay, présentée par M. A. Cornu.
« L'action des corps dépolis sur la lumière a surtout été étudiée au
point de vue de l'intensité des rayons diffusés dans les différentes direc-
tions, tandis que peu de travaux ont eu pour but l'étude de la polarisation
qui accompagne ce phénomène.
» Sur les conseils de M. Gouv, j'ai entrepris, au laboratoire de physique
de la Faculté de Lyon, quelques recherches sur la polarisation de la lu-
mière diffusée par les surfaces dépolies, et cette Note a pour but de com-
pléter sur certains points les résultats que MM. La Provostaye et Desains,
et M. Gouy lui-même, ont publiés à ce sujet (^).
» Les expériences ont consisté à faire tomber un faisceau parallèle de
lumière polarisée sur la face dépolie d'une plaque de verre et à étudier
l'influence des conditions expérimentales, telles que : degré de polissage,
couleur, incidences d'éclairement, etc., sur la polarisation de la lumière
diffusée dans des directions géométriquement définies ; cette polarisation
est partielle, mais en général considérable. La face postérieure des plaques
était noircie afin d'éviter les réflexions intérieures.
» Le mode de représentation suivant permet d'embrasser d'un coup
d'œil l'ensemble des phénomènes. Supposons qu'une sphère ait son centre
sur la surface diffusante et lui soit invariablement liée ; dessinons au point
de rencontre de cette sphère et d'un -rayon diffusé quelconque une petite
ellipse semblable à la vibration elliptique qui lui correspond ; en opérant
ainsi pour un assez grand nombre de directions et dans des conditions
expérimentales différences, on obtient une série de diagrammes dont la
description comparée fait ressortir les points intéressants de la question.
(') Ces expériences ont été faites au laboratoire d'enseignement de la Sorbonne.
(') La Provostaye et Desains, Ann. de Chimie et de Phys., 3" série, t. XXXIV ;
M. GouT, Comptes rendus, t. XCVIII, p. 978; 1884.
( i55 )
Dans la pratique, on substitue à celle sphère idéale sa représentation
en projecti«)n stéréographique sur le ])liin de la surface diffusante.
» Le plan de polarisation de lu lumière incidente ayant une orientation
quelconque, on remai'que généralement sur la sphère deux pointes dont la
position parait déterminer entièrement l'aspect du diagramme. Ces points
correspondent aux rayons neutres de MM. La Provostaye et Desains; leur
polarisation circulaire et de sens opposés a été découverte par M. Gouy.
Pour abréger le langage, nous les appellerons /oj^e/-.?.
» Autour d'eux, les ellipses représentatives vont en s'aplatissant très
rapidement à mesure qu'on s'éloigne, de sorte que, sauf dans leur voisinage
immédiat, la polarisation des rayons diffusés est très sensiblement rec-
tiligne. De ce fait, il résulte qu'on ne peut pas définir avec une exactitude
bien grande la ligne de démarcation entre les zones des vibrations dcxlror-
sum et sinislrorsum qui entourent respectivement chacun des foyers.
» En un point quelconque les axes de l'ellipse correspondante font l'un
et l'autre des angles à peu près égaux avec les arcs de grand cercle qui
joignent le point considéré aux deux foyers; mais ce n'est là qu'un à peu
près qui permet, à défaut de figure, de se faire une idée très approchée de
l'aspect d'un diagramme.
» Quand le degré de poli augmente, les foyers se rapprochent l'un de
l'autre et s'éloignent du point où le rayon incident rencontre la sphère
(nous appellerons ce dernier point /jô/e d'incidence); en même temps la
zone d'ellipticité se rétrécit autour d'eux, et la proportion de lumière po-
larisée augmente.
» Les phénomènes varient dans le même sens quand, le poli restant le
même, on emploie de la lumière dont la couleur va du violet au rouge.
D'ailleurs, d'une façon générale, les variations dues à l'élément couleur
sont de même ordre que les différences entre les angles brewstériens cor-
respondants aux radiations employés et telles que l'augmentation de la
longueur d'onde ou du polissage produisent des effets de même sens.
» Quand on fait varier l'orientation du plan de polarisation de la lumière
incidente, les foyers décrivent respectivement deux courbes symétriques
l'un de l'autre par rapport au plan d'incidence et qui se coupent sur ce
plan. Ces courbes peuvent être, aux erreurs expérimentales près, assimi-
lées à deux arcs de cercle, et l'approximation est d'autant plus exacte que
le dépoli est plus fin. Ces arcs de cercle ont leur pôle dans le voisinage du
pôle d'incidence, et leur rayon a une valeur à peu près égale au double de
l'arc ayant même mesure que l'angle brewstérien du verre employé; cette
( i56)
estimation, qui n'est approchée qu'à 7° ou 8° pour un dépoli grossier, se
justifie de plus en plus quand on pousse le polissage.
» Le point d'intersection des deux cercles précédents, que nous appelle-
rons point principal, est intéressant à considérer ; en effet, en orientant conve-
nablement le plan de polarisation de la lumière incidente on peut obtenir en
ce point une vibration d'ellipticité et de sens arbitraire. Il est aisé d'en
conclure que le point principal détermine dans le plan d'incidence une
direction par laquelle les deux composantes de la lumière diffusée ont une
différence de phase équivalente à un quart d'onde. La vérification expé-
rimentale de celte conclusion a montré que, pour le verre et les corps
analogues, c'est la composante (') située dans le plan d'incidence qui est
en avance sur l'autre.
» Quand on fait varier l'incidence d'éclairement de 0° à 90°, le point
principal s'éloigne d'abord du pôle d'incidence pour s'en rapprocher
ensuite; le maximum d'écart est atteint pour une incidence très voisine de
l'incidence principale L et a lui-même une valeur légèrement inférieure
à 2L
» L'incidence restant constante, pour obtenir une vibration circulaire
au point prmcipal, il faut que l'angle de la vibration (') incidente avec le
plan d'incidence soit d'autant plus faible que le poli -est plus fin. D'autre
part, à mesure que le polissage augmente, la distance du point principal au
pôle d'incidence devient plus grande et le maximum des valeurs qu'elle
prend tend vers 2 L
» Ce qui précède résume les caractères principaux de la diffusion sur le
verre dépoli; actuellement je me propose d'étudier plus spécialement les
rayons diffusés dans le plan d'incidence, afin de pouvoir, en poussant de
plus en plus le degré du poli, suivre la variation des phénomènes quand
on passe du cas de la diffusion à celui de la réflexion ordinaire. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la relation entre la densité d'une solution saline et
le poids moléculaire du sel dissous. Note de M. Georges Ciiarpv, présentée
par M. Henri Moissan.
« Dans une série de Notes présentées à l'Académie en 1892, j'ai attiré
l'attention sur quelques simplifications introduites dans l'étude des solu-
(') 11 s'agit bien entendu Je la vibration perpendiculaire au plan de polarisation
comme la concevait Fresnel.
( i57 )
lions par l'emploi d'une variable convenable pour représenter la concen-
tration. J'ai montré, en particulier, que les densités des solutions salines
sont représentées par des courbes très régulières quand on prend comme
concentration le nombre de molécules de sel contenues dans loo molé-
cules de mélange, et que les courbes relatives à différents sels d'une même
série se placent, les unes par rapport aux autres, dans l'ordre des poids
moléculaires.
» Dans ces calculs, on prenait le poids moléculaire de l'eau égal à i8;
sur le conseil de M. Le Chatelier, j'ai repris ces calculs en tenant compte de
la condensation des molécules d'eau aux basses températures, indiquée
par les travaux de M. Ramsay.
» Si l'on construit les courbes qui représentent les densités en fonction
de la concentration moléculaire C, en donnant au poids moléculaire m de
l'eau des valeurs graduellement croissantes à partir de i8, on constate que
la concavité, (-7^)' positive pour m = 18, diminue graduellement à mesure
que m augmente, s'annule pour une valeur de m qui est toujours très voi-
sine de m = 3 X 18, et devient ensuite négative. Il y a donc une valeur
de m, voisine de 3 x 18, telle que, si on l'atlopte, la densité est propor-
tionnelle à la concentration moléculaire.
M Voici les résultats obtenus pour une solution de chlorure cui-
vrique à 0°.
» Les densités indiquées sont des résultats expérimentaux; on a calculé
ensuite pour chaque solution la concentration moléculaire en faisant
successivement /« ^:= r 8, /n :^ 3 x 18, a« = 4 X 18; ces valeurs sont dé-
signées par C|, Cj.C, ; les différences entre les valeurs de -^indiquent
comment est disposée la concavité de la courbe.
rfO (ID rfD
Densité. rfC,' DifTérence. cîcj DifTérence. llC,' Différence.
\ i ' o.oSaS o,o23i 0,0196
'„_ o,o55o H- 22 0,0280 — I 0,0192 — 4
' „o o,o568 + 4o o,o23o — i 0,0189 — 7
, 0,0.588 -h 60 0,0228 — 3 o.oiSii — 12
I,2204 ^ c^ ^ ' ^
. , 0,0628 -t-ioo 0,0282 -Hi 0,0182 — 14
ç o,o652 -I-124 o,o23i 0 0,0177 • — 19
» Les autres solutions donnent des résultats analogues; la concavité ne
s'annule, en général, que pour une valeur de /n très légèrement supérieure
à 3 x 18.
( i58)
» J'ai recherché si la considération de ces molécules condensées ne
permettait jsas de mettre en évidence une relation entre la densité d'une
solution et le poids moléculaire du sel dissous. J'ai calculé les valeurs de
C3 pour un certain nombre de chlorures et de sulfates. Les courbes de den-
sité en fonction de Cj s'écartent très peu de lignes droites. On a alors me-
suré les ordonnées (D) correspondantes à une même concentration (C3),
pour les différents sels, et divisé ces ordonnées par les poids moléculaires
des sels. Les Tableaux suivants donnent les résultais relatifs à deux ordon-
nées différentes.
D
Poids -^
Clilofiu'es. ' moléculaire i\I. pour €3 = 2,5. pour G, = 6,5.
M g Cl- 9.5,2 0,254 0,983
CaCI- '10,9 0,252 0,983
CuCI- i34,2 o,23o 0,890
SrCl^ i58,58 0,241 0,922
BaCI- 208,1 0,289 o,9i3
D
M
Sulfates. M. pour C, = 2. pour C, = 4-
SO'Mg 120,44 o,i25 0,63
SO*Mn iôi,o6 0,1 36 0,68
SO*Ni i55,o6 0,127 0,63
SO'Co i55,o6 0,127 Oj63
SO*Gu i59,36 0,126 0,63
SO'Zn 161, 56 0,126 0,64
» Ces calculs se résument dans l'énoncé suivant :
» La densité d'une solution saline augmente proportionnellement à la
concentration moléculaire, si l'on admet que le poids moléculaire de l'eau
à 0° est environ 3 X 18. Les densités de solutions également concentrées
de sels analogues sont à peu près proportionnelles aux poids molécu-
laires de ces sels. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle gtucosane, la lévoglucosanc.
Note de M. Taxket.
« L'action de la baryte sur la picéine est particulièrement intéressante.
Alors, en effet, que les acides, de même que l'émulsine, dédoublent ce glu-
coside, avec fixation d'eau, en picéol et glucose, c'est au contraire un anhy-
( «59 )
dride du glucose ou glucosane que je viens d'obtenir en le traitant à loo"
par l'eau de baryte. J'ai reconnu, de plus, que cette réaction n'est pas
exclusive à la picéine et que d'autres ghicosides, comme la salicine et la
conifcrine, la donnent enraiement. Ainsi se trouvent vérifiées les vues de
M. Bcrthelot sur les glucosides, quand, en 1860, dans sa Chimie fondée sur
la synthèse ('), leur étendant la théorie des mannitannides qu'il venait
d'établir, il en faisait dériver une partie, non plus du glucose, mais des
glucosancs, dont, disait-il, « la formation doit être recherchée à l'avenir ».
» La nouvelle glucosane diffère par ses propriétés physiques, le sens
de son pouvoir rotatoire notamment, de la glucosane dextrogyre qui se
forme quand on maintient pendant c[uelque temps le glucose à 170°. Je
l'appellerai donc, pour l'en distinguer, lévo glucosane.
» Préparation. — Pour préparer la lévoglucosane avec la picéine, on chauffe le glu-
coside en matras scellé, pendant quatre heures, à 100°, avec vingt fois son poids d'eau
de baryte; on précipite ensuite la barvle par CO^, on filtre chaud et, après avoir
enlevé le picéol par plusieurs agitations avec de l'éther, on concentre la liqueur
aqueuse. Quand elle est arrivée en consistance d'extrait, on l'épuisé par l'éther acé-
tique bouillant; celui-ci, distillé à son tour, laisse comme résidu la lévoglucosane
cristallisée. On la purifie en la faisant recristalliser dans l'eau.
» La réaction est beaucoup plus pénible avec la coniférine et la salicine : ainsi cette
dernière a pu être chauffée pendant sept heures à 100° avec de l'eau de baryte, sans
donner sensiblement de lévoglucosane. Il faut, pour les dédoubler, emplover deux et
trois fois plus de baryte que n'en contient l'eau de baryte saturée à froid, et, de plus,
prolonger l'ébullition trente à quarante heures. Le reste du traitement est le même
qu'avec la picéine. Si toutefois il reste de la coniférine ou de la salicine non dé-
doublée, on la sépare en partie en reprenant par le moins d'eau froide possible le ré-
sidu laissé par l'éther acétique, les glucosides étant bien moins solubles que la glu-
cosane. Mais ce n'est que difficilement et à la suite de cristallisations répétées qu'on
arrive à avoir de la lévoglucosane bien exempte de coniférine ou de salicine, ce qu'on
reconnaît à ce qu'elle se dissout alors sans coloration dans l'acide sulfurirpie.
» La quantité de lévoglucosane obtenue avec la picéine est théorique. Il n'en est pas
de même avec la coniférine et la salicine : une partie se détruit sous l'influence pro-
longée de la baryte bouillante et l'on n'a plus que de 20 à /Jo pour 100 du rendement
prévu.
» J'ajouterai que, dans cette réaction de la baryte sur la picéine, la coniférine et la
salicine, il se produit, en même temps que la lévoglucosane, du picéol, de l'alcool co-
niférylique et de la saligénine, mais accompagnés d'autres dérivés qu'il reste encore
à étudier.
« Composition. — L'analyse indique pour la lévoglucosane une composition centé-
(') Brrtuei.ot, Chimir fondée sur la synthèse, t. 11, p. 27G.
( î6o )
simale qui répond à celle d'un anhydride du glucose ('). D'autre part, le raoultage de
sa solution aqueuse (') lui assigne un poids moléculaire voisin de 162. La lévoglyco-
sane a donc pour formule CH'^O'.
» Propriétés phyxiques. — • La lévoglucosane cristallise en magnifiques ciistaux, ex-
trêmement soiubles dans l'eau et dans l'alcool. Elle se dissout à froid dans moins de
son poids d'eau : iP,3 d'alcool à 60°; 5p,8 d'alcool à 90°; 19P,6 d'alcool absolu et
24 parties d'éther acétique à 22". Elle est aussi légèrement soluble dans l'éther. La
lévoglucosane fond à 178° et se sublime sans altération quand on la maintient en fusion
dans le vide. Elle est lévogyre et a pour pouvoir rotatoire rtu = — 66", 5 en solution
aqueuse à 10 pour 100 et au-dessous, et a^ ^ — Si°,5 en solution à 5opour 100. On a
aD= — 70°) 5 avec l'alcool absolu et «0= — 77°» 5 avec l'éther acétique. Le pouvoir ro-
tatoire des solutions aqueuses ne varie pas sensiblement avec le temps et la tempé-
rature.
» La lévoglucosane' a une densité de i ,69. Sa saveur est légèrement sucrée.
)i 1\L Wvrouboff, qui a bien voulu examiner les cristaux de lévoglucosane, les a
trouvés orthorhombiques avec les paramètres
1 ,0164 : 1 : 0,5674
ou très sensiblement
I • I • v''^.
' • ' • \ 3
» Propriétés chimiques. — La lévoglucosane a pour propriété caractéristique de
former du glucose ordinaire, dextrogyre, fermentescible et réducteur, par consé-
quent, quand on la chaulTe avec les acides étendus. Or la lévoglucosane, qui est lévo-
gyre, ne fermente pas avec la levure de bière, et ne réduit pas la liqueur de Fehling.
Mais l'hydratation de la lévoglucosane est lente : avec l'acide sulfurique à 2,5 pour
100, par exemple, elle demande prés de quatre heures à 100° pour être complète.
)i L'émulsine est sans action sur la lévoglucosane. Elle n'est précipitée ni par le
sous-acétate ni par l'acétate de plomb ammoniacal.
» Ethers. — Des éthers benzoïque et acétique de la glucosane ont déjà pu être
préparés. Le premier s'obtient en la traitant par le chlorure benzoïque en présence
d'une solution de soude. C'est une poudre blanche, remarquable par sa faible solubi-
lité dans l'eau, l'alcool et l'éther. Cet éther fond à 194° et a une composition voisine
de celle d'un éther triatomique C*(II-0)- (C' IPO'-)^.
» L'éther acétique, beaucoup plus soluble et, par conséquent, plus facile à purifier,
se prépare en chauffant la lévoglucosane avec l'anhydride acétique et un fragment de
chlorure de zinc. Il cristallise en aiguilles fusibles à io7°-io8''; il a, en solution alcoo-
lique, un pouvoir rotatoire a0 = — 4'^"j5. Sa composition répond exactement à la for-
mule C^(IPO)- (C^H»0^)3.
(>) Trouvé : C = 44,63 (I); 44,5- (II); 44,22 (III); et H = 6,35 (I); 6,28 (II);
6,32 (III) pour la lévoglucosane obtenue avec la salicine (I), la picéine (II), et la co-
niférine (III). Calculé pour C«H'»0» : C = 44,44 et H = 6, 18.
TP
(') P = Ios^63; C = i°,i75. D'où M = -7T- =166,8. Calculé : 162.
( i6i )
» La glucosane se comporte donc avec les acides acétique et benzoïque
comme un alcool triatomique. Mais son atomicité ne paraît devoir être
définitivement établie qu'après l'analyse d'un plus grand nombre de ses
composés. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèses au moyen de l'élher cyanacétique. Él/iers
phénacylcyanacétiques . Note de M. T. Klobb, présentée par M. Friedel.
« Les recherches entreprises par M. Halier et ses élèves sur l'éther
cyanacétique ont eu pour principal objet l'étude des dérivés de substitu-
tion fournis, soit par les chlorures acides, soit par certains éthers. Dans
le même ordre d'idées, je me suis proposé tl'étudier l'action de la broma-
cétophénone (^bromure de phénacyle).
» De rétlier cyanacétique sodé, préparé d'après les indications de M. llaller ('), a
été traité, molécule à molécule, au sein de l'alcool, par de la bromacélophénone en
dissolution dans trois fois son poids d'étber anhydre. Le mélange se colore et laisse
déposer un précipité cristallin. Pour isoler les produits formés on chasse par distilla-
tion l'éther et l'alcool, et l'on reprend le résidu par l'eau qui dissout le bromure de
sodium. Il se sépare une masse brune, le plus souvent demi-fluide, qui se solidifie plus
tard. Celle-ci est reprise par l'éther qui s'empare du dérivé monosubstitué, tandis
que le dérivé bisubslitué reste insoluble. Ce dernier constitue une poudre très blanche
qu'il suffit de faire recristalliser dans l'alcool bouillant. Ainsi obtenu, il se présente
sous la forme d'aiguilles fondant à i42°, peu soluble dans la plupart des dissolvants,
... , C«H5-C0-CIP\„/CAz ^, , ,. , .
et repondant a la tormule p^us r o CVf^ / \ rnsp^Hs' diphenacylcya-
nacétate d'éthyle. On peut sans doute interpréter sa formation par l'équation
!(G''H=-C0-CH^Br)+2('cHNa/^Qf^,^,)
= 2NaBr-hCH^/^^'ç,jj, -h(C«H=-CO-GHTC/cQrC.H^
» Le second produit de la réaction, généralement moins abondant, n'est pas aussi
facile à purifier. Après évaporation de l'éther, il reste sous la forme d'une masse molle,
très colorée, cristallisant à la longue. Cependant, après plusieurs cristallisations dans
l'alcool, on finit par obtenir des feuillets blancs fusibles à 54° et qui donnent à l'ana-
lyse des nombres répondant à la formule (C^H^— CO — GH-) CHî' La
(') Comptes rendus, t. CIV, p. 1626.
G. R., 1894, 2- Semestre. (T. CX!X, N- 2.) 21
( l62 )
réaction généralrice est donc
» Pour confirmer ces résuUats, j'ai répété les mêmes essais en prenant
comme point de départ le cyanacétate de méthyle : la marche de la réaction
a été la même. Les élhers obtenus représentent les homologues inférieurs
des deux précédents.
/C Az
» Le diphénacylcyanacétate de méthyle (C'''H''-CO-GH^)^C(^ m^PHs ^'^^ ""^
pondre cristalline blanche fondant à igS", insoluble dans Téther, peu soluble dans
l'alcool et le benzène bouillants, qui l'abandonnent en aiguilles microscopiques.
)i Le phénacylcjanacétate de méthyle (G''H^-CO-CH-)CH(^ mTHs est, comme
son homologue supérieur, très soluble dans les dissolvants habituels, et fond, comme
lui, à 54°. Il se sépare de l'éther en petits mamelons et cristallise au sein de l'alcool
en longues aiguilles.
M La diagnose de ces corps est très aisée. Les ctliers monosubstitués
prennent au contact de la potasse aqueuse une coloration jaune; après
dissolution, le liquide précipite en bleu par les acides. Les bisubstitués,
au contraire, se dissolvent dans la potasse alcoolique en bleu foncé, et, si
Ton acidifie ensuite, il se forme un précipité rouge.
)) Je me propose de poursuivre l'étude de ces divers dérivés ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'éther paraphlalodicyanacélique.
Note de M. J. Locher, jjrésentée par M. Friedel.
Cl En continuant les recherches de MM. Haller (^ ) et MuUer (' ) sur l'ac-
tion réciproque des chlorures acides et de l'éther cyanacétique sodé, nous
avons fait réagir sur l'éther sodocyanacétique les chlorures des acides
méta-et paraphtaliques. Nous ne nous occuperons dans cette première
Note que des expériences faites avec le chlorure de paraphtalyle.
(') Laboratoire de l'École supérieure de Pharmacie de Nancy.
{"-) Comptes rendus, t. CV, CVI, CVII.
(^) Annales de Chimie et de Physique, 7° série, t. I, p. 464 et 477-
C i63 )
» P réparation du chlorure de paraphlalyle. — Nous avons modifié la préparation
ordinaire du chlorure de téréphtalyle; on obtient de bons résultats en opérant de la
manière suivante :
» On mélange i molécule d'acide paraphtalique, 3,5 molécules de pentachlorure
de phosphore et 3 molécules d'oxychlorure; le tout est chauffé pendant six heures au
réfrigérant ascendant, au bain de sable; on laisse reposer pendant douze heures, et
l'on sépare par décantation le liquide contenant le chlorure dissous, du pentachlorure
cristallisé. Le liquide soumis à la distillation fournil deux produits, l'ox^ chlorure dis-
tillant à loS"-! 10° et le chlorure de téréphtalyle, passant à 258''-259°et fondant nette-
ment entre •j']''--j8''.
n Ce procédé fournit en moyenne 85-9© pour loo de la théorie.
Action du chlorure de téréphtalyle sur l'élher cyanacétique sodé
/pon /CAz
iy-Wi '::Xr; H-4CHNaCOOC2H5
\COCI
,'CAz ç,
\CAz
» On met en suspension 4 molécules d'éther cyanacétique sodé parfaitement sec et
bien pulvérisé dans le quadruple de son poids d'éther anhydre, on ajoute i molécule
de chlorure de phtalyle, dissous dans le double de son poids d'éther. La masse
s'échauffe légèrement et la couleur jaune se change en jaune-orangé. On agite de
temps à autre et, après vingt-quatre heures, la réaction peut être considérée comme
terminée, l'odeur du chlorure ayant presque entièrement disparu. Le produit de con-
densation, ainsi que le chlorure de sodium, insolubles tous deux dans l'éther, se pré-
cipitent. On filtre et on lave à l'éther chaud pour enlever l'excès de chlorure et
l'éther cyanacétique créé par la réaction et l'on essore à la trompe. Puis on dissout
dans l'eau froide; on filtre el l'on ajoute de l'acide acétique; l'éther paraphtalodicyana-
cétique se précipite tandis que le chlorure de sodium et le phtalate de soude, provenant
de la décomposition partielle du produit restent en solution. Le précipité, lavé à l'eau
froide et séché, forme une poudre blanchâtre, fondant entre i6o°-i70°.
» Pour purifier le produit, on le fait bouillir avec de l'alcool absolu, on filtre et
on laisse refroidir lentement; on obtient ainsi de fines aiguilles. Les rendements
sont assez mauvais. i6ï',2 d'éther cyanacétique sodé ont fourni ordinairement 38"',2
d'éther paraphtalacyanacétique, soit environ 3o pour loo de la théorie.
» Cet éther cristallise de l'alcool, du benzène ou du chloroforme sous la forme de
longues aiguilles d'un beau blanc, fondant nettement à 179°; il est insoluble dans
l'eau froide, soluble plus ou moins dans la plupartdes dissohants organiques, égale-
ment soluble dans les alcalis caustiques et carbonates, ainsi que dans l'ammoniaque.
» Il se décompose quand on le chauffe à l'étuve à 100°, de même quand on le fait
bouillir a\ec de l'eau ou des solutions alcalines. Sou sel de soude donne une colora-
( i64 )
lion rouge avec le chlorure ferrique, réaction qui, ainsi que Fa démontré M. Haller,
CAz.
caractérise le groupement CO — GH — COOC2H5.
» L'éther paraphtalodicyaiiacétique est un véritable acide bibasique qne
nous avons pu titrer par la soude en solution hydroalcoolique.
» Pour le caractériser nous avons préparé, en outre, et analysé :
)) Le sel cuivrique, poudre verle cristalline, renfermant 2 molécides
deau de cristallisation.
» Le sel plombique, poudre blanche amorphe.
» Le sel charge ntique, poudre blanche amorphe, noircissant à la lumière.
» Le sel ammonihcal , poudre blanche amorphe.
» Action de l'eau bouillante sur l' élher paraphlalodicyanacétiqiie. — Nous
avons fait bouillir l'éther pendant plusieurs heures avec de l'eau, espérant
obtenir, ainsi que M. Haller (') et M. Muller (-), un dérivé analogue à la
cyanacétophénone :
/CAz
„,„j/C0-CH-C00C2H= „,„ „^, ^„„.^„ „„„,/CO-CH^CAz
\CAz
» Malheureusement, la molécule s'est scindée en éther cvanacétique et
en acide téréphtalique. Le carbonate de soude et la soude à chaud pro-
duisent le même résultat.
)> Par contre, nous avons pu nettement caractériser la fonction dicéto-
nique de notre composé en préparant sa dihydrazone.
» Préparation de l'éther paraphtalodihydrazonedicyanacétique :
Az — AzH— C«H5
II
r6ut/G-CH(CAz).COOG^H5
\C-GH(CAz).GOOC2H5
II
Az-AzH — C«H5
» 11 s'obtient en faisant bouillir pendant deux heures une solution chlorofor-
mique de l'éther avec 2 molécules de phénylhydrazine. Purifié par cristallisation dans
l'alcool absolu bouillant, il se présente sous la forme de cristaux incolores, insolu-
(') Comptes rendus, t. CI, p. 1270.
(^) Annales de Chimie et Phjsi/jue, 7= série, t. I, p. 497-
( i65 )
blés dans l'eau, peu solubles dans tous les autres dissolvants, et fondant nettement
à 26o''-26i° ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le goudwn de pin. Note de M. Adolphe:
Beivaro, présentée par M. Friedel.
« Le goiidroil de pin, obtenu dans les Landes par carbonisation en
meules du bois de pin maritime, se présente sons la forme d'un liquide
épais, brun-foncé. Sa densité est \,oS[\. Soumis à la distillation, il fournit
d'abord une petite quantité d'eau, puis un mélange d'hydrocarbures et de
phénols distillant de ioo"à4oo°, que l'on sépare par un traitement à la
lessive de soude qu'il importe d'employer bouillante, afin d'éviter d'émul-
sionner le produit. Après refroidissement, on soutire la liqueur alcaline
qui, traitée par un acide, abandonne les phénols; l'huile surnageante,
après avoir été lavée à l'eau bouillante, peut être soumise à la distillation.
On obtient ainsi environ :
Eau 3,5 pour loo.
Hydrocarbures avant 3oo° 12 »
» de 3oo" à 36o° 45 »
Phénols 18 »
Brai riche en retène 21 ,5 »
» Les produits distillant avant 3oo° sont donc en proportion minime,
et, pour en isoler une quantité suffisante, j'ai dû opérer sur So''^ de gou-
dron brut. Par des distillations fractionnées, on peut alors en séparer trois
hydrocarbures : un carbure térébique, dont l'étude fait l'objet de la pré-
sente Note, et deux autres hydrocarbures, à point d'ébullition plus élevé,
sur lesquels je me propose de revenir prochainement.
» Pour isoler le térébenthène, on recueille les produits distillant de 160° à 180°,
on les débarrasse des produits oxygénés qu'ils renferment par ébullition avec du so-
dium, puis on les soumet à une dernière rectification.
» Le térébenthène ainsi obtenu se présente sous la forme d'un liquide incolore,
bouillant à I7i°-i74°- Sa densité à 0° = 0,866.
» Son pouvoir rotatoire est a^ = — 19°, i. Son indice de réfraction = i ,4780.
1) Son analyse conduit à la formule C'H".
» Sa densité de vapeur =4i6 (théorie, 4)7)-
» Exposé sur le mercure dans une éprouvette remplie d'oxygène, il absorbe ce gaz
plus rapidement que l'essence de térébenthine.
(') Travail fait à l'Inslilut chimique de Nancy (Laboratoire de M. Haller).
( '^^ )
» Traité par le brome en solution sulfocarbonique, il donne un produit d'addition
Qiopji6g,.2 qj,j gg décompose pendant l'évaporation du sulfure de carbone et dont la
composition n'a pu être établie qu'en déterminant la quantité de brome absorbée par
sa dissolution jusqu'à coloration rouge. Par l'action directe de brome, il se transforme
en un dérivé tétrabromé C'H'^Br' (trouvé, 70,7 Br pour 100; théorie, 70,7), sous
forme d'un liquide sirupeux, rouge brun, qui, abandonné pendant plusieurs jours à
lui-même, laisse déposer de fines aiguilles qu'il n"a pas été possible de séparer du
liquide épais qui les accompagne.
» 11 absorbe le gaz chlorhydrique : le produit obtenu, distillé dans le vide, laisse
comme résidu un dichlorhydrate solide qui, après cristallisation dans l'alcool, fond
à 49°) 5. Traité par le gaz chlorhydrique en solution éthérée, il abandonne, après éva-
poration à l'air de la partie liquide, le même dichlorhydrate fusible à 49°, 5.
» Traité par l'acide sulfurique ordinaire, il s'échaulTe fortement. Le liquide sur-
nageant, soumis à la distillation, bout vers 170° et laisse un résidu abondant d'un
polymère très épais bouillant au delà de 3oo°.
)) Les produits passant vers 170" sont en grande partie formés de cymène; traités
par l'acide sulfurique fumant, ils donnent de l'acide cymène-sulfonique dont le sel de
baryum répond à la formule (C'^H^SO^) Ba + IPO (trouvé, 23,5 Ba pour 100;
théorie, 28,6).
» Après le traitement à l'acide sulfurique fumant, il reste une petite quantité d'un
hydrocarbure bouillant vers 170° qui n'est autre que de l'hexahydrure de cymène
G'»H".
» Son analyse conduit à la formule C'H-''.
» Sa densité de vapeur ^=li,S (théorie, 4, 9).
» Il est inattaquable par le brome à froid et l'acide nitrique fumant ( ' ). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Composition quantitative des créosotes de bois de
hêtre et de bois de chêne. Note de MM. A. Béhal et E. Choay, pré-
sentée par M. Friedel.
« Avant de commencer ce travail, il importait avant tout d'avoir une
créosote à l'abri de tout reproche.
» M. Scheurer-Kestner, à qui nous sommes heureux d'adresser ici nos
plus vifs remerciments, nous a donné une certaine quantité d'huile lourde
de hêtre pure. Nous devons également à l'obligeance de M. Barré une
provision d'huile lourde de chêne.
» Nous avons traité ces deux créosotes de la même façon et avec les
mêmes appareils reclificateurs, de façon à rendre les produits compara-
bles. Il est facile, en effet, de comprendre que la créosote étant un mé-
(') (^u'il me soit permis de signaler à l'Académie l'inlelligenl concours que m'a
prêté dans ce travail M. Olivier Potier, élève du Laboratoire de l'Ecole des Sciences
de Rouen.
( i«7 )
lange hétérogène sera dilïérente, quoique provenant d'une même huile
lourde, suivant la puissance des appareils rectificateurs.
» Méthode de préparation. — L'huile lourde provenant de la distillation du gou-
dron de bois est acidulée avec de l'acide chlorhydrique et agitée avec l'eau pour la
débarrasser des composés basiques qu'elle renferme. La partie huileuse est décantée,
puis dissoute dans la lessive de soude et additionnée d'une quantité d'eau assez con-
sidérable. Cette précaution est nécessaire, car les phénates alcalins retiennent en dis-
solution concentrée une certaine proportion de corps neutres. On décante les huiles
surnageantes. On épuise la solution alcaline au benzène, puis on décante le benzène
et on fait passer dans la solution alcaline un courant de vapeur d'eau tant que le pro-
duit (|ui distille possède une odeur forte.
» Le liquide alcalin est traité par l'acide chlorhydrique, les phénols mis en liberté
sont décantés et la solution aqueuse est épuisée au benzène. Celui-ci est distillé et le
résidu de la distillation est réuni à l'ensemble des phénols.
» On rectifie alors deux fois, en se servant d'une colonne Le Bel-Henninger à cinq
boules et en recueillant, d'une part, ce qui passe de 200° à 210°, d'autre part ce qui
passe de 210° à 220°.
« Dans le cas de la créosote de hêtre, pour looos'' de la portion 20o''-2io", on ob-
tient 367B'' de la portion 2io°-22o°.
)) La densité de la portion 20o°-2io° à 17° est de 1 ,o85.
» La densité de la portion 2io°-220° à i5° est de i ,o83.
» La créosote de chêne 20o°-2io" possède une densité de i ,068 à i5°.
» Nous avons procédé au dosage de ces diflerentes portions en nous servant de la
méthode que nous avons décrite dans les Comptes rendus (' ).
» Voici les chiffres trouvés :
» Créosote de hêtre passant de 200° à 210°.
Pour 100.
Monophénols 89
Gayacol 26,48
Créosol et homologues Sa, i4
Perte 2,38
» Créosote de hêtre pure passant de 100° à 220° obtenue par un mélange de la
portion 20o''-2io° et 2io"-220°, dans le rapport de lOooS'' à 8678''.
Pour 100.
Monophénols Sg
Gayacol '9172
Créosol et homologues 39,98
Perte i ,3o
(') Il se présente fréquemment, surtout lorsqu'on opère avec la créosote 200°-
220°, que l'homopyrocatéchine et ses homologues retiennent avec énergie de la
pyrocatéchine. Dans ce cas, on distille à la pression ordinaire le mélange dont on a
pris le poids brut en se servant d'un petit tube Le Bel-Henninger à quatre boules, et
en recueillant ce qui passe jusqu'à 25o°. Cette portion mise avec deux fois son poids de
))enzène abandonne sa pyrocatéchine, ou du moins la majeure partie de celle-ci.
( i68 )
« En calculant la quantité de gayacol fournie par le rapport ;ooo à 867, et en se
basant sur l'analyse de la portion 20o°-2io°, on voit que la portion 2io°-220"' ne ren-
ferme pas de gayacol.
» Créosote de chêne loo^-iio".
Pour Too.
Monophénols 55
Gayacol l[^
Créosol et homologues 3i
)> La créosote de chêne se diflerencie donc de la créosote de hêtre par sa densité
plus faible 1068, par sa richesse plus grande en monophénols et par sa teneur moindre
en gayacol.
i> On peut aller plus loin et se demander quelles sont les proportions relatives des
monophénols entrant dans la créosote. Mais ici nous perdons de notre précision. Les
dosages précédents sont, en effet, aussi précis que possible, car répétés sur plus de
4''? de créosote ils conduisent sensiblement aux mêmes résultats. Néanmoins, il nous
paraît intéressant de les connaître.
» Voici comment les chiffres ci-dessous ont été fournis :
» Quand tout l'ensemble de la rectification des monophénols dans la recherche
qualitative a été fait, nous avons pesé chacune des portions présentant un point fixe
et nous avons partagé par le calcul les portions intermédiaires de telle façon que la
moitié de cette portion a été attribuée au phénol possédant le point d'ébuUition le
plus élevé. C'est, pensons-nous, la meilleure façon de partager ces portions qui sont
devenues irréductibles par la distillation fractionnée, au moins dans les conditions de
l'expérience.
)i En opérant de cette manière, on trouve que 100 parties de monophénols renfer-
ment, en chiffres ronds :
Pour 100.
Piiénol ordinaire , i3
Orthocrésylol 26
Meta et paracrésylol 2q
Orthoéthylphénol 9
Métaxylénol i , 3, 4 5
Métaxylénol i, 3, 5 2,5o
Phénols divers non caractérisés i5,5o
100,00
)■ Nous pouvons maintenant transporter ces résultats dans ceux fournis parla créo-
sote de hêtre 20o°-2io''.
» En arrondissant les chiffres trouvés plus haut pour cette dernière, on arrive aux
nombres suivants qui peuvent être considérés comme une movenne :
Pour 100.
Monophénols 4o
Gajacol 25
Créosol et homologues 35
» Décomposons les 4o pour 100 de nionophénols trouvés en nous basant sur la ré-
( ï69 )
partition de loo parties de monophénols. Nous avons alors la composition sui-
vante :
l'oiir 100.
Phénol ordinaire 5, 20
Orlliocrésylol 10, 4o
Meta et paracrésylol i i ,60
Orthoéthyjphénol 3, 06
Métaxylénol i, 3, 4 2,00
Métaxylénol i, 3, 5 i ,00
Phénols divers 6,20
Gayacol 25 , 00
Créosol et homologues 35 , 00
100,00
)) Il n'est pas sans intérêt de remarquer combien les phénomènes d'entraînement
sont considérables dans la distillation des créosotes; on trouve, en effet, dans la par-
tie 2oo"-2io'' 5 pour 100 de phénol ordinaire qui bout vers 179", c'est-à-dire 20° plus
bas que la créosote et d'autre part 35 pour 100 de créosol et de ses homologues. Or
le créosol bout vers 220°, c'est-à-dire 10° plus haut que la créosote analysée. Ceci
nous explique pourquoi la distillation fractionnée directe de la créosote ne donnait
pas et ne pouvait pas donner de bons résultats à Marasse.
» En résumé, la créosote de hêtre est plus riche en gayacol que la créo-
sote de chêne; celle-ci possède une densité moindre due à sa teneur plus
grande en monophénols et cette même teneur en monophénols doit la
rendre plus caustique, la causticité de la créosote étant due essentielle-
ment aux monophénols.
» Nous ferons remarquer combien ces analyses donnent des résultais
tout différents de ceux que l'opinion courante sur la composihon de la
créosote pouvait faire attendre. On croyait, en effet, que la créosote était
essentiellement constituée par du gayacol et en renfermait de 60 à 90 pour
100, le reste étant constitué par du créosol et un peu de monophénols. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Accoutumance des ferments aux antiseptiques
et influence de cette accoutumance sur leur travail chimique. Note de
M. J. Effront, présentée par M. Duclaux.
« J'ai démontré, dans un travail précédent, que l'accoutumance des
levures de bières à l'antisepsie des composés du fluor produit un change-
ment manifeste dans le travail chimique de ces organismes. L:i fermenta-
tion secondaire qui consiste dans le dédoublement du sucre en glycérine
C. K., 1894, a* Semestie. (T. CXIX, N» 2.) 22
( 170 )
et en acide succinique diminue graduellement au fur et à mesure que les
levures employées ont été plus ou moins accoutumées aux antiseptiques
fluorés; après une accoutumance assez prolongée, leur travail chimique se
borne presque exclusivement à la transformation du sucre en alcool et en
anhydride carbonique.
» Il m'a paru intéressant de rechercher si d'autres ferments subissent la
même influence, quand on les cultive avec des composés fluorés. Une pre-
mière série de recherches a porté sur le ferment lactique et sur le ferment
butyrique.
» Je préparai deux séries d'échanlillons identiques d'infusion de malt stérilisée;
elles furent additionnées, toutes les deux, de dillérentes doses graduelles d'acide
fluorhydrique; l'une d'elles fut ensemencée avec des cultures pures de ferment lac-
tique; l'autre, de ferment butyrique.
» Je constatai que les quantités d'antiseptique nécessaires pour empêcher le déve-
loppement de ces ferments pendant deux jours, à la température de 3o° G., étaient pour
le premier de 25™s'' d'acide fluorliydrique pour loo d'infusion, et de 12™?'' pour loo
d'infusion pour le second.
» Ces quantités déterminées, j'ai pu accoutumer insensiblement les
deux ferments à l'action antiseptique du fluor. J'ai employé à cet effet la
même méthode que celle que j'avais appliquée aux levures.
» Les premières cultures furent faites avec des infusions auxquellesje n'avais ajouté
que i^s' d'acide fluorhydrique pour loos' de liquide; les doses furent successi-
vement augmentées dès que je constatai une augmentation d'acidité dans l'infu-
sion.
» Après une série assez longue de cultures, j'observai que les deux ferments résis-
taient à des doses d'acide fluorhydrique représentées par 3o'"S"- de cet antiseptique
pour looe'' d'infusion.
» Dans une infusion additionnée de cette proportion d'acide fluorhydrique, le fer-
ment lactique a produit is"', 5 d'acide lactique pour loos"' d'infusion'; le ferment buty-
rique qS'', 86 d'acide butyrique pour une proportion identique d'infusé.
» Ces quantités d'acide se rapprochent beaucoup de celles qui sont produites par
les mêmes ferments, à une même température, pendant le même laps de temps et
dans les mêmes conditions, dans une infusion de malt non additionnée de combinai-
son de fluor.
» L'examen microscopique des infusions, après la fermentation, m'a dé-
montré que les ferments qui ont subi l'accoutumance aux composés fluo-
rés, tout en produisant des quantités identiques d'acide, donnent nais-
sance à beaucoup moins de cellules nouvelles que ces mêmes ferments qui
n'ont pas subi le traitement antiseptique.
( «70
» J'ai constaté, lors du travail de ces deux ferments, les mêmes phéno-
mènes que ceux que j'avais observés pendant le travail des levures de
bières; leur pouvoir d'accroissement diminuait considérablement, mais,
en même temps, lenr pouvoir ferment augmentait dans des proportions
semblables.
» Il est évident que, pendant les fermentations lactique et butyrique, de
même que pendant la fermentation alcoolique, il se forme, à côté des pro-
duits principaux, d'autres produits secondaires. On peut s'en assurer faci-
lement par le dosage du sucre avant et après la fermentation : la quantité
disparue ne sera jamais en rapport avec la proportion d'acide formée;
celle-ci sera toujours inférieure à la quantité qu'on aurait dû obtenir si
l'on déduit théoriquement l'acide du sucre. Jusqu'ici, il n'a pas été fait
d'études complètes sur la nature de ces produits accessoires; on ne les
connaît guère et il m'a été impossible de déterminer quels sont les com-
posés organiques qui se forment aux dépens du sucre, au lieu et place des
acides; cependant le fait est exact, et il peut se vérifier.
» Le changement de travail chimique a été beaucoup plus démonstratif
avec le mycoderma aceli.
» Pour ces expériences, je me suis servi d'un mélange contenant pour loo : 6 d'al-
cool, 1 d'acide acétique, 5 d'infusé de malt stérilisé, d'une densité de 7° Baume.
» Les cultures lurent pratiquées dans des ballons à fond large. En présence de
5o°'e"' d'acide fluorliydrique, les liquides ensemencés avec le ferment acétique ne don-
nèrent pas de voile, ils n'accusèrent pas une augmentation d'acidité, tandis que, dans
les ballons témoins, sans fluor, le développement du mycoderma fut très régulier et
la production d'acide normale.
» Après une série de cultures successives avec 5™s'', io™5'', tS^sr^ 2o°'3'', 25™?'', etc. d'a-
cide (luorhjdrique, les semences ont fini par se développer en vingt-quatre heures, en
présence de So^sr d'antiseptique, et je suis parvenu, par la suite, à provoquer leur
développement, même à des doses de i20"'S"'. Le caractère de cette accoutumance se
traduisit par le fait que, au fur et à mesure que les ferments présentaient une plus
grande résistance à l'antiseptique, l'oxydation se rapprochait de l'équation
CH^CH^OH -H 60 = 2C0^+ SH^O.
» Une série de déterminations d'alcool et d'acide acétique dans des liquides ayant
subi trois jours d'acétificalion m'a donné les chiffres ci-après :
Acide fluorhydriquc
pour 100 Alcool restant Acide formé
de liquide. pour 100. pour 100.
mgr
o 1,55 4)32
25 1,75 3,27
5o 1 ,95 1 ,3i
120 i,4o 0,12
( 172 )
» Ainsi, pour loo parties d'alcool disparu dans le moût, sans acide fluorliydrique,
on a trouvé au début 97,08 d'acide acétique formé; avec 25"S'' d'acide fluorliydrique,
ces quantités étaient dans le rapport de 76,94 d'acide pour 100 d'alcool disparu; avec
5o"s^ d'acide fluorliydrique, 32,34 d'acide pour 100 d'alcool; enfin, en faisant usage
de i20™s'' d'acide fluorliydrique, 100 parties d'alcool n'avaient plus donné lieu qu'à la
formation de 2,62 parties d'acide acétique.
.1 Dans toutes ces expériences, j'ai toujours eu soin de ne pas pousser
l'acétification jusqu'au delà de la disparition complète de l'alcool ; dans
ces conditions, il devient impossible d'objecter que l'acide acétique a pu
disparaître après avoir été formé.
» L'influence de cette accoutumance sur le travail chimique des fer-
ments est cependant moins caractéristique qu'avec les levures de bières,
mais elle est toutefois très manifeste.
» Les changements que j'ai observés dans le travail chimique des fer-
ments, selon qu'ils ont été accoutumés, ou non, à un antiseptique, pré-
sentent un intérêt tout particulier pour l'étude des bactéries pathogènes; il
me paraît probable que certains ferments pathogènes pourront perdre de
leur virulence par un traitement antiseptique, au moyen des composés du
fluor; aussi, depuis quelque temps, j'ai entrepris des expériences dans cet
ordre d'idées. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Nature des onychomycoses, démontrée par
la culture et les inoculations. Note de M. J. Sabrazès, présentée par
M. Chauveau.
« Le diagnostic entre le fiivus et la tricophytie des ongles n'est pas pos-
sible cliniquement, même après l'examen microscopique des lésions ('),
si bien qu'on ne saurait actuellement affirmer, avec certitude, qu'il existe
des onychomycoses favique et tricophytique.
» Nous avons montré, dans un travail antérieur (^), que par culture on
pouvait remonter à la cause première des lésions. C'est ainsi que dans un
cas nous avons pu affirmer l'altération tricophytique des ongles en même
temps que d'une plaque d'herpès circiné, bien que la présence, chez le
( ' ) Aknozan et W. DuBREUii-H, De la tricophytie des mains et des ongles ( Arclm'es
cliniques de Bordeaux), janvier 1892.
(^) J. Sabrazès, Sur le favus de l'homme, de la poule et du chien, p. 18. Paris,
1893.
(•73)
même sujet, de godets du cuir chevelu, nous incitât a priori à conclure au
favus unguéal (').
» Pour démontrer d'une façon péremptoire la réalité des onvchomv-
coses faviques, il fallait retirer, de la profondeur de la lame unguéale, dans
des conditions telles qu'on pût éviter de récolter des germes extérieurs à
l'ongle, un champignon identique h celui qu'on aurait isolé, chez les
mêmes malades, des godets du cuir chevelu et de la peau glabre. Il était
indispensable, en outre, que ce champignon fût susceptible de reproduire,
par inoculation, cette lésion décisive, le godet. Tel est le travail que nous
avons poursuivi pendant le cours de celte année.
)) Après bien des tâtonnements, bien des résultats négatifs, nous avons
été assez heureux pour isoler, dans deux cas de favus à godets avec
coexistence d'onychomycoses, des champignons qui ne se différencient pas
de celui que nous avons décrit dans \e favus humain spontané.
» Bien plus, l'inoculation du parasite extrait des ongles malades repro-
duit des godets caractéristiques sur les oreilles de la souris.
» L'existence des onychomycoses faviques, que les recherches cliniques
avaient pressentie sans pouvoir l'affirmer, est donc définitivement établie
par ces faits expérimentaux. »
ANATOMIE ANIMALE. — De la coexistence du sternum avec l'épaule et
le poumon. Note de M. Alexis Julien, présentée par M. A. Milne-
Edwards.
« Sternum. — Le tronc des Vertébrés est composé par trois groupes
d'organes squelettiques : le rachis (dorsal), les côtes (latérales), le ster-
num (ventral). Le rachis seul est constant. Lorsqu'il est relié au sternum
par les côtes, il y a thorax ou poitrine, c'est-à-dire une cavité plus ou
moins éloignée de la tète, et logeant les organes respiratoires essentiels
(poumon) et le cœur. En rapport physiologique avec la respiration pul-
monaire, le thorax ne se rencontre que chez les Vertébrés pulmonés. Mais
il n'est constant que chez ceux dont la température est constante (Mam-
mifères et Oiseaux), c'est-à-dire dans les deux classes où la respiration
pulmonaire atteint son maximimi d'activité.
» Os du thorax par excellence, le sternum n'est également constant que
(') La sœur de la malade était atteinte de tricophjtie.
( Ï74 )
chez les Mammifères et les Oiseaux; inconstant chez les Reptiles et les
Batraciens, il manque toujours chez les Poissons. Les pièces qui, dans
certains genres (Hareng) de cette classe, ont été considérées autrefois
comme appartenant au sternum, n'en font réellement pas partie. On les
rattache avec raison au système tégumentaire. Le sternum coexiste donc
toujours avec le poumon, et l'on a le droit de dire : Sans poumon pas de
sternum. Mais, si de l'existence du sternum on j^eut toujours conclure à
celle du poumon ('), la réciproque n'est point vraie : de l'existence du
poumon on ne saurait toujours conclure à celle du sternum : les Serpents,
par exemple, sont pulmonés, mais ils n'ont pas de sternum.
» Composition. — Le sternum est généralement impair et médian; mais cette dis-
position est inconstante : dans celui de l'Acontias, par exemple, on trouve deux moi-
tiés latérales distinctes. Constitué par une seule pièce chez les Oiseaux, par douze
chez rUnau, le sternum offre une composition variable non seulement d'une classe à
l'autre, mais cette composition varie dans la même classe, dans le même ordre et dans
la même famille. Ainsi, dans les Anthropoïdes, on compte trois pièces sternales chez
le Gibbon, six cliez le Chimpanzé.
» Forme. — Les Anciens ont comparé le sternum de l'Homme à une épée de gla-
diateur. Il est composé de trois pièces (proximale ou poignée, moyenne ou lame, dis-
taie ou xiphoïde). Large chez l'Homme et chez l'Orang, le sternum est étroit chez le
Magot. Tranchante, la poignée sternale du Rhinocéros dépasse beaucoup en avant la
première côte, tandis que celle du Bœuf s'arrête au'niveau de cet os. Dans les Éden-
tés, le xiphoïde manque chez l'Unau, mais chez le Phatagin il se prolonge jusqu'au
bassin par deux filets distincts. La configuration du sternum varie même dans les
Oiseaux, où pourtant la conformité d'organisation est si prononcée. Le sternum de
ceux qui volent présente une crête médiane (bréchet), dont les dimensions sont pro-
portionnelles à la puissance du vol; le bréchet manque aux Oiseaux Coureurs (Au-
truche), preuve manifeste de la corrélation existant entre l'organe et la fonction.
» Texture. — Le sternum des Oiseaux est, en général, entièrement osseux. Les
deux filets xiphoïdiens du Phatagin sont cartilagineux. Le sternum de la Grenouille
est formé par deux pièces, mi-osseuses, mi-cartilagineuses. Enfin, le sternum du
Bimane est entièrement cartilagineux.
» Développement. — Le sternum des Mammifères, des Oiseaux et de la plupart
des Reptiles est une production costale. Chez l'Homme, par exemple, les huit pre-
mières côtes (-) d'un même côté se soudent, par leurs extrémités ventrales, en une
bandelette longitudinale (bandelette sternale), qui, se soudant, à son tour, avec sa
congénère opposée, constitue l'ébauche cartilagineuse du sternum. Mais telle ne peut
(') Le développement du sternum peut précéder celui du poumon (Grenouille);
mais, par cela même qu'un animal possède un sternum durant l'état larvaire, on peut
affirmer qu'à l'âge adulte il possédera aussi un poumon.
(-) Ruge a montré que le xiphoïde humain dérive du S° cartilage costal.
( 175 )
être l'origine du sternunx de la Grenouille^ on sait, en effet, que cet animal est en-
tièrement dépourvu de côtes.
» Le sternum de l'Homme s'ossifie par 6 à lo points : i pour la poignée, i pour le
xiphoïde, 4 " 8 pour la lame. Ces derniers donnent 4 pièces osseuses, dont la soudure
l'orme une pièce unique. Do tous les os humains le sternum est sans doute celui dont
l'ossification est le plus irrégulière. Tout varie dans l'ossification de cet os : le nombre
des points osseux, leur disposition relative, l'époque de leur apparition et celle de
leur soudure. Le sternum des Oiseaux s'ossifie ordinairement par deux points latéraux.
Chez les Pics on en trouve 3, dont i médian fournissant le bréchet Chez les Galli-
nacés il en existe 5 (i médian et 4 latéraux).
)) Connexions. — Ainsi que son développement, sa texture, sa forme et sa compo-
sition, les connexions du sternum sont extrêmement variables ; mais jamais ce segment
squeletlique n'est indépendant, c'est-à-dire isolé comme l'hyoïde humain; il est tou-
jours uni à d'autres organes squelettiques (côtes, épaule).
» Le sternum des Oiseaux s'articule toujours avec les côtes et l'épaule. Cette arti-
culation se fait en général avec le coracoïde seul, quelquefois avec le coracoïde et la
clavicule (Héron), d'autres fois encore avec le coracoïde et le procoracoïdc (Autruche).
Le sternum des Mammifères s'articule toujours avec les côtes, et le nombre des côtes
sternales varie de i (Baleine) à 12 (Unau). Celui du Cheval n'est uni qu'avec les côtes,
mais celui de l'Homme se joint aussi à la clavicule. Enfin, celui des Monotrèmes est
relié non seulement à la clavicule, mais encore au coracoïde, à l'épicoracoïde et même
à l'omoplate. Le sternum des Reptiles s'articule toujours avec l'épaule, souvent aussi
avec les côtes. Celui de l'Orvet n'est uni qu'à l'épaule, seul représentant du membre
ihoracique'; mais celui des Crocodiles se joint aussi aux côtes. Enfin le sternum des
Batraciens s'articule toujours avec l'épaule; jamais il ne s'unit aux côtes, qui sont
rudimentaires ou nulles (Grenouille).
» Le sternum, les côtes et l'épaule sont constants chez les Mammifères et les
Oiseaux. Les Reptiles qui ont un sternum ont tous des côtes et une épaule. Mais il est
des Batraciens qui sont dépourvus de côtes, et qui ont un sternum et une épaule.
D'autre part, les Serpents, qui possèdent des côtes très développées, mais qui n'ont
point d'épaule, sont aussi dépourvus de sternum.
» Le sternum coexiste donc toujours avec l'épaule, et on a le droit de dire : Sans
épaule pas de sternum. Mais ici, comme pour le poumon, la réciproque n'est point
vraie : l'Axolotl, qui possède une épaule et un poumon, n'a point de sternum.
» Conclusions. — Le sternum varie clans sa composition, dans sa forme,
clans sa texture, dans son développement et même dans ses connexions.
Rien ne semble donc fixe dans l'histoire de ce segment scjuelettique.
Poin-lant, au milieu de cette variabilité presque illimilée, il est possible de
distinguer une certaine constance :
» Le sternum coexiste toujours avec l'épaule et le poumon : Sans épaule
ni poumon pas de sternum. Eu d'autres termes, tous les Vertébrés cjiii pos-
sèdent un sternum possèdent aussi une épaule et uu poumon; mais la réci-
proque n'est point vraie.
( 176 )
» A cette remarque générale, vraie pour le type Vertébré tout entier, on
peut en ajouter quelques autres d'ordre secondaire :
» 1° Le sternum, les côtes et l'épaule ne sont constants que chez les
Mammifères et les Oiseaux; 2" le sternum s'articule toujours avec les côtes
et l'épaule dans les Oiseaux, avec les côtes dans les Mammifères, avec
l'épaule dans les Reptiles (' ) et les Batraciens. »
ANATOMIE ANIMALE. — Sur l'insertion de la membrane de Corti.
Note de MM. Coïne et Cannieu, présentée par M. Bouchard.
« Frappés des divergences des différents auteurs au sujet des insertions
(le la membrane de Corti et plus particulièrement de ses insertions
extrêmes, nous avons entrepris une série de recherches portant sur les
rochers de l'homme, du chat, du chien, du cobaye, du rat, de la souris, du
mouton et du bœuf.
» Tout d'abord, nous devons dire que nous n'avons jamais observé les
dispositions décrites par Lœwenberg, c'est-à-dire que nous n'avons jamais
vu cette membrane prendre son insertion externe sur la paroi externe de
la rampe cochléaire, au niveau d'une sorte de bourrelet situé sur le liga-
ment spiral.
» Dans la majorité des cas, nous avons observé que cette membrane se
terminait librement au niveau et au-dessus de la papille spirale sensorielle,
et même tout d'abord, nous avions pensé que c'était ce mode de terminai-
son que l'on pouvait admettre avec la plupart des auteurs. Ces faits atti-
rèrent d'autant plus notre attention que l'un de nous, dans une monogra-
phie complète de l'oreille [Coyne, arlicle Oreille (^Dici. encyclopédique des
sciences médicales)] avait vu et décrit l'adhérence de la membrane de Corti
aux cellules du sommet, aux piliers, ainsi qu'aux deux ou trois premières
rangées des cellules de Corti. Une observation plus rigoureuse des faits
nous permit de découvrir un certain nombre de particularités qui nous
engagèrent à entreprendre des recherches plus minutieuses, aumoyen d'une
technique nouvelle.
» Toutes les fois que la membrana tectoria nous paraissait se terminer
(') 11 ne s'agit ici que des connexions constantes du sternum ; car, ainsi qu'on l'a
vu plus haut, ce segment squelettique peut aussi s'arliculer avec l'épaule dans les
Mammifères, avec les cotes dans les Reptiles.
( '77 )
librement vers sa partie externe, nous pouvions observer l'un des trois
ordres de faits suivants :
» 1. Certaines cellules de Corti ou bien de Claudius n'étaient plus à
leur place; elles étaient séparées de la membrane basilaire et on les
retrouvait éparses dans la rampe cochléaire.
M 2. Souvent ces cellules restaient attachées à l'extrémité externe de la
membrana tectoria; elles avaient été arrachées de l'endroit qu'elles occu-
paient et avaient suivi cette membrane dans son ascension.
» 3. Dans d'autres circonstances, enfin, on observait, sur une coupe
longitudinale du limaçon, que la partie externe de la membrane présentait
des irrégularités indiquant qu'elle avait été brusquement arrachée. Si alors
on examinait l'organe de Corti, on voyait au-dessus de lui une couche
formée par une substance claire, transparente, striée transversalement,
en tout semblable à celle qui constituait la membrane de Corti. La surface
interne de cette sorte de cuticule présentait également des irrégularités
correspondant à celles dont nous avons parlé sur l'extrémité libre de la
membrane.
» Il était donc évident que cette membrane adhérait à l'organe de
Corti et aux cellules externes de Claudius; et nous pensâmes que les
particularités que nous avions observées et dont nous venons de parler
étaient dues à des ruptures déterminées par les manipulations nombreuses
qu'on fait subir aux rochers avant d'en faire des coupes. Après un grand
nombre de tâtonnements, nous nous sommes arrêlés à une technique que
l'on trouvera exposée dans un travail ultérieur, plus étendu que celui-ci.
Cette technique nous a permis d'obtenir des préparations caractéristiques.
» D'après nos recherches, la membrane de Corti présentait deux inser-
tions bien visibles passant par l'axe du limaçon. La partie interne de cette
membrane s'insère en effet sur la protubérance de Huschke. Cette inser-
tion commence au niveau du point d'origine de la membrane de Reissner.
Là, cette membrane est constituée par une couche transparente, à peine
striée, excessivement mince. Elle augmente insensiblement d'épaisseur
jusqu'au point où elle devient libre et où elle recouvre le sillon spiral
interne. Cette insertion s'effectue donc sur une surface assez étendue et
comprend toute cette partie que Lœwcnberg appelait la partie interne de
la membrane de Corti.
» Quant à l'insertion externe, elle est également assez étendue. Il est
relativement facde de l'observer chez les jeunes chats. Le rocher, après
décalcification et coloration, peut fournir facilement des coupes en série.
C. R., 189.'), 2" Semestre. (T. CXIX, ? • 2.) 2,')
( 178 )
Si nous suivons la membrane de Corti, nous voyons qu'elle ne s'arrête pas,
ainsi que le pensait Rolliker, au niveau du bourrelet épithélial qui touche
le côté extérieur de la protubérance.
)> Chez le chat, elle s'accole tout d'abord aux cellules en éventail (cel-
lules de Waldeyer) qui précèdent les cellules du sommet, puis elle adhère
à ces dernières. Elle continue vers l'extérieur et, dans son trajet, elle s'ac-
cole aux piliers de Corti, puis aux cellules de Corti et de Deiters (aux
trois rangées) et enfin se termine au niveau des deux ou trois premières
rangées des cellules externes de Claudius : c'est au niveau des cellules de
Waldeyer que la membrana tectoria du chat présente la plus grande épais-
seur; elle diminue insensiblement en allant vers l'extérieur, et finit par se
confondre avec la cuticule qui recouvre les cellules de Claudius.
» Comme on peut s'en rendre compte, la membrane de Corti est donc
adhérente dans sa partie externe, mais celte adhérence commence plus tôt
que ne l'avait décrit l'un de nous et se prolonge plus loin qu'il ne l'avait
cru tout d'abord [Coyne, article Oreille (^Dictionnaire encyclopédique des
Sciences me'dicales)].
» En résumé, la membrane de Corti, sur une coupe longitudinale du
limaçon se présente sous la forme d'une membrane assez épaisse vers sa
partie centrale, se terminant par deux extrémités à peu près semblables,
minces, allongées, dont l'une, l'interne, prend insertion sur la protubé-
rance de Huschke et l'autre, l'externe, sur les cellules de Waldeyer, les cel-
lules du sommet, les piliers, les cellules de Deiters et de Corti, et les pre-
mières rangées des cellules de Claudius. »
ANATOMIE ANIMALE. — Note sur la topographie de ruréthre fixe, étudiée Sur
des coupes de sujets congelés. Note de M. L. Testut, présentée par
M. Bouchard.
« Chacun sait que l'urèthre fixe, je veux dire la portion du canal de
l'urèthre comprise entre le coi de la vessie et l'angle prépubien, décrit une
courbe dont la concavité regarde en haut et en avant quand le sujet est
debout, en haut et en arrière quand il repose dans le décubitus dorsal. La
nature géométrique de cette courbe, le point où elle commence et celui où
elle finit, sa longueur, la direction exacte de ses différents segments, ses
rapports précis avec la symphyse pubienne sont autant de questions qui
intéressent au plus haut point l'anatomiste et le chirurgien. Pour les rc-
( Ï79 >
soudre, on a utilisé tour à tour la dissection sur pièces préalablement dur.
cies, les injections dans l'urèthrc de substances solidifiables, l'emploi de
fiches enfoncées dans la sympliyse pubienne, les coupes de sujets congelés.
De ces différents procédés, le dernier, en fixant les organes dans leur
forme et leurs rapports réciproques, me paraît de beaucoup ])référable à
tous les autres ; c'est celui que j'ai mis en usage. J'ai choisi quatre sujets
adultes de trente à quarante ans, et, après les avoir fait congeler dans l'at-
titude debout, j'ai pratiqué sur le bassin une série de coupes verticales et
antéro-postcrieures. L'étude de la coupe médiane, intéressant l'urèthre
dans toute son étendue, m'a permis de constater, quant à la topographie
de ce canal, un certain nombre de faits que je résume dans les quelques
observations suivantes :
» 1° Le col de la vessie, tout d'abord, se trouve constamment situé au-
dessus et en arrière de l'extrémité inférieure de la symphyse ou angle
symphysicn. Un intervalle de 23"", en moyenne, le sépare de cet angle.
» 2" Une horizontale menée par le col rencontre la symphyse à sa partie
moyenne ou un peu au-dessus de sa partie moyenne. Dans un cas étudié
et figuré par Braune (Atlas, Pi. Il), elle passait par l'extrémité supérieure
de la symphyse, mais ce fait est tout à fait exceptionnel.
» 3" La distance qui sépare le col de la symphyse est, en moyenne,
de 23'"".
» 4° Le point le plus déclive de l'urèthre est toujours situé en avant de
l'aponévrose périnéale moyenne, le plus souvent au niveau ou au voisi-
nage d'une verticale passant par l'angle syriiphysion. Ce point déclive est
séparé de l'angle symphysien par un intenalle moyen de i8™™. J'ai ob-
servé un minimum de 12"" et un maximum de 20""; cette donnée est,
par conséquent, très variable.
» 5" L'angle prépubien de l'urèthre a, par rapport au pubis, une situation
fort variable. Je l'ai toujours trouvé au-dessous d'une ligne horizontale
passant par l'extrémité inférieure de la symphyse, sauf dans un cas où il
remontait jusqu'à cette ligne, mais sans la dépasser.
» 6° I>a longueur de l'urèthre fixe est, en moyenne, de 65"" à 70"",
dont 4o"" pour la portion située en amont du point déclive et 20"" ou 3o™"
pour la portion située en aval.
» 7° Si de l'horizontale passant par le col, nous abaissons deux verti-
cales, l'une sur le point déclive, l'autre sur l'angle prépubien, nous con-
statons que ces verticales mesurent en moyenne, la première 38"", la se-
conde 32"" seulement. L'urèthre descend donc à 38"" au-dessous du
( i«o )
niveau occupé par le col, et remonte ensuite pour atteindre l'angle prépu-
bien. Toutefois, cette ascension est peu considérable, puisqu'elle n'est que
de 6"'". Je dois ajouter que l'urèthre, entre le point déclive et l'angle pré-
pubien, n'a pas toujours une direction ascendante. Sur deux de mes sujets,
la distance en projection qui se trouve comprise entre une horizontale
menée par le col et le point le plus déclive de l'urèthre est exactement
égale à celle qui sépare cette même horizontale de l'angle prépubien. Sur
ces deux sujets, par conséquent, le canal de l'urèthre, du point le plus dé-
clive à l'angle prépubien, suit un trajet parfaitement horizontal et je re-
marque qu'il en est de même dans l'observation précitée de Braune.
)) 8° La distance en ligne droite qui sépare le col de l'angle prépubien,
autrement dit la coi'de de l'arc que décrit l'urèthre fixe autour de la sym-
physe, est évaluée par M. Sappey à 70™'". Elle atteint même yS""" sur le
sujet étudié par Braune. Ces chiffres me paraissent un peu trop élevés. J'ai
obtenu, dans mes quatre observations, 58™"", 54""°, 55""'° et, de nouveau,
54™" : soit une moyenne de 55""".
» 9° On retrouve un peu partout cette assertion de Gély que la courbe
uréthrale se rapporte assez sensiblement à une portion de circonférence
engendrée par un rayon de Go""" et que sa longueur représente un peu
moins du tiers de cette circonférence. Formulé d'une façon aussi explicite
et sans tenir compte des variations individuelles, celte proposition n'est
pas acceptable. M. Guyon, sur deux sujets, a trouvé un rayon de courbure
qui mesurait 60°"" sur le premier, mais 3o'""^ seulement sur le second. Je
dois avouer que sur les quatre sujets que j'ai examinés et dont j'ai
actuellement sous les yeux les coupes uréthrales, je n'ai jamais rencontré
dans le trajet décrit par l'urèthre une portion de circonférence, mais bien
une courbe fort irrégulière, se prêtant d'autant moins à une définition
gémuétrique qu'elle varie pour chaque sujet. La seule formule qui paraisse
se dégager de l'étude comparative de mes observations est celle-ci :
VurèUire fixe se compose d'un segment initial à peu près recliligne et cVuu
segment terminal également recliligne^ réunis l'un à l'autre par une courbe
de raccordement. Cette courbe de raccordement elle-même varie beaucoup
dans sa longueur et dans sa nature, et n'est pas nécessairement une por-
tion de circonférence. En menant deux tangentes par le côté extérieur des
deux segments initial et terminal, et en les prolongeant l'une vers l'autre,
on les \'oit se réunir en arrière du canal de l'urèthre en formant un angle
que l'on pourrait appeler angle de courbure de V urèlhre fixe . Mais cet angle,
au lieu d'être fixe, varie dans des proportions considérables : sur mes
( i8i )
quatre sujets je l'ai vu obtus chez l'un d'eux seulement (106"), aigu chez
les trois autres (58", 63° et ()5°). N'est-ce pas le cas de répéter qu'il n'y a
pas un urèthre, mais des urélhres, presque autant d'uréthres que d'indi-
vidus (*). »
BOTANIQUE. — Sur la mesure de l'absorption de l'eau par les racines.
Note de M. Henri Lecomte, présentée par M. Duchartre.
« Un grand nombre d'expériences, et en première ligne celles de
Dutrochet et de Schumacher, ont mis en évidence l'absorption de l'eau par
les plantes. Celles de Haies, répétées par Mirbel et Clievreul, Hofmeister
et Clarke, ont servi à donner une mesure approchée de cette force d'absorp-
tion. Enfin Mac Nab, Pfitzer, Sachs, etc., ont pu suivre la rapidité de l'as-
cension; mais, à notre connaissance, on n'a jamais eu l'occasion de fournir
la mesure quantitative du liquide absorbé dans le sol par un tronc d'arbre,
en dehors de toute évaporation par les feuilles.
» Dans un voyage que nous venons de faire au Congo français, nous
avons eu l'occasion de rencontrer, à chaque pas, surtout dans les endroits
un peu humides, un arbre d'assez grande taille, le Musanga (Smithii), de la
tribu des Conocéphalées, famille des Urticacées, dont tous les troncs coupés
récemment ou même depuis longtemps laissaient dégoutter de l'eau en
assez grande quantité.
» Le Musanga, fréquemment visité par les singes qui se montrent très
friands de son fruit, est un grand arbre atteignant facilement 20"" à 25™ de
hauteur; son tronc régulier, recouvert d'une écorce grisâtre, i iche en tannin ,
se termine à la partie supérieure par de grosses branches portant des
feuilles composées digitées, à i3 ou i5 folioles habituellement. Le tronc,
divisé à la base comme celui des Palétuviers, s'enfonce dans le sol par un
grand nombre de ramifications. Nous avons pu expérimenter sur cet arbre
aussi parfaitement qu'il était possible de le faire dans un long voyage, pour
lequel on n'emporte nécessairement qu'un matériel restreint, et nous avons
répété nos expériences sur des arbres différents.
» Ayant coupé un arbre à i™,6o du sol, nous avons mesuré la section qui présentait
une forme ovale, de o™, 49 pour le grand axe de l'ellipse et deo™,4o pour le petit. La
section du tronc attenant au sol a été creusée en gouttière et un récipient a été
(') Laboratoire d'Anatomie de la Faculté de Médecine de Lyon.
( l82 )
disposé à l'orifice inférieur de cette gouttière. La section ayant été faite vers 5"^ du soir
le 6 janvier 1894, en pleine saison des pluies, c'est-à-dire dans une atmosphère presque
saturée de vapeur d'eau, nous avons placé le seau sous la gouttière à 6^ et nous l'avons
laissé en place toute la nuit. Le lendemain à 7'^ du matin, c'est-à-dire après
treize heures, nous avons trouvé le seau plein et contenant 9"', 25o d''eatt (nuit sans
une seule goutte de pluie). Cette quantité énorme d'eau rejetée par le tronc est cepen-
dant au-dessous de la valeur réelle, car le seau plein avait dû déborder; de plus la toile
avait dû laisser échapper une certaine quantité d'eau. Le seau, retiré à ^''du matin, fut
replacé à Si" et à midi il contenait 3''', 870 d'eau. Enfin, replacé de nouveau à midi, il
recevait encore i''',44o de liquide jusqu'à 4*^ du soir. 11 résulte de cette série d'expé-
riences que ce tronc de Musanga a laissé exsuder :
lit
Première période 0,71 1 par heure
Deuxiènpe période 0,587 »
Troisième période o,36o »
» Ces résultats nous ont paru intéressants à signaler, en raison de la
quantité énorme d'eau rejetée. Le Gorille connaît bien, paraît-il, cette pro-
priété du Musanga, car, avec la grande force qu'il possède, il arrache les
branches et se désaltère à même la plaie.
» Nous avons cru devoir étudier sommairement l'eau ainsi aspirée par
l'arbre. Elle n'est pas pure, car l'acide phospho-molybdique y détermine
un précipité jaune, indiquant la présence d'un alcaloïde. Avec la solution
de nitrate d'argent, elle prend une légère teinte opalescente qui décèle un
chlorure. Or la môme solution de nitrate d'argent n'a donné aucun préci-
pité avec l'eau d'une rivière située à peu de distance de l'arbre sur lequel
nous avons expérimenté. »
PÉTROGRAPHIE. — Sur la nature pétro graphique du sommet du mont Blanc
et des rochers avoisinants. Note de MM. J. Vallot et L. Dupauc, pré-
sentée par M. Daubrée.
« La limite des lîiicaschisles et de la protogine est mal connue dans les
parties élevées du mont Blanc. Alph. Faure la faisait passer au Dôme du
Coûter. Depuis lors, l'étude de l'emplacement de l'observatoire du mont
Blanc a fait remarquer à l'un de nous, en 1888, que les rochers des Bosses
étaient, en partie, formés par des micaschistes plus ou moins granulitisés
ou protoginisés et par des aniphibolites à grain fin. En 1892, M. Michel-
Lévy, d'après l'examen d'un échantillon de protogine qu'on lui avait ap-
porté des rochers de la Tournette, faisait passer la limite aux environs de
( i83 )
ces rochers. Enfin, la même année, M. Mrazec analysait un échantillon de
protogine provenant du rocher de la Tourette, laquelle avait été signalée
par de Saussure.
» D'après ces diverses recherches, il semblait bien avéré que le sommet
du mont Blanc était réellement constitué par la protogine; toutefois, cer-
taines remarques, faites au cours de plusieurs ascensions au mont Blanc,
nous amenèrent à penser que celte assertion n'était pas exacte.
» En 1893, nous avons visité soigneusement tous les pointements ro-
cheux qui émergent aux environs (lu sommet du mont Blanc, et nous avons
constaté que la plupart d'entre eux sont constitués, non point par de la
protogine, mais par de véritables schistes, d'aspect séricitique ou micacé,
représentant un niveau relativement supérieur, parfaitement identique à
ceux qui flanquent le culot protoginique sur le versant nord (rochers des
Mottets, coupe du Montanvert, etc.). Dans ces schistes s'intercalent des
bancs variés d'amphibolites, le tout plus ou moins profondément protogi-
nisé ou granulitisé par des apophyses de protogine émanées du culot, ou
par des filons granulitiques de seconde venue. Nous avons trouvé ces di-
verses roches aux Grands-Mulets (où les amphibolites dominent), aux
rochers de Pitschner et de l'Heui-eux-Retour, au Dôme du Goûter, aux
Bosses, à la Tournette, aux rochers qui bordent l'arête finale du mont
Blanc, et à l'arête rocheuse qui forme le mont Blanc de Courmayeur. Les
filons (le protogine ou de granulite les plus importants s'observent aux ro-
chers des Bosses et de la Tournette, puis au rocher de la Tourette et au
mont Blanc de Courmayeur.
» La protogine franche, du type de rebrassement, se retrouve aux
Rochers-Rouges, tandis qu'aux Petits-Mulets on peut observer toutes les
formes de passage du schiste à la roche éruptive. Si, du mont Blanc de
Courmayeur qui, comme nous l'avons dit, est un micaschiste, on examine
les pentes du glacier de la Brenva, on voit la protogine apparaître à
quelques mètres au-dessous de soi, tandis que dans les escarpements occi-
dentaux du mont du Brouillard, on aperçoit le culot de protogine du
massif, qui est encore surmonté d'une couverture schisteuse de plusieurs
centaines de mètres à la base, qui s'amincit graduellement à son approche
du sommet, où elle se réduit à quelques mètres. La limite de la protogine
contourne donc le sommet du mont Blanc de trois côtés.
» On peut conclure de ces observations que la protogine est encore
recouverte de son manteau cristallophyllien au sommet même du mont
Blanc et sur les arêtes les mieux conservées du versant méridional. Dans
( i«4)
les parties où l'érosion a été plus intense, la couverture schisteuse a été
enlevée, tandis qu'en d'autres points elle subsiste, mais la présence du
culot en profondeur est néanmoins indiquée dans les sillons les plus accu-
sés. Ce qui donc a été considéré antérieurement comme protogine en place
dans les parties les plus élevées du mont Blanc n'est en réalité autre chose
que de paissants filons, injectant par endroits le manteau cristallophyllien
subsistant. Une étude pétrographique détaillée paraîtra ultérieurement sur
le sujet. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. M. B.
ilWe
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VIJ.LAl'.S LT l'Il.S,
Quai (les Grands-Aiigusiins, n" 5,k
epuis 1835 les COMPTES RENDUS liebiiomadaires paraissent réguliôromenl lo Dimanche Us furmenl, à la lin de l'année, deux volumes in-4°. Deux
fables, l'une par ordre alpliabélkiue de matières, l'autre par ordre alphabétique do noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
it part du i" janvier.
Le prix de l'iiboiinciiient est fixé niiisi i/ii'il suit :
Paris : 20 l'r. — Départements : 30 fr. — Union postale ; 34 fr. — Autres pays : les Irais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
inL'eis.
chez Messieurs :
Igeri Michel et Médan.
I Gavault St-Lager.
tlgei ' Jourdan.
* ( Ruir.
imiens Ci)urliu llecqucl.
1 Gcriiiaii» etGrassin.
i Lachèse.
Bayonne Jérùme.
Besançon Jacquard.
Avrard.
Bordeaux ' Duthu.
Millier (G.).
Bourges Keiiaud.
; Lefourriicr.
) !■■. lîobeit.
i J. ISobert.
' V Ll?.el CarulT.
\ ISaer.
( Massif,
l'errin.
) Heiiiy.
' Maiguerie.
) Rousseau.
( Kibou-Collay.
, Lantarche.
, Balel.
' Damidot.
( Laiivei'jal,
' Crepin.
, Drevel.
' Gralier.
La Hochellc l'ouclier.
, ,, \ Bourdignun.
Le Havre !, "
( Doinbre.
j Lorienl.
Brest
Ctteti
"ni! nUicr]
■l'i'iirg
oie/ inont-ï'err.
i/otuii . . .
Oi enoble
Marseille..
Mont}iellier
Moulins. . . .
Nantes
Lille.
I Lefebvre.
Quai'ré.
chez Messieurs ;
\ Bauiiial.
' M°" Icxicr.
Bcniciux et Cumin
Georg.
I.yon ( .Mégrel.
Ch;iniird.
Ville.
Ruai,
i Calas.
* Cmilel.
.Maniai l'Iacc.
/ Jac(|ues.
Nancy Giosjean-Maupin.
' Siec. Auer i4'i
MEMOIRES PRESENTES.
.M. BiiisAUD soumet au jugement de l'Aca-
démie quelques échantillons de couleurs
nouvelles, extraites du cobalt
M. GiLKWisT adresse une Note relative à di-
verses applications du phonngra]die 1^8
CORRESPONDANCE.
M. H. Deslaxdres. — Images spéciales du
Soleil données par les rayons simples,
qui correspondent aux raies noires du
spectre solaire i ÎS
M. Aymonnet. — Sur les radiations calori-
fiques comprises dans la partie lumineuse
du spectre i5i
.M. A. Lafay. — Sur la polarisation de la
lumière diffusée par les surfaces dépolies, ib!)
M. G. Charpy. — Sur la relation entre la
densité d'une solution saline et le poids
moléculaire du sel dissous i56
M. Tanuet. - Sur une nouvelle glucosane,
la lévoglucosane i5s
M. T. Klobb. — Synthèses au moyen de
l'éther cyanacétique. Éthcrs phénacylcya-
nacétiques iGi
.M. J. LocHER. — Sur l'éther paraphtalodi- ■
cyanacétique 162
y\. Ad. Renard. — Sur le goudron de pin . i65
MM. A. ISéhal et K. Choay. — Composition
quantitative des créosotes de bois de hêtre
et de bois de chêne itifi
M. J. EiFUoNT. — Accoutumance des fer-
ments aux antiseptiques et influence de
cette accoutumance sur leur travail chi-
mique 169
.M. J. Sabr.^zès. — Nature des onycliomy-
coses, démontrée par la culture et les ino-
culations 172
.M. Al. Julien. — De la coexistence du
sternum avec l'épaule et le poumon 170
MiM. Coyxe et Caxmeu. — Sur l'insertion
de la membrane de Corti 176
.M. L. Testut. — Note sur la topographie
de l'urèthre fixe, étudiée sur des coupes
de sujets congelés 178
M. Henri Lecomte. — Sur la mesure de l'ab-
sorption de l'eau par les racines tSi
MM. J. Vallot et L. Dui'arc. — Sur la na-
ture pétrographique du sommet du mont
Blanc et des rochers avoisinants 1S2
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augaslins, 55.
he Cet ant : fiAOTuiER-Va.LARS.
1804
' SECOXD SEMESTIIE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
rAK MM. liES SECRÉTAIKliS I»ERPÉTUE1,S.
TOME CXIX.
IV" 3 (16 Juillet 1894).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, I.MPKlMIiUKS-LIBRAIRliS
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCE:
Quai des âraoda-Augusiins, ^&.
804
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
].es Comptes rendus hehdomadaiies des sceanees de Les Prograinnies dos prix j)ro|)osés pur l'Académie
I Académie se composent des extraits des travaux do sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'antanl
présentés par des savants étrangers à l'Académie. cpie l'Académie l'aura décidé.
Chaque c.ihicr ou numéro des Comptes rendus
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il Y a deux volumes par année.
Artk.lf. 1". — Impressions des travaux de l'Académie.
l/csextraits des Mémoires présentés par un Membre
nu parun Associé étrangerdel'Académie comprennent i sunié qui ne déjjasse pas 3 pages.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
AiiTici.K '2. — Impression destra^xiux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les jMomoiios lus ou |)résentés par des personnes
qui ne Sont pas MemJjres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
au plus 6 pages par numéro.
Un IMembre de l'Académie ne peut donner auv
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions (iemaudéspar le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués par
les. Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 ])ages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- |
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, j
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nomme ;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
ACTICLE 3.
Le (wn à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compterendii
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
AuïicLi: i. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage ti part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de rexéeution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 16 JUILF^RT 1894.
PRÉSIDENCE DE M. LOEWY.
MÉMOIRES ET GOMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Nouvelles recherches sur le chrome. Note de M. IIevri Moissax.
<( Le chrome, dont nous devons l'importante découverte à Vauquelin.
nous a fourni déjà de nombreuses applications. Ses oxydes et ses autres
combinaisons sont entrés rapidement dans la pratique industrielle. Si le
chrome a été peu utilisé comme métal jusqu'ici, cela tient à la difficulté
de sa préparation. On n'est jamais arrivé à l'obtenir en notable quantité ( ' )
et lorsqu'on a voulu utiliser ses merveilleuses qualités pour la fabri-
(') En 1892, M. Placet, i-eprenant l'étude de l'éleclrolyse des solutions des sels de
chrome, indiquée antérieurement par Bunsen, a pu préparer du chrome métallique
dont il a présenté un échantillon à l'Académie des Sciences.
0. R., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N" 3.) 2^
( 'B6 )
cation des aciers chromés, il a fallu préparer au haut fourneau un alliage de
fer et de chrome très riche en carbone, le ferrochrome.
» La présence du fer et du charbon dans ce dernier composé a empêché
d'étendre cette étude et l'on ne connaît pas les alliages que le chrome peut
fournir avec les autres métaux.
» Les recherches que nous publions aujourd'hui permettront vraisem-
blablement de combler cette lacune.
» Préparation. — Nous avons déjà indiqué comment il était facile au
moyen de la haute température produite dans notre four électrique de
réduire avec facilité le sesquioxyde de chrome par le charbon, soit dans
un appareil intermittent (' ), soit dans un appareil continu (^). Dans ce
dernier cas, nous avons employé un four électrique qui contenait un tube
de charbon légèrement incliné recevant à l'extrémité supérieure le mélange
aggloméré de sesquioxyde et de carbone et laissant couler à l'extrémité
inférieure le métal liquide. Ce tube de charbon était chauffé dans notre
modèle de four électrique à réverbère et à électrodes mobiles que nous
avons décrit précédemment.
» C'est au moyen de cet appareil qu'il nous a été facile de préparer les
2o''s de chrome métallique que nous avons l'honneur de présenter à l'Aca-
démie.
)) La fonte ainsi obtenue contenait des quantités assez grandes de char-
bon. Nous avons étudié les différentes conditions de formation de ce
métal et nous avons pu préparer deux composés définis et cristallisés du
chrome et du carbone.
)) Carbure de formule C-Cr>\('). — Lorsque l'on chauffe dans le creuset
du four électrique, pendant dix à quinze minutes, du chrome métallique en
présence d'un grand excès de charbon (35o ampères et 70 volts), on ob-
tient un culot friable rempli de cristaux d'un carbure de chrome répon-
dant à la formule C*Cr\ Ce carbure se présente en lamelles très bril-
(') Henri Moissan, Préparation rapide du chrome et du manganèse à haute
température [Comptes rendus, t. CXVI, p. 349).
{-) Henri Moissan, Sur un nouveau modèle de four électrique à réverbère et à
électrodes mobiles {Comptes rendus, t. CXVH, p. 679).
(') Ce carbure nous a donné à l'analyse les chiftVes suivants :
1. 2. Théorie.
Chrome 86, 5o 86,72 86,67
Carbone i3,io 18,21 i3,33
( i87 )
lantes, d'un aspect gras, inattaquables par l'acide chlorhydrique concentré,
par l'acide nitrique fumant et hydraté, par l'eau régale, mais attaquables
lentement par l'acide chlorhydrique étendu. La polasse en fusion a peu
d'action sur lui, tandis que le nitrate de potassium fondu le détruit avec
facilité. Sa densité est de 5,62. Il ne décompose l'eau ni à la température
ordinaire ni à ioo°.
» Carbure de formule CCr^ ('). — Dans les nombreuses préparations de
fonte de chrome que nous avons faites, nous avons vu parfois la surface
des lingots métalliques se recouvrir d'aiguilles à aspect mordoré présentant
souvent une longueur de i*^'" à 2*^™. Ces cristaux répondaient à la formule
CCr'. On les rencontre aussi sous la forme d'aiguilles brillantes dans les
géodes qui se forment au milieu de la fonte de chrome. Leur densité
est de 6,75.
» Chrome cristallisé. — Nous avons cherché à affiner cette fonte de
chrome, ainsi que nous l'avons dit précédemment, en la chauffant en pré-
sence d'un excès d'oxyde. On arrive bien dans ce cas à enlever le carbone,
mais le métal ainsi préparé est saturé d'oxygène; c'est, au point de vue mé-
tallurgique, un métal brûlé.
» L'affinage a été effectué alors en présence de chaux fondue, et nous
avons pu, en opérant chaque fois sur une quantité de Soo^' à i''^ de métal,
retirer la majeure partie du carbone contenu dans le chrome. Ou sait, en
effet, avec quelle facilité le carbone et la chaux se combinent pour donner
un acétylure de calcium (-).
» C'est cette réaction que nous avons utilisée, et elle nous a fourni le
plus souvent un métal à grain fin dont la teneur en carbone oscillait entre
1 ,5 et 1 ,9. Lorsque le chrome est ainsi purifié, bien qu'il renferme encore
une petite quantité de carbone, il cristallise avec une grande facilité. Nous
avons obtenu maintes fois de très belles trémies de chrome cristallisé dans
lesquelles les cristaux atteignaient une longueur de 3"™ à 4°"°. Ces cristaux
ont à première vue l'apparence de cubes et d'octaèdres. Leur groupement
rappelle celui des masses cristallines de bismuth.
(') Ce composé renfermait les proportions suivantes de carbone et de nickel :
1. 2. 3. Théorie.
Chrome 94!22 94i02 » 94>^^
Carbone 5,4o 6,11 0,24 5,45
(') Henri MoissAN, Préparation au four électrique d'un acétylure de calcium
cristallisé; propriétés de ce nouveau corps {Comptes rendus, t. CXVllI, p. Soi).
( i8« )
» FreniY avait déjà indiqué qu'il était possible d'obtenir le chrome cris-
tallisé par l'action du sodium sur le chlorure de chrome.
» Chrome exempt de carbone. — La méthode d'affinage par la chaux en
fusion que nous venons d'indiquer ne peut cependant pas nous donner le
métal absolument décarburé. Nous avons remarqué en effet que quand le
chrome était suffisamment pur, en présence de la chaux liquide et des
gaz du four, il se produisait une réaction inverse. Tout le métal était
ramené à l'état d'oxyde double de calcium et de chrome très bien cris-
tallisé.
» Nous avons pris alors cet oxyde double qui se produisait si facile-
ment dans nos fours électriques, nous en avons formé une brasque dans
un four de chaux vive et au milieu nous avons refondu de la fonte de
chrome. Dans ces nouvelles conditions, l'affinage se produit et l'on obtient
un métal brillant pouvant se limer et se polir avec facilité. C'est le chrome
pur qui à l'analyse ne donne plus trace de carbone.
M Propriétés physiques. — La densité de chrome pur a été trouvée égale
à 6°, 92 à la température de 20" (moyenne de trois expériences). Elle est
donc un peu différente, comme on le voit, de celle indiquée précédem-
ment.
» Au chalumeau à oxygène à la pointe du dard bleu, la fonte de chrome
affinée fournit de brillantes étincelles, brûle en partie, mais ne paraît
fondre superficiellement que grâce à l'excès de chaleur dégagée par cette
combustion. La fusion n'est jamais totale, elle n'est que superficielle et la
partie fondue est encore riche en carbone. Dans le four en chaux fermé
qui a servi à Deville et Debray à fondre le platine, nous n'avons pas pu
liquéfier la fonte de chrome à 2 pour 100 de carbone, au chalumeau
oxhydrique après une marche de quarante-cinq minutes. Le fragment de
fonte qui était frappé par l'extrémité du dard bleu était seul fondu, en
partie, par suite du phénomène d'oxydation dont nous venons de parler.
)) Quand le chrome est bien exempt de carbone, il brûle rapidement et
sa combustion au chalumeau est encore plus brillante que celle du fer.
L'oxydation se complète avec rapidité, et il reste après l'expérience un
fragment arrondi de sesquioxyde de chrome fondu.
» Le chrome pur est plus infusible que la fonte de chrome ; son point de
fusion est notablement supérieur à celui du platine et ne peut pas être
atteint non plus au moyen du chalumeau à oxygène. Au contraire, au four
électrique, le chrome en fusion se présente sous l'aspect d'un liquide bril-
lant, très fluide, possédant, dans le creuset, l'apparence et la mobilité du
( 189 ^
mercure. On peut même le sortir du foiu' électrique et le verser clans une
lingolière. En utilisant comme arc électrique la chaleur fournie par un
courant de 1000 ampères et de 70 volts, nous avons pu dans un four de
dimensions suffisantes préj)arcr en une fois lo''^ de fonte de chrome affinée
et la couler avec facilité (').
» Le chrome pur, bien exempt de fer, ne nous a présenté aucune action
magnétique sur l'aiguille aimantée.
» Le carbure de chrome répondant à la formule C^Cr' raye le quartz
avec facilité et même la topaze, mais n'a pas d'action sur le corindon. Le
carbure CCr* raye profondément le verre et plus difficilement le quartz.
Quant au chrome pur, il n'a aucune action sur le quartz et raye le verre
avec beaucoup de difficulté. Certains fragments de chrome pur ne
rayaient même plus le verre.
« La fonte de chrome à grain fin dont la teneur en carbone oscille
entre i,5 et 3 ne peut être travaillée et polie qu'avec des meules armées
de diamants.
)) Au contraire, le chrome affiné, bien exempt de carbone, peut être
limé avec facilité, prendre le poli du fer et présenter un beau brillant, un
peu plus blanc que celui de ce dernier métal.
» Propriétés chimiques. — La fonte de chrome ne s'attaque pas à l'air
sous l'action de l'acide carbonique et de l'humidité. Le chrome pur, bien
poli, se ternit légèrement après quelques jours dans un air humide; mais
cette légère oxydation n'est que superficielle et ne se continue pas.
» Le chrome peut être regardé comme inaltérable à l'air.
» Chauffé à 2000° dans l'oxygène, il brûle en fournissant de nombreuses
étincelles plus brillantes que celles produites par le fer.
» La limaille de chrome chauffée vers 700° dans la vapeur de soufre
devient incandescente et se transforme en sulfure de chrome.
» Le chrome pur placé dans une brasque en charbon et chauffé à un
violent feu de forge fournit le carbure cristallisé en aiguilles de formule
' ) Voici une analyse complète de la fonte de chrome :
Chrome 97 > 1 4
Carbone i >69
Fer G , 60
Silicium o , 89
Calcium traces
( '90 )
CCr*. A la température du four électrique, il se forme le composé cristal-
lisé C^Cr'.
» Le silicium se combine au chrome avec facilité. En chauffant au four
électrique un mélange de chrome et de silicium, on obtient un siliciure
très bien cristallisé, d'une grande dureté, rayant facilement le rubis, inat-
taquable par les acides, par l'eau régale, par la potasse et par l'azotate
de potassium en fusion.
» Le bore se combine au chrome dans le four électrique dans les mêmes
conditions et fournit un bor:ire très bien cristallisé, difficilement atta-
quable par les acides et possédant aussi une grande dureté.
)) L'acide chlor^liydrique gazeux réagit sur le chrome au rouge sombre
et donne avec facilité du protochlorure cristallisé.
» La solution d'acide chlorhydrique attaque le chrome très lentement
à froid et plus vivement à chaud. L'acide dilué ne produit rien à la tempé-
rature ordinaire, mais à l'ébullition l'attaque est beaucoup plus vive. Sous
l'action d'un courant électrique, le chrome étant placé au pôle positif,
la dissolution se produit dans l'acide étendu.
» L'acide sulfurique concentré à l'ébullition fournit, avec le chrome,
un dégagement gazeux d'acide sulfureux et le liquide prend une teinte
foncée. L'acide étendu l'attaque lentement à chaud, et lorsque cette action
se produit à l'abri de l'air, elle détermine la formation du sulfate cristal-
lisé de protoxyde de chrome de couleur bleue que nous avons ancienne-
ment décrit (').
» L'acide nitrique fumant et l'eau régale a froid ou à chaud n'ont
aucune action sur le chrome. Avec l'acide nitrique étendu, l'attaque est
très lente.
» Une solution de bichlorure de mercure attaque très lentement le
chrome en poudre avec production de chlorure chromique.
A la température de 1200°, le chrome maintenu dans un courant d'hy-
drogène sulfuré se transforme entièrement en un sidfure fondu d'appa-
rence cristalline.
» A la même température, l'acide carbonique attaque le chrome super-
ficiellement, et le métal se recouvre d'une couche verte d'oxyde mélangé
de charbon.
» L'oxyde de carbone est réduit à 1200° par ce métal, avec formation
(') Henri Moissan, Sur (a préparation et les propriétés du protochlorure et du
sulfate de protoxyde de chrome {Comptes rendus, t. XCII, p. 792).
( 191 )
;i la surface d'un dépôt de sesqiiioxyde et carburation du chrome. Cette
réaction fait comprendre les difficultés de l'affinage, elle explique pourquoi,
même en opérant dans des creusets de chaux vive, il est impossible d'ob-
tenir à la forge du chrome exempt de carbone.
» Le nitrate de potassium fondu attaque le chrome au rouge sombre
avec énergie. L'expérience devient beaucoup plus belle quand on substi-
tue au nitrate, le chlorate de potassium en fusion. Le chrome se meut sur
ce liquide comme le potassium sur l'eau en produisant une très belle in-
candescence.
M La potasse en fusion n'attaque pas sensiblement le chrome au rouge
sombre.
» Conclusions. — En résumé, en utilisant la chaleur intense produite
par l'arc électrique, il est possible de préparer la fonte de chrome en très
grande quantité. Cette fonte, qui répond à peu près à la formule C Cr\ peut
s'affiner soit par la chaux fondue, soit par l'oxyde double de calcium et
de chrome. Le métal obtenu dans ces conditions est plus infusible que le
platine, il peut se limer, prendre un beau poli et n'est pas attaquable par
les agents atmosphériques. Très peu attaquable par les acides, il résiste à
l'eau régale et aux alcalis en fusion.
)) Cette préparation du chrome permettra d'aborder efficacement l'étude
des alliages de ce métal. Uni, soit à l'aluminium, soit au cuivre, il donne
en effet, avec ces métaux, des résultats intéressants. Le cuivre pur, allié
à 0,5 de chrome, prend, en effet, une résistance presque double, et cet
alliage, susceptible d'un beau poli, s'altère moins que le cuivre au contact
de l'air humide.
« Cette étude a été poursuivie au Conservatoire des Arts et Métiers où
notre Confrère M. Laussedat a continué à mettre à notre disposition les
ressources de ce bel établissement. C'est grâce à son obligeance que j'ai
pu mener à bien ces longues recherches, je tiens à lui en témoigner toute
ma reconnaissance. »
ZOOLOGIE. — Sur deux Orangs-Outans adultes morts à Paris.
Note de M. A. Milxe-Edwards.
(c Les grands Singes anthropomorphes de Bornéo et de Sumatra, dési-
gnés sous le nom d' Orangs-Outans, ont été l'objet de travaux nombreux et
importants, et cependant les naturalistes sont loin d'être d'accord sur la
question de l'unité ou de la pluralité de l'espèce. Les différences qui ont
( >92 )
été constatées sur les animaux vivant à l'état sauvage ou sur les exem-
plaires conservés dans les musées ont été diversement appréciées et consi-
dérées tantôt comme appartenant à des espèces, tantôt à des races ou
même à de simples variétés individuelles. La plupart des Orangs-Outans
que l'on voit dans les jardins zoologiques de l'Europe sont jeunes et ne pré-
sentent pas encore tous les caractères définitifs de l'espèce; ils résistent
mal au climat et, au bout de quelques mois, ils meurent sans avoir pu se
développer normalement. Les Singes adultes tués dans leur pays d'origine
ne sont pas étudiés sur place; c'est à peine si quelques mensurations sont
rapidement prises sur le cadavre, les chasseurs se contentent de garder le
squelette ou la peau; aussi jusqu'à présent les analomistes n'ont jamais eu
l'occasion de disséquer en Europe des Orangs-Outans adultes.
)i Des circonstances particulières m'ont permis d'acquérir le jour même
de sa mort l'un de ces Singes, remarquable par sa taille et son parfait état
de conservation. C'est le plus grand des deux Orangs-Outans qui furent
exposés au Jardin d'Acclimatation au commencement de cette année. Il était
connu des visiteurs sous le nom de Maurice. Le second, Mao;, mort quelques
jours après, a aussi été transporté dans mon laboratoire, où j'ai pu l'étudier
et le comparer à son compagnon. Il avait été acheté par l'administration du
Jardin d'Acclimatation. Je me suis empressé d'inviter quelques-uns des
naturalistes du Muséum à profiter de cette bonne fortune, et MM. Deniker,
Boulart, Delisle et de Pousarges se sont partagé le travail et ont pu faire
d'intéressantes observations sur l'organisation de ces Singes : les Notes
dans lesquelles elles se trouvent consignées sont insérées plus loin (' ).
)i Maurice est un des plus grands Orangs-Outans connus; il mesurait, du
talon au sommet de la tête, i",4oet son envergure, les bras étendus,
était de 2'", 62. Il pesait 73''8,5oo. Dans la région jugale de la face s'éle-
vaient d'énormes loupes graisseuses en forme de croissant qui lui don-
naient un aspect étrange. Ces appendices, ainsi que l'épaisseur et la saillie
des apophyses et des crêtes du squelette, indiquent qu'il était arrivé au
terme de sa croissance, et les poils blancs qui entourent les lèvres prou-
vent qu'il était très vieux.
» Max était un peu plus petit, il mesurait i'°,28 et son poids était de
65''8, 5oo. Cependant il peut être considéré comme adulte et son appareil
glandulaire génital était notablement plus développé que celui du précé-
dent. Ses loupes jugales étaient peu marquées.
(') Voir page 235 et suivantes.
( '93 )
» Ces Singes n'ont pas été longtemps malades, ils sont morts d'une
congestion pulmonaire sans avoir beaucoup souffert, et sous leur peau
s'étendait une épaisse couche de graisse, leurs muscles n'étaient pas
émaciés.
» Malgré les différences que présente la face de ces deux Orangs-Outans,
je les considère comme de même espèce.
M Les loupes jugales ne constituent pas un caractère spécifique ,
comme le croyaient certains zoologistes, c'est plutôt un caractère sénile
de l'espèce.
» Les reclierches que j'ai faites, d'après un très grand nombre d'Orangs-
Outans vivants et d'après beaucoup de squelettes et de crânes, m'ont
donné la conviction que tous ces animaux appartiennent à une même
espèce dont la taille, la dentition et les caractères ostéologiques peuvent
beaucoup différer.
» Les Dyaks de Bornéo distinguent trois sortes d'Orangs-Outans ou
Mias : i" le Mias Chappan ou Mias l'appan, de grande taille et pourvu de
loupes jugales bien développées. C'est sous ce nom qu'ils auraient désigné
le singe Maurice. C'est l'état de vieillesse de l'espèce. i" Le Mias Rambi,
aussi grand que le précédent , mais dépourvu de loupes jugales. C'est
l'état adulte représenté par le singe Max. 3° le Mias Kassu, de petite taille
et sans loupes jugales.
» E. Geoffroy Saint-Hilaire reconnaissait deux espèces, l'Orang roux
ou Simia Safyrus de Linné, et l'Orang brun ou Sirnia Wurmbii, dont
le squelette fait partie des collections anatomiques du Muséum; la pre-
mière n'est que le jeune âge de la seconde. L'Orang de Sumatra, nommé
par Lesson SfVn?rt Abêti, a été décrit d'après des renseignements erronés;
Clark-Abel lui assignait une taille de plus de 2"", ce qui est évidemment
faux. Le Sirnia Wallichii est basé sur la description faite par de Blainville
d'un crâne qui ne diffère pas d'une manière appréciable de celui des
Orangs ordinaires. Le Simia morio de Richard Owen n'est que la race de
petite taille, celle nommée Mias Kassu par les habitants de Bornéo. Enfin,
le jeune Orang de Sumatra, que L Geoffroy Saint-Hilaire avait appelé
Simia bicolor, ne se distingue que par les teintes légèrement décolorées
des parties inférieures du corps.
» L'existence ou l'absence de l'ongle ou de la phalange terminale du
pouce ont été invoquées comme caractère spécifique par quelques auteurs,
mais on ne doit y attribuer qu'une très faible importance, car souvent
ces parties ne sont pas symétriquement disposées chez le même animal.
G. R.,i«r.'|, I' Semestre. (T. C.\IX N»3.) ^5
( '94 )
Il semble que, chez les Orangs-Outans, le pouce soit en voie de régression
et que la main tende à ressembler à celle des Semnopithèques, où le pouce
s'atrophie presque complètement.
» Les comparaisons qui ont été faites des deux Orangs-Outans adultes
montrent quelle peut être l'étendue des variations que présente le sque-
lette chez des animaux de même espèce, et elles confirment l'opinion
des zoologistes qui admettent l'unité d'espèce de ces grands Anthropo-
morpbes. »
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Sur k mécanisme des souffles engendrés pat
l'écoulement de Tair dans les tuyaux. Détermination du moment où un
écoulement aphone, transformé instantanément en écoulement soufflant,
devient sonore dans les différents points du tuyau où s'opère l'écoulement;
par M. A. Chauveau.
« Il résulte des expériences sommairement exposées dans une Note
précédente (^Comptes rendus, 2 juillet) que l'écoulement de l'air dans les
tuyaux de section uniforme est, par lui-même, aphone ou silencieux : les
souffles entendus sur le trajet de ces tuyaux ne sont que le retentissement
des bruits soufflants produits par la veine fluide qui s'échappe de l'orifice
de sortie.
» L'importance de cette proposition impose l'obligation de s'assurer de
son exactitude par tous les moyens possibles. De là les nouvelles expé-
riences qui vont être succinctement racontées.
» On a vu précédemment qu'un écoulement silencieux peut, en conser-
vant exactement la même rapidité, être transformé en un écoulement
soufflant, par la simple addition d'un ajutage ampuUaire à l'extrémité libre
du tuyau. Si la transformation pouvait se faire pendant l'écoulement même,
sans rien changer à sa vitesse, sans suspendre aucunement l'auscultation,
il serait possible de se rendre compte du moment de l'apparition du bruit
dans les différents points du tuyau : ce serait un moyen très précieux de
s'assurer que le souffle perçu est ou un phénomène transmis, ou un phé-
nomène engendré sur place. Or, il est très facile de se procurer cet avan-
tage, en procédant comme il va être dit.
» Instrunientatioii et résultais '^dncraux qu'on en obtient. — Qu'on se représente,
avec un diamèlre de 35™™ environ, le disque de l'ajutage simple qui termine le tujau
servant aux expériences de production et de transmission des souflles. Ajoutons à ce
( 195 )
disque un bras de 12"^™, articulé pai- une cliarnière avec un autre bras semblable et
parallèle au premier. L'extrémité libre de ce second bras porte une courte caisse cylin-
drique, présentant à l'un de ses bouts un orifice tabulaire du mêipe diamètre que le
tuyau principal. A l'autre bout, la caisse manque de paroi propre et est ainsi large-
ment ouverte. Mais elle peut être fermée par le disque de l'ajutage lorsqu'elle en est
rapprochée. L'ampoule résonnante des expériences racontées dans ma première Note
se trouve alors constituée, avec son. aptitude à donner lieu à l'audition d'un bruit de
souffle plus ou moins fort, lorsqu'on ausculte, en n'importe quel point, l'intérieur du
tuyau. En séparant, au contraire, les deux, pièces susdites, on supprime la cavité am-
pullaire terminale; l'air s'écoule par l'orifice de l'ajutage simple, silencieusement si
l'écoulement s'effectue alors avec la vitesse qui entraine l'aphonie.
» Comme ces opérations de rapprochement et d'éloignement se font presque
instantanément pendant l'écoulement, et qu'il n'en résulte aucune modification dans
la vitesse de celui-ci, on réalise ainsi la condition fondamentale nécessaire aux con-
statations projetées.
» Ces constatations apprennent que l'apparition et la disparition du souffle ne sur-
viennent pas exactement au même moment dans tous les points du tuyau, par rapport
au moment de la constitution ou de la suppression de l'ampoule. Quand l'auscultation
est pratiquée tout près de celle-ci, les deux phénomènes semblent naître d'un^ ma-
nière instantanée en quelque sorte; ils coïncident tout à fait avec le rapprochement
ou l'écartement des deux pièces du nouvel ajutage. Mais la coïncidence n'existe plus
si le tuyau est ausculté plus ou moins loin de cet appareil ainpullaire; l'apparition et
la disparition du souffle subissent alors un retard, dont la durée croît avec l'éloigne-
ment du point où l'auscultation est pratiquée.
» Ainsi il paraît établi, d'après les résultats de cette expérience, que le
souffle entendu dans les tuyaux est bien un bruit transmis et non pas un
bruit engendré sur place. Le retard qu'il met à paraître et à disparaître,
dans les points éloignés du lieu où s'exerce l'intervention provocatrice du
bruit, ne peut être autrement interprété. Mais la constatation de ce re-
tard exige une oreille exercée et une très grande attention. En effet, la
brièveté du chemin que les ondes sonores ont à parcourir dans le tuyau
entraîne la rapidité de leur transmission; il n'est pas toujours permis de
saisir facilement le moment de l'apparition ou delà disparition du souffle,
par rapport au moment de l'addition ou de la suppression de l'ampoule.
Mais on peut arriver à rendre cette constatation très facile, au moins en
ce qui regarde la coïncidence du début du souffle avec l'instant de la
création de la condition matérielle qui est la cause essentielle du bruit.
Tout ce qui va être dit maintenant s'appliquera exclusivement à ce cas.
1) Dispositions adoptées pour rendre l'observation des résultats des expériences
plus facile et plus sûre. — Trois procédés ont été imaginés dans ce but. Ils vont être
successivement exposés, le plus simple d'abord, le plus compliqué en dernier lieu.
( 11.6 )
» Premier procédé. — Je dispose en ligne droite un tube en caoutcliouc de 3o"' de
long, portant de lo"" en io™des tubulures latérales pour l'ausoullation, tubulures qui
peuvent être alternativement fermées et ouvertes. Le réservoir qui met l'air en mou-
vement communique, selon l'habitude, avec l'une des extrémités du tuyau. Quant à
l'autre extrémité, qui est un peu relevée, elle reçoit l'ajutage garni de l'ampoule.
Celle-ci, suspendue au-dessus du disque ou plateau de cet ajutage, produira un bruit
de choc, nettement perceptible, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du tuyau, quand un
aide la laissera retomber sur ce plateau, pour créer la condition du bruit de souffle.
» Les choses étant ainsi préparées, si l'on ausculte successivement l'ajutage lui-
même et les trois points du tuyau qui en sont distants de lO", 20", So"", on constatera
ce qui suit : 1° le bruit de choc produit au moment même et par le fait de l'addition
de l'ampoule, se fait entendre, à l'intérieur du tuyau, exactement au même moment
que le début du souffle qu'engendre cette addition; 2° la même coïncidence exacte
s'observe entre ces deux bruits intérieurs et le bruit de choc qui arrive par Vair ex-
térieur à l'oreille libre, et cela, dans tous les cas sans exception, quel que soit le
point ausculté.
» Une impérieuse signification est attachée à cette simultanéité rigou-
reuse du bruit de choc entendu extérieurement, comme intérietirement, et
du début du souffle perçu, à toute distance, dans l'intérieur du tuyau. Le
souffle ne peut pas être un bruit produit sur place, si le choc est un bruit
propagé; ils sont nécessairement de même nature; tous deux résultent
d'une transmission à partir du même lieu de production, l'ampoule addi-
tionnelle de l'ajutage du tuyau.
» Une nouvelle preuve en est donnée par une légère modification à l'expérience.
Au lieu de s'éloigner de plus en plus du siège du bruit, pour pratiquer rauscultation
intérieure du luvau en ses diflerents points, l'opérateur s'immobilise tout près de
l'ampoule : ce sont les points à ausculter qui sont successivement ramenés à portée de
l'oreille de l'opérateur, à l'aide de courbures imprimées au tuyau de caoutchouc. Alors
le bruit de choc perçu extérieurement par l'oreille libre ne coïncide plus avec les
bruits intérieurs perçus par l'autre oreille, que dans un seul cas : celui où l'ausculta-
tion intérieure s'exerce au siège môme de la production des bruits. Dans les autres
points, les bruits intérieurs retardent sur le bruit extérieur, et l'avance de ce dernier
est d'autant plus marquée que l'oreille s'éloigne davantage du siège de la cause intro-
ductrice du bruit de souffle. Mais jamais ce bruit de souffle ne se sépare du bruit de
choc perçu à l'intérieur du tuyau. Leur concordance reste, dans tous les cas, aussi
parfaite que quand le tuyau est rectiligne.
» Deuxième procédé. — Ce deuxième procédé a justement pour but de montrer
que la discordance du bruit extérieur et des bruits intérieurs peut être obtenue exac-
tement de la même manière dans les tuyaux rectilignes.
» Avec la dernière forme donnée à l'expérience, le bruit extérieur produit par
l'ampoule, en tombant sur le disque, donne l'indication rigoureusement exacte du
moment où se crée la cause du bruit de souffle. On peut, à l'aide d'une petite addition
( '97 )
instrumentale, remplacer ce signe par un autre, permellant à l'opérateur d'agir à
l'extrémité du tuyau de 3o™ étendu en ligne droite.
» Un contact électrique est placé entre les deux bras porteurs de l'ampoule. 11 se
règle avec une vis, de manière à être exactement établi au moment où les deux pièces
de cette ampoule s'appliquent l'une sur l'autre, et immédiatement rompu quand elles
s'écartent. Dans le circuit de la pile que ce contact ferme et ouvre, prend place, d'une
manière fixe, un diapason à indications continues et son électro-aimant. Un tube
auscullaleur, rattaché à un point de ce diapason, permet d'entendre le son bref et sec
qui se produit, au moment de chaque fermeture et de chaque ou\erture du courant,
en coïncidence avec l'addition ou la suppression de l'ampoule. On a ainsi un procédé
sûr pour être avisé, sans aucun retard, du moment où se crée la cause du bruit de
souflle et ce bruit lui-même, quelle que soit la distance à laquelle on se trouve.
» Or, le son du diapason, indicateur de la présence de la cause du souffle, avance
sur ce dernier dans les mêmes cas et suivant les mêmes règles que tout à l'heure le
bruit de choc entendu extérieurement. La discordance des bruits entendus par
l'oreille gauche et par l'oreille droite s'accentue donc à mesure qu'on s'éloigne du
siège du bruit de souffle. Mais celle des oreilles qui est chargée de l'auscultation de
l'intérieur du tuyau continue à percevoir simultanément le bruit de choc de l'am-
poule et le début du bruit de souflle.
M On ne saurait donc conserver le moindre tlonte sur la nature de ce
bruit de souffle : dans les points du tuyau oîi il se fait entendre, c'est bien
un bruit transmis qui a pris naissance au sein de l'ampoule additionnelle.
» Troisième procédé. — Il me reste à donner une dernière preuve de cette propo-
sition, en démontrant que le temps comjiris entre le moment de la création de la cause
du bruit, d'une part, et le moment où ce bruit se fait entendre dans le tuyau, d'autre
part, est exactement le temps indiqué par la vitesse connue de la propagation du son
dans l'air.
» On arrive à cette démonstration par l'inscription simultanée des indications d'un
diapason-chronographe et d'un signal électrique qui marque la fermeture et l'ouverture
d'un courant, en correspondance avec les deux moments de la création de la cause du
souflle et de son audition : l'intervalle compris entre ces deux manifestations du signal
indique la durée de la transmission du phénomène acoustique.
» Voici le détail des autres modifications et additions que l'instrumentation doit
recevoir pour cet objet.
» 1° Le bras porteur de l'ampoule s'augmente d'un levier coudé qui, actionné par
le mouvement du cylindre enregistreur, détermine automatiquement, à chaque tour
de celui-ci, la chute et le relèvement de l'ampoule.
» 2° L'axe moteur du cylindre enregistreur porte un disque de o"',20 de diamètre
et dont une échancrure entame, de o'",oi, le quart environ du contour. Cette échan-
crure peut être plus ou moins rétrécie, par un segment d'un autre disque, de même
rayon que le premier, ayant aussi mê[ne centre, mobile sur ce centre, et pouvant être
fixé sur l'organe qui'l complète, à l'aide d'une vis de pression, dans la position qui
convient le mieux au rôle de cet organe.
( I'J« )
» Quelques explications, propres à faire comprendre ce rôle, ne seront pas inutiles.
» L'ajutage porte-ampoule est solidement fixé près du contour du disque, de
manière que l'extrémité du levier coudé dont il a été parlé ci-dessus s'appuie sur ce
contour, par une saillie en biseau dont elle est pourvue. L'ampoule alors est suspendue
à une petite distance au-dessus du plateau de l'orifice du tujau. Mais quand le mouve-
ment circulaire du disque amène l'échancrure au niveau du biseau, celui-ci rencontre
le vide et l'ampoule opère sa chute. Puis, le mouvement du disque se continuant, le
biseau est heurté par l'autre bord de l'échancrure, et l'ampoule se relève, pour re-
tomber à une nouvelle rencontre du biseau avec le vide, et ainsi de suite.
» A chaque tour du cylindre enregistreur et du disque, il y a donc établissement et
rupture du contact électrique ci-devant décrit. Si l'on place dans le circuit de la pile
à la fois le diapason auscultateur (5o VD) et le signal électrique, celui-ci marque sur
le cylindre la fermeture, et l'ouverture du courant; celui-là devrait donner, par les sons
qu'il rend, l'indication de ces deux phénomènes; mais, en réalité, il n'indique que
l'ouverture, parce que, dans les conditions nouvelles du fonctionnement de l'appareil,
le son d'ouverture se trouve, fort heureusement, seul perceptible d'une manière
nette.
» Or, la fermeture du courant coïncide avec le moment où l'addition de l'ampoule
se produit et où se crée la cause du bruit de souffle. D'autre part, il est facile de faire
coïncider l'ouverture, c'est-à-dire le moment où survient le son du diapason, avec le
bruit de choc et le souffle résultant de l'adjonction de l'ampoule. On possède ainsi les
éléments nécessaires pour déterminer, par l'inscription électrique, le moment où ces
deux bruits arrivent en tel ou tel point du tuyau.
» C'est grâce à la pièce mobile, permettant de modifier la grandeur de l'échancrure
du disque, que l'on réussit à provoquer la coïncidence entre les deux bruits entendus
dans le tuyau et le son du diapason. Pour cela, deux opérateurs sont toujours né-
cessaires.
» L'un, les oreilles munies des deux tubes auscultateurs, appliqués au tuyau et au
diapason, indique à l'autre la concordance ou la discordance des bruits du côté gauche
et du côté droit. Le second opérateur règle la grandeur de l'échancrure du disque : il
l'auD-menle ou la diminue suivant les indications de son collaborateur; l'opération est
terminée quand celui-ci signale la coïncidence rigoureusement exacte des bruits des
deux oreilles.
» Une fois cette coïncidence obtenue, on prend le tracé du signal électrique et celui
du diapason chronographe (5oo VD) en inscription hélicoïdale à tours rapprochés.
On acquiert ainsi, avec beaucoup de précision, la mesure du temps qui sépare le mo-
ment de la production du bruit de souffle du moment de son audition.
» La figure ci-jointe donne un exemple des résultats obtenus dans les expériences
ainsi instituées. Us sont très instructifs, quoiqu'on ne se soit pas astreint à réaliser
toutes les conditions qui auraient rendu l'expérience irréprochable. Ainsi le disque
commandant les soulèvements et les chutes de l'ampoule n'était pas conjugué directe-
ment avec l'axe du cylindre enregistreur. On s'est servi d'un autre axe, relié au pré-
cédent par engrenage; d'où un peu de jeu et altération possible de la simultanéité et
de la régularité absolues des deux mouvements de rotation subordonnés l'un à l'autre.
De plus, le tuyau en caoutchouc qui a servi pour l'expérience n'a pu être mesuré
( >99 )
surplace, à cause des iuflevions qu'il présentait; les cliiOVes donnés ci-après ne peuvent
donc être d'une exactitude rigoureuse, l'jifin ce tuyau était très long, et la grande
longueur des tuyaux n'est pas favorable à la substitution des écoulements soufflants
aux écoulements aphones, et vice versa. C'est pour accentuer les di/Térences des ré-
sultats que j'ai choisi ce très long tu^au, et aussi parce que j'en avais à ma disposi-
tion, en bonne condition pour l'expérience, les éléments constitutifs, à savoir : une
pièce de 20™, 80, une autre pièce de 18", 4o et enfin un morceau de i" environ, les-
quelles pièces, réunies par des raccords à tubulure latérale pour l'auscultation, for-
maient ensemble un tuyau de !\o"'.7.o à peu près. Ajoutons qu'à cette distance les
bruits transmis n'arrivent que très affaiblis à l'oreille, ce qui expose parfois à quelque
incertitude sur la détermination de leur synchronisme avec le son du diapason.
* )) Quoi qu'il en soit, pour le but qu'ils se proposent, les tracés de la figure méritent
toute confiance. Il y en a cinq groupes, tous disposés de la même manière. La ferme-
ture du courant a lieu en a, l'ouverture en b, c, d.
n Les groupes 1 et 5 se rapportent à la propagation des bruits d'un bout à
l'autre du tuyau. Longueur du chemin parcouru : 4o"%20.
» Les groupes 2 et 4 concernent la transmission de ces bruits à la distance de 19'", [\o
seulement.
» Enfin le groupe 3, obtenu quand l'auscultation n'était pratiquée qu'à 1"' environ
de l'ampoule, sert de repère pour apprécier le temps perdu, dans les deux phases
essentielles de l'expérience, par le fait des dispositions de l'outillage. A signaler, dans
( 200 )
le nombre, une avance donnée syslémaliquement à rétablissement du conlactéleclrique,
pour éviter les trépidations qui déformaient très fâcheusement le graphique du signal
au moment de la fermeture du courant.
» L'intervalle a b {n° 3) donne la mesure de ce temps perdu.
» c (n°' 2 et 4) <3? (n°= i et 5) indiquent la place chronologique du moment où le
souffle s'entend à 19™, 4o et à 4o™,20 du lieu d'origine du bruit. Par conséquent, les
intervalles bd, bc, cd représentent, ensemble ou séparément, les durées de propagation
que l'expérience avait pour but de procurer.
» En somme, déduction faite du temps perdu, ab, les divers graphiques de la feuille
d'où a été extraite la figure fournissent les déterminations ci-après, pour le temps
moyen emplojé par le souffle à parcourir les deux principales portions du tuyau. On
en a rapproché le temps calculé d'après la vitesse moyenne de la propagation du so'n
dans l'air libre ou dans les larges conduits, à raison de S^o" par seconde.
I
Temps
parcouru. employé. calculé,
m , ,
Première partie (n°= 2 et 4) 18, 4o OjoSoy o,o54i
Deuxième partie (n°= i et 5) 20,80 o,o636 0,0612
Ensemble 39,20 0,1198 o,ii53
» 11 ne nous fallait et nous ne cherchions qu'une approximation : on reconnaîtra que
nous n'en pouvions désirer une plus satisfaisante. La méthode qui donne de tels résultats,
lorsque l'application qui en est faite pèche dans les détails, fournirait certainement
d'irréprochables documents dans l'étude de plus d'un point delà question de la trans-
mission des ondes sonores.
» Conclusion. — Il est donc bien définitivement établi que, dans le cas
où un écoulement aphone devient soufflant à l'intérieur d'un tuyau, la trans-
formation ne s'opère inslanlanèmenl qu'au point même où siège la cause
de cette transformation. Ailleurs, l'apparition du souffle retarde, en raison
de la distance qui sépare ce point de celui qu'on ausculte, conformément
aux lois de la vitesse de la propagation du son. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — De la nécessité pour les Autruches, et la plupart
des Oiseaux, d'avaler des corps durs qui séjournent dans la région pylorique
de l'estomac, et qui jouent, à l'égard des aliments, le rôle d'organes masti-
cateurs. Note de M. C. Sappey.
« Les Autruches contiennent dans leur estomac des corps durs, dont la
présence dans cet organe est pour elles d'une absolue nécessité. Ces corps
durs se rassemblent dans la moitié droite ou pylorique de l'organe. Ils sont
( 20I )
représentés par des silex arrondis, de la grosseur d'un pois ou d'une noi-
sette. Les plus volumineux ne dépassent pas les dimensions d'une i\oix.
A ces calculs siliceux ne se mêlent jamais des graviers de nature calcaire
qui seraient promptement attaqués et dissous par les acides du suc gas-
trique. Mais à la petite masse siliceuse s'ajoutent souvent des débris de
vitre ou de glace, quelquefois assez considérables, et plus rarement des
corpuscules ou lamelles métalliques, qui sont alors aussi polis, aussi brillants
que s'ils sortaient de l'atelier d'un armurier.
» Leur existence, chez l'Autruche et chez la plupart des Oiseaux, avait
été signalée, et assez souvent mal interprétée. Certains auteurs ne sem-
blaient pas éloignés de penser que ces animaux possédaient un estomac
assez puissant pour digérer des pierres. Mais l'absolue nécessité de ces
calculs, la aénéralité de leur existence, leur utilité, et le mécanisme de leur
mode d'action restaient encore entourés d'une assez grande obscurité.
Quelques faits qu'il m'a été donné d'observer me permettent de compléter
leur étude physiologique.
» En 1845, à l'époque où je m'occupais de mes recherches sur les sacs
aériens des Oiseaux, M. Serres, professeur au Muséum d'histoire naturelle
eut l'obligeance de me faire remettre dans mon laboratoire, à l'Ecole anato-
mique des hôpitaux, une Autruche de grande taille, du poids de cent
et quelques kilogrammes, sur laquelle je préparais en effet ces sacs et qui
prit place ensuite dans le musée d'Anatomie comparée.
» Dans l'estomac de cette Autruche je rencontrais tous les corps durs dont
je viens de parler. Ils étaient remarquables par leur nombre, par leurs va-
riétés de forme et de volume, par leur réunion sur un même point, très
rapproché du pylore, et aussi, et surtout, par leurs rapports avec la masse
alimentaire.
» Au milieu des calculs siliceux et des débris vitreux se trouvait une
lame de fer. de o^.oS de longueur et de o™,o3 de largeur, unie et brillante
comme un instrument tranchant soumis à des frottements répétés. Il était
de toute évidence que ces corps étrangers, situés entre le pylore et la masse
alimentaire et tous groupés sur un même point avaient pour destination de
diviser, de broyer, de triturer les herbes contenues dans la moitié gauche
ou œsophagienne de l'estomac. A l'union de la masse herbacée avec les
organes masticateurs, celle-ci était coupée aussi nettement qu'elle aurait
pu l'être par un instrument tranchant; en sorte que la cavité du viscère se
trouvait partagée en deux parties à peu près égales; d'un côté se présen-
tait la masse calculeuse à laquelle étaient mêlées des herbes très finement
C. R., 1S94. 'i- Semestre. (T. CXI\, iN° 3.) 26
( 202 )
hachées, de l'aulredes herbes absohiment intactes. Tout était donc disposé
de manière à démontrer que les corps durs, collectés dans la région du
pylore, se comportaient à l'égard des aliments contenus dans l'estomac,
comme les dents de l'homme et des Mammifères à l'égard des aliments
introduits dans la bouche.
» De ces faits, nous pouvons conclure : i" que toute Autruche bien por-
tante contient dans son estomac une collection de corps durs occupant la
région du pylore; 2" que toute Autruche privée de ces corps durs, repré-
sentant pour elle des dents artificielles, ne saurait triturer les aliments
qu'elle prend et se trouverait ainsi condamnée à mourir d'inanition. Cette
seconde conclusion ^n'est pas une vaine hypothèse. Une Autruche récem-
ment morte au Muséum d'Histoire naturelle vient la confirmer de manière
à ne laisser sur ce point aucun doute.
» Cette Autruche, originaire de la Casamance, c'est-à-dire de la côte
occidentale d'Afrique, est morte au Muséum quelques jours après son
arrivée. Notre éminent confrère, M. Milne-Edwards, pensant qu'elle me
serait peut-être utile pour compléter mes études sur les réservoirs aériens,
voulut bien me l'adresser. Elle était dans un état parfait de conservation,
mais extrèmemeat maigre. J'en fis aussitôt l'examen. Mon attention se fixa
d'abord sur l'estomac. Il était rempli d'herbes sèches, représentées par de
longues tiges, assez grosses, pliées et repliées sur elles-mêmes, remplissant
la totalité du viscère, depuis l'œsophage jusqu'au pvlore. Au milieu de ces
tiges sèches, s'entrecroisant en tous sens, se voyaient quelques petits cal-
culs très largement disséminés, mais sans aucun rapport entre eux, et ne
pouvant remplir, par conséquent, le rôle d'organes masticateurs. Cette
Autruche avait donc pris des aliments, et même en grande abondance,
mais des aliments qui ne lui convenaient pas et qu'elle n'avait pu triturer.
Privée d'organes masticateurs groupés sur un même point et ne pouvant
broyer ses aliments, elle était morte de faim, d'oîi son extrême maigreur.
» De cette observation découle une conclusion pratique : sur le sol
qu'habitent les Autruches, il importe de laisser en suffisante abondance
des calculs siliceux, de volumes divers et des fragments de vitre ou de
quartz, et même des débris ferrugineux diversement configurés. Entre ces
corps durs, l'animal saura choisir ceux qui lui conviennent. Si l'Autruche
voyage et ne peut ingérer dans son estomac des herbes fraîches, si elle ne
peut se nourrir que d'herbes sèches et de grains, ces corps durs lui
deviennent encore plus utiles, leur consistance étant plus grande et d'une
trituration plus difficile. Il importe alors de mettre de semblables corps
( 203 )
à sa disposition pendant son voyage. Il n'y a pas lieu de craindre qu'elle
en abuse, un instinct sûr lui révélant ceux qu'elle doit prendre pour se
constituer un appareil dentaire convenable.
» Ce que font les Autruches sur une plus grande échelle, tous les Oiseaux,
ou du moins la plupart d'entre eux, le font aussi en avalant des graviers
plus petits. Chez un très grand nombre d'entre eux, on retrouve, en effet,
ce même a])pareil masticateur; il est particulièrement remarquable chez
les Palmipèdes et les Gallinacés; chez ceux qui se nourrissent d'insectes,
comme les Hirondelles, ou de fruits, ou d'aliments mous, il fait peut-être,
il fait même très probablement défaut. Chez les grands Gallinacés, comme
le coq, ces corps durs sont représentes par de petits graviers très nombreux
et inégaux, faciles avoir. Ils se trouvent mêlés aux aliments, mais occupent
pour la plupart cependant la région du pylore. De leur rapprochement et
de leur collision résulte aussi la trituration des aliments qui se conver-
tissent en une sorte de pâte molle et qui passent ensuite par parcelles suc-
cessives dans l'intestin grôlc.
» La collision des calculs groupés dans la région pylorique est un phé-
nomène que nous ne saurions voir, mais que nous pouvons entendre.
L'oreille nous rend très bien compte du mécanisme de la trituration à la-
quelle ils président. Voici, en effet, ce que l'auscultation nous permet de
constater. Si l'on saisit un coq par la face inférieure du tronc et si l'on ap-
plique le dos de l'animal sur l'oreille pendant la durée de la digestion
stomacale, on entend un bruit tout particulier qu'on pourrait entendre
aussi chez un Palmipède, comme le Canard, ou chez tout autre Oiseau.
Mais le coq, entre tous, mérite la préférence. Belliqueux, aimant la
liberté, on pourrait croire qu'il va lutter pour reprendre son indépendance.
Loin de se débattre, il reste au contraire immobile entre les mains de son
ravisseur; il le regarde avec des yeux hagards, comme surpris de son au-
dace, et se prête avec une soumission parfaite à l'étude qu'on va faire sur
lui. L'observateur peut continuer cette étude aussi longtemps qu'il le-
désire, il peut la répéter aussi souvent que cela lui convient, l'animal
reste toujours dans une immobilité complète.
» Si donc, au moment où la région dorsale de l'Oiseau est appliquée
sur le pavillon de l'oreille, on écoute avec un peu d'attention le bruit ré-
sultant de la collision des calculs, voici ce qu'on entend avec la plus
grande netteté.
» Ce bruit commence par un murmure sourd et lointain, qui augmente
( ^u4 )
graduellement d'inlensité et qui s'affaiblit ensuite pour s'éteindre graduel-
lement aussi. Il rappelle assez bien le bruissement des feuilles d'un arbre
qu'agite un vent d'abord léger, puis plus rapide et plus vif. Après quelques
secondes le bruit se renouvelle avec les mêmes caractères. Il a donc pour
attributs essentiels : i° sa tonalité croissante et décroissante; 2" ses inter-
mittences dont la durée est à peu près égale à celle du murmure qui les'
sépare.
» Or, cette tonalité croissante et décroissante, coupée par des intermit-
tences de même durée, nous explique très bien tous les phénomènes qui
se rattachent à la trituration des aliments. Elle nous révèle pour ainsi dire
le véritable mécanisme de la digestion stomacale chez l'Oiseau.
n Au début du murmure les organes masticateurs sont séparés par des
aliments qui ont pénétré dans leurs intervalles ; sous l'influence du resser-
rement de l'estomac ils se rapprochent. Ceux qui n'étaient séparés que par
une très petite distance se rencontrent les premiers et s'entrechoquent :
de là le faible murmure qu'on entend d'abord et que nous avons comparé
au bruissement des feuilles; puis d'autres calculs séparés par une couche
plus épaisse ne tardent pas à entrer aussi en collision, et le bruit devient
plus distinct. Enfin, tous les corps durs ou masticateurs arrivent au contact;
tous à la fois glissent et se meuvent les uns sur les autres; le murmure
résultant de leur frottement réciproque et simultané se trouve ainsi porté
à son maximum d'intensité.
» A celte première période du murmure, ou période de croissance, suc-
cède une période inverse. Presque aussitôt, en effet, les parois de l'esto-
mac commencent à se relâcher; les organes masticateurs s'écartent, sous
la pression des aliments qui pénètrent dans leurs intervalles; ceux-ci s'in-
sinuent d'abord entre les plus petits calculs, puis entre les moyens, et
finalement entre les plus grands; ainsi s'accomplit la seconde période ou
période de décroissance. Survient alors un temps de repos, à peu près
égal à la durée du murmure stomacal. Ces mêmes phénomènes se repro-
duisent et se succèdent dans des conditions identiques, aussi longtemps
que la cavité de l'estomac est pleine, c'est-à-dire pendant toute la durée
du jour, de nouveaux aliments étant sans cesse introduits et remplaçant
les premiers à mesure que ceux-ci pénètrent dans la cavité de l'intestin.
» Tel est le murmure à tonalité croissante et décroissante qui se pro-
duit dans l'estomac des Oiseaux au moment où s'entrechoquent les dents
artificielles à l'aide desquelles ils broient leurs aliments; tels sont les ca-
ractères de ce murmure ; tel est le rhy tme qu'il présente. Ces phénomènes,
( 2o5 )
jusqu'ici méconnus, méritaient, je crois, d'être mentionnés et décrits avec
quelques détails. >>
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les acides diméthyl et dièthylamidobenzoylben-
zoïques et la dimèthylanilincphlnléine. Note de MM. A. Haller et
A. GUYOT.
« Dans notre dernière Communication ('), nous avons exposé un cer-
tain nombre de réactions qui nous portent à attribuer à l'acide benzoyl-
benzoïque, au moins en ce qui concerne les réactions envisagées, une for-
mule lactonique.
» Si, dans la préparation de cet acide, on remplace le benzène par de
la diméthylaniline, on obtient de l'acide diméthylamidobenzoylbenzoïque,
qu'on peut également représenter par l'une ou l'autre des deux formules
/OH
^"\COOH ' C=«'"\ \o
» Dans cette préparation, pour éviter l'action destructive du chlorure
d'aluminium sur la diméthylaniline, il faut avoir soin d'opérer au sein du
sulfure de carbone. On dissout le sel dans de la diméthylaniline étendue
de deux à trois fois son volume de sulfure de carbone. Quand la solution
est saturée, il arrive parfois, surtout en hi^er, qu'elle laisse déposer une
combinaison cristalline de diméthylaniline et de chlorure d'aluminium,
combinaison très altérable à l'air humide, et qui est du genre de celles que
M. Perrier a étudiées récemment ("). Mais, sans se préoccuper si ce com-
posé se produit ou non, on ajoute, par petites portions, de l'anhydride
phtalique finement pulvérisé, tant qu'il se manifeste une réaction. On
laisse refroidir, on décante la couche supérieure, presque uniquement com-
posée de sulfure de carbone, et l'on dissout le résidu, d'un aspect gou-
dronneux, dans de l'acide sulfurique au 3. La solution est traitée par
l'ammoniaque étendue, et le précipité qui se forme est essoré. On purifie
ce composé par redissolution dans le carbonate de soude et cristallisation
dans l'alcool.
(') Comptes rendus, t. CXIX, p. iSg.
(') Ibid., l. CXIX, p. 90.
( 2o6 )
)) \Jacide diméthylamidobenzoylbenzoïque ainsi obtenu se présente sous
la forme de belles aiguilles jaunes, ou de cristaux en forme de losanges
fondant à 199°-
)) Il se combine aux acides et aux bases pour donner naissance à deux
catégories de sels, généralement très bien cristallisés.
1) Le sel de sodium constitue des cristaux d'un blanc pur. solubles dans l'eau et
dans l'alcool, répondant à l'une ou l'autre des deux formules
/ONa
^ " \COONa "" C«H*/ \0
CO/
„ Traité par de l'acide sulfurique étendu, ce sel régénère l'acide diméthylamide avec
sa couleur jaune primitive.
» Diniéthylamidobeiizoylbenzoate de méthyle. — Cet élher s'obtient avec la plus
grande facilité et quantitativement, quand on salure par de l'acide chlorhj'drique
ffazeux une solution d'acide diméthvlamide dans l'alcool méthvlique.
» Il se présente sous la forme de gros cristaux, d'un blanc pur, fondant à 128°,
solubles dans tous les dissolvants ordinaires et redonnant par saponification l'acide
jaune.
» La formation de cet éther, dans les conditions indiquées, milite en faveur d'une
fonction carbox3lique dans l'acide diméthylamidobenzoylbenzoïque. 11 est cependant
à remarquer qu'il existe des molécules phénoliques qui sont éthérifiées dans les mêmes
conditions.
» Diméthylanilinephtaléine. — Ce composé, obtenu par M.O.Fischer en partant
soit de l'anhydride phtalique, soit du chlorure de phtalyle qu'on traite par de la dimé-
ihylaniline et du chlorure de zinc fondu, se prépare facilement en faisant agir du
chlorure de phosphore sur un mélange d'acide diméthylamidobenzoylbenzoïque et de
diméthylaniline. On conduit l'opération comme celle qui a permis de préparer le
diméthylamidodiphénylphlalide et, en admettant pour l'acide diméthylamide, la for-
mule lactonique, la réaction se traduit aisément :
/Cl y(ywxz(cwy-
/C-CnPAz(CH^)- /C-G«H*Àz(CH')=
C6H»/\Q ^ +C^H^Az(CH'r-=G»H*/ \0
CO/ CO/
» Ce procédé de préparation de la diméthylanilinephtaléine permet d'obtenir ce
composé à l'état pur avec un rendement de 90 pour 100 de la théorie. Or, avec le pro-
cédé de M. Fischer, le reul connu jusqu'à ce jour, il ne nous a jamais été possible
d'atteindre même un rendement de 5o pour 100.
(') Annalen der Cheniie, t. CCVl, p. 92.
( ^o7 )
» Tctraméthyldiamidolriphénylmélhane-ortho-carbonntc de mèthyle.
/C«H'-Az(CIP)^
\C«H'-COOCH'.
» La ilimélliylanilineplilaléine, réduite par le zinc el l'acide cliloriivdrique, se traus-
forme, comme on sait, en acide tétramélhyldiamidotripliénvlméthane.o. carbonique,
qui n'est autre chose que la leucobase du vert malachite orthocarboxylé. Oxydée,
cette leucobase fournit non pas un vert, mais de la diméthylanilinephlaléine qui est
régénérée. Mais si, avant cette oxydation, on éthérifie la fonction carboxylique, on
obtient un dérivé qui, soumis à l'influence des agents oxydants, donne naissance à une
matière colorante.
» Cette éthérification s'opère en saturant de gaz chlorhydrique une solution du leu-
codérivé dans l'alcool méthylique. L'éther ainsi préparé constitue de très beaux cris-
taux d'un blanc pur, assez peu solubles dans l'alcool et dans l'éther, beaucoup plus
solubles dans le chloroforme, surtout à chaud. Les sels sont généralement très bien
cristallisés.
» Le clilorozincate s'obtient, soit en éthérifiant le chlorozincate de l'acide triphé-
nylméthaneorthocarbonique dianiidé tétraniéthylé, soit en précipitant par une solution
de chlorure de zinc une solution chlorhvdrique de l'éther. Il cristallise au sein d'une
liqueur alcoolique en prismes blancs et incolores.
» Quand on chauffe une solution de la leucobase dans de l'acide acétique cristalli-
sable, avec quelques gouttes de bichromate de potasse, il se produit une coloration
d'un bleu pur qui, si l'on pousse l'oxydation trop loin, passe au violet, puis au rouge
fuchsine.
» 11 ne nous a pas été possible d'isoler la matière colorante elle-même-à l'état de
pureté.
» Acide diéthylamidobenzoylbenzoïque et dérivés.
)) En remplaçant dans la préparation de l'acide diniéthylamidobenzoyl-
benzoïque la diinélhylaniline par la diéthylaniline, on obtient l'homologue
supérieur de cet acide.
» L'acide diéthylamidobenzoylbenzoïque constitue des cristaux légère-
ment jaunes, fondant à i8o° et possédant les propriétés de l'acide dimé-
thylé. Traité par la diéth\laniline et le trichlorure de phosphore, il donne
naissance à de la diéthylanilinephtaléine, cristallisée en aiguilles et dont
l'étude n'a pas été poursuivie.
» Nous avons l'intention de continuer l'étude de ces produits de conden-
sation obtenus avec les acides benzoylbenzoïques, et nous nous proposons,
en particulier, de chercher à obtenir des phtaléines mixtes amidées, al~
coylées et phénoliques ( ' ). «
(') Dans le cours de ces recherches, nous avons été obligeamment secondés par
M. Michel, auquel nous adressons nos meilleurs remercînients.
( 208 )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Note sur quelques variations biologiques
du Pneumobacilkis liquefaciens bovis, microbe de la péri pneumonie
contagieuse du bœuf; par M. S. Arloing.
« Déjà, en 1889, j'ai signalé des variations chez les formes microbiennes
que j'avais observées dans les lésions de la péripneumonie contagieuse du
bœuf. J'ai vu, par exemple, que le Pneumobacillus liquefaciens, parfois très
court, subarrondi dans le bouillon, s'allonge, grossit légèrement et se
régularise sur la gélatine; que le Pneumococcus gulta cerci et le Pneumo-
coccus lichenoïdes augmentent de volume ou deviennent pseudo-bacillaires
sur les milieux solides (voir Comptes rendus du 9 septembre 1889).
» Depuis cette époque, les idées se sont ouvertes sur les changements
de cette nature : on sait mieux les observer et on est moins surpris de les
constater, même de les trouver liés à une modification des propriétés
pathogènes. J'étudie attentivement, à ce point de vue, les microbes que
l'on rencontre dans les lésions de la péripneumonie. Je signalerai simple-
ment dans cette Note quelques variations offertes par le Pneumobacillus
liquefaciens bovis.
» Conservé longtemps dans le bouillon, à travers des générations succes-
sives, cet organisme peut perdre l'aptitude à liquéfier activement et rapi-
dement la gélatine. Je suis parvenu à la lui rendre temporairement, en
faisant végéter les individus d'une culture non liquéfiante, d'abord sur le
sérum sanguin gélifié, et ensuite sur la pomme de terre. Quelquefois la
restitution n'est pas immédiatement complète; le microbe ne liquéfie la
gélatine qu'au bout de quelques jours.
» Quand le Pneumobacille a perdu le pouvoir liquéfiant, il végète sur
la gélatine inclinée en colonies larges, assez épaisses, à surface légèrement
plissée. Ces colonies finissent par prendre une teinte jaunâtre.
» Dans les cultures du Pneumobacille fortement liquéfiant, on ren-
contre un assez grand nombre d'individus allongés, articulés; dans les
cultures non liquéfiantes, les individus courts, trapus, à extrémités
arrondies, sont beaucoup plus fréquents.
» Je viens d'observer ces deux variétés côte à côte dans les lésions
coccygiennes succédant parfois à l'inoculation de la sérosité virulente du
poumon à l'extrémité de la queue, dans un but préventif, selon le pro-
cédé du docteur Wdlems. Elles formaient exclusivement la population
microbienne de ces lésions.
( --^09 )
» Sur des cultures en plaque, les colonies non liquéfiantes étaient
moins nombreuses que les colonies liquéfiantes. Ces dernières s'étendaient
rapidement et se confondaient avec leurs voisines, de manière à constituer
de e^randslacs grisâtres creusés dans la gélatine. Celles-là végétaient moins
vite et formaient une légère saillie blanchâtre, translucide.
» Dans les colonies liquéfiantes, les individus étaient manifestement
bacillaires. Traités par le procédé de Nicolle et Morax un peu modifié,
ces bacilles présentaient une aréole hérissée de cils généralement longs
et nombreux. . ,,
» Dans les colonies non liquéfiantes, la forme bacillaire était plus diffi-
cile à saisir. Les microbes, serrés les uns contre les autres, avaient l'appa-
rence de staphylocoques; mais sur les individus isolés, optiquement saisis
suivant leur plus grand diamètre, on apercevait la forme suballongée,
trahissant leur affinité avec des bacilles. Au surplus, presque tous possé-
daient des cils aussi nombreux et aussi longs, toutes proportions gardées,
que les individus des colonies liquéfiantes.
» Avions-nous affaire à deux espèces, ou à deux variétés différentes de
la même espèce? Nous avons cherché la réponse à cette question dans l'é-
tude comparative des effets pathogènes.
» Inoculées sous la peau du bœuf, à la dose égale de 2^", les cultures
liquéfiantes et les cultures non liquéfiantes exercent une action qui diffère
seulement par l'intensité. Ainsi, tandis que la culture liquéfiante produit
en quatre jours une tuméfaction aplatie, dont la pb.^s grande dimension me-
sure o™,45, la culture non liquéfiante en produit une mesurant seulement
o^.aS. A la dose de o", 5, les effets sont beaucoup moins étendus et offrent
toujours une différence analogue dans leur intensité respective. Quant à
l'aspect intérieur des lésions sous-cutanées, il est exactement, dans les
deux cas, celui des tumeurs produites par l'inoculation de la sérosité viru-
lente du poumon péripneumonique.
» Inoculées comparativement dans la poitrine, les unes dans le poumon
droit, les autres dans le poumon gauche, leur action diffère simplement
encore par Tintensilé. Alors que les bacilles liquéfiants produisent des no-
dules pneumoniques gros comme une pomme, des lésions pleurétiques
étendues, des fausses membranes épaisses, infiltrées de sérosité citrine,
les bacilles non liquéfiants déterminent des noyaux pneumoniques de la
grosseur d'une amande ou d'une noisette, mais à structure caractéristique,
des lésions pleurétiques plus circonscrites, des fausses membranes moins
pulpeuses.
G. R., i8t|4, 2- Semestre. (T. CXI\, N» 3.) 2.7.
( 210 )
» Les troubles immédiats qui suivent les inoculations, et sont la consé-
quence de l'introduction dans l'organisme des substances toxiques déver-
sées par les microbes dans le bouillon de culture, se présentent dans les
mêmes conditions que les efTets locaux : identité de nature, différence
d'intensité suivant qu'il s'agit du Pneumobacille liquéfiant ou du Pneumo-
bacille non liquéfiant.
» J'ai donc eu sous les yeux deux variétés du Pneumobacille, et non deux
microbes différents. Conséquemment, le Pneumobacille peut présenter
une variété non liquéfiante douée de propriétés pathogènes moins ac-
tives.
» Il s'ensuivra que la détermination certaine de cet agent virulent devra
reposer sur l'étude de son évolution dans une série de cultures et sur celle
des suites de l'inoculation.
» J'espère communiquer prochainement à l'Académie une suite à ces
recherches. Elle apportera plus de lumière dans nos connaissances sur la
bactériologie de la péripneumonie épizootique. »
NOMIIVATIOI\S.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la désignation de
deux candidats qui doivent être présentés à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, pour la chaire d'Anatomie comparée, vacante au Muséum
d'Histoire naturelle.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier can-
didat,
M. Filhol obtient 37 suffrages.
M. Beauregard » 8 »
M. Houssay ï. » 1 »
Il y a trois bulletins blancs.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second can-
didat,
M. Beauregard obtient 33 suffrages.
M. Houssay « 2 »
RL Jourdan » i »
Il V a huit bulletins blancs.
( ^'I )
En conséquence, ki liste présentée par l'Académie à M. le Ministre
comprendra :
En première ligne M. Filhol.
En seconde ligne IM. Beaureuard.
CORRESPOIVDAIVCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Mémoire de M. Robcrlo Campana, professeur à l'Uni-
versité de Rome, sur « la lèpre ».
M. A. Milxe-Edwards transmet une Lettre par laquelle le Comité d'ini-
tiative pour l'érection d'un monument à a mémoire (.V Armand de Quatrc-
fages invile l'Académie à se faire représentera l'inauguration de ce monu-
ment, qui aura lieu à Valleraugue (Gard) le 26 août iSg'i.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Etudes Sur les actions centrales. Lois générales
relatives à l'effet des milieux. Note de M. F. -P. Le Roux, présentée
par M. Mascart,
(i l. L'ensemble des faits nous montre que les actions à distance les
mieux connues sont influencées par les milieux interposés entre les élé-
ments actifs. D'un autre côté, notre raison répugne à admettre que la
transmission de ces actions puisse se faire avec une vitesse infinie. Tout
cela nous autorise à concevoir comme possible que l'action d'un élément
actif se transmette par une modification oscillatoire imprimée au milieu
et s'y propageant plus ou moins vite. Or, sans qu'il soit besoin de rien
spécifier sur la nature de ces oscillations, non plus que sur l'espèce des
actions auxquelles elles donnent naissance, les raisonnements généraux
delà tliéorie des ondulations paraissent applicables à certains phénomènes
qui résultent de ces actions; on semble pouvoir leur appliquer notamment
tout ce qui, en Optique, est indépendant de la forme supposée des vibra-
tions. C'est ce que nous allons essayer de faire à propos de l'influence des
milieux.
( 212 )
» 2. Concevons un mur à faces planes parallèles, conslitiié par un
milieu II, immergé ilans un milieu I.
)) Considérons deux éléments actifs A et B, situés, de part et d'autre de
ce mur, sur une même perpendiculaire à ses faces.
» Posons AP = ce, BQ = y, PQ = e.
» Soient A', et V, les vitesses de transmission dans les milieux I et II
d'une certaine action s'exercant entre A et B.
» Posons ^ = n.
^ 2
» L'action étant supposée se transmettre par ondes, s'il s'agit de
milieux isotropes, les ondes doivent être des sphères. Les ondes émanées
de A donneront lieu dans le milieu II à des ondes réfractées qui pourront
être considérées comme se confondant, dans le voisinage de la normale PQ
à la surface de séparation, avec des sphères qui auraient pour centre un
point A' déterminé par la condition A'P = n AP.
» Pour atteindre B, ces ondes devront se réfracter à nouveau au
passage du milieu II au milieu I, et l'on pourra, dans la portion qui nous
occupe, les confondre avec des sphères ayant pour centre un point A" tel
.„„ A'Q A'P e e
que A Q = — ^ = 1- ~ = ce -{
» I^'après le principe de Huygens, on peut donc admettre que l'action
de A sur B dans le système proposé est la même que celle d'un élément A",
situé comme il vient d'être dit, en supposant que le mur n'existe pas, mais
en ayant soin de tenir compte des pertes d'énergie subies par les ondes
réfractées en raison de réflexions possibles à chacun des deux changements
de milieu.
» Si donc on désigne pary^(/') l'expression de la force qui s'exerce entre
deux éléments tels que ceux proposés, quand ils sont placés à la distance r
( 2l3 )
dans le milieu I, l'action entre les deux éléments A et B dans les circon-
stances proposées serait p, ?i./(-P +/ H — j' en appelant p, et p., des
coefficienls exprimant ratléniiation que subit l'action considérée au pas-
sage normal d'un milieu à l'autre suivant le sens de ce passage.
» Ceci devant être vrai cpiels que soient x et y, supposons ces distances
infiniment j)etites; dans ces conditions, l'action de deux éléments situés
de part et d'autre du nuu' serait donc, à un infiniment |)etit près,
(0 - ?.?./■(;;)•
» Mais, si les distances des deux éléments agissants aux faces du mur
sont infiniment petites, la présence du milieu I ne se fera sentir que par
les coefficients d'atténuation, |et l'action sera, à un infiniment petit près,
celle qui serait réglée par la dislance e qui les sépare dans le milieu II, c'est-
à-dire ^(c) multi])liée par le produit des coefficients p, et p^. On aura donc
pour autre expression de l'action
(2) p.?2?(e);
d'où, en égalant (1) el (2 ),
M Or e, qui c.st d'ailleurs quelconque, n'est autre chose que la dislance
de deux éléments actifs; nous pouvons lui substituer le symbole r habi-
tuellement employé et écrire /'(- \ =(^(r'), ou bien remplaçant n par sa
valeur
(3) /r^r) = o(r).
V,
» Si maintenant nous posons r = Y'.r, (3) pourra s'écrire
d'où, finalement, et en supprimant les accents,
» 3. Une telle égalité signifie que si l'on imagine les fonctions /"(r)
( 2i4 )
et ip(r) et qu'on remplacer dans la première par^ et par - dans la seconde,
les deux expressions ainsi formées doivent être identiques.
» Il faut donc qu'en supposant ces expressions exprimables par un
ensemble de termes algébriques, ceux qui contiennent /-avec le même
exposant, quelconque d'ailleurs, soient identiques.
» On en conclut que les deux fonctions doivent pouvoir s'écrire
/(r) = PV';/-/'+ Q V'fr'' +. . .,
o(r) = pyPrP-hOYlr'' ^ ....
» Comme, en combinant de la même manière que ci-dessus un milieu III
avec le milieu I, on trouverait/! ^^ j = t]>f ^r)' *3" aura donc, pour un mi-
lieu III,
'l(r)= V\'lr'' + i)y If '' + ...,
et de même pour d'autres milieux.
» Nous sommes donc amené à conclure : Pour un même genre d'action,
le milieu n intervient dans V expression de la force en fonction de la distance
des éléments actifs que par la vitesse de transmission de cette action dans ce
milieu. Les coefficients P, Q, . . . ne dépendent que du choix des unités et peut-
être de l'espèce de l'action. Quant aux exposants p , q, . . ., s'ils sont varia-
bles, ils ne peuvent dépendre que de l'espèce de l'action. »
OPTIQUE. — Sur les interférences à moyenne différence de marche.
Note de M. Georgf.s Meslix, présentée par M. Mascart.
« Lorsqu'on fait réfléchir la lumière blanche sur une lame mince, on ob-
tient des colorations, quand l'épaisseur de la lame est seulement de
quelques longueurs d'onde; si la lame est très épaisse, l'interférence ne
se produit plus; si, enfin, la lame a une épaisseur intermédiaire, les irisa-
tions n'apparaissent pas non plus, non parce que l'interférence ne se pro-
duit pas, mais parce qu'elle est réalisée au contraire pour un trop grand
nombre de couleurs du spectre et qu'un grand nombre de radiations >.|,
>.3, A;; sont détruites, tandis que les radiations intermédiaires X.^, \^ sont
renforcées de telle sorte qu'en analysant la lumière réfléchie, suivant le
procédé de M. Fizeau, on obtient un spectre cannelé; la superposition de
ces différentes couleurs produit sur l'œil la même impression que la lumière
( 2i5 )
blanche naturelle; Loulefois celle lumière a une constitution spéciale que
je me suis proposé de mettre en évidence de la façon suivante :
» Imaginons que l'on reçoive celle lumière sur une autre lame ayant
à peu près la même épaisseur que la première : à l'endroit où l'épaisseur
est exactement la même, les seules radiations qui pourront être renforcées
sont encore 1^, ">■■,. ■■ ; qnani aux radiations X,, I3, . .., elles seraient détruites
par interférence, si elles ne l'avaient été déjà par l'action de la première
lame; la lumière émergente aura donc la même constitution que précé-
demment. Considérons maintenant la région voisine où l'épaisseur est un
peu différente et telle que ce soient les radiations l^, X., qui soient détruites
par interférence; les couleurs qui seraient susceptibles d'être renforcées
sont 1,, X3, ...; mais elles n'existent pas dans la lumière incidente, si bien
que, par l'analyse, on obtiendrait un spectre contenant deux fois plus de mi-
nimas, en >.,, 1,,, . . ., ainsi qu'en l^. ^1. • • ••
» On conçoit que, dans ces conditions, la lumière réfléchie, tout en étant
blanche, sera moins intense que dans le premier cas. Il suffit pour cela
que l'épaisseur ait changé d'un point à l'autre d'un quart de longueur
d'onde. On voit que celte condition ne pourra être réalisée à la fois dans
toute l'étendue du spectre, mais il suffira, pour que le raisonnement pré-
cédent puisse être reproduit, qu'elle le soit au voisinage de la couleur
pour laquelle l'œil est le plus sensible; de plus, lorsque celte condition
sera réalisée pour une couleur, elle le sera sensiblemenlpour un nombre
de radiations d'autant plus considérable que les minimas sont plus rap-
prochés, c'est-à-dire que le relard est grand. Les cannelures seront donc
en nombre deux fois plus considérable et la lumière sera constituée comme
si on avait une lame unique d'épaisseur deux fois plus grande.
