COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES !T fca y< i (i) D(x = P, Dljr = Q,... l'équation caractéristique correspondante aux équations (t) sera (») (0,4-0)8=0, la valeur de □ étant □=PDX+QD,+ -..; et l'intégration des équations (i) entraînera celle de l'équation (2). » Admettons, pour fixer les idées, que X5 y f • • • • t représente un nouveau système de valeurs des variables -flOI les intégrales générales des équations (1) pourront être censées renfermer seulement les quantités x,jr,. . .t, x, y,. . . t; et ces intégrales, résolues par rapport à x , y, .... , se présenteront sous la forme (3) x = X, y = Y,... X, Y, . . . désignant des fonctions des seules quantités x,jr,z,. . .t,r. Cela posé, la forme générale des intégrales principales des équations (1) étant (4) f(x,y,...)=f(X,Y,...), l'intégrale générale de la formule (2) sera (5) S = f(X,Y,...), si l'on désigne par f (x,y, z,. . .) la valeur de S correspondant à < = r. » Concevons maintenant que , dans le cas où on ne néglige aucun terme , (7) les équations différentielles données deviennent ■ (6) D,^=P-f-*, D,^-=Q-f.^, etc., 9 Jivjoy'mti < ; .... ';nn 8II< >vr «, 1,... désignant, ainsi que P,Q,. . . des fonctions connues de x, y,. ..t. et posons ;w,r n'=*D,+ ^p^,,. _ = a7 L'équation caractéristique relative au système des équations (6)' Sera de la forme . . -^ -x (7) ■ luoq ,• (D(-f-D •+■'□') T=o, >» flot* (toi)fii) f nO ( T désignant la nouvelle variable principale. Or on vérifiera évidemment IV- q nation (7), en posant (8) TassS-^+Sa.-f»..M « 9Jàiei*q»9 pourvu que l'on assujétisse S, S,, S,,,. . à vérifier les formules (D,+n)S =0, J (D,+ D)S/ = ~n'S, , _ T 1 (D1+D)S//=_n'S/, etc., .;() et que la série soit convergente. Or, la première des formules (9) sera précisément l'équa- tion (2) , dont l'intégrale S pourra être prise pour premier terme de la série. Quant aux autres termes * il suffira, pour les obtenir, d'intégrer successivement la seconde, la troi- sième des équations (9), . . . en assujétissant même les intégrales à s'éva- nouir pour t== t. D'ailleurs, à l'aide des principes établis dans le précé- dent Mémoire, ou dans le premier paragraphe de celui-ci, on déduira sans peine de la valeur de S supposée connue la valeur de S/5 puis de la valeur de S/ celle de S#, etc.; et par suite l'intégration en termes finis des équations (1), ou, ce qui revient au même, de l'équation (2), entraînera (8) l'intégration par série des équations (6), ou, ce qui revient au même, de l'équation (7). » On arriverait encore aux mêmes conclusions de la manière suivante : » Concevons que « désignant une fonction quelconque de X ,' jr", . . ', tf l'on pose, pour abréger, V« = — f D*dt, et V '« = — I n'vdt; et désignons par f = fO » y, • • • ) * la fonction de x, j% ... à laquelle doit se réduire, pour t = t, l'intégrale générale S ou T de l'équation (2) ou (7). On tirera de l'équation (2), inté- grée par rapport a t et à partir de t ;= T, ■ S — j = VS, (1 — V) S = s, et par suite % — T (10) S = (i + V + V+ ...)* -f- fc^rf. On tirera pareillement de l'équation (7) T-j=VT+ V'T, (1 — V )T = s + y'T, i et par suite T = — - — s H — V'T 1 — V ' — V = — — s H — v'— '—s H L_v'_L_v'T, etc .... Donc, en supposant convergente la série J, -V *, V V s, ... 1 — V * 1 — V 1— v' • — V ' — v * — V on trouvera définitivement (,,) T = — L_ * + — — V— ^5 + _J_ V'— — V— i— j+... vy 1 — v » — V ' — v « — v « — V ' — V Il est d'ailleurs facile de s'assurer que dans la supposition dont il s'agit, la (9) valeur de T, déterminée par la formule (1 i), vérifie en effet l'équation' (i — V)T = J-f-VT, et par conséquent l'équation (7) , dont elle représente l'intégrale générale. Ajoutons que, pour déduire de la formule (11), une intégrale principale des équations (6; , il suffit d'y remplacer le premier membre T par la constante c = f(x> y**--)- » Il est bon d'observer qu'en vertu de la formule (10), l'équation (11) peut être réduite à fia) T = SH -V'SH — V— l—S + ... v J ' 1— v 1 — v 1— v On aura donc généralement T = S + S, -£$--,4-..., pourvu que l'on pose — (i3) S=— — V'S, S,,=— i-^V'S,,... i0 Or comme V« et V'« s'évanouissent généralement pour 2 = t, il est clair qu'en vertu des formules (i3), on pourra en dire autant de S,, Su,. . . . D'ailleurs on tire de ces mêmes formules > (i-v)s, = vs, (i-v)s;J = vs„... l.„ . , \i\'ïvrr mon no'1 \'t puis, en differeutiant par rapport a t, (D,+ D)S/ = — D'S, (D,-f-0) Sw = — DV . . bcfKljp Donc les valeurs de Sy , S^,. . . déterminées par les formules (i3), sont précisément celles qui ont la double propriété de vérifier les équations (9) et de s'évanouir pour t = t. „ ., , .. v 1 ^ , c iiiu' ii.q If) » Considérons en particulier le cas ou les fonctions P, Q,... *,*,,.-.. 8 C. H. 1840, 1"" Semeitre (T. XI, N° i.) 2 ( io) sont indépendantes de la variable t. Alors on aura c * (*-0D a = = e s, et par suite n's = n'e(,r-on*. Gela posé , la seconde des équations (9) deviendra (14) (D( + n)s/ = -n'e('"0D^ et, d'après ce qui a été dit dans le § I", on aura (i5) S, = J*Q>dB\, 0 étant assujéti à la double condition de vérifier, quel que soit t, l'équa- tion (D,-f-n)0 == o, et de se réduire à pour t = fl. On aura d'ailleurs sous ces conditions © = _e(fl-|)ntfe(*-6)a,, et par suite on trouvera (16) S/ = — Je ne sdQ. Si l'on nommait S ce que devient S = e s, quand on y remplace t par 0, on aurait (17) 5 m e(_'.!) =£U, J»« S-mesliC. ( T. XI , N ' {.) ( i8) raetrc ■ Longueur de la corde i ,2io3 grammrs. Poids de la corde '5,4 Poids de la première masse 6,537 Poids de la seconde i o , ooo Poids de la troisième . 13,074 Poids de la quatrième 1 6,537 Poids de la cinquième 23,074 » Les rapports des nombres de vibrations correspondants à chacune de ces masses , au nombre que la corde en donnerait si on la faisait vibrer seule et sans aucune masse additionnelle, ont les valeurs suivantes d'après les formules 0,71 : 0,6334 • 0,5768 : 0,5328 : 0,467g. » L'expérience a donné les suivantes : 0,71 : 0,634 • 0.5783 : 0,5327 : 0,468. » Les excès de ces derniers sur les premiers sont respectivement : o 0,0006 ... o,ooi5 — 0,0001 0,0001. 0 La vérification est donc aussi complète qu'on pouvait l'espérer. » J'ai voulu vérifier encore la loi indiquée par l'analyse dans le cas où l'on fait varier la longueur de la corde proportionnellement à la masse. » Une première expérience m'avait donné le rapport de 64 : 3a on de a : 1, en réduisant de moitié la longueur de la corde et la masse addi- tionnelle. Le résultat était donc entièrement conforme à la théorie. Dans une autre expérience, en doublant et triplant la longueur de la corde et la masse primitive, j'ai obtenu trois nombres qui étaient proportionnels aux suivants: 1,573 : 0,781 : o,5i6. La théorie aurait donné 1,573 1 0,786 : 0,524. Les différences sont respectivement : o,oo5 et 0,008. » On les trouve encore très faibles, mais supérieures aux premières. Gela tient peut-être à ce que la longueur de la corde a varié, et que les ( '9) causes d'inexactitude qui se trouvent à ses extrémités ne modifient pas dans le même rapport le nombre des vibrations. Ainsi pour les cordes métalliques, qui ne peuvent être regardées comme parfaitement flexibles, on sait qu'en les raccourcissant de moitié on n'a pas exactement l'octave ; mais la différence sera d'autant moindre que la corde sera plus mince par rapport à sa longueur. » Enfin, j'ai fait un troisième genre de vérifications, en comparant les positions des nœuds, telles que les indique la formule, à celles que four- nit l'expérience ; l'accord a été aussi satisfaisant sur ce point que sur les autres. » géologie. — Sur le gisement des terrains tertiaires du département de la Gironde; par M. de Coixegno, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — (Extrait.) (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Beudant, Élie de Beaumont.) « Dans la Description géologique des environs de Paris, M. Alexandre Brongniart a rapporté le calcaire grossier des environs de Bordeaux à l'étage marin inférieur des terrains tertiaires, et le calcaire d'eau douce de l'Agenais à une époque géologique postérieure à celle du calcaire grossier. Depuis lors MM. Boue, Billaudel et plusieurs autres géologues qui se sont occupés successivement des terrains tertiaires du département de la Gironde, ont paru ne point partager l'opinion de M. Brongniart. En 1 833 , M. Dufrénoy annonça, dans son Mémoire sur les terrains tertiaires du midi de la France , « que la position du calcaire d'eau douce au-dessus du calcaire » grossier est un fait établi d'une manière certaine »; tandis que M. Drouot crut reconnaître, quelques années plus tard, « que le calcaire grossier » est supérieur au calcaire d'eau douce de l'Agenais et des environs de » Bergerac. » » On voit que les géologues sont loin d'être d'accord sur la position rela- tive des terrains tertiaires de Bordeaux. » La solution de cette question m'a paru se rattacher à la détermination du gisement relatif général des terrains tertiaires de la France. En effet, les calcaires d'eau douce de l'Agenais se rattachent , par de nombreux témoins, à ceux du Cantal et de l'Allier, et ceux-ci vont se réunir par la vallée de la Loire au grand plateau d'eau douce de la Beauce, qui est certainement supé- rieur au calcaire grossier de Paris. Si donc le calcaire d'eau douce de 3.. l'Agenais est inférieur au calcaire grossier de la Gironde, toute comparaison devient impossible entre les bassins tertiaires du nord et du midi; et les caractères zoologiques perdent en même temps tonte importance, puisque les Orbitolites plana, Clavagella coronata, Crania abnormis, etc., se trouveraient à Bordeaux supérieurement à tous les terrains des environs de Paris. » Deux années d'observations m'ont porté à conclure que les terrains tertiaires de la Gironde se divisent naturellement en trois formations , qui correspondent aux trois étages reconnus par M. Dufrénoy dans le sud de la France. » La formation tertiaire inférieure peut se subdiviser en deux groupes : l'inférieur est un calcaire marin, caractérisé par des orbitolites qui me paraissent identiques avec VO. plana de Vaugirard; ce calcaire se voit àPouillac, à Blaye, à Plassac; il vient s'enfoncer sous la Dordogne, vis-à- vis le bec d'Ambez. Au-dessus du calcaire à orbitolites repose, depuis La Roque jusque près de Bourg, un calcaire également marin, contenant des osselets d'astéries, aussi nombreux que les nummulites le sont à Com- piégne et à Laon. Le calcaire à astéries contient souvent des masses lenti- culaires d'argile, que l'on voit se terminer en coin entre les coucbes calcaires (La Roque, Bourg). Quelquefois l'argile sableuse devient do- minante, et le calcaire ne se trouve plus qu'en rognons peu suivis (collines de Cenou et deFlorac). Quelquefois encore l'argile sableuse passe à une véritable molasse et prend une puissance de 5o mètres et plus (Saint-Germain, Fronsac, Branne). » Les deux groupes de l'étage tertiaire inférieur s'abaissent insensible- ment vers le sud-est; j'ai dit que le calcaire à orbitolites disparaissait sous la Dordogne, vis-à-vis le bec d'Ambez; de même le calcaire à astéries qui forme des collines de 80 mètres àLormont et Cenou, n'est plus qu'à une vingtaine de mètres au-dessus de la Garonne à Cadillac et à Saint-Macaire ; au Caudrot, le terrain tertiaire inférieur cesse entièrement de se montrer au jour. » Le terrain tertiaire moyen peut se diviser également en deux groupes, dont l'inférieur est une molasse souvent très calcaire , contenant des fossiles d'eau douce; et le supérieur un calcaire sableux à coquilles marines nom- breuses, parmi lesquelles VOstrea virginiana paraît le fossile le plus carac- téristique. A Blaye , la formation tertiaire moyenne repose sur le calcaire à orbitolites; à Sainte-Croix-du-Mont, sur le calcaire à astéries; plus au sud, sur des couches redressées de la formation crétacée; il est donc bien ( 21 ) prouvé que cette formation est indépendante de celle du calcaire grossief. Les couches calcaires à Ostrea virginiana de Sainte- Croix-du-Mont, se prolongent vers l'Agenais ; elles forment les escarpements de La Réole : ce sont là les couches qui sont supérieures au calcaire d'eau douce de l'Agenais, et non celles à astéries, qui ont disparu sous la Garonne, deux myriamè- tres plus bas. » L'étage tertiaire supérieur est composé d'un sable quarzeux dont le grain augmente en allant vers le sud, au point que dans les environs de Pau cette formation est représentée par de véritables poudingues. Ces poudingues se distinguent des masses de galets transportées par les cours d'eau actuels, en ce que les premiers ne contiennent jamais de cailloux d'ophite, très abondants au contraire dans les derniers. Ce classe- ment ne diffère que par quelques points de détail de celui qui est indiqué dans les mémoires de M. Dufrénoy ; mais j'y ai été amené par des faits nou- veaux qui ne me paraissent laisser aucun doute sur le véritable gisement relatif des terrains tertiaires de la Gironde. » a stronomij*. — Sur la longueur du pendule à secondes à Toulouse; par M. Petit , directeur de l'Observatoire. (Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Puissant, Savary.) Les observations ont été faites avec un pendule invariable; à Paris, presque entièrement par M. Mathieu; à Toulouse par M. Petit. D'après 9 séries d'observations de Paris, le nombre d'oscillations infi- niment petites du pendule en question, en 24 heures de temps moyen, dans le vide, au niveau de la mer, à la latitude de l'Observatoire, et à la température de 1 5° centigrades, serait: 87916,22. Onze séries d'observations analogues faites à Toulouse, réduites de même à des amplitudes infiniment petites, à 24 heures de temps moyen j auvide,au niveau delà mer et à i5° du thermomètre centigrade, donnent 87897(45. Les nombres que nous venons de rapporter, introduits dans les for- ( 22 ) mules connues, donnent pour la longueur du pendule : A Toulouse go^'-^aô; cette longueur à Paris étant 993 ,8565. Ces longueurs conduisent elles-mêmes, pour l'intervalle compris entre Paris et Toulouse, à un aplatissement du méridien représenté par la fraction j±j. Si l'on voulait faire descendre l'aplatissement à la valeur yg-i , que l'on a déduite, pour l'ensemble de la Terre , des mouvements de la Lune, il faudrait que la différence entre les nombres d'oscillations du pendule, à Paris et à Toulouse, devînt 21,57, au lieu de 18,77 (lue 'es observations ont donné. La différence 2°**", 80 entre ces deux nombres, semble plus grande que les erreurs possibles des observations. M. Petit examine dans son Mémoire, si une partie de cette différence ne pourrait pas être attribuée à la méthode adoptée pour réduire les observations au niveau de la mer, c'est-à-dire , à ce qu'on néglige l'influence qu'exerce sur le pendule , la masse rocheuse ou terreuse dont le sphéroïde aqueux doit être censé recouvert pour représenter les stations continentales. Quoiqu'à Toulouse la masse protubérante en question ait une valeur de 276 mètres, M. Petit trouve que cette cause d'action locale ne pourrait expliquer qu'une petite partie de la différence déjà signalée. Nous reviendrons sur cet objet après le rapport des Commissaires de l'Académie. phtsique. — Recherches sur l'aimantation par les courants; par M. Abri a. (Commissaires, MM. Savart, Becquerel, Pouillet.) M. Abria emploie, comme électromoteur, un seul couple, cuivre et zinc, à force constante, à faible tension. L'intensité du courant est me- surée par les sinus des déviations d'une aiguille de boussole. Les aiguilles que l'on aimante, de diamètres différents, mais assez petits, sont placées dans des hélices à spires très serrées que traverse le courant. On mesure l'intensité magnétique des ces petites aiguilles en les faisant osciller. Voici maintenant le résultat simple auquel M. Abria est conduit par ses expériences : Dans les limites des expériences, l'intensité du magnétisme développé ( ^3 ) dans des aiguilles semblables et semblablement trempées, croît propor- tionnellement au carré de l'intensité du courant. physique nu globe. — Notices sur les bassins fermés du département des Bouches-du-Rhône;parM. Vallès, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. (Commissaires, MM. Arago, Beautemps-Beaupré, Savary. ) Ces bassins peuvent être divisés en trois classes, suivant que leur ni- veau est supérieur, égal ou inférieur à celui de la mer voisine. Dans la première sont compris, i° l'étang de Mégrignane, actuellement desséché et livré à la culture, et qui communique directement avec la mer par un souterrain d'environ 400 mètres de longueur; i° l'étang de Fourrât, qui est aussi desséché, et qui communique indirectement avec la mer par un canal souterrain, s'ouvrant dans l'étang de Rassuen; 3° l'é- tang de Rassuen , maintenant transformé en saline, et communiquant avec la mer par un canal construit de main d'homme, et de deux lieues de longueur. Dans la seconde classe, sont les étangs de l'Estomac et de Y Olivier, dont les eaux communiquent avec celles de la Méditerranée: pour le pre- mier par lafiltration à travers un sol sablonneux; pour l'autre par un canal en partie souterrain. La troisième classe enfin comprend les étangs $ Engrenier, de Valduc et de Citis. Ce dernier est celui dont le niveau est le plus bas par rapport au niveau du golfe de Berre, dont il n'est séparé que par une langue de terre de aoo mètres environ de largeur. La différence de hauteur, dans quatre opérations successives de nivellement, a été trouvée de iom,24; iom,3o; iom,37 et iom,53. Ces petites discordances entre les résultats ne sont pas dues à l'imperfection de l'opération, mais à une variation de niveau dans les deux bassins comparés, variation due à l'action des vents, qui, suivant la direction dans laquelle ils soufflent, accumulent les eaux vers l'une ou vers l'autre rive. La moyenne des quatre opérations, 10 mètres 36 centi- mètres, doit représenter très sensiblement la différence de niveau par un temps calme. M. Lambert, directeur de l'École polytechnique d'Egypte, adresse un Mémoire ayant pour titre : Mécanique géométrique. (Commissaires, MM. Arago, Cauchy, Babinet.) ( *J ) M. Breguet fils présente un thermométrographe de son invention. L'appareil se compose principalement d'un thermomètre métallique qui ne diffère de ceux dont on fait ordinairement usage, qu'en ce que l'ai- guille et le cadran occupent la partie supérieure. A chaque heure une bascule mise en jeu par un mouvement d'horlogerie , presse l'extrémité de l'aiguille contre le limbe du cadran et y imprime une marque qui indique ainsi la température correspondante à cette heure; cela fait, l'aiguille reprend sa liberté. Cependant la plaque qui porte le cadran se déplace horizontalement, dételle manière que quand une heure s'est écoulée, un nouveau cercle , concentrique comme le premier à l'axe du thermomètre, se trouve sous le trajet de l'extrémité de l'aiguille, et reçoit de même une marque qui indique la nouvelle température. Bref, dans l'espace de 24 heures, 24 marques sont imprimées sur autant de cercles différents, et comme ces arcs sont tracés sur une feuille de papier qu'on remplace chaque jour par une autre semblable, on a, dans l'ensemble des feuilles, pourvu qu'elles soient datées, un véritable registre d'obser- vations horaires de température. (Commissaires, MM. Arago, Savary, Pouillef, Gambey. ) M. Laignel présente un appareil destiné à mesurer la vitesse des eaux courantes à diverses profondeurs. L'auteur pense que cet instrument pourrait être substitué avec avantage au loch dont les marins font usage, du moins dans certaines circonstances où l'on tient plus à la précision du résultat qu'à la promptitude de l'opération. Il propose aussi de l'employer comme anémomètre. ( Commissaires , MM. Poncelet , Coriolis , Piobert.) M. Fouard propose un moyen d'utiliser pour des transports par terre certains cours d'eau que leur vitesse et leur peu de volume rendent impro- pres à la navigation. Eu établissant des rails des deux côtés d'un canal étroit et à pente rapide , on ferait remonter ce canal à des chariots dont un essieu serait l'axe d'une roue à aubes courbes à la Poncelet, prise en -dessous par le courant. M. Fouard pense qu'à l'aide d'un semblable système, il serait facile de faire remonter des fardeaux le long du Gave jusqu'à une grande hauteur. M. Fouard adresse également de Nay (Basses-Pyrénées) différents pro- jets de roues hydrauliques, entre autres un dessin de roue noyée , à axe vertical et à palettes mobiles. (Commissaires, MM. Savary, Poncelet, Coriolis.) ( 35 ) M. Fonvive adresse un Mémoire ayant pour titre: Du Calcul différen- tiel appliqué à la détermination des polygones réguliers. (Commissaires, MM. Sturm, Liouville.) M. Boquillon met sous les yeux de l'Académie différents bas-reliefs en cuivre, obtenus par ses procédés galvano- plastiques. Quelques-uns de ces échantillons ont été dorés, afin de montrer que les produits obtenus par ce moyen peuvent sans difficulté recevoir une belle dorure. M. Boquillon présente aussi un petit appareil à l'aide duquel on pourra rendre visibles dans les cours publics tous les effets de ce nouvel art. Cet appareil a été construit par M. Lerebours. CORRESPONDANCE. M. Cordier fait hommage à l'Académie de la 3e livraison de X Atlas du Mineur et du Métallurgiste , recueil de dessins lithographies, relatifs à l'exploitation des mines et aux opérations métallurgiques, exécutés par MM. les élèves de l'École royale des Mines, sous la direction du conseil de l'École. M. de la Rive adresse à M. Arago plusieurs cuvettes de montre et autres objets en laiton ou en argent, dorés par le procédé électro-chimique qu'il a fait connaître dans une précédente communication. « L'opération, dit M. de la Rive, a été exécutée par M. Droin, de la maison Bautte et compagnie, en suivant ponctuellement toutes les pres- criptions du procédé, tel que je l'ai indiqué. On peut voir que le succès a été complet. Cependant, je suis porté à croire que les perfectionne- ments que M. Bergeon a introduits ont pour effet de produire des do- rures plus épaisses et probablement plus durables. » M. Droin a fait de curieuses observations sur l'influence de l'état des surfaces et de l'homogénéité du métal. Il a remarqué que la couleur delà dorure varie suivant la nature du métal qu'on soumet à l'opération, toutes les autres circonstances étant d'ailleurs les mêmes. Ainsi le laiton du Tyrol prend une dorure d'un jaune pur, le laiton ordinaire une dorure d'un jaune rougeâtre. Les surfaces guillochées se dorent aussi bien que les sur- faces unies, comme on peut le voir d'après les échantillons que j'envoie. » C. R. 1840, am» Semettre. (T. XI, N» t.) 4 ( a6) M. Brunner écrit de Berne pour annoncer l'envoi d'un Mémoire qu'il a publié dans les Annales cliniques de Heidelberg, sur des observations mé- téorologiques faites en Sénégambie. A son retour d'Afrique, M. Brunner a envoyé à plusieurs personnes établies dans ce pays les instruments néces- saires pour la continuation des observations qu'il avait faites et qui n'em- brassaient pas l'espace complet d'une année. Les observations hygro- métriques, en particulier, semblent devoir donner des résultats fort curieux. M. Brunner prie l'Académie de vouloir bien seconder ses efforts sur ce point, en témoignant l'intérêt qu'elle prend à la question. médecine. — Sur l'action thérapeutique de l'air comprimé. — Extrait d'une Lettre de M. Tabarié à M. Arago. « Depuis l'époque où j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie une pre- mière communication sur ma méthode pneumatique, les faits se sont multipliés de manière à me permettre de présenter aujourd'hui avec une nouvelle confiance l'expression générale qui les résume. J'ai d'autant plus de motifs en ce moment de le faire, que l'imitation s'étant déjà saisie de mes procédés, tend à dénaturer, et dans leur principe et dans leurs con- séquences, les vraies applications que j'ai découvertes. Je ne parlerai au- jourd'hui que de l'influence qu'exerce sur toute l'habitude du corps l'aug- mentation de la pression. » Cette influence est signalée par deux principaux traits qui en forment les caractères distinctifs : » i°. L'air condensé réagit sur la circulation en la ralentissant; et en même temps qu'il diminue le nombre des battements du cœur, il en régu- larise le rhythme. » Ces phénomènes, qui sont peu sensibles dans un état normal de santé et sous l'action d'expériences brèves ou imparfaites, deviennent très mar- qués dans les cas de maladies inflammatoires ou fébriles, lorsque toute- fois les conditions expérimentales sont convenablement remplies et suffi- samment soutenues. Dans les cas exceptionnels où la circulation prend de la fréquence, la vertu curative de l'air condensé échoue d'ordinaire, et la manifestation de ce symptôme est presque un signe d'insuccès; mais l'a- baissement du pouls n'est pas non plus un signe infaillible de guérison : car j'ai hâte de dire qu'il est des classes nombreuses de maladies dans les- quelles la condensation réussit peu, les névroses, par exemple; et alors u. (27) souvent la fréquence du pouls diminue sans que la guérison vienne à la suite. » 20. L'air condensé n'influence pas la calorification générale comme le Terait un air plus riche en oxigène; car bien loin d'exalter cette fonction, ainsi qu'on s'est plu à l'imaginer par analogie, il la modère et, dans cer- tains cas, il va même jusqu'à l'affaiblir. » Ce fait, que j'annonçai en i838, avec quelque timidité, s'est manifesté depuis lors avec une nouvelle évidence. Non-seulement l'usage du bain d'air comprimé ne développe aucune chaleur insolite à l'intérieur du thorax, mais, au contraire, il incline à produire une sensation générale de froid, alors même que la température des appareils est supérieure à celle qui règne au dehors; et chez quelques sujets où ce sentiment de réfrigé- ration est plus marqué, on observe qu'il s'accroît avec la durée et l'éléva- tion du degré des bains. On sait que les ouvriers qui séjournent long-temps et à une grande pression, sous la cloche du plongeur, en sont chassés par un froid qui n'est point en rapport avec la température du milieu dans lequel ils travaillent. Ce fait particulier trouve peut-être son explication dans les phénomènes que je signale, et devient réciproquement une con- firmation de l'explication qui l'éclairé. » J'ai dit, dans mon premier Mémoire, combien les propriétés sédatives de l'air comprimé et son mode d'agir semblaient devoir en faire un agent précieux dans les maladies des organes de la respiration. Mes nouvelles observations tendent puissamment à confirmer cette espérance; elles mon- trent, de plus, qu'on obtient de meilleurs résultats à des pressions mé- diocres qu'à des degrés plus élevés : ■§• d'atmosphère réussissent mieux que f » Mais pour bien constater l'action de l'air condensé, il faut expéri- menter avec toutes les précautions que j'ai indiquées dès l'origine, de ma- nière à écarter les effets complexes qui dérivent des brusques transitions; car celles-ci peuvent donner lieu à des phénomènes diamétralement in- verses de ceux qui proviennent d'une compression uniforme et soutenue; ainsi, par exemple , cette compression abaisse la circulation du sang; les transitions non ménagées l'élèvent et la troublent; la compression arrête et dissipe les hémorragies, les transitions brusques les peuvent faire naître, etc. » Ce contraste fait sentir l'impérieuse nécessité de consacrer un temps suffisant au passage bien gradué d'un état de pression à un autre. Il ne faut guère moins d'une demi-heure pour opérer cette transition : dès lors 4.. f 28 ) on voit quelle confiance peuvent mériter les résultats de certaines expé- riences dont la durée entière n'a jamais dépassé vingt minutes » M. Tab vrié adresse en outre un paquet cacheté portant pour suscrip- tion : Sur l'emploi thérapeutique et hygiénique de l'oxigène, et sur un nouveau procédé pour obtenir ce gaz à bas prix. L'Académie en accepte le dépôt. L'Académie accepte également le dépôt de deux autres paquets ca- chetés déposés, l'un par M. Walteu, l'autre par M. F. IIm.\. A 4 heures ^ l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. Contons , au nom de la Commission chargée de décerner le prix de Mécanique fondé par M. deMontyon, concours de 1839, fait un rapport dont les conclusions sont d'accorder le prix à M. Arnoux, pour les dispo- sitions qu'il a imaginées dans le but de diminuer les résistances qu'éprou- vent les convois sur les parties courbes des chemins de fer. L'Académie décide, en outre, qu'une somme de deux mille francs ser* ajoutée, par extraordinaire, aux mille francs du prix. Cette proposition est adoptée. La séance est levée à 5 heures \. A. Errata. (Séance du Ier juin.) Page 869, ligne 8, au lieu de a lieu du N. N. 0. un peu N. au S. S. E. un peu S. , lisez a lieu du N. N. 0. un peu N. 0. (ou O.) au S. S. E. un pe» S. E. (ou E.). ( *9 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; ier semestre 1840, n° 26, i n-4°- Osléographie, ou description iconographique, comparée du Squelette et du Système dentaire des cinq classes d Animaux vertébrés; par M. de Blainville; 6" fascicule in-4°, et atlas in-fol. Atlas du Mineur et du Métallurgiste; 3e année , in-fol. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et Poirré; juin 1840, in-8°. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; juin 1840, in- 8°. Mémoire de Géozoologie sur les Coquilles fossiles de la famille des Né- ritacées, observées dans les terrains tertiaires du bassin de l'Adour, aux environs de Dax (Landes); par M. Grateloup; Bordeaux; in-8°. Description dun fragment de mâchoire fossile d'un genre nouveau de reptile (Saurien) de taille gigantesque voisin de l'Iguanodon , trouvé dans le grès marin, à Léognan, près de Bordeaux (Gironde) ; par le même ; in-8°. Ophthalmie des Armées. — Rapporta M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, sur l' Ophthalmie régnante en Belgique; par M. Caffe; Paris, in-8°. Mémoire présenté à l'Académie de Médecine et à l'Académie des Sciences de Paris sur le traitement de la Phthysie non héréditaire et de diverses af- fections nerveuses par la Pharyngo- Pyrotechnie; par M. Ducros cadet; Marseille, 1840, in-8°. Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Seine- et- Oise. — Nou- veau Mémoire sur la Fermentation; par M. Colin ; in-8'. Des Organes mâles du genre Targionia, découverts sur une espèce nou- velle du Chili; par M. Montagne; iu-8°. (Extrait des Annales des Sciences naturelles.) De l'organisation et du mode de reproduction des Caulerpées, et en par- ticulier du Caulerpa Webhiana, espèce nouvelle des îles Canaries; par le même; in-8'. (Extrait des Annales des Sciences naturelles.) Essai sur l'éducation des Femmes; par Mmc Clément,, née Hémert; Cambrai, in-8". A (3o) Retour de la domination espagnole à Cambrai. — Siège de 1 5g5 ; par le comte de Fuentès ; Mémorial journalier de ce qui est arrive' tant dans la ville qu'au dehors, manuscrit inédit d'un moine de V abbaye du Saint-Sépulcre; re- cueilli par le même; in-8°. Chant séculaire à l'occasion de l'inauguration du monument érigé le 24 juin 1840, dans la ville de Strasbourg , à la mémoire de Gutenberg ; par M. Mercier ; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; n° 17, in-8°. Recueil de la Société polytechnique ; mai 1840, in-88. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; n° 7, juill. 1840, in-8°. Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; juil . 1 840, iu-8°. Journal d 'Agriculture pratique; juin 1840, in-8°. Journal de la Société générale des Naufrages , dans l'intérêt de toutes les nations , tome 4 {Instructions sur F Asphyxie), in-8°. Revue zoologique; juin 1840 , in -8e. Journal des Connaissances nécessaires et indispensables , sous la direc- tion de M. Chevalier; n° 7, juill. 1840, in-8°. L'Ami des Sourds-Muets, journal ; mai 1840, in-8°. Beitrâge zur .... Recherches pour servir à l'histoire naturelle des Mé- duses, des Cyclops , des Loligo, des Gregarina et des Xénos; par M. Sie- bou>; Danzig, i83g, in-4°- Das Myopodivethoticon. . . . Sur un appareil pour guérir la Myopie ; par M. Ad.-Ar. Berthold; Gottingue, 1840, in-8*. Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 27, in-4°. Gazette des Hôpitaux , n° 77 — 79, in-fol. Gazette des Médecins praticiens; n° 5i — 53. L'Esculape ; journal des Spécialités; n° 57. — .. ■ -.-ivHt-Sii» ■ ( 3. ) © w p a i— i o o - o o H o H w o H w w a W sô K di/àwdWWddc/iO'w/QigiOc/iOc/oOco H S x M 3 S c^ ;.: îS (0 3 3 - - • g ► 3 3 3 es S eu OO O 0«oi t. s o 2 « S 3 eu > 3 3 O O eS w a, o S S ■> 0D 5 2 U 55 rom es oo m vr oioco ei d on o o -co» o va- — es r- 0"> M û - Cjivf i co '0000 9fi s NB) ++++++++++++++++++++++++++++++ I "S S f • uiojSXjj t& o «- vf c?5 Ol es 00 - es Oi o o - O Oi- O^r» CTî Ci -• 000 o - oOO O «O co W 00 "^O o es 00 00 S) « O^- P*"**1 (31 o 00 • O o vr es « rt ft N « co CO CTlvf vf O 00 o o o ovl-vtx 3i** O — CJ1 Oîvf lo m (C O00 O ta vf vf o o o 00 00 ^1- + + + + ++ + + + + + ++- I-4- + + + H - + + + + + CO CO M - o es es o o es O ta »n 00 ta CAO co es co in 00 ta ooo es es es i o •uio.i3iH m es m oo o v+»o m ta CO co (S O 00 Vf CO C5 — r- m o 00 m o es — o C\> es m m o -■ ta O ow vf o o in Oioo 00 vf o N m x 00 vt- o .-?) c^on oiomn ir> vf — O m vf ota o CTîOO m c3va vf vD vf eva es o es o vf (35-0 000 ta «notûiO'nm'flminvîioio'n'nwvjinoioiooiovio'ntoaw'Oui 1^. c-- o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o o ovfo o « on oyfdioo crvn «s ot£>v> c«n ovf omo cr>ro o va-co es r-> es to c^ (5V.O f vf vf - m !£> - <£> IO c~-00 Oiro O»o «^O'XiiOOO O» O -O M À — •■ — escs.esesesescscseseses — — (ScScseS — — — » ■ s !i ci + -h + + + + ++++ + + + + -H + + + + ++++ + +++++ + es (B f 00 00 O vf IO OiT3CO00vfO>OCO Vf m CO C^OO O 00 CO es r^ CT> es X 00 <£> r^co co o in - M C.«n - »0 o =0 Irt r- es «n O 00 c^ r- - co es vf ro o 00 co 00 CTî O " fi M t~-if) vf r^.00 to 00 r^m Wifl tM>« fl!S O -OO O O r- c^'^O c^r^r^-c^r^r^r^r^t^-l^r^ c^* r» r^ r^ r^ r^ t~^ r^ cr> r^ c^ c- t-^ c^ r^ c^« t^ c^ c^» 00 Ci :vf.O Ee£> »o 2J' o o o - csfo 3 3 S es es tî 3 2 3 ■o-c-3 000 r~o0 «5 + + + vf»n « es es es + + + Oi O es useoto + + + 00 00 « -• vf r- m 10 in « co o es es r; + + + es o cf. i « vf co v- r- tn m «o r^ r^ ï-^ • mojBXfi co es es M vf e£> in 00 >o >n cyoo enoo o nto -un o esvfes?a»n r^ i-^co o vf m ct.sO c^oo co CTîco in - «n o vf co <£> es n es es es « es - o - o Vf - t£> es es es es o « t^m ta 00 - o co — es es es OliW es es - « + + +I + vf- es r^-co-a>nmoo r^es o CJïvf o ca vr r^oo es C.vf -vrco co o CT> es 3 co es ta m r^vf r- r-'â es vf m vr r» - Vf r^ta i"^C7iC75es0O0C —^O r^in - -^r tjj ■> c. - «a co r^ta in OO Ci t-^OO CT> r^m m c^oo OOrooooOOO r^OO r- moio'ammmin- i"^ c^* r^ c^ r^ l~-- r^ r^ r~ r- t^ c^ r^ c- c^- t--» r^ c^« c^ r^> r^ co C".m oc» r^oo -a m m o •uioj3.?h m» r-o fl r~-a vf m es es 00 m es CTi'-a ta ta - co vf co vf co 00 es vf c*a 00 co m ta m vf o 00 es es - -. - es - o C.co 00 es oco es "^a Oc^ — eo r- m vf co es + + + ++ + -♦- + + + + + + + + + + +++++ + + + + + + + + OO Vf CO O Oi O 00 - es - + + + vf es es in r- o — r^oo 00 00 CT.m r>o« okio sa - n - os o o « vr m -a m es c cT/a ea 9i CT/a » |- es cv, vrm ta 000 cr> o « co vf m ta 000 Ci o ___-__-- es f! CO ts es vrm ••£> tr- 00 Oi o es «s es es es es co I -> es 1 • / COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. ■ SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 13 JUILLET 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. La séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets ,de prix proposés. PRIX DÉCERNÉS. SCIENCES PHYSIQUES. - PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR L'ANNÉE i83g. (Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Serres, de Blain ville, deMirbel, Dumas rapporteur.) « Parmi les Mémoires présentés au concours de physiologie , la Commis- sion a particulièrement distingué le travail de M, Païen, sur l'amidon. » Il serait inutile de retracer ici l'analyse des recherches délicates et nombreuses auxquelles M. PTlyen s'est livré, depuis quelques années, sur l'amidon ; l'Académie a entendu avec intérêt la lecture des divers Mémoires dont se compose ce grand travail ; elle n'a pas perdu de vue les Rapports avantageux dont ils ont été l'objet. C.R. 1840, a"» Semestre. (T. XI, N» 2 ) 5 ( M ) a frappé la Ce » Ce qui a frappé la Commission dans les recherches de M. Payen, c'est la manière approfondie et complète avec laquelle toutes les questions sont traitées. » L'étude microscopique des fécules y est envisagée sous toutes ses faces. L'auteur ne se borne point à décrire et à dessiner soigneusement les grains de fécule , à mesurer leurs dimensions; il en fait sous le microscope même une dissection ingénieuse, qui fait disparaître toutes les illusions dont la constitution de ces corpuscules a été le sujet. La rupture des grains de fécule à l'aide de moyens purement mécaniques, leurs altérations par divers agents chimiques, sont mises à profit par l'auteur avec un succès complet. » La composition chimique des fécules a été l'objet d'un examen si complet , si scrupuleux de la part de M. Payen , qu'on peut la regarder comme bien fixée. Cette analyse était à la fois délicate et importante. Déli- cate par l'embarras qu'on éprouve à faire entrer l'amidon en combinaison avec des corps bien définis; importante par la place que l'amidon occupe comme faisant le passage entre les matières vraiment organisées et les matières d'une constitution moins complexe, qui appartiennent encore au règne organique, mais qui se rapprochent par la cristallisation, la volati- lité ou les propriétés chimiques, des matières minérales proprement dites. » L'analyse élémentaire de la fécule libre plus ou moins hydratée, celle de la fécule combinée, ont été, pour M. Payen, l'occasion de recherches approfondies et fort exactes, qu'il a étendues à la dextrine, produit dans lequel la fécule se convertit si facilement , comme on le sait. » Les recherches de M. Payen embrassent toutes les propriétés de l'ami- don ; elles éclairent quelques points particuliers , que leur connexion avec les études physiologiques nous engagent à rappeler ici. » Ainsi , M. Payen fait bien connaître l'état de la fécule dans les cellules des plantes, et il explique, à l'aide de ces notions, les propriétés qui se présentent dans les pommes de terre gelées, sous le rapport de l'extraction de la fécule. » De même, M. Payen consacre de longues recherches à l'examen de l'action de l'eau sur l'amidon. Le caractère particulier de la dissolution est l'objet de nombreuses expériences, qui le conduisent à découvrir que, par la congélation de la dissolution d'amidon , cette substance se sépare de l'eau, et se contracte en une espèce de tissu, que l'eau ne redissout pas par le dégel; fait important, qui trouvera plus d'une application dans l'étude de la vie, et qui distingue la dissolution de l'amidon des dissolutions ordinaires, de la manière la moins équivoque. (35) » L'auteur a analysé avec le plus grand soin tous les phénomènes qui se passent quand on soumet la fécule à l'action de la chaleur, de l'eau, des acides, des alcalis, de l'iode et de quelques sels. Dans le cours de cet exa- men, il explique beaucoup de phénomènes dont la physiologie s'est déjà emparée. » Mais c'est surtout à l'étude des réactions de la diastase sur la fécule à diverses températures et en diverses circonstances de concentration , que l'auteur s'est attaché. Cet examen , exécuté tantôt sous le microscope lui- même, tantôt sur une grande échelle, n'a fait que confirmer les premiers travaux que l'auteur avait exécutés en commun avec M. Persoz. La diastase , par les recherches nouvelles de M. Payen , et par celles de nombreux chi- mistes qui en ont étudié les effets, a pris place parmi les corps les plus importants dont la chimie se soit enrichie. Elle sera le point de départ des plus belles découvertes de la chimie physiologique. » Après avoir soumis les fécules à cet examen consciencieux et sévère , qui, s'aidant à la fois du microscope, de l'analyse élémentaire , des réac- tions chimiques et des principes de la physiologie, arrive enfin à coor- donner une foule de faits en quelques préceptes , que la chimie et la phy- siologie acceptent avec un égal empressement, M. Payen a soumis les matières ligneuses à une étude analogue. » Les résultats qu'il a recueillis dans ce nouveau champ d'observation , par leur clarté, leur précision et leur nouveauté, démontrent toute la puissance des moyens de recherche adoptés par l'auteur. » En couronnant le Mémoire de M. Payen sur l'amidon, la Commission a voulu montrer tout le prix qu'elle attache à cette alliance des études phy- siologiques et microscopiques avec les études chimiques ordinaires. C'est là que se trouve en grande partie l'avenir des sciences physiologiques; c'est là que les jeunes savants peuvent espérer les récoltes les plus abondantes et les plus riches à la fois. » La Commission se serait occupée avec intérêt de l'ouvrage de M. Cou- verchel, intitulé : Traité des Fruits. Cet ouvrage lui aurait paru très digne de l'Académie, par les recherches qu'il renferme sur la maturation des fruits; mais celles-ci ayant déjà été favorablement accueillies dans un con- cours antérieur, la majorité de la Commission a cru que l'Académie ne pou- vait pas en faire l'objet d'une nouvelle décision. » Enfin , la Commission a jugé convenable d'ajourner pour un concours nouveau, et en réservant les droits de l'auteur, le Mémoire sur la respira- tion des grenouilles, des salamandres et des tortues, inscrit sous le n" 4, 5.. (36) dont l'auteur s'était fait connaître trop tard pour que la Commission pût répéter ses expériences avec son concours. » PRIX RELATIF AUX ARTS INSALURRES. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1839 v0lJR LES ARTS INSALURRES. (Commissaires, MM. Dumas, Chevreul, d'Arcet, baron Thenard, Poncelet et Savart. ) « La Commission n'a eu qu'un petit nombre de pièces à examiner, parmi lesquelles deux lui ont paru dignes des encouragements de l'Académie : le lit de sauvetage, imaginé par le docteur Valat, et le système appliqué par M. Laiguel aux courbes des chemins de fer. Prix de deux mille francs, en faveur de M. Valat, pour son lit de sauvetage appliqué dans les mines. » M. le docteur Valat a imaginé un lit de sauvetage, propre à se rouler commodément dans les galeries des mines, les plus basses et les pins étroites, et à s'élever dans les puits au moyen des appareils d'extraction ordinaires. Les mineurs blessés ou asphyxiés dans les travaux, y étant placés, se trouvent à l'abri de tout choc, de toute agitation, de tout déplacement brusque. Leur transport se fait donc sans qu'il en puisse résulter aucun de ces accidents qui aggravent les douleurs des malheureux blessés; il se fait plus vite, ce qui rend plus efficaces les soins qu'on peut donner aux mi- neurs asphyxiés par le dégagement du gaz carbonique, auquel beaucoup de mines sont sujettes. » La Commission ayant pris connaissance des rapports faits par notre confrère, M. Cordier, des renseignements fournis par plusieurs ingénieurs ou propriétaires de mines, a pensé que l'expérience avait suffisamment établi l'efficacité du lit de sauvetage imaginé par M. le docteur Valat. » Elle espère qu'en décernant un prix de 2 000 francs à cet appareil, ce sera un moyen d'en propager l'emploi dans toutes les mines et d'y répandre les bienfaits d'une invention déjà éprouvée. (37) Encouragement de quinze cents francs } en faveur de M. Laignel , pour un système destiné à prévenir les accidents sur les courbes pour les chemins defer. » M. Laignel, auteur d'un dispositif particulier ayant pour objet de sous- traire les waggons des chemins de fer aux accidents qu'ils éprouvent dans le système ordinaire, lors de leur passage, à de grandes vitesses, sur des courbes d'un petit rayon , s'est présenté au concours pour les arts insalubres. Ces accidents, qui proviennent moins de l'action immédiate de la force cen- trifuge, comme on l'avait supposé primitivement, que de la fixité et du parallélisme des essieux, en vertu desquels le rail extérieur tend à être écharpé et surmonté par le rebord oblique des roues; ces accidents qui se sont principalement manifestés aux chemins de fer de Saint-Etienne à Lyon et Andrezieux, dont l'ancien tracé offrait des courbes d'un petit rayon, ont vivement appelé la sollicitude de l'administration des ponts-et-chaussées de France, qui a successivement prescrit de porter la valeur minimum de ce rayon à cinq cents, huit cents et mille mètres. » L'expérience de tous les jours démontre néanmoins qu'un tel dévelop- pement des courbes , qui entraîne à sa suite des difficultés de tracé et des accroissements de dépense considérables, est loin de satisfaire aux exigences de la question, et d'assurer la parfaite sécurité des voyageurs, non plus que la conservation des rails. » Dans cet état de choses, diverses tentatives ont été faites, tant en France qu'en Angleterre , pour porter un remède plus ou moins efficace aux graves défauts dont il s'agit , indépendamment de l'agrandissement des courbes. Sans entrer dans des explications détaillées, on fera remarquer que les moyens proposés se subdivisent en deux classes , dont les uns ont pour objet de modifier le système actuel des waggons et des locomotives, sans rien toucher à la voie, et les autres, au contraire, de conserver intact ce système, en modifiant plus ou moins le dispositif des rails. C'est à cette dernière catégorie que se rapporte le perfectionnement proposé par M. Laignel, lequel consiste, à proprement parler, dans l'idée de faire tour- ner les roues extérieures sur leur plus grand rayon ou rebord, au passage des courbes, et à donner ainsi aux trains, à la faveur de la liberté de jeu et du rapprochement des axes ou essieux, une tendance naturelle à converger vers le centre, comme le ferait, à peu près, un système de roues coniques, analogue à celui qui avait déjà été employé en Angleterre. ( 38) » Les épreuves auxquelles ce système a été soumis, soit en petit, soit en grand, en Belgique comme en France, ont eu lieu en présence de com- missions d'ingénieurs, de députés ou de membres de la Société d'encoura- gement. Ces épreuves ont généralement été favorables au système Laignel , en ce sens qu'elles en ont démontré l'efficacité pour prévenir, sous des vitesses de cinq à huit lieues à l'heure, et des rayons de trente-cinq à cinquante mètres, les accidents résultaut de l'usé des rails, de l'échappement latéral de la voie. Les attestations sont unanimes sous ce rapport, et cependant aucune des grandes administrations de chemins de fer n'a même fait la tentative d'un essai du système Laignel ; ce qui peut s'expliquer par diffé- rents motifs, au nombre desquels il suffira de citer : la nécessité de ren^ forcer, en quelques cas, le rebord extérieur des roues; l'inconvénient de modifier la voie aux raccordements des courbes ; l'impossibilité de faire va- rier le rayon de celles-ci ou la vitesse , sans sortir des bonnes conditions d'établissement du système; enfin, le singulier accroissement de résistance au passage de ces courbes, résultat nécessaire de l'inégalité, de l'obliquité de la marche des roues, et qui sont inhérentes au parallélisme même et à la solidarité des essieux de chaque waggon. » Hâtons-nous de dire néanmoins , que si l'invention très simple de M. Laignel n'a point encore obtenu l'approbation entière des ingénieurs, ni la faveur d'être appliquée aux chemins de fer de grandes communica- tions, principalement destinés au transport des voyageurs, on ne peut nier, toutefois, qu'elle n'ait reçu une application avantageuse dans beau- coup d'établissements particuliers, tels que les houillères d'Anzin, de De- nain, de Douchy, haut et bas Flénu; les chemins de service du canal de l'Ourcq à Lizy, près de Meaux, de l'entrepôt des Marais, de la Villette ; plu- sieurs embranchements du chemin de Saint-Etienne à la Loire, pour le service des usines, etc. Les attestations favorables que M. Laignel a oh- tenues des directeurs ou ingénieurs de plusieurs de ces établissements , prouvent que son système offre , en effet, dans de pareilles circonstances, une supériorité marquée sur l'ancien, soit par la facilité de tourner dans de petits cercles, soit par la diminution des chances d'accidents aux- quelles sont exposés, à présent, les conducteurs de waggons. »La Commission, sans rien préjuger d'ailleurs sur l'opportunité de l'ap- plication de ce système aux grandes voies de communication, et s'en ré- férant, à cet égard, entièrement à la décision de l'administration compé- tente, a été d'avis que les services déjà rendus par l'auteur à des industries particulières, le zèle et la persévérance qu'il a mis à poursuivre l'objet de C 39) ses premières tentatives, doivent lui mériter, à titre d'encouragement, une part honorable au bienfait du prix fondé par M. de Montyon pour le perfec- tionnement des arts dangereux ou insalubres. En conséquence, elle propose à l'Académie de lui accorder un encouragement de quinze cents francs. » PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. RAPPORT SUR LES PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE POUR L'ANNÉE 18Z9. (Commissaires, MM. fireschet, Duméril, Magendie, Serres, Roux ,Larrey, de Blainville, Savart, Double rapporteur.) « Parmi les travaux que la Commission a dû examiner, elle a distingué un Mémoire manuscrit de MM. Serrurier et Emmanuel Rousseau , sous ce titre : » Pathologie spéciale des voies aériennes, étudiée chez l'homme et chez certains animaux (avec atlas grand in-4°, composé de a3 planches co- loriées). » Ce travail embrasse l'histoire pathologique du plus grand nombre des lésions qui établissent leur siège dans les organes de la respiration, par suite de phlegmasies aiguës ou chroniques; et cela tant chez les animaux que chez l'homme. » La pensée de rapprocher une à une, et de décrire simultanément les maladies de chaque organe dans l'homme et dans les animaux; le laboj rieux essai d'une Monographie comparée, par MM. Rousseau et Serrurier, encore qu'il laisse beaucoup à désirer, sous le rapport de l'exécution , constitue cependant une tentative qui veut être remarquée et qui mérite qu'on la signale aux hommes d'étude. Dans ce moment surtout, où une marche analogue paraît sur le point de rendre des services importants pour la connaissance d'une autre maladie si grave, la morve, et d'un phénomène plus grave peut-être encore, l'introduction de l'air dans les veines, la Com- mission émet le vœu que ce genre d'études soit plus généralement cultivé. » Une liberté entière de faire et de répéter des expériences dans les ma- ladies des animaux, ce qui est impossible en pathologie humaine, où la médecine est exclusivement bornée à l'observation directe; une facilité grande à tenter de nouveaux remèdes, et à forcer les doses dans le premier (4o ) cas, ce qui serait souvent funeste dans l'autre ; le pouvoir enfin de s'élever ainsi sans crainte et sans regrets à des recherches plus étendues, plus ré- pétées, plus complètes, doivent donner un intérêt immense à ces monogra- phies comparées. Par elles, nous saurons d'ailleurs mieux en quoi se res- semble et en quoi diffère la même maladie, par cela seul qu'elle sévit, soit sur l'homme, soit sur les animaux. » En continuant avec plus de persévérance et plus de soin ces recher- ches; en étendant à un plus grand nombre d'espèces d'animaux l'applica- tion de ce genre d'études; en multipliant pour chaque mode de lésion les faits d'observation recueillis, tant chez l'homme que chez les animaux; en poussant plus loin les rapprochements, les aualogies et les différences, MM. Serrurier et Rousseau auront plus mérité delà science; et l'Académie, sur la proposition de sa Commission des prix Montyon , pourra leur dé- cerner alors d'autres récompenses. « Le numéro 26, ayant pour titre : » Anatomie pathologique avec modèles en relief, par M. Fémx Thibebt , a pareillement fixé l'attention de la Commission. » Les pièces pathologiques modelées en relief et publiées par M. le Dr Félix Thibert, d'après un nouveau procédé, promettent à l'art et à la science de grands et de nouveaux avantages. En conservant fidèlement les caractères matériels extérieurs d'un grand nombre de maladies, pour l'en- seignement et pour l'étude de la pathologie, et en représentant avec exac- titude les altérations des tissus, pour servir aux collections de l'anatomie pathologique, M. Thibert aura rendu un véritable service à la médecine. » Si l'utilité réelle de l'iconographie a pu être contestée pour l'anatomie physiologique, il s'en faut qu'il en soit de même de l'iconographie appli- quée à l'anatomie pathologique. En matière de lésions morbides, les faits sont mobiles, variables, fugitifs à l'infini. De tout temps on a cherché à les fixer pour les reproduire à volonté , d'abord dans des descriptions em- pruntées de la langue écrite, puis à l'aide du dessin et de la gravure; plus tard , par les pièces anatomiques elles-mêmes , conservées de diverses manières, et finalement au moyen des imitations en cire. » Ce fut un chirurgien français, trop oublié ou même trop méconnu aujourd'hui, Guillaume Desnoues, professeur à Gêues, élève distingué de Malpighi , qui le premier imagina de reproduire avec la cire, la figure et la couleur de toutes les parties de l'anatomie humaine. Il appela à son aide la dextérité d'un habile modeleur sicilien , l'abbé Gaëtano Giulio Zumbo, de Syracuse, pour mettre sou projet à exécution. Notre Académie des Sciences, (4- ) qui prêla toujours ses encouragements à toutes les inventions profitables aux sciences médicales, loua beaucoup cette entreprise, et se hâta de lui donner son approbation. Ceci se passait en 1701. »Mais ces différentes reproductions de pièces anatomiques avaient toutes des imperfections et des inconvénients. » La description écrite, rarement fidèle, se trouve trop souvent em- preinte des doctrines du jour, ou altérée parles opinions systématiques de l'auteur; sans compter que, en pareille matière, il faut avoir beau- coup étudié la nature, avant que de savoir lire avec fruit dans les livres. • Les représentations par le dessin et par la gravure ont surtout contre elles, de traduire beaucoup trop l'expression des sensations de l'artiste. Il y règne une sorte de vague et d'indécision. D'une part on n'a guère là que des surfaces planes, et, d'autre part , les teintes employées pour faire l'ombre, ne sont jamais précisément celles de la lésion. » Quant aux pièces anatomiques conservées, elles sont d'un secours mé- diocre pour l'étude. La couleur disparaît et change; les formes se décom- posent et se métamorphosent; on n'en peut pas multiplier beaucoup les exemplaires , et il est autant difficile de les toucher que de les bien voir. » Les reliefs en cire reproduisent aussi trop souvent l'idéal de l'artiste. Ces préparations , pour être bien exécutées , demandent beaucoup de temps, et les modèles changent vite, pour la couleur comme pour la forme; enfin, ces reliefs eux-mêmes s'altèrent, se décolorent, se fendil- lent, et leur maniement ainsi que leur transport offrent de grands embarras. » Le mode de représentation adopté par M. Thibert remédie à presque toutes ces défectuosités. En peu d'instants la forme, les saillies, les scis- sures, la couleur, les teintes de la pièce anatomique, tout est pris avec exectitude, copié avec rigueur et reproduit en totalité. A la grande solidité du carton-pâte, la pièce joint tous les avantages des tons variés, naturels, vifs et durables de la meilleure peinture. Point n'est besoin de dire que l'artiste peut en multiplier fidèlement les épreuves autant de fois que bon lui semble, et que ces préparations sont d'un transport facile aussi bien que d'un prix modéré. » Les préparations de M. Thibert ont obtenu déjà la sanction de l'Aca- démie royale de Médecine, du Conseil royal de l'Instruction publique et de la Faculté de Médecine. La Commission des prix Montyon se bornera néanmoins, quanta présent, à recommander ces préparations à l'attention de l'Académie. Si la Commission a pensé que M. Thibert ne pouvait guère C. R , 1840, im« Semestre. (T. XI, N^ JJ.) 6 (4» ) faire mieux , elle a du moins émis le vœu qu'il eût produit davantage. Avant d'appeler sur M. Thibert les récompenses du généreux testateur , la Commission a jugé convenable d'attendre que ces préparations, ayant été appliquées à un plus grand nombre de maladies, à l'ensemble des mala- dies cutanées , par exemple, l'utilité en fût devenue plus pratique; et que, plus nombreuses, plus variées, plus répandues, elles eussent rendu d'autres services au double enseignement de l'anatomie spéciale et de l'a- natomie pathologique. Cliniquedes maladies des enfants nouveau-nés , vol. in-8°; par M. Valleix, ancien interne à l'hospice des Enfants trouvés. » Si Tissot a pu reprocher, avec raison , aux médecins ses prédécesseurs d'avoir trop négligé l'étude des maladies de l'enfance, et la détermination du régime le mieux approprié à cet âge , force nous est de reconnaître que les médecins nos contemporains ont bien profité de la leçon. La place importante que les enfants occupent de nos jours dans la famille, ils la tiennent non moins large dans la série des travaux de notre littérature médicale. Les traités sur les maladies des enfants se succèdent avec rapi- dité en France. » Celui que la Commission signale aujourd'hui à l'attention de l'Acadé- mie a cela de particulier, qu'il embrasse surtout quelques-unes des mala- dies propres à la première enfance, à l'enfance qui ne s'éloigne presque pas de l'instant de la naissance : or ce sont aussi les maladies dont en gé- néral on s'était occupé le moins. . » Un autre point de vue imprime à ce travail un caractère qui le distingue. L'anatomie pathologique avait été dans ces derniers temps l'objet presque exclusif de toutes les recherches. Il en résulte que l'on connaissait parfaitement les lésions que les maladies laissent après elles dans les organes , mais qu'on éprouvait beaucoup de difficultés à les rap- porter à un ensemble de phénomènes morbides bien déterminé, et qui pût faire reconnaître leur existence pendant la vie. Souvent aussi on se trouvait amené à considérer comme des maladies distinctes, des lésions qui, quoique siégeant dans des organes divers, étaient cependant sous la dépendance de la même cause générale, et ne constituaient qu'une seule et même maladie. » En attachant une importance toute particulière à l'étude de la symp- tomatologie, sans négliger, tant s'en faut, les considérations prises de (43 ) Tanatomie pathologique, M. Valleix est parvenu à éviter ces écueils. Il a donné un véritable caractère de nouveauté à son oeuvre, et il a étendu de beaucoup les limites de la symptomatologie liée aux maladies de la première enfance. » A l'aide de nombreuses observations , M. Valleix a d'abord cherché à déterminer la moyenne des battements du pouls chez les nouveau-nés : il a été conduit à en fixer le nombre à quatre-vingt-dix. Le pouls est par conséquent plus lent à la naissance qu'il ne l'est quelques mois plus tard : et par contre, quelques mois après la naissance, il est beaucoup plus fré- quent que chez l'adulte. A partir du sixième ou septième mois de la vie, le pouls est de cent-vingt pulsations par minute, tandis qu'il n'est que de soixante-cinq à soixante-dix chez les adultes. » M. Valleix a répandu un nouveau jour sur les signes diagnostiques du muguet, maladie qui tient malheureusement la première place parmi celles qui causent le plus de décès à l'hospice des Enfants trouvés, et sur laquelle l'ancienne Société royale de Médecine avait provoqué un concours, qui fut le plus brillant et le plus fécond, peut-être, de tous ceux dont l'histoire de l'art nous a transmis la mémoire. » Mais c'est surtout la monographie des céphalématomes ou tumeurs san- guines de la tête que M. Valleix a singulièrement élucidée. «On savait depuis long-temps que des tumeurs sanguines se montraient, peu après la naissance, sur la tête des enfants. Mauriceau, Baudelocque , Moscati, Paletta, Michaelis, Nœgelé, Paul Dubois, Velpeau et d'autres, se sont successivement occupés de cette maladie. M. Valleix, qui a eu de fré- quentes occasions de l'étudier, n'a pas peu ajouté aux travaux de ses célè- bres prédécesseurs. Il a constaté, entre autres, que ces tumeurs sanguines peuvent avoir leur siège sur trois points bien distincts: » i°. On les observe sous l'aponévrose. Cette première espèce se présente rarement : elle est causée le plus souvent par des violences extérieures. Elle en a tous les caractères ; elle en subit toutes les conséquences ; » a°. La tumeur peut être placée sous le péricrâne. Dans cette espèce, la plus fréquente et la plus grave , il existe un bourrelet osseux qui se forme autour de la tumeur à mesure que celle-ci se développe. Ce bourrelet, soi- gneusement étudié par M. Valleix , constitue un caractère distinctif de la maladie. Il consiste en une production ostéiforme triangulaire, simplement appliquée par sa base contre l'os, dont on peut facilement la détacher; » 3°. Enfin, la tumeur peut être interne, sus-méningienne. Cette troi- sième espèce , rarement observée , avait à peine été décrite avant M. Valleix. 6., (44 ) L'histoire que l'auteur en a tracée complète le tableau de ces tumeurs sanguines de la tète chez les enfants nouveau-nés; maladie désormais mieux connue et plus heureusement combattue. » La Commission juge convenable d'accorder une somme de mille francs à M. le docteur Valleix à titre d'encouragement. » La Commission a l'honneur de proposera l'Académie de décerner une récompense de deux mille francs à M. le docteur Fourcault, pour une série d'expériences ingénieuses et neuves consignées dans un Mémoire manuscrit envoyé au concours pour les prix Montyon , sous ce titre : » Expériences physiologiques démontrant l'influence de la suppression mécanique de la transpiration cutanée sur l'altération du sang et sur le dé- veloppement des lésions locales attribuées à l'inflammation. » Ce travail se compose de deux parties : i° d'une série d'expériences faites sur des animaux d'espèces différentes; i° d'une suite de déductions pathologiques que l'auteur a cherché à en tirer, comme autant de consé- quences qui découleraient naturellement de ses expérimentations. » Ce second point, hâtons-nous de le déclarer, la Commission le met entièrement à l'écart : il est trop loin, de beaucoup, d'avoir reçu un degré suffisant de démonstration. » La Commission émettra une opinion bien autre sur la partie purement expérimentale de ce travail. M. Fourcault, dans la vue de suivre, sur plu- sieurs espèces d'animaux, les effets de la suppression de la transpiration , a eu l'idée de revêtir immédiatement de vernis la peau de quelques-uns de ces animaux vivants. Après les avoir convenablement préparés, plumant les uns, tondant les autres, il les recouvre d'uu enduit dont la composition varie. Les substances employées à cet effet sont le goudron , la colle de Givet, la dextrine, la poix et divers mélanges emplastiques. C'est tantôt sur l'animal tout entier, et tantôt sur des portions plus ou moins consi- dérables de son corps, qu'il applique la couche de vernis. Les accidents qui suivent cette opération se montrent plus ou moins rapides, plus ou moins graves, selon que l'enduit a été complet ou incomplet, général ou partiel, et aussi plus ou moins étendu. Dans tous les cas, la santé des animaux en est bientôt étrangement altérée, et la vie grièvement compro- mise. Ceux qui ont été mis en expérimentation sous nos yeux , on les a vus succomber en un, deux, trois jours, et même au bout de quelques heures seulement. » Dans l'opinion de la Commission, ces expériences sont pleines d'ave- nir. C'est un nouveau mode de recherches que M. Fourcault aura intro- ( 45 ) (luit dans la science. La Commission a pensé qu'il importait d'en doter pronfptement le domaine public. Livrée à des mains nombreuses , à des esprits variés, répétée d'ailleurs dans des lieux différents, l'expérience de M. Fourcault ne peut manquer de répandre un nouveau jour sur les phé- nomènes physiologiques et pathologiques placés sous la dépendance de la double fonction d'inhalation et d'exhalation du système cutané. » Cette expérience veut déjà prendre sa place à côté des travaux supé- rieurs entrepris sur ce sujet depuis Hippocrate jusqu'à nos jours , et plus particulièrement par Sanctorius, Gorter, Haller, Haies, Keil, Riegels, Rye, Lining, Robinson , Crawford, Blagden, Lavoisier et Séguin, Chaussier , Delaroche et Berger, Anselino, de Blainville, Magendie, Edwards et autres. » A la suite de tous ces travaux, l'expérience de M. Fourcault conserve un vrai caractère d'originalité. En vain voudrait-on la rapprocher, par exemple , de l'expérience à l'aide de laquelle Lavoisier et Séguin cher- chaient de concert, en 1789, à recueillir séparément les produits de la transpiration cutanée et les produits de la transpiration pulmonaire. Voici de quelle manière Lavoisier et Séguin rendaient compte de leur expérience devant l'Académie des Sciences: « Un habillement de taffetas, enduit de gomme élastique, qui ne laisse » pénétrer ni l'air, ni l'humidité, nous a servi à séparer tous les phéno- » mènes de la transpiration cutanée et ceux de la respiration. L'un de nous » entrait dans cette espèce de vêtement fermé par-dessus la tête , au moyen » d'une forte ligature. Un tuyau qui s'adaptait à la bouche et qui se masti- » quait sur la peau , de manière à ne laisser échapper aucune portion d'air, » lui donnait la liberté de respirer. Tout ce qui appartenait à la respiration » se passait, par ce moyen, en dehors de l'appareil; et tout ce qui appar- » tenait à la transpiration cutanée se passait en dedans. » » Il ne faudrait pas non plus assimiler à l'expérience de M. Fourcault la pensée à peine exprimée par MM. Delaroche et Berger dans leurs belles et leurs courageuses expériences concernant les effets d'une forte chaleur sur l'économie animale. Delaroche et Berger eurent, il est vrai , l'idée d'enduire leur propre corps d'un vernis pour empêcher I'évaporation à la surface de la peau , et arriver ainsi à découvrir la cause à laquelle tient la faculté qu'ont les animaux de produire du froid. Mais, dans le grand travail de MM. Delaroche et Berger, l'expérience n'est pour ainsi dire qu'indiquée. Les auteurs se sont contentés de la mentionner et de la consigner seule- ment en note dans leur mémorable dissertation. » L'expérience de M Fourcault est donc neuve autant qu'elle est impor- tante. En la signalant de la sorte aux expérimentateurs, l'Académie, nous l'espérons, aura aussi servi la science. » C'est par l'ensemble de ces considérations que la Commission justifie la demande de deux mille francs , à titre de récompense, en faveur de M. le docteur Fourcault. »La Commission a cru devoir attirer l'attention de l'Académie sur l'ouvrage suivant : Traité pratique du pied-bot ; par M. Ddvai,, » Depuis l'origine de l'art jusqu'à nos jours, la difformité en question n'avait été combattue que par des moyens mécaniques plus ou moins ingé- nieux, plus ou moins compliqués, mais d'ordinaire insuffisants ou même nuisibles. » Ces machines s'étaient successivement perfectionnées sans doute depuis l'appareil proposé par Hippocrate, jusqu'aux appareils employés par Venel et par M. d'Yvernois. Il y a cependant cela de vrai que, dans toutes ces machines, on luttait en vain contre la cause la plus générale de la diffor- mité , contre le raccourcissement, soit congénial, soit acquis, des muscles et des tendons. » La nature ou la cause générale du pied-bot une fois nettement résumée de la sorte et clairement démontrée, il était facile , ce semble , d'en déduire le moyen de guérison le plus rationnel et le plus certain. Déjà, depuis long- temps, la science était en possession de la plupart des éléments propres à la solution de ce problème. Une étude approfondie des cas variés, nom- breux, de rupture accidentelle du tendon d'Achille; la connaissance ration- nelle des phénomènes qui se manifestent pendant la guérison de cette solu- tion de continuité ; la certitude acquise, d'ailleurs, que la rupture des tendons en général , et du tendon d'Achille en particulier, n'est accompagnée, pour l'ordinaire , d'aucun accident redoutable , constituaient comme autant d'in- dices qui devaient mener tout naturellement à la tentative de la section des tendons malades dans les diverses difformités du pied-bot. » Ce ne fut cependant qu'en 1782 que Thilenius eut la pensée de faire cesser, au moyen de la section du tendon d'Achille , l'action des muscles qui par leur raccourcissement s'opposent à la restitution normale du pied. Il s'agissait d'un pied-bot équin très prononcé. Le malade avait huit ans. L'opération fut suivie de succès. Il ne paraît pas, du reste, que le médecin saxon ait eu l'occasion de répéter cette ingénieuse opération. (47 ) » La voie nouvellement ouverte en Saxe ne fut suivie que vingt-sept ans plus tard, en 1809, par Michaelis de Marbourg. Celui-ci eut plusieurs occasions de pratiquer cette opération ; mais, ou il n'avait saisi que d'une manière imparfaite la pensée profonde de Thilenius, ou il ne voulut s'as- treindre qu'en partie à copier son modèle. Michaelis fit autrement, mais il fit moins bien que son prédécesseur. » En 1812, Sartorius guérit un pied équin par la section pure et simple du tendon d'Achille, telle que l'avait indiquée l'habile praticien saxon. » Au mois de mars 1816, Delpech, l'illustre et trop infortuné chirurgien de Montpellier, qui s'était déjà occupé beaucoup des difformités du corps humain, porta sur les pieds-bots une attention particulière. Il pratiqua une fois seulement l'opération du tendon d'Achille : et quoiqu'il n'eût réussi qu'à grand'peine et après un long temps, ou peut-être même à cause des difficultés de sa réussite, il s'attacha avec opiniâtreté à l'étude de cette maladie et de l'opération qui lui est applicable. » Le 28 février i83i, Strômeyer, médecin à Hanovre, qui avait médité à fond les ouvrages de Delpech, suivit à peu près exactement la méthode de notre chirurgien de Montpellier. Strômeyer prit seulement des précautions plus grandes, plus fructueuses, pour faire les plaies exté- rieures aussi petites que possible, afin de s'opposer à l'introduction de l'air dans les plaies et de prévenir ainsi la suppuration et l'exfoliation du tendon. » La science et l'art en étaient là quand M. Vincent Duval, en i836, appliqua le premier, à Paris, la section du tendon d'Achille au traitement et à la guérison du pied-bot. Jusqu'à M. Duval, cette opération, pratiquée uniquement pour le pied équin, n'avait guère donné que sept à huit gué- risons dans un espace de soixante ans. En moins de cinq ans, M. Duval a eu l'occasion de faire plus de trois cents opérations de cet ordre, et tou- jours avec succès. » Enhardi par l'infaillibilité de la ténotomie appliquée au pied équin, M. Duval , agrandissant encore la ligne tracée par Strômeyer, a eu l'idée d'étendre cette opération à toutes les variétés du pied-bot. Il a coupé le tendon du muscle tibial antérieur pour guérir le pied-bot varusj il a fait la section du tendon du long péronnier latéral pour le pied-bot valgus; la section du tendon du tibial antérieur, celle de l'extenseur propre du gros orteil , du court fléchisseur, de l'extenseur commun , et du péronnier, dans les cas divers de renversement du pied. » Les avantages pratiques de la section des tendons ne sont plus con- (48) testés à présent. Tout ce qu'il y a de chirurgiens habiles en Europe exécu- tent aujourd'hui ces utiles opérations. De plus, ce procédé opératoire a été étendu aux muscles, aux ligaments, aux aponévroses. Et, grâce aux con- ceptions fécondes, aux expériences multipliées et aux opérations hardies de M. le docteur J. Guérin , cette partie toute neuve de la thérapeutique chirurgicale est sur le point de constituer une doctrine complète, embras- sant tous les faits de section sous cutanée, dans les circonstances variées et rigoureusement déterminées qui en réclament l'emploi. » M. Duval, outre ses nombreuses et ses nouvelles opérations de téno- tomie, apporte encore, comme titre aux récompenses du legs Morityon, l'ouvrage qu'il a publié sur cette matière. Ce livre, profitable aux gens du monde autant qu'utile aux gens de l'art, entre autres qualités estimables, aura celle de vulgariser chaque jour davantage un procédé curatif assuré. » La Commission , de son côté, présente avec confiance, comme un droit non moins recommandable, en faveur de M. Duval, les services que ce médecin a rendus dans les hôpitaux de la capitale, par la grande quantité d'opérations de ce genre pratiquées sur des individus de la classe indigente à laquelle l'illustre fondateur de nos prix portait un si vif et si prévoyant intérêt. • Par ces motifs réunis, la Commission propose d'accorder à M. Vincent Duval une récompense de trois mille francs. » Des maladies de la France dans leurs rapports avec les saisons, ou Histoire médicale et météorologique de la France; par M. Fuster. (Ma misait sous le n°37.) » L'Académie connaît déjà le travail de M. Fuster. Un rapport détaillé par MM. Arago et Double en fit ressortir, il y a près d'un an, les mé- rites. Nous allons cependant exposer encore une fois brièvement les points les plus neufs et les plus saillants de cet ouvrage. » L'histoire des constitutions médicales dans les enseignements autant que dans les études pratiques, était dédaignée, méconnue et à peu près abandonnée en entier, depuis environ trente ans. Il fallait remettre le prin- cipe en honneur; il fallait en éclairer et en élargir l'application : c'est ce qu'a fait M. Fuster. Depuis qu'il a publié les premières esquisses de son ( 49 ) travail, nos journaux, nos hôpitaux, nos écoles retentissent parfois du bruit de semblables recherches. Rendre de la valeur à une doctrine injus- tement tenue à l'écart; redonner de la vie à une méthode négligée à tort, et faire rentrer ainsi dans la science et dans l'art les avantages obtenus et les services que l'on peut retirer encore, chaque jour, de ces doctrines et de ces méthodes, c'est tout à la fois et un progrès incontestable et un bien- fait assuré. » Mais là ne se bornent point les titres que présente l'ouvrage de M. Fuster aux prix Montyon. » Déterminer, en général, les modifications que les saisons impriment à l'économie humaine, et les états pathologiques généraux qui leur cor- respondent ; appliquer ces principes aux saisons et aux états morbides an- nuels, dans le climat de la France en particulier, tel est le double but de cet ouvrage, et ce but, personne encore ne s'était proposé de l'atteindre. » Les faits rassemblés par l'auteur montrent que les saisons, considérées en général, nous impressionnent de deux manières, à savoir, par leurs caractères propres, ou ceux qu'elles prennent dans leur constitution spé- ciale, et par les caractères qu'elles tirent de leurs rapports avec les deux saisons voisines. » Les rapports des saisons entre elles n'avaient qu'imparfaitement frappé jusqu'à ce jour l'attention des observateurs. Voici en quoi ces rapports consistent : » Dès le principe et à la terminaison de chaque saison , il y a toujours en- présence deux ordres de caractères météorologiques : les caractères de la saison qui commence et les caractères de la saison qui finit. Ainsi, au com- mencement et à la fin de toute saison, la constitution atmosphérique est nécessairement complexe, et résulte de la combinaison des phénomènes de la saison à sa naissance, avec les phénomènes de la saison à son déclin. Toutefois, les deux saisons en présence ne jouent pas le même rôle à tous les instants de la combinaison. Les faits obligent à formuler de la manière suivante les lois de leurs relations : « Dans les premiers temps de la combinaison , la saison à la fin de sa course tient la première place; la saison naissante n'occupe que le der- nier rang. En d'autres termes, sur les limites de deux saisons, la cons- titution atmosphérique se partage entre toutes deux; seulement elle penche dans les premiers temps du côté de la saison antérieure, et dans les der- niers du côté de la saison à venir. » A l'aide de ses nombreuses observations, M. Fuster a pu assigner les C. R , 1840, am« Semestre. (T. XI, N<>2.) 7 (5o) conditions sous l'action desquelles l'état de l'air se soumet les modifica- tions de l'économie. Il a vu que les vicissitudes de la saison, de même que le froid et le chaud atmosphériques , n'affectent efficacement le corps humain que lorsque ces vicissitudes sont à la fois durables et continues. Il a indiqué les signes positifs du concours de ces trois conditions. a Toute cette partie de l'ouvrage de M. Fuster est entièrement neuve ; elle repose sur des observations météorologiques aussi importantes par leur exactitude que par leur originalité. » Ces observations, recueillies avec patience, et directement, sur des individus d'âge, de sexe, de condition et de tempérament divers, ont fourni des éclaircissements féconds aux applications cliniques. Les états morbides correspondants aux saisons, les états morbides correspondants aux climats, les états morbides correspondants aux intempéries; ici tout se lie, tout s'enchaîne, tout s'éclaire réciproquement: et l'application de ces principes k l'histoire médicale des saisons et à l'histoire des maladies qui en dépendent, en France, devient le point culminant de ce travail. » Il résulte, par exemple, de cette masse de faits, qu'en France il règne tous les ans, à tour de rôle, au printemps, des affections catarrhales in- flammatoires; en été, des affections catarrhales bilieuses; en hiver, des affections inflammatoires; que les quatre affections de l'année se combi- nent aux deux extrémités de leur course, de manière à produire des cons- titutions médicales complexes, où l'on voit dominer alternativement, sui- vant des lois connues, l'une et l'autre des affections en combinaison. Il en résulte encore que des affections intempestives troublent souvent la succes- sion des affections régulières annuelles, et que les localités et les expositions y introduisent des différences notables, bien dignes de fixer l'attention. » Il résulte enfin des mêmes observations, que, quoique l'on voie chez nous régner annuellement les quatre affections cardinales, cependant, à raison des vicissitudes permanentes de notre constitution atmosphérique , les affections catarrhales, suite nécessaire de ces vicissitudes, dominent à peu près dans tous les temps. » Ainsi donc, sous le rapport delà météorologie, M. Fuster, par des milliers d'observations dirigées sur les individus de différentes classes de l'espèce humaine, tant dans les pays du Nord que dans les contrées du Midi, a beau- coup ajouté aux résumés publiés par Réaumur, Cassini, Lalande et autres. » Et quant à la partie médicale, M. Fuster a résumé et rédigé en corps de doctrine les travaux épars et bien choisis de nos meilleurs observateurs des constitutions médicales. Des faits en très grand nombre et d'une valeur (5i ) non moins remarquable, recueillis dans le midi et le nord de la France, répandent aussi sur cette deuxième partie les plus vives lumières. C'est surtout dans les lieux où, en France, les caractères des saisons se trouvent plus prononcés , plus intenses et plus durables , qu'il était naturel , qu'il était utile d'aller puiser et les modifications météorologiques des saisons, et les états morbides qui leur sont subordonnés. Ainsi a procédé M. Fuster, et l'on peut pressentir avec quel fruit. » De ces deux éléments de l'ouvrage, il est résulté une appréciation plus exacte de l'action des saisons sur l'organisation animale, et une dé- termination plus rigoureuse de la nature des maladies qui leur correspon- dent. Des vues plus sûres concernant la cause générale des maladies vul- gaires; des indications thérapeutiques mieux établies, par rapport à ces mêmes maladies, sont à leur tour la conséquence naturelle de ces impor- tantes recherches. » La Commission propose d'accorder à M. Fuster, à titre de récom- pense, une somme de trois mille francs. » SCIENCES MATHÉMATIQUE-. RAPPORT SUR LE PRIX D'ASTRONOMIE POUR L'ANNÉE 1839. (FONDATION DE M. DE LALANDE.) (Commissaires, MM. Arago , Savary, Bouvard, Mathieu et Damoiseau.) « La Médaille fondée par Lalande est décernée, en 1839, à M. Galle, astronome adjoint à l'Observatoire royal de Berlin. » Le but du fondateur de la médaille était, en première ligne, d'exciter les observateurs à s'occuper avec assiduité de la recherche des comètes lé- lescopiques. L'Académie ne pouvait donc pas hésiter à décerner cette ho- norable récompense à l'habile astronome qui , dans le court intervalle de quatre-vingt-dix-sept jours, a découvert trois comètes : la première, le 1 décembre 1839 5 la seconde, le i5 janvier 1840; la troisième, le 6 mars 1840. 11 faut ajouter que M. Galle a calculé les éléments paraboliques des nouveaux astres d'après ses propres déterminations, et qu'en comparant l'orbite de la comète du 6 mars à celle d'une comète observée à Péking en 1097, et à la marche suivie par une comète plus moderne, il est devenu très probable que l'astronome de Berlin a enrichi notre système d'un nou- 7- ( 5* ) vel astre périodique, dont la révolution autour du Soleil ne doit pas sur- passer trois cent soixante-dix années. « RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR LE PRIX DE MÉCANIQUE POUR L'ANNÉE i83o. (FONDATION DEM. DE MONTYON.) (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Poncelet, Séguier, Gambey, Coriolis rapporteur.) « Le seul Mémoire adressé à temps à l'Académie pour le concours de i83y a pour objet la description d'une machine hydraulique appelée par l'auteur bélier à une seule soupape. Cette machine, dont la destination est de remonter à un niveau supérieur une partie de l'eau qui sort d'un réser- voir, a paru avoir trop d'analogie avec une autre machine qui a déjà valu un prix l'année dernière au même auteur, pour qu'elle pût être l'objet d'une nouvelle récompense. »M. Lvlanne, ingénieur, a présenté au concours, mais après le délai fixé, une addition très ingénieuse et très utile au planimètre de MM. Ernst et Opikôffer. Cet instrument n'ayant été imaginé et rendu public par son au- teur qu'en 1840, votre Commission, tout en lui réservant ses droits pour le prochain concours, n'a pu l'admettre à celui de 1839. » Votre Commission, dont le droit et même le devoir est de choisir parmi les inventions publiées dans le délai fixé, celles qui sont à la fois les plus ingénieuses et les plus utiles aux progrès de l'industrie, a distin- gué le système de waggons articulés de l'invention de M. Aknoux. « Un rapport présenté à l'Académie par l'un de ses membres, M. Poncelet, eu avril i838, au nom d'une Commission composée de MM. Arago,Dulong, Sa vary, Poncelet et Séguier, a déjà décrit complètement les dispositions ima- ginées par l'auteur pour diminuer les résistances qu'éprouvent les convois sur les chemins de fer, au passage sur les courbes d'un petit rayon. Ce rapport a fait connaître à l'Académie que ces dispositions étaient bien con- çues et qu'on devait en attendre de bons résultats dans l'application. Depuis lors, M. Arnoux, dans le courant de i83q,a fait exécuter en grand son sys- tème sur un chemin d'essai à Saint-Mandé,etl'a fait fonctionner devant une Commission nommée par l'Académie. Les Commissaires chargés de décerner (53 ) le prix de Mécanique ont assisté aux expériences. La traction a été mesurée en leur présence avec le dynamomètre de M Morin, tant sur le chemin d'essai que sur le chemin de Saint-Germain pour des waggons ordinaires. Il résulte des expériences comparatives qui ont été relevées avec soin, que la résistance que présentent les convoisde M. Arnoux n'est pas plus grande pour des courbes de 5o mètres de rayon que pour des parties en ligne droite ; et que pour ces dernières elle semble à peu près la même que pour le système ordinaire employé sur le chemin de Saint-Germain. » En conséquence, votre Commission, considérant que le systèmedes wag- gons articulés de M. Arnoux a subi, sur une échelle très étendue, des épreuves qui en démontrent l'utilité pour diminuer la résistance des convois dans le passage sur les petites courbes des chemins de fer, est d'avis que cette invention mérite le prix de Mécanique fondé par M. Montyon pour l'année i83o,, et qu'il soit accordé àson auteur la totalité de la somme dis- ponible de mille francs à laquelle on ajoutera, par extraordinaire, une somme de deux mil le francs. » . RAPPORT SUR LE CONCOURS DE 1839, POUR LE PRIX DE STATISTIQUE. " (FONDATION MONTYON.) (Commissaires, MM. Ch. Dupin , Cordier, Sylvestre; Costaz et Mathieu rapporteurs. ) ■ « Les ouvrages envoyés au concours sont au nombre de neuf.; tous ne sont pas dans les conditions nécessaires pour y être admis, ou pour mériter, sous le rapport delà statistique, l'attention de l'Académie. Deux sont tout- à-fait étrangers à cette science; d'autres, à quelques variations près, qui tiennent à la différence des époques et non à la nouveauté des matières , sont la répétition d'ouvrages déjà mentionnés dans les concours. précédents; enfin, il en est qui traitent des sujets trop restreints. » Les concurrents ne devraient jamais perdre de vue que ce prix a été spécialement fondé pour encourager les recherches utiles à la statis- tique de la France. « Nous réservons pour un autre concours un travail qui ne s'étend pas encore à toute la France ; cependant nous allons en donner une idée . à cause de son importance. ( 54 ) * Nous annonçons avec satisfaction à l'Académie que M. Vicat continue ses recherches sur les substances calcaires propres à fournir des ciments ou des mortiers hydrauliques. Ses premières recherches ont partagé, en 1837, le prix de Statistique: elles s'étendaient à dix-huit départements, situés dans les bassins du Rhône et de la Garonne, et présentaient l'essai de mille cinq cent cinquante-sept échantillons calcaires. M. Vicat a envoyé au concours du i83p, pour vingt-quatre départements, un travail qui comprend l'examen de deux mille neuf cent cinquante -trois échantillons, recueillis dans autant de gisements différents; en sorte que, dans leur en- semble, ses explorations s'étendent déjà à quarante-deux départements, et que ses comptes rendus caractérisent quatre mille cinq cent dix échan- tillons de substances calcaires, sous le rapport de leur plus ou moins d'aptitude à former des ciments ou des mortiers hydrauliques. » Pendant que M. Vicat poursuit le cours de ses investigations , sa mé- thode se perfectionne et s'agrandit : il avait pensé , d'abord , qu'une pierre calcaire ne pouvait jouir de la propriété de donner un mortier hy- draulique, si elle ne contenait pas de la silice et de l'alumine combinées dans certaines proportions; mais il a constaté depuis que la magnésie, lorsqu'elle est en proportion convenable, suffit même seule pour commu- niquer l'hydraulicité à des chaux parfaitement pures. Jusque alors les in- vestigations et les essais portaient seulement sur les pierres à base argi- leuse; les pierres magnésiennes demeuraient en dehors des recherches. Il est probable que, dans les départements étudiés avant cette découverte, on a laissé de côté des pierres qui pourraient donner des chaux hydrau- liques. C'est une lacune que les ingénieurs employés sur les lieux sont appelés à combler. » Cette propriété de la magnésie aura dans la pratique d'importantes conséquences : elle met en valeur des variétés de dolomies qui existent par masses, souvent considérables, et qui étaient négligées parce qu'on ne les croyait pas susceptibles de recevoir l'emploi étendu et utile que leur donne aujourd'hui la découverte de M. Vicat. » La publicité donnée aux résultats des premières investigations de M. Vicat, a déjà produit des fruits importants. » Les travaux actuels de cet ingénieur sont en quelque sorte le com- plément du service éminent qu'il rendit aux arts de construction archi- tecturale, lorsque le premier il établit la véritable théorie des ciments et des mortiers hydrauliques. Aujourd'hui, il met à la disposition des cons- tructeurs les moyens matériels nécessaires pour passer de la théorie à (55 ) l'exécution. Il leur fait connaître des gisements qui sont souvent dans le voisinage de leurs travaux, et où ils trouvent des matières qu'ils ne pouvaient se procurer qu'en les faisant venir de loin et à grands frais, ce qui en rendait parfois l'emploi impossible. » Les ingénieurs et les architectes chargés de grands travaux , sont avertis qu'ils peuvent augmenter la solidité des constructions et en dimi- nuer la dépense, en s'assurant, par une étude préliminaire, des ressources que les contrées circonvoisines peuvent fournir en chaux hydrauliques. » Des pays que l'on croyait dénués de ce genre de ressources, sont sur le point de s'en voir abondamment pourvus. Lyon, pour citer un exem- ple, est dans ce cas. Cette ville est assise sur les bords de deux grandes rivières, l'emploi des mortiers hydrauliques y est en quelque sorte forcé; mais les constructeurs n'avaient pour les Composer que des moyens in- complets et coûteux. On a découvert tout récemment sur les bords du Rhône, à quelques myriamètres en amont de Lyon, une carrière qui pourra, en quelques heures de navigation, fournir à cette ville de la chaux hydraulique à un prix modéré. Cette découverte est encore due à M. Vicat. » Les travaux de M. Vicat feront époque dans l'art de bâtir; ils auront sous le rapport économique des conséquences d'une haute importance. Des substances pierreuses qui existent en abondance près delà surface du sol, étaient généralement rebutées comme inertes et inutiles. En faisant connaître leurs propriétés, en leur assignant un emploi, il les a mises en valeur, elles sont devenues un objet de commerce. Déjà , dans quelques départements, des exploitations considérables se sont établies, pour four- nir des chaux hydrauliques aux travaux publics et particuliers. On peut dire, avec vérité, que M. Vicat, par ses recherches et par l'application pratique de leurs résultats, a augmenté la richesse du sol de la France. y> L'Académie avait accordé à M. Vicat une distinction qui marquait tout l'intérêt qu'elle mettait à son premier travail. La mention que nous venons de faire de celui qu'il nous a récemment communiqué, prouve qu'il est toujours digne des encouragements de l'Académie. Lorsque la tâche que M. Vicat s'est imposée sera remplie, lorsqu'il aura terminé ses laborieuses et importantes recherches, il pourra faire valoir des droits aux récompenses que l'Académie sera dans le cas de décerner: nous pensons que ces droits doivent être réservés. « Passons maintenant aux pièces du concours actuel. » Les statistiques départementales sont dans des conditions particu- ( 56 ) lières : composées principalement pour l'utilité du département, elles doi- vent souvent renfermer des détails descriptifs et historiques étrangers à la statistique, et beaucoup de tableaux extraits d'états officiels, dont le public est déjà en possession. Mais il est peu de départements où il ne se ren- contre des faits d'un ordre spécial, qui présentent un intérêt véritable et dont l'existence n'a pu être prévue dans la rédaction des cadres des états officiels, préparés pour la généralité du royaume. En constatant ces faits, en les déterminant avec toute la précision que l'on peut atteindre, en les exprimantpar des chiffres coordonnés méthodiquement, on peut réelle- ment enrichir la statistique de la France. Le rapprochement de faits ana- logues recueillis dans plusieurs départements, peut amener des résultats dignes d'attention. Ces considérations font sentir que les statistiques dé- partementales doivent être l'objet d'un sérieux examen. Quand elles seront achevées pour toute la France, elles seront réunies en collection dans les bibliothèques, et il est à désirer, pour éviter toute disparate, que l'on adopte un setd format: l'in-quarto , par exemple, qui se prête bien à recevoir des tableaux. «Les statistiques des départements de Saône-et-Loire et de la Charente- Inférieure ont été envoyées au concours de i83q; elles ont été imprimées dans le format in-4°, avec soin, à Mâcon et à La Rochelle, et publiées sous les auspices des préfets et des conseils-généraux de ces départements. » La Statistique du déparlement de Saône-et Loire a été rédigée par M. R\GUT. «Les détails locaux y dominent, cependant on y trouve des faits dont l'intérêt n'est pas concentré dans les bornes du département. Un grand nombre d'observations météorologiques, continuées pendant plusieurs années, ont servi à déterminer les moyennes thermométriques et baro- métriques, la quantité moyenne de pluie qui tombe chaque année, le ré- gime des vents, et particulièrement les vents dominants et l'influence de chacun d'eux sur les météores aqueux. La plupart de ces observations, celles qui présentent la suite la plus continue , ont été faites par M. Benon des Chânes, observateur exact, instruit , et muni de bons instruments. Il a eu soin de donner l'altitude du lieu où elles se faisaient, de décrire la configuration du territoire environnant, et d'indiquer les accidents des montagnes, qui, par leur position et leur élévation, peuvent modifier la direction des vents et leurs effets. Des observations faites avec cet ensem- ble et cette suite sont d'un intérêt général. Il esta souhaiter qu'elles se multiplient sur la surface de la France, avec le même soin et la même in- (5? ) telligence. Elles pourront conduire à des résultats précieux pour la science et pour l'agriculture. » Les étangs sont une des spécialités du département qui nous occupe ; il en a environ deux raille : la plus grande partie est située à l'est de la Saône, dans ce que l'on appelait autrefois la Bresse châlonnaise. M. Ragut a dressé un état indicatif de leur position et de leur étendue superficielle. Cette portion du territoire est soumise à un assolement particulier; la culture par la charrue y alterne avec la production du poisson. Cet assole- ment est assez généralement triennal : on distingue ces deux manières d'exploiter par les noms évolage et assec. L'évolage est le temps de la mise en eau peuplée de jeunes poissons ; Tassée est le temps de la culture qui a pour objet la production des céréales. Depuis longues années on a élevé la question de savoir si les lois ne devaient pas prescrire le dessèche- ment permanent des étangs : cette question, qu'il ne faut pas confondre avec celle du dessèchement des marais, a une plus grande importance en- core dans un département voisin, celui de l'Ain, où les étangs occupent une plus grande étendue que dans Saône-et-Loire, et sont dé* temps im- mémorial soumis au même assolement; il faut pour la décider avoir sé- rieusement étudié tous les faits qui y sont relatifs; on en trouvera de nombreux dans cette partie de la Statistique du département de Saône-et- Loire. » La Statistique de la Charente-Inférieure a été rédigée par M. Gauthier. » La position maritime de ce département; la configuration de ses côtes riches en ports importants; des marais d'une grande étendue existant le long du littoral et dont le sol semble avoir été formé par les alluvions de plusieurs rivières navigables, dont les eaux profondes convergent vers la belle rade comprise entre la côte du continent et les îles de Khé et d'Ole- ron; de grands établissements et des industries qui sont propres à ce dé- partement, lui donnent une physionomie particulière. On y trouve des spécialités, abondantes en faits intéressants, dont la détermination et la connaissance peuvent enrichir la statistique de la France. » Le voisinage de la mer exerce sur la température, sur la végétation et sur la maturité des récoltes, une influence marquée. Les récoltes ont lieu, dans les îles, huit jours plus tôt que sur la côte, et sur la côte elles précèdent aussi de huit jours l'époque où on les fait à six lieues dans l'in- térieur. La mer fournit presque gratuitement, en poissons et en coquil- lages, une masse de substances alimentaires qui contribue à l'entretien C. R. , 1840, j"" Semestre. T. XI, S« 2.; ° ( 58 ) d'une population plus agglomérée que dans les contrées de l'intérieur. Ainsi la population spécifique de l'île de Rhé est de 244 habitants par kilomètre carré: or elle n'est que de 171 dans le département du Nord, qui figure en tête des départements français, dans la table des populations spécifiques publiée par Prony dans X Annuaire du Bureau des Longitudes- » Les coquillages comestibles, huîtres et moules, sont dans ce dépar- tement l'objet d'un commerce considérable. Ces coquillages se trouvent naturellement et en abondance dans le voisinage des côtes; mais les soins de l'homme contribuent aussi à les multiplier et à leur donner les qualités qui les font rechercher par les consommateurs. II y a des établissements affectés à l'élève des moules : on les dépose encore petites dans des habi - tations en clayonnage préparées pour cet objet; elles y sont soignées jus- qu'à ce qu'elles soient engraissées et qu'elles aient atteint le degré de croissance nécessaire pour qu'on puisse les présenter à la consommation. Les huîtres de Marennes doivent les qualités qui les font rechercher au choix des emplacements dans lesquels on les met parquer, et aux soins qu'on leur (tonne pendant le parcage, qui dure souvent plusieurs années. Ainsi, l'élève des moules et des huîtres est, dans le département de la Charente-Inférieure, une branche d'industrie qui n'est pas sans importance. » Les marais occupent la dixième partie du territoire du département. Depuis plus d'un siècle, des efforts ont été renouvelés pour parvenir à leur dessèchement; cent lieues de canaux et plusieurs centaines de lieues de fossés ont été creusées; mais tous les efforts n'ont pas été heureux: on a souvent échoué dans les premières tentatives. L'expérience n'avait pas encore fait connaître des méthodes au moyen desquelles, dans ces derniers temps, ou a obtenu des succès encourageants pour la continua- tion ou la reprise de travaux propres à amener le dessèchement complet. Les procédés employés aux différentes époques sont décrits par l'auteur de la Statistique, avec assez de détails et de soins pour faire connaître les fautes commises dans les travaux qui n'ont pas réussi, et pour qu'on soit averti d'éviter ces fautes dans les travaux à venir. » On sait que la présence des marais dans une contrée nuit à la santé publique. Les habitants sont condamnés à une vie languissante et à une mortalité rapide. L'auteur de la Statistique a fait des recherches qui don- nent, en quelque sorte, la mesure de cette influence malfaisante dans le département de la Charente-Inférieure; les résultats qu'il a obtenus sont réunis dans des tableaux comparatifs de mortalité pendant les quinze an- nées écoulées de 1817 à i83a, dans des commîmes situées en pays haut, ( 59 ) et dans pareil nombre de communes situées en pays marécageux : les diffé- rences sont frappantes, et quelquefois énormes. L'utilité de ce travail, qui suppose dans celui qui l'a fait un véritable esprit de recherches, ne sera pas bornée au moment actuel. On aura un point de départ qui ser- vira pour étudier plus tard l'influence du dessèchement sur la salubrité. On observe qu'elle fait des progrès partout où le dessèchement s'opère, et qu'elle rétrograde lorsque, faute de surveillance et d'entretien, les voies qu'on avait ouvertes pour l'écoulement des eaux marécageuses viennent à s'engorger. » Il règne dans la Charente-Inférieure, sur la question du dessèchement, un préjugé qui parait partagé même par la classe éclairée, et que nous devons signaler à cause des effets malfaisants et dangereux que son appli- cation déjà trop commune produit sur la salubrité de l'air. Ce préjugé porte sur les faits suivants : Après avoir remarqué que, pour obtenir de bons dessèchements, il faut diviser le terrain, par de nombreux fossés, en parcelles d'une contenance limitée, on recommande de faire dans ce terrain généralement exploité en prairies, les dispositions nécessaires pour qu'il y ait toujours de l'eau dans les fossés, parce que, s'ils restent à sec, on n'obtient que très peu d'herbe et de la mauvaise herbe : si au contraire on maintient de l'eau dans les fossés , le terrain produit des récoltes abon- dantes et du foin d'excellente qualité. Cette condition est réputée tellement essentielle, que si l'on n'a pas d'eau douce en quantité suffisante, on re- commande d'y suppléer en introduisant de l'eau de mer dans les fossés : cette pratique est pernicieuse, car il est actuellement reconnu que le mélange de l'eau de mer avec l'eau douce des marais est une des causes les plus actives d'insalubrité. Ce fait important a été constaté dans les maremmes de Toscane par des observations faites pendant un long espace de temps sur la population de plusieurs villages. Les détails en sont con- signés dans un Mémoire lu , en 1825, à l'Académie, par M. Gaetano Gior- gini, de Lucques (1). La population d'une contrée que les habitants étaient obligés de déserter en été , s'acheminait vers son anéantissement par une mortalité d'une rapidité effrayante et toujours croissante, tant que les eaux de la mer ont été en communication avec les eaux douces des marais; cette même contrée s'est couverte d'une population nombreuse et saine aussitôt que la communication a été interrompue. Un séjour mortel a été crans» (1) Annales du Physique et de Chimie , t. XXIX, p. 225. (6o) formé en un paysage riant, où les gens riches des villes voisines ont établi des maisons de plaisance pour passer le temps des grandes cha- leurs (i). » M. Dausse, ingénieur des ponts-et- chaussées, a envoyé au concours, sous le titre : Statistique des principales rivières de France, cinq Mémoires qui avaient déjà été présentés successivement à l'Académie en i83o, 3i , 3ï, 33 et 3g, avec un grand nombre de planches et de tableaux. » Depuis long-temps on répète, sans contestation, que les rivières ont été faites pour alimenter les canaux. M. Dausse n'a pas voulu admettre sans examen ce mot célèbre de l'ingénieur anglais Brinkley. Il a suivi et étudié le cours entier des grandes rivières qui sillonnent la France dans toutes les directions. Il a recueilli et discuté avec une grande sagacité les observations hydrométriques que l'administration fait faire depuis un grand nombre d'années en plusieurs points de leur cours. Dans ce travail, qui remonte à plus de dix ans, et qui est continué avec la plus louable et la plus honorable persévérance, M. Dausse a eu principalement en vue l'amé- lioration de la navigation fluviale. Une heureuse combinaison des éléments tirés des observations hydrométriques qui restaient sans application, a conduit M. Dausse à des résultats fort remarquables et fort importants. Grâce à ces précieuses et infatigables recherches, on peut maintenant poser avec netteté la question de la navigation fluviale, et tenter avec confiance la solution de cette grande question d'économie politique et commerciale. C'est par là que nous rendrons les rivières à leur véritable destination; c'est par un bon emploi des ressources qu'elles nous offrent, que nous augmenterons la richesse du pays. » Les tableaux statistiques dressés par M. Dausse comprennent les ob- servations faites dans trois villes sur le Rhin, la Loire, la Saône, la Ga- ronne; dans deux villes sur le Rhône, la Meuse; et dans une seule ville sur la Seine, la Somme, le Doubs, le Maine, l'Isère, le Tarn, le Lot: ce qui forme vingt-trois stations sur treize grandes rivières, et une masse d'observations qui embrassent une durée de trois cent soixante ans. On trouve aussi les observations faites au Caire sur le Nil , pendant deux ans, de 1 799 à 1 8o î . (i) Les parties de ce Rapport qui précèdent étaient rédigées, lorsque M. Costaz , ayant eu le malheur de perdre son fils, fut forcé de suspendre son travail ; le Rapport a été continué par M. Mathieu. ( 6i ) » Avec ces nombreux documents, M. Dausse a formé pour chaque sta- tion, i° un tableau des hauteurs moyennes mensuelles et annuelles des eaux ; 20 un tableau de leurs tenues moyennes de décimètre en décimètre, pour chaque mois et pour l'année; et pour mettre facilement en œuvre ces divers éléments , il a eu recours à des constructions graphiques. » Il a d'abord tracé pour chaque station une courbe dont les ordonnées, ou les hauteurs moyennes des mois, sont séparées par des intervalles qui représentent la durée de chacun des douze mois. Cette courbe des hauteurs de la rivière à la station que l'on considère , s'élève et s'abaisse alternative- ment au-dessus et au dessous de la ligne horizontale qui répond à la hau- teur moyenne. On voit sur-le-champ lès mois, les saisons, pendant lesquels la rivière se maintient au-dessus ou au-dessous des moyennes eaux. Mais cette courbe ne donne pas une idée complète des changements d'état de la rivière. Le temps est un élément essentiel qu'il faut nécessairement faire intervenir. Il ne suffit pas de dire :1a rivière est à une telle hauteur à une époque donnée, il faut encore savoir pendant combien de jours, dans l'année ou dans chaque mois, elle se soutient à cette hauteur; et pour la navigation il importe surtout de connaître la hauteur à laquelle la rivière revient un plus grand nombre de jours dans l'année. Cette manière ingé- nieuse de concevoir les variations d'une rivière a conduit l'auteur à la con- sidération d'un élément nouveau , la tenue. Il appelle tenue d'une rivière à une hauteur donnée de ses eaux, le temps pendant lequel elle se soutient à cette hauteur, ou à très peu près. La tenue d'un mois à une certaine hauteur de l'échelle hydrométrique est donc le nombre de jours dé ce mois pendant lesquels la rivière se maintient à cette hauteur. La tenue de l'an- née à la même hauteur est la somme des tenues des douze mois dont elle se compose. C'est d'après ces notions que M. Dausse a calculé les tenues pour toutes les années d'observations, et qu'il a formé le tableau des te- nues moyennes des mois et de l'année dans chaque station. » Ces derniers résultats ont été rendus sensibles par une construction graphique. Concevez une ligne verticale divisée en décimètres depuis les plus basses jusqu'aux plus hautes eaux; menez par un point de division une horizontale sur laquelle vous porter, à la suite l'une de l'autre, les tenues moyennes des mois; faites-en autant sur les autres lignes horizon- tales ; joignez les extrémités, et vous aurez la courbe des tenues de l'année. » à l'inspection seule de cette courbe, on prend une idée nette des diffé- rents états d'une rivière: on voit ce qu'il faut faire pour la rendre naviga- ble, ou plutôt, ce qu'il suffit de faire quand on renonce au bénéfice des ( $ ) plus grandes et des plus basses eaux, qui n'ont qu'une faible ternie et qui n'entraînent qu'une courte suspension dans la navigation. Elle montre que la plupart des rivières ne sont pas dans des conditions aussi fâcheuses cpj'on le suppose généralement. Ainsi on voit, de prime abord, que la Seine, qui est réputée non navigable plusieurs mois de l'année, ne l'est réellement que pendant une quarantaine de jours , temps moindre que le chômage or- dinaire des canaux, qui est d'environ chiquante jours. » La courbe des tenues fait connaître l'état actuel d'une rivière avec toutes ses variations; elle indique en même temps la courte durée des hautes et des basses eaux que l'on peut abandonner, et les limites dans les- quelles il est prudent de renfermer la navigation. La grande tenue corres- pond à la hauteur à laquelle il faut améliorer la navigation et établir les ports de débarquement. » On ne doit pas chercher à augmenter le tirant d'eau à l'étiage le plus bas : il vaut mieux partir de la hauteur' où la courbe des tenues s'écarte ra- pidement de l'axe vertical. On n'abandonne alors la navigation que pour les tenues inférieures qui ont fort peu de durée. Si l'on part de l'étiage , on est presque toujours forcé d'employer des barrages qui entraînent une grande dépense. Si l'on s'arrête à trente ou quarante centimètres au-dessus de l'é- tiage, on diminue d'autaut les barrages quand ils sont indispensables, et souvent alors il suffit de recourir à un simple resserrement de la rivière, qui peut faire gagner de vingt à cinquante centimètres, qui est toujours moins coûteux que l'appareil mécanique des barrages, et qui n'a pas l'in- convénient de modiher au même degré le régime naturel de la rivière. » Quant aux chemins de halage , la courbe des tenues montre que , dans beaucoup de cas, on gagne fort peu de temps à les élever au-dessus des plus grandes eaux. Il vaut mieux les laisser un peu au-dessous : on ne fait qu'un sacrifice de quelques jours, on diminue beaucoup la dépense, et l'on a des chemins commodes et bien appropriés au halage pendant presque toute l'année. » La construction des ouvrages d'art sur une rivière exige la connais- sance de sa portée, ou de la quantité d'eau qui passe dans une seconde par une section donnée. Mais il y a des circonstances où l'on a besoin de la quantité d'eau qui passe par la même section dans un certain temps, un mois, une saison, une année. La courbe des tenues fournit, par une simple multiplication, cette portée intégrale, quand on connaît les portées partielles, correspondantes aux différentes hauteurs. » Ainsi , la considération très simple de la tenue des rivières a conduit (63 ) M. Dausse, après de longues et laborieuses recherches, à un système de navigation fluviale qui fournit, par des déductions mathématiques, la so- lution des questions relatives, soit à l'augmentation du tirant d'eau dans les meilleures limites de hauteur, soit à l'établissement des chemins de ha- lage et des ports de débarquement, soit à la détermination de la portée d'une rivière, ou delà quantité d'eau qu'elle débite par une section donnée, pendant une partie de l'année. » M. Dausse a été naturellement conduit à comparer les rivières entre elles, et surtout la Seine et le Rhône, qui se trouvent dans des conditions bien différentes. Le Rhône, alimenté comme la Seine par les eaux plu- viales, reçoit encore , une partie de l'année, des eaux produites par la fonte des neiges qui couvrent les Alpes. La grande tenue de la Seine a lieu en été , par des basses eaux bien au-dessous de la hauteur moyenne ; la grande tenue du Rhône arrive à la même époque, mais par des eaux beaucoup plus élevées que le niveau moyen, et qui proviennent de la fonte des neiges accumulées sur les Alpes, pendant plus de la moitié de l'année. » Les rivières demi-alpines présentent aussi leur grande tenue dans la saison d'été , mais à des hauteurs intermédiaires eutre celles qui sont rela- tives à la Seine et au Rhône. Ces remarques paraissent purement curieuses; cependant elles sont très importantes. Quand on veut faire de grandes ex- péditions, il faut avoir égard à la variation des tenues d'une rivière à une autre, pour choisir les époques où les eaux de bonne navigation se cor- respondent. » M. Dausse a terminé ses recherches par des considérations d'un grand intérêt sur l'alimentation des rivières. Il a discuté un grand nombre d'ob- servations météorologiques pour reconnaître l'influence de la hauteur, de l'évaporation et des forêts , sur l'aménagement des cours d'eau. » Qu'il nous soit permis, en finissant, de former un vœu. Il est à désirer tjue M. Dausse trouve toutes les facilités pour mettre la dernière main à ses laborieuses recherches, et pour publier bientôt sa Statistique des rivières de France. Nous pensons que cet ouvrage, dans lequel la question de la navigation fluviale se trouve nettement posée et heureusement résolue, sera d'un grand secours pour les ingénieurs chargés d'exécuter des travaux hydrauliques sur nos rivières. ( H) ■ Conclusions. » La Commission est d'avis, » h'. Que le travail de M. Vient sur les ciments et les mortiers hydrau- liques soit réservé, pour être présenté aux prochains concours, quand il aura reçu une nouvelle extension; », a0. Que le prix Montyon de Statistique de 1839 sœt décerné à M. Dausse, ingénieur des ponts-et-chaussées , pour son travail sur la Sta- tistique des principales rivières de la France; » 3*. Qu'une mention honorable soit accordée à la Statistique du dépar- tement de la Charente Inférieure, par M. Gauthier; » 4°- Qu'une seconde mention honorable soit accordée à la Statistique du département de Saône-et- Loire , par M. Ragut. » PRIX FONDÉ PAR Mrae LA. MARQUISE DE LAPLACE. « Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accep- ter la donation qui lui a été faite par madame la marquise de Laplace, d'une rente dedeux cent quinze francs, pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des ouvrages de Laplace, et qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'École Polytechnique; » Le président remettra de sa main les cinq volumes de la Mécanique céleste, l'Exposition du système du monde, et le Traité des probabilités , à M. Delesse , premier élève sortant de la promotion de 1 83g. » (65) PRIX PROPOSÉS. SCIENCES PHYSIQUES. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES pour 1841. « L'Académie rappelle qu'elle a proposé pour sujet du grand prix des sciences physiques qui sera décerné , s'il y a lieu , dans sa séance publi- que de 1 84 1 » la question suivante : » Déterminer par des expériences précises la chaleur spécifique des principaux corps simples et celle d'un grand nombre de combinaisons mi- nérales et organiques. Discuter le rapport qui existe entre le poids ato- mique des corps et les chaleurs spécifiques données par l'expérience. » Depuis l'époque où MM. Du long et Petit firent connaître la belle re- lation qu'ils avaient observée entre la chaleur spécifique des corps simples et leurs poids atomiques, les chimistes ont mis le plus vif intérêt à voir ce genre d'expériences se généraliser et embrasser les composés chimiques les plus importants et les plus caractéristiques. » M. Dulong travaillait depuis long-temps à compléter ses expériences à cet égard , quand une mort prématurée vint le ravir à la science. » L'Académie , convaincue que la voie ouverte aux observations par l'un de ses membres les plus regrettés , doit conduire à d'importantes décou- vertes , propose la question des chaleurs spécifiques, considérées dans leurs relations avec les théories chimiques, pour, sujet du prix qui sera décerné dans la séance annuelle de 1841. » Elle engage les concurrents à étudier sous ce point de vue: » i°. Les corps simples; » 2°. Quelques oxides ou composés binaires, en choisissant de préfé- rence ceux qui forment des séries, comme les trois oxides de cuivre, par exemple; » 3°. Quelques sels des principaux genres et à divers états de saturation, en les comparant à l'état anhydre et à l'état hydraté; » 4°« Les principales matières organiques. » Les chaleurs spécifiques des corps dimorphes, celles des corps iso- C. R., 1840, imt Semestre (T. XI, N» 8.) 9 (66 ) morphes, celles des corps du même type chimique devraient être soi- gneusement comparées. Les cas nombreux d'isomérie que la chimie or- ganique présente, fourniront matière à des observations pleines d'in- térêt. » Les concurrents trouveront peut-être quelque avantage à étudier de préférence les corps dont on connaît la densité à l'état aériforme. Les nom- breuses déterminations de ce genre qu'on a faites depuis quelques années, leur fourniraient le moyen de discuter à la fois la question des chaleurs spécifiques sous le double point de vue de la théorie atomique et de la théorie des volumes. » Les Mémoires devront être parvenus au secrétariat de l'Institut le i,r avril j 84 1 • » GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES, Proposé en 1857 pour 1859, et remis au concours pour 1845. « L'&cadémie avait proposé pour sujet du grand prix des sciences phy- siques à décerner dans sa séance publique de i83g, la question sui- vante : » Déterminer par des expériences précises quelle est la succession des changements chimiques , physiques et organiques , qui ont lieu dans l'oeuf pendant le développement du fœtus chez les oiseaux et les batraciens. » Les concurrents devront tenir compte des rapports de l'œuf avec le mi- lieu ambiant naturel; ils examineront par des expériences directes l'in- fluence des variations artificielles de la température et de la composition chimique de ce milieu. » Dans ces dernières années , un grand nombre d'observateurs se sont livrés à des recherches profondes sur le développement du poulet dans l'œuf, et, par suite, à des études analogues sur le développement du fœtus dans les autres animaux ovipares. En général, ils se sont occupés de cet examen au point de vue anatomique. Quelques-uns pourtant ont abordé les questions chimiques nombreuses et pleines d'intérêt que cet examen permet de résoudre. » Admettons, en effet, que l'on fasse l'analyse chimique de l'œuf au mo- ment où il est pondu , que l'on tienne compte des éléments qu'il emprunte à l'air ou qu'il lui rend pendant la durée de son développement, enfin qu'on détermine les pertes ou les absorptions d'eau qu'il peut éprouver, (67 ) et l'on aura réuni tous les éléments nécessaires à la discussion des procé- dés chimiques employés par la nature pour la conversion des matériaux de l'œuf dans les produits bien différents qui composent le jeune animal. » En appliquant à l'étude de cette question les méthodes actuelles de l'analyse organique, on peut atteindre le degré de précision que sa solu- tion exige. » Mais s'il est possible de constater par les moyens chimiques ordinaires les changements survenus dans les proportions du carbone, de l'hydro- gène, de l'oxigène ou de l'azote, si ces moyens suffisent, à plus forte rai- son, en ce qui concerne les modifications des produits minéraux qui en- trent dans la composition de l'œuf, il est d'autres altérations non moins importantes qui ne peuvent se reconnaître qu'à l'aide du microscope. » L'Académie désire que, loin de se borner à constater, dans les diverses parties de l'œuf, la présence des principes immédiats que l'analyse en retire, les auteurs fassent tous leurs efforts pour constater, à l'aide du microscope, l'état dans lequel ces principes immédiats s'y rencontrent. » Elle espère d'heureux résultats de cette 'étude chimique et microsco- pique des phénomènes de l'organogénésie. » Indépendamment de l'étude du développement du fœtus dans ces conditions normales, il importe de constater les changements que les mo- difications de la température ou de la nature des milieux dans lesquels ce développement s'effectue , peuvent y apporter. Les concurrents auront donc à examiner, pour les œufs d'oiseaux, leur incubation dans divers gaz; pour ceux des batraciens, leur développement dans des eaux plus ou moins chargées de sel, plus ou moins aérées. »Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le ier avril i843. Ce terme est de rigueur. Les auteurs devront inscrire leurs noms dans un billet cacheté, qui ne sera ouvert que si la pièce est cou- ronnée. » GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES Proposé pour 1857, puis pour 1850, et remis au concours pour 1845. « L'Académie avait proposé pour sujet du grand prix des sciences phy- siques à décerner en 1837, la question suivante : » Déterminer par des recherches anatomiques et physiques quel est le 9" (68) mécanisme de la production du son chez l'homme et chez les animaux ver- tébrés et invertébrés qui jouissent de cette faculté. » Cette question n'ayant point été résolue, l'Académie, en 1837, la re- mit au concours pour l'année i83g, en la restreignant dans les termes suivants : » Déterminer par des recherches anatomiques, par des expériences d'a- coustique et par des expériences physiologiques , quel est le mécanisme de la production de la voix chez l'homme et chez les animaux mammifères. » La question, réduite à ces termes, n'a point été résolue encore. » Voici le rapport de la Commission qui avait été chargée de juger les pièces adressées pour le concours : i Rapport de la Commission. (Commissaires, MM. Savart, Magendie, Breschet, Flourens, de Blainville rapporteur.) » Six Mémoires ont été envoyés au concours. «Les numéros 4 et 5, étant imprimés, avec le nom de leurs auteurs, n'ont pu être admis d'après l'une des conditions imposées aux concurrents, celle d'adopter une épigraphe et d'envoyer leur nom dans un billet cacheté. » Des quatre autres concurrents , deux seulement ont paru avoir senti la nature véritable, et la difficulté de la question. Cependant, la Commis- sion n'a pas jugé leur travail digne du prix , par défaut de recherches ana- tomiques ou d'expériences d'acoustique suffisantes; en conséquence, elle déclare qu'il n'y a pas lieu à ce que le prix des sciences physiques pour i83g soit décerné. » Mais, vu le grand intérêt du sujet, et dans l'espoir que les personnes qui ont déjà commencé un long travail, pourront le perfectionner et ainsi atteindre le but", la Commission propose à l'Académie de remettre pour la troisième fois la question au concours, en la divisant en deux parties : l'une limitée à l'espèce humaine et aux expériences d'acoustique et physiologi- ques; l'autre qui se bornerait aux recherches anatomiques comparées dans l'homme et chez les mammifères. Mais, dans ce dernier cas , la Com- mission demanderait à l'Académie que la somme nécessaire pour l'établis- sement de ce second prix pût être prise sur les fonds Montyon en réserve. » L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport ; (69 ) » En conséquence , les deux questions suivantes sont proposées pour l'année 1 843 : » i ". Déterminer par des expériences d 'acoustique et de physiologie quel est le mécanisme de la production de la voix chez l'homme; » 20. Déterminer par des recherches anatomiques la structure comparée de l'organe de la x>oix chez t homme et chez les animaux mammifères. » Chaque prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille franc. » Les mémoires devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le ier avril i843. Ce terme est de rigueur. Les auteurs devront inscrire leurs noms sur un billet cacheté, qui ne sera ouvert que si la pièce est cou- ronnée. » 1 PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. « Feu M. le baron de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences, avec l'intention que le revenu fût affecté à un prix de Physiolo- gie expérimentale à décerner chaque année, et le Roi ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 181 8, » L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de huit cent quatre vingt-quinze francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie ex- périmentale. » Le prix sera décerné dans la séance publique de 1 840. » Les ouvrages ou mémoires présentés par les auteurs ont dû être en- voyés francs de port au secrétariat de l'Institut avant le ier avril 1840. « DIVERS PRIX DU LEGS MONTYON. '. « Conformément au testament de feu M. le baron Auget de Montyon, et aux ordonnances royales du 29 juillet 1821, du 2 juin 1824, et du 23 août 182g, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ou- vrages ou des découvertes qui seront jugés les plus utiles à l'art de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre. » L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il (7o) s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner Ta médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dan- gers des diverses professions ou arts mécaniques. » Les pièces admises au concours n'auront droit aux prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. » Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Commission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la découverte dont il s'agit que le prix est donné. » Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des décou- vertes ou des ouvrages couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec précision, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé: mais les libéralités du fondateur et les ordres du Roi ont donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable; en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises, et reçoivent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beau- coup l'insalubrité de certaines professions, soit en perfectionnant les sciences médicales. » Conformément à l'ordonnance du 23 août, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie , conformément aux vues du fondateur. » Les ouvrages ou mémoires présentés par les auteurs ont dû être en- voyés francs de port au secrétariat de l'Institut avant le i" avril 1840. » PRIX RELATIF A LA VACCINE. «L'Académie rappelle qu'ellea proposé pour sujet d'un prix de dix mille francs, qui sera décerné, s'il y a lieu , dans sa séance publique de 1842, la question suivante: » La vertu prèservative de la vaccine est-elle absolue , ou bien ne serait- elle que temporaire ? u Dans ce dernier cas , déterminer par des expériences précises et des faits authentiques , le temps pendant lequel la vaccine préserve de la variole. » Le cow-pox a-t-il une vertu prèservative plus certaine ou plus persis- tante que le vaccin déjà employé à un nombre plus ou moins considérable de vaccinations successives ? (v ) » En supposant que la qualité préservative du vaccin s'affaiblisse avec le temps , faudrait-il le renouveler, et par quels moyens? » L'intensité plus ou moins grande des phénomènes locaux du vaccin a-t-elle quelque relation avec la qualité préservative de la variole? » Est- il nécessaire de vacciner plusieurs fois une même personne } et, dans le cas de l'affirmative, après combien d'années faut- il procéder à de nouvelles vaccinations ? » Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le i,r avril 1842. Ce terme est de rigueur. » PRIX FONDÉ PAR M. MA1NNI. , « M. Manni, professeur à l'Université de Rome, ayant offert de faire les fonds d'un prix spécial de quinze cents francs , à décerner par l'Académie, sur la question des morts apparentes et sur les moyens de remédier aux ac- cidents funestes qui en sont trop souvent les conséquences ; et le Roi , pat- une ordonnance en date du S avril 1837, ayant autorisé l'acceptation de ces fonds et leur application aux prix dont il s'agit; » L'Académie avait proposé, en i83y, pour sujet d'un prix qui devait être décerné dans la séance publique de 1 83cj, la question suivante : » Quels sont les caractères distinctifs des moi ts apparentes ? » Quels sont les moyens de prévenir les enterrements prématurés? » L'Académie reçut, en 1 83g, sept Mémoires manuscrits. Plusieurs d'en- tre eux parurent renfermer des vues utiles , mais que l'expérience n'avait pas encore suffisamment justifiées. » En conséquence, l'Académie, dans sa séance publique du 3o décem- bre i83g, remit le prix sur les morts apparentes, à l'année 1842, espérant que dans le cours de ces deux années, les auteurs trouveraient le temps nécessaire pour donner à leur travail le degré de perfection que réclame un sujet aussi important. » Les mémoires devront être remis au secrétariat de l'Institut, avant le i"avrd 1842. » 1 ( 72} SCIENCES MATHÉMATIQUES. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES pour 4842. « L'Académie propose pour sujet du grand prix des sciences mathéma- tiques qu'elle décernera , s'il y a lieu , eu 1 842 , la question suivante , relative au calcul des variations : Trouver les équations aux limites que l'on doit joindre aux équations indéfinies pour déterminer complètement les maxima et minima des intégrales multiples. On devra donner des exemples de l'appli- cation de la méthode à des intégrales triples. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être arrivés au secrétariat de l'Académie avant le 1" avril 1842. Ce terme estde rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans un billet cacheté, qui ne sera ouvert que si la pièce est couronnée. » GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES pour 1840. a Dans la théorie des perturbations des planètes, on a exprimé, jusqu'à présent , les accroissements des coordonnées, dus aux forces perturbatrices , par des séries de sinus et de cosinus des multiples des moyens mouvements. Maintenant qu'on possède des tables numériques d'une autre espèce de fonctions périodiques, on pourrait essayer d'exprimer ces accroissements, soit dans la théorie des planètes, soit dans celle du mouvement delaLune autour de la Terre, par des séries de ces autres fonctions. Afin d'appeler l'attention des géomètres sur cette manière nouvelle d'envisager le prin- cipal problème de la Mécanique céleste, l'Académie rappelle qu'elle a pro- posé la question suivante pour sujet du grand Prix de Mathématiques qui sera décerné en i84o: » Déterminer les perturbations du mouvement elliptique par des séries de quantités périodiques , différentes des fonctions circulaires , de manière qu'au moyen des tables numériques existantes , on puisse calculer, d'après ces séries, le lieu dune planète à toute époque donnée. (73) » L'Académie verrait avec intérêt que les formules qu'elle demande fussent applicables au mouvement de la Lune, lors même qu'elles conduiraient, dans ce cas , à une approximation moindre que celle qui a été obtenue dans ces derniers temps; mais elle ne fait pas de cette application parti- culière une condition du concours. » Les mémoires ont dû être arrivés au secrétariat de l'Académie avant le i" mai 1840. » PRIX D'ASTRONOMIE, FONDÉ PAR M. DE LALANDE. « La médaille fondée par M. de Lalande, pour être donnée annuelle- ment à la personne qui, en France ou ailleurs (les membres de l'Institut exceptés), aura fait l'observation la plus intéressante, le mémoire ou le travail le plus utile aux progrès de l'astronomie, sera décernée dans la séance publique de l'année 1840. » La médaille est de la valeur de six cent trente cinq francs. » PRIX EXTRAORDINAIRE SUR L'APPLICATION DE LA VAPEUR A LA NAVIGATION. « Le Roi, sur la proposition de M. le baron Charles Dupin, ayant or- donné qu'un prix de six mille francs serait décerné par l'Académie des Sciences en i836, » Au meilleur ouvrage ou mémoire sur l'emploi le plus avantageux de la vapeur pour la marche des navires , et sur le système de mécanisme , d'installation , d'arrimage et d'armement qu'on doit préférer pour cette classe de bâtiments , » L'Académie annonça qu'elle décernerait le prix dans sa séance publique de i836. » Les auteurs des inventions présentées n'avaient pas donné aux Com- missaires de l'Académie les moyens d'effectuer les expériences qui seules doivent en constater le mérite pratique. L'Académie remit donc la ques- tion au concours. De nouvelles inventions furent admises à concourir avec les premières. C. R., 1840, i™ Semestre. (T. XI, N» 8 .) ' ' ° (74) » Aucun des Mémoires présentés n'ayant paru digne du prix, l'Académie a remis encore une fois la question au concours. » Le prix, s'il y a lieu, sera décerné dans la séance publique de i84i. Les Mémoires devront être arrivés au secrétariat de l'Institut au ier mars 1841.» ■ PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. « M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d'un prix annuel, autorisé par une Ordonnance royale du 29 septembre 1819, en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou eu perfectionnant des instruments utiles aux progrès de l'agriculture, des arts mécaniques et des sciences. » Ce prix sera une médaille d'or de la valeur de cinq cents francs. Les ouvrages ou mémoires adressés par les auteurs, ou, s'il y a lieu, les modèles des machines ou des appareils, ont dû être envoyés, francs de port, au secrétariat de l'Institut avant le iermai 1840. » PRIX DE STATISTIQUE, 7 ii'VA'J . fll\*\ FONDÉ PAR M. DE MONTYON. 01 ;■-- « Parmi les ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions relatives à la statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la première séance publique. On considère comme admis à ce concours les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, seront parvenus à la connaissance de l'Académie; sont seuls exceptés les ouvrages de ses membres résidants. » Les Mémoires manuscrits ou imprimés, adressés par les auteurs, ont dû être envoyés au secrétariat de l'Institut, francs de port , et remis avant le ier mai 1840 : ils peuvent porter le nom de l'auteur ; ce nom peut aussi être écrit dans un billet cacheté joint au Mémoire. » Le prix consistera en une médaille d'or équivalente à la sommf de cinq cent trente francs. Il sera décerné dans la séance publique de 1 84o. (75) » Les concurrents pour tous les prix sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des ouvrages qui auront été envoyés au concours; mais les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies. » ■ LECTURES. Considérations générales sur les applications des sciences phjsico- chi- miques , aux sciences naturelles , aux arts et à ï industrie; par I * ri * ■ • i M. Becquerel. « Dans le mouvement rapide qui entraine aujourd'hui toutes les intelli- gences, au milieu des plus graves préoccupations sociales, chacun veut être initié aux mystères de la philosophie naturelle , et tout le monde se passionne pour les découvertes de la physique et de la chimie, surtout alors qu'elles promettent d'utiles applications aux arts et à, l'industrie. C'est sur des découvertes de ce genre que je veux appeler votre attention; heureux si je parviens à vous démontrer que les recherches nombreuses qui les ont fait naître peuvent contribuer quelquefois au développement de la fortune publique; mais, avant de les exposer, qu'il me soit permis de présenter quelques considérations sur les expériences en général. » Sans l'art des expériences, la physique et la chimie, dont l'alliance a produit de si grands résultats , ne sauraient exister; mais depuis que cet art a été porté à sa perfection, rien ne pourrait arrêter leur essor : cepen- dant, pour populariser l'étude de la physique, il faut la présenter dégagée de toute entrave. » Lorsqu'un jeune homme voit pour la première fois des instruments de physique, dont le fini des ornements le dispute souvent à la précision, il doit se demander si l'on ne peut cultiver cette science , avec l'espoir d'en reculer les limites, sans avoir à sa disposition les moyens nécessaires pour acquérir de semblables instruments. Cette idée seule, s'il n'a d'autre guide que lui-même, suffirait pour le détourner de se livrer à une étude pour laquelle il se sentait un penchant prononcé, avant d'avoir vu un cabinet de physique. Mais pour peu qu'il consulte les travaux des philosophes qui ont étudié, approfondi, analysé les phénomènes naturels, depuis Galilée jusqu'à nos jours, il demeurera convaincu que les plus grandes découvertes, à l'exception cependant de celles qui exigent des mesures très précises, ont 10. . ( 7«) été faites le pîu§ souvent, à l'aide d'appareils formés avec les premiers objets qui tombaient sous la main , et qui sont toujours à la disposition de celui qui sait interroger la nature. Entre mille exemples, je citerai les suivants: » Galilée , âgé de dix-huit ans, découvre l'isochronisme des oscillations du pendule, en observant le mouvement périodique et réglé d'une lampe suspendue à la voûte de l'église de Pise, sa patrie; » Toricelli découvre la pression de l'atmosphère, au moyen d'un tube de verre fermé par un bout, rempli de mercure, et renversé dans un bain de ce métal; » Franklin , pour établir l'identité de la foudre avec l'électricité , lance dans les airs un cerf- volant; » Volta construit le plus admirable instrument que possèdent les sciences physique et chimique, avec des disques d'argent, de zinc, et des rondelles de drap humide disposés en colonnes; » Haiiy, à l'aide d'un couteau et d'une espèce de compas grossier, parvient à trouver le système cristallin de chaque substance minérale et par suite sa constitution moléculaire. » Vient-on enfin à appliquer la physique à l'étude des phénomènes na- turels? la nature devient le laboratoire; et l'on a pour instruments les objets divers répandus à profusion sur la surface du globe. En simplifiant ainsi les moyens d'investigation, on rend plus facile l'étude de la physique, on économise le temps, et, par là, on double la vie. » Dans l'exposé des travaux, on doit apporter la même simplicité; car l'histoire nous apprend que la carrière scientifique d'un homme se réduit souvent à quelques faits généraux. Les travaux de détail exécutés pour arriver à la découverte de ces faits, les analyser et les décrire, restent consignés dans les recueils scientifiques et peuvent être comparés à ces échafaudages dressés pour élever un édifice et que l'on renverse l'édifice une fois achevé. Il résulte de là que la vie scientifique d'un homme se ré- sume en quelques phrases ; mais ces phrases expriment des vérités éter- nelles, monuments impérissables du génie qui les a découvertes. Ainsi Kepler est connu par ses trois fameuses lois, fruits de plus de vingt an- nées de travaux, et qui, en l'immortalisant, ont servi de point de départ à Newton, pour trouver les lois de la gravitation, dont l'action s'étend dans tout l'univers; c'est ainsi que Newton lui-même brille d'un grand éclat pour avoir découvert la composition de la lumière et les lois qui en dépen- dent, et Volta pour avoir créé la pile; qu'OErsted s'est acquis une grande renommée pour avoir trouvé l'action exercée sur l'aiguille aimantée par un ( 77) courant électrique , et Malus pour la découverte de la polarisation de la lumière, au moyen de la réflexion. » Pour obtenir de si grands résultats qui peuvent être exprimés en peu de mots, il faut souvent multiplier les expériences à l'infini et prendre en considération une foule de faits de détail, qui passent inaperçus dans le monde. » Tels sont les principes généraux qui doivent diriger le philosophe dans ses pénibles investigations. J'arrive maintenant à des questions moins gé- nérales. » Chaque branche de la physique a eu ses phases de gloire, ses temps de repos, ses recrudescences, qui tour à tour en ont reculé les limites. Depuis près d'un demi-siècle, l'électricité est en voie de progrès, et l'on ne peut savoir où s'arrêteront ses découvertes de chaque jour, qui, toutes, sont empreintes du grand nom de Volta. » En Europe, et je puis même dire dans toutes les parties du monde, il y a concours d'émulation entre tous les physiciens pour en étendre le domaine, concours qui ne peut manquer de produire les plus heureux résultats, comme on en jugera par l'esquisse que je vais présenter des découvertes faites depuis peu d'années. » Tous les corps de la nature sont formés de molécules similaires ou hétérogènes, tenues à des distances plus ou moins grandes, par l'action de forces dont les agents se trouvent dans les espaces qui les séparent; ces forces sont , pour les corps inorganisés , la chaleur , l'électricité , les affi- nités et la cohésion; et, pour les corps organisés, ces mêmes forces, plus celles qui président aux phénomènes de la vie et dont le principe échappe à toutes nos investigations. C'est donc dans ces espaces intermoléculaires que s'opèrent les phénomènes les plus mystérieux, et je puis dire les plus sublimes de la nature. Les molécules viennent-elles à perdre leur position naturelle d équilibre, par une cause quelconque? il en résulte une foule d'effets qui sont du domaine de la physique et de la chimie. Pour étudier la constitution moléculaire des corps , sous le rapport des forces qui pré- sident à cette constitution, on s'empare de ces forces, on les sépare, on les met successivement en présence des parties matérielles, afin de déter- miner le mode d'action de chacune d'elles et leur rapport mutuel. On reconnaît alors que si l'électricité n'est pas la cause première de la chaleur et des affinités, elle est du moins indispensable à leur production, chacune de ces forces ne pouvant exister sans elle. / (?8) » Des expériences fondées sur la vitesse de l'électricité ( vitesse qui est de 90 000 lieues par seconde, et qui est plus grande que celle de la lumière\ tendent à prouver que la quantité d'électricité associée aux molécules des corps est si énorme , que l'imagination en est effrayée. Les éléments d'une simple molécule d'eau paraissent renfermer, suivant des supputations d'un célèbre physicien , 800 000 charges d'une batterie électrique composée de huit jarres égales, de deux décimètres de hauteur et de six décimètres de tour, et obtenues avec trente tours d'une puissante machine électrique. Si la quantité d'électricité qui se trouve accumulée entre les éléments d'un gramme d'eau seulement, devenait subitement libre ici, on entendrait les plus épouvantables détonations, qui feraient voler en éclats cet édifice. Eh bien ! cette puissance, à côté de laquelle la vapeur n'est rien , soit qu'on la considère comme une matière très subtile, ou bien comme le résultat d'un mouve- ment vibratoire imprimé àl'éther, est employée uniquement par la nature à maintenir les combinaisons et la constitution moléculaire des corps. Les efforts du physicien doivent donc tendre,comme ils tendent journellement en effet, à retirer cette force des corps où elle se trouve enchaînée, pour l'appliquer à l'usage des sciences et des arts. Jusqu'ici nous n'en avons pu rendre libre qu'une très faible partie, qui produit néanmoins des actions chimiques, calorifiques ou mécaniques d'une grande énergie; que sera-ce donc quand nous en serons complètement maîtres? » Cette force devient libre dans toutes les actions chimiques, même les plus faibles, comme la chaleur dans la combustion et dans tous les phé- nomènes moléculaires ; mais, de même que l'on s'empare de cette chaleur pour la faire servir aux opérations de la chimie, de même aussi devons- nous mettre à profit l'électricité dégagée, afin de provoquer les affinités où elles ne se manifestent pas, de leur donner au besoin une nouvelle énergie, de transporter les corps dans différents milieux, et de produire des effets calorifiques même supérieurs à ceux que nous pouvons obtenir à l'aide de nos fourneaux. Tel doit être le but de l'électro-chimie. Comme application des effets calorifiques de cette puissance, je citerai l'exemple suivant. » Un fil de platine, mis en communication avec les deux extrémités d'un appareil voltaïque à courant constant, devient incandescent dans une partie de sa longueur. Si l'on replie cette partie en spirale, on concentre alors toute la chaleur dans l'intérieur des circonvolutions. Vient-on à y placer des petits creusets, à minces parois, en terre réfractaire? on y produit les (79) plus grands effets de fusion qu'on puisse imaginer, puisque le platine lui- même peut être fondu; l'œil supporte à peine l'éclat de la lumière émise: les essais des minerais d'or et d'argent, sur plusieurs décigrammes, sont effectués en deux ou trois minutes, fonte et coupellation ; la combustion du diamant s'opère en quelques instants. Si, pour empêcher le rayonne- ment à l'extérieur, on place sous la spirale une lampe à alcool, l'incandes- cence augmente en intensité. Ce n'est pas tout encore : cette même spirale peut être mise sous une cloche où l'on fait le vide, et dans laquelle on in- troduit tous les gaz au milieu desquels on veut opérer, de manière à rem- plir des conditions que le chimiste n'a pas toujours la possibilité de réunir. » Les appareils thermo-électriques employés il y a quelques années à déterminer la température intérieure du corps de l'homme et des animaux, ont servi de nouveau au même mode d'investigation, et particulièrement à étudier les changements calorifiques instantanés qu'éprouvent les organes dans divers cas pathologiques ou dans des circonstances physiologiques déterminées, changements qui ne peuvent être appréciés avec les thermo- mètres ordinaires; ils ont servi de plus à reconnaître que les végétaux ont une chaleur propre , quoique très peu différente de celle des milieux ambiants ; que cette chaleur devient inappréciable pendant la nuit , lors du sommeil des plantes, et qu'elle se montre de nouveau sous l'influence de la lumière; tandis que la chaleur propre des boutons et des fleurs per- siste pendant la nuit. » Les forces électriques, agissant comme forces chimiques, nous four- nissent les moyens d'étudier l'influence des masses dans les phénomènes dépendant des affinités ( question qui a vivement préoccupé les philo- sophes au commencement de ce siècle) et de mesurer ces mêmes affinité» dans diverses circonstances. » Dans une combinaison de deux atomes , les deux atomes sont unis l'un à l'autre en vertu d'une force appelée affinité } dont la nature nous est inconnue et qui varie d'intensité , suivant la température et diverses causes physiques. Or si l'on pouvait, avec un instrument quelconque, d'une délicatesse excessive, saisir chacun des. atomes, les tirer en sens contraire de leur attraction réciproque, la force employée pour vaincre l'effet de cette attraction lui servirait de mesure. A défaut de cet appareil idéal , nous avons, dans les courants électriques, une puissance capable de remplir les mêmes fonctions. Il résulte des faits observés que lorsque (8o) deux sels, ayant le même acide, sont dissous en quantités quelconques dans l'eau, on a un moyen rigoureux de déterminer le rapport entre l'affi- nité de l'acide pour chacune des deux bases, et de suivre pas à pas les variations qu'éprouve ce rapport, à mesure que celui des bases salines change. La loi des masses qui enchaîne tous ces rapports, permet de sé- parer deux métaux l'un de l'autre dans une dissolution ou même deux substances quelconques, sans avoir recours aux moyens ordinaires de la chimie. » Il est peu de phénomènes à la production desquels l'électricité ne participe; la phosphorescence est de ce nombre. Des observations récentes sur celte propriété que possèdent certains corps, de devenir lumineux dans l'obscurité, sous l'influence de diverses causes, nous révèlent dans la lumière, particulièrement dans la lumière électrique, une faculté nou- velle. On sait que le spectre solaire, résultant de la décomposition de la lumière dans le prisme, est composé de diverses parties qui possèdent, les unes la faculté calorifique, les autres la faculté chimique. On sait en outre que la lumière rend phosphorescents différents corps qui ont été exposés à son action pendant quelques instants, et que toutes les parties du spectre ne jouissent pas de cette faculté au même degré. Les observa- tions dont il est question montrent que diverses substances, telles que le verre, le gypse, etc., qui laissent passer la lumière entièrement ou sans diminution sensible, peuvent lui enlever partiellement, ou en totalité, le pouvoir de rendre les corps phosphorescents. Ainsi ce pouvoir est tout-à- fait distinct de celui que possède un faisceau de lumière, d'éclairer ou d'échauffer les corps; peut-être la lumière a-t-elle encore bien d'autres propriétés que l'on découvrira un jour! « Telle est aujourd'hui la délicatesse de nos appareils, que nous pouvons étudier les changements chimiques opérés sous l'influence de la lumière, dans des circonstances où l'on ne pouvait les reconnaître jadis. » Les travaux sur l'application des forces électro-chimiques à la mé- tallurgie de l'argent, du cuivre et du plomb, sans l'intermédiaire du mer- cure, en n'employant que peu de combustible ou même point du tout dans un grand nombre de cas , et dont j'ai fait connaître les principes généraux dans une précédente lecture, ont été continués avec succès sur des quan- tités considérables de minerai, venues de diverses parties de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. Les recherches ont porté, i° sur la séparation immédiate des métaux les uns des autres, en particulier de l'argent du Cfi ) plomb dans la galène; opération tellement rapide, qu'à l'usine d'essai éta- blie à Paris, deux kilogrammes d'argent peuvent être aujourd'hui retirés à l'état métallique d'un minerai d'argent proprement dit, dans l'espace de six heures; 20 sur la préparation à faire subir au minerai pour disposer chaque métal à être enlevé par le courant électrique, préparation qui, va- riant suivant la nature du minerai, ne présente aucune difficulté quand l'argent s'y trouve à l'état métallique, ou à l'état de sulfure, comme c'est le cas le plus ordinaire au Pérou et au Mexique, tandis qu'elle devient plus compliquée quand l'argent est en combinaison avec d'autres substances, l'emploi d'une petite quantité de combustible devenant alors indispensable pour effectuer un grillage à basse température. » Dans ces riches contrées il arrive souvent que ces minerais sont aban- donnés, soit faute de combustible nécessaire pour les fondre ou les prépa- rer à l'amalgamation, soit à cause de l'éloignement où ils se trouvent de la mer, ce qui s'oppose à leur transport dans des localités de l'Europe, où l'on pourrait les traiter avec avantage. »Dans la Colombie, où se trouvent des amas considérables de minerais d'or et d'argent très zincifères, les plus riches sont exportés quelquefois en Europe pour être fondus, tandis que les plus pauvres et ceux d'une teneur moyenne sont ou abandonnés ou traités avec si peu d'avantage, que les compagnies sont en perte. On s'occupe en ce moment d'y introduire les nouveaux moyens de préparation qui s'appliquent aussi bien à l'amal- gamation qu'au procédé électro-chimique; il est donc permis de croire que ce procédé sera bientôt mis en pratique, sinon en totalité, du moins en partie, dans les contrées des deux Amériques qui réuniront les conditions nécessaires, abondance de sel marin, et, dans quelques cas, un peu de combustible. » Les minerais d'argent qui résistent le plus à l'amalgamation et aux au- tres traitements sont ceux qui ont une grande teneur en cuivre ou en ar- senic. La quantité en est considérable, surtout au Chilij. dont les habitants les offrent aux Européens, qui parfois, faute de fret, les prennent comme lest sans avoir la certitude d'en tirer un parti avantageux, en raison de l'ignorance où ils sont de leur véritable teneur et du mode de traitement à leur appliquer. Quelquefois aussi il arrive (et cela s'est vu tout récem- ment) que ces mêmes Européens acquièrent des minerais dont la richesse en argent et en cuivre est insuffisante pour acquitter le fret et le traite- ment . Il s'agissait donc d'extraire séparément de ces minerais , en Europe C. K , . 840, am» Semestre. (T. X' , N» S.) ll ( 8a ) Ct sans trop de dépense, l'argent , le cuivre et l'arsenic. Ce problème vient d'être résolu d'une manière assez satisfaisante pour présenter des avan- tages à des spéculateurs plus éclairés que leurs devanciers. » Si l'on étudie la cause du ralentissement de l'exploitation des mines en Amérique, on trouve qu'il faut l'attribuer, non-seulement à la difficulté de traiter certains minerais , mais encore au prix du mercure , qui est tel- lement élevé, que, au Mexique et au Pérou, les petites exploitations ont été contraintes de cesser leurs travaux; et, de plus, à la difficulté d'épuiser les eaux qui inondent les mines. Ce dernier obstacle cause souvent de grands préjudices aux compagnies européennes établies dans le Nouveau- Monde. Ces inconvénients, graves à la vérité, ne sont pas insurmontables : pour les vaincre, il faudrait la stabilité dans l'état social de chaque pays, et que les arts et les sciences encouragés y jetassent de profondes racines. » Il n'en est pas de même en Asie, dans les possessions russes, où il existe de grandes richesses minérales dont on tire de jour en jour un parti plus avantageux, grâce à l'introduction successive et raisonnée des perfec- tionnements apportés en Europe au traitement des métaux précieux , et d'où résulteront des conséquences immenses pour cet empire. » Dans les mines d'argent de l'Altaïe, qui appartiennent à l'empereur et dont le produit est déjà considérable, l'exploitation est dirigée avec méthode et économie. Les frais d'extraction, de traitement et d'administra- tion ne s'élèvent guère qu'au quart du produit brut, et cependant les mi- nerais sont en général d'une très faible teneur. Ces avantages sont dus au très bas prix de la main-d'œuvre, à l'abondance du combustible et des substances nécessaires à la fonte, avantages qu'on ne trouve pas en général en Amérique, où le prix de la journée d'un mineur est dix fois plus élevé et où le combustible manque, surtout au Mexique et dans les Cordillères, en raison de l'élévation des mines au-dessus du niveau de la mer. » Quoique le traitement électro-chimique s'applique parfaitement aux minerais de l'Altaïe, comme on l'a reconnu tout récemment sur une quan- tité assez considérable soumise à ce nouveau procédé , néanmoins il ne faut pas se dissimuler que dans les pays où le combustible est abondant, le sel marin rare, la fonte sera toujours préférable , si ce n'est cependant dans le cas de ces minerais complexes , qui sont souvent l'écueil du métallurgiste. » Les mines d'argent en exploitation sont peu nombreuses en Russie ; on ne compte, comme ayant de l'importance, que celles de l'Altaïe et de Nertchtinsk. On cite aussi quelques exploitations dans le Caucase et l'Oural ; (83 ) mais la grande richesse minérale de cet empire consiste principalement dans les sables aurifères et platinifères dont le lavage , seul traitement qui ait pu être employé jusqu'ici pour retirer l'or et le platine, attire en ce moment toute la sollicitude du gouvernement. Ce lavage, quoique exécuté avec méthode, est encore imparfait, car on perd souvent une partie notable de l'or renfermé dans les sables. Néanmoins le produit est déjà considérable , puisqu'en 1 83g il a été de 6 ioo kilog. , c'est-à-dire au-delà de ao oooooo fr. » Les galènes argentifères et aurifères qui ont été traitées par le procédé électro-chimique pour argent et plomb, sont parfaitement disposées pour l'extraction de l'or par le lavage. En effet, ce traitement exige une pulvé- risation et un grillage qui dégagent l'or des pyrites ou autres composés qui le retiennent enchâssé; l'argent et le plomb étant enlevés, le minerai se trouve réduit à peu près à moitié de son poids , et le lavage peut s'effectuer alors avec une grande facilité : le quartz et autres matières légères sont dans un tel état de division, qu'un homme bien exercé peut en laver plusieurs centaines de kilogrammes par jour. L'application en a été faite tout récem- ment sur la galène argentifère découverte il y a peu d'années à Saint- Santin- Cantalès, département du Cantal, et dont la teneur en or ne s'élève pas au-delà d'un décigramme et demi par ioo kilog. de minerai, contenant 3o p. cent de plomb. Après le traitement électro-chimique et le lavage , on arrive bientôt à des résidus renfermant 8 grammes et même plus d'or qui peuvent être traités avec avantage, soit qu'on les fonde, soit qu'on pousse plus loin le lavage. On est porté à croire , d'après cela , que les roches de cette contrée sont aurifères, comme tendrait à le prouver d'ailleurs l'étvmologie d'Aurillac ( auri lacus). » Ces résultats confirment les avantages obtenus par l'un d« nos con- frères, en grillant les pyrites aurifères, avant de les soumettre au lavage pour en retirer l'or, avantages qui ont été contestés, dans quelques pays , surtout en Russie. Il paraît que la rareté du combustible est le seul motif qui se soit opposé à l'application en grand de ce procédé en Amérique. »L'or se trouve en général, en Colombie et aux États-Unis, dans les ro- ches connues des géologues sous les noms de syénite, de syénite porphyri- que, de micaschiste et de gneiss , et la quantité en est d'autant plus considé- rable que ces roches sont dans un plus grand état de décomposition ; il en est de même en Russie, où néanmoins la roche aurifère par excellence est la diorite; ce fait général, dont rendent très bien compte les principes de l'électro-chimie, a suggéré un procédé mécanique très simple, qui per- 1 1.. (84) met de séparer immédiatement les parties renfermant de l'or de celles qui en sont sensiblement privées, de sorte qu'on n'a plus à soumettre au lavage qu'une portion déterminée des sables aurifères. » Si nous examinons ensuite quels peuvent être les avantages qui résul- tent des travaux métallurgiques, nous verrons que ces travaux attirent nécessairement sur une contrée naguère déserte les bienfaits de la civili- sation, et où ne se trouvait jadis que de la terre végétale, des villages, des villes ne tardent pas à s'élever; mais si, par une sage prévoyance, le pou- voir ne fait pas sentir son heureuse intervention en encourageant l'agri- culture, ces localités, que foule une riche population , deviennent bientôt à peu près désertes , comme Villa-Rica, au Brésil, en est un exemple. » Au temps de sa plus grande prospérité, alors que le produit annuel des sables aurifères montait à près de 1 20 millions de francs, le chiffre de sa po- pulation s'élevait à 20 000 âmes. Depuis un siècle , cet immense produit a di- minué peu à peu-, les habitants, livrés uniquement au lavage, négligèrent les bienfaits que devait leur procurer l'agriculture dans cette belle et fer- tile contrée. )> L'éloignement de la métropole, des troubles intérieurs, une incurie d'administration , des exactions de pouvoir, ne tardèrent pas à faire émi- grer bon nombre de colons. A peine cette ville offre-t-elle aujourd'hui au voyageur l'ombre de son antique splendeur! »Il n'en est pas ainsi dans les districts de mine de l'Altaïe, où l'on compte une population ouvrière de 25 000 âmes pour 120000 agriculteurs. Les encouragements accordés à ces derniers sont tels , que les terres les mieux cultivées sont celles qui se trouvent dans le voisinage des mines. De là résulte nécessairement un accroissement de population qui permettra de donner de plus grands développements aux travaux métallurgiques, aus- sitôt que les bras ne seront pas tous occupés à l'agriculture, car le gou- vernement favorise spécialement le défrichement et la culture des terres, seid moyen de peupler ces vastes contrées. » Si nous portons maintenant nos regards sur d'autres applications de l'électricité, nous voyons que les mêmes procédés qui servent au trai- tement des métaux, à quelques modifications près, sont employés avec succès pour dorer les objets d'argent et de cuivre, à un degré de perfec- tion qui ne laisse rien à désirer, et aussi pour prendre des empreintes en cuivre de médailles, de bas-reliefs et de planches gravées au burin, qui ont toutes le précieux et le poli des modèles. Les moules galvaniques reprodui- C85) sent en relief toutes les saillies de ces planches, et la copie en creux donne des épreuves sur papier ayant quelquefois la perfection des exemplaires avant la lettre. Le nombre de bonnes épreuves que peut fournir une telle planche est assez limité ; mais on a l'avantage de pouvoir la remplacer par une autre quand elle commence à s'user. » Cette puissance, qui tour à tour devient chaleur, lumière, force chi- mique, est capable de produire encore les effets de la vapeur, autant que l'on peut en juger par des expériences faites d'abord aux États-Unis, puis tout récemment en Russie. Aux États-Unis, elle a été appliquée au ser- vice d'une presse typographique; en Russie, à la navigation sur la Newa. » Une chaloupe de dix rames, munie de roues à palettes , mises en mou vementpar une machine électro-magnétique, fonctionnant au moyen d'un appareil voltaïque de petite dimension, a remonté ce fleuve, par un vent contraire très violent. Cerles, si l'on supputait la dépense nécessaire pour mettre en action une machine électro-magnétique capable de mouvoir un vaisseau de guerre, il est probable que cette dépense serait de nature à faire abandonner aujourd'hui cette nouvelle application ; mais quand on pense que les corps recèlent entre leurs molécules une énorme quantité d'électricité, et que tous les jours nous parvenons à enlever à moins de frais une plus grande portion de cette puissance, il est permis d'espérer qu'un jour viendra où l'on en rendra libre une quantité suffisante pour l'appliquer à la navigation. Ainsi , loin de rejeter les premières tentatives faites dans le Nord pour remplacer la vapeur par l'emploi de courants électriques, on doit au contraire encourager des recherches qui condui- ront peut-être à la solution d'une des plus grandes questions industrielles que l'on puisse se proposer de résoudre. » Les forces à l'aide desquelles on retire les métaux de leurs minerais ont une telle énergie, qu'elles serviront peut-être un jour à mettre en mouvement des appareils destinés à broyer et à faire subir aux minerais les diverses préparations mécaniques sans lesquelles le traitement ne saurait avoir lieu. » En présence de tant de faits, dont chaque jour fait mieux apprécier l'importance, on comprend facilement tout ce que l'avenir réserve à l'em ploi d'une force dont la puissance est pour ainsi dire infinie, qui existe enchaînée, silencieuse partout où il y a de la matière, et dont l'homme saura peut-être un jour se rendre maître! » En interrogeant le présent pour prévoir l'avenir, nous verrons que les ( 86 ) besoins impérieux qu'exigent l'accroissement de population, résultant des progrès de la civilisation, amènent le défrichement des forêts; que les houillères ne sont pas inépuisables, et qu'un temps viendra où la rareté du combustible sera un obstacle aux travaux métallurgiques. Ce temps est à la vérité bien éloigné encore, mais occupons-nous dès à présent à préparer à nos arrière-neveux les moyens d'extraire les métaux de leurs minerais, et de se livrer à diverses industries, sans l'intervention du feu ! » Après cette lecture, M. Flourens, secrétaire perpétuel pour les sciences physiques, lit l'Eloge de feu M. Frédéric Cuvier. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 20 JUILLET 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS ■ DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE chirurgie. — Remarques sur le strabisme; par M. Roux. « Sans les occupations aussi nombreuses que graves qui ont absorbé les mo- ments de l'Académie, je devais prendre la parole il y a trois semaines, immé- diatement après la communication d'une lettre adressée par M. le docteur Jules Guérin, dans laquelle il s'agit de la section des muscles de l'œil , telle qu'elle a été proposée et mise en pratique un grand nombre de fois déjà par M. Dieffenbach de Berlin pour la guérison du strabisme, et de quatre cas dans lesquels M. Jules Guérin vient de répéter cette opération. Proba- blement alors, et seulement parce que l'occasion m'était offerte de le faire, je me serais contenté de rendre compte à l'Académie des résultats, non encore décisifs, de deux premiers essais de la méthode de M. Dieffenbach, auxquels je me suis livré il y a déjà six semaines. Très certainement même, et sans cette communication faite par M. Jules Guérin des cas dans les- quels il vient de pratiquer la section des muscles de l'œil pour tenter la guérison du strabisme, je n'aurais point encore parlé de ceux qui me sont C. K., 1840, 2">e Ssmestre. (T. XI, N-> 3.) 12 ( 88 ) propres: j'aurais attendu qu'ils fussent plus multipliés, et je n'aurais en- tretenu une première fois l'Académie du sujet dont il s'agit que lorsque j'aurais été à même d'apprécier à sa juste valeur la pensée, heureuse peut- être, mais peut-être aussi plus ingénieuse et plus séduisante que pleine d'avenir, du chirurgien de Berlin. C'est une chose qui a son mauvais côté dans les sciences qu'un trop grand empressement à mettre au jour des faits non encore parfaitement accomplis, ou qui n'ont point encore atteint toute leur maturité, de même que l'impatience qui porte à tirer de faits en petit nombre des conséquences qui ne devraient être et ne peuvent être rigoureusement déduites que de faits très multipliés. » Quoi qu'il en soit, et maintenant que j'ai pu prendre une connaissance plus parfaite de tout ce que renferme la lettre de M. Jules Guérin, je crois avoir un autre devoir à remplir : j'éprouve le besoin de communiquer les réflexions qu'elle m'a suggérées sur le sujet auquel elle se rapporte. C'est pour que mes remarques aient toute la précision possible, et qu'elles ne donnent pas lieu à de fausses interprétations, qu'au lieu de les présenter verbalement, j'en ai fait l'objet d'une petite Note écrite. Elles viendront après l'exposé succinct de mes deux opérations par la méthode de M. Dief- fenbach. » Deux fois donc, depuis le jour où j'avais annoncé à l'Académie que je m'occupais de répéter la section de l'un des muscles moteurs de l'œil pour remédier au strabisme, et deux fois seulement j'ai pratiqué cette opéra- tion. Ce sont les seules occasions qui m'aient été offertes jusqu'à présent d'en faire l'essai dans des circonstances convenables. C'a été sur deux hommes, l'un âgé de dix-neuf ans, l'autre ayant atteint l'époque moyenne de la vie. Chez l'un et chez l'autre il s'agissait d'un strabisme convergent de l'œil droit : et cette dernière circonstance , que l'incommodité affectait l'œil droit, sans être tout-à-fait extraordinaire, est néanmoins tant soit peu remarquable; car le strabisme est généralement plus fréquent à gauche qu'à droite, par une raison que j'indiquerai bientôt. Chez ces deux sujets le strabisme datait de la première enfance, et dépendait sans doute d'une prédisposition congéniale. Chez tous les deux aussi il y avait une grande différence entre les deux yeux quant à l'étendue du point de vue distinct, a tel point que le jeune homme, qui voyait assez distinctement pour lire , et qui voit facilement avec son œil gauche à une distance de 37 pouces, ne voyait qu'à la distance de 12 pouces avec son œil droit. » J'avais à leur faire la section du muscle droit interne ou adducteur, ( 89 ) puisqu'ils étaient atteints d'un strabisme convergent. J'ai suivi très exac- tement le procédé indiqué par M. Dieffenbach : j'ai incisé verticalement la conjonctive sur la partie interne de l'œil, après avoir eu le soin de tenir les deux paupières écartées l'une de l'autre au moyen de crochets mousses, et après avoir eu saisi la conjonctive elle-même avec une aiguille double à pointes courtes, pour mettre cette membrane dans un certain degré de tension : par l'écartement des bords de la petite plaie , et surtout par le soulèvement du bord interne, le muscle s'est trouvé mis à découvert; je l'ai soulevé avec un petit instrument cannelé, sur lequel il ne s'est plus agi que de diriger la lame étroite d'un autre instrument pour terminer l'opé- ration, qui, chez l'un comme chez l'autre sujet, n'a présenté aucune diffi- culté remarquable. 3e m'attendais à ce que l'œil serait immédiatement entraîné en dehors par la contraction involontaire du muscle droit ex- terne ou abducteur qui n'avait plus à lutter contre une force antagoniste. Cette déviation n'a eu lieu qu'à un faible degré : elle a été réelle cepen- dant ; et pour l'un et l'autre malade le champ de la vision s'est un peu agrandi à droite: chacun d'eux, en s'efforçant de regarder dans ce sens, croyait apercevoir un plus grand nombre d'objets. «Voilà pour le résultat instantané ou immédiat. Les phénomènes consécu- tifsont différé beaucoup chez les deux malades. Chez l'un d'eux, une inflam- mation assez violente s'est emparée de toute la membrane conjonctive. Cette inflammation, qui dans un moment m'avait inspiré quelque inquiétude, paraît devoir se terminer cependant sans laisser de traces sur la cornée transparente , sans dommage aucun pour la vision, qui du côté opéré restera sans doute telle qu'elle était auparavant, en supposant qu'elle ne doive pas subir une heureuse modification. Chez l'autre sujet, c'est le jeune homme de dix-neuf ans, qui priserait bien plus le succès de l'opération, tout s'est passé primitivement de la manière la plus simple. Après quelques jours, toute trace de l'incision faite à la membrane conjonctive et de l'irritation légère provoquée par cette incision, avait complètement disparu. » C'est chez ce jeune homme seulement qu'on pourrait peut être déjà apprécier le résultat définitif de l'opération qu'il a subie; car, sur l'autre, il reste encore trop d'inflammation à ia conjonctive, l'œil est encore, même après six semaines, trop sensible à l'impression de l'air et à la lu- mière, pour qu'on puisse bien juger jusqu'à quel degré s'accomplit main- tenant le mouvement d'abduction, et jusqu'à quel point aussi il y a con- cordance dans les mouvements des deux yeux. D'ailleurs, pour lui comme pour l'autre, bien peu de temps encore s'est écoulé depuis l'instant où 12.. ( 9° ) l'opération a été pratiquée : elle leur avait été faite à tous deux le même jour, presque au même moment; et si, comme je le pense, un strabisme de l'espèce de ceux dont on peut espérer ou du moins entreprendre la guérison ne peut cesser, par la section ou sans la section du muscle dont l'action prépondérante l'a fait naître et l'entretient , qu'à cette condition, savoir, que l'œil affecté récupérera sa sensibilité normale, une aptitude à voir nettement les objets à peu près égale à celle de l'autre, une telle métamorphose ne peut probablement pas s'accomplir en quelques jours: il doit falloir des semaines, peut-être des mois, peut-être un temps plus long encore. Aussi ne suis-je pas très surpris de ne rien observer encore de très satisfaisant quant au résultat définitif chez celui-là même de mes deux opérés qui a été le plus heureux, chez le jeune homme de dix-neuf ans. On croit remarquer que dans le regard horizontal à droite, l'œil droit se porte un peu plus en dehors que cela n'avait lieu avant l'opération : peut-être a-t-il moins de tendance à se porter en dedans dans le regard direct ou le regard en avant; néanmoins la déviation en ce sens est en- core notable, et l'on ne peut pas dire que ce jeune homme ait retiré, jusqu'à présent au moins, un avantage bien réel et bien grand de l'opé- ration à laquelle il a été soumis. ;> Or* le voit, ces deux faits qui me sont particuliers ne disent rien en- core: ils n'ont rien de décisif, rien de concluant ; s'il fallait même absolu- ment en exprimer le résultat, en tirer une conséquence, je dirais qu'ils ne jettent pas un grand éclat sur la méthode de M. Dieffenbach, et qu'ils dépo- nent plutôt contre cette méthode. C'est la conséquence que je tirerais vo- lontiers aussi, au moins quant à présent, des quatre cas qui ont été communiqués par M. Jules Guérin. M. Guérin ne paraît pas lui-même très satisfait des résultats qu'il a obtenus: du moins ne sont-il pas rapportés en termes non équivoques. Avec l'esprit élevé dont il a donné tant de preu- ves, peut-être M. Guérin eût-il mieux fait d'attendre que le temps eût donné à ces résultats, bons ou mauvais, un caractère plus positif. J'aurais aimé que M. Jules Guérin ne contestât pas à M. Dieffenbach le mérite, si cette pensée doit être féconde en succès, d'avoir le premier pro- posé et mis en pratique la section d'un ou de plusieurs des muscles mo- teurs de l'œil, pour entreprendre la guérison du strabisme qu'on peut appeler essentiel. » Il a tort pareillement, je le crois du moins, de considérer comme un perfectionnement au procédé de M. Dieffenbach, et comme une modifica- tion propre à conjurer les dangers de l'opération elle-même, le soin qu'il dit (9« ). avoir pris et qu'il recommande, de découvrir le muscle qui doit être coupé, non par une simple incision verticale de la conjonctive, maïs eh formant un lambeau qui , momentanément séparé de la sclérotique , doit ensuite être réappliqué sur cette membrane, et recouvrir les parties divisées plus pro- fondément. Un tel procédé, en rendant l'opération plus compliquée, plus minutieuse, est plus propre à augmenter les dangers qu'à les prévenir. Que, puisqu'il n'est pas possible ou qu'il ne serait pas prudent d'appliquer ici la section sous-cutanée , telle qu'on la pratique pour d'autres muscles , ou pour d'autres tendons, le mieux est assurément d'arriver au muscle qu'on veut diviser par la voie la plus courte , et d'inciser dans la moindre étendue possible la membrane conjonctive , dont on a à redouter l'inflammation , bien plus que celle des parties qui lui sont sous-jacentes. » Mais j'ai à m'elever avec plus de force contre une manière de considérer le strabisme, contre une hypothèse sur le caractère de cette difformité que M. Jules Guérin dit avoir été indiquée par un membre de cette Académie , et qu'il adopte et propose avec confiance. Suivant lui, le strabisme est comparable à cette difformité si fréquente du pied qu'on nomme pied-bot; c'est le pied bot de l'œil Je ne sais à qui cette pensée appartient ; elle n'est pas mienne, je l'assure : je n'y vois qu'un jeu de l'esprit; c'est un de ces rapprochements qui plaisent un moment à l'imagination , mais qui ne peuvent satisfaire des esprits rigoureux, parce qu'ils ne découlent pas de la nature des choses. Ce n'est pas l'observation exacte des phénomènes du strabisme qui a conduit à mettre sur la même ligne cette déviation de l'œil et celle du pied qui constitue le pied-bot ; la comparaison doit être venue après coup comme pour faire naître des préventions en faveur de la téno- tornie appliquée au traitement du strabisme. Il importe beaucoup de faire voir qu'elle n'est point exacte, puisqu'on se montre disposé à en tirer des inductions qui seraient également fausses, et qui pourraient avoir de fâ- cheux résultats. »Oui, sans doute, il y a attitude vicieuse, déviation de l'œil dans le strabisme ou la vue louche, comme il y a déviation du pied dans le pied- bot ou la stréphopodie ; mais à cela se borne l'analogie entre ces deux difformités. Encore en les comparant sous le rapport de la déviation même des deux organes qui sont le siège, on voit que l'analogie est vrai- ment plus apparente que réelle. Dans le pied-bot une fois constitué, la dé- viation du pied est fixe, immuable, c'est-à-dire qu'elle ne cesse jamais mo- mentanément; elle tend plutôt à augmenter qu'à diminuer, et ne peut disparaître que par l'allongement des muscles, des tendons ou des autres (90 parties fibreuses, dont la rétraction ou le raccourcissement en est la cause incessante. Dans un strabisme quelconque, au contraire, il y a bien ten- dance continue à la déviation de l'un des yeux , puisque la cause est per- manente, mais la déviation elle-même ne l'est pas , elle cesse et reparaît alter- nativement; elle est subordonnée , et toujours subordonnée, au concours, à la simultanéité du mouvement des deux yeux dans les différentes sortes de regard: elle n'est point absolue, elle n'est que relative, et il faut défi- nir rigoureusement le strabisme, non pas une déviation permanente de l'un des yeux , mais un défaut de concordance des deux axes optiques pour tel regard ou pour tel autre. » Oui, sans doute encore, dans le strabisme, comme dans le pied-bot, il y a irrégularité, vice d'action dans les puissances motrices; mais ce n'est point une rétraction de tel muscle ou de tel autre, du droit interne pour le strabisme convergent, du droit externe pour le strabisme divergent, qui détermine et entretient la difformité: il y a seulement prédominance d'ac- tion de l'un de ces muscles, et le muscle dont l'action est ainsi prépondé- rante, conserve sa souplesse, son extensibilité; il peut céder et s'allonger par le jeu puissant de son antagoniste. C'est pour cela que par une volonté forte, l'individu le plus louche peut cesser pour quelques instants de lou- cher ; ou bien , que seulement chez lui l'œil qu'on peut appeler le bon soit couvert et soustrait momentanément à la lumière, le regard devient pos- sible dans tous les sens avec l'œil strabique, dont un des mouvements ne s'opérait naguère et ne s'opère habituellement que d'une manière in- complète ou à un très faible degré. » Il faut dire plus : la prédominance d'action de l'un des muscles moteurs de l'œil, principalement du muscle adducteur ou du muscle abducteur, n'est pas la seule chose à considérer dans le strabisme; ce n'est pas d'elle qu'il procède uniquement. Tout strabisme se compose de deux éléments : celui-là d'abord, qui selon les cas peut être cause ou effet , mais qui le plus souvent n'est que secondaire ou consécutif à l'autre élément, qui a préexisté : et cet autre élément, c'est l'inégalité de force ou de puissance visuelle des deux yeux; c'est la faiblesse relative , à un degré plus ou moins considérable, de l'un de ces organes, de celui qui est affecté de strabisme. C'est chose extraordinairement rare que cette difformité existe sans cette irrégularité de force entre les deux yeux, qui dans le plus grand nombre des cas est primitive, ou antérieure à la désharmonie dans le jeu des mus- cles. Généralement aussi cette inégalité de force des deux yeux chez l'in- , dividu strabique est originelle, congéniale, comme l'a si bien dit Buffon, (93) dont les vues sur le strabisme ne me semblent point avoir vieilli, et con- cordent si bien avec ce que l'observation de tous les jours fait connaître. » C'est à cause de cette dernière circonstance que le strabisme affecte plus souvent l'œil gauche que l'œil droit, comme beaucoup d'autres diffor- mités sont pareillement plus fréquentes à gauche qu'à droite , comme beau- coup de maladies ou d'affections proprement dites nous offrent la même particularité, et le tout en conséquence de ce grand fait de l'organisme chez l'homme au moins , savoir, que nous naissons avec une prépondérance, une prédominance de force , d'action , du côté droit du corps sur le côté gauche, avec une faiblesse relative de cette dernière moitié du corps. C'est parce que le strabisme dérive presque toujours de la faiblesse innée ou acquise de l'un des yeux, qu'il coïncide souvent avec une myopie plus ou moins forte, ou qu'on l'observe plutôt chez des personnes qui ont la vue courte que chez celles qui ont une grande portée de vue. C'est pour cela encore qu'il se développe si facilement dans l'enfance; je devrais plutôt dire qu'avec une prédisposition congéniale donnée, le strabisme doit se déve- lopper dès la première enfance, et que la même cause ne le produirait pas aussi facilement chez un sujet adulte, parce qu'après les premières phases de la vie et à mesure que nous avançons en âge, les limites de la vue distincte s'éloignent de plus en plus. C'est encore ce quia été si parfai- tement exprimé par Buffon. » Je partage pleinement son opinion sur ce point. C'est en la méditant, c'est en y réfléchissant que les idées suivantes se présentèrent à mon esprit il y a bien long-temps déjà. Je pensai qu'en faisant fonctionner l'œil faible ou l'œil strabique exclusivement, on pourrait obtenir que, par degrés, il recou- vrât une force nouvelle, égale ou presque égale à celle de l'autre, ou de l'œil le plus fort; qu'une fois l'équipondérance établie dans la puissance visuelle des deux yeux, il devait y avoir une tendance naturelle au rétablissement de l'harmonie dans le jeu des muscles ; qu'ensuite de ces changements physiques, et avec l'aide d'une volonté puissante, le strabisme pourrait dis- paraître, ou du moins se changer en une simple hésitation dans le regard, susceptible de s'évanouir avec le temps; et l'idée me vint enfin que puisque, toutes choses étant égales d'ailleurs, et sous l'empire de la même inégalité de force entre les deux yeux , la prédisposition au strabisme serait moindre dans l'âge adulte que dans l'enfance, on devait pouvoir entreprendre de faire cesser cette incommodité avec plus de chances de succès chez un sujet adulte que chez un jeune sujet. C'est ce que l'expérience a démontré. Je ne .m'étais pas trompé dans mes prévisions ; et puisqu'il est très certain que (94 ) sous l'influence de moyens simplement destinés à faire récupérer à l'œil affecté de strabisme la puissance visuelle qu'il a perdue ou qu'il n'a jamais eue, ou bien à mettre en jeu la puissance antagoniste des muscles, les pro- babilités pour la guérison augmentent avec l'âge du sujet ou avec l'ancien- neté de la maladie, n'y a-t-il pas là une nouvelle preuve, et une preuve positive, irréfragable, du fait que j'ai voulu établir, savoir, que dans le stra- bisme il n'y a pas rétraction permanente des muscles, et que dès lors il n'y a point une analogie véritable entre le strabisme et le pied-bot? » J'ai obtenu plusieurs fois la guérison du strabisme sur des sujets adultes, par la voie simple que je viens de rappeler, c'est-à-dire en constituant l'œil strabique seul organe de la vision , en le faisant fonc- tionner exclusivement. Entre les faits de ce genre , nul n'est plus remar- quable que le premier. D'abord il a ouvert la série des autres; puis il s'est passé dans «les circonstances toutes particulières. Je demande à l'Académie la permission de le lui rapporter en très peu de mots. Il date de i8i5: c'était donc il y a vingt-cinq ans. Je venais de relire dans Buffon son histoire de l'homme et les remarques qu'il présente sur le strabisme ou la vue louche à propos du sens de la vue, et ces remarques avaient fait naître soudain en moi cette pensée, que le strabisme devait être plus susceptible fie guérison dans l'âge adulte que dans la jeunesse. Je connaissais alors, je me trompe, je vivais dans l'intimité la plus grande avec un homme du même âge que moi, qui avait , depuis son enfance, un strabisme divergent des plus considérables. Ce strabisme coïncidait avec une de ces vues de moyenne portée, les meilleures de toutes, peut-être, parce qu'elles ne sont ni assez courtes pour qu'il soit besoin de les fortifier par l'usage des lunettes à verres concaves, ni si longues qu'elles se changent, bien avant le déclin de la vie, en une presbytie qui rend nécessaire de très bonne heure l'usage de lunettes à verres convexes. J'avais pu prédire à l'homme dont je parle qu'il ne serait jamais obligé d'employer des lunettes d'aucune sorte, et jusqu'à présent ma prévision s'est accomplie. Il avait embrassé, et poursuivait, non sans quelques avantages déjà, une de ces carrières scientifiques dans lesquelles le seul mérite ne suffit pas toujours pour parvenir au premier rang, une de ces professions qui mettent con- tinuellement en rapport avec les personnes du monde, dans lesquelles une certaine perfection des sens, ainsi qu'unegrandeadresse, sont nécessaires, et dans lesquelles enfin certains désavantages physiques peuvent mettre obs- tacles de grands succès. Et quand de tels désavantages existent, que n'a-t-on pas à craindre des rivalités jalouses? est-on sûr de pouvoir éviter les traits de l'envie? Cette carrière devait donc être pour lui semée de contrariétés, tout au moins d'embarras. Mais peut-être aussi trouva-t-il dans ce qui pouvait en être la source, un motif d'émulation, un puissant aiguillon: le fait est qu'à dessein, et de bonne heure, il avait recherché celles des occu- pations de son art qui sont le plus minutieuses, le plus délicates, et dans lesquelles il y a le plus de difficultés à surmonter. C'était comme un autre moi-même ; je connaissais son chagrin de tous les instants ; jesavais combien il était malheureux d'être né avec sa difformité, combien Userait heureux d'en être délivré. Comme j'avais été le confident de ses peines, je le rendis le premier confident des espérances que j'avais puisées dans Buffon. Il n'hé- sita pas un moment à se laisser diriger par mes conseils, et il le fit avec une persistance qui lui coûta d'autant moins, que chaque jour était marqué par un progrès appréciable dans la force et l'extension de la vue, primitivement si faible , si confuse de l'œil strabique. C'était la nuit, surtout, en se livrant au travail, à l'insu de ses proches, de ses autres amis les plus intimes, et cela pour leur ménager le plaisir d'une surprise, ou pour leur cacher des tentatives qui pouvaient être infructueuses, qu'il se livrait aux exercices que je lui avait recommandés; ces exercices étaient suspendus pendant le jour, ou n'étaient faits qu'à la dérobée. Néanmoins, quelques semaines ont suffi pour que l'œil qui avait été strabique acquît par degrés une force, une puissance d'action tout-à-fait égale à celle de l'autre; pour que se faisant alors par le concours des deux organes que la nature y a destinés, la vue elle-même acquît plus de portée, plus de netteté, plus de précision, et cette force en plus qu'on sait résulter de la différence qui existe entre la vision avec les deux yeux et la vision avec un seul; pour qu'enfin il s'éta- blît entre ces organes, une harmonie, une concordance de mouvements sy- nergiques qui ne s'est jamais démentie. Cet événement accompli, l'homme de la vie duquel je viens de rapporter une circonstance remarquable, a eu en lui plus de confiance; libre d'un grand souci, il a marché d'un pas plus ferme dans la carrière où le hasard , plutôt qu'une vocation première, l'a- vait engagé; et probablement que ses soins, ses efforts, ses travaux, avant comme depuis la guérison du strabisme dont il était affecté, n'ont pas été sans quelque mérite, puisqu'il est parvenu à l'honneur insigne de siéger maintenant parmi vous. » Je m'arrête aujourd'hui à ces premières considérations sur le strabisme, que d'autres suivront peut-être. En les présentant, je ne prétends point en faire des objections absolues contre la méthode de M. Dieffenbach; je n'ai pas voulu non plus déprécier cette nouvelle manière d'entreprendre la gué» C. R., 1^4", a"»" Semestre. T. XI, N»3 l3 (9M rison d'une difformité aussi choquante que le strabisme; je n'ai pas voulu détourner de la soumettre à l'expérience, pour en bien déterminer la va- leur, puisque, loin delà, je l'ai expérimentée aussitôt qu'il m'a été possible de le faire, et que j'appelle de tous mes vœux de nouvelles occasions de l'expérimenter encore : mon seul but a été de faire ce qui peut dépendre de moi pour que l'avenir de cette méthode, quel qu'il doive être, ne soit pas dès l'abord embarrassé, et pour ainsi dire compromis par de fausses vues, ou par des espérances mal fondées. » entomologie. — Communication verbale sur une éducation faite à Paris d'un ver à soie de la Louisiane ( Bombyx cecropia , Linné ) ; par M. V. Al'DOUIN. « On sait que le genre Bombyx se compose de beaucoup d'espèces dont les chenilles construisent leurs cocons uniquement avec de la soie , c'est- à-dire sans associer à leur fil aucun corps étranger, ce qui a valu à ces cocons le nom de cocons de pure soie. Le Bombyx du mûrier, Bombyx mori, est rangé dans cette division et il doit y occuper la première ligne, tant à cause de la qualité et de l'abondance de la matière qu'il fournit, que parce qu'il a été jusqu'ici la seule espèce qui ait été l'objet d'un commerce con- sidérable chez les nations civilisées et particulièrement en Europe. Cepen- dant il est bien certain aujourd'hui que plusieurs autres espèces du genre Bombyx fournissent des fils soyeux dont on tire aussi parti, mais qui ne sont pas encore l'objet d'une exploitation étendue. On peut citer parmi elles quelques Bombyx des Indes orientales, et entre autres le Bombyx mylitta, dont la chenille fabrique un cocon pourvu d'un long pédicule et qu'elle fixe aux branches des arbres par le moyen d'un anneau soyeux, très solidement et fort artistement formé. L'Académie a vu, il y a quel- ques années, plusieurs de ces cocons rapportés par M. Lamarre-Picot; mais ce sont les deux Amériques, et surtout l'Amérique du nord, qui nour- rissent des espèces donnant des soies très remarquables , et dont les ha- bitants font usage, soit en dévidant les cocons, soit en les cardant. » La Louisiane, entre autres contrées du continent américain, est four- nie de plusieurs de ces intéressants Bombyx. » J'avais eu, depuis quelques années, des indications sur ces insectes, et je m'étais adressé à des personnes habitant à la Nouvelle-Orléans pour chercher à les compléter, sans avoir pu y réussir, lorsque je reçus, le 19 fé- vrier 1840, de M. Lavallée, directeur de l'École centrale des Arts et (97 ) Manufactures, des cocons qui lui avaient été envoyés de la Nouvelle-Or- léans par son beau-frère. Ces cocons, au nombre de seize, renfermaient des chrysalides dont plusieurs vivaient encore. Je les plaçai de suite dans des conditions favorables d'humidité et de chaleur pour obtenir l'éclosion des papillons. » Par leur faciès ces cocons ont beaucoup d'analogie avec ceux de notre Bombyx grand paon, Bombyx pavonia major des environs de Paris : ils sont d'un brun roussâtre plus ou moins foncé, mais ils s'en rapprochent davantage par leur structure. Ainsi, l'un de leurs bouts est terminé un peu en pointe, et à cet endroit il existe une ouverture naturelle, en sorte que le papillon n'a pas à percer son cocon, à la manière du Bombyx du mûrier, afin d'en sortir, mais seulement à écarter des fils qui cependant convergent assez intimement entre eux pour oblitérer l'ouverture et la rendre infranchissable de dehors en dedans. » Il paraît que chacun de ces cocons est fixé par sa bourre et dans toute sa longueur à une branche d'arbre ; car tous ceux que j'ai reçus de M. La- vallée sont pourvus d'un fragment de cette branché, et plusieurs centaines de cocons, dont malheureusement les nymphes sont mortes, et que m'a envoyés récemment un propriétaire de la Nouvelle-Orléans ( M. Claudot- Dumont), offrent aussi une trace de branche. » Quoi qu'il en soit, ces divers envois de cocons n'ont été accompagnés d'aucun renseignement qui ait pu me mettre sur la voie de réussir à éle- ver les chenilles qui les produisaient. Au contraire, on m'a parlé des dif- ficultés très grandes qu'on avait rencontrées dans leur éducation, et du peu de succès obtenu à la suite de tentatives nombreuses qu'on avait faites. Toutefois, ce qui était bien certain, c'est que l'insecte abondait à la Loui- siane, qu'il vivait dans les bois, sur certains arbres, et que les cocons transportés en masse par les indigènes, à la Nouvelle-Orléans, pouvaient être dévidés avec succès dans cette ville, et fournissaient pour le commerce une soie très estimée, avec laquelle on fabriquait.des étoffes d'une excel- lente qualité. Cette dernière considération me décida à entreprendre des essais, mais par des méthodes expérimentales, de manière qu'en cas de non-réussite, il pût rester de ces essais quelques faits pour la science. » J'avais reçu, je le répète, le 19 février 1840, de M. Lavallée, des co- cons de pure soie, originaires de la Louisiane : la saison n'étant pas encore assez avancée pour tenter l'éclosion de quelques-uns de ces papillons, je les plaçai dans un lieu où la température ne pouvait dépasser 10 degrés cen- tigrades au-dessus de zéro. Je les laissai jusqu'au 5 mai au matin dans cette i3.. (98 } condition , et , ce même jour, je me décidai à les soumettre à une tempé- rature que j'élevai et maintins à i5 et io degrés. » Le 17 mai j'obtins une première éclosion : le papillon qui était sorti du cocon était un mâle, et l'examen de ses caractères me fit reconnaître qu'il appartenait au genre Bombyx et à l'espèce que Linné a désignée sous le nom de Bombyx cecropia. » Du 17 au 20 mai, il me naquit huit autres individus, dont cinq mâles et trois femelles; je les plaçai tous dans de très grands bocaux doublés de papier au fond, et couverts d'une gaze; et je les tins à une tempé- rature de 20 à a5 degrés centigrades. Le 19 des œufs furent pondus. N'ayant pas été témoin de l'accouplement des papillons, je craignais de ne pas obtenir l'éclosion de ces œufs; cependant je les plaçai dans des circonstances favorables. Leur développement et l'examen anatomique que j'en fis rne prouvèrent bientôt qu'ils avaient vie : j'en eus la preuve plus positive en- core le 25 mai, à sept heures du matin, ayant été témoin de l'éclosion d'un premier œuf. A la sortie de son œuf la chenille a l\ millimètres de longueur; elle est toute noire et couverte de nombreuses épines noires qui dans l'œuf sont couchées les unes sur les autres, et qui, au moment de l'éclosion, se redressent et s'épanouissent; enfin je vis distinctement que ces épines étaient placées circulairement sur un certain nombre de tubercules. » Pendant deux jours j'eus la satisfaction d'avoir une trentaine d'autres éclosions, mais ce premier résultat obtenu, comment devais-je agir pour lui donner suite? quelle nourriture offrira ces petites chenilles? Fallait- il les soumettre toutes au même régime, leur donner à toutes exclusivement des feuilles de mûrier, ou des feuilles de cerisier, de saule, de chêne, ou bien encore des feuilles de certains arbres fruitiers? A quel choix m'arrête!