1) L'intensité de la lumière réfléchie par une lame d'épaisseur e peut se
représenter par
An- sui"-^-'
^ A
» Si cette lumière tombe sur une autre lame d'épaisseur e' , l'intensité
réfléchie sera
,o-,2C ,,.„2e'
suivant ciue l'on aura e' =: e ou e/ ^ c + 7, il vient
4
/- , • o 2c . o 2e ,. , . , 2e
loa sm--^ sin-- ^ = loa sni'-r;-^
A A A
( 2l6 )
ou
Cette dernière expression est la même, à un facteur numérique près, que
si l'on avait une lame unique d'épaisseur 2 p.
» En opérant avec de la lumière blanche, l'intensité totale peut se figurer
symboliquement , dans les deux cas, par les expressions
^ sin-7T Y sm-- --«A et ^ sin--^ ces-- -^-r/ a,
qui représentent l'une et l'autre de la lumière blanche.
» On peut démo'nlrer que chacun de ces termes peut être remplacé par
une somme d'intégrales, en nombre égal au nombre des cannelures et l'étude
de ces intégrales prouve que la première expression représente une quantité
de lumière blanche supérieure à la seconde, comme il a été dit plus haut.
)) En résumé, la limiière ainsi obtenue présentera, tout en restant
blanche, un maximum aux régions où les deux épaisseurs sont égales et un
minimum aux points où la difïerence des épaisseurs est de un quart de
longueur d'onde pour la radiation la plus active du spectre. Si les épaisseurs
dilTèrent d'un nombre pair ou impair de quarts de longueur d'onde, on
aura des maximas moins intenses et des minimas moins tranchés (puisque
la concordance ne subsiste que dans une portion plus faible du spectre),
en somme, un groupe de franges au voisinage des points où les épaisseurs
sont les mêmes; ces franges sont alternativement brillantes et sombres et
disparaissent par défaut de contraste entre les maximas et les minimas.
» J'ai, en effet, obtenu ces franges en prenant une lame analogue aux lamelles de
microscope, en la coupant suivant une perpendiculaire aux lignes d'égale épaisseur et
en regardant l'une des lames par réflexion dans l'autre; tandis qu'aucune d'elles, vue
isolément, ne présentait de franges, l'ensemble ainsi disposé en montrait en lumière
blanche; mais il fallait pour cela les ajuster de façon qu'un rayon lumineux puisse se
réfléchir en deux points où les épaisseurs fussent les mêmes; cet ajustement exigeait
quelques tâtonnements. Voici un autre dispositif qui permet d'atteindre ce résultat
immédiatement et à coup sûr : il consiste à prendre deux appareils à anneaux de
Newton et à regarder l'un par réflexion dans l'autre de façon que les centres d'anneaux
ne se correspondent pas.
» En elTet, un de ces appareils fournit toutes les épaisseurs possibles, et les rayons
lumineux, correspondant à une même épaisseur, forment un cylindre qui s'appuie sur
un anneau circulaire du premier appareil; ce cylindre vient rencontrer le second ap-
pareil suivant une ellipse qui, à cause du décentrage indiqué, coupe les différents
anneaux, c'est-à-dire les lignes d'égale épaisse'ur comprises entre des valeurs e' et e" ;
( 217 )
toutes les combinaisons possibles se trouvent donc réalisées entre ces limites et les
franges apparaîtront au voisinage du point où le cylindre rencontrera le cercle qui
correspond à l'épaisseur e.
» J'ai obtenu ainsi, avec deux appareils non identiques, des franges pâles, sans co-
loration, bien au delà de la région où les anneaux de Newton étaient visibles sur l'un
ou l'autre des deux appareils. Ces franges forment des courbes fermées, circulaires
ou faiblement elliptiques, qui enveloppent complètement celui des deux systèmes
d'anneaux produit par l'appareil dont le rayon de courbure est le plus faible.
» On peut, en effet, s'en rendre compte par une construction graphique. Pour cal-
culer simplement la forme des courbes, plaçons-nous dans l'hj'pothèse où les rayons
tomberaient normalement sur les deux appareils placés presque parallèlement l'un à
l'autre; il suffit de chercher le lieu des points tels que le rayon lumineux passant par
ce point traverse les deux appareils suivant les mêmes épaisseurs. Soit M ce point, et
y et j' ses distances aux deux centres d'anneaux, O et O'; on a
j^ = qR^, /* = 2R'., d'où Z^y/|;=R:
c'est le lieu des points tel que le rapport des distances à O et O' soit constant; c'est
un cercle; si R'<; R, on a K > i et le cercle entoure le point O' ; si les deux appareils
étaient identiques, on aurait
R = R' et /=/';
les franges seraient des droites perpendiculaires à 00'.
» Cette expérience se projette facilement en employant la lumière solaire et en se
servant d'une lentille qui donne sur un écran l'image des anneaux; on reconnaît ainsi
que ces franges sont localisées au voisinage des surfaces. »
ÉLECTRICITÉ. — Inscription auto graphique directe de la Jorme des courants
périodiques au moyen de la méthode électrochimique ('). Note de M. P.
Janet, présentée par M. Mascart.
« J'ai montré, dans une précédente Communication (*), comment la
méthode d'inscription électrochimique permettait, au moyea de mesures
prises sur les graphiques à la machine à diviser, de construire par points
la courbe représentative des courants périodiques. Je suis parvenu depuis
à perfectionner notablement cette méthode en obtenant l'inscription auto-
graphique directe, sur le cylindre earegistreur, des courbes cherchées.
(•) Laboratoire d'électricité industrielle de la Faculté des Sciences de Grenoble.
(^) Comptes rendus, 2 juillet 1894.
C. R., iSrj4, 1' Semestre. (T. CXIX, X" 3.) 28
( 2l8 )
» L'appareil employé se compose do quinze styles en acier (aiguilles à
tricoter), isolés les uns des autres, et dont les pointes équidistantes sont
disposées en ligne droite à i™'" environ les unes des autres. Ces styles
communiquent respectivement avec quinze points équidistants pris sur une
batterie d'accumulateurs en tension : dans les expériences faites, les com-
munications étaient prises de deux en deux éléments, de sorte que la dif-
férence de potentiel entre deux pointes consécutives était de l\ volts en-
viron. Cela posé, soient A et B les deux points entre lesquels on veut
étudier une force électromotrice périodique : on met le point A en com-
munication avec le cylindre, le point B avec l'un des styles. (Dans les
expériences, c'était en général le troisième du côté négatif, mais ce choix
n'a rien d'absolu.) On procède alors à l'inscription. En se reportant à la
démonstration qui a été donnée dans la Note déjà citée, on verra sans
peine que chaque style décrit, sous forme de traces bleues, une série de
segments de droites, et que tous ces segments ne sont autre chose que les
segments interceptés par une série de droites parallèles et équidistantes,
sur la courbe périodique étudiée : il en résulte que cette courbe se des-
sine immédiatement d'elle-même en hachures bleues sur fond blanc. C'est
par ce procédé qu'ont été obtenues les courbes que j'ai l'honneur de pré-
senter à l'Académie; elles représentent la différence de potentiel aux
bornes du secondaire d'un transformateur Zipernowsky fonctionnant sensi-
blement à vide.
» Il résulte de cette Communication et des deux autres que j'ai eu occa-
sion de publier précédemment (') que la méthode électrochimique se
prête avec la plus grande facilité à l'étude des plus importantes questions
que présente le courant alternatif; fréquence, différence de phases, forme
du courant ou de la force électromotrice : il semble donc que, dès main-
tenant, elle doive prendre sa place dans l'Electrotechnique à côté de mé-
thodes plus précises peut-être, mais à coup sûr plus compliquées et plus
délicates. »
') Comptes rendus, 16 avril et 2 juillet 1894.
( 2".) )
ÉLECTRICITÉ. — Coefficient de self-induction de n Ji! s parallèles égaux et
équidistants, dont les sections sont réparties sur une circonférence. Note de
M. Cil. -Eue. GuYE, présentée par M. Lippmann.
H Dans une précédente Communication (') j'ai montré comment l'on
peut, à l'aide de la moyenne distance géométrique, calculer les coefficients
d'induction d'un ou même de plusieurs systèmes concentriques, formés
chacun de n fds égaux, parallèles et équidistants, lorsque la section de ces
fds est circulaire.
» Dans le but de vérifier expérimentalement l'exactitude des formules
établies, j'ai déterminé les coefficients de self-induction de deux systèmes
de fils parallèles.
» Le premier était formé de trois fils égaux de o*'"', 007013 de rayon; la
section du système comprenait donc trois surfaces circulaires équidistanles,
réparties sur une circonférence de 5o'™ de rayon et l'ensemble des trois
fils parallèles formait un conducteur carré de io3'^'" de côté.
» Le second système, absolument analogue, était formé de six fils sem-
blables.
» J'ai mesuré les coefficients de self-induction de ces deux systèmes par
une méthode déjà connue, qui convient particulièrement à la mesure des
faibles coefficients d'induction ("). Elle consiste, comme on sait, à observer
l'extinction du son dans un téléphone placé dans la diagonale d'un pont de
Wheatstone, les autres branches étant occupées par le conducteur en
expérience et par des résistances connues. A la place de la pile se trouve
le circuit secondaire d'une bobine d'induction. On intercale, en outre, un
appareil à induction mutuelle variable, formé de deux bobines mobiles
l'une par rapport à l'autre. L'une des bobines est placée dans la diagonale
du téléphone, l'autre dans la branche renfermant la force électromotrice.
En manœuvrant convenablement les résistances et l'appareil à induction
variable, on rend le téléphone muet et l'on a tous les éléments pour déter-
miner le coefficient cherché.
>i Si l'on désigne par To, r, r, , r,, r^, /•,, les six résistances du réseau ; par
(') Ch.-Elg. Guïe, Comptes rendus, n juin 1894.
C) H. -F. Weber, Àcad.der JVisscnscha/ten, Berlin; 1886.
( 220 )
Lo, L, 1^1, L^» L3, L^ leurs coefficients de self-induction, et par M le coeffi-
cient d'induction mutuelle des deux bobines mobiles, le coefficient cher-
ché L, a pour expression
L, = m(i -h il + ^ + ^) + l„ :■ + L3 ^ - L, ^•
» En choisissant pour r.^ et r^ des conducteurs identiques, la formule se
réduit à
r
» Le conducteur a étant un fil replié sur lui-même, son coefficient de
self-induction Lo, d'ailleurs très petit, peut être calculé exactement. De
même le coefficient M peut se déduire des dimensions et de l'angle des
deux bobines ou être mesuré directement par l'expérience. La détermina-
tion du rapport — ne présente aucune difficulté.
» Toutes corrections faites, cette méthode a donné les résultats sui-
vants :
I" système. 2" système.
-icm
» D'autre part, j'ai calculé ces coefficients à l'aide de la formule connue,
donnant le potentiel mutuel de deux circuits linéaires parallèles de forme
carrée
m
8
En remplaçant, dans cette expression, la distance t/des deux conducteurs
par la moyenne distance géométrique a des éléments de la section, on ob-
tient le coefficient cherché.
» La moyenne distance a est, dans le cas particulier, donnée par la
formule
I log(«,/2R«-')
los;a = — 2-i-J i,
° Il
dans laquelle a^ représente la moyenne distance des éléments de la section
d'un seul fil (soit 0,7788 p), n le nombre des fils et R le rayon de la cir-
conférence sur laquelle sont réparties les sections des différents fils.
( 22 1 )
» On avait ainsi :
Premier syslème. Deuxième syslémc.
cm cm
a, =o,oo5463 / a, :=o,oo5463
/i = 3 I rt =1 6
R = o,5o 1 R =: o,5o
a =0,1600 \ a =: 0,3175
L, = 4656 Li= l\\Zi
» La différence entre les résultats du calcul et de l'observation est com-
prise entre -^ et^; l'expérience confirme donc, comme on pouvait s'y
attendre, les précisions de la théorie (' ) ».
ÉLECTRICITÉ.— Sur l' équation des décharges. Note de M. R. Swyngedauw,
présentée par M. Ijippmann.
« Considérons un condensateur dont les armatures sont réunies par un
fd conducteur homogène présentant une interruption. Si l'on charge ce
condensateur très lentement jusqu'à ce qu'une étincelle éclate à l'inter-
ruption, il se produit une décharge satisfaisant à trois conditions, à l'in-
stant où la décharge commence : 1° l'intensité du courant est nulle;
2° entre deux sections du fil séparées par l'interruption ou, ce qui revient
au même, entre les deux armatures du condensateur, la différence de po-
tentiel a une valeur déterminée V„ ; 3° entre deux sections du fil séparées
par un segment conducteur continu, la différence de potentiel est nulle.
» En supposant le courant uniforme, W. Thomson a donné une théorie
de la décharge résumée dans la formule suivante, exprimée en notations
connues.
t
L^ ■ LC'
M Cette équation ne satisfait pas à toutes les conditions initiales; elle
contredit la troisième. En effet, entre deux sections du fil a et b, la diffé-
rence de potentiel v est donnée par la relation
(2) ç, = „ + /^,
(') Zurich, laboratoire d'Éleclricilé de l'École Polytechnique.
( 222 ^
r désignant la résistance du segment ab, l le coefficient d'induction de
tout le circuit sur ce segment. D'après l'équation (i), au début de la
décharge it=a= o. {-£) = jfj donc, au début de la décharge, la diffé-
rence de potentiel entre aetb serait «',=0 = tT' c'est-à-dire en général ^ o
même quand a et 6 appartiennent au même conducteur homogène et
continu. Il en résulte qu'au moins dans les premiers instants de la décharge,
l'équation de Thomson ne représente pas le phénomène. Cela tient en parti-
culier à ce fait que, pour établir cette relation, on suppose la résistance
constante, ce qui est une hypothèse loin de la réalité au début. Quand la
décharge commenpe à passer, la résistance de la couche d'air de l'inter-
ruption peut être considérée comme infinie; elle diminue par suite de
réchauffement et devient rapidement comparable aux résistances métal-
liques. En définitive, au début du phénomène, on a trois fonctions du
temps à déterminer par leurs variations : la différence de potentiel, l'in-
tensité et la résistance, chacune d'elles introduisant une constante arbi-
traire. Lorsque les variations de la résistance totale deviennent négli-
geables par rapport à cette résistance, l'équation différentielle des décharges
de Thomson est à coefficients constants : par suite sa solution a la même
forme que l'équation (i), mais les constantes d'intégration sont diffé-
rentes.
» Depuis l'instant oîi la décharge commence, jusqu'à l'instant où la
théorie de Thomson s'applique, les conditions initiales nous donnent des
indications sur la loi du phénomène. Considérons la formule (2), qui
donne la différence de ^potentiel entre deux sections a et 6 du fil de
décharge; supposons que ces sections soient les extrémités d'un segment
conducteur homogène et continu, et prenons pour ab un sens tel que
l'intensité soit positive.
» On a
à l'instant t = o, ii^o = o, i'^^,, = o; on peut toujours choisir a et Z» de façon
que / soit ^o : donc f j- j =0.
» L'intensité et la dérivée de l'intensité, étant toutes les deux nulles pour
t = o, sont des fonctions croissantes du temps dans les premiers instants de la
décharge. En représentation graphique, la courbe des intensités en fonction
des temps, tangente à l'origine à l'axe des temps, commence par tourner sa
( 223 )
concm'ité vers l'axe des intensités; et, comme l'intensité ne peut croître in-
définiment, il arrive un moment où la courbe tourne sa concavité vers
l'axe des temps. La courbe présente donc un premier point d'inflexion;
au delà de ce point, elle prend une allure correspondant à l'équation de
Thomson.
» Si le coefficient l qui figure dans la formule (2) est > o, la différence
de potentiel entre les points a et h est une fonction croissante du temps dans
les premiers instants de la décharge. Il en est toujours ainsi quand a et b
sont les extrémités d'une bobine sur laquelle l'induction du reste du cir-
cuit est négligeable devant l'induction propre ou agit dans le même sens
que celle-ci.
» La différence de potentiel entre a et b, ne pouvant croître indéfini-
ment, atteint un premier maximum compris entre le premier point d'in-
flexion et le premier maximum de l'intensité.
» Avant que la différence de potentiel maximum soit atteinte entre a
et b, une certaine charge a traversé la bobine; l'expérience suivante permet
de la déterminer. L'armature interne C d'un condensateur est réunie à
l'armature externe C par un conducteur offrant : i" une interruption I, ;
2° une bobine AB. Cette bobine a 80"^ de fil. Les autres conducteurs sont
très courts et sont de faible résistance dans le circuit CI, ABC; désignons-
les, pour abréger, par leurs extrémités. On rapproche I, A de BC de façon
que l'étincelle éclate simultanément en ï, et entre un point a de I, A et un
point b de BC; on détermine la plus grande distance L de a et b pour
laquelle on observe simultanément une étincelle entre I, et entre ces
points; on mesure le rapport des potentiels explosifs en I, et L. L'expé-
rience montre de plus : 1° que L ne varie pas sensiblement quand les con-
ducteurs I,C, I,A, BC varient de quantités inférieures à une certaine
limite; 2° que lo diminue de ~ de sa valeur environ (') quand on double
la distance explosive de l'interrupteur I, sans changer le potentiel explo-
sif (^).
» Ces données permettent de calculer le rapport de la charge initiale du
condensateur à la charge qu'il possède quand la différence de potentiel est
C) Celle diminution peut être due à l'augmentalion de la résistance de l'interrup-
liou ; on peut l'expliquer aussi en admettant ([ne, pour échauflTer la couche d'air de
l'intorrupleur, il faut une quantité d'éiecti icité d'autant jilus grande que la distance
explosive I; est plus grande.
(-) On y arrive eu substituant un interrupteur à pointes à l'interrupteur à boules.
( 22/, )
maxima enlre n et b. On trouve ainsi que, dans certains cas, près du tiers
de la charge a déjà passé avant que la différence de potentiel maximum soit
atteinte entre les extrémités de la bobine ('). Ces considérations sont très
importantes pour l'explication des phénomènes signalés dans une Note
antérieure (^). »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Séparation et dosage de l'étain et de l'antimoine
dans un alliage. Note de M. Mexgin, présentée par M. Henri Moissan.
« La séparation de l'antimoine et de l'étain présente d'assez grandes
difficultés, surtout quand ces deux corps sont alliés à d'autres métaux pré-
cipitables par l'hydrogène sulfuré, comme le métal antifriction par
exemple, car dans ce cas il est peu pratique de transformer ces métaux en
sulfures, leur dissolution complète dans les sulfures alcalins pour les sé-
parer des autres étant longue et pénible.
» Quand on a affaire à un alliage de cette sorte, le mieux est d'attaquer
par l'acide azotique, qui dissout les autres métaux et transforme en oxydes
insolubles l'étain et l'antimoine. On recueille ces oxydes, qu'on lave, cal-
cine et pèse. C'est à ce moment que surgit la difficulté, car, si l'on a réussi
à séparer l'étain et l'antimoine des autres métaux, il n'est pas facile de les
doser sous cette forme : un grand nombre de méthodes ont été proposées
qui laissent toutes à désirer, parce qu'elles présentent des causes d'er-
reur, ou parce qu'elles sont d'une exécution longue et difficile. Les uns
ont essayé de réduire les oxydes par voie sèche, les autres de les dissoudre
pour précipiter ensuite les métaux.
» Je mettrai à part la méthode électrolytique, qui n'est applicable que
quand on possède les appareils, et quand on a déjà réussi à dissoudre les
deux métaux, étain et antimoine, seuls dans une liqueur.
» J'ai pensé qu'il était inutile de chercher des movens détournés pour
dissoudre les deux oxydes calcinés, et qu'on pourrait facilement les ré-
duire en faisant directement agir sur eux l'hydrogène naissant. L'expé-
rience et les données de la Thermochimie confirment cette manière de
voir. En effet, si l'on fait agir l'acide chlorhydrique sur l'antimoniate d'an-
(') Institut de Plijsique de la Faculté de Lille,
(-) Comptes rendus du 28 avril iSg^-
( 225 )
timoine, il se fait la réaction suivante en présence de l'étain :
Sb=0' + 8HC1 diss. + 4Sn = 2Sb + 4IP0 -f- 4SnCl^ diss.
+ (4.69, 04-4.81, 2 -248, 6 -8. 39, 3) =(+37, 8).
» Il est facile d'établir le même calcul pour l'étain.
M Voici donc le mode opératoire que je propose comme me paraissant
plus simple, d'une exécution plus facile, et m'ayant donné des résultats
d'une exactitude très suffisante.
)) Après avoir calciné les deux oxydes et en avoir pris le poids, on les introduit
dans un verre de bohème avec une plaque ou une balle d'étain pur, de l'eau et de
l'acide chlorhydrique. L'antimoine commence immédiatement à se réduire et l'oxyde
d'étain est transformé en chlorure. On porte au bain de sable, car la réaction, très
lente à froid, se fait beaucoup mieux à chaud (pour is'', 5o à 28' d'oxydes, il faut trois
heures environ en liqueur très acide). Il est bon d'agiter de temps en temps pour
renouveler les contacts. On reconnaît que la réaction est terminée quand on n'aper-
çoit plus traces d'oxydes ; à ce moment, la liqueur est parfaitement limpide, et le métal
réduit, très noir, se précipite rapidement au fond du vase quand on le retire du feu.
» On décante la liqueur et on lave le précipité dans le verre avec de l'eau bouillie
et refroidie à l'abri de l'air, on recueille le précipité sur un filtre qu'on lave à l'eau
puis à l'alcool, on sèche à l'étuve puis on pèse. On a ainsi très exactement le poids de
tout l'antimoine. J'ai pu ro'assurer que dans cette opération de lavage du précipité
pulvérulent d'antimoine il n'y avait pas d'oxydation appréciable. On pourrait, si l'on
voulait, opérer plus rigoureusement, sécher dans le vide et fondre le métal.
)) Connaissant le poids des oxydes calcinés et celui de l'antimoine, on a
par un calcul très simple celui de l'étain.
» Soit A le poids d'antimoine, on multiplie ce nombre par 1,262 pour
avoir le poids correspondant d'oxyde d'antimoine, que l'on retranche du
poids M du mélange des deux oxydes.
» M — A. 1,262 = poids de l'oxyde d'étain, ce dernier multiplié par
0,78667, donne le poids de l'étain contenu dans l'alliage.
» J'ai fait de nombreux essais, en suivant la marche indiquée ci-dessus,
et tous m'ont donné d'excellents résultats.
)) MM. Louvetet Tambon, pharmaciens de la Marine, ont voulu à leur
tour contrôler le procédé, et après avoir précipité tout l'antimoine par
l'étain, ils ont de nouveau précipité tout l'étain par une lame de zinc; ils
ont eu pour l'étain une perte de moins de o^', 01.
» Voici les chiffres d'une analyse :
Prise d'cchantilloa. Oxydes Irouvés. Métaux réduits.
Étain is'-, 162 3,i3i Élain is-, i54
Antimoine... is'',3i2 » Antimoine... iS'jSog
C. K., 1894, 3- Semeslre. (T. C\1X, N- 3.) 29
( 22(i )
» Dans cette analyse on voit qu'on n'a perdu que oS'',oo3 d'antimoine, et
seulement 6 d'étain. La lame d'ctain introduite pour réduire les deux
oxydes avait perdu 6s'',yi8. »
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les pouvoirs rotatoires variables avec la tempéra-
ture; réponse à M. Colson. Note de M. A. Le Bel, présentée par M. Arm.
Gautier.
« L'objet du nouveau Mémoire de M. Colson est de montrer que, « en
certains cas », les variations que le pouvoir rotaloire éprouve avec la tem-
pérature, sont dues' à « des équilibres chimiques », autrement dit à des
réactions qui se produisent entre les impuretés qu'ils renferment. L'auteur
cite, comme exemple unique, l'acétate d'amyle. Nous accorderons volon-
tiers que le produit qu'il a examiné renferme assez d'alcool amylique et
d'acide acétique pour que leur réaction à ioo° produise une nouvelle quan-
tité d'acétate d'amyle. Cette réaction produira évidemment un accroisse-
ment du pouvoir rotatoire et il était facile de prévoir que l'anhydride acé-
tique, qui transforme le restant de l'alcool amylique libre en acétate,
mettrait fin à des variations de pouvoir ayant une pareille cause. Cela prouve
qu'il vaut mieux laisser dans ces éthers un petit excès de chlorure d'acé-
tyle ou d'anhydride, ainsi qu'il est d'usage, plutôt que de laver à l'eau.
» En somme, l'acétate d'amyle, ainsi que l'éther isobutylamylique qui
a servi aux expériences précédentes de M. Colson, renfermaient un excé-
dent d'alcool amylique; mais, chez le premier, le pouvoir devient constant
quand il perd son alcool; chez le second, j'ai démontré que, même pré-
paré par le chlorure d'amyle et l'alcool isobutylique sodé, par conséquent
exempt d'alcool amylique, le pouvoir continue à varier considérablement
entre — 4o° et loo"; seulement, il cesse de devenir négatif. M. Colson af-
firme de nouveau que ce changement de signe se produit; il lui attribue
une importance théorique. Peut-être pensera-t-on que, pour maintenir
cette affirmation, il faudrait de nouvelles expériences, faites sur un corps
que M. Colson aurait préparc lui-même, et non pas sur un produit em-
prunté à un autre chimiste.
» Les variations de pouvoir rotatoire énormes que subissent les tar-
Irates d'éthyle et de méthyle ne peuvent pas non plus être dues à des
traces d'alcool et d'acide tartrique, car ces corps ne bouillent dans le vide
qu'à des températures élevées : l'alcool est parti bien avant; quant à
( 227 )
l'acide tartrique, il n'est pas volatil. Ces tartrates sont les premiers corps
signalés comme ayant un pouvoir variant avec la température. Cette ob-
servation de M. Pictet est rapportée dans la Chimie de M. Beilstein. Au-
trefois, on supposait que ces variations étaient dues à des polymérisations;
la question n'a pris un intérêt considérable qu'à partir du moment où
M. Ramsay a pu démontrer que le tartrate d'éthyle est formé à 70° (tem-
pérature à laquelle le pouvoir varie encore) et l'éther isobutviamylique,
à toutes les températures, par une molécule simple. Ce dernier corps a
l'avantage de se prêter à l'observation jusqu'à — 28" et, de plus, une
mesure cryoscopique faite dans la benzine par M. Freundler indique éga-
lement une molécule simple.
» On ne peut donc pas plus attribuer ces variations à une polymérisa-
tion qu'à des impuretés, et il f;uit bien admettre qu'un changement interne
se produit dans la molécule ; qu'on le compare à ime congélation interne
ou non, le mot importe peu. L'hypothèse ne commence, en réalité, qu'à
partir du moment où l'on admet que ce changement est dû à ce fait que
les liaisons monovalentes, libres à chaud, deviennent immobiles à froid
(position favorisée de M. Wislicenus).
)) Il n'v a autre chose à demander à une hypothèse que de rendre compte
des faits; or, celle de M. Wislicenus, non seulement rend compte des
variations du pouvoir rotatoire, mais permet de prévoir un nouveau fait
très intéressant, observé par M. Colson lui-même sur l'éther isobutylamy-
lique, à savoir que le pouvoir devient constant vers 100°. En effet, dès
que la mobilité parfaite est atteinte, les variations du pouvoir doivent
cesser; j'ai confirmé cette observation, que je considère comme capitale,
et je l'ai étendue au lactate de méthyle qui, pour 5'^™, tourne de — i°'\i'
à — 23°; de — 4" 2' à -f- 1 5"; et de — tf^'j' à 100". Il est vrai que le pou-
voir du tartrate d'éthyle continue à augmenter encore à 100°, mais la limite
n'est pas nécessairement la même pour tous les corps.
» Quant à la loi de M. Guye, à savoir que l'action optique d'un atome
est proportionnelle à sa masse, j'ai fait cette réserve que probablement il
faudrait substituer à la masse la réfraction atomique ,_ X —r- Cela met-
trait les phénomènes de la polarisation rotatoire sur le même plan que
ceux de la réfraction. Les résultats que donnent les deux hypothèses sont
en général concordants, et je crois que l'un ou l'autre énoncé est appli-
cable à tous les corps actifs. Actuellement, nous ne savons faire cette appli-
cation que dans le cas où les liaisons sont mobiles, elXix formule de M . Guye,
^ 228 )
établie avec cette hypothèse, n'est évidemment utilisable que lorsqu'elle
est réalisée. C'est pourquoi nous voyons cette formule s'appliquer très
bien au tartrate d'éthyle et aux éthers amyliques mixtes à 100°. Si les
pouvoirs varient à des températures plus basses, nous ne pouvons prévoir
jusqu'oïl va aller la variation; il est donc actuellement peu important que
quelques-uns changent de signe.
» Celte discussion a eu l'utilité de jeter quelque lumière sur la question
de la mobilité des liaisons monovalentes, qui est encore loin d'être éclaircie.
J'aurais continué à m'en occuper, si je n'avais appris que M. Guye a entre-
pris de son côté, sur ce sujet, un travail étendu. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse de V acide mèsoxalique et mèsoxalate de
bismuth. Note de M. H. Causse, présentée par M. Arm. Gautier.
« L'oxydation de la glycérine a été, dans ces dernières années, l'objet de
nombreuses recherches. Successivement on l'a traitée par la mousse de
platine et l'oxvgéne (M. Grimaux),par l'acide azotique faible, le brome et
les carbonates alcalins, l'oxyde de plomb (M. E. Fischer). Dans tous les
cas, l'oxvdant généralement peu énergique, ou employé à dessein en quan-
tité insuffisante, attaquait une fonction alcoolique primaire ou secondaire
et engendrait des dérivés aldéhydiques ou acétoniques, avec lesquels on
a tenté la synthèse des sucres (M. E. Fischer).
» Toutefois, la glycérine, mise au contact de l'acide nitrique concentré,
subit une oxydation commune aux alcools (M. Debus); d'ordinaire très
énergique, difficile à modérer, donnant une série nombreuses de dérivés,
parmi lesquels l'objet que visent les recherches figure souvent pour une
quantité minime.
» J'ai observé que cette réaction se régularise par la présence d'un
oxvde métallique susceptible de former, avec l'acide naissant, un composé
insoluble; le sel aussitôt produit quitte le champ de la réaction et la limite
à la première combinaison insoluble qui se forme.
» C'est ce qui arrive quand on traite la glycérine par le nitrate neutre
de bismuth : il se dépose un sel cristallin. Cette propriété, la glycérine la
partage avec les sucres et, en général, avec tous les composés renfermant
des fonctions alcooliques, pendant que les dérivés à fonctions simples,
comme l'acide acétique, résistent à l'action du réactif précédent. Nous ne
décrirons dans cette Note que ce qui concerne la glycérine, nous réservant
( 229 )
de revenir prochainement sur les sels dont nous signalons aujourd'hui
l'existence.
h Mésoxalate de bismutlt. — Dans un mélange de loo" d'acide nitrique D= i,3g
et de 25o" de solution saturée de nitrate de potasse, on dissout jusqu'à refus du sous-
nitrate de bismuth; on cliaufl'e ensuite vers 5o° pendant une demi-lieure, en présence
d'un excès de ce même sel. La solution filtrée est additionnée du tiers de son poids de
glycérine D = So" B., distribuée dans des ballons de i5o'"'' de capacité, remplis à moi-
tié seulement, et chauffée jusqu'à ce que des bulles apparaissent; à ce moment le feu
est supprimé. La réaction ainsi amorcée débute lentement, mais elle progresse avec
rapidité et devient après quelques minutes extrêmement violente ; du bioxyde d'azote,
de l'acide carbonique se dégagent en abondance, puis un calme relatif s'établit, le li-
quide se trouble et laisse déposer de petits cristaux blancs brillants dont la quantité
augmente tant que se manifeste le dégagement gazeux.
» Lorsque la réaction est terminée, le précipité est séparé du liquide, jeté sur un
filtre, soumis à une forte pression entre des doubles de papier Joseph, séché com-
plètement à l'air; lavé ensuite à l'eau distillée, jusqu'à élimination des sels étrangers,
et enfin desséché à la température ordinaire.
» Le mésoxalate de bismuth est en petits cristaux blancs qui, vus au microscope,
paraissent être des plaques rhomboïdales. Ils présentent, outre les réactions générales
des sels de bismuth, le caractère le plus constant des combinaisons de ce métal, la
dissociation par l'eau et la décomposition par la chaleur.
» Exposés quelque temps à une température de bo''-6o°, ils jaunissent; si elle est
prolongée, ils charbonnent; l'eau froide est à peu près sans action, mais l'eau bouil-
lante enlève toujours de l'acide mésoxalique, facile à mettre en évidence, par l'une
des réactions que nous allons indiquer.
» Avec les acides minéraux, l'attaque à froid est incomplète; à chaud il se dégage
de l'acide carbonique provenant de l'acide mésoxalique.
» Les alcalis caustiques se conduisent de même; si on les fait agir en solution con-
centrée, on observe que le mésoxalate noircit : l'acide mésoxalique est dans ces condi-
tions détruit; il se comporte vis-à-vis de l'oxyde de bismutii comme le ferait la
glucose.
» L'anhydride acétique agissant envase clos à loo" dissout le mésoxalate qui par le
refroidissement se dépose inaltéré.
» Composition. — Le sel desséché d'abord dans un courant d'air, puis exposé long-
temps au-dessus de l'acide sulfurique, a donné à l'analyse des résultats qui corres-
pondent à la formule C^HO'Bi.
» Les nombres obtenus font de la combinaison bismuthique précédente un mé-
soxalate basique de bismuth. Si l'on adopte pour l'acide mésoxalique la formule
CO^H
suivante G(^ _ qui en fait un acide bibasique contenant le groupe dioxyméthylène
CO^'H
( 23o )
G(OH)-, le sel décrit pourra être représenté par l'expression suivante
CO^ \
1/0 Bi.
|\0H /
C02 /
» Acide mésoxalique. — L'acide mésoxalique n'ayant pas été jusqu'ici préparé
avec la glycérine, bien qu'il constitue un dérivé prévu de l'oxydation de cet alcool,
nous avons pensé qu'il était nécessaire de l'isoler et de le caractériser par d'autres
réactions.
» Le mésoxalate de bismuth est mis en suspension dans l'eau, contenant un peu de
bicarbonate de potasae, et traité par un courant d'hydrogène sulfuré; le gaz hj'dro-
gène sulfuré est absorl)é ; lorsque l'odeur hépatique est persistante, on fdtre, on chasse
l'hydrogène sulfuré par un chauffage au bain-marie et la solution présente les réac-
tions suivantes :
» La liqueur de Fehling est réduite lentement à froid; à chaud on obtient une ré-
duction comme avec les glucoses.
» Le chlorure de baryum y produit un précipité blanc cristallin de mésoxalate de
baryte insoluble.
« Mésoxalate d'argent : CH-O^Ag^. — Ce sel s'obtient en versant du nitrate
d'argent dans la solution précédente, préalablement neutralisée. Précipité blanc
cristallin, noircissant à la lumière, et répondant à la formule ci-dessus.
)> Dérivé hydraziniqiie. — Il se sépare sous forme de cristaux blancs légers, quand
on verse une solution de chlorhydrate de phénylhydrazine au dixième saturée d'acé-
tate de sodium, dans la solution précédente; après deux cristallisations dans l'alcool
bouillant où ils sont d'ailleurs peu solubles, ils se déposent sous forme de feuillets na-
crés fusibles à (i64"-i65'') ; à (lôSo-ie^"), d'après M. E. Fischer.
» Mésoxalate acide de potassium .• C H'0''K,2H^0. — Ce sel, qui n'a pas été en-
core décrit, se dépose par concentration delà solution, au sein de laquelle a été effec-
tuée la décomposition sulfhydrique. Cristaux déliquescents, d'une saveur très acide,
solubles dans l'eau, insolubles dans l'alcool et l'éther, après un lavage à l'éther sec,
ils ont donné à l'analyse des nombres s'accordant avec la formule indiquée plus
haut.
Trouvé
C pour 100 iS,6o
I^ " 20, 25
» Mésoxalate de potassium et d'antimoine : C'H-(SbO)KO%H20. — Cet émé-
tique se prépare, en faisant bouillir l'oxyde d'antimoine avec le mésoxalate acide de
potassium. La solution filtrée bouillante abandonne par le refroidissement des cris-
Calculé
pour la formule,
18, 65
18,75
20,28
20, 3 1
( 23f )
laux qui, vus au microscope, sont conslilués par des prismes groupés en rosette; un
dosage d'antimoine lui assigne la formule précédente.
Calcule
pour la formule
Trouve. C'II'(SbO)KO'.
Sb'O' pour 100 49.70 49,99
I) Enfin, le sel d'argent décomposé par une quantité d'acide chlorhydrique, légère-
ment inférieure à la dose théorique, cède son acide mésoxalique à un mélange
d'alcool et d'éther; l'évaporation de ce dissolvant laisse de petits cristaux fusibles
à I 20°.
» Telles sont les réactions sur lesquelles il nous semble que nous pou-
vons nous appuyer pour conclure que l'acide obtenu est bien l'acide
mcsoxalique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Cuntrihution à l'étude de (juelqacs acides amidés, ob-
tenus par dédoublement des matières protéiques végétales. Note de M. E.
FleurkiVt, présentée par m. Schïitzenberger.
« Dans une précédente Communication (') j'ai étudié de quelle façon
les matières albuminoides végétales se comportent sous l'action de l'hy-
drate de baryte dans différentes conditions de concentration, de tempéra-
ture et de pression. J'ai démontré que les équations posées par M. Schût-
zenberger, pour les matières protéiques animales, ne conviennent plus
dans le cas actuel, et j'ai avancé que la rupture de l'équilibre entre les
quantités d'ammoniaque, d'acide oxalique et d'acide carbonique produites
était due, au moins en partie, à l'action ultérieure de la baryte sur les
acides aspartique et glutamique provenant du dédoublement des groupes
asparagine et glutamine préexistant dans la molécule protéique origi-
nelle,
» J'ai été ainsi amené à étudier l'action de la baryte sur les deux acides
précédents, et ce sont les conclusions auxquelles je suis arrivé qui font
l'objet de la présente Note.
» Dans une première expérience, j'ai chaude, en tube scellé et à la température de
200", pendant quarante-huit heures, 5s'", 206 d'acide aspartique avec iSs'' (') de baryte
et 60" d'eau. Après refroidissement, j'ai trouvé que sur io,5'i d'azote que contiennent
(') Comptes rendus, t. CWII, p. 790; 1898.
(-) Cette quantité de baryte employée est indépendante de la quantité nécessaire
( 232)
100 parties de l'acide mis en expérience, 7,4 étaient, après ce laps de temps, transfor-
més en ammoniaque, cette transformation étant accompagnée de la formation d'une
quantité notable d'acides oxalique, acétique et succinique.
» Ce fait étant acquis, j'ai, dans une deuxième expérience, augmenté légèrement
l'intensité de la réaction et chaufle dans un autoclave en présence de cinq jiarties de
baryte, pendant cent vingt heures, i95'',8i3 d'acide aspartique et 170" d'eau. La quan-
tité d'azote transformée en ammoniaque a été cette fois de 10, 24 sur 10, 52 que contien-
nent 100 parties d'acide; la réaction a donc été à peu près complète : elle a donné les
mêmes produits de dédoublement et dans les proportions indiquées par le Tableau
suivant dont les chiffres sont rapportés à 100 d'acide aspartique mis en expérience :
Azote transformé en ammoniaque. . . 10,24 (sur 10, 52)
Acide oxalique 22,65
» acétique 22,90
» succinique 82,22
» L'ouverture de l'autoclave dans lequel a eu lieu la réaction a été mar-
quée par une détonation, indiquant à l'intérieur de l'appareil une pression
assez élevée : cette pression était-elle due à un carbure ou simplement à
de l'hvdrogène? Il y a là un point qui n'a pas encore été éclairci.
)) L'action de la baryte sur l'acide glutamique, quoique étudiée inten-
tionnellement 'dans des conditions modérées d'intensité, m'a néanmoins
fourni un résultat susceptible d'interprétation.
« En chauffant vers i95°-2oo°, pendant quarante-huit heures, 55^,469 d'acide glu-
tamique avec 3 parties d'hydrate de baryte et i5o'='= d'eau, j'ai pu sur 9,6 d'azote que
contiennent 100 parties d'acide en transformer 1,6 en ammoniaque, mais sans obtenir
production d'acides carbonique et oxalique.
» Les conclusions qu'on peut déjà tirer des réactions précédentes, dont
l'étude n'est pas terminée, sont de deux .sortes suivant qu'on les applique
à l'étude du dédoublement des matières albuminoïdes végétales ou qu'on
les envisage en elles-mêmes.
» 1° Dans le premier cas, puisqu'on sait que la légumine et l'albumine
végétale fournissent une proportion appréciable d'acide aspartique, on a
maintenant le droit de conclure que, placé dans les mêmes conditions
d'expérience, cet acide, etpeul-être aussi d'autres analogues, se dédoublent
en produisant une certaine quantité d'ammoniaque qui vient s'ajouter à la
proportion que l'hydratation des groupements carbamide et oxamide a
fournie, en même temps qu'une quantité correspondante d'acide oxalique,
pour transformer au préalable l'acide mis en expérience en sel neutre de baryum. 11
en est de munie dans les expériences qui suivent.
( .33 )
et non d'acide carbonique comme je l'avais. d'abord pensé, vient achever
de rompre l'équilibre qui s'établit dans le cas des matières albuminoïdes
animales.
» Dans le cas du gluten, l'étude du dédoublement de l'acide gluta-
mique démontre que c'est simplement à l'ammoniaque que la décomposi-
tion ultérieure de cet acide fournil, qu'il faut attribuer les mêmes effets
dans le changement du rapport entre Tazote ammoniacal dégagé, et les
acides carbonique et oxalique.
» 2° Envisagées en elles-mêmes, les transformations des acides aspar-
tique et glutamique apparaissent comme un fait nouveau dans l'histoire
des composés amido-acides. Jusqu'ici, en effet, il était admis que le grou-
pement AzH" qu'ils renferment encore n'est pas transformable en ammo-
niaque dans des conditions normales de réaction. En présence des faits
énoncés plus haut, il est évident cpie la formule de constitution admise
pour l'acide aspartique ne peut plus expliquer le mécanisme du dédouble-
ment observé.
» Il est à présumer que les composés rangés jusqu'à ce jour dans la
classe des amido-acides se comportent, dans les mêmes conditions de réac-
tion, comme l'acide aspartique. Déjà Erlenmeyer et Sigel ont donné pour
le glycocolle une formule de constitution différente de celle encore admise
et, en se basant sur diverses réactions connues, M. Joji Sakurai, dans la
séance du 19 avril 1894 de la Société de Chimie de Londres, a prétendu
que le terme amido-acide doit être rayé de la nomenclature chimique : les
réactions que je viens de faire connaître contribuent à donner, à ces affir-
mations, un certain degré de vérité, c'est pourquoi je compte les étendre
aux termes les plus importants de cette classe de composés et continuer
cette étude intéressante pour en faire plus tard connaître les résultats ( ' ). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérkés des propy lamines.
Note de M. F. Cuaxcel, présentée par M. Friedel.
« Propylpropylidènamine : C'H" = Az — C'H'. — Cette base s'obtient
par l'action de l'aldéhyde propionique sur la monopropvlamine. La réac-
tion est immédiate et accompagnée d'un grand dégagement de chaleur; on
(') Ce travail a été tait au laboratoire de M. Aimé Girard, au Conservatoire des
Arts et Métiers.
C. R., 1894. 2' Semestre. (T. CXIX, N" 3.) 3o
( ^^34 )
peut la formuler comme suit :
ÂzH-(C'H') + C'H''0 = C^H''= Az-CH' + H^O.
» La base obtenue est séchée sur la potasse, puis on distille en recueil-
lant ce qui passe aux environs de loo".
)) La propylpropylidènamine est un liquide incolore, mobile, d'odeur
ammoniacale très désagréable, bouillant à 102" sous ^60. Sa densité est
de 0,84 à 0°; elle est peu soluble dans l'eau.
» Par une réaction inverse de celle qui lui a donné naissance, la propyl-
propylidènamine tend à s'hydrater pour redonner de l'aldéhvde propio-
nique et de la monopropylamine; celte hydratation se fait facilement sous
l'influence des acides; de sorte qu'on ne peut préparer de sels. En effet,
si l'on sature peu à peu la base par de l'acide chlorhydrique en évitant tout
échauffement, et si ensuite on ajoute du chlorure de platine, il ne se
précipite rien sur le moment; mais, le lendemain, on trouve des cristaux
de chloroplatinate de monopro;>ylamine. De même, en faisant bouillir la
base neutralisée par de l'acide chlorhydrique, on peut, dans le liquide qui
distille, reconnaître par la fuchsine dissoute dans l'acide sulfureux, la pré-
sence de l'aldéhyde.
» Monopropylacétamide : CWCOXzK(C^YV). — J'ai d'abord préparé ce corps
par l'action du chlorure d'acétyle sur la monopropylamine, suivant l'équation
CIPCOCl -f-2AzH^(C'-H') = GH3-CO-AzH(C5ir)-HAzH-(C'H-')IICl.
» Il faut diluer les deux liquides dans l'éther sec et faire tomber goutte à goutte le
chlorure d'acétyle dans la base; la réaction est immédiate. Après séparation du chlor-
hydrate de monopropylamine par fîltration sur le coton, on distille Téther et il reste
la propylacétamide que l'on purifie par rectification en recueillant ce qui passe entre
220° et 230°. •"
» Il est plus commode de préparer la propylacétamide en faisant réagir à i4o°-i5o°
en matras scellé de l'éther acétique sur la monopropylamine en proportion équimolé-
culaire.
» La propylacétamide est un liquide incolore un peu sirupeux, d'odeur faible; elle
distille à 222''-225'' sous la pression ordinaire sans se décomposer.
» Dipropylacétamide : CH'COAz(C^H')'. — J'ai également obtenu ce corps par
l'action du chlorure d'acétyle sur la dipropylamine. On opère comme pour le corps
précédent; à la rectification on recueille ce qui passe aux environs de 210», le point
d'ébuUition réel étant 209"'-2io''.
» J'ai essayé de faire réagir l'acide acétique sur la dipropylamine, mais, même à 160°,
je n'ai pas obtenu de réaction.
( 2,35 )
» Télrapropyliircc : Az(C'H')^-CO- Az(C'ir)-.— Ce corps s'obtient par raclioii
de roxjchlorure de carbone sur la dipropylamine d'après l'équation
C0Cl=+4AzH(C'H-)''— Az(C'H")2-C0-Az(C^H-)'-+-o.AzH(C^H')MlGl.
» Les liquides réagissants sont dilués dans du benzène; la réaction est très vive. 11
est bon de mettre un petit excès de dipropylamine et de chauffer quelques instants à
la fin, sinon la réaction pourrait ne pas être complète et l'on aurait du chlorure d'acide
dipropylcarbamique
COCl=-t-2AzH(Cni-)2=:Az(G5ir)2COCl + AzII(G'll")MICI.
» La réaction étant achevée, on sépare le chlorhydrate de propylamine; on lave à
l'eau, on sèche, on distille en recueillant ce qui passe entre 250" et 260".
» La tétrapropylurée ainsi obtenue est un liquide légèrement sirupeux, d'odeur
aromatique rappelant celle de la menthe, de saveur brûlante. Elle bout à 2.58" sous
^55""" sans subir de décomposition; sa densité est de o,9o5 à 0°. Elle est insoluble
dans l'eau, soluble dans l'alcool et le benzène ('). »
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur dk'crs points de l'analomie de l'Orang-Outan.
Note de MM. J. Demker et R. Boulart, présentée par M. A. Milne-
Edwards.
« Sacs laryngiens. — Presque toutes les descriptions des sacs laryngiens
desOrangs-Outans, notamment celles de Camper (1794), de Cuvier(i8o5),
de Vrolik (1841), de Mayer (iSSa) et de nous-mêmes (i88)), se rappor-
tent aux animaux jeunes, dont la taille variait de 45"^'" à 80'='° (du vertex
à la plante du pied). La seule description concernant l'adulte est celle de
Sandifort (i 839-1 844); mais elle est faite d'après des pièces ayant séjourné
plus d'une année dans l'alcool et ayant macéré ensuite dans l'eau. Nous
étions dans des conditions beaucoup plus avantageuses. Nous avons pu in-
jecter et étudier en détail, quelques heures après la mort, les sacs laryn-
giens d'animaux parfaitement adultes ayant i",28 et i™,4o de taille.
» Cette étude, jointe à nos recherches précédentes (') démontre que
les sacs laryngiens, c'est-à-dire les ventricules de Morgagni hypertrophiés,
sont toujours paires et inégaux chez l'Orang-Outan, comme chez les autres
singes anthropoïdes. Si certains auteurs (Camper, Sandifort) ont, dans
(') Travail fait à la Faculté des Sciences de Marseille, laboratoire de M. Duvillier.
(-) Deniker et Boulart, Note sur les sacs laryngiens des Singes anthropoïdes
{Journal de l' Analvmie et de la Physiologie ; 1886, j). 5i, pi. III Cl IV).
(236)
quelques cas assez rares, trouvé un sac unique, il faut attribuer ce fait soit
à l'atropliie d'une des poches (qui peut passer ainsi inaperçue), soit à la
déchirure ou à la résorption, dans des pièces macérées, de la membrane
délicate qui sépare les deux réservoirs aériens.
» En effet, chez un de nos Orangs, le sac gauche était adjacent au sac
droit; la mince cloison qui les séparait, dirigée d'avant en arrière et de
gauche à droite, était le produit de la coalescence de leurs parois accolées.
Chez l'autre sujet, au contraire, l'énorme sac laryngien gauche occupait
autour du cou et sur le thorax, l'espace qui, d'ordinaire, est recouvert par
l'ensemble des deux poches; il envoyait d'ailleurs des prolongements vers
la nuque et le creux axillaire aussi bien à droite qu'à gauche. Quant au sac
droit, il était réduit à une petite bourse cylindrique mesurant à peine 4""
de longueur sur i*^'" de diamètre.
» La forme et la position des sacs laryngiens chez les sujets que nous
avons disséqués confirment les différences morphologiques que l'un de
nous (') a établies entre le type de ces organes, d'une part, chez l'Orang-
Outan, et, d'autre; part, chez le Gorille et le Chimpanzé. Ces derniers An-
thropoïdes ont le sac principal long et étroit ; il est situé sur la ligne mé-
diane de la région cervicale antérieure, dont il ne recouvre qu'une faible
partie, tout en détachant de longs diverticules en séries parallèles vers la
région cervicale externe, la région claviculaire et dans le creux de l'ais-
selle. Chez rOrang, au contraire, la poche principale recouvre entière-
ment la région antérieure du cou; elle se trouve placée presque per-
pendiculairement au plan médian du corps et envoie des prolongements
relativement courts vers le creux axillaire et la nuque. Cette diversité de
forme et de disposition, comparée aux différences dans la configuration de
la tête osseuse, correspond, peut-être, à un usage différent des sacs laryn-
giens dans les deux groupes des Anthropoïdes.
» Excroissances adipeuses de la tête. — Les deux Orangs que nous avons
disséqués présentaient sur la tête des excroissances plus ou moins volu-
mineuses. Une de ces proéminences, ayant 6*^'" d'épaisseur chez le plus
grand sujet, s'observait sur l'occiput et à la nuque. Deux autres, en forme de
crêtes semi-lunaires, longues de 18"" et larges de 1 1"" chez le même sujet,
se trouvaient de chaque côté de la face, sur les joues, et donnaient à ces
(') Demker, Recherches analomiqaes et embryologiques sur les Singes anthro-
poïcles( Archives de Zoologie expérimentale, etc., 2' série, l. III bis. Supplémentaire,
p. 206; 1 885-1 886).
( ^37 )
animaux une physionomie singulière, dont étaient frapjJés tous ceux qui
ont eu occasion de les voir, et dont tant de dessins ont conservé les traits.
» Plusieurs naturalistes ont signalé ces productions en leur donnant les
noms les j)lus divers: crêtes (Geoffroy Saint-IIilaire), tubcrosités (Sandi-
forl) , accessoires charnus (Temmmck), callosités (Wallace et Anderson), etc.;
certains d'entre eux ont même voulu baser sur leur présence ou leur ab-
sence, les caractères distinctifs des prétendues espèces du genre Simia;
mais aucun n'a donné d'indication sur leur véritable nature.
» La dissection minutieuse nous a permis de constater que ces excrois-
sances ne sont autre chose que des amas de tissu cellulo-graisseux main-
tenus par une trame fdjreuse et recouverts parla peau. Ces masses doivent
se développer et se soulever à mesure que l'animal avance dans l'âge, à
partir de l'époque de puberté; leur développement est sujet à de notables
variations individuelles.
» Les muscles superficiels de la face et du cou suivent le soulèvement
de ces crêtes adipeuses; les faisceaux les plus supérieurs du peaucier du
cou s'étalent d'abord sur la face postérieure de l'excroissance, puis pé-
nètrent dans son épaisseur, tout en se dirigeant en éventail vers la moitié
inférieure de son bord libre; d'autre part, certains muscles de la face, le
fronto-temporal, le zvgomalique, le canin, et quelques faisceaux du trian-
gulaire des lèvres montent à la fuce antérieure de l'excroissance et pé-
nètrent ensuite dans sa profondeur. L'examen histologique de ces masses,
fait sur notre demande par M. Pettit, a démontré qu'elles sont essentielle-
ment formées d'une charpente de fibres lamineuses, de fibres et de lames
élastiques, chargée d'un grand nombre de grosses vésicules adipeuses. Par
leurs rapports anatoraiques (au moins dans leur partie inférieure) et par
leur texture histologique, les excroissances faciales de l'Orang corres-
pondent à la boule graisseuse de Bichat chez l'homme, considérablement
augmentée de volume.
« Langue, larynx, poumons. — L'organe folié de la langue est constitué
par douze lames parallèles situées de chaque côté de la base de cet organe.
Le fibro-cartilage cunéiforme ou de Wrisberg est excessivement grand; il
est fusiforme et mesure plus de 2"'™ de longueur. Comme chez tous les
Orangs, les poumons ne sont pas lobés chez les sujets que nous avons
examinés; mais chez les deux, nous avons constaté, dans la région supé-
rieure de la face postéro-externe du poumon droit, une fente transversale
assez profonde qu'on peut considérer comme une ébauche delobulisation.
» Cerveau. — Le poids du cerveau du plus grand Orang-Outan pesait,
( 23S )
à l'étal frais, avec la pie-mère, le cervelet et le bulbe rachidien, 4008"^; ce
chiffre représente un peu plus de o,.5 pour cent du poids de l'animal
(yS'^s'). Après un séjour de deux mois dans l'alcool et débarrassé de la pie-
mère, l'encéphale ne pesait plus que aGo»'' ainsi répartis : 3^sr pour le cer-
velet et le bulbe rachidien, 223s''pour les hémisphères.
» Une connaissance plus exacte des dispositions anatomiques des sacs
laryngiens, un exposé de la signification morphologique et histologique
des excroissances adipeuses de la tête, tels sont les résultats les plus sail-
lants de nos recherches sur les Orangs-Outans. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur l'appareil génital mâle de l'Orang-Outan
Simia satyrus (i.). Note de M. E. de Pousargues, présentée par
M. Milne-Edwards.
(( Deux Orangs-Outans adultes mis à ma disposition m'ont permis de con-
stater, sur la structure des vésicules séminales, de la prostate, de la por-
tion musculeuse de l'urèthre et du gland, quelques détails intéressants.
» Les vésicules séminales, chez l'Orang adulte, se font remarquer par
leur grand développement; elles mesurent o™, 10 de longueur sur o™,025
de largeur maximum et o™,oi2 d'épaisseur. Contrairement à ce que l'on
remarque chez l'Homme et chez la plupart des Singes, le tube aveugle, con-
voluté et pelotonné qui les forme ne présente, sur toute son étendue,
aucune ramification ni aucune bosselure; son diamètre reste sensiblement
constant et égal à o",oo6. Il est impossible d'amener ce boyau à l'état
complètement rectiligne; en certains points qui correspondaient à des
changements brusques de direction dans le pelotonnement initial, l'une
des faces de la paroi de ce tube présente moins de longueur que l'autre ; il
en résulte des sinuosités irréductibles et des torsions effectuant parfois un
tour de spire complet. A l'état d'extension maximum ainsi entendue, le
tube séminal mesure o™,34 de longueur, mais sa longueur réelle atteint
certainement o'",4o si l'on suppose ce tube formant un cylindre régulier
dont la génératrice serait une moyenne entre les longueurs prises suivant
les grandes et les petites courbures. Ces dimensions, bien que considé-
rables, n'ont cependant rien qui doive surprendre et confirment en tous
points les observations de Leuckart ('). D'après cet anatomiste, la lon-
( ') Leuck.vrt, Ail. Vesicul. séminal {Todd's Cyclopcdia, vol. IV, Part, il, p. i4''9)'
( ^39 )
giieur du tronc séminal primaire est en raison inverse du nombre et de
l'importance desdiverticules qui en émanent. Chezl'Orang, il y a absence
complète de divcrticulcs et, par une sorte de balancement, la longueur du
tube séminal s'en trouve considérablement augmentée.
» La forme, les dimensions et la structure de la prostate sont à peu près
les mêmes que dans l'espèce humaine ; mais ses rapports avec le canal de
l'urèthre diffèrent sensiblement. La prostate englobe les canaux éjacula-
tcurs, mais il est à remarquer que ses bords latéraux, qui débordent l'urè-
thre de chaque côté, ne contournent pas ce canal pour venir se souder sur
la liçne médiane antérieure. Chez l'Homme, la prostate entoure complète-
mentle sommet de l'urèthre d'un anneau très épais en arrière, plus mince
en avant, mais continu; tel n'est pas le cas chez l'Orangoù toute la masse
prostatique est post-uréthrale. Le volume de cette glande était moindre
chez le plus âgé des deux Orangs, à l'inverse de ce qui se passe dans l'es-
pèce humaine où l'âge provoqtie le plus souvent une hypertrophie de la
prostate.
» La portion pelvienne de l'urèthre chez l'Orang renferme, dans l'épais-
seur de ses parois musculaires, un nombre considérable de ces glandules
(Viles pariétales ou de Litire, et la muqueuse de cette portion initiale assez
restreinte du canal urogénifal était perforée par plus de cinquante orifices
correspondant à ces glandes. Le verumontanum, percé sur chacun de ses
flancs d'un orifice de sortie pour le canal éjaculateur, mérite bien le nom
de crête uréthrale ou caput gallinaginis. sous lequel les anatomistes l'ont
parfois désigné; son sommet est garni d'un paquet de franges filiformes et
de petites lames membraneuses qui flottent librement dans la cavité uré-
thrale, et au milieu desquelles se dissimule l'orifice de l'utérus mâle. La
cavité de cette utricule, longue d'un centimètre, offre des traces évidentes
de sa dualité embryonnaire; elle est profondément mais incomplètement
divisée en deux gouttières latérales svmétriquespnr un raplié longitudinal
médian dorsal, reste témoin de la cloison commune de séparation de l'ex-
trémité distale des canaux de MuUer accolés sur la ligne médiane. Paral-
lèlement à la base du verumontanum, dansl'angle que cette crête forme
avec la paroi dorsale de l'urèthre, se remarquent de chaque côté deux sé-
ries d'orifices prostatiques, dont le nombre n'est pas constant et varie de
G à 8 pour chaque côté par rangées de 5 et 3, 5 et 2 ou 4 et ■>..
» IjCS glandes de Cooper et le bulbe n'offrent rien de remarquable, et
pour les corps caverneux, il n'y a à signaler que la disparition de la cloi-
( 24o )
son médiane immédiatement au-dessous de la jonction des racines de la
verge, d'où résulte un seul corps caverneux impair médian sur toute la
longueur du pénis. Le gland, qui termine celui-ci, est comprimé latérale-
ment et recouvert d'une muqueuse qui présente des rides transversales
nombreuses et profondes. A l'état de non-turgescence, il mesure environ
o™,o27 de longueur, son calibre excède à peine celui du pénis, de sorte
que sa base n'offre pas, à proprement parler, de couronne. Le prépuce
qui le recouvre est libre sur tout son pourtour et sans frein.
)) A l'intérieur du gland, on peut distinguer un axe central, formé par
la terminaison du corps caverneux et l'os pénial, et une zone externe de
tissu érectile. Ce dernier n'est qu'une expansion terminale du corps spon-
gieux qui, une fois dégagé de la gouttière du corps caverneux, s'attache
au périoste de l'os pénial, le contourne, le coiffe et l'enveloppe comme la
pulpe d'un fruit fait du noyau. Le corps caverneux pénètre assez avant
dans l'intérieur du gland et forme la base de sa portion axile. Son extré-
mité, creusée en godet, reçoit la portion proximale basilaire de l'os pénial
qui s'y enfonce conmie l'ongle dans sa matrice, et dont le périoste se soude
intimement avec la gaine fibreuse externe du corps caverneux. La pré-
sence d'un os pénial dans l'intérieur du gland avait été signalée chez un
jeune Orang par Crisp en i865('). Suivant i'anatomiste anglais, cet os me-
surait 9""° de longueur sur 2""" d'épaisseur. Chez l'Orang adulte, l'os pé-
nial, en place et recouvert de son périoste, compte t^'""' de long, et sa
forme est celle d'une massue. Son calibre diffère selon le point que l'on
considère. Dans son quart distal arrondi et renflé, il mesure 5""'" suivant son
diamètre antéro-postérieur; sur le reste de son étendue, on ne compte
que 3™™. Après macération et dépouillé de son périoste, l'os pénial ne
mesure plus que i5°"" de long. Vu la taille considérable qu'acquiert
rOrang, les dimensions de son os pénial sont donc des plus exiguës, et
sont même très inférieures à celles que l'on a signalées chez les Singes
proprement dits, de taille bien moindre, tels que le Cercopithecus Sabœus (-),
dont l'os pénial mesure 22™". )>
(') Edw. Cbisp, On the os pénis of tlie Chimpanzee and of the Orang {Proceed.
Zool. Soc. London, p. 48; i865).
(') Caris et Otto, Tab. anat. compar. illuslr., Pars V, pi. \\,fig. 10.
( 24i )
ANATOMIE COMPARÉE. — Sur l'ostéologie des Orangs-Oulans. Note de
M. P. Delisle, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« L'étude des deux squelettes d'Orangs mâles, Maurice et Max, et des
pièces ostéologiques provenant de sujets de même espèce qui sont dans les
collections d'Anatomie comparée du Muséum, nous a conduit aux consta-
tations suivantes :
» Le crâne de l'Orang Maurice est celui d'un sujet adulte et même déjà
âgé. Toutes les sutures du crâne sont entièrement oblitérées et particu-
lièrement la suture sphéno-basilaire. La suture sagittale est recouverte par
une crête volumineuse qui continue les deux crêtes frontales jusqu'à la
rencontre des renflements postérieiu's panèto-occipilo-temporaux. Cette
disposition des crêtes est la même sur plusieurs pièces de la collection
d'Anatomie comparée. Toutefois le volume des crêtes est variable et la crête
sagittale commence tantôt en avant, tantôt en arrière du bregma.
)> Sur le crâne de Max, les sutures sont encore ouvertes, même la
sphéno-basilaire, indice certain d'une certaine jeunesse. Chez l'homme elle
ne disparaît pas avant l'âge de 20 ans environ.
» Nous avons reconnu que plusieurs crânes porteurs de crêtes sagit-
tales tout aussi développées que celle du crâne de Maurice avaient la
suture sphéno-basilaire encore ouverte.
» Mais les crêtes frontales du crâne de Max, au lieu de se réunir vers le
bregma pour constituer la crête sagittale, se portent en dehors vers la partie
supérieure des pariétaux, de chaque côté de la suture sagittale, indépen-
dantes, séparées par un intervalle d'environ a*^"" jusqu'à la rencontre en
arrière des crêtes postérieures très développées comme sur le crâne de
Maurice.
» Les circonvolutions cérébrales et les artères ne laissent pas sur la paroi
interne du crâne les digitations et les sillons que l'on observe dans la ca-
vité du crâne de l'homme.
» L'épaisseur de la paroi crânienne, variable suivant les sujets, nous a
toujours paru moins grande sur les sujets dépourvus de crête sagittale.
» La capacité cranieijue est, selon nous, plus grande, toutes proportions
gardées, sur les sujets sans crête sagittale que sur ceux qui en sont pour-
vus. La capacité du crâne de Max (470'^'^^) est plus élevée que celle de
Maurice (385«).
C. R., iSg'i, 2- Semestre. (T. CM\, N» 3.^ 3l
( 242 )
» Les divers indices facial, nasal, orbilaire, crâniens, du trou occipital
présentent d'un sujet à l'autre des variations étendues.
)> La forme de la voûte palatine est tantôt très large en avant dans la
région incisive et va se rétrécissant en arrière, tantôt elle est étroite en
avant, s'élargit vers le milieu pour se resserrer en arrière (Maurice),
tantôt encore l'élargissement est progressif d'avant en arrière (Max).
» Les rapports ostéométriques entre les segments des membres ou des
membres entre eux font ressortir les différences qui existent entre les
squelettes d'Orangs et de sujets humains (européens et nègres) et aussi
entre les Orangs.
» Nous croyons qu'il y a lieu de diviser les Orangs-Outans en deux va-
riétés : l'une de grande taille, l'autre de petite taille.
» Dans la variété de grande taille, à laquelle appartiennent les deux
sujets morts à Paris, indépendamment des caractères qui permettent de
distinguer les sexes, il y a entre les sujets de même sexe des variations
individuelles très grandes dans le développement de la voûte crânienne. «
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches sur i excitabilité des muscles
rigides et sur les causes de la disparition de la rigidité cadavérique. Note
de M. J. TissoT, présentée par M. Chauveau.
« Dans une Note précédente ('), j'ai dit que les muscles rigides res-
taient excitables électriquement, mécaniquement et chimiquement, pen-
dant un temps souvent [assez long. Je citerai une autre expérience, qui
montre d'une manière très nette que les muscles rigides sont vivants, tout
au moins au début de la rigidité.
» On strj'chnise plusieurs grenouilles par une faible dose de strychnine (i à
3 dixièmes de milligramme). On les décapite lorsque les convulsions ont cessé. Dans
ces conditions^ la rigidité apparaît au bout d'une heure ou plus.
)) On conserve dans un endroit frais les grenouilles dont la rigidité a été le plus
rapide. On peut alors constater sur ces dernières que Texcilation du muscle rigide par
l'intermédiaire du nerf (coupé et chargé sur une pince pour éviter toute dérivation
du courant excitateur) persiste longtemps. Chez une grenouille, j'ai déterminé de
fortes contractions du gastro-cnémien, même avec les courants de très faible intensité,
six heures après l'apparition de la rigidité, et j'aurais obtenu un temps encore plus
(') Recherches sur la rigidité cadavérique {Comptes rendus, avril 1894).
( 2^3 )
long si j'avais pu continuer l'observation plus longtemps. Il est donc indubitable que
les muscles rigides sont vivants et qu'ils peuvent encore augmenter leur raccourcisse-
ment, tout au moins au début de la rigidité.
» D'après une opinion généralement admise, la putréfaction est la
cause de la disparition de la rigidité. Les expériences que j'ai faites à ce
sujet m'ont montré que cette opinion est fausse. J'ai fait des cultures des
muscles à différentes époques et après la disparition de la rigidité, afin de
saisir le moment où les microbes envahissent les muscles. J'ai vu :
>- I"' Qu'il n'y a jamais de bactéries dans un muscle rigide (chez un
animal qui n'est pas mort de maladie infectieuse);
» 2° Qu'il n'y a jamais de bactéries dans les muscles au moment oîi
la rigidité cesse, et qu'il s'écoule un certain temps, souvent fort long, entre
la disparition de la rigidité et le début de la puUulation microbienne.
» Ces faits peuvent être mis facilement en éviilence chez des animaux
soumis à l'inanition, surtout ceux chez lesquels l'inanition a duré long-
temps. L'animal est porté au frais sitôt que la rigidité a apparu, puis on fait
des cultures des muscles jusqu'à ce que les microbes les envahissent. Je ne
donnerai qu'un court résumé de deux expériences dont les résultats sont
les plus concluants..
» Expérience I. — Chat en inanition depuis le lo mai, mort le 25 juin à S^" du
matin, le 46° jour de l'inanition. La rigidité apparaît i heure après et cesse le lende-
main 26 juin vers S*" du soir. Les cultures des muscles n'y ont décelé la présence de
microbes qu'à partir du 29 juin à ô"" du soir. Il y a donc eu un espace de trois jours
entre la cessation de la rigidité et l'apparition de la putréfaction.
» Expérience If. — Chien en inanition depuis le i4 mai, tué le 21 juin (36 jours
d'inanition) à io'> du matin par section du bulbe. La rigidité apparaît à midi, elle
cesse à ô*" du soir. Les cultures des muscles n'y ont indiqué la présence de bactéries
qu'à partir du 20 juin à 5'' du soir, c'est-à-dire quatre jours après la cessation de la
rigidité.
» On peut dire, en résumé, que le relâchement des muscles rigides
n'est pas dû à la putréfaction, et que cette dernière est postérieure à la dis-
parition de la rigidité.
)) On a donné aussi, comme autre cause de la cessation de la rigidité, la
dissolution de la myosine par l'acide formé dans le muscle. Mais cette
hypothèse n'a pas plus de valeur que l'autre, car chez les animaux en ina-
nition, les muscles ne deviennent pas acides (Cl. Bernard) en devenant
rigides, et restent alcalins jusqu'après la cessation de la rigidité. Ce fait
est sans exception chez tous les animaux soumis à l'inanition; on peut donc
( 244 )
conclure que l'acide n'entre pas plus en cause dans la production de
la rigidité que dans sa disparition ('). "
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Mécanisme physiologique de la ponte chez les
Insectes Orthoptères de la famille des Acridides. — Rôle de l'air comme agent
mécanique et fonctions multiples de l'armure génitale. Note de M. J.
KuNCKEL d'Herculais, présentée par M. A. Chauveau.
<( Les naturalistes témoins des invasions de Sauterelles, quelle que soit
l'espèce observée (fachytylus migratorius et cinerascens, Stauronotus Maroc-
canus, Caloptenus spretus, Schistocerca peregrina ou autres Schistocerca, etc.),
ont décrit avec soin la ponte des Acridiens; mais ils ne se sont guère
inquiétés d'étudier les moyens mécaniques dont usent les femelles pour
enfoncer profondément leur abdomen dans le sol, même le plus compact,
pour effectuer le dépôt de leurs œufs; ils s'étonnent de la facilité et de la
rapidité de l'opération, sans soupçonner l'ingéniosité des procédés mis en
œuvre.
j) Tous admettent que les deux, paires de pièces de l'armure génitale
transformée sont les instruments de perforation; ceux-ci croient qu'elles
fonctionnent comme quatre pioches; ceux-là prétendent que, mises en jeu
par des muscles qui les écartent et les rapprochent alternativement, elles
agissent comme des outils perforants; pour quelques-uns, elles constituent
une tarière qui, actionnée par des demi-rotations de l'abdomen dans un
sens, puis dans l'autre, s'ouvre à chaque demi-révolution. Ils reconnaissent
bien, les figures qu'ils donnent en font foi, que l'abdomen s'allonge lors
de la ponte; mais ils supposent a priori qu'il se distend par effort muscu-
laire.
» Pour interpréter d'ailleurs certains phénomènes biologiques, il ne
suffit pas d'avoir recours uniquement à l'observation, il faut faire intervenir
à la fois l'Anatomie et la Physiologie; c'est en appliquant ce principe que
j'ai pu établir le rôle des pièces de l'armure génitale dans l'aménagement
de la cavité où sont pondus les œufs, déterminer la cause de l'allongement
de l'abdomen, découvrir l'artifice employé pour donner à cet abdomen la
force de pénétration.
» Solideiiient cramponnées à l'aide de leurs pattes antérieures et mé-
(') Travail du laboraloire de Palhologie comparée du Muséum.
( 2/,5 )
dianes, les pattes postérieures, jetées de-ci de-là, souvent même relevées,
les femelles des Acridiens tàtent le terrain avec leur armure génitale;
celui-ci reconnu favorable, elles insinuent leur abdomen graduellement,
mais assez rapidement, en reculant au fur et à mesure, jusqu'à ce que le
plastron sternal vienne toucher l'orifice du trou. Chaque femelle de
Criquet pèlerin, prise comme exemple, peut creuser une cavité ayant jus-
qu'à 8*^'" de profondeur, alors que son abdomen, rempli d'œufs, mesure
seulement 5*^"" ; il est donc capable do s'allonger de 3"^'" et en même temps
susceptible d'accroître sa capacité en proportion de son allongement.
Avec un peu d'adresse, je pus surprendre des couples de Criquets
pèlerins au moment de la ponte; je dis couples, parce que le mâle des
Acridiens ne se sépare pas de sa compagne pendant l'opération et demeure
fixé sur son dos, ce qui a fait croire à quelques observateurs qu'il lui
venait en aide. Les maintenant appliqués contre terre, j'injectai délicate-
ment, à l'aide d'une seringue de Pravaz, ceux-ci d'alcool absolu, ceux-là
d'une solution de bichromate de potasse; la mort étant presque instan-
tanée, la conservation des attitudes était assurée (' ). Déblayant le terrain
latéralement, j'ai obtenu tantôt des coupes du trou de ponte occupé en
entier par l'abdomen distendu, tantôt des trous avec pontes commencées
ou presque terminées; les pièces de l'armure étaient toujours écartées et
leurs positions indiquaient leurs fonctions.
» A proprement parler, les femelles des Acridiens ne creusent ni ne
forent la terre avec les pièces dures situées à l'extrémité de leurs corps,
comme nous le ferions avec nos outils spéciaux, puisqu'elles n'extraient
des trous aucuns déblais; en réalité, elles enfoncent dans le sol leur abdo-
men comme nous y enfoncerions par pression un pieu, un plantoir; rien
ne peint mieux l'acte de la ponte que le langage imagé des Arabes, qui
disent que les femelles plantent. Les pièces solides composant l'armure
génitale, épisternites et tergorhabdites, d'après la nomenclature de M. de
Lacaze-Duthiers, ne sont pas des instruments perforants, ce sont des
instruments appropriés pour remplir des fonctions multiples (-). Lorsque
les quatre pièces sont complètement rapprochées, elles constituent un
pal à quatre pointes, étagées deux par deux, les pointes des épisternites
(') J. KrNCKEL d'Herculais, Incasions des Acridiens, vulgo Sauterelles en Algérie.
Alger, 1898. PL y^fig. I el 2.
(2) ID., loc. cit.. PI. A, Jig. 4 et 5; PI. F, fg. 6, 7, 8 et 9; PI. B, fig. 9, .0,
n et 12.
( 246 )
formant l'extrémilé du pal, celles des tergorhabdites étant placées au-
dessus. Quand les épisternites et les tergorhabdites, par des mouvements
successifs, s'écartent ou se rapprochent. les quatre pointes incurvées et
tournées vers l'extérieur ont pour attributions de dissocier les grains de
sable, les parcelles de terre, de les appliquer et de les maintenir contre les
parois du trou; les épisternites, élargies en arrière et cupuliformes, sont
particulièrement bien disposées pour empêcher le sable ou la terre de
retomber au fond de la cavité.
» Pratiquant l'autopsie des femelles dont l'abdomen avait atteint son
maximum de distension, c'est-à-dire mesurait 8"^™, je fus surpris de trouver
le tube digestif rempli d'air; prenant certaines d'entre elles et les ponc-
tionnant avec la fine canule d'une seringue de Pravaz, je retirai l'air qui
gonflait le tube digestif et je ramenai l'abdomen à ses dimensions normales
de 5*^™. Ainsi donc, les Acridiens qui n'ont à leur disposition que la quan-
tité de sang invariable qui remplit la cavité générale, usent à nouveau,
pour augmenter la capacité de leur abdomen et le transformer en une sorte
de doiçt rigide légèrement incurvé, de l'artifice qu'ils ont déjà utilisé lors
de l'éclosion, des mues et de la métamorphose, artifice que j'ai signalé en
1890 ('); ils remplissent leur tube digestif d'une quantité d'air en rapport
avec les dimensions qu'ils ont nécessité de donner à leur abdomen ; dans
ces conditions, le tube digestif fait fonction de pompe à air, le sang sert
de matelas pour régulariser la pression déterminée par l'élasticité des
muscles comprimés; contrairement à l'opinion des auteurs, les muscles ne
jouent par conséquent qu'un rôle secondaire.
,) Quand les femelles de Criquets pèlerins, distendant leur abdomen à
sa limite maximum, l'ont enfoncé de 8'^'", elles maintiennent les pièces de
l'armure géuilale dans leur plus grand écartement et sécrètent une matière
visqueuse, qui agglutine les grains de sable ou les parcelles de terre du
fond de la cavité, puis elles commencent leur ponte; les œufs et la matière
visqueuse sont émis simultanément, mais l'écoulement de cette dernière
se fait à la périphérie de la masse ovigère, de façon à consolider les parois
de cette cavité, qui affecte la forme incurvée de l'abdomen. La ponte ter-
minée, les femelles continuent à émettre la matière qui forme, en se des-
séchant à la partie supérieure du trou de ponte, un bouchon spumeux
(') J. KiJNCKEL d'Herculais, Rôle de l'air dans le mécanisme physiologique de
l'éclosion, des mues et de la métamorphose, chez les Insectes Orthoptères de la
Janiille des Acridides {Comptes rendus, 4 avril 1890).
( 247 )
protecteur, mesurant 3"'° ou 4'^'". La rétraction graduelle de l'abdomen,
déterminée par la diminution de la quantité d'air contenu dans le tube
digestif, accompagne la ponte et la sécrétion du liquide agglutinatif.
» Les observations et expériences ont été répétées sur V Acridium /Egyp-
tiuin, le Slaitronotus Maroccanus et sur une espèce de très grande taille, le
Pamphagus eleplias; tous emploient le même mécanisme et usent du même
artifice pour préparer le trou de ponte. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Conditions du développement du Rougeot sur
les feuilles de vigne. Note de M. Albert Renault, présentée par
M. Troost.
<( Dans une Note récente ( ' ), MM. PriUieux et Delacroix ont caractérisé,
sous le nom A' Exobasidium vitis, le parasite, cause de la maladie qui s'est
répandue cette année sur les feuilles de la vigne, et appelée communément
Rougeot. Il semble intéressant, à ce propos, de signaler les conditions dans
lesquelles s'est développée cette maladie, d'autant mieux qu'elles font
ressortir un moyen de la prévenir.
» On sait que, au moment où les sarments de la vigne commencent à
donner prise au vent, le vigneron, pour en éviter la rupture, les lie en-
semble, sur chaque cep, de manière à réunir leurs extrémités en fais-
ceau. C'est à cette pratique que me paraît due principalement la propa-
gation du Rougeot, au moins dans le Beaujolais. Le parasite décrit par
MM. Prillieux et Delacroix s'est montré d'abord sur les ceps liés de bonne
heure. L'invasion a commencé par le haut des sarments, se propageant
vers le bas, sur toutes les parties vertes jusqu'à la ligature. Partout où les
sarments n'ont pas été liés, le mal n'a pas fait son apparition. Dans une
même vigne les ceps liés ont été atteints, les autres sont restés indemnes;
dans les vignes étayées à l'aide de fils de fer au lieu d'échalas, cas où les
sarments sont fixés chacun séparément au fil de fer, de manière à donner
de l'air et de la lumière à la plante, le parasite ne s'est pas montré davan-
tage.
» D'après cela, le Rougeot, qui, dans ces vignes, s'est développé en
mai et juin, sur des pousses précoces venues en avril, par un temps
superbe, semble s'être propagé, sous l'action de l'humidité, grâce au
(') Comptes rendus, l. CX.1\, p. io6.
( 2',8 )
manque d'air et de lumière provoqué par la réunion des sarments en
faisceau. Il suffirait donc d'aérer le cep, pour éviter le retour de cette ma-
ladie. »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — 5? 4° Un fragment de figurine n'ayant que le haut du torse. Le bras sculpté en
demi-relief est appliqué contre la poitrine. Une pèlerine couvre les épaules. C'est la
première fois que l'on trouve la preuve que l'homme se vêtissait alors partiellement,
pour abriter certaines parties de son corps.
)i 5° Petite figurine de femme, véritable joujou d'enfant, taillée en quatre ou cinq
coups de silex. La personne représentée n'est nullement stéatopigique. Ses longs che-
veux tombent sur le dos. Les seins manquent par suite du délit de l'ivoire. Le sexe
est indiqué par une simple raie, ce qui prouve que les nymphes étaient enfermées et
masquées par les grandes lèvres. Cette raie est placée un peu trop haut. Mais il s'agit
d'un simple joujou auquel on ne peut demander beaucoup d'exactitude. D'ailleurs la
femme au renne connue sous le nom de femme enceinte et la Vénus de M. de Vi-
braye, qui toutes deux ])araissenl être des métis, ont aussi le sexe figuré par une raie.
Il y avait donc alors sur notre sol des femmes voisines de celles de notre race par
l'absence de stéatopigie et par la conformation des organes sexuels.
» Toutes ces statuettes ont été recueillies par nous ou, sons nos yeux,
par nos ouvriers. »
PHYSIQUE DV GLOBE. — Sur /e tremblement de terre de Constantinople.
Extrait d'une Lettre de M. Moureau.v à M. Mascart.
'< .... Les journaux de ce matin (ii juillet) signalent qu'une violente
secousse de tremblement de terre s'est produite à Constantinople, hier
lo juillet, à 12'' 24™; les oscillations se seraient dirigées de l'est à l'ouest.
» Les courbes, relevées ce malin à notre magnétographe, portent la
trace très nette du phénomène, qui a été enregistré ici à 10'' 5o"' (temps
( 2,52 )
moyen local), heure qui correspond à 12'' 36"" (temps moyen de Constanti-
nople). Le trouble constaté est principalement accentué sur la courbe du
bifilaire; celle du déclinomètre indique, en outre, une seconde vibration
7™ ou 8"" après la première; la composante verticale semble affectée éga-
lement, mais d'une façon beaucoup moins appréciable. Les deux suspen-
sions bifdaires à barreau de cuivre orientées dans deux plans rectangulaires
n'ont subi aucun mouvement apparent; de même, on ne remarque rien
d'anormal sur les courbes de variations des courants telluriques, mais cela
pourrait tenir à l'apériodicilé des galvanomètres. Si l'heure transmise par
le télégraphe est exacte, l'impulsion aurait mis douze minutes pour se pro-
pager de Constantinople à Paris, dont la distance est d'environ 3 000'"".
» Le tremblement de terre d'Athènes, du 27 avril dernier, a également
affecté nos courbes magnétiques à 20'' 04°* et à 2o''o8'" (temps moyen de
Paris); l'heure des secousses n'a pas été transmise avec une approximation
suffisante pour qu'il ait été possible d'établir la durée de la propagation.
» La courbe du baromètre à gravité indique également une agitation
du mercure vers 10'' 53'". L'époque est ici plus difficile à préciser; si le
phénomène est réel, comme il le paraît, il ne peut être dû qu'à un trans-
port mécanique de mouvement. »
M. Mascakt, en présentant une publication tie M. Rung sur la « Répar-
tition de la pression atmosjihérique sur l'océan Atlantique septentrional,
d'après les observations de 1870 à 1889 », ajoute :
« L'Atlas de M. Rung renferme une série de cartes donnant l'état
moyen de la répartition des pressions pendant chaque mois de l'année
jusqu'à la latitude de 75" et même jusqu'au Spitzberg dans la mer du Nord.
Les documents ont été empruntés à différentes sources, et le nombre des
observations à la mer utilisées est supérieur à 225ooo; c'est le travail le
plus complet qui ait encore paru sur cette question importante. »
M. Léopold Hugo adresse une Note « Sur la disposition apparente de
l'anneau stellaire des Gémeaux ».
La séance est levée à 4 heures et demie. J. B.
On souscrit à Paris, chez GAUTIJIKR -VILLA RS ET FII.S,
Quai (les Grands-Augusiins, n" 5 >.
puis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissoiU régulièrement le Dimanche. Ils fonneiU, à la fin do l'année, deux volumes in-4*. Deux
îs, l'une par ordre alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique do noms d'Auteurs, terminent «"haque volume. L'abonnement est annuel
rt du i" janvier.
Le prix (le l'tibonnenient est Jîxé aiii\i i/ii'il suit :
Paris : 20 Tr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Antres pays : les frais de poste extraordinaires en sns.
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chez Messieurs :
■> Michel et Médan.
Gavault St-Lager.
!/• l Jourdan.
Ruir.
\ens Courtin-Hecquet.
( Germain etOrassin.
r Lachèse.
onne Jérôme.
mçon Jacquard.
. Avrard.
ieaux ! Dulhu.
Millier (G.).
rges Kenaud.
Lefoufiiier.
l'. Robert.
J. lîoberl.
( V Uzel Caroir.
i Baër.
( Massif.
mbeiy Pcrriii.
) Henry.
' Marguerie.
( Rousseau.
/ Ribou-Collay.
. Lainarche.
j Ratcl.
' Damidol.
( Lauverjal.
f Crepin.
_ ., i Drevel.
enoble '
' Ciratier.
ISockelle Foucher.
\ Bourdignoii.
rbourg
imont-Ferr.
aai.
Havre
le.:...
l Dombre.
i Lefebvre.
; Quarré.
chez Messieurs :
i Bauinal.
Lorient
' M"' IcMcr.
,' Bernoiix et Cumin.
y Georg.
I.yon < Mégret.
iChiUKird.
1 Ville.
Marseille Ruai.
i Calas.
Montpellier , ^^^^^^^
Moulins Martial Place.
. Jacques.
Nancy Giosjean-Maupin.
' Sidot frères.
t t^oisean.
Nantes ... ,, ,
' M"" \ eloppc-
i Barnia.
' Visconli el t. '.
Nimes Thibaud.
Orléans I-uzeray.
. . 1 Ulanchier.
Poitiers I ,, ,
' Druinaud.
Bennes Plihon t Hervé.
liochefort Girard (M"").
1 Langlois.
Rouen , ,' .
' I.estringant.
S' -Etienne Chevalier.
„ , \ Bastide.
Toulon , ,, , ,
' Kumehe.
1 Giinct.
Toulouse ' ■
' Privai.
Boisselier.
Tours Péricat.
' SuppUgeon.
,. , . ( Giard.
Valenciennes .'
( Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin .
Bucharest .
chez .Messieurs :
I Feikema Caarelsen
' et C".
Athènes Reck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C''.
Dames.
Friediander et fils.
Mayer et Millier.
ggi.„g * Schmid, Franckc et
( C'°.
Bologne Zanichelli.
1 Ramiot.
Bru.relles .MaynIczetAudiartc.
! Lebègue el C".
\ Haimaun.
* Ranistoanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC".
Christiania Cammernieyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague HiJst et lils.
Florence Lœscher el Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
, Clierbuliez.
Genève Georg.
( Slapelraohi-.
La Haye Bclinfante frères.
( Benda.
' Payol.
Barlh.
Brockhaus.
Leipzig • Lorentz.
Max Riibe.
Twietmeyer.
( ttesoer.
' G mise.
Londres
chez Messieurs
, Dulau.
Luxembourg.
.i/ilan .
Lausanne.
Liège.
Itaoliettc et C'V
Nuit.
V. Buck.
l.ibr. Gulenberg.
.Uudnd |Capdeville.
1 Gonzalcs e hijos.
' F. Fé.
( Diimolard frères.
I Hoepli.
Moscou Gaulier.
/ Furchheiin.
Xaples Margliieri di Giu>.
' Pellerano.
; Dyrscn et PfeilTer.
A'€■
i\L A. Mii.ne-Edward.s transmet "une lettre
par laquelle le Comité d'initiative pour
l'érection d'un monument à la mémoire
d'Armand de Qiiatre/ages invite l'.Xca-
démie à se faire représenter à Tinaugiu'a-
tion de ce monument
-M. F.-P. Le Roix. — Études sur les actions
centrales. Lois générale* relatives à l'eflet
des milieux
M. G. Mkslin. — Sur les interférences à
moyenne différence de marche
M. P. Janet. — Inscription autographique
directe de la forme des courants pério-
diques, au moyen de la méthode électro-
chimique
.M. Cii.-EuG. GiVE. — Coefficient de self-
induction de n lils parallèles égaux et
équidistants, dont les sections sont répar-
ties sur une circonférence
.M. R. SwYNGEDAUW. — Sur l'équation des
décharges
M. JIengix. — Séparation et dosage de l'étain
et de l'antimoine dans un alliage
M. .\. Le Bel. — Sur les pouvoirs rotaloircs
variables avec la température; réponse à
M. Colson
M. H. Caisse. — Synthèse de l'acide més-
oxalique et mésoxalate de bismuth
.M. E. Fleurent. — Contribution à l'étude
de quelques acides amidés, obtenus par
dédoublement des matières protèiqucs
végétales
23 I
M. F. CuANCEL. — Sur quelques dérivés des
propylamines 23i
MM. J. Dfniker et H. Bollart. — Sur divers
points de l'anatomie de l'Orang-Outan. . .. i !5
M. E. DE PoiSARuiE.s. — Sur l'appareil géni-
tal niàlc de rOrang-Outan ajfs
M. P. Delisle. — Sur l'osléologie des
Ûrangs-Outans 3^) i
M. J. Ti.ssoT. — Recherches sur l'excitabi-
lité des muscles rigides et sur les causes
de la disparition de la rigidité cadavérique. 2^3
M. J. kiNCKEL d'Hercllais. — .Mécanisme
physiologique de la ponte chez les Insectes
orthoptères de la famille des .\cridides.
Rôle de l'air comme agent mécanique et
fonctions multiples des pièces de l'armure
génitale ^ i'^!^
.M. Albert Renault. — Conditions du déve-
loppement du Rougeot sur les feuilles de
vigne 247
M.\L P. VuLA et G. Rover. — Sur VAureo-
basidiuni V'itis, parasite.de la \igne.... _>4S
MM. Eu. PiETïE et J. DE Laporierie. —
Sur des ivoires sculptés provenant de
la station quaternaire de Rrassempouy
(Landes) 249
M. Moureaux..— Sur le tremblement de
terre de Constantinople jjj
M. .Mascart présente une publication de
M. Biing sur la « Répartition de la pres-
sion atmosphérique sur l'océan Atlantique
septentrional, d'après les observations de
1 S70 à 1 8S9 » 2Ô2
M. LÉOPOLii HiGO adresse une Note « Sur
la disposition apparente de l'anneau Stel-
la ire des Gémeaux 2.32
PAKis. — IMPKl.MEKIE GAUTHIEK-VILLAKS ET FILS,
Quai des G^ani^s-Auiîu.^liQs, 55.
I.e Gérant : Cautuier-V:li.kiis.
1894
OÔ^^ SECOXD SEMËSTKE.
1
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. liES SECKÉTAIISKS PERPÉTl£L.$» .
TOME CXIX.
N^ 4 (23 Juillet 1894).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'AGÀDÈMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1894
. M^A X 1 M.^ ^^ «^ ^ •
Adopté dans les séances des 23 juin 18(32 et 24 mai 187,5.
iptes rendus hebdomadaires des sceances de
se composent des exliaits des travaux de
es et de l'analyse des Mémoires ou Notes
)ar des savants étrangers à l'Académie,
cahier ou numéro des Comptes rendus a
n 6 feuilles en moyenne,
éros composent un volume,
iix volumes par année.
. — Impressions des travaux de l' Académie.
I
nits desMéiiioiros présentés pur un Membre
issocié étrangerdel'Académie comprennent
|>ages ))ar numéro.
libre d(^ l'Académie ne peut donner aux
idus plus de 5o pages par année,
munications verbales ne sont mentionnées
•amples rendus, rpTautant qu'une rédaction
leur auteur a été remise, séance tenante,
aires.
ports ordinaires sont soumis à la même
les Mémoires; mais ils ne sont pas coni-
es r)o pages accordées à chaque Membre.
ports et Instructions demandés par le Gou-
sont imprimés eu entier.
aits des Mémoires lusou commiuiiqués pa:
pondants de l'Académie comprennent au
es par numéro.
'espondarl de l'Académie ne j)eut donner
pages par année.
s Comptes rendus, on ne reprockiit pas les
> verbales qui s'élèvent dans le sein de
;; cependant, si les Membres qui y ont
ésirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
er, séance tenante, des Notes sommaires,
onnent lecture à l'Académie avant de les
lu Bureau. L'impression de ces Notes ne
en rien aux droits qu'ont ces Membres de
les séances suivantes, des Notes ou Mé-
l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
|)orts relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
]^es Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Articli: 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie.
les Mémoires lus ou présentés par des personnes
c[ui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui (ait la jirésentation est toujours nomme;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
AirncLE 3. '
Le i>on à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tani, le
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Complerendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fl\^ du cahier.
Ai'.ïK.i.r. L — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teiu's; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Akticlk 5.
Tons les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sontchargés de rexéculion du pré-
sent Règlement.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SEANCE DU LUNDI 23 JUILf.ET 18î)4,
PRÉSIDENCE DE M. LœWY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. G. Darboux, au nom du Comité du jubilé de M. Hermite, fait hommage
à rAcadémic de la médaille fondue en l'honneur de notre Confrère, et d'un
exemplaire de la brochure qui a été publiée à l'occasion de la célébration
de ce jubilé.
M. É . Picard fait hommage à l'Académie du premier fascicule du tome III
de son « Traité d'Analyse ».
G. R., iRq4, 2' Semestre. (T. CXIX, N" 4.) •^•'
( 254 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les photographies de la Lune obtenues au
grand equatorial coudé de l' Observatoire de Paris ('); par MM. Lœwy
et PuisEux.
<( L'Académie a bien voulu accueillir avec intérêt la présentation de
quelques épreuves photographiques, reproduction agrandie des clichés de
la Lune obtenus au foyer du grand equatorial coudé de l'Observatoire. Les
épreuves originales mesurent environ o™, i8 de diamètre. Pour être con-
sidérées comme pleinement satisfaisantes et pouvoir contribuer à l'exécu-
tion d'un travail d'ensemble à l'échelle proposée, elles doivent supporter
un grossissement! de dix à quinze fois. On sait qu'il n'est pas aisé d'obtenir
un tel résultat, même quand il s'agit d'objets terrestres pour lesquels on
dispose, à son gré, de l'éclairage et du point de vue. Si l'on veut repro-
duire des corps célestes, toujours en mouvement et très éloignés de nous,
les difficultés se multiplient.
» L'exécution d'images aussi parfaites échappe alors à la compétence
des praticiens ordinaires et devient un véritable travail scientifique. Il ne
sera pas inutile, pour s'en rendre compte, de passer brièvement en revue
les obstacles qu'il s'agit de vaincre et l'ensemble des conditions favorables
qu'il faut réunir.
» L'image de la Lune, étudiée sous un grossissement un peu fort, semble
presque toujours dans un état de vive agitation. Cette circonstance n'em-
pêche pas un œil exercé de percevoir les menus détails, mais elle est sou-
vent fatale à la netteté de l'impression photographique.
» Les images de deux points dont la distance angulaire excédera peu le
pouvoir séparateur de l'objectif arriveront très rapidement à se confondre
sur la plaque, tout en demeurant distinctes pour l'œil. Il y aurait donc
avantage à réduire la pose à une très petite fraction de seconde, si les pré-
parations dont on dispose possédaient une sensibilité suffisante. En pra-
tique il n'en est pas ainsi, surtout pour les phases éloignées de la pleine
Lune, qui peuvent exiger trois secondes de pose ou davantage. D'ailleurs
la sensibilité d'une émulsion aux sels d'argent paraît être en quelque sorte
inverse de la finesse du grain, et l'on doit considérer cette dernière qualité
comme tout à fait essentielle, sous peine de se voir enlever le fruit de
l'agrandissement ultérieur. On ne peut donc éviter de recourir à des poses
(') Noir les Comptes rendus, séance du 9 juillet.
( 235 ) .
d'une certaine durée, tant que les progrès de la Chimie ne nous auront pas
mis en possession de plaques à la fois fines et très sensibles.
» Il convient par suite de se placer autant que possible dans les conditions
qui atténueront l'inconvénient des poses prolongées. Ainsi l'on choisira
les soirées où les variations de température sont assez faibles pour ne pas
amener des courants d'air et des réfractions anormales. On surveillera les
instants où l'atmosphère, parfaitement calme, n'imprime aucun ébranle-
ment sensible à la lunette. Il conviendra aussi d'apporter une attention
spéciale à l'appréciation du temps de pose. Il dépend de la présence éven-
tuelle d'un léger voile de brume devant la Lune, de la phase que l'on veut
reproduire, de la composition chimique de l'émulsion employée, de la
date plus ou moins reculée de la préparation des plaques. L'incertitude à
craindre sur ces divers facteurs est une cause assez fréquente d'échecs.
Mais il est clair qu'en multipliant les épreuves, dans des conditions variées,
on obtiendra de temps en temps la coïncidence désirée d'un temps de pose
exact et d'une image calme.
» L'image de la Lune fût-elle exempte de toute ondulation, on n'obtien-
drait encore un résultat parfait, avec une pose un peu prolongée, que s'il
y avait concordance exacte entre le mouvement de l'astre et celui de la
lunette. Il n'est pas facile de réaliser cet accord, même pour une durée de
quelques secondes. La variation horaire de l'ascension droite est toujours
assez forte pour exiger une modification dans la vitesse normale du mou-
vement d'horlogerie. On exécute ce changement à l'aide d'une ingénieuse
disposition mécanique , appliquée pour la première fois dans le grand
équatorial coudé par M. P. Gautier. Un bouton, placé sous la main de
l'observateur, agit par un engrenage sur une coulisse qui modifie la posi-
tion des poids du régulateur. On arrive ainsi très rapidement à mettre la
vitesse moyenne du mouvement horaire d'accord avec la vitesse réelle de
l'astre qu'on veut reproduire.
M Mais le déplacement propre de la Lune ne se produit pas seulement
en ascension droite, il se manifeste en déclinaison, tant par suite d'une
variation effective dans la distance polaire géocentrique que par l'effet va-
riable de la parallaxe. On peut, par un choix judicieux des circonstances
de l'observation, faire que ces deux influences nuisibles travaillent en sens
contraire et se neutralisent en partie. Nous avons calculé pour cet objet
des Tables spéciales donnant, à de courts intervalles, l'effet de la parallaxe
en déclinaison. Mais celte nécessité diminue encore le nombre des jours
que l'on doit considérer comme pleinement favorables.
( 256 )
)) Si la pose devait être portée à plusieurs secondes, on pourrait, en agis-
sant à la main sur les deux mouvements de rappel, maintenir la lunette
constamment dirigée sur le même point de la Lune. Un oculaire muni de
fds fins a été disposé à cet effet à côté du cadre qui porte la plaque sensible.
Il recueille, à l'aide d'une petite glace inclinée, un faisceau de rayons peu
étendu, suffisant toutefois pour que l'on puisse y choisir et y conserver un
point de repère. Mais il fallait prévoir, en raison de la masse et de l'éloi-
gnement du grand miroir, que les organes de rappel en déclinaison n'au-
raient pas la souplesse et la précision nécessaires pour parer à toutes les
variations accidentelles.
» L'expérience ayant confirmé cette crainte, nous avons dû recourir à
une disposition différente, permettant d'imprimer à volonté de petits mou-
vements, dans deux directions rectangulaires, au système formé par le
châssis photographique et l'oculaire. La masse qu'il s'agit de mouvoir se
trouve ainsi réduite dans une très forte proportion et l'on peut obtenir une
sensibilité plus grande. Toutefois il nous reste sous ce rapport une amélio-
ration à réaliser.
M Le mouvement d'horlogerie, bien qu'amené à la vitesse moyenne de la
Lune, accuse encore certaines irrégularités à courte période qui sont de
nature à troubler les images obtenues avec plusieurs secondes de pose.
Nous espérons, par des modifications ultérieures, pouvoir bientôt éliminer
complètement cette dernière cause d'incertitude.
)> Pour les motifs indiqués plus haut, nous n'avons pas encore obtenu
de reproduction entièrement satisfaisante de toutes les phases de la lAine.
Les clichés que nous avons recueillis présentent, cependant, des points
de comparaison nombreux et intéressants avec les travaux antérieurs.
Ji'éclairement relatif des diverses parties du disque, les teintes souvent très
délicates, juxtaposées dans les régions unies, apparaissent sur nos épreuves
avec une netteté et une variété extrêmes de nuances : sous ce rapport,
la Photographie nous parait avoir un avantage marqué sur la vision di-
recte, où l'œil est rapidement fatigué par l'excès de la lumière. Les j^lus
faibles différences de niveau s'accusent distinctement au voisinage du ter-
minateur. Les montagnes projettent sur les plaines voisines des ombres
fines et pointues très propres à une mesure exacte. La richesse des détails
dans les régions accidentées parait surpasser celle des meilleures Cartes.
» Les représentations de la Lune exécutées jusqu'à ce jour se partagent
en deux classes : les unes visant -à reproduire fidèlement l'aspect d'une
portion limitée de la Lune sous un éclairage donné; les autres résumant
( 2J7 )
sous une forme graphique et conventionnelle une longue série d'obser-
vations et de recherches; c'est seulement aux images de la première caté-
gorie que les épreuves photographiques peuvent être cquitablement com-
parées. Il est de toute nécessité qu'elles soient contrôlées et complétées
les unes par les autres. Il serait chimérique de croire qu'un cliché unique,
si parfait qu'il soit, rende superflu tout travail ultérieur sur l'objet qu'il
représente. Un objet quelconque ne saurait être considéré comme connu
si l'on n'a pu, au moins, le voir éclairé successivement par l'est, par l'ouest
et du côté du Méridien.
» Ainsi la Carte du Cirque de Maginus, donnée dans l'Ouvrage de
M. Neison, résume plus de vingt dessins différents répartis sur cinq années
d'observation. Il est donc naturel qu'un certain nombre des mouvements
de terrain figurés par M. Neison demeurent pour nous plongés dans
l'ombre ou peu perceptibles. Mais la supériorité de la Photographie devient
manifeste si l'on tient compte de la vérité de l'effet général et de l'expres-
sion intense du relief. Elle prend, pour ainsi dire, sur le fait l'action des
forces puissantes qui ont modelé la surface de la Lune. Elle place un
document parlant et irrécusable sous les yeux des savants que leurs con-
naissances en Géologie et en Physique céleste mettent le plus sûrement à
même de remonter des effets aux causes.
» Les épreuves que nous avons mises sous les yeux de l'Académie four-
niraient, à l'appui de ces considérations, de nombreux exemples. Nous
les avons comparées, en particulier, avec les dessins du D^' Weinek, insé-
rées dans les trois derniers Volumes de l'observatoire de Prague. La plu-
part de ces dessins sont obtenus à l'aide d'une lunette de 7 pouces
d'ouverture, très inférieure par conséquent à la nôtre. Mais les plus ré-
cents sont des agrandissements de 10 à 20 fois, exécutés d'après les meil-
leurs clichés de Lick, et permettent, en conséquence, une comparaison
équitable. De ce nombre sont les dessins I et III, qui représentent les
cirques d'Archimède et d'Arzachel vus sous un éclairage peu différent du
nôtre ('). Les deux petits cratères situés au sud-est d'Archimède nous
apparaissent comme régulièrement circulaires, semblables à tous les points
de vue, sauf les dimensions, qui sont entre elles approximativement
comme 3 et 2. Dans le texte du D"^ Weinek, ces deux objets sont signalés
et désignés par les lettres c et d. Mais, dans le dessin I de son atlas, le
(') Astronoinisclie Deobachtungen aux cler k.k. Sternwarlc zu Prag in den
Jahreii 1888, 1889, 1890, 1891.
( 258 )
cratère de l'ouest est indiqué comme très net, très profond; son impor-
tance, en un mot, est plutôt exagérée, pendant que le cratère de l'est est
absolument méconnaissable et remplacé par une simple tache blanche.
Entre ce point et la montagne isolée qui s'élève plus à l'est, nous voyons
une dépression large et bien visible, courant du sud au nord. L'astronome
de Prague figure ici une accumulation de détails dont il serait difficile de
tirer une conclusion d'ensemble sur l'hypsométrie de cette région. Sur le
dessin III, relatif au cirque d'Arzachel, nous sommes d'accord avec le
D'' Weinek pour constater l'existence de deux vallées profondes, allant
déboucher dans la partie méridionale du cirque voisin d'Alphonsus. Mais,
pour lui, ces deux vallées s'arrêtent nettement vers le sud sans se relier
au cirque d'Arzachel. Nous les voyons, au contraire, se prolonger avec
une profondeur moindre, mais encore très apparente, s'infléchir presque
à angle droit vers le sud-est et venir creuser sur une grande longueur le
rempart oriental d'Arzachel dont elles épousent la forme circulaire. Nous
reconnaissons ici la (race d'une force d'érosion remarquable par l'étendue,
sinon par l'énergie de ses effets, et agissant à angle droit avec le soulève-
ment principal qui forme trait d'union entre les cirques d'Arzachel et
d'Alphonsus. On se rendra compte sur notre cliché que les deux dépres-
sions secondaires présentent, sur les deux versants de la chaîne qu'elles
franchissent, des inclinaisons opposées. Elles auraient donc subi l'effet
du soulèvement principal et seraient, par conséquent, plus anciennes.
» Ces clichés agrandis nous semblent pouvoir être considérés comme
une réalisation partielle de l'idée de M. Holden, qui estime que les photo-
graphies de Lick permettraient l'exécution d'un atlas, dont l'échelle serait
calculée à raison de six pieds anglais pour le diamètre de la Lune. Les
dimensions auxquelles nous nous sommes arrêtés sont notablement supé-
rieures et l'emploi de plaques à grain plus fm permettrait de les augmenter
encore. L'examen détaillé de ces épreuves appellerait bien des re-
marques; nous nous bornons pour le moment aux plus essentielles.
» Nous voyons aisément les rainures signalées par Schmidt à la base
est des Apennins, et que M. Neison a considérées comme trop incertaines
pour les reproduire sur ses cartes. Par contre, la rainure que Schmidt
figure comme faisant trait d'union entre les Apennins et le Caucase n'est
pour nous qu'une dépression simple, à forme nettement linéaire, mais ne
possédant pas deux versants opposés. Une autre rainure, qui part du
cirque d'Archimède et se dirige vers les Apennins, est fort bien visible
sur notre épreuve. Le D'' Weinek, averti de son existence, a vainement
( 259 )
cherché à la retrouver sur deux clichés de Lick, pris sous des éclairages
opposés. Les petites taches très nettes que l'on remarque sur le bord est
d'Archimède, au sud d'Aristillus, en travers du cirque de Lexell, sont des
défauts du cliché primitif. On remarquera qu'ils se distinguent à première
vue des accidents de terrain qui se trouvent dans la même région. Si tou-
tefois une confusion de ce genre paraissait à craindre, on pourra lever l'in-
certitude, ainsi que nous l'avons expliqué, par la comparaison d'épreuves
prises à de courts intervalles. On décidera par là si de faibles différences
de teintes doivent être considérées comme réelles ou comme résultant
d'une irrégularité accidentelle dans l'action chimique. L'examen des agran-
dissements pourrait aussi, dans certains cas, conduire à des interpréta-
tions inexactes, car l'opérateur le plus soigneux ne peut toujours éviter
qu'il ne se produise de petites taches sur les épreuves. Mais ces difficultés
se résoudront de la même manière que pour les clichés directs. Elles
seraient, en tous cas, une source d'erreurs bien moins fréquentes que
celles qui sont inhérentes aux méthodes graphiques.
» En résumé, nos recherches confirment celle du D'' Weinek concer-
nant la valeur scientifique des photographies lunaires obtenues à l'aide
d'instruments à long foyer. Elles les complètent en montrant la possibilité
d'obtenir, par la seule action de la lumière, des agrandissements aussi
clairs, aussi détaillés que les meilleurs dessinsetl'emportant sureuxparleur
effet artistique et leur caractère d'authenticité. Si encourageants que soient
ces premiers résultats, ils ne nous font pas perdre de vue les étapes qui nous
séparent encore de l'exécution d'un atlas lunaire général. Il reste à exa-
miner si nos épreuves pourront fournir de nombreuses reproductions, sur
verre ou sur papier, qui ne leur soient pas trop inférieures. Nous avons
aussi à étudier comparativement la méthode des agrandissements directs,
effectués sur la lunette elle-même. Ce procédé, s'il conduit aux résultats
espérés, aurait le grand avantage de se prêter immédiatement aux tirages
sur papier. D'ailleurs, il est éminemment désirable qu'un travail aussi
considérable, tel que la description générale de la surface, de la Lune, et
qui nécessite des recherches d'une nature très délicate et très variée, soit
poursuivi simultanément par plusieurs établissements scientifiques. La
multiplicité des résultats fournis par des instruments et des observateurs
différents est seule capable de fournir un contrôle rigoureux et d'ouvrir la
voie à de nouveaux progrès. »
( 26o )
CHIMIE. — Sur une nouvelle série de sulfophosphures, les thiohypophosphates ;
par M. C. Friedel.
« Ayant cherché à faire réagir à une température élevée le pentasul-
fure de phosphore sur le fer, j'ai obtenu un composé gris de fer en lamelles
éclatantes, ressemblant au fer oligiste ou au graphite; j'ai reconnu que
c'est un sulfophosphure d'un type nouveau, correspondant parmi les com-
posés oxygénés du phosphore aux sels de l'acide hypophosphorique.
)) Outre le composa ferreux, j'ai préparé ceux d'un certain nombre
d'autres métaux. Tous les métaux sur lesquels j'ai opéré m'ont donné des
résultats satisfaisants et des composés cristallisés. Je ne doute pas que la
série ne puisse s'étendre beaucoup encore. Si je ne l'ai pas complétée jus-
qu'ici, ce sont plutôt les difficultés et les longueurs des analyses qui m'en
ont empêché, que celles de la synthèse pour laquelle un petit nombre
d'heures sont suffisantes.
» Dans mon premier essai, j'avais enfermé, dans un tube en verre dur
scellé à la lampe, du sulfure de phosphore et du fer, et j'avais chauffé le
tube, entouré de clinquant, au rouge sombre, sur une grille à analyse.
Malgré la précaution que l'on avait prise de chauffer moins fortement les
extrémités du tube non soutenues par le clinquant, l'une d'elles avait fini
par se souffler. Néanmoins, le tube renfermait encore de belles lamelles de
sulfophosphure de fer.
» J'ai modifié alors le procédé de protection du tube scellé, et je suis
arrivé à chauffer celui-ci jusqu'à la température de ramollissement du verre,
sans qu'il éclate ou se souffle et voici comment : le tube en verre de
Bohême dur, renfermant le métal et le sulfure de phosphore, ou le soufre
et le phosphore rouge dans les proportions voulues, est fermé à la lampe
de manière à ne pas dépasser une longueur de 20*=" à 25*^™. Il est introduit
dans un tube de fer comme ceux qui servent à protéger les tubes scellés
qu'on chauffe dans les bains d'huile ou dans les blocs Wiesnegg, dans le-
quel on a disposé une couche de sable fin bien sec. Par dessus le tube de
verre, on verse du sable, en le Lassant soigneusement, jusqu'à ce que la
gaine de fer soit entièrement remplie et l'on bouche la gaine. Si celle-ci
est assez longue et a, comme d'ordinaire, 60"^" environ, on peut se servir
d'un bouchon de liège qui sert à maintenir solidement le sable. Les deux
extrémités de la gaîne peuvent même être bouchées de la sorte sans incon-
( 26l )
vénient, pourvu que l'on se contente de chauffer la partie centrale dans
laquelle se trouve le tube, et que les bouchons soient assez éloignés des
portions chauffées au rouge. On peut, en effet, porter dans ces conditions
la partie médiane de la gaîne et, par conséquent, le tube intérieur au
rouge, sans qu'il y ait rupture. Il faut néanmoins pour cela que la gaîne
soit d'une solidité suffisante. J'avais essayé, d'abord, d'employer des étuis
en laiton, mais ceux-ci ne sont pas assez résistants et chaque fois l'appa-
reil a éclaté. Il en est allé de même quand on a employé des gaines de fer
amincies par un long usage. En dehors de ces quelques insuccès, les opé-
rations ont toujours réussi. Je pense d'ailleurs que cette méthode, permet-
tant de chauffer des tubes clos à une température élevée, pourra rendre
des services dans beaucoup d'autres circonstances. Les tubes, lorsqu'on
les retire de la gaine, sont entièrement recouverts de grains de sable qui
se sont incrustés dans le verre. A part cela, ils sont intacts, et, dans les
expériences que j'ai faites, inattaqués à l'intérieur.
)) Après avoir employé d'abord le sulfure de phosphore, et avoir eu
quelque peine à isoler les produits formés, j'ai trouvé préférable, dans la
plupart des cas, pouvant prévoir, par analogie, la composition du sulfo-
phosphure qui devait se former, d'enfermer dans le tube les quantités
nécessaires du métal, de soufre et de phosphore rouge, ce dernier soi-
gneusement lavé à l'eau et à l'alcool, puis séché. Dans ces conditions, le
plus habituellement, on obtient le sulfophosphure à l'état de pureté et cris-
tallisé.
» Il est utile qu'il en soit ainsi, car la purification du produit n'est pas
toujours très facile. Celui de fer, qui a été obtenu plusieurs fois mélangé
d'un excès de sulfophosphure, peut être purifié par un traitement avec
une lessive de soude étendue, qui attaque plus facilement le sulfure de
phosphore que le sulfophosphure, ou mieux encore, en le chauffant jus-
qu'au rouge dans un tube fermé par un bout. Le sulfure de phosphore
distille et se condense sur les parois ; le phosphosulfure de fer résiste à ce
traitement, quand il est chauffé, bien entendu, à l'abri de l'air. Chauffé
il l'air, il brûle avec une flamme où l'on reconnaît la présence du soufre
et du phosphore et en laissant un résidu ferrugineux. A la température
ordinaire, il est inaltérable. Il n'en est pas de même de quelques autres
thiohypophosphates.
» Thiohypophosphate de fer : Ph-S°Fe^. — Lorsqu'on mélange les
proportions convenables de soufre et de phosphore rouge avec un excès
C. R., 1894, 2' Senicsire. (T. CX1\, N» 4.) 34
( 202 )
de fil d'archal, et que l'oa chauffe au rouge le tube préparé comme il a été
dit plus haut, pendant quelques heures, on le trouve garni d'une matière
cristallisée en belles lames hexagonales brillantes d'un gris noir ressemblant
au fer oligiste ou au graphite, flexibles comme ce dernier. Les lames sont
brunes par transparence, quand elles sont très minces et n'agissent pas
sur la lumière polarisée parallèle.
» Elles se séparent facilement du fer en, excès.
» Elles sont attaquables par l'acide azotique seul, et encore mieux par
cet acide avec addition de chlorate de potassium.
» ThiohypopJiosphate d' ahaniniiim. — En chauffant dans le tube de verre
scellé is', 5 d'aluminium, 5^"' de soufre et 2^'' de phosphore rouge bien sec,
on a obtenu une matière blanche, un peu brunâtre par places, en lamelles
cristallines allongées, transparentes, agissant sur la lumière polarisée et
s'éteignant en long. Cette matière se ternit rapidement à l'air et est dé-
composée par l'eau avec dégagement d'hydrogène sulfuré.
» Thiohypophosphate de zinc. — En chauffant de même et en propor-
tions variées le zinc, le phosphore et le soufre, on a obtenu des masses
cristallines d'un jaune très pâle, mélangées encore de sulfure de phosphore
d'un jaune plus vif. Tout le zinc n'était d'ailleurs pas attaqué. Il est de tous
les métaux sur lesquels j'ai opéré celui qui se prête le moins facilement à la
transformation en phosphosulfure et à la préparation du dérivé à l'état de
pureté.
» Dans une expérience dans laquelle le tube avait fait explosion, on a
trouvé des cristaux blancs transparents, brillants, en aiguilles, en croûtes
ou en cristaux isolés, sans action sur la lumière polarisée, qui, d'après leur
aspect et leurs propriétés n'étaient autre chose que de la blende.
» Thiohypophosphate de cuivre : Ph-S''Cu-. — Lorsqu'on chauffe dans le
tube du fil de cuivre avec les quantités correspondantes de soufre et de
phosphore, on voit que le fil de cuivre est transformé en une matière jaune
brun, friable, transparente. Elle est formée de petits cristaux en aiguilles
rayonnant de l'axe à la surface et qui agissent fortement sur la lumière
polarisée, s'éteignant dans le sens de la longueur. Il n'a pas été possible
d'en déterminer la forme cristalline.
» Sur les parois du tube, il était resté une très petite quantité d'une
matière d'un rouge de réalgar, ayant l'odeur du phosphore et prenant feu
à l'air.
» Les chiffres obtenus sont assez approchés pour qu'il ne soit guère
( 263 )
possible He douter de la formule qui doit être attribuée au composé. C'est
un dérivé cuivreux.
» Thiohypophosphate de plomb : Ph- S' Pb". — En chauffant dans un tube
scellé 2^'' de plomb, 2^"" de phosphore rouge et 5'^'' de soufre, on obtient
une masse cristalline orangée qui attire l'humidité de l'air. Chauffée à
l'ébullition avec de l'eau, la masse est attaquée avec dégagement d'hydro-
gène sulfuré; au bout d'un certain temps, l'attaque cesse et la masse est
transformée en une poudre cristalline jaune orangé agissant fortement sur
la lumière polarisée et sur laquelle l'eau est sans action. On l'a ainsi débar-
rassée de l'excès de sulfure de phosphore qui y était mélangé.
» La forme cristalline n'a pas pu être déterminée; mais on a pu me-
surer sur les grains cristallins, qui présentent des faces brillantes et mul-
tiples, un angle de 76", 5o à 77".
» Une deuxième portion, celle qui a servi à l'analyse II et qui n'a pas
été traitée par l'eau bouillante, a été obtenue en chauffant ensemble 4^' . i4
de plomb, i^'",92 de soufre et o?'',62 de phosphore.
)) Thiohypophosphate d'argent : Ph^S^Ag''. — On a chauffé pendant quel-
ques heures 28'",i6 d'argent, 1^'', 92 de soufre et 0^,62 de phosphore.
» On a obtenu vine masse cristalline jaune de soufre, qui brunit lors-
qu'on la chauffe et qui, au rouge, brûle avec une flamme de phosphore
en laissant une matière brune cassante.
» Thiohypophosphate de n«e/-CMre ; Ph^S^Hg-. — 6^'' de mercure, i^^" de
phosphore, 3'''^ de soufre ayant été chauffés ensemble, dans un tube scellé,
ont donné une masse cristalline jaune de soufre; il restait une petite quan-
tité de sulfure de phosphore en gouttes non cristallisées. Les lames cristal-
lines, facilement clivables, agissent fortement sur la lumière polarisée et
montrent, en lumière convergente, un système d'anneaux excentré.
)) L'eau les attaque lentement à l'ébullition avec dégagement d'hydro-
gène sulfuré. Avec la potasse, l'attaque est plus rapide et il reste un résidu
de sulfure de mercure.
» On a pu, en opérant avec précaution et en présence d'un excès de
sulfure de phosphore, sublimer dans le vide une certaine quantité de
la matière. Le sulfure de phosphore se condense plus loin. Lorsqu'on
chauffe brusquement, il y a décomposition et formation de produits noirs.
Dans un tube large, la matière s'enflamme d'abord, puis une partie se
sublime.
» La matière jaune noircit peu à peu à la lumière. Certaines préparations
( 264 )
faites avec un petit excès de mercure sont, par places, colorées en orangé,
sans doute par suite de la présence d'une petite quantité de cinabre.
» Thiohypophosphales d'élain : Ph'S*Sn= et Ph-S''Sn. —On a obtenu
deux composés assez différents d'aspect suivant les proportions d'étain, de
soufre et de phosphore que l'on a fait réagir.
» En employant 2S'',36 d'étain, i^%92 de soufre et oe'',62 de phosphore,
on a relire des tubes une belle matière cristalline d'un jaune orangé.
)) L'ébullition avec l'eau l'attaque avec dégagement d'hydrogène sul-
furé. Avec la potasse légèrement étendue d'eau, le produit se dissout assez
rapidement et complètement. C'est même la meilleure manière de le
dissoudre pour le soumettre à l'analyse. L'analyse a présenté d'assez
grandes difficultés. 'On n'est arrivé à des résultats satisfaisants qu'en se
servant de la méthode électrolytique après dissolution dans la potasse avec
ou sans addition de soufre.
» Dans la liqueur privée d'étain, on a dosé le phosphore et le soufre,
ce dernier lorsqu'on n'avait pas été obligé d'en ajouter une certaine
quantité.
» Quand on a employé i^'', 18 d'étain, i^"", 92 de soufre et oS'",G2 de phos-
phore, on a obtenu une masse cristalline fondue, rayonnée, brun-jaunàtre
s'altérant à l'air en devenant opaque et jaune et en dégageant de l'hydro-
gène sulfuré.
» Ce dernier composé est le dérivé stannique, le précédent étant le dé-
rivé stanneux.
» On voit donc que l'on a obtenu ainsi une série de corps bien définis
qu'il convient d'envisager comme des thiohypophosphales ayant pour for-
Ph— S^M"
mule générale ^S
Pbs/g')M"
» Berzéliusa décrit un certain nombre de sulfophosphures obtenus par
voie sèche, par l'action des sulfures de phosphore sur les sulfures métalli-
ques ou du soufre sur les phosphures métalliques; mais aucun n'appartient
à la série qui vient d'être décrite. Ils correspondent aux types Ph-S-M",
Ph=S^M"S Ph=S'M"= (Pogg. Afin., t. LIX, p. 4G7). »
( 265 )
GÉOLOGIE . — Sur deux menhirs trouves dans les bois de Meudon ;
par M. Bertiielot.
« Les gisements de grès ne sont pas rares aux environs de Paris; on
exploite cette roche en carrière à Chàtillon, dans la vallée de l'Yvette et
ailleurs, et l'on rencontre des échantillons disséminés en bien des en-
droits. Les champs du Haut-Sèvres en contenaient un certain nombre, il v a
cinquante ans. Ils donnaient leur nom à la Sente des Grès, devenue depuis
la rue des Grès; mais ils ont disparu, ayant été exploités lors de la con-
struction récente des villas avoisinantes. On peut même apercevoir encore
un fragment de grès en roche, dans un sentier qui monte en pente rapide
le long du mur du parc de Meudon, près de l'étang de Trivaux.
» Aussi, lorsque j'ai eu occasion d'apercevoir près delà fontaine des
Lynx, autrement dite de Sainte-Marie, au-dessus de Fleury, au carrefour
de la Garenne, dans l'intérieur de la forêt de Meudon, une roche de grès de
forme singulière, récemment mise au jour par suite d'une coupe des bois
faiteil y a deux ans, ma première pensé e a-t-elle été de vérifier si cette roche
ne serait pas un fragment naturel demeuré en place. Elle était connue
des agents forestiers, comme on devait s'y attendre; mais elle n'a pas été
signalée dans les cartes des monuments mégalithiques, publiés par la
Commission archéologique des Gaules, ou inscrits dans ses dossiers; notre
Confrère, M. Alexandre Bertrand, Directeur du Musée de Saint-Germain,
si compétent dans ces questions, et à qui je m'adressai d'abord, n'en avait
aucune connaissance. C'est ce qui m'a engagé à en faire l'examen, après
autorisation gracieusement accordée par le Directeur des Forêts. Je l'ai fait
déchausser, de façon à en reconnaître la base; j'ai pratiqué des fouilles à
ses deux extrémités et j'ai dégagé complètement une seconde roche sem-
blable, gisant sous la terre, à un mètre plus loin.
» La roche principale est une table de grès, à peu près triangidaire,
dressée verticalement sur l'une de ses tranches et tronquée au sommet.
Elle est haute de 2™, 5, large à la base de 2", 5, au sommet de o^jGS en-
viron. Elle est épaisse de o™,G à la base, deo'",5 un peu au-dessous du
sommet, où elle se rétrécit brusquement jusqu'à o"", 3. Le sommet tronqué
est constitué par un petit parallélogramme horizontal, de o'^jÔj sur o™,3
environ. L'orientation de la pierre, c'est-à-dire la direction du plan ver-
( 266 )
tical tracé entre les deux faces dressées, est celle du Levant : ainsi les
deux faces verticales sont dirigées l'une vers le nord, l'autre vers le midi.
» Ces divers caractères rappellent ceux des menhirs, trouvés en bien des
endroits de la France. Mais, pour établir la véritable nature de la pierre, il
était nécessaire d'examiner la base. Une fouille pratiquée avec précaution
l'a mise à nu tout entière et j'ai pu constater que la pierre n'était pas
implantée sur roche, ou dans une couche de sable siliceux avec laquelle
elle aurait fait corps, comme il arrive dans la forêt de Fontainebleau.
» Sa base est très nettement isolée et posée horizontalement sur un sol
purement argileux. En d'autres termes, elle a été dressée à cette place,
après avoir été apportée d'une distance plus ou moins considérable : peut-
être de la région de la porte de Châtillon, située à i*"", 5 environ, où se
trouvent d'anciennes carrières de grès; les bois les plus voisins ne renfer-
ment pas de roche semblable.
» J'ai pratiqué une fouille sous la tête orientale de la pierre ; il s'y trou-
vait des meulières plates, empilées, mêlées d'argile, sans autre objet. Le
sol portait d'ailleurs en ce point les traces d'un remaniement plus moderne,
mais dont il est impossible de fixer la date. Sous la roche même, aucun
remaniement, non plus qu'à son extrémité occidentale.
» En avant du menhir dressé que je viens de décrire, la fouille a permis
d'en reconnaître un second, celui-là renversé, un peu plus petit. Il a la
forme d'une table pentagonaie, irrégulière; la plus grande dimension est
de 2™ entre deux angles opposés; on mesure i™, 8 de la pointe à la base.
L'épaisseur est la même que celle de la première, c'est-à-dire qu'elle varie
de o'",G5 à o'",35. Ce menhir a glissé à une certaine époque, sur une forte
meulière plate qui le calait, et que j'ai pu extraire, après avoir fait soulever
le menhir avec des leviers. Aucun autre objet ne s'y trouvait et le sol infé-
rieur n'était pas remanié. D'après la position actuelle de ce second men-
hir, son orientation, lorsqu'il était dressé, était probablement la même
que celle du premier qu'il précédait. J'ai fait poursuivre la fouille plus loin
et faire des sondages dans cette direction, avec l'espérance de rencontrer
soit d'autres menhirs, soit peut-être un dolmen; mais sans rien observer
de plus.
» Jj'existence de ces deux menhirs dans le bois de Meudon doit être
rapprochée de celle du dolmen ne grès découvert, il y a quarante ans
environ, dans l'avenue du château de Meudon et qui se trouve aujourd'hui
sur la terrasse, ainsi que des ateliers de l'âge de pierre, signalés dans le
( 207 )
bois de Clamarl par M. Rivière ('). L'endroit où gisent les menhirs est in»
téressant : c'est une région remplie de sources, résultant du drainage de la
plaine de Chàtillon et arrêtées au niveau de la couche d'argile imperméable.
Elles -alimentent les étangs (artificiels) de Trivaux, de Chalais, de Ville-
bon. Ces sources ont dû attirer l'attention des anciens habitants de la con-
trée sur le point oîi ils érigèrent autrefois les deux menhirs que je viens
de signaler. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination de deux de
ses Membres qui devront faire partie de la Commission de vérification des
comptes.
MM. DE BussY et AIadrice Lévy réunissent la majorité des suffrages.
MEMOIRES PRESENTES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la réduction d'un système différentiel quel-
conque à une forme complètement intégrable. Mémoire de M. Riquier,
présenté par M. Picard. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Darboux, Picard, Appell.)
« Ce Mémoire contient l'exposé détaillé de mes recherches sur la théo-
rie générale des systèmes différentiels. Ses conclusions, que j'ai déjà for-
mulées dans diverses Notes communiquées à l'Académie, peuvent se résu-
mer comme il suit :
» Étant, donné un système différentiel impliquant à la fois un nombre
quelconque de fonctions inconnues et un nombre quelconque de variables indé-
pendantes, de simples éliminations, combinées avec des différenliations, per-
mettent, dans les circonstances générales, de les ramener d'abord à une forme
complètement intégrable, dont l'ordre est presque toujours supérieur à i , puis
de proche en proche à une forme linéaire et complètement intégrable du pre-
mier ordre. «
(') Comptes rendus, t. CI, 1190; i885.
( 268 )
M, Béraud adresse une nouvelle série de couleurs de cobalt, destinées
à la peinture sur porcelaine.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. F. Becié adresse deA^ickovar (Autriche-Hongrie) une Note relative
à un mode de traitement des vignes phylloxérées.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
' CORRESPONDANCE.
M. le 3I1NISTUE DU Commerce, de l'Industrie, des Postes et des Télé-
CKAPHES invile l'Académie à lui présenter une liste de candidats pour la
chaire de Constructions civiles, actuellement vacante au Conservatoire na-
tional des Arts et Métiers.
(Renvoi à la Section de Mécanique. )
ÉLECTRICITÉ. — Sur le pouvoir inducteur spécifique du verre. Note de M. F.
Beaulard, présentée par M. Lippmann.
(c La détermination du pouvoir inducteur spécifique du verre présente
des difficultés particulières, qui tiennent à la nature même du phénomène
qui est complexe; aussi la valeur numérique de ce coefficient est-elle mal
déterminée : les nombres trouvés par les différents auteurs présentent
des écarts parfois considérables, et n'obéissent pas, en général, à la loi de
Maxwell.
» Je me suis proposé d'étudier principalement \ influence du temps de
charge, et de chercher, par un artifice particulier, la valeur du pouvoir in-
ducteur spécifique du verre, pour un temps de charge égal à zéro.
» La méthode employée est la méthode balistique; elle consiste à lancer
successivement dans un galvanomètre le courant de charge du condensa-
teur avec ou sans lame de verre. Il est nécessaire de tenir compte de
l'amortissement toujours sensible et d'en corriger la déviation galvanomé-
trique.
» Le condensateur employé est formé de plateaux rectangulaires en bois
( 269)
recouverts d'étain et séparés par des cales d'ébonite ; pour éliminer l'in-
fluence des bords, j'ai utilisé une méthode particulière (*) indiquée par
M. Blondlot et employée déjà par M. Pérot.
» Soient A la capacité [en unités électrostatiques (G. S.)] du condensateur
à air, B la capacité du même condensateur à lame de verre, et x la correc-
tion due à l'influence des bords. Si l'on désigne par E l'épaisseur des cales
isolantes, par e l'épaisseur de la lame de verre (^), inférieure à la distance
des plateaux, par e la différence E — e, et enfin par S la surface collectrice
des plateaux, on a
où k désigne le pouvoir inducteur spécifique.
» En retranchant, pour éliminer x, il vient, après simplifications,
. . . ,-H(B-A)Ce
(^) ^•=,_(B-A)Cs'
en posant, pour abréger,
(3) G = ^4^ -•
^ ■' Se
)) On a opéré avec des temps de charge variables de un demi-centième à
huit centièmes de seconde obtenus par une disposition spéciale. Le con-
densateur était chargé au moyen de piles Daniel (98 volts) ou de piles
Gouy (208 volts ou 69 volts).
» Le plateau collecteur communique avec le pôle -+- de la pile dont le
pôle — est au sol; le plateau condensateur est au sol par l'intermédiaire
du fil du galvanomètre, lequel est, par suite, parcouru par le courant de
charge du condensateur. On opère, successivement, pour un temps de
charge donné avec ou sans lame de verre.
» Les résultats sont représentés par une courbe; on porte les temps en
abcisses O^, et les déviations du balistique (proportionnelles aux charges)
en ordonnées Oy.
» La courbe relative au verre part de l'origine, s'élève rapidement, en-
suite tourne en présentant sa concavité vers l'axe Ox, ensuite elle devient
rectiligne ; mais cette portion rectiligne de la courbe n'est pas parallèle à
(') Comptes rendus, l. CXV, p. 38; 1892.
(') Lame de Sainl-Gobain légèrement opaque.
G. R., iSa4, 2- Semestre. (T. C\I\, N° 4.) 35
( 270 )
l'axe des temps, à cause de la conductibilité des cales isolantes d'ébonite.
Le prolongement de cette droite vient couper l'axe vertical Oy en un certain
point qui correspond à la déviation D que l'on aurait en opérant pendant un
temps de charge nul ( ' ).
» On a, pour exprimer B, la relation
(4) Bx\'=5-^D,
où Y représente le potentiel de charge et g ^ la constante balistique; de
même, pour le condensateur à air, on a
(5) ' AxV=^o-_Ld';
on calcule K par la formule (2)
» Pour faire varier les temps de charge, on interpose entre le conden-
sateur et la pile une machine d'Alwood (-) dont la règle verticale ordinaire
est en ébonite et porte deux poulies dont on peut faire varier l'écartement.
Un cordon de soie passe dans les gorges des deux poulies; il a été, sur une
fraction de sa longueur, rendu conducteur. A cet effet, il a été entouré d'un
mince fil de cuivre. Le courant de la pile arrive à l'axe de l'une des pou-
lies tandis que l'axe de la seconde communique avec le condensateur.
» Pendant la chute, le courant passe lorsque la partie conductrice
touche à la fois les deux poulies; on fait varier le temps de charge en aug-
mentant la distance des axes de rotation. On a, au préalable, étalonné ces
distances en fonction des durées de charge.
» La moyenne d'un certain nombre d'expériences faites à des époques
différentes et avec des potentiels de charges variables a donné pour k la
valeur de 3,9.
» La courbe des charges en fonction des temps permet une vérification
théorique importante.
» Soient E la force électromotrice de la pile, v le potentiel du collecteur
au temps t, G la capacité du condensateur, R la résistance du circuit, et Q
(') Si l'on fait une seconde série de mesures, on constate que cette partie rectiligne
est moins oblique à l'axe O a; et se rapproche davantage de l'horizontale; mais son
prolongement coupe l'axe Oy au même point que dans le cas précédent. Cela tient à
une diminution de la conductibilité de l'ébonite.
(2) Disposition déjà employée par M. Pérot {Journal de\Pliysique, 2= série, t. X;
avril 1891).
( 271 )
la charge au temps t, on a
(6) €R*+.. = E. .= f = C*,
d'où l'on déduit facilement la relation
Q — CE se détermine sur la courbe (à un facteur près), ainsi que -j= qui
est un coefficient angulaire de tangente à la courbe; on vérifie, très exac-
tement, que le quotient
0-CE
dt
est constant (" ). »
ÉLKCTROCHIMIE. — Sur l'électroh'se. du sulfate de cuivre. Note
de M. A. Chassy, présentée par M. Lippmann.
« Si l'on clectrolyse du sulfate de cuivre à chaud, on obtient, dans un
grand nombre de cas, un dépôt rouge violacé remarquable. A ioo° par
exemple, avec une densité de courant d'environ un centième d'ampère par
centimètre carré, une solution saturée de sulfate de cuivre pur donne
sur une électrode en platine un beau dépôt, qui, examiné au microscope,
présente de magnifiques cristaux d'un rouge vif, dont les formes dérivent
du cube et de l'octaèdre.
» Le dépôt n'est pas toujours homogène; si l'on diminue la tempéra-
ture de décomposition, on obtient de petites masses cristallines jaune rou-
geàtre de cuivre, disséminées à travers les cristaux rouges. Plus la tempé-
rature est basse, plus la proportion de cuivre métallique est grande. Ainsi,
vers 4o° on obtient seulement quelques cristaux rouges isolés. Une aug-
mentation de la densité du courant ou une diminution de la concentration
produisent le même effet qu'un abaissement de la température de l'expé-
rience. Dans tous les cas, pour obtenir les cristaux rouges, il faut une so-
lution presque neutre; l'expérience réussit aussi bien avec un liquide privé
d'air par une ébuUition prolongée.
(') Ce travail a été effectué au laboratoire de Physique de la Faculté des Sciences
de Marseille.
( 272 )
» En analysant, par la méthode si précise de M. Riche, le dépôt, quand
il ne présente au microscope aucune partie de cuivre jaune, on trouve
qu'il représente exactement du sous-oxyde rouge de cuivre, de sorte que
les cristaux considérés sont des cristaux de cuprite artificielle.
» Un autre fait intéressant à noter est la différence entre le poids de ce
dépôt et le poids de celui que l'on obtient à l'électrode négative d'un vol-
tamètre à sulfate de cuivre froid, en série avec le voltamètre chaud. Le
poids du dépôt dans ce dernier surpasse toujours beaucoup celui qui cor-
respondrait à l'oxydation du cuivre déposé dans la solution froide. Le rap-
port entre les deux dépôts est égal environ à i,35 dans de bonnes condi-
tions; or le rapport serait seulement égal à i , 12 si le dépôt du voltamètre
chaud ne provenait que de l'oxydation d'une quantité de cuivre déposée
égale à celle de l'autre voltamètre. Si, dans la solution à 100°, on met une
plaque en cuivre, de même dimension que la lame de platine sur laquelle
se dépose la cuprite, et pendant le même temps, on obtient bien une
légère augmentation de poids, correspondant à une faible oxydation, mais
cette augmentation est presque négligeable par rapport à la différence de
poids des dépôts des deux voltamètres en série.
» Quant à la diminution de poids de l'électrode positive en cuivre dans
la solution chaude, elle est toujours plus petite que l'augmentation de
l'autre électrode, par suite de cette faible oxydation du cuivre à chaud. Il
faut donc se garder de déduire l'intensité d'un courant, de mesures faites
avec une solution chaude de sulfate de cuivre; il y a déjà une faible
erreur quand le sel est légèrement acidulé et que la densité du courant est
assez grande, mais l'erreur est beaucoup plus importante avec le sel
neutre et une faible densité de courant. »
CHIMIE MIXÉRALE. — Sur l'acier manganèse. Note de M. H. Lk Chatelier,
présentée par M. Daubrée.
« L'acier manganèse, alliage de fer et de manganèse (i3 pour 100 Mn),
qui a été découvert, il y a quelques années, par M. Hadfield, le savant
directeur de Helda Works à Sheffîeld, possède des propriétés extrêmement
singulières. Ce métal n'est pour ainsi dire pas magnétique; de tous les
alliages du fer, c'est celui qui présente la résistance électrique la plus éle-
vée, 1°*"" pour I™ de longueur et i™" de diamètre; enfin, il est d'autant
plus malléable qu'il a été trempé plus énergiquement. J'ai antérieure-
( 273)
ment ( ' ) donné quelques indications sommaires sur la variation de sa ré-
sistance électrique avec la température, en annonçant que je reviendrais
ultérieurement sur cette question. J'avais en effet rencontré, dans ces
expériences, des anomalies qu'il m'avait été jusqu'ici impossible d'expli-
quer.
» M. Hadfield, continuant de son côté l'étude de cet alliage a reconnu
récemment qu'il en existait une seconde variété allotropique, laquelle est
magnétique. Il avait obtenu cette nouvelle variété en recuisant, pendant
une dizaine de jours, à une température élevée, l'acier manganèse ordinaire.
L'existence de ces deux variétés allotropiques donne immédiatement l'ex-
plication des anomalies que présentaient mes anciennes expériences; elles
avaient, en effet, porté, sans que je m'en fusse rendu compte, tantôt sur
l'une, tantôt sur l'autre de ces variétés.
» Quelques expériences récentes m'ont permis de préciser les condi-
tions de transformation des deux variétés de l'acier manganèse l'une dans
l'autre. Pour transformer le mêlai non magnétique en métal magnétique,
il faut le recuire à des températures comprises entre 5oo° et 65o°; à la tem-
pérature de SSo", qui m'a paru être la plus favorable, la durée de la trans-
formation complète est comprise entre une heure et deux heures. Poiu-
transformer le métal magnétique en métal non magnétique, il faut le
chauffer à une température égale ou supérieure à 800°, et le refroidir assez
rapidement pour empêcher la transformation inverse de se produire entre
5oo° et 600°. Seulement, comme cette vitesse de transformation est très
faible, il suffit d'une vitesse de refroidissement également très faible pour
l'empêcher de se produire. Le refroidissement spontané à l'air suffit dans
tous les cas, pour obtenir le résultat voulu. Ce fait est analogue à celui
qui se produit pour certains aciers au chrome ou au tungstène, qui trem-
pent complètement par simple refroidissement à l'air. La seule différence
est que, dans le cas de ces deux derniers métaux, la transformation sup-
primée par la trempe est celle du carbure de fer, tandis que, dans le
cas de l'acier manganèse, c'est la transformation de la variété non magné-
tique du métal qui est empêchée.
» Les deux Tableaux ci-après donnent la variation de la résistance
électrique et la dilatation en fonction de la température, pour les deux va-
riétés de l'acier manganèse :
(') Comptes rendus, 10 février 1890.
( 274 )
Résistance électrique d'un fil de i""" de longueur et i"™,/4 de diamètre.
Température lo» 90° 3oo° Soo" 635° 730° SSo" 965° 1020°
. j non magnétique. i",o6 i",i9 i",44 i",65 » » ï"',^?) » i",97
"'^'^"*^® j magnétique o",88 o'-'.gg i",27 i»-,» i",7 iw,79 » i«,93 i'-,97
Dilatation d'une tige de loo""™ de longueur.
Température 280° Soo" 680» 83o° 990° 1060°
Dilatation o"",35 o">'°,67 i^^.oS i™°',43 i'""',97 2""', 09
» Les deux courbes de résistance électrique se rencontrent à 740° et,
pour les températures supérieures, se confondent l'une avec l'autre. Cela
montre que cette température de 740" est celle de transformation des deux
variétés du métal; dr, cette même température est précisément pour le fer
doux celle de passage de l'état magnétique à l'état non magnétique. Cela
conduirait à supposer que l'acier manganèse est constitué par un mélange
mécanique de fer et d'une combinaison définie de fer et manganèse qui,
dans aucun cas, ne serait magnétique; le fer seul éprouverait sa transfor-
mation normale, elle se ferait seulement plus lentement en raison de la
présence de la combinaison manganésée.
» La dilatation des deux variétés d'acier manganèse a été trouvée la
même, ce qui exclurait l'existence d'un changement de dimension au point
de transformation. L'acier manganèse trempé à Veau éprouve immé-
diatement par le recuit une contraction définitive de o"'™,4 sur 100"
-.iniu
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'élher métaphtalocUcyanacètîque.
Note de M. Locheii, présentée par M. Friedel.
« Dans notre dernière Communication ('), nous avons décrit la prépa-
ration et les propriétés de l'cther paraphtalodicyanacétique. Nous résu-
mons aujourd'hui l'histoire du dérivé en meta :
C=H'(^^Q^|-i-4CHNa.C00Cn-P
f:^\\^^.,.. /CA
IZ
\CAz
(') Comptes rendus, t. CXIX, p. 1
( '-^75 )
» Ce composé se prépare comme son isomère en para; i66'',2 d'élher cyaiiacétique
sodé sec et bien pulvérisé sont mis en suspension dans 65s'' d'élher anhydre; on ajoute
68', 19 de chlorure d'isophtaljle dissous dans iSs'' d'étlier, et l'on abandonne pendant
vingt-quatre heures, en agitant de temps à autre. La condensation est alors terminée;
on achève l'opération comme nous l'avons indiqué pour l'éther en para.
» L'éther métaphtalodicjanacétique est l'analogue complet de son isomère en para.
1! cristallise en aiguilles blanches, microscopiques, fondant nettement à rgio-iga"; il
est insoluble dans l'eau, très soluble dans le chloroforme, soluble dans les autres dis-
solvants organiques.
» L'eau bouillante, les alcalis et les acides forts le décomposent en éther cyanacé-
tique et acide métaphtalique.
» Ce corps est un acide bibasique qu'on peut titrer à la phénolphtaléine, en solution
hydroalcoolique.
» Nous avons préparé et analysé en outre :
» Le sel diarffentiqiie C^^W'Ag-Az^O^, poudre blanche, amorphe, insoluble dans
l'eau et noircissant à la lumière.
H Le sel cuivrique C"H'*Cu Az'0*4- 2II-O, composé vert qui perd son eau de
cristallisation dans le vide.
» Le sel ferriqite (C"H" Az'^0'')'/e- poudre brun-rougeâtre, ayant l'apparence
cristalline, insoluble dans l'eau et dans les dissolvants organiques.
» Le sel aw7?ionjaca/C'*H"Az20°(AzH')^, poudre blanche cristalline, soluble dans
l'eau et fondant à iSqo-iSS", en perdant du gaz ammoniac.
/GAz
.,.,, _,. ,, ,.„„,,, /C0-C.CH3.C00C='H^ ^ ., . • r -,
» L ether aimelhyleyJ'W ^ „^ „ ^,,, ^^„^,,,t-Let ether se produit lacile-
■' \C0 — CCH'.COOG^H^ "^
\CAz
ment en partant du sel diargentique; on opère de la façon suivante :
» Une molécule du sel diargentique sec et bien pulvérisé est mise en suspension
dans 20'^'= d'alcool méthylique dans un ballon, muni d'un réfrigérant ascendant; on y
ajoute deux molécules d'iodure de méthyie et on chauffe pendant une heure au bain-
marie. L'iodure d'argent se précipite, tandis que l'éther diméthylé reste en solution.
Ayant filtré, on évapore une partie de l'alcool et on laisse cristalliser. On obtient ainsi
l'éther sous la forme de cristaux blancs et brillants. Après une seule cristallisation
dans l'alcool méthylique, le corps est parfaitement pur.
» L'éther mélaphlalodiméthyldicyanacétique cristallise en fines aiguilles blanches
microscopiques, fondant à 188°. Il est insoluble dans l'eau et dans les solutions alca-
lines, soluble dans les dissolvants organiques.
Az — AzII — C'tP
//
I j-, 1 ^,„, /C-CH.(CAz).C00CMI-5 n A- ■ ■
)) La dihydrazone C^ll\ ,, i^ii/rK \ rr\{\rïvi- • ~" ^^ dérive se prépare avec
Az — AzH — C^H»
la même facilité que celui de l'isomère en para; on opère au sein du chloroforme et
on fait cristalliser le produit dans l'alcool absolu.
» La dihydrazone cristallise en aiguilles blanches microscopiques, rougissant à l'air;
( 276 )
elle est insoluble dans l'eau, très peu soluble dans tous les dissolvants organiques et
fond à 26o°-26i° ('). Elle est décomposée à chaud par l'eau, les alcalis et les acides.
» Nos deux éthers phtalodicyanacétiques sont les isomères de l'éther
orthophtalodicyanacétique que M. MuUer a obtenu en faisant réagir à
froid le chlorure de phtalyle ordinaire sur l'éther sodocyanacétique. Dans
cette réaction il se forme en plus de l'éther orlhophtalyl/nowocyanacé-
tiqueC»H'.C'0-':C(CAz)COOC-H' (=■); nous avons essayé de préparer
Tisomère de ce corps en partant du chlorure de meta- et paraphtalyle.
Bien que nous nous soyons placé dans les conditions les plus variées,
nous n'avons pas réussi à isoler un produit répondant à la formule
CH^^ ^C(^ ij , g (1,3 ou 1,4)- Nous ne nions pas la possibilité
de l'existence d'un pareil composé; mais nous pouvons affirmer que,
d'après nos expériences, ce produit doit posséder une grande instabi-
lité ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Combinaisons organo-metaliiques du bornéol, du
camphre et du camphre monochloré, avec le chlorure d'aluminium. Note
de M. G. Perrier, présentée par M. Friedel.
« Bornéol et chlorure d'aluminium. — Lorsqu'on chauffe au bain-marie,
vers 70° et 80°, 2 molécules de bornéol pulvérisé et i molécule de chlo-
rure d'aluminium anhydre récemment préparé, il se produit une réaction
vive sans dégagement sensible d'acide chlorhydrique; la masse se liquéfie
en partie. En chauffant vers 110° à 120°, on complète la réaction, et l'on
obtient un liquide bien homogène qui, par refroidissement, se prend en
une masse cristalline jaune-brun; cette dernière, traitée par l'eau, régé-
nère le bornéol.
» Si l'on répète la même expérience en présence de sulfure de carbone,
on obtient un produit bien défini, sous forme de cristaux volumineux. Ce
nouveau produit se dissociant dans une quantité trop grande de sulfure de
carbone, il est important d'opérer de la façon suivante :
» Dans un ballon de i5o'^", contenant los'' de bornéol (2 molécules), dissous dans
(') Nous avons donné par erreur le même point de fusion à l'hydrazone para
( Comptes rendus, t. GXIX, p. i65 ; le vrai point de fusion de ce dérivé est 267''-268°.
(^) Annales de Chimie et de Physique, 7° série, t. I, p. 499-
(^) Travail fait à l'Institut chimique de Nancy (Laboratoire de M. Haller).
( 277 )
4o'"' de sulfure (le carbone, on ajoute 8s'' de chlorure (raluminlum (i molécule). La
combinaison s'eflectue à la température ordinaire avec un dégagement de chaleur
assez considérable. On achève la réaction en chauffant le ballon au bain-marie et au
réfrigérant ascendant pendant une demi-heure environ.
» 11 s'est formé une liqueur rouge foncé parfaitement limpide, qui, par refroidisse-
ment, laisse cristalliser le nouveau produit.
M II se présente tantôt en petites lamelles hexagonales roses, tantôt en
cristaux volumineux atteignant parfois une longueur de plusieurs centi-
mètres. La coloration rose est due à des traces d'impureté et à l'action de
la lumière.
» Ce produit est très altérable à l'air; le benzène, le toluène et le clilo-
roforine le décomposent en partie à chaud avec dégagement d'acide chlor-
hydrique. L'eau le décompose assez viveiment, en donnant une solution
de chlorure d'aluminium et régénérant le bornéol.
» Soumis à l'analyse, les cristaux ont donné des résultats qui correspon-
dent à la formule (C'^H'^O)- Al-Cl".
» Camphre et chlorure d'aluminium. — Le camphre et le chlorure
d'aluminium se combinent dans les mêmes conditions, pour donner un
produit analogue au précédent. Ce dernier se dissociant dans un excès de
sulfure de carbone, nous employons les proportions suivantes : lo^"^ de
camphre (2 molécules), loo^"' de sulfure de carbone, Q^'^de chlorure d'alu-
minium (i molécule).
)) La combinaison obtenue est très altérable à l'air; la lumière la co-
lore en rouge; elle se présente parfois en petites lamelles, mais le plus
souvent en grandes lamelles atteignant plusieiu's centimètres.
» L'eau la décompose en régénérant le camphre.
» L'analyse conduit à la formule (C'»H"0)^APCl«.
» Le camphre monochloré, fondant à 97", se combine également au
chlorure d'aluminium. Le produit obtenu est parfaitement cristallisé; ce
sont de grandes lamelles nacrées, blanches, très altérables à l'air, décom-
posables par l'eau et répondant à la formule (C"'H''ClO)^Al^ Cl'.
M Le perchlorure de fer anhydre donne également des combinaisons
avec ces trois corps. Ces combinaisons n'ont pas encore été analy-
sées ('). »
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Chimie de la Faculté des Sciences de
Caen.
C. R., 1894. a' Semestre. (T. CXIX, N° 4.) 36
( 278 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un acide nouveau, l'acide isocamphohque.
Note de M. Guerbet, présentée par M. Friedel.
« Les résidus de la préparation de l'acide campholiqiie par le procédé
que j'ai indiqué (') renferment un acide de même composition, pour lequel
je propose le nom d'acide isocamphohque.
» Je rappelle brièvement la mélhode que j'ai employée pour la préparation de
l'acide campholique; elle consiste essentiellement, comme l'a indiqué le premier
M. de Montgolfier (^), à préparer un mélange de camplire. camphre sodé et bornéol
sodé qu'on enferme dans des tubes scellés. Ceux-ci sont alors chauffés à aSo^-ago", au
bain d'huile pendant vingt-quatre heures, puis leur contenu est jeté dans l'eau chaude
où il se désagrège. On obtient ainsi une solution brune surnagée d'un liquide noirâtre
qu'on sépare par décantation. La solution aqueuse est alors additionnée d'acide
chlorhydrique de façon à lui laisser une réaction à peine alcaline à la phtaléine du
phénol. Il se sépare une matière jaune brun qu'on enlève, et le liquide est soumis à
l'action d'un courant d'acide carbonique qui précipite l'acide campholique. On re-
cueille celui-ci sur une toile et l'on fait de nouveau passer le courant d'acide carbo-
nique dans la solution. Si l'on a soin de refroidir, avec de la glace, le flacon où s'ef-
fectue la précipitation, on arrive ainsi à débarrasser la solution de presque tout
l'acide campholique qu'elle renferme.
» On la traite alors par un excès d'acide chlorhydrique qui précipite une matière
visqueuse peu colorée ayant une forte odeur valérianique, et qu'on sépare. Elle con-
tient de l'acide campholique et d'autres acides parmi lesquels l'acide isocampholique.
» Pour se débarrasser de l'acide campholique, on profile de la propriété que
possède ce corps de ne pas donner l'élher correspondant quand on traite par l'acide
chlorhydrique sa solution dans l'alcool absolu, tandis que l'acide isocampholique
s'éthérifie dans ces conditions. La matière visqueuse est donc dissoute dans l'éther
sulfurique et la solution est desséchée sur le chlorure de calcium. On distille l'éther,
on ajoute au résidu son poids d'alcool absolu et on sature d'acide chlorhydrique à 0°.
On abandonne le mélange douze heures à la température ordinaire, puis on étend
d'une grande quantité d'eau. Le liquide huileux qui vient surnager est décanté etlavé
avec une solution étendue de soude qui enlève l'acide campholique. Lnfin, l'éther
élhylisocampholique brut est lavé, séché sur le chlorure de calcium et soumis à la
distillation fractionnée. On ne peut arriver à l'avoir pur par ce procédé qu'après un
grand nombre de distillations et il vaut mieux, pour gagner du temps et avoir un
meilleur rendement, saponifier par la potasse alcoolique la portion de l'éther isocam-
pholique qui bout entre 21 5° et 240°, puis transformer en sel de chaux l'acide régénéré
(') Bull, de la Société chimique, 3° série, t. IX, p. 426.
(^) Ann. de Chiin. et de Phys., 5= série, t. XIV, p. ici.
( 279 )
et purifier ce sel par plusieurs cristallisations dans l'alcool absolu. On le transforme en-
suite en l'éther étiiylique correspondant par l'alcool et l'acide chlorhydrique, puis on
purifie cet élher par distillation fractionnée. L'éther passe entre 224° et 234°. Après
quatre rectifications environ la moitié du produit passe entre 228° et 229°.
» On saponifie de nouveau cet étiier par la potasse alcoolique, on sèche l'acide ré-
généré sur le chlorure de calcium et on le distille sous pression réduite. Il bout à
iSoo-iSi" sous 6"^", 5 de mercure.
» Sa composition répond à la formule G'^H'^O', comme le montre l'analyse.
» Sa densité de vapeur qui a été prise par la méthode de M. V. Meyer,
dans la vapeur de mercure, s'éloigne un peu de la densité théorique pour
la formule C'^H'^O" : trouvé, 4.90; calculé, 5,88. Cette différence est
due, sans aucun doute, à la décomposition partielle de l'acide à la tempé-
rature de l'opération, car la détermination des densités de vapeur des
éthers méthylique et élhylique correspondants donne des chiffres con-
formes à la théorie :
Densité de vapeur Densité de vapeur
de l'isocanipholate de méUiylc. de l'isocampholale d'éthylc.
Trouvé. Calculé. Trouvé. Calcuîc.
6,43 6,3; 6,85 6,85
L'acide a donc bien pour formule C"* H"0*.
» Il se comporte d'ailleurs comme un acide monobasique, comme l'a
montré l'analvse des sels d'argent, de cuivre, de chaux, de baryte.
» Sa formation, à partir du camphre, peut être figurée comme celle de
l'acide campholique par la formule
C'^l'^O + Il-O = C'Mr'O-.
» L'acide isocampholique est un liquide incolore, de consistance hui-
leuse; son odeur est désagréable et rappelle un peu celle de l'acide valé-
rianique.
)) Il bout à 1 80°- 181" sous G""", 5 de mercure, et à 256°-257'' avec
décomposition partielle à la pression ordinaire. Sa densité à 0° est 0,9941.
Son pouvoir rotatoire est a,, = 4- 24°. 38' (une molécule par litre d'alcool).
w 11 est presque insoluble dans l'eau, miscible à l'alcool et à l'éther. Il
ne fixe pas le brome. Ses sels cristallisent sans difficulté soit dans l'eau,
soit dans l'alcool ou dans l'éther.
» Éther inéthylisocaniplialique G'"!!'" (CH')O^. — Liquide incolore, de consistance
huileuse. Il bout à 2i6''-2i8', et a pour densité à 0°, 0,9093.
( 28o )
» Éther éthylisocamplwUque C"'H"(C-H5)0^ — Liquide incoioie, luiileu\,
d'odeur très désagréable. Sa densité à o» est 0,9477-
» Amide isocamplwlique G'"H"AzO. — L'isocampholate d'ammoniaque, chauffé
■A 210" pendant six heures, se transforme en une amide correspondante, comme le
montre l'analyse du produit formé.
» Cristallisée dans l'eau bouillante, elle se présente en paillettes nacrées assez solu-
bles à chaud, presque insolubles à froid dans l'eau; elle se dissout, au contraire, très
facilement dans l'alcool et dans l'élher. Elle fond à 116°.
M Contrairement à l'acide campholique, son isomère se comporte comme un acide
fort avec les réactifs colorés, n'est pas précipité par l'acide carbonique de ses dissolu-
tions alcalines, est éthérifié à la température ordinaire par l'action de l'alcool et de
l'acide chlorhjdrique et l'éther formé est saponifiable par les alcalis.
» Les propriétés de l'acide isocanipiioliqiie et de ses dérivés montrent
qu'il ne peut être confondu avec aucun des acides de même composition
connus jusqu'à ce jour. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du pentachlorure de phosphore sur la
quinone tétrachlorée. Note de M. Et. Baural, présentée par
M. Friedel.
« En chauffant à i3o°-i4o° un mélange de i molécule de quinone et de 2 molécules
de pentachlorure de phosphore, on voit la masse solide se liquéfier très lentement en
un liquide jaune. Cette réaction, qui demande trois jours pour s'effectuer dans ces
conditions, se fait plus rapidement en vingt-quatre ou trente heures, si l'on ajoute un
peu de triclilorure de phosphore.
» Le produit solide, blanc, obtenu par refroidissement, est projeté dans l'eau, lavé,
séché et traité par le benzène chaud qui laisse un résidu abondant, presque insoluble,
probablement du phosphate de pentachlorophénol.
» La solution benzénique abandonne, par évaporation très lente, un mélange de
longues aiguilles de lienzène hexachloré et de gros prismes de biclilorure de benzène
hexachloré, imprégnés d'une matière huileuse jaune à odeur de quinones chlorées. Le
chlorure de Julin étant soluble dans tous les dissolvants du bichlorure de benzène
hexachloré, celui-ci doit être séparé mécaniquement et purifié par plusieurs cristalli-
sations.
» Le produit obtenu est identique au bichlorure de benzène hexachloré, qui a fait le
sujet d'une précédente Communication (') : il cristallise en longs prismes dans la ligroïne
et l'élher de pétrole, en gros prismes clinorhombiques dans le benzène.
» Ces cristaux fondent à i59°-i6o'' et donnent, à l'analyse, des résultats correspondant
à la formule C^Cl*.
(') Comptes rendus, 7 mai 1894.
( 2«I )
» Le biclilorure de benzène he\achloré se volatilise, sans décomposition, quand on
le maintient fondu à une température inférieure à 200°; mais il se décompose, au-
dessus de cette température, en chlore et benzène hexachloré. Toutefois, en présence
du pentaclilorure de phos})liore, la décomposition a lieu à une température bien infé-
rieure à 200°; cela explique pourquoi M. Graebe n'a obtenu que du benzène hexa-
chloré en chauffant à 180° du chloranile avec du pentachlorure de phosphore.
0 L'acide azotique fumant dissout lentement, à chaud, le bichlorure de benzène
hexachloré; la solution, maintenue pendant plusieurs heures au bain-marie bouillant,
laisse déposer peu à peu des cristaux jaunes de quinone tétrachlorée.
« La transformation en bichlorure de benzène hexachloré, obtenue par
la quinone tétrachlorée, dont les deux atomes d'oxygène sont dans la po-
sition para, la formation inverse du chloranile par oxydation du bichlorure
de benzène hexachloré, donnent la constitution de ces deux corps, et, par
suite, celle de la quinone :
CCI2 C=:0 C = 0
CIC/^CCI CIG,/\CC1 HC./^CH
C =
= 0
Cl G
|l II
CCI
Cl G
Il II
CCI
Cl G I' 1 1 C Cl Cl G II II G Cl lie II II CH
CCP C = 0 Gz=0
Parabichlorure de benzène Quinone lélrachlorée. Quinone.
hexachloré.
» Le corps obtenu par l'action du pentachlorure de phosphore sur le
chloranile est donc le parabichlorure de benzène hexachloré.
» Le chloranile est une dicétone chlorée, et la quinone une dicétone (^'). »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur l' essence de Pelargonium de la Reunion. Note
de MM. Pu. Barbier et L. Bouveault, présentée par M. Friedel.
« L'essence de Pelargonium ne paraît pas avoir été étudiée jusqu'ici
d'une manière approfondie. Les travaux de .Tacobsen et de Setnmler
semblent se rapporter plutôt à l'essence extraite de V Andropogon Schœ-
nanlhus désignée dans le commerce sous le nom à'essence de géranium
indou. MM. Bertram et Gildmeister, dans une récente publication, ont
affirmé l'identité de trois alcools isomères savoir : le Lémonol (Géraniol)
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Chimie médicale, à la Faculté de Méde-
cine de Lyon.
( 282 )
de l'essence à' Andropogon Schœnanthus, l'alcool C'"H"0 de l'essence de
Pelargonium et le Rhodinol de l'essence de roses.
» Nos recherches sur l'essence de Pelargonium dont nous donnons ici
les premiers résultats nous permettent de croire que les deux chimistes
allemands sont dansJ'erreur, au moins pour ce qui est relatif à l'essence de
Pelargonium.
» Si l'on soumet à la distillation clans le vide l'essence de Pelargonium brute qui
est colorée en jaune verdàtre assez foncé, il passe à basse température des composés
volatils et d'odeur désagréable, puis les trois quarts de l'essence passent de 90° à laS".
Le thermomètre monte régulièrement et s'arrête seulement assez longtemps à ii5°.
U reste un résidu visqueux assez abondant qui est constitué par un mélange des éthers
d'un alcool que nous Avons trouvé identique à celui qui forme la portion principale.
» Nous saponifions au préalable l'essence brute par la potasse alcoolique. La solu-
tion alcaline contient des acides qui existaient dans l'essence à l'état d'éther; nous
reviendrons plus tard sur ces acides.
» Le liquide huileux est ensuite rigoureusement rectifié dans le vide jusqu'à 125°,
il reste une faible proportion (7 pour 100 de l'essence) d'un liquide très coloré qui
n'a été étudié que superficiellement.
» La rectification dans le vide (10""") du liquide saponifié a fourni : ^i au-dessous
de 80°; \ de 80° à 100°; J bouillantà ii5°-ii6°; la portion ioo"-ii5°, assez abondante
au début, disparaît complètement pendant la rectification.
» Les portions bouillant au-dessous de 80°, très peu abondantes, n'ont
pas été étudiées; notre examen a surtout porté sur les fractions So^-ioo"
et ii5°-it6°.
» Ces deux fractions possèdent exactement la même composition répondant à la for-
mule C'^H'^O; la portion principale bouillant à ii5°-ii6° possède une densité à 0°
égale à 0,8866; sous une épaisseur de 20'^"', elle dévie de — i2°28'. Ce composé est
huileux, incolore ; possédant une très forte odeur de roses, nous l'appellerons provi-
soirement Rhodinol du Pelarganium. Il donne par l'anhydride acétique un acétate
liquide bouillant à 120° sous une pression de 10™™. Cet éther saponifié régénère le
Rhodinol pur présentant une odeur moins forte mais plus suave que celle du corps
primitif; la densité à 0° est devenue égale à 0,8826 et sous une épaisseur de 20"^™ il ne
dévie plus que de 7° 12'. Dans une prochaine Note nous ferons connaître les expé-
riences qui nous ont permis d'établir sa constitution.
» La portion inférieure (Soo-ioo") présente de grandes ressemblances avec le Lica-
rèol dont elle a la composition ; son odeur elle-même s'en rapproche, quoiqu'elle soit
modifiée par une assez forte odeur de menthe. Nous l'avons traitée par l'anhydride
acétique pour voir si elle se comportait comme le licaréol. Ce traitement fournit une
quantité notable d'hydrocarbure bouillant de 60" à 80° dans le vide et d'éther acétique
bouillant aux environs de 120°; mais la moitié environ du produit n'a pas été altérée
même par l'emploi d'un excès d'anhydride.
( 283 )
)) Nous avons constaté que cette fraction, Ijouillant surtout de 90" à gS", était une
acétone. Elle ne réduit pas le nitrate d'argent ammoniacal, elle ne se combine pas au
bisulfite, mais elle fournit une oxime qui donne un dérivé acétylé par l'action de l'an-
hydride acétique. Pour purifier cette acétone nous l'avons entièrement transformée
en oxime à l'aide du réactif de Crismer. Cette ovime bout à i35°-i4o°, sous 10™™.
» Nous l'avons ensuite décomposée par ébullilion avec l'acide sulfurique à 25 pour
100. L'acétone pure bout à 94° sous 10""°; elle possède une très vive et très agréable
odeur de menthe poivrée; soumise à l'analyse, elle a donné des nombres compris
entre ceux exigés par les formules C'H'^O etCH'^O; traitée en dissolution dans la
ligroïne légère par l'acide bromhydrique gazeux et sec, elle fixe une quantité d'hy-
dracide égale aux deux tiers de la quantité théoriquement exigée par une acétone
non saturée de formule C'^H'^O. Cette expérience, rapprochée de l'analyse mentionnée
ci-dessus, montre que cette substance est un mélange de deux acétones, l'une saturée
C'^H'^O, identique ou isomérique avec le menthone, et l'autre non saturée C'°n'^0
sur la constitution de laquelle il est impossible de se prononcer actuellement, mais
qui cependant nous paraît différente de la pulégone.
» Quoi qu'il en soit, le mélange de ces deux corps fournit abondamment par oxy-
dation de la diméthvicétone et de l'acide fi-méthyladipique CH'-O* fusible à 84°.
Nous reviendrons plus tard sur ce point intéressant.
» L'alcool qui accompagne cette acétone et qui a été transformé en acétate par
l'anhydride acétique peut être obtenu directement en traitant le mélange des deux
corps par le réactif de Crismer. On le sépare aisément par distillation de l'oxime qui
prend naissance. C'est un liquide incolore bouillant à 89° sous 10™'" et dont la densité
à 0° est 0,8820.
» L'alcool régénéré de l'acétate possède la même composition, mais ses propriétés
physiques sont considérablement modifiées. Il bouta 117° sous 10™™ et possède une
odeur assez indistincte. Cet alcool est identique au licarhodol de même que l'alcool
primitif est identique au licarèol, car l'oxydation par le mélange chromique le trans-
forme en un acide fixe très soluble dans l'eau, moins soluble dans l'éther et qui n'est
autre que l'acide lérébique fusible à 174".
» Nous avons retiré les acides de la solution alcaline qui a servi à sapo-
nifier l'essence de Pelargoniiim hriite; ces acides sont constitués par un
mélange d'acides acétique, isobutyrique, isovalérianiqiie, tiglique, et une
petite quantité d'un acide bouillant à 250°, probablement C"H"CO^H?
Tous ces acides sont contenus dans l'essence à l'état d'éthers.
» L'acide tiglique a été caractérisé par son point de fusion 64°, 5, l'ana-
lyse du sel de baiyum (C^H'O^)-Ba + 4H-O; nous avons en outre con-
staté qu'il fixe du brome en donnant de l'acide dibromovalérianique
fusible à 87°, déjà connu, et dans lequel nous avons dosé le brome.
» Nous avons isolé en outre un composé liquide fortement coloré en
bleu, bouillant vers i65''-i70° sous lo""", dont nous n'avons pas fait l'étude,
mais qui nous parait être l'éther oxyde (C"'H'')- = 0.
( 284)
» Les portions liquides qui bouillent en dernier lieu laissent déposer
une substance cristalline fusible à 63", qui paraît se comporter comme le
stéaroptène de l'essence de roses.
» En résumé, on voit, par ce qui précède, que l'essence de Pelargonium
renferme au moins six substances différentes parmi lesquelles domine le
rhodinol du Pelargonium dont l'étude, actuellement terminée, fera l'objet
d'un prochain Mémoire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la condensation de l'aldéhyde formique avec les
alcools de la série grasse en présence d'acide chlorhydrique. Note de M. C.
Favre ('), présentée par M. P. Schûtzenberger.
« En i838, MM. Wurtz et Frapolli firent réagir l'acide chlorhydrique
gazeux sur un mélange d'aldéhyde et d'alcool, ils obtinrent ainsi de l'oxyde
d'éthyle monochloré d'après l'équation
CH'COH + CH'CH^OH + HCl = CH'CH=. O.CH' CHCl + H^O.
» J'ai préparé en m'appuyant sur cette réaction toute une série d'éthers
raonochlorés dérivant de l'aldéhyde formique et des alcools de la série
grasse, d'après la réaction HCOH + ROH -h HCl = CH-Cl.OR + H^O.
» La préparation de ces corps se fait de la façon suivante :
» On fait un mélange d'aldéhyde formique commerciale à [\o pour loo avec un
léger excès sur la quantité théorique de l'alcool à étudier. La solution aldéhydique
se mélange facilement avec tous les alcools, même les alcools isobutylique et amy-
lique. Dans le mélange on fait passer un courant d'acide chlorhydrique, en refroidis-
sant par un courant d'eau rapide; en effet, réchauffement produit par la réaction est
considérable et peut donner lieu à la formation de produits secondaires.
» Au bout d'un certain temps, le produit se sépare en deux couches. La couche
inférieure, légèrement jaunâtre pour les alcools à basse molécule et fortement colorée
en rouge pour les supérieurs, est formée d'un mélange d'eau et d'alcool en excès, le
tout saturé d'acide chlorhydrique. La couche supérieure, complètement incolore, est
formée de l'oxyde chloré, qu'il suffit de fractionner pour purifier.
» Les composés sont d'autant plus instables que la molécule est plus
basse; ils fument tous au contact de l'air en répandant l'odeur d'aldéhyde
formique et d'acide chlorhydrique. L'eau décompose ces produits en don-
(') École de Physique et de Chimie, Laboratoire d'études et de recherches.
( 285 )
nant de l'aldéhyde formique, de l'alcool et de l'acide chlorhydrique. Plus
la molécule est basse, plus rapide est la décomposition. Alors que le dérivé
méthylique se dissout instantanément avec dégagement de chaleur, le
dérivé amylique ne se dédouble que très lentement.
» Wurtz et FrapoUi en faisant réagir une molécule d'alcoolate de so-
dium sur l'oxyde chloré ont obtenu l'acétal d'aprèsia réaction
CH'.CHCl.O.CH-.CH' -t-CH'CH-'ONa
= NaCl + GH'.CH :(OCH-CH»)^
» Cette réaction se produit également en employant simplement l'alcool.
J'en ai profité pour préparer tous les formais correspondants aux éthers
chlorés; le procédé permet également d'obtenir les formais mixtes de la
formule générale CH^^ dont je poursuis l'étude.
» Pour faire les formais, on met l'éther monochloré en présence d'un
léger excès d'alcool et l'on chauffe au réfrigérant ascendant pendant deux
ou trois heures, puis on lave à la soude concentrée pour enlever l'acide
chlorhydrique en excès, celui-ci décomposant les formais à la distillation.
J'ai obtenu ainsi une série de ces composés préparés d'une autre façon par
MM. Trillat et Cambier {Comptes rendus, t. CXVIII, p. 1277).
» On obtient, dans ces préparations, des rendements d'autant meilleurs
que la molécule est plus élevée. Deux tours de fractionnement fournissent
un produit très pur.
» Je résume ici les résultats obtenus :
» I. Alcool méthylique. — A. Oxyde de méthyle chloré : CH'CI.O.CH^ (déjà ob-
tenu par M. Friedel en traitant l'oxvde de méthyle par le chlore).
Eb. =59,5, D.-\- = I, i5o8, «,5=1,389.
» B. Formai diméthylique : CWiOCW)''.
Éb. = 45,5, D.i^=: 0,872. «,9=1,356.
» II. Alcool éthylique. — A. Oxyde d'élhyle et de méthyle chloré :
CH2Cl.o.CH^CH^
L'isomère de ce corps CH'.OCHCl.GH* a été obtenu de la même façon par M. Ruben-
kamp au moyen de l'aldéhyde ordinaire et de l'alcool méthylique.
Eb. r= 80, D.^:= 1,023, lli^-r: \ ,[^ol.
» B. Formai diéthylique : CWiOC^W)-.
Éb.=r74, D. V=o,83i, «,,=11,369.
G. K., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N°4.) ^'J
( 286 )
j) III. Alcool propylique normal. — A. Oxyde de propyle el de méthyle chlore :
CH^CH^CH^ocH2Cl.
Éb.=: 113,5, D. •'^ = 0,985, «,3 = 1,409.
» B. Formai dipropylique : CW-i^OC^W'Y.
Éb. =140,5, 0.^ = 0,827, «,,= 1,391.
Il IV. Alcool isobutylique. — A. Oxyde disobalyle el méthyle chloré :
(CHS)2.CH.CH^0.CH^CI.
Éb. = i3i°, D. V°=0)947> «1, -i,4io.
.) B. Formai diisobulylicjue : CH'iOC-WY.
Éb. = 164,5, 0.14^ = 0,837, «15-1,400.
» V. Alcool amylique — A. Oxyde d'amyle et de méthyle chloré :
(CH')-.CH.CH».CH20CH^C1.
Éb. = i54, D.-!^= 1,066, «,3=1,425.
.; B. Formai diamylirjue : CH'(OCnV')'.
Éb. = 207,5, D. 15^ = 0,841, «19=1,412. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur Vexistence de l'eau oxygénée dans les plantes
vertes. Note de M. A. Bach, présentée par M. Schiitzenberger.
« Dans une Note antérieure (' ), j'ai exposé sur le mécanisme chimique
tle la réduction de l'acide carbonique dans les plantes à chlorophylle une
nouvelle hypothèse, suivant laquelle 3 molécules d'acide carbonique hy-
draté CO^H- entrent en réaction pour fournir i molécule d'aldéhyde for-
mique et 2 molécules d'acide percarboniquc hydraté CO'H^. Ce dernier,
aussitôt formé, se décompose en anhydride carbonique, eau et oxygène,
en engendrant de l'eau oxygénée comme produit intermédiaire.
» Par une série d'expériences, et notamment par mon expérience avec
l'acétate d'urane et la diéthylaniline Ç), j'ai démontré que, sous l'influence
de la radiation solaire, l'acide carbonique se décompose en aldéhyde for-
(') Comptes rendus, 1893.
(■) }fonitetir scienli/î(/iie. seplembre iSgS, ]). 669 à 685.
( 287 ,)
mique et en un corps oxjclaiil dont l'action est analogue à celle de l'eau
oxygénée. Etant donnés ces résultats, il était intéressant de rechercher,
par des réactifs sûrs, si efTectiveraent les plantes vertes renferment de l'eau
oxygénée au moment de l'assimilation de l'acide carbonique.
» Je rappellerai que, signalé pour la première fois par M. J. Cler-
mont ('), le fait de l'existence de l'eau oxygénée dans les plantes a été
combattu par M. Belluès (*), affirmé de nouveau par M. Wurster (^)
et encore une fois contesté par M. Borkony (* ).
» Avant tout, j'ai cherché à me rendre compte jusqu'à quel point les
réactifs usuels de l'eau oxygénée peuvent être utilisés pour la recherche
de cette substance dans les plantes. Voici les résultats auxquels je suis
arrivé.
» 1° Tétramelhylparaphénylènediamine. — C'est par ce réactif que
M. Wurster croit avoir démontré la présence de l'eau oxygénée dans les
plantes. Mais l'auteur reconnaît lui-même que le réactif est tellement sen-
sible qu'il se colore déjà par le chlorure de calcium et par la glycérine,
par suite de l'absorption d'oxygène par ces substances. M. Borkony affirme
que l'eau agitée à l'air suffit pour provoquer la coloration da papier télra .
Cette sensibilité dépasse certainement le but et, comme le réactif est, en
outre, commun à l'acide azoteux et à l'eau oxygénée, les résultats qu'il
fournit sont toujours contestables.
» 2° Teinture de gayac en présence de diaslase. — Ce réactif est d'une
préparation et d'un maniement trop délicats et incertains pour mériter
confiance. C'est ainsi que l'eau pure agitée à l'air le colore en bleu (réac-
tion caractéristique de l'eau oxygénée) : 1° lorsque la résine employée pour
la teinture n'a pas été découpée à l'intérieur d'un gros morceau; 2° lorsque
l'alcool employé avait subi l'action de la lumière ; 3° lorsqu'on opère en
présence d'une trace d'ammoniaque ou d'un autre alcali, etc. En outre,
l'action sur ce réactif des substances contenues dans les feuilles est totale-
ment inconnue.
)) 3" lodure de potassium-amidon en présence de sulfate ferreux. — Pai-
une série d'expériences, j'ai acquis la certitude qu'en présence de sub-
(') Comptes rendus, t. LXXX, ]). iSgi.
(') Berichle d. deut. Cliem. Ges., l. XII, p. i36.
(3) Berichle, p. i525; 1888.
{•-) Ibid.. p. i848; 1888.
( 288 )
stances non saturées susceptibles d'absorber de l'iode, et les plantes en
renferment toujours, ce réactif perd toute sa valeur. Voici un exemple :
» J'ai préparé une solution très étendue d'eau oxygénée et, au moyen d'une bu-
rette, j'ai déterminé la quantité de cette solution nécessaire pour provoquer la colora-
lion dans 5" de réactif; trouvé : o"''', 7. Après addition de 5" d'un extrait de feuilles
(obtenu en faisant macérer, à l'obscurité, des feuilles dans de l'eau légèrement acidu-
lée par l'acide sulfurique) à la même quantité de réactif, il a fallu employer 73"'^, 5 de
la solution deau oxvgénée pour obtenir un commencement de coloration! De plus, le
réactif, préalablement bleui par l'eau oxygénée, s'est rapidement décoloré par l'addi-
tion du même extrait de feuilles.
» 4° Bioxyde de titane en solution sulfurique. — Tous les expérimenta-
teurs s'accordent à reconnaître que c'est le réactif le plus sur de l'eau oxy-
génée. Ayant constaté, par ce réactif, la présence d'eau oxygénée dans des
extraits de feuilles, j'ai fait un certain nombre de dosages quantitatifs, en
me servant de la méthode coloriniétrique. Mais, en étudiant l'action de la
solution titanique sur différentes substances dont la présence pouvait être
supposée dans les extraits, j'ai trouvé que le tannin donne, avec ce réactif,
absolument la même coloration que l'eau oxygénée.
» D'autre part, dans tous les extraits sans exception, j'ai constaté la
présence du tannin. Donc, pour la recherche de l'eau oxygénée dans les
plantes, la valeur de ce réactif est nulle.
» 5° Acétate d'urane. — Une solution à i pour 100 de ce sel donne,
avec une trace d'eau oxygénée, un léger trouble jaune verdàtre qui ne dis-
paraît pas par l'addition d'acide acétique. Mais cette solution se trouble
également par une trace d'albumine ou de tannin, et le trouble ne dispa-
raît qu'incomplètement par l'addition d'acide acétique.
» 6" Bichromate de potasse-éther. — Déjà très peu sensible par lui-même,
ce réactif le devient encore beaucoup moins en présence d'une solution de
tannin ou d'un extrait de feuilles. Dans les deux cas, le tannin semble
absorber l'oxygène de l'eau oxygénée, et empêche la réaction de se pro-
duire.
)) En résumé, aucun des réactifs usuels de l'eau oxvgénée ne peut
donner de résultats siirs et incontestables, en ce qui concerne l'existence
de cette substance dans les plantes. On a tout aussi peu de raisons d'affir-
mer cette existence que de la nier (' ). «
(') Travail commencé au laboratoire de M. Schijtzenberger, au Collège de France,
et terminé au laboratoire de l'auteur, à la campagne.
( 289 )
CHIMIE VÉGÉTALE. — De la présence de plusieurs chlorophylles clislincles
dans une même espèce végétale. Note de M. A. Etard, présentée par
M. Henri Moissan.
« Dans de précédentes Communications, je me suis occupé de quelques
principes que les dissolvants neutres peuvent extraire des feuilles des
phanérogames. Même après la mort des plantes, ces principes, variables
avec les végétaux, sont encore, si l'on arrive à bien les connaître, des té-
moins valables de la biologie de l'espèce. D'ailleurs, l'étude des réactions
chimiques sur la cellule vivante est illusoire, car les réactifs la modifient
aussitôt et un très grand nombre de composés définis concourent à ])ro-
(iuiie des effets chimiques ou optiques qu'on est en droit d'attribuer
aussi bien au protoplasma qu'aux nombreux éléments du grain chloro-
phyllien.
» Dans les produits d'extraction des feuilles par un dissolvant neutre,
le sulfure de carbone, on trouve d'abord des alcools élevés mono- ou
pluriatomiques. ^Ces alcools cristallisés et incolores retiennent avec une
extrême ténacité la chlorophylle par voie de teinture. On a ainsi des sub-
stances vertes cristallisant et recristallisant sans aucune difficulté dans
l'acide acétique ou d'autres dissolvants. Ce sont, d'après mes expériences,
ces corps qui ont reçu les noms à' hypochlorine , puis de chlorophyllane .
Dans certaines espèces, le véritable pigment vert des plantes peut aussi
cristalliser, ainsi que nous le savons déjà par les belles recherches de M. Ar-
mand Gautier, mais seulement après de longues et minutieuses purifi-
cations.
)) A la suite de mes premières études sur la séparation et l'analyse des
principes des feuilles de divers végétaux, je me suis proposé de négliger
provisoirement les extraits incolores, et de concentrer mes efforts sur une
espèce unique et abondante, en vue d'en extraire assez de matière colo-
rante pour entreprendre les purifications nécessaires. On peut ainsi essayer
de trancher la question de savoir s'il y a, dans les espèces vertes, une chlo-
rophylle unique ou plusieurs chlorophylles. Déjà on a dit, sans l'avoir
prouvé par des analyses, que les fougères, les conifères et les algues avaient
une chlorophvlle spéciale.
)) Dans le présent travail, je me suis uniquement occupé de la luzerne
{Medicago sativa).
( ^9" )
» On a fauché un peu avant la floraison 5oo'"i d'une culture pure, il a été obtenu
48o''s qui, après dessiccation à l'ombre et séparation aussi complète que possible des
tiges, ont laissé 5o''s de feuilles sèches. Cette récolte épuisée par le sulfure de carbone
donne Soo"'"' d'extrait, soit i,6 pour loo. En en séparant le médicagol déjà décrit, il ne
reste que 280s"' d'un extrait encore complexe, mais déjà riche en pigments verts. Cela
représente o,56 pour 100 de la plante sèche et on ne peut tenter à moins des sépara-
tions utiles.
» Lorsque le sulfure de carbone n'enlève plus rien à la luzerne restant encore verte
on épuise celle-ci par l'alcool à 85°. Il se dissout des extraits, des glucoses, etc. La
teinture alcoolique est d'un- vert très intens^e, la plante se décolore complètement et
après distillation de l'alcool on peut séparer ii^e, 35o d'une sorte de graisse contenant
la totalité de la chlorophylle que le végétal retenait encore.
» La matière vert^ provenant des solutions alcooliques est parfaitement soluble
dans le sulfure de carbone; si celui-ci n'a pu l'enlever aux corps chlorophylliens dès
le début, cela montre qu'elle y est retenue sous forme de combinaison et, comme je l'ai
constaté par l'analyse, à ce qu'elle est de nature chimique dilTérente.
» Des nombres qui précèdent on peut conclure qu'après purification
complète il n'y aurait pas plus de 20''^ de matière colorante par hectare de
Itizerne. Ainsi 2^'' de matière active par mètre carré et sur une hauteur
d'environ o'",3o, qui est celle de la plante, suffisent pour assurer les réac-
tions de la synthèse végétale.
» La couche superficielle qui impressionne efficacement l'œil ne dé-
passant pas o™, o5, on peut dire que oe%333 de chlorophylle par mètre
carré assurent une coloration intense, et cependant les grains chloro-
phylliens placés dans la profondeur du parenchyme n'influent pas.
» En poids, la luzerne vivante est colorée par environ So^^"^ de pigment
vert au kilogramme.
« De l'ensemble des matières chlorophylliennes, extraites aussi bien par
le sulfure de carbone que par l'alcool, j'ai pu séparer jusqu'à présent
quatre chlorophylles distinctes, parfaitement définies, et qui ont été ana-
lysées. Elles seront décrites séparément.
» L'une de ces chlorophylles provient de l'extrait sulfocarbonique de
luzerne : elle se prépare en appliquant la méthode d'analyse que j'ai dé-
crite. On malaxe l'extrait solide avec de l'alcool froid, qui laisse le médi-
cagol ; le nouvel extrait alcoolique solide est repris par l'éther, et ce
dernier, chassé à son tour, est remplacé par du pentane qui, à la faveur
d'une trace d'éther, dissout d'abord toute la chlorophylle, mais un excès
de pentane rend les impuretés négligeables et précipite bientôt une portion
de la matière colorante, restant après séparation définitivement insoluble
dans ce carbure pur.
( 291 )
» Cette première chlorophylle de la luzerne est amorphe, de consistance
molle, à reflets bleuâtres et puissamment colorante. Soluble dans le sul-
fure de carbone et insoluble dans l'eau, elle est exempte d'extraits, de
tannins, de gommes, de glucoses, d'acides végétaux. Insoluble dans le
pentane, elle ne contient ni graisses, ni huiles, ni acides gras élevés. Ce
sont là des caractères de pureté, corroborés par la présence de 0,88 pour 100
de cendres seulement; la chlorophylle de Hoppe-Seyler en contenait
1,45 pour 100. La solution dans l'acide acétique glacial est d'un vert
intense avec dichroïsme rouge; étendue au 7^'^^, la coloration se voit
encore bien sur So*^". La chlorophylle, insoluble dans le pentane, est plus
dense que l'eau; insoluble dans la potasse concentrée, elle se dissout dans
les alcalis très étendus, d'où les acides et même le sel marin la précipitent :
c'est un corps à fonction acide très faible. En solution ammoniopotassique,
il y a, par le nitrate d'argent, formation de miroir sur les tubes maintenus
au bain-marie. Toutes les chlorophylles que j'ai vues présentent cette
réaction remarquable, en accord avec la mobilité de leurs fonctions dans
les plantes.
» Pour le distinguer d'autres que j'aurais à décrire, je désignerai le
pigment vert dont il est ici question sous le nom de médicagophylle-x.
» Le poids moléculaire de cette matière, pris en solution acétique par
la méthode de Raoult, adonné 4^5. La formule (^-'H''AzO* représente
un poids moléculaire de 459. ce qui est dans les limites de l'expérimenta-
tion pour les corps élevés (').
» La faible quantité de cendres que j'ai obtenue montre qu'il n'y a pas
lieu d'en tenir compte pour établir le poids moléculaire des chlorophylles,
que je viens d'ailleurs de fixer pour la première fois, par la méthode plus
certaine de la cryoscopie.
» La médicagophylle-7. ne cristallise pas, ce qui ne peut surprendre
pour une matière liée aux transformations de la vie. Cela ne l'empêche
d'être une espèce définie par ses réactions au même titre que les tannins,
la gélatine, l'huile de ricin, le gluten et diverses autres substances. «
( ' ) Analyse : C =z -2,j ; 72,8, 11 = 9, 6; 9,6, Az = 3,o; 3,3.
La l'orunile précitée exige 73,2; 9,8; 3,o.
( 292 )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Recherches sur les cames de la toxicité
du sérum du sang. Note de MM. Mairet et Bosc, présentée par
M. Bouchard.
« Nous avons fait une série d'expériences relativement à l'injection
intra-veineuse du sérum sanguin d'un animal (homme, chien) à un animal
d'espèce différente (lapin). Ces expériences nous ont montré que, dans
ces conditions :
)) i" Le sérum sanguin entraîne la mort à des doses relativement faibles
et légèrement variables suivant l'espèce animale. Ainsi tandis qu'il faut, en
moyenne, 15"^*= de sérum humain pour tuer un kilogramme de lapin, il faut
21"", 5 de sérum de chien pour obtenir les mêmes résultats.
» 2° Le sérum tue toujours par coagulation ; on retrouve, à l'autopsie,
des thromboses qui peuvent occuper tout ou partie du système veineux.
Le sérum du sang de chien a des propriétés coagulatrices plus actives que
le sérum du sang de l'homme.
« 3° Toutefois, si le sérum tue par coagulation, il possède, à côté de ses
propriétés coagulatrices, des propriétés toxiques très nettes. Il est possible
de séparer ces deux espèces de propriétés, en détruisant l'une d'elles :
lorsqu'on ajoute au sérum une certaine quantité de chlorure de sodium et
de sulfate de soude, on supprime la propriété coagulatrice, les propriétés
toxiques persistant seules. Il en est de même lorsqu'on traite le sérum,
pendant trois quarts d'heure, par la chaleur à 5 2°-.') 3°.
» 4° Lorsqu'on étudie comparativement les effets physiologiques pro-
duits par le sérum privé ou non de ses propriétés coagulatrices, on trouve
que ces effets ont, dans l'un et l'autre cas, la pins grande analogie, si bien
qu'on est amené à conclure que la propriété coagulatrice du sérum est
une propriété qui se développe rapidement, à un moment donné de l'in-
toxication et presque à la limite de l'action toxique, surajoutant ainsi ses
effets nocifs aux effets toxiques.
» Les expériences qui nous ont amenés aux conclusions qui précèdent
viennent d'être communiquées à la Société de Biologie (séances des i6,
22 juin, 7 et 22 juillet 1894). Nous ne les rappellerons pas ici, voulant
nous borner à relater les recherches qui nous ont permis de séparer les ma-
tières coagulatrices des matières toxiques, et de déterminer leur nature.
( 293 )
» En Irailant le sérum par la chaleur nous avons acquis la conviclion
que les propriétés coagulalrices et les propriétés toxiques, tout en élant
distinctes, devaient être cependant attribuées à des substances de nature
très voisine. En effet, le degré de chaleur nécessaire pour abolir les pro-
priétés coagulatrices atténue déjà très fortement les propriétés toxiques;
et, comme la plupart des auteurs pensent que les propriétés coagulatrices
doivent être attribuées à des matières albuminoïdes, nous avons dirigé
nos recherches de ce côté et employé l'alcool qui, on le sait, précipite ces
matières.
» Nous n'indiquerons pas toutes les expériences que nous avons faites
à ce sujet; nous dirons seulement que certaines d'entre elles nous ont
amenés à admettre :
« 1° Que r extrait alcoolique na aucune propriété toxique et coagulatrice ;
» 2° Que ces propriétés sont contenues dans le précipité.
1) Mais nous insisterons davantage sur les expériences qui nous ont
permis de séparer les matières toxiques et les matières coagulatrices du
sérum.
» Pour arriver à ce résultat, nous nous sommes d'abord adressés à
l'alcool absolu et à des alcools forts, des alcools ne nous ont donné aucun
résultat, la mort étant toujours produite par coagulation. Il en a été de
même lorsque nous avons traité le sérum par de l'alcool à un degré de
plus en plus faible.
» Nous avons alors traité un même sérum, d'abord par de l'alcool
faible (mélange à 3o"); puis le fdtratum a été de nouveau repris par de
l'alcool à un degré plus élevé (mélange à 40") 6t nous avons ainsi traité
successivement le filtratum par de l'alcool, de façon à obtenir un mélange
d'un degré alcoolique de plus en plus élevé. Nous sommes arrivés au chiffre
de 80° auquel toutes les matières albuminoïdes sont précipitées.
» Nous avons recueilli le plus rapidement possible chacun de ces préci-
pités; après les avoir essorés et desséchés, nous les avons dissous dans
l'eau distillée et injectés à des lapins.
» Le premier précipité, obtenu par un mélange à So", tue l'animai, par
coagulation, en répétant le Tableau symptomatique produit par le sérum
pur (voir Comptes rendus de la Société de Biologie, séances des i G et 22 juin
1894). A l'autopsie, nous avons constaté une coagulation en masse dans
tout le système veineux.
» Les autres précipités, obtenus par alcoolisation des filtrata, peuvent
tuer l'animal, mais à l'autopsie on ne trouve aucune trace de coagulation
C. r.., iSg'i, r Semestre. (T. CXIX, N' 4.) 38
( 2) 6" Que ces deux matières, à en juger par leurs réactions, rentrent
l'une et l'autre dans le groupe des matières albuminoïdes. »
ANATOMIE ANIMALE. — Sur la Structure de la membrane de Corti. Note de
MM. P. CoYNE et Casnieu, présentée par M. Bouchard.
« Quand on examine la membrane de Corti des mammifères (Homme,
Chnt, Chien, Souris, etc.), on s'aperçoit qu'elle est constituée par une
( 295 )
substance spéciale claire, transparente, offrant un aspect élastique. Cette
substance est striée transversalement, c'est-à-dire dans une direction qui
s'étend de son point (l'insertion interne vers son point d'insertion ex-
terne.
)) Nous étudierons la structure de la membrane de Corti, d'abord en
l'examinant par sa face supérieure, puis en faisant porter nos observations
sur des coupes faites dans différentes directions.
» Vue par sa face supérieure, cette membrane paraît constituée par des
stries très rapprochées les unes des autres, unies entre elles au moyen
d'une substance plus claire et peu abondante. On observe cette disposi-
tion et cette apparence plus particulièiement au niveau de la protubérance
de Huschke, c'est-à-dire dans sa portion interne. L'aspect et la disposition
des stries sont un peu différents dans la parlie externe decctte membrane.
En effet, nous voyons à ce niveau les stries et les fibrilles s'éloigner de plus
en plus les unes des autres au fur et à mesure qu'on poursuit leur prolon-
gation vers la portion externe, de telle sorte que par leur disposition elles
rappellent l'apparence d'un éventail étalé.
M Au niveau de l'insertion externe de la membrane, on voit une sorte
de réseau à mailles polygonales.
» Nous n'avons jamais observé le revêtement épithélial dont parle
Lœwenberg et dont l'un de nous avait déjà nié l'existence.
)) Sur une coupe passant par l'axe du limaçon, la membrane de Corti
présente dans sa partie interne un aspect différent de celui que l'on
observe dans sa portion externe. La l'égion qui est en connexion avec la
protubérance de Huschke paraît constituée par des fibrilles unies par une
sorte de ciment plus clair. A ce niveau, ces fibrilles sont parallèles, très
denses, très rapprochées les unes des autres. Lorsqu'on les suit dans leur
trajet vers la partie épaisse de la membrane, elles constituent trois fais-
ceaux superposés qui donnent naissance à trois couches principales qui
sont : une couche limitante supérieure et une couche limitante inférieure,
peu épaisses, denses, constituées par des fibrilles très rapprochées les
unes des autres; entre les deux existe une couche intermédiaire formée
par des stries éloignées les unes des autres, mais agglomérées par la sub-
stance intermédiaire dont nous avons parlé précédemment.
» La couche limitante supérieure présente une apparence qui tranche
(•) Ce réseau a été très exactement décrit par l'un de nous dans l'article Oreille
du Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales.
( 296 )
sur l'aspect de l'ensemble de la membrane. Dans sa partie interne, elle
revêt la forme d'un liséré mince, réfringent, strié dans le sens de sa lon-
gueur. A mesure que l'on se rapproche de son extrémité externe, elle
devient moins dense et un certain nombre des fibrilles qui la constituent
s'en détachent successivement, traversent la zone médiane en décrivant
une courbe à convexité externe et vont se confondre avec les stries qui
forment la couche inférieure.
» La couche limitante formée, ainsi que nous l'avons dit précédemment,
par le faisceau inférieur des fibrilles, se présente avec l'apparence d'une
membrane dense, réfringente et habituellement parcourue par de fines
stries. Elle est plus ondulée que la précédente, chez la majorité des
Mammifères où nous l'avons étudiée; on y observe des sortes de den-
telures de longueur et de largeur variables. Cependant, chez le Chat,
on observe la disposition inverse et la zone limitante supérieure est plus
ondulée que l'inférieure. Moins épaisse que la couche supérieure, elle est
plus difficile à étudier et constitue le rendez-vous où aboutissent, après
avoir décrit un arc de cercle à convexité externe, les fibrilles provenant des
faisceaux supérieur et moyen.
» La zone movenne est également formée, dès sa partie interne, par des
faisceaux de fibrilles masqués par des lignes de striation divergente vers
l'extrémité externe. Les faisceaux les plus proches de la face inférieure se
recourbent en bas pour se terminer presque immédiatement dans le bord
inférieur; ceux qui sont situés immédiatement au-dessus d'eux prennent la
même direction pour aller rejoindre la zone inférieure un peu plus en
dehors. Il en est ainsi pour tous les faisceaux de fibrilles qui proviennent
de la zone moyenne. Quand ces fibrilles sont épuisées, celles qui ont con-
stitué la couche limitante supérieure traversent à leur tour la zone
moyenne, la prolongent en dehors et se terminent comme les précédentes.
Il résulte de ces faits que la zone moyenne est constituée par des fibrilles
qui la parcourent de dedans en dehors en décrivant des courbes à convexité
externe. Entre ces fibrilles existe une substance intermédiaire que nous
allons étudier plus complètement sur des coupes dirigées dans des direc-
tions différentes.
M Sur des coupes verticales et parallèles à l'axe du limaçon passant par
la protubérance de Huschke, on peut observer au niveau de cette protubé-
rance des sections perpendiculaires à la direction des stries, tandis qu'à
droite et à gauche de cette région, les sections des fibrilles sont de plus en
plus obliques.
( 297 )
» Au niveau de l'inseï Lion inlernc de la membrane sur la protubérance de
Huschke, la coupe des fibrilles se présente avec l'apparence de points très
rapprochés les uns des autres; puis, au furet à mesure que les sections
portent sur des parties plus éloignées de la protubérance de Huschke, ces
points laissent entre eux des espaces minces d'abord, mais qui augmentent
progressivement d'étendue. Il se forme ainsi un réseau constitué par des
cloisons très minces dont les points de jonction sont signalés pardesépais-
sissements plus foncés. A de forts grossissements, on s'assure qu'à chacun
de ces épaississements nodaux du réticulum correspond une des fibrilles
que nous avons précédemment décrites. Cette apparence réticulée consta-
tée sur des coupes de la membrane de Cortiestdue à la réunion des lignes
limitantes de ces cloisons qui sont constituées par ce que nous avons appelé
plus haut la substance intermédiaire elle-même.
« Comme les fibrilles apparaissent par transparence étagées sur plu-
sieurs plans, elles donnent dans ces conditions à la membrane un aspect
plus ou moins finement strié.
M Cette description nouvelle que nous donnons de la structure de la
membrane de Corti rend compte des faits observés par M. Coyne au ni-
veau de la partie externe de cette membrane ; elle confirme les recherches
antérieures de cet anatomiste, qui portent à considérer la membrane de
Corti comme une formation cuticulaire, constituée par la coalescence de
cils vibratiles agglutinés, et présentant ainsi une grande analogie avec la
cupule terminale des crêtes acoustiques. »
ECONOMIE RURALE. — Sur les métamorphoses de la Cecidomyia destructor
Say, et sur le puparuim ou l' euK'eloppe de sa larve avant la transformation
en chrysalide. Note de M. A. Laboulbène, présentée par M. Em. Blan-
chard.
« La Cecidomyia destructor est un insecte diptère nuisible au blé tlans les
deux mondes. Aux États-Unis d'Amérique, où elle est très redoutée, elle
est connue sous le nom de Mouche de Besse (Hessian-Fly), parce qu'on l'a
supposée venue avec la paille apportée par les troupes de Hesse, à la solde
de l'Angleterre pendant la guerre de l'Indépendance, ce qui n'est pas
démontré. En France, la Cécidomyie destructive a été signalée seulement
en Languedoc, dans diverses contrées de l'Isère, de l'Aveyron, de Seine-
et-Marne, de l'Aube. Ses ravages sont constatés actuellement d'une ma-
( 298 )
nière indéniable et fâcheuse dans la région du Nord-Ouest, principalement
dans le bocage vendéen.
» L'Insecte nuisible a deux générations par année. Vers la fin de mai et
en juin, les Cécidomyies destructives se montrent à l'état parfait, adultes,
pourvues d'ailes. Les femelles déposent leurs œufs sur les nervures mé-
dianes et supérieures des feuilles du blé; les larves éclosent rapidement et
se rendent entre la gaine foliaire et le chaume, pour se fixer au-dessus des
derniers nœuds à la base de la tige. Chaque larve, avant de se métamor-
phoser en nymphe, revêt une forme tout à fait spéciale : elle devient brune,
luisante, allongée en ellipsoïde irrégulier ou plutôt en petite massue, plus
amincie à une extrémité dirigée vers le haut de la tige, tandis que l'autre
extrémité opposée est élargie, placée en bas près d'un nœud du chaume.
La nvmphose a lieu sous cette enveloppe. Les insectes adultes en sortent
et paraissent dès la fin d'août jusqu'en octobre. Les femelles pondent leurs
œufs qui éclosent avant l'hiver, et les larves s'enkystent dans leur coque
brune, et résistent pendant la mauvaise saison pour éclore au printemps
suivant. Quelques larves retardataires restent encore sans enveloppe au
printemps.
» Plusieurs auteurs, entre autres Fitch, surtout Packard, ont comparé
la larve devenue brune et luisante à la graine du lin (Flaœseed state) et ils
l'ont désignée sous le nom de pupariiim, la regardant comme la peau
durcie, rigide, pupiforme, semblable à celle qui revêt la chrysalide des
Muscides. Mais, récemment, M. A. Giard a considéré cette forme spéciale
comme résultant d'une sécrétion surajoutée, d'une sorte de cocon, entou-
rant et la larve, et plus lard la nymphe incluse.
» Les larves de Cecidomyia destriictor, sous la forme appelée pupariiim, ont
^mm jg longueur; j'en ai observé une seule atteignant 5"". La surface extérieure est
lisse, les anciens Latins auraient dit : pumicata, c'est-à-dire semblant être polie avec
la pierre ponce. Parfois, rextrémiié postérieure, toujours renflée, n'est point dirigée
suivant la ligne médiane; elle est légèrement déviée sur le côté. En ouvrant un pupa-
rium, on trouve sous l'enveloppe la larve libre, d'un blanc mat, oflVant un étal inter-
médiaire entre la larve proprement dite sortie de l'œuf et la nymphe précédant l'in-
secte adulte. La tète est rudimentaire, les antennes à peine visibles; la spatule sternale
est disposée en lame étroite, fauve, appliquée contre le corps, terminée par une
pointe triangulaire en avant ; cette pointe seule est saillante. Les stigmates, au nombre
de neuf de chaque côté, sont bien appréciables. Les lobes graisseux du corps donnent
la coloration blanche, opaque. Plusieurs fois, j'ai trouvé sous le puparium une larve
ajant dévoré l'habitant normal, cette larve parasite ayant les caractères propres aux
hyménoptères et appartenant probablement au genre Plalygaster.
( 299 )
)i Une occasion fin orable m'a permis de constater comment se consti-
tuait le puparium. Ayant placé, au mois de mai, des tiges de blé attaquées
dans des flacons de verre mince, une larve de Cecidomyia destructor est
venue s'appliquer contre la paroi transparente. En l'examinant fréquem-
ment, je l'ai vue ramper, ayant le corps humide; elle s'est fixée, puis elle
est devenue de plus en plus brune. Enfin, après plusieurs jours, le pupa-
rium apparaissait très nettement formé. Ce dernier m'avait semblé résulter
d'une sécrétion extérieure, d'une membrane adventice superposée au té-
gument et l'entourant dans son entier, aussi l'opinion émise par M. A.
Giard me paraissait-elle répondre à la réalité.
» Désireux d'arriver à la certitude, j'ai voulu connaître la composition exacte du
puparium et savoir s'il ofTrait les caractères chimiques de la soie ou des enveloppes
extérieures produites par plusieurs larves d'insectes. Avec les conseils de M. Armand
Gautier et l'aide de M. Guinochet, j'ai emplové les divers réactifs attaquant la soie et,
loin de se dissoudre, le puparium a résisté absolument, complètement, et de la même
manière que le tégument mince de la larve incluse; il a présenté les propriétés carac-
téristiques de la chitine. Ainsi, après un contact de plusieurs heures à froid avec une
solution sirupeuse de chlorure de zinc, il n'y a pas eu trace de dissolution ; il ne s'en est
pas produit davantage à la suite d'une ébuUition de cinq minutes liquéfiant la soie. —
Une solution de potasse caustique, même après ébullition, rend seulement les /)«/?«/■««
et la mince peau des larves plus transparents sans les attaquer; — l'azotate mercureux
ne les colore pas en rouge, comme cela se voit pour la soie ; l'acide azotique pur et froid
ne donne aucun phénomène de coloration, tandis que la soie prend la teinte jaune; —
une solution d'oxjde de cuivre ammoniacal ne produit même pas de gonflement, tandis
que celui-ci précède la dissolution de la soie. En résumé, la substance des puparia est
identique avec celle qui constitue les enveloppes tégumentaires des larves et elle ofl're
les réactions de la chitine, caractérisées surtout par la résistance complète à l'action
de solutions concentrées et bouillantes de chlorure de zinc et de potasse caustique.
» Ij'examen microscopique des puparia, ayant éprouvé l'action de la
potasse caustique et rendus moins opaques, permet de reconnaître les
reliefs ou saillies granuleuses du tégument, telles que les offrent les larves
avant l'enkystement. On peut ainsi les comparer avec la peau finement
grenue de la larve incluse. Je n'ai pu que très difficilement, sur le pupa-
rium, apercevoir les stigmates, mais je suis parvenu à leur constatation.
» En résumé, c'est par une mue avec épaississement considérable de la
peau préexistante que la larve de la Cecidomyia destruclor s'enkyste, en pre-
nant la forine appelée puparium. Cette particularité remarquable permet
à l'insecte de résister aux intempéries; elle est très intéressante au point
de vue scientifique, mais elle rend la destruction de cet ennemi du chaume
( 3oo )
des blés exceptionnellement tlifficile. Parmi les meilleurs moyens à
opposer, l'alternance des cultures est un des plus efficaces. »
BOTANIQUE . — Sur l'origine des sphères directrices. Note
de M. Léon Guignard, présentée par M. Duchartre.
» Depuis que j'ai signalé l'existence des sphères attractives ou directrices
chez les plantes ('), quelques botanistes les ont aperçues dans des tissus
d'origine diverse, mais d'autres ont confondu avec elles des éléments d'une
nature toute différente. Cette méprise s'explique surtout par la difficulté
qu'on éprouve souvqntàles mettre en évidence, même pendant la division
nucléaire, et à plus forte raison quand le noyau est à l'état de repos. Dans ce
dernier cas, en effet, les stries radiaires qui les entourent, déjà beaucoup
moins accusées pendant la division chez les plantes que chez les animaux,
paraissent faire complètement défaut dans les cellules végétales.
» Parmi les zoologistes, les uns considèrent les sphères, ou plutôt leurs
centrosomes, comme des organes permanents de la cellule, demeurant en
dehors du noyau pendant l'état de repos; d'autres pensent, au contraire,
que ces corps n'apparaissent qu'au moment de la division et qu'ils font
partie intégrante du noyau lui-même, opinion adoptée notamment par
M. O. Hertwig et par M. Aug. Brauer. Mais, tandis que le premier savant
tend à admettre un lien génétique entre les nucléoles et les centrosomes, le
second est porté à croire que ces derniers ne dérivent pas des nucléoles et
conservent leur autonomie dans le noyau à l'état de repos.
» Il y a quelque temps, M. G. Karsten (*) a cru pouvoir conclure de
ses recherches sur les sporanges du Psilotiim /nqiietnim queïes centrosomes
proviennent des nucléoles. Selon cet observateur, quand les noyaux des
cellules du tissu sporogène entrent en division et perdent leur membrane
d'enveloppe, ces nucléoles sortent dans le cytoplasme ambiant, pendant
que les éléments chromatiques s'orientent à l'équateur du fuseau nucléaire.
Les nucléoles seraient alors au nombre de deux et viendraient se placer
aux pôles du fuseau pour y former les sphères.
(' ) L. GuiGNARD, Sur l'existence des « sphères attractives » dans les cellules végé-
tales {Comptes rendus, 9 mars 1891).
(-)G. Karsten, Ueber Deziehungen der Nucleolen zu der Cenlrosomen bel Psi-
lotuni tiiquetrum {Derichle der deutsch. Bot. Gesellsch.; séance du 39 décembre
1893).
( 3oi )
» Qnnnd parut ce travail, je continuais depuis un certain temps mes re-
cherches antérieures sur les sphères directrices dans des exemples variés,
afin d'envisager la question d'une façon aussi générale que possible. J'avais
constaté de nouveau, dans plusieurs cas, que ces corps ne dérivent pas du
noyau et se trouvent, conformément à ma conclusion première, dans le
cytoplasme, où l'on parvient à les mettre en évidence pendant l'état de
repos de la cellule. L'opinion de M. G. Karsten étant en opposition avec
mes résultats, il était nécessaire de reprendre l'étude du Psilotum. Je
venais de l'achever quand, tout récemment, une Note de M. J.-E. Hum-
phrey (' ) était publiée sur le même sujet.
» Dans cette Note, l'auteur combat l'opinion de M. G. Karsten et admet,
aussi bien pour d'autres plantes que pour le Psilotum, que les sphères ne
dérivent pas des nucléoles. Sur ce point essentiel, comme sur d'autres,
mes recherches antérieures se trouvent entièrement confirmées.
/> Il n'v aurait donc pas lieu de revenir sur la question, si le Psilotum ne
présentait certains faits particuliers, mal décrits jusqu'ici ou mal interprétés.
» Dans le sporange très jeune, lorsque le tissu sporogène se développe
pour produire les cellules mères des spores, les noyaux renferment, entre
les replis de leur charpente chromatique, plusieurs nucléoles inégaux.
Dans la très mince couche de cytoplasme qui recouvre les noyaux, on peut
distinguer deux petites sphères accolées l'une à l'autre. Ces corps, que
M. Humphrey ne paraît pas avoir aperçus dans le /'«7o^i9
0,370
II. Terre de la plaine de Lattes. Propriété Germais. Riipestris du Lot
greffé, présente faible vigueur et caractères nets de chlorose.
0,25
59,0
18,5
.6,3^
1 ,5o
29>3
43,5
0,675
o,5o
61 ,0
23,5
•7.87
1,3.
28,6
3o,5
0,572
III. Vigne des collections de l'École d'Agriculture : V. Berlandieri
nettement chloroses en Juin 1894.
0,25
40,7
3,55
i5,3o
1 ,5o
26,7
43,4
o,6i5
o,5o
4o,o
3,07
19-24
1,58
35,5
4o,5
0,880
IV. Vigne des collections de l'École d'Agriculture : V. Berlandieri
d'un beau vert franc et d'une bonne vigueur.
0,25 38,8 2,48 i4,36 1,44 23,2 45,6 o,5io
o,5o 38,3 2,5i 14,70 1,48 20,1 44,1 0,670
» La comparaison des terres I et II montre que le sol I p.lus calcaire et contenant
P
V
P
plus d'humidité pour looS' est moins chlorosant que le sol IL Le rapport ^ est moitié
moindre en I qu'en IL
» Les sols III et IV sont deux parcelles contiguës d'un mênnelot de V. Berlandieri,
cépage très réfractaire à la chlorose. Le taux d'humidité po'iir loos"- et la teneur en
calcaire ne présentent rien d'excessif, mais la détermination de :rT indique une satu-
(') HoLDAiLLE et Semichon, Le calcaire et la chlorose in Revuede Viticulture, 1894.
( 3o7 )
ration presque complète par les eaii\ jiliiviali's cliez le sol III à o'",5o; la saturation
est bien moindre pour le sol IV à une même profondeur.
» Plusieurs autres observations analogues à celles que nous venons de
l rapporter démontrent l'intérêt réel qui s'attache à la détermination du
\ P . .
rapport y pour le diagnostic des sols calcaires capables de provoquer la
S, chlorose permanente ou temporaire de la vigne. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur une perturbation magnétique.
Note de M. Mourealx, présentée par M. Mascart.
« Nous avons enregistré, le 20 juillet, la plus grande perturbation ma-
gnétique qui se soit produite ici depuis celle du 12 février 1892. Elle a
débuté brusquement à ô*" 12" du matin; vers lo"", la composante horizon-
tale a commencé à baisser très rapidement; le mouvement en hausse de la
composante verticale n'a commencé à s'accentuer que vers midi. Entre
midi 3o™ et 2'', la force magnétique a augmenté considérablement, car, con-
trairement à ce qu'on observe le plus souvent, les deux composantes crois-
saient simultanément. L'agitation s'est à peu près calmée vers i^ dans la
nuit, mais la composante horizontale est restée très faible toute la journée
du 11. Les variations extrêmes, pendant cette perturbation, sont :
D = i", H = 4. Z==
I uo
» Les variations du courant tellurique, sur la ligne Est-Ouest, donnent
une courbe assez semblable à celle du bifilaire; sur la ligne Nord-Sud, les
différences de potentiel sont plus rapides et de plus grande amplitude; les
deux galvanomètres ont à peu près la même sensibilité.
» Le début de la perturbation a été simultané sur les deux séries d'ap-
pareils.
1) Les courbes magnétiques de l'observatoire de Perpignan, transmises
par M. le D"^ Fines, ont, comme on l'a signalé déjà, la même allure géné-
rale que celles du Parc Saint-ÎMaur, mais les variations des deux compo-
santes de la force v sont beaucoup moins accusées.
» Les taches solaires sont nombreuses, mais elles ne présentent rien de
particulier, quant à leur étendue, ou à leur position relativement au méri-
dien central. »
( 3o8 )
M. Peutek Ignatz adresse la description et la photographie d'un support
destiné à l'étude des grandes lentilles de verre.
M. Cil. Lestek Léonard adresse une série de photomicrographies rela-
tives aux mouvements amiboïdes des corpuscules blancs du sang.
La séance est levée à [\ heures un quart. M. B.
ERRA TA ,
(Séance du 2 juillet 189/i )
Page 112, ligne 2, le nom de rauteur est Papavasilfon.
Mênae page, ligne 17, au lieu de 27, lisez 97.
Même page, ligne 28, au lieu de ao, lisez qo.
Page 1 13, ligne 24, au lieu de 2''2i»'6', lisez 9''2i™6'.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VU J.AHS ET FII.S,
Quai (les Grands-Augusiins, n" 55.
ipuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dinmndœ. Ils forineiU, à la fin de l'aniiéo, deux volumes iii-4*. Deux
3S, l'une par ordre alphabétiiiuedo malières, l'autre par ordre alpli;il)otique de iioiiii d'Autours, terminent chaque volume. f,'abonnemenl est annuel
irt du )" janvier.
Le jirix (le rabonneiuent est pxr ainsi qu'il udt :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. _— Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, à l'Etranger,
chez Messieurs :
I Michel et Médan.
i Gavault Sl-Lager.
. I Jourdan.
I Ruir.
tns Ciiurtin-llecquel.
( Germain ctGrassin.
r Lachésc.
onrie Jérôme.
nçon Jacquard.
.\vrard.
leaiix Dulhu.
' Mullcr (G.).
Renaud.
. l.efoui'nier.
\ V. Robert.
■ ] J. Robert.
' V Uzel Caroll.
( Raer.
■ / Massif.
l'ci'fill.
, lliMirv.
'ges
mbei-j-..
bourg.
I iMargucrie.
mont-Ferr... \
Rousseau.
( Ribou-Collay.
, Lamarche.
, Ratel.
' Oainidut.
( Lauverjat
' Crepin.
\ Drcvel.
I Graiier.
tochel/e Koucher.
ravre t Bourdignon.
/ Donibrc.
1 I.erebvre.
( Quarré.
xoble
chez. Messieurs :
( Baumal.
Lorient ' .
( M"* lexier.
Bernonx cl Cunii
Georg.
Lyon < Mégrel.
J Chanard.
I Ville.
Marseille Huai.
\ Calas.
Montpellier ' , ,
'^ ' Coulel.
Moulins .Martial Place.
I Jaripies.
A'anc)' Grosiean-.Mau|iiii.
( Sidot frères.
j Loiscau.
) M"" Veloppé.
i Barrna.
A'/ce , ... ,. , „„
' \ isconli et G".
n'imes Thibaud.
Orléans f.uzeray.
. . i Blaiichier.
Poitiers ,, ,
I Uruinaud.
Hennés Plilion l Her\ê.
Nantes .
nochefori .
liouen. . ■
S'-Étienne .
Toulon ....
Toulouse
Gir-ird (M"").
\ Langlois.
i I.eslringaiil.
Chevalier.
\ Bastide.
' Ituinêbe.
j G miel.
' Privai.
. Boisselicr.
Tours j Pcricat.
' Suppligeon.
( Giard.
i Leniailrc.
Valenciennes..
chez iMessieurs :
Berlin.
Bucharest.
, , . 1 l'cikema Caarelsen
Amsterdam „
' et C".
Athènes Beck.
Barcelone.. Verdaguer.
, Ashcr et G".
1 Dames.
, l'riedlander et lils.
' Mayer et Millier.
D^,.„. ( Schmid,,l'"rancke et
°* "'^ / C".
Bologne . . . Zanichelli.
, Kamiol.
Bruxelles .Mayolczcl.\udiarle.
' l.ebègue et C''.
^ Mainiann.
' Ranistcann.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, licll cl C°.
Christiania Camnierjiicyer.
Constantinople. . Otio Keil.
Copenhague Hôst et lils.
Florence Lœschor et Seeber.
Gand Hosle.
Gênes P.euf.
Cherbulie/.
Genèvi Georg.
' Stapelniohr.
Belinfanle frères.
, ISenda.
■ ' Payol.
Barlh.
^ Brockhaiis.
I.orenlz.
j Max Riibc.
Londres
chez .Messieurs
, Dulau.
■ • ■ Machette et C".
'Nuit.
Luxembourg. . . V. Biick.
/ Libr. Gulenberg.
Madrid.. Capdcville.
j Gonzalès e hijos.
' 1^ Fc.
^lilaii \ Duinolard frères.
' llœpli.
Moscou
IS'aples
Oautier.
■•'urcliheiin.
Marghieri di Glus.
' Pcllerano.
. Iiyrscn et Pfeiffcr.
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La Haye.
Lausanne.
Leipzig.
A'ctt'- York
Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C'-.
l'alermc. . Clauscn.
Porto .Magalhaés.
Prague Rivnac.
Rio- Janeiro Garnier.
\ Bocca frères.
( Loescheret C".
itotterdani Kranicrs et (ils.
Stockholm Samson et Wallin
, JCinserling.
* Woiir.
Bocca l'rères.
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S'Pétersbourg. .
Turin .
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y Desoer.
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iSclher
Vaisovie Gebethner et Wold
Vérone Drucker.
( Krick.
\ Gcrold et C •.
ZuricU Meyer et Zeiler.
Vienne .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Tomes 1" à 31. — ^3 Août i835 à 3i Docembie i85o. ) Volume in-4'; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-l°; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.). Volume in-l"; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
une I: .Mémoire sur quelques points de la Physiologie des .Vlgues, par M.\I. .\. DcRiieseï .\.-J.-J. Soi.ibr.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations >|U'eprouveni le^
êtes, par M. Hansen.^ Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
ses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 3> planches; i856 15 fr.
ime II : Mémoire sur les vers intestinaux, par .M. P.-J. Vas Beseden. — Essai d'uae réponse à la question de Prix proposée en i83o par PAcadémic des Sciences
• le concours de i853, et puis remise pour celui de iSo'î, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
Bntaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher a nature
is rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs •, par .M. le Professeur Bbonn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
I» môme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savanlâ à l'Académie des Science».
K 4.
TAB[.E DES A.RTICLES. (Séance du 25 juillet 1894.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
OKS MEMltltES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
Pages.
M. G. Darbolx fail hotninage à l'Acadéinie,
au nom lUi Comité du jubilé de -M. Hermitc,
lie la médaille fondue on son lionneur, et
d'un exemplaire de la brochure publiée
à l'occasion de la célébration de ce ju-
bilé 'ji
M. É. PiCARii lail hommage à l'Aradémie du
premier fascicule du tome III de son <• Traité
Pages.
d'Analyse >• 253
MM. Lœwv et Plisllx. — Sur les photo-
graphies de la Lune obtenues au grand
équatorial cou dé de l'Observatoire de Pari s.
-M. C. FiiiEiJKL. — Sur une nouvelle série de
sulfopliosphures, les tliiohypophosphales.
jM. liERTHELOT. — Sur deux menhirs trouvés
dans les bois de Meudon 2'i5
NOMINATIONS.
MM. DE BuâSY et .M.vuiiicE Levy sont nommés
membres de la Commission de vérificalion
des comptes .
2.):,
■'Jk,
2(1-
MEMOIUES PRESENTES.
.M. KlQUiEU. — Sur la réduction d'un sys-
tème différentiel quelconque à une forme
complétemenl intégrabic
M. Beraud adresse une nouvelle série do
couleurs de cobalt, destinées à la peinture
sur porcelaine abS
M. F. Beoiê adresse une Note relative à un
mode de traitement des vignes phylloxé-
rées 21)8
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre du Commerce, de l'Industrie,
DES Postes et des Telégrai'iies invite
l'Académie à lui présenter une liste de
candidats pour la chaire de Constructions
civiles, vacante au Conservatoire natio-
nal des Arts et Métiers
M. F. Beaulard. — .Sur le pou^oir induc-
teur spécifique du verre
.M. A. CiiAssï. — Sur lélectrolyse du sul-
fate de cuivre
M. ti. Le CiiATELiER. — Sur l'acier manga-
nèse
M. LocHER. — Sur l'éiher métaphtalodicya-
nacé tique
M. G. Perrier. — Combinaisons organo-
métalliques du bornéol, du camphre et du
camphre monochloré, avec le chlorure d'a-
luminium
M. Guerbet. — Sur un acide nouveau, l'acide
isocampholique
M. Et. Barral. — .\ction du penlachlorure
de phosphore sur la quinone tétrachlorée.
MM. Pu. Barbier et L. Bouveault. — Sur
l'essence de Pelargonium de la Réunion.
M. C. Favre. — Sur la condensation de l'al-
déhyde formique avec les alcools de la
série grasse en présence d'acide chlorhy-
drique
M. A. Bach. ~ Sur l'existence de l'eau
oxygénée dans les plantes vertes
Errata
2(i8
272
2>in
2S1
2s:i
2Sfi
M. A. Etard. — De la présence de plusieurs
chlorophylles distinctes dans une même
esi>éce végétale
MM. Mairet et Bosc. — Recherches sur les
causes de la toxicité du sérum du sang..
MM. P. CoYNE et Canxieu. — Sur la struc-
ture de la membrane de Corti
-M. A. Laeoulbène. — Sur les métamoi-
phoses de la Ceciclomyia cleslructor Say,
et sur le puparium ou l'enveloppe de sa
larve avanl la transformation eu chrysa-
lide ,
M. LÉON Guignaro. — Sur l'origine des
sphères directrices
M. Henri Lecomte. — Les tubercules radi-
caux de l'Arachide (Arachis hypogea L.).
.MM. F. HoDDAiLLE et M. Mazade. — In-
fluence de la distribution de l'humidité
dans le sol sur le développement de la
chlorose de la vigne en sol calcaire
M. .MouRE.AUX. — Sur une perturbation ma-
gnétique
M. Peutek Iunatz adresse la description et
la photographie d'un support destiné à
l'étude des grandes lentilles de verre ....
M. Ch. Lester Léonard adresse une série
de photomicrographies relatives aux mou-
vements amibo'ides des corpuscules blancs
du sang
0S9
294
302
3o4
3o-
3oS
3o8
3o8
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
1894
SECOXD SEMESTllE.
/
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PAK MM. liES SECRÉTAaSSKS PERPÉXlEIiS.
T03IE CXIX.
!V^ 5 (30 Juillet 1894),
PARIS,
GAUTHIEK-VILLARS liY FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
UES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augustins, 55.
I 804
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
ADOPTK DAIvS LES SÉANCES DES 23 JUIN 18^2 ET 2/| MAI iStS.
I>es Comptes rendus hebdomadaires des sceances de
f Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Cliaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pag«s ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1^'. — Impressions des travaux di' l' Académie.
liCs extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étrangerde l'Académie comprennent
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Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, (pi'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque iVIembre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés- en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le 1
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le ch'oit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foui
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
AllTlCLE 3.
Le ho/i à tirer J'ai, le premier, opposé ces faits positifs, constatés dans le Sahara al-
gérien, aux partisans idéalistes de la reconstitution d'une mer saharienne,
qui n'avait pas existé. L'ingénieur des Mines Fuchs l'a reconnu sans hési-
tation possible, dans son exploration du seuil de Gabès. Ce qui constitue
cet isthme prétendu est un puissant atterrissement, d'origine purement con-
tinentale. Il a fallu des surfaces continentales considérables pour permettre
l'alluvionnementdes éléments détritiques ayant constitué ces dépôts, et un
régime météorique excessif pour leur transport et leur dispersion. L'im-
mensité des dépôts, non seulement au Sahara, mais aussi dans le Tell, té-
moigne de l'intensité et de la généralité du régime alluvionnaire. Nous ne
pouvons en fixer la durée, mais on peut l'estimer très longue par les ré-
sultats produits.
(3.5)
)) Or, à celle phase de siirsaturalion hygrométricpip, en a succédé une
autre d'une extrême sécheresse, également générahsée sur une grande
partie de la côte barbaresque, depuis la Tripolilaine, au moins, jusqu'au ri-
vaçfe même de la côte atlantique. Toute la surface des dépôts alluvionnaires
et de ruissellement s'est recouverte d'une croûte Iravertineuse, qui lui a
formé une sorte de carapace d'une épaisseur variable de quelques décimè-
tres à quelques mètres. Très dure à la surface et rocheuse, elle devient
progressivement plus tendre et plus tuffaire dans son intérieur, et passe
à son substratum sans que rien prenne l'apparence d'une stratification.
» Cette croûte se comporte comme si elle résultait de l'assèchement
d'eau d'imbibition, plus ou moins riche en solutions minérales, appelée à
la surface par son évaporation même successive, et y laissant par efflo-
rescence ses résidus minéraux qui se concrétionnent de plus en plus sur
les parties exposées. Il est certain ([u'un pareil phénomène n'a pu se pro-
duire que sous l'action d'un climat sec excessif, que n'a pas atténué l'in-
fluence contraire du climat atlantique, puisque la région de Mogador est
une de celles où il s'est produit avec le plus d'intensité. Cet encroûtement
des surfaces exposées n'est pas spécial aux anciens atterrissements quater-
naires; il s'est aussi produit sur d'autres terrains de structure analogue
plus anciens; mais il est rudimentaire lorsqu'il existe sur les formations
plus récentes, ce qui peut confirmer la spécialité et la généralité du phé-
nomène.
» Nous ne pouvons que faire des hypothèses sur la durée de cette sin-
gulière phase climatérique en Barbarie. Elle a pris fin plus ou moins brus-
quement, lors de l'immersion d'une longue bande, qui a fait, et fait
presque encore, le littoral de la mer. Celle-ci v a déposé ses sédiments
bien stratifiés, formés de vases, de sables et de galets, sous une nappe peu
profonde. Ces formations reposent le plus souvent sur la carapace qui
indique leur âge. Les organismes marins qu'on y trouve sont ces mêmes
espèces que nourrit encore la mer voisine; mais il y en a quelques autres
qui ont au moins émigré, telles que Tugonia, Slrombus, Conus, Nassa, etc.,
ce qui prouve que cette phase d'envahissement par la mer est relativement
assez ancienne.
» Les sédiments accumulés sous ce rivage nouveau n'ont jamais eu
qu'une faible puissance, depuis quelques décimètres jusqu'à quelques
mètres, une trentaine au plus. Après cette phase, dont la durée ne peut
être estimée que par le temps nécessaire à la puUulation des organismes
( 3i6 )
qui s'y sont accumulés quelquefois en immense quantité (bancs épais de
plusieurs mètres, par exemple, de Pectunculus violacescens), une nouvelle
phase s'est produite avec l'émersion de ces dépôts maritimes sous forme de
plages ou de bancs coquilliers, quelquefois restés encore à fleur d'eau,
rarement soulevés au-dessus d'une trentaine de mètres d'altitude.
)> Toutes ces plages émergées ne sont pas restées continues le long du
rivage barbaresque; mais elles y forment une chaîne qui se déroule de
nos jours depuis Zarsis jusqu'à l'ouest de Tanger, venant ainsi affirmer
l'existence du détroit de Gibraltar à cette phase de l'époque quaternaire.
» Cette phase d'émersion ne paraît pas avoir été suivie d'un retour de
la phase de sécheresse, car l'encroûtement ne s'est pas produit sur ces
nouveaux sédiments marins, ni sur les dépôts limoneux récents des
grandes plaines, qui marquent l'instauration d'une autre phase de grandes
pluies et d'un climat approprié aux Rhinocéros, aux Eléphants et à l'Hip-
popotame, pendant laquelle les dernières dépressions des grandes plaines
ont de nouveau été envahies par les eaux météoriques.
» Puis enfin s'est produite une nouvelle phase de sécheresse relative,
pendant laquelle l'alimentation des bassins lacustres n'a pu compenser
leur évaporation, dont les eaux, de plus en plus condensées, n'ont pas pu
conserver leur faune de mélanies, de mélanpsides et de cardium, et enfin,
se desséchant plus ou moins complètement, se sont transformées en chotts
et sebkas. La Berbérie parait être encore sous le régime de cette dernière
phase, ou tendre à peine à en sortir depuis les temps historiques. En tout
cas, dès lors, les changements climatériques paraissent s'être produits avec
lenteur et probablement par alternances ménagées.
)) Nous n'avons malheureusement que peu de documents nous permet-
tant d'établir des concordances entre ces phases quaternaires et celles de
l'Europe. Nous savons seulement que les Vertébrés fossiles trouvés dans
les sédiments alluvionnaires ou limoneux de la phase la plus ancienne
appartiennent à VEleplias meridionalis et à VEquus Stenonù, dont certains
auteurs font une troisième faune pliocène, dont d'autres font un étage
pléistocène, et que j'ai toujours classé comme quaternaire ancien.
» Par oîi ces quelques représentants d'une faune archaïque ont-ils passé
du continent européen au continent africain? C'est certainement bien dif-
licile à établir. Cependant, on peut considérer que le terrain quaternaire
ancien, d'origine continentale, a dû primitivement s'étendre au large dans
la mer des Syrtes et se rapprocher de la Sicile, peut-être en construisant
( ;^i7 )
les hauts fonds qui séparent cette île de la Tunisie. C'est donc par là
qu'avant l'immersion, nous avons des raisons tie croire que ces anciens
animaux ont pu nous arriver de l'Italie, leur vrai |)ays d'origine.
» La formation des plages émergées contient un autre Eléphant, assez
frc(juent, trouvé également en Sicile. Malheureusement, nous ignorons à
quoi il correspond chronologiquement sur le continent européen : nous
ne pouvons donc en tirer aucun renseignement. On y trouve aussi un
Rhinocéros qui, lorsqu'il sera plus complètement connu, pourra éclairer
cette question.
» Au point de vue géologique, nous pouvons résumer ainsi les observa-
tions précédentes :
M i" Les premiers temps quaternaires en Berbérie ont été marqués par
le développement maximum du régime des grandes nappes d'eau douce et
des formations alluvionnaires;
» 2° Un encroûtement travertineux, sous l'action d'une extrême sé-
cheresse, a produit une carapace peu épaisse, mais générale, à la surface
des atterrissements alluvionnaires, depuis le rivage atlantique jusqu'à celui
des Svites ;
» 3° Une immersion de cette zone encroûtée, le long du rivage actuel,
a dû mettre un terme à cette phase de sécheresse.
» 4" L'émersion de cette même zone a produit une longue et étroite bande
de plages marines, depuis Zarzis jusqu'au delà de Tanger, attestant à cette
époque l'existence du détroit de Gibraltar.
)) Au point de vue climatérique, on peut faire les remarques suivantes :
» i" La phase la plus ancienne a été marquée jjar un régime pluvio-
métrique excessif.
» 2° Cette phase a été suivie d'une autre à régime sec excessif.
» 3° Une submersion partielle de la côte a mis fin à ces phases de
climat excessif.
» 4° Après l'émersion de la même zone et la production du cordon de
plages marines, il y a eu une phase transitoire, d'abord encore assez
humide pour remplir encore les dépressions sahariennes.
» 5" Puis, le climat est allé sans cesse, ou par alternatives, en se dété-
riorant, finissant par ne plus compenser l'évaporation par les chutes plu-
viales, pour transformer enfin les cuvettes d'eaux sanmàtres à cardiurn
C. K., iSy.'i, 2" Semestie. (T. CXIX, N" 5.) 4^
(3i8)
edule en véritables fonds plus ou moins desséchés et salés des chotts et
sebkhas.
» 6° La reconstitution des anciens bassins ne s'est point encore opérée
par une alimentation nouvelle, et le régime actuel paraît encore sous l'in-
fluence des mêmes conditions climatériques peu améliorées. »
RAPPORTS.
ASTRONOMIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Bigourdan, intitulé : « Sur
la mesure micrométj-ique des petites distances angulaires célestes, et sur un
moyen de perfectionner ce genre de mesures » .
(Commissaires : MM. Lœwy, Tisserand; Wolf, rapporteur.)
« M. Bigourdan soumet au jugement de l'Académie un nouveau mode
de mesure des très petites distances angulaires, telles que distances des
étoiles doubles, diamètres des planètes et des satellites, distance de deux
détails sur la surface d'un astre.
» Jusqu'ici, ces mesures angulaires ont été faites, soit à l'aide de micro-
mètres à fds, soit avec les micromètres à double image. L'emploi des fds
est excellent quand il s'agit d'étoiles doubles dont les composantes sont
brillantes, à peu près de même éclat, et suffisamment distantes. On peut
alors aisément bissecter chaque étoile avec un des fds, et la méthode des
doubles distances donne exactement l'angle cherché. Mais lorsque la dis-
tance est inférieure à une seconde d'arc, ou lorsque l'une des compo-
santes est faible par rapport à l'autre, la mesure devient très difficile et
se réduit le plus souvent à une simple estime. Aussi constate-t-on que la
mesure de l'angle de position, c'est-à-dire de l'angle de la ligne passant
par les deux étoiles avec le cercle de déclinaison de l'étoile principale, est
beaucoup plus précise que la mesure de la dislance. Si bien que J. Herschel
a fondé sa méthode classique de la détermination de l'orbite apparente du
compagnon autour de l'étoile double sur la seule considération des angles
de position, et qu'à sa suite plusieurs astronomes, surtout parmi les
Anglais, ont complètement négligé la mesure des distances.
» En recherchant la cause de cette anomalie, assez singulière au pre-
mier aspect, M. Bigourdan a reconnu qu'elle réside uniquement dans
l'épaisseur des fils. Les fils d'araignée les plus fins qu'on puisse employer
( 3.9 )
ont environ 5 microns de diamètre, ce qui correspond à un angle de i" au
foyer d'une lunette de i"", et à un angle de o ", 2 au foyer d'un objectif
de 5™. De pareils fils masquent donc complètement l'image des étoiles très
faibles, de sorte que, dans le cas des très petites distances, l'erreur de
superposition du fil à l'étoile est de même grandeur que la distance à me-
surer. L'influence de cette épaisseur est nulle, au contraire, dans la mesure
de l'angle de position, qui se fait en plaçant les deux étoiles entre deux
fils parallèles.
» Celte réflexion a conduit M. Bigourdan à applifjuer à la mesure des
étoiles doubles un procédé semblable à celui que l'on a employé souvent
pour la détermination de la position des lignes fines du spectre. La super-
position d'un fil à une telle ligne la masque et en rend le pointé impos-
sible; plusieurs observateurs ont remplacé le fil par une aiguille dont on
amène la pointe sur le milieu de la ligne à repérer. Pour les étoiles doubles
il fallait deux pointes. M. Bigourdan les forme en étirant, à la lampe
d'émailleur, une tige pleine en verre. Il obtient ainsi deux pointes extrê-
mement fines, de 6^ de diamètre à peu près, supportées par des tiges co-
niques suffisamment rigides, qu'il fixe sur les chariots mobiles de son mi-
cromètre à la place des fils. Un système de réglage des supports, très
habilement exécuté par M. Mailhat, permet d'amener ces pointes à être pa-
rallèles et à avoir même longueur. Ce réglage se fait très rapidement sur
place, le micromètre étant fixé à la lunette. Dans le champ éclairé de l'in-
strument, les pointes apparaissent complètement noires.
» On voit que ces pointes de verre ne sont pas, en réalité, plus fines
que les fils d'araignée. On pourrait aisément les amincir, mais elles exige-
raient alors, pour être vues, un éclairage du champ qui ferait disparaître
les faibles étoiles, et la méthode ne demande pas une telle finesse. Elle
consiste, en effet, à amener les pointes en face des deux étoiles, sans les
recouvrir, de telle façon que leurs prolongements aillent passer par les
centres des disques fictifs. Une expérience de deux années a prouvé que,
avec les pointes, on peut mesurer tous les couples dont les composantes
sont séparées en vertu du pouvoir optique de l'instrument, et même ceux
qui sont simplement allongés. On peut, de même, mesurer le diamètre
fictif des étoiles.
M Ce n'est point à dire que l'emploi des pointes doive nécessairement
donner des mesures plus exactes que celui des fils. L'opération qui con-
siste à prolonger par la pensée les axes de ces pointes et à les faire coïn-
cider avec les cenlrey des images stellaires doit, évidemment, en raison
( 320 )
de la largeur des extrémités de ces pointes, donner place à une équation
personnelle, qui peut n'être pas la même pour deux étoiles très différentes
d'éclat. Le véritable avantage du nouveau mode de pointé, c'est qu'avec
lui l'observateur a conscience de ce qu'il fait, ce qui n'a plus lieu lors-
qu'un fil masque l'étoile. S'il donne lien à une équation personnelle,
M. Bigourdan, qui a fait autrefois une étude très complète des causes
d'erreurs dans la mesure des étoiles doubles et construit dans ce but un
appareil fort ingénieux, voudra certainement soumettre son nouveau pro-
cédé à l'épreuve de l'expérience directe.
» Déjà la comparaison des mesures de distances faites par les deux pro-
cédés du micromètre à fils et du micromètre à pointes sur des couples
auxquels le premier' peut s'appliquer, lui a fait reconnaître que les distances
mesurées aux pointes sont, en général, très légèrement plus grandes, de
()",o5, que les distances mesurées aux fils. C'est un résultat à rapprocher
de celui tout semblable que Kaiser a obtenu par l'emploi du micromètre
d'Airy.
» Les diamètres des planètes et de leurs satellites se déterminent aussi
avec exactitude en plaçant les pointes de façon que leurs axes parallèles
prolongés soient tangents aux bords opposés du disque. Avec des fils, il y
aurait à tenir compte de leur épaisseur, et il ne faudrait pas croire qu'on
puisse éliminer cette cause d'erreur en les mettant en contact avec le
disque successivement par leurs bords extérieurs et intérieurs. Par un effet
de diffraction, le disque lumineux empiète sur le fil obscur dès que la
distance est très petite, et quelquefois même le fait disparaître complète-
ment.
» Les micromètres à double image, micromètre d'Airy, prismes biré-
fringents, héliomètre, semblent a priori devoir donner les diamètres des
astres beaucoup mieux que les micromètres filaires. En réalité, ils pré-
sentent d'autres inconvénients. Dans tous les cas, réduction à moitié de
l'éclat du disque; avec les prismes d'Arago, achromatisme très imparfait et
inégal des deux images et influence énorme d'une légère obliquité; avec
l'héliomètre, pouvoir optique insuffisant et déformation des images par la
diffraction; enfin, avec le micromètre d'Airy, le seul qu'on puisse appliquer
à l'étude des étoiles doubles, nécessité, comme l'a démontré Kaiser, d'une
étude très longue et très pénible de l'appareil pour en pouvoir obtenir des
mesures absolues.
» En résumé, le procédé préconisé par M. Bigourdan facilite beaucoup
la mesure des très petites distances angulaires et leur assure un degré de
( 32, )
précision au moins égala celui que donne aucun des micromètres employés
jusqu'ici.
» Nous ne pouvons qu'encourager l'auteur à poursuivre l'application de
son procédé ingénieux, et nous demandons à l'Académie d'ordonner l'in-
sertion du Mémoire dans le Recueil des Savants étrangers. »
■&^
Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées.
CORRESPONDANCE.
Le Coxsf.il gëxërai. des Faci'ltés de Lyox invite l'Académie à se faire
représenter à l'inauguration de la statue de Claude Bernard, qui aura lieu
à Lvon le 28 octobre prochain.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces de la Correspon-
dance, un Mémoire de M. Malvy « Sur les polygones réguliers (étude élé-
mentaire) M. (Mémoire autographié.)
Depuis que Gauss a découvert la possibilité d'inscrire dans le cercle les
polygones réguliers de dix-sept côtés, et, en général, ceux dont le nombre
de côtés est un nombre premier de la forme 2"-»- i, ce problème a été
l'objet de divers travaux; en particulier, de la part d'Ampère et de Serret.
Dans la solution nouvelle qu'il propose, M. Malvy s'est astreint à faire
usage des méthodes purement géométriques.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, 1' « Annuaire de l'Ecole Polytechnique pour l'année
1894 M.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des formes différentielles
quadratiques. Note de M. Wladimir de Taxxexberg, présentée par
M. Darboux.
« Considérons la forme quadratique à n variables que l'on rencontre
dans les équations de Mécanique
2 T f//- = 2 2 ""^ ^^i ^^'^'l^-
( 322 )
La théorie de la réduction de cette forme comprend en particulier le pro-
blème suivant :
» Tromper les conditions nécessaires et suffisantes pour que la forme iT di'
soit réductible à la suivante
2T dl"- =dy] + ...^ dy; + fidfp^, ,..., dy,.),
les coefficients de f étant indépendants de y,, . ., y^,. Effectuer la réduction
dans les cas où elle est possible.
» J'ai été conduit à la solution de ce problème de la manière suivante.
Considérons le système invariant
lié à la forme ï et que j'ai déjà défini (i5 mai). Les intégrales du premier
degré en x',, . . . , x. de ce système ont la forme
^ - 2à dx]' '
i
et sont définies par le système déjà mentionné
(2) MA* = ; f- > b", -. = O.
le
» Ce système est aussi invariant, comme le montre la formule
(3) •■'.■«=22vv.,£ïg.
M De là résulte une classification des formes T : la forme T sera dite de
la classe p, si le système (2) admet précisément /; solutions distinctes,
p pouvant d'ailleurs être nul. (On fait abstraction de la solution banale
0 = const.). Pour reconnaître a priori la classe d'une forme donnée, nous
ferons usage d'un invariant particulier J, défini par
(4 ) J = 22 "'M 'Z^-,- Sa-, = 2 S w«p "^^^ ^^?-
I I, a. 'fi
» A cet effet, supposons les dx et ^x définis par les systèmes invariants
V fi,A dX/, = ^ dl, ^ Ou, txu =^ ^ S^
( 323 )
où 0 et ç sont deux fonctions arbitraires des .r. Alors J devient un para-
mètre différentiel du second ordre de la forme T. On trouve que
» La quantité A désigne ici, suivant l'usage, le paramètre différentiel
Ao= vylL^jaiL.
i k
)) Les formules (4) et (5) vont nous permettre de caractériser la classe
(/)) de la forme T. Soit en effet (y,, .... y,,) un système de solutions dis-
tinctes du système (2 ). Pour f) =,y, l'invariant J est nul, quelle que soit la
fonction cp, donc
A(j',) = const.;
on en déduit
^(J/'Ja) = const.
M II est aisé de voir qu'on peut choisir le système de solutions de ma-
nière que
A (y,) = I , A (Vi, yh) = o 'V -î-.
» Cela posé, considérons le système d'équations distinctes
S,(/) -AO',, /) = n, /=.r.2 p.
» Ce système admet n — p intégrales distinctes JVi ' ■ • ■ • Jn» ^^''
s,s,(7;)-s,s,^/) = o.
» Choisissons comme nouvelles variables les fonctions distinctes
}',. . . . Y p. ■ ■ ■ . y,,' alors la forme T devient
(G) 2 T (h- = dy] -1- . . . :- dy],+ [{dy^^, , ..., dy,,),
et comme 7,, .... y' doivent être des intégrales du premier degré du
système
(7) 4.rSW^=0, /=:..2 .,,
il en résulle
» La forme/ a donc ses coefficients indépendants de j, , .... y p. Réci-
( 324 )
proqiiement, si la formule (G) est applicable, la forme T appartieiiL à la
classe (yo). Donc :
« Pour que la forme iTdt'- soit réductible à la suivante
(1) ^Tdl"- = dy\ -r . . . + dyl +f{dy^^, . . . dy/),
où les coefficients de la/orme quadratique f so/U indépendants dey, .... ,yp,
il faut et il suffit quelle soit de la classe (^p), c'est-à-dire que le système inva-
riant (2) admette précisément p solutions distinctes,
» La démonstration précédente met d'ailleurs en évidence les intégra-
tions à effectuer pour réduire une forme T de la classe (^) à la forme (I).
Pour^ = n, on ret:ombe sur la solution que j'ai donnée dans ma dernière
Communication. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration de certains systèmes d'équa-
tions aux dérivées partielles du premier ordre impliquant plusieurs fonctions
inconnues. Note de M. Riquier, présentée par M. Darboux.
« Étant donné un système du premier ordre résolu par rapport à un
certain nombre de dérivées, on peut, pour en disposer nettement les di-
verses équations, les écrire dans les cases d'un quadrillage rectangulaire
dont les lignes correspondent aux variables indépendantes et les colonnes
aux fonctions inconnues, en mettant l'équation qui aurait, par exemple,
-j- pour premier membre, dans la case qui appartient à la fois à la co-
lonne (m) et à la ligne (a-). Cela posé, si les cases vides du tableau résultant
sont toutes situées dans une même colonne, si de plus le système considéré est
complètement intégrable ('), son intégration se ramène à celle de systèmes
complètement intégrables d'équations différentielles totales.
» I. Cas d'un système linéaire. — Je supposerai, pour fixer les idées, que
le système implique trois fonctions inconnues u, v, w de cinq variables.
(') La théorie des systèmes difTérentiels quelconques est réducliljle, dans les circon-
stances générales, à celle des systèmes linéaires complètement inléy;rables du premier
ordre : c'est ce que j'ai établi dans diverses Notes communiquées à l'Académie
(28 mars 189a, 27 février iSgS, 24 avril iSgS) et dans un Mémoire in extenso adressé
dernièrement à M. le Secrétaire perpétuel. Le type de système dillerentiel qui fait
l'objet de la présente Note n'est pas assujetti à être linéaire, mais il est, comme ceux
dont je viens de parler, complètemeiil intégrable et du premier ordre.
( 325 )
iiidépenchinlcs j:, y, :., s, t, et que toutes les cases du Tableau sont pleines,
à l'exception des cases (z), (f), (/) de la colonne (h^). Le système con-
sidéré est alors de la forme suivante
( ^ - U + H ("z — + S ^ ^- T '''''\
dx ^^ ' "«\^^-^ r/z ^ ■^■'- ds ^ '-■' dt
rty ^y "uy-y ^. ■ -^y ^^. -r- i, ^^
(3) ' (4) ' "^^ (-5) r "^^
les coefficients de a-, y, z, s, t, ii, c, w qui figurent dans les coefficients
des seconds membres étant liés entre eux par certaines relations. On
posera
U,-U,Z,- U,S,,- U,T,. = U',", U,- U,Z,- U,S,~ U,T, = U',",
V. - v,z,. - v,s. - v,T., =. v;", V, - v,z,, - v,s,. - v,t, = vy \
et l'on formera les équations
idu _ Tidi , y du du du
^ - U, + Z,^ + ^- rf^ + ^- rf7'
f^-W -4-7 ^'^S ''"■ -4- T '^"'
1^" _ TT" _i_ 7 '^^" , C ^" T '^"
^j ~ ^ +^^v7 +^^rfj -^^ylTt'
^ - V'" -t- Z — + S "^'^ -t- T '^''
j «'j- ~ ^^ ^^^dz + ^7/7 "*" ^^TS'
c. R., i8çi4, 1- Semestre. (T. CXI\, N° 5.) 4^
(326)
qui, jointes à (3), (4) et (5), constituent un système équivalent au pro-
pose. En désignant par / une fonction inconnue de huit variables a;, y,
z, s, t, u, c, w, et par/,, /„ /„ /,, /„ f, six intégrales particulières dis-
tinctes du système linéaire et homogène complètement intégrable
1^ - ^■■^Tz'^^^'ds + ^'dt ^- da ~ ^- d, ^^^d.v'
df y df ^df df ,,,dl_ _ ^n>df_ w ^,
Ty-^yTz'^^y^h'^ ^>dt ^y du ^.>- ^,. ^v^.v'
la solution générale du groupe [(6), (7)], considéré isolément, s'obtiendra
en égalant/,,, /j,/; à trois fonctions arbitraires de/,, /o./a-
» Cela étant, supposons que l'on veuille déterminer, parmi les solu-
tions du système proposé, toutes celles oi!i la fonction w se réduit, pour
a- _ j-^ 3= y — y^ = o, il G (z, s, t). On conservera, à cet effet, les variables
indépendantes x, y, et on changera les trois dernières z, s, t, ainsi que les
fonctions inconnues u, v, w, en prenant à leur place pour nouvelles
variables les quantités ^, c,t, et pour nouvelles fonctions inconnues u, ç, <]/
que définissent les relations
(8) /, = •(, /,-., /, = T. /. = ., /,= ?, /» = f
Faisant, dans^ces dernières, x — x^, y —Jo et^^' = G(-, s, t), on éliminera
z-, s,l, u, V entre les formules ainsi obtenues, ce qui donnera la relation
(9) i2('C,cr, T,u,(p,'i) = o.
Enfin on effectuera le changement de variables (8) dans les équations (3),
(4) et (5) en tenant compte de la relation (9), et on tombera finalement
sur un système complètement intégrable d'équations différentielles totales
impliquant deux fonctions inconnues des seules variables ^, a, t. On en
formera les intégrales générales, on adjoindra à celles-ci la relation (9),
et on reviendra aux anciennes variables.
» II. Cas d'un système non linéaire. — Je supposerai, pour fixer les
idées, que le système donné 1, composé de quatre équations, implique
deux fonctions inconnues u, v des trois variables indépendantes x, y, z, et
que toutes les cases du Tableau sont pleines, à l'exception des cases (y)
et (z) de la colonne (v). Pour trouver, parmi les solutions du système 2,
toutes celles où v se réduit, pour x ■= x^, à F(j, =). on procédera comme
il suit : i" on adjoindra à i l'équation -^ —1 (x,y, :,u, v, ^b et l'on rem-
( 327 )
placera y- par 7^ dans 1, ce qui donnera un système 1' composé de cinq
équations; on prendra d'ailleurs pour >. la détermination qui rend i' complè-
tement intégrable, et qui en môme temps se réduit à — ■ ' " pour ^r = x^ ;
2" on adjoindra à 1' l'équation -^ = ij.(cc, y, z, ii, r\ et l'on remplacera -j-
par [j. dans 1', ce qui donnera un système 1" composé de six équations : on
prendra d'ailleurs pour a la détermination qui rend i" complètement inté-
grable et qui en même temps se réduit à — ^J" ' pour x — a?„ ^ v — y„ = o ;
3" on formera les équations intégrales générales
f P(.T, r, --.w.r,C,C') = o.
^'"'* i Q(x,y,z,„,v,C,C') = o,
du système i", et, faisant dans ces dernières .r = x,,, y = Yo< ^ = ^n.
(• = F(/o,;ii), on éliminera u entre les deux équations résultantes; on
tombera ainsi sur une relation C'= ^{C), à l'aide de laquelle on éliminera
finalement C des relations (lo). »
OPTIQUE. — De l'absorption de la lumière dans les milieux isotropes
et cristallisés. Note de M. G. Morkau, présentée par M. Poincaré.
« Aux hypothèses de la théorie d'Helmholtz sur la dispersion anomale,
j'ai substitué une hypothèse qui me semble plus logique et qui donne des
équations de mouvement rendant compte des principaux phénomènes
connus pour l'absorption isotrope et cristallisée (dispersion anomale, pé-
riodicité des raies d'absorption, observation de Becquerel).
» Si l'on considère un corps absorbant traversé par une onde lumineuse,
les atomes d'étlierqui environnent une molécule de matière la rencontrent
dans leur mouvement et lui communiquent une partie de leur force vive.
L'absorption provient de cette perle de force vive.
M La théorie du choc simultané de plusieurs atomes élastiques m, sur
une grosse sphère élastique M de centre O, donne les formules suivantes :
OA, OB, OC étant les trois axes principaux d'inertie des atomes m placés
en leurs points de contact sur M, U^, Ug, Up; U^, UJ,, Ué les composantes
de la vitesse de M avant et après le choc, on a, suivant OA,
(.) M(L,-U,)^ -^/ - ou m,= lmx-, u,,= ^^_,
^ :^28 )
X, y, z cosinus directeurs du rayon de contact de m, v composante de la
vitesse dew suivant ce rayon. La formule (i) se rapporte à un mouvement
de translation, car le mouvement de rotation est négligeable si H m est petit
à côté de M. Appliquée à un mouvement rectiligne del'éther, en supposant
le rayon de M très petit vis-à-vis d'une longueur d'onde, elle devient
(2) M(U;--U,) = co,(V,-U,) ou co.^jj^^,
V^, Vu, V( vitesse de l'éther.
» Par rapport à un système d'axes fixes Ox, y, z, la formule sera, sui-
vant Ox,
(3) M(U' - U) = P(» - U) + I((^ — V) + y(co - W).
» Suivant Oy et O:;, on aura deux composantes dont les coefficients
forment avec les premiers un déterminant symétrique,
Q, R, /■ et q s'obtiendront par permutation de a, p, y, ... cosinus directeurs
des axes d'inertie.
» Les composantes de la force accélératrice, qui, agissant sur M, pro-
duira l'augmentation de quantité de mouvement M(U'— U) seront
X, Y, Z ou X = NM(U'-U).
M Pour l'éther
XY'Z' ou X'=-X
)) Le calcul des composantes X exige le calcul des sommes ^^ mx". Ce
calcul nécessite la connaissance de la distribution de l'éther autour du
centre de M. On décrit, pour cela, une sphère de rayon i autour de ce
centre. On considère un élément de surface ck> de centre x, y, z. Le
nombre n d'atomes de cet élément sera tel que
(n X m) (ho = (A.X-'- H- By^ + C^- + 2.Dxy + 2.Eyz -+- 2.Vzx) d = ^ d(.o.
L'équation = i caractérise un ellipsoïde de distribution tel que, si OP
est le rayon vecteur passant par x, y, z, on a
» La forme de cet ellipsoïde sera donnée par les conditions de symétrie
du milieu absorbant.
( 329 )
M On trouve facilement que, par rapport à une droite quelconque x, p,
y passant par O, pour un mouvement parallèle à Ox, on a
2wa;2= ^(A+ B + C + 2T), où T = tl)(=c, p,y).
Cette formule montre que les axes principaux d'inertie sont confondus
avec les axes de l'ellipsoïde de distribution, et que, pour ces axes, on a
'^mx''= ^«,/?2 -f- ^(A + B + C),
n, m étant le carré de l'un des demi-axes de l'ellipsoïde.
» On voit facilement que cette expression ne change pas avec l'orienta-
tion du mouvement incident de l'èther. On déduit alors
(4) ^mx^-='-^{3A,-^B,+C,),
où ^j |j-> jr sont les carrés des demi-axes de l'ellipsoïde.
» I. a formule (4) donne
P = (p(A, + B, -4- C, ) + 2o(A,a-- + B, a'- -+- C, y."-),
P = 2 Tout étant symétrique de part et d'autre du plan XY, ne considérons qu'une des
moitiés de l'appareil.
» Le problème revient à étudier la marclie des rayons dans trois prismes en contact
et dont les faces extrêmes sont parallèles.
» Remplaçons donc la lentille au point B par son plan tangent, et étudions les dé-
viations que subit le rayon.
» La face delà cuve de chauffage étant perpendiculaire au rajon, nous n'aurons à
nous occuper de la réfraction qu'aux points C et B; en ce dernier point, la déviation
sera
(■)
-(•-)"
A').
» La condition que réalise l'appareil est de ramener le rayon réfracté C parallèle à
sa direction incidente AB. Il faut donc que la déviation au point C soit égale et oppo-
sée à celle qui se produit en B,
(2) _3=(^f_,JA',
ce qui donne, en égalant (i) et (2),
(^■)"-*''=-(î-)^'
ou eu simplifiant
(3)
"'H'-^}
n Nous avions trouvé pour l'appareil ordinaire, c'est-à-dire quand les faces de la
cuve plongent dans l'air,
(4)
--'=■ Semestre. (T. CXIX. N°5.)
43
( 334 )
» En ajoutant aux deux membres Je (3) la quantité (e — i) :
(5) (^-i) = a(^^l^^ + (e-,).
» Celte équation, qui est celle de l'appareil à chauffage, représente encore une
droite, mais qui ne passe plus par l'origine.
M L'adjonction d'une cuve extérieure conserve donc la proportionna-
lité à l'appareil.
« Remarquons en outre que, pour une même cuve, la sensibilité
se trouve accrue par l'immersion dans le rapport des coefficients angu-
laires des droites (A) et (5), soit- ; environ 3 avec les matières em-
t^ ^ ^ n — e
ployées, crown et eau.
■» Au point de vue construction, ceci permet d'obtenir des sensibilités
considérables avec des faces lenticulaires dont le rayon de courbure n'est
pas trop grand, et qui sont, par conséquent, faciles à travailler.
» Le premier appareil réalisé dans ces conditions est destiné à l'étude
des huiles et des corps gras qui demandent une température assez élevée
pour être fluides et transparents. Il faut de plus, que cette température
soit toujours la même et facilement reproduite; enfin on a besoin, dans ce
cas d'une assez grande précision, ces corps ayant des indices très rappro-
chés (1,46 à 1,49)- Ces diverses conditions sont très bien remplies par
l'appareil modifié. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constitution du rhodinol de l'essence de Pelar-
gonium. Note de MM. Ph. Barbier et L. Bouveault (' ), présentée par
M. Friedel.
« La portion principale de l'essence de Pelargonium est un liquide in-
colore, un peu huileux, possédant une très forte odeur de roses, bouillant
à II 5"-! 10° sous 10™". Sa densité à 0° est 0,8866, et elle donne, sous une
épaisseur de 20*^", une déviation de — i2°28'.
)) Ce composé est un alcool, comme le montre sa transformation très
facile en éther acétique. Cet acétate s'obtient aisément en chauffant à ido"-
i6o° la solution de rhodinol dans un excès d'anhydride acétique. Il bout à
120° sous 10™" et possède une odeur assez agréable; sa densité à 0° est
(') Voir la Note précédente, t. CXIX, p. 2S1.
( 335 )
o,gi58. En iiaéme temps que cet éther, il se fait une faible quantité d'un
hydrocarbure bouillant à Go^-So" sous la même pression. Cet acétate fixe
une seule molécule de brome.
» Si l'on saponifie cet éther, l'alcool régénéré a conservé le même point
d'ébullilion, mais son odeur s'est affaiblie en devenant beaucoup plus
suave, et sa densité s'est abaissée à 0,8825. En même temps la déviation
polarimétrique, sous la même épaisseur, est tombée à — 7°i2', ce qui cor-
respond à «D = — f\°.
» Nous avons tenté de combiner cet alcool avec l'isocyanale de phényle
afin d'obtenir une phényluréthanc cristallisée et caractéristique, malheu-
reusement l'isocyanate de phényle agit comme déshydratant, et l'on n'ob-
tient que de la diphénylurée.
» Le rhodinol du Pelargonium est un alcool primaire, car, soumis à une
oxydation ménagée, il donne à la fois une aldéhyde et un acide de même
condensation en carbone. Nous avons préparé ces corps en faisant tomber
un mélange chromique pouvant donner O' sur le rhodinol du Pelargonium
placé dans un ballon. Il se fait une grande quantité de produits de conden-
sation à point d'ébullition élevé, aussi les rendements en aldéhydes et en
acides sont-ils peu satisfaisants.
» L'aldéhyde bout de loo" à 108°, mais il est impossible de la séparer
de l'excès d'alcool qui l'accompagne toujours. Elle possède une odeur
mixte de menthe et de citron. Afin de transformer ce composé en un pro-
duit facile à purifier, nous en avons fait l'oxime qui, elle, est un liquide hui-
leux bouillant de i4o° à i5o°. Traitée par l'anhydride acétique, cette oxime
se change en un nitrile bouillant à i i2°-i i3° sous 1 1""". Ce nitrile a pour
composition C"'Il'*Az, l'aldéhyde dont il dérive était donc bien C'^H'^O.
» Nous avons constaté que ce nitrile fixe une molécule de brome en
solution chloroformique.
» Nous avons isolé, des produits d'oxydation du rhodinol du Pelar-
gonium, un acide huileux à forte odeur d'acide gras bouillant à i49''-i5o"
sous lo""™. Cet acide a pour composition C'^H'^O^. Nous avons préparé et
analysé son sel de baryum. Il fixe en solution chloroformique une molé-
cule de brome.
» Une oxydation plus profonde de cet alcool donne des quantités con-
sidérables de diméthylcétone, et un acide cristallisé se présente sous la
forme de fines aiguilles fusibles à 100". Cet acide a pour composition
C'H'-O''. Il distille sans altération au-dessus de 3oo" à la pression ordi-
naire et à 205° sous lo""™. Sa formation en même temps que celle d'acé-
( 336 )
tone est exprimée par l'équation C'H'^O + O* = C'HHJ + C'H'-O*.
C'est un acide bibasique saturé; il ne fixe pas le brome. Nous avons établi
sa bibasité par l'analyse des sels d'argent et de baryum; nous l'avons éga-
lement transformé en anilide par simple ébuUition avec l'aniline.
» Cette anilide forme de fines aiguilles incolores fondant à 2o6<-"-207''.
Elle est assez soluble dans l'alcool, surtout à chaud, très peu soluble dans
l'éther.
» Traité par l'anhydride acétique à l'ébuUition, le nouvel acide bibasique
fournit un anhydride qui est un liquide très visqueux bouillant à i8o° dans
le vide et répondant à la formule CH'^O'.
» Cet acide n',a pas été décrit jusqu'ici, mais les diverses propriétés
qu'on vient de signaler permettent de lui attribuer une constitution définie.
Comme il ne se décompose pas et qu'il ne fournit pas d'anhydride sous
l'influence de la chaleur, on peut en conclure qu'il n'appartient pas à la ca-
tégorie des acides maloniques substitués ni à celle des acides succiniques
et glutariques substitués.
» L'acide pimélique normal s'en distingue par un point de fusion plus
élevé (io5°); de plus, le nouvel acide est doué de pouvoir rotatoire; 2^'', 5
dans 50*=*^ d'alcool ont fourni une déviation de — 19' sous 20'^"' d'épaisseur,
ce qui correspond à un pouvoir rotatoire «1, = — S^io'.
» Nous nous proposons d'ailleurs de faire subir de nouvelles purifica-
tions à notre acide pour établir que le pouvoir rotatoire assez faible que
nous avons trouvé n'est pas dû à une impureté; nous le comparerons
également à l'acide pimélique normal sur lequel les données précises sont
fort peu nombreuses.
)) L'acide pimélique étant écarté, on ne peut plus hésiter qu'entre les
acides a et p méthyladipique; or le second est connu, il fonda S/f^-SS" et ne
peut être confondu avec notre acide. Nous admettrons donc que nous
avons entre les mains l'acide a méthyladipique; nous ajouterons qu'une
tentative pour reproduire synthétiquement cet acide n'a pas abouti.
» Les alcools isomériques du rhodinol du Pelargonium, lémonol (géra-
niol), licarhodol, avec lesquels il a été jusqu'ici confondu, perdent aisé-
ment I molécule d'eau pour donner naissance à des terpènes C'^H". L'al-
cool que nous venons d'étudier s'en distingue par une conduite très
différente. Le bisulfate de potassium le transforme en produits visqueux
à point d'ébullition très élevé, des oxydes sans doute, et ne donne qu'une
lî es faible quantité d'hydrocarbure qui n'a pu être encore étudié.
» L'acide chlorhydrique qui éthérifie si facilement à froid ses isomères
( 337 )
ne l'attaque qu'à chaud; le chlorhydrate ainsi obtenu, chauffé avec l'acé-
tate de potassium, régénère l'acétate de rhodinol, tandis que les éthers
chlorhydriques de ses isomères, traités de même, fournissent un terpène ; le
produit obtenu à l'aide du perchlorure de phosphore se comporte de même.
» I,es expériences qui précèdent établissent que le Rhodinol de l'es-
sence de Pelargonium est un alcool primaire répondant à la formule
C*''H'*0, contenant une seule liaison éthylénique, ainsi que le montre
l'action du brome sur son éther acétique, sur l'acide monobasique prove-
nant de son oxydation ménagée et sur le nitrilc de ce dernier; c'est donc
un composé cyclique. De plus, l'existence du pouvoir rotatoire chez l'al-
cool et ses dérivés imphque l'existence d'un atome de carbone asymé-
trique. La facilité avec laquelle il fournit à l'oxydation à la fois de l'acé-
tone et de l'acide (X méthyladipique nous conduit à attribuer provisoirement
à ce corps la formule de constitution I.
I.
II.
CH^ CtP
CIP CH»
C
co
i!
+
COOII
CH- /\ CH2
CH^ ,/ . CH'
1 1 ^
en-' ' ' CH-CH^OH
CH2
0*
+
H^O:
= 1 '
CH'- '1 CH-COOH
CH^
)) Par oxydation, ce corps se change en l'acide monobasique correspon-
dant, puis en acide bibasique et diméthylcétone. »
CHIMIE. — Action du chlorure de thionyle (acide chlorosulfureux) sur quelques
composés minéraux el organiques. Note de M. Cu. Moureu, présentée par
M. Friedel.
« Le chlorure de thionyle (acide chlorosulfureux) SOCl", chlorure
d'acide qui correspond à l'acide sulfureux hypothétique S0(^ , a été,
dans ces dernières années, l'objet d'un certain nombre de travaux. Avec
les aminés primaires, notamment, il a donné à M. Michaëlis les thiona-
mines SO = AzR; en réagissant sur l'acide acétique, il produit du chlorure
d'acétyle (Béhal et Auger).
» Il m'a paru intéressant de rechercher quel serait son mode d'action
sur quelques composés particuliers, tant minéraux qu'organiques, renfer-
( 338 )
mant des groupes OH. Dans le présent travail, j'étudie l'action du chlorure
de thionyle sur les acides minéraux, sur les acides oxalique et formique, et
sur les aldoximes. Ainsi qu'on va le voir, le chlorure de thionyle se conduit
tantôt comme agent de déshydratation, à la façon de l'anhydride acétique
(aldoximes) ou même de l'acide sulfurique (acides oxalique et formique),
tantôt comme agent chlorurant, à la façon des chlorures de phosphore
(acides minéraux). Il fournit, en effet : i° avec les acides minéraux, les
chlorhydrines correspondantes (monochlorhydrine et pyrodichlorhydrine
avec l'acide sulfurique): 2° avec les aldoximes, les produits de déshydra-
tation immédiats ou nitriles. Quant aux acides oxalique (oxalates) et for-
mique, ils donnent, avec le chlorure de thionvle, les mêmes produits
qu'avec l'acide sulfurique ; en d'autres termes, l'acide oxalique est décom-
posé, avec formation de gaz carbonique et d'oxyde de carbone, et l'acide
formique avec production d'oxyde de carbone. Toutes ces réactions sont
accompagnées d'un dégagement d'acide chiorhydrique et de gaz sulfureux
à volumes égaux. (Il va sans dire que, dans le cas des oxalates, il se forme,
non pas H Cl, mais un chlorure métallique.)
» Acide sulfurique. — Je me suis servi d'acide ayant rigoureusement pour densité
1 ,84. 11 a été préparé en redistiliant, dans une cornue de platine, l'acide pur du com-
merce, et l'on n'a utilisé que la seconde moitié du produit distillé.
» On verse dans un ballon de l'acide sulfurique (aos"'), et un excès de SOCP (5os'').
Il se dégage aussitôt SO- et H Cl. La réaction, qui a lieu sans échauffement sensible,
se poursuit régulièrement, jusqu'à ce que tout l'acide sulfurique ait été attaqué, ce
que l'on reconnaît à la disparition de la couche inférieure.
» Le liquide est immédiatement distillé. La plus grande partie passe entre )3o° et
iSj". Il est impossible, même après un grand nombre de rectifications, d'obtenir un
produit bouillant à point fixe. On se trouve, en effet, en présence d'un mé-
lange de monochlorhydrine S0^(^ „. , bouillant à loS" et de pyrodichlorydrine
gQ./Cl
\
2/
\
tués sur des portions passant à diverses températures
yO , bouillant à i3o°. Ce fait a été établi par une série de dosages de chlore effee-
so' à 18" 17,9 5,8 3,66 8,44 Moùl à 10° Bail.
2,5
1,3
4,2
6,06
2,5
8,34
2,4
1,1
4,3
( 343 )
» On reconnaît que, pour le moût n" II, l'oxydation et l'aération sont
complètes, puisque la dose d'oxygène dissous est normale, et présente avec
le volume d'azote le rapport de i. Ces chiffres concordent d'ailleurs avec
ceux qui ont été publiés antérieurement, en tenant compte de la concen-
tration, puisque nous opérons ici avec du moût à io°, tandis que le moût
recueilli en pratique représentait près de iS" Balling.
)) Comme le volume d'air injecté était de i lo"* par minute sous une
pression de o''s,6, sur un volume de 4oo''S nous pouvons en déduire que
l'on obtient une oxydation et une oxygénation suffisantes en injectant à
chaud ou à froid un volume de 750"' d'air par hectolitre de motit, avec une
vitesse d'environ 1 10'" par minute.
» L'exemple du moût n° I montre qu'une partie de l'air doit être injectée
à chaud, puisque, avec une aération de 3o minutes à 16°, on n'arrive pas
à une saturation complète.
M L'oxydation porte, non seulement sur les principes du houblon, mais
encore sur des éléments du moût lui-même; en effet, sur un même moût
on a trouvé :
Avant houblon. Vol. total. CO». O. Az.
ce ce ce ce
Chaudière saturée d'air à froid 3o,i 3,8 4-8 ''^^
Moût houblonné, salure à froid 20 5,8 4187 9,33
Aéré 10 minutes à chaud et 17 min. à 180°.. 17,9 5,8 3.66 8,44
» Sur 5", 8 d'acide carbonique provenant d'oxydation, 3'='', 8, c'est-à-dire
près des f , doivent être attribués aux éléments du moût, et^ seulement aux
principes du houblon. Cet essai montre encore que l'oxydation obtenue
par une aération de 10 minutes à chaud et 17 minutes à froid, à raison de
750''^ par hectolitre de moût clair, est normale.
» Cette oxydation des principes du moût est très faible à basse tempé-
rature, et s'active surtout par l'ébullition; en effet, tandis que le moût
pris dans la cuve-matière à 60° environ donne par litre 2."" gaz dissous,
dont o'^'', II CO- seulement, et après saturation d'air 16", 5 gaz dont
. 2"=%! C0^ il fournit après ébuUition et saturation d'air 20", i gaz dont
3", 8 CO^ Il reste à déterminer quels sont les éléments des moûts de sac-
charification susceptibles de s'oxyder par l'air (' ). »
(') Travail fait à l'École de Brasserie de la Faculté des Sciences de Nancv.
( 344 )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Mécanisme de l' influence des substances
toxiques agissant à titre de causes secondes dans la genèse de l'infection.
Note de MM. Charrin el Duclert, présenlée par M. Ch. Bouchard.
« Pour triompher des résistances de l'organisme, les microbes récla-
ment fréquemment des auxiliaires. Des substances toxiques, on le sait,
peuvent être au nombre de ces agents auxiliaires. Cette notion, qui se dé-
gage des observations les plus anciennes, a reçu la consécration de l'expé-
rimentation.
» Toutefois, les' auteurs (')qui se sont occupés de cette question se
sont bornés, pour la plupart, à enregistrer ou à reproduire les faits, sans
s'efforcer de |)énétrer dans l'intimité de leur mécanisme. MM. Roger et
Monti ont pourtant montré que, dans ces circonstances, les poisons bacté-
riens intervenaient en agissant sur l'ensemble de l'économie plus encore
que localement. M. le professeur Bouchard, qui, le premier, a vu combien
ces poisons étaient nuisibles, quand ils pénétraient peu d'instants après le
virus, seul est allé plus loin, en prouvant que ces toxiques s'opposaient
aux activités phagocytaires.
» Chaque jour, des données nouvelles étendant, en pareille matière,
l'influence désormais incontestable des différentes intoxications, il nous a
paru intéressant d'élucider le mécanisme de cette influence.
» Expérience I {^). — Le 5 juillet 1894, deux, cobayes, A et B, reçoivent, chacun
sous la peau, 2'" d'une culture peu active du bacille pjocyanogène. Au mênne moment,
on injecte dans le tissu cellulaire de B, loin de l'inoculation, o'''^,5 d'acide lactique
dilué au tiers.
» Le lendemain, on sème un égal volume du foie de ces cobayes sacrifiés sur des
plaques d'agar, après lavage des viscères.
» Le 8 juillet, on compte neuf colonies sur la gélose qui a reçu les tissus de A ; sur
celle qui a été ensemencée avec ceux de l'animal infecté et intoxiqué, on observe de
nombreux îlots se fusionnant en une longue traînée.
» Expérience II. — On remplace l'acide lactique par i" d'alcool absolu étendu de
moitié. — On enregistre des résultats analogues.
(') Parmi les principaux travaux relatifs à ce sujet, il convient de rappeler soit
ceux de M. Arloing, de MM. Boux et Nocard sur la reviviscence du virus du charbon
symplomatique par l'acide lactique, soit les recherches de MM. Charrin, Platania,
Wurtz, Maurel, etc.
(^) Ces expériences ont été poursuivies au laboratoire de M. le professeur Bou-
chard.
( 3/,5 )
» Dans d'autres expériences, nous avons injecté de l'acétate de plomb,
du bichlorure de mercure, de la tuberculine, de la malléine, des toxines
pyocyaniques, utilisant ainsi des poisons inorganiques ou des corps pou-
vant dériver soit de la vie de nos cellules, soit de celle des bactéries. Dans
l'immense majorité des cas, un fragment donné de l'un des viscères d'un
animal intoxiqué a fait apparaître plus de colonies qu'une même parcelle
de l'organe similaire d'un cobaye inoculé, mais non empoisonné.
» Les faits établissent donc que l'intoxication agit sur l'élément quan-
tité, lorsqu'elle influence un virus. — Il convenait, dès lors, de recher-
cher si elle ne modifiait pas la qualité.
» Expérience III. — Le lo juillet, on injecte, sous la peau d'un cobaye, quelques
gouttes d'une culture pyocyanique obtenue en semant le sang de l'animal A de l'expé-
rience I ; un cobaye D reçoit la culture correspondante faite avec le sang du sujet B de
cette expérience I.
» On fait pénétrer des doses identiques, estimant que la durée de ces cultures,
elTectuées dans i\" de bouillon, permettait de négliger l'inégalité de richesse micro-
bienne des semences initiales, inégalité d'ailleurs rendue insignifiante par le peu de
volume de ces semences.
» Le cobaye C succombe le 12 juillet; le second, contaminé par le bouillon fertilisé
à l'aide des humeurs d'un animal empoisonné, meurt le i4-
» Expérience IV. — On cultive le microbe du pus bleu sur des milieux addition-
nés d'acide lactique à 2 pour 1000. — On reconnaît que la sécrétion des pigments est
entravée.
» On inocule à un cobaye E 2='= de cette culture contenant de l'acide lactique;
il résiste durant six jours. — La culture normale tue, à cette dose, en quarante-
huit heures (').
» Ces résultats amènent à conclure que les poisons utilisés, comme
autorisaient à le prévoir leurs propriétés antiseptiques, tendent à diminuer
la qualité du virus.
» Ainsi, chez les sujets intoxiqués, les bactéries, sans acquérir plus de
virulence, se multiplient plus aisément que chez les animaux contaminés
par ces bactéries, mais exempts d'intoxication.
» Cette action sur le virus est-elle directe ou dérive-t-elle d'une modifi-
cation du terrain? — L'absence d'exaltation du côté tie l'élément qualité
permet, dans une certaine mesure, de rejeter la première hypothèse et de
supposer qu'on se trouve en présence d'une perturbation de l'économie
retentissant sur ce virus. Toutefois, en pareille matière, l'expérimentation
seule légitime une conclusion.
(•) Chacune de ces expériences a été répétée plusieurs fois; le défaut d'espace nous
oblige à ne rapporter que quelques types.
( ys )
» On est ainsi logiquement conduit à rechercher l'explication de cet
excès de quantité dans l'examen des changements possibles survenus dans
l'organisme sous l'influence de l'introduction des toxiques.
» Expérience V. — Le ii juillet 1894, on injecte 3'^'^ d'une culture du bacille du
pus bleu dans le tissu sous-cutané de deux lapins également vaccinés contre ce ba-
cille; à ce niveau, on place des cellules de Ziegler, puis on fait pénétrer, dans le
derme de l'un de ces lapins, loin de l'inoculation, i" d'alcool et J d'acide lactique dilué.
» Une, deux., trois, quatre heures après, on constate que, dans les tissus de l'animal
empoisonné, les microbes sont plus abondants, les cellules migratrices plus rares, la
phagocytose plus discrète.
» L'immunité de cet animal a, du reste, complètement fléchi; il est mort au bout
de cinq jours; le second a résisté.
» Expérience VI. — Le 12 juillet, on saigne deux lapins vaccinés, dont l'un
vient d'être intoxiqué.
» Leurs sérums ensemencés sont également bactéricides.
» La conclusion imposée par ces expériences, c'est que les corps toxi-
ques mis en jeu amoindrissent la défense de l'économie luttant contre
les agents pathogènes.
» Des deux principaux moyens de protection actuellement les plus
connus, la phagocytose et Tétat bactéricide, le premier semble être le seul
compromis, du moins dans les conditions fixées par nous ( ' ).
i> Or, si, chez un animal donné, la destruction microbienne due à cette
phagocytose n'a pas lieu, alors qu'elle se réalise chez un témoin, il est clair
que, chez cet animal, les microbes ne tarderont pas à être plus abondants
que chez ce témoin. — En définitive, on est en présence d'une perturba-
lion frappant l'organisme et réagissant par voie indirecte sur le virus.
» En somme, nos recherches généralisent le rôle des poisons dans la
genèse de l'infection; elles montrent qu'un virus, en vertu de l'action anti-
phagocvtaire toxique, gagne en nombre sans devenir plus virulent. C'est,
en dernière analyse, cette augmentation de nombre qui le rend, ici, plus
redoutable, un virus valant principalement soit par sa qualité, soit par sa
quantité. «
(') Cette atténuation est-elle due à ce que les phagocj'tes ne peuvent librement
sortir des capillaires, en raison de certaines propriétés vaso-motrices attribuées à
quelques-uns des principes utilisés par MM. Bouchard, Gley etCharrin? Dépend-
elle de ce que les toxiques employés lèsent ces phagocytes, etc.? On ne peut ici que
poser des questions touchant ces sujets. — Dans l'immunité pyocyanique, les anti-
toxines sont sans grande importance; nous les avons laissées de côté.
( 347 )
PHYSIOLOGIE. — Sur des lois nouvelles de la contraction pupillaire.
Note de M. Cii. Henry.
« Lambert a cherché à déterminer la relation qui existe entre l'ouver-
ture de la pupille, la clarté de l'image rétinienne et la grandeur de l'image ;
il a représenté les résultats de ses expériences par l'équation
dans laquelle a désigne un nombre proportionnel à la surface de l'iris, x
un nombre proportionnel à l'ouverture de la pupille, vi un nombre pro-
portionnel à la surface de l'image rétinienne, y la clarté de l'image qui,
en égalant une constante à l'unité, devient égale à x, a et y deux con-
stantes.
» Lambert suppose que la fraction ^ = "~^ > 1» part contributive de
chaque élément rétinien à la contraction totale, est la même pour tous les
éléments; en réalité, cette fraction ne représente qu'une moyenne; E ne
dépend pas seulement de j, mais encore de yî.
» J'ai d'abord répété les expériences de Lambert, dans lesquelles y elr\
varient simultanément, en considérant, à des distances différentes, une
ouverture circulaire découpée dans le volet d'une chambre noire, et en
mesurant ma pupille immédiatement après chaque expérience au pupillo-
mètre de Robert Houdin; Lambert mesurait également sa pupille dans un
miroir après chaque expérience : j'ai constaté que ^, en adoptant pour a la
valeur de Lambert io°"°,6 , croît plus vite avec y qu'il ne l'avait trouvé.
» A propos du calcul de ces expériences, il convient de remarquer que le diamètre
observé de la pupille n'est pas le diamètre vrai, mais l'image de ce dernier fournie
par l'humeur aqueuse, c'est-à-dire multipliée par f ; d'autre part, Féclairemenl de la
rétine est projiortionnel, non pas à la surface vraie de la pupille, mais à la surface de
l'image donnée par l'humeur aqueuse; cette quantité de lumière en effet est, toutes
choses égales d'ailleurs, proportionnelle à la section utile du faisceau incident; ce
faisceau, cylindrique dans l'air, devient conique après réfraction et s'appuie sur les
bords de la pupille; par conséquent, le faisceau incident prolongé s'appuiera sur les
bords de l'image de l'iris donnée par l'humeur aqueuse.
)» J'ai entrepris ensuite deux séries d'expériences : i" en faisant varier y
et conservant r, constant; 2" en faisant varier y) et conservant y constant.
( 348 )
Je mesurais ma pupille simultanément en regardant à travers les trous du
pupillomètre. Dans ce cas, l'image rétinienne d'un cercle n'est plus circu-
laire; les cercles de diffusion découpent dans l'objet deux lunules lumi-
neuses dont la surface 2 5 = n est donnée par la formule
o 2 r^ 1 r"
2c = -r- — 7,- 1 — j —^
J P 24 p
r étant le rayon de l'image, p le rayon du cercle de diffusion, que l'on
démontre être égal au rayon de l'image de la pupille donnée par le cris-
tallin, image plus grande que la pupille vraie dans le rapport f^ et plus
petite que la pupille observée dans le rapport j^.
» Pour faire varier/ en conservant r, constant, j'ai adapté au pupillo-
mètre un tube de i5o""" de long, terminé par un verre dépoli, que j'ai
placé à des distances variables d'une ouverture circulaire découpée dans
le volet. De ces expériences, il ressort que :
» I. La part contributive moyenne de chaque élément rétinien à la con-
traction pupillaire augmente d'abord très vite, puis très lentement, quand l 'éclat
rétinien d'une même image augmente.
» Pour faire varier vi en conservant/ constant, il suffisait de se placer à
des distances différentes de l'ouverture circulaire découpée dans le volet,
y, pour les distances un peu grandes, dépendant, dans de très faibles li-
mites, de la distance, comme cela ressort de son expression
,5' \/'-2o
dans laquelle i désigne l'éclat de l'objet, co la surface du trou du pupillo-
mètre, p la distance de l'objet, i5 la distance en millimètres du centre op-
tique à la rétine, 20 la distance du centre optique au foyer antérieur.
» De ces expériences, il ressort que ^ varie en raison inverse de 0 ; la
courbe est une hyperbole équilatère; autrement dit :
)) II. La part contributive moyenne de chaque élément rétinien à la contrac-
tion pupillaire varie en raison inverse de la surface impressionnée : les élé-
ments centraux (les moins sensibles) sont les plus constricteurs.
» On sait que l'ouverture pupillaire diminue quand l'éclat rétinien aug-
mente; par là même la surface impressionnée diminue; mais, quand cette
surface diminue, l'ouverture pupillaire, d'après la seconde série d'expé-
riences, tend à augmenter; donc :
« III. // existe pour la contraction pupillaire un de ces mécanismes régula-
( 349 )
leurs, dont on constate l'existence dans d'autres domaines du système nerveux
et qui tendent à assurer la stahilité de l'organisme.
n Dans les calculs de ces deux dernières séries d'expériences, j'ai adopté
pour a la valeur i3""" , c'est-à-dire le carré de la valeur du diamètre de
l'iris indiquée par les anatomistes. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — L'emploi du bec Aner peut-il produire un empoison-
nement partiel C)! Note de M. N. Gréhaxt.
« Dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie le 9 juillet
dernier, j'ai indiqué la présence, dans les produits de la combustion d'un
bec Auer, d'une foible proportion d'oxyde de carbone, égale à ^-j^ environ.
» Je me suis demandé alors s'il est possible de reconnaître, chez un
animal qui respire dans une chambre fermée, éclairée pendant plusieurs
heures par un bec Auer, un commencement d'empoisonnement par l'oxyde
de carbone. En d'autres termes, la quantité de ce gaz qui est mélangée
avec les autres produits de la combustion peut-elle donner, dans l'air con-
finé, une proportion d'oxyde de carbone suffisante pour que ce gaz soit
fixé par le sang?
» L'expérience seule pouvait répondre à cette question, et voici com-
ment je l'ai réalisée en imitant l'expérience classique et fondamentale de
Félix Leblanc.
» Dans la matinée, je découvre chez un chien de forte taille pesant 2o''s l'une des
artères carotides, j'aspire un volume de sang égal à 42" qui est injecté dans mon
appareil servant à rextraclion des gaz, dont le récipient a reçu d'abord 100"' d'acide acé-
tique privé de gaz par l'ébullition; le sang a donné un volume d'acide carbonique égal
à 19", 25 et une réduction à mon grisoumètre de 1,7 division, due au gaz combus-
tible du sang normal.
» Je fais placer sur une table, au milieu d'une chambre dont la capacité est égale à
ôi""^, un bec Auer neuf qui est allumé et qui brûle avec une grande régularité
et un vif éclat. L'animal est attaché dans la même chambre à i™ environ du bec: il
respire les produits de la combustion, qui se mélangent avec l'air de la pièce.
» Sept heures après le début de l'expérience, on fait une seconde prise de sang arté-
riel, quia donné 19'=", 85 d'acide carbonique, c'est-à-dire seulement 0""^, 6 en plus; au
grisoumètre, j'ai obtenu une réduction égale à 2,2; retranchons 1,7 venant du sang
(') Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'Histoire natu-
relle.
G. K., 1894, 2- Semesire. (T. CXIX, N° 5.) 4^
( 35o )
normal, il reste o,5 correspondant à l'oxyde de carbone extrait du sang, ce qui repré-
sente o",o65 d'oxyde de carbone ou C^iS de ce gaz dans loo'^''.
)) Si j'appliquais la loi d'absorption au bout d'une demi-heure, ne connaissant
pas encore ce que devient l'absorption au bout de sept heures, je trouve que ce très
petit volume d'oxyde de carbone correspondrait à la présence de Yïhrô d'oxyde de
carbone dans l'air, ce qui est une proportion absolument négligeable.
» Je conclus de cette expérience que remploi d'un bec Auer ne peut pas
produire d'empoisonnement. »
ZOOLOGIE. — Sur la transformation des Paguriens en crabes anomoures de la
sous-famille des Lithodinès. Note de M. E.-L. Bouvier, présentée par
M. A. Milne-Edwards.
« Il est peu de Crustacés décapodes qui, à première vue, différent
autant des Paguriens que les Litiiodes : avec leur carapace large et très
calcifiée, leur rostre saillant, leur abdomen replié et aplati, ils ressemblent
tout à fait à des Crabes et ne rappellent en rien ces Crustacés allongés et à
abdomen mou qu'on nomme indifféremment Pagures ou liernards-V Ermite.
En dépit de ces dissemblances frappantes, les affinités de ces animaux sont
très réelles et l'on sait aujourd'hui, grâce surtout aux recherches de
M. Boas, que les Lithodinès sont des Paguriens transformés en Crabes ano-
moures. Mais on ignorait jusqu'ici, au moins en ce qui concerne l'abdomen,
le mécanisme de cette transformation, et c'est pour combler cette lacune
que j'ai entrepris les recherches consignées dans la présente Note, à l'aide
des collections du Muséum d'Histoire naturelle.
» Malgré les différences extérieures, les Crustacés du genre Hapalo-
gaster (H. cavicauda) sont, à tous égards, les Lithodinès les plus voisins
des Eupagurus, c'est-à-dire des Bernards-l'Eimite. Ils ont, comme eux, un
abdomen en grande partie membraneux et, sur la face dorsale de cet ab-
domen, un certain nombre de plaques plus ou moins calcifiées : une en
avant qui correspond au i*'' segment abdominal, deux en arrière qui sont
celles des 6° et 7* segments, enfin, en avant de ces dernières, deux ou
trois paires successives de petites pièces qui correspondent aux segments
3, 4 et 5 de l'abdomen. Le 2^ segment abdominal rappelle également celui
des Eupagurus par sa partie médiane membraneuse qui sépare deux aires
plus solides, mais cette homologie n'est qu'apparente. Dans les Phylloh-
tliodes (P. papillosa), en effet, la région dorsale du 2° segment est envahie
( 35. )
tout entière par des nodules calcifiés qui se soudent en partie pour former
une série transversale, de trois pièces annulaires; dans les Eapalogaster, des
nodules analogues remplissent toute Taire médiane membraneuse, puis se
soudent peu à peu jiour former les aires solides latérales, qui se subdivisent
elles-mêmes longitudinalement en deux pièces. On doit donc admettre
que les pièces solides du 2"^ segment des Eupagurus ont disparu d'abord,
et qa ensuite se sont formées à leur place, par fusion de nodules calcifiés, les
pièces solides des Phyllolithndes et des Eapalogaster.
» Chez les Dermaturus (D. hispidus) les nodules calcifiés, qui existent au
milieu du deuxième segment chez les Eapalogaster, sont soudés en une
seule plaque, de sorte que le segment est protégé par cinq pièces conti-
gucs : une impaire médiane, deux latérales et deux marginales. Mais les
pièces solides qui occupent les trois segments suivants chez les Eupagurus
et les Eapalogaster ont disparu, et la surface membraneuse de cette région
se recouvre tout entière de nodules faiblement calcifiés.
» Cette calcification devient plus intense chez les Neolithodes {IV. Gri-
maldii de l'Hirondelle) , les nodules s'élargissent et certains se soudent
entre eux pour former à gauche une série linéaire de trois petites pièces, qui
occupent de ce côté la même place que les pièces correspondantes des
Eupagurus et des Eapalogaster. Mais il en est de ces pièces comme du
deuxième segment des Eapalogaster; analogues à celles des Eupagurus,
elles n'ont avec elles aucune homologie, et représentent simplement des
formations nouvelles éminemment caractéristiques des Lithodinés.
» Chez les Lithodes, en effet, les nodules se soudent sur une plus grande
étendue et forment de chaque côté une série longitudinale de trois larges
pièces contiguës. Entre ces deux séries de pièces les nodules médians se
groupent en séries transversales plus ou moins régulières; en dehors ils
se fusionnent entre eux et donnent naissance (des deux côtés chez le mâle,
du côté droit seulement chez la femelle) à une série de petites pièces mar-
ginales. Le deuxième segment abdominal varie d'ailleurs beaucoup dans
ce genre : ses cinq pièces sont encore distinctes dans le L. brevipes et dans
le L. camtschaticus, les deux latérales se soudent avec la médiane dans le
L. antarctica, enfin toutes cinq se réunissent en une seule pièce dans le
L. arctica et dans le L. ferox.
» L'abdomen des Echidnocerus (E. cibarius ei E . foraminatus) ressemble
à celui de ces derniers, mais les nodules médians se soudent et forment
trois pièces qui s'intercalent exactement entre les pièces latérales des
segments 3, 4 et 5; ces trois plaques nouvelles ne sont d'ailleurs pas con-
( 352 )
ligues et restent séparées par une rangée transversale de nodules libres
ou incomplètement soudés. Il en est de même dans les Paralomis (P. gra-
nulosa et P. verrucosa), mais les pièces marginales du troisième segment
sont déjà soudées aux pièces latérales.
» Chez les Rhinolithodes (R. biscayensis du Talisman), les pièces margi-
nales se soudent toutes aux latérales; les nodules qui séparent les pièces
médianes se fusionnent complètement et forment d'étroites baguettes
intercalaires; chez les Cryptolilhodes (C. silchemis), enfin, ces baguettes
se confondent avec la plus postérieure des deux pièces, qu'elles séparent,
et l'abdomen sCtrouve constitué, dans sa partie moyenne, par trois séries
longitudinales de trois pièces contiguës. Si les trois pièces transversales
d'un même segment se soudaient alors comme celles du deuxième, l'ab-
domen deviendrait extérieurement identique à celui d'un Crabe ; cet état
n'est réalisé chez aucune espèce actuellement connue; mais c'est évidem-
ment la forme vers laquelle évolue la sous-famille des Lithodinés.
» En résumé, les pièces abdominales des Lithodinés, bien qu'analogues
par leur position aux pièces correspondantes des Paguriens, ne présentent
avec elles aucune homologie réelle. Pour se transformer en Lithodinés
typiques, les Eupagiirus ont d'abord perdu toutes leurs pièces abdominales,
à l'exception de celles du premier et des deux derniers segments; puis des
nodules calcifiés ont envahi la vaste surface membraneuse de l'abdomen,
et c'est par la fusion de ces nodules que se sont entièrement formées
toutes les pièces solides qui caractérisent les représentants de la sous-
famille. »
ANATOMIE AMMALE. — La glande venimeuse des Myriapodes chilopodes (').
Note de M. O. Duboscq, transmise par M. de Lacaze Duthiers.
« Malgré les recherches récentes de Mac I^eod, Soulié, Zograf, Herbst,
la glande venimeuse des Myriapodes chilopodes n'est pas bien connue.
On sait que l'orifice est situé, chez tous les Chilopodes, sur la face buccale
de la pointe du crochet, qu'à cet orifice fait suite un canal chitineux tubii-
laire s'étendant jusque dans la hanche de la forcipule; qu'autour du canal
un tissu d'un blanc nacré constitue la glande, qui a une forme cylin-
drique chez la Scolopendre, piriforme chez les autres Chilopodes ; mais, sur
(') Travail fait au laboratoire de Luc-sur-Mer et au laboratoire Arago (Banyuls).
( 353 )
la véritable structure du tissu glandulaire, les auteurs sont en complet
désaccord. Les uns (Mac Leod, Herbst) décrivent, autour du canal, de
grandes cellules rayonnantes qui auraient un noyau à leur fond. Les autres
(Soulié, Zograf) voient en ces prétendues cellules des tubes glandulaires à
cellules sécrétantes multiples. Quant aux muscles de la glande, aucun
n'en ayant vu, tous admettent qu'elle est comprimée par les muscles ad-
ducteurs des forcipules, ce qui aurait cependant pour résultat de faire
sourdre le venin à chaque mouvement de ces pieds-mâchoires.
» Voici, d'après mes recherches, la structure de la glande de la Scolo-
pendre (Scolopendra cingiilala, Labeille) :
» Le canal excréteur, d'une chitine très épaisse, se divise en deux portions : une
portion antérieure, non glandulaire, et n'offrant de particulier que des épaississeraents
plus ou moins parallèles, lui donnant vaguement l'apparence d'une trachée; une por-
tion postérieure, glandulaire, de même épaisseur et de même calibre, mais percée de
trous en forme d'olives. Ces trous entêté pris par beaucoup pour de petites éminences
creuses, appendues autour du canal excréteur : cela vient de ce que la chitine bor-
dante est plus dense que la chitine unissante, qui est pâle, d'où apparence de relief.
Ils n'occupent pas toute la surface de la partie postérieure, mais seulement les trois
quarts. La région externe en est tout du long dépourvue. A celte région correspond
le sillon de la glande.
» Le tissu glandulaire semble disposé tout autour du canal excréteur, qui serait
central. En réalité, le canal est superficiel, étant au fond d'un sillon longitudinal où
se ramifient les trachées et les artères de la glande. (Les nerfs de la glande issus du
nerf forcipulaire se répandent à l'opposé du sillon.) Au fond du sillon, le canal n'a
pas sa chitine à nu; elle est recouverte d'un épithélium cylindrique.
» Autour du canal, rayonnent, perpendiculaires, de nombreux tubes glandulaires.
A chaque trou du canal s'abouche un tube glandulaire. Chaque tube est de forme
conique ou pyramidale, avec l'orifice du canal pour sommet du cône. Leur paroi est
une mince membrane fondamentale, légèrement chitinisée, où l'on remarque épars
des noyaux ovalaires granuleux. Le fond seul est occupé par de petites cellules glan-
dulaires en prolifération active. Aussi chaque tube produit et contient une grande
quantité de venin. Les tubes ont leurs faces communes confondues, et sont en somme
de profondes alvéoles.
» Entre les tubes s'accolent, sur leurs parois, de nombreuses fibres musculaires striées,
facilement mises en évidence sur les préparations bien fixées. Ces fibres s'insèrent,
d'une part, par leurs extrémités ramifiées, sur le canal excréteur; d'autre part, elles se
perdent dans la tunique externe de la glande, qui est un réseau musculaire de même
nature. Elles présentent la striation transversale ordinaire, avec alternance de disques
épais et de disques minces, et une striation longitudinale, qui les montre composées de
fibrilles. Elles ont de nombreux noyaux ovalaires, granuleux, ordinairement superfi-
ciels ; mais quelquefois dans l'épaisseur de la fibre.
» La tunique externe de la glande n'est autre qu'un réseau musculaire dont les
( 354 )
mailles sonl unies par une substance fondamentale chilinisée. Les auteurs, ayant vu
seulement les noyaux des muscles, l'ont décrite comme un endothélium. Ce réseau est
épais et composé de plusieurs couches sur la face de la glande opposée au sillon. Au
voisinage du sillon, les fibres sont plus rares et moins épaisses; elles ont la même
structure que les fibres profondes intercalées entre les tubes.
» Ainsi se trouve constitué un riche appareil musculaire pour la compression de la
glande et l'expulsion du venin.
» Chez les autres Chilopodes, la structure est essentiellement la même.
Ainsi la glande venimeuse du Cryplops (Cryptops horlensis Leach) est assez
semblable ; mais les tubes sont plus allongés et non perpendiculaires. Il
n'y a pas de sillon, et le canal est perforé sur tout son pourtour. Les
muscles sont très développés, surtout dans la tunique, et disposés comme
dans la Scolopendre.
M La glande du Géophile (Geophilus longicornis Leach) se rapproche de
celle du Cryptops. Mais les muscles de la tunique ne sont plus en réseau.
Ce sont de grandes fibres longues comme la glande, parallèles, sur une
seule couche, et assez semblables à toutes les fibres musculaires du corps.
» Chez le Lithobius (^Lithohius forficatus Linné), la tunique est un ré-
seau de fibres; toutefois leur nature musculaire n'est plus évidente. Ce sont
des fibres que les acides montrent composées de nombreuses fibrilles
parallèles, desquelles toute striation est absente. A leur surface, sont de
grands noyaux elliptiques, avec un très petit nucléole. Comme elles
résistent à l'action de l'eau bouillante et des acides, je les rapproche des
fibres musculaires, sans croire à leur contractilité.
» Le Scutigère {Scutigera coleoptrata Linné) a sa glande faite, au point
de vue histologique, comme celle du Lithobius. Mais le canal excréteur
reste court et, la glande descendant jusque dans la hanche, l'allongement
de la forcipule a amené ici un allongement extrême des tubes.
1) Je dirai plus tard ce qu'il faut penser du venin et de ses effets. »
ANATOMIE ANIMALE. — Pulmonés à branchie.
Note de M. Paul Pelseneer.
« I. Parmi les Mollusques pulmonés aquatiques de Madagascar, se
trouve une forme sénestre qui présente normalement, en dessous de l'ori-
fice pulmonaire et à gauche de l'anus, une branchie bien constituée. Cette
branchie est plissée et non pectinée (c'est-à-dire qu'elle est conformée
comme celle des Opisthobranches) et n'est fixée que par sa base seule-
( 355 )
meut. Mais elle ii'esl pas homologue de la liranchie ou cténidie des autres
Gastropodes : elle est, en effet, située tout entière hors de la cavité pal-
léale, alors qu'elle y est contenue chez ces derniers : c'est donc^une for-
mation nouvelle.
» II. L'apparition de cet organe sur un Pulmoné s'explique par l'étude
de nos formes indigènes; car certaines d'entre elles possèdent déjà cette
branchie, mais à un moindre degré de développement : tels sont les Pla-
norhis et les Ancylus.
» Le Planorhis corneus présente, en dehors de la cavité palléale ou pul-
monaire, à gauche de l'anus, un lobe tégumenlaire aplati, lisse, extensible,
dont la structure révèle le rôle respiratoire; le même lobe existe, propor-
tionnellement plus petit, dans Planorhis marginatus.
» IS Ancylus possède aussi (à droite chez A. lacuslris) ce lobe, qui y est
depuis longtemps déjà désigné sous le nom de branchie et qui en remplit
les fonctions d'une façon continue, car, chez ce genre, il n'y a plus trace
(le cavité palléale (ou poumon). Or on sait que le Planorhis est beaucoup
moins aérien que la Limnœa; et on sait aussi que, dans une eau pure,
X Ancylus reste toujours complètement immergé (ce qui explique la dispa-
rition de son poumon).
» Ces Pulmonés ayant perdu la branchie originelle (ou cténidie) des
Mollusques, mais étant revenus ultérieurement à des habitudes aquati-
ques, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'ils se soient refait une branchie,
morphologiquement diiférente de celle.-là, bien que d^ns le Pulmoné de
Madagascar elle soit conformée d'une façon semblable : il n'y a là qu'un
remarquable exemple à' honioplasie et d'irréversibilité de l'évolution, c'est-
à-dire de l'impuissance d'un organe perdu à réapparaître.
)) III. Le Mollusque de Madagascar dont il s'agit n'est connu que con-
chyliologiquement et se trouve désigné sous le nom de Physa lamellata.
Mais toute son organisation montre qu'il n'appartient pas au genre Physa;
je me borme à indiquer ici l'absence, chez ce dernier (comme chez la
Limnœa), de l'appareil branchial para-anal.
)) La Physa lamellata constitue le lype d'un genre très voisin des Pla-
norhis, que je propose de nommer Pulmohranchia. »
( 356 )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur la pesle de Hong-Kong.
Note de M. Yehsiv.
M. DucLAUx communique à l'Académie les passages suivants d'une
Lettre adressée, à l'Institut Pasteur, par M. le D"" Yersin, médecin des colo-
nies, envoyé à Hong-Rong pour étudier la peste.
« L'incubation est de quatre à six jours; puis, la maladie débute brusquement par
de l'accablement et un épuisement des forces. Dès le premierjour, le bubon apparaît;
il est souvent unique et siège, dans la majeure partie des cas, à la région inguinale.
La fièvre est continue, elle s'accompagne de délire. La constipation est plus fréquente
que la diarrhée. La mort arrive en vingt-quatre heures ou au bout de quatre à cinq
jours. Quand la vie se prolonge au delà de cinq à six jours, le bubon se ramollit et le
pronostic devient meilleur.
» Les premières recherches bactériologiques ont été faites sur des sujets vivants.
L'examen du sang retiré d'un doigt à diverses périodes de la maladie n'a pas montré
de microbes et l'ensemencement est resté stérile.
» Les bubons, au contraire, contiennent en abondance et à l'état de pureté un ba-
cille très petit, court, à bouts arrondis, ne se teignant pas par la méthode de Gram,
mais se colorant par le violet de gentiane. Chez huit malades, j'ai trouvé le bacille
dans les bubons. A l'autopsie de deux pestiférés, j'ai rencontré le même microbe. Il
est surtout nombreux dans les bubons, il est moins abondant dans les autres ganglions,
et très rare dans le sang au moment de la mort. Le foie, la rate sont augmentés de vo-
lume et renferment le bacille spécifique.
» Des souris inoculées avec une trace de la pulpe d'un bubon meurent en vingt-quatre
heures avec des bacilles dans les ganglions, dans les organes et dans le sang, où ils sont
plus longs et plus grêles, elles succombent à une véritable septicémie. Les cobayes
meurent en trois à six jours; ils présentent de l'œdème au point d'inoculation, une
tuméfaction des ganglions voisins et une augmentation de volume du foie et de la rate.
Plus la maladie se prolonge, plus les ganglions deviennent volumineux.
» De cinq souris inoculées avec quelques gouttes de sang, une seule a succombé le
quatrième jour. Un cobaye inoculé de la même manière est mort en six jours.
» Une souris qui avait mangé la rate d'une autre souris morte de la peste a pris la
maladie : il en est de même d'un rat qui avait mangé un fragment de bubon.
» Le microbe se cultive facilement sur gélose, en donnant une couche blanchâtre
uniforme. »
La séance est levée à 4 heures. J. B.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILT.ARS ET FILS,
Quai (les Grands-Augusiins, n" 55.
epuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dtmitmlie. Ils fonneul, à la fin de l'année, deux volumes in-4'. Deux
les, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
art du i" janvier.
Le prix île l'abonnement est fixé iiin.ii i/u'il suit ;
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
■st.
chez Messieurs ;
71 Michel'et Médan.
Gavault St-Lager.
er { Jourdan.
RuIT.
tens Coiirtin-Hecquel.
i Germain elGrassin.
ers , , ,
' Lacnese.
onne Jérôme.
ançon Jacquard.
Avrard.
deaux ' Duthu.
Millier (G.).
rges Renaud.
ÎLefouriiier.
F. Robert.
J. Robert.
V Uzel Caroir.
( Baër.
( Massif.
imbcry Perrin.
, Henry.
( Marguerie.
\ Rousseau.
( Ribou-Coiiay.
, Lamarche.
on j Ratel.
' Damidot.
( Lauverjal
I Crepin.
„ ., i Drevet.
inoble '
' Gralier.
Hochelle Koucher.
\ Boiirdignoii.
Lorient.
Lyon .
Mai'seille
Montpellier
Moulins
Nanc y
' Nantes
A'ice.
JS'inies . .
Orléans
îrbourg
rmont-Ferr.
Havre.
te..
( Donibre.
\ Lefebvre.
/ Quarré.
Poitiers... .
Bennes . . . ■
liocheforl .
Rouen
S' -Etienne
Toulon
Toulouse..
Tours..
Valenciennes.
chez Messieurs :
I Baumal.
/ j\im« Texier.
/ Bernoux et Cumin.
\ Georg.
< Mégret.
i Cliaiiaid.
I Ville.
Ruai.
Calas.
Coulet.
Martial Place.
Jai-qiies.
Grosjean-Maiipin.
Sidot frères.
Loi seau.
M"* Veloppé.
Baraïa.
Visconli et G".
Tliibaud.
Luzeray.
Clanchier.
Dniinaud.
Plihon t Hervé.
Girarier la production et la perception
Pages.
des souTIlrs dans les tuyaux qui sont le
siège d'un écoulement d'air ^Vi'i
M. .\. PoMEi.. — Sur certaines des dernières
pliascs géolof»iques et climatériques du sol
liarbaresi] ue 3 1 J
RAPPORTS.
M. WoLE. — Happori sur un .Mémoire de
iM. Bigourdan, intilulé : » Sur la mesure
inirroinétriqne drs pptitt'S distances an-
gulaires célestes, et sui' un moyen de per-
fectionner ce genre de mesures >■
CORRESPOrVDArVCE.
Le Conseil uexéh-\l ues Facultés he Lyon
invite 1 Vcadémic à se faire leprésenter à
rinaui,'uralion de la statue de Claude Ber-
nard , ' • I
M. le Secrétaire perpéiuel signale, parmi
les pièces de la Correspondance, un Mé-
moire de -M. Mah'y <■ Sur les polygones
réguliers ( étude élémentaire ) » ■ ■ ■ i
iM. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces impi-imées de la Correspondance,
r 11 Annuaire de l'École Polytechnique pour
l'année iSg'i » -v'i
M. W. iiE TANNKxnERG. — Sur la théorie
des formes différeiilielles quadratiques. . iji
M. RiQEiER.. — Sur l'intégration de certains
systèmes d'équations aux dérivées partielles
du premier ordre impliquant plusieurs
fonctions inconnues Vj ^
jM. g. More.vu. — lie l'absorption de la lu-
mière dans les milieux isotropes et cris-
tallisés -Ss^
M. F. OsMOND. — Contribution à l'étude de
la structure des aciers 839
M. FÉRY. Réfractométre à cuve chauf-
fable. .\])plication à la mesure des corps
liras j32
,MM. Pu. Barbier et L. Boiveauit. — Sur
la constitution du rhodinol de l'essence
de Pelargonium ^>i|
M. Cii. iMouRiju. — Action du chlorure de
thionyle (acide chlorosulfureux ) sur
quelques composés minéraux et organiques. .H 17
M. E. BuucEER. — Sur la stabilité des so-
lutions aqueuses de biclilorure de mer-
lure -iî"
iV. P. Petit. — L'oxydation des moûts de
bière i'^-!
MM. CuARRiN et DircLERT. Mécanisme de
l'influence des substances toxiques agis-
sant à titre de causes secondes d.ins la
genèse de l'infection '■^'|
M. Cil. Henry. — Sur les lois nouvelles de
la contraction pupillaire i'^-
M. N. Gréuant. — L'emploi du bec Auer
peut-il produire un empoisonnement par-
tiel ■:■ -'-'lO
M. E.-L. BoiviER. — Sur la transformation
des Paguriens en crabes anomoures de la
sous-fainille des Lilliodinés 3jo
M. 0. DiBOSCû. — La glande venimeuse des
-Myriapodes chilopodes iâ-i
M. Paul Pelseneer. — Pulmonés à branchie. 35^
.M. Versin. — Sur la peste de Hong-Kong.. 35fi
PAKIS. — LMPKIMEKIK G\UTHIER-VILL.\RS ET FILS,
Ouai des Grands-AuKusi ins, 5S.
Ll Gérant : Gautuier-Villabs.
1894
^Ol 2E et « ^ 4 • on peut
former un groupe transitif G, d'ordre Q, de degré p = x' holoédriquement
isomorphe à S, le groupe T correspondant au groupe H des substitutions
de G qui laissent une même lettre de G immobile. Inversement tout iso-
morphe holoédrique de S peut être formé de cette manière.
1) Admettons que G ne se confonde ni avec le groupe symétrique, ni
avec le groupe alterné de n éléments : les groupes transitifs de ce genre
ont été considérés par MM. Kronecker, Jordan et Netto.
» On peut énoncer à leur sujet les propriétés suivantes :
I. — S est un groupe symétrique.
» Théorème I. — En général G n'est qu'une fois positif; les seules excep-
tions, correspondant à des groupes connus, ont lieu pour n^6, p poui'ant
prendre les valeurs 10 et 6.
( 363 )
). Il suffit d'établir ce théorème pour le cas où G est positif; alors,
quand T contient une substitution circulaire d'ordre 3, on trouve deux ca-
tégories de groupes primitifs, que l'on peut former directement; quand T
ne contient pas de substitution circulaire d'ordre 3, on sait, d'après M. Bo-
chert ('), que pn'est pas inférieur à (^j! ou i—~—]^- suivant que « est pair
ou impair; la démonstration s'achève en s'appuyant sur le lemme sui-
vant :
» Lemme I. — Dans un groupe G' deux fois transitif quelconque, de degré p,
d'ordre (/, une substitution quelconque a toujours au moins p — i transfor-
mées distinctes ; par suite, le nombre des substitutions échangeables à une sub-
stilution quelconque de ce groupe est 5 — ^- •
)) Théorème II. — G ne peut contenir un groupe K transitif entre les lettres
qu'il déplace et de degré <^ p, si > 8.
» Théorème III. — En général, G ne peut renfermer de substitution circulaire
quand n > 8. Cependant il existe des groupes G de degré in (n, impair^, non
primitifs, contenant une substitution circulaire d'ordre 2n, et pour lesquels H
est lioloédriquement isomorphe au groupe alterné de n — i éléments.
M La démonstration s'appuie sur les lemmes suivants :
» Lemme II. — Un groupe transitif ne peut renfermer de substitution cir-
culaire (tordre h que s'il est primitif ou composé avec un sous-groupe d'ordre
non premier à h .
» Lemme III. — Un groupe primitif de degré f ne peut renfermer de sub-
stitution circulaire d'ordre h que si h = p ou si le groupe est deux fois tran-
sitif.
» Ce dernier lemme est une conséquence directe d'un théorème de
M. Jordan (-).
II. — S est un groupe alterné.
» Les raisonnements et les propriétés sont analogues :
» Théorème IV. — En général, G n^est qu'une fois transitif; les seules ex-
ceptions, correspondant à des groupes connus, ont lieu pour n^S, p pouvant
prendre les valeurs ï5, lo et 6.