- parmi les indications les plus contradictoires qu'on m'avait transmises de ta Nouvelle-Orléans?» Ou bien, n'était-il pas préférable que j'offrisse aux unes des feuilles de tel. arbre, et aux autres des feuilles d'autres arbres? Cette dernière manière d'opérer devait avoir sans doute l'inconvénient d'a- mener la perte de bien des chenilles; mais elle me donnait l'espérance de pouvoir ainsi découvrir la plante qui convenait réellement à cette race de vers à soie. -. Toutes réflexions faites , je me décidai à suivre cette dernière marche et j'avisai au moyen de multiplier autant que possible mes essais. » J'avais des raisons pour supposer que la chenille vivait à l'état sau- (99) vage (i), et d'un autre côté, j étais à peu près certain , par le motif que le cocon est toujours fixé sur des branches d'arbres, qu'elle fréquentait les feuilles de ces arbres et s'en nourrissait. Cette observation devait naturelle- ment m'engager à circonscrire mes tentatives aux végétaux arborescents et ligneux. En conséquence, je partageai mes trente chenilles en cinq groupes auxquels je donnai des branches d'arbres de familles différentes. J'indiquerai, lors de la publication de mon Mémoire, les précautions que je pris pour assurer l'exactitude de chacune de mes expériences. 11 me suffira, pour le moment, de dire que je me convainquis bientôt de la préférence de mes chenilles pour les feuilles de prunier. Ce premier résultat obtenu, je devins plus hardi pour denouvelles éclosions d'œufs qui eurent lieu chez moi le 1 5 juin, depuis le a5 mai, c'est-à-dire déjà pendant cinquante-six jours; j'ai eu la satisfaction de mener à bien mon éducation, en nourrissant exclusivement les belles chenilles que vous voyez, non-seulement avec diverses espèces de pruniers propres à l'Amérique du Nord, et qu'on élève aujourd'hui en pleine terre au Muséum d'histoire naturelle, telles que les Prunus rectïlinea, montana, hjremalis; mais aussi en leur offrant des feuilles des Prunus spinosa et communis , qui sont cultivés en France. Déjà la plupart de ces chenilles ont subi quatre changements de peau. Je mets sous les yeux de l'Académie : » i°. l}es chenilles du premier âge, c'est-à-dire avant le premier chan- gement de peau : elles sont noires, avec la base des tubercules quelquefois jaune; » 2°. Des chenilles du second âge, ou ayant subi un premier changement de peau. Alors tout le corps est jaune, ponctué de noir et surmonté de tubercules également noirs avec des épines de même couleur. Des dessins, exécutés avec soin, représentent ces deux premiers âges ; » 3°. Des chenilles du troisième âge, ou qui ont subi leur deuxième mue. Elles atteignent quelquefois 4 centimètres de longueur; leurs couleurs sont vives et très belles; la peau est d'un vert tendre, jaunâtre sur les côtés; plus pâle sur le dos et légèrement bleuâtre, elle est tachetée partout de petits (i) Un des motifs qui nie porta à croire qu'il en était ainsi , fut l'éelosion de l'un des cocons de Bombyx, d'un insecte parasite de la division des fclineumouides et du genre Ophion. Si les chenilles avaient été élevées dans un lieu clos, comme nos magnaneries, il n'est pas probable que ce parasite aurait pu s'y introduire et déposer dans l'intérieur du corps dos chenilles un de leurs oeufs. ( ioo ) points noirs. Les tubercules sont de couleur variée. On observe, sur la partie dorsale, deux lignes de tubercules d'un beau jaune-jonquille, excepté les quatre premiers qui sont d'un rouge éclatant, et latéralement de cha- que côté, deux lignes de tubercules, sur toute la surface du corps, bleu de ciel. Ce qui ajoute encore à la variété et au contraste de ces couleurs , ce sont les petits poils épineux d'un noir brillant et disposés en couronne au sommet de chacun de ces tubercules ; »4°- Des chenilles du quatrième âge, ou qui viennent à" éprouver leur troisième changement de peau. Elles dépassent quelquefois en longueur 5 centimètres; on peut même en voir, parmi celles que je présente, quelques-unes qui ont atteint 6 centimètres. A cet état, la couleur de la peau est d'un vert bleuâtre assez vif, mais cependant légèrement grisâtre , surtout dans toute la longueur dorsale, ce qui donne à la chenille un aspect cireux très remarquable. Cette comparaison que je me permets défaire est si juste, que toute personne qui verrait ces chenilles pla- cées sur une feuille de papier et dans leur état presque ordinaire d'immo- bilité, les croirait artificielles et faites en cire. A ce quatrième âge, la peau ne présente plus aucune tâche noire; les tubercules sont de même couleur que dans le troisième âge, seulement les quatre tubercules rouges ont une couleur rose que je ne saurais mieux comparer qu'à de la gelée de groseille bien translucide. » 5°. Enfin, parmi les chenilles du Bombyx cecropia de la Louisiane, que je montre à l'Académie, plusieurs sont arrivées à leur cinquième âge. Ces chenilles, qui viennent de muer pour la quatrième fois, ont à peu près la même couleur bleue de la peau, mais ce bleu tire davantage sur le blanc cireux. Les quatre rangées latérales de tubercules sont d'unbleu vif, assez semblable à celui qu'ils avaient dans l'âge précé- dent. Mais une différence tranchée s'observe maintenant dans la colora- tion des deux rangées de tubercules dorsaux: les qtiatre premiers ne sont plus rouges, mais d'un beau jaune comme les tubercules qui les suivent: de plus, ils diffèrent par leur énorme grosseur et leur forme en massue arrondie. » Plusieurs de ces chenilles, arrivées à leur cinquième âge, et qui sontdansun état remarquable de bonne santé, n'ont pas moins d'un déci- mètre de longueur; l'une d'elles quand elle marche ne mesure pas moins de la centimètres. Ces chenilles sont sorties de l'œuf le a5 mai, par conséquent elles ont cinquante-six jours accomplis; je suppose qu'elles sont prêtes à filer leur cocon. Aussitôt que j'aurai obtenu un certain nombre de ces ( ioi ) cocons, je me ferai un plaisir de les confier aux personnes qui s'occupent spécialement de l'éducation des vers à soie, afin qu'elles les élèvent et décident la question industrielle. En effet, je n'ai eu d'autre prétention que de traiter la question scientifique; le Mémoire que je prépare sur ce sujet et qui sera accompagné de plusieurs planches, sera déposé à l'Aca- démie pour faire partie de nos Mémoires. » M. le Président de l'Académie rappelle à la section de Minéralogie qu'elle doit prochainement se prononcer sur la question de savoir s'il y a lieu de nommer à la place vacante par suite du décès de M. Brochant de Jailli ers. M. Biot fait hommage à l'Académie de ses Recherches sur l'ancienne astronomie chinoise. RAPPORTS. mécanique appliquée. — Rapport sur les diverses dispositions proposées par M. Arnoux pour faire marcher librement les locomotives et les waggoîis des chemins de fer, le long des courbes de toutes sortes de rayons. (Commissaires, MM. Arago , Savary, Coriolis, Gambey.) « M. Arnoux présenta à l'Académie, il y a deux ans, un Mémoire relatif au système qu'il avait imaginé pour faciliter le passage des locomotives , des voitures et des waggons sur les chemins de fer de toute courbure. Un modèle, parfaitement exécuté, accompagnait le Mémoire. L'Académie n'a pas oublié le savant Rapport, honoré de son approbation , dans lequel M. Poncelet apprécia avec tant de mesure et de lucidité tout ce que les nouvelles dispositions présentaient de hardi, d'ingénieux, de plausible. Elle doit se ressouvenir aussi que ses Commissaires en appelaient à des essais en grand , pour corroborer ou infirmer les espérances que la théorie per- mettait de concevoir. Ces expériences, M. Arnoux s'est empressé de les faire, et sur une échelle vraiment inusitée : elles n'ont pas coûté moins de i5oooo francs. Tous les obstacles à la locomotion, tels que pentes et contre-pentes, croisements de voies, lignes droites raccordées par des courbes, lignes courbes en sens opposés se succédant sans intermédiaire, courbes de très petits rayons, se sont trouvés réunis dans un chemin qui existe encore à Saint-Mandé, et dont le développement, égal à 1 143 mètres, ( roa ) forme un circuit fermé. Cette disposition permettait de revenir au point de départ autant de fois qu'on le voulait sans s'arrêter ni là, ni ailleurs. Aussi, en un seul jour, at-on parcouru 60 kilomètres; aussi la totalité du chemin que les waggons ont fait dans ce champ clos, pendant toute la durée des expériences, s'élève-t-elle à 600 kilomètres, c'est-à-dire aux proportions du long voyage de Paris à Lyon II ne fallait, au reste , rien moins, pour autoriser à parler du système de M. Arnoux, sous le rapport de la solidité, de la détérioration des rails, de la durée des roues et des nouveaux mécanismes destinés à donner aux essieux les directions conve- nables. Ajoutons , qu'afin de pouvoir étudier l'effet des courbes sur la loco- motion, même au-delà des limites qu'un ingénieur n'aura jamais besoin d'atteindre dans le tracé des chemins de fer, un petit cercle de 18 mètres de rayon, complètement fermé, se rattachait au chemin principal par deux branches de courbes de 3o mètres de rayon, et qu'une fois entré dans ce cercle, le convoi pouvait le parcourir indéfiniment. »Le convoi se composait ordinairement de la locomotive, du tender, de quatre voitures de quatre ou six roues et d'une plate-forme. L'évaluation précise des résistances a été obtenue par des appareils dynamométriques. M. le capitaine Morin, qui a une si grande habitude de ces machines, qui en a fait de si nombreuses, de si utiles, de si ingénieuses applications , a bien voulu les mettre lui-même en action, relever tous les résultats et en former des tableaux. La Commission ne saurait assez reconnaître à quel point le zèle éclairé et infatigable de M. Morin lui a été utile. » Lorsque pour obtenir une comparaison directe des tractions sur les rails ordinaires avec celles qu'exigent, toutes circonstances égales, les rails à petites courbes de M. Arnoux, on transporta les appareils dyna- mométriques sur le chemin de Versailles, ce fut encore M. Morin qui pré- sida aux mesures. «Notre objet doit être maintenant d'exposer les résultats, de les rappro- cher, d'en tirer les conséquences qui, aujourd'hui, nous sembleraient pouvoir, sans inconvénient, être sanctionnées par l'Académie. Ces consé- quences ne seraient, au reste, ni bien comprises ni convenablement ap- préciées, si nous ne posions pas de nouveau le problème en termes précis; si nous négligions de rappeler succinctement les idées qui ont conduit les mécaniciens au système de waggons actuellement en usage, et celles dont le système de M. Arnoux offre la réalisation. » Avant d'entrer dans ces détails, nous croyons, toutefois, devoir infor- mer l'Académie, que la Commission s'est abstenue, à dessein, de toucher ( io3) aux questions de priorité qui lui ont été soumises, non qu'elles lui parus- sent difficiles, mais seulement parce que les tribunaux en sont actuelle- ment saisis. Nous ajouterons que la Commission s'est vue à regret dans l'impossibilité de rendre compte ici d'une invention ingénieuse de M. Re- naud de Vilback, tendant au même but que le système de M. Arnoux. Le fragment de chemin construit à Cbarenton , d'après les idées de M. de Vilback, avait de trop petites dimensions pour qu'on pût y tenter des expériences vraiment démonstratives. Ce chemin, d'ailleurs, fut détruit avant que la Commission en corps y eût vu fonctionner le waggon isolé qui le parcourait par l'action de la pesanteur. Le seul Commissaire auquel, dans le temps, les circonstances permirent de se rendre à l'usine de Cba- renton et d'y assister à une ou deux épreuves du nouveau chemin, n'ayant fait, n'ayant pu faire aucune expérience précise, aucune mesure, n'oserait émettre une opinion décidée; ne pourrait pas, en tout cas, se substituer à la Commission entière, alors même que ses confrères voudraient bien le permettre et que le règlement ne s'y opposerait point. Nous espérons que cette déclaration mettra fin à une polémique dont nous avons déjà trouvé les traces dans quelques écrits, et qui désormais n'aurait plus de prétexte. » Les caractères essentiels du système de M. Arnoux sont l'indépendance absolue des roues montées sur un même essieu, et leur mobilité autour des fusées qui les portent; la liberté qu'ont les essieux de changer de di- rection dans un plan horizontal autour de chevilles ouvrières sur lesquelles la charge repose; enfin la liaison complète, de voiture à voiture, par des timons rigides articulés, engagés à chaque extrémité dans les chevilles ou- vrières et s'articulant sur l'axe même du chemin. Par la dernière disposi- tion, le convoi entier est comme une longue chaîne, inextensible, mais parfaitement flexible dans toutes ses parties. » Les deux premières conditions sont indispensables pour qu'une voiture puisse ne pas éprouver, sur une voie courbe, une résistance beaucoup plus forte que sur un chemin tracé en ligne droite. Tl faut, en effet, pour qu'il en soit ainsi , qu'à chaque instant les essieux prennent des directions normales aux courbes parcourues, et qu'en même temps les roues exté- rieures, roulant sur la courbe dont le développement est le plus grand, prennent la plus grande vitesse. » Il ne suffit pas, néanmoins, que ces conditions, remarquées de tout temps, puissent être satisfaites : elles doivent l'être nécessairement; il est indispensable que tous les essieux soient constamment guidés. » Aussi, les premiers essais de chemins en bois et en fer dans les galeries de C R., 1840, îm« Semestre. (T. XI, N« S .} > 4 ( io4 ) mines, offrirent-ils divers moyens pour donner à des essieux mobiles la direc- tion convenable C'était, par exemple, une crosse fixée perpendiculairement au premier essieu et qui , armée quelquefois à son extrémité inférieure d'un galet horizontal, pénétrait dans un rainure creusée entre les deux directrices courbes de la voie. On a vu depuis les galets horizontaux , mais pour une application toute spéciale, dans quelques-uns des petits chariots, à voie extrêmement étroite , destinés au jeu des montagnes russes. » Pourquoi donc , dans le grand problème de la locomotion sur chemins de fer, a-t-on bientôt abandonné les anciennes tentatives? Pourquoi s'est - on jeté dans un système tout différent? » C'est que les premiers moyens de direction n'étaient pas admissibles dès qu'on voulait augmenter la vitesse; c'est qu'avec des essieux mal guides ou libres, les waggons sortiraient à chaque instant de la voie, malgré l'obstacle qu'opposent aux rebords des roues les bourrelets ou les plans verticaux des rails; c'est qu'en effet, le frottement même de ces bour- relets et de ces rebords, en retardant le mouvement de la roue frot- tante, tendrait à faire pivoter l'essieu et la voiture entière autour du point d'arrêt. » Dans les parties droites d'une voie, les essieux doivent rester invaria- blement perpendiculaires à l'axe des waggons. Ou chercha donc avant tout à établir cette perpendicularité d'une manière permanente. Après ce premier pas, il n'y avait plus que de l'avantage à faire les autres : à rendre les es- sieux solidaires avec les roues et tournant sur eux-mêmes dans des boîtes fixées à la caisse même de la voiture. » Par là les roues se trouvent parfaitement maintenues dans des plans verticaux, et la charge se transmettant aux essieux par des parties situées près de leurs points d'appui , les fatigue moins que lorsqu'elle repose di- rectement sur le milieu de leur longueur. » Tel est le système actuel. Il est parfait pour les lignes droites, mais tout s'y trouve sacrifié à ces lignes. » Dans les courbes, en effet, le parallélisme des essieux est un défaut ; la liaison qui oblige les roues à prendre des vitesses égales , un autre défaut. La nécessité même de ne pas exagérer ces inconvénients, réagit sur les par- ties droites du chemin, en empêchant d'augmenter la largeur de la voie et d'assurer par là , de plus en plus, la stabilité des voitures. •Sans doute on a remédié, du moins en partie, aux inconvénients que nous venons de rappeler, par d'ingénieux artifices : par les roues à jantes ( io5) coniques, par le roulement des roues extérieures sur la circonférence de leurs rebords, ce qui constitue, comme on le sait, le procédé de M. Lai- gnel; mais ces moyens ne peuvent remédier qu'aux défauts qui résultent de la dépendance des roues. Les inconvénients attachés au parallélisme des axes subsistent encore. » Donnera-t-on d'avance et à dessein du jeu pour rendre possible un cer- tain degré de convergence? On l'a fait en Angleterre et avec désavantage, en l'absence de moyens de guider les essieux : résultat que l'on pouvait prévoir par des raisons précédemment indiquées. » On est donc inévitablement conduit, dès qu'on s'écarte du système des waggons ordinaires, à chercher des moyens de donner aux essieux la di- rection convenable. » Examinons comment M. Arnoux satisfait à cette condition : » Son système se compose de trois parties distinctes. Il faut y signaler en effet : » D'abord le moyen particulier, spécial , de diriger le premier essieu de la première voiture; » Ensuite le moyen commun de diriger le premier essieu de chacune des voitures suivantes ; » Enfin le moyen de subordonner, dans chaque voiture, à la direction déjà déterminée du premier essieu, celle du second. » Chacun de ces points exige quelques détails : » Le premier essieu du convoi porte, à l'extrémité de fourches recour- bées, quatre galets, mobiles dans des plans à peu près horizontaux, légè- rement inclinés de haut en bas, du dedans au dehors, et qui s'appuient, en roulant, contre les bourrelets, ou mieux, contre les plans verticaux des rails. Ces galets n'éprouvent, lorsqu'ils sont bien ajustés, aucune autre ré- sistance que celle qui naît du roulement, puisque l'essieu qui les soutient les empêche de jamais porter par leurs faces horizontales. Les centres des galets se trouvent maintenus ainsi aux quatre sommets d'un rectangle en- gagé entre les rails, avec une très petite quantité dé jeu. Les déviations des côtés de ce rectangle, par conséquent, les déviations de l'essieu parallèle a'ux côtés transversaux et compris entre eux; ces déviations, disnns-nous, ne peuvent être que de l'ordre de grandeur exprimé par le rapport du jeu à la lïitgeur du rectangle même. »! Un pareil système de guides est excellent. Il n'a rien de commun avec les roulettes verticales antérieurement proposées. Est-il besoin de dire, en effet, que des galets ne peuvent servir de guides que par rapport au plan 14.. ( «o6 ) sur lequel ils roulent, et que les rebords verticaux des rails sont ici les plans relativement auxquels ii faut guider le mouvement. » Les galets-guides de M. Arnoux auraient plus d'analogie avec le galet unique de certains chariots de mines. On pourrait croire la ressemblance plus grande encore en prenant le terme de comparaison dans quelques- uns des galets imaginés pour les montagnes russes. Quant à ces derniers, cependant, une différence frappe tout de suite l'attention : leur objet est plutôt de diminuer un glissement que d'assurer une direction aux essieux. En effet, avec une voie aussi étroite la direction convergente des essieux n'avait pas d'importance; il suffisait que les galets fussent portés par la caisse des chariots. On les voit même engagés quelquefois dans des rai- nures latérales pour écarter toute chance de projection. Rien de semblable ne pourrait avoir lieu sur une grande échelle. » Examinons maintenant si les galets de M. Arnoux n'auraient pas, avec les avantages qui leur appartiennent , qui les distinguent de tout ce que l'on avait proposé pour le même objet , quelque inconvénient grave. » L'expérience semble avoir prononcé. Jamais les galets n'ont présenté de tendance à dérailler; jamais, dans la voie, il n'y a eu de rupture; la surface s'usait un peu rapidement, mais alors seulement que les galets étaient en fonte douce, et que les aspérités des rails étaient encore vives. Depuis, avec des galets garnis d'un cercle d'acier, il n'y a plus eu d'usure appréciable. »On a voulu s'assurer si tous étaient indispensables à la direction du con- voi. Avec un galet de moins il a été impossible de marcher. Les waggons se sont arrêtés dès les premiers instants. Mais aussi quelques instants suf- fisent pour remplacer le galet qui manque. » Un accident qui ne tient nullement à la nature du système a donné lieu à une remarque qui mérite d'être conservée. » Dans un changement de voie une aiguille était restée fermée. La loco- motive et le convoi abandonnèrent donc les rails; dès-lors les galets se trouvant forcés de labourer le sol , un d'eux se brisa. Mais la pointe de la fourche qui le portait continuant de pénétrer dans la terre, contribua promptement et à coup sûr fort heureusement à détruire la vitesse ac- quise. » En voyant les galets de la première voiture assurer, d'une part, la direction en s'encadrant dans les rails, et, d'autre part, transformer en frot- tement de roulement le glissement du rebord des roues contre les bourre- lets, on se demande s'il ne conviendrait pas d'appliquer un système sein- _ ( io7 ) . blable à chacun des essieux suivants. Cette idée s'était présentée dès l'ori- gine à M. Arnoux. L'élévation des prix d'établissement et d'entretien qui en résulterait, suffirait pour la faire rejeter, si la difficulté de maintenir cons- tamment ajustés à une hauteur convenable tous ces galets, n'était une ob- jection plus grave encore. «Aussi, restreignant l'emploi des galets au premier axe du^convoi, et, peut-être , ce que la Commission serait tout-à-fait disposée à approuver, au dernier essieu, M. Arnoux adopte-t-il, pour diriger les essieux intermé- diaires, un système tout différent. Ce système comprend deux parties dis- tinctes. » D'abord la liaison du second essieu de chaque voiture avec le premier; elle est analogue, quant aux effets, à ce que présentent les voitures de l'amiral Sidney Smith, de M. Dietz, et même, avec des dispositions moins parfaites encore, à des essais plus anciens; mais elle se distingue par une solution nouvelle. » Dans chaque voiture, chaque essieu porte au milieu de sa longueur une couronne que traverse une cheville ouvrière : deux chaînes à mailles plates embrassant les couronnes et se croisant dans l'intervalle qui les sépare, s'attachent à leur circonférence; les seconds essieux se trouvent ainsi dirigés: car, pour une voiture donnée, si le premier essieu tourne dans un sens, le second tourne en sens contraire et de la même quantité. » Les deux essieux d'une même voiture ainsi liés entre eux, demeurent complètement indépendants, au moins quant à une action directe, des essieux de la voiture qui précède et de celle qui suit. Il reste donc, et cette partie du système de M. Arnoux est entièrement neuve, il reste à déter- miner, dans chaque voiture, la direction du premier essieu. M. Arnoux la fait dépendre uniquement de l'angle que le timon rigide de cette voiture fait avec la flèche de la voiture qui précède. A l'arrière de cette flèche, pour établir la liaison voulue, est fixée une petite couronne concentrique à la couronne du second essieu, dont elle est indépendante. Cette petite couronne conduit, par des chaînes croisées, la première couronne d'essieu de la voiture suivante. Quant à l'effort de traction, il se transmet tout en- tier par les timons; les chaînes n'ont qu'à faire tourner les couronnes sur leurs sellettes. » Pour que les deux essieux de la voiture qui précède et le premier es- sieu de la voiture qui suit convergent vers le centre du cercle qui passe par leurs trois chevilles ouvrières, il faut que le rayon de la petite couronne fixée à la flèche, soit aux rayons des couronnes d'essieu dans le rapport de ( io8 ) la longueur du timon à la somme des longueurs de ce timon et de la flèche qui le conduit. » La solution n'est rigoureuse que lorsque le timon et la flèche ont des longueurs égales. Mais elle est tellement approchée, pour un rapport diffé- rent de l'égalité, dès que le rayon de la voie courhe surpasse dix fois la longueur d'une voilure, que la différence est pratiquement négligeable. Il y a plus : la solution approchée pourra bien avoir quelque avantage, en permettant de diminuer la longueur des timons, et en devenant par-là même moins inexacte au passage d'une courbe à une autre, au passage d'une partie droite à une voie courbe et réciproquement. » Au surplus, le mérite de la solution n'est pas dans une rigueur géo- métrique que l'application ne réalise jamais. Il consiste à empêcher les fausses directions de dépasser des limites très étroites; à guider ainsi d'une manière continue, sans à-coups ; de telle sorte que les déviations se com- pensent et se neutralisent, pour ainsi dire, sur la longueur du convoi entier. » Si l'on voulait un exemple de la supériorité de certaines solutions ap- proximatives sur des solutions exactes, il suffirait de citer le parallélo- gramme de Watt, substitué aux engrenages dans les machines à vapeur. » L'expérience a montré, du reste, que la liaison continue du système était son premier avantage. On a pu, dans les essais de Saint-Mandé , pour tirer parti de pièces toutes faites-, appliquer les mêmes couronnes à des flèches et à des timons de longueurs très inégales, sans qu'il en résultât un grave inconvénient. Les résistances ont dû, cependant, en être un peu augmentées. »> Il est évident, toutefois, qu'il conviendra toujours de s'assujétir aux proportions les plus avantageuses. » Une remarque semblable doit être faite relativement au tracé des courbes sur le terrain. » A Saint-Mandé on passe presque sans intermédiaire, d'une courbe de ioom de rayon à une courbe de 3om ou à une ligne droite; mais ce n'est pas sans qu'un peu de raideur se fasse sentir aux points de jonction. » Il est évident que dans la pratique, sans rien sacrifier des avantages du système, on pourra toujours adoucir les raccords en passant graduel- lement d'une courbure à une autre. Peu importe icirque l'on marche dans un arc de cercle parfaitement régulier ou dans une suite d'arcs de cercle, pourvu que l'un quelconque de ces arcs, prolongé de la longueur d'une flèche ou d'un timon, ne s'écarte pas, perpendiculairement à sa courbure, ( i°9 ? de celui qui le précède ou le suit, d'une quantité plus grande que le jeu nécessaire entre les rebords des roues et les bourrelets des rails. » Il est des cas où la douceur des raccords dont on vient de parler a moins d'importance; où l'on pourra, comme à Saint-Mandé, rattacher l'une à l'autre, presque sans transition, des courbes de rayons très diffé- rents. Il en sera ainsi pour une gare d'évitement que l'on voudra lier à la voie principale du chemin. La vitesse à l'entrée, par conséquent la force centrifuge, ne seront jamais assez grandes pour qu'un changement un peu rapide de direction ait une influence bien nuisible. » Le petit cercle de itf mètres de rayon , à Saint-Mandé, est un exemple d'une gai-e d'évitement comprise dans un espace resserré et offrant cela de particulier qu'un convoi, de quelque côté qu'il arrive, pourra toujours s'y engager et en sortir ensuite , soit pour continuer sa route , soit pour reve- nir sur ses pas. » Par là tombe, en grande partie au moins, une des principales objections élevées contre le nouveau système : celle qui porte sur la difficulté , l'im- possibilité, pour certains cas , de faire reculer un train. En ligne droite, le recul est certainement possible; à Saint-Mandé on a reculé de plus de 5o mètres. Mais en courbe, dès que le rayon est petit, on ne peut rétro- grader. Ce n'est pas à l'obliquité de l'effort, en elle-même, que cette im- possibilité doit être attribuée; elle tient à ce que la direction ne se trans- met pas, dans ce sens, aux essieux, et rien ne prouve plus clairement que ce tte transmission est indispensable. » Au demeurant, il ne faut pas, quand il s'agit de recul, transporter au non veau système les idées auxquelles l'ancien a nécessairement conduit. Avec le système ordinaire , le retournement d'une seule voiture exigerait l'emploi d'une plate-forme, si cette voiture n'était pas parfaitement semblable eu avant et en arrrière , et par là disposée à se mouvoir aussi bien dans un sens que dans l'autre. Avec le système proposé, l'emploi des plate-formes n'est jamais indispensable, puisqu'à l'aide d'un cercle de très petit rayon, un train entier revient sur lui-même et rentre dans la voie qu'il avait quittée. » Reste donc, pour la nécessité du recul immédiat, le seul cas d'un ac- cident survenu à la voie. Mais ce ne sont pas alors quelques instants perdus auxquels on doit attacher une grande importance. Il suffira, par exemple, pour transformer le convoi et l'approprier à la direction rétrograde qu'il doit prendre, que chaque flèche porte à l'avant, comme à l'arrière, une petite couronne sur laquelle on ajustera, par le serrage de quelques écrous, les chaînes nécessaires à la direction des essieux. ( 'io ) » Une nouvelle objection se lie à ce qui vient d'être discuté. Ces chaînes si indispensables, seront-elles fréquemment sujettes à se rompre? D'abord il est facile de voir qu'elles ne supportent qu'un effort assez faiblej: cet effort se borne à faire tourner les couronnes; l'impulsion qui entraîne le convoi se transmet tout entière parles timons et les flèches. «Admettons, cependant, qu'un accident ait lieu, qu'une chaîne se rompe ou se détache. Le cas s'est présenté dans les expériences de Saint- Mandé, pour une des chaînes reliant l'une à l'autre les deux couronnes d'une même voiture. La chaîne détachée pendait ?ans que l'on s'en fût aperçu. On fit un tour entier avant que, du dehors, on avertit les personnes qui menaient le convoi d'arrêter la marche. Cette circonstance prouve que si l'ensemble des moyens de direction est nécessaire, ces moyens peuvent, sans inconvénient grave, être supprimés sur un point intermédiaire. La solidarité de toutes les parties du système maintient alors dans la voie le seul essieu qui ne soit plus guidé. Un semblable accident, au reste, est réparé en quelques instants. » C'est un avantage notable de ce moyen de direction, que le peu de causes d'altération qu'il présente. Cet avantage est dû à la douceur des mouvements, à ce qu'ils s'exécutent sans grande vitesse, par conséquent sans chocs. Le mouvement rapide des galets directeurs pour chaque es- sieu, donnerait lieu à des altérations bien plus promptes. Aussi M. Arnoux ne les emploie-t-il que là où ils sont indispensables. » Après avoir discuté ce qui se rapporte seulement à des cas particuliers, à des accidents, si l'on examine ce qui se passe dans la locomotion ordi- naire, il faut reconnaître d'abord qu'au départ d'un train, la difficulté de l'ébranler dans le nouveau système, sera plus grande que dans les convois ordinaires où chaque voiture commence à se mouvoir isolément avant d'entraîner , par la tension des chaînes , celle qui la suit. Nous ne croyons pas, toutefois, qu'il puisse jamais résulter de là un inconvénient grave. Cette question, au surplus, a déjà été discutée dans le Rapport de M. Poncelet. » Il ne faut pas négliger une circonstance qui , au départ , est à l'avantage des trains articulés et inextensibles de M Arnoux : c'est l'absence des chocs que l'on éprouve, dans les trains ordinaires, au moment où les chaînes se tendent. » Quant au point essentiel, aux résistances qu'il faut vaincre, une fois le convoi lancé, pendant toute la durée du mouvement, y a-t-il, dans le système proposé , des causes qui puissent en définitive accroître leur va- leur moyenne ? Si l'on a diminué ces résistances dans les courbes, les a-t-on ( «O augmentées dans les parties droites, qui seront toujours les plus étendues? » Avant de citer les expériences , examinons, sous ce rapport , les don- nées de la question. » C'est relativement au frottement des essieux qu'il peut y avoir incer- titude. » Dans le nouveau système d'essieux mobiles, la charge porte au milieu de leur longueur. Cette disposition, jointe à l'élargissement de la voie, vers lequel on doit tendre, semble entraîner une augmentation dans le dia- mètre des fusées d'essieu, par suite une augmentation de résistance. » Toutes choses égales d'ailleurs, il est très vrai que dans les waggons actuels, c'est un avantage que de faire reposer la charge près des extré- mités des essieux. On est dans l'usage de donner aux boites dans lesquelles ces essieux tournent, un diamètre de om,o55. » Quant aux grosses diligences des routes ordinaires où la charge est portée au centre des essieux, comme dans les waggons de M. Arnoux, les fusées ont un centimètre de plus (om,o65). » M. Arnoux, dans les waggons d'abord soumis aux expériences, avait adopté cette dimension, et il doit évidemment en résulter un excès de ré- sistance pour le frottement des fusées. » Mais en considérant que les diligences éprouvent sur les routes ordi- naires des chocs souvent assez violents qui n'existent pas sur les chemins de fer, M. Arnoux n'a pas douté que les essieux de ses voitures ne pussent être réduits au même diamètre que ceux des waggons à axes parallèles, et il a effectué cette réduction sur un dernier waggon de son convoi d'essai. » On pourra dire alors qu'une réduction plus grande serait applicable aux waggons à axes parallèles, et qu'en définitive, l'avantage leur resterait sous ce rapport. » A ce point, la question, ne peut guère être résolue avec certitude; elle finit par être une question de durée : surtout si l'on a égard à la grande longueur que l'on peut donner, dans le système de M. Arnoux, aux boîtes des roues indépendantes. » Cette longueur est une garantie contre les déviations du plan dans lequel tournent les roues. Il ne semble pas que ce plan soit moins bien maintenu dans le système des roues libres que dans celui des roues soli- daires, du moins pour la durée que ces roues peuvent avoir. » Cette durée dans le système actuel n'est pas grande. On sait avec quelle exactitude les roues en fonte, solidaires avec les essieux, doivent être tournées. On sait aussi avec quelle rapidité les rebords verticaux de ces C. R., l84o, a">« Semestre. (T. XI, N<>3.) l5 ( 112 ) roues se détruisent par le frottement contre les bourrelets des rails dans les courbes. » Le système de M. Arnoux fait disparaître ces résistances. Il donnera donc aux roues plus de durée ou permettra de les établir avec moins de perfection et de solidité. » Ainsi, clans les expériences de Saint-Mandé, les roues étaient de sim- ples roues en bois, cerclées en fer et, du moins au commencement, non tournées. Les rebords, au lieu de faire corps avec les jantes, étaient des cercles en fer posés à plat et fixés au corps de la roue par des vis à bois. » Cependant le long de courbes si variées, d'un rayon si petit, dans un parcours total d'une si grande étendue, aucun de ces cercles, si légère- ment établis , n'a été arraché, n'a présenté même d'altération sensible. » Si les altérations peuvent jusqu'à un certain point servir de mesure, n'est-ce pas une preuve qu'une cause énorme de destruction , difficilement appréciable d'une manière directe, a disparu presque entièrement? » T\'est-on pas aussi fondé à croire que celte diminution fera plus que compenser l'augmentation, si toutefois il y en a une, du frottement des essieux ? » Une preuve du même genre que celle dont nous venons de parler, une preuve matérielle, vient encore établir que les roues sont parfaitement maintenues et les axes parfaitement dirigés. » Jamais, pendant ces longues expériences, on n'a ressenti d'une ma- nière marquée ces mouvements si communs, si destructeurs, si incom- modes que, dans les chemins de fer actuels, on désigne sous le nom de mouvements de lacet. » A de très grandes vitesses, la seule remarque que l'on ait pu faire a été relative à l'inclinaison , assez faible d'ailleurs, des caisses, provenant de la force centrifuge. Encore aurait-il été possible d'atténuer cet effet en éle- vant un peu le rail extérieur. » Venons maintenant à l'évaluation des résistances totales à l'aide des dynamomètres. » Ces résistances proviennent du mouvement propre dont l'air est animé; du choc des waggons sur ce même air immobile ; du frottement des essieux à leur circonférence; du roulement des roues sur les rails; du glissement de leurs rebords sur les bourrelets; des à-coups; des accélérations ou des retards dans la marche des convois, que le meilleur conducteur ne saurait éviter, et dont l'influence devient considérable à cause de la grandeur de la masse en mouvement. Or tout cela est susceptible de varier avec le serrage ( >'3) des écrous, le graissage des boîtes, l'état hygrométrique de l'air, l'établisse- ment plus ou moins solide des rails. Il suffirait, quant à cette dernière influence, de rappeler les belles figures d'acoustique que le passage des waggons fait naître souvent sur le sable dont les rails sont entourés. » La première question à résoudre était naturellement celle-ci : » Avec le système de M. Arnoux , la résistance est-elle sensiblement la même sur les parties droites et sur les parties courbes du chemin ? » Dans une première expérience, avec des roues non tournées et une vi- tesse d'environ 4 mètres par seconde; sur Y ensemble du chemin principal, composé de parties droites et de parties courbes de 5o et de i5o mètres de rayon, on trouva, pour le rapport de la résistance à la charge, la frac- tion Tlï. » Dans une autre expérience, avec les mêmes roues, une charge diffé- rente et une vitesse à peu près uniforme de 3m,8 par seconde, la résis- tance, dans le petit cercle de 18 mètres de rayon , se trouva être, d'après une moyenne de plusieurs tours, de-p^-g- à -™; c'est le nombre trouvé pré- cédemment pour l'ensemble du chemin. Lorsque les roues eurent été tournées, la moyenne résistance sur l'en- semble du chemin, descendit à j^j, la vitesse étant toujours d'environ 16 kilomètres à l'heure. Le frottement des parties droites se trouva égal, dans ces expériences, à celui des parties circulaires de 5o mètres de rayon; la fraction qui l'exprimait était ytz- » Avec les mêmes roues tournées, mais un galet touchant légèrement les chairs, la résistance s'éleva à •—• Les parties droites comparées aux parties courbes de 5o mètres de rayon , donnèrent respectivement les frac- tions 3$, et -^j. » La première question paraît donc résolue. La courbure de la voie n'ajoute rien aux résistances. » Les expériences mettent aussi en évidence combien il est nécessaire que les roues soient tournées et les galets exactement ajustés. » Il n'est sans doute pas besoin de dire que tous les nombres cités repré- sentent des résistances réduites à l'horizon. » Quoique ces nombres différassent peu de ceux qu'on admet communé- ment, la Commission jugea convenable d'appliquer les instruments dyna- mométriques aux chemins de fer ordinaires. Les ingénieurs de Saint-Ger- main et de Versailles en fournirent les moyens avec un empressement, avec une obligeance sans bornes. >• Le résultat moyen de deux séries de valeurs obtenues le 3 mars de ,5„ ( "4) cette année, sur le chemin de Saint-Germain, avec des vitesses peu dif- férentes de celles de Saint-Mandé, par un vent dirigé dans le sens de la marche, mais ayant à peu près la vitesse du convoi; ce résultat, disons- nous, conduit à une résistance horizontale de yg-ô, comme les épreuves de Saint-Mandé. » Si l'on prend une expérience pendant laquelle un vent oblique con- trariait légèrement la marche, on trouve -p^. Par un vent favorable et les boîtes nouvellement lubrifiées, le coefficient descend à -~ï- » La moyenne serait, enfin, plutôt au-dessus qu'au-dessous de yf^. » Ces expériences , malgré leurs résultats concordants , sont sans doute bien loin de résoudre, dans toutes ses parties, la question si complexe de la résistance sur les chemins de fer. Mais nous devons remarquer qu'il n'é- tait question, pour nous, que de la comparaison entre deux systèmes , faite dans des circonstances aussi semblables qu'il était possible et avec les mêmes appareils. Il faut ajouter, à l'avantage du système de M. Arnoux, que les grosses fusées des essieux de toutes ses voitures auraient pu , sans inconvénient, être ramenées à des diamètres de 55 millimètres, et qu'alors, d'après un coefficient de frottement plutôt trop faible que trop fort , la résistance moyenne sur le chemin rentrant de Saint-Mandé, se serait trou- vée réduite à -2-|^-. » En résumé : » L'égalité de frottement, de résistance, sur les parties courbes et droites des chemins de fer, quand les voitures sont construites suivant le système de M. Arnoux, et que les vitesses ne dépassent pas certaines limites, est complètement établie par les expériences de Saint-Mandé. » Ces expériences, si cela pouvait être nécessaire, viendraient donc à l'ap- pui des considérations théoriques développées dans le premier Rapport; elles prouveraient, pratiquement , que la convergence des essieux est la condition indispensable d'un bon service de locomotion sur les rails, courbes; elles établiraient aussi que les procédés dont l'auteur fait usage pour établir cette convergence, ont toute la précision désirable. » Si nous sommes un peu moins affirmatifs , quant aux frottements du nouveau système comparés à ceux de l'ancien, c'est que la Commission n'a pas eu les moyens de multiplier suffisamment les épreuves sur les chemins ordinaires; c'est qu'il était très difficile de rendre les circons- tances exactement pareilles. La parfaite identité de circonstances ne pa- raîtra certainement à personne un raffinement d'exactitude, si nous disons qu'un convoi abandonné à lui-même , c'est-à dire à l'action de la pesanteur, descendit un jour de Versailles à Asnières, avec la vitesse ( "5) moyenne de quatre lieues à l'heure, tandis que peu de jours auparavant y et peut-être par la seule influence d'un graissage différent, ou de l'état des rails, le même convoi s'arrêta en route. Nous devons cependant rappeler que, sans même attribuer aucune influence défavorable à la faiblesse des rails dont on a fait usage en construisant le chemin de M. Arnoux, à la faiblesse des coussinets et au petit échantillon des tra- verses; que par la seule réduction légitime du diamètre des essieux à 55 millimètres, le frottement déduit de l'ensemble des expériences de Saint-Mandé, s'est trouvé au-dessous de y|-0-, résultat qui probable- ment n'a jamais été dépassé dans le service ordinaire d'aucun chemin de fer. » Les possibilités de rupture des galets destinés à diriger la locomo- tive et des chaînes qui opèrent la convergence des axes; les accidents qui pourraient en résulter, ont été appréciés, dans ce qui précède, tant à priori que d'après les résultats des expériences. Il ne nous semble pas qu'on doive s'en préoccuper sérieusement. » Ainsi, le système de M. Arnoux n'imposerait, autant qu'il a été pos- sible d'en juger, aucune augmentation appréciable de frais de traction. Sous le rapport de la sûreté, ce système paraît aussi devoir satisfaire les esprits les plus timides. M. Arnoux semble donc avoir complètement ré- solu le problème difficile qu'il s'était proposé. Désormais les ingénieurs craindront moins , dans leurs tracés de chemin de fer, de s'écarter très notablement de la ligne droite; de tourner les obstacles de toute nature dont aujourd'hui ils se voient forcés de demander la démolition. Les dis- pendieux souterrains seront moins souvent nécessaires; on multipliera, enfin, les gares d'éviteraent,et, par ce moyen, les chemins à une seule voie deviendront peut-être suffisants, dans bien des localités où, d'après les méthodes actuelles , deux voies seraient indispensables. » Si une longue expérience des nouvelles voitures ne fait pas surgir des difficultés imprévues, le nom de M. Arnoux ira se placer très honorable- ment à côté des noms de nos deux compatriotes qui, par l'invention des chaudières tubulaires et du tirage à l'aide de la vapeur perdue, ont rendu usuelles, sur les chemins de fer, des vitesses qu'à l'origine personne ne se serait flatté d'atteindre , même dans de simples expériences. Quant à la Commission, après tin examen long et consciencieux, elle croit, dès ce moment , devoir proposer à l'Académie d'accorder son approbation à l'ingé- nieux système de locomotives et de voitures articulées, que M. Arnoux lui a présenté. » Les conclusions de ce Bapport sont adoptées. ( n6) MEMOIRES PRESENTES. chirurgie. — Nouvelles recherches sur le torticolis ancien, et le traitement de cette difformité par la section sous -cutanée des muscles rétractés; par M. Jules Guerin. ( Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Serres, Larrey, Breschet.) « Parmi les observations consignées dans ce Mémoire, j'appellerai l'at- tention sur les suivantes : » i°. J'ai non-seuletnent établi que le torticolis ancien ou congénital est, comme le pied-bot, les déviations de l'épine et les autres difformités articulaires du squelette, le produit de la rétraction musculaire; mais j'ai été conduit par cette doctrine à déterminer les différentes variétés anato- miques qu'il affecte et dont jusqu'ici on ne connaissait que celles pro- duites par le raccourcissement du ster.no et du cléido-mastoïdien; ainsi j'ai reconnu que la rétraction du splenius , du trapèze, des scalènes, de ['angulaire de l'omoplate, des muscles droits et obliques de la tête, peuvent successivement et collectivement donner lieu à autant de variétés du tor- ticolis, et ces variétés revêtir des caractères qui leur sont propres, et im- pliquer la nécessité d'un traitement chirurgical et mécanique spécial; o 2°. Tous les auteurs avaient méconnu les altérations profondes des os de la tête et de la face, et même la plus grande partie de celles de la colonne dans le torticolis latéral. J'ai constaté que l'atrophie de la moitié de la face, que j'avais déjà signalée il y a quatre ans comme un des effets constants de cette difformité, s'étend aussi bien au squelette qu'aux par- ties molles, ainsi l'os de la pommette, les maxillaires supérieur et inférieur, et toute la moitié du crâne participent à la même altération. J'ai constaté en outre que cette atrophie présente des caractères propres qui m'ont dé- voilé sa véritable origine : en effet, il n'y a pas seulement affaissement et réduction de volume des parties, mais abaissement et tiraillement de ces mêmes parties, suivant une direction oblique de haut en bas et de dedans eu dehors. J'ai montré la liaison de ces faits, à éléments multiples et com- plexes, avec un autre fait également méconnu jusque-là, à savoir l'incli- naison latérale de la colonne cervicale sur la première dorsale, en sens inverse de l'inclinaison de la tête. Par suite de cette inclinaison, qui place ( "7 ) la tête en dehors de l'axe du tronc jusqu'à six centimètres quelquefois, l'espace sus-scapulaire du côté de l'inclinaison de la tête acquiert souvent le double de longueur de celui du côté opposé. Il en résulte que la peau étant fortement tendue et entraînée dans le sens de l'inclinaison du cou, ne cède qu'à la condition de tirailler et de comprimer les parties auxquelles elle adhère; de là une compression et une traction oblique sur toute la moitié de la tête et de la face, et l'origine des déformations dont ces par- ties sont le siège. a 3°. Au milieu de ces déformations l'oeil correspondant au côté abaissé présente une disposition spéciale digne de remarque : au lieu de suivre le mouvement d'abaissement oblique propre aux autres parties de la demi- face, il s'abaisse en effet; mais, par nn mouvement de rotation suivant son grand axe, il tend à reprendre la situation horizontale, de manière à ce que les axes transversaux des deux yeux continuent à être parallèles, bien que situés à une hauteur différente. Ils sont ainsi comme placés en esca- lier. Cette curieuse disposition des yeux s'effectue spontanément; rappro- chée du fait d'une espèce de trouble et de confusion dans la vision chez les sujets redressés immédiatement par l'opération, elle m'a porté à penser que les humeurs de l'œil sont disposées suivant certains axes verticaux et transversaux qui établissent des rapports déterminés entre l'organe de la vision et les objets extérieurs pour l'exercice normal de cette fonction. » 4°« J'a' constaté que les artères du col, et particulièrement l'artère vertébrale du côté de l'inclinaison de la tête, subissent des inflexions vi- cieuses avant leur entrée dans le crâne, et souvent une diminution de calibre; double fait auquel j'ai cru pouvoir attribuer en partie l'atrophie de la moitié correspondante de la tête, et les céphalalgies qui accompa- gnent fréquemment le torticolis ancien. Cette induction est encore appuyée sur la disparition de ces douleurs de tête opiniâtres après le redressement de la difformité. » 5". J'ai constaté que l'état du tissu musculaire est tout-à-fait différent dans le torticolis aigu, chronique et ancien: dans le premier, le muscle n'est que contracture, plissé, revenu sur lui-même, comme dans la con- traction physiologique. La contracture diffère ainsi essentiellement de la rétraction , où le muscle est passé à l'état fibreux : j'ai montré, en outre, qu'entre la contracture et la rétraction il existe un état intermédiaire du tissu musculaire, dans lequel ce tissu perd sa consistance charnue, s'évide en quelque façon de sa hbrine , et se réduit à sa trame celluleuse. A ces trois états du tissu musculaire doivent être adaptés trois modes de traitement dif- ( »8) férents:la contracture exclut la section des muscles, et se résout presque toujours par l'emploi de la pommade stibiée, le massage, et plus tard par l'extension brusque et saccadée; la rétraction appelle au contraire , de toute nécessité, le traitement chirurgical, l'extension mécanique ne faisant que compléter la transformation fibreuse du muscle rétracté. Enfin j'ai cons- taté que les muscles rétractés étant ramenés par l'opération à leur longueur normale, et par conséquent affranchis des tractions auxquelles leur trop grande brièveté les soumettait, reprennent en peu de temps la consistance charnue et la contractilité dont leur transformation fibreuse les avait dé- pouillés. » 6°. J'ai démontré par plus de cinquante opérations de torticolis, contre l'opinion d'un grand nombre de personnes qui avaient considéré la mé- thode sous-cutanée comme n'étant que très exceptionnellement applicable, qu'il est toujours possible d'avoir recours exclusivement à cette méthode. Pour les seuls cas où cette généralisation éprouverait quelque difficulté, j'ai imaginé un instrument et un procédé nouveaux, propres à diviser les muscles rétractés sous la peau, sans avoir jamais à redouter le moindre accident. Ce procédé, appelé le procédé du doigt, consiste à glisser le doigt index ou médius entre les muscles rétractés et les parties sous-ja- centes, en refoulant la peau au-devant du doigt, de manière à tenir les muscles isolés de ces parties, et soulevés comme sur une sonde. On fait pénétrer le ténotome sur le point correspondant à la pulpe du doigt ; on retire celui-ci au fur et à mesure que l'instrument s'enfonce, jusqu'à ce qu'il arrive au bord opposé du muscle, où il traverse une seconde fois la peau. La section des muscles s'effectue des parties profondes aux parties superficielles. » r*. J'ai montré qu'après la section des muscles rétractés, le redres- sement de la tête n'est qu'incomplet, et ne produit que la moitié de la guérison ; que l'inclinaison inverse de la colonne cervicale sur la première dorsale persiste et exige l'emploi d'un traitement mécanique énergique et d'assez longue durée. J'avais déjà posé cette indication dans mon précé- dent Mémoire : elle a été justifiée par tous les cas de torticolis soumis à l'opération. • » 8°. Les résultats des traitements que j'ai entrepris doivent être considérés sous le rapport de l'opération chirurgicale qui en fait la base, et sous le rapport de leur efficacité absolue : or, dans cinquante et quelques cas de section sous-cutanée des muscles du col, il n'est survenu aucun accident d'inflammation suppurative. Le produit définitif du traitement a été comme ( i»9) il suit: dans les deux tiers des cas environ, il y a eu redressement com- plet de la tête et du col ; dans l'autre tiers, toujours redressement de la tête, avec amélioration notable de l'inclinaison du col. Les guérisons com- plètes ont été produites sur des sujets âgés de six à vingt-sept ans; les grandes améliorations sur des sujets de vingt-cinq à cinquante ans. J'ai redressé complètement la tête dans deux cas de torticolis datant de qua- rante-sept et quarante-neuf. J'ai montré la raison de ces succès à un âge aussi avancé dans le mécanisme propre et le siège immédiat de la diffor- mité. Le torticolis latéral consiste, en effet, principalement dans deux inclinaisons inverses de la tête sur le col , et du col sur la région dor- sale, au moyen d'articulations spéciales. La difformité n'est par conséquent qu'une exagération permanente de mouvements physiologiques. » A ce Mémoire sont jointes des planches représentant toutes les va- riétés du torticolis latéral, l'anatomie pathologique de la difformité, et les procédés chirurgicaux et mécaniques imaginés par l'auteur. » chimie. — action de l'acide sulfureux t sur l'acide hypoazotique. Cristaux des chambres de plomb. Théorie de la fabrication de l'acide sulfurique; par M. F. de lv Provostaye. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regnault.) « Depuis le travail de MM. Clément, et Desormes les produit de la réaction de l'acide sulfureux sur l'acide hypoazotique ont été l'objet d'un examen spécial de la part de MM. Gay-Lussac, Henry, Berzélius , Bussy, Gaultier de Claubry. L'importance qu'ils y ont attachée s'explique sans peine, puisqu'il s'agissait de donner une théorie de la fabrication de l'acide sulfurique. Malgré ces tentatives réitérées, la composition des cristaux des chambres de plomb demeurait encore incertaine. Les uns, s'appuyant sur des analyses peu d'accord entre elles, y voyaient une combinaison d'acide azoteux, d'acide sulfurique et d'eau; plus récemment M. Dumas, guidé par des analogies nombreuses, y supposait l'existence du corps prove- nant de l'union directe de l'acide sulfureux et de l'acide hypoazotique. Des recherches nouvelles étaient devenues indispensables. »> Sans entrer ici dans le détail de mes expériences, il me suffira de dire que l'acide sulfureux et l'acide hypoazotique anhydres qu'on n'avait pu faire réagir jusqu'à ce moment, m'ont donné, à cet état , une combinai- son nouvelle dont les propriétés, intéressantes par elles-mêmes, le sont C. R., 18^0, am« Semestre. (T. XI, N° 5.) l6 ( 150 ) (>lus encore par le grand jour qu'elles jettent sur la nature des cristaux des chambres de plomb, -et par suite, sur la théorie de la fabrication de l'acide sulfurique. «Cette substance se dissout, en toutes proportions, dans l'acide sulfu- rique hydraté et donne dans des limites fort étendues des composés cristallisables. » On avait jusqu'ici regardé comme identiques les cristaux des chambres par cela seul qu'ils cristallisaient, tandis qu'ils sont réellement des mélanges en proportions variables de la substance anhydre et d'acide sulfurique hydraté. G'est ainsi qu'on peut se rendre compte de la divergence des résultats obtenus. » D'autres observations, que je ne puis pas développer ici , conduisent à penser que les cristaux blancs ne se forment jamais que sous l'influence de l'acide sulfurique, anhydre ou hydraté, et que l'eau, lorsqu'elle est libre, tend toujours à les décomposer. En partant de ces remarques, on est né- cessairement conduit à modifier la théorie généralement admise relative- ment à la formation de l'acide sulfurique ordinaire. L'explication nou- velle découle des faits et rend parfaitement raison de tous les phénomènes anciennement observés, » physique appliquée. — Sur les procédés électro-chimiques au moyen desquels on obtient, par la voie humide des moulages en cuivre. — Extrait d'une Note de M. Boqlillon. (Commission précédemment nommée.) Dans cette Note , l'auteur a principalement pour but d'établir qu'il est arrivé, par ses propres recherches, à la découverte de la méthode dont il a présenté à diverses reprises des produits à l'Académie. géométrie analytique. — Recherches sur les courbes du quatrième ordre bisy métriques ; première division B* <4\C; par M. Mogino. (Commissaires, MM. Poinsot, Sturm, Liouville. ) mécanique appliquée. — Note sur une presse mécanique à mouvement continu pour l'impression en taille-douce ; par M. Delhomme. (Commissaires, MM. Piobert, Séguier.) C 121 ) . ' - m i i .-j- J ' ■ r ■ mécanique appliquée. — 7 ableaux comparâtes des expériences Jaites avec lès anciens et les nouveaux appareils pour mesurer la vitesse des eaux courantes; par m. JLaignel. Os tableaux offrent les résultats, d'une part, des expériences faites sur la Seine par M. Laignel, avec l'app ireil qu'il a présenté à l'Académie dans une précédente séance, et de l'autre, des expériences faites sur 1W Rhin avec l'appareil communément en usage. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) MI.CANIQU*; appliquée. — Ff^aggons à un seul essieu pour les. chemins dejer. M. L mgnbl présente le modèle d'un système de waggons à ira seul essieu pour lequel il a obtenu, en juin i83<4, un brevet d'invention. Il fait remarquer qu'un système semblable à beaucoup d'égards, mais, suivant lui, moins parfait, est employé aujourd'hui avec succès sur le chemin de fer de Rirmingham, à Londres. (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour les waggons de M. Arnoux.) M. Malé , qui avait adressé au commencement de cette année le modèle et la description d'un système ^engrenage destiné à permettre aux voi- tures de remonter les pentes des chemins de fer, envoie un nouveau mo- dele qui parait se rapporter a sa première communication. . (Commission nommée pour l'examen des voitures de M. Arnoux.) mécanique appliquée. — Mémoire sur une machine à vapeur rotative à réactions successives produites par un même écoulement de vapeur; par M. Brunier. (Commission des machines à vapeur.) M. Dupuis propose pour la guérison du strabisme l'emploi de lunettes dont les verres seraient rendus oparpies dans la partie vers laquelle tend à se tourner l'œil dont la direction est vicieuse. (Commissaires, MM. Roux, Rabinet.) M. Schlesinger adresse des documents relatifs aux résultats qu'il a obtenus 16.. ( Ï22 ) de sa méthode de traitement pour les maladies des yeux, et demande que l'Académie veuille bien lui désigner des Commissaires à l'examen des- quels il soumettra les malades qu'il doit traiter par cette méthode. (Commissaires, MM. Roux, Babinet.) M. Léon Riant présente une Note relative à un nouveau système de pa- vage pour les rues des villes et les chaussées des grands chemins. (Commissaires, MM. Coriolis, Séguier.) M. Tissier envoie deux épreuves d'un nouveau système de gravures ty- pographiques sur pierre , obtenues par des agents chimiques. Il prie l'Aca- démie de vouloir bien se faire rendre compte de ce procédé. (Commissaires, MM. Piobert, Séguier.) M. Korilski adresse une suite à ses précédentes communications sur la météorologie. (Commission précédemment nommée.) M. d'Andelt adresse deux rognons de grès, dont l'un renferme un fruit fossile, et dont l'autre, qui semble ne contenir aucun débris organique, re- produit grossièrement la forme d'un jeune enfant. (M. de Blainville est prié de prendre connaissance de ces deux pièces.) M. Nicod envoie pour le concours au prix de Physiologie expérimentale, fondé par M. de Montyon , une Note intitulée : Études sur Vaérologie , troi - sième partie. M. Le vacher, conformément à une décision de l'Académie pour les con- cours relatifs aux prix Montyon, adresse l'analyse de son ouvrage intitulé: Guide médical des Antilles et des régions intertropicales. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. ) ( 123 ) - CORRESPONDANCE . M. le Ministre de l'Instruction publique adresse ampliation de l'Ordon- nance royale qui confirme la nomination de M. de Gasparin à la place va- cante dans la section d'Économie rurale, par suite du décès de M. Turpin. M. le Ministre de l'Instruction publique adresse également ampliation de l'Ordonnance royale qui confirme la nomination de M. Regnault à la place vacante dans la section de Chimie , par suite du décès de M. Robiquet. Sur l'invitation de M. le Président, M. Regnault, présent à la séance, vient prendre place parmi ses confrères. M. le Ministre de la Guerre invite l'Académie à lui présenter, confor- mément à l'article 17 de l'Ordonnance du 3o octobre i832, relative à l'organisation de l'École Polytechnique, un candidat pour la chaire d'Ana- lyse et de Mécanique devenue vacante à cette École par suite de la nomi- nation de M. Duhamel a la place d'examinateur permanent. La lettre de M. le Ministre de la Guerre est renvoyée aux deux sec- tions réunies de Géométrie et de Mécanique. M. Arago présente, de la part de M. de la Rive, un vase doré au moyen de ses procédés électriques. Grâce aux perfectionnements apportés à ces procédés par M. Bergeon, on obtient une dorure beaucoup plus épaisse et qui est très solide, comme le prouvent les résultats de l'épreuve à la- quelle ce vase a été soumis, à Paris, par un orfèvre à qui on l'avait donné à examiner. Le vase a été rougi au feu, jeté ensuite dans l'eau froide, et, après avoir été retiré de l'eau , il n'avait rien perdu de son éclat. physiologie. — Note sur la coloration artificielle des cocons. — Lettre de M. Bonafous. « Le procédé chinois qui consiste à répandre de la farine de riz sur les feuilles de mûrier données aux vers à soie, m'ayant conduit à. l'idée de substituer à cette farine nourricière quelque substance propre à pénétrer f 124 ) dans les vaisseaux séricifères de ces insectes, j'ai l'honneur de mettre sons les yeux de l'Académie des Sciences : » i°. Des cocons bleu verdàtre obtenus de vers alimentés avec des feuilles de mûrier saupoudrées d'indigo, durant le quatrième âge; » -j°. Des cocons légèrement colorés en rose, obtenus de vers nourris avec des feuilles saupoudrées de garance, pendant la même période. » Je désire, en faisant cette communication, que ce fait puisse fixer l'attention tout-à-la- fois des physiologistes et des personnes livrées à l'in- dustrie séricicole. » chimie. — Composés de la créosote. — Lettre de M. A. Laurent. « J'ai l'honneur de vous adresser, pour prendre date, le résumé d'un travail que je viens de terminer, sur une nouvelle série de composés dont la créosote paraît être le radical. Sa formule peut s'exprimer par C^H'-O-f-rl'O. Avec le chlore, elle donne d'abord de l'acide chlorophénésique, dont la composition se représente par C*4H+Cl80 -f- H»0. Le brome change la créosote en acide bromophénésique , dont la formule est OH*B60 + H'O. » La créosote et l'acide sulfurique donnent un acide sulfopbénique, ana- logue à l'acide sulfo-vinique. Avec l'acide nitrique, on obtient successive- ment trois acides cristallisés, dont quelques sels -détonent avec beaucoup de violence. » Postérieurement à l'envoi de cette Lettre, M. Laurent a déterminé la composition de deux des acides provenant de l'action de l'acide nitrique sur la créosote. Voici ses résultats qu'il a prié M. Pelouze de commu- niquer de sa part à l'Académie. « L'acide nitrophénasique est CMH6Os, aAza03. H'O; L'acide nitrophénésique C*H*CrS 3Az*03, H»0 » ( jM) physique. — Sur un appareil d'éclairage pour les microscopes destinés aux démonstrations dans les cours publics; — Extrait d'une Lettre de M. Donné. « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un petit appareil nouveau que je viens d'appliquer au microscope; appareil au moyen duquel je 'puis faire observer les objets microscopiques dans un amphithéâtre, aussi faci- lement qu'un professeur de botanique fait circuler une feuille de main en main , pendant qu'il en donne la description et sans que le nombre des élèves, quelque grand qu'il soit, y apporte aucun obstacle ; voici en quoi consiste cette nouvelle disposition : » Mes microscopes de démonstration portent leur lumière avec eux ; une petite lampe est placée dans une sorte de lanterne sourde qui s'adapte immédiatement au microscope de manière à éclairer convenablement le miroir réflecteur ; tout est d'ailleurs rendu fixe et immobile dans ces ins- truments , c'est-à-dire que l'objet est maintenu sur la platine par un petit compresseur, et qu'une fois le foyer trouvé, il est arrêté au moyen d'une vis de pression ; de telle sorte que les microscopes ainsi disposés avec leurs objets, peuvent être passés de main en main dans un amphithéâtre, sans que rien puisse être dérangé et sans que les élèves aient autre chose à faire qu'à mettre l'œil à l'oculaire , pour voir l'objet dont il est question. » Cet appareil rendra en outre l'emploi du microscope très commode dans certaines circonstances où il n'était pas facile d'en faire usage jusqu'ici, dans les hôpitaux par exemple, pour les études cliniques auxquelles il s'applique avec tant d'intérêt aujourd'hui. » M. Guanier propose de soumettre les céréales qu'on veut conserver à de certaines fumigations capables de détruire les insectes qui pourraient s'y trouver au moment où on les enferme. M. Granier adresse en même temps une Note ayant pour titre: tics rayonnements célestes et terrestres. M. E. Marti*, de Vervins, adresse un paquet cacheté; l'Académie en ac- cepte le dépôt. A 4 heures \ 1 Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures \. F. . ( 136) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie des Sciences; 2e semestre 1840, n°* i et 2, in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- vreul, Savary, Dumas, Pelouze, Boussikgault et Regnault; février 1840, in-8°. Journal de Mathématiques; par M. LiIouville; juin 1840. Annales des Sciences ruiturelles; fév. 1840, in-8°. Recherches sur l'ancienne Astronomie chinoise; par M. Biot. (Extrait du Journal des Savants.) In-8°. Bulletin delà Société de Géographie; 2e série, tome i3, in-8°. Dictionnaire des Sciences mathématiques pures et appliquées ; par M. de Montferrierj tome 3% supplément, in-4°- Traité théorique et pratique de l'art des Accouchements ; par M. Ca- zeaux ; in- 8°. Comice agricole de l'arrondissement de Moissac ( Tarn-et Garonne). — Assemblée générale du 20 avril 1840; Montauban, in-8". De la composition des prairies naturelles de l'arrondissement de Moissac; par M. A. Lagrèze-Fossat; Montauban, 1840, in-8°. De l'Eau froide appliquée au traitement des maladies; par M. Wertheim ; Paris, in-8°. Syphilis, poème en deux chants ; par M. Bahthélemy, avec des notes, par M. le DfGiraudeau de Saint-Gervais ; in-8°. Mémoire sur [emploi du Bain d'air comprimé associé à la gymnastique dans le traitement du rachitisme; par M. Pravaz; in-8*. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Médecine et de Chirurgie.) Mémoire sur l'application de la Gymnastique au traitement des Affec- tions lymphatiques et nerveuses; par le même; in-8°. (Adressé pour le même concours.) Histoire de la Grippe , a Lyon, en i83y. — Rapport demandé par la mairie de Lyon; rédigé par M. Gubiamj in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le Concours de Médecine et de Chirurgie.) Histoire de la Fièvre puerpuérale ; parM. Voillf.mier; in-8°. ( 127 ) A M. le Rédacteur en chef du Journal général de France; lettre par M. François; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 5, n" 18, in-8°. Revue critique des Livres nouveaux ; par M. Cherbuliez; 8e année, n° 7, in-8°. Recueil agronomique , industriel et scientifique. — Économie rurale. De la vaine pâture et des pâturages communaux ; par M. Pratbernon; in-8°. Mémoire d' A natomie pathologique , premier Mémoire ; par M. Mandl; in- 8°. Revue progressive d'Agriculture , de Jardinage; juill. 1840, in-8°. Journal des Connaissances médico- chirurgicales; juill. 1840, in -8", avec atlas du ier semestre; in-40. L'Enseignement, bulletin d'Éducation; par MM. Juixien et Hippeac; juillet 1840, in-8°. Le Technologiste , ou Archives des progrès de l'Industrie française et étrangère; j uillet 1 840 , în-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; juillet 1840, in-8°. Revue des Spécialités et des Innovations médicales et chirurgicales ; par M. Dcjval; juillet 1840, in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; juillet 1840, in-40. Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines; juin 1840, in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; mai 1840, in-8°. De l'emploi de l' Électro-Magnétisme dans les maladies des Nerfs; par M. Cervelleri; Naples, in-8°. Field'soutlines. . . . Esquisses de Philosophie analogique; par M. Field; 2 vol. in-8°. Reports on the .... Rapport sur les Poissons, les Reptiles et les Oiseaux de l'état de Massât hussets , publie conformément aux ordres de la législa- ture, parles Commissaires pour le relevé zoologique et botanique de cet état; adressé par M. Evehett; Boston, 1839, in-8". On the éléments. . . . Sur les éléments de la Lumière et leur identité avec ceux de la matière rayonnante et fixe ; par M. G. -H. Kyan; Lon- dres, i838, in -8°. Some Inquiries .... Recherches faites dans la province de Kemaon, re- C. R. 1840, 2m« Semestre. (T. XI, IN0 3.) I 7 ( «8 ) lalivement à la Géologie et autres branches des Sciences naturelles; par M, J. Mac Clelland; Calcutta, i835; in-8n. Reports of. . . Rapport d'un Comité charge de l'investigation des Houilles et autres ressources minérales de l'Inde; Calcutta, i838, in-8°. Report of . . . . Rapport du comité de Physique (y compris la Météoro- logie) de la Société royale de Londres, sur les objets des recherches scienti- fiques dans cette science; Londres, 1840, in-8°. Proceedings. . . . Procès-Verbaux de la Société géologique de Londres ; vol. 3, n° 67 (22 janv. — 5 fév. 1840), in-8°. Proceedings. . . . Procès-Verbaux de la Société royale d'Irlande ; n" a3 (11 mai — 25 mai 1840), în-8°. Proceedings.... Procès- Verbaux de la Société philosophique améri- caine; vol. Ier (mars et avril 1840), in-8°. The London . . . Journal et Magasin philosophique de Londres et d'Edim- bourg; juin 1840» in-8°. The Athenaeum, journal; n° \%, mai 1840, in-40. Astronomische . . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacheh; n°' 404 et 4<>5. Bericht uber. . . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin, et destinés a la publication; avril 1 840, in-8°. Gazette médicale de Paris; n" 28 et 29, in-40. Gazette des Hôpitaux , n° 80 — 85, in-fol. L'Esculape ; journal des Spécialités , n° 38 — 4° Gazette des Médecins praticiens; n° 54 — 57. L'Expérience , journal; n0' 1 58 et 1 59. Programme des Prix proposés par la Société industrielle de Mulhouse, pour 1841 ; in-8°. Extrait du Programme de la Société hollandaise des Sciences , à Har- lem, pour l'année 1840; -§• feuille. Errata. (Séance du 6 juillet.) Page a3, ligne II, au lien de qui communique indirectement avec la mer, lisez qui évacue ses eaux ligne 12, dans l'étang de Rassuen, lisez dans l'étang d'Engienier ligne 23, au lieu de 200 mètres, lisez 900 mètres. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 27 JUILLET 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. Observations sur la présence de sables aurifères dans le gisement de la galène de Saint Santin-Cantalès (Cantal) et sur le gisement des sables aurifères en général; par M. Becquebel. « Le traitement électro-chimique de la galène argentifère et aurifère de Saint-Santin-Cantalès, dont l'étude m'occupe constamment depuis deux ans, m'a mis à même de faire des observations sur la composition du mi- nerai qui la renferme, lesquelles sont de nature à jeter quelque jour sur le gisement des sables aurifères; mais, avant de les exposer, je rappelerai ce que nous savons sur ces derniers. » Les roches qui renferment de l'or se trouvent dans les terrains primi- tifs, de transition, trachy tiques , ou en général dans les terrains volcani- ques anciens. Mais la pjus grande partie de l'or versé dans la circulation, provient du lavage de sables aurifères ou de dépôts d'alluvion, dus à la dé- composition de roches aurifères dont le gisement n'est pas connu. » Dans les terrains primitifs, l'or est en filons ou disséminé, soit dans C. R. 1840, a"" Scmcstie. (T. XI, N°4.) > 8 ( i3o) le quartz hyalin , le silex corné; soit dans le jaspe sinople, le calcaire spa- thique, etc. Les minerais qui l'accompagnent sont: le fer pyriteux massif ou cristallisé, intact ou altéré, comme à Macugnaga , en Piémont; le cuivre pyriteux , la galène , la blende , le mispikel , le cobalt gris , le manganèse lithoïde, le tellure natif, la malachite , l'argent sulfuré, l'antimoine sulfuré. » Les roches qui renferment les différents gites d'or, sont : le granité , comme dans l'Oundès, au Thibet, le gneiss, le micaschiste, le schiste argileux et le schiste luisant ( minas geraes ) , la syénite, la diabase, l'amphibolite, le calcaire saccharoïde, le porphyre ou l'euryte porphy- roïde, etc., etc. » L'or, qui est toujours à l'état métallique dans ces terrains, est en petits grains, en paillettes ou en cristaux. On a remarqué (et le fait est important pour le sujet que je traite ) que les filons aurifères de Guanaxuato , de Real-del-Monte, sont analogues à ceux de Schemnilz, en Hongrie, tant sous le rapport de la roche encaissante, qu'en raison de la nature des minerais qu'ils renferment et des roches qu'ils parcourent. » J'ajouterai que ces terrains présentent des indices d'origine ignée. Quoique l'or se trouve dans les différents terrains que je viens d'indiquer, néanmoins il est beaucoup plus abondant dans les terrains d'alluvion, qui forment souvent des plaines immenses; ces terrains sont composés de sables siliceux, argileux et ferrugineux, et renferment très fréquem- ment, comme en Sibérie, du fer oxidulé, du fer titane, des petits grains de rubis, de corindon, de spinelle, etc. L'or s'y montre toujours à l'état de paillettes ou de pépites dont le poids varie depuis plusieurs kilogrammes jusqu'à quelques milligrammes. Diverses opinions ont été émises sur le gisement primitif des sables aurifères et des substances qui composent les terrains d'alluvion. » On a avancé d'abord que l'or avait été enlevé des roches ou filons par les eaux qui les traversent; mais on a objecté à cela: » i°. Qu'il ne pouvait en être ainsi, attendu que le sol des plaines où coulent les ruisseaux renferme, jusqu'à une certaine profondeur, des pail- lettes ou pépites d'or que l'on peut retirer par le lavage; » a0. Que le lit des rivières aurifères renferme plus d'or après les pluies d'orage , qui ont lavé les plaines environnantes , que dans tout autre temps; » 3°. Que l'on ne trouve l'or, la plupart du temps, que dans un espace très circonscrit du cours de ces rivières, de sorte qu'il n'y en a aucune trace en remontant vers la source. ( '3i ) » Les considérations suivantes ne doivent pas être négligées dans l'exa- men des sables aurifères : ces sables sont en général noirs ou rouges , selon la quantité de fer qu'ils renferment; ce qui porte à croire que les pyrites renfermées dans les roches, en se décomposant, ont mis l'or à nu. Les terrains d'alluvion aurifères présentent très fréquemment tous les carac- tères de la formation basaltique. On a remarqué, en effet, que la Sèze et le Gardon, rivières aurifères de l'ancien Dauphiné, donnent le plus d'or dans les endroits où elles coulent sur un terrain provenant de la destruc- tion des roches basaltiques : les sables de ces rivières renferment les di- verses gemmes indiquées précédemment. » Il existe en outre des montagnes composées de granité ou de gneiss, comme dans l'Isère, dont tous les sulfures métalliques renferment de l'or. Suivant M. Héricart de Thury, on trouve en effet ce métal dans la galène de Portrand , l'antimoine sulfuré d'Auris, le cuivre pyriteux de la Co- chette, etc. » Tels sont les principaux documents que l'on a recueillis jusqu'ici sur le gisement des minerais d'or et que j'ai cru devoir rapporter, afin d'établir leur relation avec les observations que je vais présenter. » La galène argentifère et aurifère de Saint-Santin-Cantalès se trouve en filons dans une montagne formée, ainsi que le sol de la contrée envi- ronnante, d'un micaschiste renfermant çà et là des rognons de quartz. La direction générale des couches paraît se rapprocher de la ligne nord-sud; elles plongent sous un angle moyen de 45°, et présentent de grandes irré- gularités sous le rapport de leur direction et de leur inclinaison. » Le micaschiste, au village de Cazaret, est recouvert de prismes basal- tiques que l'on trouve presque sans interruption sur les plateaux environ- nants, et qui disparaissent au loin vers l'est, sous les sables et les calcaires des environs d'Aurillac. » De nombreuses recherches ont déjà été faites pour reconnaître, sur une assez grande étendue, la direction des filons, veines ou veinules qui sillonnent en tous sens la montagne de Cazaret. » Sans entrer dans l'examen des travaux exécutés, je m'attacherai parti- culièrement au gisement du moulin de Cazaret. La substance qui en forme la partie principale est un schiste argileux bleuâtre, à feuilles contournées dans tous les sens, et entre lesquelles se trouve fréquemment du quartz translucide en rognons ou en masse aplatie. » C'est au milieu de ce schiste que se trouve la galène qui est accompa- gnée de blende, de pyrites un peu cuivreuses et d'une très petite quan- 18.. ( i3a ) tité d'or. La galène est tantôt réunie en petites masses , tantôt disséminée en veinules irrégulières plus ou moins continues qui finissent par se perdre dans le schiste; aussi trouve-t-on des amas assez considérables de cette dernière substance qui ne renferment que des traces de galène, qui est pres- que toujours à petites facettes brillantes; quelquefois cependant son grain est d'une ténuité extrême et sa cassure est comme terreuse. » Les pyrites et la blende sont en général peu abondantes, et on ne les aperçoit bien que dans les schlammes provenant du lavage des minerais. » Cette galène a une forte teneur en argent, puisqu'elle est d'environ ok,45o par quintal métrique de plomb, terme moyen. » L'étymologie d'Aurillac (auri lacus ) m'ayant fait supposer que l'ar- gent devait renfermer de l'or, j'ai traité, par les moyens ordinaires, i3g,4° d'argent obtenu dans un essai, et j'en ai retiré 08,016 d'or, c'est-à- dire environ un millième et quart du poids de l'argent. » Depuis l'époque où cet essai a été fait, j'ai cherché tous les moyens possibles de retirer cette faible quantité d'or, sans avoir recours à l'affinage. Voici celui qui m'a le mieux réussi: » Le traitement électro-chimique pour retirer l'argent et le plomb, exige au préalable on grillage à basse température et une mouture, après quoi l'on retire successivement et avec facilité le plomb, l'argent, et même un peu de cuivre, suivant les principes que j'ai exposés dans une lecture faite à la séance publique des cinq Académies, le 2 mai 1 838. Il ne reste plus ensuite dans le minerai que la gangue, dans bu grand état de division et qui n'est que la moitié environ du poids du minerai, et l'or. » Désirant connaître la nature de cette gangue, et dans quel état se trou- vait l'or, j'ai fait laver 100 kilogrammes de résidu provenant d'environ aoc kilogrammes de minerai renfermant 3o p. 100 de plomb. » On a retiré par ce lavage un autre résidu pesant environ 2 kilogrammes, lequel, soumis à un second lavage exécuté avec beaucoup plus de soin que le premier, a donné un troisième résidu qui renfermait 0,000 1 5 d'or, c'est-à-dire 1 5 grammes par 100 kilogrammes. » Il ne restait plus à reconnaître que la nature de la gangue, qui accom- pagnait l'or dans ce dernier résidu; en l'examinant à la loupe, je ne tardai pas à y reconnaître toutes les gemmes et autres substances qui composent ordinairement les sables aurifères d'un grand nombre de localités, et dont le gisement primitif n'est point connu. » Le filon du moulin de Cazaret, près du village de Saint-Sanlin-Cantalès , nous offre donc un gisement de ces sables aurifères, attendu que les derniers ( »33) résidus provenant du lavage du minerai après le traitement électro-chi- mique, ont le même aspect et la même composition que les sables aurifères que l'on trouve en divers lieux du globe. La présence de coulées basalti- ques qui sillonnent les montagnes du Cantal, donne encore plus de force à ce rapprochement, puisque les sables aurifères en général se trouvent dans des contrées où existent des traces d'anciennes formations vol- caniques. » Les observations précédentes m'ayant paru avoir de l'importance pour la géologie, j'ai cru devoir consulter M. Dufrénoy, qui a une grande habi- tude des examens microscopiques de sables renfermant un grand nombre de substances minérales. Cet habile minéralogiste a confirmé l'exactitude de mes observations. Voici le résultat de l'examen que nous avons fait en- semble. » Après avoir enlevé avec le barreau aimanté une quantité assez considé- rable de fer magnétique, qui se trouvait en petits fragments anguleux, n'ayant aucun caractère de transport, probablement parce qu'il avait été réduit en poussière par le grillage à basse température, on a reconnu dans le sable, avec le microscope et même avec une simple loupe: » i°. Du quartz hyalin en grains roulés et en grains anguleux., formant à peu près le tiers du sable; » 2°. Du quartz agate de filon , gris clair, translucide, tantôt esquiieux, tantôt caverneux , et, pour mieux dire, haché: cette substance est plus abondante que la première ; » 3°. Une matière brune métalloïde, caverneuse, provenant de la cal- cination des pyrites ou du fer arsenical lors du grillage ; » 4°- I*u fer arsenical blanc, ayant l'éclat métallique et une cassure unie et brillante; a 5°. Des fragments de pyrites, d'un jaune franc, qui ne paraissent pas être aurifères; » 6°. Des substances vitreuses, brunes, analogues au grenat, au zircon et au spinelle; mais on est porté à croire que le grenat s'y trouve en plus grande quantité; » 70. Quelques parties blanches, opaques, à cassure assez plate, pas assez lamelleuses pour du feldspath, mais ayant cependant de l'analogie avec ce minéral et surtout avec l'albite ; <> 8°. Quelques fragments hyalins de quartz, d'un gris jaunâtre; » 90. D'autres, d'un jaune plus prononcé, ayant tous les caractères de la topaze. On est parvenu même à en extraire un cristal : ( i34) » io°. Quelques grains d'un bleu très clair qu'on a également retirés des sables et paraissant appartenir au corindon; ils sont allongés, roulés, et ont de l'analogie avec les télésies roidées ; » ii°. Plusieurs petits fragments cristallins, d'un très beau vert, qui appartiennent indubitablement, en raison de la couleur et du clivage, à l'émeraude; » 12°. De l'or, à l'état de paillettes, de lamelles, de petites pépites roulées que l'on peut extraire avec des pinces. On a reconnu également plusieurs morceaux de quartz auxquels adhéraient encore des lamelles d'or. » Pour établir l'identité parfaite qui existe entre les derniers résidus de la galène de Saint-Santin et les sables aurifères, en général, je dirai qu'ils sont noirâtres comme ces derniers, et qu'ils ont absolument le même, aspect. » Il est probable que les filons nombreux des environs de Saint-Santin qui ont été explorés par la compagnie concessionnaire du Cantal, ont une composition analogue. » Je laisse maintenant aux géologues à tirer telles conséquences qu'ils, jugeront convenables des faits que je viens d'exposer, faits qui prouvent incontestablement l'existence des sables aurifères dans un filon de galène, et qui se reproduiront très probablement dans d'autres minerais traités par le procédé électro- chimique, attendu que ce procédé dégageant la gangue et l'or des métaux qui peuvent être réduits à l'état métallique par l'action des courants électriques, permet de reconnaître dans quel état se trouvent la gangue et l'or, avantages que l'on n'a pas en traitant les minerais par la voie sèche. » M. Pohcklet, en faisant hommage à l'Académie d'un exemplaire du Mémoire sur la stabilité des revêtements et de leurs fondations (i), qu'il vient de publier dans le i3me numéro du Mémorial de V officier du Génie , s'exprime en ces termes : « Ces recherches, qui m'ont occupé pendant plus de quatre années, à cause des calculs numériques et du grand nombre des applications qu'elles renferment, ont pour objet l'une des questions les plus importantes de la science des constructions, et, on peut le dire, l'une de celles qui offrent le plus d'intérêt à une époque où tant de grands travaux sont entrepris en (i) Ce Mémoire, de 270 pages in-8°, est accompagné de 5 planches. ( '35) France. L'économie considérable qu'elle peut apporter dans l'exécution de ces travaux , en a fait , depuis près de deux siècles , l'objet favori des études des ingénieurs civils et militaires; mais, avant le maréchal de Vauban, c'est- à-dire dans un temps où l'on connaissait à peine la théorie du coin et du plan incliné, la construction des murs de soutènement n'était soumise à aucune règle fixe, et chaque ingénieur se laissait diriger par l'exemple de ses prédécesseurs, s'il ne s'abandonnait entièrement aux chances du hasard. » Frappé du défaut de proportions des ouvrages existants lors de ses pre- miers travaux, Vauban créa la règle connue des ingénieurs, sous le nom de profil général, règle à laquelle il s'est conformé dans l'établissement de tous les grands ouvrages militaires exécutés, avec un rare succès, sous sa direction. Cette règle, n'étant accompagnée d'aucune démonstration ma- thématique, devint, peu après sa mort, l'objet des critiques des ingénieurs qui essayèrent de fonder les bases de la théorie de la poussée des terres, et parmi lesquels il me suffit ici de citer les noms célèbres de Couplet, de Bélidor et de Gauthey. Tous refusaient, au profil général le caractère ma- thématique qui peut seul inspirer la confiance, même aux constructeurs les plus entachés d=empirisme, les plus disposés à dénier les bienfaits et l'utilité de la science. » Cependant, comme l'adoption de ce profil avait assuré la stabilité d'une infinité d'ouvrages militaires construits sous le règne de Louis XIV, il ne fut jamais entièrement abandonné, et servit presque toujours, du moins dans ses moyennes proportions , de point de comparaison ou de type aux nouvelles règles appuyées, fort souvent, sur des données physiques ou mathématiques peu sûres. Si quelques-uns accordaient à ce profil le mérite d'être le fruit d'une longue expérience, d'autres le supposaient principa- lement dérivé de considérations militaires qui avaient conduit Vauban à exagérer, outre mesure, les épaisseurs de maçonnerie, surtout pour les faibles hauteurs: préjugés également démentis par l'explication qui accom- pagne le profil général et les opinions émises par l'auteur, dans son Traité de la défense des places, mais que les savantes recherches de Coulomb, de Prony et de Français, ne firent, en dernier lieu, qu'enraciner davantage, à cause du désaccord , plus apparent que réel , entre le résultat des nou- velles théories et les règles indiquées par ce même profil. » Je fais voir dans l'un des chapitres du Mémoire que j'ai l'honneur d'of- frir à l'Académie, que la difficulté d'expliquer le système de construction adopté par l'illustre maréchal, auquel on doit également des règles pré- ( '36) cieuses sur l'établissement des voûtes (i), sur la charge des fourneaux de mines, sur le tir à ricochet, et tant d'autres inventions heureuses relatives à l'attaque et à la défense des places, provient principalement de la nature des considérations physiques qu'il a mises en usage pour fixer l'excédant d'épaisseur nécessaire aux maçonneries, afin de leur assurer, contre les diverses chances d'accident, un degré de stabilité suffisant et qui ne peut, en aucune manière, faire l'objet du calcul mathématique. L'hypothèse ad- mise par Vauban, d'une surépaisseur de maçonnerie ou surcharge de terre constante, parait, en réalité, plus conforme aux conditions fondamentales de la question que celle par laquelle on donne, de nos jours, aux murs de soutènement, des excédants d'épaisseur ou de stabilité qui croissent indéfi- niment avec la hauteur, comme si les causes destructives devaient elles- mêmes croître dans cette proportion. » Au surplus, le principe de stabilité qui sert de fondement et d'expli- cation au profil général, est, en lui-même, assez naturel pour qu'il ait été soupçonné par quelques anciens ingénieurs, et que Couplet en ait fait la base d'une théorie de la poussée des terres, insérée parmi les anciens Mémoires de' V Académie des Sciences, pour 1727. Mais la complication des calculs et l'imperfection des théories de ces auteurs, étaient peu propres à mettre la chose dans son véritable jour et à en faire adopter la conséquence par les constructeurs; désormais, je l'espère, elle paraîtra in- contestable, et, en voyant la justification mathématique de la règle qui nous a été léguée par Vauban , on demeurera pénétré d'une plus profonde admiration encore pour la mémoire de ce grand homme. Ce qui contribuera surtout à rehausser, aux yeux des membres de cette Académie, l'estime due a son génie, c'eét de voir que, pour mettre en évidence l'exactitude de cette règle, il ait fallu recourir à des calculs beaucoup plus compliqués, plus exacts que ceux qui furent mis en usage, même par des savants tels que Coulomb, Prony et Français. Ce n'est en effet, qu'après avoir dressé fort laborieusement une table régulière des épaisseurs de revêtements, (1) Ces règles se trouvent consignées dans le tome I" des Oisivetés du maréchal de Vauban , actuellement en la possession de M"" la baronne de Valazé, veuve du lieute- nant-général du génie de ce nom. A une époque où le Gouvernement fait imprimer, à grands frais, beaucoup d'anciens manuscrits inoins importants peut-être par leur objet, il serait à propos de songer à publier une partie, au moins, de ceux que nous a trans- mis le plus grand, le plus infatigable ingénieur des temps modernes, sur une foule de questions qui intéressent à un baut degré l'histoire , les arts et la législation. ( '37 ) d'après une équation du sixième degré, qui tient compte de la forme réelle des surcharges déterre et de circonstances négligées dans la solution de ces auteurs, qu'il m'a été possible d'apercevoir que le profil général s'accor- dait avec les données mathématiques de la question, du moins dans l'é- tendue des applications usuelles, et quand on se borne à considérer le cas des terres et des maçonneries auxquelles tous les ingénieurs, à dater de Vauban, ont appliqué improprement la dénomination de terres et maçon- neries mojennes. » Si la règle dont il s'agit pèche en quelque point, c'est, sans contredit, dans l'hypothèse , purement gratuite, relative au talus naturel des terres et au rapport de leur densité à celle des maçonneries, bases essentiellement variables de tout calcul. Mais les travaux de Vauban sont là pour prouver qu'il savait à quoi s'en tenir à cet égard, et l'on serait d'autant moins fondé à lui en faire un sujet de reproche , que la plupart des ingénieurs se con- tentent, aujourd'hui même et fort à tort suivant nous, d'appliquer, dans ces hypothèses souvent inexactes, les formules établies sur les théories qu'ils considèrent comme les plus rigoureuses et où ils négligent d'ailleurs, avec de justes raisons, la cohésion des terres, dont l'action, purement vir- tuelle, cesse après les instants qui suivent le premier ébranlement, et peut se modifier par l'influence de diverses causes accidentelles. » Coulomb , dans son Mémoire inséré au Recueil des Savants étrangers pour 1773, s'était principalement occupé du cas particulier où l'on sup- pose les terres arasées de niveau avec le sommet du mur, et cette solu- tion, fondée sur la considération du prisme de plus grande poussée, reçut ensuite, pour le cas où l'on tient compte de la cohésion des terres, les plus heureuses simplifications de la part de MM. de Prony et Français, dont le dernier étendit même cette solution au cas des revêtements à parement inté- rieur en talus. Le fait est que, dans la plupart des constructions civiles et militaires, les remblais adossés aux murs ont des formes et un relief qui ne permettent pas de ramener les résultats aux formules élégantes dont il vient d'être parlé, sans introduire dans la question, des hypothèses qui les privent du caractère d'exactitude désirable , même sous le point de vue des applications à l'art de l'ingénieur; et je dois à la justice de dire que, sans la nouvelle extension donnée à la théorie par M. le colonel du génie Audoy(i), pour le casdes fortes surcharges de terre ou des demi-revêtements , je n'eusse (1) Notes des pages 349 et suiv. du 1 ie N° du Mémorial de l'officier du Génie , i832. C. R. , 1840 , 2me Semestre. ( T. XI , N» 4.) 1 9 -., ( i38 ) peut-être pas songé à entreprendre ces recherches , dirigées d'abord vers un but plutôt pratique que théorique. » D'un autre côté, la complication des nouvelles formules qui servent à trouver le moment ou le point d'application de la poussée , eût empêché d'en apercevoir l'utilité immédiate, si, après diverses transformations, je ne les avais réduites en tables et remplacées par des formules d'interpola- tion très simples , en quelque sorte manuelles et suffisamment exactes pour les circonstances ordinaires. C'est principalement là l'objet que je me suis proposé dans la première section du Mémoire, où je me suis aussi occupé de la possibilité du glissement sur les assises de maçonnerie, de la transfor- • mation des profils de murs en profils équivalents ou de même stabilité , question d'une solution et d'un calcul, à la vérité, très faciles quand rien n'est changé dans les hypothèses relatives au mode d'application des terres, mais sans la simplification de laquelle il eût peut-être été difficile de dé- couvrir les véritables fondements et l'exactitude de la règle du maréchal de Vauban , dont l'exposition fait l'objet des derniers paragraphes de cette première section. » Ce n'est pas qu'au surplus, je veuille ici prétendre que cet illustre mem- bre de notre ancienne Académie, soit parvenu au profil général qu'on lui doit, par une géométrie savante et des considérations physiques délicates, telles que celles mises en avant par l'esprit ingénieux de Coulomb; bien loin delà, je prouve qu'il a pu y arriver par les moyens les plus simples, et en s'aidant de quelques-unes des indications de l'expérience, comme l'a l'ait, après lui, l'estimable et laborieux Bélidor, dans un ouvrage bien connu de tous les ingénieurs. » Malgré l'extension donnée à la théorie de la poussée des terres par les formules de M. Audoy, elles restaient inapplicables à un grand nombre de circonstances qui se présentent fréquemment dans la pratique : par exem- ple , elles supposaient le parement intérieur du mur vertical; le massif du remblai, en surcharge, limité, vers le sommet, par une horizontale, et laté- ralement par une ligne à pente tout au moins aussi raide que celle du ta- lus naturel des terres; elles faisaient abstraction du frottement de celles-ci contre la maçonnerie, etc. J'ai consacré la deuxième section du Mémoire à la solution des divers problèmes qui réclament cette nouvelle extension. Mais ayant aperçu , par les précédentes recherches, combien peu les for- mules algébriques sont appropriées à la nature générale de pareilles ques- tions, surtout celles qui expriment le moment de la poussée , et dépendent essentiellement de la quadrature d'espaces limités par des arcs disconti- ( i3g) nus d'hyperboles; sachant d'ailleurs l'invincible répugnance de la plupart des ingénieurs à se livrer à de longs calculs, j'ai essayé d'y substituer la voie purement géométrique, et cette tentative m'ayant réussi au-delà de ce que j'avais d'abord espéré , j'ai été encouragé à étendre ce moyen de so- lution à beaucoup d'utiles et délicates questions, parmi lesquelles il me suffira de citer les principales de celles qui font l'objet de la troisième partie du Mémoire, relative à la stabilité des fondations, et qui réclamaient l'ex- posé d'une importante théorie, jusqu'ici à tort négligée par les ingénieurs : celle de la butée des terres ou de la résistance qu'elles offrent à leur soulè- vement, à leur déplacement latéral. » Tous ceux qui ont quelque expérience des constructions, savent que les nombreux accidents survenus aux murs de soutènement des remblais, proviennent, en général, moins du défaut de stabilité des parties supé- rieures, que de celui du sol sur lequel elles se trouvent assises. Or M. Français et, après lui, feu notre confrère M. Navier, préoccupés sur- tout de la compressibilité de ce sol , avaient uniquement cherché à satis- faire à la condition que la résultante du poids des maçonneries et de la poussée des terres passât par le centre de gravité de la base des fonda- tions; condition déjà antérieurement indiquée par M. de Lambel, ancien directeur des fortifications, mais dans l'application de laquelle on négli- geait complètement l'influence de la poussée ou de la butée sur les faces, antérieure et postérieure, des parties en fondation : je montre, dans ce Mémoire, comment il convient d'avoir égard à l'influence de ces forces et de la forme générale du remblai. » A l'égard de la composante horizontale de la poussée, qui tend à pro- duire le glissement sur la base des fondations quand la butée antérieure et le frottement sont insuffisants pour y mettre obstacle, on laissait aux constructeurs le soin de la détruire par des moyens d'art particuliers, et l'on s'inquiétait si peu de cette possibilité du glissement, qu'afin de Satis- faire plus économiquement à la condition de stabilité relative au renverse- ment, on avait terminé la retraite antérieure des fondations, par une face en talus, qui lui faisait remplir les fonctions d'un véritable coin ou soc de charrue. » Les événements déjà anciens, survenus à Ypres, à Bergues, à Cassel et dans beaucoup d'autres localités, avaient néanmoins démontré la né- cessité de s'occuper de la question du glissement, et la sagacité admirable du maréchal de Vauban lui en avait, depuis long- temps, fait deviner le principal moyen de solution , comme je l'établis dans mon Mémoire, en 19.. ( i4o) rapportant divers projets de constructions ou profils, signés de la main de cet ingénieur, et dont je dois la communication à M. A. de Caligny, l'un des descendants des anciens directeurs de fortifications de ce nom, connu de l'Académie par diverses recherches sur le mouvement oscillatoire des liquides. Ce moyen fort simple consiste dans l'approfondissement des fon- dations sous une hauteur telle que la poussée du remblai soit neutralisée par la butée du terrain naturel; question facile à soumettre au calcul, qui permet aussi de découvrir l'état de stabilité du sol inférieur, les mouvements de glissement ou de soulèvement qui tendent à s'y établir et contre les- quels les pilots et palplanches, les bermes et risbermes , \es platées géné- rales, les éperons ou contreforts-butants , n'apportent fort souvent qu'un remède peu efficace, et dont les successeurs de Vauban ont parfois abusé au détriment des finances de l'Etat. » J'ai fait voir, dans cette dernière partie du Mémoire, comment on peut aborder, par l'analyse ou la géométrie, les différentes questions qui se rapportent à la résistance offerte par ces moyens artificiels de consolida- tion, auxquels j'en ajoute uni dernier, qui consiste dans l'emploi de massifs comprimants, pour le cas où il y a risque de soulèvement du sol des fon- dations, doué alors d'une sorte de fluidité. J'ai également tenté de soumettre au calcul l'influence que peut avoir, sur la stabilité, une épaisse couche de sable , placée sous les fondations d'après la méthode suivie en dernier lieu à Bayonne, et adoptée depuis un temps immémorial dans la ville de Surinam. Cette recherche m'a conduit à examiner le mode de transmission des pressions exercées à la surface supérieure des terres, les arcboute- ments ou décharges souterraines qui en résultent , etc. , et peut-être ne sera-t-il pas inutile d'ajouter que plusieurs des résultats auxquels je suis parvenu, dans cette section , se trouvent confirmés par les données immé- diates de l'expérience. » Enfin , les lecteurs trouveront , dans une Note additionnelle , les for- mules analytiques qui permettent de calculer directement et de comparer entre elles, les intensités de la poussée et de la butée , pour les principaux cas traités géométriquement dans le texte de l'ouvrage, formules qui pa- raîtront, en elles -mèjnes, assez simples, si l'on a égard à l'état de compli- cation des questions auxquelles elles se rapportent. » ( i4> ) ' ■ physique. — Observations sur la nouvelle méthode thermographique de M. Herschel, et sur son application au spectre solaire ; par M. Melloni. I « L'Académie a reçu , dans sa dernière séance, un Mémoire de M. Hers- chel, extrait des Transactions philosophiques de cette année, et intitulé: « On the chemical action of the rays of the solar spectrum ; on prepara- » tion of silver and other substances both metallic and non metallic, and » on some photographie processes (i). » » Les notes I et III, placées à la fin de ce Mémoire, contiennent la des- cription du procédé suivant, pour rendre visible le spectre calorifique, au moyen d'une espèce de tracé thermographique. » M. Herschel prend une feuille de papier très mince ; il la noircit d'un côté en la faisant passer à plusieurs reprises sur une flamme fumante; et après l'avoir tendue sur un châssis, il la mouille du côté blanc avec de l'alcool rectifié, et il expose ce même côté à l'action du spectre solaire : les points de la surface mouillée où frappent les rayons calorifiques sèchent avant les autres, et indiquent ainsi transitoirement les températures cor- respondantes par l'apparition de taches plus ou moins claires. » En appliquant ce procédé à des spectres produits par une combinaison de pritmes et de lentilles qui donnait une grande vivacité aux rayons incidents sur le papier, il a obtenu des faits qui me semblent fournir une nouvelle preuve de la théorie que j'ai adoptée sur la diathermansie du verre. Avant d'entrer en aucun développement à cet égard, je me permet- trai quelques observations critiques sur la méthode de mesure employée par M. Herschel : j'espère que l'illustre astronome voudra bien me les par- donner, car elles sont dictées par le plus pur amour de la science. » i°. Comment peut-on admettre que les différents rayons du spectre sont tous également absorbés par la surface blanchâtre du papier mouillé? n'est-il pas probable, au contraire, que les rayons supérieurs soient moins absorbés que les rayons inférieurs (2) ? Je dis plus : il est extrêmement (1) Philosophical Transactions for 1840, lst part. (2) Je suppose l'axe du prisme horizontal et l'ouverture de l'axe réfringent tournée vers le ciel, de manière à ce que les éléments de la radiation prismatique occupent sur le papier, disposé verticalement, une place d'autant plus élevée, qu'ils sont plus réfrangibles-. ( »4> ) „ probable que les choses se passent réellement ainsi. En effet, si l'on explore la distribution de la chaleur dans le spectre solaire avec un ther- momètre à réservoir blanchi, on trouve le maximum de température d'autant plus bas que la teinte du réservoir est plus claire. Un thermo- mètre noirci donne la plus haute position du maximum. Or, le noir de fumée est le seul corps qui absorbe avec la même intensité toute sorte de rayons calorifiques: on l'a supposé jusqu'à présent, mais je tâcherai de le prouver dans un Mémoire que je compte lire sous peu à l'Académie: la marche descendante du maximum de température, lorsqu'on emploie les thermomètres à teinte de moins en moins foncée, indique donc que dans le cas d'une surface non couverte de noir de fumée, les rayons plus réfrangibles du spectre éprouvent une absorption inférieure à celle que subissent les rayons moins réfrangibles. Donc les échauffements des divers points du papier mouillé à couleur laiteuse, et par suite les quan- tités respectives d'eau évaporées, et les degrés de sécheresse, ne repré- sentent pas les intensités relatives des divers éléments qui entrent dans la composition du rayon solaire, et ne sauraient être considérés comme un mode exact de leur évaluation comparative. » 2*. La chaleur acquise par les points du papier qui sont soumis à l'action des radiations calorifiques, doit nécessairement se" communiquer par conductibilité aux points environnants ; en sorte que le dessécheme nt accéléré se produira aussi dans certaines parties de la surface où ne frappe aucun rayon du spectre. Il en résulte : i° que les impressions thermo- graphiques seront toujours plus grandes que celles de leurs rayons géné- rateurs ; i° qu'un faisceau de rayons compris entre deux lignes parallèles, et doué d'une intensité décroissante île l'une à l'autre extrémité, ne don- nera pas sur le papier sensitif de M, Herschel une bande de même fi- gure, mais un espace limité par deux lignes convergentes vers le côté soumis aux rayons de moindre énergie ; 3° que l'impression tracée par une bande de rayons de même intensité produira un renflement plus fort au centre, et se rapprochera plus ou moins de la figure circulaire selon l'énergie du faisceau calorifique et le rapport existant entre ses deux prin- cipales dimensions. En effet , les parties de papier correspondantes au centre du faisceau doivent s'échauffer bien davantage que les portions extrêmes, puisque ces dernières ont un contact plus étendu avec la ma- tière froide environnante : donc le foyer de propagation sera plus intense dans le premier cas que dans le second ; la chaleur de conductibilité par- viendra à une distance plus ou moins grande selon qu'elle partira du ( i43 ) centre ou des extrémités ; le dessèchement suivra la même voie : et la bande se convertira dans un espace ovale ou circulaire, comme nous l'avions annoncé. » M. Herschel trouve la distribution des températures dans le spectre solaire analogue à celle qui a été assignée par le plus grand nombre de physiciens qui se sont occupés de cette étude : seulement les premières traces calorifiques sensibles ne commenceraient pas à l'extrémité violette, mais entre l'indigo et le bleu. Ceci semblerait indiquer que la nouvelle méthode thermographique de M. Herschel est inférieure en sensibilité aux procédés thermométriques ordinaires; car, en employant un appareil composé de plusieurs thermomètres à petit réservoir, M. Bérard a bien vu le premier, je crois, que l'action calorifique, nulle au-delà de la limite de plus grande réfrangibilité, se montre cependant d'une manière distincte avec l'apparition des premiers rayons violets. » Quant au maximum de température, M. Herschel le place dans l'espace obscur, au-delà des rayons rouges, un peu plus loin de la dernière limite visible du spectre que ne l'avait trouvé son père dans les mêmes circons- tances. Il me paraît fort probable que cette différence provient de la cause indiquée dans notre première observation. » La planche qui accompagne le Mémoire de l'auteur montre que le tracé thermographique ne se présente pas comme une bande limitée par deux lignes parallèles : c'est une espèce de figure lancéolée, dont le plus grand diamètre transversal coïncide avec la ligne de la plus haute tempéra- ture. On conçoit aisément que cette discordance entre la forme du faisceau de chaleur réfractée et l'impression qu'il produit sur le papier, n'est qu'une conséquence immédiate du principe de propagation latérale développé dans la seconde observation. » Mais le fait le plus remarquable trouvé par M. Herschel, c'est l'exis- tence de plusieurs solutions de continuité dans la partie la moins réfractée du spectre calorifique solaire : ces solutions ne forment pas des lignes transversales extrêmement minces , analogues aux raies que Fraunhofer a découvertes dans le spectre lumineux ; mais elles ont une dimension beau- coup plus grande, et sont toutes situées dans l'espace obscur qui précède l'extrémité rouge : l'effet qu'elles produisent sur le tracé thermographique est l'isolement de deux ou trois espaces blancs presque circulaires, d'inten- sité décroissante en partant de la partie continue. «Remarquons d'abord que la figure arrondie des taches provient en grande partie de la petite largeur du spectre, qui, dans les dispositions adoptées Ç i44 ) par M. Herschel, avait une valeur presque égale au diamètre apparent du soleil ; la propagation plus ou moins étendue de la chaleur des parties centrale et extrêmes des bandes actives y contribue peut-être aussi. » De toute manière les interruptions de l'action calorifique n'ont , je le répète, aucune analogie avec les ombres linéaires de Fraunhofer; mais elles ressemblent beaucoup aux solutions de continuité que l'on observe dans le spectre solaire regardé à travers certains verres colorés. Or M. Herschel n'a point employé dans ses expériences la substance qui transmet indistincte- ment et avec la même énergie toute sorte de chaleurs rayonnantes , mais une espèce particulière de flint très dispersif qui, quoique doué de la plus grande limpidité, possède cependant, comme presque tous les autres milieux incolores , cette propriété que nous avons appelée diathermansie , ou coloration calorifique , parce qu'elle produit sur la transmission rayon- nante de la chaleur le même effet que produisent les milieux colorés sur la lumière. » Qu'arriverait-il maintenant si, au lieu de réfracter les rayons solaires avec un prisme d'une substance incolore, on se servait d'un prisme de verre fortement coloré ? On obtiendrait évidemment un spectre incomplet, par- semé de bandes obscures, tout-à-fait analogue à celui que l'on observe en faisant passer le spectre normal par une grosse lame du même verre co- loré. Voilà précisément le cas du spectre calorifique de M. Herschel, et du tracé graphique qu'il engendre sur le papier : les éléments générateurs proviennent d'un prisme composé avec une substance colorée relativement à la chaleur, et présentent des apparences semblables. Les solutions de continuité observées par le célèbre astronome anglais constituent donc , comme nous le disions ci-dessus, une nouvelle preuve de l'analogie qui existe entre les phénomènes de la diathermansie et ceux de la coloration proprement dite. »M. Herschel pose ensuite la proposition suivante. Selon toute probabilité les taches dérivent de l'inégale absorption des milieux traversés par les rayons solaires. Or, en laissant de côté ce qui se passe hors de notre globe, il n'y a que deux suppositions à faire. L'action provient de l'atmosphère terrestre ou du prisme réfringent : pour attaquer directement la première partie du dilemme il faudrait répéter les expériences à diverses élévations au-dessus du niveau de la mer et sous différentes déclinaisons solaires , ce qui ne paraît pas encore avoir été exécuté : quant à la seconde partie, il suf- fisait de changer le prisme et les lentilles et voir s'il y avait ou non des va- riations importantes dans l'ordre, la disposition ou l'intensité relative des ( >45 ) taches. Effectivement, l'auteur a substitué le crown au flint; la tache supé- rieure s'est réunie presque complètement à la partie continue ; les deux autres se sont considérablement rapprochées et affaiblies. Mais le spectre fourni par le prisme de crown était si peu étendu , en comparaison de celui provenant du flint, que M. Herschel paraît disposé à attribuer cet effet à une espèce d'oblitération provenant de la faible dispersion du crown ; de ma- nière qu'il reste toujours incertain, selon lui, si c'est bien le prisme on l'atmosphère qui donne lieu au phénomène des taches. » M. Herschel a répété avec sa nouvelle méthode plusieurs de mes expé- riences sur la chaleur solaire. En interposant sur le trajet des rayons pris- matiques une lame de verre vert , il a observé que toute la partie continue du tracé graphique s'effaçait ; mais l'on trouvait encore les marques des taches détachées : au contraire, lorsqu'on interposait une couche d'eau renfer- mée entre deux verres parallèles, les taches disparaissaient , et toute la partie continue se montrait avec la même intensité. Je regrette que l'illustre astro- nome n'ait pas jugé à propos de compléter les observations en interposant les deux substances réunies; car alors il aurait vu un des plus curieux faits que renferme aujourd'hui la science du calorique rayonnant , c'est-à-dire un milieu diaphane tout-à-fait imperméable à la chaleur rayonnante ; ce qui est précisément l'inverse de l'autre fait, également remarquable , des subs- tances complètement opaques et diathermanes. » L'expérience de la couche d'eau interposée toute seule sur le passage du spectre fourni par le prisme de flint, ne décide pas la question de l'ab- sorption atmosphérique, parce que les taches ne s'«ffacent qu'en vertu de la disparition de toute la partie inférieure des rayons réfractés , et que l'on peut dire ici, bien plus que dans le cas du crown, qu'il y a raccourcissement du spectre, empiétement, oblitération des alternatives obscures et lumineuses. Mais il existait un moyen décisif pour savoir si les taches provenaient réellement de l'absorption atmosphérique, ou de la cliathermansie des corps employés comme réfracteurs, et je regrette que M. Herschel n'ait pas songé à le mettre en œuvre. C'était , tout simple- ment, de refaire son expérience avec un prisme de sel gemme, substance qui transmet toute sorte de chaleurs rayonnantes avec la même inten- sité. Si les taches disparaissaient, comme j'ai tout lieu de le croire, on en aurait déduit que le phénomène observé par M. Herschel est dû à l'inégale absorption du flint. Autrement, il aurait fallu les attribuer à l'ac- tion de l'atmosphère terrestre, ou bien à l'atmosphère du Soleil, ou enfin à l'absence initiale de certains rayons dans le flux calorifique solaire. » C. «. , i34o, 1me Semestre. (T. XI, K« 4.; 20 ( i/,6 ) CHrMiE organique. — Recherches chimiques sur les bitumes; par MM. Pelletier et Pu. Walter. PREMIER MÉMOIRE. — Du Naphte. « Résumé et conclusions. — Il suit des faits principaux consignés dans ce Mémoire : » i°. Que le naphte natif n'est pas constitué par une seule substance, mais qu'il est formé d'une matière solide et de plusieurs substances huileuses ; » 20. Que la matière solide est la paraffine qui y existe toute formée; » 3°. Que les substances huileuses sont des hydrogènes carbonés ; » 4°- Que parmi ces hydrogènes carbonés on en peut distinguer trois dé- finis et caractérisés , dont on a déterminé la composition, savoir : le naphte, le naphtène et le naphtole; » 5°. Que le naphte peut être représenté par la formule C*> = 1071,28 86,8 Ha6 = 162, 5o i3,2 1233,78 100,0 La densité de la vapeur est 3,39 Par ^e ca'cul» et 3>4° Par l'expérience. Suit, dans le Mémoire, l'exposé de l'action que les agents chimiques exer- cent sur cette matière, et principalement le chlore, l'iode, le brome et l'acide nitrique; » 6°. Que le naphtène peut être représenté par la formule Cu 1224,32 85,9 H3' 200,00 i i , 1 1424,32 100,0 La densité de la vapeur est 3,92 par le calcul, et 4 par l'expérience ; » 70. Que ce corps nous donne le quatrième terme de la série des hydro- gènes carbonés commençant par le méthylène et finissant par le cétène , savoir : O* H* méthylène, C8 H8 gazoléfiant, C'6 H'6 gaz de l'huile, -f- C3' H3' naphtène, C6* H6» cétène. ( '47 ) » 8°. Que le naphtole peut être représenté par la formule C'8 86,9 H« i3,i Densité 5,6; » 9°. Que le naphtole et surtout le naphtène forment avec le chlore, l'iode et le brome, des composés qui méritent de fixer l'attention des chimistes; » io°. Que le naphte natif, en raison de sa composition et des produits qu'on en retire, doit être considéré comme produit par l'action d'une chaleur assez forte sur des matières organiques probablement végétales, mais qu'on peut assurer que la température sous laquelle il a été produit n'a jamais dû dépasser le rouge-cerise. » M. d'Hombres-Firmas adresse une Notice ayant pour titre : Excursion à la montagne de Saint -Pierre ou Petersberg } près de Maè'stricht. RAPPORTS. mécanique appliquée. — Rapport sur un compteur à gaz de M. Clegg, présenté par M. Osmont. (Commissaires, MM. Arago, Séguier, Savary rapporteur.) « C'est aujourd'hui une question importante que celle de mesurer avec exactitude la quantité de gaz d'éclairage consommée par un certain nom- bre de becs. Il ne suffit pas de déterminer la durée de la combustion, car il dépend du consommateur d'allonger ou de raccourcir la flamme, de faire varier ainsi la dépense du simple au double. La solution directe et rigoureuse consisterait à évaluer sous une pression donnée, le volume qui s'écoule. Nous n'avons pas à examiner ici divers appareils imaginés pour cet objet et plus ou moins répandus. Nous avons à parler d'un moyen de mesure tout-à-fait indirect, mais ingénieux et, entre certaines limites, suffisamment exact dans l'application. » Le principe sur lequel est fondé le nouveau compteur consiste à faire agir une source de chaleur presque constante sur une portion don- née du gaz qui traverse l'appareil, puis à déterminer par réchauffement de cette portion de gaz les oscillations d'un pendule d'une espèce particu- 20.. ( '48) lière. L'expérience montre que l'on peut rendre le nombre des oscillations sensiblement proportionnel à la consommation totale. » Il y a donc deux points principaux à considérer : la source de chaleur constante d'une part, le pendule de l'autre. » La source de chaleur est un petit jet du gaz combustible lui-même, qui sort par un trou capillaire quand on veut que l'éclairage commence. On allume ce jet, et il donne une flamme semblable à celle d'une veil- leuse La flamme est à la base d'une cheminée métallique, étroite et lon- gue ; cette cheminée s'échauffe. » 11 faut que sa température demeure à très peu près constante, que cette invariabilité se maintienne d'elle-même. » Or, suivant que la cheminée s'échauffe ou se refroidit, elle s'allonge ou se contracte. Son extrémité supérieure monte ou descend, et avec elle, par l'intermédiaire d'un levier et d'un fil, s'élève ou s'abaisse un petit cône qui pénètre plus ou moins dans l'ouverture inférieure du tuyau d'alimen- tation de la veilleuse, rétrécissant ou élargissant ainsi cette ouverture. » Si la température de la cheminée est trop forte, la flamme de la veil- leuse baissera dbnc; trop faible, on voit cette flamme augmenter à l'ins- tant. » Le degré de température de la cheminée, ou plutôt son excès de température sur l'air extérieur, sera donc, sinon invariable, ce qui est impossible, du moins compris entre des limites fort resserrées. » Ajoutons que cette température moyenne dépend de celui qui règle d'avance le compteur. Il dépend de lui qu'à une même longueur de la che- minée, le cône soit plus ou moins soulevé, le tuyau qui alimente la veil- leuse plus ou moins ouvert. » Voilà pour la source constante de chaleur, pour la première moitié de la question. » Passons à la seconde, au pendule. Il se compose de deux boules creuses en verre, de même diamètre, communiquant entre elles par un tube re- courbé à peu près en forme de C. Une certaine quantité d'alcool est d'abord introduite de manière à remplir presque en totalité l'une des boules. L'ou- verture qui a servi à l'introduction est ensuite fermée à la lampe et l'alcool demeure isolé de tout contact extérieur. » Le tube qui joint les deux boules est pris au milieu de sa longueur dans un collier de fer-blanc faisant corps avec une plaque de même métal interposée transversalement entre les boules, comme un écran. A cette ■ - • ( '49 ) plaque est soudé un axe en fer, horizontal , mobile sur des tourillons, autour desquels le système entier peut tourner librement. » Concevons maintenant une des boules pleine d'alcool, et située au- dessous de l'axe de rotation, l'autre vide et située au-dessus; puis échauf- fons d'une manière quelconque la boule inférieure. La vapeur qui se forme détermine par son élasticité l'ascension du liquide dans le tube de com- munication, son déversement dans la boide supérieure. Lorsque celle-ci est suffisamment remplie, le centre de gravité du système se trouve au- dessus de l'axe horizontal, dans une position excentrique: tin renverse- ment a lieu , la boule qui vient de se remplir tombe à la partie inférieure, la boule qui s'est vidée remonte ; l'équilibre se rétablit presque aussitôt et tout se retrouve disposé comme à l'origine. » Le jeu du compteur se concevra maintenant sans difficulté. Le gaz en y pénétrant se partage entre deux tuyaux; par le premier, il arrive froid à la surface de la boule supérieure du pendule ; par le second , il arrive chaud à la surface de l'autre boule, car ce secorid tuyau enveloppe, dans une certaine étendue, la cheminée métallique que nous avons portée à une haute température. » Ainsi la boule supérieure se trouve constamment ramenée à la tem- pérature du gaz affluent, de l'air extérieur; la boule inférieure à une tem- pérature plus élevée et constante. De là une suite de renversements à des intervalles de temps réguliers. S'il y a dans la suspension des boules quel- que défaut de symétrie, la régularité ne s'observe que de deux en deux os- cillations. » Doit-on craindre maintenant que le jeu de ce système ne s'altère à la longue? Serait-ce par une augmentation de frottement de l'axe de rota- tion sur ses appuis? Mais le poids du liquide est une force très grande par rapport à ce frottement, et la durée de chaque mouvement de bascule n'est qu'une très petite fraction de l'intervalle de temps que le liquide met à passer d'une boule dans l'autre. C'est un effet tout semblable à ce qui a lieu dans le mécanisme des montres où les temps d'arrêt sont assez longs, par rapport aux décrochements du rouage, pour que la régularité du mou- vement dépende presqu'en totalité du régulateur qui détermine le retour de ces temps d'arrêt. » Le régulateur est ici, comme on l'a vu, le mécanisme qui rend à peu près invariable l'excès de température delà portion de gaz échauffée. » A peine est-il nécessaire d'ajouter qu'à l'aide d'un double rochet, le ( i5o) nombre des renversements est indiqué par des aiguilles sur plusieurs ca- drans divisés. » Ce qui précède suffirait pour montrer comment le nouveau compteur de M. Clegg une fois taré pour un courant de gaz à" une vitesse donnée, alimentant un nombre donné de becs ; comment, disons-nous , ce compteur indiquerait toujours, pour un courant tout semblable, la même dépense par le même nombre d'oscillations ; mais la seule durée de la combustion en dirait autant. » Il faut plus : le nombre de becs restant le même , la vitesse du courant, dans le tuyau commun qui les alimente, variera si l'on fait varier la hauteur de la flamme ; elle éprouvera des variations bien plus grandes , si l'on allume tantôt un seul bec, par exemple , tantôt plusieurs; elle sera , pour une même hauteur de flamme, proportionnelle au nombre de becs allumés. » Ce qu'il faut alors, c'est que le compteur unique, appliqué au tuyau commun d'alimentation, indique par le même nombre d'oscillations un même volume de gaz dépensé, quelle que soit, du moins entre certaines limites, la vitesse du courant. Ce qu'il faut, c'est que le nombre des oscil- lations soit proportionnel à cette vitesse, que leur durée varie dans un rap- port inverse. » Est-il possible d'obtenir ce résultat? les différentes causes d'erreur qu'il est facile d'apercevoir, mais dont il serait très difficile d'apprécier l'in- fluence, peuvent elles, dans certaines conditions, se compenser assez exac- tement? C'est là toute la question, et, sans analyser des réactions trop compliquées, nous avons dû nous borner aux expériences propres à jus- tifier l'emploi de l'appareil. » On a d'abord cherché, en prenant au hasard un compteur, comment la vitesse du courant influait sur la durée des oscillations. On a donc mesuré cette durée , en faisant varier le nombre des becs que le compteur alimentait par un tuyau commun et en ramenant, dans chaque cas, la flamme à la même hauteur. Voici les résultats obtenus : Produit 4.) 22 ( i6a ) suivant les différentes intensités des effets de la mer dans les différentes localités. Toutefois il faut reconnaître, contrairement à l'opinion généra- lement admise, que l'agitation ne fait que diminuer sans jamais cesser entièrement. Un grand nombre de faits vulgaires et des expériences di- rectes prouvent qu'elle conserve encore une grande puissance, jusqu'à des profondeurs de 10 et même de ao mètres au-dessous de l'eau. » Indépendamment des effets destructifs qui ne se développent que lentement et successivement dans les jetées construites à pierres perdues, il en est d'autres qui se manifestent immédiatement et en cours même d'exécution. On est d'accord généralement que les musoirs doivent être construits avec des masses beaucoup plus considérables que celles qui entrent dans le corps des jetées, afin d'empêcher l'encombrement des passes du port, par le déplacement des matériaux, qui, se trouvant sans appui , sont transportés autour de ces musoirs, le long de leur face inté- rieure : or une jetée en construction forme successivement tête à la mer, à chaque période de son avancement. Les matériaux qui la composent doivent donc être entraînés autour de chacune des parties par lesquelles elle se termine, et transportés ainsi dans l'intérieur de l'espace de mer que l'on veut fermer pour y produire le calme; et si cette jetée est établie parallèlement et à peu de distance du littoral, la diminution des fonds ré- sultant du déplacement des matériaux doit avoir inévitablement lieu sur la plus grande partie de la superficie du port. » Le seul moyen de se mettre à l'abri de ces causes d'avaries et de des- truction, est de n'employer que des blocs de dimensions telles , que cha- cun d'eux puisse isolément résister à la vague , et rester immuable sous son action, ce qui est possible, puisque cette action étant proportionnelle à la surface choquée, tandis que la résistance du bloc croît comme son cube, il y a nécessairement un point où cette dernière doit l'emporter. Cette limite fut d'abord fixée à 20 mètres cubes, mais il a depuis été re- connu que sous un volume de 10 mètres, le bloc était déjà immuable. On ne pouvait pas songer, pour des masses pareilles, à les tirer des carrières,' en raison des difficultés que l'on eût trouvées à les extraire et de celles non moins grandes que leur transport eût présentées. Il ne restait donc d'autre parti à prendre que de les fabriquer artificiellement, et l'on s'est trouvé ainsi conduit à l'usage des blocs de béton. » Ces blocs sont de deux espèces : les uns se construisent dans l'eau, sur la place même qu'ils doivent occuper; les autres sont fabriqués sur berge, pour être ensuite lancés à la mer. ( i63 ) » Les premiers se font en immergeant du béton dans des caisses-sacs échoués sur l'emplacement que le bloc doit occuper. Les parois de ces caisses sont formées d'un grillage en poutrelles, recouvert intérieurement d'un double cours de planches à joints croisés formant bordage. La partie inférieure est découpée à peu près suivant le profil du sol sur lequel elles doivent reposer. Elles sont garnies à l'intérieur d'une toile goudronnée, fixée sur tout leur pourtour et formant sac. Cette toile, clouée sur la charpente, règne sur la hauteur totale de la caisse jusqu'à om,5o au-dessus du niveau de l'eau. Les quatre panneaux de la caisse sont assemblés par des équerres en fer à charnière, de manière à pouvoir se démonter facile- ment. On les enlève au bout de dix à quinze jours ; et pour les faire servir de nouveau il suffit, soit en les découpant, soit en les allongeant, de les profiler à peu près suivant la forme du sol. Une fois assemblés, on y adapte une nouvelle toile qui doit avoir une ampleur suffisante pour se plier à toutes les sinuosités du fond qu'elle recouvre. La caisse forme ainsi un véritable sac , dont les côtés sont fortifiés par des panneaux en charpente sur lesquels la toile est étendue et fixée. La masse de béton qui la remplit peut donc se mouler parfaitement sur le terrain , et se lier avec lui par le6 aspérités mêmes qu'il présente : tandis qu'avec les caisses à fond plat que l'on emploie généralement pour fonder des ouvrages dans l'eau sans épuisement, il faut s'appliquer à faire disparaître les aspérités du sol, en le dressant suivant une surface à peu près de niveau , opération difficile et dont la réussite est très chanceuse. » Ces caisses-sacs sont préparées sur le chantier et lancées dans le port, d'où elles sont remorquées par des pontons et amenées en flottant sur la place qu'elles doivent occuper. On les y fixe au moyen de petites caisses en bois, amarrées tout autour de la caisse-sac, et remplies de boulets ou de gueuses de fonte : la caisse-sac une fois mise en place, on y établit une machine à couler sur un échafaudage volant qui communique à la terre par un pont de service. » On a été conduit à ce mode de fabrication de blocs factices par un pro- cédé qu'emploient les Italiens lorsqu'ils veulent réparer les affouillements qui ont lieu dans les maçonneries sous l'eau. Ce procédé consiste à remplir de béton des sacs semblables aux sacs à terre en usage dans la fortification , pour être placés les uns sur les autres dans l'ouverture à fermer. Partant de cette idée, on fit remplir de béton et jeter à la mer, par un gros temps , un sac beaucoup grand que les sacs à terre; et, au bout de quelques jours , lorsque la mer fut calme, on trouva ce bloc très dur et très résistant. Il 22.. ( i64 ) ne s'agissait plus, pour arriver à un procédé analogue, à en former de toutes pièces qui eussent de très grandes dimensions, que de construire le sac de manière qu'il ne pût pas crever, et de le remplir de béton sur la place même où l'on voulait immerger le bloc; problème qui a été résolu comme on vient de l'exposer, la caisse ci-dessus décrite n'étant autre chose qu'un grand sac en toile dont les parois sont fortifiées par une charpente. » La seconde espèce de blocs, celle qui se fait à terre, est fabriquée dans des caisses dont les quatre cloisons sont formées de poutrelles recou- vertes en planches. Le fond sur lequel elles s'assemblent repose sur deux grandes poutres rétinies entre elles et inclinées suivant un plan dont l'extré- mité aboutit au point où l'on veut immerger le bloc. Ces caisses sont, comme les premières, entièrement vides et sans aucune traverse-intérieure. » De quatre à six jours après le coulage, on eidève les quatre panneaux que l'on assemble ensuite pour faire un nouveau bloc. Ainsi mis à nu, le bloc a acquis . au bout d'un mois ou deux au plus, suivant la température, une consistance suffisante pour être lancé à la mer. » Cette dernière opération se divise en deu* autres partielles, qui con- sistent, d'abord à soulever le bloc, et ensuite à le transporter au point où l'on doit l'immerger. » Pour soulever le bloc , on passe une chaîne en fer dans chacune des rainures ménagées à cet effet; deux autres chaînes tiennent les deux pre- mières par le moyen de maillons, et enveloppent le bloc des quatre côtés. » On fait avancer la machine jusqu'à ce que le bloc, qui est au-dessous , se trouve placé au milieu et symétriquement; et arrivé dans cette position, les quatre chaînes qui l'embrassent sont saisies par celles qui sont fixées aux quatre ris de la machine Ainsi amarré, seize hommes, dont quatre à chaque roue, suffisent pour soulever le bloc à om,5o du sol : cette opération se fait en vingt minutes. » Le bloc étant soulevé, on place dessous un chariot à quatre roues basses qui n'ont que om,a5 de diamètre et sont encastrées dans l'épaisseur du bois; deux planches suifées, disposées sur ce chariot .servent à faciliter la descente du bloc. On le fait avancer sur un chemin de fer, par le moyen d'un petit cabestan, mis en mouvement par huit hommes. Arrivé au bout du che- min , on lui donne une légère inclinaison qui suffit pour que le bloc, par son propre poids, glisse sur le chariot en entraînant avec lui les planches suifées. » Il y a un second mode de transport et d'immersion par mer, que l'on emploie concurremment avec celui qui vient d'être décrit. Le bloc est ( «65) d'abord descendu dans l'eau sur une cale inclinée, jusqu'à ce qu'il plonge d'un mètre à l'avant. » Une fois dans cette position, on amène une machine composée de deux flotteurs, entre lesquels il se trouve symétriquement placé; ces flotteurs le saisissent au moyen de chaînes passées en-dessous du bloc, et le trans- portent en le maintenant sur l'eau, à l'instar des chameaux dont les Hollan- dais se servent pour alléger les vaisseaux et les faire passer sur les hauts- fonds. » Les deux systèmes d'immersion des blocs par terre et par eau sont employés concurremment à la construction du nouveau môle; les 85 mètres de longueur, exécutés jusqu'au i" juin j84o, et qui ont subi l'épreuve des plus grosses mers, fournissent une expérience décisive en faveur de ce mode de construction des môles en blocs de béton de 10 mètres cubes, jetés irré- gulièrement les uns sur les autres. Elle démontre que ces blocs restent invariablement dans la position où on les a immergés. » On a relevé, de 5 en 5 mètres, huit profils du nouveau môle sur les 4o mètres les plus avancés au large : bien que différents entre eux, ils donnent généralement, pour les talus suivant lesquels les blocs s'arriment, un de base sur un de hauteur du côté du large, et demie de base sur un de hauteur vers l'intérieur du port. Il résulte ensuite de la comparaison qui a été faite de la section de ces profils , avec les attachements que l'on a tenus des blocs immergés de l'un à l'autre, que les vides sont, à peu de chose près, le tiers des pleins, ou, ce qui revient au même, qu'il y a un quart de vide et trois quarts de plein dans la masse totale qu'ils forment entre eux. » Le système de construction en blocs de béton , tel qu'il vient d'être sommairement exposé, présente, sur la méthode de pierres perdues que l'on suit partout aujourd'hui, de nombreux avantages dont les principaux sont: i° une stabilité immédiate, qui, au contraire, n'est jamais assurée avec les enrochements ordinaires; ?.° une facilité incomparablement plus grande dans le transport des matériaux , généralement si pénible et si coûteux pour ceux que l'on extrait des carrières, dès que leur volume dépasse 2 ou 3 mètres; 3° une diminution considérable dans la section du profil affecté par les jetées, et par suite une économie notable dans les dépenses; 4° enfin , une exécution applicable dans toutes les localités , aujourd'hui que les progrès opérés dans l'art des mortiers hydrauliques permettent de fabriquer partout des bétons; tandis qu'il est généralement rare de trouver à proximité, et dans une situation convenable, des carrières propres à fournir de gros blocs d'une qualité de pierre assez résistante pour être employée à la mer. » ( 166 ) PHTsiQUE. — Sur quelques phénomènes mécaniques qui accompagnent les décharges électriques ; par M. Abria. (Commissaires, MM. Savart, Becquerel, Pouillet.) « Les corps légers, placés dans le voisinage de l'étincelle électrique, prennent, sous son influence, une disposition régulière et très digne d'être remarquée. On peut le vérifier très facilement en faisant passer la décharge d'une jarre électrisée à saturation entre deux pointes éloignées l'une de l'autre de i5mm, et plaçant à 3omm de distance une lame de verre couverte, aussi également que possible, de craie pulvérisée (i). Après quelques décharges égales, la poussière est distribuée en lignes à peu près circulaires, légèrement ondulées, et qui s'entrecroisent mutuel- lement. » L'intervalle qui sépare deux lignes consécutives , très petit dans le voisinage de la projection de l'étincelle, augmente jusqu'à une certaine distance et décroît ensuite. Il est indépendant de la nature de la poudre, de celle du plan sur lequel elle est répandue, de celle du gaz environ- nant. Il varie avec la distance de la poussière à l'étincelle, avec l'écarté - ment et la forme des corps entre lesquels s'effectue la réunion des deux électricités, avec la quantité et la tension de celles-ci, avec la force élas- tique du gaz dans lequel s'opère la décharge. » On reproduit des apparences semblables en répandant la poussière sur un plan , et faisant détoner sur celui-ci des bulles d'un mélange d'oxi- gènc et d'hydrogène, formées avec de l'eau de savon. La cause de ces phé- nomènes doit donc être attribuée à un mouvement déterminé dans l'air par le passage de l'électricité : ce mouvement est modifié par la résistance du plan sur lequel la poussière est répandue. » (i) Les lignes forme'es par la poudre peuvent être conservées en employant du tour- nesol répandu sur du carton , en humectant celui-ci par-dessous , lorsque les lignes sont formées, avec de l'eau légèrement gommée. Je joins au Mémoire plusieurs feuilles de carton avec les lignes ainsi conservées : elles donneront une idée du phénomène plus fidèle et plus exacte que les dessins que j'aurais pu faire. ( i67 ) M. Babinet transmet, de la part de M. Boutig&y, pharmacien à Évreux, un Mémoire ayant pour titre : Propositions physico-chimiques sur la calé/action et l'état sphéroïdal des corps. L'auteur a déjà obtenu un rapport favorable devant l'Académie des Sciences (M. Robiquet, rapporteur). M. Boutigny admet quatre états des corps : l'état solide , l'état liquide, l'é- tat gazeux et l'état sphéroïdal. De l'eau projetée et soutenue sans contact au fond d'un creuset incandescent e$t à l'état sphéroïdal. Tous les corps qui peuvent passer à l'état de vapeur sans se décomposer, sont susceptibles de prendre l'état sphéroïdal. Les corps caléfiés restent constamment à une température inférieure à celle de leur ébullition, quelle que soit la température du vase qui les contient. L'eau alors a une température de g5° cent. La vapeur des corps caléfiés, au contraire, est à la même température que les vases qui con- tiennent le corps. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. Babinet remplira dans cette Commission la' place vacante par suite de la mort de M. Robiquet. M. Lefedvre adresse une Note sur les produits de Yagriculture dans PAbyssinie ( M. Boussingault en rendra compte ) ; une seconde Note sur les vents de la mer Rouge, la température des eaux de cette mer et la ma- nière d'y naviguer. (MM. Beautemps - Beaupré et Freycinet l'exami- neront.) M. Lefebvre présente aussi un tableau d'observations météorologiques et magnétiques , faites en Egypte et en Abyssinie. On trouve dans ce tableau, des valeurs de l'inclinaison de l'aiguille ai- mantée qui descendent à io* et même à 8ai2' seulement. A l'aide de ces observations, il sera possible de déterminer des points de l'équateur magné- tique, pour des régions où les données manquaient presque entièrement. M. Arago fera un rapport sur cette partie du travail de M. Lefebvre, dès qu'il aura pu s'assurer, en parcourant les déterminations partielles, de l'exacti- tude sur laquelle on pourra compter. ( '68 ) M. Lefebvre transmet en outre, au nom de M. le docteur Petit, natu- raliste-voyageur du Muséum d'Histoire naturelle, une Notice sur l'organi- sation des hôpitaux et du service de santé de l'armée égyptienne en Arabie, et une description, avec figure, d'un Calao propre à l'Abyssinie, X Abba goumba. M. de Tristan adresse un Mémoire ayant pour titre : Études phjtolo- giques ; première partie. — De la nature des tissus végétaux. (Commissaires, MM. Richard, Gaudichaud.) M. Goulier présente des recherches concernant Vattraction locale exercée sur l'aiguille des boussoles par les fers environnants. (Commissaires, MM. Biot, Becquerel, Pouillet.) M. Prudhomme soumet au jugement de l'Académie un ouvrage manuscrit, portant pour titre : Guide des taillandiers et forgerons. (Commissaires, MM«*Gambey, Piobert, Séguier.) M. Foret adresse la description d'un petit appareil qu'il croit propre à faciliter l'exécution des portraits par les procédés photographiques , et qui dispenserait de la condition d'une immobilité complète pour la tête dont les mouvements, grâce au nouvel appareil , seraient rendus solidaires avec ceux de la chambre noire. M. Séguier est prié de prendre connaissance de cette Note. CORRESPONDANCE M. le capitaine Paury, nommé récemment correspondant pour la section de Géographie et de Navigation, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Corridi transmet, au nom de S. A. le grand-duc de Toscane, les Actes de la première réunion de la Société scientifique italienne, tenue à Pise au mois d'octobre i83g. (Voir au Bulletin bibliographique.) M. d'Arcet adresse des documents imprimés dont il résulte que la dé- pression au-dessous du niveau de la mer, de plusieurs des étangs situés près ( i69) de l'embouchure du Rhône, avait été reconnue antérieurement à la présen- tation du Mémoire de M. Vallès sur ces différences de niveau. Ces pièces seront transmises à la Commission chargée de l'examen du Mémoire de M. Vallès. physique do globe. — Recherches sur la température des sources de la Marne, de la Seine et de la Meuse, et sur leur gisement; par M. H. Walferdin. « La détermination exacte de la température des sources, de celle des puits profonds, et, dans les pays où ces données manquent, des réser- voirs souterrains où l'on recueille les eaux pluviales, peut fournir sur l'état thermométrique de la terre, aux profondeurs où ces eaux séjournent, et sur leurs rapports avec la température moyenne, des indications utiles pour la physique du globe. » Mais il faut, entre autres considérations essentielles, que ces obser- vations soient faites dans des circonstances qui mettent à l'abri des causes perturbatrices qui sont de nature à en modifier les résultats; » Que l'on connaisse les trois coordonnées de latitude, de longitude et d'altitude des lieux où l'on observe; » Que l'on détermine, autant que possible, l'horizon géognostique d'où les eaux viennent, et celui par où elles arrivent à la surface; » Enfin que les déterminations de température soient aUssi précises que le comporte l'état actuel de la science, et que les expériences soient faites avec des instruments thermométriques à très grande marche. » Désirant comparer entre elles les températures des sources de la Marne et de la Seine, et celle de la source de la Meuse, qui sourdent de la terre depuis la partie la plus élevée du keuper à la partie supérieure de l'oolite, aux deux extrémités de la chaîne de montagnes que Buffon désignait sous le nom de plateau de Langres,yen ai fait l'observation, entre huit et neuf heures du matin, dans un intervalle compris entre le 10 et le 23 octobre de l'année dernière. » Voici le résultat de ces observations (i) : (i) Je me suis servi, pour ces observations, de l'un de mes thermomètres méta- staliques à mercure, et à échelle arbitraire, pour lesquels un dep.ré centésimal occupe sur la tige un espace de près d'un décimètre. Divisé au millimètre seulement, que l'on subdivise facilement à l'œil en 10 parties, il permet de lire ainsi la 1000e partie d'un degré centigrade. Je puis donc donner les observations de température C. R. , 1840, am« Semestre, fï. XI , N»4.) 23 ( i7° ) DATE DE L'OBSERVATION. HAUTEUR au-dessus du niveau de la mer. TEMPÉRÂT. observée. TEMPER ambiante n io octob. i83 j. Entre 8 et gh matin.. 18 id. Entre 8 et nh matin. a3 id. Entre 8 et gh matin. Source de la Meuse (Malroy), plateau de Pouilly. d. centlg- d. c. 47°58'35" I 3°i7'i7"E. I 3ram I -t- io,95o | -+• i4,5 Source de la Marne, dite la Marnotte. 47°5i'53" I 2<>59'55" I 38im I -+- 9,66914-11,50 Source de la Seine [d'Huis de Seine), prèsd' Évergereaux. 47°28'ii" I a<>i3'57" I 471™ I -+- 9,182 I h- 3,5 » Mais il reste à considérer dans quelles circonstances géologiques et locales se présente chacune de ces sources. Source de la Marne. » La source de la Marne, dite la Marnotte, située au S. et à 5ooom de Langres, de la ville qui a donné le jour à Diderot, sort du calcaire à en- troques et à polypiers, qui forme la partie inférieure de l'oolite, et que l'on voit, dans la plaine, reposer immédiatement sur le lias et ses marnes. » Le calcaire à entroques présente là cette particularité remarquable , que ertaines parties, qui se voient à la surface du sol, sont transversées par de larges crevasses naturelles, soit circulaires, soit de toute autre forme, percées à jour, et qui, si on les suppose recouvertes, donnent une des explications les plus plausibles sur la formation des cavernes à ossements que l'on observe à peu de distance de là. » La source s'échappe du versant oriental de la côte qui s'étend dans la direction du sud , et coule dans la plaine, où elle fait mouvoir une usine à des sources comme précises à un millième de degré près ; mais il n'en est pas de même de la notation des températures ambiantes que, par les motifs qu'apprécieront ceux qui savent de combien de difficultés cette expérience, si simple en apparence , est en- tourée , je ne regarde pas comme exacte à plus de deux ou trois degrés près. ( iyi ) 4oo mètres de son point de départ. Recouverte par un petit dôme, elle n'est point immédiatement en contact avec l'atmosphère. » Sur le versant opposé de la même côte, et à peu près au même niveau, on trouve la source dite Blanche-fontaine , dont la température était, le même jour, vers dix heures , de g°,6o2. » Enfin, sur le prolongement de ce versant, la source qui coule au bas de la ville de Langres m'a indiqué, quelques heures après. . . Ç)°,[fir]. » Langres possède aussi quelques puits dont la profondeur moyenne est de a9m, où l'on atteint un courant d'eau de î™ environ qui ne tarit jamais et coule de l'est à l'ouest ; la température en est de 9°,478. » Enfin, il m'a paru utile de rapprocher de cette dernière observation celle de la température des réservoirs d'eau pluviale que l'on trouve com- munément dans le pays ; celle d'une citerne de 4m de profondeur et de 2m,75 d'eau , était , à la même époque , de 1 2°,3 1 5. Source de la Seine. » C'est près de la ferme d'Évergereaux , dans un vallon formé de deux coteaux boisés, et désigné sous le nom d'Huis de Seine, que coulent trois sources qui forment le ruisseau de Seine h son origine. La principale de ces sources, qui ne tarit en aucune saison, m'a donné g°,i82. » Elle jaillit sous les décombres de l'abbaye de Saint-Seine, et n'est par conséquent point soumise immédiatement à l'influence de l'atmosphère. » Les coteaux d'où sortent ces sources appartiennent l'un et l'autre à la partie supérieure de l'oolite. » Le ruisseau qui en est formé , après avoir fait marcher une usine à 35o mètres de distance, tarit pendant les sécheresses et ne reparaît plus qu'à 4000 mètres de la source. Source de la Meuse. ■ » La source de la Meuse ne s'échappe point , comme celles de la Marne et delaSeine, d'un versant ou de coteaux rapprochés; elle sort du plateau de Pouilly, près de Malroy. » Le petit bassin d'où on la voit jaillir a environ 1 mètre d'ouverture sur 5o centimètres de profondeur, et pousse , du fond , un jet continu, ne ta- rissant jamais et dont la température était de io%goo » La surface de cette source se trouve ainsi à ciel ouvert, et la température peut par conséquent en être directement modifiée par les influences exté- rieures. 23.. ( i7a ) » Elle s'échappe du point de contact du calcaire à gryphées, qui forme la partie inférieure du lias , avec le grès désigné sous le nom de quadersans- tein, et repose vraisemblablement sur lés marnes du keuper qui prennent, dans la direction de l'est, vers les hauteurs qui dominent Bourbonne-les- Bains , un grand développement. » Si l'on compare le résultat de ces trois observations, faites à une dis- tance de 9 myriamètres et à des époques très rapprochées, on trouve que la source de la Seine, quoique sous une latitude moins élevée de o°23'42" que la source de la Marne, a, pour une différence d'altitude de 90 mètres, présenté une différence en température de \ degré centigrade en moins, et que les deux sources s'échappent de versants et de coteaux de forma- tions calcaires comprises entre les limites inférieures et les limites supé- rieures de l'oolite. » Quant à la source de la Meuse , dont le réservoir repose vraisem- blablement sur les marnes du keuper, et dont la latitude et la hauteur au- dessus du niveau de la mer sont à peu près égales à celles de la source de la Marne, il y a , relativement à celle-ci, une différence de plus de i° cen- tigrade. » On se rend raison de cette dernière différence, si l'on considère surtout que la source de la Meuse ne jaillit point d'un versant comme celle de la Marne , mais qu'elle sourd d'un plateau assez étendu, et que son jet est di- rectement en contact avec l'atmosphère, dont la température était sensible- ment plus élevée au moment de l'observation, a chirurgie. — Résultats de la pratique de M. Phillips dans le traitement du strabisme par la section musculaire; communiqués par l'auteur dans une lettre écrite de Saint-Pétersbourg, en date du 9 juillet. « Dans un nombre de quatre-vingts strabismes, j'ai opéré : » Trente-quatre strabismes convergents de l'œil droit; vingt-trois stra- bismes convergents de l'œil gauche; onze convergents des deux yeux; quatre déviations de l'œil par la contraction du muscle grand oblique; trois strabismes congénitaux; deux strabismes divergents; deux supérieurs et un inférieur. » De ceux qui louchaient de l'œil droit, dix-sept ont vu double avant l'opération, deux ont conservé la vue double trois semaines après l'opé- ration ; seize n'ont pas vu double avant, et deux qui ne voyaient pas double avant, ont vu double après l'opération. Deux ont présenté le phénomène remarquable de voir double avec un seul œil. C '73 ) » Parmi ceux qui louchaient de l'œil gauche, deux ont vu double après l'opération, et deux n'ont pas recouvré l'usage de l'œil dévié. » La vue double a toujours existé chez les individus dont la pupille de l'œil dévié était plus large que celle de l'œil sain. » Quelque temps après l'opération , ordinairement après quinze à vingt jours, les pupilles qui se sont dilatées se contractent, et celles qui étaient fortement contractées se dilatent; alors la vue cesse d'être double. « Une observation qui s'est toujours présentée de la même manière, c'est celle de la myopie, lorsque le muscle grand oblique était contracté. Cette myopie cessait, la vue devenait longue aussitôt après, la division de ce muscle. » N'est-on pas autorisé à penser que cette myopie est sous la dépendance de cette contraction musculaire? Après les guérisons obtenues par cette opération, après ce que nous connaissons de la manière d'agir du muscle sur le globe de l'œil , ne peut-on pas espérer pouvoir guérir la myopie, en coupant le tendon du muscle grand oblique? » Après l'étude des opérations de strabismes, il ne peut plus exister de doute sur les mouvements déterminés par les contractions du grand obli- que. Ce muscle dirige l'œil en haut et en dedans, et le petit oblique le con- duit en bas et en dedans. » Cette opinion est contraire à celle émise par Karl Bells, Valentin, Alex. Lauth , etc. Ce qui nous autorise à la poser, c'est que, toutes les fois que le globe de l'œil a été dirigé en haut et en dedans , j'ai coupé le tendon du grand oblique , et l'œil a été ramené dans sa position normale. Lorsque les deux muscles obliques se contractent ensemble, ils retiennent l'œil en avant, lorsque les quatre muscles droits se contractent. Sans cette puissance des obliques, le globe de l'œil serait attiré en arrière par les quatre droits, qui, en se contractant ensemble, jouent le rôle du muscle particulier, si puissant chez les chevaux. » Dans les strabismes divergents , lorsque l'on a coupé le muscle droit externe, le globe de l'œil est porté en dedans; en d'autres termes, en voulant guérir le strabisme externe, on produit un strabisme interne. Il faut alors faire une seconde opération pour ramener l'œil dans sa position naturelle. Ce mouvement est produit par le muscle droit et par les deux muscles obliques. Ce grand déplacement, d'un angle à l'autre des paupières, n'a pas lieu lorsque l'on coupe le muscle droit interne, parce que les deux oblicpies retiennent le globe de l'œil dans le centre de l'ouverture palpébrale. » ( '74) chirurgie.- — Sur la section des muscles de l'œil pour la guérison du strabisme. — Lettre de M. J. Gi;éiu.\. « Je demande à l'Académie la permission de lui présenter, en réponse aux objections que M. Roux a faites dans la dernière séance, concernant mes idées sur le strabisme, les deux remarques suivantes : » i°. S'il est vrai que l'on guérit certains cas de strabisme par la section des muscles de l'œil, ce résultat équivaut à une expérience qui prouverait directement que dans ces cas, la déviation du globe oculaire est le pror duit du raccourcissement du muscle divisé. Or, les nombreuses opérations pratiquées par M. Dieffenbach et plusieurs autres chirurgiens, et quel- ques-unes de celles que j'ai faites, ne me paraissent laisser aucun doute à cet égard. » 20. M. Roux reconnaît que l'un des deux sujets opérés par lui a été atteint d'une inflammation vive de l'œil, qui n'est pas encore entièrement guérie cinq semaines après l'opération. Nous croyons savoir d'ailleurs que l'opération a duré , dans les deux cas, plus de dix minutes. Or, par le pro- cédé que j'ai proposé de substituer à celui de M. Dieffenbach, procédé que j'appelle sous-conjonctival , je n'ai vu dans aucun cas survenir d'in- flammation suppurative , et la durée moyenne des opérations n'a été que de une à deux minutes. Ces résultats ne tendent-ils pas à prouver que mon procédé n'offre pas plus d'inconvénient et n'est pas d'une exécution plus longue et plus difficile que le procédé employé par M. Roux. Je serai heureux de mettre ce célèbre chirurgien à même de constater l'exactitude de mes assertions. » mécanique appliquée. — Sur la demande d'un membre, il est donné lec- ture d'une longue réclamation de M. Renaud de Vilback, au sujet d'un rapport relatif aux voitures articulées de M. Arnoux, rapport dont les conclusions ont été adoptées par l'Académie dans la dernière séance. M. de Vilback réclame l'idée de l'indépendance des roues et de la con- vergence des essieux, l'emploi de galets directeurs; il se plaint qu'on n'ait pas rendu compte d'un moyen de son invention supérieur, suivant lui, à ceux dont M. Arnoux fait usage. M. Vilback déclare que « ses expériences » étaient suffisantes pour obtenir un rapport. » Ce rapport, M. de Vilback le demande avec d'autant plus d'instance, que la Commission n'a pas cru ( '7* ) devoir l'admettre au concours du prix de mécanique, et que ce prix a été accordé à son heureux concurrent. M. Arago relève d'abord une confusion dans laquelle est tombé M. de Vilback. La Commission sur le rapport de laquelle le prix de mécanique de la fondation Montyon a été accordé à M. Arnoux, est différente et de celle qui vient de rendre compte des expériences de Saint-Mandé , et de la Commission qui devait examiner le bout de chemin de Charenton. Les questions de priorité ont été à peine effleurées dans le rapport dont M. de Vilback se plaint , afin de laisser aux tribunaux leur pleine et en- tière action. Mais on s'est tro mpé en supposant que les Commissaires s'é- taient abstenus d'examiner ce point délicat. Ils avaient parfaitement re- connu, par exemple, que le galet directeur dont parle M. de Vilback ne peut en aucune manière être assimilé aux galets de la première voiture de M. Arnoux. Quant au principe de l'indépendance des roues, et de la convergence des essieux, on le trouve déjà dans Edgeworth; Sidney Smith l'avait d'ailleurs mis en pratique sur une voiture que tout le monde a pu voir. Ce que la Commission a cru devoir particulièrement approuver dans le système de M. Arnoux, c'est le moyen d'opérer la convergence, soit des premiers , soit des seconds essieux de chaque voiture , sans secousses, sans à-coups ; ce sont les galets de la locomotive/ c'est un ensemble de dispositions à l'aide duquel (l'expérience a prononcé), le frottement n'est pas plus fort dans les courbes que sur les parties droites des rails. M. Arago (il est le seul des Commissaires de l'Académie qui ait vu fonctionner des waggons sur le bout de chemin de Charenton), déclare, contrairement à l'opinion de M. de Vilback , non-seulement que « les » expériences n'étaient pas suffisantes pour obtenir un rapport », mais encore qu'il y aurait eu impossibilité de faire des essais concluants dans une pareille localité, et avec des rails si courts. La lettre de M. de Vilback est renvoyée à l'examen de l'ancienne Com- mission. M. Cvhouiis communique de nouveaux résultats auxquels il est arrivé dans ses recherches sur l'huile de pommes de terre. M. de Paraveï écrit relativement à des monuments existants dans le Yucatan, et qui lui paraissent offrir la preuve évidente d'une communication ancienne entre l'ancien et le nouveau continent, communication qui au- rait eu pour résultat d'introduire en Amérique la religion boudhique et les connaissances astronomiques des Hindous. ( 176) M. Païen adresse, sous enveloppe cachetée, les résultats de ses obser- vations sur divers points relatifs au développement des végétaux. L' Académie en accepte le dépôt, ainsi que de deux paquets cachetés, adressés par M. Beau. A quatre heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à cinq heures et un quart. A. Errata. (Séance du 20 juillet.) Page 123, ligne 23, ajoutes 1 M. Biot présente, de la part de M. Talbot , plusieurs dessins photographiques sur papier. "i;»tfHKw ■ ( '77 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. [/Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, ae semestre 1840, n° 5, in-4°- Mémorial de l'officier du Génie; n° i3 , in-8°. Mémoire sur la stabilité des Revêtements et de leurs fondations ; par M. Poncelet. (Extrait du Mémorial de l'officier du Génie, n" ,i3.) In-8°. Essai sur la composition des Machines; par Lanz et Bétancourt; 3 e édi- tion, 1840, un vol. in-4° et ua atlas de i5 grandes planches. Société anatomique; i5e année, juin 1840, in-8°. Annales des Mines; 3e série, tome 17, ire et 2me liv. de 1840, in-8°. Histoire naturelle dès îles Canaries; par MM. Webb et Berthelot; livr. 49 — 5x, in-4° Notice sur une Hépatique regardée comme l'individu mâle du Mar- chanda conica; par M. Merat; in-8°. Nouveau procédé d'Amputation médio-tarsienne ; par M. Sédillot ; bro- chure in-8°. Notice sur les Plantes cryptogames à ajouter à la Flore française; par M. C. Montagne; Paris, in-8°. Notions élémentaires de Statistique; par M, d'Omalius d'Hali.oy; iu-8°. Lettre à M. le docteur Lefébure , secrétaire général du Comité central de vaccine du département du Nord, sur la vaccine adressée par M. Docr - i.en; in-8°. Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; i5 — 3o juil- let i84o,in-8°. Description des Échinodermes fossiles de la Suisse; par M. Agassiz; a" partie , Cidarides; Neufchâtel ; in-40. Treatise upon. . . Traité sur une méthode nouvelle, prompte et sûre de traiter les Affections cérébro-sensoriales, particulièrement l'Amaurose et la Cataracte; guérison de la Cataracte sans opération; par M. L.-F. Gondret; Londres, in-12. Die Bewegung Sur les mouvements du Cristallin ; par M. A. Hueck, professeur à l'Université deDorpat; 1839, in-4°. C. R., 1840, a"» Semestre. (T. XI , N° 4 . ) 24 - ( 17») Die Achsendrehung. . . . Sur la rotation de VOEU; par le même; Dor- pat, i838, in-4°. Atti délia. . . . Actes de la première réunion des Savants italiens, tenue à Pise, en octobre i83g ; Pise, 1840 , in-40. Gazette médicale de Paris; n° 3o, in-40. Gazette des Hôpitaux , n° 86 — 88, in-fol. L'Esculape , journal des Spécialités; n° 41 • Gazette des Médecins praticiens; n°* 58 et 5g. L'Expérience , journal; n° 16. Gazette médicale de Marseille ; n° 1 . Programme des Questions mises au concours par l'Académie royale de Metz, pour 1841 ; 7 de feuille in-8°. .<% COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 3 AOUT 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. mécanique cÉtESTE. — Méthodes générales pour la détermination des mouvements des planètes et de leurs satellites; par M. Aug. Cauchy. « La détermination des mouvements des planètes et de leurs satellites est, comme l'on sait, un grand problème que l'on parvient à résoudre, plus ou moins rigoureusement, à l'aide d'approximations successives. La première approximation, celle qui réduit chaque orbite à une ellipse, peut s'effectuer assez simplement à l'aide des méthodes connues. Parmi ces mé- thodes , l'une des plus remarquables est, sans contredit, celle qui se trouve exposée dans le deuxième chapitre du second livre de la Mécanique cé- leste, et qui ramène l'intégration des équations différentielles du mouve- ment elliptique à l'intégration d'une seule équation linéaire aux dérivées partielles. On peut voir, dans le chapitre cité, avec quelle facilité cette équation aux dérivées partielles fournit les équations finies du mou- vement elliptique; et l'on a ainsi, dans l'Astronomie, un premier exemple des avantages que présente la considération de l'équation linéaire que je C. R. , 1840, 3™« Semestre. (T. XI, N» S.) ^5 (.80) nomme caractéristique, c'est-à-dire la considération d'une seule équa- tion aux dérivées partielles substituée à un système donné d'équations dif- férentielles. Les équations finies du mouvement elliptique étant connues, on en déduit, par la formule de Lagrange, les valeurs de l'anomalie et du rayon vecteur développées en séries dont tous les termes, si l'on excepte le premier dans le développement de l'anomalie, sont périodiques, et ren- ferment le temps t sous les signes sinus et cosinus. Les règles de la con- vergence de ces séries, et les limites des erreurs que l'on commet lors- qu'on néglige les termes dont l'ordre surpasse un nombre donné, se déduisent immédiatement de la théorie générale que j'ai présentée dans un Mémoire de i83i , et dans plusieurs articles que renferment les Comptes rendus des séances de l'Académie. » La théorie du mouvement elliptique étant établie, comme on vient de le dire, il reste à examiner comment on passera de cette théorie à celle des mouvements troublés par les actions réciproques des planètes et de leurs satellites. Alors se présentent à résoudre deux problèmes importants d'analyse, dont M. Laplace s'est occupé dans le cinquième chapitre du second livre de la Mécanique céleste , et dont je vais rappeler l'objet en peu de mots. » Le premier problème est l'intégration complète d'un système d'équa- tions différentielles, lorsqu'on suppose connues les intégrales approchées relatives au cas où l'on néglige certains termes. M. Laplace applique à la solution de ce problème deux méthodes distinctes, savoir : i° la méthode des facteur», qui ne réussit que dans le cas où les équations données sont linéaires, et reproduit alors les résultats obtenus par Lagrange ; i° la mé- thode des approximations successives, dont l'idée première pourrait être attribuée à Newton. L'application directe de cette dernière méthode à un système d'équations différentielles ne donne leurs intégrales complètes que dans des cas particuliers, par exemple, dans celui qu'indique M. La- place, et où la suppression des termes, que l'on néglige d'abord, trans- forme ces équations différentielles en équations linéaires à coefficients constants. Mais fort heureusement l'applicalion de la même méthode à l'équation caractéristique résoudra le problème dans tous les cas; alors le théorème très simple, que j'ai donné dans une précédente séance, four- nira toujours immédiatement l'intégrale en série de cette équation carac- téristique, et par conséquent les intégrales générales des équations diffé- rentielles données. Ainsi la considération de l'équation caractéristique, correspondante à un système d'équations différentielles, fournit , non-seu- ( i8i ) leraent, d'élégantes méthodes d'intégration, lorsque les intégrales rigou* reuses peuvent s'obtenir en termes finis, mais encore le développement des intégrales complètes en séries régulières, lorsqu'on ne peut obtenir en termes finis que des intégrales approchées. J'ajouterai que les développe- ments ainsi trouvés se présentent sons une forme telle qu'il devient fa- cile d'y effectuer ce qu'on appelle un changement des variables indépen- dantes , dans le cas surtout où les premières valeurs approchées des variables principales deviennent constantes. Ce cas se présente dans l'astronomie, quand aux équations différentielles du second ordre qui déterminent les coordonnées des planètes et des satellites, on substitue les équations dif- férentielles du premier ordre qui déterminent les éléments elliptiques des orbites considérés comme variables avec le temps. » Au reste, au théorème général que je rappelais tout-à-1'heure, et au- quel les géomètres ont bien voulu faire un accueil si favorable , je vais joindre, dans ce Mémoire, d'autres propositions plus importantes, ce me semble, qui me paraissent devoir plus particulièrement intéresser les as- tronomes, et contribuer aux progrès de la Mécanique céleste. Entrons à ce sujet dans quelques détails. » Les équations différentielles qui déterminent les variations des éléments elliptiques, renferment avec ces éléments et leurs dérivées du premier ordre relatives au temps t, les dérivées partielles d'une certaine fonction dé- signée par R dans la Mécanique céleste; et quand on se propose d'inté- grer par séries ces équations différentielles, il est utile de commencer par développer la fonction R en une série périodique dont chaque terme soit ou constant ou proportionnel au sinus ou au cosinus d'un arc représenté par une fonction linéaire du temps. Effectivement, on peut substituera R un développement de cette forme qui représentera R au bout d'un temps quelconque. La fonction R étant développée comme on vient de le dire, les intégrations simples ou multiples , et relatives au temps, qui se trouvent successivement amenées par la seconde approximation et par les suivantes, produiront , dans les équations intégrales, le temps t hors des signes sinus et cosinus. On ne doit pas, pour cette raison, rejeter absolument les inté- grales dont il s'agit, ni s'imaginer qu'au bout d'un temps considérable elles cessent de fournir le développement des inconnues en séries convergentes; car la même circonstance se présente déjà dans l'intégration d'une seule équation linéaire à coefficients constants, et alors le développement de la variable principale offre une série ordonnée, il est vrai, suivant les puis- sances ascendantes de f, mais néanmoins toujours convergente, puisque 25.. ( i8a ) cette série a pour somme une exponentielle népérienne dont l'exposant est proportionnel au temps. Toutefois, il est juste d'observer que des sé- ries de cette espèce, sans cesser même d'être convergentes, peuvent, au bout d'un temps considérable, se prêter difficilement au calcul, attendu que les termes proportionnels au temps ou à ses puissances finissent par croître très rapidement, et que le nombre des termes dont on doit tenir compte, pour que l'erreur commise soit insensible, devient alors de plus en plus considérable. Pour remédier à cet inconvénient, on a cherché à faire disparaître dans les développements obtenus les termes non pério- diques. Euler, Clairaut, d'Alembert et Lagrange ont imaginé, dans ce but , divers artifices de calcul applicables à des cas plus ou moins étendus ; et dans le chapitre déjà cité, l'auteur de la Mécanique céleste fait sentir com- bien il importe d'avoir pour cet objet une méthode simple et générale. Lui-même en propose une qui lui semble offrir ce double caractère. Mais elle repose sur un principe qui paraît sujet à de graves objections (i). » Quelques méditations approfondies sur ce sujet délicat m'ont con- duit à découvrir un autre principe, qui peut sans difficulté servir de base à l'élimination des termes non périodiques et à la théorie des inégalités sé- culaires des mouvements des planètes. Il repose sur une propriété remar- quable et très générale des séries qui représentent les intégrales d'un sys- tème d'équations différentielles. Disons ici quelques mots de cette propriété. » Supposons que l'on soit parvenu à intégrer un système d'équations différentielles , en négligeant certains termes , et qu'après avoir ainsi trouvé des intégrales approchées, on veuille déduire de celles-ci les intégrales rigoureuses, à l'aide des méthodes précédemment exposées. 