» Théorème V. — G ne peut contenir un groupe K transitif entre les lettres
qu'il déplace et de degré 8.
(') Mathematische Annalen, t. XXXIII, p. 584.
(') Journal de Liouville, 2" série, t. XVI, p. 384; 1871.
( 364 )
» Théorème VI. — G ne peut renfermer de substitution circulaire quand
«>8.
» Pour le cas de /i = 8, il existe effectivement ('|) un groupe de degré
i5, deux fois transitif, d'ordre i5, i4. 12, 8, holoédriquement isomorphe
au groupe alterné de 8 éléments et renfermant une substitution circulaire
d'ordre i5 correspondant à la substitution
{a,a.,a^a,a-^) {a^a^a^).
» Les théorèmes III et VI avaient été établis par M. Netto (^) dans le
cas où la substitution circulaire est d'ordre p'" (p étant un nombre pre-
mier). » t
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les zéros de certaines fonctions discontinues.
Principe de la méthode pour trouver les zéros de certaines fonctions. Note
de M. Desaint, présentée par M. Poincaré. (Extrait.)
« J'arrive à certains résultats qui se rattachent aux deux propriétés
suivantes :
» 1° Si
Y{x,y,z)dxdydz, k{x,y,z) dx dy 4- V){x,y,z) dx dz + £,{x,y,z) dydz,
h.{x , y , z) dx -\- V> dy -{- C dz
conservent un signe constant quand (x,y, s) varie respectivement dans les
volumes V, sur les surfaces S, sur les lignes L; si, déplus, <ï'(.r,j', :;X,Y,Z)
garde un signe constant pour toutes valeurs des variables, les trois fonc-
tions de chaque groupe
f — f f C \'{x, y,z)dxdYdz{X — x) , .„ „ >
•^' i J^v..-v,-....+v„*[(^-^r+(Y-/)^+(Z-^r]— •^*^^'^' *'^^'
,^ — C C C V( A-, y, z ) dx dy dz{Y - y) /yy7\
*-//x
-t-V,+...+V„
y{x,y,z)dxdydz{Z~z) ^^j/y y 7\
(') Jordan, Traité des substitutions, groupes linéaires.
0 Journal fiiv Math., t. C, p. /jSe.
( 365 )
[A(.r, y, j)f/j-rfv+ B{x. v,z)d.rdz + G(.g, y,z)dvdz] (X — .r) ^ . „ y „.
s,.s.....H-s„ [(X-.,/+(Y-j)^+(Z-.)n- =^^-" ' >
/* /• (Af/xf/y + Brfxc/3 + G(frf/i) (Y — /) /y v v\
, r r {kdxdv + Bdxdz + Cdydz){7. — z) . =|('Y Y 7N
^'=J .W...S,. *[(x-^r-+(Y-yrH-(z-.rr "*^ ' '^•
/ /■ [A,(.r, .r,G)r/j- + Bi(X,7, j)tfr + Ci(^, y. •z)c?s](X — -r) ,.„ ,, „x
-^•-"A,.,... .*L,. *[(X-.rr+(Y-r)^+(Z-.-)^] _/v^, i,/.;.
'^'-'^Ju^u-....^.. *[(X_.T+(Y y)«+(Z-.ri =^^-'^' ^''^^•
I r (A,f/.r+ B, qui admet la courbe h[z = g(t)]
comme coupure, a ses zéros à l'intérieur de tout contour convexe entourant L.
» Théorème. — Si k(^œ, y) dxdj conserve un signe constant dans les sur-
faces S, S, . . . S„, la fonction Y(z)= f M^.^U^dy ^^ , ^ ,, + jy^
qui admet les lignes limitant 8,8, . . .S„ comme coupures, a ses zéros à l'inté-
rieur de tout contour convexe entourant S, S^ 8„.
» 2° Considérons 'maintenant, au lieu d'intégrales, des séries, autres
formes d'un nombre infini de termes ; la plupart des résultats qui suivent
dérivent de la propriété suivante :
)) Si F, (a, p, y, ... , >>) est représentée par une série
i/, (a, p, y, ...,l,m,n, p, ..., r),
le signe 1 s'étendant à des valeurs des paramètres m, n, p, . . . , r, s variant
d'une façon non continue suivant une certaine loi, et si, de plus,
a{m, n, p, ..., r), b(m, n,p, . . .,r), cÇjn, n, p r) représentent, lorsque
m, n, p, ... , /varient, un point quelconque d'un espace V à trois dimen-
sions sous la condition que/, o, (x, y, z, m, n, . . . , p, . . ., r) garde un signe
constant lorsque x, y, z, m, n, p, ...,/• varient, les trois fonctions
. x^^^VV /i(°'.P.y'----^. "h n,p,...,r,s) ^i{a,b,c,r7i,n,p,...,r){a; — a)
1. "i
'^^\^'y'~-)—2dZi {a: — ay-h (y — i^r^ {z — cy- '
1, '■.
A-, .'t
4>,(rr,j',z)— 22
/i(a, p, Y,-. •,X,7?z,n, /?,.■■,/•, 5) o,{a,b,c,m,n,p,...,r){s — c)^
1.".
ont leurs zéros communs à l'intérieur de toute surface convexe entourant
les espaces de discontinuité V, — c^.
» En particulier, si les volumes dégénèrent en cylindres infiniment apla-
tis situés sur le plan des x,y, on a le théorème suivant :
» Théorème. — Si F, (a, p, y, . . . , 1) est représenté par une série
i/, (si, [3,.'., ...,m,n,p, .... r,s),
le signe s'étendant à des valeurs des paramétres m, n, p, .. . , r, s, variant sui-
( 367 )
vanl une loi d'une façon non continue, si g, (m, n, p, . . . , r, s) représente un
/loint quelconque d'une aire S, lors(jue m, n, p, . . . , r , s varient et si les termes
du développement de F, gardent un signe constant.
*(=)-22:
étendue aux aires S,, S^, . . ., Sa, el qui admet ces aires comme espaces de dis-
continuités, a ses zéros à l'intérieur de tout contour convexe entourant S,,
S^, . . . , S/t.
» En particulier, V V — , ^ " ' " t'CIuI admet les
' -^ -^ y _ nuit + /i6| + />Ci + ■ ■ ■ H- r/, 1
'•■''' ;," ! onliers „j _f_ „ _|_ p _,_..._)_ ,-
1/, j posiUls
polygones convexes S, (a, h, c,f). . . , S/,(a/,, h,, /,,) comme espaces lacu-
naires, a ses zéros à l'intérieur de tout contour convexe entourant ces po-
lygones, pour les valeurs de k, fi, . .,\ ayant le même signe et de module
inférieur à i . »
MÉCANIQUE. — Sur les équations de la Dynamique. Note de M. R. Liouville,
présentée par M. Poincaré.
« M. W. Vladimir de Tannenberg a présenté, sur les équations de la
Dynamique, deux Notes, l'une le 3o juillet 1894, l'autre, à laquelle il
renvoie dans cette dernière, le 25 mai dernier. Il existe, entre les recher-
ches de M. de Tannenberg et celles que j'ai publiées dans les Comptes
rendus ou le Journal de l'École Polytechnique, un lien essentiel, qui a évidem-
ment échappé à l'attention de ce géomètre et que je voudrais faire remar-
quer.
)) La méthode indiquée par M. de Tannenberg repose entièrement sur
les propriétés d'un système iliiïércntiel linéaire, invariablement lié aux équa-
tions de la Dynamique, et dont il indique la construction explicite. J'ai
déjà, dans une Note présentée à l'Académie le 7 octobre 1889, indique,
notamment pour étudier les cas où il n'existe que deux degrés de liberté,
le secours que l'on peut tirer de la considération d'un certain système
linéaire, invariablement lié aux équations du mouvement ou aux équations
plus générales que j'avais en vue. Ce système est adjoint à celui que M. de
Tannenberg a pris pour hase de ses travaux.
( 368 )
)) J'ai signalé aussi, vers la fin de la Note citée, que la méthode s'applique,
sans aucune modification essentielle, quel que soit le nombre des degrés
de liberté. Dans le Mémoire détaillé, inséré au Journal de l'Ecole Polytech-
nique (LIX* Cahier, 1890), j'ai encore, pour le même objet, utilisé le sys-
tème adjoint dont se sert M. de Tannenberg, et indiqué en particidier que
les équations associées deviennent précisément celles de la Dynamique,
quand le système linéaire dont il s'agit admet une intégrale du second
degré (p. 68 du Mémoire). Quand le nombre des degrés de liberté est
quelconque, une proposition analogue a lieu, généralisation immédiate
de la précédente; c'est un théorème contenu, bien que sous une forme
un peu différente, dans ma Note du 25 avril 1892, « Sur un problème
» d'analyse qui se rattache aux équations de la Dynamique » et retrouvé
par M. de Tannenberg (Comptes rendus, 25 mai 1894).
)) L'application de ces principes au problème de M. J^ipschitz, égale-
ment traité par M. de Tannenberg, a été donnée dans ma Note du 12 sep-
tembre 1892. J'ai le regret d'ajouter que, n'ayant pas connu en temps utile
les résultats obtenus par M. Lipschitz, je n'ai point, à cette occasion, rap-
pelé les travaux de l'éminent géomètre sur ce même sujet. Cette circon-
stance seule m'aurait conduit plus facilement encore, s'il eût été nécessaire,
à reconnaître que c'est grâce à une coïncidence toute fortuite que M. de
Tannenberg a indiqué comme nouveaux une méthode et quelques résultats
que j'avais publiés avant lui. «
CHIMIE. — Sur r hydrate carbonique et la composition des hydrates de gaz.
Note de M. P. Villard (').
« L'hydrate carbonique découvert par Wroblewski (-) offre la plus
grande ressemblance avec l'hydrate de protoxyde d'azote ('). Ces com-
posés, à forte tension de dissociation, se détruisant sous la tension maxima
du gaz à température peu élevée (-1-10 et -f- 12), s'obtiennent dans les
mêmes conditions. Leur formation est accompagnée de phénomènes rap-
pelant la surfusion et qui paraissent constants pour les corps de ce genre.
>) La combinaison du gaz avec l'eau peut avoir lieu par simple compression dans des
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure.
(-) Comptes rendus, t. XCIV, p. 904.
(') Comptes rendus, t. GXVIll, p. 954.
( 369 )
tubes non lavés, où la surfusion se produirait difficilement. Avec des tubes très pro-
pres et de l'eau exempte de poussières il n'en est plus ainsi, et l'agitation même, aidée
par du mercure, reste sans effet parfois jusqu'à — 9°. L'introduction d'un cristal du
composé fait cesser cet état de choses, mais n'est pas nécessaire : il suffit d'agiter
l'eau et le gaz avec des corps solides, tels que des fragments de platine, et on réussit
alors bien au-dessus de 0°. Les résultats sont les mêmes avec de l'eau ayant contenu
récemment de l'hydrate.
» Une congélation même locale provoque toujours la réaction. Mais aucun des deux
gaz ne se combine avec la glace : celle-ci ne parait agir que comme corps froid, ou
comme corps solide favorisant l'agitation, si elle est à 0°.
» Au-dessous de 0°, les deux hydrates ne se décomposent pas sensiblement sous la
pression ordinaire, sauf en ])résence d'eau liquide, dont ils ne font pas cesser la sur-
fusion.
» Leur forme cristalline est la même, et ils n'agissent ni l'un ni l'autre
sur la lumière polarisée.
)) Les résultats obtenus en analysant l'hydrate carbonique par le pro-
cédé décrit à propos du protoxyde d'azote conduisent aux formules sui-
vantes :
CO-.G,iH^O, CO=.6,oH^O, C0^6,2H-0, C0^5,9H-0.
» J'ai admis que la composition exacte serait représentée par la formule
C0^6H='0,
qui est semblable à celle de l'hydrate de protoxyde d'azote Az^O, 6H^0.
» Les chaleurs de formation des deux composés sont les mêmes, soit i5'=*',o
pour une molécule, en partant du gaz libre et de l'eau liquide. La chaleur
de dissolution des hydrates, sous pression, est très sensiblement celle de
fusion de l'eau combinée, et ce dernier résultat semble être une confir-
mation de la formule que j'ai admise.
» Cette similitude de composition m'a paru être, non pas un fait isolé,
mais plutôt l'expression d'une loi générale des hydrates de gaz, exception
faite pour les hydracides qui peuvent former avec l'eau plusieurs composés
définis parfois très stables.
» J'ai été ainsi conduit à étudier les hydrates de deux gaz très différents, de l'acide
carbonique et du protoxyde d'azote, susceptibles en particulier de se combiner avec
la glace, l'acide sulfureux et le chlorure de méthyle. Pour le premier surtout, j'ai dû
modifier un peu la méthode d'analyse, en raison de sa solubilité considérable et de la
facilité avec laquelle il se transforme en acide sulfurique dont la présence, même en
quantité minime, aurait faussé nécessairement les résultats, en retenant de l'eau.
» Un tube de faible volume est taré successivement vide, avec un peu de mercure,
( 370 )
après addition d'eau (environ i*') et vide d'air, après introduction d'un excès de gaz
liquéfié; l'hydrate est alors produit, étendu sur les parois, laissé plusieurs jours à o"
en présence du gaz en excès, et agité fréquemment. Le tube est ensuite ouvert au-
dessous de o°, ramené à o°, fermé et taré à nouveau; il est enfin pesé vide pour vérifier
les précédentes pesées. Dans les deux dernières analyses, il a été tenu compte de la très
faible quantité d'eau entraînée par le dégagement de l'excès de gaz. Toutes corrections
faites, j'ai été conduit aux formules
SO^e.iH^O, S0^6,oH20, S0^6,ooIPO, S0^6,o2H■^0.
» Pour le chlorure de méthyle, les opérations ont pu être un peu simplifiées; elles
out donné, pour la composition cherchée,
CH'C1.6,oH-0, CH'C1.6,3?PO, CH3C1.6,25H20, CH^Cl.ô.oH^O, GH^Cl.S.glPO.
» Les formules exactes sont vraisemblablement
soseri-o, ch'ci.gh^o.
» Ces résultats constituent évidemment une forte présomption en faveur
de l'hypothèse suivant laquelle tous les hydrates de gaz (exception faite
pour les hydracides) auraient la même constitution, exprimée par la for-
mule générale M, 6H^0.
» Une loi de ce genre ne peut être évidemment démontrée que par les analyses
rigoureuses de tous les composés analogues, dont le nombre dépasse 20; mais elle est
dès maintenant assez probable pour que j'aie tenu à l'énoncer afin de prendre date à
ce sujet. Elle ne me paraît pas d'ailleurs pouvoir être sérieusement infirmée par les
analyses faites jusqu'à présent, s'il est permis d'en juger par celles que j'ai reprises
» En général, la dessiccation des cristaux a été imparfaite.
» M. Roozeboom ('), dont les analyses sont les meilleures, a trouvé pour l'hydrate
sulfureux des nombres de molécules d'eau variant de 7,3 à 7,9, assez éloignés du
nombre admis 7. M. Roozeboom a, il est vrai, employé avant moi la méthode qui m'a
servi, mais dans une seule expérience qui a donné en efl'et 7. L'agitation était peut-
être insuffisante, défaut auquel j'ai remédié par l'addition de mercure. Peut-être aussi
s'est-il formé une trace d'acide sulfurique, ce que j'ai évité en faisant le vide et n'em-
ployant que de l'acide sulfureux purgé d'air au point de n'entrer en ébullilion, sous
la pression ordinaire, qu'au delà de -+- 3o°.
» Pour l'hvdrate de chlore, la formation de H Cl peut devenir une cause d'erreur;
la meilleure analyse de M. Roozeboom donne 8""°', 43 d'eau au lieu de 8, nombre ad-
mis. Un écart de ce genre laisse subsister quelques doutes sur l'exactitude de la for-
mule CP, SH^O.
» Les analyses d'hydrate carbonique faites par Wroblewski donnent des nombres
compris entre 7,21 et 8,88. Le volume de gaz combiné n'atteignait pas 1'^'=. Je ne con-
(') Recueil des Travaux chimiques des Pays-Bas, t. 111.
( •"'71 )
sidèie pas non plus comme exacte la formule donnée par M. de Forcrand et moi (' )
pour riivdrale de clilorure de niétlivle. La durée de l'expérience (douze heuies) était
insuffisante.
» J'ajouterai que tous ces composés ont probablement la même forme
crislalliiie. Les hydrates de Az-O, CQ-, SO-, CH'Cl offrent les mêmes ap-
parences et n'agissent pas sur la lumière polarisée, fait déjà constaté pour
l'hydrogène sulfuré (^), il en serait autrement, d'après M. Roozeboom,
pour l'hydrate de chlore, mais ce corps, examiné à l'abri de toute lumière
étrangère, m'a paru tout à fait inactif, même avec l'aide d'un quartz teinté
sensible. D'ailleurs M. Ditte (') a observé des octaèdres presque parfaits
et des cristaux rappelant ceux de AzH^Cl. Cette ressemblance m'a paru
complète aussi bien pour l'hydrate de chlore que pour les autres, quand ils
se forment au sein de l'eau. »
CHIMIE. — Sels basiques de calcium. Note de M. Tassilly.
n La chaux possède la propriété de s'unir aux combinaisons halogénées
du calcium pour former des sels basiques.
» L'un d'entre eux, l'oxydiloinu-c CaCP.SCaO .iGH-O, a été étudié par
M. Ditte qui a examiné la stabilité de ce corps en présence de l'eau et du
chlorure de calcium dissous ( ') et par M. André qui a déterminé sa chaleur
de formation C^). L'oxybromure et l'oxyiodure font l'objet de la présente
Note.
» Lowig a autrefois signalé un oxybromure obtenu en chauffant du bro-
mure de calcium avec un lait de chaux. Il obtint ainsi un corps cristallisé
en fines aiguilles et ressemblant à l'oxychlorure (").
>i V^oici comment j'ai opéré pour préparer ce corps. On dissout à chaud loos'' de
bromure dans 76" d'eau, puis, on ajoute S?"" de chaux par petites portions et en agitant.
Le tout est maintenu à une douce chaleur pendant quelques minutes, puis filtré sur
un entonnoir à filtration chaude. Le liquide, filtré et abandonné au refroidissement
(') Comptes rendus, t. CVI, p. 1^02.
(2) De Forcrand, Thèse de Paris, 1882.
(') Comptes rendus, t. XCV, p. laSS.
*) Comptes rendus, t. XCI, p. 696.
(°) Ann. de Chim. et de Phys., 6"^ série, t. III, p. 66.
(^) Gmelin, 2= série, t. I, p. Sg^.
( 372)
en évitant l'action de l'acide carbonique de l'air, laisse déposer de belles aiguilles. Les
cristaux sont essorés, lavés avec une solution de bromure de calcium à aS pour looet
enfin séchés sur du papier. Ils s'agglomèrent et prennent l'apparence de paillettes na-
crées.
» L'analyse conduit à la formule CaBr^SCaO. i6H^0.
» L'an dernier j'ai signalé (')un oxyiodure répondant à la formule
CaI^3Ca0.l6H-0 et j'ai donné un mode de formation de ce corps, qui
d'ailleurs peut être préparé plus avantageusement en suivant le mode opé-
ratoire indiqué plus haut pour l'oxybromure.
» L'oxybromure et l'oxyiodure de calcium sont décomposés par l'eau,
l'alcool, l'acide carbonique et les acides plus énergiques. Ils se dissolvent
facilement dans les hydracides et dans l'acide nitrique très étendu. Ce der-
nier, insuffisamment dilué, dissout l'oxyiodure avec mise en liberté d'iode.
L'acide sulfurique transforme ces corps' en sulfates.
» J'ai déterminé la chaleur de dissolution du corps CaBr^.SCaO. iGH^O en le
dissolvant dans l'acide bromhydrique étendu.
» J'ai trouvé ainsi, vers 20°,
CaBr^.SCaO. lôH^O ■+- 6HBr étendu dégage +63C''i, 55
or, d'autre part,
6HBr dissous + 3CaO solide dégage -hiSS*^"'
CaBr'-i- eau = CaBr- dissous dégage -+- 24*^"', 4
» La chaleur de formation du composé à partir du bromure de calcium, de la chaux
solide et de l'eau liquide sera donnée par
,38cai _^ 24'"'', 4 — 63'=»i,55 — 98c-',85
et la même chaleur de formation à partir de l'eau solide par
,38c»i + 240.1^4 _ 63cai^ 55 _ 24Cal^ /| ^ ^6'-"', 45.
On obtient ainsi
CaBr^+SCaO 4- lôH^O liquide dégage +98^-', 85
CaBr2-|-3CaO + i6H'-0 solide dégage +76'^"', 45
). J'ai également déterminé la chaleur de dissolution du corps GaPSCa O 16H-O en
le dissolvant dans l'acide iodhydrique étendu.
» J'ai trouvé vers 20"
Car^3GaOi6H20 -(- 6HI étendu dégage -i-63c-i,4
(') Ili/l/. Soc. C/'iim., 3'' série, t. 1\, p. 629.
( ^^73 )
or, d"autre part,
6HI dissous + 3CaO solide dégage +i38<:='
CaP-l- eau = Cal'Missous dégage -t- 27<^"',6
)) La clialeur de fornialiou du composé à partir de l'iodure de calcium, de la chaux
solide et de l'eau prise successivement à l'étal liquide et à l'état solide, sera donnée par
CaP+3CaO-+-i6H20 liquide dégage -+-i02C>i,3
CaP-t-3CaO + i6H^'0 solide dégage -+- 79*^"', 3
» Résumons dans un Tableau les nombres fournis par nos détermina-
tions et ceux qui ont été obtenus par M. André. Nous avons :
Chaleur de formation.
Chaleur
de
dissolution.
Cal
Ox.ychlorure 63,4
Oxybromure 63,55
Oxyiodure 63,3
Eau
Eau
liquide.
solide.
Cal
Cal
92,00
69,13
98,85
76,45
io3,3o
79>3
On remarquera que les composés de la forme Ca]\P.3Ca0.i6H-0, dans
lesquels M représente le chlore, le brome ou l'iode, ont sensiblement
même chaleur de dissolution dans les hydracides correspondants. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l'emploi des levures séleclionnées.
Note de M. Charles Fabre.
« 1. Depuis quelque temps, on utilise dans la pratique de la vinification
les levures sélectionnées; on a cependant constaté que, par leur emploi,
les résultats les plus divergents pouvaient être obtenus.
» Un grand nombre de viticulteurs cherchent en effet à modifier la qua-
lité du vin à produire, sans se préoccuper de la nature du raisin récolté.
On semble croire qu'une levure de grand cru, correctement employée, est
capable de produire, avec un moût commun, un vin comparable à un vin
de grand cru. Des observations très nettes montrent au contraire que, dans
certaines conditions, mal définies d'ailleurs, les levures sélectionnées ne
sont d'aucune utilité. C'est pour préciser ces conditions spéciales que nous
avons entrepris depuis i8gi l'étude pratique de ces levures, étude qui a
été poursuivie en 1892 et iSgS, soit à l'aide d'essais de laboratoire, soit
par des expériences faites sur une plus vaste échelle.
G H., 1S94 i' Semestre. (T CXI\, N» 6.) 4^
( ■■^74 )
» 2. Les essais de laboratoire ont été faits sur des moùls provenant de
cépages divers, moûts qui ont été préalablement portés à la température
de yo^C. Nous avons recherché si de tels liquides, ensemencés avec des
levures sélectionnées, pouvaient produire un vin semblable à un vin de
grand cru.
» Les levures mises en expérience nous étaient envoyées par l'Institut
de la Claire; nous avons utilisé celles des crus de Margaux, de Sauterne,
de Vougeot.
» Les moûts étaient obtenus par le foulage des raisins connus sous le nom
de Cabcrnet-Sauvignon, Merlot, Sémillon (cépages cultivés dans le Borde-
lais), Pineau noir, pineau gris, G'amaj ( cépages de Bourgogne). Nos rai-
sins provenaient de souches américaines, greffées depuis trois, quatre ou
cinq ans, et cultivées dans le département de la Haute-Garonne.
» Les résultats obtenus ont été très nets, toutes les fois que la levure de
Margaux a été ensemencée sur moût de Cabernet-Sauvignon, celle de
Sauterne sur Sémillon, celle de Vougeot sur Pineau noir. Le vin ainsi pré-
paré possède un bouquet très franc, qui s'est développé avec l'âge.
» L'ensemencement des levures : i^de Vougeot sur moût de Sémillon ou
de Merlot; 2° de Margaux sur Pineau gris, a fourni constamment des vins à
arôme très faible; le bouquet a d'ailleurs disparu assez rapidement. La
même levure de Vougeot, ensemencée sur moût de Cabernet-Sauvignon,
n'a pas fourni de vin présentant un arôme bien prononcé.
» Nous pouvons donc conclure de ces essais qu'un même moût se com-
porte différemment avec les diverses levures, malgré la stérilisation à 70° C. ,
seule température que l'on puisse atteindre en pratique, à cause du goût
de cuit que prend le vin d'un moût chauffé à 8o°C. Par suite, si le goût du
vin dépend en partie des levures qui président à la fermentation, il dépend
aussi, et pour une très large part, de la composition du terrain de culture
sur lequel est ensemencé le ferment.
» 3. Les expériences faites en grand nous ont permis de préciser quel
était le meilleur terrain de culture. Nous avons utilisé les mêmes raisins et
les mêmes levures, employés pour nos essais de laboratoire. Les ferments
sélectionnés ont été ensemencés dans des fûts contenant environ trois
hectolitres de moût.
» On a obtenu un vin très bouqueté, en ensemençant la levure de Mar-
gaux sur moût de Cabernet-Sauvignon, celle de Vougeot sur Pineau, sur
Gamay, celle de Sauterne sur Sémillon.
» La levure de Vougeot ensemencée sur Sémillon a donné un vin blanc
( 375)
médiocre, inférieur au vin témoin obtenu sans levure; celle de Margaiix
sur Pineau a fourni aussi un vin très médiocre. Il est à remarquer que la
levure de Mare^aux ensemencée sur moût de Gamav a produit, en 1893,
un vin difficile à clarifier et qui, comme le témoin, a été atteint de la ma-
ladie connue sous le nom de casse davin, tandis que la même levure four-
nissait sur moût de Cabernet-Sauvignon un excellent vin.
» 4. De ces recherches, que nous nous proposons de poursuivre, dé-
coulent, dès à présent, les conclusions suivantes :
» i" Les levures sélectionnées destinées à produire des vins fins ne
peuvent être ensemencées dans un moût quelconque.
)' 2° I/ensemencement de ces levures doit être fait dans un moût de
raisin provenant du ou des cépages acclimatés depuis longtemps dans la
région d'où provient la culture sélectionnée. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Des applications périphériques d'alcaloïdes
dans le traitement des maladies aiguës à détermination cutanée. Note de
MM. L. GuiNAUD et Gustave Geley, transmise par M. A. Chauveau.
« Dans une précédente Note, nous avons signalé la possibilité que l'on
a de mettre en jeu le système régulateur de la thermogenèse et de pro-
duire, par exemple, la baisse thermique chez les fébricitants par l'action
périphérique cutanée de certains alcaloïdes ou glucosides. Nous citions
notamment la cocaïne, la solanine, l'helléboréine et la sparléine, comme
capables de répondre aux indications découlant du principe général que
nous faisions connaître.
» Mais, dans cette Note, nous n'avons présenté que les faits relatifs à
l'influence des actions périphériques sur la température, sans nous préoc-
cuper d'une façon spéciale des eftets de ces actions sur la courbe générale
et la marche des maladies aiguës. A ce point de vue, celles-ci se sont
nettement divisées en deux groupes, comprenant, d'un côté, les affections
à localisation précise sur un organe important, maladies à détermination
centrale ou viscérale; d'autre part, les affections à détermination cutanée.
» Dans les premières, à part les modifications momentanées de la tem-
pérature des vingt-quatre heures, l'action thérapeutique des badigeon-
nages a été à ])eu près nulle et n'a en rien modifié la marche, la durée et
la gravité de l'affection.
( 376)
» Mais il n'en a pas été de même dans les maladies aiguës à détermi-
nation cutanée. Là, nos badigeonnages, pratiqués exactement et toujours
suivant les indications et les règles que nous avons déjà fait connaître, ont
donné des résultats fort intéressants, dans tous les cas non compliqués où
nous les avons employés. Dans ces essais, nous nous sommes toujours servis
delà spartéine, à cause de la longue durée de son action : nous avons
constaté d'abord que l'effet momentané, consécutif à chaque badigeonnage,
est plus intense dans les maladies à détermination cutanée que dans les
affections du premier groupe. Au lieu de 1° à i°|, on constate des baisses
de température de 3°, 4" et même 5°; de plus, la courbe générale est entiè-
rement modifiée, parfois ramenée immédiatement à la normale; présentant,
dans d'autres cas, des oscillations inattendues mais toujours évidemment
plus courtes que normalement. C'est en particulier dans la rougeole, la
scarlatine, l'érythème noueux, l'eczéma avec fièvre, Vérysipèle et la variole
que nous avons heureusement employé notre méthode.
M L'action sur la scarlatine elle-même est puissante, mais elle n'a aucun
pouvoir sur les complications déjà établies, bien que nous ayons la con-
viction qu'appliqués à temps les badigeonnages de spartéine peuvent
prévenir ces dernières.
» Dans la rougeole, les badigeonnages de spartéine ont une action cura-
tive, quand elle est dépourvue de toute complication, de toute localisation
pulmonaire un peu marquée; ils n'ont aucun effet thérapeutique dans les
autres cas.
» Mais c'est surtout l'érysipèle qui a le plus manifestement bénéficié des
effets curatifs des actions périphériques et qui nous a donné les résultats
les plus typiques. Nous possédons un nombre assez considérable d'obser-
vations heureuses, qui toutes ont parlé dans le même sens et montrent
qu'il a suffi, le plus souvent, de trois ou quatre badigeonnages, parfois
moins, pour obtenir la baisse définitive de la température et la guérison.
» En effet, dans l'érysipèle, l'action locale n'a pas été moias remar-
quable que l'action thermique, et, dans tous les cas (sauf un érysipèle
chirurgical de la jambe qui se fit en deux poussées), nous avons vu l'exan-
thème cesser immédiatement de s'étendre et rapidement pâlir et dispa-
raître.
» Ces effets remarquables, constants et bien spéciaux, des badigeonnages
de spartéine sur les maladies aiguës à détermination cutanée, sur l'érysi-
pèle en particulier, nous donnaient le droit d'espérer en des résultats
(^77)
heureux dans la variole, maladie dont la gravité est proportionnée à l'in-
tensité de l'éruption ( ' ).
» Dans un cas de variole avec éruptions confluentes, les badigeonnages
de spartéine, qui n'avaient pu être commencés qu'au moment où la séro-
sité des pustules était sur le point de se troubler, ont empêché d'une
façon complète la suppuration qui, selon toute apparence, était inévitable.
Presque immédiatement les pustules se sont affaissées et se sont ensuite
simplement desséchées.
» D'après tout ce que nous avons vu jusqu'à présent, nous croyons que
dans la variole les badigeonnages périphériques de spartéine auront une
utilité réelle et pourront rendre moins sévère le pronostic soit au point de
vue de la terminaison, soit au point de vue des suites.
» INous recherchons actuellement le mécanisme physiologique de ces
actions, dont le point de départ se trouve, comme nous l'avons déjà dé-
montré, dans une influence nerveuse périphérique et dont les résultats
sont si remarquables. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur une bactérie coprophile de l'époque permienne.
Note de MM. B. Rexault etC-Ec. Bertrand, présentée par M. Albert
Gaudry.
« La bactérie qui fait l'objet de cette Note a été observée dans deux
coprolithes de vertébrés ichthvophages, provenant, l'un des schistes bitu-
mineux de Cordesse, l'autre des schistes d'Igornay. Ces schistes font partie
du permien moyen et inférieur du bassin d'A.utun.
» Le coprolithe de Cordesse est identique à ceux que M. Gaudry a cru
pouvoir attribuer à un reptile très remarquable par ses caractères
archaïques, V Actinodon Frossardi. Entier, il mesurait 3i"""de long sur iS""™
de large. Il consiste en une bande large de 20°"°, épaisse de o^^jô, roulée
en spirale; cette conformation du coprolithe indique une valvule spirale
chez l'animal qui l'a produit.
» Le coprolithe d'Igornay montre également l'action d'une valvule spi-
rale, mais à partir du troisième tour la bande forme des plis rayonnants
(') Faute de malades, nous n'avons pas pu multiplier nos essais autant que nous
l'aurions voulu; mais, étant donnée l'importance pratique de ces résultats, nous avons
cru bon, quitte à y revenir bientôt, de faire connaître nos premières constatations.
( 378 )
du centre à la périphérie. Ce coprolillie provient d'une espèce animale
différente de VActinodon.
» Les deux coprolithes contiennent de nombreuses écailles de Palœo-
niscus, qui paraissent toutes provenir de la même espèce. L'alimentation
iclîlhvophage était donc la même pour les deux animaux.
)) Le coprolithe de Cordesse ne présente la bactérie que nous allons dé-
crire que dans ses trois premiers tours externes; elle est beaucoup moins
nombreuse dans le troisième tour que dans les deux premiers; elle dispa-
raît au début du quatrième; les suivants en sont totalement dépourvus,
d'ailleurs les matières alimentaires incomplètement digérées ont encore
leur structure reconnaissable dans le septième tour. La bactérie existe
dans toute la masse du coprolithe d'Igornav, mais toujours plus abondante
vers l'extérieur. C'est dans le coprolithe de Cordesse que nous avons ob-
tenu les meilleures préparations, en particulier celles qui nous ont permis
de prendre des photographies.
» La bactérie de Cordesse consiste en bâtonnets rectilignes, longs de i4[x à 16 |j.,
remarquablement larges, 2!'-, 5 en moyenne et jusqu'à S!'-, 3, arrondis aux deux bouts.
Les bâtonnets de 20 ]jl à 25 [x sont formés de deux articles contigus, placés dans le pro-
longement l'un de l'autre. Quand les bâtonnets sont plus longs, leurs articles sont net-
tement écartés, ou bien ils font entre eux des coudes brusques. La bactérie est à l'état
d'éléments isolés ou de diplobacilles dans les deux premiers tours. Les cellules se sé-
paraient donc après une ou deux divisions. On la trouve formant des streptobacilles
ou des chaînettes entre les bols alimentaires du troisième tour et dans les plis de ces
bols. Là les chaînettes sont alignées entre les masses alimentaires. Plus extérieure-
ment, c'est-à-dire dans les tours i et 2, il y a des bacilles orientés en tous sens, mais
un grand nombre suivent encore la surface très effacée des aliments. Dans ces régions
externes, on voit, mêlés aux bacilles, des articles courbés, d'autres tordus en vibrions,
et un assez grand nombre de bâtonnets hélicoïdes à aspect spirillien. De même, les
plus longs streptobacilles sont tordus et rappellent l'aspect que prennent les filaments
de CladothrLr dichotoma lorsque cette bactérie va donner ses formes mobiles.
)i Ces formes contournées indiquent-elles que la bactérie permienne a
été douée de mobilité dans l'un de ses états? Cela nous paraît extrêmement
probable. C'est l'existence de nombreuses formes de transition, entre les
états extrêmes que nous avons reconnus, qui nous porte à penser qu'il
s'agit d'une seule es])èce bactérienne, douée d'un certain polymorphisme,
mais il nous est inîpossible actuellement de démontrer qu'il ne s'agit pas
d'un mélange d'espèces, la nature du milieu où vivait la bactérie compor-
tant habituellement une grande variété de formes spécifiques.
» Ces éléments bacillaires sont représentés, dans la masse du coprolithe.
( ■^7«J )
par des cylindres solides mesurant lay. à i3jy. de long sur 11^,3 à ii^,5 de
large, arrondis aux deux bouts, de même calibre dans toute la longueur,
non articulés. Autour, est une zone vide de o"^,/!, plus épaisse aux deux
bouts. Au delà s'étend la masse du coprolithe. Le bâtonnet central repré-
sente la masse protoplasmique remplacée par la matière minérale. L'espace
entourant est un vide résultant de la destruction de la paroi cellulaire. La
bactérie permienne aurait-elle eu une gaine distincte de sa paroi propre?
Cela expliquerait l'épaisseur assez grande du manchon évidé et la continuité
des tubes qui contiennent les streptobacilles. Les chaînettes bacillaires se
présentent en effet comme des tubes fins, dans lesquels les articles cellulaires
sont alignés. Là où les bacilles sont nombreux et entre-croisés, leur super-
position peut donner l'impression de tubes rameux ; mais les photographies
résolvent facilement ces divers aspects. La bactérie permienne nous a été
conservée à l'état de moulage; elle est soulignée par une destruction de la
paroi; la substance fossilisante a été le phosphate de chaux.
)> Nous n'avons observé ni spores, ni état coccoïde, ni zooglées. A cause
de ses dimensions, nous ne pouvons identifier la bactérie permienne à au-
cune des bactéries stercopliiles actuelles. L'étal bacillaire semblant être
son état le plus ordinaire, nous nommerons la bactérie de Cordesse : Dacil-
hts permicnsis . — Dans le coprolithe d'Igornay, le />'. permiensis est iden-
tique à ce que nous l'avons trouvé à Cordesse.
)) Nous connaissons des bactéries coprophiles un peu différentes du B.
permiensis dans des coprolithesde I-ally et de Commentry. Nous n'en avons
pas encore trouvé dans les coprolithes du boghead d'Autun, ni dans ceux
des schistes de Saint-Hilaire (Allier).
» Le B. permiensis ne peut être regardé comme les articles dissociés
d'un champignon inférieur, analogue auxmucédinées. Le gisement d'Igor-
nay nous a fourni précisément un coprolithe d'ichthyophage, envahi dans
toute sa masse par une raucédinée qui nous montre son mycélium et ses
spores désarticulées; les caractères sont tout autres : en particulier, lu
membrane cellulaire y est conservée et teintée en brun.
DiAGNosE DU Bacillus permiensis. — Éléments bacillaires rectilignes,
isolés ou couplés par deux, longs de i4 ,"• à iGjy., larges de 21^, 5 à 3"^, 3. Epais-
seur de la paroi oi^, 4. Parfois courbés, tordus eu spirille ou encore en chai-
nette. — Habitat : Coprolithes du permien d'Autun. »
( :i8o )
GÉOLOGIE . — Sur la nature de la grande crevasse produite à la suite du dernier
tremblement de terre de Locride. Note de M. Socrate-A. Papavasiuon,
présentée par M. Daubrée.
« Dans une Note sur le dernier tremblement de terre de Locride que
j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie, je signalais, comme le phéno-
mène le plus remarquable de ce tremblement de terre, la formalion d'une
grande crevasse, longue d'environ 55*"" en plan, large d'environ So'^'" en
movenne, qui s'étend dans une direction constante sud-est-nord-ouest (ou
plus exactement est-sud-est-ouest-nord-ouest) de la baie de Scroponeri
jusque près du village de Saint-Constantin. Je pense que nous avons plu-
sieurs motifs de considérer cette crevasse comme \xne faille.
)' Et d'abord, la longueur peu commune de cette crevasse, combinée
avec ce fait que celle-ci est parallèle au golfe d'Eubée, permet de soup-
çonner qu'il s'agit d'une dislocation analogue à celles qui, à la fin des
temps tertiaires ou aux débuts des temps quaternaires, ont donné naissance
à ce golfe, alors que l'île d'Eubée était réunie à la Grèce continentale par
des terrains crétacés, sur lesquels se déposaient, dans des lacs, les terrains
néogènes de ces deux contrées.
» En second lieu, la crevasse a une direction constante et indépendante
de la constitution géologique du sol. En effet, non seulement elle traverse
les couches quaternaires meubles, les terrains tertiaires peu consistants en
général, mais elle affecte aussi les terrains crétacés solides, d'une stratifi-
cation discordante aux terrains précédents et d'un plongement vers le sud
ou sud-ouest.
» Enfin et surtout il y a lieu de considérer un rejet, ainsi qu'un déplace-
ment horizontal de la région de Locride de l'au delà de la crevasse. D'après
mes observations, faites entre le village de Mortino (au sud delà presqu'île
d' Aetolymion^ et la ville d'Atalante, la valeur du rejet varie suivant la na-
ture des terrains. Elle est en général très petite, souvent nulle sur le sol
crétacé, compte plusieurs centimètres sur le sol tertiaire et va jusqu'à
i'",5 sur les couches alluviales de la plaine d'Atalante. Quant au déplace-
ment horizontal, celui-ci, très léger, a eu lieu vers le nord-ouest et s'ob-
serve surtout sur la plaine d'Atalante. Pour tous ces motifs, nous croyons
avoir affaire ici à une véritable faille. Cette manière de voir serait peut-
( 38i )
être d'accord avec les résultats que nous avons obtenus sur l'évaluation
de la profondeur du centre d'ébranlement.
» D'après une lellre de M. Davidson, de Birmingham, à M. Eginitis, directeur de
l'observatoire national, la secousse du 27 avril, signalée à Athènes à g"" 21 ""6' du soir,
a été ressentie à Birmingham à 9''34, c'est-à-dire i2™54' plus tard. De là résulterait
une vitesse de l'onde séismique de la ligne épicentrale à Birmingham, d'à peu près
32O0'''.
» Bien que la vitesse, d'après ce qu'on sait, varie et quelquefois même augmente
avec la distance, pourtant je crois pouvoir adopter, en général, ce nombre comme vi-
tesse du mouvement séismique, en m'appuyant sur le fait suivant. Le soir du 4 mai,
quand je me trouvais au bureau télégraphique d'Atalante, une secousse assez forte se
fit sentir à 8''47". Quelques secondes après, le bureau télégraphique d'Athènes nous
annonçait qu'une secousse, évidemment la même, s'était fait sentir. En raison de la
différence de quelques myriamètres, entre la distance de la ligne épicentrale à Athènes
et la distance de cette même ligne à Atalante, la secousse a dû se propager extrême-
ment vite.
B En admettant la vitesse de 3200"", et un coefficient, supposé égal, d'après
M. Fouqué, à o,58, j'ai essavé de déterminer, par la méthode de Falb, la profondeur
du centre d'ébranlement : j'ai trouvé pour résultat 7183™ à 6007'".
» Si ce calcul est exact, on y trouve, croyons-nous, un appui de plus
pour notre manière de considérer la grande crevasse de Locride. Celle-ci
serait alors la cause même du tremblement de terre. Produite par la se-
cousse du 20 dans les profondeurs du sol, elle s'est fait jour jusqu'à la
surface avec la secousse du 27, vu l'intensité extraordinaire de celle-ci et
la profondeur relativement petite du centre d'ébranlement.
» Nous ne voyons, dans cette faille, que la suite des phénomènes géolo-
giques auxquels le golfe d'Eubée doit son existence. Le sol sur les bords
de la Grèce continentale continue à se fendre, par suite des mouvements
orogéniques, et à s'affaisser. Un jour, la région détachée, arrivée sous les
eaux, pourra contribuer à l'élargissement de ce golfe. »
GÉOLOGIE. — Sur r existence de lentilles récifales à Ammonites dans le Barré-
mien, aux environs de Châtillon-en-Diois . Note de MM. G. Say.n et
P. LoRv, présentée par M. Fouqué.
« En 1889 l'un de nous signalait (') la présence de nombreuses Ammo-
nites du Barrémien inférieur dans des blocs d'un calcaire nettement récifal,
(') G. Sat.n, Eclogœ geologicce Helvetiœ, n" V, p. 4^6; 1889.
C. R., 1894, 1' Semestre. (T. CXIX, N" 6.) 49
( 382
à Polypiers et Orbitolines, éboulés dans le vallon de Pinet, près Châtillon-
en-Diois.
» La petite faune recueillie dans ce gisement tant par Garnier que par
nous se compose des espèces suivantes :
» Pulchellia nov. sp. aff. P. Dldayi à' Ovh. — Pulchellia cf. Sam'ageani
Hermite. — Eolcodiscus Caillaudi d'Orh. sp., types c. •— Holcodiscus Caii-
laudi formes de passage à H. Gastaldii d'Orb. sp. c. — Holcodiscus mcnglo-
nensis Sayn. — Holcodiscus cf. alcoyensis Nicklès. — Desmoceras nov. sp.
(groupe de D. difficile d'Orb. sp.) c. — Crioceras trinodosum d'Orb. sp. —
Hamulina sp. ind. — Janira atava d'Orb. — Peclen sp. (petite forme lisse).
— Bhynchonella sp. < ~ Orhitolina sp. (un exemplaire est fixé sur une
Ammonite sp.). Débris de Radioles et de tiges d'Encrines. — Polypiers.
» Malgré le petit nombre des formes que nous avons pu rapporter avec
certitude à des tvpes connus, cette faune rappelle d'une façon frappante,
par la prédominance des PulcJtellia et des Holcodiscus du groupe de
//. Caillaudi, celle du gisement de Combe-Petite (montagne de Lure),
type du Barrémien inférieur si magistralement établi par M. Rilian, et les
faunes similaires de la région méditerranéenne (Espagne et Algérie).
» Intéressantepar elle-même, la présence anormale d'Ammonites nom-
breuses dans une formation récifale pouvait fournir en outre des données
stratigraplïiques précieuses pour déterminer l'âge des premières inlerca-
lations coralligènes dans une région où le faciès dit urgonien se montre à
des niveaux si nombreux et si variables. Nous avons donc cherché à fixer
la position des couches qui avaient fourni les blocs fossilifères exploités
d'abord par Garnier, blocs abondants surtout au coi de Pieymard.
» Au-dessus des Hoplites pexiptychus Uhl. qui forment celui-ci, on ob-
serve successivement :
» T° Marno-calcaires du Valanginien supérieur;
» 2° Calcaires marneux hauteriviens à CncoceraîZ)M^a//Lév., présentant
vers le sommet de gros bancs riches en Holcodiscus incerlus d'Orb. sp. et
H. intermedius d'Orb. sj). ;
» 3" Calcaires blanchâtres et bleuâtres, à pâte fine, avec taches vermi-
formes blanches et rares débris à' Holcodiscus off. van den Heckei d'Orb. sp.
et Desmoceras à la base, puis avec rognons de silex noirs (Barrémien infé-
rieur).
» Au sein de cette dernière assise et presque dès sa base apparaissent, à
deux ou trois niveaux très rapprochés, des lentilles nettement récifales et
détritiques. Ces calcaires du Barrémien inférieur couronnent seuls les
( 383 )
pentes dominant à l'est le col de Pieymard : ce sont donc bien certaine-
ment leurs niveaux récifaux qui ont fourni les blocs de calcaire à Ammo-
nites et Orbilolines dont nous nous occupons. Les parties les plus cristal-
lines des lentilles ont d'ailleurs le même faciès lithologique que ces blocs,
et l'on trouve notamment de part et d'antre les mêmes silex très particu-
liers, les uns blancs, spliéroïdaux, à surface mamelonnée, les autres de
forme irrégulière et ponctués de points bruns que le microscope montre
être autant de protozoaires.
» A quelques centaines de mètres plusau sud, nous avons été assez heu-
reux pour trouver en place, dans un banc lui aussi récifal et à un niveau de
très peu supérieur au précédent, des échantillons de Pidchellia voisines de
P. Sc//ei Ril. et P. compressissima d'Orb. sp.
» Ainsi, dans la région immédiatement voisine des grandes masses ur-
goniennes du Vercors, le faciès récifal apparaît dès la base du Barrémien,
tandis que plus au sud, à Vèse comme à la Charce, on ne l'a signalé qu'à
partir du Barrémien supérieur.
» Ajoutons que, môme aux environs de Chàtillon, les lentilles les plus
puissantes sont à un niveau plus élevé que celles où l'on trouve les Pulchel-
lia; ainsi les pentes de la pointe i349. toujours dans le vallon de Pinet,
montrent au-dessus des couches à silex noirs des calcaires un peu marneux
envahis sur une forte épaisseur par le faciès oolithique avec Brachio-
podes et nombreuses Orbitolines : cette assise doit appartenir à l'Aptien in-
férieur, car, soit ici, soit sur le revers est du col de Mensac, elle supporte
directement les marnes aptiennes. »
M. G. RouviER adresse une nouvelle Note relative à la fixation de l'iode
par l'amidon.
M. Léopold Hdgo adresse une Note « Sur le calcul des déplacements
planétaires ».
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures un quart. M. B.
( 384)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 9 juillet 1894.
Bullelin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et
Jules Tannery. Deuxième série. Tome XVIII. Mai 1894. Paris, Gaulhier-
Villars et fils, 1894; i fasc. in-8''.
Note sur l'hybridation sans croisement, ou fausse hybridation, par A. Mil-
lardet, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, Correspondant
de l'Institut. Bordeaux, Féret et fds, 1894; i broch. grand in-8°.
Observatoire de Nice. — Catalogue de nébuleuses découvertes avec le grand
équatorial de r observatoire de Nice, par M. Javelle ; i br. in-4°.
Annuaire géologique universel. Revue de Géologie et Paléontologie, dirigée
par le D' L. Garez et H. Douvillé. Année i89'2. Tome IX. 4" fasc. Paris,
1894; I vol. in-4°.
Nouvelles Annales de Mathématiques. Juillet 1894. Paris, Gauthier -Villars
et fils; I fasc. in-8°.
Archives italiennes de Biologie, sous la direction de A. Mosso, professeur
de Physiologie à l'Université de Turin. Tome XXI, fasc. II. Turin, Hermann
Loescher, 1894; i vol. in-8°.
Catalogue of scientific Papers ( 1 874-1883), compiled by the Royal Society
of London. Vol. X. London, C.-J. Clay and sons, 1894; i vol. in-4°.
Report ofH. M. Astronomer at the Cape of Good Hope for the period 187g,
May 2G lo 1889 July 21 ; i fasc. in-4''.
The scientific Transaction ofthe Royal Dublin Society . Vol. IV et V (séries
II). Dublin, 1892-1893; 5 fasc. in-4°.
HRRATA.
(Séance du 2 juillet 1894)
Note de M. Aimé Girard, Application delà pomme de terre à l'alimenta-
tion du bétail :
Page 28, ligne 10, au lieu de 3oS'', lisez 3s''.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLAHS ET FIES,
Quai des Grands-Augusiins, u" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4''. Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d' .Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" janvier.
Le pri.t de rubonnement est fixé ainsi f/u'it suit :
^ Paris : 20 fr. — Déparlemenis : 30 fr. — Union postale ; 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit.
à l'Étranger,
Agen
Alger
chez Messieurs :
.. Michel el Médan.
1 Gavault St-Lager.
. . < Jourdan.
( RuIT.
Lorient
Lyon
Marseille
Montpellier . . .
chez Messieurs :
( Baumal.
■ ' * M»' 1 exier.
/ Bernoux et Cumin.
^ Georg.
. . ( .Mégret.
1 Chanard.
! Vitte.
.. Ruât.
( Calas.
■ ■ / Coulet.
Amsterdam . . . .
Athènes
chez Messieurs :
Keikema Caarelsen
et C'v
. Beck .
. Verdaguer.
1 Asher et C'*.
1 Dames.
■ . Friediander el fils.
' Mayer et Muller.
i Schmid, Francke el
■\ O'.
. Zanichelli.
Ramlot.
. MayoIezetAudiarte.
Lebégue et G''.
( Haimann.
/ Ranisteanu.
Kilian.
Deighton, Bell et C".
Cammermeyer.
. Otlo Keil.
. Host et fils.
. Lœscher et Seeber.
. Hoste.
. Beuf.
, Cherbuliez.
. Georg.
( Stapelmolir.
. Belinfante frères.
1 Benda.
/ Payot.
Barlh.
\ Brockhaus.
. ' Lorentz.
1 Max Rube.
' Twietmeyer.
( Desoer.
1 Gnusé.
Londres
Luxembourg. . .
Madrid
Milan
chez Messieurs :
Oulau.
Hachetlc et C".
Nutt.
Barcelone
Berlin
Berne
Bologne
Bruxelles
Bucharest
Budapest
Cambridge
Christiania
Constantinople.
Copenhague —
Florence
Gand
Gènes
V. Buck.
/ Libr. Gulenberg.
) Capdeville.
Gonzalès e hijos.
( Germain elGrassin.
Bayonne
' Lachése.
Jérôme.
Jacquard.
, Avrard.
. . Duthu.
' Muller (G.).
.. Renaud.
, I.efournier.
) F. Robert.
■ j J. Robert.
( V Uzel Caroff.
\ Baër.
■ (Massif.
Perrin.
( Henry.
( Marguerie.
\, Rousseau.
" ' Ribou-Collay.
. Lamarche.
. RateK
' Damidot.
\ Lauverjat.
F. Fé.
i Dumolard frères.
Besançon
Bordeaux
Moscou
Naples
Ne»-rork
Odessa
Oxford
Palerme
\ Hoepll.
Gautier.
1 Furchheim.
Bourges
Brest
Caen . . .
Nancy
Nantes
N,ce
Aimes
/ Jacques.
. . , Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
i Loiseau.
1 M». Veloppé.
1 Barma.
■ 1 Visconti et C'-.
.. Thibaud.
Marghieri di Gius.
( Pellerano.
i Dyrsen et Pfeiffer.
) Slechert.
' VVeslermann.
Rousseau.
Parker el C".
Clausen
Magalhaès.
Rivnac.
Garnier.
j Bocca frères.
j Loescheret C".
Kramers el fils.
Samson et Wallin.
J Zinserling.
( WolIT.
Bocca frères.
Chambery
Orléans
. . Luzeray.
Cherbourg
Ctermont-Ferr
Dijon . .
Douai
Poitiers
i Blanchier.
( Druinaud.
Plihon t Hervé
Rio-Janeiro
Borne
Rotterdam
Stockholm
S' Pétersbourg. .
Boche/ort
Bouen
S' -Etienne
Toulon
Toulouse
.. Girard (M"").
( Langlois.
} Lestringant.
.. Chevalier.
( Bastide.
/ Rumébe.
( Gimct.
' ■ 1 Privât.
. Boisselicr.
! Péricat
Genève
La Haye
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! Crepin.
( Drevel.
' Gratier.
Fouclier.
i Bourdignon.
' Dombre.
) Lefebvre.
Brero.
Grenoble
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j Clausen.
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Le Havre
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Valenciennes..
' Supptigeon.
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/ Lemaitre.
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( Quarré.
Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes l«à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-4''; '853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i'^' Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; 'S/O- Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i"^' Janvier i866 à 3i Décembre i88o.) Volume in-4'"; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DEBBF.set A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations 4u'éprouvenl les
Comètes, par M. Hanses.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
grasses, par M. Claude Bermard. Volume in-4'', avec 32 planches; i856 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vam Beneben. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i85'i, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
• mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher a nature
• des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses étals antérieurs •, par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.
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A la môme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
TA.BI.K DES ARTICLES. (Séance du 6 août 1894.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DKS MlîMItUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. GoKsKLKT. - Sur les variciUons du Spirifer \ criieui/i .
MEMOIRES LUS.
M. Emile Rivière. - Nouvellesrecherchesan-
tliropologisfues et paléontolosiquesdans la
l.ioidiis»
MEMOIRES PRESENTES.
M. PLiisciiNEU adresse deux Notes relatives
à diverses questions médicales 36i
M. Ou. Amometti adresse une Note relative
à la direction des aérostats liir
CORRESPONDANCE.
M. le Secuétaire l'EiiPKXL'EL annonce à
l'Académie la perte qu'elle a faite dans la
personne de M. A. Hannover, Correspon-
dant pour la Section de Médecine et Chi-
rurgie
IM. le SECRETAinE perpétuel annonce à
l'Académie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. Rollet, Corres-
pondant pour la Section de .Médecine et
Chirurgie
M. le SECKÉT-4IRE PERPETUEL signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspondance,
une petite Carte du « Ciel de France ».
par M. J. Vinot
M. Maillet. — Sur les groupes de substi-
tutions isomorphes aux groupes symé-
triques ou alternés
M. Desaint. — Sur les zéros de certaines
fonctions discontinues. Principe de la mé-
thode pour trouver les zéros de certaines
fonctions
M. K. LiouviLLE. — Sur les équations de la
Dynamique
M. P. ViLLARD. — Sur l'hydrate carbonique
Bulletin bibliographique
Err.vt.v
' et la composition des hydrates de gaz....
M. Tassilly. — Sels basiques de calcium..
M. Charles Fabre. - Sur l'emploi des
levures sélectionnées
36a ! MM. L. Guinard etC. Geley. — Des appli-
cations périphériques d'alcaloïdes dans le
traitement des maladies aiguës à détermi-
nation cutanée
-MiM. B. Renault et C.-Eg. Bertrand. —
362 Sur une bactérie coprophile de l'époque
permienne
M. S. -A. Papava.silion. - Sur la nature
de la grande crevasse produite à la
36i ' suite du dernier tremblement de terre de
Locride
I MM. G. Sayn et P. LoRY. — Sur l'existence
362 de lentilles récifales à Ammonites dans
le Barrémien, aux environs de Chùtillon-
en Diois
M. G. RouviER adresse une nouvelle Note
364 relative à la fixation de l'iode par l'ami-
don
367 M. LÈOPOLU Hugo adresse une Note « Sur
le calcul des déplacements planétaires ».
3S.^
3,S4
PAKIS. - IMPRIMERIE GVUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Au^usiins. 5S.
Le (jetant ; (;AuliilER-Vii.L\ris.
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iÙl^<^ SECOND SEMESTRE.
C03IPTES RENDUS
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DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PAK MIT!. liEii» SECRÉTAIRES PERPETlEIiS.
TOME CXIX.
N° 7 (15 Août 1894).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiine, 55.
1894
RÈGLEMEINT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans t. es séances des 2.3 juin 18G2 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hehdomadaiies des sceances de
I Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Cliaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages on 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*'. — Impressions des travaux de l' Académw .
I ,esextraits desMéiuoires présentés p;ir un Membre
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont impi'imés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aidx prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
AiiTici.i': 2. — Impression des tiavaux des Savants
étrangers à l' Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membies ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
)u par un Associé étrangerdel'Académie comprennent j smné qui ne dépasse pas 3 pages.
au plus b pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a élé remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soiuuis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont im|)rimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Aciulémie ne |)eut donner j
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne ! un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
Les Membies qui présentent ces iMémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui (ait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent con\enable, comme ils le fout
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
AllTICLE 3.
Le bon à tirer de chaque Alembre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à tem|)s,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
AuTic.i.r, 4. — P/anc/ies et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y 'à d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Auïici.E 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou iMé-
moires sur l'objet de leur discussion.
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires s(tnl chargés de Texéculioii du pré-
I sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 15 AOUT 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LCEWY.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Gustave Cotteau, Correspondant pour la
Section d'Anatomie et Zoologie, décédé à Paris le lo août.
M. Emile Blanchard, après l'annonce de la mort de M. Colteau, donne
l'aperçu suivant sur la carrière de l'homme d'étude dont on attendait
encore des travaux :
« Appartenant à la magistrature, comme on l'a rappelé, M. Cotteau
s'était renfermé, comme naturaliste, dans une bien étroite spécialité, un
groupe de l'embranchement des Zoophytes : les Oursins; mais, dans cette
spécialité, il avait pris une telle importance, qu'il semblait, par tous,
désigné pour occuper une place à l'Académie, à titre de Correspondant.
C. R., 1894, i' Semestre. (T. CXI\, N" 7.) J*'
( 386 )
» C'était en 1887, plusieurs places de Correspondants étaient vacantes
dans la Section d'Anatomie et de Zoologie, les candidats étaient nombreux.
J'étais chargé de faire le rapport sur les divers candidats ; mais des occupa-
tions pressantes m'avaient empêché de le rédiger. Le doyen de la Section
émit la pensée "que je pourrais faire un rapport verbal. C'était alors
M. Janssen qui présidait l'Académie : « Allez, disais-je, de Londres à San
» Francisco, allez de Saint-Pétersbourg à Sydney. Dans chaque ville où il
» existe un musée d'Histoire naturelle, si vous demandez : — Avez-vous
» des Oursins? Le conservateur ne manquera jamais de vous répondre :
» — Certes nous avons des Oursins, et encore sont-ils déterminés par
» M. Cotteau. •» Ndtre Correspondant avait eu sous les yeux tous les in-
dividus recueillis dans les différentes parties du monde, et il ne cessait
d'enrichir la publication périodique qui a pour titre La Paléontologie
française, de nouvelles études sur le sujet qui lui a valu une si grande no-
toriété.
» Nous sommes maintenant privés d'une lumière qui longtemps ne fit
jamais défaut. »
MÉTÉOROLOGIE. — Note sur un Météorograplie à longue marche, destiné
à l' observatoire du mont Blanc. Note de M. J. Jaxssex (').
« J'ai l'honneur de présentera l'Académie une série de photographies
donnant la description d'un météorographe à très longue marche, con-
struit à ma demande par M. Richard, pour l'observatoire du mont Blanc.
» On sait que, en raison de la difficulté d'atteindre l'observatoire en hi-
ver, on devait s'attacher, pour obtenir l'enregistrement des principaux
phénomènes météorologiques du sommet, \x construire un instrument à très
longue marche, c'est-à-dire pouvant passer l'hiver et le printemps sans être
remonté. C'est là le problème dont j'ai demandé la solution à M. Jules Ri-
chard, et qui l'a conduitàla construction du remarquable instrument dont
je présente aujourd'hui des photographies, et que M. J. Richard mettra
sous les yeux de l'Académie lundi prochain.
» Tout l'instrument est actionné par un poids d'environ go'*''' des-
cendant de cinq à six mètres en huit mois. Ce poids donne le mouvement
à une pendule qui communique, en le réglant, le mouvement à l'ap-
(') Celte rSoie a été présentée dans la séance du lundi 6 août 1894.
( 387 )
pareil. Il fallait une pendule dans laquelle les grandes variations de tcm-
|iéralure intervinssent le moins possible. M. Richard a choisi la pendule à
échappement Denison, en la perfectionnant. Les avantages de cet échappe-
ment sont, d'une part, de permettre l'emploi d'une très petite quantité
d'huile, qui peut mê'me être tout à fait nulle (juand l'atmosphère ambiante
est exempte de poussière. Denison rapporte même qu'on n'a pu observer
aucune variation dans les amplitudes de l'arc du balancier, lorsque l'huile
était gelée, et avait la consistance du suif.
)) Tous les mouvements du mctéorographe lui sont donnés par un arbre
horizontal qui i-eçoit son mouvement de la pendule, à raison d'un tour en
vingt-quatre heures, et le communique aux bobines et aux divers organes
des enregistreurs. Ces bobines déroulent, avec une vitesse variable pour
chaque instrument, le papier sur lequel les plumes de ces enregistreurs
doivent écrire.
» Enregistreur barométrique. — C'est d'abord l'enregistreur des varia-
tions de la pression barométrique. Les mouvements de l'aiguille sont
commandés par ceux du mercure dans la branche inférieure d'un baro-
mètre système Gay-Lussac, à très large cuvette. J'ai beaucoup tenu à l'em-
ploi du mercure, qui offre une très grande garantie d'exactitude.
» Thermomètre et hygromètre. — Pour l'enregistrement de la tempéra-
ture et de l'humidité, nous avons été obligés de recourir, pour la tempéra-
ture, aux réservoirs métalliques, système Bourdon, et pour l'humidité, à
l'hygromètre à cheveux de de Saussure.
» Le réservoir thermométrique et le câble formé par les cheveux sont
reliés a leurs plumes respectives par de longues tiges, de manière que
ces organes puissent être exposés à l'action de l'atmosphère extérieure,
tout en conservant l'enregistrement à l'intérieur.
» Anémomètre enregistreur de la vitesse et de la direction du vent. —
L'enregistrement de ces deux éléments se fait sur le même papier. Voici le
principe de la solution adoptée par M. Richard : un cylindre portant un
certain nombre de cames disposées en hélice reçoit son mouvement d'une
girouette ou d'un moulinet Robinson, et agit, par le moyen de ces cames,
sur les talons d'un nombre égal de plumes, qu'il soulève successivement et
force à écrire pendant tout le temps de l'action de la came. Pour la direc-
tion, l'appareil porte huit plumes, représentant les huit directions princi-
pales du vent. Pour la vitesse, le cylindre est muni de dix cames, agissant
successivement sur dix plumes. Chaque plume est en prise pendant un
dixième de rotation du cylindre, lequel représente un parcours de vent
( 388 )
de lo*'". I.a vitesse est donc représentée ici p^r la longueur plus ou moins
grande des traces laissées par les plumes.
M La perfection avec laquelle tout l'appareil est exécuté fait honneur à
M. Jules Richard, et je suis sûr d'être l'interprète de ses sentiments en
adressant aussi des éloges à MM. Emile Honoré et Henri I.ibeert, qui ont
été spécialement chargés de l'exécution de ce bel appareil.
» Pour assurer à ce météorographe une température plus égale et le
soustraire aux poussières que le va-et-vient des travailleurs, dans la salle
de 45°"^ où il sera placé, pourmit soulever, ou lui a construit un cabinet
spécial et fermé, qui n'en permettra l'accès que dans les cas oîi cela sera
nécessaire.
» Tel est l'instrument tout nouveau qui va être monté au sommet du
mont Blanc. Je ne me dissimule pas, malgré les précautions minutieuses
qui ont été prises, que nous sommes encore en présence d'un certain in-
connu. Mais l'intérêt de la question de ces enregistreurs à longue
marche, qui rendront tant de services dans les stations élevées, ou dans
lesquelles on ne peut demeurer, est si grand, à mes yeux, que je n'ai pas
hésité à commencer de suite cet essai, laissant à l'expérience le soin de
nous instruire sur les modifications qu'il conviendra d'apporter à ces
instruments pour leur assurer une marche sûre et tout à fait satisfaisante. »
SPECTROSÇOPIE. — Nouvelles recherches sur la région infra-rougc du spectre
solaire; par M. Laxglev.
« Washington, aô juillet 1S9Î.
» Au mois de septembre 1882, j'ai présenté à l'Académie une Commu-
nication intitulée Observations du spectre solaire, et accompagnée d'une
figure de la courbe d'énergie du spectre infra-rouge obtenu au moyen d'un
prisme de verre. En se reportant à cette courbe, on verra qu'on n'a obtenu
au-dessous de la longueur d'onde de 1^,2 que douze inflexions, grandes
et petites, y compris la grande bande dont la longueur d'onde est d'en-
viron i^^, 8, bande que j'ai désignée depuis par il, et dont l'existence
a été établie avec précision par les observations faites au mont Whitney.
On se rappellera que l'existence de la chaleur à une distance de près de
3^,0 (limite à laquelle le prisme de verre cessait de transmettre la radia-
tion) avait été également constatée.
» La Photographie n'a pu, comme ou s'en souvient, réussir à repré-
senter une partie beaucoup plus grande de l'infra-rouge que l'œil n'en
( 389 )
peut percevoir, attendu que des raies dont la longueur d'onde dépasse oi^, 8
peuvent être distinguées à l'œil nu, et je ne sache pas qu'il ait été publié
de photographies donnant des radiations dont la longueur fût de beaucoup
supérieure à i [j..
» Certains résultats intéressants ont été obtenus au-dessous môme de
ce point (i u.) par les procédés de phosphorescence; mais la courbe
donnée dans ma Communication à l'Académie comprenait, si je ne me
trompe, nos principales connaissances actuelles sur la région extrême,
autour et au delà de 1^, dans le spectre d'un prisme de verre. Ces inflexions
avaient été obtenues et déterminées au moyen du bolomètre, et par un
procédé si lent qu'il ne laissait aucun espoir de pousser beaucoup plus
loin les mesures.
)) En i8()o, le Congrès, à Washington, autorisa certains travaux de
recherches astro-physiques, dont il confia la charge à l'Institut Smithso-
nien. Grâce à des expériences poursuivies durant ces dernières années,
on a enfin réussi à remplacer la méthode lente et personnelle que je viens
d'indiquer, par une autre qui, bien que fondée sur l'usage du bolomètre,
est presque automatique, et qui, de beaucoup supérieure à l'ancienne
pour la précision, est en même temps incomparablement plus rapide et
plus minutieuse (').
» Le bolomètre et ses accessoires ont été perfectionnés de telle façon,
qu'ils ne se bornent plus à indiquer un changement de température; ils
en donnent aussi la valeur, là où les variations sont inférieures à un mil-
lionième de degré centigrade, lorsqu'elles se manifestent dans le ruban
métallique du bolomètre qui a ^ de millimètre de diamètre et j^ de milli-
mètre d'épaisseur.
M Un mouvement d'horlogerie de grande précision fait mouvoir le
spectre de telle sorte que chacune des raies, visible ou invisible, passe
successivement par-dessus le ruban qui, pendant ce temps, en vertu de sa
faible masse, change d'équilibre thermique en un espace de temps si court
qu'on peut le considérer comme insensible. Puisque ce qui est sombre à
l'œil est froid au bolomètre, la présence d'une raie invisible d'absorption
est signalée par une déviation presque instantanée du galvanomètre.
(') Les résultats définitifs de ces travaux seront pu])liés officiellement, mais
l'auteur tient à donner dés à présent une idée succincte des faits nouvellement
acquis, à la savante Assemblée à qui il doit tant de reconnaissance pour l'accueil en-
courageant qu'elle fit à son premier travail sur ce même sujet.
( 390 )
» Cette déviation était autrefois relevée à l'œil, sur une échelle. Actuel-
lement cette échelle est remplacée par une plaque photographique sen-
sible, laquelle est mue dans le sens vertical par le même rouage très parfait
qui fait passer le spectre sur le bolomètre. Il s'ensuit que la courbe
d'énergie est enregistrée d'une façon absolument automatique au moyen
de la photographie, avec l'aide du bolomètre, dans des régions jusqu'alors
entièrement inaccessibles à la photographie seule.
» Le synchronisme parfait étant ainsi assuré dans le mouvement de la
plaque photographique et du cercle éloigné qui porte le prisme, on voit
sans peine que la courbe automatiquement tracée peut nous faire con-
naître, à première vue, non seulement la grandeur des variations de tem-
pérature du spectre, mais encore la partie exacte du spectre où elles se
sont produites.
» Ce ne sont pas des douzaines, mais des milliers de déviations, corres-
pondant aux raies de Frauenhofer du spectre visible, qui peuvent être ainsi
enregistrées, et l'on peut aujourd'hui obtenir avec précision, en uneheure,
des résultats que l'on n'aurait pu atteindre avec le micromètre, même au
prix de plusieurs années d'un travail assidu, si bien que l'on peut prendre,
dans la môme journée, pour les comparer entre elles, plusieurs repré-
sentations du spectre entier. Celles-ci, ainsi que d'autres obtenues dans
différentes journées, sont soumises à une comparaison rigoureuse,
par une méthode qui contrôle l'existence de chaque inflexion au même
point de toutes les courbes ainsi tracées indépendamment les unes des
autres, avec une erreur probable de position relative qui correspond à
moins d'une seconde d'arc. En examinant ainsi le spectre inférieur invi-
sible, on découvre qu'il est le siège d'absorptions au moins aussi com-
plexes que celles qui se produisent dans le spectre visible, et la méthode
nouvelle distingue déjà plus de 2000 raies invisibles. Les cartes de cette
région, jusqu'ici inconnue, seront bientôt publiées. Pour prouver à quel
degré la nouvelle méthode possède la faculté de séparation, on peut l'ap-
pliquer, non jilus au spectre invisible, où les résultats annoncés doivent
pour le moment être acceptés sur parole, mais au spectre visible, où elle
peut être employée à étudier une région connue, celle de la raie D par
exemple." Or, notre appareil, purement thermométrique, non seulement
décompose cette raie en ses deux éléments, mais fait apparaître la raie
du nickel qui se trouve au milieu; c'est l'épreuve bien connue des spec-
troscopes visuels de puissance considérable.
» Le tracé graphique ci-contre est automatique et à double effet. On a
( ;-iî)' )
d'abord la courbe d'énergie, obtenue automatiquement; les inflexions
abruptes proviennent de l'extrême sensibilité de l'appareil; il a enregistré
j)hotographiquement les variations de température produites par chacune
des raies qui, séparément, sont invisibles sans l'aide du grossissement.
M Une méthode, dont les détails seront donnés dans une publication ulté-
rieure, a permis de convertir cette courbe d'énergie en un spectre linéaire
que l'on voit au-dessous. Il est important d'observer que ce spectre li-
néaire n'a pas été dessiné; il est obtenu par un procédé automatique, qui
s'applique également à toutes les parties du spectre. Bien que la distance
angulaire connue entre ces raies D, dans le spectre donné par le sel
gemme, dépasse peu lo secondes d'arc, la figure inférieure (qui est une
photogravure du tracé original) fait voir la raie du nickel tellement
séparée de ses voisines, que la possibilité d'une résolution poussée bien
plus loin parait évidente. En d'autres termes, la figure nous permet de
(390
conclure que l'instrument peut séparer des raies dont l'intervalle ne dé-
passe guère 2*; or, puisque ce procédé purement thermométrique est
applicable dans toute l'étendue du spectre invisible de chaleur, développé
par un prisme de sel gemme sur une surface de près de 2° (soit 7200"),
on peut dire que ce procédé a une puissance de résolution capable de nous
dévoiler des milliers de raies, si elles existent.
» En prenant l'exemple de ces raies D, j'ai eu'pour but d'inspirer con-
fiance dans cette assertion, que le spectre inférieur infra-rouge tout entier,
de 11^,2 à 61^,0, peut maintenant être reproduit automatiquement, par un
procédé donnant des centaines de raies pour chacune de celles qui sont
déjà connues, et que la position relative de chacune de ces raies sera
fournie avec une précision inconnue jusqu'ici pour des mesures de ce
genre.
» Ajoutons que, non seulement la plus gi-ande part de l'énergie solaire
se trouve dans cette région peu connue, mais les absorptions semblent
provenir en grande partie de notre atmosphère, plutôt que de celle du
Soleil; il n'est donc pas improbable que leur étude arrive à fournir un
moyen précieux de prédire les variations qui influent sur les pertur
bâtions météorologiques. »
PHYSIQUE. — Cristaux se rassemblant au sommet d'une solution m.oins
lourde qu'eux. Note de M. Lecoq de Boisbaudran.
« Si l'on place des fragments d'une substance plus lourde que le dissol-
vant, les uns près de la surface, les autres au fond de la solution saturée
de cette substance, on obsei'\e que, grâce aux fluctuations journalières de
la température, les fragments supérieurs ne tendent pas à disparaître, tan-
dis que les inférieurs se sont accrus d'autant.
» Cet effet se produit ordinairement encore quand la solution est, non-
seulement saturée de la substance même des fragments, mais est, en outre,
saturée ou presque saturée d'autres matières. Il n'en est cependant pas
toujours ainsi, comme le montre l'expérience suivante :
» On sature d'abord et simullanéinent de l'eau par du carbonate et par de Thypo-
sulfite de soude, à la température ordinaire (soit 20° environ). On sature ensuite
cette solution (à la même température) par du monosulf'ure de sodium cristallisé
(Na-S -+- gAq), dont il se dissout alors des quantités importantes.
» La liqueur est versée dans une éprouvette ( de o"',io à o™,i5 de liauteur) an fond de
( 393 )
laquelle on place une certaine quantité de Na'S cristallisé. Sur un support et très peu
au-dessous du niveau liquide, on met un tout petit fragment de Na'^S. On bouche
l'éprouvette.
» Au bout de quelques jours, ou de quelques semaines, tout le Na'S s'est rassemblé
sur le support supérieur, autour du fragmenl qu'on y avait placé.
« Il est i) noter que le Na^.S cristallisé est plus lourd que la solution
complexe.
» J'ai pensé que cet effet devait s'expliquer en admettant, pour la so-
lution contenant les trois sels de sodium, une densité inférieure à celle de
la solution saturée des deux sels : carbonate et hyposulfite. I^a dilatation
produite par la dissolution du Na-S+pAq, dilatation portant sui- un
liquide très dense, ferait alors plus que compenser l'augmentation de
poids provenant de l'apport du nouveau sel dissous.
M Dans une solution de carbonate et d'hyposulfite de soude de densité
i,/j386 (h 25°, 5 et relativement à l'eau à 2d°,5), on introduisit des cristaux
deNa-S; les mouvements des poussières contenues dans le liquide mon-
trèrent déjà que la solution devenait plus légère à mesure qu'elle se char-
geait davantage de Na^S.
» Sans attendre la saturation complète par le Na^S, on mesura (à la
balance) la densité du 'liquide et l'on obtint : D = 1,4179' (à 25°, 5); soit
une densité de 0,0207 moindre que celle de la solution primitive de car-
bonate et d'hyposulfite. Ainsi, sur 3"', 556, pris pour déterminer la den-
sité, le poids avait diminué de of!'",0735 ; ce qui fait 20^*^,68 par litre.
)) L'expérience ci-dessus réussit aussi bien avec une solution simple
d'hvposulfite de soude qu'avec une solution mixte de carbonate et d'hvpo-
sulfite. 1)
M. GossELET fait hommage à l'Académie d'un Mémoire intitulé: « Etude
sur les variations du Spirifer Verneuili ». {^xtvaxiàe?, Mémoires de la Société
géologique du Nord, t. IV, 189/1.)
MEMOIRES LUS.
M. ToxDiNi donne lecture d'une Note intitulée : « La question du ca-
lendrier à Constantinople et en Russie ».
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
C. R., 1894, 2= Semestre. (T. C\I\, N" 7.) ''
(394 )
MEMOIRES PRESENTES.
M. L.-H. Planche adresse un « Mémoire sur l'aérodynamique ».
(Commissaires : MM. Mascart, Sarrau, Lippmann.)
M. E. TouRNiER adresse, pour le concours du prix extraordinaire de
6000 francs, une « Note sur un projet de courbes de puissances de route ».
(Renvoi à la Commission.)
t
CORRESPONDANCE.
GÉOMÉTRIE. — Nouvel emploi du conoïde de Plucker ;
par M. A. Maxnueim.
« On sait construire les centres de courbure des courbes de contour ap-
parent d'une surface (S) pour un point a de cette surface, lorsqu'on pos-
sède en ce point les plans des sections principales et les centres de cour-
bure principaux de (S). A ma connaissance, on n'a pas résolu le problème
inverse et c'est celui que je me propose de traiter aujourd'hui.
» Dans ce qui va suivre je supposerai toujours que les courbes de con-
tour apparent de (S) sont obtenues en projetant orthogonalement cette
surface sur des plans passant par la normale A en a à (S). Les projetantes
seront donc toujours des perpendiculaires à A.
)) La construction inverse de celle que j'ai donnée (' ) pour déterminer
le centre de courbure d'une courbe de contour apparent conduit aisément
à une première solution relative au cas particulier où l'on possède l'un des
plans de section principale de (S), le centre de courbure principal corres-
pondant et un centre de courbure d'une courbe de contour apparent de
cette surface (-). Mais la construction n'est plus simple, si l'on donne les
centres de courbure de trois courbes de contour apparent de (S).
(') Cours de Géométrie descriptive, 1" édition, p. Sai.
C') Celte solution peut être utilisée dans la Géométrie du Navire pour l'étude delà
surface de flottaison, parce que le Flotteur a un plan de symétrie, qui est alors un plan
de section principale de celte surface.
( '^95 )
» Pour traiter ce dernier cas, on peut employer rindicalricede (S) en a
parce que celte courbe jouit de la propriété suivante, facile à démontrer,
et qui, je crois, n'a pas été remarquée :
» Les rayons de courbure en a des courbes de contour apparent de (S),
relatwes à différentes projetantes, sont proportionnels aux carrés des dislances
de a aux tangentes de l'indicatrice, parallèles à ces projetantes.
M Jjorsqu'on connaît sur A trois centres de courbure de courbes de con-
tour apparent de (S) correspondant à des projetantes de directions don-
nées, on a d'après cela trois tangentes de l'indicatrice : cette courbe est
alors facile à construire, puisque l'on possède son centre a; par suite, on
peut en déduire les éléments principaux de courbure de (S) pour le
point (I.
» Un arrive de même à ces éléments, lorsque l'on donne le rayon de
courbure en a d'une section faite par un plan mené par A, et, pour deux
directions des projetantes, les centres de courbure de deux courbes de
contour apparent de (S); ou encore, lorsqu'on connaît deux rayons de
courbure de sections normales en a et sur A un centre de courbure de
courbe île contour apparent de (S).
» Pour ces différents cas, on doit toujours dans cette deuxième solution
commencer par construire l'indicatrice.
» Voici, au moyen d'un conoïde de Plûcker, une troisième solution très
simple relative au problème suivant déjà traité plus haut :
)) Etant donnés sur la normale A les centres de courbure des courbes de con-
tour apparent de (S) relatives à trois directions données des projetantes, dé-
terminer les éléments principaux de courbure de (S).
» Faisons d'abord remarquer que ces trois centres de courbure suf-
fisent, d'après ce que nous avons vu à propos de l'indicatrice, et que les
plans des sections principales, ainsi que les centres de courbure princi-
paux que nous allons trouver, sont relatifs non seulement à (S), mais
aussi aux surfaces qui lui sont parallèles.
» Circonscrivons à la surface (S) un cylindre dont les génératrices
sont parallèles à une direction donnée et prenons sa courbe de contact
comme directrice d'une normalie à (S). Le plan mené par A parallèlement
à cette direction est le plan central de cette surface et il la touche en c
qui est le point central sur A. Le point c est aussi, comme l'on sait, le
centre de courbure de la courbe de contour apparent de (S) correspon-
dante à la direction donnée.
» Construisons c et pour cela considérons le paraboloïde des normales
( 396 )
à la normalie. Il a pour directrices les droites de courbure r, , Tj de (S) qui
sont les normales à la normalie élevée des centres de courbure principaux
de (S), situés sur A, et il a pour plan directeur le plan central de la nor-
malie.
» Une droite parallèle à ce plan et qui rencontre F,, To est alors une
génératrice de ce paraboloïbe.
» I^a perpendiculaire commune T à cette droite et à A est une génératrice
du paraboloïde des normales, son pied sur A est le point c où le plan
central de la normalie touche cette surface.
» Lorsque l'on fait varier la direction des projetantes, V varie de posi-
tion, mais comme elle est toujours la perpendiculaire commune à A et à
une droite qui s'appuie sur T, , T^, elle engendre un conoïde de Pliicker. C'est
celui dont je vais faire usage.
» On peut remarquer que Y est la normale à la normalie élevée du point
centrale; on retrouve (') ainsi que :
)) Si, des points centraux des surfaces élémentaires du pinceau de normales
[A], on élève des normales à ces surfaces, ces droites appartiennent à un co-
noïde de Pliicker.
» J'arrive à la solution du problème proposé.
» Lorsque l'on donne sur A les centres de courbure c,, c.^, c^ des
courbes de contour apparent de (S) correspondantes à trois directions
données des jjrojetantes, on a, par cela même, trois génératrices du co-
noïde de Pliicker et, d'après ce qui précède, elles suffisent pour déter-
miner cette surface. Ainsi :
» Trois génératrices d'un conoïde de Pliicker déterminent cette sur/ace.
)) Il nous reste à montrer comment on construit ce conoïde connaissant
les trois génératrices qui partent des points c,, Cn, c^. Pour cela, nous
allons appliquer des propriétés connues.
» Par l'une de ces génératrices menons un plan (P); il coupe les deux
autres chacune en un point. Les projections de ces points sur le plan tan-
gent en a à (S) et le point a déterminent une circonférence de cercle qui
est, comme l'on sait, la projection de la conique suivant laquelle le plan
(P) coupe le conoïde.
» On sait aussi que les extrémités du diamètre de cette circonférence,
perpendiculaire à la génératrice par laquelle on a mené (P), sont les pro-
jections des points de ce plan appartenant aux génératrices extrêmes
(') Voir Principes et Développements de Géométrie cindmatirjue, p. 269.
( ^97)
du conoïde qui sont ici les droites de courbure r, , Tj. Ou peut alors con-
struire ces points sur (P) et, en abaissant de chacun d'eux une perpendi-
culaire sur A, on obtient les droites de courbure de (S). Ces droites étant
connues, on a, par suite, les éléments principaux de courbure de (S) et des
sur/aces qui lui sont parallèles.
» On voit avec quelle simplicité le conoïde de Plucker conduit à la solu-
tion du problème proposé. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Nouveaux théorèmes d'Arithmétique. Note du
P. Pépin S. J., transmise par M. C. Jordan.
« Parmi les théorèmes que l'on doit à Fermât, quelques-uns répondent
à des cas particuliers du problème suivant: Trouver les carrés qui deviennent
des cubes par l'addition d'un nombre donné. Tels sont, par exemple, plu-
sieurs théorèmes renfermés dans la lettre de Fermât au chevalier Digby, du.
i5 août 1657 : « Il n'y a qu'un seul nombre carré entier, qui joint au bi-
» naire fasse un cube; ledit carré est 23, auquel, si vous ajoutez 2, il se
» fait 27, qui est un cube ... ». Les théorèmes suivants sont du même
genre.
» 1. Dans la suite indéfinie des carrés, 4900 est le seul qui devienne un
cube par l'addition de i3; il devient 491 3, cube de 17.
» 2. Un seul carré devient un cube lorsqu'on lui ajoute 47. savoir
25oooo, lequel devient alors le cube de 63.
» 3. Désignons par a l'un des nombres suivants : 49> 74» i46, 191,193,
3oi, 5o6, 589, 767, 866, 868. Il existe un carré, et un seul, qui devient
un cube par l'addition du nombre a; la racine X de ce carré est détermi-
née par les deux formules
3p- = a±i, X^p(3a -p"").
Ainsi, le carré de 524 est le seul carré qui devienne un cube par l'addition
de 49; il devient alors 274626, cube de 65.
» Le carré de 985 est le seul qui devienne un cube par l'addition de n^;
il devient alors 970299, cube de 99.
» 4. Si l'on ajoute 19 à tous les carrés entiers i, 4. 9» ••■> une seule
des sommes obtenues est un cube, savoir 343, cube de 7, que l'on obtient
en ajoutant 19 à 324, carré do 18.
» 5. Aucun carré différent de zéro ne devient un cube, lorsqu'on lui
ajoute 27.
( :^98 )
M 6. Il y a deux carrés, et deux seulement, qui deviennent des cubes
par l'addition de 1 1 unités; ces carrés sont i6 et 3364, qui deviennent res-
pectivement les cubes de 3 et de id.
» 7. Il est impossible de former un cube en ajoutant à un carré l'un
des nombres 5o, ^5, 275.
» 8. On multiplie par 11 les carrés entiers, et l'on ajoute successive-
ment 1 , 4. 9, 36 à chaque produit ; aucune des sommes obtenues n'est égale
à un cube.
)) 9. Désignons par a un nombre premier, inférieur à 1000, renfermé
dans l'une des formes linéaires
38/ + (3, i3, i5, ai, 27, 2f), 3t, 33),
tel que 3, i3, 19, 3i, 41. 53, "ig, 67, 71, 79, 97, io3, 107, 109, 127, 167,
179, 181, 193, ...; il est impossible de former un cube en ajoutant igfois
le carré a- à un autre carré.
» 10. Désignons par a un nombre inférieur à 1000, renfermé d;ins la
forme quadratique
l^x^ -f- ixy + 5y- = a,
mais différent des nombres 7, 43, 61, 4^7, 691, 757; si a est un nombre
premier ou une puissance d'un nombre premier, on ne peut former
aucun cube en ajoutant 19 fois le carré a- à un autre carré.
» Ainsi, on ne peut obtenir aucun cube en ajoutant un carré à ig fois
le carré de l'un des nombres 5, 1 r, 17, 2:"), 47. 49> 53, 73, i33, . . ..
» 11. Parmi les sommes que l'on obtient en ajoutant 76 aux carrés
successifs i, 4> 9> '6, ..., il n'y en a que deux qui soient égales à des
cubes, savoir :
49 + 76 = 5 . 5. 5, I o3o 225 + 76 = loi .101. TOI.
)) 12. Si l'on ajoute successivement tous les carrés au nombre 93 1 , deux
seulement des sommes obtenues sont des cubes, savoir :
20^ + 931 = 11', 106^ + gSi = 23'.
» 13. De toutes les sommes obtenues en ajoutant successivement tous
les carrés au nombre 10979, deux seulement sont des cubes, savoir
(i64)^+ 15979 = (35)', (388798)^+ i5979 = (5327)».
» 14. Dans la suite indéfinie des carrés, 7744 est le seul qui de-
( 399)
vienne un cube quand on lui ajoute 19 fois 18I9; il devient alors le cube
de 35.
» 15. Un seul carré devient égal à un cube lorsqu'on lui ajoute 19 fois
le carré de 61; ce carré est 33 124 qui devient par cette addition le cube
de 47.
» 16. Un seul carré devient un cube par l'addition de 243, savoir 100,
qui devient alors 343, cube de 7.
» Ces questions d'analvse indéterminée ne sont pas toujours faciles à ré-
soudre. Si l'on demande, par exemple, de trouver tous les carrés qui de-
viennent des cubes lorsqu'on leur ajoute 307, on trouve deux carrés, 36 et
1024, qui répondent à la question. Existe-t-il quelque autre carré jouissant
de la même propriété? C'est là un problème fort difficile. »
ÉLECTRICITÉ. — Remarques sur la méthode éleclrochimique d'inscrip-
tion des courants alternatifs. Note de M. A. Blondel, transmise par
M. A. Potier.
« M. Paul Janet a fait connaître récemment (') une nouvelle méthode
très ingénieuse, qu'il a appelée électrochimique, pour l'étude des courbes
périodiques des courants alternatifs. Il peut êlre intéressant de remarquer
que cette méthode est, en électricité, l'analogue exacte de celle que
M. Marcel Depreza imaginée autrefois pour l'étude des machines à vapeur.
» Des deux côtés, le problème consistait à tracer une courbe périodique
représentant en ordonnées les valeurs d'une pression variable, pression
d'un fluide dans les machines à vapeur ou à gaz, pression électrique dans
les circuits électriques.
» M. Marcel Deprez a éliminé l'influence de l'inertie de l'indicateur de
Watt, en lui faisant seulement marquer par un petit crochet le moment oij
la pression du cylindre devient égale à une contre-pression connue, qu'il
fait agir sur l'autre face du piston; en déplaçant la fourchette de butée du
crayon, en même temps qu'il modifie la contre-pression (ce qui a lieu au-
tomatiquement si cette pression est produite par un ressort), il a obtenu
le tracé complet de la courbe par segments horizontaux.
» De même, M. Janet fait agir, en opposition à la différence de potentiel
(') Comptes rendus, 16 avril, 2 et 16 juillet 1894.
( 4oo )
variable qu'il veut mesurer, une force électromotrice constante; la trace
électrochimique apparaît dès que la première dépasse la seconde d'une
quantité connue, et c'est encore en modifiant la position du traceur en
même temps que la contre-pression que l'on obtient le relevé de la courbe
par segments de droites parallèles à l'axe des abscisses. Le succès de cette
intéressante méthode vient surtout de ce qu'au lieu d'un instrument indi-
cateur du genre du galvanomètre, elle emploie pour le tracé des segments
de droite un phénomène chimique où n'interviennent ni inertie ni amor-
tissement ('); elle dispense, parla même circonstance, de tout enregistre-
ment photographique, toujours forcément compliqué. Elle paraît donc
appelée à un légitim'e succès.
» Mais l'emploi d'une batterie d'accumulateurs proportionnée à la force
électromotrice à mesurer constituerait encore une sujétion gênante dans
bien des cas; je me propose d'indiquer ici un autre artifice permettant de
réduire autant que l'on veut le nombre de ces éléments sans introduire
dans la méthode d'autres causes d'erreurs que celles existantes.
» Pour trouver une série de points de la courbe par l'intersection avec
une droite horizontale, il n'est pas nécessaire de déplacer celle-ci parallè-
lement à elle-même; on peut, tout en la conservant fixe, déterminer les
mêmes segments en modifiant l'échelle de la courbe; par exemple, en rédui-
sant l'échelle de moitié, on obtient le même segment qu'en doublant l'or-
donnée de la droite horizontale. Ce changement d'échelle peut être réalisé
très simplement à l'aide d'un potentiomètre construit d'une manière appro-
priée.
» Supposons qu'il s'agisse, par exemple, de déterminer la courbe des
différences de potentiel u entre deux lignes A,B,, A^Bs : on disposera
entre A, et B^ ime dérivation AjBo de résistance totale R, comprenant un
rhéostat sans induction /"et une série de résistances sans induction r,,r2, ....
dont on reliera les bornes a,, a.^, ..., aux styles s^, s.^, .. . qui frottent
contre le tambour par l'intermédiaire d'interrupteurs i^, L, . . ■ qu'on peut
fermer successivement (^). D'autre part, on reliera le point K au tambour
(') J'avais essayé, il y a un an, d'appliquer l'artifice de M. Marcel Deprez à mon
oscillographe pour courants électriques, en limitant le déplacement du miroir vibrant
par une double butée analogue à la fourchette de l'indicateur de Watt; mais la diffi-
culté de régler le jeu de celle-ci à une valeur extrêmement faible et de réaliser encore
l'amortissement nécessaire ne m'a |ias permis de réussir.
(-) Dans le but de réduire au minimum l'intensité du courant dérivé par les styles;
( 4oi )
par un conducteur dans lequel on intercalera une pile E et une résistance o
suffisamment grande pour que le courant dérivé à travers le tambour entre
R et a, , ou a., ou a^, ... soit négligeable à côté du courant qtii traverse la
résistance r,,r.,, Les différences de potentiel qui agiront aux extrémités
des styles seront, dans ces conditions, sensiblement
a
hi-E),
^^,,_e], [i^i±^À±^._E
» Si les styles sont également espacés, et qu'il y en ait lo par exemple,
on devra faire
r, + r,= '^r„
ou
' :t — 7 j ' I '
r, + r, + r3= V"'-,
r.-=T,r„
- — l?r
et l'on obtiendra lo segments de la courbe, c'est-ii-dire 20 points déter-
minant une alternance (' ).
» Pour inscrire l'autre alternance, il suffit d'intervertir le sens de la
force électromotrice E ou de u, et de recommencer les opérations.
» Dans ces conditions, le même appareil peut être appliqué à tous les
cas possibles, quel que soit le voltage; il suffit de régler à la main le rhéo-
dans ces conditions, je suppose, bien entendu, le tambour calé sur l'arbre de l'alterna-
teur qui produit les courants, ou entraîné par un petit moteur synchrone amorti.
(') Au lieu de cela, on pourrait faire varier les résistances suivant une loi quel-
conque et espacer les styles inégalement en conséquence; mais la disposition qu'on
vient d'indiquer paraît en général préférable.
C. R., .8q4. 3' Semestre. (T. (AIX, N° 7.) -^2
. ( /|02 )
stat /• de façon que le premier stvle donne une trace courte (voisine du
sommet de la courbe) pour que l'une des alternances de celle-ci puisse se
trouver inscrite à une échelle convenable, facile à déterminer quand on
connaît E, R et r,.
» La force électromotrice employée E peut donc être quelconque,
pourvu que les résistances r,, r.^, ... soient choisies en conséquence; mais
il ne faut pas perdre de vue que la netteté dans l'apparition et la dispari-
tion de la trace bleue, et par conséquent la précision, croîtra avec E.
» On remarquera aussi que, en faisant plusieurs inscriptions avec des va-
leurs différentes de E, on peut multiplier presque indéfiniment le nombre
de points de la coi'irbe obtenus.
)).Les mêmes dispositifs s'appliquent à la détermination des intensités
de courant, soit qu'on établisse le potentiomètre sur le courant lui-même,
soit qu'on le mette en dérivation par rapport à un des conducteurs; si l'on
adopte ce dernier procédé, on pourra construire une fois pour toutes une
boîte portative comprenant le tambour, son moteur synchrone, la pile, le
potentiomètre et le rhéostat de réglage, applicable à toutes les détermina-
tions d'intensité de courant aussi bien que de différence de potentiel. »
OPTIQUE. — Application de l'auto-cnllimation à la mesure des indices
de rèfraclinn. Note de M. Fkry, présentée par M. Fizeau.
« Le principe de l'auto-coUimation, indiqué par M. Fizeau, a reçu entre
ses mains des applications bien connues; il se prête également, avec une
très grande simplicité, à la détermination des indices de réfraction, non
seulement par l'emploi du prisme, mais aussi en utilisant le principe de la
réflexion totale.
» L Considérons d'abord un prisme {^fig. i) dont l'arête réfringente
soit bien normale au plan du limbe d'un goniomètre à lunette auto-coliima-
trice; on pourra recevoir dans cette lunette quatre ravons : deux réfléchis
normalement aux surfaces extérieures du prisme (N et N'), et deux réfractés
après réflexion normale à V intérieur du verre (R et R'). L'angle que font
les deux rayons réfléchis est le supplément de l'angle du prisme; l'angle
des deux rayons réfractés est le supplément de l'angle de déviation.
» La forniLde de Descartes donne donc immédiatement
. (i8o — ROR')
SIM
sin (180 — i\Oi\';
( 4o3 )
» Remarquons que, si l'une des faces contient le centre du limbe, les
points D et O sonl communs aux deux rayons normaux N et N' et au rayon
réfracté par cette face. Ceci a un grand intérêt, car, l'angle prismatique et
l'angle de déviation étant mesurés aux mêmes points des surfaces, un dé-
faut de planéité de ces dernières aura une moins grande importance que
dans les méthodes où cette condition n'est pas réalisée.
» Dans ce cas, l'indice sera donné par la formule
sinN'OR
sin(i8o-N0'N)
et la mesure ne comportera que trois lectures au vernier. D'autre part, on
évite, par cette méthode, la recherche du minimum de déviation, tou-
jours un peu incertaine; enfin le réglage est unique pour la mesure de
l'angle du prisme et de la déviation.
Fis. ■■
l'if;
Kis
T — !•
» II. Toute combinaison qui permettra à un rayon réfléchi totalement
de ressortir parallèle à sa direction incidente pourra être utilisée pour
la mesure de l'indice par auto-collimation.
» Le dispositif suivant, analogue à celui qui est employé dans l'apparoil
de Pûlfrich, m'a semblé un des plus simples .•
» Un parallélépipède {fig. "-i) de flint est argenté sur une de ses grandes
faces AB et poli sur les autres. Ou voit facilement que le rayon incident I
( 4o4 )
donnera lieu à un rayon émergent E qui lui est parallèle. Ce dernier
deviendra brusquement très intense quand on fera varier i, au moment
où l'angle de réflexion totale R sera atteint. Si donc on mesure l'angle
nOI= i, formé par le faisceau réfléchi normalement à la face d'entrée
et par le faisceau réfracté, l'indice sera donné par la formule
a:'- = N" — sin^t.
» III. Pour réaliser facilement les conditions expérimentales réclamées
par les deux méthodes que je viens de décrire, j'ai fait construire un gonio-
mètre à lunette au,to-collimatrice fixe. Le prisme (ou le parallélépipède) est
posé sur la platine, mue par une alidade à vernier donnant les 20". Cette
platine est réglable pardeuxvis, agissantdans deux plans perpendiculaires;
quand l'une des faces du prisme est dans l'un de ces plans, le réglage
devient particulièrement commode.
» Afin d'atteindre le grossissement et la précision de pointé réclamés
par le vernier, l'oculaire auto-collimateur a dû être modifié de la manière
suivante :
» Vers le centre de la lunette (/ig- 3) est soudé un tube qui lui est per-
pendiculaire, et qui porte une fente de collimateur F; les rayons émis par
cette fente tombent sur la face hypoténuse mm', faiblement argentée ou
dorée, d'un prisme à réflexion totale. Un autre prisme identique y est collé,
de manière à permettre au rayon de retour d'atteindre l'oculaire.
» On obtient ainsi une image non dédoublée de la fente, ce qui n'aurait
pas lieu par l'emploi de la glace à faces parallèles dans ce dispositif.
» IV. On voit donc que le principe de l'auto-coUimation permet d'exé-
cuter, dans des conditions particulièrement simples et commodes, les me-
sures d'indices.
» L'angle des prismes employés ne peut guère dépasser So", mais la
précision n'en est pas diminuée, la dispersion étant, grâce à la réflexion,
identique à celle que produirait un prisme de 60" de même matière. »
CALORLMÉTRIE. — Su7- la chaleur spécifique de i acide sulfureux liquide.
Note de M. E. Matuias, présentée par M. Lippmann.
« La chaleur spécifique des gaz liquéfiés a été très peu étudiée. Les
expériences de Regnault sur ce sujet ont été perdues en 1870; depuis, il
n'y a guère eu que quatre mesures de Nadejdine (Exner Reperlorium, i884)
( 4o5 )
sur l'acide sulfureux liquide entre — 20° et + 10° et quelques mesures ré-
centes de MM. Ludeking et Starr (Si/liman's Journal, iSgS) sur l'ammo-
niaque liquéfiée entre 26° et 46°.
» D'une manière générale, la chaleur spécifique des liquides croît en
même temps que la temj)érature. Que devient-elle à la température cri-
tique? La théorie (Raveau, Duhem) indique qu'elle croît indéfiniment en
valeur absolue en restant positive, tandis que, dans les mêmes conditions,
la chaleur spécifique de la vapeur saturée est infiniment grande, mais né-
gative (Mathias, Duhem, Raveau).
» L'expérience, conduite comme il suit, donne la loi de variation com-
plète de la chaleur spécifique du liquide.
» Soit un récipient métallique A, très résistant, rempli une fois pour toutes à basse
température d'un gaz liquéfié pur, et fermé hermétiquement par un robinet à poin-
teau R. Connaissant la loi de variation des deux sortes de densités (liquide et vapeur
saturée), le poids total P du fluide et le volume intérieur t' de A, on en déduit les
poids p et P — /J du liquide et de la vapeur à une température 1°.
» Soit à mesurer la chaleur spécifique moyenne du liquide entre la température
ambiante et une température t° plus élevée. On calcule le poids de liquide qui rem-
plit le volume c à 1°+ 2 (s = quelques dixièmes de degré); puis on enlève l'excédent
de gaz. Soit P le poids, connu par dillerence, du gaz liquéfié qui charge l'appareil.
Au moven d'une étuve on porte A à t°, on l'y maintient plusieurs heures, puis on le
plonge dans un calorimètre.
» Soient :
pi et P — p' les poids du liquide et de la vapeur à la température finale du calori-
mètre;
M le poids en eau du récipient A ;
Q la chaleur dégagée;
a: elj les chaleurs spécifiques moyennes entre t° et 0" du liquide et de la vapeur;
). la chaleur de vaporisation k t°\
on a, par l'application au poids p — p' de fluide qui change d'état du principe de l'état
initial et de l'état final (' ), quel que soit le sign&de p — p' :
(1) [M + /yx-+-(P-/y)v] (^-6)-(/j-/y)X = Q.
(') Pour être absolument rigoureux, il faudrait écrire que c'est l'énergie intérieure
et non la quantité de chaleur mise en œuvre, qui ne dépend que de l'étal initial et de
l'état final. Comme le travail extérieur est ici très petit, la variation de cette quantité,
qui intervient seule, est tout à fait négligeable et l'équation (i) est correcte.
( 4o6 )
» La petitesse ( ' ) de P — p' et de /> — p' permet de les remplacer par des valeurs
approchées. L'équation (i) donne alors de x une valeur très approchée.
» Pour opérer à t' > t, on enlèvera de nouveau du gaz, et ainsi de suite. On aura
donc X à des températures croissantes jusqu'au voisinage immédiat delà température
critique t^.
» On en déduira la quantité de chaleur cj ^f(t) nécessaire pour porter un gramme
de liquide depuis une température fixe ^d jusqu'à t(tStc), le liquide restant toujours
saturé. Par suite, la chaleur spécifique vraie du liquide à t", sera donnée par
dt
» La méthode est générale et s'applique immédiatement à tous les corps, dont les
deux densités sont cofinues, quelle que soit la valeur de la température critique, la
seule difficulté expérimentale consistant à maintenir constantes, des heures entières,
des températures (|ui peuvent être très hautes ou très basses.
» J'ai appliqué cette mélhode à l'acide sulfureux (t^. —- i56°) dans Irenle-
f/eî/a;' expériences, t variant de 32", 3 à i55°,5; il faut y joindre les quatre
expériences de Nadejdine citées plus haut.
» Mes travaux antérieurs me donnant des valeurs approchées deX etdej,
j'ai pu construire la courbe q =f{t), en prenant ^„ = — 20". On trouve
ainsi que l'ordonnée q va en croissant constamment jusqu'à la température
critique, où elle a une valeur finie voisine de ']B^^^,5, la tangente à la
courbe au point critique étant parallèle à l'axe des ordonnées.
)) Par suite : La chaleur spécifique vraie du liquide est toujours positive et
va en croissant constamment et indéfiniment.
» Entre — 20° et 4- iSo", les valeurs de m == -p sont bien représentées
par la formule parabolique
m = 0,317 12 + o,ooo35o7f "•" 0,000006762/-.
Voici quelques valeurs de m :
t. m. t. ni. t. m.
— 20° o°,3i28 -1- 80 0,0884 100 0,845
0 0,8171 +100 0,4198 i53 i,o35
+20 0,8268 -1-130 0,4566 i54 ',270
-t-4o 0,3420 H-i4o o,568o i55 2,200
-1-60 0,8625 -1-145 0,662 i55,5... 2, 980
(') Les poids de vapeur P — /s et P — /?' sont de l'ordre du centigramme ou du
milligramme; les poids/; et/;' du liquide sont généralement compris entre los'' et 200''.
( /|07 )
» Je me propose, en particulier, d'appliquer celte méthode à l'acide
carbonique, dont la chaleur de vaporisation est connue par mes expé-
riences antérieures, ce qui me permettra d'en déduire immédiatement la
clialcnr spécifique de vapeur saturée ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la benzoïlquinine. INote de M. A. Wunsch (^),
présentée par M. Henri Moissan.
« M. Schiitzenberger C) a obtenu toute une série de dérivés benzoïques
d'alcaloïdes, en traitant ces alcaloïdes par le chlorure benzoïque. Entre
autres produits, il a préparé ainsi la benzoïlquinine, qu'il a décrite comme
une masse résineuse et incristallisable.
» Ayant repris son expérience avec la quinine pure, dont l'industrie
fournit aujourd'hui les sels dans un état de pureté très satisfaisant, j'ai
obtenu la base benzoïlée cristallisée en prismes incolores très nets. Ce
résultat m'a permis de faire l'étude de cet alcali et de quelques-uns de ses
dérivés.
» Préparation. — Pour Irailer la quinine par le chlorure de benzoïle, j"ai chauiïe
au bain-marie 100»'' du second réactif; puis j'ai ajouté, peu à peu, en agitant fré-
quemment, &oi' de quinine pure, bien séchée et finement pulvérisée. J'ai obtenu ainsi
un mélange peu coloré, contenant surtout du monochlorhj'drate de benzoïlquinine :
C^"H=hN'2O2H-C/H^CO.Cl=C2»H"(C«H'CO)N^0'-HCI.
» Par refroidissement, la plus grande partie de ce sel forme une masse cristalline,
le reste étant retenu en dissolution dans l'excès de chlorure de benzoïle, avec lequel
il forme un liquide sirupeux. J'ai traité la masse par plusieurs fois son volume d'eau
froide; le monochlorhydrale de benzoïlquinine se dissout assez vite, tandis que l'excès
de chlorure de benzoïle impur ne se décompose que très lentement.
» La solution aqueuse, décantée, a été additionnée d'ammoniaque, jusqu'à produc-
tion d'un faible précipité qui entraîne la matière colorante; après filtration, et addi-
tion d'un excès d'ammoniaque, la base benzoïlée s'est séparée en un précipité blanc.
Elle a été isolée en agitant le mélange avec de l'éther, qui la dissout aisément. La solu-
tion éthérée, séparée par décantation, lavée à l'eau et concentrée par distillation, a
donné, par refroidissement, des cristaux de benzoïlquinine. Il est nécessaire de faire
intervenir un grand excès de chlorure de benzoïle, afin de transformer la totalité de
(' ) Travail fait au laboratoire de Physique de la Faculté des Sciences de Toulouse.
(^) Travail fait au laboratoire de M. le professeur Jungfleisch.
(') Compte:! rendus, t. \I.\ II, p. t3.'î.
( 4o8 )
la quinine. Sans celte précaution, la quinine non attaquée passe dans la liqueur éthérée
et empêche la cristallisation de la benzoïlquinine. 11 est vrai qu'en chauffant au-dessus
de loo", vers iio° par exemple, on peut parfaire la réaction sans employer un excès de
clilorure de benzoïle aussi fort que celui qui est indiqué plus haut; mais la réaction
se complique dans ces conditions et on n'obtient plus directement la base benzoïlée
en cristaux : il faut alors, pour préparer la base cristallisée, opérer des séparations
préalables, qui entraînent des pertes considérables. Peut-être, dans ces circonstances,
la réaction porte-t-elle aussi sur le groupe méthoxydé de la quinine, ce qui multi-
plierait les produits?
» Propriétés. — La benzoïlquinine se présente sous forme de prismes incolores
très nets, très réfringents et déterminables.
» Elle est insoluble, dans l'eau; les cristaux gardent leur forme et leur dureté dans
l'eau bouillante. Elle se dissout très abondamment dans l'alcool, la benzine, le chlo-
roforme, l'élher de pétrole et le sulfure de carbone, ainsi que dans l'éther; ce dernier
liquide la dissout mieux quand il est saturé d'eau que lorsqu'il est sec. La solution
alcoolique, abandonnée à l'évaporation spontanée, ne laisse qu'un résidu visqueux;
dans les mêmes conditions, tous les autres dissolvants donnent la base cristallisée,
mais c'est la solution dans l'élher luimide qui fournit les cristaux les plus nets.
» Ces cristaux sont anhydres et fondent à iSg", sans décomposition, en un liquide
incolore; chauffés sur une lame de platine, ils fondent en répandant une odeur aro-
matique et laissent un résidu charbonneux. Leurs combustions m'ont fourni des ré-
sultats correspondant à la formule C-»H"(CnFCO)x\-0- (').
» Le benzoate de quinine contient une molécule d'eau de plus que la
benzoïlquinine; il s'en différencie d'ailleurs par la décomposition immé-
diate que la potasse lui fait éprouver dès la température ordinaire, alors
que la benzoïlquinine ne se décompose, en présence du même réactif,
que lentement et à la température du bain-raarie. Enfin toute confusion est
rendue impossible par ce fait que le benzoate de quinine est soluble dans
l'eau, qui ne dissout pas la benzoïlquinine. En outre, on constate aisément
la présence du radical benzoïle dans la benzoïlquinine, en chauffant celle-ci
avec la potasse alcoolique.
)) Ija benzoïlquinine pure donne, comme la quinine elle-mênne, la colo-
ration verte par l'eau de chlore et l'ammoniaque; les solutions aqueuses et
diluées de ses sels sont fluorescentes.
)) Sels. — L'introduction du radical benzoïle rend la nouvelle base plus
Trouvé.
(') Carbone 75,86 75,62 75>7
Hydrogène 6;77 6,85 6,54
Azote 7,28 7,o4 6,54
( 4o9 )
faible que la quinine, bien qu'elle reste diacide comme celle-ci; non seu-
lement elle n'agit pas sur la plilaléine de phénol, mais, de plus, elle ne
ramène pas au bleu le tournesol rougi par un acide; tous les sels, même
les sels basiques, ont une réaction acide au tournesol. La bcnzoïlquinine
forme deux séries de sels : i° des sels basiques, très stables, formes d'une
molécule de base diacide, unie à une molécule d'acide monobasique;
2° des sels neutres avec une proportion double d'acide; les derniers sont
décomposés partiellement par l'eau. Les sels que j'ai pré})arés jusqu'à pré-
sent ont été obtenus par cristallisation en solution dans l'alcool dilué (à
-j^ environ). Les sels basiques sont insolubles ou fort peu solubles dans
l'eau; en général hydratés, ils s'effleurissent d'ordinaire rapidement.
» Le chlorhydrate basique s'obtient en solution en ajoutant un poids exact d'acide
chlorhydrique à la quantité correspondante de base, dissoute dans l'alcool. Par éva-
poration spontanée, la liqueur donne le sel en prismes aiguillés, réunis en faisceaux
et renfermant une demi-molécule d'eau de cristallisation. Le sel est peu soluble dans
l'eau, fort soluble dans l'alcool.
» Le chlorliydrate neutre se précipite comme une poudre blanche et amorphe,
quand on fait passer un courant d'acide chlorhydrique gazeux dans une solution de
benzoïlquinine dans l'éther sec; repris par l'alcool absolu, ce précipité se trans-
forme en petits prismes carrés, qui contiennent i molécule d'alcool. Les cristaux
prennent très vite l'humidité de l'air; ils se dissolvent en toutes proportions dans l'eau
et l'alcool ordinaire.
» Le salicylate basique est insoluble dans l'eau et peu soluble dans l'alcool; il se
précipite en une poudre cristalline, lorsqu'on mélange des solutions alcooliques con-
tenant des quantités correspondantes de base benzoïlée et d'acide salicylique. Repris
par l'alcool faible, le sel cristallise en fines lamelles anhydres.
» Le tartrate basique se prépare, à la température du bain-marie, en ajoutant une
demi-molécule d'acide tartrique à i molécule de benzoïlquinine, dissoute dans l'al-
cool. Par refroidissement, le sel cristallise en aiguilles brillantes contenant 9 molé-
cules d'eau. Ce sel est insoluble dans l'eau.
» Le succinale basique se produit comme le tartrate basique, mais, comme il est
beaucoup plus soluble dans lalcool que celui-ci, il ne cristallise pas par refroidisse-
ment. Par évaporation de la liqueur dans le vide, on obtient des prismes incolores, à
faces courbes, insolubles dans l'eau, contenant 8 molécules d'eau; ces cristaux s'ef-
ileurissent très rapidement à l'air. »
ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. — Sur le cœur de quelques Orthoptères. Note
de M. A. KowALEvsKY, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie un court résumé des obser-
vations que j'ai eu l'occasion de faire cette année, en étudiant la rate des
C. R., 1894, 2- Semestre. (T. CXI\, N°7.) 53
( 4io )
Orthoptères, sur quelques points de la structure du cœur et de ses rela-
tions. Je présente ce résumé dans l'espoir que les zoologistes pourront en-
core, durant la saison actuelle, vérifier et étendre mes propres remarques.
» On sait, d'après Graber, que le cœlome des insectes est divisé en trois
régions (/« région péricardiale, la région péri-intestinale, la région périneu-
rale), par deux diaphragmes horizontaux, l'un supérieur, le plus large qui
sépare la chambre péricardiale de celle qui entoure l'intestin et les organes
génitaux, Y àulre, inférieur, plus étroit, séparant la chambre péri-intestinale
de celle qui enveloppe la chaîne nerveuse. Ces diaphragmes sont inégale-
ment développés suivant les types d'insectes : chez les Orthoptères, ils
constituent des membranes imperforées, de sorte que les trois chambres
coelomiques secondaires, parfaitement délimitées, ne communiquent entre
elles que par les extrémités antérieure et postérieure, où le cœlome n'est
pas subdivisé. Le sang, qui pénètre dans la chambre péricardiale, arriA'e
dans le cœur par les fentes veineuses qui s'ouvrent dans cette chambre.
Ce sont les seules ouvertures jusqu'ici connues, en outre de l'ouverture
cardiale postérieure, pour la pénétration du sang dans le cœur des insectes.
Je viens de découvrir chez les Orthoptères une série d'ouvertures, diffé-
rentes des premières, par lesquelles le cœur est directement en commu-
nication avec la région péri-intestinale du cœlome. J'ai trouvé cinq paires
d'ouvertures de ce genre chez le Pachytilus migratorius , chez le Caloptemus
ilalicus, la Locusta viridissima et le Thamnotrizon. Elles sont disposées sy-
métriquement dans les cinq segments abdominaux, de sorte que les
chambres cardiaques de ces segments ont chacune quatre ouvertures, deux
par lesquelles elles reçoivent le sang de la région péricardiale, et deux
autres qui leur amènent le sang de la région péri-inleslinale . Je crois que
toutes ces ouvertures sont également veineuses.
» Ces ouvertures, que je suis le premier à signaler, sont bien visibles
à l'œil nu, si l'on regarde le cœur par en bas. Je les désignerai sous le nom
ûe fentes cardio-cœlomiques, pour les distinguer Aqs fentes cardio-péricardiales
depuis longtemps connues. Elles sont ménagées sur des mamelons coniques
des parois du cœur, qui perforent le diaphragme supérieur et s'ouvrent
dans la civcwahve péri-intestinale du cœlome, directement, chez les Acridiens,
au contraire dans des canaux spéciaux chez les Locustidés. Chez ces der-
niers une membrane mince est appliquée au-dessous du diaphragme au
point même où se trouve la fente cardio-cœlomique, et forme un canal allant
vers les flancs de l'animal et s'ouvrant dans la chambre péri-intestinale,
au-dessous des grands troncs trachéens longitudinaux.
( /»" )
» Les mamelons dans lesquels sont jjercées les fentes cardio-cœlomiques
représentent un prolongement direct des parois du cœur, mais avec mo-
dification de structure. Ces cellules v ont une apparence spongieuse, leurs
noyaux sont plus grands, et l'ensemble a pris la forme du type des cellules
glandulaires.
» Il me reste à signaler un autre fait important. Au cours de mes re-
cherches sur la structure intime du cœur et des tissus environnants, chez
le Pachylilus, je fus très surpris de trouver dans la cavité du cœur de la
région moyenne de l'abdomen un tube de Malpighi qui y décrivait plu-
sieurs circonvolutions. Je crus d'abord à une disposition pathologique,
mais depuis, j'ai retrouvé la même particularité chez la Locusla. J'ai pu,
à l'aide de coupes, m'assurer que le tube de Malpighi pénètre dans le cœur
par V oaserlare cardio-cœlomiqae, décrit plusieurs replis ou courbures, puis
qu'il sort du cœur par l'ouverture cardio-péricardiale et pénètre dans la
chambre péricardiale.
» Je dois ajouter que j'ai vu plusieurs fois la pénétration des tubes de
Malpighi dans la région péricardiale, simplement à l'aide de perforations
du grand diaphragme suj)érieur. Je cherche à m'expliquer cette sorte d'at-
traction des tubes de Malpighi vers les cellules péricardiales par le fait que
chez la plupart des animaux (Mollusques, Vertébrés, Crustacés), les reins
que j'ai appelés autrefois acides et alcalins, sont toujours réunis dans un
seul organe (tubes urinaires et corps de Malpighi chez les Vertébrés; ca-
naux urinaircs et saccules périphériques chez les Crustacés décapodes;
glandes péricardiales et organes de Bojanus chez les Lamellibranches),
tandis que chez les Insectes ces deux portions physiologiques des reins sont
divisées. Il peut en résulter une certaine attraction physiologique des or-
ganes déterminant la pcnétiation des tubes de Malpighi dans la région
occupée par la partie acide du rein d'élimination, c'est-à-dire dans la région
des cellules péricardiales. »
BOTANIQUE. — Sur les périthêces de l'Oïdium de la Vigne (Uncinula spiralis).
Note de M. Pieure Viala, présentée par M. Duchartre.
« L'identité de l'Oïdium d'Europe {Erysiphe Tuckeri) et de l'Oïdium
d'Amérique {^Uncinula spiralis), que j'avais affirmée en 1887, est devenue
un fait acquis à la suite delà découverte, paj' M. G. Couderc, en 1892, des
périthêces de VU. spiralis en France. La formation des périthêces, qui,
( 4l2 )
depuis 1847, n'avait jamais été constatée en Europe, a été très abondante
en France en iSgS; nous les avons observés non seulement, comme l'avait
fait M. G. Couderc en 1892, sur quelques pampres non aoùtés, mais sur
tous les organes de la Vigne, sur rameaux herbacés, rameaux aoùtés, grap-
pillons, et surtout, en très grande quantité, sur la face supérieure des
feuilles oïdiées, dans l'Allier, l'Hérault, le Gard, l'Aude, le Var, l'Yonne,
la Savoie, l'Eure-et-Loir. Le fait du développemeut exceptionnel de VU.
spiralis, en 1898, n'a pas été particulier à ce Champignon. D'autres espèces
de la famille des Erysiphées ont aussi fructifié en abondance; telles les
espèces suivantes, qui ne fructifient pas ou fructifient peu : Sphœrotheca
pannosa, Sph. Epilobii, Erysiphe horrichila, E. communis, Uncinula adiinca.
Cette production extraordinaire des périthèces de l'Oulium en France,
en 189.3, leur fréquence relative dans le nord des États-Unis est due, ainsi
que nous le développons dans un travail complet sur cette question
{Revue de Viticulture, tome II, i8g4), aux chaleurs excessives de iSgS,
auxquelles ont succédé des abaissements brusques de température. Ces
faits confirment l'hypothèse que nous avions émise, en [887, sur l'origine
américaine de l'Oïdium européen, sur l'absence des périthèces en Europe
et en Californie, et sur leur fréquence dans le nord des États-Unis.
» Le parasite qu'avait signalé de Bary sur les conidiophores de l'Oï-
dium, le Cicinnobolus Cesalii, s'est développé en abondance, en 1898, dans
les périthèces de VU. spiralis. Dans le mycélium et les conidiophores, le
C. Cesatii ïorme des fruits à membrane propre et pluricellulaire; mais sur
les périthèces de l'Oïdium, il se substitue simplement à leur contenu, en
utilisant leur enveloppe et en fructifiant dans leur cavité.
» Un autre parasite des périthèces de l'Oïdium, que nous avons constaté
pour la première fois, était encore plus abondant en 189^. Certains péri-
thèces, qui présentaient à l'extérieur des caractères absolument normaux
et qui ne se différenciaient en rien, soit dans la teinte, la dimension et la
forme des cellules de l'enveloppe, soit dans les fulcres, étaient envahis
par une Bactérie qui remplissait tout leur intérieur et s'était substituée le
plus souvent à tout son contenu; quelques périthèces avaient cependant
des fragments d'asques ou de sporidies en partie corrodés. C'e^t là un cas
de parasitisme très particulier et dont nous ne connaissons pas d'autre
exemple. On est même amené à se demander, en présence de ce fait d'une
netteté indiscutable, s>[ cerliùnes spermogonies de Champignons ne consti-
tuent pas des cas analogues. Quand on éclate les périthèces envahis parles
Bactéries, souvent disposées en files radiales, ils laissent échapper une
( 4i3 )
quantité innombrable de petits bâtonnets, incolores, courts, ayant en lon-
gueur deux fois leur diamètre, un peu renflés à leurs extrémités, où se
dessine (en cultures ou dans les vieux périlhèces) un amas homogène,
plus réfringent et qui n'est qu'une spore se colorant plus fortement par les
réactifs; ces bâtonnets, à deux spores, une à chaque extrémité, sont un
peu rétrécis à leur centre. »
La séance est levée à 4 heures. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i6 juillet 189/4.
Répartition de la pression atmosphérique sur l'océan Atlantique septentrio-
nal, d'après les observations de i8yo à 1889, avec la direction moyenne du
vent sur les littoraux, par le capitaine G. Rung, sous-directeur de l'Institut
météorologique du Danemark. Copenhague, 1894; i atlas in-f". (Présenté
par M. Mascart).
Manuel pratique de l'Aéronaute, par W. de Fonvielle, Paris, Bernard
Tignol; i vol. in-S".
Herpétologie algérienne ou Catalogue raisonné des Reptiles et des Batraciens
observés jusqu à ce jour en Algérie, par Ernest Olivier. (Extrait des Mé-
moires delà Société zoologique de France.) Paris, 1894; i fasc. in-S'*.
Résumé des observations météorologiques faites du \" juillet 1891 au 3i dé-
cembre 1893 à l'observatoire de la tour Saint-Jacques (Paris), par M. Joseph
Jaubert. Versailles, Aubert, 189^1; i br. in-S".
Muscologia gallica. Descriptions et figures des mousses de France et des
contrées voisines, par T. Husnot. i3^ livraison. Cahan (Orne), T. Husnot,
1894; I fasc. in-8°,
Roberto Campana, prof, di Clinica dermosifilopatica nella R. Università
diRoma. Lepra. Genova, 1894; gr. in-S".
Chimica e analyse chimica, por Virgilio Machado e Achilles Machado.
Volume I. Métalloïdes. Lisboa, 1892; i vol. gr. in-8''.
Observations and researches made at the Hongkong observalory in the year
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Ouvrages reçus dans la séance du aS juillet 1894.
1822-1892. Jubilé de M. Hermite {il\ décembre). Paris, Gauthier-Villars
et fils, 1893; br. petit in-4°. (Présenté par M. G. Darboux.)
Traité d' Analyse, par Emile Picard, Membre de l'Institut, Professeur à la
Faculté des Sciences. Tome III : Des singularités des intégrales des équations
différentielles. Etude du cas où la variable reste réelle (premier fasc. ). Paris,
Gauthier-Villars et fils, 189^; i vol. gv. in-8°. (Présenté par M. Picard.)
Bulletin des Scien'ces mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux
et Jules Tannery. Deuxième série. Tome XVIII. Avril-mai 1891; Paris,
Gauthier-Villars et fils, 1894; 2 fasc.in-8°.
Les Travaux publics et les Mines dans les traditions et les superstitions de tous
les pays, par Paul Sébillot, ancien chef du Cabinet du Personnel et du
Secrétariat du Ministère des Travaux publics. Paris, J. Rothschild, 1894;
I vol. in-8°. (Présenté par M. Danbrée.)
Mémoires de V Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon. Sciences
et Lettres. Troisième série. Tome II. Paris. J.-B. Baillière, 1893; i vol.
gr. in-8".
Annales de la Société d'Agriculture, Sciences et Industrie de Lyon. Septième
série. Tome I. 1893; Paris. J.-B. Baillière et fils; i vol. gr. in-8°.
Catalogue général annuel des produits chimiques, Pharmacie et Droguerie,
et des industries annexes. Paris, L. Parly, i864; i vol. 111-4".
Nova Acta regiœ Societatis Scienliarumupsaliensis. Sériel tertiœ. Vol. XVI.
Upsalia?, 1898; i vol. in-4°.
Publicationen des astrophysikalischen Observaloriums :u Potsdam. heraus-
gegeben vom Director H. C. Vogel. Neunter Band. Potsdam, 1894; i vol.
in-4°.
Atti délia R. Accademia dei Lincei, anno CCXCI. 1894. Rendiconto deïï
adunanza solenne del 3 giugno 1894. Roma, 1894; i fasc. in-4°.
Bulletin 0/ the United States Fish Commission. Vol. XI, for 1891. Was-
hington, 1893; I vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 3o juillet 1894.
Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri-
culture, par M. P. -P. Dehérain, Membre de l'Institut, professeur de
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Physiologie au Muséumd'Histoire naturelle, etc. N° 7, sjjuilU'L i8g(. Paris,
G. Masson, iSc)\; i fasc. in-S".
EiiUetin de la Société (V encouragement pour l'Industrie nationale, publié
sous la direction des secrétaires de la Société, INIJM. Collignon et Aimé
Girard. Juin 1894 ; i fasc. in-4"
Annuaire de V École Polytechnique pour l'an 1894. 2" série. Tome I. Paris
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Locornotii'es à adhérence totale pour courbes de petit rayon, par A. -M.
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Mai 1894, Paris, Baudry et G**; i br. in-S".
Bulletin de la Société des amis des Sciences naturelles de Rouen, i*'' et 2® se-
mestres 1893. Rouen, J. Lecerf, 1894; i vol. in-S".
Bulletin de la Société de l'industrie minérale, publié sous la direction du
Conseil d'administration. Troisième série. Tome VII. IV° livraison, 1893.
Saint-Etienne; i vol. in-S", avec atlas in-f*.
Comptes rendus des séances de la Commission permanente de l' Association
géodésique internationale réunie à Genève du 12 au 18 septembre iSgS.
Rédigés par le Secrétaire perpétuel A. Hirsch. Neuchatel, Attinger frères,
1894; I vol. in-4°.
Archives du Musée Teyler. Deuxième série, vol. IV; deuxième Partie.
Paris, Gaiithier-Villars, 1894; i fasc. gr. in-S".
Account oj the opérations of the great Trigonometrical Survey of India.
Volume XV. India office. London, i8g3; i vol. in-4".
A Manual of the Geology of India. Calcutta, iSgS; i vol. gr. in-8°.
Ouvrages reçus da.\s la séance du 0 aùlt 189^.
Direction générale des Douanes. Tableau général du commerce de la France
avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l'année 1893. Paris,
Imprimerie nationale, 1894; i vol. in-4°.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d' invention ont
été pris sous le régime de la loi du j juillet i844' publiée par les ordres de
M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie. Tome LXXVIII, F" et 11^ Par-
ties. Paris, Imprimerie nationale, 1894; 2 vol. in-4".
Annales de Chimie et de Physique, par JNIM. Berthelot, Pasteur, Friedel,
Mascart. Août 1894. Paris, G. Masson, 1894; i vol. in-8".
Bulletin astronomique, publié sous les auspices de l'Observatoire de Paris,
par M. Tisserand, Membre de l'Institut. Aoùti894- Paris, Gauthier-Villars
et fils, 1894; br. in-8°.
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Bulletin de l' Académie de Médecine, publié par MM. J. Bergeron, Secré-
taire perpétuel, Cadet de Gassicourt, secrétaire annuel. N°' 30 et 31.
Séances des i[\ et 3i juillet 1894. Paris, G. Masson, 1894; 2 br. in-8°.
Bulletin de la Société d' Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe. Année
1894. 3* fasc. Le Mans, Edmond Monnoyer, 1894 ; br. in-8°.
Société de Géographie. Comptes rendus des séances. i8g4. N° 14. Séance
du 1 5 juin i8g4. Paris, br. in-S".
Les Anguillules du vinaigre. Note présentée au Congrès international de
Chimie appliquée (Bruxelles, 4-10 août 1894), Section de Biologie, par
M. H. Imhoff.
lUŒA TA .
(Séances des 2 et 28 juillet 1894)
Page 112 et 3o8, le nom de l'aulcur est Papavasiliou au lieu de Papavasiliore et
Papavasiuon.
Page ii3, ligne 9 en remontant, au lieu de Paleeokliéri, lisez Palsokhori.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai (les Grands-Augustins, u" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanclw. Ils forment, à la fin do l'année, deux volumes xw-À,". Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent cfiaque volume. L'abonnement csl annuel
et part du i" janvier.
Le prix lie Viiboniieinent est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les Irais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
... Michel et Médan.
iGavault Sl-Lager.
Jourdan.
RulT.
Amiens CourtJQ-Hecquel.
i Germain elGrassin.
f Lachèse.
Muyonne Jérôme.
Hesançon Jacquard.
, Avrard.
Hordeaux Dulhu.
' Muller (G.).
Uour^es lienaud.
.-If,f".
An;ii_'rs.
lii
I Lefouniier.
) V. Kobeil.
Cami .
1 J. lîobert.
1 V' Uzel CarolT.
\ lîaer.
i Massif.
\Chambei} Perrin.
i_, , 1 Henry.
Cherbourg ' ■'
r Murguerie.
^ Housseau.
i Hibou-Collay.
: Laniarche.
Ralel.
' Damidot.
Ooua, »La»verjat.
Ctermont-Ferr.
Oljon.
ouai
ïGrerioble. . . .
La lloclielle..
Le Havre . . . .
' Crepin.
( Drevel.
' Gialier.
l'oucher.
\ liourdignun.
( Dombre.
Lille jLeCebvre.
( Quarré.
Lorient.
chez Messieurs
^ Bauiiial.
) M"" lexier.
/ lîernoiix cl Cumin
\ Georg.
Lyon < Mégret.
Ghana rd.
Ville.
Marseille Ruai.
Montpellier .
( Calas.
\ Goulet.
Moulins Martial Place.
( Jacques.
IVancy Grosjean-Maupin.
'.Sidot frères.
^ Loiseaii.
/ M"" Veloppé.
) Barnia.
/ Visconti el C'°.
IS'imes Thibaud.
Orléans Luzeray.
\ Blanchier.
/ Druinaud.
Bennes Plihon t Hervé.
KoclieforI Girard ( M"").
( Langlois.
Nantes ■
Nice
Poitiers. .
Rouen
S'-Élienne
Toulon
{ I.estringanl.
Chevalier.
l Baslide.
' Rumébe.
( Gimct.
/ Privât.
I Boisselier.
Tours ; Péricat.
' Suppligeon.
( Giard.
( Lemaitre.
Toulouse..
Valenciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
chez Messieurs :
I Feikenia Caarelsen
! et Ci'.
At/iènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C".
Dames.
Friediander el fils.
' Mayer et Miillei'.
^gi-^g l Schmid, Krancke el
I C".
Bologne Zauichelli.
; l^amlot.
Bruxelles Mayolezel Audiarte.
I Lebégue et C"'.
\ Haimann.
Bucharesl . ,,
' lîanisleanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, BelIctC".
C/iristiania Caranicrmeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague HGst el lils.
Florence Lreschcr cl Seeber.
Gand lloste.
chez Messieurs :
. Dulau.
I-ondres Hachette el G'.
' Null.
Luxembourg. . . . V. Biick.
/ Libr. Gulenberg.
.Madrid.. Capdeville.
I Gonzalés e hijos.
' F. Fé.
)/,/„„ i Dumolard frères.
/ Hœpli.
Ifloscou Gautier.
/ Furchheini. *
Naples Marghieri di Gjus.
( Pellerano.
Dyrseii et PfcilTor.
Gênes .
Genève.
La Haye.
Lausanne
Beuf.
Cherbuliez.
Georg.
Stapelmohr.
Belinfante frères.
Netv-Vork . Slechcrt.
Westerniann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker el C".
Palerme Clauscn.
Porto . Magalhaès.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro ..... Garnier.
„ i Bocca frères.
Borne ,
( Loescherel C".
Botterdani Kramcrs et lils.
Stockholm Samson et Walli
Zinserling.
^ Bcnil.i.
' Payol.
; Barlh.
\ Brockhans.
Leipzig Lorenlz.
Max Riibe.
Twietnicyer.
Liège.
( Desoer.
) Gnusé.
S' Petersbourg.
\ •
\C\.
\ Ro
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Bocca frères.
Brero.
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Varsovie Gebelhiier el WollI
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SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
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CORRESPOrVDAlVCE.
M. -\. MAXMIEI.M. — Nouvel emploi du cu-
noïde de Pluckcr Sp-'i
P. Pépin. — .Vouveaux théorèmes d'Arith-
métique _3g7
M. A. Bloxdel. — Kemarques sur la méthode
éiectrochimique d'inscription des courants "
alternatifs S91)
M. Ferv. — Application de l'auto-collima-
UULLETIN BIBLIOeR.\PHIQlE fl >
liRRVTA '|lti
lion il la mesure des indices de réfraction. '|
M. L. -Matimas. — Sur la chaleur spécilique
de l'acide sulfureux liquide '|i
M. \. WuNScii. — Sur la benzo'ilquinine.. . '1
M. A. KoWALEVsKi. — Surlecœurdecjuciques
Orthoptères '1
M. Pierre Vi.vla. — Sur les périlhéces de
l'oïdium de la Vigne
11 1
PAKIS. — IMPKIMEKIE G\UTHIER-VILLAKS ET FILS,
Quai des Grands-Augustinii, dS-
/.C Cerant .• GACTUIER-VlLLAhS.
% 1894
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM, liES SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS.
TOME CXIX.
N^ 8(20 Août 1894),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS iîT FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins. 55.
1804
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Comptes rendus hebdomadaires des sceances de
'nie se composent des extraits des travaux de
nbres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
es par des savants étrangers à l'Académie,
[ue cahier ou numéro des Comptes rendus a
;s ou 6 feuilles en moyenne,
uméros composent un volume,
deux volnmes par année.
V . — Impressions des travaux de l' Académie.
xtraitsdesMéitioires présentés par un Membre
m Associé étrangerdel'Académie comprennent
6 pages par numéro.
ilembre de l'Académie ne peut donner aux
> rendus plus de 5o pages par année,
ommiinications verbales ne sont mentionnées
s Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
)ar leur auteur a été remise, séance tenante,
;rétaires.
Rapports ordinaires sont soumis à la même
jue les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
is les 5o pages accordées à chaque Membre,
lapporls et Instructions demandés par le Gou-
lent sont imprimés en entier.
'.xtraits des Mémoires lusou communiqués pat-
respondants de l'Académie comprennent au
pages par numéro.
Correspondant de l'Académie ne peut donner
32 pages par année.
> les Comptes rendus, on ne rp|)roduit pas les
ions verbales qui s'élèvent dans le sein de
:mie; cependant, si les Membres qui y ont
rt désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
îdiger, séance tenante, des Notes sommaires,
s donnent lecture à l'Académie avant de les
re au Bureau. L'impression de ces Notes ne
cie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
ms les séances suivantes, des Notes ou Mé-
Les Programmes des prix proposés par l'Acadé
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les F
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aul
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savante
èlran'jers ci l' Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de VA
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
snmé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires s
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nomi
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ext
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le f
pour les articles ordinaires de la correspondance (
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rem
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard
jeudi à 10 heures du matin ; faule d'être remis à ten:
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte re,
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
vaut, et mis à la fin du cahier.
Article 4 . — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aj
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du j
SEP 19^89^
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 20 AOUT 1894,
PRÉSrDENCE DE M. LCEWY.
MÉMOIRES ET COMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. A. Milne-Edwards annonce à l'Académie que notre Correspondant
M. Colteaii a légué au Muséum d'Histoire naturelle sa collection d'Échino-
dermes vivants.
MEMOIRES LUS.
ÉLECTRICITÉ. — L' électricité considérée comme un mouvement tourbillonnaire.
Note de M. Ch.-V. Zexger.
i( Si l'on fait passer la décharge d'une bobine de Ruhnikorlï ou d'une
machine Wimshursi dans une cloche pneumatique sous laquelle on a placé
une éprouvette contenant de l'ammoniaque diluée, et une autre remplie
d'acide chlorhydrique concentré, on voit s'élever, au moment de la dé-
charge, des tourbillons qui sont formés par de petits cristaux blancs de
C. R., 1894, v Semestre. (T. CX1\ N» 8.) '4
(4i8 )
chlorhydrate d'ammoniaque suspendus dans l'air. Ils se condensent en
tourbillonnant en fdons cohérents, qui tombent sur la platine pneuma-
tique. Ces cristaux se déposent comme M. Faye l'a montré pour les débris
des toitures et des arbres pendant le cyclone de la vallée du Roux en
Suisse, c'est-à-dire qu'ils forment des lignes de force électrique.
)) Cette expérience montre que les décharges électriques, quelle que
soit leur origine, produisent un mouvement tourbillonnaire dans la matière
qui se trouve dans le champ électrique et qui s'y condense.
)) Pour déterminer avec plus de rigueur la forme de ce mouvement tour-
billonnaire, j'ai eu l'idée d'exécuter l'expérience suivante :
)i Je colle, sur une plaque photographique de i3''™x i8<^", deux petits triangles de
papier d'étain, en regard l'un de l'autre; je laisse sécher, et je couvre la plaque d'une
légère couche brunâtre de noir de fumée.
» Après la décharge, on trouve une trace blanche de 4™™ à 5°"" d'épaisseur, abords
dentelés, qui va en s'élargissant vers le milieu. Dans la partie médiane de cette trace,
se trouve un filet constitué par du noir de fumée qui est resté intact. L'épaisseur de
ce filet va en diminuant jusqu'au milieu de la trace, où il disparaît. On peut donc
considérer ce filet comme l'analogue de l'espace tranquille que l'on appelle Vceil du
cjclone atmosphérique. De plus, la partie blanche de la trace est sillonnée de courbes
hélicoïdales très serrées, dextrorsura près d'un pôle; sinistrorsum près de l'autre.
)) Ces particularités me paraissent démontrer que l'électricité fait dé-
crire aux molécules une trajectoire tout à fait différente de celle de la lu-
mière. En effet, cette dernière peut être représentée en général par une vis
de pas invariable, tracée sur une surface cylindrique à base circulaire ou
elliptique, tandis que la trajectoire du mouvement électrique peut être con-
sidérée comme tracée sur une surface conique à pas variable, dont les
spires vont en s'élargissant vers le milieu de la trace de la décharge.
)) Ces figures, que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, représen-
tent la projection du mouvement tourbillonnaire sur un plan parallèle à
l'axe du mouvement : il m'a paru essentiel de produire des images élec-
trographiques, qui pussent être considérées comme la projection du même
mouvement sur un plan perpendiculaire à cet axe.
» Je prends un miroir argenté, recouvert d'une couche de vernis comme d'ordinaire.
Je mets le déllagraleur positif en face de la couche de vernis, tout près d'elle, tandis
que le déilagrateur négatif se trouve en regard de la surface de verre et à une dis-
tance de 10"^™ à 12'=". Les choses étant ainsi disposées, le vernis est chassé par la dé-
charge avec tant de force, que parfois il pénètre dans la peau de l'expérimentateur.
Il se produit également une volatilisation complète de la couche mince d'argent,
comme dans l'expérience bien connue de la décharge électrique traversant une feuille
( 4i9 )
d'or placée entre deux verres. La vapeur d'argent est mise en mouvement tourbillon-
naire et se condense sur la surface froide du verre. On obtient ainsi des images trans-
parentes, parsemées de spires d'argent amorphe, jaune-rougeàtres.
» La même expérience, exécutée avec un miroir doré, donne également des spires
d'or amorphe, de pourpre d'or.
)) Les électrographies ainsi obtenues, agrandies cinq fois par la photographie,
montrent des spires à plusieurs branches et des noyaux centraux, qui sont évidemment
les sections du filet central de l'expérience précédente. Si la décharge est assez forte,
on voit une série de ces noyauv centraux, dont chacun est entouré de spires; ce sont
évidemment les eflets produits par une série de décharges consécutives.
» Ces expériences sonl des expériences de laboratoire. Mais voici un
exemple d'une sorte d'image, laissée accidentellement dans l'espace, du
mouvement produit par un éclair.
» La foudre, en tombant, le 21 juillet 1889, sur la manufacture de soude à Aussig,
en Bohème, a atteint un miroir argenté, épais de 6""", qui se trouvait dans le salon
du Directeur. Elle l'a mis en pièces, l'a perforé en plusieurs points, en y pratiquant
des trous coniques. En chaque point, elle a chassé le verre fondu et laissé la trace
du mouvement tourbillonnaire, sous la forme de minces fils de verre fondu, adhé-
rents, et recouvrant les parois de l'excavation conique. »
CORRESPONDAIVCE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur de nouvelles expériences permetlanl de com-
parer les débits des liquides, des gaz et de la vapeur, à travers les mêmes
orifices. Note de M. H. Parexty, présentée par M. Sarrau.
« I^es nouvelles expériences que j'ai eu l'honneur de résumer ici ont
eu pour but de comparer les coefficients du débit des liquides, des gaz et
de la vapeur d'eau, à travers les mêmes orifices. Elles présentent, pour les
liquides, deux caractères spéciaux à l'étude des écoulements gazeux : i°les
orifices sont noyés; 2" le rapport des pressions absolues h et A,, amont et
aval, peut varier de l'infini à o, pour des valeurs de /<„ variant de la pression
atmosphérique au vide.
« Niveau conxlant. — Il est établi au sommet d'un pylône de 25™ de liauteur et
se compose de doux petites cuvettes accolées et réunies par un siphon. La première
cuvette, fixe, est munie de deux tuyaux verticaux pour l'entrée de l'eau sous pression
de la ville et sa sortie. La seconde, mobile, est suspendue à l'extrémité d'un levier,
( 420 )
dont la partie mojxnne s'appuie sur la soupape horizontale du tuyau d'entrée. Ce ré-
gulateur, fort précis, donne accès au rhéoinètre par un premier robinet de réglage,
muni d'une manette longue et sensible.
» Rhéoinètre. — L'orifice est disposé verticalement entre deux chambres horizon-
tales cylindriques de o'°,ioo de diamètre et de i™ de longueur. Deux points culmi-
nants de ces chambres aboutissent à des cloches de cristal destinées à recevoir et à
mesurer l'air, qui se dégage, avec abondance, pendant certaines expériences de basses
pressions. Ces cloches sont expurgées ensuite par de jietits robinets placés au-dessous
du niveau constant.
» Baromètre aspirateur. — C'est un tube de plomb de o™,o5o de diamètre. 11 se
raccorde à la cloche graduée d'aval et descend en longeant verticalement un montant
du pylône. Enfin, à 20"* environ au-dessous du niveau des orifices, il devient hori-
zontal et se termine par un second robinet de réglage, suivi d'un robinet d'arrêt
débouchant à l'air par un trop-plein en col de Gygne : c'est la disposition d'un baro-
mètre à siphon, dont le robinet de réglage inférieur occuperait le point bas.
» Manomètres. — La lecture des pressions comprises entre le vide absolu et la
pression atmosphérique se fait sur des manomètres à siplion dont la courbure doit
descendre à 11™ environ au-dessous des chambres du rhéomètre. L'installation com-
prend également un baromètre à mercure et des thermomètres placés aux abords de
l'orifice, dans les liquides et dans l'atmosphère.
» Expérience. — Après avoir réglé par tâtonnement les robinets de façon à sou-
mettre l'orifice à des pressions convenables, on purge d'air en fermant un instant le
robinet d'arrêt. Au coup de sifflet préparatoire, le robinet d'arrêt est ouvert, et les
trois opérateurs du pylône observent les hauteurs et le volume d'air dégagé à
l'aval de l'orifice. Quand les niveaux manométriques sont à peu près stables, et au
coup de sifflet définitif du chef, l'opérateur du bas met d'une main le chronomètre en
marche et de l'autre place un vase gradué sous le robinet d'arrêt. Quand le vase est
plein, troisième coup de sifflet, arrêt du chronomètre et lectures finales. Il convient
de retrancher du volume liquide débité le volume d'air recueilli dans la cloche aval,
et même d'y ajouter la petite variation du volume dans le tube manométrique aval
pendant l'expérience. Les hauteurs sont données par la moyenne des observations
extrêmes.
M Dans une première série d'expériences, j'ai maintenu en tète des ori-
fices une pression constante H„f h- g*", 90 et comparé quatre orifices em-
ployés par Hirn (') et par moi-même (^) dans les études du débit des gaz
et de la vapeur d'eau.
(') HiR.N, Recherches expérimentales sur la limite de vitesse que prend un
gaz, etc. Gauthier-Villars, 1886. — Mon Mémoire du 19 octobre 1891, Comptes
rendus, t. CXIII, p. 493.
('-) Comptes rendus, t. CXVI, p. 867.
( 421 )
Orinceii cil uiiiui's parois
*.
-''i
« d'expé-
n d'expé
er
eau.
ui m
riences.
m
Moy.
riences
de
oà I
2
0,718
4
I 2
3
o,7i5
4
Eau
2 3
4
0,712
3
(parabole)
3 4
4 6
»
Oi7''l
)>
6 7
5
0,7,3
»
Air
(ellipse)
0"
0"
,127
>4'o
I
0,660
0,649
0,654
r
1
Vapeur
d'eau
diverses
))
0,70
»
))
Moy.
tu
0,662 )
<),656 ) 0,656
o,65i )
o,66j )
0,649 i
0,657
(ellipse)
Oriflcos convergents.
-; angle 9".
n d'expc-
liences.
4 angle U". <-/ — 0", 00815.
I ,oi3
1 ,031
1 ,02«
1,029
1,029
Moy.
1 ,025
n d'expé-
riences,
i3
7
4
<)
4
1,024
1 ,029
1 ,020
I ,o33
1 ,o33
i,o35
1 ,0261
1,0373
» Dans une seconde série d'expériences, j'ai soumis les deux faces de
l'orifice convergent de o"',oo3i5 dediamètreàdes pressions /?„ el/>, simul-
tanément variables et inférieures à la pression atmosphérique.
A.
absolu.
K-i'i-
lu.
m
11,89
11,86
11,86
m
2,5l
4,93
4,85
0,998
i,o33
1,045
10, 3o
2,25
i,oi4
10, 3o
■'99
i,o33
10, o3
1.93
i,o38
n.gs
2,20
i,o38
.Moyenne, absolu.
1,029
9167
2,17
1 ,o33
9,63
2,20
i,o38
9,57
3,92
i,o33
9,55
3,86
i,o3S
8,93
2,08
1,029
8,80
2,08
I ,o38
8,65
2,00
i,o38
Moyenne.
I ,o35
absolu.
/i.-A,.
in.
m
5,o3
m
1 ,20
I ,023
2,87
2,44
2,43
I ,01
0.77
0,63
1,071
i,o3S
1,011
2,27
o,58
1,025
2,l5
0,55
1,018
Moyenne.
I ,o3l
Moyenne générale.
I ,o3i6
» Pour observer de plus basses pressions, il conviendrait de supprimer
le dégagement gazeux, en employant le mercure ou l'eau bouillie.
» En résumé : 1° les coefficients du débit des gaz équivalent précisé-
ment à ceux du débit noyé des liquides; 2° ces coefficients ne varient pas
sensiblement quand on modifie de toutes façons la pression /«„, la contre-
pression h, et leur rapport ; ils sont indépendants de la température et de
la pression atmosphérique ; 3" il n'existe, pour les hquides, aucun phéno-
mène analogue à la régularisation du débit des gaz, à partir d'un rapport
limite déterminé de leurs pressions. Le débit des liquides est exacte-
ment et toujours l'ordonnée d'une parabole dont la perte de charge est
l'abscisse.
)) Cette invariabilité de m donne aux orifices noyés que j'ai appliqués
naguère au jaugeage de différents cours d'eau, de pentes extrêmement
fiiibles ('), un avantage important sur les orifices à air libre ou les déver-
Mor.
I ,o3o
i,o3i7
1,0373
(') Comptes rendus, t. CIV, p. 1427; t. CVIII, p. 5o5.
( 422 )
soirs, dont les coefficients de débit éprouvent des variations fort com-
plexes, par suite de la transition d'un milieu liquide à un autre gazeux.
Les coefficients du débit des orifices convergents sont un peu supérieurs à
l'unité, et cette apparente anomalie ne me semble pas devoir être attri-
buée nécessairement à quelque légère erreur d'appréciation sur le dia-
mètre, fort petit lui-même, des sections. J'ai, en effet, assigné ici même
à la valeur i,o373 du coefficient elliptique des gaz une interprétation géo-
métrique précise ('). C'est pour l'orifice conique de demi-angle égal à i3°,
le jdIus favorable de tous à l'écoulement, le rapport
' /arc tSn^ o Q
(ih7T3-oj =''0373
de la calotte sphérique au cercle qui lui sert de base. Cela éveille en nous
l'idée d'une réelle composition des forces vives, d'une orientation atro-
pique de la matière en mouvement à la tranche de l'orifice; et l'on rap-
prochera sans doute avec intérêt des chiffres de ce Mémoire les valeurs
1,027, ^'^07 et 1,039 P^'' lesquelles M. Bazin (-), après Poncelet et Les-
bros, vient d'exprimer pour divers orifices, carrés, ronds et rectangu-
laires, de sections etsurtout de convergences très diverses, le rapport delà
vitesse réelle à la vitesse théorique des liquides à la section dite contractée
de leur jet.
» M. l'inspecteur général Humblot, directeur du Service des eaux de
la Ville de Paris, a bien voulu s'intéresser à cette étude. Il a mis à ma dis-
position, dés i8gi, le personnel et les ressources du laboratoire de la rue
Coligny, dont l'habile directeur, M. Hermann Blanc, a construit l'installa-
tion que je viens de décrire et déterminé seul, après mon départ de Paris,
les résultats les plus importants de ce Mémoire. »
OPTIQUE. — De la périoclicilé des raies d' absorption des corps isotropes.
Note de M. G. Moreau.
« J'ai montré dans une Communication précédente que, dans un milieu
formé d'un seul système de molécules matérielles et d'éther, il résulte,
par suite du choc de l'éther contre la matière, pour une molécule une
(') Comptes rendus, t. CXIII, p. 790.
(') Ibid., t. GXVIII, p. io32.
( 423 )
force accélératrice, et pour l'éthcr une force résistante rapportée à l'unité
de volume. Le calcul des composantes de cette action est lié à l'équation
d'un ellipsoïde de distribution de l'éther que j'ai défini. Je me propose
d'appliquer les résultats obtenus à l'explication des raies d'absorption d'un
corps isotrope.
» Dans ce cas, l'ellipsoïde de distribution est une sphère. On a alors
A,=B,=C,, P = Q = R = SçpA,, p=iq=zr=o.
» La composante parallèle à O.r de la force accélératrice est
$ et U élongations de l'éther et de la matière.
» Les équations du mouvement sont :
■! = NP.
Matière... M ^ = aU + ? (^ - U) -+- y ^^^^^^
P(U — ç), OÙ p est positif, caractérise l'attraction entre la matière et
l'éther; aU, où a est négatif, les actions matérielles moléculaires.
)) Le mouvement représenté par les équations précédentes sera trans-
versal si l'on pose
(0
A et B sont indépendants de / et de z, n est le nombre de vibrations du
mouvement en l'unité de temps.
» Le système (i) donne
K _ J^ (AI/j2-t-«)2
,2
C 20.' p- -^- n'^i
i^_K3_p Mn^-+a-p?-^n^;^ ^ = M«=+«-?.
C^ n^ «2 "^ «2^2 fj'^ -t- n^f
» Ces formules, semblables à celles d'Helmholtz, se discutent de la
( 424 )
même façon. Cependant y, qui est proportionnel à N, doit varier avec la
densité du corps absorbant, avec la vitesse C et avec n. De ces deux der-
nières influences, il résulte que y croîtra très légèrement avec n. On obtient
une bande ou un nombre très limité A& bandes d'absorption, accompagnées
chacune d'une dispersion anomale.
» Le système (2) correspond à une valeur réelle de 'X, donnée par une
équation du troisième degré, qui n'admet qu'une seule racine réelle et
négative. Cette racine, changée de signe, est toujours comprise entre X^
et :>.:
n
_ (M/i^4-p)(3 + M) ,^ t(/> + P)^
qui varient lentement avec n. On a donc une onde qui s' amortit lentement si
y est petit, c'est-à-dire si le corps est peu absorbant. L'indice de réfraction
correspondant est
N' _ p p(2pX,-Y)-p(2MX,H--,-)
\^) yi a^ (2MX, — Y)«^a' '
où X, est la valeur moyenne de — )l dans une certaine région du spectre,
celle du spectre visible par exemple, V^ est la vitesse de la lumière dans le
vide.
)) L'équation (3) montre que l'onde amortie ne sera réelle que pour
des valeurs de n assez grandes pour que p soit sûrement positif. Dans la
région du spectre ainsi définie, la dispersion sera régulière, jusqu'à un
maximum de l'indice très éloigné de/? ^ o. Or p = o correspond, si y est
petit, à une bande à dispersion anomale définie par le système (i) : donc,
si le corps présente cette bande dans l'infra-rouge, Vonde amortie sera
dispersée régulièrement dans le spectre visible.
» L'intensité sera donnée par l'expression
ou
„ X? + «- . J . z
X = ^-T — /i sm 2 « ;^ -4- X , cos 2 n 7^ ■
A, t.- C
I sera proportionnel à X,, c'est-à-dire à y, et sera, en général, petit.
» L'étude des a ariations de X avec n montre :
« L Que ses maxima sont donnés par l'équation
y., -h arc tang -5 — arc sm , = 2K77.
( 425 )
» II. Que ses minima, c'est-à-dire les raies d'absorption de l'onde
amortie, par
g. + arctang ^ -h arcsin , ^ =(2K4-i)tc,
OU K est entier et positit, oi, = 2/1 t;)A, = «^>B= i + a, -^)Li= -j^-
» III. («) Qu'au voisinage d'une bande d'absorption à dispersion ano-
male définie par le système (i), les maxima et minima sont écartés et que
les raies d'absorption ont les bords diffus, (b) Dans une région plus éloi-
gnée, du côté des n croissants, ils sont plus serrés et les raies noires ont
un bord très net du côté le moins réfrangible. (c) Plus loin encore, les
maxima et minima disparaissent entièrement et, au delà du maximum de
l'indice, seules les raies (b) reparaissent.
■» IV. Les raies ou bandes d'absorption de l'onde amortie sont accom-
pagnées d'une dispersion régulière; elles sont périodiques et cette pério-
dicité est d'accord avec l'expérience, comme je le montrerai.
» Ainsi, dans un corps absorbant isotrope, formé d'un seul système de
molécules matérielles, il doit exister deux sortes d'ondes à propagation pos-
sible. Les unes donnent des bandes à dispersion anomale (elles peuvent
d'ailleurs se réduire à des raies très fines et très noires à dispersion régu-
lière); les autres donnent des raies moins intenses, mais périodiques et plus
nombreuses. Elles formeraient une sorte de double réfraction, que l'obser-
vation ne me semble pas avoir indiquée. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' action des hydracides halogènes
sur l'aldéhyde Jormique en présence des alcools. Note de M. Louis He\ry.
« Louvain, 17 août iSg/j.
» Les Comptes rendus ont publié récemment (23 juillet 1894, p. 284
de ce volume), une Note de M. C. Fabre intitulée : Sur la condensation de
l'aldéhyde formique avec les alcools de la série grasse en présence de l'acide
chlorhydrique. L'Académie me permettra de faire remarquer que je me suis
occupé de ce sujet, il v a plusieurs années, dès que l'aldéhyde formique
est devenue un produit commercial.