11 suffira de développer en série par ces méthodes l'intégrale générale de l'équation caractéristique. Les divers termes du développement que l'on obtiendra pourront être calculés successivement , et le calcul de chaque nouveau terme exigera une intégration nouvelle relative au temps t. Or, ce qu'il im- porte de remarquer, c'est que chaque intégration nouvelle étant indé- pendante de celles qui la précèdent pourra être effectuée à partir d'une limite entièrement arbitraire. On peut donc ainsi introduire dans l'inté- (0 Voir les Remarques faites à ce sujet, par Lagrange, dans les Mémoires de Berlin pour l'année i ^83 , page 227. ( i8î) grale générale de l'équation caractéristique, et par conséquent dans les intégrales générales des équations différentielles, une infinité de cons- tantes arbitraires. Mais comme cette introduction ne saurait changer la nature même de ces intégrales , il est nécessaire que l'effet qui en résulte puisse également résulter d'un changement opéré dans les valeurs des constantes arbitraires que les intégrales renferment, quand on effectue chaque intégration relative à t, à partir d'une limite non arbitraire, par exemple, à partir de £ = o. Cette propriété des intégrales développées en séries ne saurait être révoquée en doute, et se vérifie aisément, dans di- vers cas particuliers, c'est-à-dire pour certaines formes particulières des équations différentielles. » A l'aide de cette propriété, l'on reconnaît sans peine que, dans un grand nombre de cas, surtout dans celui où les premières valeurs appro- chées des variables principales se réduisent à des constantes, et où les seconds membres des équations différentielles données sont des séries de termes proportionnels à des sinus ou cosinus d'angles représentés par des fonctions linéaires de t , le temps t, introduit par les intégrations suc- cessives hors des signes sinus et cosinus, peut être, dans les intégrales générales, diminué d'une constante arbitraire 9. Seulement, en admettant cette nouvelle constante, on doit modifier les autres qui changeront de valeur avec elle. C'est ainsi que l'une des conséquences déduites par M. Laplace du principe dont nous avons parlé, se trouve directement et rigoureusement établie. D'ailleurs, les variables étant considérées comme fonctions du temps, et les constantes arbitraires comme fonctions de Ô, les équations intégrales et leurs dérivées devront subsister, quelles que soient les valeurs attribuées à 8 et à 4 Elles devront donc subsister, dans le cas même où l'on établirait entre Q et t une relation quelconque, par exemple, dans le cas où l'on supposerait t= Q. De cette seule considéra- tion je conclus immédiatement que l'on peut, dans les équations intégrales, supprimer tous les termes qui renferment le temps t hors des signes sinus et cosinus, pourvu que l'on regarde les constantes arbitraires comme des fonctions du temps, et je déduis sans peine les équations différentielles qui déterminent ces dernières fonctions, en abandonnant ici de nouveau la marche suivie par l'auteur de la Mécanique céleste qui , pour la seconde fois, a recours au principe dont nous avons parlé ci-dessus, et parvient de cette manière à des équations dont l'exactitude n'est peut-être pas suffi- samment démontrée. » Dans un prochain Mémoire f j'aurai l'honneur d'offrir à l'Académie le ( m ) développement des principes généraux que je viens d'établir, et leur appli- cation au calcul des inégalités séculaires des mouvements des planètes. Par ce moyen on pourra juger de l'utilité toute spéciale de ce nouveau travail dans les recherches astronomiques. Je ferai tous mes efforts pour le rendre digne de l'intérêt accordé par mes illustres confrères à mes précédents mé- moires sur la Mécanique céleste. La marque si éclatante que plusieurs d'entre eux m'en ont donnée, il y a quelques mois, était l'encouragement le plus flatteur que je pusse recevoir après trente-quatre années de travaux assidus dans une carrière où l'illustre Lagrange avait bien voulu guider mes pre - miers pas. Je saisis avec plaisir cette occasion de leur exprimer ici ma re- connaissance pource témoignage de considération auquel j'attache d'autant plus de prix, que je l'avais moins recherché, et me tenais plus a l'écart, pour me livrer, dans le silence du cabinet, âmes études favorites. Jusqu'à ce jour ceux qui avaient reçu ce témoignage se regardaient comme ayant, pour cette raison même, un devoir impérieux à remplir. Lorsqu'ils croyaient avoir fait quelque découverte utile à l'astronomie, ils s'empressaient de com- muniquer leur Mémoire à la réunion des savants spécialement chargés de favoriser les progrès de la Mécanique céleste , et de le leur offrir pour être inséré dans la Connaissance des Temps. Si je me borne pour le moment à communiquer mon travail à l'Académie, mes honorables confrères ne m'en feront point un reproche. La fidélité avec laquelle j'ai toujours cherché à remplir mes devoirs, leur répond assez de l'empressement que je mettrais à m'acquitter encore de celui que je viens de rappeler, si tout le monde était parfaitement convaincu qu'il ne peut y avoir nul inconvénient à ces com- munications scientifiques. Mais je dois attendre que cette conviction soit formée dans tous les esprits. La seule chose qui soit en mon pouvoir, c'est de redoubler de zèle pour répondre à l'indulgence avec laquelle les amis des sciences ont accueilli mes ouvrages, et prouver, s'il est possible, que le titre de géomètre n'était pas tout-à-fait en désaccord avec les occupations habituellesdu vieux professeur auquel, dans la précédente année, les maîtres de la science avaient bien voulu le conférer. » chirurgie. — De l'efficacité du moxa dans certaines névroses et affections paralytiques graves, et des inconvénients du galvanisme dans les mêmes maladies; par M. Larrey. (Extrait.) « Cette Notice est accompagnée d'une série d'observations qui appuient l'opinion de l'auteur et confirment les principes qui y sont établis. ( i85 ) » Le sujet de la première est un invalide amputé du bras droit, lequel avait été frappé d'une hémiplégie complète de tout le côté gauche , ce qui avait mis ce vétéran dans la situation la plus fâcheuse. » L'application successive d'une douzaine de moxas, suivie d'une médi- cation appropriée, a complètement rétabli les mouvements et la sensibilité dans les deux membres paralysés. Les propriétés tactiles ont été les der- nières à se reproduire; en effet, cet invalide faisait exécuter à ses doigts tous les mouvements dont ils sont susceptibles dans l'état normal , mais il ne pouvait apprécier aucune des propriétés physiques des corps que ces appendices saisissaient: ainsi il ne distinguait point un corps cubique d'un corps rond, une balle de plomb d'une boule de bois , un corps froid d'un corps chaud , etc. » Le sujet de la deuxième observation, autre invalide, était atteint d'une surdité opiniâtre portée à un tel degré , qu'il n'entendait point le son des cloches ni le bruit des tambours qui battaient à ses côtés , et il ne communiquait avec ses compagnons que par signes ou par écrit. On avait vainement employé beaucoup de moyens et surtout le galvanisme. » Un égal nombre de moxas , précédés de l'application des ventouses scarifiées, posés successivement sur le trajet des nerfs qui sont le plus en rapport avec ceux de l'organe de l'ouïe, a complètement rétabli ce sens chez cet invalide; cependant, bien que cette cure date de 3 ou 4 ans, les traits de la face ne paraissent pas être encore tout-à-fait en harmonie avec les fonctions auditives. » Ces deux invalides ont été présentés à l'Académie. » Le sujet de la troisième était un jeune étudiant en droit, parent de l'un de nos célèbres confrères, atteint d'une hémiplégie complète du côté droit, avec perte totale de la parole et altération de l'organe de l'ouïe. Cette paralysie, qui avait résisté à l'emploi de beaucoup de moyens mis en usage par plusieurs médecins, fut victorieusement combattue par l'application répétée du inoxa et une médication appropriée à la nature de la cause pré- disposante de cette maladie. En peu de temps toutes les fonctions furent entièrement rétablies chez ce jeune homme , qui fut même en état de reprendre ses études et de les continuer sans obstacle pendant plus d'une année; mais à la fin de cette période il fut saisi tout-à-coup, et sans que j'en aie eu connaissance, d'une pneumonie aiguë à laquelle il a succombé en très peu de jours. » Le sujet de la quatrième observation est un fonctionnaire supérieur d'un âge un peu avancé ( M. le comte de R***), frappé d'une hémiplégie faciale du ( i*6 ) côté droit et d'une faiblesse notable dans les puissances motrices des deux membres correspondants. Chez ce malade la paralysie était récente, et l'application successive de 8 0119 moxas, précédée d'une médication appro- priée à son état pléthorique, a suffi pour rétablir complètement l'équilibre dans toutes les fonctions. » Le sujet de la cinquième observation est un marchand de vin affecté d'un tic douloureux ou névralgie faciale chronique portée au plus haut degré d'intensité, contre laquelle un grand nombre de moyens usités, et surtout l'électricité galvanique, avaient été inutilement mis en usage pendant un laps de temps considérable. Cependant l'application réitérée des ventouses mouchetées et du moxa a triomphé de ce mal opiniâtre, et la santé de ce malade a été rétablie. » Enfin le sujet de la sixième et dernière observation , que M. Larrey a également présenté à l'Académie, est un jeune homme de 19 à 10 ans, atteint d'une phthisie pulmonaire, offrant tous les symptômes de cette ma- ladie portée au troisième degré. Une médication rationnelle et un grand nombre de moxas (3a) posés successivement sur le thorax, ont conduit ce jeune homme à une guérison si parfaite et sa santé a été si bien rétablie, qu'il a été reconnu, par le Conseil de révision du département de la Seine, apte à servir comme militaire. (Ce sujet a été examiné par mon célèbre confrère, le professeur Andral.) » M. Larrey a annoncé devoir communiquer incessamment à l'Académie un autre Mémoire sur l'anévrisme du cœur. M. Flourens fait hommage à l'Académie de son Éloge historique de feu M. Frédéric Cuvier, lu à la séance publique du i3 juillet 1840. RAPPORTS. histoire naturelle. — Rapport sur les manuscrits de Météorologie et de Botanique, et sur les Collections d'Histoire naturelle faites dans l'Inde, par M. Perrottet, naturaliste-voyageur du Ministère de la Marine. (Commissaires, MM. Arago, Duméril, Savary , Richard rapporteur.) « Dans une de ses précédentes séances, l'Académie a chargé une Com- mission composée de MM. Arago, Duméril, Savary et Richard, d'examiner les manuscrits de Météorologie et les collections d'Histoire naturelle faites ( i87 ) dans l'Inde par M. Perrottet. Avant de communiquer à l'Académie les résultats de l'examen auquel nous nous sommes livrés, qu'il nous soit permis de rappeler en peu de mots les services que M. Perrottet a déjà rendus aux sciences, et spécialement à la Botanique, dans les diverses mis- sions qui lui ont été confiées. » M. Perrottet, botaniste-voyageur du Gouvernement, attaché au Mi- nistère de la Marine, a déjà parcouru ou habité plusieurs contrées loin- taines, dont il nous a fait connaître les productions végétales Ainsi, il a d'abord fait partie de l'expédition du capitaine Philibert, chargé en 1818 d'explorer les côtes de la Chine et les îles Philippines, et d'importer dans nos colonies de Bourbon et de la Guyane toutes les productions utiles qu'on pourrait y faire réussir. C'est au retour de cette expédition , et après avoir séjourné pendant près d'une année à Cayenne, que M. Perrottet enrichit nos colonies et nos serres chaudes de plusieurs arbres dont le nom seul rappellera l'importance; il nous suffira de nommer, entre autres, l'arbre à pain, dont il apportait trois variétés distinctes, le géroflier, le véritable cannellier de Ceylan, une nouvelle espèce d'Illicium , ou anis étoile de la Chine, le poivrier-bétel, dont on fait un si fréquent usage dans tout le grand archipel des îles de la Sonde; le cacaoyer, le Quassia amara, et douze ou treize espèces de palmiers, qui paraissaient pour la première fois dans nos jardins d'Europe. Ceux qui savent combien de soins et d'attention exige la conservation des plantes vivantes à bord des navires, surtout pen- dant les longues traversées de l'Inde et de 1 Amérique méridionale, ap- précieront les services rendus à la Botanique par M. Perrottet, en apportant en Europe un aussi grand nombre de végétaux vivants. » Un nombreux herbier des plantes recueillies pendant ses diverses sta- tions, et surtout aux Philippines et à Cayenne, fut déposé par M. Per- rottet au Muséum d'Histoire naturelle, et vint enrichir les collections botaniques de ce grand établissement. » Peu de temps après, M. Perrottet fut envoyé à la Guadeloupe par M. le Ministre de la Marine , afin d'importer au Sénégal le nopal et la co- chenille sylvestre. Cette mission eut un heureux résultat, et M. Perrottet fut alors nommé directeur des cultures du Gouvernement dans la colonie du Sénégal. Notre voyageur séjourna pendant cinq ans dans cette partie de l'Afrique ; non-seulement il en dirigea avec intelligence le jardin d'ac- climatation, dans lequel il introduisit un grand nombre de plantes nou- velles, et des essais de culture propres à augmenter l'importance de la colonie; mais il explora presque toutes les provinces de la Sénégambie, C. R., I84o, 3">« Semestre. (T. XI, N° S.) 26 ( i88) dont il recueillit toutes les productions végétales. Ce sont ces plantes, jointes aux collections nombreuses faites par M. Leprieur, pharmacien de la marine, botaniste distingué et voyageur infatigable, qui forment les matériaux de la Flore de Senégambie, à la rédaction de laquelle ont pris part MM. Pcrrottet, Guillemin et l'un de vos Commissaires, et dont dix livraisons ont été successivement publiées et présentées à l'Académie. » En i834, M. Perrottel reçut une nouvelle destination; il fut envoyé à Pondichéry, avec le titre de botaniste-agriculteur du Gouvernement. En deux années, le jardin botanique que la France possède dans cette co- lonie, prit une face nouvelle. Par ses soins, de nombreuses plantations de végétaux utiles y furent faites, et M. Perrottet apporta surtout son atten- tion sur l'établissement séricicole que le Gouvernement y avait fondé. » M. Perrottet desirait ardemment aller explorer le groupe des monta- gnes des Nilgherries, ou Montagnes bleues , qui n'avaient été jusque alors visitées que très imparfaitement sous le point de vue de l'Histoire natu- relle. Il y séjourna pendant près de deux années, et c'est principalement dans cette partie de l'Inde qu'ont été faites les collections d'Histoire na- turelle et qu'ont été rédigés les observations et les manuscrits sur lesquels M. Perrottet appelle aujourd'hui l'attention de l'Académie. » Rappelé en i838 par M. le Ministre de la Marine, avec une nouvelle mission pour Bourbon et les Antilles, M. Perrottet, avant de revenir en Europe, obtint de M. de Saint-Simon, gouverneur de nos établissements dans l'Inde , la permission d'aller visiter Bombay et Poonah. Le but de ce naturaliste était d'y étudier avec soin les meilleures méthodes employées dans ces contrées pour l'éducation des vers à soie, et tout ce qui a rapport à la production de ces précieux filaments, industrie qu'il était chargé d'in- troduire dans nos colonies. Pendant son séjour à Poonah, M. Perrottet recueillit les renseignements les plus précieux et les plus positifs sur la culture comparative des diverses espèces de mûriers, et sur les procédés les plus économiques et les plus avantageux pour l'éducation, si facile dans ces contrées, des vers à soie. En revenant à Pondichéry, M. Perrottet put déjà mettre à profit les connaissances pratiques qu'il venait d'acquérir, et donner à l'établissement séricicole une impulsion nouvelle, dont on doit attendre les plus heureux résultats. En quittant Pondichéry, M. Perrottet s'arrêta à Bourbon , et employa les quatre mois qu'il passa dans cette île à en visiter toutes les parties et à diriger les vues des habitants sur l'établis- sement de magnaneries qui, avant peu d'années, doivent faire la prospérité de cette colonie. Avec l'aide du gouverneur, il forma, à Saint-Pierre et à Salaze, des établissements destinés à servir de modèle , et où il mit en pra- ( i8g ) tique les procédés perfectionnés qu'il avait étudiés à Bombay et à Poonah. Pendant son séjour il a publié dans le Journal de la colonie plusieurs Mémoires sur la culture des mûriers, l'éducation des vers à soie appropriée à l'île de Bourbon, qui seront très profitables aux habitants de cette inté- ressante colonie. Ce sera donc aux lumières et au zèle de M. Perrottet qu'elle devra l'introduction d'une industrie nouvelle, propre à remplacer celle du café et surtout du sucre, qui, chaque jour, est menacée d'un abandon presque complet. » Les collections botaniques que M. Perrottet a faites dans l'Inde, et que vous nous avez chargé de vous faire connaître, sont d'une haute importance pour la science. Elles consistent principalement en deux herbiers, l'un composé de plantes recueillies aux environs de Pondichéry, et l'autre, qui ne contient pas moins de i5oo espèces, renferme les plan- tes de la petite chaîne de montagnes connue sous le nom de Nilgherries. » Il était difficile de choisir un point plus intéressant à explorer dans ces vastes contrées de l'Inde, si riches en productions naturelles, que ce petit groupe de montagnes des Nilgherries. Situées dans les Indes orientales, entre les u'io' et ii°3a' de latitude nord, et les 7 6° 5c/ et 770 3i' de longitude est du méridien de Greenwicli, ces montagnes suivent une direc- tion oblique du sud-ouest au nord- est, dans une longueur de 38 à l\o milles, sur une largeur d'environ i5 milles. » Elles forment un énorme massif extrêmement accidenté, coupé de ravins, de vallées marécageuses, de précipices ou gorges profondes, qui, suivant leur étendue ou leur direction, présentent une végétation entiè- rement différente de celle des plateaux qui les environnent. La surface de ces plateaux est singulièrement ondulée, et se compose en général d'une suite de monticules ou de mamelons arrondis, dont quelques-uns ont une hauteur de plus de 8000 pieds au-dessus du niveau de la mer. « La plupart de ces mamelons sont complètement dépourvus de végéta- tion arborescente; une herbe fine et touffue, d'un vert pâle, les recouvre en totalité et leur donne une physionomie remarquable et toute particu- lière. De loin en loin seulement on aperçoit quelques bouquets d'arbres d'une étendue variable, mais généralement peu élevés. C'est dans les gorges et dans les ravins dont nous avons parlé tout-à-1'heure , et qui doivent leur origine aux chutes d'eau ou aux torrents qui se précipitent des plateaux supérieurs, que l'on voit s'élever une végétation vigoureuse et arborescente, contrastant, par sa force et les espèces qui la composent, avec celle des mamelons du plateau. 26.. ( «9° ) » Qu'on se figure l'étonnement du botaniste européen s'élevant des plaines de l'Inde sur la chaîne des Nilgherries, à la vue de la végétation qui vient frapper ses regards. Dans la plaine, ces forêts impénétrables, composées d'arbres dont la cime s'élève à plus de 5o mètres de hauteur; cette variété dans les formes, cet éclat et cette gravité dans les fleurs, ce mélange de palmiers élégants et des espèces colossales de figuiers, de mangines, etc., sur lesquels s'établit la végétation parasite des orchidées et des broméliacées épidendres; ces lianes, si variées dans leurs formes, sont tout-à-coup remplacées par une végétation maigre et chétive, qui fatigue l'œil par son apparente monotonie. Tout-à-l'heure rien ne rappelait au voyageur européen les végétaux de sa patrie; aucune espèce, je dirais presque aucun genre de plantes n'appartient à ces forêts primitives de l'Inde et à celles de l'Europe. En une heure de marche, s'il pouvait perdre le sou- venir du temps et des lieux, il se croirait transporté sur le sommet des Alpes ou du Jura : même forme générale dans l'aspect de la végétation, mêmes genres et espèces presque identiques. Ainsi il rencontre à chaque pas des renoncules, des violettes, des anémones, des mauves, des mille- pertuis, des fumeterres, des potentilles, des gentianes, des andromèdeset des rhododendrons, etc. , etc. ; en un mot tous les genres qui, en Europe, caractérisent la végétation des hautes chaînes de montagnes. » Mais néanmoins si l'aspect général est le même, si les genres de végé- taux sont ainsi communs aux sommets élevés des Nilgherries et de nos Alpes, cependant la nature imprime encore un cachet spécial à cette végétation des hautes chaînes de l'Inde. Ce sont bien les mêmes genres, mais ce ne sont pas les mêmes espèces qu'en nos climats. Ainsi , par exemple, aux Rhododendrum hirsutwn et ferrugineum qui garnissent les roches calcaires des Alpes de la Suisse et du Jura, se substitue le Rhododendrum arborewn, seul végétal ligneux, qui orne de ses magnifiques corolles pourpres les mamelons élevés du plateau des montagnes des Nilgherries. Si nous prenons une famille en particulier, celle des Orchidées, par exemple, nous verrons que, pour le port, ses espèces rentrent tout-à-fait dans les formes européennes. Mais les «entes Orchis, Ophris, Aceras, etc., de nos climats, sont remplacés par de nombreuses espèces appartenant aux genres Habenaria, Satyrium et Peristylus, qu'on ne trouve guère que dans les pays voisins des tropiques. » Comme nous l'avons dit tout-à-l'heure, M. Perrottet a séjourné deux années sur la chaîne des Nilgherries. Le peu d'étendue de ces montagnes lui a permis d'en parcourir toutes les parties. Il n'y a pas un des mame- lons qui s'en élèvent, pas une des vallées qui la sillonnent, qu'il n'ait visi- tés à toutes les époques de l'année. Aussi peut-on assurer qu'il en a re- cueilli à peu près tous les végétaux qui peuvent y croître, et que la végé- tation de ce groupe de montagnes est aujourd'hui aussi bien connue que celle des contrées de l'Europe qui ont été le mieux explorées. » M. Perrottet, avec la sagacité qui caractérise le naturaliste parfaitement au courant de toutes les exigences de la science et qui peuvent contribuer à ses progrès , ne s'estpas borné à recueillir avec soin tous les végétaux qui s'offraient à sa vue, mais il a étudié leur structure, qu'il a reproduite soit par des dessins analytiques, soit par des descriptions; il a noté surtout avec un soin tout particulier les diverses stations où croissent chacun de ces végétaux, de manière à pouvoir faire un tableau exact et complet de la géographie botanique des Nilgherries, partie si intéressante de la science. » La végétation des Nilgherries , considérée dans son ensemble depuis la partie inférieure de la chaîne jusqu'au sommet des mamelons qui la couronnent, peut se partager en quatre régions, caractérisées chacune par un certain nombre de végétaux qui n'appartiennent qu'à elle. » La première, ou la supérieure, qu'on peut appeler la région alpine , est celle que nous avons fait connaître tout-à-l'heure. C'est elle qui comprend tous les mamelons depuis une hauteur de 5ooo pieds anglais au-dessus du n iveau de la mer jusqu'à 8000 pieds, hauteur de quelques-uns des monti- cules aux environs d'Otocamund, ville principale des Nilgherries. Elle est caractérisée par la présence de tous ces végétaux alpins dont nous avons donné tout-à-l'heure une énumération succincte, au milieu desquels se rencontrent deux ou trois espèces ligneuses, comme le Myrtus tomentosa, remarquable à la fois par l'abondance de ses jolies fleurs roses, auxquelles succèdent des baies également roses, d'une saveur douce, aigrelette et par- fumée; le Cotoneaster affinis, DC. , arbrisseau souvent rabougri et étalé à la surface du sol , tout couvert de petites fleurs blanches et tomenteuses, qui le font reconnaître de loin ; une jolie acanthacée, probablement nou- velle, à fleurs du bleu de ciel le plus pur et qui couvre quelquefois d'im- menses espaces de terrain; enfin, le Bhododendrum arboreum , qui forme quelquefois à lui seul de petites forêts élégantes et dont on ne trouve plus un seul individu au-dessous de 5ooo pieds. » Cette zone supérieure est parfaitement tranchée et elle diffère tellement de celles qui sont placées au-dessous d'elle, qu'elle paraît n'avoir avec elles aucun rapport. » La deuxième région forme une bande d'environ 1000 pieds de han- ( *92 ) leur, qui commence à 4000 pieds et s'élève jusqu'à 5ooo. Sa végétation, comme celle des deux autres régions inférieures, offre tout-à-fait le carac- tère tropical et indien, mais elle se compose en général d'arbres peu éle- vés et sur le développement desquels la hauteur des lieux exerce une in- fluence très grande. Nous citerons ici, comme caractérisant cette région, des Dombeya,Aes Helicteres, le Vateria indica , des espèces appartenant aux genres TrichiUa, Sterculia, Pterocarpus , Ficus, Croton, YArtocarpus incisa, etc. » La troisième région est surtout caractérisée par la terminaison de ces magnifiques espèces du beau genre Anogeissus , qui forment de vastes.fo- rêts depuis la base de la montagne jusqu'à une hauteur de /Jooo pieds. Au dessus de ce point on ne rencontre aucun individu d'une espèce qui, dans les régions situées immédiatement au-dessous, imprimait par son abon- dance un caractère tout spécial à la végétation. Avec les Anogeissus se montrent le Gmelina arborea, le Cochlospermum gossjpiwn, des Acacia, des Sapindus , des Celastrus sarmenteux , le Pterocarpus marsupium, les Grewia, les Dalbergia, desSpathodœa et d'autres Bignoniacées, etc. » Enfin , la dernière région est celle qui occupe la base des montagnes en s'élevant à une hauteur de deux et quelquefois de trois mille pieds au- dessus du niveau de la mer. C'est la végétation tropicale indienne avec- tout son luxe et son éclat. Ce sont des forêts impénétrables, composées d'arbres magnifiques dont la cime s'élève souvent à plus de cinquante mè- tres de hauteur. Rien n'est beau comme ces majestueux manguiers chargés à la fois de fleurs et de fruits du plus beau jaune , comme le jacquier à feuilles entières et luisantes, sur le tronc duquel se développent des fruits dont quelques-uns pèsent jusqu'à i5 et ïo kilogr. Les bambous y forment des touffes vraiment gigantesques, et leur chaume creux et annelé s'élève à la hauteur des plus grands arbres et acquiert une solidité comparable à celle des bois les plus résistants » La végétation de cette dernière zone se confond insensiblement à sa base avec celle des plaines environnantes. » Nous avons parlé tout-à-i'heure de ces ravins profonds, de ces vallées abruptes qui sillonnent les flancs du massif des Nilgherries, et descendent quelquefois jusque dans la plaine qui l'environne. Leur végétation ne res- semble en rien à celle des plateaux; la transition est subite. A peine le voyageur s'est-il engagé dans l'une de ces vallées, qu'il se voit tout-à-coup environné par une végétation luxuriante, par des arbres souvent d'une grande hauteur, comme les Lauriers, les Michilia , les Gordonia, les Au- C '93 ) dromèdes arborescentes, sur lesquels croissent des Lianes et des Orchidées épidendres. C'est dans l'une de ces vallées, dans sa partie la plus rappro- chée des plateaux, que M. Perrotet a découvert cette belle fougère en ar- bre, à tige bifurquée, dont il n'existait jusqu'à présent aucun exemple dans la science. On sait, en effet, que les fougères ligneuses ressemblent pour leur port et leur aspect général aux palmiers et antres monocolylédons, à tige arborescente. Si l'on excepte quelques Dracœna, et parmi les palmiers, le Doum ou palmier de la Thébaïde, le stipe des monocotylédons, comme celui des fougères, est parfaitement simple et indivis. Dans l'espèce rap- portée par M. Perrottet, il est profondément bifurqué. M. Perrottet a éga- lement rapporté et déposé au Muséum d'Histoire naturelle l'extrémité su- périeure d'un c/cfli bifurquée et un stipe de Lontarusjlabellijo) mis, divisé en six branches, partant toutes de points différents. Ce sont autant de faits nouveaux pour la science, et qui probablement pourraient modifier en quelques points les explications qu'on a jusqu'à présent données du mode de développement des arbres monoeotylédonés. » Quoique la botanique ait été l'objet spécial des recherches de M. Per- rottet, cependant il a rapporté de ses voyages des collections zoologiques faites avec discernement et habileté, et souvent accompagnées de notes manuscrites qui ajoutent beaucoup à leur valeur scientifique. Parmi ces collections se trouvent un certain nombre de mammifères et dé reptiles, souvent conservés tout entiers dans la liqueur, et surtout des mollusques et des insectes. » Ces insectes, au nombre de quatre cents espèces, ont été recueillis avec le plus grand soin, et se trouvent dans un très bon état de conserva- tion. Plus de deux cents espèces sont différentes de celles rapportées par M. Adolphe Delessert, quoique provenant des mêmes localités. Le plus grand nombre paraissent nouvelles, et, ce qui sera important pour la science, c'est que chaque individu est accompagné de notes faisant con- naître ses mœurs et son genre de vie. L'auteur étant très versé dans la connaissance des plantes, a pu donner en même temps le nom du végétal sur lequel chaque individu a été trouvé. » C'est surtout dans l'ordre des coléoptères que cette collection est très riche. L'Académie comprendra « Semestre. (T. XI, N°5.) 29 ( 212 ) COMITE SECRET. M. Alex. Brongniart, au nom de la section de Minéralogie, déclare que l'avis de la section est qu'il y a lieu d'élire à la place vacante par suite du décès de M. Brochant de filliers. L'Académie va' au scrutin sur cette question. Il y a 34 oui et i non. En conséquence, la section est invitée à présenter une liste de candidats dans la prochaine séance. MM. les membres en seront prévenus par lettres à domicile. La séance est levée à 5 heures 4. F. ( 2l3 ) OULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie des Sciences; 2e semestre 1840, n°4, in-4°. Eloge historique de F. Cuvier; par M. Flourejns, secrétaire perpétuel, lu à la séance publique du i3 juillet 1840, in- 8°. Notice historique sur J.-B. Huzard; par M. Bonafous. (Extrait de la Biographie universelle , tome 67.) In-8°. Deuxième Mémoire sur les rapports qui existent entre le Sang, le Pus, le Mucus et l'Epiderme; par M. L. Mandl; iu-8°. Contrefaçon de la Turbine Passot. Procès de Besançon; in-8°. Revue zoologique, par la Société cuviérienne; juillet 1840, in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 5, n° ig, in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 6, août i84o, in-8°. .Journal d'Agriculture pratique, de Jardinage et d'Economie domestique; juill. 1840, in-8°. Académie royale de Bruxelles. — Bulletin de la séance générale du 6 et du 7 mai 1840, in-8°. Journal de l'Institut historique; liv. 69 — 71 , in-8\ Prodromus systematis Ornithologiœ ; Caroli-Luciani Bonaparte, Muxi- niani principis; in-8°. Prodromus systematis Herpetologiœ ; par le même; in-8°. Morphologia Fluidorum pathologicorum , tomi primi pars prima; auc- tore David Groby ; Vienne, 1840, in-8°. Philosophical . . . . Transactions philosophiques de la Société royale de Londres, pour l'année 1840; partie ire, in~4°. Proceedings. . . . Procès-Verbaux de la Société royale de Londres; n" 42 — 44 (27 fév. au 18 juin 1840); in-8°. The quarterly Bewiew; n° i3i , juin 1840, in-8°. The London .... Magasin philosophique et Journal de Sciences de Lon- dres et d'Edimbourg ; y o\. 16e, n° 106, et vol. 17e, n° 107, in-8°. 29.. ( itf ) The Anaals. . . . Annales d'Electricité et de Magnétisme ; vol. 4e, mars et avril 1840, in-8°. The Journal. . . . Journal de la Société royale de Géographie ; Londres, vol. 10e, part. 2, in-8°. An Introduction... Introduction à la Théorie atomique, comprenant une esquisse des opinions des Physiciens anciens et modernes les plus distin- gués relativement à la composition de la matière; par M. Ch. Daubeny ; Ox- ford, i8/fo, in -8°. The Athenœum, journal; n° i5o, juin 1840, in-4°- Astronomische . . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 406, in-4°. Bericht uher. . . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin, et destinés à la publication; mai 1 84of in-8°. Namenund .... Table alphabétique des Comptes rendus de l'Académie royale de Prusse , de i83G à 185g; in-8°. Gazette médicale de Paris; n" 3i, in-4°. Gazette des Hôpitaux , nos 8g et 90, in-fol. L' E sci dape , journal des Spécialités, n°42, ire année, et n° 1, 2e année. Gazette des Médecins praticiens; n" 60. L'Expérience , journal; n° 161. ( 2l5 ) c/3 H O <2 <«0 Oço oo O os dOd co iOOwOOOOZO QZZHOOm ai w tî C O w t/5 O. aiOSCM O r-in S m es ■ O * «0 H + < ■U S J J - 1 ■s, 3 U as S «p » S2 = > c£ O 5 « 3 5 's 3 S c S -= KPQ u S5 P- 0J u o — 3 S 3 O C O M 3 V SI ■ 3 3 = - U U M . •V 2 § § -U - 5 2 = es es -2 3 J 2 > ~3 '— — 33ucjCJtJO.rcO© — — O a o '— c > u > 3 ■= 3 O — C CJ CU 'w - - u u -.«.au « z > > 3S 2 O B ,- 3 O O o o - - «M 3 3 3 es es es 3 3 3 O O O s s s eo cr.eo ur> o eo - m o m 05 ' + + + + + o - o +++ CT.W m va-vîr KO OO» O - o ^ereo o ■ CT> - O00 r» Ôi « es. - tO ^t-^ir o cm es eO - m ~3- - vg- e >n ^s-io ++++++++++++4++++++++++ CT.eo 00 es +++ O O ffir'ffio - 00O5M n a es es M r. - +++44 C7> o 00 CX. o © ^a- es ro es eo --+ 4 + + r--ro es es es es 44 + + 00 O vs- es ro es es « es 4+4 es M 4 •uiojS.Cji ^r^f es cft C7> o CO ^a- o m o o -a C7> ts ro cj> c -eo es — va- CT. O r*» "■ in t^ r- C7> — Gîro o r^ - ro -^-ro _ olo _ v-. v- „ çy, m - - CO ^t" o co ro CO r^co CO CO ^--f es m CO ro i-^ CT: es tn O n a a m 'O «n »n ïn r^ ç^ r^ c-- r^ r> r- r^ c— c^ c~~ t^ c^ i~-~ c-> c^ t^ r^ r- t-^ r^ c^ i"^ r^ r^ c^ r-- r^ i^ r- r^ ' c^r^ r*> C. CO /•cnoi3Xfj H a •^ es 00 CTîio CO CO es -'.£> OCOVî CTiOO - CO CT. es ^*in ^rv^j- r^co OO O ^ttoO V) c^ro o eo u") es ^f»n eo PlfUOOO ^* es 30 O es eo vrm r» r-m m >r5 eo eo r-oo eo c- CTj O^tCO CO eo OO vri- o — CO CO o o ^f)mioioioins3toioioio ««f vi-vg-m m m m ^s-io yD <£> •uioj3X[| » CT> o i-- o r> C7~.CO t-OO - -<3->n -- - es eji - v--3-vies-----------eses-esesesese)-.es- +++++++44+4 X q - «r» o + 444 ++++"+ 4-| +++4 4 44 + o o o es es es 4+ + e 4- « X m C œ r^-O C7.V0 eo CT.V5 V) i— - v-i-00 CV.O CT.iO CTs — O m C~-C0 ^rr o es C7>e<00H">eo — c^c - -eoco " - es -ecooeo oin MO» - -.s o - c^^— v*ro 00 <£> v-r^r es uo O 00 VO >n m es v.-r tj-zi eo - CT~. cjieo CO t m X ^» CT: - C7>CT. •fl *o ^3">n o vi in ^»o i-"1 '-O «n «o c~* r** r- r— r^ c~^ r^ r— r^ i^. r^ r~ r^ e^ r^ r^ r- r— r^ r^ r— o i^ t-^ r^ c^ c-» c^ r^ r^ r^ uo m in c^ t^ r- m o •uioa2.f)o--«r- r^to ^D ^r C.^T — * C7iv-ï* — es c; CT^in ■■ 'O eo CT*. es in ir> CT-iO '•O yr CT^rn ^— >n ™ en in co "X> to m r: m - vc ^— — co cr.eo co cr.in c.eo o — — Ci m m vs-m m in in m m »n m m >n o to tû m m m vj-vrvî o m iœ -.-vi aio o es eo vfin co t--oo CT-. o - cî eo ^rin co — •« — — - — — «-cseseseseseses r-CO es es O. o - es eo eo COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 AOUT 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président présente le XVIIe volume des Mémoires de l'Académie dont l'impression vient d'être achevée. zoologie. — Note sur une nouvelle forme de branchies, découverte dans une espèce de Crustacê décapode macroure, qui devra former le type d'un genre nouveau (Aristeus antennatus , Nob.); par M. Dovehnoy. « Si je prends la liberté de fixer un instant l'attention de l'Académie sur un simple fait d'organisation, c'est que ce fait se rattache, d'un côté, à un principe de physiologie que j'ai cherché à établir dans mes Mé- moires précédents, relativement au degré d'influence que doivent avoir la forme et la structure des branchies des crustacés sur leur séjour , et jusqu'à un certain point sur leur distribution géographique; » C'est que, de l'autre, ce même fait soulève une question intéressante sur le degré d importance que ces différences déforme et de structure peuvent présenter, pour la classification de ces animaux, dans la méthode naturelle. » Qu'on me permette de rappeler d'abord que les branchies des crus- C. a., i8477 Acide carbonique.... o,a3 100,00 » Enfin, M. Boussingault a reconnu que la litière d'un cheval, mêlée de ses excréments solides et liquides , abandonnée à ejle-même à une tem- pérature de 1 1 degrés dans une petite écurie bien close, dont les portes et les fenêtres avaient été lutées soigneusement avec de la terre, n'avait, au bout de vingt-quatre heures, communiqué à l'atmosphère ambiante que deux litres de gaz acide carbonique. Si cette quantité ne représente pas tout l'acide carbonique qui a été produit dans les vingt-quatre heures, parce que certainement il y en avait eu de dégagé par la ventilation , il est évident que celle-ci ayant été réduite au minimum , on doit en conclure C R. , l84o, a"" Semestre (T. XI , K° 6. ; 3 I ( 226 ) que la litière n'avait pas eu d'influence sensible pour vicier l'air de l'écurie. » Nous pensons, d'après tout ce qui précède, que dans une écurie où l'air se renouvelle convenablement au moyen des portes et des fenêtres , et à plus forte raison au moyen d'une ventilation habilement établie, un cheval ne sera jamais exposé à souffrir du manque d'oxigène atmos- phérique , lorsqu'il y trouvera 25 ou 3o mètres cubes d'air. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. M. le Ministre de la Guerre invite l'Académie à lui désigner trois de ses membres qui , conformément à l'article 43 de l'ordonnance du 3o oc- tobre i83a, feront partie du conseil de perfectionnement de l'École Po- lytechnique pendant l'année scolaire i&Tjo — 1 841 - L'Académie procède à un scrutin pour la désignation de ces trois membres. MM. Poinsot, Arago et Thenard réunissent la majorité des su ffrages. L'Académie procède, également par voie de scrutin, à la nomination d'une Commission qui sera chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le prix de Statistique de l'année. MM. Costaz, Mathieu, Dupin, Savary, Boussingault obtiennent la majo- rité des suffrages. MEMOIRES LUS chimie Tiir'oRiQUE. — Mémoire sur l'affinité ou puissance de combinaison; par M. H. Azaïs . (Commissaires, MM. Becquerel, Babinet, Regnault.) « Dans la nature, dit l'auteur, une seule cause motrice produit tous les genres de mouvements. Cette cause est I'expansiow. Par l'action constante et universelle de cette force unique, chaque corps, quelles que soient ses dimensions et sa position dans l'espace , travaille sans cesse à étendre toute sa substance sur un espace plus grand, par conséquent à écarter les corps ( a27 ) qui l'environnent. Mais à son tour il est soumis, par sa surface, à la réaction également expansive de ces corps environnants ; en sorte que l'expansion, considérée dans l'ensemble de l'univers, y tient sans cesse en exercice deux actes généraux balancés l'un par l'autre , l'un ayant pour but de dilater chaque corps de son centre vers sa circonférence , l'autre de condenser chaque corps de sa circonférence vers son centre : le premier , source immédiate du phénomène de la chaleur ; le second, source immé- diate du phénomène de la pesanteur. Entre ces deux phénomènes , les seuls immédiats et absolument simples, les seuls fondamentaux, se pla- cent les phénomènes de constitution mixte, ou dans la production des- quels les deux phénomènes fondamentaux interviennent à divers degrés d'influence. Parmi ces phénomènes de constitution mixte, Vqffinité est un des plus multipliés et des plus importants. Guidé par l'expérience et par le principe , nous allons en donner la définition et l'explication. » Ce mot affinité, adopté par les physiciens , est du genre métaphori- que ; il est emprunté aux penchants humains; mais sa justesse l'ayant con- sacré, l'ayant rendu technique, il montre combien la langue des sciences positives peut être figurée sans cesser d'être appropriée aux sujets qu'elle doit exprimer : preuve simple et frappante de l'unité de la nature. » Pour le physicien, Yqffinité est la gravitation moléculaire. Ainsi que la pesanteur, ou gravitation centrale, c'est une action réciproque entre les corps qui l'exécutent. Tel est leur trait essentiel de ressemblance. Mais cette action étant, comme nous l'avons dit, un phénomène de constitu- tion mixte, elle a aussi des traits essentiels de ressemblance avec la cha- leur; comme celle-ci, elle ne s'exerce qu'au contact, et elle est indéfini- ment variable dans son intensité, tandis que la pesanteur n'amène le contact qu'après avoir commencé d'agir à plus ou moins de distance, et que, d'un autre côté, la pesanteur de tous les corps gravitant vers un même point, celle, par exemple, de tous les corps déposés à la surface du globe, est absolument la même. De plus, les corps pondérables, en s'atténuant, en se divisant, finissent par s'affranchir de l'action de pesan- teur, par se rendre impondérables. Alors, au contraire, ils se prêtent plus efficacement à l'action de la chaleur et à celle de l'affinité. » La ténuité des corps est donc une condition nécessaire à l'exercice de l'affinité. Mais cette condition ne suffit pas, puisque, parmi les corps at- ténués au degré qui les rend impondérables, il en est qui sont ardents à se combiner; d'autres, au contraire, qui se délaissent ou se repoussent. » Quelle est, dans les corps moléculaires, cette condition d'existence 3i.. ( aa8 ) qui tantôt favorise leur gravitation réciproque, tantôt la rem! plus ou moins difficile? Pour le trouver, assistons, par la pensée, à la première apparition d'un corps moléculaire impondérable, que nous savons être éminemment susceptible d'affinité. » Un globule de lumière, élaboré dans les entrailles du Soleil, jaillit du sein de cet astre; c'est par expansion divergente qu'il est projeté; c'est, par conséquent, dans un état de dilatation qu'il arrive à l'indépendance. Mais, à l'instant précis de son évasion, il rencontre l'irradiation univer- selle, produit constant de l'expansion générale, milieu à la fois indépen- dant et mobile, parce qu'il est sans cesse renouvelé, parce que tous ses éléments, venus de tous les points de l'univers, sont sans cesse dans le mouvement croisé le plus vif, le plus rapide, et, pour obéir à l'expan- sion, puissance nécessairement uniforme, tendent sans cesse à se distribuer uniformément dans l'espace; ce qui les entraîne à cerner, englober, pres- ser, contracter toute la surface des corps qui viennent troubler leur uni- forme distribution. «Mais le globule lumineux, foyer lui-même d'expansion, comme tous les corps de la nature , et foyer très aident , se trouvant surpris par une contraction forte, subite, réagit subitement contre elle, se dilate au de- gré même de l'oppression qu'il vient de subir, refoule, à son tour, les agents de cette oppression , agents qui ne reculent un instant que pour re- venir aussitôt à la charge, pour presser, contracter de nouveau le globule qui , de nouveau , réagit, se dilate , provoque encore la contraction , aussi- tôt la repousse, .... en un mot, se constitue en état de vibration continue, qu'il conserve pendant toute sa route à travers l'espace, parce que là, et partout où il y a liberté, l'irradiation universelle pénètre, se croise, enve- loppe tous les corps non encore réduits à la ténuité de ses éléments, les presse, les contracte , provoque leur réaction expansive. «Tout rayonnement subtil, traversant l'espace, y est donc sans cesse en alternative de soumission et de domination avec l'irradiation universelle; ce qui rend chacun de ses rayons intermittent. Ainsi se concilie la théo- rie de Newton, de Laplace, de Biot, sur la propagation de la lumière, avec celle d'Euler, de Fresnel, d'Arago; elles sont vraies l'une et l'autre. L'émission des fluides subtils par voie de rayonnement, et l'ondulation, ou, plus exactement, la vibration continue de chacun de leurs rayons, sont deux faits inséparables. » Newton d'ailleurs, en observant, en calculant les accès alternatifs de facile réflexion et de facile transmission de la lumière, avait déjà donné la ( «9 ) démonstration expérimentale et mathématique de son état constant de vi- bration. Postérieurement, le microscope a montré que cet état de vibration constante est également essentiel aux molécules détachées, par la macération, des fibres organiques végétales ou animales , et aux débris des corps inor- ganiques, tels que le verre, le granité, le porphire, fortement pulvérisés. Enfin, l'acte physiologique le plus important atteste que l'homme , et cha- cun des êtres vivants des espèces élevées, obéissent manifestement et sans cesse à cette puissance de vibration. Chacun , en effet, respire, c'est-à-dire alternativement se dilate, se contracte, et chacun s'est constitué être res- pirant, comme le globule lumineux s'est constitué être vibrant; l'enfant humain, par exemple, jaillit du sein de sa mère expansivement, par con- séquent en état de dilatation. Mais, dès l'instant de son évasion, il est cerné, pressé , contracté par le fluide atmosphérique ; il crie, réagit, se met avec le fluide même en alternative permanente de soumission et de prépon- dérance. » Partout, dans l'univers, la pulsation périodique s'effectue, se sou- tient, imprime la vie, la caractérise. La vie est ainsi l'un des fruits essen- tiels, universels, de l'expansion universelle; c'est le phénomène majeur de constitution mixte, sans cesse produit par le balancement continu des deux phénomènes fondamentaux, des deux actions primordiales, géné- rales, dont i'une travaille sans cesse à dilater les corps, l'autre à les con- denser, et qui, dans l'ensemble de la nature, se tiennent toujours en équilibre. » Ainsi s'éclaircit d'avance le plus important mystère. C'est maintenant le mécanisme de l'affinité qui va s'éclaircir. Nous allons entrevoir l'agent direct de la nutrition vitale, de là respiration vitale, de la génération vitale , de tous les actes organiques, qui, tous, sont des actes de vibration, des actes d'affinité. Observons et réfléchissons. «Tout corps moléculaire, disons-nous, vibre sans cesse. Mais l'ampli- tude de vibration des corps moléculaires est-elle universellement la même ? Cela ne peut être; car la masse de ces corps est indéfiniment variée, et le principe, ainsi que l'expérience, démontrent que moins un corps molé- culaire a de masse , plus sa vibration doit être rapide, car son obéissance à l'expansion propre qui le dilate, et à l'expansion étrangère qui le con- tracte, ne peut être que d'autant plus prompte qu'il a moins de matière à offrir à cette double impulsion. On voit aussi que tout corps élastique de dimensions appréciables, tout tuyau d'orgue, par exemple, que la per- cussion du souffle qui le traverse rend sonore, vibre avec une vitesse qui s'accélère proportionnellement à la diminution que l'on fait éprouver à sa longueur ou à son diamètre. » Répétons maintenant que la force unique et universelle, que l'expan- sion, est nécessairement, par elle-même, une puissance uniforme dans son action; par conséquent, elle tend sans cesse à distribuer uniformé- ment dans l'espace la matière et le mouvement. Nous voyons aussi que l'eau et tous les liquides , le calorique et tous les fluides subtils, travaillent sans cesse à occuper uniformément tous les points de l'espace qui leur est accordé. » Mais cette impulsion universelle vers l'uniformité devient lente et difficile lorsqu'elle s'applique à des corps moléculaires, venus de sources différentes, et très disparates entre eux de masse et de vibration. Si, au contraire, lancés vers le même espace , ces corps moléculaires sont égaux de masse, par conséquent isochrones de vibration, la puissance d'unifor- mité n'a d'autre soin à prendre que de les entremêler également, paisible- ment; son ouvrage s'accomplit sans tâtonnements, sans désordre; aucun effort ne le rend apercevable. » Entre ces deux extrêmes, l'un d'homogénéité parfaite, engendrant langueur, monotonie; l'autre d'hétérogénéité très considérable, engendrant très forte difficulté, il est évidemment un nombre indéfini de termes in- termédiaires à chacun desquels correspond un degré plus ou moins avancé de facilité dans l'action de la puissance d'uniformité. » Quel est le terme d'hétérogénéité qui résiste le moins à la puissance d'uniformité, ou qui se prête le plus aisément à la combinaison réciproque? C'est évidemment celui de deux ordres de corps moléculaires constitués de manière à ce que les uns ne fassent qu'une vibration, tandis que les au- tres, deux fois plus petits de masse, mais deux fois plus nombreux, font deux vibrations dans le même temps : là, manifestement, se trouvent les rapports les plus favorables à l'établissement de l'harmonie. » Et si, dans un autre groupe binaire, les rapports de masse et de vibration sont représentés par le rapport numérique de 2 à 3 , la combinaison réciproque, un peu moins prompte, s'établit cependant en- core avec beaucoup de facilité. Si 'a simplicité du rapport des vibrations diminue encore, s'il est représenté par celui du nombre 3 au nombre zj, la combinaison deviendra encore un peu moins rapide; cependant elle sera facile encore. » Mais si le rapport des vibrations respectives continue à s'éloigner de la simplicité mathématique, s'il en vient à ne plus pouvoir être représenté que par des rapports numériques graduellement plus disparates, tels que ( »i ) i3 à 17, i9à"33, 4a à 65, à de telles conditions, la puissance d'uniformité rencontrera une difficulté graduellement croissante; elle finira par ne plus pouvoir la vaincre qu'à force de temps, de tiraillements et d'efforts. » Ce que nous venons de tracer, c'est un tableau d'acoustique. Si deux ordres de sons, jetés dans le même espace, sont en rapports de vibrations mathématiquement simples, leur combinaison est prompte, facile; elle eu- gendre harmonie. Si, au contraire, les rapports de leurs vibrations sont éloignés et confus, il y a lutte et discordance, au lieu de concert et de combinaison. » Mais ce tableau des concurrences sonores est-il en même temps celui des concurrences chimiques? Nous n'en pouvons douter. En effet, l'affi- nité musicale la plus harmonique, la plus facile à obtenir, est celle de tout son tonique avec son octave; et, pour produire en concurrence ces deux sons, il faut frapper ensemble deux corps sonores, l'un double en volume de l'autre, pour cette raison l'un ne faisant qu'une vibration tandis que l'autre en fait deux; pour cette raison encore, l'émission moléculaire du premier, deux fois moins rapide, mais deux fois plus grave, étant néces- sairement deux fois moins nombreuse, s'éteudant sur un espace deux fois moins grand. ->> Or, en chimie, l'affinité réciproque là plus complète, la plus facile à obtenir, est celle de deux masses de gaz, l'un oxigène, l'autre hydrogène, produits en concurrence par les deux pôles d'une même pile de Volta; et de ces deux masses gazeuses, dont l'équilibre magnétique est rigoureuse- ment exact, l'une, la masse hydrogène, est cependant double en volume de la masse oxigène; ce qui atteste que sa production a marché deux fois plus vite, ou que ses composants ont deux fois plus de ténuité. Le rapport des deux gaz est donc le même que celui des deux sons à l'octave l'un de l'autre; la facilité de l'affinité fondamentale en chimie s'explique donc par la même cause que la facilité de l'affinité fondamentale en musique; le gaz tonique, le gaz oxigène, a pour octave le gaz hydrogène; et voici ce qui complète la démonstration. » En chimie, si dans un composé binaire, tel que l'acide acétique, on élimine l'hydrogène, et si on le remplace par l'oxigène, on obtient un nouveau composé, essentiellement semblable au composé précédent, mais dont les propriétés chimiques sont plus prononcées. En musique, si, dans un accord binaire, on prend pour base un son fixe, le son sol par exemple, et si on le combine, d'abord avec un son ut à l'octave supérieure, ensuite avec le même son ut } porté à l'octave inférieure , dans le premier ( *3a ) cas on produit l'accord de quarte sol-ut , dans le second cas l'accord de quinte ut-sol. Ces deux accords jouent le même rôle dans l'harmonie; seulement l'accord de quinte est plus ferme, plus consonnant. » D'une telle similitude entre des faits d'importance majeure, les uns en chimie, les autres en musique, découle une théorie commune à la musique et à la chimie. En voici le résumé : » En chimie, comme en musique, l'acte d'affinité réciproque à son degré parfait, est le fruit immédiat de la concordance parfaite, de la con- cordance selon le rapport croisé de i à 2, entre les vibrations des corps moléculaires jetés dans le même espace. De ce terme, de ce rapport le plus simple, l'affinité réciproque entre corps moléculaires s'affaiblit progressivement, selon que le rapport entre leurs vibrations respectives diminue de simplicité mathématique. Lorsque ce rapport est devenu dis- parate à un certain degré, il n'y a plus de sympathie réciproque, plus d'affinité; chacun des corps que l'on cherche à combiner s'y refuse d'au- tant plus que, surtout en chimie, où tous les mouvements ont beaucoup moins de vivacité qu'en musique, chaque corps moléculaire, repoussé ou délaissé, trouve nécessairement, dans son voisinage et à sa portée, d'autres corps moléculaires dont les vibrations sympathisent avec les siennes; il s'attache de préférence à ceux qui, eux-mêmes, s'attachent à lui le plus aisément. » De là découle cette loi d'expérience générale : en quelque genre de combinaison que ce puisse être , il n'y a succès facile que par la simplicité des rapports. » Que cet axiome nous guide dans l'étude des faits dont la nature se compose; elle ne peut les avoir combinés que sous leurs rapports les plus simples. De leur côté les rapports les plus simples ne peuvent être -que les rapports les plus généraux. Or, dans les oeuvres très composées, l'u- nité absolue est le degré suprême de la simplicité: c'est donc à l'unité absolue du principe qui produit tous les faits, et de la loi qui en règle tous les rapports, que l'œuvre la plus étendue, la plus composée, que l'œuvre universelle doit sa stabilité et son harmonie. » La recherche de ce principe et de cette loi est, depuis cinquante ans, l'effort de ma pensée. Dans ma persuasion, cet effort n'a pas été stérile. On ne conteste plus, ce me semble, que l'expansion ne soit le principe de tous les mouvements, et que la loi qui en règle l'exercice ne soit le balancement continu de tous les effets que l'expansion entraîne. La vérité universelle est là dans ses bases et son ensemble. Toute grande découverte particu- ( 233 ) lière n'est jamais qu'un de ses développements. Citons à cet égard un frap- pant et récent témoignage. » A l'une des séances de l'Académie, le mois dernier, de graves doeu-„ nients géologiques et historiques sont venus confirmer, par l'organe de M. Edouard Biot, la théorie expansive du soulèvement : théorie qui repré- sente le globe terrestre comme agité, depuis «a naissance, du besoin de s'étendre indéfiniment dans l'espace, d'y faire explosion! Pourquoi n'y par- vient-il pas? Quelle résistance extériéjre le réduit à ne pouvoir faire que des efforts difficiles? Au-dessus de lui', et autour de lui, il n'y a que des globes, et ils sont si éloignés! » Mais tous ces globes sont, comme celui de la terre, expansifs et rayon- nants; mais de leur rayonnement continu résulte, autour de la terre, une irradiation croisée, qui presse en tout sens la surface terrestre, la contracte, la condense, la rend dure à gonfler, à soulever, à ouvrir, ne laisse passer avec facilité que le rayonnement subtil émané du centre, rayonnement qui, à son tour, va concourir à la répression, à la conservation des globes envi- ronnants. » Ainsi, c'est par leur lutte réciproque que les globes voisins entre eux se prêtent mutuellement secours ! Combinaison simple et salutaire ! Que notre globe s'en affranchisse ; que , par son expansion propre, il do- mine l'expansion environnante , que devient-il? Ce que, sur notre terre même, deviendrait un peuple vainqueur de tous les autres : il se dissoudrait à l'instant. » Expansion en équilibre! tel est donc le mot de la grande énigme; il répond à tous les genres de phénomènes , puisqu'il exprime l'impulsion initiale qui est à la source de tous les genres de mouvements. » Que l'esprit humain , si avide de tout comprendre, prenne donc ce principe pour guide et pour flambeau; il marchera avec clarté, avec fer- meté, dans l'exploration de la vérité universelle. Plus de tâtonnements, plus d'hypothèses vagues et incertaines. Nécessairement, ce que le principe explique, il l'atteste; toute investigation qu'il dirige ne peut conduire qu'à la démonstration, ou même à l'évidence. » C'est ce qui attache ma conviction au Mémoire que je viens de lire. Tout y découle de l'expansion en équilibre. » Je présente mon ouvrage à l'Académie; j'invoque son jugement. Elle seule, aujourd'hui, peut donner aux vérités que j'expose une sanction imposante, parce que seule, aujourd'hui , elle a de l'autorité sur l'opinion. Dans Je siècle actuel , c'est le droit de la science. » C. R. 1840, a"»' Semestre. (T. XI, N» 6.) 32 ( 334) MÉMOIRES PRÉSENTÉS minéralogie. — Description de la Greenovite; par M. Dufrenoy. (Extrait.) « La découverte de cette substance, composée de titane et de manga- nèse, remplit une lacune dans le tableau général des minéraux. Jusqu'à présent, en effet, la chrictonite est le seul titanate connu, et sa déter- mination, comme espèce, laisse encore quelque chose à désirer. . . . » La greenovite a été trouvée dans le gisement de manganèse de Saint- Marcel, en Piémont, enclavée dans le terrain cristallin, probablement métamorphique. Elle forme des petites veinules roses qui courent irrégu- lièrement dans la masse; elle est accompagnée d'épidote, de grenats man- ganésifères et de quartz. Nous devons la découverte de cette substance à M. Bertrand-le-Long qui depuis plusieurs années explore, sous le rapport minéralogique, les environs de Saint-Marcel, avec une grande persévé- rance et beaucoup de soin. Il avait cru que la greenovite était un sili cate de manganèse, et c'est sous ce nom qu'il l'avait cédée à plusieurs collections de Paris. » Cependant, la mesure des angles du minéral rose de Saint-Marcel ne pouvant s'accorder ni avec la forme des silicates connus, ni avec la cris- tallisation du sphène, auquel il ressemble par ses caractères extérieurs, je fis quelques essais au chalumeau qui m'apprirent qu'il contenait du titane et du manganèse; j'avais cru y reconnaître en outre de la silice. » J'ai prié M. Cacarrié, élève ingénieur des Mines, d'en faire l'analyse. Il a trouvé que ce minéral est composé essentiellement de titane et de manganèse. Quant à la silice , elle est le produit de petits filets de quartz interposés entre les lames de la greenovite. » Les différences essentielles que présente ce nouveau minéral, avec tous ceux actuellement décrits, en font une espèce distincte que j'ai dési- gnée sous le nom de Greenovite , en l'honneur de M. Greenough auquel nous devons la belle carte géologique d'Angleterre. » La greenovite se trouve en cristaux , et en petites masses cristallines amorphes; elle possède un clivage triple assez facile, qui en détermine la forme primitive; les deux clivages parallèles aux faces verticales, et qui font entre eux un angle de i io°35', sont nets et miroitants. » Le Mémoire de M. Dufrenoy est renvoyé à l'examen de la section de Minéralogie. ( a35 ) mécanique appliquée. — Nouvelle machine à air ; par M. L. Fhanchot. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Savary, Poncelet, Coriolis, Pouillet, Séguier.) « La machine à air que nous soumettons au jugement de l'Académie a pour fonctions : ai°. De déterminer de rapides changements de température dans une masse constante d'air, ou de gaz quelconque, en vase clos; 2° de mettre à profit, comme force motrice, la dilatation et la contraction alternative de cette masse d'air. «Nous ohtenons économiquement des changements de température aussi rapides que complets dans le fluide gazeux, en le faisant passer successive- ment d'une chambre chaude à une chambre froide, et vice versa, par un canal dont les surfaces sont multipliées en raison de la masse de gaz en mouvement. » Il résulte effectivement de ce procédé que l'air chaud, après sa dilatation dans la chambre chaude, dépose successivement, emmagasine, en quelque sorte, son calorique dans le canal qui le conduit à la chambre froide, et qu'après s'être contracté dans cette seconde capacité, par suite de son refroidissement et du jeu de la machine, il reprend (en grande partie), par son retour à la chambre chaude, le calorique qu'il avait déposé dans le canal intermédiaire. » Notre procédé de déplacement, qui offre des avantages faciles à saisir, ne peut être mis en usage dans les machines à vapeur; c'est pourquoi on rejette, en pure perte, la vapeur dansl'atmosphère ou dans l'eau de conden- sation, alors qu'elle conserve encore des quantités de chaleur que l'on pourrait utiliser. » La dépense de combustible qui résulterait de l'emploi de l'air comme force motrice dans les circonstances que nous venons d'indiquer sommaire- ment, pourra être calculée à posteriori; mais, dès à présent, nous avons cherché à la supputer à priori, en admettant que, par nos procédés, il y eût un emmagasinement, un retour complet du calorique non dépensé, et en faisant abstraction des pertes dues au rayonnement, etc. » Il est évident que, dans cette hypothèse, la dépense se réduirait à l'absorption de chaleur que la dilatation du gaz employé déterminerait; 32.. ( 236 ) c'est-à-dire que l'on réaliserait alors la première des conditions du maximum d'effet utile du combustible. » Nous disons la première des conditions du maximum , parce que l'on doit tenir compte encore de la différence de température qui existe entre le gaz pendant sa dilatation et le même gaz pendant sa contraction; et que pour une dépense égale en calories, l'effet dynamique produit est d'autant plus considérable que cette différence Ikst plus grande , c'est-à-dire que fou a pris le calorique à une température plus voisine de celle du foyer dont il émane, pour le transporter au réfrigérant par l'intermédiaire du gaz moteur. » C'est ce que S. Carnot nous paraît avoir démontré dans un petit ou- vrage, qui a pour titre: Réflexions sur la puissance motrice du feu, dans lequel l'auteur établit en outre que la puissance motrice de la chaleur est indépendante des agents, gaz ou vapeurs, mis en œuvre pour la réaliser. » A ce point de vue, la vapeur d'eau n'utilise que des différences de température de 60 à 70 degrés dans les machines ordinaires à haute ou à basse pression; et comme la détente est toujours très incomplète dans ces machines (ce qui revient à dire qu'elles consomment une quantité de chaleur de beaucoup supérieure à celle qui est absorbée par la dilatation), on conçoit que les machines à vapeur ne permettent de réaliser qu'une minime fonction de la puissance motrice absolue de combustible. » Or, comme nous pouvons utiliser, avec nos appareils, des différences de température de 3oo degrés, et, en outre, satisfaire très approximative- ment à la première condition du maximum que nous avons déterminée, nous espérons, en remplaçant la machine à vapeur de Watt par notre machine à air perfectionnée, réaliser une économie de combustible qui pourrait aller jusqu'aux neuf dixièmes, mais que nos expériences, très incomplètes d'ailleurs, nous donnent le droit de porter aux trois quarts. » Pour prévenir quelques objections, nous dirons que nous évitons absolument, par le dispositif de nos appareils, le contact de l'air chaud avec toute surface flottante rodée ou ajustée, etc.; car ce contact a été l'écueil des machines à air qu'on a tenté de réaliser avant nous. » Nous ferons observer également que, si l'air prend beaucoup moins de volume que l'eau convertie en vapeur pour la même élévation de température, nous obtenons, par sa compression préalable et par la rapidité avec laquelle il change de température dans notre machine (cela est un fait acquis par nos expériences), nous obtenons avec des appareils moins volumineux uu effet dynamique équivalent à celui que l'on tire de ( 237 ; Fa vapeur d'eau; car, en définitive, la puissance d'une machine est déter- minée par la pression p sous laquelle s'engendre le volume v pendant le temps t, c'est-à-dire par^-. » chimie appliquée. — Note sur unmoyen dejïxerles images photographiques; par M. H. Fizeau. (Extrait.) (Commissaires, MM. Arago, Dumas, Pelouze.) « Depuis la publication des procédés photogéniques, tout le monde et M. Daguerre le premier a reconnu que quelques pas restaient encore à faire pour donner à ses merveilleuses images toute la perfection possible, je veux parler de fixer les épreuves et de donner aux lumières du tableau plus d'intensité. » Le procédé que je soumets à l'Académie me paraît destiné à résoudre en grande partie ce double problème ; il consiste à traiter à chaud les épreuves par un sel d'or préparé de la manière suivante : » On dissout un gramme de chlorure d'or dans un demi-litre d'eau pure, trois grammes d'hyposulfite de soude dans un demi-litre d'eau pure. On verse alors la dissolution d'or dans celle de soucie, peu à peu et en agitant; la liqueur mixte, d'abord légèrement jaunâtre, ne tarde pas à devenir par- faitement limpide. Elle paraît consister alors en un hyposulfite double de soude et d'or, plus du sel marin, qui ne paraît jouer aucun rôle dans l'o- pération. » Pour traiter une épreuve par ce sel d'or, il faut que la surface du plaqué soit parfaitement exempte de corps étrangers, et surtout de corps gras; il faut par conséquent qu'elle ait été lavée avec quelques précautions que l'on néglige lorsque l'on veut s'arrêter au lavage ordinaire. « La manière suivante réussit le plus constamment. L'épreuve étant encore toute iodée, mais exempte de poussière et de corps gras sur les deux surfaces et les épaisseurs, l'on verse quelques gouttes d'alcool sur la surface iodée: quand l'alcool a humecté toute la surface, on plonge la plaque dans la bassine d'eau, puis de là dans la solution d'hyposulfite. Cette solution doit être renouvelée à chaque épreuve, et contenir environ une partie de sel pour quinze d'eau : le reste du lavage s'effectue comme d'ordinaire, seulement l'eau de lavage doit être, autant que possible, exempte de poussière. ( *38 } » L'emploi de l'alcool a eu simplement pour but de faire adhérer par- faitement l'eau à toute la surface de la plaque, et d'empêcher qu'elle ne se retire sur les bords au moment des diverses immersions, ce qui produi- rait infailliblement des taches. » Quand une épreuve a été lavée avec ces précautions , fût-elle fort ancienne, le traitement par le sel d'or est de la plus grande simplicité: il suffit de placer la plaque sur le châssis en fil de fer qui se trouve dans tous les appareils, de verser dessus une couche de sel d'or suffisante pour que la plaque en soit entièrement couverte, et de chauffer avec une forte lampe: on voit alors l'épreuve s'éclaircir et prendre, en une minute ou deux, une grande vigueur. Quand l'effet est produit, il faut verser le liquide, laver la plaque et faire sécher. » Dans cette opération, de l'argent s'est dissous, et de l'or s'est précipité sur l'argent et sur le mercure, mais avec des résultats bien différents; en effet, l'argent qui, par son miroitage, forme les noirs du tableau, est en quelque sorte bruni par la mince couche d'or qui le couvre, d'où résulte un renforcement dans les noirs; le mercure, au contraire, qui, à l'état de globules infiniment petits, forme les blancs, augmente de solidité et d'éclat par sou amalgame avec l'or; d'où résulte une fixité plus grande et un remarquable accroissement dans les lumières de l'image. » Le Mémoire est terminé par des considérations sur les réactions chi- miques qui ont lieu dans les différents temps de l'opération. géologie. — Observations sur le phénomène diluvien dans le nord de l'Europe; par M. Durocber. (Commissaires , MM. Al. Brongniart, Élie de Beaumont. ) « Pendant le cours d'un voyage que je viens de faire dans le nord de l'Europe, dit l'auteur dans une lettre jointe à son Mémoire, j'ai observé dans beaucoup de pays les faits qui se rattachent à ce phénomène géolo- gique qu'on a appelé diluvium Scandinave et qui est aussi connu sous le nom de phénomène du transport des blocs erratiques. On doit le regarder comme un des plus importants de l'histoire de notre globe, puisqu'il a laissé des traces sur tonte la surface du nord de l'Europe; et il mérite d'autant plus notre attention, qu'il s'est passé a l'époque immédiatement antérieure à la nôtre : il appartient à la dernière période géologique et forme la transition avec celle où nous vivons. » Dans la route que j'ai suivie avec M. Gaimard , à travers laLaponie, ( a3g ) la Finlande, la Russie, la Pologne, l'Allemagne et le Danemarck, j'ai exa- miné avec soin toutes les circonstances qui m'ont paru avoir quelque rela- tion avec le diluvium , et j'ai ajouté à mes observations celles qu'ont bien voulu me communiquer les savants des lieux où nous avons passé. » Je décris dans le Mémoire que je soumets aujourd'hui au jugement de l'Académie, les faits que j'ai vus et ceux dont j'ai eu connaissance, en citant chaque fois les autorités dont je les tiens ; puis j'en déduis les conclusions qui me paraissent en ressortir -naturellement, et enfin je développe les idées que je me suis formées pour m'en rendre raison, soit en parcourant les lieux, soit par suite d'un examen postérieur de l'ensemble des faits; mais je commence par une description pure et simple, indépendante de toute considération théorique. » physique du globe. — Sur les bassins jermés du département des Bou- ches-du- Rhône, par M. Vallès (2me partie); alimentation de ces bassins. (Commission précédemment nommée.) « Une conséquence qui se déduit, dit M. Vallès, des observations consi- gnées dans cette seconde partie de mon travail, excitera peut-être quel- que surprise ; et cependant elle me paraît solidement établie. Cette con- séquence est que le haut degré de salure de La Valduc, et les masses considérables de sel qu'on en retire, n'exigent pas, pour être expliquées, que des sources salées alimentent cet étang; qu'il n'est pas même néces- saire d'admettre qu'il est entretenu par la faible salure de la mer, et qu'enfin il est fort possible que des phénomènes d'irruption des eaux de la mer, coulant à la surface, et ayant eu lieu dans les siècles précédents,, aient apporté dans ces bassins tout le sel qu'on en a déjà retiré et tout celui qui y existe. » C'est ce que confirme l'état du relief du terrain, et ce que les chiffres aussi semblent plutôt confirmer que contredire. » M. Bol and soumet au jugement de l'Académie un Mémoire concernant la panification et les moyens d'étudier et de diriger la fermentation des le- vains employés en boulangerie pour la fabrication du pain. Le Mémoire traite aussi de deux procédés destinés à faire reconnaître la présence de la fécule de pomme de terre dans les farines. r (Commissaires, MM. Gay-Lussac, Thenard, Dumas, Boussingault.) ( 240 ) M. Ma.rcei.de Serres adresse uneNote sur les dépouilles fossiles de deux espèces nouvelles de mollusques provenant des terrains infrajurassiques et de la craie compacte inférieure du midi de la France. « J'ai joint à ma Note, dit l'auteur, les dessins nécessaires pour qu'on puisse se former une idée juste de ces deux espèces de corps, qui me paraissent aussi remarquables par la bizarrerie de leur forme que par leur abondance dans les terrains que je viens de désigner. » (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Cordier, de Blainville, Élie de Beaumont.) M. l'Herwite adresse une Note sur un cas particulier de Xécoulement des liquides. (Commissaires, MM. Savart, Pouillet, Piobert.) M. H. Lvmbotte adresse de Liège un Mémoire ayant pour titre: Consi- dérations sur quelques phénomènes de Chimie organique qui s'expliquent par la théorie de la Chimie inorganique: prodrome d'un travail inédit sur la structure intime des animaux. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Boussingault.) M. J\CDO\ prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un ouvrage manuscrit qu'il soumet à son jugement, et qui a pour titre: Dictionnaire des Monnaies , des Mesures et des Poids hébreux , grecs et romains. (Commissaires, MM. Mathieu, Damoiseau, Puissant.) CORRESPONDANCE phtsique. — Expériences sur les courants secondaires ; par M. Matteucci. « Afin d'étudier le courant secondaire produit par la bouteille de Leyde , M. Matteucci emploie deux spirales planes faites chacune avec un fil de cuivre long de a3 mètres. Ces deux spirales sont fixées symétriquement sur deux planches de bois très minces qui peuvent glisser parallèlement ( H> ) l'une à l'autre sur un plan horizontal , et se fixer à la distance qu'on veut. Une des spirales conduit la décharge de la bouteille, l'autre le courant secondaire que cette décharge développe. La direction et l'intensité des deux courants qu'on peut appeler primitif et secondaire sont déterminées par le sens et l'intensité du magnétisme que reçoivent des aiguilles d'acier conte- nues dans des hélices dextrorsum roulées sur un tube de verre. Le travail de M. Savary a été très utile dans ces recherches. Dans l'impossibilité de rapporter dans cet extrait le grand nombre d'expériences qui se trouveront dans le Mémoire qui sera bientôt imprimé dans la Bibliothèque universelle de Genève, M. Matteucci se borne à exposer les principaux résultats aux- quels il est parvenu. Dans la première section il étudie les différentes circonstances qui font varier le sens et l'intensité du magnétisme com- muniqué par la décharge de la batterie ; il fait varier la tension , la charge, les dimensions et le degré de trempe des aiguilles, la longueur du fil qui conduit la décharge, et sa disposition en spirale plane. Comme on ne rapporte pas ici les nombres obtenus, il est impossible d'exposer les conséquences qui s'en déduisent. Dans la seconde section l'auteur étudie l'influence de la spirale secondaire ou d'une lame métallique quelcon- que sur la décharge delà batterie transmise par la première spirale : en général, la présence d'une spirale secondaire ou d'un circuit métallique quelconque dans le voisinage de la spirale primitive , renforce l'intensité du magnétisme que celle-ci développe sans que le sens en soit renversé, et cette augmentation varie avec la distance, la conductibilité et l'épaisseur du circuit secondaire : cette influence apparaît aussi facilement par l'éclat dif- férent de l'étincelle, et M. Riess l'avait également déterminée en tenant compte de réchauffement du fil qui transmet la décharge. Dans la troisième section M. Matteucci commence l'étude du courant secondaire produit par la décharge de la bouteille, et étudie l'influence qu'exercent sur sa direction et sur son intensité la distance de deux circuits, et la force de la décharge. Voici les résultats auxquels il est parvenu : i° la direction du courant secondaire est la même que celle du courant primitif jusqu'à une certaine distance au-delà de laquelle elle se trouve renversée pour ne plus changer de direction; 2° le maximum d'intensité du courant secondaire est à peu près le même pour le courant secondaire direct par rapport au primitif, et pour le courant secondaire lorsqu'il est interverti; 3° le maxi- mum d'intensité du courant secondaire direct et inverse s'obtient pour une distance d'autant plus grande entre les deux spirales, que la tension de la déch'irge est plus grande; 4° la distance à laquelle commence l'inversion du C. R. , 1840, im' Semestre. (T. XI, M 6.; 33 ( *4* ) courant secondaire croît avec la tension et la quantité de fluide de la batte- rie que l'on décharge. C'est aiusi qu'on trouve le courant secondaire in- verse presque au contact des deux spirales lorsque la décharge est très faible , et qu'il faut éloigner la spirale secondaire pour avoir l'inversion de son courant , d'autant plus que la force de la décharge est plus considérable. Une décharge très forte peut développer un courant inverse à une distance donnée entre les deux spirales lorsqu'on rend plus difficile, par la longueur et la moindre conductibilité du circuit, le passage de l'électricité. Dans la quatrième section M. Matteucci s'occupe de l'influence qu'exercent sur le sens et l'intensité du courant secondaire les substances interposées entre les deux spirales. M. Matteucci s'est assuré d'abord que les substances non conductrices n'ont aucune influence sur le courant secondaire. Les lames métalliques au contraire exercent une très grande influence. C'est ainsi qu'une lame très mince d'étain renverse immédiatement la direction du courant secondaire, quelles que soient la force de la décharge et la distance entre les deux spirales. Le maximum d'intensité du courant se- condaire inverse produit par l'interposition de la lame d'étain est toujours plus grand que celui du courant secondaire direct qui a lieu sans l'inter- position de la lame. L'épaisseur de la lame métallique interposée et sa con- ductibilité diminuent l'intensité du courant secondaire inverse. M. Mat- teucci, par une disposition particulière de cette lame métallique interposée, a pu déterminer qu'un second courant secondaire était développé dans cette lame, et qu'il était dirigé dans le même sens que la décharge primitive de la batterie. En tenant la spirale secondaire à une telle dis- tance que la décharge de la batterie y développe un courant secondaire inverse, l'interposition de la lame d'étain ne fait que produire une inten- sité plus grande dans ce courant sans en renverser le sens. La secousse et l'étincelle qui sont produites par la spirale secondaire sont considérable- ment affaiblies par la présence de la lame métallique intermédiaire. Il faut des décharges assez fortes pour obtenir ces phénomènes dans la spirale secondaire. L'action de la lame interposée est d'autant plus grande que l'est sa conductibilité et son épaisseur. Enfin, dans la cinquième section, M. Matteucci étudie l'influence de deux spirales ou circuits métalliques entre lesquelles se trouve interposée la spirale primitive. Il trouve que les deux circuits ne produisent point de différence sur le courant secon- daire lorsqu'ils sont à la même distance de la spirale primitive et que les deux circuits sont de la même nature. Si un des circuits est plus rapproché que l'autre de la spirale primitive, c'est un courant secondaire C 243 ) direct qui circule dans le circuit le plus rapproché, et un inverse dnm le circuit qui est le plus éloigné. M. Matteucci annonce la continuation de ses recherches avec le courant voltaïque au lieu de la décharge de la hatterie. » Observations de M. Savary, au sujet de la Lettre précédente. « Déjà, en 1 834 > M. Masson annonçait , dans une lettre adressée à l'Aca- démie des Sciences, le fait de l'aimantation directe produite par le cou- rant secondaire. Il n'était pas entièrement certain delà possibilité d'obtenir par ce courant l'aimantation inverse; mais ce dernier fait se trouve rap- porté dans un Mémoire de M. Riess, présenté il y a plusieurs mois, et actuellement imprimé daus les Annales de Chimie. M. Riess l'obtient en interposant dans le circuit secondaire un fil suffisamment long et mau- vais conducteur de packfoug. Mais M. Riess, comme M. Masson, emploie pour déterminer la production du courant par induction , deux hélices; celle qui transmet le courant principal enveloppe celle qui fait partie du circuit secondaire. On peut ainsi faire varier l'intensité de la décharge, la longueur et la conductibilité des circuits. M. Matteucci, en employant, au lieu d'hélices , des spirales planes et parallèles , a pu de plus faire varier la distance des circuits qui s'influencent mutuellement , et étudier toutes les circonstances du phénomène. » Il est juste d'ajouter que la lettre de M. Masson n'a point eu une pu- blicité suffisante, et que le travail de M. Riess ne pouvait être connu de M. Matteucci. » météorologie. — Aérolithe tombé le 17 juillet à 20 lieues à l'ouest de Milan (Extrait de la Gazietta piemontesa z5 juillet); communiqué par M. de Gregory. ■ Milan, 22 juillet 1840. On annonça de l'Observatoire de Rrera qu« dans la journée du 17, vers les 7 heures et demie du matin, on avait en- tendu une détonation semblable à un coup de tonnerre ou de eanon, qu« les astronomes ont attribué à un bolide ou aérolithe. » D'après les renseignements obtenus par des habitants des villages de Locate et de Golasecca , dans les environs de la ville de Milan, il résulte que, vers la même heure, on a vu en l'air trois projectiles lumineux blan- 33.. ( fti ) châtres , dont un était très gros , qui se dirigeaient de l'est à l'ouest , et que l'on entendit ensuite un coup de canon. » Un correspondant du Journal de Turin, affirme que dans la même matinée, vers les 8 heures, sur le territoire de Ceresetlo , province de Casal-Monferat , à l'ouest de Milan, à la distance de vingt lieues de Locate, dans un terrain du sieur Davie où il travaillait, un bolide ouaérolithe de 10 liv. 2, En une demi-heure j'en ai compté 35 en tout, dont n très brillantes avec traînée lumineuse; toutes les autres étaient de moyenne grandeur, c'est à-dire comme des étoiles de quatrième grandeur, ou très faibles et instantanées. » J'ai remarqué que la très grande majorité se dirigeait presque paral- lèlement à la voie lactée qui en ce moment allait du zénith vers l'ouest, avec une petite inclinaison vers le sud. » météorologie. — Extrait d'une Lettre de M. Quet sur les arcs-en-ciel supplémentaires. « J'ai vu, mardi 7 juillet, à Versailles, un magnifique arc-en-ciel avec deux rangs de couleurs supplémentaires; ces dernières couleurs n'occu- paient pas seulement la région culminante de l'arc, mais elles descendaient dans les branches latérales jusqu'à la hauteur de i2°5o' au-dessus de l'ho- rizon, limite à laquelle les couleurs ordinaires cessaient aussi d'être aper- çues. C'est même dans cette région inférieure de l'arc que leur éclat avait le plus de vivacité, et là on distinguait parfaitemen t le pourpre, l'orangé, le jaune , le vert, le bleu, le violet pourpré, l'orangé faible et un jaune faible au- delà duquel on ne voyait plus de couleurs. C'est dans la région inférieure de l'arc septentrional que se montra d'abord la plus grande vivacité des cou- leurs; elle passa ensuite à la région inférieure de l'arc méridional pour re- venir bientôt après à la première. » Dans tout le reste de l'arc, qui était fort élevé, puisque l'observation sefità 71,'35m, lorsque le soleil était sur le point de se coucher, les deux rangs de couleurs supplémentaires étaient faciles à distinguer, mais leur vivacité variait d'un point à l'autre par une suite de maxiina et minhna, et pour une même partie de l'arc, les couleurs subissaient des alternatives d'éclat et d'affaiblissement. Enfin la branche méridionale disparut la première; mais tant que j'ai pu distinguer les couleurs ordinaires de l'autre branche, j'ai vu des rudiments de deux rangs supplémentaires. » Dans les diverses relations que j'ai lues et aussi dans les divers arcs- en ciel où j'ai observé moi-même les couleurs supplémentaires, c'est dans la partie culminante de l'arc que résidait leur plus vif éclat; à partir de ce point elles s'affaiblissaient rapidement; je n'ai vu citer nulle part des limites numériques à ce phénomène d'interférence. Dans l'observation que je viens de rapporter, le phénomène a les mêmes limites que l'arc ordinaire , et il est permis de croire que si l'arc ordinaire était descendu plus bas que (*46) ia°5o', les interférences se seraient encore produites, puisqu'à la hauteur de 1 2°5o' elles donnaient de si vives couleurs. Indépendamment de cette limite que j'ai mesurée, on remarquera la position extraordinaire du maxi- mum d'éclat et aussi les alternatives d'éclat et d'affaiblissement qui se mon- traient en chaque point. » mécanique applxquiSk. — "Extrait dune Lettre de M. Tournachon à M. Arago. «Dès i834, étant élève à l'École centrale des Arts et Manufactures, j'avais trouvé l'invention des galets mobiles dans un plan horizontal. Ces galets étaient suspendus à un axe vertical , fixé au châssis du waggon et non à l'essieu; ils s'appuyaient contre le plan vertical du rail, et ne produisaient qu'un frottement de roulement. Mon waggon était composé de deux caisses qui, au moyen d'un appareil très simple, pouvaient se réunir ou se déta- cher à la sortie d'une courbe ou à son entrée. Les essieux étaient coudés et étaient fixés au centre par un boulon autourduquel ils pouvaient tourner. Chaque fois que le waggon entrait dans une courbe, un poteau, traversé par une barre de fer horizontale, ouvrait la petite mécanique qui unissait les deux caisses du waggon; alors chacune d'elles portant son essieu était libre, et chaque essieu prenait la direction du rayon île la courbe dans laquelle il se trouvait. A la sortie de la courbe, le même appa- reil réunissait les deux caisses du waggon, et par là le système redevenait fixe. Voici les preuves que je puis produire à l'appui de mes assertions. D'abord je pris un brevet d'invention dès i83/j: son enregistrement à l'Hôtel-de-Ville me coûta 12 fr. ; on trouvera encore au bureau des bre- vets d'inventions, rue de Grenelle-Saint-Germain, le dessin de mon waggon avec un Mémoire justificatif. Je versai 200 fr. pour mon brevet, et j'obtins du Ministre du Commerce un délai de trois mois pour faire des expériences. Malheureusement, n'ayant pas de quoi les faire, je retirai mes 200 fr., et je laissai cette affaire là. Je vous citerai le témoignage de M. Perdonnet, professeur à l'École Centrale, à qui j'avais confié mon in- vention, qui la trouvait fort ingénieuse et qui, comme moi, desirait que la pratique la justifiât complètement. Je crois que M. Olivier, professeur de Géométrie descriptive, connaissait aussi mon invention. » Il est fort possible que M. Arnoux ait eu la même idée que moi; d'ail- leurs, n'ayant pas gardé mon brevet, il est le possesseur de cette décou- verte, et je ne prétends nullement lui en disputer les avantages: tout ce que je demande, c'est la priorité que je crois avoir, et je vous prierai, Monsieur, d'en vouloir bien donner connaissance à l'Académie. » ( *47 ) M. Vogel écrit de Francfort relativement à diverses applications de Y électricité à la médecine qui, suivant lui, mériteraient d'être tentées. A cette occasion, il cite le fait suivant qui lui a été rapporté par tin té- moin oculaire , M. Sprûckmann , fabricant d'instruments de physique. M. Sprûckmann fut appelé par M. le Dr Melbert pour électriser une per- sonne qui souffrait des suites d'un traitement mercuriel auquel elle avait été soumise quelques mois auparavant. Pendant que le malade, placé sur l'isolateur, recevait le courant électrique, on lui frottait le corps avec de la laine. Or on ne tarda pas à remarquer que la laine employée pour ces frictions prenait bientôt une couleur plombée, et l'on soupçonna que cette couleur pouvait être due à du mercure; l'analyse chimique prouva que cette conjecture était fondée. « Je sais, ajoute M. Vogel, qu'on peut expliquer ce fait sans supposer que l'électricité ait joué un rôle pour amener à l'extérieur le mercure resté dans les organes ; mais rien ne prouve aussi que la cause admise par les observateurs ne soit pas la vraie, et il y aurait, ce me semble, de l'intérêt à éclaircir la question en répétant l'expérience.» M. Robert adresse des Considérations sur le bruit du tonnerre, sur les éclairs dits de chaleur, et sur quelques effets de la foudre dans le nord de la Russie. M. Decombes-Desmoreixes écrit relativement à un projet qu'il a soumis à l'administration, et sur lequel il pense que l'Académie a dû être consultée. Ce projet a rapport à une méthode de sondages en mer à de grandes profondeurs. L'Académie reçoit un Mémoire portant sous pli cacheté le nom de l'au- teur, et ayant pour titre : De la Quadrature du Cercle. Ce Mémoire, d'après les règlements de l'Académie, ne peut être l'objet d'un examen. A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 6 heures. ( 248 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de Y Académie ivyale des Sciences; 2e semestre 1840, n°5, in-4". Annales de Chimie et de Physique; par MM.. Gay-Lussac, Arago, Che- vreul, Savary, Dumas, Pelouze , Bodssiwgault et Regnault ; mars 1840, in-8°. Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut royal de France; tome 17, in~4°. Éléments de Zoologie, ou Leçons sur Vanatomie, la physiologie, la classification et les mœurs des Animaux ; par M. Milne Edwards; 2e édition, ire partie, in -8°. Nouvelle Carte de France ( 1 2 feuilles), comprenant Neufchâtel , Caen, Rouen, É creux, Bar-le-Duc , Chartres, Fontainebleau, Troyes, Epinal, Lure, Gray, Pontarlier, et un cahier in-ff de positions géographiques et de hauteurs absolues. Ministère de la Guerre. — Tableau de la situation des établissements français dans l'Algérie en i83g; grand in-4". Traité de l'éducation des vers à soie et de la culture du mûrier; par M. Bonafol's; in-40. Notice sur les travaux de M. Constant Prévost ; in-4". L'Hercule et la Favorite, ou la capture de l'Alexandre de Bordeaux et des pirates bordelais; par M. Fauvel-Gouraud; 2 vol. in-8°. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et Poirré; juillet 18 fo , in-8°. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; 1 53e livraison , in- 8°. Recueil de la Société polytechnique ; juin 1840, in-6*. Revue générale de l'Architecture et des Travaux publics; par M. Daly ; feuille 25 — 28, et 4 planches in-4°- Lettre à MM. les membres de la Société de Médecine de Bordeaux sur un cas damputation de jambes au-dessus des malléoles et sur l'applica- ( 249) tion de l'appareil inventé par M. Martin; par M. Dubourg; Marmande ,' in-8\ Journal des Connaissances médico-chirurgicales; août 1840, in -8°. Journal des Connaissances nécessaires et indispensables , sous la direc- tion de M. Chevalier; août 1840, in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; août 1840, in-8°. L'Enseignement } bulletin d'Éducation; août 1840, in- 8°. Le Technologiste , ou Archives des progrès de l'Industrie française et étrangère; août 1840, in-8°. IJ Ami des Sourds-Muets , journal ; juin 1840, in-8". A new. . . Nouveau Dictionnaire étymologique des mots anglais dé- rivés du grec et du latin ; par M. Rowbotham; Londres, i858, in^i8°. Answers. . . Réponses aux questions : Qu'est ce qui constitue les valeurs en circulation? Quelles sont les causes de leur instabilité et les moyens d'y remédier; par M. Carey ; Philadelphie, in-8°. Proceedings. . . . Procès- Verbaux des séances de la Société philoso- phique américaine; n°* 9 et 10 (novembre et de'cembre i83g, janvier et février 1840), in-8". Corrispondenza . . . Correspondance zoologique destinée à répandre dans le royaume de Sicile les découvertes qui se font en Europe et ailleurs; ré- digée par M. 0. -G. Coste; 1" année, feuille 1 à 7, avec sept planches in-8°; Naples, 1839. Pùsposta al. . . Réponse au Pmgramme relatif aux progrès et à la com- paraison des méthodes pour l'invention géométrique; JNaples. 1839, in-40. Conchiologia. . . Sur les Coquilles fossiles et sur les terrains de Les- sona, Cossato, Ceretto et Valdengo , dans la province de Biella; par M. G. Florio. (Extrait du Subalpine , revue italienne, in-8\ ) Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 3a. Gazette des Hôpitaux; n° 91 — 93. L'Esculape; 2e année, n°* 1 et 3. L'Expérience; n° 162. Gazette médicale de Marseille; n" 3. C. R.. 1840, 2"" Semestre. (T. XI, N° 6.) 34 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 17 AOUT 1840. PRÉSIDENCE DE M. SERRES, VICE- PRÉSIDENT. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE mécanique céleste. — Sur les méthodes générales à Vaide desquelles on détermine les perturbations du mouvement des planètes ; par M. LlOL'VILLE. « Parmi les méthodes que les géomètres ont imaginées pour déterminer les perturbations produites dans le mouvement des planètes par les actions qu'elles exercent les unes sur les autres, la plus naturelle et la plus simple est celle dans laquelle on ordonne les approximations successives par rapport aux puissances croissantes des masses perturba- trices. On peut présenter cette méthode sous diverses formes plus ou moins élégantes, et par exemple la rattacher (comme je l'ai indiqué en peu de mois dansle Journal de Mathématiques, t. III, p. 48) à un théorème très fécond et très remarquable de M. Jacobi, relatif à l'intégration d'une classe d'équations différentielles linéaires. Quelle que soit la marche que l'on adopte, la rigueur exige que l'on démontre la convergence des séries dont les formules finales dépendent, problème aussi difficile qu'impor- C. R. , 1840, am« Semestre. (T. XI, N° 7.) 35 . • ( 25a ) tant, et qui, dans ces dernières années, a fait l'objet des recherches pro- fondes de notre confrère, M. Cauchy. » Mais en mettant de côté, en supposant résolue cette question déli- cate de la convergence des séries employées, il est une autre circonstance qui semble au premier coup d'œil rendre presque illusoires les résultats auxquels conduit la méthode dont nous parlons. Les valeurs que l'on ob- tient pour représenter les trois coordonnées de chaque planète renferment en effet le temps, non-seulement sous des sinus et des cosinus, mais encore algébriquement; or les termes algébriques étant susceptibles d'un accrois- sement indéfini, rendraient bientôt, si on les conservait sous leur forme actuelle, les approximations très lentes ou pour mieux dire impraticables. Cette difficulté s'est offerte aux premiers analystes qui ont voulu sou- mettre le mouvement de la Lune à la théorie de la gravitation , et dans ce cas simple elle a été résolue par eux. Ils ont réussi en effet, par la consi- dération d'une apogée mobile, à faire rentrer les arcs de cercle sous les signes sinus et cosinus. D'autres cas particuliers ont été traités ensuite. Enfin Lagrange et Laplace ont envisagé la question sous un point de vue général. Les méthodes qu'ils ont imaginées sont de deux espèces : les unes servent à éviter à priori les arcs de cercle , en dirigeant le calcul d'une manière convenable et en renonçant aux développements ordonnés par rapport aux puissances des masses perturbatrices ; les autres servent à rec- tifier à posteriori les résultats des approximations ordonnées suivant ces puissances et à en éliminer les arcs de cercle. Malgré des différences plus apparentes que réelles, les méthodes qu'ils ont données pour remplir ce dernier objet ont entre elles beaucoup d'analogie. Celle qu'on doit à Lagrange est exposée dans les Mémoires de Berlin pour 1783: Laplace a développé la sienne au n° 43 du livre II de la Mécanique céleste, t. I, p. 243. On trouve le premier germe de l'une et de l'autre dans les Mé- moires de l'ancienne académie des Sciences (années 1772 et 1777)- Mais quoiqu'elles aient été ainsi successivement perfectionnées, elles présentent encore quelque chose d'obscur ou d'incomplet : aussi, dans son dernier Mémoire, M. Cauchy a cru devoir jeter des doutes sur les principes qui leur servent, de base. Ce n'est pas que M. Cauchy conteste l'exactitude de ces principes, mais il les regarde au moins comme énoncés d'une ma- nière trop vague, comme manquant encore d'une démonstration rigou- reuse. » En m'occupant, il y a quatre ans, de ces mêmes questions, j'avais de mon côté éprouvé quelque peine à me rendre un compte bien exact des ( 353) passages cités de Lagrange et de Laplace; cependant il m'avait semblé qu'après un examen attentif j'étais parvenu à résoudre les objections qu'on peut leur opposer. Mais détourné de ce travail par d'autres recherches, je n'en avais pas terminé la rédaction. Les observations de M. Cauchy ont dû naturellement me le faire reprendre, et j'ai eu la satisfaction de voir se confirmer l'exactitude de tous les résultats contenus dans mes anciennes notes. Je me crois donc en droit d'avancer et je me propose de prouver dans lé présent Mémoire que les méthodes de Lagrange et de Laplace, si elles ne sont pas rigoureuses , peuvent du moins être rendues telles à l'aide de modifications très légères ou plutôt à l'aide d'explications qui n'en altèrent ni la marche ni le caractère essentiel , de sorte qu'en ajou- tant quelques détails, omis à tort peut-être par les illustres auteurs, mais faciles à suppléer, on satisfait entièrement à la rigueur géométrique. » Il m'est impossible de transcrire ici les démonstrations détaillées que l'on trouvera dans mon Mémoire. Je me bornerai à indiquer en peu de mots les points principaux: » i°. Pour bien comprendre pourquoi l'équation o—k-j-k't-\rk"tt-+-etc. (Mécanique céleste , t. I, p. 244) se décompose dans les suivantes kz= o, k' = o, k" == o, , il faut faire attention à la quantité in- déterminée a par rapport à laquelle on a d'abord ordonné les calculs. D'après la nature même de la méthode des approximations successives, les termes contenant en facteur la puissance i de t ont au moins a' pour fac- teur. Ainsi k, k', k", .... sont de la forme k = k, -f- ak ,•+•«*/;,+ , k' = ak' + a%ki + k' == a*k" + , etc. Substituant ces valeurs et égalant séparément à zéro les coefficients des diverses puissances de l'indéterminée a, on trouve k, = o, k% -f- k'tt = o, kt -h Kt + k[tx =sfc o, etc. Chacune de ces équations ne renfermant plus le temps qu'à une puissance limitée, toute difficulté disparaît, et il devient très facile de prouver rigoureusement que l'on a £,— o, A:,' = o, ks = o, &,'=o, k" = o d'où i k = o , k' = o , k" sb o , . . . «C'est par un raisonnement semblable que l'on peut justifier le principe fondamental qui sert de base à l'analyse de Lagrange. » 2°. Les développements donnés par Laplace à la page 245 (où l'on trouve l'idée première de la méthode employée par M. Ampère pour dé- 35.. ( 254 ) montrer le théorème de Taylor) sont inutiles; il suffisait de dire : « Puis- qu'on a j = X-H*-ô).Y + (*_ô)».Z + ..., » et que y ne contient pas 9, on aura la valeur de^en faisant Q=t. Donc » si X est =, sont des Appendices aux , deux autres. Os différents Mémoires, qui ne forment réellement qu'un seul et même travail, en plusieurs parties, sont accompagnés d'une carte colo- riée géologiquement et de trois feuilles de coupes géologiques. ■ ( a56 ) » Les explorations dont M. le capitaine Rozet a consigné les résultats dans le travail soumis à notre examen , se sont prolongées pendant cinq années consécutives (i835-i83o,), pendant lesquelles il a été chargé, dans diverses parties de la Bourgogne, de travaux géodésiqueset topographiques relatifs à l'exécution de la nouvelle Carte de France. Elles se sont étendues depuis les bords du Rhône, près deGivors et de Coudrieux, jusqu'aux en- virons de Montbard et d'Avallon. Elles embrassent le Morvan ainsi que la chaîne élevée qui sépare la Loire de la Saône, entre Roanne et Mâcon. M. Rozet a 6guré la constitution géologique de la bande de terrain qui vient d'être indiquée sur la partie correspondante de la carte de Capitaine. L'échelle assez étendue de cette carte lui a permis de pousser la distinction des diverses espèces de terrain plus loin que ne l'avaient fait les auteurs des cartes géologiques exécutées jusqu'à ce jour. On doit en particulier lui savoir gré d'avoir déterminé les limites respectives des gneiss, des gra- nités et des porphyres. « La position de ces dernières roches par rapport aux précédentes et par rapport aux schistes argileux et au terrain houiller, a fourni à M. Rozet plusieurs observations importantes qui sont exprimées dans les coupes qui accompagnent son Mémoire. Ces coupes, ainsi que nous l'avons déjà dit, sont figurées sur trois feuilles qui présentent aux yeux le tableau de tous les faits de superposition et de pénétration que l'auteur a été à même d'ob- server. On y voit aussi trois grands profils théoriques pour lesquels il a eu l'avantage de pouvoir employer les altitudes de tous les points princi- paux , déterminées très exactement par les opérations géodésiques qui servent de base à la nouvelle carte de France. » Le premier de ces profils est longitudinal ; il est construit dans le sens de la longueur de la chaîne qui sépare la Loire de la Saône, et s'étend de la vallée du Gier jusqu'aux collines du Drevin, à la hauteur de Chàlon sur- Saône. Les deux autres, qui sont transversaux , s'étendent dans la direction de l'est à l'ouest de la Saône à la Loire; l'un est pris à la hauteur de Ronia- neche et d'Azolette, l'autre à la hauteur de Cluny et de Paray. » La contrée dont s'est occupé M. Rozet est surtout remarquable par les groupes de roches d'origine plutonique qui s'y trouvent développés sur une très grande échelle , et présentent des faits propres à bien établir leurs rapports géognostiques. » M. Rozet s'est occupé spécialement de ces terrains d'origine ignée jus- qu'ici les moins étudiés dans ces contrées, et il passe plus rapidement sur les autres qui ont été si bien décrits par notre confrère M. de Bonnard, ( **7 ) et, plus tard, dans plusieurs détails importants, par M. Leymerie, et dont les rapports réciproques ne sont presque plus maintenant l'objet d'aucune contestation. Toutefois, ces derniers terrains ont aussi été pour M. Rozet le sujet de plusieurs observations dignes de fixer l'attention, tant en ce qui concerne leurs superpositions que relativement aux niveaux respectifs de leurs différents points. » » M. Rozet a particulièrement étudié deux grandes masses de terrain porphyrique, dont la première, située entre Roanne et Mâcon, s'étend de l'Arbresle à la Clayte en comprenant les environs de Tarare, de Thisy, de Beau jeu, d'Aigue-Perse et de Matour, et en formant presque à elle seule toute la masse de montagnes qui sépare la Saône de la Loire sur 5o kilo- mètres de longueur et 20 à 3o de largeur; ce qui comprend une surface de ia5o kilomètres carrés, c'est-à-dire à peu près égale à la surface totale de la base de l'Etna. Cette grande étendue occupée par les porphyres démontre déjà que ces roches ne sont pas de simples accidents résul- tant de la modification d'autres roches, mais hien des masses indépen- dantes formées d'une manière particulière et jouant un rôle important et spécial dans la constitution de notre planète. Indépendamment de cette grande région porphyrique, il en existe encore une autre dans le Mor- van : cette dernière forme toute la partie méridionale des montagnes du Morvan , entre Autun et Lorme, et comprend les environs de la Roche- Millay, de Lucenay-l'Évêque et de Château Chi non. » M. Rozet a aussi exploré, dans la contrée qui l'a occupé, trois régions granitiques, dont celle du sud occupe un espace de 3oo kilomètres carrés, entre la Brevenne et l'Azergue; et celle du milieu, beaucoup plus étendue, se développe sur une surface de 1730 kilomètres carrés depuis la hauteur de Beaujeu jusqu'au bassin houiller de l'Arroux ; la troisième forme l'ex- trémité septentrionale du groupe montagneux du Morvan, entre Château- Chinon et Avallon. » Les granités de cette partie de la France sont généralement d'une très facile décomposition, et la surface des roches se trouve souvent re- couverte de puissantes couches d'un sable composé de grains de quartz, de feldspath et de paillettes de mica, nommé arène dans le pays et qui résulte évidemment de la désagrégation de la roche inférieure. Par suite probablement de cette facile décomposition, les montagnes de granité sont généralement arrondies. Les porphyres, qui résistent mieux aux influences atmosphériques, ont des formes plus âpres et plus cahotées. On remarque en même temps que les porphyres sont couverts d'une végétation vigou- ( a58 ) reuse qui contraste agréablement avec la stérilité des granités. Ces gra- nités sont généralement d'une couleur rose; ils sont cependant blanchâ- tres et gris dans plusieurs endroits; leur grain est le plus ordinairement moyen , mais il devient quelquefois très gros dans les hautes montagnes , et quelquefois très fin sur les flancs des grandes vallées , dans le voisinage du gneiss, qu'on trouve çà et là en lambeaux discontinus sur les flancs des niasses granitiques. » Le gneiss domine aussi cependant dans quelques districts, où il forme toute la masse des montagnes. M. Rozet en a observé et délimité plusieurs, dont le plus étendu est situé au nord de Rive-de-Gier, entre le Gier et la Brevenne. » Le micaschiste, le schiste talqueux, le schiste argileux et les calcaires qui lui sont subordonnés occupent aussi quelques portions de la région montagneuse, mais sur une étendue beaucoup plus restreinte que les roches précédemment nommées. » Dans les anfractuosités que présente cette même région, on trouve cinq bassins houillers ; les roches sédimentaires plus modernes ne couvrent guère que ses bords et un petit nombre de cimes isolées d'une élévation médiocre. » M. Rozet a étudié avec une grande persévérance les relations de gise- ment des porphyres avec toutes les formations que nous venons de citer. Les roches qu'il range dans son groupe porphyrique ne sont pas toutes identiques entre elles; mais celles qui jouent le rôle principal sont des porpbyres quarzifères, à base de feldspath compacte, çt des roches feld- spathiques compactes peu différentes de la pâte des premières. Il désigne ces dernières sous le nom d'eurites. » Les géologues ont observé souvent et dans un grand nombre de con- trées, qu'il existe une liaison intime entre le gneiss, le granité, cer- tains porphyres quarzifères et diverses variétés d'eurite, de manière que l'origine de toutes ces roches a nécessairement quelque chose de commun. On sait même que cette liaison, jointe à celle qui existe aussi entre le gneiss et certaines roches stratifiées , dont l'origine sédimentaire est évidente, était un des principaux arguments sur lesquels Werner se fondait pour comprendre toutes ces roches ensemble parmi les forma- tions d'origine neptunienne De nombreux exemples de cette liaison gra- duelle se sont présentés à M. Rozet. Sur le versant oriental de la vallée du Sornin, à Coutauvre , la Gresle, Jarnosse, Cuinzié, Chaudon, Cours, Écoches, Belmont et Chauffaille, les porphyres sont souvent granitoïdes, ( 259) et passent même souvent au granité. Aux environs de Tarare la roche dominante est un eurite gris qui passe au porphyre en prenant de petits cristaux de feldspath rose. En approchant des granités, les cristaux de- viennent plus nombreux, des paillettes de mica et des grains de quartz pa- raissent dans la roche, et l'on a un porphyre granitoïde qui devient sou- vent lui-même un véritable granité. En gravissant les flancs du cirque de Rouchal, on voit très bien les eurites passer au porphyre, à pâte plus ou moins compacte et ceux-ci devenir granitoïdes. An nord de la région porphyrique du Morvan on voit le granité succéder aux porphyres et se lier avec eux dune manière insensible. * « Le passage des roches non stratifiées aux roches stratiformes se fait, d'après M. Rozet, par les leptinites placées entre le gneiss et le granité, et participante la fois de l'un et de l'autre. Le granité qui, d'un côté, passe insensiblement au porphyre par la diminution de ses cristaux, lesquels finissent par n'être plus que disséminés dans une pâte, passe de l'autre au leptinite par une dégradation analogue, en sorte que de chaque côté de la masse granitique, c'est-à-dire près des porphyres et des gneiss, il y a des espèces de roches qui sont minéralogiquement presque identiques. « Dans la contrée explorée par M. Rozet le gneiss constitue, comme cela s'observe souvent, la base des terrains stratifiés et l'enveloppe exté- rieure des masses non stratifiées. Il se lie intimement au granité par des leptinites, et passe sur plusieurs points aux micaschistes et aux taclschistes. » Eu suivant les routes de Gondrieux à Rive-de-Gier ou à Givors, on voit très distinctement le granité passer au leptinite par la diminution de la grosseur de ses cristaux et la perte de son mica. Le long de ces deux routes, cette dernière roche est, d'après M. Rozet, bien développée et parfaitement caractérisée, composée de feldspath grenu et de grains de quartz disséminés. En continuant à monter, on voit le leptinite se charger de mica, prendre la structure feuilletée glanduleuse et passer au gneiss. » La superposition immédiate du leptinite au granité et du gneiss au ieptinite est très évidente, ajoute M. Rozet, dans les deux directions que nous venons d'indiquer. On voit aussi parfaitement bien le granité inférieur pénétrer en filons et en grosses masses transversales dans le leptinite, et celui-ci percer le gneiss de la même manière. •> Près le hameau de Champagneux, ajoute t-il , j'ai vu un filon de lep- tinite pénétrer le gneiss et s'épancher par-dessus après l'avoir traversé. » Une des circonstances les plus remarquables que présentent les rela- tions mutuelles des roches non stratifiées que nous avons déjà citées , c'est C. R. 1840, 1m° Semestre. (T. XI, N»7.) 30 ( 26o ) que, indépendamment des passages graduels qui montrent que la formation des unes se rattache à celle des autres par une chaîne continue, elles pénè- trent aussi en filons les unes dans les autres, de manière à faire voir que leur consolidation a été progressive , et que certaines d'entre elles sont restées fluides long-temps après que les autres étaient déjà solidifiées. M. Rozet a porté une attention toute spéciale sur ce qui pouvait l'éclairer relativement à l'ordre chronologique dans lequel ces diverses roches ont perdu leur fluidité, et même relativement aux époques géologiques à partir desquelles chacune des espèces principales a cessé ses éruptions. L'ordre d'éruption de ces dernières parait à M. Rozet avoir été le suivant: d'abord les leptinites, ensuite les granités ; plus tard les porphyres et les eurites. Les faits de pénétration mutuelle sur lesquels M. Rozet se fonde pour établir cet ordre sont très nombreux et nous paraissent bien observés. » Dans les montagnes au nord de Rive-de-Gier, entre le Gier et la Brevenne, le gneiss est traversé par des filons d'eurite, de porphyre et de granité. » Sur les flancs des vallées du Trenchin, du Thillon et de l'Azergue , on voit le granité appuyé sur les flancs des montagnes porphyriques, être percé par des filons d'eurites et de porphyres , bien qu'il y ait des passages insensi- bles entre toutes les roches. Au nord de la vallée de l'Ardière, entre Beaujeu et Chenas, le granité est traversé par de nombreux filons d'eurites et de porphyres; mais ici, non plus que dans aucune autre partie de la région porphyrique, on n'aperçoit le granité en filons ou en masses transversales au milieu des porphyres. Cette absence des filons de granité dans les por- phyres, tandis que ceux-ci pénètrent dans toutes les parties du terrain granitique, est un fait sur lequel on ne saurait trop insister, et qui dé- montre bien clairement l'antériorité des granités, quoiqu'ils soient souvent surperposés aux porphyres. » Le point où la manière dont les filons de porphyre pénètrent la masse granitique est le mieux mise à jour, se trouve au coude de la route de Cluny à Ciry, vis-à-vis Massy et le hameau des Reuils. Des travaux tout nouvellement exécutés ont coupé la masse de granité à gros grains, très décomposée, bordant la route au sud, et mis à découvert les nombreux filons de porphyre qui la traversent en se croisant et en se ramifiant. » Les porphyres de la région porphyrique du nord qui forme la partie méridionale des montagnes du Morvan, poussent aussi des filons à travers les granités qui les entourent et qui s'appuient sur eux : M. Rozet cite sous ce rapport un grand nombre de localités. Je mentionnerai seulement qu'à ( s6i ) la Selle, à trois lieues d'Autun, sur la route de Château-Chinon , le granité qui vient s'appuyer sur les pentes des montagnes porphyriques formant le flanc occidental du bassin houiller de l'Arroux, se montre immédiatement superposé aux porphyres dans plusieurs ravins profonds situés à l'ouest du village, et que dans le même granité on rencontre des filons du porphyre qu'il recouvre. » Les plus importants parmi les filons de porphyre et d'eurite du Morvan sont formés, dit M. Rozet, par un porphyre brun, contenant une grande quantité de cristaux de pinite ; quelques-uns ont jusqu'à 14 mètres de puis- sance. Leur direction la plus habituelle se trouve être du N. 200 E. au S. 200 O. Il existe près d'A vallon trois filons de porphyre qui traversent les granités sur une grande étendue : M. Rozet en a suivi un pendant plus d'une lieue. n Les filons de porphyre n'ont pas seulement pénétré à travers les ro- ches cristallines, telles que le granité et le gneiss, ils ont aussi péné- tré à travers les roches sédimentaires, telles que les schistes argileux et les calcaires qui y sont renfermés. n Le terrain schisteux git par lambeaux sur les flancs des montagnes porphyriques, aux environs de Tarare, dans la vallée de l'Azergue, dans celle de Nizeron, et quelques autres du versant oriental de la chaîne, et sur le versant occidental, dans les vallées du Rahin et de la Trambouze. » Près du Gouget, sur les flancs du Mont-Crépy, qui atteint au sud de la Vave une hauteur absolue de g3o mètres , il existe un lambeau du ter- rain schisteux de transition, trituré par les porphyres, et dans lequel se trouvent subordonnés des bancs d'un calcaire noir, bleuâtre et verdâtre, sublamellaire, qui sont exploités comme pierre à chaux. Les flancs de la même montagne présentent aussi quelques lambeaux de gneiss également triturés par les eurites et les porphyres. Dans les berges de la route de Tarare à Feurs, tout nouvellement taillées, on voit les eurites et les porphyres percer les schistes sur un grand nombre de points. Dans le fond et sur les deux flancs de la vallée de la Tramhouze, paraissent des schistes de transi- tion avec bancs subordonnés de calcaire noir à encrines qui s'élèvent jus- qu'à une certaine hauteur sur les flancs des montagnes, et dans lesquels les eurites , les diorites et les porphyres pénètrent en filons plus ou moins puissants. » En suivant la route de Thizy à Roanne, à l'endroit nommé La Roche, les schistes, avec le calcaire à encrines subordonné, sont traversés par un beau filon de porphyre, provenant d'une masse qui domine la route au 36.. ( 262 ) nord. En continuant à suivre la même route, dont les schistes avec cal- caire forment les deux berges tout nouvellement taillées, on voit ces schistes percés çà et là par des riions d'eurite et de porphyre,. Au-dessus de la ferme des Rivières, deux filons de porphyre offrent les singulières dispositions représentées par les figures 16 et 17 des planches jointes au Mémoire. A cent mètres plus à l'ouest, le calcaire à encrines formant la berge est traversé par un beau filon de porphyre jaunâtre granitoïde, qui est exploité pour charger la route. Ce calcaire a paru à M. Rozet n'avoir subi aucune altération dans ses points de contact avec la roche ignée. Après avoir dépassé ce point, on ne tarde pas à trouver dans le terrain schisteux des poudingues contenant une grande quantité de cailloux de quartz. Près la ferme de Pras, au circuit de la route, îes poudingues sont percés par des filons de porphyre rouge, identique avec celui de Thizy. " On y remarque aussi des veines d'un eurite terreux blanchâtre. Jusqu'à Montagny, les conglomérats, toujours percés par des filons d'eurite et de porphyre, sont très bien développés; leur ciment présente une grande quantité de vacuoles qui paraissent être le résultat de l'action des roches ignées et qui lui donnent une apparence scoriacée tout-à-fait semblable à celle des roches d'épanchement. Entre Montagny et Perrens, les conglo- mérats se montrent associés aux schistes. Toutes ces circonstances, pour le dire en passant, rappellent fortement les terrains de la partie S.-E. des Vosges. » Les observations de M. Rozet montrent avec une grande évidence que le terrain houiller du bassin de l'Arroux, où se trouvent Autun et Epinac , s'est formé vers la fin de la longue période pendant laquelle se sont pro- longées les éruptions porphyriques et euritiques, c'est-à-dire après qu'un grand nombre d'éruptions de ces roches avaient déjà eu lieu, mais avant que les dernières de toutes se fussent effectuées. » Le bassin houiller de l'Arroux est bordé au sud et à l'est par des mon- tagnes granitiques au pied desquelles se montre souvent le gneiss. Dans cette partie les conglomérats, qui sont très développés, ne contiennent que des fragments de gneiss et de granité, tandis que du côté du nord et de l'ouest, où la ceinture montueuse qui borde le bassin houiller est com- posée d'eurites et de porphyres, les fragments des conglomérats sont pres- que uniquement des eurites et des porphyres. Ces derniers sont beaucoup plus abondants que les autres. » De là il résulte évidemment que les montagnes porphyriques ont , comme les montagnes granitiques une origine antérieure au terrain ( 2Ô3 ) houiller. Cependant cette règle ne s'applique pas à la totalité des roches porphyriques. Certains eurites au moins y échappent complètement, car ils pénètrent en filons clans le terrain houiller. » Au pied de la montagne du Calvaire, près le pont de la Vesvre, com- mune de la Selle, dans deux excavations ouvertes pour exploiter une couche de houille sèche, on a mis à découvert une pénétration très re- marquable de l'eurite jaunâtre qui forme la montagne sur le flanc de laquelle le terrain houiller vient s'appuyer, dans ce dernier terrain et dans la couche de houille même; au contact la houille est devenue sèche, brillante et un peu caverneuse, le grès houiller s'est endurci, a pris une couleur brune foncée, et les parties feldspathiques qu'il contient ont été comme frit tées. Dans l'excavation supérieure on voit parfaitement bien, dit M. Rozet, que l'eurite a coulé sur le terrain houiller. Plus au sud, sur les bords de la route, dans un puits creusé pour arriver à la houille, on a traversé deux mètres d'eurite avant de rencontrer les schistes et grès houillers. Ainsi là, sans aucun doute, l'eurite a pénétré dans le terrain houiller à l'état de fusion ignée, et s'est même répandu dessus. » Tout concourt à montrer que les eurites, qui, comme on vient de le voir, forment des filons dans le terrain houiller, sont un peu plus mo- dernes que les porphyres qu'on n'y rencontre qu'en cailloux roulés , car la pénétration des eurites au milieu des roches porphyriques s'observe sur plu- sieurs points ; mais les porphyres, quoique s'enchevêtrant avec ces roches, ne les pénètrent jamais en véritables filons. Dans d'autres contrées, par exemple, à l'île d'Arran, en Ecosse, on voit des porphyres quarzifères tra- verser le grès bigarré, qu'on sait être beaucoup plus moderne que le terrain houiller. Cependant le terrain houiller paraît être la plus moderne des for- mations traversées par les eurites de la Bourgogne, qui sont eux-mêmes ici un peu plus modernes que les porphyres proprement dits ; du moins M. Ro- zet n'a vu dans ces contrées aucune couche plus moderne que le terrain houiller, traversée par ces filons d'eurite qu'il a poursuivis avec tant de persévérance. » Le long de la route de Mont-Cenis à Couehes, un grès que M. Rozet désigne sous le nom de grès rouge, et qui dans tous les cas n'est pas plus moderne que le terrain du tryas, se montre superposé au granité : if recouvre tout le flanc sud 'de la montagne des Écouchets. Là on peut par- faitement s'assurer que les filons d'eurite et de porphyre qui traversent le granité ne pénètrent nullement dans ce grès rouge; les pointes de ces ro- ches qui percent en quelques endroits ne sont, d'après M. Rozet, que des ( ^64 ) parties saillantes déjà solidifiées lors du dépôt du grès qui les a englobées en se formant, car toute la surface de ces parties est décomposée et les frag- ments sont souvent cimentés par le grès rouge dans lequel les porphyres et les eurites ne forment jamais de veines. Le même phénomène peut être observé dans plusieurs autres endroits, près d'Essertine, du Breuil, etc., où les filons qui traversent le granité, ne pénètrent nullement dans le grès rouge qui en recouvre la surface; mais lès filons de quartz qui coupent en beaucoup d'endroits ceux de porphyre, se montrent au milieu du grès rouge, dans toutes les localités précitées; ils l'ont souvent endurci, et c'est leur substance qui forme le ciment des parties siliceuses de ce grès. » La roche ignée la plus récente de la contrée est le basalte, dont il existe un lambeau sur le plateau granitique de Château-Neuf en Brion- nais, et deux petits cônes sur le plateau de Drévin, où le basalte semble avoir percé le lias en s'élevant; mais il paraît qu'il a existé une très longue lacune entre la période des éruptions porphyriques et euritiques et celle des éruptions basaltiques. » Les couches du terrain jurassique de la Bourgogne sont généralement relevées vers l'ouest, c'est-à-dire vers l'axe de la chaîne où gisent les masses plutoniques et dont elles bordent la base, mais à l'exception des basaltes, aucune des roches plutoniques que nous avons citées ne se mon- tre en veines ou en filons dans ce terrain. Les filons de quartz eux-mêmes qui, ainsi qu'on va le voir, pénètrent jusque dans les arkoses placés à la base du lias, ne pénètrent jamais ici dans les autres assises du terrain juras- sique. » M.Rozeta étudié avec une grande persévérance les masses quarzeuses qui se sont présentées à lui dans la contrée qu'il a explorée. Il en décrit un très grand nombre, de nature et de gisements divers, qui semblent établir une chaîne presque continue entre deux classes de masses minérales d'o- rigines probablement très différentes, et en quelque manière opposées, les pegmatites et les arkoses à ciment quarzeux. » Entre l'Arrotix et la route d'Autun à Bourbon-Lancy, le granité à gros grains est coupé par des filons de pegmatite , avec tourmalines et des filons de quartz. Il existe aussi des filons de pegmatite aux environs d'Autun, particulièrement dans la vallée du Mesvrin. A Marmagne, Saint- Simphorien, Braie, Marmasse, et sur tous les flancs de Mont-Jeu, le gneiss est traversé par des filons et des masses transversales de pegma- tite, parmi lesquels on remarque une très belle variété de pegmatite gra- phique. Ces filons de pegmatite ont apporté avec eux des tourmalines et ( 265 ) des émeraudes. Ces dernières sont surtout très communes, aux environs de Marmagne et de Saint-Simphorien,oùl'onen voit souvent dans les mor- ceaux de roches employés à charger la route; mais ces émeraudes ne sont pas assez belles pour être taillées. Le gneiss de ces localités est aussi traversé par de nombreux filons de quartz, et ce quartz contient souvent du mica. Ces filons sont également très communs dans le granité. Entre Marmagne et Mont-Cenis, à l'endroit nommé la Demi-Lieùe } on voit s'é- lever de cinq à six mètres au-dessus du sol granitique, un beau filon de quartz de i5o mètres de longueur. »Les filons de quartz de cette contrée paraissent être, au moins en par- tie,d'une nature toute particulière. A la montagne des Écouchets près Saint- Pierre de Varenne, le granité à gros grains qui forme la masse de cette montagne est lardé de filons et veines de quartz coloré en vert par l'oxide de chrome qui se trouve accumulé en petites plaques le long des salbandes. C'est dans le gneiss des environs de Marmagne et de Saint-Simphorien que gît le célèbre filon iïuranite, qui se trouve presque épuisé maintenant. » Au sud-est de Chiseuil, près de Bourbon -Lancy, s'élève une montagne ayant i5oo mètres de long sur 700 à 900 de large, allongée dans le sens du sud-est au nord-ouest. Cette montagne est formée de quartz, mé- langé de fer hydraté. Ce quartz est généralement très celluleux, et offre l'aspect de certains trachytes scoriacés; presque toutes les cavités qu'il présente sont tapissées de fer hydraté qui y forme quelquefois des sta- lactites. Cette substance est ordinairement mamelonnée , et souvent irisée. Le quartz est toujours pénétré d'hydrate de fer, et la combinaison est assez intime pour donner une excellente pierre de taille dont on fait un grand usage dans les environs. Ce quartz est aussi quelquefois semi vitreux comme celui des filons qui traversent les porphyres ei les granités; certaines par- ties contiennent de grandes lames de mica argentin , et deviennent ainsi un hyalomicte tout-à-fait semblable à celui qui forme des filons dans le gneiss et qui contient souvent des tourmalines: cette variété est encore très ferrugineuse. » Le quartz blanc semi vitreux, enfumé et quelquefois jaspoïde, s'élève en cônes, au milieu du granité et du gneiss, au pied sud-est du mont Pilas, dans les environs de Condrieux (département du Rhône). M. Eozet a observé trois de ces cônes sur le; plateau à l'est de Condrieux. Ils s'élè- vent de 8 ou 10 mètres seulement au-dessus de la surface du sol environ- nant. Le granité est fréquemment soudé avec le quartz , et le quartz en- globe souvent des fragments de granité de différentes grosseurs. A la ( 266 ) base des cônes, le quartz pousse clans le granité des ramifications diver- gentes, comme si celui-ci avait été étoile pour les recevoir. Le quartz de ces cônes est absolument semblable à celui qui se présente en filons dans le granité, le leptinite, le gneiss, le micaschiste, et les schistes talqueux de la contrée, et qui forme aussi des veines dans ces dernières roches. Dans les quartz de cette catégorie, M. Rozet n'a reconnu que des traces d'oxide de fer, et il n'y a trouvé ni baryte sulfatée, ni spalh fluor, ni galène , substances très communes dans une seconde catégorie de masses quarzeuses dont il nous reste à parler. » On remarque au milieu de la masse granitique de l'extrémité sep- tentrionale du Morvan , une immense quantité de filons de quartz hyalin, blanc, rosâtre, noirâtre, rarement enfumé, devenant souvent calcédonieux et quelquefois grenu, à petits grains. La puissance de ces derniers filons varie depuis quelques mètres jusqu'à quelques centimètres seulement ; ils prennent toutes sortes de directions et se ramifient même quelquefois dans tous les sens. Le quartz de ces filons contient partout de la baryte sulfatée, du spath-fluor, de la galène et bien souvent du fer oligiste. Les filons de quartz sont très nombreux dans les environs d'Avallon, où l'on peut parfaitement étudier tous les phénomènes qu'ils présentent dans leurs rapports avec les arkoses. De pareils filons existent dans le terrain porphyrique aussi bien que dans le granité. En allant de la Roche-Millay à Champ-Robert, on marche toujours sur le terrain porphyrique, et l'on voit beaucoup de têtes et de fragments de filons de quartz avec fer oligiste, fer sulfuré, traces de galène, barytine et spath-fluor. M. Rozet décrit de nombreux exemples d'autres filons du même genre, tant en divers points du Morvan, que dans le reste de la contrée, qu'il a explorée jusqu'aux environs de St.-Étienne-en-Forez. Il a ainsi reconnu ce réseau de filons quarzeux sur une longueur de 55 lieues, d'Avallon à Saint-Étienne, et sur une largeur de 10 à i5 lieues. Ces filons quarzeux qui coupent les grandes niasses porphyriques, coupent aussi lorsqu'ils les rencontrent, les filons de porphyre qui traversent le granité. Entre autres exemples de ce fait, M. Rozet cite un beau filon de porphyre qui court dans le granité sur les bords du Cousin, à Presle , au sud-est de Cussy-les-Forges, et qui est coupé à angle droit par un filon de quartz. Les phénomènes de ce genre sont nombreux et concourent à prouver que la production des filons quarzeux s'est continuée ainsi que nous l'avons déjà annoncé, après celle des filons porphyriques. Ces filons quarzeux traversent en effet, non-seu- lement le gneiss, les micaschistes, les schistes talqueux, les schistes ar- ( 267 ) gileux, le granité et les porphyres, mais encore le terrain houiller et le grès rouge, et se prolongent jusque dans les arkoses placés à la base du lias. M. Rozet leur assimile les quartz de la montagne de Saint-Priest près de Saint-Etienne, déjà décrite en 1828 par M. Dufrénoy, et qu'il a lui- même examinée avec attention, et décrite de nouveau dans son Mémoire de i838. » M. Dufrénoy, après avoir décrit la colline quarzeuse de Saint-Priest qui se trouve dans le terrain houiller de Saint-Etienne, disait. . . . « Quelle » circonstance a répandu avec une si grande profusion la matière siliceuse » et la baryte dans les roches qui la composent? C'est une question que » nous ne chercherons pas à résoudre. Nous dirons seulement qu'il est na- » turel de penser que ce phénomène est analogue à celui qui a donné » naissance aux arkoses, et que c'est probablement à la même cause que >< sont dus les minéraux qui existent dans l'un et dans l'autre grès (1). ». . . » Déjà dans son premier Mémoire M. Rozet parlait des rapports intimes qui existent entre les filons de quartz et ces roches singulières , qui avaient déjà attiré il y a bien des années l'attention de M. Gilet de Laumont, que l'un de vos Commissaires, M. Brongniart, avait senti l'utilité de distinguer sous le nom spécial d' arkoses , et dont nous devons une connaissance si précise aux travaux de notre confrère, M. de Bonnard. Dans son second Mémoire M. Rozet revient sur. cet objet avec beaucoup plus d'étendue. Nous avons cité, dit-il, une localité près d'Autun, où l'on voit un filon de quartz sortir du granité, s'épanouir sur la surface, englober les fragments de cette roche et former l'arkose. L'année dernière (1837) ce point était le seul où nous ayons pu voir le phénomène aussi clairement , prendre pré- cisément la nature sur le fait. Mais cette année (1 838), guidé par M. Moreati, professeur de mathématiques au collège d'Avallon, et par M. Desplaces de Charmasse, nous avons pu étudier avec soin dans les environs d'Avallon, contrée rendue classique par les travaux de M. de Bonnard , une foule d'autres points où le phénomène se montre encore plus clairement qu'à Autun, et avec une foule de circonstances nouvelles et très remar- quables. { 1 ) Considérations générales sur[le plateau central de la France , et particulièrement sur les terrains secondaires qui recouvrent les pentes méridionales du massif primitif qui le compose; par M. Dufrénoy, annales des Mines , 2° série, t. II, p. 335, 1828. — /^«yezaussi Mémoires pour servir à une description géologique de laFrance, t. I, p. 3i 1. C. K., 1840, a">« Semestre. (T. XI, N° 7.) 3? ( 268 ) » L'un de vos Commissaires a eu l'avantage de pouvoir visiter ces inté- ressantes localités l'année dernière (i83g) sous la conduite de MM. Rozet et Moreau et en compagnie de M. le baron de Beust, conseiller des mines de Saxe , déjà bien connu des géologues par son beau travail sur les por- phyres de l'Erzgebirge (i). Ce dernier savant, dans un autre Mémoire qu'il a publié depuis sur la théorie des filons, a signalé les faits qu'on observe près d'A vallon au nombre de ceux qui sont les plus propres à éclairer sur l'origine des gîtes métallifères. Il indique des analogies de composition frappantes entre les filons des environs d'Avallon et ceux qui dans les en- virons de Freyberg sont désignés sous le nom de Spath gànge (2). Mais quel que suit l'intérêt qui s'attache aux localités d'Avallon, de Pont-Aubert. du Vau de Lugny, du Moulin de Ruas, de Pierre Perthuis, etc.,. . . qui probablement sont destinées à devenir classiques pour la science, l'étendue déjà trop grande de ce Rapport ne nous permettra pas d'en présenter la description. Nous renverrons pour la connaissance détaillée des faits qui s'y observent, aux Mémoires de MM. de Bon nard, Rozet, Moreau et de Beust, et nous nous bornerons à rappeler en général les circonstances qui s'y manifestent en indiquant la manière dont M. Rozet propose de les expli- quer. » Les variétés de quartz si répandues dans le terrain d'arkose sont absolument les mêmes , dit M. Rozet , que celles qui forment de nombreux filous dans le granité inférieur. De plus la baryte sulfatée et la galène sont aussi abondants au milieu des filons de quartz du granité, que dans les arkoses : il doit donc exister une intime liaison entre les uns et les autres. Les arkoses siliceux sont tellement une dépendance des filons de quartz, que ces roches n'existent pas sur les roches granitiques dépourvues de ces filons. On voit les filons de quartz entrer dans l'arène et la solidifier, dans l'argile et l'endurcir, au point qu'elle fait feu au briquet ; dans le calcaire et y répandre la silice en si grande quantité que le calcaire disparaît presque entièrement et que les fossiles qu'il renferme sont devenus sili- ceux. Tous les métaux que les filons de quartz renferment se trouvent ré- pandus dans les roches qu'ils ont modifiées. (1) Geognoslische skizze den TVichtigsten porphjrogebilde zwischcn Freyberg, Frauenstein , Tharandt und Nassen, eniworfenvon F.-C. von Beust, i835. (2) Kiïlische beleuchtung der TVernarsch.cn gnnthcorie von F.-C. von Beust. ( a69) «L'aspect calcédonieux des parties les plus siliceuses du terrain d'arkose, les cavités des roches et les empreintes des coquilles tapissées de cristaux de quartz, annoncent que la silice devrait être dissoute dans l'eau comme celle que lancent encore les geysers d'Islande : les filons de quartz qui finissent par se perdre dans les arkoses, occupent peut-être la place de conduits qu'ont suivis à différentes époques des eaux thermales chargées d'une grande quantité de silice. Ces eaux, dit M. Rozet, devaient être acides; car les salhandes granitiques des filons sont toujours décomposées jusqu'à une certaine profondeur, et dans cette action, c'est l'alcali qui a été enlevé au feldspath. En pénétrant dans l'arène les eaux se refroidissaient, et la silice se solidifiait dans tous les interstices et cavités où elle avait été portée : quand l'émission avait lieu dans un endroit où le granité n'était pas recouvert, il s'y faisait un dépôt siliceux semblable à ceux que l'on voit se former autour des geysers , et de là ces grandes masses de silex pres- que pur que nous présente le terrain d'arkose. Les arkoses inférieurs aux marnes irisées , qui dans les environs d'Autun et du mont Saint-Vincent, offrent une stratification régulière, montrent que l'émission a pu avoir lieu probablement sous les eaux. Alors la silice devait probablement flotter quelque temps dans le liquide à l'état gélatineux avant d'agglutiner les débris au milieu desquels elle était poussée. » Indépendamment du quartz, de la baryte sulfatée, du spath-fluor, de la galène et du fer oligiste, qui donnentau terrain d'arkose un aspect si par- ticulier, M. Rozet, dans une dernière Note présentée à l'Académie le 10 fé- vrier 1840, signale, dans le lias de la Bourgogne, des parties dolomitiques qui, en elles-mêmes, constituent un point de rapprochement avec le lias des Cévennes , de l'Aveyron et du département du Var, dont certaines couches sont souvent à l'état de dolomie terreuse. » Dans l'examen des autres terrains stratifiés de la Bourgogne, auquel s'est également livré M. Rozet, il a aussi constaté le fait remarquable d'une discordance de stratification qui existe à Châteauneuf, entre le sys- tème du lias et celui des marnes irisées sur lequel il repose. » Une investigation suivie de tous les arkoses de la Bourgogne lui a fait découvrir plusieurs superpositions qui prouvent que ces roches, ainsi que l'a déjà fait voir d'une manière générale M. Brongniart dans le Mé- moire où il leur a imposé leur nom, n'appartiennent pas tontes aune seule et même formation, et que tandis qu'une partie d'entre elles se rattache au lias dont elles contiennent les fossiles, d'antres, ainsi que l'ont pensé plu- 07.- ( 27° ) sieurs géologues et notamment votre rapporteur (i), sont plus anciennes et font partie du système du tryas. «Au-dessus des arkoses, M. Rozet a observé en beaucoup de points des environs d'Autun et du Creusot un grès de couleur rouge et très grossier, qui est immédiatement superposé au terrain houiller. M. Rozet rapporte ce grès à la formation du grès rouge , mais il indique en même temps qu'il passe insensiblement aux arkoses par lesquels il est recouvert. Votre rap- porteur est porté à croire, tant par cette circonstance que par quelques autres, que ce grès grossier, coloré en rouge, pourrait appartenir au tryas comme les arkoses qu'il supporte , et même à la division la plus élevée du tryas, c'est-à-dire aux marnes irisées. Cette modification n'entraînerait du reste aucun changement essentiel dans la manière d'interpréter les faits géologiques observés dans ces contrées. » M. Rozet ne pouvait manquer de porter aussi son attention sur les faits qui attestent que le sol des contrées qu'il a explorées a éprouvé des mou- vements postérieurement à la consolidation des roches dont la surface est formée. Il remarque que les granités et les porphyres forment différents massifs dont chacun a pour centre une cime plus proéminente que les autres, de laquelle partent des ramifications divergentes qui vont en s'a- baissant à mesure qu'elles s'étendent. Quand les ramifications de doux centres différents viennent à se rencontrer, c'est toujours à une dépression, à un col formant un sommet concave dans la courbe qui, suivant les crêtes de chaque ramification , joindrait les deux centres d'où elles pro- viennent. Tous ces massifs, dit M. Rozet, sont généralement placés comme des individus isolés et absolument comme si chacun existait indépendam- ment des autres. Il en signale cependant un certain nombre qui s'alignent dans la direction du sud au nord. Votre rapporteur s'étonne seulement qu'il n'ait pas été également frappé des nombreux exemples d'alignement du N.-O. au S.-E. qui s'y font aussi remarquer, soit dans le Morvan , soit dans les environs d'Autun. » L'existence de chacun de ces centres culminants parait à M. Rozet un effet de soulèvement et il voit des preuves de cette hypothèse dans les formes mêmes des montagnes. (l) Voytz Recherches sur quelques-unes des révolutions de la surface du globe, par M. Élie de Beaumont, dans l'édition, française du Manuel de Géologie de M. de la Bêcbe , p. 636, et dans le Traité de Géognosie de M. d'Aubuisson, continué par M. Améde'e Burat, tome III, |>. 322. ( *v ) » Dans la région granitique, entre la Clayte et Autun , le granité s'élève jusqu'à j6om au-dessus de la mer, et il s'abaisse au-dessous de 2.3o. Cette différence de 53o mètres, qui exprime le maximum de relief des montagnes, annonce que la surface granitique , si à une certaine époque elle a été à peu près horizontale, comme l'est par exemple la surface des Ardennes ou celle des steppes granitiques de l'Ukraine, a dû éprouver depuis des mou- vements considérables. » Chacune des régions granitiques et porphyriques que M. Rozet décrit successivement , lui fournit l'occasion d'une remarque du même genre. » Aux environs de Chenelette et de Propières, il existe, dit M. Rozet, plusieurs beaux massifs de soulèvement, parmi lesquels ceux des monts d'Ajoux et de la Taar-Vayon méritent surtout d'être cités. Le massif de la Taar-Vayon a pour centre un cône presque parfait, élevé de 957 mètres au-dessus du niveau de la mer, d'où partent des ramifications peu éten- dues. Différentes variétés de porphyre, noir, gris, blanchâtre, rouge et vert entrent dans la composition de ce massif. Une belle pointe de por- phyre brun, et une autre de porphyre blanchâtre, forment le sommet sur lequel on remarque les ruines d'une ancienne forteresse. » Les montagnes porphyriques, dont les plus hauts sommets s'élèvent à 1012 mètres au-dessus du niveau de la mer, ont en outre présenté à M. Rozet des cirques qui lui paraissent dus à des soulèvements, et dans lesquels des rivières plus ou moins considérables prennent leur source. Le village de Cours est situé, dit M. Rozet, à l'entrée d'un vaste cirque porphyrique où se trouvent les sources de la Trambouze. Des cirques analogues s'observent à Murs, Belmont, Rouchal , Belle-Roche, Paule, les Ardaillats, Avenas, Mansol et Matour, Saint-Igny et Propières, etc. , où se trouvent les sources du Chandenet, de l'Aaron, duRahin, du Botovet, de l'Azergue, de l'Ardière, de la Grosne et des différentes branches du Sornin. Tous ces cirques, dont les parois sont découpées par de profondes vallées et de nombreux ravins, affectent la forme d'un cône elliptique dont le sommet est en bas. Les montagnes qui forment les parois s'élèvent de a5o à 365 mètres au-dessus du fond du cirque sur lequel il existe phi- sieurs points desquels on peut parfaitement embrasser tout l'ensemble d'un seul coup d'œil. » M. Rozet trouve encore des traces de phénomènes de soulèvement dans les lambeaux du terrain schisteux dispersés sur les flancs des montagnes porphyriques et bouleversés par les porphyres qui les traversent sous forme de filons. ( 272 ) » Il en trouve de même dans certains lambeaux de la formation des arkoses, du tryas, qui sont portés sur les sommets de plusieurs montagnes jusqu'à 6o3 mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer, tandis que les autres parties de la formation sont généralement beaucoup moins éle- vées (de 400 à 480 mètres au plus). » Le terrain jurassique, plus moderne et déposé après les phénomènes d'éruption qui ont bouleversé une partie de ces contrées, présente ce- pendant des traces d'ondulations opérées sur une large base et peu sen- sibles dans un point donné , mais qui se manifestent clairement quand on compare entre eux des points éloignés. » La hauteur moyenne au-dessus de la mer, de la ligne fort irrégu Itère suivant laquelle s'opère la séparation entre le terrain granitique et le terrain jurassique, est de 270 mètres. A partir de là le sol s'élève vers les grandes sommités du Morvan, dont la hauteur dépasse 5oo mètres, et il s'abaisse, en allant vers le pied des escarpements du calcaire à entroques. Cette suite d'escarpements, formant une falaise demi circulaire autour du massif granitique du Morvan, atteint une hauteur moyenne de 34o mètres au-dessus de la mer, c'est-à-dire 70 mètres de plus que le pied du massif granitique, et notablement plus considérable qu'un grand nombre de points de ce même massif; il y a même des escarpements du calcaire à entroques dont la hau- teur va jusqu'à 422 mètres. » Si, à l'époque du dépôt des couches, les hauteurs relatives avaient été ce qu'elles sont aujourd'hui, toute la partie de la surface granitique qui se trouve maintenant inférieure à la surface jurassique aurait été couverte par les dépôts qui se formaient; mais comme ces dépôts ne dépassent pas une certaine ligne dont la hauteur est bien inférieure à celle qu'atteignent ces dépôts eux-mêmes , il faut qu'ils aient été soulevés postérieurement à leur formation ou que le terrain granitique se soit abaissé ; ce qui est en soi- même peu probable, et ce que rien dans la contrée ne conduit à supposer. » Il est donc prouvé qu'il y a eu entre le massif granitique et les plateaux calcaires un mouvement relatif dont la moyenne est au moins de 70 mètres, et qui, en quelques points , est de plus de go mètres; et il est très probable que ce mouvement est un excès d'élévation de la partie calcaire. ■ » Les assises du système oolitique qui forment ces plateaux calcaires de la Bourgogne se retrouvent sur les bords de la Loire, entre Roanne et Digoin. La manière dont elles sont déposées en formant sur les deux flancs opposés de la chaîne granitique et porphyrique deux bandes qui ne se lient entre elles en aucun endroit, prouve qu'à l'époque de son dépôt la partie ( *73 ) centrale de cette chaîne était déjà entièrement au-dessus des eaux; mais auparavant , à l'époque de la formation des arkoses , les deux mers commu- niquaient, car ces roches se trouvent sur plusieurs plateaux de la ligne de partage et sur quelques uns des sommets les plus élevés. M. Rozet remarque en outre que les assises du système oolitique disparaissent sur les bords de la Loire, suivant une ligne irrégulière élevée de 280 mètres au-dessus du niveau de la mer, tandis que dans les pentes correspondantes de la vallée de la Saône, la ligne suivant laquelle le terrain jurassique s'enfonce sous le terrain de transport n'est élevée que de 180 à 190 mètres au-dessus du même niveau , c'est-à-dire 100 mètres de moins que du côté de la Loire. La même différence existe entre les cours de ces deux rivières : la hauteur de la Loire a Roanne est de 26g mètres , et celle de la Saône à Beauregard, qui se trouve à la même latitude que Roanne4, n'est que 168 mètres. On voit par là , dit M. Rozet , que, depuis le dépôt des couches jurassiques , le sol de ces contrées a éprouvé un mouvement général, et que le soulèvement doit avoir été beaucoup plus considérable le long de la Loire que le long de la Saône. » M. Rozet admet, dans les montagnes qu'il a explorées, six époques principales de soulèvement: » i°. Celle des leptinites et des gneiss; » 20. Celle des granités dont quelques-uns sont postérieurs au terrain schisteux, puisqu'ils y forment des filons; » 3°. Celle des porphyres les plus anciens qui ont produit une partie des éléments du terrain houiller. 11 suppose cette époque distincte de celle des granités; » 4°- Celles des eurites qui ont traversé le terrain houiller et dont les éruptions se sont terminées avant le dépôt des couches auxquelles M. Ro- zet donne le nom de grès rouge, couches qui restent complètement étrangères à la charpente des montagnes porphyriques et euritiques; » 5°. De nouvelles commotions ont élevé sur quelques sommets les arkoses de la formation du tryas et ont produit la discordance de stratifi- cation que M. Rozet signale entre les marnes irisées et le lias. Ces der- niers mouvements paraissent avoir ouvert les derniers canaux par lesquels s'est épanché le quartz, qui, accompagné de baryte sulfatée, de spath- fluor et de galène pénètre, jusque dans les premières assises du lias; » 6°. Les éruptions basaltiques sont arrivées beaucoup plus tard. » M. Rozet admet en outre que le sol de ces contrées et même, dit-il, du plateau central de la France aurait subi un mouvement général d'incli- (274) liaison en tournant autour d'une charnière située dans la vallée de la Saône, fait qui lui paraît résulter de ce que la Loire, avec les terrains secondaires qu'elle traverse, se trouve, ainsi que nous l'avons rapporté ci- dessus, élevée de 100 mètres «le plus que la Saône et les terrains secon- daires correspondants de la vallée. » En i835, dans un Mémoire sur les soulèvements jurassiques (i), M. Rozet avait déjà indiqué que dans ses divers soulèvements, la surface inclinée du Jura doit avoir tourné dans son ensemble autour d'une char- nière également située dans la vallée de la Saône. Le lit de cette rivière occuperait ainsi une ligne sinclinale sensiblement dirigée du nord au sud, autour de laquelle deux immenses surfaces , celle du Jura et celle du pla- teau central de la France, auraient tourné en se soulevant. » Les assises jurassiques qui composent la chaîne du Jura étant sensi- blement identiques avec celles du versant oriental de la chaîne qui sépare la Saône de la Loire, il est probable que ces assises se continuent et se réunissent au-dessous de cette grande plaine couverte d'alluvions que traverse la Saône. Le bassin qu'elles forment en se pliant ainsi a été com- blé par un dépôt de transport ancien , espèce de limon caillouteux ac- cumulé probablement dans un vaste lac. M. Rozet a fait sur ce dépôt des observations qui ne sont pas sans intérêt, mais dont la nécessité d'abréger ce Rapport, déjà trop long, nous permet à peine de dire quel- ques mots. Il distingue dans ce dépôt un étage inférieur formé de débris à l'état de galets et de cailloux roulés dont la' grosseur varie depuis celle d'une noisette jusqu'à celle de la tête au plus. Dans plusieurs endroits on voit des lits et des bancs de calcaire d'eau douce au milieu des cailloux roulés, dont ils englobent toujours une certaine quantité. Ils sont ac- compagnés de minerai de fer. L'étage supérieur est formé de marnes argi- leuses et de sables tins avec bancs solides de minerai de fer pisiforme. Indépendamment des coquilles terrestres et d'eau douce, peu différentes des nôtres, qui sont énumérées dans le Mémoire, on a trouvé dans ce terrain des ossements d'éléphant, de mastodonte, de rhinocéros , tXhyène, fie chevaux. » Les deux bords de. ce dépôt se trouvent encore sensiblement au même niveau (216 à 220 mètres au-dessus de la mer), sur le pied occi- dental de la chaîne du Jura et sur le pied oriental de celle de la Bourgogne. (1) Bulletin âe la Société géologique de France , année i835 , t. "VI, p. 192. ( *75 ) 11 vientensuite, en s'abaissant graduellement des deux côtés, jusqu'au lit de la Saône, où il n'atteint plus que 180 à i85 mètres à la surface des deux bourrelets qui bordent à droite et à gauche le lit de cette rivière. Cette différence de 3o à 40 mètres exprime probablement la profondeur que conservait le lac lorsqu'il a cessé d'exister. » Sa suppression date de la grande catastrophe diluvienne qui a laissé, dans les sillons dont elle a creusé son fond, des traces de son passage; mais M. Rozet signale avec raison comme un fait digne de remarque, que ces traces ne s'étendent pas à l'ouest de la Saône, et que le phénomène des blocs erratiques est presque inconnu dans la masse des montagnes à la- quelle son Mémoire est consacré. » Les bords mêmes de la Saône ont fourni à M. Rozet le sujet de plu- sieurs remarques curieuses relatives à la marche des alluvions de l'époque actuelle. Le mécanisme de leur production est facile à saisir. En s'étendant dans les prairies, l'eau des crues perd de sa vitesse, dépose les matières qu'elle tenait en suspension en vertu de cette même vitesse, et forme ainsi une couche très mince. » Dans le lit, où l'eau a conservé toute sa vitesse, cette couche ne se forme point , en sorte que les berges de la rivière s'élèvent à chaque dé- bordement. » Le terrain ainsi formé, qui a succédé immédiatement au grand dé- pôt diluvien, date de l'existence de l'homme dans la contrée ou lui est très peu antérieur, car il renferme dans ses parties moyennes des osse- ments humains, des débris de poteries grossières, des briques, etc. t> On n'a jamais trouvé aucun débris de l'espèce humaine ni aucune trace de son industrie, soit dans le grand dépôt diluvien, soit dans le terrain de transport plus ancien sur lequel il repose. » M. Rozet remarque que si nous avions un moyen de déterminer l'accroissement annuel moyen de l'attérissement de la Saône, nous pour- rions fixer approximativement depuis quel temps l'homme a paru dans le bassin de cette rivière. Je suis heureusement parvenu cette année (1 838), ajoute M. Rozet, à découvrir un phénomène qui peut y conduire. » La grande voie romaine de Trêves à Lyon, passant par Langres et Chalon-sur-Saône, traversait la prairie de la Dheune, un des affluents de la Saône, à 2000 mètres à l'ouest du village de Paleau.. . Cette voie a été enfouie sous les attérissements de la Dheune, et son pavé, uni et en très bon état, se trouve maintenant recouvert par une couche de ces attérisse- ments ayant om,32 d'épaisseur. C. K.,:«4n,9Bi Semettre. ;T. XI, N° X) 38 ( *76) » Établissant une proportion entre cette épaisseur et l'épaisseur totale des attérissements modernes, M. Rozet calcule que ces derniers n'ont pas dû mettre plus de is ooo ans à se former, d'où il résulterait que la pre- mière apparition de l'homme dans ces contrées est encore moins reculée. o M. Rozet a trouvé aussi , dans la contrée qu'il a explorée , l'occasion de s'occuper des cavernes à ossements. On sait que les géologues sont divisés sur la manière dont s'est opérée l'accumulation des ossements fossiles dans certaines cavernes. Les uns pensent que ce phénomène est dû à des cou- rants d'eau qui , traversant ces cavernes , y ont entraîné des débris d'animaux pendant une longue suite d'années ; les autres soutiennent, avec M. Buckland, que, dans un grand nombre de cas, ils y ont été apportés par des carnas- siers qui les habitaient. » M. Rozet a eu occasion d'observer en i838 un fait qui lui paraît propre à montrer que, dans une même caverne, l'accumulation a pu être l'effet des deux causes agissant successivement. La caverne de Vergisson lui semble présenter des ossements de deux époques bien distinctes : les uns , engagés dans un travertin rougeâtre, sont distribués à l'entrée et sur les parois delà caverne, comme s'ils y avaient été, dit-il, apportés par une onde qui, venant battre dedans, ne dépassait pas la moitié de la hauteur; les autres, beaucoup plus modernes, ont évidemment été apportés par les carnassiers depuis la retraite des eaux. Ces carnassiers sont des renards qui habitent encore la caverne. Conclusions. » Quelques-unes des déductions contenues dans le Mémoire de M. Ro- zet pourraient sans doute donner matière à des discussions; mais nous craindrions, en nous y livrant, d'abuser des moments de l'Académie. Ces discussions, d'ailleurs, ne nous paraissent pas nécessaires pour faire sentir tout le mérite de la persévérance que M. Rozet a mise à profiter des facilités que lui donnaient ses travaux géodésiques et topographiques et de tous les loisirs qu'ils pouvaient lui laisser, pour avancer l'exploration géolo- gique des contrées où ils le conduisaient. M. Rozet y a découvert des faits nouveaux, dont plusieurs sont curieux et concourent non-seulement à l'avancement de la géographie minéralogique , mais même à l'éclaircissement de différents points de la géologie, ce qui nous a paru les rendre dignes d'être enregistrés dans les annales de la science et de fixer quelques ins- tants l'attention de l'Académie. Ils nous auraient même paru très suscep- tibles, en eux-mêmes, d'obtenir les honneurs de l'insertion dans les volumes ( *77 ) des Savants étrangers ,• peut être aurions- nous seulement désiré que l'expo* sition en fût rendue plus indépendante des considérations théoriques; mais comme nous savons que le travail de M. Rozet doit paraître prochainement dans un recueil scientifique, nous nous bornerons à proposer à l'Académie de remercier l'auteur de ses communications, et de l'inviter à poursuivre toujours avec la même ardeur ses utiles investigations dans les contrées qu'il pourra encore se trouver appelé à parcourir. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à l'élection d'un membre pour la place vacante, dans la section de Minéralogie et de Géologie, par suite du décès de M. Brochant de Villiers. La liste présentée par la section porte les noms suivants : i°. M. Dufrénoy; a*. M. Constant Prévost; 3°. M. Boblaye. Le nombre des votants est de 46. Au premier tour de scrutin, M. Dufrénoy obtient.... 24 suffrages; M. Constant Prévost 32 M. Dufrénoy, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé membre de l'Académie; sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. MÉMOIRES LIS. physiologie zoologique. — Nouvelles observations sur l'organe élec- trique du Silure électrique (Malapterus electricus, Lacépèpe); par M- Valejvcienhbs. (Commissaires, MM. Geoffroy- Saint -Hilaire, Duméril, Serres, Milne Edwards.) « Le poisson de la famille des Silures qui partage avec la Torpille et le Gymnote, le pouvoir de donner des commotions électriques, a été annoncé 38.. • ( 278 ) aux naturalistes en 1756, par Adanson, Voyage au Sénégal; mais ce cé- lèbre voyageur n'en a donné ni description, ni figure. Ce poisson, vu d'abord dans le Sénégal, fut depuis observé dans le Nil; en 1775, les édi- teurs des manuscrits de Forskal en publièrent une description fort éten- due, laissée parce savant danois, mais sous le faux nom de Raja torpédo. Ce n'est qu'en 1782 que Broussonuet donna, dans les Mémoires de l'A- cadémie des Sciences, la première figure de cette espèce, et qu'il la rapporta au genre des Silures. Depuis, on a obtenu une première connais- sance de l'anatomie de ce curieux poisson , par les observations faites eu Egypte par M. Geoffroy-Saint-Hilaire : il s'occupa de recbercher l'organe électrique de ce Silure, et il en a publié la description dans les Annales du Muséum, et ensuite il les a fait représenter sur les planches du grand ouvrage d'Egypte , dont l'explication descriptive a été donnée par M. Isi- dore Geoffroy-Saint-Hilaire. En 1824, M. Rudolphi fit de nouvelles re- cherches anatomiques sur ce sîluroïde, et les publia accompagnées de fort belles planches, dans les Mémoires de l'Académie de Berlin. Il fit déjà mieux connaître l'organe auquel ce poisson doit la faculté remarquable qui ne lui est commune qu'avec un si petit nombre des animaux de sa classe. » On trouve ce curieux organe immédiatement sous la peau des flancs et au-dessus des muscles latéraux du corps qu'il recouvre. » M. Geoffroy, qui l'a décrit le premier (1), en parle comme d'un amas de tissu cellulaire serré et épais, composé de véritables fibres tendineuses, qui, par leurs différents entrecroisements, forment un réseau dont les mailles. ne sont visibles qu'à la loupe, et dont les petites cellules sont remplies d'une substance albumino-gélatineuse. Il est-séparé de l'intérieur par urne très forte aponévrose, que l'on ne peut enlever sans la déchirer, et qui tient aux muscles par un tissu cellulaire, rare et peu consistant, Une branche du nerf de la huitième paire descend vers le bas de la poi- trine , et se porte sous la lame aponévrotique qu'il parcourt en donnant à droite et à gauche des nerfs qui la percent et qui pénètrent dans le tissu cellulaire de l'organe où ils s'épanouissent. » M. Rudolphi (2) a bien reconnu cette tunique celluleuse et aponé- vrotique décrite par M. Geoffroy; et, de plus, il en a indiqué une seconde. (1) Annales du Muséum, tome I , page 3ga. (?) Rudolphi, Mémoir. Acad. Berlin, 1824 , page 13g. ( 279 ) » M'étant occupé de rechercher, pour la rédaction de l'histoire des poissons ; la structure et la nature de l'organe électrique du Malaptérure , j'ai reconnu, comme les deux observateurs que je viens de citer, la tunique extérieure, qui consiste en effet en une couche épaisse d'un tissu cellulaire spongieux, situé immédiatement sous le derme, et qui y est tellement adhérent , qu'il faut pour le mettre à nu ouvrir les cellules de sa surface externe. Cette première tunique est doublée à sa face interne d'une aponévrose argentée et fibreuse à laquelle le tissu spongieux adhère non moins fortement. Cette membrane s'étend depuis le front et les ouïes jus- qu'au dernier rayon de l'anale; l'aponévrose finit au même endroit et ne s'étend pas sur le tronçon de la queue du poisson. C'est sous cette tunique que marchent les grands troncs vasculaires et nerveux dont les rameaux percent l'aponévrose interne, et se divisent de suite en une infinité de filets excessivement fins, et devenant promptement difficiles à poursuivre avec le scalpel , ou même à voir à l'aide d'une loupe. Us ont été parfaite- ment bien représentés par M. Rudolphi. » Mais entre cette aponévrose et les muscles j'ai trouvé non pas une, mais d'abord deux tuniques semblables entre elles, qu'après une macéra- tion de quelques jours , j'ai pu déplisser en six feuillets superposés. Ces feuillets, minces comme des aponévroses, sont parfaitement distincts, faciles à séparer l'un de l'autre et des muscles qu'ils recouvrent et auxquels ils ne tiennent que par un tissu cellulaire assez lâche et peu abondant. Ils s'étendent tous plus loin que la première tunique et vont jusqu'à l'extré- mité de la queue, en touchant à la base des rayons de la caudale; ils sont denses quoique minces, leur surface externe devient facilement flo- conneuse par l'imbibition de l'eau. Us reçoivent par leur face externe des filets du grand nerf qui passe sous l'aponévrose ; à leur face interne les nerfs naissent des intercostaux. » Vu à de forts grossissements le tissu de ces membranes se montre identique, et composé de fibrilles semblables à celles des aponévroses, en- trelacées d'une manière plus lâche, laissant entre elles de nombreuses cellules. » Je démontre donc ici que dans le Malaptérure il existe entre la peau et les muscles deux tuniques dont on ne trouve aucun vestige dans les si- luroïdes non électriques; que la plus externe, celle que je regarde comme la partie essentielle de la batterie électrique du poisson, est un organe nerveux, et qui, à cause de sa con texture et du grand vaisseau qiu y porte le sang, a une structure analogue à celle du tissu érectile; ( 280 ) que la seconde tunique, vue par M. Rudolphi , au lieu detre simple, est composée au moins de six feuillets superposés et séparés l'un de l'autre par un tissu cellulaire lâche et devenant floconneux par l'imbibition de l'eau. » Cette description plus détaillée qu'on ne l'avait encore donnée prouve aussi que l'appareil électrique du Silure diffère de celui de la torpille et de celui du gymnote, quoiqu'il soit, comme dans ces deux espèces, un appa- reil essentiellement nerveux. » Ces membranes fonctionnent-elles à la fois pour la production de l'électricité, ou les feuillets internes sont-ils destinés à isoler la première, et à garantir le corps du poisson des chocs de sa batterie qui résiderait dans la couche externe? Ce sont des questions qui ne peuvent être réso- lues par l'examen d'animaux conservés dans l'alcool et que des expériences faites sur le poisson vivant pourraient seules éclaircir. » botamquk. — Observations sur des appendices particuliers de la caudi- cule dans l'appareil sexuel des Orchidées, et sur plusieurs espèces de la tribu des Vandées; par M. Motel, capitaine d'artillerie. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Auguste de Saint-Hilaire, de Jussieu. ) « Le caractère distinctif de la tribu des Vandées est la présence de la caudicule qui sert à relier les masses de pollen à la glande du stigmate. Cette caudicule, analysée avec soin, offre des appendices particuliers, qui sont les vrais ligaments servant à maintenir les masses de pollen sur la caudicule. Ces ligaments, presque toujours très courts, et au nombre d'un ou de deux, rarement plus, sont tantôt simples, tantôt bifides ou bilobés , tantôt très développés , tantôt à peine distincts , et presque tou- jours d'une autre couleur ou au moins d'une autre nuance que la cau- dicule. Ordinairement ils sont logés en entier dans l'intérieur des masses de pollen , ou dans leur sillon , quand il existe ; ou bien ils sont entourés par leurs bases rapprochées, de sorte qu'ils sont toujours invisibles quand celles-ci sont en place. Mais si l'on écarte les masses lentement, on voit les ligaments se dégager peu à peu en s'allongeant beaucoup, jusqu'au moment où séparés des masses , et ainsi devenus libres au sommet , ils se raccourcissent subitement , et persistent au sommet de la caudicule sous une forme variable , mais constante dans chaque genre ; de sorte qu'ayant (a8i ) remarqué diverses formes dans divers genres, j'ai donné à ces ligaments le nom de frénicules , comme indépendant de leur forme particulière, et indiquant leur objet spécial. Ces frénicules forment par leur nature, leur couleur, leur élasticité et leur emplacement, le passage des masses de pollen à la caudicule. Dans le cas où les frénicules sont bifides ou bi- lobés, ils s'étirent en deux branches distinctes dont chacune maintient alors une masse de pollen. » MEMOIRES PRESENTES. zoologie. — Mémoire sur une classification des infusoires en rapport avec leur organisation; par M. F. Dujuumn. (Extrait par l'auteur). (Commissaires, MM. de Blainville, Serres, Milne Edwards.) « Les vrais infusoires, dont on a dû séparer les systolides ou rotateurs, les bacillariées, et beaucoup d'autres êtres microscopiques confondus pré- cédemment avec eux, ont une forme irrégulière plus ou moins variable et essentiellement asymétrique ou dépourvue de symétrie, tendant à se rap- procher de la figure sphérique ou ovoïde, soit par l'effet de leur contrac- tilité propre, soit quand la vitalité diminue chez eux. » Ils peuvent, sans cesser de vivre , subir les altérations ou les déforma- tions les plus variées par l'effet d'une blessure quelconque ou d'une dé- composition partielle, ou par suite de quelque changement survenu dans la composition du liquide dans lequel ils nagent. » Leur forme montre souvent d'ailleurs, soit dans les plis, les rides ou les stries de la surface, soit dans l'arrangement des cils vibratiles, une ten- dance à la disposition spirale ou en hélice, qui paraît caractériser exclusi- vement cette classe, et la distingue surtout des radiaires. » Les infusoires se produisent de germes inconnus dans les infusions soit artificielles, soit naturelles; on ne leur connaît aucun autre mode de propagation bien avéré que la division spontanée. La substance charnue de leur corps est extensible et contractile, comme la chair musculaire des animaux supérieurs ; mais elle ne laisse voir absolument aucune trace de fibres ou de membranes et se montre entièrement diaphane et homogène; cette substance, isolée parle déchirement ou la mort de l'animal, forme dans le liquide des disques ou des globules réfractant fort peu la lumière ( 282 ) et susceptibles de se creuser spontanément de cavités sphériques analogues par leur aspect aux vésicules de l'intérieur. » Les vésicules formées à l'intérieur des infusoires sont dépourvues de membrane propre et peuvent se contracter jusqu'à disparaître, ou bien se souder et se fondre plusieurs ensemble. Les unes, prises pour des estomacs, se produisent au fond d'une sorte de bouche; elles renferment l'eau en- gloutie avec les aliments et parcourent un certain trajet à l'intérieur sans conserver aucune connexion entre elles ou avec la bouebe. Elles se con- tractent ensuite en laissant, au milieu de la substance charnue, glutineuse, les particules non digérées, ou bien elles évacuent leur contenu par une ouverture fortuite qu'à tort on a prise pour un anus. Les autres vésicules , ne contenant que de l'eau , se forment plus près de la surface , et paraissent devoir admettre et expulser leur contenu à travers les mailles d'un tégu- ment lâche, contractile. On peut d'après Spallanzani, les considérer comme des organes respiratoires. » Les organes extérieurs du mouvement sont ûesjîlamentsjlagellijbrmes, ou des cils vibratiles, ou des prolongements charnus sans tégument, les- quels paraissent tous formés de la même substance vivante et sont contrac- tiles par eux-mêmes dans toute leur étendue. Aucun n'est de nature épi- dermique ou cornée, ni sécrété par un bulbe. » Les œufs des infusoires, leurs organes génitaux, leurs organes des sens, ainsi que leurs nerfs et leurs vaisseaux, ne peuvent être exactement déterminés, et tout porte à croire que ces animaux bien que doués d'un degré d'organisation en rapport avec leur manière de vivre, ne peuvent avoir les mêmes systèmes d'organes que les animaux supérieurs. Les points colorés , ordinairement rouges , que l'on a pris pour des yeux , par exemple, ne peuvent avec la moindre certitude recevoir cette dénomination. » Si, partant de ces données de l'observation , on veut établir pour les infusoires une classification basée sur leurs seuls caractères réels, on ne tarde pas à reconnaître que la forme qui, considérée d'une manière générale, a pu servir à caractériser les vrais infusoires comme des animaux asymé- triques en séparant tout d'abord quelques types symétriques isolés et sans rapport entre eux; on reconnaît, dis-je, que la forme ne peut fournir de caractères génériques ou spécifiques d'une manière absolue : la forme, en effet, au contraire de ce qu'on observe dans les autres classes du règne animal, est presque toujours éminemment variable. Il faut recourir, pour caractériser les ordres, les familles et les genres, à la présence et à la dis- position de certains appendices extérieurs qui avaient échappé aux moyens ( 283 ) d'observation des anciens micrographes ; puis compléter les caractères gé- nériques par l'indication de quelque caractère secondaire pris de la forme ou de quelque particularité qui ne peut être exprimée avec la concision qui est le propre des phrases linnéennes. Quant aux espèces, on est réduit à employer, pour les distinguer, des considérations de grandeur, de couleur, d'habitation, etc., qui ne sont point de vrais caractères spécifiques dans le sens que Linné et ses successeurs ont attaché à ce mot. » D'après ces*principes on peut diviser les infusoires asymétriques en cinq ordres, dont le premier ne présente aucun organe spécial pour la loco- motion ; les animaux qui le composent appartiennent à la seule famille des Vibrioniens: ils sont longs, filiformes, et paraissent se mouvoir uniquement en vertu de leur contractilité générale. Un deuxième ordre, comprenant les trois familles des Amibiens, des Rhizorooes et des Actwophryens, sera caractérisé par des expansions variables formées par la substance même du corps, laquelle, par l'effet d'une force propre, s'allonge et s'étend en lobes, en filaments susceptibles par la rétraction de revenir plus ou moins promptement se fondre dans la masse. La lenteur extrême des mouvements caractérise la dernière famille ; la présence d'un têt distingue les Rhizopodes des Amibiens, qui sont nus. Un troisième ordre prendra son caractère dis- tinctif dujilament flagellifoime , ou des deux ou plusieurs filaments sem- blables servant d'organes locomoteurs, et qu'on a pris mal à propos pour des trompes. Cet ordre sera divisé, d'après la présence et la nature d'un té- gument ; en six familles ; la première seule présente des animaux nus , les Monadiens; les deux suivantes comprennent des animaux soudés par leurs téguments, savoir, les Volvociens soudés en une masse commune libre; les Dinobryens, soudés par un point seulement en un polypier rameux souvent fixé. Deux autres familles, les THÉC/VMONA.DiEjyset les Eugléniens renferment des animaux pourvus d'un tégument ; mais dans ceux-ci le tégument est contractile et le corps change de forme incessamment; dans ceux-là le tégu- ment n'est pas contractile et la forme est invariable. Une dernière famille enfin, celle des Péridiniens, se distingue par son tégument non contractile portant un sillon garni de cils vibratiles. »Un quatrième ordre comprend les infusoires ciliés sans tégument con- tractile : il est divisé d'après l'absence ou la présence d'une rangée de cils en écharpe ou en moustache, d'après la présence d'une bouche et des appendices ou cirrhes en forme de styles ou de crochets , et enfin d'après la présence d'une cuirasse réelle ou apparente. Les Enchélyens, qui sont la première famille de cet ordre, n'ont que des cils épars et ne mon- C. H., !S4o, 2">« Semestre. (T. XI, N» 7.) 3g ( 284) trent pas de bouche. Les Trichodeens, la seconde famille, ont une bouche bien évidente ou indiquée par une rangée de cils en moustache. La troi- sième famille, celle des Kéroniens, est caractérisée par la présence des appendices ou cirrhes en forme de styles ou de crochets. La quatrième, celle des Ploesconiens, montre une apparence de cuirasse qui disparaît et se décompose comme la partie vivante de l'animal. La cinquième, au contraire, celle des Erviliepts, est distinguée par une cuirasse réelle et persistante. » Le cinquième et dernier ordre se compose de tous les infusoires plus élevés en organisation, qui présentent un tégument lâche, contractile, indiqué par des plis réguliers, ou des stries, ou des granulations à la sur- face, ou simplement par la disposition sériale régulière des cils vibratiles qui, dans ce cas, couvrent tout le corps. L'absence d'une bouche distingue une première famille , celle des Leucophryens. Deux autres familles , les PARAMÉctENS et les Bursariens, ont au contraire une bouche bien évi- dente; mais dans ceux-ci seulement cette bouche est munie d'une rangée de cils plus forts en écharpe ou en spirale. Les infusoires des deux der- nières familles se distinguent des précédentes, parce qu'au lieu de nager librement dans le liquide, ils sont fixés au moins temporairement : ce sont les Urcéolariens , qui se fixent volontairement , et les Vorticelliens , qui naissent fixés et ne deviennent libres qu'à une certaine époque, ou bien sont toujours fixés. » Telles sont les vingt familles qui, à part les Vibrioniens , trop impar- faitement connus, me paraissent ainsi rangées de la manière la plus natu- relle et la plus conforme à leurs affinités mutuelles. Elles se divisent, d'après des caractères secondaires, en quatre-vingt-quinze genres environ, comme on le voit dans le tableau suivant : Infusoires asymétriques. ORDRE Ier. Animaux sans organes locomoteurs visibles. ire famille. Vibrioniens. Corps filiforme, contractile. (Genres, Bacterium, Vibrio, Spirillum . ) ORDRE II. Animaux pourvus d'expansions variables. Expansions visiblement contractiles , simples ou ramifiées : î'™ famille. Amimens. Nus, rampants, de forme incessamment variable. (Genre Amiba. ) ( a85 ) 3me famille. Rhizopodes. Animaux rampants ou fixés, sécrétant une coque ou un têt d'où sortent des expansions incessamment variables. (Genres, Arcella , Difflugia, Trinema, Euglypha , Gromia, Miliola, Vorlicialis , etc.) XX Expansions très lentement contractiles : 4"°* famille. Actinophryêns. Animaux presque immobiles, à expansions rayonnées. ( Genres , Actinophrys , Acineta. ) ORDRE III. Animaux pourvus d'un ou de plusieurs filaments flagelli- formes servant d'organes locomoteurs. Sans aucun tégument: 5me famille. Monadiens. Animaux nageants ou fixés. (Genres, Monas, Amphimo- nas , Cercomonas , Trepomonas , Çyclidium, Hexamila, Chilomonas, Hete- romita, Trichomonas , Uvella , Anthophysa.) -) — f- Pourvus d'un tégument. Agrégés. Flottants ou fixés: 6mc famille. Volvociens. Téguments soudés en une masse commune libre. (Genres, Volvox , Pandorina , Vroglena, Gonium.) 7me famille. Dinobryens. Téguments soudés par un point en polypier rameux. (Genre, Dinobryon.) Isolés. Nageants : 8m' famille. Thécamonadiens. Tégument non contractile. (Genres, Trachelomo- nasj Crypiomonas , Phacus , Crumenula, Diselmis , Plceotia , Anisonema , Oxyrhis ) 9°" famille. Edgléniens. Tégument contractile. (Genres, Peramena , Astasia, Euglena, Zygonema, Heleronema , Polynema.) iome famille. Péridikiens. Tégument non contractile avec un sillon garni de cils vibratiles. (Genres, Peridinium , Ceralium.)i ORDRE IV. Animaux ciliés sans tégument contractile; nageants. Nus : nœe famille. Enchélyens. Sans bouche, cils épars. (Genres, Acomia, Gaslrochœta, Enchelys , Alyscum , Uronemti). iame famille. Trichodiens. Bouche visible ou indiquée par une rangée de cils en écharpe ou en moustache, point de cirrhes. (Genres, Trichoda, l'rachelius , Acineria, Pelecida, Dileptus.) i3mt famille. Kéromens. Avec une bouche, une rangée de cils en écharpe, et des appendices ou cirrhes en forme de styles ou crochets. (Genres, Halteria, Oxy- tricha, Kerona.) Cuirassés : i4me famille. Ploesconiens. Cuirasse diffluente ou décomposable comme le reste du corps. (Genres, Diophrys, Coccudina, Plœsconia, Chlamidodon , Loxodes.) 39«- ( 286 ) i5°" famille. Erviuens. Cuirasse réelle, persistante; un pédicule court. (Genres, Ervilia , Trochilia.) ORDRE V. Animaux ciliés, pourvus d'un tégument lâche, réticulé, con- tractile, ou chez lesquels les cils, par leur disposition sé- riale régulière , dénotent la présence d'un tégument. Toujours libres: 16°" famille. Leucophrye.vs. Sansbouche. (Genres, Spathidia, Leucophra, Opalina.) i^"" famille Paraméciens. Avec une bouche, sans range'e de cils en moustache. (Genres, Pleuronema, Lacrjmaria , Glaucoma , Kolpoda, P aramecium , Amphileptus , Loxophyllum, Chilodon, Panophrys , Nassula, Holophrjra , Prorodon. ) 18™' famille. Bursariens. Avec une bouche et une range'e de cils plus forts en moustache ou en spirale. (Genres, Plagiostoma, Ophryoglena , Bursaria, Spirostomum , Kondjrlostoma.) Fixés soit volontairement, soit par leurs organes: ir/" famille. Urcéolariens. Fixés volontairement. (Genres, Stentor, L'rceolaria, Ophrydia, Urocentrum.) ao°" famille. Vorticelliens. Fixés au moins temporairement par leurs organes. (Genres, Scyphidia, Epistylis , Vorticella, Vaginicola.) Infusoires symétriques. Planariola, Coleps, Chœtonotus. hygiène. — Des habitations considérées sous le double rapport de la salubrité publique et privée; — 3e Mémoire , Influence de l'action solaire sur l'économie ; par M. Petit, de Maurienne. (Commission précédemment nommée.) mécanique. — Mémoire sur les pressions qui ont lieu dans l'intérieur d'un vase d'où l'eau s'écoule par un orifice circulaire horizontal percé en mince paroi; par M. Lèche v allier. (Commissaires, MM. Savart, Coriolis, Pouillet. ) M. Vallot adresse une Note ayant pour titre : Sur V Astacobdelle bran- chiale. L'auteur désigne sous ce nom la sangsue qui vit sur les branchies ( *87 ) de lecrevisse. Le nom de branchiobdelle , qu'on avait appliqué précédem- ment à l'animal, ne lui paraît pas devoir être conservé, puisqu'il sert déjà dans quelques ouvrages à désigner les hirudinées pourvues de banchies. (Commissaires, MM. Audouin, Milne Edwards.) M. Martin envoie une Note ayant pour titre : Mesure de la longitude et de la latitude. (Commissaires, MM. Beautemps-Beaupré, de Freycinet.) CORRESPONDANCE chimie. — Expériences pour la détermination précise du poids atomique du carbone. — Lettre de M. Dumas à M. Arago. « Obligé, par un état de santé fort triste, d'aller passer un mois aux eaux d'Aix, en Savoie, je prends la liberté de vous adresser un Mémoire que nous desirons présenter à l'Académie , M. Stass et moi. Il est relatif à la détermination précise du poids atomique du carbone. » Nous avons fait quatorze expériences à ce sujet, et chacune d'elles avec tous les soins imaginables : elles concordent toutes. Ces expériences ont été exécutées en brûlant du charbon pur ou des composés très car- bonés et bien connus. La combustion se passait dans l'oxigène, et l'on avait soin de sécher exactement, par le chlorure de calcium et l'acide sulfurique, les gaz obtenus. « Ainsi séchés ils traversaient deux appareils d'absorption remplis de potasse liquide et un troisième appareil plein de potasse en poudre. L'aug- mentation de poids de ces trois appareils donnait le poids de l'acide car- 1 II 1 bonique obtenu. » Ainsi, nous connaissions le poids du charbon brûlé et celui de l'acide carbonique obtenu; d'où l'on pouvait déduire, sans aucune hypothèse, le rapport selon lequel les deux corps se combinent. » D'après M. Berzélius ce rapport est de 200 oxigène à 7O.52 carbone: » D'après nos expériences, il en est tout autrement; car nous trouvons: ( 288 ) w Par la combustion de la naphtaline, dans quatre expériences, 75,21, 75>°'> 75,08, 75,07; par la combustion du camphre, dans trois expériences, 75,i, 75,0; par la combustion de l'acide benzoïque, dans deux expériences, 75,09, 75,06; par celle du graphite naturel de Ceylan , dans trois expériences , 74»9»> 75,04, 74.995 par celle du graphite artificiel, extrait d'un fer très graphiteux, dans deux expériences , 74,87, 74 .9° • » Tous ces nombres s'accordent à montrer que le véritable poids ato- mique du carbone est bien j5 et non pas 76, 52, Il y a donc une erreur de 2 pour 100 dans l'un des éléments les plus indispensables à la formation des formules actuellement employées en chimie organique. » C'est dire qu'il y aura bien des formules à modifier , bien des analyses à refaire , surtout en ce qui concerne les corps riches en carbone où l'on a pu commettre de très graves erreurs. » L'Académie remarquera avec intérêt que cette longue et pénible série d'expériences nous a ramenés au poids atomique deviné par le Dr Prout, qui avait supposé, dès long-temps, que le poids atomique du charbon de- vait être égal exactement à 6 fois celui de l'hydrogène. Or, en effet, 12,5 x 6 = 75, nombre qui offre la moyenne de nos résultats. ( **9 ) » Si, comme le pense le Dr Prout, et comme cela paraît maintenant fort probable, tous les poids atomiques sont des multiples de celui de l'hydro- gène par des nombres entiers , il y aurait bien des choses à rectifier dans les poids atomiques actuellement admis. Une expérience ultérieure pro- noncera sur ce point; mais, dès à présent, il est évident qu'il faut la sou- mettre à une vérification sérieuse, » L'Académie remarquera avec intérêt que le poids atomique du car- bone qui résulte de nos expériences, s'accorde bien mieux que l'ancien avec les belles analyses du spath d'Islande, de l'arragonite et du marbre, faites avec tant de soin par MM. Thenard et Biot, ainsi qu'avec les den- sités de l'oxigène et de l'acide carbonique déterminées soit par MM. Biot et Arago, soit par M. de Saussure, dont les résultats se rapprochent aussi des nôtres en ce qui regarde la combustion du charbon. » M. Boussingault nous a communiqué des analyses de bitume qui con- cordent pleinement avec nos résultats. » M. Bazin adresse un résumé de ses Recherches sur les connexions ana- tomiques, physiologiques et zoologiques du système nerveux. Voici quelques-unes de ses propositions les plus générales : « i°. L'encéphale est un centre où viennent aboutir tous les nerfs sen- sitifs de la vie animale ou de relation et d'où partent tous les nerfs moteurs soumis à la volonté. » a0. Les circonvolutions , la coque du noyau encéphalique de Trevira- nus, ou ce qui recouvre les renflements ganglionnaires nommés corps striés } couches optiques , tubercules quadri jumeaux ou bijumeaux , le noyau du cervelet, sont formées par l'épanouissement de nerfs sensitifs et par l'extré- mité centrale des nerfs moteurs soumis à la volonté. » La coque des corps striés et des couches optiques est presque exclu- sivement due à l'épanouissement des nerfs olfactifs et des nerfs optiques et à celui des pyramides. Le corps calleux appartient principalement à l'entrecroisement des faisceaux des lobes antérieurs; la voûte, à celui des lobes postérieurs. » 3°. La substance grise est une substance intermédiaire entre les extré- mités des nerfs sensitifs et celles des nerfs moteurs. » 4°- Il n'existe point de ganglions sans substance grise : les renflements nerveux où elle manque sont des plexus destinés à changer la direction des filets nerveux. ( 290 ) » 5°. La moelle épinière est un tronc formé par la réunion de tous les nerfs de la vie animale et de quelques filets des nerfs végétatifs des mem- bres et du tronc de l'animal. » 6°. La moelle épinière est composée de quatre cordons principaux , deux supérieurs , appartenant aux nerfs sensitifs , et deux inférieurs ap- partenant aux nerfs moteurs. » M. Vallot écrit relativement à une note dans laquelle M. Walferdin donne la température de la source de la Seine. M. Vallot suppose que M. Walferdin a pris pour la source de cette ri- vière le ruisseau qui coule dans le bourg de Saint-Seine. M. Walferdin parle au contraire de V abbaye de Saint-Seine , qui n'est point située dans le bourg de Saint-Seine, mais près de la ferme d'Ever- gereaux. (Voir le Compte rendu de la séance du 27 juillet, t. XI , p. 171.) M. Vallot, dans une autre lettre, appelle l'attention sur une mucédi- née développée à la surface d'une feuille de poirier et qu'il désigne sous le nom de Sphœria Pjri. 1 micrographie. — Sur la cause de la coloration en rouge des marais salants méditerranéens. — Lettre de M. Joly à M. Flourens. (Commissaires, MM. Flourens, Audouin, Milne Edwards.) « Dans la lettre que j'eus l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences le 8 octobre dernier, je disais que la coloration en rouge des marais salants méditerranéens a pour cause unique la présence d'une innombrable quan- tité d'animaux infusoires du genre des monades. » Obligé de venir à Paris, j'ai voulu essayer s'il me serait possible d'y ap- porter en vie les animalcules en question , et j'ai parfaitement réussi , grâce à quelques précautions. Malgré les secousses nombreuses et violentes aux- quelles ils ont été soumis pendant un voyage de plus de 200 lieues, un grand nombre de nos animalcules vivent encore aujourd'hui 1 7 août ; mais ils sont moins agiles qu'ils ne l'étaient à l'époque où je les ai retirés des salines de Villeneuve (7 août). » L'exactitude de mes observations a du reste été déjà confirmée sur les lieux par un membre de l'Académie, M. Milne Edwards qui, à son passage à Montpellier, a bien voulu m'accompagner aux salines de Ville- ( 29> ) neuve. Un fait dont je dois la connaissance à ce savant doit être ajouté à ceux que j'ai déjà consignés dans mon histoire de XArtemia salina (i). Au moyen de son excellent microscope et d'un grossissement dont je n'avais pu disposer lorsque je faisais mes premières observations (800 fois), M.Milne Edwards a découvert, et j'ai vu après lui sur la région frontale de mes monades, deux points noirâtres ou d'un rouge foncé, tout-à-fait analogues à ceux que M. Ehrenberg considère comme des yeux. » Je dirai encore en terminant que si au moment où l'on observe ces animalcules, on verse sur le porte-objet une goutte d'eau douce, on les voit non-seulement devenir instantanément globuleux, ainsi que je l'ai avancé ailleurs; mais ils agitent leurs filaments flagelliformes avec une rapidité étonnante, et semblent éprouver une sorte de malaise. » géographie. — Cartes de l'état de Venezuela {Amérique du sud). M. le colonel Codazzi présente une carte géographique de la république de Venezuela, carte qu'il a dressée en exécution d'un décret du congrès constituant de cet état, datant de l'année i83o. Les opérations qui ont servi à cette carte ont duré dix années. La la- titude et la longitude de tous les points principaux ont été déterminées au moyen d'observations astronomiques faites avec d'excellents instruments. Les hauteurs des lieux habités, des plaines, des grandes vallées et des sommets les plus remarquables des montagnes ont été obtenues, les unes par des observations barométriques, les autres au moyen d'observations trigonométriques. Plusieurs des points dont la position géographique et l'altitude ont été déterminées par M. Codazzi, l'avaient été précédemment soit par M. de Humboldt, soit par M. Boussingault, et l'accord parfait qui règne en général entre les résultats obtenus donne la mesure du degré de confiance qu'on peut accorder au nouveau travail. Outre cette carte, qui est construite sur une échelle assez grande pour que les moindres villages aient pu y trouver place, pour que tous les che- mins grands et petits y soient tracés, et que le point où chaque rivière (1) Histoire d' un petit crustacé auquel on a faussement attribué la coloration en rouge des marais salants méditerranéens , suivie de recherches sur la cause réelle de celle coloration. C. R. i84o, a™« Semestre. (T. XI, N° 7.) 