» EniSgi, mon fds, M. Paul Henry, a employé l'oxyde de méthyle
/Cl
monochloré H-Cv , obtenu par cette voie, pour réaliser la synthèse
c. R., 1894, 1' Semestre. (T. CXIX, N" 8.) ^^
( 426 )
directe des alcools primaires (^Comptes rendus, t. CXIII, 1891, p. 368). Il
mentionne en ces termes la réaction dont il est question dans la Note de
M. C. Favre :
/Cl
» Ces deux éthers chlorés, l'oxyde de mélhjle monochloré H'CC^^pyr^ et l'oxyde
/Cl
d'éthyle et de méthyle monochloré Il-C\,,pj„. s'obtiennent aisément par la méthode
indiquée par mon père, M. Louis Henry, en faisant réagir l'acide chlorhydrique gazeux
sur l'aldéhjde méthylique en solution aqueuse de !\o pour 100, en présence des alcools
correspondants.
» Cette réaction est d^s plus nettes. Mon père se propose de publier prochainement
un travail sur cet objet, qui se rattache aux études qu'il a entreprises sur les dérivés
monocarbonés. »
» Ce travail de mon fils, avec l'indication de la réaction de l'action H Cl
gazeux sur l'aldéhyde méthylique en présence des alcools, a été résumé
dans le tome Wlâw Bullctiii de la Société chimique de Paris (1892, t. VII,
p. i5o). Mon Mémoire sur l'action des hydracides halogènes sur l'aldéhyde
formique en présence des alcools est inséré dans les Bulletins de l' Aca-
démie des Sciences de Belgique, t. XXV, 3* série, p. 439- J'y fais connaître
non seulement l'action chlorhydrique, mais aussi celles des acides bromhy-
drique et iodhydrique. J'y décris, à côté de l'oxyde de méthyle monochloré
/"Cl
H'C:^ OCH' ^^^ dérivés bromes et iodés correspondants (Eb. 87" et 128*'-
125°).
» J'ajouterai pour terminer que, l'an dernier, mon assistant M. de Sonay
s'est occupé, dans mon laboratoire, des dérivés chlorés de l'oxyde de mé-
thyle. Il a pris pour point de départ l'oxyde de méthyle monochloré, pré-
paré par la méthode indiquée précédemment par moi. Son travail est
inséré dans les Bulletins de i Académie royale des Sciences de Belgique
(t. XXVI, v3*= série, p. 629-604, décembre iSg3). Le Bulletin de la Société
chimique de Paris en a donné un Extrait. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'anhydride camphoriquc sw le benzène en
présence du chlorure d'aluminium. Note de MM. E. Burcker et C. Sta-
BiL, présentée par M. H. Moissan.
« En reprenant l'étude de cette réaction, nous avons pu isoler deux
des composés dont l'un de nous avait déjà signalé la formation probable
( 4^7 )
à côté du produit principal, l'acide phénylcamphorique {Bulletin de la So-
ciété chimique , i8c)o, p. ii3).
» Le premier de ces corps est l'anhydride de l'acide phénylcampho-
rique C'^H'*0- : il accompagne toujours ce dernier acide lors de sa pré-
paration, et se forme en quantité plus ou moins considérable selon la
température à laquelle la réaction se produit; pour les sép:irer, il faut se
baser sur la solubilité plus grande de l'anhydride dans le benzène : on le
retire de ce dissolvant sous forme d'un liquide sirupeux, jaunâtre, qu'un
séjour de trois mois dans le vide n'amène pas à cristallisation (').
» On peut admettre pour cet anhydride l'une des deux formules de con-
stitution suivantes qui correspondent à une élimination de H'-O dans la
molécule de l'acide phénvlcamphorique.
CO-CIP
/
H^ C ,
\
\
\
\ co
CO-CIP
1
H^C
/\
/ \
1 1
CO
H-C
1 1
\ /
1
cir^
C'H'
(1)
)) Le deuxième produit que nous avons isolé se forme surtout lorsque
la réaction entre le benzène, l'anhydride camphorique et le chlorure
d'aluminium, a été tumultueuse et que les corps sont restés longtemps en
contact : c'est une combinaison biphénylique qui répond à la formule
C2-rp"0- : elle est plus soluble dans le benzène que l'acide phényl-
camphorique et se sépare du dissolvant sous forme de masses cristallines
de couleur jaune rougeàtre.
( ') Ce corps donne à l'analyse les chiffres suivants :
I. II. •
C 79>27 79)''^J
H 8,o3 »
O (par différence). 12,70 »
Calcul
i pour
C'« H
■•G».
79
26
7
44
.3
3o
( 428 )
» L'analyse de ces crislaiix a donné les résultats suivants :
Calculé
pour
C"H"0'.
C 82,72 82,50
H 7,95 7,5o
O (par différence) 9,33 10,00
» La formule de constitution peut être représentée de la manière
suivante :
I
C-C»H=
/\
H^C / \ CO
lie' I CH-2
CH
I
CI!"
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' extraction des acides libres de la cire d' Abeilles.
Note de M. T. Marie, présentée par M. H. Moissan.
« Les acides contenus à l'état libre dans la cire d'Abeilles ont été isolés
pour la première fois par Brodie ('), qui, les considérant comme une
espèce chimique, les désigna sous le nom d'acide cérotique. Ce corps fon-
dait à 78° et sa formule était C-'H'''0-. Mais Schalfes'ew (-), en 1875,
montra que l'acide de Brodie était un mélange. Il put en retirer une petite
quantité d'un acide fondant à 91°, auquel il attribua la formule C^H^^O^.
L'étude de cette question a été reprise plus récemment par Nafzger (^),
qui a confirmé les résultats de ses devanciers, sauf en ce qu'il donne à
l'acide dont le poids moléculaire est le plus élevé la formule C'^H^'O- ou
CH^-Q-, et le point de fusion 90°.
» Les méthodes employées par ces auteurs dans leurs recherches laissent
(') Brodie, Annalen der Cheinie und Pharmacie, t. LX\II, p. iSo.
(^) ScHALFESEW, Journal des Biiss. Gesellsch., t. I!, p. ii3.
(^) Nafzger, Liebig's Annalen der Cheniie. t. CCXXIV, p. 225.
(429)
encore des doutes sur la pureté des produits obtenus. Dans tons les cas,
elles ne se prêtent à la préparation de quantités notables d'acide cérotique
pur. Obligé de préparer de grandes quantités de cet acide pour un travail
que je poursuis, je me suis efforcé d'atteindre ce double résultat. J'ai
d'abord cherché à séparer les acides en les soumettant à des précipitations
fractionnées par les différents acétates métalliques, mais sans grand succès.
Cette méthode, due à Heintz, excellente pour les acides des graisses, est
bieJi moins avantageuse pour les acides des cires. J'ai employé aussi les
cristallisations et dissolutions fractionnées de l'acide libre ou de ses éthers
dans l'alcool ordinaire, dans l'alcool méthylique, dans l'élher de pétrole et
dans l'étlier ordinaire. J'ai pu constater que, si les cristallisations dans
l'éther ordinaire constituent un moyen très sensible pour vérifier la pureté
des acides gras supérieurs, il est difficile de les appliquer à une séparation.
Il n'en est pas de même pour les dissolutions fractionnées dans l'alcool
méthylique bouillant; elles permettent d'obtenir de l'acide cérotique pur
de tout acide homologue et constituent une méthode de pratique assez
rapide, applicable à une grande quantité de matière.
» La méthode de séparation que je viens de signaler ne donne de bons
résultats que si elle est appliquée à des mélanges d'acides entièrement
exempts de corps appartenant à d'autres séries organiques. Or, la cire
d'abeilles, traitée par l'alcool bouillant, abandonne à ce dissolvant non
seulement les acides libres, mais aussi des carbures d'hydrogène, dont la
présence dans la cible a été signalée par Schwalb (' ), des produits oléiques
et colorants, et enfin de la myricine. Ce dernier corps est normalement
insoluble dans l'alcool, mais il passe en assez grande quantité dans la dis-
solution, grâce à la présence des autres principes de la cire. Les produits
oléiques et colorants, ainsi que les carbures, sont faciles à séparer; les
premiers parce qu'ils sont très solubles dans l'alcool froid, les seconds
en épuisant les sels des acides par des dissolvants appropriés. La sépara-
tion de la myricine, toujours beaucoup plus pénible, s'effectue cependant
assez bien en chauffant le produit brut à 25o° avec la chaux potassée. Dans
ces conditions, la myricine seule est modifiée. Il se produit d'abord une
saponiBcation, puis les alcools, primitivement à l'état d'élhers paliniLiques,
sont oxydés et transformés en acides correspondants. Pour que la transfor-
mation soit complète, il est nécessaire, ainsi que l'a montré M. Buisine (-),
(') Schwalb, Liebig's Annalen, t. CCXXXV, p. io6.
C^) Buisine, Travaux et Mémoires des Facultés de Lille : 1891.
( 43o )
d'ajouter à la chaux potassée la moitié de son poids de potasse caustique.
J'ai eu soin de vérifier, par des expériences préliminaires dans le détail
desquelles je ne puis rentrer ici, que les alcools de la myricine oxydés par
la chaux potassée, donnaient des acides identiques aux acides libres.
)) A la suite de nombreuses expériences, j'ai adopté finalement la marche
suivante pour l'extraction des acides libres de la cire d'Abeilles :
» On épuise la cire par l'alcool bouillant et, après avoir distillé la plus grande partie
du dissolvant, on presse le résidu refroidi et cristallisé afin de séparer les produits
oléiques et colorants. Le gâteau solide est fondu et lavé à plusieurs reprises à l'eau
bouillante, puis décolpré au charbon et filtré au papier; on obtient ainsi une masse à
peine teintée de jaune, fondant à 70", et que l'on chauffe avec la potasse et de la chaux
potassée jusqu'à cessation du dégagement d'hydrogène. Après refroidissement, la
masse pulvérisée est délajée dans une grande quantité d'eau et portée à l'ébullition.
Le liquide fortement alcalin est saturé avec de l'acide chlorhydrique étendu; en
présence de sels de calcium solubles existant dans le mélange, les acides sont com-
plètement transformés en sels de calcium insolubles. Ces sels recueillis, lavés et des-
séchés, sont épuisés par l'alcool bouillant et la benzine, qui dissolvent les matières
neutres. Les acides isolés fondent, après cristallisation dans l'alcool qui les débarrasse
de la petite quantité d'acide palmiiique provenant de la myricine, à 79<'-8o<'.
» Pour séparer les acides mélangés, on les broie très finement avec trente fois leur
poids d'alcool méthylique. Le ballon contenant le mélange est placé dans l'eau froide
et chauffé avec précaution. Dès que l'ébullition commence, on filtre dans un enton-
noir maintenu à 60° par un courant de vapeur d'eau. Le liquide filtré contient surtout
de l'acide cérotique qui cristallise par refroidissement. On répète ces traitements en
diminuant chaque fois le volume du dissolvant jusqu'à ce que le résidu fonde à deux
reprises à 78°. Le produit dissous fond alors à 76°. Une seule cristallisation dans
l'alcool éthylique élève ce point de fusion à 77°, 5.
» Pour contrôler la pureté de cet acide, j'ai employé particulièrement
les moyens suivants :
» 1° Cristallisations fractionnées de l'acide dans l'éther ordinaire. Le point de
fusion n'a pas été modifié;
» 2° Précipitations fractionnées par l'acétate de magnésie. Les acides, isolés de sept
fractionnements obtenus avec 2?'^ d'acide fondent exactement à la même température;
» 3° Cristallisations fractionnées des éthers méthylique et éthjlique dans l'éther
ordinaire. Le point de fusion n'a pas été modifié.
» Du résidu non dissous dans l'opération précédente, il est facile d'extraire, par des
traitements répétés à l'alcool méthylique, de l'acide mélissique, très peu soluble,
identique à celui que Story-Maskelyne et Pieverling ont obtenu en partant de la cire
carnauba. Cette identité n'avait pas été indiquée jusqu'ici.
» L'acide cérotique brut contient de 3o à 4o pour 100 d'acides ana-
logues; il a cependant été décrit sous le nom d'acide cérotique, comme une
( /-iSi )
espèce chimique. C'est là un fait important à signaler. Il m'a engagé à
reprendre l'étude de l'acide cérotique pur et de ses dérivés. Je poursuis
cette étude. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Influence des lésions des tissus sur leur
aptitude à fixer des substances dissoutes. Note de MM. A. Giiarrix et P.
Carnot, présentée par M. Ch. Bouchard.
« Lorsqu'on introduit, dans un organisme vivant, des substances so-
lubles, tantôt on voit ces substances se distribuer uniformément, se rendre
indistinctement dans les divers appareils, tantôt on constate que cette
distribution est inégale : tel principe s'accumule de préférence dans le foie,
tel autre dans le cerveau. En dehors de l'influence de la porte d'entrée,
influence^aisée à neutraliser en usant de la voie intra-veineuse générale,
ou de la voie digestive, il est permis d'expliquer quelques-uns de ces faits
par des affinités chimiques entre les corps injectés et la constitution des
parenchymes. Pour les bactéries, les choses se passent de la même façon.
Mais, dans ces cas, on comprend plus facilement qu'un microbe donné se
fixe, par hypothèse, dans la rate, tandis qu'un^second va pulluler dans la
moelle des os. Chacun de nos viscères constitue en quelque sorte un mi-
lieu de culture spécial; dès lors, il n'est pas surprenant que, suivant la
composition de ces milieux, des ])arasites se localisent dans l'un plutôt
que dans l'autre, ces localisations étant gouvernées par la nature des ali-
ments recherchés par l'espèce mise en cause.
» Toutefois, certaines notions demeurent acquises. On admet, en par-
ticulier, que des lésions locales préexistantes appellent, pour ainsi dire,
les infiniment petits; si, par exemple, le rein droit a été légèrement con-
tusionné ou cautérisé, et qu'on vienne à injecter |des bacilles dans la
veine de l'oreille, dans la majorité des cas, ces bacilles se retrouveront
plus abondamment dans ce rein droit que dans le gauche parfaitement
sain (').
» Ces lésions locales exercent-elles une influence analogue vis-à-vis des
substances dissoutes? La question, pour plusieurs raisons, mérite d'être
examinée, et, bien entendu, l'expérience seule doit fournir la réponse.
» Expérience I. — Un lapin pesant 1940s', dont on a sectionné le sciatique gauche.
(') Nous poursuivons sur ce sujet, avec M. Duclert, d'intéressantes expériences, au
laboratoire de M. Bouchard.
( 432 )
reçoit quotidiennement, sous la peau, i"^' d'une solution d'aoétate de plomb à j^. — 11
succombe le septième jour.
» L'autopsie décèle une péritonite caractérisée par des néo-membranes tapissant à
droite le feuillet pariétal, le centre phrénique, l'épiploon ; ces néo-membranes sont
blanchâtres; elles présentent un aspect brillant, réfringent, métallique; elles contien-
nent des coli-bacilles.
» On plonge la séreuse abdominale en totalité dans un bain d'eau, acidulée par
l'acide chlorhjdrique, durant vingt-quatre heures; puis on fait agir un courant d'hy-
drogène sulfuré.
» On obtient une teinte noire foncée au niveau des parties malades; les régions
saines demeurent incolores. — La plaie du sciatique, qui suppure légèrement, offre,
après un traitement icfentique, celte même teinte, tandis que la zone voisine, indemne
d'inflammation, ne change pas sensiblement d'aspect.
« Expérience H. — Pendant onze jours, on intoxique par la voie gastrique à l'aide
de cette solution d'acétate de plomb, un lapin auquel on a inoculé la tuberculose;
l'animal reçoit par jour 2".
» La nécropsie révèle que les granulations bacillaires, d'ailleurs nombreuses, sont
inégalement distribuées ; elles sont en quelques points très confluentes ; dans ces points
la plèvre est épaissie.
» On soumet ces pièces à la technique précédente, et on voit la teinte noire se dé-
velopper autour de ces granulations, révélant çà et là des nodules peu visibles à l'oeil
nu. — Les fragments privés de tubercules se foncent à peine.
» Expérience III. — On réalise celte même intoxicalion plombique, chez un lapin
porteur d'une arthropathie considérable du genou droit, provoquée par l'injection in-
trasynoviale d'une culture pyocyanique. — L'animal meurt au bout de neuf jours.
» Les tissus articulaires traités par la solution acidulée, puis par l'hydrogène sul-
furé, deviennent noirs.
» Sur des parcelles de ces tissus malades, on a contrôlé ces réactions, en précipitant
le plomb à l'étal de chromate ou en le colorant à l'étal d'iodure (*).
» A la rigueur, on aurait pu objecter que cette teinte foncée était due
à l'action de l'hydrogène sulfiné qui agit sur certains éléments sanguins
en milieu alcalin. Déjà, les précautions prises pour acidifier ces tissus suf-
fisaient pour rejeter cette objection; ces nouvelles réactions la rendent
absolument inadmissible.
» La survie beaucoup trop courte des animaux n'a pas permis au plomb de
s'accumuler en assez grande quantité pour enregistrer, en dosant, des poids
suffisamment différents; nous espérons plus tard obtenir ces différences.
» L'examen histologique des coupes des tissus altérés porte à penser
que le plomb arrive dans les régions lésées à l'état soluble et non, comme
(') Nous ne rapportons ici, faute d'espace, que trois des sept expériences, toutes
analogues au point de vue des résultats, que nous avons poursuivies au laboratoire du
professeur Bouchard.
( 433 )
le feraient supposer des faits connus, sous forme de granulations transpor-
tées par les cellules mobiles. Du reste, un amas de leucocytes, constaté
au voisinage de l'articulation enflammée, ne s'est pas sensiblement coloré
sous l'influence des réactions mises enjeu.
» Il serait aisé de risquer des hypothèses pour savoir pourquoi ces
corps se fixent de préférence dans les zones détériorées; bornons-nous,
pour le moment, à remarquer que, dans ces zones, l'œdème tend à indi-
quer et le développement et la lenteur de la circulation de la lymphe,
sans parler des néoformations vasculaires qui accompagnent les processus
inflammatoires.
» Cette circulation lymphatique se fait dans des espaces lacunaires;
l'absence de vaisseaux d'un volume appréciable, chez les animaux le plus
souvent utilisés dans les laboratoires, rend difficile la mesure de l'écou-
lement de ce liquide. Nous avons tenté de tourner la difficulté, sur les
conseils de M. Bouchard.
» Nous avons pratiqué, en respectant la veine fémorale, une égale constriction à la
racine des membres inférieurs d'un lapin porteur d'une arthropathie infectieuse du
genou drpit et intoxiqué par l'acétate de plomb. — Un œdème s'est produit des deux
côtés, dans des proportions minimes à la vérité, malgré la section des nerfs.
» Après un temps identique, nous avons recueilli la sérosité épanchée par des
pressions répétées sur les tissus incisés; le côté malade a fourni 1'^'=, j de plus que le
côté sain. — En tenant compte de l'état de l'articulation, nous avons trouvé que le
membre droit pesait seulement iB"',io de plus que le gauche; à vrai dire, ses muscles
étaient, en partie, atrophiés.
» Quoi qu'il en soit, les lésions locales préalables paraissent capables,
suivant nos expériences, d'influencer la répartition des substances toxiques
introduites dans l'organisme, du moins dans les conditions indiquées.
» Cette donnée constitue plus qu'une curiosité. — Elle fait entrevoir le
rôle des altérations traumatiques ou autres dans la genèse des accès de
certaines maladies dites de nutrition, en aidant à comprendre comment,
par exemple, un choc sur une articulation va provoquer en ce point le
dépôt des urates, ou, du moins, va faire partie des causes multiples, dont
la mise en jeu aboutit à ce dépôt. — Cette donnée explique pourquoi, au
cours d'un empoisonnement général, les tissus antérieurement en souf-
france, les lieux de faible résistance seront les plus touchés. — Elle permet
de saisir, par une sorte d'analogie, l'action de la tuberculine ou de la
malléine au niveau des granulations dues au bacille de Roch ou à celui
de la morve. — Elle autorise à prévoir la fixation, l'accumulation des sels
G. R., 1894, 2" Semestre. (T. CX1\, N' 8.) 5"
( 434 )
de bismuth sur les ulcéralions de l'intestin atteint d'entérite, etc. Cette
donnée, en définitive, soulève quelques coins des voiles qui recouvrent les
mécanismes d'une série de processus, soit en Pathologie toxique, soit en
Thérapeutique, soit, en somme, en matière de distribution d'une foule
de principes solubles agissant à litre d'agents physiologiques, à titre de
poisons ou de médicaments. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur les propriétés antiloxiques du sang de
Salamandre terrestre (Salamandra maculosa) vis-à-vis du curare. Note de
MM. C. PuiSALix e,t Ch. Contejean, transmise par M. A. Chauveau.
« Dans un travail antérieur ( ' ), nous avons constaté que les Salaman-
dres résistent d'une façon remarquable à l'action de certains poisons,
particulièrement à celle du curare. C'est ainsi qu'une Salamandre pesant
28^'' n'a été complètement curarisée qu'après avoir reçu 43""°'' de curare,
'dose capable d'empoisonner plus de 80 Grenouilles! Cette immunité existe
déjà, mais à un degré moindre, chez la larve de Salamandre, qui résiste
beaucoup mieux au curare que le têtard de Grenouille.
M C'est pour étudier le mécanisme de cette immunité que nous avons
entrepris ces nouvelles recherches. Nous nous sommes demandé d'abord
s'il n'y aurait pas, comme pour le venin, une relation entre cette immunité
et la présence de glandes venimeuses, d'autant plus que, chez le Crapaud,
la résistance au curare est beaucoup plus grande que chez la Grenouille.
Dans ce cas, l'immunité de la Salamandre pour le curare serait due à la
présence, dans le sang, d'une substance qui aurait pour résultat d'empê-
cher ou de neutraliser les effets de ce poison.
» Pour vérifier cette hypothèse, nous avons cherché si l'inoculation de
sang de Salamandre pourrait annihiler, chez la Grenouille, l'action si éner-
gique du curare sur cet animal. C'est ce qui ressort, en effet, des expé-
riences suivantes :
)) 1° Le mélange de sang de Salamandre et de curare, en proportions con-
venables, n'agit pas sur la Grenouille.
0 Expérience. — Le 1 1 juin, à 6'' du soir, on fait les mélanges suivants (-) :
» 1° 20 parties de sang de Salamandre défibriné : i | partie de solution de curare à
1 pour 1000.
(') Nouvelles recherches sur les glandes à venin de la Salamandre terrestre
{Mémoires de la Société de Biologie, i4 mars 1891).
(-) Ces mélanges ont été faits avec une seringue contenant i'^%3 et dont la tige du
( 435 )
» 2° Mélange identique.
« 3" 20 parties d'eau salée physiologique : i partie de curare à i pour looo.
Le lendemain, 12 juin, à g*", ces mélanges sont injectés dans le péritoine à trois
Grenouilles. Or, tandis que la Grenouille témoin n" .3 est complètement cararisée au
bout de dix minutes, les deux autres, n"^ 1 et 2, n'ont manifesté aucun symptôme de
curarisation.
» Si l'on augmente progressivement la quantité de curare mélangée au sang, on ar-
rive à injecter quatre fois la dose mortelle minima, c'est-à-dire o"'s, 26 de curare mé-
langés à 1", 3 de sang de Salamandre, dans la cavité péritonéale d'une Grenouille sans
qu'elle paraisse éprouver de malaise. Inversement, on peut diminuer la quantité de
sang pour une même dose de curare; dans ce cas, o'"'',4 de sang suffisent à neutraliser
la dose mortelle minima, c'est-à-dire o"'s,o65 de curare.
)) Ces chiffres ne sont pas absolus; ils varient un peu suivant les condi-
tions diverses de l'inoculation.
» Parmi ces conditions, il en est une qui est moins favorable à la mani-
festation du pouvoir antitoxique du sang de Salamandre, c'est l'inoculation
du mélange, non plus dans le péritoine, mais dans le sac lymphatique
dorsal; elle détermine souvent une curarisation incomplète. Or, dans ce
cas, il se forme un coagulum qui distend le sac lymphatique et qui modifie
probablement les conditions respectives d'absorption de la substance anti-
toxique et du curare. Cela prouve toutefois que le sang n'a pas agi comme
antidote en détruisant le curare in vitro, par action chimique.
» 2° Le sang de Salamandre provoque une réaction physiologique antago-
niste du curare.
» Pour le démontrer d'une manière plus évidente, nous avons inoculé
d'abord le sang de Salamandre à plusieurs Grenouilles, puis, vingt-quatre
heures après, la solution de curare. Dans ces conditions, le pouvoir anti-
toxique du sang de Salamandre s'est manifesté d'une manière plus éner-
gique que s'il avait été préalablement mélangé au curare.
» Expérience. — Le n juillet, on inocule du sang défibriné de Salamandre à cinq
Grenouilles partagées en deux lots. Trois Grenouilles, formant le premier lot, reçoivent
chacune dans le péritoine \", 3 de ce sang. Le deuxième lot, deux Grenouille:-, re-
çoit la même dose de sang dans le sac lymphatique dorsal. Le lendemain, à la même
heure, on fait l'inoculation d'épreuve avec des doses variables de curare.
» Premier lot : Grenouille n° 1, o"'5,i3 de curare dans le péritoine {deux fois la
dose mortelle). — Aucun sjmptôme. Le 18 juillet, sert à une autre expérience.
piston est divisée en 20 parties égales. Une seule division de solution de curare à
I pour 1000, c'est-à-dire o™s,o65, a suffi constamment pour curariscr à fond une
Grenouille quelconque.
( 436 )
» Une Grenouille témoin a été curarisée complètement en moins de quinze minutes.
» Grenouille n" 2, ©""s, 26 de curare dans le péritoine {quatre fois la dose mor-
telle). — N'a éprouvé aucun malaise. Est encore bien portante le 20 juillet.
» Grenouille n° 3, o™8, Sg de curare dans le péritoine {six fois la dose mortelle).
— Aucun symptôme. Le 16 juillet, sert à une autre expérience.
I) Jamais, par le mélange direct avec la même quantité de sang, nous
n'avons pu faire supporter une dose de curare aussi forte que dans cette
dernière expérience.
» Il est donc vraisemblable d'admettre que cette augmentation de ré-
sistance tient à ce qufe l'organisme de la Grenouille inoculée préventive-
ment a eu le teinps d'accomplir une réaction antagoniste plus intense.
» Pour répondre à l'objection que le sang resté dans le péritoine pour-
rait encore modifier, après vingt-quatre heures, l'activité ou l'absorption
du curare, nous avons, sur le deuxième lot de Grenouilles qui avaient reçu
le sang dans le sac lymphatique dorsal, inoculé le curare dans le péritoine.
» Deuxième lot : Grenouille n" 1, o™^, 26 de curare dans le péritoine {quatre fois la
dose mortelle). — Aucun symptôme. Le i6 juillet, très vigoureuse, sert à une autre
expérience.
» Grenouille n" 2, o"5,39 de curare dans le péritoine {six fois la dose mortelle).
— La curarisation est retardée, elle n'a lieu complètement qu'au bout d'une heure.
{Le sac lymphatique était distendu par un coagulum.)
') D'après ces expériences, il est évident que le sang de SalaiTiandre ter-
restre provoque, dans l'organisme de la Grenouille, une réaction physiolo-
gique d'où résulte une forte immunité pour le curare. Pour nous assurer
que cette propriété est particulière au sang de Salamandre, nous avons
répété les expériences précédentes avec du sang de Chien et du sang de
Grenouille; elles ont constamment échoué.
» En résumé, le sang de Salamandre terrestre renferme une substance
antitoxique vis-à-vis du curare, substance dont l'action protectrice s'exerce
non seulement sur l'animal qui la sécrète, mais encore sur la Grenouille
qui est le véritable réactif physiologique du curare (' ). »
(') Travail du Laboratoire de Î\L Cliauveau, au Muséum.
( -137 )
ZOOLOGIE. — Sii7- le bourgeonnement des Diplosomidœ et des Didemnidœ.
Note de M. Maurice Caullery.
« Dans l'ensemble du groupe des Tiiniciers, les processus blastogénc-
tiques ont pu être ramenés à une certaine unité, grâce surtout à la consi-
dération des tubes épicardiques . Le rôle de ces tubes dans le bourgeonne-
ment des Diplosomidœ et des Didemnidœ n'a cependant pas encore été mis
en évidence. Le bourgeonnement de ces ascidies a été étudié surtout par
Ganin, Giard, Délia Valle, Jourdain. Il résulte de toutes ces observations,
qu'un individu produit deux espèces de bourgeons : les uns donnant la
partie tlioracique des ascidiozoïdes, les autres la partie abdominale. J'ai
eu l'occasion d'étudier ce processus, d'y préciser le rôle des tubes épicar-
diques qui avait échappé jusqu'ici; enfin, de compléter et de rectifier les
données des auteurs sur l'origine et l'apparition des divers organes.
» Mes observations ont porté surtout sur \e Diplosoma gelatinosum Edw.
Les tubes épicardiques persistent chez l'adulte, contrairement à l'opinion
de Lahille, mais se séparent de la chambre branchiale, et leur extrémité
supérieure arrive à peu près au niveau de l'estomac. Ils forment deux tubes
séparés (droit et gauche), à l'extrémité inférieure desquels vient s'appuyer
le cœur. Ils sont comprimés latéralement, el présentent un épithélium cu-
bique en voie de prolifération continue, sauf sur leur bord tourné vers
l'intérieur de l'anse intestinale, où leur paroi reste mince. Ce sont eux
qui jouent le rôle principal dans le bourgeonnement.
» i" Bourgeon thoracique. — On voit, sur une portion de leur trajet, les
deux tubes épicardiques s'élargir, le long de leur bord externe (tourné vers
l'ectoderme); leur paroi acquiert plusieurs couches de cellules. Ils sou-
lèvent l'ectoderme qui s'est également épaissi en cette région. Ils ne
tardent pas à se souder, à leur bord externe, par leurs faces en regard. Leurs
faces opposées présentent en même temps, chacune une évagination. L'en-
semble des parties de tubes épicardiques ainsi modifié, et ayant repoussé
devant lui l'ectoderme, est un bourgeon qui produira la partie d'individu
généralement appelée thorax. La cavité résultant de la soudure des deux
tubes est la cavité branchiale. Elle reste longtemps en communication avec
l'organe épicardique du parent, par les parties pédonculaires non soudées
des tubes qui l'ont formée; ces pédoncules constituent une partie des tubes
épicardiques du bourgeon. L'endostyle apparaît comme un sillon sur la
face externe de la cavité branchiale. Les deux évaginations latérales, signa-
( 438 )
lées plus haut, sont les rudiments de la cavité péribranchiale. Celle-ci s'a-
chève comme dans le cas des bourgeons d'autres ascidies composées. Il en
est de même des orifices branchial et cloacal, du système nerveux; celui-
ci se forme par un épaississement de la paroi dorsale du tube hypophysaire,
dont le développement se fait suivant le mode indiqué par Pizon (').
Quand ces divers organes se sont formés, il se produit, aux. dépens de la
partie du tube épicardique droit du bourgeon qui est en contact avec la
chambre branchiale, un diverticule qui s'individualise progressivement et
se dirige vers l'œsophage du parent auquel il se soude et où il s'ouvre.
C'est l'œsophage 'd96o 900,880
» Si maintenant nous comparons des espèces qui diffèrent beaucoup
au point de vue de la structure anatomique, ou bien, pour une espèce, des
individus qui se sont développés dans des conditions diverses, nous obte-
nons des résultats très différents.
» Exemple : Volumes d'acide carbonique dégagés en dix heures et rapportés à iS'
de poids sec.
ce
Sphagnum cuspidatum (forme aquatique) 13,667
Fontinalis anlipyretica 10,487
Hypnuni cupressiforme 7,432
Fissidens taxifolius 3 ,000
» Les Muscinées sont très sensibles à l'action des facteurs extérieurs,
surtout à l'influence de l'humidité. Elles sont susceptibles d'absorber
rapidement beaucoup d'eau et, d'autre part, présentent une très grande
résistance à la dessiccation. L'augmentation et la diminution de la propor-
tion d'eau sont en relation étroite avec les volumes de gaz dégagés ou
absorbés par les Mousses.
» En faisant absorber par une Mousse des quantités d'eau croissantes, on obtient
des volumes de gaz qui vont eux-mêmes en croissant, comme l'indique le Tableau
suivant relatif au Mniiitn undulatiim.
Proportion Volume
Durée de l'immersion d'eau obtenue de l'acide carbonique
dans l'eau avant l'expérience. pour loo. dégagé.
oc
Une minute 40 0,750
Une demi-heure 59 i , 35o
Deux heures ." 65 3 , 900
Etat naturel dans un lieu ombragé et humide. . . 84 9)680
» Bien d'autres espèces : LesJcea viticulosa, Hypnum Rulahulum, etc.,
ont fourni des résultats analogues.
» L'influence de l'habitat sur les Muscinées est aussi très grande. Des
Sphagnum cuspidatum, par exemple, dégagent environ deux fois plus d'a-
cide carbonique, s'ils ont poussé dans un lieu très humide ou dans l'eau,
que s'ils se sont développés dans un endroit sec.
» Exemple :
Forme
humide
ou aquatique. sèche.
Acide carbonique dégagé en dix heures par iso de poids sec. 1800,733 700,820
Oxygène absorbé 1 400, 600 700, 820
G. R., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N" 8.) 37
( 442 )
lia relation est la même pour l'assimilation.
Forme
humide
ou aquatique. sèche.
Acide carbonique absorbé 13^,689 4""! 944
Oxygène dégagé f3'^%722 4",48o
» Sous l'influence de certaines conditions extérieures, diverses Mousses
(FruUania, Hypnum, etc.) acquièrent une couleur brune ou brun rouge.
Ce fait est dû à la coloration des membranes; mais en outre, dans ce cas,
le contenu protoplasm.ique est lui-même modifié. Ces modifications dimi-
nuent con.sidérablement les dégagements gazeux.
» Ainsi le FruUania Tainarisci nous a fourni les résultats suivants pour l'assimi-
lation :
Acide
carbonique Oxygène
absorbé. dégagé.
Échantillons verts 4",895 S'sSiô
Échantillons d'un brun rouge 3'^'', 186 S", 694
)) Résultats analogues pour la respiration :
Acide
carbonique Oxygène
.dégagé. absorbé.
Échantillons verts 4^,699 5'^'^, 456
Échantillons d'un brun rouge 3""^, 242 3'='^, 452
» Le développement de cette coloration est intimement lié à l'action de
la lumière. Si l'on met au soleil des échantillons développés à l'ombre et
entièrement verts de FruUania dilatata ou de Ceratodon purpureus, ils de-
viennent rouges, et inversement.
» En résumé. — On trouve chez les Muscinées de très grandes différences
dans l'intensité de la respiration et de l'assimdation chlorophyllienne.
y Les diverses espèces dégagent, par exemple à l'obscurité, dans le
même temps, par gramme de poids sec, des quantités d'acide carbonique
très différentes.
» Le contenu des Muscinées en eau est une cause importante de varia-
tions : plus la proportion d'eau est considérable, plus les échanges gazeux
sont intenses.
» Les échantillons d'une môme espèce, choisis dans un lieu très humide,
émettent plus de gaz que des échantillons de la même espèce cueillis dans
un terrain sec.
1) La coloration rougeàtre de beaucoup de Mousses, très accentuée
( 443 )
surtout quand les plantes S3 sont développées à la lumière, a pour effet de
ralentir beaucoup l'intensité de la respiration et de l'assimilation ('). «
BOTANIQUE. — Sur les périthêces du Rot blanc de la Vigne (Charrinia
Diplodiella). Note de MM. P. Viala etL. Ravaz, présentée par M. Du-
cbartre.
« Le Champignon cause du Rot blanc de la Vigne, dont nous avons fait
connaître la biologie générale en i885, n'était connu que dans une de ses
formes de reproduction, celle par pycnides (^Coniothyriuni Diplodieda).
Nous avons cherché, depuis i885, à obtenir les fruits ou périthêces et,
après beaucoup de tentatives infructueuses, nous sommes parvenus à ce
résultat en 1893.
» Si l'on prend des rafles, des pédoncules, des rameaux, par conséquenl des organes
durs, fortement envahis par le Rot blanc, et si on les maintient dans une atmosphère
confinée, en les plantant par une de leurs extrémités dans du sable stérilisé humide
que l'on dessèche graduellement et lentement et que l'on soumet à un abaissement
lent et successif de température, on obtient la formation des péritlièces. N^us n'avons
jamais pu obtenir de périthêces sur les raisins, dans les mêmes conditions de culture
expérimentale; les pycnides seules continuent à se former; les organes se réduisent
en poussière et les slylospores se disséminent dans le sol où elles conservent leur
faculté germinative jusqu'à l'été suivant; c'est le mode le plus commun de perpé-
tuation du parasite d'une année à l'autre. Le substratum, dans lequel le mycélium
persiste vivant, a donc une importance essentielle pour la formation des périthêces;
l'influence du milieu est aussi primordiale, car sur les organes durs (rafles, pédon-
cules. . .), maintenus dans un milieu constamment humide et à température fixe, les
périthêces ne se produisent pas.
» Les périthêces du Rot blanc sont sphériques (i4o à 160 [j. de diamètre) ; leur enve-
loppe pluricellulaire est d'un noir très foncé, verruqueuse sur la partie émergée, à
ouverture ostiolaire large et en forme de cratère. Les asques et les paraphyses sont
insérées seulement sur la base du périthèce, comme dans le cas des pycnides. Les para-
physes sont filiformes, de dimensions régulières, d'un blanc nacré, rarement avec une
ramification à leur tiers supérieur; elles sont un tiers plus longues que les asques et
forment pinceau. Les asques (longueur : 56 [j.; diamètre : Si'-jSo), à membrane mince
et nacrée, sont en massue et portées par un pied mince, ayant un sixième de leur
hauteur; elles sont peu nombreuses et noyées dans les paraphyses.
» Les sporidies (i5|ji. sur 3H-,^5), au nombre de huit dans chaque asque, sont en
forme de fuseau, à parois légèrement flexueuses, incolores et hyalines, ou avec une
C) Ce travail a été fait au laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, di-
rigé par M. Gaston Bonnier.
( 444 )
très légère teinte citron clair quand elles sont mûres. Le fuseau que forment les spo-
ridies est fortement comprimé au centre, au niveau duquel est une cloison aussi
épaisse que leur paroi. Les sporidies présentent, au point de vue du nombre des cloi-
sons, des variations que l'on retrouve dans les mêmes asques. Elles sont doubles et
possèdent alors deux grosses vacuoles inégales dans chacune des parties ; mais elles
sont très souvent formées de quatre parties, séparées -par trois cloisons; la cloison
centrale est toujours plus épaisse que les autres et les parois de la spore sont compri-
mées au niveau de ces cloisons. La germination des sporidies a lieu par un ou plu-
sieurs tubes mjcéliens.
» Les caractères fixes de variation du cloisonnement des sporidies, ceux
si particuliers des paraphyses et du contentides périthèces, nous autorisent
à créer, ainsi que nous le discuterons dans un travail complet sur cette
question (in Revue de Viticulture), un genre nouveau dans le groupe des
Sphœnaceœ-Hyalodidimœ , sous le nom de Charrinia (en l'honneur du D''
Charrin). Le nom spécifique du Rot blanc est par suite, d'après le carac-
tère des périthèces, Charrinia Diplodiella. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la constitution chimique de l'atmosphère.
Note de M. T.-L. Puipson.
« Je demande à l'Académie la permission d'ajouter quelques mots à ma
Note Sur V origine de l'oxygène atmosphérique ('). Mes expériences sur la
végétation dans ce que j'ai appelé une atmosphère primitive, consistant en
azote, acide carbonique et vapeur d'eau, m'ont montré que les plantes
actuelles sont essentiellement anaérobies, qu'elles peuvent végéter parfaite-
ment dans une pareille atmosphère. L'analyse du milieu gazeux, après plus
de trois mois de végétation dti Convolvulus arvensis, a montré qu'il était
plus riche en oxygène que ne l'est notre atmosphère actuelle (-).
» Dans les temps géologiques, dès l'apparition des plantes inférieures,
l'oxygène libre a commencé à faire partie de l'atmosphère terrestre, et l'on
conçoit que, peu à peu, les cellules anaérobies ont dû se modifier gra-
duellement à mesure que la quantité d'oxygène libre a augmenté et que
la chaleur a diminué, jusqu'à ce que la cellule aérobie, ou, en d'autres
termes, la vie animale, ait pu paraître et se développer.
» L'oxygène a continué à augmenter, depuis ces époques éloignées,
(') Comptes rendus, séance du 7 août 1898.
(^) Voir Chemical A'ews, 1^'' décembre iSgS.
( 445 )
tandis que l'acide carbonique de l'air a diminué, laissant comme témoins
de son abondance primitive les énormes dépôts de charbon, de lignite, etc.,
que nous trouvons dans les couclies stratifiées. La Paléontologie nous
montre que, à mesure que la quantité d'oxygène augmentait dans l'atmo-
sphère terrestre, les animaux devenaient de plus en plus parfaits, pour
aboutir au maximum de développement du système nerveux cérébro-
spinal, la plus haute caractéristique de l'animalité.
M C'étaient les plantes les plus inférieures qui, sous l'influence des
rayons solaires, versaient l'oxygène dans l'atmosphère terrestre; j'ai vu,
dans mes expériences de laboratoire, que ce sont précisément ces plantes
inférieures, ces Prolococcus, ces Microcystis, ces Conferva, etc., qui, poids
pour poids, donnent, dans l'eau chargée d'acide carbonique, la plus grande
quantité d'oxygène dans un temps donné.
» L'azote, l'acide carbonique et la vapeur d'eau renferment tous les
éléments des êtres organisés, sauf une petite quantité de matières miné-
rales. Des expériences qui m'ont occupé depuis une trentaine d'années
m'ont convaincu que l'azote est assimilé par les plantes à l'état d'azotates.
La nitrification s'opère partout à la surface de la terre par \ oxydation
lente de l'ammoniaque. L'ammoniaque est l'origine de l'acide nitrique dans
la nature et, comme l'acide carbonique, l'ammoniaque est un produit vol-
canique.
» A la température ordinaire, l'azote et l'oxygène ne se combinent pas;
mais l'ammoniaque est oxydée dans un grand nombre de circonstances,
pour donner naissance à de l'acide azotique; jamais je n'ai pu opérer la
nitrification sans substances pouvant donner de l'ammoniaque (').
» Un des faits les plus curieux et les plus intéressants de la Chimie,
c'est la facilité avec laquelle deux corps de propriétés aussi opposées que
l'ammoniaque et l'acide azotique peuvent se transformer l'un dans
l'autre. »
(') Dans une expérience que j'ai faite récemment, de l'ammoniaque liquide diluée
est versée dans une solution de permanganate de potasse : au bout de quarante-huit
heures, tout le manganèse est précipité à l'état d'hydrate de peroxyde; la solution
filtrée, et abandonnée à l'évaporation spontanée, donne un mélange d'azotite et d'azo-
tate de potasse cristallisés. Si l'ammoniaque est en grand excès, c'est l'azotite qui pré-
domine; si le permanganate est en excès, c'est l'azotate que j'obtiens.
( 446 )
M. Léopold Hugo adresse une Note intitulée « Examen arithmétique
des nombres relatifs aux distances des planètes au Soleil )>.
M. Ducf.A adresse une Note intitulée « Fusibilité des corps simples; re-
présentation de cette fusibilité au moyen d'une courbe ».
La séance est levée à 3 heures trois quarts. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPUJQUE.
Ouvrages reçus daxs la séance du 6 août 1894.
(Suite. )
Boletin de la Real Academia de Ciencias y Arles de Barcelona. Vol. I.
!N* 11. Julio de 1894. Barcelona, Jaime Jepus, i8f)4; br. in-4°.
Kongliga svenska Velenskaps Academiens Handlingar. TjiigufemteBandet.
1892. Fôrra Hâftet. Stockholm, 1892-189.3; i vol. in-4''.
Le Opcre di Galileo Galilei. Edizione nazionale sotto gli auspici di Sua
Maestà il Re d'Italia. Vol. IV. Firenze, G. Barbera, 1894; i vol. in-4°.
Atti délia Reale Accademia dci Lincei. Rendiconti. Classe di Scienze /isiche,
malematiche enaturali. Vol. III, fasc. 2. Roma, i8g4; br. in-4°.
Società Reale diNapoli. Rendiconto délie tornale e dei lavori delV Accademia
di Archeologia, Lettere e Belle Arli. Janvier et février 1894. Naples, 1894;
2 br. in-8°.-
Società Reale di Napoli. Atti délia Reale Accademia di Archcologia, Leltere
e Belle Arti. Vol. XVI. 1881-93. Naples, 1894; i vol. in-4°.
Bollettino m.ensuale, pubblicato per cnraxlcll' osservatorio centrale del real
Collegio Carlo Alberto in Moncalieri. Luglio 1894. Torino, 1894; br. in-4°.
The quarlerly Journal of ihe geological Society. Août 1894. I^ondon;
) vol. in-8°.
The Canadian Paient Office Record and Résister of copyrights and trade
marks. May 3i st., 189^. Ottawa, 1894; br. in-4".
( 447 )
Ouvrages reçus dans la séance du i3 août 1894.
Étude sur les variations du Spirifer Verneuili, par M. J. Gosselet, Cor-
respondant de l'Institut (Extrait des Mémoires de la Société géologique du
Nord, T. IV). Lille, Liégeois-Six, 1894; i vol. in-4».
L'industrie de ta soie en France, par M. Natalis Rondot. Lyon, Mougin-
Riisand, iSg^; i vol. in-8°.
Commission météorologique de la Gironde. Observations pluviométriques et
thermomélriques faites dans le département de la Gironde de juin 1892 à mai
1893. Note de M. G. Rayet, président de la Commission météorologique
départementale. ^Bordeaux, G. Gounouilhou, 1893; i vol. in-8*'.
Essai sur les origines et l'histoire deda ville de Réalmont (^Tarn), suivi de
biographies locales, par M. Louis Julia. Albi, Corbière et Julien, 1894;
I vol. in-8°.
La Guadeloupe. Renseignements sur l'histoire, lajlore, la faune, la géolo-
gie, etc., par M. Jules Ballet. Tome P'', Basse-Terre, 1894; i vol. in-8".
Coefficient de self-induction de n fils parallèles égaux et équidistants, dont
les sections sont réparties sur une circonférence, par M. Ch.-Eug. Guye (Ex-
trait des Comptes rendus, 11 juin 1894); in-4°.
Sur les phénomènes consécutifs à l' altération du pancréas déterminée expé-
rimentalement par une injection de paraffine dans le canal de Wirsung, par
M. E. Hédon (Yj-iLlvaxi des, Archives de Médecine expérimentale, janvier 1891);
in-4''.
Observatoire astronomique, chronotnélrique et météorologique de Besançon,
sixième bulletin chronométrique, publié par M. L.-J. Gruey, directeur de
l'observatoire. Besançon, Millot frères et C'*, 1894; br. iu-4''.
Bulletin et Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France.
Tome III. Mémoires, i89'2. Paris, Rlincksieck, 1893; i vol. in-S".
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents relatifs à l'art des
constructions, etc., etc. 1894. Juin. Paris, Y"' Ch. Dunod et P. Vicq, 1894;
I vol. in-8°.
Ministère de la Marine. Revue maritime et coloniale. Août 1894. Paris,
L. Baudoin, 1894; l vol. in-8".
Bulletin de la Société d' encouragement pour l' industrie nationale, publié
sous la direction des secrétaires de la Société, MM. Collignon et A. Girard.
Juillet 1894. Paris, 1894; br. in-4".
( 448 )
Bulletin de l'Académie de Médecine. Séance du 7 août 1894. Paris,
G. Masson, 1894; br. in-S".
Société de Géographie. Comptes rendus des séances, n°^ 10, 11, 12, 13 ell4.
Mai-juin 1894. Paris, 1894; 4 br. in-8".
Bulletin de la Société géologique de France, tome XXII, 1894, n° 5. Paris,
1894; br. in-8°.
Journal des économistes. Bévue mensuelle de la Science économique et de la
Statistique. i5 juillet 1894. Paris, Guillaumin et C'*, 1894; i vol. in-8°.
Bulletin de la Société botanique de Finance. Séances d'avril 1894. Paris,
1894; br. in-8°.
Bulletin des séances et bulletin bibliographique de la Société entomologique
de France. N° 14. Paris, 1894; br. in-8°.
Archives diplomatiques, recueil mensuel international de diplomatie et
d'histoire. N™4-5. Avril-mai 1894. Paris, F.-I. Féchoz, éditeur, 1894; i vol,
in-8°.
Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Borrleaux,
t. III, 2* cahier, t. IV, i*^"^ et 2" cahiers. Paris, Gaulhier-Villars et fds, 1898
et 1894; 3 vol. in-8".
ERRATA.
(Séance du 6 août 1894.)
Note de MM. G. Sayn et P. Lory, Sur l'existence de lentilles récifales à
Ammonites dans le Barrémien, aux environs de Châtillon-en-Diois :
Page 382, ligne 5, au lieu de Pulchellia cf. Sauvageani, lises Pulchellia cf. Sau-
vagcaui.
Même page, ligne 6, au lieu de Holcodiscus Cailtaudi d'Orb. sp., types c, lises
Holcodiscus Caillaadi à'Ovh. sp. type, c.
Même page, ligne 36, au lieu de Au-dessus des Hoplites, lise: Au-dessus des
marnes à Hoplites.
Même page, ligne 33, au lieu de Holcodiscus ofT., lisez Holcodiscus aflf.
Page 383, ligne i5, au lieu de Yèse, lisez Vesc.
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER -YILLAHS ET FILS,
Quai des Grands-Aiigusiins, n"' 5j.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. llsToruieitt, à la fin de l'année, deux volumes in-4". Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" janvier.
Le prix lie /'/ibon/ienient ett fîxt' ainsi qu'il siiti :
Paris : 20 fr. — Déparlemenis : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres jiays : les Irais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
Alf^er.
Amiens. .
Angers.
8 Hœpli.
Moscou Gautier.
. F'irchheim.
l^'aples Marghieri di Oiu-
( Pellcrano.
I Dyrsen et Pfeillcr.
New-Vork , Slechert.
' Weslerinarin
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C'v
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
( Bocca frères.
( Locscheret C".
Rotterdam Kraincrs et fils.
Stockholm Samson et Wallin
„ „ , 1 Ziiiserline.
S'Petersbourg..\^^,^^^^
Bocca frères.
rero.
Clausen.
KosenbergelSulliei
Varsovie Gcbeiliner el Wolfl
Vérone Drucker.
, Trick.
\ Gerold et C".
ZUrich Mcyer cl Zeller.
Rome .
Turin.
Vienne.
! Bo
] Br
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; '8i3. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 18G6 à 3i Décembio 18S0.) Volume in-T; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, pur .MM. A. Derbf.skI \.-J.-J. Solikh.— .Mémoire sur le Calcul des Perturbations i|U'éprouvent les
Comètes, par M. Hasses.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement daos la digeslioa des matières
jrasses, par M. Claude Bermaro. Volume 10-4°, avec 32 planches; i856 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par .M. P.-J. Vas Benëoen. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
pour le concours de iS53, et puis remise pourcelui de iSi*;, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
• mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher a nature
' des rapports qui existent entre l'étatactuel du règne organique el ses états antérieurs », par M. le Professeur Bnoss. In-')", avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Hémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
iY' 8.
TABr.E DES ARTICLES. (Séance dn 20 août 1894.)
aiEMOIRES ET COM3IUIVICATIOIVS
Diîs miïmhhhs ht niîs corhespondants dr l'académie.
Pages.
-M. A. .Milne-Edwards annonce à l'Acadé-
mie iiiie iM. Cotteaii a légué au Muséum
Pages.
d'Histoire naturelle sa 'collection d'Eclii-
iiodermes vivants \\-
MEMOIRES LUS.
JI. Cn.-V. Zenger. — L'électricité considérée comme un mouvement tourbillonnaire îi-
CORllESPOrVDANCE.
■M. H. I'ai;i:mv. — Sur de nouvelles expé-
riences permettant de comparer les débits
des liquides, des gaz et de la vapeur, à
travers les mêmes orifices
I\L G. MouEAU. — Delà périodicité des raies
d'absorption des corps isotropes
M. Lotis Henry. — Sur l'action des hydra-
cides balogénés sur l'aldéhyde formique
en présence des alcools
MM. K. BuRCKER et C. Stabil. — Action de
l'anliydride camphorique sur le benzène
en présence du chlorure d'aluminium....
M. T. Marie. — Sur l'extraction des acides
libres de la cire d'Abeilles
MM. A. Ciiarrix et P. Carnot. — Influence
des lésions des tissus sur leur aptitude à
fixer des substances dissoutes
MM. C, PniSALix et Ch. Contejean. Sur
Bulletin uiuLioGRvi'iiiQrK
Errata
les propriétés anlitoxiques du sang de Sa-
lamandre terrestre {Salamandra rnacu-
losa ) vis à- vis du cui-ai'e
419 I M. MAUFiiCE Caullery. — Sur le bourgeon-
I nenient des Diplosomidœ e\ des Dideni-
422 : nidœ
M. B. JoNSSOX. — Recherches sur la respi-
' ration cl l'assimilation des Muscinécs.. . .
425 '\I-'\L P. ViALA et L. Ravaz. — Sur les péri-
I théces du liot blanc de la Vigne
M. T.-L. PiiipsoN. — Sur la constitution
426 chimique de l'atmosphère
' M. Leopoli) Hruo adresse une Note intitulée :
428 « Examen arithmétique des nombres rela-
I tifs aux distances des planètes au Soleil >>.
M. DfCLA adresse une Note intitulée : « Fu-
43i j sibilité des corps simples; représentation
de cette fusibilité au moyen d'une courbe ».
4^:i
'li't
4',6
441'.
148
PARIS. — IMPRIMEKIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
he (,'eiant : GMiTiiiEn-Vri i xhs
st - 1894
Sû
M
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR IMEiTI. liES SECRÉTAIKES PEKPÉTlTEIiS.
TOME CXIX.
!\^ 9(27 Août 1894).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET F[LS, IMPaiMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augiisiins, 55.
1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaiies des sceances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
préseiïtés uar des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année. ,
Article l*^'. — Impressions des travaux de l' Académie .
I-es extraits desMéuioires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque xMembre.
Les Rapports et Instructions ilemandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Con'espondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les M-embres qui y ont
pris part désirent qu'il eu soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
]^es Notices ou Discoui-s prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Akticld; 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie.
Les Mémoires lus ou [)résentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou' d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membi-es qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujoui's nomme;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
poui" les articles ordinaii'es de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rerulu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont charges de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter 1
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance,
eurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
SEP191894
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 27 AOUT 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LCEWY.
MEMOIRES PRESENTES.
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les variations de grandeur apparente des
lignes et des angles, dans la vision directe et dans la vision par des mouve-
ments des yeux et de la tête. Note de M. Ch. Hexry.
« On sait que, à la suite d'un agrandissement ou d'une réduction pro-
portionnels, les différentes portions d'une figure ne conservent pas les
mêmes rapports apparents, surtout quand l'agrandissement ou la réduction
sont considérables. La raison en est que les variations de grandeur appa-
rente des lignes et des angles suivant leur direction ne sont pas les mêmes
dans la vision directe et dans la vision par des mouvements des yeux el de
la tête. Quelles sont les lois des variations de grandeur apparente des lignes
et des angles dans chacun de ces deux cas, pour des yeux normaux, c'est-
à-dire pour des yeux non entraînés par des exercices spéciaux à l'appré-
ciation exacte des rapports géométriques? Les résultats suivants sont le
résumé de longues statistiques instituées en vue de résoudre ce problème
expérimental, très intéressant surtout pour l'art industriel.
C. K., 1894, 2- Semestre. (T. CXIX, N° 9.) 58
( 45o)
» Soit ua cercle de rayon p = i ,22 avec des unités différentes suivant le cas de la
vision directe ou le cas de la vision avec des mouvements des yeux ou de la tête : ap-
pelons rayons principaux les rayons distants de 45°, comptés de droite à gauche à
partir de l'horizontale; on constate pour ces rayons principaux les valeurs moyennes
apparentes 1,16; 1,18; i,3i; 1,28 dans le premier cas; i ,25; i ,00; i ,56; i , 10 dans
le second.
» Si r désigne un rayon quelconque, /•<,, r^ deux rayons principaux, 6 l'angle com-
pris entre r^ et r, estimé en degrés, on a, d'après l'expérience,
(1) '•='■!+ ('0— '-1)75;
(
de même, en appelant t^ l'angle compris entre r, et p, on a
(2) P = '•!+('„- 'l)^-
» Résolue par rapport à T,, l'équation (2) détermine les situations des rayons qui
sont appréciés exactement : 58°, 84 à droite, 4o° à gauche dans le premier cas; 5°, 4;
62°, 7 à droite; 6°; 58°, 6 à gauche dans le second cas, à partir de l'horizontale.
» Une droite quelconque P, dont la situation est connue, a pour longi»eur appa-
rente H le produit ; or
p
- = ^ -H (^''~^'^ e
p p p45
» En remplaçant par K et K' les termes constants — et — "- — , ^ ' ; on trouve pour K
P p-45
el K', dans les quatre demi-quadrants, les valeurs suivantes :
Premier
cas.
K.
K'.
0,967
— o,o364
•1,07
— 0,286
I ,008
-t- 0, 145
0,951
-1-0,127
Second
cas.
K.
K'.
0,82
H- 0,455
1,28
— I ,02
0,902
-)-o,838
1,02
— 0,273
» Les valeurs apparentes a des angles a sont reliées aux valeurs apparentes des
rayons r, r', entre lesquels ils sont compris, par la formule
: a
2P
B Cela posé, rien de plus facile que de déterminer les droites vraies p' et les angles
vrais a' qui ont les valeurs apparentes p el a dans chaque cas individuellement et dans
le cas d'une modification de l'échelle. »
( 45i )
M. André le Chatelier prie l'Académie de renvoyer au concours du
prix Plumev ses études sur les propriétés mécaniques et les essais des mé-
taux employés dans la construction navale.
(Renvoi à la Commission du prix Plumey. )
CORRESPONDANCE .
MÉCANIQUE. — Sur la transformation des équations canoniques du problème
des trois corps. Note de M. Paul Vernier, présentée par M. Poincaré.
« Soient X,, Y,, Z, les coordonnées orthogonales de l'un des deux points
fictifs donnés par la transformation de Jacobi ( Z, est supposée perpendi-
culaire au plan invariable).
» Considérons un système d'équations canoniques du problème des trois
corps,
(>)
où I désigne l'un des nombres i, 2. On connaît quatre intégrales de ce
système de douze équations, savoir :
H = A (intégrale des forces vives),
2(y,z;-z,y;.)=o j
S(Z,Xj. — X,Zj) =0 > (intégrales des aires).
2(x,y;.-y,x;.) = >i-
dX,
dH
rfY,
dH
dZi dH
dt
- dx'r
dt
- dY;'
dt ~ jz;'
dt
dH
~ dX,'
dt
dH
= dY,'
dZ'i dH
dt ~ dZ'i
» Soient
■X, p., v; V, ;x', v' ; V,
les neuf cosinus, variables avec le temps, d'une substitution orthogonale.
Soit t|/ l'angle que fait l'axe des x (supposé compris dans le plan des XY)
avec celui des X et soit ô l'angle fait par les axes des z et des Z.
» Effectuons, sur le système précédent, la transformation suivante
X,-= >. .a;,-|- av,-f-vs,-, X\ = \x[-h...,
Y, = l'cc;-^ , y;. = Va;- + ...,
A*/ A iV^ -T~ t Là: — - A ce -^ -\- • • * »
( 452 )
» La forme de H ne change pas et les intégrales des aires deviennent
Myi^', - -rO = o, ^i{z^x[ — Xiz\) = — A sin 0,
(2') ,
2,(a;,- y,' — y^x'- ) = h cosO
» Posons maintenant
pdl = 'i dj.dk -+- ,
K- = Mp (j'"'-' - -'X) + 9(=->^'. - *V<) + r(xy, - j,-.r',)] ;
le système (i) des équations canoniques se transforme en le système sui-
vant
dj-i _ djU—K) dyt _ ()(K: — H)
. dt ~ dx', ' dt ~ dy'i
^^ ^ ^ dx[ _d{n~-K)
dt dxi
» Considérons maintenant le système d'équations
dqj _dJB^-K) dpj _d{K-}l) (■, ^ fiN
(' ) iLi - dp, ' -dt -—d^j (7-i.2,...,b}.
» Ces équations (i") ne sont autres que les équations(i') dans lesquelles
on fait subir kx^^y-j, z^Çi ^1,2) une transformation quelconque en qj, et
à x', , y', , z[ une transformation définie par
sous le bénéfice de cette transformation les intégrales (2') prennent alors
la forme suivante
(2") A(Pjqj) = o, f^(pjqj) = h &in^, /,(/j,7/) = AcosÔ.
» Comme 6 et i]/ sont fonctions du temps, elles peuvent être déterminées
par deux relations entre pj, 'qj : par exemple, en annulant deux quel-
conques de ces variables, q„ et y„+,„. Les intégrales transformées (2")
donnent alors 6, p„ et/î„^.,„. Puis, les dérivations effectuées, on peut écrire
Pn ^^Pn+m dans Ics huit équations restantes. D'autre part, les équations
o = -^— i -1 Q=^-\ ', 3 = — ocotô
dpn àpn+m
donnent les valeurs de p, q, r qui figurent dans les dérivées de K, puis-
( 453 )
qu'on a
q dt = sin^d^, rdl= — cosOrfij/.
» Il est aisé de voir que les huit cqualioiis, après les transformations
indiquées, conservent leur forme canonique. Soit, en effet, f '-r— j le résul-
tat de la dérivation de H par rapport à q, lorsqu'on y remplace d'avance
o„ et /?„+„; il viendra
àqs) à'/ s Opn Oq, Opn+m àq,,
()(II — K) (jK dK dpn , OK âp„+,„
-r , — • H i — T~ -+■
(jqs ôqs <)pn <^qo àp„+„, dqs
Les trois derniers termes représentent la dérivée de K par rapport à y,
lorsqu'on y remplace d'avance q,^ et y„+,„. Or ces valeurs sont déduites
de (2"). Donc
d{o) rf(Ksinfi) (}(Kcos9) „, „ , • û\ <^^
p-^ — 9-^-i -+- r-^ = — R(ocosO -+- rsin^)-r— = o;
'^ dqs ' dq, dqs ^^ ' dpç>
on voit de même que
d\\\ d(H — K
dp^) dpa
donc la forme canonique est conservée. Les sept intégrations effectuées,
une simple quadrature donnera •]/ (car r et 0 seront fonctions connues du
temps) par les formules -ji =; — rsécô dl.
» En annulant deux variables de toutes les manières possibles, nous
formons soixante-six combinaisons; dans les cas particuliers, les combi-
naisons ne donnant pas parles formules (2") les variables conjuguées aux
variables annulées.
» Remarque I. — Si, retenant les variables a,, y,, ^„ x-, y'-, z\ , nous
faisons z\ = s,, = o, nous obtenons, après avoir calculé z, SjRsinô,
li "ydx'J' W'yoyJ' ~dr ~~\d:Pi)' dt ~ \dy''i
H ^ A reste l'intégrale de ces huit équations; et, en vertu des relations
z\ = z'., — o, le plan xy reste parallèle aux vitesses des trois corps, rappor-
tées au centre de gravité.
» Remarque II. — On obtient les équations de Bour sous une autre
forme pour c, = Sj — o. On les retrouverait sous la forme qu'il leur a don-
( 454 )
née par la transformation
ar,= r,cosa.,cosp,,
7, = r,cosa,,cosp„
s, = r,sinp,-,
et en annulant ensuite soit les a,, soit les p, («= i , 2).
» Remarque III. — En annulant les conjuguées des P,, on retombe sur
le système de Jacobi réduit à la forme canonique.
» Remarque IV. — Enfin, en posant
P. = e< — £0
et effectuant ensuite la transformation
s,— £0= o,
on retrouve le svstème de M. Brioschi qui, comme on sait, est analogue
à celui de Bour. »
GÉOMÉTRIE. — Sur la possibilité (le remplacer, par un problème détermine', le
problème indéterminé que comporte la généralisation du théorème de Pascal.
Note de M. Paul Serret.
« 1. On a montré, dans une Note antérieure ( ' ), qu'en désignant par N
le nombre des éléments tangentiels qui définissent une enveloppe de
classe n, chaque groupe de N — 2 tangentes, ou de N — 3 plans tangents,
donne naissance à un cercle ou une sphère « dérivés », représentés par
l'une ou l'autre des équations
(i) 2f-^..ou2^'/,T;■ = o,
et coupés toujours à angles droits par un cercle ou une sphère fixés, de
même centre que l'enveloppe : les « axes ou plans radicaux » de ces
cercles ou de ces sphères deux à deux, c'est-à-dire les droites ou les plans
« dérivés », définis individuellement par des équations de la forme
(2) 2r-'...ouir^/.T;' = o
passant, à leur tour, par un point fixe qui est le centre de l'enveloppe.
(') Comptes rendus, 18 septembre iSgS.
(455 )
» 2. Il en résulte que si l'on suppose en présence N -t- i élénienls, dési-
gnés par les numéros d'ordre i, 2, ..., N, N + i, et avec lesquels on
aura formé les trois groupes distincts
(1,2, ...,N-i), (2,3,...,N), (3,4,...,N + i);
n les droites dérivées, une à une, de chacun de ces groupes, ou les plans dé-
)) rivés, un à un, des quatre groupes analogues
(i,2,...,N-2). (2,3, ...,N-i), (3,4,. ..,N), (4,5,...,N-M)
M se couperont toujours en un même point » : ce qui n'est point autre chose,
d'ailleurs, que l'identité
(3) Sr'ATi'^o,
par laquelle s'exprime la dépendance entre N-f-i éléments d'une enve-
loppe de classe n, interprétée géométriquement.
» A la symétrie près, on voit que cet énoncé, dont les origines newto-
niennes sont évidentes, offre le même degré de simplicité que le théorème
de Pascal. Et, bien qu'il demeure subordonné, dans ses applications, à
l'acquisition préalable des droites ou des plans, des cercles ou des sphères
dont il impliquerait l'emploi, il n'y aurait aucune invraisemblance à y voir
l'analogue de ce théorème, si, dans tous les cas où l'on aurait pu se mettre
en quelque possession, suffisamment aisée, de ces indispensables éléments,
l'énoncé actuel se prêtait aussi à tous les mêmes usages. Or, c'est ce qui
a lieu en effet, non seulement pour /i = 2, c'est-à-dire pour les courbes et
les surfaces du second degré, mais encore, dans leur voisinage immédiat,
pour « = 3, ou, plus précisément, pour les courbes de la troisième classe :
c'est ce que nous allons indiquer aussi brièvement que possible.
» 3. Pour « =: 2, le cercle 1\ /, TJ =: o dérivé de trois droites est connu
a priori. Il en est de même de la sphère 2j/, Tj = o, dérivée de six plans
tangents d'un ellipsoïde, et que l'on sait diviser harmoniquement chacune
des diagonales de l'hexaèdre 123456 : ce qui la définit aussitôt comme la
sphère orthogonale à quatre autres, décrites sur ces diagonales comme
diamètres.
» Quant à l'énoncé précédent, appliqué d'abord à six tangentes
1,2, . . ., 6 d'une conique, ou aux trois quadrilatères successifs
(7234). (2345), (3456)
qui en résultent, il se réduitàlacoUinéation de leurs « médianes » : c'est le
( 456 )
théorème de Newton, et qui se prête tout à fait aux mêmes usages que celui
de Pascal.
» Appliqué, en second lieu, à l'ellipsoïde inscrit à neuf plans donnés
1 , 2, . . ., g, ou T, , . . ., Tj = o, le même énoncé, ou la notion équivalente
d'une sphère directrice, orthogonale à toutes les sphères dérivées, permet,
par exemple, de mener, à la surface, un dixième plan tangent, T,„, par une
droite D
(D)o==T, = T,„,
prise arbitrairement, dans l'un des neuf plans donnés.
» En effet, l'hexaèdre, partiellement inconnu, TjTj T^T^ étant
circonscrit à l'ellipsoïde, la sphère dérivée de cet hexaèdre sera, premiè-
rement, orthogonale à une sphère connue (M) : la sphère directrice, ou
sphère de Monge de l'ellipsoïde, laquelle coupe à angles droits quatre
sphères connues, dérivées une à une des quatre hexaèdres circon-
scrits : 123456. 2^...., 67, 34. ••■,78,45. ...,89.
» Mais si l'on considère, d'autre part, la série des hexaèdres compris
sous les cinq faces fixes T5, T^, .... Tg, et/ermés par une sixième face mo-
bile, T,o, tournant autour de l'arête fixe (D), on reconnaît aussitôt que
les sphères dérivées de ces hexaèdres passent toutes par un même cercle (C),
que l'on peut donc construire, et suivant lequel, ayant mené une sphère (S)
orthogonale à la sphère (M) ci-dessus, on aura, dans (S), la sphère
dérivée de l'hexaèdre TjTj T^T^ ; et, dans la trace, sur l'arête (D),
du plan polaire du sommet (TjTcT,) par rapport à (S), un troisième
point du plan cherché T,„, ou ce plan lui-même.
» 4. Pour « = 3, le cercle ij/, T,' = o, dérivé de sept droites quelconques,
admet encore une construction simple, réalisable tout entière sur des
points, des droites ou des cercles, déjà connus et fournis immédiatement
par les premières données du problème.
» D'ailleurs, une fois en possession de ce cercle, on se trouve avoir
dans les mains l'instrument même de toutes les premières constructions,
réclamées par l'analogie, et auxquelles donne lieu la considération d'une
cubique définie par la donnée de neuf de ses tangentes.
» C'est, par exemple, au tracé, répété, de ce cercle que se réduisent,
pour une cubique définie de la sorte, les déterminations suivantes :
» Celle du centre et du cercle directeur de la cubique;
» Celle encore du point de contact de la courbe sur l'une des tangentes
qui la définissent, et celle du cercle osculateur correspondant;
( 15? )
» L'achèvement du faisceau tangentiel issu, soit du point de concours
de deux des tangentes données, soit d'un point pris à volonté sur l'une de
ces tangentes ;
» Enfin la construction, fondamentale, de la conique, polaire d'une
transversale quelconque.
» M. Chasies avait donné déjà, et l'on trouve indiquées, dans divers
Traités de Géométrie synthétique, des solutions, très différentes, de plu-
sieurs de ces problèmes, y compris celui de la neuvième tangente, commune
aux cubiques inscrites à un même octogone, auquel s'applique aussi, très
particulièrement, notre méthode. Nous croyons les autres nouveaux, et
l'on trouvera peut-être qu'il convenait que la Géométrie analytique pût
prétendre, à son tour, une part d'originalité et de priorité dans un genre
de recherches qu'une autorité très haute (') avait pu croire lui appartenir
uniquement. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Recherches sur les mouvements de l'atmosphère
solaire. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. Lœwy.
« Le Soleil, qui appartient à la grande classe des étoiles jaunes, doit
être rangé aussi parmi les étoiles à lignes spectrales brillantes, dont le
nombre est encore très restreint. Car le spectre de la lumière générale du
Soleil ("), ainsi que je l'ai montré en 1892, offre, au milieu des larges raies
noires H et Kdu calcium, une raie brillante qui même est renversée, c'est-
à-dire large et divisée en deux par une raie noire.
» Celte raie brillante renversée de la lumière générale est la résultante
exacte, pour l'intensilé et la position dans le spectre, des raies similaires
reconnues déjà aux différents points de la surface, la partie brillante large
correspondant aux couches basses de la chromosphère, et la raie noire aux
couches élevées. Les deux raies, brillante et noire, de la lumière générale
représentent donc l'intensité moyenne des couches basses et hautes ile la
(') Lamé, Examen des différentes méthodes . . ., 1818.
('^) Le spectre de la lumière générale ou lumière d'ensemble du Soleil s'obtient en
dirigeant le collimateur du spectroscope vers le Soleil ou vers un point quelconque
de notre ciel sans l'interniédiaire d'aucun objectif. Dans ces conditions^ le Soleil est
analysé comme s'il était aussi loin de la Terre que les étoiles.
C. R., i8,,4, 2» Semestre. (T. CXI\, N» 9.) ^9
( 458 )
chromosphère (') et leurs déplacements dans le spectre indiquent les
mouvements généraux de ces deux couches par rapport à la Terre.
» Or, les nombreuses épreuves du spectre delà lumière générale, obte-
nues depuis 1891, présentent la particularité suivante: le plus souvent,
les deux composantes de la raie brillante sont dissymétriques, la compo
santé du côté du rouge étant plus étroite que l'autre, si bien que la raie
noire apparaît déplacée vers le rouge par rapport à la raie brillante. Les
couches basses auraient donc, relativement aux couches élevées, un mou-
vement général d'éloignement de la Terre. Sur cent quatre-vingt-six
épreuves examinées, la dissymélrie est nette pour cent vingt, étant d'ail-
leurs plus ou moins forte suivant les jours; elle est soupçonnée seulement
pour les autres.
)) Nécessairement, cette inégalité doit se retrouver aussi sur divers points
du Soleil analysés isolément (^). De nombreuses épreuves de spectrographes
par sections et, en particulier, d'un spectrographe automatique réalisé à
l'Observatoire, en avril dernier, ont été examinées à ce point de vue. Or,
à l'emplacement des facules qui sont les parties hautes de la photosphère,
les composantes brillantes, intenses comme l'on sait, sont, en général,
égales, mais avec des exceptions assez fréquentes, surtout dans le voisi-
nage des taches où la dissymétrie a parfois un sens différent pour deux
points opposés, où les raies brillante et noire offrent des inflexions attri-
buables à un mouvement tourbiilonnaire. En dehors des facules, par contre,
la dissymétrie des composantes brillantes, qui, d'ailleurs, sont faibles, est
le cas le plus fréquent; elle est nette, en général, au moins sur les trois
quarts de la surface, dans le sens de la lumière générale, et est plus ou
moins accentuée, étant quelquefois telle que la composante rouge est in-
visible. Elle seprésente aussi bien près de l'équateur que près des pôles,
mais très rarement à une faible distance du bord.
{ ' ) La simple lunette, comme on sait, ne donne que le disque ou photosphère; les
spectrographes à deux fentes, enregistreurs des formes, d'autre part, ne donnent que
la chromosphère. Ces épreuves du spectre de la lumière générale fournissent le seul
moyen connu de comparer directement la photosphère et la chromosphère. Or la raie
chromosphérique apparaît extrêmement faible à côté du spectre continu intense delà
photosphère.
(^) Cette dissymétrie apparaît très clairement dans les superbes épreuves du spectre
solaire publiées par M. G. Higgs et le professeur Rowland. Mais ces épreuves, obte-
nues avec un réseau concave, donnent seulement un résultat moyen pour l'ensemble
des points de la surface solaire projetés suivant un diamètre.
( 4% )
» L'ensemble des faits précédents peut s'expliquer par un mouvement
ijénéral de circulation verticale et horizontale des couches hautes et basses
de la chromosphère, analogue à celui que présente notre atmosphère.
Les couches basses s'élèveraient et seraient attirées vers l'écjualeur, comme
les vents alizés, d'où un rapprochement vers la Terre ; les couches élevées
auraient un mouvement inverse. Ce mouvement général était prévu par
les théories de M. Faye, et les expériences récentes de M»'" Rougerie(').
» Pour éclaircir ce point, j'ai juxtaposé les spectres de différents points
du Soleil projetés sur l'axe de rotation, et le spectre d'une étincelle d'in-
duction donnant les raies du fer et aussi les raies du calcium renversées
comme dans le Soleil. Or, avec le spectroscope employé (4* spectre d'un
réseau Rowland et lentilles de i^jSo de distance focale), la raie noire
chromosphérique a paru offrir, pour certains points, un léger déplacement
vers le rouge, par rapport aux raies noires du fer, alors que le milieu de
la raie brillante chromosphérique, déterminé à l'aide des deux bords,
présentait un déplacement moindre ou inverse. En réalité, il faudrait em-
ployer une dispersion plus grande, ce que ne permet guère l'exiguïté
de la salle attenante au sidérostat de l'Observatoire. De plus, sur les
épreuves les composantes brillantes de la raie du calcium dans l'étincelle
présentent aussi une légère dissymétrie dans le même sens que la raie
solaire, ce qui n'a pas été signalé encore dans l'arc ou l'étincelle électriques
par les nombreux observateurs de ce spectre. Aussi, bien que la dissymé-
trie de l'étincelle soit beaucoup plus faible que celle de la chromosphère,
et bien qu'elle puisse être attribuée à des causes similaires, on ne peut
être encore certain que la dissymétrie solaire soit due uniquement à un
déplacement. Je soumets ces difficultés aux observateurs qui disposent de
moyens puissants.
» Cette dissymétrie de la raie chromosphérique, quelle que soit sa
cause, est curieuse par elle-même et digne d'être présentée avec détails.
D'autre part, elle apporte un appoint sérieux dans la discussion encore
ouverte sur le cas singulier de la nouvelle étoile du Cocher de 1892. Les
larges raies brillantes et noires de cette étoile, lors de sa première appari-
tion, étaient aussi divisées en deux ou trois composantes qui ont été rap-
(') D'ailleurs, le courant du pôle à l'équateur pourrait avoir lieu dans la photo-
sphère, et le courant inverse de retour au-dessus, mais alors avec des vitesses crois-
santes pour des hauteurs croissantes.
( 46o )
j)oitées par le ])''Hiiggins non à des astres différents, mais à de simples
renversements. A l'appui, j'ai cité les raies chromosphériques II et R du
Soleil, qui présentent en petit le même phénomène. Mais on a opposé à
cette explication simple la dissymétrie des composantes qui, en effet, est
l'are dans les renversements. L'étude ])récédente montre que cette dissy-
métrie est le cas normal dans le Soleil; bien |ilus, elle a le même sens dans
le Soleil et la nouvelle étoile ('). »
PHYSIQUE DU GLOBE. - Coup de foudre remarquable.
Note de M. Cii.-Y. Zexger.
(' Le 20 mai 1894, à9''3o'" du soir, un orage épouvantable, mais de courte
durée, a éclaté à Prague.
)) La foudre, lombanl sur quatre maisons à la fois, a fait de grands dégàls, démoli
l'anieublemenl et détruit les toitures sans y mettre le feu.
» Une chambre photographique détective de Steinheil, placée sur une fenêtre près
de l'Académie des Sciences et du Musée national, a reproduit l'image d'un éclair
formidable sextuple, que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie. On voit descendre,
d'un nuage très éclairé, six éclairs dans toutes directions, atteignant quatre maisons,
la coupole de l'Académie des Sciences et le conduit des fils téléphoniques. La foudre a
produit de vérital^les flammes sur les fils brûlés, près d'une maison voisine de la cou-
pole.
» La lumière électrique intense a jiroduit, en outre, un phénomène inconnu jus-
qu'ici, à ce que je crois ; on voit, dans la photographie, et mieux encore dans un agran-
dissement de trois fois, l'ombre de la coupole projetée sur le ciel brumeux et pluvieux,
avec des contours assez nets. Ce phénomène semble être du même ordre que le
spectre du Brocken, où l'on put voir les images des aéronautes et de leurs ballons,
projetées sur le ciel brumeux par la lumière solaire.
» Une autre figure montre l'image d'un autre puissant éclair, piise pendant le
même orage avec la chambre détective de Steinheil.
» L'intensité de cet orage du 20 mai est d'autant plus remarquable, qu'il
s'est produit au jour même de la période solaire et que Prague était atteint
comme la Bohême entière d'un violent orage, également le 20 mai 1888,
causant plus de 8000000*^' dédommages, par les ondées, la grêle énorme et
les incendies allumés par de nombreux coups de foudre. J'ai trouvé, dans
(') Ces expériences ont été faites avec le concours de mes deux assistants,
MM. Millochau et Mittau.
( Vil )
les rapports sur les orages en France, de 1S79 à 1892, que les journées du
20 au 22 mai de chaque année ont été marquées par de nombrieux orages
dans la France entière. C'est une preuve de la périodicité des perturba-
tions atmosphériques, électriques et magnétiques, à des jours de l'année
bien déterminés.
» Les derniers événements météorologiques d'août 1894 apportent à ce
fait une confirmation remarquable, car le 3 août 1894, jour de la période
solaire de 12,6 jours, a été signalé par des orages cycloniques en Suisse,
par des trombes atmosphériques dans le Tyrol, et de violents orages en
Bohême.
» La période solaire suivante, du 16 août('), n'a pas été moins remar-
quable par des orages cycloniques en Saxe, dans la Silésie prussienne, la
Bohême, l'Autriche ; des cyclones ont dévasté la Finlande et Madrid.
» Le 16 août 1894, le Journal officiel de Vienne publiait la prévision
suivante du temps : Direction du vent incertaine; le temps reste générale-
ment au beau; pas de pluie; température en hausse. C'est à peu près exac-
tement le contraire qui s'est produit le 16 août; on ne peut pas trouver une
meilleure preuve de l'impossibilité de taire des prévisions de temps relia-
bles par la théorie des gradients jusqu'ici généralement admise. »
M. Léopold Hugo adresse une Note « Sur le groupement des isobares
du 1 1 mars « .
J^a séance est levée à 3 heures et demie. ■ J. B.
(') Le 16 août, une série de taches énormes passait près de l'équaleur solaire par le
méridien central; le 18, une perturbation très forte, précédée le 16 et 17 de perturba-
lions moindres, s'est inscrite aux enregistreurs magnétiques de l'Observatoire de
Paris.
( 462 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus daxs la séance du i3 août 1894.
{Suite. )
Archives des Sciences biologiques publiées par l'Institut impérial de Méde-
cine expérimentale à Saint-Pétersbourg. T. III, n" 1. Saint-Pétersbourg,
1894; br. in-4°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique. T. VIII, n° 6, année
1894. Bruxelles, F. Hayez, 1894; i vol. in-8.
Proceedings oflhe royal physical Society . Session 1892-1893. Edimbourg,
Mac Farlane et Erskine, i8g3 ; i vol. in-S".
The Journal of the american chemical Society . Août i894- Easton, 1894;
br. in-8°.
Aslronoiny and Astro-Physics, août 1894. Londres, 1894; br. in-8°.
Jahrhuch des norwegischen meteorologischen Instituts fiir 1891, herausge-
geben von Dr. H. Mohn. Christiania, Druck bei Grondahl Son, 1898;
I vol. in-4°.
Rendiconto deW Accademia délie Scienze fisiche e niateniatiche (Sezione
délia Società reale di Napoli), vol. VIII, fasc. 6 et 7. Napoli, 1894; br.
in-4''.
Observatorio meteorologico de Manda, bajo la direccion de los PP. de la
Compaaia de Jésus. Observaciones verificadas durante el mes de setiembre
de 1892 y marzo de 1898. Manila, Ramiez y C''', i8g4 ; 2 br. in-4''.
Ouvrages reçus dans la séance du 20 août 1894.
Bulletin du Ministère des Travaux publics. Statistique et Législation comparée.
Tome XXIX, mai 1894. Paris, Imprimerie nationale, 1894; i fasc. in-8".
Bulletin de l'Académie de Médecine. Séance du i4 août 1894. Paris,
G. Masson, 1894; i fasc. in-8°.
L'A7ithropologie.Jm\\et-SLOÙi 1894. Paris, G. Masson, 1894: i br. in-8°.
Mémoires de la Société académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et
Belles-Lettres du département de l'Aube. Tome XXX, année 1893. Troyes,
P. Nouel, 1894; i vol. in-8''.
( 463 )
Annales de la Société Géologique rie Belgique. Tome XXI, i '" et 2* livraisons.
Liège, H. Vaillant-Carmanne, 1 893-1894; 2 fasc, in-8".
Report of ihe sixty-third meeting of the British Association for the advan-
cement of Science, held al Nottingham in seplcmhcr 1893. London, John
Murray, 189/1; i vol. in-8°.
Minutes of Proceedings of the Institution of civil Engineers with other selecled
and abstracted Papers . Vol.CXVII, edited by James Forrest. JiOndon, 1894 ;
I vol. in-S".
Proceedings of the Boyal Society. Vol. LV, n° 335. London, 1894; i fasc.
in-S",
Peahody Institute of the city of Baltimore. Taenty-seventh annual Report ,
June I, 1894. Baltimore, 1894; i fasc. in-8''.
The Canadian Patent Office record and register of copyrights and trade
marks. Vol. XXTL n"6. Ottawa, 1894: i fasc. in-4°.
Mittheilungen der deutschen Gesellschaft fur Natur- und Vôlkerkunde Osta-
siens in Tokio. Herausgegeben von dem Vorstande. Suppleraent-heft I zu
Band VL Tokio; i vol. in-4".
The Journal of the Collège of Science, Impérial University Japan. Vol. VI,
Part IV, et vol. Vil, Part I. Tokio. 1894: 2 vol. in-4''.
Ouvrages reçus dans la séance du 27 août 1894.
Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et
Jules Tannery. Deuxième série. Tome XVIII. Juin i89'i. Paris, Gauthier-
Villars et fils, 1894; i fasc. in-8°.
Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri-
culture, par M. P. -P. Dehérain, Membre de l'Institut, professeur de Phy-
siologie végétale au Muséum d'Histoire naturelle, etc. Tome XX, n° 8.
Paris, G. Masson, 1894; in-4°.
Bulletin de l'Académie de Médecine, 3' série. Tome XXXII. Paris, G.
Masson; i fasc. in-8°.
Archives des Sciences physiques et naturelles. Troisième période. T . XXXII,
n"8. Paris, G. Masson, 1894; i fasc.in-8".
Mémoires de l'Académie de Stanislas. 1893. CXLIV année. 5* série,
Tome XI. Nancy, Bcrger-Levrault et C'% 1894; t vol. in-8''.
Annales des Ponts et Chaussées. 1894. Juillet. Paris, V" Ch. Dunod et P.
Vicq, 1894; in-8''.
Marseille- Médical. Journal bi-mensuel. N° 16. 1 5 août 1894; i fasc. in-8°.
( 464 )
Sitzungsberichte der konigl. Rôhmischen Gesellschaft der Wissenschaften
Classe. Jahrgang 1 892-1893. Prag, 1893- 1894; 2 vol. in-8".
Aslronomical and magnetical and meteorological obsen'ations, made at the
royal ohservatory Greenwich in the year 1891. Under the direction of
W.-H.-M. Christie, m. A. F. R. S., Astronomer royal. London, iSgS;
I vol. in-4°.
Helcometer observations for détermination of stellar parallax , made at the
royal observatory Cape of Good Hope, by David Gill. London, iSgS;
I vol. gr. in-8°. ,
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLAHS ET FFLS.
Quai des Grands-Augusiins, n" 55.
[Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Us forjiieiU, à la fin de l'année, deux volumes in-4''. Deux
lies, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, lerjninent chaque volume. L'abonnement est annuel
jart du i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé idn.ù qt^il suit :
Paris ; 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
\ngeis.
chez Messieurs :
.... Michel et Médan.
I Gavaull Sl-Lager.
■er I Jourdan.
I RuIT.
lens CourliD-Hecquet.
\ Germain etGrassin.
' f Lachése.
iayo/iiie Jérôme.
iesaiiçon Jacquard.
, Avrard.
iordeaux Duthu.
' Muller (G.).
'iourges Renaud.
/ l.efournier.
'-iiesl.
il''. Robert.
J. liobert.
V Uzel Caroir.
i Baër.
( Massif.
Ohantbery Perrin.
I Henry.
chez Messieurs :
, . I Baumal.
Lorient ,.
( M"' lexier.
Bernoux et Cumin
Georg.
Lyon { Mégret.
i Clianard.
! Vitte.
Marseille Ruât.
(Calas.
^<""^'^"'^'- Icoulet.
Moulins Martial Place.
/ Jarques.
Nancy Grosjean-Maupin.
( Sidol frères.
Loiseau.
I Nantes
I
' Nice.
M"* Veloppé.
\ Barma.
Ckerbourg... .
Clermont-Feri
Dijon
Douai
( Marguerie.
j Rousseau.
I Ribou-Collay.
; Lamarche.
Ratel.
' Damidot.
) Lauverjal.
f Ci'epin.
,. „ . , 1 Drevet.
Ui enoble '
' Gratier.
La /lochelle Kouclier.
( Rourdignon.
( Donibre.
\ Lefebvre.
( Quarré.
( Visconti et C'*.
! Nimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
. . 1 Blanchier.
' Poitiers ! _ ,
( Druinaud.
\ Bennes Piihon t Hervé.
Boche/ort Girard (M"").
j Langlois.
Boiten
S' -Etienne
\
1 Toulon
Le Havre
Lille
Toulouse. ■
Tours.
V'alenciennes.
I Lestringant.
Chevalier.
( Bastide.
/ Rurnèbe.
^ Gimct.
( Privât.
; Boisselier.
; Poricat.
' Suppligeon.
( Giard.
/ Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam.
Berlin.
chez Messieurs :
( Feikema Caarelsen
( et G'-.
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C'".
Dames.
Friediandcr et fils.
Mayer et Muller.
D»,.,,^ \ Schmid, I<"rancke et
^ ; C".
Bologne Zanichelli.
Ramiot.
Bruxelles Mayolezet Audiarte.
Lebègue et C''.
, Haimann.
Bucharest , ,,
f Uanistcanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelIctC".
Christiania Caramermeyer.
Conslantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hiisl et lils.
Florence Lœscher et Sécher.
Gand Iloste.
Gênes ■ lieuf.
Cherbuliez.
Genève. .
La Haye.
Lausanne.
Georg.
( Stapelmolir.
Belinfante frères.
) Benda.
) Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig s Loreniz.
j Max Riibe.
Liège.
\ Twietmeyer.
( Desocr.
( Gnusé.
chez Messieurs :
I Dulau.
Londres Hachette et C".
' Nuit.
Luxembourg . ... V. Biick.
/ Libr. Gutenberg.
Madrid )Capdcville.
I Gonzalès e hijos.
' F. Fé.
Milan. . ! Dumolard frères.
\ Hœpli.
Moscou Gautier.
/ Furchheim.
^'aptes Marghieri di Gius.
' Pcllerano.
i Dyrsen et Pfeiffer.
New-York , Slechcrt.
' Westermaun.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
„ i Bocca frères.
Borne ! ,
' Loescherel C".
Botterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
^ Zinserling.
(.Wolff.
Bocca frères.
Brero.
Clausen.
[ RosenbergelSellier
Varsovie Gebethuer et VVolfl
Vérone Drucker.
\ Frick.
\ Gerold et C".
Ziiricli Meyer el Zeller.
S'-Pétersbourg.
Turin.
Vienne.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 18G6 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par M.Vl. .\. DEnaÈset \.-J.-J. Solier. — iMèmoire sur le Calcul des Perturbations ^u'èprouvenl les
Comètes, par M. Hanses.— Mémoire sur le Pancréas el sur le rùle du suc pancréatique dans les phéuomènes digestifs, particulièrement dans la digeslioa des matières
grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4'', avec Ss planches ; i856 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneoen. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'.Vcadémie des Sciences
pour le concours de i85.3, et puis remise pour celui de iSô*), savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédl-
» mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher a nature
« des rapports qui existent enlre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par .M. le Professeur Bronn. In-^", avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
■ W 9.
TA.IU.K DES ARTICLES. (Séance du 27 août 1894.
3IEMOIRES PRÉSENTÉS.
Pages.
M. Cil. IIknry. — Sur les variations de
grandeur apparente des lignes et des
angles, dans la vision directe elj dans la
vision par des mouveinenls des yeux et de
la lèle i'v,
Pages.
M. A. Le CiiATiiLiER prie l'Académie de
renvoyer au concours du prix Pluniey
ses études sur les propriétés mécaniques
et les essais des métaux employés dans la
construction navale 'i-ïi
CORRESPOND AIVCE.
M. PAtjL ^ lîRNiEK. — Sur la transformation
des équations canoniques du problème des
trois cor])s 4^ i
M. l'AUL SiînRET. — Sur la possibilité de
remplacer, par un problème déterminé,
le problème indéterminé que cumporlc la
généralisation du théorème de Pascal... 'i.y'i I
BULLIÎTIN BIBLIOGRAPHIQUE
M. H. Deslandres. — Kecherches sur les
mouvements de l'atmosphère solaire 4^7
I\I. Cii.-V. Zenger. — Coup de foudre
remarquable 4'"'
M. LÉopOLn Hugo adresse une Note « Sur
le groupement des isobares du ii mars». l)ih
4(i7
PARIS. — IMPRIMERIE GAU THIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
Le Gérant ; Gautuier-Vji.lars.
1894
SECOND SEMESTKE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAK M». EiEJ» SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS.
TOME CXIX.
!VMO (3 Septembre 1894).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grauds-Augustins, 55.
'"1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
I>es Comptes rendus hebdomadaires des sceances de \ Les Programmes des prix proposés par l'Académie
r Académie se composent des extraits des travaux de sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes ! ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus ;i
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un \olume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*'. — Impressions des travaux de l'Académie.
I,es extraits des Mémoires présentés p.ir un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o p;iges accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués pai'
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les JNIembres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à (Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuAcnt être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé ;
mais les Secrétaires ont ie droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles oïdinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque IMembre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
1
au- *
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après;
l'impression de cliaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S*". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 3 SEPTEMBRE I89i,
PRÉSIDENCE UE M. LCEWV.
MEMOIRES ET GOMMUIVIGATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. A. 3Iilne-Edwards rend compte à l'Académie de la cérémonie (jui a
eu Heu à Valleraugue (Gard), le 26 août, à l'occasion de l'inauguration de
la statue à' Armand de Quatre/âges.
BIOLOGIE. — Le laboraloire niarUime du Muséum à l'île Tatihou,
près Saint-Vaast-la-Hougue {Manche); par M. Edmond Pckrier.
« Depuis une dizaine d'années, le Muséum d'Histoire naturelle de Paris
poursuit l'installation d'un vaste laboratoire maritime à Saint-Vaast-la-
Hougue, un peu au sud de Barfleur, dans la nuque de la tôle d'oiseau que
dessine la presqu'île du Colentin. J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie
que cette installation est aujourd'hui très avancée et a pu fournir à la
Science un certain nombre de résultats importants.
C. R., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N« 10.) 6o
( 4«6 )
0 Saint- Vaast-la-Hougue est certainement, de toutes les côtes françaises
de lu Manche et peut-être de l'Océan, la localité la plus riche en produc-
tions marines. Les recherches de Thuret, de Bornet, de Le JoUis, etc., ont
fait d'elle la région classique des Algues; celles d'Henri Milne-Edwards,
d'Audouin, de Norman, de de Quatrefages, de Claparède, de Balbiani, de
Baudelot, de Grube, de de Man, etc., ont répandu son nom parmi les
zooloe;istes. Un grand nombre d'Ascidies composées, d'Annélides, d'ani-
maux inférieurs de toutes sortes ont été découverts pour la première fois à
Saint-Vaast, qui est ainsi devenu pour toutes ces espèces une sorte de loca-
lité type. Lariches'se de la faune dans cette région s'explique d'ailleurs par
la variété des conditions géologiques qu'elle présente ; de Barfleur à Grand-
camp s'échelonnent toutes les formations comprises entre le granité et les
calcaires oolithiques ; à Saint-Vaast même les roches primitives, les schistes,
les sables, les prairies de zostères qui découvrent sur une immense étendue
la vase, offrent les abris et les aliments les plus variés aux animaux, qui
trouvent en outre, dans la rade si appréciée des marins, une tranquillité
exceptionnelle. A Barfleur se rejoignent d'ailleurs la faune des détroits et
des golfes, à laquelle se relie celle de la Manche et la faune des océans
ouverts.
» Le laboratoire maritime du Muséum est établi dans l'île Tatihou qui,
à chaque basse mer, est reliée à la terre par un passage carrossable, même
pour les voitures légères, nommé le Rhun. Deux embarcations appartenant
au laboratoire font, aux heures où l'eau couvre le Rhun, un service réglé
d'avance entre Saint-Vaast et le laboratoire (le passage dure, suivant le
temps, de cinq minutes à un quart d'heure); un téléphone relie, en outre,
le laboratoire au poste des douanes, de sorte que les inconvénients que
l'on pourrait au premier abord redouter de la position quasi insulaire sont
évités. Dix-huit naturalistes peuvent d'ailleurs, s'ils le désirent, habiter et
manger à l'ile où tout le personnel est installé à demeure.
)) Le laboratoire occupe les bâtiments, spécialement aménagés à cet effet,
d'un ancien lazaret; il occupe une superficie de quatre hectares, enclos de
murs et comprend onze constructions, savoir : i" une maison pour le chef
des travaux scientifiques, M. Malard-Duméril, et le marin-concierge, an-
cien capitaine au cabotage; 2" une construction pour abriter les machines;
S'* un château d'eau; 4" I^ laboratoire proprement dit; 5" la maisonnette
contenant les réfectoires et les pièces de service : 6° la maison de l'adminis-
tration; 7° trois vastes baraquements de 70"" à 5o™ de long; 8° deux habi-
tations pour les marins.
( 467 )
» L'eau de mer est conduite par un caniveau dans une vaste citerne
de iS" de long, 6'" de large et 4" de profondeur, dont la communication
avec la mer peut être interrompue par une vanne. Dans cette citerne, l'eau
se dépouille de ses impuretés et se rafraîchit ; l'alimentalion d'eau du labo-
ratoire est ainsi rendue indépendante des variations que subissent la pureté
et la température de l'eau du rivage. Une pompe rotatoire, mue par une
machine à air chaud de la force de neuf chevaux, capable d'actionner, en
outre, une machine magnéto-électrique, élève l'eau dans le château d'eau
à une hauteur de lo™; de là l'eau se distribue dans toutes les salies de tra-
vail et dans les aquariums, situés dans un même bâtiment. La salle des
aquariums contient 12 grands bacs dont la capacité varie de 1°"^ à 5""=; une
quinzaine de petits bacs dont quelques-uns aménagés pour recevoir des
animaux fouisseurs; enfin un nombre indéterminé de petits aquariums por-
tatifs, disposés en cascades sur une table creuse de granit et pouvant servir
à l'élevage des embryons et des petits animaux. Chaque salle de travail
contient, en outre, son assortiment spécial d'aquariums et de cuvettes.
)> Trois des parois des grands bacs sont en granit plan ou disposé en
rocaille; la quatrième est formée par une épaisse glace de Saint-Gobain.
A volonté, on peut alimenter d'eau chaque bac séparément ou établir un
même courant dans la totalité des bacs, en sautant, si on le désire, tel ou
tel bac, qui est ainsi mis à part sans arrêter le courant dans les autres; on
peut aussi indifféremment rejeter à la mer l'eau qui a ti'aversé les bacs
ou la reuA^oyer dans la citerne. L'aération est obtenue en faisant simple-
ment couler dans un tube de verre, un peu large et arrivant jusqu'au fond
des bacs, l'eau qui sort sous pression des robinets par un ajutage étroit
(une simple plume de corbeau suffit pour former l'ajutage). Une nuée de
bulles d'air sort du tube large et se répand dans toute l'étendue des bacs.
Ce dispositif si simple est dû à M. Malard-Duméril.
» Les animaux marins de toutes sortes vivent aujourd'hui parfaitement
dans tous les bacs. x\u moment oîi la section de Zoologie du Congrès tenu
à Caen par l'Association française pour l'avancement des Sciences- est
venue visiter le laboratoire du Muséum, les bacs contenaient toute une
colonie d'Actinies {Anemonia suleata, Tealia crassicornis, Bimodis gemmaceus ,
Actinoloha dianthus, Sagarlia reniista, Alcyoniumpalmatum, etc.), des .Spa-
tangues, des Oursins, des Cribclles, des Palmipes, des Solasler, un tapis de
Comatules, des Eupomatus, des Eulalia, des Sabelles, de nombreux Eu-
pagunis Bernhardus, des Maïa, des Inachus, des Dromies et autres Crusta-
cés brachyures, d'innombrables Crevettes, des Poulpes et de jeunes Sei-
( 468 )
ches, des Chétopsères, des Gébies, des Homards, une Squille; des Soles,
des Mulets, des Bars, des Gnbius, des Blennies paons, des (Jnhius, des
Vieilles, plusieurs espèces de Syngnathes, un certain nombre A' Amphinrus.
Plusieurs de ces animaux, notamment les Bars, étaient depuis plus iVun an
dans les bacs. Quelques-uns ont donné lieu à des observations de mœurs
intéressantes; c'est ainsi que MM. Malard et Gravier ont pu assister aux
soins quotidiens que les Tritonia, grands Mollusques nudibranches don-
nent à leur ponte.
» La bibliothèque du laboratoire s'est accrue dans ces derniers temps
d'une série de la ZeitscJtrift fur wissenschaflliche Zoologie, donnée par M. le
baron Erlanger, de nombreux ouvrages donnés par M™* de Quatrefages
et qui proviennent de la bibliothèque de l'illustre zoologiste; de diverses
publications données par M. de Man, de Leyde, etc.'; elle reçoit régulière-
ment les thèses d'Histoire naturelle de la Faculté des Sciences de Paris.
» M. Malard-Duméril a commencé la collection des animaux et des
plantes de la côte. Un grand nombre d'échantillons d'Algues de la localité,
déterminées par M. Bornet, membre de l'Académie des Sciences, et prove-
nant de son herbier ont été données à l'herbier du laboratoire déjà assez
riche. Parmi les pièces de la collection de Zoologie, je citerai le squelette
de l'un des grands Hyperoodons échoués récemment à Saint-Vaast, et qui
ont été étudiés par M. Bouvier.
» Outre un certain nombre de pièces exceptionnelles envoyées aux col-
lections du Muséum d'Histoire naturelle ou qui ont fourni les éléments de
démonstration pour les cours soit au Muséum, soit à diverses Facultés ou
Écoles du Gouvernement, le laboratoire maritime du Muséum a fourni les
matériaux de leurs recherches à divers naturalistes, parmi lesquels je citerai
MM. Bouvier, de Man, Malard-Duméril, Ménégaux, Remv Perrier, Félix
Bernard, Bordage, Gravier, Bordas, Martin, Coupin, Fauvel, Blanc, de
Lausanne, etc. L'un des travaux qui en sont sortis, les Recherches sur la
blaslogénèse des Rotryllidés de M. Pizon, a été couronné par l'Académie des
Sciences.
» Mais l'ambition du laboratoire maritime du Muséum ne se borne pas
aux recherches de Science pure. Par l'étendue considérable de terrain
dont il dispose, les magnifiques baraquements qu'il possède, par son ou-
tillage spécial, par sa situation géographique exceptionnellement favorable
et par son annexe en pleine mer, l'île de terre de Samt-Marcouf, le labo-
ratoire du Muséum est tout indiqué pour devenir un établissement de
pisciculture marine de premier ordre, pouvant rivaliser avec ceux qui
( 1^9 )
fonctionnent le mieux à l'étranger. Peu de chose suffira pour le mettre en
état de prendre la tète dans cette direction vers laquelle il fera tous ses
efforts pour s'orienter, se rendant ainsi utile non seulement à la Science,
mais à l'une des industries nationales les plus intéressantes, celle de la
pêche. Saint-Vaast est d'ailleurs déjà un centre ostréicole important. »
MEMOIRES PRESENTES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur deux- méthodes pour l'étude des courants dans les cir-
cuits ouverts et des courants de déplacement dans les diélectriques et les élec-
trolytes. Mémoire de M. de Nicolaieff, présenté par M. Poincaré.
( Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Cornu, Mascart, Poincaré.)
« La première méthode a pour but l'étude des déviations que subissent
les corps à étudier, dans un champ magnétique constant ou alternatif.
)> Les corps , en forme d'anneaux onde disques, sont suspendus au moyen
d'un bifilaire entre les deux pôles d'un électro-aimant; quand on lance un
courant constant ou alternatif dans les bobines, l'espace interpolaire
devient un champ magnétique constant ou alternatif.
» Le plan de l'anneau suspendu fait un angle de 45° avec l'axe de
l'électro-aimant et est au milieu de l'espace interpolaire, de sorte que l'in-
fluence d'un champ constant se réduit à un couple moteur, axial ou équato-
rial selon la nature du corps; le champ alternatif, outre le couple purement
magnétique, crée encore des forces électromotrices d'induction, dont la
composante tangentielle produira, dans les anneaux diélectriques, des cou-
rants de déplacement. Ces derniers excitent autour de l'anneau un champ
magnétique secondaire, qui, réagissant sur le champ primaire, crée un
couple moteur qui vient s'ajouter au couple déterminé par un champ
constant.
') En divisant les déviations par les carrés des intensités efficaces des
champs, ou, si la perméabilité des noyaux est constante, par les carrés
des intensités des courants magnétisants, on aura, dans les quotients, les
déviations réduites, qui doivent être constantes pour toutes les intensités.
On devra ensuite comparer les déviations réduites, dans le cas du champ
constant et du champ alternatif; la différence, s'il y en a une, sera attri-
buable aux courants de déplacement.
( 470 )
» Il est aisé de voir que les phases des champs primaire et secondaire
sont identiques; par suite de cette identité des phases, les couples mo-
teurs, dus aux réactions des champs, seront toujours équatoriaux, c'est-
à-dire que les corps paramagnétiques seront moins déviés dans le champ
alternatif, tandis que les diamagnétiques le seront davantage.
» Deux séries d'expériences avec le même anneau, en paraffine diama-
gnétique, ont montré une augmentation de 12 pour 100 pour gSo pé-
riodes dans une minute et une augmentation de 9 pour 100 pour 770 pé-
riodes.
Le moment du c6uple moteur s'exprime par la formule
^01 ^I^L
2 T^qiitKL
Mais il faut en déduire le couple de la poussée venue du milieu ambiant,
lequel est aussi le siège des courants du déplacement, qui se calculent de
la même manière, sauf que la valeur de R est différente.
» Dans la seconde méthode, on excite les courants de déplacement dans
les anneaux par les masses de fer des novaux eux-mêmes. Dans cette mé-
thode, l'anneau est suspendu perpendiculairement à l'axe des noyaux et
l'un de ces noyaux est déplacé parallèlement à lui-même; les deux faces
polaires peuvent alors être rapprochées, autant qu'on le veut, des faces pa-
rallèles des anneaux. La tendance des lignes de force secondaires à péné-
trer dans la masse des novaux crée un couple pondéromoteur, appliqué
à l'anneau et qui produit les différences entre les déviations à l'état per-
manent et à l'état variable.
» Cette méthode, vu la petitesse de distance qui peut être obtenue entre
les faces parallèles des anneaux et des novaux, doit être regardée comme
la plus efficace pour la manifestation des courants du déplacement.
» L'anneau paramagnétiquc, en cire jaune, donnait pour une certaine
distance l'augmentation de 8,46 pour too; pour une distance plus petite,
une augmentation de i.5 pour 100. Un disque paramagnétique en paraf-
fine a donné pour un courant l'augmentation de 8 pour 100; pour l'autre
courant, une augmentation de 8,3 pour 100.
>> Les électrolytes comme l'eau, les sulfates de cuivre et de zinc, l'acide
sulfurique au maximum de conductibilité électrolytique, se comportaient
comme des diélectriques parfaits; ils ne sont donc pas conducteurs à la
manière des métaux.
» L'acide sulfurique, renfermé dans un tube annulaire en verre, et traité
( 471 )
par la seconde méthode, a montré une augmentation de déviation égale à
i5 pour roo.
M Le circuit conducteur ouvert était un anneau en cuivre, de forte sec-
tion, coupé transversalement en un point; quand il était traversé par un
noyau commun aux deux bobines, il ne subissait presque aucune déviation
avec le courant constant, tandis qu'avec un courant alternatif il pouvait
atteindre de très grandes déviations. Bien que les secteurs pussent, par
l'effet du flux magnétique, se charger d'électricité, tout porte à croire que
les déviations étaient produites par les courants au sein même de l'an-
neau. Ce courant se comportait comme un courant dans l'anneau fermé;
les valeurs du quotient t-j calculées d'après les formules, relatives aux cir-
cuits fermés, ont donné, dans des circonstances très différentes, des va-
leurs assez concordantes.
» Toutes les conséquences ci-dessus énoncées sont cependant déduites
il'un trop petit nombre de mesures pour qu'on puisse les considérer
comme indiscutables. »
CHIMIE AGRICOLE. — AssirnilabiUté de la potasse , en sols siliceux pauvres,
par l'action des nitrates. Note de M. P. Pichard. (Extrait.)
(Commissaires : MM. Dehérain, Aimé Girard.)
« Dans une précédente Note ( ' ), j'ai montré l'assimilabilité plus grande
de l'azote nitrique des nitrates récemment formés. Le même ordre de re-
cherches m'a amené à constater que la potasse, ordinairement peu assimi-
lable et rare, telle qu'on la rencontre dans les roches siliceuses, grès et
sables, peut cependant suffu'e aux plantes exigeantes à cet égard, grâce à
une nitrification convenable, entretenue dans ces sols, ou à l'addition de
nitrates chimiques.
» Les expériences ont porté sur une espèce de tabac d'Amérique, le
White Burley, cultivé ilans du sable siliceux fin et blanc de BoUène. Trois
séries d'essais ont été effectuées, les deux premières sans addition de
potasse, la troisième avec addition de sels de potasse reconnus comme
facilement assimilables.
(') Comptes rendus, lo juillet 1898.
( 472 )
)) Dans la première série, l'azole a été fourni à l'état de nitrate de
soude, de nitrate de chaux, et de nitrate de magnésie; l'acide phospho-
rique, à l'état de superphosphate.
» Dans la deuxième, l'azote a été donné sous forme de tourteau d'ara-
chides décortiquées, et l'acide phosphorique à l'état de phosphates de
soude, de chaux et de magnésie.
» Dans la troisième série, la potasse a été fournie à l'état de nitrate, de
sulfate et de phosphate; l'azote, sous forme de nitrate et de tourteau;
l'acide phosphorique, à l'étal de phosphate de potasse.
» Résumé. — Dans des sols siliceux meubles très inégalement pourvus
de potasse, riches en azote nitrique, le tabac végète vigoureusement et
assimile des quantités de potasse très variables, allant du simple au qua-
druple.
» Les nitrates de potasse, de chaux et de magnésie contribuent direc-
tement au développement du végétal, les deux derniers suppléant le ni-
trate de potasse quand il fait défaut, par rareté ou par inassimilabilité de
cette base.
» Le fait le plus saillant qui se dégage de ces expériences apparaît dans
les résultats fournis par la première série : culture en sols très pauvres en
potasse et bien pourvus de nitrates ajoutés. Une portion notable de la
potasse non attaquable par l'eau régale a été assimilée par les plantes.
Sur 5^,60 de potasse inattaquable, les tabacs qui ont reçu du nitrate de
chaux, du nitrate de soude, ou du nitrate de magnésie, ont prélevé respec-
tivement o*'''',66, 31^', 21, o^'', 4^'- C'est le nitrate de soude qui a donné lieu
au prélèvement le plus considérable.
)' Le même fait se présente aussi dans la deuxième série : culture en sols
pauvres en potasse assimilable, et bien pourvus d'azote organique (tourteau
d'arachides), mais là seulement où la nitrification a été très active, sous
l'influence des sels de chaux, phosphate et carbonate, comme en témoi-
gnent le poids de matière sèche, le taux d'acide azotique et la combustibilité
des feuilles. Les plantes ont prélevé, sur 5^,6 de potasse inattaquable par
l'eau régale, des quantités qui ont varié entre i^'', 02 et 38', o4- Le prélève-
ment a été maximum avec le carbonate de chaux.
)) L'influence des nitrates ajoutés dans le sol, ou formés durant le cours
de la A'égétation, opère un drainage énergique de la potasse, et recule les
limites de l'assimilabilité de cette base bien au delà de ce qu'on a cru jus-
qu'à ce jour, et montre, en même temps, la tendance de la potasse à
( 473)
entrer clans la plante, à l'état de nitrate. Sachant le rôle Important de l'a-
cide azotique, quant au développement, on peut dire que le nitrate île
potasse est, par excellence, l'aliment efficace et préféré du végétal.
» Conséquences aux points de vue agricole et analytique. — Ce fait d'assi-
milation énergique de la potasse, sous l'action des nitrates, n'est pas, sans
doute, spécial an tabac : il peut être étendu, sans témérité, aux plantes de
la même famille, auxSolanées ; en particulier, à la Pomme de terre, que l'on
sait exigeante à l'égard de la potasse. Nous avons tout lieu de penser que
la plupart des végétaux se comportent de même.
» Dans des sols siliceux de Bretagne, pauvres en potasse dite assimi-
lable, dépourvus de calcaire, riches en azote organique, l'addition seule
de carbonate de chaux et de chaux, agents nitrificateurs, a, dans une cul-
ture de betteraves fourragères, porté les rendements de 63 iS"*^ à 21627'*'^
et 38700''» à l'hectare, c'est-à-dire quadruplé et sextuplé. Le plâtre, ajouté
à la chaux et au calcaire, a augmenté encore la production.
» Le surplus de récolte de | au minimum que les viticulteurs obtiennent
aujourd'hui, par l'emploi raisonné du plâtre, en sol suffisamment pourvu
d'azote organique, est dû à une assimilation plus grande de la potasse, à
l'état de nitrate, comme cela ressort notamment des expériences do
MM. Ville, Oberlin, Battanchon, Hoc, sur la vigne, et de nos travaux sur
l'action nitrifiante du plâtre.
» On sait depuis longtemps que l'addition de calcaire, dans les terres
siliceuses bien pourvues d'azote organique, en augmente immédiatement
la fertilité pour toutes les cultures.
» L'azote nitrique est bien l'excitant et le facteur principal de toute
végétation. Le produire à bon marché, en quantité suffisante et au fur et
à mer.ure des besoins de la plante, constitue la partie la plus importante du
problème agrologique. L'usage du plâtre associé au calcaire ou à la marne,
fixant l'azote sous forme d'ammoniaque, d'un côté, et le transformant
rapidement en acide azotique, grâce à l'oxygène à l'état naissant qu'il
fournit, d'autre côté, c'est-à-dire assurant et activant la nitrification, eu
tlonnera le plus souvent une solution satisfaisante.
» L'assimilabilité notable de la potasse silicatée, sous l'action des ni-
trates, commande la modification réclamée par M. Berlhelotpour le dosage
de cette base dans les terres végétales. Outre la potasse attaquable par
les acides et l'eau régale, regardée jusqu'à ce jour comme limite extrême
de l'assimilable, il y a lieu de déterminer la totalité de la potasse combinée
dans le sol. «
G. R.. i8()4, 2- Semestre. (T. CXIX, ^" 10.) 6l
( 474 )
M. C. Hue adresse une Note relative au « Tonnerre en boule ».
(Commissaires : MM. Fizeau, Mascart, Lippmann.)
M. DucLA adresse une Note relative à la prévision de la pluie.
(Commissaires : MM. Fizeau, Mascart.)
CORRESPONDANCE. '^
GÉOMÉTRIE. — Sur la construction du cercle dérivé de sept droites, ou défini
par V équation o = 2' /, TJ =e t^ + Y^* — R=. Note de M. Paul Serret.
« 1. On peut obtenir séparément le centre et le rayon du cercle cher-
ché, ou le déterminer à la fois de position et de grandeur.
» De là deux solutions distinctes qui, pour devoir quelque chose à la
méthode suivie, doivent plus encore au voisinage immédiat des courbes du
second degré, et, avant tout, à une coïncidence fortuite assignant ici, à la
différence N — N' des indices-paramétriques propres aux courbes de classe 3
et de classe i, la valeur même, passé laquelle, les renseignements, de-
mandés à la méthode, eussent fait défaut. Il suit, d'ailleurs, de cette re-
marque, que si ces indices successifs, pour les courbes de classes 2, 3, [\,
5, ... croissaient comme les termes d'une progression arithmétique de
raison 4. ou croissaient plus lentement, l'une de nos constructions s'éten-
drait, de proche en proche, au cercle dérivé de N — 2 tangentes d'une
enveloppe de classe quelconque. Et il en serait de même, dans l'espace,
pour les sphères analogues si l'on supposait substituée, à cette progression
hypothétique, de raison 4> vérifiée seulement pour n' ^ 2 et « = 3, une
autre progression de raison 6, qui n'est, elle, vérifiée que pour n' = i et
71 = 2. La loi de progression des indices est donc autre, et le problème
général subsiste tout entier, ou n'admet qu'une solution purement spécu-
lative.
)) Car si l'on peut déduire, des données générales T,, T^, . . . impliquées
dans le cercle iî*"\ ... ou dans la sphère 2f~'/, T" = o, des groupes ponc-
tuels résolvants tels que les puissances des points de chaque groupe par
rapport au cercle ou à la sphère cherchés, soient liées par autant de rela-
tions linéaires, à coefficients connus, qu'il est nécessaire pour la détermi-
( 475 )
nation dont il s'agit, la rapidité croissante avec laquelle se compliquent
ces coefficients, à mesure que la classe n s'élève, rend, presque aussitôt,
cette solution illusoire. Le problème, toutefois, demeure linéaire et il ad-
met, certainement, une construction effective, liée à quelque propriété in-
connue des polygones d'ordre N — 2, ou des polyèdres d'ordre N — 3;
comme il arrive pour le cas particulier actuel : le cercle dérivé de sept
droites résultant, comme il suit, de l'heptagone complet défini par l'en-
semble de ces droites.
» 2. Que l'on désigne par P l'un quelconque des sommets de l'hepta-
gone de côtés 1,2, . .., 7; par G et rie centre et le rayon du cercle de
Monge de la conique inscrite aux autres côtés de l'heptagone, moins les
deux qui se croisent en P; et qu'après avoir pris, sur la droite CP, le seg-
ment Cco = \ CP, du point to, comme centre, avec un rayon
P
= ^^
on décrive un cercle: les 21 cercles obtenus de la sorte admettront un
cercle orthogonal commun, qui sera le cercle dérivé de sept droites.
» 3. On trouve, tout à la fois, l'énoncé et la démonstration dans les con-
sidérations suivantes, fondées, d'une part, sur l'existence déjà établie ('),
pour une enveloppe de classe quelconque n, d'un cercle directeur, ortho-
gonal à tous les cercles dérivés des tangentes; d'autre part, sur cette
remarque, essentielle ici, que la première polaire d'un point quelconque,
par rapport à une courbe d'ordre n, C„, provenant de l'abaissement d'une
forme de degré supérieur, est une autre courbe C), du même ordre et de
même forme générale, ou, plus précisément, comprise sous les mêmes
directions asymptotiques que la proposée C„.
» En particulier, la première polaire du point (T, , T.,, . . ., X', Y') par
rapport au cercle, de centre o et de rayon R, défini par la double équa-
tion
(A) o = 2]/,TJ = X='^-Y='-R^
est un autre cercle, défini de même par les équations équivalentes
(A') o = Sy.T'.T^ — X^ 4- Y' - R^ + 2(XX'+ YY'- R*).
(') Comptes rendus, 18 septembre 1898.
( 47^3 )
» Car si l'on écrit un moment, au lieu de (A), avec
(B) o = 2;/,Tj=(X=' + Y-— R'''Z=)Z;
la droite Z ^ o étant d'abord une droite quelconque, tracée à volonté dans
le plan de la figure, mais que l'on pourra remplacer, en dernier lieu, par
la droite de l'infini o = Z^ i , eu posant a = 6 = o; on aura pour la pre-
mière polaire du point
(p) t;,t;, ...,t;, x, y, z' = ax'-f-èY'-t-i
par rapport à la cubique actuelle (B),
(B') o = :s;/,t;tî=(x=+ y=-r^z^)Z'+2(xx'-hyy'-r^zz')z,
et si l'on fait, dans celle-ci, a = è = o, d'où Z^Z'^i, on retrouve l'é-
quation (A').
» 4. Plaçons maintenant le pôle P en l'un quelconque des sommets de
l'heptagone i, 2, . . ., 7, par exemple au sommet o ^ T„ = T,.
» La conique-polaire correspondante, définie toujours par la double
équation (A') oii nous ferons o = T,, = T',, sera représentée par l'une ou
l'autre des deux équations
2:/.t;T;=o,
' (X + X')^+('Y + Y)-=X'-+ Y'-+3R^ = OP-4-3R^
M Or, il suit, en premier lieu, de la seconde, que cette conique-polaire
est un autre cercle (O', R'), dont le centre O' est le symétrique du pôle
choisi P par rapport au centre O du cercle cherché, et dont le rayon R' est
lié au rayon de celui-ci par la relation
(i) R'- = 0P-f-3R^
» Mais ce même cercle (O', R') étant compris, d'autre part, dans la
forme générale ijX, T^ = o, est l'un des cercles dérivés des tangentes de la
conique inscrite au pentagone 1.2... 5; comme tel il est orthogonal au
cercle de Monge (C, r) de cette conique, et l'on a
-3
(2) O'C ^R'^-i-r*.
» D'ailleurs, on a aussi, entre la médiane CO et les côtés du triangle
CO'P, la relation
(3) 2OC -^- 2OP =0'C -)-CP ;
( 477 )
laquelle étant ajoutée membre à membre avec les précédentes ( 2 ) et (i),
tout ce qui se rapportait, dans ces relations, au cercle incident (O , R), se
trouve éliminé, et il reste
(4)
2OC +OP =CF -)-/'='+ 3 R^ = o.
» Mais on sait que, dans le triangle OCP, la somme 2 OC -l- OP s'ex-
prime linéairement en fonction du carré de la droite menée du sommet O
au point w qui divise le côté opposé CP dans le rapport inverse des coeffi-
o>-i»;-y'i
MR')
^P(X'V)
„-''(PJ
cients 2 et i . De telle sorte que, si l'on prend sur CP le segment Coj ~ JC P,
,, C(o luF CF . . . „
ou que 1 on pose — = — = -5- » on aura, en joigna nt Uto,
(5) 3ÔZ'=2 0C-hW'-'iCZ.PZ.
» Or, si l'on ajoute (4) et (5), et que, dans la relation résultante,
(6) 3Ô^'=3R--)-/- + Cp'- 3C^.P^,
on remplace CP et Pw par leurs valeurs en Coj, il vient définitivement
(X) Ô^"= 11^
» Le cercle cherché, de centre O et de rayon R, est donc orthogonal au
cercle de centre w et de rayon p = l /ojC -t- v • ce qui est le théorème
énoncé. »
> Ces expériences montrent bien que la levure de bière sécrète une sub-
stance dialysable, et que l'interversion du sucre se fait avant que les cel-
lules nouvelles apparaissent. Le milieu est d'abord modifié par la zymase
et devient alors seulement fécond pour tout ce qui peut donner naissance
aux cellules.
» La levure de bière étant un organisme réduit à l'état cellulaire, nous
croyons que ces expériences peuvent éclairer le mode d'activité et les fonc-
tions d'un grand nombre d'éléments anatomiques. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le tremblement de terre de Constantinople ,
du lo juillet 1894. Note de M. D. Ecinitis, communiquée par
M. F. Tisserand. (Extrait.)
« Le 10 juillet 1894, à midi 24"' (temps moyen local), un grand séisme
de dislocation a fortement secoué Constantinople et ses environs.
» Tois secousses violentes ont déterminé la presque totalité des désastres observés.
La première secousse a été précédée, pendant une à deux secondes, d'un fort bruit
souterrain; elle a été horizontale et la plus faible de toutes : elle n'a produit aucun
dégât appréciable; sa durée a été de quatre à cinq secondes, en augmentant pro-
( 4«i )
gressivement d'intensité. La deuxième secousse, qui s'est produite immédiatement aj)rès
la première, a été très violente et prolongée; elle a été verticale et rotatoire, augmen-
tant graduellement d'intensité; elle a duré huit à neuf secondes et a produit presque
tous les dégâts importants. Cette secousse a été accompagnée par le même bi-uil sou-
terrain que la première. Enfin la troisième secousse, qui a immédiatement suivi la
deuxième, a été ondulatoire, et horizontale vers la fin; pendant sa plus grande partie
le sol oscillait comme une mer houleuse. Elle a été plus faible que la deuxième et a
duré cinq secondes; le même bruit souterrain accompagnait également cette secousse.
La durée totale de ces trois secousses, qui n'ont été séparées que par des intervalles de
temps très petits, a donc été dix-sept à dix-huit secondes. Les trois secousses ont eu,
à tous les points de l'épicentre, la même direction nord-est-sud-ouest, avec des va-
riations de quelques degrés à peine d'un côté ou de l'autre de cette direction.
M En réunissant les observatioils que nous avons pu faire sur place,
grâce à la générosité avec laquelle S. M. I. le Sultan a mis à noire dispo-
sition un bateau à vapeur, et en mettant à profit les dépèches officielles
et un grand nombre d'autres renseignements précis, nous avons pu nous
former une idée exacte de l'étendue et de l'intensité du phénomène aux
différents lieux et tracer les courbes isoséistes.
» Ces courbes séparent la surface de la terre ébranlée en zones distinctes. La pre-
mière, qui constitue Vépicenlre, comprend les lieux qui ont été le plus maltraités et
où des constructions solides se sont écroulées. Cette zone épicenlrale afifecte, comme
d'ordinaire, la forme d'une ellipse très allongée, dont le grand axe, s'étendant de Tcha-
taltza jusqu'à Ada-bazar, le long du golfe de Nicomédie (Ismid), a une longueur de
175'"°; son petit axe, compris entre les villages de Katirly et Maltépé, à l'embouchure
dudit golfe, a une longueur de 3g''™. La direction des secousses est à peu près per-
pendiculaire au grand axe de l'épicentre.
» La deuxième zone, dans laquelle quelques habitations mal construites ont seules
été renversées, et où la plupart des maisons ont subi de légères crevasses, est déli-
mitée par l'isoséisle qui passe par Tchourlou, Rodosto, Moudania, Akhissar, Sku-
tari et Derkos ; elle affecte aussi une forme elliptique, dont le grand axe a une lon-
gueur de 248*^" et le petit axe une longueur de y^""".
» La troisième zone, dans laquelle le séisme a été fort, mais n'a fait que déplacer
quelques objets mobiliers, affecte aussi la forme d'une grande ellipse, dont le grand
axe a 354''" et le petit lyS""". Elle est délimitée par une isoséiste qui passe par Pan-
derma et Karakeuy, près de Biletzik.
» La quatrième zone, s'étendant jusqu'à Bucarest, Jannina, Crète, Grèce, Konia et
une grande partie de la Turquie d'Asie, contient les pays où le tremblement de terre
a été plus ou moins faible, sensible à l'observation directe, mais n'a produit aucun
dommage.
» Dans les localités comprises dans l'épicentre, les dégâts matériels sont considé-
rables et plusieurs centaines de personnes ont été tuées et blessées. Un grand nombre
C. R., 1894, 2- Semestre. (T. CXIX, N» 10.) ^'^
( 4«2 )
de maisons se sont presque complètement écroulées, toutes sont plus ou moins forte-
ment lézardées, pas une n'est restée intacte. A Stamboul, le désastre a été considé-
rable à tous les points de vue, le grand bazar n'est plus que ruines. C'est à l'île de
Halki et à l'île d'Antigoni qu'a eu lieu le maximum du phénomène.
» La constitution géologique du sol, dans quelques localités, a contribué à aggraver
les désastres. A Katirly la moitié du village, bâtie sur un sol meuble, a été ruinée,
tandis que l'autre moitié, qui est établie sur un sol plus solide, est restée intacte.
» Les désastres de ce tremblemeut de terre ont été encore aggravés par l'ancienneté
des constructions en pierre et leur mauvais état, surtout à Stamboul. Les construc-
tions en bois ont mieux résisté; il en est qui sont restées presque intactes. Après les
maisons en bois, celles qui ont le mieux résisté sont celles qui étaient en briques.
» La direction rotatoire, ainsi que celle de bas en haut, ont été observées en plu-
sieurs endroits de l'épidentre. A l'île de Prinkipos, la grande cheminée pyramidale
d'un moulin a été séparée horizontalement en trois morceaux qui ont tourné dans la
même direction : celui d'en haut de o°',o5, celui du milieu un peu moins, et le troisième
encore moins. Plusieurs faits du même genre ont été observés.
» Le sol de l'épicentre ne présente pas beaucoup de crevasses. La plus importante
de toutes celles que nous avons observées est celle du village d'Arabarly, bâti sur un
sol d'alluvion. Cette crevasse a 3''™ de long et o",o8 de large au maximum; elle a une
direction est-ouest, parallèlement à la côte de la mer, dont elle est éloignée de Sog™.
A Halki, entre l'Ecole de Théologie et celle du Commerce, il s'est produit une
fissure du sol de 200™ de long et dirigée nord-ouest-sud-est. A Proti, nous avons
observé aussi des crevasses parallèles au rivage, dirigées nord-sud, et dont la plus im-
portante a 200™ de long et ©""jOÔ de large.
« Le câble Kartal-Dardanelles a été coupé en plusieurs endroits. Lorsque, quelques
jours après, on l'a retiré, on s'est aperçu qu'il portait des cassures nettes, comme s'il
était coupé au couteau.
« Le séisme du 10 juillet a affecté aussi les sources et les puits. Quelques heures après
les secousses, on a observé que les eaux des sources thermales Koury-Valova ont cessé
de couler jusqu'au soir; mais ni leur température, qui est de 72° centigrades, ni leur
qualité n'ont varié. A Ambarly, l'eau de source de la fontaine a manqué pendant une
demi-heure après le séisme; lorsqu'elle est revenue, elle a été trouble pendant deux
heures. A Katirly, l'eau de toutes les sources a été doublée pendant dix jours; elle
a repris ensuite son état normal. A Saint-Kyriaky du même village, une source appe-
lée Agiasma, qui n'avait pas d'eau depuis quelque temps, a recommencé à couler.
» L'eau de la mer a été aussi fortement agitée le long de tout le littoral épicentral.
Dans certains endroits, on a observé que la mer a commencé par se retirer de 200"" à
peu près; après quelques oscillations, elle a repris son état normal.
» Dans un grand nombre de localités côtières, pendant le séisme, on a observé que
la mer bouillonnait. A Galata, plusieurs personnes ont remarqué que le sol était
beaucoup plus chaud que d'ordinaire. De ces observations et d'autres que nous avons
vérifiées, il résulte qu'avant ainsi que pendant le séisme il y a eu des dégagements
de gaz ou de vapeurs chaudes.
» En appliquant la méthode de Dation et Hayden, nous avons trouvé
( /|83 )
que la profondeur du foyer séismique est de 34'"". M. Lacoine ayant cal-
culé cette même profondeur par une autre méthode, d'après la différence
de l'heure de transmission des secoifsses en différents endroits, a trouvé
à peu près le même résultat.
» A l'aide des observations faites en France, en Russie et en Roumanie,
nous avons pu calculer la vitesse avec laquelle les secousses séismiquesse
sont propagées. A Paris, le choc est arrivé avec une vitesse de S"""; à Pav-
lovsk, avec une vitesse de S""", 5 ; à Bucarest, avec une vitesse de 3""", 6 par
seconde. Pendant le dernier tremblement de terre deLocride, nous avions
trouvé que la vitesse de propagation de ce séisme jusqu'à Birmingham
avait été de 3''™; il y a là un accord intéressant.
» On doit considérer comme certain que des signes précurseurs se sont
produits un peu avant ce tremblement de terre. A plusieurs endroits de
l'épicentre, on a été frappé de ce que les hirondelles, effrayées avant le
séisme, ont quitté leurs nids et se sont réfugiées en masse sur les lignes
télégraphiques, ou se sont élevées à de grandes hauteurs; elles ne sont
revenues qu'un peu après les secousses. Quelques minutes avant le séisme,
on a observé que les poules et plusieurs autres animaux cherchaient à
fuir. Ce phénomène, qui doit être attribué probablement à des frémisse-
ments du sol, précédant les fortes secousses, rendrait désirable l'installa-
tion d'instruments très sensibles, capables d'annoncer ces frémissements
du sol, et, par conséquent, de permettre de prévoir les fortes secousses
qui peuvent leur succéder.
» Nous appellerons enfin l'attention sur la période séismique qui, de-
puis deux ans environ, traverse l'Europe orientale. Après Zante, Thèbes;
après celle-ci, la Locride ; un peu après, Constantinople ; dernièrement en-
core, la Sicile, ont été successivement éprouvées. Outre ces grands
séismes, un grand nombre de petits, pendant la même période, ont eu lieu
en plusieurs points de l'Europe orientale et de l'Asie Mineure. Les pays
cités plus haut se trouvent presque sur la même ligne droite et sont situés
dans une partie de la surface terrestre qui a subi des dislocations ou des
transformations géologiques très importantes.
» Les violentes secousses, du lo juillet, ont été suivies d'autres beaucoup moins
fortes, le même jour et le jour suivant. Les plus fortes ont été celle dn 12 juillet
4'' 10" s., d'une durée de deux minutes, et celle du 18 juillet 1 1'' 58" m. ; elles ont été
accompagnées aussi d'un bruit souterrain, comme les trois premières. »
M. Léopold Hugo adresse une Note intitulée : « Sur un processus re-
latif aux Insectes ».
La séance est levée à 3 heures et demie. M.. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 3 septembre 189^.
Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Pasteur, Friedel,
Mascart. Septième série. Septembre 1894. Tome III. Paris, G. Masson;
I fasc. in-8".
Recueil des travaux du Comité consultatif d' hy giène publique de France et
des actes officiels de l' Administration sanitaire. Annexe au Tome XXII : Le
choléra en 189-2. Melun, 1894; i vol. in-8°.
Rapport général présenté à M. le Ministre de l' Intérieur par V Académie de
Médecine sur les vaccinations et revaccinations pratiquées en France et dans
les Colonies françaises pendant tannée 1892. Melun, 189^; i fasc. in-S"
RuUelin de la Société géologique de France. Troisième série. Tome XXI.
Paris, 1894; 1 vol. in-S".
Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'ar-
rondissement du département du Nord pendant Vannée 1893. N° LU. Lille,
L. Danel, 1894; i vol. in-8°.
.Journal de Pharmacie et de Chimie. N° 5. i" septembre 1894. Paris, G.
Masson; i fasc. in-8°.
Nouveau système de Géométrie théorique et pratique, par Jean Richoux.
Chaumont, 1891 ; i br. in-8°.
Bulletin de l'Académie de Médecine. N" .35, séance du 28 août 1894.
Paris, G. Masson; i fasc. in-8".
El volcanismo chileno, por A.-F. Nogiès, Injeniero de minas, Profesor
en la Universidad. Publicado en los Anales de la Universidad. Santiago,
Cervantes, 1894; 1 br. gr. in-8".
Statistisek van hel koninkrijk der Nederlanden. Bescheiden betreffende
de Geldmiddelen. Negentiende Stuk (tweede gedeelte), 1893. Sgraven-
hage, Martinus Nighoff"; 1894; i vol. in-4°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai (les Grands-Augustins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimunr/ie. Us forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Deux
ables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
t part du i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Déparlements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
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gen Michel et Médan.
iGavault St-Lager.
Jourdan.
RuIT.
imiens Courlin-Hecquet.
1 Germain etOrassin.
'ers
( Lachese.
la) 0 une Jérôme.
lesançon Jacquard.
■ Avrard.
'■ordeaux Duthu.
' Muller (G.).
lourges Renaud.
i' Lefournier.
Iresl.
F. Robert.
J. Robert.
V- Uzel Carolî.
Baër.
Massif.
-hantbery Perrin.
,, , i Henry.
,/ierootiig 1 ■'
Marguerie.
,, , _ 1 Rousseau.
.lermont-Fcrr.. . \ „.,
Ribou-Collay.
Lamarche.
'>ijon \ Rate).
Damidot.
, \ Lauveriat,
louât ; ■■
Crepin.
., ., i Drevel.
•renoble
Gralier.
-« Hochet le Fou cher.
Ha^re j Bourdignon.
( Dombre.
ille.
Lefebvre.
Quarré.
Montpellier.
chez Messieurs :
, ( Baumal.
Lorient
( M"' Jexier.
/ Bernoux et Cumin,
1 Georg.
I.yon ( Mégret.
I Clianard.
1 Vitte.
Marseille Ruai.
\ Calas.
i Coulet.
Moulins Martial Place.
i Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidol frères.
Loi seau.
M"" Veloppé.
Barnia.
ViscontI et C'".
Nîmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Druinaud.
Bennes Pliliou l Hervé.
Rocheforl Girard (M"").
\ Langlois.
On souscrit, à l'Étranger,
Nantes .
Nice
Poitiers..
Bucharest.
Bouen
S' -Etienne
Toulon
} l.estringanl.
Chevalier.
j Bastide.
I Rumèbe.
( Giniet.
/ Privai.
, Boisselier.
Fours j Péricat.
' Suppligeon.
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Toulouse..
Valenciennes.
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Feikema Caarelsen
el C".
Athènes Beck.
Barcelone \'erdaguer.
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f Mayer el MUller.
Berne \ Schmid, Francke el
Bologne Zanichelli.
IRamIot.
Mayolezet Audiarte.
I.ebègue et C".
^ Haimann.
' Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, BelletC".
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Olto Keil.
Copenhague llust et fils.
Florence LœscUer el Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Bcuf.
I Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
Bel in fa nie frères.
j Bcnda.
/ Payol.
Barlh.
\ Brockhaus.
. ' Lorenlz.
\ Max Riibe.
' Twietmeyer.
( IJesoer.
' Gnusé.
La Haye.
Lausanne..
Leipzig
Liège
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Londres
1 Dulau.
• 1 Hachette el C'".
'Nuit.
Luxembourg .
. V. Buck.
Madrid .... ...
Libr. Gutenberg.
Capdevillc.
j Gonzalés e hijos.
l F. Fé.
Milan
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Moscou
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• Gautier.
/ Furchheim.
Naples
. Marghieri di Gtus.
( Pellerano.
1 Dyrsen'ct Pfeiffer.
New- Vork
. j Siechert.
' Wcstermann.
Odessa
. Rousseau.
Oxford
. Parker el C'-
Palerme
. Glausen.
Porto
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Prague
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Rio-Janeiro ....
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Rome
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Rotterdam
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Stockholm
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S' Petersbourg.
( Zinscriing.
■ / Wolff.
Bocca frères.
Turin
Brero.
' j Clausen.
( RosenbergelSeilier
Varsovie
. Gebethiier et Woin
j-Frick.
\ Gerold cl C".
Ziirick
. Meyer et Zcller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Tomes i»' à 3i. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-^"; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à Si Décembre i865.) Volume in-4''
1870. Prix 15 fr.
3. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-l°; iS _
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomel: Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. .\. DERBÊsel .\.-J.-J. Solieb.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
Comètes, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
jrasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; iS56 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beseden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
mur le concours de i853, el puis remise pourcelui de iSSI, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— BecUercher la nature
des rapports qui existent entre l'étal actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Biiunm. In-',", avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
iT 10.
TAIU.E DES ARTICLES. (Séance d.. 3 septembre 1894.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMRUES ET DES CORHESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. Pages.
M. iMil.ne-Edw.\rds rend compte à l'Aca- mancl de Quatrefages .'|65
demie de la cérémonie qui a eu lieu à \l. F^dmond PEnniER. — Le laboruloire ma-
Valleraugue (Gard) le a6 août, à l'occa- ritime du Muséum à l'ilc Tatibou, près
sion de l'inauguration delà slatuc'dVl;-- Saint Vaast-la-Hougue (Manche) '|l'5
MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS.
M. DE NiC0L.\iEFF. — Sur deux méthodes ■ des nitrates I71
pour l'étude des courants dans les circuits I .M. C. Hue adresse une Note relative au
ouverts et des courants de déplacement " Tonnerre en boule j ^7.']
dans les diélectriques et les électrolylcs. 4*'9 ^L Dijcl.\ adresse une Note relative à la
M. P. PiCHARD. — Assiniilabililé de la po- ■ prévision de la pluie \~\
tasse, en sols siliceux pauvres, par l'action.
CORRESPOIVDAIVCE.
M. Paul Serret. — Sur la construction du
cercle dérivé de sept droites, ou défini par
l'équation o = Sj /, TJ .^ X" -i- Y' — K' . . . .
M. Fernand Gaud. — Sur un nouveau do-
sage pondéral du glucose
M. E. Onimus. - Phénomènes consécutifs
à la dialyse des cellules de la levure de
Bulletin bibliographique
bière 479
M. D. Eqinitis. — Sur le tremblement de
474 ! terre de Constantinople, du 10 juillet 1894. '|8o
.M. LÉoroLD Hufto adresse une Note intitu-
478 ' lée ; " Sur un processus relatif aux In-
I sectes )) /i'''4
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Auguslios, 55.
Le Cérant .* Gauthier- Villars.
^oAcj 1894
SECOND SEMESTKE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR iniTI. liES SECRÉTAIRES PERPETUEIiS.
TOME CXIX.
NMl (10 Septembre 1894),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPKIVIEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DB L'ACADÉMrE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, Si.
^1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des sceances de
F Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1". — Impressions des travaux de I,' Académie.
Il-
it
J,esextraits des Mé noires présentés par un Memb
ou par un Associé étranger de l'Académie comprenne!
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
bmite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués pai
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne rej^roduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
cjue l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui (ait la présentation est toujours nommé;
maia les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant cpi'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
h' titre seul du Mémoire est inséré dans \e, Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous lessixmois, la Commission administrative fait
im Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 SEPTEMBRE 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LCEWY.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
BOTANIQUE. — Truffes {Terfâs) de Tunisie et de Tripoli; par M. Ad. Ciiatin.
« An commencement du mois de mars dernier, je priai M. Hanotaux,
alors Directeur des Consulats et Affaires commerciales, aujourd'hui Mi-
nistre des Affaires étrangères, de vouloir bien faire rechercher et envoyer
par nos consuls les Truffes que je conjecturais, d'après la situation géo-
graphique des lieux, pouvoir exister en certains pays d'Afrique et d'Orient,
notamment à Tunis, Tripoli, Tanger, Salonique, Athènes, Ispahan et Té-
héran.
M En exécution des instructions qu'avec une grande obligeance M. Ha-
notaux s'était empressé de donner, des envois étaient faits dès le mois
d'avril par M. le Résident général de France à Tunis et par noire consid à
Tripoli.
C. R., i8y4, 2' Semestre. (T. CXIX, N° 11.) 63
( 4S6 )
Truffe (Terfas) de Tunisie.
» Résumant la Communication de M. Rouvier, résident général, M. Ha-
notaux m'écrivait à la date du i*'' mai :
» On ne connaît dans la Régence qu'une Truffe blanche appelée Terfess ( Terfez
ou Tei'fâs) par les indigènes. Le Terfess, qui pousse dans les terres argileuses et hu-
mides (?) du Sud, ne vient pas sous certains arbres, comme la Truffe de France;
d'après les indigènes, sa présence est toujours décelée par une petite plante à laquelle
ils ont donné le nom de Arong-Terfess, ce qui veut dire racines de Terfess.
» La lettre était ajCCompagnée d'un paquet renfermant quelques tuber-
cules et des spécimens de l'herbe dite Arong-Terfess, provenant d'un
même point de la truffière.
» Par leur poids de 60^'' à i oo^"' et leur forme, par leur peridium lisse, peu
coloré, par leur chair blanchâtre assez homogène et leurs sporanges
presque ronds et à huit spores, enfin par les spores d'un diamètre de
o™"',2o à o™™,23, finement réticulées et à réseau variable et non verru-
queuses, les Terfess de Tunisie sont spécifiquement identiques au Ramé
de Damas que j'ai nommé Terfezia Claveryi : l'espèce, signalée par M. Pa-
touillard, ainsi que d'autres tubéreuses dans ses missions en Tunisie, est
la même en Afrique et en Arabie.
» Quanta l'Arong-Terfess, connu aussi des Arabes sousles nom?, à^Re gui g
et de Samari, il ressort de la détermination faite par le D"^ Bonnet, à qui est
familière la flore de Tunisie, que c'est une Cistacée vivace, Y Helianthemum
sessilijlorum Pers. (Cistus sessilijlorus Desf.) ( ' ).
» Dans la terre assez légère et de teinte ocracée, retirée par lavage des
tubercules et des racines de l'Hélianthème, il y avait approximativement,
sur 100 parties, 5 de chaux, 2 d'oxyde ferrique, o, 10 d'azote, traces d'iode
et d'acide phosphorique.
Truffe (Terfas) de Tripoli.
» Avec la Truffe de la Tunisie, M. Hanotaux me faisait tenir, en même
temps qu'un certain nombre de tubercules, la lettre suivante :
» J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joints quelques spécimens de l'unique es-
(') Les nombreux pieds A' Helianthemum sessilijlorum faisant partie de l'envoi
étaient couverts d'une plante parasite, le Cuscuta planijlora. Dans l'hypothèse du
parasitisme des Truffes, on voit que l'Arong-Terfàs aurait deuv ennemis à nourrir,
l'un sous terre, l'autre au-dessus du sol.
( 487 )
pèce de TruflTes blanches que Ton récolte, vers les premiers jours du mois d'avril, dans
la Tripolitaine.
» D'après les renseignements recueillis par le Consul général de France à Tripoli, la
production de ce tubercule n'atteint guère plus de 3ooo''e, même dans les années où
les pluies sont abondantes au mois de février (').
» On récolte les Truffes dans les environs de Tripoli, à Gharsan, dans le Djebel tri-
politain, ainsi qu'aux, environs de Tliten et de Mesrata, localités situées sur la côte
orientale du vilayet. La qualité de Mesrata est réputée la meilleure.
» Il résulte d'informations, recueillies par nos représentants à Tanger et à Salonique,
que la Truffe n'existerait ni au Maroc (^), ni à Salonique, ni dans les villayets de Ja-
nina, Kossovo, Macédoine et Monastir, ni à Athènes.
)) Les tubercules de la Tripolitaine, de la grosseur d'un œuf et plus ou
moins piriformes, ont le périderme lisse et peu coloré, la chair d'un blanc
jaunâtre, les sporanges à six ou huit spores; les spores, arrondies et du dia-
mètre de o™,02o à o'",o26, sont relevées de courts festons répondant à de
multiples et fines granulations.
» A ces caractères, on reconnaît le Terfezia Boudieri, que j'ai décrit pour
la première fois sur des tubercules recueillis dans le sud de l'Algérie (Ba-
rika, Biskra, Tougourt, etc.) et dont une variété (Terfezia Boudieri, var. ara-
bica) me fut envoyée de Damas avec le Terfezia Claveryi.
De Tripoli, ou de Tunisie, les Truffes appartiennentà ce groupe des Ter-
fâs à tubercules blanchâtres à périderme lisse, à odeur et saveur nulles ou
faibles, qui entrent dans l'alimentation des peuplades du désert. »
CORRESPONDAIVCE.
MÉCANIQUE. — Sur les équations de la Mécanique.
Note de M. Wladimir de Tawenberg, présentée par M. Darboux.
(( Le 6 août dernier, M. R. Liouville a présenté quelques observations
au sujet de recherches que j'ai communiquées récemment (i5 mai et
(*) C'est une remarque faite en tous les pays que les pluies, en certaines saisons
correspondant à celle des premiers développements des Truffes, leur sont favorables.
(^) Cependant le Tirmania africana et le Terfezia Leonis paraissent avoir été
trouvés au sud de la province d'Oran, dans la région des Chotts R'Arbi et Chergui,
frontière du Maroc. On peut seulement inférer, des renseignements recueillis, que les
Terfàs n'auraient pas de marchés importants au Maroc.
( 488 )
3o juillet) à l'Acarlémie. Je demande la permission de revenir un instant sur
ces questions,
» Considérons la forme quadratique
(i) iTdt-=^ ^'^ai^dxidx^.
et le système de Lagrange correspondant
que l'on peut écrire'
^a^^dx'i^ -h/i{x')dt = o,
ou encore, en observant que /, est homogène et du second degré en
OC ^^ . . . , oc 1^ ,
(2) ^ai^dx'^ + 2 î dSi'^^'^* ^ '''^'^'^' ^^^'^ "" °-
* /.■
» On sait depuis Lagrange que le système d'équations
(3) lj(dx, dx')= o, dxi — x- dt ^ o
est invariant par la transformation
X,= ?,(^, ...,a?„),
c'est-à-dire se change en un système analogue
(4) L,(afX, rfX') = o, dX^-X'.dt = o.
)) Cela posé, on démontre aisément la propriété suivante des formes
linéaires lj{x,x'). Quelles que soient les variables indépendantes x ,
oc„,x\ x\^, on a
(5) li = ^->;iU,
k
pourvu que les variables X, X' soient définies par
(6) X,-=?,(ic ,x„), X, = ^.r, +...+ ^.r„.
En d'autres termes, le système de formes linéaires l(dx, dx') est invariant
( 489 )
par la transformation (6), ce que l'on exprime aussi en disant que le sys-
tème d'équations
(^n\ li(dx, daf) = o
est invariant. La réduction de la forme T est ramenée à celle du système(7).
Le système linéaire, lié k la forme T, que j'ai considéré dans mes deux
Notes est équivalent au précédent; on l'obtient en résolvant le système (7)
par rapport aux dx' .
» S'appuyant sur sa Communication du 7 octobre 1889, M. H. Liouville
déclare que cette métbode d'étude de la forme T lui appartient. J'ai cepen-
dant la conviction que le lien simple qui existe entre la forme T et les
formes l{dx, dx'), a échappé à ce savant géomètre. Je ne puis que laisser à
l'Académie le soin d'apprécier si sa réclamation est justifiée.
» Je ne veux pas exagérer l'importance de mes Communications, en
discutant les questions de détails soulevées par M. Liouville et qui sont
relatives à ma première Note (i5 mai); ses citations n'ont pas modifié mon
opinion. M. Liouville reconnaîtra dans le Mémoire, qui va paraître, que je
n'oublie pas d'indiquer les travaux nombreux qui ont des relations avec
mes modestes i-echerches. Si je ne l'ai pas fait dans la Noie en question,
c'est simplement parce que cela m'aurait entraîné trop loin. «
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de Pfaff.
Note de M. A.-J. Stodolkievitz.
« Les conditions d'intégrabilité, obtenues dans ma première Note de
1892 sous la forme
(i) A, = A, = A3 = A,, = A5 = o,
peuvent être simplifiées. Les déterminants mineurs du déterminant gauche
symétrique de degré impair ont un diviseur commun et, par conséquent,
le système (i) représente une seule équation en forme de la fonction
de Pfaff
{le, l, r) (i, m, r) ~ (i, l, r) {k, m, r) + (/, m, r) (i, /,-, r) = o,
où (p, (7, t) ont une signification connue (8).
( 490 )
» L'équation différenlielle totale
(3) X, dx^ + Xo fiteo -f-. • • -f- X„ dx^ = o,
si n^7, peut avoir trois intégrales et, clans ce cas, les coefficients X,-
doivent satisfaire à certaines conditions que nous déduirons plus bas.
Admettons que les intégrales de l'équation (2) sont en même temps des
intégrales du système des trois équations
(3) Aj,,c?a;, -(- A,,-,^a72 + ...-t- Aj,„r/>r„ = o (5 = 1,2, 3),
dans lesquelles A^,, satisfont à des conditions connues
[i,k,l ^ \, 1, . . .,n).
» Outre cela, pour les coefficients des équations (2) et (3), il existe
des liaisons
(5) A,,;i+ A2,A+ A3,i = aXA (^ = 1,2 n),
où a. exprime une fonction inconnue.
» Désignons
^2,*+ A3 ;t= Y^;
alors pour l'équation
Y, dx, + Y„ dx^ -h . . . + Y„ dxn = o,
nous pouvons écrire les conditions correspondantes dans la forme
(6) {k, /, r) (i, m, r) — (/, /, r) (k, m, r) -+- (/, m, r) ( i, k, r) = o,
où le symbole (p, c, t) exprime
(p,.,T)_Yp(^^-^— j + Y,^^-^j+\,(^— -^^j.
» De cette manière, à l'aide des équations (4) et (6), nous formerons
(491 )
le système que voici :
(7)
A,,iQ*,/ -f- A,,A Q/,, + A,,, Q,,A = o,
A,,,QA,,„-f- A,,/^ Q,„,/+ A,,,„Q,-.A = o,
A,,,QA.r + A,, A Q;.,,- + A,,^ Q,-;t = o,
A,,,Qa,, + A, ,i Q,,,- + A,,j Q,.,^ = o,
A|,,Q;.m + A,y Q,„ , -t- A, „,Q,,; = o,
A,,iQ;,r + A,,; Q^., -f- A,,^ Q,-.; =o,
A,,jQ/,. +A,,, Q,,, +A,,^Q,-; =o,
A,,,Q„,r + A, ,„Q^, 4- A, ,. Q,-,,„= o.
A),iVm,j 4" A, ,„(J^, + A, j (^^■,„= o,
A,.,Q... + A,,,. Q,,- + A,,, Q,-, = o,
{/c, l, r) (/, m, r) — (i, /, /•) (k, m, r) + (/, m, r) (i, k, r) = o,
{k, l, s) (i, m, s) — (/, /, s) (k, m, s) + (/, m, s) (i, k, s) = o,
(k,l,s)(i,r,s) — (i,l,s)(k,r,s) -h (/, r,s)(i, k, s) — o,
( k, m, s) {i, r, s) — (i, m, s) (k,r,s) ■+- (m,r, s)(i, k,s) = o,
(/, m, s) (i, r, s) — (i, m, s) (/, r, s) -h (m, r, s) (i, l, s) = o,
(l,m,s) (k,r,s) — (k,m,s)(l, r,s) + (m,r,s)(k, l,s) — o,
dans lequel, pour abréger, nous écrirons
Qa.i
Oxh
(a, b = i, k, I, m, r, s).
» En mettant xXj — A, y au lieu de Yy dans les symboles des six équa-
tions finales du système (7), il viendra
A.,
JxXt: (JaXpN
(9aXn
_^aXp\_ /
)■
OÙ le symbole (p, c, -r) désigne
(8) („ „ ,) = X, (g - g) + X. (^-^ - g) + X. (g - f ;).
» Si l'on éliminait toutes les quantités Q entre le système (7), après
( 492 )
l'avoir simplifié et abrégé, on aurait pour résultat une équation
[(/, m, s) (k, r,s) — (k, m, s) (/, r, s) -+- (m, r,s') {k, l, .v)]A,,,-
— [(/, m, s){i,r,s) — (i,m, s)(/,r,s) + (m,r,s)(i,l, 5)]A,,a
+ [(/c, m, s) (i, r, s) — (i, m, s) (k, r, s) +- (m, r, s) (i, k, s)]A,j
— [(k, l, s) (i, r, s) — (i, I, s) (k, r, s) -h (/, r, s) (i, k, *)] A,,;„
-i-[(k, l,s)(i,m,s) ~ {i,l,s)(k,m,s) -h (l,m,s) (i, k, s)]k,^r
— [(k, l, r) (i, m, r) — (i, /, r) (k, m, r) -h (/, m, r) (i, k, r)\ A,.,= o.
» En changeant les indices, nous écrirons sept équations semblables,
et notamment : pour l'équation deuxième, nous mettrons l à la place de s,
ou emploierons la substitution ; pour la troisième, nous emploierons la
substitution ' ; pour la quatrième ' ' ; pour la cinquième
t, s, r, m j , ■ -, ( t, s, r, m, l \ p ,
, ; pour la sixième , , ; enfin, pour la septième
s, r, m, l ) ' ( s, r, m, l, k \ ^ i
t, s, r, m, l, k }
s, r, m, l, k, i )
» Le déterminant du système ci-dessus des sept équations sera égal à zéro,
comme gauche symétrique de degré impair et, par conséquent, nous aurons
A,,- : A,,, : A,, : A,,,„ : A,, : A,,, : A,,,= w, : w, : VV3 : w, : w, : w„ : w„
où Ws désigne les déterminants mineurs du déterminant susmentionné.
Parce que Ton peut déduire le même système et pour les coefficients A,,*,
de même que pour A.^/^, il résulte facilement la conclusion que les déter-
minants mineurs Wj doivent être égaux à zéro. Les déterminants W^ ont
un facteur commun et représentent une seule condition d'intégrabilité dans
la forme de la fonction du Pfaff :
(A-, /, m,r, () [(i, l,m,s, t) (i, k, r, s, t) — (i, k, /??, s, l) (i, /, r, s, t)
-h (i, k, l, s, t) (i, m, r, s, t)\
— («', /, m, r, t) [{k, l, m, s, t) (i, k, r,s,t) — (i, k, m, s, t)(k, l, r, s, t)
+ (/, k, l, s, t) (k, m, r, s, t)]
->r (i, k,m, r, t) \{k, l, m, s, t) (i, l, r, s, l) — (/, /, m, s, l) (k, l, r, s, t)
-+- (ï, k, l, s, t) (/, m, r, s, t)]
— (i, k, l, r, t)\{k, l, m, s, t) (i,m,r,s,t) — {i,l,m,s, t)(k,m, r, s, t)
-+- (i, k, m, s, t) (/, m, r, s, t)]
-h(i,k,l,m,l)[{k, /, r, s, t) (i,m, r, 5, /") — (/, /, r,s, t) (k, m, r, s,t)
-+- (i,k, r, s, t) (/, m, r, s,t)] = o,
(9)
(493 )
où, pour abréger, nous avons employé la désignation :
(p, -7, T, l, .XoY, - ies=XY-R-,
oîi X| Y,, X2Y2 désignent deux angles droits, ayant pour sommet commun
l'un des foyers considérés, et orientés arbitrairement autour de ce foyer.
» D'où il suit que, pour une parabole déterminée P^^, défmie par N — i
tangentes, le foyer et la directrice de la « parabole polaire » , P., se pourront
définir, a priori : la directrice, parN — i de ses points; le foyer, par autant
de cercles se croisant en ce foyer. Et l'on saura construire ces cercles, ou
déterminer ces points de position, tout au moins pour « = 3. Tous ces
résultats sont d'ailleurs en évidence dans les identités ci-dessus (A) ou (B),
rendues homogènes de la façon accoutumée.
» 3. Dans le problème précédent, c'est le centre du cercle dérivé de
sept droites qui aura seul à intervenir dans les constructions finales ;
comme il arrive d'ailleurs dans plusieurs autres cas. Le rayon du cercle
devenu alors inutile, c'est l'indication que l'on doit pouvoir en déterminer
le centre, séparément et autrement, par une voie qui nous mènera ensuite
plus aisément là où nous voulions arriver.
» Or, si l'équation initiale
(i) o=S^-V,T';~X^-4-Y^-R^ ou ici o = 2;/,T^ = X-+Y^'-R^
ne nous fournit aucun renseignement sur la position du centre cherché
o = X = Y"; d'autre part, il résulte immédiatement de notre analyse que
la forme consécutive
[ o = i:f-'/;T;"^' + const. = X^-f-Y=- R2
(I')
( o = I ;/; t;- + const. ees x- + y= - r-
représenterait un cercle ayant son centre sur une droite déterminée, que
l'on saurait construire, si l'on savait construire le cercle déterminé com-
pris dans l'équalion
-I ', i , — '1, -'i '1 !-, — o.
D'où il suit que le problème général de la détermination du centre serait
( 495 )
abaissé d'un degré, si l'on savait réduire la forme (i) en la forme (i'); et,
en particulier, que le centre du cercle dérivé de sept droites sera connu,
dès que nous aurons pu remplacer, au moins de deux manières diffé-
rentes, la somme des sept cubes qui composent l'équation de ce cercle,
par une somme de quatre carrés, ou de quatre carrés plus une constante.
» Or, cette rédurtion est possible, en effet; et l'on peut la réaliser géo-
métriquement, de 35 manières différentes, à l'aide des considérations qui
suivent, fondées, d'une part, sur la notion antérieure (') de la « conique
» dérivée cubiquementde cinq droites » ou définie par une équation de la
forme o = 2j /, T'*^ Ajs^H- 2Bay -f- ...; d'autre part, sur l'identité évi-
dente du cercle unique et déterminé, dérivé de sept droites, et du cercle,
pareillement unique et déterminé, dérivé linéairement de trois de ces 21 co-
niques, dérivées elles-mêmes des sept mêmes droites T,, To,...,T,,
prises cinq à cinq, de toutes les manières possibles.
» Pour le démontrer, séparons quatre quelconques des sept droites don-
nées, par exemple, les quatre dernières 4. 5, 6, 7; et pour n'avoir à em-
ployer que les seules propriétés descriptives de la conique dérivée de cinq
droites, considérons spécialement les trois seules coniques
S, = o, 82=0, 83 = 0
dérivées, une à une, des pentagones
(T4567), (24567). (34567);
et, parce qu'il a été établi, en premier lieu (-), que « la conique dérivée
» des côtés d'un pentagone a pour centre le centre même de la conique
» inscrite à ce pentagone » marquons d'abord, sur la médiane M du quadri-
latère circonscrit commun (4567), les centres respectifs
de ces coniques incidentes, inscrites aux pentagones ci-dessus, ou les centres
mêmes des coniques
» Enfin, comme il a été établi, en second lieu, qu' «un groupe de cinq
» droites étant donné, la médiane du quadrilatère résultant de quatre quel-
» conques d'entre elles représente, pour la conique dérivée des cinq
» droites, le diamètre des cordes parallèles à la cinquième », il s'ensuit
(') Comptes rendus, 24 aoùl 1891, p. Saô.
C-) Ibidem.
( 496 )
que si, par les centres précédents c,,C2,r,, nous menons des parallèles T',,
T'^, T'g aux droites i, 2, 3, chacune des trois coniques dérivées S,, Sj, S3
se trouvant rapportée, dans les droites M et T',, M et T,,, M et T',, à un sys-
tème de diamètres conjugués, les fonctions correspondantes S,, Sj, S3 s'ex-
primeront linéairement en M^ et T',", M" et T.;, M^ et T^. Ce qui entraîne,
pour le cercle dérivé linéairement de nos trois courbes, ou pour le cercle
cherché, une équation de la forme
(X) mM^ + i'/, T',' + const. = o.
» Supprimant la constante, l'équation
(X') ' m^V + l]lX' = o
représente un cercle concentrique au ceicle cherché. Or les cercles con-
tenus dans la forme (X') dépendant linéairement d'un paramètre unique,
tous ces cercles se coupent dans les deux mêmes points, et leurs centres
se trouvent distribués sur une même ligne droite. D'ailleurs, quatre
points de cette droite se peuvent assigner a priori, qui sont les points de
rencontre des hauteurs des quatre triangles auxquels donnent lieu les
côtés du quadrilatère
mt;t;t;,
pris trois à trois, ou les centres respectifs des cercles, conjugués à ces
triangles, et compris dans la forme ci-dessus (X'), où l'on ferait alternati-
vement o ^ m^ l, ^1^ = 1^.
» La droite résultante, ou la directrice de la parabole inscrite au
quadrilatère MT, T^Tg, fait donc un premier lieu du centre du cercle
763
cherché. D'ailleurs,, ce quadrilatère « résolvant « est susceptible de '
ou 35 déterminations distinctes, comme le quadrilatère initial (4567) qui
l'a fourni. On aura donc en tout 35 droites se coupant au centre
cherché. »
ENTOMOLOGIE. — Sur les Diptères nuisibles aux Céréales, observés à la Station
entomologique de Paris en 1894. Note de M. Paul Marchal (').
« Parallèlement aux ravages qu'exerçait dans l'Ouest la Cecidomya
(') J'adresse ici mes remercîments à MM. Le Cler, président du Conseil géntiral de
la Vendée, Berthault de la Roche-sur-Yon, Larvaion de Poitiers, d'Encausse de la
Haute-Garonne, Demazure du Gers, iMufl" du Tarn, qui m'ont procuré la plupart des
documents et des matériaux que j'ai eus à ma disposition.
( 497 )
destriiclorSay, qui ancanliL dans certains points la totalité fie la récolte du
blé, un Diptère du même genre dévastait les avoines du Poitou et de la
Vendée. Lorsque l'insecte me fut signalé de Poitiers le 8 juin, sur des
avoines d'hiver, on trouvait encore quelques individus à l'état de larves
blanches; mais la plupart se présentaient déjà à l'état de pupes brunes
(piiparia) entièrement comparables à celles de la Cecidomya deslructor, aux
atteintes de laquelle l'avoine a pourtant été jusqu'ici considérée comme ré-
fractaire. Si l'on vient, en effet, à ouvrir le puparium du Diptère en question
pour examiner la larve qu'il contient, on constate que la similitude avec
la Cecidomya destructor cesse d'exister, et que la larve offre d'une façon con-
stante une spatule sternale hastiforme, terminée par une pointe impaire,
tandis que celle bien connue de la Mouche de Hesse est en forme de four-
chette. La multiplication de cette Cécidomye de l'avoine a d'emblée pris
celte année un très grand développement et s'est étendue sur une surface
considérable du Poitou et de la Vendée. J'ai trouvé jusqu'à 21 pupes au
pied d'une même tige; la plante attaquée est renflée à sa base, en forme de
bulbe, par le nombre des pupes qui s'y abritent; elle est arrêtée dans son
développement, et se dessèche le plus souvent, après avoir à peine atteint
quelques centimètres de hauteur. Les pupes sont logées au niveau du col-
let, du premier, du deuxième, ou plus rarement du troisième ou du qua-
trième nœud. Aucune Cécidomye n'ayant encore été signalée comme nui-
sible aux avoines, il y a lieu de penser que nous avons affaire à un nouveau
parasite redoutable pour cette culture et sur lequel il importe d'attirer
l'attention. Les éclosions nous apprendront s'il s'agit d'une espèce dis-
tincte, ou d'un cas curieux de dimorphisme larvaire déterminé chez la Ceci-
domya destruc/or par la plante nourricière. Quoi qu'il en soit à cet égard,
il importe, pour entraver le développement de ce parasite, d'avoir recours
aux mêmes mesures préventives que celles qui ont été préconisées contre
la Mouche de Hesse.
» La Cecidomya destructor Sav, dont M. le professeur Laboulbène a ré-
cemment entretenu l'Académie et sur laquelle M. le professeur Brocchi a
présenté un rapport au Ministère, a ravagé les blés et les seigles, non
seulement dans la Vendée, mais encore dans la Loire-Inférieure, dans la
Charente, dans la I,oire (Forez), dans le Gers, la Haute-Garonne et leTarn.
La Vendée a été le plus cruellement atteinte. On évalue à environ moitié le
déficit pour le Bocage vendéen, c'est-à-dire pour les deux tiers du départe-
ment, n a été remarqué, dans le Gers et la Vendée, que les blés atteints
par la Cécidomye émettent pendant l'été des drageons, qui restent verts
( 498 )
et s'élèvent à peine au-dessus de terre au moment de la moisson. Us échap-
pent ainsi à la faux du moissonneur et peuvent fournir un asile tout préparé
pour la ponte de la seconde génération. Cette circonstance constitue une
raison de plus pour appliquer la seule mesure rationnelle qui , avec
l'ensemencement tardif, et, lorsque les circonstances le permettent, l'al-
ternance des cultures, soit applicable contre la Mouche de Hesse, c'est-
à-dire la destruction par le feu des chaumes qui restent sur pied après la
moisson.
» La Cecidomya (Diplosis) trilici Kirb. a aussi exercé ses ravages dans la
région vendéenne. Les épis de blé envoyés de la Roche-sur-Yon m'ont
fourni de nombreux puparia transparents, renfermant la larve de la Cé-
cidomye, qui se préparait à la nymphose à l'intérieur même des glumes.
Ce fait montre que la larve, arrivée au terme de sa croissance, saute à
terre moins souvent qu'on ne le suppose généralement; et il en résulte, au
point de vue pratique, la nécessité de détruire ou de faire consommer
rapidement la menue paille et les résidus du battage.
» IjCs céréales ont eu aussi cette année à souffrir, dans diverses régions,
des attaques des Muscides ( ' ).
» l'Oscinis pusilla Meig. est éclos en nombre vers la fin de juin, des
avoines envoyées du Poitou et qui étaient attaquées en même temps par
la Cécidomye mentionnée plus haut. La larve de cette Oscinie ronge la
sommité des tiges et le panicule en voie de formation, puis se transforme
en pupe entre les gaines foliaires.
» Les attaques des Chlorops paraissent avoir été assez localisées, et ces
insectes que j'ai obtenus de l'ouest (Vendée) et du midi, semblent s'être,
cette année, développés d'une façon sporadique, sans grand dommage
pour l'agriculture.
)) Enfin j'arrive à un Muscide, la Camarota jlavitarsis Meig., dont l'évo-
lution était inconnue et qui n'avait jamais jusqu'ici été considéré comme
nuisible aux céréales. Cet insecte est éclos en nombre, à la fin de juillet
et au commencement d'août, de blés envoyés de la Haute-Garonne (Laura-
(') il existe dans les'auleurs une confusion extrême, au point de vue de l'identifi-
cation de ces insectes, surtout lorsqu'il s'agit des Muscides de petite laille, encore si
incomplètement décrits, auxquels nous avons alTaire. M. Gazagnaire, secrétaire de la
Société entomologique de France, qui depuis des années s'occupe presque exclusi-
vement des Diptères, a bien voulu déterminer ceux dont il est question. Je l'en
remercie vivement.
( 499)
guais) et du Tarn. Les tiges atteintes par la Camarota sont arrêtées clans
leur croissance, ne dépassant guère 3o'^"' de hauteur, et l'épi ne se déve-
loppe pas. La larve, observée vers le i5 juin, attaque la partie terminale,
correspondant à l'épi en voie de développement; elle détruit ainsi l'axe
sur tout son parcours, de haut en bas, ne laissant derrière elle que des fibres
brunes dissociées. Arrivée au premier nœud supérieur, ou s'arrètant avant
d'y parvenir pour se préparer à la nymphose, elle se retourne alors de
façon que la mouche qui sortira par l'extrémité céphalique de la pupe ait
le chemin libre devant elle. J'ai trouvé jusqu'à quatre et ciaq pupesdans la
même tige terminale, les unes occupant l'axe même de la plante, la plu-
part étant placées entre des gaines foliaires, plus ou moins extérieures.
Lorsqu'il vient d'éclore, et avant même de déployer ses moignons alaires,
l'insecte rampe entre les gaines foliaires, pour se dégager à leur extrémité
supérieure. Aussi arrive-t-il parfois que ces gaines rétractées par la dessic-
cation sont serrées contre l'axe, de façon à fermer toute issue, et l'insecte
meurt sans avoir pu gagner l'air libre.
« La larve se dislingue de celle des Chlorops par les deux gros tubercules stigma-
tiques, situés à son extrémité postérieure, et qui, vus dorsalement, ont une forme très
caractéristique, rappelant celle du fer d'une hache. La pupe conserve ce caractère; elle
présente aussi à son extrémité antérieure deux petites cornes céphaliques, munies de
plusieurs nodosités, analogues à celles des pupes d'Oscinies. L'insecte adulte de 2""°, 5,
noir bleuâtre, avec la face blanche, le front fauve, l'extrémité des jambes et les tarses
fauves, est remarquable par sa tête déprimée, sa face horizontale et ses ailes voûtées
sur l'abdomen.
» Outre la Camarota Jlaiitarsis, les blés de la Haute-Garonne et du Tarn
m'ont donné, en assez grand nombre, une autre Mouche qui éclôt dans le
courant de juin. Ce Diptère est un Elachiptera, présentant les caractères de
VE. cornuta Meig.
» On voit, par ce qui précède, que tous les Diptères nuisibles aux céréales
sont encore loin d'être connus. Il nous importe pourtant d'être renseignés
d'une façon précise sur les ennemis auxquels elles se trouvent exposées.
Bien des cultures, dont on attribue le dépérissement à une maladie phy-
siologique ou autre, peuvent n'avoir pour cause de leur déchéance que la
présence d'un insecte encore ignoré ou mal étudié, dont il convien-
drait de connaître l'évolution biologique, pour être en mesure défaire
face à la marche envahissante du fléau. »
( 5oo )
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la chute des bolides et aérolithes tombés dernièrement
en Grèce. Note de M. C. Maltézos, présentée par M. A. Cornu.
« Pendant ces derniers temps (juillet-août), une quantité notable de
bolides et aérolithes est tombée en Grèce ; leur chute a été accompagnée
de phénomènes curieux, dont quelques-uns rares, et dont je vais décrire
les principaux.
» Le 20 août, en des'cendanl par le chemin de fer d'Athènes à Phalère vers 8''4o'"
du soir, j'ai vu un bolide présentant l'aspect d'un globe blanc, assez volumineux, en-
touré d'une atmosphère verdàtre. Sa vitesse m'a paru insignifiante. Après quelques
instants, il a été caché à ma vue par le mont Pentélique.
» Je passe tous les autres bolides, pour décrire les phénomènes remar-
quables observés le 19 juillet ilernier. Ces phénomènes ont été rapportés
par des journaux quotidiens grecs, et une partie m'en a été confirmée par
des témoins oculaires. Voici les faits :
» Le 19 juillet, les habitants de Boiai (Boixï) ont vu en plein midi un bolide, des-
cendant avec une grande vitesse, d'après eux; ce bolide s'est soudain arrêté, et il est
resté suspendu dans l'atmosphère, en laissant derrière lui une ligne brillante accom-
pagnée par de la fumée. Après cinq minutes de suspension, juste à midi 12™, un bruit
épouvantable a été entendu, et le bolide s'est dirigé vers le plus haut sommet du
mont Crilhen, et, en continuant sa marche, est tombé dans la mer avec un nouveau
bruit (').
» Le même jour, et presque à la même heure, a été signalée la chute de bolides et
aérolithes en différents points de la Crète (Candie).
» Un nuage noir, isolé, ayant fait explosion, on a vu un corps lumineux, ayant la
forme d'un cône renversé, qui, se mouvant du sud-est vers le nord-ouest, es', tombé
dans la mer, près Héracléion.
» Le plus curieux est l'analogie frappante avec la chute du météore de l'Aigle dé-
crite par Biot. C'est la même provenance apparente (nuage noir, isolé) ; c'est la même
direction.
» Un peu plus tard, d'après ce qu'a écrit le sous-préfet de Selinos (Crète), s'est
produit la chute de deux aérolithes et d'un bolide, dans son district. Tous les trois
venaient de l'est; l'un d'eux est tombé sur le sol, sans rien de particulier; le deuxième,
ayant la forme et la grosseur apparente d'un vase étrusque, est tombé, au-dessus du
village Sarakina-Gregoriana, près de la partie nommée Sternes {Réservoirs), sur un
(*) Ce qu'il y a ici de rare, et peut-être d'exagéré, c'est l'arrêt brusque du bolide
et sa suspension pendant cinq minutes.
( 5oi )
bloc de pierre qu'il a mis en luorceaux. Cet efTet de l'aérolilhe, de briser des blocs de
pierres, a été signalé aussi dans une autre chute ultérieure.
» Enfin le bolide, ayant une longueur apparente de 2™, a passé tout près de la mai-
son préfectorale, est descendu jusqu'à un certain point, presque jusqu'au sol, au-des-
sus des terrains nommés Constantin; puis, changeant de direction et se mouvant
très vite parallèlement au sol, il a disparu vers le nord-ouest.
» La chute de ces météores, tombant le même jour et presque à la même heure
(midi), dans une étendue comprenant la Crète et la partie sud-est du Péloponèse,
prouve qu'ils ont une provenance commune (').
» Si, dans ces descriptions, les faits n'ont pas été exagérés, il y au-
rait trois phénomènes obscurs : le premier, c'est la nature du nuage d'oîi a
paru venir l'aérolithe de Héracléion ; le deuxième, est l'arrêt brusque du
météore de Boiai et sa suspension pendantcinq minutes; enfin le troisième,
de la même catégorie, est le changement de direction du bolide Selinos et
son mouvement parallèle au sol. »
A 3 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret,
La séance est levée à 4 heures. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus da.ns la séance du lo septembre 1894.
Bulletin astronomique, publié sous les auspices de l'Observatoire de
Paris, par M. F. Tissera.nd, Membre de l'Institut, avec la collaboration
de MM. G. BiGOURDAN, O. Callandreau et R. Radau. Tome XI. Sep-
tembre 1894. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1894; i fasc. in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées, publié de 1873 à 1884 par
H. Resal. Quatrième série publiée par Camille Jordan, avec la collabo-
(') Peut-être étaient-ce les morceaux, d'un même bolide qui aurait fait explosion
plus haut dans l'atmosphère et qui n'aurait pas été visible à cause du jour.
C. R., 1894, a- Semestre. (T. CXIX, N' 11.) "5
( 5o2 )
ration de MM. Lévy, A. MAJN^'HEIM, E. Picard, H. Poincaré, H. Resal.
TomeX. Année 1894; fasc. n°2. Paris, Gauthier-Villars et fils; i fasc. in-4''.
Leçons cliniques sur les ténias de l'homme, par L.-I.-B. Béranger-Féraud,
membre correspondant de l'Académie de Médecine. Paris, O. Doin, 1894;
I vol. in-S". (Présenté par M. le Baron Larrey.)
Dispensaire Furiado-Heine. Statistique décennale: 1 884-1 894. Paris, imp.
Chaix, 1894; I vol. in-4°. (Présenté par M. le Baron Larrey.)
De la précision dans les Sciences expérimentales, par C. Decharme. Amiens,
Ivert et Tellier, 1894; i vol. in-8".
Détermination des vitesses des projectiles au moyen des phénomènes sonores,
par le capitaine Gossot, de l'Artillerie de la Marine. Paris, Berger-Levrault
et C'*, 1891; 1 vol. in-8°.
L'Astronomie. Revue mensuelle d'Astronomie populaire, de Météoro-
logie, de Physique du globe et de Photographie céleste, publiée par
Camille Flammarion. N° 9. Septembre 1894. Paris; i fasc. in-8°.
Bulletin de V Académie royale de Médecine de Belgique. IV^ série. T. VIII,
11° 7, année i8g4. Bruxelles, F. Hayez, 1894*, i vol. in-8.
Bulletin de l' Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. Nouvelle
série IV (XXXVI), n°^ 1 et 2. Mars 1894; 2 vol. in-4°.
Congrès géologique international. Compte rendu de la 5*^ session, Washing-
ton, 1891. Washington, iSgS; i vol. in-4°.
Archives italiennes de Biologie, sous la direction de A. Mosso, profes-
seur (le Physiologie à l'Université de Turin. Tome XXI. Fasc. III. Turin,
Hermann Loescher, 1894; i vol. in-8°.
Proceedings and Transactions of the royal Society of Canada for tlie year
iSgS. Volume XI. Ottawa, 1893; i vol. in-4°.
Annali delV Vfficio centrale meteorologico e geodinamico italiano. Série
seconda. Vol. XV. Parte I, 1893. Roma, 1894; i vol. in-4°.
( 5o3 )
ERRATA.
(Séance du 27 août 1894.)
Note de M. Paul Vernier, sur la transformation des équations canoniques
du problème des trois corps :
Page 453, ligne 17, au lieu de par les foi-milles, lisez par la fonnule.
Même page, ligne 21, après annulées, ajouter seront écartées.
Même page, ajouter avant la remarque I :
« On voit donc qu'il est toujours possible d'obtenir plusieurs systèmes canoniques
de huit équations réduisant par conséquent à sept le nombre des intégrations. Les
considérations précédentes donnent d'ailleurs le moyen de résoudre cette question. »
Page 454. ligne 3, au lieu de j, := /•, cosa, cos(3,-, lisez j, =; /■, cosa^ sin p,.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augusiins, n° 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent réguiièremenl le Dimanche. Us forinoiil, à la fin de l'année, deux volumes in-^". Deux
blés, l'une par ordre alphabétique de malières, l'autre par ordre alphabétique do noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
part du \" janvier.
Le prix de rnriement est pxé iii/isi r/uUI mit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale ; 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
'.st.
chez Messieurs :
en Michel et Médan.
1 Gavault St-Lager.
ger l Jourdan.
Ruir.
tiens Courtin-Hecquet.
( Germain etGrassin.
gers ! ,
( Lachese.
yonne Jérôme.
iançon Jacquard.
Avrard.
'deciux ,' Duthu. •
' Muller (G.).
iges Renaud.
/ Lefouriiier.
1'". Robert.
J. Robert.
V' Uzel Caroir.
Baër.
Massif.
ambery Perrin.
1 Henry.
I Marguerie.
1 Rousseau.
( Rihou-Collay.
, Lamarche.
on Ratel.
f Damidot.
\ Lauverjat,
[ Crepin.
., > Drevel.
moble !
( Gratier.
Hochetle Foucher.
\ Bourdignon.
( Dombre.
Lefebvre.
Quarré.
Lorient.
erbourg
vmont-Ferr.
chez Messieurs :
\ Baumal.
( M°" Texicr.
Bernoux et Cumin
Georg.
Lyon ( Mégret.
(Chanard.
Vitte.
Marseille Ruai.
„ , ,,■ (Calas.
Montpellier J ^^^,^^
Moulins Martial Place.
j Jaripies.
Nancy Grosjean-.Maupin.
( Sidol frères.
I Loiseau.
/ M"* Veloppé.
( Barnia.
( Visconti et C'".
On souscrit, à l'Étranger,
Nantes
Nice.
Ninies Thibaud.
Orléans Luzera y.
. . i Blancliicr.
Poitiers ,^ ,
( Druniauu.
Rennes Plihon t Hervé.
Rocheforl Girard (M"").
( Langiois.
Rouen , ".
( Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
\ Bastide.
Havre.
Toulon..
Toulouse
I liumèbe.
) Gimct.
( Privât.
, Boisselier.
Tours j Pérical.
' Suppligeon.
( Giard.
( Lenialtre.
Valenciennes.
Amsterdam.
chez Messieurs :
j Feikenia Caarelsen
Berlin.
I et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
Ashor el C'«.
Dames,
l'riediander el fils.
I Mayer et Mïdler.
Bg,;ig l Schmid, Francke el
I C'°-
Bologne . . Zauichelli.
j Ramiot.
Bruxelles Mayolezel.Xudiarte.
I Lebègue el C".
\ Haimaiin.
I R.inisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellelC".
Christiania Caiiimermcyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Hosl et tlls.
Florence Lœscher el Seeber.
Gand Hoste.
Bucharest.
Gènes . . .
Genève.. .
La Ha) e . ■
Lausanne..
Beuf.
, Cherbuliez.
Georg.
( Stapelmohr.
Belinfante frères.
^ Benda.
' Payot.
Barth.
Brockbaus.
Leipzig { Lorentz.
Max RCibe.
Twielmeyer.
( Desoer.
/ Gnusé.
Liège.
chez Messieurs :
J Dulau.
Londres Hachette el C'v
' Null.
Luxembourg . ... \'. Biick.
/ Libr. Gutenberg.
Madrid Capdeville.
1 Gonzalès e hijos.
l F. Fé.
Milan ' Dumolard frères.
' ' Hœpli.
Moscou Gautier.
/ Furchheim.
l^'aples Marghieri di Gius.
' Pellerano.
1 Dyrsen el Pfeiffer.
Neiv-l'ork . Stechert.
Weslermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker el G"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
\ Bocca frères.
\ Loescher el C''.
Rotterdam Krainers et fds.
Stockholm Samsun et Wallin.
l^ Zinserling.
( Woitr.
I Bocca frères.
Brero.
Clausen.
Rosenberg el Sel I ler
Varsovie Gebethner et Wolfl
Vérone Drucker.
{ Fpick.
i Gerold el C".
Ziirich Meyer el Zeller.
Rome .
S'Petersbour;
Turin .
Vienne .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes i"à 31. — (3 .'Voût i835 à 3i Décembre i85o. ) Voiuine in-4'; i8i3. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865. ) Volume in-4''; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
)me I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. ,A. Derbêscl \.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbaliuns qu'éprouvent les
létes, par M. Hansen.— Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancréatique dans les phéaomènes digestifs, parliculiérement dans la digestion des matières
ses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i8ô6 15 fr.
)me II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedbn. — Essai d'un' réponse à laqucslloude Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
: le concours de i853, el puis remise pourcelui de i85'î, savoir : « Éludier les lois delà dislribulion des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
enlaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparinin ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
:s rapports qui existent entre l'étal actuel du régne organique et ses étals antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4'', avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N" H.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 10 septembre 181)4.)
aiEMOIRES ET COMaïUNlC AXIONS
DES MRMniiKS ET DES CORiiRSPONnANTS DR L'ACADÉMIE.
M. Ati. CuATiN. — 'l'iijlVes (Tevfàs) de Tunisie el de Tripuli .
COIUIESPONDAIVCE.
Pages.
49"
M. \Vl. de Tannenberg — Sur les équa- ' sur qiielques-uncs de ses applicalious. . . . -'ig^l
lions de la Mécanique • 4^7
M. V.-J. Stodolkif.vetz. — .Sur le prnblénie
de PfalT 489
M. Paul Serret. — Sur une autre délernii-
nation du cercle dérive de sept droites el
Bulletin BiBLioGR.4PmQUE ;>oi
ErR VT V 5o'J
sur quelques-unes de ses applicalious. . . .
M. Paul Marchal. — Sur les Diptères nui-
sibles aux céréales, observés à la Station
enlomologique de Paris en 1894
M. C. Maltezos. — Sur la chute des bolides el
aérolilliéi (oinln^ dernièrement en Grèce..
PARIS. — IMPRIMERIE (ÎAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands- A ufîumins, 55.
Le Cerant : Cautuieb-Villaiis.
OCT 20 I89i
1894
SùhOj
SECOND SEMESTRE
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PAK MiTI. liES SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS.
TOaiE CXIX.
NM2 (17 Septembre 1894),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
" 1894
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séaaxes des ^3 juin 18G2 et 24 mai 1870.
Les Comptes rendus hehdomadaii es des sceances de
[Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
t
Article 1*'. — Impressions des travaux de l' Académie.
I,esextraits desMéiiioires présentés p;u- un Membi c
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennoiil
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communicationsverbales ne sont mentionnées
dans lès Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenanic,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pnges accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués pai-
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils dotaient lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'im|jression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont cju'autant
que l'Ac idémie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à F Académie.
Les Mémoires lus ou |)résentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou (iorrespondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bo/i à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'impi imerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être reiuis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré (]ans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Ar.TicLE 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions dcmantlés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
OCT2O1094
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 17 SEPTEMBRE 1894,
PRÉSDENCE DE M. LCEWy.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Acadéinie la mort de M. Iler-
mann von Eelmhollz, Associé étranger, décédé à Charlotterdjurg le 8 sep-
tembre iSg'î, dans sa soixante-treizième année.
GÉOLOGIE. — Les Académies réunies représentées à la session de l' Association
géodésique internationale à Inspruck. Note de M. H. Faye.
« Je n'ai qu'un mot à dire à l'Académie pour lui rendre compte de la
mission dont elle m'a chargé à Inspruck. Les délégués anglais et ceux des
Académies de Munich, de Vienne, de Leipzig et de Gœttingue ont été par-
faitement accueillis par l'Association géodésique internationale ; il a été con-
venu qu'à l'occasion du renouvellement de nos conventions en octobre
G. R., 1S94. î' Semestre. (T. CXIX, ^' 12. ^ ^"
( 5o6 )
1895, c'est-à-dire l'an prochain, entière satisfaction sera donnée aux
représentants de la Géologie. A cet effet, on désignera probablement un
certain nombre de ces savants pour faire partie de la Commission perma-
nente de notre Association, afin de leur donner une part dans les déli-
bérations des Géodésiens et assurer ainsi aux études de la Pesanteur et du
Magnétisme terrestre le rôle qui leur convient. »
MEMOIRES PRESENTES,
t
M. Sarrat adresse une nouvelle démonstration du théorème de Fermât.
(Renvoi à l'examen de M. Darboux.)
M. Ed. Schneider adresse, de Constantinople, un Mémoire relatif au
« Tonnerre en boule « .
(Commissaires : MM. Mascart, Lippmann.)
CORRESPONDAIVCE .
ASTRONOMIE . — Les éloiles filantes observées en Italie au mois daoàt 1 894 .
Note du P. François Dexza, présentée par M. Lœwy.
« Le retour périodique des étoiles tombantes du mois d'août a été ob-
servé en vingt-six différentes stations d'Italie, depuis la Vénétie jusqu'au
fond de la Sicile. L'éclat de la Lune et le mauvais temps ont eu pour effet
d'empêcher de faire de bonnes observations en plusieurs stations. Néan-
moins on a mis partout la plus grande attention pour saisir le phénomène,
et l'on a assez bien réussi dans plusieurs de ces stations.
» Les observations, commencées la nuit du 9 au 10 du mois, se sont
continuées jusqu'à celle du i2-i3. Dans quelques stations on ne les a com-
mencées qu'après minuit pour éviter, autant que possible, le trop grand
éclat de la Lune.
'> Nous donnons ci-après le nombre des météores observés chaque soir
dans chaque station, en le réduisant, comme à l'ordinaire, à quatre obser-
vateurs par station.
( 307 )
» Nous supprimons les deux stations, d'A/tane dans la Ligurie et de Mon-
tevergine dans la province d'Avellino, où l'on n'a pas tenu un compte assez
exact des météores observés.
» Nous avons distingué par des guillemets les nuits dans lesquelles
le mauvais temps n'a pas permis de faire les observations.
Nuits
Noms des slations. 9-10. 10-11. 11-12. 12-13. Totaux.
Oderzo » 4^ " 6o io8
Aprica » i i4o u 700 i84o
Passivano (Brescia) » 24 » 8 Sa
Induno-Olonna (Como) » 4 8 » 12
Pavia » 70 55 » laS
S. Giovanni Canavese » » 8 » 8
Camburzano » 72 388 ao8 668
Montaldo-Torinese « 8 » iG 24
Moncalieri 82 i Sg » 112 3o3
Volpeglino (Tortona) 188 4oo " '76 764
Tortona » 227 !\\ 20 291
Brignano-Curone » 3o » i3o 160
Bargone » 20 28 16 64
Pistoia 106 120 76 38 34o
S. Giovanni in Galilea 64 84 4^ » i9>
Fiesole 128 i4o 76 » 344
Roma 3i5 960 25o » i525
Montecojaro (Macerata ) 172 212 112 8 5o4
Borgo-Gaeta 200 424 808 488 '920
Procida 348 i44 32 » 524
S. Martino in Pensili 124 248 i4o » 5i2
Taranlo 4o 80 60 4<-> 220
Pelagonia 56 46o 34o 3i6 1 172
\oto 32 i52 » » 184
Totaux i8o5 5226 2468 -2336 ii835
» De ce Tableau, il résulte avec évidence que le retour périodique
des Perséides s'est vérifié comme d'habitude et que l'essaim de ces mé-
téores a été beaucoup plus abondant dans la nuit du lo au 1 1 que dans
les autres. En outre, il ne s'est produit aucun retard dans leur appari-
tion, ainsi qu'il était arrivé en 1892. Elle n'a pas égalé celle de l'année
dernière : mais, eu égard aux circonstances qui en ont contrarié l'obser-
vation, on peut affirmer qu'elle a été, en somme, bien abondante, surtout
dans les stations plus méridionales et plus élevées, comme Aprica, Rome,
( 5o8 )
Borgo-Gaeta, Pelagonia. A Moiitevergine (iS^^™ au-dessus du uiveau de la
mer), dans la nuit du lo au ii, à 3'*3o™ après minuit, il y eut une vraie
pluie de météores qui étonna les observateurs.
» Les météores avaient généralement un grand éclat, et leur point ra-
diant prédominant, surtout la nuit du lo au ii, sortait de Persée et de
Cassiopée : à l'exception de quelques météores sporadiques, ils offraient
tous les caractères des pluies ordinaires d'étoiles.
» Dans plusieurs stations, on a tracé sur les cartes du Ciel presque
toutes les trajectoires de ces météores. L'examen des observations faites à
l'observatoire du Vatican donne, comme résultat, que le point principal
radiant des Perséides avait les coordonnées suivantes : a. = 45°, S = 5^°.
Ainsi que dans les autres années, il s'est montré d'autres radiants secon-
daires en Cassiopée, dans le Dragon et dans le Cygne.
» Il faut noter aussi que les Perséides se sont montrées dans d'autres
nuits encore que celles de la période ordinaire. En effet, le 3i juillet, pen-
dant que les astronomes du Vatican étaient occupés à leurs travaux photo-
graphiques, ils furent surpris par une pluie abondante de météores venant
surtout du point habituel du Ciel, près de la constellation de Persée. C'est
pourquoi on fît à Rome d'autres observations du phénomène dans d'autres
nuits encore, soit pour en suivre mieux l'histoire, soit parce que l'on n'était
pas gêné par l'éclat de la Lune : ces observations fournirent un résultat
qui n'est pas à dédaigner. »
MÉCANIQUE. — Sur des problèmes de Dynamique dont les équations différen-
tielles admettent une transformation infinitésimale. Note de M. P. StÀckel,
transmise par M. Picard.
« Considérons un problème de Dynamique et soient />,,/? j, .. .,/?„ les
variables indépendantes qui déterminent la position du système mobile.
Eu supposant qu'il existe une fonction des forces U(p,,p.^, ...,/;„), nous
avons l'équation de la force vive
;I.''".)## = ■> + /'.
2
A, À
OÙ h désigne une constante arbitraire.
» Afin de pouvoir utiliser les méthodes de M. L. Lie pour l'intégration
des équations différentielles de la Dynamique, j'ai été amené à chercher
( 5o9 )
les conditions dans lesquelles les cc-"~^ mouvements du système qui cor-
respondent à une valeur déterminée, d'ailleurs arbitraire, de la con-
stante h, admettent une transformation infinitésimale
p/=2-(/'"/'^----'^"^^'
dans laquelle les coefficients ;,, Ço, . . -, ^v sont indépendants de la con-
stante h.
» Rejetant le cas où la fonction des forces n se réduit à une constante,
qui exige une discussion spéciale, j'ai trouvé :
» 1° Que la fonction n(p,, p.,, . .., p„) doit être un invariant de la trans-
formation Vf ;
» 2° Que cette transformation doit être con/o/me et relative à l' expression
différentielle
A =^ai:,dpi,dpx;
» 3° Que les gèodésiques de la variété dont le carré de l'élément linéaire
est donné par A, admettent la transformation Vf.
» Au mois de mai 189,^, j'avais soumis ces résultats à M. Sophus
Lie, qui voulut bien les présenter à la Société royale des Sciences de
Leipzig. Mais il restait à résoudre une question importante; car, étant
proposé un problème de Dynamique, on n'était pas encore en état de
reconnaître s'il satisfaisait ou non aux conditions énoncées ci -dessus.
J'ai réussi à combler cette lacune et je prends la liberté de communi-
quer à l'Académie la solution; elle est plus simple qu'on ne pouvait s'y
attendre.
Une transformation infinitésimale P^, qu'admettent les « — i équations
différentielles entre />,, /?o, ..., p,„ n'existe que quand on jieut choisir les
variables p,, p.^, . . ., p,^, de telle sorte que :
)) 1° La fonction des forces II dépende seulement de p., p^, ... /■<„ ;
» 2° L'expression de la force vive se réduise à
î'-iM/;../' p^^%
c est une constante arbitraire et les coefficients b,i dépendent seulement des
arguments p„ p^, ..., p„.
( 5io )
» Alors la transformation infinitésimale P^ a la forme canonique
» Ces conditions sont nécessaires et suffisantes .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations linéaires aux dérivées par-
tielles du second ordre. Noie de M. A. Petot, présentée par M. Dar-
boiix.
« On sait que chaque solution particulière d'une équation harmonique
donne naissance à une solution nouvelle; je vais montrer qu'il en est
de même pour une équation quelconque de Laplace. Cela résulte de la
relation suivante, qui existe entre une pareille équation et son adjointe :
» Quand on connaît quatre solutions particulières d'une équation de la
forme
d-\ cl\ j d).
^ ■" aiiav du c/c
on peut construire explicitement deux formules A et B, permettant de passer,
en effectuant seulement des différentiations et des quadratures , de chaque
solution particulière nouvelle 1 de cette équation à une solution [x de son ad-
jointe; et inversement.
» Comme on peut remplacer par 1 l'une quelconque des quatre solu-
tions particulières >,,, 1.,, 1^, 1,, d'où l'on est parti, et réciproquement, on
obtiendra, en résumé, non pas seulement une solution de l'équation ad-
jointe, mais bien cinq solutions de cette équation. De même, si l'on
connaît les cinq solutions particulières 'X,, T^o, X3, X^, jx, on en déduira une
cinquième de l'équation (i) et quatre nouvelles de son adjointe.
» Pour établir ce premier résultat, remarquons que les solutions 1,, 1^.
1^, lu sont les paramètres du jjlan tangent d'une certaine surface S, sur
laquelle les lignes de coordonnées (v) et (m) sont conjuguées, et qu'en
outre la cinquième solution particulière 1 permet de mener, par chaque
point M de celte surface, une droite D te*l!e que les développables de la
congruence engendrée G correspondent au réseau («,('). Si l'on désigne
par G l'une des nappes de la surface focale de G, on sait que la détermi-
nation des surfaces 1, découpées suivant un réseau conjugué par les
( 5.1 )
développables de cette congruence, revient à l'intégration de l'équation
linéaire a, vérifiée par les quatre coordonnées homogènes de chaque point
de ç. De même, la détermination des congruences H, formées de parallèles
aux normales de c , et dont les développables correspondent au réseau
(u, i'), dépend de l'équation P' adjointe _à l'équation p, vérifiée par les pa-
ramètres du plan tangent à a. Comme la surface connue S est l'une de
celles désignées par 2, on en déduit une solution particulière de l'équa-
tion a, et par suite une solution de [i', qui donne une îles congruences H.
Pour chaque droite de cette congruence, l'un des plans focaux est per-
pendiculaire à la droite D correspondante ; si donc on mène par le foyer vs,
relatif au deuxième plan focal, une perpendiculaire D, au plan tangent à
S, on obtient, comme je l'ai montré dans une Note antérieure, une con-
gruence G, dont les développables correspondent aussi au réseau conju-
gué (u, r) de S. La distance focale de cette dernière congruence est alors
une solution particulière de l'équation adjointe à celle vérifiée par les
cosinus directeurs de la normale à S; on en déduit >nie solution particu-
lière de l'équation adjointe à la proposée (i), ce qui établit finalement
la formule indiquée A. Les mêmes considérations, développées dans un
ordre inverse, conduisent d'ailleurs à la formule B.
» Si maintenant on connaît quatre solutions particulières de l'équa-
tion (i), et autant de son adjointe, on peut construire les formules A et B,
et deux formules analogues A' et B' où l'équation adjointe joue le rôle de
la proposée. On passe alors d'une solution particulière \ de l'équation (i)
à une solution (X de son adjointe, à l'aide de la formule A; puis, de jy. à
une solution nouvelle V de la proposée, à l'aide de la formule A'.
» On peut aussi remplacer dans les formules A et B une des quatre solu-
tions particulières employées par une cinquième 'Xj, ce qui donne deux nou-
velles formules A, et B, analogues aux premières. Après être passé de a ;i
II. à l'aide de la formule A, on doit, pour revenir a\, employer B; si au
contraire on emploie B,, on obtient une solution >., de l'équation (i), dis-
tincte de celle d'où l'on est parti.
1) On a, en résumé, le théorème suivant :
« Chaque solution particulière d'urw. équation de Laplace quelconque donne
naissance à une solution nouvelle, celle-là à une troisième et ainsi de suite, par
l'emploi répété d'une formule où interviennent seulement des diffèrentialions et
des quadratures. Pour que l'on puisse construire explicitement cette formule, il
suffit que Von connaisse cinq solutions particulières de Céquation proposée, ou
encore quatre solutions de cette équation et une de son adjointe.
( ai2 ;
» Quand l'équation (i) est relative au système conjugué formé par les
lignes de courbure d'une surface, on a immédiatement cinq solutions par-
ticulières; il en est de même dans le cas des systèmes conjugués spéciaux
qui interviennent dans l'étude de la déformation, car les congruences
cycliques que l'on déduit d'un pareil système donnent une solution de
l'adjointe. »
PHYSIQUE. — Sur le mélange des liquides.
Note de M. J. de Kowalski, présentée par M. Lippmann.
lezel.\udiarte.
I Lebùgue et C'".
( Haimann.
' Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deiglilon, Bell elC".
Chrisliania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host el fils.
Florence Lœscher et Seeber.
Gand iloste.
Gènes Beuf.
, Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
La Haye Belinfanle frères.
^ Benda.
' Payot.
: Barth.
1 Brockliaus.
Leipzig Lorentz.
] Max Riibe.
Lausanne.
Lièg
Twietmeyer.
( Desoer.
I Gnusé.
chez Messieurs :
I Dulau.
^""'^'■^ Hachette et C-.
' Nuit.
Luxembourg . ... V. Biick.
iLibr. Gulenberg.
Capdeville.
Gonzalès e hijos.
F. Fé.
Milan.... * Dumolard frères.
( Hœpli.
Moscou Gautier.
i Fiirchheini.
IVaples ' Marghieri di Gius.
' Pcllerano. ■
i Dyrsen et Pfelffer.
A'eiv- York , Slechert .
' Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker el C"
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
„ 1 Borca frères.
Rome ,
( Loescherel C".
Rotterdam Kramcrs el fils.
Stockholm Samson et Wallin.
„, „ , , 1 Zinserling.
S'Petersbourg..^^^^^^^
IBocca frère».
Brero.
j Clausen.
[ RosenbergetScllier
Varsovie Gebetliuer el Wolll
Vérone Drucker.
( l'rick.
■ ■ ! Gerold et C".
ZUrich Meyer et Zeller.
Vienne .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes i"' à 31. — (3 Août i835 a 3i Décembre i85o. ) Volumo in-4^; i8J3. Pri.x 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3t Décembre 1880.) Volume in-^"; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie dos .Mgues, par .MM. A. DERBEset \.-}.-3. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbation» qu'éprouveni les
Comètes, par M. Hanses. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rùle du suc pancréatique dans les phénomènes digcslifs, parliculièrement dans la digestion des matières
grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-',", avec 32 planches; i856 '. 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedes. — Essai d'un.; réponse à la question de Prix proposée en iSâo par l'.\cadé(uie des Sciences
pour le concours de i853, et puis remise pour celui de iSj'i, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
» menlaires, suivant l'or. Ire de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
• des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par .M. le Professeur Bhonn. In-i", avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N" 12.
TABLE DES ARTICLES. (Séance dn 17 septembre 1894.)
fllEMOlRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMHItES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. le Skcrêt-Vire perpétl'li. annonce à l'A-
cadémie la mort de M. //. von Helmhoitz,
Associé étranger 5o5
Pages.
M. H. Fayk. — Les Académies réunies repré-
sentées à la session de r.\ssociation géodé-
sique internationale à fnspruck 5o5
aiEMOIRES PRESENTES.
iM. S.^RR.VT adresse une nouvelle démonstra-
tion du théorème de Format .5o5
M. Ed. ScHNEiDiiR adresse un Mémoire rela-
tif au « Tonnerre en boule )> 5o(i
CORRESPOiMDAIVCE.
p. Kr. UiiNZA. — I.cs étoiles lilantes obser-
vées en Italie au mois d'août iSg^ 5o6
M. Staeckkl. — Sur des problèmes de Dyna-
mique dont les équations différentielles
admettent une transformation infinitési-
male 5o8
M. A. Petot. — Sur les équations linéaires
aux dérivées partielles du second ordre.. 5io
M. ,1. DE KowALSKi. — Sur le mélange des
liquides 012
HL Louis Maxgin. — Sur la présence de
thyllcs gommeuses dans la Vigne 5i4
Bulletin bibliographique ^>io
.M. P. Ei.osTE. ~ Sur une maladie de la
Vigne, déterminée par VAureobasidiiim
Vitis "117
M. GÉNOI. — Trombe observée en mer. . . . •')U)
M. LÉOPOLD Hugo adresse une Noie « Sur
la classification philosophique et morpho-
logique des figures adoptées dans les con-
structions en fer .119
M. L. Capazza adresse une Note sur un
phénomène électrique observé par M. Li-
vrelli dans une ascension en ballon Sig
PARIS. — IMPRIMEKIE G\U THIER-VILLAKS ET FILS,
Quai de<: Grands-Au^usiins, 55.
Le CeianI : Gautuier-Villars.
Èoi-j 1894
SECOXD SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. E.ES SECRÉTAIRES PJERPÉTlTEIiS.
TOME CXIX.
i\^ 13 (24 Septembre 1894),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPKIMEUKS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉ\NCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yuai aes (irands-Augustins. 55.
(894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
JiES Comptes rendus hebdomadaires des sceanccs de
C Académie se composent des extraits des travaux de
ses ?ilembres et de l'analvse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article l*"^. — Impressions des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donnei aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages frccordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier. "*
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces ÎNIembres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadéniie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-^
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autand
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à ï Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes!
qui ne sont-j^as Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent cfes Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui (ait ja présentation est toujours nommé v?
mais les Secrétaires ont je droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
AinicLE 3. "J
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis a&
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, là
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,'
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est l'envoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin ilu cahier.
Article 4 . — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-;'
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois^ la Commission administrative fail
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèi
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré*
sent Règlement. |
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le»')
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant h*'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivantel
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 24- SEPTEMBRE 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LŒWY.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. A. Milxk-Edwards présente à l'Académie le fascicule 7 de l'Ouvrage
publié par le Prince de Monaco et intitulé « Résultats des campagnes scien-
tifiques accomplies sur son vacht par Albert \" , prince souverain de Mo-
naco. ))
Ce fascicule, rédigé par MM. Milne-Edwards etE.-L. Bouvier, comprend
les descriptions des Crustacés Brachyures et Anomoures.
GÉODÉSIE. — Géodésie et ses rapports mec la Géologie;
par M. H. Faye.
(( Au sujet de l'importante accession des délégués des Sociétés royales
de Gœttingue et de Leipzig, des Académies de Munich et de Vienne et des
C. R., iSg.',, î» Semestre. (T. CX1\, N' 13.) (^^8
( 022 )
délégués anglais qui sont venus conférer avec l'Association géodésique
internationale, à Inspruck, sur la détermination de la pesanteur par le
pendule, en se fondant sur les récentes opérations de M. le commandant
Defforges et de M. le colonel von Sterneck, je me suis exprimé ainsi dans
notre première réunion, et je demande à rAcadémie la permission de re-
produire ici mes paroles :
>' Déjà les travaux des géodésiens navigateurs avaient montré que la
pesanteur, plus faible sur les continents, était plus forte sur les îles, au
milieu des mers, malgré la faible densité de l'eau qui y remplace les masses
continentales. L'archidiacre de Calcutta, le révérend M. Pratt, avait déduit,
des mesures géodésiqiies exécutées aux Indes, que l';ittraction du globe
est plus faible au-dessous des continents qu'au-dessous des mers; et il en
avait conclu que la quantité de matière continentale est contre-balancée
par un excédent sous-marin. Les belles opérations du pendule, exécutées
par les officiers anglais aux Indes, avaient confirmé celte conclusion.
» Cependant la question semblait peu avancée, car on n'avait aucune
raison de supposer que l'écorce terrestre dût être plus lourde sous les
mers que sous les continents, lorsque les marins français de la frégate
la Vénus, sous le commandement de duPelit-Thouars, reconnurent que la
température du fond des mers ne dépasse pas i° à 2° à la profondeur de
4000™, tandis qu'à cette même profondeur, la température des continents
est de 133".
» Des travaux plus récents ont montré qu'une température encore plus
basse est atteinte à une profondeur presque double, c'est-à-dire à 7000"
ou 8000"". Dès lors, il fallait conclure que le refroidissement progressif de
l'écorce terrestre, auquel est due son épaisseur actuelle, va plus vite sous
les mers que sous les continents; par conséquent, sous les mers, l'épais-
seur et la densité de cette croûte solide doivent être plus grandes dans le
premier cas que dans le second. Et, comme cette action a dû se produire
à toutes les époques, depuis que les eaux se sont déposées sur le globe, le
soldes mers a dû s'enfoncer peu à peu dans le noyau fluide interne, tandis
que les continents s'exhaussaient par suite d'une inévitable réaction hydro-
statique.
» De là une notion nouvelle dans la théorie de la formation géologi >
N.
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réduites.
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( 532 )
DislribiUion des taches en latitude.
NnrJ.
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^■^^^^.^— '^ ^ ^ Totauv Surfaces
Somme. 0". 10\ 20". 30'. Vft". 90°. mensuels. niensuelles.
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4 11 ' ag 3-245
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Totaux.. I 3 10 ■>.4 16 J4 40 '3 21 G » u 94 9692
Table.iu III. — Distrihtilion des faciiles en latitude.
I
Su■ 120 i79,i
)) Cette diminution dans le nombre de groupes de facules se répartit,
comme pour les taches, à toutes les latitudes et de la manière suivante :
II groupes de — 0° à — 10°; 12 de —10" à —20°; i de — 20° à — So";
2 de — 3o" à — 40"; 3 de — 4o" à —90°; 3 de +0" à +10°; 12 de 4- 10" à
+ 20°; 8 de +20° à H-3o"; 2 de +30" à + 40° et enfin 3 de -i-4o° à 4-90°.
Soit au total 29 groupes en moins au sud et 28 au nord. »
ASTRONOMIE. — Sur la rotation des taches solaires. Note de M. Flam.mario\,
présentée par M. Faye.
« Nous avons entrepris, à l'observatoire de Juvisy, la mesure des posi-
tions et des directions des taches solaires, ainsi que celle de leurs noyaux
principaux. L'année actuelle, voisine d'un maximum très intense et féconde
en manifestations solaires, s'est admirablement bien prêtée à ces études,
quant au Soleil. Il n'en a pas été de même de l'atmosphère terrestre en
nos climats, car elle est restée presque constamment couverte ou nuageuse.
Les séries d'observations ne sont donc pas aussi longues que nous l'eussions
désiré. Elles suffisent cependant pour établir un fait : c'est que les noyaux
des taches qui se forment dans l'hémisphère boréal tournent sur eux-mêmes
dans le sens sinistrorsum, c'est-à-dire en sens contraire du mouvement des
aiguilles d'une montre. Il ne se forme j)as, en ce inoment, de Lâches impor-
tantes dans l'hémisphère austral.
( 533 )
» Ces observations ont été faites par projection. Dans ces dessins,
l'ouest est à ganclie et l'est à droite. Le sens du mouvement est donc ren-
versé. Pour voir les taches dans la position du disque solaire vu à l'œil nu,
il faut les regarder par transparence, le nord en haut et l'ouest à droite.
>) Voici, par exemple [fîg. i), une laclio qui a fait son apparition au bord oriental
du Soleil, le 2g juillet. Sa position était : ionf;iliide = ï85°; latitude + 1 1°. Le groupe
s'étendait sur plus de 25" de longitude hélioccritrique. Sa longueur totale du nord au
sud était de l'io", soit deSrooo''™. On comptait plus de aS noyaux sur l'immense
étendue de la pénombre; les deux du nord étaient très grands et se touchaient; on
remarquait, au-dessous, un troisième nnvau en forme de croissant. Les mesures ont
été faites sur ce dernier noyau, ainsi que sur celui de droite, celui de gauche s'élant
rapidement morcelé. Le dessin publié ici est celui du a août.
La lâche solaire du n août iSg4.
>) Le lendemain, 3 août, la tache s'est allongée, les noyaux se sont séparés, le grand
axe de la pénombre a tourné dans le sens sinistrorsum, l'axe des deux noyaux a tourné
dans le même sens; en vingt-quatre heures, la pénombre a tourné de 20", et tous les
noyaux ont tourné dans le même sens.
» Le 4 août, la tache offre de nouvelles transformations. Le noyau de gauche s'est
segmenté, ainsi que le noyau sud, à l'extrémité de la pénombre, et leurs mouvements
( .534 )
sont naturellement changés. Mais les deux. noya"v nord-est, restés intacts, continuent
de tourner dans le même sens. L'ensemble de la tache continue de s'allonger du nord
au sud. Elle mesure i'3o".
» Le 5, la transformation s'est continuée; mais les noyaux supérieurs, toujours in-
tacts, continuent de tourner dans le même sens.
» Le 6, les divers éléments de cette tache remarquable semblent fondus dans la
photosphère. Le noyau de droite s'est segmenté et celui de gauche va subir le même
sort. Les observations s'arrêtent donc ici quant aux mouvements à mettre en évidence.
» On se rendra compte de la gyration de chacun de ces noyaux pendant
ces cinq jours par le diagramme ci-dessous :
Fig. a.
N
/ U^
2 0,0-Cct
1894
3 CLOÛt ^ a-oCU ô CLOCtt
Rotation d'un noyau de tache solaire.
Mouvement du noyau nord-est {ftg. 2) :
o
Du 2 au 3 août 35
» 3 i> 4 » 20
» 4 » 5 )> 22
Le 6 segmentation
soit 77° en trois jours.
Fig. 3.
V
2 aoiiX
1S94.
3 aotit /j. ao<'il' 5 aoUt
Rotation d'un noyau de tache solaire.
Mouvement du noyau voisin itifcricur {fig- 3).
Du 2 au 3 août.
» 3 [» |4 >i .
» 4 " 5 » .
)> 5 » 6 » .
5o
3o
fio
I 2
6 OMct
a "
6 ax>Cct
soit de 162" en 4 jours.
( 535 )
» Ces angles de position mettent en évidence un mouvement de rotation
conforme à la théorie de M. Faye.
» Sans entrer en île plus longs détails, nous signalerons encore ici une
autre tache observée les 20 et 22 juillet, par 35G" de longitude et -\- i3"
de latitude, qui a tourné tout entière, y compris hi pénombre, de S/j" en
deux jom-s, ainsi que le montre la /Z^'. 4.
Fi?. 4-
20 Jiullet
22
iUft
Kolation fl'une tache solaire.
M Cette loi de rotation ne s'applique pas aux cas de segmentation : soit
par l'ascension de gaz sous-jacents, soit par des courants formés dans la
pénombre même, les noyaux se comportent alors tout autrement.
» Les mesures ont été faites par M. Antoniadi, et j'en ai constaté avec
lui la précision dans un très grand nombre de cas. »
PHYSIQUE. — Sur la théorie de la machine Wimshurst .
Note du P. V. SCHAFFERS.
« On admet généralement que, dans la machine Wimshurst, le rôle
des mâchoires à peignes est de décharger les plateaux. Les armatures res-
teraient donc sensiblement neutres entre les peignes et les balais des con-
ducteurs diamétraux les plus proches dans le sens de la rotation; elles ne
se rechargeraient que sous ces balais.
» Nous avons reconnu qu'eu réalité les plateaux ne sont neutres en au-
cun de leurs points. Les signes des charges s'intervertissent, sur un des
plateaux, aux balais du conducteur diamétral ; sur l'autre, aux peignes,
c'est-à-dire aux moitiés des mâchoires qui font face à ce plateau. Le second
conducteur diamétral sert à empêcher le renversement, comme dans la
machine Voss. Les secondes moitiés des peignes n'ont aucune utilité.
( 536 )
» Le fonctionnement de la machine n'exige donc, à la rigueur, que la
moitié des organes ordinaires, un conducteur et deux demi-peignes, comme
il est aisé de s'en assurer. Dans la machine complète, les parties actives
sont celles où le mouvement de l'électricité est le plus facile. De là, par-
fois, dans les appareils peu symétriques, des distributions anormales en
apparence.
» La théorie que nous sommes amené à proposer revient donc à assi-
miler absolument le jeu de la machine Wimshurst à celui de la machine
Holtz du second genre, l'induction due aux charges des plateaux s'exer-
çant, dans la première, sur deux demi-peignes et sur les balais du conduc-
teur diamétral opposé, comme elle s'exerce dans la seconde sur les deux
couples de peignes.
» Au point de vue pratique, il en résulte deux conséquences impor-
tantes :
)i D'abord, il est toujours inutile d'employer des peignes en fer à che-
val : des peignes droits devant un seul des plateaux les remplacent parfai-
tement. De nombreuses mesures nous ont démontré que le rendement
est exactement le même.
» En second lieu, la machine Wimshurst actuelle ne donne que la moi-
tié du débit qu'on pourrait lui demander. En effet, d'après notre théorie,
toute l'électricité transportée par un des plateaux provient d'un conduc-
teur diamétral non relié aux électrodes. Si l'on coupait le conducteur, et
qu'on mît ses deux moitiés eu relation avec les électrodes, cette électricité
serait utilisée pour le débit extérieur, comme celle de l'autre plateau.
L'expérience a pleinement vérifié cette déduction. Voici, par exemple,
quelques résultats obtenus sur la bouteille de Lane :
Tours de manivelle
en une minute.
Étincelles
Type Wimshurst ordinaire. .
( 3.5
90
(37
lOI
Type modifié
( 25,5
180
( 26
.89
)i Avec un conducteur diamétral devant chaque plateau, pour empê-
cher le renversement, la marche de la machine ainsi transformée est d'une
constance parfaite.
« Voici donc, en résumé, comment nous avons constitué le nouvel ap-
pareil. Les plateaux sont les mêmes que dans le modèle Wimshurst ordi-
( ^37 )
naire. Devant un de ces plateaux, nous montons deux peignes isolés, de-
vant l'autre, deux peignes à 60° environ de la direction des premiers. Les
deux peignes de gauche sont reliés à une électrode, ceux de droite à l'autre
électrode. Ils sont munis, tous les quatre, de balais frotteurs. Enfin, à 3o°
ou 35° des peignes dans le sens de la rotation de chaque plateau, se trouve
un conducteur diamétral portant des pointes sans balais.
» Il est évident que le nouveau modèle de machine Wimshurst construit
par M. Bonetti est susceptible des mêmes perfectionnements, la théorie
des réactions qui l'entretiennent étant la même. Du reste, nos mesures
sur cette machine nous ont donné des résultats identiques : dans tous les
cas, le débit s'est trouvé doublé. »
ZOOLOGIE. — Sur la coexistence, chez le même hôte, d'une Coccidie niono-
sporëe et d'une Coccidie polysporée ('). Note de M. Alphonse Labbé, pré-
sentée par M. de Lacaze-Dulhiers.
« Les cas d'infection coccidienne double, analogues à ceux que
R. Pfeiffer a décrits chez les jeunes Lapins, coccidioses sur lesquelles
L. Pfeiffer a établi sa théorie du dimorphisme des Sporozoaires, sont assez
rares.
)) Nous avons pu, chez des animaux très différents, observer plusieurs
cas de coccidiose double, ce qui nous permet d'émettre une opinion sur
la théorie de Pfeiffer.
» Chez de jeunes Passereaux (Chardonnerets) infestés par le Diplospora
Lacazei, Coccidie disporée à développement exogène que nous avons dé-
crite dans une Note précédente (^), nous avons trouvé dans l'intestin une
Coccidie monosporée, pouvant atteindre jusqu'à 5oy-, dont le plasma, tou-
jours intracellulaire, était entouré d'une mince membrane cuticulaire ; les
Sporozoïtes, très nombreux, longs de 7 à 8a, se forment superficiellement
autour d'un reliquat très grand.
» Nous avons trouvé une deuxième Coccidie monosporée chez déjeunes
ïrilon cristatus, encore pourvus de branchies externes. Tous les Tritons
d'une même mare étaient infestés, et quelques-uns renfermaient en outre
(') Travail du laboratoire de Zoologie de RoscofF.
(^) Làdbé, Sur les Coccidies des Oiseaux {Comptes rendus, 5 juin i8g3).
C. R., 189^, 2« Semestre. (T. CXIX, iN» 13.) 7^
( 538 )
une Coccidie létrasjiorée, Coccidium proprium Schneider. Cette dernière
ne dépasse gnère 3o[x sur io\]., tandis que la Coccidie monosporée atteignait
jusqu'à Ç)0[j. ('). Cette Monosporée donne, soit des macrosporozoïtes longs
de i4 à i5(A, soit des microsporozoUes (^); les premiers, moins abondants,
accaparent tout le plasma, et il n'y a pas de reliquat; les seconds, qui peu-
vent être une centaine, et n'ont que 8 à gjx, se forment superficiellement
et il y a un reliquat considérable.
)) Un troisième exemple nous a été fourni par un Sélacien, Lamna Cor-
nubica, Flem., qui héberge dans son intestin spiral deux Coccidies :
» L'une, tétrasporiée, à développement exogé/ie, ce qui la différencie
des autres Coccidies des Poissons, a un plasma toujours relégué à l'un des
pôles de la capsule; celle-ci, épaisse, cylindroïde, atteint ']o\j. sur [\0[j. de
largeur.
» L'autre, monosporée, peut dépasser i*"™ de largeur; les kystes, ronds
ou ovalaires, munis d'une mince membrane, sont bourrés de sporozoïtes
longs de i4 à \3[j..
')> Les Benedenia des Céphalopodes ne sauraient nous fournir un exemple,
car il nous paraît probable, d'après nos préparations, que les kystes mo-
nosporés de Mingazzini sont anormaux, pathologiques, et que les sporo-
zoïtes de ces kystes sont en réalité des spores modifiées.
» En résumé, dans tous les cas que nous avons observés :
» 1° Il y a une grande différence de taille entre la Coccidie monosporée
et la Coccidie polysporée.
» 2° Les stades jeunes peuvent être facilement différenciés. I^es stades
jeunes de la Coccidie monosporée n'ont pas de granules plastiques, ou ces
granules sont très petits; les granules chromatoïdes sont abondants, ainsi
que les vacuoles, les globules graisseux et le pigment.
» 3° La capsule, toujours épaisse, de la Coccidie polysporée devient
une simple membrane cuticulaire chez la Coccidie monosporée ; le plasma,
chez cette dernière, ne se concentre pas au milieu de la capsule.
» 4° Les Coccidies monosporées sont rares, tandis que les Coccidies
polysporées se rencontrent souvent; on peut trouver des animaux in-
festés par une Coccidie monosporée, sans qu'il y ait de Coccidie poly-
sporée.
» Pour ces diverses raisons, il nous semble logique de répéter pour les
(') Cette Coccidie n'a aucun rapport avec le Cytophagus Tritonis de Steinhaus.
(-) Comme chez les Ilémosporidies {Drepanidium. Karyolysus).
( 539 )
Coccidies l'opinion que nous avons déjà émise (' ) pour les Bémosporidies
et les Gymnosporidies :
» De ce que deux parasites voisins se trouvent dans le même organe
du même hôte, il n'en résulte pas qu'ils dérivent l'un de l'autre; et si leur
structure et leur évolution diffèrent, depuis les premiers stades jusqu'aux
derniers, on ne peut admettre un dimorphisrae, et l'on peut conclure (\\\ils
appartiennent à des espèces différentes.
» M. L. Pfeiffer nous permettra donc de donner à la Coccidie mono-
sporée que, lui chez le Lapin, nous-mêmes chez les Passereaux, les Tri-
tons et les Lamna, avons rencontrée avec les mêmes caractères, le nom
générique de Pfeifferia. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur le fonctionnement du rein des Hélix.
Noie de M. L. Cuéxot, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
u. Ou sait que le rein des Gastéropodes pulmonés et spécialement celui
des Hélix sécrète des concrétions volumineuses, à structure radiée, for-
mées par de l'acide uriqne mélangé à divers produits mal connus. D'après
un travail récent de M. Girod (-), ces concrétions ne seraient pas rejetées
telles quelles au dehors, comme on l'avait toujours cru : dans la première
portion de l'uretère (portion qui longe le rein et est tapissée par un épi-
thélium vibratile), il se ferait une sécrétion alcaline (sel de soude), qui
attaquerait les globules uriques dès leur sortie du rein et les transformerait
en urate de soude, rejeté ensuite au dehors dissous dans l'eau.
» A un point de vue général, il peut sembler assez bizarre qu'un pro-
duit de désassimilalion, rejeté d'abord à l'état solide, subisse dans l'uretère
une telle transformation; je n'avais rien constaté de semblable dans une
étude précédente sur l'excrétion chez les Pulmonés ('), ce qui m'a engagé
à revoir ce point de détail.
» J'ai expérimenté sur Hélix pomatia L., Hélix nemoralis L. et Limax
(') Labbé, Recherches zoologiques cl biologiques sur les parasites endoglobu-
laires du sang des Vertébrés {Archives de Zoologie expérimentale et générale,
fasc. 1 et 2; 1894).
(^) P. Girod, Obsenritions physiologiques sur le rein de l'Escargot {Comptes
rendus, t. CXVIII, 5 février 1894).
(') L. CuÉNOT, Études pliysiologiques sur les Gastéropodes pulmonés {Archii'es
de Biologie, l. XII, p. 683; 1892).
i 540 )
maximus L. Si l'on élève ces Pnlmonés en captivité, on trouve au bout de
quelque temps, sur les parois du cristallisoir, de petits amas blancs ou jau-
nâtres, pesant parfois jusqu'à 4°^'' et ô^fi^ généralement accolés aux excré-
ments : ces amas sont formés entièrement par des concrétions uriqiies, nulle-
ment attaquées, ni corrodées, identiques à celles contenues encore dans les
cellules rénales. Cette simple observation, que j'ai répétée un grand nombre
de fois, prouve d'une manière indiscutable que les concrétions rénales
sont bien éliminées en nature, et non transformées en route.
» Ces masses de concrétions ne sont rejetées qu'à des intervalles
éloignés, quinze jours, un mois et plus, suivant l'activité de l'animal;
durant toute la jiériode d'hibernation (cinq mois), les Hélix ne rejettent
absolument rien. Au lieu d'attendre l'élimination naturelle, il est facile de
la provoquer en injectant dans le cœlôme une solution physiologique d'in-
digocarmin ou de safranine, substances qui soiat éliminées par le rein en
se fixant précisément sur les concrétions uriques : au bout de huit jours
environ, l'animal rejette des amas de concrétions colorées en bleu ou en
rose, identiques à celles renfermées encore dans le rein.
» A l'état normal, l'uretère ne renferme qu'une faible quantité d'eau,
contenant peut-être en dissolution quelques produits de désassimilation
provenant des vacuoles rénales, mais pas de concrétions. Par contre, si
l'on ouvre un Hélix au moment du rejet, la seconde portion de l'uretère
(celle qui longe le rectum ), est absolument bondée de concrétions intactes;
la première portion ciliée ne coniient qu'un liquide neutre et non pas
alcalin, comme on peut s'en convaincre en y poussant une injection de
tournesol sensible ('). »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur l'alimentation de deux commensaux (^Nerei-
lepas et Pinnotheres) (-). Note de M. He.vri Coupi.v, transmise par
M. Edmond Perrier.
« Dans les coquilles de Buccin habitées par des Pagures, on trouve,
on le sait, très fréquemment une Annélide, la Nereilepas fucata. Ce Ver se
loge dans les premiers tours de spire, c'est-à-dire dans une chambre
presque complètement close pMr la partie postérieure du Crustacé. Il est
(') Travail du Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Nancy.
(■) Travail du laboratoire maritime de Saint-Vaast-de-la-Hougue.
( 541 )
cependant très bien développé, sans aucune souillure, et resplendit, pour
ainsi dire, de santé. Cela n'a rien qui doive nous étonner, car il est admi-
rablement protégé contre les injures et les ennemis extérieurs. Mais com-
ment arrive-t-il à se nourrir? On admet généralement qu'il se contente de
dévorer les résidus delà digestion du Pagure, qui sont précisément évacués
dans l'endroit où il se trouve. Dans le but de savoir s'il en était ainsi, j'ai
fait diverses observations et expériences qui montrent que cette hypothèse
n'a rien de fondé.
» Examinons, en effet, un Pagure ayant un Nereiiepas comme colocataire. Le Pa-
gure se nourrit de deux manières principales. En temps ordinaire, il se contente de
manger les particules que les mouvements rapides de ses appendices amènent au con-
tact de sa bouche : ces matières, une fois digérées, sortent au dehors sous la forme
d'un boudin cylindrique, plus ou moins allongé, d'environ i™" de diamètre, et faciles
à distinguer des excréments du ver, lesquels sont filiformes. Si le Ver mangeait ces
déjections, il est bien évident qu'on ne les verrait pas sortir au dehors. Pendant tout
le temps que dure cette alimentation, l'Annélide ne donne pas extérieurement signe de
vie : elle attend le moment favorable.
» Mais les choses ne se passent pas de même lorsqu'on donne au Bernard un gros
morceau, comme par exemple une moitié ou un quart de Cardiam. Satisfait de cette
bonne aubaine, on le voit de suite mastiquer avec animation ; il sort même une partie
de son corps au dehors et mange, si j'ose m'exprlmer ainsi, comme un glouton. Mais,
presque aussitôt, on voit, entre la base des pattes droites et le céphalothorax, s'avancer
lentement la partie antérieure du Ver. Celui-ci, sans hésiter, va directement explorer
la bouche de son camarade; là, rencontrant le morceau, il le pince fortement avec ses
deux puissantes mandibules et, dès lors, ne le lâche plus. Se rétractant en arrière, il
attire à lui le butin. Alors de deux choses l'une : ou bien le Pagure se cramponne,
lui aussi, à la proie, sans se rendre compte d'ailleurs des causes qui tendent à la lui
enlever, et l'Annélide redouble d'efforts, si bien que le morceau finit par se déchirer
en-deux parties : le Ver entraine sa part au fond de la coquille, pour la dévorer tout à
son aise. Ou bien le Pagure lâche sa proie, et l'Annélide l'emporte tout entière; je lui
ai vu ainsi enlever un Cardiuni presque complet, si bien même qu'elle ne pouvait
plus le faire passer par l'orifice étroit laissé entre le Crustacé et la coquille. En tirant
très fort, elle y arrivait cependant presque toujours.
» Il ne faudrait pas croire que l'Annélide perçoit par l'olfaction la présence voisine
d'une proie, car, ainsi que je l'ai pu constater en la retirant de la coquille, ses orgt-nes
des sens sont très émoussés. Il est curieux de constater que c'est le Pagure lui-même
qui, inconsciemment bien entendu, avertit son camarade de la présence d'une proie
volumineuse : les mouvements désordonnés auxquels il se livre indiquent h l'Annélide
qu'il est temps de se montrer; on ne la voit jamais sortir à un autre moment. C'est
aussi un fait intéressant à noter que l'indillérence du Cruslacé à l'égard du voleur avec
lequel il habite et qui vient, suivant l'expression populaire, lui » retirer le morceau
» de la bouche ». J'ai vu souvent l'Annélide, après que le Pagure avait laissé tomber
sa proie par mégarde, introduire sa tête et les premiers anneaux de son corps entre
( 542 ^
les paltes-màchoires et jusque dans la bouche du Cruslacé. Rien n'aurait été plus
facile à celui-ci, semble-t-il, que d'ingérer le Ver et s'en débarrasser une fois pour
toutes; or, il le laissait absolument tranquille ; le Nereilepas en profite pour manger
les débris de nourriture qui restent encore dans la bouche du Bernard et les emporter
dans son repaire.
» Ces observations ont été faites dans des aquariums : nul doute, vu
leur fréquence, que les choses ne se passent de même dans la nature, au
fond de la mer. L'Annélide se nourrit des grosses proies que le Pagure se
propose de manger. Mais peut-être, dira-t-on, l'Annélide mange-t-elle en
outre, sinon tous îles excréments des Crustacés, du moins une partie?
L'expérience suivante montre qu'il n'en est pas ainsi.
» On donne à un Pagure affamé par quelques jours de jeûne un Cardiuin impré-
gné de carmin. Aussitôt que l'Annélide, également affamée, se montre, on la touche
avec un pinceau de manière à la faire revenir en arrière : on la chasse ainsi chaque
fois qu'elle revient. Pendant ce temps, le Cruslacé mange Cardiurn et carmin. Au bout
de quelques heures, on voit, dans la cuvette, les excréments du Pagure colorés en
rouge vif. L'Annélide en aurait-elle mangé une partie? Pour le savoir, on casse la
coquille et l'on dissèque le Ver : jamais je n'ai constaté de carmin dans son tube di-
gestif.
» Le Nereilepas ne mange donc pas les déjections du Pagure. Cette con-
statation, me semble-t-il, est intéressante au point de vue de la nature de
l'association du Pagure et de l'Annélide. Pour P. -J. Beneden, c'est ducom-
mensalisme. Or, suivant la définition du célèbre zoologiste, « le commensal
» ne vit pas aux dépens de son hôte : tout ce qu'il désire, c'est un gîte ou
» son superflu ; le parasite s'installe temporairement ou définitivement
)) chez son voisin ; de gré ou de force, il exige de lui le vivre et, très sou-
» vent, le logement ». Cette dernière définition s'applique admirablement
au cas du Nereilepas. Celui-ci fait évidemment tort au Pagure, puisqu'il lui
soustrait une bonne partie de sa nourriture : c'est un véritable parasite,
au sens où l'on entend ce mot dans le lanija^e courant.
» D'autres commensaux, également bien connus, les Pinnolhères,
amènent à une conclusion identique. En disséquant les estomacs de ces
Pinnothères et ceux des Acéphales chez lesquels ils vivent, j'y ai constaté
la présence des mêmes substances, composées surtout de végétaux infé-
rieurs. Il n'y a pas, comme quelques hypothèses hasardées tendraient à le
faire croire, une division des particules en deux groupes : les particules
animales pour le Pinnotlière et les particules végétales pour le Mollusque.
Non, le Pinnothère détourne à son profit une partie des matières alimen-
( 543 )
taires que le Mollusque se destine. Encore que le dommage soit très faible,
il n'en existe pas moins. Peu importe que les matières alimentaires soient
détournées dans le tube digestif lui-même, comme le font les Ta-nias, les
Echinorhynques et beaucoup de >fématodes, ou à l'entrée de la bouche;
au même titre que les Helminthes, qui ne s'attaquent pas aux tissus, sont
parasites de leur hôte, le Pinnothère est un véritable parasite de son Mol-
lusque, comme le Nereilepas en est un du Pagure. C'est à cette conclusion
que je désirais arriver : l'étude d autres commensaux l'étendra sans doute
singulièrement. »
La séance est levée à 4 heures. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus daxs la séance du 24 septemrre 1894.
Résultats des campagnes scientifiques accomplies sursonyachl par Albert T'",
Prince souverain de Monaco, publiés sous sa direction, avec le concours
du baron Jules de Guerne, chargé des travaux zoologiques à bord. Fasci-
cule VII : Crustacés décapodes provenant des campagnes du yacht VRïrondeWe
(1886, 1887, 1888), par M. A. Milne-Edwards et E.-L. Bouvier. Pre-
mière Partie : Brachyures et Anomoures. Monaco, 1894; ï vol. in-4°. (Pré-
senté par M. A. Milne-Edwards.)
Paléontologie. Monographies. Bœufs-Taureaux, par A. Pomel, Corres-
pondant de l'Institut. Alger, Fontana et C'*, 1894; i vol. in-4".
Mémorial du Dépôt général de la Guerre, imprimé par ordre du Ministre :
Tome XV; publié par le général Derrécagaix. Observations du pendule.
P' fascicule. Paris, Imprimerie nationale, 189^1; i vol. in-4''.
L'équilibre de la terre ferme, par A. de Lapparent. Extrait du Correspon-
dant. Paris, de Soye et fds, 1894; i br. in-S".
Restes d' Élan et de Lion dans une station préhistorique de transition entre le
quaternaire et les temps actuels, à Sainl-Martory (Jlaute-Garonne), par Edouard
Harlé. (y.yXx2Cv\.A&X Anthropologie. Paris, G. Masson, 1894; i br. in-8°.
Bulletin des séances de la Société nationale d' Agriculture de France. Compte
( 544 )
rendu mensuel rédigé par le Secrétaire perpétuel. A.nnée 1894. N° 6.
Paris, Chamerot et Renouard, 189^1'; i fasc. in-8°.
Annuaire de la Société météorologique de France, 1894. Janvier-février-
mars. Paris, Gauthier-Villars et fils; 2 fasc. in-8°.
Bulletin de i Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique. Tome XXVIII. N" 8. Bruxelles, Hayez, 189^; \ fasc. in-8°.
Miscellanées mathématiques, par LÉor^cE Agues. Barcelona, 1894;
I br. in-8°.
The collected mathematical Papers 0/ Arthur Cayley, SC. D. F. R. S;
sadlerian professer of pure Mathematics in the University of Cambridge.
Vol. VII. Cambridge, 1894; i vol. in-4".
On souscrit à Paris, chez GALiTHlEU - VILLAHS ET FILS,
Quai (les Grands-Augusiins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDDS hebdomadaires paraissent régulièrement le Diinamhf. Ils l'orineiu, à la fin de l'année, deux voluinos in-4'". Deu
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabéti(]ue do noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement est annuc
et part du i" janvier.
Le prix rie t'abonriement csl fixé ai/i.si qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Agen Michel et Médan.
iGavault St-Lager.
Jourdan.
RuIT.
Amiens Courtio-Hecquet.
i Germain elGrassin.
( Lachése.
Bayonne Jérôme.
Besançon Jacquard.
, Avrard.
Bordeaux , Duthu.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
; Lefouriiier.
\ V. Robert.
j J. Robert.
( V Uzel Caroflf.
\ Baër.
/ Massif.
Chainbery Perrin.
, ( Henry.
bourg ..
Brest.
Caen .
Cherbourg
Clermont-Fe,
Mai'guerie.
j Rousseau.
\ Riljou-Collay.
, Lainarclie.
Dijon Ralel.
' Damidot.
,, \ Lauverjat.
uouai ■"
! Crepin.
n i.1 \ Drevet.
Grenoble
' Gralier.
La llochelle Fouclier.
f„ ,. i Bourdignon.
Le Havre "
f Donibre.
LiUe jLefebvre.
( Quarré.
Lorien t.
chez Messieurs ;
\ Bauinal.
/ M°" Texier.
' Boinoux et Cumin
\ Georg.
Lyon .
Marseille. .
Montpellier
Moulins
Nancy ,
Nantes
Nice.
Ni mes . .
Orléans .
Poitiers
Bennes . . . .
fioche/ort .
Rouen.
S'-Etienne
Toulon. . . .
Toulouse
Tours..
Valenciennes..
Mégret.
Ghana rd.
Ville.
Ruai.
Calas.
Coulet.
Martial Place.
Jacques.
Grosjean-Maupin.
Sidol frères.
Loiseau.
M"" Veloppé.
Barnia.
Visconli et C'V
Tliihaud.
Luzcray.
Blanchier.
Druinaud.
Plihon t Hervé.
Girard (M"").
Langlois.
Lestringant.
Chevalier.
Bastide.
Runiêbe.
Gimct.
Privai.
Boisselicr.
Péricat.
Suppligcon.
Giard.
Lemaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
Berlin.
Bucharesl .
chez Messieurs :
, , , ( Feilienia Caarelsen
Amsterdam '
' et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C'*.
1 Dames.
. Friediandcr et (ils.
I Mayer et Millier.
l}g,.,(g \ SclimiH, Francke cl
f C".
Bologne Zaoichelli.
I lîamlot.
Bruxelles.. .Mayolczel Audiarte.
I Lebégue et C''.
i Haimann.
' Ranistcann.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighlon, BellelC".
Christiania Cammeriiieyer.
Constantinople. . Ollo Keil.
Copenhague Hôst et lils.
Florence Lœscher et Seeber.
Gand lloste.
Gènes Beuf.
Cherbuliez.
Genève Georg.
' Slapelmolir.
Belinfante frères.
^ Bouda.
■ / Payot.'
Barth.
\ Brockhans.
Leipzig ' Lorenlz.
1 Max Rube.
chez Messieurs
; Dulau.
l-ondres Hachette et C-
Luxembourg .
La Baye.
Lausanne.
Liège.
Twietmeyer.
, Desoer.
I Gnusé.
Nutl.
V. BUck.
Libr. Gutcnberg.
Madrid \Capdeville.
1 Gonzalès e hijos.
' !•■. Fé.
Milan ' Dumolard (rcres.
/ Hœpli.
Moscou Gautier.
1 Fiirchheini.
iVaples Marghieri di Gius.
' Pcllerano.
. Dyrscn cl PfeilTcr.
Neiv- f'ork j Slechcrt.
' Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker el G'-
Palerme Clausen.
Porto Magalhacs.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
) Bocca frères.
/ Loesclierel C'*.
Botterdani Krauicrs cl (ils.
Stockholm Samson el Wallin
^ Zinserling.
( Wolff.
Bocca frères.
Brero.
i Clausen.
RosenbergelSellici
Varsovie Gcbelhner el Wolf
Vérone Drucker.
( Frick.
Vienne „ , ,
I Gerold et G'*.
Ziirich Mcyer el Zeller.
Borne .
S'-Petersbourg.
Turin.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : y
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre iSao. ) Volume in-4'; i8J3. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à Si Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 18G6 à 3i Décembre 18S0.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES4.RENDDS DES SÉANCES DE^L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par .MM. A. DerbescI .•V.-J.-J. SauiiiB. — • Mémoire sur le Calcul des Perlurbalions qu'éprouvent U
Comètes, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas el sur lo rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digcslioa des matière;
grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i85(j 15 f;
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Bkneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iS5o par l'.Vcadémie des Science
pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de iSâ'i, savoir : « Éludier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différenls terrains sédi
• mentaires, suivant l'ordre de leur superposilioa. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la natiii
» des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique el ses états antérieurs », par .M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 37 planches; 1861.. . 15 fi
A la même Librairie les Hémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 13
TABLE DES ARTICLES. (Séance d.. 24 septembre 1894.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
OES MEMItHES ET DES CORHESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. A. Milxe-Edwauds préscnleà l'Académie
le fascicule 7 de l'Ouvrage publié par le
Prince de Monaco et contenant les ré-
sultats des campagnes scientifiques ac-
complies sur son yacht ' 52 1
I\I. H. Paye. — Géodésie et ses rapports avec
la Géologie 52i
Truffe ( Domalan 1
M. A. ClIATIN.
Smyrne
M. A. PoMEL transmet a l'Académie un
exemplaire de sa « Monographie des Bœufs-
Taureaux fossiles des terrains quater-
naires de l'Algérie >' :
Pages,
de
. .. .',23
526
MEMOIRES LUS.
M. Haoul Piotet. — Kecherches expérimen-
tales sur l'inlluence des basses tempéra-
Uires sur Ir-s phénomènes de phospho-
rescence
MEMOIRES PRESENTES.
M. J. GuoNEMAN adi-esse un .Mémoire inti-
tulé : Il Le choléra et son traitement thé-
rapeutique par la créoline » . . . . ; 52()
M. N. MoNT.AGNE adresse une Note relative à
nii projet de télégraphe imprimant.
CORRESPONDANCE.
;V1. le SECRETAIRE PERPETUEL signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, un fascicule du « Mémorial du
Dèpùt général de la Guerre », t. XV, con-
tenant les recherches du commandant
Delforges sur la répartition de la pesan-
teur, à l'aide du pendule 629
M. J. GuiLLAU.ME. — Observations du Soleil
faites à l'observatoire de Lyon (équatorial
Briinner), pendant le second trimestre
de iSgi 029
AL Fl.\mmarion. — Sur la rotation des taches
Bulletin bibliogtivphique
solaires
P. \'. ScMAFFERS. - Sur la théorie de la ma-
chine Wimshurst
M. ,\LPH. L.\BBÉ. — Sur la coexistence, chez
le même hiMe, d'une Coccidie monosporée
et d'une Coccidie polysporée
M. L. CuENOT. — Sur le fonctionnement du
Mn des Hélix
.M. Henri Coupin. — Sur l'alimentation de
d ux commensaux (Kereilepas et Pin-
notheres )
532
^J^o
343
PAKIS. — IMPRIMERIE (iAUTHIER-VILLAKS ET FILS,
Quai des GrHnds-AuKO'*''ns. 55.
I.e (Jetant ; Gaothier-Vilabs.
ioij- 1894
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR miTI. liES SECKÉTAIKES PERPÉTl EliS.
TOME CXIX.
N^ 14 (1 Octobre 1894),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RBNDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yuai des Grands-Augustins, 55.
''1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
- '«w r n ^ -1
Les Comptes rendus hebdomadaires des sceances de
r Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*^'. — Impressions des travaux de l'Académie.
Les extraits des Méuioircs présentés j3ar un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
,LesRapporls et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués par
les Correspondants ch; l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Cori'espondant de l'Aciidémie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces ^Membres de
hre, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie .
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus. '.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nomme;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compterendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S*". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI P' OCTOBRE 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LQËWV.
MEMOIRES ET COMMUIVICATiONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — La masse de Mercure el l' accélération du moyen mouvement
de la comèle d'Encke, d'après les tra^'aux récents de M. O. Backlimd. Note
de M. O. Callandreau.
« La comète d'Encke olïre un intérêt particulier, à cause du fait bien
constaté et encore unique de la diminution (1;^ sa durée de révolution
(d'environ deux heures d'une apparition à l'autre), et de cette circonstance
que la planète Mercure lui fait éprouver des perturbations très notables.
C'était un des desiderata de l'Astronomie, d'utiliser les soixante-douze
années d'observations qu'on possède pour déterminer la masse de Mercure,
encore incertaine, et pour préciser la cause de l'accélération du moyen
mouvement de la comète.
» M. Backlund, qui a continué l'étude du mouvement de la comète
C. R.,i&g!i, 2' Semestre. (T. CM\, N'14.) 7'
( 546 )
après Encke et d'Astén, et s'en occupe depuis près de vingt ans, a déjà
fait connaître, en i884, un résultat important : l'accélération du moyen
mouvement, au lieu de se maintenir constante, a diminué pour la période
1871-1881; elle a été alors réduite à peu près à la moitié de la valeur cor-
respondant à la période 1 819-1865.
» Une revision d'ensemble était dès lors indiquée. C'est grâce à l'Aca-
démie des Sciences de Saint-Pétersbourg et à la générosité de M. Emma-
nuel Nobel que M. Backlund, assisté d'habiles collaborateurs comme
MM. Bohlin et Olsson, a pu mener à bonne fin un travail que la nécessité
de pousser la précision assez loin pour éviter l'accumulation des petites
erreurs dans les Cid^uls de quadrature rendait d'une longueur excessive.
» M. Backlund a commencé par reprendre et compléter l'étude des sept
apparitions récentes, de 1871 à 1891.
» Les masses des planètes peuvent être regardées comme bien connues,
à l'exception de celle de Mercure. En ce qui concerne l'accélération
causée par un milieu résistant, des recherches antérieures avaient montré
à M. Backlund que dans les hypothèses où la force de résistance est repré-
sentée par K — , r étant la vitesse et /le rayon vecteur (l'hypothèse d'Encke
correspond à m = « = 2), il y a seulement à ajouter à l'anomalie moyenne
un terme proportionnel au carré du temps, plus un petit terme périodique ;
l'excentricité subit une très faible diminution séculaire; les autres éléments
ne sont pas modifiés sensiblement.
» L'anomalie moyenne est donc représentée généralement par
M = M, + ;;.;+ KT--t-0;
T désigne le temps exprimé en unités de 1200 jours solaires moyens ; f) rem-
place le terme périodique mentionné; R est une fonction des éléments de
la jomète, de sorte que, si l'on fait
K = Ko(i--y),
K„ se rapportant à des éléments constants, y dépend de m, a et des varia-
tions des éléments ; y contient en facteur ni -h in — i .
« Cela posé, il s'agit de déduire de la comparaison de la théorie avec les
observations la correction de la masse tôooTo^ admise pour Mercure et les
valeurs des paramètres K^, m, n. C'est à quoi l'on arrive par la méthode
des moindres carrés, en introduisant dans les équations de condition les
nouveaux paramètres avec les corrections des éléments de l'orbite.
(eO.
Remarques.
I020
On néglige le terme 0
820
n
496
On garde le terme 6
5'.7
»
( 547 )
» Les conséquences de quatre hypothèses étudiées d'abord sont ren-
fermées dans le Tableau suivant.
M Masse de Mercure ,,^^,^„„,;. On suppose y = o.
Intcrvnlles. I<„.
1871-1891 44"63i8
188.-1891 39,7333
1871-1881 43,7229
1881-1891 39,8033
» On voit que l'introduction du terme périodique G améliore la repré-
sentation. On observe aussi que la force résistante a subi une diminution
apparente.
» L'objet des trois hypothèses étudiées ensuite est de rechercher la
correction de la masse de Mercure, correction que M. Backlund croyait
d'abord petite. Si l'on admet pour R une diminution proportionnelle au
temps, on trouve qu'elle est insensible, et pour la masse de Mercure on a
le nombre indiqué ci-dessous. Prenant R comme constant, on corrige
légèrement dans une seconde hypothèse la masse de Vénus d'après le
résultat d'une discussion préalable des apparitions de 181 y à i858. Une
troisième hypothèse est calculée conformément à la loi d'Encke, ce qui
permet d'apprécier par comparaison les résultats fournis par d'autres lois
de résistance.
» Dans tous les cas, il s'agit de la même période 1871-1891.
Hypothèses. K„.
1 4o,23oi
II 39,9971
m 42,1099
» M. Backlund conclut que l'hypothèse d'Encke et aussi toutes celles où
les valeurs de y dépasseraient la moitié des valeurs se rapportant à l'hvpo-
thèse d'Encke, sont à rejeter; il faut que y soit très petit et R presque
' constant. La masse de Mercure est beaucoup plus petite que la valeur
admise et paraît voisine de jj—;^.
» Les anciennes apparitions de 1819 à i858 vont donner un résultat
plus siu- : les perturbations de l'anomalie movenne de la comète par
Mercure montent en effet dans cette période à près de i3', et seulement
à 39" dans la période 1 87 1 - 1 89 1 .
» Pour les discuter, M. Backlund remarque qu'un système d'éléments
Inverse masse ?.
(eO-
I I 769000
I191
9745000
1081
6607000
1624
( 548 )
approchés étant connu ainsi que les écarts avec les observations, on peut
obtenir pour chaque apparition des valeurs de l'anomalie moyenne ayant
la précision des observations. On relie ensuite les différentes apparitions,
en tenant compte des petites corrections de l'anomalie moyenne, du
moyen mouvement de la masse de Vénus et de celle de Mercure supposée de
r — '- On effectue parallèlement les deux calculs correspondant à la
0 ooo ooo ' *
loi d'Encke et à Thypothèse y = o.
)> Voici les résultats :
Limites des résidus.
Hypothèses. , ,,. (es).
Encke — 9^99 +7,56 3io
Y r= o — 7,03 -+-5,53 aoi
» Les observations sont donc mieux représentées si y=:o; dans les
deux cas, il y a d'ailleurs une correction négative pour la masse de Mer-
cure, et il vient, en adoptant y = o,
masse de Mercure =
9647000
» Elle s'accorde avec celle déduite delà période 1871-1891, pour la-
quelle on a été aussi conduit à admettre y = o.
)) M. Backlund s'est assuré qu'en laissant de côté diverses apparitions,
par exemple celles qui terminent la période et durant lesquelles la résis-
tance a pu commencer à varier, en remplaçant y par-) ce qui revient à
prendre une autre hypothèse de résistance, la masse déduite poin- Mer-
cure change à peine.
» Dans une discussion définitive, il est amené à traiter l'ensemble de
qu.itre-vingt-huit équations de condition contenant, outre les six éléments
de l'orbite, le quotient -r^ et les corrections des masses de Mercure et de
Vénus. Les équations de condition ont été traitées dans six hypothèses dif-
férentes, comme le montre le Tableau ci-dessous :
Valeurs de l'inverse de la masse de Mercure.
Hypolhèses. En prenant 9. En laissant 9.
Ensemble des apparitions 9606000 9782000
En éliminant la variation de Kq 9789000 9765000
En excluant l'apparition de 1888 9648000 9701000
( ^49 )
» De là résulte que la masse de Mercure a pour valeur très appro-
chée ,,. „„|,,|. On peut dire que c'est la première fois qu'on a réussi à déter-
miner la masse de Mercure d'après le mouvement de la comète d'Encke;
les anciennes déterminations reposaient sur des valeurs inexactes des per-
turbations.
)) Il est à croire que l'influence du milieu résistant n'a qu'une faible
j)art sur le résultat actuel également fourni par les combinaisons variées
des équations deconditionetpar les deux périodes iSig-iSSS, 1871-1891.
» Que donne la discussion des observations à l'égard du milieu résis-
tants?
» Les conclusions de M. Backlund, pour être ici moins nettes, n'en
offrent pas moins de l'intérêt. M. Backlund est conduit à rejeter les
milieux résistants à densité continue.
» La discussion des observations a conduit, en effet, à des valeurs de
y petites; on a
o <^rn + -in — i 2.
» On déduit de ces deux inégalités
I > m + 2 /< — I > I -t- n ;
n devrait être négatif, c'est-à-dire que la densité supposée continue du
milieu résistant augmenterait avec la distance au Soleil. Dans ce cas, la
résistance aurait dû être plus sensible pour d'autres comètes que pour
celle d'Encke.
» Ainsi, toutes les hypothèses où la force de résistance est représentée
par l'expression K.— > à deux paramètres, sont contredites par les obser-
vations. M. Backlund pense même que toutes les hypothèses de milieu
résistant à densité continue doivent être écartées et que la résistance serait
localisée en certaines régions : idée bien naturelle quand on a égard à ce
que, dans la formation des planètes par la nébuleuse de Laplace, toute la
matière des anneaux n'a pas dû être utilisée pour former les planètes, et
qu'il circule sans doute le long de leurs orbites des nuages de matériaux
très légers.
( 55o )
» Les planètes n'en éprouveraient pas de perturbations notables. Mais,
en revanche, les comètes qui traversent dans tous les sens le système
solaire pourraient rendre manifeste l'existence de ces régions de résis-
tance.
» Si la comète d'Encke pouvait être suivie loin du périhélie, il y aurait
moyen d'éclaircir le mystère. Malheureusement la comète ne fait pas
partie de la classe des comètes que M. Barnard a réussi à observer avec
précision à une distance du Soleil encore plus grande que le rayon de
l'orbite de Jupiter. »
M. L. Troost fait hommage à l'Académie de la onzième édition de son
« Traité élémentaire de Chimie (notation atomique) ».
MEMOIRES LUS.
NAVIGATION. — Si/r le transmetteur automatique des ordres de route.
Note de M. le lieutenant de vaisseau H. Bersier.
« L'instrument de navigation que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca-
démie a pour objet la transmission automatique, à distance, des indications
du compas étalon. Ces indications se produisent en différents points du
navire sous forme de signaux qui, d'une part, renseignent le Commandant
et l'Officier de quart sur le degré de rectitude de la route; de l'autre, font
gouverner l'homme de barre au moyen d ordres précis. De là, le nom de
transmetteur automatique des ordres de roule, donné à cet appareil. Utile à
bord de tous les navires, il le sera d'autant plus sur les cuirassés et sur les
croiseurs modernes que, là, les compas de route sont toujours placés dans
des régions où le champ magnétique est des plus raréfiés. Ces compas ont,
par suite, une sensibilité tout à fait insuffisante.
» Le problème du compas avertisseur a tenté de nombreux chercheurs.
Tous sans exception pensaient pouvoir utiliser le heurt de l'aiguille contre
des contacts fixes, pour fermer le courant de deux sonneries. Mais la rose
est un mobile bien trop délicat pour qu'on puisse l'effleurer en aucune
façon ; ces chocs l'affolaient, enlevant toute valeur à ses indications. D'ail-
leurs la fermeture et la rupture du courant étaient très aléatoires.
» L'adoption générale de la rose si parfaite de Sir W. Thomson, qui ne
( 55i )
pèse que 12^' et dont le moment magnétique est très faible, rendait encore
plus illusoire toute tentative dans cette voie.
» J'ai pensé que l'étincelle d'une bobine de Ruhmkorff pourrait consti-
tuer un lien suffisamment immatériel entre un point de cette [rose et un
certain nombre de lames verticales isolées, réparties sur la paroi interne de
la cuve du compas. Le courant, étant alternatif et d'une intensité d'ailleurs
infime, ne dévierait pas la rose. I/expérience a pleinement justifié cet
espoir. Dès lors l'appareil a pu être établi comme suit :
» Le courant induit d'une bobine arrive au pivot du compas, saute
par étincelle de i'""" sur la chape, suit un fil d'aluminium, formant rayon
du point nord de la circonférence de la rose. C'est de l'extrémité de
ce fil que jaillit en permanence l'étincelle, trait d'union de 3""" de lon-
gueur, sur l'une des six lames reliées à six électro-aimants que le courant
induit traA erse par conséquent dans son retour à la bobine. Chacun de ces
électro-aimants actionne la palette d'un relais, qui envoie le courant géné-
ral du bord dans une des six petites lampes placées devant l'homme de
barre. Il y a d'ailleurs autant de systèmes de six lampes qu'on en veut placer
en divers points du navire. C'est également le courant général du bord qui
alimente le circuit primaire de la bobine de Ruhmkorff.
» Ainsi apparaît un principe nouveau et fécond : la distribution de
l'énergie électrique par le déplacement relatif d'un corps aussi délicat que
l'on voudra, sans troubler celui-ci en aucune façon, puisqu'on ne lui fait
produire aucun effort, cju'en un mot il ne touche rien. Ce simple transport
d'une étincelle peut du reste être l'origine de la mise en jeu d'une énergie
aussi forte qu'on le désire. En particulier, celle-ci peut être appliquée à
manœuvrer le servo-moteur du gouvernail, au lieu et place de l'homme de
barre, supprimant ainsi ses inattentions et lui substituant un mécanisme
d'un automatisme rigoureux. Les essais faits à bord du Neptune ne laissent
aucun doute sur la réussite de cette extension, qui recevra avant peu la
sanction de la pratique.
» Pour le moment, ces essais ont mis en lumière la parfaite indifférence
de la rose au courant induit, et l'excellence du mode de gouverner par
signaux;.
« En résumé, dit le rapport de l'escadre, il est acquis que l'on peut
» désormais gouverner, d'une façon sûre et facile, d'après les indications
I) automatiques d'un compas placé dans une position absolument quel-
» conque j)ar rapport à la barre. »
» J'ajouterai que la Commission a jugé la route mieux tenue avec le
( 552 )
fransmetleur que par la lecture directe de la rose, et qu'elle a constaté que
les inclinaisons notables du gouvernail qui réduisent toujours la vitesse
étaient évitées. Cela s'explique, si l'on considère que l'appareil est carac-
térisé par un signal zéro! d'une sensibilité très grande. L'embardée la plus
minime est indiquée par l'extinction d'une des lampes centrales, phéno-
mène des plus apparents.
» Enfin, une des propriétés de cet instrument est aussi l'aisance avec
laquelle il permet au commandant d'opérer les changements de route, par
une simple rotation imprimée au couvercle-tambour porteur des lames.
» Tel est le dispositif que j'ai l'honneur de faire fonctionner devant
l'Académie (* )• »
ANATOMIE. — Description d'un faisceau de fibres cérébrales descendantes,
allant se perdre dans les corps olivaires (^faisceau cérébro-olii'aire). Note
de M. Y. LuYS.
« Je crois avoir démontré, à l'aide des planches photographiques et des
pièces disséquées que j'ai présentées à l'Académie, il y a déjà plusieurs
années, dans mon travail sur l'agencement des fibres cérébrales (juin 1881),
que ces fibres, malgré leur complexité, obéissent à un ordre général et
qu'elles présentent des dispositions plus simples qu'on ne pense.
» Ainsi, d'après les recherches de l'Anatomie pathologique et de l'Ana-
tomie comparée, je crois pouvoir formuler les conclusions suivantes :
» I. Les unes, transversales, passent d'un hémisphère à l'autre et for-
ment le système de fibres commissurantes (corps calleux, commissures
diverses).
» IL La plupart des autres fibres obéissent à plusieurs centres d'at-
traction.
» Nées de tous les points de la périphérie corticale, au milieu des ré-
seaux de cellules, elles forment plusieurs systèmes et sont toutes conver-
gentes; les unes se pelotonnent autour de la couche optique et vont se
perdre dans ses réseaux : elles constituent le système de fibres corlico-
( ' ) Ce modèle a été construit pour le département de la Marine grâce au bien-
veillant intérêt qu'a témoigné à mes travaux le commandant Gujou, chef du Service
des Instruments nautiques. Qu'il me soit permis de l'en remercier tout particulière-
ment ici.
( :o3 )
iJialamicjucs. Elles sont connues isolément sous la dénomination fie cou-
ronne rajonnaiilc (le Re il i^ur la portion moyenne, de rapsiilt; inCerne pour
la portion antérieure, et de /?6/v?^ r/e /irœ//i^er pour la portion postérieure.
» Un second groupe va se perdre dans le réseau du corps strié et du
novau jaune que j'ai particulièrement signalés, dès i865, à l'attention des
anatomistes (système de fibres cortico-striées).
» III. Un troisième groupe de fibres blanches passant sous la couche
optique, système cortico-sous-optique, et confondues jusqu'ici sous la dé-
nomination d'expansion pe'donculaire, va se perdre dans les différents dé-
partements de la substance grise des régions protubérantielle et bulbaire
(noyau rouge de Stilling, substance grise de la bandelette accessoire que
j'ai le premier décrite en i865, noyau rouge de la protubérance et corps
olivaires).
» On peut donc voir que, si les noyaux centraux opto-striés reçoivent
un contingent ascendant de fibres venues de la moelle, contingent sur
lequel j'aurai à m'expliquer plus tard, la majeure partie de fibres blanches
cérébrales convergent comme des rayons partis de la périphérie d'une
sphère creuse, qui se concentreraient vers le noyau central; elles vont
donc toutes se perdre dans les différents noyaux centraux.
» C'est, en un mot, l'écorce tout entière qui se relie, par ses fibres
blanches, aux différents départements de l'axe.
M Parmi ces faisceaux descendants, il en est un très nettement accusé,
sur lequel je viens particulièrement appeler l'attention des anatomistes.
C'est un faisceau bilatéral, en forme de bandelette en éventail, qui descend
avec le contingent de fibres blanches descendantes. Il passe en arrière de
la substance grise de la protubérance, dans une direction curviligne, et
gagne ainsi l'extrémité de chaque corps olivaire correspondant ; il l'en-
toure et lui forme une sorte de capsule ovalaire enveloppante, en se mou-
lant sur la périphérie de ses anfractuosités. Il se perd au milieu de ses plis
et replis, et forme des fibres afférentes à ces ganglions. Les planches pho-
tographiques et les pièces naturelles que je présente donnent une idée
indiscutable de cette disposition.
■» Les corps olivaires du bulbe, comme les noyaux opto-striés des lobes
cérébraux, se trouvent donc, eux aussi, reliés aux éléments multiples de
l'écorce, et désormais on peut dire qu'ils forment un système conjugué,
dont les éléments sont strictement associés.
» Comme preuve, je rappelle que les corps olivaires sont proportion-
C. U., 1894, -2' Semestre. (T. CXI\, N" 14.) 7^
( 554 )
nels comme masse, non pas à la moelle épinière, mais à celle des lobes
cérébraux proprement dits.
» Dès l'année 1809, je signalais déjà à la Société de Biologie que, dans
la moelle du bœuf et du cheval, les corps olivaires se présentent sous
forme de linéament rudimentaire : ce qui prouve que ce ne sont pas des
éléments anatomiques liés à ceux de la moelle.
» Chez l'homme, les corps olivaires sont au maximum de développe-
ment et proportionnels à la masse cérébrale. L'existence du faisceau que
je signale à l'Académie vient donc confirmer ces rapports mystérieux,
dont on n'avait pas jusqu'ici trouvé l'explication, et dont la Physiologie
est tout entière à faire, puisqu'ils peuvent être considérés comme un des
facteurs silencieux de l'activité cérébrale. »
CORRESPONDANCE .
PHYSIQUE . — Influence des basses températures sur les lois de la cristallisation .
Note de 31. Raoul Pictet ( ' ).
« On sait que \a. fixité de la température d'une liqueur qui cristallise,
pendant tout le temps de sa cristallisation, est un fait général, lorsque ce
liquide est homogène et pur. Le point zéro du thermomètre et sa détermi-
nation donnent à cette loi une importance capitale.
» J'ai été conduit à constater des anomalies considérables lors de la
cristallisation de certains liquides à de basses températures, notamment en
opérant sur le chloroforme pur.
» Ces anomalies se répétant sur d'autres corps, soit purs, soit mélangés,
tels que l'acide sulfurique à divers degrés de concentration, l'acide chlor-
hydrique, l'alcool plus ou moins étendu, etc., j'ai trouvé la loi de ces
phénomènes, telle qu'elle se dégage de plusieurs centaines d'observations
et d'expériences de vérification.
1» Exposons d'abord les conâit[on& physicothermiques de la cristallisation
d'un liquide quelconque. Nous prenons une éprouvette de verre pleine de
liquide observé, et nous la plaçons dans une enceinte froide, dont la tem-
pérature soit plus basse que le point de cristallisation du liquide donné.
Cet écart de température peut présenter des valeurs très diverses. Admet-
(') Voir Comptes rendus de la séance du i\ septembre.
( 5y, )
Ions que tous les phénomènes desnrfusion soient écartés, et que I;i paroi de
l'éprouvette soit déjà recouverte d'une couche de cristaux : assistons au
dépôt d'un cristal élémentaire, au moment de sa formation.
>i Doux ou plusieurs molécules liquides chutent les unes sur les autres
en perdant de la force vive pendant cette chute, comme le feraient des
balles élastiques tombant d'une certaine hauteur sur un sol de marbre ou
d'ivoire. Ces balles rebondissent d'abord à des hauteurs voisines de leur
point de départ pour perdre l'amplitude de relévation au prorata de la
perte de l'énergie actuelle.
» Or la perte de force vive des molécules liquides est composée de deux
facteurs : i" la perte par condiictihilité ; i° la perle par rayonnement.
» En effet, au moment du contact de deux molécules hquides qui cristal-
lisent, les molécules solides d'attaché du cristal en formation reçoivent un
choc, dont elles absorbent par contact une partie de l'énergie pour la j)ro-
pager à l'intérieur des autres particules solides avec lesquelles elles sont
intimement liées : c'est la chaleur emportée par voie de conductibilité.
» De plus, au moment de cette chute moléculaire, pendant le passage de
l'état liquide à l'état solide, une onde calorifique se forme dans l'éther en-
tourant les molécules, et porte dans les milieux voisins une autre quantité
d'énergie avec une vitesse de 3ooooo''™ par seconde, vitesse de la lumière
et de la propagation de la chaleur par rayonnement.
« Ces quantités de chaleur, intégrées entre le moment oii le phénomène
de chute commence et celui oii le cristal est formé, donnent la chaleur
latente de cristallisation, si on l'intègre par rapport à l'unité de poids,
» Examinons maintenant les deux cas suivants :
)) i" JjC liquide et son cristal sont adiathermancs pour la chaleur oh.
scurc; ■2" ils sont au contraire diathcrmanes pour la chaleur obscure.
» Prenons d'abord l'eau, correspondant parfaitement au premier ^as.
Nousmettons une éprouvelte pleine d'eau dans une enceinte à —5°, —10° ou
— 100"; nous voyons apparaître un cristal à l'intérieur de l'éprouvette. En
menant un plan tangent à l'éprouvette par le point de cristallisation, nous
partageons la chaleur dégagée en deux demi-sphères; l'une pénètre dans
le cristal déjà formé, l'autre dans le liquide restant. Le cristal absorbe
d'abord la chaleur par conductibilité, pour la porter dans l'enceinte froide
avec une vitesse proportionnelle à l'écart de température ; quant à la demi-
sphère de l'onde calorifique rayonnante, le cristal la transforme immédia-
tement en chaleur actuelle, et l'enlève aussi par conductibilité. Pour la
chaleur qui entre dans le liquide, soit par conductibilité, soit par rayonne-
( 556 )
ment, elle tendrait à élever la température du liquide et à paralyser la
cristallisation, en portant la température au-dessus du point de cristallisa-
tion. La chaleur rayonnante étant, dans le liquide, transformée en chaleur
actuelle, le liquide se tiendra forcément et constamment au point le plus
e'/et'e compatible avec la cristallisation, de telle sorte que toute la chaleur
fournie à chaque instant au liquide soit enlevée pa?- conductibilité par les
parois. De là, la parfaite fixité du zéro.
» Si nous passons maintenant au second cas, nous verrons que les
phénomènes sont tout autres. Eu effet, si les parois enlèvent, comme pré-
cédemment, une partie de la chaleur par conductibilité, l'onde calorifique
rayonnante passe instantanément au travers des cristaux formés, pour aller
dans l'enceinte froide; l'écart de température entre cette enceinte et le point
de cristallisation du liquide va jouer, dans ce cas, un rôle très important,
carl'enlèvement de la chaleur due au rayonnement se fera directement, sans
transformation en chaleur actuelle dans les cristaux dialherraanes. De
même pour la chaleur envoyée au liquide; elle traversera ce liquide et se
propagera jusqu'au centre, chauffant ce liquide dans toute sa masse et non
plus seulement au contact avec les cristaux. Cette situation nouvelle, créée
par la diathermanéité des cristaux et du liquide, rompt l'équilibre néces-
saire dans le premier cas. Voici comment se passent alors les phénomènes
de cristallisation. La surface de contact entre le liquide et le cristal est seule
à la température vraie de cristallisation ; mais, à partir de ce plan de sépara-
tion, la température baisse rapidement dans l'intérieur de la couche des
cristaux déjà formés et mo«/e à l'intérieur du liquide, au prorata de l'inten-
sité des ondes calorifiques qui se transforment partiellement en chaleur
iactuelle, la diathermanéité du liquide n'étant pas parfaite.
» Plus l'écart de température entre l'enceinte froide et le point de cris-
tallisation du liquide est grand, plus la perte de chaleur que subit le cristal
en formation est considérable, et plus grand aussi est l'écart entre la tem-
pérature du liquide au centre de l'éprouvette et le point de congélation :
le liquide indique une température sensiblement plus élevée. Cette éléva-
tion de température se limite aussi d'elle-même, car le rayonnement du
liquide aa travers du cristal lui fait perdre de l'énergie, et compense l'af-
flux de chaleur rayonnante due à la cristallisation.
» Or, nous savons maintenant que tous les corps refroidis au-dessous
de 70" deviennent diathermanes, et d'autant plus diathermanes qu'ils sont
plus refroidis; il n'est donc pas étonnant que l'on tiouve une température
de — 68", 5 dans du chloroforme liquide, qui cristallise à — 83" sur les
( >^7 )
parois tlu cristal, lorsque l'enceinte extérieure est à — 120" ou — i3o".
» Pour avoir la vraie température de cristallisation des liquides au-
dessous de — 5o°, il faut régler la température de l'enceinte froide à la li-
mite supérieure et cristalliser très lentement. Dès qu'on abaisse la tempéra-
ture de l'enceinte, on voit immédiatement celle du liquide j'e/ew/- et donner
de fausses indications. »
PHOTOGRAPHIE. — Sur le développement de l'image latente, en Photographie,
par les peroxydes alcalins. Note de M. G. -A. Le Roy.
« L'action réductrice des peroxydes alcalins en solution aqueuse, ou
celle de l'eau oxygénée rendue fortement alcaline, est capable de s'exercer
sur le bromure ou le chlorure d'argent émulsionnés dans la gélatine, et
étendus en surface mince, tels qu'ils se trouvent sur les plaques photogra-
phiques, lorsque ces sels d'argent ont subi l'action décomposante de la
lumière. Cette réduction s'effectue avec une intensité sensiblement pro-
portionnelle à l'action lumineuse reçue par la surface sensible. Les solu-
tions aqueuses des peroxydes alcalins sont donc capables de révéler l'image
photographique latente, obtenue avec les émulsions au gélatino-bromure
ou au gélatino-chlorure d'argent.
Il faut toutefois observer que le pouvoir révélateur des peroxydes alca-
lins est inférieur à celui que présentent les substances habituellement
employées en Photographie. Le temps d'exposition à la lumière doit être
augmenté. En outre, l'image révélée, formée d'argent métallique mélangé
à des oxydes d'argent, perd de son intensité dans les solutions d'hyposulfite
ou de sulfocyanure, employées ultérieurement comme bains fixateurs. »
CHIMIE. — Action du pliosphurc d' hydrogène sur le pulassanvnoniuni et le
sodammoniuni. Note de M. A. Joannis.
« Action du phosjdture d'hydrogène sur le potassammonium. — Quand on
fait arriver du phosphure d'hydrogène dans le potassammonium dissous
dans de l'ammoniac liquéfié, on constate qu'une réaction se produit; le
phosphure d'hydrogène disparaît peu à peu, en même temps que de l'hydro-
gène se dégage. Dans le tube où se fait l'expérience, on voit se former un
liquide qui ne se mêle pas à la solution ammoniacale d'ammonium alcalin.
( .)58 )
mais qui dissout cependant une petite quantité de ce corps. Lorsque la
réaction est presque terminée, le potassammonium restant nage, sous
forme de gouttelettes qui paraissent huileuses, au-dessus de l'autre liquide.
Puis, lorsque la réaction est terminée, ces gouttelettes ont disparu et l'on
a un liquide très réfringent, rappelant, à ce point de vue, le sulfure de
carbone; si on laisse alors partir l'ammoniac en excès, il se dépose de fines
aiguilles d'un corps blanc, qui a pour composition PhH-R : c'est un com-
posé analogue à l'amidnre de jiotassium AzH'R et que l'on peut appeler
par analogie phosphidure de potassium. Ce composé, qui n'avait pas encore
été obtenu bien quç l'amidure soit connu depuis Gay-Lussac, se trouve
ainsi préparé à un grand degré de pureté (').
» Action du phospJiure d'hydrogène sur le sodammonium . — Lorsqu'onfait
agir du pljosphure d'hvdrogène sur une solution de sodammonium faite
dans l'anmioniac liquéfié, on observe d'abord les mêmes phénomènes
qu'avecle potassammonium : disparition duphosphure d'hydrogène, mise
en liberté d'une quantité d'hydrogène qui correspond à la formation d'un
phosphidure de formule PhH-Na. On voit aussi, vers la fin de l'expé-
rience, des gouttes de sodammonium, avec leur couleur mordorée, flotter
à la surface d'un liquide incolore, réfringent, et ayant, à cause de cela,
l'apparence de sulfure de carbone; ce liquide se prend en masse quand on
le refroidit fortement. Si l'on maintient, au contraire, le tube à o**, la masse
reste liquide et, si on laisse partir tout l'ammoniac qui peut s'échapper à
cette température, on n'obtient pas, comme avec le potassium, de masse
solide cristallisée. I,a matière est encore liquide; elle contient à la fois du
phosphidure de sodium et de l'ammoniac. Le tube, avant dégagé tout l'am-
moniac qu'il pouvait perdre à o" sous la pression atmosphérique, a été
pesé après un séjour de quarante-huit heures dans la glace; puis on l'a
laissé revenir à la température ambiante (i3°); il a perdu une nouvelle
quantité d'ammoniac, que l'on a déterminée par une nouvelle pesée. On
(') C'est ce que montrent les deux, analyses suivantes :
Trouvé.
PUH^K. I. II.
K 54,16 53,29 54,27
Ph 43,06 43,00 44,54
H 2,78 2,80 2,89
100,00 99'09 101,70
( 559 )
l'a alors chauffé à G5°; la matière a cristallisé et a perdu une nouvelle
quantité de gaz ammoniac, que l'on a encore déterminée par la pesée.
Entre 65° et 69", un peu de pliosphure d'hydrogène (o'''', 3) a commencé à
se dégager; on a cessé de chanlïer. Il est peu probable, d'après la façon
dont l'ammoniac s'est dégagé, que le liquide, stable à o", soit une combi-
naison définie; pour une molécule de phosphidure de sodium, on a trouvé
qu'il s'était dégagé 2"'"', 87 d'ammoniac. On peut aussi enlever tout l'am-
moniac en faisant le vide dans le tube; on obtient ainsi un corps solide,
blanc, toujours souillé d'un peu de phosphure jaune PhNa^ (' )•
» La chaleur détruit ces composés, par une réaction analogue à celle
qui transforme l'amidure en azoture
3PhH^K = 2l»hH^ + PhK'.
/) L'eau les décompose, en mettant aussi en liberté du phosphure d'hy-
drogène.
» J'ai fait réagir, sur ces composés dissous dans l'ammoniac liquéfié, du
protoxyde d'azote; l'action est bien différente de celle que j'avais obtenue
avec les amidures alcalins dans les mêmes conditions (Comples rendus,
t. CXVIII, p. 71 5). Tandis (ju'avcc ces derniers composés il se forme de
l'azoture de sodium Az' Na, sel de l'acide azothydrique, le protoxyde d'azote
étant absorbé sans mise en liberté d'azote, i€i, au contraire, avec les
phosphidures, il se dégage un volume d'azote égal au volume du protoxyde
employé. J'étudie en ce momeut les autres produits de la réaction. »
CHIMIE. — Recherches sur le picrate mercurique.
Note de M. Raoul Varet.
« Liebig, en dissolvant de l'oxyde de mercure dans l'acide picrique,
obtint des cristaux orangés, qu'il dit être le picrate mercurique; cependant,
(') Voici les résultais de trois analyses :
Trouvé.
Calculi-
PliH'Na. 1. n. UI.
Na 41,07 40,34 40,62 4a, 09
Ph 55,36 56, o5 55, Sg 54,62
H 3,57 3,61 3,79 3,29
100,00 100,00 100,00 100,70
( 56o )
il ne fit pas connaître la composition exacte de ce composé. J'ai repris l'é-
tude de ce sel, afin de déterminer les principales données thermochimiques
qui le concernent.
» I. Préparation. — A une sohilion d'acide plcrique (45bS 8 d'acide dissous clans 2'"
d'eau) maintenue vers 80°, on ajoute, par très petites quantités, de l'oxyde jaune de
mercure récemment précipité et non desséché [21?'', 6 de UgO pour ^ôei^jS de
C'H^(AzO-)'OH]. Au début, l'oxyde de mercure se dissout aisément, puis la disso-
lution devient plus difficile et il est nécessaire de chauffer plusieurs heures pour ache-
ver complètement la saturation de l'acide picrique. La liqueur filtrée et concentrée
doucement abandonne par refroidissement de belles aiguilles brillantes, orangées. Sé-
chées entre des doubles de papier, elles répondent à la formule
I
Hg[C«tP{Az02)H)]2-i- 4H^0.
» II. Propriétés. — Ce corps est assez soluble dans l'eau; la solution ainsi obtenue
peut être portée à l'ébullition sans qu'il se produise de sel basique, ce qui contraste
avec l'acétate de mercure observé par M. Berthelot. Chauffé à i3o°, il se déshydrate
complètement, en se décomposant légèrement; on constate en effet la volatilisation
d'une très petite quantité d'acide picrique.
» III. Données thermiques. — J'ai mesuré la chaleur de neutralisation de l'acide
picrique par l'oxyde de mercure, par la méthode rigoureuse des doubles décompositions
réciproques. J'ai employé trois procédés différents :
^ î Hg[C''H-(AzO-)^0]-i mol. =r32'i'-t-2HGli mol. = 81" dégage -^iSc-^G
( HgCr-(i mol. r38'") + 2C«H2(Az0-)^0Hi mol. = 2o'i' dégage o^^So
» On a d'ailleurs, d'après les expériences de M. Berthelot,
HgO précipité -+- 2HCI étendu = HgCl' dnsous + H'O vers 12° -hi9'=-''',6
» D'où l'on tire
HgO précipité +2C«H'{AzO-)20 dissous 4- ec^i.r)
( Hg [C* H^ ( AzO- )^0]^i mol. r=32i"-i- 2 HCyi mol. = 8'i' dégage vers 12°... 24c»i,44
^° i HgCy-(imol. = 8ii')+-2C«H2(AzO'-)'OHiniol.= 2o'"dégageversi2"... oC^',o4
» On a, d'après M. Berthelot,
HgO précip. -t- 2 HCy étendu =:HgCy=diss.+- H'-O 4-3i'=''',o
D'où l'on conclut pour l'acide picrique -h 6*^''', 4
.^^ j Hg[C«H2(AzO^)'0]2(imol.=32'i')-t-2NaCl(imol.=8'i')dégageversi2°. iS-'-^yy
'^" ( HgCP(i mol.= 8i")-H2C«H-^(Az02)30Naimol.= 2oi"dégageversi2''... oC''>,o7
d'où l'on conclut, d'après les chaleurs de formation du chlorure et du picrate de so-
dium (qui sont égales) et celle du chlorure de mercure, -t-6'^'',3. La moyenne géné-
rale est -+- 6*^"', 2.
o
( 56i )
» IV. Pour mesurer la chaleur de formation de l'hydrate du picrate de mercure,
j'ai dissous le sel anhydre et son hydrate dans une même solution de chlorure de so-
dium :
Dissolution de Hg[C*H2(AzO-)^0]-4H=0 dansaNaCl étendu dégage vers 12".. iC"i,3
Dissolution de Hg[C*H^( AzO-)^0]^ dans 2NaCl étendu dégage vers 12" Q*^"',©
» De ces nombres on déduit :
Picrate mercurique -+- ^WO liquide -f- j^n
Chaleur de dissolution du picrate mercurique anhydre dans l'eau pure. ... — 4i7
Chaleur de dissolution du picrate mercurique hydraté — 12, 4
IJgO précip.+ 2C«H2(AzO-)'011 diss.
= Hg[C«H'^( Az02)0]2 diss.+ H^O liq. dégage +6,2
HgO précip.+ 2C«H2(AzO-)'OHsol.
= Hg[C«H2( AzO^)0]-^ sol. + ÎPO sol. absorbe — 4,0
2[C^diam. -f- H^gaz + Az^gaz-t-0*gaz -i- O gaz]+ Hgliq.
= Hg[C«H^'(AzO-^)H)]2sol. dégage -f-44,35
» Conclusions. — Si nous comparons ces chiffres à ceux qui ont été
obtenus par M. Berthelot, pour l'acétate, le chlorure et le cyanure de
mercure, autres sels solubles du même métal, nous voyons que le picrate
vient se ranger à côté de l'acétate, dont la chaleur de neutralisation par
Hg O d éga ge + 6^^' , o .
» On remarquera aussi que, tandis que l'acide picrique, opposé à l'acide
cyanhydrique vis-à-vis de la potasse, le déplace dans la dissolution même et
sans précipitation, avec im dégagement de chaleur de -f-io^^'.y qui répond
à la prépondérance thermique du premier acide vis-à-vis de cette base, an
contraire, vis-à-vis de l'oxyde de mercure, c'est l'acide cyanhydrique qui
déplace complètement l'acide picrique, avec mise en liberté de i2'^''',2 pour
chaque molécule d'acide, ce qui répond à l'inversion thermique des deux
acides en présence de l'oxyde de merciu'e.
» Ces renversements d'affinité sont à rapprocher de ceux que M. Ber-
thelot a fait ressortir pour les acides halogènes ainsi que pour les acides
acétique et oxalique, opposés vis-à-vis de l'oxyde de mercure : ils consti-
tuent l'une des démonstrations les plus décisives à l'appui du principe du
travail maximum. »
C. R., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N" 14.) 7'^
( 562 )
CHIMIE. — Action de l^adde picrique et des picrates sur les cyanures
métalliques . Les isopurpurates. Note de M. Raoll Varet.
« Les résultats obtenus au cours des recherches qui font l'objet de la
précédente Note permettent de vérifier et de compléter une relation que
j'avais formulée comme conclusion d'un travail sur la formation des iso-
purpurates (Comptes rendus, t. CXII, p. SSg) ; à savoir que :
» Dans l'action de l'acide picrique et des picrates sur les cyanures mé-
talliques, il y a formation d'isopurpurates toutes les fois que l'acide pi-
crique déplace l'acide cyanhydrique du cyanure mis en réaction; tandis
que cette formation n'a pas lieu lorsque c'est l'acide cyanhydrique qui dé-
place l'acide picrique, ces déplacements inverses étant prévus et vérifiés
d'après les A'aleurs thermiques de neutralisation.
» Ainsi, avec le cyanure de zinc, par exemple, le calcul donne
ZnCy2 sol. + 2C''H2(AzO-^)-^OH diss.
:="[C''H2(AzO-)30]2Zn diss. + 2HCv diss. dégage -H 5^=1,88.
» Le cyanure de zinc engendre en effet des isopurpurates. Il en est de
même, comme on sait, du cyanure de potassium, pour lequel la différence
thermique calculée est plus considérable encore : au contraire, avec le cya-
nure de mercure, la réaction
HgCy'-diss. -h 2C'^H-(AzO-^)^OH diss.
= [C^H-(AzO-^)^0]'-Hgdiss. + 2HCydiss. absorberait — i^'^-^^Z.
» L'expérience montre en effet que, dans ce cas, il n'y a pas réaction,
et il ne se forme pas d'isopurpurate.
M J'ai vérifié la généralité de la relation que je viens de signaler, en étu-
diant d'une façon méthodique l'action de l'acide picrique et celle des pi-
crates, d'une part sur les cyanures de potassium, de sodium, de lithium,
de baryum, de strontium, de calcium, de magnésium, de cadmium, de zinc,
cyanures qui forment tous des isopurpurates. Au contraire, les cyanures
de mercure, de cuivre, d'argent, sont indécomposables par une solution
d'acide picrique, même bouillante, et ils ne forment pas d'isopurpurates.
On voit par là, une fois de plus, comment la prévision des réactions indus-
trielles peut se déduire des théories thermochimiques. »
( 563 )
CHIMir; PHYSIOLOGIQUE. — Propriétés antiseptiques des vapeurs de formol
(ou aldéhyde for/nique). Note de M. A. Trii.lat, présentée par
M. Friedel.
« En 1891, dans un procédé d'application des propriétés antiseptiques
des vapeurs de formol, j'ai spécifié que la désinfection pouvait être obte-
nue par l'emploi de ce corps, soit à l'état solide, soit à l'état liquide, soit à
l'état gazeux. J'ai ensuite établi ('), en collaboration avec M. le D'' Berlioz,
l'action microbicide de l'air imprégné des vapeurs de formol sur les bacilles
salivaires, les bacilles de la décomposition, le bacillus anlhracis, le bacille
d'Eberth, le coli-bacille, etc. Enfin, j'avais démontré (^) que le voisinage
d'un linge imbibé d'une faible solution de formol est capable d'arrêter la
putréfaction de la viande, et décrit un procédé de désinfection (') basé sur
cette propriété.
» Ce procédé, quoique simple, offrait quelques inconvénients, notam-
ment celui d'avoir à se procurer le formol. J'ai exécuté les expériences
suivantes avec l'appareil même de production du formol, de dimensions
réduites et présentant quelques modifications.
» L'appareil a la forme d'un pulvérisateur ou d'une espèce de lampe;
il peut transformer par jour jusqu'à 5''^ d'alcool méthylique en vapeurs
de formol. Le rendement en formol est d'environ iS pour 100 de l'alcool
brûlé.
» Dans une première série crexpériences, j'ai cherché à savoir : i» Si l'action anti-
septique des vapeurs produites par l'appareil dans une salle s'exerçait en haut comme
en bas; 2° quelle devait être la durée de l'action pour tuer les germes; 3" la quantité
d'alcool brûlé. J'ai construit une pelite échelle sur laquelle se trouvaient, à des hau-
teurs différentes, des assiettes contenant des balayures d'hôpital ('), préalablement
desséchées pour la comparaison des expériences. L'appareil à formol étant placé
(') Trillat, Comptes rendus. 3o mai 1892.— Berlioz et Trillat, ibid., i"' août
1892.
(") Moniteur scientifique, 1892.
(') Brochure Sur le formol, février 1894.
(') L'action antiseptique des vapeurs d'aldéhyde formique sur les poussières sèches
a été mise en évidence par le travail si remarquable et si complet de M. le D' Miquel
[De la désinfection des poussières d'appartement {Annales de Micrographie,
juillet 1894)].
( 564 )
dans des pièces de capacité variable, de 20""^ à 3oo"", fonctionnait pendant des espaces
de temps déterminés, au bout desquels des prélèvements étaient elTectnés, déposés
dans des bouillons et mis ensuite en observation pendant quinze jours. — Résultats :
l'action des vapeurs s'est exercée en haut comme en bas de l'échelle; dans une salle
de 20™'^, les germes ont été tués en huit heures; le poids de l'alcool méthylique brûlé
a été de o8'',200; dans une salle de Soc""', le même résultat a été obtenu en vingt-
quatre heures; poids de l'alcool brûlé a''?.
» Dans une deuxième série d'expériences, j'ai étudié l'influence de l'humidité sur
l'action antiseptique des vapeurs; les balaj'ures précédentes ont été humectées dans
ce but avec des quantités variant de 3 pour loo à 20 pour 100 d'eau. — Résultats :
la présence de l'eau ralentit l'action antiseptique du formol proportionnellement au
degré d'humidité.
» Dans une troisième série d'expériences, j'ai badigeonné, avec des boues riches en
bactéries de tous genres, des parois de murs, des étoffes et divers objets; après chaque
expérience, des raclages étaient effectués et déposés dans des bouillons stérilisés. —
Résultats pour une expérience : durée du fonctionnement de l'appareil, dix heures,
capacité de la salle, 5o""^; quantité d'alcool brûlé o''s,65o. Les bouillons ensemencés
sont restés clairs après quinze jours.
» L'expérience typique suivante mérite d'être signalée et résume les
essais.
» Dans une chambre de malade d'une contenance de 4'3""^ et pourvue de tous ses
meubles, tentures et objets divers de toute nature, l'appareil à production de formol
a fonctionné pendant quatre heures seulement. Après ce laps de temps, j'ai ensemencé
des bouillons vierges avec des débris provenant des raclages du plafond, du plancher
et.de la surface des objets; dans d'auires bouillons, j'ai déposé des petits carrés de
papier, d'étoffe, des fragments de bois, qui avaient été trempés dans des bouillons
riches en colonies charbonneuses ou légèrement badigeonnés avec des crachats tu-
berculeux. Tous les bouillons sont restés clairs après quinze jours; quelques-uns se
sont légèrement troublés après vingt-cinq jours d'observation.
» Dans cette expérience, des étoffes épaisses, des papiers ont été traversés de part
en part par les vapeurs de formol; j'ai même constaté que celles-ci pénétraient assez
profondément le bois.
» Je n'ai observé aticune détérioration sur les métaux, étoffes et in-
struments de chirurgie; je signale cependant cette particularité, que les
soies teintes par les dérivés de la rosaniline deviennent légèrement vio-
lettes; celles qui sont teintes avec certaines couleurs azo'iques jaunissent
un peu. Cette action ne provient pas d'une décoloration, mais d'une trans-
formation de la matière colorante.
» Quant à la persistance de l'odeur, elle ne résiste pas à un violent cou-
rant d'air. Elle disparaît rapidement aussi, quand on expose dans la pièce
un vase contenant de l'ammoniaque. Ces expériences, dont les détails
( 565 )
seront publiés séparément, sortant du domaine rlu laboratoire, sont forcé-
ment un peu grossières, mais elles mettent en évidence d'une manière
frappante l'énergie de l'action antiseptique des vapeurs du formol et la
facilité de désinfecter au moyen de l'emploi de l'appareil à production
directe des vapeurs de ces cor|îs. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Observations sut les farines.
Note de M. Balland.
« Les deux mille cinq cents échantillons de farines, reçus et analysés au
Laboratoire de l'administration de la guerre durant la période de sep-
tembre 1891 à juin 1894, ont permis de constater les faits suivants :
» 1. La proportion d'eau la plus élevée a été de 16,20 pour 100; la
moins élevée a été de 9,40 pour 100. Le maximum du gluten humide
a été 47.50 pour 100; le maximum de la matière grasse 3, 10 pour 100;
le minimum de l'acidité 0,01 3 pour roo.
>) 2. C'est en février que les farines ont présenté le maximum d'hydra-
tation, et en août le minimum. L'acidité a fourni d'excellentes indications
sur l'état de conservation des farines : le minimuig s'observe en novembre,
décembre et janvier; il s'élève pendant les autres mois, et surtout en juillet
et août, c'est-à-dire pendant la période la plus favorable à l'évolution des
germes contenus dans les farines. C'est ainsi qu'en 1893 le minimum
d'acidité, qui était de os%oi3 pour 100 en janvier, a atteint o8'',o37 pour
100 en août. Il résulte de ces indications que les farines destinées à être
conservées en caisses étanches pendant plusieurs années gagneront à
être fabriquées et encaissées par un temps sec et froid ; les ferments sont
alors inertes et l'on n'a pas à redouter d'autre part la transmission des
œufs d'insectes.
» 3. Toutes les relations que j'ai signalées autrefois à l'Académie entre
la nature et la qualité des farines et leur composition chimique, au point
de vue de l'eau, des matières salines, des matières grasses, de la cellulose,
de l'acidité et du gluten, sont confirmées.
» 4. Il n'a été constaté aucune falsification par addition de matières
minérales ou de farines étrangères au blé (légumineuses, pommes de terre,
seigle, riz, maïs, etc.). Les motifs de refus invoqués par la Commission
chai'gée d'examiner les farines après l'analyse et la panification, reposent
presque uniquement sur la présence d'un excès de bas produits (queues
( 566 )
de moutures) ou sur le mauvais état de conservation de la denrée (').
Dans le premier cas, la matière grasse est plus élevée; dans le second
cas, c'est l'acidité. Le maximum d'acidité a été de o^', 278 pour 100; les
acidités les plus élevées s'observent toujours dans les farines en voie d'al-
tération, chez lesquelles le gluten et la matière grasse sont au-dessous du
minimum ordinaire.
» 5. Le rapport du gluten humide au gluten sec ne peut être nettement
déterminé, car chaque gluten présente une hvdratation différente. Le
gluten le plus hydraté contenait 71,1 3 pour 100 d'eau et le moins hydraté
02 pour 100. Dans les farines de premier choix du commerce, l'hydratation
est voisine de 70 pour 100; dans les farines de qualité moyenne, comme
celles qui sont consommées [lar les troupes, elle serait comprise entre
62 et 65 j)our 100. La proportion des deux tiers d'eau (66 à 67 pour 100),
admise par les auteurs comme moyenne générale, est trop absolue.
)) Les meilleures farines, au point de vue de la panification, sont celles
dont le gluten retient la plus forte quantité d'eau.
» Il y a une relation entre l'hydratation du gluten et l'état de conserva-
tion de la farine représenté par son acidité : la quantité d'eau retenue par
le gluten diminue lorsque l'acidité augmente. C'est une bonne indication
en matière d'expertise.
» Le taux minimum des matières azotées insolubles, généralement re-
présenté, dans les cahiers des charges des diverses administrations, par le
poids du gluten humide, serait plus exactement défini par le poids du
gluten sec.
■» 6. L'aleuromètre Boland, cité par les Ouvrages classiques comme
devant donner de précieux renseignements sur l'aptitude des farines à la
panification, a fourni les résultats les plus contradictoires. L'emploi de cet
appareil n'est pas à recommander.
» 7. Les farines de même provenance ont un taux de gluten variable
suivant les années. Les farines indigènes de la récolte de 1892 sont plus
pauvres en gluten que celles de la récolle de i8gi; celles de 1893 sont
elles-mêmes plus riches que ces dernières.
(') Parmi les autres causes de refus signalées par la Commission d'expertises, qui
comprenait un fonctionnaire de l'intendance, un pharmacien militaire, un officier
d'administration des subsistances et deux experts civils appartenant à la Chambre
commerciale de Paris, on peut citer l'insuffisance de gluten, le craquement sous la
dent, dû à des blés mal nettoyés, et une saveur anormale (ail).
( 567 )
» 8. En dehors de ces considérations, le fonctionnemenl rc£;ulier du
laboratoire des Invalides a eu pour effet direct d'améliorer l'alimentation
du soldat, en écartant des approvisionnements militaires les produits les
plus inférieurs des moutures ('). La caractéristique des farines destinées
à l'armée étant, d'autre part, mieux définie, les instructions nouvelles sur
cette partie du service des vivres acquerront plus de précision. »
ZOOLOGIE. — Sur r extrémité antérieure de la corde dorsale chez tes Vertébrés
supérieurs. Note de M. G. Saint-Remy, présentée par M. de Lacazc-
Duthiers.
« Parmi les nombreux auteurs qui ont observé l'extrémité antérieure de
la corde dorsale, aucun ne s'est occupé jusqu'ici des phénomènes histolo-
§iquesc[ui en déterminent la destruction. Nous avons étudié spécialement
à ce point de vue les embryons de divers Mammifères, Oiseaux et Reptiles.
» Chez tous les Amniotes, la portion terminale antérieure de la corde
dorsale se coude pour s'insérer sur l'épithélium, en formant un angle plus
ou moins prononcé, parfois très ouvert comme chez le Rat : on peut donc
toujours distinguer une branche ascendante, terminaison de la portion
principale de la corde, et une branche descendante.
» Celle-ci disparaît constamment de très bonne heure, par la désagréga-
tion de ses éléments qui deviennent des cellules du tissu conjonctif em-
bryonnaire.
» Le sommet de l'angle et même une partie de la branche ascendante
peuvent également disparaître. Toutefois, chez les Mammifères et les Rep-
tiles, il paraît constant que l'angle s'épaissit d'abord et bourgeonne en
produisant un bouton ou bourgeon terminal, parfois considérable (Brebis,
Couleuvre à collier). Cette formation secondaire disparaît ensuite, en gé-
( ' ) Les cours des farines, relevés en fin de chaque mois dans le journal La Meunerie
française, ne laissent aucun doute à cet égard. En septembre 1891, avant le fonction-
nement du laboratoire, on constate que les farines bises « sont très demandées et les
prix fermement tenus » ; puis les acheteurs deviennent de plus en plus rares et les
mentions suivantes de se renouveler sans cesse : « tendances faibles en petites farines;
les affaires en farines bises sont presque nulles; les farines bises sont de plus en plus
délaissées, etc. » Des petites farines et des farines de premier passage, (|ui en 1891
étaient enlevées couramment à 20^"' et 25'"' les loo'-s, ne trouvent plus d'acquéreurs
( 568 )
néral, par le même procédé de désagrégation que la branche descendante,
parfois aussi en se transformant en cartilage (Brebis). Ce bourgeon est
l'homologue de la poche palatine, décrite par Selenka chez l'Opossum, et
qui existerait aussi comme poche creuse chez la Taupe (Kann). Chez au-
cun des animaux étudiés par nous, cette formation ne présente de cavité :
elle paraît n'être absolument qu'une formation dégénérative, opinion que
Selenka lui-même n'a pas repoussée. Chez les Oiseaux, le bourgeonne-
ment terminal ne se produit pas; après la disparition delà branche descen-
dante par transformation en tissu conjonctif, l'extrémité de la branche
ascendante déjà différenciée paraît se détruire à son tour, non par désa-
grégation de ses éléments, mais par dégénérescence et résorption, les élé-
ments conjonctifs voisins jouant le rôle de phagocytes et faisant disparaître
les restes des cellules cordales.
» La transformation des cellules de la corde en tissu conjonctif em-
bryonnaire et en tissu cartilagineux est un fait intéressant, qui peut paraître
singulier au premier abord, car la corde et le tissu conjonctif qui l'entoure
diffèrent à la fois par leur origine et par leurs caractères. Le tissu cordai
représente primitivement une partie constitutive de l'endoderme (ento-
blaste cordai, O. Hertwig) : c'est donc un mésoblaste épithélial pur,
tandis que le tissu conjonctif lâche, dans lequel la corde est située, pro-
vient des masses mésenchymateuses latérales. Les éléments de ces deux
formations évoluent d'une façon tout opposée; pour produire le tissu dif-
férencié de la corde définitive, les cellules deviennent vésiculeuses et, en
se comprimant réciproquement, elles forment un tissu d'aspect réticulé,
dont les mailles représentent des cavités intracellulaires; les cellules mé-
senchymateuses forment, elles aussi, un ensemble réticulé, mais c'est par
l'extension de prolongements, de ponts intercellulaires, et l'écartement de
leurs corps protoplasmiques, et les mailles sont des cavités intercellulaires.
Mais, au fond, ces deux sortes d'éléments sont de même nature, puisqu'ils
proviennent, en dernière analyse, les uns et les autres, de l'épithélium
endodermique. Rien de surprenant alors que les cellules de certaines ré-
gions de la corde puissent évoluer dans le même sens que les éléments
conjonctifs et se confondre avec eux.
» Nous avons constaté que, chez les Oiseaux aussi, la corde se termine
primitivement au point d'insertion de la membrane pharyngienne, comme
on l'a montré chez les Mammifères. C'est secondairement, par suite des
phénomènes d'accroissement de l'épithélium, qu'elle est déplacée et qu'elle
se trouve en relation avec d'autres points. Nous ne croyons donc pas que
( 569 )
la poche de Seessel représente l'extrémité de la corde non développée :
nous pensons plutôt, avec Selenka, que cette poche n'a aucune significa-
tion morphologique et n'est qu'un sillon formé mécaniquement par la
flexion céphalique. D'ailleurs, la poche palatine de l'Opossum s'ouvrirait
en arrière de la poche de Seessel. C'est aussi à une cause purement méca-
nique que nous attribuons le fait que l'épithélium est souvent creusé légè-
rement en entonnoir, au point où s'insère la corde : cela doit tenir à ce
que l'épithélium est retenu en ce point par la branche descendante, qui ne
s'accroît pas ou très peu. Cette légère ondulation, forcément secondaire,
étant donnée l'insertion primitive de la corde sur la membrane pharyn-
gienne, ne peut être regardée comme représentant l'orifice de la poche
palatine. »
ZOOLOGIE. — Évolution des éléments sexuels chez les Ascidies composées. Note
de M. Antoine Pizox, présentée par M. Edmond Perrier.
« Il existe, chez les Ascidies composées, des relations étroites entre les
ascidiozoïdes adultes et les jeunes qu'ils engendrent par voie de bourgeon-
nement.
» Salensky ('), chez les larves des Diplosomidés, Caullery (■'), chez les
bourgeons des Didemnidés et des Diplosomidés, ont récemment mis en lu-
mière la part active que prennent les tubes épicardiques du parent, dans la
constitution des nouveaux blastozoïdes. Les résultats auxquels je suis
arrivé de mon côté chez les bourgeons de ces deux mêmes familles d'Asci-
dies composées confirment ceux de Caullery dans leurs traits généraux.
De l'ensemble de ces processus, il résulte que, si l'on remonte jusqu'à
l'oozoïde fondateur delà colonie, on voit que la cavité branchio-intestinale
et le cœur de chaque ascidiozoïde ne sont, en définitive, qu'une production
de la cavité endodermique primitive de cet oozoïde. Ce sont des phéno-
mènes de même ordre que ceux que j'ai déjà décrits chez les Polyclinidés (^)
(') Salensky, Biol. Centralb., 1898, t. XIII.
(^) Caullery, Sur le bourgeonnement des Didemnidés et des Diplosomidés
(^Comptes rendus, 20 août iSgii).
(') Obs. sur le développ. des bourgeons de Circinalium concrescens et c/'Aina-
rœciuni proliferum {Bull, des Sciences naturelles de l'Ouest; 1892).
C. K., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N» 14.) 74
( ^70 )
dont le postabdomen, qui se segmente pour engendrer de nouveaux bour-
geons, est précisément parconru dans toute sa longueur par le tube épicar-
dique, et aussi chez les Dotryllidés ('), avec cette différence que, chez ces
derniers, c'est la paroi péribrauchiale, dérivée comme le tube épicardique
de la caviié entérique larvaire, qui prolifère pour engendrer de nouveaux
bourgeons.
)) Mais ces relations étroites entre les ascidiozoïdes adultes d'un cormus
et les jeunes qu'ils engendrent par bourgeonnement se montrent encore
autrement complètes si l'on considère l'évolution des éléments sexuels,
évolution sur laquelle j'ai déjà appelé l'attention à deux reprises (-).
» J'ai montré que, chez les Botryllidcs, chaque ascidiozoïde adulte ne
conserve que les deux ou trois ovules les plus volumineux de chaque côté
de son sac branchial et qu'il lègue les autres, encore trop jeunes pour être
fécondés, aux bourgeons qu'il a engendrés et chez lesquels ils sont entraî-
nés par le courant sanguin.
» Chez les Polyclinidés, l'ascidiozoïde lègue de même à ses bourgeons
les éléments de ses organes génitaux, mais sans intervention du courant
sanguin : après la sortie des larves et au moment où le postabdomen se
segmente, il existe encore dans ce postabdomen un reste d'ovaire sous
forme d'une longue bande cellulaire, creuse sur une partie de son étendue.
Cette bande se segmente en même temps que le postabdomen qui la ren-
ferme, de sorte que chaque nouveau bourgeon se trouve pourvu dès l'ori-
gine d'un petit cordon génital indifférencié, provenant du parent. J'ai
observé cette production des éléments sexuels du bourgeon aux dépens de
ceux de l'ascidiozoïde progéniteur non seulement chez les Aniarœcium
proUferum et Nordmanni, mais aussi chez Xa Morchellium argus et le Circina-
lium concrescens où Cauliery (^) ne l'indique qu'avec quelque doute.
» Enfin chez les Ascidies composées de la famille des Bideninidès et des
Diplosomides, il y a également, comme chez les précédentes, continuité
entre le cordon sexuel du parent et celui du bourgeon. Les organes géni-
taux du jeune ne sont pas des formations absolument nouvelles et indépen-
( 1 ) Histoire de la blastogénèse cliez les Botryllidés {Ami. des Sciences nal., 1 898).
(-) Congrès des Sociétés savantes, 1898. Hist. de la blastogénèse chez les Botryl-
lidés.
(^) Caillery, Sur la dégénérescence des produits génilaujc chez les Polyclinidés
(Comptes rendus, mars 1894).
( 571 )
dantes, dérivées d'une agglomération de cellules du niésencliyme; l'étude
de séries non interrompues de coupes microscopiques ne laisse aucun
doute à ce sujet.
» Si l'on examine des cormus de Didemnidés et de Diplosoraidés {Did. nt\-eiim,
Did. cereum, Diplosonia spongifornie) après la sortie des larves, on trouve qu'il
existe généralement à ce moment trois générations d'ascidiozoïdes dérivées l'une de
l'autre et inégalement développées :
» 1° Des ascidiozoïdes adultes, ouverts à l'extérieur et complèteiuenl iiidépeiulants
les uns des autres; on n'y trouve aucune trace de tubes vasculaires, tels que ceux qui
existent chez les Botijllidés où ils font communiquer ensemble les divers ascidiozoïdes
des cormus ;
» 2° Chaque adulte est accompagné d'un autre plus jeune constitué, ainsi que l'ont
décrit Délia Valle et Caullery, par deux bourgeons dilTérents qui à ce moment sont
soudés ou sur le point de l'être ;
» 3° De légères exlraflexions de tubes épicardiques et du tube digestif de ce bour-
geon de deuxième génération s'annoncent bientôt et indiquent l'apparition d'un asci-
diozoïde de troisième génération.
n J'appelle encore ascidiodème, comme chez les Botryllidés, cette triade d'asci-
diozoïdes inégalement développés, greffes pour ainsi dire les uns sur les autres et
produisant d'une façon constante de nouveaux bourgeons à mesure que disparaissent
les anciens.
» L'unité morphologique de cet ascidiodème découle'non seulement de la façon
dont la cavité branchio-intestinale et le cœur du bourgeon se constituent aux dépens du
parent, mais encore de la continuité des éléments sexuels de l'ascidiozoïde progéni-
teur et de ceux du jeune.
» Chez les adultes, en effet, au moment de la ponte ou après celle-ci, on observe à
coté des follicules testiculaires qui se vident par le canal déférent, un cordon ovarien
plein, renflé à sa vase, et de la jjarlie inférieure duquel se sont détachés un certain
nomijre d'ovules qui ont traversé l'exoderme maternel et sont tombés dans la cavité
cloacale où ils ont été fécondés.
M Ce cordon plein persiste après la ponte alors que la glande mâle se vide; il se
continue, en s'effîlant progressivement, au voisinage du canal déférent et ne présente
bientôt plus, vers sa partie supérieure, que des cellules indifférenciées. A un certain
moment, il quitte le voisinage du tube déférent et va se prolonger jusque dans la
région abdominale du bourgeon de seconde génération, dont les deux parties con-
stituantes, bourgeon ihoracique et bourgeon abdominal, ne sont pas encore soudées
à ce moment. Ce sera aux dépens de ce cordon génital indifférencié, provenant du
parent, que se produiront les glandes sexuelles du jeune ascidiozoïde.
» Quand le bourgeon de troisième génération se développe, on peut voir également,
sur des séries de coupes, la bande sexuelle de celui de la deuxième génération se pro-
longer chez ce nouvel ascidiozoïde.
» Ainsi, ces phénomènes si curieux de la transmission des éléments
génitaux de l'adulte chez le jeune, qui, après avoir été décrits d'abord
( 572 )
chez les Pyrosomes, avaient paru si étonnants chez les Botrylles et les Bo-
trylloïdes, se généralisent chez les Ascidies composées les plus diverses, et
viennent jeter un jour aussi nouveau qu'inattendu sur l'évolution coloniale
de ces Tuniciers ( ' ). »
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une Chylridinée parasite de la Vigne.
Note de M. A. Pruxet, présentée par M. Duchartre.
« J'ai montré qup les ChytriHinées, considérées jusque dans ces derniers
temps comme des parasites presque exclusifs des végétaux aquatiques in-
férieurs, peuvent s'attaquer à des plantes de grande culture comme les
céréales. Des recherches multipliées m'ont permis de constater que la
"Vigne nourrit une Chytridince dont j'ai pu étudier l'organisation et le dé-
veloppement, et qui en est actuellement l'un des parasites les plus ré-
pandus.
» Les zoospores de celle espèce sonl arrondies el se meuvenl à l'aide d'un cil assez
fugace; elles sonl nues el renfermenl une goulle d'huile cenlrale très réfringenle;
leur diamètre esl compris enlre i,5[ji. el 2,5iji.. Elles ne germenl qu'après avoir ré-
iraclé leur cil el s'èlre enlourèes d'une membrane de cellulose. Elles poussent alors
un fin filamenl qui perce les parois cellulaires et fournil un nombre variable de ra-
meaux qui se comportent comme lui.
» Il se constitue ainsi un mycélium intracellulaire très délicat, difficile à voir,
formé de filaments extrêmement fins dont l'épaisseur est d'ordinaire comprise entre
o,5|x el o,S[;i, mais peut exceptionnellement dépasser i \x. Sur le trajet des filaments
mjcéliens ou à l'extrémité de rameaux demeurés courts, on observe de petites masses
plasmiques, entourées d'une membrane délicate, isolées ou rapprochées par paires;
ce sonl les initiales des zoosporanges; lorsqu'elles sont groupées par 2, l'une d'elles
est plus petite et paraît presque vide, comme si son contenu était passé dans l'autre;
quoi qu'il en soit, la plus grande seule devient un zoosporange. Les initiales et les
zoosporanges émettent habituellement des filaments mjcéliens qui se ramifient plus
ou moins, peuvent s'étendre aux cellules voisines, et portent de nouvelles initiales
qui se comportent comme les premières el ainsi de suite.
» Les zoosporanges résultent de l'accroissement des initiales. Ils sonl arrondis et
ovoïdes ou fusiformes suivant qu'ils proviennent d'initiales terminales ou interca-
laires; d'autres, plus rares, qui tirent leur origine d'initiales placées au point de croi-
sement de 2, 3, 4, 5 filaments mjcéliens, présentent un contour polygonal. Les zoo-
sporanges arrondis, ovoïdes ou polygonaux, ont de 5jx à 20jji de diamètre moyen; les
zoosporanges fusiformes ont de 10 |j. à 40 [j. de longueur, el de 3|x à 10 jj. de largeur.
(') Travail fait au laboratoire maritime de Talihou (Saint-Vaast-la-Hougue).
( -'^73 )
Quelle que soit leur forme, ils sont entourés d'une membrane très nette et renferment
un protoplasma granuleux, et une ou plus rarement plusieurs gouttes d'huile.
» Les zoospores résultent de la division simultanée du protoplasma en un certain
nombre de masses égales, dont chacune devient une zoospore. Pendant ce temps, le
zoosporange pousse un tube cylindrique, sorte de col droit ou flexueux qui s'ouvre
à son extrémité et donne issue aux zoospores; ce col se réduit parfois à une courte
papille. Le col ou la papille peuvent déboucher dans la cellule qui renferme le zoo-
sporange, mais le plus souvent ils traversent la paroi cellulaire et déversent les zoospores
dans une cellule voisine. Quelquefois, les zoospores sortent par une simple ouverture
de la paroi du zoosporange. Les zoosporanges des cellules épidemiiques peuvent dé-
verser leur contenu à l'extérieur; on peut trouver d'ailleurs des zoosporanges à la sur-
face même de l'épiderme.
» Dans certaines circonstances, les initiales donnent, non plus des zoosporanges,
mais des kystes arrondis, plus rarement ovoïdes ou fusiformes, à parois épaisses, ordi-
nairement brunes, à protoplasma homogène, riches en liuile et dont les dimensions
sont voisines de celles des zoosporanges. Après une période de vie latente de durée
variable, les kystes donnent naissance à des zoospores. Les zoospores paraissent pou-
voir se transformer directement en zoosporanges ou en kystes. Les kystes conservent
le parasite pendant l'hiver; toutefois, j'ai trouvé des filaments m3'céliens avec des
zoosporanges dans des sarments récoltés en novembre 1898, en février, mars et avril
1894.
» Par l'ensemble de ses caractères, cette Chjtridinée se rattache au
genre Cladochytriiim de Nowakowski, oîi elle constitue une espèce nou-
velle que j'appellerai Cladoc/iylrium viticolwn.
» Le Cladochytriuni viticolum peut se rencontrer dans tous les organes
de la Vigne et dans tous les tissus. Il y est fréquemment assez abondant
pour que toutes les cellules vivantes comprises dans une coupe transver-
sale renferment un zoosporange, assez souvent deux, rarement trois,
quatre ou davantage. Son observation est particulièrement facile dans les
cellules delà moelle, surtout après coloration par le bleu ou le brun d'ani-
line.
» Suivant son élection plus spéciale dans tel ou tel organe, tel ou tel
tissu, le Cladochylrium inlicolum produit des effets très divers, qui se mani-
festent extérieurement par les caractères les plus variés. Il suffira de dire
que ce parasite représente la cause de ces maladies mal définies, décrites
sous les noms à' antliracnose ponctuée, anthracnosc déformante, gommose
bacillaire, géliçure, roncet, hrunissure, brunissure-rougeole, maladie peclique,
maladie du coup de pouce; on doit, en outre, lui attribuer beaucoup de cas
de coulure, un certain nombre de cas de chlorose, tout au moins dans les
terrains siliceux ou peu calcaires, et diverses alfcctions de l'appareil végé-
tatif ou fructifère que je décrirai prochainement. Enfin, grâce aux échantil-
(574)
Ions que je dois à l'obligeance des professeurs Briosi et O. Cornes, j'ai pu
constater que le Cladochytrium viticolum est le parasite du Mal nero des
vignes italiennes.