4° ( 292 I * navigable cesse de porter bateau y soit indiqué avec précision, M. Codazzi a dressé un atlas du même pays , dans lequel des cartes réduites repré- sentent les divisions politiques du pays à différentes époques: dans l'état actuel, pendant les guerres de l'indépendance, sous la domination espa- gnole et avant l'arrivée des Européens. Dans cette dernière carte les fleuves , les montagnes, les provinces conservent les noms qui leur avaient été im- posés par les indigènes. L'emplacement de cbaque tribu américaine, à la fin du xve siècle, y est soigneusement indiqué, et une notation particu- lière permet de reconnaître les peuplades qui habitent encore leur ancien territoire, celles qui se sont déplacées ou fondues avec d'autres, et celles enfin qui ont complètement disparu. Une des cartes de l'atlas est destinée à montrer les différents bassins du système hydrographique de Venezuela; une autre indique les parties du pays en culture, celles qui sont en prairies et propres seulement à la nour- riture du bétail, enfin celles qui sont encore couvertes de forêts. A ces cartes sont joints de nombreux documents manuscrits qui con- tiennent les éléments d'une statistique complète du pays. (MM. Arago, Élie de Beaumont, Boussingault, Savary, prendront con- naissance du travail de M. Codazzi , et en feront l'objet d'un rapport. ) MM. Soyez et Ingé présentent une statuette, et une tête en ronde-bosse plus grande que nature, exécutées d'après les procédés galvano- plastiques de M. Jacoby, modifiés pour cette nouvelle application. MM. Ingé et Soyez présentent une branche de buis recouverte également d'une couche de cuivre métallique qui en laisse voir tous les détails. M. Soyez déclare que par cette nouvelle méthode il exécuterait l'éléphant de la place de la Bastille pour le tiers de la somme qu'il avait demandée quand il s'agissait de le cotder en bronze. M. BoscAWEiY-lBBETSoiv adresse de Londres une épreuve d'une planche lithographique qu'il annonce avoir été obtenue, en douze heures, au moyen d'une image dagnerrienne. Cette épreuve représente diverses coquilles fossiles; l'auteur annonce l'intention de former, par ce moyen, un atlas paléontologique à l'usage des géologues; l'économie du procédé permettra, dit-il, de rendre les planches très nombreuses en tenant les prix très bas. M. Vérusmor écrit de Cherbourg relativement à un incendie attribué à ( a93 ) la chute d'un météore igné, et qui a eu lieu dans la nuit du 3 au 4 août, dans la ferme de Tamerville, près de Valognes. « On n'a pas vu, à la vé- rité, dit l'auteur de la lettre, tomber le bolide sur le bâtiment incendié; mais six personnes dignes de foi et qui se trouvaient sur trois points dif- férents, ont vu, vers g heures ±, un météore igné sillonnant les airs et se dirigeant du nord au sud dans la direction de la maison incendiée, sur laquelle la ligne oblique qu'il décrivait avait dû le faire tomber. Une heure plus tard les bâtiments de la ferme étaient en feu. » La séance est levée à 5 heures. F. Errata. (Séance du io août.) Page 236, ligne ai , fonction, lisez fraction Page ib, ligne ib., de combustible, lisez du combustible Page ib, ligne 3i, flottante, lisez frottante. --iirf»tm,w*iî=- 40. ( ^\ ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie loyale des Sciences; 2* semestre 1840, nu6, in-4°. Exercices d'Analyse et de Physique mathématique; par M. A. Cauchy; 9e liv., in-40. Bulletin de la Sçciété anatomique ; juillet 1840, in-8°. Essai chimique et technologique sur le Polygonum tinctorium; par MM. Girardin et Preisseu ; Rouen , in-8°. Des Fonctions génératrices et du rang quelles occupent dans la vie de l'Homme; par M. RrBEs; Montpellier, in-8°. Paléontologie française. — Description zoologique et géologique de tous les Animaux mollusques et rayonnes fossiles de France; par MM. d'Or- bigny et Delarue; ire — 4e 'iy- > in- 8°. Histoire naturelle générale et particulière des Crinoides vivants et fos- siles ; par MM. A. d'Orbigny et de la Plante; i"liv. , in-4°. Histoire naturelle des Coléoptères de France; par M. Mulsant ; 1 " liv. , in-8°. Cours de Cosmographie; par M. Mutel; ae édit. , in-8°. Nouvelles suites à Buffbn. — Histoire des Végétaux phanérogames , par M. Spach; 9° vol., in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; juillet 1840, in-8°. Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Meaux ; mai i838 à mai 1839, in-8°. Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines; juillet 1840, in-8°. Revue progressive d'Agriculture, de Jardinage, etc.; août 1840; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; n° 54; juillet 1840 , in-8°. L'Univers et ses Mondes, et l'Homme et ses Espèces; parM. Mouraview ; Saint-Pétersbourg, in-8°. Astronomische . . - Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 407, in-4«. Annalen. . . . Annales de l'Observatoire de tienne; 19° partie, in-fol. ( 2p5 ) Flora der. . . Flore de la ville de Lemberg; par M. A. Zawàdzki ; Lem- berg, i836; in-8\ Memoria .... Mémoire sur les rapports qui existent entre le calcul des Résidus et le calcul des Limites, présenté à l'Académie royale des Sciences de Turin , par M. A. Cauchy. — Calcolo .... Calcul des indices des Fonc- tions; par le même. (Extraits du tome XXII des Mémoires de la Société des Sciences de Modène.) Modène, in~4°. Descrizione. . . . Description de quelques nouvelles espèces de Mainmi- jeres et Reptiles italiens; par M. le professeur Savi; Pise, 1 83g; 2 feuilles in-8\ Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 33. Gazette des Hôpitaux; n° 94 — 96. , L'Esculape; n° 4. L'Expérience, journal de Médecine; n* i63, in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 24 AOUT 1840. PRÉSIDENCE DE M. SERRES, VICE-PRÉSIDENT. 1 , MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE mécanique céleste. — Sur les fonction1! alternées qui se présentent dans la théorie des mouvements planétaires ; par M. Augustin Cvuchy. • « On sait que, dans la théorie des planètes, les variations des cons- tantes arbitraires renferment trente coefficients, égaux deux à deux au signe près, mais dont chacun change de signe, quand on échange l'une contre l'autre , les deux quantités dont il contient les dérivées partielles. Ces coefficients sont donc des espèces de fonctions différentielles alternées de ces mêmes quantités. Les fonctions de cette forme jouissent de diverses propriétés, dont la plus importante , découverte par Lagrange, se rapporte à un système d'équations différentielles du genre de celles qu'on obtient dans la mécanique, ou bien encore à des équations différentielles plus générales, dont j'ai donné la forme dans un Mémoire de i83i. Mais lors- qu'on veut déterminer exactement ces fonctions , dans la théorie des mou- vements planétaires, le calcul direct est assez long. Pour remédier à cet inconvénient , M. Poisson a fait servir à la détermination des fonctions C. R. i8.',o, ame Semestre. (T. XI, N° 8.) • 4 r t 298 ) dont il s'agit, les intégrales premières des équations du mouvement, en examinant ce que deviennent ces intégrales dans le mouvement troublé. Je me suis demandé s'il n'y avait pas quelque moyen simple d'arriver aux valeurs de ces mêmes fonctions , sans recourir à la considération des forces perturbatrices. Ayant réfléchi quelque temps sur ce sujet, j'ai été assez heureux pour obtenir une méthode qui, non-seulement, conduit très faci- lement au but que je m'étais proposé, maïs qui de plus a l'avantage d'a- jouter au beau théorème de Lagrange d'autres propositions assez dignes de remarque, par exemple, celle que je vais indiquer. » Si l'on combine deux à deux les quatre quantités qui, dans le mou- vement d'une planète, représentent les coordonnées polaires, mesurées dans le plan de l'orbite, l'inclinaison de cette orbite, et l'angle formé par un axe fixe avec la ligne des nœuds, les douze fonctions alternées que l'on pourra former avec ces quatre quantités, et qui, deux à deux, seront égales au signe près, resteront indépendantes du temps, comme celles que l'on forme avec les valeurs des constantes arbitraires, tirées des intégrales dn mouvement elliptique. De plus, des six valeurs numériques de ces douze fonctions, quatre s'évanouiront, et le rapport entre les deux autres valeurs numériques sera le cosinus de l'inclinaison de l'orbite. » RAPPORTS. Rapport sur les travaux scientifiques exécutés pendant le voyage de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine de vaisseau Du-Petit- Thouars. (Commissaires, MM. Beautèmps-Beaupré , deBlainville, Élie de Beaumont, Arago rapporteur. ) « Le Gouvernement envoie, de temps à autre, des bâtiments de l'État, dans les régions où il lui semble utile de montrer notre pavillon , de don- ner appui et protection aux navires baleiniers, de demander la réparation de quelque insulte , de recueillir des documents précis sur les rades , les ports où des escadres pourraient aller se réparer, renouveler leurs vivres et s'approvisionner d'eau et de bois. Tel fut, nous le supposons du moins, le but du voyage de la Vénus. Les journaux apprirent au public, il y a environ un an, que la frégate venait de rentrer à Brest après avoir rempli , ( 299 ) avec beaucoup de distinction, la mission dont elle était chargée. En rap- prochant cette circonstance du Rapport que nous allons présenter à l'Aca- démie, personne ne doutera plus que, sans s'écarter en rien d'un itiné- raire tracé par les besoins de la politique, du commerce ou par les exigences de l'honneur national, les navires de guerre ne puissent, à l'avenir, gran- dement contribuer au progrès des sciences. L'exemple donné par M. Du- Petit-Thouars fructifiera : nous en avons pour garant le zèle, l'ardeur et les connaissances solides de la plupart des officiers de notre marine. Itinéraire du voyage. » La Vénus quitta Brest le 29 décembre i836. Elle jeta l'ancre à Sainte- Croix-de-Ténériffe le 9 janvier 1837, en partit le lendemain et arriva à Rio-Janeiro, le 4 février suivant. La frégate remit à la voile le 16 février, doubla le Cap Horn le 21 mars, par 6o° de latitude australe, et mouilla à Valparaiso le 26 avril. Le 25 mai, nous trouvons la Vénus au Callao : elle était sortie de Valparaiso le i3 du même mois. Sa traversée du Cal- lao à Honoloulou (îles Sandwich) s'effectua du 2 juin au 9 juillet; celle des iles Sandwich à la baie $ Avatcha , dans le Kamtschatka , du 25 juillet au 3o août; la traversée du Kamstchatka à Monterey (Haute-Ca- lifornie), du i5 septembre au 18 octobre. La frégate appareillait de Mon- terey le f 4 novembre; elle entrait dans la baie de la Magdeleine (Basse- Californié)\e i5 novembre; remettait sous voiles le 7 décembre; atteignait Mazatlan (côte du Mexique) le 12 du même mois; y séjournait jusqu'au 18; mouillait à San-Blaz (Mexique) le 20; en partait le 27 et, après avoir prolongé la côte, arrivait à Acapulco le 7 janvier i838. Le 24, la Vénus se dirigeait vers Valparaiso, et y jetait l'ancre le 18 mars. Le 28 avril nous la trouvons sous voiles, faisant de nouveau route pour le Cal- lao de Lima, où elle entre le 10 mai. Le G juin , la frégate était à Payta. Le 17, nous la voyons cinglant vers l'archipel des Gallapagos ; elle pénètre dans ce groupe d'îles le 21; le quitte le i5 juillet, faisant route vers les lies Marquises et ensuite vers Taïti; elle jette l'ancre dans la baie de Papéiti , le 29 août; en part le 17 septembre; détermine, pendant sa traversée , les positions des îles Taboui-Manou, Hul, Mangia, Rarotouga; arrive à la Baie des Lies (Nouvelle-Zélande), devant Kororareka, le 11 octobre; quitte cette baie le 14 novembre ; jette l'ancre le a3 au port Jackson , d'où elle part le 1 8 décembre ; passe au sud de la terre de Van-Diémen et atteint 17/e de Bourbon le 5 mars 1 839. Le 9 du même mois , la Vénus mettait déjà sous voiles. Le 29 , nous la trouvons à False-Bay du cap de Bonne-Es- 4t.. ( 3oo ) pérance; le 22 avril elle quitte cette rade, mouille à Sainte-Hélène le 7 mai , eu part le 1 1 , visite le 16 Y île de l'ascension et jette enfin l'ancre , en rade de firest, le 24 juin i83g, après 3o mois de navigation. «Voilà l'itinéraire du voyage de la Vénus. Faisons maintenant l'énumé- ration des acquisitions dont la science sera redevable à cette campagne, mais sans perdre de vue que la frégate avait une mission purement poli- tique, commerciale; sans jamais oublier que les officiers n'étaient nulle- ment tenus de se livrer aux nombreuses observations météorologiques , magnétiques , de physique terrestre, qui ont tant ajouté à leurs fatigues. GÉOGRAPHIE. » Dans l'état actuel de la géographie, les tables de latitudes et de longitu- des, ne pourront guère être perfectionnées que par des observateurs séden- taires. Les navigateurs, à qui les exigences de missions politiques, commer- ciales ou militaires ne donnent pas la faculté de coordonner les époques de départ et d'arrivée avec les phénomènes célestes, se trouvent souvent dans l'impossibilité de recourir pour leurs travaux, aux observations, aux méthodes qui donneraient le plus d'exactitude. Cependant , le voyage de la Vénus sera loin d'être sans intérêt, même sous ce rapport. Nous voyons, en effet, dans les journaux de terre : » Une observation d'occultation de «T du Bélier faite à Rio-Janeiro (1); » Une observation d'occultation de « du Bélier faite à Tahiti; » Une observation d'éclipsé de soleil, faite à Valparaiso; » Plusieurs séries de culminations lunaires; » Plusieurs séries de hauteurs de deux astres et de leurs différences d'azimut, obtenues à l'aide d'un théodolite de M. Gambey, répétiteur sur le sens vertical et sur le sens horizontal. On pourra apprécier, par ce travail, le degré d'exactitude que le nouveau procédé promet, quant à la détermination des coordonnées géographiques à terre. » Dans plusieurs points importants, à Valparaiso , à Monterey, à Aca- pulco , à Kororareka ( Baie des Iles ) , M. Du-Petit- Thouars s'est occupé (i) Cette observation, calculée provisoirement en mer pendant le voyage, sur les données de la Connaissance des Temps, a conduit pour la longitude de Rio- •Taheiro , au nombre ^5°3o' 47". Dans la table de la Connaissance des Temps, on trouve 45°3o' b". ( 3oi \ personnellement, de la vérification des longitudes, à l'aide d'observations de distances de la lune au soleil. » A Monterey, le résultat moyen , déduit par M. le lieutenant Lefebvre, de l'ensemble des observations de M. le commandant de la Vénus , ne sur- passe la longitude que donne la Connaissance des Temps, que de 2", 5 (en temps); à Acapulco\& différence, en sens contraire, s'élève à 12", 5. A Valparaiso} elle va jusqu'à 2.-]",$ ; à la Baie des Iles elle redescend à a",6. » L'officier qui s'est chargé de calculer les distances lunaires de M. Du- Petit-Thouars , les a partagées par groupes de quatre distances ou d'une seule répétition. Prenons les circonstances favorables, et nous trouverons que la longitude déduite d'une quelconque de ces courtes séries d'obser- vations courantes , ne diffère de la moyenne de toutes que d'une minute en temps, au maximum. Une minute en temps, quinze minutes de degré, environ six lieues à l'équateur, telle serait l'incertitude sur la position d'un navire en longitude, après une observation facile, à la portée de tout le monde et qui n'exige pas pour être faite e,t complétée plus d'une à deux minutes. Si l'on ajoute que rien n'empêche de renouveler la mesure de la distance de la lune à un autre astre, quatre, six, huit, dix fois; que les erreurs àcraindre, en tant qu'elles dépendent des observations, diminuent proportionnellement au nombre de répétitions, on demeure vraiment étonné de voir avec quelle facilité, avec quelle exactitude un navigateur, grâce au progrès des sciences, peut aujourd'hui, à l'aide d'un coup d'oeil sur le ciel, trouver sa place sur le globe à toutes les époques du plus long voyage. » Ces résultats ne sauraient être proclamés assez haut, dans un temps surtout où des esprits superficiels préconisent outre mesure la navigation purement chronométrique. Les vrais chronomètres sont incontestable- ment des machines admirables; dans aucune de ses oeuvres, l'homme n'a montré plus d'adresse, plus de persévérance, plus de ressources, plus de génie; ne nous écrions pas, cependant, que l'art est arrivé à ses dernières limites; disons, au contraire, qu'il reste encore beaucoup à faire Nous n'en voulons pour preuve que les six chronomètres dont la Vénus avait été pourvue. Ces instruments portaient des noms assurément bien célè- bres : les noms de Louis Berthoud, de Motel, de Breguel et, cependant : «Dans le passage du Callao à Honoloulou, le n° 7 5 de Berthoud était déjà hors de service : il ne marchait plus ; » Le 12 juin i83ç>, le n° g de Breguet s'était aussi arrêté; »Le 76 de Louis Berthoud qui, au départ de Brest, retardait sur le ( 3oa ) temps moyen de 5",o par jour, avançait au Callao de o",8; à Honoloulou , de 3"/t; à Valparaiso de 5",i; au port Jackson de ^",2, cequi correspond, depuis le départ , à une variation totale , pour la marche diurne , de 1 2 ",2. »Le n° 127 du même excellent artiste, varia, pendant toute la durée de la campagne, entre 1 1",3 d'avance et o",g de retard. Le changement total de marche en deux ans et demi, fut donc encore de i2",a. »Les n°* 175 et 186 de Motel ont plus varié encore : le premier de 2o",6; le second de a6",o. » Il est juste de remarquer que ces changements ne s'opèrent pas brus^ quement; qu'à chaque point de relâche le navigateur a la ressource de déterminer la marche diurne chronométrique qu'il faudra employer dans le calcul des longitudes, pendant la traversée de ce point au point sui- vant; que, dès lors, les erreurs se trouvent bien circonscrites. Néanmoins, en choisissant un exemple dans les registres de la Vénus , nous trouvons qu'au port Jackson le n° r86 de M. Motel avançait de 2 5 ",7 par jour; au cap de Bonne-Espérance cette avance n'était plus que de 22",!. Prenons la moyenne, 23*,g, de ces deux nombres, pour le vrai retard moyen durant la traversée entre la côte orientale de la Nouvelle-Hollande et le Cap. 33",g diffèrent de 25",7, retard du port Jackson, de i",8; en arrivant au Cap, après go jours de navigation, l'erreur de la longitude chronométrique aurait donc été de 2'42", c'est-à-dire trois fois plus considérable que l'er- reur du résultat qu'on eût pu déduire d'une seule double observation de distance lunaire, faite avec le cercle à réflexion. » Loin de nous la pensée de porter atteinte par ces remarques, à la grande et juste considération dont jouissent de fort habiles horlogers de France, d'Angleterre, du Danemarck, et particulièrement les trois cons- tructeurs français de chronomètres que nous venons de citer. Tout ce que nous avons voulu, c'est de montrer, en opposition à certaines décisions irréfléchies, que dans l'horlogerie elle-même, que dans la branche de la mécanique où nos pères se sont le plus illustrés, le rôle de leurs descen- dants n'est pas irrévocablement celui de copistes serviles. Enfin, il nous a paru utile de prouver, qu'à l'époque actuelle, et pour qui sait y lire, la sphère céleste est encore le plus direct, le plus sûr, le plus exact des ins- truments de longitude. Une telle conclusion n'a rien, ce nous semble, dont l'amour-propre de personne au monde puisse s'offenser (1). (1) Voici quelques résultats qui pourront intéresser les navigateurs : Après 25 jours de traversée, à partir de Tahiti, la montre n° 76, correction faite ( 3o3 ) » Les journaux de la Vénus renferment une très nombreuse suite de déterminations de la distance de deux points de l'horizon visible diamétrale- ment opposés. Ces déterminations, obtenues à l'aide d'un instrument de M. Daussy, sont accompagnées de toutes les données nécessaires sur l'état du baromètre et de l'hygromètre, sur la température de l'atmosphère et sur celle des eaux. Il sera donc facile de soumettre à une nouvelle discussion les règles empiriques d'après lesquelles on se croit aujourd'hui certain de de- viner, sinon la valeur, du moins le signe des erreurs qui peuvent affecter les dépressions observées de la ligne bleue le long de laquelle l'atmosphère paraît reposer sur la mer. Hâtons-nous déjà de dire que dans cette multi- tude de résultats, il n'en est que deux d'où l'on déduise un exhaussement au lieu d'une dépression; que deux fois seulement, pendant la plus longue campagne, l'horizon visuel s'est trouvé au-dessus de l'horizon rationnel. » Les marins sont obligés de pf%ndre hauteur dans des états de la mer quelquefois très peu favorables. "La masse liquide, au lieu d'être unie, se trouve couverte de vagues mobiles, c'est-à-dire de sillons qui, par leurs crêtes, s'élèvent au-dessus de la surface générale d'équilibre, de toute la quantité, ni plus, ni moins, dont les creux s'abaissent au-dessous de cette même surface. Quelle influence un pareil état de la mer doit-il .avoir sur la position de l'horizon visible PQuand on songe que le point observé peut cor- respondre dans certaines directions au sommet ou au creux d'une vague; que le navire est lui-même, tantôt dans l'une et tantôt dans l'autre de ces positions extrêmes, le problème semble d'abord assez compliqué. En y ré- fléchissant davantage, on voit, cependant, que l'existence simultanée des creux et de protubérances liquides, ne doit pas empêcher les protubérances de former seules, définitivement, la ligne bleue où se dirige la visée de l'ob- servateur, où il prend ses points de repère; que dès-lors l'horizon visuel devra d'autant plus s'élever que la mer sera plus grosse. «Les nombreuses observations faites à bord de la Vénus, confirment cet effet des vagues et en donneront la mesure. Ce sujet de recherches, malgré son importance , avait été à peine effleuré. de la variation de sa marche, a donné pour la longitude de l'observatoire à la Baie des; Iles (Nouvelle-Zélande). i^\°/^' 16" est, Les distances lunaires de M. Du-Petit-Thouars. 171 .49.4° est> Les distances lunaires de M. Lefèbvre 171 .5o.4o est, La Connaissance des Temps de 1842 donne 171 .5o.ao est. .( 3o4 ) HYDROGRAPHIE. » Long-temps avant de partir pour sa dernière expédition, en 1819 et en 1820, M. Du-Petit-Thouars avait pris une part très honorable aux tra- vaux hydrographiques exécutés sur les côtes occidentales de France et à une exploration des courants de la baie de la Seine. Il était donc naturel de prévoir que l'hydrographie ne serait pas négligée pendant la campagne de la Vénus. » Lorsque le commandant de cette frégate choisissait pour collabora- teur, M. de Tessan qui, déjà eh 1825,1826, 182g, i83o,i83i, 1 83a et 1 8 3 3 , concourait activement aux levés détaillés des côtes de France et de l'Algérie, il ne donnait pas une moindre garantie du soin et de l'exac- titude dont toutes ses cartes, dont tous ses plans porteraient l'empreinte. » Les cartes et plans que la Venus ajoutera au riche portefeuille de la marine française , sont au nombre de vingt-un, savoir : » i°. Le plan de la baie de Valparaiso (Chili); » 20. Le plan de la baie du Callao de Lima (Pérou ); » 3°. Le plan des roches Hormigas (près du Callao de Lima); » 4°- Le plan de la baie d'Avatscha (Ramtschatka); » 5°. Le plan de la baie de Monterey (Californie); » 6°. Le plan de la baie de San-Francisco (Californie); » 70. Le plan de l'île Guadalupa(côte de Californie); » 8°. Le plan des roches Alijas ( côte de Californie ) ; » 90. Le plan de la baie de la Magdeleine (Basse-Californie); » io°. La carte de diverses parties de la côte du Mexique (entre le cap San-Lucar et Acapulco ) ; » ii°. Le plan de la baie d'Acapulco: » 1 1°. Le plan de l'île de Pâques ; » i3°. La carte des îles Maz-à-Fuera et Juan Fernandez; » i/f. La carte des îles Saint-Félix et Saint-Ambroise; » i5°. Le plan de l'île Charles (Gallapagos),- » 160. La carte d'une partie de l'archipel des Gallapagos; » 170. La carte de l'archipel des Marquises de Mendoça; - » i8°. Le plan de la baie de Papeïti(ile Tahiti); » 19°. La carte des îles Rrusenstern, Tahiti, Tabouai-Manou , etc.; » 200. La carte des îles Hul , Mangia et Rarotonga ; » ai0. Le plan de la baie des Iles (Nouvelle-Zélande). ( 3o5 ) » Ce travail n'est pas seulement remarquable par son étendue; l'exac- titude en fait le principal mérite. MM. Du-Petit-Thouars et Tessan , à qui la géographie le doit, ont constamment suivi les meilleures méthodes: celles dont l'hydrographie française donna l'exemple pendant l'expédition de d'Entrecasteaux et qui depuis servent de règle à tous les ingénieurs pé- nétrés des exigences, des devoirs rigoureux de leur noble profession, M. de Tessan exécutait les triangulations et levait les détails. M. Du-Petit-Thouars s'était réservé l'opération délicate, minutieuse des sondes. Celui' de vos Commissaires à qui l'obligation est échue d'examiner plus particulièrement les nombreuses données recueillies par la Vénus , n'hésite pas à leur at- tribuer une précision supérieure à «elle qu'on avait remarquée dans les résultats hydrographiques de plusieurs voyages récents. » Un supplément aux Instructions nautiques rédigées pour la Bonite , invitait les officiers de ce navire à prendre des vues, développées sous forme de panoramas, des points les plus remarquables des côtes qu'ils longeraient. M. de Tessan doit être remercié de n'avoir pas oublié cette recommandation de l'Académie. Les vues dont il va enrichir le dépôt des cartes et plans de la Marine , sont des données presque immuables que les géographes , les hydrographes et les navigateurs pourront souvent con- sulter avec beaucoup d'avantage. Marées. » Des navigateurs, physiciens et astronomes, ne pouvaient oublier d'ob- server les marées. Le tableau, ci-joint, de l'heure de l'établissement et de l'unité de hauteur dans quinze ports différents, sera éminemment utile aux marins qui visitent la côte occidentale d'Amérique et les archipels de la Polynésie. Le problème des influences locales s'y présente d'ail- leurs totalement dégagé d'une foule de circonstances auxquelles les bras de mer resserrés, sinueux, compris entre la France et l'Angleterre, ont peut-être fait attribuer un rôle trop prépondérant. C H., 1840, 2"»« Semestre. (.T. Xt,N"8.) . 42 ( 3o6 ) NOMS DES LIEUX Petropauloskoy Monterer . Baie de la Magdeleine Acapulco Ile Charles (Gallapagos ) Porta Callao de Lima Valparaiso Honoloulou (Sandwich) Baie de la Bésolution (Marquises). . . Baie de Papeïti (Tahiti) Baie des Iles ( Nouvelle-Zélande). . . . Port Jackson (Nouvelle-Hollande) . . Palse-Bay (Cap de Bonne-Espérance) Rio-Janeiro HEURES DE l'établissement. 3h54" 9h52n 7.37 3. 5 3.19 S. 18 fi. o 940 S* 35" 5. 7 de 1 à a*1 tous les jours 7-4°m 9. o 3. 10 2.3o UNITÉ DE HAUTEUR. 0,46 0,98 i,38 o,3a 0,89 0,89 o,38 o.79 0.29 °,9a 0,14 1,01 o,93 o,85 o,52 » Après avoir vu , à l'aide de ce tableau , que la mer monte quatre fois moins à Acapulco qu'à la Magdeleine, et remarqué des différences de deux heures et quart, de quatre heures et demie entre les heures des marées dans des ports peu éloignés les uns des autres et situés sur une côte où l'Océan peut cependant se développer en toute liberté; après avoir pris note de l'intervalle d'environ trois heures , qui s'écoule depuis le moment de la haute mer à Payta jusqu'au moment de la haute mer au Callao, personne ne pourra soutenir que la question des marées soit épuisée ; qu'il ne reste pas encore beaucoup à faire pour décider de quelle manière des obstacles invisibles, de quelle manière les inégalités du fond de la mer agissent sur la vitesse de propagation des vagues et sur leur hauteur. Dans le siècle où nous vivous, poser une question scientifique avec netteté, c'est la résoudre k moitié. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. Observations barométriques. » Les journaux de la frégate offriront aux physiciens des observations de la pression atmosphérique, faites en mer, d'heure en heure, de jour comme de nuit, pendant près de deux ans et demi. Les observations barométriques sont très difficiles dans certains états de la mer. On ne peut (3o7 ) guère alors arriver à quelque exactitude qu'à force d'attention ou par des moyennes. Nous avons cru un moment que cette dernière ressource ne manquerait pas à ceux qui discuteront les registres de la Vénus. Ils y trou- veront, en effet, trois suites de hauteurs barométriques simultanées, obtenues avec trois instruments différents : un baromètre à colonne très étranglée, dit baromètre marin, construit par Lerebours, et qui a bien fonctionné pendant toute la durée de la campagne ; un autre baromètre ordinaire et un sympiésomètre. Malheureusement ces deux derniers instru- ments s'étant trouvés dépourvus de suspensions à la Cardan, furent inva- riablement arrêtés à des supports situés dans la batterie. Ils devaient donc suivre les oscillations du navire; s'incliner plus ou moins suivant ses allures, s'incliner de quantités inconnues, en sorte que leurs indications exigeraient des corrections sans cesse différentes, et qui, aujourd'hui d'ailleurs, ne pourraient être calculées. » L'examen attentif que nous avons fait des observations du baromètre marin suspendu, nous autorise à penser qu'elles serviront très utilement à lever les doutes qu'on a encore sur la valeur de la période diurne baromé- trique en pleine mer; sur la manière dont cette oscillation varie avec la latitude, quand l'atmosphère ne subit pas tontes les vingt-quatre heures, d'aussi grands changements de température que les atmosphères conti- nentales. » La frégate, comme on l'a vu quand nous tracions son itinéraire, a suc- cessivement sillonné les régions de l'Océan les plus éloignées. Les observa- tions barométriques y ont toujours été faites avec les mêmes instruments. Il est donc à peu près certain qu'elles fourniront de nouvelles données tou- chant les zones, en certains points assez circonscrites, où le mercure se soutient constamment au-dessus , ou constamment au-dessous de la hauteur moyenne générale. Ces différences, aujourd'hui bien constatées, mais dont jadis les physiciens n'auraient pas même voulu admettre la possibilité, doi- vent être étudiées avec d'autant plus d'intérêt, qu'elles ont sans doute une certaine part à la production des inextricables courants de l'atmosphère et de l'Océan. Si l'on se rappelle l'influence que M. Daussy a si bien établie de l'état du baromètre sur la hauteur des marées, la manière dont nous ve- nons d'envisager les observations barométriques de la Vénus, fixera cer- tainement l'attention de ceux qui seront appelés à les discuter. » Sur la proposition de Laplace, l'Académie chargea, il y a quel- ques années, une commission nombreuse de déterminer avec toute la précision possible, diverses quantités, peut-être graduellement variables, 4a.. ( 3o8 ) qui jouent un rôle capital dans la physique du globe. Il s'agissait, par exemple, de refaire l'analyse de l'air atmosphérique, sous un grand nombre de latitudes, en mer, au milieu des continents et à toutes sortes d'élé- vations ; de tracer, pour l'époque actuelle, la forme exacte des lignes iso- thermes ; de soumettre,à une discussion approfondie la loi du décroissement de la température atmosphérique suivant la hauteur, et, au besoin, d'entreprendre de nouveaux voyages aérostatiques; d'apprécier, par des expériences susceptibles d'être en tout temps identiquement reproduites, la puissance éclairante et la puissance calorifique du soleil ; de mesurer dans un certain nombre de stations convenablement choisies , les éléments du magnétisme terrestre, y compris l'intensité absolue de la force mys- térieuse qui en chaque lieu maîtrise l'aiguille d'inclinaison, etc. , etc. La commission , comme chacun doit le présumer en voyant l'immensité du programme, n'a pas encore fait son rapport; elle ne s'est même réunie qu'une fois et dans la vue de répartir les questions à résoudre entre ses divers membres. Celui qui a été chargé de déterminer, jusqu'à une petite fraction de millimètre, la hauteur moyenne du baromètre au niveau de l'Océan et sous diverses latitudes , s'empresse de reconnaître que les observations faites à terre pendant le voyage de la Vénus , complètent entièrement les nombreux documents qu'il avait déjà réunis. Dès ce mo- ment on pourra fixer avec précision, pour la première moitié du xixe siè- cle, les valeurs absolues de la pression atmosphérique, dans nos climats et dans les régions équinoxiales ; tenir compte de l'influence considérable qu'exercent sur cet élément les vents de diverses régions; donner, enfin, à nos successeurs les moyens de reconnaître si les absorptions et les déga- gements de gaz que la chimie a étudiés, se balancent exactement, ou si, au contraire, l'atmosphère terrestre finira dans la suite des siècles par s'épuiser. Des tableaux où sont consignés les résultats d'une foule de dé- terminations, toutes obtenues avec des baromètres comparés au départ et au retour, seront prochainement mis sous les yeux de l'Académie. On pourra alors apprécier la large place qui revient aux observations em- pruntées aux journaux météorologiques de la Vénus. ,; Observations du thermomètre. » Pendant toute la durée du voyage de la Vénus, c'est-à-dire depuis le i" janvier 1887 jusqu'au 10 avril 1 83g, on a tenu à bord de celte frégate, d'heure en heure, de jour comme de nuit, une note exacte de la tempé- rature de l'atmosphère et delà température de la mer. Les originaux de ces ( 3o9) observationssont contenus clans vingt-cinq cahiers, où les collaborateurs de M. Du-Petit-Thouars ont trouvé les bases des tableaux qui seront pour la physique du globe une très précieuse, une très importante acquisition. Nous devons remarquer, cependant, que ces journaux météorologiques, suffi- samment détaillés, peut-être, s'ils devaient toujours rester dans les mains de ceux qui ont exécuté ou dirigé le travail, laisseraient quelque chose à désirer quand une personne étrangère au voyage recevrait la mission de les discuter. Nos navigateurs, en général, se sont trop fiés à leur mé- moire. II manque dans les nombreux registres mis sous les yeux de la Commission, une foule de détails sur la place des instruments, sur la ma- nière de les observer, sur les erreurs de graduation déterminées d'après des étalons authentiques, etc. ,. etc. Nous savons bien, car nous nous en sommes assurés, que ces lacunes seront comblées, pour la plupart, en recourant aux souvenirs des officiers de la (régate, eu. feuilletant les jour- naux personnels, en consultant jusqu'aux agenda; mais nous savons aussi que rien ne peut suppléer complètement aux notes prises et transcrites sur place. Puissent ces remarques convaincre l'administration de la Marine , de la nécessité de pourvoir les bâtiments de l'État, de types imprimés, uniformes, où les officiers trouveront, toutes tracées d'avance, les cases où il faudra inscrire les résultats numériques de chaque observation et les quelques mots destinés à en faire apprécier l'exactitude. » Depuis la publication des Instructions que l'Académie remit à la Bo- nite , les physiciens se sont généralement accordés sur l'importance des observations météorologiques faites dans le voisinage de l'équateur, loin des continents et loin des grandes îles. Ils ont surtout considéré qu'entre les tropiques et en pleine mer, la température de l'eau de l'Océan varie peu ; que la moyenne température déduite de trois ou quatre passages de la ligne; que ta moyenne déduite de dix, douze' ou vingt observations analogues, faites, sans choix, entre io° de latitude nord et io° de lati- tude sud, est partout la même à une fraction de degré près; qu'on peut ainsi attaquer avec succès une question capitale restée jusqu'ici indécise: la question de la constance des températures terrestres, sans avoir à s'in- quiéter des influences locales, naturellement fort circonscrites, provenant du déboisement des plaines et des montagnes, des changements de cul- ture, du dessèchement des lacs et des marais, etc., etc.; que chaque siècle , en léguant aux siècles futurs quelques chiffres bien faciles à ob- tenir, leur donnera le moyen, peut-être le plus simple, le plus exact, le plus direct de décider si le soleil, aujourd'hui source première, aujour- (3io) d'hui source à peu près exclusive de la chaleur de notre globe, change de constitution physique et d'éclat comme la plupart des étoiles, ou si, au contraire, cet astre est arrivé sous ce double rapport, à un état per- manent. Les observations de la Vénus , loin de contrarier les vues que nous venons de rappeler, ne feront que les fortifier. D'un premier coup d'oeil jeté sur les tableaux, nous avons déduit, par exemple, pour la température moyenne de la région de l'Atlantique voisine de l'équateur, à midi , dans le mois de janvier 1837 26°,6 centigr. , et pour le mois de mai 1 83g 26 ,8 » L'océan Pacifique nous a donné , pour la région équa- toriale correspondante à i3o° de longitude occidentale , dans le mois de juin 1 837 26°,q ; et dans un méridien plus rapproché de celui de l'archipel dus Gallapagos, dans le mois de février i83g 26°,C). Températures sous-marines . » Il y a déjà bien long-temps qu'on s'est avisé de rechercher quelle température marquent les eaux de la mer à de grandes profondeurs. La Méditerranée, l'Atlantique, la mer Pacifique, les régions équatoriales, les régions polaires ont été et sont encore , tour à tour, le théâtre de sondes thermométriques exécutées avec les plus grandes précautions, et dont la science a toujours soin d'enregistrer les résultats. Le contingent qu'ap- porte aujourd'hui la Vénus occupera, parmi toutes ces richesses, une place distinguée, à cause du nombre, de l'exactitude des observations et de l'immense échelle de profondeurs qu'elles comprennent. » En tenant note seulement des expériences qui ont réussi, qui ont coiiduit à un chiffre entouré de toutes les garanties désirables, nous en avons compté dans les journaux de la Vénus jusqu'à quarante-cinq. » Ces expériences embrassent l'espace qui s'étend du 5an,e degré de latitude nord au 6ome degré de latitude sud; de 22 à 1800 de longitude occidentale, de 5 à 176° de longitude orientale. L'échelle des profondeurs verticales varie entre 3o et ii5o brasses. Quand la sonde descendit à plus de 2000 brasses, quand l'étui en cuivre qui renfermait le thermomé- trographe eut à subir des pressions de 3 à 400 atmosphères, étui et ins- truments revinrent à la surface entièrement brisés » Ce n'est pas ici le lieu de discuter en détail ces précieuses observa- tions de températures sous-marines. Nous nous contenterons d'en extraire ( 3u ) quelques chiffres qui semblent de nature à faire apprécier ou , tout au moins , à faire pressentir la place qu'elles occuperont dans la science. » Les sondes faites à bord de la Vénus ont souvent donné pour la température de la mer à de grandes profondeurs, dans les régions tem- pérées et intertropicales , des nombres aussi petits que -f- 3°,6 centigrades, -+- 30,2; + 3°,o;-r-2°,8 et +2°, 5, quand la surface marquait de 26 a 270. » S'il s'est glissé des erreurs dans ces déterminations, elles ont dû être toutes positives, comme il est facile de s'en convaincre. Les chiffres vrais ne peuvent, en aucun cas, surpasser ceux que nous venons de citer. Il faut donc espérer que le fameux nombre -f-4°,4' s' étourdiment emprunté aux observations comparatives faites à la surface et au fond des lacs d'eau douce de Suisse, cessera de paraître dans des dissertations ex professa, comme la limite au-dessous de laquelle la température du fond des mers ne saurait jamais descendre. » Ceux-là se tromperaient beaucoup qui imagineraient que plusieurs degrés de plus ou de moins dans la détermination des températures sous- marines, n'ont aucune importance. Ces quelques degrés peuvent porter le dernier coup à la théorie suivant laquelle les eaux froides du fond des mers , même sous l'équateur, ne seraient autre chose que les eaux corres- pondantes de la surface, refroidies d'abord par voie de rayonnement ou d'évaporation, et précipitées ensuite à raison de leur excès de pesanteur spé- cifique. On voit, par exemple, qu'on ne pourrait soutenir aujourd'hui la théorie dont nous venons de parler, sans douer en même temps le rayon- nement ou l'évaporation , dans les régions intertropicales , de la faculté d'abaisserla température de la mer, au moins de a6°,8 — 2°,5 ou de 24°, 3, ce qui paraîtra à tous les physiciens un résultat inadmissible. » Nous voilà ramenés, par la puissance des chiffres, à la conclusion que les phénomènes thermométriques de la Méditerranée nous avaient imposée dans une autre circonstance ; nous voilà encore forcés d'admettre l'existence de courants sous-marins qui transportent jusqu'à l'équateur les eaux inférieures des mers glaciales. » Mais dans les mers glaciales, il ne manque pas de régions, du moins à en juger par des expériences faites entre le Groenland, le Spitzberg et l'Islande, où la température du fond surpasse les 20, 5 que les observateurs de la Vénus ont trouvés au fond des mers tempérées. Qui ne voit déjà que de semblables comparaisons , quand elles seront suffisamment multipliées, donneront des indications utiles sur une chose qui semblait devoir nous (3ia ) rester à jamais inconnue : la direction de courants dont tout le mouvement s'opère dans les plus grandes profondeurs de l'Océan (i). Températures sur les hauts-fonds et dans les allérages. » Franklin et Jonathan Williams observèrent les premiers l'influence f refroidissante que les hauts-fonds exercent ordinairement sur la tempéra- (i) Voici les principales températures sous-marines déterminées pendant le voyage de la Vénus . LATITUDE 1857. 26 février. 5 mars. 16 avril. 38° 12' S 45.38 S 43.47 S LONGITUDE. 24 avril. 33.26 S. 74. a3 0. 22 mai. i3.5o S. 79. 1 0. 23 mai. 12.39 S. 79.27 0. 9 juillet. ai. 6N. i58.i9 0. 19 août. 41.42 N. 160.22 E. 18 septembr. 5i.34 N. 159.21 E. 1858. 3o septembr . 26.53 S. .76.51 0. 7 octobre 3a. 5i S. 174.22 E. 14 novembre. 34.37 S. 168.41 E. 19 novembre. Î4.34S. 158-42 E. 1839. 17 janvier. 43. 2 S. 129.34 E. 23 janvier. 39. 4 s. 121. 2 E. 27 janvier. 36.36 S. 116. 8 E. ier février. 37.4a S. H2.38 E, 11 février. 27.47 S. 98. 0 E 23 mars. 3i.33S. 3i.io E 26 avril. 29.33 S. 8.3^ E 39 avril. 26.36 S. 5.12 E 1er mai. 25.10 S. 5.39 E 8 mai. i5.54S. 8. 3 0 24 mai. 4-23 N. 28.26 0 56° o'.O. 63. 3o O. 81.26 O. PARAGES. Océan Atlantique par le travers de la Plata. . Océan Atlantique au nord des îles Malouines. PROFOND. en brasses. Océan Pacifique par le travers de Chiloé Océan Pacifique près de Valparaiso Océan Pacifique près de Pisco Id. Id Océan Pacifique près des lies Sandwich Océan Pacifique Océan Pacifique au sud des iles Aleutienne». Océan Pacifique au nord des lies Kermadec Oct'an Pacifique au nord de la Nouvelle-Zélande. Id. Id Entre le port Jackson et la Nouvelle-Zélande. . . . Au sud de la Nouvelle-Hollande Id ». Id, près du port du Hoi-George Id. au sud du cap Leewin Mer des Indes, à l'est delà baie des Chiens-Marins. Canal de Mozambique Océan Atlantique, près du cap de Bonne-Espérance. Id. Id Id. Id Id. près de Sainte-Hélène Id. près du Pénédo de San-Pédro 370 70 4" 3o 7° 5oo 11 00 160 i3o 128 100 170 1080 1000 880 55o 63o 1100 35o 99° 99° 99° 900 u5o 1000 1000 200 1 i3o TEMPERAT. à cette profondeur. 3°o 5,a 5,8 9.0 5,a 4,' a,3 9,5 i3,o .3,2 i3,o 5,i a,5 5,6 5,4 6,0 4,9 5,1 8,6 a,8 3,o a, 8 4,' 3,i 3,6 3,o 12,0 3,a TEMPERAT. à la snrfaoe. i6°8 14,0 '4,° i4,a 14,8 i3,a i3,o 12,6 i8,3 '9,9 25,0 12,0 "»7 '9,3 i6,3 17,0 i8,3 i3,o 16,0 i7,9 16,7 23,8 a4,o •9,° 20,0 19,6 23,6 27,0 ( 3.3 ) ture de la mer. La remarque ayant été depuis confirmée par MM. de Humboldt et John Davy, les physiciens ont cru pouvoir la généraliser. Maintenant ils tiennent pour complètement avéré que, sans aucune excep- tion , l'eau est sensiblement plus froide sur un haut-fond qu'en pleine mer. Ils croient même que l'action des hauts-fonds se fait sentir à distance; que la marche descendante d'un thermomètre placé à la surface de l'eau , in- dique avec certitude le voisinage d'un de ces dangers. Le phénomène inté- resse donc à un égal degré la physique et la navigation : celle-ci, à raison des indications précieuses qu'il fournirait dans des temps de brumes ; la physique en portant l'attention des observateurs sur les diverses manières dont la température des couches superficielles de l'Océan peut être troublée. » Que nous apporte la Vénus touchant celte question délicate? » De l'ensemble de ses observations résulte, sous certaines restrictions, une confirmation évidente du principe actuellement admis. Quand la frégate approchait de terre , toutes circonstances restant égales , l'eau de la mer diminuait de température. Quand la frégate partant d'un port, d'une baie , fesait voile au contraire vers la haute mer, le thermomètre présentait aussi "une marche inverse : il montait. » Nous donnerons à ce Rapport une valeur durable, en transcrivant ici les différences de température qui ont été observées au nord et au midi de l'équateur, soit à l'entrée de la Vénus dans les ports, soit à sa sortie, et cela depuis qu'elle fit voile de Brest, le 29 décembre i836, jusqu'au a/\ juin i83g, époque de son retour. Ces nombres montreront dans quelles limites il est permis d'admettre l'expression, un tant soit peu ambitieuse, de navigation thermométrique , proposée par Jonathan Williams. » A Brest , l'eau de la mer marquait le même degré en rade qu'au large, et i° de plus qu'à l'attérage; » A Valparaiso , la température du mouillage était de 4 à 5° au-dessous de la température du large; » Au Callao , la différence, dans le même sens, ne s'élevait qu'à i°,5; » A Pajta, nos voyageurs trouvèrent jusqu'à 20; » Aux îles Gallapagos, i° seulement; » kMonterej, i°,5; » A la baie de la Magdeleine, i°,o; » Au Port Jackson, i°,5; » A False-Bajr (cap de Bonne-Espérance), les officiers de la Vénus observèrent, entre la baie et la haute mer, jusqu'à 4°,o de différence. Ici le phénomène est complexe à cause du courant du banc des Agullas. C. K. , 1840 , »"»• Semestre. (T. XI, N» 8.; 43 ( 3.4 } » Voici maintenant sur quels points le voisinage de la terre sembla com- plètement sans action sur la température des eaux : » Bonoloulou (Sandwich) — (très grand fond à peu de distance de terre); » Tahiti; — ( côte à pic ); » Baie d'Avatcha (Ramtschatka); » Baie des Iles ( Nouvelle-Zélande ) ; » Ile Bourbon; » Ile Sainte-Hélène. » C'est presque autant d'exceptions qu'il y a de confirmations de la règle. » Laissons maintenant de côté les attérages et venons à un fait plus simple, à l'influence d'un banc, d'un haut-fond proprement dit. » Cette influence n'a pas toute la généralité qu'on s'est plu à lui attri- buer. Les journaux de la Venus en fournissent la preuve la plus con- vaincante. Un événement fortuit dont nous dirons un mot, s'y présente, en effet, avec tous les caractères d'exactitude d'une expérience pré- parée de longue main. » Le «4 août i838, la frégate approchait de l'archipel des Marquises. La vigie, à moitié aveuglée par la réverbération des rayons du soleil couchant sur la surface de la mer, aperçut beaucoup trop tard un large banc situé près de ces îles. La Vénus ne put pas changer de route assez vite ; elle fran- chit lesaçores du banc et ne se trouva bientôt que par 6 à 8 brasses de pro- fondeur, tandis que peu d'heures auparavant, 200 brasses de ligne n'at- teignaient pas le fond de la mer. Eh bien! cet énorme changement de brassiage , n'amena aucune différence dans la température de l'eau. Les chiffres ici parlent d'eux-mêmes : HEURES. TEMPÉRATURE DE LA MEB. PROFONDEUR El* BEASSES. HEURES. TEMPÉRATURE DE LA Mi.li. PROFONDEUR EN BEASSES. Midi. 26°6 Plus de 200 I 26«5 » I 26,7 » 2 26,3 » a ' 26,7 » 3 26,2 » 3 26,8 M 4 i6,2 M 4 26,8 Plus de 200 5 26,3 M 5 26,7 » 6 26,3 I 6 26,5 6 et 8 7 26,5 » 7 26,5 » 8 26,5 » 8 26,5 Plus de 200 9 26,5 » 9 26,5 » 10 26,6 » 10 26,5 » n 26,6 » n 26,5 » Midi. 26,7 Plus de aoo Minuit. 2fi,5 » (3.5 ) » Ces quelques chiffres sont la condamnation définitive des théories d'où résulte la conséquence que l'eau doit toujours être plus froide sur un hanc qu'en pleine mer. Ils ne laissent de place qu'aux explications plus modestes: à celles qui prétendent seulement établir qu'un refroidissement est la conséquence ordinaire du voisinage d'un banc , mais que certaines causes peuvent masquer ce premier effet. Température des sources. » On sait bien aujourd'hui qu'il ne faut pas prendre aveuglément la tem- pérature d'une source pour la température moyenne de la localité où elle perce la surface de la terre, où elle vient au jour. Si la source a son origine à de grandes profondeurs, elle est inévitablement thermale. Plaçons, au contraire, cette origine vers la sommité de quelque montagne voisine, et nous verrons probablement sourdre l'eau à un degré du thermomètre peu élevé. Toutefois, on se tromperait beaucoup en concluant de là que les observations des températures des fontaines, des puits, n'ont plus aucune valeur en météorologie. Ces observations, convenablement rapprochées des circonstances géographiques et géologiques qui peuvent exercer de l'in- fluence, convenablement discutées, enfin, doivent contribuer au progrès des sciences. Les observations de ce genre que les officiers de la Vénus ont faites, sont certainement une excellente acquisition. » Parmi ces observations, nous remarquons : A Rio-Janeiro (latitude 220 54' S.) , celle d'un puits, dans l'île de Villegagnon , à 4 mètres de profondeur avec { de mètre d'eau; le 5 février 1837, vers 8 heures du matin, on trouva 3.3°, o centigr. ; » La température d'une source assez abondante et bien abritée, près du village de Saint-Domingue, le 14 février, vers 8 heures du matin, était 23°, 2; » La température de l'eau de l'aqueduc de Sainte-Thérèse, un peu au- dessous du couvent de ce nom , le 1 5 février, était a3°,5. » Tous ces nombres seraient bien faibles, si l'on jugeait de la tempéra- ture de Rio-Janeiro. par celle de la Havane, que Ferrer a fixée à -f» a5°,6. /,3.. ( 3i6 ) Callao de Lima (latitude I2°3' S .). » La différence , toujours dans le même sens , entre la température moyenne de l'air et la température des sources , serait bien plus tranchée encore au Callao de Lima, si le climat dépendait exclusivement de la la- titude. « Le 16 mai i838, nos voyageurs trouvèrent que deux sources assez abondantes, sortant de terre à mi-falaise entre le Callao et Moro-Solar, marquaient l'une et l'autre ■f 2i°,8, là où l'on aurait dû s'attendre à trouver environ 260. Papeili. (Tahiti. Latit. »7°32' S.). » Source très forte, sortant de la colline au sud de la ville, le 11 sep- tembre i838, à midi -f- 24°,8, à 6h du soir -j- 24°,8. Pqyta (latit. 5° 7' S.). » La température de la terre, dans une case, à -f de mètre de profon- deur, par une moyenne de dix observations faites de 3h en 3h, était, les i5 et 16 juin i838, de -J- a50,a. » Si l'on rapproche ces diverses observations de celles que le capitaine Tuckey fit en i8i6,et qui lui donnèrent pour la température d'une source située sur le bord du Zaïre, à 5° de latitude sud, + 22°,8 seulement; si l'on se rappelle, en outre, que +2 7°,5 sont généralement considérés comme la température moyenne des régions équatoriales , on restera de plus en plus convaincu que dans ces régions , il y a une cause particulière qui main- tient les sources un peu au-dessous de la température moyenne du lieu. Iles Sandwich (latitude , 2i°i8' N.). » À la capitale de Wahou, à Honoloulou, la température de l'eau du puits de la Mission catholique était, le i3 juillet, vers 6h du soir. ... -f- 24°,3. A Valparaiso (latitude, 33°2' S.). » Source assez abondante, dans une quebrada, près du vieux port San-Antonio, le 28 mars i838, vers ih du soir + it>°,6 ( Itf ) » Autre nappe provenant de diverses sources, le 5 mars 1837, à 31" du soir. H- 17V • L'eaudel'aiguade,àrAlmandral,le4n)ai 1887, vers ih du soir, -f- 17 ,0 Monterej (latitude, 36036'N.)! » Faible source, près de la pointe Pinos, le 4 novembre 1837. Idem au sud de la ville, le 6 novembre 1837. . . San-Francisco (latitude, '6^"5o' N.). » Source très faible, près du rivage , le 3 1 octobre 1837. . . Idem plus élevée Idem Idem -+• 160 ,a + 16 >o + i7° >« -h 16, 3 -+- 16 ,3 » Les observations de Monterey et de San-Francisco, comparées à celles de Valparaiso, ne paraissent certainement pas indiquer que par des lati- tudes modérées, sur la côte orientale de l'Amérique, la température des régions situées au nord de l'équateur surpasse celle des régions situées au midi. Ces mêmes observations, rapprochées de celles des États- Unis, sont une nouvelle preuve de l'extrême dissemblance qu'il y a, sous le rapport du climat, entre la côte orientale et la côte occidentale de l'Amérique du nord. MÉTÉOROLOGIE OPTIQUE. » La campagne de la Vénus n'a pas été favorisée par le hasard, sous le point de vue des phénomènes de lumière atmosphérique qui sont aujour- d'hui rangés dans la météorologie. Pendant les trente mois qu'a duré le voyage, de nombreux observateurs, dont plusieurs étaient constamment en station sur le pont de la frégate , n'ont vu que : » Trois aurores polaires : deux boréales et une australe; » Aucun halo ne s'est offert à eux sous une forme elliptique; » Aucun arc-en-ciel n'a paru s'écarter des règles communes; » Aucune particularité saillante n'a distingué les apparitions de la lumière zodiacale de celles que d'autres voyageurs avaient anciennen ent décrites; » Aucune averse extraordinaire d'étoiles filantes n'a eu lieu, même aux époques qui depuis quelques années ont été recommandées à l'attention du public, etc. , etc.; » On aurait tort néanmoins de conclure de là que désormais ces questions ne devront plus figurer dans les instructions remises aux navigateurs. ( 3i8 ) » Il est certain que des halos semblent quelquefois elliptiques. Si des me- sures montrent que c'est une pure illusion, tout sera dit. Supposons, au contraire, que l'ellipticité soit réelle: alors il faudra étudier l'influence de la température des prismes flottants de glace sur lesquels le halo paraît se former; il faudra rechercher si les parties supérieures et inférieures de la courbe étant engendrées par des prismes diversement élevés dans l'atmos- phère, par des prismes qui dès lors doivent avoir des températures dis- semblables, la différence de réfraction de ces prismes peut expliquer l'i- négalité observée des diamètres du halo. En cas d'insuffisance de cette cause,'on étudiera les effets de la couche d'humidité, probablement pris- matique, dont se couvrent sans doute en descendant à travers l'atmos- phère, les glaçons, prismatiques eux-mêmes, dans lesquels, depuis Ma- riotte et depuis des observations de polarisation récentes, il semble en tout cas difficile de ne pas voir la cause générale du phénomène. Ajoutons que des mesures exactes de halos, fussent-ils circulaires; que ces mesures faites spécialement entre les tropiques, seront toujours une donnée météo- rologique importante. » La série d'arcs secondaires, principalement rouges et verts, dont le premier arc-en-ciel est bordé intérieurement, paraît avoir pour cause, d'après la théorie et d'après l'expérience, des gouttes d'eau sphériques de très petites dimensions. Si dans quelques régions du globe les arcs secondaires manquent toujours, il faudra en conclure que, toujours aussi, la pluie s'y détache des nuages à un état de grosseur inusité, assignable d'ailleurs par le calcul. » Tel paraît être le cas dans les régions équatoriales ; car les registres manuscrits que M. d'Abbadie, en partant pour l'Abyssinie, a déposés dans les mains d'un de nous, renferment ce passage : « Olinde (Brésil) , le 8 mars. Peu de temps après le lever du soleil , j'ai » observé un bel arc-en-ciel par une pluie d'une extrême finesse. Je n'y » ai point aperçu d'arcs supplémentaires, pas plus que dans cinq autres » arcs-en-ciel que j'ai vus dans les régions équinoxiales. — g mars, 7 heures » et demie du matin. Bel arc-en-ciel. Absence complète d'arcs supplé- » mentaires. » » Les observations faites pendant la campagne de la Vénus, confirment, plutôt qu'elles ne contredisent, les remarques de M. d'Abbadie. Toutefois, comme il s'agit ici d'un phénomène peu apparent et dont les couleurs, pour qui n'est pas bien averti, semblent se confondre avec celles du pre- mier arc-en-ciel ordinaire, il est prudent d'en appeler à un plus ampk informé. Il nous semble qu'on hâterait beaucoup la solution de ce curieux (3i9) problème de météorologie optique, en publiant unejigure coloriée de l'arc- en-ciel principal et des couleurs périodiques qui le bordent intérieurement. Nous prendrons la liberté de rappeler cette remarque à l'Académie, si ja- mais elle se décide à réunir en un seul volume les instructions éparses qu'elle a données à diverses époques. »La lumière zodiacale a été observée pendant la campagne de laVénus : Le 7 janvier 1837, de 7 à 8h du soir (latit. 3i°43' N. , longit. i7°22' O.). Son sommet ne paraissait s'éloigner du soleil que de 700. Le 1 1 mai 1 838 , à f> du soir (latit. ia°4' S., longit. 7g°33'0.). Elle était très belle, très apparente. La dislance de sa pointe au soleil était de 1 io°. Le 14 et le 1 5 septembre i838, le soir (latit. i7°3a' S., longit. i5i054'OÀ La lumière se voyait bien. Sa distance au soleil était de 63". Le 7 et le 8 octobre, 8h du soir (latit. 33° S., longit. 174° E.). Le ciel et l'horizon A' une pureté extraordinaire. La distance de la pointe du phénomène au soleil n'est que de 570. » On voit que la moindre longueur a correspondu au ciel d'une pureté extraordinaire. N'est-ce pas une confirmation de cette assertion de Cassini, peu admise jusqu'ici à cause des éternels changements des atmosphères d'Europe, qu'en peu de jours la longueur du phénomène peut varier de 69 à 1000? COURANTS. » Un voyage pendant lequel on a pu si souvent comparer la position de la frégate, déduite d'observations astronomiques , à celle qui lui était assi- gnée par l 'estime, donnera, sur la direction et sur la vitesse des courants, une multitude de résultats précieux ; mais ce n'est pas seulement de cette manière que la Vénus aura contribué à l'avancement d'une branche de l'art nautique dont l'imperfection saute aux yeux de tout le monde, même quand on la considère comme une simple collection de faits, et quir d'au- tre part , n'offre presque rien de bien établi sous le point de vue théorique. Des observations de la température de la mer, faites d'heure en heure , de jour comme de nuit, pendant trente mois consécutifs, ne manqueront pas de nous éclairer sur le cours de plusieurs de ces mystérieuses rivières d'ea™ chaude et d'eau froide qui sillonnent la surface des mers. » Par exemple, il a été souvent question dans cette enceinte, de l'im- mense courant d'eau froide qui venant de l'Océan antarctique, rencontre ( 3ao ) la côte occidentale de l'Amérique vers le parallèle de Chiloé , remonte en- suite le long des côtes du Chili et du Pérou , avec l'empreinte tellement manifeste d'une basse température empruntée aux régions polaires, que dans le port de Lima (au Callao), les Espagnols, peu de temps après la conquête de l'Amérique, reconnurent déjà que pour rafraîchir leurs bois- sons, il fallait les plonger dans l'eau de la mer. j» Les limites de ce courant n'ont pas encore été tracées avec toute la précision désirable. Sur certaines cartes , nous les trouvons notablement au nord de l'équateur; sur d'autres, elles restent tout entières dans l'hémis- phère austral; il en est, enfin, qui font de l'équateur lui-même la limite où les eaux froides s'arrêtent. Ces doutes nous semblent devoir être dissi- pés à l'aide des nombreuses observations de tout genre que la Vénus a recueillies: notamment en 1837, dans les traversées successives de Chiloé à Valparaiso, de Valparaiso à Lima, de Lima aux îles Sandwich; en i838, dans les voyages d'Acapulco à Valparaiso ; de Valparaiso au Callao , suivant une route différente de celle que la frégate parcourut l'an- née précédente; enfin, dans la traversée du Callao à Payta et, surtout, pendant l'exploration des Gallapagos. Déjà, en jetant un simple coup d'œil sur les registres de l'expédition, nous apercevons le i5 juillet i838, une observation de la température de la mer, faite sous l'équa- teur même et par q4° de longitude occidentale, qui donne seule- ment 23°,o centigrades, lorsque, sans la présence du fleuve d'eau froide, on aurait certainement trouvé 4° de plus. Le 16 et le 17 du même mois , cette température s'était encore abaissée : l'eau ne marquait que 22°,4 et 32°,8; mais le 17 la Vénus naviguait déjà par i°£ de latitude sud. » La traversée, de 1837, de Lima aux îles Sandwich s'opéra, à fort peu près, pendant les quinze premiers jours, dans la direction d'un parallèle de latitude. En suivant de l'œil les températures sur les tableaux numériques, on les voit croître avec une grande régularité. Ce voyage donnera donc la largeur exacte du courant, en tant du moins qu'on voudra le définir par l'anomalie de sa température. » Un courant d'eau froide ne semble pas pouvoir être dans les mers tempérées, un courant superficiel. Si l'eau froide n'existait qu'à la surface, elle se serait bientôt précipitée vers le fond en vertu de son excès de pesan- teur spécifique. » Ce raisonnement est d'une évidence incontestable. Toutefois , oserons- nous l'avouer, nous avons interrogé l'expérience pour nous assurer que les choses se passent réellement ainsi dans l'immense courant froid qui ( 3ai ) longe les côtes du Chili et du Pérou. L'expérience, au reste, ne nous a pas fait défaut. » Le |6 avril 1837, vers le sud-ouest de Chiloé, le temps étant parfai- tement calme et la frégate sans aucune voile, on fila dans la mer une ligne de sonde de 1 100 brasses de long, portant à son extrémité le plomb suive ordinaire et le cylindre en cuivre du thermométrographe. » La ligne de sonde parut parfaitement verticale. » Cependant, la frégate était alors entraînée du sud au nord, avec toute la vitesse du courant superficiel au milieu duquel elle flottait. Si la ligne de sonde, si le plomb , si l'étui en cuivre du thermométrographe n'avaient pas rencontré , eux aussi , dans leur trajet et à 1 1 00 brasses de pro- fondeur, des couches d'eau se mouvant du sud au nord, et se mouvant ni plus ni moins à l'égal de la surface de la mer, ils auraient dans un cas devancé la Vénus; dans l'autre, le plomb et l'étui seraient restés en arrière : les deux hypothèses eussent également rendu la corde inclinée. » Le courant chilien ne doit donc plus être considéré comme une simple rivière superficielle d'eau froide. Il est produit par une section considé- rable des mers polaires , marchant majestueusement du sud au nord. La masse liquide qui s'avance ainsi à la rencontre de la ligne équinoxiale, n'a pas moins de 1780 mètres de profondeur. » Ce beau résultat ne doit pas étonner. Plus on étudie de près les phé nomènes naturels, plus ils acquièrent d'importance et de grandeur. » En examinant avec attention , dans le tableau de la page 3ia, la sonde thermométrique faite le 23 mars i83g, à l'ouvert du canal de Mozambique, peut-être trouvera-t-on que la température observée à goo brasses, en- traîne la conséquence que le courant chaud de ces régions est aussi un courant de masse. » Il nous a paru curieux d'examiner comment à diverses distances des régions antarctiques, se distribue la température dans l'immense masse liquide froide dont nous venons d'étudier la marche. Nous avons eu la satisfaction de trouver dans les registres de laVénus, deux séries d'obser- vations qui , fortuitement, se prêtaient assez bien à cette recherche. » Pendant la première, faite en plein courant, au sud-ouest de Chiloé, le thermométrographe donna : A la surface de la nier -f- 1 3°, o; A 5oo brasses -f. 4°> ' i A 1 1 00 brasses (sans fond) -f- 20, 3. C. B., 1840, 2">= Semestre. (T. XI, N<> 8.) 44 ( 322 ) » Plus tard, près de Pisco, au sud de Lima, dans une région où, sans le moindre doute , le même courant existe aussi , La mer, à la surface était à -f- '9°) ' ; A 1 3o brasses on trouva -f- 1 3°, i . » Ainsi, dans le trajet entre Chiloé et Pisco, l'eau de la surface s'étant échauffée de 6°, i , celle de i3o brasses, comme on peut le déduire d'une partie proportionnelle, n'avait gagné que 2°, 4. » Au reste, plus cette augmentation dans la température de l'eau profonde serait petite, et plus on en donnerait aisément l'explication. » On ne connaissait jusqu'ici dans la vaste étendue des mers, que trois grands courants à températures anomales , savoir : » Le courant froid que nous venons d'étudier, mais dont une branche , après s'être repliée vers l'île de Chiloé, longe la côte de l'Amérique en mar- chant du nord au sud, et double le cap Horn avec une température qui là est relativement , chaude ; » Le Gulph-Stream, si bien connu de tous les navigateurs ; * Enfin, le courant chaud qui longe le banc des Agullas, près du cap de Bonne-Espérance. » La Vénus n'aurait-elle pas découvert un quatrième de ces courants, à température chaude , dans le sud-sud-est de la terre de Van-Die'men? Il est certain , d'après les observations suivantes, qu'entre le 6 et le 9 jan- vier 1839; que particulièrement le 7 et le 8, la frégate traversa une rivière chaude. Cette rivière a-t-elle la permanence des trois courants que nous avons déjà cités ? Ce sera aux navigateurs futurs à le décider. ( 3»3 ) HEURES. JANVIER 1839. Le 6. Le 7. Le 8. Le 9. 3 I Latitude 45°56' S. jg l Longit. l4u.3o £. :« 1 Latitude 45,6' S- £J l Longit. ,46. o K. ^ /Latitude 4'lf'3o' S- g ( Longit. l44- 19 L. ^ 1 Latitude 46°3 S. g ( Louait. ,43.16 £. Midi. io°8 I6°2 I2°0 u°3 t 11,0 «,5 12,4 10,9 2 II ,0 12,0 12,7 n,5 3 11,0 12,6 i3,o 10,0 4 10,7 i3,5 i3,3 9,6 5 io,6 •4,o l3,2 9,8 6 io,5 ■4,o i3,o 9,5 7 io,5 14,0 i3,o 9,6 8 io,5 «4,o i3,o 9,6 9 10,2 "4>o i3,o 9,6 ÎO 10, a i3,8 12,8 9,5 u 10,0 i3,8 12,8 9,5 Minuit. 9,8 «3,7 12,5 9,5 î 9,6 «3,7 12,0 9,8 2 9,5 i3,8 11,8 9,8 3 9,3 «3,7 n,5 9,8 4 9,3 i3,5 n,3 10,0 5 9,5 l3,2 u,5 10,2 6 9,8 i3,o ««,7 10,2 7 10, o 12,8 ««,9 10,2 8 io,8 12,8 12,2 io,5 9 10,0 12,5 12,0 10,2 10 io,o 12,2 '",7 9,9 il io, o 12, 0 u,5 9-9 Midi. 10,2 12,0 11 ,3 10,0 Observations détachées. Hauteur des nuages. » On sait très peu de choses sur la hauteur ordinaire des nuages qui se forment au sein des atmosphères continentales et loin des montagnes ; on ne sait vraiment rien sur la hauteur moyenne des nuages répandus dans les atmosphères océaniques. Les déterminations de ces dernières hauteurs, faites pendant la campagne de la Vénus, seront donc reçues avec satisfac- tion par tous les physiciens. » Deux méthodes ont été employées. Dans la première , l'observateur placé à la plus grande hauteur possible sur le mât de la frégate, attendait qu'un petit nuage isolé ou un bord de nuage vint à passer dans le vertical 44- ( &4 ) du soleil. A cet instant il déterminait, à l'aide d'un instrument à réflexion, la dépression au-dessous de l'horizon rationnel , de l'ombre portée par le nuage sur la mer, la hauteur angulaire du nuage, la hauteur angulaire du soleil. Le reste était du ressort du calcul. » En effet, dans le triangle rectangle formé, i°, par la ligne verticale abaissée de l'œil de l'observateur jusqu'à la surface de l'Océan; a°, par la ligne visuelle dirigée sur l'ombre du nuage; 3°, par la ligne horizontale comprise entre cette même ombre et le pied de la verticale ; dans ce tri- angle , disons-nous, on connaît le côté vertical et deux angles; la plus simple des formules trigonométriques sert à en déduire l'hypoténuse, c'est- à-dire la distance rectiligne de l'ombre du nuage à l'observateur. » Considérant alors un second triangle : celui dont les trois angles sont occupés par l'observateur, le nuage et son ombre, chacun verra immé- diatement que l'on connaît un des côtés et deux angles. La distance recti- ligne du nuage à son ombre s'en déduira trigonométriquement. La ligne droite sur laquelle cette distance se mesure, rencontre la surface hori- zontale des eaux sous une inclinaison presque mathématiquement égale à la hauteur angulaire qu'avait le soleil au moment de l'observation ; elle est d'ailleurs l'hypoténuse d'un triangle rectangle dont l'angle droit se trouve au pied de la perpendiculaire, abaissée du nuage sur la mer. Dans ce triangle on connaît ainsi un côté et deux angles. Le côté vertical de l'angle droit peut donc être calculé; or ce côté est précisément la hauteur cherchée du nuage. » La seconde méthode est plus connue. Elle exige l'observation du mo- ment où le soleil se couche; l'observation du moment où l'astre cesse d'é- clairer directement le nuage, ce qui est facile à cause du changement assez subit d'éclat qui se manifeste alors; il faut, enfin, pour ce dernier mo- ment, l'observation de la hauteur angulaire et de l'azimut du nuage. » Cette seconde méthode est moins souvent applicable que la première, surtout en dehors des tropiques où un horizon trouble et embrumé em- pêche presque toujours d'observer le véritable coucher du soleil. Elles doivent cependant l'une et l'autre fixer l'attention des voyageurs, et, pour exciter davantage à les employer, nous consignerons ici le résultat moyen qu'elles ont donné aux officiers de la Vénus , relativement aux nuages qui se forment dans la région des alizés et qui obéissent à l'im- pulsion de ces vents. » Ce résultat , tant dans l'océan Atlantique qu'au milieu de la mer du Sud, se trouva toujours compris entre goo et i4oo mètres. La limite ex- ( 3a5 ) trème de i4oo mètres fut trouvée, le 20 février i838, par i3°o' de lati- tude australe et ioc)03' de longitude occidentale. Profondeur de l'Océan. » La détermination des plus grandes profondeurs de l'Océan n'a pas moins d'intérêt et d'importance que celle de la plus grande hauteur des montagnes terrestres Les physiciens recueilleront donc précieusement les résultats de deux belles opérations exécutées pendant le voyage de la Vénus , l'une aux environs du cap Horn , l'autre près de la ligne dans Yocéan Pacifique. 11 Le 5 avril 1837, par 57° o' de latitude australe et 85° 7' de longitude occidentale, à 1 85 lieues marines dans l'ouest 8° sud du cap Horn, à 1 fô lieues des terres les plus voisines, par un calme plat et un très beau temps, on commença, à c/1 du matin, à filer des lignes portant à leur ex- trémité: i° le plomb ordinaire des lignes de sonde; j° un thermométro- graphe de M. Bunten, enfermé dans un étui cylindrique en laiton, de 33raill,4 de diamètre intérieur et de i5mUli,6 d'épaisseur. A 9h53m on avait filé a4 lignes, faisant en tout 2000 brasses. Réduisant cette longueur à la ver- ticale, à raison de i5° d'inclinaison moyenne déterminée sur la partie vi- sible delà ligne, et dans la supposition d'une direction rectiligne, on trouve que le plomb était descendu à 241 1 brasses, c'est-à-dire à un peu plus de 4ooo mètres. » Lorsque, après un halage exécuté par soixante matelots et qui dura plus de deux heures, le plomb fut revenu à la surface, on reconnut qu'il n'avait pas touché le fond. » La mer, dans les parages en question, a donc une profondeur de plus de 4ooo mètres. a La seconde opération est du 27 juin 1837. Elle correspond à un point de l'océan Pacifique situé par 4° 3a' de latitude boréale, et par 1 36° 56' de longitude occidentale. Il est à 23o lieues marines au sud des îles Bunker. En ce point, un sondage fait avec les mêmes précautions, dans des cir- constances très favorables, c'est-à-dire par un calmé plat, a donné plus de 3790 mètres pour la profondeur de l'Océan. » Ces sondes nautiques, les plus remarquables peut-être qui eussent ja- mais été faites, autorisent à croire que si la mer venait à se dessécher, on verrait dans son lit de vastes régions, de grandes vallées, d'immenses gouf- fres, tout autant abaissés au-dessous de la surface générale des conti- nents, que les principales sommités des Alpes se trouvent placées au-dessus. ( 3a6 ) Plus grande hauteur des vagîtes. » Naguère, on ne savait rien de précis sur la plus grande hauteur des vagues que les tempêtes soulèvent dans l'Océan. Les Instructions de la Bo- nite tournèrent l'attention de ce côté, en même temps qu'elles signalèrent des moyens de mesure d'une exactitude très suffisante. Depuis ce moment il n'est plus question des vagues, vraiment prodigieuses, dont l'imagina- tion ardente de certains navigateurs se plaisait à couvrir les mers; la vérité a remplacé le roman : de prétendues hauteurs de 33 mètres ont été réduites aux proportions modestes de 6 à 8 mètres. » La plus haute lame qui ait assailli la Vénus pendant sa longue cam- pagne, avait 7m,5 d'élévation, entre le creux et le sommet. Encore a- t-on consenti à donner le nom de lame au rejaillissement résultant du choc de deux vagues distinctes venant l'une sur l'autre obliquement. Les lames proprement dites n'atteignaient pas la hauteur de 7 mètres, mémo dans les parages du cap Horn, où elles ont, suivant tous les navigateurs, des dimensions inusitées. » C'est dans le sud de la Nouvelle-Hollande que la Vénus rencontra les lames, non les plus hautes, mais les plus longues. Ces plus longues lames avaient , d'après l'estime , trois fois les dimensions longitudinales de la frégate, ou environ i5o mètres. » Nous eussions aimé pouvoir joindre à ces intéressants résultats quel- ques mesures de la vitesse de propagation des vagues. Mais à bord de la Vénus on ne s'était pas préparé à ce genre d'observations. L'Académie consentira certainement à les comprendre dans le programme des futures expéditions. Pluie par un ciel serein. » Les Instructions de la Bonite mentionnaient , d'après l'autorité de M. de Humboldt et d'après celle de M. le capitaine Beechey, un fait très re- marquable : nous voulons dire des pluies qui tombent par des temps parfai- tement sereins. Des observations de Genève sont venues montrer que de semblables pluies ont quelquefois lieu très loin des tropiques. Malgré ce nouveau témoignage, malgré la cause plausible qui a été donnée du phé- nomène, malgré l'explication simple à laquelle il conduit, de diverses apparences optiques, des physiciens éminents croient pouvoir le révoquer en doute. Leur scepticisme se trouvera peut-être fortifié par une cir- constance que nous ne dissimulerons pas : c'est que pendant un assez ( 3?7 ) long séjour aux Gallapagos, dans la région même où M. le capitaine Bee- chey remarqua, la première fois, la pluie anomale, les officiers de la Vénus n'ont jamais rien vu de pareil, quoique les avertissements de l'Académie eussent fortement excité leur attention. Il ue sera donc pas inutile de joindre aux témoignages déjà cités, celui qu'un de nous a re- cueilli dans l'ouvrage d'un ancien académicien : dans le Voyage de Le Gentil. A la page 635 du tome II de cet ouvrage, on lit: « Dans la saison des vents du sud-est, on voit souvent (à l'île de a France), surtout le soir, tomber une pluie fine, quoiqu'il fasse, en » apparence , le plus beau temps du monde, et que les étoiles paraissent » brillantes. » » Il est bien entendu que nous ne prétendons pas, quant à la cause , as- similer entièrement la pluie fine de l'île de France, aux pluies à très larges gouttes citées par MM. de Humboldt et Beechey. Tout ce dont il s'agissait ici, c'était de prouver qu'il pleut quelquefois par un ciel serein, afin que l'insuccès des officiers de la Vénus ne détournât pas d'autres voyageurs de s'assurer du fait. Quand les phénomènes sont peu apparents, il faut être prévenu et les chercher, pour les voir et surtout pour les bien observer. Phosphorescence de la mer. » Nous extrayons le passage qu'on va lire sur la phosphorescence de la mer, du journal particulier de M. l'ingénieur-hydrographe de la Vénus: « Dans False-Bay, au cap de Bonne-Espérance, nous avons eu un » exemple bien remarquable de phosphorescence de la mer. Le phéno- » mène était dû à une quantité innombrable de corpuscules sphériques, » transparents, fermes, laissant voir à la loupe un point noir entouré » de stries également noires. Quand on les remuait avec la main, on » sentait un léger craquement comme lorsqu'on presse de la neige. Il y » en avait, tant, que l'eau était devenue comme sirupeuse. Un seau d'eau » filtrée a laissé sur le linge, la moitié de son volume de ces petits corps; » l'eau filtrée avait perdu la propriété de devenir phosphorescente par » l'agitation, tandis que la matière laissée sur le filtre la possédait au » plus haut degré. » Cette matière, étant restée quatorze heures dans une cuvette, se dé- » composa, répandit une odeur épouvantable de poisson pourri, et n'é- » tait plus alors phosphorescente. » L'éclat de la lumière était si grand, quand la mer se brisait à la. ( 3a8 ) » plage, que j'essayai de lire à cette lueur, et j'y aurais probablement » réussi, si les éclats de lumière eussent été de plus longue durée, mal- » gré les cinquante pas qui me séparaient de la plage. » Couleur de la mer. » Les navigateurs ont depuis long-temps remarqué la couleur olivâtre de i'Océan aux attérages du Callao, sur la côte du Pérou. Il restera aux Observa- teurs de la Vénus d'avoir constaté que dans ces parages l'eau n'est pas pure , qu'elle tient en suspension une matière impalpable verdâtre , semblable à celle qui tapisse le fond de la mer par i3o brasses de profondeur. Cette matière dans son état naturel est inodore; mais, quand on la brûie, elle répand l'odeur des matières animales en combustion. Elle laisse alors une cendre blanchâtre, qui a la plus grande analogie avec la terre végétale du plateau compris entre le Callao et Moro-Solar. » Un fait plus remarquable est le changement de couleur de la mer observé pendant la campagne de la frégate, par 2i°5o' de latitude N. et ai°54' de longitude O. , à l'endroit même que Fraisier avait déjà signalé. Les officiers de la Vénus crurent d'abord à l'existence d'un banc, mais la sonde accusa plus de 600 brasses. MAGNÉTISME. » Le magnétisme terrestre est devenu un monde. Il faudra des siècles d'observations pour éclaircir les centaines de phénomènes qu'il embrasse déjà; pour les mesurer avec toute la précision requise, pour découvrir les lois qui les régissent. » S'agit-il de la déviation , par rapport au méridien, de l'aiguille magné- tique horizontale, de la déclinaison? Elle est orientale à une époque, et occidentale à une époque différente. De là l'impérieuse nécessité de re- chercher, en chaque lieu, l'amplitude de l'oscillation, le nombre d'années qu'elle emploie à s'accomplir, la rapidité ou la lenteur de la marche de l'aiguille vers les extrémités et vers le milieu de sa course. » La déclinaison est sujette à une variation diurne? 11 faut donc en déterminer la valeur pour chaque saison de l'année; assigner exactement les heures assez dissemblables entre lesquelles s'opèrent, dans divers mois, le mouvement oriental et le mouvement inverse: examiner com- ment ces éléments changent avec la latitude et la longitude; rechercher encore si, toutes circonstances égales, les côtes orientales des continents peuvent être rigoureusement assimilées aux côtes occidentales. (329 ) » Les aurores boréales troublent notablement la marche de l'aiguille de déclinaison. Des observations qui datent seulement d'un petit nombre d'années, ont prouvé que les perturbations dépendantes de cette cause, se font sentir presque simultanément dans des lieux fort éloignés les uns des autres; il reste à comparer les observations faites au nord et au midi de l'équateur; il reste à savoir si une aurore australe troublera les bous- soles situées dans notre hémisphère, et réciproquement. » L'inclinaison, l'intensité de la force magnétique, donnent lieu à des questions non moins nombreuses , non moins variées. » En matière de magnétisme terrestre , la Vénus se serait bornée pen- dant sa longue campagne, à planter quelques jalons, à fixer quelques points de repère destinés à guider nos successeurs, qu'elle aurait déjà bien mérité de la science; mais ce n'est pas pour l'avenir seulement que les officiers de notre frégate ont travaillé: nous nous sommes assurés, en parcourant attentivement leurs journaux, qu'ils pourront dès aujourd'hui attaquer divers problèmes dont la solution obscure , incertaine , reposait sur des bases fragiles. » Il y a un instant, nous nous demandions, par^exemple, si l'oscilla- tion diurne de l'aiguille horizontale; si le mouvement qui, le matin, transporte la pointe nord de la boussole de l'est à l'ouest, dans notre hémisphère, et de l'ouest à l'est dans l'hémisphère opposé, se fesait partout aux mêmes époques; si les heures qui correspondent aux limites extrêmes de ces oscillations; en d'autres termes, si les heures des maxima et des minima de la déclinaison sont identiques sur toute la terre. Eh bien ! nous pouvons affirmer qu'il n'en est pas ainsi : l'aiguille horizontale atteint les limites de ses excursions diurnes à des heures différentes suivant les climats. » Il résulte d'une très longue suite d'observations faites à Paris, que le matin , la pointe nord de l'aiguille arrive aux termes extrêmes de son mouvement oriental, de ^h\ à çf\7 suivant les saisons. Que pendant toute l'année son mouvement occidental est largement décidé à midi ; qu'il atteint ses limites entre ih et 2h, et qu'à partir de là, l'aiguille rétrograde vers l'est jusqu'au lendemain matin. » Sur les journaux de la Vénus, nous voyons au Callao, par la moyenne de 8 jours d'observations du mois de mai , un premier temps d'arrêt de l'aiguille à 6h f- du matin; un autre à iob-|; un troisième à 3h \. A aucune époque de l'année, les mouvements de l'aiguille de Paris ne pourraient, C. R , 1841, a"" Semestre. 'T. XI , N° 8,' 4^ ( 33o ) sous le rapport des heures, être assimilés au mouvement de l'aiguille du Callao. » Si, entraînés par des vues théoriques d'ailleurs très plausibles, des physiciens imaginaient encore qu'une aiguille magnétique située sur la côte orientale d'un vaste continent, ne doit pas éprouver, quant aux heures et aux amplitudes, les mêmes variations diurnes qu'une aiguille placée sur la côte occidentale, nous les renverrions aux observations que la Vénus nous rapporte de Petropauloskoi, au Kamtschatka. Ils trouveraient là, dans le mois de septembre, une aiguille dont la pointe nord marchait, le matin, vers l'est, jusqu'à 7 à 8 heures; qui, ensuite, rétrogradait vers l'ouest et parvenait à la limite de cette seconde oscillation, de 2 heures à 3 heures; dont, enfin, le déplacement diurne moyen s'élevait à g| minutes. Tout cela, on lésait, eût été à peu près observé, dans le mois de septembre, sur la côte occidentale, de l'Europe, par la latitude du Kamtschatka. » On comprend difficilement comment la chaleur solaire diurne peut modifier de la même manière, précisément au même degré, les pro- priétés magnétiques d'un hémisphère aqueux et celles d'un hémisphère solide, terrestre; mais sur la question si complexe du magnétisme du globe , nous n'en sommes pas encore à de petites objections de théorie : pendant de longues années il faudra, sans doute, se contenter de recueillir des faits. » On a soupçonné que les tremblements de terre pouvaient agir sur la marche diurne de l'aiguille aimantée, soit en déviant irrégulièrement les parties superficielles du terrain qui supportent les pieds des instru- ments, soit en modifiant tout-à-coup les courants électriques intérieurs qui, dans une certaine théorie, seraient la cause première des divers dé- placements diurnes étudiés par les physiciens. » Les observations faites à Acapulco ne confirment pas ces conjectures. Pendant le séjour de la Vénus dans ce port, il y eut sur toute la côte orientale du Mexique, de fréquents tremblements de terre, et cependant la marche diurne de l'aiguille de déclinaison n'y éprouva pas de perturba- tions remarquables. » Les phénomènes du magnétisme terrestre sont tellement minutieux, tellement complexes, que pour en saisir l'ensemble on s'est vu obligé de recourir aux représentations graphiques. Parmi les courbes magnétiques dont les mappemondes et d'autres genres de cartes sont aujourd'hui sur- chargées, aucune n'a excité plus d'intérêt, provoqué plus d'observations et de recherches , fait naître plus de questions que la ligne, toujours assez voi- ( 33 1 ) sine de l'équateur terrestre , sur tous les points de laquelle l'aiguille d'inclinaison se maintient horizontale, et qu'on est convenu d'appeler l'équateur magnétique. » Cette courbe a été successivement l'objet de très importantes recher- ches de Wilke, de M. Hansten et de M. Morlet. Les observations si exactes de M. le capitaine Duperrey, ses persévérantes investigations ont valu à la science, pour l'année 1825, une détermination de l'équateur magnétique à laquelle il semble difficile de rien ajouter. Grâce à ce tra- vail, on a aujourd'hui l'entière certitude que l'équateur de 1825 ne coïn- cide pas avec l'équateur de 1 780 : 011 sait que ce dernier a marché gra- duellement et très sensiblement de l'est à l'ouest. Reste maintenant à décider si le mouvement s'est opéré et s'opérera toujours d'une manière uni- forme; si les irrégularités actuelles de figure se conserveront intactes, quand la suite des années transportera dans l'intérieur des terres la partie océanique de la courbe, et réciproquement. » De telles questions sont réservées à l'avenir. Nous pouvons cependant affirmer que les observations de la Vénus serviront très utilement à les éclairer. Parmi ces observations nous voyons, en effet, pour cinq rencon- tres de l'équateur magnétique, des mesures de l'inclinaison faites à la mer, à l'aide d'une aiguille qui, bien qu'invariable, donnera de bons résultats, puisque ses indications, à l'époque des relâches, étaient soigneusement comparées à celles d'autres aiguilles dont les pôles se retournaient. Nous remarquons aussi que l'influence perturbatrice du bâtiment pourra être calculée. Ajoutons encore que dans vingt-deux déterminations de l'in- clinaison à terre , il en est plusieurs de fort petites et d'où l'on pourra déduire la position de divers points de l'équateur magnétique, tout aussi exactement que si l'observateur avait eu les moyens de s'établir sur la courbe même. » Il y a sur le globe de nombreuses séries de points dans lesquels la déclinaison de l'aiguille aimantée est nulle, dans lesquels l'inclinaison est nulle. En existe-t-il où l'aiguillé horizontale reste complètement station- naire, où elle ne subisse aucune variation diurne? » Avant le voyage de VUranie, cette question n'avait pas même été posée. On croyait alors que le sens de la variation diurne dépendait du sens de la déclinaison; on croyait, par exemple, qu'à Paris, avant 1666, quand la pointe nord de l'aiguille déviait vers l'est, elle devait éprouver, du matin au soir, un mouvement dirigé de l'ouest à l'est, un mouvement opposé à celui que nous observons aujourd'hui. 45.. ( 334 ) ■n Un de nous réduisit au néant ces suppositions gratuites, dès qu'il put jeter un coup d'oeil sur les observations magnétiques de M. Freycinet et de ses collaborateurs. Il lui parut, en même temps, que le globe tout entier pouvait, du point de vue des variations diurnes, être partagé en deux parties entièrement distinctes : l'une boréale, dans laquelle de 9 heures du matin à 2 heures après-midi , la pointe nord de l'aiguille marcherait de l'est à l'ouest; l'autre, australe, où de 9 heures à 2 heures , cette même pointe nord mar- cherait au contraire de Y ouest à l'est. La loi de continuité voulait impérieu- sement qu'en allant de la première région à la seconde, on rencontrât des lieux où l'aiguille serait immobile. Ces lieux (tous du moins) ne pouvaient pas être sur l'équateur terrestre , puisqu'à Rawack (terre des Papous), par 1 \ seulement de latitude sud, on avait observé une variation diurne de 3 à 4 minutes. Restait à savoir si, à défaut de l'équateur terrestre, l'équateur ma- gnétique ne serait pas la véritable ligne de séparation de cette région bo- réale du globe où, le matin, s'opèrent des mouvements occidentaux de l'aiguille aimantée, et de la région australe où le mouvement est inverse. » Les observations faites entre les deux équateurs pendant les voyages de la Coquille et de la Bonite , laissèrent la question un peu indécise. »Les observations de Payta, des îles Galapagos, fruit de l'expédition de la Vénus , ne sont pas non plus dans leurs conséquences, exemptes de quelque équivoque; mais elles commencent à faire poindre cette opinion, que la ligne sans variations diurnes horizontales n'est ni l'équateur terrestre, ni l'équateur magnétique. Ainsi, de même qu'on a déjà cherché, pour les tracer sur des cartes géographiques, la forme des lignes d'égale déclinaison , d'égale inclinaison , d'égale intensité, on aura peut-être bientôt à s'occuper expérimentalement, d'une courbe totalement distincte des précédentes; d'une courbe le long de laquelle l'aiguille, par exception, conservera de jour et de nuit absolument la même direction ; d'une courbe qui deviendra aussi l'objet de bien des recherches, de bien des voyages. » Ces exigences, ces complications incessantes ne peuvent être une cause de découragement que pour les esprits superficiels. Les théories qui ne satisfont qu'à urie, deux ou trois expériences reposent sur des fondements légers. Au contraire , quand on parvient à leur faiçe représenter de longues suites de phénomènes, elles acquièrent le seul caractère de certitude au- quel , dans les sciences d'observation, il soit donné à l'homme d'atteindre. Pourquoi le système de l'attraction est-il aujourd'hui presque rangé parmi les vérités géométriques? C'est qu'il rend numériquement compte, non pas seulement de l'ensemble des mouvements célestes, mais encore ( 333 ) des milliers de perturbations, grandes et petites, positives et négatives que produisent les actions mutuelles des planètes. Conclusions. » Nous voici parvenus au terme de la tâche qui nous était imposée. Nous rappellerons donc à l'Académie (une si longue énumération de tra- vaux a bien pu le lui faire oublier) ; nous rappellerons que le voyage de la Vénus fut entrepris dans des vues purement politiques et commerciales ; qu'aucune observation de physique terrestre ou d'histoire naturelle n'était ni indiquée, ni prescrite au commandant, dans les instructions officielles émanées de l'autorité; que tout ce dont cette campagne aura enrichi la science, sera dû au zèle éclairé de M. le capitaine Du-Petit-Thouars, admi- rablement secondé par l'état-major de la frégate. L'Académie , nous ne sau- rions en douter, aura vu avec satisfaction que ce bel exemple ait été donné par l'officier distingué de l'armée navale qui porte le nom d'un denosanciens, d'un de nos ingénieux confrères de la section de botanique. Ce nom ne doit pas nous être moins cher à d'autres titres, car il s'appelait aussi Du- Petit-Thouars , le capitaine du vaisseau le Tonnant, l'intrépide marin qui, après avoir soutenu avec habileté, avec énergie, et malheureusement sans succès, la nécessité de combattre Nelson à la voile, s'embossa devant Aboukir, en serre-file de l'amiral; fit clouer son pavillon au mât, afin que personne autour de lui n'eût jamais la pensée de l'amener; repoussa à portée de pistolet , l'attaque simultanée de trois vaisseaux anglais , quoi- qu'il n'eût sous ses ordres que 600 hommes, quoique l'incendie et l'ex- plosion du vaisseau l'Orient eussent rendu sa position extrêmement péril- leuse; perdit dans cette héroïque défense une jambe, les deux bras, et ne voulant pas même abandonner à l'ennemi un corps en lambeaux , fit jurer à son équipage qu'au moment suprême il serait jeté à la mer! » Nous manquerions à notre devoir si nous ne citions pas , d'une ma- nière toute particulière , les collaborateurs du commandant de la Vénus qui ont le plus habilement , le plus activement contribué aux travaux dont nous avons présenté rénumération et essayé de faire sentir l'importance. »Au premier rang, nous trouverons M. Dortet de Tessan, ingénieur- hydrographe. M. de Tessan a été l'âme des nombreuses recherches de mé- téorologie, de magnétisme et de physique terrestre, dont la Vénus nous apporte les .résultats. Il a pris une part personnelle à presque toutes les observations, à presque toutes les mesures. Quand les méthodes connues ( 334 ) étaient insuffisantes, quand elles ne conduisaient pas à des solutions di- rectes, exactes, des problèmes qu'on se proposait à priori ou que des circonstances fortuites faisaient naître, M. de Tessan inventait des méthodes nouvelles. «Une si grande activité aurait étonné votre Commission, si M. de Tes- san ne lui eût déjà donné , comme collaborateur de M. Bérard , dans le beau travail exécuté le long de la côte septentrionale de l'Afrique, la mesure de ce qu'on peut attendre d'un savoir profond , d'un esprit inventif, d'une con- naissance pratique des instruments de marine et de physique, quand ces qualités se trouvent étroitement unies au sentiment du devoir et à un zèle ardent pour le progrès des sciences. » Tous ceux qui ont été embarqués sur les navires de l'État savent à quel point le commandant en second est absorbé par des devoirs , par des ser- vices de tout genre, assurément fort utiles , mais extrêmement multipliés, mais très fastidieux. Ce n'est pas sans raison que, dans leur langage naïf, les matelots appellent tour à tour cet officier la ménagère et le grand prévôt. Il faut donc nous hâter de dire que malgré les exigences sans nombre de sa position, le commandant en second de la Vénus , M. Chiron, a tou- jours trouvé le temps de présider aux observations météorologiques jour- nalières du bord, d'en assurer la régularité et l'exactitude. » M. Lejebvre, enseigne pendant le voyage , aujourd'hui lieutenant de vaisseau, a toujours concouru aux observations scientifiques, avec une ha- bileté, avec un zèle dignes de tous nos éloges. M. Lefebvre paraît marcher a grands pas dans une carrière où plusieurs officiers de la marine française ont trouvé une légitime illustration. » Le nom de M. Goury, jeune élève, se lit trop souvent en marge des journaux de la frégate, à côté des observations magnétiques, pour qu'il ne doive pas être signalé ici. » La classe des sous-officiers, non moins zélée, non moins habile, non moins méritoire à tous égards dans la marine que dans l'armée de terre, a aussi très largement contribué aux travaux de la Vénus. Citons d'abord M. A. Dubosc , chef de timonnerie , qui a fait preuve à la fois , pendant toute la durée de la campagne , d'une ardeur infatigable et de connaissances peu com- munes. Le nom de ce sous- officier se retrouve à chaque page des registres qui renferment les observations du baromètre et du thermomètre, les obser- vations de la déclinaison, de l'inclinaison et de la variation diurne de l'ai- guille aimantée. » MM. Roline et Leroux, quartier-maîtres de timonnerie, figurent aussi ( 335 ) dans toutes ces observations par une exactitude à la fois scrupuleuse, in- telligente et éclairée. » N'oublions pas enfin MM. Kersérho, Bertrand et Brisseau. Ces jeu- nes gens, destinés à la carrière de capitaine du commerce, ont pris une part très honorable à presque toutes les recherches dont nous avons présenté l'analyse. » Lorsque M. le Ministre de la Marine nous transmit le recueil des cartes levées pendant le voyage de la Vénus , et l'immense collection de cahiers, de registres manuscrits où toutes les observations sont consi- gnées, il témoigna le désir qu'une Commission en prît connaissance, et que le résultat de son examen lui fût communiqué. » Nous proposerons donc à l'Académie d'envoyer à M. le Ministre la copie du Rapport qu'elle vient d'entendre. » Nous croyons aussi qu'elle doit émettre le vœu qu'une prompte pu- blication donne au monde savant les moyens de juger, d'apprécier, de discuter les observations de toute nature que les navigateurs de la Vénus ont faites avec une si grande habileté et au prix de tant de fatigues. » Ce n'est pas sans dessein, Messieurs, que ces mots , pwmpte publica- tion, viennent d'être jetés dans les conclusions de la Commission. En effet, pour peu qu'on tarde à se décider, nos compatriotes perdront probable- ment le fruit de leurs veilles laborieuses; les découvertes que nous avons citées ou seulement fait pressentir, verront le jour sous le patronage d'une des nombreuses expéditions anglaises, américaines, etc., qui au- jourd'hui sillonnent les mers dans toutes les directions. Si , enfin , elle s'abandonne encore cette fois à une sorte d'apathie qui lui est fort or- dinaire et dont les fâcheux résultats pourraient cependant être énumé- rés par centaines, la France, il faut le dire avec franchise, se laissera enlever plusieurs précieux fleurons de sa couronne scientifique. » Avouons-le, néanmoins: en demandant si vivement qu'on se hâte, nous espérons encore détourner l'administration de la Marine, d'un mode de publication dont les inconvénients sont aujourd'hui manifestes; nous lui conseillons indirectement de renoncer à des éditions de luxe, là où le luxe serait seulement ruineux; de proscrire, à l'avenir, le morcèlement in- défini des matières, les interminables livraisons de quelques pages, puisque personne ne lit les ouvrages qui paraissent ainsi; de se prononcer, en temps et lieu, contre la répartition sur un grand nombre d'années des crédits budgétaires destinés à la publication de tel ou tel voyage formant seule- ment un ou deux volumes ; car, de cette manière , l'État devient souvent éditeur de théories vieillies ou d'observations inutiles , sans compter qu'en ( 336 ) tenant d'habiles officiers éloignés de la mer, on change, on brise leur carrière et l'on prive le pays des éminents services qu'ils n'eussent pas manqiié de lui rendre. » Un coup d'œil rétrospectif sur plusieurs de nos voyages- de décou- vertes a non-seulement confirmé la justesse de ces réflexions, mais, en outre, il nous a fait découvrir une lacune très fâcheuse, très nuisible aux sciences et qui probablement ne serait jamais comblée, si l'Académie, avec l'autorité dont elle jouit, ne la signalait pas à M. le Ministre de la Marine. » Le voyage de M. de Freycinet avait été jusqu'ici publié en vertu d'un contrat passé jadis entre M. le Ministre de l'Intérieur et un libraire. Immédiatement après l'achèvement de la dernière livraison de la relation historique, c'est-à-dire de la seule partie dont le débit fût assuré ; au mo- ment où les résultats numériques du voyage de VUranie devaient passer dans les mains des imprimeurs, le contrat a été résilié avec l'assen- timent de l'autorité compétente. Que vont maintenant devenir ces ma- nuscrits si soigneusement rédigés, que leur publication ne donnerait pas lieu au remaniement d'une seule ligne ? D'immenses recueils d'ob- servations météorologiques faites avec des soins infinis, particulièrement dans les régions équinoxiales ; mille et mille mesures de la déclinaison , de l'inclinaison de l'aiguille aimantée, des variations diurnes de l'aiguille horizontale et de l'intensité du magnétisme terrestre, travail dont l'exac- titude le dispute à ce que la physique du globe possède de mieux sur ce sujet difficile; des recherches de vingt années, relatives aux langues des sauvages de la mer du Sud; le volumineux vocabulaire qui en est résulté; tout cela sera-t-il donc perdu? Personne assurément ne peut le vouloir. Aussi, la Commission a-t-elle la ferme confiance que, tout en sollicitant la prompte publication du voyage de la Vénus , l'Académie voudra bien appeler l'attention de M. le Ministre de la Marine sur la partie inédite de la campagne de VUranie. Ce sera faire à la fois la part du présent et celle du passé; ce sera, incontestablement, rendre un double service aux sciences. » Les conclusions de cette première partie du Rapport sont adoptées par l'Académie. Rapport sur la partie géologique et minéralogique de la campagne de la Vénus; par M. Eue de Beaumont. « Une campagne pendant laquelle aucun des observateurs de la Vénus n'a pu pénétrer dans l'intérieur des terres, ne devait guère enrichir ni la minéralogie, ni la géologie. Aussi, loin de s'étonner du peu qui a été rap- ( 337 ) porté, il faut plutôt être surpris que dans de pareilles circonstances, on ait eu le bonheur de recueillir quelques matériaux utiles. » Ces matériaux combleront diverses lacunes dans la section géogra- phique des collections du Muséum d'Histoire naturelle. M. Néhouœ, chirurgien-major de la Marine, a beaucoup ajouté à la valeur des roches dont ses collections se composent, en donnant toujours sur leur gisement des détails clairs et précis. » Grâce à M. le docteur Néboux, nous savons aujourd'hui que le fond du terrain dans la baie d'Avatcha, au Ramtschatka, se compose de schistes argi- leux verdâtres, en couches inclinées accompagnées de phtanite et de jaspe verdâtre; que çà et là quelques proéminences sont formées de roches d'ori- gine éruptive; que près de la baie des Trois-Frères , il existe des dolérites formant des masses de structure colomnaire, ou des filons qui traversent des conglomérats, comme les roches du nord de l'Ecosse et des îles Fceroé. A. la pointe nord de la baie Isménaï, M. Néboux a observé et recueilli diverses variétés de trachytes parmi lesquels on remarque un trachyte résinoïde noir qui, au premier aspect, rappelle ceux des masses impo- santes de l'Elbruz et de l'Ararat. La science sera donc redevable au chi- rurgien-major de la Vénus, de pouvoir aujourd'hui déterminer avec rigueur la nature de diverses roches ignées dont les éruptions ont précédé la naissance des grands volcans du Kamtschatka. » La constitution géologique de la Californie était moins connue encore que celle du Ramtschatka. Les échantillons de roches rapportés par M. Néboux, de la large baie de Monterey, sont des granités semblables à beaucoup de granités d'Europe. C'est un nouveau terme à cette série de rapprochements qui montrent combien les principaux matériaux de l'é- corce terrestre sont analogues entre eux dans les régions les plus éloi- gnées. » Le chirurgien-major de la Vénus a recueilli, dans cette même baie de Monterey, une roche stratifiée qui, de prime abord, ressemble au quartz résinite du terrain d'eau douce de l'Auvergne. Cette roche a seu- lement la singulière propriété de se laisser percer par d'innombrables co- quilles perforantes. Elle mériterait bien, ce nous semble, de devenir l'objet d'une analyse chimique. >» A l'occasion de cette roche, ou d'une antre analogue quant à la pré- sence des coquilles, nous lisons dans des Notes de M. de Tessan: « Sur la grève de Monterey, nous avons ramassé des morceaux d'une » roche qui s'est présentée à nous dans tous les états de dureté possible, C. H., i34o, 2"»" Semestre (T. XI, N° 8 ) v 4^ ( 338 ) » depuis l'état pâteux, jusqu'à celui de silex faisant feu au briquet. Il » paraîtrait que le passage d'un de ces états extrêmes à l'autre, s'opère en » assez peu de temps à l'air et au soleil. La roche en question solidifiée, » renferme dans des alvéoles, des coquilles qu'on trouve encore vivantes » au fond de l'eau; mais au fond de l'eau, la roche est encore à l'état de » vase compacte. » » Sur un autre point de la Californie, dans la baie de la Magdeleine , M. le docteur Néboux a trouvé le rivage formé d'une belle roche amphi- bolique mélangée d'épidote. La roche amphibolique est recouverte d'un conglomérat contenant un grand nombre de coquilles univalves et bi- valves, souvent très grosses. Ces coquilles par leur nature et leur conser- vation, semblent annoncer un dépôt tertiaire récent. » Des collections de roches rapportées des environs de Payta contri- bueront à nous faire mieux connaître la constitution géologique de cette partie de l'Amérique. » Sur la côte du Pérou , des collines formées de grès et de schiste sont recouvertes de sable provenant de ces mêmes roches, et présentent l'as- pect de dunes arides. Des briques, des os éprouvent le même genre de désagrégation. M. de ïessan, à qui nous empruntons cette observation, ne pense pas qu'on doive l'expliquer comme on le fait ordinairement, d'a- près les seules actions atmosphériques. Suivant lui, dans ces contrées la nature met en jeu sur une vaste échelle le procédé imaginé par M. Brard pour découvrir les pierres gélives. Comme il n'y pleut presque jamais , les matières salines ne sont point enlevées. Les fortes rosées de la nuit les font pénétrer dans les pores des pierres. La chaleur du jour détermine ensuite leur cristallisation, et les effets doivent être ceux que le sulfate de soude produit dans la méthode de M. Brard. Cette vue nous paraît mériter d'être suivie. » Nos voyageurs ont remarqué des débris de poteries et des ossements humains dans la grande falaise de cailloux roulés qui règne le long de la côte, entre le Callao de Lima et le Moro-Solar : on les y voit à diverses hauteurs, mais surtout vers le sommet de la falaise, qui n'a pas moins de 20 mètres d'élévation. » ( 339) Rapport sur les résultats concernant l'Histoire naturelle obtenus dans l'expédition de la Vénus; par M. de Blainville. «L'Académie trouvera dans le Rapport que j'ai été chargé de lui faire sur les résultats en histoire naturelle obtenus dans l'expédition nautique de la Vénus, sous le commandement de M. Du-Petit-Thouars, une nouvelle preuve que des officiers instruits, qu'un commandant au moins très bienveillant pour des recherches qui ne sont pas essentiellement de son devoir, peuvent toujours fournir des matériaux intéressants aux sciences qui s'occupent de l'étude des phénomènes et des êtres naturels, lorsque dans le cours d'une mission de tout autre nature qu'une mission scien- tifique, ils sont conduits par la généreuse idée de faire tout ce qu'il sera possible de faire pour l'honneur de leur savante profession et pour la gloire de leur pays. »La frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine de vaisseau Du- Petit-Thouars, avait pour mission , comme se le rappellera peut-être l'Acadé- mie, de montrer le pavillon français dans toute la mer du Sud, dans les deux directions en longitude et en latitude , et de protéger les travaux pacifiques de civilisation de nos missionnaires, ainsi que nos grandes pêches de la baleine dans ces parages. Tel était son devoir, et tout le monde sait qu'elle l'a parfaitement rempli; mais ce qu'elle ne devait pas d'une manière aussi explicite et cependant ce qu'elle a fait, c'a été de recueillir des. ma- tériaux pour les progrès des sciences naturelles et cela d'une manière fort libérale, comme nous allons le montrer. «L'expédition a duré trois ans. Partie de Brest, elle a suivi la route ordinaire pour gagner la mer du Sud en doublant le cap Horn; elle a par- couru toute la côte occidentale de l'Amérique, depuis la Terre de Feu jusqu'au Kamtschatka, en s'arrêtant plus spécialement dans les parties les plus septentrionales, à la Californie , sur la côte N.-O. delà Nor*!-Amérique; puis, après être revenue par les îles Sandwich et s'être de nouveau rappro- chée de l'équateur, elle a traversé toute la mer du Sud jusqu'à la Nou velle-Hollaiule, d'où elle est retournée le plus directement possible en Europe, en touchant à Bourbon et dans nos possessions de la côte occi- dentale d'Afrique. D'où l'on voit combien variées pouvaient être les ob- servations et les objets recueillis par le commandant lui-même, par s»Or, 2 litres d'oxide de carbone, renfermant 1 litre vapeur carbone, con- ( 347 ) somment i litre oxigène et donnent en brûlant 2 volumes acide carbo- nique et 6260 unités de cbaleur. » La quantité de chaleur dégagée par la transformation de 1 litre va- peur de carbone en oxide de carbone, a donc été seulement de i5o,8 unités, ouïes o,ai6 de la quantité totale de chaleur dégagée par la combustion complète du charbon. La quantité de chaleur dégagée par la combinaison du premier atome d'oxigène est à celle dégagée par la combinaison du deuxième :: 0,27 : 1 , ou approximativement :: 1 : 4- » Il est facile de conclure de ces nombres l'abaissement de température que doit éprouver l'acide carbonique supposé pur, en se transformant en oxide de carbone. En effet : » 1 litre d'acide carbonique contient \ litre de vapeur de carbone dont la combustion complète a donné 3 929 unités de chaleur. » 1 litre d'acide carbonique dissout \ litre vapeur de carbone, et donne 3 litres d'oxide de carbone, dont la combustion donnera 6260 unités. » Il y a donc eu 10 189 unités de cbaleur dégagées. Or, comme il n'y a eu en tout que 1 litre de vapeur de carbone brûlé, sa combustion ne doit don- ner que 7 858 unités de chaleur. La différence 2 33 1 représente donc la quantité de chaleur absorbée et rendue latente par 1 litre d'acide carbo- nique, en se transformant en 2 litres d'oxide de carbone. » Les 2 litres d'oxide de carbone formé pèsent 2gr,5i4« La chaleur spé- cifique de ce gaz étant, d'après de Laroche et Bérard, 0,2884, on trouve que 2 litres dégagent, en se refroidissant de i°, une quantité de chaleur représentée par 2,5i4 X 0,2884 == °*727- L'abaissement de température qui doit résulter de l'absorption de 2 33 1 unités de chaleur rendue latente, sera donc %%\\ = 32o6°. » Ces calculs supposent que la quantité de chaleur, dégagée par la com- binaison, est la même, soit que cette combinaison s'opère directement, soit qu'elle ait lieu à différentes reprises. » Cette loi qui a été annoncée par M. Hess, paraît, du reste, conforme à toutes les analogies. » L'erreur dans laquelle est tombé M. Hess provient de ce qu'il a admis dans l'acide carbonique un volume de vapeur de carbone et un volume d'oxigène condensés en un seul, ce qui donne à la vapeur de carbone une densité deux fois plus faible que celle adoptée par M. Dulong. » ■ 47- (348 ) géologie. — Extrait d'une Lettre de M. Puilloim-Bobl vye , chef d'escadron au corps royal d'Etat-Major, à M. Elie de Beaumont. « Les collines du littoral qui s'étendent en bande régulière depuis Coléah jusqu'au mont Chénouan, ne sont pas des espèces de dunes, comme les cartes les représentent. C'est le terrain subapennin très développé s'éle- vant jusqu'à a5o mètres et très profondément accidenté du côté de la mer. Les couches relevées vers le nord, se dirigent d'abord O.-S.-O. et en- suite à l'ouest, comme le rivage. Dans les environs d'Alger je crois avoir reconnu un étage supérieur à ce terrain , peut-être même une formation bien distincte : c'est celle des calcaires à coquilles spathiques avec grès et argile rouge. Cette argile, non effervescente, lie la formation des brèches osseuses, des travertins, des dépôts caverneux, aux dépôts marins pré- cédents. » En approchant de Cherchel, on trouve une grande série de marnes bigarrées de grès siliceux, de calcaire jaune, violet et vert, de gypses et enfin de conglomérats les plus bizarres. On les prendrait pour des conglo- mérats porphyritiques analogues à ceux de l'Esterel : ce sont des brèches à petits grains de calcaire, où dominent les couleurs verte, rouge et blanche. Je crois pouvoir rapporter ce terrain aux marnes du grès bigarré; il s'élève jusqu'à moitié hauteur du Chénouan, dont le sommet est couronné par de grandes masses calcaires. » La direction E. et O. devient dominante dès qu'on approche du méri- dien de Cherchel. On la voit se dessiner au sud dans les chaînons du Chabou (Ersa des cartes), du Texta, et enfin du Zacar et du Righa, séparés entre eux par des vallées parallèles au rivage. »Les collines qui bordent la Mitidja, depuis l'Aousch-Mouzaya jusqu'aux sources de l'Oued-Bourkika , sont porphyritiques, comme celles de Kara- Mustapha, dans l'est; peut-être en est-il ainsi de tout l'entourage au sud, du bassin de la Mitidja. Les ravins qui descendent de ces collines roulent de belles calcédoines qui probablement viennent d'un autre terrain, car quelques-unes paraissent être des polypiers fossiles. « Quand on a franchi le col qui ferme la Mitidja, vers Miliana, on entre dans une région d'un aspect et d'une nature tout autres. C'est une région de hauts plateaux , entièrement nus, séparés par de larges vallées dont les flancs à pentes douces sont terminés par un abrupte, et profondément ra- vinés. C'est le second étage des terrains tertiaires de l'Afrique (ou le troi- (349) sième si l'on considère le calcaire à coquilles spathiques comme le premier). Il se compose d'une grande épaisseur de marnes bleues sans fossiles, qui forme le fond de toutes les vallées , et, au-dessus, de calcaire jaune sablon- neux, variant un peu dans ses caractères, suivant les localités. Au lieu des fossiles si variés du, terrain subapennin, on ne trouve que des bancs d'une huître identique à celle de Montpellier. » Sur la route de Miliana , avant d'atteindre Borg-Boua-Louan, le calcaire est compacte, pisolitique et rempli de nodules avec orbicules siliceux. Plus loin, dans la chaîne du Gontas, séparation des eaux du ChélifetdelaMitidja, le calcaire devient un grès ferrugineux, qui se divise en dalles que l'on a voulu prendre pour des pavés romains. Enfin, à Médéah, c'est tantôt une pierre de taille à grains fins et jaunâtres, tantôt une roche qui se désagrège de manière à donner naissance à des collines de sable: c'est ce qu'on nomme le Sahara de Médéah. Les huîtres forment un banc à niveau constant entre les calcaires et les marnes. » Ce second terrain tertiaire diffère aussi du terrain subapennin par sa stratification. Ses couches sont beaucoup plus redressées ; et, indépendam- ment des directions E. et O. et E. |-N.-E. qu'elles affectent comme le pre- mier, elles sont Brisées suivant de longs escarpements dans la direction du N.-N.-O. La route du col de Téniah à Médéah suit une de ces disloca- tions : c'est elle qui forme la crête rocheuse du Nador ou Dakla au pied duquel passe la route. On en voit encore de fort remarquables à l'est et à l'ouest du plateau d'Ouamry, entre Médéah et le Chélif. Toutes les rivières de la Mitidja traversent la chaîne après avoir pris naissance sur le plateau intérieur; l'Oued-Ger, le Bouroumi, la Chiffa, l'Harrach, l'Hamise tra- versent les chaînes imbriquées qu'on appelle, je ne sais pourquoi, petit Atlas, dans des gorges tellement étroites qu'elles sont quelquefois impra- ticables. Il y eut à la suite de ces fractures d'immenses dénudations en rapport probablement avec la largeur et la profondeur des fractures. Voici ce qu'on observe au col du bois des Ohviers qui sépare la naissance de la Chiffa de celle du Bouroumi: » D'un côté, la Chiffa est à 10 mètres au-dessous du col; de l'autre le Bouroumi s'enfonce à i5o ou 200°" au-dessous du même point. » Le second terrain tertiaire, dit étage moyen, couvre tout l'espace com- pris entre les montagnes des Beni-Salah , du Mouzaya et desSoumata, et la vallée du Chélif; il paraît s'étendre fort loin dans le sud et l'est de Mé- déah : j'ignore s'il dépasse la chaîne de montagnes du sud. Vous savez que j'ai trouvé la même formation dans la province de Constantine, entre cette ( 35o ) ville, Djimilah et Milah. Ce sont les mêmes roches et les mêmes fossiles. » La disposition est aussi analogue : elle s'arrête vers le nord à la grande chaîne qui va à peu près de l'est à l'ouest depuis les Tou-Milieth, route de Philippeville, jusqu'au Boucherf (à une dixaine de lieues de la mer ), et s'arrêterait au sud, avant la plaine qui s'étend de Constantine à Sélif: cette plaine, la Medjana et le plateau d'Hamza auraient séparé les deux golfes. » Au sud de la vallée du Chélif on voit s'élever plusieurs chaînes étagées dont la dernière atteint à peu près la même hauteur que la chaîne dite petit Atlas. Je juge d'après les formes, que le premier étage doit appartenir au terrain tertiaire moyen, comme le Gontas; mais ensuite on doit trouver le terrain crétacé : j'en ai reconnu les roches dans les galets du Chélif. Dans l'un d'eux M. Deshayes a cru reconnaître une Tornatelle de la craie infé- rieure. Un fait négatif à noter est l'absence dans la vallée du Chélif de tout dépôt alluvial à gros blocs, comme ceux des vallées du Rummel , de la Seybouse et du Lisser; il est vrai que la partie de cette vallée que j'ai parcourue a l'air d'être le fond d'un grand lac ( 8 lieues sur 6 ). » La formation crétacée composée de macignos à grains verts, de cal- caires à silex, de marnes à fucoïdes, de grès ferrugineux, et enfin de calcaires à nummulites, telle que nous l'avons vue dans la province de Constantine, aux Bibans, et jusque dans l'Animal, à l'est de la Mitidja, serait donc ici rejetée plus au sud. » Les monts Righa et Zachar au-dessus de Miliana (i5oo à 1600 mètres) ne sont que le prolongement, avec interruption de la chaîne des Beni- Sallah et du Mouzaya, un peu infléchie parle système de fracture est et ouest. Elles appartiennent à la même formation, et je ne serais pas éloigné de croire, comme M. Rozet, que c'est la formation du lias. On trouve à la base des marnes bleues très foncées, presque aussi tendres que celles du terrain tertiaire , puis viennent des calcaires bleus, cristallins , auxquels doivent succéder, vers le sommet, des calcaires violets et gris compactes, étage qui pourrait appartenir aux séries jurassiques. Un filou de fer très riche, composé d'hématite, de fer oligiste, de fer hydroxidé résinoïde, traverse la montagne à l'est de la ville. Abdel-Kader, profitant de la ri- chesse de ce filon et d'une magnifique chute d'eau, avait commencé la création d'un haut-fourneau, à dix minutes de la ville et sur la direction même du filon. Les travaux nous ont paru bien dirigés; mais cette entre- prise, comme toutes celles du même genre que l'on tentera en Afrique, eût manqué par le défaut de combustible. Si l'on voit en effet quelques ■( 35. ) magnifiques forêls dans les hautes montagnes, les diverses variétés de chênes dont elles sont uniquement formées se renouvellent trop lente- ment pour entretenir la consommation d'une grande usine. » Un filon encore plus intéressant coupe les marnes près du haut-four- neau; c'est du feldspath blanc grenu, avec quelques rares paillettes de mica. En suivant sa trace vers le haut de la montagne, j'ai observé un des faits les plus remarquables de dolomitisation ; le calcaire marneux devient une dolomie jaunâtre avec fer oligiste micacé. Les aventuriers qui entou- rent Abdel-Kader avaient aussi spéculé sur ce filon , dont ils avaient re- connu la nature: ils voulaient faire de la porcelaine! » Presque toutes les sources qui entourent Miliana ont des températures anomales; elles varient depuis itf jusqu'à i5° (centigrades), qui est le mi- nimum, et ne doit pas être éloigné de la température moyenne du lieu. Miliana est à 8oom au-dessus du niveau de la mer. On sait qu'il y a sur le revers opposé de la montagne des sources à une très haute température, avec des ruines romaines qui signalent la station ad aquas. Des travertins anciens forment la terrasse élevée sur laquelle repose Miliana. Leur pro- duction n'a pas entièrement cessé de nos jours; les eaux les plus chaudes, celles à l'est de la ville, déposent encore abondamment. » La chaîne du Mouzaya, que j'ai parcourue depuis le col jusque auprès du sommet culminant, est formée, de bas en haut, par des marnes bleues, des gompholites bréchoïdes et des calcaires variés, de teintes sombres, et passant du compacte au cristallin: ce sont ces roches dures qui forment l'arête aiguë anfractueuse et bordée de précipices sur laquelle nos troupes ont combattu lors de la prise du col. Il y a ici vallée d'élévation, sur une longueur de près de trois lieues, avec un petit lac au milieu des plus belles forêts (hauteur 1200 mètres). » Nous avons été à même d'étudier le filon de cuivre qui se trouve sur le revers sud de la descente du col Téniah, filon déjà signalé par M. Rozet en i83o. Nous l'avons traversé cinq fois dans l'espace de deux mois, et chaque fois, secondé par M. Tripier, pharmacien de l'armée dont vous de- vez connaître les travaux de chimie applicable à la géologie, nous avons trouvé de nouveaux sujets d'intérêt. » Ce filon, où le fer domine, perce au milieu des marnes bleues et se dirige comme la stratification N. 700 E. Il contient beaucoup de fer hé- matite, de la baryte sulfatée, du quartz hyalin, du cuivre sulfuré, carbo- nate, vert et bleu; il a formé cette longue arête aiguë qui fut attaquée si vivement par les Arabes dans les journées du 27 mai et i5 juin. Les an- ( 35a ) ciens l'ont exploité. J'ai trouvé beaucoup de scories sur le petit plateau du bois des Oliviers. »En suivant la crête du Mouzaya, l'on trouve, exactement dans la direc- tion du filon de cuivre, un filon de fer oligiste remarquable par sa richesse et sa puissance. Je l'ai suivi pendant plus de deux lieues. Les cristaux ont quelquefois la beauté de ceux de l'île d'Elbe. » Je me permettrai, en terminant ma lettre, d'émettre quelques idées théoriques sur la disposition des terrains africains. Il me semble que deux sé- ries en ordre inverse d'anciennetérelative s'étendent du rivage vers l'intérieur. » J^a première série se compose des marnes bigarrées, du lias, des séries crétacées, jusqu'au calcaire à nummulites inclusivement et du terrain tertiaire parisien. L'indication de ce dernier terrain ne repose encore que sur les observations que j'ai faites, il y a deux ans, dans les plaines au S.-E. de Constantine, vers l'Aures. J'y ai trouvé quelques fossiles dans lesquels M. Deshayes serait disposé à reconnaître des types parisiens. » La seconde série nous présente, en se rapprochant du rivage , le ter- rain tertiaire ancien, la large bande du tertiaire moyen, le subapennin et enfin l'étage récent ou quaternaire, sur le rivage même. En France, il y a quelque chose d'analogue; il semblerait donc qu'après une période de dé- pôts successifs s'écartant d'un centre méditerranéen vers le sud et vers le nord , il y aurait eu au contraire succession de dépôts tertiaires de plus en plus récents en venant du sud et du nord vers ce même centre. Après une période de relèvements successifs il y en aurait eu une d'affaissement cen- tral, avec relèvement du nord de la France vers le midi, et du sud de la Régence vers le nord. » Cette disposition montre combien il y a peu de chances de trouver en Afrique le terrain carbonifère. Ce n'est que près de la mer, sur une ligne E.-O. que commencent à affleurer quelques roches anciennes. Ce n'est que sous la Méditerranée que doivent s'étendre les séries carbonifères et de transition. Dans un pays où l'on voit le terrain tertiaire moyen former des plateaux presque culminants, à 1200 mètres d'élévation, quelles fractures ne faudrait-il pas pour mettre au jour les terrains anciens ? » physique du globe. — Recherches sur les fumerolles; par MM. Mellopo rf Piria. — Lettre de M. Melloni à M. Arago. « Quelque temps après mon arrivée à Naples, je fis une excursion au lac d'Agnano et à la Solfatare : plusieurs personnes m'avaient recommandé en partant de répéter une expérience fort curieuse sur les fumerolles (fu- ( 353 ) maiuoli ) qui se trouvent parsemées en assez grande quantité sur le sol de ces anciens cratères volcaniques. » Les fumerolles sont des traînées plus ou moins visibles de fumée pro- venant de la précipitation de la vapeur aqueuse, du soufre extrêmement divisé, ou autre corps solide ou liquide tenu en dissolution par les gaz qui s'échappent des entrailles de la terre au travers de petites fentes, ou trous, souvent imperceptibles. Aussitôt que l'on approche de l'une d'elles un morceau d'amadou allumé, on voit la fumée augmenter de volume et d'épaisseur : le phénomène est encore plus prononcé lorsque la fumerolle surgit dans l'intérieur d'une grotte, ou d'un espace limité quelconque, tel que les petites salles à bain de vapeur naturelle établies sur les bords du lac d'Agnano; alors un filet à peine visible de fumée se transforme sou- vent dans une espèce de nuage blanchâtre et fort dense qui envahit peu à peu toute la capacité de l'ambiant. » A la première inspection de ce fait, il me parut évident qu'on ne saurait l'expliquer mécaniquement, c'est-à-dire que ce n'est point la cha- leur de l'amadou qui, en produisant une raréfaction dans la masse de fluide superposé au sol, imprime un surcroît de vitesse à l'écoulement du gaz fumant, et en soutire ainsi une plus grande proportion dans un temps donné. En effet, l'exhalation de la fumée n'est pas du tout en rapport avec la quantité de chaleur développée par le corps incandescent : une parcelle embrasée d'amadou exerce une influence sensiblement égale à celle d'un large morceau allumé de cette même substance; de plus, si l'on opère sur les terrains qui contiennent dans une petite étendue un certain nombre de fumerolles, on ne tarde pas à se convaincre que l'action une fois ex- citée ne se propage pas par voie de raréfaction. Je remarquai sur un des versants intérieurs de la Solfatare un espace de 3 à 4 mètres carrés de surface presque entièrement cerné par une couronne de fumerolles. Lors- que, dans un instant de calme, je faisais approcher des bords de cet es- pace un cigare allumé, on voyait la surexcitation de fumée se produire, non-seulement dans la fumerolle en contact avec le cigare et ses voisines, mais dans toute la série environnante, jusqu'à l'extrémité la plus éloi- gnée, c'est-à-dire à cinq ou six pieds de distance; et cela sans aucun changement de direction dans les traînées de fumée, qui continuaient à s'élever verticalement au lieu de s'incliner vers le corps embrasé, comme elles l'auraient fait infailliblement si l'effet dérivait de la raréfaction in- duite par la chaleur dans le mélange gazeux. » Or si le phénomène ne tire pas son origine des mouvements imprimés C. R , '84o, a«« Semestre. (T. Xt, N° 8.) 4# ( 354 ) au gaz par la présence du corps chaud, il faut nécessairement l'attribuer à une action chimique; alors on conçoit l'espèce d'indépendance qui existe entre l'intensité de l'effet produit et le nombre de points incandescents; alors on comprend aussi comment la surexcitation se communique de l'une à l'autre fumerolle sans causer aucun changement dans la direction natu- relle des traînées de gaz. » Je communiquai, sur le lieu même de l'observation, ces remarques si simples et si concluantes à M. Piria, qui avait eu la complaisance de m'accompagner, et je l'engageai à étudier attentivement ce genre d'action, qui me semblait digne du plus grand intérêt : le jeune chimiste napolitain me promit de le faire, et maintenant je reçois de lui une note qui con- tient les principaux résultats de ses premières recherches. Vous allez juger vous-même, mon cher ami, combien ces résultats sont importants pour certaines branches de la chimie, et pour l'explication de divers phéno mènes géologiques. Voici la traduction de sa lettre : « Les premières tentatives que j'ai faites pour me rendre raison du phé- » nomène furent dirigées à le reproduire artificiellement dans mon labo- » ratoire. Je commençais à agir séparément sur l'hydrogène sulfuré dont » l'existence dans les gaz des fumerolles de la Solfatare ne saurait être » douteuse pour quiconque a visité ces localités ; et, pour faire cette expé- » rience commodément, j'introduisis dans un récipient de verre un mé- » lange d'eau, de sulfure de fer et d'acide sulfurique : j'adaptai au col » de ce récipient un bouchon au travers duquel je fis passer le col d'une » bouteille à fond coupé et renversée en guise d'entonnoir. L'hydrogène » sulfuré dégagé dans le premier récipient, passe dans le second, el s'y » mêle à une grande quantité d'air atmosphérique qui pénètre librement » par la partie supérieure. Si l'on introduit dans cette dernière partie de » l'appareil un petit morceau d'amadou embrasé, ou tout autre corps « 3n combustion , on voit apparaître d'épaisses fumées blanchâtres qui » commencent tout près du corps en combustion et se propagent en très » peu de temps sur tous les points de la masse fluide. » Pour savoir quels sont les produits qui se forment dans cette réaction , » je suspendis un gros morceau de charbon ardent au milieu d'unmatras, » où je fis arriver un courant d'hydrogène sulfuré. Les fumées blanches se » montrèrent aussitôt que le gaz vint au contact du charbon, et remplirent » en peu d'instants toute la capacité du récipient. L'expérience finie, je trou- » vai dans l'intérieur du vase une grande quantité d'acide sulfureux, » quelques traces de soufre , et beaucoup d'eau déposée sur les pa- ( 355 ) » rois sous forme de rosée : les éléments de l'hydrogène sulfuré se com- » binent donc avec l'oxigène de l'air, et forment de l'eau et de l'acide » sulfureux. Quant au soufre, ce n'est, à mon avis, qu'un produit » secondaire, que l'on doit attribuer à la réaction de l'eau et de l'acide » sulfureux sur l'hydrogène sulfuré , qui n'a pas encore subi la décom- » position : car il est bien connu que le simple contact de ces trois corps » donne lieu à une formation d'eau et à un dépôt de soufre. Il faut donc » considérer dans le phénomène en question deux actions bien distinctes : » l'action directe excitée par le charbon ardent entre l'hydrogène et le » soufre du gaz, et l'oxigène de l'atmosphère, qui donne pour produits de » l'eau et de l'acide sulfureux ; et l'action secondaire de ces premiers pro- » duits sur le gaz indécomposé, d'où résulte une nouvelle précipitation d'eau » et un dépôt de soufre. Ainsi près du corps incandescent la fumée se com- » pose de vapeur aqueuse, et plus loin de vapeur aqueuse et de soufre ex- » trèmement divisé. » Maintenant il fallait voir quelle était la nature de l'action exercée par o le charbon incandescent. J'introduisis dans le matras une baguette de verre » chauffée jusqu'au rouge. Il n'y eut pas la moindre réaction entre les élé- » ments des deux gaz: cela prouve d'une manière décisive que la chaleur » n'est pas la cause unique du phénomène. D'autre part le fer métallique » et presque tous ses composés naturels, le fer oligiste, le fer titanifère, la » pyrite elle-même , substitués à la baguette de verre , se comportèrent exac- » tement comme le charbon. Au contraire, le cuivre , le zinc et l'antimoine » ne produisirent ni vapeur d'eau, ni acide sulfureux, quelle que fût la » température où on les portait avant de les introduire dans le mélange » d'air atmosphérique et d'hydrogène sulfuré ; ces métaux se couvrent tou- » tefois, comme le fer, d'une légère couche de sulfure, et se comportent » chimiquement parlant, de la même manière. D'ailleurs, nous avons vu la » pyrite et le charbon ne s'approprier aucun des éléments de l'hydrogène » sulfuré, et exciter cependant la réaction de ses éléments sur l'oxigène » de l'air. » D'après ces expériences, et beaucoup d'autres qu'il serait trop long » de décrire ici, je pense que l'on doit placer le phénomène qui nous occupe « dans la classe, déjà si étendue, des actions chimiques dont l'origine est » encore enveloppée d'obscurité; actions que M. Berzélius a réunies, dans a ces derniers temps, sous la dénomination générique de forces cataly tiques. » Le fer et le charbon sont au mélange d'air atmosphérique et d'hydro- /,8.. ( 356 ) » gène sulfuré, ce qu'est l'éponge de platine au mélange d'oxigène et d'hy- » drogène, ou bien l'argent à l'eau oxigénée, le ferment au sucre. » L'action du fer et de ses composés me fit soupçonner que les laves » volcaniques et autres corps ferrugineux, pourraient bien se comporter » de la même manière. Et en effet ayant tenté l'expérience avec plusieurs >■> espèces de lave du Vésuve et de la Solfatare, j'eus la satisfaction de voir » mes prévisions accomplies: je dirai même que le résultat dépassa mon » attente; car j'ai trouvé des laves basaltines qui agissent avec une énergie » supérieure à celles du fer et du charbon. D'après cela , il est évident que » les laves des cavités souterraines de la Solfatare, et des volcans analogues, » possédant la température élevée de l'intérieur, et se trouvant en même » temps au contact de l'air atmosphérique et des courants ascendants » d'hydrogène sulfuré, doivent nécessairement réagir sur ces gaz, comme » dans notre expérience, et produire de l'eau en vapeur et de l'acide » sulfureux, puis des nuages composés de vapeur aqueuse et de soufre » extrêmement divisé. C'est ainsi, selon toute probabilité, que se forment » d'abord les fumerolles , et successivement la grande quantité de soufre qui » existe dans toutes les parties du sol traversées plus ou moins directe- » meut par ces torrents continus de matières gazeuses. » On conçoit aussi comment les produits de l'action des laves sur les » gaz qui l'entourent engendrent les sulfates simples ou composés que l'on » trouve si abondamment répandus sur le plan de la Solfatare. En effet, » l'acide sulfureux doit décomposer lentement les laves, et se combiner » avec les oxides métalliques qu'elles renferment, de manière à produire » des sulfites qui se convertiront peu à peu en sulfates en absorbant l'oxi- » gène de l'air atmosphérique. «L'hydrogène sulfuré et les laves portées à une certaine température sont- » ils les seuls corps qui par leur présence simultanée réagissent surlesélé- » ments de l'air atmosphérique? Cela ne me paraît guère probable, et je » pense, au contraire, que l'on doit trouver des exemples d'un genre d'action » tout-à-fait analogue dans quelque autre substance, et dans l'acide hydro- » chlorique qui se dégage continuellement du Vésuve et des volcans en » pleine activité : de là sans doute la formation de l'acide nitrique, des » nitrates, et des hydro-chlorates d'ammoniaque, substances si communes » dans la nature et si difficiles à former dans le laboratoire du chimiste » par la réunion immédiate de leurs éléments. C'est vers ce but que ten- » dront maintenant mes recherches ultérieures. » (357 ) météorologie. — Sur la périodicité des aérolithes. — Lettre de M. Cappocci, directeur de l'Observatoire de Naples , à M. Arago. « J'ai lu, le 17 mars, à notre Académie, un Mémoire sur les aéro- lithes, à l'occasion de celui qui avait éclaté ici, à Naples, le 29 novembre de l'année passée , vingt minutes avant le coucher du soleil. Je me souvins alors qu'en 1820, à peu près à la même époque de l'année, il y en avait eu un autre en Calabre qui remplit de pierres les environs de Cosenza, et Naples de la plus vive lumière, et en recherchant la date exacte, je vis, avec sur- prise, qu'elle répondait aussi au 29 novembre. Alors, en étendant mes investigations aux aérolithes, globes de feu, bolides, et averses d'étoiles filantes, je recueillis au-delà de 600 de ces apparitions que je disposai en tableau, de manière à ce que les phénomènes de ce genre arrivés dans le inème jour, mais dans des années différentes, se trouvassent placés les uns au-dessous des autres. Vous savez qu'on s'était toujours attaché à grouper par mois tous ces phénomènes, ce qui n'avait conduit à aucune conséquence digne de remarque, si ce n'est à montrer qu'ils sont en gé- néral plus fréquents dans le printemps. Mais en considérant, comme je l'ai fait, chaque jour en particulier, je me suis trouvé placé dans un point de vue tout nouveau, et la périodicité de ces événements a été rendue évidente tout autant, du moins, que l'est celle des étoiles filantes! «Parmi ces jours privilégiés pour l'apparition des aérolithes, ie 29 novem- bre, jour pour lequel je soupçonnai d'abord cette périodicité, occupe une place distinguée; car voici ce que je trouve pour les années précédentes: 29 .....'.. 1839, 30 i834, 29 1 83 1 , 26 i83i , 27 . 1824, 27 1824, 27 1823, 28 1821 , 30 1821, 29 1820, 28 1810, a9 ,8o9; en tout douze cas : mais les plus frappantes de ces apparitions d'aérolithes ( 358 ) tombent précisément dans les jours où ont lieu d'ordinaire les grandes averses d'étoiles filantes, le 10 d'août et le i3 novembre, de manière que ce fait, non-seulement prouve la périodicité de cette autre espèce de corps et leur nature cosmique, mais aussi leur identité avec les étoiles filantes. Je me bornerai à indiquer pour ces apparitions périodiques d'aéro- lithes, un autre jour seulement, le 29 juillet qui, à l'égard du 10 août, est en quelque sorte le pendant du 29 novembre vis à-vis du 1 3 de ce même mois. » Cela a peut-être quelque analogie avec la manière dont M. Erman envisage l'espèce de nébuleuse annulaire qui environnerait le Soleil. Ces conclusions viennent d'avoir une confirmation assez satisfaisante, cette prédiction s'étant réalisée vers la fin du mois passé ; car le 26 juillet et le 29 le nombre des étoiles filantes observées dans une beure était trois ou quatre fois plus grand qu'à l'ordinaire, et différents bolides du plus grand éclat ont été remarqués. Cette période , annoncée d'avance par moi à mes col- lègues de l'Académie et de l'Observatoire , ainsi qu'à vous et à MM. Que- telet, de Humboldt, et de Vico, à Rome, paraît avoir atteint son maximum le 26, trois jours plus tôt que l'époque moyenne, et cela paraît dans une relation surprenante avec l'autre période du 10 août, qui cette année s'est accélérée aussi de trois jours. » Mais ce qui met hors de doute la vérité de ma découverte, c'est, je crois , la chute de grands aérolithes arrivée en Lombardie et en Piémont le 17 du même mois passé , car ce jour aussi est un de ceux signalés dans le tableau qui accompagne mon Mémoire et qui est déposé à notre Aca- démie. Dans ce tableau voici ce qu'on trouve pour les années antérieures: l84o-I7 juillet. Intei-Talle» déduit» i835. 17 5 ans. i835.i8 5,o i8r8. 17 5,7 1806. 17 .' 6»o 1771.17 5,o 1761.17 5,o 1 755 5,o 1750.16 6,o 1730.17 5,o 1686.19 4>9 1666.17 5,o » Toutes ces apparitions qui ont lieu presque au même jour, comparées ( 359) au très petit nombre de celles qu'on observe dans les autres mois (abstrac- tion faite de l'autrejour périodique, duag), renversent tout-à-fait la suppo- sition d'une combinaison fortuite et reçoivent du fait arrivé dans la haute Italie la confirmation la plus sûre. Elle est aussi très remarquable, la période d'à peu près cinq années qui divise les différentes chutes, ce qui fait supposer dans ces corps cosmiques une révolution d'un même nombre d'années. Ce fait, à mon avis, nous autorise à regarder ces corps comme de véritables comètes d'un petit volume, à peu près de la nature de celle de 1770. Cette comète, dont la période était aussi de cinq ans et qui n'a plus reparu, pourrait fort bien avoir joué le rôle d'aérolithe dans la planète de Jupiter. Il est curieux aussi de remarquer que l'unique comète qui pa- raisse pouvoir se rencontrer avec la Terre, n'a cette faculté qu'au même jour périodique du 9.9 novembre ! » D'après ces faits, qu'on doit, je crois, regarder comme bien avérés, et d'après la présence constante dans toutes les pierres météoriques, du fer, du cobalt ou du nikel , je pense qu'il est permis d'envisager ces corps comme le résultat de l'agrégation des atomes cosmiques dispersés dans l'espace; atomes qui sont obligés de se réunir par les pôles contraires, en vertu de la force magnétique. Les formes granuleuses, bosselées, ou en rognons, s'ac- cordent très bien avec la supposition en question, de manière que ces caractères physiques conduiraient aux mêmes conclusions que l'analyse chimique. » De tout cela il me semble que l'on peut conclure : » i°. Que dans l'espace planétaire il y a des bandes ou courants de ma- tières nébuleuses plus ou moins fines, dans un état de magnétisme plus ou moins fort; bandes que la Terre traverse successivement dans les différents jours de l'année, pendant sa révolution périodique ; » 20. Que les plus impalpables, pour ainsi dire, de ces particules se précipitent sur les pôles magnétiques de notre globe et occasionnent les aurores boréales ; » y>°. Que les parties un peu moins petites (dans lesquelles, outre les forces magnétiques, commencent à se manifester les effets de la gravitation universelle) sont attirées par la Terre et se montrent sous forme d'étoiles filantes ; » 4°- Que ces mêmes parties , dans un état plus avancé, donnent lieu, de la même manière, à des apparitions plus éclatantes sous les noms de globes de feu, météores ignés, aérolithes, etc. Ces derniers aréolithes, en raison de leur plus grande masse, parviennent sans se consumer et se réduire, ( 36o ) pour ainsi dire, en cendre, jusqu'à de très petites distances de la surface de la terre; mais alors il arrive toujours qu'ils éclatent par accumulation d'électricité et de chaleur, comme par une disposition providentielle destinée à prévenir un trop rude choc contre la partie solide de la Terre ; » 5°. Les comètes, enfin, dont la masse a été, comme on sait , toujours trouvée très petite, ne sont autre chose que les plus gros de ces aérolithes , ou pour mieux dire uranolites, qui , échappant à l'attraction des planètes, ont eu assez de temps pour suivre dans l'espace planétaire leur cours indépendant , et recruter assez de matière pour être vues de la Terre. » chimie. — Note sur la combinaison du cyanure de mercure et du chlorure de potassium; par M. Longchamp. (Extrait par l'auteur.) « Le cyano-chlorure de mercure et de potassium est blanc, très léger, en aiguilles soyeuses. Il est composé de cyanure de mercure, deux atomes; chlorure de potassium, un atome. » La chaleur du bain-marie en dégage 4 p. 100 d'humidité; mais M. Longchamp n'admet point que ce soit de l'eau combinée. Il présente à ce sujet des vues nouvelles sur la nature de la force qui détermine la cris- tallisation des sels. Prenant pour exemple le sulfate de soude, il fait voir que l'axe de ce sel est formé d'un prisme hexaèdre vide, d'où il conclut que la cristallisation s'opère par la répulsion des molécules salines et non par leur attraction. Autour du vide hexaédrique de l'axe du cristal de sul- fate de soude, se forme une chemise hexaédrique de sel; la répulsion des molécules de cette chemise s'opérant sur les molécules salines qui l'entou- rent, un nouveau vide se forme et, autour, une nouvelle chemise de mo- lécules salines; et ainsi successivement le cristal se forme d'un vide et d'une paroi saline. Mais s'il en est ainsi, les sels en cristallisant doivent augmenter le volume de la masse au milieu de laquelle ils se forment, comme l'eau en cristallisant augmente de volume; et c'est en effet ce que l'expérience démontre. Si l'on remplit d'une dissolution saline bouillante un petit matras soufflé à la lampe, lorsque la cristallisation s'opère, la boule du matras crève comme si c'était de l'eau qui passât à l'état de glace. r « M. Longchamp établit qu'il n'y a de combinaison possible qu'entre les corps de nature analogue; puis comparant le cyanogène au chlore, corps dont on a reconnu l'analogie depuis long-temps, il pense qu'au lieu d'en conclure, comme on l'a fait, que le cyanogène se comporte souvent comme ( 36i ) un corps simple, on devait inférer de l'analogie que le chlore est un corps composé. Il rappelle qu'il a déjà présenté cette observation à l'occasion d'une discussion qu'il a établie sur les oxides et les acides du chlore. » géographie physique. — Réclamation à l'occasion d'une note de M. Vallot concernant des sources de la Seine. — Lettre de M. Walferdw. « M. Vallot a, dans la dernière séance, adressé une réclamation à l'Aca- démie relativement à la détermination que j'ai donnée de la température des sources de la Seine, de la Marne et de la Meuse ; » Il annonce que, trompé par l'identité du nom de Saint-Seine et de Seine , j'ai sans doute pris le ruisseau qui coule dans le bourg de Saint- Seine pour la source de la Seine. » Je ne crois pouvoir mieux réfuter l'assertion de M. Vallot, qu'en met- tant sous les yeux de l'Académie un extrait de la carte de "Cassini dont j'ai vérifié l'exactitude sur les lieux mêmes. » On y voit que la source de la Seine part, ainsi que je l'ai annoncé, d'un vallon appelé dans le pays d'Huis, ou plutôt Douix- de-Seine , et si- tué près du hameau à'Êvergereaux que j'ai désigné (il de préférence à Saint-Germain-la- Feuillée, parce qu'il n'est distant de la source que de î5o mètres environ, tandis que Saint-Germain en est éloigné de près d'un kilomètre. » Si M. Vallot avait visité les sources de la Seine , l'indication que j'ai donnée du hameau d'Évergereaux ne lui eût laissé aucun doute sur le lieu où j'ai observé. » Il aura probablement confondu ^abbaye du bourg de Saint-Seine avec le monument religieux que j'ai désigné aussi sous le nom à! abbaye de Saint- Seine, et qui fut autrefois élevé au saint appelé saint Seine, dans le vallon que j'ai indiqué, près des sources mêmes de la Seine. » Quelque nom que l'on donne à cet édifice, dont les décombres servent aujourd'hui à protéger la source contre l'action directe de l'atmosphère (ce qui est fort important pour l'observation que j'avais à faire), il reste donc évident que la source dont j'ai donné la température est bien la source de la Seine, et c'est ce que j'avais à cœur de prouver, fe (i) Compte rendu des Séances de l'Académie des Sciences , tome XI , pages 1 70 et 171. C R , 1K40, î«' Semestre. (T. XI, N° 8.) 49 ( 36a ) physique. — Nouvelles expériences sur la caléf action. — Lettre de M. Boutigni à M. Arago. « M. Delattre, professeur de mathématiques au Collège d'Évreux, qui a été témoin de mes essais , avait prévu que les corps se maintiendraient à l'état sphéroïdal dans le vide comme à l'air libre: moi, je doutais; mais le résultat a confirmé pleinement la manière de voir de M. Delattre : Les corps se maintiennent à l'état sphéroïdal dans le vide comme à l'air libre. » Nous avons opéré sur l'eau , sur l'éther et sur l'acide sulfureux anhydre, et nous avons vu se renouveler tous les phénomènes que j'ai observés à l'air libre. Je reviendrai plus tard sur ces expériences curieuses, que je décrirai avec soin. » Veuillez me permettre, Monsieur, de vous dire dès aujourd'hui que les phénomènes dont il s'agit se sont accomplis sous l'influence d'une température qui détruisait le poli et oxidait la surface d'une capsule en argent au titre de 0,973. » chimie organique. — Action de l'acide sulfurique anhydre sur l'acide acétique. — Note de M. Melsens. « L'acide acétique, traité par l'acide sulfurique, donne naissance à l'acide sulfo-acétique , qui, à l'état cristallisé, se représente par CH^S'C^ + SH'O. MO étant une base métallique, les sels neutres anhydres sont représentés par C»H403, SJ05 + aMO. » M. Korilski présente des considérations sur la forme qu'il conviendrait de donner aux rames d'un appareil destiné à diriger les aérostats et sur la manière dont ces rames devraient êtres mues pour reproduire autant que possible par leurs battements ce qui a lieu dans les battements de J'aile de l'oiseau pendant le vol. M. Boulet fait hommage à l'Académie d'un ouvrage manuscrit du chi- rurgien Morand , portant pour titre : Relation d'un voyage fait en Angle- terre , aux frais de l'Académie des Sciences , pour étudier la méthode de la taille de M. Cheselden. La séance est levée à 5 heures. A. ( 363 ) - BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les litres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie rojale des Sciences; 2* semestre 1840, n° 7 , in-4°. Mémoire sur la théorie des Nombres, présenté à ï Académie des Sciences le 3i mai 184°; Par M. Catjchy; in-4°- Recueil de Voyages et de Mémoires publié par la Société de Géographie; tome 6, in-4°. Annales des Sciences naturelles ; tome i3, mars 1840, in -8°. Essai sur les falsifications qu'on fait subir aux Farines , au Pain, et sur les moyens de les reconnaître ; par MM. Parisot et Robjne; Paris, in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen; n° 64 > in-8°. Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de Saint- Étienne; tome 17, 4e liv. de 1840, in-8°. Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg; tome 5% tre li- vraison , in-4°, avec planches. Exposé des Travaux de la Société des Sciences médicales du départe- ment de la Moselle; j83i à i858, in- 8°. Bulletin de la Société géologique de France; tome 11, 20 avril au i5 juin 1840, in-8°. Notice historique sur l'origine primitive du Système nerveux dans le règne animal; par M. "Virey; -j- de feuille in-8°. (Extrait de la Gazette médicale de Paris. ) Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; août 1840, in-8°. Journal de l'Institut historique; 7e année, juillet 1840, in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques ; août 1840, in-8°. Revue scientifique et industrielle ; juillet 1840; in-8°. Propositions physico-chimiques sur la caléfaction et l'état sphéroidal des Corps; par M. Boctigny; Évreux,{ feuille in-8°. Académie royale de Bruxelles. — Bulletin de la séance du 6 juin 1840, in-8°. Bericht uber. . . . Analyse des Mémoires lus à V Académie des Sciences de Berlin et destinés à la publication; juin 1840, in-8°. (364 ) Preisfrage. . . . Programme d'un Prix proposé par la Classe des Sciences physiques et mathématiques de V Académie des Sciences de Prusse , pour l'année 1 842 ; -j de feuille in-8°. Uebersiclit. . . . Coup d' œil sur les Travaux de la Société silésienne d'Agriculture, etc. , pour les années i838 et 1839; 2 vol. in-40 ; Breslau, i83p et 1840. Memorie. . . . Mémoires pour servir à l'étude de la Constitution physique de la Toscane ; par M. le Dr P. Savi, professeur à l'Université de Pise; Pise, 1839, in-8°. Alcune. . .. Quelques considérations sur /'Aria cattiva des Maremmes de Toscane, lues à la section de Géologie du premier congrès scientifique italien tenu à Pise en octobre i838 ; par le même; Pise, 1839, in-8°. Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 34- Gazette des Hôpitaux; n° 97 — 99. L'Esculape; deuxième année, n°* 5 et 6. L'Expérience, journal de Médecine; n* 164, in-8°. Revue de Bibliographie analytique. ( Prospectus.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 31 AOUT 1840. PRÉSIDENCE DE M. SERRES, VICE- PRÉSIDENT. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. chimie. — Extrait d'un Mémoire sur les huiles essentielles ; par M. Peloize. « Essences extraites du Dryabalanops camphora. — Je dois à l'obligeance de M. Christison , naturaliste distingué d'Edimbourg, les deux substances fort rares dont l'étude fait l'objet principal de cette Note. » L'une de ces matières est solide et connue sous le nom de camphre de Bornéo ; l'autre, fluide , est appelée camphre liquide. Toutes deux sont ex- traites du Drjabalanops camphora. » La matière solide se trouve dans les cavités du tronc des vieux arbres. Quand ceux-ci sont jeunes , ils ne renferment pas de camphre solide; mais en y pratiquant des incisions, il en découle un liquide d'un jaune verdâtre pâle. C'est une huile essentielle mêlée à peine de 5 à 6 centièmes de son poids d'une résine particulière, différente du camphre. Cette essence, qui n'est autre que le camphre liquide même de Bornéo, est un médicament dont on fait le plus grand cas en Orient, où il est depius long-temps em- ployé pour combattre, dit-on, avec succès les douleurs rhumatismales. C. R , 1840, a">« Semestre. (T. XI , N<= 9./ 5o (366) .. ,.,„,.. . » Le camphre solide fait partie de la matière médicale des Chinois, qui le rangent parmi leurs aphrodisiaques. » Ainsi, d'après le docteur Christison,à qui je dois les renseignements qui précèdent, le Dryabalanops camphora produit trois substances différentes de la nature des essences ou des résines, savoir, les deux camphres et une substance résineuse qui se trouve en dissolution dans l'huile essentielle de Bornéo, dont on peut la séparer en soumettant celle-ci à la distillation. » L'échantillon d'essence que m'a remis M. Christison avait subi cette opération. En conséquence, j'ai dû forcément borner mon travail à l'exa- men des deux essences. » Camphre de Bornéo. — Il se présente en petits cristaux, ou plutôt en fragments de cristaux blancs, transparents, très friables, d'une odeur qui tient à la fois du camphre ordinaire et du poivre, d'une saveur chaude et brûlante comme celle des essences. Sa densité est inférieure à celle de l'eau. Il est très peu soluble dans ce liquide , très soluble , au contraire , dans l'alcool et dans l'éther. » D'après la symétrie des faces qui restent encore dans les cristaux, tous plus ou moins déformés, du camphre de Bornéo, il parait bien que sa forme est un prisme à six faces régulières dérivant d'un système rhomboédrique. » Le camphre de Bornéo entre en fusion vers 1980, en ébullition vers 2120. A cette température, il distille sans subir d'altération. Le thermo- mètre, plongé dans le bain, reste stationnaire depuis le commencement jusqu'à la fin de la sublimation, et la matière distillée ne cesse pas d'être identique en tout point avec le camphre de Bornéo dans son état naturel. » Plusieurs analyses de la substance concrète de Bornéo m'ont donné , pour sa composition, la formule suivante : G*° H36 O*. Ces analyses ont été faites tantôt avec les plus beaux échantillons de camphre de Bornéo, tantôt avec la matière sublimée ou déposée dans desdissolvants neutres. M. Frémy et M. Deville, qui ont bien voidu, à ma prière, répéter mes analyses, sont arrivés aux mêmes résultats que moi. » Les nombres C,0H36O* représentent quatre volumes de camphre de Bornéo. Une température de 240 à a5o degrés étant insuffisante pour al- térer l'essence concrète de Bornéo, sa densité de vapeur a pu être déter- minée avec une grande exactitude. » Chauffé légèrement avec de l'acide phosphorique anhydre, le camphre de Bornéo se décompose tout à-coup avec production de chaleur et sans aucun dégagement de fluide élastique. Il se forme de l'eau qui s'unit à l'acide phosphorique et un hydrogène carboné nouveau , isomérique avec f 367 ) l'essence de térébenthine et les nombreux carbures d'hydrogène que MM. Soubeiran et Capitaine désignent sous le nom de camphènes. » Cet hydrogène carboné a pour formule • C "H'^C °B360» — H403 =4 vol. de vapeur. » Quelques chimistes ont émis l'opinion que les huiles essentielles, dé- composées ainsi par l'acide phosphorique en carbure d'hydrogène et en eau, devaient être envisagées comme renfermant des composés binaires tout formés et rangées dans la série des alcools, quand les carbures d'hy- drogène qu'on en retire ont la faculté de s'unir aux hydracides. En adoptant cette manière de voir, le camphre de Bornéo aurait pour formule rationnelle OH3%2H'0. Mais cela est une pure hypothèse dont il me paraît impossible de tirer quelque induction vraisemblable pour la constitution des huiles essentielles. On conçoit facilement que, d'une part la grande stabilité de l'eau, d'une autre part l'affinité considérable de l'acide phosphoriqtie anhydre pour elle, détermine la réunion de tout l'oxigène de la matière organique à une quantité correspondante d'hydrogène pour former de l'eau qui n'existait pas, tandis que le reste de l'hydrogène s'unit à la totalité du carbone. » Le camphre liquide de Bornéo a une odeur particulière qui n'est pas camphrée et qui se rapproche beaucoup de celle de l'essence de térében- thine. Il est plus léger que l'eau, presque insoluble dans ce liquide, il bout vers i65°. » Desséché sur du chlorure de calcium, il a présenté sensiblement la même composition que le carbure d'hydrogène retiré du camphre solide par l'acide phosphorique anhydre. Il absorbe la même quantité de gaz acide hydro-chlorique que l'essence de térébenthine. Toutefois, M. Biot, qui a bien voulu l'examiner, a trouvé un état moléculaire différent. » Abandonné à lui-même dans un vase mal fermé , le camphre liquide de Bornéo s'est oxidé avec une grande rapidité. Sa formule, qui était d'abord C*°H3% est devenue C*°H3a04. Cette absorption d'oxigène, remarquable surtout par la promptitude avec laquelle elle a lieu . ne m'a pas paru accom- pagnée de la formation d'acide carbonique. Malheureusement j'avais à ma disposition trop peu d'essence de Bornéo pour donner beaucoup d'étendue à l'étude de cette substance. 5o.. ( 368 ) » M. Théodore de Saussure a depuis long-temps constaté que les huiles essentielles absorbent en général une grande quantité d'oxigène au contact de l'air, et qu'elles produisent une quantité considérable d'acide carbo- nique , quoique moindre toutefois que celle de l'oxigène absorbé. Il ne paraît pas qu'il en soit toujours ainsi, lorsque les huiles essentielles ont été puri- fiées avec soin avant leur contact avec l'oxigène atmosphérique. L'essence liquide de Bornéo offre un exemple du contraire. » L'huile essentielle de lavande , bien pure , produit un volume d'acide carbonique qui ne s'élève pas aux -j-|ô de celui de l'oxigène qu'elle absorbe. » Le Drjabalanops camphora sécrétant, pendant qu'il est jeune, une huile essentielle, presque pure , qui a pour composition CaoH32, et produi- sant, dans un âge plus avancé, une autre essence dont la formule est C,0Hs60", il paraît naturel de croire que cette dernière substance, c'est-à- dire le camphre solide de Bornéo , dérive de l'essence liquide qui aurait fixé, dans le cours de la végétation , les éléments d'une certaine quantité d'eau. Userait intéressant d'examiner à des époques diverses, et sous un semblable point de vue, les végétaux qui produisent des huiles essentielles et des résines. Le résultat de pareilles recherches serait sans doute d'éclairer un des points les plus obscurs de la chimie organique; car on ne sait rien ou presque rien des rapports de composition et de formation qui existent ou peuvent exister entre les essences et les résines sécrétées par les mêmes végétaux. » On avait cru que la résine la plus importante, la colophane, dont on supposait la formule C,oH,,0% était produite par l'oxidation de l'essence de térébenthine, qui est C'°H3ï. M.Laurent a fait voir que les divers acides isomériques dont le mélange constitue la colophane avaient pour composition les rapports atomiques C'H^O*, dételle sorte qu'en partant de ses analyses, la colophane, si elle dérive de l'essence de térébenthine , doit être produite tout à la fois par une déshydrogénation et par tine oxi- dation de celle-ci. Comme deux équivalents d'oxigène en remplacent un seul d'hydrogène, il serait bon de rechercher si un produit intermédiaire C"H3oO ne précéderait pas C*°H3oO', et si dans les arbres très jeunes, qui sécrètent la térébenthine, on concentre ce carbone d'hydrogène seul, comme l'essence liquide de Bornéo, dans le Drjabalanops camphora qui n'a pas encore atteint son développement. p Quant aux indications que l'on croirait pouvoir retirer de l'examen des produits de la rèsinification des essences en dehors de la végétation ■ (369 ) à l'air, par exemple, elles seraient très vagues, et souvent même erronées. Je citerai comme preuve de cette assertion , l'essence de térébenthine. » Abandonnée à la radiation solaire , elle se change peu à peu en une matière visqueuse qui ressemble à la térébenthine naturelle ou au galipot et qui donne par l'évaporation une matière tout-à-fait semblable par l'as- pect et l'odeur à la colophane. Mais on aurait tort de confoudre cette dernière matière avec elle, car je lui ai trouvé une composition diffé- rente. Elle est d'ailleurs accompagnée d'une essence hqaide, oxigéne'e > qui prend naissance à l'air en même temps qu'elle, et qu'on ne trouve pas dans l'huile essentielle de térébenthine récente qui a été conservée dans des flacons bien fermés. » Des observations précédentes, sur lesquelles j'insisterai davantage dans un autre Mémoire, il résulte bien évidemment que les résines qui pro- viennent de l'action lente de l'air atmosphérique sur les huiles essentielles ne doivent pas être confondues, sinon toujours, au moins dans certains cas, avec les résines qui prennent naissance dans l'acte de la végétation. » Depuis long-temps les chimistes connaissent une combinaison d'acide hydro-chlorique et d'essence de térébenthine qu'on tlésigne improprement sous le nom de camphre artificiel. Cette substance n'a avec le camphre ordinaire d'autre rapport qu'une ressemblance d'odeur; sa composition est essentiellement différente, puisqu'il contient du chlore qui n'est pas un des éléments du camphre ordinaire. Jusqu'ici le camphre n'avait pas été obtenu par l'art. L'huile essentielle concrète du Dryabalanops cam- phora , à part son odeur, ne paraît pas avoir plus d'analogie avec le cam- phre, que toute autre essence oxigénée. Cette odeur seule lui a valu le nom de camphre, et en cela on a procédé comme pour les camphres arti- ficiels de térébenthine et de citron. » En faisant bouillir l'essence concrète de Bornéo avec de l'acide ni- trique de force moyenne, on voit se dégager d'abondantes vapeurs ruti- lantes, tandis qu'un liquide d'un aspect oléagineux nage à la surface de l'acide. L'eau mise en contact avec cette espèce d'huile en précipite des flocons blancs, légers, amorphes, qui ont l'odeur du camphre ordinaire dans toute sa netteté. Rassemblés, lavés et fondus, ces flocons ont pré- senté tous les caractères du camphre des laurinées. Même composition , mêmes termes de fusion et d'ébullition, des deux côtés liquéfaction dans le gaz hydro-chlorique, absorption de la même quantité de cet acide, en un mot identité complète. » Prend-on de l'acide nitrique à son maximum de concentration, et le ( 37o ) verse-t-on sur l'essence concrète de l'acide de Bornéo, aussitôt se mani- feste un dégagement considérable de chaleur accompagné d'une grande quantité de vapeurs rutilantes. Pour éviter une explosion, il faut n'opérer que sur de petites quantités de matière. Dans ce cas, la formation du composé d'acide nitrique et de camphre ordinaire est pour ainsi dire 'cris- tallisée; avec l'acide nitrique peu concentré, il faut chauffer pour l'effec- tuer; à froid elle n'a lieu qu'avec beaucoup de lenteur. Dans tous les cas, la formation du camphre de Bornéo en camphre ordinaire est constam- ment accompagnée de vapeurs rutilantes, ou de deutoxide d'azote. » Le camphre de Bornéo serait-il un mélange de camphre ordinaire et d'eau, ou de plusieurs autres matières indéterminées? ou bien serait-ce une combinaison définie dont le camphre ferait partie constituante? » Sans sortir de l'expérience, on peut répondre négativement à la pre- mière question. Toutes les propriétés qui constituent une espèce chimique se retrouvent dans le camphre de Bornéo. » Quant à la seconde question , celle de la préexistence d'une combi- naison du camphre ordinaire dans l'essence concrète de Bornéo, il n'est guère possible de la résoudre d'une manière positive. Toutefois, je crois que rien n'autorise à adopter une telle manière de voir. Le camphre ordi- naire se combine aux acides, non-seulement aux acides minéraux, mais encore à certains acides organiques, comme, par exemple, à l'acide cam- phorique. Mais comme l'acide nitrique que l'on fait réagir sur l'essence concrète de Bornéo ne produit pas moins des 96 centièmes de son poids de camphre ordinaire, il est impossible d'admettre que les 3 ou 4 centièmes de matière qui manquent représentent ce qu'il faudrait d'acide pour sa- turer le camphre. D'un autre côté, l'acide hydro-chlorique s'unit à l'essence concrète de Bornéo sans la liquéfier, et en chauffant la combinaison on en retire l'essence non altérée. » Le. camphre de Bornéo serait-il un hydrure de camphre ordinaire, de camphre deslaurinés? Serait-il, par exemple, à ce dernier ce qu'est {'in- digo blanc à l'indigo bleu? Rien n'autorise encore cette supposition; une foule de matières organiques produisent de l'acide oxalique quand on les traite par l'acide nitrique, sans qu'on ait songé pour cela à les considérer comme renfermant de l'acide oxalique. » L'essence concrète de Bornéo contenant le carbone et i'oxigene dans les mêmes rapports que le camphre ordinaire, et ne différant de lui que par une proportion plus considérable d'hydrogène, on conçoit très bien que l'oxigène de l'acide nitrique porte son action déshydrogénante sur ( 37. ) l'excès d'hydrogène pour former de l'eau, et que le reste des éléments se réunisse pour produire du camphre ordinaire dont la combinaison avec l'acide nitrique offre une grande stabilité. Avec un agent énergique comme l'acide nitrique, il n'est pas nécessaire, pour se rendre compte de la pré- sence du camphre dans le cas cité ci-dessus, d'en admettre la préexistence dans l'essence concrète de Bornéo. » Dans un prochain Mémoire sur les huiles essentielles et leurs rap- ports avec les résines qui leur correspondent, j'aurai occasion de revenir sur le sujet que je viens seulement d'effleurer. » Aujourd'hui j'ai surtout voulu communiquera l'Académie le fait inté- ressant delà production artificielle du camphre ordinaire du commerce, d'un camphre identique avec celui qui existe dans le Laurus camphora. » J'ajouterai, en terminant, que M. Biot a trouvé au camphre fait arti- ficiellement un pouvoir de rotation qui marche dans le même sens et qui a la même intensité que celui du camphre ordinaire, et qu'il a ainsi donné à mes résultats un caractère de certitude tel, que personne, je l'espère, n'hésitera à les considérer comme définitivement acquis à la science. » chimie optique. — Expériences sur l'essence liquide qui m'a été remise par M. Pelouze, comme sécrétée par la plante jeune qui donne le camphre de Bornéo; par M. Biot. - « Cette essence a été observée optiquement, à travers un tube de 78""" de longueur, fermé par des disques de verre plans à faces parallèles, dé- pourvus d'action polarisante propre. Elle y paraissait sensiblement inco- lore. Elle déviait les plans de polarisation des rayons lumineux, vers la gauche de l'observateur, comme l'essence de térébenthine; mais avec une énergie notablement plus forte, ainsi que le prouvent les nombres ci-après rapportés. » On a mesuré, à l'œil nu, l'azimut de déviation, où la teinte E de l'image extraordinaire était le violet bleuâtre, qui suit le bleu intense, et précède le rouge jaunâtre, dans l'ordre habituel des rotations. Cette teinte, extrêmement facile à reconnaître, répond alors à l'azimut moyen de dé- viatiou des rayons jaunes simples. On a trouvé ainsi cet azimut, égal à-—3i° ^k. La densité de l'essence m'a été indiquée comme étant à fort peu près celle de l'essence de térébenthine ordinaire, purifiée par la distillation, mais très vraisemblablement un peu plus faible. ( 37* ) » Pour comparer cette déviation à celle qtie l'essence de térébenthine produit, dans les mêmes circonstances de densité et d'épaisseur, je prends les expériences qui ont été publiées dans le Compte rendu des séances de l'académie pour le 6 juin i836. La densité de l'essence observée n'y est pas indiquée; mais, comme elle avait été purifiée par la distillation, elle devait différer peu de 0,872. La longueur du tube d'observation était 34»mm,6. La teinte E, violet bleuâtre, observée à l'œil nu, s'y est montrée dans l'azimut de — 1190 ^\t. En réduisant ce nombre dans la proportion des épaisseurs, il en résulte que, pour une longueur de 78mm, la déviation de la même teinte aurait été — 119°,^^—-, ou — 270, 17a ^l. Elle au- rait été ainsi, notablement plus faible que celle de l'essence naturelle de Bornéo. Or, celle-ci, lorsqu'on l'observait, ayant eu une densité plutôt in- férieure que supérieure à 0,872, comme on le verra tout-à-1'heure, sa ro- tation plus forte indique un pouvoir rotatoire spécifiquement plus éner- gique que. celui de i'essence de térébenthine, et conséquemment lui assigne un état moléculaire différent. » Quelques jours après cette première observation, M. Pelouze s'aperçut que son essence, contenue dans un flacon imparfaitement bouché, avait absorbé plusieurs fois son volume d'oxigène. Il me la remit, dans cet état, pour l'observer de nouveau optiquement. La déviation de la teinte E, violet bleuâtre , observée dans le même tube de 78mm, se trouvait déjà di- minuée et réduite à — 92° ^^aulieude — 3i° ^^ qu'elle était pri- mitivement. La densité, observée par M. Pelouze, avait augmenté. Elle était devenue alors 0,868. Cependant la déviation réduite — 290, excédait encore celle qu'aurait produite l'essence de térébenthine ordinaire. Cette seconde expérience, où la densité du liquide de Bornéo a été mesurée, s'accorde ainsi avec la première pour lui assigner un état moléculaire différent de celui de l'essence de térébenthine, telle qu'elle nous est ha- bituellement connue. » Cet affaiblissement de l'action rotatoire, en même temps que l'oxigène est absorbé, s'observe aussi avec l'essence de térébenthine ordinaire comme le prouve l'expérience suivante. » J'ai tenu exposé, pendant plusieurs années, à la radiation solaire, deux flacons, remplis presque complètement avec une même essence de téré- benthine qui avait été purifiée par la distillation, et dont le pouvoir rota- toire était par conséquent tel qu'on l'a rapporté plus haut. L'un des flacons, C 373 ) que j'appellerai A , était soigneusement bouché à l'émeri, et n'a jamais été ouvert. L'essence qu'il renfermait est restée incolore. Il s'y est seule- ment formé, ou plutôt il s'en est séparé quelques gouttelettes d'un fluide incolore, et plus dense, qui paraissait être de l'eau. Du reste, elle n'a paru subir aucune altération. L'autre flacon, que je nommerai B, était impar- faitement fermé avec un bouchon de liège, que l'on a plusieurs fois enlevé pendant quelques instants, puis remis, pour donner un libre accès à l'air atmosphérique. Dans celui-ci, l'essence a progressivement changé d'aspect et de nature. Elle s'est partiellement colorée, et partagée en plusieurs couches d'inégales teintes, comme d'inégales densités; et les plus foncées étaient les plus denses. Après plusieurs années, on a ouvert le flacon, et ces couches ont été séparées par décantation. La supérieure, très abon- dante, était limpide et incolore. Je l'ai observée optiquement, et ne lui ai trouvé aucun pouvoir rotatoire appréciable. M. Frémy, qui l'a examinée, a reconnu que c'était de l'eau qui s'était formée ainsi chimiquement. » J'ai observé de même la couche la plus dense, qui consistait en un li- quide imparfait, très coloré en rouge jaunâtre et extrêmement visqueux, quoique bien limpide. Vu à travers un tube de 78mm, il y paraissait d'un rouge foncé. La déviation du rayon rouge, observée avec soin, à travers cette épaisseur, s'exerçait vers la gauche, comme dans l'essence primitive, mais elle était réduite à — 9°,8i ^fe. Pour la comparer à celle de l'es- sence, il faut ramener celle-ci à la même espèce de lumière, ce qui se fait, en multipliant, par ■§-§•, la déviation de la teinte E violet bleuâtre, observée à l'œil nu. On trouve ainsi que la déviation produite par l'essence primi- tive, sur le rayon rouge, aurait été — |f. 27,172, ou — 2o°,838 c'est-à-dire un peu plus que double de celle qu'exerçait la couche la plus dense du liquide épaissi , formé sous l'influence de l'air et de la radiation solaire. J'ai aussi observé, clans le même tube, l'action rotatoire de la couche modifiée, qui était moins colorée et moins dense que la précé- dente. Je l'ai trouvée notablement plus forte, mais encore beaucoup moindre que celle de l'essence primitive ; la déviation du rayon rouge y était de — i3° >*. J'ignore si ce reste.de pouvoir est propre aux combinai- sons chimiques ainsi formées, ou s'il serait dû à une portion d'essence non modifiée, qui serait mélangée, ou combinée, avec une matière dépour- vue d'action rotatoire. L'analyse chimique pourrait seule décider cette alternative. M. Pelouze a retiré, par la distillation de cette couche moins R. iS'jo, i™ Semestre. (T. XI, N'9 .) 5 1 ( 374 ) dense, un liquide limpide et volatil, analogue par l'odeur à l'essence de térébenthine; et il me l'a donné à observer. Il exerçait un pouvoir rotatoire de même sens, mais plus faible que celui de la couche dont il provenait; de sorte que l'intensité en était aussi beaucoup moindre que dans l'essence primitive. D'après cela, il est vraisemblable que ce liquide ne préexistait pas, à l'état de mélange, dans la couche épaisse d'où on l'a retiré; mais qu'il s'est formé dans l'acte de la distillation. Quoi qu'il en puisse être, l'affaiblisse- ment du pouvoir rotatoire par l'absorption de l'oxigène, dans ces divers produits, est tout-à-fait pareil à celui que cette même absorption a opéré dans l'essence naturelle de Bornéo. » M. Pelouze m'a encore donné à observer deux produits, qui sont en relation intime avec les précédents. » Le premier est un camphre solide, appelé aussi camphre de Bornéo, et qui est désigné dans le commerce comme étant retiré de la même plante que l'essence, ou naturellement sécrété par elle, mais à une époque plus tardive de sa vie. » 4gr de ce camphre ont été dissous dans So^ d'alcool rectifié. La solution , après avoir été filtrée , avait pour densité 0,8876. On l'a observée optique- ment dans un tube long de aôô™11- ; elle y était complètement incolore. La déviation de la teinte E, violet bleuâtre, comptée depuis le point zéro de la polarisation directe, a été de -f-C)0,3 f . Elle s'exerçait vers ladroite de l'observateur, comme celle du camphre ordinaire des laurinées; mais elle était notablement moins énergique. » Pour le prouver, je prends le pouvoir rotatoire de ce camphre tel qu'il a été rapporté dans les Comptes rendus de l'Académie, pour le 5 août i83g, lorsqu'on l'a appliqué aux expériences de M. Delalande. C'est aussi la même valeur qui est énoncée dans le tome XIII des Mémoires de l'Acadé- mie; mais le renvoi aux Comptes rendus de 183g sera plus commode, parce qu'on y trouve les calculs tout préparés pour le cas spécial que nous examinons ici. Cherchant donc, par la formule exposée alors, quelle sera l'arc de déviation a' imprimé à la teinte E violet bleuâtre, par une solution alcoolique de camphre pur des laurinées, faite avec les proportions, et observée dans les circonstances que nous venons de décrire, on trouve pour sa valeur (1) et =-j-47°,4I8 ^.2,66.0,8876= + i3°,i7i (1) Dans cette expression-, 47°>4'8 désigne l'arc de déviation qui serait imprimé à • ( 375 ) » Cette déviation étant beaucoup plus forte que celle qui a été produite parle camphre de Bornéo, dans les mêmes Circonstances, il en résulte que le système total qui compose ce camphre, n'est pas constitué molé- culairement, comme le camphre pur des laurinées. »En serait-ce une modification chimique, ou une altération par simple mélange avec d'autres matières? Pour le savoir, M. Pelouze l'a traité par l'acide nitrique, que l'on sait n'altérer pas le camphre ordinaire. Il en a extrait ainsi un autre camphre, absolument semblable au camphre ordi- naire pour l'aspect et toutes les propriétés chimiques, et il me l'a encore donné à observer. » Une très petite quantité de ce produit, agr, a été dissoute dans ib** d'alcool. C'était le même rapport de dosage que dans la solution précé- dente. Après avoir filtré celle-ci, sa densité a été 0,8713. Pour la ména- ger, on en a d'abord rempli un tube très fin, ayant pour longueur g9mil,5 et on l'a observée ainsi ; mais il en restait encore assez pour remplir un se- cond tube plus fin, d'égale longueur, que l'on a placé à la suite de l'autre; ce qui a donné une épaisseur totale de 199™'1. Alors la déviation exercée sur la teinte E violet bleuâtre, a été -f-90^ ; exactement double, mais plus certaine que celle qu'un seul tube avait donnée d'abord. »Déjà ce résultat suffit pour montrer que le camphre extrait, ou formé ici par l'acide nitrique , est moléculairement autre que le camphre total de Bornéo. Car, produisant une déviation de 90, pour une épaisseur de i99mil, il en donnerait dans 266mil, une proportionnellement plus forte, qui serait -j- i2°,o4, laquelle surpasserait beaucoup la déviation produite par la so- lution précédente, quoique toutes deux aient été faites en mêmes pro- portions. » Mais ce camphre, formé ou extrait par l'acide, est-il identique avec le camphre ordinaire des laurinées? Pour le savoir, il faut calculer la rota- tion a' que ce dernier aurait produite dans les mêmes circonstances. Or, par la méthode rappelée plus haut, on trouve pour cette déviation -' = +470,4i8.1V 1,99.0,871=+ 9°, 67 la teinte E, violet bleuâtre, par une épaisseur de ioomi"' de camphre des laurinées, ré- duite à la densité idéale 1. Les autres facteurs du produit sont, la longueur du tube d'ob- servation, la densité de la solution, et la proportion de substance active qu'elle contient dans chaque unité de poids. ,5,. ( 376) » Elle se trouve donc un peu plus forte que celle qu'a opérée lecamphre fourni par l'acide. Mais, outre les difficultés de déperdition que l'on a tou- jours à craindre en opérant sur des matières si volatiles, ce camphre ex- trait, ou formé, pourrait bien contenir quelque reste du système total à pouvoir rotatoire moindre dont il dérivait; et cette considération semble rendre très probable que ce second camphre se serait trouvé identique avec celui des laurinées, si l'on avait pu le rectifier parfaitement, et le séparer de tout mélange. » Mais ce seul résultat, joint à l'analyse chimique, suffit pour établir une conséquence importante. M. Pelouze a retiré du camphre de Bornéo, 0,96 en poids de ce camphre plus actif, que nous venons ici d'examiner. Le reste du produit était de l'eau formée et un résidu d'acide, deux substances sans pouvoir rotatoire. Or, 0,96 de ce camphre extrait, étant associés par simple mélange à 0,04 de substances inactives, formeraient un système, dont le pou- voir rotatoire spécifique serait à celui du camphre des laurinées pur, comme 1 1,768 est à r 3, 1.37. Il serait conséquemment bien plus fort que celui du camphre de Bornéo, où le même rapport a été trouvé seulement comme 9,3 à 13,107. ^e 1*» on Peut donc conclure que le camphre plus actif, retiré du camphre de Bornéo, n'y préexistait pas à l'état libre; et qu'il s'est formé chimiquement sous l'influence de l'acide nitrique, en abandonnant la quantité d'hydrogène qui a donné naissance à l'eau trouvée parmi les produits. Il serait maintenant très curieux, comme contre-épreuve, de chercher à hydrogéner le camphre des laurinées pour en refaire du cam- phre solide de Bornéo. » Dans un travail lu, il y a huit ans à l'Académie, et inséré au tome XIII de sesMémoires, j'avais prouvé, par des épreuves pareilles , que le camphre des labiées différait moléculairement de celui des laurinées , quoiqu'on l'eût jusque alors supposé le même, et que les analyses chimiques publiées lui eussent assigné la même composition. Depuis cette époque, une infinité d'expériences se sont accordées avec celles-là, pour montrer que des pro- duits absolument identiques dans la nature et les proportions de leurs élé- ments chimiques, peuvent avoir des constitutions moléculaires très diffé- rentes. Les nouvelles épreuves que M. Pelouze m'a donné ici l'occasion de faire, confirment pleinement cette conclusion. Et eu effet, si l'on considère la nature des procédés que l'analyse chimique emploie, on peut, je crois, montrer avec évidence que les proportions atomiques seules, ne peuvent pas donner des indices certains sur l'état moléculaire des corps ; parce que les expériences dont ces proportions se déduisent sont généralement faites ( 377 ) dans des circonstances où les éléments moléculaires agissent simultané- ment et confusément. J'insiste sur cette remarque, parce qu'elle me semble faire voir l'origine des incertitudes , du vague, et souvent des erreurs, qu'ont présentés jusqu'ici la plupart des inductions que l'on a voulu tirer des pro- portions atomiques relativement à la constitution moléculaire des corps. » mécanique céleste. — Sur les fonctions alternées qui se présentent dans la théorie des mouvements planétaires ; par M. Augustin Caichy. § I". Considérations générales. « Concevons qu'à des variables représentées par x, j, z,... on fasse respectivement correspondre d'autres variables représentées par u, i>, w,. . . Soient de plus S, T\... des fonctions de ces deux espèces de variables, et posons généralement Î[S, T] = DaSD.T — D„SDXT -H D,SD,T — D,SD/T -f- D.SDWT— D„SD«T + etc. . . . La fonction [S, T], qui changera de signe, quand on échangera entre elles les deux quantités S, T, sera ce qu'on peut appeler une fonction différen- tielle alternée de ces deux quantités. Cette fonction alternée jouira d'ail- leurs de propriétés diverses dont plusieurs peuvent être établies avec la plus grande facilité. Ainsi, en particulier, on tirera immédiatement de l'équation (i) (2) [ï, S] = - [S, T], et par suite, en posant T = S, (3) [S, S] = o. Ainsi encore, on déduira de l'équation (1) les propositions suivantes : (378) y\m Théorème. Si deux variables correspondantes x et u, ou y et t>, ou z et w,... ne se rencontrent pas simultanément, l'une dans S, l'autre dans ï, Ton aura (4) [s, T] m o. » Corollaire. On trouvera, par exemple, [j, *] = O, [Z, x] — O, [.T, y] = o, |>, W] = O, [(V,u) = O, [U, i>] = o, et O, P]*Q, 0,tv] = o, O, w] = °> [y, «]=o, [z, «] = o, [z, i>] = 0. De même encore, si l'on pose r = \/x* -\-y* -Hz», a> == >/«' H- v* + w*, on trouvera [>, r] = o, [>,r] = o, [z, r] = o, et ■ [u, »] = o, [v, o>] = o, [w, fi?] = o. Enfin, si l'on pose v = wj — vz, V = uz — wx, W = vx — uy, on trouvera / [x, U] = o, O, V] = o, [z, W] == o, et r«, 0] = o, [>, V] = o, [w, W] = o. » ie Théorème. Si S , T sont des fonctions de fonctions des v ariables x, y, z, . .. u, v, w, ... si, par exemple, on suppose S, T exprimés en fonction de L, M,..., ( 379) L, M, . . . étant des fonctions de X, J, Z, ... U, V, w, . . . on aura non-seulement (5) [S,Tj = [L, T]DLS + [M,Ï]DMS + ..., mais encore ■ (6) [S, T] = [L, M] [DLSDMT - DMSDLT] + . . . » Démonstration. Pour établir le deuxième théorème, il suffît évidem- ment de combiner l'équation (i) avec les formules connues ■ DXS = DLSDXL + DMSD,M +.'..., etc. , DXT = DLTDXL + DMTDXM + . . . , etc., qui supposent S, T fonctions des quantités variables L, M, . .'. ces quan- tités elles-mêmes étant des fonctions de x, J, z, . .. U, V, w, ... » Corollaire ier. Si, pour fixer les idées, on suppose L = ah + bM + . . ., a, b, . . . étant des quantités constantes , on trouvera (7) [aL + bM . + . . . , T] = «[L, T] + £[M, T] H- . . On trouvera en particulier [aL,T]=rt[L,T], par conséquent (8) [>S,T] = a[S, T]; puis , en posant a = — 1 , (9) [-S,T] = - [S,T]. ( 38o ) . Enfin, si l'on suppose T = ^P + AQ+..., P, Q, . . . étant des fonctions de x,jr, z, ... u, v, w, ... et g, h . . . des quantités constantes, on tirera de la formule (7), ou bien encore de l'équation (6) ([aL + *M-f-..., gP + AQ + ...l = flg[L,P]+aA[L,Q]+... (io)j +£g[M,P] + ^[M,Q]+... ( + etc . . . On trouvera par exemple (11) t«L, gP] = «g[L, P], [-L, -P] = tL, P], par conséquent (ia) [_S, -T]==[S,T]. » Corollaire 2me. Si l'on suppose S = AL + BM-f-..., T = GP-r-HQ+..., A, B,... G, H,... étant ainsi que L, M,... P, Q,... des fonctions de x, y, z,... u, v, «/,... or tirera de la formule (5) -v I [AL+BMH-..., T]=A[L, T]+B[M, T] -+-... 1 ' \ +L[A, T]+M[B, T]+..., et de la formule (6) Î[AL-f-BM+..., GP + HQ + ...] = AG[L, P] -f- ... + AP[L, G]+... + LG[A, P] + ... + LP[A, G] + .... ( 38i ) Par exemple, en posant comme ci-dessus U = wjr — vz , V = uz — wx , W = vx — uy, on trouvera [S, U] = j[S, tv]-z[S, v] + w[S, y]-v[S, »], puis, en substituant successivement à S les six variables' x, y, z, «, v, w, et ayant égard aux formules - [ar, f]==o, [x, w] = o, [y, »>] = o, [y, «]=o, [z, u] = o, [z, v}= o, [ar, m] = I , [y, v] sa 1 !, [z, w] = i ; on obtiendra les équations [x, U] = o, O, U] = - z, [z, U] = j, [a, U] = o, [y, U] == «,, [w, O] a= — y. On trouvera de même [x, V] =. z, [y, V] = o, [z, V] = _ x, [«, V] a — w, (V, V] = o, [w, V] = u; et [x, W] == — y, |>,W] = z, [z, W] =± o, [u, W] = I», (V, W] = — w, [V, W] = o. Enfin , si dans la formule [U, S] = j [w. S] - *[*>, S] + w [j, S] - „[*, S] on remplace S par V, on trouvera [U, V] = VX - ujr = W, et l'on établira de la même manière chacune des trois équations [V, W] = U, [W, U]=V, [U, V] = W. C. li., ii*4o, a™« SemeUre. (T. XI, N°9.) 52 ( 38a ) » Corollaire 3me. Si l'on suppose S = \/L'-f- M *+..., T = v/P' + Q'-f- , on tirera de la formule (5) f,5) [S, T]=|[L,T] + |[M, T]+..., et de la formule (6) (•6) ' [S, T] = H[L, P]+.... Par exemple , en posant comme ci-dessus r = \Az-aH- J1 + z% a = \/"* + *'* + "'% on trouvera ('7) [J> «I— 1[*. SJ-f-*7-^ S] + ï[«, S], et (18) [«,S]=^[«, S]+l[V, S]+^[cp, S], ou , ce qui revient au même (19) f}A, S]s=i[*i S] + j[j, S]+z[z, S], et (ao) [>*, S] = «[«; S]+p[i>, S] + w[W, S]. *. De même encore, si l'on pose R = \ U* + V» + W», on trouvera (a,) [K, S] = |[U, S]+^[V, Sl+^CW, S]. De ces diverses équations , jointes à celles que nous avons précédemment obtenues , on déduira immédiatement les suivantes : ■ • ( 383 ) [x, »] = jj, O, »] = £, [*, »] - [r, m] = *, [r, i>] = £, [r, w] = *- , [r, U] = o, [r, V] = o, [r, W] = o, [u, U] = o, [*, V] = o, [o», W] = o, -, ux -4- vr -f- •wz Lt» «] = .r ' [r, K] = o, [«, K] = o, [x, R] = g , [j, R] = g—, [a, K.J = g—, WK — Vw r „, Uw-Wtt r „, Vu — TJ„ [u, K] = g , 0, K] = g — , o, RJ = -^ , [U, R] = o, [V,K] = o, [W, K] = o. § II. Des /onctions différentielles alternées, dans lesquelles les variables dépendent de la position et de la vitesse d'un point mobile. » Concevons que x, y, z représentent les coordonnées rectangulaires d'un point mobile, situé à la distance r de l'origine des coordonnées, et u. p, w les projections algébriques de la vitesse u> du même point, sur les axes des x, y, z. On aura N (i) r == N/-*'-*- J"+ z\ Xi z> on aura (4) U = wy — vz , V = wz — ■ wx , U = vx — uy, {S) K = v'U' + V'+W"». Or, si , dans la fonction alternée représentée par [S, T], on prend pour chacune des quantités S, T, soit l'une des quantités r, a, R, soit l'une de leurs projections algébriques x, y, z, u, o, w, U, V, W, on pourra obtenir en tout î i . 