» A cause de l'extrême diversité de ses manifestations extérieures, la
maladie due à ce parasite ne saurait conserver aucune des appellations
précédentes, dont les unes sont manifestement erronées et dont les autres
manquent de généralité. Le nom de chytridiose me paraît lui convenir.
)) J'ai constaté l'existence de la chvtridiose en Algérie, en Tunisie, et
dans quinze départements pris au hasard dans les diverses régions viticoles
de la France. Sa transmissibilité par boutures et greffons explique cette
extrême diffusion.
» La chytridiose n'est, sans doute, pas une maladie récente : l'une de
ses formes au moins, le roncet, existe depuis longtemps en France; des
sarments de Ripnria récoltés en 1875 sur les bords du Mississipi, près de
Saint-Louis, se sont montrés chytridiosés. Quoi qu'il en soit, certaines
formes de la chytridiose ont pris, dans ces derniers temps, des carac-
tères dont on ne saurait se dissimuler l'extrême gravité.
» Je me propose de décrire ultérieurement les caractères externes et
internes de la chytridiose, et d'examiner les circonstances qui paraissent
de nature à en enrayer l'extension. »
GÉOLOGIE. — Sur les tufs calcaires du col de Laularet {Hautes- Alpes).
Note de M. W. Kiliax, présentée par M. Daubrée.
« Il existe, aux alentours de l'hospice du Lautaret (Hautes-Alpes), à
plus de 2000'" d'altitude, plusieurs gisements de tu/s calcaires à végétaux,
dont l'étude offre un grand intérêt.
» Voici quelques renseignements préliminaires sur les conditions dans
lesquelles se présentent ces tufs.
» L'hospice est établi sur des dépôts morainiques, occupant de vastes surfaces tout
à l'entour sans cependant recouvrir coniplètement les assises liasiques qui, fortement
redressées, émergent çà et là de ce manteau glaciaire, pour constituer de petits ma-
melons arrondis. Les débris nombreux de microgranulite et de protogyne que renfer-
ment les accumulations morainiques indiquent, ainsi que leur disposition même,
qu'ils proviennent du massif Combeynot-Roc Noir, d'où descendent, en effet, deux
traînées de débris glaciaires, qui confluent au col même du Lautaret.
» L'ensemble de pâturages qui entoure le Lautaret présente, avec ses petits ma-
récages et ses nombreux mamelons, à un haut degré, le caractère de ce que Desor
appelait paysage moralnique.
( 575)
» Quant au substratum, il est formé d'assises liasiques fortement redressées vers le
sud-ouest; elles supportent, au nord cl au nord-est, les grès et schistes nummulitiques
du signal de Villar-d'Arène et s'appuient au sud sur une mince bande de dolomies
triasique et de grès liouiller, bordant le massif cristallin de Combeynot.
» Les gisements de tuf sont au nombre de trois : deux sur le versant de
la Romanche et un dans le vallon de la Guisanne. Tous trois, ils ont été
jM-oduits par des sources chargées de chaux carbonatée et sortant des
assises calcaires du lias à BélemniLes (Charmouthien inférieur).
» a. Le plus important de ces affleurements se trouve à quelques centaines de mètres
à l'ouest de l'hospice; le tuf y est exploité depuis de longues années. Le dépôt calcaire
est là adossé contre une colline basique d'où jaillit une source qui, sans doute, a
donné naissance à la puissante (4™ à 5"") assise de luf mise à nu dans la carrière. L^ne
partie de ce ruisseau est actuellement dérivée et amenée à l'hospice, où sa nature
trop calcaire cause journellement de nombreux, mécomptes.
» Les assises inférieures, celles qui sont le plus activement exploitées ('), sont com>
pactes et cristallines; les couches supérieures, au contraire, ont moins de consistance
et sont plus fortement colorées par l'oxyde de fer. La roche est remplie d'empreintes
végétales. Outre un grand nombre de restes de Muscinées et de Graminées, nous y
avons recueilli une assez grande quantité de débris de Conifères sur lesquels AL A.
Sibourg avait attiré notre attention. Les empreintes de cônes et de rameaux se pré-
sentent dans un tel état de conservation qu'il n'est pas difffcile d'y reconnaître le Pi/iiis
svhestris. A la base de l'aflleurement, du côté de la route de la Grave, on observe
des fragments émoussés, mais non roulés, de quarlziles et de protogyne erratique
englobés dans le tuf en une sorte de brèche.
» b. Le deuxième gisement est situé un peu plus à l'ouest, à gauclie de la roule de
la Grave dont le sépare un marécage. Il est semblable au premier.
» c. Un troisième dépôt de tuf assez considérable se trouve dans la vallée de la
Guisanne, à l'est de l'hospice, du côté de la Madeleine et en contrebas d'un petit lac.
Ici l'on peut étudier facilement la croûte tu(Tacée d'une épaisseur de .V" à 5"', accom-
pagnant la pente du terrain. La source qui lui a donné naissance existe encore, quoique
très réduite; elle tire sa teneur en calcaire des assises du lias et sourd au pied d'une
moraine qui recouvre en partie la portion supérieure du gisement.
» Les débris végétaux sont d'une abondance extrême dans ce dépôt; ils consistent
en feuilles de Saule {Salix) et de plantes diverses dont l'étude sera faite ultérieure-
ment. Une exploitation permet de voir, ici encore, les couches inférieures qui sont
dures, compactes et plus cristallines, tandis que les supérieures sont très ferrugineuses
et attirent l'attention par leur teinte rougeàtre.
(1) Une partie du village de Villar-d'Arène, et notamment l'église, est construite
avec les lufs du Laularel.
( 576 )
» En résumé, de l'étude préliminaire des tufs de Lautaret, il est permis
de conclure :
» 1° Que ces tufs sont relativement récents, leur disposition indiquant
d'une façon évidente que le relief possédait déjà en grande partie, lors de
leur formation, sou aspect actuel. De plus, s'ils ne sont pas antiglaciaires,
il ressort au moins du fait que les dépôts morainiques les recouvrent en
plusieurs points et y mêlent leurs éléments ; que le début de leur formation
se place avant le moment où le glacier de Combeynot abandonna définiti-
vement, en se retirant, le col du Lautaret. Il est probable que la glace
descendait à ce moment jusqu'au mUieu des forêts, comme c'est le cas
actuellement pour le glacier des Bossons près Cliamonix.
» 2" Les débris végétaux contenus dans ces tufs, et notamment les cônes
et rameaux de Pimis syli'estris (') indiquent en effet, pour cette époque,
l'existence au Lautaret d'une végétation forestière qui, actuellement, a
abandonné ces altitudes où croissent à peine quelques mélèzes rabougris.
Ce fait vient à l'appui de nombreuses constatations tendant à établir, ainsi
que l'a fait M. David Martin ( -), la marche rétrograde de la végétation
forestière dans les Alpes françaises. »
GÉOLOGIE. • — Sur la présence du terrain carbonifère dans le Sahara.
Note de M. F. Fourevu, présentée par M. Daubrée.
« La Note préliminaire que je présente a pour but de faire connaître les
principaux résultats de mes recherches géologiques dans le Sahara.
» Le terrain carbonifère joue, dans la constitution du sol des régions
que j'ai explorées cet hiver, un rôle considérable. Avant d'indiquer les
points où ce système affleure, je rappellerai brièvement les régions où le
carbonifère a déjà été signalé en Afrique :
» 1° Overweg a recueilli, entre Mourzouk et Ghât, des échantillons qui,
d'après M. le professeur Bevrich (''), indiquent la présence du dévonien,
ou peut-être du carbonifère.
(') M. Vieux nous a assuré que les habitants du pays ont découvert à maintes re-
prises, dans les alluvions du torrent de \ illar-d'Arène, des souches de Pin. Ce fait
s'accorde bien avec notre découverte du même végétal dans les tufs du Lautaret.
(^) Voir Bull. Soc. d'études des Hautes-Alpes, n" 34; 1890.
(') Beyricu, Bulletin de In Société de Géologie allemande, t. IV, p. lôg-iôo; i852.
( 577 )
» 2° M. Stache ('), d'après les documents rapportés par le D*" Lenz,
du Sahara occidental (région comprise entre l'Oiiad Draâ et les dunes
d'Ignidi), reconnaît l'existence du calcaire carbonifère, caractérisé par des
Prodnctus, notamment un Productus nouveau Pr. Africanus (Stache).
1) 3° Les matériaux paléontologiques recueillis par la première mission
Flatters indiqueraient nettement, d'après le rapport de M. l'ingénieur des
Mines Roche (-), la présence du dévonien caractérisé par A/r>7?a relicu-
laris, etc.
» Ce système s'étendrait du nord-nord-ouest au sud-sud-est, tout le long
du bord occidental de la vallée des Ighargharen, avec des témoins avancés
vers le nord àRhanfoussa et Gared el Beida, formant ainsi des bandes paral-
lèles aux bandes carbonifères de la région que j'ai explorée et dont je vais
indiquer la disposition.
» Le carbonifère, dans les régions que j'ai parcourues, se manifeste
sur une grande surface semblant s'étendre obliquement — dans l'Erg d'Is-
saouan et sur le plateau d'Eguélé — du nord-ouest au sud-est entre le 27"
et le 28* parallèle nord, et entre 5° et 6°3o' de longitude est.
)) Sur mon itinéraire de retour, entre 28" 10' et 27^30' nord, le sol est
recouvert de dunes qui perdent peu à peu de leur compacité à mesure
que l'on marche vers le sud; et, en arrivant aai 27"^ parallèle, ce ne sont
plus que des pitons de sable isolés; dans la même région et sur mon itiné-
raire d'aller le sable cesse, sur ma route du moins, à 27°45' et ce qui
reste pour atteindre le 27^ parallèle est du terrain de roche, tantôt raviné,
tantôt assez plan. A partir du 27" jusqu'au 2G" parallèle, on peut dire qu'il
n'y a plus exclusivement que de la roche se présentant sous forme de pla-
teau (le Tassili), fortement accidenté et coupé par les lits encaissés des ri-
vières.
» La bande de carbonifère que je viens de signaler n'est point continue,
mais, au contraire, plusieurs fois interrompue; j'ai pu cependant constater
sa présence plus ou moins nettement caractérisée sur neuf points différents;
là le carbonifère est représenté soit par des calcaires renfermant de nom-
breux Productus (voir la carte points 2 et 9 B et D), notamment le Pro-
ductus Cora (^) (7 et 9 D); soit par d'autres assises calcaires où se mon-
(') Stache, Comptes rendus, i883.
(') Ministère des Travaux pubtics. Documents relatifs à la mission Flatters.
(') Les documenls paléontologiques de la région que j'ai explorée seront publiés
par MM. Munier-Chalmas et Haug.
G. R., 1S94, ■!• Semestre. (T. CXIX, N° 14.) 75
( 578 )
trent de très grandes quantités de tiges de crinoïdes (Potenocriniis). Ces
tiges sont parfois tellement abondantes qu'elles constituent presque à elles
seules la roche (notamment en 6 et 9 D); en 6, elles forment une longue
ligne de collines orientées ouest-sud-ouest, est-nord-est. Ces tiges se déta-
chent facilement des bancs qui les contiennent et couvrent le sol de leurs
débris.
» Un point particulier sur lequel j'insisterai est celui relatif à la présence
de végétaux carbonifères (n*^* I-3-8-AE) appartenant au genre Lepido-
dendron (i et 3 A) et transformés en fer limonite, au milieu de grès rouges
ferrugineux.
( -^79 )
» Il ressort des études que j'ai pu faire que les bandes dévoniennes de
la première mission Flatters sont très probablement parallèles aux bandes
carbonifères que je viens de signaler et dont la direclion générale est
nord-ouest sud-est; on rencontrerait donc successivement en partant du
sud-ouest, soit d'un point situé entre P et Q de la carte par exemple,
pour gagner le nord-est, en premier lieu des bandes dévoniennes, ensuite
on atteindrait les bandes carbonifères, et en continuant dans cette direc-
tion on pourrait peut-être rencontrer le terrain houillcr, mais je ne fais
cette bypothèse qu'avec la plus grande réserve; d'un autre côté, il serait
fort possible que, si le terrain houiller existe, il n'affleure pas et soit re-
couvert complètement par des terrains secondaires ou tertiaires. >
MÉTÉOROLOGIE. — Observations thermométriques sur le Sommet de l'Ararat (').
Note de M. Venukoff, présentée par M. Faye.
« Le iG (4) août 1894, le sommet de l'Ararat (4912™) a été visité par
M. Zimmer, voyageur russe. Il y trouva la caisse en fer-blanc contenant
deux thermomètres, que M, Pastoukoff avait laissée l'année précédente
dans un endroit sur. Le thermomètre à maxima marquait + ly^^C, le
thermomètre à miniina — 4o°C. Un autre instrument à minima, attaché
à l'air libre en iSgS à un objet vertical, n'indiquait que — SS^C. Au mo-
ment du séjour de M. Zimmer, la température de l'air ambiant était de
-f- 3°C. dans l'ombre. »
AÉROSTATION. — Sur une ascension aérostatique effectuée en Russie.
Note de M. Venukoff, présentée par M. Faye.
« Deux officiers russes ont fait un voyage aérostatique, de Goniondz
(frontière de la Prusse) à Tchernigov (Petite Russie); la distance est de
800*"°. Leur ballon avait i5'" de diamètre, c'est-à-dire que le volume dé-
passait 3ooo™'' : il appartenait au parc aérostatique militaire russe.
» Partis à 9''3o™ du matin, les voyageurs ont très promptenient atteint
la hauteur de 35oo" et sont restés dans cette région élevée pendant tout
leur parcours, c'est-à-dire jusqu'à S"" du soir. Les nuages cumulus leur
cachaient la vue de la terre, et de légers cirrus apparaissaient au-dessus d'eux,
en très petit nombre. La température se tenait entre 2° G. et 3''C, dans la
(') Arafat se trouve sur le parallèle 4o°N.
( 58o )
nacelle, c'est-à-dire à l'ombre; mais, si l'on exposait la main au soleil, la
peau était brûlée.
» Le vent soufflait du nord-ouest au sud-est, comme à la surface de la
terre au moment du départ. Mais comme ce vent, quoique rapide, était très
régulier, le ballon marchait aussi avec une grande régularité.
» Seulement, à certains moments, les voyageurs ont obsen'é la rotation de
r appareil autour de son axe vertical, aj^rès quoi le voyage s'est continué sans
retards et toujours dans la même direction nord-ouest sud-est. )>
M. Faye fait à ce sujet les remarques suivantes :
« La situation des deux voyageurs en ballon est bien définie. Au-dessous,
une couche d'épais cumulus cachant la surface de la terre. Au-dessus,
bien au-dessus, de légers cirrus formant une autre couche de peu d'épais-
seur, et le ballon voguant dans l'air serein intermédiaire, animé d'un
mouvement rapide commun à toutes ces couches. Ce qu'il y avait de re-
marquable, c'étaient les mouvements tourbillonnaires qui agitaient de temps
en temps le ballon. Ces mouvements venaient évidemment de la couche
de cirrus. C'étaient des mouvements cycloniques, ébauchés en haut, et n'al-
lant même pas aux nuages inférieurs. Il aurait fallu une couche de cirrus
plus dense, pour que ces ébauches de tourbillons s'étendissent plus bas et
pussent atteindre le sol. Mais cela suffit pour montrer que l'origine de
ces mouvements est dans la couche de cirrus, et qu'ils sont descendants. »
M. Lëopold Hugo adresse une Note intitulée « Nouvel examen des
nombres théoriques caractérisant les espacements planétaires ».
M. BocQUET DE LA Grye appelle l'attention de l'Académie sur une pro-
position de M. le D'' Prompt, qui paraît de nature à intéresser à la fois les
astronomes et les médecins. Il s'agit de la création sur le mont Meige, à
une altitude de 4ooo'" (Alpes Dauphinoises), d'un observatoire et d'un hô-
tel où certaines maladies pourraient être traitées avec avantage.
La distance a vol d'oiseau du mont Meige au village de La Grave, acces-
sible en toute saison, n'est que de 4""° ; elle pourrait être franchie au moyen
d'un chemin de fer à crémaillère, contournant les glaciers.
La séance est levée à 4 heures un quart. M. B.
On souscrit à l'ari.s. chez GAUTHIER -VILLAUS ET F(LS,
Quai (les Grands-Augusiins, n" 5).
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Dimanche. Ils fonnoEii, à la fin de l'année, deux volumes in-4"". Den
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alpliabétique de noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement est annuc
et part du i" janvier.
Le i>rix élu t'iibonnenicnt fst fixé ainsi (fiiHl suit :
Paris : 20 fr. — Dcpartemeiiis : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — .Autres pays : les liiiis de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Etranger,
chez Messieurs :
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. Micliel et Mcdan.
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. , Dullui.
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Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par AL P.-J. Van Beseden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science
pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i85'î, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi
» mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nalui
» des rapports qui existent entre l'étatactuel du règne organique el ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronx. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fi
A la même Librairie les Hémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N" 14.
TABLE DES ARTirXES. (Séance du 1- octobre 1894.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DR? MEMBUES ET ORS CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. !
M. O. Callandrkai. . - La masse de Mereure |
et racccléralion du moyen moiivenieiil île ]
la comète d'KncUe, d'après les travaux
récents de M. O. fiacklund 54S r
Pages.
\l. L. Tiioo.'iT fait hommage à l'.^cadémie de
la onzième édition de son «Traité élémen-
l;iire de Chimie (nolatioii atomique) » . . ij.i
MÉMOIRES LUS.
M. H. Bersiiîr. — Sur le traiismetleur au-
tomatique des ordies de roule
M. Ll'ys. — Description d'un faisceau ilr-
lllires cérébrales descendantes, allant
>^'> perdre dans les corps olivaires .
CORRESPOi\DAl\CE.
M. Raoul Pictet. — Inlluence des basses
températures sur les lois de la cristallisa-
tion 5.S4
M. G. -A. Le Iîoy. — Sur le développement
de l'image latente, en Photographie, par
les peroxydes alcalins 55^
M. A. JoANNIs. — Action du phosphure d'hy-
drogène sur le potassammonium et le
sodainmonium 637
M. H. Vahet. — Uecherehes sur le picrate
niercurique ôôg
M. lî. Vaiîet. — Action de l'acide picrique
et des picrates sur les cyanures métal-
liques. Les isopurpnratos JG^
M. A. Trillat. — Priipriétcs antiseptiques
des vapeurs de formol 563
-M. lÎALLAND. — Observations sur les farines. 565
M. G. Saint-Remy. — Sur re.\trémitc anté-
rieure de la corde dorsale chez les Verli -
brés supérieurs mi-
M. Antoine Pizox. — Evolution des éléments
sexuels chez les Ascidies composées 56()
^t. A. PRfXET. — Sur une Cliylridinée para-
site lie la Vigne
M. \V. KiLiAN. — Sur les tufs calcaires du
col de Laularet ( Hautes-Alpes)
M. V. FouuEAU. — Sur la présence du terrain
larbonifère dans le Sahara
M. \ ENL'KOFF. — Observations thermomé-
Iriques sur le sommet de l'Ararat
.M. VENtJKOiT. — Sur une ascension aérosta-
tique elfectuèe en Russie
M. I'aye. — Remarques, à propos de la Com-
iiiiinicalion précédente, sur les mouve-
Micnls tonrliillonnaires descendant d'une
couche tie cirrus
iM. LitofOLii IkGo adresse une Note intitulée :
« Nouvel examen des nombres théoriques
cai'actérisant les espacements planétaires».
M. KouQUKT DE LA Grye appelle raltcntiou
de l'Académie sur une proposition de M. le
11' l'rompt, relative à la création, sur le
mont JVÏeige, d'un observatoire et d'un hôtel
où certaines maladies pourraient être trai-
tées avec avantage
PAKIS. - IMPHIMEIÎIE «iAUTHIEK-VILLAUS ET FILS,
Quai des G-rands-Au;;usi ins, 55
/,e ftSi ant .- GAuriiiEB-ViLLARS,
N0V271B94 l^^*
^OZq SECOND SEMESTRE.
COMPTES RErSDllS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PAR niTI. IiES SECRÉTAIRES PERPÉTUÉE.^.
TOME CXIX.
NM5 (8 Octobre 1894),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Qaai des Grands-Augusiins, 55.
1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 2j juin i8()2 et 24 mai 1875.
I.es Comptes rendus hebdomadaires des sceances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1*'. — Impressions des travaux de l' Académie.
I,es extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membre^ qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance lenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou xMé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
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blique ne font pas partie des Comptes rendus.
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étrangers à l' Académie.
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démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
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Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
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cielle de l'Académie.
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Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré clans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
AiiTicLi': 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
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teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
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sent Règlement.
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déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant S*". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 8 OCTOBRE 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LGEWY.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Sur l' excentricué de l' orbite du cinquième satellite de Jupiter.
Note de M. F. Tisserand.
« J'ai montré Van àermer (^Comptes rendus, 26 décembre i8g3)qiie, si
l'excentricité de l'orbite du cinquième satellite de Jupiter était sensible, on
ne pourrait la déterminer qu'en ayant égard à la rotation du périjove du
satellite, résultant de l'aplatissement de la planète. J'avais fixé cette rota-
tion à + 882° en un an, soit -1- 2°, 42 en un jour.
)) M. Barnard, l'auteur de la découverte du satellite, vient de publier
le résultat de ses observations de 1892 et de 1893 (Astronomical Journal,
n° 325) ; j'ai pensé que le moment était venu de faire une première déter-
mination de l'excentricité et de la longitude du périjove à un moment
donné.
C. R., iSg'i, 2« Semestre. (T. CXI\, N" 15.) 76
( 582 )
» Voici d'abord les nombres communiqués par M. Barnard pour les
élongations est et ouest du cinquième satellite, ces élongations étant rap-
prochées à la distance moyenne 5, 20 de Jupiter :
Ëlongation
est.
1892. Septembre 10 48 "o4
II 48 , 00
12 48,27
i4 48,12
23 47>75
27 48,37 Ëlongation
f^ , 7o ouest.
Octobre 7 48 , 29
9 48, i3 47 > '7
17 » 47)34
23 • 48, 3o 47^59
28 48,20 47,86
Novembre 4 48, 06 48,17
6 48, i3 »
II 47>95 47,80
i3 _ 47,85 »
18 » 47.9^
1893. Septembre 24 47,56
Octobre i 47,73
2 47'7^
Novembre 6 47,72
'9 47^76
Décembre 10 48,12
» On a, en négligeant le carré de l'excentricité et désignant par i' la
longitude du satellite, cette expression du rayon vecteur
/• = rt — «ecos(f — rr,g ^ CT, ^),
en appelante le demi grand axe, e l'excentricité, C7„ la longitude du périjove
à une certaine époque (nous avons pris le 28 octobre 1892), c>, son moyen
mouvement diurne, t le nombre de jours écoulés à partir de l'époque ci-
dessus. Soit /la longitude géocentrique de Jupiter à l'époque /; on a, dans
les élongations,
f = / — 90°, à l'ouest,
i> — l -\- 90°, à l'est.
» Il en résulte, dans ces élongations, les valeurs correspondantes /„ etr^
( 583 )
de r :
» Soit posé
(O
il viendra
(2)
r„ — a — aesin(/
— Wo — nT,ï),
r^ = a -H aesin(/
— CTo — C7,/).
aecosn;o = x.
ae sinn>u= j,
To^a — crsin(/ — ci,/) 4- VCOs(/ — ni, /),
r, ^ a + a? sin(/ — tj, /) — jcos(/ — w, 0-
)) J'ai comparé ces formules aux valeurs observées, ou plutôt à des po-
sitions normales indiquées par des coupures dans le Tableau des observa-
tions. J'ai emprunté les valeurs de / à la Connaissance des Temps; j'ai obtenu
d'abord ces valeurs normales :
puis les équations
48,11
»
48, i4
»
48,19
»
47,98
47,5i
47,67
47,97
47,74
»
48,12
»
48, ir
48.14
a -f- 0,71 J7 -f-o,70j,
: a -)- 0,99a: — o.roj,
48,19 = a -f- 0,26a; — o,96j)',
47,98 = rt — 0,2607 — 0,97 V,
(^) { 47*67 = a — o,5ia: — o,86j,
47,74 = « — o,63a7 4- 0,78/,
48,12 = a H- o,:>3a7 -1- o,85y,
47, 5i = a — o,65a; -+- 0,76^,
47,97 =« -H 0,61a; + o,78r.
» J'ai déduit de ces équations, par la méthode des moindres carrés,
(4 ) a = 47 ", 906, x — ->r o", 339, y — — o",o84.
» Lesrésidus( observât, moins calcul que laissent ces valeurs (4) dans
( 584 )
les équations (3), sont désignés par R dans le Tableau suivant. J'ai mis en
regard les résidus R^ que l'on obtient en supposant l'orbite circulaire, et
les résidus R, que l'on trouve en laissant le périjove immobile [dans ce
dernier cas, cr, = o; il faut former de nouvelles équations analogues aux
équations (3), les résoudre et calculer les résidus; je ne reproduis pas
tous ces calculs, pour abréger].
R,. R. R.
+0,17
-)-0,03
-0,02
-1-0,20
-t-0,04
~ 0, I I
-1-0,^25
-1-0,06
-hO,12
-i-0,06
— o,i4 .
-1-0,08
2Rl=o,m
—0,27
-o,.4
—0, l3
I.RI=zO,2Sd
— 0,20
— 0,11
-i-0,II
i:R-=o,o«7
-ho,i8
-f-0,24
-i-O,I0
—0,43
—0,24
—0,09
-t-o,o3
-r-0,25
—0,08
» On voit que la représentation des résidus R est beaucoup plus satisfai-
sante que celles des R, et des R„.
M Les formules (i) et (4) donnent
(5) a = 47",9oG; 6 = 0,0073,
nT„ = - i4°.
» On pourra prendre
(6) c7o = ~ 4° pour 1892 nov. 1,0.
« Les valeurs numériques (5) et (6) constituent une première approxi-
mation, que les observations des années suivantes permettront d'améliorer.
L'excentricité e = ^ environ est petite; mais elle est nettement indiquée
par les excellentes observations de ^L Barnard. »
A>'ALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les groupes de transformations des équations
différentielles linéaires; par M. E.>iile Picard.
« J'ai montré autrefois (Comptes rendus, i883, el Annales de la Facilité des
Sciences de Toulouse, 1 887) comment on pouvait étendre aux équations diffé-
rentielles linéaires la théorie célèbre de Galois relative aux équations al-
gébriques. J'ai appelé l'attention sur la notion du groupe de transformations
( 585 )
d'une équation linéaire; la proposition fondamentale à ce sujet consiste
en un théorème et sa réciproque, celle-ci étant énoncée dans mon Mé-
moire avec une restriction inutile. Ces questions ont été approfondies ré-
cemment par M. Vessiot dans une Thèse extrêmement remarquable ; mais
M. Vessiot se place dans son travail à un tout autre point de vue que moi,
et la marche que j'ai suivie pour poser les bases de cette théorie, marche
qui se rapproche beaucoup de celle de Galois pour les cquatious algé-
briques, me paraît à divers égards préférable. Je crois donc utile de re-
prendre complètement la question en comblant la légère lacune que j'avais
laissée subsister dans la réciproque du théorème fondamental.
)i 1. Plaçons-nous d'abord dans le cas, le plus simple et le plus intéres-
sant sans doute pour les aj)plications, d'une équation linéaire à coefficients
rationnels. Soit donc
une telle équation, où nous supposons que les coefficients sont des fonc-
tions rationnelles de .r, et soit y^, r^, ..., jm un système fondamental
d'intéerrales.
» J'envisage l'expression suivante
V = A,,j,-f-...+ A,,„7,„-f- A,, ^-H...+ A„„^'-^...+ A,„,„-^^,
qui est, comme on voit, une expression linéaire et homogène par rapport
aux j et leurs dérivées jusqu'à l'ordre m — \. Les coefficients A sont des
fonctions rationnelles de x arbitrairement choisies. Cette fonction V satis-
fait à une équation linéaire d'ordre w? facile à former; désignons-la par
(2) - 5^ + ^. ZP^=- +•••+?'«■ V = o.
On a, d'ailleurs, en difïérentiant V un nombre de fois égal à nr — i,
m- équations du premier degré par rapport aux y et leurs dérivées, qui
donnent
où les a, p, . . ., > sont rationnelles en x.
o,
( 586 )
» A toute intégrale de l'équation (2) correspond un système d'inté-
grales j,, Yi, •••. Jm (le l'équation (i); ce système pourrait n'être pas
fondamental. Cela arriverait si le déterminant des y et de leurs dérivées
jusqu'à l'ordre m — i était nul; en écrivant ceci, on obtiendra une cer-
taine équation en V,
(3) n^'^'5i'---'^j
k étant au plus égal à m^ — i .
» On aura donc un système fondamental y,, jo, ....j^ si l'on prend
pour V une intégrale de l'équation (2) ne satisfaisant pas à l'équation (3).
» Ceci posé, il arrivera en général, c'est-à-dire si l'équation (i) est prise
arbitrairement, que l'équation (2) n'aura aucune solution commune avec
une équation différentielle (linéaire ou non linéaire) à coefBcients ra-
tionnels, d'ordre intérieur à m-, si l'on fait abstraction des solutions qui
satisfont à l'équation (3). Mais^il pourra, dans certains cas, en être au-
trement; supposons donc que l'équation différentielle d'ordre /j
(4) A^'^'^^-'""^)^^
(/ étant un polynôme) remplisse cette condition. Je suppose, de plus,
l'équation précédente irréductible, c'est-à-dire n'ayant aucune solution
commune avec une équation de même forme et d'ordre moindre; dans ces
conditions toutes les fonctions V satisfaisant à l'équation (4) satisferont à
l'équation (2), et, de plus, l'équation (4) n'aura avec l'équation (3) au-
cune solution commune; par suite à chaque solution de/— o correspond
un système fondamental d'intégrales pour l'équation linéaire proposée.
» Soit donc j,, . . ., y^ le système fondamental correspondant à une cer-
taine solution de l'équation /"= o et Y,, . . ., Y,„ le système correspondant
à une solution quelconque de la même équation ; on aura
Yo = «2, V, + . . . -I- a,^ j,„,
••" ••• f
Y,„ = «„„ j, + . . . + «„,„ j,„.
Les coefficients a dépendent seulement àe p paramètres arbitraires, et l'on
voit très facilement qu'on peut les considérer comme des fonctions algé-
briques de ces paramètres ; de plus, ces substitutions forment un groupe.
Je désigne oar G le groupe continu et algébrique de transformations
( -^s? )
linéaires défini par les équations (S), et je l'appelle le groupe de trans-
formations relatif à l'équation linéaire (i).
» 2. On peut établir, à l'égard de ce groupe, la proposition suivante
qui rappelle le théorème fondamental de Galois dans la théorie des équa-
tions algébriques :
» Toute fonction rationnelle de x, de y^, y.,, • ■ -, y,,, ci de leurs dérivées,
s' exprimant rationnellement en fonction de x, reste invariable quand on
effectue sur y ^ ^ y-n ••■■> Jm les substitutions du groupe G.
)) Considérons en effet une telle fonction; en y remplaçant j,, y^, .. .,
Yn pai" leur valeur en fonction de V, et égalant à une fonction rationnelle,
on aura
F et R étant rationnelles. Or cette équation se trouvera vérifiée pour une
certaine solution V àe f =^ o; elle le sera par suite pour toutes les solutions
d'après l'irréductibilité de cette dernière équation. Ceci revient à dire que
la fonction rationnelle considérée ne change pas quand on effectue sur
_7,, j'o, . . ., y,n la substitution S.
» 3. Ce qui précède reproduit ce que j'avais déjà dit antérieurement.
Arrivons maintenant au théorème réciproque. Nous allons montrer que :
» Toute fonction rationnelle de œ, y, , y^, . . . , j,„ et leurs dérivées qui reste
invariable par les substitutions du groupe G est une fonction rationnelle de x.
« Je ne l'ai démontré (^Annales de Toulouse, t. I, p. 5) que si l'équation
linéaire proposée a son intégrale régulière dans le voisinage de chaque
point singulier (pour les autres cas, j'énonçais fonction uniforme de x
au lieu de fonction rationnelle de x'). Cette restriction est inutile, et nous
allons facilement démontrer le théorème. Soit $(.ï", y^, . . ., y,„, . . .) une
fonction satisfaisant aux conditions de l'énoncé; il faut montrer que, si
l'on met à la place dej,,^,. .. ..J'jn un certain système fondamental, la
fonction $ sera une fonction rationnelle de x. Or remplaçons les y et
leurs dérivées par leurs valeurs en fonction de V, nous aurons
» Je dis que, si l'on prend pour V une intégrale quelconque de (4)»
cette expression sera une fonction rationnelle de x. Remarquons d'abord
que, d'après l'hypothèse faite sur 0, la fonction F (a;, V, . . .) représentera
la même fonction de x, quelle que soit la fonction V satisfaisant à l'équa-
( 588 )
tion (4). Or soit ^. le degré en -^ de cette dernière équation; pour des
valeurs arbitraires données à
dY di'-'Y
X, Y,
dx dxP~
l'équation /=o a [h racines distinctes. En se servant de l'équation (4),
on peut supposer que dans F la dérivée d'ordre p de V ne figure qu'au
degré [j. — i au plus. Cette substitution faite, F devient une fonction
1M..-.V,, *'
■' dxP,
I
rationnelle par rapport aux lettres dont elle dépend et contenant ^^ à la
puissance [j;, — i au plus dans son numérateur et son dénominateur. Comme,
pour une valeur donnée de ir, la fonction F, prend la même valeur pour
toutes les valeurs de V, -^) •••• :7— r satisfaisant à la relation
dx dxP
qui est irréductible et de degré [y, en -i-^j il faut que F, ne dépende que
de X. La fonction $ est donc une fonction rationnelle de ce, comme nous vou-
lions l'établir.
« On remarquera que, dans les démonstrations précédentes, on ne con-
sidère pas les fonctions rationnelles de ic, j,, jj, . . . , y„ et leurs dérivées
comme contenant des fonctions indéterminées y,, . . . , y„, mais on doit
toujours entendre que Y,,y2, ■ • • . Vm représente un certain système fon-
damental de l'équation linéaire proposée.
)) 4. Nous nous sommes placé dans le cas le plus simple. Pour avoir la
théorie dans toute sa généralité, on peut supposer que les coefficients/), , . . . ,
p^ de l'équation linéaire sont des fonctions rationnelles de x et d'un certain
nombre de fonctions adjointes
A(x), B{x) h(x)
et de leurs dérivées jusqu'à un ordre quelconque. Il n'y a aucune modifi-
cation essentielle à faire à ce qui précède. Seulement les coefficients de
l'équation /=o ne seront pas nécessairement des fonctions rationnelles
de X, mais des fonctions rationnelles de x, de A, B, . . . , L et de leurs-
( '«9 )
dérivées. On a alors à considérer des fonctions rationnelles de x, de A,
B L et leurs dérivées, de r,. J. Xm et leurs dérivées, et c'est à
de telles fonctions que s'appliquent le théorème fondamental et sa réci-
proque; ceux-ci sont relatifs aux fonctions s'expriniant rationnellement à
l'aide de .r, de A L et leurs dérivées.
M .5. Pour achever de poser la notion du groupe de transformations
d'une équation linéaire, il faut encore démontrer que la double propriété,
dont jouissent les substitutions de ce groupe à l'égard de l'équation pro-
posée, leur appartient exclusivement. Considérons à cet effet, en nous
plaçant dans le même cas qu'au n" l, le premier membre
^V^"'^'^'' ■■■'5^,
de l'équation (4), où nous supposons d'abord que V soit une solution
quelconque de (2).
» En remplaçant V par sa valeur en 7,, y., ..., j„et leurs dérivées,
l'expression / deviendra une fonction
^(^.7. '72 7m' •••)•
» Celte fonction est nulle, quand on prend pour j,, /., y,n un
système fondamental correspondant à une solution V de l'équation (4)-
Une substitution 1' effectuée sur j,, .... j,„ et qui n'appartient pas au
groupe G ne peut laisser à une valeur invariable, car une telle substitu-
tion revenant d'une manière générale à remplacer une solution de l'équa-
tion (2) par une autre, soit V par V, on aurait
et, par suite, V satisfaisant à (4), la substitution 1' appartiendrait au
groupe G, dont les propriétés caractéristiques sont bien mises ainsi en
évidence. »
HYDRODYNAMIQUE. — Théorie de F écoulement sur un dé<.-ersoir sans contrac-
tion latérale, quand ta nappe déversante se trouve ou déprimée, ou noyée
en dessous, ou adhérente au barrage; par M. J. Boussinesq.
« I. J'ai montré, en juin iHgS ('), comment peuvent se calculer à très
peu près les principales circonstances de l'écoulement sur un déversoir
(') Comptes rendus, t. GXVI, p. 1827, i4i5 et 1487.
C. R., 1894, 1' Semestre. (T. CXIX, N° 15.) 77
( ^9o )
sans contraction latérale, dans le cas relativement simple et le plus usuel
d'une nappe déversante libre, c'est-à-dire au-dessous de laquelle l'air exté-
rieur afflue librement par de larges ouvertures ménagées des deux côtés.
Mais le cas où, ces ouvertures manquant, la prompte substitution d'une
eau tourbillonnante à l'air inférieur bientôt entraîné rend la nappe noyée
en dessous, sinon même adlièrenle à la face aval du barrage (' ) grâce à une
exagération de sa courbure, est aussi très fréquent dans la pratique; et il
importe de voir si les indications de la théorie s'y accordent avec les expé-
riences extrêmement variées (au nombre de plusieurs centaines), faites
récemment par M. Bazin, qui les a décrites dans deux Mémoires insérés
a.n-si Annales des Pqnts et Chaussées (^numéro?, àe. novembre 1891 et de fé-
vrier 1894). En outre, le cas d'une nappe déprimée, ou au-dessous de
laquelle reste confiné un certain volume d'air, à une pression moindre que
celle de l'atmosphère, offre quelque intérêt, quoiqu'il faille des circon-
stances assez particulières pour le produire, et que surtout de fréquentes
entrées ou sorties d'air, paraissant inévitables, rendent bien difficile sa
réalisation dans des conditions constantes.
» Je me propose donc ici, premièrement, de reprendre la théorie, que
j'avais déjà ébauchée en octobre 1887, de ces deux cas de la nappe déprimée
et de la nappe noyée en dessous (avec ou sans adhérence au barrage), mais
en tenant maintenant compte de tous les éléments mis en œuvre pour la
nappe libre dans mes Notes de juin 1893, deuxièmement, de montrer que
les résultats en sont d'accord avec les très nombreux faits constatés par
M. Bazin, et spécialement avec trois formules empiriques, applicables
l'une ou l'autre suivant la plus ou moins grande pression ou non-pression
relative exercée sous la nappe, qui y résument les mesurages de débits.
» II. Au n" II de la première N<5te citée de 1893, j'avais établi que, non
seulement dans le cas de la nappe libre, mais aussi dans celui, moins spé-
cial, de la nappe déprimée, la contraction inférieure c, rapport, à la charge h,
du petit relèvement s qu'éprouvent les filets les plus bas en quittant le
seuil, est, pour chaque inclinaison donnée a du barrage relativement à la
verticale, une certaine fonction du rapport, N, de la pression p,, exercée
sous la section contractée à la pression ^gh mesurant la charge, et du rap-
port, K, des deux hauteurs respectives h' , h de l'eau sur la section con-
tractée et en amont du déversoir. Or ce principe s'étend de lui-même,
(') Supposé d'une certaine épaisseur, sauf à sa partie supérieure que termine une
simple crête horizontale située dans le plan de la face amont.
( ^9' )
sauf changement de la fonction, au cas de la nappe noyée en dessous,
quand le fluide tourbillonnant qu'elle recouvre est assimilé à un liquide
mort dont la pression varierait hydrostatiquement avec l'altitude j, comme
nous l'admettrons.
» Alors, en effet, il n'y a de changé,- dans les équations du problème,
que la condition (aux limites) définissant la surface inférieure de la nappe,
condition devenue p — Np^i^ + pg(£ — v) au lieu de/? = la const. '^?gh.
Mais, quoique moins simple, cette relation, divisée par fgh, contient seule-
ment le rapport, N, de /?„ à pg/i, celui de p k pgh, et ceux de s, y à. h, rap-
ports entre lesquels seuls elle contribue dès lors, concurremment avec les
autres équations du problème, à établir des liaisons; et l'on en déduit, par
suite, de même, que la contraction inférieure c, quotient de s par h, dépend
uniquement de a, N et K. Donc, c ne variera, pour le barrage /?a;e consi-
déré, d'inclinaison a, qu'avec le rapport K des deux hauteurs d'eau A', h,
quand la pression relative N sous la section contractée sera constante : nous
appellerons c' sa dérivée en R.
» III. Cela posé, le principe de D. Bernoulli sur la conservation de la
charge des filets fluides se combinera, comme dans mes précédentes Notes
citées, avec l'équation régissant de proche en proche le changement de la
pression dans la section contractée, le long d'une coordonnée z, comptée
à partir de sa base normalement aux filets d'une même coupe verticale en
long, qui sont censés y avoir acquis sensiblement, avec le parallélisme
approché de leurs tangentes, un centre commun de courbure sous la
nappe. Si R^ désigne la distance de ce centre de courbure au bas de la sec-
tion, où l'altitude sera encore, à fort peu près, t = c/i, et où la pression/»
deviendra />„ = Np^A, l'on aura ainsi, pour la vitesse V et la pression/» des
divers filets à la traversée de cette section contractée, dont ^ désignera
toujours le petit angle avec la verticale, les deux formules
(i) V = v2^A(i-c-N)^, ^ = /,(,_,)_:;cosp-^.
» Dès lors, en appelant encore t, la hauteur de la section contractée, ou
épaisseur de la nappe, évidemment telle, que yicos^ =:A'— £ = A(K. — c);
k le quotient du rayon Ro'de courbure des filets inférieurs par celui, R^ + t),
des filets supérieurs (à pression nulle), quotient inverse du rapport de
leurs vitesses respectives Y^, V,; enfin, introduisant, pour simplifier les
( 392 )
formules, un paramii\re positif n (') défini par l'équalion
(2) N = (i-c)(i- /1-), ou /^ = Y/l--— -,
il viendra aisément
^ ^ Ho + ^1 /( y I — c // cos p ^ ^ ' /( cos p I — A - ^
et l'expression du débit y = / Vr/r- par unité de longueur du déversoir,
ou plutôt celle du coefficient m de ce débit y = /«A y a^g'A, sera, vu fina-
lement la substitution permise de l'unité au cosinus du petit angle p.
(/,) /n = «Vi-c^ log| = (i— c)^(A-n-P«')
logA-
c, n, k ) sont des fonctions parfaitement|déterminées de K et de N, dont
la première est censée donnée et dont les deux autres résultent de la
seconde (2) et de la première (3).
» Il faudra de plus, comme on sait, exprimer que, le niveau d'aval
s'étant assez abaissé pour cesser de noyer en dessus le déversoir, ou K
ayant suffisamment diminué à partir de i tandis que h et N étaient main-
tenus constants, le coefficient m de débit est devenu maximum, et que,
par suite, sa dérivée en R (ou mieux celle de son logarithme) s'est annulée.
Comme les premières relations (2) et (3), différentiées sous la condition
N := const. , donnent d'ailleurs
,j.v dn {n- — i)c' dk k-c' — i
rfK 2^i(i — c) dK ikn'-^i — c)
il vient ainsi, toutes réductions faites, pour exprimer l'indépendance où
se trouve désormais l'écoulenicnt vis-à-vis du niveau d'aval ('), l'équa-
tion
k-'ii" 1/ I I \ I + 2«- — SA-^/j^ k-c'
(G) ^-^"^ _ I / '
^ -^ I — /,^/i* 2 \ log/
k i — kj 2 ( 1 — A^ «-^ ) I — A-c'
(') Ce paramètre revient à ce que j'appelais y^i-H/i dans mes Noies d'octobre
1887.
(-) Sauf par l'intermédiaire de la pression Np^/i sous la nappe, qui décroîtrait
efl'ectivemeut si ce niveau s'abaissait davantage; car elle n'est pas, en réalité, main-
tenue fixe. La communication, supposée ici, du dessous de la nappe avec une atmo-
( 593 )
» TV. Dans le cas (auquel ont été bornées les observations) d'un bar-
rage ayant sa face d'amont verticale, la contraction inférieure c et sa
dérivée c' en R sont assez petites pour qu'on puisse négliger les termes
de l'ordre de leurs carrés ou produits, de même qu'on l'a déjà fait pour
ceux de l'ordre de p-. Alors le second membre de (6), où figure le facteur c',
peut être supposé nul à une première approximation; et, si l'on appelle
k^ la valeur approchée correspondante de X-, l'équation (6) devient
(7) . -k\,e- ~ i (biT„ "^ T^^ j =''' °" Â>^ = ^ + [2 (j^p; "^ r:rÂ^ jj
» On en déduit immédiatement, pour chaque valeur positive de Ic„, une
valeur unique de k'in-, décroissante avec continuité de ^ à i lorsque k^
croît de zéro à i, et puis de i à zéro lorsque Xq grandit de i à ce. Ce der-
nier cas répond aux valeurs de Rq négatives, c'est-à-dire aux nappes dé-
versantes devenues concaves vers le haut sur la section contractée, située
un peu à l'aval de l'endroit où la tangente aux fdets inférieurs est horizon-
tale : circonstance se produisant sous l'influence d'une suffisante pression
Np^A exercée en dessous.
» Le paramètre n- décroît, par suite, de 00 à zéro, lorsque k^ grandit de
zéro à l'infini ; et, à chaque valeur de n-, il ne correspond qu'une valeur
de Xq. Le calcul donne, par exemple, pour
^0 — 0.275 o,3o 0,325 0,35 o,4o 0,40 o,5o 0,60 0,70 0,80 0,90 i i,5 2,
re» = 3,0700 2,5575 2,1617 1,8497 'i^gfis 1,0891 0,8717 0,5926 0,4273 0,3217 0,2306 0,2 o,o84o o,o453.
» A une deuxième approximation, on peut évidemment mettre k^ au lieu
de k dans le second membre de (6), où figure le petit facteur c ; et le dé-
nominateur i — k-c' V est de même réductible à i. Quant au premier
membre, on lui substituera le produit de sa propre dérivée en k, prise
pour k = k^, par le petit écart à évaluer k — kg, et l'on trouvera, tous
calculs faits, en résolvant finalement l'équation par rapport kk après av-oir
sphère artificielle el intérieure à la pression donnée Np^/«, est une pure fiction,
destinée à isoler du problème réel, inabordable sans doute, sa partie accessible à
notre Science actuelle, en laissant de côté celle qui ne paraît pas l'être, et qui consiste
dans la relation existant elTectivemenl entre la pression Np^A sous la nappe et le ni-
veau d'aval. En effet, les considérations théoriques que j'ai exposées dans une Note
du 7 octobre 1889 {Comptes rendus, t. CIX, p. 543), ne fournissent, comme je l'y
ai indiqué, qu'une limite de N supérieure, généralement assez éloignée sans doute
de la vraie valeur.
( 594 )
remplacé log^o parsa valeur tirée de (7),
— 4- 2 — 3 Ai
n-
(8) k = k(i-\- Kc'), où A= rfï t-, . ,. , v\'
» Lorsque k^, croît de zéro à'i (ce qui comprend les intervalles les plus
importants), le coefficient A est positif et grandit, mais en restant inférieur
à l'unité. Il égale, en effet, ^ pour /•„ = o; o,3888 pour X'o = o,3; o,4325
pour « = I ou k^ =^ o, 46854 (cas de la nappe libre) ; o, 4840 pour ^^ = o, 6 ;
enfin, | pour k^ = i .
M Une valeur quel^conque de n- ou, par suite, de k^, étant censée donnée,
la formule (8) et puis les relations (i) à (4), prises avec cos^ = i, feront
connaître toutes les circonstances de l'écoulement dans la section conti-ac-
tée, si l'on parvient enfin à déterminer, par l'observation ou autrement,
la petite contraction inférieure c et sa dérivée c' , pour la valeur spéciale
de R qui correspond au maximum calculé de débit. Et comme la pression
relative N sous la lïappe, exprimée par (2), différera peu de i — n- ou
variera en sens inverse de n, il n'en correspondra également qu'une valeur
à chacune de «; en sorte que, si c'est désormais N, et non plus «, qui est
fourni directement, on connaîtra bien sans ambiguïté le régime cherché du
déversoir.
» V. Il importe d'observer que la dernière expression (4) du coeffi-
cient m de débit, différentiée ci-dessus en K, dépend immédiatement des
trois variables k, n, c, dont les deux dernières ont le facteur c' dans leur
dérivée en K. Par suite, quand on a posé l'équation (6) du maximum en.
annulant la dérivée complète de m par rapport à K, c'est la dérivée par-
tielle de m en k, seule, qui a fourni à l'équation (6) son premier membre,
dont^o est justement la racine. Donc, si l'on fait, pour un moment, abstrac-
tion du facteur en i — c (assez peu variable d'ailleurs) dans l'expi-ession
considérée (4) de tn, la fonction de n et de k restante aura, pour k = /i:„,
sa dérivée en k nulle, ou sera alors maximum relativement à X'; et la substi-
tution de kç, à la vraie racine k de l'équation (6) la fera croître seulement
d'une quantité négligeable de l'ordre de (X" — A'o)'- De plus, au même
degré d'approximation, le facteur en i — c laissé de côté pour un instant
est réductible à i — |c; de sorte qu'il vient simplement, pour évaluer le
débit, la foriuule, indépendante de la petite dérivée c',
(9) m = M(i — r.c), où l'on a posé M = kan{i — ^V^') y,"l.° •
( 595 )
» Le coefficient M, variable surtout à raison de son dernier facteur
(fractionnaire), décroît avec continuité, de l'infini à zéro, en même temps
que n-, ou quand la pression relative N exercée sous la nappe croît de
— ce à I. Un calcul aisé donne, pour les valeurs de n} inscrites au Tableau
du numéro précédent, ou pour
/■„ = 0,275 o,3o 0,323 0,35 0,40 0,45 o,5o 0,60 Oj'jo 0,80 0,90 i i,5 2,
M = 0,6588 o,6352 o,6i4o 0,6946 o,56o6 o,53i5 o,5o6i 0,4640 o,43oi 0,4020 0,3783 0,3678 0,2869 0,2416.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la propagation des ondes électromagnétiques dans
la glace, et sur le pouvoir diélectrique de cette substance. Note de
M. R. Bloxdlot.
« Dans une Note précédente ('), j'ai énoncé la proposition suivante :
La longueur des ondes qu'un oscillateur électromagnétique est susceptible
d'émettre reste la même, quel que soit le milieu isolant dans lequel l'expé-
rience est faite; autrement dit, la longueur d'onde dépend des dimensions
de l'oscillateur seulement, comme, en Acoustique, la longueur des ondes
émises par un tuyau dépend de la longueur du tuyau seulement.
» Les expériences de vérification décrites dans la Note citée ont porté
sur l'essence de térébenthine et sur l'huile de ricin; la loi s'est montrée
parfaitement exacte pour ces deux corps, et tout porte à croire qu'il en
serait de même pour les autres diélectriques.
)> Un doute subsistait néanmoins pour l'un d'eux, la glace, à cause des
propriétés exceptionnelles qui lui ont été attribuées. Les expériences de
M. Bouty assignent, en effet, à la glace un pouvoir diélectrique égal à 78,
c'est-à-dire incomparablement plus grand que celui de toutes les autres
substances (-). vSoupçonnant que la loi relative à la propagation des ondes
pourrait ne pas s'appliquer à un diélectrique si différent des autres, j'en-
trepris de soumettre la question à l'expérience.
» J'ai profité, pour faire ces recherches, des froids intenses et prolongés
de l'hiver 1892-1893; M. M. Dufour m'a secondé dans leur exécution, que
la rigueur de la température rendait difficile et même pénible : je le
remercie pour son extrême obligeance en cette occasion.
» La méthode que j'ai employée est la suivante, identique, à quelques
(') Comptes rendue, séance du 2.5 juillet 1892.
(-) Ibid., séance du - mars 1892.
( 50,6 )
modifications près, nécessitées par l'état solide du diélectrique, à celle que
j'avais employée dans le cas de l'essence de térébenthine et de l'huile de
ricin.
» Des ondes électromagnétiques sont transmises le long de deux fils de cuivre
étamé, de 2™™, 5 de diamètre, tendus horizontalement et parallèlement l'un à l'autre à
la distance de o"',8. Un résonateur de cuivre doré, le même qui m'avait servi dans le
cas des liquides, est installé à poste fixe entre les fils; la portion des fils de transmis-
sion située au delà du résonateur est contenue dans une auge en bois, de 4"' de lon-
gueur. L'auge étant vide de liquide, on cherche où il faut placer un_pont métallique
mobile, joignant les fils au delà du résonateur, pour faire disparaître l'étincelle : la
distance du pont au résonateur est alors le quart de la longueur d'onde propre au
résonateur; on repère exactement la position du pont.
» Cela fait, j'entoure la partie du résonateur qui forme condensateur d'un sac
étanche en papier parchemin que je remplis d'eau distillée bouillie, puis je fais geler
cette eau : la lame d'air du condensateur est ainsi remplacée par une lame de glace.
En mesurant de nouveau la longueur d'onde, on la trouve beaucoup plus grande
que dans la première expérience : elle est devenue environ les \^^ de ce qu'elle
était.
» J'emplis alors l'auge avec de l'eau que je fais geler, puis je cherche de nouveau la
position du pont pour laquelle l'élincelle disparaît au résonateur : à cet effet, l'on
casse et l'on enlève progressivement la glace à partir de l'extrémité de l'auge la plus
éloignée du résonateur. J'ai constaté que cette position est rigoureusement la même
que dans la première expérience, alors que le diélectrique était partout de l'air.
» L'expérience, répétée quatre fois, en faisant varier chaque fois la ca-
pacité du condensateur, a toujours donné le même résultat. La proposition
relative à la longueur d'onde est donc vraie pour la glace comme pour les
autres diélectriques. Par suite, comme je l'ai montré dans ma Note précé-
demment citée, la relation de Max\vell, d'après laquelle le pouvoir diélec-
trique est égal an carré de l'indice de réfraction, est également vérifiée
dans le cas de la glace pour les ondulations électromagnétiques.
)) Les résultats précédents, quelque peu imprévus, m'ont engagé à dé-
terminer la constante diélectrique de la glace, en employant les ondula-
tions électromagnétiques. En fait, l'expérience décrite plus haut me four-
nissait toutes les données nécessaires pour cette détermination.
» Si, en effet, l'on désigne par), et Y les longueurs d'onde correspon-
dant à un résonateur donné, fonctionnant respectivement dans l'air et dans
une substance de pouvoir diélectrique K, on a
( 597)
» Comme je l'ai rapporte plus hauL, j'ai trouvé
l' _ i4i
1 loo
d'où
R = 2, en nombre rond.
1) L'expérience, répétée une douzaine de fois, a toujours donné le même
résultat: j'estime que l'erreur relative ne dépasse pas ■^, car la lame de
glace était presque exempte de bulles d'air. D'après cela, la glace ne pré-
senterait pas de propriétés diélectriques exceptionnelles.
» Il reste à expliquer comment MM. Bouty et A. Pérot ont trouvé, pour
le pouvoir diélectrique de la glace, des valeurs d'un tout autre ordre. En
premier lieu, dans la méthode de M. Bouty, la charge et la décharge du
condensateur étaient énormément plus lentes que dans mes expériences.
N'est-il pas dès lors vraisemblable que les grandeurs physiques mesurées
par M. Bouty et par moi étaient en elles-mêmes fort différentes? En tous
cas, on sait aujourd'hui trop peu de choses sur les propriétés diélectriques
des corps, pour qu'il y ait lieu de s'étonner de la divergence des nombres
obtenus par deux méthodes si dissemblables, si grande soit-elle.
» En second lieu, les résultats donnés par M. A. Pérot ('), qui opérait
à l'aide de la méthode que j'ai décrite plus liant, sont erronés, comme
il l'a reconnu depuis, par suite d'une omission importante jdans le calcul
des expériences (-); en corrigeant cette erreur, les expériences de M. Pérot
donnent, pour le pouvoir diélectrique de la glace, un nombre voisin de 2,
comme les miennes propres. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Mag/iélisme moyen du globe et isanomales
du magnétisme terrestre. Note de M. Alexis de Tillo.
« Ayant appliqué le principe des isanomales au magnétisme terrestre,
j'ai obtenu quelques traits caractéristiques de la constitution magnétique du
globe.
» En me servant des meilleures cartes magnétiques construites par
Erman-Petersen, Sabine, Creak et Neumayer, j'ai calculé les valeurs
(') Comptes rendus, séance du 27 juin 1892.
(-') Voir plus loin une Note de M. Perot, p. 601.
G. K., 1894, 1' Semestre. (T. CMX,-K° 15.) 7^
( 598 )
moyennes des éléments magnétiques pour les parallèles, pour quatre
époques, savoir : 1829, 1842, 1880, 1 885. Ces éléments constituent le ma-
gnétisme moyen ou permanent du globe.
» Les résultats sont consia;nés dans les Tableaux suivants :
Eléments du magnétisme moyen ou permanent du globe.
Potentiel.
Latitudes.
Déclinaison occ.
1829. 184'2. 18S0. 1885.
60
))
5o
» . . . .
4o
» . . . .
3o
» . . . .
20
)> . . . .
10
» . . . .
Eq
iateur. . .
10
sud
20
»
3o
»
40
»
5o
»
60
»
1.9
1,6
1,8
0'9
0.7
0,5
0,5
0,6
0,9
1,4
2,0
2,5
i>9
2,8
1.9
1,1
0,4 0,4
0,6 0,5
0,4
0,9
1,3
1,6
2,0
2,3
1,6 0,7
2,3 2,5
1,5 1,4
0,7 0,7
0,7
0,9
1,2
1,9
2,8
3,6
3,£
3,7
0,4
0,5
o.
/
0,9
1,2
1,9
2,6
3,5
4,0
4,1
1829.
8o°6
75,5
62,8
60, 1
48-9
34,6
17,2
- 1,8
— 20,2
—35,9
-48,3
^57,6
-64,9
—70.8
Inclin
1892.
0
80,7
75,5
68,7
60,7
49,4
34,9
17,4
- 1,4
— 19,7
— 35, 1
-47,3
— •J7>4
-64,6
lâ80.
80" 8
75,3
68,5
59,8
48,7
34,4
16,7
— 3,3
— 21,6
-37,1
-48,6
-57,4
-64,4
— 70.2
1885^
80°, 6
75,1
68,4
59,8
49,0
34,2
16,0
— 3,2
— 21,5
-36,8
-48,6
—57,2
-64,1
Unités électriques.
1829. 1885.
0,29
0,28
0,25
0,21
0,17
0,11
0,06
0,00
-0,06
-o. Il
-o, 16
-0,20
-0,25
-0,28
0,29
0,29
0,25
0,2I
O. 16
0,11
o,o5
0,00
— 0,06
— o, I I
— o, 16
— 0,20
—0,24
—0,27
» Pour les forces totale, horizontale et verticale, il suffira de
moyennes générales qui correspondent à l'époque moyenne de
L'intensité est exprimée en unités électriques.
donner les
l'an 1839.
Intensité du magnétisme moyen ou permanent du globe.
Forces
Latitudes.
totale.
o
70 nord o,58
60 » o,56
5o » 0,54
4o 'I o , 5o
3o » 0,45
20 » , o , 4 1
J o » 0,37
Equateur o,35
10 sud o,36
20 » o , 39
horizontale.
0,09
o,l4
0,19
0,24
0,29
0,32
0,34
0,34
0,32
o,3o
verticale.
+0,57
-^0,55
+o,5o
-HO, 43
4-0,34
-1-0,23
-1-0,11
— 0,02
— o, i3
— 0,23
( 599)
Furces
Lalitudcç. tolalc. horizontale. vcrlicale.
o
âo > 0,43 0,27 — 0,82
4o » 0,47 0,24 — o,4o
5o » 0,02 0,21 — 0,47
60 » 0,57 0,18 —0.53
» Avec les valeurs moyennes de ces Tableaux, j'ai construit des tables
et des cartes des isanomales de l'inclinaison, du potentiel et de l'intensité
magnétique. En ce qui concerne la déclinaison, on s'aperçoit, d'après les
données de mon premier Tableau, que chaque carte des lignes isogoniqucs
est en même temps une carte des isanomales de la déclinaison, parce que
les déclinaisons moyennes des parallèles ne diffèrent pas beaucoup de
zéro.
» Un fait nouveau et important est que, par rapport à chaque élément ma-
gnétique, le globe représente deux hémisphères dans le sens longitudinal.
L'un de ces hémisphères possède des valeurs plus grandes de l'élément
respectif que l'autre hémisphère, et il existe une liaison évidente entre
l'allure des isanomales des divers éléments.
» Par exemple, les lignes agoniques (de déclinaison zéro) se repro-
duisent sur les Cartes des isanomales de l'inclinaison, de la force verticale
et du potentiel magnétique. Notamment, il y a coïncidence de la déclinaison
zéro avec les valeurs maxima et minima de ces éléments sur les parallèles.
» Les isanomales de la force horizontale indiquent généralement que la
surface du globe où la déclinaison est occidentale possède une plus faible
force horizontale, tandis que l'hémisphère où prédomine la déclinaison
orientale présente une plus grande force horizontale. »
M. Hatox de la GoupiLLiÈRE aunoncc à l'Académie que M. Cotleau,
Correspondant pour la Section d'Anatomie et Zoologie, a légué à l'École
nationale supérieure des Mines sa magnifique collection d'Echinides fos-
siles.
H Voué depuis de longues années à l'étude de cette classe d'animaux,
M. Cotteau était devenu l'une des premières autorités dans cette branche
de la Paléontologie, ainsi que M. Blanchard l'a rappelé en termes élo-
quents dans la séance du j 3 août dernier. L'Ecole des Mines possède déjà,
pour le même groupe, la collection Michelin, qui, bien que plus ancienne,
( 6oo )
présente une grande valeur. La réunion de ces deux collections, que
M. Cotteau avait toujours eue en vue, constituera un ensemble hors de
pair, avec lequel il sera difficile à tout autre Musée de rivaliser sur ce ter-
rain spécial. »
NOMUVATIOKS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui doivent être présentés à M. le Ministre du Com-
merce, de l'Lidustrie, et des Postes et Télégraphes, pour la chaire de Con-
structions civiles, actuellement vacante au Conservatoire des Arts et Mé-
tiers.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier
candidat, le nombre des votants étant 39 :
M. Pillet obtient 89 suffrages.
Au second lourde scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre des votants étant 89 :
M. Denfer obtient 38 suffrages.
M. Monduit « 1 »
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre
comprendra :
En première ligne j\L Pillet.
En seconde ligne M. De\feh.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, diverses brochures de M. Maignen, relatives à la purifi-
cation des eaux par le filtrage, à leur stérilisation, et à l'alimentation des
villes en eau potable.
(Commissaires : MM. Schlœsing, Duclaux, Bouchard.)
( 6oi )
ÉLECTRICITÉ. — Sur le pouvoir diélectrique (le la glace.
Noie de M. A. Pérot.
« J'ai publié, dans la séance du 27 juin 1892, le résultat d'expériences
faites pour déterminer, par les oscillations électriques, la constante diélec-
trique de la glace.
M Dans le calcul de ces expériences, que j'avais conduit comme pour le
verre, j'ai commis une erreur due à l'existence de la capacité extérieure
qui, dans ces expériences, est altérée, le condensateur étant plongé tout
entier ou en partie dans le diélectrique. M. Blondlot m'ayant signalé la
discordance'qui existe entre ses résultats et ceux que j'avais obtenus, j'ai
repris les calculs et fait de nouvelles expériences dont je donne le résultat
ci-dessous.
X (air).
X (glace).
V/K.
9'
i3o
1,43
91
i33
1,46
i36
186
.,37
i36
197
1,44
i5i
2l5
1,42
i49
2l4
>,44
Moyenne
:v/R = i,43,
K =
2,04.
CHIMIE. — Étude des chaleurs latentes de vaporisation des alcools saturés
de la série grasse. Note de M. W. Louguimne.
« Les recherches qui font le sujet de cette Note ont été entreprises dans
le but de rendre comparables entre elles les nombreuses données que
nous possédons sur les chaleurs de combustion des diverses substances
organiques liquides, en les ramenant à un état physique identique, celui
de vapeur; c'est donc la détermination des chaleurs latentes de vaporisa-
tion qui fait le sujet du travail dont je publie actuellement en abrégé la
première partie.
» En exécutant ces expériences, j'ai tâché de réaliser les conditions
établies par Regnault dans ses recherches classiques sur les chaleurs
latentes de vaporisation; seulement je suis parvenu à obtenir des résultats
( 6o2 )
précis en n'emplovant pour chaque expérience qu'à peu près loo^"" de
liquide, tandis que Regnault croyait qu'un minimum de i"' était indispen-
sable pour arriver à ce résultat.
» Dans un Mémoire qui doit paraître sous peu dans les Annales de
Chimie et de Physique, je décrirai en détail l'appareil et la méthode d'expé-
rimentation.
» Les substances que j'ai étudiées ont été préparées avec le plus grand
soin, purifiées de toute trace d'eau, mises à l'abri de tout contact de l'humi-
dité de l'air pendant l'expérience même. J'ai utilisé les chaleurs spécifiques
déterminées par von Reiss {Wied. Annalen, XIII).
» 1. Alcool élhylique. — Il a été fait, avec cet alcool, en tout onze expé-
riences, à des pressions voisines de 750"
^mm
» Ces expériences formaient trois séries :
cal
Moyenne de la première 201 , i5
» deuxième 202 , 58
» troisième 200, 53
» Dans chacune des séries, les expériences extrêmes différaient de la moyenne de
moins de ^i^; la moyenne définitive des onze expériences est 201"', 42.
)) Ce nombre, 201 ,42, est inférieur à celui qui a été trouvé par les autres
expérimentateurs; Andrews seul donne un nombre voisin (202''^', o4). Je
crois pouvoir attribuer ce fait aux grandes précautions que j'ai prises pour
opérer sur un alcool absolument anhydre, et éviter le contact de l'humi-
dité de l'air; la moindre trace d'eau augmentait d'une manière notable la
chaleur latente de vaporisation; ainsi Brix, en opérant siu- un alcool con-
tenant seulement i pour 100 il'eau, a trouvé pour la chaleur latente la va-
leur 214"', ^5 (Pogg. Annalen, 55, 1842.). Regnault a trouvé, pour la cha-
leur latente totale de l'alcool à 80°, la valeur 266"', o, et pour chaleur
spécifique entre 8° et 0°, 0,76938, ce qui donnerait pour la chaleur latente
de vaporisation — 204""', 45, nombre supérieur d'à peu prés i,5 pour 100
à celui que j'ai obtenu. W. Ramsay et Sidney Young (Philos. Trans., 1886)
ont calculé la chaleur latente de vaporisation de C-H'O en partant de la
ormule L = (i-, — s..) ? -^j dans laquelle L est la chaleur latente de va-
poriFation, s^ — s., les volumes de la vapeur saturée et du liquide, t la
température absolue de l'ébullilion du liquide, I l'équivalent mécanique
de la chaleur, -^ la variation de la pression avec la température. Ces sa-
( 6o3 )
vants ont trouvé, pour 80", L = soG'"',/! (Table, p. ij3). La différence
entre ce nombre et cebii que j'ai obtenu, par expérience directe, peut, je
crois, être expliquée par la variété des données expérimentales entrant
dans la formule emplovée; quant à la différence, relativement moins im-
j)ortante, entre mes nombres et celui de Regnault qui, pour la seconde
série de mes expériences, est inférieure à i pour 100, elle peut être attri-
buée, je crois, à de légères différences dans le degré de pureté des échan-
tillons d'alcool employés.
» 2. Alcool propylique normal. — J'ai opéré sur deux échantillons de
substance, et fait avec chacun cinq expériences.
n Échantillon a : P. éb. : 96'',96, Ho^73i"™,o3. Moyenne = i64"',07.
» L'expérience extrême en différait de ■^\^.
1) Échantillon b. P. éb. : 96,81, H» = 754™'°,02. Moj-enne = i63"', 19.
') L'expérience extrême en différait de jJ-j.
' Je crois devoir adopter, pour la chaleur de vaporisation de cet alcool,
la moyenne de la première série, le point d'ébuUition semblant indiquer
un plus grand degré de pureté de la substance employée. Ramsay et
Young(/'A. Transact., 1889) ont calculél a chaleur latente de cet alcool, à
l'aide de la formule citée plus haut, et ont trouvé : pour loo"', L = i64'^'',o;
pour 90**, L ^ iGg'^^'jO; ce qui donnerait, pour 96°, 96, L = i65''''',o6 en-
viron, nombre très voisin de celui que j'ai obtenu par expérience directe.
» 3. Alcool isopropylique. — P. éb. = 82°, 19, Hj = 75o""",3i.
" Reiss n'ayant pas déterminé la chaleur spécifique de cet alcool, j'ai cru
pouvoir adopter le même nombre que celui donné pour l'alcool propy-
lique normal, vu que généralement les chaleurs spécifiques des substances
isomères ne diffèrent pas beaucoup entre elles.
» Il a été fait avec cet alcool quatre déterminations, à des pressions H^ variant
entre 746"™, 6 et 7/19™'", o. Moyenne =r 159"', 72.
» L'expérience extrême en différait de moins de 3-J-5-.
» 4. Alcool butyliqiic normal. — P. éb. = 106", 48, Ho = •][\(f^^,0'].
» Il a été fait avec cet alcool quatre expériences, à des pressions barométriques Hj,
variant entre 746"'", 4 et 753°"°, 6. Moyenne = i38"', 18.
» L'expérience extrême différait de nombre d'à peu près j^.
» 5. Alcool isobutylique : P. éb. — 107°, 67, H„ = 76o™'",36. — La cha-
leur spécifique de cette substance n'ayant pas été déterminée, j'ai cru éga-
( 6o4 )
lement pouvoir admettre dans les calculs le nombre trouvé pour l'alcool
normal.
» Il a été fait avec cette substance quatre expériences à des pressions H,, voisines de
746™™, o. Moyenne =i36=»i, i6.
» L'expérience extrême en différait d'à peu près -prww-
» 6. Alcool amylique de fermentation :V. éb. = 130°, 06, Ho = 7.52'"'", 2.
» La moyenne de quatre expériences faites à des pressions voisines de ySo^^jO est
)) L'expérience extrême en diffère de j^. •
» 7. Hydrate d'amylène (diméthyléthylcarbinol) : I'. éb. = io2'',o8,
Ho = 753"™, o. J'ai également adopté, pour la chaleur spécifique de cet al-
cool, le nombre trouvé pour son isomère, l'alcool de fermentation.
» Jen'aijju faire avec cette substance que trois déterminations. Moyenne ^ 1 10"', 87.
» L'expérience extrême en diffère d'à peu près y-j-j.
» Toutes ces déterminations ont été faites à des pressions barométri-
ques variant entre 745™™ et 755™"° : elles sont donc parfaitement compa-
rables entre elles; la seule cause d'incertitude que ces recherches puissent
présenter doit se trouver, selon moi, dans l'adoption des mêmes chaleurs
spécifiques pour les divers alcools isoinères, ce qui ne peut pas être abso-
lument exact. >>
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un cas particulier de l'attaque du glucose par les
alcalis. Note de M. Fernand Gaud.
« Dans une séance récente de l'Académie, M. H. Causse indiquait une
méthode pour étudier de plus près la marche de l'oxydation des corps à
fonctions alcooliques. Son procédé, qu'il appliquait à l'étude de l'action
de l'acide azotique sur la glycérine, consiste à faire intervenir un oxyde
métallique capable de fournir, avec un des acides produits, un composé
salin insoluble dont la formation limite la réaction à cet acide. Cette mé-
thode, qui n'est que l'application à un cas particulier d'une loi générale,
nous l'avons utilisée dans nos recherches sur la capacité réductrice du glu-
cose et les produits de décomposition qui en résultent, recherches que
nous poursuivons depuis bientôt cinq ans.
)) L'action de l'oxvde de cuivre alcalin sur le glucose ne se traduit pas
( 6o5 )
seulement par l'oxydation du glucose, qui se trouve transformé en acides
tartronique, formique et oxalique, ces deux derniers en très minime quan-
tité vis-à-vis de l'autre. Une fraction du poids du glucose (dont la valeur
dépend à la fois des conditions physiques de l'expérience et du rapport du
poids de glucose employé au poids exigé pour une réduction complète)
est attaquée par l'alcali libre, et changée en produits complexes dont la
formation n'a pas été encore bien justifiée. Nous avons pu constater de ce
fait la présence des acides lactique, oxyphénique et oxalique, puis de deux
corps isomères de l'acide dioxyphénylpropionique, et, dans le cas où le glu-
cose a été mis en excès, des acides mélassique et glucique, constituant la
plus grande partie des corps laissés de côté sous le nom de résines. Tous ces
corps sont produits par une réaction complète de la base sur le glucose.
)) La méthode des oxydes métalliques nous a fourni la confirmation la
plus évidente de la théorie de cette réaction, théorie à laquelle d'autres
inductions nous avaient conduit.
» Il V a tout d'abord, pour les molécules de glucose soumises à l'action
de l'alcali, formation d'acide glucique par simple déshydratation. Mais cet
acide ne subsiste pas, étant en entier dédoublé en pyrocatéchine et acide
gluconique, d'après le schéma C' = H"0' = C''H''02 + C«H'-0'. Ce dernier
subit aussi un dédoublement qui donne naissance aux acides lactique et
glycérique CH'-O' = C^H^O' + C^H^O*. L'acide glycérique, en pré-
sence de la base, est transformé en acides lactique et oxalique. Entre
l'acide lactique et la pyrocatéchine, demeurant à l'état libre, se produit
une double éthérification réciproque, en vertu de laquelle on trouve deux
éthers isomères de l'acide hydrocaféique C^H'^O'. L'un est acide et ré-
/0-ch/^'"^
pond à la constitution C«H*^qjj^^^\CO^H(i)^ l'autreàla fonction al-
coolique CH'^" p.^i, ^\ ^ ^. Il ne se forme pas trace d ether
bi-acide. De tous ces produits les acides oxyphénique, lactique et leurs
éthers, et l'acide oxalique demeurent seuls, et on peut les isoler. Les
autres se transforment à l'état naissant, et pour se rendre compte qu'ils
sont bien des points intermédiaires dans la réaction, il faut opérer en pré-
sence successivement des différents oxydes métalliques capables de préci-
piter chacun d'eux. La réaction se limite, chaque fois, à l'acide mis en
cause, et il manque tous les produits à qui il donne normalement nais-
sance.
G. R., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, N» 15.) 79
( 6o6 )
» Afin de produire les précipités dans de bonnes conditioos d'observa-
tion, il importe que l'oxydule cuivreux reste dissous : ce résultat est
facilement obtenu en ajoutant une petite quantité d'ammoniaque, qui ne
vient modifier en aucune manière l'action de l'alcali. I.e poids de glucose
doit être théorique, pour obtenir un liquide incolore.
» On doit, en outre, tenir compte de ce que la plus grande partie du
glucose, échappant à l'alcali, se trouve oxydé en acides gluconique, sac-
charique, et enfin tartronique. Dans les conditions normales, ce dernier
seul subsiste: mais on est exposé à faire apparaître l'un ou l'autre des deux
premiers, dès qu'on emploiera un oxyde capable de former un sel insoluble
avec celui-là même.
» Ainsi l'hydrate de plomb précipite les acides glucique et gluconique :
il est impossible de caractériser dans la liqueur filtrée aucun des produits
dérivés de ces premiers termes des deux séries.
» L'hydrate de cadmium, que la présence du glucose maintient en disso-
lution dans le liquide alcalin, fournit du gluconate de cadmium. L'oxydation
par l'oxyde de cuivre s'est arrêtée à son premier terme, et l'on ne trouve
ni acide saccharique, ni acide tartronique; mais on peut retirer de la pyro-
catéchine formée de l'acide glucique en même temps qu'une autre portion
d'acide gluconique.
M Le chlorure stanneux sépare l'acide lactique : les acides gluconique et
glucique ont disparu; seuls la pyrocatéchine et ses éthers lactiques demeu-
rent. De même pour les produits normaux condensés en acide tartro-
nique.
» L'hydrate bismuthique rend stable l'acide glycérique, avec lequel il
donne unglycérate neutre. Dans cet essai, la chaux ne décèle point d'acide
oxalique, produit ultime de l'acide glycérique.
» Il est donc très facile, par cette méthode, d'analyser la réaction et de
la suivre pas à pas. Elle nous a permis, dans le cas présent, d'établir en
toute sûreté le processus chimique du travail secondaire dû à l'alcali ('). »
(') Laboratoire de Chimie organique de l'Ecole de Pharmacie de Marseille.
( 6o7 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la production de l'aldéhyde formique gazeux
destiné à la désinfection. Note de MM. R. Cambier et A. Brochet, pré-
sentée par M. Frieclel.
« Une Note de M. Trillat, présentée dans la dernière séance, sur l'action
antiseptique des vapeurs d'aldéhyde formique, nous oblige à publier, dès
à présent, quelques uns des' résultats que nous avons obtenus sur ce sujet
dont nous nous occupons depuis quelques mois pour le Service de l'assai-
nissement de la ville de Paris.
» Nous avons cherché à préparer l'aldéhyde formique par deux pro-
cédés : I" dépolymérisation du trioxyméthylène par la chaleur; 2° produc-
tion directe par la combustion incomplète de l'alcool méthylique.
» Mais une première étude s'imposait. On sait avec quelle facilité se
polymérise la formaldéhjde; pouvions-nous espérer que ce corps, si anti-
septique à l'état de gaz, ne se transformerait pas spontanément en son
polymère, le trioxyméthylène, complètement inactif vis-à-vis des bactéries
et de leurs spores?
» Le trioxyméthylène qui nous a servi se prépare très aisément en addi-
tionnant la solution d'aldéhyde à 4o pour 100 du commerce du quart
environ d'acide sulfurique. La polymérisation s'effectue du jour au lende-
main; un simple lavage à l'eau ammoniacale, puis à l'eau pure, donne le
trioxyméthylène absolument pur.
» Si l'on introduit une certaine quantité de trioxyméthylène dans une
éprouvette retournée sur le mercure et que l'on chauffe, ce corps' se
décompose en donnant de l'aldéhyde formique gazeux. Si l'on cesse de
chauffer, on voit, dès que le tube est froid, un corps blanc se déposer sur
ses parois et le mercure remonter jusqu'en haut. Dans ce cas, la repoly-
mérisation est totale et presque instantanée.
» En répétant cette expérience, en laissant une petite quantité d'air dans
l'éprouvette, la repolymérisation a également lieu, mais elle est d'autant
plus lente que la quantité d'air est plus considérable. Si l'air est en très
grand excès, ce qui se produit dans le cas ])ralique de la désinfection, la
transformation en polymère est négligeable ; c'est ainsi que l'atmosphère
d'une cloche de 20'", dans laquelle on avait volatilisé quelques centi-
grammes de trioxyméthylène, s'est montrée aussi antiseptique après huit
jours d'abandon que le premier.
( 6o8 )
» En projelaut du trioxyméthylène sur une plaque chauffée vers 200°,
on le voit se volatiliser et l'on sent l'odeur si piquante de l'aldéhyde for-
mique; mais celui-ci, se mélangeant mal à l'atmosphère, reste à un grand
état de concentration et se retransforme en son polymère que l'on voit
sous la forme d'un nuage blanc à peu de distance de la plaque. Il faudrait
donc employer un appai-eil qui permît de mélanger rapidement les vapeurs
aldéhydiques et dès lors disparaît la simplicité tentante de ce dispositif.
)) Nous avons songé alors à utiliser la réaction classique d'Hofmann
pour la production de l'aldéhyde formique gazeux. Dans-ce but, nous
avons fait construire un appareil composé d'un briileur et d'un réservoir.
Le brûleur est formé d'une bourre d'amiante contenue dans un tube mé-
tallique percé de nombreux trous à sa partie supérieure, et recouvert d'un
large dé de toile de platme. Pour modérer l'afflux de l'oxygène atmosphé-
rique, ce qui a une importance capitale au point de vue des rendements,
nous employons un régulateur analogue à celui bien connu du bec Bunsen ;
ce régulateur est surmonté d'une lame de mica formant cheminée.
L'appareil ainsi disposé fonctionne très régulièrement, sans danger d'in-
cendie; les brûleurs, suivant la capacité de la salle à désinfecter, peuvent
s'adapter en nombre variable sur le réservoir d'alcool méthylique à niveau
constant.
» Les premiers essais faits avec cet appareil remontent au mois de mai,
ainsi qu'en témoigne un Mémoire publié par M. le D' Miquel (') Sur la
désinfection des poussières d'appartement. Mémoire cité dans sa Note par
M. Triliat, qui n'ignorait donc pas l'existence de nos recherches.
» Les procédés usités pour le dosage de l'aldéhyde formique sont peu
exacts et du reste inapplicables quand ce corps est contenu dans un mé-
lange gazeux. Nous publierons bientôt un procédé entièrement nouveau,
basé sur l'action de l'aldéhyde formique sur l'urée, et qui nous sert à éta-
blir le rendement de nos lampes.
» Nous avons entrepris plusieurs séries d'expériences; les unes, faites
au laboratoire de Bactériologie de Monlsouris, dans des cloches de grande
capacité, nous ont permis de stériliser, à coup sûr, les poussières habituelles
des appartements, ainsi que les cultures de différents organismes patho-
gènes; les autres, effectuées sur une plus grande échelle, dans des salles
inoccupées de l'ancien collège RoUin, nous ont donné d'abord des ré-
(' ) -MnjLEL, AnnaltiS de Micrograpliie, t. VI, p. 365.
( 6o9 )
sLiltats moins salisfaisants; on se heurte à de nombreuses difficultés quand
on veut appliquer à la pratique les résultats du laboratoire.
)) Quelques-unes sont déjà vaincues, et nous n'indiquons aujourd'hui
ces travaux que pour établir notre droit à continuer des recherches pour-
suivies par nous déjà depuis plusieurs mois. »
CHIMIE I^'DUSTRIELLE. — Fabrication de l'alumine au moyen des argiles.
Note de M. Joseph Heiblixg.
« Dans l'état actuel de la fabrication de l'alumine, on se heurte presque
toujours à deux difficultés principales : la présence inévitable de la silice,
et le prix de revient trop élevé du produit. Le procédé suivant m'a donné
d'excellents résultats.
» Soit une argile d'une teneur donnée en alumine. Pour chaque molécule d'alumine,
on incorpore à la pâle d'argile 3 molécules de sulfate d'ammoniaque [SO*, (AzH*)-],
et un poids à peu près égal de sulfate neutre de potasse (SO', K-); i molécule de
sulfate de potasse suffirait théoriquement. Le tout est malaxé d'abord, puis passé
dans une machine à briques, qui débite le tout en briques creuses.
» Ces briques sont cuites à une température de 270° C. à 28o°C. A cette tem-
pérature, le sulfate d'ammoniaque se décompose en sulfate acide d'ammoniaque
(SO', H, AzH*) et en gaz ammoniac qui se dégage et peut être recueilli par un con-
densateur. L'acide du sulfate acide d'ammoniaque se porte d'abord sur le sulfate
neutre de potasse, qui devient sulfate acide de potasse; ensuite, ce dernier, en pré-
sence de l'alumine, de l'argile, et à celte température, se neutralise par l'alumine pour
former du sulfate double d'alumine et de potasse, c'est-à-dire de l'alun absolument
fixe. Les briquettes ainsi alunées sont épuisées au moyen d'un système de lavages mé-
thodiques.
» La silice peut être utilisée pour ciment.
» L'alun obtenu est débarrassé du fer par recristallisation et sa solution peut être
traitée par l'ammoniaque qui a distillé, en vue de la précipitation de l'alumine. On
régénère ainsi les sels primitifs de sulfate de potasse et de sulfate d'ammoniaque.
» Malheureusement l'alumine ainsi obtenue est gélatineuse. Pour l'obtenir grenue,
on étale l'alun pulvérulent sur des claies étagées dans une tourelle qu'on fait traver-
ser dans toute sa hauteur par l'ammoniaque chaude et humide, provenant de la cuis-
son des briquettes. Dans ce cas, l'alun se transforme sur place en un mélange de sul-
fate d'ammoniaque, de sulfate de potasse, et en alumine grenue qui garde la forme
sablonneuse de la poudre d'alun utilisée, et se prête avec la plus grande facilité aux.
lavages et à la calciuation.
» Celte alumine est chimiquement exempte de silice, son alun ayant été
(6io)
obtenu dans une atmosphère alcaline. Quant au fer, il a été facile de l'éli-
miner des aluns par quelques cristallisations.
» Enlîn, elle est facile à mettre en sulfate, et ce dernier peut être utilisé
lui-même pour la préparation des divers aluns. »
BOTANIQUE. — Sur la germination des graines oléagineuses.
Note de M. Leclerc du Sablox.
« Je me suis proposé d'étudier les transformations chimiques qui se
produisent pendant la germination des graines oléagineuses; je prendrai
comme exemple les graines de Chanvre.
» Les graines entourées du péricarpe sont mises à germer clans une étuve dont la
température est maintenue à 22°. La germination se fait ainsi d'une façon uniforme,
et le degré de développement des plantules peut être indiqué par la longueur de la
radicule. Les graines arrivées à des degrés difFérents de développement sont desséchées
dans une étuve à 45°, puis pilées et pesées. L'huile est extraite par l'éther anhydre;
la matière épuisée par l'élber est traitée par l'eau, afin de dissoudre les sucres. La
solution ainsi obtenue est divisée en deux parties égales : une moitié sert à doser
directement le glucose au moyen de la liqueur de Fehling; l'autre moitié, traitée par
l'acide clilorhydrique étudiée, donne la quantité totale d'hydrates de carbone trans-
formables en glucose.
Tableau L
Glucose. Hydrates de carbone.
0,190 ( 2,7 7o) 0,260 ( 3,8 7J
0,100 ( 1,6 7o) 0,1 15 (1,9 7(,)
0,195 ( 6,5 7„) o,2o5 ( 6,8 7„)
0,455 (i3,6 7o) 0,435 (i3,o7„)
0,390 (i4,i 7o) o,36o (i3,o 7o)
» Tl faut d'abord remarquer qu'au début de la germination, la propor-
tion d'huile reste constante, quelquefois même augmente légèrement, le
poids total de la graine diminuant plus vite que le poids de l'huile; ensuite,
la teneur en huile diminue constamment, comme dans toutes les graines
oléagineuses qui ont été étudiées. La quantité d'acide gras, qui n'est pas
indiquée sur le Tableau ci-dessus, est faible et augmente avec le développe-
ment de la plantule.
» Les variations de la quantité de glucose et d'hydrates de carbone
Longueur
delà
Poids
de la
radicule.
nialiére sèche.
Hi
uilc.
cm
0
0,8
6,976
5,917
2,Il3
i,83o
(3o7o)
(3o 7o)
2,0
2,5
5,0
2,997
3,345
2,762
0,736
0,594
0,397
(24%)
(i7 7o)
(•4 7o)
Tableau II.
Longueur
Poids
de la
de la
radiculo.
malière scriie.
Glucose.
cm
S''
er
O
5, aSi
traces
0,8
6,210
0,045
(0,7 Vo)
2,0
3,071
0,075
(2,4 »/o)
2,5
3,173
o,i4o
(4,4 %)
5,0
3,420
0,210
(6,1 °/o)
( (HI )
donnent lieu à des remarques plus complexes. Pour interpréter et com-
pléter les résultats indiqués dans le Tableau I, j'ai fait une seconde série
de dosages avec des graines arrivées respectivement au même état de
développement.
» Après avoir extrait l'iuiile par Téther, je traite le résidu non plus par l'eau, mais
par l'alcool à 85' qui dissout les sucres, mais laisse les dextrines et les diastascs.
J'obtiens ainsi les résultats suivants, en dosant le glucose dans une moitié du li(|uide
et les hvdrates de carbone dans l'autre moitié.
Hydrates de carbone.
o','i65 (3,1 o/o)
o, 125 (2,0 °/o)
o.iSo (5,8 »/o)
0,260 (8,1 »/o)
o,4oo (11,6 »/(,)
» D'après ce second Tableau, on voit que les graines non germées ne
renferment pas de glucose, mais une quantité notable d'un sucre qui ne
devient réducteur qu'après avoir subi l'action de l'acide chlorhydrique
étendu; ce sucre est un saccharose, qui joue dans la graine le rôle de ma-
tière de réserve. Lorsque la germination est commencée, le saccharose
consommé par la plantule se trouve en quantité moindre; le glucose, au
contraire, provenant d'abord de l'interversion du saccharose, puis de la di-
gestion de l'huile, existe en quantité de plus en plus considérable. Ensuite,
lorsque la germination est plus avancée, la proportion de sucre non ré-
ducteur, qui avait d'abord diminué, augmente et continue à croître en
même temps que la proportion du sucre réducteur.
)) On peut expliquer ce résultat en supposant que la digestion de l'huile
s'opère d'une façon analogue à celle de l'amidon. On sait que, pendant
la germination des graines à réserve amylacée, l'amidon, après une série
assez complexe de réactions, est transformé en maltose, et que le maltose
est finalement transformé en glucose. Les chiffres portés au Tableau II
s'accordent parfaitement avec une semblable hypothèse. L'avant-dernier
terme de la digestion de l'huile serait un saccharose à pouvoir réducteur nul
ou faible, qui serait finalement transformé en glucose.
1) Dans le Tableau II, on trouve moins d'hydrates de carbone que dans
le Tableau I; cela provient sans doute de ce que les graines renferment
( 6i2 )
des hydrates de carbone, tels que la dexlriiie, qui sont insolubles dans
l'alcool.
» Il est maintenant fecile d'expliquer les contradictions qui semblent
exister entre le Tableau I et le Tableau II. La quantité de glucose est beau-
coup plus considérable dans le Tableau I que dans le Tableau II. Cela
tient à ce que, dans le premier cas, l'eau en dissolvant les sucres dissout
en même temps les diastases contenues dans les graines et, notamment,
l'invertine qui transforme le sucre non réducteur en sucre réducteur.
Cette transformation, qui s'effectue normalement dans la cellule vivante,
s'est donc opérée pendant les manipulations, en dehors de l'organisme.
D'ailleurs, si dans le Tableau I la quantité de glucose est supérieure à la
quantité totale d'hydrates de carbone, cela tient à ce qu'une certaine
quantité de sucre a été détruite pendant l'ébuUition dans l'acide chlorhy-
drique.
» Il m'a été possible de démontrer directement l'action de l'invertine
dans les expériences du Tableau I.
» Je prends 6?'', 696 de graines desséchées, dont la radicule a atteint i"^"» de lon-
gueur; j'extrais l'huile; je traite le résidu par l'alcool à 85°, qui dissout les sucres et
laisse les diastases. En utilisant pour le dosage une partie seulement du liquide, je
trouve OB'', 100 de glucose et os%335 d'hydrates de carbone. Je reprends par l'eau la
matière épuisée par l'alcool; j'ai ainsi un liquide qui renferme en dissolution les dia-
stases de la graine et une quantité à peu près nulle de sucre; je mélange cette solu-
tion au liquide qui contenait oS'',ioo de glucose et os^SSS d'hydrates de carbone, et,
au bout d'un jour, je constate que tous les hydrates de carbone ont été transformés
en glucose.
» Les graines de Lin, de Colza, de Pavot, d'Arachide et de Ricin m'ont
donné des résultats analogues, que je compte exposer prochainement en
détail. Une Note déjà publiée (') renferme mes premières observations
sur le Ricin. »
SÉRICICULTURE . — Expéritnces sur les œufs des vers à soie du mûrier,
race annuelle. Note de M. Victor Rollat.
« On sait que nos graines de vers à soie, soumises aux seules influences
de la température, ne peuvent éclore qu'après qu'elles ont subi, pendant
{') Comptes rendus, séance du 16 octobre 1898.
( 6i3 )
un temps plus ou moins long, l'influence d'une température froide. Il y a
longtemps déjà que M. E. Duclaux a démontré ce fait expérimentalement.
» J'ai été conduit à me demander quel serait l'effet de la compression.
Au mois d'octobre 1891, je comprimai, dans un nouet très serré, 2^'' à 3"^"^
de graines, pondues depuis plusieurs mois, mais n'ayant pas encore subi
l'action du froid. Après une douzaine de jours de compression, je remis ces
graines en liberté : des éclosions s'y produisirent quinze ou vingt jours
après, alors qu'il n'y en eut aucune dans le lot de comparaison.
» Pour savoir si l'air comprimé produirait les mêmes résultats, j'ai
imaginé un petit appareil, que j'ai nommé coiweuse à air comprimé, et avec
lequel j'ai pu faire, l'année dernière, des expériences sur des graines pon-
dues depuis plusieurs mois; j'ai toujours obtenu des éclosions.
» Voici enfin une expérience, faite cette année même, et qui ne laisse
plus de doute sur l'action de l'air comprimé.
» Le 9 juin, à q"» de l'après-midi, je divisai, en six morceaux chacune, trois cellules
(petits carrés de toile) contenant chacune la ponte d'une femelle. Ces œufs avaient
été pondus dans la nuit du 8 au 9 juin, c'est-à-dire depuis moins de vingt-quatre
heures. Je mis cinq morceaux de chacune de ces cellules dans la couveuse et je donnai
une pression de Z^i à 4''° (ou atmosphères). Le sixième morceau servait de lot témoin,
et était placé à côté de la couveuse.
M La température du local où se faisait l'expérience variait, suivant les jours, entre
25°C. et 28°C.
» Toutes les vingt-quatre heures, je retirai de la couveuse un échantillon de
chaque ponte et je mis ces échantillons à côté des lots témoins.
» Les éclosions commencèrent le 18 juin, et elles durèrent trois ou quatre jours.
» La ponte n" 3 n'a donné aucune éclosion.
» Pour les deux autres pontes, ni les lots témoins, ni les échantillons qui sont restés
vingt-quatre heures seulement dans la couveuse n'ont donné d'éclosions.
» Quant aux autres échantillons, en voici les résultats :
Après 48 heures de compression. . . 6 58 Soit
c
o
a.
s
o
eu
»
3 jours
»
4 „
»
5 >.
»
48 heures
»
3 jours
»
4 ).
»
5 »
Nombre d'œufs
soumis
Vers nés.
à 1
'expérience.
6
58
12
33
6
36
27
65
22
7'
23
78
42
89
32
76
G. R., 1894, 2« Semestre. (T. CXIX, N" 15.)
lO po
ur
100
36
»
i6
)>
4i
»
3o
»
29
»
47
»
42
n
80
(6a )
» Cette expérience n'a donné de résultats que parce que les graines
étaient fraîchement pondues, car la première condition pour réussir est de
donner aux graines, pendant tout le temps qu'elles sont comprimées, une
température de i5°C. ou lô^C. seulement.
» Avec une pression de 6""" ou 8^"", et un séjour dans la couveuse d'une
quinzainede jours, on peut faire cette expérience à n'importe quel moment
de l'année. »
M. J. Posxo adresse une Note relative aux résultats tournis par un pro-
cédé de distillation des ordures ménagères.
La distillation des ordures ménagères, préalablement mélangées de char-
bon gras, a permis d'obtenir à la fois un engrais et un combustible, en trans-
formant l'ammoniaque obtenue en sulfate, et le résidu fixe en briquettes.
L'opération, effectuée dans un petit four à gaz ordinaire, à une seule cor-
nue, a donné une quantité de gaz suffisante pour qu'on pût l'employer
comme unique combustible au chauffage du four.
M. F. Larroque signale les ravages produits par le microbe du charbon
dans les pâturages des hauts plateaux des Pyrénées, et particulièrement sur
le versant français.
L'auteur attribue ces ravages, en grande partie, à l'habitude qu'ont con-
servée les bergers, de laisser sur place les cadavres des animaux morts de
maladie, après les avoir simplement dépouillés de leur peau.
A '6 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures J. B.
BULLETIN BIBLIOCRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du i"" octobre 1894.
Traité élémentaire de Chimie (notation atomique), par L. Troost, Membre
de l'Institut, professeur à la Faculté des Sciences. Paris, G. Masson, 1894;
I vol. petit in S".
( 6i5 )
Détermination analytique d'une formule nouvelle de la dispersion de la lu-
mière dans les milieux homogènes isotropes considérée jusqu ici comme une for-
mule empirique, par Eue. Ferrou. [Extrait des Publications de l'Institut
grand-ducal de Luxembourg (Section des Sciences naturelles)]. Luxem-
bourg, L. Bûck, 1894 ; 1 br. in-S". (Présenté par M. Bouquetde la Grye.)
Annales de Chimie et de Physique, j)arMM. Berthelot, P.vstelr, Friedel,
Mascart. Octobre 1894. Tome III. Paris, G. Masson, 1894; i fasc. in-8°.
Annales agronomiques, publiées sous les auspices du Ministère de l'Agri-
culture, par M. P. -P. Dehérain, Membre de l'Institut, professeur au Muséum
d'Histoire naturelle, etc. Tome XX. N"9. Paris, Masson, 1894 ; i lasc. in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie, tome XXX. N" 7. 1"' octobre 1894-
Paris, G. Masson; t fasc. in-8°.
Annales médico-psychologiques. Journal destiné à recueillir tous les documents
relatifs à l'aliénation mentale, aux névroses et à la médecine légale des aliénés.
N" 2. Septembre-octobre 1894. Paris, G. Masson, 1894; i vol. in-S".
Archives des Sciences physiques et naturelles. N° 9, i5 septembre 1894.
(ienève, 1894; i fasc. in-8".
Congrès internationaux d' Anthropologie et d'Archéologie préhistorique et
de Zoologie à Moscou le io/22-i8/3o août. Matériaux réunis par le Comité
d'organisation des congrès concernant les expéditions scientifiques, les excur-
sions et les rapports sur les questions touchant les congrès. Moscou, 1894 ;
I vol. gr. in-8°.
Proceedings of the Royal physical Society. Session 1 893-1 894. Edinburgb,
M. Farlane et Erskine, 5894; i vol. in-8".
Organisation de l'étude ctimalérique spéciale de la Russie et problêmes de
la Météorologie agricole, par A. Rlossovsky, professeur à rc/niversité
d'Odessa. Odessa, N. Chryssoghelos, 1894; i fasc. xn-lf.
Ouvrages reçus dans la séance du 8 octobre 1894.
Bulletin astronomique, publié sous les auspices de l'Observatoire de
Paris, par M. F. Tisserand, Membre de l'Institut, avec la collaboration
de MM. G. BiGouRDAN, O. Callandreau et R. Radau. Tome XI. Oc-
tobre 1894. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1894; i fasc. in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées . Quatrième série, publiée par
Caaulle Jordan, avec la collaboration de MM. M. Lévy, A. Mannheim,
E. Picard, H. Poincaré, H. Resal. Tome X. Année 1894; fasc. n" 3;
I br. in-4".
( 6i6 ;
Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et
Jules Tannery. Deuxième série. Tome XVIII. Juin 1894. Paris, Gauthier-
Villars et fils, iSgZj; x fasc. in-8°.
Bulletin de l'Académie de Médecine. N° 40, séance du 2 octobre 1894.
Paris, G. Masson ; i fasc. in-8°.
Étude sur la vie et les travaux du lieutenant-colonel d'artillerie Boileau,
Correspondant de l'Institut, par Aimé Schuster. (Extrait des Mémoires de
r Académie de Metz:) Metz, 1894; 1 br. in-8''.
L'Astronomie. Revue mensuelle d'Astronomie populaire, de Météoro-
logie, de Physique du globe et de Photographie céleste, publiée par
Camille Flammarion. N° 10. Octobre 1894. Paris; i fasc. in-8°.
Organisation de l'étude climatérique spéciale de la Russie et problêmes de la
Météorologie agricole, par A. Rlossovsky, professeur à l'Université
d'Odessa. Odessa, N. Chrvssoghelos, 1894; i fasc. in-4°.
Observations météorologiques suédoises, publiées par l'Académie royale des
Sciences de Suède, exécutées fet rédigées sous la direction de l'Institut
central de Météorologie. 2" série. Vol. XVIII. 1890; i vol. in-4''.
Publications of the Lick observatory of the University of California.
Volume III. 1894; Sacramento, A.-J. Johnston; i vol. in-4''.
Minutes of proceedings ofthe Institution of civil en gineers; with olher selected
and abstracted Papers. Vol. CXVIII. London, James Forrest, 1894;
I vol. in-8°.
The gas and petroleum yielding formations of the central valley of Cali-
fornia, by W.-L. Watts, M. E. assistant in the Field. Sacramento, A.-J.
Johnston, 1894; i vol. in-8''.
Observatorio meteorologico de Manila. Observaciones verificadas durante el
mes de mayo àe 1893. Manila, Ramirez, 1894; i fasc. gr. in-4°.
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER -VILI.AHS \LT FILS,
Quai (les Grands-Augusiins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS liebdomadaires paraissent régulièrement le Diinamhe. Us forment, à l;i lin do l'année, deux volumes in-4°. Deux
Tables, l'une par ordre alpliabétiqne de matières, l'autre par ordre alpliabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" janvier.
Le jirix lie l'abontiement est fixé ainsi i/ii'il siiil :
Paris : 20 fr. — Départeinenis : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les fniis de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Ageri Miciiel et Médan.
1 Gavault Sl-Lager.
Alger / Jourdan.
( Ruir.
Amiens Courtin-Hecquet.
l Germain elGrassin.
Angers , , ,
" ( Lachese.
Sayonne Jérôme.
Hesançon Jacquard.
, (Vvrard.
Bordeaux Dutliu.
' Muller (G.).
. Renaud.
I Lefournier.
\ F. Robert.
Lorient..
Marseille..
Montpellier.
Bourges
Brest.
J. Robert.
V- Uzel Carotl
Baër.
Massif.
Terri n.
Heury.
Marguerie.
) Rousseau.
) Ribou-Collay.
, Lamarclie.
Dijon Ratel.
' Daniidot.
l Lauverjal.
I Crepin.
\ Drevet.
/ Gralier.
La Uochelle Foucher.
BourdignoH.
Dombre.
Lefebvre.
Quarré.
Caen
Chanibery
Cherbourg
Clernionl-Ferr.
Douai.
Grenoble.
La Bockel
Le Havre.
Lille
chez Messieurs ;
\ Bauioal.
i M"" lexier.
; Beinuux et Cumin
\ Georg.
Lyon i Mégret.
I Chanard
' Vilte.
Ruât.
\ Calas.
I Coulet.
Moulins Martial Place.
j Jacques.
Nancy Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
\ Loiseau.
/ M°" Veloppé.
\ Barma.
/ Visconli et C".
Nimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
i Blancliier.
/ Druiuautl.
Bennes Plihon t Hervé.
rtocheforl Girard ( .M"" ).
i Langlois.
i l^estringanl.
S'-Élienne ..... Chevalier.
I Bastide.
{ lïuinèbc.
( Gimct.
( Privai.
Boisselier.
Tours I Pérical.
' Suppligeon.
( Giard.
( Lemailre.
Nantes
Nice. . . .
Nime
Orléa
Poitiers..
Bennes
Boche/
Bouen.
S'-Étie
Toulon. . .
Toulouse
Tours
Valenciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
chez .Messieurs :
1 Feikcina Caarcisen
/ et C'».
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
j Vsher et C'°.
n , ' Daines.
Berlin . ,,
. Friediander et lus.
' Mayer cl iMullcr.
ri„,.„„ \ Schniid, Francke et
"^ "^ I C'.
Bologne Zanichelli.
Ramiot.
Bruxelles MayolezctAudiarte.
I Lebèguc et C".
\ Hainiann.
' Ranisleanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C".
Christiania Cammerincyer.
Constantinople. . Otto Keil.
Copenlingue Hijst et lils.
Florence Lœscher et Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Bcuf.
, Chcrbuliez.
Georg.
' Stapelmohr.
Belinfante frères.
I (îenda.
Bucharest.
Genève.
La Haye.
Lausanne.
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Liège.
I Payot.
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Max Rube.
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chez .Messieurs :
. Dulau.
l-ondres Hachette et C-.
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Luxembourg . ... V. Buck.
iLibr. Gutcnberg.
Capdcville.
Gonzalés e hijos.
F. Fc.
Milan jDumolard frères
I Hœpli.
Moscou Gautier.
i [•"iirchheim.
Naptes Marghieri di Gru-
( Pellerano.
. Dyrsen et Pfeiffer.
Neiv-l'ork î Slechcrt.
' Westerniann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et O'
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
) Bocca frères.
\ Loescherct C".
Bolterdam Kramcrs et fils.
Stockholm Samson et Wallin
iCinserling.
( Wolff.
Bocca frères.
Brero.
Clausen.
( RosenbergctSellier
Varsovie Gebethiier et Wolfl
Vérone Drucker.
l Frick.
J Gerold et G".
Ziirich Meyer et Zeller.
Bome .
S'-Petersbourg. .
Turin .
Vienne . .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1»' à 31. — (3 .4oùt i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-4°; i8J3. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à^91.— (i" Janvier 18G6 à 3i Décembre iS8o.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques poinls de la Physiologie des Algues, par .MM. .\. DerbesbI A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
Comètes, par M. H anses. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rùle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
grasses, par M. Claude Berxard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedes. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de i85*), savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
• mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
» des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4T avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N" 15.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 8 octobre 1894.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBUES ET DES CORIIESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. I'. Tisserand. — Sur l'excenlricilé de
l'orbile du cinquième satellite de Jupiter. 58i
.M. Emile Picard. — Sur les groupe^ de
IranslormaliDns des équations dilléren-
ticlles linéaires 584
jM. J. BoussiNESo. — . Théorie de l'écoule-
ment sur un déversoir sans conlraction
latérale, ijuiind la najipc déversante se
trouve ou déprimée, ou noyée en dessous,
ou adhérente au barrage; •. . . . SSç)
M. n. Hloxdlot. — Sur la propagation des
Pages.
ondes électromagnétiques dans la ylace.
et sur le pouvoir diélectrique de cette
substance "-. .
M. Alexis de Tillo. — Magnétisme moyen
du globe et isanomales du magnétisme
terrestre
.M. H.VTON DELA GouptLLiÉiîE annonce à l'A-
cadémie que M. Cotteau a légué à l'iicole
nationale des Mines sa magnifique collec-
tion .d'Ecliinides fossiles
5(|-j
A OMIIV AXIONS.
Liste de deux candidats présentée à M. le
Ministi'C du Commerce, de l'Industrie et
des Postes et Tclégraidics, pour la chaire
de constructions civiles vacante au Con-
servatoire des .\rts et Métiers : i° M. Pil-
let, 2° M. Denfer ')"
CORRESPONDANCE.
M. le Skcrétaiiie perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspondance,
diverses brochures de M. Maigncn, rela-
tives il la purification des eaux par le fil-
trage, à leur stérilisation, et ù l'alimenta-
tion des villes en eau potable
M. .\. Perrot. — Sur le pouvoir diélei-
irique de la glace
i\L W. LoUGLiNiNE. — litudc des chaleui'S
latentes de vaporisation des alcools saturés
de la série grasse ■
M. F. Gaud. — Sur un cas particulier de
l'attaque du glucose par les alcalis
MM. H. C-AMBiEii et A. Brochet. — Sur la
production de l'aldéhyde formique gazeux
Bulletin biblioqk.\phique
I destiné à la désinfection
M. J. Heibling. — Fabrication de l'alumine
au moyen des argiles
M. Leclerc du Sadlon. — Sur la germina-
tion des graines oléagineuses.
(ion M. V. Rollat. — Expériences sur les
■ eufs des vers à soie du mûrier, race au-
i">i nuclle
M. J. PosNO adresse une Note relative aux
résultats fournis par un procédé de distil-
Goi ; latiorr des ordures ménagères
AL F. ;L.uîroque signale les ravages pro-
6o4 I duits par le microbe du charbon dans les
pâturages des hauts plateaux des Pyré-
nées
Go 7
6ot)
(ho
(îia
6 il
(ii4
rii}
PAHIS. — IMPKIMEKIE GAUTHIKK-VILLAKS ET FILS,
Quai des Grands-Au^ïustins, 55.
f.e Géiant : Cautuier-Vii
N0V27Î894 1894
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR Ifin. liES SECRÉTAIRES PERPÉTUEIiS.
TOME CXIX.
ÎVM6 (J5 Octobre 1894),
PARIS,
GAUTHIEK-VILLARS ET FILS, LVIPRIMEURS-FJBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1894
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
I es Comptes rendus lœhdomadaiies des sceanrrs de
[Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
II y a deux volumes par année.
Article 1*"^. — Impressions des travaux de l'Académie.
I-es extraits des Mémoires présentés par un Membre
oupar un Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mention nées
dans les Coi7iptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposé.s par l'Académii
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les R^pJ
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autaii
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance puî
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l' Académie.
I.cs Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ue sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'im ré
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L<
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont Je droit de réduire cet Extrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foni
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'impiimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faule d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendit
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui
vaut, et mis à la fin du cahier.
Ar.TicLK 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à pai't des articles est aux frais des au
teurs ; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré'
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
NOV27I094
COMPTES RENDUS
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 16 OCTOBRE 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LCEWV.
MEMOIRES ET COMMUIVlCATiOi\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. A^. Pringsheim, Correspondant de la Sec-
tion de Botanique, décédé à Berlin le 6 octobre 1894.
M. BoRNET ajoute ce qui suit :
« M. Pringsheim est l'auteur de deux découvertes qui font époque dans
l'histoire de la sexualité chez les êtres vivants. Lorsqu'il vit s'opérer sous
ses veux le mélange d'un anthérozoïde et d'un oogone d'GEdogoniiun, il
assistait à un spectacle qui n'avait jamais été contemplé et constatait, le
premier, le mécanisme de la formation de l'œuf. Les observations confir-
matives se sont multipliées, les progrès de !a technique microscopique
C. K., 1894. 2' Semestie. (T. C\I\, N' IC.) ^^ t
( 6i8 )
ont permis de pénétrer plus avant dans les détails de l'union, mais la pre-
mière observation complète et précise a été faite par un botaniste et sur
une Algue; qu'il soit permis à un botaniste algologue de le rappeler.
)) Ce sont encore des Algues qui fournirent à M. Pringsheim l'occasion
de sa seconde découverte. Il vit, en étudiant certaines Volvocinées, que
chez elles l'œuf résulte de l'union de deux zoospores parfaitement sem-
blables, et que, par conséquent, la différenciation extérieure des gamètes,
si marquée dans un grand nombre de cas, n'est pas une condition essen-
tielle de la sexualité, comme on était porté à le croire.
» Les Saprolégniées, Champignons confervoïdes qui se rapprochent des
Algues par leurs organes reproducteurs, ont de bonne heure attiré l'atten-
tion de M. Pringsheim. Dans une série de Mémoires, il a fait connaître les
relations curieuses et variées de l'oogone et de l'anthéridie.
» Depuis 1869, date à laquelle furent achevées la plupart de ces études,
dont le succès valut à l'auteur le titre de Correspondant, M. Pringsheim a
poursuivi d'importantes recherches sur la chlorophylle et la fonction
chlorophyllienne. Il en a donné le résumé dans les Comptes rendus du
26 janvier 1880.
» Enfin M. Pringsheim a rendu à la Science un autre genre de services
en fondant et dirigeant pendant vingt-quatre années la publication d'un
Recueil de Mémoires botaniques qui compte parmi les plus estimés. »
HYDRODYNAMIQUE. — Délerminalion en partie expérimentale et en partie
théorique de la contraction inférieure d'une nappe de déversement déprimée,
ou noyée en dessous, ou même adhérente, sur un barrage ayant sa face
d'amont verticale; par M. J. Boussixesq.
« I. Il ne reste plus ('), pour pouvoir évaluer le débit, qu'à connaître
la petite contraction c du dessous de la nappe. Or c'est seulement dans le
cas d'un barrage rendant cette contraction maximum, c'est-à-dire armé à
sa partie supérieure d'une large et mince plaque horizontale, dirigée contre
le courant de manière à rejeter vers l'amont le fluide venu d'en bas suivre
sa face inférieure, que le principe des quantités de mouvement permet de
la déterminer.
(') Voir le dernier Compte rendu, p. 589.
(6r9)
)) Dans ce cas, en effet, isolons (par la pensée) du liquide d'aval, à
l'époque /, la masse fluide comprise en amont de la section contractée et
du plan vertical de hauteur e qui la joint inférieurement à l'armature hori-
zontale du barrage; el limitons cette masse, du côté de l'amont, par un
autre plan vertical transversal, assez éloigné du déversoir pour que le
fluide s'y élève à la hauteur h au-dessus du seuil. Elle n'éprouvera contre
le barrage, ainsi que contre ce plan d'amont et contre le fond intermé-
diaire, que les pressions hydrostatiques dues à cette hauteur h; car le
fluide s'y trouve en repos partout, sauf toutefois sous la face inférieure de
l'armature horizontale, où le demi-carré de la vitesse s'accentue et réduit
d'autant la pression, mais sans qu'il en résulte aucune composante de
celle-ci suivant le sens horizontal perpendiculaire au barrage. Or il ne
provient non plus aucune composante analogue, ni du poids de la masse,
ni des pressions exercées par les deux bords ou Joues qui la limitent laté-
ralement; et, d'ailleurs, les frottements sur toutes ces parois ne deviennent
tant soit peu sensibles (sans néanmoins prendre assez d'influence pour né-
cessiter leur mise en compte dans nos calculs) que là où les vitesses sont
elles-mêmes notables, savoir, au voisinage de la partie supérieure du bar-
rage.
» Donc, la masse fluide en question n'éprouve, suivant un axe horizon-
tal perpendiculaire à celui-ci ou avant le sens général de l'écoulement, aucune
action résultante dans sa partie inférieure au seuil, où s'équilibrent des pres-
sions hydrostatiques de sens contraires; et, au-dessus du seuil, il v a seule-
ment, d'une part, la pression, Ipgh^ par unité de largeur, exercée sur le haut
de la section amont, d'autre part, la composante, — cos 'il pdz, de la pres-
sion fpdz que supporte la section contractée, où p est donné parla se-
conde formule (i), plus la pression, changée de signe, exercée sur le fluide
supposé mort (^gaz ou liquide) contigu au plan vertical de hauteur s. qui
prolonge inlérieurement la même section jusqu'à l'armature du barrage.
Cette dernière pression égale p^i ou c^i fg/r, sous une nappe déprimée où
le fluide dit mort est de l'air, et/>|)£ -i- r,^gs-' on c(N -H ic)p^A°, sous une
nappe noyée en dessous, où c'est de l'eau tourbillonnante.
» La masse considérée éprouvera donc, en somme, d'amont en aval,
une action extérieure exprimée par
(lo) -?gf^'{^ - 2cN) COS^j pc
Iz
( (120 )
dans le cas de la nappe déprimée, et par
{10 bis) - p^A-(i — 2rN — C-) — cosjî / pdz,
dans celui de la nappe novée en dessous ou adhérente.
» Ces expressions devraient être un peu accrues s'il fallait tenir compte
des frottements extérieurs, exercés en majeure partie par la face inférieure
de l'armature horizontale (principale des surfaces limites près desquelles
l'écoulement est rapide) et dirigés par suite vers l'aval, en sens contraire des
fdets fluides qui y glissent. Elles grandiraientsurtout, et alors dans un rapport
notable, si, l'armature étant supprimée, la face amont (verticale ou inclinée)
du barrage était parcourue par un fluide ascendant animé d'une grande
demi-force vive ; ce qui diminuerait d'autant sa pression et, par conséquent,
l'action retardatrice du barrage, qui, changée de signe, se trouve implicite-
ment comprise dans les expressions (to) et (10 bis). Celles-ci sont donc,
en réalité, des limites injérieures de l'action totale exercée, suivant le sens
général de l'écoulement, sur le fluide en mouvement à l'amont de la
section contractée.
)) Il faut, d'après le princijie des quantités de mouvement, égaler le
produit de (10) ou (10 bis), par l'instant dt, à l'accroissement, durant le
même instant, de la quantité de mouvement de la masse suivant le sens
horizontal normal au barrage. Or, à raison de la permanence du régime
et vu les faibles vitesses du fluide affluant à l'amont, cet accroissement se
réduit à la quantité de mouvement possédée, suivant le sens horizontal,
par le fluide f ^(y dt)dz qu'a débité flurant l'instant dt l'unité de largeur
de la section contractée, fluide possédant à travers l'élément dz de la
section la vitesse horizontale Vcos[B. L'expression (10) ou (^10 bis) égale
donc p cos p / 'V- dz; et, en divisant par ^o^A-, il vient, après transposition
•-'0
d'un terme,
r^'/V^ p\dz ( soit I - 2cN (nappe déprimée),
(11) acosS/ ^ — 7T = •. AT 2/ . ,
J„ Kff PoJ" ( soit I ~ 2cN — c* (nappe noyée en dessous;
» Remplaçons, sous le signe /, p par son expression résultant de la
seconde relation (1), et puis V par sa valeur (i), qui rend l'intégration
immédiate. Celle-ci effectuée, substituons à N, t„ R,, leurs valeurs tirées
( ^>5T )
de (2) on de (3): et, toutes réductions faites, nous aurons
, „, ,,, i I — 2r(i -- c)(i — «-) (nappe déprimée),
\ ■' ^ '^ ^^ ^ ■'' ( (i —c)(i - r4- 2«-c)(nappe noyeern dessous).
» II. Cette double équation devant, comme on verra, fournir seulement
des limites supérieures des petites contractions c effectives, il sera bon de
désigner désormais ses racines, non plus par c, mais par C. Alors, dans le
cas de la nappe déprimée, elle donnera aisément la relation suivante, du
second degré par rapport à l'inverse de i — C,
(■3) soit que la relation c = ^C s'applique à égalité des valeurs de A,
soit qu'elle ait lieu pour des rapports K des hauteurs h' et h égaux, ou
dans toute autre hypothèse voisine.
Les deux équations (i3) et (14 ). différentiées sans faire varier n, don-
nent respectivement
(,-IT77Z-C)if73-c+«'-0^ = ï-'^'''"(3 + 2^) (nappe déprimée),
\'i tTï 7/1- ^^ ^ ~ /r/""(3 -+- ik) (nappe noyée en dessous).
( 624 )
» La dérivée de C en ^ aie signe des seconds membres i — n-^-(3 + 2A),
égaux à I pour ^- nid, puis décroissants jusqu'à —30, et qui, même, sont
déjà devenus négatifs pour k = i tant que ri- excède sa valeur, \, corres-
pondant à ^„ ^ I , ou tant qu'il s'agit de nappes à fdets convexes vers le
haut aux points où ils traversent la section contractée. La fonction C,
nulle pour k = o, atteint donc son maximum pour la valeur positive
unique, A',, de k annulant l'expression 1 — ri^k-Çi -\- 2k).
» Or kg est justement voisin de cette valeur k, , quel que soit n entre les
limites à considérer ici. On le sait déjà pour ^"„ ^ o, 46854, où n^ = i et
k, = ^, c'est-à-dire vers le milieu de l'intervalle compris de k^ = o à ^-(i =; i ;
et l'on a d'ailleurs X", ^=k^ aux deux limites de cet intervalle, où k'in- = ^ et
» On peut donc augurer que, dans tout l'intervalle et même un peu au
delà, k„ne s'éloignera guère de k,, ou réduira l'expression i — k-n^(3-+-ik)
à d'assez petites fractions de sa valeur i initiale (correspondant k k = o).
Voici, en effet, le Tableau de quelques-unes d'entre elles, formé au moyen
de celui qui suit la formule (7) et à partir de la limite X„ = 0,2^5, au-des-
sous de laquelle il n'y a pas lieu pratiquement de descendre :
A"^ = o,275 0,3 0,4 Oj^ t))6 <>j7 o>B 0,9 I 1,5 2,
I — A"gn'(3-t-2A'„) = 0, 1708 0,1714 o,i5ii 0,1283 o,io4o 0,0788 0,0028 o,o25t) o — o,i345 — 0,2686.
ASTRONOMIE. — Obsen'tttions de la comète Gale (1894, &), faites au grand
équatorial de l' observatoire de Bordeaux par MM. G. Rayet, L. Picart et
F. Courty. Note de M. G. Rayet.
Comète Gale (1894, b).
Dales
1894.
Mai
5.
7-
12 .
i3.
29
3i
Etoile.
Temps sidéral
de
Bordeaux.
Aa comète.
AÇ comète.
Observ.
h m s
m s
11.42.39,14
— 2.55,09
-i- 5. 5,55
L. Picart
I ! .38.39,07
— 3.33,5o
— 2.57,07
G. Rayet
.1.44.24,83
— 2. 12 ,93
— 6.58,86
G. Rayet
i2.55.4i ,02
— 5. l5,22
-h 1 3. 25, 21
G. Rayet
12.28.52,06
—5. 19,73
— 1 4 . 5 1 , 93
G. Rayet
12.21.59,77
— 1.18,48
— 2.25,08
F. Courty
12.43.48,47
+ 1.41,43
— 0.45,96
L. Picart
12.47-28,08
+ 3.44,87
- 6. 8,37
L. Picart
14.23.39,35
— 2. 0,00
— 0. 1,67
G. Rayet
( Ho;') )
Dates
1894.
Kl
Juin
2 . .
8..
10
1 1
12 . .
12
i3..
i3
19..
•4
20. .
i.j
21 . .
16
22 . .
'7
23..
18
25..
>9
2G..
20
28..
2 1
Juillet 3..
. 22
4..
23
5 . .
24
7 ■ ■
25
27..
26
3i ..
27
Temps sidéral
de
Bordeaux.
h m 3
i5.i6. 9,39
i5. 18. 10, 83
16.38.35,94
15.49.21,09
i5. 33. 53, 88
i5 .38.4 1 ,73
16. 16. 16,02
i5.32. 18, i3
17. 7.51,35
17.25.30,45
i5.53.46,o5
16. 4.57,86
16.32.44,69
17.13.29,90
17. 2.28,10
18.57.35, 10
18.17.44,63
iS. 51.26, 49
.Il planète,
m s
-h4.4o>93
-)-I .32,25
— 1.54,28
-hl .26, 16
-i- 1.27, II
-2.32,58
-5. 8,90
— I . (4,58
-1-2.39,26
— 3.25,26
— 1 .32,53
•-2. 16, 12
-hi . 12,73
— 2.49>74
— 2 . 1 3 , o i
— 3. i5,4o
-Hi .25,o5
— 2.i9,5i
A^i" planète.
-M2.42,59
— 12.52,08
— 2. 0,01
— ..21,44
— 7.34,30
— 10. 18,62
— 2.3i ,27
-H 6.35,76
-':- 4.14,77
4- 5.32,78
-i- 2. 6, ,57
— 0.07,57
— 5.44,o5
— o.58,34
9.16,19
-i- 3.25,66
-t- 0.52,32
— 3.59,34
Observ.
G. Rayet
L. Picart
L. Picart
G. Rayet
L. Picart
G. Rajei
G. Rayet
L. Picart
F. Courly
F. Courty
F. Courly
F. Courly
F. Courty
G. Rayet
G. Rayet
G. Rayet
F. Courty
F. Courlv
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1894,0.
Réduction Distance
Étoiles.
I
3
4
5
6
7
8
9
10
1 1
12
i3
14
i5
Ascension
droite
moyenne.
h m s
8.3i.i3,5i
8.42.
16.
Catalogue et autorité.
|[Lalande, 16947. — i
Paris, 10067] i
i[Weisse,,H.VIII, io4o.
— Munich,, 3520]
Weisse,, H. VIII, 1472
Bonn, t. VI ■+- 20°, 2379
Weisse,, H. IX, 984-986
Bonn, t. VI -1- 24°, 21 54
Weisse,,H.X, 417-418
WeissCj, H. X, 1007
Weissej, H. X, 1216-1217
Weisscj, H. X, 1194
Weisse,, II. XI, 336
W'eisse,, H. XI, 602
Weisscj, H. XI, 562
Bonn, t. VI 4- 42°, 2249
^[Weissej, H. XI, 906.
— Paris 14569]
Weisses, H. XI, io48
C- H., 1894, i- Semestre. (T. CXIX, N° 16.)
au
jour.
polaire
moyenne.
,49
8.59.48,85
9.42. 3,08
9.48.31 ,5i
9.50.39,69
10.23.22,68 -+-
10. 52. 32, 3o H-
II. 2.29,80 H-
II. 1 .41 ,22 +
1 1 .20.22 ,70 -t-
11.33.19,48 +
11,32. 8,32 -+-
II. 44.51,46 4-
11.50.54,26 +
-HO, 58 93. 8.23,0
-t-0,67 89.32. 0,2
-i-o,83 82.45.15,2
,17 69.27.41,5
,24 68. 2.5o,6
+ 1,25 66. 7.46,3
,5o 57.27. 7,4
,70 52.24. 3,7
,75 5i .26. I I ,8
,74 5o. 28. 3i ,0
,79 49-'4. 6,8
,80 48.16. 4,7
,81 48. 5.i5,5
,80 47.26.43,0
,82
,83
47^
23.46,0
47. 10.37,3
8-
Réduction
au
jour.
-t-3,02
4-2,22
-HO, 55
-2,48
—2,72
—3,35
— 5,12
—5,73
— 5,65
—6,07
— 5,82
— 5,85
—5,81
— 5,62
-5,42
— 5,32
( 626 )
Étoiles.
Catalogue el autorité.
'7-
Bonn, t.
VI + 43», 2172
i8.
Weisse»,
H. XI, 970
19-
Weisse,,
H. XI, ii83
20.
Weisscj,
H. XI, ii83
21 .
Weisse,,
H. XI, ii83
22.
Weisse,,
H. XII, 198
23.
Bonn, t.
VI + 43°, 22l5
24.
Weisse,,
H. XII, 358
25.
Weisse,,
H. XII, 463
26.
Bonn, t.
VI + 43°, 2285
27.
WeissCj,
H. XIII, 40
Ascension
Réduction
Distance
Réduction
droite
;
u
polaire
au
moyenne.
jour.
moyenne.
jour.
ti m s
s
0
11.53.40,77
+ 1
,8i
46.56.35,9
— 5,47'
1 1 .5i .47,73
+ 1
,78
46.54.11,9
-5,55
12. 1.42,63
+ 1
,81
46.44.57,3
—5,27
12. 1.42,63
+ 1
'79
46.44.57,3
—5,27
12. 1.42,63
+ 1
,76
46.44.57,3
-5,26
12.12. 4,76
-hl
,74
46.36.56,2
—4,95
12. 17.59,60
-M
>75
46. 3o. 53,0
-4,79
12.19.11,34
+ 1
,75
46 . I 9T3 I , I
—4,79
12.23.59,09
+ 1
,73
46.23.53,7
-4,63
12.54.23,06
-M
,53
46.40.49,0
— 3,12
i3. 5. 6,5o
+ 1
,5i
46.52.36,6
—2,71
Positions apparentes de la comète Gale (1894, b).
Temps moyen
Ascension
Distance
Dates
de
droite
Log. fact.
polaire
Log fact.
1S94.
Bordeaux
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe.
Mai 4 ■ • ■
h m s
8.51.45,7
Il m 9
8.28.18,00
+T,5oi
93. l3.3l ,6
-o,8i4
5 ...
8.43.50,9
8.38.35,62
-hT,475
89.29. 5,4
-0,796
7 ...
. 8.41.43,4
8.07.36,75
H-T,453
82.38.16,9
-0,748
12 . . .
. 9.33. 8,3
9.36.49,03
-T-i ,535
69.41. 4,2
—0,647
i3 ...
• 9- 2-27,9
9.43. l3,02
-4-7,488
67.47.55,9
—0,600
i4...
8.5i.4o,8
9.49.22,46
-i-T,456
66. 5.17,8
— o,568
21 . . .
. 8.45.54,6
0.25. 5,61
+7,455
57.26.16,4
—0,424
29...
. 8.18. 6,3 I
0.. 54. 18,87
-HI ,402
52.17.49,6
— 1,182
3i ...
9.46.10,0
I . 0. 28, 17
h7,62i
51.26. 4,4
—0,379
Juin 2 . . .
10.30.39,4
I. 6.23,89
4-7,686
5o.4i. 7,5
-0,472
8 ...
10. 9. 5,2
I .2 I .56,72
+7, 680
49- '• 8,9
— 0,4l2
12 . . .
ii.i3.33,5 I
I .3i .27,00
H-7,743
48.i3.58,8
-0,564
i3 ...
io.2o.3o,8
I .33.36, 19
-^7,708
48. 3.48,2
" 0,4.40
19 ...
9.41 .30,6
I .46.20,37
-h7,683
47.19. 3,1
- o,35i
20 . . .
9.42.21,8
I .48.23,50
-^7,687
47.13.21,9
— o,36o
21 . . .
10.15.54,0
[I .50.27,35
+ 1,724
47. 8. 0,7
— o,45i
22 . . .
9.28. 7,4
I .52.28,00
-i-7,675
47. 3. 6,2
- 0,321
23 ...
•• 10.59.29,1
1.54.28,77
-i-T,753
46.58.21 ,7
-0,569
25 . . .
10. 9.23,3
1.58. 19,18
-^7,726
46.5o.24,9
—0,455
26...
9.33.48,2
2 . 0. I I ,89
-^7,693
46.46.58,6
—0,354
28 ...
9.37. 6,3
(2. 4. o,5i
+7,702
46 . 4 ' . I 5 , 5
— o,38i
Juillet 3 ...
.. 9.45. 8,8
2. i3. 19,23
+7,723
46. 3 I .7,2
— o,43i
4...
io.2i.5i,5
2 . I 5 . I I , 66
+7,753
46.29.49,9
—0,027
5 ...
10. 6.25,7
2.17. 0,08
-h7,74i
46.28.42,5
—0,497
( <^27 )
Temps inovcii
Ascension
Dislance
Dales
de
droite
Logfact.
polaii'c
Log.fact.
1894.
Burdeaux.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe.
.Iulllet7 . . . .
h III s
1 1 . 53.53, 1
1
12
Il m s
.20.45,.'j2
+î'>759
46°.27'. l4',7
-0,719
27 .
9.55.29,9
10!
.55.49,64
^1,758
46.41. 38, 3
—0,585
3i .
i0.l3.22,6
i3
. 2.48,5o
-4-1,960
46.48.34,5
—0,637
PHOTOMÉTRIE. — Sur le degré d'incandescence des lampes. Note
de M. A. Crova.
« Cette détermination peut être faite rigoureusement au moyen d'un
spectrophotomètre; pratiquement, on l'obtient avec une précision suffi-
sante par la méthode que j'ai proposée et qui a été recommandée par le
Congrès des Électriciens en 1889 (').
» On détermine l'intensité lumineuse par rapport à la carcel, en inter-
posant devant l'œil une cuve contenant le mélange de chlorure de nickel
et de perchlorure de fer, dans des proportions qui laissent passer une par-
tie des radiations comprises entre les longueurs d'onde G'iod, 534 avec un
maximum bien accusé à 082; une seconde détermination est faite en pla-
çant devant l'œil un verre rouge qui transmet les radiations comprises
entre l'extrémité rouge du spectre et le voisinage de la raieD; la première
détermination donne la valeur en carcels de la source étudiée; le rapport
de la première à la seconde donne le degré d'incandescence. J'ai mon-
tré (-) que, si l'on compare deux lumières de teintes différentes, les inten-
sités totales sont dans le môme rapport que les intensités mesurées dans
la région du spectre dont la longueur d'onde est 082; aussi est-il très
commode et très précis de faire les déterminations photométriques au
moyen de la cuve 582; en effet, les deux sources à comparer n'ont pas,
en général, les mêmes teintes et, la solution 582 les rendant identiques, la
détermination est plus précise; le champ d'un carcel à i" est trop intense
et l'interposition de la cuve l'affaiblit de manière à mettre très nettement
en relief les moindres différences des deux plages lumineuses de l'écran
photométrique ( ' ) .
(') Compte rendu des travaux du Congrès international des Électriciens en 1889,
p. 210; on y trouvera la composition de la solution 583.
(-) Comparaisons pholométriques des sources lumineuses de teintes différentes
{Comptes rendus, t.XGlII, p. Sia).
{') M. Pellin a construit, sur mes indications, une glissière s'adaptant à tous les
photomètres, au moyen de laquelle ces déterminations se font très commodément.
( 628 )
» L'emploi des lampes électriques et des becs intensifs se généralisant
de plus en plus, l'application de la méthode que j'ai proposée permet de
rechercher facilement les conditions de régime des lampes qui donnent le
rendement le plus avantageux.
» Quelques exemples montreront l'utilité de ces déterminations :
» Pour une lampe à arc, le degré d'incandescence a varié de i.5 à i ,7, le travail
électrique absorbé étant respectivement de iSog à 1660 watts.
» l^our une lampe à incandescence de seize bougies, ce degré a varié de i,o5 à
1 ,23, selon que la lampe était plus ou moins poussée.
» Pour une lampe Bourbouze à corbeille de platine, le degré d'incandescence, in-
férieur à l'unité pour de faibles débits, augmente avec la consommation de gaz et
d'air comprimé, et atteint, pour un régime suffisant, le degré d'incandescence = i
qui est celui de la carcel.
)) L'étude du bec Auer conduit à des résultats intéressants:
» La puissance photométrique, le degré d'incandescence et la consommation en
gaz de l'éclairage du bec Auer que j'ai étudié m'ont conduit aux résultats suivants,
pris dans un iiomlire considérable de déterminations :
Intensités lumineuses /J.arccls_ ^2 5ra.cels^ 28 5carcels^ 35
Degrés d'incandescence i,3o i,4i 'j47
Consommation de gaz à l'heure gS'"' io5''' 102'''
Consommation par carcel 21'" 20'" 19'"
» On voit que la puissance photométrique augmente avec le degré
d'incandescence, ce qui est conforme aux principes de l'émission des ra-
diations par les corps incandescents.
» La consommation de gaz par heure augmentant, le degré d'incan-
descence, faible au début, augmente d'une manière continue, ainsi que la
jouissance photométrique, jusqu'à une certaine limite au delà de laquelle
une partie de plus en plus considérable de gaz brûle inutilement, sans
concourir à réchauffement du tissu de terres réfractaires qui constitue la
mèche de ce bec; il est donc avantageux de pousser le bec Auer jusqu'au
degré d'incandescence qu'il ne peut plus dépasser quelle que soit la con-
sommation du gaz de l'éclairage.
» Des études analogues peuvent être faites sur les divers systèmes de
becs intensifs, et donner des indications précises sur le meilleur régime à
leur donner.
» Il en est tout autrement pour le gaz de l'éclairage brûlant dans un
bec Bengel ordinaire :
» En effet, dans le bec Auer et les becs similaires, la quantité de ma-
( fi29 )
tière réfractaire contenue dans la lampe est constante, et le rendement
maximum correspond à la température la plus élevée qu'elle peut atteindre
dans un bec Bunsen. Dans le bec Bengel, au contraire, nne partie du gaz
est brûlée extérieurement et intérieurement à la niasse cylindrique de gaz
qui s'échappe par la couronne de trous, sans dépôt de carbone, avec pro-
duction d'une flamme bleuâtre, négligeable au point de vue photomélrique;
la haute température produite par cette combustion sans lumière utile
porte à l'incandescence les molécules de carbone dissociées des carbures
d'hydrogène contenues dans la masse de gaz comprise entre les deux sur-
faces de combustion, et qui sont la véritable source de lumière, comme le
montre l'étude photographique que j'ai faite (' ).
» La quantité de carbone incandescent qui émet la lumière est une frac-
lion du carbone total contenu dans le gaz en combustion, d'autant plus
petite que la flamme est plus basse; si celle-ci atteint des dimensions suf-
fisamment faibles, tout le gaz brûle bleu, sans produire de lumière utile.
» Le débit du bec augmentant, la quantité relative de carbone dissocié
augmente; le degré d'incandescence diminue légèrement, et le rendement
lumineux augmente rapidement jusqu'à un maximum qui correspond au
moment oîi la flamme devient fuligineuse.
» On obtient un résultat analogue avec l'étalon Carcel dont on fait varier
le débit en élevant plus ou moins la mèche.
M Avec un bec Bengel dont j'ai fait usage, j'ai obtenu les résultats sui-
vants ;
Consoaimation de gaz
Intensités — "^i^— ■ —
lumineuses. à l'heure. ■ par carcel.
carcel Ht lit
0,2 56 280
0,4 78 195
0,6 go l58
0,8 108 i35
1,0 120 120
1,2.. 1 3 1 rog
n Au delà de i3i litres à l'iieure, la llanime devient fuligineuse.
>> Il résulte des considérations précédentes :
» 1° Qu'en faisant croître, dans un même bec à hydrocarbures, la
(') Etude pholotriétrique de quelques sources lumineuses {Comptes rendus,
l. LXVI, p. i343).
( 63o )
quantité de combustible brûlé par heure, le rendement lumineux aug-
mente, mais le degré d'incandescence diminue légèrement, jusqu'à un
rendement maximum qu'on ne doit pas dépasser;
» 1° Que, pour les lampes dans lesquelles la substance réfractaire
portée à l'incandescence a une valeur fixe et indépendante de la consom-
mation du combustible, le maximum de rendement correspond à la quan-
tité minima de combustible que l'on doit brûler pour obtenir le degré
d'incandescence maximum, »
RAPPORTS.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Stieltjes,
intitulé « Recherches sur les fractions continues ».
(Commissaires : MM. Hermite, Jordan, Darboux, Picard, Appell;
Poincaré, rapporteur.)
« On sait quels services les fractions continues arithmétiques ont ren-
dus dans les recherches sur les nombres, et depuis longtemps il était
permis d'espérer que les propriétés des fractions continues algébriques
pourraient utilement s'appliquer dans la théorie de la représentation des
fonctions.
» Cependant ce champ de recherches est resté jusqu'ici presque inex-
ploré; sans doute si le sujet tentait les géomètres par son importance, il
les rebutait par sa difficulté. Nos regrettés confrères, Laguerre et Halphen,
n'ont abordé que des cas particuliers et dans cette étude ils ont rencontré
des obstacles dont ils n'ont triomphé qu'en faisant appel à toutes les res-
sources d'une habileté consommée.
» Le Mémoire de M. Stieltjes nous apporte, dans un cas fort étendu, la
solution de toutes les questions relatives à la convergence de ces expres-
sions analytiques.
» Les fractions continues considérées par le savant professeur de Tou-
louse sont telles que les quotients incomplets sont alternativement de la
forme
les a, étant réels et positifs.
» Le résultat final, si caché qu'il soit, peut s'énoncer de la manière la
plus simple.
( 63, )
)) Si la série Sa„ converge, la fraction est oscillante; les réduites de
rang pair tendent vers une limite déterminée; il en est de même de celles
de rang impair, mais ces deux limites ne sont pas les mêmes.
» liCS numérateurs et les dénominateurs des réduites de rang pair ou
impair ont respectivement pour limites quatre fonctions parfaitement dé-
terminées, holomorphes dans tout le plan, qui sont de genre zéro et dont
tous les zéros sont réels et négatifs.
» La limite des réduites de rang pair (de môme que celle des réduites
de rang impair) est une fonction méromorphe dans tout le plan, décompo-
sable en une série de fractions simples.
» Si, au contraire, la série ia„ diverge, la fraction continue est conver-
gente et la limite est une fonction F(,r) qui présente comme coupure la
partie négative de l'axe des quantités réelles et qui est holomorphe dans
tout le reste du plan. Cette coupure est, en général, naturelle, mais elle
peut être artificielle.
» Cette fonction F(a;) peut être représentée par une intégrale définie
qui, dans certains cas, se réduit à une série de fractions simples.
» Les fonctions étudiées par M. Stieltjes sont ainsi susceptibles de divers
modes de représentation, tant par des fractions continues de différentes
formes que pur des séries de puissances croissantes ou décroissantes, par
des séries de fractions simples, ou par des intégrales définies.
» L'auteur indique le moyen de passer d'un de ces développements à un
autre et d'étudier les conditions de leur convergence.
» Celte intégrale définie peut recevoir une interprétation très simple.
La partie réelle et la partie imaginaire de F(a;) peuvent être regardées
comme les composantes de l'attraction dues à des masses positives distri-
buées d'une certaine façon le long d'une droite. L'attraction est supposée
s'exercer en raison inverse de la ilislance. En général, ces masses forment
une ligne attirante continue, mais elles sont isolées dans les cas particu-
liers où l'intégrale se réduit à une série de fractions simples.
i> Le problème qui consiste à trouver la distribution de ces masses quand
on connaît le développement de F(z-) suivant les puissances décroissantes
de z a été longuement traité par M. Stieltjes qui lui a donné le nom de
problème des moments.
» Il ne comporte qu'une solution si la traction continue est conver-
gente (pourvu que l'on suppose toutes les masses positives; il n'en serait
plus de même si l'on ne les assujettissait pas à cette condition); il en admet
une infinité si cette fraction est oscillante.
( 632 )
» I,e développement de F(s), suivant les puissances décroissantes de z,
est souvent divei'gent ; il n'a plus alors qu'une valeur formelle et ne peut
représenter la fonction qu'asymptotiquement. Le premier exemple de ce
fait est la célèbre série de Stirling qui donne une expression approchée du
produit des n premiers nombres quand n est très grand; et depuis on s'est
retrouvé plusieurs fois en face des mêmes circonstances dans l'étude de la
Mécanique céleste, et c'est pour cette raison que les séries qui représen-
tent les coordonnées des astres sont divergentes et peuvent néanmoins être
employées par les astronomes.
» Mais les fractions continues correspondantes peuvent être conver-
gentes, et c'est ce que M. Stieltjes montre pour plusieurs exemples, entre
autres, pour la série de Stirling et pour une série tout à fait semblable à
celles de la Mécanique céleste. C'est là un fait important dont l'Astronomie
pourra sans doute profiter.
» Si j'ajoute qu'il y a une remarquable analogie entre ces fonctions et
quelques-unes de celles que l'on rencontre en Physique mathématique, on
verra que la découverte de M. Stieltjes nous donne l'espoir de conquêtes
nouvelles dans le domaine des Mathématiques appliquées.
» L'Analyse pure, en tout cas, en bénéficie largement dès aujourd'hui,
non seulement par les conclusions que je viens de résumer, mais par di-
vers théorèmes que l'auteur démontre chemin faisant et qui se rapportent
à la théorie générale des fonctions et à celle des ensembles.
» Le travail de M. Stieltjes est donc un des plus remarquables Mémoires
d'Analyse qui aient été écrits dans ces dernières années; il s'ajoute à
beaucoup d'autres qui ont placé leur auteur à un rang éminent dans la
Science de notre époque. La plus grande clarté et l'élégance de la forme
analytique qu'on remarque dans le Mémoire dont nous venons de rendre
compte se joignent au talent de l'invention dans toutes les recherches qui
ont pour objet d'importantes et difficiles questions, comme la variation de
la densité à l'intérieur de la Terre, les séries semi-convergentes, la théorie
des polynômes de Legendre, de la fonction r, etc. La Commission a l'hon-
neur de proposer à l'Académie d'accorder à M. Stieltjes le plus haut témoi-
gnage de son approbation en ordonnant l'insertion de son Mémoire « Sur
» les fractions continues » dans le Recueil des Sai'ants étrangers, et elle
émet le vœu qu'un prix puisse lui être accordé sur la fondation Lecomte. »
Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées.
( 633 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Is. Jacq adresse une Note relative aux collisions en mer.
(Renvoi à la Section de Navigation.)
M. E. FouRNiER adresse une Note relative à la direction des ballons.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
CORRESPOIVDAÎVCE.
M. le Ministre de la Guerre invite l'Académie à lui désigner deux de
ses Membres pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'Ecole
Polytechnique pendant l'année scolaire 1 894-1 8c)T.
M. A. DE L APPARENT prie l'Académie de vouloir bien le comprendre
parmi les candidats à la place laissée vacante, dans la Section de Minéra-
logie, par le décès de M. Maltard.
(Renvoi à la Section de Minéralogie.)
ASTRONOMIE. — Disparition de la tache polaire australe de Mars.
Note de M. G. Bigolrda.v, communiquée par M. Tisserand.
« La tache polaire australe de Mars, facilement visible jusqu'à ces der-
niers jours, vient de disparaître, car le i3 octobre 1894, par de très belles
images, on en soupçonnait à peine les dernières traces, avec l'équatorial
de la tour de l'ouest de l'Observatoire de Paris.
» Mesurée le 4 octobre, cette tache avait encore i", 2 de diamètre, ce
qui, sur la surface de Mars, répondait alors à 3oo'''", et le 10 octobre il a
été possible de mesurer sans peine son angle de position.
» Voici d'ailleurs les valeurs individuelles obtenues pour cet angle de
position/», mises en parallèle avec la longitude aréograpliique w du centre
de la'planète au moment de chaque observation, et de l'angle de position P
G. R., 1894, 2' Semestre. (T. CXIX, M" 16.) 83
( 634 )
de l'axe de rotation; ces deux derniers éléments sont tirés des éphémé-
rides de M. Marth.
Temps moy.
Paris. /). P. M. Remarques.
h m o o o
1894-. Octobre, g 10.87 i39,4 i43,7 298,0 Im. médiocres.
» 9 10.88 iSji? 143,7 298,3 Id.
» 9 10.45 i38,9 i43,7 293,4 Id.
» 9 10.47 i38,2 143,7 298,4 Id.
» 9 10.49 '39,6 143,7 298,4 Id.
» 9 10.56 189,3 143,7 293,5 Id.
1 Im. médiocres;
» 10 10.10 188,4 '48,7 204,2 ) ,
o /o or a i o'^s- coupées
» 10 10.17 '37,7 148,7 284,8 / ,
^ "' ' ', par les nuages.
» La position de l'axe de rotation de la planète est assez bien connue
pour que l'erreur de P soit très faible; la tache n'était donc pas exacte-
ment centrée sur l'axe de rotation de la planète, fait qui a été assez sou-
vent observé. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Prcinières observations pendulaires dans les Alpes
du Dauphiné. Note de IM. J. Collet, présentée par M. Tisserand.
« Les travaux du commandant Defforgessur les anomalies que présente
la pesanteur à la surface de la Terre ont définitivement établi que, sur les
continents, il se manifeste un défaut de gravité, croissant avec l'altitude
moyenne et avec la distance à la mer. Dès lors, un grand massif monta-
gneux étant donné, on peut se proposer de rechercher comment le déficit
delà pesanteur s'y distribue, quelles relations il présente avec les acci-
dents locaux topographiques ou géologiques, et quel est le périmètre de
la région où il se manifeste,
» C'est le problème dont, depuis plusieurs années, je me suis proposé
d'aborder la résolution en ce qui concerne les Alpes, ou mieux, l'ensemble
des massifs montagneux du sud-est de la France.
1) Grâce au concours obligeant que j'ai trouvé auprès de l'administra-
tion de la Guerre, un pendule réversible inversable (Huetz, n" 3), tous ses
accessoires et les appareils de coïncidence ont pu être construits, sous
la surveillance immédiate du commandant Defforges qui a créé ces appa-
reils, dans les ateliers mêmes du Service géographique de l'armée. Aussi,
à l'aide d'un crédit qui m'a été ouvert au Ministère de l'Instruction pu-
( 635 )
blique, ai-je pu commencer, dès les vacances de 1893, mes expériences
que j'ai continuées depuis en y consacrant successivement tous les loisirs
dont j'ai pu disposer.
» J'ai scrupuleusement suivi, dans ses moindres détails, la méthode
du commandant Defforges (') ^onr \c?, détermi nations relatives àe la pe-
santeur, en prenant pour point de départ l'Observatoire de Paris, où
l'on a
g = 9,81000.
» Quant au plan de mes recherches, je me suis d'abord proposé d'étu-
dier la pesanteur à travers les Alpes et le Plateau Central, en suivant le
parallèle moyen de 45° qui traverse le massif du Pelvoux. Comme premier
jalon, le long de ce parallèle, j'ai choisi Bordeaux, Aurillac, Valence,
Grenoble, La Bérarde, cette dernière station étant située à 1738'" d'alti-
tude, au centre même du massif du Pelvoux,
» En 1898, j'ai fait les stations de Valence et de La Bérarde; à Pâques 1894, celle
de Grenoble, et, l'an dernier, celles d'Aurillac et de Bordeaux.
» D'autre part, pour relier mes observations à celles du Service géographique, une
opération de départ a été faite à l'Observatoire de Paris. Enfin, au mois de janvier
dernier, j'ai fait une semblable opération à l'observatoire de Marseille, pour obtenir
une vérification de mes mesures. Au même lieu, en efifet, une détermination delà gra-
vité avait antérieurement été faite par le commandant DeQbrges, et la difi'érence des
valeurs obtenues a été inférieure à 0,0001. Cette concûrdance très satisfaisante est
une preuve de la sûreté de la méthode.
(') Cette méthode présente un précieux critérium.
Si l'on appelle T la moyenne des quatre durées d'oscillations, le poids lourd en bas,
T' la moyenne analogue quand le poids lourd est en haut, toutes ces durées étant
d'abord réduites au vide, aux amplitudes infiniment petites et à une même tempéra-
ture 6, et corrigées encore de l'oscillation du support, le commandant Deflbrges a dé-
montré que pour un même pendule, en tous lieux, la différence T — T' ne dépend
que de la température, et satisfait à l'équation T — T'=r A -t-B6, A et B étant des
constantes à déterminer pour chaque pendule.
Non seulement cette formule fournit, dans chaque station, un critérium de la
bonté des opérations; mais elle peut encore suppléer aune détermination douteuse de
T ou de T'.
La durée théorique ■: de l'oscillation infiniment petite, dans le vide, du pendule
simple dont la longueur serait la distance de deux couteaux à la température 6 est
h'
alors donnée par t r-= T H- -7 (T — T'). où li et /(' sont les distances des arêtes des
h — Il
couteaux au centre de gravité du pendule.
( 636 )
» Le Tablenu suivant donne les résullats de mes opéralions dans les cinq stations
pour lesquelles les réductions sont actuellement terminées.
-T'.
T à
Paris
0,71
121 12
I032
Valence
3762
IOI9
Grenoble. . .
3525
1041
La Hérarde .
5o64
io3o
Marseille. . .
3497
io49
0,71
3647
17,28
o,7[i3499
9,81000
5267
20,59
49o3
9,8o6i3
5073
i4,64
SogS
9,8o56i
6.596
•7.59
6428
9,80193
5o57
12,62
5212
9,8o527
» Pour la réduction au niveau de la mer, j'ai employé les densités
moyennes des couches sous-jacentes, telles qu'elles résulteiit des travaux
les plus récents sur la constitution géologique des Alpes.
Mege
BrjAfi çon
OUEST
Plateau C«niral
Chaberton
LaBeraJwle ■
MÎAtber^ai»
£a Chapelle
***■*"** Col du/4^CcnèvTv
Coupe théorique des Alpes, suivant le parallèle du Polvoux, d'après MM. Kilian el Termier.
» Dans le Tableau qui suit, en regard des valeurs obtenues pour la gra-
vité ^0 au niveau de la mer, j'ai placé les valeurs théoriques correspon-
dantes o-,, calculées à l'aide de la formule
g^ — 9,-^8124(1 + o, 005243 sin-(p).
Altitude. Latitude -.5. Densité.
^0--
Paris. ....
60
125
48.. 5o'
44.56
2
1.9
9,8ioi3
9,8o64o
9,8io3o
9,80682
— 0,00017
Valence
— 0,00042
Grenoble. . . .
210
45.11
2,6
9,8o6o3
9,80705
— 0,00 102
La Bérarde . .
1738
44.56
2.7
9,8o53o
9,80682
— 0,OOl52
Marseille ....
61
43.18
2,6
9,80539
9,8o536
+ o,oooo3
» L'examen de ce Tableau montre combien est sensible, le long du pa-
rallèle moyen, le déficit de la pesanteur en allant, suivant des altitudes
croissantes, de Valence à La Bérarde. A la vérité, dans cette dernière sta-
tion, il y a lieu de tenir compte de l'attraction topographique qui tend à
diminuer la pesanteur apparente. La Bérarde est, en effet, au centre d'un
cirque de montagnes d'une masse considérable, s'élevant jusqu'à 4 loo",
et ne s'abaissant nulle part, dans les lignes de crêtes, au-dessous de Sooo".
( <^>37 )
Des calculs Ires laborieux, qui n'ont pu être conduits à bonne fin que
grâce à une connaissance complète de tout le massif, m'ont fourni, pour
la correction considérée, le nombre o,ooo25, ce qui donne réellement à
La Bérarde, pour la pesanteur réduite au niveau de la mer, ^0^9,80575.
Le déficit de la pesanteur en ce point est donc réduit à 0,001 27, ce qui est
encore considérable.
» Tels sont les premiers résultats de mes expériences. Ceux qui se rap-
portent aux stations de Bordeaux et d'Aurillac pourront être donnés pro-
chainement, et l'ensemble fournira déjà une vue générale assez complète
des variations de la pesanteur, le long du parallèle moyen, de l'Océan au
centre des Alpes. »
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur les transformations infinitésimales des
trajectoires des systèmes. Note de M. Paul Painlevè, présentée par
M. Picard.
« Dans une Communication faite en mai 189') à la Société des Sciences
de Leipzig et dans une Note récente (^Comptes rendus, 1 7 septembre i8g4),
M. P. Slœckel a indiqué (juelques propositions intéressantes concernant
les transformations infinitésimales des mouvements d'un système. Je vou-
drais rappeler ici les résultats que j'ai publiés antérieurement (^Comptes
rendus, 3 janvier 1893) et qui comprennent ceux de M. Stœckel comme
cas très particuliers.
» Soit (A) un système d'équations de Lagrange
où
T=2^'v(7 ^«)7/?y-
» Comme conséquences de travaux antérieurs sur les systèmes (A)
correspondants, j'ai indiqué, dans la Note en question, une classification des
transformations qi=i Première série. — Nous prenons de l'acide sulfurique chimiquement pur et mo-
nohydraté SO'H'^. Nous le congelons. Lorsque la moitié du liquide est solidifiée, nous
décantons par le moyen du vide et d'appareils de verre très propres et secs, et nous
titrons successivement la teneur en eau des cristaux dégelés et de la partie restée liquide.
» Nous prenons ensuite une seconde quantité d'acide sulfurique monohydraté,
nous y ajoutons i molécule d'eau H^O et nous répétons l'opération comme précédem-
ment.
» Nous refaisons l'expérience en conservant la même disposition, jusqu'à ce que
nous ayons ajouté 70 molécules d'eau; à partir de ce nombre, nous ajoutons chaque
fois une plus grajade somme d'eau, jusqu'à l'eau pure.
» Nous opérons sur i'",5 environ chaque fois.
)) Nous prenons de l'acide sulfurique neuf chaque fois, pour éviter les erreurs dues
au transvasage, à l'humidité de l'air, etc., qui pourraient altérer la proportion initiale.
Hz5 +
ï>
«
ts
•2 -2
« ?
~ ta
ç5,-e
t.
-a
o
HjSO».6HjO
■:ï :5
HjSOi.eHjO
H^Oi..lOOOM>P|-
( 644 )
» Deuxième série. — Nous opérons exaclemenl comme précédenimenl; seulement
nous commençons par l'eau pure el noui y introduisons i, puis 2, puis n molécules
de S0*H2 successiveraenl; celte courbe est la vérification de la première.
» Troisième série. — Nous prenons de l'acide sulfurique pur SO'H' et nous faisons
cent mélanges successifs, allant de i jusqu'à 100 centièmes d'eau en poids.
» Quatrième série. — Cette quatrième série est identique à la troisième, avec celte
diiiérence que nous débutons par l'eau pure.
» Ces quatre séries sont reproduites sur une même courbe; nous avons
pu croire d'abord à de grandes erreurs d'expérimentation, trouvant souvent
jusqu'à 8" et 10" cF écart s pour des titrages d'acide sulfurique identiques.
» Les anomalies apparentes dans la cristallisation du chloroforme et
l'étude plus approfondie des lois de cristallisation ( ' ) à basses températures
nous ont appris qu'il faut opérer la congélation d'une façon lente et en
maintenant l'enceinte froide à la température la plus élevée, compatible
avec la congélation des liqueurs traitées. Une fois cette méthode suivie, et
les expériences organisées d'après ce principe, toutes les anomalies ont
disparu et les quatre séries ont parfaitement concordé entre elles.
» Discussion de la courbe. — Comme on le voit sur la figure, la courbe des
températures de cristallisation des mélanges coupe cinq fois la ligne du zéro.
» Nous avons fait, dans le voisinage des sommets de la courbe, de très
nombreuses expériences, en serrant de très près le titrage des mélanges.
«Nous avons ainsi trouvé une vérification chimique de cette courbe.