1 1 = 1 3 2 , valeurs de [S, T], qui, prises deux à deux , seront égales, au signe près; par conséquent 66 valeurs numériques de [S, T] ou [T, S], qui seront immédiatement fournies par les formules du § Ier. Parmi ces formules, les ( 385 ) quinze suivantes (6) [V, W] =* y, [W, U] = V, [U, V] = w, il) & U] = o, [/■, V] = o, [r, W] L o, (8) [«, U] = o, [», VJ = o, [*>, W] = o, (9) fc U] = 7, [z, V] =-x, [z, W] = o, (io) [z, r] = o, (n) [z, a] = 1£, / \ r -i w* 4- vr -f- ivz (ia) [r, »] = =£SLiL , suffisent à la détermination complète des fonctions alternées qui se pré- sentent dans la théorie des mouvements planétaires. D'ailleurs, eu égard à l'équation (a), la formule (12) peut encore s'écrire comme il suit (12) [r, ai] = coscf. » RAPPORTS zoologie. — Rapport sur les collections zoologiques recueillies par M. Adolphe Uei.es.sert , pendant un voyage de cinq ans dans les Indes- Orientales. (Commissaires, MM. Duméril, de Blainville rapporteur.) « Il y a bientôt six ans que M. Adolphe Delessert , neveu de M. Benja- min Delessert, membre de cette Académie, poussé par son goût pour les voyages, la chasse, l'histoire naturelle, peut-être aussi dans la louable intention d'enrichir encore les riches collections botaniques de son oncle, si généreusement utilisées pour les progrès de la science, partit pour ■l'Inde , se proposant d'explorer cette chaîne de montagnes qui régnent le long de la presqu'île de l'Inde et dont les deux versants se terminent d'une part à la côte de Malabar et de l'autre à la côte de Coromandel, et sur- tout le plateau des Nilgherries. C'était une entreprise difficile pour un homme seul, quoique jeune et né dans les montagnes de la Suisse, dispen- dieuse pour un particulier, sans secours d'aucun gouvernement, et cepen- dant M Adolphe Delessert ne s'est pas rebuté de toutes ces difficultés. ( 386 ) 11 a employé les cinq années qui ont suivi i834 à son exploration, en ayant soin d'envoyer en dépôt chez son oncle à Paris, tous les objets qu'il avait successivement recueillis. En sorte qu'à son retour il a pu, ouvrant à la fois les caisses nombreuses qu'il avait envoyées , en former une riche collection sur laquelle, à sa demande, nous avons été chargés de faire un rapport à l'Académie. Quoique nous l'ayons visitée avec le plus grand intérêt lorsqu'elle était encore entière et parfaitement déve- loppée dans les vastes magasins de M. Benjamin Delessert, il nous serait absolument impossible d'entrer dans des détails assez circonstanciés pour en faire connaître toutes les particularités intéressantes, ce qui d'ailleurs serait aussi fastidieux qu'inutile pour l'Académie : nous nous bornerons donc à en faire ressortir les pièces capitales , ce qui nous sera d'autan* plus facile , que M. Adolphe Delessert , suivant le généreux exemple de son oncle, a bien voulu enrichir les collections du Muséum de tous les animaux qui leur manquaient ou qui pourraient les compléter, » Dans la classe des mammifères, nous n'avons remarqué que les es- pèces ordinaires dans cette partie de l'Inde, c'est-à-dire des Semnopithè- ques et des Macaques, et point de Malbrouck, que Buffon nous dit être originaire de la côte de Malabar, et que l'analogie porte à penser être au contraire d'Afrique, mais sur la patrie duquel la science ne possède encore rien de certain. «Parmi les carnassiers, nous avons trouvé le Ratel de l'Inde que M. Adolphe Delessert a observé vivant; une grande espèce de Loutre voi- sine de la L. compressicauda , mais qui nous en a semblé distincte; un bel exemplaire de ce Chien rouge des Gattes, que M. Hogdson a nommé C.pri- mœvus , sans doute parce qu'il le regarde comme la souche de notre chien domestique, mais qui offre le singulier caractère de manquer de la petite arrière-molaire inférieure existante dans toutes les autres espèces de ce genre, sauvages ou domestiques; une Hyène rayée, ce qui prouve que cet animal est plus répandu qu'on ne pensait dans l'Inde, M. Sykes nous ayant déjà appris qu'elle existe communément dans le Dékan, où les ha- bitants l'ont assez apprivoisée pour s'en servir comme de chien à la chasse; une jolie espèce d'Ecureuil palmiste qui nous semble nouvelle; le Sanglier sauvage de l'Inde que M. Dussumier nous avait apporté vivant , et sur lequel M. Delessert nous donne quelques détails de mœurs. » Mais la pièce capitale, la plus remarquable, la plus intéressante sans aucun doute de la collection rapportée par M. Delessert, est ce grand et magnifique Bœuf des Gattes, que nous n'avions long-temps connu que d'à- (387) près un dessin envoyé par M. Duvaucel et publié par M. F. Cuvier , dans son ouvrage sur la Ménagerie du Muséum, mais que M. Hogdson a décrit d'une manière complète, il y a peu d'années dans les Mémoires de Calcutta. Les habitants du pays dans les forêts duquel il vit sauvage en troupeaux plus ou moins considérables, le nomment Jungly-Gau M. F. Cuvier le désigne sous la dénomination de Bos silhetanus et M. Hogdson lui donne encore un autre nom, et croit même devoir en former un sous genre, à cause de la forme de sa crête occipitale et surtout de la grande élévation du garrot produite par un singulier développement des apophyses épi- neuses des premières vertèbres dorsales, et nullement par une loupe grais- seuse, comme dans le Zébu. » M. Adolphe Delessert en a chassé et tué à grand'peine et avec beaucoup de fatigue trois individus, dont le plus beau, à notre choix, a été donné par lui au Muséum , où l'on peut le voir aujourd'hui monté , ne laissant plus de lacunes dans le genre Bos que celle formée par le Yak, Bos grun- niens dont la queue sert d'étendard aux grands officiers turcs, et dont nos collections ne possèdent encore ni peau ni crâne. Mais pour se mettre à portée de juger combien le cadeau fait au Muséum est intéressant, il suffira de dire qu'un commerçant anglais nous a tout dernièrement offert les os du squelette d'un individu pour la somme de mille francs; tant il est difficile, à ce qu'il paraît, d'atteindre, et surtout de préparer et d'em- porter la peau et les os d'un animal qui vit dans des montagnes élevées, escarpées, au milieu de bois fourrés et presque inaccessibles, obligé que l'on est de se faire accompagner par des Indous, pour lesquels ces ani- maux sont considérés comme sacrés. » La classe des oiseaux, animaux en général plus faciles à atteindre par wn habile chasseur, est, avec celle des insectes, celle qui forme la plus grande partie des collections rapportées par M. Delessert. En effet, le nombre total des individus ne monte pas à moins de cent, de toutes tailles, et dans un très bon état de conservation. Sans doute le plus grand nombre des espèces est connu, mais les ornithologistes en ont déjà signalé plu- sieurs qui étaient nouvelles et qu'ils ont déjà décrites; nous n'en avons cependant pas trouvé qui soient assez particulières pour mériter déformer des genres nouveaux. Mais ce qui rend surtout cette collection fort intéressante, c'est que les pays, les hauteurs où chaque individu a été tué se trouvent soigneusement relatés dans les renseignements donnés par M. Delessert. Ainsi nous avons vu plusieurs oiseaux d'Europe dans ses collections, comme le Percnoptère, la Hulotte, ou Strix Jlammea , le ( 388 ) Milan, Milvuî œfolius; la Cresserelle (Falco tinnunculus); l'Hirondelle de cheminée [Hirundo rus tic a) ; !a Bécassine (Scolopax gallinago); la Ci- gogne (Ciconia alba), et beaucoup d'autres, ce qui se trouve parfai- tement concorder avec le grand nombre d'espèces européennes existant dans la collection entomologique de M. Delessert, ainsi que l'a observé M. Duméril dans la partie de ce rapport qui lui appartient et que je vais lire en son nom. zooi.ogik. — Note sur les insectes qui font partie de la même collection; par M. Duméril. « Ces insectes sont en très grand nombre et appartiennent à tous les ordres de cette classe. Abstraction faite du nombre des individus, qui est considérable , il y a plus de iooo espèces différentes dont un tiers au moins ont été recueillies pour la première fois et n'ont pas encore été décrites. M. Delessert a eu le soin de mettre à part toutes les espèces d'une même région, en indiquant, par une note, l'époque où elles ont été observées. Sous ce rapport cette collection présente un grand intérêt pour l'étude de la distribution géographique de ces animaux dans la partie de l'Inde que M. Delessert a visitée. Elle sera utile; car elle prouve qu'à des époques correspondantes pour la température , mais variables pour la position des lieux qu'il a visités, les mêmes espèces prises dans la plaine se retrouvent sur le plateau des Nilgherries à 8000 pieds au-dessus du niveau de la mer. «Les espèces recueillies sur cette dernière région sont remarquables par leurs rapports avec celles de notre pays, dont quelques-unes sont absolu- ment les mêmes ; tandis que celles qui se sont trouvées sur le penchant de la montagne appartiennent à des genres tout à-fait propres à l'Inde. Nous pourrions en citer un grand nombre parmi les coléoptères de toutes les familles et dans tons les autres ordres. C'est ce que nous indiquons ici en note pour les entomologistes (1). (1) Parmi les insectes qui sont les mêmes que les nôtres nous citerons: Coccinella n-punctala , Vanessa cardui , Polyo-nmatus bœlicus , et parmi les genres propres à l'Inde : Ornithoplera sternocera, Chrysis ; Falgora Delessertii , macrognalha , fiavo macula ta ; Mjlabris sidœ. En parcourant les espèces les plus remarquables des Nilgherries, nous citerons la ma- guiBque CicindMe décrite par M. le comte Dejean sous le nom à' Auro-fatciata , et (3«9) » I.es insectes de Pondichéry, ceux que M. Delessert s'est procurés sur !a côte malaise, à Malaca, à Singapore, etc., offrent aussi un grand intérêt, et les espèces, sans compter les individus, sont au nombre de plus de 600. » Cette collection est précieuse ; elle prouve un grand zèle et une grande activité de la part de ce voyageur, qui a pu réunir tant d'objets divers dans toutes les parties de l'Histoire naturelle. » Suite du Rapport de M. de Blainville. « La classe des animaux mollusques, mais surtout leurs coquilles n'ont pas été négligées par M. Adolphe Delessert; sa collection est riche aussi bien en coquilles marines recueillies en un assez grand nombre d'en- droits différents, depuis Singapore jusqu'aux Séchelles et à Madagascar, qu'en coquilles terrestres. C'est même parmi celles-ci, dans le genre des Hélix, qu'il y en a un plus grand nombre de nouvelles; une d'elles, voisine de l'Hélix de Quimper, est même parvenue en France avec l'animal vivant, et pourrait, si plusieurs individus se trouvaient dans le même cas, offrir un nouvel exemple d'espèces animales de contrées fort éloignées trans- portées par le fait de l'homme dans des lieux tout différents de celui dont il était originaire. » Nous avons déjà fait ohserver que pour la très grande partie des objets de sa collection, M. Adolphe Delessert a soigneusement noté les lieux et a variété que M. Gory a nommée Lepida ; un Helluo décrit par M. Guérin-Menne ville sous le nom de H. maculatus ; une très grande espèce de Tourniquet décrite par le même comme genre nouveau , Oreclochilus semi-vestilus ; de très beaux Buprestes et Taupins, des Lyques , Téléphores et Lampyres dont la femelle de l'un de ces derniers a plus de 4 centimètres de longueur. Dans la famille des Lamellicornes, nous avons remarqué un Ateuchus nouveau, sept à huit Ontophages , des Euchlores, une très belle et grande espèce de Popilie, beaucoup de Mélolonthes, de Cétoines, parmi lesquelles le Golialhus Delessertii ; une grande femelle de Lucane (Gazella) , ainsi que beaucoup de Charançons remarquables par leurs formes bizarres et les couleurs les plus brillantes ; de même que dans la famille des Ca- pricornes un Gnoma , des Saperdes, des Cljles, etc. , ainsi que les plus belles Chryso- mèles , Cassides et Coccinelles. Parmi les Orthoptères, des Blattes, des Gryllons, puis des Fulgores, des Libellules et surtout un très grand nombre de très beaux Lépidoptères dont la patrie était encore peu connue, quoique quelques-uns soient à peu près les mêmes que ceux de notre France. C. R. , 1840, ame Semestre. (T. XI, N<> 9.j ">3 (39o) les circonstances dans lesquels il les a recueillis; nous avons parlé de sè<; remarques sur les habitudes du Ratel, et nous aurions pu parler également de celles qu'il a faites sur les mœurs du Pangolin , animal qui n'est jamais venu vivant en Europe. Il parait cependant que ses observations ne lui ont pas paru assez nouvelles pour en faire le sujet d'un ouvrage à la manière d'Obsonville, ce qui est peut-être à regretter. » Toutefois le dévouement que M. Adolphe Delessert a montré dans une entreprise qui a duré cinq à six ans, la manière sans prétention avec laquelle il en a présenté les résultats à l'examen et à l'étude des zoolo- gistes, et surtout la noble générosité qui l'a porté à offrir au grand dépôt des êtres naturels le choix des objets qui pourraient y manquer, nous a paru mériter d'être pris en grande considération. En conséquence, nous proposons d'adresser à M. Adolphe Delessert des remerciments pour les matériaux intéressants qu'il a fournis à la zoologie par une persévérance courageuse et une générosité dignes du nom qu'il porte. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. paléontologie. — Rapport sur deux Mémoires de M. Pcjel, intitulés: l'un, « Sur le Renne jossile , et en particulier sur les débris de cet anima l trouvés dans le département du Lot»; l'autre «Sur des ossements fos- siles de Mammifères et d'oiseaux trouvés dans le département du Lot , au mois de septembre i83j. » (M. de Blainville, rapporteur.) « Depuis que la Géologie a pris le caractère qui seul lui convenait pour devenir une véritable science, c'est-à-dire depuis le moment où les géologues ont senti que l'étiologie des particularités qu'offre l'écorce de notre globe devait conduire à ce but beaucoup mieux que toutes les coupes de terrains le plus minutieusement mesurées et analysées dans leur com- position minéralogique, la paléontologie, ou l'étude des traces que les corps organisés ont laissées dans le sein de la terre, a pris une consistance et une extension que l'on était assez loin de prévoir, et qui tous les jours s'ac- croît encore en prenant un caractère moins hasardé et de plus en plus rationnel. L'Académie en verra une nouvelle preuve dans deux Mémoires que lui a adressés M. Puel, jeune étudiant en médecine, l'un sur le Renne fossile, l'autre sur les ossements qu'il a trouvés mêlés avec ceux de cet animal, dans une sorte de caverne ou de grande faille du calcaire juras- (3g« ) sique dans le département du Lot; Mémoires qui ont été renvoyés à notre examen. » Guettard, que l'on est toujours obligé de citer comme le premier naturaliste qui ait senti l'importance de la paléontologie, et qui ait cher- ché à distinguer les espèces fossiles entre elles et des espèces vivantes, et cela dans les animaux vertébrés aussi bien que dans les animaux inver- tébrés, est aussi celui qui, le premier, a reconnu des ossements de Renne dans un diluvium des environs de Chartres, en les rapportant, convenable- ment pour l'époque, à l'espèce actuellement vivante dans les régions arc- tiques. C'est ce qui fut aisément confirmé par M. G. Cuvier aussitôt que, par suite de ses travaux sur les ossements fossiles de quadrupèdes, il fut arrivé à s'occuper des Ruminants. Cependant il ne crut pas devoir assurer positivement qu'il y avait identité d'espèce entre le Renne fossile en France et le Renne vivant en Laponie. Aussi considéra-t-il le premier comme une espèce fossile de cerf très voisine du Renne. » Dans la seconde édition de son ouvrage, en i8a5, et quoiqu'il eût en sa possession de nouveaux ossements de Renne trouvés dans la caverne de Brengues et qui lui avaient été envoyés par M. Delpon , alors préfet du Lot, et que ces ossements fussent peut-être plus caractéristiques que ceux des environs de Chartres; cependant, tout en insistant sur quelques diffé- rences véritablement peu importantes, il les trouvait lui-même trop légères pour mettre un terme à ses doutes. » Les fragments de bois de Renne trouvés dans les terrains meubles du val d'Arno, avec des restes d'Éléphants et d'autres animaux; ceux d'Au- vergne, cités par MM. Bouillet et Devèze de Chabrial dans leur ouvrage sur les environs d'Issoire, ne pouvaient pas encore lever ces doutes. Mais M. Schmerling, dans ses recherches sur les ossements fossiles dans les cavernes des environs de Liège, et quoiqu'il n'y eût rencontré qu'un petit fragment d'un bois de cette espèce de Cerf, pensa qu'une particularité fort peu importante an fond, comme le fait justement remarquer M. Puel, suf- fisait pour décider la question , et le Renne fossile fut regardé par lui comme différent spécifiquement du Renne actuel, » Cette opinion fut aussi celle à laquelle M. de Christol fut conduit en étudiant des ossements fossiles de Renne trouvés dans le midi de la France, et plus importants, puisqu'ils consistaient en fragments de la tête et des mâchoires. Aussi s'appuya-t-il sur la considération de la branche mon- tante de l'os incisif qui, dans le fossile, monterait jusqu'aux os du nez, ce qui n'a pas lieu chez le Renne vivant, et sur l'absence de canines dans 53.. ( 392 ) le premier, tandis qu'elles existent constamment dans le second, argu- ments que M. Puel n'accepte pas comme concluants , d'après les observa- tions mêmes de M. de Christol. » M. Marcel de Serres, qui eut aussi l'avantage d'avoir à sa disposition des ossements fossiles de Renne trouvés dans une caverne à ossements des environs de Villefranche, département de l'Aveyron , sembla aussi être convaincu encore plus qu'ils ne pouvaient avoir appartenu au Renne ac- tuel, puisqu'il en forme même un genre sous le nom de Procervus cari- bœus. y> Au fait, quoique tous les éléments que la science possédait alors fussent, suivant nous, parfaitement suffisants pour résoudre la question, l'opinion régnante généralement alors étant que les espèces animales dont on trouve des restes dans le diluvium et l'alluvium , différent de celles qui sont actuellement vivantes, on voit comment le Renne fossile devait être considéré comme différent spécifiquement du Renne vivant. » C'est dans cet état de choses que M. Puel s'étant trouvé dans les cir- constances les plus favorables pour explorer la caverne ou mieux la faille defirengues,dansle département du Lot, arrondissement de Figeac, a pu en retirer un si grand nombre d'ossements de Renne et de toutes les parties du squelette, qu'il ne craint pas d'affirmer qu'il serait possible d'en cons- truire un tout entier. » Cette prétendue caverne n'est réellement , suivant M. Puel , qu'une sorte de puits vertical de •>. mètres de largeur, et terme moyen, de t8 de pro- fondeur, ouvert dans les assises supérieures d'un calcaire jurassique dont le plateau est à i5o mètres au-dessus du niveau de la rivière qui coule au pied du village de Rrengues. » Le nombre total des os ou fragments d'os qu'il possède actuellement, et qu'il a mis en grande partie sous les yeux de vos Commissaires, ne monte pas à moins de 600, provenant d'au moins 12 ou 1 5 individus, puisqu'il a pu compter 1 3 humérus ou fragments d'humérus d'un même côté, parmi lesquels il y en a autant à peu près d'individus adultes que de jeunes, tous dans un parfait état de conservation et recouverts ou enveloppés d'une terre argileuse rougeâtre, sans altération de quelque nature que ce soit, pathologique ou non. » Ce grand nombre de pièces, parmi lesquelles s'en trouvent un certain nombre de tout-à-fait décisives , et entre autres plusieurs fragments de bois , ainsi qu'un crâne assez complet pour offrir la particularité la plus caracté- ristique de celui du Renne actuel, savoir l'étroitesse du pariétal ainsi que (393 ) l'espace circulaire occupé par les bois, a permis à M. Puel d'acquérir la cer^ titude et de pouvoir démontrer que l'espèce fossile est rigoureusement la même que celle qui vit encore aujourd'hui , reculée dans les parties les plus septentrionales d'Europe, d'Asie et d'Amérique, en ayant égard, pour ex- pliquer rationnellement les nuances différentielles que l'on peut remarquer entre les mêmes pièces du squelette, à l'observation fort juste que les sexes ont, comme l'âge et des circonstances individuelles , une influence manifeste sur ces variations. » M. Puel a encore confirmé un fait intéressant qui se trouve consigné dans le second Mémoire qu'il a soumis au jugement de l'Académie; savoir, que, avec des ossements fossiles d'animaux encore vivants, et absolument dans les mêmes circonstances géologiques, s'en trouvent qui ont appartenu à des espèces généralement regardées comme éteintes, ou qui n'existent plus dans nos climats. » Ainsi dans cette grande faille de Brengues, et enveloppés également dans la même argile rougeâtre, M. Puel a trouvé et parfaitement reconnu des fragments de vertèbres, de mandibules, d'humérus, de radius, de cu- bitus, fémurs, tibias de Lièvre, des fragments de têtes et de mâchoire avec les dents du Campagnol, des dents molaires et incisives du Cheval, avec des os du tronc et des membres de cette espèce et de l'Ane, quelques os peu importants du Rhinocéros , un très grand nombre de fragments du squelette du Bœuf sauvage ou de l'Aurochs, ainsi que d'une grande espèce de Cerf de la taille du cerf du Canada, et enfin des os de la Pie et de la Perdrix, parmi les oiseaux; mais jamais, ajoute M. Puel, il ne s'en est rencontré, pas même une dent , qui ait appartenu à un mammifère carnassier. » Scrutant ensuite la nature de la gangue dans laquelle sont contenus les ossements fossiles de la caverne de Brengues , M. Puel montre que si l'argile rougeâtre qui en fait le fond contient un assez grand nombre de fragments de roches calcaires voisines, elle en renferme aussi de roches plus éloignées, et cite même quelques petits cailloux roulés de quartz et de granitoïde, ce qui lui fait espérer qu'on pourra trouver la direction du courant qui a rem- pli la fente de Brengues. » C'est donc un nouveau sujet de travail. La sagesse et la sagacité avec les- quelles M. Puel a procédé dans ses investigations ostéologiques et géolo- giques nous faisant espérer que des fouilles ultérieures ne seront pas sans résultats avantageux, nous proposerons à l'Académie d'adresser à M. Puel des remercîments pour sa communication, et de l'engager à continuer ses recherches. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( 394 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un membre de la Commission administrative , en remplacement de M. Beudant, dont l'année est expirée, et qui peut être réélu. Le nombre des votants est de 3o. M. Beudant réunit a6 suffrages. MM. Boussingault, Lacroix, Cbevreul et deMirbel,en obtiennent cha- cun i. M. Beudant , en conséquence , est déclaré membre de la Commission administrative pour le dernier semestre de 1840 et le premier de iS4*< L'Académie procède, également par voie de scrutin, à la nomination d'une Commission chargée de l'examen des pièces adressées au concours pour le Prix de Mécanique de la fondation Montyon. MM. Poncelet, Gambey, Coriolis, Piobert, Savary, réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, toujours par voie de scrutin, à la nomi- nation d'une Commission chargée de décerner la médaille de Lalande. MM. Arago, Mathieu, Bouvard, Savary, Damoiseau, réunissent la ma- jorité des suffrages. MÉMOIRES LUS. « minéralogie. — Recherches relatives à la cristallisation , considérée sous les rapports physiques et mathématiques, impartie. Sur la structure des cristaux , et sur les phénomènes physiques qui en dépendent; par M. Delafosse. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Al. Brongniart, Cordier, Beudant.) « Il est peu de questions qui offrent en ce moment un intérêt plus vif et plus général, que celles qui ont trait à la connaissance exacte de la constitution moléculaire des corps. De tous côtés, les physiciens et les chimistes multiplient à l'envi les recherches, et épuisent tous les moyens d'investigation que la science leur fournit, sinon pour atteindre complè- tement ce but, du moins pour essayer de jeter, quelque lumière sur l'un ( %5 ) des points les plus importants et les plus mystérieux de la philosophie naturelle. Les géomètres, depuis l'heureux changement qu'ils ont opéré dans la direction de leurs travaux , en renonçant à considérer les corps comme des masses continues, pour ne plus voir en eux que des assem- blages de molécules distinctes, cherchent aussi à contribuer de tous leurs moyens au succès de cette tentative; et l'on est en droit d'attendre de ce concours universel les résultats les plus favorables aux progrès de la phy- sique moléculaire. » La cristallographie, qui a déjà été si utile à l'avancement de cette partie de la science, ne doit pas cesser de tendre au même but; car les faits dont elle s'occupe semblent par leur nature même devoir y mener par une route plus directe et plus sûre. Mais pour que ses efforts ne soient pas désormais infructueux , il est nécessaire qu'elle envisage son sujet sous de nouvelles faces, et qu'elle ne borne plus l'étude des cristaux à l'obser- vation de leurs formes extérieures, et à la détermination de leurs rapports purement géométriques ; il faut qu'elle étende le champ de ses recher- ches, en poursuivant, s'il est possible, la connaissance de la structure interne au-delà du point où Haùy s'est arrêté, et où cet illustre savant, trompé par une fausse hypothèse, avait cru voir une limite que sa théorie ne devait pas franchir. » La structure, telle que nous l'envisageons ici, nous parait être le ca- ractère de première valeur dans les cristaux, celui qui domine tous les autres. La forme extérieure, qui jusqu'à ce jour a eu le privilège d'ab- sorber toute l'attention des cristallographes, n'est pour nous qu'un carac- tère secondaire, dont toute l'importance résulte de ce qu'il est toujours subordonné dans ses modifications aux lois de la structure interne et de la constitution moléculaire du corps cristallisé. Il en est absolument de même des autres propriétés physiques, qui se montrent soumises à l'in- fluence de la cristallisation. Toutes sont également propres à traduire ex- térieurement les modifications qu'éprouve en divers sens la structure in- terne, et par conséquent toutes doivent être mises en ligne de compte, lorsqu'il s'agit de déterminer rigoureusement la constitution intime d'un milieu cristallisé. » Si la loi de la structure moléculaire d'un cristal était donnée à priori _, ou, si par un moyen quelconque on parvenait à connaître le véritable type de sa molécule, sinon d'une manière absolue, du moins dans ses carac- tères essentiels (comme dans le nombre, les dimensions et les positions relatives de ses axes principaux); qu'en outre on pût assigner dans la masse (396) cristalline les directions pour lesquelles l'arrangement moléculaire varie, et celles où la distribution des molécules redevient la même, on aurait certainement par-là une idée exacte de la symétrie qui caractérise le mi- lieu cristallisé, et l'on serait en état de prédire celle qu'un observateur habile pourrait découvrir dans les modifications des propriétés physiques, celle-ci devant évidemment se modeler sur la première. » Mais, s'il existe une telle dépendance entre la nature intime du mi- lieu cristallisé et cette symétrie extérieure, qui se manifeste dans les varia- tions de chaque propriété physique , ne doit-il pas être possible de con- clure de l'une à l'autre, et par une analyse exacte et une discussion approfondie de tous les phénomènes secondaires, de remonter jusqu'au fait primitif dont ils dérivent? Oui, sans doute, pourvu toutefois que dans cette analyse on n'omette aucune circonstance importante; aucune des conditions essentielles du problème à résoudre. Or, sous ce rapportées théories cristallographiques les plus complètes laissent beaucoup à désirer; et bien que celle de notre illustre maître, l'abbé Haùy, pénètre plus pro- fondément qu'aucune autre dans la nature des cristaux, elle a besoin elle- même d'être amendée en quelques points, non-seulement pour pouvoir s'accorder avec tous les faits connus, mais encore pour se prêter à des dé- veloppements ultérieurs. » Le premier changement que nos recherches nous conduisent à faire à cette théorie, consiste à établir une distinction entre ce que l'on appelle la molécule intégrante d'un cristal, et la molécule proprement dite de sa substance matérielle. Tant que l'on considère la molécule, ou mieux la particule intégrante, comme représentant l'un des éléments de la struc- ture mécanique et géométrique du cristal, et non pas nécessairement l'élé- ment atomique de la substance elle-même, on peut dire que son existence est incontestable, du moins pour tous ceux qui se placeront, comme nous le faisons ici sans scrupule, au point de vue de la physique moléculaire. Mais sa réalité n'est pas celle que Haùy a cru pouvoir lui attribuer, en la confondant avec la molécule du corps, et il importait avant tout de ra- mener cet élément du cristal à sa véritable signification. » Après avoir rappelé les conséquences qui découlent naturellement du phénomène du clivage , et montré que dans l'intérieur du cristal les molé- cules sont espacées symétriquement, de manière à présenter dans leur en- semble une sorte de configuration en quinconce , ou plus exactement l'image d'un réseau continua mailles parallélépipédiques, je fais voir que lamolécule intégrante d'Haùy n'est rien autre chose que le plus petit des parallélépipèdes (397) que forment entre elles les molécules voisines, et dont elles marquent les sommets; ou , si l'on veut, elle n'est que la représentation des petits espaces intermoléculaires, ou des mailles du réseau cristallin. Elle est donc parfai- tement distincte de la molécule physique, qui peut avoir et qui a souvent, en effet, une tout autre forme. Cette dernière est le véritable élément atomique du corps, à part toute considération d'état cristallin: la parti- cule intégrante n'est que l'élément de sa structure géométrique, quand il s'offre sous cet état particidier et accidentel; elle ne précède point, comme l'autre, l'acte de la cristallisation, mais elle en est le produit, et n'a d'exis- tence que dans le cristal tout formé. Cette distinction est d'autant plus im- portante, que dans un grand nombre de substances les véritables molé- cules ont, comme nous le disions tout-à-1'heure, un type très différent de celui qu'Haùy leur assigne. C'est ainsi que nous croyons avoir établi dans ce Mémoire, que le type moléculaire a tous les caractères d'une forme tétraé- drique, dans beaucoup de cas où ce savant admet la forme cubique, tandis que c'est le contraire qui a lieu dans la plupart de ceux pour lesquels il adopte la forme du tétraèdre. Sa théorie de la structure est donc incom- plète, en ce qui concerne la forme des molécules, et elle laisse un libre champ aux recherches que nous nous proposons d'entreprendre pour la détermination de cet important caractère. » Ce premier changement fait à la théorie d'Haùy, en entraîne un autre d'une valeur non moins grande, non-seulement parce qu'il facilite l'exten- sion de la théorie, mais encore parce qu'il fait disparaître tout d'abord une difficulté sérieuse, qui a fort embarrassé les cristallographes , et qui n'a jamais été résolue par eux d'une manière satisfaisante. Je veux parler de ces prétendues exceptions à la loi de symétrie , regardées comme des anomalies constantes dans certaines espèces, telles que la pyrite, la boracite, la tour- maline, le quartz, l'hépatite, etc. »De telles anomalies paraîtront tout-à-fait inadmissibles, si l'on considère que la loi de symétrie, cette loi fondamentale de la cristallographie qui règle les variations de la forme, n'est au fond qu'un axiome de physique , et qu'en cette qualité elle ne saurait faillir. N'est-il pas plus naturel de penser que dans certaines espèces on a fait une fausse application de cette loi, en se méprenant sur la nature des parties auxquelles on a accordé la même valeur? Il ne suffit pas de dire, en effet, que les parties extérieures d'un cristal qui sont identiques, doivent toujours se modifier semblablement; il faut, avant tout, examiner l'état réel de ces parties et les conditions qui déterminent leur similitude; il faut commencer par faire une énumération C. R., 1840, a"" Semestre. (T. XI, N° 9.) 54 ( 39a ) complète de celles qui sont identiques et de celles qui ne le sont pas, et, pour celaT il importe de ne pas se tromper sur les caractères auxquels l'identité doit se reconnaître. » Or, la définition donnée par Haiiy des parties identiques est inexacte , parce qu'elle est incomplète ; elle n'admet pour l'identité qu'une seule con- dition, une condition purement géométrique , savoir, la ressemblance de forme. Mais un cristal n'est pas une simple forme polyédrique et abstraite; c'est un corps matériel qu'on ne peut pas dépouiller entièrement de ses pro- priétés physiques, lorsqu'il s'agit surtout d'interpréter un phénomène qui dépend uniquement des lois physiques auxquelles la matière obéit. Et s'il arrive (comme cela est en effet, d'après les preuves que j'apporte dans ce Mémoire) que deux parties d'un cristal , géométriquement semblables , aient d'ailleurs des structures ou constitutions moléculaires différentes, on ne plus dire dans ce cas, qu'elles sont en tout point identiques. » Il faut donc compléter la définition donnée par Haiiy, en ajoutant que les parties déjà semblables de forme, doivent l'être de plus physiquement, en sorte que l'identité absolue comporte deux conditions, l'une physique, et l'autre géométrique. Alors, toutes les fois que la loi de symétrie paraîtra en défaut aux yeux de ceux qui ne tiendraient compte, commepar le passé, que de l'identité de formes des parties modifiées, il y aura lieu d'examiner si ces parties ne cacheraient pas , sous cette ressemblance extérieure , des pro- priétés physiques différentes. C'est pour avoir omis de prendre en considé- ration ces différences physiques que les cristallographes ont cru si facilement à l'existence de ces anomalies dont nous avons parlé. Ils n'ont pas vu que ce qu'ils prenaient pour une exception était la véritable symétrie , comman- dée par la nature même du corps, mais une symétrie différente de celle à laquelle ils s'attendaient, parce qu'ils avaient jugé identiques des parties qui ne l'étaient pas. » Le point de vue nouveau que j'expose en ce moment , me paraît avoir de l'importance sous le double rapport de la cristallographie et de la physique générale. Il intéresse la première de ces sciences, en ce qu'il nécessite, comme nous le verrons, une autre définition du système cristallin, et une classification plus exacte des systèmes existants; il intéresse la physique générale en ce qu'il donne la clé de plusieurs propriétés particulières à cer- tains cristaux (telles que l'électricité polaire des boracites et tourmalines , la polarisation circulaire du quartz); et en ce qu'il rend compte en même temps de quelques variations dans les propriétés générales , qui , jusqu'à ce jour, sont restées sans explication. On sent bien, en effet , qu'il doit exister ( 399) une relation intime entre les propriétés physiques des cristaux et leur structure moléculaire; mais parce que jusqu'ici, dans la recherche des lois de ces propriétés, la comparaison a toujours été établie directement avec la forme et non pas avec la structure, je ferai voir que quelques- unes de celles auxquelles on e6t arrivé par cette voie, nécessitent des res- trictions, parce qu'elles ne sont que l'exagération d'un fait, qui n'est vrai que dans un certain degré de généralité. » Après ces développements préliminaires, j'aurais pu procéder immé- diatement, et d'une manière méthodique, à l'examen que je me propose de faire des lois fondamentales de la cristallisation , au double point de vue de la physique et de la géométrie; mais pour mieux établir l'importance des changements que j'apporte aux idées généralement reçues, et pour dé- montrer l'utilité de nouvelles recherches plus exactes et plus profondes sur la structure des cristaux, je me suis borné dans ce premier Mémoire à essayer en quelque sorte la valeur des principes que je viens d'exposer, en les appliquant à plusieurs espèces minérales , choisies de préférence parmi celles qui sont depuis long-temps connues , et dont l'histoire , par les nom- breux travaux auxquels elles ont donné lieu, semblerait devoir être com- plètement achevée. En voyant ce qu'il est possible d'y ajouter encore, et quelle lumière rejaillit de l'étude de la structure sur des faits jusqu'à pré- sent mal appréciés ou demeurés sans explication, on jugera, je l'espère, de l'intérêt qu'il peut y avoir, soit pour la minéralogie, soit pour la phy- sique générale, à se livrer à de pareilles recherches. » Les espèces minérales que je passe en revue successivement, sont: la boracite, la tourmaline, la pyrite commune, le quartz et le béryl. Parmi les résultats qui les concernent, et qui sont développés dans mon mémoire, je me bornerai à indiquer ici les suivants. — Pour chacune des espèces que j'ai citées, je détermine la forme et la symétrie du groupe atomique qui constitue sa molécule, de telle manière que cette détermination s'accorde avec l'ensemble des données fournies par l'étude des diverses propriétés physiques; et je fais voir que ce qu'il y avait de singulier dans quelques-uns de ces phénomènes, s'explique tout naturellement par l'admission d'un mode de structure , que sa grande simplicité d'ailleurs rend très vraisem- blable. Ainsi, par exemple, dans la boracite et la tourmaline se rencontrent, comme chacun lésait, deux faits remarquables, l'électricité polaire , et une sorte d'hémimorphisme, dans lequel les cristallographes ont prétendu voir un défaut de symétrie. Frappé de la concomitance assez fréquente, quoique non générale, des deux phénomènes, rJaiiy a cru qu'il pouvait 54.. ( 4oo ) expliquer l'un au moyen de l'autre, et il est parvenu ainsi à sauver la dif- ficulté, au moins eu apparence, en la renvoyant du cristallographie au physicien. Je prouve, par l'étude de la structure de la boracite, que ces deux phénomènes n'ont point entre eux la relation de cause à effet, que Haiiy leur suppose, mais qu'ils sont tous deux des conséquences d'un même fait primitif qui a échappé à ce cristallographie, savoir, d'un mode tout par- ticulier de structure, qui paraît appartenir jusqu'à présent à un petit nombre de substances naturelles. » Les traits caractéristiques de cette structure consistent : i° en ce que la symétrie des molécules, qui toujours se reproduit exactement dans celle des cristaux eux-mêmes, n'est point ici cette symétrie bilatérale des formes prismatiques, que l'on rencontre dans la plupart des cristallisations cou- nues, mais bien celle des formes pyramidales à axes unipolaires ; 2° en ce que les molécules, qui dans la boracite peuvent être regardées comme des tétraèdres réguliers, sont disposées entre elles de manière, que dans cha- cune des files qui correspondent aux quatre axes diagonaux ou axes élec- triques , elles tournent leurs pointes vers une extrémité , et leurs bases vers l'autre ; d'où résulte une sorte de polarité dans les sommets opposés du cris- tal, qui évidemment ne se trouvent point dans les mêmes conditions phy- siques , quoique formés cependant des mêmes molécules. J'assigne ainsi une raison physique très probable au développement de l'électricité polaire , phénomène dont les lois ont été savamment étudiées par les physiciens, mais dont la cause première est restée jusqu'à ce jour inconnue. » Pour ce qui regarde le quartz, je fais voir de même, qu'en remontant à l'espèce de structure particulière qui le caractérise, on parvient à expli- quer tout à la fois , et le genre d'hémièdrie qui distingue les formes de ce minéral, et ses propriétés optiques si remarquables. Il n'est pas néces- saire pour cela de supposer avec Fresnel, que la structure du quartz fasse exception à la loi générale du parallélisme des axes, et de la distribution uniforme des centres moléculaires ; il suffit d'admettre que sa molécule ne diffère de celle qui est propre aux espèces rhomboédriques , que par une légère modification ou perturbation que les atomes composants au- raient éprouvée dans leur état d'équilibre, modification qui consiste en ce que ces atomes, par suite de leur forme et de leurs actions particulières, ne présentent plus la même disposition à droite et à gauche, ou, ce qui revient au même, en ce que la molécule rhomboédrique a subi une sorte de distorsion, dans un sens ou dans le sens contraire, perpendiculairement à son axe. » ( 4oi ) physiologie végétale. — Nouveaux Jciits relatifs aux développements des plantes ; par M. Payen. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. de Mirbel, Dutrochet, Dumas, Ad. Brongniart.) « Après avoir étudié la composition et les propriétés du tissu des plantes, ses rapports avec les substances organiques qu'il peut assimiler, avec celles qui le pénètrent sans être combinées, celles encore qu'il enve- loppe en fortes proportions lorsqu'il est très jeune; après avoir déduit de ces faits positifs une théorie des engrais généralement admise par les agriculteurs, je m'étais occupé d'étudier sous les mêmes aspects les subs- tances inorganiques utiles à la végétation, dans la vue de concourir à fonder ainsi la théorie rationnelle des amendements. » Une occasion heureuse s'est présentée d'apprécier les méthodes d'in- vestigation que j'avais employées : M. Meyen avait observé, en 1837 , dans les feuilles de plusieurs figuiers, des corps claviformes qu'il ne rencontra depuis dans aucune autre plante. Pensant que l'étude attentive de ces productions servirait à éclairer l'histoire du développement des végétaux, il les examina et les décrivit de nouveau en i83g, profitant alors des pro- grès réalisés dans la construction des microscopes. » M. Meyen donna le nom de Gwnmi-Keulen (petite massue de gomme), à ces corps qu'il supposait être gommeux et superficiellement recouverts de dentelures cristallines en carbonate de chaux; mais n'ayant pu tenir compte des données récemment admises chez nous relativement à la composition chimique et aux propriétés des tissus végétaux, ce savant n'a pas déterminé la véritable nature des corps dont il s'agit, et il devait, en conséquence, éprouver des difficultés insurmontables pour trouver les relations entre ces corps et la substance du tissu, leurs fonctions et leurs analogies. » La lecture du Mémoire de M. Meyen dans le dernier numéro des Annales des Sciences naturelles, m'inspira le vif désir de résoudre toutes ces questions en y appliquant des notions que l'Académie avait jugées dignes de confiance. Je conçus même l'espoir de faire rentrer sous des lois générales que je crois avoir découvertes, ces faits curieux restreints en apparence à une partie d'une tribu végétale. Les faits sur lesquels reposent mes conclusions ont été vérifiés non- seulement sur les figuiers cités dans le Mémoire de M. Meyen, mais encore (402 ) sur d'autres espèces, que l'extrême obligeance des professeurs et chefs de culture du Muséum m'a permis d'obtenir des immenses collections enri- chies par leurs soins: ce fut là que je me procurai en outre la plupart des autres plantes dont l'examen était utile pour généraliser les résultats. » Voici les noms des figuiers dont j'ai pu analyser et dessiner les organes sécréteurs du carbonate de chaux : Ficus ferruginea , F. laurifolia , F. ben- ghalensis , F. nymphœi folia , F. elastica, F. carica, F. religiosa, F. recli- nata; parmi les autres plantes dans lesquelles je suis parvenu à découvrir des concrétions pédicellées que j'ai également soumises à l'analyse, on peut citer la Parietaria officinalis où elles se montrent très volumineuses en sphéroïdes hérissées de mamelons irradiés : elles se rencontrent sous des formes semblables dans les feuilles de Parietaria lusitanica et P. arborea, de l! Urtica nivea et de Forskalea tenacissima. Les concrétions cylindroïdes du Celtis australis et piriformes du Celtis mississipiensis se rapprochent plus de celles des figuiers ; il en est de même encore des concrétions trouvées dans les feuilles des Morus nigra , M. alba, M. multicaulis ; quant à celles des Rroussonetia papjrifera, de l'Humulus lupulus et du Canna- bis sativa, elles sont toutes dans la base des poils; les concrétions des feuilles du Conocephalus naucleijlorus sont remarquables par leur volume, leurs gibbosités et leur situation généralement inclinée dans des cellules agrandies qu'elles remplissent presque entièrement. » Aucune concrétion calcaire pédicellée ne s'est rencontrée dans les feuilles dès Dorstenia contrajerva , D. arijolia, ni dans les Platanus et Ulmus; celles des Pipéraeées , des Aurantiacêes et des Juglandées en diffèrent par leur nature , les formes des cristaux et l'absence des pédi- c elles . ...» Après avoir décrit les expériences qu'il a faites, et les observations microscopiques qu'il a représentées dans des dessins coloriés, l'auteur termine par les conclusions suivantes : « i°. Les substances inorganisées ou cristallisables, insolubles, ne se déposent point au hasard dans les tissus des feuilles, elles y trouvent des tissus spéciaux, parfois même des organes sécréteurs, pédicellés, disposés pour les recevoir ; » 20. Les membranes de ces tissus , même dans les organes analogues , plus complexes des urticées, sont formées de cellulose, et accompagnées d'une matière azotée, comme tous les organes végétaux qui se développent; » 3°. La sécrétion par les plantes des matériaux qui doivent former leurs (4o3 ) incrustations ou concrétions est évidente encore pour les Characeœ : le Chara hispida s'entoure de carbonate de chaux , le C. translticens s'in- cruste fortement de silice, tandis que le C. vulgaris, dans les mêmes eaux, fixe à la fois le carbonate calcaire et l'acide silicique dans des propor- tions plus rapprochées; » 4°- Les concrétions calcaires à tissu pédicellé se trouvent non-s«iïïe- ment dans les figuiers, mais encore dans un grand nombre de plantes de la famille desUrticées; parfois comme dans les feuilles de Broussonelia papyrijera, Cannabis saliva et humulus lupulus, dans les poils; en général vers la face supérieure sous l'épiderme , quelquefois à la face inférieure , comme dans le figuier commun, plus rarement sur les deux faces du limbe comme dans le chanvre. Une seule grande feuille de Broussonetia p. porte jusqu'à i34ooo concrétions. » 5°. On trouve souvent le carhonate de chaux entre les cellules du paren- chyme des feuillesou de leurs nervures, danslesméatsdespétioleset des tiges ■; » 6°. Le carbonate de chaux existe sous les deux formes dans des feuilles à sucs tellement acides , qu?ils dissolvent ce carbonate lorsqu'ils sont mis en communication libre (i); » 70. Uoxalate de chaux, généralement répandu dans les feuilles des plantes, y affecte, comme dans les tiges des cactus, les formes de cristaux transparents, agglomérés en sphéroïdes hérissées de pointes et accompa- gnées de membranes : quelquefois isolés , ils offrent, l'apparence d'oc- taèdres ou de prismes rectangulaires; » 8°. Les raphides, dans leurs variétés de formes allongées, sont com- posées d'une tunique remplie d'oxalate de chaux : elles se développent dans des cellules où existe un tissu spécial et une substance azotée; » 90. La silice incruste les membranes des feuilles d'un très grand nombre de plantes, peut-être de toutes, ainsi que les cellules des tiges des graminées , des characées et des prêles ; on la rencontre quelquefois dans les méats intercellulaires et encore sous les formes de concrétion sphéroï- dale sécrétée par un tissu développé dans une cellule ; (i) Pour comprendre la possibilité du dépôt formé dans de telles circonstances , il faudrait supposer, peut-être, qu'un sel calcaire soluble, introduit dans les feuilles par la sève ascendante, y serait décompose par le carbonate d'ammoniaque puisé dans l'atmosphère. Cette hypothèse s'accorderait bien , d'ailleurs, avec les observations pratiques que j'ai faites et publiées depuis long-temps , relativement aux effets avan- tageux des vapeurs ammoniacales sur la végétation et à l'action très nuisible de tous les acides plus énergiques que l'aride carbonique. (4o4) » io°. Les différences considérables entre les proportions en poids de ces concrétions et incrustations relativement à des plantes venues dans un même terrain pourront donner des notions utiles sur les sols et les amen- dements (i). » Après avoir exposé ses vues sur le rôle qu'on pourrait attribuer au car- bonate de chaux, à l'acide oxalique, aux raphides et à la silice dans les plantes, l'auteur ajoute : «Les physiologistes remarqueront sans doute, que des conditions très différentes se trouvent réunies dans des cellules sem- blablement disposées ou très voisines et formées d'une enveloppe identi- que : l'intérieur des unes reste dans un état de neutralité constant en pré- sence d'un énorme excès de carbonate calcaire facilement attaquable, les autres renferment un excès d'acide tel, qu'il pourrait décomposer le car- bonate contenu dans les premières. » Serait-il déraisonnable d'examiner aujourd'hui , en réunissant les efforts des sciences qui se peuvent entr'aider, si cette matière commune à tous les végétaux, mince ou épaisse, souple ou solidifiée par des incrustations organiques on minérales, merveilleusement appropriée à toutes leurs mo- difications de formes et de consistance , quoique identique dans sa composi- tion élémentaire , plus abondante là où l'énergie vitale est moindre; si la cellulose, en un mot, ne serait pas destinée à former l'enveloppe protec- trice des corps vivants dans les plantes plutôt qu'elle ne serait elle-même douée d'une vie si diversifiée?» MÉMOIRES PRÉSENTÉS MM. Thomas et Laurens adressent une Note ayant pour objet de montrer l'utilité d'une disposition proposée par Watt pour les machines à vapeur, mais aujourd'hui généralement abandonnée, savoir, l'emploi d'une enve- loppe qui laisse circuler, autour du cylindre de la machine, de la vapeur venant de la chaudière. Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission des rondelles fusibles. M. Petit, de Maurienne, adresse la suite de son travail sur les habita- tions considérées sous le double rapport de la salubrité publique et privée. (i) Un tableau synoptique contient les résultats d'analyses comparées uue j'ai pu achever grâce au concours éclairé de M. Sclnnersahl. ■ 4<>5 ) Dans ce quatrième Mémoire , l'auteur s'occupe de l'action de l'air sur l'é- conomie animale. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) MM. Soyer et Ingé, et M.Boquillon annoncent qu'ils se sont réunis pour l'exploitation de leurs procédés galvano- plastiques. Ils demandent que les communications qu'ils avaient faites séparément à ce sujet soient renvoyées à une seule et même Commission. La Commission sera celle qui avait été désignée pour les procédés de M.Boquillon: elle se compose de MM. d'Arcet, Becquerel, Pouillet , auxquels M. Galle, membre de l'Académie des Beaux-Arts, a été prié de s'adjoindre. M. Korilski prie l'Académie de vouloir bien renvoyer à l'examen d'une Commission une Note qu'il a adressée dans la précédente séance, relative- ment à un appareil destiné à donner l'impulsion aux aérostats. (Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis, Séguier. ) M. Martin adresse un supplément à une Note qu'il avait précédem- ment adressée sur la déterminatio?i des latitudes et des longitudes en mer. (Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE M. le Ministre de l'Instruction publique transmet ampliation de l'Or- donnance royale qui confirme la nomination de M. Dufrénoy à la place vacante dans la section de Minéralogie et de Géologie, par suite ih^ décès de M. Brochant de Milliers. Sur l'invitation de M. le Président, M. Dufrénoy prend place parmi ses confrères. • M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce adresse le 39* volume des Brevets dinvention expirés. A l'occasion de la communication de M. de Tessan, M. Arago met sous les yeux de l'Académie deux étuis des thermométrographes qui ont été employés dans le cours de la campagne de la Vénus, pour des sondages à C. R., i8',o, 2m° Semestre. (T. XI, N»9.) 55 (4o6) de grandes profondeurs. Ces étuis, en laiton, dont le diamètre intérieur est seulement de 33miniœ,4, et dont les parois n'ont pas moins de 1 5mmim,6 d'épaisseur, n'ont pu cependant résister à l'énorme pression du liquide am- biantdans un sondage oùl'onest parvenu à une profondeur de 4000 mètres; ils ont; été écrasés et l'instrument qu'ils renfermaient a par conséquent été brisé. Cependant pour l'un d'eux il y a quelques raisons d'espérer que le curseur a conservé, relativement à l'échelle, la position qu'il occupait au moment où la rupture a eu lieu. C'est ce dont on pourra s'assurer en sciant le tube avec les précautions nécessaires. Si cette conjecture se réalisait, on aurait une mesure de la température de l'eau de la mer, à une profon- deur indéterminée , mais comprise entre deux limites connues, entre 1 i5o et 2000 brasses (1). M. Arago communique l'extrait d'une Lettre de M. Cola, directeur de l'Observatoire de Parme , relative aux étoiles filantes du mois d'août. Dans les nuits du 9 au 10 et du 10 au 11 août dernier, M. Cola, assisté de deux observateurs, a compté 536 étoiles filantes. On demandera à l'au- teur quelques détails qui sont nécessaires pour qu'on puisse comparer la moyenne de chacune de ces nuits à celle des nuits ordinaires. Par exemple, cette dernière moyenne a été déterminée parle nombre d'étoiles filantes que comptait, dans un quart du ciel seulement , un observateur; et il faudrait avoir recours à l'expérience pour connaître celle qui résulte- rait des observations de trois personnes se partageant toute l'étendue du ciel. physique nu globe. — Courants d'eau très chaude à 320 lieues des côtes du Japon , et 200 lieues des îles Kurdes. « M. Arago rappelle que dans le Rapport fait sur les travaux scienti- fiques exécutés pendant la campagne ùe la Vénus , il a insisté sur l'impor- tance des observations thermométriques, pour la détermination des cou- rants de l'Océan; depuis la lecture de ce Rapport, ajoute-t-il, M. de Tessan a cru devoir examiner de nouveau sous ce point de vue les registres où sont consignés les résultats des observations horaires de la température de la mer et il a été conduit ainsi à constater l'existence d'un courant d'eau chaude dans la mer du Japon, courant dont il ne paraît pas que les navi- gateurs aient fait mention jusqu'à présent et qui par la différence entre il) Depuis la séance l'étui du thcrnioinétiographe a été scie ; le curseur marquait (4*7 ) sa température et celle des mers qu'il traverse n'est pas moins remar* quable que le célèbre gulj-stream. Les deux courants produisent au reste dans les mers qu'ils parcourent des effets semblables, et les brumes presque permanentes des côtes du Japon semblent correspondre aux bru- mes presque permanentes du banc de Terre-Neuve. «L'extrait suivant des registres tenus à bord de la Vénus pour les obser- vations thermométriques montre combien la température du courant était supérieure à celle qu'on aurait dû attendre d'après la latitude. Traversée des îles Sandwich : au Kamlschaïka. août 1837. Le i5- Le 16. Le 17. Le 18. HEURES. . i Latitude 400x6' N. J ) Longit. 161.37 E. ' Terop. de l'air 36,0 . / Latitude 4*° > ' • . 1 Latitude 4 i»4a ' N . 1 Latitude 4s°55'N. j§ ) Longitude 161.18. 3 < Longit. 160. aa E. S /Longit. 160 3o E. \ Temp. de l'air i3,5. t^Temp. de l'air a5,i * ( Teiitp. de l'air ao,4.° 5 25,7 24,0 21 ,0 l5,2 6 25,8 23,6 21,0 15,3 7 26,0 23,6 21,0 •4.7 8 26,0 24,0 21,2 '4.8 i 26,5 24,0 20,0 '4,o 26,7 2j,0 >9,° 14,0 n 26,7 24,0 '9.0 i3,5 Midi. 26,7 24,0 '9,o .3,3 i 26,5 24,1 '9.0 i3,3 2 26,7 24,2 ■9.° •3,7 3 26,8 24,2 '9.° '3,7 4 26,8 24,2 '9,o i3,5 5 26,8 24,2 18,8 i3,3 6 26,7 24,0 i8,5 i3,3 7 26,5 23,6 ■ 8,5 i3,o 8 26,5 23,0 i8,3 i3,o 9 26,0 23,0 •7,5 i3,o 10 25,8 23,0 i6,5 i3,o ii a5,8 22,0 i5,8 i3,o Minuit. 25,6 21,0 i5,o i3,o «Dans la traversée du Ramtschatka à Monterey, le maximum de tem- 55.. ( 4«8 ) pérature que nous trouvons pour la mer n'est plus que i8°,5 par 4i° de latitude et de i35° à 1600 de longitude. » Ainsi, pour une différence en latitude de 3° 4o', c'est-à-dire 53 lieues marines; et une différence en longitude de i°, c'est-à-dire 1 5 lieues; la température de l'eau a baissé de i'3°, quantité énorme. C'est évidemment la température chaude de a6°,7' qui est la température anomale à la latitude de 4j°- C'est donc encore un courant d'eau chaude dont nous n'avons pas la largeur; car depuis les îles Sandwich, les températures diffèrent très peu de celles de la journée du i5 août. Ce courant portait la frégate vers le N.-E. et l'est avec une vitesse de un demi-mille à l'heure. » A partir du 17 inclusivement, nous nous sommes trouvés enveloppés de brume, ce qui n'a pas permis d'avoir exactement les courants par la comparaison de l'estime et de l'observation. » On a sondé plusieurs fois, dans cette brume, par 180 brasses sans trouver fond; la ligne était inclinée comme si le bâtimerit était porté vers le S.-O. » Sur la mer flottaient des morceaux de bois , des pelotes d'anatifes , des goémons en grande quantité.» M. Vallot écrit de nouveau relativement aux communications de M. Wal- fèrdin sur une des sources de la Seine. M. Vallot soutient de nouveau qu'on ne connaît dans le pays d'autre abbaye de Saint - Seine que celle qui se trouvait1 dans le village du même nom, et qu'ainsi, bien que M. Walferdin ne se soit pas trompé relativement au lieu où la Seine prend sa source, il a désigné ce Heu par un nom qui ne lui appartient point et qui est propre à induire en erreur. A l'occasion de la Lettre de M. Vallot, M. Arvgo revient sur une re-' marque qu'il avait faite relativement à une différence existant entre la température d'une des sources de la Seine, la source de la Duy, qu'il avait trouvée de io°,o et celle de la source située près d'Évergereaux, qu ; M. Walferdin n'a trouvée que de o,°,i82; cette différence de tempé- rature s'explique parfaitement par la différence entre la hauteur du pre- mier point et celle du second. Il résulte, en effet, des nivellements exé- cutés pour la nouvelle carte de France, que la source d'Évergereaux se montre à la surface du sol à 200 mètres environ plus haut que la source de la Duy. M. J. Guérijj écrit relativement à une opération qu'il vient de pratiquer ( 4o9 ) et sur laquelle il croit devoir appeler l'attention , parce qu'elle confirme, dit-il, pleinement une opinion qu'il avait soutenue dans son Mémoire sur les plaies sous-cutanées , à savoir que les plaies pratiquées sous la peau, à l'abri du contact de l'air, sont affranchies de tout travail d'inflammation. « Le i5 de ce mois, dit M. Guérin, j'ai fait sans désemparer, sur un jeune homme âgé de 22 ans, la section sous-cutanée de quarante-deux muscles, tendons ou ligaments, pour remédier à une série de difformités articulaires du tronc et des membres , causées par la rétraction active de ces muscles et ligaments. Cette série d'opérations a exigé 28 ouvertures à la peau. » Voici les résultats immédiats de ces opérations. » L'opéré n'a éprouvé qu'une douleur et une fatigue médiocres. Il n'a proféré aucune plainte pendant les opérations, et celles-ci ont duré une heure. Une heure après il s'est endormi d'un sommeil calme. La nuit et le jour suivant ont été très tranquilles. Aucun accident inflammatoire n'est survenu, et le troisième jour les 28 plaies étaient complètement cicatrisées. Aujourd'hui, cinquième jour de ces opérations, les points de là peau qui ont été divisés sont débarrassés de toute espèce d'applications^ et l'on dis- tingue à peine les traces des cicatrices. » Ces opérations ont été pratiquées à la Muette en présence d'une réunion de médecins français et étrangers. » Pour ôter à cette opération toute apparence de témérité, j'ajouterai que depuis que j'ai cherché à établir par de nombreuses expériences sur les animaux, l'innocuité absolue des plaies sous-cutanées, je suis arrivé à vérifier le même principe chez l'homme par une série d'opérations conve- nablement graduées, depuis la section d'un seul muscle jusqu'à la section d'un très grand nombre. Quant aux procédés opératoires que j'ai mis en usage, la plupart sont nouveaux et ont été appliqués à des difformités par- tielles qui n'avaient été ni décrites, ni attaquées par la méthode sous-cu- tanée.Je me propose de faire connaître les uns et lesautres, en communiquant en temps opportun à l'Académie le résultat définitif de ces opérations. » M. Guérin adresse un paquet cacheté qu'il annonce comme faisant suite à celui qu'il a déposé le 28 mai dernier. . M. Romancé, mécanicien, adresse également un paquet cacheté. Le dépôt des deux paquets est accepté. La séance est levée à 5 heures. F (4io ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie wjale des Sciences; 2* semestre 1840, n°8, in-4". Description des Machines et Procédés consignés dans les brevets d'in- vention , de perfectionnement et d'importation; tome 3g, in-4°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 5, n°* 21 et 22, in-8°. Mémoires de la Société royale d Agriculture et Arts du département de Seine-et-Oise , 3ge année; in-8°. Mémoires de la Société royale des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille; année i838, 3e partie; année 183g, i" partie; 2 vol. in-8°. Actes de la Société linnéenne de Bordeaux ; supplément au tome 10, et 3e, 4e et 5e liv.de 1840. Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen; n° 5g — 61 , in-8°. Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de Sainl- Êtienne; tome 16, 5e et 6'liv. de t83p, et tome 17, 2e et 3eliv. de 1840, in-8°. Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine- et-Loire; 10e année, n° 3 à 6, et 11e année, n° 1 à 4; in-8". Becueil de la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Let- tres du département de l'Eure; tome 10; avril, mai et juin i83g; in 8°. Bulletin des travaux de la Société départementale d'Agriculture de la Drôme; n° 18, in-8°. Mémoires de la Société d! Agriculture , Sciences, Arts et Belles Lettres du département de l'Aube, ior, 2e et 3e trimestre de i83g; in-8°. Histoire et Mémoires de l'Académie royale des Sciences , Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse; années 1837, i858 et i83g,tome5, 1" et 2f partie, in-8°. Annales de la Société d'Emulation du département des Vosges; tome 3, 3* cahier de i83g, in-8°. Mémoires et Analyse des travaux de la Société d'Agriculture, Com- merce, Sciences et Arts de la ville de Mende, chef-lieu du département de la Lozère; 1837 et i838 ; in-8°. (4" ) . Comices agricoles. — Extraits des Mémoires de la Société d'agricul- ture , Commerce , Sciences et Arts de la ville de Mende; i83g et 1840 , in-8°. Société d'Émulation du département des Vosges. — Connaissances usuelles recueillies par la Société, pour être adressées gratuitement à toutes les communes du même département. (Extrait des Annales de la So- ciété , n° 8, 25 février.) In-8°. Séance publique de la Société d'Agriculture, Commerce , Sciences et Arts du département de la Marne; année 1839, in-8°. Éloge historique de Philibert Parât; par M. Martin jeune ; Lyon , 1 85g, in-8°. Société libre d'Émulation de Rouen. — Sujet de prix spécial pour i83g et 1 8 40 , séance du 6 juin 1839; in-8°. Explication de la Planche publiée le 10 juin der/der, intitulée : 1" Mé- moire sur V Électro-magnétisme moteur de machines avec piles de toutes sortes, et sans pile, au moyen des seuls courants d'induction des ai- mants, etc. , etc.; par MM= Précorbin et Legrjs; une feuille in-8°, avec planches. Rapport sur le concours ouvert pour le Prix à décerner en 1 840 par la Société médicale du département d'Indre-et-Loire, fait au nom dune Com- mission, par M. le Dr Haime; Tours, in-8°. Bulletin général de Thérapeutique, médicale et chirurgicale; tome 19, 5' et 4e Hv., in-8°. Revue des Spécialités et Innovations médicales et chirurgicales; tome 1 , n° 10, in-8*. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; n° 9, sept. 1840. Journal d'Agriculture pratique, de Jardinage , etc. ; tome 4 > août i84o, in-8°. Revue critique des Livres nouveaux ; 8e année, n° 8, in-8°. Revue scientifique et industrielle; par M. Quénesville; n8 8, août 1840, in-8°. Histoire et culture de la Renouée tinctoriale (Polygonum tinctorium) , et description de plusieurs procédés d'extraction de son indigo; par M. Jaume Saint-IJilaire. Bibliothèque universelle de Genève; n° 55; juillet 1840, in- 8°. Recherches sur les Ossements jossiles de la Russie, 2e lettre à M. L. Agassiz; par M. Fischer de Waldheim ; Moscou , in-40. ( 4« ) The Zoology .... Zoologie du Voyage du Beagle , capitaine Fitzroy ; publiée par M. C. Darwin, naturaliste de l'expédition ; 4" partie (Poissons), par M. L. JENYNs;n° 2. An Examination. . . . Examen de la Phrénologie en deux leçons; par M. T. Sewall; Washington, 1837, in-8°. Report of. . . . Rapport sur la 9e réunion de l'Association britannique pour V avancement des Sciences, qui a eu lieu à Birmingham en août 1 83g; Londres, 1840, in-8°. Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 35. Gazette des Hôpitaux; n°* 100 et 101. Gazette médicale de Marseille; n° 6. L'Expérience, journal de Médecine; n* i65, in-8". Errata. (Séance du i[\ août.) Page 3 j5, à la fin de la Note de M. Domeyko, ajoutez les noms des Commissaires, MM. Berihier, Élie de Beaumont. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. SERRES, VICE- PRÉSIDENT. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. chimie optique. — Sur la construction des appareils destinés à observer le pouvoir rotatoire des liquides ; par M. Biot. « Plusieurs chimistes français et étrangers s'étant trouvés arrêtés dans des expériences de chimie optique par les imperfections des appareils dont ils faisaient usage, et par l'incertitude où ils étaient sur la manière de les employer, il m'a semblé utile de spécifier ici, dans nos Comptes rendus , diverses conditions que ces appareils doivent remplir, et aussi quelques précautions qu'il faut prendre pour en obtenir des résultats exacts. Ce sont des choses très faciles, et qu'une pratique persévérante apprendrait bientôt à un physicien exercé; mais elles sont indispensables, car la réus- site est impossible si l'on ne s'y astreint pas. » L'ensemble de l'appareil est fort simple. La lumière blanche des nuées est d'abord reçue sur la première surface d'un verre noir plan et poli, qui la renvoie dans un tuyau muni de diaphragmes intérieurs, suivant une direction telle, que le faisceau ainsi isolé, et transmis par les diaphragmes, se trouve polarisé par réflexion aussi complètement que possible. Ce fais- C. R. , 1840, 3me Semestre (T. XI, I\° iO./ °6 ( 4'4 ) ceau arrive ensuite perpendiculairement sur la première surface d'un prisme biréfringent, achromatisé, qui est placé au centre d'un cercle divisé, et porté sur une alidade mobile. Le plan du cercle est pareillement perpen- diculaire à la direction du rayon réfléchi. Alors, en faisant mouvoir l'ali- dade vers la droite ou vers la gauche du plan de réflexion, elle entraîne le prisme, qui tourne ainsi autour de l'axe du faisceau réfléchi, en lui demeurant toujours perpendiculaire. La succession des images, ordinaires, extraordinaires, que ce mouvement développe dans les différentes direc- tions où l'on amène l'alidade, fait connaître l'état de polarisation plus ou moins complet du faisceau réfléchi; et, lorsqu'il est complètement pola- risé, le sens de sa polarisation, qui coïncide avec le plan de réflexion, se trouve indiqué sur le cercle divisé par la position que prend l'alidade quand le prisme ne donne qu'une image unique formée par la réfraction ordinaire. La division où l'index de l'alidade s'arrête alors sur le cercle, est ce que •j'appelle le point zéro de la polarisation directe. Il est commode que ce point coïncide avec le zéro des divisions tracées sur le cercle, ou qu'il en soit très proche; et l'artiste qui construit l'instrument assure cet avan- tage, en plaçant l'origine de la graduation dans le plan de réflexion de la glace polie. Pour fixer les idées, je supposerai, dans ce qui va suivre, que le plan de réflexion est vertical, et que le zéro des divisions est placé au sommet supérieur du cercle. Alors le prisme biréfringent devra être fixé sur l'alidade, suivant une direction telle, que l'image extraordinaire E soit nulle ou presque insensible quand l'index de l'alidade sera amené sur o°. » Les choses étant disposées ainsi, ayez des tubes creux, de verre ou de métal, terminés par des glaces minces à faces parallèles; puis, ayant rempli l'un d'eux avec certains liquides, tels- que l'eau, l'alcool, ou des acides quelconques à l'exception du tartrique et de ses composés, in- terposez ces plaques liquides dans le trajet du faisceau polarisé, avant qu'il arrive au prisme biréfringent amené sur le point zéro. L'image extraordi- naire E, qui était nulle ou insensible, restera telle; et par conséquent la polarisation primitivement imprimée par la réflexion n'aura pas été trou- blée. Tous les liquides qui la laissent ainsi subsister sans dérangement seront ce que j'appelle moléculairement inactifs. Ils le paraissent du moins pour nos sens, dans les limites d'épaisseur restreintes où nous les pou- vons étudier. » Mais une multitude d'autres liquides, tels que les dissolutions de diverses espèces de sucres, la plupart des huiles essentielles, les solutions d'acide tartrique et de ses sels, ou de ses dérivés, enfln une foule de (4.5 ) liqueurs animales ou végétales, étant interposées de même, troublent la po- larisation primitive, et la transportent, pour chaque rayon simple, dans un autre plan que celui où elle avait lieu d'abord. Cela se voit tout de suite, parce que l'image extraordinaire E qui était précédemment nulle, reparaît immédiatement; et même, si le liquide interposé laisse passer des rayons de diverses réfrangibilités, ce qui est le cas habituel, cette image paraît co- lorée, parce que le plan de polarisation des rayons transmis est dévié iné- galement selon que leur réfrangibilité est différente. Pour étudier isolément cet effet , au moins sur l'un d'eux , il faut interposer entre le prisme et l'œil une plaque de ces verres rouges, colorés par le protoxide de cuivre, qui, lorsqu'ils sont suffisamment épais, ne transmettent qu'une seule es- pèce de rayons, voisins du rouge extrême du spectre; alors l'image extra- ordinaire E qui reste visible, est uniquement composée de ces rayons rouges sensiblement homogènes. Or, en tournant l'alidade du prisme vers la droite ou vers la gauche de l'observateur, on retrouve toujours une cer- taine position où cette nouvelle image E devient nulle, comme elle l'était primitivement; de sorte que l'arc parcouru par l'alidade, depuis le point zéro, mesure l'angle de déviation quele plan de polarisation des rayons rouges purs a subi vers la droite ou vers la gauche de l'observateur, en traversant le liquide interposé. Cet angle, pour chaque liquide, est proportionnel à l'épais- seur interposée ; et il reste invariable quand on agite le liquide dans son tube, ou qu'on écarte ses particules les unes des autres, en le mêlant avec des liquides inactifs qui n'agissent pas sur lui chimiquement. Par ces résultats, et même par le seul fait de la non-symétrie de l'action exercée ainsi dans des liquides, sous l'incidence perpendiculaire, on voit que la déviation to- tale observée est la somme des déviations infiniment petites successive- ment imprimées au rayon par les groupes moléculaires actifs disposés sur son trajet. De sorte que le sens de cette déviation, et sa grandeur, pour l'unité de masse active traversée, sont deux phénomènes caractéristiques de la constitution actuelle des particules agissantes, dans lesquels leur mode d'agrégation accidentel n'intervient pas. Les substances qui dévient ainsi les plans de polarisation des rayons lumineux, dans un certain sens propre, en vertu de leur action moléculaire, sont ce que j'appelle des substances mo- léculairement actives. On ne peut évidemment leur attribuer cette déno- mination , qu'en étudiant leurs effets , dans l'état libre et désagrégé de leurs groupes matériels, conséquemment après les avoir liquéfiées par la fusion, ou la dissolution dans des liquides inactifs. Car l'agrégation, ac- compagnée de l'état cristallin, peut développer des actions de masse qui 56.. ( 4'6 ) imitent celles-là, sans que les molécules isolées, ou agrégées confusé- ment, hors de l'état cristallin, les exercent. C'est ce qu'on observe dans le quartz. Parmi la multitude d'expériences que j'ai eu l'occasion de faire sur ce sujet , je n'ai jamais rencontré de substance moléculairement active qui n'eût au moins un élément organique. Alors la faculté déviante per- siste dans toutes les combinaisons où la substance active entre sans que ses grotipes moléculaires soient chimiquement décomposés. Mais l'inten- sité de la déviation, et même son sens , vers la droite ou vers la gauche du plan primitif, varient généralement avec la nature ainsi qu'avec les pro- portions des principes dont se compose la combinaison. » Jusqu'ici j'ai considéré spécialement l'action exercée sur le rayon rouge pur, parce que c'est le seul que l'on puisse isoler complètement par l'interposition de verres colorés; et ainsi c'est toujours à lui qu'il faut ra- mener définitivement les observations pour les rendre comparables. C'est ce que j'ai fait dans les formules insérées aux Mémoires de l'Académie, et aux Comptes rendus, où elles sont présentées toutes préparées pour des applications, avec des exemples qui en éclaircissent l'usage. Je n'ai donc qu'à y renvoyer. Mais, en étudiant les couleurs des images extraordinaires qui s'observent immédiatement à l'œil nu , à travers des liquides incolores, j'ai trouvé que, pour toutes les substances actives jusqu'ici connues, à la seule exception des solutions d'acide tartrique dans des liquides inactifs, les déviations des divers rayons simples sont presque exactement récipro- ques aux carrés des longueurs d'accès des éléments lumineux considérés comme matériels: ou, ce qui revient au même, aux carrés des lon- gueurs des ondulations dans le système ondulatoire. De là , non-seule- ment on déduit les teintes des images formées dans toutes les positions du prisme biréfringent, de manière à ne pas pouvoir les distinguer de l'expérience; mais encore, ce qui est infiniment utile, on trouve que, dans la succession des teintes extraordinaires qui apparaissent à mesure que le prisme tourne, il y en a une extrêmement distincte, et facilement reconnaissable, qui répond avec une approximation singulière à la dévia- tion des rayons jaunes purs, et que l'on peut ramener à celle des rayons transmis par les verres rouges , en la multipliant par f|-. Cette teinte est un violet bleuâtre qui suit immédiatement le bleu intense et précède immédia- tement le rouge jaunâtre dans le progrès de la rotation; et, tant par sa nature spéciale, que par son opposition tranchée avec les deux autres entre lesquelles elle est toujours comprise, il est impossible de ne pas la reconnaître avec une parfaite évidence quand on l'a seulement cherchée ( 4-7 ) une fois par les caractères précédents. C'est ce qu'ont éprouvé toutes les personnes qui ont bien voulu essayer avec moi ce genre d'observations. Et elles parvenaient bientôt à arrêter le mouvement du prisme exactement au même point que moi, parce que l'incertitude d'appréciation des couleurs, résultante de la diverse organisation des yeux, se trouve ici complètement levée par le mode de succession qui amène celle que je viens de désigner. Or, non-seulement l'observation ainsi effectuée est infiniment plus facile et plus prompte qu'avec le verre rouge; mais l'apparition des cou- leurs, jointe à leur changement soudain autour du point de passage, devient un indice tellement sensible, que, par exemple, un millième en poids de sucre de cannes dissous dans l'eau, manifeste ainsi son pouvoir rotatoire avec évidence à travers une épaisseur d'un demi-mètre, ce qui est une longueur de tube qui n'a rien d'incommode à employer. Ce mode d'ob- servation si simple et si facile, suffit parfaitement pour toutes les recherches courantes, où l'on n'a pas besoin d'établir des lois fondamentales, mais seulement de constater des identités ou des différences de constitution moléculaire, ce qui est presque toujours le but de la chimie; et l'on peut toujours'le compléter par les déterminations plus rigoureuses faites avec le verre rouge. Mais j'ai dit tout-à-l'heure que les solutions d'acide tartrique dans des liquides inactifs y échappent. Leur action sur les divers rayons du spectre suit de tout autres lois , dépendantes de la nature du système fluide formé, ainsi que de ses proportions pondérales, de sorte que l'emploi du verre rouge ne peut alors être évité. Cette exception , jusqu'à présent unique, est sans doute bien surprenante; elle l'est d'autant plus, qu'elle dis- paraît instantanément dans les combinaisons de l'acide avec des bases éner- giques, ou avec l'acide borique, lesquelles reprennent la loi habituelle de dispersion des plans de polarisation pour les rayons d'inégale réfrangibi- lité. Des propriétés si remarquables , et si complètement exceptionnelles, semblent bien propres à solliciter ^attention des chimistes sur le corps qui les possède; car elles se réunissent pour leur indiquer que la constitution moléculaire de l'acide tartrique renferme quelque grand secret de chimie, qui semble déjà s'offrir à leurs soupçons dans les propriétés étranges que ce même acide communique aux solutions dont il fait partie. * En joignant à l'exposition précédente les formules que j'ai si souvent employées dans mes Mémoires ou dans les Comptes rendus, pour calculer le pouvoir moléculaire propre de chaque substance d'après les dévia- tions des plans de polarisation observées , on aura tous les principes de cette étude nouvelle des corps , que j'ai cru pouvoir désigner par (4i8 ) le nom de Chimie optique. Mais il me reste à décrire plusieurs précau- tions de détail indispensables pour que lès expériences réussissent, et fournissent des éléments de calcul exacts. Tel est même le but principal de cet écrit. Supposant donc l'ensemble de l'appareil suffisamment connu par la description générale rappelée plus haut-, je vais successivement passer en revue ses diverses parties , en indiquant les conditions de précision qu'il faut leur donner pour qu'elles réalisent convenablement les effets qu'elles sont destinées à produire ; et je m'aiderai au besoin de figures pour la clarté de l'exposition. I. Miroir réflecteur. v Ce miroir est destiné à jeter dans le tuyau de l'appareil un faisceau délié de lumière blanche des nuées, après l'avoir polarisée par réflexion. Cela exige que sa surface réfléchissante forme avec l'axe du tuyau un angle d'environ 35° 3o'. On le rend donc mobile autour d'un axe horizontal faisant corps avec le tuyau, de manière que l'on puisse l'amener dans cette position, et l'y fixer par une visqui l'arrête. Pour régulariser cette opéra- tion, la plupart des artistes adaptent autour de Taxe de rotation un cercle divisé que le miroir entraîne en tournant, et dont il amène successivement les divisions devant un index fixe, lequel doit répondre à o° quand le plan du miroir se trouve dirigé suivant l'axe du tuyau. De sorte qu'en faisant tourner ce plan jusqu'à ce que la division 35° 3o' arrive devant l'index, on le suppose dirigé convenablement pour que le rayon réfléchi dans le tuyau soit polarisé. Mais cette disposition est très imparfaite, et souvent fautive. Car, d'abord, l'angle de polarisation, sur le verre dont ils font usage, est rarement tel qu'ils le supposent, ou qu'ils le marquent dans leurs cons- tructions. Puis, le mouvement de la main est trop grossier pour amener le miroir dans sa position précise, et il s'en écarte toujours quelque peu lors- qu'on serre la pince qui doit le fixer. Enfin, la polarisation d'un rayon blanc ne peut jamais être complète, à cause de l'inégale réfrangibilité des rayons élémentaires qui le composent; de sorte qu'après s'être guidé sur l'index pour amener le miroir près de la position la plus favorable, il faut pouvoir ensuite lui i mprimer de très petits déplacements, alternativement contraires , à l'aide d'un mouvement de vis, pour reconnaître cette position par ses effets mêmes, c'est-à-dire en analysant le rayon réfléchi , au moyen du prisme biré- fringent, et arrêtant fixement le miroir, lorsque la polarisation observée de (4»o) son ensemble est la pluscomplète. M. Cauchoix a réalisé toutes ces facilités dans les appareils qu'ilacontruits pour moi , en adaptant sous la monture du miroir, fig. r, une tige de vis CV, tournant à charnière en C, et passant librement dans un anneau AA porté par le prolongement du miroir. La portion de la tige comprise entre le point d'attache C, et l'anneau AA, est entourée d'un ressort à boudin assez fort pour tendre toujours à repousser éner- giquement le miroir, et à le faire tourner ainsi autour de son axe de ro- tation. Mais cette tendance est contrebalancée, et son effet réglé, par un bouton à écrou BB, qui se visse au prolongement extérieur de la tige, de l'autre côté de l'anneau A; ce qui permet de modifier l'inclinaison du miroir sur l'axe du tuyau , par des mouvements aussi lents qu'on peut le désirer, en le laissant toujours fixé de lui-même au point où on l'aban- donne. J'ai employé, et j'emploie encore de ces appareils, qui, une fois bien réglés, sont restés fixes pendant huit ou dix années consécutives sans avoir besoin d'aucune rectification. » La lumière des nuées est préférable à toute autre par sa blancheur. Dans nos climats du Nord , où le ciel est trop souvent sombre, il y a de l'avantage à disposer l'appareil de manière qu'il la reçoive du côté du midi, où elle est habituellement le plus intense. Mais, après l'avoir ainsi établi fixement, comme on verra tout- à-l'heure qu'il faut le faire, il faut ( 4*° ) entourer le miroir d'une sorte de pyramide latérale qui l'empêche de recevoir directement les rayons solaires, conjointement avec ceux que l'atmosphère peut lui envoyer. Car la proportion de ces rayons directs , qui se polariserait par réfraction dans les couches du verre les plus voi- sines de la surface, et qui rejaillirait de là dans le tuyau par radiation, serait assez abondante, comme assez vive, pour donner dans le prisme biré- fringent une image extraordinaire appréciable, qui se mêlant au faisceau spé- culairement réfléchi , et polarisé dans le plan de réflexion , dénaturerait tous les résultats. Par le même motif, aux époques de l'année où la marche du soleil amène cet astre à jeter directement ses rayons sur le miroir pendant quelques instants, il faut ne jamais observer dans ces ins- tants-là. » Mais tous ces soins pour obtenir une bonne polarisation seraient ren- dus inutiles si l'observateur qui doit analyser le faisceau réfléchi avait lui- même les yeux exposés à la lumière extérieure; car non-seulement il ne pourrait alors apprécier que très grossièrement les conditions d'une pola- risation exacte , mais une foule de phénomènes de rotation lui échappe- raient par leur délicatesse, se trouvant effacés dans la sensation par le trop grand éclat étranger qui s'y mêlerait. C'est ce qui m'est arrivé pendant long-temps, avant que j'eusse soupçonné l'inconvénient de ce mélange; et il nuit même à la mensuration des phénomènes les plus manifestes, en exa- gérant les limites angulaires de rotation entre lesquelles les images extra- ordinaires qui s'y rapportent deviennent insensibles. Pour s'y soustraire, il faut absolument que le tuyau qui contient le rayon réfléchi, le prisme biréfringent qui sert pour l'analyser, et l'expérimentateur qui l'étudié, soient enfermés dans un petit cabinet parfaitement obscur, dont il ne sorte au-dehors que la seule extrémité antérieure du tuyau à laquelle le miroir réflecteur est adapté; l'orifice de sortie étant lui-même exactement fermé , sur tout le contour du tuyau, par l'application de plusieurs doubles de pa- pier noirci, de manière qu'il ne puisse s'introduire par-là aucune lumière. Néanmoins, il faut aussi pouvoir, de temps en temps, faire arriver un peu de clarté dans cette obsctirité, pour lire sur le cercle divisé le point de la graduation auquel on a amené l'alidade mobile. A cet effet, je pratique à côté de l'observateur une porte qu'il puisse, à sa volonté, ouvrir et fermer sans se déranger de devant l'appareil; et je la dispose de manière qu'elle regarde, en s'ouvrant, la partie du ciel de laquelle la lumière arrive; de sorte qu'en collant des papiers blancs sur cette face, d'abord intérieure, elle puisse ( ** ) éclairer, par réflexion rayonnante, le cercle divisé. Alors, quand on a con- duit l'alidade mobile sur un certain arc de déviation, on ouvre la porte, juste autant qu'il le faut pour recevoir la faible lueur nécessaire à la lec- ture ainsi qu'à la transcription des résultats; puis on la referme aussitôt, en conservant à la pupille l'état de dilatation que lui a imprimé l'obscu- rité , et qui la rend plus délicatement sensible aux impressions du faisceau polarisé qu'elle étudie. II. Table qui porte tout l'appareil. » Cette table, construite solidement, en bois noirci, doit être fendue dans toute sa longueur par une rainure, dans laquelle s'insèrent les pieds des tiges métalliques qui portent le tuyau avec le miroir réflecteur, le cercle divisé, et enfin les supports à fourchettes sur lesquels on pose les tubes d'observations. Comme toutes ces tiges doivent être amenées exacte- ment dans le même plan vertical qui contient le rayon réfléchi, il faut que la rainure soit assez large pour laisser un certain jeu de mouvement latéral qui permette d'effectuer exactement cette coïncidence. Quand elle est opérée, on serre les pieds des tiges contre la table par des vis de pres- sion qui les fixent invariablement. La hauteur de la table doit être telle# et tellement combinée avec l'inclinaison du tuyau sur l'horizon , que l'expé- rimentateur, placé derrière le prisme biréfringent, le trouve à la hauteur de son œil , soit en se tenant debout , soit en restant assis, ce qui vaut en- core mieux , les observations étant toujours d'autant meilleures qu'il éprou- vera moins de gêne. Le support du cercle divisé, et ceux qui sont destinés à recevoir les tubes, doivent être susceptibles de variation dans le sens vei- tical pour s'accommoder à l'inclinaison donnée au tuyau qui contient le rayon réfléchi. Jl faut d'ailleurs que toutes ces pièces adhèrent à la même table, afin qu'un dérangement accidentel survenu par un choc les main- tienne toujours dans les mêmes positions relatives, ce qui n'aurait pas lieu si on les établissait sur des tables séparées. III. Prisme biréfringent. » Ce prisme doit être tel, qu'un rayon de lumière naturelle en s'y réfrac- tant se résolve seulement en deux faisceaux polarisés dans des sens rectan- gulaires. La manière la plus simple, ainsi que la plus sûre, de remplir cette condition, m'a paru être la suivante. Ayant choisi un petit rhomboïde de C. R., t84o, a"" Semestre. (T. XI, N» 10.) 67 chaux carbonatée bien pur, et d'une constitution régulière, dont la section principale est ACA'C, fig. 2 , je le coupe par un plan perpendiculaire à cette section, et incliné seulement de trois ou quatre degrés sur la base naturelle ABCD; de manière que le parallélisme primitif de ses faces supérieure et inférieure se trouve aussi légèrement altéré dans la direction de la section principale, comme le re- présente \a_fig. 3 , où Ion a tracé la coupe oblique en C'PP'P" par des lignes pleines. Cela fait, si un rayon de lumière non polarisé est introduit dans ce prisme rhomboïdal, perpendiculairement à sa face naturelle ABCD, il se di- vise d'abord intérieurement en deux faisceaux d'égale intensité, qui se meuvent dans le plan de la section principale du point d'incidence, avec des sens de polarisation rectangulaires. Arrivés à la surface artifi- cielle et oblique C'PP'P", ces faisceaux ne se dédoublent pas en sortant (423) du cristal. Chacun d'eux reste simple dans son émergence, en conser- vant le même sens de polarisation qu'il avait reçu intérieurement. L'o- bliquité de la face d'émergence les sépare seulement davantage; mais, étant très petite, elle n'altère pas sensiblement l'égalité primitive de leurs intensités, de sorte que toutes les conditions indiquées plus haut se trou- vent remplies. 11 ne reste qu'à corriger la dispersion chromatique que les deux faisceaux ont subie, et qui s'est principalement opérée dans leur émergence. Pour cela, on remplace la portion enlevée du rhomboïde par un prisme de verre de même sens, et d'un angle tel que l'achromatisme soit rétabli, non pas exactement, car il ne peut l'être, mais aussi approxi- mativement que possible, surtout dans l'image extraordinaire , qui est celle dont les teintes servent le plus spécialement d'indices pour les déviations. Ce prisme compensateur étant ainsi choisi, on le colle à la face artificielle du cristal par une mince couche d'essence de térébenthine épaissie ; et ce système mixte est ensuite fixé au centre du cercle divisé, sur l'alidade mo- bile, de manière que la face naturelle reçoive immédiatement le faisceau lumineux réfléchi par le miroir. Alors le prisme compensateur de verre se trouve du côté de l'œil, et ne peut plus troubler les affections reçues par les rayons lumineux dans leur marche antécédente; au lieu qu'il les altérerait par son interposition si on le plaçait dans le trajet des rayons avant le cristal , comme on le fait quelquefois inconsidérément. » J'ai dit que l'obliquité donnée aux faces du rhomboïde ne devait être que de quelques degrés. Cela est nécessaire pour que la dispersion chro- matique des deux faces ne soit ni trop forte, ni trop sensiblement inégale. Comme conséquence decettedisposition.il faut que les diaphragmes qui bornent le diamètre du faisceau réfléchi soient assez étroits pour que le prisme biréfringent sépare complètement les deux images formées, sans les écarter beaucoup au-delà de cette limite ; parce qu'il suffit qu'on les puisse voir complètement distinctes, et que leur comparaison se fait d'autant mieux qu'elles sont plus proches. Cette limitation de l'épaisseur du faisceau ré- fléchi a encore l'avantage de rendre son état de polarisation plus complet; et tous ces motifs se réunissent pour exiger qu'on ne l'exagère pas au-delà de ce qu'il faut pour le dédoublement complet des deux images. » Des opticiens auxquels on avait demandé des appareils de ce genre, ayant éprouvé de la difficulté à se procurer du spath d'Islande , ont cher- ché à le remplacer par des prismes de cristal de roche taillés parallèlement et perpendicidairement à l'axe des aiguilles, de manière à se compenser achromatiquement Mais cette substitution est très vicieuse , parce qu'on ne 5t ( 4^4 ) parvient jamais à tailler et combiner ainsi des prismes cristallisés dans des directions telles, qu'il n'en résulte rigoureusement que deux images finales. On en voit toujours quatre, dont deux, à la vérité très faibles, deviennent sensibles dans des épreuves délicates. Elles le sont surtout ici pour l'ob- servateur placé dans une complète obscurité, et elles troubleraient toute l'exactitude des résultats qu'il s'agit de déterminer. On évite avec sûreté cet inconvénient capital par la construction que j'ai indiquée plus haut , et je n'en connais pas qui présente aussi bien cet avantage. On a aussi es- sayé quelquefois de remplacer le prisme biréfringent par une plaque de tourmaline. Mais, lorsqu'une telle plaque est assez épaisse pour absorber complètement l'un des deux faisceaux intérieurs qui s'y forment, et pour transmettre ainsi l'autre polarisé en un seul sens, elle est toujours assez colorée pour dénaturer complètement les teintes de ce faisceau transmis, qui sont ici un élément important d'observation. IV. Manière de régler l'appareil. » Lès dispositions précédentes étant admises, il faut d'abord donner au rayon réfléchi l'état de polarisation le plus complet qu'il puisse recevoir. Pour cela on amènera le miroir réflecteur dans la position marquée par l'artiste comme produisant approximativement cet état. Puis, on inclinera le cercle divisé qui porte le prisme, jusqu'à ce que son plan devienne exactement perpendiculaire à l'axe du tuyau qui contient le rayon ré- fléchi, ce qui rendra ce rayon perpendiculaire à la face naturelle du prisme biréfringent. Alors l'observateur s'enfermera dans le cabinet obs- cur; et, sans s'inquiéter du zéro des divisions, il fera tourner l'alidade mobile, jusqu'à ce que l'image extraordinaire E soit, sinon absolument nulle, du moins le plus faible qu'il 'est possible. Quand il aura bien cons- taté cette position, un aide placé au dehors, tournera doucement le bou- ton BB qui retient le miroir réflecteur, Jig. i , de manière à faire varier tant soit peu le plan de ce miroir autour de la position approximative qu'on lui avait d'abord donnée; et l'observateur, étudiant la polarisation du rayon dans chacune de ces positions successives, reconnaîtra bientôt celle où elle est le plus complète , par la condition que l'image extraordi- naire y soit le plus complètement éteinte. Alors le miroir réflecteur res- tant ainsi fixé, l'observateur ouvrira la porte du cabinet pour amener l'in- dex de l'alidade mobile sur le zéro des divisions, ce qui entraînera le prisme biréfringent; puis, la maintenant dans celte position, et ayant ( 4*5 ) rétabli l'obscurité, il fera cette fois tourner le prisme seul dans sa mon- ture, jusqu'à ce que l'image E disparaisse de nouveau. Alors il consta- tera par une dernière épreuve que l'inclinaison donnée au miroir est défi- nitivement la meilleure, ou il l'y fera amener s'il en est besoin; et ceci reconnu, il fixera invariablement le prisme sur l'alidade par une vis de pression destinée à cet usage. » Si les opérations manuelles pouvaient être tout-à-fait rigoureuses, l'ap- pareil ainsi réglé amènerait toujours la section principale du prisme dans le plan de réflexion quand l'alidade marquerait o°;et alors le zéro de la pola- risation primitive coïnciderait exactement avec le zéro des divisions tracées sur le cercle. Mais cet accord n'aura jamais lieu avec une entière rigueur. Pour déterminer le petit écart qui a pu rester encore, l'observateur tour- nera l'alidade, successivement vers sa droite et vers sa gauche, en l'arrêtant dans la position où l'image E est le plus complètement éteinte. Et, comme sa disparition subsiste sur une certaine étendue d'arc où elle est seulement in- sensible, il déterminera les limites de cet espace par des essais réitérés, au nombre de quinze ou vingt, après chacun desquels il se redonnera assez de clarté pour lire et noter la division à laquelle l'index de l'alidade s'arrête. La moyenne de ces déterminations, qui seront toujours extrêmement peu différentes les unes des autres, lui donnera la vraie position du zéro de son appareil à une petite fraction de degré près; et il faudra répéter cette vérification de temps en temps, comme on répète celles des instruments d'astronomie, pour tenir compte des petits dérangements que les diffé- rentes parties de l'appareil auraient pu éprouver, par l'effet de leurs réac- tions mutuelles ou des variations de la température ambiante. Le point zéro ainsi fixé, sera l'origine à partir de laquelle il faut compter les arcs de déviation réellement opérés dans les diverses expériences. Il en résultera ainsi une petite correction à faire aux arcs immédiatement lus sur le cer- cle, pour ramener les déviations à leur valeur véritable, comptée de ce point. Si d'ailleurs tout l'appareil est bien réglé, lorsqu'on tournera l'ali- dade mobile sur toute la circonférence du cercle divisé, les images ordinaire, extraordinaire, O, E, devront alternativement s'évanouir dans les quatre quadrans comptés à partir du point zéro ainsi déterminé; et il faut avoir bien soin de constater qu'il en est ainsi, dans les limites d'exactitude que ce genre d'observation comporte. » Ce même mode de détermination par des limites de visibilité, devient nécessaire, toutes les fois que l'on veut mesurer des déviations à travers le verre rouge, parce que l'image extraordinaire déviée E reste pareillement r 4*6 ) alors insensible sur une certaine amplitude d'arc. Pour trouver le point précis de sa plus complète disparition , je tourne l'alidade en partant de o°, jusqu'à ce qu'elle arrive à la première limite où l'image E commence à disparaître je la fais alors reparaître quelque peu en rétrogradant, puis de nouveau disparaître, et j'arrive ainsi sans incertitude à la première limite de son évanouissement que je lis sur le cercle divisé. Cela fait, je tourne l'alidade sur tout l'espace où l'image E est insensible, et je détermine par des essais pareils la seconde limite de sa réapparition. Je répète ces al- ternatives dix, vingt ou trente fois selon le besoin , tant pour obtenir des résultats moyens plus exacts , que pour obvier aux variations soudaines d'intensité de la lumière atmosphérique incidente, variations qui déplacent quelquefois notablement les limites absolues de disparition et de réappa- rition. Mais, par cette succession d'observations alternées, sur les deux li- mites prises tour à tour pour origine de chaque couple, la compensation se fait si bien , que j'ai maintes fois obtenu exactement la même déviation moyenne par des états de l'atmosphère tellement dissemblables, que l'ampli- tude totale de disparition se trouvait seulement de quatre ou cinq degrés au plus dans les uns, et de vingt, ou même trente, dans les autres. Or, quoique je ne fusse pas porté à compter sur des résultats obtenus dans des états du ciel aussi sombres, et que je sois très loin de le conseiller, j'ai constaté cependant par cet accord que la méthode des alternatives était très exacte; el que, dans des circonstances atmosphériques qui ne sont pas extrême- ment défavorables, dix ou vingt observations de limites suffisent pour établir les déviations moyennes opérées à travers le verre rouge , aussi sûre- ment qu'on peut le désirer. Lorsqu'on peut se borner à observer immé- diatement la déviation de la teinte E , violet bleuâtre , une seule mesure suffit, comme je l'ai dit plus haut, toujours en comptant les arcs à partir du zéro actuel de la polarisation primitive déterminé sur le cercle divisé. Néanmoins il ne serait pas prudent d'étendre cette observation à des dé- viations dont l'amplitude excéderait notablement une dem i -circonférence , parce que le progrès des dispersions rendrait alors les caractères de la teinte E moins précis. Mais on n'a jamais aucun motif de recourir à de si grandes déviations. V. Des tubes destinés à contenir les liquides dont on veut déterminer le pouvoir rotatoire. » Ces tubes sont de deux sortes : les uns en cuivre étamé intérieure- ment; les autres en verre, pour les liquides qui attaqueraient le métal, ou (4*7) que l'on veut conserver long-temps en observation sans risquer que leur pureté s'altère. Ils sont également fermés à leurs extrémités par des glaces polies à faces parallèles. Mais, dans les premiers, ces glaces sont fixées par un lut de céruse, ou par un mastic, à des bouchons de cuivre rodés inté- rieurement, que l'on peut séparer des tubes pour vider ceux-ci et les nettoyer à l'intérieur. Au lieu que les tubes en verre reçoivent temporaire- ment leurs obturateurs de glace, qu'on y fait seulement adhérer avec une légère couche de quelque lut, formé d'un mélange de cire et d'huile grasse, ou de gomme , ou d'essence de térébenthine épaissie. Dans tous les cas , il faut constater avec soin que les obturateurs ainsi employés n'exercent aucune action polarisante qui leur soit propre; et si l'on en trouve qui soient doués de cette propriété par un effet de trempe, il faut les rejeter, ou les faire recuire pour la leur ôter absolument. >• Lorsqu'on veut faire usage des tubes en verre, on fixe d'abord un obturateur à leur extrémité inférieure, puis on étend une couche presque imperceptible de lut sur leur bout supérieur qui est encore découvert. On verse alors doucement le liquide que l'on veut observer, jusqu'à ce qu'il les déborde extérieurement par un petit ménisque capillaire. On écrase ce ménisque en appliquant le second obturateur, ce qui laisse l'in- térieur du tube complètement plein , sauf quelque très petite bulle d'air qui parfois y reste, mais qui n'empêche nullement les observations. Ce système est alors introduit dans une enveloppe de cuivre de pareille lon- gueur, qui se ferme par un bouchon à vis, percé d'une ouverture circu- laire pour laisser le passage libre aux rayons lumineux transmis à travers le liquide. Le bout inférieur du tube enveloppé est percé de même. Le bouchon vissé vient appliquer sa tête sur l'obturateur supérieur, et le main- tient en contact, ainsi que l'opposé, par la pression qu'il exerce. Quand le liquide introduit ne ronge pas le cuivre, on met d'avance le tube, muni de son premier obturateur, dans l'enveloppe avant de le remplir; la petite portion qui déborde toujours quand on le ferme étant alors sans in- convénient. » Il faut avoir ainsi des tubes de diverses longueurs, comme de diffé- rents calibres, les plus fins pour les liquides les plus rares dont on n'a qu'une très petite quantité. J'en ai employé de tels où quelques grammes de liquide occupent plus d'un décimètre de longueur. Mais l'observation est plus facile quand on peut les employer un peu moins étroits. Lorsque le rayon polarisé s'y propage , il s'opère inévitablement sur leurs parois internes des réflexions partielles qui sont assez incommodes. On les évite (4*8 ) en introduisant dans le liquide, à l'aide d'une tige de verre, des diaphragmes d'argent garnis extérieurement de découpures qui font ressort. On les y fait entrer quand le tube est à moitié rempli. Cette opération devient encore plus facile quand les tubes de verre sont fort longs, parce qu'ils sont géné- ralement coniques. Alors, en appliquant le premier obturateur à leur bout le plus étroit, et les remplissant par le plus large, on y laisse tomber d'abord un diaphragme proportionné à cette moindre dimension, puis un plus large, qui s'arrête plus haut dans le liquide supérieur. J'ai tenu des combinaisons liquides en observation pendant des années entières dans des tubes ainsi préparés. Leurs longueurs doivent d'ailleurs être mesurées soigneuse- ment entre les plans qui les terminent, au moyen de compas d'épaisseurs très exacts. » Les tubes de métal se remplissent et se ferment par un procédé diffé- rent. Je mesure d'abord leur longueur totale T avant que les bouchons qui les terminent y soient adaptés; puis je les y ajoute, je les enfonce à refus, et je marque sur leur contour extérieur le cercle où ils s'arrêtent. Soient D, D' les distances de ces cercles à chaque extrémité; je mesure alors exactement la profondeur de chaque bouchon, depuis son orifice jusqu'à la face interne de l'obturateur qui le termine. Soient A, A' ces dis- tances. L'épaisseur du liquide introduit sera évidemment T+A — D-f-A' — D' lorsque les deux bouchons seront enfoncés jusqu'au refus. » Or l'un des bouchons , celui qui doit rester inférieur quand on remplit le tube, est plein surtout son contour , et le bout du tuyau auquel il s'adapte ne porte non plus aucune ouverture. Après avoir revêtu cette extrémité d'une couche de lut presque imperceptible, j'y adapte son bouchon, mais sans l'enfoncer à refus , el en lui laissant au contraire une certaine lon- gueur de course , ce qui allonge le tube d'une quantité égale à ce reste. Alors, intervertissant ce système ainsi préparé, je verse le liquide dans le tube jusqu'à le remplir, non pas totalement, mais jusqu'à une très petite ouverture circulaire pratiquée tout près de son orifice pour laisser échap- per, tout-à-l'heure, les dernières bulles d'air qui s'y logeraient. Le bouchon qui s'adapte à cette extrémité est percé aussi d'un petit trou correspon- dant. Ainsi, quand le tube est rempli jusqu'à cette ouverture et que le bouchon y est inséré à refus, il reste au-dessus du liquide un petit es- pace rempli seulementd'air. Mais cet air s'exclut complètement avec la plus grande facilité en profitant du reste de course du bouchon inférieur; car en l'enfonçant un peu davantage, il pousse devant lui la colonne liquide dans la portion restée vide , ce qui chasse l'air qui s'y tenait. Quand on voit ( 4*9 ) ainsi le tube complètement rempli, on tourne le bouchon supérieur, ce qui ferme la petite ouverture et retient le liquide seul emprisonné. Alors on mesure, avec un bout de décimètre divisé, la longueur de course qui reste encore entre l'orifice du bouchon inférieur et son indice circulaire de refus; et si cette longueur est H, l'épaisseur totaleduliquidecomprisentreles faces intérieures des obturateurs est évidemment T-f-A — D-f-A' — D'+H; de sorte qu'elle est toujours exactement connue. J'ai à peine besoin de dire qu'ici, comme dans les tubes en verre, on peut introduire, dans les par- ties déjà versées du liquide, des diaphragmes à ressort, pour prévenir les réflexions sur les parois internes des tubes employés. VI. Des supports à fourchettes destinés à porter des tubes d'observation. » Ces supports sont représentés Jig. 4: Ç3> 8 ils se composent intérieurement d'une tige métallique , dont le pied s'in- sère, et se fixe à vis, dans la rainure de la table, après qu'on l'a dirigée exactement dans le plan où s'opère la réflexion. Cette opération, assez délicate, ne peut s'effectuer utilement qu'après avoir élevé à la hauteur du rayon réfléchi les fourchettes qui les terminent, et les avoir incli- nées par un mouvement de charnière qui leur est propre, sur la di- rection de ce rayon. Quand on les a disposées ainsi approximativement , on y place un des plus longs tubes d'observation vide, et l'on achève de les ajuster de manière que le rayon réfléchi parcoure exactement le tube suivant son axe central. Ce résultat obtenu, on serre les vis qui fixent les pieds des supports ainsi que les charnières, et l'on constate de nouveau que l'exactitude de la transmission rectiligne s'est conservée. Comme il serait fort pénible de recommencer cette rectification délicate chaque fois que l'on change de tube, on l'évite d'abord, pour les tubes C. R. , ,84o, ,"" Semestre. CV. XI , N» *0.) 58 ( 43o ) de verre, en donnant des diamètres égaux à tontes leurs enveloppes mé- talliques, de sorte que la direction des fourchettes une fois établie pour l'un d'entre eux se trouve l'être pour tous les autres. On établit aussi une égalité pareille entre tous les diamètres extérieurs des tubes de métal. Mais comme ceux-ci sont généralement beaucoup moindres, et qu'il ne serait pas à propos de les grossir inutilement, on a une pièce de métal auxiliaire S, qui s'ajuste dans les deux fourchettes, de manière qu'en y po- sant simplement ces tubes, ils se trouvent tout de suite centrés, quand les premiers le sont. Alors l'ajustement n'a besoin d'être opéré que pour une classe de tubes; et une fois qu'il l'est, on n'a jamais besoin d'y re- venir, puisque toutes les observations peuvent se faire en tournant seu- lement l'alidade mobile, sans déranger aucune des relations précédem- ment établies entre les diverses parties de l'appareil. C'est là un des motifs qui m'a fait insister pour qu'il fût établi invariablement, et à demeure, dans un cabinet uniquement consacré à ces expériences. Car, une fois qu'il est ainsi exactement réglé, avec toutes les précautions que je viens de dé- crire il n'y a plus à y retoucher pendant des années entières; et l'on n'a seu- lement qu'à vérifier de temps à autre l'exactitude de la polarisation, ainsi que la position du point zéro, qui y correspond sur le cercle divisé. Ceci est un avantage qu'on ne peut suffisamment apprécier qu'après en avoir été privé, et avoir éprouvé par expérience toutes les difficultés, ainsi que toutes les occasions d'erreur que présentent des appareils de ce genre, lorsqu'il faut sans cesse revenir sur les rectifications dont ils ont besoin. Les fourchettes à double calibre ont été très bien exécutées par M. Soleil, opticien à Paris. Détermination numérique du pouvoir rotatoire moléculaire, d'après les observations . » Les principes sur lesquels cette détermination repose ont été dévelop- pés avec trop de détail dans les Mémoires et les Comptes rendus de l'Aca- démie pour qu'il soit nécessaire de les reproduire ici. Je me bornerai donc à rappeler que le pouvoir rotatoire moléculaire d'une substance est l'arc de déviation qu'elle imprimerait au plan de polarisation du rayon rouge extrême du spectre, en agissant isolément sur lui avec une épaisseur égale à l'unité de longueur, et une densité idéale i. Je nomme [a] ce pouvoir ainsi exprimé. D'après cela, concevons que la substance active ne soit pas observée isolément, mais à l'état de simple mélange avec un liquide inactif, de sorte que ê soit sa proportion pondérale dans chaque unité de masse de la solution. Soit / la longueur du tube d'observation, «T la den- ( 43i ) site du mélange, et l'arc de déviation imprimé au plan de polarisation du rayon rouge, le pouvoir moléculaire [et] de la substance active ainsi étu- diée, s'obtiendra par la formule suivante M = & » On peut en voir des applications numériques dans les Mémoires de l'Académie, et dans les Comptes rendus; celui du 2 1 novembre 183g, en par- ticulier, en renferme des exemples de toute espèce. Mais, si l'on voulait faire une étude spéciale des phénomènes rotatoires, et approfondir les consé- quences que la chimie, peut en déduire, ces exemples ne serviraient qu'im- parfaitement sans la connaissance des principes qui les établissent. Alors, pour en avoir une idée complète, il faudrait recouriraux ouvrages suivants: » Mémoire sur les rotations que certaines substances impriment aux plans de polarisation des rayons lumineux (Mémoires de l'Académie des Sciences , tome II , 1817); » Mémoire sur la polarisation circulaire, et ses applications à la chimie organique (Mémoires de l'Académie des Sciences, tome XIII, p. 3g); » Mémoire sur les modifications que la fécule et la gomme subissent sous l'influence des acides (Mémoires de l'Académie des Sciences, t. XIII, p. 437); » Méthodes mathématiques et expérimentales pour discerner les mé- langes et les combinaisons chimiques définies ou non définies qui agissent sur la lumière polarisée; suivies d'applications aux combinaisons de l'a- cide tartrique avec l'eau, l'alcool et l'esprit de bois (Mémoires de l'Aca- démie des Sciences , tome XV, p. g3j; » Mémoire sur plusieurs points fondamentaux de mécanique chimi- que (Mémoires de l'Académie des Sciences, tome XVI, p. 229); » Applications de la polarisation circulaire à l'analyse de la végétation des graminées (Nouvelles Annales du Muséum, tome III, p. 47) ; » Comparaison des lois suivant lesquelles les substances douées du pouvoir rotatoire dispersent les plans de polarisation des rayons lumi- neux d'inégale réfrangibilité (Comptes rendus de l'Académie des Sciences , 6 juin i836, tome II). » Dans toute cette suite de recherches, j'ai caractérisé le sens actuel des déviations par la désignation du sens de mouvement que l'observateur est obligé d'imprimer à l'alidade mobile pour rendre l'image extraordi- naire E nulle, et retrouver ainsi la nouvelle direction sur laquelle le plan 58.. ( 43?. ) de polarisation primitif a été transporté, en supposant toujours que le point zéro de, la polarisation primitive, a été préalablement amené vers le sommet supérieur du cercle divisé. Les choses étant disposées ainsi, lors- que le mouvement de l'alidade a lieu de la gauche vers la droite de l'ob- servateur, je l'ai indiqué par le signe + joint au caractère 4f . Quand il s'opère au contraire de la droite vers la gauche, je l'ai indiqué par le signe — joint au caractère \fe- En suivant cette notation, l'expéri- mentateur écrit toujours les déviations telles qu'il les voit, au moment où il les observe; ce qui a pour lui deux avantages: le premier d'éviter toute chance d'erreur en écrivant ses résultats; le second de les reproduire facilement à ses yeux, comme à sa pensée, lorsqu'il les relit. » L'existence de la force rotatoire dans les fluides, avec les lois géné- rales de dispersion qui l'accompagnent, et les indices qui la caractérisent, comme moléculaire, ont été présentés par moi à la première classe de l'Institut, dans ses séances des 23 et 3o octobre )8i5. La première publi- cation en a été faite dans le Bulletin delà Société Philomatique pour dé- cembre 1 8 1 5 , page 190.» mécanique céleste. — Sur les fonctions alternées qui se présentent dans la théorie des mouvements planétaires; par M. Augustin Cauchy. 5 111. Transformation des coordonnées rectangulaires en coordonnées polaires. « Adoptons les mêmes notations que dans les deux premiers paragra- phes (voir le numéro précédent). Soient en conséquence r le rayon vecteur mené de l'origine à un point mobile, a la vitesse de ce point, R le moment linéaire de cette vitesse, «T l'angle compris entre les directions du rayon vecteur et de la vitesse; et désignons par x, y, z; u, f, w; U, V, W, les projections algébriques des trois quantités r, «, K, ( 433 ) sur les axes rectangulaires de x, y, z. Soient déplus / l'angle formé par la direction du moment linéaire R avec le demi-axe des z positives, % l'angle formé avec le demi-axe des x positives par la projection Ksin/ du moment linéaire R sur le plan des x, y,

sur le rayon vecteur r, cette projection étant prise avec le signe -f- ou le signe — , suivant que le point mobile s'éloigne ou se rapproche de l'origine, on aura r UX -f- VY -f- WZ v = a> cos à = J ~ r par conséquent (6) ux -\- vjr -{- wz = ur, et, à l'aide des équations (3), on pourra facilement éliminer de la for- mule (6) deux des quantités u, v,w. On reconnaîtra ainsi que ces trois quantités se trouvent séparément liées à la vitesse u par les trois for- mules dont la dernière, eu égard aux formules (î) et (2), peut s'écrire comme il suit : (7) w =(vsinp-j cospjsin/. «Les équations (6), (7), (8), (g), (10), (11), (12) du second paragraphe fournissent les valeurs numériques des quinze expressions de la forme [S, r) ou [T, S], que l'on peut obtenir en prenant pour S et T, deux des six quantités U, V, W, r, co, z. Or, concevons qu'à ces mêmes quantités, on substitue les suivantes K-; t, , R] = ,, [p, ;] = C-^, [p, Dtct) = f(r)D,r, T>,{wy — vz) = o, Bt(uz — wx) = o, D,(yx — uj) = o; (436 ) par conséquent fi) I«'=/(r) + H, (a) wy — vz = U, uz — wx = V, i>.r — «^ = W, H, U, V, W désignant quatre constantes arbitraires, et /(r) une nou- velle fonction de r dont la dérivée f'{r) sera égale à — f(r). Or, comme les équations (2) donneront Ux + \y + Wz = o, il est clair que la courbe décrite par le point mobile sera une courbe plane dont le plan renfermera le centre fixe. D'ailleurs les nœuds de cette courbe n'étant autre chose que ceux île ses points qui se trouvent situés dans le plan des x, y, l'intersection de ce dernier plan avec le plan de la courbe sera ce qu'on nomme la ligne des nœuds. Cela posé, si, en adoptant les no- tations du troisième paragraphe, on suppose les constantes arbitraires liées aux constantes arbitraires K, 1,

, et - UX + V Y + wz • 0 = cocos J" sS — ^ — , r la projection de cette vitesse sur le rayon vecteur r, prise avec le signe -f- ou le signe — , suivant que le point mobile s'éloigne ou s'approche du centre fixe. En différentiant par rapport à t le rayon vecteur r et l'ordonnée z s== rsinp sin«, on trouvera successivement (5) D,r = w, et w = D, z ="(u sin /? + r cos pDtp) sin / , par conséquent ~ w — » sin p sin / Df» = Ç , r rcospsint puis, eu égard à la formule (7) du $ III, (6) Ptf - % Ajoutons que des formules (4), différentiées par rapport à t, l'on tirera u cos

sin )]« + [D, (rsinp)]1, ou, ce qui revient au même, (7) »• = (Dfr)' + (rD,/>)«. On peut au reste établir directement les formules (5), (6), (7), desquelles on tire co> = «• H- -, C. R , 1840, ams Semestre. (T. XI, N» 10.) 5o, ( 438 ) puis, eu égard à l'équation (i), (8) »» = 2H-£+2/(rj. La valeur de u étant déterminée par l'équation (8) en fonction de r, on déduira aisément des formules (5) et (6) la relation qui existe entre r et t ou r et p En effet, ces formules donneront dt = - dr, dp = — dr; v ' or" puis on en conclura, en désignant par t. une valeur particulière du rayon r, et par r, P-^^Jli?^- » Les six équations (i), (a) et (9), desquelles on peut éliminer r, o>, K et 0, à l'aide des formules (10) r = v^+^' + a*, o)= vV+f + w', K = v/U'+V'-f-W% et de l'équation (8), peuvent être considérées comme établissant entre les variables t, x, y, z, u, v, w, des relations qui changent avec les valeurs des sept constantes arbitraires t, H, ,U, V, W. » Concevons maintenant que l'on attribue à l'une de ces constantes , à »• par exemple , une valeur déterminée ; les valeurs des six autres cons- tantes arbitraires t, H, comme une fonction de r et de H déterminée par la formule (ï), on tirera des équations (8), (i r), (12) du second para- graphe, jointes aux équations (7) et (10), [ibid.], et à' la formule (6) du § III, (11) [H, U] = o, [H, V] = o, [H, W] = o, (ia) 0, H] = w, (i3) [r, H] = v. Pareillement les 7e, 8e, 9e et 14e formules comprises, sous le n° 8, dans le § II, donneront (i4) [H, K] = o, [H, /] = o, [H, p] = o, (,5) [p, H] = I On pourrait, au reste, déduire les équations (14) des équations (11) combinées avec les formules (3), et la formule (i5) de la formule (12). » En considérant r comme une fonction de t, t, H et K, déterminée par la première des équations (9), jointe à la formule (8), on tirera des formules (11), jointes aux trois dernières formules du § Ier, et aux équa- tions (7) du § II, (16) [t, U] = o, [r, V] = o, [r, W] = o. De plus l'équation (i3), jointe à la première des formules (14) et à la sui- vante DTr = — D,r = — v, donnera (17) [H, t] = ,. Ajoutons que des formules (16), combinées avec les équations (3), on 5a. ( 44o ) tirera (18) [t, R] = o,. [t, i] = o, [t, = — Dtp = — -, H„p = 1 . Cela posé, les 10e, 1 ie et 12e formules inscrites sur le n° 8, dans le §111, jointes aux trois premières et aux équalions (i4)? C1^), donneront (19) [-a-, R] = 1, [«•, 1] = ^, [, t] s= o; ( 442 ) la valeur de R étant donnée par la dernière des équations (10). » Si aux trois quantités u, V, w, on substitue celles qui sont liées avec elles par les formules (3) , savoir , R, / et , f] = o. » Les formules (24) et (25) se rapportent au cas où l'on suppose la valeur de s complètement déterminée , et plusieurs d'entre elles pourront subir des modifications, si l'on suppose que la constante t, devenant arbitraire, se trouve liée d'une certaine manière aux six constantes arbi- traires t, h, m, u, v, w, ou t, H, 5. ( 449 ) » Quant à la profondeur de cette couche , on ne peut la préciser d'après cette expérience à cause de l'incertitude sur la pression qu'a nécessitée l'aplatissement de l'étui, et du temps assez long, indispensable à la commu- nication de la température de l'extérieur à l'intérieur de l'instrument. On peut dire seulement que cette profondeur est tout au plus égale à 38oom. » M. C.-V. Millet adresse un paquet cacheté portant pour suscription: Note concernant quelques découvertes sur la destruction des calculs urinaires. ,,,,,. 11.» L Académie en accepte le dépôt. 1 La séance est levée à quatre heures et un quart. F. i Errata. (Séance du 3i août.) Page 38,, ligne 17, au Heu de = z, lisez - x Page id... lieue 18, au lieu de = — w, lisez = — u w w Page 385, ligue 7, au lieu de — lisez — . « ; 3 E - o u 00 cf. H ■6a 2 M a • K . S . V . S* X S 3 2 m -i t= «, ' S -g E •j i* qj K H tfl a. ces •V S* 3 O 3 eu 3 - y (j - i>M aa a S o ■ « E 3 3 W ** Jj -- w x w 3 '— ~ — S- ;j î« • . . -- ^ 5J3«333gn vo es vf ovo o oo oo vo o o rovo o vo i vf o - M va- r- o ~ oo rsO va-vO COO«)»0".Oi>Ocfl va- t^. - es VO in Meofocoflcscscseseseses— csi — cscicicscjie*. «s « va- c^C0 00 00 r^ « « ri « in « o r^ es vo m vf eo r^. o c-^ in r^ en es fï vf in - - o o c^vrvo in vrm es vo oo en - in oio « o — — eo «• es + + + + + + + +4- + + ++ + + + + + -1- 4- + + + + + + + + + + + -«J O ci - es + + + Ci + c^ en C ot vO OO 30 CO vrin vO en - S: enoo es c-^30 oo VO es es es 00 i>M es oo oo oo CO in — - l^CO 00 r^co I» t>r^O Vf - vf o ■ 00 OVD O es 00 ■ va- o O c-^in in en es - es vo en — - en r-vroo va-t£i envr r- o enoo VO m i"-> es Vf r- es m lO V) r~>00 t— t— 00 '-O vr r~- es <£> ■fi(3>ao«iK)i.iiniOï) vf m vfio io vs vfio inwmin'ninioifl'nuîioinin >o>n>o va- vr uioiIUh vf<0 esoo CT~. ri vO es ~»r>co»n c Oiin onwoB OW> cisO^OtD es es o<û CT>ro 00 VO esesesoies.-<-;eseseseses — es--.. + ^+++-i- + + + + + ++ + 4 + + + + + + + + + + + + + +++ esvOCO Cl O '^) wv>ir>i&ic>ir>'jr> va- v-rin m m o vf m wininmifliflmwflinfiiflm c^« c- r~» r-* r-- i^« r^ c- c-> t - r-* c^» c-~» r^« r-- r* r^» c*« r* r* t> r* [•* ts c r- r* r> t> t> r» vovo - cm Oî r- - >n r^ r^ r^ 00 Vf in O GO es Ci es 00 r^-O VO c- es o CO es vf eSOCOvfOroes— COesvOesoinCTiCI evnrsvO Oi O m VO 30 0>vf eo - es ri es es es es es es es es es c^30 es — CTi Cl CTi r^ r^ es — — es »n ci es r^oerjeo esminvoinvf eseseseseseseses vf o eo es es es +4- + + 4- + + 4- + 4 + 4-4-4-4-4- + -f4- + + 4-4-4-f4- +++^+ + + + es + i-eo o vO £>• r>vt c^ es vr oinvO es eseoco esvoeoeo vr«-to — COVOinrovOeoco ■» - VO es es in - eo en in '-O VO r^ cyivr o es in VO C75CO CTiO - esvOXOOeomro - «s o 00 in ro vf in CT> c^ r^ CT> o 00 in r-^vo Cft « c^eo es r^in VO C0 c^cO , Ov Ç^in vo 'O vo r^ r^ r^ c^ c^> o- i-^> r^ ï>> r^ c-~ c^ r^ r^ r^ f^ r- r^ r* i"-» r*» r» r* r^ r» r> ^ r^ O>30 vf i^vf vr i> - vo in m m m o t^> c^ r^ I c* •uioj2. - vf o lO esOOin o oox r» — es c^o - r»tO vf r~VO O - vrvo o~. Ol - r^ vo oo - en v-a- m es es es CO CTieo W CTiCO 00 VO es - - r-vO 00 r- es 00 es • Oî Ol es en - es - CT> es - es 4-4-4-4-4-4 4-4-+4 + + -J-4- + 4- + 4-4-++4- + +4-4- + 4-4-4-+ O 00 o es - es + + + -O - I VO es in vf m en o va- CT-.vo ~r r- c en vO VO t>vto O - es o «o « Cvr> en - m 'O o vf oo - es m o r^CO OO - m -< Cvn avvr o m vreo CD c^*v3- es^ o^ es^ es" fT - cf.-o"ro v-fin cf. C?.30 CO o"vo"in CO co'oo -CO m ,2,r-vO vo Ôi£ VO Cn» VO vo -o -o m m in m m m o vf vrm ^-rin m vr^-rm m m w m m un m «fi «O •*> m m m es en v© 05 CO - VO in m m r^ c^ r- •o stoiu np sjnof es cv-, vrm VO r^CG 0~. O es en vrm VO r^co en O m - - es cl eo vrm vo c- co en o - çscsesesesrsesesf^eo COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 14 SEPTEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. mécanique céleste. — Méthode simple et générale pour la détermination numérique des coefficients que renferme le développement de la fonction perturbatrice; par M. Augustin C vuchy. « On sait que le calcul des perturbations des mouvements planétaires repose principalement sur le développement d'une certaine fonction R en série de sinus et cosinus d'arcs qui varient proportionnellement au temps. Autrefois, pour calculer les divers coefficients que renferme cette série, on les déduisait les uns des autres. Dans le Mémoire que j'ai publié en 1 83 1 , sur la mécanique céleste, j'ai»donné diverses formules à l'aide desquelles on pouvait calculer séparément chaque coefficient. Mais , quoique ces for- mules semblent préférables à celles qu'on avait employées avant cette époque, j'ai reconnu qu'on pouvait leur en substituer d'autres plus sim- ples, par conséquent plus utiles, et qui permettront, si je ne me trompe, d'abréger notablement la longueur des calculs astronomiques. » Mes nouvelles formides sont déduites de la considération des inté- C. R. , iSlfO, a">« Semestre. (T. XI , N" 11.' 6 I ( 454 ) grales définies doubles. On sait depuis long-temps que les coefficients renfermés dans les intégrales du mouvement elliptique peuvent être représentés par des intégrales définies simples, et les coefficients renfer- més dans le développement de la fonction perturbatrice par des inté- grales définies doubles. M. Hansen, de Gotha, s'est même servi de ces dernières (*) , dans sa pièce sur les perturbations de Jupiter et de Saturne, couronnée par l'Académie de Berlin. Mais le calcul des intégrales définies doubles, tel qu'on le pratiquait, était encore assez pénible, comme l'a re- marqué M. Poisson, qui lui-même en avait indiqué l'usage, dans le pro- blème qui nous occupe ici. Pour abréger les calculs, M. Liouville a pro- posé une méthode, à l'aide de laquelle on peut réduire à des intégrales simples, des valeurs approchées des intégrales doubles. Je me suis de- mandé s'il ne serait pas possible de substituer généralement, et sans rien négliger, des intégrales simples aux intégrales doubles, par une méthode qui permît de calculer facilement le coefficient du terme général, dans le développement de la fonction perturbatrice. Après quelques recherches sur ce sujet délicat, j'ai eu la satisfaction d'obtenir des formules qui ré- solvent la question affirmativement. Ces formules ont d'ailleurs l'avan- tage de conduire à de nombreux théorèmes qui ne paraissent pas sans importance dans la théorie des mouvements planétaires. » D'après la méthode que j'ai suivie, chaque terme du développement de R se trouve composé de deux facteurs, dont l'un dépend unique- ment des moyennes distances des planètes au Soleil, ou, ce qui revient au même, des grands axes de leurs orbites, des excentricités de ces orbites, et des longitudes des périhélies; tandis que l'autre facteur, représenté d'abord par une intégrale définie double, dépend uniquement des incli- naisons des orbites, de l'angle compris entre les traces de leurs plans sur le plan fixe que l'on considère, et du rapport entre les grands axes des orbites de la planète perturbatrice et de la planète troublée. Pour trans- former les intégrales doubles en intégrales définies simples, il suffit d'introduire dans le calcul un certain angle qui dépend uniquement des inclinaisons des orbites et de l'angle compas entre les lignes des nœuds, puis de considérer comme termes séparés ceux qui renferment, sous le signe sinus ou cosinus, des multiples différents du nouvel angle. (*) On peut voir aussi, sur cet objet, un beau Mémoire de. M. Poisson, inse're' «lans la Connaissance des temps pour l'année i836. (455) » La méthode que je propose a cela d'extraordinaire, que les perturba- tions des planètes non situées dans un même plan, se calculent à peu près avec la même facilité que les perturbations d'astres qui se mouvraient tous à la fois dans le plan de l'écliptique. ANALYSE. § Ier. Considérations générales. » Soient M la masse du Soleil, m, m', m",. .. les masses des planètes, r-, r*, t", ... • leurs distances au centre du Soleil, f, .... les distances de la planète m, aux planètes m',.... et x, r, z; x',y,z'; x", y", z";... les coordonnées rectangulaires des diverses planètes, le centre du Soleil étant pris pour origine. » En choisissant convenablement l'unité de masse, désignant par «, v, w les vitesses de la planète m mesurées parallèlement aux axes des x , y, z, et faisant pour abréger 3TL = M -f. m, p m''xx' +j-y + zz) m' n — -7ï~ -r • • • | , • • • on trouvera , pour les équations différentielles du mouvement de m , dx Tt=u> dJ — — V dz -r = W, dt du DHx dK dt * ra dx' dv 3îty di F dK dw 3ÏLz dK ~dt ' r3 dz les valeurs de r, r1, . . . t ,. .-. étant r= \/(x* + y* + zl) r' =r \/{x'% + /• + z"), . = vifX-x'Y + (jr-SY+(z-z'y],... Si d'ailleurs on nomme , ) ?=sin«sin/j. De plus les coordonnées polaires r et p s'exprimeront en fonction de l'anomalie excentrique^, et cette anomalie elle-même en fonction du temps t, à l'aide des formules (4) r = a(i — gcos-\f,)> / \ cos-J, — t , s (i — 1°)' sin-J, (5) - cos(p — o-)= - -,, sinfp — ^ '>

T» quand on passe de la planète m à la planète m'. La formule COSeT = __f.^^_^ r r* r r ' r r • ' jomte aux formules (3) du § II, donnera cos «P = (cosp cos p'-\- cos < cos / sin/> sin p' ) cos (p' — ' — (cos /sin p' cos p — cos / sin p cos p') sin ( -f- p' -f- 0), les valeurs de /ucosU, jitsinn, ycosO, csinŒ étant fournies par les équations / (i -f-cosicos/\ cosfa' — ffl)-f-sin/ sin / . cos/cos* . i ^ cos n = ^ — ' - — ^-^- , fcsw n =: sin ( = v - il , »sin*= sin (ç -^). » Il est aisé de voir ce que représentent, dans la formule (i), les deux constantes En effet, on tire des formules (2) 1 -f- cos/ cos/ -f- sin 1 sin*' cos (p' — « Sem««re. (T. XI, N" ii. «2 ( 46* } et par suite (6) ;= (arr')"1 (A — cos^+p)"', il sera facile de développer %, et - suivant les puissances ascendantes de p. Ainsi, par exemple, on tirera de l'équation (6), jointe à la formule de Taylor, Ajoutons qu'en vertu de la formule (3), la valeur de p, savoir, («) P = K7 + 7-A)' pourra être présentée sous la forme i /a^ a\/ r' r\ ? ~~ l\r~ ~~ Pj\7 ~ a)' et que de cette dernière équation, jointe à la formule (4j du § Ier, on tirera (9) P = \{j: — £)(«'cos>|,'— êcos^). § III. Développement de la fonction perturbatrice. » Comme nous l'avons vu, dans le § 1er, la fonction perturbatrice R dé- terminée par l'équation m r r. . m (î) R = —^ cos «r ■+■ . . . . . . , pourra être présentée sous la forme (2) ft^lx^.^.v^V?; le signe Zd s'étendant à toutes les valeurs entières positives ou négatives de n, n', et (/«, m')n,ri désignant un coefficient constant, relatif au sys- (463 ) tème fies deux planètes m, m'. Or si l'on intègre, entre les limites 0,2^, de chacune des variables T, T, les deux membres de la dernière équa- tion , respectivement multipliés par e-{nT+n'T')V-dTdT', on trouvera (3) (m, m')n,n. + etc.. . . = £. f^f" *kiX+*$ V~' dTdT', la somme (m, m')n>„' -f- etc étant composée de termes (/», «')„,„', (m, m" )»,„',. . . relatifs à un même système de valeurs de n, n', et dont le premier se transforme dans les suivants , quand on remplace successivement la pla- nète m', par la planète m", ou m'", etc. . . . Pour obtenir en particulier la valeur du coefficient (m, /»')„,„-, il suffira de remplacer, dans le second membre de l'équation (5), la fonction R par !a somme m r -coscT — T, des deux termes relatifs aux seules planètes m , m'. On aura donc (4) (m > m' )", n' = K,n B„, „■ , en posant , pour abréger, m' pi-* f** r i\n,n' = et | D'ailleurs, en vertu du principe des aires, on a a-' =£ n: ^.«-/.-^-'^«w, r'dpz= Kdt = *dT, 62.. ^ ( 464 ) K désignant le moment linéaire de la vitesse, déterminé par la formule * R = fl'c(i —s*)3; et par suite dT=l.r'dp, ce que l'on pourrait aussi conclure des formules (5), (6), (8) du§ 11. Donc les valeurs de A„; „- , Bn> n>, peuvent être présentées sous les formes (5) A.,»- = ^ JQ Jo m r cosJe T dpdp', m ri* ,i* ce' r'r'' _(„r+»T)l/i; , ,, B">n' = p{, h Kï'T- e dPdP- Il y a plus: eu égard à la formule (7) du § II, la valeur de B„>n' de- viendra — -L i Wl' v 1 C*" r** ce' 2~,(rr')*pl . -- — nT -4- nT '11/ ITT » Dans l'intégrale double que renferme le second membre de l'équation (5) ou (6), la fonction sous le signe f peut être considérée comme le pro- duit de deux facteurs P, Q, dont l'un, dépendant uniquement de l'angle «T, est développable suivant les sinus et cosinus des multiples de p et de p', tandis que l'autre facteur, en vertu des formules (4), (5), (6) du § I", est développable suivant les sinus et cosinus des multiples de p — e-*T+n'T'^, et dans la formule (6), l8)P=(A— coscf) T, Q = 2 KR't/y ) ,.2.3.../e • Onauradonc, ensupposant lesvaleurs de P,Q données par les formules (7), (9) An), = ga/o7;'pg^^, ( 465 ) et, en supposant les valeurs de P , Q données par les formules (8), ( .o) b„, ; = ? zni rf%* pqdpdp', la caractéristique Dx étant relative à la quantité A que renferme la lettre P. » Il ne reste plus qu'à trouver, clans l'une et l'autre hypothèse, la va- leur de l'intégrale double Of0 ^dpdp>. Or, concevons que l'on désigne par PA;A, ou par Qhh,, le coefficient du produit e ■ e ou du produit e, ' e , dans le développement de la fonction P ou Q suivant les puissances posi- tives ou négatives des exponentielles epV~, ep'V-1 ou ép~* W~\ e{p'~m ')V~\ en sorte qu'on ait (ii) P=2PA,ve(Ap+Ay)t/rr, Q = 2Ql,^t^*)+V(pW)]l/=ï. On aura évidemment, en vertu des formules (n), (l2) /oTo" fàfyV, = fa 2 PM-Q-*)-ve^ + ^)^, le signe "S. s'étendant à toutes les valeurs entières de h, h'. Par suite, on tirera de l'équation (g), en admettant les formules (7), es) An)„, = m< 2P*,*Q-*,-*' J**$™~1\ + 0 t * (466 ) et de l'équation (10), en admettant les formules (8), (MÛ b.^^IdIp^q^.,^^-" Par le moyen des équations (i3) et (i4)> "a recherche du développe- ment de R suivant les puissances entières positives ou négatives des quatre exponentielles t \/~< r 1/^7 • \/— T dépend uniquement des demi-grands axes a, a', et des excentricités ■ ,«'. ( 467 ) § IV. Développement de la première fonction auxiliaire. On développera facilement la première fonction auxiliaire P suivant les puissances entières des exponentielles e , e ou, en d'autres termes, on déterminera les coefficients Ph> h' compris dans la formule en opérant comme il suit. » D'abord, si l'on suppose, conformément aux formules (7) du § III, (1) P = COS J\ on en conclura, eu égard à la formule (1) du § II, P = /wcos (p' — />-f-n) -f- v cos (// H-p + O) = i^"'-" +n) V~l +e ('-"-n) \fa Donc alors on aura si les deux indices h, A' ne se réduisent pas, au signe près, à l'unité, et dans le cas contraire, » Supposons, en second lieu, conformément aux formules (8) du § III, (4) P = (A — cos«T)_*. On en conclura P = [A — /u.cos(p' — p -f- n) — i'-? + n)l/ri, le signet s'étendant à toutes les valeurs entières positives, nulles ou né- gatives de j. Cela posé , la formule (5) donnera •Si, dans cette dernière équation , on développe le binôme et si, pour abréger, l'on représente par la notation (8) (*)/ = -- ,.2.:.;:r le coefficient de a:' dans le développement de (i-f-x)', on trouvera - ( 469) (9) PA,A<=°' toutes les fois que la somme h + h' sera impaire , et, dans le cas contraire, (l0) P ^'y±±L(h eK^)*V/-ei(V-ft;nt/- \l°) rh,h> — Zà i,i.3.. i W y+h+h' x h' -h, 4 a le signe 2* s'étendantà toutes les valeurs entières, nulle ou positives de i, qui, rendant la somme 2i-\-h-\-h' divisible par 4, fournissent pour un nombre pair. § V. Développement de la deuxième Jonction auxiliaire. » La deuxième fonction auxiliaire peut se développer facilement suivant les puissances entières des exponentielles (p — •) v'zr, (/—»') 1/.Z7 « . e > à l'aide des considérations suivantes. » La formule Q _ y Q h(p-a)\/— KW -a,')\/-i entraîne l'équation Cela posé , considérons d'abord la valeur de Q fournie par la seconde des équations (7) du § III. On pourra la décomposer en deux facteurs q, q', dont l'un se rapporte à la planète m, l'autre à la planète m', les valeurs de q, q' étant (2) q=Kr3e v , q'= ^e . Alors, si l'on désigne par q/, le coefficient de e ' ' dans la fonc- C. E., [84o, a"'e Semestre. (T. XI, H« il.) 63 ( 470 ) tion q , et par qv le coefficient de eh (p -~W~l dans ie développement de la fonction q', on aura non-seulement Q = ?+/' = /. Donc la seconde des formules (8) du § III donnera ^ Q = t£tti 2 (- <)T' V> 9* tf> (47' ) les valeurs q, q' étant, eu égard aux formules (5), (7) î,==K,a r e cos ^, y' = =;« a r' e v cos * ; et, si l'on désigne encore parçA, g», les coefficients des exponentielles dans les développements de q, q', suivant les puissances entières de e(„-„)i/- oude e^-^v-^ on tirera de l'équation (6) les valeurs de qh, q'h,, pouvant encore être déduites des valeurs de q, q' données par les formules (7), à l'aide des équations (4). » Ainsi, la recherche du développement de la deuxième fonction auxi- liaire se réduit à la recherche des développements des fonctions q, q', que déterminent les formules (2) ou (7), et que nous appellerons facteurs simples, parce que chacun d'eux se rapporte à une seule des deux pla- nètes m, m'. » D'ailleurs on déduit les formules (2) des formules (7), en posant dans celles-ci 7 = 0, f = o, et remplaçant en outre / et i par — f, ou /' et i' par f. De plus on déduit la seconde des formules (7) de la première, en accentuant toutes les lettres. Donc, en définitive, la recherche du déve- loppement de la fonction perturbatrice se réduit à la recherche du déve- loppement du facteur q, déterminé par la première des équations (7), dans le cas où,/ étant un nombre entier, l'on attribue à l et i, ou l'une des valeurs — f, + f, ou des valeurs entières nulles ou positives, la va- leur de i étant alors tout au plus égale à celle de l. § VI. Développement des facteurs simples. »II ne reste plus qu'à développer suivant les puissances de (p-m)V-i 63. ( 4w ) la valeur de q déterminée par la première des formules (7) du § \r savoir , ,\ Ci l — i \ — i —nTl/^'i , | (l) (i==K lCl e COS-'-xf"- Or, comme on l'a déjà remarqué, si l'on pose généralement 2h(p — Donc l'équation (2) peut être réduite à et l'on aura, eu égard à la formule (1), (3) qk = f a1 "-' ,' H" r '-' e-T^~> e~h^^ cos '^ é± Si maintenant on tient compte de la formule r = a( 1 — g cos 4) ? on tirera de l'équation ( 3 ) (4) qh = a~*'~i EM_i :,,, pourvu que l'on désigne, à l'aide de la notation (473) une fonction de s, représentée par une intégrale simple et déterminée par la formule (5) EVv=-î- fr(1-êcos4)i(êcos4),'e-nTl/-1 «-*<*— ^'rfl Or, en vertu de la formule T= ^ — « sin 4, on a (6) e~nTV~iz=:e~n*V~v c n"lfl**/-' — y ftiiriti-jâ* g- » 4 V~>- / ./— -y *"• -^ i .2. .k \ * """"y ' le signe ^ s'étendant à toutes les valeurs entières, nulle ou positives de k. De plus, comme , en désignant par » la tangente de la moitié de l'angle qui a pour sinus e, on trouvera (8) i— «cos4= — ^ç^i— *«♦* )(i— xe v ), les formules (5) du § I" donneront (o) cos (p — «sr) = i '- , , , sin (p — 4(sin4 y/— 7)* É$. Or cette dernière formule se réduit, i° pour des valeurs paires du nom- bre k, à (i4) X, k = ( — i)a — / cosi'4,cos>4/ sin*4^4> 20 pour des valeurs impaires du nombre k, à (i5) st,i * = ( — 0 a ~~ / sint-^cos^sin*-^^. Donc la recherche du développement de R se réduit, en dernière analyse, à la détermination des nombres représentés par les intégrales / cos i 4 cosy 4 siny 4 d-\> , / sin 1 4 cos-'4 sm* 4 ^4 > dans lesquelles les exposants j , k sont entiers et positifs , la quantité i pouvant être positive ou négative. Au reste, cette détermination peut s'effectuer très simplement, comme on va le voir. » La valeur générale de Sft=i,j,k, déterminée par la formule (9), se ré- duit évidemment au terme constant, c'est-à-dire indépendant de l'expo- nentielle dans le développement du produit ei4 v~^ cosj^ (sin 4^1^ ou ( 475 ) suivant les puissances entières de cette exponentielle; par conséquent elle se réduit au terme constant, c'est-à-dire indépendant de x, dans le déve- loppement du produit (0+t*' (* + *"')' (*-*"'>'> suivant les puissances entières de x. On a donc par suite (,6) ^/.*=Gy+t2(-o*"/(^(/)i__tz_/ a Ajoutons qu'en vertu de la formule l . . , cos(j — i)^— cos(z'-f- i)4 sin-\f,sin*-\j. = — - — K ' s\ la valeur du coefficient &>t,\jym donnée par la formule (i5) et correspon- dante à une valeur impaire de A, est la demi-sommede deux valeursdu même coefficient correspondantes à deux valeurs paires de k. Donc, si pour facili- ter les calculs astronomiques, on formait une table des valeurs de X,;j A; il suffirait de donner celles qu'on obtient en prenant pour k tin nombre pair. » Au reste, les coefficients de la forme SK>{ . k, jouissent de plusieurs propriétés remarquables, qu'il est facile d'établir. Ainsi, par exemple, les équations xl (x +X-' )' = fy+I + ah1 ) (x -f- x-)''-1, (x H- x" )" (x — x— )* = (x' — ar* )* , entraînent immédiatement les suivantes i,j,K i-t-l, /— I, A • ( — i, y — 1> * ' ai-t-i dont la dernière subsiste pour des valeurs paires de i. » Dans d'autres Mémoires nous donnerons de nombreuses applications des formules que renferme celui-ci. » ( 47^ ) RAPPORTS. arithmétique. — Rapport sur une méthode pour résoudre les problèmes d'arithmétique ; par M. Lucchesini. (Commissaires, MM. Bouvard, Puissant, Mathieu rapporteur.) « M. Lucchesini a présenté à l'Académie un Mémoire dans lequel il expose d'abord les principes d'une méthode nouvelle pour résoudre les problèmes d'arithmétique par un système uniforme d'opérations : il en fait ensuite l'application à un grand nombre de problèmes que l'on résout ordinairement par des règles de trois, d'alliage, de société, etc., puis à des problèmes qui se résolvent généralement en algèbre par des équa- tions du premier degré. » La méthode de M. Lucchesini consiste à réduire toutes les questions d'arithmétique à la formation de trois termes d'une proportion dont le quatrième terme est l'inconnu. Pour la faire comprendre en peu de mots, nous allons suivre l'auteur dans un exemple. » Problème. Quatre ouvriers travaillant 6 heures par jour ont défriché en 5 jours i5 ares de terre; on demande en combien de jours 12 ou- vriers travaillant 8 heures par jour défricheront a4° ares de terre? » Le nombre des jours augmente avec le nombre des ares à défricher et diminue quand le nombre des ouvriers et des heures de travail aug- mente. n Le 1" terme dont dépend l'inconnu est la fraction —£-, qui a pour numérateur le nombre des ares et pour dénominateur le produit 12x8=96 des nombres d'ouvriers et d'heures ; » Le 2e terme, formé de la même manière que le 1", son homogène, avec les données relatives au travail exécuté, a pour valeur la fraction -|f; » Le 3e terme, homogène à l'inconnu, est le nombre 5 des jours donnés. » Le rapport des deux derniers termes est ^^; en le multipliant par le i", on trouve enfin 20 pour le nombre de jours demandé. » La détermination de l'inconnu se trouve ramenée en définitive à la multiplication de deux nombres que l'auteur apprend ainsi à former sépa- rément par un procédé uniforme. » Cette méthode a conduit M. Lucchesini à d'heureux résultats dans ( 477 > l'enseignement élémentaire; cependant nous croyons qu'elle peut être pré- sentée de manière à en rendre l'application plus facile et plus sûre. » Le nombre que l'on cherche est évidemment égal au nombre homo- gène qui se trouve dans les données de la question, multiplié par un nombre abstrait. Ce nombre abstrait est le produit d'une suite de rap- ports entre des nombres donnés. Chaque rapport se forme au moyen des deux nombres qui représentent des quantités homogènes ou de même espèce. Un nombre relatif à l'inconnu se met au numérateur ou an dé- nominateur du rapport, suivant que ce nombre en augmentant fait croître ou décroître le nombre inconnu, suivant que l'inconnu croît en raison directe ou inverse de ce nombre. » Dans la question ci-dessus le nombre de jours cherché est égal au nombre 5 des jours donnés multiplié par un certain nombre abstrait. » Le nombre inconnu de jours croît avec le nombre des ares à défri- cher et décroît quand les nombres des ouvriers et des heures de travail augmentent. On a donc le rapport direct ^- et les deux rapports inverses Y£ et f , en sorte que le nombre de jours demandés a pour expression 5'"¥ir.-n?-f = 20 jours. » M. Lucchesini ayant été prévenu que l'on proposerait dans le rapport de modifier sa méthode, nous a remis les solutions de plusieurs questions par une opération directe et analogue à celle que nous venons d'exécuter. » M. Lucchesini donne dans son ouvrage, pour un grand nombre de questions traitées ordinairement par l'algèbre, des solutions qui paraissent fort simples; mais il n'y arrive que par des raisonnements assez difficiles à suivre et qui sont de véritables équations exprimées en larigage ordi- naire. Aussi nous pensons que sa méthode, même simplifiée, ne peut s'appliquer qu'à un petit nombre de questions très simples de ce genre. Conclusions. » Nous proposons à l'Académie de remercier M. Lucchesini de la com- munication qu'il lui a faite, et de l'encourager à suivre un travail qui peut avoir d'heureux résultats dans les applications de l'arithmétique élémen- taire à un grand nombre de questions usuelles. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. C. R., 1840, am« Semestre. (T. XI, N° il ) 64 (47« ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin , à l'élection d'une Commission appelée à juger les pièces adressées au concours pour le prix de Phy- siologie expérimentale. MM. Magendie, Flourens, Serres, Breschet, Milne Edwards, réunissent la majorité des suffrages. MEMOIRES LUS. zoologie. — Recherches sur les Spongilles et spécialement sur leur mode de reproduction; par M. Laurent. (Commissaires, MM. de Blainville , Audouin, Milne Edwards.) « Ce Mémoire contient la première partie d'un travail général sur les Spongilles et se rapporte spécialement à la reproduction de ces êtres. » On connaissait déjà deux espèces de corps reproducteurs des Spongilles, savoir : » i°. Des corps oviformes qui se forment dans l'arrière-saison ; » 2°. Des corps gemmiformes qui sont des gemmes ciliés, semblables à ceux observés par M. Grant dans les Eponges. «L'auteur, après avoir étudié avec détail ces corps, fait connaître chez ces mêmes Spongilles trois autres sortes de corps reproducteurs, savoir : » i°. Les corps gemmiformes, qu'il regarde comme des gemmes non ciliés et fixes ; » 2°. Les corps oviformes qui se forment dans la première saison et qui offrent des particularités à raison desquelles on ne peut les confondre avec les corps oviformes d'arrière-saison. » 3°. Des fragments protéiformes qui se détachent des prolongements rhyzopodiques des jeunes Spongilles. »M. Laurent a constaté aussi que les Spongilles adultes se reproduisent quelquefois par scissiparité naturelle et fréquemment aussi au moyen de sections artificielles. Enfin il a suivi le développement des divers corps reproducteurs mentionnés ci-dessus, et il décrit la manière dont ils se ( 479) changent en corps spongiformes semblables aux Spongilles dont ils pro- viennent. Ce Mémoire est accompagné d'une planche in-folio.» MEMOIRES PRESENTES. zoologie. — Mémoire sur les Tardigrades ; par M. Doter r. (Commissaires, MM. Serres, Dutrochet, Milne Edwards.) « L'auteur décrit l'organisation de ces animaux singuliers , dont il a reconnu huit espèces distinctes formant trois divisions génériques bien caractérisées. Leur enveloppe est constituée par deux tuniques , l'une externe, épidermique ; l'autre interne , tomenteuse, dermoïde. Bien que le liquide qui remplit l'intervalle de leurs organes soit d'une composi- tion assez complexe, il n'existe pourtant aucun système circulatoire. Le système musculaire est au contraire fort complet ; il se compose de près de trois cents muscles distincts ; le système nerveux est ganglionnaire, sous- intestinal, et représente exactement le type de celui des animaux arti- culés. Quant à leurs rapports naturels, ces animaux ont une affinité très étroite avec les Rotateurs; ils en diffèrent surtout par leur appareil buccal, et paraissent devoir constituer un ordre particulier dans la classe d'ani- maux articulés que M. Dujardin a proposé de désigner sous le nom de Systolides. » anatomie. — Sur les connexions qui existent entre la moelle épinière et les nerfs spinaux ; par M. Bazin. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Magendie,de Blainville, Serres, Flourens.) « La moelle épinière des animaux vertébrés se divise en quatre cordons principaux, et en deux cordons ou faisceaux secondaires, internes et su- perposés, beaucoup moins volumineux que les cordons externes. » En pénétrant dans les cordons supérieurs, les racines des nerfs sen- sitifs se bifurquent, de manière qu'une moitié de chaque racine pénètre dans la partie supérieure, et se trouve presque en contact avec le névro- derme ou pie-mère, tandis que l'autre contourne sa face inférieure. Ainsi chaque cordon latéral est embrassé ou parcouru par un grand nombre de 64- (48o ) filets nerveux qui, pour la plupart, viennent former un faisceau aplati sur la ligne médiane. La teinte grisâtre que présente ce faisceau appartient plus au faisceau sensitif qu'au faisceau moteur. » Dans l'homme, le faisceau médian, formé par le prolongement des nerfs sensitifs a environ 4 millimètres de diamètre; sur le milieu on voit une bande de 2 millimètres de diamètre, dont les bords font un léger re- lief; la surface en est lisse, et les fibres ou filets dont elle se compose ont une direction parallèle à l'axe longitudinal de la moelle. » Le faisceau médian inférieur, ou formé par les nerfs moteurs qui se comportent à l'égard des cordons latéraux inférieurs comme les nerfs sen- sitifs à l'égard des cordons supérieurs, nous a paru pouvoir se diviser en deux parties, sans rompre aucun filet nerveux. » Dans les annélides et les articulés, les nerfs des deux moitiés du tronc se réunissent en deux faisceaux qui restent isolés dans une étendue variable. » L'examen microscopique des faisceaux médians des vertébrés fait voir que le faisceau supérieur est composé de filets ou tubes très déliés, entre lesquels on n'aperçoit point d'anastomoses, et dont la surface semble cou- verte de nombreux petits globules assez régulièrement disposés. Le faisceau inférieur ne nous a présenté que des tubes sans globules. » Je n'ai pas encore pu voir de globules dans les fiiets nerveux. Il ne faut pas confondre les petits globules dont je viens de parler avec ceux de la substance médullaire, qui sont beaucoup plus volumineux. »' chimie. — Recherches sur le sulfure de carbone ; par M. Colerbe. (Commissaires, MM. Chevreul, Pelouze , Regnault. ) Il résulte des expériences et des analyses nombreuses consignées dans ce Mémoire : « i°. Que le xantbatede potasse et le xanthate de plomb se comportent différemment lorsqu'on les expose à l'action de la chaleur; tandis que le xanthate de potasse donne un mélange de polysulfure de potassium et de charbon, le xanthate de plomb donne un résidu de sulfure simple et des traces de charbon, environ 2 pour 100. » 20. Que le xanthate de plomb, composé d'éther, d'oxide de plomb et de sulfure de carbone, peut se dissoudre dans l'alcool chaud et cristalliser dans ce véhicule. » (48r ) physique générale. — Sur V attraction universelle; par M. de Tessan. « Dans ce Mémoire l'auteur s'est proposé de démontrer que la pesan- teur universelle et l'attraction moléculaire proprement dite doivent être regardées comme une conséquence nécessaire des propriétés connues de l'éther. » (Commissaires, MM. Cauchy, Becquerel, Savary.) mécanique appliquée. — Machines à vapeur. MM. Turck et Carteron adressent un Mémoire sur un appareil de va- porisation. , (Commission des rondelles fusibles.) M. Martin adressé une Note pour faire suite à celles qu'il avait précé- demment présentées sur la détermination des longitudes et des latitudes en mer. CORRESPONDANCE . chirurgie. — Sur la nature et le traitement d'une nouvelle espèce de tor- ticolis ; par M. Rouvier. « Cette affection, dit l'auteur, diffère tout à la fois du torticolis mus- culaire aigu , de la contracture du sterno-cléido-mastoïdien, ou torticolis musculaire ancien, et de la luxation spontanée de l'atlas et de l'axis; trois états avec lesquels on l'a confondue jusqu'ici. Elle a son siège dans les ar- ticulations des premières vertèbres cervicales, et peut être désignée sous le nom de torticolis articulaire. » La fréquence de cette affection, l'oubli dans lequel elle a été laissée, les erreurs auxquelles elle donne lieu , sa guérison facile quand son exis- tence est reconnue dès le principe, et le cachet d'incurabilité qui lui est imprimé par le temps, m'ont fait penser qu'il serait utile d'en présenter dès ce moment les traits principaux. » C'est par des moyens mécaniques que l'on doit s'attacher à détruire la torsion du cou, et sous ce rapport surtout, il importe de bien distinguer ce genre de difformités de celles qui sont dues à des muscles raccourcis et dont la myotomie est le remède par excellence; remède nul et intempes- tif dans cette nouvelle espèce de torticolis. Je ferai connaître, dans mon Mémoire, les procédés qui m'ont le mieux réussi pour atteindre ce but et les résultats tout-à-fait satisfaisants que m'a procurés ce mode de traite- ment. » ( 48a ) paléontologie. — Ossements fossiles d'éléphants provenant d'une sahlon- nière située entre Champigny et Joinville-le-Pont. (Commissaires, MM. de Blainville, Flourens , Élie de Beaumont.) « MM. Rivière et Briggs mettent sous les yeux de l'Académie plusieurs ossements qu'ils ont trouvés dans une carrière de sable située entre Joinville-le-Pont et Champigny. Ces ossements étaient enfouis au milieu d'un sable fin, quarzeux, rempli de débris de coquilles, et couronné d'un dépôt de gravier, de galets et de gros blocs provenant en général des silex meuliers et des silex de la craie, ou de fossiles changés en silex jas- poïde. » La sablonnière offre la coupe suivante : i° 3o à 4o centimètres de terre végétale et d'alluvions; i° un mètre environ de dépôt caillouteux de diluvinm; 3° 4 mètres de sable de diluvium qui s'appuie sur la marne, re- présentant les marnes du gypse de Montmartre. Enfin le niveau moyen de cette sablonnière, très riche en ossements, est supérieur à ceux de la Marne et de la Seine, ainsi que le montre la planche qui accompagne la communication de MM. Rivière et Briggs. » M. Passot prie l'Académie de vouloir bien hâter le rapport qui doit être fait sur son Mémoire intitulé : Mémoire sur une détermination expéri- mentale de la force centrifuge dans les machines hydrauliques à réaction. M. Poncelet, l'un des Commissaires, fait remarquer que le retard tient à l'absence de plusieurs des membres de la Commission. M. Bright, auteur de recherches sur l'albuminurie qui ont obtenu un prix au dernier concours pour les prix de médecine et de chirurgie de la fondation Montyon, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Malé rappelle qu'il n'a pas encore été fait de rapport sur une Note qu'il a présentée il y a quelques mois, et qui a pour titre : Moyens de faci- liter la progression des convois sur les chemins de fer. (Commissaires, MM. Arago, Savary, Poncelet, Séguier, Coriolis, Gambey.) M. Démel adresse un paquet cacheté portant pour suscription : Ma- chines à vapeur. La séance est levée ? 4 heures \. F. ( 483 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. I/Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; 2* semestre 1840, n° 10, in-4". Annuaire du Bureau des Longitudes pour l'an i8'4o; in- 18. Documents sur la méthode ostéotropique , nouveau système de réduction pour la cure des luxations des appareils orbiculaires ; par M. Colombot; Chaumont, in-8°. Annales scientifiques f littéraires et industrielles de l'Auvergne ; août, septembre et octobre i83g, in-8°. L'Enseignement, bulletin d'Éducation; tome 1"; septembre 1840, in-8°. Recueil de la Société polytechnique ; juillet 1840, in-8°. Revue progressive de l'Agriculture et du Jardinage; ier vol. , année 1839 — 1840; in-8°. Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines; août i84o, in-8°. Notice sur les ravages que fait dans les rameaux les plus tendres des Rosiers une fausse chenille ou larve d'une espèce de Mouche à scie ; par M. Mérat; 1 feuille in-8°. Journal de l'Institut historique; 7e année, août 1840, in-8°. Journal des Connaissances médico- chirurgicales ; septembre 1840, in-8". Le Technologiste , ou Archives des progrès de l'Industrie française et étrangère; septembre i84o,in-8°. Revue scientifique et industrielle, sous lu direction du Dr Qoénesville; août 1840, in-8*. Notice sur un procédé électro-chimique pour dorer l'Argent et le Laiton,- par M. de la. Rive; 1840, in-8*. '. Fragments sur les corps célestes du système solaire ; par MM. G. Béer et J.-H. Madler; i84o, in-4°. Transactions... Transactions de la Société zoologique de Londres, ae vol., 4e partie; Londres, 1840, in-4°. ( 484 ) Reports. . . Rapports de lu Société zoologique de Londres, lus à l'as- semblée générale du 2g avril 1840 ; in-8°. Proceedings .... Procès-Verbaux de la Société royale de Londres ; n"44,in-8°. Proceedings. . . . Procès-Verbaux de la Société zoologique de Londres; 7e partie, i83g, in-8°. Principles. . . . Principes rC Économie politique; partie 5e et 4'j Par DÏ. H.-C. Caret, auteur de l'Essai sur le taux des Gages; Philadelphie, 1840, in-8°. (Offert par M. Warden.) The London .... Magasin philosophique et Journal de Sciences de Lon- dres, d'Edimbourg et de Dublin; août 1840, in-8°. The Athenœum; n° i5i, juillet 1840, in-40. Astronomische . . - Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n° 408. Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 57. Gazette des Hôpitaux; u° 106 à 108. L'Expérience, journal de Médecine; n° 167, in-8". Gazette médicale de Marseille; n° 8. Errata. (Séance du 7 septembre. ) Page 44x> n8ne 5> au lieu de (8) lisez (9) Page 442» ''8ne "1 au neu ^e [*">K] = °> ^ez [""jK] = 1 Page 447, ligne 3, au lieu de Thenard, Dumas, Pelouze, lisez Magendie , Double, Pelouze. Page 44g , li gne 6 , au lieu de Millet , lisez Millot. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 21 SEPTEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. médecine. — Note sur des recherches expérimentales relatives au mode de transmission de la rage; par M. G. Bresciiet. « Il y a plus de vingt-cinq ans que M. Dupuytren, M. Magendie et moi, nous fîmes le projet d'étudier, par des expériences multipliées, une maladie dont la nature est encore bien peu connue et dont le traitement laisse tout à désirer. Je veux parler de la rage. » Plusieurs hydrophobes furent, à diverses époques, soumis à notre observation ou confiés à nos soins, à l'Hôtel-Dieu. Nous entreprîmes sur les animaux une série d'expériences pour l'exécution desquelles l'adminis- tration et particulièrement M. Pasquier, alors préfet de police , nous don- nèrent toutes les facilités désirables. Ces expériences ont été faites à l'École royale vétérinaire d'Alfort , à la ménagerie du Combat et dans les labora- toires d'anatomie de la Faculté de Médecine. Bientôt les circonstances po- litiques et surtout les changements produits dans les administrations par les deux invasions des armées étrangères, nous forcèrent à renoncer à nos investigations. C. R., 1840, am« Semestre. (T. XI , N° 12.) 65 ( 486 ) » Cependant, quelques résultats obtenus soutenaient notre zèle et nous faisaient désirer de reprendre ces recherches. Chargé plus particulièrement d'étudier le caractère contagieux de la maladie et son mode de transmis- sion, j'entrepris sur les animaux un grand nombre de vivisections. Je les trouvais cependant insuffisantes pour résoudre d'une manière certaine toutes les questions importantes que nous avions soulevées, et cette cause me fit garder le silence. Mais comme, dans ces derniers temps, des doutes se sont élevés sur la nature contagieuse de la rage, j'ai pensé, dans l'intérêt de la société, qu'il serait convenable de faire connaître nos pre- mières tentatives ; bien que je sente l'imperfection de ce travail , il contient pourtant des faits qui mettraient le caractère contagieux hors de doute, si la science tendait à faire un mouvement rétrograde; peut-être aussi que la publication de cette Note excitera le zèle de quelques jeunes médecins qui continueront nos expériences. a Plusieurs médecins ont été témoins de mes expérimentations et je puis citer parmi les membres de cette Académie, MM. Audouin et Milne Edwards. » Il est des maladies qui sont propres à certains animaux et qui ne se développent pas spontanément sur d'autres. Ainsi la rage appartient au genre Canis et plus particulièrement encore au Chien. Cependant, si nous en croyons quelques voyageurs, les chiens, en Egypte, ne deviennent ja- mais enragés. C'est ce que nous a affirmé notre confrère, M. Larrey. » Bien que la rage spontanée ait été attribuée à des animaux autres que le chien , c'est sur cette espèce que le développement spontané a été bien constaté. C'est de l'espèce canine que la maladie est ordinairement trans- mise aux autres mammifères et à l'homme lui-même. » La rage, dans l'espèce humaine, n'est jamais spontanée et ne peut résulter ni de l'influence des circonstances hygiéniques, ni d'affections mo- rales. H y a toujours eu inoculation. C'est sans doute pour n'avoir pas bien établi la différence qui existe entre les affections nerveuses où l'on observe l'horreur des liquides, la difficulté d'avaler, etc. , etc., et la rage commu- niquée, qu'on a confondu Xhjdrophobie avec la rage pwprement dite, et par un effet tout naturel de cette confusion , on a été conduit à croire au déve- loppement spontané de cette dernière affection chez l'homme. » J'ai observé, à l'Hôtel-Dieu de Paris, un grand nombre de per- sonnes enragées, et constamment chez elles la rage reconnaissait pour cause la morsure par un chien atteint de cette même maladie. On a pu noter chez l'homme des accidents nerveux hydrophobiques , survenus ( 48? ) spontanément ou par des causes antres qu'une inoculation , mais ces symptômes étaient bien distincts de la rage elle-même. Ainsi Dumas, pro- fesseur célèbre de la Faculté de médecine de Montpellier et membre cor- respondant de cette Académie, a décrit des fièvres pernicieuses hydropho- biques qu'il avait observées à Lyon, lors du siège de cette ville. Guy-Pa»in a vu l'hydrophobie succéder à l'épilepsie ; Mead l'a observée dans l'hystérie, et il n'est peut-être pas de névrose dans laquelle la constriction de la gorge, la difficulté de la déglutition et l'horreur des liquides n'aient été notées; mais, encore une fois, il y a bien loin de ces symptômes nerveux à la rage. » Dans cette dernière affection l'art est toujours impuissant , la maladie se termine constamment par la mort, tandis que l'hydrophobie symptô- matique n'est pas mortelle, ou, si elle le devient, cette terminaison funeste dépend essentiellement de la maladie dont elle est une complication, un épiphénomène, pour me servir du langage de l'école. «Quelle foi peut- on ajouter aux histoires qui ont été publiées sur le développement de la rage produit par une vive affection de l'âme, un pro- fond chagrin, une grande terreur, etc.? Pour répondre à cette question, je me bornerai à raconter un fait dont je dois la connaissance à notre con- frère M. Dumas. » Un célèbre médecin suisse fut un jour mordu au doigt par un petit chien qu'on croyait être enragé; ce médecin conçut une terreur si grande de cette morsure, qu'il quitta subitement la ville qu'il habitait, sans en prévenir sa famille ou ses amis, et se retira à Berne, et s'enferma dans une chambre. Là, armé de pistolets, il était bien résolu de se brûler la cervelle à la première apparition d'un symptôme d« la rage. Heureusement aucun accident ne survint, et après deux mois d'attente et d'angoisses, il retourna dans sa ville natale dissiper les vives inquiétudes de tous les siens. » Si les affections morales pouvaient déterminer la rage, c'est dans une circonstance comme celle-là que l'effet devrait être produit. Je pourrais citer plusieurs observations du même genre, mais je me bornerai à dire que j'ai vu M. Dupuytren être très inquiet pendant plusieurs mois, pour avoir reçu sur une légère écorchure qu'il avait à la main, un peu de bave d'un homme enragé qu'on avait conduit à l'Hôtel-Dieu. Des lotions avec diffé- rentes liqueurs, et une cautérisation assez profonde, ne suffisaient pas pour dissiper les craintes de notre confrère; le temps seul put les faire cesser. I » S'il n'existe pas de virus râbique, et si l'influence morale seule pro- 65. ( 488) duit la rage, comment se fait-il que de très jeunes enfants, ou des per- sonnes qui n'ont aucune inquiétude, ou qui ne se rappellent point d'avoir été mordues, ont la rage par inoculation, c'est-à-dire par suite d'une morsure? Si le moral seul peut produire cette maladie sans qu'il soit né- cessaire d'admettre de virus rabique, comment se fait-il que les animaux aient la rage, et que la maladie se transmette chez eux des uns aux autres par morsure ? » Je suis presque honteux de m'arrêter à de pareilles questions, et si je les indique, c'est pour montrer ce qu'on doit penser de quelques écrits récents adressés à l'Académie des Sciences. » Parmi les faits que je pourrais citer à l'appui de ce que j'avance, je choisirai une observation dont les détails m'ont été transmis par M. le doc- teur Le Mazurier, médecin en chef du collège de Versailles. J'ai moi-même vu, à FHôtel-Dieu , la jeune malade qui fait le sujet de cette observation. » Une petite fille de six à sept ans entra dans une des salles de l'Hôtel- Dieu, au mois de juillet i8o6j elle avait été mordue à la joue gauche, quelques semaines auparavant, par un de ces petits chiens que l'on porte sous le bras; la plaie, de très petite étendue, avait été négligée par les parents de cette enfant , et cependant n'avait pas tardé à se cicatriser. Per- sonne dans la maison n'avait songé à la possibilité de l'inoculation de la rage à cette enfant par le petit chien, qu'on croyait bien portant alors, et ce ne fut que plus tard que la famille conçut des inquiétudes; mais la jeune fille ignorait tout , même jusqu'au nom de la maladie à laquelle elle devait succomber. A son entrée à l'Hôtel - Dieu la malade ne pré- sentait encore pour symptôme de la rage , qu'un violent spasme du pha- rynx ; les boissons étaient rejetées presque aussitôt après avoir été in- troduites dans la bouche, et si quelques gouttes de liquide franchissaient l'isthme du gosier, l'enfant exprimait sa satisfaction avec toute la naïveté de son âge. M. Dupuytren , dans le service duquel la malade avait été placée, eut recours, mais sans succès, aux médications généralement em- ployées. Bientôt les symptômes allèrent en augmentant, le délire et les convulsions survinrent, et la mort arriva en peu de temps. La nécropsie ne fut pas pratiquée. § I. — De la transmission de la rage du chien à l'homme. » C'est trop m'arrêter sur ime circonstance que tous les bons observa- teurs et les esprits judicieux ne sauraient admettre, celle de la rage C489) spontanée chez l'homme. Pour nous cette maladie, observée dans l'espèce humaine, est constamment le résultat d'une inoculation, et cette inocu- lation s'opère le plus souvent par morsure. Cette proposition n'a pas be- soin de développement ; les faits qui démontrent son exactitude sont connus de tout le monde. 