Toutes les fois que nous analysions la partie congelée, en la comparant à
la partie liquide, nous trouvions que le liquide contenait plus d'acide sul-
furique, lorsque le titrage du mélange tombait sur les portions descen-
dantes de la courbe; sur les parties montantes de la courbe, c'est l'inverse,
le cristal est plus riche en acide que le liquide. Aux sommets, nous avons
toujours trouvé l'égalité, que les sommets soient au-dessous ou au-dessus
de zéro.
» La brusquerie avec laquelle la courbe monte et descend à certaines
places nous a conduit à rechercher s'il existe une relation entre les for-
mules chimiques et ces maxima; nous n'avons rien trouvé. Ainsi, par
exemple, l'acide à 88,88 pour 100, ayant une densité de i,8i3, se congèle
à — 55°; l'acide à 84,48, ayant 2 molécules d'eau et une densité de 1,777
cristallise à -1-3°, 5; ajoutons encore un peu d'eau, la densité devient
1,771 et le point de congélation s'élève à + 5°. Le minimum trouvé pour
(') Voir les Comptes rendus des séances du 3o mai 1892 et du i"'' octobre 1894.
( 645 )
la cristallisation de l'acide sulfiirique — 88° correspond bien cependant à
un hydrate défini SO'II-+ loH-O.
» Comme complément à Ir courbe, nous donnons ci-dessous un Tableau
numérique, contenant la désignation des hydrates, le pour cent d'acide sul-
furique, la densité du liquide et la température de congélation ( ' ).
Entre deu\, une chute de tempéra-
ture à —55" jiour l'acide à 88,88
pour 100.
Cette partie de la courbe a été
étudiée de dixième en dixième
de molécule d'eau.
Point
Pour 100
de
Form
lule.
SO'U".
Densité.
congélation.
SO*H>ur
lOO
1,842
+ 10,5
SO'H^H-
H^O..
84,48
'.777
+ 3,5
S0412+-
aH^O..
73,08
1 ,65o
-70
SO'H''+
4H^0..
57,65
1,476
-40 .
S0*H2+
6H^0..
47>57
1,376
— 5o
SO'-H^H-
8H'-0..
4o,5o
1 ,3i I
—65
SO'H= +
loH^O..
35 , 25
1,268
-88
S0'H2+
iiH^O..
33, 11
1,249
-75
SO'H'4-
laH^O..
3l,2I
1 ,233
-55
S0*H^-4-
iSH^O..
29,52
1.219
-45
SO*H^+
i4H^0..
28,00
1,207
-40
SO'H^+
i5H^O..
26,63
1,196
-34
S0*H2+
i6H=0..
25,39
1,187
—26,5
SO^H^H-
iBH^O..
23,22
1,170
— 19
SO^H^+
2oH20..
21 ,4o
1,157
-17
SO*tP+
aSH^O..
17,88
1,129
- 8,5
SO'H^+
SoH^O..
9,82
1,067
- 3,5
S0^H2+
75H20..
6,77
1 ,045
0,00
SO*H^+
lOoH^O..
5,16
I,032
+ 2,5
SO-II^-i-
SooIPO..
1,78
1,007
+ 4,5
SO'H-+ioooH20..
0,54
1 ,001
+ 0,5
CHIMIE ORGANIQUE. — Application de la loi de Trouton aux alcools saturés
de la série grasse. Note de M. W. Louguinine.
« Il était intéressant de vérifier si la loi empirique donnée par Trouton
(P/u7. Mag., 1884) est applicable aux alcools dont, dans ma Note précé-
dente, j'ai donné les chaleurs latentes de vaporisation. D'après Trouton,
le produit des poids moléculaires des substances, par leur chaleur latente
(') Ce travail a duré plus de cinq mois; il a été fait, pour la plus grande partie,
par mon assistant M. le D"' Thilo, et a coûté plus de 85oof'' de dépenses directes, tant
en acide sulfurique qu'en charbon et en main-d'œuvre.
( 646 )
de vaporisation, divisé par leur température d'ébullition. prise à partir
du zéro absolu, devait avoir une valeur constante, ^^r— -j = const. J ai
établi, pour les substances dont j'avais déterminé les chaleurs latentes
de vaporisation, la Table suivante :
M. l. r. T-hi'
1. OH^O 46 78^3 201,42 26,37
2. CH'-CtP-CH^-OH... 60 96,96 164,07 26,61
3. (CH^)— CH-OH 60 82,19 159,72 -26,98
I ( 74 116,48 i38,i8 26,20
CH=-OH \
5. (C3H")-CH"-0H 74 107,67 i36,i6 26,47
6. Aie. amyl. de fermentation. . . 88 i3o,o6 118, i5 25,79
7. (CH')=
cn\^ \
-COH 88 102,08 110,3- 20,90
» Les températures d'ébullition données dans cette Table, pour les
alcools étudiés, sont un peu inférieures à celles qui sont généralement indi-
quées, ce qui doit provenir de ce qu'elles ont été déterminées à des pressions
barométriques assez basses, vers 750™™ pour quelques-uns. Comme on le
voit, pour les alcools sur lesquels j'ai opéré, la constante est à peu près
égale à 26,34 (moyenne des nombres obtenus). Trouton a trouvé, pour
deux des alcools étudiés par moi, des nombres fort voisins de ceux qui
sont indiqués dans la Table précédente (26,80 pour l'alcool étbylique et
26, 20 pour l'alcool amylique).
» Les expériences que j'ai faites confirment, par conséquent, la loi empi-
rique de Trouton. Il est remarquable que, pour l'eau, celte loi donne un
nombre très voisin de celui qui a été obtenu pour les alcools gras saturés
(25,86). D'un autre côté, les expériences faites par Robert Schiff, sur de
nombreux éthers des divers acides gras, donnent pour „ _^' une valeur
très différente, voisine de 21. Pour les hydrocarbures de la série aroma-
tique, dont ce savant a également déterminé les chaleurs latentes de vapo-
risation, fp correspond à un nombre qui est à peu près le même pour
toute la série et est un peu inférieur à celui qui a été donné pour les éthers
(à peu près 20). MM. Berthelot et Ogier ont trouvé pour la chaleur
latente de vaporisation de l'acide formique [Ann. de Ch. et de P/iys.,
5" série, t. XXIII] le nombre 108,7 ^t M. Ogier pour celle de l'acide acé-
tique 84,9 (Ann. de Ch. et de Phys., 5^ série, t. XXX, p. 4o6). En introdui-
sant ces nombres dans la formule de Trouton, on trouve que la constante
( (547 )
pour l'acide formique est égale à 12,82, et pour l'acide acétique à i3,o3.
» Mais ces nombres se rapportent à la formation d'une vapeur qui se
trouve en majeure partie à l'état de gaz bicondensés, tels que (C*H*0-j-.
En y ajoutant les nombres trouvés par ces auteurs pour la transfor-
mation de l'acide acétique en gaz normal, soit + 80,2, on aurait pour
l'acide acétique 23,9, c'est-à-dire la même valeur que pour l'alcool, et
l'acide formique doit subir une correction analogue.
» La conclusion que je crois pouvoir tirer de ces données serait que la
valeur de ,p — - varie d'un groupe de substances organiques à un autre, tout
en restant à peu près constante pour les membres d'une même série. Si de
nouvelles expériences confirmaient cette opinion, la loi empirique de
Trouton acquerrait une grande importance d'application; il suffirait, pour
connaître les chaleurs latentes de vaporisation de toutes les substances
composant un groupe organique, de déterminer par l'expérience la chaleur
latente de vaporisation d'un seul membre de ce groupe, d'en déduire la
valeur de la constante, fournie par l'expression = — -> valeur qui serait la
même pour tout le groupe.
» Nous aurions ainsi un moyen simple et commode de connaître les
chaleurs latentes de vaporisation des nombreuses substances organiques
dont les chaleurs de combustion ont été déterminées, le but du travail
actuellement entrepris par moi étant de pouvoir les ramener à un même
état physique qui les rende comparables entre elles.
)) Je compte continuer ce travail et déterminer la valeur de la constante
=; — - pour divers groupes de la Chimie organique, en commençant par les
acétones. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlorure de soufre sur les dérives cupriques
de r acèlylacéione et de la benzoylacétone. Note de M. VicroR Vaillant,
présentée par M. Troost ( ' ).
« On sait que Buchka (*) a obtenu l'éther thioacétylacétique
CH'.CO.CH.CO'C-H^
>S
CH'.CO CH.CO=.C=H^
(') Travail fail au laboratoire de Cliimie de la Sorboniie.
(-)/>. ch. G., t. XVIII, p. 2090.
( 648 )
en faisant agir le protochlorure de soufre S-CP sur l'éther sodacéto-
acétiqueCH\CO.CHNa.CO=C=H=. Schonbrodt ( ') l'a également préparé
par le dérivé cuprique. J'ai essayé d'obtenir les composés correspondants
relatifs à l'acélylacétone et à la benzoylacétone.
» Je suis parti de l'acétylacétonate de cuivre, qu'il est facile d'obtenir
très pur par la méthode de Claisen (").
>. On dissout ce composé dans le chloroforme jusqu'à saturation et Ton fait tomber
goutte à goutte du protochlorure de soufre également dissous dans le_chloroforme
jusqu'à ce que la teinte primitive bleu saphir de la solution ait complètement disparu.
Il se fait un précipité abondant de chlorure cuivreux avec dépôt de soufie.
» La solution filtrée est jaune clair; elle contient un corps qu'on sépare par évapo-
ration du dissolvant, et qui, purifié par cristallisations successives, se présente en très
beaux cristaux. Le rendement peut s'élever jusqu'à 55 pour loo.
» Les eaux-mères contiennent une huile d'un rouge brun, à odeur très piquante,
rappelant celle de l'acét^'lacétone chlorée.
» Le dérivé cristallisé a donné à l'analyse :
Poids de la matière i ,070
Poids du sulfate de bar3'te 1 ,901
d'où
S =: 24,40 pour 100.
» Le dosage du carbone et de l'oxygène a fourni :
Poids de la matière o,3oo
Poids de l'eau o, i4i
Poids de l'acide carbonique o,5oi5
d'où
H z= 5,22 pour 100,
C:=45,59pour 100.
» On a donc pour la composition centésimale du corps :
Calculé
G.
H.
S.
O.
pour
Trouvé.
C"H"S"0'.
45,59
45,77
5,22
5,34
24,40
24,42
24,79
24,42
» Ces nombres correspondent à la formule C'H'^S^O*.
» On voit donc que la réaction n'est point parallèle à celle du chlorure
(') Ann. Cliim. Pharm., t. CCLIII, p. 197.
(') Bull. Soc. chim., t. I, p. 496.
( 649 )
de soufre sur l'éther acétylacétique ; l'atome de cuivre de la molécule est
ici remjîlacé par 2 atomes de soufre.
» L'existence de ce composé avait été déjà signalée par MM. Ch. et
A. Combes ('), qui l'ont obtenu par l'action directe du chlorure de soufre
sur l'acétylacétone.
» Ce corps cristallise, dans le système orthorhombique, en beaux cris-
taux de couleur ambrée, très biréfringents et présentant généralement
les faces ^,, A,, m, e^. Il est complètement insoluble dans l'eau à froid;
l'eau bouillante en dissout des traces. Il est peu soluble dans l'alcool, mais
il se dissout bien dans l'éther, la benzine et surtout dans le chloroforme.
Sa température de fusion, déterminée après cristallisation, soit dans le
chloroforme, soit dans la benzine, est de 9o°-9i°. Le corps reste facilement
en surfusion. Chauffé fortement à l'air libre, il se décompose sans entrer
en ébuUition.
» L'acide azotique fumant l'attaque avec une grande énergie, la réac-
tion est presque explosive. Le permanganate de potasse, agissant sur le
composé en solution dans l'éther de pétrole donne un dérivé cristallisé
que je n'ai pu obtenir encore en quantité suffisante pour l'analyser.
» Dérivés métalliques. — • En dissolvant le composé précédent dans un grand
excès d'éther absolu, on observe d'abord un assez vif dégagement d'hydrogène, et il
se forme peu à peu un corps insoluble dans l'éther qui se présente sous l'aspect d'une
poudre amorphe.
)i Ce dérivé sodé a donné, à l'analyse :
Poids de la substance os'', 4 1 2
Poids du sulfate de sodium 06'", 186
d'où
Na^ 14,67 pour 100.
» Le nombre théorique, calculé d'après la formule C'"H'^ Na-S-0', est i5,o3
pour 100.
» Ce corps est très soluble dans l'eau, mais il se décompose facilement à la tempé-
rature de réljullilion. 11 cristallise, quoique avec peine, en petits groupements ma-
melonnés. Chauffé à l'air libre, il se décompose en donnant des produits d'une odeur
infecte.
» On peut obtenir le dérivé cuprique en traitant le dérivé sodé par une solution
saturée d'acétate de cuivre, mais on le prépare plus facilement en agitant ce dernier
sel avec une solution éthérée du dérivé sulfuré. Il se produit ainsi sous l'aspect d'une
(' ) Bulletin de la Société de Chimie, Procès-verbaux des séances, t. VII, p. 760.
0. R., 1894, 3- Semestre. (T. CXIX, N- 16.) ' 85
( 65o )
poudre amorphe d'un beau vert soluble dans le chloroforme et cristallisable, quoique
difficilement, en petits octaèdres d'un vert sombre.
» Ce dérivé cuprique semble renfermer un nombre variable de molécules d'eau de
cristallisation, car la coloration varie notablement quand la température s'élève. Une
analyse faite après dessiccation à 60" a conduit à la formule C'E^'CuS- 0*-t- 4H-0.
Ce corps se décompose comme le dérivé sodé à une température voisine de 100°, en
donnant des produits sur lesquels je me propose de revenir.
» Le dérivé sulfuré, en solution alcoolique ou éthérée, donne avec le perchlorure de
fer une coloration rouge sang, très intense.
)) On voit donc qu'un certain nombre de propriétés caractéristiques
signalées par M. A. Combes pour l'acétylacétone sont conservées dans la
dithioacétylacétone.
)) En faisant agir comme précédemment le chlorure de soufre S^Cl^ sur
le dérivé cuprique de la benzoylacétone, on obtient de même la dithioben-
zylacétone mélangée d'une huile brun acajou très visqueuse et dont la
séparation est difficile. Ce corps cristallise également dans le système
orthorhombique et les cristaux présentent les mêmes facettes que ceux de
la dithioacétylacétone. On obtient aussi un dérivé cuprique et une colora-
tion rouge avec le perchlorure de fer.
» Je me propose de continuer l'étude de ces composés sulfurés et de
leurs dérivés. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur les dosages de glucose par liqueurs
cupro-alcalines. Note de M. Fernand Gaud.
« Lorsque, dans une solution bouillante d'oxyde de cuivre alcalin, on
verse une solution de glucose, la réduction n'est pas immédiate. Nous
aA'ons établi, dans une précédente Note, qu'une partie du glucose est dé-
truite, dans sa molécule, par l'alcali en excès, et transformée en acides
lactique, oxyphénique, oxalique, et éthers lactiques isomères de l'acide
hydrocaféique. Ce travail secondaire soustrait ainsi une fraction du poids
du glucose employé à l'action oxydante de l'oxyde et, par suite, modifie la
valeur de la réduction opérée, jusqu'à occasionner une erreur très sen-
sible. Heureusement celle-ci est, sinon constante, du moins régulière-
ment variable avec la concentration des solutions glucosiques. La régula-
rité de cette action secondaire fournit plusieurs moyens d'assurer aux
dosages une exactitude suffisante dans la pratique.
» i" On peut d'abord, et c'est là la marche uniquement suivie, opérer
( 65i )
avec des liqueurs sucrées d'une dilution telle (o,5 à i pour loo) que l'er-
reur soit minimum, et dans des conditions de temps, température et vo-
limies aussi identiques que possible, à la fois pour l'établissement du titre
de la liqueur cuprique et pour les dosages effectués avec elle. De cette
manière, on conserve dans chaque cas à l'erreur une valeur constante et
l'on n'a pas à en tenir compte; mais on est toujours obligé de recourir à un
essai préliminaire, qui permette d'amener sûrement les solutions à un titre
compris entre o,5'et i pour loo.
» 2° Il serait facile de supprimer la difficulté, en établissant directement
la teneur en glucose des solutions non diluées, et corrigeant le titre expéri-
mental obtenu de l'erreur commise, calculée d'avance. Dans ce but, nous
avons effectué un grand nombre de dosages avec des solutions à titre par-
faitement connu, variant de o,i à lo pour loo. Ce sont là des concentra-
tions limites, d'où ne sort guère la pratique ordinaire des laboratoires. Les
erreurs commises ont pu être ainsi parfaitement établies, pour chaque di-
lution successive, et les moyennes de 4oo dosages ont permis d'établir la
formule très simple
y = — 0,00004801^ + o,o2876359:r'*,
exprimant l'erreur y en fonction du titre exact x. Pour les calculs d'ana-
lyse, il faut introduire le titre expérimental 6 et la formule devient
o,o2876ir- — i,oooo48oiir + 0 ;= o,
d'où il est facile de tirer x. Les titres pour 100, calculés à l'aide de cette
formule, concordent avec les titres exacts jusqu'au chiffre des centièmes,
ce qui assure une exactitude ^^^.
» 3° Une troisième solution s'impose : éliminer la cause d'erreur dans
l'expérience elle-même. La substitution, à la potasse ou la soude, de l'am-
moniaque, sans action sur le glucose à 100°, et tout aussi capable de main-
tenir le cuivre en dissolution, convient parfaitement : si, dans une pareille
liqueur, on verse du glucose, l'oxyde est réduit, mais l'oxydule formé se
trouve décoloré au moment où se termine la réduction. Il importe toute-
fois d'opérer dans un courant de gaz inerte, H ou Az, et à la température
de 80", afin de ne pas réoxyder le cuivre et ne pas trop appauvrir la solu-
tion en gaz ammoniac. Les avantages de ce mode d'opérer sont considé-
rables : très grande exactitude dans l'appréciation du moment de la déco-
loration, le liquide étant vu sous une épaisseur égale au diamètre du
ballon, et, en outre, suppression des filtrations répétées qui augmentent.
( 652 )
par les eaux des lavages consécutifs, la masse des liquides, au point de
modifier la marche de la réduction. De plus, il est possible, après chaque
dosage, de régénérer la liqueur en réoxydant l'oxydule par le passage,
durant un quart d'heure, d'un simple courant d'air. On travaille ainsi
toutes les fois dans des conditions absolument identiques, le poids de
cuivre demeurant invariable. Il faut toutefois ajouter au liquide quelques
centimètres cubes d'ammoniaque pour rendre au liquide sa richesse pri-
mitive.
y, Nous avons expérimenté cette méthode avec M. Allein, pharmacien-major de
première classe, en employant des solutions contenant 34^'', 65 de CuSO* dissous dans
une quantité suffisante d'eau et complétés à looo™ par de l'ammoniaque ordinaire.
L'erreur constatée est très faible, comparée à celle qu'entraîne la liqueur de Fehiing :
ainsi, avec des solutions à lo pour loo de glucose anhydre, elle est de o, i pour loo
au lieu de 2,7 pour 100 : elle est uniquement constituée par l'erreur de lecture des
volumes, erreur inévitable, prenant des valeurs relatives croissantes avec la concentra-
tion. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le goudron de pin. Note de M. Adolphe Re.vard,
présentée par M. Grimaux.
« A côté du térébenthène déjà décrit ('), on rencontre dans les pro-
duits de la distillation du goudron de pin un nouvel hydrocarbure bouil-
lant vers '25o°-i8o°. Pour le débarrasser des produits oxygénés qui l'ac-
compagnent, on le maintient pendant quelques heures en ébullition avec
un excès de sodium; il se colore fortement en brun, prend un aspect géla-
tineux; on le lave à l'eau bouillante et, pour achever sa purification, on le
rectifie une dernière fois sur du sodium, qui alors n'est plus sensiblement
attaqué.
» Il se présente sous la forme d'un liquide incolore, bouillant à 254°-
257°. Sa densité à 0° égale 0,9419. Il est sans action sur la lumière pola-
risée. Son indice de réfraction égale 1,507.
» Son analyse et sa densité de vapeur ont donné des nombres corres-
pondant à la formule C'^H-*.
» Exposé à l'air, il se colore assez rapidement en brun.
» L'acide chlorhydrique est sans action sur lui.
(') Comptes rendus, t. CXIX, p. i65.
( 653 )
» Le brome réagit avec violence et le transforme en une masse épaisse
brun rouge qui, dissoute dans le chloroforme, abandonne par êvaporation
du dissolvant des cristaux incolores d'un dérivé tétrabromé CH'^Br^
» En solution sulfocarbonique, on obtient unbibromure C'*H^-Br- très
instable. "
» Lorsqu'on fait passer sa vapeur dans un tube chauffé au rouge sombre,
il donne une petite quantité d'heptine.
» Traité par l'acide nitrique fumant en solution acétique, il se transforme
en un dérivé nitré C"'H-'(AzO-) que l'on débarrasse par un courantde
vapeur d'eau d'une petite quantité d'un hydrocarbure ayant résisté à l'ac-
tion de l'acide, dont la proportion ne dépasse pas 4 à 5 pour loo.
» Traité par deux fois son volume d'acide sulfurique ordinaire, ce car-
bure s'échauffe en se transformant en partie en un dérivé sulfoné. Par
addition d'eau, il se sépare une couche huileuse formée de polymères vis-
queux qui, soumise à la distillation dans un courant de vapeur d'eau, four-
nit une notable quantité d'un hydrocarbure volatil bouillant à 25o"-26o°
qui, traité par l'acide sulfurique fumant, se dissout en partie et laisse fina-
lement environ i5 à 20 pour 100 d'un hydrocarbure complètement inatta-
quable, bouillant à aSo"- 253" et répondant à la formule C'^ H-". L'acide
sulfurique fumant, l'acide nitrique fumant, le brome à froid sont sans action
sur lui; il présente tous les caractères d'un hydrocarbure saturé qui, en
raison de sa proportion, a dû prendre naissance par l'action de l'acide
sulfurique sur le carbure primitif C* H'-.
» Quant à l'acide sulfonique resté en solution dans la liqueur aqueuse,
on peut l'isoler en saturant le liquide par de l'ammoniaque et ajoutant du
sel marin; le sel ammoniacal se précipite sous forme d'une masse gom-
meuse très soluble dans l'eau avec fluorescence. Sa solution additionnée
d'acide chlorhydrique en excès abandonne l'acide sous forme d'un dépôt
gommeux, soluble dans l'eau, l'alcool, l'éther; les acides sulfurique,
chlorhydrique et le sel marin le précipitent de sa solution aqueuse. Son
sel de baryum est insoluble; séché à 100" il répond à la formule
(C'^H*'SO»)'Ba.
» Enfin, si, au lieu de faire réagir l'acide sulfurique seul sur le carbure
C'H^^, on emploie un mélange d'acide sulfurique et d'alcool, on voit se
produire, en chauffant légèrement, une coloration bleue très nette.
( 654 )
» Cette dernière réaction, comme l'a indiqué M. Maquenne ('), est ca-
ractéristique des hydrures aromatiques; il en est de même de l'action de
l'acide sulfurique seul qui, comme on l'a vu, transforme en partie cet hy-
drocarbure en carbure saturé, réaction comparable à la transformation de
l'heptine en hexahydrure de toluène sous la même influence ("). Enfin, à
ces deux réactions viennent encore s'ajouter l'altérabilité du carbure à
l'air, le peu de stabilité de son dérivé brome d'addition et sa transforma-
tion partielle en heptine sous l'influence de la chaleur.
» Ces faits établissent un rapprochement entre ce nouvel hydrocarbure
(^14 jjas g|- jgg hydrures aromatiques, et particulièrement l'heptine C'H'-,
ce qui permet de le considérer comme du biheptinyle C'H"-C'H" ou oc-
tohydrure de bitolyle ( H*-C'H') -(C^H'- H"). Cette formule, en outre,
rend bien compte de sa transformation en carbure saturé ou dodécahy-
druredebitolyle(H'=-C'H')-(C'H'-H'') par fixation de 4 atomes d'hy-
drogène ('). »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Action des sables et des eaux du Sahara sur les ciment s
et chaux hydrauliques. Note de M. Jules Perret.
« Au cours de travaux exécutés, en 1893, à la caserne des tirailleurs de
Tougourt, j'ai eu occasion de constater que des mortiers et bétons de
chaux hydrauliques, préparés en 1864 avec le sable et l'eau de Tougourt,
étaient délayés ou désagrégés. Ce résultat était particulièrement net pour
les mortiers et bétons en contact avec la nappe d'eau souterraine.
» Ces constatations m'ont amené à faire quelques recherches sur l'in-
fluence exercée par les sables et les eaux du Sahara sur les ciments et
mortiers hydrauliques.
» Influence des sables du Sahara. — Les sables du Sahara ont une composition
très variable; d'après des analyses faitej par Dubocq et le laboratoire de l'École des
Mines en 1892, leur teneur en silice varie de 3o à 60 pour loo et leur teneur en sul-
(') Annales de Chimie et de Physique, 6°, série, t. XXVIII.
(-) Loc. cit.
(■') Je me fais un devoir de signaler à l'Académie l'intelligent concours que m'a
prèle dans ce travail M. Olivier Potier, élève du laboratoire de l'École des Sciences
de Rouen.
( 655 )
fale de chaux de i à 5o pour loo. J'ai préparé, avec de l'eau distillée, des mortiers à
parties égales de portland et de sable, le n" 1 siliceux pur, les n°' 2, Z et k ayant la
provenance et la composition indiquées ci-dessous :
Sulfate
Eau. Silice. de cbaux. Argile. Carbonates. Chlorures.
N° 1 » » » » » »
N" 2. El Oued ... o,o8 o,6o o,io 0,20 0,01 0,02
N° 3. Tougourt ... 0,17 o,4o o,3o o, 10 » o,o3
N° 4. Kef el Amar ao""" sud
de Tougourt o, i.5 o,3o o,5o o,o3 0,02 »
» La durée du durcissement a augmenté du n° 1 au n" 4; au bout de quatre mois
d'immersion dans l'eau, j'ai obtenu les chiffres suivants pour la résistance à la com-
pression :
N° 1. N" 2. N- 3. . N° 4.
I.5o''6 7o''S ^O^S 2o''S
» D'autres échantillons, composés de i de portland et 2 de sable à 3o pour 100 de
gypse, étaient complètement altérés au bout de trois mois d'immersion et se désagré-
geaient à la main; l'inléiieur était pâteux.
» Ces essais paraissent mettre nettement en évidence le rôle joué par le
sulfate de chaux dans la désagrégation des ciments, par suite de la formation
du sulfo-aluminate de chaux de M. Caudlat. Au cours de mes essais, j'ai
également remarqué que le sulfate de chaux réagissait sur le silicate triba-
sique de chaux. Le résultat de cette réaction doit être un sulfo-silicate de
chaux, jouant le même rôle que le sulfo-aluminate.
« Injluence des eaux du Sahara. — Mes essais sur l'influence des eaux du Sahara
m'ont montré que ces eaux étaient particulièrement nuisibles, tant pour la préparation
que pour la conservation des ciments.
» J'ai préparé des mortiers avec différents ciments et de l'eau distillée, de l'eau de
mer et de l'eau de Tougourt. Les temps de prise ont été les suivants :
Isère
Eau\. Portland. Vassy. prompt, demi-prompt.
h ni m m m
Distillée i.i5 10 5 10 '
De la Méditerranée 2.3o 20 20 20
De Tougourt i.!\o 25 2.5 20
» Ce Tableau montre que c'est l'eau du Sahara qui a donné les prises
les plus lentes; de plus, en conservant ces mortiers pendant six mois dans
l'eau identique à celle qui a^ait servi à leur préparation, j'ai constaté que
l'eau du Sahara produisait une décomposition plus rapide que l'eau de
Vitrâtes.
Sulfates.
Chlorates.
»
Ss', 3o
05'', 10
0SS06
3s>-,45
_ OS^, 08
( 656 )
mer : les échantillons conservés dans cette eau étaient recouverts d'une
couche épaisse de produits des décompositions; dans l'intérieur, on
trouvait des parties non adhérentes.
» Le Tableau ci-dessous donne la composition des sels contenus dans i^s d'eau de
la Méditerranée et d'eau deTougourt :
Chlorures.
Eau de la Méditerranée aôs', 70
Eau du Saiiara as^'j/jo
)) Les sulfates contenus dans l'eau de mer sont principalement des sul-
fates de soude et de magnésie qui, le premier surtout, sont peu actifs sur
les ciments, alors que l'eau du Sahara contient surtout du sulfate de chaux ;
c'est à celui-ci que l'on doit attribuer l'influence néfaste de ces eaux, tant
sur la prise que sur la conservation des ciments.
» En résumé, la présence, en forte proportion, du sulfate de chaux dans
les sables et dans les eaux du Sahara, est des plus nuisibles à la qualité et à
la conservation des mortiers de ciment préparés dans cette région; il
importe d'apporter le plus grand soin dans le choix de ces deux éléments,
surtout en ce qui concerne les sables, que l'on peut trouver sur certains
points suffisamment purs en sulfate de chaux. »
ZOOLOGIE. — Sur r origine homarienne des Crabes {Brachyures).
Note de M. E.-L. Bouvier, présentée par M. Milne-Edwards.
« Les recherches effectuées durant ces vingt dernières années, notam-
ment celles de M. Boas, nous ont fourni des détails intéressants sur les
affinités et l'évolution des Crustacés macroures etanomoures, mais elles ne
nous ont appris que fort peu de chose sur l'origine desDromiacés (Dromies
et Homoles), c'est-à-dire des Crabes qui ont servi de point de départ à
l'immense groupe des Brachyures. Les uns prétendent, avec M. Boas, que
les Dromiacés se rattachent à des formes intermédiaires entre les Ano-
moures et les Thalassinidés du genre Axius; les autres, avec M. Claus,
qu'ils dérivent du groupe des Galathéides et probablement d'espèces très
voisines de la Galathea squamifera. Grâce à l'obligeance de M. A. Milne-
Edwards, qui a bien voulu mettre à ma disposition les Dromiacés abyssaux
recueillis par le Blake et le Talisman, j'ai pu faire cesser ces divergences et
(657 )
établir, sans conteste, je l'espère, que tes Crabes dérivent directement des
Homaridés et vraisemblablement des Eomaridès de la période jurassique.
» De tous les Dromiacés abyssaux que j'ai étudiés, l'espèce la plus pri-
mitive, presque à tous égards, est V Homolodromia paradoxa des Antilles,
qui ressemble encore aux Macroures et à beaucoup d'Anomoures par sa
carapace allongée, rétrécie en avant et régulièrement convexe, par ses
orbites largement ouvertes et par son rostre indépendant de l'épistome.
Contrairement aux Galathées et aux Axies, elle a des éléments branchiaux
filiformes et hexasériés, des sternites thoraciques tous soudés entre eux et
des épipodites très développés; les sillons de sa carapace rappellent ceux
des Homards, et ses pattes-màchoires antérieures se font remarquer par leur
fouet exopodal articulé, ainsi que par la longueur et la largeur régulière
de leur palpe (lacinie externe). Par la pleurobranchie qui existe à la base
de ses pattes postérieures, par l'angle que font entre eux les axes d'articu-
lation des deux articles de ses pinces, et par la soudure très apparente des
articles 2 et 3 de ses pattes, elle diffère, en outre, complëteraent des
Axies; elle diffère d'ailleurs des Galathées par sa carapace qui est dé-
pourvue d'angle latéro-dorsal, par ses épipodites nombreux (6), par ses
podobranchies (5), par l'arthrobranchie de ses pattes-màchoires de la
deuxième paire, enfin par les fausses pattes modifiées de son premier seg-
ment abdominal.
» Ces caractères, qui distinguent les Homolodromies des Galathées et
des Axies, et qui empêchent de les rattacher à ces formes, les rapprochent
au contraire des Homaridés, car, à l'exception d'un seul que je signalerai
plus loin, ils existent tous dans cette famille. D'autres caractères non
moins importants sont également communs aux Homolodromies et aux
Homaridés : l'épistome est de grande dimension, l'article terminal du
palpe des mâchoires antérieures est allongé et s'applique sur les mandi-
bules, les pattes-màchoires postérieures ont la même forme et la même
rangée de denticule^ le sillon c de la carapace n'est pas encore uni au sil-
lon e, les branchies et les épipodites sont en même nombre et disposés de
la même manière, abstraction faite del'épipodite et de la podobranchie de
la quatrième paire de pattes qui font défaut chez les Homolodromies,
abstraction faite aussi de l'arthrobranchie des pattes-màchoires de la
deuxième paire qui s'atrophie complètement chez les Homaridés.
» Étant donné cet ensemble de caractères communs, on ne saurait
douter que les Homolodromies dérivent de la famille des Homaridés, mais
comme tous les représentants connus de cette dernière famille sont dépour-
C. K., 1894, 2- Semestre. (T. CXIX, N« 16.) 86
( 658 )
vus d'arthrobranchies à la base des paltes-mâchoires delà deuxième paire,
il y a lieu d'admettre que les Homolodromies sont issus d'Homaridés plus
primitifs, qui avaient conservé toutes les arthrobranchies antérieures de
leurs ancêtres les Pénéides. Ces branchies existaient vraisemblablement
chez les Homaridés jurassiques, et notamment chez les Eryma, dont
M. Boas a très exactement dessiné la carapace; or, quand on compare les
sillons céphalothoraciques des Homolodromies à ceux des Eryma, on con-
state qu'ils sont disposés de la même manière bien qu'ils soient singulière-
ment plus nombreux que ceux des Homaridés actuels. C'est pourquoi je
n'hésite pas à placer la souche des Dromiacés chez les Homaridés juras-
siques ou chez des formes qui leur ressemblaient beaucoup.
» J'ajouterai que les Dromiacés doivent se rattacher aux Homariens par
une forme plus primitive que les Homolodromies, et aujourd'hui encore
inconnue. Chez les Dicranodromies, en effet, de même que chez les Ho-
moles, l'article basilaire des pédoncules oculaires est libre, comme chez
les Homard», tandis qu'il est soudé à l'épistome chez les Homolodromies ;
bien plus, on observe, chez les Dicranodromies, à la base des pattes de la
quatrième paire, l'épipodite et la podobranchie homarienne qui font défaut
chez les Homolodromies. 11 a dû s'intercaler, par conséquent, entre les
Homaridés et les Homolodromies, une forme très primitive qui a servi de
point de départ à la famille des Dromiacés et, par l'intermédiaire des Dro-
miacés, au groupe tout entier des Brachyures. «
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur une maladie des Ailantes, dans les parcs
et promenades de Paris. Note de M. Louis Mangin.
« Dans le courant de cet été, les Ailantes de certaines promenades de
Paris ont été très éprouvés par une maladie dont les premiers symptômes
s'étaient manifestés il y a trois ou quatre ans. En quelcjues endroits même,
et notamment rue Royale, faubourg Saint-Honoré, avenue Malakoff, près
du Trocadéro, boulevard Raspail, près de la rue du Bac, la plupart des
arbres atteints sont morts. Cette maladie a aussi été observée dans certains
jardins ainsi qu'au bois de Vincennes où, depuis quelques années, les Ai-
lantes disparaissent successivement.
» Voici les apparences extérieures de cette affection sévissant sur une
espèce qui jouissait jusqu'ici, parmi nos arbres, d'une immunité spéciale
par sa rusticité et sa vigueur. La feuillaison s'est accomplie au printemps
( 659 )
d'une manière régulière, mais, vers le commencement de l'été, les feuilles
se sont desséchées peu à peu et sont successivement tombées comme en
iuitomae; aux mois de juin et de juillet, les Allantes des régions que j'ai
signalées avaient pris l'aspect hivernal; quelques-uns ont bien développé
lie nouvelles pousses sur le bois de deux ans, mais la plupart, rabougries
et chétives, se soni flétries à leur tour.
» Grâce à l'obligeance de M. de Tavernier, ingénieur en chef des plan-
tations, de M. Forestier, conservateur du bois de Vincennes, et des ingé-
nieurs des diverses sections de Paris, qui ont mis un grand empressement
à me fournir les matériaux d'une première étude, j'ai pu faire, sur cette
maladie, les observations suivantes.
» r.es feuilles, ordinairement vertes, parfois avec quelques taches grises
ou à contour brun, n'étaient pas déformées; sauf la formation de callose
dans l'épiderme ou le parenchyme autour des poils et dans les taches grises;
sauf la présence d'un acarien, le Tetranychus telarius, assez abondant sur
quelques arbres malades, je n'ai pas rencontré de parasites ou d'altéra-
tions capables d'expliquer la chute prématurée de ces organes.
» Mon attention ayant été attirée sur la coloration jaune du bois, j'ai
comparé les Allantes sains à ceux qui ont été abattus à Paris et au bois de
Vincennes ('). Voici les résultats de cette comparaison :
» 1° Arbre sain (Ecole de Pharmacie), 8 ans. - Diamètre du tronc : 16="". Les
couches annuelles du bois sont très larges; l'une d'elles avait i5°"°, une seule très
mince n'avait que 2""".
L'épaisseur moyenne des couches du bois est de 9"", 5.
» 2" Arbre malade (Faubourg Sainl-llonoré), 21 ans. — Diamètre du tronc : -î^'"^ .
Les onze premières couches sont épaisses et l'une d'elles atteignait i3""; les dix der-
nières sont très minces et leur épaisseur totale est de i5™".
L'épaisseur moyenne des couches du bois est de 5""".
1) 3' Arbre malade (Faubourg Sainl-Honoré), 28 ans. — Diamètre du tronc : 25'-'".
Les couches annuelles décroissent régulièrement.
L'épaisseur moyenne des couches du bois est de 4°"°.
I) 4° Arbre malade (Bois de Vincennes), 28 ans. — Diamètre du tronc : le™.
L'épaisseur /noyenne des couches du bois est de 3""" à 3"", 5.
(') J'ai pris comme types d'arbres sains les Allantes du Jardin Botanique de l'École
de Pharmacie, où M. Guignard a bien voulu, sur ma demande, faire abattre l'un de
ceux qui donnaient trop d'ombrage.
( 66o )
» 5° Arbre malade (Bois de Vincennes), 26 ans. — Diamètre du tronc : i4"".
L'épaisseur moyenne des couches est de 2">'= à 2"™, 5.
)) La struclure du bois a révélé une particularité importante. Dans les
arbres sains (École de Pharmacie, pépinière de Longchamps), les nom-
breux et larges vaisseaux qui occupent la partie interne de chaque couche
annuelle, ne présentent pas de thylles normales, mais cà et là, surtout dans
le bois de la première année, ils renferment des thylles gommeuses, ana-
logues à celles que j'ai décrites récemment dans la vigne et qui-oblitéraient
un très petit nombre de vaisseaux. Dans les arbres malades, au contraire,
la formation de la gomme est très abondante et un grand nombre de
vaisseaux sont bouchés par les thylles gommeuses; de plus, ces bouchons
de gomme sont A' autant plus nombreux que l'épaisseur des couches annuelles
devient plus faible. Ainsi, la réduction de l'accroissement annuel et l'infd-
tration gommeuse sont les caractères du dépérissement.
)) L'accumulation de la gomme ralentit la circulation de la sève ascen-
dante ; j'ai pu m'assurer de ce fait par l'expérience suivante. Des fragments
de bois, sain et lualade, débités en parallélépipèdes de i*^" ou 2™ de côté
et de i*^"" d'épaisseur, ont été httés à l'extrémité d'un tube dans lequel on
fait ensuite le vide, puis la section de ces fragments est plongée dans une
solution tiède de gélatine colorée. Avec le bois sain, la pénétration du
liquide est rapide et coiuplète et, après refroidissement de la masse, on
voit que tous les vaisseaux sont injectés de gélatine; avec le bois malade et
sur des fragments comprenant 7 et i5 couches annuelles, la pénétration
est lente et la gélatine ne pénètre que dans le bois de la dernière année, ou
dans quelques vaisseaux de l'année précédente.
» La circulation de l'eau dans la tige ne peut donc s'effectuer, chez les
arbres malades, que pour le dernier et une partie de l'avant-dernier bois.
Or, sur tous les individus que j'ai examinés, ce bois est envahi par un
mycélium, surtout abondant dans les vaisseaux et formant parfois un feu-
trage occupant toute la section; en outre, ces vaisseaux renferment, ainsi
que certaines cellules du bois, une substance jaune, insoluble dans l'eau et
dans l'alcool, qui donne à la région la teinte jaune signalée plus haut.
» On peut, d'après ce qui précède, expliquer de la manière suivante le
dépérissement des arbres. Dès que les feuilles sont épanouies, elles éva-
porent une grande quantité d'eau ; mais, comme la gomme bouche presque
tous les vaisseaux, elles ne récupèrent pas assez vite l'eau qu'elles ont
perdue, la nutritiou se ralentit, les feuilles se flétrissent, se dessèchent et
( 66i )
tombent; si, à ce moment, les champignons saprophytes à parasitisme fa-
cultatif, s'introduisent soit par les racines, soit par les blessures des bran-
ches, l'arbre, épuisé, meurt bientôt.
» Il n'a pas été possible de déterminer l'espèce de champignon qui pé-
nètre dans le bois, car les fructifications ne se forment que longtemps
après la mort de l'arbre, à ce moment envahi par de nombreux sapro-
phytes; mais il est probable que plusieurs espèces de Sphériacées con-
courent à achever les arbres déjà malades. J'espère, dans le courant de
l'hiver, rencontrer tous les appa-reils reproducteurs et arriver à une spé-
cification encore incertaine aujourd'hui. D'autre part, je n'ai pas pu, vu
la saison avancée, déterminer la cause de l'accumulation do la gomme
dans les vaisseaux. En attendant les résultats des essais qui auront lieu au
printemps prochain, on peut, ou bien remplacer les Allantes par une es-
sence à port semblable, comme le Cedrela sinensis ou les novers d'Amé-
rique {Juglans nigra, J. cinerea); ou bien on devra changer toute la terre
végétale et assurer par un bon drainage, et surtout par quelques fumures,
une nutrition abondante aux jeunes plants d'Allantes, pour les mettre en
état de résister à l'invasion des parasites. J'ai pu constater que l'aération
insuffisante des racines et le défaut de nutrition sont, parmi les causes de
dépérissement de certains arbres à Paris, celles auxquelles on n'a pas suf-
fisamment remédié jusqu'ici. »
A 3 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures. M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPBIQUE.
Ouvrages neçus dans la séance du i5 octobre 1894.
Bullelm des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Darboux et
Jules Tanneky. Juillet 1894. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1894; i fasc.
in-8°.
Traité de Chimie légale. Analyse toxicobgique. Recherches spéciales, par
( 662 )
Ernest Barillot. Paris, Gauthier-Villars, 189'i; i vol. in-8°. (Présenté par
M. Troost. )
Bulletin de V Académie de Médecine. N° 41, séance du 9 octobre 1894.
Paris, G. Masson ; r fasc. in-8°.
Mémoires et Bulletin de la Société de Médecine et de Chirurgie de Bordeaux .
3® et 4* fascicules. iSgS. Paris, G. Masson, iSy/j; i vol. gr. in-8''.
Journal de Pharmacie et de Chimie, N" 8. t5 octobre 1894. Paris, G. Mas-
son ; [ fasc. in-H".
Société de Géographie. Comptes rendus des Séances. (89'!, Paris; 1 fasc.
in-8°.
Moyens physiques de l'action éloignée, par Jules Miffre. Paris, Bern;ircl
etC'% 1894; I br. in-4°.
Exposition de Chicago en 1893. Rapports publiés sons la direction de
M. Camille Krantz, commissaire général du gouvernement français. Co-
mité 19 : Produits chimiques et pharmaceutiques, matériel de peinture, parfu-
merie, savonnerie. Paris, Imprimerie nationale, i884; i vol. in-4'^.
Revue maritime et coloniale. Octobre 189'î. Paris, Baudoin; i vol. gr.
in-8°.
Bulletin de la Société Impériale des Naturalistes de Moscou. Publié sous la
rédaction du prof. Dr. M. Menzbier. Années 1893 et 189'}. Moscou, r894;
2 vol. in-8".
Gerechtelijke statistiek van het koninkrijk der Nederlanden. iSgS. S'Graven-
hage, 1894; I vol. in-4°.
Discurso leido en la Universidad central en la solenne inauguracion del Curso
academico de 1894 a 1895 por el Doctor D. Antonio Sanchez Moguel, catc-
dratico de la Facultad de Fisolofia y Letras. Madrid, 1894; i br. gr. in-8°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLAHS ET FILS,
Quai tles Grands- A ugusiins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS liebdomadaires paraissent réi;iilioreraeiU lo Dimanche. Ils fonueiU, à la fin de l'année, deux volumes in-4". Deu>
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alpliubélîquo do noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement est annuo
et part du i" janvier.
Le prix de riibo/inetiienl fst fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Agen Michel et Médan.
( Gavault Sl-Lager.
Alger < Jourdan.
( RulT.
Amiens Courtin-Hecquel.
( Germain et Grassin.
( Lachèse.
Bayonne Jérôme.
Ilesançon Jacquard.
Avrard.
Bordeaux Dulhu.
' Millier (G.).
Hourgei Renaud.
Lefournier.
F. Robert.
J. Robert.
V Uzel Caroff.
Baër.
Massif.
Chambery Perrin.
,,, . 1 Henry.
Lnerbourg J .. ■'
Brest.
Caen
Cler/tioiit-Fer
Marguerie.
\ Rousseau.
Douai.
" I Ribou-Collay.
. Laiiiarche.
Dijon Ratel.
' Uamidot.
\ Lauverjat.
' Crepin.
„. ., i Drevel.
Urenoble \ ^
! Gralier.
La Hochelle Foucher.
,„ ,, l Bourdignoii.
■Le Havre °
( Dombre.
Lefebvre.
Quarré.
Lille.
chez Messieurs :
, . ( Baumal.
Lorient
( M°" lexier.
Bcrnoux et Cumin.
Georg.
Lyon < Mégret.
Chanard.
Vitle.
Marseille. .
Montpellier.
Ruai.
( Calas.
/ Coulet.
Moulins Martial Place.
/ Jaf^ques.
Nancy . Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
i Loiseau.
\ M"" V'eloppé.
( Darma.
( Visconti et C'*.
iVimes Thibaud.
Orléans Luzeray.
( Blanchier.
I Druinaud.
Tiennes Plihon t Hervé.
.. Girard (M»").
\ Langlois.
( Leslringant.
Nantes
Nice .
Poitiers. .
liocliefort ■
liouen
S'-Élienne
Toulon
Chevalier.
( Bastide.
( Ruinèbe.
\ Gimct.
\ Privât.
1 Boisselier.
Tours ] Péricat.
( Suppligcon.
\ Giard.
I Lemailre.
On souscrit, à l'Etranger,
chez Messieurs ;
( Feikeuia Caarclsen
I et C".
Athènes Beck.
Barcelone Verdaguer.
I Asher et C'*.
' Dames.
. Friedlander et fils.
' Mayer et Millier.
£l^,.„g \ Schmid, Francke et
Amsterdam.
Berlin.
Bucharest.
Toulouse.
Valenciennes..
O'.
Bologne Zanichelli.
/ Ramiot.
Bruxelles ' Mayulezet.Xudiartc.
( Lebùgue et C".
t Haimuiiii.
' Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellelC"
Christiania Cammerineyer.
Conslantinople. . Otto Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Lœscher et Seeber.
Gand Hosle.
Gênes Beuf.
Cherbuliez.
Genève Georg.
( StapelmoUr.
La Haye Belinfante frères.
I Benda.
/ Payot.
Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig ■ Lorentz.
j Max Rube.
Lausanne..
chez Messieurs
1 Dulau.
i-o'idres Hachette et C'-
'Null.
Luxembourg .
Madrid
Milan . .
Moscou
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V. Buck.
Libr. Gulcnberg.
Capdevillc.
Gonzalès e bijos.
F. Fé.
\ Duiiiolard f^ére^
' Hœpli,
Gautier,
l-urcliheim.
Marghicri di Gius.
' Pellerano.
I Dyrscn et Pfeiffer.
yVeif- l'ork Stechcrt.
' Wesiermann.
Odessa Rousseau.
Oxford... Parker et €'•
Palerme Clausen.
Porto Magalhaés.
Prague Rivjiac.
nio-Janeiro Garnier.
( Bocca frères.
I Loescherct C*.
Rotterdam Kraincrs et (ils.
Stockholm Samson et Wallin.
^ Zinserllng.
( Wolff.
Bocca frères.
Brero.
Rome .
S'-Petersbourg.
Turin.
\
i Clausen.
RosenbergetSell
Liège.
\ Twielmeyer.
( Desoer.
' Gnusé.
berg et Sellier
Varsovie Gebethiier et Wolfl
Vérone Drucker.
( Frick.
Vienne î „ , , _.
! Gerold et C".
Zurich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES ;
Tomes 1" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-j"; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (I" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4''; '8-0- Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— ( i"' Janvier i866 à 3i Décembre i8.So.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par .MM. A. DtnuF.set A.-J.-J. Solier. — .Mèiiioire sur le Calcul des Perturbations qa'cprouvenl le
Comètes, par M. Hanses. — Mémoire sur le Pancréas cl sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matière:
grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 fr
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Beseden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science
pour le concours de iS53, et puis remise pour celui de iSô'i, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi
• mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercjier la natur
» des rapports qui existent entre l'étatactuel du règne urganique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bbons. In-.')", avec 27 planches; 1861.. . 15 fr
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
W 16. .
TAIU.E DES ARTICLES. (Séance du 16 octobre 1894.)
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMHHES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
iM. le Skckétaire i>i,ui>eïuei. annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. A'. Pringsheim ,
Correspondant de la .Section de Botaniqne . 617
M. lioRNET indique en quelques mots les prin-
cipaux titres scierUiliques de M. Prings-
heim 617
M. J. lîoussiNESQ. — Détermination en par-
tie expérimentale et en partie théorique
lie la contraction inférieure d'une nappe
Pages,
de déversement déprimée, ou noyée en des-
sous, ou même adhérente, sur un barrage^.,
ayant sa face d'amont verlicale iii8
M. G. R.WET. — Observations de la co-
mète Gale ( iS()4i '') faite au grand équa
torial de l'observatoire de Bordeaux par
MM. rtayet, L. Picart et F. Courly 6^4
M. A. Crova. — Sur le degré d'incundes-
renee des lampes 627
RAPPORTS.
M. PoiNCARÉ. — Rapport sur un Mémoire
de M. Stieltjes, inlilulé « Recherches sur
Icv fractions continues
63o
MEMOIRES PRESENTES.
M. Is. .Iacq adresse une Note relative aux
collisions en mer 633
-M. E. ForiiNiEn adresse une Note relative
à la direction des ballons fi33
CORRESPONDANCE.
M. le MiNiSTiiE DE LA GuEURE invite l'Aca-
démie à lui désigner deux de ses membres
pour faire partie du Conseil de perfection-
nement de l'Ecole Polytechnique pendant
l'année scolaire i8y4-if'9â 633
M. A. DE Lapparent prie l'Académie de
le comprendre parmi les candidats à la
place laissée vacante, dans la Section _
de Minéralogie, par le décès de M. Mal-
lard 633
M. Bicourdan. — Disparition de la tache
polaire australe de Mars 633
M. J. Collet. — Premières observations
pendulaires dans les Alpes du Daupbiné. 634
M. P. PArNLEVÉ. — Sur les transforma-
tions inlinilêsimales des trajectoires des
systèmes GSy
M. E. Carta.n. — Sur la réduction de la
structure d'un groupe à sa forme cano-
"ique 039
BlJLLlîTlN BlIiLIOGRVPlllOUE
M. R. PicTET. — Recherches expérimentales
sur la congélation de l'acide sulfurique
à dill'érents degrés de concentration fi]i
-M. W. EouQUiNiXE. — Application de la loi
de Trouton aux alcools saturés de la sé-
rie grasse (i^S
M. V. Vaillaxt. — Action du chlorure de sou-
fre sur les dérivés cupriques de l'acélyl-
acétone et de la benzoy lacétone 647
M. F. Gaud. — Sur les dosages de glucose
par liqueurs eupro-alcalines 65o
M. A. Renard. — Sur le goudron de pin., iibi
jM. j. Perret. — .\ction des sables et des
eaux du Sahara sur les ciments et chaax
hydrauliques 654
M. E.-L. Bouvier. — Sur l'origine homa-
rienne des Crabes ( Brachyures) OôG
M. L. Manoin. — Sur une maladie des Al-
lantes, dans les parcs et promenades de Pa-
ris 638
& 6*i r
PAKIS. - IMPKIMKKIK GAUTHIIÎK-VILLAKS KT KILS,
Ouai des Graads-Auijumins, ai
/.i* Cèi ant : GALTUiER-ViLtAR
30HJ 1394
SECOND SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR ran, liES SECRÉTA.IKES PERPÉTUEIjS.
T03IE CXIX.
IV^ 17 (22 Octobre 1894).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS lîT FILS, niPRIMEURS-LIBRAIRKS
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES Dli! L'AGADÉMIB DES SCIENCES,
yuai des Grands-Augnsiins, 55.
1894
RÈGLEMENT RELATIF ALX COMPTES RENDUS.
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des sceances de
[Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2.
Article l*'. — Impressions des travaux de F Académie.
Impression îles travaux des Savants
étrangers à l Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des pei'sonnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
I,esextraitsdesMéiiioires présentés par un Membre ! demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
ouparun Associé étrangerdel'Académiecomprennent | sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
au plus 6 pages par numéro. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
I
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires %ont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lusou communiqués par
les Correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces jMembres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Membi'e qui fait la présentation est toujours nommé ;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles eSt aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque A'olume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante.
NOV E7 1894
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
»»»ar
SÉANCE DU LUNDI 22 OCTOBRE 1894,
PRÉSIDENCE DE M. LœWÏ.
MEMOIRES ET G0MMU1VICAT10I\'S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
HYDRODYNAMIQUE. — Vérijîcations expérimentales de la théorie des déversoirs
à nappes noyées en dessous ou adhérentes : vérifications relatives au débit et
à la contraction injérieure; par M. J. Boussixesq.
« I. Nous pourrons donc ('), sans erreur sensible, remplacer k par k^
dans les deux équations (i 3 bis), (i4). et réduire ensuite de moitié la valeur
de c en résultant. Dans le cas particulier de l'équation (i4). c'est-à-dire
des nappes noyées en dessous ou adhérentes, il viendra ainsi
(17 ) c = -
2 a(i + A-„)-^J,i^{2+X-o)
« En se servant des valeurs de n" calculées précédemment, puis obte*
(') Voir le précédent Compte rendu, ji. 6i8.
C. R., 1S94, 2- Semestre. (T. CXJX, N- 17.)
( 664 )
nant les valeurs correspondantes de N = (f — c) (i — «'-) et celles de m
données par (9), on trouve, par exemple, pour
A-„= 0,275 0,3 0,325 0,35 o,4o o,45 o,5o 0,60 0,70 o,So 0,90 i i,5 2,
c = 0,0842 0,0904 o,ot)64 0,1022 o,ii32 0,1236 o,i334 o,i5i2 0,1671 o,i8i4 0,1942 0,2069 o,25o5 0,2802,
N =— 1,8958 —i,4i68 —i,o497 —0,7628 —o,35i3 —0,0781 0,1112 o,3458 0,4770 o,5552 o,6n38 o,6353 o,6865 0,6872,
m= 0,5766 0,5491 0,6262 o,5o36 0,4653 0,4329 0,4049 o,3588 o,3223 0,2926 0,2681 0,2473 0,1786 o,i4oo-
» D'après ce Tableau, C (double des valeurs calculées de c), considéré
près de son maximum relatif k k ^ k,, varie assez lentement, en fonction
de n^ ou de N, pour qu'un petit changement sur ces paramètres ne l'altère
pas d'une manière notable. On aurait donc encore sensiblement les mêmes
valeurs de c, en fonction de n ou de N, si la relatign c = ^ C avait lieu à éga-
lité de valeur non pas den, mais des pressions relatives N sous les nappes
des deux déversoirs considérés, l'un vertical à contraction c, l'autre avec ar-
mature horizontale, à contraction C, ou dans toute autre hypothèse voisine.
» En résumé, la coi^raction inférieure c et la pression relative IN exer-
cée sous la nappe s'évaluent, en fonction du paramètre /{^ ou de n, sans
qu'eu ait besoin de connaître la petite dérivée c' ; et l'on obtient, grâce
aux deux propriétés de maximum de M et C par rapport à i\ le coefficient m
du débit pour chaque valeur donnée de la pression relative N, sans avoir
eu aucunement recours à des mesurages effectifs des nappes noyées en
dessous dont il s'agit.
» II. Il ne reste plus qu'à comparer les résultats précédents à ceux de
l'observation.
» M. Bazin a mesuré la pression sous les nappes au moyen d'un tube
manomélrique débouchant en arrière de la mince paroi verticale qui con-
stitue le haut du barrage, tout près de son bord supérieur; et il l'a réduite
par une très petite correction à ce qu'elle aurait été au niveau même du
seuil ou de la crête. C'est le rapport N', à çigh, de cette pression ainsi ré-
duite, qu'il a adopté comme mesure de la pression relative sous la nappe.
On voit que sa valeur théorique, avec nos notations, est
(18) N'=N + c.
» D'autre part, adoptant pour type le déversoir à nappe libre, il s'est
attaché à obtenir, au lieu du coefficient m de débit, son rapport à celui m'
d'un déversoir à nappe libre, où la hauteur h de charge égalerait la pro-
posée (' ). Or le coefficient théorique de débit d'un pareil déversoir, évalué
(' ) Il considère de préférence ce rapport comme étant bien moins inlluencé que /»
( 665 )
d'après les principes suivis ici, c'est-à-dire en réduisant c à la moitié de la
contraction maxiraa correspondante, C, alors donnée par la formule (iÇ)
prise avec k = X„, sera, vu les deux valeurs 0,3216 et o, 1 146 de M et de c,
(19) m' = 0,4320.
» Divisons donc par o,.\'ii les valeurs précédentes de m; et formons
d'autre part celles de N', en ajoutant c à N. Nous aurons le Tableau suivant :
Pour N' = — 1,8116 — 1,3264 — »>9''3.'( — 0,6607 — o,338i 0,0^55 o,2445 o,:'|97o 0,6^4' o,7366 0,7981 o,8'(i2 0,9370 0,9674»
— , = 1,3326 1,2713 ï,2i6o i,i656 1,0773 1,0022 0,9373 o,83o6 0,7461 0,6775 0,6207 0,5726 o,4i33 0,3242.
m
» On le rendrait facilement plus complet, en effectuant les calculs ana-
logues pour d'autres valeurs positives, plus rapprochées, de k„.
» Comparons-le aux résultats extrêmement nombreux de l'expérience.
M. Bazin les a résumés fidèlement dans les trois formules empiriques :
l(pourN'oet < 0,6) ^ = i - o,235N' (i -+- N';.
(pour N'> 0,6) — , = i,o5 s/i — N'.
» On en déduit, pour les valeurs de N' ci-dessus :
— ■ =i,3i56 1,2026 1,1935 i,i4o6 i,o5'|0 0,9888 0,9285 0,8252 0,74')! 0,6730 0,6160 o,5686 9,4178 o,3354-
» III. Les valeurs théoriques précédentes leur sont légèrement supé-
rieures. Les deux dernières seules font exception, car elles se trouvent, au
contraire, un peu moindres; mais il est assez visible que cela tient aux
contractions c alors trop fortes (o,25 et 0,28), qui ne permettent plus la
suppression des termes non linéaires en c et c' . Si l'on cesse, en effet, de
réduire, dans l'expression de m, (i — c)"à i — le, ces deux dernières va-
leurs deviennent, comme les autres, un peu plus grandes que les valeurs
observées; seulement, il conviendrait d'effectuer en même temps d'autres
corrections bien plus complexes. Les valeurs théoriques du rapport —, pa-
raissent donc un peu trop fortes; ce qui s'explique en observant que les
par les petites vitesses d'amont. puis(iueles deux accroissements relatifs, dus à celles-
ci, de m et de m' s'y retranchent l'un de l'autre.
(666)
pertes de force vive translatoire ou, par suite, de vitesse moyenne et de
débit, négligées par notre théorie, et employées à faire tourbillonner sous la
section contractée une masse fluide étrangère à la nappe, doivent être plus
grandes quand cette masse est de l'eau que lorsqu'elle est de l'air et, par con-
séquent, atténuer un peu plus les numérateurs m que le dénominateur m'.
» Toutefois, si l'on songe que nos calculs n'ont emprunté à l'expérience
aucune donnée quantitative, aucun élément numérique, on sera peut-être
surpris de voir l'excédent de leurs résultats sur ceux de robser\Lation rester
le plus souvent au-dessous d'un centième de la valeur ou peu au-dessus, et
n'atteindre deux centièmes que pour les valeurs de N' comprises entre — 0,9
et — 0,2 environ, c'est-à-dire pour les nappes faiblement adhérentes ou ap-
prochant d'être adhérentes, dont la quasi-instabilité peut bien entraîner une
agitation exceptionnelle de l'eau tourbillonnante qu'elles emprisonnent.
)) D'ailleurs, cet excédent est diminué par les circonstances susceptibles
de réduire sous la nappe la masse fluide étrangère et, par suite, les pertes
de force vive translatoire. Tel doit être, par exemple, le cas d'un barrage
d'une certaine épaisseur et à seuil horizontal, où cette masse tourbillon-
nante n'a que la petite hauteur maxima i = ch; aussi paraît-il résulter
d'expériences toutes récentes de M. Bazin que les rapports --, sont alors un
peu plus élevés que les précédents (20).
» Tel est encore le cas d'un déversoir à mince paroi et à nappe noyée en
dessous comme ceux qui ont conduit aux formules (20), mais à l'aval du-
quel on abaisse assez le niveau de l'eau pour dégager la nappe le plus pos-
sible. M. Bazin a reconnu qu'il convient alors de substituer aux deux pre-
mières formules (20), entre les deux limites — 0,9 et o,3 environ
comprenant N', la relation unique suivante, beaucoup plus approchée :
(21) -, — 1,01 - 0,24dN
Or, cette formule donne 1,1990, i.i5o5, i,o656, 0,9987 au lieu des troi-
sième, quatrième, cinquième et sixième nombres du Tableau précédent,
ou pour les valeurs —0,9334, —0,6607, — o,238i, o,o455 de N'; résul-
tats excédant sensiblement ceux qu'ils remplacent et plus voisins des
valeurs théoriques (encore supérieures) 1,2160, i,i656, 1,0773, 1,0022.
» IV. Le déficit des coefficients de débit constatés sur les coefficients
théoriques est assez faible, d'un bout à l'autre du Tableau, pour ne manifester
nulle part l'existence d'une hauteur d'eau /t' (sur la section contractée)
notablement inférieure à celle qui, vu la charge donnée h, assure la pro-
(667 )
duction du débit maximum correspondant à la pression assignée Npg'A
sons la nappe. Et cependant, la Table ci-dessus, prolongée, comme elle
l'est, jusqu'à la valeur i de /•„, arrive presque à l'extrême limite des petites
dénivellations observables entre l'amont et l'aval, puisque la pression
relative N' dans l'eau morte, au niveau du seuil, y atteint environ 0,97, ou
n'est plus inférieure que de trois centièmes à son maximum i caractéris-
tique du repos, c'est-à-dire de l'absence de tout écoulement et de toute dé-
nivellation ('). Il paraît donc que, dans les déversoirs noyé.?, la hauteur h'
de l'eau sur la section contractée et la pression />o = Np^A sous la nappe
se règlent solidairement, d'après les niveaux d'amont et d'aval, de manière
à réaliser le débit maximum correspondant à cette pression />„ et à la
charge h donnée (^).
» V. Comparons maintenant les contractions inférieures c déduites de
notre formule (i 7) à leurs valeurs expérimentales, déterminées, comme on
a dit, en cherchant la situation du maximum de vitesse, sur diverses verti-
cales prises en aval de la crête à des distances croissantes de celle-ci.
M Et d'abord, pour les nappes adhérentes, avec A'aleurs négatives très
fortes de N' telles que la première ci-dessus — 1,8116, M. Bazin a trouvé
0 = 0,072 en\'iron, la hauteur du déversoir étant o™, 75 et celles de
charge o™,i29, o",273. Mais, d'autre part, il a constaté que, sous la nappe
adhérente d'un déversoir de i'", 1 3 de hauteur et pour des charges (o™. 22
à o™, 38) qui donnaient lieu sensiblement aux pressions relatives N' ob-
servées avec le déversoir précédent, l'eau morte, ou non entraînée par la
veine d'une manière notable, s'étendait jusqu'à 0,079/4 ou o,o8A de hau-
teur; d'où il suit que c y dépassait 0,08, d'une quantité pouvant aller
jusqu'à o,oo5 environ d'après l'analogie avec certains faits constatés sur
le déversoir de o",75. Il est donc admissible que la contraction sous une
(') D'après les formules empiriques trouvées par M. Bazin (second Mémoire cité,
p. 57 et 5i) pour relier N' aux hauteurs h et A, de l'eau en amont et en aval du dé-
versoir, la dénivellation h — A, doit être, en général, inférieure à 0,02/1 et parfois
même (pour une assez petite hauteur de la crête au-dessus du fond du canal de fuite)
s'abaisser presque jusqu'à o,oih, quand N' atteint la valeur 0,97.
(-) Toutefois, pour les valeurs de N' supérieures à 0,6, cas où la dénivellation de
l'amont à l'aval est une petite fraction de h, les coefficients de débit correspondant à
une même pression relative IN' sous la nappe ont paru à M. Bazin diverger quelque
peu, suivant le rapport de la hauteur du niveau d'aval à celle du déversoir (ou plutôt
à la hauteur de sa crête au-dessus du fond du canal de fuite) : ils semblent croître
légèrement avec ce rapport.
( 668 )
nappe fortement adhérente ne s'écarte pas beaucoup de 0,08 ; ce qui est
à peu près d'accord avec notre Tableau déduit de (17), oîi l'on trouve
c = 0,0842 pour /•„ = 0,275 ou pour N' = — 1,8116.
» Viennent ensuite, en prenant dans le dernier Mémoire cité de
M. Bazin (')\e Tableau de la page 76, où sont relatées les principales
valeurs observées de c à côté de celles de N', quatre mesures, o,io5,
o,io3, 0,093, 0,100, dont la moyenne. est 0,1002, se rapportant sensi-
blement à N'= — 0,66, c'est-à-dire à la quatrième case de nos Tables qui
donnent, à cette place, c = 0,1022 et N'= — 0,6607.
« La valeur expérimentale suivante, 0,102, pour N'= — o,4o, se place
vers le milieu de l'intervalle de cette quatrième case et de la cinquième,
tandis que la moyenne des deux valeurs théoriques de c correspondant à
ces cases est o, 1077.
» Deux mesures, o, io5 et o, 1 1 7, ayant pour moyenne o, 1 1 1 , répondent
ensuite sensiblement à la cinquième case, oîi ]N' = — o,238i et où la va-
leur théorique de c, 0,11 32, égale à très peu près cette moyenne.
» Puis viennent six valeurs, 0,1 17, 0,1 12, o,io3, 0,108, o,ii3,o,ii4,
intermédiaires entre les cinquième et sixième cases du Tableau, et dont la
moyenne est 0,1112, alors que la movenne des deux valeurs théoriques
de c, 0,11 32 et 0,1 236, inscrites dans ces cases, serait 0,1184 ou un peu
plus forte.
» La contraction théorique 0,1 236, répondant à la sixième case, se
trouve à peu près identique à la valeur suivante, o,i25, du Tableau de
M. Bazin, observée pour une pression relative, K = o,o5, qui est très sen-
siblement celle de cette case, savoir N'^ o,o455.
» Puis viennent, pour la septième case, trois valeurs expérimentales,
0,122, o,i33, 0,139, flont la moyenne, o,i3i3, ne diffère pas sensiblement
de la valeur théorique 0,1334. Elles sont suivies des six mesures 0,146,
0,146, 0,144. o,i5o, o,i4o et 0,142, tombant entre la septième case et la
huitième : leur moyenne, o,i447. ^^^ légèrement supérieure à la moyenne,
0,1423, des deux valeurs de c, 0,1 334 et o,i5i2, répondant à ces cases. La
dernière de ces valeurs théoriques, o,i5i2, qui correspond à N'= 0,4970,
se trouve contrôlée ensuite par deux valeurs expérimentales, o, 1 44 et o, i4o,
dont la moyenne, 0,142, est un peu plus faible.
» Enfin l'observation a donné, au milieu de l'intervalle suivant.
{') Numéro de février 1894 des Annales des Ponts et Chaussées.
(669)
c = 0,173, valeur un peu supérieure à la moyenne théorique
j(o, i5i 2 + 0,1671) = 0,1 591,
tandis que, vers les ~ de l'intervalle compris entre N'= 0,7366 et
N'= 0,7981, ou pour N'= 0,78, une dernière mesure prise a étéc = 0,1 8g,
résultat se confondant presque avec la valeur théorique correspondante,
obtenue par interpolation proportionnelle dans l'intervalle,
o,i8i4 + 0,7(0,1942 — o,i8i4) = 0,1904.
» La concordance, est, en somme, aussi satisfaisante qu'on pouvait l'es-
pérer ('). I)
I\OMIIVATIOI\S.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la désignation de deux de
ses Membres, qui devront faire partie du Conseil de perfectionnement de
l'Ecole Polytechnique pendant l'année scolaire 1 894-1895.
MM. Cornu et Sarrau réunissent la majorité des suffrages.
MEMOIRES PRESENTES.
M. A. Trillat adresse une réclamation de priorité, au sujet des pro-
cédés de désinfection par les vapeurs de formol.
(Commissaires : MM. Mascart, Schûtzenberger, Arm. Gautier.)
(') Il en est à peu près de même des dix valeurs expérimentales de c, allant de
0,089 * 0,1 13 pour iN' croissant de — 0,926 à 0,091, contenues dans le Tableau de la
page 73 de ce Mémoire d'avril 1898, imprimé en février 1894, Tableau relatif aux
nappes sans retenue d'aval, ou auxquelles convient la formule (21) ci-dessus. Les va-
leurs de N', il est vrai, n'y figurent pas; mais elles se déduisent des rapports - qui y
sont donnés (où li désigne la charge cl p la hauteur de la crête au-dessus du fond du
canal de fuite), au moyen de la formule empirique (1) du Mémoire, qui est (p. 9)
N'=o,6o — o,58Ê.
Les contractions c semblent, toutefois, être un peu moindres dans ce cas que dans
celui où l'on élève le niveau d'avaL
( 670 )
M. Ed. Schneider adresse un Mémoire intitulé : « Hypothèse cosmogo-
nique atomique )).
(Commissaires : MM. Friedel, Cornu, Poincaré. )
M. Edw. Pynchon adresse, de Chicago, une Note relative à l'emploi des
explosifs pour la propulsion des aérostats.
(Renvoi à la Commission des aérostats. )
CORRESPOND AIVCE .
ASTRONOMIE. — Sur les pôles de rotation de Vénus. Note de M. C. Flammarion,
présentée par M. Faye.
oc La question de la rotation de Vénus est l'une des plus délicates de
l'Astronomie contemporaine; elle est loin d'être résolue, d habiles obser-
vateurs ayant cru pouvoir conclure que la planète présente constamment
la même face au Soleil et que, comme il arrive pour la Lune, la durée de
rotation égale la durée de révolution (deux cent vingt-cinq jours), tandis
que d'autres astronomes, non moins habiles, sont portés à admettre une
rotation voisine de vingt-quatre heures.
» L'observation de la planète est d'une extrême difficulté. Quelle que
soit la phase, la lumière est toujours si vive, que l'on n'est presque jamais
sûr de rien distinguer à sa surface. Il me semble cependant résulter des
observations faites à l'observatoire de Juvisy, qu'il y a des neiges polaires
sur cette planète comme sur Mars, et que ces neiges sont aussi blanches,,
mais, moins évidentes, parce que le ton général de Mars est un jaune roux
prononcé, parsemé de vastes taches grises, tandis que le ton général du
disque de Vénus est un jaune clair, presque blanc, sans taches grises
bien foncées.
» De l'ensemble des observations faites depuis huit ans à Juvisy, je
détacherai les suivantes, comme particulièrement dignes d'attention.
En voici le résumé sommaire : Équatorial de o"", 24, gr. = 3oo et 400.
Observations faites pendant le jour.
» Il juin 1887. — Diamètre = 17", 4- Atmosphère parfaite de transparence. Le ton
général de la planète est un jaune laiton clair. Les deux extrémités boréale et australe
du disque sont marquées par des taches blanches; l'inférieure est coupée juste par le
Observations des pôles de rolalion de Vénus.
C. R., 189',, 2- Semestre. (T. C\IX, N" 17.)
88
( <''72 )
terminaUnir, l'auslrale esl un peu à i;aiiclie. Ces deux lâches se voient au^si bien à la
lunette de 108""" qu'à l'équatorial.
» i-j juin 1887. — D = i8",2. Les deux calottes polaires se voient bien, la supé-
rieure sensiblement plus grande.
» i4 décembre 1890. — D rr 58", 8. Croissant très mince. On remarque vers la corne
supérieure un léger bourrelet éblouissant. Les cornes dépassent un peu le demi-
diamètre. Comme toujours, pénombre le long du terminalQUE. — Variation dit niveau de l'eau dans un bassin
communiquant avec un port à marée. Note de M. A. de Saixt-Germain.
« Il sérail bien difficile d'obtenir l'expression rigoureuse, en fonction
du temps, de la hauteur de l'eau dans un bassin communiquant, par un
orifice de dimensions restreintes, avec la mer ou même avec un port où la
marée se fait sentir; mais il est aisé de former des équations qui permettent
de calculer cette hauteur, pendant le cours d'une marée, avec l'approxi-
malion dont la pratique peut se contenter dans les formules générales,
lorsque des perturbations importantes et imprévues peuvent intervenir
dans leurs applications. Pour fixer les idées, je supposerai qu'on veuille se
rendre compte des conditions de remplissage d'un bassin attenant à un
port, et fermé par des portes au bas desquelles sont pratiqués des orifices
c|u'onpeut ouvrir ou fermer au moyen de vannes; les sections horizontales
(lu bassin ont une aire constante £2; les orifices, daire totale w, seront
toujours noyés, et, quand on les ouvrira, le niveau de l'eau dans le port
sera au moins aussi élevé cjue dans le bassin.
» Soient, à l'instant t, u et z les cotes, positives ou négatives, au-dessus
du niveau moyen de la mer, des surfaces de l'eau dans le port et le bassin;
la communication étant établie et u supposé >=, le volume ^dz de l'eau
qui entre dans le bassin pendant le temps dt est, suivant une formule
acceptée, égal à [j.a>y/2o(«< — z); [j. est un Coefficient donné par l'expé-
rience et voisin de 0,8. Si l'on représente - \jig par im, on aura
(,) (^^^''^i.rn^i^u-z).
» La hauteur u est une donnée du problème : c'est une fonction pério-
dique et compliquée du temps; pendant le cours d'une marée, je la repré-
senterai au moven de formules qui ne s'écartent pas sensiblement de la
vérité, comme on peut s'en rendre compte par une représentation gra-
phique. Comptant le temps à partir de l'instant où la mer est basse, je
désigne par 2O et par 2O' les durées du flux et du reflux; j'admettrai que
l'on ait
Il = at^— aO-=fi(t),
u = a^^—a'{t — 2e)2=!p3(<),
ii = a'{2(i + 2^'—ty—ad^ — ,= - i\/in'^ -h !\a-\- m),
\ devra être égal à //z a, ou à — /n,Û, : l'intégrale
z = ma., t^ — ab^ = C
conviendra au cas oi^i, à l'instant initial, z étant égal à u, on lèverait immé-
diatement les vannes : ma, est toujours <; a. Pour avoir l'intégrale géné-
rale, désignons -1^ par s' et différentions l'équation (2) par rapport à l :
nous aurons
dz'
z'-^ + 2m-z' — ^m^ai =^ o,
équation homogène dont l'intégrale se met aisément sous la forme
(5'- 2/?2a,0''(s'+ 2mp,(f'^C;
remplaçant :;' par sa valeur positive tirée de l'équation (2), j'ai l'intégrale
de cette même équation, qui, après une simple réduction, devient
(3) k?.(o-^ - ^,iTis/^,(i)-z + ?>,ty'=k, ;
A, est déterminé par les valeurs de Z et de z quand on ouvre les orifices.
» Dans la deuxième période, l'équation (i) devient
~y+/im'z-h \m'a(2(i - tf - 4m^a6- = o;
on aurait une iatégrale particulière analogue à ^, mais sans intérêt pour la
pratique; l'intégrale générale peut se déduire de celle de l'équation (2);
elle est
(4) [v^?,(0-~^ - --.(26 - t)Y'=k,y^,{t)-z - p,(2e - t)f-.
( 675 )
en supposant m'-^ '^a et. faisant
a2 = {{m—slni^ — l^a), p^ = j(/n -{-sjm'^ — 4a).
Pour la troisième et la quatrième période, on a respectivement
(5) [s ?a(0 - ^ + ^.{t - 2 9)]»'=: A3[v/?,(0 - ^ + P.(' - 20^]^".
(6) [s/(20 + 20'-/)f'[s/^(r)=5-P.(2e + 26'-<)]P'=:A
4 »
» Les équations (3), (4), (5), (6) permettent de calculer s à une époque
quelconque du flux et de reflux : le calcul sera fiicilité par ce fait que,
généralement, a et a' seront notablement moindres que m* et, par suite,
les % beaucoup plus petits que les jî. Les équations cesseront toutefois
d'être vraies quand z sera devenu égal à u, ce qui, on le voit a priori, ne
peut avoir lieu que pendant le reflux : l'instant correspondant est donné
par l'une des équations (5 ), (6) où le radical s'annulera. Dans le cas où
l'on supposerait que le bassin se vide au lieu de se remplir, on aurait des
formules différentes des précédentes, mais on y arriverait par des considé-
rations analogues. »
ÉLECTRICITÉ. — Force agissant à la surface de séparation de deux diélec-
triques. Note de M. H. 1*ellat, transmise par M. Potier.
« En définissant une quantité d'électricité expérimentalement (balance
de Coulomb, cylindre de Faraday), les lois de Coulomb ne sont plus appli-
cables quand plusieurs diélectriques de nature difïérente existent dans le
champ. Nous nous proposons de montrer dans un prochain Mémoire
comment on peut établir, dans ce cas, toutes les relations connues de
l'électrostatique, sans faire usage de la notion de force agissant à distance
et sans faire d'hypothèses; nous y établirons, en particulier, les relations
dont nous allons nous servir dans cette Note.
» Avec les notations habituelles, on a pour l'énergie électrique W d'un
condensateur : W = - MV — - -^r- Isolons les armatures, et defor-
2 2 L.
mens infiniment peu le condensateur; on a, puisque M est constant,
c?W = — i 7=^ rfC = — - WC. Dans ces conditions la variation d'énergie
2 (_<■' 2
( 676)
électrique est égale au travail des forces extérieures équilibrant les forces
électriques ; le travail dJ des forces électriques est donc donné par
(0
rfT = -f/W= -Y' de.
» Supposons, en particulier, que la déformation consiste uniquement
dans le déplacement linéaire da d'une portion A du condensateur; en dé-
signant par F la projection sur la direction du déplacement des forces
électriques agissant sur A, on a dJ = F da; d'où, d'après (i).
Tie. 1.
%
M
Q
^
■
a'
PP' et QQ' armatures rectangulaires planes et parallèles à une distance e ; les côtés PP' et QQ' étant
verticaux de longueur b' et les côtés horizontaux ayant une longueur b, b et b' étant infiniment
grands vis-à-vis de e; LL' lame diélectrique à faces planes et parallèles aux armatures, d'épais-
seur c, débordant assez les armatures pour que ses bords soient en dehors du champ; elle est
constituée par deux diélectriques de pouvoirs inducteurs spécifiques K, et K. séparés par une
section droite horizontale S, les armatures et la lame sont baignées par un diélectrique de pou-
voir inducteur spécifique K'.
» x\ppliquons cette relation au condensateur représenté par la figure,
décrit dans la légende et dont les diélectriques seront supposés non élec-
trisés. Soulevons de da la lame LL', et calculons dC Remarquons, pour
cela, iprenlre les armatures loin de S les lignes de forces sont des droites
normales aux armatures et qu'en suivant l'une d'elles, on a
(3) ?'K'=(pK, (p'(f _c) + cpc = V,
4itfji.' _ ,_ KV
( (V7 )
en désignant par cp' et cp les intensilés du champ dans le diéleclrique K.' et
dans la lame LL' de pouvoir inducteur spécifique R, et par \j.' la densilé
sur les armatures (ry/ est égal à [j.\ ou à ii.'„, suivant cpie K est égal à Iv, on
à K2). En soulevant la lame \AJ , on fait varier la charge de
V(/C = {]j:., — ij.\)hda\
d'où, d'après (2) et (3),
r (^:_-^\)b _ 6Iv;V^ Iv, _ K. I
V4; ^ — 2 V Stt ( - (■)k2+cK.' {e-c)K,-t-cK'J
» Un déplacement horizontal de la lame donnant -y- = o, la force qui
agit sur elle n'a |ias de composante horizontale. C^ette force verticale F
pousse l'ensemble des deux diélectri(]ues qui constituent la lame dans le
sens de la pesanteur ou en sens inverse, suivant que F est négatif ou
positif.
» Dans le cas particulier où c = e, les lignes de forces sont des droites
normales aux armatures, même dans le voisinage de S, et partout le champ
a pour inlensilé cp = -; la relation (4) peut alors s'écrire
(5) F=*g:(K,-K.).
» Cette force ne dépendant que des propriétés du champ et des diélec-
triques à la surface de séparation S ne peut avoir son siège qu'à cette sur-
face, à l'étendue de laquelle elle est proportionnelle : dans ce cas, elle est
normale aux lignes de forces. Nous avons vérifié, par expérience, l'exis-
tence de cette force et l'exactitude de la relation (5) (').
» Comme nous le montrerons dans le Mémoire annoncé plus haut, on
peut, par une marche tout à fait analogue, trouver la valeur de la force qui
agit à la surface de séparation de deux diélectriques dant le cas général :
la force est normale à la surface de séparation , et dans le sens où le pouvoir in-
ducteur spécifique diminue; sa valeur y, par unité de surface, est donnée
(') Nous ferons connaître, dans une procljaine Note, la disposition employée pour
cette expérience.
M. Quincke {Wiedemann Annalen, t. XIX, p. 70a, i8S3; t. XXVlll, j). J29, 1886;
t. XXXII, p. 53o, 1887), en vue de vérifier la théorie de Maxwell, a, le premier, mis
en évidence l'existence de ces forces normales aux lignes de forces par une expérience
très intéressante, mais un peu complexe.
( 678 )
par
. K,tfjcos2x, K^çlcosaocs
(6) /= 8^: 81^ '
a, et «2 étant les angles entre la normale et la direction du champ,
Troisième série. — Partant de Valcool pur, nous ajoutons progressivement
I pour 100, puis 2 pour 100, etc. d'eau, jusqu'à l'eau pure.
» Quatrième série. — Cette dernière série est identique à la troisième série, en
changeant l'ordre des termes; nous commençons par Veau pure pour finir par l'alcool
pur.
» Ces quatre courbes se superposent, mais chaque point trouvé expérimentalement
a un intérêt spécial, car il répond à un paramètre ayant une valeur propre.
» Nous donnons, dans la Planche ci-jointe, la courbe de la série 1, allant du mé-
lange composé de i molécule d'alcool et de i molécule d'eau, au mélange final ayant
I molécule d'alcool et 100 molécules d'eau. Cette courbe est marquée AA.A sur la
Planche.
» Nous y avons joint la courbe de la série 4, commençant par l'eau pure et allant
jusqu'à 80 pour 100 d'alcool.
» La courbe intermédiaire entre l'alcool pur et 80 pour 100, ainsi que celle qui
passe de i molécule d'alcool pur au premier hydrate inscrit sur la courbe A, fait
encore l'objet de recherches expérimentales assez complexes, vu les très basses tem-
pératures nécessaires.
» Dans toutes ces déterminations, l'alcool chimiquement pur est mélangé à l'eau
dans une grande éprouvette en verre. On agite constamment le liquide avec un agita-
teur spécial de verre, dont la tige traverse le bouchon de l'éprouvetle. Dès que les
cristaux se voient, on fait une première lecture, on laisse la moitié des cristaux for-
més se fondre et, tout en agitant, on fait une deuxième lecture; jjuis, laissant fonc-
tionner à nouveau les machines frigorifiques, on voit la congélation reprendre : troi-
sième lecture. La moyenne de toutes ces lectures est adoptée.
» Les cristaux ont généralement l'apparence de fines lamelles, Ilottant dans le mé-
lange agité.
» En suivant scrupuleusement les règles trouvées pour la cristallisation à basse
température |( ''), nous obtenons une grande exactitude dans la marche des expé-
riences et, dans les séries, une constance très satisfaisante des résultats.
» Discussion de la courbe A. — On voit que celte courbe rap|)elle une
hyperbole équilatère rapportée à ses asymptotes. L'introduction tle l'eau,
molécule par molécule, provoque, pour les points de congélation de ces
divers hydrates, un déplacement qui peut s'exprimer par la formule
xy = const. (formule approchée).
(') Comptes rendus de la séance du i'^'' octobre 1891.
C. K., 1894, 2- Semestre. (T. CXIX, ,N° 17.) ^9
■ ( 6Ho )
» La régularité de la courbe montre bien ici une loi d'ensemble sur la
cristallisation des hydrates d'alcool.
^^
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Discussion de la courbe B. — La courbe B s'établit sur un bien plus
( 6Ht )
grand nombre d'observations, espacées régulièrement de centième en cen-
tième. Tl n'est donc pas étonnant d'y rencontrer des renseignements plus
précis sur la marche progressive des phénomènes de changement d'état.
)> On voit d'abord que de l'origine, eau pure, jusqu'aux mélanges conte-
nant6,8pour loo d'alcool, la courbe est sensiblement une droite; nous pou-
vons comparer ces mélanges aux solutions salines, et en conclure, avec
assez de probabilité, que l'alcool, dans ces dilutions étendues, ne forme
pas d'hydrate défini, mais reste en véritable solution aqueuse.
» De 6,8 pour too à 14,4 pour loo, l'abaissement du point de congé-
lation n'est plus proportionnel aux degrés de concentration; tandis que, de
i6, 4 pour loo à 3o pour loo, la courbe reprend, à peu de chose près, la
forme d'une droite ne passant plus par l'origine. On peut donc considérer le
liquide à ce degré de concentration comme la dissolution d'un hydrate d'al-
cool dans l'eau.
» De 3o pour loo à 89 pour 100, l'irrégularité recommence à se faire
sentir, et l'on peut admettre que, de Sg pour 100 à 65 pour 100, il y a, de
nouveau, dissolution d'un hydrate défini dans l'eau.
)) De 65 pour 100 à 80 pour 100, la courbe fait un crochet bien marqué,
dont il est impossible de fixer la signification chimique.
» Nous avons observé que si l'on fait cristalliser, sans agitation, une
solution plus riche que celle qui correspond à la formule alcool : + 7H-O,
il se forme toujours de beaux cristaux hexagonaux, dont la régularité est
surprenante. Dans les solutions plus pauvres en alcool, cette cristallisa-
tion ne se forme pas ( ' ).
Points de cristallisation de quelques hydrates d'alcool. •
Hydrates d'alcool Poids Pour cent Point
éthylique. spécifique. d'alcool. de cristallisation.
Alcool + H^O 0,8671 71,9 — 5l,3
» + aH^O 0,904- 56,1 — 4i,o
» + 3H'0 0,9270 46,3 — 33,9
» + 4H20 0,9417 39,0 —28,7
.. + SH^O 0,9512 33,8 —23,6
» + ôH^O 0,9578 29,9 —18,9
» -+- 7H'0 0,9627 26,7 — 16, 0-
). -\- SH^O 0,9662 24,2 — i4,o
(■) Ce travail a été fait, presqu'en totalité, par nion assistant, le docteur russe
Altschul.
(682)
Pour cent
Point
d'alcool.
de cristallisation
22,1
— 12,2
20,3
— 10,6
18,8
— 9.4
17,5
- 8,7
16,4
- 7.5
i3,8
- 6,1
11,3
- 5,0
6,8
— _3,o
4,8
— 2,0
2,5
— 1,0
Hydrates 'd'alcool Poids
éthylique. spécifique.
Alcool 4- gH'-0 0,9689
n 4- IoH-0 0,9712
I) H- iiH^^O 0,9732
» -+- 12H-0 0,9747
» + i3H=0 0,9761
>i H- i6H=0 ..'.... 0,9793
» + 20H-0 0,9824
» -H 35H20 0,9870
» -+- 5oH-0 0,9916
» H- 1 00 H^ O o , 9962
CHIMIE MINÉRALE. — Étude des combinaisons de l'anhydride fliiorhydrique
avec l'eau. Note de M. R. Metzxer, présentée par M. Henri Moissan.
« On sait que l'acide fluorhydrique anhydre a été refroidi par Gore à
35° au-dessous de zéro, sans présenter trace de solidification. Quant à l'acide
hydraté, Gay-Lussac et Thenard l'ont refroidi à — 20° sans pouvoir en sé-
parer l'hydrate cristallisé. Dans le but d'obtenir ces hydrates, j'ai été amené
à examiner comment se comporte l'acide fluorhydrique à divers degrés de
concentration, quand on le soumet au refroidissement.
» L'acide anhydre ne se congèle pas à — 70°, dans le mélange d'acide
carbonique solide et d'éther ; si l'on ajoute de l'eau, de manière à avoir une
liqueur contenant 70 pour 100 d'acide anhydre, on constate qu'elle ré-
siste également au froid de — 70°; mais si, par des additions d'eau succes-
sives, on arrive à l'acide pur du commerce (celui que nous avons employé
contenait 43,4 pour 100 d'acide anhydre), on s'aperçoit que, vers — 45°,
il commence à se former, au fond du vase de platine dans lequel on opère,
de petites masses dures opalines, dont le volume augmente lentement et
qui envahissent graduellement tout le liquide : ce fait semble indiquer
l'existence d'un ou de plusieurs hydrates d'acide fluorhydrique.
» Si, dans l'acide à 70 pour 100, refroidi vers — 70°, on laisse tomber un
peu de la masse solide précédente, celle-ci descend au fond et se dissout
rapidement : la matière ne se congèle pas.
» Avec un acide à 55 pour 100, refroidi lentement jusque vers — 45°,
on voit le creuset se recouvrir d'une masse cristallisée transparente, tandis
qu'à la surface fliottent des parcelles cristallines qui s'accroissent et ne
tardent pas à constituer des houppes très belles, formées de petits cristaux
( G83 )
prismatiques tronqués au sommet; elles tombentau fond du liquide quand
leur poids est devenu sutflsant, mais le liquide ne se solidifie pas en
entier : au bout d'un quart d'heure il reste encore du liquide non congelé,
et l'on peut alors extraire les cristaux et les sécher entre des plaques de
mousse de platine préalablement refroidies h — 5o°. On détermine leur com-
position, en les faisant tomber dans un poids connu d'eau et dosant le fluor
par les méthodes connues. On reconnaît ainsi qu'ils contiennent exacte-
ment 52,3 pour loo d'acide anhydre, ce qui correspond à la formule
HFl.H^'O.
» Cet hydrate est d'ailleurs caractérisé par son point de fusion : si, en
effet, on place un thermomètre paraffiné au milieu de la matière solide et
qu'on laisse la fusion se faire tranquillement, la température se maintient
à — 35° avec une fixité remarquable, pendant tout le temps que dure le
changement d'état.
» Les cristaux fument à l'air; ils sont très solubles dans l'acide concen-
tré et froid, ce qui explique comment il n'est pas possible de les préparer
avec cet acide.
)) Leur densité n'a pas été mesurée; mais, comme nous l'avons dit. les
cristaux déposés dans de l'acide concentré gagnent le fond du liquide; ils
sont donc plus lourds. Il en est encore de même quand on les dépose dans
de l'acide du commerce, qui correspond à peu près à HFl, 2H-O, et dont
la densité est i,i5 : leur densité est, par suite, supérieure à ce nornbre.
» Remarquons, en passant, que celle de l'acide anhydre étant 0,988, les
mélanges d'eau et d'acide fluorhydrique présentent un maximum de con-
traction, auquel correspond peut-être l'hydrate à une molécule d'eau.
» L'hydrate fondant à — 35° est encore solide à cette température ; ce-
pendant il ne se sépare pas des liqueurs mères, dans lesquelles il reste
en sursaturation jusqu'à une température bien inférieure : si, en effet,
après avoir refroidi vers — 60" un liquide contenant 70 pour 100 d'acide
anhydre, on lui ajoute de l'eau goutte à goutte, en agitant de manière à
éviter que la température ne s'élève, on ne voit rien se former tout d'a-
bord; mais, à un moment donné, la dernière goutte d'eau ajoutée donne
naissance à quelques cristaux, et ceux-ci provoquent la cristallisation de
proche en proche, si bien qu'on voit se former une quantité de houppes,
qui deviennent encore plus nombreuses quand on agite le liquide pour
favoriser son contact avec les cristaux déjà formés. Il y a là un phénomène
bien net de sursaturation de l'hydrate; d'ailleurs, quand on refroidit de
l'acide du commerce, on peut l'amener à — ^5° sans déterminer la soli-
( 684)
dification, qui se produit brusquement par l'introductiou d'un cristal.
» En s'appuyant sur les résultats que donnent les acides chlorhydrique
et bromhvdrique, on admet en général l'existence d'un autre hydrate d'a-
cide fluorhydrique, correspondant àHFl.2H-0 : quand on distille des so-
lutions plus concentrées ou plus étendues, l'une perd de l'acide anhydre,
la seconde de l'eau et, finalement, le liquide qui distille ofFre une composi-
tion que la formule précédente représente'sensiblement.
» J'ai essayé de préparer ce second hydrate en refroidissant l'acide du
commerce, dont la composition est très voisine de la sienne; ilse forme,
au fond du vase, de petites masses opalines qui se développent peu à peu de
manière à envahir tout le liquide, et celui-ci se transforme bientôt en une
masse solide qui adhère fortement aux parois du creuset de platine; on
peut dépouiller cette matière de son eau mère, en l'écrasant sur du papier
filtré qu'elle attaque peu, refroidi à — So"*. L'analyse montre que sa com-
position est peu différente de celle du liquide qui lui a donné naissance :
avec l'acide à 43,4 P'i'' exemple, j'ai trouvé dans la masse solide 43, x d'a-
cide anhydre. Cette matière ne présente pas trace de cristallisation; elle
ne fond pas à une température constante; tout porte à penser qu'elle est
constituée par de l'hydrate à une molécule d'eau, empâté dans de la glace
et formant une masse opaline plus ou moins homogène.
» En se servant de liqueurs contenant une moindre proportion d'anhy-
dride, on obtient, par refroidissement, des masses butyreuses ayant la
composition du liquide qui leur a donné naissance, mais n'ayant ni forme
cristalline propre, ni point de fusion défini.
« Je crois pouvoir conclure, de l'ensemble de ces recherches, que l'a-
cide fluorhydrique ne forme, dans les conditions de mes expériences, que
l'hydrate à une molécule d'eau HFl.H'O ('). »
THERMOCHIMIE. — Recherches sur les sulfates mercuriques.
Note de M. Raoul Varet.
« J'ai poursuivi mes recherches sur les sels de mercure, en déterminant
les principales données thermochiniiques relatives au sulfate neutre de
mercure, ainsi que les données concernant le sulfate tribasique qui prend
naissance dans l'action de l'eau sur ce sel, et les réactions qui en détermi-
(') Travail fait à la Sorbonne, au laboratoire de M. Alfred Ditte.
( 685 )
nent la formation. Ce sont les résultats obtenus au cours de cette étude
que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie.
i> I. Sulfate neutre. — À. J'ai mesuré la chaleur de dissolution du sulfate de mer-
cure très pur dans l'acide sulf'urique; j'ai trouvé que :
4S0*H-(i mol. =2'i>) -+-IIgSO'sol. dégage vers 16", 5 +4':»', 3
3
1
4S0'II-(i mol. =4»')H-HgS0' » » i4°,o -+-4Cai^go
B B. J'ai mesuré la chaleur de neutralisation de l'acide sulfurique étendu par l'oxyde
de mercure, parla méthode rigoureuse des doubles décompositions réciproques qui
conduit en outre à des notions intéressantes sur les déplacements réciproques entre
les acides sulfurique, chlorhydrique et cjanhydrique combinés au mercure.
SO'Hg sol. H- 2HCl(i mol. = 5''') dégage vers 16" -i-i6,4
SO»H=ét. +HgCr^ét. » » -i- 0,08
On a d'ailleurs, d'après M, Berthelot, HgOpréc. -H 2HClét. dégage -r- 18,90
D'où l'on tire llgO préc. + SO'IP et. = HgSO sol. + ir^O- liq +2,58
l SO'Hgsol. -t- aHCy (1 mol. = 5"'') dégage vers \b° -+-28,25
( S0»H2 et. H- HgCy-^ et -+- 0,02
On a, d'après M. Berthelot, HgO préc. + aHCy et +3i,o
D'où l'on conclut HgO préc. + SO'H- et. = HgSO' sol. + H^O liq. dégage. ■+- 2,77
/ S0*Hgdiss.dans4S0*lP(i mol. = 4i")-i-2NaCl(i mol.^ô'i') » . +i3,4o
3.| HgCl-^(imol. = 8'")+4SO'H-^(imol. = 4»') + ]\a2SO'(imol. 4'i') abs. — 1,61
( HgSO' sol. +4SO'H2(i mol. =4'«) dégage -+- 4,90
d'où l'on déduit HgO préc. -h SO'H^ et. = HgSO' sol. 4- H^Oliq. dégage. -1- 2,6
» D'autres expériences (que je donnerai dans un Mémoire plus étendu) m'ont fourni
les nombres 2'^''', Sg; 2*^^', 58; 2"^"', 60; j'adopterai 2*^"', G comme moyenne générale.
» Ce nombre + 2*^°', 6 peut paraître faible à première vue, cependant il ne s'écarte
guère de la chaleur de formation du sulfate de zinc anhydre calculée de la même manière
4- 5'^''',o; moins encore de celle du sulfate de cuivre anhydre +3'^''',4. La différence
entre ces sels résulte surtout de la diversité dans l'action qu'ils éprouvent de la part
de l'eau, les uns s'unissant de préférence à l'oxyde d'hydrogène pour former de
Douveaux composés stables, tandis que l'autre se combine avec un excès d'oxyde de
mercure.
» En résumé, on a
Cal
HgO précipité -+- SO'H^ étendu = HgSO' sol. + H^O liq., dégage vers i5°. . . -+- 3,6
HgOprécip. + SO'H^puretliq.= HgSO'sol.+ lF01iq., » . . -+- 19,6
HgO précipité + SO' solide = HgSO' solide » ... +4o,i
Hg liquide + S solide -h 0* gaz =: HgSO* solide » ... +166,1
» H. Sulfate tribasujue SO^SHgO. — A. J'ai trouvé, pour la chaleur de dissolution
de ce sel dans l'acide sulfurique,
SO^SHgO solide -t- 25SO'H2(i molécule =: 2I'') dégage +9'^''', i
( 686 )
» B. J'ai employé deux procédés pour déterminer la chaleur de formation de ce
composé,
( SO^SIIgO sol.-t-6HClét. =:3HgCl=diss.-hS0*H' dégage vers i6°. +43'^"', 4
*• i 3HgCP étendu -+■ S0»H2 étendu + o'^^'-oS
» Sachant que 3HgO précipité + 6HC1 étendu dégage 56c^',7, on en déduit
3HgO précip. 4- S0*H2 et. — SEgOSO^» sol. + H^Oliq., dégage +i3,36
l SO'.3HgOsol.+ 6HCy et. = 3HgCy'diss.+ S0'H°- dégage vers i5°. . +79,60
^" i 3HgCy= étendu -H SO*H^ étendu + 0,00
), On a aussi 3HgO précipité -+- 6HCy étendu dégage 93Cai,o. D'où l'on conclut
3 HgO précipité + S0'H2 étendu =3HgOSO' sol. + H501iq., dégage... +i3c»i,/lo
» De ces nombres, on déduit
3HgO précipité + SO'H- étendu = 3HgOSO' sol. -^ H- O liq., dégage.. . -f-i3C"i,38
llgOSO' solide + 2HgO précipité = SHgO.SO^ solide +ioc»',78
» III. Action de l'eau sur le sulfate neutre de mercure. — J'ai examiné l'action
d'un grand excès d'eau sur le sulfate neutre et j'ai trouvé que
HgOSO'-Hio'i'eau
= iHgSO'diss. + fSO*H^diss.-+- |(3HgO.SO') précip. dégage h-2c^i,38
» Le calcul indique 2C>i,29. La transformation totale d'une molécule de sulfate
neutre en sulfate tribasique et acide sulfurique étendu dégagerait i<^^\%â, et la re-
dissolution du sel basique ainsi formé i(3HgO.SO') dans une quantité suffisante
d'acide, c'est-à-dire dans un excès, dégage 3C"',o. On remarquera d'abord que la for-
mation d'un sulfate acide de mercure, contrairement à ce qui arrive avec les sulfates
alcalins dissous, dégage de la chaleur. Le maximum thermique correspondra à la for-
mation d'une liqueur sulfurique saturée de sulfate tribasique; c'est ce que M. Ditle
a observé directement. Je n'insiste pas sur ces faits, que je développerai plus longue-
ment dans mon Mémoire.
» Conclusions. — 1. J'ai mesuré la chaleur de formation, jusqu'ici incon-
mie, du sulfate de mercure.
» II. Dans l'action de l'eau sur le sulfate de mercure, de toutes les ré-
actions possibles, c'est celle qui dégage le plus de chaleur qui se produit.
Ce qui explique pourquoi ce sel est décomposé par l'eau en acide libre et
sel basique, réaction exothermique, tandis qu'elle serait endothermique
avec les sels alcalins ou métalliques que l'eau ne décompose pas.
» III. Tandis que l'acide sulfurique, opposé à l'acide cyanhydrique vis-
à-vis de la potasse, le déplace dans la dissolution même et sans précipita-
tion, avec un dégagement de chaleur de + 25<^"',4 qui répond à la prépon-
dérance thermique du premier acide vis-à-vis de cette base, au contraire,
( <>«7 )
vis-à-vis de l'oxvcle de mercure, c'est l'acide cyanhydriqiie, même très
étendu, qui déplace complètement l'acide sulfuric[ue, avec mise en liberté
de 23*^*', 5. Ce renversement des réactions ordinaires, entre l'acide cyanhy-
drique et l'acide sulfurique, est précisément le même que celui qui existe
entre l'acide cyanhvdriquc et l'acide chlorhydrique; il s'explique de
la même manière, par la prépondérance thermique de l'acide cyanliy-
drique.
» IV. L'acide sulfurique est également déplacé, d'une manière complète
ou sensiblement, par l'acide chlorhydrique dans le sulfate de mercure. Et
ce phénomène s'explique de la même manière.
» Toutes ces réactions inverses des phénomènes ordinaires sont des
conséquences du principe du travail maximum et en fournissent de nom-
breuses et remarquables confirmations. «
CHIMIE MINÉRALE. — Le vermillon d'antimoine n'est pas un oxymlfnre.
Note de M. H. Baubigny, présentée par M. Troost.
« C'est en 1842 qu'Himly a proposé l'emploi de Fhyposulfite de soude
pour précipiter les oxydes métalliques de leurs solutions. Il considérn'i le
produit comme un sulfure. Plus tard, Strohl, d'après une analyse erronée,
a énoncé le premier que le vermillon d'antimoine obtenu par l'action d'un
hyposulfite alcalin sur le trichlorure était un oxysulfure Sb^O^Sb^S'.
)i Cette opinion prévaut encore, malgré les objections de Pettenkcfer, qui
reconnaît la présence d'oxychlorure dans le corps préparé suivant la mé-
thode de Strohl, et celles de Mathieu-Plessy,puis(le Rieckher, qui tous deux,
par la seule comparaison du sulfure ordinaire et du vermillon, conclurent
à l'identité des deux corps.
» Cela est dû à ce que Wagner ayant étudié ultérieurement la composi-
tion d'un produit préparé par lui à l'aide de l'émétique et l'avant trouvée
identique à celle de la kermésite, minéral analysé par Rose en 182.'), son
analyse fit foi, surtout devant son affirmation que le corps était exempt de
tout oxyde d'antimoine, i\ l'état de simple mélange. Pettenkofer, Malhieu-
Plessv et Rieckher n'avaient en effet donné aucune sanction analytique à
leurs conclusions. A. la formule donnée par Strohl, Wagner substitua seu-
lement celle Sb-OS^ trouvée par lui.
» Aussi la Note d'Akermann, la dernière en date, n'eut-elle pas d'écho,
quoiqu'il avançât encore que, si on enlevait au vermillon les produits basi-
C. R., i8ç)4, i' Semestre. (T. CXI\, M' 17.) 9°
( 688 )
qnes d'antimoine par l'acide chlorhydrique faible et froid, dans tous les
cas, il restait du sulfure Sb^S' pur.
)) Il en est donc aujourd'hui du vermillon d'antimoine comme il en était
il y a quelques années pour le kermès artificiel, au sujet duquel régnaient
deux opinions : celle de Liebig qui le considérait comme un oxysulfure
également, et celle de Berzélius définitivement admise depuis les travaux
de H. Rose, quia prouvéqu'il est formé par unmélange desulfure amorphe
Sb-S', d'un peu de sulfosel alcalin, avec des quantités variables d'oxyde
d'antimoine cristallisé Sb^O', nettement visible au microscope^ Rose a en
effet montré qu'on peut préparer -du kermès exempt d'oxygène et d'aspect
très homogène, en employant une quantité relativement grande de carbo-
nate alcalin et capable ainsi de retenir en solution froide tout l'oxyde d'an-
timoine dissous dans la liqueur chaude.
» Comme on le voit, les deux questions présentent une certaine simi-
litude, et l'étude du vermillon mérij:ait d'être reprise.
» Revenons à l'expérience de Strohl. Je ferai remarquer d'abord qu'il
opérait dans des conditions telles, qu'il se formait toujours en premier
lieu un précipité d'oxychlorure, ne se modifiant et ne se colorant à froid
qu'après quelques heures. Afin d'éviter cette circonstance, défectueuse sans
conteste pour obtenir du vermillon pur, j'ai augmenté considérablement
la proportion d'hyposulfite, et effectué au préalable la dissolution du chlo-
rure d'antimoine dans l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique.
» Le mélange des deux liquides, parfaitement limpide et transparent, à l'origine,
se colore alors eu quelques instants, même à froid, et la réaction se continue peu à
peu, avec dépôt d'une Substance d'un rouge carmin. A chaud, elle se produit de suite
et se termine plus rapidement. Cependant, le produit contenait encore des quantités
trop considérables d'oxychlorure, surtout celui de l'opération faite à froid où le chlo-
rure basique formait de grosses paillettes cristallines incolores, pour juger l'analyse
opportune.
» J'ai alors cherché à éviter la séparation du sous-sel, en augmentant l'acidité de
la solution d'antimoine, et en employant des liqueurs plus concentrées. En outre,
instruit par l'expérience précédente qui m'avait prouvé qu'il était préférable de hâter
la réaction, le mélange fut chaufTé de suite à 70°. Le vermillon formé, le liquide fut
filtré chaud, le précipité essoré sous presse aussi parfaitement que possible, et finale-
ment lavé à l'eau chaude, pour enlever tous les produits solubles. Le résultat, quoique
meilleur, fut encore imparfait, car le produit, traité par une solution froide d'acide
tartrique à 7 pour 100, perdit 1 1,6 pour 100 de son poids ; et par les dosages de chlore
et d'antimoine du composé dissous il me fut aisé d'y prouver la présence de l'oxychlonure
Sb^O', Sb^O-Cl-, terme ultime de décomposition par les lavages à l'eau chaude des
chlorures basiques.
( 689 )
» Avec le chlorure d'antimoine, le vermillon ne pouvant être obtenu
pur que fort difficilement (si, toutefois cela est possible) sans lavages aci-
des, j'ai alors étudie le produit formé à l'aide de l'émétique, en présence
de l'acide tartrique et dans les conditions où Wagner l'avait préparé. En
agissant ainsi, il m'était d'abord facile de parer à tout dépôt de composés
basiques, dus à l'action décomposante de l'eau sur les sels d'antimoine, et,
en second lieu, de contrôler l'assertion de cet auteur.
» Avec les proportions indiquées par Wagner, à 80°, le liquide vire de suite au
jaune orange, puis au rouge cinabre. On décante à chaud, et le dépôt est lavé à plu-
sieurs reprises avec de l'eau tiède d'abord, puis, après dessiccation avec du sulfure de
carbone (*), par digestion pendant quarante-huit heures. Séché à l'air libre et dans
le vide, ce produit n'abandonnait sensiblement rien à la solution tartrique. Dans ces
conditions, j'en ai fait l'analyse sur is^joSS de matière. On l'oxyde à l'aide du brome
en présence d'eau et d'un peu d'acide tartrique, dans un flacon fermé. Tout se dissout.
Vingt-quatre heures après, on chasse l'excès de brome, on acidulé légèrement par
l'acide chlorhydrique et on précipite l'antimoine comme sulfure : Sb'S' =is'', o53.
» Ce premier fait que le poids'du sulfure obtenu était sensiblement le
même que celui du vermillon soumis à l'analyse rendait déjà fort douteux
que ce corps fût un oxysulfure, car, d'après la composition que lui assigne
Wagner, on aurait dû trouver un poids de 5 pour loo plus fort.
)) Le dosage de l'acide sulfurique devant finir de me fixer l'hydrogène sulfuré fut
chassé de la liqueur par une longue ébuUition, et je versai peu à peu d'une solution
titrée de chlorure de baryum jusqu'à cessation de précipité, ce qui exigea un poids
de sel de baryum notablement supérieur à celui qui aurait été nécessaire pour séparer
l'acide sulfurique fourni par l'oxydation de iê'',o55 d'oxysulfure Sb-OS". Le sulfate
de baryte pesait en effet 2S'',i775, alors qu'on n'eût dû avoir que 16'', 5325 de sulfate, soit
très sensiblement 70 pour 100 du premier poids dans le cas de l'oxysulfure, ou en
composition centésimale si O =16 et Sb = 120 :
Pour Sb"S'. Pour Sb"OS'. Trouvé
Sb 240 71,43% 240 75 »/(. 7>.29
s 96 28,57 ^4 20 28,34
o » » 16 5 »
)) Ce premier résultat étant en contradiction avec celui de Wagner,
j'ai fait un second essai, en modifiant les proportions et en opérant à froid.
» Je diminuai l'acide tartrique et augmentai l'hyposulfite. Le mélange des dissolu-
tions fut abandonné à lui-même vingt-quatre heures, la liqueur claire décantée et le
(*) La quantité de soufre enlevée a toujours été minime.
(690 )
précipité lavé à l'eau froide d'abord et ensuite avec de l'eau à 60° pour enlever le bi-
tartrate de potasse qu'il contenait. Le produit séché ne céda que fort peu de soufre
au sulfure de carbone et sensiblement rien à l'acide tartrique.
» Après dessiccation nouvelle, j'en fis l'analyse par la même méthode que précé-
demment. Le poids de sulfure obtenu Sb^S^ = iS'-,o5o fut encore presque le même que
celui du vermillon employé, /> = i§'',o53, et le poids de sulfate de baryte recueilli
BaSO* = 25^,171 de beaucoup supérieur à celui qu'aurait dû fournir l'oxysulfure et
qui eût été iB'jSSS ;
» Ou en composition centésimale pour cette analyse :
Pour Sb=S'. Pour Sb'OS=. Trouvé
Sb 240 71,43 "/o 240 75 »/o 71-22
S 96 28,57 64 20 28,81
D ." » » 16 5 »
» A froid comme à chaud, avec l'émétique et l'acide tartrique, la matière
colorante du vermillon d'antimoine formée par l'action de l'hyposulfite de
soude est donc, en tant qu'espèce chimique, le sulfure ordinaire Sb"S'.
S'il possède une teinte spéciale, cela tient aux conditions de formation. Il
ne se forme pas d'oxysulfure dans cette réaction, ainsi que l'a prétendu
Wagner. Quant au vermillon formé avec le trichlorure, en dehors de la
présence de l'acide tartrique, s'il renferme de l'oxygène, ce n'est qu'à
titre de mélange, sous forme d'oxychlorure. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nitrosalicylates de bismuth. Note de M. H. Gausse,
présentée par M. Arm. Gautier.
« La double décomposition qui a lieu entre un salicvlate soluble et le
nitrate de bismuth, double décomposition qui engendre du salicylate de
bismuth insoluble, est le plus souvent incomplète; à moins de neutraliser
le liquide par un alcali, il reste toujours une faible quantité des coinposés.
» Les eaux-mères deviennent le siège d'une réaction, dont l'effet est
différent suivant la concentration, mais dont la cause réside dans la forma-
tion d'un nitrosalicylate de bismuth. Tantôt elles abandonnent de longues
aiguilles blanches et soyeuses, tantôt un|précipité cristallin de couleur va-
riant du jaune à l'orangé.
» Au cours de nos recherches sur le salicylate de bismuth ('), nous
('j CompLes rendus, mai, octobre 1891.
(691 )
avions fréquemment observé qu'il se colorait en rouge, coloration attribuée
à la présence du fer.
» Divers indices qu'il serait trop long de rapporter ici m'ont fait penser
que le bismulli seul suffisait à donner ces réactions, que la formation de
différents sels était la cause de ces colorations et ces observations venaient
appuyer les faits que nous avions signalés quand nous avons établi la
constitution du dermatol ou sous-gallate de bismutb ( ' ).
Dans ce travail, corroboré par M. le professeur Cazeneuve (-), on a
montré, d'une part, le rôle des fonctions phénoliques, et, d'autre part, que
l'aspect jaune citron du dermatol était dû à la combinaison de la partie
phénolique de l'acide gallique avec l'oxyde de bismuth.
» Ici les mêmes remarques sont applicables; en effet, le nitrosalicylate
neutre est incolore, le sel basique est jaune, et les sous-sels sont oranges.
» p-NITllOSALICYLATE DE BISMUTH (C tP. AzO^ OH.CO= )' Bi -H 2 H* O. — On disSOUl
20S'' d'acide salicylique dans loC^" d'acide acétique, on ajoute iSo"^"^ d'eau distillée et
iSe"' de nitrate neutre de bismuth dissous dans 5o" de solution saturée de nitrate de
potasse. Au moment du mélange, il se développe une coloration violette qui passe au
brun; en même temps, des bulles gazeuses apparaissent, la température s'élève peu à
peu, et la réaction deviendrait énergique si l'on ne refroidissait. Après quelques
heures de contact, il se sépare de fines aiguilles qui finissent par euN'ahir tout le li-
quide.
» Le même nitrosalicylate se dépose, en abandonnant à elle-même l'eau-mère de la
préparation du salicylate de bismuth, par le procédé que nous avons indiqué; il se
sépare à la longue des aiguilles, et leur formation se prolonge pendant plusieurs mois.
» Quel que soit le procédé employé, les cristaux sont séparés, essorés, comprimés,
pour enlever l'eau-mère très acide, desséchés à l'air, lavés à l'eau distillée et dessé-
chés de nouveau.
» On obtient un amas d'aiguilles feutrées. L'eau bouillante les décompose en acide
p-nitrosalicylique et oxyde de bismuth; le perchlorure de fer les colore en rouge
intense.
» La formule du nitrosalicylate a été établie en dédoublant un poids connu de ce
composé par l'eau bouillante, et traitant ensuite avec le môme liquide chargé d'hy-
drogène sulfuré, pour éliminer la petite quantité de métal qui échappe à la dissocia-
tion. L'acide est dosé par voie alcalimétrique et le bismuth à l'état d'oxyde. Il y a
accord entre ceux que donne la théorie et l'expérience.
Trouvé.
CIPAzO-O' pour 100 70,1 5
Bi-0' pour 100 28,90
— — -
Calculé
70,10
69,4
28,95
29,4
(') Comptes j'endus, juillet iSgS,
(^) Bulletin de la Société chimique; i894'
( 692 )
» ^-NITROSALICYLATE BASIQUE DE BISMUTH : G^H^^ q ^Bi OH + H" O. — Dans Un
\AzO'-
ballon de capacité convenable, on introduit une solution de 206'' d'acide salicylique
dans 100'^'^ d'acide acétique, et 300'" de solution saturée de nitrate de potasse conte-
nant SoS"' de nitrate de bismuth. Le mélange se colore et dégage des bulles gazeuses;
on favorise la réaction en chauffant au bain-marie vers 4o°-45°. Lorsqu'elle est de-
venue vive, le ballon est retiré du bain et abandonné à la température ordinaire. 11 se
forme un magma cristallin qui est traité et purifié comme le sel neutre.
» Le p-nilrosalicylate basique dé bismuth est en petites aiguilles jaune citron, pos-
sédant les mêmes propriétés que le sel précédent. 11 est dissocié par l'eau^se colore
en rouge par le perchlorure de fer. La seule différence, outre l'aspect, consiste en une
teneur plus grande en oxA'de de bismuth.
» En appliquant à ce composé la méthode d'analyse que nous avons indiquée plus
haut, il a donné des nombres concordant avec ceux de la formule.
Trouvé.
C'H'.AzO-.O' pour 100 ... . 43,3 43, i 42,90
Bi-0' pour 100 54,2 54,3 54,79
» SOUS-P KITROSAUCÏLATE DE BISMUTH : (C° IP. Az O^ OH . CO^)2Bi2 0= H=4- H'O. — Il
se dépose quand on neutralise par le carbonate de soude le liquide qui a donné le sel
basique, si l'on a soin de laisser une légère réaction acide. Il se présente sous la
forme d'un précipité cristallin composé d'aiguilles microscopiques de couleur rouge
orange.
» Traité comme les sels précédents et analysé par le même procédé, il répond à la
formule ci-dessus :
Trouvé.
C'H'AzO'' pour 100 44)3o 44, 'o 44, 80
Bi^O^ pour 100 5o,45 5o,3o 5o,oi
. /CO^H (i)
» Acide P-mtrosaucyliqce C'H' — OH (2). — Cet acide, isolé par l'action de l'eau
\AzO' (5)
bouillante sur l'un quelconque des nitrosalicylates débarrassé par l'hydrogène sulfuré
de la petite quantité d'oxyde de bismuth entraîné et cristallisé dans l'eau, fcmd
à 227°, 5. Il donne avec le perchlorure de fer une coloration rouge-sang, avec l'eau de
baryte en léger excès un nitrosalicylate en lamelles jaune citron. Ces réactions, ajou-
tées à celle des sels de bismuth, permettent de conclure qu'il se produit dans l'action
du nitrate de bismuth sur l'acide salicylique de l'acide p-nitrosalicylique.
» Des recherches précédentes il résulte que, même en solution étendue,
l'acide nitrique combiné à l'oxyde de bismuth transforme l'acide salicylique
en acide p-nitrosalicylique, susceptible de donner une série de sels dont
l'aspect varie avec la composition. Cette propriété, l'acide nitrosalicylique
( 693 )
semble la devoir à la présence du groupe AzC dans sa molécule; il se
passe ce qui a lieu d'ordinaire pour les autres composés nitrés : la fonction
phénolique se trouve exaltée, son aptitude à la combinaison, rendue par là
plus grande, explique l'existence d'une série de composés que jusqu'ici on
n'a pu obtenir avec l'acide salicylique. Quant à la coloration rouge du sallcy-
late de bismuth, qu'on supposait être due à la présence du fer, il est difficile
de l'attribuer à un salicylate de ce métal. Elle est due à un nitrosalicylate.
Si l'on fait évaporer au bain-marie, un mélange de sous-nitrate de bismuth
cristallisé et de salicylate de sodium, vers la (in de l'opération, la masse
pâteuse s'échauffe, dégage de la vapeur nitreuse et en quelques minutes le
tout se colore en rouge; dans ce cas, la teinte est évidemment provoquée
par la formation du nitrosalicylate de bismuth ».
ANATOMIE. — Glandes salivaires des Apinœ (Apis mellifica ^ et ?)(')•
Note de M. Bordas, présentée par M. Edmond Perrier.
« Nous allons résumer ici le résultat de nos recherches sur les glandes
salivaires des Apinœ, nous réservant de traiter ultérieurement cette ques-
tion avec plus de détails.
)) P. Schiemenz, résumant les travaux de Dufour, Leuckart, Leydig,
Meckel, Wolf, etc., a décrit, chez VApis melUfica, quatre systèmes de
glandes. Outre les organes déjà étudiés, nous avons constaté deux nou-
veaux appareils glandulaires : chez les neutres, à la face inféro-interne des
mandibules et sons l'orifice buccal, et, chez \ç,s,mûles, en arriére des ocelles
et au-dessous de la lamelle chitineuse qui tapisse le pharynx.
» 1° Apis MELLIFICA NEUTRE. — Lcs nouvelles glandes que nous avons
rencontrées chez les Apis neutres sont les glandes mandibulaires internes et
les glandes sublinguales.
.» Glandes mandibulaires internes. — Ces organes sont situés à la base
des mandibules, vers le pédicule qui rattache le menton à la plaque chiti-
neuse inférieure de la tête. Par leur position, ils correspondent aux glandes
mandibulaires internes des Bomhime et des Vespidœ, et, par l'embouchure
de leurs conduits excréteurs, aux glandes maxillaires des autres Hymé-
noptères. Ces glandes ont la forme d'une lamelle aplatie, losangique,
(') Résumé d'un travail fait au Muséum, laboratoire de M. le professeur Edmond
Perrier.
( ^94 )
constituée par une seule couche de cellules et étendue obliquement sur la
plaque commune de la base de la mandibule et du pédicule du menton.
Chaque cellule se présente sous l'aspect d'un petit granule blanchâtre,
sphérique, et renferme un protoplasme jaune pâle, granuleux, et un noyau
central. De chacune d'elles part un canalicule excréteur filiforme, allant
déboucher de chaque côté de la base du menton.
» Glandes sublinguales. — Ces glandes, ^rès développées chez la plu-
part des Hyménoptères, sont fort rudimentaires chez les Abeilles neutres.
Elles sont situées sous la plaque chitineuse qui forme la base de l'orifice
buccal et disposées transversalement vers son bord antérieur. Elles sont
piriformes et dépassent légèrement les parois du pharynx, ce qui permet
de les apercevoir de la face supérieure de cet organe. Un peu élargies
extérieurement, elles vont s'amincissant vers la ligne médiane et sont en-
veloppées par une mince membrane. Chaque organe est constitué par un
massif d'craVii glandulaires, ovoïdes, nucléés et pourvus d'un protoplasme
réfringent. Les canaUcules, émanés de chaque glande, se groupent en
deux faisceaux qui s'ouvrent sur les côtés de l'orifice buccal.
» 2° Apis mellifica mâle. — Chez les mâles, les glandes situées en ar-
rière des ocelles, ou postocellaires, présentent une forme nettement trian-
gulaire, à base tournée en avant et à sommet dirigé en arrière. Les dimen-
sions de la face supérieure sont les suivantes : base o™", 5 et hauteur o""", 65.
Elles sont limitées, en avant par les trois ocelles et latéralement par les
parois internes de la région postérieure des yeux composés.
» liC bord antérieur est rectiligne ou concave et pourvu quelquefois
d'un prolongement médian très court; les bords latéraux sont légèrement
concaves, à courbure tournée vers l'extérieur. Des trois angles, le plus dé-
veloppé est le postérieur, qui s'étend, sous forme d'appendice filiforme,
dans l'étroit espace compris entre les extrémités terminales des veux. Les
angles latéraux, moins allongés, émettent des prolongements qui contour-
nent légèrement les ocelles externes. La face antérieure est plane ou fai-
blement recourbée et les deux latérales sont beaucoup plus irrégulières.
Quant à la face inférieure, en rapport avec l'extrémité postérieure de la
masse cérébrale, elle est pourvue de nombreuses aspérités et logée dans
une concavité située en arrière des ocelles.
S) Cette glande est constituée par de nombreux acini monocellulaires,
dont les canalicules excréteurs vont déboucher dans des conduits afférents
d'un plus large diamètre s'ouvrant à l'extrémité antérieure de l'œsophage.
» La glande sublinguale des Abeilles mâles, très volumineuse, est située
( 695 )
sous la plaque chitineiise qui recouvre, en avant, le plancher pharyngien.
Elle est disposée transversalement et présente, dans sa région médiane,
une très faible dépression séparant deux renflements latéraux, plus ou
moins accentués, logés dans deux cavités peu profondes, situées au-dessous
et de chaque coté de la bouche. Le sillon médian, dont nous avons parlé,
fait parfois défaut, et la surface inférieure paraît alors uniformément plane.
La structure de cet organe est identique à celle des glandes sublinguales des
autres Hyménoptères.
» Les Apis possèdent encore des glandes llioraciqucs, localisées dans le
thorax, des glandes postcércbrales , situées en arrière du cerveau ; des
glandes supracérébrales, qui recouvrent le cerveau, et des glandes mancli-
bulaires externes, placées à la face externe de la base des mandibules. »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur une chenille inédite, dévorant les feuilles et les
fruits du figuier, dans V arrondissement de Puget-Théniers. Note de
M. Decaux.
« Le 5 août dernier, M. F. Gagnaire, professeur de Sciences natu-
relles à l'École pratique d'Agriculture du golfe Juan, m'adressait quelques
feuilles de figuier dévorées en partie par une petite chenille, dont il joi-
gnait deux échantillons.
» J'ai observé, me disait-il, la iiiésence de cette clicnille pour la première fois l'an-
née dernière; si ce lépidoptère n'est pas une espèce nouvelle, il est au moins un ennemi
nouveau. Cette année, l'invasion s'est beaucoup développée, non seulement sur les
feuilles, mais, partout où il y a deux, figues qui se louclient, l'un des fruits a été dété-
rioré et tombe maintenant. Je ne connais pas le papillon.
y Cette chenille n'est pas rare en Corse, où j'ai eu occasion de l'obser-
ver sur les feuilles du figuier; on la trouve également en Italie et il est pro-
bable qu'elle habite tous les pays avoisinant la Méditerranée : Grèce, Tu-
nisie, Algérie, etc.
» Après de minutieuses recherches (à Argenleuil), j'ai pu recueillir
quatre chenilles, le i3 août dernier; elles se sont métamorphosées et
m'ont donné l'éclosion du papillon.
« Le papillon de cette chenille est décrit depuis longtemps : c'est la
Simaethis nemorana (Carlh), appelé aussi Torlrix nemorana par Hubner;
Asopia incisalis par Treits; Xylopoda nemorana par Duponchel, qui l'a (i-
C. R., i!<9'|, V Semestre. (T. CX1\, N" 17.) 91
( (^1)6 )
guré assez exactement dans son Histoire naturelle des Lépidoptères de France,
t. IX, p. 462, Pi. 160, /ig. 7; il ne croit pas qu'elle se trouve aux envi-
rons de Paris; son habitat est le Midi.
» Mœurs. — Le papilloh, qui est crépusculaire, apparaît vers le i5 juin; en Corse,
on trouve de jeunes chenilles au commencement de juillet; généralement on rencontre,
sur le dessus de la feuille, deux, trois ou quatre chenilles réunies sons une légère toile
composée de fils de soie blanche d'une grande finesse, qu'elles ont confectionnée en
commun. Elles se nourrissent du parenchyme de la feuille, ne laissant que les ner-
vures. Les feuilles ainsi mutilées ne tardent pas à jaunir, puis à se dessécli^r.
» Lorsque les chenilles sont nombreuses, comme elles se sont montrées cette année
dans l'arrondissement de Puget-Théniers, elles s'attaquent aussi aux fruits dont elles
dévorent la partie verte, par bandes de 2™™ à 3™™, allant de la queue à l'ombilic. Les
fruits ainsi détériorés ne profitent plus et finissent par tomber avant la maturité.
» Vers le 5 août, en Corse, la chenille, arrivée à tout son développement, se sus-
pend à un fil et se laisse descendre à terre pour aller se transformer au pied de la
plante; elle ne fait pas de cocon proprement dit; elle se contente de réunir quelques
débris de feuilles ou autres détritus, qu'elle lie avec des fils de soie: c'est dans cet abri
ou cocon grossier qu'elle passe l'hiver sous la forme de chrysalide.
>i En captivité, une chenille a opéré sa transformation entre les plis d'une feuille de
papier; une toile serrée, composée de fils de soie blanche, de 4''™,. 5 de long, retient
fortement les deux parties de la feuille. Ce cocon, commencé le 14 août, a donné
l'éclosion du papillon dans la matinée du 4 septembre.
» L'hypothèse de deux générations par an est assez problable dans le Midi : la pre-
mière en avril, la seconde en juin et juillet. Les chenilles écloses en septembre
meurent avant d'arriver à leur entier développement.
» Un mot des moyens de destruction. A partir de novembre jusqu'au
i5 mars, on peut conseiller de ramasser avec soin les feuilles et attires
détritus trouvés sous les figuiers, et de les détruire par le feu; ils contien-
nent des nvmpbes en grand nombre. En complétant l'opération par un
labour profond, sous les arbres, on enterrera les chrysalides qui auront
échappé. Plusieurs expériences nous ont démontré qu'il est impossible au
papillon, lors de son éclosion, de remonter au travers d'une couche de
terre de lo*"" à iS"^'" d'épaisseur.
« Si l'on remarque que chaque chrysalide femelle détruite supprime
200 à 3oo chenilles au printemps, on comprendra l'importance de ce mode
de destruction. »
( ^Vl )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le mécanisme de la respiration végétale.
Note de M. L. Maquenxe, présentée par M. Dehérain.
« Dans une précédente Communication ( ' ) j'ai fait voir que, après un
séjour de quelques heures dans le vide, les feuilles dégagent ordinaire-
ment plus d'acide carbonique qu'à l'état normal ; il m'a paru intéressant,
au point de vue de la connaissance des réactions internes qui caractéri-
sent la vie végétale, de déterminer dans ces mêmes conditions la valeur
que prend le rapport -ç— de l'acide carbonique dégagé à l'oxygène ab-
sorbé.
» On sait déjà, en effet, que la valeur de ce rapport est influencée par
diverses causes : elle s'élève avec la température et paraît croître même,
jusqu'à une certaine limite, avec l'âge de la plante; on pouvait donc
prévoir que la privation momentanée d'oxygène, en modifiant le sens des
réactions intérieures et, par conséquent, la nature des principes élaborés,
devait déterminer aussi une variation du rapport —^- L'expérience nous
a montré qu'il en est réellement ainsi ; mais, comme on va le voir bientôt,
la variation n'est constante que si l'on s'adresse toujours à la même espèce
végétale; positive pour certaines plantes, elle devient négative pour
d'autres, et il semble impossible de formuler à cet égard aucune règle pré-
cise ; elle est évidemment en relation avec la composition immédiate des
tissus: c'est une nouvelle preuve de l'extrême complexité des phénomènes
chimiques de la vie.
» Le Tableau suivant donne les résultats que nous avons obtenus pour les espèces
étudiées dans notre première Note, avant et après un séjour de quatre heures dans le
ride de la trompe. Les analyses de gaz ont été faites, comme d'habitude, au moyen
de l'eudiomèlre de M. Schlœsing, qui permet d'atteindre une approximation suffi-
santé pour fournir les valeurs de —n— à -.^ près.
» L'air introduit dans les tubes à respiration était au préalable dépouillé d'acide car-
bonique; son volume était déduit du volume de l'azote trouvé dans l'analyse finale.
» Les eîtpériences comparatives ont toujours été faites simultanément, à la même
température et avec des feuilles aussi semblables que possible; la durée de chacune
d'elles a été uniformément de une heure, enfin on a pris pour l'extraction des gaz
(') Comptes rendus, t. CXIX, p. loo.
( %« )
lous les soins que nous avons reconnus nécessaires, M. Dehérain el moi, dans noire
Mémoire de 1886 (').
Espèces étudiées. CO'.
( Normal 4>i2
) Ap. vide 5,63
\ Normal 2,69
( Ap. vide 4, 18
\ Normal 2,55
( Ap. vide. 3,64
i Normal 4> 18
\ Ap. vide 5,07
Normal 3,89
Ap. vide 5,73
\ Normal 2,24
j Ap. vide 3,92
Normal 2,99
Ap. vide 5,46
\ Normal 3,37
\ Ap. vide 6,32
\ Normal 5, i5
) Ap. vide 7,63
\ Normal 4,28
) Ap. vide 6,70
\ Normal 3, 60
j Ap. vide 4)34
Fusain du Japon.
Id.
Id.
Id.
Lilas.
Id.
Id.
Giroflée.
kl.
Aster.
Buis.
5,29
8,65
6,38
8,76
7,02
7,53
5,78
6,97
5,4o
8,63
7,12
7 . 74
5,78
7,46
5,4o
5,96
4,i6
6,54
4,80
7,20
6,53
Az.
78,32
79>o8
78,66
79,44
78,69
79,34
78,29
79-i5
79, ï4
78,88
79, '3
78,96
79,27
78,76
79,17
78,28
78,89
78,21
79,18
78,50
79,20
79, '3
CO'
0
1,28
0,99
I ,22
0,89
1,21
0,91
1,29
0,97
0.97
i,o4
0,95
I ,o3
0,91
1,07
0,95
1,18
i,o4
1 , 16
0,96
1,11
0,95
0,98
» On voit que, eu général, le rapport -^- est plus élevé pour les feuilles
qui ont séjourné dans le vide que pour les mêmes feuilles normales : le
fait est surtout frappant pour le lilas et la giroflée, qui montrent des ac-
croissements de II et 17 pour 100; mais, dans le cas du fusain, qui fournit
CO"
un rapport de -^y- exceptionnellement élevé, il y a au contraire une chute
énorme, correspondant à 25 pour 100 de sa valeur moyenne.
» De pareils écarts, absolument en dehors des erreurs possibles d'ex-
périmentation, nous montrent que l'influence de l'espèce est ici dominante
CO-
et que le rapport -jr- est essentiellement variable par nature.
» Faut-il voir dans ces variations une nouvelle preuve de l'indépendance
du dégagement d'acide carbonique et de l'absorption d'oxygène, et par
(') Annales agronomiques, t. XII, p. i45.
( ^9[) )
suite une objection à la manière de voir que nous avons formulée clans
notre précédente Note? Nous ne le pensons pas, car le rapport des gaz
échangés entre l'atmosphère et un tissu végétal dépend nécessairement de
la composition de celui-ci, et cette composition doit être modifiée d'une
manière sensible par un séjour préalable dans le vide, autant que par un
abaissement ou une élévation de température.
» D'ailleurs le Tableau qui précède montre que l'oxygène est mieux
absorbé par une feuille qui est restée dans le vide que par une feuille
normale.
» Si l'on calcule le volume total d'oxygène qui a été pris dans chacune
des expériences précédentes, on arrive aux résultats suivants, qui sont
peut-être plus significatifs encore.
Oxygène absorbé
en une heure.
Espèces Poids ^ — — ^ -
étudiées. des feuilles. Élat normal. Vprés vide.
se ^ ce co
Fusain du Japon i3,35 10,76 19,60
Liias . . . . , ii,3o 9,65 i4j45
Giroflée 7,45 8,49 i'i94
Aster 3,20 4>46 6,02
Buis 4jOO 3,80 4,45
M Le séjour momentané d'une feuille dans le vide a donc pour effet
immédiat d'augmenter à la fois la proportion d'oxygène absorbé et
celle de l'acide carbonique émis, en d'autres termes de rendre la respira-
lion plus active.
» Ce fait indiscutable et indépendant des variations possibles du rap-
^ GO'- . , , , ,.,
port -Q-j au moins pour les espèces que nous avons étudiées, nous parait
de nature à affermir l'hypothèse qui nous a servi de point de départ, et
nous permet, en conséquence, d'énoncer la conclusion suivante :
» La respiration des plantes semble être le résultat de la combustion
lente d'un principe éminemment oxvdable, que la cellule vivante sécrète
constamment, à l'abri de la lumière, et qui est susceptible de s'y accumuler
quand l'oxygène fuit défaut dans l'atmosphère ambiante. »
( 700 )
PALÉONTOLOGIE. — La Station du Schweizersbild. Note de M. Nuesch
présentée par M. Albert Gaudry.
« Ayant fini les touilles de la station préhistorique du Schweizersbild, près
de Schaffhouse (Suisse), je me permets de présenter à l'Académie un
résumé des résultats de ces fouilles.
" Les travaux ont été commencés en i8gi et continués en 1892 et iSgS;
environ 760'" ont été fouillés aussi soigneusement que possible ; le
terrain a été enlevé couche par couche de io"° à 20'^'" d'épaisseur; tous
les objets ont été gardés et chacun a été muni d'une étiquette correspon-
dant au numéro du journal. Auprès de la station, une tente a été dressée,
sous laquelle j'ai vécu avec les ouvriers pour pouvoir garder jour et nuit
l'endroit et surveiller sans cesse les travaux. Un conduit d'ean à haute
pression a été installé, non seulement pour laver les objets trouvés, sans
être obligé de les brosser, mais aussi pour rafraîchir la température qui
montait, le 17 août 1892, à 53" C, à cause des rayons du soleil reflétés par
les parois du rocher surplombant.
» La station repose sur un terrain niorainique, provenant du dernier
glacier du Rhin qui couvrait complètement la vallée du Schweizersbild;
elle n'est donc ni préglaciaire, ni interglaciaire, mais bien nettement
postérieure à la dernière époque glaciaire. Après la retraite du glacier qui a
déposé des moraines terminales à 3oo'" à l'est et à 600"" à l'ouest du rocher,
une petite couche arable s'est formée sur ce terrain morainique et sur les
hauteurs environnantes qui donnaient accès à une végétation de mousses
et d'arbrisseaux; de nombreux animaux y ont laissé leurs débris. Les spé-
cialistes (M. Nehring à Berlin et M. Studer à Berne) ont constaté "i faunes
différentes succédant l'une à l'autre au fur et à mesure que la température
s'élevait, et se trouvant ensevelies dans les couches superposées l'une sur
l'autre :
« 1 " Une faune arctique, la faune des toundra, dans la couche inférieure,
avec 4o espèces d'animaux, principalement des Rongeurs (21 espèces) qui
ont été mangés par des oiseaux de proie et déposés par eux au pied du
rocher surplombant. Pendant la formation de cette zone, la station n'a pas
été habitée continuellement par l'homme; des chasseurs errants visitèrent
seulement de temps en temps cet abri sous roche. Parmi les animaux, nous
citons principalement le Myodes torqualus, Arvicola nivalis, A. ratticeps,
A. gregalis, A. glareolus, A. amphibius, Lepus glacialis, Vulpes lagopus, Gulo
( 70I )
borenlis. Frrfnriris erminoa, Ursiift arctos, Rhinocéros lichorhinus. Bison prisais,
Siirnia nisoria, Lagopits alhus et rnutiis Une faune semblable ne se trouve
actuellement qu'au nord du 70° de latitude, au nord de la Sibérie; un
climat très froid et rigoureux doit avoir régné alors aux environs de
Scliaffhoiise et dans l'Europe centrale.
» 9° Une faune subarctique, la faune des steppes ou la Jaune du Renne
proprement dite, dans la seconde couche, au-dessus de la première, avec
5i espèces, soit le Renne, le Cheval, l'Ane des steppes, le Lepus variahilis,
Capra ibex, Cervus niaral, l'Ours brun, Spennophilus ru/us, Lagomvs pusil-
liis, Cricetus vulgaris, Tetrao tetri.r, Aquilafulva, Syrniumuralense, Erylhro-
piis vespertinus, Brachyotus paliislris, Strix Jlammca, Corçus corax et cornix
De la faune des toundra, 21 espèces avaient disparu et 3o espèces nouvelles
se mettaient à leur place, surtout des animaux qui caractérisent les steppes.
La température s'était élevée un peu pendant la formation de cette zone;
un climat froid, sec et continental régnait, semblable à celui de la Sibérie
et de la Russie septentrionale.
» 3° Une faune de la forêt ou Jaune du Cerf élaphe et des palafittes
avec 37 espèces, soit le Cerf élaphe, le Chevreuil, la Chèvre, la Brebis, le
Dos primigenius, Bos brachyceros. Sus scrofa feras, l'Ecureuil, Castor fiber,
Lepus iimidus. Mêles taxas, Mustela martes, Viilpes vulgaris, Felis catus fe-
rox et 20 espèces de Gastropodes (^Clausilia parvula, CL plicatula, Belix
sericia, H. lapicida, H. candidula...). Cette couche est au-dessus de la faune
du renne; elle en est séparée par une couche de cailloutis presque stérile,
provenant de la désagrégation du rocher, de 80*=™ d'épaisseur sur certains
points; ce cailloutis est coupé en deux par une seconde zone de Rongeurs
(Myoxus glis, Eliomys nitela, Sorex vulgaris, Crocidura sp.. Mus sp., Sciurus
vulgaris....), vivant pendant la transmigration des steppes aux forêts. Le
climat s'était amélioré encore plus et se rapprochait de celui de nos temps.
La végétation des steppes fit place à des forêts. La couche supérieure ou la
couche arable contient nos animaux domestiques, tels que Bos taurus. Sus
scrofa domesticus, Felis calas, Lepus cunniculus, l'Oie, le Pigeon
» Dans toutes les couches, il y a 91 espèces d'animaux vertébrés, soit
i4Carnivores, 5 Insectivores, 21 Rongeurs, i4 Artiodactyles, 3 Périssodac-
lyles, I Cheiroptère, 24 Oiseaux, 5 Amphibies, i Poisson, 20 espèces de
Gastropodes.
» La couche des toundra et celle des steppes correspondent au paléoli-
thique; celle du Cerf représente le néolithique, et la couche supérieure ren-
ferme des objets de Vâge du bronze et du fer.
( 7*^2 )
» Dans les niveaux paléolithiques, il y avait plus de i4oo outils en silex,
des éclats et nucleus; les couteaux, les scies, les burins, les perçoirs
sont du type magdalénien et proviennent du silex du Jura du canton de
Schaffhouse; parmi les i3oo à i4oo objets travaillés en bois de Renne, en
os de Renne et de Lièvre, il y a des flèches, des pointes de trait, des
aiguilles, des sifflets, des objets troués, des bâtons de commandement
avec des dessins : un mobilier tout à fait analogue à celui des stations de
l'âge du Renne en France. Le Schweizersbild relie de cette manière le quater-
naire de V Allemagne du Nord, la faune des steppes, presque dépourvu de
documents archéologiques, avec les gisements paléolithiques de France. Des
foyers soigneusement bâtis, avec peu de cendres dessus, prouvent qu'il
avait encore peu de bois; des enclumes couchées dans des éclats de silex et
entourées de marteaux nous révèlent les ateliers des habitants ; des coquilles
ne se trouvant que dans les couches tertiaires de Mayence indiquent des
relations commerciales des chasseurs de Renne. Les dessins représentent
le Cheval, l'Hémione, le Mammouth, le Renne, un poisson et des orne-
ments.
» Dans la couche du Cerf qui est au-dessus de celle du Renne, il y avait
encore 6000 silex taillés, mais aussi des pierres polies et des poteries gros-
sières; les autres objets sont faits du bois et de l'os du Cerf élaphe; ils sont
tout à fait semblables aux objets de nos habitations lacustres; par consé-
quent, ils appartiennent au néolithique. C'est dans cette couche que des
restes de 26 squelettes humains se sont trouvés : i4 appartenaient à des
adultes et 12 à des enfants; les derniers furent ensevelis soigneusement
avec des colliers de serpuleset des silex en mains. Les adultes représentaient
deux races différentes : une grande race et une petite race. La hauteur de la
grande race dépassait 1600™™, tandis que la petite race atteignait seulement
une hauteur de i345™™-i38o"'°; c'étaient àe?, pygmées ou des nains qui
sont, d'après les recherches de M. Kollmann à Bàle, les représentants
de la race primitive de l'Europe. Ces nains ont été enterrés aussi soigneu-
sement que les enfants. Ils étaient d'une constitution très grêle.
» Par la succession des faunes, répondant aux âges paléolithique, néoli-
thique, du bronze et du fer, ainsi que par la découverte des pygmées fos-
siles, trouves pour la première fois en Europe, la station préhistorique du
Schweizersbild occupera pour toujours une place importante dans l'étude
de la Paléontologie et de l'Anthropologie. »
( 7o3 )
GÉOLOGIE . — Trois coupes géologiques du Congo français.
Noie de M. 3Iaurice Barrât, présentée par M. Daubrée.
« Chargé par le Gouvernement d'une Mission géologique au Congo
français, j'ai concentré mes efforts dans les régions des monts de Cristal
et de rOgooué. J'ai remonté ce fleuve jusqu'à Franceville, puis je me suis
dirigé en ligne droite sur Njolé, évitant le coude formé par le fleuve, et
de là vers les sources encore inconnues du Como et vers Libreville ; dans
cette dernière partie du voyage, j'ai traversé le très intéressant massif des
monts de Cristal. Ainsi, en cinq mois, de juillet à décembre 1893, j'ai re-
levé une coupe en forme de 8, dont la longueur développée est d'environ
2000'"".
» I. Coupe de l'Ogooué du cap Lopez à Franceville. — Jusqu'au poste de
Lambaréné, les rives sont basses, argileuses, formées de latérite; le Bas-
Ogooué est entouré de lacs nombreux et de canaux enchevêtrés; vers le
sud, il se déverse en partie dans la grande lagune Ncomi; vers le nord,
une digue basse, argileuse, le sépare à peine, à la saison des pluies, du
Ramboé et de l'estuaire du Gabon; l'Ogooué possédait donc, à une époque
relativement récente, un delta large d'au moins 200*"°. A Lambaréné, ap-
paraît un premier pointement granitique entouré de quelques roches mé-
tamorphiques, puis le pays redevient plat jusqu'à Samkila; des strates
horizontales affleurent au bord de l'eau : ce sont des phyllatles, des
schistes siliceux ou ampéliteux que nous retrouverons pins loin.
» Près de Njolé, le faciès métamorphique s'affirme, et, en même temps,
commencent les rapides. M. Michel-Lévy, qui a bien voidu me donner, en
cette étude délicate, l'appui de sa haute compétence, a retrouvé dans les
roches de l'Ogooué les mêmes phénomènes de métamorphisme qu'il avait
rencontrés dans les schistes de Saint-Léon ; la série est même plus com-
plète. Ainsi, on voit des schistes purement chloriteux et sériciteux devenir
micacés et même feldspathisés au contact du granité, qui, lui-même, est
modifié par endomorphisme en dissolvant les débris des schistes voisins.
Mais, en outre, on trouve tous les équivalents de ces roches dans les séries
quartzeuse et marneuse.
» IjCs premières roches stratifiées marquent une pente très accusée
vers l'est; les filons de quartz blanc et d'hématite sont nombreux, puis, les
schistes deviennent de plus en plus micacés et quelques filons de pegma-
tite apparaissent avec de beaux minéraux; les couches se contournent en
G. R., 1894, 2- Semestre. {T. CXIX, M" 17.) 9^
( 7o4 )
plis de plus en plus pressés, et, enfin, décrivent un grand synclinal pour
venir s'appuyer contre le massif granitique du Lopé.
)) Le plateau de l'Okanda est formé par un banc de quartzite oligistifère,
compris entre deux massifs granitiques, puis s'étend jusqu'à la chute de
Boue, un synclinal de roches non métamorphiques, comprenant des phta-
nites surmontés de schistes argileux et d'arkoses à éléments fins et à ci-
ment calcaire; près de la chute de Boue, les tranches redressées de cette
formation sont recouvertes en discordance par une brèche granitique et
par une seconde arkose à gros éléments.
» Les granités de l'Ogooué sont pegmatoïdes, syénitiques, amphibo-
liques par places et se réduisent parfois à du feldspath compact. Au delà
de la chute de Boue, on voit affleurer des phtanites et des schistes ampéli-
teux, identiques à ceux du bas Ogooué et légèrement ondulés. Le fleuve
est divisé en biefs navigables par des barrages granitiques.
» Près du poste de Lastourville, une coupe montre des dolomies méta-
morphisées à leur base par le granité et interrompues en leur milieu par
des lits de schistes et de phtanites.
» Ces roches dolomitiques passent par degrés insensibles au quartzite
veiné, variété de phtanite qui forme la chute de Doumé; puis ce sont en-
core, jusqu'à Franceville, des couches alternées de phtanites et de schistes,
faiblement ondulées, avec des pointements granitiques de loin en loin.
L'arkose fine prédomine dans le haut Ogooué, percée de pointements de
diabase ophitique, et surmontée, vers Franceville, d'un psammite rouge
au-dessus duquel s'étend le grès blanc, tantôt en bancs horizontaux for-
mant plateaux, tantôt décomposé en sable et soulevé par le vent en dunes
de 200" ou 3oo™ : c'est le pays des Batékés, le plateau africain dont les
points ménagés par l'érosion atteignent 800™ d'altitude.
» II. Coupe de Franceville à Njolé. — Ces grès blancs, sans fossiles ni
plantes, apparaissent surtout dés qu'on s'écarte du lit du fleuve, et nous
allons les rencontrer presque constamment, s'étendant en transgression,
jusque sur les sommets de la prétendue chaîne côtière. Toujours horizon-
taux et découpés par l'érosion, ils montrent au fond des vallées un sub-
stratum généralement granitique; parfois, ils sont interrompus par des
cassures, remplies de diabase ophitique.
» Puis ils deviennent de moins en moins puissants, et dans le bassin de
l'Ofoué les phtanites réapparaissent, formant la base des monts Désousa.
Enfin, dans le bassin du Lélédi, on retrouve le granité et le faciès méta-
morphique de l'Okota; et près de Njolé, le bord de la cuvette des schistes
( 7o5 ;
ampéliteux et phtanites du bas Ogooué, attaqué par le métamorphisme.
» m. Coupe de Njolé à Libreville par les monts de Cristal. — Dans la partie
de notre itinéraire qui est dirigée sud-nord, nous avons assisté au passage
du faciès métamorphique de Njolé au faciès granitique franc qui carac-
térise les monts de Cristal (sommets de i5oo™). Le granité, qui présente
une variété singulière, presque exclusivement quartzeuse, fort répandue
dans le Haut-Como et justifiant le nom de la chaîne, se mélange à d'autres
roches, diorite, norite, etc., dont quelques échantillons ont malheureuse-
ment été perdus dans le combat de la rivière Assangou; au milieu du
magma granitique, apparaissent aussi parfois des lambeaux de schistes au
maximum de métamorphisme. Cette énorme masse rocheuse s'étend sans
interruption, sur une longueur de 80'"", jusqu'au mont Anengué-Fall. Sur la
bordure extérieure du massif, nous avons retrouvé seulement les arkoses
compactes à ciment calcaire du Haut-Ogooué, pendant vers l'Océan. Puis
viennent des grès ferrugineux calcarifères horizontaux, qui reposent en
discordance sur les précédents, et, après la région saumàtre de l'Ekoy,
sorte de plage quaternaire soulevée, accident d'estuaire purement local, le
calcaire fossilifère de Libreville, en strates horizontales, qu'un oursin
voisin de V Echinobrissus pseudo-minimus de M. Gauthier, et un Inocérame
voisin du Labiatus, permettent de rapporter au ïuronien. »
GÉOLOGIE. — Dernières recherches géologiques dans l'Altaï. Note
de M. Vénukoff, présentée par M. Daubrée.
c( Une expédition scientifique a eu lieu, cette année, dans la région de
l'Altaï. Elle avait pour but l'exploration des mines de charbon qu'on trouve
en abondance dans différentes parties du pays, mais surtout aux bords du
fleuve Tom. Les professeurs Inostrantzeff, de Saint-Pétersbourg, et Vénu-
koff, de Riew, accompagnés de l'ingénieur des mines Pletner, se rendirent
dans la contrée houilleuse et y passèrent tout l'été. Ils y trouvèrent des
couches de bon charbon, dont l'épaisseur dépasse 4™. et cela à une distance
de 55'*" à 80'""" du chemin de fer transsibérien qui est en construction.
Un peu plus loin, sur le même chemin, ils découvrirent des dépôts de
houille, encore plus puissants et surtout avantageux pour l'exploita-
tion ; car les couches sont à peu près horizontales et se trouvent tout près
du fleuve ('). »
(') MM. Inostrantzeff et P. Vénukoff sont actuellement de retour à Saint-Péters-s
bourg; ils ont voyagé par le chemin de fer depuis Omsk, par Zlatooust et Samara.
7o6
PHYSIQUE DU GLOBE. — Mouvements de rotation observés dans une ascension
aérostatique. Note de M. Vénukoff, présentée par M. Faye.
« Deux officiers russes, MM. Naïdenoff et prince Obolensky, ont fait
un voyage aérostatique aux environs de Varsovie. Ils ont monté d'a-
bord presque A'erticalement jusqu'à la hauteur de looo™; puis le ballon
s'est dirigé vers l'ouest-sud-ouest et s'est élevé à la hauteur de i5oo™.
» On a alors jeté un peu de lest et on a atteint i70o™-i8ao™, après
quoi le ballon, continuant à monter, a décrit un arc de spirale ascendante,
dont la projection horizontale a eu 3*"" de diamètre. On est arrivé ainsi à la
hauteur de 3700™; quand on a commencé à descendre, on a décrit de nou-
veau une spirale, cette fois descendante et dans le sens inverse de la première.
Dans les régions basses de l'atmosphère, la descente a été presque verti-
cale. Les conditions générales atmosphériques étaient telles que le ballon
a parcouru, pendant six heures de voyage, à peine 16'*" vers le sud-ouest;
c'est-à-dire que l'air était calme, à l'exception d'une région à une altitude
de 1700™- 1800™, où l'on rencontrait une espèce de mouvement tourbil-
lonnaire, d'ailleurs peu violent. »
M. Léopold Hugo adresse une Note : « Sur le symbolisme de la sphère
à méridiens chez les anciens Perses. »
M. L. Labaume ailresse une Note : « Sur les taches solaires ».
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B.
ERRATA.
(Séance du b octobre 1894-)
Note du général A. de Tillo, Magnétisme moyen du globe, etc. :
Page 598, ligne 7, deuxième colonne des inclinaisons, au lieu de 1892, lisez 1842.
Même page, ligne lo, première colonne des inclinaisons, au lieu de 62', 8, lisez 68°, 8.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLAHS ET FILS,
Quai des Grands-Augusiins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent réguliôremenl )o Dimanche. Ils fonnoiit, à la fin de l'année, deux volumes in-4''. Doux
Tables, l'une par ordre alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du i" janvier.
Le prix -L
( Huniebe.
, 1 Gimct.
Toulouse ' .
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Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
our le concours de i853, et puis remise pourcelui de iSS*), savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
des rapports qui existent entre l'état actuel du règne urganique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Brons. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.
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W 17.
TARÏ.E DES ARTICLES. (Séance • 1170
priorité, au sujet des procédés de désin- M- Edw. Pynciiox adresse une Note relative
fection par les vapeurs de formol ' (ii.f| à l'emploi des explosifs pour la propulsion
M. Ed. Schneidkr adresse un Mémoire in- | des aérostats 6-0
tituK' : « Hypothèse cosmogonique alo-
CORRESPOI\DAI\CE.
M. C. Fl.\M5IA1!I0N. - Sur les pôles de ro-
tation de Vénus 6-'J
M. A. DE Saim-IjErmatn. ~ Variation de )
l'eau dans un bassin communiquant avec '
un i)ort à marée 1673
M. H. Pellat. — Force agissant à la sur- •
face de séparation de deux diélectriques, i'7'i
M. U. PicTET. — Recherches expérimentales
sur le point de congélation des différents
mélanges d'alcool et d'eau 67s
M. R. Metzxer. — Etude des combinaisons
de l'anhydride fluorhydrique avec l'eau.. 683
M. R. Varet. — Recherches sur les sulfates
mercuriques 6S'|
M. H. Raubigny. — Le vermillon d'anti-
moine n'est pas un oxysulfure 6S7
M. H. CRUSSE. — Nitrosalicylates de bismuth. tif|u
M. Bordas. — Glandes salivaires des Apinœ. 6ci 3
Errata
M. Decaux. — Sur une chenille inédite, dé-
vorant les feuilles et les fruits du figuier,
dans l'arrondissement de Pugel-Théuiers. . 690
M. L. Maquenne. — Sur le mécanisme de
la respiration végétale 697
M. Nl'esch. — La station du Schweizersbild. 700
M. M. Barrât. — Trois coupes géologiques
du Congo français 700
-M. VÉXUKOFF. — Dernières recherches géo-
logiques dans l'Altaï 700
.M. VÉNUKorr. — Mouvements de rotation
observés dans une ascension aérostatique..
M. LÉOPOLD Hugo adresse une Note : « Sur
le symbolisme de la sphère à méridiens
chez les anciens Perses » 706
.M. L. Labaume adresse une Note : « Sur les
taches solaires •■ 706
706
70t,
PAKIS - IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET PILS,
Quai des Grands-^Vususiins,' 55
Le (Jetant : Gauthier-Villars.
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