5 II. — De la transmission de la rage de l'homme au chien. » J'aurais peut-être dû parler de la transmission de la rage de l'homme à l'homme; mais aucun fait, aucune observation bien authentique n'est consignée clans les annales de la science. D'après ce que je vais rapporter, il paraîtra peut-être assez raisonnable de penser que ce mode de trans- mission d'homme à homme est possible, puisque nous avons inoculé et transmis la rage de l'homme au chien. Voici le fait : » Le 10 mai i8i3 , un homme âgé de vingt-quatre ans fut mordu par un chien enragé, qui exerça aussi sa fureur sur un grand nombre de person- nes, dont plusieurs furent reçues à l'Hôtel-Dieu et cautérisées avec le fer incandescent. Trois de ces personnes étaient dans cet hôpital, lorsqu'on y conduisit le nommé Surlu, le 18 juin i8i3, troisième jour après l'inva- sion des accidents de la rage chez cet individu. » Les trois malades dont je viens de parler et qui avaient été atteints par le même animal qui avait mordu Surin, ne sortirent de l'Hôtel- Dieu que dans le courant du mois d'août et très bien portants, malgré les tourments qu'ils durent éprouver sur leur sort, surtout en connaissant la maladie à laquelle Surlu devait succomber. Cette circonstance est ici une nouvelle preuve de l'insuffisance des affections morales pour pro- duire la rage, lorsqu'une cause spécifique (le virus rabique) n'a pas été in- troduite dans la masse de nos humeurs. Mais je reviens au fait principal, à l'histoire de la maladie de Surlu. Cet homme avait reçu trois morsures au talon droit, qu'on avait cautérisées, sans doute d'une main timide, avec du beurre d'antimoine, une heure après l'accident. Surlu, rassuré par cette opération contre les dangers que sans elle il aurait pu penser avoir à courir, vaqua sans inquiétude à ses occupations ordinaires, se livra à la dé- bauche pendant un mois, temps pendant lequel le travail de la cicatrisation des plaies fut achevé. Tout-à-coup ce jeune homme perd sa gaité naturelle; tous ses mouvements sont brusques, rapides; il s'assied, se relève préci- pitamment et sans aucun motif; il pleure parfois, et témoigne à ses parents la crainte de devenir enragé. Le lendemain il éprouve de la répugnance ( 49° ) pour les boissons, et, s'il en porte à sa bouche, elles sont subitement rejetées. Le troisième jour de l'invasion de la maladie, tous les symptômes de la rage la plus prononcée se manifestent; ce n'est plus qu'en tremblant que ses parents cherchent à le tranquilliserais profitent d'un moment de calme pour le faire monter en voiture et le conduire dans un hôpital. Ce jeune homme en sortant de la maison paternelle croit entendre dire que sa mort est inévitable; cette idée le fait frémir, et le rend à toutes ses fureurs. Admis à l'hôpital, on cherche à calmer son agitation par des paroles conso- lantes, en lui promettant la guérison, en lui adressant des questions qui peuvent l'intéresser et le rassurer. La vivacité de ses regards, l'inquiétude qui règne dans toute sa personne et l'écume qui s'écoule de sa bouche ou qu'il crache sans cesse, enfin le sentiment de constriction , de douleur à l'arrière-gorge et l'horreur pour les liquides, ne laissent pas de doute sur l'existence de la rage. »M. Dupuytren , convaincu de l'impossibilité d'entraver la marche de cette maladie et surtout de la guérir par les moyens connus, généralement em- ployés, mais sans succès jusque alors, tels que la morsure de la vipère, les préparations d'oxides métalliques, le mercure en frictions, les saignées ré- pétées, les antispasmodiques , les bains , etc., et la déglutition étant d'ailleurs fort difficile; M. Dupuytren pensa qu'il fallait introduire des médicaments dans la circulation sanguine en les injectant dans le système veineux. Nous pratiquâmes laphlébotomie au bras, et, à l'aide d'une seringue d'Anel, nous injectâmes une solution de deux grains d'extrait muqueux d'opium dans une très petite quantité d'eau distillée. Quelques instants après cette opération il se manifesta un calme encourageant, qui fit administrer au bout de quatre heures et par la même voie, quatre grains du même médicament en solution dans de l'eau distillée. On obtint encore pour quelques heures la rémission des principaux accidents; mais alors on vit le malade s'agiter, changer constamment de position, s'agenouiller sur son lit, vouloir en descendre, porter avec rapidité les mains et les bras autour de lui, et pous- ser des cris horribles. Il parlait sans cesse et passa la nuit dans cette agita- tion extrême. Le lendemain matin, à 5 heures, M. Dupuytren trouva le malade dans un grand accablement, mais bientôt survint un nouveau paroxysme. » Cependant le malade jouissait toujours de la plénitude de sa raison , il parlait de son père, du désir qu'il avait de lui faire un dernier adieu. Six nouveaux grains d'extrait muqueux d'opium en solution aqueuse furent in- troduits dans la circulation sanguine par une veine du bras. L'effet calmant (49' ) fut très peu marqué, l'agitation resta la même: la salive était toujours abondante et écumeuse; bientôt les regards devinrent fixes, la respiration parut déplus en plus courte, laborieuse, le pouls s'affaiblit rapidement, et le malade expira (i). » Le 19 juin, pendant un des derniers paroxysmes, nous nous occupâ- mes, M. Magendie et moi, de recueillir sur des morceaux de linge une assez grande quantité de salive écumeuse, et après avoir fait des incisions à la peau de la région dorsale, sur deux chiens de moyenne taille, nous intro- duisîmes cette bave écumeuse dans les petites plaies et nous fîmes transpor- ter ces animaux à la ménagerie du Combat. Par l'effet d'un manque de sur- veillance, un de ces chiens s'échappa, mais l'autre fut attaché et placé dans un lieu de sûreté (2). »Le 27 juillet, c'est-à-dire trente-huit jours après l'inoculation de la bave de l'homme enragé sous la peau de ce chien, l'animal fut pris d'une rage furieuse. Nous fîmes mordre par lui plusieurs chiens, et au bout d'un mois l'un d'eux fut en pleine rage, et tous les autres devinrent successivement enragés. Nous pûmes pendant assez long-temps , au moyen de l'inoculation, entretenir successivement la rage sur un grand nombre de chiens, afin d'avoir constamment du virus rabique à notre disposition pour pouvoir poursuivre nos expériences. » Dans ces transmissions d'un animal à un autre, j'ai plusieurs fois observé que la maladie ne se manifestait plus ou que très difficilement lorsque le principe contagieux, c'est-à-dire la bave de l'animal enragé, avait déjà passé successivement par trois ou quatre animaux, et le plus sou- vent par trois. Si ce fait vient à être confirmé par d'autres expériences, il sera d'un haut intérêt, car il démontrera que les virus s'affaiblissent et fi- nissent par perdre leurs propriétés délétères en passant d'une manière suc- cessive d'un individu à plusieurs autres individus. » J'ai pu constater dans ces circonstances que le plus souvent la rage se développe du vingtième au trentième jour après la morsure, mais dans plusieurs cas je l'ai vue ne se manifester qu'après le troisième mois écoulé. Xe dirai aussi que sur plusieurs chiens enragés, j'ai vu l' hydrophobie , (1) Voyez la thèse de Ch. Busnout. Dissertation sur la rage, n° 17; Paris, i8i4- (a) Cette expe'rience est la seule que j'aie faite avec M. Magendie : toutes les autres re- cherches ont été poursuivies se'parément par M. Magendie ou par moi. Je ne citerai donc à l'avenir que les faits qui m'appartiennent en particulier. (Voyez le Journal de Physio- logie de M. Magendie , tome I, page 42.) ' ( 49* ) c'est-à-dire l'horreur de l'eau , manquer, et à un tel point, que ces animaux buvaient avec avidité l'eau qu'on leur présentait ou qu'on leur injectait dans la gueule. J'ajouterai cependant que ce fait n'a pu être observé que sur un petit nombre de chiens enragés, mais ces observations me paraissent pour- tant suffire pour démontrer que la rage et Yhydrophobie sont deux états morbides bien différents et bien distincts. » Notre observation de transmission de la rage de l'espèce humaine à l'es- pèce canine me paraît une nouvelle preuve de l'existence d'un virus ra- bique, et démontre le caractère essentiellement contagieux de la maladie par inoculation. Cependant , avant de porter un jugement définitif, il faut attendre de nouveaux faits, et il conviendrait de tenter de nouvelles expé- riences. J'ignore si depuis l'inoculation que nous avons pratiquée en ins- tillant de la bave, recueillie sur l'homme , dans le tissu cellulaire du chien, cette vivisection a été répétée par d'autres physiologistes. §111. Transmission de la rage des animaux carnivores aux animaux herbivores. a Dans le cours de ces expériences j'ai cherché à transmettre par inocu- lation proprement dite ou par morsure la rage des mammifères carnivores aux mammifères herbivores. Dans une première expérience j'ai fait mor- dre un âne de forte taille par un chien qui était dans toute la fureur de la rage, et au bout de trois semaines l'animal solipède présenta tous les symp- tômes de ki maladie au plus haut degré. Je puis même affirmer que je n'ai jamais vu d'animal enragé plus furieux et avec un plus vif désir de mordre. En effet cet âne, ne pouvant saisir d'autres animaux, se déchirait le poi- trail et se mettait tout en sang. » J'ai aussi transmis la rage du chien à deux chevaux; mais ici , au lieu de faire mordre ces derniers animaux, j'ai inoculé la rage, en insérant sous la peau, de la bave recueillie dans la gueule des chiens enragés, à l'aide d'une éponge fixée à l'extrémité d'un bâton. » Chez ces deux chevaux la maladie avait tous les caractères de la rage, mais à un degré moins intense et avec moins de promptitude que chez l'âne. § IV. Transmission de la rage par inoculation des solipèdes aux carnivores. » Pendant la durée de la rage des solipèdes , et particulièrement chez l'âne, j'ai recueilli de la bave dans la bouche de ces animaux , et cette bave, introduite sous la peau de plusieurs chiens, a déterminé chez eux, (493) après une incubation de vingt-cinq à quarante jours, tous les accidents de la rage. Cette expérience, faite sur plusieurs chiens et avec les mêmes ré- sultats, ne paraît pas laisser de doute sur la transmission de la rage des herbivores aux carnivores , circonstance qui est niée par quelques vétéri- naires. » Ces mêmes chiens, devenus enragés par suite de l'inoculation» ont trans- mis la rage à d'autres chiens. Il ne peut donc pas exister d'incertitude sur leur maladie. Comment donc expliquer cette différence dans les résultats? Nous pouvons alléguer en notre faveur qu'en fait de contagion, même par inoculation, on peut souvent échouer et l'absorption ne pas avoir lieu. Toutes les personnes qui vivent dans un foyer de contagion ne contractent pas la maladie; toutes les personnes que l'on vaccine ne voient pas se dé- velopper sur elles des boutons de vaccin, etc., etc. » Je sais qu'on pourra nous dire que les chiens sur lesquels j'ai inoculé la bave provenant des mammifères herbivores enragés, auraient peut-être eu la rage lors même qu'on ne les aurait pas inoculés. C'est pos- sible; mais comment se fait-il que ce soient les chiens inoculés qui aient eu la rage, et qu'à côté d'eux, dans le même établissement, les autres chiens, ex- posés aux mêmes influences , n'aient pas présenté la même maladie ? Avant de décider la question il faut encore répéter les expériences. » Les physiologistes et les vétérinaires qui n'admettent pas la transmis- sion de la rage des herbivores aux carnivores n'ont peut-être pas assez tenu compte du mode de transmission. L'animal Carnivore a des dents favora- blement disposées pour la morsure et pour inoculer un principe virulent dans la plaie faite par une dent pointue, une dent laniaire ; tandis que chez l'herbivore, le râtelier dentaire est composé d'instruments plutôt con- tondants que piquants ou incisifs ; dès-lors les tissus ne se trouvent point dans les conditions voulues pour une bonne inoculation. Nous ajouterons qu'en admettant une solution de continuité dans les tissus animaux par la morsure des herbivores, la plaie est toujours compliquée d'une très forte contusion, et cette altération rend les tissus peu propres à absorber une matière qui se présente toujours en fort petite quantité. Ce n'est donc que d'après des inoculations bien faites par l'instrument du physiologiste, qu'on pourra définitivement prononcer sur la transmission ou la non-transmis- sion de la rage des herbivores aux carnivores. Cependant je dois dire ici que quelques expériences de ce genre ont déjà été tentées, et qu'elles ont donné des résultats contraires à ceux que j'ai obtenus. Ces ex- C. R , i8Jo, 3me Semesttv. (T. XI, IV 12 fi6 ( 494 ) périences sont consignées dans le Journal de Physiologie de M. Ma- gendie (i). § V. Essai de transmission de la rage, par inoculation, des mammifères carnivores aux rongeurs. » Nous avons inoculé de la bave provenant de chiens enragés à des la- pins, des cabiais, etc., et presque constamment nous avons vu, au bout de très peu de temps, ces derniers animaux périr, mais sans que nous ayons pu constater sur eux aucun des symptômes caractéristiques de la rage. § VI. Essai de transmission de la rage, par inoculation, des mammifères carnivores aux oiseaux. » De semblables expériences ont été tentées par nous sur des oiseaux de différentes espèces, des gallinacées, des palmipèdes, des corneilles, des oi- seaux de proie, etc., et presque toujours nous avons vu périr ces animaux sans avoir pu reconnaître chez eux l'apparition et le développement des symptômes de la rage. Ces résultats nous ayant fait penser que les oiseaux mouraient de la blessure de l'inoculation et non de l'introduction d'une substance délétère dans leurs tissus, nous avons pratiqué à d'autres oiseaux de semblables blessures, sans y introduire de bave provenant d'animaux enragés. Ces animaux ont continué à vivre. » Je dirai, à cette occasion, que l'absorption des virus et des substances délétères est très active et très prompte chez les oiseaux. Je donnerai, à l'appui de cette proposition, des expériences que j'ai faites d'abord avec M. le docteur Pravaz, puis que j'ai plusieurs fois répétées. » Je possédais du venin de plusieurs reptiles ophidiens, que M. Lamare- Picquot avait rapporté des Indes orientales. Je délayais une très petite quantité de ce virus avec de la salive ou un peu d'eau; puis, chargeant de cette solution une aiguille à cataracte, j'inoculais le venin à des pigeons ou à des oiseaux d'une plus grande taille. Huit ou dix minutes après cette ino- culation, l'oiseau était tremblant, respirait avec peine, traînait de l'aile et, ne pouvant plus se tenir sur ses pattes, tombait sur le dos et présentait des mouvements spasmodiques. S'il ne recevait de prompts secours, il mourait en peu d'instants. (i) Journal de Physiologie de M. Magendie, t. VIII, p. 3o6. ( & ) » Je dis s'il ne recevait un prompt secours, parce que nous possédions un moyen sûr pour annihiler l'action délétère du venin , moyen qui nous réussissait constamment, si nous ne différions pas trop long-temps son emploi. Il suffisait simplement d'établir un courant électrique par la plaie de l'inoculation, à l'aide d'un fil métallique communiquant avec un des pôles d'une pile galvanique en fonction, l'autre bout du fil métallique étant en contact avec un autre point du corps de l'animal. » Par l'action de ce courant électrique, on voyait peu à peu les acci- dents morbides s'affaiblir, puis disparaître, et l'animal revenir à la vie et à la santé. » Si j'avais connu l'action de cet agent lors de mes expériences sur la rage, je me serais empressé de l'employer; mais ce n'est que beaucoup plus tard que M. Pravaz m'en a donné connaissance. § VII. Transmission de la rage d'herbivore à herbivore. » Dans le 'cours de mes expériences je desirais aussi m'assurer si la rage peut se communiquer d'un herbivore à un autre herbivore ; mais, forcé par les circonstances à cesser mes recherches expérimentales, je n'ai pas pu constater si cette transmission avait lieu. Je sais seulement que beaucoup de vétérinaires ne la croient pas possible (i). (i) Je joindrai ici, en note, une observation que je dois à l'obligeance de mon ami et confrère M. Boussingault, et qui semble confirmer l'opinion des ve'térinaires. « En 1829, M. Henri Bodmer fut chargé, par l'administration des mines de la Co- lombie, de conduire un fort détachement de mineurs anglais depuis Falmouth jusqu'à la^Vega-de-Supia, où je résidais. M. Bodmer s'était procuré un jeune chien en Angle- terre , un épagneul: c'était le seul chien de l'expédition. Les mineurs anglais débar- quèrent à Santa-Martha ; là l'expédition perdit environ le tiers de son monde. On employa près de six semaines à remonter la grande rivière de la Magdalena, en laissant encore des morts sur la route; enfin, pour arriver à Supia, on traversa la Cordilière de Sonson, c'est-à-dire qu'on passa brusquement d'une température de 28 à 36", à celle de 18 à io°, température que l'on éprouve fréquemment dans les forêts élevées du Paramo de Sonson Le chien, pendant ce voya;;e si pénible pour les hommes, conserva sa santé, sa gaîté, son appétit, et il vint s'installer chez moi, dans la ferme du Rodeo. Quelques jours après son arrivée, nous lemarquâmes que ce chien manifestait une tendance au sommeil , il mangeait moins; plus tard, il évitait les personnes qu'il avait l'habitude de caresser. Nous étions portés à voir dans tout cela une conséquence delà fatigue du voyage; M. Bodmer était d'ailleurs convaincu que son chien n'avait pas été mordu. Notre chien refusa bientôt les aliments, il s'était 66.. ( 496 > § VIII. Des voies et moyens divers par lesquels f ai cherché à transmettre la rage. » Avant de terminer cette Note, je dirai quelques mots sur les voies diverses par lesquelles j'ai cherché à transmettre la rage soit à des animaux de même espèce, soit à des animaux d'espèces différentes, et comment j'ai fait ces tentatives. C'est toujours avec la bave de l'animal enragé que j'introduisais dans les tissus organiques vivants, soit parla morsure faite par l'animal malade à l'animal sain, soit par l'inoculation, que j'ai trans- mis la maladie. »Sur des herbivores comme sur des carnivores, j'ai porté dans le rectum placé sous un canapé ; un jeune anglais (M. Lane) ayant voulu le débusquera l'aide d'une canne, le chien s'élança sur lui, et mordit follement le canne, puis, traversant un groupe de plusieurs personnes, sans les attaquer, il sauta A la tête d'un cheval qui se trouvait sur son passage, le mordit très légèrement à la bouche, et prit sa course vers la route. » Je fis aussitôt partir des estafettes pour prévenir les travailleurs, en leur ordonnant de tuer tons les chiens du district. Malheureusement le chien enragé devança les mes- sagers ; il arriva aux mines de Mamato, passa au milieu d'une centaine d'anglais sans les attaquer; continuant sa course vers la vallée du Cauca, il entra dans l'hacienda de Murago; sur la route il mordit sept personnes: sur ces sept personnes, six n'éprouvèrent aucun accident; un jeune nègre devint seul eDragé. Il mourut environ un moisaprèsla morsure, malgré les soins empressés qui lui furent donnés par notre médecin, le docteur Jervis. » Le cheval qui fut mordu par le chien ne présenta d'abord aucun symptôme alar- mant; c'était un cheval remarquable par sa douceur. Dans la montagne, dans les che- mins les plus dangereux, ce cheval déployait une adresse et une vigueur étonnantes; j'indique ces circonstances , pour montrer que le virus qui donne la rage n'agit qu'avec une lenteur extrême. Pendant près de deux mois, le cheval ne changea rien à ses ha- bitudes : même douceur, mêmes qualités Le docteur Jervis a cependant cru remarquer que le cheval, depuis sa morsure, transpirait beaucoup plus, qu'il se fatiguait plus promptement. » Un jour, c'était au moins deux mois après l'événement du chien enragé, notre cheval qui se trouvait dans la cour, prend le galop, franchit la barrière, court dans la prairie de Zupia, mord tout ce qui se rencontre devant lui, chevaux, juments, poulains, va- ches , taureaux ; puis, prenant sa course vers la forêt, il disparaît. » Toutes les recherches faites pour retrouver le cheval furent inutiles ; quelques mois après, un indien rapporta des fers qu'il avait trouves dans les bois, à environ une lieue de mon habitation : ces fers étaient ceux du cheval , le seul peut-être qui fût ferré dans toute la province d'Antioquia. » Aucun des animaux mordus par le cheval ne prit la rage.» ( 497 ) ou dans la bouche, et jusque dans l'estomac de l'animal sain, de la bave d'animal enragé, en chargeant de cette matière des morceaux d'épongé ou en la mêlant à du pain ou à de la viande, et jamais je n'ai pu parvenir à transmettre la rage. Il faut donc pour que l'effet morbide soit produit, que la bave ou humeur contenant la matière virulente soit en contact avec des surfaces dénudées. » Ces résultats négatifs sont comparables à ceux qu'a obtenus Fontana, qui affirme avoir mis sur sa langue et sur celle de son domestique du venin de la vipère, sans avoir causé d'accidents (1); mais ils sont en op- position avec ce que rapportent Énaux et Chaussier, qui disent avoir vu un homme atteint de la rage pour avoir reçu sur les lèvres de la bave d'un chien enragé (a). » J'ai inséré sous la peau de plusieurs chiens, des portions soit de muscles, soit de tendons ou d'autres tissus organiques provenant d'animaux enragés et jamais je n'ai vu, sous cette cause, la rage se développer. » Le sang serait-il altéré dans cette maladie? Je ne puis jusqu'ici ré- pondre à cette question qu'en rapportant les expériences que j'ai tentées. Plusieurs fois j'ai cherché à faire la transfusion du sang, c'est-à-dire à faire passer le sang d'un chien enragé dans le système circulatoire d'un chien en état de santé. Mais comme l'expérience est délicate, difficile et surtout dangereuse, au lieu de continuer à pratiquer la transfusion, je me suis borné plus tard à obtenir par la saignée du sang de l'animal enragé, et après l'avoir délayé avec un peu d'eau distillée tiède, je l'ai injecté dans la veine d'un animal sain. Je déclare aussi que dans toutes ces expé- riences je ne suis jamais parvenu à déterminer le développement de la rage, bien que ces expériences aient été répétées plusieurs fois. Je dé- layais avec un peu d'eau le sang que j'obtenais d'un animal enragé, parce que chez le chien le sang est très coagulable, très plastique, et on ne peut l'injecter que difficilement, si on ne lui donne pas une plus grande fluidité. » Ces derniers essais ne tendent-ils pas à démontrer que la bave ou li- quide écumeux qui s'écoule par la bouche de la personne atteinte de rage ou de la gueule du chien frappé par la même maladie, offre seule les con- (i) Traité sur le venin de la vipère , sur les poisons américains, etc., Tome 1 , p. 44 et 45; Florence , 1781. (a) Méthode de traiter la morsure des animaux enragés , etc. (498 ) riitions nécessaires pour transmettre la rage. Cette bave est donc réelle- ment une humeur altérée, une humeur dans un véritable état morbide, ou bien le véhicule d'un principe délétère, d'un véritable virus rabique nouvellement sécrété, mais dont la nature nous est jusqu'ici complètement inconnue. » La rage est donc une maladie virulente contagieuse et non l'effet d'une affection morale. C'est la conclusion à laquelle j'ai été naturellement conduit en suivant la voie de l'expérimentation. » Mon intention a été, en lisant cette Note, de remplir un engagement que j'avais contracté envers cette Académie et de faire connaître les premiers essais pour arriver à résoudre un grand problème, la con- naissance de la nature de la maladie, afin de pouvoir parvenir d'une ma- nière rationnelle à la découverte d'un agent médicinal pour guérir la rage. Il est à regretter que des causes majeures m'aient arrêté dans des études dont la poursuite exigeait quelque courage et un grand dé- vouement, mais dont les résultats auraient pu avoir pour l'humanité une grande importance. L'oubli dans lequel étaient restées ces premières ten- tatives indique suffisamment que je considérais mon travail comme trop imparfait pour être publié. Cependant les faits qui lui appartiennent doivent paraître suffisants pour continuer à faire admettre la contagion de la rage et pour n'avoir pas besoin d'invoquer le développement spon- tané de cette maladie chez l'homme. Je laisse toute latitude à ceux qui ne veulent voir dans la rage qu'une affection nerveuse, paraissant sous l'influence de causes morales. » Mon but a été d'établir, d'après ces expériences, que la rage est une maladie contagieuse. J'attendrai maintenant que les partisans de la non- contagion et de la non-existence d'un principe contagieux dans la salive ou bave éeumeuse provenant soit de la bouche, soit du pharynx ou des canaux de la respiration , viennent démontrer l'exactitude de leur opinion par des faits bien observés et bien authentiques. Jusqu'ici aucun de ceux qu'on a cités ne peut être admis comme démonstratif pour faire croire à la possibilité de la rage spontanée chez l'homme. La dissidence d'opi- nions qui existe encore doit être attribuée à ce que des esprits peu ri- goureux ou mauvais observateurs ont confondu un symptôme avec une maladie: je veux parler de X horreur des liquides ou hydrophobie , phéno- mène commun à plusieurs maladies, et de la rage, qui est une maladie toute particulière et qu'on a observée parfois sans qu'il existât d'hy- drophobie. (499) 5 IX. Des altérations pathologiques trouvées sur les cadavres des hommes et des ani- maux morts de tarage. » Je terminerai cette Note en indiquant avec rapidité les principales altérations morbides que j'ai reconnues dans le corps de l'homme ou des animaux que la rage avait fait périr. » On serait assez porté à penser que le pharynx doit être la principale partie affectée, et cependant, dans un assez grand nombre de cas, cet or- gane avait sa couleur naturelle; mais, chez d'autres, c'était à partir du pharynx qu'on apercevait des traces de lésion dans les voies digestives; car la cavité buccale, les glandes sous-maxillaires et parotides n'ont rien offert de particulier. L'isthme du gosier, le voile du palais, le pharynx et l'œsophage avaient tantôt une teinte rosée très marquée, et plus sou- vent encore la membrane muqueuse de ces parties des voies digestives était d'un rouge intense , tirant parfois sur le violet. Une mucosité écu- meuse semblable à celle des voies respiratoires recouvrait toutes ces sur- faces et descendait jusqu'à l'origine de l'œsophage. Très rarement l'estomac était vide, mais il contenait du foin, de la paille et de petits fragments de bois ou des portions de tout ce que l'animal avait pu saisir, briser et ava- ler. Dans l'estomac d'animaux herbivores cette circonstance paraîtrait peu importante, mais chez des carnivores, je la crois digne de remarque. » Les lésions de l'appareil circulatoire, si ce n'est la distension des vais- seaux capillaires pulmonaires par. du sang noir, étaient peu marquées. Je regrette de n'avoir pas soumis le sang à l'analyse chimique et à l'examen du microscope. C'est une lacune qu'il faudra remplir plus tard. Je suis assez porté à penser que l'altération de ce liquide doit être peu con- sidérable, puisque son introduction dans le tissu cellulaire ou dans les vaisseaux d'animaux sains a été sans résultats. Que penser après cela de ce que dit un ancien membre de cette Académie? Lémery a inséré dans Y Histoire de l'Académie des Sciences, année 1707, qu'un chien devint enragé après avoir bu du sang d'un homme hydrophobe qu'on venait de saigner. » L'examen du système nerveux m'a fréquemment fait reconnaître une injection sanguine de tout le réseau vasculaire de la pie-mère, de la circonférence du cerveau, des aufractuosités vers les scissures, particu- lièrement vers la scissure de Sylvius. » On a prétendu que la rage produisait une inflammation de l'encé- phale et du cordon rachidien; mais, excepté l'injection des vaisseaux de ( 5oo ) l'arachnoïde, parfois l'apparence d'un ramollissement clans la substance du cerveau, du cervelet ou de la moelle épinière et une infiltration séro-albu- mineuse dans le tissu lâche sous-arachnoïdien , particulièrement autour des vaisseaux, vers les grandes scissures de l'encéphale, je n'ai pu cons- tater aucune altération matérielle, aucun état inflammatoire bien pro- noncé et incontestable. Ce que je dis de la substance de l'encéphale, je puis l'affirmer aussi pour les méninges ou enveloppes de ce viscère. J'insiste sur cette circonstance , parce que des médecins ont attribué la rage à une inflammation qu'ils ont placée dans les membranes du rachis et surtout dans la substance du bulbe rachidien. » J'ai déjà signalé l'infiltration séro-gélatiniforme dans le tissu cellulaire de la pie-mère et sur le trajet des branches artérielles principales. » La coloration des poumons chez les personnes mortes de la rage a été notée comme offrant de grandes différences suivant l'âge des sujets, les phénomènes et la durée de l'agonie, et suivant que cet organe était sain ou malade avant l'invasion de la rage. » Sur les animaux j'ai trouvé cet organe d'une teinte rouge plus ou moins intense et parfois d'un brun foncé ou de couleur de brique. Ra- rement tout l'organe offrait cette coloration ; mais le plus souvent elle était répandue çà et là, ou bien elle occupait une portion plus ou moins grande et circonscrite du tissu pulmonaire. » I_.es vaisseaux sanguins et surtout les veines étaient gorgés de sang noir, liquide , et les vaisseaux capillaires contenaient aussi du sang noir. » Une des altérations les plus fréquentes, c'est celle de la membrane muqueuse des voies aériennes : une teinte rouge, parfois violacée ou pres- que brune, appartenait principalement aux bronches et moins souvent à la trachée-artère. Le larynx ou en était exempt, ou n'offrait cette coloration que d'une manière légère. Plusieurs fois j'ai noté l'emphysème de la région cervicale et surtout celui du poumon. Cet emphysème paraissait être interlobulaire dans le tissu cellulaire lui-même. Tantôt on apercevait sous la plèvre çà et là des bulles d'air, tantôt la pression du tissu faisait re- connaître que le fluide élastique était plus profondément situé. Dans plu- sieurs cas j'ai vu les bulles d'air suivre les vaisseaux sanguins dans leurs diverses divisions et subdivisions. Morgagni, bien avant nous, a signalé ce genre d'infiltration de l'air dans le tissu du poumon. Cet emphysème a été attribué à la rupture de quelques vésicules pulmonaires, par les cris et les grands efforts respiratoires que font les personnes et lesanimaux enragés. Louis a cité (Mémoires de l'Académie de cltimrgie, tom. IV et V) ( Soi ) plusieurs exemples d'emphysème du poumon et du tissu cellulaire du cou comme un des effets de la présence de corps étrangers tombés dans les voies aériennes. Ici, de même que dans la rage, il faut rapporter au trouble de la respiration et à la déchirure du tissu pulmonaire le passage de l'air dans le tissu interlobulaire du poumon. » Il serait difficile d'indiquer d'une manière précise et positive d'où provient la bave écumeuse que sécrètent en abondance les animaux enra- gés : communément on la considère comme étant de la salive. Cependant les glandes salivaires ne sont pas plus gonflées, ne paraissent point recevoir plus de sang ou ne sont pas plus rouges que dans l'état ordinaire. On dé- couvre|au contraire dans la trachée-artère, les bronches, le pharynx et l'ar- rière-gorge, une grande quantité de ce liquide écumeux. Ces circonstances portent à penser que la salive n'entre que comme partie de ce liquide écumeux, dans la composition duquel concourent les sécrétions de sérosité et de mucus des surfaces que nous venons d'indiquer. Ces remarques ont déjà été faites, mais il faudrait que l'analyse chimique, si elle était assez perfectionnée, pût nous montrer la nature différente de ces diverses hu- meurs prises sur des points divers des voies respiratoires et digestives. Les inoculations de ces diverses liqueurs aux animaux pourraient aussi concourir à indiquer leurs différences. Tout reste à faire encore sur la pa- thologie des humeurs, et leur physiologie est à peine ébauchée. » mécanique céleste. — Note sur le développement de la jonction perturbatrice; par M. Augustin Cauchy. « En suivant la méthode que j'ai indiquée dans mon dernier Mémoire, on développe la fonction perturbatrice R relative à l'une quelconque des planètes en une série de sinus et cosinus d'arcs qui varient proportion- nellement au temps. Cette méthode exige, comme on l'a vu, la détermi- nation de certaines intégrales définies simples, dont chacune dépend uni- quement du rapport entre les grands axes des orbites de deux planètes, de l'inclinaison mutuelle des plans de ces orbites, et de l'angle compris sur le plan fixe entre les lignes des nœuds. Mais ce qu'il importe de re- marquer, et ce que l'on verra dans cette Note, c'est que pour obtenir dans le développement de Rie coefficient du terme correspondant à un argument donné, c'est-à-dire à la somme et à la différence de deux multiples donnés des anomalies moyennes de deux planètes, il suffît de calculer un petit nombre de ces intégrales définies. C. R., 1840, 2me Semestre. (T. XI , N° 12 . ) 67 ( 502 ) » J'indique aussi, clans la présente Note, un nouveau moyen d'obtenir, dans le développement de la fonction perturbatrice, ce que j'ai nommé les facteurs simples. Ce nouveau moyen est particulièrement utile lorsqu'on se propose d'obtenir les termes indépendants du temps, et permet de pré- senter ces termes sous une forme très simple. La détermination de ces termes, dont je donne les valeurs exactes, est d'ailleurs, comme on sait, d'une grande importance, puisque c'est d'eux que dépendent les inégalités séculaires du premier ordre dans le mouvement des planètes. ANALYSE. § I. Tableau général des formules pour le développement de la fonction perturbatrice . » Comme on l'a vu dans le dernier numéro , si l'on nomme m , m', . . . les masses des planètes, r, r' . . . leurs distances au Soleil, • la distance des planètes m, m', et «T leur distance apparente, vue du centre du Soleil, la fonction perturbatrice relative à la planètes, c'est-à-dire, la valeur de R déterminée par l'équation ( i ; R — t- cos a +.-. — ■ • ' , pourra être présentée sous la forme (a) R^^m^'^ne 'v T, T' désignant les anomalies moyennes relatives aux planètes w, t»', (m, m')n, ri étant le coefficient de l'exponentielle (»r+»T) j/~ e dans le développement de R, et le signet s'étendaut d'une part à toutes les planètes perturbatrices m', m", . . ., d'autre part à toutes les valeurs en- tières positives, nulles ou négatives de n\ n1. » Cela posé, si l'on nomme An> „' la partie du coefficient (m, /n')«, ri qui dépend du terme ^cos J\ c'est-à dire, de l'action exercée par la planète m' mf sur le Soleil, et par — Bn, „» la partie qui dépend du terme , c'est-à- ( 5o3 ) dire de l'action de la planète ni sur la planète m, on aura (3) (m)m')n>n' — A"."' — B»."'- De plus, en vertu des principes que nous avons établis, les valeurs des coefficients A„(„', B„)B', se trouveront déterminées comme il suit. » Soient a, a! les demi grands axes des orbites des planètes m, m', i, i' les excentricités de ces orbites, . )V~l . p Q _(.+^)i/n"l 67.. (8> ( W) u-j+g-n- 1 //» y î. = « (à)' 2(~ Ô (3V(0.Wt_/+^.+|AifT^, 1 2 Il est bon d'observer qu'en vertu des équations (7) et (8) on aura en sorte quer pour déterminer la valeur de A„t„', il sufBra de joindre la formule (11) aux équations (9) et-(io). » Quant à la valeur de B„(„', elle se trouve déterminée par le système des formules (l3) Pk^=*2^4(^; b&^f^Wr^y^tâéu . \ ' . ' J-ml | . 2 . _ , J \ '21 -H A -t- A' X A' — A , 4 ~^~ /(2u- /?.' — h (A— yKCOS/j)» ( 5o5 ) _ (i7) {*,,* s £/%'+^«M>4(«n4 V^rïJVff »J o De plus, en vertu de la formule (17), *%,/,* représente le terme cons- tant, c'est-à-dire indépendant de x, dans le développement du produit en sorte qu'on a encore (18) ^_ • Enhn, si Ion nomme i',f,f,g',k', ce que deviennent «» /> y, g, * lorsqu'on passe de o à o' , on aura h h' (19) i+i' = l, i + j' = l. » On ne doit pas oublier que le signe sommatoire 2* s'étend , dans la formule (12), aux diverses valeurs entières, nulle ou positives de /; dans la formule (i3), aux diverses valeurs entières, nulles ou positives, de 1; dans la formule (i5), aux valeurs entières, nulles ou positives, de i, j; enfin dans les formules (g), (16), aux valeurs entières, nulles ou positives de, k,J, g, et dans les formules (10), aux valeurs entières, nulles ou posi- tives, de k', f, g'. Ajoutons que l'expression (k){ suppose le nombre l en- tier, mais non supérieur à k, et doit être remplacée par zéro, quand ces conditions ne sont pas remplies. Il en résulte que la valeur de P/, &< donnée par les formules (i3) sera nulle si la somme h-\-h! est impaire; que, dans la formule (i5), i, j ne doivent pas surpasser /; que, dans les formules (9), l'un des nombres/, g admet seulement les valeurs o, 1, et l'autre les valeurs o, 1, 2, 3; que, dans les formules (9) et (10), k ou kf ( 5o6 ) doit surpasser la moitié de la somme k—, -f+g+n + i, ou*— /+g+ii— i,ou^-4-g'-Hi'+i, ou k'—f'+n'—î, enfin que, dans 2%>i,j, a, l'indice i doit rester compris entre les limites § II. Sar l'ordre des termes que renferme le développement de la fonction perturbatrice . » Dans notre système planétaire, les excentricités des orbites, et leurs inclinaisons sont, généralement fort petites. En considérant, pour deux pla- nètes données m , mf, les excentricités « , i', et les inclinaisons / , t ', comme des quantités très petites du premier ordre , on peut demander quel sera l'ordre de chacun des termes fournis par notre analyse dans le développe- ment de l'expression (m, m' )„,„>, par exemple d'un terme correspondant à des valeurs données de dans le développement de A„,„'. Or la valeur de m déterminée par la formule €=7^?' ou , = , + i),-,- est du premier ordre ainsi que é, et la valeur de v donnée par la formule v s= sin1 - , est du second ordre, ainsi que le carré de -. Donc, en vertu des formu- les (9), (ro), (ijj du § Ier, un terme correspondant à des valeurs don- nées de /, g, *i /', f\ *', étant proportionnel au produit des facteurs e\ »/+», ê'*' et »'«•' ou v.'f, ( 5o7 ) sera de l'ordre N, déterminé par l'une des équations (,) N = / + g + *+g' + A\ ou N = /+g+ k + f'+k\ si ce terme ne renferme pas le facteur v , et par l'une des équations (a) N=/+g-f-A + g'+A'-+-2, ou N = /+g-M+/' -+-*' + a, dans le cas contraire. Donc , si, dans le calcul de la valeur de A„ .„,, on veut négliger les quantités d'un ordre supérieur à N , on devra seulement tenir compte des termes correspondants à des valeurs de /, g, *, /', g', k', qui vérifient l'une des formules (i), (2) , ou à des valeurs plus petites. «Passons au développement de B„„/.Le terme qui, dans ce développe- ment , aura pour facteur les quantités »', e>, g», »/+*, «'>', t'*, *'*•**', sera évidemment de l'ordre N , déterminé par la formule (3)<*. N = 2/+/+/ + / + g+* + /'H-g'-M', laquelle, en vertu de la condition ; +/' = \ [voir la seconde des formules (10) du paragraphe I"], se réduit simple- ment à (4) N = ai-M + / + g + A + /'+g'+A'. Donc , si dans le calcul de la valeur de B„, „, on veut négliger les quantités de l'ordre N, on devra seulement tenir compte des termes correspondants aux valeurs de h l, /, g, *> /', g', À-', qui vérifieront la formule (4), ou à des valeurs plus petites. D'ailleurs, chacune des lettres ( 5o8 ) représentant un nombre entier égal ou supérieur à zéro , la formule (4) donnera 2J +/=ou * s'évanouit , quand f — g — h — n n'est pas compris entre les limites — O'-M), + (/ + *), il résulte de la formule (16) du §jl'r, que dans chaque terme du dévelop- pement de B„,„, la valeur numérique de f — g — h — n sera inférieure àj-j-k. La valeur numérique de f - g' - h- n', devant être pareillement inférieure à f -f- k', on peut affirmer que la dif- férence (/-g-A-«)-f/'~g- h'-n')= h'- h+n'-n + (/_ g)-{f'-^') offrira une valeur numérique inférieure à la quantité j H- k +j' + k/ ~ l H- k + k'. Donc h1 — h-+-ri — n offrira une valeur numérique inférieure à la somme de celles des deux quantités / + * + *', (/' _ g') _ (/_ g), et, à plus forte raison , à la somme l+k+k1 +/' -k g' +/+ g = N — 2f • ( 5o9) Donc , la valeur numérique de h' — h sera inférieure à la somme faite du nombre N et de la valeur numérique de la différences' — ». Cela posé, comme, dans le développement de B„ _„,, un terme correspondant à des va- leurs données de renfermera le facteur /, /, h, h' DlD'Ah,_fc==D^AA,_A a 2 -i il est clair qu'en désignant par N l'ordre de ce terme, on aura (6) l+i— ou !*■' sj*ï S%3* savoir, celles qui correspondent à des valeurs de l qui ne surpassent pas la limite N, et à des valeurs de j qui ne surpassent pas la limite N -f- mod. (ri — n) a Si, pour fixer les idées, on adopte les valeurs den, n' qui correspondent à la grande inégalité de Saturne et de Jupiter, c'est-à-dire si l'on prend, n — * C. R., 18^0, ime Semestre. (T. XI, N" 12.) 68 ( 5ro ) on trouvera ' N -f niod.(/i' — n) _ N + 7 Donc alors, si l'on prend N = 5 ou N = 6, la valeur de ;" ne devra pas surpasser le nombre 6. 5 III. Sur le développement des facteurs simples. » Le développement du facteur simple q, déterminé par l'équation dans laquelle on a R = a»c(i —e'f, ou, en d'autres termes, l'évaluation du coefficient (a) q*=-Joqe v ,v dp peut s'effectuer de plusieurs manières , et à la formule (6) du § précédent on peut substituer celles que nous allons indiquer. » On a non-seulement T = 4 i si] 1 -j* ■ et par suite (3) e —ZT^TTke +K (sin^V— OV mais encore, pour des valeurs positives de «, (4) e~ n*V~ W (cos 4— v/^ï sin4)"r=2] (— 1 f'^cos'^Çsin^y/^y'' , et, pour des valeurs négatives de n, (5) e~'4V/'"'I=(cos4 +\/^isin4)_n = 2(— ii^cos'4 (sin 4 V^)""'. ( Su ) Or, à l'aide de ces formules jointes aux trois équations a I+1 ces (,,-.)' Cosfp — •ar) + i . , (l— i8)1 sin(p — sr) cos^= — p^- -, Sin4= — '- — -, \-f-izos{p — — «■) + 1] / „ -h(P-n) \/~i , as- ti+icos(p—w)] f, g, V étant des nombres entiers. En développant, dans cette intégrale, les expressions [cos (p — '-sr) + f] , [|-f-€COs(p — -28-)] , en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes de e, puis rempla- çant par p — ; et si , en désignant par des fonctions quelconques de ces six variables, on pose généralement [ P , Q ] = D,PD„Q — D„PD,Q + DrPD,Q — D,PD,Q + D.PDJ} — D,VPD.Q, on trouvera, comme nous l'avons démontré dans un précédent Mémoire, [H,t]=i, 0,K]=x. De plus les formules [V, W] = U, [W, U]=V, obtenues dans ce Mémoire, donneront [t> w]=f [U,W]_ u [V,W] = - puis , en ayant égard à l'équation U* V u tt = — tangp, (5i4) on en conclura []f=— 3ltf3— D,R, D,az= — 31^-D.R, R étant la fonction perturbatrice. Alors aussi, pour obtenir les lois du mouvement troublé, il suffira d'opérer de la même manière. »On exprimera, dans le mouvement elliptique, les coordonnées de chaque planète m en fonction du temps t et des six constantes arbitraires a, R, W, T, -ar, z, . . . h , varient seules, s et t demeurant invariables; et alors on tirera de cette formule, eu égard aux équations (3), (7) (D„ + *DX + ?Dy + ...)F(x,y,z,...0,^ « 0. (5i9 ) Or l'équation (7) ne renferme plus que les variables t, 6 dont les valeurs sont arbitraires, et les quantités x , y, z , . . . qui pourront elles-mêmes être considérées comme autant de constantes ar- bitraires. Donc cette équation doit être identique et subsister, quelles que soient les valeurs attribuées à x, y, z,. . . ô, t. En d'autres termes la valeur de s , regardée comme fonction des quantités x 1 y» *»• * *% devra , si l'on considère ces quantités comme autant de variables indépen- dantes , vérifier l'équation aux différences partielles (8) (De-t-*Ds + 3Dy + ...)* = o. Donc, si l'on veut déterminera, il suffira d'intégrer cette équation, de manière que, pour t =r ô, l'on ait (9) s = ç = f(x,y, z. ..)• » Posons maintenant , pour abréger , •£Dx+^DyH-...=a. L'équation (8), que nous nommerons l'équation caractéristique , deviendra (10)' (De+D)j = o. Or, pour intégrer cette dernière, de manière que la condition (9) se trouve remplie , il suffira de prendre O1) . s—Ç + Ç, + Çn +••••', çn çin.. . étant des fonctions de x, y, z,v. . 8, t, qui soient propres à vé- rifier les formules (12) Dflç, = — □*, D6çll = —Dsnetc, 69.. ( 5ao ) et qui de plus s'évanouissent pour t = Q. Or les valeurs de ?,,?„, ainsi déterminées , seront évidemment (i3) ?,= — f^nçdQ, çn—— f°nç,dQ, etc.; et , si l'on nomme a,, a,,,... ce que devient □ quand on y remplace successivement 8 par diverses va- riables les formules (i 3) donneront ('4) e,=f,U,tdtt, ç^fîflapjdWletc. Donc l'intégrale générale de l'équation ( i o) sera ' (i 5) #» " +ft n,çM, +fl ft np„çdWQt+ etc. La formule (i5) est spécialement utile, lorsque les fonctions de x, y, z...â représentées par 9, 9 , . • . se réduisent à des quantités très petites. «Dans le cas particulier où P, Q,... ne renferment pas la variable t, les fonctions nough; in-8°, avec une carte, atlas. Nuovi. . . Nouveaux Documents originaux d après lesquels il est cons- tant que la commune de Cogoleto est la patrie de Ch. Colomb; par M, F. Isnardi; Gènes, 1840, broch. in-8°. Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 38. Gazette des Hôpitaux ; n° 109 — 1 1 1. Gazette médicale de Marseille; n° 9. D Expérience ; n°iH8; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCffiNCES. SÉANCE DU LUNDI 28 SEPTEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. mécanique céleste. — Sur le mouvement de notre système planétaire; par M. Augustin Cauchy. % III. Intégration des équations qui représentent les mouvements des planètes. « Comme nous l'avons déjà dit, pour obtenir les équations du mouve- ment des diverses planètes m, m', m",. . ., il suffit d'admettre que , dans les équations finies de leur mouvement elliptique, les constantes arbitraires deviennent fonctions du temps. Les calculs deviennent plus simples, lors- que ces constantes arbitraires sont, pour chaque planète, l'époque du pas- sage au périhélie, la longitude du périhélie, l'angle formé par la ligne des nœuds avec l'axe des x, la moitié de la force vive correspondante à l'extré- mité du petit axe, le moment linéaire de la vitesse, et la projection de ce moment linéaire sur le plan fixe des ar, jr. Si ces constantes arbitraires, que nous appellerons éléments elliptiques , sont représentées, pour la pla- nète m , par t, rsr, « Semestre. (T. XI, N° 15.) 7 ! ( 534 ) rp pour la planète m' , par r', «r', ', ri', K', w, et si d'ailleurs on nomme R, R , . . . l/uJ/\ Ci les fonctions perturbatrices relatives aux planètes m, m',... alors, en considérant R , R', . . . comme fonctions du temps et de tous les éléments elliptiques , on obtiendra pour chaque planète six équations différentielles de la forme j D,r = DnR, D/w = D„R, D,

, in-40. IX A Letter .... Lettre au professeur Faraday sur certaines opinions théoriques; par M. R. Hare, professeur de chimie à l'université de Pensyl- vanie. (Extrait du philosophical Magazin , n* de juillet 1840.) In-8°. System der. . . . Système de Physiologie; par M. Carus; 3 vol.. in-8°; Dresde et Leipzig, i838 — 1840. (M. Flourens est chargé d'en rendre un compte verbal.) ( 638 ) Intorno al Sisteraa. . . . Essais sur le Système hydraulique du Pô, sur les différents changements qu'il a subis, et sur les principaux ouvrages exécutés ou proposés dans le but de régler le cours de ce fleuve; par M. Lombardinij Milan, 1839, in-40. Gazette médicale de Paris; n° 4a, in-4°. Gazette des Hôpitaux , n0' 121 — 123, in-fol. L'Expérience , journal; n° 1 7a. La France industrielle; i5oct. 1840. Errata. (Séance du 12 octobre.) Pa,;e 58^, ligne 21, au lieu des,, lises r/ Page 588, ligne n, au lieu de rn lisez t, Page 592, ligne 14, au lieu de [*#, &'], lisez [s ,, JR.']' Page 598, après le titre du Mémoire de M. Duverhoy , sur le genre Képone , ajoutez: (Commissaires, MM. Duinéril, Audouin, Milne Edwards. ) Page 698, ligne 29, ajoutez •• M. Sturin est chargé de rendre un compte verbal de l'ou- vrage de P. Badano , sur la résolution générale des équations numériques. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 OCTOBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. analyse mathématique. — Mémoire sur la convergence et la transformation des séries ; par M. Augustin Cauchy. « J'ai donné depuis long-temps , dans X Analyse algébrique, un théorème général, qui a paru digne de l'attention des géomètres, sur la convergence des séries ordonnées suivant les puissances ascendantes et entières d'une variable ce, soit réelle, soit imaginaire; et j'ai fait voir qu'une semblable série était convergente ou divergente suivant que le module de la variable était inférieur ou supérieur à l'unité divisée par une certaine limite , celte limite étant la plus grande de celles vers lesquelles converge la racine niem' du coefficient de x". On sait d'ailleurs que j'avais établi ce théorème en ré- duisant la condition de convergence d'une série quelconque m0, u,, ut1 ... utt, ••., à la condition de convergence d'une progression géométrique I , u, u2, . . . u", .... C. R., 1640, amc Semestre (T. XI, N° 17.) 85 C 6/io ) Or c'est aussi une réduction du même genre, opérée à l'aide de formules propres à convertir les fonctions en intégrales définies, qui m'a conduit au nouveau théorème énoncé et développé, non-seulement dans les Mé- moires lus ou publiés à Turin en i83i et i832, mais aussi dans une lettre adressée à M. Coriolis, sous la date du 29 janvier 183-7, théorème dont j'ai donné une démonstration élémentaire dans mes Exercices d'analyse et dans les Comptes rendus de la présente année. Suivant ce théorème, tel qu'on le trouve inséré dans le Compte rendu de la séance du 11 juin der- nier, une fonction d'une ou de plusieurs variables est développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de ces variables^ tant que les modules de ces variables conservent des valeurs inférieures à celles pour lesquelles la fonction ou ses dérivées du premier ordre pour- raient devenir infinies ou discontinues. » Comme je l'ai observé dans ma lettre à M. Coriolis (voir les Comptes rendus des séances de l'année 1837, 1 " semestre , p. 216), et dans la séance du 22 juin, le théorème dont il s'agit ne s'applique pas seulement aux séries qui représentent les développements des fonctions explicites ou les racines des équations algébriques ou transcendantes. Il est applicable aux séries mêmes qui représentent les intégrales générales d'un système d'é- quations différentielles, par exemple, les intégrales générales des équa- tions de la Mécanique céleste. Il y a plus, il serait applicable à des séries qui représenteraient les intégrales générales ou particulières d'une équa- tion ou d'un système d'équations aux dérivées partielles, ou aux diffé- rences finies, ou aux différences mêlées. En général, pour l'application de ce théorème, il n'est nullement nécessaire que l'on connaisse, sous forme explicite, la somme d'une série; il suffit que l'on puisse reconnaître dans quels cas la somme de la série et la somme de sa dérivée deviennent infi- nies ou discontinues. » On voit donc que le théorème dont il s'agit ne se borne pas à établir une relation singulière entre les conditions de convergence de quelques séries, et la résolution numérique de certaines équations transcendantes, ni même à fournir des règles commodes pour la convergence des séries qui proviennent de l'application de la formule de Lagrange et des autres formules analogues employées par les géomètres pour développer les racines des équations. Si, appliqué à la théorie du mouvement ellip- tique d'une planète, ce théorème reproduit une formule de M. Laplace, s'il peut être considéré comme une extension de la proposition contenue dans cette formule, c'est uniquement dans le sens oùj'on peut dire que (64. ) les formules de Taylor et de Maclaurin sont une extension de la formule algébriqu-e connue sous le nom de binôme de Newton. » Au reste, le théorème en question vient d'être soumis à une épreuve nouvelle et décisive , qui a montré combien il est propre à fournir les vé- ritables règles de la convergence des suites. Un de nos savants confrères a lu, dans la dernière séance, une Note intéressante et relative aux condi- tions de convergence d'une classe générale de séries. Je n'assistais pas à cette lecture; mais, au moment où j'arrivai, il eut la bonté de m'en indiquer l'objet. Je lui dis alors qu'il me paraîtrait utile d'examiner si la règle de convergence à laquelle il était parvenu ne serait pas un corollaire de mon théorème. Notre confrère a bien voulu avoir égard à ma demande, et j'ap- prends, par le Compte rendu de la séance, qu'il y a coïncidence parfaite entre la règle qu'il avait obtenue et celle que mon théorème pourrait donner. » Les intégrales d'un système d'équations différentielles, comme nous l'avons expliqué ailleurs, se trouvent toutes comprises dans l'intégrale gé- nérale de l'équation caractéristique, et l'on peut de cette dernière équa- tion déduire la valeur de chaque inconnue, ou d'une fonction quelconque des inconnues, développée en série. D'ailleurs la série qui représentera cette fonction cessera généralement d'être convergente pour certaines valeurs de la variable indépendante, comme aussi pour certaines valeurs de l'un quelconque des paramètres compris dans les équations différen- tielles, ou bien encore de l'une quelconque des constantes arbitraires in- troduites par l'intégration. Or, d'après le théorème ci-dessus rappelé, les règles de convergence d'une semblable série seront faciles à établir, et la série sera convergente tant que la fonction ou sa dérivée ne deviendront pas infinies ou discontinues. Nous avons d'ailleurs donné dans le Cours d'Analyse de seconde année de l'École Polytechnique, et nous avons déjà rappelé, dans la séance du 22 juin , les conditions qui doivent être géné- ralement remplies pour que chaque inconnue reste fonction continue de la variable indépendante et des constantes arbitraires introduites par l'intégration. » Lorsque les intégrales d'un système d'équations différentielles s'ob- tiennent en termes finis, on peut appliquer ou la formule de Lagrange, ou d'autres formules analogues, au développement de ces intégrales en séries. Les nouvelles séries , obtenues par ce moyen , doivent coïncider au fond avec celles que l'on déduirait de la considération de l'équation caractéristique, et offrent des transformations souvent remarquables de 85.. ( 64a ) ces dernières. Ajoutons que les termes généraux des unes ou des autres peuvent encore, dans un grand nombre de cas, être représentés par des intégrales définies semblables à celles que j'ai considérées dans mon Mé- moire de i832 sur la Mécanique céleste. » Observons enfin que la racine n'eme du n'eme terme de chaque série doit, pour de grandes valeurs de n, et en vertu des principes établis dans mon Analyse algébrique, se réduire sensiblement à l'unité au moment où chaque série cesse d'être convergente. Donc, si la série est ordonnée sui- vant les puissances ascendantes et entières d'un paramètre a, la racine nieme du coefficient de a." devra, pour de grandes valeurs de n., se réduire sensi- blement à l'unité divisée par le module de a, pour lequel la série cessera d'être convergente, ou, ce qui revient au même, par le plus petit des mo- dules de a. qui rendront infinie ou discontinue la fonction qui représente la somme de la série , ou la dérivée de cette fonction prise par rapport au paramètre et. ANALYSE. § Ier. Considérations générales sur la convergence des séries qui représentent les inté- grales d'un sjrsleme d'équations différentielles. » Soit donné entre la variable indépendante t et diverses inconnues ou variables principales x, y, z, . . . un système d'équations différentielles de la forme (i) D,* = P, DtJr=Q, ... P, Q, ... désignant des fonctions données de toutes les variables x,y, z, ... t. Soit en outre s = {{x, y, z, ...) une fonction quelconque des seules variables principales x, y, z,. . . Enfin nommons ô, x, y, z, ... ç, <£, ^, ... un second système de valeurs correspondantes des variables et fonctions ti xiy-> z, . . . *> ï) Q? • • • On aura encore (2) Dex=.«, DBy = £,,... ( 643 ) Cela posé, comme les inconnues x , y, z, ... se trouveront complète- ment déterminées par la double condition de vérifier, quel que soit t, les équations (i), et pour t= S les formules (3) x = x, y — y, z = z,... x, y, z, ... et même s pourront être considérés comme des fonctions déterminées , non-seulement de la variable indépendante t , mais en- core de x, y, z, ... 6; et alors s lui-même se trouvera complètement déterminé par la double condition de vérifier, quel que soit t, l'équation caractéristique (4) (Dfl + n)s = o, la valeur de la caractéristique □ étant (5) □ = «Dx + ^D, -h . . . , et, pour t = 0, la formule (6) s = g = f(x, y, z,...). Si maintenant on nomme a,, □„,... ce que devient □ quand on y remplace successivement Q par diverses variables la valeur de s, développée en série, sera, comme nous l'avons dit ailleurs, (7) s.=ç+ft,ntçdQ+J6t'j9,nlouçdBlld9l + ... Dans le cas particulier où P, Q,... ne renferment pas la variable t, 9, ^,. . . ne renferment pas 0, en sorte qu'on a 0=0, =D„. . . ; donc alors la formule (7) se réduit à (8) s = [I+^D + ^l-D.+...]t, . (644 ) ou, ce qui revient au même, à (9) s — e ç. Si aux équations (1) l'on substituait les suivantes (10) ~Dtx—a.V, D,jr = *Q,... et désignant un paramètre donné; alors, en supposant toujours la valeur de D déterminée par l'équation (5), on obtiendrait , au lieu de l'équation (4), la suivante (1 1) (Ds-f- «n)i = o, et les formules (7) , (8) , (9) se changeraient en celles-ci : ( , 2) s = ; + a f* D/ ç rfj + »* j\ ' j\ 'qgf dB„ d6, + • • • , ([3) ,= [1+i«LF4D+-^D.+...]fff (14) J = e ç. Donc alors, en vertu de la formule (12) ou (i3), la valeur de s se trouve- rait représentée par une série ordonnée suivant les puissances ascendantes du paramètre «. » Observons maintenant que chacune des séries comprises dans les se- conds membres des formules (7) et (8), ou (1 a) et (1 3), cessera généralement d'être convergente pour une certaine valeur de la variable indépendante t, ou plutôt pour une certaine valeur du module de la différeuce t — fl, comme aussi pour certains modules des constantes arbitraires x, y, z,. . . introduites par l'intégration , ou des paramètres renfermés dans les équa- tions différentielles données, par exemple, pour un certain module du paramètre a, renfermé dans les équations (10) ou dans Tes seconds mem- bres des formules (12) et (r3). Or les valeurs ou modules dont il s'agit pourront être facilement déterminées à l'aide du théorème général rap- pelé dans la séance du 22 juin, et qui s'énonce comme il suit : » I" Théorème. Une fonction dune ou de plusieurs variables est déve- loppable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes (645) et entières de ces variables , tant que les modules de ces variables conser- vent des valeurs inférieures à celles pour lesquelles la Jonction ou ses déri- vées du premier ordre pourraient devenir infinies ou discontinues. » Comme je l'ai fait voir dans mes leçons de seconde année à l'École Polytechnique, les valeurs des inconnues x, y, z, . . . fournies par l'inté- gration des équations différentielles (i) ou (10), restent fonctions continues de la variable indépendante et des constantes arbitraires x, y, z,. . . in- troduites par l'intégration, tant que les modules des différences t — 0, x — x, y — y, z — z, . . . restent inférieurs à ceux pour lesquels ou les seconds membres de ces équations différentielles, c'est-à-dire, en d'autres termes, les fonctions P, Q, ... ou les dérivées de ces fonctions, prises par rapport aux diverses variables, deviendraient infinies ou discontinues. On peut donc énoncer encore la proposition suivante : » IV Théorème. Si l'on prend pour s une quelconque des inconnues on pourra , dans la série (7) ou (12), et sans que cette série cesse d'être convergente , faire croître ou le module de t — Q, ou, ce qui revient au même, le module du paramètre a , jusqu'au moment où cet accroissement produirait, soit une valeur infinie de l'inconnue que l'on considère, soit des va leurs infinies ou discontinues d'une ou de plusieurs des jonctions P, Q , . . . ou de leurs dérivées du premier ordre , prises par rapport aux diverses variables. » Corollaire icr. Le théorème que nous venons d'énoncer serait en- core évidemment applicable à une valeur de s qui représenterait non pi us l'une quelconque des variables x , y, z, . . . mais une fonction tou- jours continue de ces mêmes variables, par exemple une fonction de la forme gax1 -t- bym -t- . . . /, m, étant des nombres entiers quelconques. « Corollaire ae. Si s — ï(x, y, z, . ..) ( 646 ) n'était pas une fonction toujours continue de x, y, z,.. . alors la série (7) ou (8) pourrait cesser d'être convergente, non-seulement dans les cas prévus par le 2e théorème, mais aussi lorsque la fonction f(x, y, z,...) deviendrait discontinue, par exemple dans le cas où des valeurs finies de x, y, z,. . . produiraient une valeur infinie de cette même fonction. » Corollaire 3e. Si an lieu de faire varier la valeur ou le module de la différence t — 8 ou du paramètre et , on faisait varier , ou un autre para- mètre renfermé dans les équations différentielles données, ou l'une quel- conque des constantes arbitraires introduites par l'intégration, on devrait encore évidemment s'arrêter au moment où la série (7) ou (12) cesserait d'être convergente pour l'une des raisons indiquées dans le 2e théorème, ou dans le corollaire précédent. » Les principes établis dans ce paragraphe sont immédiatement appli- cables à un système d'équations différentielles d'un ordre quelconque; car, comme nous l'avons plusieurs fois remarqué, il suffit d'augmenter le nombre des inconnues pour qu'un semblable système se transforme à l'instant même en un système d'équations différentielles du premier ordre. 5 1J. Des intégrales sous forme finie d'un système d'équations différentielles. Déve- loppement de ces intégrales. » Lorsque les intégrales d'un système d'équations différentielles, par exemple des équations (1) ou (10) du § Ier, peuvent s'obtenir sous forme finie, la formule de Lagrange et d'autres formules analogues fournissent le moyen de développer ces intégrales en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes et entières des constantes arbitraires introduites par l'intégration, ou des paramètres renfermés dans les seconds membres des équations différentielles. Ainsi, en particulier, on pourra, de cette manière, obtenir la valeur de l'une quelconque des inconnues x, y, z,... ou d'une fonction s de ces inconnues, développée en une série qui soit ordonnée suivant les puissances ascendantes du paramètre a contenu comme facteur dans le second membre de chacune des équations (10). D'ailleurs cette dernière série devra évidemment coïncider avec celle que renferme le second membre de la formule (12) ou (i3) du $ Ier; de sorte que la nouvelle série pourra se transformer en l'autre, et réciproquement. » Supposons donc que les équations à intégrer soient les équations (10) (647 ) du § Ier, savoir, (.) Dtx = *P, D,j = «Q,... a étant un paramètre donné, et P, Q,.. . des fonctions données des diverses variables x i Xi zf • t- Supposons, de plus, que l'on soit parvenu à obtenir les intégrales des équations (i) sous forme finie. Ces intégrales établiront une relation dé- terminée entre la variable indépendante t, les constantes arbitraires qui pourront coïncider avec les valeurs x, y, z,. . . des inconnues x, jr, z,. . . correspondantes à une certaine valeur Q de la variable t, et la variable s qui pourra représenter ou l'une quelconque des inconnues x, y, z,. . . ou une fonction donnée ' ( *j Ti z»# • • ) de ces mêmes inconnues. Or, concevons que la relation dont il s'agit se trouve exprimée par la formule (a) S = o, S désignant une certaine fonction de s, de t, de a, et des constantes arbi- traires. Puisque la valeur de s, déterminée par l'équation fa), devra coïn- cider avec celle que fournit l'équation (12) du § Ier, il est clair qu'en fai- sant, pour abréger, ç = f(x, y, z,...), on trouvera (3) s = ç, non-seulement pour 2 = 6, mais aussi pour a =10. Concevons d'ailleurs qu'en mettant a et s en évidence, dans la fonction S, on ait S = F(*, a), en sorte que l'équation (2) se présente sous la forme (4) F(j, a) = o. C. H. , 1840, 1™ Semestre. (T. XI, N° 17.) 86 ( 648 ) On aura encore (5) F(ç, o) = o; et, si la lettre u désigne une variable auxiliaire, les deux équations " F (m, a) = o, F (m, o) = o, admettront, la première, la racine u=s, et la seconde, la racine u = ç. Supposons d'ailleurs que cette dernière racine soit une racine simple; on pourra en dire autant de l'autre , en sorte qu'on aura (6) F(«, a) = {u — s) n(u, a), F(«, o) = (u — ç) U(u, o), la fonction II (m, a) et sa valeur particulière n(«, o) étant deux fonctions de u, dont la seconde ne deviendra point nulle ni infinie pour «= ç. » Supposons maintenant que dans les formules (6) on pose u = ç -f- f. Ces formules, réduites aux suivantes F(? + /,«) = (ç-i + .)n(ç+ », «), F(? -+- ,, o) == . fl(< + i, o), donneront > F(f-f<,«) f — s -f- i n(s + i, a) (7) F(r + <,o) i n(r + /, o)' puis on conclura de celle-ci , en prenant les dérivées logarithmiques des deux membres par rapport à / , et en indiquant à l'aide de la lettre 1 les logarithmes népériens, r> 1 F(f + '■ "0 !_ I, ni n(f + '. ") . • F(t + >, o) "' t — t + , " < "*" u'1 n(r + /,o)' ou, ce qui revient au même, (8) D,1n(H-.,o)-D,,F(,+,,o) — 7=7+r,+7 Or, puisque, par hypothèse, l'expression n(w, o) ne devient ni nulle, ni ( 649) infinie pour u = ç, il est clair que la fonction n(ç + t, a) ne deviendra ni infiniment petite ni infiniment grande pour des valeurs infiniment petites de t et a. Donc, pour de semblables valeurs, cette fonction et la dérivée logarithmique n i npr -f < , x) u'ln(f + ,,o) seront généralement développables en séries ordonnées suivant les puis- sances ascendantes et entières de / et a; et Fon pourra en dire autant du second membre de la formule (8). Mais, pour développer ce second membre suivant les puissances ascendantes de a, en supposant, comme on peut le faire, que des deux variables infiniment petites s — ç et t, la première conserve toujours un module inférieur à celui de la seconde, il faudra commencer par transformer le rapport ? S -f- I en une série ordonnée suivant les puissances ascendantes de la différence s — S, qui elle-même est développable suivant les puissances ascendantes de a. D'ailleurs , en opérant ainsi , l'on trouvera Supposons en outre les coefficients I,, !,,.•• étant indépendants de a. La formule (S) donnera 86. ( 65o ) Or si, dans le second membre de cette dernière formule, on développe d'une part, comme on doit pouvoir le faire, les coefficients en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes de <, d'autre part les divers termes de la progression géométrique s — ç, (s—ç)\... en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes de a, on obtiendra une série double que l'on pourra ordonner suivant les puissances ascen- dantes de et et de i, et dans laquelle, après les réductions, les termes pro- portionnels aux puissances négatives devront disparaître. En s'appuyant sur cette considération , et remarquant en outre que, pour un très petit module de a, la différence s — ç se trouvera représentée par une série dont le premier terme sera propor- tionnel à a, ou conclut immédiatement de la formule (n) que le pre- mier terme du développement de I, est proportionnel à -, le premier terme du développement de I, à -3, etc.... On en conclut aussi que les coefficients des puissances négatives dans les rapports s — s (s f)3 doivent être respectivement égaux aux coefficients des mêmes puissances dans le développement de la somme al, + &tt + .... en une série ordonnée suivant les puissances ascendantes de /. Donc, en (65i ) particulier, le coefficient de - dans ce développement doit exprimer la valeur de la différence s — ç. » Remarquons à présent, que dans les développements de développements dont les premiers termes seront respectivement propor- tionnels à le coefficient de - deviendra successivement égal à chacune des expres- sions pourvu que l'on convienne de réduire toujours, après les différenciations effectuées, la variable / à zéro. On aura donc, sous cette condition, (») '. #— c- *<*i, + 7 D, (i« i.) + £ D,' on,) + ..;. 9 On trouvera de la même manière etc. » La formule (12) s'accorde avec des formules données par MM. Laplace et Paoli, et fournit, aussi bien que la formule (12) du $ I", le développe- ment de s ou de s — ç, suivant les puissances ascendantes de a. Elle pourra être présentée sous l'une ou l'autre des formes (i4) s — çssA.a+A.a»-*-..., (l5) »** + «i+{*+-r ( 65a ) si l'on pose , pour abréger / devant être réduit à zéro après les différentiations, et (17) ?(.) = A, a". » Il est bon d'observer qu'en vertu de la formule (10), et du théo- rème de Maclaurin , l'on aura (18) • I. = — — 1>-Dl£fc±!i «>, a. devant être réduit à zéro après les différentiations. Donc le coefficient A, de a", dans le développement de *, pourra être présenté sous la forme (■9) *. ° [■.,.■■ 'c-J -: °r i<*mW&t\- les valeurs de a et de / devant être réduites à zéro, après les différentia- tions. D'ailleurs , si l'on pose pour abréger a. devant être annulé après les différentiations, c'est-à-dire si l'on désigne par J. le coefficient de *" dans le développement de l'expression , F (> + !,«) F(r + ,,o) suivant les puissances ascendantes de a, la formule (i8) donnera I. = D.J.. Or le premier terme de I, étant proportionnel à r— ;, le premier terme de J. devra être proportionnel à —} et, eu égard à cette circonstance, il est facile de s'assurer que l'on aura, pour i =o, d;-(<"+,i.) = _ Dr(/'jB)- ("653 ) Donc la formule (i6) pourra être réduite à (") A» = - ,.2..:(n-0Dr^ et la formule (ig) à c-) *■ - - Estrtetr >rD-C"' Ifefctfî . a et / devant toujours être annulés après les différentiations. » La série comprise dans le second membre de la formule (12) reste convergente, tant que le module de a reste inférieur au plus petit de ceux pour lesquels la fonction s, ou sa dérivée, prise par rapport à a, devient infinie ou discontinue. D'ailleurs, en vertu de l'équation (4), on a gé- néralement DaF(j, a) + D,F(^, a).T>as = o, et par suite D,F(.»,«) D,a = — DSF(*, «)' Donc la dérivée de*, prise par rapport à a, devient généralement infinie, lorsqu'on a D,F(*, «) = o. Donc le module de a, pour lequel la série comprise dans le second membre de l'équation (12) cessera d'être convergente, sera généralement le plus petit de ceux qui vérifieront les équations simultanéevS (23) F (y, et) = o, D,F(j, et) = o. Nommons A ce module; la valeur de A. fournie par l'une quelconque des équations (16), (19), (21), (22), offrira un module dont la racine nième convergera pour des valeurs croissantes vers une ou plusieurs limites, dont la plus grande sera -. Donc , en attribuant au nombre entier n une valeur très considérable, on pourra choisir cette valeur de manière que l'on ait sensiblement (a4) (mod.A„)" = 5 (654 ) » II serait facile de transformer en intégrale définie simple ou double le coefficient de a" dans le développement de s, c'est-à-dire la valeur de A. déterminée par l'une des formules (i 6), (19), (11), (22). En effet, si Ton désigne par x as re une variable imaginaire dont le module soit r, et l'argument p, si d'ailleurs /£) représente une fonction qui reste finie et continue, quel que soit l'argu- ment p, pour une certaine valeur X attribuée au module r, et pour des valeurs plus petites, on trouvera, en posant r = X, en d'autres termes, on aura pour des valeurs infiniment petites de 1, Cette dernière formule offre le moyen de transformer immédiatement en intégrale définie la dérivée de l'ordre n d'une fonction donnée de la variable /, ou plutôt la valeur de cette dérivée correspondante à une valeur nulle de la variable /. Par suite, la formule (25) offre le moyen de trans- former le second membre de l'équation (16) ou (21) en intégrale définie simple, et le second membre de l'équation (22) en intégrale définie double. » Les diverses formules que nous venons d'établir se trouvent comprises, comme cas particuliers , dans d'autres formules plus générales que nous avons données dans le Mémoire sur la Mécanique céleste de i832, et qui servent à développer, suivant les puissances ascendantes d'un paramètre renfermé dans une équation algébrique ou transcendante, la somme de certaines racines de cette équation, ou la somme des fonctions semblables de ces racines. Au reste, toutes ces formules peuvent être établies par la méthode même dont nous venons de faire usage. » Pour s'assurer de l'exactitude des résultats auxquels nous sommes ( 655 ) parvenus, il suffirait de prendre F(s, a) = s — a.4°. Account. . . . Exposition de quelques nouvelles expériences sur le Ma- gnétisme terrestre; par le même. (Extrait du même recueil , vol. i5.) jn_/o Additional note. . . . Note additionnelle à la première série de recher- ches sur les Marées; par M. Wheweix. (Extrait des Transactions philo- sophiques, année 1840.) In-4°- Researches on ... . Recherches sur les Marées , 1 ?.e série; par le même. (Extrait du même recueil, même année 1840.) In-4°. Standard Weights Lettre du secrétaire de la trésorerie des États- Unis, en transmettant un Rapport de M. Hasslf.r, surintendant des opé- rations pour les poids et mesures légaux; une feuille in-8°. Proceedings. . . . P rocès- Verbaux de la Société philosophique améri- caine; mai, juin et juillet 1840, vol. ier, n° 12, in-8°. Tle american. . . . Almanach américain et Magasin des Connaissances utiles pour l'année i84i; Boston, 1840, in- 12. ( 666 ) Astronomische . . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n°4oç), in-4°. Bericht iïber. . . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin, et destinés à la publication; juillet 1S40, in-8°. Biblioteca. . . Bibliothèque agraire, ou Recueil d'instructions choisies sur V Économie rurale ; publiée sous la direction de M. Moretti, professeur de botanique à l'Université de Pavie; vol. 22 et 23; 18395 Milan, in-12. Figure complesse — Figure complexe , 1" Mémoire de Girolamo Grif- foli, ayant pour objet V élucidation de l'enseignement primitif des Mathé- matiques de J.-B. Romagjsosi ; Montepulcîano, 1840, in-8° Délia nécessita. ... De la nécessité de la Métaphysique dans Vêtiuledes sciences naturelles ; par M. L. Martini; Turin; in-8°. Cenni biografîci Essai biographique sur Lagrange ; par le même; Turin, 1840, in-8°. Ippocrate. . . . Hippocrate et les partisans de sa doctrine ; par le même ; in 8\ Sopra le acque. . . . Sur les Eaux minérales de lu Grèce, Mémoire lu à la réunion du congrès scientifique italien, tenu à Pise le g octobre i83q; par M. Bouros, professeur à l'Université d'Athènes. (Extrait du Polytechnique de Milan, n" d'octobre i83g.) In-8". \a>avm /Sapa Mémoire du Dr J. Booros sur trois Poissons dont il est parlé dans les naturalistes anciens ; Athènes, 5840, in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 43, m-40. Gazette des Hôpitaux , n°* 124 — 126, in-fol. L'Expérience , journal; n° 173. La France industrielle; 22 oct. 1840, in-fol. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 NOVEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE analyse mathématique. — Applications diverses des théorèmes rela- tifs à la convergence et à la transformation des séries; par M. Augustin Cauchy. § I,r. Sur la convergence des séries qui représentent les développements des fondions de fonctions . « Soient jr une fonction de .r, développable en série convergente, ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières de x, pour tout module de x inférieur à X, et z une fonction de j, développable en série convergente, ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières de y, pour tout module de y inférieur à Y. Il semble au premier abord que la fonction z devrait elle-même être développable en série convergente, ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières de x, lorsqu'on aurait à la fois (i) mod. x < X, et mod. y < Y. Néanmoins le contraire peut arriver, comme nous l'avons déjà remarqué C. R. , 1840, •*">« Semestre. (T. XI, N» 18.) &9 ( 668 ) dans la seconde livraison des Résumés analytiques. Ainsi, en particulier, si l'on pose 0) j = i — — e-x « _ * y sera , pour toutes les valeurs de x , développable avec e~x en série conver- gente ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières de x ; de plus z sera, pour tout module de y inférieur à l'unité, développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières de y; enfin le module de y restera inférieur à l'unité , pour toute valeur réelle et positive de x ; et toutefois le développement de z suivant les puissances ascendantes de x cessera d'être convergent pour certaines valeurs réelles et positives de x. En effet, le développement dont il s'agit, en vertu de la seconde des équations (a), sera CW _i_ ' ! ** * x* 1 x* W f — * "T ■ ,*. -r g t^ — 5; rïX* + i; ,.» 3.4.5.6 "" etc-' les coefficients numériques 1 1 I- 6' 3ô' 42'"' n'étant autre chose que les nombres de Bernoulli. Or, si l'on désigne par a») a4> a6 > • • • ces mêmes nombres, on aura généralement, d'après une formule connue , 1.2. . .n / 1 1 \ a. = Tâ^,' ■+■ ? + F + ••• )' et par suite le coefficient de x", dans le second membre de la formule (3), sera , pour des valeurs paires de n, '-)"" sî? (■+?+£-••■> Donc, pour de grandes valeurs de n, la racine niim' de ce coefficient se réduira sensiblement à 2w ( 669 ) et, en vertu du théorème sur la convergence des séries, ('nonce dans mon Analyse algébrique , le développement de z sera convergent ou diver- gent, suivant que le module de x sera inférieur ou supérieur à 17t. » On se trouve au reste ramené précisément aux mêmes conclusions par le théorème que j'ai rappelé dans le précédent Mémoire. En effet, suivant ce théorème, la fonction ne pourra cesser d'être développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières de x qu'à partir de l'instant où elle deviendra infinie ou discontinue, par conséquent, pour des mo- dules de x supérieurs au plus petit des modules que présentent les racines de l'équation I = o, ou (4) t ■*=£- m o. Or les racines de l'équation (4) coïncident avec celles des racines de l'é- quation 1 — e~x =s o qui diffèrent de zéro, c'est-à-dire avec les valeurs de correspondantes à des valeurs entières positives ou négatives de k. Donc les modules de ces racines se réduisent aux divers termes de la progres- sion arithmétique 27T, /{7T, Ô7T, ... et le plus petit de ces modules à itt. » Nous avons vu que les conditions (i) peuvent être remplies sans que la valeur de z soit développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de x. Nous ajouterons que le développement pourrait avoir lien dans des cas où l'une de ces conditions ne serait pas vérifiée. Ainsi, par exemple, si l'on suppose z déterminée en fonction àej, 89.. C 670 ) et y en fonction de x , par les équations (5) Z = TT7' r'+2jr--2x(iH-j)=: O, dont la seconde donne (6) y = x — 1 =fc \/ 1 + x% , y sera développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de x, et z en série convergente ordonnée suivant les puis- sances ascendantes de y, dans les cas seulement où l'on aura (7) mod..r — § — ' ou, ce qui revient au même , (67i ) et par conséquent z pourra être développable en série convergente , sans que la seconde des conditions (7) se vérifie. § II. Sur la convergence et la transformation des séries qui représentent les intégrales d'équations différentielles du premier ordre. » Considérons, pour fixer les idées, une seule équation différentielle du premier ordre entre l'inconnue x et la variable indépendante t. Cette équation pourra être présentée sous la forme (0 D,* = P, P étant une fonction donnée de x et de t. Soient d'ailleurs S, x, 9, des valeurs particulières et correspondantes de l, X, P. L'inconnue x sera complètement déterminée par la double condition de vérifier, quel que soit 2, l'équation (1), et pour < = G, la formule (2) x = x. Cela posé, faisons (3) Û = *D„ et nommons ce que devient □, quand on y remplace successivement 9 par diverses variables La valeur de x, développée en série, sera (4) x= x + £ txpiifr fJl nja.xd^dB, +. . . ( 672 ) » Dans le cas particulier où la fonction P cesse de renfermer la varia- ble t, l'équation (4) donne simplement ($ x = [i + l~~ u + (-^n- + . . .] x. » Enfin, si l'on remplace l'équation (i) par la suivante (6) \)cx = -'o-+...]!, » Observons à présent qu'en vertu du théorème établi dans le Compte rendu de la dernière séance (page 645), on pourra, dans les formules (4), (5), ou (7), (8) , et sans que les séries comprises dans les seconds membres de ces formules cessent d'être convergentes, faire croître ou le module de t — G, ou, ce qui revient au même, le module du paramètre a, jusqu'au moment où cet accroissement produira soit une valeur infinie de l'incon- nue jc, soit une valeur infinie ou discontinue de l'une des fonctions P, DXP. Donc, si ces dernières fonctions ne peuvent devenir discontinues qu'en devenant infinies, les séries obtenues ne cesseront pas d'être convergentes jusqu'au moment où la valeur attribuée au module de t — 0 ou de et per- mettra de remplir l'une des conditions (9) *mi, P=;, EUR-l 0 » Considérons spécialement le cas où Pest indépendant de t. Alors l'é- quation (6) pourra s'écrire comme il suit (10) ^ = ■i.dt, ( 673 ) et son intégrale en termes finis sera (..) /*f ==«(«- fl). Alors aussi chacune des conditions (9) fournira une ou plusieurs valeurs de x indépendantes de t; et, si l'on nomme a l'une quelconque de ces valeurs, x restera développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes et entières de x, jusqu'au moment où le module de a. acquerra la plus petite des valeurs qui permettent de vérifier une équation de la forme D'autre part, pour réduire l'équation (12) à la forme §\x , et(t — 6)] =0, il suffira de prendre et comme alors, en désignant par 1 une quantité infiniment petite, on trouvera #[x-r-«, «] / /-x-t-i dx\-' £[> + ,, 0] — T — aUx T) ' on en conclura, en supposant a nul après les différentiations, i.2...(n— 1) * §(\+>, o) ~ ~\Jx P/ Donc la formule (5) de la page 658 (voir la séance du 26 octobre) donnera 1 devant être annulé après les différentiations. » Appliquons maintenant les formules que nous venons d'obtenir à quelques exemples. ( 674 ) » D'abord, si l'on pose P = xm, c'est-à-dire si l'on réduit l'équation (6) à (i4) D,x = axm, m désignant une quantité entière positive ou négative, les formules (y) deviendront (.5) *=*i, *" = h *—' = £; et par suite, si m est positif, la seule valeur a <\ex propre à vérifier ces formules sera a i - o- Donc alors la formule (12) donnera (■6) *(!-§= f\p, ou, ce qui revient au même, Donc, si m est positif, l'inconnue x de l'équation (14) sera développable en -série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de a, jusqu'au moment où le module du produit a(t — G) atteindra le module du rapport (m — i)x' Si, au contraire, m est négatif, la dernière des formules (i5) donnera x = o; et c'est alors, en posant a = o, qu'on verra la formule (12) se réduire à l'équation (17), tandis que la formule (16) donnerait Donc, dans ce cas encore, le plus petit des modules de a que pourra four- nir l'équation (12 ) sera celui que détermine la formule (17). Ainsi, en dé- finitive, quel que soit l'exposant m, le développement de x en série or- (675) donnée suivant les puissances ascendantes de et restera convergent , jusqu'au moment où le module de a permettra de vérifier la formule (17). Il est aisé de s'assurer que cette conclusion s'étend aux cas mêmes où l'expo- sant m deviendrait fractionnaire ou irrationnel, attendu que la fonction x" et sa dérivée ne deviennent jamais discontinues que pour des valeurs nulles ou infinies de x. Au reste la conclusion dont il s'agit peut être facilement vérifiée sur l'intégrale en termes finis de l'équation (i4)> cette intégrale pouvant être présentée sous la forme 1 (l8) ^ = x[i— (m — i)x— >ct(t — Q)')~"rri.. » Pour que le développement de x en série ne cessât jamais d'être con- vergent, il faudrait que la valeur de a déterminée par l'équation (17) devînt infinie. Cette condition se trouve remplie pour une seule valeur de m, savoir, pour m = 1. Alors l'équation (14) devient Dtx = ax , et la formule (18), réduite à x = xe"('-e), fournit une valeur de x qui est effectivement toujours développable en une série convergente ordonnée suivant les puissances de et. Alors aussi l'on a x = dx = D'x =. . . , par conséquent D"x = x; et la formule (1 3), réduite à fol d""K'0 +-;)]>■• peut être facilement vérifiée pour les valeurs 1 , 1 , 3 , . . . du nombre en tier n. » Supposons maintenant que l'on prenne = e , C. R., 1840, a"" Semestre (T. XI, N» 18.) QO m étant un nombre entier quelconque ; en sorte que l'équation (6)devienne (20) D(« = ae'". Alors chacune des formules (6) donnera x = o; et par suite la for- mule (1 2) sera réduite à (21) «(* — 0)=/ e-*mdx. Donc la valeur de x propre à vérifier l'équation (20) sera développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de a. , tant que le module de a ( t — 6) sera inférieur au second membre de la formule (21). » Si l'on suppose en particulier m =5= 1 , les formules (20) et (21) de- viendront (22) Dtx = a,e', (a3) «(< — 0)=." que la diffusibilité tle la chaleur sur la surface du disque blanc augmente avec la température de la source. Les questions que nous venons de traiter si rapidement ne sont pas les seules que j'examine dans le courant de mon Mémoire : je considère aussi l'inva- riabilité que l'on observe, dans toutes les circonstances imaginables , entre le pouvoir absorbant d'un métal, et celui du noir de fumée; je mets en évidence les erreurs de quelques méthodes expérimentales de Leslie rela- tives à l'appréciation de l'énergie avec laquelle les rayons de chaleur sont ahsorbéspar les corps ; je montre l'incertitude qui dominait sur plusieurs points très importants de la science lorsqu'on n'était pas encore parvenu à démontrer l'égalité d'absorption des surfaces noircies pour toute sorte de rayons caForifiques ; j'établis des comparaisons entre les actions diverses que les mêmes corps exercent sur la lumière et la chaleur; je prouve enfin l'inexactitude de la loi de réciprocité admise jusqu'ici par les physiciens entre le pouvoir réflecteur et le pouvoir absorbant des corps. Mais les bornes d'un extrait ne me permettant pas de donner à ces divers sujets l'é- tendue convenable, je n'entrerai dans aucun développement à leur égard, et je me contenterai de renvoyer le lecteur au Mémoire original , qui pa- raîtra dans une des prochaines livraisons des Annales de Chimie et de Phy- sique. Je transcris seulement les conclusions suivantes, insérées à la fin de mon travail. » I. Les couches superficielles des corps font subir à la chaleur rayon- nante une dispersion analogue à la diffusion lumineuse. » II. On possède des moyens sûrs pour distinguer la diffusion calori- fique du rayonnement qui dérive de la chaleur propre du corps, malgré que l'une et l'autre radiation se composent également de filets élémentaires rayonnants dans tous les sens autour du centre d'action. * III. Le noir de fumée produit une diffusion extrêmement petite, et égale pour toute sorte de radiations. » IV. Il en est bien autrement des autres substances et surtout des corps blancs, qui dispersent fortement les rayons de l'incandescence, et faiblement ceux qui tirent leur origine des sources à basse température. » V. Ce caractère tout spécial suffit pour montrer que l'on ne saurait attribuer le phénomène de la diffusion calorifique à une réflection quel- conque régulière, ou irrégulière ; car celle-ci aurait lieu avec la même énergie pour toute sorte de chaleurs. » VI. L'action dispersive des métaux est, généralement parlant, plus intense que celle des corps blancs : elle en diffère surtout par son inva- ( 68i ) Habilité, et se rapproche sur ce point de la faible diffusion que l'on ob- serve sur le noir de fumée. » VII. De la comparaison entre les phénomènes de la diffusion calori- fique et ceux de la diffusion lumineuse, il résulte, i° que 1-e noir de fumée est une véritable matière noire, tant pour la lumière que pour la chaleur rayonnante; 2° que les corps blancs se comportent, à l'égard du calorique rayonnant, comme les substances colorées par rapport à la lumière ; 3° que les métaux agissent sur les radiations calorifiques comme le font les corps blancs sur les radiations lumineuses. » VIII. La diffusion renvoie une partie des rayons incidents proportion- nelle à sa propre énergie, et diminue ainsi l'absorption calorifique de toute la portion de chaleur qui a été dispersée par l'action de la surface. 11 en est de même de la réflection spéculaire, où la quantité de chaleur absor- bée décroit à mesure que la quantité de chaleur réfléchie augmente. Le pouvoir absorbant est donc en raison inverse des pouvoirs diffusif et ré- flecteur; et l'on ne saurait tirer aucune induction exacte relativement à l'absorption sans prendre en considération les pertes causées par l'en- semble de ces deux pouvoirs. Si l'on voulait calculer la quantité de cha- leur qui pénètre dans l'intérieur d'un corps en négligeant l'une ou l'autre action répulsive de sa surface, on tomberait souvent dans des erreurs fort graves. Un métal perd entièrement son pouvoir réflecteur lorsqu'il est re- couvert d'une feuille de papier ordinaire, ou peint avec du blanc de cé- ruse. Faut-il pour cela en inférer que les couches additionnelles de papier ou de céruse absorbent toute la chaleur incidente? Non, sans doute, car ces substances repoussent énergiquement différentes espèces de rayons ca- lorifiques en vertu de leur pouvoir dispersif, et ne retiennent que les seuls rayons indiffusibles par l'action des matières blanches : ainsi, la loi con- nue de réciprocité entre le pouvoir réflecteur et le pouvoir absorbant n'est point exacte. On avait cru démontrer par une expérience analogue l'ab- sorption totale de la chaleur rayonnante par le noir de fumée. Un miroir sphérique ou parabolique en métal noirci, exposé au rayonnement d'une source calorifique, ne donne aucun signe de chaleur sur la boule focale du thermoscope le plus délicat. On en concluait que le noir de fumée ab- sorbe la totalité de la chaleur incidente: mauvaise argumentation, fondée sur deux fausses hypothèses, la possibilité de la réflection sur une sur- face complètement dépolie, et la non-existence de la diffusion calorifique. » IX. Les thermoscopes et les thermomètres ayant leurs boules libres, ne peuvent servir à la comparaison des rayonnements calorifiques, parce ( 68a ) que certaines espèces de'chaleurs passent immédiatement d'un côté à l'autre des réservoirs sans produire aucune impression sur l'air intérieur- ou bien parce que ces mêmes rayons traversent, sans la chauffer, la paroi an- térieure du verre, subissent la réflection du mercure, et sont repoussés au dehors sans avoir réagi sur le corps thermoscopique : il faut donc em- pêcher le transmission libre au moyen de substances athermanes. Mais la plus grande partie de ces substances repoussent plus ou moins énergi- quement par la diffusion diverses espèces de chaleur, et on ne pourrait les employer à revêtir les boules thermométriques sans retomber dans un in- convénient tout-à-fait analogue à celui que l'on voudrait éviter. Donc l'a- thermariéité indispensable aux thermomètres, aux thermoscopes , et en général à tous les instruments destinés à l'étude de la chaleur rayonnante , doit nécessairement s'obtenir en appliquant sur la surface de l'instrument une couche suffisamment épaisse de noir de fumée, substance qui, agissant indistinctement sur les différentes qualités de chaleur, et les absorbant toutes dans les conditions nécessaires pour en avoir une mesure exacte, est la seule capable de les communiquer au corps thermoscopique dans les conditions nécessaires pour en avoir une mesure exacte, soit par les dila- tations des fluides, soit par les déviations que les courants thermo-élec- triques impriment à l'aiguille aimantée. Une feuille de métal produirait le même effet, mais elle diminuerait trop considérablement la sensibilité des thermoscopes : par la même raison on ne peut laisser à l'état naturel les faces en métal des piles thermo-électriques, et l'on est obligé de les peindre en noir, afin de communiquer au thermo-multiplicateur cette prodigieuse sensibilité et cette admirable promptitude d'indications qui rend cet instru- ment si précieux pour la science de la chaleur rayonnante. » M. Biot exprime le vœu que, dans ses expériences sur la chaleur ré- fléchie par radiation, M. Melloni voulût bien essayer la vérification des deux analogies suivantes : « i°. Cette chaleur présente-t -elle les apparences d'une polarisation pré- dominante, perpendiculairement au plan d'entrée et de sortie des rayons , comme M. Arago a découvert et constaté que cela a Heu pour la lumière? » 20. L'intensité de la chaleur renvoyée par la radiation d'un plan unifor- mément impressionné, varie-t-elle aux diverses distances angulaires de ta normale? et, si cette variation existe, suit-elle la même loi que celle qu'on observe dans la lumière? ( 683 ) zoologie. — Note sur une espèce d'Épongé qui se loge dans la coquille de l'huître à pied de cheval (Ostrea hippopas , Lam\rck), en creusant des canaux dans l'épaisseur des valves de cette coquille; par M. Dcvernoy. « Tous les naturalistes qui se sont occupés de l'histoire des mollusques bivalves, connaissent le fait singulier de l'habitation de plusieurs espèces dans des rochers calcaires sous-marins, dans lesquels elles se creusent des canaux plus ou moins profonds, dont le diamètre est le plus souvent en rapport avec le petit diamètre de la coquille. Tels sont les Lithodomes, les Pétricoles et les Pholades. » On s'est demandé par quel moyen ces animaux à corps mou, sans au- cune partie dure que leur coquille, parvenaient à miner ainsi, dans la pierre , d'assez longues avenues, souvent sinueuses? Les uns l'ont attribué à l'action mécanique des valves, et n'ont pas été détournés de cette explication par l'extrême minceur et la grande fragilité de la partie tranchante de ces valves (i). D'autres ont pensé à l'action d'un suc dissolvant sécrété par l'animal, et au moyen duquel il ramollirait la pierre calcaire. Poli, en Italie, M. Fleuriau de Bellevue. en France; M. Ed. Osier, en Angleterre, se sont occupés de cette question intéressante, sans la résoudre encore à la satisfaction générale. » Dans un -séjour que j'ai fait à Dieppe, au mois de septembre dernier, j'ai vu que plusieurs des Patelles attachées aux rochers que la marée basse découvre, s'y enfoncent sensiblement, en creusant une fossette de quelques millimètres de profondeur, dont le contour est exactement moulé sur celui de la coquille. Comme celle-ci est oblongue, si l'animal creusait cette fosse par le frottement mécanique des bords de la coquille, elle devrait avoir né- cessairement des dimensions plus considérables; car le frottement de ces bords contre le rocher supposerait un déplacement qui userait une sur- face plus étendue que celle qui répondrait exactement à ce bord. Une autre difficulté serait de comprendre comment la Patelle parviendrait à user également ies parties centrales ou l'aire que circonscrivent les bords de sa coquille? » Ce raisonnement et l'observation que j'ai faite du ramollissement sin- (i)Réaumur, Mémoires de l'Académie royale des Sciences pour 1715, p. 127. — M. Cuvier, Règne animal, T. III, p. 137, note 1 . C. R., 1840, •am" Semestre. (T. XI, N» 18.) Çjl ( 68/, ) gulier de la pierre clans tonte sa surface en contact avec l'animal, me per- suadent qu'il la creuse par l'action d'nn snc acide qui produit ce ramollis- sement. J'espère être à même incessamment de préciser cette opinion par des observations directes. » En attendant, je vais communiquer à l'Académie une observation qui tend également à la solution de cette question de physique animale. » J'ai rapporté de la même excursion de très curieux exemplaires de la grande huître, qu'on distingue comme espèce sous le nom d'huître à pied de cheval (Ostrea hippopus, Lamarck). » Ces exemplaires, dont plusieurs sont d'une grandeur remarquable, renfermaient, au moment où je les ai obtenus d'un pêcheur, des animaux très vivaces, qui continuaient de vivre lors de mon retour à Paris. Les valves en sont couvertes, dans la plus grande partie de leur surface, de nombreuses Serpules, de Polypiers calcaires ou Jlexihles , d'Alcyons, d'Épongés , enfin d'Anomies; sans compter la place occupée parles indi- vidus de la même espèce qui s'étaient rapprochés ou agglutinés les uns aux autres. » Ces mêmes coquilles montrent, dans les parties qui ne servent pas d'assises à d'autres animaux, des taches rondes indiquant des trous ou des orifices de canaux dont le diamètre peut varier d'un quart de milli- mètre à deux ou trois millimètres. Les plus petits de ces orifices sont jaune sale, les plus grands sont brun foncé et même noirs. » Les uns sont pleins, les autres vides. Ceux-ci conduisent dans des canaux sinueux dont l'étendue dans l'épaisseur de la coquille est en raison de leur diamètre. Les plus petits pénètrent peu dans l'épaisseur de la valve, et ne percent que quelques-unes des lames d'accroissement les plus superficielles; les plus grands traversent toute cette épaisseur, jusqu'à la nacre exclusivement. » Ces canaux sont parfois très sinueux, et en même temps très bran- chus, cîe manière à communiquer, par plusieurs orifices, avec la surface de la coquille. » Leurs parois sont unies et souvent colorées en jaune sale, rarement en brun noirâtre. » Voici maintenant, ce que j'ai trouvé dans ceux qui sont pleins. Ils ont à leur entrée, jusqu'à deux millimètres de profondeur et plus, un corps spongieux, cylindrique, qui en remplit exactement la cavité, comme un bouchon. » Ce corps a une partie operculaire et extérieure qui se distingue, en- ( 685 ) tre autres, de celle qui s'enfonce dans le canal, par une couleur plus fon- cée. La surface de cette partie extérieure est inégale, raboteuse et celluleuse. On remarque quelquefois au centre de cette sorte d'opercule un ou plu- sieurs orifices rapprochés. » Si l'on examine les côtés ou le pourtour de cette petite éponge cylin- drique, car ce corps est indubitablement une espèce d'épongé, on les trouve assez unis , quoique d'apparence celluleuse et feutrée. » Ce court cylindre spongieux, qui est presque entièrement plein vers la surface externe , sauf l'ouverture unique ou les petits orifices rapprochés que nous avons indiqués à la partie centrale , s'évase et se creuse rapide- ment du côté interne et ne tarde pas à n'être plus qu'une sorte de boyau membraneux ,qui se prolonge dans les canaux anfractueux que nous avons décrits , et tapisse leur paroi. Mais cette membrane se distingue encore par sa couleur jaune ou brunâtre ou par les spicules dont elle est pénétrée et qui hérissent sa paroi interne. » Dans la partie la plus solide notre petite éponge a de même son tissu composé de spicules disposées en différents sens, formant comme un feutre de ce tissu : il a évidemment le caractère de celui des éponges et plus particulièrement des calcéponges, ou des éponges à spicules de nature cal- caire. » Plusieurs branches aboutissant à la surface de la coquille se joignent dans l'intérieur des canaux, de sorte que l'ensemble peut être considéré comme une éponge agrégée ou composée de plusieurs autres. » L'accroissement de ces éponges se fait de dehors en dedans; ce que je crois avoir constaté par le peu de profondeur et les anfractuosités formées de petits canaux, qui ne traversent que les couches d'accroissement les plus superficielles de la coquille; tandis que les plus grands pénètrent jusqu'à la nacre. » Ce qu'il y a de plus frappant, de plus particulier dans l'histoire de cette espèce, c'est la faculté qu'elle a de se creuser des canaux anfractueux dans l'épaisseur des coquilles d'huîtres, lesquels sont très comparables aux ca- naux creusés parles Lithodomes , les Pétricoles et les Pholades. » Ici les moyens mécaniques sont évidemment nuls. Il n'y a que les moyens chimiques qui puissent être mis en jeu par un organisme privé de toute espèce de force motrice apparente. Ajoutons que les animaux des huîtres dont les valves étaient ainsi pénétrées de cette éponge rameuse, ne paraissaient en souffrir nullement. » Sans doute ces coquilles criblées, comme vermoulues, n'ont pu échap- 9«- ( 686 ) per aux observations des naturalistes (t); mais je ne connais aucune publi- cation qui prouve qu'ils ont cherché à en déterminer la cause. Jusqu'à plus ample informé j'ai donc lieu de croire que mon observation est nou- velle, relativement à la détermination et aux caractères de l'éponge qui vit dans l'intérieur des coquilles d'huîtres. Dans ce cas elle pourrait contribuer à avancer singulièrement la solution de la question de physique animale que j'ai proposée en commençant cette Note. » Voici d'ailleurs les caractères qui distinguent cette espèce, outre celui, unique jusqu'à présent, de son habitation: » Elle est cylindrique, rameuse, brune ou jaune sale à t extérieur, moins foncée dans le reste de sa longueur ; pleine ou à peu près dans cette première partie et plus fibreuse que membraneuse; creuse et en forme de boyau dans le reste de son étenUue et plus membraneuse que fibreuse. » Cette espèce, dont le diamètre n'excède guère trois millimètres, entre- rait dans ie groupe des Calcéponges de M. de Blainville sous le nom spécifique de perforante : ce serait notre Spongia terebrans. » M. Geoffroy Saint-Hilaiue, à ^'occasion d'un ouvrage présenté à l'Aca- démie dans sa deruière séance, fait remarquer que depuis quelques années les études des zoologistes ont pris, eu général, une direction nouvelle; que ceux même qui s'occupent plus spécialement de la description des espèces ont compris que là n'est pas l'histoire naturelle tout entière, et senti la nécessité d'aborder des considérations d'un ordre plus élevé. « La zoologie générale, dit M. Geoffroy, est en ce moment même l'objet de travaux fort remarquables : qu'il me soit permis de citer ici en particulier les pro- positions sur la loi de soi pouf soi par lesquelles M. Maxime P^ernois a terminé sa thèse pour le doctorat, et un morceau de physiologie géné- rale de M. Antelme. Ces deux ouvrages seront mis prochainement sous les yeux de l'Académie. La loi de ïaffînité de soi pour soi vient aussi d'être pos -e , dans un livre consacré à des questions de haute philosophie , L'Humanité, dont l'auteur est M. Pierre Leroux. » (i) On en voit de plusieurs espèces d'huîtres, parmi les exemplaires de la collection du Muséum exposés à la vue du public. M. Alcide d'Orbignjr m'a dit, il y a trois jours, en avoir observé sur les côtes de France et dans ses voyages. Il a même remarqué que ces taches provenaient d'une substance comme spongieuse, brune ou jaune. Il était ronséquemment sur la voie de cette découverte. (687 ) M. Duthochet dépose, sous enveloppe cachetée, une Note relative à des recherches dont il se propose de communiquer plus tard les résultats à l'Académie. RAPPORTS. mécanique appliquée. — Rapport sur le nouveau système de navigation à vapeur de M. le marquis Achille de Jouffroy. (Commissaires, MM. Poncelet , Gambey, Piobert, Aug. Cauchy rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Poncelet , Gambey, Piobert et moi, de lui rendre compte d'un nouveau système de navigation à la vapeur. Ce sys- tème, dont l'Académie s'est déjà occupée, est celui qu'a présenté M. le mar- quis Achille de Jouffroy , c'est-à-dire le fils même de l'inventeur des pyros- caphes. On sait en effet aujourd'hui que le marquis Claude de Jouffroy, après avoir, dès 1775, exposé ses idées sur l'application de la vapeur à la na- vigation devant une réunion de savants et d'amis, parmi lesquels se trou vaient MM. Perrier, d'Auxiron, le chevalier de Follenay, le marquis Ducrest et l'abbé d'Arnal, a eu la gloire de faire naviguer sur le Doubs, en 1776, et sur la Saône, en 1 780, les premiers bateaux à vapeur qui aient réalisé cette application. Déjà le savant rapport de MM. Arago, Dupin et Séguier a rap- pelé l'expérience solennelle faite à Lyon, en 1780, expérience dans la- quelle un bateau à vapeur, construit par M. Claude de Jouffroy, chargé de 3oo milliers, et offrant les mêmes dimensions auxquelles on est maintenant revenu dans la construction des meilleurs pyroscaphes, a remonté la Saône avec une vitesse de plus de deux lieues à l'heure. Déjà l'on a signalé l'hom- mage rendu à l'auteur de l'expérience de Lyon par ce même Fulton qui long-temps a passé en France pour avoir découvert la navigation à la va- peur. Déjà enfin les expériences auxquelles ont assisté les premiers Com- missaires sont connues de l'Académie ; déjà elle sait que non-seulement le nouvel appareil d'impulsion proposé par M. Achille de Jouffroy est tout-à-fait rationnel en théorie; mais aussi que cet appareil, appliqué sur la Seine à une goélette d'environ 120 tonneaux, a fidèlement rempli sa mission, et a même fourni le moyen de remettre à flot, sans attendre la crue de la rivière, la goélette, dont la quille, dans une de ( 688 ) ces expériences, s'était engagée sur toute sa longueur dans un gravier ré- sistant. Les perfectionnements apportés par M. de Jouffroy dans la cons- truction de son appareil dont la force est devenue plus considérable, et les expériences nouvelles, exécutées sous nos yeux, ne laissent plus de doutes dans notre esprit sur les avantages que présente le nouveau système de navigation. Pour que l'Académie puisse apprécier les motifs de notre conviction, nous allons entrer ici dans quelques détails. » Considérons un bâtiment qui, plongé en partie dans un liquide, porte en lui-même un moteur quelconque, par exemple, une machine à vapeur. Ce moteur pourra être utilement employé pour faire marcher le bâtiment dans une certaine direction, s'il communique le mouvement à un appareil qui refoule une portion du liquide dans la direction opposée. Cette portion du liquide sera en quelque sorte un point d'appui pour l'appareil locomo- teur; mais ce sera un point d'appui qui cédera en partie à l'action de la force motrice, et qui rendra utile une partie de cette force d'autant plus petite qu'il aura moins de fixité. Ajoutons que la quantité de travail pro- duite par la machine à vapeur, et non consommée par les frottements dans son passage au travers de la machine et de l'appareil locomoteur, se divisera en deux parties, dont la première surmontera la résistance opposée à la marche du bâtiment parla masse de liquide qui le précède, tandis que la seconde chassera en arrière une portion plus ou moins considérable de la masse de liquide qui le suit. Observons encore que le rapport suivant le- quel la quantité de travail se partagera entre ces deux masses, dépendra surtout de l'étendue de la surface présentée au liquide par l'appareil loco- moteur. En général la vitesse du bâtiment croît avec cette surface, sans pouvoir dépasser la vitesse qui aurait lieu si cette même surface devenait infinie. » Appliquons ces principes généraux à la discussion des avantages ou des inconvénients que présentent l'appareil locomoteur maintenant en usage, et celui par lequel M. Jouffroy se propose de le remplacer. » Les bâtiments à vapeur sont, comme on sait, armés généralement, sur leurs côtés, de roues à aubes qui tournent sur elles-mêmes d'un mou- vement continu. Dans les bâtiments que l'on emploie d'ordinaire, dans le Sphynx, par exemple, la surface de chaque aube est d'environ deux mètres carrés. Deux ou trois aubes seulement se trouvent, à un instant donné, plongées datis la masse liquide. » L'appareil que M. de Jouffroy propose de substituer aux roues à aubes se compose de deux palmes ou pattes de cygne articulées, placées à (689) l'arrière du bâtiment et douées d'un mouvement alternatif, qui s'ouvrent pour frapper l'eau à reculons, et se ferment ensuite pour revenir à la place qu'elles occupaient d'abord. L'heureuse idée de cet appareil a été suggérée à M. de Jouffroy, comme il le dit lui-même, par le désir bien naturel d'imiter cet admirable mécanisme dont la sagesse du créateur a pourvu le cygne et les oiseaux navigateurs destinés par elle à sillonner la surface des eaux. Pour une frégate de 44 canons, la superficie de chaque palme serait d'environ 20 mètres carrés. » Or la surface des palmes, étant très considérable par rapport à la surface immergée des aubes, donne aux palmes cet avantage , qu'avec la même force motrice elles impriment une moindre vitesse au liquide placé en arrière du bâtiment, et par suite une vitesse plus grande au bâtiment lui-même. D'ailleurs, les palmes, agissant toujours en sens opposé de la direction que suit le bâtiment, ne produisent qu'un effet utile à la marche de celui-ci. On ne pourrait en dire autant des aubes qui, en raison de leur mouvement rotatoire , lorsqu'elles ne sont pas articidées, choquent et poussent le fluide dans diverses directions (1). » On ne sera donc point étonné d'apprendre que les expériences faites en notre présence, et dans lesquelles nous nous sommes surtout proposé de comparer les deux systèmes l'un à l'autre, soient entièrement favo- rables au nouveau système. Il résulte en particulier de ces expériences, que le nouveau système présente une grande économie de force motrice, et par conséquent de combustible. » Aux avantages que nous avons signalés dans le nouveau système, on doit joindre la facilité que présentent les palmes de pouvoir être appli- quées à toutes sortes de bâtiments, même armés de voiles. Ajoutons que la grande profondeur à laquelle elles travaillent tend à les préserver d'un inconvénient offert par les roues à aubes qui peuvent devenir inutiles ou même nuisibles , non-seulement au milieu d'une tempête pendant laquelle ces roues se trouveraient exposées, avec les tambours qui les renferment, au choc violent des lames et des vents, mais aussi dans un bâtiment marchant sous voiles par un vent largue, puisque alors une des roues, sortant de l'eau, tournerait à vide, l'autre étant noyée. Observons encore qu'appliquées à un bâtiment de guerre, les roues, en obstruant au (1) Quant aux roues à aubes articulées , pour produire le même effet que les autres roues, elles paraissent exiger que l'on augmente leur vitesse, en augmentant ta force motrice elle-même d'environ un douzième: (690 ) moins douze sabords, le privent d'autant de canons, et peuvent d'ail- leurs être facilement endommagées par l'artillerie, tandis que les palmes, travaillant sous l'eau et se dérobant à la vue, courent beaucoup moins de dangers, et ne causent nul embarras. » Parmi les avantages que les palmes ont sur les roues, ceux qui tien- nent à une plus grande étendue de la surface présentée au liquide par l'appareil locomoteur, diminuent à mesure que l'on augmente la superficie des aubes. Mais cette superficie ne saurait être, sans des inconvénients graves, augmentée au point de rendre l'effet produit par les roues com- parable à celui que produisent les palmes, surtout pour les bâtiments de grandes dimensions. Quant aux bâtiments de petites dimensions, plus par- ticulièrement destinés à naviguer sur les canaux, on peut à la vérité leur appliquer des roues dont les aubes offrent une superficie comparable à celle des palmes; mais il est juste d'observer d'une part que les roues, en élargissant les bâtiments, exigent une plus grande largeur des canaux mêmes, et d'autre part que ces roues, en traversant sans cesse la surface de l'eau, soit pour entier dans la masse liquide, soit pour en sortir, pro- duisent à cette surface une agitation dont l'expérience démontre l'influence destructive sur les berges des canaux. » Nous aimons à croire que la vue de tous les avantages ci-dessus indi- qués déterminera la marine française à faire en grand l'essai d,u nouveau système; que si M. de Jouffroy père a pu voir ses belles expériences trop long-temps oubliées dans sa patrie, le fils sera plus heureux; et que cette fois du moins la France ne se laissera pas ravir une découverte qui peut devenir si utile à ceux qui les premiers auront su en profiter. » Avant de terminer ce rapport , nous ferons une dernière observation qui n'est pas sans importance. Quelles que soient la perfection et l'utilité d'un appareil, il peut arriver que dans certains cas cette utilité devienne douteuse ou même disparaisse entièrement. La grande mobilité des roues doit être recherchée dans un chariot, dans une voiture, et pourtant le chemin peut offrir une pente tellement rapide , qu'on soit obligé de les enrayer. Personne ne conteste l'utilité des voiles pour faire marcher un navire sous l'action du vent, et toutefois cette action peut être tellement violente , qu'il devienne absolument nécessaire de les carguer ou même de les caler. Enfin les roues à aubes peuvent devenir non-seulement inutiles, mais encore nuisibles, et même le deviendront généralement dans les vaisseaux marchant sous voiles , comme nous l'avons expliqué. Les palmes seraient - elles seules exemptes des inconvénients que peu- ( 6$. ) veut, offrir, en des circonstances données, les autres appareils? Atta- chées, comme M. de Jouffroy le suppose, à la poupe d'un bâti- ment, seraient- elles assez solides pour n'avoir rien à craindre, dans une mer violemment agitée, du choc des vagues et d'un mouvement de tan- gage très marqué? Il faudra évidemment recourir à l'expérience en grand, pour être en état de résoudre cette question. Si l'expérience prouve que dans la navigation eu pleine mer, et dans les temps d'orage, le nouvel ap- pareil ne peut travailler sans être compromis, ce que l'on devra faire alors ce sera de le mettre au repos, non en le ramenant sur le pont, comme on l'avait proposé d'abord, mais en le ramenant au contraire sous les flancs du navire, où il pourra demeurer en sûreté. Il deviendra pour un temps inutile, comme le sont les voiles ou les roues dans des cas semblables, et reprendra ses fonctions lorsque la tempête sera calmée. » En résumé , l'avantage incontestable qu'offrent les palmes de pouvoir s'adapter à toutes sortes de bâtiments, de guerre ou de commerce, grands ou petits, quelle que soit d'ailleurs leur construction, sans exiger aucune modification dans leur voilure, sans priver les bâtiments de guerre d'une partie de leurs canons, sans élargir la voie des bâtiments de commerce des- tinés à naviguer sur les canaux; les avantages non moins évidents qu'elles tiennent de leur immersion totale, de la direction unique et toujours utile de leur mouvement propre, et de la grande étendue de surface qu'elles pré- sentent au liquide, doivent faire vivement souhaiter que la marine française essaie en grand le nouveau système. Cet essai paraît d'autant plus désirable, qu'une économie notable de force motrice et de combustible est indiquée par la théorie comme conséquence nécessaire des avantages que nous venons de signaler. Nous dirons même que, suivant l'opinion personnelle de tons les membres de la Commission , cette économie est déjà suffisam- ment constatée par les diverses expériences exécutées jusqu'à ce jour, soit par celles qui, en présence des premiers Commissaires, ont été ten- tées sur une goélette d'environ 120 tonneaux, pourvue d'un appareil malheureusement trop faible et encore imparfait, soit par celles que nous avons dû exécuter sur le petit modèle présenté à l' Académie et soumis par elle à notre examen. Nous pensons d'ailleurs que, dès à présent, il est juste de reconnaître les avantages du nouveau système tels que nous les avons définis, et que ce système est très digne de l'approbation de l'Aca- démie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. C. H. , 1S40 2"'« Semestre. (T. XI, N° I8> Q2 (692 ) «P. S. Nous joignons à ce Rapport les résultats de quelques expériences qui peuvent donner une idée des avantages que le nouveau système pré- sente sur l'ancien, relativement à l'économie de force motrice. EXPERIENCES. » Pour rendre plus faciles des expériences propres à faire connaître les avantages ou les inconvénients du nouveau système, M. de Jouffroy a construit sur l'échelle de i mètre pour 37 mètres, une frégate modèle qu'il arme à volonté de pattes de cygne ou de roues à aubes, dont les di- mensions ont avec celles du modèle les mêmes rapports qui subsistent ou doivent subsister dans l'exécution en grand. Voici les résultats de quelques expériences, dans lesquelles un seul et même moteur a été appliqué à la frégate placée sur un canal et pourvue de l'un ou de l'autre appareil. Première expérience, dans laquelle la frégate a navigué sur le canal, en remontant contre le vent. » Armée de roues à aubes, la frégate a parcouru 4|nS<5o en 7 minutes. Dans cet intervalle de temps, au bout duquel la force motrice a été com- plètement épuisée, les roues ont fait chacune i3o révolutions. » Armée de pattes, la frégate a parcouru 49m,4° en 7 minutes, pendant lesquelles le nombre des battements ou oscillations des pattes a été de 1 3o. Mais ce qu'il importe de remarquer, c'est qu'alors, au bout de 7 minutes, la force motrice, loin d'être épuisée, a continué de faire marcher pendant 1 1 autres minutes la frégate, qui, dans ce nouvel intervalle de temps, a parcouru plus de 5o mètres. Deuxième expérience, dans laquelle la frégate a navigué sur le canal, en descendant sous le vent. » Année de roues, la frégate a parcouru 5'2m,6o en 8 minutes. Dans cet intervalle de temps, au bout duquel la force motrice a été complètement épuisée, chaque roue a exécuté 18 ! révolutions. » Armée de pattes, la frégate a parcouru 7om,20 en 8 minutes, le nombre des battements dans cet intervalle ayant été de r8a. Mais, au bout de ces 8 minutes , la force motrice n'était pas épuisée , comme dans le premier cas, et elle a continué de faire marcher, pendant 16 autres minutes, la frégate, qui, dans ce nouvel intervalle de temps, a parcouru 59m,8o. (693) » Ces expériences démontrent évidemment que les palmes ont sur les roues un grand avantage sous le rapport de l'économie de force motrice. Si cet avantage eût été déduit par la théorie d'expériences faites seulement sur la frégate armée du nouvel appareil, on pourrait jusqu'à un certain point contester un résultat de calcul. Mais ici, pour se rendre indépendant de toute cause d'erreur, on a comparé directement l'ancien système au nouveau, et l'on a opéré successivement avec l'un et l'autre appareil, en les plaçant tous les deux dans les mêmes conditions. Il n'y a donc aucune possibilité de révoquer en doute l'avantage incontestable que donne l'ex- périence au nouveau système, avantage qui d'ailleurs était déjà clairement indiqué par la théorie et les principes des plus certains de la dynamique. » MÉMOIRES LUS. zoologie. — Deuxième Mémoire sur la Spongille; par M. Laurent. (Extrait par l'auteur*) (Commission précédemment nommée.) Études de la série des phases de la vie des individus spongillairef provenant de diverses sortes de corps reproducteurs. « L'histoire naturelle de tout corps organisé devant embrasser toutes les phases de son existence sous une forme individuelle plus ou moins distincte, nous avons dû suivre cette méthode dans nos recherches sur la spongille. » L'ordre à adopter dans la deuxième partie, de notre travail nous était donc tracé par la nature même du sujet La marche à suivre nous force, il est vrai, de revenir ici sur l'étude des corps reproducteurs des spon- gilles, qu'il convenait de bien caractériser préalablement; mais en procé- dant ainsi, nous essayons de compléter la première partie de nos recher- ches, et nous l'envisageons dans ses rapports naturels avec celles qui font le sujet de ce second Mémoire. » L'histoire naturelle des individus spongillaires comprend les trois principales phases de leur vie, qu'il convient de désigner sous les noms généralement connus: i° d'état originaire ou d'œuf en général, pendant lequel la vie est latente; 2* d'état embryonnaire; 3° d'état parfait. 92.. ( 6q4 ) Première ]/ hase de la vie , ou état originaire des individus spongillaires. « L'état originaire des spongilles , toujours facile à constater au moment de leur apparition, devient ensuite plus ou moins difficile à reconnaître dans leurs diverses sortes de corps reproducteurs. » Voici les principales nuances ou différences qu'on peut y dis- tinguer : » i °, Ce n'est que dans les corps oviformes ou œufs des spongilles que la vie latente ou l'état originaire est complètement distinct de celle de leur mère. La durée de cette vie latente varie dans les œufs de première et d'arrière- saison. C'est dans ces derniers œufs qu'elle est plus longue. Dans ce pre- mier état la substance contenue dans les coques des corps oviformes est simplement globnlino-aqueuse. Cette substance passe par des gradations saisissables à l'état de corps embryonnaire. » a°. Les gemmes des spongilles existent aussi à l'état de vie latente dont la durée est bien moindre que celle de la vie latente des œufs. » A l'état de gemmes, la substance des spongilles est globulino-subgluti- neuse. >» 3°. Les fragments protéiformes reproducteurs des spongilles ne pas- sent point à la rigueur par l'état originaire ou de vie latente. On ne pour- rait admettre cette vie dans ces fragments que pendant le peu de temps qu'ils restent immobiles et parfaitement homogènes. » 4*- Ijes spicules siliceuses n'existent point encore dans la. substance des corps reproducteurs des spongilles. Deuxième phase ou état embryonnaire des individus spongillaires. » La vie de développement ou l'état embryonnaire des spongilles, quoi- que paraissant faire partie de leur vie latente, peut cependant être dis- tinguée soit en dedans soit aii dehors de leurs diverses sortes de corps re- producteurs. » i°. La vie embryonnaire commence dans les corps oviformes, lorsque leur substance, d'abord globulino-aqueuse, passe à la consistance et à la forme globulo-giutineuse. Elle se continue même après l'éclosion jusqu'à la première apparition de l'état parfait. » Les spicules siliceuses ne se développent jamais normalement dans les corps embryonnaires encore contenus dans les coques. Ces spicules n'ap- ( 695 ) paraissent en général dans ces corps que quelques jours après leur sortie des coques. » 2°. Le passage de la vie latente à la vie embryonnaire est plus difficile à déterminer dans les gemmes. La vie embryonnaire se manifeste à l'exté- rieur des gemmes des embryons ciliés, lorsque ces gemmes commencent à passer de la forme sphérique à la forme ellipsoïde. » Dans les deux sortes de gemmes, le développement embryonnaire est caractérisé par la consistance subglobulo-glutineuse du tissu, et par l'ap- parition des premières spicules siliceuses. » 3°. Les fragments protéiformes reproducteurs de spongilles se présen- tent comme des corps embryonnaires du moment où leur tissu bomogène se vacuolise et prend l'aspect globulino-subglutineux, puis globulo-gluti- neux coïncidant avec l'apparition des premières spicules siliceuses. » 4°' La consistance globulo-glutineuse et l'apparition des premières spicules siliceuses sont caractéristiques des corps embryonnaires des spon- gilles. Troisième phase ou étal parfait des individus spongillaires. v La vie de perfectionnement ou l'état parfait des spongilles commence du moment où leur membrane enveloppante se sépare de la masse glnti- neuse sous-jacente et se prolonge en un mamelon ou tube excréteur. » Les individus spongillaires, qui se ressemblent tous, quel que soit le corps reproducteur duquel ils sont nés, passent par les trois âges qui ré- pondent à l'enfance ou jeunesse, à la puberté et à l'âge adulte des ani- maux. » i°. Le jeune âge des individus spongillaires est l'époque d'un ac- croissement qui les fait passer de la taille d'un millimètre à celle de deux ou trois centimètres. » 2°. La puberté des spongilles est caractérisée par la turgescence de leur membrane enveloppante coïncidant avec celle de la masse glutineuse sous-jacente qui se creuse de plus en plus d'aréoles et de canaux aboutis- sant à des oscules encore sous-cutanés. » 3°. L'âge adidte des individus spongillaires est celui de leur reproduc- tion par œufs et par gemmes d'embryons libres. >/ C'est alors qu'on observe la déhiscence de la membrane enveloppante sur plusieurs points, et l'apparition des oscules à la surface même de fa spongille. ( 096 ) » Ce n'est que dans les très jeunes individus provenant des embryons ciliés qu'on voit la reproduction par fragments protéiformes, tandis que la scissiparité a lieu quelquefois dans les individus adultes qui se sont déjà reproduits par des embryons ciliés. La reproduction par des gemmes cayeux n'a lieu qu'un peu avant la mort. » La mort des individus spongillaires, produite le plus souvent par une atrophie graduelle, les réduit à n'être plus qu'une charpente spiculaire nue ou recouverte d'un conduit glutineux brun et racorni. Ce cadavre spiculaire renferme quelquefois les coques vides des corps oviformes. » MEMOIRES PRESENTES. mécanique céleste. — Sur la détermination simultanée de toutes les inégali- tés périodiques des planètes, lorsqu'on doit y comprendre des perturbations d'un ordre fort élevé par rapport aux excentricités et aux inclinaisons; par M. Le Verrier. « La détermination des inégalités périodiques et séculaires des planètes est ramenée, par la théorie de la variation des constantes arbitraires, à la recherche du développement de certaines expressions qui sont des fonc- tions du temps et des éléments des orbites. Ces fonctions se réduisent en séries procédant suivant les sinus et les cosinus de» différents multiples des longitudes moyennes. Et lorsque les valeurs numériques des coefficients des principaux termes de ces séries ont été calculées, on parvient aisément à la connaissance des perturbations mêmes des planètes considérées. » Pour obtenir un des coefficients en particulier, la Mécanique céleste suppose qu'on commence par former son expression analytique en fonction de la masse perturbatrice, des demi-grands axes, des excentricités et des inclinaisons des orbites des deux planètes considérées; en fonction des longi- tudes de leurs périhélies et de leurs nœuds. Ce développement algébrique, qui repose tout entier sur l'emploi de la série de Taylor, n'offre d'autre difficulté que la longueur des calculs littéraux. Mais cette difficulté est immense. Ainsi, malgré tous les soins de Burckhardt, l'expression analy- tique qu'il détermina pour la partie de la grande inégalité de Jupiter et de Saturne qui dépend des cinquièmes puissances des excentricités et des in- clinaisons, se trouva contenir quelques inexactitudes Ainsi M. Airy, pour ( 697 ; obtenir l'expression de l'inégalité à longue période que Vénus introduit dans le moyen mouvement de la Terre, a-t-il dû entreprendre un travail des plus étendus ; et d'autres géomètres , en partant des mêmes données que lui, n'ont pu retrouver rigoureusement les mêmes résultats. Ces iné- galités ne sont cependant que du cinquième ordre. A quels pénibles tra- vaux ne serait-on donc pas entraîné par la méthode des développements algébriques, si l'on reconnaissait qu'il est nécessaire d'avoir égard, dans quelques théories, à des inégalités d'un ordre plus élevé? » On pourrait, il est vrai, atteindre jusqu'au septième ordre, au moyen du travail que M. Binet a présenté en 1812 à l'Institut, et dans lequel il fit connaître l'erreur qui s'était glissée dans la partie de la grande inégalité de Jupiter qui dépend du cinquième ordre. Mais à l'étendue de ce travail , dont la publication intéresserait à un haut degré l'astronomie théorique, on juge aisément que tout espoir de pousser plus loin les approximations par cette voie doit être perdu. « M. Poisson a proposé de réduire la détermination des coefficients du développement de la fonction perturbatrice à des intégrales doubles de la forme suivante Rcos (fÇ — tÇ)d£dÇ, r f J O i/O dont la valeur doit être déterminée par les quadratures. R est une fonction périodique des variahles £ et £'. Cet illustré géomètre a lui-même remar- qué que le calcul de l'intégrale double deviendrait très long si les nombres / et /' étaient un peu grands. On peut effectivement s'assurer dans ce cas, que non-seulement le calcul de l'intégrale par la division de la circonférence en parties égales et arbitraires serait très prolixe, mais qu'il serait même tout-à-fait impraticable. Quelque artifice pourrait peut-être diriger dans le choix des ordonnées, de manière à en restreindre le nombre; mais aucune simplification de cette espèce n'a été indiquée. » Il est de plus indispensable de remarquer que si l'on effectuait le dé- veloppement algébrique de la fonction R, tous les termes qui sont d'un ordre inférieur au cinquième, par rapport aux excentricités et aux incli- naisons, disparaîtraient par la double intégration, dans le cas où la somme algébrique des deux indices /et/' est égale à 5. L'intégration par les qua- dratures devant conduire aux mêmes résultats, la valeur de la double in- tégrale proviendrait alors de la partie numérique de R qui dépend des cinquièmes puissances des excentricités : et ainsi l'on voit que chacune (698) des ordonnées devrait être calculée avec une très grande exactitude. Mais alors leur détermination deviendrait très pénible; et il est important de les réduire au plus petit nombre possible. » Aussi M. Liouville, dans son Mémoire du 29 février i836, a-t-il fait plus que d'apporter une simplification au calcul des coefficients de la fonc- tion perturbatrice par les quadratures. On peut dire qu'il a véritablement rendu cette méthode accessible aux déterminations numériques en substi- tuant à l'intégrale double deux intégrales simples. Et d'ailleurs la méthode de M. Liouville, dans laquelle on tient compte aisément de tous les termes qu'on veut conserver, présente un avantage bien précieux qui ne se ren- contrait ni dans le calcul par développement algébrique, ni dans le calcul par quadratures doubles. Cet avantage vient de ce que n'ayant que deux coefficients à déterminer, M. Liouville emploie cependant quatre intégrales différentes, ce qui lui fournit deux valeurs de la partie constante de la fonction perturbatrice par des calculs distincts. Ces deux valeurs doi- vent être identiques jusqu'à la dernière décimale de l'ordre qu'on veut conserver dans les coefficients cherchés. » Les derniers numéros des Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences renferment l'exposé de nouvelles méthodes, au moyen des- quelles M. Cauchy se propose de calculer les coefficients du développement de la fonction perturbatrice par des transformations algébriques plus élé- gantes et plus simples que celles employées jusqu'à ce jour. En voyant se perfectionner la détermination analytique de ces coefficients, j'ai cher- ché s'il ne serait pas possible, dans une direction toute différente, de les calculer plus avantageusement qu'on ne l'a fait jusqu'ici, au moyen des valeurs numériques qu'affecte la fonction R pour les positions particulières des planètes qu'on considère. Et je crois y être parvenu assez simplement, non plus en employant ces valeurs numériques à la détermination de tel ou tel coefficient par les quadratures, mais en faisant servir un nombre limité d'entre elles à la détermination d'un pareil nombre de coefficients. » On sait que les coefficients de la série qui représente la fonction per- turbatrice vont en décroissant généralement à mesure que les indices i et i' qui multiplient les longitudes moyennes sous les signes sin. et cos. vont en augmentant. Lorsque les termes sont de degré différent, par rapport aux excentricités et aux inclinaisons, ils diminuent avec les va- leurs numériques des puissances de ces éléments. Mais lorsque l'ordre est le même pour une série de termes, leur grandeur va encore en diminuant à mesure que les indices i et V augmentent à partir d'une certaine limite, ( 699 ) parce qu'il est impossible, pour des planètes dont le rapport des distances moyennes au Soleil n'est pas voisin de l'unité, que la fonction perturba- trice change beaucoup de grandeur par de faibles variations dans les lon- gitudes moyennes. » Admettons, pour plus de clarté, qu'il soit nécessaire de déterminer les coefficients de la fonction perturbatrice jusqu'à la sixième décimale. Cette approximation sera toujours aisée à fixer. Si nous négligeons tous les termes qui sont au-dessous de 0,000001 en valeur absolue, il ne restera qu'un nombre n fini de coefficients , qui pourront être déterminés au moyen d'un pareil nombre de valeurs numériques de la fonction pertur- batrice. Les équations qu'on obtiendra pour cet objet seront du premier degré par rapport aux inconnues. Mais elles seront généralement en nombre si considérable, qu'il ne faut pas songer à les résoudre avant de les avoir décomposées en groupes partiels. » Ces groupes contiendront en outre encore trop d'équations pour qu'on les résolve sans difficulté par le moyen ordinaire de l'élimination. Il est donc nécessaire qu'on puisse en déduire les valeurs des inconnues par une suite de calculs simples, symétriques et faciles à contrôler. » Enfin, si l'on remarque que la grandeur absolue de chacun des coef- ficients n'est nullement connue à priori , et que le nombre des inconnues à conserver ne peut être déterminé que par le calcul complet des plus petites d'entre elles, on est conduit à reconnaître que la condition la plus importante à remplir dans la méthode que nous nous proposons d'em- ployer, celle qui peut lui faire prendre un rang avantageux parmi les différents moyens qu'on a proposés pour le calcul des coefficients de la fonction perturbatrice , est la suivante : « Ayant déjà exécuté les calculs nécessaires pour la détermination de n » des coefficients, si l'on vient alors à reconnaître qu'on doit en conserver » p autres, il faut qu'on puisse en tenir compte , sans avoir en somme exé- » cuté plus de calculs que si l'on avait eu égard, dès l'origine du travail , aux » (n 4- p) coefficients » » La première condition, celle qui est relative à la séparation des équa- tions en groupes particuliers, peut se remplir en employant des valeurs de la fonction perturbatrice correspondantes à des longitudes moyennes convenablement choisies. On obtiendra ces longitudes , pour l'une des planètes, par la variation du temps, et pour l'autre par la variation de la longitude de l'époque. On est ainsi ramené, soit immédiatement, soit par C R , i»4o, -ime Semestre. (T. XI, N" 18. 9^ ( 7"0 ) quelques transformations, à la considération de groupes d'équations tou- jours de même forme. » La résolution de ces équations s'effectue de la manière la plus simple et la plus symétrique. Elle se compose principalement de l'opération sui- vante , sans cesse répétée : « Ajouter deux nombres à un troisième multi- » plié par un facteur qui reste le même pour toute une série d'opérations. » Aucune erreur n'est possible qui ne soit reconnue à l'instant, et dont la source ne soit aisément indiquée. On le voit en remarquant que la somme de la totalité, ou d'une partie des nombres calculés par la simple formule que nous venons d'énoncer, peut être déterminée directement par une opération analogue à celle qui fait connaître chacun d'entre eux. » A la fin de l'important Mémoire déjà cité, M. Liouville a indiqué briè- vement l'emploi d'une pareille méthode. Mais son élimination suppose que le nombre des indéterminées à conserver est préalablement connu, ou que, du moins, on en peut fixer une limite supérieure. Cette restriction, qui , dans le dernier numéro du Mémoire de M. Liouville, ne nuisait en rien au but qu'il se proposait, eût été pour moi un vice radical. Je m'en suis affranchi par une élimination toute différente, et je suis parvenu à rem- plir rigoureusement cette condition de ne pas avoir une seule opération de plus à effectuer que si l'on connaissait, dès l'origine, le nombre total des inconnues à conserver. » M. Cauchy, dans un Mémoire remarquable sur l'interpolation, envoyé à l'Académie des Sciences en 1 835, et qui est inséré dans le second vo- lume du Journal de M. Liouville, s'était déjà proposé de résoudre un sys- tème d'équations du premier degré par rapport aux inconnues, de telle sorte que les calculs effectués pour la détermination de plusieurs d'entre elles pussent servir au calcul des inconnues de rang inférieur, quand on vient à reconnaître la nécessité de pousser plus loin les approximations. La solution de M. Caucliy l'emporte sur la mienne par la généralité du système qu'il considère; ses inconnues sont multipliées par des fonctions quelconques de la variable indépendante, et il n'est pas nécessaire d'em- ployer des valeurs équidistantes de cette variable. En excluant cette géné- ralité, et en suivant une marche autre que celle de M. Caucby, je me suis procuré une solution beaucoup plus simple, sans avoir recours aux ap- proximations successives. J'opère toujours par des différences au moins aussi courtes à former et à vérifier que celles de M. Cauchy, mais en nom- bre bien moins grand. Lorsque la fonction à traiter sera développée en ( 70< ) sinus et cosinus des différents multiples de la variable indépendante, il y aura de grands avantages à employer ma solution dans les calculs d'in- terpolation. » Une méthode dont l'emploi permet de calculer avec exactitude tontes les perturbations d'une planète, jusqu'à un ordre fort élevé, ne me paraît pas inutile, même après tous les travaux dont ces perturbations ont été l'objet. Et, pour n'en citer qu'une preuve à l'appui, je considérerai la théorie dePallas, dont l'excentricité et l'inclinaison sont très considérables. » Dix-huit fois le moyen mouvement de Jupiter, diminué de sept fois celui de Pallas, donnent un arc qui n'est que la cent quarante-sixième partie environ du mouvement moyen annuel de Pallas. Il est donc possible, à cause de la grande excentricité de cette planète, que la perturbation du onzième ordre qui correspondrait au petit argument que nous, venons d'in- diquer soit très sensible dans le moyen mouvement de Pallas. Et, effective- ment, en discutant le coefficient qui affecterait cette perturbation, on re- connaît qu'il y a de fortes raisons de penser qu'il pourrait s'élever tout aussi haut que celui de la grande inégalité de Jupiter et de Saturne. » Je me propose de calculer cette perturbation du onzième ordre qui existe dans le moyen mouvement de Pallas , et qui doit être considérable , si des circonstances particulières, et dont on ne peut nullement juger à l'avance, ne s'y opposent. J'espère arriver à ce but en aussi peu de temps qu'il en faudrait pour calculer par les développements algébriques la grande inégalité de Jupiter et de Saturne, dont fa partie la plus élevée n'est cependant que du cinquième ordre. Il ne faut pas oublier, de plus, que les mêmes calculs me donneront immédiatement toutes les autres per- turbations sensibles dans cette théorie. » Pour juger de l'intérêt qu'offrirait la détermination de cette inégalité, il suffira de considérer qu'elle pourrait seule soustraire les tables de Pallas aux inconvénients majeurs qu'offraient les anciennes tables de Jupiter et de Saturne; et que, d'un autre côté, il faudrait laisser écouler bien des an- nées avant de pouvoir déterminer par l'observation seule le coefficient d'une inégalité dont la période embrasserait 675 années juliennes. » 93.. ( 702 ) physique. • — Mémoire sur le rayonnement chimique qui accompagne la lumière solaire et la lumière électrique ; par M. Ed. Becquerel. ( 3e Mé- moire.— Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Biot, Arago, Savary. ) « On sait que la ^lumière solaire est non-seulement accompagnée de rayons calorifiques, mais encore d'autres rayons jouissant de la propriété d'opérer des réactions chimiques entre les éléments de certaines subs- tances. Des recherches faites à ce sujet ont montré que chaque substance sensible était impressionnée par des portions différentes de ce rayonne- ment, et qu'à l'égard des sels d'argent, les rayons chimiques qui les noir- cissent étaient compris dans les rayons les plus réfrangibles de la lumière solaire , c'est-à-dire dans les rayons bleus, indigos, violets, et même au-delà des rayons violets. » En reprenant l'étude de l'action chimique de l'agent qui accompagne la lumière, sur du papier enduit de bromure d'argent, j'ai trouvé que le rayonnement chimique comprenait au moins deux ordres de rayons agis- sant sur cette substance : » : °. Les rayons du premier ordre , ou rayons excitateurs , sont ceux déjà observés, possédant la faculté de commencer et de continuer une réaction chimique ou une coloration, et qui, dans le spectre solaire, comme on l'a déjà dit, sont compris depuis le bleu jusqu'au-delà du violet; » 2°. Les rayons du second ordre , ou rayons continuateurs , pos- sédant seulement la faculté de continuer une réaction commencée sous l'influence des premiers. Ces rayons sont compris dans le spectre depuis le rouge jusqu'à la limite du vert et du bleu. » Le chlorure d'argent et les plaques d'argent iodurées jouissent des mêmes propriétés que le bromure relativement aux deux ordres de rayons. » Cette continuation de coloration, qui a lieu sur les sels d'argent sous l'influence de certains rayons, ne s'opérerait pas à l'obscurité; il faut donc distinguer cette action de celle qui se manifeste sur le chlorure d'or. Ce corps, comme l'a observé Seebeck, après avoir été exposé à la lumière, continue à se colorer à l'obscurité, comme il aurait pu le faire en restant exposé à ce rayonnement. Ainsi le fait que j'annonce est essentiellement distinct du précédent. » J'ai reconnu que lors de l'action des écrans de verre coloré sur le ( 7°3 ) rayonnement chimique de la lumière solaire, les verres rouges et vert foncé ne laissaient passer que les rayons continuateurs, et que les verres jaunes laissaient passer les deux ordres de rayons, d'abord les rayons conti- nuateurs en très grande abondance, puis ensuite, et avec ceux-ci , les rayons excitateurs , mais en quantité moindre. Quant aux écrans de verre bleus, vio- lets , etc., on ne peut distinguer leur action sur les deux ordres de rayons. » En opérant avec des écrans liquides, incolores, je n'ai trouvé aucune action qui pût faire distinguer les deux sortes de rayons ; seulement lorsque ces liquides étaient de couleur rouge ou jaune, ils agissaient à peu près com me des écrans de verre de même couleur. . » Enfin, dans le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie, je prouve que la lumière émanée de l'étincelle électrique est également accompagnée d'un agent chimique qui influence les sels d'argent; et que les Tayons continuateurs du rayonnement chimique so- laire continuent aussi une réaction insensible commencée sous l'influence de la lumière électrique. » . physique appliquée. — Production artificielle de sons graves analogues à ceux de la voix humaine; par M. Cagmard-Latour. (Commissaires, MM. Magendie, Savart, Pouillet. ) « Diverses recherches que j'ai faites pour tâcher de découvrir par quel mécanisme la voix humaine a lieu, m'ont conduit à essayer 'd'étudier avec persévérance , comme on le ferait à l'égard d'un instrument de musique dont on voudrait savoir jouer, une espèce de larynx artificiel que je forme en appuyant d'une certaine manière ma bouche sur l'index et le médius de ma main gauche. » Par les vibrations de ce système, lequel peut être considéré comme assez complet, en ce sens qu'il offre deux couples d'anches ou de lèvres laryngiennes, couples qui diffèrent même l'un de l'autre, à peu près comme ceux d'un larynx naturel, et une cavité intermédiaire analogue aux ven- tricules de Morgagni, je puis produire dans certaines circonstances une espèce de chant qui a de l'intensité quoiqu'il soit grave. » Pour obtenir ce résultat, je fais en sorte que pendant mon insufïla*- tion dans ce larynx improvisé, les deux couples de lèvres vibrent simul- tanément, et que ces mouvements soient accompagnés de vibrations cellulaires ou ventriculaires, c'est-à-dire de celles qui ont lieu dans Je ven- ( H ) tricule lorsque je parviens à mettre les deux faces principales de cette cavité en état de battre l'une contre l'autre périodiquement. » J'obtiens en général plus facilement ces dernières vibrations lorsque j'ai interposé d'avance, entre la bouche et les doigts, une espèce de demi- cadre en liège d'une forme particulière ; d'ailleurs, par la présence de cette pièce intermédiaire, la cavité du ventricule a plus de développement, ce qui facilite les moyens de faire acquérir plus d'amplitude aux vibrations du système. » Enfin, pour donner aux sons ainsi produits plus de rondeur et d'in- tensité, je place sous les doigts en vibration un porte-voix membraneux ou espèce de tuyau vocal. » Le phénomène sonore qui peut se produire par l'insufflation de la bouche entre deux doigts est peut-être connu depuis longtemps; mais je ne sache pas qu'aucun physicien ait proposé d'en faire les applications que je viens d'indiquer. » Dépareilles expériences me paraissant très propres à fournir quelques nouvelles données pour expliquer comment nos organes vocaux fonction- nent lorsqu'ils produisent des sons à la fois graves et intenses, ceux enfin dont il est le plus difficile de comprendre la formation, eu égard au peu de volume qu'offre le larynx humain, je vous prie de vouloir bien nommer une Commission pour l'examen de mes résultats, ainsi que des différents appareils dont je me suis servi dans le cours de mes recherches. » physique appliquée. — Mémoire sur les vitesses initiales des projectiles; par M. Didjoiv, capitaine d'artillerie. (Commissaires, MM. Arago, Dupin, Poncelet , Piobert ) analyse mathématique. — Note sur la divisibilité des nombres, et for- mule générale de divisibilité par un facteur donné; par M. A. Pcton. (Commissaires, MM. Lacroix, Sturm.) météorologie. — Considérations générales tendant à prouver que la lu- mière zodiacale , les queues des comètes et les aurores boréales ne pro- viennent que d'une seule cause; savoir, de corps solides isolés éclairés par le soleil , en un mot, d'astéroïdes , et non de vapeurs ou de phénomènes électriques; par M. Gaudiiv. (Commissaires, MM. Biot , Arago, Savary.) ( 7»5 ) M. Pironneau adresse la figure et la description d'un jour chauffe à la houille pour la cuisson du pain à bord des navires. . A cette notice est joint un procès-verbal des expériences faites avec le nouveau four, à bord de la frégate la Galathce. Il semble résulter de ces expériences : i°. Que la nature du combustible employé ne donne au pain ni odeur, ni saveur désagréable; 2°. Que le prix du chauffage n'est pas augmenté, et qu'il y a relativement à l'emmagasinemeut du combustible un grand avantage, la houille n'oc- cupant guère que la sixième partie du volume qu'occuperait le bois auquel on la substitue; 3°. Que dans le chauffage à la houille, le four n'est pas exposé à être en- dommagé, comme par le chauffage au moyen du bois , car les bûches sont jetées souvent sans précaution ; 4°. Qu'enfin, dans ce dernier mode de chauffage, les portes du four restant toujours fermées, on esta l'abri des chances d'incendie auxquelles expose, dans les mouvements violents du bâtiment, la chute sur le pont de bû- ches embrasées. (Commissaires, MM. Dupin , Freycinet, d'Arcet.J M. Tignères présente un fusil de chasse muni d'une pièce qui ne permet pas au chien de s'abattre quand il est armé, même lorsqu'on presse la dé- tente : le moyen de rendre la liberté au mouvement du chien est de presser la poignée derrière la sous-garde, comme on le fait naturellement en mettant le fusil en joue. Un dispositif analogue avait été déjà imaginé par des armuriers anglais, mais il parait qu'il n'atteignait pas aussi bien le but. M. Séguier annonce que depuis long-temps des armuriers français se sont occupés des moyens propres à empêcher un fusil de partir quand on presse involontairement la gâchette. Le fusil de M. Tignères est renvoyé à l'examen d'une Commission com- posée de MM. Gambey, Piobert, Séguier. M. Chevalier, à l'occasion d'une Note de M. Dunglas sur l'emploi de ïappareil de Marsh, rappelle que, dans une brochure imprimée en i 83q, il a indiqué les diverses précautions à prendre quand on fait usage de cet appareil, et insisté sur les caractères qui permettent de distinguer les taches antimoniales des taches arsenicales. M. Chevalier rappelle également une ( 7°6 ) Note qu'il a lue à l'Académie de Médecine sur un moyen propre à dimi- nuer la fréquence des empoisonnements par l'arsenic, moyen qui consis- terait à mélanger à l'acide arsénietix quelque corps qui le rendît coloré et sapide. M. Sigvoret écrit qu'ayant voulu faire des essais avec l'appareil de Marsh et ayant employé des réactifs qu'il était fondé à regarder comme purs, presque tous ces réactifs ont donné à l'appareil des indices d'arsenic. Les Notes de M. Chevalier et de M. Signoret sont renvoyées à l'examen de la Commission nommée pour les communications de M. Lassaigne et de M. Dunglas. A l'occasion de la Note de M. Signoret, M. Pelouze rappelle que l'arse- nic et l'antimoine ne sont pas les seuls métaux susceptibles de former des combinaisons avec l'hydrogène, mais que le fer et le zinc jouissent égale- ment de cette propriété, qui a été signalée par M. Vauquelin en 1798 (Journal de la Société des Pharmaciens de Paris, page 24 1 )• Le plan d'une machine annoncée comme étant mise en jeu par tin nou- veau moteur, est renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Coriolis, Gambey, Séguier. CORRESPONDANCE . M. le Ministre de lv Mvrine annonce que, conformément au vœu ex- primé par l'Académie, il a accordé à MM. les officiers de la marine qui avaient pris part à la dernière expédition scientifique dans le Nord, l'auto- risation de prolonger leur séjour à Paris, afin d'être en état de donner à la Commission chargée de l'examen des documents scientifiques recueillis dans le cours de cette expédition, les renseignements verbaux dont elle pourrait avoir besoin. M. le Ministre de la Marine annonce également que de nouveaux do- cuments, faisant suite à ceux qui ont été rapportés par les personnes atta- chées à la dernière expédition scientifique du Nord de l'Europe, ont été recueillis dans les mêmes parages par M. les officiers de la gabarre la Recherche, et vont être soumis au jugemen t de l'Académie. (Commission nommée pour l'expédition scientifique du Nord.) ( 7°7 ) physique du globk. — Température du puits foré de l'abattoir de Grenelle , à 5o5 mètres de projbndeur. Une expérience faite l'année dernière (i) par MM. Arago et Walfebdjn, dans la vue de connaître la température du puits foré de Grenelle à 481™ de profondeur , avait donné pour résultat 27°,o5 centig. ( et non 27°,5o , comme on l'a imprimé, par erreur, dans le Compte rendu de l'Académie); mais il était à craindre que le travail du forage n'eût occasionné, sur le point où les thermomètres étaient parvenus, quelque accroissement de température. On pouvait croire aussi que la cuillère en fer qui contenait les instruments avait, en descendant, frotté sur les parois tubées en métal du trou de sonde, et qu'il en était résulté un développement de chaleur; il suffisait que quelque doute à ce sujet se fût emparé de l'esprit des deux physiciens pour que l'expérience dût être répétée avec toutes les précau- tions convenables. Le 18 août 1840, MM. Arago et Walferdiu ont donc profité du moment où un outil de forage qui a occupé le fond du trou de sonde pendant plusieurs mois , venait d'être retiré par les soins persévérants de M Mulot , pour recommencer leur expérience avec six thermomètres à déversoir. Tous ces instruments étaient garantis de la pression et, après un séjour de 7h3om dans la vase boueuse, à 5o5 mètres de profondeur, ils ont indi- qué, avec un accord remarquable, une température moyenne de 26°,43. Il faut se rappeler qu'on n'est plus aujourd'hui dans l'énorme banc de craie où la sonde a été engagée pendant plusieurs années, et que M. Mulot a pénétré dans les argiles du gault qui doivent recouvrir les couches aqui- fères que l'on cherche. La dernière expérience qui vient d'être faite , à 5o5 mètres • par MM. Arago et Walferdin, donne , si l'on prend pour point de départ la tem- pérature moyenne de la surface de la terre à Paris (io°,6), i° centigrade d'augmentation pour 3im,g. Si l'on part de la température constante des caves de l'Observatoire (i\",j à 28 mètres de profondeur), on trouve 32m,3 pour un degré centigrade. (1) Compte rendu des séances de V Académie, i" sem. , p. 218. C. R., 1840, 3m° Semestre. (T. XI, N» 18.) 9-| ( 7o8 ) M. Fauvelle adresse une Note sur un moyen qu'il a employé avec succès pour construire, sans batardeau, une pile de pont au milieu du lit de l'Agly. Ce lit semblait tout-à-fait ;'i sec à l'époque où ont été exécutés les travaux; mais il passait encore une quantité d'eau assez notable, un demi- mètre cube par seconde à travers les gravois et sables qui formaient sur le fond une couche de 4 mètres environ, reposant sur un banc d'argile. Des raisons d'économie ne permettant pas d'avoir recours pour se débar- rasser de ces eaux au moyen habituellement employé en pareil cas , M. Fauvelle eut l'idée d'appliquer à la fondation de la pile une méthode suivie dans le Roussillon pour la construction des puits. Dans plusieurs parties de cette province, et particulièrement sur les bords de la mer et des étangs, on rencontre à un mètre ou deux au-dessous de la surface du sol , une couche de sable mouvant dans laquelle on ne peut creuser à 5o centimètres sans que les sables des côtés ne viennent remplir le vide, combler souvent le fond et n'entraînent l'éboulement des parties supérieures. On conçoit qu'il serait très difficile, dans un cas semblable, de creuser le puits comme à l'ordinaire pour le maçonner ensuite : il faudrait pour soutenir les terres et les blindes plus de bois que ne vaudrait le puits. Les maçons, dans cette circonstance, agissent d'une manière fort simple. Ils établissent sur le sol un patin en chêne de forme circulaire; sur ce patin, ils montent les murs du puits à une hauteur de quelques mètres , et les laissent sécher. Ensuite un ouvrier descend dans ce puits bâti en l'air, en- lève la terre ou le sable du fond et la maçonnerie, tout en soutenant les terres et le sable des côtés, descend, s'enfonce autant qu'on le désire, et le puits est fait. « C'est un moyen tout semblable , dit M. Fauvelle, que j'ai mis en usage, et qui m'a parfaitement réussi. » Sur le sable de la rivière j'ai établi un cadre ou patin en chêne, taillé en biseau par le bas, formant extérieurement le périmètre de la fondation de la pile; sur ce patin, bien boulonné, j'ai fait monter un véritable puits, ou mieux, une tour dont les parois en briques avaient o,44c d'épaisseur, 22 m de développement et 4m de hauteur. Ce puits était bardé et étresib lonné intérieurement de manière à résister à la poussée des terres et aux inégalités de pression verticale qui devaient nécessairement avoir lieu dans sa descente à travers un gravier mêlé de cailloux assez gros. Sa figure était une surface annulaire régnant autour d'un rectangle terminé par deux demi-cercles. » Cette masse creuse, une fois élevée sur le sable de la rivière, il ne s'a- gissait plus que de la faire descendre; les premiers pas furent les plus ( 7°9 ) difficiles. Des ouvriers piochant dans l'intérieur enlevaient le sable et le gravier, et, croyant avancer la besogne beaucoup plus vite, l'enlevaient de dessous la muraille. Cette manœuvre fit déclarer quelques fentes verticales causées par l'affaissement inégal de la masse. Aussitôt que je m'en aperçus j'ordonnai de ne plus enlever le sable que du milieu, et alors l'opération marcha avec une régularité parfaite. Jusqu'à im de profondeur on enleva le sable à la pelle et à la corbeille sous 5o centimètres d'eau; mais, par- venu à cette profondeur, il fallut se servir de la drague J'en avais fait construire trois qui nous servirent parfaitement: elles étaient à peu près semblables à l'instrument dont on se sert ici pour niveler les champs et que l'on nomme cihères. Chaque drague était servie par trois hommes; l'un d'eux, placé sur l'une des murailles, en dirigeait le long manche; deux autres, placés sur la muraille opposée, tiraient la drague avec des cordes, la relevaient et la vidaient. » En quinze journées de travail, la pile fut descendue à 5m de profon- deur dans le sol argileux très compacte dont la présence avait été préala- blement reconnue au moyen d'un sondage. La diminution constante des eaux dans la rivière nous dispensa d'élever nos murs au-dessus de 4m; ainsi le haut des murailles était à im au-dessous du niveau des sables. Il n'arriva pendant tout ce travail aucun accident, et les murailles conser- vèrent parfaitement leur aplomb. Il n'y eut plus alors qu'à remplir l'inté- rieur de manière à former une masse compacte; et, sans élever l'eau, j'y fis jeter du béton et des pierres; des trous faits dans la muraille avec un ciseau soudé à une longue barre de fer, relièrent cette maçonnerie aux parements en briques ; deux hommes occupés sans relâche à la damer for- tement, firent du tout une construction indivisible et inattaquable. » M. Arago, à l'occasion de cette Note, rappelle qu'une application du pro- cédé des constructeurs de puits roussillonnais, avait été déjà faite sur une immense échelle, dans le tunnel de Londres, par notre compatriote M. Brunel. C'est aussi, en effet, à la surface du sol, et sur une base en char pente, qu'ont été placées les premières assises des deux tours dans lesquelles sont établies les rampes en spirale par lesquelles on arrive de l'extrémité de l'allée souterraine jusqu'à la surface du sol. Il est inutile de faire remarquer que dans l'exécution d'un pareil travail , les grandes proportions des tours, l'inégale résistance du terrain ont fait naître mille difficultés qui n'ont pas servi moins que celles qui s'étaient présentées jusque-là pour mettre en évidence la fécondité d'esprit du célèbre ingénieur. 94 ( 710 ) mktkorologu:. — Comparaisons barométriaues faites dans le Nord de l'Europe ; par MM . Bravais et Mahtiiss. « Nous avons comparé les baromètres des divers observatoires que nous avons visités avec deux baromètres de voyage appartenant à l'expé- dition du Nord ; ces deux baromètres avaient été construits par Ernst à Paris : l'un d'eux a 7 millim. de diamètre interne à son tube, et l'autre en a 8. Avant le départ, ils ont été mis en rapport avec le baromètre Fortin, appartenant à M. Delcros, et avec le baromètre de i'Observatoire de Paris. On sait que ces deux derniers baromètres s'accordaient à un ou deux cen- tièmes de millimètre près, et étaient considérés tous les deux comme don- nant la hauteur absolue. Au retour, ils ont été comparés de nouveau, et avaient à peine varié de deux centièmes de millimètre. La comparaison faite à Altona, chez M. le conseiller Schumacher, est intéressante. M. Schu- macher a vérifié avec soin les détails de construction de son baromètre; il s'est assuré par plus de deux cents comparaisons faites avec un baro- mètre à grand diamètre ( iS""11), de l'artiste Buzengeiger, que la correc- tion dont son baromètre avait besoin pour donner la hauteur absolue était de + on,m,52. Si donc l'on considère nos observations d'Altona comme destinées à mettre en rapport le baromètre de M. Schumacher avec ceux de Paris, on trouve, après la correction préalable -f- 0°"° ,5a, que ce baromètre a différé seulement de quelques millièmes de milli-, mètres de ceux de Paris. Cet accord est utile à constater, puisque beaucoup de baromètres dti Nord ont été déterminés par voie de comparaison avec celui d'Altona. » En prenant donc pour départ le baromètre-Pistor n" 102 de M. Schu- macher, ou le baromètre-Fortin de M. Delcros, nous trouvons que les corrections nécessaires pour ramener les divers instruments observés aux deux baromètres ci-dessus sont les suivantes : Correction. Bar. Observatoire Upsal (Pistor.) = -+- o°"",fo. Correction. Bar. Observatoire Stockhlom . . (Pistor 1 3a.). =-- -f- on"°,6o. Correction. Bar. École polytechnique. Copenhague. (Buzengeiger.) = -f- o'^jOS. Correction. Bar. Observatoire Berlin. (Pistor 99) . . . = + o°"°,2i. Correction. Bar. Poggendorff (Pistor 82) =1+ on,",,io. Correction. Bar. Salon mathématique. Dresde (Hoffmann). . . = + o""°,23. Correction. Ber. Kaeintz à Halle. . . . (Buzengeiger) = — on"°,24. Correction. Bar. Observatoire Goetlingue. . (Bunipli) — -H imm,?-2. Correction. Bar. Observatoire Bruxelles. . . . (Crahay) ~ 4 on,m,i45. ( 7" ) » Malheureusement nous n'avons pas pu prendre pour départ le baro- mètre de l'Observatoire de Paris de l'année 1 838, parce que son tube a été cassé avant l'époque de notre retour. » Il faut noter que les corrections ci-dessus embrassent à la fois la correction pour la dépression capillaire (excepté pour Bruxelles), l'erreur constante qui résulte de toutes les imperfections de l'instrument, et même la correction due au déplacement du zéro du thermomètre attaché; ainsi en employant la valeur trouvée pour corriger les lectures, il faut réduire préalablement à zéro d'après le zéro apparent de l'échelle thermornétrique, et non point d'après le zéro vrai, lequel coïncide avec le point de glace fondante, et se trouve d'ordinaire un peu pins élevé que le précédent. » M. Arago a présenté, de la part de M. Déiuidoff, les tableaux des observations météorologiques faites à Nijné-TaguilsA , dans les mois d'octobre i83g; avril, juin et juillet i84o. M. Jaubert (de Passa) écrit à M. Arago que le 21 mai dernier la commune de Passa a été ravagée par un orage de grêle dont la violence s'est fait sentir principalement à Monesti. Les gréions étaient d'une grosseur extraordinaire et hérissés de pointes aiguës. M. Jaubert envoie le dessin de deux de ces gréions par lesquels il a été frappé, et lesempreintes que deux autres gréions ont laissées sur des briques non cuites, empreintes qu'elles ont au reste conservées après la cuisson. M. I*i mhze communique l'extrait d'un travail de M. Jules Berset sur une série de sels nouveaux analogues aux sels de Gros. Le corps PtCl2 Az* H12, qu'on peut considérer comme le radical des sels de Gros, étant dissous dans l'eair-et mis en contact avec une dissolution chaude de sulfate d'argent, donne lieu à un précipité de chlorure d'argent pur et à une liqueur incolore et neutre de laquelle l'évaporation sépare un nouveau sel cristallisé ayant pour composition PtAz*H12 0,S03. Avec l'eau de baryte, ce dernier sel donne du sulfate de baryte et le corps PtAz*H,2G", qui a toutes les propriétés d'une base salifiable ordi- naire. Il est fortement alcalin, attire l'acide carbonique de l'air et s'unit directement à tous les acides, avec lesquels il forme des sels tous solubles et cristallisables. Les sels s'obtiennent avec facilité en traitant le radical Pt Az4 H12 Cl2 par une dissolution d'un sel d'argent. 11 se forme constamment au chlorure V ( 7ia ) d'argent qu'on sépare par le filtre, et les sels de M. Reiset cristallisent à l'état de pureté par suite de l'évaporation des liqueurs. Le radical Pt Cl9 Az* H'2, cristallisé dans l'eau , en retient un atome qu'il perd , sans se décomposer, lorsqu'on le chauffe légèrement. M. de Greoory adresse une liste de ses travaux relatifs à l'agronomie, et demande à être placé sur la liste des candidats pour la place de cor- respondant vacante dans la section d'Économie rurale. Cette lettre est renvoyée à la section d'Economie rurale. M. Forester écrit relativement à un arc-en-ciel lunaire qu'il a observé dans les environs de Tours , le 19 septembre , à 7 heures et demie du soir ; les couleurs, quoique pâles, étaient très visibles. Dans la même lettre M. Forester annonce avoir vu, par une nuit obscure et très pluvieuse , un grand nombre de lombrics, ou vers de terre ordinaires, qui brillaient d'une lumière blanche comparable à celle du fer chauffé à blanc. M. Audouin, à l'occasion de cette lettre, déclare qu'il n'existe à sa connais- sance aucune observation authentique de phosphorescence chez des lom- brics, tandis qu'il pourrait citer beaucoup de cas où ces annélides ont été confondus avec des scolopendres dont quelques espèces sont bien connues pour être phosphorescentes. M. Collins , qui avait adressé , il y a quelques mois , des Recherches sui- tes glissements de terrain spontanés, prie l'Académie de vouloir bien hâter le Rapport qui doit être fait sur ce travail. M. Krasner adresse, à l'occasion d'une communication faite par M. Ri- choux dans la séance du 19 octobre, une réclamation qui paraît reposer sur des renseignements infidèles. En effet, c'est de la reproduction galvano- plastique d'images daguerriennes qu'il est question dans la lettre de M. Krasner, tandis que la communication de M. Richoux est relative à la reproduction de gravures en taille-douce. M. Blonde vu de C.-vhoi.les écrit relativement aux avantages qu'on trou- verait à remplacer dans les télégraphes de nuit l'éclairage à l'huile par l'éclairage au gaz. Les expériences qu'il a faites à ce sujet l'ont conduit à ( M ) conclure qu'avec ce système d'éclairage il ne serait pas besoin de rapprocher les télégraphes de nuit plus que ne le sont ceux de jour. M. Cubet adresse une Note sur des rames articulées et à valves qu'il croit avoir une certaine analogie avec l'appareil qui, dans le système de M. A. de Jouflroy , sert à donner l'impulsion aux bateaux à vapeur. M Jobard adresse un paquet cacheté portant pour suscription : Repro- duction des images héliographiques par les procédés photographiques. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. A. ■ ( 7«4 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 1 /Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, î" semestre 1840, 1 vol. in-40. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; 2e semestre 1840, n° 17, in-4". Société anatomique ; i5e année, Bulletin n"6, août 1840, in-8°. Recueil de Brochures; par M. R. Fournkl; 1828 — 1838, in-8°. Mémoire présenté par les fabricants et marchands d'ouvrages d'or et d'argent de Paris; rédigé par M. II. Fournel; i838, in-40. Rapports, Notices, etc., etc.; par le même; 1829 — 1858, in-4°. Notices sur diverses questions de Chimie agricole et industrielle, suivies de plusieurs Notices nécrologiques; par M. J. Girardin; Rouen, 1840, in-8\ Considérations médico-légales sur plusieurs cas d'Infanticide et sur la fréquence de ce crime; par M. Bayard; in- 8°. De la tapeur; par M. L. Lalanne. (Extrait de Y Encyclopédie nouvelle.) In-8<\ Note sur l'architecture des Abeilles; par le même. (Extrait des Annales des Sciences naturelles, tome i3.) In-8". De la Pèche sur les côtes occidentales d'Afrique, et des Établissements les plus utiles au progrès de cette industrie ; par M. Sabin Berthelot ; 1 84o? in-8*. Extrait des Annales d'Hygiène publique. — Rapport sur la nécessité de colorer les Substances toxiques , dans le but de prévenir les empoisonne- ments; par MM. Lecano et Chevalier; brocli. in-8°. Recherches sur l'Hydrogène arsénié et observations sur l'Appareil de Marsh et son emploi; par M. Chevalier; Paris, i83ç), in-8°. Nouveaux Moulins à vent employés avec tous les autres moteurs plus dispendieux servant à comprimer l'air, etc., etc.; par MM. de Précorbin ,et Legris; in-8°- Annales de l'Agriculture française ; nov. 1840, in-8°. ( 7'* ) Revue des Spécialités et des Innovations chirurgicales; oct. 1840, in-8'. L'Ami des Sourds-Muets, journal ; tome 2, août 1840, in-8°. Revue scientifique et industrielle; oct. 1840, in-8°. Lettres sur le Magnétisme et le Somnambulisme ; par M. le Dr Frappart; in-8°. Journal de Chimie médicale; nov. 1840, in-8*. Journal des Connaissances nécessaires et indispensables , sous la direc- tion de M. Chevaiier; nov. 1840, in-8°. Revue zoologique; oct. 1 840 , in-8°. Statistique de la ville de Gènes; par M. Cevasco; Gènes, 2 vol. in-8", avec 2 cartes (atlas). Erdkmide .... Géologie , essai sur l'origine de la Terre et sur ses chan- gements successifs jusqu'à l'époque actuelle ; par M. Petzholdt ; Leipzick, I84o,in-8». Arsberàttelse . . . . Rapport sur les progrès en Physique et en Chimie , présenté à l'Académie royale des Sciences de Stockholm le 3i mars 18 38 ■■> par M. Bebzélios, secrétaire perpétuel; Stockholm, i838, in-8°. Arsberàttelse. . . , Rapport sur les progrès de la Technologie , présenté à l'Académie royale des Sciences de Stockholm le 3i mars i838, par M. Pasch; Stockholm, 1839, in-8". Arsberàttelse. . . . Rapport sur les progrès et les découvertes relatives à la Botanique , pendant Vannée 1837, présenté à l'Académie royale des Sciences de Stockholm le 3i mars i838, par M. Wikstro.ïi; Stockholm, 18^9, in-8*. Kongl .... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Suède, pour l'année \8^; Stockholm, i838, in- 8°. Tal ora . . . Rapport sur l'Hôpital de l'ordre des Séraphins à Stockholm , fait à l'Académie royale des Sciences de Stockholm le 7 avril i838, par M. Ekstromer; Stockholm, 1840, in-8°. Tal om .... Rapport sur la Statistique judiciaire , fait à l'Académie royale des Sciences de Stockholm le 8 avril 1 840 , par M. Rosenbla d : Stock- holm, 1840, in -8°. Gazette médicale de Paris; n° 44» m-/j°. Gazette des Hôpitaux; n°* 127 — 129, iti-fol. L'Expérience , journal; n° 1 74. La France industrielle ; 7* année, 29 oct. 1840, in-fol. \ W T C. R., 1840, 1mt SeniMtre. (T. XI., N» i8.) 95 : A ( 7»<5) 6 oo© co q w a a a w dg'aRgddgMMMWMBzddddgdddaddwaiwMyi ïîOifl S 3 û • O 4> 'Oh H C 4> * 1> > !»>•; > 3 s 3 3 s 5 aj 3 «« o oo = owo4>4!4> luuZ U-W cjCQ g. ce s eu ce s* — 11 S 9 « S? 3 3 33 -» 01 41 0) c« a CC CQ 03 «8 (8 ' §~ ! S 'CU . m « u 4î 4» fl s a « 4) 4» -g 3 3 .2 : : : : « i 3 3 • 41 4) ■ S? aa . 3 3 fc> s a £ - -41 -4) §:§ O'O'CU u H H U û. • '« JJ '« 3 . •« ■« •« >a , «s cfi « S w 4) 4) 4) O b 3 3 3 u 4) 0-J3-0"1,, 3 "eu "3 "eu "3 O 3 3 3 J5 U ©COQ* .2 > 3 3 3 3 a O — o ~ ■ - a, u en 03 O *" «fO 3 3 ci es - - « 3 3 3 -3-OT3 ;►, >-> >-> OOO s a 2 t>o « O <û o o - Ci r»« o~T o CDCO O M + + ++4H- + 4H-4HH-+ + + + + ++++ + 4 4-4+444-4+ OOCOOOOclco «s co a.eo o axo m o o o o r^X >■«? M cû ' - d (S eo ce »n 4-4-4 J O 00 CO W 00 O O - «0 lOV)fOn vd-^i-v^-co co co -=i- o es co ao eo cd •^-eo co co co - - CD + + + + +++ + +++++++ + +++±44- Ci« C* sO co CO <£> ^TfO (v^fOûO — '« Ci C> Ci o O CSCO | Vr^çr O +~ +++4+++I+++ '•uiojuCjj eo o on© o r^co fO c-nvO O ~ cû r-ew o « «vto -^J-cû W - »00 Olcttf) » co co CD CD CDX 00 r^OO O Oïjio r>c>o - - n a c^;o 00 co CO C--CO «I or.r- +++++++++++++++ +++++++++ +++++++ Cî> CJî r- 4+ + "•^-cû o »n vx o c>^co — vs-v) t^to oo o es co cû c^ r- — cû r- es fi co fi m cm o co «o >-wco a ci o - t>co t-^ver - oo ^f oo es m es o es ^3-00 fi o c^ >- es o -c£>X>C0 o O «en co VD >o «o to co tO VO CO '-O '.O i ^ c ^ r^» t^» c^» t^ l^ c-» c^> c^ r es io 05X) co CT>eo *îf r- - cji O^i f v^co •^sl-fo o es eo co O œiccoioinifluiinincninifl v^-m io i^ c^» i^ t~- t-^ i>. i-^ r-. c-^ r^ i^ c^« c^ r^« r^ r» t^ r^ r^ r^ co co es o o a> coeû^f c^ i^ r^» 'uio.iil.vfl coCO'-O - O O'0-^r~^d--a0 OroOOcO Oi» ri o 00 es cû - 00 -creo CO vj- - m^rescoeofOco ficoo'nco ^a->o ^r es es m ^i- — — e?!-> o CTio-c^O"iO cim + + ++4- + + + + + + + + + 4 + + + + + + + + + + + + + + + + co c^ es eo co o + + + 'O co - - O r^O ■O co es co co 00 >0 00 O -co es — CO OCOCOCOCO es es - fi 00 CO vt on n t>o r-00 co m co - v* CD o O co c~> i c"Ts CDCO «o co «O o «■> m >o co co 'O co 'O co 'O co v> »o >o >c"> >o m m m ^riO voco^ct-v-r^r^r «oin^r- [■n i> t~. i> i^* i^» r» i> i'» c> l-' i'* t"* c^ i'* r» r» r* c~« i>. r» r* r» c* i^* r* r« r» r~« r^ r^ ' r~* r^ r^* •uioaDvfi O cl Ci V> ~cl- ~3- fi ■ ooo euocoioifl ti ci « c^x> 00 es co CTivO o s vr r- o iO o o + + + ++ + + ++ + 4-+ + + 4- + + + + + + + + + + + + + + + + - cr.oo I co co fi C. - +++1 + o - -srco CDo co - «m o es - ococom omeococo o»n es ' — m - oo CD r^oo uo >o m o «o — o o t^co vp -o «o o m m co "O 'O co co ce co vn o '/■> o to n ^i-o in ^a-^r^f^i-va- r^ ir»tr^r^c^r^r-»r^r^ r* i^ i ~ r>- i^ o> r^ r^ r> r^ c^ r^> r^» c^ i~^ e^> i^ r^ r^ r» c-*r^ es ^rco CO - 00 O O 00 cû co ^cr •U10j3iff - O 00 'O CO CD CD'Û CD O i^ fi CD>n c--~^r-— Û « ci cû CO -r O 00 CO CO CD c^cO 00 - C0 - 00 0C~03 'û 00 OO*" CD CD CD» tA'û CD -""co" fi" O » t^CO CDIO Cû c^'o'cO «O Cû + + + + + + + + + +4-4- + + + 4- + + + +++ + + + ++-<- + ++ co ^f»n CD CD r- 4 + 4- CO co co «■•+■ es es CO >r> co C--CO CD o es co ^3-10 ce t^co CD o - ci co «■(•«■■■«iiiffiiii •s-m co es es es CD o - y » • • - • des inconnues assujéties à vérifier, i° quel que soit t, les équations diffé- ( 73' ) rentielles (0 Dfx=P, D,j = Q,... dans lesquelles P, Q, représentent des fonctions données de x,j-,. . . t; a0 pour t = 0, les conditions (a) x=sx, y = y, . . On pourra considérer les équations (i) comme produites par la ré- duction du paramètre a à l'unité dans les équations plus générales (3) D(JC = aP, D,jr = aQ,...; et, en vertu de ces dernières, jointes aux conditions (2), on pourra, pour un très petit module du paramètre a, développer en série ordonnée suivant les puissances ascendantes de ce paramètre, ou l'une quelconque des inconnues x , jry . ou même une fonction quelconque s de ces inconnues. Si, en désignant par ?, *, &.:• les valeurs de s, P, Q,... correspondantes à t = Q , on pose (4) a = *®x 4- zDJ + • • • ; si d'ailleurs on nomme D/ > D/( 1 • • • ce que devient □ quand on y remplace successivement 6 par diverses va- riables auxiliaires la valeur générale de s, développée en série, sera (5) s = 6 + «/,' 0,c dfl, H- *\fJl D, D;i?A flfl, * ',. ; ( ?33 ) et, si l'on veut en particulier déduire de la formule (5) la valeur de l'in- connue x , on trouvera (6) x = x + a f D, x d9, -f a* / ' V D,0,,x 19.) ( 734 ) Dans tous les cas la valeur de t, pour laquelle les développements de x ,y,... cesseront d'être convergents, sera la plus petite de celles pour lesquelles se vérifieront certaines conditions de la forme (l r) s = a, s pouvant désigner successivement les diverses inconnues x, y,. . ., puis certaines fonctions de x, y,. . ., t, et a désignant une constante réelle ou imaginaire, finie ou infinie. Il nous reste à montrer comment une sem- blable condition peut servir à déterminer la valeur de t. » Or, soit (ra) s = ï(x, y, .., t) la formule par laquelle s se trouve exprimée en fonction des variables x, y, . . . , t ; et supposons d'abord que l'on puisse intégrer en termes finis les équations (3). En substituant dans la formule (ia) les valeurs de x,y,... que fournissent les intégrales générales de ces équations, l'on trouvera (i3) * = #(a, t), ${&, t) désignant une fonction finie de a, t; et, pour vérifier la condition (i), il suffira de chercher les valeurs réelles de t qui serviront de racines à l'équation (i4) a = f{u\ t). Si les séries que l'on veut étudier, sous le rapport de la convergence, sont les séries (8),... c'est-à-dire celles qui représentent les intégrales des équations (i), on devra, dans la formule (i4), supposer le module de a réduit à l'unité, et chercher la plus petite des valeurs réelles de t corres- pondantes à ce module de a. Ajoutons que si la fonction ï(x, y,..., t) est indépendante de t, la fonction §(a,, t) sera précisément celle qui, déve- loppée en série suivant les puissances ascendantes de a, offrira pour déve- loppement le second membre de ta formule (5). » Passons au cas où les intégrales des équations (3) ne peuvent s'obte- nir en termes finis. Alors en posant, pour abréger , (i5) S = (D,-f-PD, + QDr+...)f(*, y, t), C ?35 ) •on reconnaîtra que considérées comme fonctions de t, vérifient non-seulement les équations (3), mais encore la suivante (16) D^ = aS. Si maintenant on prend pour variable indépendante s au lieu de £, les équations (3) et (16) donneront Soit d'ailleurs 8 ce que devient S quand on y remplace x , ^", . . ., t, par x, y,. .., ô, et supposons la valeur de D déterminée non plus par la formule (4), mais par la suivante (.8) D = ^Dfi + ?DIH-|DI+... Pour obtenir la valeur cherchée de t, il suffira d'intégrer l'équation ca- ractéristique (19) (D, -f- u)t == o de manière que pour s=ç on ait t— 8, puis de poser dans l'intégrale trouvée s = o. Alors la valeur de £, fournie par cette intégrale, ne dépendra plus que du paramètre a, et, en réduisant le module de ce paramètre à l'unité, on devra en déterminer l'argument de manière que la valeur de t soit réelle et la plus petite possible. » La valeur de t ainsi obtenue se trouvera exprimée en nombres. Elle sera ce qu'on pourrait appeler une intégrale définie du système des équa- tions (17), ou de l'équation (19). 98.. ( 736ï » Pour calculer la valeur exacte ou du moins approchée de l'intégrale définie dont nous venons de parler, on peut appliquer à l'intégration des équations (17) ou dé la formule (19), la méthode que j'ai autrefois exposée dans mes Leçons de seconde année à l'École Polytechnique , et que j'ai rappelée dans un Mémoire lithographie vers la fin de l'année i835, ou bien encore la méthode d'intégration par séries. La première méthode, dans laquelle les intégrales particulières d'un système d'équations diffé- rentielles sont considérées comme représentant les limites vers lesquelles convergent les intégrales d'un système d'équations aux différences finies, fournit, comme on sait, les valeurs numériques des premières intégrales avec une approximation qui se trouve mesurée par la méthode elle-même, et qui peut être rendue aussi considérable que l'on voudra. Quant à la méthode d'intégration par séries , elle pourra s'appliquer de diverses ma- nières à l'équation { 1 g) ; jet cette application sera très avantageuse, si l'on parvient à décomposer □ en deux parties dont la première diffère peu de D et permette, lorsqu'on la substitue à □> d'obtenir une intégrale de l'é- quation (19) en termes finis. » Au reste, on pourra, dans un grand nombre de cas, employer pour calculer la valeur cherchée de t, la formule même en laquelle se change l'équation (7), lorsque l'on substitue la variable t à la variable s, en supposant la valeur de D déterminée, non plus par l'équation (4), mais par l'équation ( 1 8). D'ailleurs comme, dans cette supposition, les valeurs de n, a,, □„,... seront égales, attendu que ç n'entre pas dans le second membre de là formule (18), il est clair qu'au lieu de la formule (7) on obtiendra la suivante (ao) , f = fl + i-:Jn8 + ^n8+... Si, dans cette dernière, on pose s= a, elle donnera la valeur cherchée de t , savoir * ' 1 1.2 » Si, au lieu de substituer à la formule (12) une nouvelle équation diffé- rentielle, savoir l'équation (16), on se servait simplement de la formule (12) pour éliminer des équations (3) l'une des inconnues x, y, . . .,en substi- ( 737 ) tuant par exemple s- à x, alors P, Q,. . . et la valeur de S donnée par la . formule (i5) devraient être considérées comme fonctions de et en nommant ^, s,. . . ce que deviendraient Q,. . . S; après la substi- tution de ;, y,. . ., 8, à s, y,. . . , t, il faudrait, pour déterminer la valeur cherchée de t, joindre à l'équation (19), non plus la formule (18), mais la suivante (22) D=|Dy+...+ ^Dô. D'ailleurs, ç se trouvant alors renfermé dans les fonctions '-t,. . ., S, il fau- drait encore à l'équation (16) substituer celle-ci (23) t = 0 h- f" a, 8,x = P, et la valeur de x, développée en série, à (7) x= x + J* n^+fj^ D^x^rfô, +... » Gbercbons maintenant à déduire de l'équation (i), jointe aux con- ditions (5), la valeur de t pour laquelle Je développement de x cesse d'être convergent; et, pour plus de commodité, supposons d'abord que chacune des formules (5), résolue par rapport à x, fournisse seulement des valeurs de x indépendantes de t. Si l'on nomme a une de ces valeurs, il faudra, pour trouver les conditions de convergence du développement de x , tirer de l'équation (i) la valeur de t correspondante à (8) x = a, en supposant déjà connue la valeur 9 de t correspondante à x — x. Par suite, dans l'intégration particulière qu'il s'agira d'effectuer, t deviendra ' l'inconnue, x remplissant au contraire le rôle de variable indépendante. Il y a plus, on n'aura point à rechercher la valeur générale de l'incon- (7^9) nue t correspondante à une valeur quelconque de la variable indépen- dante x, mais seulement la valeur particulière de t qui correspond à x sx a. Or, pour résoudre ce dernier problème, il suffira souvent de déve- lopper non plus la variable x suivant les puissances ascendantes de a, mais la variable t suivant les puissances ascendantes de -, en appliquant l'in- tégration par séries à l'équation (i), mise sous la forme (9) T)Mt = a-"P—. Effectivement , en vertu de cette équation , la variable t sera dévelop- pable, pour de très grands modules de «, en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de *~~ ' ; et si l'on suppose la valeur de O déterminée , non plus par la formule (3) , mais par la suivante (10) □ = «-D»; si d'ailleurs on nomme ce que devient □ quand on y remplace successivement x par diverses va- riables auxiliaires on tirera de l'équation différentielle (9) (11) t = 9 + «- j'u, 6 dx, + a-*f'f'np,fl dxhdx, + ... Donc la valeur particulière de t , correspondante à x = a , sera (12) t = 0 + »-> f* n,Bdx, + «-* f*£a, a„ fcfe„ *,+..'. Les intégrales définies, comprises dans cette dernière formule, se ré- duisent à des nombres, puisque l'on connaît, par hypothèse, les valeurs des quantités x, 6 et a. Donc, à l'aide de la formule (12) , lorsque le se- cond membre de cette formule sera convergent, et pour chaque valeur donnée de et, on pourra calculer la valeur de t correspondante à une va- leur constante a de x, tirée des formules (5). (74o) » La formule (12), particulièrement relative au cas où chacune des con- ditions (5) fournit des valeurs constantes de x, est semblable à l'équation 'a3)du§Ier, de laquelle on la déduit en remplaçant s, ç} S, S, par x, x, P, 9, et □ par - D. » Concevons maintenant que l'une quelconque des conditions fournies par les équations (5) , soit présentée sous la forme (i3) s = a, s désignant une fonction réelle ou imaginaire {(x , t) des variables x, t , et a étant une constante réelle ou imaginaire, finie ou infinie. On pourra, dans un grand nombre de cas , déterminer la valeur cherchée de t, à l'aide de la formule (21) du §ïer. Alors, en posant (.4) S = (PD„+Dt)f (*,*)»■ et nommant ce que deviennent P, S, s, quand oh y remplace x , t par x , fl , on aura (l5) *=fl +î=ID0 + (!ï=±n.fl K ' 1 1.2 la valeur de D étant (■6) D = jV + -LD,. » Lorsqu'à l'aide de la formule (12) ou (i5),ou autres semblables, on aura calculé , pour un module donné de et , les diverses valeurs réelles de t correspondantes aux diverses solutions des conditions (5), la plus petite de ces valeurs sera généralement la limite que tne pourra dépasser sans que le développement de x cesse d'être convergent. ( :4> ) » Si l'on supposait donnée en nombres la valeur extrême de £, les mêmes formules pourraient servira déterminer le module de et, pour lequel la sé- rie qui représente le développement de x cesse d'être convergente. » Pour montrer une application des principes que nous venons d'exposer, prenons P = xH. Alors, l'équation (i) étant réduite à (17) Dtx = *xst, le développement de x, fourni par l'équation (la), sera (18) x — x+ lax3(t> — 0») + i4««x5(*» — 9')*+ 5 a. 4 et comme les expressions P =* xH, D„.P= 3x*t, ne cesseront d'être des fonctions finies et continues de x que pour x = £ , la seule valeur que a pourra recevoir sera Cela posé, la formule (1a) donnera (19) ^ô + ^-O-x^-^a-^-^x-^ + ^^Ô-^-6-... Si, pour fixer les idées, on prend x= 1, 6= 1, en supposant le module de a réduit à l'unité, la plus petite des valeurs réelles de t fournies par l'équation (19) sera 11 1 . i.3 . . < - 1 +1 — ï4 + ^4-g — •••• =Mi42 , et par suite le développement de x, réduit à Jf=1+-:(«.-,) + ^|(«.-1). + L|^ («.-,). +. ... G. R., 1840, 1me Semestre. (T. XI, N« 19.) 99 ( -M ) restera convergent tant que la valeur de t restera inférieure au nombre 1,4143... Il est facile de vérifier cette conclusion, attendu que l'équation (17) est une de celles dont l'intégrale générale peut s'obtenir en termes finis. Cette intégrale, étant donne pour x la valeur suivante x = x [1 — ax » (t* — 6')]~ % qui se développe en série convergente , ordonnée suivant les puissances ascendantes de a, quand t conserve une valeur numérique inférieure à celle que détermine la formule ax*0» — fil») = 1. D'ailleurs on tire de cette formule, en supposant G et t positifs, (20) t = 0(i +a— g-»x— )% et il est aisé de s'assurer que le second membre de l'équation (20) repré- sente précisément la série que renferme l'équation (19). Dans le cas par- ticulier où l'on réduit chacune des quantités CL, 6, X, à l'unité, la formule (20) donne simplement t = V2 = 1,^142... » Considérons maintenant à part la première des formules (5), et nommons T la valeur de t correspondante à la valeur infinie de x que donne cette même formule. Enfin soient deux valeurs correspondantes de x et t, qui se rapprochent beaucoup, la ( 743 ) première de la limite £, la seconde de la limite T; et posons, pour plus de commodité, P =/-(*, t). On tirera de la formule (9) A ou , ce qui revient au même, la quantité £ que renferme sous le signe y la fonction f (x, t) étant va- riable avec x , mais toujours peu différente de T. Donc, si T n'est pas infini, la formule (21) donnera sensiblement dx T — t = a— t h ? /(*, T)' et comme alors la valeur numérique de T — t sera très petite, il faudra que l'intégrale définie singulière (22) flWTT) diffère peu de zéro. Si cette dernière condition n'est pas remplie , on devra en conclure qu'à la valeur infinie de x fournie par la première des con- ditions (5), correspond une valeur infinie de t. Donc alors on pourra ne pas tenir compte de la première des conditions (5) , et , si ces trois condi- tions se réduisent à la première, x ne cessera jamais d'être développable en série convergente, ordonnée suivant les puissances ascendantes de a. » Supposons, pour fixer les idées, • /(*, t) = xiit) + F(*), f (t), F (t) désignant deux fonctions de t, dont chacune reste finie et con- tinue, pour toutes les valeurs finies de t. Alors les trois conditions (5) se réduiront effectivement à la première, et l'intégrale singulière (22), loin d'être infiniment petite, sera généralement infinie. Donc la valeur T de i correspondante à x = -5 sera infinie , et l'équation différentielle (23) v Y)tx — et[xî[t) + F(*)], 99- ( 744 ) «jui est tout à la fois du premier ordre , et du premier degré par rapport à l'inconnue x, offrira une intégrale générale, en vertu de laquelle x sera toujours développable en série ordonnée suivant les puissances ascen- dantes de a. On peut aisément vérifier l'exactitude de cette conclusion, l'intégrale générale de l'équation (a3) étant (24) x sa e J fx -f- a. j6 F (t) e J J. » 11 n'en serait plus de même si à l'équation (23) on substituait la suivante (a5) T)tx = xm[xf(t) + F(t)], m étant un nombre entier quelconque, ou si plus généralement la fonc- tion de jt et de t, représentée par P dans l'équation (1), était, relativement àx, une fonction entière d'un degré supérieur au premier. Alors, en vertu des formules (5), la seule valeur que a pourrait recevoir serait encore a = -0; mais l'intégrale (22) deviendrait généralement infiniment petite, et la valeur de t correspondante à x = a — i resterait généralement finie. On pourrait d'ailleurs employer à la recherche de cette valeur la formule (12) ou (i5). Si, pour fixer les idées, on sup- posait l'équation (1) réduite à (26) Btx = a^±J}} la formule (12) donnerait ( et fournirait la valeur que t ne peut dépasser sans que le développement de x cesse d'être convergent. On peut encore vérifier directement cette dernière conclusion; car, l'équation (28) étant homogène, son intégrale ( 745 ) générale peut s'obtenir en termes finis. Or cette intégrale générale étant 0*-', («8; ^p -0' ,«-« . . *x •+•(«•— 1)5 X donnera (3o) pourvu que l'on pose «M(«-0« g*-' et la valeur de x fournie par l'équation (3o) ne cessera d'être développable suivant les puissances ascendantes de «, qu'au moment où elle deviendra discontinue en devenant infinie , pour la valeur de t fournie par l'équation = G)*"'. ou (M <-K'+;-n) ' Or cette dernière valeur de t a pour développement le second membre de la formule (27). « Si l'on supposait l'équation (1) réduite à (3a) D,.r = x-m\ocî{t) + ¥(l)], m désignant toujours uu nombre entier, les formules (5) fourniraient deux valeurs constantes de x, savoir x = ^, et x = o ; et l'on pourrait faire abstraction de la première, puisque l'intégrale (22) deviendrait infinie. Donc alors, pour déduire de l'équation (12) ou (1 5) la valeur de t, il fau- drait, dans cette équation, réduire à zéro la constante a. » En terminant cet article, nous ferons une remarque importante. Sui- vant le principe général rappelé au commencement du Mémoire, une fonction de a est généralement développable en série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de et jusqu'au moment où le module de a devait être assez grand pour que la fonction ou sa dérivée devienne infinie oh discontinue. Donc, si les inconnues x,y,. . . sont des fonctions ( 7.46 ) de a, représentées par les intégrales d'équations différentielles de la forme Btx = <*P, D,j=aQ,..., les développements de ces inconnues pourront cesser d'être convergents , soit lorsque les valeurs de deviendront infinies ou discontinues, soit lorsque les dérivées Dax, Bajr,... deviendront elles-mêmes infinies ou discontinues. Si donc, les valeurs de x, y,--, restant finies et continues, les dérivées D„j?, D*j,... pouvaient cesser de l'être, il faudrait aux conditions auxquelles nous avons eu égard, joindre des conditions nouvelles fournies par la considération de ces dé- rivées. Mais il paraît qu'en général ces nouvelles conditions ne diffèrent pas des premières. C'est du inoins la conclusion à laquelle on se trouve conduit lorsque les équations différentielles données se réduisent à une seide équation de la forme D,x = «P. En effet de cette équation différentiée par rapport à a , l'on tire Dtnxx = P + «D«j:DxP, puis, en considérant x comme fonction de t, (33) Dax = e - -f Pe dt; et pour que cette dernière valeur de l)*x devienne infinie on disconti- nue, il faut évidemment que l'une des quantités jr, p, dxp, devienne elle-même infinie ou discontinue » ( 747 ) «M. DcMKRit, à l'occasion du Compte rendu de là dernière séance, sur une lettre de M. Forester, fait connaître: » Qu'il y a deux observations authentiques de la phosphorescence des Lombrics, faites par deux naturalistes distingués: » La première est de M. de Flaugergues, consignée dans le tome XVI du Journal de Physique, page 3i i-3i5. C'est une lettre sur le phospho- risme des vers de terre. » Il a observé le phénomène pendant plusieurs années de suite, toujours au mois d'octobre, en 1771-75-76. » Il a reconnu que la lumière émanait principalement de la partie du corps où sout placés les organes générateurs externes. » La seconde est de Bruguière, insérée dans le Journal d'Histoire na- turelle, tome II, page 267. Elle est intitulée: Sur la qualité phospho- rique du ver de terre en certaines circonstances. » animaux phosphorescents. — Remarques sur la phosphorescence de quel- ques animaux articulés , à l'occasion d'une Lettre de M. Forester sur la phosphorescence des Lombrics terrestres; par M. V. Audouin. « Dans la dernière séance, à l'occasion d'une lettre de M. Forester sur la phosphorescence des Lombrics de terre, j'ai émis un doute qui paraîtrait une contradiction trop formelle du fait avancé si l'on croyait que j'ai prétendu nier formellement la réalité de cette phosphorescence; telle n'a pas été mon intention. En effet, je sais mieux que personne que ce phénomène n'a rien d'impossible, l'ayant étudié expérimentalement très souvent sur plusieurs animaux articulés; mais j'ai dit que je n'avais pas été jusqu'ici assez heureux pour en être témoin chez les vers de terre ou Lombrics terrestres. » Je n'ignorais pas que M. de Flaugergues avait publié, il y a soixante ans, dans le Recueil de l'abbé Rpzier (octobre 1780) des observations sur là phosphorescence des vers de terre; et que, douze ans plus tard, en 1792, Bruguière avait constaté un fait analogue. Depuis long-temps j'avais cherché à vérifier ce phénomène, lorsque, croyant enfin y être parvenu, je fus dé- trompé par la découverte de la phosphorescence chez un animal articulé d'un tout autre ordre que les Lombrics. Voici dans quelles circonstances : «J'étais en 1814 a Choisy-le-Roi près Paris, où je passais habituellement le temps des vacances scholastiques et je m'y occupais d'observations sur ( 74» ) les mœurs îles insectes qui me mettaient en rapports fréquents avec des cultivateurs. Le 16 août l'un d'eux vint me trouver à g heures dusoiret mefit part d'un l'ait tout nouveau pour lui : la présence d'une foule innombrable de vers de terre, disait-il, qui vivaient dans une plate-bande plantée en chicorée, et répandaient unelumière de chaibonbrûlantàblanc : ce furent ses expres- sions. Il m'apporta un de ces vers dans un pot de terre, et c'était bien un Lombric. Toutefois ce Lombric n'était pas phosphorescent; le cul- tivateur en était surpris, et je m'en étonnais moi même, quand, en examinant avec soin ce pot rempli de terre, j'y découvris bientôt cinq à six petites Scolopendres à corps très étroit (i) qui jetaient une vive lueur phosphorique. Curieux d'observer ce phénomène plus en grand, je me transportai aussitôt sur les lieux; d'abord je vis des lueurs phosphoriques à la surface du sol; mais l'ayant fait bêcher, j'assistai à un spectacle vrai- ment éblouissant: la terre remuée était comme arrosée de gouttelettes phosphoriques et dans certaines places le liquide semblait couler comme de petits filets d'eau; hrisait-on des mottes, elles jetaient une vive lumière phosphorique, et si l'on écrasait des parcelles de terre dans la main elles y laissaient des traînées lumineuses qui ne disparaissaient qu'après 8, 10 et 20 secondes. Or il me fut très facile de constater que cette phospho- rescence était uniquement due à de très petites Scolopendres et nullement aux vers de terre ou Lombrics qui cependant étaient très abondants dans ce terrain. » Je suis resté long-temps sous l'impression de ce fait, et quand on m'a dit quelquefois avoir rencontré des Lombrics terrestres lumineux , j'ai cité mon observation et j'ai engagé les personnes qui m'assuraient avoir été témoins de ce phénomène très curieux , à s'assurer s'il n'y avait pas méprise, et si les Lombrics en question n'étaient pas plutôt des petites Scolopendres. » Toutefois je m'empresse de dire à l'Académie qu'aujourd'hui, et seu- lement depuis la séance dernière, je ne conserve plus aucun doute sur la phosphorescence de certains Lombrics ou vers de terre. Evidemment ces annéhdes jouissent de cette propriété aussi bien que les Scolopendres; et ce qui me frappe, c'est que les Lombrics ont avec les Scolopendres ceci de commun qu'ils possèdent cette faculté de répandre une lueur phos- (1) Ces Scolopendres appartenaient à l'espèce que Linné a désignée sous le nom d'clectrica. Leach a créé, pour elle et pour quelques autres myriapodes, le genre Geo- pliile, Geophilus ( Transactions de la cociétr linnéenne de Londres, toux XI.) ( 749) phorique plus prononcée, au moment de leur reproduction. C'est à M. Moquin-Tandon , professeur de botanique à la Faculté des Sciences de Toulouse, et zoologiste très distingué, que je dois les renseignements positifs qui ont établi ma conviction. J'en présenterai ici un court extrait. » Un grand nombre de petits animaux phosphorescents s'étant présentés, il y a trois ans, dans une allée du jardin de M. de Puymaurin à Toulouse, et pendant une soirée très chaude de l'été, MM. Saget et Moquin-Tandon les examinèrent et reconnurent positivement qu'ils appartenaient au genre Lombric. Ils avaient une longueur de l\o à 5o millimètres environ. » La lumière qu'ils donnaient paraissait blanchâtre et ressemblait beau- coup à celle du fer rougi au blanc. Quand on écrasait un de ces vers avec le pied, la phosphorescence s'étalait sur le sol; elle produisait même, à volonté, une longue traînée lumineuse, comme si l'on avait frotté le sol avec un morceau de phosphore. » Chacun de ces Lombrics présentait un clitellum assez développé , ce qui prouve que les individus observés étaient adultes et au moment de s'accoupler. » M. Moquin-Tandon recueillit quelques-uns de ces Lombrics, et les conserva vivants pendant plusieurs jours; il observa que leur propriété lumineuse résidait dans la substance du renflement sexuel, ou clitellum, dont je viens de parler, et que cette propriété cessait d'exister immédia- tement après l'accouplement. » Ce dernier fait est confirmé d'ailleurs par l'observation suivante, qui concerne un insecte bien connu de tout le monde, le ver luisant , Lam- pyris noctiluca. «Dans une belle soirée d'été, votre honorable correspondant M. Bérard, à Montpellier, avait réuni chez lui plusieurs professeurs et naturalistes de ses amis. M. le docteur Lallemand, qui était du nombre, rendit les personnes présentes témoins d'un phénomène très curieux. Il prit dans sa main une femelle du ver luisant de l'espèce nommée Lampjrris nocti- luca; il allongea le bras en dehors de la porte du salon qui donnait sur un jardin : quelques instants s'étaient à peine écoulés, qu'un Lampyre mâle vint s'abattre sur la femelle, qui, comme on le sait, est vermiforme , et s'accoupla immédiatement avec elle; mais aussitôt l'acte accompli, la lumière de la femelle s'éteignit. Ce phénomène physiologique curieux a eu pour témoins des savants très distingués, MM. Bérard, Dugès, Du- breuil, Balard et Moquin-Tandon. » C. H., («4o, a"" Semestre. (T. XI, N° 19.) I 0O (75o) physiologie comparée. — De l'origine et du mode de développement des zoospermes; par M. Lallemand, professeur à Montpellier. « Des recherches microscopiques sur la liqueur séminale de l'homme , entreprises dans un but purement médical, m'ont conduit peu à peu à d'autres analogues sur les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les crus- tacés et surtout les mollusques. J'ai vu bientôt, avec autant de surprise que de satisfaction, ces observations , si différentes par leur caractère, s'éclairer réciproquement dans la plupart des cas et concorder toujours d'une manière remarquable; si bien que j'ai retrouvé à l'état normal chez les animaux ce que j'avais vu chez l'homme à l'état pathologique. L'éten- due de ces travaux, les détails minutieux qu'ils comportent nécessaire- ment, ne me permettent pas de les communiquer tout entiers à l'Académie, mais j'ai pensé que les résultats pourraient l'intéresser. Voici les plus cu- rieux de ceux auxquels je suis arrivé. » Les zoospermes sont sécrétés par le testicule et susceptibles, comme tous les produits de sécrétion, d'être modifiés par des maladies graves, et par toutes les causes de perturbation qui agissent profondément et pendant long-temps sur l'économie; ainsi les zoospermes diminuent en nombre, en volume, en densité, en vitalité suivant la gravité de l'affection, et même ils résistent plus ou moins à la décomposition putride ; ils peu- vent devenir très rares et même être remplacés par des corps piriformes ovoïdes, ou tout-à-fait sphériques, très mobiles quand on les examine à l'état vivant, et remarquables, après leur mort, par leur aspect brillant, par la régularité de leurs formes, etc. A l'époque de la puberté ces globules précèdent l'apparition des zoospermes complets , ils les remplacent dans la vieillesse, dans les cas pathologiques, etc., ce qui semble déjà indiquer que ce sont des sécrétions incomplètes, inachevées. » On retrouve les mêmes phénomènes chez les animaux à l'état normal, à chaque période qui ramène la saison des amours. C'est surtout chez les oiseaux que ces phénomènes sont bien remarquables , parce que c'est chez eux que la différence est plus tranchée entre l'état de calme parfait et le plus haut degré de l'orgasme vénérien. Dans le repos, les testicules sont petits, flasques, pâles, secs; aux approches du rut ils se gonflent, s'injectent, mais ils ne contiennent d'abord qu'un fluide homogène et transparent; plus tard, la liqueur est grenue, il s'y manifeste des globules, puis des zoospermes immobiles, puis enfin des zoospermes complets et (75' ) pleins d'activité. Alors le testicule paraît enflammé lant il est rouge, tendu, injecté; il est quatre ou cinq fois plus volumineux qu'en hiver. Quand la saison des amours se passe les mêmes phénomènes disparaissent dans un ordre inverse. Ils se reproduisent à chaque période de rut, en répétant chaque fois ce qui ne s'observe chez l'homme qu'une fois dans le cours de sa vie, excepté sous l'influence de graves perturbations de l'économie. » Les zoospermes sont plus nombreux dans les canaux sécréteurs des testicules que partout ailleurs, là ils sont presque à sec et entassés les uns contre les autres; le plus souvent par groupes, dont toutes les têtes sont dirigées vers l'épididyme et les queues vers la surface du testicule. C'est dans le canal déférent qu'ils se séparent et deviennent de plus en plus mobiles et parfaits. Le fluide fourni par ce canal , par les vésicules sémi- nales, la prostate, les glandes de Cooper, etc., n'ont pas d'autre fonction que de favoriser leur dilution, leurs mouvements; les plus parfaits sont toujours ceux qui se trouventles plusvoisins de l'orifice excréteur; les plus mobiles, ceux qui vivent plus longtemps, sont ceux qui sont rendus pen- dant la copulation. On les trouve souvent immobiles dans les testicules d'individus encore vivants. Chez les mollusques ils meurent avant l'indi- vidu : c'est surtout remarquable dans les bivalves qui sont restés hors de l'eau pendant quelque temps, et qui ont encore assez de force pour tenir leurs valves fortement rapprochées; on trouve souvent les animalcules im- mobiles, tandis que la veille on les voyait vivants sur des individus de la même espèce qu'on tirait de l'eau. » Il résulte de tous ces faits que l'opinion admise sur l'invariabilité des zoospermes n'est vraie qu'autant qu'il s'agit du type parfait de chaque espèce comparé au type d'une autre espèce, même très voisine. Mais, chez le même individu, ils peuvent éprouver de grandes modifications dans leurs formes, dans leurs dimensions, dans leur mobilité, dans leur résistance à la mort et à la décomposition, suivant l'état de l'individu, suivant la partie des organes spermatiques où ils se trouvent , suivant les époques du rut , ou l'influence des grandes perturbations de l'éco- nomie, et ces variations suffiraient déjà pour faire regarder les zoospermes comme des produits de sécrétion. » Il répugne cependant à beaucoup de physiologistes très distingués d'admettre que des glandes puissent sécréter des corps vivants. Ce se- rait, selon eux, le seul exemple de cette nature qu'on pourrait citer dans l'économie: c'est une erreur complète. Les ovaires sécrètent des ovides qui sont des corps vivants bien avant la fécondation , qui se per- ioo.. ( ?50 fectionnent dans les oviductes après leur séparation de l'ovaire et s'y com- portent exactement comme les zoospermes. Les ovaires sont les analogues des testicules à tel point que, dans les classes inférieures, il est impossible de les distinguer à la simple vue, tant ils se ressemblent pour le siège, pour la forme, pour l'aspect, la couleur, pour la disposition des oviductes et des canaux déférents : c'est même ce qui explique les nombreuses erreurs com- mises par les zoologistes et même par Cuvier dans la détermination des ovaires et des testicules, parce qu'ils n'ont pas employé le microscope pour en étudier les produits. C'est ainsi que leDr Prévost a montré que les Moules n'étaient pas hermaphrodites, comme on l'avait cru; c'est ainsi que nous avons trouvé , M. Milne Edwards et moi, que les Cypris, les Patelles, etc., étaient dans le même cas; mais dans les Méduses la ressemblance est encore portée plus loin, puisque les capsules spermatiques qu'on extrait des testi- cules ressemblent aux ovules tirés de l'ovaire : ce n'est qu'en les faisant éclater par la pression qu'on voit sortir des uns de nombreux zoospermes très agiles et pourvus d'une longue queue, des autres des globules iné- gaux de matière grasse, qui enveloppaient la vésicule proligère. Il n'est donc pas possible de trouver une ressemblance plus grande entre les organes mâle et femelle, ainsi qu'entre leurs produits. » Ici cependant se présente une objection. Chez quelques polypes agré- gés on trouve des zoospermes entre les parois du corps et celles des organes digestifs, sans découvrir aucun organe sécréteur. Mais chez la femelle on rencontre, dans la même place, des ovules sans la moindre trace d'ovai- res; ce qui maintient, comme on voit, l'analogie entre le mode de pro- duction des zoospermes et des ovules, même en l'absence des organes sécréteurs; mais cette observation remarquable appartenant à M. Milne Edwards , je ne puis que l'indiquer ici. » Une objection plus spécieuse est celle qu'on pourrait tirer de l'exis- tence , dans les classes inférieures , de capsules plus ou moins simples , plus ou moins compliquées, qui renferment une grande quantité de zoo- spermes, capsules que Wagner regarde comme les organes producteurs des animalcules et qui semblent, au premier abord, infirmer la loi géné- rale. Toutefois cette exception n'est qu'apparente et vient au contraire confirmer la règle de la manière la plus frappante. » Chez quelques oiseaux on voit chaque groupe de zoospermes enve- loppé à moitié par un diaphragme creux, très mince et transparent, qui réunit toutes les têtes en un faisceau ; ce qui provient probablement d'un temps de repos entre la sécrétion de chaque fascicide fourni par l'extré- (753) mité du tube, repos pendant lequel la matière provenant des parois a eu le temps de se condenser. Chez le Crabe on trouve, dans les canaux étroits qui représentent le testicule, des zoospermes libres; et dans la partie la plus large, qu'on peut regarder comme le canal déférent, on ne ren- contre plus que des capsules à parois très minces, à travers lesquelles on aperçoit les zoospermes. Ils sont aussi simples dans les Méduses ; mais, dans le Homard, la Langouste, etc., l'appareil est plus compliqué. Les plus remarquables sont ceux des Céphalopodes; il existe à l'intérieur une membrane spiroîde chez le Poulpe, composée de quatre compartiments distincts chez la Sèche. Or ces mollusques ont un canal déférent très long , contourné en spirale , et une glande très compliquée et comme charnue : ces deux parties distinctes du trajet spermatique sont enduites d'une matière visqueuse très abondante et excessivement gluante. Le testicule renferme des zoospermes libres, exactement semblables à ceux que contiennent les spermatophores, et l'on n'en trouve de libres que dans le testicule; ces circonstances, que j'ai déjà fait remarquer pour le Crabe, suffiraient seules pour empêcher d'admettre que les spermatophores sont les organes sécré- teurs des animalcules; car il y aurait double emploi, sans nécessité, et anomalie inexplicable. J'ai fait une partie de ces recherches avec M. Milne Edwards. » Comment donc se forment ces capsules spermatiques? Rien n'est plus simple: les animalcules arrivés dans le canal déférent, au lieu d'y rencon- trer un fluide aqueux, qui opère leur dilution, y trouvent un fluide vis- queux qui les enveloppe en masse et leur forme une poche simple quand l'appareil est simple , comme dans les Crabes , les Méduses, etc. ; une enve- loppe double quand l'appareil est composé de deux parties distinctes, comme dans les Céphalopodes. » Les animalcules sont donc disséminés on agglomérés, suivant que le liquide fourni par les organes accessoires est aqueux ou gluant. » La viscosité de ces enveloppes leur donne une grande avidité pour l'eau, en sorte que ces capsules se remplissent rapidement. Celles qui sont simples se rompent comme les grains polliniques des graminées, qui n'ont qu'une seule membrane; les spermatophores qui ont deux enveloppes renversent en dehors leur boyau intérieur, par la réplétion de l'enveloppe extérieure, comme les grains polliniques qui ont deux membranes poussent un boyau plus ou moins long à travers la membrane externe, pour répandre leur pulviscule sur le stigmate : car les grains polliniques sont les spermato- phores des végétaux, comme les anthères en sont les testicules , comme les ( 754) granules en sont les zoospermes. Il n'y a donc dans les mouvements de ces spermatophores des Céphalopodes rien qui dépende d'une contraction musculaire ; c'est un pur phénomène d'endosmose qui tient à l'avidité de ces tissus pour l'eau, et ce qui le prouve, c'est qu'ils n'éclatent pas tant qu'ils restent à sec. » Au reste , un phénomène exactement semblable s'observe aussi dans les organes accessoires de beaucoup de femelles. C'est ainsi que se forment les œufs composés des sangsues, des planaires, etc.; les ovules, descendus dans une dilatation de l'extrémité de loviducte, y sont enveloppés d'une matière visqueuse qui leur forme un cocon, dans lequel les ovules se trouvent entassés comme les animalcules dans les spermatophores ; mais c'est surtout dans les Céphalopodes que la ressemblance est frappante, car les organes ont exactement le même aspect, les mêmes dispositions, et les ovules sont également enveloppés, dans la dernière partie de l'ovi- ducte, par une membrane commune qui les retient sous forme degrappe, ce qui les a fait appeler, par les pêcheurs, raisins de mer. La formation de ces œufs composés explique donc celle des spermatophores et ajoute à la ressemblance des ovules avec les zoospermes. Mais ce n'est pas tout encore, le mode de développement des uns et des autres est exactement le même. » Dans les testicules des Couleuvres, on ne rencontre que des corps brillants, très mobiles, semblables à ceux qu'on trouve chez les mulets, chez les hommes inféconds, au début de la puberté, du rut, etc. ; dans l'épididyme ces corps s'allongent , deviennent piriformes; dans le canal déférent ils ont une queue et l'on reconnaît encore, au milieu de la tète, le noyau formé par le corps brillant observé dans le testicule : à la fin du canal déférent la queue est très longue, se contracte avec énergie et fait même plusieurs crochets à l'extrémité. Ici les organes étant très al- longés, comme tous les viscères de ces animaux, les différents temps de la formation des zoospermes sont plus distincts que chez les autres ani- maux ; mais on observe encore quelque chose d'analogue chez les lézards et même chez les oiseaux, etc. En incisant superficiellement le testicule, on voit ces globules brillants et très mobiles, mêlés à quelques animalcules imparfaits et immobiles, ou n'exécutant que des mouvements très lents; ces globules sont donc les rudiments des animalcules : c'est autour d'eux que se forme la tête, et c'est ce qui explique le point brillant que tous les micrographes ont signalé au milieu de cette tête, et qu'on voit dessiné dans toutes les planches bien faites comme une lentille, ou un disque globuleux, entourés d'un rebord transparent. Ce point primitif est au reste de l'ani- ( 755 ) maleule ce qu'est Ja vésicule proligère de Purkiujepar rapporta l'ovule; c'est autour de ce point initial que se forme la tête, comme c'est autour de la vésicule proligère que se dépose le jaune ; la queue se forme dans le reste du trajet, comme l'albumine et la membrane propre de» l'ovule s'a- joutent au jaune dans l'oviducte. L'analogie est donc complète dans les plus petits détails, et l'anatomie comparée confirme de tous points les données de la pathologie. Enfin on voit par toutes ces observations pourquoi les zoospermes n'ont pas toujours la même forme dans la même espèce sui- vant les époques, etc.; pourquoi on rencontre dans le même testicule des êtres vivants d'un aspect bien différent ; pourquoi on trouva des zoos- permes tout-à-fait semblables, à l'état de liberté dans le testicule, ou em- prisonnés dans des enveloppes plus ou moins compliquées, à la fin du canal déférent : difficultés graves dont on n'avait pas encore donné la solu- tion, et qui concourent toutes à une unité remarquable quand on compare scrupuleusement ce qui se passe dans les organes analogues chez le mâle et chez la femelle , ou dans les organes mâle et femelle des espèces herma- phrodites. «Dans un autre Mémoire j'ai examiné le rôle que jouent les zoospermes et les ovules dans l'acte de la fécondation , et le rapprochement n'est pas moins remarquable. Je communiquerai incessamment à l'Académie les principaux résultats de mes recherches à cet égard. » constructions. — Recherches sur les propriétés diverses que peuvent ac- quérir les pierres à ciments et à chaux hydrauliques par l'effet d'une incomplète cuisson; précédées d'observations sur les chaux anomales qui forment le passage des chaux éminemment hydrauliques aux ci- ments; par M. N. Vicat. (Extrait.) « L'objet principal de ce Mémoire est d'exposer quelques propriétés singulières des substances argilo-calcaires incomplètement cuites, et cer- tains cas anomaux des chaux hydrauliques. On sait que les chaux hydrau- liques deviennent des ciments (1) quand la proportion de l'argile s'y (i) On appelait autrefois ciment la poudre de brique ou de tuileau. Ce nom lui est donné encore par quelques praticiens. Il en résulte des équivoques continuelles. La poudre de tuileau ne pouvant rien cimenter, rien lier par elle-même , ne saurait être un ciment : c'est une substance analogue à la pouzzolane, c'est une pouzzolane arti- (756) élève à un certain degré : eh bien ! dans cette transition on remarque des composés qui sembleraient devoir participer des chaux éminemment hy- drauliques et des ciments, et qui, en réalité pratique, ne sont ni l'un ni l'autre. Ces composés, que nous avons cru devoir désigner sous le nom de chaux limites, étant complètement cuits (c'est- à-dire entièrement dé- pouillés d'acide carbonique), et traités comme ciments, débutent absolu- ment comme ceux-ci; mais la cohésion instantanément acquise se perd après quelques heures par l'effet d'une extinction tardive qui, au lieu de produire une chaux hydraulique, ne donne qu'une espèce de caput mor- tuwn presque sans valeur. » Les calcaires à chaux hydrauliques ordinaires ont aussi leurs singula- rités : ils peuvent devenir de bons ciments, ou donner des produits à peu près sans énergie, par l'effet de divers degrés de cuisson. » On conçoit dans quelle confusion d'idées ces transformations contra- dictoires peuvent jeter le praticien qui cherche à se rendre compte de la valeur hydraulique des matières qu'il doit employer. » Nous avions depuis long-temps pressenti qu'il deviendrait indispen- sable poux la technique de débrouiller ce dédale, et nous attendions de jour en jour qu'une main plus habile prît l'initiative. Mais la nécessité d'un tel travail s'est fait sentir tout d'un coup d'une manière si urgente, par suite des fâcheux mécomptes auxquels les difficultés dont il s'agit ont donné lieu sur divers travaux, que nous n'avons pas cru devoir hésiter davantage, bien que notre spécialité n'atteigne pas, tant s'en faut, aux hautes connaissances nécessaires pour traiter convenablement des ques- tions qui se rattachent à ce qu'il y a de plus délicat dans la statique chi- mique. » Le point important pour le moment était de tracer une route certaine, dans laquelle le simple praticien ne pût jamais s'égarer, et d'indiquer par quelques jalons les écueils des voies nouvelles essayées dans ces derniers temps. Les théories chimiques, même les plus exactes, ne sont pas un guide que chacun puisse prendre impunément; il n'est pas toujours facile de les interpréter comme elles devraient l'être, de faire la part des circons- tances les plus insignifiantes en apparence, de réduire enfin à leur juste ficielle. Il serait temps de renoncer aussi aux dénominations ciments romains et autres semblables tjui non-seulement n'expliquent rien, mais donnent au contraire souvent -les idées les plus fausses sur l'origine des matières auxquelles on les applique. C ?57 ) valeur , ou de restreindre dans des limites convenables les déductions qui en dérivent : ces vérités ressort iront avec évidence des faits nombreux exposés dans mon Mémoire; ici je me bornerai à présenter les consé- quences auxquelles ces faits conduisent. - Conclusions. » itt. On rencontre sur la limite qui sépare les chaux hydrauliques des ciments, des espèces de chaux tenant moyennement 53 pour 1 00 d'argile, et qui, rebelles aux procédés ordinaires d'extinction, paraissent vouloir être traitées comme les ciments, et débutent en effet de la même manière; mais elles lâchent prise après quelque temps en obéissant à une extinction lente dont l'effet est d'anéantir en grande partie les propriétés hydrauli- ques de la combinaison. » Les chaux limites sont d'un emploi dangereux et doivent être pros- crites dans tous les ateliers. » 20. L'exacte imitation des chaux hydrauliques et éminemment hy- drauliques par des mélanges de chaux grasses éteintes et de ciments est impossible; car ces mélanges descendent au rang des chaux faiblement hydrauliques, si l'on donne à leur manipulation plus de temps que n'en exigent les ciments eux-mêmes pour faire prise. Or les ciments faisant prise en quelques minutes, il est impossible en pratique de ne pas dépasser de beaucoup ce temps. » Donc, pour imiter les chaux hydrauliques naturelles, on doit s'en tenir au procédé connu , lequel est à la fois le plus simple et le plus direct. » 3°. Toute substance argilo-calcaire, capable de donner un ciment par une cuisson complète, donne encore un ciment par une cuisson incom- plète, pourvu que le rapport de l'argile à la portion de chaux supposée libre dans l'incuit ne soit pas au-dessus de 273 pour 100, ou, en d'autres termes, pourvu qu'il y ait moins de 273 parties d'argile pour 100 de chaux supposée libre. » Or cette condition laisse une grande latitude pour la cuisson des ci- ments ; il est évident que la surcalcination est seule à craindre, et encore faut-il qu'il y ait scorification commencée pour que toute énergie soit dé- truite. » 4°- Toute substance argilo-calcaire, capable de donner une chaux limite ou une chaux hydraulique par une cuisson complète, peut, par l'effet d'une cuisson incomplète, donner un ciment ou du moins un pro- C. R., 1840, ame Semestre. (T. XI, N° 19.) IOI ( 758) dnit qui en a toutes les propriétés, pourvu que le rapport de l'argile à la portion de chaux supposée libre dans l'incuit ne soit pas au-dessous de 64 pour 100; car au-dessous de 64 ou tout au moins de 62 pour 100, non- seulement les incuits ne sont plus ciments , mais ils peuvent même des- cendre au rang des chaux les moins énergiques avec le grave inconvénient de X extinction lente. » Or comme on ne possède aucun moyen pratique de discerner de prime abord les incuits ciments de ceux qui ne le sont pas, et encore moins de régler la cuisson de manière à expulser uniformément, des frag- ments calcaires gros et petits, la quantité d'acide carbonique voulue, il en résulte qu'en pulvérisant les incuits pour les incorporer indistinctement dans le mortier comme on a cru devoir le faire sur quelques travaux , on peut , au lieu d'améliorer ces mortiers , y introduire un véritable agent de destruction. » 5°. Toute fabrication de ciments avec des calcaires à chaux limites incomplètement cuits offrirait de graves inconvénients , car les parties qui, nonobstant toute précaution , atteindraient le terme de la cuisson complète ne pouvant être reconnues et rebutées par un triage, resteraient comme agent de destruction dans le ciment. » 6°. Tout essai direct tendant à constater la qualité d'une chaux hy- draulique, doit être précédé d'une expérience qui puisse elle-même cons- tater la quantité d'acide carbonique contenue dans cette chaux; car si cet acide s'y trouve en proportion assez notable pour constituer un incuit non- ciment , l'essai indiquera comme mauvaise une chaux hydraulique qui , bien cuite , offrirait toute l'énergie désirable. » 11 est impossible de ne pas attribuer à la présence des chaux limites ou des mauvais incuits dans les mortiers, la dégradation des rejointoie- ments, la chute et Pefflorescence des enduits, les poussées et tous les au- tres accidents qu'on ne remarque jamais quand on emploie des chaux hydrauliques bien franches, bien éteintes et bien purgées d'incnits ou de tout ce qui y ressemble. Nous considérons l'introduction fortuite ou cal- culée des mêmes matières dans les ciments comme l'unique cause de i'ex- foliation et de la pulvémlence à laquelle ils sont quelquefois sujets. Toutes nos assertions seront faciles à vérifier: nous ne demandons point qu'on les adopte sans examen, nous desirons seulement que dans le doute on veuille s'abstenir, et en attendant la vérité se fera jour. » Les anciens, dont l'expérience doit être comptée pour quelque chose , ne se bornaient pas à rejeter les incuits ou pigeons, ils voidaient encore que ( 7*9) la chaux destinée à la construction des revêtements eût plus d'une année d'extinction. Ils avaient donc remarqué, même dans les chaux grasses, des parcelles paresseuses dont le foisonnement s'opère très lentement (i). » Nous dirons en passant que les ciments provenant d'incuits s'éven- tent et se détériorent absolument dans les mêmes circonstances que les ciments ordinaires. L'histoire de ces derniers est du reste en tous points applicable aux premiers en ce qui touche la conservation , le mode d'em- ploi , etc. » L'appréciation des qualités de la chaux hydraulique ou du ciment que peut fournir une substance calcaire donnée, peut se faire par l'analyse chi- mique avec plus de célérité et plus exactement peut-être que par les moyens directs. Mais pour cela on devra abandonner la méthode ordinaire, qui consiste à séparer l'argile du carbonate par un acide et à l'attaquer par la potasse; car on réduirait alors en silice gélatineuse des parties quar- zeuses qui ne sont pas susceptibles d'entrer en combinaison. Il faudra convertir immédiatement en chaux ou ciment quelques grammes de la matière , préalablement réduite en poudre très fine : s'assurer qu'il ne reste plus d'acide carbonique, et dissoudre le tout dans un excès d'acide hydro- chlorique. Le résidu non attaqué, s'il y en a un, donnera la quantité de silice ou d'argile non combinée et ne pouvant conséquemment concourir que faiblement à Phydraulicité de la chaux ou du ciment. Le reste de l'ana- lyse s'effectuera comme à l'ordinaire. » Communication de M. Becquerel. te J'ai l'honneur de présenter à l'Académie le septième et dernier volume de mon Traité expérimental de l'Électricité et du Magnétisme. Ce volume traite du magnétisme terrestre. Je me suis attaché à présenter un tableau aussi complet que possible de l'état actuel de nos connaissances sur cette branche de la physique générale, en essayant de coordonner les faits de manière à faire ressortir les rapports qui existent entre eux et les phéno- mènes électriques et en les exposant sans esprit de parti, sans prévention (i) L'invention de la roue à manège, pour la confection des mortiers, favorise l'introduction des incuits, parce qu'il sont écrasés et disséminés ainsi dans la masse de l'alliage. L'emploi du rabot ne se prêtait point à ce mélange. Il n'esi pas de bien sans compensation. IO! .. ( 76o ) contre telle ou telle méthode d'observation, contre telle ou telle vue théo- rique. » Dans les traités élémentaires de physique , on s'est borné à décrire les appareils magnétiques, en indiquant leur usage, à l'aide défigures faites sur une trop petite échelle , pour que les artistes en pussent connaître suffi- samment tous les détails pour en construire de semblables; j'ai donc cru devoir joindre à l'ouvrage des dessins exécutés sur une grande échelle en les accompagnant des détails nécessaires pour faire connaître le méca- nisme de toutes les parties des appareils. Je ne me suis pas borné à décrire ceux-ci avec de grands développements, j'ai donné encore pour chacun d'eux, et afin qu'on en pût bien connaître l'usage, un exemple d'ob- servation pour éviter à l'expérimentateur toute difficulté de détail. J'ai donné deux tableaux des meilleures observations faites jusqu'à ce jour des déclinaisons de l'aiguille aimantée et des intensités magnétiques pour différents lieux de la terre. Dans l'ouvrage que termine le volume que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je me suis attaché à faire connaître tout ce qui concerne l'électricité et le magnétisme, formant ensemble une des branches les plus importantes de la philosophie naturelle, en raison de leurs applications à laohimie et aux phénomènes naturels. Je n'ai rejeté aucun fait par esprit de système, ayant toujours présent à ma pensée cet adage: les théories passent et les faits restent; maxime que l'expérimen- tateur ne doit jamais perdre de vue, s'il veut que ses efforts contribuent à l'avancement de la physique. » J'ai cherché aussi à montrer l'alliance de plus eu plus intime qui existe entre la physique et la chimie , en prenant pour lien commun l'électricité , (|ui joue un si grand rôle dans les phénomènes chimiques et particulièrement dans les actions lentes, dont on s'occupait peu jadis. Dans les réactions chi- miques il se dégage une quantité considérable d'électricité dont on ne te- naitaucun compte: on se privait donc par là d'une puissance énorme, d'un moyen d'action susceptible des plus grandes applications, même aux arts. C'est sur ce point que je n'ai cessé d'appeler l'attention des physiciens, de- puis plusieurs années, convaincu que je suis de l'action toute-puissante que cet agent exerce dans la nature. » ( ?6' ) RAPPORTS. - architecture hyimiaulique. — Rapport sur un Mémoire de M. Poirel, ayant pour objet la description d'un mode de fondation à la mer pour les jetées des ports. (Commissaires, MM. Ch. Dupin, Cauchy, Poncelet, Liouville, Coriolis rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. Dupin, Cauchy, Poncelet, Liou- ville et moi, de lui faire un rapport sur un Mémoire de M. Poirel, ingé- nieur, ayant pour objet la description d'un mode de fondation à la mer pour les jetées des ports. » M. Poirel décrit dans son Mémoire les ouvrages qu'il a exécutés au port d'Alger, de i833 à 1840; il expose un nouveau système de fon- dation qui consiste dans l'emploi de blocs de béton d'une grande dimen- sion : il indique les modifications qu'il faudrait faire subir à ce système pour le rendre applicable aux cas que l'on peut rencontrer le plus géné- ralement dans la pratique : il termine en donnant les prix de tous les ou- vrages qui entrent dans son système de construction. Indépendamment de l'intérêt particulier que ce travail offre aux ingénieurs attachés au ser- vice des ports, il renferme sur le béton en général, sur sa confection et son emploi dans les travaux hydrauliques , des renseignements utiles poin- tons les constructeurs. » Le système généralement employé de nos jouis pour la construction des jetées à la mer, est celui qu'on connaît sous le nom de jetées à pierres perdues. Il était pratiqué chez les Romains, ainsi qu'on le voit par les restes du port de Civita-Vecchia. Les matériaux qui entrent dans la com- position de ces anciennes jetées ont des dimensions qui varient généra- lement de om,20 cube jusqu'à 2 et 3 mètres cubes : sous ce volume ils sont remués par la mer ; leur déplacement devient plus rare et cesse pres- que entièrement lorsqu'ils ont pris un talus assez étendu par la base. Mais outre qu'on peut contester que ce talus arrive jamais à une stabilité par- faite, et qu'il n'y ait pas toujours quelque dérangement par les mouve- ments les plus violents des vagues, ces jetées à talus d'une base très large ont l'inconvénient de rétrécir considérablement les passes et l'enceinte même des ports qu'on veut créer. Il serait donc extrêmement avantageux (762) de n'employer dans ces constructions que des blocs d'une dimension telle, qu'ils ne pussent dans aucun cas être remués par les vagues. Cela est tou- jours possible, puisque l'action est proportionnelle à la surface choquée, tandis que la résistance du bloc croît comme son cube. M. Poirel a re- connu qu'à Alger un volume de 10 mètres cubes était nécessaire pour que le bloc fût immuable. Il ne pouvait pas songer pour des masses pa- reilles, à les tirer des carrières, en raison des difficultés d'extraction et de transport. Il ne lui restait donc d'autre parti à prendre que de les fabri- quer artificiellement , et c'est ainsi qu'il s'est trouvé conduit à l'usage des blocs de béton. » Ces blocs sont faits de deux manières différentes : les uns se construi- sent dans l'eau sur la place même qu'ils doivent occuper, les autres sont fabriqués à terre pour être ensuite lancés à la mer. » Les premiers se font en immergeant du béton dans des caisses échouées sur l'emplacement des blocs. Ces caisses sont de grands sacs en toile gou- dronnée, dont les parois sont fortifiées par quatre panneaux en charpente, sur lesquels la toile est étendue et fixée. La masse de béton qui la remplit peut donc se mouler parfaitement sur le terrain, et se lier avec lui par les aspérités mêmes qu'il présente. » La seconde espèce de blocs, qui se fait à terre, est fabriquée dans des caisses sans fond, formées de quatre panneaux à assemblage mobile. Cinq à six jours après le remplissage, on enlève ces panneaux qui servent pour un autre bloc. Le béton ainsi mis à nu a acquis, au bout d'un mois ou deux au plus , suivant la saison , une consistance suffisante pour que le bloc puisse être lancé à la mer. » M. Poirel prépare ses blocs sur des chariots qui roulent sur des che- mins de fer. Il emploie deux modes d'immersion : le premier, en faisant poser le bloc sur deux planches suifées, et en donnant au chariot une légère inclinaison qui suffit pour que le bloc glisse par son propre poids. Dans le second mode d'immersion, le bloc, placé sur une cale inclinée, est d'abord descendu dans l'eau jusqu'à ce qu'il plonge de un mètre à l'avant; dans cette position, il est saisi par un flotteur formé de deux tonnes, qui le transportent en le maintenant sur l'eau. » Les Romains, ainsi qu'on le voit par le Traité de Vitruve et par ce qui nous reste de quelques-uns de leurs ouvrages, avaient déjà exécuté des fondations en béton à la mer. M. le colonel Emy, dans une publication récente qui a paru en i83i , avait fait ressortir tous les inconvénients du ( 7^3 ) système des pierres perdues, et avait proposé d'employer aussi le béton ; mais il n'indiquait que des masses jointives, ayant un profil déterminé. » M. Poirel est le premier qui ait employé les blocs de béton à la mer, à l'instar des blocs naturels dans les jetées à pierres perdues, et qui ait exposé des méthodes pratiques pour ce genre de construction , en s'ap- puyant sur l'expérience des grands travaux. Ceux qu'il a exécutés au port d'Alger ont subi victorieusement l'épreuve des plus grosses mers : les rap- ports officiels des divers ingénieurs chargés d'inspecter ses travaux ne lais- sent aucun doute à cet égard. » Vos Commissaires pensent que le travail soumis à leur examen a beau- coup d'intérêt pour l'art des travaux hydrauliques à la mer, et que son auteur mérite les encouragements de l'Académie. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. chimie organique. — Recherches sur la composition chimique du cerveau de l'homme; parM. E. Fremy. (Extrait par l'auteur.) ( Commissaires, MM. Magendie, Chevreul, Dumas, Pelouze.) « L'étendue de mes recherches m'a forcé à diviser mon travail en deux parties. Dans la première, je donne la composition et la nature des diffé- rentes matières grasses que l'on peut extraire du cerveau, en exposant les procédés que j'ai suivis pour les purifier. Comme cette première partie est fondamentale, que c'est sur elle que je m'appuierai pour établir la com- position du cerveau chez les animaux, ou pour reconnaître les altéra- tions qu'il éprouve dans les maladies, j'ai voulu la soumettre en premier lieu au jugement de l'Académie. » Je commence, dans mon Mémoire, par rappeler les travaux qui ont été publiés sur le cerveau, et, arrivant à l'examen du Mémoire que M. Couerbe a publié sur ce sujet, j'essaie de démontrer l'impureté des corps que ce chimiste considère comme des produits immédiats. » Après cette discussion, dans laquelle je reconnais du reste que c'est à M. Couerbe que l'on doit la découverte importante de la cholesté- rine dans le cerveau , je passe à l'exposé des différents procédés que j'ai employés pour retirer les matières grasses du cerveau, pour les purifier et pour en déterminer les proportions. ( 7^4 ) » Il résulte de mes analyses que le cerveau de l'homme est formé d'une quantité considérable d'eau et de matière insoluble dans l'éther, que je dé- signe sous le nom de matière albumineuse. La partie soluble dans l'éther est formée principalement par trois matières : » i°. Par la matière blanche, découverte par Vauquelin, à laquelle j'ai reconnu des propriétés acides bien tranchées, et que je nomme acide cé- rébrique; » i°. Par une matière grasse liquide, qui a la composition et toutes les propriétés de l'oléine de graisse humaine, analysée par M. Chevreul ; » 3°. Par de la cholestérine. » On trouve en outre dans le cerveau des quantités très faibles et va- riables d'acide oléique, d'acide margarique, de cérébratede soude et de ma- tière albumineuse. » Pour arriver à ce résultat, j'ai employé différents procédés d'analyse que je donne dans mon Mémoire : je présenterai ici celui qui me paraît le plus simple. » Je commence par couper le cerveau en petites parties, je le fais bouillir à plusieurs reprises dans de l'alcool, et je le laisse séjourner pen- dant quelques jours dans le liquide. » Cette opération a pour objet d'enlever l'eau contenue dans le cerveau et de coaguler l'albumine. La masse cérébrale a perdu alors son élasticité et peut être soumise à la presse : les liqueurs alcooliques ne retiennent que des traces d'acide cérébrique, que l'on retire par la filtration. » On épuise alors le cerveau par l'éther bouillant ; les liqueurs éthérées sont réunies et évaporées. Le résidu de l'évaporation est traité par l'alcool bouillant absolu qui enlève l'oléine, l'acide cérébrique, la cholestérine et les acides oléique et margarique : la matière albumineuse et le cérébrate de soude ne se dissolvent pas. Par le refroidissement de la liqueur, la choles- térine et l'acide cérébrique se déposent: on sépare ces deux matières par l'éther froid, qui dissout très bien la cholestérine et laisse l'acide céré- brique. L'alcool froid retient en dissolution l'oléine et les acides oléique et margarique : on évapore cet alcool en le rendant légèrement alcalin par de l'ammoniaque; il arrive un moment de l'évaporation où l'oléine se dé- pose : l'oléate et le margarate d'ammoniaque restent, au contraire, en dis- solution. » Quant à la partie insoluble dans l'alcool, qui est formée par de l'albu- mine et du cérébrate de soude, on la fait bouillir avec de l'alcool conte- nant un peu d'acide chlorhydrique qui décompose le cérébrate de soude; ( 765 ) l'acide cérébrique mis à nu se dissout très facilement dans l'alcool. Il reste alors une matière colorée, de nature albumineuse, qui contient du soufre et jamais de phosphore. » Après avoir établi de cette manière la composition des matières grasses du cerveau, j'ai préparé, par le procédé de M. Couerbe, les corps qu'il considère comme des substances pures, et je me suis attaché à en dé- montrer l'impureté par des expériences directes. C'est ainsi que j'ai re- connu que le corps qu'il a nommé éléencéphol n'est autre chose qu'un mélange d'oléine et de cérébrate de soude : je le prouve d'abord en trai- tant ce corps par une dissolution alcoolique de potasse, qui saponifie l'oléine, la transforme en acide oléique, et qui laisse précipiter du céré- brate alcalin. J'ai fait même à cette occasion une expérience qui me paraît décisive: je me suis procuré un échantillon d'éléencéphol préparé par M. Couerbe lui-même, et que je dois à l'obligeance de M. Guérin; je l'ai traité par l'alcool absolu, qui a dissous l'oléine et qui a laissé pré- cipiter une matière visqueuse qui n'était autre chose que du cérébrate de soude. » Je suis arrivé, par une méthode semblable, à reconnaître que la cé- phalote de M. Couerbe était un mélange d'oléine , de cérébrate de soude, et de traces d'albumine. Enfin, pour sa stéaroconote , je me suis assuré qu'elle était formée par un mélange d'albumine et de cérébrate de soude, en faisant bouillir cette matière avec de l'alcool acidulé par l'acide chlorhy- drique, qui enlève l'acide cérébrique et laisse la matière albumineuse. » En analysant des cerveaux dans différents états et à différents âges, j'ai reconnu que la quantité d'acide gras libre que contenait le cerveau était variable, et que souvent même elle augmentait lorsqu'on laissait sé- journer pendant quelque temps les matières grasses dans un flacon fermé. J'ai trouvé l'explication de ce phénomène curieux , en profitant des obser- vations que M. Chevreul a faites sur le gras de cadavre, et du Mémoire que MM. Pelouze et S. Boudet ont publié sur la saponification spontanée de l'huile de palme. » J'ai vu que c'était la matière albumineuse du cerveau qui avait la pro- priété de transformer à la longue l'oléine en acide oléique. » J'ai voulu reconnaître enfin quelle était la partie du cerveau qui con- tenait le plus de matière grasse , et l'analyse m'a démontré que tous les corps gras se trouvaient dans la matière blanche du cerveau, et que la matière grise n'en contenait que des traces. Lorsque par l'éther on a enlevé à la matière blanche les corps gras qu'elle contient, on obtient une masse C. R , I»4r,,am,! Semestre. 'T. XI, t» i9 | l02 ( 766 ) qui ressemble en tous points à la matière grise. Si donc on voulait repré- senter au point de vue chimique l'anatomie du cerveau , on dirait que la partie qui forme en quelque sorte la charpente du cerveau est primitive- ment grise, et que c'est la matière grasse qui, en venant s'infiltrer et se répandre dans l'intérieur de la matière grise . forme ces zones blanches qui constituent la partie blanche du cerveau. » Mon intention n'est pas, du reste, d'aborder la question physiolo- gique; mais M. Magendie, qui a bien voulu me fournir les matériaux anatomiques nécessaires pour mon travail, m'a promis de s'occuper des questions qui pourraient présenter de l'intérêt sous le point de vue phy- siologique, lorsque mes documents chimiques seraient complets, » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. physique génékale. — Mémoire sur l'état physique des corps , sur l'état de combinaison chimique, sur la théorie physique de la chaleur; par M. de Tessan. (Commission nommée pour un précédent Mémoire du même auteur.) physique. — » Recherches sur la nature de la lumière, sur le sens de la vue , le spectre solaire, etc. ; par M. Rrenta. (Commissaires, MM. Pouillet , Babinet.) Cet. ouvrage est transmis par M. Lihri, qui , obligé de faire un voyage en Italie, charge M. le Secrétaire perpétuel d'exprimer à l'Académie le reyret qu'il éprouve de se trouver éloigné, pour quelque temps, de ses séances. physiologie animale. — Fonctions des racines des nerfs. M. Lonc.et avait adressé l'année dernière, à l'Académie, une réclamation de priorité, relativement à une expérience concernant les propriétés des ra cines antérieures et postérieures des nerfs rachidiens. La conséquence qu'il déduisait de l'expérience en question était celle-ci : que la racine antérieure ou motrice de chacun de ces nerfs était douée, à un certain degré, de la faculté de sentir, et qu'elle devait cette faculté non à ses relations avec le faisceau antéro-latéral de la moelle mais à celles qu'elle a, au niveau du ganglion spinal , avec la racine postérieure correspondante. Pour que ce résultat fût une conséquence nécessaire de l'expérience, il fallait être bien certain d'avoir garanti complètement les racines postérieures de toute excitation directe; or c'est sur ce point que M. Longet a été conduit à (• 767 ) concevoir desdontes, et dès-lors, il a cru devoir faire de nouveaux essais sur les deux ordres de racines en prenant toutes les précautions pour que ces racines fussent complètement isolées. « 17 chiens, dit M. Longet , furent mis en expérience; sur chacun d'eux j'expérimentai sur les racines de 10 nerfs rachidiens, ce qui équivaut à 170 répétitions de la même expérience, et constamment, les racines an- térieures et les faisceaux correspondants de la moelle ont été insensibles aux irritations mécaniques de toutes sortes, tandis que les racines posté- rieures et les faisceaux médullaires postérieurs s'y sont toujours montrés extrêmement sensibles. » En appliquant alternativement les deux pôles d'une pile de vingt couples aux deux sortes de racines , mises dans les mêmes conditions , je suscitai les convulsions les plus violentes en agissant sur les racines antérieures ; tandis que jamais il ne se manifesta même la moindre trace de convulsions en expérimentant sur les racines postérieures. Il n'est peut- être pas sans intérêt de noter que, dans toutes mes expériences , je pris la précaution d'isoler les deux ordres de racines , à l'aide d'une lame de verre. » Qu'on emploie donc les irritations mécaniques ou galvaniques, les phénomènes ont ici une telle constance, ils sont si évidents et si tranchés , qu'il n'est plus permis de douter que les racines antérieures ne soient exclusivement motrices, et les postérieures exclusivement sensoriales. » Je prie l'Académie de vouloir bien me désigner une Commission devant laquelle je répéterai ces expériences. » (Commissaires, MM. Magendie, de Blainville, Flourens et Breschet.) mécanique appliquée. — Description d'une nouvelle locomotive; par M. Maublakc. (Commissaires, MM. Coriolis, Piobert, Séguier.) M. Passot adresse une Note sur une pompe hydraulique rotative. Cette Note est renvoyée à l'examen delà Commission déjà nommée pour plusieurs autres communications de M. Passot, avec invitation de hâter le rapport demandé par l'auteur. M. Coi lier adresse une Note relative à l'emploi de Y appareil de Marsh. Renvoi à la Commission chargée d'examiner plusieurs communications précédentes sur le même sujet. 102. . ( 768 ) CORRESPONDANCE. astronomie. — Nouvelle comète. M. Arago communique une Lettre de M. Schumacher relative à la comète que M. Bremicker a découverte, à Berlin, le 27 octobre 1840. La Lettre renferme deux positions du nouvel astre obtenues à l'Observatoire de Berlin par M. Galle. Le 28 octobre à ioh 17™ 46% temps moyen de Berlin, la comète était par 2800 16' 37", 7 d'ascension droite, et par 6o°55'34",8 de déclinaison boréale. Le 28 M. Galle trouva à 8h25m 1 1" de temps moyen, Ascension droite, 28i°2i'42",4; 6o°56'5",8 de déclinaison. Le 6 novembre, à ph8m56', temps moyen de Paris, MM. Eug. Bouvard et Laugier ont trouvé à l'Observatoire : Ascension droite, 293°57'5o"; déclinaison, 61 ° 38' 32". physique appliquée. — G alvano graphie. M. Erotygniart met sous les yeux de l'Académie des épreuves de gra- vures imitant le lavis, qui ont été obtenues, au moyen de procédés électro- typiques, par M. Kobell, professeur de minéralogie, à Munich, et d'autres épreuves obtenues de la même manière, par M. Boquillon, qui donne, dans les termes suivants, la description du procédé : « Sur une plaque bien polie en cuivre ou en argent (ce dernier métal est préférable), M. Kobell exécute au pinceau le sujet dont il veut ob- tenir la planche gravée. La couleur dont il se sert est de l'oxide de fer broyé avec de l'essence de térébenthine mêlée d'une certaine quantité de cette même essence épaissie par le temps. II y ajoute quelquefois, mais sans y attacher d'importance, du formiate d'argent qui donne une faible conductibilité à la couleur. Enfin il peut substituer à l'oxide de fer du noir minéral, etc. » On voit que cette peinture est monochrome, et que la diversité des teintes n'est produite que par les épaisseurs différentes de la couleur ap- pliquée sur la plaque d'argent; de sorte que les lumières sont données par • ( 7% ) la surface métallique, et les demi-teintes et les ombres par l'épaisseur plus ou moins grande de la couleur. » Sur cuivre, M. Kobell emploie quelquefois une dissolution de sulfure dépotasse pour obtenir des dessins à la plume, dont les traits doivent être lavés avant leur entière dessiccation. » Lorsque la peinture est bien sèche et bien adhérente à la plaque, M. Kobell dispose celle-ci dans un appareil électro-typique , pour y rece- voir le dépôt de cuivre qui se fait immédiatement sur les parties non recouvertes par la peinture , plus tard sur celles qui ne sont recouvertes que d'une couche mince, et plus tard encore sur celles dont l'épaisseur est plus grande, en raison du défaut de conductibilité du vernis qui s'op- pose d'autant plus long-temps au dépôt du cuivre qu'il a été appliqué en couches plus épaisses. » Pour accélérer l'opération, M. Kobell n'attend pas que les pius fortes épaisseurs soient recouvertes; il retire la plaque de l'appareil, et, après l'avoir séchée convenablement, il applique une couche de graphite sur les parties non recouvertes et recommence l'opération. Bientôt la surface tout entière est recouverte, et il ne s'agit plus que de prolonger l'opé- ration jusqu'au moment où le dépôt a acquis l'épaisseur nécessaire pour supporter l'action de la presse en taille-douce. » Il sépare alors le dépôt de la plaque d'argent et débarrasse le premier de la peinture qui peut y rester adhérente, au moyen d'un lavage à l'élher. » On a alors, en creux, une contre-épreuve fidèle de la peinture exé- cutée en relief sur la plaque d'argent; et l'on conçoit que si, par les pro- cédés ordinaires de l'impression en taille-douce, on tire une épreuve de cette planche, la couleur déposée sur le papier aura les épaisseurs de la peinture primitive et en sera la reproduction fidèle, si, ce que M. Kobell n'indique pas dans sa Note, cette couleur est suffisamment transparente pour laisser voir le papier sous les demi-teintes. » voyages scientifiques. — Monuments des anciens Péruviens; particularités de la langue des Chunchos. — Extrait d'une Lettre de M. Gay. M. B. Delessert transmet une lettre de M. Gay, datée de Cusco, 9 janvier 1840, et relative à quelques observations que ce voyageur a faites, soit dans le Pérou, soit dans les plaines situées à l'orient de la Cordilière. La ville de Cusco a offert au voyageur des monuments remarquables ( 770 ) élevés par les anciens Péruviens , monuments qui subsistent malgré le van- dalisme religieux des conquérants espagnols, malgré l'action destructive des agents atmosphériques, et dont on ne peut prévoir la ruine dans les temps à venir que comme l'effet de quelque convulsion violente du sol. « L'indestructibilité de ces monuments, dit M. Gay, résulte de la forme et de la dimension de leurs matériaux: ce ne sont point des pierres, ni même des roches, mais de véritables rochers entassés les uns sur les au- tres, et tellement bien superposés et unis , qu'il serait difficile de passer la plus mince aiguille dans leur plan de jonction. Lorsqu'on pense que ces Indiens n'avaient ni leviers, ni machines, qu'ils ne connaissaient point l'usage du fer, et encore moins celui du mastic ou de tout autre ciment, on ne peut qu'être surpris de la haute perfection de tant de travaux, et en si grand nombre; car la ville de Cusco n'est pas la seule qui donne prise à cette espèce d'investigation; des vallées à une assez grande distance en four- millent, et les monuments de Hollaytaytambo sont encore plus surpre- nants que ceux de Cusco : et cependant aucun auteur n'en a encore parlé , pas même le judicieux et naïf Garcilasso. Dans ce dernier lieu, où la cupidité espagnole n'a pas autant pénétré, on voit encore un grand nombre de maisons presque intactes et situées toutes dans les endroits les plus escarpés, au bord des précipices les plus effrayants. » Après ces visites, où j'avais été entraîné plutôt par un esprit de curio- sité que par tout autre motif, je franchissais les dernières Cordilières qui séparent le Pérou des vastes plaines qu'arrosent le Béni, l'Amazone, etc., et je poursuivais mes recherches d'histoire naturelle jusque dans les tribus si barbares des Paucartambinos, Chahuaris, etc., collectivement surnom- més les Chunchos.Je m'embarquais aussi sur le Rio de Chahuaris qui, plus bas, prend le nom de Rivière des Amazones; et tout en visitant ces Indiens et leurs cahutes, j'avais soin de former des dictionnaires de leur langue totalement inconnue, même aux Espagnols qui habitent les frontières de cette république. Aussi n'ai-je pu jamais me procurer un interprète, ce qui eût considérablement facilité ce genre de recherches, et me suis-je vu forcé de laisser ce travail tdut-à-fait incomplet, et cependant extrêmement cu- rieux. Ainsi les langues de toutes ces tribus, alors même qu'elles sont entièrement distinctes les unes des autres, offrent cette singularité, que tous les mots des parties du corps commencent par une même syllabe : et si une tribu se sépare en deux, gouvernées chacune par un chef distinct, une d'elles change cette première syllabe par une autre qu'elle conserve pour tous les autres mots de ces parties du corps : cette syllabe, (77' ) comme vous voyez, est en quelque sorte l'armoirie de la tribu; c'est elle qui désigne leur nation, leur tribu, peut-être même leur famille. La manière de compter des Chuncbosest extrêmement imparfaite, et tellement peu avancée, qu'ils ne peuvent compter que jusqu'à trois, n'ayant d'autre expression pour le nombre quatre que beaucoup. Jene doute point qu'un bon philologue, qui viendrait étudier les langues de ces Indiens avant que le commerce et le contact des blancs ne parviennent à les modifier et à les dénaturaliser, n'y trouvât des éléments fort intéressants sur la filiation, et par suite sur l'origine de ces peuplades, qui, à plus d'un égard, méritent une place distinguée dans l'histoire de l'espèce humaine. » Dans toutes ces courses, dans tous ces voyages, je me suis spéciale- ment occupé des sciences qui m'ont attiré plus particulièrement dans ces lointaines et sauvages contrées, c'est-à-dire que j'ai pu déterminer la posi- tion des principales villes et villages, que j'ai réunis aux positions se- condaires par des relèvements à la boussole. J'ai recueilli aussi un grand nombre d'observations barométriques pour connaître la hauteur des prin- cipales vallées et des pics les plus remarquables; et au moyen de ma belle collection de boussoles, j'ai pu déterminer l'inclinaison, la déclinaison et l'intensité magnétiques : ce dernier phénomène aura ce double avantage que les observations ont été faites à des hauteurs considérables. Mes col- lections botaniques, entomologiques, etc., se sont considérablement ac- crues, et ma belle suite de roches donnera une idée assez exacte de ce terrain de calcaire secondaire singulièrement disloqué par la sortie des terrains d'épanchement. » physiologie végétale. — Nouvelles expériences sur les changements que subit l'atmosphère pendant le développement de la température élevée dans le spadice d'une Colocasia odora ( i ) , faites dans le jardin botanique d'Amsterdam; par MM. Vrolick et de Vbièse. Dans ces expériences , afin que les parties vertes de la plante ne pussent exercer aucune influence sur la composition de l'air ambiant, on avait eu le soin , avant d'introduire le spadice dans le cylindre destiné à retenir les pro- duits gazeux, de retrancher la plus grande partie de la spathe et de recouvrir (i) MM. Vrolick et de Vrièse annoncent avoir constaté l'identité du Colocasia odora et de Y Arum cordifolium. ( 772 ) ce qui en restait par un vernis. Quoique les expériences n'eussent pas pour but la mesure de la chaleur propre du spadice, le température fut notée comme à l'ordinaire. Le second jour, même à midi, la température de l'or- gane était à peine supérieure à celle de l'air extérieur. L'air contenu dans le cylindre ne contenait plus d'oxigène libre; ce gaz avait été complète- ment remplacé par de l'acide carbonique. C'est à la présence de cet acide et à l'absence d'oxigène que MM. Vrolick et de Vrièse attribuent le peu d'élévation delà température dans les expériences faites en vase clos pour recueillir les produits gazeux. M. Michel Bénédict demande à retirer un Mémoire qu'il avait précé- demment adressé pour le concours au prix concernant les morts appa- rentes. Le rapport n'ayant pas été fait sur les pièces adressées pour ce concours, dont l'époque a été prorogée , l'auteur est autorisé à retirer son manuscrit. M. de Mortillet adresse un paquet cacheté portant pour suscription: Sur la cristallisation , les nodules et minéraux disséminés , etc. M. Lataste adresse deux paquets cachetés. Le dépôt de ces trois paquets est accepté. La séance est levée à 5 heures. F. Errata. (Séance du 2 novembre.) Page 678, Mémoire de M. Melloni, après le titre, supprimez ces mois: Commission pré- cédemment nommée. Les Mémoires des Correspondants ne sont renvoyés à des Commissaires que sur la demande de leurs auteurs, et M. Melloni n'en avait pas demandé. Page 696, ligne i/{, après le titre du Mémoire de M. Leverrier, ajoutez : ( Commissaires, MM. Bouvard, Caucliy, Liouville. ) ( 77^ ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. I /Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les litres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des Sciences; 20 semestre 1840, n" 18, in-4". Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- vreui., Savary, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnault; sept. 1840; in -8°. Traité expérimental de l'Electricité et du Magnétisme, et de leurs rap- ports avec les phénomènes naturels; par M. Becquerel; tome 6, 2" partie formant le tome 7e et dernier du Magnétisme terrestre; 1840, in-8°. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et Poirré; oct. 1840, in -8". Bulletin de l'Académie royale de Médecine; i5 — 3o oct. 1840, in-8°. Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; oct. 1840, in-8°. Le Technologiste , ou Archives des progrès de l'Industrie française et étrangère; nov. 1840, in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; nov. 1840, in-8°. De la nécessité des Etudes pratiques en médecine légale; par M. Bayard ; in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; sept. 1840, in- 8°. Rapport sur le Mémoire de M. Auguste Trinchinetti de Monza, intitulé : De odoribtis Florum observationes et expérimenta, problematis resolutioni accommodata quod realis Academia scientiarum bruxellensis proposuit per annum 1 858 ; par M. C11. Morhen; Bruxelles, i83g, in-8". Expériences et observations sur la Gomme des Cycadées; par le même. (Extrait du tome 6, n° 8, du Bulletin de l'Académie royale de Bruxelles.) In-8°. Notes sur l'excitabilité et le mouvement des Feuilles chez les Oxalis; par le même. (Extrait du même ouvrage, n° 7 du Bulletin.) In-8°. Observations sur la formation des Huiles dans les plantes; parle même. (Même ouvrage, Bulletin, n" 6.) In-8°. Observations sur l'épaississement de la Membrane végétale dans plusieurs C. R , 1X40, ame Semestre. [T. XI, M 19.; Io3 ( 774 ) organes de l'appareil pileux, et application de ces recherches à l'urtication opérée par quelques plantes; par le même. (Extrait du même ouvrage , Bulletin, n° 9.) In-8°. Transactions. . . . Transactions de la Société philosophique américaine de Philadelphie ; vol. 7, nouvelle série, partie i'e; Philadelphie, 1840, In-4°. Délia Mecanica. . . . Des Machines employées dans la Jabri cation de l'Huile en Italie; par M. D. de Vecchi; Florence , , 1840, in-8v Astronomische. . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n°4io , in-40. Gazette médicale de Paris; tome 8, n°45. Gazette des Hôpitaux; n° 1 5o — 1 32 L'Expérience, Journal de Médecine, n° 175; in-8\ La France industrielle; n° 5, nov. 1840, in-8\ Programme des Prix proposés, pour 1 84 1 , par l'Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 NOVEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. analyse mathématique. — Sur les fonctions inter polaires ; peu M. Augustin Cauchy. « Certaines fonctions, issues les unes des autres, et que M. Ampère a désignées sous le nom de fonctions interpolaires (voir les annales de M. Gergonne, année 1826), jouissent de propriétés remarquables, et dont quelques-unes, connues peut-être de notre illustre confrère, ne se trou- vent pourtant pas énoncées dans son Mémoire. L'une de ces propriétés fournit immédiatement des limites des restes qui complètent, non-seu- lement la série de Taylor, arrêtée après un certain nombre de termes, mais encore des séries analogues, par exemple, celle qui, dans le calcul des différences finies, offre le développement d'une fonction de x ordonné suivant des produits de facteurs équidifférents dont chacun est linéaire par rapport à x. L'objet du présent Mémoire est de rappeler ou d'établir les propriétés des fonctions interpolaires, et leur emploi dans la théorie des suites. Je montrerai plus tard le parti qu'on peut tirer de ces mêmes propriétés pour la résolution des équations algébriques ou transcendantes. C'. R., 1840, amc Semestre. (T. XI, N° 20.) io4 ( 776) ANALYSE. § Ier. Propriétés générales des fondions interpolaires. » Soient f(x) une fonction donnée de la variable x, a, b, c, . . ., h, k, une série des valeurs attribuées à cette variable; et posons Les expressions f(a, b), f(a, b, c), . . . seront, suivant les définitions admises par M. Ampère, les jonctions in- terpolaires de divers ordres, issues les unes des autres, et formées avec les valeurs particulières ({a), f(A), f(c),... de la fonction principale f(x). » Or, comme on aura, en vertu des formules (i), (,) f(a,*) = f-^^, f(fl,i,x)Bf<'-^l.. on en conclura ( f(*) = f(«) + (x-a)f(x), (3) j î(x) = f(a) + (*-«)f(rt,*) + (*-fl)(*-A)f(a,*,*), < etc., et par suite (f(£) = f(«) -f- (b—a)î(a, b), (4) J f (c) = f (a) + (c - a) f (a , *) + (c - a) (c - A) f («, bs c) , f etc. ' 777 ) En vertu des équations (ij et (4), étant donnés les termes de l'une des suites f(«;, f(A), f(c), , f(£), • f(a), f(a,b), f(a, b,c),..,, f(a, b, c,...,k), les termes de l'autre suite s'en déduiront immédiatement. De plus, en partant des formules (i), (2), (3), (4), on établit aisément les propositions suivantes : » ier Théorème. Lorsque f(x) désigne une fonction de x, entière et du degré n, les termes de la suite i{x), f(a,x), f(a,b,x), f(a, b, c , x),. . représentent des fonctions entières de x dont les degrés sont respec- tivement n, n — 1, n — 2, n — 3,.. » 2e Théorème. f(x) désignant une fonction quelconque, et Cl ^ Of C } . • . f fl y K , n + 1 valeurs particulières attribuées à la variable x, si l'on nomme F(.r) une fonction de x, entière et du degré n, déterminée par la formule *• \ -f- (x — a)(x — b)(x — c)...(x — h)f(a, b, c,..., h, k), on aura (6) Ffa)=f(«), F(b) = ((b), F(c) = f(c),...,F(fy = f(A), F(A)=f(A), et (7) f (x) = Y(x)-j-(x— a){x— b){x— c)...(x— h)(x— k)i (a, b,c,..., h, k, x). » Démonstration. Les formules (6) résultent immédiatement de la for- mule (5) jointe aux équations (4) De plus, pour obtenir la formule (7), il suffit de joindre la formule (5) à l'une des équations (3). » 3e Théorème. Les expressions ini f(a, b), {(a, b, c), etc., 104.. ( 7«° ) L'équation (9) donnera (10) f(*«, X) = M[ffg, h), f(k, 1)1 Supposons maintenant que la fonction {(x) reste finie et continue entre les limites x = x0, x = X. On pourra en dire autant de la fonction f(x, jr), tant que les valeurs de x et de y resteront comprises entre les 1 imites xa , X ; et par suite l'expression qui acquiert les valeurs particulières i(g, h), f(k, l), quand on y pose successivement 8 = 0, 6 = 1, variera elle-même par degrés insensibles, en passant de la première valeur à la seconde, tandis que le nombre 0 variera entre les limites 0,1. Donc la quantité f(*o, X), qui, en vertu de la formule (10), est intermédiaire entre f(g, h), et f(A, /., représentera, dans l'hypothèse admise, une valeur de l'expression (j 1) cor- respondante à une valeur de 6 plus petite que l'unité. Concevons que, pour cette valeur de 6, l'on ait - g+ô(* — *) = «, h + Q(l-h) = v: les quantités u, v seront, ainsi que g, h, l et k, comprises entre les li- mites x0, X,et la formule (10) donnera (ta) f(x„ X) = f(«; „). D'ailleurs la quantité v-u = h-g+Q[l-k-(h-ë)] ( 781 ) restera comprise entre les limites h — g, l — k, et par conséquent sa valeur numérique ne pourra surpasser la plus grande différence entre deux termes consécutifs de la suite Or, en faisant croître indéfiniment le nombre n, on peut rendre cette différence, et par suite la valeur numérique de v — u, aussi petite que l'on voudra. On peut donc énoncer encore la proposition suivante, que l'on déduit immédiatement de la formule ( 1 a), en y remplaçant les limites x0, X, par deux autres quantités a, b, comprises elles-mêmes entre ces li- mites. » 7e Théorème. Soient f (x) une fonction de la variable x, qui reste con- tinue entre les limites x = x0 , x -- X, et a, b , deux valeurs réelles de x comprises entre ces limites. On pourra inter- poser entre a et b deux nouvelles valeurs u, v , de la variable x , qui vé- rifient la condition (i3) f(a, b) = i{u, u), et diffèrent l'une de l'autre, d'une quantité inférieure à tout nombre donné i. » Corollaire 1". Lorsque la fonction principale f(,r) reste continue entre les limites x = x0, x = X, alors, en supposant les valeurs particulières a, b de x comprises entre ces limites, on peut, sans altérer la valeur de f(a,b), rapprocher ces deux valeurs l'une de l'autre de manière à rendre leur différence inférieure à tout nombre donné «. » Corollaire ic. Soient maintenant a, b , c , trois valeurs particulières de x toujours comprises entre les limites x0, X, et supposons d'abord la valeur b renfermée entre a et c. La fonction interpolaire du second ordre (78, ) formée avec les trois valeurs ((a), f(b), f (e) de la fonction principale f (x), pourra encore être considérée comme une fonction interpolaire du pre- mier ordre, formée avec les valeurs i(b , c), f(a, b) de la fonction prin- cipale f(b, x). Donc, en vertu du corollaire i", on pourra, dans l'expres- sion {(a, b, c), rapprocher l'une de l'autre les quantités c, a, de manière à rendre la seconde des différences b — a, c — a, c — b, inférieure numériquement aux deux autres, et même aussi petite que l'on voudra. D'ailleurs , [(a, b, c) étant une fonction symétrique de a, b, c, des raisonnements du même genre seraient encore applicables, si a était compris entre b et c, ou c entre a et b. Donc , les trois quantités a, b, c restant comprises entre les limites xa, X, on peut rapprocher l'une de l'autre celles de ces trois quantités qui étaient d'abord les plus éloignées, de manière à rendre leur différence mutuelle inférieure à tout nombre donné é. Or, en répétant plusieurs fois de suite de semblables opérations, on pourra, sans altérer l'expression f(a, b, c). et en laissant les quantités a, b, c toujours comprises entre les limites x0, X, rapprocher indéfiniment ces quantités les unes des autres, de manière à rendre leur plus grande diffé- rence mutuelle aussi petite que l'on voudra. Il y a plus : on pourra en dire autant des quantités a, b, c, d, e,. . ., contenues dans les fonctions interpolaires du troisième, du quatrième... (783) ordre, c'est-à-dire dans les expressions ff>, b, c, d) = f(*'c'^-fJa'*'c), f(a, b, c, d, e) = Hb,cdt4-Î(a,b,c,d)^ etc., ' que l'on peut considérer comme fonctions interpolaires du premier ordre, en prenant pour fonction principale {(b, c, x), ou {{b, c, d, x),... au lieu de f(x). En conséquence , on peut énoncer généralement la pro- position suivante : » 8e Théorème. Soient f(x) une fonction de la variable x qui demeure continue entre les limites a b c d ... des valeurs réelles de x comprises entre ces mêmes limites. On pourra, dans l'une quelconque des expressions f(a, b), Ha, b, c), f(a, b, c, d),..., et sans altérer sa valeur, rapprocher les unes des autres les quantités a, b, c, d,..., de manière que , ces quantités étant toujours comprises entre les limites xa, X , la plus grande de leurs différences mutuelles devienne inférieure à tout nombre donné e. » Corollaire. Puisque le nombre « peut décroître indéfiniment, et qu'en le réduisant à zéro on rend égales entre elles les diverses valeurs de x que représentaient les lettres a, b, c, d,. . ., le 8e théorème entraîne évi- demment celui que nous allons énoncer. » qe Théorème. Soient f(x) une fonction réelle de la variable x, qui demeure continue entre les li- C. R , 1840, a™» Semestre. (T. XI , N° 00.) ' o5 ( 784 ) mites x = x0, x = X, et a , b, c , d, . . . des valeurs réelles de x comprises entre ces limites. On pourra entre les quantités a, by c, d,. . . interposer de nouvelles valeurs u , v, w,. .. dex tellement choisies, que, la valeur u étant une moyenne entre a el b, la valeur v une moyenne entre a, b, c, la. valeur w une moyenne entre a, b, c , d,. . . , l'on ait ('4) *(«, b) = f(". "), f(«, b, c)z=f(v, v, v), î(a,b, c, d)= f(w, w, w,w),..., ou, ce qui revient au même, (,5)f(a,A) = f>), f(a,A,c) = ^, f(«, b, c, d)= CM , . . . » Corollaire Ier. Dans l'hypothèse admise, et en attribuant à x une va- leur comprise entre les limites x0, X, on aura encore (16) f(«,*)=f'(«), ï(a,b,x) = (-^, f(a,b,c,x) = Ç£l,..., la lettre « désignant une moyenne entre a etx, la lettre v une moyenne entre a, b, x, la lettre w une moyenne entre a, b, c, x,. . . » Corollaire 2e. Les équations (i5) et (16) paraissent mériter d'être re- marquées. La première des équations (16) peut s'écrire comme il suit î(x) — f(a) el. ù x_a — = l \x -r &«;> et se réduit par conséquent à la formule déjà connue qui joue un si grand rôle dans le calcul différentiel. » On peut encore , des théorèmes que nous venons d'établir, déduire facilement les propositions suivantes : » io' Théorème. Si les valeurs attribuées aux trois quantités ai ^ot X, sont renfermées entre des limites entre lesquelles la fonction f(x) reste ( 785 ) continue, si d'ailleurs la dérivée du second ordre {"(x) conserve constamment le même signe entre ces limites que l'on peut ré- duire à la plus petite et à la plus grande des trois quantités a, xot X, l'expression f(a, x), considérée comme fonction de x, croîtra ou décroîtra sans cesse, tandis que l'on fera varier x depuis x = x0 jusqu'à x = X. i> 1 1 * Théorème. Supposons que les valeurs attribuées aux quantités a, b, c,..., x0, X, soient renfermées entre des limites, entre lesquelles la fonction demeure continue. Si le premier, le deuxième, le troisième. . . terme de la suite i'{x), r>(x), î'"(x),,. conserve constamment le même signe entre ces limites , qui pourront se réduire à la plus petite et à la plus grande des quantités données; alors le premier, le deuxième , le troisième . . . terme de la suite . {{x), i(a, x), f(a, b, x),..., + considéré comme fonction de x, croîtra ou décroîtra sans cesse pour des valeurs croissantes de x intermédiaires entre x9 et X. Donc alors, en prenant > (17) x z= M(x0, X), qJnuJà 1 r ■. 1'-- ■ Bl on aura non-seulement, comme on le savait déjà, - (18) i{x) = M[f(*0), f(X)], si f (x) ne change pas de signe entre les limites x0, X; mais encore (19) f(«, x) = M[{(a,x0), f(a, X)], io5.. ( 786 ) si ("(x) ne change pas de signe entre les limites a, x0, X; (20) f(«, b, x) = M[f(a, b, x0), f(a, b, X)], si {'"(x) ne change pas de signe entre les limites a, b, x0, X,..., et ainsi de suite. § II. Applications diverses des principes établis dans le premier paragraphe. » Les formules précédemment obtenues fournissent d'une part les déve- loppements des fonctions en séries , tels qu'ils se présentent dans le calcul différentiel ou dans le calcul aux différences finies, d'autre part des limites du reste qui doit compléter chaque série, lorsqu'elle est arrêtée après un certain nombre de termes. La première de ces deux assertions est suffi- samment établie dans le Mémoire de M. Ampère ; mais, comme la seconde ne s'y trouve énoncée que pour le cas particulier où l'on développe les fonc- tions en séries par la formule de Taylor, il nous paraît utile de revenir un instant sur ces objets. » f(x) désignant une fonction donnée de la variable x, et les lettres à, b, c,. . .,h, représentant n valeurs particulières de cette variable, la n'eme des for- mules (3) du § I" donnera . . t f(x) = f(a) -f- (x — a) ((a, b) -\-(x — a)(x — b) f(a,b,c) -f-. . . ( . . . +(ar — a) (x — b) (x — c). . . (x — h) f(a, b, c,. . ., h, x). Si f(x) est une fonction entière du degré n, alors la fonction interpolaire f(a, b, c ,. . ., h, x), étant par rapport à x du degré zéro, se réduira simplement à une cons- tante; et, en nommant k une nouvelle valeur particulière de x, on aura f(a, b, c,. . ., h, x) = ((a,,b, c,. . . , h, k), par conséquent A 1 f(x) = f(fl) + (x — a) f (a, b)-]-(x~ a) (x — b)î{a,b,c)+... ^' {.. . . -\-(x — a) (x—b) (x — c). . . (x — h) f(a,b, c,. ..,k). (787 ) Alors l'équation (2) fournira le développement de ((x) en une série de termes qui seront proportionnels à des produits de fonctions linéaires, et dont les degrés , par rapport à x, seront respectivement égaux aux divers termes de la progression arithmétique o, 1, 2 , 3,. . ., 11. » Pour retrouver une semblable série, dans le cas où la fonction i\x) ces- sera d'être entière , il faudra négliger le dernier des termes renfermés dans le second membre de l'équation (2). Or, pour savoir si ce terme peut être négligé, il importe de connaître au moins des limites de l'erreur que son omission fera naître. On y parvient, dans un grand nombre de cas , à l'aide du 9e théorème du § Ier. En effet, admettons que les quantités a , b , c, , // se trouvent renfermées entre des limites xot X, entre lesquelles la fonction ((x) reste continue. Le théorème dont il s'agit donnera, pour une valeur de x comprise entre ces mêmes limites, et i u \ f(,°(u) {{a, b, c,.., h, x) — t a ; yw; et par suite on tirera de l'équation (2) ( {{x) — {(a) + (x — a){{a,b) + {x — a)(x — b)î(a,b,c)+... (3) ...+{x-a){x-b){x-c)...{x-h)4^L, u désignant une quantité moyenne entre les valeurs attribuées à a, b, c,..., //, x. Si, la variable x et la fonction î(x) étant réelles, on nomme A et B la plus petite et la plus grande des valeurs que puisse acquérir la fonction dérivée fC^-r), tandis que l'on fait varier x entre les limites x0, X, le dernier terme du second membre de la formule (3) sera renfermé lui-même entre des li- mites équivalentes aux produits du rapport {x — a) (x — b) {x — c) . . . (x — h) ( 7»8 ) par les coefficients A et B. Donc la plus grande des valeurs numériques de ces deux produits sera la limite de l'erreur que l'on pourra commettre en négligeant le terme dont il s'agit. » Si, les valeurs particulières de la variable x étant choisies de manière à offrir les différents termes d'une progression arithmétique, on repré- sente ces valeurs non plus par a, b, c,..., h, k, mais par a, a + /t, a + ih,..., a-\-(n—i), a-\-nh, alors, en adoptant les notations du calcul aux différences finies, et posant A((x) = f(x + A)-fW, *t(a) = t(a + h) — {(a), on verra l'équation (2) se réduire à la formule connue ( î{x) = f(*)+ (x -a) **j& -f- (*-")(*-"-») gfeg} + __ j 1 (*— fl) (x~ a — h)...[x — a— {n — i)h] A"f(q) \ ■ "i" 1.2.3... n h" ' tandis que l'équation (i) donnera ( f/*?) = f ta) + (* - a) ^P + (*-«)<*-"-») M® . 1 j | ... («-«H*-" -A)...[»--a-(«-, ) A] f(|0L^ Des deux formules (4), (5), la première seulement suppose que f(x) est une fonction entière de x. Dans la formule (5), où {(x) peut cesser d'être une fonction entière de x, la lettre u représente une moyenne entre les valeurs attribuées aux quantités a, a -j- nh, x » Lorsque, dans la formule (5), on pose h = o, on retrouve l'équation connue f(x) = {(a) + (x-a)r(a)+^=f f" («)+...+ ifJ=J^lfC»-o(a) (6) , dans laquelle Ô désigne un nombre renfermé entre les limites o, 1 ( 789 ï » Nous ferons voir dans un autre article que la considération des fonc- tions interpolaires et les principes établis dans le § 1" fournissent des mé- thodes très expéditives pour la résolution des équations algébriques et transcendantes. » calculs numériques. — Sur les moyens d'éviter les erreurs dans les calculs numériques ; par M. Augustin Cauchy. « Les nombreux exemples que l'on pourrait citer d'erreurs commises quelquefois par des calculateurs fort habiles , dans la réduction des formules en nombres, doivent faire rechercher avec soin les moyens de vérifier l'exac- titude des résultats numériques auxquels on se trouve conduit par une suite d'opérations déterminées. Or, pour que l'on puisse offrir le résultat d'un calcul comme digne d'être adopté avec confiance , ce que l'on doit faire ce n'est pas de recommencer deux fois le même calcul en suivant la même route, attendu qu'il est assez naturel que l'on retombe dans une erreur déjà commise; c'est au contraire de tout disposer de manière que, par deux systèmes d'opérations fort distinctes , on doive se trouver ramené à des résultats identiques. Cette condition est remplie, par exemple, dans la méthode générale d'interpolation que j'ai donnée en i835, et quia été rappelée par M. Le Verrier dans l'avant-dernière séance. Cette méthode, étendue à plusieurs systèmes d'inconnues, m'a servi, dans les nouveaux Exercices de Mathématiques, à déduire des belles expériences de Frauen- hofer les lois de la dispersion de la lumière relatives aux substances sur lesquelles cet habile physicien avait opéré. Les résultats qu'elle m'a fournis dérivent de la formation de plusieurs tableaux, dont cbacun porte en lui-même la preuve de l'exactitude de tous les nombres qu'il renferme. » L'honorable mission qui m'était confiée, à l'époque où je publiais ces tableaux, m'ayant donné l'occasion de recbercher s'il ne serait pas possible de rendre plus faciles et plus sûres tout à la fois les diverses méthodes de calcul , j'ai reconnu que des procédés très simples pourraient procurer cet avantage aux opérations mêmes de l'arithmétique. Je me bornerai ici à en indiquer quelques-uns en peu de mots. J'espère qu'en raison de leur grande utilité, l'Académie me pardonnera de l'entretenir un moment de cet objet. J'y serais d'ailleurs autorisé, s'il était nécessaire, par l'exemple de nos premiers géomètres, qui plus d'une fois ont choisi pour sujet de leurs méditations le perfectionnement des calculs numériques. » Pour vérifier l'exactitude des résultats fournis par diverses opérations ( 79° ) de l'arithmétique décimale , et en particulier par l'addition , la soustraction, la multiplication ou l'élévation aux puissances, on peut employer un moyen fort simple. Il consiste à disposer chaque opération de telle sorte qu'elle fournisse immédiatement, par exemple, avec la somme ou le produit de nombres écrits en chiffres dans le système décimal, ce que deviendrait cette somme ou ce produit, si l'on considérait les divers chiffres dont chaque nombre se compose, comme représentant non plus des unités des divers ordres, mais des unités simples, puis de voir si la valeur trouvée de la nouvelle somme ou du nouveau produit est effectivement celle que l'on déduirait immédiatement des nombres donnés. » Le principe que je viens d'énoncer fournit une preuve très simple de l'addition arithmétique, dans le cas où les chiffres que renferment chaque colonne verticale fournissent toujours une somme représentée par un seul chiffre ; et même dans le cas contraire , pourvu que , dans le dernier cas , on ajoute à la somme des chiffres qui composent les divers nombres la somme des chiffres qui expriment les reports, en ayant soin d'écrire ces reports dans une ou deux lignes horizontales placées entre ces mêmes nombres et la somme cherchée. » Pour appliquer le même principe à la multiplication arithmétique , il convient d'effectuer cette opération, non à l'aide de la méthode générale- ment enseignée et pratiquée en France, mais à l'aide d'une méthode moins connue et qui permet de former d'un seul coup le produit de deux nombres écrits en chiffres. La méthode dont il s'agit consiste à former à la suite les uns des autres, pour les réunir immédiatement, les produits de même ordre qu'on peut obtenir en multipliant un des chiffres du multipli- cande par un chiffre correspondant du multiplicateur. Cette méthode se simplifie lorsque au-dessus du multiplicande on écrit le multiplicateur ren- versé sur une bande de papier mobile. Car alors, dans chaque position du multiplicateur, on trouve placés l'un au-dessus de l'autre les chiffres corres- pondants du multiplicateur et du multiplicande , c'est-à-dire les chiffres qui , pris deux à deux, doivent fournir des produits de même ordre. Alors aussi, pour appliquer le principe ci-dessus énoncé, il suffit d'écrire au-des- sous de chaque chiffre du multiplicande la somme des produits partiels de l'ordre de ce même chiffre. Si cette somme se trouvait exprimée par un nombre de plusieurs chiffres, de deux chiffres, par exemple, on écrirait le deuxième chiffre seulement au-dessous du chiffre correspondant du multiplicande, dans une certaine ligue horizontale, puis on reporterait à gauche et dans une ligne horizontale plus élevée le premier chiffre de la ( 791 ) même somme ; et l'opération , achevée comme dans le cas où il s'agit d'une addition simple, porterait en elle-même la preuve de l'exactitude non-seu- lement des sommes partielles formées avec les produits partiels de même ordre, mais encore de la somme totale fournie par la réunion de ces sommes partielles, c'est-à-dire du produit des nombres donnés. » Le principe ci-dessus énoncé peut encore être facilement appliqué aux multiplications approximatives, dans lesquelles on se propose d'obtenir le produit de deux nombres qui renferment des chiffres décimaux avec un degré d'approximation donné. a Enfin les opérations de l'arithmétique deviendraient notablement plus simples et plus faciles, si l'on combinait le principe ci-dessus énoncé avec l'emploi de deux espèces de chiffres. Les géomètres se sont plusieurs fois occupés de systèmes de numération qui présenteraient une autre base que le nôtre ; mais je ne sais si, eu conservant la même base , on a essayé d'effec- tuer les diverses opérations de l'arithmétique sur des nombres exprimés par des chiffres dont les uns seraient positifs, les autres négatifs. Cependant rien de plus aisé. Concevons en effet que, dans un nombre exprimé en chiffres, on place le signe de la soustraction au-dessus du chiffre corres- pondant à des unités d'un certain ordre, pour indiquer que ies unités de cet ordre doivent être prises avec le signe — . Alors on aura des chiffres positifs et des chiffres négatifs , et l'on devra distinguer dans chaque chiffre son signe et sa valeur numérique. Pour obtenir, à l'aide des notations reçues, la valeur d'un nombre écrit avec les deux espèces de chiffres, il suffira de remplacer chaque suite continue de chiffres négatifs, situés immé- diatement l'un après l'autre, par le complément arithmétique de cette suite, en diminuant d'une unité le chiffre positif qui la précède. Cela posé, on pourra évidemment écrire un nombre quelconque avec des chiffres dont la valeur numérique soit tout au plus égale à 5, et dès-lors les addi- tions, soustractions, multiplications, divisions, les conversions de frac- tions ordinaires en fractions décimales, et les autres opérations de l'arith- métique, se trouveront notablement simplifiées. Ainsi, en particulier, la table de multiplication étant réduite au quart de son étendue, on n'aura plus à former que des produits partiels de chiffres non supérieurs à 5. Remarquons encore que, dans la multiplication, la somme des produits par- tiels de même ordre sera d'autant plus facile à calculer, qu'en général ces produits partiels seront les uns positifs, les autres négatifs, et que par suite leur somme se trouvera presque toujours exprimée par un seid chif- fre. Remarquons enfin que pour le même motif il deviendra très aisé d'ap- C. R. , 1840, imt Semestre. (T. XI, l\° 20 ) ' 06 ( 792 ) pliquer aux nombres écrits avec les deux espèces de chiffres le principe ci-dessus indiqué comme propre à fournir la vérification des résultats obtenus. » Pour rendre plus faciles à saisir les principes ci-dessus énoncés, j'en donnerai ici quelques applications très simples. § I". Opérations exécutées à L'aide des divers chiffres qu'emploie le système décimal. » Une preuve très simple et très sûre de l'addition , de la soustraction, de la multiplication, etc., consiste à former avec la somme, la diffé- rence, ou le produit de deux ou de plusieurs nombres, la somme, la diffé- rence ou le produit de ceux que l'on obtiendrait si , dans chaque nombre , les divers chiffres étaient considérés comme représentant non plus des unités de divers ordres, mais des unités de même ordre. Cette sorte de preuve se trouve établie en même temps que l'opération même dans les exemples suivants : Addition avec la preuve. Nombres donnés. Somme.. . 1 1 3 2 o,/} 2 6 8 I 6, 2 O 2 4 o 3 1 o,o 4 o I 2 5 î i 7 7 7 5 9,6 6 8 9 5 o «•_» j t ( i 9 6,5 8 9 3 8 Nombres donnes. \ Soustraction avec la preuve. 96,589 38 4 2,3 7 16 Différence 154*219 10. Ici à la suite de chacun des nombres donnés ou calculés, on trouve Je nombre correspondant auquel il se réduit quand on regarde tous ses chiffres comme exprimant des unités simples, On peut adopter le résultat de l'opération avec confiance, quand le nombre correspondant à la somme ou à la différence des nombres donnés est, comme on le voit dans ces deux exemples, la somme ou la différence de leurs correspondants. ( 793 ) » Pour étendre cette preuve au cas où il y a des reports à effectuer d'une colonne verticale à l'autre, il suffît d'écrire ces reports et d'en tenir compte, comme on le voit dans l'exemple suivant: Addition avec la preuve. Nombres donnés. i 9 8,5 7 2 o 3,4 8 3 i 7,3 4 3 1 1 0 7 8 172,19 a 0 121,2 6 ' Reports Somme 891,58 91 Ici la somme 3i des chiffres que renferme le nombre 891,58, étant aug- mentée de 6 dixaines, c'est-à-dire d'autant de dixaines qu'il y a d'unités dans les chiffres des reports, doit reproduire et reproduit en effet le nombre 91 , c'est-à-dire la somme totale des chiffres que renferment les reports et les nombres donnés. » Pour appliquer les mêmes principes à la vérification d'un produit, il convient d'écrire au-dessus du multiplicande les différentes sommes partielles dont chacune renferme les produits partiels de même ordre qui peuvent résulter de la multiplication des divers chiffres du multiplicande par des chiffres correspondants du multiplicateur. A la rigueur, sans écrire ni sommes partielles, ni produits partiels, on pourrait obtenir d'un seul coup le produit de deux nombres donnés , en ajoutant successivement les uns aux autres lés produits partiels d'un chiffre par un chiffre, et com- mençant par ceux qui sont de l'ordre le moins élevé. On se trouverait ainsi ramené à la méthode de multiplication donnée par M. Hilf dans un ouvrage intitulé le Calcul sans chiffres, méthode que l'on dit avoir été plus anciennement exposée par le professeur Gunz dans des leçons orales à Laybach Mais si l'on adoptait sans modification cette méthode, dans le cas où le multiplicande et le multiplicateur donné contiennent beaucoup de chiffres, il ne serait pas facile de reconnaître les erreurs commises. Au contraire les résultats du calcul peuvent être aisément vérifiés, lorsqu'on écrit les sommes partielles dont nous avons parlé ci-dessus; et nous ajou- terons que, pour former aisément chacune de ces mêmes sommes, il suffit d'amener dans une position fixe au-dessus du multiplicande le multipli- 106.. ( 794 ) cateur renversé, mais écrit à part sur une règle ou sur une bande mobile de papier. Alors la vérification des produits s'effectue presque aussi faci- lement que celle des sommes, comme on peut le voir dans l'exemple suivant. » Supposons que l'on veuille multiplier 6/j6 "par i2,3. On formera d'abord les sommes partielles des produits de même ordre, en faisant glisser au-dessus du multiplicande le multiplicateur renversé; et chaque fois on écrira le dernier chiffre de la somme partielle obtenue au-dessous du chiffre a, qui représente les unités simples du multiplicateur, comme on le voit ici: Multiplicateur renversé. 3 , 21 3 , 2 r 3, 21 Multiplicande 6,4 6 6,46 6,46 i ' 2 ' 3 8 4 a '■■> liOrsque toutes les sommes partielles seront formées, on les ajoutera pour obtenir le produit cherché, après avoir vérifié leur exactitude, en cal- culant de deux manières différentes un autre produit dont les deux fac- eurs seront la somme des chiffres du multiplicande et la somme des chiffres du multiplicateur. L'opération tout entière peut être disposée comme il suit : Multiplication avec la preuve. Multiplicateur renversé. 3 , 2 1 6 Multiplicande 6,46 '6 j 3 2 f 7 66248 26 Produit 79,458 96 Ici la somme des chiffres du multiplicande est 16, la somme des chiffres du multiplicateur 6; et le produit de ces deux sommes, ou le nombre 96, doit résulter de l'addition des sommes partielles 18, 24, 32, 16 et 6, dans le cas où les derniers chiffres de celles-ci seraient considérés comme re- présentant des unités simples. Or c'est effectivement ce qui arrive, puis- que, dans le cas dont il s'agit, les sommes partielles 18, 24, 32, 16 et 6 ren- fermeraient 7 dixaines et 26 unités. Donc, dans l'opération effectuée, ces ( 795 ) sommes doivent être considérées comme exactes. Quant à l'addition des sommes partielles, elle peut être, à son tour, immédiatement vérifiée, et pour obtenir sa preuve il suffira d'observer que la somme faite du nom- bre 26 et du nombre 7 considéré comme représentant non plus des dixaines, mais des unités simples, est précisément la somme totale 33 des divers chiffres du produit obtenu 7 9>4 5 8. » En suivant la méthode précédente, on n'aura jamais à s'inquiéter de la place que devra occuper la virgule décimale, puisque, en vertu des règles établies, les unités de même ordre du multiplicande et du produit se trou- veront toujours placées dans la même colonne verticale. » Il est facile d'étendre les principes que nous venons d'établir au cas où la multiplication devrait s'effectuer de manière à fournir seulement la valeur non pas exacte, mais approchée, du produit de deux nombres, avec un degré d'approximation donné. Au reste je pourrai, dans une autre occasion, revenir à ce sujet, et aux divers moyens que l'on peut employer pour rendre plus sûres et plus faciles d'autres opérations de l'arithmétique, telles que l'extraction des racines. Je me bornerai, en terminant ce para- graphe, à indiquer une règle fort simple, à l'aide de laquelle on peut souvent donner, presque sans calcul, le produit de deux nombres com- posés de plusieurs chiffres. Voici l'énoncé de cette règle, qui se démontre par l'Arithmétique aussi bien que par l'Algèbre, avec la plus grande fa- cilité : » Pour multiplier deux nombres l'un par l'autre, décomposez leur somme en deux parties dont le produit puisse être facilement obtenu, et ajoutez au produit de ces deux parties le produit des différences entre l'une d'elles et les deux nombres donnés. » Lorsque les deux nombres donnés sont égaux, la règle est encore ap- plicable; seulement leur somme et leur produit deviennent le double et le carré de chacun d'eux. » Concevons, par exemple, qu'il s'agisse de multiplier 616 par 609; on aura 6oq + 616 = i2a5 = 600 + 6a5, y -T- , et comme les différences entre les nombres donnés et 600 sont respec- tivement 9 et 16, (796) on en conclura 609 X 616 = Gop X 6a5 + 9 X 16 = 3y5ooo + 144 = 375i44- » Concevons encore qu'il s'agisse de former le carré de 9987 ; on aura 1 X 9987 = 19974 = 10000 + 9974, et, comme la différence entre 10000 et le nombre donné sera i3 , on en conclura 9987* = 9974 X 10000 -+- i3* == 99740000 + l69 = 99740i69. § II. Opérations exécutées avec deux espèces de chiffres, les uns positifs, les autres négatifs. » Concevons que, dans un nombre écrit en chiffres, on place le signe — au-dessus du chiffre correspondant aux unités d'un certain ordre, pour exprimer que les unités de cet ordre doivent être effectivement prises avec le signe — . On pourra distinguer dans chaque nombre deux espèces de chiffres, les uns positifs, les autres négatifs. D'ailleurs, pour exprimer à l'aide des notations reçues la valeur d'un nombre écrit avec ces deux espèces de chiffres, il faudra remplacer chaque suite continue de chiffres négatifs, situés immédiatement l'un après l'autre, par le complément arith- métique de cette suite, et diminuer d'une unité le chiffre positif qui la précède. Ainsi, par exemple, on aura 11=9, 1 a 1 = 81, 103453124^ =976471158. Cela posé , on pourra évidemment écrire un nombre quelconque avec des chiffres dont la valeur numérique soit tout au plus égale à 5. Pour y parvenir, il suffira de remplacer, dans le nombre écrit suivant la no- tation reçue, chaque suite continue de chiffres positifs et supérieurs à 4 Par des chiffres négatifs qui forment, au signe près, le complément arithmétique de cette suite, en ajoutant au chiffre qui la précède une ( 797 ) seule unité. Si le dernier chiffre de la suite était 5, on pourrait à la ri- gueur ne pas s'en occuper et l'exclure de la suite. Mais alors même , à moins que la suite ne se trouve réduite au seul chiffre 5, il sera mieux de rendre ce chiffre négatif, afin de diminuer autant que possible la valeur numérique du chiffre précédent. » lies nombres étant exprimés , comme on vient de le dire , par des chiffres dont la valeur numérique ne surpasse pas 5, les additions, sous- tractions, multiplications, divisions, les conversions de fractions ordi- naires en fractions décimales, et les autres opérations de l'arithmétique, se trouveront notablement simplifiées. Ainsi, en particulier, la table de multiplication pourra être réduite au quart de son étendue, et l'on n'aura plus à effectuer de multiplications partielles que par les seuls chiffres 3, 4 = 2 X a> et 5 = 10 2 - Ainsi, pour être en état de multiplier l'un par l'autre deux nombres quel- conques, il suffira de savoir doubler ou tripler un nombre, ou en prendre la moitié. Si on le trouvait plus commode, on pourrait se contenter d'é- crire le multiplicateur suivant le nouveau système. On devra d'ailleurs se rappeler que le produit de deux chiffres de même espèce est positif, tan- dis que le produit de deux chiffres d'espèces différentes , c'est-à-dire l'un positif, l'autre négatif, sera négatif. » Cela posé , on reconnaîtra sans peine que le produit des nombres 8256= 12344? 99 7** = 10022, est 122422432 = 8a37.8368. De plus, on passera aisément des formules 11'= ni, 1 a" = 1 44' 1 3J == 1 69, etc.. . aux suivantes 11'= 121, 1 2* = 1 44' 1 3* = 1 69, etc.. , qui peuvent encore s'écrire ainsi : 9' = 81, 8' = 64, 7» = 49, etc.. ( 79§ ) Pareillement des formules i o i 3* = 1026169, ioo63= 1018108216, etc. , qui se déduisent si aisément et presque sans calcul du binôme de New- ton, l'on passera immédiatement aux suivantes 1 o 1 3* =1026169, ioo6s =1018108216, etc. , qui peuvent encore s'écrire ainsi 9987, = 974'09> 999 43 = 982107784, etc. Observons en outpe que, dans les additions, multiplications, élévations aux puissances, etc., les reports faits d'une colonue à l'autre seront gé- néralement très faibles, et souvent nuls, attendu que les chiffres positifs et négatifs se détruiront mutuellement en grande partie, dans une colonne verticale composée de plusieurs chiffres. » Dans la réduction des fractions ordinaires en fractions décimales, la période sera connue, dès que l'on retrouvera le même reste au signe près ; et cette période sera composée de deux parties semblables l'une à l'autre, abstraction faite du signe. On trouvera par exemple - = o, 1 4 3 1 43 1 43 ï 4.3- •• — o> 1 42 8 5 7 142857... , 1 — = 1 1 , 1 . 1 1 1 1... = 0,090909... -; = 0,1 23ia3i23i23... =0,7 69 a 3076 92 3..., etc. Enfin, dans les tables de logarithmes écrites avec des chiffres positifs et négatifs, on passera du logarithme de n au logarithme de - en changeant simplement les signes de tous les chiffres. » C 799 ) physiologie comparée. — Loi générale de la reproduction dans tous les êtres vivants; par M. F. Lallemand , professeur à Montpellier. (Suite.) « La génération est la fonction la plus universelle, avec la mit ition , puisque tous les êtres vivants se reproduisent. » Malgré la diversité apparente des phénomènes observés jusqu'à pré- sent, il doit y avoir quelque chose de commun dans un acte qui ect com- mun à tous. C'est ce qu'il faut chercher, car c'est la condition essentielle de la fonction. Tout le reste n'est qu'accessoire, puisque tout le reste peut manquer sans que la fonction disparaisse. C'est dans les êtres les plus simples qu'il faut chercher cette condition fondamentale de la génération, puisque c'est chez eux que la fonction, réduite à ses derniers termes, est débar- rassée de tout ce qui n'est pas indispensable. » Le mode de génération le plus simple est sans contredit celui qui n'exige pas le concours de deux individus ou de deux organes distincts. La monogénie peut s'accomplir par scission longitudinale ou transversale, par gemmiparité extérieure ou intérieure, par spores, par propagales, tuber- cules, turions, etc. Mais, dans tous ces cas, une partie vivante se sépare de l'animal type (i), quand elle possède tout ce qui lui est nécessaire pour continuer à se développer isolément. Ce n'est pas au moment où l'être nouveau acquiert une existence indépendante que la vie lui est commu- niquée, car dès les premiers instants il jouissait de la même vie que l'or- ganisme souche, et quelquefois même il contribuait à l'entretien commun quand la séparation s'est opérée. La reproduction par monogénie n'est donc qu'une extension de la nutrition, et ce qui le prouve, c'est qu'elle est proportionnée à l'abondance de l'alimentation. Quand elle est exubé- rante, les nouveaux polypes poussent eux - mêmes des bourgeons, et ceux-ci en produisent d'autres avant que la séparation s'opère; en sorte qu'on peut compter trois et quatre générations sur la souche première. » Lorsque les divers tissus de l'économie sont devenus très distincts, lorsque les fonctions se sont multipliées, localisées, en acquiérant un haut (i) Je dis type et non pas mère, comme on fait ordinairement, parce qu'il n'y a de mère que chez l'individu qui possède des organes femelles, et l'on ne trouve jamais d'organes femelles que dans les espèces où il existe des organes mâles. L'individu qui se reproduit par monogénie n'est donc pas plus une mère qu'un père. Ce vice de langage a trompé bien des physiologistes. C. R., 1840, ame Semestre. (T. XI, N° 20 .) ' °7 ( 800 ) degré de perfection, la reproduction ne peut plus s'opérer que par le con- cours de deux individus ou de deux organes distincts. Mais la transition ne s'opère pas d'une manière brusque, car il y a beaucoup de végétaux et d'animaux qui se reproduisent à la fois par monogénie et par digénie. D'un autre côté, dans les classes inférieures, les deux sexes diffèrent très peu, et même dans les' conjuguées, il est impossible de distinguer le mâle de la femelle. Les deux tubes sont remplis de matière semblable, ils se rappro- chent, les granules passent d'une cavité dans l'autre et la fécondation a lieu; mais personne n'aurait pu dire à l'avance quelle serait celle des deux cellules qui recevrait les granules de l'autre. » A mesure qu'on s'élève dans l'échelle des êtres, les organes de la re- production se compliquent de part et d'autre, ils prennent des caractères de plus en plus distincts, mais au fond le phénomène essentiel As la re- production est toujours le même. Dans la monogénie une partie vivante se sépare du type quand elle peut continuer à se développer isolément ; dans la digénie une partie vivante se sépare des organes mâle et femelle quand il peut en résulter un être nouveau, susceptible d'un développe- ment ultérieur complet. » L'ovule végétal vit de la vie de l'ovaire au moment où la fécondation s'opère; il continue à recevoir sa nourriture du podosperme , qu'on a mal à propos appelé cordon ombilical, jusqu'au moment où l'embryon et l'em- bryotrophe ont pris assez de développement pour puiser ailleurs les élé- ments d'une existence indépendante (germination). » L'ovule animal vit après sa séparation de l'ovaire et avant d'être fé- condé, car il continue à croître, il s'enveloppe d'albumine, de nouvelles membranes, etc. Dans les batraciens, les ovules les plus faciles à féconder artificiellement sont ceux qu'on prend à la fin de l'oviducte; les féconda- tions sont d'autant plus rares qu'on opère sur des ovules plus voisins de l'ovaire; elles sont nulles quand on agit sur des ovules puisés dans l'ovaire lui-même. Ainsi les ovules se perfectionnent comme les zoospermes, en ap- prochant de l'orifice extérieur. Les ovules des batraciens peuvent encore être fécondés quatre jours après leur extraction, quand on les conserve dans des conditions convenables : si la fécondation est impossible plus tard , c'est par la même raison que la graine cesse de pouvoir germer, c'est- à-dire parce que la vie s'y est éteinte. Aussitôt que la fécondation vient d'avoir lieu, la surface de l'ovule se couvre de sillons dans tous les sens et change à chaque instant d'aspect. De semblables contractions ne pour- ( Soi ) raient avoir lie» dans les membranes propres de l'ovule, s'il n'était vivant avant la fécondation. » En résumé, l'ovule n'est pas seulement un réservoir de matériaux nu- tritifs pour l'embryon; c'est encore une partie douée de vie; sa vitalité s'accroît même après qu'il est séparé de l'ovaire. La vie lui est indispensable pour s'unir avec le zoosperme, car une soudure ne peut s'établir qu'entre parties vivantes. Si l'on a pu douter delà vitalité des ovules, c'est qu'on en a jugé par comparaison, sans songer qu'il y a bien des degrés entre le lichen et l'homme, entre l'os et le muscle, quoique le lichen et l'os jouis- sent aussi de la vie; c'est qu'on ne s'est pas assez souvenu que l'animal le plus élevé dans l'échelle des êtres passe par tous les états intermédiaires , et qu'au moment de la fécondation il se trouve précisément au point de départ, au degré le plus inférieur de l'animalité. » Sur quel point de l'ovule s'opère la soudure du zoosperme? Sur la membrane proligère qui existe dans tous les ovules, qui est épaisse, vil- leuse sinon vasculaire. C'est en effet toujours dans ce point que s'accomplit la fécondation. Dans les ovules dont l'enveloppe extérieure est dure, ou ré- sistante, comme chez les insectes, les batraciens, etc., une ouverture existe toujours à la membrane externe vis-à-vis cet écusson. Le mycropile manque au contraire chez ceux dont l'enveloppe est très mince (mammifères), ou ne se durcit qu'après la fécondation (oiseaux). Dans tous les cas, c'est sur le disque proligère que s'opère la fécondation. C'est là que tout a été pré- paré pour recevoir le zoosperme. » Quant aux exemples de pareilles soudures, ils ne manquent pas dans la fonction même de la génération. L'œuf fécondé se soude à la matrice pendant tout le temps de la gestation : l'embryon des marsupiaux se soude plus tard au mamelon de la tétine ; les doigts se soudent souvent, entre eux d'une manière permanente ; les deux membres inférieurs se fon- dent quelquefois en un seul; il arrive souvent que deux placentas se confondent; deux fœtus se soudent aussi par des parties similaires , et restent égaux quand ils ont la même vigueur; ou bien le plus fort atro- phie l'autre; il peut même l'engloutir complètement dans son dévelop- pement rapide. En effet, il n'y a que l'hypothèse de deux zoospermes greffés sur le même écusson, qui puisse expliquer l'existence d'un fœtus dans l'abdomen d'un garçon adulte, fait qui a été plusieurs fois parfaitement constaté. » En résumé, la fécondation n'est pas un acte dans lequel une matière inerte soit tout-à-coup vivifiée par un liquide amorphe , par une action élec- 10-.. ( S02 ) trique, nerveuse , dynamique, etc. C'est essentiellement l'union de deux parties vivantes dont chacune est nécessaire au développement ultérieur de l'autre. De cette manière, la reproduction par le concours des deux sexes rentre dans la même loi que celte qui s'opère par monogénie. C'est toujours une partie vivante qui se sépare du type , soit pour continuer à se déve- lopper seule, soit pour chercher dans un autre les moyens nécessaires à son développement ultérieur. La loi est toujours la même, soit que la fonction puisse être accomplie par un seul individu, soit qu'elle doive être partagée entre deux organes distincts. La vie ne se produit pas instantanément par un acte unique et isolé: elle se développe dune manière lente et progressive, sans interruption, comme une continuation, une conséquence de la nutri- tion. La matière inerte s'organise et devient vivante dans l'organisme souche avant d'acquérir une existence indépendante; et la vie se propage ainsi sans interruption appréciable. » Chez l'homme la rencontre de l'ovule et du zoosperme peut avoir lieu dans l'ovaire, puisque les grossesses ovariques ont été souvent constatées ; ou en sortant de l'ovaire, puisque les grossesses péritoniales ne sont pas rares. Les expériences faites sur les animaux ne prouvent rien par rapport à l'es- pèce humaine , puisque, chez les poissons, la fécondation n'a lieu qu'après l'accouchement et loin de la mère , tandis que chez les batraciens elle s'opère au moment même où l'ovule est expulsé ; chez les insectes , c'est au moment où il va sortir du corps de la mère; chez les oiseaux, c'est dans Xoviducte. Enfin, chez les mammifères, lafécondation se fait encore plus profondément, dans les trompes utérines. Il n'est donc pas étonnant que, dans l'espèce hu- maine, elle remonte jusque dans l'ovaire, ou du moins jusqu'à la surface de l'ovaire. Ici d'ailleurs les cas pathologiques observés chez la femme mé- ritent bien plus de confiance que toutes les inductions tirées des expériences faites sur les animaux les plus voisins de l'homme. » En m'élevant ainsi rapidement, de la conferve jusqu'à l'homme, pour chercher l'unité de loi qui préside à la reproduction de tous les êtres vivants, on concevra que je n'ai pu discuter aucun point en particulier : mais la plu- part des faits sur lesquels je me suis appuyé sont connus; les autres, assez nombreux, seront bientôt publiés. » M. de Blainville présente à l'Académie la septième livraison de son Ostéographie comparée récente et fossile, dans laquelle, après des généra- lités sur les carnassiers, formant neuf feuilles d'impression, se trouvent ( 8o3 ) développées l'ostéographie et l'odontographie de» genres Phoca et 7 ri- chechus de Linné, dans huit feuilles d'impression et neuf planches. M. Pouillet fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de ses Élé- ments de Physique expérimentale et de Météorologie. RAPPORTS. optique. — Rapport sur un Mémoire de M. Vallée ayant pour titre : Explication du mécanisme de l'œil. (Commissaires, MM. Arago, Magenclie, Sturm, Pouillet rapporteur.) «A l'époque où M. Vallée a publié son Traité de Géométrie descriptive et son Traité de la science du dessin, l'Académie lui a accordé son appro- bation pour ces deux ouvrages remarquables, sans entrer explicitement dans l'examen des idées nouvelles qu'il avait eu l'occasion d'émettre sur la vision et sur le mécanisme de l'œil. Ces idées n'avaient pas reçu alors de suffisants développements ; on ne pouvait les considérer que comme des indications qui exigeaient de plus amples recherches. Dans le Mémoire qu'il vient de présenter et dont nous sommes chargés de rendre compte, M. Vallée annonce qu'en partant des premiers principes qu'il avait posés à cette époque, il est parvenu à embrasser dans son ensemble toute la théorie de la vision et à l'asseoir sur des bases nouvelles. Cependant le Mémoire dont il s'agit, quoique très étendu, ne contient encore qu'une petite partie de ce grand travail ; l'auteur n'y expose pas encore sa théorie: son but principal paraît être de démontrer surtout combien l'ancienne théorie est insuffisante et combien elle est loin de donner les résultats qui sont généralement admis comme les plus vraisemblables. Nous allons es- sayer de retracer en peu de mots la marche qu'il a suivie et les consé- quences auxquelles il est parvenu. » M. Vallée prend pour données expérimentales les indices de rétrac- tion déterminés par MM. Brewster et Chossat pour la cornée, l'humeur aqueuse, les couches du cristallin et l'humeur vitrée; il adopte pa- reillement, comme étant les pins exactes, les courbures et les dimensions données par Sœmmering et surtout celles qui ont été obtenues parle doc- teur Rrause : celles-ci appartiennent à des sujets différents qui avaient été frappés d'une mort accidentelle, et dont les yeux ont pu être presque ( 8o4 ) immédiatement soumis à toutes les expériences de mesure. Au moyen de ces éléments et des formules ordinaires, M. Vallée calcule le lieu où doit se faire l'image d'un point lumineux situé à diverses distances au-devant de l'œil, et il arrive à ce résultat singulier que, même pour les objets situés à l'infini, l'image se ferait sensiblement plus loin que la rétine ou la cho- roïde. Supposant ensuite que les courbures du docteur Rrause peuvent être en erreur d'un dixième, et que pour les yeux humains les indices de réfraction doivent aussi être plus considérables et se rapprocher des in- dices les plus grands qui aient été obtenus et qui appartiennent à des yeux de carpe, il fait de nouveaux calculs, et trouve encore, malgré ces hypo- thèses évidemment exagérées, que la distance focale n'est pas suffisamment raccourcie. II est donc conduit à cette conséquence, qu'en employant les véritables données physiques propres à la constitution de l'œil humain, telles qu'elles ont été données par l'observation, il est impossible que l'image d'un objet se fasse nettement sur la choroïde ou la rétine, quelle que soit la distance de cet objet au-devant de l'œil. » M. Vallée examine ensuite l'influence de la dispersion et les condi- tions de l'achromatisme; mais, comme on ne connaît pas les pouvoirs dispersifs des différentes parties de l'organe, il essaie des formules d'inter- polation pour les déterminer approximativement au moyen des résultats que Frauenhofer a obtenus avec tant de soins et d'exactitude pour un assez grand nombre de substances. Ces valeurs approchées étant soumises au calcul, on voit qu'elles ne pourraient en aucune sorte donner au fond de l'œil des images achromatiques , mais qu'elles donneraient essentielle- ment des images irisées; puis, en calculant l'étendue occupée par les di- verses couleurs, on trouve qu'elle est trop considérable pour ne pas affecter la sensibilité de l'œil et troubler la vision. Sous ce deuxième rapport la théorie ordinaire paraît donc avoir aussi un irrémédiable défaut. » Ainsi, soit que l'on considère simplement les distances focales, soit que l'on considère à la fois les distances focales et la dispersion, dans tin cas comme dans l'autre on est conduit à reconnaître que les images se- raient nécessairement confuses au fond de l'œil, si la constitution géomé- trique et physique de cet organe était en réalité telle qu'on l'admet d'après les expériences les plus précises qui aient été faites pour la déterminer. » Les calculs qui conduisent à cette conséquence ont l'inconvénient d'être un peu longs ; mais le fussent-ils beaucoup plus et en même temps beaucoup plus difficiles, on peut s'en rapporter à M. Vallée et avoir toute ( 8o5 ) confiance dans leur exactitude: c'est pourquoi nous nous bornons à en apprécier ici les résultats. » Les physiciens savaient très bien que parmi les phénomènes de la vi- sion il n'y en a pas un seul qui ait été soumis à une explication rigoureuse. On admet, il est vrai, d'une manière générale que la courbure antérieure de la cornée , que la forme du cristallin et les humeurs de l'œil sont des- tinées à faire converger les rayons sur la choroïde pour peindre des images parfaitement nettes, mais l'on ne sait en aucune sorte comment ce phé- nomène s'accomplit et quelle part y doivent prendre les divers éléments de l'organe. » Quelques auteurs cependant allaient un peu plus loin: ils étaient dis- posés à admettre que pour la distance de la vision distincte, tout était combiné dans l'œil de manière que les images fussent parfaitement nettes et achromatiques, et en partant de cette hypothèse il restait seulement à chercher par quels moyens d'action la volonté pouvait accommoder l'œil à d'autres distances. Ainsi pour eux il y avait dans la vision deux ques- tions séparées, l'une relative à la vision distincte, qu'ils regardaient comme résolue} l'autre relative à l'ajustement de l'œil pour toutes les distances, qui était le seul point difficile. » Les recherches de M. Vallée font voir qu'il n'en est pas ainsi, que les deux questions restent entières, que les données physiques recueillies jusqu'à ce jour ne résolvent ni la première ni la seconde, et qu'il est par conséquent nécessaire d'introduire de nouveaux éléments pour établir une théorie de la vision. Ces éléments dépendent-ils uniquement des promptes altérations que les courbures et les substances de l'œil peuvent éprouver dès les premiers instants qui suivent la mort , ou dépendent-ils de quel- ques autres circonstances organiques encore inconnues ou mal appréciées? C'est un point sur lequel jusqu'à présent il serait impossible d'émettre une opinion suffisamment justifiée par les observations physiques ou phy- siologiques. » Cependant, tout ce qui peut tendre à jeter quelque jour sur une question aussi délicate et aussi controversée, nous semble mériter un haut degré d'intérêt, et nous avons l'honneur de proposer à l'Académie de pu- blier, dans les Mémoires des Savants étrangers, la méthode de calcul employée par M. Vallée, et les résultats auxquels il est parvenu. » Après un long débat, les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( 8o4 ) immédiatement soumis à toutes les expériences de mesure. Au moyen de ces éléments et des formules ordinaires, M. Vallée calcule le lieu où doit se faire l'image d'un point lumineux situé à diverses distances au-devant de l'œil, et il arrive à ce résultat singulier que, même pour les objets situés à l'infini, l'image se ferait sensiblement plus loin que la rétine ou la cho- roïde. Supposant ensuite que les courbures du docteur Rrause peuvent être en erreur d'un dixième, et que pour les yeux humains les indices de réfraction doivent aussi être plus considérables et se rapprocher des in- dices les plus grands qui aient été obtenus et qui appartiennent à des yeux de carpe, il fait de nouveaux calculs, et trouve encore, malgré ces hypo- thèses évidemment exagérées, que la distance focale n'est pas suffisamment raccourcie. Il est donc conduit à cette conséquence, qu'en employant les véritables données physiques propres à la constitution de l'œil humain, telles qu'elles ont été données par l'observation, il est impossible que l'image d'un objet se fasse nettement sur la choroïde ou la rétine, quelle que soit la distance de cet objet au-devant de l'œil. » M. Vallée examine ensuite l'influence de la dispersion et les condi- tions de l'achromatisme; mais, comme on ne connaît pas les pouvoirs dispersifs des différentes parties de l'organe, il essaie des formules d'inter- polation pour les déterminer approximativement au moyen des résultats que Frauenhofer a obtenus avec tant de soins et d'exactitude pour un assez grand nombre de substances. Ces valeurs approchées étant soumises au calcul, on voit qu'elles ne pourraient en aucune sorte donner au fond de l'œil des images achromatiques, mais qu'elles donneraient essentielle- ment des images irisées; puis, en calculant l'étendue occupée par les di- verses couleurs, on trouve qu'elle est trop considérable pour ne pas affecter la sensibilité de l'œil et troubler la vision. Sous ce deuxième rapport la théorie ordinaire paraît donc avoir aussi un irrémédiable défaut. » Ainsi, soit que l'on considère simplement les distances focales, soit que l'on considère à la fois les distances focales et la dispersion , dans un cas comme dans l'autre on est conduit à reconnaître que les images se- raient nécessairement confuses au fond de l'œil, si la constitution géomé- trique et physique de cet organe était en réalité telle qu'on l'admet d'après les expériences les plus précises qui aient été faites pour la déterminer. » Les calculs qui conduisent à cette conséquence ont l'inconvénient d'être un peu longs ; mais le fussent-ils beaucoup plus et en même temps beaucoup plus difficiles, on peut s'en rapporter à M. Vallée et avoir toute ( 8o5 ) confiance dans leur exactitude: c'est pourquoi nous nous bornons à en apprécier ici les résultats. » Les physiciens savaient très bien que parmi les phénomènes de la vi- sion il n'y en a pas un seul qui ait été soumis à une explication rigoureuse. On admet, il est vrai, d'une manière générale que la courbure antérieure de la cornée, que la forme du cristallin et les humeurs de l'œil sont des- tinées à faire converger les rayons sur la choroïde pour peindre des images parfaitement nettes, mais l'on ne sait en aucune sorte comment ce phé- nomène s'accomplit et quelle part y doivent prendre les divers éléments de l'organe. » Quelques auteurs cependant allaient un peu plus loin : ils étaient dis- posés à admettre que pour la distance de la vision distincte, tout était combiné dans l'œil de manière que les images fussent parfaitement nettes et achromatiques, et en partant de cette hypothèse il restait seulement à chercher par quels moyens d'action la volonté pouvait accommoder l'œil à d'autres distances. Ainsi pour eux il y avait dans la vision deux ques- tions séparées, l'une relative à la vision distincte, qu'ils regardaient comme résolue; l'autre relative à l'ajustement de l'œil pour toutes les distances, qui était le seul point difficile. » Les recherches de M. Vallée font voir qu'il n'en est pas ainsi, que les deux questions restent entières , que les données physiques recueillies jusqu'à ce jour ne résolvent ni la première ni la seconde, et qu'il est par conséquent nécessaire d'introduire de nouveaux éléments pour établir une théorie de la vision. Ces éléments dépendent-ils uniquement des promptes altérations que les courbures et les substances de l'œil peuvent éprouver dès les premiers instants qui suivent la mort , ou dépendent-ils de quel- ques autres circonstances organiques encore inconnues ou mal appréciées? C'est un point sur lequel jusqu'à présent il serait impossible d'émettre une opinion suffisamment justifiée par les observations physiques ou phy- siologiques. » Cependant, tout ce qui peut tendre à jeter quelque jour sur une question aussi délicate et aussi controversée, nous semble mériter un haut degré d'intérêt, et nous avons l'honneur de proposer à l'Académie de pu- blier, dans les Mémoires des Savants étrangers , la méthode de calcul employée par M. Vallée, et les résultats auxquels il est parvenu. » Après un long débat, les conclusions de ce Rapport sont adoptées. t 806 ) MÉMOIRES LUS physique. — Recherches sur la chaleur absorbée dans la fusion des corps, etc.; par M. C. Despretz. (Extrait.) (Commissaires, MM. Gay-Lussac , Pouillet, Regnault. ) « Tout ce qui tient aujourd'hui plus ou moins directement à la consti- tution moléculaire ou aux poids atomiques des corps , présente un grand intérêt, à cause des relations nombreuses qui lient la chimie moderne à la physique moléculaire. » L'optique, l'électricité, l'acoustique et la chaleur ont fourni chacune des données qui ont fait connaître plus intimement la nature des corps. Néanmoins, malgré les recherches multipliées dont s'est enrichie la science de la chaleur dans ces derniers temps , on ne possède rien sur la variation que fait éprouver à la capacité calorifique, le changement d'état des corps ; on n'a que très peu de choses sur la chaleur absorbée pendant la fusion, deux points également importants et pour la chimie et pour la physique. » J'ose espérer que le travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca- démie jettera quelque lumière sur ce sujet. » La résolution complète de la question exige un grand nombre d'ex- périences. Il est indispensable de connaître : i° le point de fusion; a# la chaleur spécifique à l'état solide pour plusieurs températures; 3° la cha- leur spécifique à l'état liquide; 4° 'a chaleur absorbée dans la fusion. Il est encore utile de mesurer le changement de volume dans la liquéfaction, afin de pouvoir estimer la part de l'expansion dans le phénomène. » Black dut porter naturellement son attention sur le sujet qui nous occupe, puisqu'il eut le premier peut-être des idées nettes sur la chaleur latente, c'est-à-dire sur cette quantité de chaleur plus ou moins grande absorbée pendant, la fusion ou la volatilisation , sans élévation ni abaisse- ment de température. Mais comme il ne sépara ni l'effet dû à l'action du corps solide , ni l'effet dû à l'action du corps liquide , il obtint des résul- tats très éloignés de la vérité. Ainsi il trouva 2770 pour la chaleur latente de l'étain , nombre vingt fois trop fort; pour la cire il trouva 97°, nombre aussi beaucoup trop considérable. Il versait simplement le corps fondu dans l'eau. » M. Rudberg a pensé que la méthode des mélanges ne convient pas ( 8o7 ) pour la recherche des chaleurs de fusion, et lui a préféré la méthode du re- froidissement, méthode qu'il reconnaît d'ailleurs n'être qu'approximative. On admettra aisément ce dernier point, quand on saura que ce physicien distingué, compare le temps nécessaire au corps fondu pour se refroidir de io° dans la partie de l'échelle qui comprend le point de fusion du corps , avec le temps nécessaire au mercure pour se refroidir du même nomhre de degrés dans la même partie de l'échelle. Cette comparaison ne peut conduire qu'à des résultats peu rigoureux, puisque, pendant la congé- lation du corps, la température et conséquemment la vitesse du refroi- dissement restent stationnaires, tandis que pendant le refroidissement d,u mercure la vitesse est sans cesse variable. » Un obstacle qui paraît au premier abord devoir faire abandonner la mé- thode des mélanges, est la production d'une certaine quantité de vapeur d'eau, an moment de l'immersion du corps chaud dans l'eau froide. Si cet inconvénient était inévitable, il faudrait rejeter cette méthode pour l'estimation de la chaleur absorbée dans la fusion des corps ; mais heu- reusement je suis parvenu à faire disparaître complètement cette cause d'erreur. » L'appareil que j'emploie aujourd'hui , et avec lequel on évite la produc- tion de la plus petite quantité de vapeur, se compose d'une double boîte en laiton très mince. La partie extérieure de cette boîte, et qui sert de cou- vercle, présente une rainure circulaire profonde, qu'on remplit d'eau au moment de l'immersion, en sorte qu'il n'y a pas de perte de chaleur, puis- que le corps chaud est enveloppé d'eau de toutes parts, quoique l'immer- sion ne soit complète qu'après une ou deux minutes. Ce dernier appareil ne nous paraît rien laisser à désirer. Seulement il faut éviter le contact de l'eau froide et du métal fondu, parce que la congélation subite d'une portion notable du métal produit un trouble dans l'expérience et souvent la projection d'une partie de ce métal hors de la boîte en tôle, mais non hors de l'eau. Tout restant dans l'eau, l'expérience peut être bonne ; mais le travail est plus long, parce qu'il faut rassembler, fondre et peser le métal de nouveau. Quand on fait l'expérience, on place cette double boîte sur une table à côté du calorimètre. Un thermomètre donne la tem- pérature de la boîte. » La masse de matière sur laquelle on opère varie selon la nature du corps : plus la chaleur spécifique du corps est grande, plus le point de fu- sion est élevé, plus la quantité de matière doit être faible, à cause de la limite des thermomètres très sensibles employés pour la température du C. R., I «4.1, 1mt Semestre. ' T. XI, N" 20 j ï °^ ( 808 ) calorimètre. Ainsi, pour le soufre, on opère sur i kilogramme, pour l'étaitt sur 2 kilog., pour le bismuth et le plomb sur 3 à 4 kilog. » Le calorimètre consiste en un vase cylindrique en cuivre très mince. Il repose sur un support en bois très sec, taillé en biseau, avec lequel il n'a que quelques points de contact. Avec cette disposition le refroidisse- ment ou réchauffement , par l'action des corps environnants, est le même que si l'instrument était simplement suspendu dans l'air. Ce calorimètre contient environ 16 kilogrammes d'eau. On pèse l'eau à chaque expérience, dans une balance avec laquelle on peut peser io à 12 kilogrammes, à une fraction de gramme près. » Trois thermomètres donnent la température au commencement et à la fin de l'expérience. Un seul serait insuffisant pour une aussi grande quantité d'eau. La faiblesse de l'élévation de la température exige l'emploi de thermomètres très sensibles. Chaque division de ceux dont je me suis servi a environ quatre millimètres de longueur et équivaut à.o,o5 de de- gré centigrade. Cette grande sensibilité permet l'appréciation d'un demi- centième et même d'un quart de centième de degré. Il s'agit ici , bien en- tendu, d'un intervalle de température, et non d'une température absolue. » On chauffe le métal dans une boîte en tôle. Deux tubes, fixés au fond de cette boîte, à égale distance du centre, contiennent les réservoirs de deux thermomètres qui indiquent la température; on la corrige de l'ac- tion de l'air et on la rapporte au thermomètre à air d'après les données de MM. Dulong et Petit. Cette boîte ne reçoit pas directement l'impression de la chaleur du foyer; elle est renfermée dans une deuxième boîte, laquelle est aussi renfermée dans une troisième, qui est placée sur un fourneau. Cette double enveloppe augmente la durée de réchauffement par le foyer, mais elle a l'avantage de diminuer la vitesse du refroidissement quand l'appareil est soustrait à l'action du feu, et rend ainsi l'appréciation de la température plus facile. Cette appréciation serait même impossible sans l'emploi d'un procédé propre à affaiblir la vitesse du refroidisse- ment. » Quand on désire, dans une expérience, porter le corps à une tempé- rature déterminée, on chauffe l'appareil des trois boîtes jusqu'à ce que les thermomètres marquent une température inférieure d'un certain nombre de degrés à la température voulue. On ôte l'appareil du feu; la double boîte communique encore de la chaleur au corps; quand l'ascension est devenue lente, on porte le tout dans le lieu de l'observation, à une certaine distance du calorimètre ; on attend que la température soit au plus haut point : on note alors la valeur du refroidissement pendant une minute ou une demi- (8o9) minute, afin d'estimer la perte dans le court intervalle du transport de la boîte remplie du corps dans la boîte en laiton dont il a été question. Celle-ci, aussitôt fermée, est plongée dans l'eau du calorimètre. Le poids et la température de cette enveloppe sont connus, la capacité du laiton a été donnée récemment par M. Regnault, on peut donc estimer l'influence de cette partie de l'appareil. On agite le liquide; au bout de quelques minutes on soulève et l'on abaisse avec précaution le couvercle de la boîte en laiton , afin de n'amener que peu d'eau à la fois sur le métal encore chaud. On sépare toutes les parties sous l'eau, on agite le liquide avec une espèce de cuiller en laiton d'un poids connu et l'on note la tempéra- ture de deux minutes en deux minutes. » On atteint bien vite le maximum, on le dépasse; on compte le refroi- dissement plusieurs fois. On obtient ainsi et la température maximum , et la perte de l'appareil pendant le cours de l'expérience. Les réservoirs des thermomètres, longs de 16 centimètres, renferment une assez grande quantité de mercure; on en tient compte. » On calcule alors l'effet total produit par le corps et par la boîte qui le renferme. On retranche du résultat l'effet que produit la boîte isolément à la même température. » Je ne rapporte pas pour le moment les expériences que j'ai tentées sur le soufre, le phosphore et le mercure, parce que les expériences indi- viduelles n'ont pas présenté assez d'accord entre elles. Je dirai néanmoins qu'on tire , de ces expériences pour le soufre solide , une capacité plus forte que celle qu'a obtenue M. Regnault, ce qui doit être, puisque l'intervalle de température, dans mes expériences, était plus étendu que dans celles de M. Regnault. Quant à la chaleur latente, elle paraîtrait plutôt en relation avec le poids atomique déduit de la densité de la vapeur trouvée par M. Dumas, qu'avec le poids atomique admis par les chimistes. Ce qui semblerait prouver que dans le soufre liquide, la disposition moléculaire se rapproche de ce quelle est à l'état gazeux. » Il résulte de nos expériences, i° que la capacité est plus grande à l'état liquide qu'à l'état solide ; 2° que les chaleurs latentes sont à peu près en raison inverse des poids atomiques. » Cette relation n'est qu'approximative. On conçoit, en effet, qu'il est difficile qu'elle soit rigoureuse, puisque déjà, comme je l'ai fait remarquer en 1 836 ( Traité élémentaire de Physique, page 1 53 ), la loi proposée sur le rapport inverse des poids atomiques et des chaleurs spécifiques n'est qu'approchée. En effet, si cette dernière loi était rigoureuse, elle entraine- 108.. ( 8io) rait comme conséquence cette autre loi, savoir, que la variation de la cha- leur spécifique avec la température serait la même pour tous les corps, ce qui n'a pas lieu d'après les expériences mêmes de MM. Dulong et Petit. La loi sur la variation de la capacité n'était pas non plus possible, puis- que les mêmes physiciens ont encore montré, par leurs belles recher- ches, que la dilatation des solides et des liquides suit un mode particu- lier d'accroissement pour chaque corps. Aussi les écarts qu'on avait remarqués dans la loi ont-ils été augmentés dans un grand travail qui a fixé récemment l'attention de l'Académie. La loi dont il est question, ne nous paraît pouvoir être vraie que pour les gaz, qui présentent, d'après M. Gay-Lussac, une dilatation uniforme. Nous nous permettrons cepen- dant de faire remarquer que si les observations que nous avons faites sur l'accroissement de la compressibilité de beaucoup de gaz à mesure que la compression augmente, sont fondées, la loi du rapport inverse des poids atomiques et des capacités calorifiques ne serait rigoureusement vraie que pour l'azote et l'oxigène, qui suivent, d'après MM. Arago et Dulong, la loi de Mariotteà des pressions considérables. On pourraity ajouter l'hydrogène. » 11 est visible qu'une loi qui a lieu pour des gaz également compres- sibles, cesse d'avoir lieu pour des gaz qui offrent une compressibilité iné- gale, quelle que soit d'ailleurs l'opinion qu'on se forme de la nature des gaz. » On voit d'après cela que la relation que nous avons constatée ne peut être qu'approchée : en effet , si déjà l'inégale variation de la dilatation avec la température suffit pour s'opposer à la simplicité du rapport inverse des poids atomiques et des chaleurs spécifiques, une altération bien plus pro- fonde, comme celle qui est déterminée par le changement d'état, doit troubler la loi davantage. En effet, l'eau, le bismuth augmentent de vo- lume dans la congélation; le plomb, l'étain, le phosphore, le soufre, le mercure diminuent. » Quoi qu'il en soit, il est démontré que pour le changement d'état aussi bien que pour le changement de température, il existe une liaison étroite entre le poids atomique et la quantité de chaleur absorbée. » acoustique. — Mémoire sur les vibrations des cordes chargées d'un nombre quelconque de curseurs; par M. Duuamel. (Extrait.) (Commissaires, MM. Cauchy, Savart, Sturm.) « Lorsque Taylor a fait connaître la première solution du problème des cordes vibrantes, les géomètres qui ont voulu lui donner plus de rigueur (8.r ) et de généralité, ont considéré d'abord un fil sans pesanteur, chargé d'un grand nombre de poids égaux distribués à égales distances sur sa longueur entière. Ils ont supposé ensuite que le nombre de ces poids augmentait indéfiniment, et que par conséquent les points où ils étaient appliqués se rapprochaient indéfiniment les uns des autres. En passant à la limite, et considérant la somme totale des poids comme invariable, ils obtenaient un fil parfaitement flexible, ayant un poids déterminé distribué uniformément sur toute sa longueur; et la formule qui réglait le mouvement de tous les points de ce fil s'obtenait en prenant la limite de celle qui se rapportait à un nombre arbitraire de points matériels, » Lorsqu'ils eurent ainsi déterminé les lois du mouvement vibratoire des cordes, ils ne cherchèrent pas comment elles seraient modifiées par des masses que l'on attacherait en un certain nombre de leurs points, et qui seraient entraînées par elles dans leur mouvement. Ils n'ont jamais consi- déré ces masses, ou curseurs , que dans le cas où elles étaient attachées à des fils sans pesanteur. Peut-être les physiciens auront-ils fait quelques ex- périences sur le mouvement des cordes et des verges, chargées de curseurs , mais il ne les ont pas publiées, parce que sans doute ils n'auront découvert aucune loi simple; et je démontrerai qu'en effet ils ne pouvaient découvrir les lois qui régissent ces phénomènes, de quelque sagacité qu'ils fussent doués, et quelque grand que fût le nombre des expériences précises qu'ils auraient eues à leur disposition. » Quoique ces recherches fussent assez intéressantes par elles-mêmes, je ne m'y suis livré qu'à l'occasion d'une autre question, à la solution de la- ' quelle elles étaient tout-à-fait nécessaires. Cette question, dont je me pro- pose d'entretenir une autre fois l'Académie, se rattache à un fait que M. Savart a fait connaître il y a long-temps, et qui se rapporte à la com- munication des mouvements vibratoires. Pour le moment je considère ces phénomènes en eux-mêmes, et indépendamment des applications qu'on en peut faire. » Dans un premier Mémoire , que j'ai eu l'honneur de présenter il y a quelques mois à l'Académie, j'ai traité le cas d'un seul curseur, et j'ai montré l'accord remarquable de l'expérience et de la théorie. » Dans celui-ci je considère un nombre quelconque de curseurs ayant des masses inégales, et distribués arbitrairement le long de la corde; et j'achève complètement tous les calculs en supposant ce nombre réduit à deux. Pour les mêmes valeurs des données, le système est susceptible d'une infinité de mouvements simples, correspondants à des sons différents et à des divisions nodales différentes. Cette série de mouvements et de sons ( 8.2 ) harmoniques est déterminée par les racines d'une équation transcendante peu compliquée, et qui devient même très simple dans le cas où les deux curseurs ont des masses égales et divisent la corde en parties égales. Il est à remarquer que dans une infinité de cas dont ce dernier fait partie, il existe des mouvements simples qui ne dépendent pas des racines de l'é- quation transcendante; et j'ai fait voir comment on peut les déterminer séparément. Il y aurait d'ailleurs le plus grand inconvénient à les négliger, parce qu'ils doivent entrer, comme les autres, dans l'expression du mou- vement relatif à un état initial arbitraire. » Cet état initial consiste dans les positions et les vitesses de tous les points au commencement du mouvement. C'est une des données que l'on prend ordinairement dans les applications du calcul à la physique. Mais j'ai dû considérer encore la question sous un autre point de vue, et supposer que le mouvement pouvait être imprimé au système au moyen d'un archet, et non par un simple écart de la position d'équilibre. D'après la théorie que j'ai donnée de l'action de l'archet, dans un Mémoire ap- prouvé par l'Académie, j'ai été conduit à calculer le mouvement de la corde chargée de curseurs , et sollicitée par des forces constantes distri- buées arbitrairement sur toute sa longueur. Il en est résulté un théorème analogue à celui que j'avais démontré dans le cas d'une simple corde, et qui ramène le mouvement à celui qui aurait lieu sans forces extérieures, en le rapportant à la position d'équilibre de la corde sous l'influence de ces forces. » Les lois auxquelles j'ai été conduit par l'analyse n'étant que des dé- ductions éloignées des données qui ont servi de point de départ, on pou- vait craindre qu'elles ne se trouvassent différentes de celles que suivent réellement les phénomènes ; et il était indispensable d'en faire la vérifica- tion par des expériences multipliées. » J'ai choisi pour ces expériences une corde de chanvre, afin qu'elle eût plus de flexibilité qu'une corde métallique, ou même qu'une corde de boyau de masse égale. Sa longueur, sa masse et celles des deux curseurs étaient celles qui avaient servi de base au calcnl particulier qu'il s'agissait de vérifier. J'ai marqué sur cette corde les points indiqués par ce calcul comme devant être les nœuds correspondants aux divers sons harmoni- ques, ou aux divers mouvements simples dont la corde était susceptible. Puis, pour vérifier ceux qui se rapportaient à un même mouvement, j'y ai appliqué de légers obstacles, qui n'empêchaient pas la communication du mouvement d'une partie à l'autre; et j'ai fait agir l'archet successive- ( 8i3) ment sur chacune d'elles. Le son était très distinct, et identique dans chacune des subdivisions de la corde, comme cela devait être si les points touchés étaient bien des noeuds correspondants à une même harmonique. Et d'ailleurs si l'on en touchait un seul , et qu'on mît la corde en vibra- tion, les autres paraissaient immobiles, pendant que tous les points in- termédiaires étaient animés d'un mouvement facile à apercevoir. » Mais ces vérifications seraient insuffisantes, surtout celles qui consis- teraient à reconnaître, à la vue simple, l'immobilité des points indiqués par la théorie. Et quant aux sons distincts et identiques que rendent les différentes parties de la corde quand on touche légèrement plusieurs nœuds correspondants , ils ne seraient pas altérés si l'on touchait des points peu distants des premiers, parce que la tendance naturelle à la régularité dé- terminerait la formation des nœuds qui pourraient le mieux s'accorder avec la presque immobilité des points touchés. Il était donc nécessaire de s'assurer directement si les nombres de vibrations exécutées par ces dif- férentes parties de la corde étaient bien ceux que le calcul annonçait. » J'ai employé à cet effet deux procédés différents. L'un consistait dans l'appréciation des intervalles musicaux qui séparaient le son rendu par la corde sans curseurs, et ceux qu'elle rendait lorsqu'elle en était chargée; l'autre est celui que j'avais déjà employé dans le cas d'un seul curseur, et qui consiste à compter, au moyen d'une pointe adaptée à la corde, le nombre de vibrations qu'elle fait , dans le même temps qu'une autre corde en fait un nombre déterminé. Comme j'ai décrit ce dernier dans un autre Mémoire, je me borne à le rappeler ici. Il m'a été principalement utile pour les sons très graves, qui sont souvent difficiles à apprécier, d'autant plus que la corde peut rendre plusieurs sons à la fois, et que le plus grave se fait quelquefois si peu entendre, qu'on peut entièrement le mécon- naître, et prendre en sa place celui qui est le plus grave de ceux qu'on entend , et qui n'est pas celui qu'on cherche. » Les valeurs que j'ai obtenues ainsi pour lès rapports désignés par r et R sont les suivantes : r, = i,4322, rt = o,a63, r3 = o,i586; R, = 0,7625, R, = 0,296, R3 = o,i5i. » Les différences entre ces valeurs et celles que la théorie indiquait sont respectivement -h o,ooo5, — 0,0088, — 0,004, -f- o,oo5, — 0,01, — o,oo5. ( 814 ) y On voit qu'elles sont toutes très petites et sans aucune régularité, soit pour leurs signes, soit pour leurs grandeurs. Autre série d'expériences. » Dans les expériences précédentes les curseurs conservaient la même masse, et j'étudiais la loi des différents sons que la corde était susceptible de faire entendre. Dans celles-ci, au contraire, j'ai fait varier la masse des curseurs et j'ai cherché la loi suivant laquelle variait le son fondamental, c'est-à-dire le son le plus grave que la corde abandonnée à elle-même puisse faire entendre. Dans ce mouvement la corde ne présente aucun nœud, et la durée de la vibration est déterminée par la plus petite des racines de l'équation transcendante. J'ai considéré successivement pour la masse « de chaque curseur, les quatre valeurs suivantes: /U = !«/, fJL = il, (X. = f il, JJL = id. » Le rapport r, correspondant à la plus petite racine devait, d'après la théorie avoir respectivement les valeurs r, = i,a3, r\ s± [,43i7, r" = 1,6093, r'" = 1,7698. L'expérience a donné les résultats suivants: r, = 1,22, r[ = i,432 2, r" = 1,5972, r" = 1,76935. Les différences sont respectivement — 0,01, -f- o,ooo5, — 0,0121, — 0,00045, et sont bien certainement renfermées dans les iimites des erreurs que com- portaient les expériences. Elles sont relativement moindres que celles qui correspondaient aux sons harmoniques ; et cela tient sans doute à ce que les circonstances physiques s'éloignent plus des hypothèses mathé- matiques lorsque la longueur de la partie vibrante devient beaucoup moindre, son diamètre restant constant. En résumé, l'accord de l'expé- rience et de la théorie me paraît plus grand qu'il n'était nécessaire pour établir l'exactitude des lois que j'ai fait connaître. » Mais ces lois auraient-elles pu être découvertes par l'expérience seule , et le calcul n'a-t-il été là qu'un moyen plus direct et plus prompt d'y par- venir ? La réponse à cette question n'est pas douteuse : l'expérience était ( «'5 ) absolument insuffisante. Et, en effet, elle pouvait bien faire connaître les rapports des nombres de vibrations de la corde , correspondants à un grand nombre de valeurs pour les masses des curseurs ; mais il serait ré- sulté de là une table, et non une loi. » Et que serait-ce encore si, au lieu de faire varier seulement les masses des curseurs, on changeait leurs points d'application, la longueur de la corde, sa densité et sa tension? Or, en supposant cet immense travail exécuté avec précision , il est évident, d'après mon analyse, qu'il serait entièrement inutile, parce que ces phénomènes ne suivent pas des lois de proportion- nalité directe ou inverse, en admettant même les puissances fractionnaires. Elles dépendent des racines d'une certaine équation transcendante , où les données entrent d'une manière très simple, il est vrai, mais qu'il était im- possible de trouver par induction et par des considérations empiriques. » Ainsi, dans ces recherches comme dans une multitude d'autres, l'ana- lyse a été une méthode d'invention à laquelle rien ne pouvait suppléer; et en partant de données physiques générales, elle a conduit, sans aucun secours étranger, à des lois simples et précises, là où l'expérience la mieux dirigée ne pouvait fournir qu'un amas confus de faits particuliers sans liaison. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. physiologie. — Description des prçduits du phonateur humain; par M. M. Garcia. (Commissaires, MM. Magendie , Savart, Dutrochet, Savary.) Dans ce Mémoire l'auteur expose les résultats de ses recherches sur la voix, et principalement sur la voix chantée. En ayant égard aux parties de l'organe qui concourent principalement aux trois sortes de voix que peut produire un même individu, la voix de jausset, la voix de poitrine et enfin ce que quelques physiologistes nomment aujourd'hui voix somhrée, sorte de voix long-temps inconnue ou plutôt méconnue en France, mais dont en Russie les basses-tailles tirent grand parti pour accompagner les au- tres voix, M. Garcia désigne la première sorte de voix, ou pour employer ses expressions, le premier registre sous le nom de sus-glottique, le deuxième sous celui de glottique et le dernier sous le nom d'arithe'no-épiglottique. A chacun de ces registres correspondent diverses modifications relatives C. H., i8io, am« Semestre. (T. XI, N° 20.) I 09 (8i6) au timbre, au volume, à leclat de la voix, modifications qui résultent du jeu des différentes parties du phonateur. M. Garcia s'attache à déter- miner avec précision le rôle de chacune de ces parties; il indique encore les circonstances qui président à la production d'un son nasal ou guttural, et enfin il termine par quelques considérations sur la venlriloquie. M. Dl'Chemin prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission d'examiner une nouvelle voiture mécanique qu'il a construite. (Commissaires, MM. Gambey, Piobert , Séguier.) M. Monturier soumet au jugement de l'Académie une serrure de sûreté de son invention. (Commissaires, MM. Gambey, Séguier.) CORRESPONDANCE M. «e Grégory écrit que l'état de sa santé l'obligeant de séjourner à Paris pour un temps dont il ne peut prévoir la durée , il pense n'être plus dans les conditions nécessaires pour se présenter comme candidat à la place de correspondant vacante dans la section d'Économie rurale. M. Girvrdin, professeur de chimje agricole à l'École d'agriculture du département de la Seine-Inférieure , demande à être compris dans le nombre des candidats pour la place de correspondant vacante dans la sec- tion d'Économie rurale , et adresse la liste de ses travaux. ( Renvoi à la section d'Économie rurale. ) zooi.ogu:. — Observations sur le mode de formation et le développement des zoos pennes chez les batraciens. — Lettre de M. Pelletier. « Dans l'intéressant Mémoire que M. Lallemand a lu devant l'Académie des Sciences, lundi dernier, il est question de la production et des alté- rations que les zoospermes éprouvent dans certaine* circonstances. Per- mettez-moi de rappeler qu'en i834, à la Société des Sciences naturelles, et le 3i mars i838, à la Société Philomatique, j'ai communiqué le résultat d'expériences et d'observations sur les zoospermes de la grenouille, dont ( 8i7 ) tm extrait a été imprimé dans le numéro d'avril i838 du journal l'Institut y page i3a. J'indique dans cette Note une espèce de globules, autre que celle du sang, dans les testicules des jeunes grenouilles. Ces globules sont sphériques et subissent des changements particuliers : à mesure que les jeunes grenouilles approchent de l'état adulte et de l'époque des amours, on voit ces globules ronds se ponctuer, puis se framboiser. Les saillies s'allongent ensuite, collées les unes aux autres ; elles forment un cône strié qui prend un grand accroissement à l'époque des amours. Bientôt ces stries se séparent et présentent le globule surmonté d'un faisceau de filaments oscillants; c'est un amas de zoospermes encore attachés par la tête et libres seulement par l'autre extrémité. Peu de temps après on les voit se détacher l'un après l'autre et abandonner le globule ponctué. » J'ai de plus indiqué les transformations de ces animalcules qui , pas- sant par tous les degrés intermédiaires, finissent par prendre la forme d'une coupelle ciliée, lorsque la mort n'en arrête pas la marche. Ces trans- formations sont d'autant plus rares qu'on remonte plus haut dans l'échelle animale; cependant j'en ai trouvé les premiers signes dans le sperme du cheval après l'accouplement. » physique appliquée. — Sur V emploi de la vapeur d'eau pour éteindre les incendies. — Lettre de M. Foubneyrok. « On a parlé de la vapeur d'eau comme ayant la propriété d'éteindre les incendies; mais les cas dans lesquels on a pu constater cette propriété sont encore trop rares et trop peu connus pour que la communication que j'ai l'honneur de faire à l'Académie ne présente pas l'intérêt d'un fait vérifié. » Le 24 octobre dernier je me trouvais dans une grande filature, lorsque le feu prit tout-à-coup dans le bâtiment même au-dessous duquel étaient trois grandes chaudières de machines à vapeur en pleine activité. » Les ateliers furent aussitôt abandonnés, tous les ouvriers étant ac- courus, au nombre de quelques centaines, pour porter des secours à l'en- droit où des matières très combustibles étaient déjà la proie des flammes: les machines furent arrêtées et la vapeur lâchée dans l'air extérieur. Le bruit avec lequel elle s'échappait me suggéra l'idée de tirer parti de cet agent et d'essayer d'en remplir tout l'espace occupé par le feu. Je pensai que la vapeur lancée avec abondance remplacerait en grande partie l'air 109.. ( 8.8 ) de la salle, refroidirait les surfaces en ignition et ralentirait au moins la combustion, si elle ne l'empêchait tout-k-fait. » Il y avait d'autant plus d'urgence à tenter cet essai qu'une seule pompe à incendie avait pu être mise en jeu, et que, malgré l'activité avec laquelle elle était manœuvrée, elle restait impuissante contre les flammes qui sor- taient menaçantes par toutes les fenêtres, et s'étendaient à une grande dis- tance en dehors des murs. « Les soupapes furent à l'instant même ouvertes comme il convenait ; la vapeur lancée dans l'intérieur du bâtiment eut bientôt empli tout l'es- pace envahi par le feu, et en quelques minutes l'incendie fut éteint. » Il est bon de dire que chacune des trois chaudières est capable de fournir la vapeur nécessaire à la production de trente chevaux de force, et que l'on a employé pendant quelques instants toute la vapeur d'un ap- pareil de quatre-vingt-dix chevaux. » paléontologie. — Sur une nouvelle caverne à ossements découverte près de Caunes, dans le département de l'Aude. — Extrait d'une Lettre de M. Marcel de Serres. « Ces cavernes sont ouvertes dans un marbre de transition , qui compose la presque totalité de la montagne située au nord du village de Caunes. C'est de cette montagne que l'on extrait les plus beaux marbres colorés du midi de la France, parmi lesquels on distingue particulièrement ceux qui sont connus dans les arts sous le nom de griotte et de cervelas. C'est entre les masses de ce dernier que sont ouvertes les cavernes , situées à un quart de lieue du village, près du moulin dit d'Andrieu. Les ossements y sont disséminés dans un limon rougeâtre, mêlé d'une grande quantité de cailloux roulés, pour la plupart calcaires, et analogues à ceux qui com- posent les montagnes environnantes. Ils sont pour la plupart brisés, frac- turés, et mélangés d'une manière extrêmement confuse, et n'offrent donc aucun rapport de position avec celui qu'ils occupaient dans le squelette. Cependant on a découvert, dans une fissure extrêmement étroite de cette grotte, un squelette presque entier, .d'un grand ours humatile, dont il a été impossible de reconnaître l'espèce, les ouvriers s'étant amusés à le briser et à le réduire en petits fragments. Ce squelette paraissait avoir été entraîné avec violence dans la place qu'il occupait, en partie remplie par des cailloux roulés. » Les espèces dont nous avons observé jusqu'à présent les débris, dans les cavités souterraines de Caunes, sont bornées aux ours, aux hyènes, aux (8i9) loups ou aux chiens, et enfin aux chèvres. La seule de ces espèces, que nous avons pu reconnaître à l'aide des ossements qui nous en ont été mon- trés , parait avoir appartenu à l'hyène des cavernes que nous avons décrite sous le nom à'Hjœna spelœa. » paléontologie. — Note sur la découverte d'un squelette entier de Megaxjtherium; par M. Marcel de Serres. « Le genre Megaxjtherium a été récemment établi par M. de Christol, sur différentes pièces osseuses se rapportant à un mammifère marin, qui paraît intermédiaire entre le Lamantin et le Dugong. C'est même sous ce dernier nom que nous avons décrit les restes nombreux de ce Cétacé, que nous avons rencontré dans les sables marins tertiaires supérieurs des en- virons de Montpellier. » Le Megaxjtherium se rapprochait beaucoup des Lamantins par la forme de sa tête et de ses maxillaires, et des Dugongs par celle de ses membres; les dents prenaient, par la détrition, la disposition en trèffle que présentent les machelières de l'hippopotame , et à tel point que lorsqu'on ne les voit pas implantées dans les maxillaires, si l'on ne pre- nait pas garde à la forme ou à la disposition de leurs racines, il serait difficile d'éviter la méprise; aussi î'a-t-on faite plus d'une fois, et, comme l'a fait voir M. de Christol, c'est à notre Cétacé qu'il faut rapporter les dents d'après lesquelles on avait cru pouvoir établir deux nouvelles espèces d'Hippopotame, H. médius et H. dubius. » Un squelette à peu près entier de Megaxjtherium a été récemment découvert (août 1840) dans une roche tertiaire, au milieu du massif de calcaire - moellon exploité à Beaucaire pour les constructions. Quant à ceux qui jusqu'à présent ont été observés dans les environs de Mont- pellier, c'est uniquement dans les sables marins tertiaires qu'ils ont été aperçus. On ne les a pas encore remarqués, du moins jusqu'à présent, aussi bas qu'à Beaucaire ; mais ils existent dans des couches bien plus an- ciennes dans les départements de la Charente et de Maine-et-Loire, c'est-à- dire dans les terrains marins tertiaires inférieurs. » L'individu de Beaucaire avait, du reste, de plus grandes dimensions que ceux recueillis à Montpellier, circonstance qui paraît avoir dépendu uniquement de leur âge relatif. Celui de la première de ces localités était tout-à-fait adulte, tandis que ceux de Montpellier étaient dans leur jeune âge, leurs dents de remplacement n'étant pas encore sorties de ( 820 ) leurs alvéoles. Aussi nous sommes en doute qu'il ait réellement existé plu- sieurs espèces de ce genre, d'autant que M. de Christol n'en a admis plu- sieurs qu'en se fondant sur leurs dimensions. Or, quoique celles du Me- gaxjtheriwn de Beaucaire et de Montpellier soient assez différentes, ces individus n'ont pas présenté d'autres caractères propres à les faire consi- dérer comme ayant réellement constitué deux espèces. » M. Jacobv, de Tours, présente à l'Académie un jeune berger des en- virons de cette ville, chez lequel il a reconnu la faculté d'effectuer avec une facilité extrême, les calculs numériques les plus complexes. M. Jacoby a déjà pris note lui-même des procédés dont le jeune Mandeux fait usage. Ces procédés, l'enfant les développera lui-même devant les Commissaires de l'Académie. Avant de désigner la Commission, M. le Président, sur la demande de plusieurs académiciens, permet qu'on adresse à M. Mandeux les deux questions suivantes : Quel est le carré de 766? L'enfant répond presque aussitôt, 571 536. Combien y a-t-il de minutes dans 5a ans? L'enfant, qui a trouvé le pro- blème trop simple, répond en très peu d'instants: Si années de 365 jours chacune, se composent de 27331200 minutes et de 1639872000 secondes. (Commissaires, MM. Arago, Cauchy, Serres, Liouville, Sturm. ) météorologie. — Les astronomes de l'Observatoire de Paris n'ont rien aperçu, cette année, qui puisse servir à constater les retours périodiques des étoiles filantes du milieu de novembre. Dans la nuit du n au 12, ciel très nuageux et clair de lune; Dans la nuit du 12 au i3, pluie; Dans la nuit du i3 au 14, beau, mais brillant clair de lune; Dans la nuit du \L\ au i5, vapeurs et clair de lune; Dans la nuit du i5 au 16, pluie; Dans la nuit du 14 au i5, MM. Eugène Bouvard et Mauvais ont aperçu des éclairs dits de chaleur. Voici le texte de la Note, concernant ces éclairs, que M. Eugène Bouvard a remise à M. Arago: « Samedi 14 novembre, » j'ai vu et compté huit éclairs très brillants auN.-N.-O., de 8* i5m à 8A3om » du soir. Il n'y avait pas un seul nuage sur l'horizon ; les étoiles scintil- ,» laient beaucoup et se voyaient même très près de l'horizon. Vers 6à du (821 ) » soir j'avais déjà vu un éclair au N.-E. Le ciel était aussi très beau, » mais il y avait quelques petits nuages à l'horizon. » astronomie. — Éléments paraboliques de la comète découverte à Berlin, par M. le docteur Bremicker, le 27 octobre 1840. La comète a été observée à Paris, les 6, 8,9, 11 et i3 novembre. Les po- sitions obtenues ces cinq jours, combinées avec les longitudes et les lati- tudes observées à Berlin les 27 et 28 octobre, ont donné à M. Laugier les éléments suivants : Passage au périhélie, novembre 1840, t. in. de Paris. ... i3J,9424 Distance périhélie 1 ,49198 Longitude du périhélie 2a0 16' 5" Longitude du nœud ascendant 9.48° 42' 12" Inclinaison 58° 22' a5" Mouvement , direct. Excès des positions observées sur lès positions calculées d'après les éléments de M. Laugier. EXCÈS EN LONGITUDE HATES. réduits en arcs de grand cercle. EXCÈS EN LATITUDE. OBSERVATIONS. l840. 27 octobre. — 0' 0" -f- 0'l2" Observations faites à 28 - 0' 9" ,8 -4- o'3o" Berlin. 6 novembre. + 0'29",I — o'3o" 8 r* o'48",l -t- 0'20" 9 4* o'32",2 — o'48" 1 1 4- 0' o",o — 0' 1" i3 -f- o'34",3 + 1 '45" En employant les seules observations de Paris des 6, 9 et î 3 novembre, M. Mauvais a trouvé, par une première approximation , les éléments qui ( 822 ) suivent : Passage au périhélie, novembre 1840 „. 1 iJ,go8r Distance périhélie. . 1 ,5o5o7 Longitude du périhélie 200 12' 49* Longitude du nœud ascendant 2480 25' 43" Inclinaison 58° 47' 46" Mouvement , direct . M. Boutigny écrit d'Évreux, relativement à un bolide qu'il a observé le 2 novembre à 8 heures du soir. Ce météore s'est montré d'abord dans le voisinage de la Chèvre, et, se dirigeant du N.-E. au S.-E., il s'est éteint à 3o° au-dessus de l'horizon : son éclat était très vif, quoique la lune fût à ce moment brillante. météorologie. — Effets électriques du sirocco d'Afrique. ( Extrait d'une Lettre de M. de Léoingken, lieutenant du Génie, à M. Arago.) « Le 7 août i8|o, parti de Blida à huit heures du matin pour porter à Douera la correspondance du général Changarnier, je commandais 160 sa- peurs que l'on renvoyait enfin du camp établi sur la cime des Beni-Salas , vers Alger, leur ancienne garnison. » Après une journée de chaleur accablante , le temps était sombre ; la lune éclairait donc bien peu notre route. Des éclairs nombreux étaient ac- compagnés d'un tonnerre lointain sur les montagnes de Beni-Menad, au fond de la Mitidja : quelques-uns apparaissaient aussi sur les cimes des Beni-Messaoud, à notre droite. Le vent se leva à neuf heures et demie, et après après avoir soufflé incertain du sud jusqu'à l'ouest, il se fixa au sud-ouest, précisément dans la direction du chemin. Il acquit bientôt plus de force, sa température annonçait le sirocco. Quand nous eûmes dépassé le blockhaus de Beni-Mezed, à dix heures, des tourbillons de la poussière épaisse du chemin commencèrent à nous environner et à suffoquer les hommes : il eût été impossible dès-lors de continuer à marcher si nous n'avions reçu le vent à dos. J'étais seul à cheval et en tête de la troupe, subissant donc le dernier, mais au-dessus des autres, l'action de l'air à la- quelle se joignirent bientôt de nombreuses gouttes d'eau. Dès les premières bouffées je remarquai des étincelles passant à ma gauche; un peu d'atten- tion me fit voir que le vent les faisait jaillir des franges de mon épau- lette, formées de fils de soie et d'argent doré tressés. Plus les raffales devin- rent vives et plus il jaillit d'étincelles : les mineurs qui me suivaient les (8*3) remarquaient. Vint un instant où l'action du vent et la poussière furent si violentes, que je (lus, pour la deuxième fois, faire suspendre la marche et commander à la troupe de se coucher; les étincelles étaient abondantes comme celles que l'on obtient en soufflant sur un brasier de charbon de bois. L'effet électrique dont j'ai l'honneur de vous entretenir ne se mani- festa jamais dans le corps de l'épaulette, 'entièrement composé d'argent doré. La soie a donc joué un grand rôle dans le phénomène raconté. L'of- ficier qui marchait à pied au milieu des sapeurs n'a rien remarqué de ce genre; c'est que, de moyenne taille, il ne recevait point, comme moi sur un cheval, l'action du sirocco. J'ajouterai que le mouvement brusque, im- primé à dessein aux franges, ne modifiait pas l'émission du feu. » M. Anvc.0 met sous les yeux de l'Académie une cassette, d'un travail très soigné, et un cippe surmonté d'une coupe, exécutés avec des bois préparés par le procédé de M. Boucherie , et qui ont acquis par cette préparation des teintes variées comme celles qui font rechercher pour les usages de l'ébénisterie divers bois étrangers. La coupe et son support sont en bois de poirier, la cassette est en platane. M. l'abbé Gotteland écrit que, devant partir pour la Chine en qualité de missionnaire, il désirerait employer, dans l'intérêt des sciences, les mo- ments dont les devoirs de son ministère lui permettront de disposer. Ayant enseigné la physique et l'astronomie , il croit pouvoir acquérir avant son départ, pendant quelques mois qu'il passera à Paris, la pratique des ob- servations. Il prie l'Académie de vouloir bien lui indiquer la voie dans laquelle il pourra poursuivre le plus utilement ses recherches, et de s'inté- resser pour lui faire obtenir les instruments nécessaires aux observations dont on le chargerait. Cette lettre est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de MM. Arago, Mathieu , Savary. M. Daillt écrit, relativement aux heureux résultats qu'il a obtenus, dans les terres voisines à' une fabrique de fécule de pommes de terre située à Trappes, en employant à l'arrosement des champs, d'après le conseil de M. Payen, les eaux infectes de laféculerie, eaux qui, non-seulement étaient jusque là sans usage, mais qui devenaient très nuisibles en infectant les sources des villages voisins. Avant d'être versées sur les terres auxquelles on les destine, les eaux C. H., r84o, ara« Semestre. (T. XI, N" 20.) I I O ( 8M ) sont dirigées vers un réservoir situé à peu de distance de la fabrique, et là, au moyen d'une sorte de filtrage, on en sépare les matières solides qu'elles tenaient en suspension, matières qui forment un bon engrais. M. Maurice adresse, pour prendre date, la figure et une courte des- cription d'une balance qu'il a imaginée, et qu'il s'occupe en ce moment de faire construire par un habile artiste. M. Coubard, inspecteur des lignes télégraphiques,, adresse une Note sur la possibilité d'avertir les riverains d'un cours d'eau sujet à des crues ex- traordinaires, plusieurs heures avant qu'ils ne soient atteints par l'inon- dation. M. Auagu présente, au nom de M. Hubert, deux images photographi- ques remarquables, l'une en ce qu'elle offre des teintes très variées, depuis le bleu jusqu'au ton d'ocre jaune; l'autre en ce qu'elle offre un exemple de l'application faite avec un plein succès, du procédé de fixation de M. Fizeau , sur une épreuve obtenue depuis plus d'une année par la méthode ordinaire. M.Arago met sous les yeux de l'Académie une image photographique, qui lui est adressée de Moscou par M. Marin- Darbel. Cette image a été fixée au moyen d'un procédé imaginé par M. Grekoff, procédé qui a aussi, comme celui de M. Fizeau, l'avantage de diminuer notablement le miroi- tage des plaques. M. Marin-Darbel annonce que M. Grekoff est parvenu à obtenir des images daguerriennes sur d'autres métaux que l'argent, par exemple sur cuivre et sur laiton. Une autre découverte, qui n'a plus de rapport avec la photographie, consiste dans un moyen de transporter ou plutôt de contré- preuver sur une plaque métallique, un dessin ou une gravure, sans nuire à l'original, et d'obtenir ensuite, par une opération qui ne dure pas plus de vingt minutes, la gravure du dessin contrépreuvé ; cette grasure on peut l'avoir à volonté en relief ou en creux, et, de l'une ou de l'autre fa- çon , elle peut servir au tirage de plusieurs centaines d'épreuves. M. Denis écrit qu'il a trouvé le moyen de prévenir les dangers qui résultent d'explosions dans les galeries de mines; qu'à l'aide d'un procédé dont l'application est facile, on pourra pénétrer, séjourner, agir dans les galeries souterraines envahies par un mélange explosif, et y être éclairé r 5. » En effet, admettons d'abord que tous ces chiffres soient positifs, et considérons le multiplicateur renversé dans une position fixe au-dessus du multiplicande. Pour obtenir la somme partielle des produits formés avec les chiffres correspondants des deux facteurs, il suffira évidemment de chercher la somme des chiffres du multiplicande placés sous les chiffres 4 et 5 du' multiplicateur, puis d'ajouter au double de cette première somme les chiffres du multiplicande placés sous les chiffres 2 et 3 du multiplicateur, et enfin au double de la nouvelle somme ainsi calculée, les chiffres du multiplicande placés sous les chiffres impairs du multipli- cateur. Cette règle s'étend au cas même où le multiplicateur offre des chiffres négatifs , pourvu qu'alors on prenne avec le signe — les chiffres correspondants du multiplicande. » Errata. (Séance du 9 novembre.) Page 732, ligne 18, au lieu de <%fàx -+■ ^Dy, lisez avec deux planches , in-40. Mémorial encyclopédique ; 10e année; oct. i84o, in-8°. Journal de l'Institut historique; 7e année, tome xji , sept. 1840, in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; nov. 1840, in-8°. Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires, nov. 1840, in-8°. Recueil de la Société polytechnique; sept. r84o, in-86. Notice sur les Travaux de M. J. Girardin , professeur de chimie à Rouen; brochure in-40. Études sur les Glaciers; par M. L. Agassiz; in-8°, avec atlas de 32 plan- ches in-fol. ; Neufchâtel , 1 840. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-P étershourg. 6e série, Sciences mathématiques et physiques; tome 2e, 4' liv., in-40. Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. G' série, Sciences naturelles; tome 3, liv. 1 — 4» W-4* ( 828 ) Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. 6e série, Sciences politiques , Histoire , Philologie; tome 4e> 4e et 5e liv., in-4°. Recueil des Actes de la séance publique de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , tenue le 29 déc. i838; in-4°- Recueil des Actes de la séance onblique de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , tenue le 29 déc. i85g ; in-4°- Bulletin scientifique publié par l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg , et rédigé par son secrétaire perpétuel; tomes 4» 5 et 6 , et n° 1 — 18 du tome 7 , in-4° Annales de la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles; in-8*. The quarterley Revieiv ; n° i32, sept. 1840, in-8°. The London .... Journal de Sciences et Magasin philosophique de Lon- dres, d'Edimbourg et de Dublin ; oct. 1 840 , in- 8°. The Athenœum, journal; n°i53,sept. i8.{o, in-40- Address of. . . Adresse des secrétaires généraux de l'Association britan- nique, MM. B.-J. Mukchison et E. Sabine; in-8°. Neue gattungen .... Nouvelles espèces de Crustacés fossiles apparte- nant aux diverses formations, depuis le grès bigarré jusqu'à la craie ; par M. H. Meyer; Stuttgardt, 1840, in-8°. Gazette médicale de Paris; a" 46. Gazette des Hôpitaux; n° i32 — 135. L'Expérience, journal de Médecine; n° 176, in-8". La France industrielle ; 12 nov. 1840. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. I SÉANCE DU LUNDI 23 NOVEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. ! MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. analyse mathématique. — Sur la résolution numérique des équations algé- briques et transcendantes; par M. A. Cvuchy. § Ier. Considérations générales. « J'ai donné, pour la résolution numérique des équations algébriques ou transcendantes, dans les Comptes rendus de 1837, une méthode dont le principe est tellement simple, qu'il pourrait être exposé dans les éléments d'algèbre. En effet , ce principe se réduit à la proposition suivante. » Théorème. Soient P' Q' deux fonctions réelles et entières de x, ou, plus généralement, deux fonctions réelles dont chacune reste finie et continue, sinon pour des va- leurs quelconques de la variable x, du moins entre certaines limites x = a et x = b >• a. G. R. , 18^, am« Semestre. (T. XI , N° 21. ' M ( 83o ) Supposons d'ailleurs qu'entre ces limites on ait constamment P o, tandis que , pour x = c , la condition (3) P < Q, jointe à l'équation Q = o , donnera P < o. (83i ) Donc, tandis que la variable x passera de la valeur a à la valeur c , la fonction P passera d'une valeur positive à une valeur négative. Donc cette fonction s'évanouira dans l'intervalle , et par suite l'équation P= o offrira au moins une racine réelle comprise entre les limites a, c. Donc entre les limites x = a, x = b, la plus petite racine de l'équation P = o sera inférieure à la plus petite racine c de l'équation Q = o. » On démontrera de la même manière les trois autres parties du i" théorème. » Corollaire i". Supposons que les fonctions P, Q, toujours finies et continues entre les limites x= a, x ■=. b > a, vérifient entre ces limites la condition (3). Si , ces fonctions étant toutes deux positives pour x = a, ou pour x= b, l'équation (2) admet une ou plusieurs racines réelles comprises entre les limites a, b, on pourra en dire autant de l'équation (1); mais la réciproque n'est pas vraie, et l'é- quation (i) pourrait admettre une ou plusieurs racines réelles comprises entre a et b, sans qu'il en fût de même de l'équation (2). Ajoutons que, dans le premier cas, et entre les limites x = a, x =1 b, la phis petite racine de l'équation (i)sera inférieure à la plus petite ra- cine de l'équation (2), ou la plus grande racine de l'équation ( 1 ) supérieure à la plus grande racine de l'équation (2), suivant que la valeur de x pour laquelle les deux fonctions P, Q deviendront positives, sera a ou b. » Corollaire ame. Supposons que les fonctions P, Q, toujours finies et continues entre les limites x = a, x = b > a, 1 I !.. ( 833 ) vérifient entre ces limites la condition (3). Si, ces fonctions étant toutes deux négatives pour a? = sou pour x = b, l'équation (i) admet une ou plusieurs racines réelles comprises entre les limites a, b, on pourra en dire autant de l'équation (a); mais la réciproque n'est pas vraie, et l'équation (a) pourrait admettre une ou plusieurs racines réelles comprises entre a et b , sans qu'il en fût de même de l'équation (i). Ajoutons que, dans le premier cas, et entre les limites x = a, x = b, la plus petite racine de l'équation (2) sera inférieure à la plus petite ra- cine de l'équation (i),ou la plus grande racine de l'équation (2) supérieure à la plus grande racine de l'équation (1) suivant que la valeur de x, pour laquelle les deux fonctions P, Q deviendront positives, sera a ou b. » Corollaire 3me. Les deux fonctions P, Q, deviendront évidemment toutes deux positives, ou toutes deux négatives, pour une valeur particulière a ou b de la variable x, si elles remplissent alors la condition (4) p = Q- » Le théorème ior entraîne ceux que nous allons énoncer. » 2e Théorème. Soit {(x) une fonction réelle de x , qui reste finie et continue entre les limites x = a, x = b > a. Pour obtenir entre ces limites deux quantités, l'une inférieure , l'autre su- périeure à la plus petite des racines réelles de l'équation (5) {(x) = 0, on commencera par substituer à l'équation (5) les deux équations auxi- liaires (6) <&{x) — o, 4(jr) = o, les fonctions Gr(x), -^(x) étant elles-mêmes continues entre les limites ( 833 ) x — a, x = b, mais choisies de manière que l'on ait toujours dans cet intervalle (7) mM < f'(*) < 4(*)» • et en particulier, pour x = a, (8) «(a) = ({a) = 4(«)- Si chacune des équations (6) offre des racines réelles comprises entre a et b , l'équation (5) en offrira pareillement , la plus petite racine de l'équa- tion (5) étant comprise entre les plus petites racines des équations (6). D'ailleurs, toutes les fois que l'équation (5) admettra des racines comprises entre a et b, on pourra en dire autant de la première ou de la seconde des équations (6), suivant que f (a) sera positif ou négatif, et la plus petite des racines dont il s'agit diminuera dans le passage de l'équation (5) à la pre- mière ou à la seconde des équations (6). » 3* Théorème. Soit ({x) une fonction réelle de x, qui reste finie et continue entre les limites x = a, x — b > a. Pour obtenir entre ces limites deux quantités, l'une inférieure, l'autre supérieure à la plus grande des racines réelles de l'équation (5) fx) = o, on commencera par substituer à l'équation (5) les deux équations auxi- liaires (6) «■(*) = o, 4(,r) = °> les fonctions {x) étant elles-mêmes continues entre les limites x = a, x = b, mais choisies de manière que l'on ait toujours dans cet intervalle (7) a. Soient encore deux fonctions réelles de x qui, étant finies et continues entre ces limites, et choisies de manière à remplir constamment, dans cet intervalle, la condition (7), vérifient d'ailleurs chacune des formules (8) et (g). Si les quantités ((a), ((b) sont affectées de signes contraires, chacune des équations (6) et par suite l'équation (5) admettront des racines réelles comprises entre a et b; et, dans cet intervalle, les plus petites des racines des équations (6) fourniront deux limites, l'une inférieure, l'autre supérieure à la plus petite des racines de l'é- quation (5), tandis que les plus grandes racines des équations (6) fourni- ront deux limites, l'une inférieure, l'autre supérieure à la plus grande des racines de l'équation (5). Au contraire , si les quantités f(a), f(b), sont affectées du même signe, chacune des équations (6) pourra offrir ou non des racines réelles comprises entre a et b, ces racines devant être en nombre pair; mais il suffira que ces deux équations offrent de telles racines pour que l'on parvienne encore aux conclusions que nous venons d'énon- cer. De plus, si, dans cette dernière hypothèse, l'équation (5) admet des racines comprises entre a et b, on pourra en dire autant ou de la première ou de la seconde des équations (6), suivant que les quantités f(tf), i{b) seront toutes deux positives ou toutes deux négatives. Donc alors la ( 835 ) première ou la seconde des équations (6) offrira , comme l'équation (5) , au moins deux racines réelles comprises entre a et b; la plus petite de ces racines devant diminuer et la plus grande devant croître tandis que l'on passera de l'équation (5) a la première ou à la seconde des équations (6). § II. Usage des fonctions interpolaires dans la résolution numérique des équations. » La considération des fonctions interpolaires permet d'appliquer très facilement le6 principes ci-dessus établis à la résolution numérique des équations algébriques ou transcendantes. En effet, f (x) étant une fonction donnée de x, et t'(a, x), f(d, b, x), des fonctions interpolaires du premier et du second ordre , déterminées par les formules ( i(a, x) =H"lZ.T' on aura 0) f(.r) = f(a) -f- (x — a) f (a, x), et (3) f{x) = ((a) ■+■ (x — a) {{a, b) +■ (x — a)(x — b) f(a, b, x). On trouvera de même (4) f{x)= ({b) + (x - b)f(b, x), (5) f(x) = f{b) + (x — b) î(a, b) + (x — a) {x — b) f(a, b, x). D'ailleurs la formule (3) ne diffère pas de la formule (5). Car si l'on nomme F(x) une fonction linéaire de x assujétie à vérifier les deux conditions (6) F(«) = f(a), F (6) = {(b), on aura identiquement (7) F(xj = f(«) +(*_„) ((a, b) = ((b) -f- (x - b)f(a, b), ( 836 ) et par conséquent chacune des formules (3), (5), pourra être réduite à (8) f(x) = F(x) -f- (x- - a) (* - b) %, b). » Soient maintenant G, H, deux quantités, l'une inférieure, l'autre supérieure aux diverses valeurs qu'acquiert la fonction f(a, x), ou f(b, x), ou f(a, b, x), tandis que l'on fait varier x entre les limites x = a, x ■=. b. On aura, en vertu de la formule (2), (9) ((a) + GÇx — a) < î(x) < f(a) + H{x — a); ou, en vertu de la formule (4), (10) {{b) + R(x — b) < {(x) < {(b) + G(x — b); ou , en vertu de la formule (8) , (11) F(x) + H(x — a) (x — b)< f(x) a. ( 837 ) Soient de plus G, H, deux quantités, la première inférieure, la seconde supérieure aux di- verses valeurs qu'acquiert , entre ces limites, la fonction interpolaire du premier ordre f^a, x). Si les racines réelles des deux équations (i3) f(a) ■+■ G{x — a) = o, f(a) + H(a: — a) = o, c'est-à-dire les deux quantités (>4) a — g-.' a — h ' se trouvent toutes deux comprises entre a et b, l'équation (12 ), dans cet intervalle, offrira une ou plusieurs racines dont la plus petite sera certai- nement comprise entre les deux quantités (14 )• D'ailleurs, toutes les fois que l'équation (12) admettra des racines comprises entre a et b, on pourra en dire autant des expressions (14) ou au moins de l'une d'entre elles, savoir, de la première, si f(a) est positif, de la seconde, si f(a) devient négatif; et la première de ces expressions, dans le premier cas, ou la se- conde, dans le second cas, offrira une nouvelle limite supérieure à la li- mite a, mais inférieure à la plus petite des racines dont il s'agit. » ie Théorème. La fonction réelle f (x) étant toujours supposée finie et continue entre les limites x = a, x = £ > a, soient de plus G, H, deux quantités, la première inférieure, la seconde supérieure aux diverses valeurs qu'acquiert entre ces limites la fonction interpolaire du premier ordre i{b,x). Si les racines réelles des deux équations i5) f(*)H- G(x — £) = o, ((b) + U(x — b) = 0, C. K , 1840, a"»« Semestre. (T. XI, K» Si.) ' ' 2 ( 838 ) c'est-à-dire les deux quantités (16) b g-, G g-, se trouvent toutes deux comprises entre a et b, l'équation (12), dans cet intervalle, offrira une ou plusieurs racines dont la plus grande sera cer- tainement comprise entre les quantités (16). D'ailleurs, toutes les fois que l'équation ([2) admettra des racines comprises entre a et b, on pourra en dire autant de l'une au moins des expressions (16), savoir, de la pre- mière si ((b) est positif, de la seconde si (/;) devient négatif; et la pre- mière de ces deux expressions, dans le premier cas, ou la seconde dans le second cas, offrira une nouvelle limite, inférieure à la limite b, mais supérieure à la plus petite des racines dont il s'agit. » 3e Théorème. La fonction réelle f (x) étant toujours supposée réelle et continue entre les limites x = a, x = b > a, soient de plus G, H, deux quantités, la première inférieure, la seconde supérieure aux diverses valeurs qu'acquiert entre ces limites la fonction interpolaire du second ordre f(a, b} x); et nommons F (x) une fonction linéaire de x assujétie à vérifier les deux conditions (6), ou, ce qui revient au même, déterminons F(.r) à l'aide de l'équation (7). Si les deux quantités sont affectées de signes contraires, chacune des équations du second degré (17) F(x)-hG[x — a)(x — b)=o, F (#)-+- H (x — a) (x — b) = 0, offrira une seule racine réelle comprise entre les limites a, b, et les deux racines de cette espèce, fournies par les deux équations (»7), compren- ( 839 ) (Iront entre elles une ou plusieurs racines de lequation (12). Au contraire, si les deux quantités sont affectées du même signe, chacune des équations (17) pourra offrir ou non deux racines réelles comprises entre a et b; mais il suffira que ces deux équations offrent de telles racines, pour que l'équation (12) offre elle-même au moins deux racines réelles comprises entre a et b, la plus grande étant renfermée entre les plus grandes racines des équations (17), et la plus petite entre leurs plus petites racines. De plus, si, les quantités . f(a), î(b), étant affectées du même signe, l'équation (12) admet des racines réelles comprises entre a et b , on pourra en dire autant ou de la première , ou de la seconde des équations (17), suivant que les quantités seront toutes deux positives, ou toutes deux négatives. » Concevons mantenant que, la fonction f(x) étant finie et continue avec ses dérivées du premier et du second ordre entre les limites x = a, x = b, chacune des deux fonctions dérivées f», f», conserve constamment le même signe entre ces limites. On pourra en dire autant des fonctions interpolaires f(a, x), f(a, x, x), qui représenteront des valeurs de f», |f», correspondantes à des valeurs u, v, intermédiaires entre a et x; et, comme 112.. ( 84o ) ou aura ^'ailleurs f(«, x, *) = 1%-^, on peut affirmer que la fonction interpolaire f(a, x) non-seulement conservera toujours le même signe entre les limites x = a, x = b, mais sera de plus, dans cet intervalle, et pour des valeurs croissantes de x, toujours croissante ou toujours décroissante, suivant que la dérivée du second ordre ï"{x) sera positive ou négative. Cela posé, les deux quantités, ci-dessus représentées par G, H, pourront être réduites , dans le premier théorème, l'une à i{a, a) = f'(tf), l'autre à f(a, b); et dans le second théorème, l'une à ((a, b), l'autre à ï{b, £)= t'(b). D'autre part, la fonction f'(x) conservant toujours le même signe, par hypothèse, entre les limites x = a, x=. b, la fonction (Çx) sera, dans cet intervalle, tou- jours croissante avec x, ou toujours décroissante; et par suite l'équation (12) n'offrira point de racines réelles renfermées entre a et b, ou offrira une seule racine de cette espèce, suivant que les deux quantités f(a), ((b), seront affectées du même signe, ou de signes contraires. Enfin, si l'on nomme k la racine unique de l'équation (18) F(ar) = o, on aura évidemment, en vertu de la formule (7), (J9) k = a - -r—j- = b - ({a, b) — f(«, by ou, ce qui revient au même, et, comme ( 84' ) représentera une valeur de f'(x) correspondante à une valeur de x inter- médiaire entre a et b , par conséquent une quantité comprise entre f'faj, C(b), il est clair que, si ((et), f(b) sont affectées de signes contraires, les diffé- rences f(«) j, f(*> f»' i'(6)' seront toutes deux inférieures ou toutes deux supérieures à la valeur de k donnée par la formule (ig). Or, en ayant égard aux observations que nous venons de faire, on déduira immédiatement des théorèmes i et 2 la proposition suivante. » 4" Théorème. Soit f (x) une fonction réelle de x qui demeure finie et continue, avec ses dérivées du premier et du second ordre, entre les limites x = a, x = b > a; et supposons que des trois fonctions f(x), f'(.r), f"(x), la première seule change de signe , tandis que l'on passe de la première limite à la seconde. Une seule racine de l'équation (12) se trouvera ren- fermée, non seulement entre les limites données a et b , mais aussi entre deux limites plus rapprochées dont l'une sera la quan- tité k, l'autre pouvant se réduire à celle des deux différences qui sera la plus voisine de k , ou bien encore à la première de ces diffé- rences, quand le signe de f (a) sera celui de f"(fl), et à la seconde dans le cas contraire. » Corollaire, a et b étant considérés comme représentant deux valeurs approchées en plus et en moins d'une racine réelle de l'équation (12), le théorème précédent fournira le moyen d'obtenir de nouvelles valeurs ap- prochées de la même racine en augmentant le degré d'approximation. La substitution de l'une des différences (ai) à l'une des premières valeurs ( 84^ ) approchées a ou b, constitue la méthode d'approximation de Newton. M. Fourier a proposé de joindre à l'une de ces différences, considérée comme limite de la racine cherchée, la quantité k qui offre une seconde limite opposée à la première. Lorsque l'on représente la fonction ï{x) par l'ordonnée d'une courbe dont x est l'abscisse, f(«), f(*>, sont les ordonnées particulières des points A, B, qui répondent aux deux abscisses x = a, x = b, et les expressions (20), (21), se confondent avec les abscisses des points où l'axe des x est rencontré , i° par la corde AB, 20 par les droites qui tou- chent la courbe aux points A et B. » Les raisonnements par lesquels nous avons déduit des théorèmes 1 et 2 le théorème 4> servent aussi à déduire du 3e théorème la proposition suivante. » 5* Théorème. Soit f (x) une fonction réelle de x qui demeure finie et continue, avec ses dérivées des trois premiers ordres, entre les limites x = a, x = b > a, et supposons que chacune de ces deux fonctions dérivées f», f">(x), conserve constamment le même signe entre ces limites. Une racine au plus de l'équation dérivée ï'(x) — o, et deux racines au plus de l'équation f(à) = o, se trouveront renfermées entre les limites dont il s'agit. Si d'ailleurs la fonction t\x) change de signe entre les limites x = a, x = b, ou, en d'autres termes , si les quantités f(a), f{b) (843 ) sont affectées de signes contraires, l'équation (12) offrira certainement une racine réelle, mais une seule, comprise non-seulement entre les li- mites données a et b, mais encore entre d'autres limites plus rapprochées qui seront racines des équations du second degré (22) F(.r)-f-(.r — a){x — b)((a,a,b) — o, F(x)+(x — a)(x—b)f(a,b,b)=ô. Au contraire, si les quantités f(a), f(6) , sont affectées du même signe, l'équation (12) n'offrira point de racines réelles comprises entre les limites a, b, ou en offrira deux de cette espèce; et le dernier cas aura certainement lieu, si chacune des équations (22) offre de telles racines. Ajoutons que, si, les quantités f(fl), ((b), étant affectées du même signe, l'équation (12) offre des racines réelles comprises entre a et b , on pourra en dire autant de la première ou de la seconde des équations (22) , savoir de la première si les quantités f(a), f(è), sont négatives, et de la seconde si les quantités f(a), f(è) , sont posi- tives. Donc alors la première ou la seconde des équations (22) offrira , comme l'équation (12), deux racines réelles comprises entre a et b , l'une inférieure à la plus petite des deux racines de l'équation (12) , l'autre supérieure à la plus grande de ces deux racines. » Corollaire, a et b étant considérées comme représentant deux valeurs approchées en plus et en moins d'une ou de deux racines réelles de l'équa- tion (12), le théorème précédent fournira le moyen d'obtenir de nou- velles valeurs approchées de cette racine ou de ces deux racines, en aug- mentant le degré d'approximation. » Lorsque les conditions énoncées dans les théorèmes 4 ou 5 ne sont pas remplies, alors, pour obtenir des valeurs de plus en plus approchées des racines de l'équation (12) comprises entre a et b, on pourra recourir aux théorèmes 1, 2, 3. Mais, pour faire l'application de ces théorèmes, on de- vra calculer les valeurs des quantités qui s'y trouvent désignées par G et H. ( 844 ) Ce calcul pourra s'effectuer, dans un grand nombre de cas, à l'aide des considérations suivantes. » Concevons que l'on ait (a3) ff» = (a, a, b); %(fl, a), %'«,&), x(a,a,b), mais respectivement inférieures aux six quantités jp(a, b), , x), ((a, b, x) = , b), H = désignant encore des quantités comprises elles mêmes entre a et b; il en résulte qu'on pourra supposer encore, dans les théorèmes i et 2 , (28) G = o. » Pareillement , pour que chacune des fonctions P(*), f '"(*), conserve toujours le même signe entre les limites cc=.a, x = b, confor- mément aux conditions énoncées dans le théorème 5 , il suffira que l'on ait ru) 1 t o, [ô ) \ et [>"'(«,) - X'nm W"{b) _ x'"(«)] > o. « Lorsque, les limites a, b étant positives, f(x) représente une fonc- tion entière de x, on peut, dans l'équation (23), réduire la fonction devraient être considérées comme représentant, l'une des unités simples, l'autre des dixaines. » Concevons, pour fixer les idées, qu'il s'agisse d'obtenir, à i cent- millième près, le carré du rapport entre la circonférence et le diamètre. L'opération pourra être disposée comme on le voit ici. Multiplication approximative avec la preuve. Vérificateurs renversés . . \ " ( 1 5 3 4 9 8 4) 3 167 Multiplicateur renversé. ... 6 2 9 5 1 <| i,3 367 Multiplicande 3, 1 4 1 5 9 2 6 1 1 i 114772 2 3 a3 96548213 37 37 Reports ii 367 2 1 Produit 9, 86g6o3a 63 43 6~3 » Ici le même nombre 367 résulte, d'une part, de l'addition des sommes partielles 122, 71, 72, 48, 14, 25, 6,9 qui concourent à la formation du produit cherché, ou plutôt à la détermina- ( 852 ) tion de sa valent approchée; et d'autre part, de l'addition des sommes par- tielles formées avec les produits des chiffres correspondants du multipli- cande et des deux vérificateurs, pourvu que ces deux dernières sommes, savoir : 1 67 = 3 x6-h4x 2+8 X9-r-9.x5-r-4x H-3x4+5xi-f-i x3, et 20=1 xi-f-2x4-f-2XT+3X3, soient considérées comme représentant la première des unités simples et la seconde des dixaines. Les chiffres des deux vérificateurs sont ceux que renferment les nombres ?> 4, 8, 9, 14, 28, 25, i3, auxquels se réduisent le chiffre 3 du multiplicateur 3,1415926. . . . et les sommes formées avec ses deux premiers, ses trois premiers, ses quatre premiers. . . chiffres. D'ailleurs, l'addition des sommes partielles qui concourent à la formation du produit cherché s'effectue et se vérifie, comme dans l'exemple précédent; et ce produit, dans lequel les deux derniers chiffres peuvent avoir été altérés par l'omission des reports dus aux sommes partielles que l'on s'est dispensé d'écrire, se réduit, lorsqu'on rejette ces deux derniers chiffres , au nombre 9,86960. Tel est effectivement, à un cent millième près, le carré du rapport de la circonférence au diamètre. » Dans l'exemple précédent , ainsi que dans tous les cas où les deux facteurs du produit cherché deviennent égaux, les produits partiels de même ordre sont tous égaux deux à deux, ou tous, à l'exception d'un seul, suivant que le nombre de ces produits est pair ou impair. Il en résulte, comme on sait, que la formation des sommes partielles devient plus facile. Ainsi, dans le dernier exemple, pour obtenir les sommes partielles 122 et 71, ( 853 ) on peut opérer comme il suit 3 x6 + i Xî+4 X 9 + i X 5 = 6r, dont le double est 122, 3 x a-f-i X 9 + 4 X 5=35, dont le double est 70, et 70-f- 1 x 1=71. » Nous ajouterons que la règle et la preuve de la multiplication approxi- mative s'appliquent plus avantageusement encore à des nombres exprimés avec des chiffres, les uns positifs, les autres négatifs. Alors en effet, les re- ports étant presque toujours nuls, on n'aura pas ordinairement às'inquiéter des erreurs que leur omission peut entraîner; et, pour la même raison, dans la multiplication de tels nombres, on n'aura d'ordinaire à considérer qu'un seul vérificateur. § II. Division arithmétique. » On sait que la méthode des approximations successives , due à Newton, finit par doubler à très peu près, à chaque opération nouvelle, le nombre des chiffres décimaux exacts que présente la valeur approchée d'une racine réelle d'une équation de degré quelconque. Cette propriété appartient même aux valeurs approchées successives de la racine réelle d'une équation linéaire; ainsi , en particulier, l'on double à très peu près le nombre des chiffres décimaux que renferme une valeur très approchée du quotient fourni par une division arithmétique, quand, pour augmenter le degré d'approximation, l'on ajoute à cette valeur approchée le premier terme de la progression géométrique qui représente le quotient développé suivant les puissances ascendantes du reste. J'ignore si cette remarque très simple, que d'autres sans doute auront déjà faite avant moi, se trouve approfondie dans l'un des nombreux traités d'arithmétique publiés par divers auteurs. Mais elle mérite de l'être , d'autant plus que la règle qui s'en déduit peut aisément s'établir sans le secours de l'algèbre, ainsi que nous allons l'expliquer. » Observons d'abord que diviser un nombre par un autre revient à multi- plier le dividende par l'inverse du diviseur. Donc la division peut toujours être ramenée au cas où le diviseur est l'unité. D'ailleurs, dans ce cas, le quo- tient s'obtient à l'aide de la règle suivaute: » Après avoir déterminé par la méthode ordinairement employée une première valeur approchée du quotient, par exemple, ses deux ou trois pre- miers chiffres , vous pourrez égaler la fraction qui représente le quotient à C- R , it<4o, i"6 Semestre. (T. XI, M".»!.) ll4 ( 85/, ) cette première valeur augmentée dune fraction nouvelle qui aura le reste obtenu pour numérateur. Or, si vous multipliez une ou plusieurs fois de suite les deux membres de l'équation ainsi jormée par le reste dont il s'agit, vous obtiendrez de nouvelles équations , qui, combinées avec la première , feront connaître de nouveaux chiffres du quotient. «Lorsqu'en appliquant cette règle, et multipliant parle reste une ou plu- sieurs fois de suite la fraction qui représente le quotient, on est parvenu à rendre le numérateur supérieur au dénominateur, il convient d'extraire le plus grand nombre entier contenu dans la nouvelle fraction ainsi for- mée. Après cette opération, l'on peut recommencer à faire usage de la règle , et obtenir par ce moyen de nouveaux chiffres. » D'ailleurs, lorsqu'en opérant comme on vient de le dire, on est arrivé à connaître un grand nombre de chiffres du quotient, la formation d'une seule équation nouvelle suffit pour doubler à très peu près le nombre des chiffres exacts Si le diviseur est entier ou composé d'un nombre fini de chiffres, le quotient, à moins qu'il ne puisse s'obtenir exactement, se réduira toujours à une fraction décimale périodique. » Pour montrer une application de la règle ci-dessus énoncée, cher- chons d'abord le quotient de i par 7, ou, en d'autres termes, la fraction décimale périodique qui représente la fraction j. Comme les deux premiers chiffres décimaux fournis par la méthode de la division ordinaire seront 1 et 4» le reste étant égal à 2, on en conclura T » o,.4f la fraction % étant ainsi placée à la suite du chiffre des centièmes pour indiquer les -f d'un centième; puis, en joignant à l'équation qui précède celles qu'on en déduit lorsqu'on multiplie chaque membre deux fois de suite par le reste 2 , on trouvera f = o,[4|, | = o,284, T = °>5'6*> et par conséquent | = 0,1 42856 f Si maintenant on extrait de la fraction f, l'entier ; qu'elle renferme, on verra l'équation précédente se réduire à j = 0,l42857 y. C 855 ) En Tertu de cette dernière formule, la période de la fraction décimale qui représentera j sera certainement la suite des chiffres 142857, et l'on aura indéfiniment \ 33 0,1428.07 142857. . . » En général , lorsque, le dividende étant l'unité , le diviseur se compose d'un nombre fini de chiffres décimaux, le quotient cherché doit repré- senter ou une fraction de la forme 1 m • n étant un nombre entier, ou le produit d'une semblable fraction par une puissance de 10. Donc alors, si le quotient ne peut s'obtenir exactement; toute la question pourra être réduite au développement de - en fraction décimale périodique. D'ailleurs on démontrera sans peine, i° que, si n est l'un des nombres premiers impairs 3, 7, 11, i3,. . . , le nombre des chiffres de la période sera égal an — 1 , ou à un diviseur de n — 1 ; i° que, si n est un nombre composé , le nombre des chiffres de la période sera ou le nombre N des entiers inférieurs à n et premiers à n , ou un diviseur de N ; 3° que, si le nombre entier n se forme d'un seul chiffre, il suffira pour déterminer la période, de prolonger le calcul jusqu'au moment où l'on verra reparaître le premier chiffre du quotient, attendu que le retour de ce chiffre indiquera le commencement d'une seconde période semblable à la première ; 4° enfin que , si le nombre en- tier n se compose de deux, trois, quatre.... chiffres, il suffira de prolonger le calcul jusqu'au moment où Fon verra reparaître dans le même ordre , les deux premiers, les trois premiers, les quatre premiers. . . -chiffres du quotient. Eu égard à ces observations, on pourra souvent abréger le calcul , et même se dispenser d'extraire les entiers contenus dans 'les nou- velles fractions que l'on obtiendra. Ainsi , dans l'exemple précédent , après avoir établi l'équation \ ss o,M2&56if , ,.4.. ( 856 ) on pourra remarquer simplement que, j étant compris entre les limites 0,14 et o,i5, la nouvelle fraction f sera nécessairement comprise entre les limites 8 X 0,14 = ii12 et 8 x o,i5 = 1,20. Donc l'équation dont il s'agit fournira pour \ une valeur comprise entre les limites 0,14285712 et 0,14285720. Donc le premier chiffre 1 du quotient reparaîtra nécessairement à la septième place, où il indiquera le retour de la période 142857. » Si l'on voulait déduire d'un développement en progression géomé- trique la valeur de j exprimée en chiffres décimaux , il suffirait d'observer que l'équation l = o,I4f peut s'écrire comme il suit 1 — 0,02 . -^— - 0,14. Donc cette équation donne I - - °>'4 7 " ' 1 — 0,02* Si maintenant on développe le rapport en une progression géo- métrique ordonnée suivant les puissances ascendantes du reste 0,02 , on trouvera % = 0,1 4 + 0,0028 -f- o,oooo56 -f- 0,00000112 + . .. = 0,1428571 . . . » Pour montrer, sur un second exemple, l'application des principes ci- dessus exposés , concevons qu'il s'agisse de convertir -fa en fraction déci- male. On trouvera dans ce cas tV = 0,01 4^-, ( 857 ) et par suite 6 n r,Q/. 3e. 2JL n ^nt 21e YT O,O04 TT» 7i ",Joq 71 • On aura donc fi = 0,014084504^, ou , ce qui revient au même , Vr = 0,014084507-^-, et par suite ,T-= o,o422535ai ^-, ^- = o,i2676o563|-2-, 11 = 0,380281689-^, puis on en conclura en remplaçant -f-j- par i yf , y_ — 0,014084507042253521126760563380281690^. Enfin l'on tirera de la dernière équation # = 0,1408...., et par suite ■^j = 0,0140845070422535211267605633802816901408... Ici la seule réapparition des deux premiers chiffres 01 placés dans le même ordre à la suite l'un de l'autre indique déjà le retour de la période. § III. Extraction des racines. » Concevons que, n étant un nombre donné, on veuille en extraire la racine carrée, ou cubique,..., ou plus généralement la racine m""". Il s'a- gira, en d'autres termes, de calculer la racine réelle x de l'équation x" = n. Or soient aune première valeur approchée de \/n, et rie reste qu'on ob- tient en retranchant a" du nombre n; en sorte qu'on ait identiquement (1) n = a" -f- r. Si l'on pose x = a + z, et si d'ailleurs r est très petit, l'équation ( 8Ï8 ) n = (a + z)" donnera sensiblement La valeur précécente de z est celle que, dans la méthode newtonienne, on doit ajouter à la quantité a pour obtenir une seconde valeur appro- chée de \/n. Cette méthode semble donc, au premier abord, exiger la divi- sion du reste r par le produit mam~', dans lequel le nombre des chiffres croit indéfiniment avec le nombre des chiffres de a; mais on peut éviter cette division à l'aide des considérations suivantes. » Si , dans l'équation (2) présentée sous la forme z ar mam' on substitue la valeur de a" tirée de la formule (1), on trouvera m{n — r) mn v ' n ' puis, en négligeant les termes de l'ordre du carré de r, (3) z = — ar. En substituant la formule (3) à la formule (2), on aura, comme dans la méthode newtonienne , l'avantage de doubler sensiblement , à chaque opération nouvelle, le nombre des chiffres décimaux de la racine, lorsque le reste r sera très petit; et, si d'ailleurs on réduit en fraction décimale le rapport — , qui restera le même dans les diverses approximations que l'on effectuera successivement, il suffira, pour continuer indéfiniment le calcul, de recourir à l'opération que nous avons appelée multiplication approximative. Ajoutons qu'il sera facile d'effectuer et de vérifier chaque multiplication approximative, par la méthode que nous avons indiquée. » L'application des principes exposés dans ce paragraphe et dans le précédent deviendra plus facile encore, si l'on emploie deux espèces de chiffres, les uns positifs, les autres négatifs. » ( 859) M. Duveiinoï commence la lecture d'un Mémoire qui lui est commun avec M. Lebeboullet, et qui a pour titre : Essai d'une monographie des or- ganes de la respiration des crustacés isopodes. MEMOIRES LUS. mathématiques. — Description d'une nouvelle machine à calcul pour résoudre les équations numériques des sept premiers degrés,- par M. Léon Lalanne. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Cauchy, Savary, Coriolis, Sturm.) « Les équations numériques d'un degré supérieur au second se rencon- trent dans un assez grand nombre de questions de physique et de mécanique appliquées. Certains problèmes de mécanique céleste conduisent à des équations du septième degré. M. Poncelet, dans la solution générale qu'il a donnée du problème de la stabilité des revêtements et de leurs fondations, est arrivé à une équation où l'inconnue est élevée à la sixième puissance. Enfin quelques questions d'hydraulique comportent la résolution d'équa- tions du quatrième et du cinquième degré. Il est vrai que , dans la plupart des exemples qui viennent d'être mentionnés, la composition des coeffi- cients numériques est extrêmement compliquée, et que le calcul de ces coefficients est beaucoup plus long que ne le serait le calcul des racines elles-mêmes, une fois que l'équation aurait été posée en nombres. Aussi cherche-t-on souvent à éluder la difficulté, à l'aide des artifices particuliers que peut comporter la nature de la question. M. Poncelet dans le Mémoire cité plus haut, et M. Le Verrier dans ses recherchessur la stabilité du système solaire, ont donné des exemples remarquables d'artifices de ce genre. Quoi qu'il en soit, il y a lieu d'espérer que les personnes qui s'occupent d'appli- cations verront avec quelque intérêtun appareil qui donne mécaniquement, avec la plus grande facilité, les racines des équations numériques des sept premiers degrés, et dont le principe est applicable à un degré quelconque. » Ce principe ne m'appartient pas. Il a été exposé dès 1810, avec beau- coup de clarté et de précision, dans les Opuscules mathématiques de M. Bérard, professeur au collège de Briançon. Néanmoins, telle que M. Bé- rard l'avait conçue et projetée, cette machine était inexécutable, comme il semble l'a vouer lui-même. Il a donc fallu, pour tirer parti de son ingénieuse ( 860 ) idée, faire usage de décompositions de moments analogues à celles qui ont été employées précédemment, et sur lesquelles sont fondées les appli- cations de la balance à calculs et de Yarithmoplanimètre , auxquels l'A- cadémie a bien voulu accorder son approbation. Comme ces derniers appareils, la nouvelle machine a été confectionnée par l'habile mécanicien M. Ernst. » Toute équation numérique peut être considérée comme établissant la condition d'équilibre entre les deux bras d'un levier, qui seraient sollicités par des poids proportionnels aux coefficients de cette équation et agissant à des distances de l'axe de suspension représentées par les diverses puis- sances de l'inconnue. Si le second membre est nul, les coefficients positifs et négatifs se rapportent à des bras différents. La nouvelle machine est disposée de telle sorte que les poids agissent toujours ensemble à des distances de l'axe qui sont entre elles comme les puissances entières d'une même quantité. Aussi lorsqu'il y aura équilibre , cette quantité, qui se lit facilement sur une règle graduée, exprimera une des racines de l'équation. » On trouvera dans le Mémoire joint à la machine la description de cette machine, et tous les détails relatifs à la détermination des racines positives et négatives des équations numériques. » chimie inorganique. — Recherches sur les sels de plomb formés par V acide hyponitrique et par l 'acide nitreux ; par M. Eugène Péligot. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Thenard, Chevreul, Dumas, Pelouze. ) a Proust a observé le premier que le plomb se dissout en quantité con- sidérable quand on le met en contact avec une solution chaude de nitrate de plomb : le sel qui se produit se dépose, par le refroidissement de la li- queur, en forme d'écaillés jaunes et brillantes. » La conclusion que tira Proust de cette expérience, fut que l'oxide de plomb est réduit à un degré d'oxidation inférieur au protoxide : mais M. Ber- zélius, dans un travail publié en 1812, démontra que la dissolution du plomb s'opérait non pas par suite de la réduction de l'oxide de plomb, mais aux dépens de l'acide nitrique contenu dans le sel employé. » Dans un travail fait et publié à la même époque, M. Chevreul arriva aux mêmes conséquences et décrivit deux sels distincts formés par l'action que des quantités différentes de plomb exercent sur le nitrate de plomb , puis, dans un second mémoire sur ce sujet, il fit ressortir l'accord qui règne ( 86i ) pour les analyses, et les différences qu'on observe dans les propriétés of- fertes |>ar les sels étudiés simultanément par M. Berzélius et par lui. » Conduit incidemment , par suite des recherches que j'ai entreprises sur l'acide nitreux etl'acide hyponitrique, à analyser le sel de Proust, j'ai ob- tenu des résultats dont l'interprétation s'écarte beaucoup de celle qui est ac- tuellement admise relativement à la nature de ce corps. En effet, je crois pouvoir démontrer qu'outre qu'il existe trois combinaisons bien distinctes formées par l'action du plomb sur le nitrate de plomb, deux de ces combi- naisons contiennent, non pas de l'acide nitreux, ainsi que l'admettent MM. Berzélius et Chevreul , mais de l'acide hyponitrique; ainsi ce dernier acide, qui est formé, d'après les analyses de Dulong, de deux volumes d'azote unis à quatre volumes d'oxigène , serait susceptible, contrairement à toutes les idées reçues, sinon de se combiner directement avec les bases, au moins d'exister, ainsi que l'acide nitreux, en combinaison avec elles. » J'ai préparé le sel de Proust en mettant en présence i équivalent de ni- trate de plomb (2071), et 1 équivalent de plomb (lagO- H convient de prendre 63 de plomb pour 100 de uitrate. Si l'on emploie 78 de plomb, comme l'indique M. Berzélius, on obtient un mélange, ainsi que l'avait observé déjà M. Chevreul, du sel jaune avec le sel orange qui se forme après. Si, au contraire, on emploie moins de 1 équiv. de plomb, on a un pro- duit mélangé de nitrate de plomb bibasique. » La réaction se fait et se termine à une température inférieure à 60 ou 70 degrés sans qu'il y ait production de bioxide d'azote : ce gaz ne prend naissance que par suite de la décomposition par la chaleur du sel jaune produit. » Dans le cas où ce dernier sel est mêlé de sel orange, on peut séparer d'ailleurs ces deux sels en traitant leur mélange par une quantité d'eau chaude insuffisante pour les dissoudre en totalité, et en profitant de la so- lubilité beaucoup plus grande du sel jaune. » L'analyse de ce sel a consisté en la détermination directe de l'oxide de plomb, de l'azote et de l'eau qu'il renferme. » Les résultats que j'ai obtenus s'accordent le mieux possible avec la for- mule AzOVPbO,HO. » Ils s'accordent également bien avec le dosage de l'oxide de plomb de M. Berzélius et de M. Chevreul; mais M. Berzélius, qui n'a pas déterminé C. H., 1840, a™« Semestre. (T. XI, N<= 21.) I I 5 ( 86a ) l'azote, admet, par hypothèse et en se fondant sur l'existence nécessaire de l'acide nitreux dans ce sel, qu'il doit contenir 6,4 d'eau pour 100 : l'ex- périence donne seulement 3, a. » Ainsi l'équation très simple 4 AzOs,PbO H- Pb + HO = AzOSaPbO, HO rend compte de la production de ce sel qui, jusqu'ici, était fort obscure. » Le second sel qui se produit est de couleur rouge orangé: il s'obtient en dissolvant dans la solution bouillante de i équivalent de nitrate de plomb, i j équivalent de plomb : on obtient un mélange, par le refroidisse- ment de la liqueur, de sel jaune et de sel orange; on enlève le sel jaune par l'eau bouillante, l'autre sel étant beaucoup moins soluble. » Les analyses de ce sel coïncident avec la formule Az'O', 7PbO, 3HO. La composition de ce sel est vérifiée par la synthèse; car en faisant bouillir l'hyponitrate bibasique avec de l'oxide de plomb, on obtient même ce sel orange. » Enfin l'ébullition prolongée d'une solution de nitrate de plomb avec plus de deux ou trois équivalents de plomb, fournit le sel rose signalé par M. Chevreul et dont la composition, d'après ses analyses, celles de Berzé- lius et les miennes, est représentée par la formule AzO3, 4PbO, HO. » L'eau que renferme chacun de ces sels ne se dégage qu'à une tempé- rature supérieure à ioo°. » C'est seulement avec le sel rose et l'acide carbonique qu'on peut prépa- rer le nitrite de plomb neutre; la liqueur jaune qui le contient, évaporée dans le vide, fournit des prismes jaunes, allongés, très altérables; ce sel est fort différent de celui que M. Berzélius a décrit et qu'il a obtenu néces- sairement mêlé de nitrate de plomb, puisque pour le produire il a em- ployé le sel jaune de Proust. » Comme par les procédés d'analyse directe, les différences qui existent entre les résultats du calcul et ceux de l'expérience portent toutes sur l'oxigène uni à l'azote pour former l'acide nitreux ou l'acide hyponitrique, et comme cette détermination de l'oxigène est le point culminant de la ( 863 ) question, j'ai cherché à doser plus directement la quantité de cet élément, en mettant à profit d'une part la propriété non connue que possède cha- cun des trois sels précédents de se dissoudre intégralement à froid dans l'a- cide acétique même concentré et en excès, et d'autre part l'action qu'exerce le peroxide de plomb sur ces sels ainsi dissous. Cette action consiste à four- nir de l'oxigène à l'acide nitreux ou à l'acide hyponitrique pour les trans- former en acide nitrique; l'acide nitreux dissolvant une fois plus de peroxide de plomb que n'en dissout l'acide hyponitrique, et cet oxide offrant un poids atomique très élevé, l'emploi du peroxide de plomb m'a paru de na- ture à fournir des résultats concluants sur la constitution de ces sels. » Or les résultats que j'ai obtenus en mettant ainsi ces corps en présence, après avoir pris leur poids, et en déterminant la quantité de peroxide de plomb qui a été dissoute par chacun des acides contenus dans ces sels, con- firment pleinement les formules que j'ai adoptées pour représenter la com- position de chacun d'eux. » chirurgie. — Mémoire sur un nouveau procédé pmpre à faciliter l'évacua- tion des fragments, après le broiement de la pierre dans la vessie; par M. Rio vl. (Commissaires , MM. Serres, Larrey, Breschet.) « Quel que soit , dit M. Rigal , le moyen que l'on emploie pour broyer la pierre dans la vessie, soit qu'on l'use au moyen du foret et de l'archet, soit qu'on l'écrase à l'aide d'appareils agissant par percussion ou par pres- sion, il restera toujours, après ce premier broiement, des fragments trop volumineux pour passer librement à travers le canal de l'urètre, et qui par conséquent devront être attaqués à leur tour. Si une fois ces débris sont engagés dans le canal , il faut bien songer à les y détruire, et divers instru- ments ont été inventés dans ce but ; mais cette opération étant nécessai- rement plus douloureuse, et par suite plus grave que celle qu'aurait exigé le broiement des fragments pendant qu'ils étaient encore dans la vessie, on ne doit y avoir recours que le plus rarement possible. » Les -instruments employés par les lithotriteurs pour détruire dans la vessie les fragments de calculs, paraissent à M. Rigal défectueux à plu- sieurs égards, et il en propose un nouveau. Son instrument se compose essentiellement de trois parties : la première est un tube en acier droit ou portant à son extrémité vésicale une partie I.5.. ( 864 ) courbée, destinée seulement à en faciliter l'introduction. Un second tube également en acier, droit dans toute sa longueur, entre dans le premier. Les deux tubes sont percés latéralement, vers leur extrémité vésicale, de deux fenêtres qui se correspondent parfaitement , et portent chacun à leur extré- mité libre un levier dont la direction indique celle des fenêtres. Maintenant , qu'on introduise cette double sonde dans la vessie , elle livrera passage aux débris capables d'arriver au dehors; mais qu'un fragment plus volumineux s'engage à travers les doubles fenêtres, le tube interne servira à le saisir. En effet, en faisant exécuter à ce tube un mouvement de rotation autour de son axe, au moyen du levier qu'il porte à son extrémité externe, on dé- truira le parallélisme des deux fenêtres ; on rétrécira donc l'ouverture dans laquelle était engagé 'le fragment qui se trouvera ainsi pris comme entre les deux mors d'une pince. Si sa dureté n'est pas très grande, cette pres- sion par les bords tranchants de la double fenêtre suffira pour le diviser en deux ou en trois morceaux , dont un sera logé dans la cavité du tube in- terne et sera amené sans difficulté au dehors. Dans le cas contraire, le fragment du calcul sera du moins solidement fixé et se trouvera placé dans les conditions convenables pour être usé parle foret, qui constitue la troisième pièce de l'appareil. Ce foret est formé par un troisième tube, également en acier, et dont l'extrémité est taillée en dents de scie, comme une couronne de trépan : percé à ses deux extrémités, il offre un réceptacle pour les détritus, ayant toute la longueur de l'instrument : «C'est, dit l'auteur, un magasin plus spacieux que ceux de tous les appareils employés jusqu'ici dans le même but, et qui se charge de lui-même à la manière d'une sonde à fromage. » « Il est peu rationnel, poursuit M. Rigal , d'attendre que la vessie s'enfle d'urine goutte à goutte pour recommencer à de longs intervalles les ef- forts qui poussent les débris. Pour faciliter l'expulsion et l'injection d'un liquide, pour faire succéder rapidement l'une à l'autre, j'ai disposé par un double tube évacuateur deux robinets dont le jeu se combine avec celui du foret. La complication qui résulte de cet agencement n'est qu'ap- parente. » ( 86.3 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. le Ministre de l'Instruction publique transmet un Mémoire de M. LiiicnniM i:r. sur les effets du tremblement de terre ressenti à la Guadeloupe . le 1 1 janvier i83g, et invite l'Académie à lui faire connaître son opinion sur l'importance et le mérite de ce travail. Le Mémoire de M. Lherminier est renvoyé à une Commission composée de MM. Arago, Becquerel et Élie de Beaumont. optique*. — Note sur la détermination de V indice de réfraction de quelques corps appartenant à la chimie organique; par M. H. Deville. (Extrait.) (Commissaires, MM. Biot, Arago, Babinet, Regnault. ) « L'appareil dont je me suis servi est le goniomètre de M. Babinet. A l'aide de quelcpies précautions particulières, cet instrument est très propre à déceler des différences très faibles (appartenant aux dix-millièmes, par exemple), que peuvent présenter les indices de corps très rapprochés sous le point de vue de cette propriété physique. Aussi ai-je pu déterminer avec beaucoup de précision les indices de l'alcool mêlé à diverses proportions d'eau; et une vingtaine d'observations sur des alcools de richesses dé- croissantes d'une manière régulière m'ont permis de constater qu'il y a un maximum pour l'alcool à un atome d'eau, c'est-à-dire contenant -^ de ce corps à peu près, puisqu'à partir de là l'indice décroît jusqu'à devenir presque égal à celui de l'eau pour l'alcool contenant -^ de ce liquide, en passant par conséquent par un point où sa valeur est la même que pour l'alcool absolu. La richesse correspondante serait alors celle convenant à l'alcool de Rudberg, c'est-à-dire au maximum de contraction. Les pou- voirs réfringents, comme on doit le penser, ne présentent pas de maximum, parce que la densité croît plus vite que l'indice. » L'acide acétique m'a présenté aussi un maximum qui correspond à sa plus fqrte densité, pour l'indice de réfraction; et pour le pouvoir réfrin- gent un minimum placé tout près du maximum de densité, ce qui tient à ce que celle-ci décroît beaucoup plus lentement que l'indice. Les corps '(866) isomériques entre eux., que j'ai observés, m'ont présenté le même indice de réfraction. Il faut ajouter pourtant que, pour que cette propriété phy- sique leur soit commune, il est nécessaire qu'ils aient à peu prés la même densité et présentent aussi le même degré de viscosité. La plupart des huiles essentielles de la composition C5H4, isomériques avec l'essence de térébenthine , qui sont toutes à peu près aussi pesantes et aussi fluides les unes que les autres, sont dans ce cas. L'acétate de méthylène et l'éther formique, aussitôt après leur purification, ont exactement le même indice de réfraction (i). » La viscosité tend à augmenter dans les liquides isomères le chiffre de l'indice d'une manière bien plus considérable. Aussi deux corps isomériques, de même densité, de propriétés chimiques analogues, m'ont présenté à cause de leur inégale viscosité des différences très grandes à l'examen de leurs pro- priétés optiques. L'acide chlorovalérosique, corps dernièrement découvert par MM. Dumas et Stass, m'a permis de faire une expérience très instructive sous ce rapport. Cet acide, à la température actuelle de i5°, est visqueux et tellement qu'il est difficile de le faire couler dans le flacon qui le con- tient. Mais à une température à peine supérieure à 3o°, il devient aussi fluide que l'eau. J'ai pu l'observer dans le passage de l'état fluide à l'état visqueux et le déplacement du spectre ou l'augmentation de la réfraction minimum m'a paru trop considérable pour pouvoir être attribué unique- ment au changement de densité qu'éprouve un corps qui se contracte sous l'influence du froid. Ou voit combien , pour des expériences de ce genre, il est utile de noter la température à laquelle on opère. En été, l'indice de l'acide chlorovalérosique sera tout différent de celui que je lui ai trouvé à 1 5°. » Voici les principaux résultats auxquels je suis arrivé. Chaque expé- rience a été répétée au moins deux fois et quelquefois quatre, et le chiffre n'a été admis que quand les expériences ont été concordantes. (ij Je dirai ici que j'ai con6é à MM. E Becquerel el Caliours les deux e'thers que j'ai observés et qu'ils ont, avec un appareil tout différent du mien et fondé sur un autre principe, constaté cette identité; mais ces corps s'altèrent très vite. Du reste, ces messieurs ont aussi obtenu les mèines'indices pour quelques substances dont les mêmes échantillons avaient été étudiés par moi. ( 867 i Eiu de o,3336 à Alcool absolu à Jfc d'eau « rsrs ' • • • A -12. a T3T à Ji* <* ioo à -Ai. à -â2_ d ioo 4.L2. * IOO • • • • • i iî. ' à 9° <* ioo Alcool conten. quelq. traces d'eau a Tôô" Alcool du commerce à près de no ioo"* ' • ' " " Acide acétique cristallisable. . . . Acide au maximum de densité. . . Acide à une densité de i ,0728. . . Acide à 1 , o63 Essence de térébenthine Camphre liquide de térébenthine . Bromhydrate liquide d'essence de térébenthine Chlorure d'essence de térébenth. Térébène Chlorotérébène Monochlorotérébène Térébilène o,33?y i,3633 i,3653 i,3362 i,365i i,3633 1,3629 1 , 362 1 1 , 35g2 1,3544 1,3471 1,3407 1 , 563g 1 ,364 i 1 ,366o 1,3757 1,3781 l,37!2 1,3701 i,47a 1 ,4848 ' >5io9 1,5448 ',474 i,5294 i,5i86 .,4735 Colopliène Colophilène Essence de citron Essence d'élémi Essence de copahu pure — vieille Acide chlorovalérosique Acide chlorovalérisique Acide valérique Rétinilène Rétinaphtène Essence de clous de girofle Carbure d'hydrogène de l'acide éthalique Élher pur Essence de genièvre Essence d'orange Essence de bigarade Essence de bergamotte. . Essence de menthe sèche — humide Essence de citron vieille Acétate de méthylène Éther formique Pétrolène de M. Boussingault. . . Essence de térébenthine épaissieet à une température de 4<>0 à peu près, où elle est très liquide. . . Essence épaissie et froide ,5312 ,5175 ,47* ,47< ,5o4 ,48i4 ,472a ,406 ,52i 4 ,4975 ,502 ,45o8 ,3562 ,474 ,474 ,476 ,468 ,4663 ,465 ,4808 ,363i ,3639 ,4855 ,4898 ,4938 optique — Recherches sur les pouvoirs réfringents des liquides; par MM. Edmond Becquerel et Auguste Cahours. (Commissaires, MM. Biot, Arago, Babinet, Begnault. ) « Les résultats que nous avons l'honneur de mettre aujourd'hui sous les yeux de l'Académie ne sont que le commencement d'un travail très étendu que nous avons entrepris sur la détermination des pouvoirs ré- fringents et dispersifs des liquides. Les nombres donnés jusqu'à présent .pour les indices de réfraction ne s'appliquant , pour la plupart du temps, qu'à des corps dont la constitution n'est pas bien établie, nous avons cru devoir reprendre cette question en prenant pourpoint de départ des corps très purs, sur la composition desquels les chimistes sont bien fixés. Nous ( 868 ) étant procuré un grand nombre de liquides dont quelques-uns forment des séries bien distinctes, nous donnons aujourd'hui les indices moyens de réfraction de ces liquides, nombres qui, déterminés avec précision, nous conduiront peut-être à quelques relations sur leur constitution. » M. Brewster, qui a donné un très grand nombre de déterminations d'indices de réfraction, mais souvent de corps impurs, s'est servi d'un pro- cédé très commode, que nous avons suivi en le modifiant comme nous allons le dire. » Le procédé de M. Brewster consiste à placer sous l'objectif d'un mi- croscope, et tangente à la lentille, une lame de verre bien plane, puis d'interposer entre cette lentille et la lame plane une goutte du liquide dont on veut mesurer l'indice de réfraction. Il se forme donc à l'extrémité de l'objectif une lentille plan-concave de liquide, qui fait changer la posi- tion dans laquelle il faut placer un corps pour que son image se forme toujours au même point. Alors, en désignant par n, «', les indicesde ré- fraction de deux liquides en passant de l'air dans ces corps, par D, d, d', les distances auxquelles il faut placer un objet quelconque pour qu'il soit vu dans le microscope lorsqu'il y a successivement de l'air et chacun des deux liquides entre la lame plane et l'objectif, distances que l'on compte à partir de l'objectif, on a cette formule facile à trouver n — i I I D~~ d ou n n — i d i i ' D d' n— i ~ D' l~7 On ne peut donc obtenir par ce moyen que l'indice de réfraction d'un liquide par rapport à un autre liquide. » Nous avons modifié ce procédé en cherchant, au lieu des distances D , a a' les nombres P, p, p, de division d'un micromètre placé sur le porte-objet, et qui sont comprises entre deux raies fixes d'un micromètre situé au fover de l'oculaire. Ces nombres sont, comme il est facile de le démontrer, proportionnels aux précédents, et l'on a encore _ P n — i _ p P et ils ont l'avantage de pouvoir être observés plus rapidement et peut-être avec plus d'exactitude. ( 869 ) » Le liquide auquel nous avons rapporté les indices de réfraction est l'eau distillée. Nous avons adopté le nombre « = i= i ,3333 pour l'in- dice moyen de ce corps. » Du reste, à l'aide de la méthode suivante, on peut, déterminer ce nombre directement. Cette méthode consiste à interposer entre l'objectif d'un microscope et un objet que l'on regarde un écran liquide à faces parallèles. Alors, comme il est facile de le démontrer, il faut abaisser l'objet pour continuer à le voir dans le microscope, car les rayons lu- mineux, quoique ressortant parallèles après avoir traversé l'écran, éprou- vent une déviation de leur direction primitive ; en désignant donc par e l'é- paisseur de l'écran, et: par d la quantité dont on a éloigné l'objet de sa position primitive, on a n étant l'indice de réfraction. Cette formule très simple peut donner aussi directement l'indice de réfraction d'un corps solide. » En appliquant cette méthode à l'eau distillée, nous avons trouvé que e étant égal à iomm, on avait d = 2""°, Soi. On a donc n — i n o,25o2 d'où h = i ,3336 , c'est-à-dire « = |, la différence de o,oo3 étant ici insignifiante. » Nous donnons, à la suite de cette Note, le tableau des différents nom- bres obtenus à l'aide du premier procédé que nous avons indiqué. Il ré- sulte de l'examen de ce tableau : » i°. Que les corps de même composition et dont la densité à l'état liquide est représentée par des nombres peu différents, possèdent un indice de réfraction qui varie dans de très faibles limites ; tandis que celui-ci s'accroît au contraire avec l'état de condensation de la substance (exemple, essence de térébenthine et colophèue). » 2°. Que les carbures d'hydrogène liquides, à densité presque égale, ont un pouvoir réfringent d'autant plus considérable que le carbone s'y accumule davantage : ainsi, par exemple, le rétinolène (C64 H3*) possède un indice de réfraction moyen beaucoup plus grand que le cétène (C64H64). qui contient beaucoup moins de carbone que lui, et dont la densité à l'état liquide est peu différente. » 3°. Que pour les liquides formés de carbone, d'hydrogène et d'oxigène, C. U., 1840, 2'"« Semestre. (T. XI, N» 2t.) r J6 ( 87o ) l'indice de réfraction et le pouvoir réfringent, sont d'autant plus considéra- bles que la substance est moins oxigénée, pourvu toutefois que la densité de ces corps soit peu différente ; mais si la densité varie dans des limites très sensibles, alors le contraire peut avoir lieu ; ce qui démontre évidemment que la densité du corps à l'état liquide est un élément qui a une grande influence. Ainsi l'éther cuminique, qui renferme moins d'oxigène pour cent que l'éther benzoïque, possède un indice de réfraction moindre que ce dernier, mais aussi la densité du premier est moindre que celle de l'eau, tandis que la densité du second est plus considérable. Nous pour- rions faire encore une observation semblable à l'égard des éthers acétique et oxalique. w 4°. Que pour les corps isomères, tels que l'acétate de méthylène et l'éther formique, qui possèdent en outre une densité presque identique à l'état liquide, les indices de réfraction sont aussi identiques. » 5°. Qu'à mesure que le chlore, le brome ou l'iode s'accumule dans les corps d'une même famille, l'indice de réfraction s'accroît, ce qui tient peut-être à l'augmentation de densité de ces corps à l'état liquide. » 6°. Enfin nous avons observé qu'il est un autre élément dont l'inter- vention peut avoir une influence très marquée sur l'indice de réfraction, c'est la viscosité de la substance. C'est ce qui résulte aussi des observa- tions de M. Henri De ville , sur les acides chlorovalérisique et chloro- valérosique. » Nous avons recherché si, dans un mélange de liquides qui sont sans action chimique l'un sur l'autre , le pouvoir réfringent du mélange était égal à la somme des pouvoirs réfringents des liquides qui le constituent ; d'après les diverses expériences faites à ce sujet , cette loi nous a paru être sensiblement vraie. Voici quelques-uns des résultats obtenus : Mélanges d'alcool et d'essence dèlémi. Indice ou n. n* — i . Densités à g0 cenlig. Alcool i,35; .. . 0,841 0,802 Essence d'élémi ',47^ ••• MyS °;^49 ., . lo.ono (observé). ) „ _ . 1 iTol,258 d'alcool. l" mela"8«--; '>4'< - j,^ [«..prç.J0'8»3 contient donc J .-oi! dW d,élémi. 2= mélange , ,3g, . .. °'^ $*?"$■ 0,8.8 contient donc j O^/'^ , | 0 '™ (0,955 (calcule). ) ( 1 ol- d'ess. d'elemi. Mélange d'essence de genièvre et de chlorhydrate d'essence de térébenthine. Indice ou n. n» — 1 . Densités à 90 centig. Essence de genièvre. .. . 1,476 ... 1,175 o,8635 Chlorhyd. d'ess. de téréb. 1,488 ... 1,214 '>ol9 -.., , 1 1,187 (observé). ) /, . , ( oTol,qîi d'ess. de genièvre. Me,an^ --• ''479 - J,^ (>calculé)^ (0,944 contient donc j ^ dfl>cWorhyd„te. ( »7' ) » Nous n'avons l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie ce petit nombre d'observations qu'afin de prendre date; dans un prochain travail nous examinerons les pouvoirs dispersifs des liquides qui font partie du tableau que nous avons donné, ainsi que d'autres dont la com- position est pareillement bien établie. Nous étudierons en outre les varia- tions qu'éprouvent les pouvoirs réfringents et dispersifs des liquides dans l'acte de la combinaison, nous proposant surtout de comparer les résultats que nous obtiendrons par différentes méthodes, afin d'en discuter la valeur. P (Air) 20,8 ) p (Eau).... 34,33 ) On admet pour l'indice de l'eau . . . . n — 1 ,3333 , ou ±. Tableau des indices moyens. NOMS DES SUBSTANCES. Essence de térébenthine — de citron — d'élémi — de genièvre Térébène. Térébilène Essence de Cubèbes Colophène Colophilène Eupione Cétène Benzène Cinnamène Rétinolène Cymène Naphte Rétinylène Rétinnaphtène Naphtole Carbure d'hydrogène de l'acide éthaliqne Éther — hydrobromique — hydriodique Éther formique — acétique — oxalique — œnanthique Nombres. P' 47 47,5 47.5 47,5 48 4» 49,5 53,5 53,5 4o,33 45 5i,5 56 65,5 48,75 4o,33 53,5 5i 45,3 44,5 36 4' 53,75 36,33 37 39,75 4* ',47! i,475 i,475 ',475 ",479 ',479 i,49° ■,5i7 i,5i7 ',4o9 .,463 i,5o4 1 ,53i r.577 i,485 1,409 1,517 1 ,5oo .,467 1 ,45o i,357 1,417 1 ,5|2 i,36i 1,370 i,4o6 ',127 NOMS DES SUBSTANCES. Éther citrique — pyrocitrique — camphorique — cuminique — benzoïque Acélate de méthylène Éther formique Hydrure de benzoïle Hydrure de salicyle Alcool absolu Acide acétique cristallisé. . . . Essence de térébenthine Chlorhydrate d'essence liquide Bromhydrate d'essence liquide Monochlorotérébène Chlorure d'essence Acide valérique — chlorovalérisique. . . — chlorovalérosique. . . Benzène Nitrobenzide Hydrocarbure de chlore. . . Hydrocarbure de brome. . . Acétone Acétate d'amilène Huile de girofle Nombres. P' 44 44 • 45,5 5i,5 5a, 5 36,33 36,33 58,5 65 36,33 37,5 47 49 5a,5 55,33 57.5 39,8 5o,5 5a,5 5i,5 6o,33 44 56,5 37,5 39,75 5i,5 ,446 ,446 ,459 >4 ,5n ,36i ,36i ,545 ,570 ,36i ,376 ,47' ,488 ,5io ,53i ,540 ,406 ,497 ,5io ,5o4 ,554 ,446 ,534 ,376 ,406 ,5o4 Il6. (8?2 ) M. Lescuyer prie l'Académie de vouloir bien lui désigner des Commis- saires au jugement desquels il puisse soumettre différents dispositifs de son invention, ayant pour objet de donner l'impulsion et la direction aux aérostats. (Commissaires, MM. Gambey, Séguier.) M. Korilsky adresse une Note ayant pour titre : Quelques mots sur la météorologie en général et sur les marées en particulier. (Commissaires, MM. Mathieu , Savary.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de la Guerre invite l'Académie à lui présenter, eonformé- ment à l'article 14 de l'Ordonnance du 3o octobre i83a, relative à l'organi- sation de l'École Polytechnique, un candidat pour la place de professeur de Chimie devenue vacante à cette Ecole par suite de la démission de M. Gay- Lussac. La section de Chimie est invitée, en conséquence, à présenter à l'Aca- démie le plus promptement possible une liste de candidats. M. Thenard annonce que la section de Chimie est en mesure de faire cette présentation séance tenante, et fait remarquer que les cours de l'École étant déjà commencés, il importerait de ne pas retarder l'élection au-delà du terme rigoureusement nécessaire. Cette proposition est adoptée. chimie organique. — Examen d'un nouvel acide gras retiré de l'huile de palme; par M. Fremy. (Extrait par l'auteur.) « Les observations si curieuses que MM. Pelouze et Félix Boudet ont publiées dans ces derniers temps sur l'huile de palme, devaient engager les chimistes. à étudier d'une manière approfondie l'acide gras solide que l'on peut retirer de cette huile par la saponification , et qui peut même s'y former spontanément , d'après les recherches de MM. Pelouze et Félix Boudet. » Les expériences que j'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui à l'Académie sont terminées depuis plusieurs mois. J'avais l'intention d'é- tendre les observations que j'ai Faites sur l'acide de l'huile de palme: mais (873 ) M. Liebig m'a fait l'honneur de me prévenir que dans son laboratoire on était arrivé à des résultats tout-à-fait identiques avec les miens. J'ai donc cru devoir publier immédiatement le résumé de mes recherches sur l'huile de palme. » J'ai retiré de l'huile de palme un acide gras solide que j'ai purifié par les procédés ordinaires, qui a la plus grande analogie avec l'acide margarique. » Il a le même point de fusion que l'acide margarique; il fond à 6o°. » Il a présenté la composition suivante : M = o,a6'o5 Eau = 0,295 A.c.= 0,711 2°. M = 0 , 2345 Eau — 0,264 A.c. = 0,638 Centièmes. C= 75,4 H= ia,5 0= 12,1 75,1 .... C«< 12,4 .... H"« t2,5 .... O» C = 75,37 H = 12, jo O = 12,23 100,0 100,00 » L'acide de l'huile de palme , chauffé à 25o°, cristallise dans l'alcool en petits cristaux très durs, tandis qu'avant il cristallisait en belles lames. » J'ai analysé cet: acide ainsi modifié : il n'avait pas changé de compo- sition: Centièmes. M.. = 0^,279 Eau . =; o,3i4 A. e. = 0,775 C. H. O. 75,20 12.49 : 12, 3l » L'acide de l'huile de palme est volatil sans décomposition. Je citerai une analyse de l'acide distillé : M.. . = o,256 Eau . = 0,293 A. c. = 0,698 Centièmes. C. — 75, 38 H. = 12,70 O. = 12,12 » La capacité de saturation de l'acide de i'hmile de palme a été déter- minée en analysant des sels d'argent. Se! d'argent o , 188 Oxtdc 0,060 Acide... 0,128 D'où 3 1,9 p. 100 d'oxide. 40. Sol d'argent o ,3ig Oxide 0,100 Acide 0,219 2°. Sel d'argent 1 , 1 68 Oxide o ,o5q Acide.. .- 3". Sel d'argent 0 ,394 Oxide : <>,»24 6 L Aeid« o,a7° D'où 3o,9 p. 100 d'oxide. 5». Sel d'argent o ,2295 Oxide 0,0730 Acide. 0,1 565 D'où 3i, 4 p. 100 d'oxide. 6°. Sel d'argent 0,338 Oxide o«»>7 Acide... o,a3i D'où 3i ,3 p. 100 d'oxide. D'où 3) ,8 p. 100 d'oxide. D'où 3i ,6p. 100 d'oxide. ( 871 ) » En représentant le sei d'argent par la formule suivante : C,9 11 — 12,4 Az — a, 7 0 = 12,0 100,0 L'acide de l'huile de palme forme un éther qui cristallise très bien et qui fond à une température très basse; cet éther a présenté la composition suivante : m = 0,372 Eau sa 0,425 A.c. = 1 ,024 a». o,358 0,406 0.99» Centièmes. I». C = 76,1 H = 12,6 O = n,3 76,6 ,2,5 '0.9 C" . H-44 O»... C = 76,8 H = ta,4 0= 10,8 100,0 ( 875) Cet éther est donc représenté par la formule C94H„4 06,2(C4H,0O). » J'ai enfin examiné l'action du chlore sur l'acide de l'huile de palme, en faisant intervenir successivement l'influence de la chaleur etde la lumière. ' J'ai obtenu ainsi une série d'acides chlorurés qui paraissent avoir tous la même capacité de saturation que l'acide de l'huile de palme. Le chlore en en- trant dans ces combinaisons déplace une quantité équivalente d'hydrogène. J'ai fait passer pendant près d'un mois un courant de chlore dans de l'acide que j'exposais à l'influence de la radiation solaire; j'analysais successivement les produits. Le dernier produit analysé contenait 6*0 pour a 00 de chlore et 3,9 pour 100 d'hydrogène. A cette époque le chlore réagissait encore sur la substance organique, mais avec beaucoup de lenteur. Le composé le plus stable et que l'on obtient toujours en faisant passer un courant de chlore dans l'acide tgras fondu , est celui qui est représenté par la formule sui- vante : C6*H,08C1'606. » Les premiers acides chlorurés sont liquides à la température ordinaire, les derniers sont durs et transparents comme une résine. » J'ai reconnu enfin que tous les acides gras se comportent de la même • manière sous l'influence du chlore. » On comprend tout l'intérêt que l'on doit attacher à l'étude de ces nou- veaux composés. » Les différents corps dont je viens de parler dans ce Mémoire ont été analysés par le procédé ordinaire ; je n'ai pas employé de chlorate de po- tasse pour terminer la combustion, j'ai pris l'ancien poids d'atome du char- bon pour calculer mes formules. » J'ai reconnu par des expériences directes que je citerai dans mon Mé- moire, que les formules ne seraient pas changées en adoptant pour le poids d'atome du charbon le nombre 76, et en faisant passer dans le tube après la combustion un courant d'oxigène. Je reviendrai sur cette circons- tance lorsque les travaux de M. Dumas sur la détermination du poids d'atome du charbon seront publiés. » Je dirai en terminant que MM. Pelouze et F. Boudet avaient analysé l'acide solide de l'huile de palme ; les nombres qu'ils ont trouvés s'accordent en tout point avec ceux que je viens de citer. » ( 876 1 chimie organique. — Sur l'isomorphisme de certains corps liés entre eux par la loi des substitutions. M. A. Laurent adresse une réclamation de priorité à [occasion d'une Note de M. de la Provoslaye sur l'isomorphisme du chlore avec l'hydrogène dans les substitutions. « Il y a déjà plusieurs années, dit M. Laurent, que j'ai appelé l'attention des chimistes sur cet objet; et, clans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, il y a quelques mois, sur diverses combinaisons chlorurées et bromurées de la naphtalène, j'ai fait voir que l'hydroclilorate de cliloronaphtalése C^H^Cl8, l'hydrochlorale .o° dans 10 grammes d'eau et ogr,4 de sous-carbonate de soude, on obtient, au bout d'un certain temps, la conversion du magma formé par ce mélange en un liquide qui se concrète par la chaleur, et qui pré- cipite en blanc par l'alcool et les acides. » M. Miergi es écrit relativement aux succès qu'il dit avoir obtenus dans le traitement de Yépilepsie en employant un extrait préparé avec le suc du Galium rigidum , et administré à la dose de 12 grammes pour un adulte. M. Miergues rappelle que Gouan dit s'être servi avec avantage, dans la même maladie, du suc exprimé d'une autre espèce de Galium, le G. molugo. C. R., 1840, a™° Semestre. (T. XI, N° 21.) I I 7 (878 ) M. Passot s'adresse de nouveau à l'Académie pour la prier de vouloir bien hâter le travail de la Commission chargée de faire un rapport sur diverses communications qu'il a faites relativement aux roues hydrauliques. MM. Danger et Flandin envoient, sous enveloppe cachetée, une Note qu'ils annoncent contenir la description d'un procédé pour la combustion des matières organiques dans les opérations de médecine légale. M. Lanet adresse également un paquet cacheté. Le dépôt de ces deux paquets est accepté. A 4 heures \ l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures. F. Errata. (Séance du 16 novembre.) Page 816, ligne a3, M. Pelletier, lisezM. Peltier. ( 879 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de ï Académie royale des Sciences; 2" semestre 1840, n"20, in-4". Voyage métallurgique en Angleterre; par MM. Dufrénoy , Elje de Beau- mont, Coste et Perdonnet; tome 1, in-8°, avec atlas oblong. Carte géologique des bassins houillers de l'Angleterre , de l'Ecosse et du pays de Galles. Esquisse d'une Revue générale de l'organisation et des Jonctions des Ani- maux ; par M. Duvernoy. (Extrait du Dict. univ. d'Hist. nalur.) In- 8". Bulletin de l'Académie royale de Médecine; nov. 1840, in-8°. Histoire naturelle, générale et particulière des Crinoides vivants et fos- siles; par MM. d'Orbigny et de la Plante; 2e liv. in-4e. Paléontologie française; par MM. d'Orbigny et Delarue:7° liv. in-8°. Observations et recherches expérimentales sur le Platine, considéré comme agent physiologique et thérapeutique ; pai M. F. Hoefer; in-8". Revue critique des Livres nouveaux; par M. J. Cherbuliez; 8e année; n° 1 1 , in-8°. L'Enseignement , bulletin d'Éducation; nov. 1840, in -8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; ' nov. 1840, in-8°. Observations sur les Glaciers du Spitzberg, comparés à ceux de la Suisse et de la Norvège; par M. Ch. Martins. (Tiré de la Bibliot. univ. de Genève, juill. i84o.)In-8°. The London .... Journal de Sciences et Magasin philosophique de Lon- dres, d'Edimbourg et de Dublin; nov. 1840, in-8*. The Athenœum, journal; oct. 1840, in-40. Statutes of . . . . Statuts de la Société royale, 1840; Londres, 1840, in-8°. Astronomische. . . . Nouvelles astronomiques de M. Schumacher; n°4i i , in-40. Gazette médicale de Paris; n° 47- Gazette des Hôpitaux; n° i56 — 138. L'Expérience, journal de Médecine; n* 177 , in-8". La France industrielle; 19 nov. 1840. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 30 NOVEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE I/ACADÉMIE anatomie et physiologie zoologiques. — Essai d'une Monographie des organes de la respiration de l'ordre des Crustacés isopodes ; par MM. Duvehnoy et Lereboullet. (Commissaires, MM. Duméril, Flourens, Milne Edwards.) Introduction. «. Nous avons fait ensemble, à Strasbourg, aux mois de septembre et d'octobre i83g, la plupart des observations qui composent le travail que nous avons l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie. » Le désir de le rendre moins incomplet , et plus digne de lui être pré- senté, nous a fait retarder ce moment jusqu'à aujourd'hui. » Cependant la nécessité où nous étions de prendre date, nous a déter- minés à communiquer presque immédiatement un résumé de nos pre- mières observations à la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg. C'est ce qu'a fait l'un de nous, M. Lereboullet, le 27 novembre i83o, (1). (1) Le résumé a été imprimé dans l'Institut, 110 du 19 décembre 1839. C R , 1840, i™ Semestre. (T. XI, M 22 ', ll8 ( 88a ) » Depuis cette époque nous avons cherché toutes les occasions d'éten- dre et de perfectionner nos observations, en les répétant et en les multi- pliant, à Paris et à Strasbourg, et en nous communiquant, à mesure, leurs résultats. » C'est ainsi que ce travail est devenu un premier Essai d'une monogra- phie des organes de la respiration des Crustacés isopodes. » En effet, si l'on prend pour guide, comme nous avons pu le faire de- puis le mois de janvier de cette année, le tome III de YHistoire naturelle des Crustacés de M. Milne Edwards, l'ouvrage d'histoire naturelle classique à la fois le plus récent et le plus complet sur ces animaux, ainsi que l'un de nous s'est déjà empressé de le reconnaître dans une autre occasion, on verra que nos observations se rapportent à une ou plusieurs espèces de beaucoup de genres, de presque toutes les familles et des trois sections, dans lesquelles l'ordre des Isopodes se trouve divisé dans cet ouvrage. » Cet ordre , tel qu'il y est décrit, est un des exemples les plus frappants des immenses progrès qu'a faits, dans le siècle actuel, l'histoire naturelle des animaux. Il suffira, pour s'en convaincre, de se rappeler que les Iso- podes ne sont encore qu'un simple groupe générique (le genre Oniscus), assez mal défini , dans la dernière édition du Systema naturœ de Linné , publiée par Gmelin en 1789. » Quant à l'appareil d'organes, sujet de cette monographie, c'est à M. Sa- vigny qu'on en doit la première connaissance générale. Les planches 1 1 , 1 2 et. 1 3, du grand ouvrage sur l'Egypte ( 1 ), comprennent des figures de cet appareil, appartenant à la plupart des familles de l'ordre des Isopodes. Malheureusement le texte détaillé qui aurait dû s'y rapporter n'a pas été publié par l'auteur. M. Audouin a pris à tâche d'y suppléer et d'en faire jouir, autant que possible, le public, par une utile quoique très succincte explication. » Après ce travail général, d'une perfection remarquable, ainsi que tout ce qu'a publié M. Savigny, nous n'avons à citer, comme se rappor- tant à l'ordre entier qui nous occupe, que les indications faisant partie des caractères distinctifs des Isopodes, qui se trouvent dans les ouvrages de Latreille {Règne animal de Cuvier, ire et 2e édit.) ; de Desmarest {Consi- dérations sur VHist. natur. des Crustacés) ; et dans celui de M. Milne Edwards, que nous venons de mentionner. Nous devons ajouter que, dans (1) Histoire naturelle. Zoologie, vol. II, Crustacés. ( 883 ) ce dernier ouvrage , l'auteur a mis un soin particulier à faire connaître les organes de la respiration , soit comme pouvant contribuer à distinguer les groupes qu'il admet, soit pour mettre à même d'apprécier le degré d'im- portance des caractères tirés de cet appareil , soit dans un but à la fois anatomique et physiologique. » Les planches 66, 71 et 71 bis de la grande édition du Règne animal de Cianer renferment des figures d'une grande netteté , faites par le même auteur, sur les organes de la respiration des Cymothoadiens et des Clo- portides, que nous citerons encore en parlant de ces familles. C'est aussi dans l'historique que nous ferons de ces organes, à l'occasion de chaque famille, que nous rappellerons le travail fondamental de G. Treviranus sur les branchies de XAselle d'eau douce, et des Cloportes et Porcellions. Analyse. » Notre travail comprend la description successive et détaillée de l'ap- pareil de la respiration dans les sept familles suivantes : » i°. Les Idotéides ; » 20. Les Asellotes; » 3°. Les Cloportides; » 4°- Les Sphéromiens ; » 5°. Les Cymothoadiens; » 6°. Les Bopyriens; » 70. Les Képoniens. » Il n'y a que les deux familles des Praniziens et des Ioniens , que La- teille avait laissées dans l'ordre des Amphipodes, dont notre monographie ne donne point de description originale , relative aux organes de la res- piration. » On sait que la dernière famille ne se compose que d'un genre et d'une espèce, dont les seuls individus connus et décrits par Montagu, sont conservés dans une collection de Londres. » Le mérite scientifique de ce travail, si tant est qu'on veuille bien lui en accorder un, étant surtout dans les détails des observations directes, il serait difficile d'en présenter un résumé qui en donnât une idée com- plète. » Cependant les faits qui y sont consignés, se rattachant aux trois parties principales dans lesquelles l'un de nous divise, depuis treize an- nées, l'histoire naturelle des animaux, nous \oulons parler de leur étude fia. ( 884 ) anatomique et physiologique, de leur étude philosophique , et de leur étude systématique ou classique, nous présenterons, sous ces trois points de vue, une partie de leurs résultats ou des conséquences qu'on peut en tirer. » A. Relativement à l'histoire naturelle anatomique et physiologique. » La structure des organes de la respiration des isopodes devait offrir un grand intérêt. » Il s'agissait d'étudier dans ces organes les rapports des différentes structures qu'ils pourraient présenter avec des genres de vie très diffé- rents. » La plupart des isopodes vivent constamment plongés dans l'eau. Les uns sont libres, les autres sont parasites çt ne se meuvent guère qu'avec les crustacés ou les poissons aux branchies et au palais desquels ils se cramponnent. » D'autres se tiennent sur les rochers ou dans le sable des plages ma- ritimes, à des élévations qui les mettent à l'abri des hautes eaux, ou à des étages plus bas qui sont alternativement submergés et à découvert par les marées. "D'autres enfin vivent dans l'intérieur îles terres, dans nos habitations, respirant l'air en nature, mais un air humide, à l'abri de la lumière solaire. » Voici les principaux résultats auxquels les auteurs sont parvenus, dans leurs recherches, sous le point de vue anatomique et physiologique , c'est-à-dire de lajorme et de la structure de ces organes , de la composi- tion générale de l'appareil qu'ils constituent et sous celui de leurs usages. » La structure normale des organes de la respiration , dans l'ordre des Isopodes, comme dans toutes la classe des crustacés , est celle des or- ganes de respiration aquatique: ce sont des branchies. » Tout l'appareil, lorsqu'il a son plus haut degré de composition, consiste dans deux séries de cinq paires de lames, attachées symétrique- ment sous les cinq premiers anneaux de l'abdomen. » Chaque paire de lames a un pédicule commun, par l'intermédiaire duquel elle est articulée au segment inférieur correspondant de l'abdomen. » Une des deux lames de chaque paire est recouverte ou interne , et l'autre est recouvrante ou externe. Celle-ci peut servir d'opercule, de lame protectrice, et prend dans ce cas plus de consistance. » La lame recouverte, au contraire, a généralement des parois très minces, à travers lesquelles se fait l'hématose; elle peut former une vessie, ( 885 ) interceptant une grande lacune, dans laquelle le sang circule pour la respiration. » Des appendices extérieurs des segments de l'abdomen \iennent encore, dans quelques cas, s'ajouter à cet appareil comme opercules ac- cessoires. » I. Il y en a une seule paire dans les Idotées , genre type de la famille des Idotéides , qui recouvre entièrement cet appareil. Ils tiennent au sixième ou dernier segment de l'abdomen et répondent aux appendices natateurs de ce même segment des autres isopodes marcheurs de la mé- thode de M. MUne Edwards. Ils sont un exemple remarquable, ainsi que l'a très bien compris l'auteur que nous venons de citer, des variétés de formes et d'usages que peut éprouver une même partie appartenant à un même plan décomposition, qui caractérise un ordre naturel ou un groupe subordonné ou supérieur. » Cette paire de volets sous lesquels peut se trouver enfermé tout l'ap- pareil branchial, à la volonté de l'animal, est encore aidée dans sa fonc- tion protectrice, à l'endroit où son bord externe devient libre et cesse de former l'espèce de charnière qui le fixe au bord correspondant du seg- ment abdominal , par un stylet plumeux qui n'avait pas encore été décrit. » Les opercules accessoires rendant inutiles la fonction protectrice des lames branchiales recouvrantes, celles ci et les lames recouvertes parais- sent dans les Idotées, à peu près de la même consistance; ce qui nous fait penser que l'hématose peut se faire encore dans les premières, sinon aussi complètement que dans les dernières , du moins accessoirement. » Dans les anthures , genre anormal de cette famille, il paraîtrait que la première paire de lames branchiales est operculaire et qu'il n'en reste que quatre paires pour la respiration; mais nous n'en jugeons que par les fi- gures et les descriptions qui en ont été publiées. » Les Idotéides se tiennent sur les plantes marines et peuvent être mises à sec momentanément avec ces plantes. De là les précautions prises dans l'arrangement de leurs branchies desséchantes contre l'action de l'air on contre les lésions des corps étrangers. v » Le plan général de composition de l'appareil branchial des isopodes que nous venons d'indiquer, en citant, en premier lieu , pour exemple les Idotées, varie dans les familles suivantes pour le nombre des lames bran- chiales opereulaires et inspiratrices, et ces différences sont toujours en rapport avec le genre de vie. » Il y a d'autant plus de lames protectrices que l'animal est plus ( 886 ) aérien, d'autant moins qu'il est plus aquatique. Celles-ci manquent en- tièrement dans les Bopyres, dont l'appareil branchial est protégé par la ca- rapace des P alertions , à l'abri de laquelle ils passent leur vie. » II. Les lames branchiales déployées des Asellotes ne sont qu'au nombre de trois paires, dont la première a sa lame recouvrante essentiellement oper- culaire ; les cinq autres sont respiratrices. Ces trois paires de lames déve- loppées répondent aux trois dernières des Idotées. Ici l'appareil branchial proprement dit, réduit aux trois dernières paires de lames de l'appareil complet, n'a proprement que la première ou la plus extérieure de ces lames pour le protéger. Cette structure et cette composition répondent à un genre de vie entièrement aquatique. » Les deux premières paires de lames du plan général existent, mais à l'état rudimentaire, dans les mâles des Asellotes , et sont modifiées pour la fonction de la génération. Dans les femelles on ne trouve que la première de ces deux paires. » III. Chez les Cloportides la composition de l'appareil branchial est très uniforme pour le nombre des lames; mais il y a des différences remar- quables dans leur structure. » Toutes les espèces de cette grande famille vivent dans les lieux hu- mides, non submergés et respirent l'air en nature. » Elles n'ont, des deux premières paires de lames de chaque série, que la lame recouvrante ou protectrice, et elles manquent de la lame recou- verte ou vésiculeuse. » Nous dirions que celle-ci est représentée, dans les mâles, par un stylet très allongé , élargi à sa base, qui a son emploi dans la copulation, si d'un côté les analogues de ces appendices générateurs ne se retrouvaient dans les Idotées, chez lesquels nous avons décrit des lames recouvertes, vési- culeuses dans les deux premières paires en question , comme dans les trois suivantes ; si de l'autre il restait dans les femelles quelques traces de cette composition , ce qui n'est pas. » Chez les Cloportides les trois dernières lames operculaires recouvrent seules chacune une vésicule branchiale. » Les lames operculaires sont composées de deux feuillets, un inférieur, aérien, beaucoup plus consistant, dans une grande partie de son étendue, que le feuillet abdominal, qui est extrêmement mince et à travers lequel l'hématose peut se faire. » Les Porcellions et les Armadilles ont, dans les deux premières paires (887 ) de lames operculaires au moins, quelquefois dans toutes, selon les es- pèces, deux corps blancs ou jaunes, qui paraissent servir à la respiration de ces animaux. » Ces corps blancs ne se trouvent ni dans les Cloportes , ni dans les Phi- loscies, pas plus que dans les régies et les Ljrgidies. » Les auteurs de cette monographie ont fait beaucoup de recherches, et un grand nombre d'observations, sur les Cloportides terrestres, pour re- connaître l'organisation et l'usage de ce corps blanc, et afin de bien déter- miner la manière dont se fait la circulation dans l'appareil de ces isopodes, ainsi que le mécanisme de leur respiration. Ils ont soumis ces animaux à quelques expériences dans l'eau, dans l'air sec et exposés à lumière, dans le vide, pour étudier leur vitalité dans ces diverses circonstances. » Voici un résumé de ces observations et de ces expériences : » i°. Les Cloportides terrestres (Ljgies, Ljgidies, Cloportes, Philoscies, Porcellions, Armadilles) ont, comme nous venons de le dire des Clopor- tides en général, cinq paires de lames branchiales operculaires, disposées en deux séries imbriquées, ou se recouvrant comme des tuiles sous la ré- gion abdominale; » 20. Le feuillet externe ou aérien a toujours beaucoup plus de consis- tance que l'interne, qui est uniquement membraneux. Ces deux feuil- lets, en continuité avec les téguments, interceptent un vide ou lacune, en double communication avec le système sanguin, pour en recevoir le sang qui vient de respirer et lui rendre celui qui a respiré. » 3°. Les trois dernières paires seulement de lames operculaires recou- vrent chacune une vésicule branchiale , ainsi que l'avait vu Treviranus ; » 4°. Le corps jaune et filamenteux, c'est du moins la désignation que lui avait donnée Latreille, n'existe pas dans tous les Cloportides terrestres, comme il l'avait annoncé; puisqu'il manque dans les Cloportes et les Phi- loscies qui sont organisés, sous le rapport de l'appareil respiratoire, comme les Cloportides marins ou les Lygies; » 5°. Nous avons constaté la présence de ce corps blanc (i), arborescent, d'apparence spongieuse et comme vasculaire, dans les deux premières paires de lames branchiales des Porcellions et des Armadilles , de l'un et (i) Nous le désignerons indifféremment par ces deux dénominations de coips blanc ou de corps jaune, parce qu'il est d'un blanc jaunâtre et que cette dernière teinte varie en intensité. ( 888 ) de l'autre sexe. L'un de nous, en lisant, au mois de novembre dernier, à la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg, la Note que nous avons citée dans notre historique, lui a fait voir un dessin de ce corps, pris du Por- cellion rude, et montrant cette structure; » 6°. L'existence de ce corps blanc, bien constatée dans les deux pre- mières paires de lames operculaires, au moins, des Porcellions et des Av- madillcs , a pu être négligée par ceux qui considèrent ces deux premières paires de lames comme appartenant exclusivement à l'appareil mâle de la génération. Mais comme cet organe se trouve aussi dans les femelles, ils ont préféré n'en rien dire que d'en discuter eu d'en approfondir les usages; » 70. On trouve, des corps blancs dans toutes les lames operculaires du Porcellion armadilloïde et du Porcellion à trois bandes. C'est, à notre avis, une preuve indubitable d'une certaine identité de fonction de toutes ces lames; ce fait prouve aussi que les deux premières n'appartiennent pas uniquement à l'appareil de génération, suivant la détermination de Tresn remua, ni exclusivement à la respiration, suivant celle de Latreille ; » 8°. D'un autre côté, l'absence des corps blancs dans les lames oper- culaires des Cloportes propres et des Philoscies , genres si rapprochés d'ail- leurs des Porcellions, au point que les naturalistes n'ont pu jusqu'ici leur assigner d'autre caractère différentiel facile à exprimer, qu'un article de plus aux antennes des Cloportes et des Philoscies (t), ou de moins à celles des Porcellions; cette absence, disons-nous, dans les deux genres en ques- tion, semblerait prouver que cet organe n'a pas une aussi grande impor- tance que celle de changer entièrement la nature de l'appareil respiratoire dans ceux qui en sont pourvus, et de rendre cet appareil entièrement aérien dans ceux-ci, de branchial qu'il serait dans les autres. » g°. Mais cette différence organique confirme la distinction de ces di- vers genres et pourra servir dorénavant à les mieux caractériser; » io°. Notre description comprend celle d'une espèce de boutonnière , que nous avons observée dans le bord postérieur de la lame renfermant un corps blanc, et qui se voit facilement en soulevant un peu cette lame. L'un de nous a même vu cette boutonnière se dilater et se resserrer dans (i) On donne encore pour caractères aux l'biloscies d'avoir les antennes externes de- couvertes à leur insertion et les appendices styliîbnnes internes de l'abdomen presque éçaux aux externes. (.889) l'état de vie. Il s'en échappe, suivant notre observation commune, de très petites quantités de liquide aqueux, dans lequel, du moins, nous avons constaté qu'il n'existe pas de globules ; » 1 1°. A l'époque de la communication de notre première Note (i), nous n'étions pas encore parvenus à découvrir de très petits points, dont le nombre et la position varient et qui paraissent être les orifices des con- duits qui pénétreraient dans le corps arborescent. La description trop vague de Latreille nous avait induits en erreur sur la position de ces trous. Nous les avons reconnus pour la première fois, d'après l'indication de la figure déjà citée, du corps blanc, publiée par M. Milne Edwards , au fond de la boutonnière du bord postérieur de la lame, que nous avions précé- demment déterminée. » 12°. Le feuillet membraneux interne ou supérieur de la lame oper- culaire semble être l'organe générateur du corps blanc, en se repliant entre lui-même et le feuillet aérien. » i3°. Des observations réitérées sur les animaux vivants nous ont fait voir les globules sanguins se mouvant en apparence suivant le grossisse- ment qui nous les démontrait, avec une grande rapidité, dans différents sens, et dans toute la largeur des James branchiales operculaires des Clo- portes. Us disparaissaient derrière les ramifications du corps blanc chez les Porcellions et les Armadilles. » i4°- Cette admirable circulation nous a démontré directement, ce que Treviranus avait présumé par l'absence de vaisseaux dans la lame bran- chiale, savoir, qu'elle intercepte un vide, une véritable lacune, dans laquelle se meut le sang pour la respiration. » i5°. Les globules y suivent cependant des courants assez réguliers, dont nous déterminons la marche dans la description détaillée de nos ob- servations, faites ensemble d'abord, et continuées séparément. » i6°. Après bien des essais infructueux pour injecter le corps blanc et mettre en évidence sa composition vasculaire, après l'avoir observé avec soin au microscope pour reconnaître sa structure intime, voici l'idée à laquelle nous nous arrêtons, en ce moment, sur cette structure et sur les usages de ce corps. » C'est une simple [modification des lames branchiales operculaires, par le reploiement en dedans et la division du feuillet membraneux de (i) Du a 7 novembre i83g. Voyez V Institut du rg décembre i83g. C. R., 1840, a»« Semestre. (T. XI, N" 22.) » >9 ( 89o ) ces laines, analogue à ce qui a lieu pour la membrane qui tapisse la cavité branchiale de certains décapodes. » Cette membrane spongieuse absorbe l'humidité de l'air, et maintient humectée la lame branchiale. Mais l'action du fluide respirable a toujours lieu principalement à travers le feuillet membraneux interne de la lame branchiale, qui forme dans cette lame, comme dans celles où les corps blancs n'existent pas, la paroi supérieure de la lacune dans laquelle le sang vient respirer. » 170. Relativement au mécanisme de la respiration des Cloportides terrestres, nous avons remarqué que les mouvements d'abduction des lames branchiales operculaires étaient bornés et n'étaient jamais assez étendus pour laisser échapper une lame d'eau que ces animaux conservent entre leurs branchies et qui empêche l'action desséchante de l'air. » Cette observation est importante pour comprendre que les Cloportides terrestres respirent l'air avec des organes de respiration aquatiques, ainsi que les effets promptement mortels, pour ces animaux, de la respiration d'un air sec. » 180. En effet, les expériences que nous avons faites pour constater comparativement la durée de la vie des Cloportes et des Porcellions , dans un air sec et chaud , à l'ombre ou à la lumière, ou dans l'eau, nous ont dé- montré que ces animaux périssent en peu d'instants (| d'heure), exposés au soleil dans un bocal ouvert (6e expérience du i5 juillet) ; tandis que dans l'eau la durée de la vie des Porcellions a été de 3 f heures (5e expérience du i5 juillet). » 19°. En général, dans toutes ces expériences, nous avons remarqué que les Porcellions résistent plus long-temps que les Cloportes à l'action desséchante de l'air ou de la lumière. » 200. Les Porcellions privés de leurs corps blancs ne survivent à cette mutilation que 18 ou 20 heures au plus, tandis qu'ils vivent long-temps quand on leur a coupé 10 pattes sur 14. » Sans doute ces expériences, qu'il sera facile de multiplier, ne suffisent pas encore pour en tirer des conclusions incontestables. Mais on peut au moins en déduire que l'eau et l'air sec et chaud, sans l'action de la lumière ou avec cette action , sont mortels pour ces animaux, et que leurs organes de respiration, quoique formés pour l'essentiel, sur le modèle des bran- chies de cette classe , ne sont pas plus propres à respirer l'eau ni l'air sec que ceux de certains Crabes terrestres. Leur respiration normale ne peut avoir lieu que dans un air humide, condition essentielle de la durée de leur existence. ( 89' ) » Les Tylosiens, qui forment un groupe séparé des Cloportides terrestres, et se composent d'une seule espèce et d'un seul genre, ont une structure et même une composition en apparence exceptionnelle dans leur appareil respiratoire. Cependant il est encore possible de découvrir, dans cette composition, le plan général de l'appareil, tel que nous l'avons indiqué en commençant cette analyse. Au lieu d'une seule paire de lames operculaires accessoires , comme dans les Idotées , il y en a ici trois paires, de plus en plus développées de la première à la troisième. » Les paires de lames operculaires et vésiculeuses sont au nombre de quatre. Mais les lames operculaires ou recouvrantes sont aussi respiratrices et présentent une structure très particulière que M. Milne Edwards a fait connaître, et qui semble modifier iciNun organe de respiration aquatique en un organe de respiration aérienne. Les naturalistes quLétudieront cette, modification y trouveront quelque analogie avec celle que nous avons in- diquée relativement au corps blanc des lames operculaires chez \esPorcel- lions et les Annadilles. » IV. La quatrième famille des Isopodes, celle des S phéromiens ^ a cinq paires de lames dans chaque série. De ces cinq paires de lames huit sont operculaires ou protectrices. Il n'y a que la lame recouverte des deux der- nières paires qui soit membraneuse ou vésiculeuse, et uniquement, essen- tiellement respiratrice. » On ne pourra voir sans étonnement, dans nos descriptions détaillées, toutes les précautions qui ont été prises pour préserver ces lames respi- ratrices des lésions des corps intérieurs, ainsi que leur structure particu- lière. Elles sont régulièrement divisées par des plis obliques, dont le nombre varie suivant le numéro des lames et les espèces de cette fa- mille. Cette structure, qui les rend comme gaufrées, avait échappé aux recherches de M. Savignj. » V. lies branchies des Cymothoadiens que nous avons pu étudier for- ment un appareil d'une grande conformité de composition, sinon de struc- ture. » Ce sont toujours dix paires de lames bien développées, disposées sur deux séries et insérées chacune sur un pédicule commun; les premières sont protectrices ou operculaires, et les suivantes respiratrices. » Il n'y a de différence que dans le nombre, la forme et l'étendue des lames protectrices ou operculaires, relativement aux lames respiratrices, et réciproquement. » Le nombre, ou, par compensation, l'étendue des premières est en 119.. ( 89a ) raison des circonstances de mœurs qui pourraient mettre à sec l'animal et l'obliger de protéger les lames respiratrices contre l'action desséchante de l'air. » Les Cymothoadieni errants, quoique tous aquatiques, seraient, par exemple, plutôt dans ce cas, que les Cymothaodiens parasites, qui vivent fixés sur les branchies ou d'autres parties du corps des poissons. » Cependant, malgré cette conformité d'organisation , nous avons trouvé des différences relatives à chacun des groupes établis, différences qui pour- raient, au besoin , servir à caractériser ces derniers. » C'est ainsi que dans les Cymoihoadiens parasites la lame la plus anté- rieure, grande et large, est conformée pour recouvrir toutes les autres; tandis que dans les Cymoihoadiens errants les lames antérieures sont loin d'avoir les dimensions suffisantes pour remplir cet usage. » On pourrait encore, dans les Cymoihoadiens parasites , établir deux autres groupes dont le premier aurait des lames vésicnleuses plissées (genres Nérocile et Anilocre), tandis que le second ne serait pourvu qne de lames vésiculeuses simples (genre Cymothoé). » VI et VII. Les familles parasites et entièrement aquatiques des Bopy- riens, des Képoniens et des Ioniens s'écartent de plus en plus, par plu- sieurs circonstances organiques, de l'appareil respiratoire des isopodes précédents. » Celle des Bopyriens n'a que cinq lames respiratrices dans chaque série, et manque de lames operculaires. Elle n'avait que faire de celles ci, pro- tégée, comme elle l'est, par les parois de la cavité branchiale de l'animal aux dépens duquel elle vit. » Les Képoniens se distinguent de tous les autres isopodes par le nombre, la disposition et la, forme de leurs lames branchiales (1). » B. Relativement à L'histoire naturelle philosophique des isopodes. » Il était important d'étudier comparativement le plan d'organisation de l'appareil de respiration de ces animaux ayant des genres de vie si diffé- rents, et de constater si ce plan n'est que modifié, ou s'il est entièrement changé pour ces diverses circonstances. » Nos propres observations répondent affirmativement à la première question, ainsi qu'on vient de l'entendre par la lecture de la première par- tie de cette analyse. (i) Voir ce que l'un de uous en a dit dans le Compte rendu du la octobre i840' ( 893 ) » Elles montrent dans le plan général de composition des organes de respiration des isopodes , que ce sont des animaux aquatiques, comme toute la classe à laquelle ils appartiennent; et dans les diverses modifica- tions de ce plan général, la raison de la distribution de ces animaux à la surface du globe, dans l'un ou l'antre milieu respirable. » C. Relativement à V histoire naturelle systématique ou classique , on peut conclure de nos recherches : » i°. Que la position abdominale des organes de la respiration, ou la suspension de ces organes, comme appendices, aux anneaux de l'abdomen, est le seul caractère commun qui subsiste, pour toutes les familles de cet ordre, tel qu'il est limité dans la classification que nous avons suivie; » 2°. Qu'en précisant davantage les caractères de position, de forme et de composition de l'appareil branchial, on pourrait grouper ensemble les six premières familles, sous le nom d' isopodes normaux. Elles se rappro- chent en effet, sous le rapport des organes de la respiration , par la position sous-abdominale de leur appareil branchial et par sa composition générale; cet appareil étant formé de lames branchiales vésiculeuses, recouvertes par des lames protectrfces ou des opercules. » Le second groupe, celui des trois dernières familles des Bopyriens, des Képoniens et des Ioniens, formerait les Isopodes anormaux. Ils n'ont point de lames operculaires proprement dites, pour protéger l'appareil branchial. Les seuls BopyriensAes ont toutes entières et sous-abdominales. » Les Ioniens les ont arborescentes et flottantes autour de l'abdomen, double caractère tout-à-fait anormal parmi les isopodes. » Les Képoniens les ont intermédiaires entre ces deux familles: en partie sous-abdominales et entières ou presque entières, en partie flottantes autour de l'abdomen et frangées. Enfin , dans cette dernière famille, la sixième paire d'appendices abdominaux flottants, est aussi convertie en branchie, ce qui n'a lieu dans aucun autre isopode. » 3°. On peut encore conclure de l'étude détaillée de l'appareil respi- ratoire dans les Crustacés isopodes, que la disposition, la composition et la forme générale de cet appareil est la même dans chaque famille; » 4°- Ql,e certains genres montrent dans leur appareil respiratoire des particularités de structure propres à les mieux caractériser qu'on a pu le faire jusqu'à présent. Tel est le genre Porcellion, que l'on pourra doréna- vant distinguer des Cloportes, non-seulement par un article de moins aux antennes externes, mais encore par la présence d'un corps blanc dans les ( 894 ) deux premières paires au moins des lames operculaires de son appareil respiratoire. » 5°. Un seul genre enfin , le genre Tylos, composé d'une seule espèce, se distingue par de singulières modifications dans la structure de son ap- pareil respiratoire , dont la connaissance détaillée, dueà M. Milne Edwards , nous fait penser qu'il devrait faire le type d'une famille distincte. » RAPPORTS. chimie appliquée. — Rapport sur un Mémoire de M. le docteur Boucherie, relatif à la conservation des bois. (Commissaires, MM. de Mirbel, Arago, Poncelet, Audouin, Gambey, Boussingault, Dumas rapporteur.) « L'Académie nous a chargés, MM. de Mirbel, Arago, Poncelet, Gam- bey, Audouin, Boussingault et moi, de l'examen d'un Mémoire de M. le Dr Boucherie, relatif à la conservation des bois; nous venons accomplir ce devoir. » L'Académie a déjà vu par elle-même et avec un si vif intérêt les pré- parations de l'auteur, elle a sous les yeux en ce moment des pièces si re- marquables, que la tâche de ses Commissaires, sous quelques rapports du moins, en est singulièrement abrégée. » M. le Dr Boucherie s'est proposé de rendre le bois beaucoup plus du- rable, de lui conserver son élasticité, de le préserver des variations de vo- lume qu'il éprouve par la sécheresse et l'humidité, de diminuer sa com- bustibilité, d'augmenter sa ténacité et sa dureté; enfin de lui donner des couleurs et même des odeurs variées et durables. » Dire que toutes ces exigences ont été satisfaites et qu'elles l'ont été par des moyens peu coûteux, simples et nouveaux; qu'elles l'ont été à l'aide de substances communes et à vil prix; c'est fixer, en peu de mots, l'attention de l'Académie sur tout ce que renferme d'important le travail que nous examinons. » En effet, pour pénétrer de substances préservatrices, colorantes ou autres, un arbre tout entier, l'auteur n'a recours à aucun moyen mécanique compliqué ou coûteux; il prend toute la force dont il a besoin dans la force aspiratrice du végétal lui-même et elle suffit pour porter, de la base ( 895 ) du tronc jusqu'aux feuilles, toutes les liqueurs que l'on veut y introduire, pourvu qu'elles soient maintenues dans certaines limites de concentration. » Ainsi , que l'on coupe tin arbre en pleine sève par le pied et qu'on le plonge dans une cuve renfermant la liqueur que l'on veut faire aspirer, celle-ci montera en quelques jours jusqu'aux feuilles les plus élevées; tout le tissu végétal sera envahi, sauf le cœur de l'arbre qui, dans les essences dures et pour les pieds âgés, résiste toujours à la pénétration. » Il n'est pas même nécessaire que l'arbre soit garni de toutes ses bran- ches et de toutes ses feuilles; un bouquet réservé au sommet suffit pour déterminer l'aspiration. » 11 est inutile que l'arbre soit conservé debout , ce qui rendrait l'opé- ration souvent impraticable; on peut l'abattre après en avoir élagué toutes les branches inutiles, et alors sa base étant mise en rapport avec le liquide destiné à l'absorption , celui-ci pénètre comme à l'ordinaire dans toutes les parties. » Enfin, il n'est pas même indispensable de couper l'arbre, car une ca vite creusée au pied, ou un trait de scie qui divise celui-ci sur une grande partie de la surface, suffisent pour qu'en mettant la partie entamée en contact avec un liquide, il y ait une absorption rapide et complète de ce dernier. » Ces pénétrations qui s'effectuent en quelques jours, sans difficulté et sans travail, sont, comme on voit, bien loin de tous les moyens essayés jusqu'ici. Les pièces de bois déjà coupées, sur lesquelles on opérait, avant l'auteur, ne se laissaient pénétrer en effet que par l'effort de puissantes machines ou par l'action prolongée du liquide dans lequel on les im- mergeait. » Le procédé ingénieux et nouveau, adopté par le Dr Boucherie, met à la disposition de l'industrie une force naturelle immense, et lui permet de conduire sans frais, dans les tissus les plus déliés du végétal, toutes les substances solubles qu'elle jugera convenable d'y porter. » Si l'auteur a su résoudre d'une manière simple et pratique le grand problème qu'il s'était proposé d'abord, il n'a pas fait preuve d'une moindre sagacité dans le choix des substances qu'il a adoptées pour remplir toutes les indications énoncées plus haut. » S'agit-il d'augmenter la durée et la dureté des bois, de s'opposer à leur carie sèche ou humide, 'il fait arriver dans leur tissu du pyrolignite de fer brut. Cette substance est parfaitement choisie, parce qu'il se produit de l'acide pyroligneux brut dans toutes les forêts par la fabrication du char- C 896 ) bon; qu'il est facile de transformer celui-ci en pyrolignite de fer en le mettant en contact, à froid même, avec de la ferraille, et qu'enfin le li- quide ainsi préparé renferme beaucoup de créosote, substance qui, in- dépendamment du sel de fer lui-même, a la propriété de durcir le bois et de le garantir des pourritures qui l'attaquent, ainsi que des dégâts causés par les insectes dans les bois employés aux constructions. » Aussi, des expériences authentiques exécutées dans les caves de Bor- deaux sur des cercles préparés par l'auteur, ont-elles constaté d'une ma- nière irrécusable la plus grande durée des bois préparés par son procédé. Les cercles ordinaires tombaient en poudre au moindre effort, quand les siens étaient encore aussi solides que le premier jour. » S'agit-il de s'opposer au jeu des bois, de leur conserver toute leur souplesse, de les rendre moir\£ combustibles, l'auteur trouve dans l'emploi des chlorures terreux le moyen d'y parvenir à très bon marché. Toujours préoccupé de la pensée que ses procédés doivent recevoir prochainement une application presque universelle, il ne s'est pas contenté du chlorure de calcium déjà si peu coûteux, il a essayé l'eau-mère des marais salants, pro- duit jusqu'ici sans valeur, et il lui a reconnu toutes les qualités désirables. » Les bois préparés par ces dissolutions salines conservent leur flexibi- lité au bout de plusieurs années d'exposition à l'air; en feuilles minces, ils peuvent être tordus en spirales et retordus ensuite en sens inverse, sans gercer. Exposés à l'air, ils ne se voilent pas et ne se fendent jamais, quelque sécheresse qu'ils éprouvent. Enfin ils ne brûlent pas ou du moins si diffi- cilement qu'ils sont incapables de propager aucun incendie. » A ces grandes et utiles propriétés, que la marine et les constructions civiles ou industrielles sauront apprécier et mettre à profit, l'auteur a pu joindre des applications qui, sans avoir une utilité aussi importante, pro- mettent aux arts des matières nouvelles , des moyens nouveaux. Il colore les bois en nuances si variées et si curieusement accidentées, qu'on peut tirer un parti fort avantageux pour l'ébénisterie des bois les plus communs. » Les exemples de ce genre mis sous les yeux de l'Académie, nous dis- pensent de tout détail ; il nous suffit de dire: » Que le pyrolignite de fer donne seul une teinte brune qui se marie très bien avec le ton naturel des parties trop serrées du bois où le pyrolignite ne pénètre pas ; » Qu'en faisant succéder à l'absorption du pyrolignite celle d'une ma- tière tannante , on produit de l'encre dans la masse du bois et on le teint de la sorte en bleu-noir ou en gris; ( 897 ) » Qu'en faisant aspirer d'abord du pyrolignite de fer, et ensuite du prussiate de potasse, on produit du bleu de Prusse; » Qu'en introduisant successivement de l'acétate de plomb et du chrô- mate dépotasse, il se forme du chrômate de plomb jaune; » Qu'en faisant pénétrer sur le même pied du pyrolignitc de fer, du prussiate, de l'acétate de plomb, du chrômate de potasse, on produit des nuances de bleu, de vert, de jaune et de brun qui réalisent les effets les plus variés. » Ainsi, comme on voit, l'auteur ne se borne pas à introduire un seul liquide, il peut successivement en faire passer plusieurs dans le même végétal et se prêter ainsi à toutes les modifications qu'on souhaiterait, ces décompositions, capables d'engendrer des produits colorés si divers peuvent être diversifiées en quelque sorte à l'infini. C'est au goût des consommateurs à en régler l'application; la chimie est assez riche en réac- tions de ce genre pour satisfaire les besoins et les caprices les plus exi- geants. a Nous n'avons rien à dire ici des bois rendus odorants par des impré- gnations de ce genre; c'est une application trop facile à comprendre et trou limitée aux besoins du luxe pour entrer en parallèle avec les grandevS applications que nous venons d'énumérer. » Il est évident à l'énoncé seul de tous ces résultats qu'ils n'ont pas été et qu'ils ne pouvaient pas être trouvés par hasard. L'auteur les a déduits d'idées simples qu'il s'était formées de tous ces phénomènes , et ces idées étaient elles-mêmes le fruit d'études longues, consciencieuses et réfléchies de la question. » L'auteur montre dans son Mémoire par quelles séries de travaux et de réflexions son esprit a dû passer pour en venir aux conséquences qu'il a traduites en une pratique aussi simple qu'économique. Les idées et les opinions qu'il énonce ont paru à votre Commission convenablement ap- puyées par les effets connus et par ceux découverts par l'auteur. » Un employé des eaux-et-forêts, M. Millet (d'Aubenton), ayant adressé à l'Académie diverses réclamations relatives aux procédés employés par M. Boucherie, votre Commission les a examinées avec le soin le plus scru- puleux. Elle déclare unanimement que dans son opinion les pièces qui lui ont été communiquées par M. Millet laissent à M. Boucherie la propriété entière de sa découverte en ce qu'elle a de scientifiquement important et d'industriellement utile. La pensée d'imprégner de grands arbres et de les colorer par des liquides divers et successivement employés est garantie à C. R., 1840, am« Semestre. (T. XI, N° 22.) I 20 ( 898) M. Boucherie par des brevets très antérieurs à toutes les pièces produites par M. Millet. » En considérant l'ensemble du travail de M. Boucherie, les belles et coûteuses expériences auxquelles il s'est livré, les résultats importants qu'il a déjà obtenus et ceux que l'on peut espérer pour l'avenir, votre Commission n'a pas cru qu'elle dût se borner à vous proposer ces mesures qui suffisent lorsque l'intérêt de la science seul est en jeu. » Elle a cru que dans une question d'intérêt public, où notre marine, nos travaux publics, notre industrie, sont si hautement et si vivement intéressés; où notre agriculture va trouver un nouveau motif de procéder au rétablissement de nos forêts si malheureusement détruites dans quel- ques parties de la France, il fallait autre chose qu'une marque d'approba- tion ordinaire. » Elle vient donc vous proposer avec confiance de décider : » i°. Que le Mémoire de M. le docteur Boucherie sera admis à faire partie du Recueil des Savants étrangers, place dont il est si complètement digne; » 2°. Qu'une copie de ce Rapport sera transmise à MM. les ministres de l'Agriculture et du Commerce, des Travaux publics, de la Marine, des Finances et de la Guerre. » Ces conclusions de ce Rapport sont adoptées. mécanique. — Rapport sur différentes communications adressées par M. Passot, à l'Académie des Sciences. (Commissaires, MM. Savary, Poncelet, Coriolis, Piobert etSéguier.) « L'Académie nous a chargés de lui rendre compte de différentes com- munications adressées par M. Passot, sur le mouvement des liquides et des gaz dans des vases cylindriques animés d'un mouvement de rotation au- tour d'arbres verticaux et munis à leur circonférence d'orifices destinés à l'évacuation, quelquefois à l'introduction du liquide. M. Passot a depuis, mis sous les yeux des Commissaires, des appareils dans lesquels le liquide, pour sortir du tambour qui tourne, doit traverser des canaux diversement dirigés. » La Commission, après avoir examiné l'objet de ces communications, a reconnu que les expériences entreprises par l'auteur, constatent certains faits que l'on doit considérer comme nouveaux, mais que les opinions dont il les appuie ne sauraient être admises, et que les effets observés, tous d'une ( 899) nature fort compliquée, n'ont rien de contraire aux théories mécaniques généralement reçues. A l'égard des faits considérés en eux-mêmes, ils semblent prouver que, dans les machines à réaction offrant, sous le rapport des formes et delà disposition générale, le plus de similitude avec les tur- bines proposées par M. Passot, les effets de la force centrifuge sont mo- difiés par l'influence de certaines causes perturbatrices dont l'auteur ne tient pas compte dans l'exposé de ses opinions théoriques, et, plus parti- culièrement, par la non-participation entière du fluide au mouvement gira- toire du vase ou tambour qui le renferme. » Vos Commissaires, en considérant que les expériences entreprises par M. Passot pour constater ce résultat, l'ont conduit à modifier les ancien- nes bases d'établissement des roues à réaction sans cloisons intérieures, sont d'avis que les faits observés par cet ingénieur, donnent aux roues qu'il a exécutées ou projetées, un caractère nouveau, sans que néanmoins ces faits fournissent, quant à présent, aucune donnée positive sur l'apprécia- tion de leurs effets mécaniques. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un corres- pondant pour la place vacante dans la section d'Économie rurale, par suite de la nomination de M. de Gasparin à l'une des places de membre titulaire. La liste présentée par la Section porte dans l'ordre suivant les noms de MM. Puvis, à Bourg (Ain); Crud , à Genève; N Burger, à Vienne; Girardin , à Rouen ; Ridolfi, à Florence. Le nombre des votants est de 5i. Au premier tour de scrutin: M. Puyis obtient 38 suffrages. M. Girardin. . . g M. Crud i M. Burger. ... 1 Il y a un billet blanc et un billet illisible. M. Puvis, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. iao. ( 9°° ) L'Académie procède ensuite , également par voie de scrutin , à la nomina- tion d'un candidat pour la place de professeur de chimie , devenue vacante à l'École Polytechnique, par suite delà démission de M. Gay-Lussac. La section de Chimie présente pour candidat unique M. Regnault. Le nombre des votants est de Si : au premier tour de scrutin M. Regnault obtient l'unanimité des suffrages. M. Regnault, en conséquence, est déclaré élu, et sera présenté au choix de M. le Ministre de la Guerre comme le candidat de l'Académie. MEMOIRES LUS. chimie organique. — Recherches chimiques sur les huiles essentielles ; par MM. C. Gerhardt et A. Cahours. — Premier Mémoire. (Extrait par les auteurs. ) (Commissaires, MM. Thenard, Dumas et Regnault.) « Jusqu'à présent les huiles essentielles n'ont été l'objet que d'un très petit nombre de recherches; quelques-unes d'entre elles seulement ont été soumises à un examen suivi , et cela tient surtout aux difficultés qu'on rencontre dans leur purification. En effet, on n'en connaît que fort peu qui s'obtiennent à l'état cristallisé; elles sont toutes, pour la plupart, li- quides et constituent des mélanges de deux et même de trois principes particuliers que l'on ne parvient que rarement à séparer par la distillation à des températures différentes. » Nous avons entrepris une série de recherches sur cette classe de corps et, dès le début de notre travail , nous avons été assez heureux pour trou- ver un procédé fort simple de séparer, à l'état de pureté, les deux principes hétérogènes dont se composent un grand nombre d'huiles essentielles. » Plusieurs chimistes ont constaté ce fait que les huiles essentielles , qui se produisent naturellement dans les plantes et que l'on en extrait par une simple distillation, sont des mélanges , en proportions variables, d'une huile oxigénée et d'un hydrogène carboné. Quelquefois l'huile oxigénée est cristallisée, tandis que le principe qui l'accompagne affecte l'état liquide; dans ce cas, la séparation de la première réussit aisément, mais il n'en est pas de même pour l'hydrogène carboné que l'on obtient constamment souillé d'une certaine quantité de l'autre produit. Les procédés par distil- lation n'étant pas de nature à aplanir ces difficultés, il s'agissait de trouver ( 90» ) un agent chimique qui, mis en contact avec une huile essentielle, en re- tînt le principe oxigéné et permît à l'hydrogène carboné de s'en dégager sans altération. Or nous avons trouvé que la potasse en fusion remplit parfaitement ce but. » L'emploi de la potasse en fusion nous a permis de reconnaître l'exis- tence de deux principes particuliers dans plusieurs essences, parmi les- quelles celles de cumin, de valériane et de camomille ont principalement fixé notre attention. Ces trois essences contiennent chacune une huile oxi- génée que la potasse transforme en acide , et un hydrogène carboné sur lequel ce corps est sans action. L'hydrogène carboné de l'essence de valé- riane se transforme en camphre ordinaire sous l'influence de l'acide nitrique. » Nous publions aujourd'hui les résultats auxquels l'étude de l'essence de cumin nous a conduits; nos recherches sur les deux autres huiles essen- tielles sont assez avancées pour suivre de près ce premier travail. » L'huile essentielle de cumin préexiste dans la graine de ce nom , elle n'est point, comme les essences de moutarde et d'amandes amères, le résul- • tat de l'action de l'eau sur certains principes qui constituent la graine. Pour nous assurer de ce fait, nous avons traité celle ci successivement par de l'eau , de l'alcool anhydre et de l'esprit de bois , et ces divers traitements nous ont constamment fourni la même huile. » Celle-ci renferme deux principes : l'un oxigéné forme le point de dé- part d'une série de combinaisons fort intéressantes, qui ont la plus grande analogie avec celles que l'étude de l'essence d'amandes amères a fait con- naître dans ces dernières années. » Ce corps, dont la composition se représente par c4oH,40, _ ^ vol (,e v^eur, donne naissance , sous l'influence des alcalis et en général de tous les corps oxigénants, à un acide particulier C4° H^ CM, que l'on obtient avec la plus grande facilité à l'état cristallisé. La prépara- tion de ce nouvel acide s'exécute avec une telle rapidité que l'on peut aisé- ment, en moins d'une heure, en produire un kilogramme. » Sous l'influence du chlore et du brome, le principe oxigéné de l'es- sence de cumin donne naissance à des corps dérivés par substitution du ( 902 ) même type : O°H"Cl205 et C*°H!-Br'.0J. Ces composés se transforment dans l'acide dont nous venons de parler, lorsqu'on les soumet à l'action de l'eau. » Mis en contact avec le potassium , le principe oxigéné de l'essence de cumin dégage de l'hydrogène et produit une combinaison Ct°E"RO' que l'on peut assimiler ausalicylure de potassium. L'eau décompose cette combinaison en huile primitive et en potasse. » L'acide particulier qui résulte de l'oxidation de l'essence de cumin , donne , lorsqu'on le soumet à l'action simultanée de la chaleur et d'un excès de base, un hydrogène carboné, C:i6H"'» = 4 vol. de vapeur qui partage beaucoup de propriétés avec la benzine de M. Mitscherlich. Ainsi il se combine avec l'acide sulfurique, en produisant une espèce d'acide vinique dont les sels cristallisent admirablement. Le sel de baryte a lu composition Cî6H"S'05BaO. » Enfin le principe hydro-carboné qui se rencontre dans l'essence de cumin, a pour composition C^H'8 sa 4 vol. de vapeur. Il a également beaucoup d'analogie avec la benzine, car il se combine comme elle avec l'acide sulfurique en formant un nouvel acide vinique. La composition du sel de baryte qu'on obtient avec ce dernier se repré- sente par C<°H86S"05,BaO. » Les deux principes qui constituent l'essence de cumin et dont nous venons d'esquisser l'histoire, se prêtent , comme on le voit, à une foule de transformations remarquables. Les produits auxquels ils donnent naissance se distinguent tous par leur netteté de forme et de composition. ( 9o3 ) MEMOIRES PRÉSENTÉS, arithmétique. — Note sur quelques propositions d'arithmologie élémentaire; par M. Léon Lalanne. ( Commission nommée pour les machines à calculs du même auteur.) « Dans la séance du lundi 16 novembre,. M. Cauchy a communiqué à l'Académie des procédés de calcul nouveaux d'une grande utilité pour les personnes qui sont obligées de faire souvent des opérations numériques. L'imposante autorité de ce géomètre vient donc s'ajouter à celle de La- grange et de Laplace, et prouve que l'on peut encore tirer parti des prin- cipes les plus élémentaires de Parithmologie pour obtenir des résultats curieux et inédits. » L'arithmétique positivo-négative semble propre à faciliter les recher- ches relatives à certaines propriétés des nombres. Pour en donner un seul exemple bien simple , j'applique la notation de M. Cauchy (Comptes rendus, 2e semestre i84o, page 796) au système de numération ternaire, et j'écris de la manière suivante les nombres naturels successifs (a) , 1, 11, 10, 11, ni, 110, ni, 101, 100, 101, iii, 110, etc. , qui, dans notre système ordinaire de numération, sont respectivement re- présentés par 1, 2, 3, 4>. 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, etc. » Or il est facile de voir que tous les termes de la série (a) se composent exclusivement des nombres de la progression triple 1, 3, 9, 27, 81, etc., combinés entre eux par voie d'addition et de soustraction, sans jamais être pris deux fois dans le même terme. Ainsi le nombre 1 1 s'écrit sous la forme 1 1 1 dans le système ternaire positivo-négatij, ce qui revient à l'i- dentité 1 11 (système ternaire) = 1 , -+- 3 -{- 3* = 11 (système décimal). < 9°4 ) Donc tout nombre entier est la somme d'un certain nombre de puissances entières et positives de 3 , combinées par voie d'addition ou de soustraction , et répétées chacune une seule fois dans ce nombre, qui ne peut d'ailleurs être formé que d'une seule manière par la combinaison de ces puissances. » Il suffit d'écrire la suite des nombres naturels dans le système posi- tivo-négatif ternaire, pour, reconnaître immédiatement cette loiqueEuler a démontrée dans ses recherches curieuses sur la partition des nombres. On sait d'ailleurs qu'à l'inspection seule de la suite des nombres naturels écrits dans le système binaire, on retrouve aussi la loi analogue qui a lieu pour les termes de la progression double i, 2, 4» 8, 16, 3a,. . . , combinés seulement par voie d'addition. » Ainsi , par exemple , 101 1 1 (système binaire) = i -f- i + 2a -|- 24 = a3 (système décimal). Ces propriétés remarquables des systèmes binaire et ternaire sont utilisées quelquefois pour la pesée des corps. Le dernier système est celui qui exige l'assortiment de poids le moins considérable pour peser jusqu'à la li- mite la plus étoignée. Ainsi avec les poids i, 3, 3*, . . ., 3", on pèse jusqu'à i(3"+' — i), tous les poids entiers possibles. » Il n'est pas sans intérêt d'observer qu'avec la notation positivo-négative cinq chiffres suffisent pour le système undécimal a,ussi bien que pour le système décimal ; et généralement que n chiffres suffisent dans les systèmes de numération qui ont pour bases ?n ou an -f- i. Lorsque la base du sys- tème est un nombre pair ara, il y a toujours deux manières d'exprimer tous les nombres naturels compris dans la formule n(ik-{- i), k étant un nombre entier quelconque. Ainsi, dans le système décimal positivo-né- gatif, on peut représenter 5 par i5, i5 par 25, 25 par 35, et ainsi de suite. » Les démonstrations de certaines propositions élémentaires offrent aussi un sujet intéressant de recherches , et paraissent susceptibles d'être présentées sous une forme nouvelle. Tel est le principe relatif à la cons- tance du produit de plusieurs facteurs, quel que soit l'ordre dans lequel la multiplication soit effectuée. Dans les livres destinés à l'enseignement on démontre de visu ce principe pour deux facteurs, en faisant observer qu'on doit obtenir nécessairement le même résultat en comptant soit par lignes ( 9o5 ) horizontales, soit par lignes verticales, des points équidrstants disposés carrément, et dont le nombre, dans chaque rangée horizontale, représente un des facteurs, dans chaque rangée verticale, l'autre facteur. On peut appliquer un mode de démonstration semblable à un produit d'un nombre quelconque de facteurs, au lieu d'avoir recours à des transformations qui n'ont peut-être pas , aux jeux des élèves , le même caractère d'évidence. Prenons pour exemple le produit de quatre facteurs 7 X 3 X 5 X /}. Écrivons d'abord sept points sur une ligne horizontale, et répétons deux fois cette ligne au-dessous d'elle-même, dans le sens vertical , de manière à avoir vingt-un points rangés sous forme rectangulaire; plaçons quatre rectangles pareils à côté l'un de l'autre , et du premier, dans une même bande horizon- tale, et enfin répétons cette bande trois fois au-dessous d'elle-même, de manière à en avoir quatre semblables : le nombre des points , dans l'ordre où nous les avons tracés , est exprimé par 7X3x5X4- Maintenant il est très facile de se convaincre à l'inspection seule de la figure, que le pro- duit ne change pas quel que soit l'ordre des facteurs. Ainsi, par exemple, pour obtenir le produit 5 X 3 X 7 X 4, on prendra un'des points d'angle des cinq rectangles de la première bande horizontale, et on Je comptera à la même place dans ces cinq figures; on comptera successivement dans le même ordre, sur les mêmes figures, les deux autres points qui sont sur la même ligne verticale que le premier; on répétera cette énumération sur chacune des six autres rangées verticales de chacun des cinq rectangles désignés, ce qui épuisera le nombre total des points contenus dans la bande horizontale supérieure ; enfin on ajoutera au nombre ainsi obtenu les trois nombres égaux que donnent les trois autres bandes horizontales, et l'on aura compté tous les points dans l'ordre 5x3X7X4- Comme d'ailleurs on n'a pris chaque point qu'une seule fois, il en résultera 5x3x "X 4=7X3x5x4-» paléontologie. — Indication des caractères distinctifs et différentiels des espèces nouvelles de coquilles fossiles trouvées dans le terrain crétacé du département de l'Aube, avec des remarques sur quelques espèces con- nues appartenant au même terrain y par M. A. Leymerie. Ce travail est destiné à servir de complément à un mémoire géologique sur le terrain crétacé du département de l'Aube, présenté par M. Leyme- rie, dans la séance du i3 avril. (Renvoi à la Commission nommée pour le précédent Mémoire.) C. R., i84o, a»» Semestre. (T. XI, I\° 22.) I 2 1 (9°6) anatomie. — Recherches sur quelques dispositions anatomiques de l'axe nerveux cérébro-spinal, qui permettent de concevoir par quelles voies s'opère l'influence croisée de l'encéphale sur les organes actifs du mouve- ment volontaire; par M. Foville. (Commission nommée pour un précédent Mémoire du même auteur sur le système cérébro-spinal.) mécanique appliquée. — Remarques sur le système propose ; par M. Vilback pour passer les courbes de tout rayon dans les chemins de fer; par M. Laignel. Dans cette Note M. Laignel s'attache principalement à faire voir que les heurtoirs fixes proposés par M. Vilback ne peuvent pas servir pour pas- ser dans les embranchements. (Commissaires, MM. Coriolis, Piobert, Séguier.) M. Laurent fils présente un modèle de roue hydraulique à aubes mo- biles, roue qui peut fonctionner même quand elle est complètement sub- mergée. (Commissaires, MM. Coriolis, Gambey, Séguier.) M. Fizeau prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de faire un rapport sur sa découverte pour la fixation des images photogra- phiques. (Commissaires, MM. Arago, Dumas, Pelouze.) CORRESPONDANCE. M. Arago annonce que M. Dumas , actuellement occupé de quelques expériences sur la combustion du diamant, a trouvé, pour ces recherches de grandes facilités dans la bienveillance et la libéralité avec laquelle M. Al~ phen, marchand de diamants, membre du conseil-général des hospices, s'est prêté à tous ses désirs. M. Arago annonce encore que M. Alphen est disposé à confier à M. Regnault toute la quantité de diamants qui sera né- cessaire pour que les expériences que ce jeune académicien vient d'entre- prendre sur la détermination de la chaleur spécifique de cette espèce de corps, aient toute la précision désirable. ( 9°7 ) M. Arago propose d'adresser à M. Alplien les remercîments de l'Aca- démie. Cette proposition est adoptée. La famille de M. le lieutenant-général Krayeniioff, gouverneur d'Ams- terdam, correspondant de l'Académie pour la section de Navigation, an- nonce la mort de ce savant, décédé à Nimègue le ?4 octobre, dans sa quatre-vingt-deuxième année. physiologie. — Recherches sur les animalcules spermatiques . — Lettre de M. le docteur Prévost, de Genève, à M. Dumas. Du 18 mai i83g (i). « .... Les animalcules n'ont pas cette extrémité arrondie en tête, que nous avons figurée et tant d'autres avec nous. Voici ce que j'ai vu sur la Grenouille, la Salamandre, le Crapaud. Lorsqu'on retire la semence du canal déférent et qu'on l'observe immédiatement, on voit que l'animalcule se compose, i° d'une portion antérieure très mobile et très effilée, fort transparente et se mouvant avec rapidité; 20 d'une partie moyenne plus épaisse; 3° d'une queue effilée et transparente aussi, plus mobile que le corps. » Chez la Salamandre cette portion transparente postérieure se termine par un long filet qui se recourbe en avant. » Lorsque l'animalcule délayé clans l'eau a été quelque temps sous le microscope, la portion antérieure se recourbe, s'applique au corps par son extrémité , et prend cette apparence de tète qui nous a trompés. J'ai répété cette expérience très soigneusement sur la Grenouille, le Crapaud, la Salamandre et la Couleuvre. » Les animalcules n'arrivent pas tout formés dans les testicules; ils s'y développent et y croissent. Chez les animaux à sang froid, la Grenouille, par exemple, l'animalcule spermatique en décembre est très court. On n'y distingue pas ces parties antérieures et postérieures , bien qu'il soit doué de mouvement. (1) Cette lettre déjà ancienne n'était pas destinée à la publication, mais M. Lalle- niand, à qui j'en ai donné connaissance, et moi-même, nous avons pensé que, par la concordance des faits qu'elle renferme avec les résultats communiqués à l'Académie par M. le docteur Lallemant, elle devait intéresser les physiologistes. ( Note de M. Dumas. ) 121.. ( go8 ". » Les animalcules spermatiques sont sensibles aux poisons; ainsi, l'a- cide hydrocyanique abolit immédiatement leurs mouvements. De même la strychnine les tue, quoique moins vite; elle leur donne des crispations; ils , se roulent et se tordent en tout sens avant de perdre leur mouvement. » Les animalcules peuvent supporter un froid de 8 à io° au-dessous de zéro, sans perdre leur mouvement. J'ai exposé à un froid de 8 à io° au-dessous de zéro des testicules de Grenouille. Je les ai dégelés lente- ment dans de l'eau froide, et j'ai retrouvé dans le liquide qu'ils contenaient des animalcules plein de mobilité. » Si l'on arrête la putréfaction des testicules d'une grenouille en les entourant de charbon pilé , on retrouve les animalcules très mobiles au bout de cinq ou six jours. En trois jours, les testicules exposés à l'air n'offrent plus d'animalcules mobiles. » J'ai fécondé l'une par l'autre les deux espèces de grenouille, la Rana esculenta et la Rana temporaria , mais je n'ai rien pu obtenir entre le Crapaud et la Grenouille. « J'ai répété notre ancienne expérience des filtres d'une manière nou- velle avec le même résultat. J'ai mis dans une vessie de l'eau chargée de liqueur spermatique. En mettant l'extérieur et l'intérieur de la vessie en communication avec les pôles d'une pile, on obtient une filtration, comme on sait. La liqueur ainsi filtrée n'est nullement fécondante , tandis que le liquide contenu dans la vessie féconde toujours parfaitement bien. » physique. — Sur les circonstances qui déterminent un dégagement d'é- lectricité, quand de l'eau passe de l'état liquide à l'état de vapeur. — Note de M. Peltiei». « Le 29 septembre dernier, le mécanicien de la machine à vapeur de la mine de Cramlington, près Newcastle-sur-Tyne, reçut une commotion électrique au moment qu'il approchait une main du levier de la soupape de sûreté, l'autre étant plongée dans la vapeur qui s'échappait de la fissure d'un enduit isolant. Dans les jours suivants, les expériences prouvèrent que cette vapeur était positive, qu'elle cessait d'être électrique lorsque la chaudière était nettoyée au dedans, qu'elle ne redevenait électrique qu'a- près la formation d'un dépôt salin, que la tension croissait avec l'épaisseur de ce dépôt et qu'une plus haute pression suspendait pour un moment la production électrique. Mes recherches sur les causes qui rendent les va- peurs électriques me permettent de donner l'explication de ce fait. ( 9°9 ) » Lorsqu'on verse de l'eau distillée sur un morceau de platine incandes- cent, on sait qu'elle se globulise, qu'elle ne mouille pas le métal d'abord, qu'elle exécute une succession de mouvements, qu'elle diminue beaucoup, puis qu'elle s'étale en mouillant le métal et disparaît instantanémentréduite en vapeur. Pendant l'évaporation progressive ou brusque de cette eau, il n'y a jamais d'électricité produite. » Au lieu d'eau distillée, si l'on prend une dissolution de sel marin, il est rare que l'on ait un signe électrique à la première expérience; mais si on la recommence sans avoir nettoyé le platine, la couche saline laissée par la première goutte d'eau est reprise par la seconde et la sature à un plus haut degré. Lorsque la goutte est réduite au tiers environ, on entend une décrépitation accompagnée de projections salines et d'une production d'é- lectricité négative pour le reste de la goutte. Si l'on répète les expériences sans retirer la couche saline, devenue plus épaisse, la décrépitation coin menceplutôt, les projections sont plus abondantes et l'électromètre indique une plus haute tension. Pendant cette partie du phénomène, si le platine s'est assez refroidi pour que le mouillage ait lieu, la goutte s'étend et elle est sur-le-champ réduite en vapeur. Cette évaporation subite, au lieu d'aug- menter la déviation électrique, enlève une partie ou la totalité de celle qui a été produite pendant la décrépitation. Ainsi, avant et après cette décré- pitation, il n'y a pas d'électricité produite, quelle que soit la quantité de vapeur qui s'élève de la goutte d'eau. » La décrépitation et les projections salines indiquaient assez que l'éva- poration n'était qu'un accessoire de la production électrique, que l'électri- cité provenait de la décomposition chimique des molécules hydratées qui se déposaient sur le métal possédant une haute température. Pour le prou- ver, on remplace la dissolution par un sel hydraté qui donne le même ré- sultat. Le nitrate d'ammoniaque, qui se décompose si facilement, fond d'à bord dans son eau de cristallisation ; il y a ensuite une grande évaporation sans produire d'électricité, puis arrive la décrépitation et les projections salines, pendant lesquelles il s'en produit beaucoup. C'est donc au moment de la transformation en vapeur de l'eau combinée à cette température que l'électricité est produite, et non pendant la séparation de l'eau surabon- dante. » Si c'est un sel, comme le chlorure de sodium, qui ne contient que de l'eau interposée, qu'on expose à une haute température, il décrépite et produit un peu d'électricité : l'eau interposée étant saturée , produit les mêmes effets, à l'intensité près, que la dissolution au moment qu'elle de- ( 9IQ ) vient libre. Si c'est un sel indécomposable par la chaleur et presque inso- luble, comme le carbonate de baryte, il n'y a pas d'électricité produite avec ou sans eau; tandis que le carbonate de potasse qui n'en donne pas sans eau, donne une vapeur fortement négative avec de l'eau. Suivant la nature des substances, les vapeurs sont positives ou négatives; ainsi le sul- fate de cuivre, le nitrate d'ammoniaque, etc., donnent des vapeurs po- sitives, tandis que le nitrate de chaux, le carbonate de potasse, l'acide oxa- lique, les alcalis, etc., donnent des vapeurs négatives. » Ce qui précède explique le phénomène de Cramlington: si la chau- dière est propre, il n'y a pas d'électricité , elle commence à paraître lorsque le dépôt salin indique une saturation supérieure à la température exigée par la haute pression de la machine. L'électricité croît avec la couche de sel ; si l'on augmente la pression, l'électricité disparaît un moment pour reparaître lorsque la nouvelle capacité de saturation de l'eau sera satisfaite. Ainsi, dans la chaudière comme dans la capsule de platine, les mêmes causes produi- sent les mêmes effets. On pourra peut-être utiliser cette manifestation élec- trique pour apprécier l'état d'incrustation et les changements brusques de température dans l'intérieur de la chaudière. » médecine. — Observations relatives aux effets thérapeutiques des bains d'air comprimé; par M. Prwaz. r< L'Académie a déjà reçu plusieurs communications relatives à l'emploi thérapeutique du bain d'air comprimé; je lui ai fait connaître en particu- lier l'utilité de ce moyen dans le traitement des surdités catharrhales, si souvent rebelles aux ressources ordinaires de l'art. Je viens aujourd'hui exposer brièvement les résultats d'une nouvelle application du bain pneu- matique, qui me paraît offrir un double intérêt; car elle concourt, d'une part, à donner une interprétation satisfaisante des bons effets obtenus par M. Tabarié et par moi de l'accroissement de la pression atmosphérique dans quelques affections de poitrine; elle fournit, d'un autre côté, le moyen de remédier à certains vices de conformation sur lesquels la mécanique or- thopédique n'a aucune prise. » On sait que la pleurésie, lorsqu'elle est suivie d'épanchement considé- rable , donne souvent lieu à l'atrophie de l'un des poumons. Shaw, Boyer, Delpech, ont signalé cette circonstance comme l'une des causes des dévia- tions latérales de l'épine; or il est manifeste que, dans ce cas, ni l'exten- sion, ni l'inclinaison du rachis en sens contraire des courbures, et encore ( 9>i ) moins la section des muscles du dos ne peuvent agir sur la difformité, car elles sont incapables de rendre à l'un des côtés du thorax l'amplitude qui lui manque. » Le bain d'air comprimé m'a servi à remplir cette indication dans le cas que je vais rapporter succinctement. » Un jeune garçon âgé de quatorze ans avait éprouvé dans les premières années de sa vie une attaque violente de pleurésie. A la suite de cette affec- tion , le côté droit de la poitrine fut frappé d'atrophie ; le côté gauche , au contraire, parut se développer plus que d'ordinaire comme pour suffire seul à l'hématose. Il était résulté de là une déviation latérale de l'épine avec gibbosité très apparente à gauche. La respiration courte et laborieuse dans l'état ordinaire, devenait encore plus difficile lorsque le sujet se livrait à un exercice plus actif que de coutume; la cause la plus légère suffisait pour déterminer une affection catharrhale opiniâtre, la toux était habituelle, la nutrition languissante. » Consulté pour ce jeune malade, M. le docteur Bottex reconnut que le poumon droit était absolument imperméable à l'air; il conseilla le bain pneumatique pour dilater les cellules pulmonaires dont il supposait les parois plissées et rapprochées par la coarctation du thorax. Après quinze jours de l'emploi de ce moyen , l'air pénétrait dans le tiers supérieur du poumon droit, la toux avait notablement diminué. Au bout de quatre mois de traitement la respiration s'exécutait dans la presque totalité de l'organe, le côté atrophié s'était considérablement développé et avait di- minué proportionnellement l'irrégularité du torse, la nutrition se faisait avec énergie. » Toutes les circonstances qui apportent un obstacle permanent à l'am- plitude normale de la respiration, amènent consécutivement une atrophie plus ou moins prononcée des poumons, et un changement dans la forme de la poitrine. Le professeur Dupuytren et plus récemment M. Mason TVar- ren, de Philadelphie, ont signalé la tuméfaction chronique des amygdales comme déterminant ce résultat, et ont employé avec succès l'excision de ces glandes pour rétablir la régularité du thorax. La chirurgie serait abso- lument impuissante à remédier à la dépression sternale qui constitue l'une de ces difformités, si cette dépression était originelle, ou reconnaissait pour cause tout autre obstacle à la respiration qu'une amygdalite chronique, tel par exemple que l'étroitesse des fosses nasales à la suite de corysa habi- tuel. Le bain d'air comprimé me paraît seul capable de remédier à ce vice de conformation qui amène quelquefois des conséquences très graves pour f O12 ) la santé; je l'ai vu du moins réussir complètement, après que tous les autres moyens avaient échoué, chez une jeune personne de quatorze ans, dont le sternum offrait une dépression congéniale très prononcée, et qui, par suite de cette anguslie de la poitrine, était sujette à des hémoptisies abondantes et périodiques. » Les médecins trouveront une analogie frappante entre ces résultats et ceux que le docteur Steinbrenner a publiés pour démontrer que l'exercice actif et répété des muscle; inspirateurs et expirateurs peut développer assez promptement la cavité thoracique rétrécie et remédier ainsi à l'une des causes prédisposantes delà phthisie tuberculeuse. » L'augmentation de la pression atmosphérique n'agit pas seulement d'une manière mécanique sur l'organisme vivant, elle modifie encore la constitution chimique du sang , et peut exercer de la sorte une grande in- fluence sur l'innervation. C'est ce que j'ai eu lieu d'observer avec M. le docteur Richard, de Nancy, professeur de physiologie à l'École prépara- toire de Médecine de Lyon, chez un paraplégique affecté d'incontinence d'urine. Traité sans succès. pendant plusieurs années par le moxa, les eaux thermales de Plombières, d Aix en Savoie, dUriage , et par les prépara- tions de noix vomique, le malade fut soumis à l'action de l'air comprimé. Le premier bain qui fut administré à la pression de douze centimètres de mercure détermina dans les membres inférieurs une sensation de chaleur et de fourmillement très incommode; les suivants réveillèrent la contracti- lité musculaire, et diminuèrent l'inertie de la vessie; après deux mois de traitement, le malade, qui ne pouvait d'abord se relever seul du siège où il était assis, avait recouvré assez de forces pour se livrer à de longues prome- nades à pied, sans autre appui que celui d'une canne; l'urine avait cessé de s'écouler involontairement. • » Le nombre des expérimentateurs qui peuvent étudier l'action du nou- veau moyen thérapeutique dont j'ai fait le premier l'application étant très limité, il m'a paru utile de donner de la publicité aux observations qui précèdent: elles encourageront, je l'espère, les médecins à tenter l'emploi du bain d'air comprimé dans un grand nombre de cas où la vi- talité languissante aurait besoin d'être ranimée, et ne tolère cependant qu'avec peine l'excitation produite par les agents pharmaceutiques Une expérience de plusieurs années m'a déjà démontré que dans les maladies chroniques de l'enfance , telles que le rachitisme et les scrophules, nul autre moyen ne pouvait lui être comparé, et je ne doute point que ma profonde conviction à cet égard ne soit bientôt partagée par tous les praticiens. » ( 9'3 ) physique appliquée. — A ' pplication aux besoins de la gravure des procédés de dorage par la voie humide. — Extrait d'une Lettre de M. le pro- fesseur de la Rive à M. Dumas. « Un graveur de notre ville, M. Hammann , vient de faire une jolie ap- plication de mon procédé de dorage à la gravure à l'eau forte. Il a doré, au lieu de la recouvrir de cire , la plaque de cuivre destinée à recevoir la gravure à l'eau forte, puis il a tracé sur la surface de cette plaque les traits de son dessin, en enlevant l'or partout où passait sa pointe. Il a ensuite étendu l'eau forte qui a attaqué et corrodé le cuivre partout où il avait été mis à nu. Je vous envoie un échantillon d'une gravure faite par ce procédé; si vous trouvez qu'il en vaille la peine, veuillez avoir la bonté de le mettre sous les yeux de l'Académie. Ce procédé paraît présen- ter sur le procédé dans lequel on emploie la cire quelques avantages. D'abord l'enduit d'or étant permanent, on peut corriger la planche, si la première épreuve indique qu'il y a des défauts ; dans l'autre procédé la cire une fois enlevée, il devient bien difficile de faire des corrections. De plus les traits qu'on peut tracer sur l'enduit d'or sont beaucoup plus fins et plus déliés que ceux qu'on trouve sur l'enduit de cire, ce qui tient à la dorure. Il paraît que la dorure avec le mercure, outre qu'elle est beau- coup plus chère, ne présente point les mêmes avantages et ne se prête point avec la même facilité à cette application. » M. Billant présente le résultat d'un premier essai qu'il a fait pour rendre moins chers les chronomètres à pointage. M. Gannal adresse, comme document pour la Commission chargée de faire un rapport sur les propriétés alimentaires de la gélatine, une Note imprimée « sur l'emploi des os de la viande de boucherie consommée dans les hôpitaux de Paris ». (Renvoi à la Commission de la gélatine.) M. Dubois appelle l'attention de l'Académie sur quelques passages que l'on trouve dans les écrits des anciens et dans ceux du moyen-âge ou de la renaissance, relativement à des pratiques d'économie rurale ou d'éco- nomie domestique dont la théorie n'a pu être donnée que par les résultats de travaux assez récents des physiciens. C. R., 1840, am' Semestre. (T. XI , N° 22 ) 1 2 2 ( 9'4 ). M. Dubois rappelle aussi un passage d'Arisrote concernant l'hybernation des hirondelles. M. Coubard annonce qu'il a terminé son travail sur les moyens propres à faire connaître aux riverains d'un cours d'eau sujet à des crues extraor- dinaires, les approches d'une inondation , plusieurs heures avant qu'ils n'en soient atteints. M. Coubard demande que des Commissaires soient désignés pour prendre connaissance de son système. On attendra pour nommer la Commission que- M. Coubard ait fait parvenir son Mémoire. La séance est levée à 5 heures. A. Rectifications , données par les auteurs , relatives à divers résultats con- signés dans les procès-verbaux des Séances des 16 et 2$ novembre. Page 798, ligne 7, au lieu de 9994% lisez 994' ligne 19, au lieu de 0,76923, lisez 0,076923 Page 867, 1" col. ligne 4> au lieu de i,3362, lisez 1,3662 ligne i3, au lieu de 1 ,5639, lisez 1,363g ligne 20, au lieu de 1,3701, lisez 1,3670 2e col. ligne 2, au lieu de 1 , 5i ^5, lisez 1 ,507 ligne 5, au lieu de 1,471, lisez i,5oi ligne 7, au lieu de 1,4814. lisez 1 ,509 ligne 8, au lieu de 1,4722, lisez i,-5oo. (9*5) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; 2" semestre 1840, n° 21, in-40. Annales des Sciences naturelles; juillet 1840, in-8°. Leçons de Calcul différentiel et de Calcul intégral , rédigées d'après les méthodes et les ouvrages publiés ou inédits de M. Cauchj; par M. l'abbé Moigno; tome ier (Calcul différentiel). Société anatomique ; i5e année, sept, et oct. 1840, in-8°. De la Ferrure sous le point de vue de l'hygiène , ou de son influence sur la conservation tant des animaux que de leur aptitude au travail ; par M. Rodet ; in-8°. Voyage dans l'Inde; par M. Victor Jacquemont; 37* et 28e liv. in-4°. Voyage dans la Russie méridionale et la Crimée; sous la direction de M. Demidoff; i ie liv. in-8°, et 11e liv. de planches in-fol. — Vues faisant partie de la même publication; 1 liv. in-fol. Essai sur les sensations des couleurs dans l'état physiologique et pa- thologique de VOEU; Mémoire présenté à l'Académie des Sciences de Paris, par M. Zokaliski. (Extrait des Annales d'Oculistique.) In-8°. De la nature des Etres, essai ontologique; par M. Girou de Buzarein- gues; Rodez, in-8°. Esquisse géognostique sur le canton d'Allègre (Haute- Loire); par M. Grellet; au Puy, i83ç), in-8°, avec une carte-atlas. Mémoire sur la présence de V Arsenic dans le sang; par M. Vanden- Broeek. (Extrait de la Revue scientifique et industrielle.) In-8°. Revue scientifique et industrielle; novembre 1840, in-8°. Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 9e et 10e liv., in-8°. Journal d'Agriculture pratique, de Jardinage et d'Economie domestique; n° 5, in-8". Paléontologie française; par MM. d'Orbigny et Delarce:8° liv., in-8°. Annuaire du Journal des Mines de Russie; Saint-Potersbourg, 5 vol. in-8°. # (9'6 ) Èpistémonomie , ou Tables générales d'indication des Connaissances humaines, par MM. Vandkr-Maelen et Meissf.r ; prospectus; Bruxelles, in-8". Expériences sur la résistance à la flexion , et sur la résistance à la rup- ture des Fers forgés dont on fait le plus usage en Piémont,- par M. Gdilio; Turin, i8/,o, in-4°. Sur la détermination de la densité moyenne de la Terre ; par le même ; in-4°. The Edinburgh .... Nouveau journal philosophique d'Edimbourg ; oct. 1840, in- 8°. Astronomische .... Nouvelles astronomiques de M. Schumacher ; n° 4 1 2 , in-4°. Ueber den. . . . Sur les Étincelles galvaniques; par M. Jacobi. (Tiré du Bulletin scientifique publié par l'académie impériale des Sciences de Saint- Pétersbourg , tome 4) In-8°. Ueber die. . . . Sur l'Attraction électro magnétique ; parle même. (Tiré du même ouvrage, vol. 5.) In-8°. Tijdschrifl. . . • Journal d'Histoire naturelle et de Physiologie; par MM. Vander-Hoeven et H. de Vrièse; 7e vol., 1" et 1' cahier; Leyde, 1840, in-4". La Campania .... La Campanie industrielle , ouvrage périodique, pu- blié par la Société royale économique de la terre de labour; Caserte, mai 1840, vol. 1", ier cahier , in-40. Gazette médicale de Paris; n° 48. Gazette des Hôpitaux; n° i5g — 141 • L'Expérience, journal de Médecine ; n° 178, in-8°. Im France industrielle ; 26 nov. 1840. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 7 DÉCEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. chimie organique. — Mémoire sur la composition du sucre de gélatine et de l'acide nitrosaccharique ; par M. Boussingvult. (Extrait.) «Je m'étais occupé, il y a deux ans, de la matière sucrée obtenue par M. Braconnot, en faisant réagir l'acide sulfurique sur la colle-forte. On se rappelle que l'existence du sucre de gélatine avait été mise en doute par plusieurs chimistes. En suivant les indications données par M. Bracon- not, j'obtins dès-lors les deux substances qu'il avait signalées, le sucre et la leucine ; mais après quelques essais, faits dans le but de fixer la com- position de ces deux corps, je fus obligé d'interrompre mes recherches. » Depuis, ce sujet a été abordé par d'autres chimistes; les résultats aux- quels ils ont été conduits s'accordent sur quelques points avec ceux que j'ai obtenus, sur d'autres ils en diffèrent notablement. Comme j'ai fait tout ce qui a dépendu de moi pour donner de la précision à mes analyses , je ne puis que signaler ces discordances; des travaux ultérieurs décideront de quel côté sont les erreurs. C. R, .840, 1*™ Semestre. (T. XI,K°23) ia3 (9'8) Sucre de gélatine. » Les propriétés du sucre de gélatine sont suffisamment connues par le travail de M. Braconnot. Sa composition, déduite d'analyses faites sur des produits d'origine diverse , est : Trouvée. Calculée. Carbone 33,85 34, oo C33 Hydrogène 6,44 6,36 H36 Azote 20, oo 20, o5 Az8 Oxigène. 39,71 39,5g. 0"* » Au moyen de quelques précautions indiquées dans mon Mémoire, on combine facilement le sucre de gélatine à l'oxide d'argent. La combinaison se présente sous la forme de cristaux incolores; elle est peu soluble dans l'eau froide. Sucre combiné. Combinaison. Carbone.... 37,67 i3,66 Hydrogène 6,12 1,21 Azote 22,26 8,07 Argent 63, g5 Oxigène 33,g5 12, 3i composition qui conduit à la formule C3' H30 Az8 0" (AgO)> • Sucre combiné. Combinaison. Carbone 37,65 i3,33 Hydrogène. 5,86 2,08 Azote aa, 16 -7 ,87 Argent •> 64, 5o Oxigène 34,43 12,22 » Le sucre de gélatine s'unit avec la plus grande facilité aux oxides de cuivre et de plomb. » Ces deux combinaisons sont très solubles dans l'eau. » La combinaison cuivrique s'obtient en une masse cristalline d'un bleu- azur; son analyse confirme pleinement la formule tirée du sel d'argent. » La combinaison plombique cristallise en belles aiguilles incolores ; sa dissolution est entièrement décomposée par l'acide carbonique. ( 9'9 ) » J'ai éprouvé quelques difficultés à obtenir cette combinaison en pro- portions constantes. La proportion d'oxide de plomb a plusieurs fois varié de 63 \ à 64 \. Cependant, par un traitement suffisamment prolongé, on peut obtenir un sel renfermant 64,9 gr. d'oxide, quantité trop forte pour la formule adoptée. Sucre. Combinaison. Trouvée. Calculée. Trouvée. Calculée c... 37,55 37,55 C. l3,29. i3,68 H... 5,90 5,96 H... 2,o4 2, i3 Az.. 22,30 22, l6 Az.. 7»78 8,07 0.. . 34,27 34,43 0... n>99 12,54 PbO. 64,96 63,58 Acide nitrosaccharique. » Cet acide se prépare en dissolvant le sucre de gélatine dans de l'acide azotique faible. On chauffe légèrement, et par le refroidissement la disso- lution cristallise; on ne remarque aucune réaction, c'est réellement une simple dissolution du sucre dans l'acide. » L'acide nitrosaccharique a une saveur très acide en même temps que légèrement sucrée. » J'ai analysé l'acide sous trois états : cristallisé, desséché à 1 io°, et dans les sels. » Desséché à 1 io°, l'acide nitrosaccharique contient Trouvée. Calculé! C. 18,1 Qfi 18,2 H.. 4,2 H<*.. 4,0 Az.. 21,2 Az'6.. 21 ,5 0.. 56,5 03'. . . 56,3 » Le nitrosaccharate d'argent cristallise très facilement. Plusieurs acci- dents que j'avais éprouvés en chauffant les nitrosaccharates de plomb et de cuivre , me firent prendre quelques précautions pour décomposer ce ni- trosaccharate. Je reconnus bientôt , à ma grande surprise , que ces précau- tions sont complètement inutiles. Ce sel d'argent brûle sans détoner. Sa 123.. ( 92° ) composition est : ' Acide. Sel. Carbone '9>6i io,o8 Hydrogène 3,63 i ,86 Azote .. 23,oi ii,83 Oxigène 53, ^5 2^,63 Argent » zj8,6o » Le poids atomique qui se déduit de cette composition, en supposant un atome de base dans le sel, est i535,2. Mais les quotients atomiques in- diquent évidemment que l'acide nitrosaccharique est polybasique. En effet , ces quotients sont C... 8,o H... 8| Az... 4,o 0... 8|, etc. Le nitrosaccbarate d'argent devient par conséquent C3»H3 Az80" Combinaison argentique G3a H'° Az80" (AgO)> Combinaison cùivrique C3j H3° Az80" (CuO)* Combinaison plombique C3' H3° Az8 0" (PbO)* Acide nitrosaccharique cristallisé C3* H3° Az80" (Az' O5)1 (H'O)' Acide desséché à no° C3lH3oAz80" (Az'O5)4 (H'O)3 Acide dans les sels C3' H3° Az'O" (Az'O5)* (H'0)J Nitrosaccharate d'argent Cia H3oAz80" (Az'O^AgO^H'O)* Nitrosaccharate de potasse C'H30 Az80" (Az'O5) (K0)< (H> 0)2 ( 921 ) « M. Adolphe Brongnurt fait hommage d'un Mémoire qu'il vient de publier sous le titre d'Observations sur la structure intérieure du Sigillaria elegans comparée à celle efesLepidodendron et des Stigmaria et à celle des végétaux vivants. » Il rappelle à ce sujet que jusque dans ces derniers temps les tiges des végétaux fossiles des terrains anciens n'avaient pu être comparées aux végétaux vivants que dans leurs formes extérieures, que depuis quelques années seulement on a trouvé dans les houillères d'Angleterre un rameau de Lepidodendron et quelques portions de tiges de Stigmaria , dont la structure intérieure était assez bien conservée pour qu'on ait pu en appré- cier les détails en taillant des lames minces de ces tiges suivant le pro- cédé ingénieux du professeur Nicoll, d'Edimbourg. » C'est par cette méthode que l'auteur a pu étudier la structure des diverses parties d'une petite tige fossile de Sigillaria elegans trouvée aux environs d'Autun, dans des terrains dépendant de la formation houil- lère. Il résulte de ses recherches que ce Sigillaria diffère beaucoup par sa structure interne des tiges des Fougères en arbres près desquelles il avait placé précédemment le genre Sigillaria , ainsi que de celles des Lepido- dendron, végétaux fossiles du même terrain; que cette plante se rap- proche au contraire des Stigmaria parmi les fossiles, et des Cycadées parmi les plantes vivantes. » RAPPORTS mécanique appliquée. — Rapport sur une machine à faire les briques, inventée par M. Garville. (Commissaires, MM. Poncelet , Gàmbey et Séguier rapporteur.) « Vous nous avez chargés d'examiner la machine à fabriquer les briques, inventée par M. Carville. » Nous venons vous rendre un compte succinct des fonctions de cette machine et des avantages que présente son emploi. » Pour vous en faire facilement comprendre Je mécanisme, nous allons envisager séparément et l'une après l'autre les diverses opérations qu'un tel appareil exécute. Parlons donc successivement du broyage de la terre, du moulage et du démoulage des briques. » Le broyage de la terre, cette opération si essentielle, puisqu'elle seule ( 922 ) assure la qualité des produits, s'exécute dans un cylindre vertical, au moyen d'un axe en fer muni de bras placés en étages et garnis de cou- teaux. Un cheval, à l'aide d'un levier, imprime à cet axe un mouvement de rotation. La terre jetée dans le cylindre par son extrémité supérieure est ainsi sans cesse coupée, recoupée et pétrie. La matière, bien malaxée, est chassée dans les moules au travers d'une ouverture latérale pratiquée vers la base du cylindre. » Des palettes, inclinées en forme d'ailes de moulin à vent, sont liées a l'extrémité inférieure de l'axe vertical. La pression résultant de l'incli- naison de ces palettes constamment appuyées contre la terre , pendant leur mouvement de rotation, force la matière à fuir à travers l'ouver- ture ; une petite vanne en tôle règle et limite sa sortie. » Une chaîne sans fin , composée de cadres en fonte joints à charnière les uns aux autres en passant sous la base du cylindre, s'y remplit de la matière préparée. » Un lourd rouleau de fonte commence la compression ; elle s'achève par l'étirage des moules chargés au travers d'une espèce de filière composée de deux plaques de tôle dont les surfaces ne sont pas tout-à-fait parallèles. » Le démoulage s'exécute immédiatement après la compression, à l'aide d'un refouloir agissant de haut en bas; en laissant participer le refouloir pendant le démoulage au mouvement de translation de la chaîne des mou- les, on a obtenu des fonctions continues avec une grande simplicité de mécanisme. L'instant précis de l'action du refouloir est très ingénieuse- ment déterminé par des buttoirs attachés aux moules eux-mêmes; 'son mouvement ainsi emprunté à celui de la chaîne au moyen d'organes restant dans des rapports invariables avec les moules, soustrait la machine à tous les inconvénients qui résulteraient de l'allongement de la chaîne par suite de l'usure inévitable des charnières. » L'adhérence de la terre aux parois latérales des moules ou cadre est évitée par leur immersion pendant une demi-révolution dans l'eau, dont un bac placé sous la machine est rempli. » Deux trémies sont intercalées dans le mécanisme, avant et après le ré- ceptacle où la terre est préparée; elles répandent à propos, au moyen d'un cylindre cannelé,, le sable fin dont elles sont constamment pourvues; l'une verse le sable, avant le remplissage des moules, sur des plaques de tôle liées en forme de chaîne sans fin, cheminant avec les moules pour leur servir de fond; l'autre trémie saupoudre la surface des briques avant la compression. Ainsi se trouve encore évitée l'adhérence de la matière, soit avec le rouleau (9*3 ) qui commence la compression , soit avec la filière qui l'achève , soit avec le refouloir qui démoule. » Par surcroît de précaution , et pour obtenir des surfaces plus unies, un léger filet de liquide humecte continuellement le rouleau de pression. Les briques sont reçues, au fureta mesure de leur démoulage, sur une toile sans fin qui pourrait les conduire jusqu'au séchoir. » Telle est, Messieurs, la disposition générale des divers organes méca- niques constituant la machine renvoyée par vous à notre examen. Témoins des fonctions de cet appareil, nous en avons été pleinement satisfaits. Un seul cheval, en tournant au pas, a préparé et moulé devant vos Commis- saires environ i5oo briques à l'heure; ils ont pu se convaincre de la par- faite malaxation des matières, en divisant ou rompant un grand nombre des briques façonnées. » Pour contrôler cette intéressante machine sous le point de vue écono- mique, vos Commissaires ont manqué de bases suffisantes. Cependant rien ne les porte à contredire M. Carville, lorsqu'il prétend effectuer, au prix réduit de deux francs, le moulage d'un millier de briques, habituellement payé plus cher. Sans discuter ce prix de revient, que des circonstances in- dépendantes de la machine peut faire varier, vos Commissaires se renfer- ment dans l'examen critique du mécanisme présenté et ne peuvent que rendre hommage à sa bonne et simple disposition. Ils vous proposent donc de déclarer digne de votre approbation la machine inventée par M. Car- ville pour façonner les hriques. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. physique. — Théorie de Vœil; par M. Vallée. 2e Mémoire. (Extrait par l'auteur.) (Commission nommée pour le premier Mémoire.) « Ce Mémoire est composé de deux chapitres : » -Dans le premier, j'examine diverses considérations relatives à la marche des rayons lumineux dans l'œil. » Je montre d'abord que l'hypothèse de l'homogénéité de l'humeur vitrée est fort peu admissible. Je m'occupe ensuite des expériences qu'on fait avec l'optomètre, plus ou moins perfectionné, et je passe aux expé- riences plus importantes encore, dues à l'instrument auquel j'ai donné le ( 924 ) nom d'optochromomètre. Il résulte de ces dernières expériences, que la distance de la vision distincte d'un point change en raison de la colora- tion des rayons qu'on laisse arriver dans l'œil, et que, par conséquent, les rayons lumineux différemment colorés forment des faisceaux séparés dans l'humeur vitrée, à l'endroit de la rétine. A la rigueur, ce fait suffirait pour montrer que la lumière ne traverse pas cette humeur en ligne droite. » Dans le même chapitre, je m'occupe de la configuration géométrique de l'image du fond de l'œil. Je me suis proposé, après M. Magendie, de déterminer les lois auxquelles cette image est soumise. Les yeux de lapin albinos m'ont fourni les meilleurs moyens d'opérer. Je plaçais un œil dont l'axe optique était horizontal, dans une capsule faite exprès, et je déter- minais, pour des positions données d'une bougie, les positions de l'image. J'ai opéré aussi sur des yeux de bœuf dont la sclérotique était percée d'en- tailles qui mettaient la choroïde à nu. Ces recherches m'ont conduit à voir que les droites virtuelles menées des images de la choroïde aux objets, dans l'œil mort, sont à peu près normales au fond de l'œil. Pour acquérir quel- ques notions sur le même objet, dans le vivant, j'ai cherché les positions angulaires d'une lumière qui cesse d'être visible quand son image arrive sur la choroïde au trou d'insertion du nerf optique. » Parmi les faits auxquels je suis arrivé, il en est un qu'on peut vérifier très facilement et qui mérite d'être cité. C'est qu'un œil de lapin albinos, bien nettoyé, étant placé de manière qu'une bougie envoie ses rayons sur la cornée, perpendiculairement à l'axe optique, cette bougie se peint sur la choroïde à peu près au point de contact de la tangente perpendiculaire aux rayons. Et l'œil du lapin n'étant pas conformé, à beaucoup près, d'une manière symétrique par rapport à son axe , on reconnaît parfaitement que l'image qui correspond aux rayons perpendiculaires arrivant par la droite de l'animal , est autrement éloignée du fond de l'œil que celle des rayons arrivant par la gauche. » Ces propriétés, rapprochées d'un principe énoncé par d'Alembert, établissent que les droites virtuelles menées des objets à leurs images sont normales au fond de l'œil, et elles conduisent à des considérations impor- tantes sur la figure de la surface que présente la choroïde. Dans le qua- trième Mémoire, je reviendrai sur cet objet. » Le dernier chapitre est consacré à la vision des images réfléchies et réfractées. » Imaginons un miroir parabolique, et concevons qu'un rayon émané d'un point rayonnant soit réfléchi par ce miroir, et que ce rayon coïncide ( 9^5 ) avec l'axe optique d'un œil donné; le rayon réfléchi par le point voisin, sur la section circulaire du miroir, coupera le premier rayon, avant d'ar- river à l'œil, sur l'axe de révolution, et le rayon réfléchi par le point voisin de la méridienne parabolique coupera le même premier rayon sur un point de la caustique. Les rayons qui entreront dans l'œil se couperont donc les uns sur la caustique linéaire, c'est-à-dire sur l'axe de révolution, et les autres sur la caustique non linéaire; et la question est de savoir où se trouve le point vu. Newton a dit qu'il était vraisemblablement entre les deux caustiques, et Barrow, Bouguer et Malus ont adopté l'idée de New- ton. D'AIembert a signalé toutes les difficultés de cette question , et ce- pendant elle n'avait point/avancé, bien qu'elle intéressât beaucoup les phy- siciens, puisqu'elle fournit des cas de vision où les rayons lumineux sont assujétis à des lois géométriques tout autres que celles de la divergence ordinaire. J'ai soumis le phénomène à un examen très détaillé, et cet examen, qui s'appuie sur des considérations délicates de la géométrie à trois dimen- sions, m'a conduit à ce résultat, que l'image est sur la caustique linéaire, dont les physiciens modernes faisaient en général abstraction, pour placer l'image sur la caustique non linéaire qu'ils considéraient seule. Parmi les expériences qui justifient cette théorie, celui d'un miroir cylindrique con- cave est assez remarquable. Il présente la caustique non linéaire en-deçà du miroir, la caustique linéaire est au-delà, et l'image, dans cet exemple, qui montre les choses d'une façon très claire, est en effet au-delà du miroir. » Le cas des images réfractées par un liquide me fournit des exemples d'un plus haut intérêt encore. Pour une ligne droite située dans l'eau, l'image sur le fond de l'œil est une suite de petites lignes; si la droite est horizontale, ces lignes sont côte à côte; si elle est verticale, elles se su- perposent. Cependant ces deux lignes droites, horizontale et verticale, avec des images si différentes sur le fond de l'œil, sont vues exactement avec les mêmes apparences. Peut-être trouvera-t-on que j'explique ce ré- sultat d'une manière un peu hardie; je pense toutefois que mon explica- tion sera justifiée dans les troisième et quatrième Mémoires. » Cet examen des images réfléchies et réfractées m'a conduit à cinq prin- cipes relatifs à la vision, dont un, le premier, se démontre à priori. Il peut s'énoncer ainsi : supposé que le mécanisme de l'œil reste invariable, pour toutes les distances des points rayonnants, les images de ces points sur la choroïde , par cela seul que la pupille a une étendue finie , seront des cercles ayant aussi, en général, une étendue finie. C. R., .840, »>»• Semestre. ( T. XI N». 23 ) 1 24 » Je tirerai un grand parti de cette proposition , dans le troisième Mé- moire , pour montrer que le cristallin se déplace dans la vision des objets différemment éloignés. Mais l'humeur vitrée courbant les rayons, comme je le prouverai dans le même Mémoire, on verra qu'un déplacement de quelques dixièmes de millimètre seulement, dans la position du cristallin, suffit pour que la vision soit nette depuis la'distance de 25 à 3o centimètres jusqu'à l'infini. On verra aussi que l'œil se trouve pourvu de deux moyens d'achromatisme, ce qui était nécessaire pour que les images, à des dis- tances différentes, fussent exemptes de franges irisées, mais ce qui n'em- pêche pas que, pour les distances plus petites que celle de la vision distincte, les couleurs différentes soient séparées, ainsi que plusieurs ex- périences le prouvent. » Dans toutes ces recherches j'ai été guidé par l'idée que l'œil doit être un instrument d'une extrême perfection, et il me semble que la théorie et les calculs se concilieront très bien avec cette idée, que les sa"vants les plus illustres n'ont pas toujours admise, notamment en ce qui concerne les images réfléchies et réfractées. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. chimie organique. — Recherche médico-légale de l'arsenic dans les cadavres; par MM. K^ppelin et Kampmvnh. (Commission précédemment nommée pour diverses communications re- latives à la recherche de l'arsenic.) M. Chevreul, en présentant le travail de MM. Kœppelin et Rampmann, en donne l'analyse suivante : « Pour remédier à des inconvénients que présente l'usage de l'appareil de Marsh, savoir : » i°. T,a perte d'une portion de l'arsenic dont on cherche à constater la présence ; » a°. La présence de la vapeur d'eau dans le gaz que l'on enflamme ; » 3°. La présence de l'air dans ce même gaz; «Enfin pour remédier à la difficulté que présente la décomposition par la chaleur du gaz hydrogène arsénié, lorsqu'on veut l'opérer dans un tube de verre chauffé adapté à l'appareil de Marsh, ainsi que M. Berzélius et Liebig l'ont conseillé, ( 927 ) »M. Kœppelin, régent de physique au collège de Colmar, et M. Kamp- maun , pharmacien , ont imaginé de donner à l'appareil de Marsh la dispo- sition suivante : » Un tube droit, large de om,oi, plonge dans un flacon à deux tubulures contenant du zinc; de la seconde tubulure part un tube coudé communi- quant à un tube renfermant du chlorure de calcium, et à ce tube en est adapté un autre de om,oo5 de diamètre, qui est effilé à l'extrémité libre. Ce dernier tube passe dans deux trous pratiqués au milieu d'une feuille de cuivre courbée en étrier; par ce moyen on peut avec une lampe à alcool chauffer le tube dans une longueur de 5 centimètres environ. » Lorsqu'on veut faire usage de cet appareil, on commence par verser de l'acide bydrochlorique étendu sur le zinc. Lorsqu'on juge que tout l'air est expulsé , on chauffe le tube au rouge ; on enflamme le gaz à l'extrémité effilée de ce tube , et l'on peut constater d'abord l'absence de l'arsenic dans les réactifs employés. » Après cet essai , on verse dans le flacon par le tube droit , i° de nou- vel acide bydrochlorique ; 20 du liquide présumé contenir de l'arsenic; 3° de l'acide ; 4° du liquide présumé contenir de l'arsenic, et ainsi de suite. » Pour peu qu'il y ait de l'arsenic, on le recueille dans la partie du tube de om,oo5 qui n'a pas été chauffée, et en même temps on constate, en en- flammant le gaz qui se dégage par le bout effilé et en exposant une pla- que de porcelaine à la flamme, qu'une portion d'hydrogène arsénié a échappé à la décomposition. » hygiène. — Hj-drographie médicale; par M. Gestin. (2e et 3e partie.) (Commission nommée pour la première partie de ce travail.) médecine. — Mémoire sur un nouveau mode de traitement de V hydrophobie; par M. C. Delorme. Ce Mémoire est transmis par M. l'Ambassadeur de France à Saint- Pétersbourg; l'auteur, M. Delorme, réside à Viry, gouvernement de Karkhoff. (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Larrey, Breschet.) géologie. — Note sur les fossiles les plus communs dans les environs dAnduze; par M. Miergue. (Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont, Dufrenoy.) 124» ( 928 ) M. Vtlbacr présente quelques considérations en réponse à des remar- ques critiques de M. Laignel, sur son système pour la direction des waggons dans les courbes des chemins de fer. M. Vilback demande que la Commission qui avait été chargée de faire un Rapport sur son invention veuille bien lui désigner le jour où elle pourra assister à des expériences qu'il se propose de faire sur un modèle en petit. Cette Note est renvoyée à la Commission précédemment nommée. M. Coubard adresse une Note sur les moyens par lesquels on peut, sui- vant lui, prévenir en partie les malheurs des inondations, en donnant avis aux riverains de la crue des eaux, plusieurs heures avant qu'ils n'en soient atteints. M. Séguier est prié de prendre connaissance de cette Note et de faire savoir à l'Académie si elle peut devenir l'objet d'un Rapport. A 4 heures \ l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures. >F. ERRJT4. Séance du 16 novembre. Page 820, lignes to et 14, au lieu de Mandecx, lisez Mon deux. Séance du 23 novembre. Page 896, ligne a, au lieu de ((a, b), lisez ((a, b, x). Séance du 3o novembre. Page 903, ligne dernière, au lieu de 1 + 3 -f- 3", lisez 1 -)- 3 + 3' Page 904, ligne 27, au lieu de 25 par 35, lisez 25 par 35 Page 906, lignes 25 et 27, au lieu de Alphen, lisez Halphen. ( 9*9 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie royale des Sciences; 2* semestre 1840, n°22, in-4". Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Abago, Che- vreol, Savary, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regkault; octobre 1840; in-8°. Observations sur la structure intérieure du Sigillaria elegans comparée à celle des Lepidodendron et des Stigmaria et à celle des végétaux vivants; par M. Ad. Brongniart. (Extrait des Archives du Muséum d'Histoire natu- relle.) In-4°. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot etPoiRRÉ; nov. 1840, in -8°. Annales de la Société royale dHorticulture de Paris; tome 27, 157e liv., in-8°. Notices statistiques sur les Colonies françaises ■_, imprimées par ordre de M. le vice-amiral baron Botjssin; 4e et dernière partie, in- 8°. Traité de Statistique, ou théorie de l'étude des Lois; par M. Dufau; in-8°. Voyage dans la Russie méridionale et la Crimée , sous la direction de M. de Demidoff; 12e liv. in-8°, et atlas in-fol. Discours sur l'ensemble des Phénomènes qui se sont manifestés à la sur- face du Globe depuis son origine jusqu'à l'époque actuelle; par M. le vicomte d'Archiac; in-4°- Du danger des Rigueurs corporelles dans le traitement de la Folie; par M. le Dr Blanche; in-8°. De l'état actuel du traitement de la Folie en France; par le même ; iii-8°. Rulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 4» n° 4, in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; déc. 1840, in-8°. Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen; n° 65, in-8°. Revue des Spécialités et des Innovations chirurgicales; nov. 1840, in-8°. ( 93o) Journal des Connaissances nécessaires et indispensables ; déc. 1840; in-8°- Bibliothèque universelle de Genève; n° 58, oct. 1840, in-8°. Flora batava; ï20c liv., in-4°. Ephemerides motuum cœlestium pro anno intercalari 1 84o, supputâtes ad meridianum Bononiœ ; Bononiœ, 1839, in-4°. On the theory. . . . Sur la théorie de la Lune et les perturbations des Planètes; par M. Lubbock; Londres, 1840, 4e partie, in-8°. Uuiversitj of London. . . . Analyse des Statuts et Règlements des uni- versités étrangères , faite par ordre du Sénat de l'Université de Londres : i° Code universitaire de France ; iQ Statuts de l'Université de Bonn; 3° Rè- glements de l'Université de Gottingue et Lois relatives aux étudiants dans cette Université ; Londres , in-8". (Sans date.) Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 4g- Gazette des Hôpitaux; n° i4a-<— 1 44- L'Expérience , Journal de Médecine, n° 179; in-8°. La France industrielle; tome 3, déc. 1840, in-8*. ( 93 1 ) in H z w c d w« '/i ce fi en' co en >o 0 « — U •3 3 i. « .O a ■- 3 M O» ET- 3 « > JS« «-3 3 S "3 a -J — O 3 — — cd w — - 5 5= •«33 S o 3 - 3 1 -^ % = -* •> — S.3- o JgfrU Ca, iuHa.uUuauoa-^ffl « • 3 • £3 ; ïfl . » 22 — 22 ! 0 ° .s -, es CO 3 3 3 « « n 3 S ^^3 s-, :>-, >-. OOO i^< M w r$ es *% 0)i>0 - 05 O « -srco co 10 00 « C7> Olco o CT> cTjOO co 00 00 O OVO m U) - r> co vf CTjOO r- r-< c-» c— cTj r-»io vf 33 CO >0 c^io CT> Oico — vf — « T o — — es - +++++++++++++++++++++++++ Mil + ++ co «0000 « co o r-r>r- r»CO CO ^f CTj Oivf oo cO CO ^f^t - vf 00 « OC- r^co « vf « « co es es co vf — C". O v* m cTj r~O0 co O c-> r- r^ r- O c^CD ifllOW' 9 vr + +±±±+ + + + ++x + + + ++++ + + ->- 4-+ + + -H-+4- 0 *!°" ^ co" M co + + 4- ^■uioj3% 00 CO iO OMO M O to O O CO O -OO vfij-> 00 d co CD co oiflin M CT.ro t^co 00 0"> CT CT) CT> r^00 O CT.00 CJîOO o r^ c^ifl vf co co es - - O - + ±±±±_+ + ++ + + + + + ++ + + ++ + + + + + + + + I + CO CO r^ 00" cèco" +++ r^ ç) V> IO CO vf CO « if> o VO SO tD 'O CO tJO r^ r^ c^ t-^ t^ c^ c^ 1^ r^« r*- t ^ c^ 1^ tr^ r^> c ^ r~ t^ r^ t -^ >- CTi^r ■ mo.i2i{j XI M CO « 00 - c-.oo o oi c^in coco o r-co o co va- O 03 cTi-OCOOOOOOcO CTO O CTiOO cl ' — co — Vf 00 - to vf o - co Ci 'O (S Vif - o — CO CO co Vf co in 00 OO CT CO co co - vf co B fl» n o Ol c^vf o r>.vf o - 00 00 CO - o - co CO co co CO c vf vrvf vf vrco vf vrvf vf co vf co vf vf vfin 10 vf 10 vf in co co CD co co co co co co CO — vfvfco r^ t^» p* •iuoj2ffj CO vf es c^ o «O «O cT.vf o 00 0~>---rc-5 o> cTjIO vf co Vî co vf vf 00 vg-co CTJOO r^ a sco-dNO-tif-oo CT.vf - 00 co co « o r^uo c^co CTj t^vf co co co co o vf o ci - m c*. + cTjCD coiocOCOCDco CTi-OO r^d «f co O OscO CT» c^ - 3 00 r-cC co o O o 00 <0 (SCO -lOCOCO « - M -CO CTjC^CICO c^oo 03 - r^CO CT5C0 - CTOO ci m •- r-00 ci vf vf r-ficc t) CT.co 00 vf — c0 "i o co 00 c^co O) — o co C0 CD t~» r-co vf vf vf vf vrco vf vf vf co vf vf co vf vf vf u-> 10 vf 10 10 vf co co co co co ce co CD r~^i"^r^,r^r^c^c^'C^r^. c->. t^ t^. r» c^ r» r^» r-- r^ r^ 1^ t-^ r^ c— i^> l^ r^ c^r^r^r^« r^oo o ■oco^r co co « r^ r^ r* O •uioa2.(jJ t>^r CTjvf C^OirlcOCOcO crjCTiX c) O vf vf «o vfOMMOOOr^OCTjOOO r^OO O O!50 O Oîfi o c-«co O 00 00 Vf co o o >o m c-^co CO "O - o o - o + + + ++ + + + + + + + + 4- + + + +-4-+ + + -H- + + + Il CTjOO CT» Occo + + + ■~ + 10 O - o cTj CT.co 00 vf 10 co vrco - « o~.00 c-~co 00 « — m CT) O ovt co co 00 en c^ cT.oo co 00 vf co ci cTj o M vf vf vf esiovovro^-f-- m - esco mco vf m ■ CT; — co If) cTjKCO «00-mn O vf cTjCO r^'O CT O CO r» c^ r^ i-^vf - ^co vf vf co vf vf vf «n »o vf 10 >o vf m co co co co co co co t^r^t-^r^r^r^r^t^. r^r^r^r^c^r^r^r^i c^ r^. c^. c^ r^ c^ 1 , t-*» f-» r-* 1-» CO >0 vf « 00 - co - co r^ ts vfvf co r>. r^ r^ siom np sjnoj — I» «15 vf »o CO t--00 O) O - r? co vf m CD c-^X) CTj o «covfmco r»oo CT. o nn«M«fipic(c- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 14 DÉCEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. * MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. analyse mathématique. — Mémoire sur divers points d'analyse; par M. Augustin Caucht. 5 Ier. Usage des fonctions interpolaires dans la détermination des fonctions symétriques des racines d'une équation algébrique donnée. « Les propriétés des fonctions interpolaires qui, comme nous l'avons expliqué, fournissent une méthode générale et facile pour la résolution numérique des équations algébriques ou transcendantes, peuvent encore être employées fort utilement à la détermination des fonctions symétriques des racines d'une équation algébrique donnée. En effet, pour effectuer cette détermination , il suffit de recourir aux propositions suivantes. » Ier Théorème. Représentons par (i) f(*) = o une équation algébrique, dont le premier membre ï(x) soit une fonction entière de *, du degré n. Supposons d'ailleurs que cette équation n'offre C. K., l84o, »m« Semestre. (T. XI, N«24.) 1 2^ (934) pas de racines égales, et nommons F(.r) une autre fonction entière de x, qui conserve toujours la même valeur U , quand on y substitue succes- sivement à la variable x les diverses racines de l'équation (1). Le reste de la division de F (a?) par f (x) se réduira simplement à la constante U. » Démonstration. En effet T soit Tl(x) le reste dont il s'agit. L'équation n (x) = U sera d'un degré inférieur à n; et, puisqu'elle devra subsister pour « valeurs différentes de x, par conséquent pour des valeurs de x dont le nombre surpassera ce degré, elle ne pourra être qu'une équation identique. Donc la fonction U{x) deviendra indépendante de x, et se réduira simplement à la constante U. » Corollaire. Représentons par a, b, c,. ., h, k, les n racines de l'équation (i). Si la fonction F (a) conserve toujours la même valeur U , quand on y remplace la racine a par l'une quelconque des autres racines le quotient de la division de F (a) par f(a) sera indépendant de a, et se. réduira simplement à la constante U. » 2e Théorème. Soient f(x) une fonction entière de a:, du degré n, et i(a, x) = îa=ifâ, f«*, x) = 't".«>-f6t«.»>, . ., les fonctions interpolaires de divers ordres, qui renferment, avec la va- riable x, diverses valeurs particulières a, b, c ,. . . de cette variable. Con- cevons d'ailleurs que les lettres a , b , c ,..., h , k représentent les n racines de l'équation f(x) = o, ( 9*5 ). et désignons par F(a, b, c,. .., h, k) une fonction entière mais symétrique de ces racines. Pour éliminer de cette même fonction les racines i k, h,. . .,c, b, a, il suffira de la diviser successivement par les divers termes de la suite f(a, b,c,.. ., h,k), f(a,b,c,...,h),..., i(a,b,c), i(a,b), f(a), considérés le premier comme fonction de k, le second comme fonction de h,. . ., l'ayant-dernier comme fonction de b, le dernier comme fonc- tion de a. Le dernier des restes ainsi obtenus sera indépendant de a, b, c,..'.,A, k, et représentera nécessairement la valeur U de la fonction symétrique F (a, b, c,...,h, *), exprimée à l'aide des coefficients que renferme le premier membre de l'équation (i). » Démonstration. Supposons d'abord les racines a , b , c , . . . , h, k, inégales entre elles. Comme les équations (2) f(o:) = o, f(a,^) = o, f(a,b,x) = o,. . -,f(a, b,c,, .., h, x) — o, admettront, la première toutes ces racines, la seconde les racines b, c, . . ., h, k, la troisième les racines a,. . .,h, k, etc., l'avant-dernière les racines h, /r, et la dernière la seule racine k, il est clair que, pour éliminer toutes les racines k , hy . . . , c , b , a, de la fonction symétrique , F(a, b, c, . .., h, k), il suffira [voyez le corollaire du 1" théorème] de diviser successivement ia5 . ( 9» ) cette fonction par f(a, b, c,. . ,,h, k) considéré comme fonction de k , puis par f {a, b, c,. . ., h) considéré comme fonction de h, etc. , «. puis par f(a, A) considéré comme fonction de b, puis enfin par f (a) considéré comme fonction de a. Les restes successivement obtenus seront indépendants, le premier de k , le second de k et de h,. . . , l'avant- dernier de k, h,. . . , c, b, le dernier de k, h,. . . ,c, b, a, et représenteront autant de valeurs de F (a, b, c ,. . .,h,k), dont la dernière U se trouvera exprimée en fonction des seuls coefficients que renferme le premier membre f(x) de l'équation (i). » Il est bon d'observer que, f (x) étant, par hypothèse, une fonction en- tière de x, on pourra supposer, dans l'équation (i), le coefficient de la plus haute puissance de X réduit à l'unité. Car, pour opérer cette réduction, il suffira dans tous les cas de diviser les différents termes de l'équation par le coefficient donné de x". D'autre part, lorsque dans f(x) le terme du degré le plus élevé se trouvera réduit à x", alors évidemment, dans les fonctions ((x), ((a,x), .((a, b, x),. . ., f(a, b, c,. . ., h, x), qui forment les premiers membres des équations (2), les premiers ternies, c'est-à-dire les termes des degrés les plus élevés, auront tous l'unité pour coefficient, et seront respectivement /y» fi ryifl^— I rut W " " % /y» |A. • «X- • *Ar y * * • 5 I-*- • Donc alors la valeur U de F{a, b , c , . . .,h, k), déterminée comme nous l'avons dit ci-dessus, sera une fonction rationnelle et même entière, par conséquent une fonction continue des coefficients renfermés dans f(x"). D'ailleurs chacun de ces coefficients représentera, au signe près, ou la somme des racines de l'équation (i), ou la somme formée avec les produits qu'on obtient en multipliant ces racines deux à deux, trois à trois, etc. Donc la valeur trouvée de U pourra être encore considérée comme une fonction continue des racines de l'équation (1); et, dans la formule (3) F (a, b,c,...,h, k) ^ U, (93?) qui se vérifiera toutes les fois que les racines a, b, c,. . .,h, k seront iné- gales, les deux membres varieront par degrés insensibles en même temps que ces racines. » Si la puissance a?", dans f(x), se trouvait multipliée par un coefficient différent de l'unité , ce même coefficient se retrouverait dans les termes les plus élevés des fonctions interpolaires ï{a,x), ((a, b, x),. . . , f(a, b, c,. . . , h, k); et par suite, la valeur de U, déterminée comme ci-dessus à l'aide de di- visions successives, renfermerait des puissances négatives du coefficient dont il s'agit. Mais, alors même, U ne cesserait pas d'être une fonction en- tière des autres coefficients, par conséquent une fonction continue des ra- cines; et, si ces racines venaient à varier par degrés insensibles, on pour- rait toujours en dire autant des deux membres de l'équation (3). » Il est maintenant facile de s'assurer que le théorème deuxième s'étend, avec la formule (3), au cas même où l'équation (i) offre des racines égales. Cardes racines égales de l'équation (i)peuvent être considérées comme des limites vers lesquelles convergent des valeurs variables de racines supposées d'abord inégales, mais très peu différentes les unes des autres; et, puisque la formule (3), dont les deux membres varient par degrés insensibles avec les racines, par conséquent avec leurs différences, continuera de subsister pour des valeurs de ces différences aussi rapprochées de zéro que l'on voudra, elle subsistera certainement dans le cas même où ces différences viendront à s'évanouir. » Corollaire. Puisqu'en supposant, dans l'équation (i), le coefficient de xn réduit à l'unité, on obtient pour valeur de F(a, £, c,. . ,,h, k) une fonction entière U des autres coefficients, il est clair que, si ces au- tres coefficients sont entiers, si d'ailleurs, dans la fonction symétrique F (a, b, c,. . . ,h, k), les coefficients des diverses puissances des racines a, b, c,. . ., h, k, ou des produits de ces puissances sont eux-mêmes des quantités entières, la valeur numérique de U sera encore un nombre entier. On peut donc énoncer la proposition suivante. » 3' Théorème. Soit f(x) = o (938) une équation algébrique dont le premier membre représente une fonction entière de x, du degré n; soient de plus a, b, c,.. . , h, k, les n racines égales ou inégales de cette même équation, et F (a, b , c,. . ., A, k) une fonction entière mais symétrique de ces racines. Si tous les coefficient? renfermés dans les deux fonctions t(x\ F (a, b,..., h, k), se réduisent au signe près à des nombres entiers, le coefficient de x" dans f(x) étant l'unité, la valeur numérique de la fonction F(a, b, c,. . ., h, k) sera elle-même un nombre entier. » Corollaire. Si, dans le premier membre de l'équation (i), les coefficients des diverses puissances de x se réduisent, aux signes près, à des nombres entiers, le coefficient de la puissance la plus élevée étant l'unité; alors la somme et le produit des carrés des différences entre ces racines offriront des valeurs entières, et l'on pourra en dire autant des sommes que l'on obtiendra en ajoutant les uns aux autres les produits de ces mêmes carrés combinés par voie de multiplication deux à deux, ou trois à trois, ou quatre à quatre... Donc, si l'on forme une équation nouvelle qui ait pour racines les carrés des différences entre les racines de la proposée, les coefficients des diverses puissances de l'inconnue, dans cette nouvelle équation, se réduiront encore, aux signes près, à des nombres entiers. D'ailleurs, si les puissances dont il s'agit sont rangées d'après l'ordre de grandeur de leurs exposants, le premier coefficient, qui ne s'évanouira pas, représentera évidemment le produit des carrés des différences entre les solutions diverses, ou, ce qui revient au même, entre les racines distinctes de l'équation (i). On doit seulement excepter le cas où toutes les racines de l'équation (i) de- viendraient égales entre elles, chacune d'elles étant équivalente, au signe près, au coefficient du second terme divisé par n. On peut donc énoncer encore la proposition suivante. » 4* Théorème. Soit î(x) = o ,une équation algébrique du degré n, dans laquelle les coefficients des di- ( 939 ) verses puissances de x offrent des valeurs entières, le coefficient de x" étant l'unité. Si les racines de cette équation ne sont pas toutes égales entre elles, ou, ce qui revient au même, si le premier membre ((x) ne se ré- duit pas à la puissance n'""" d'un binôme de la forme x — /, l étant, dans i(x), le coefficient de .r""1 pris en signe contraire, et divisé par h; le produit des carrés des différences entre les racines distinctes de l'équation (i) se réduira, au signe près, à un nombre entier. § II. Sur la division algébrique. » En vertu des théorèmes établis dans le § Ier, la détermination des fonctions symétriques des racines des équations se trouve ramenée à la di- vision algébrique. On sait d'ailleurs que cette dernière opération peut être réduite elle-même à'un développement en série. Kappelons en peu de mots les principes sur lesquels se fonde cette réduction. » Soient fç*y, f(*), deux fonctions entières de x, la première du degré n, la seconde du degré m > n. Si l'on nomme 4> (x) le quotient qu'on obtient en divisant F(jc) parf(^c), et U(x) le reste; alors Q>(x) ne sera autre chose que la somme des termes qui renfermeront des puissances entières et positives de x, dans le développement du rapport F(*) f(x)' en une série ordonnée suivant les puissances descendantes de x, ou, ce qui revient au même, suivant les puissances ascendantes de -. Supposons, pour fixer les idées, qu'en effectuant ce développement on trouve (,) ^ = **< + £*<- + ... + **.+ A +J + J1 + ...,. la valeur de l étant ( 94o ) on aura (2) (x) = eux' + Cx1-' -f- XX » D'après ce qu'on vient de dire, pour obtenir le quotient Q> (x), il n'est nullement nécessaire de recourir à l'opération connue sous le nom de di- vision algébrique, et l'on pourra remplacer cette opération par l'une quel- conque de celles qui servent à développer une fonction suivant les puis- sances ascendantes d'une variable. Il y a plus: comme on a F (g) _ i „ , . le développement du rapport f(*) en une série ordonnée suivant les puissances descendantes de x, se déduira immédiatement du rapport i en une semblable série. Or ce dernier développement s'effectuera sans peine à l'aide de formules connues. En effet, en divisant, s'il est néces- saire, tous les termes des polynômes F (x) et î(x) par le coefficient de x" dans f(x), on pourra toujours réduire ce coefficient à l'unité. Supposons cette réduction opérée, et soit alors , (3) f (x) = x" + kxn~l + Bx"-' +. . . + Ex + R. Si l'on fait, pour abréger, «) * — (J + ï+"+ïS=+£). on trouvera i i i f(x) _ X" I — X' et, comme on aura d'ailleurs 1-^T=i +x + x*+. (94> ) on en conclura (5) . rk> =s:0+x + x-+...). Si , dans le second membre de cette dernière formule . on substitue les valeurs de X, X1, . ., déduites de l'équation (4), et ordonnées suivant les puissances ascendantes de - ; il ne restera plus qu'à réunir entre eux les termes proportionnels aux mêmes puissances de - , pour obtenir le déve- loppement cherché de ^^p-. En opérant ainsi, l'on reconnaîtra que, dans ce développement, la puissance de - du degré n -f- l, savoir, i a pour coefficient la somme (6) 2 (/).,„ „, k ( - A)* (- B)\ . . (- H)h (- K)k, l'expression (/)«,b,...,h,k étant déterminée par la formule fj\ î.a.../ v «•>,!>,..., h, k (,.2. .a) (1.31... b) .. (1.3... h) (1.2. ..k)' et le signe 2 s' étendant à toutes les valeurs entières et positives de a,b....,h.k, qui vérifient la condition (7) a+'ab-f- ... -f-(n — i)h+nk=/. D'ailleurs, dans ces diverses formules, l peut être un nombre entier quelconque , égal ou non à la différence m — n. » Il est bon d'observer que, parmi les puissances entières et positives de - , celle qui offrira le degré le moins élevé sera la première puissance dans X, la seconde dans X*, la troisième dans X*, .... Il en résulte que, si l'on se propose seulement de calculer le quotient (x), il suffira de conser- ver dans le développement de i— X C K., 1840, am« Semestre. (T. Xi, N° M.) • 2^ ( 94? ) les termes proportionnels aux puissances de - dont ie degré ne surpassera pas m — n. Donc, pour obtenir 0>(x), il suffira, en posant l=m — n, de chercher les termes proportionnels à des puissances positives de m, et renfermés dans le développement du produit •8) r"(i + X + X'+...-fX')F (*), qu'on peut encore écrire comme il suit (o) '-x'+- m. Ajoutons que, dans ce même produit, on pourra remplacer, si l'on veut, X' par (-£)', X<-par(_^-!f,etc... Ce n'est pas tout. Comme le produit (9), multiplié par x('+')n, se transformera en une fonction entière de x du degré N = m H- ni = m -f- n (m — n), si l'on désigne par % (,r)ce même produit, et par 9 une quelconque des racines de l'équation binôme 0N = 1, on aura, d'après les propriétés connues de ces racines, (10) *(*)=2^ — -^ 5- ~ ' le signe V s'étendant à toutes les valeurs de 8. » Lorsque, pour déterminer les divers termes du quotient (x), on a recours à la formule (6) ; alors, pour obtenir les valeurs entières des expo- sants a, b, c, . . .,h,k, d'après la condition (7), il suffit d'observer que, si l'on pose a+b-f ... + h -r-k=Z.,b -}-... + b-f-k = /._„..., h+k = /„ k=/„ ( 943 ) cette condition deviendra (n) l, + h+...+ L-,+ ln = l, chacun des nombres entiers compris dans la suite 4, , la, . • • j t«_ i > '■ni ne devant jamais surpasser ceux qui le suivent. Cela posé, on calculera sans peine les diverses valeurs qu'il sera possible d'attribuer aux divers termes de la suite 'i > '11 • ■ • » '« — i » '«' pourvu que l'on commence par fixer les valeurs des derniers termes. En effet on pourra prendre pour /„ un quelconque des nombres 1,2,3,...,/, puis pour /._, un quelconque des nombres puis pour /._, un quelconque des nombres ! , 2 3, . . ., I ln In-n etc. D'ailleurs à un système donné de valeurs de correspondra un système de valeurs de a, b, . . ., h, k, déterminées par les équations a = ln — /._,, b = Z__, — /,_,, • • •, h = /. — /,, k = /,. s Comme, en vertu des formules de Taylor et de Maclaurin, les divers termes du développement d'une fonction en série peuvent être représentés 126. . (, 944 ) par des dérivées de divers ordres, il est clair qu'on pourrait encore repré- senter de cette manière les divers coefficients renfermés dans la fonction 4>(j?),et cette fonction elle-même. Si l'on cherche en particulier la valeur ?^ de (x) correspondante à x = o, on aura, en vertu de l'équation (1), i .■>,. 1 • •& î désignant une quantité infiniment petite que l'on devra réduire à zéro, après avoir effectué les différentiations. Si l'on voulait exprimer À à l'aide des notations employées dans le calcul des résidus, alors, au lieu de l'é- quation (12), on obtiendrait la suivante (i3) *(o)=£ qui se trouve elle-même comprise dans la formule F (>4) 9(x) = L ((*<)' — tx (voir les Exercices de Mathématiques, 1" vol. p. 137). » Après avoir déterminé le quotient (x). Si l'on cherche en particulier le terme indépendant de x dans ce reste, ou la valeur de n (o), on aura (16) IÏ'(o) = F(o) - Af(oj, la valeur de À étant celle que fournit l'équation (ia). » Comme les divisions, qui serviront à déterminer les fonctions symé- triques des racines d'une équation algébrique, fourniront des restes dont ( 945 i chacun devra être indépendant de la racine éliminée, ij est clair qu'on pourra toujours calculer ces mêmes restes à l'aide des formules (12) et (16). » La marche que nous avons suivie pour arriver au développement de la fraction fournirait pareillement celui de [f(*)]«, m étant un nombre entier quelconque. Les formules que l'on obtiendrait ainsi ne différeraient pas au fond de formules déjà connues, par exemple, de celles qu'a données M. Libri dans un de ses Mémoires. » En terminant ce paragraphe, nous rappellerons que la valeur de n(x) déterminée par l'équation (i3), c'est-à-dire, en d'autres termes, le reste de la division de F(j?) par f (.se), pourrait encore se déduire de la formule d'interpolation de Lagrange. En effet, si l'on nomme a, b, c, . . . , h, k, les n racines de l'équation (17) î(x) = o, la formule d'interpolation de Lagrange donnera \ J i{x) ~ f» x — a "f* f'{ù) x-b i" ••• -r fTpj J~TÏ» ou, ce qui revient au même, nW JT"F(t) 1 l Ux) . w((f(*))) x-z' et par conséquent n,'^ — / F^ Jl± — f F^) fW-f(«) 1 ; — c-((f(z))) x__z — c- ({fW)) x_z . Si maintenant on pose x = o , on trouvera J n(o)=-C(o)l;:lM ( 946 ) ou, ce qui revient au même, (,9) n(°) = F(°)-f(°)£((^. et de la formule (19), jointe à l'équation (16), on tirera » La valeur précédente de À peut être aisément transformée en une suite composée d'un nombre fini de termes. En effet, posons, pour abréger, (21) Z = — (As"— +Bz"—+ ...-f- Hz +K.), On aura f(z) = z' — Z, par conséquent { \ J_ — 1 j_ II _l. z' z'+- \ ^ f(z) — z" "•" a" "+"••• "*" z(' + 0» "*" «('+')» (Z»_Z) Si d'ailleurs, /« étant le degré F(z), on prend /=/n — 72, la fraction Z'+'F(z) zC+0» + ' (z" — Z) offrira un dénominateur dont le degré surpassera de deux unités au moins le degré du numérateur. On aura donc r Zt+1 F(») _ <^ ((z('+ 0» + ' (z" — Z))) ~~ " °' et l'on tirera de l'équation (22), après en avoir multiplié les deux membres ' 1 ,F(«) par le rapport — ", t\x\ x - / FW j_ / ZFW _l. _i_ / Z'F^ ^20; a _ o^,„+,^ -r- C/^zJB + t)) -r- ... -t- o((z(/+1)n + ,^, ou , ce qui revient au même, /a/) A=c_ ■ 1> F(z)H D2 {ZF(z)}+...+ ' . D {Z™ F(z)} , ^ •■' I.2.../Î * S ' ' I.X...M * l WJ • ' I.2...(i-f-l)n , 'i ( 947 ) z devant être réduit à zéro après les différentiations. L'équation (24), dont le second membre se compose d'un nombre fini de termes, fournit un développement remarquable de la valeur de A, et par suite de la valeur de n (o). D'ailleurs, en vertu des formules ( 18) et (19), on a évidemment **> ZFJâ) "*" b('{b) -r- "■ -r- k{>{k) — f(0) — A f(0)« » Si l'on supposait la valeur de Z déterminée , non plus par l'équation (21), mais parla suivante Z = — (B"2— + . . . + Hz + K), on aurait f(z) = z'-f- As"— — Z; et, en développant le rapport 1 en progression géométrique suivant les puissances ascendantes de Z, on obtiendrait, à la place de l'équation^ 23), cette autre formule ('*& y — f FW , f Z F (*) . f Z'FW- , . ^20 ) a — o((^(z+A))) -r- o((zl„_I(z+A)2)) -r of(z3„_2 {z +A)3 )} -r- «o..., dont le second membre serait encore composé d'un nombre fini de termes. D'ailleurs chacun de ces termes serait de la forme (27) &m 4<») ((*■■(* + a y))' /, 1', désignant deux nombres entiers, et 4 (z) une fonction entière de z. Ajoutons qu'il est facile d'obtenir la valeur de l'expression (27) en opérant comme il suit. » Désignons par "P (z) la partie du développement de 4 (z) qui offre des puissances de z d'un degré inférieur à i, en sorte qu'on ait * (z) = 4 (o) + z 4'(o) + ra 4" (o) +• ■ -f- , .a,*"p- o ^^ ^ • On aura encore, pour des valeurs de y égales ou supérieures à l'unité, r *w = 0. (948) et par suite l'expression (27) pourra être réduite à r 4(z)— *(z) °((Z'(z+Ay);' ou, ce qui revient au même, à £ 4(s) -*(■ z) 1 z' "(((*+A)>))' puisque le développement de *\.(z) — *-(z) sera divisible par z'. En con- séquence on aura > °((«'(z + A);)) i.a...(y-i)L A (-A)' <~ a "^ZÀyJ- Il est bon d'observer que, dans le second membre de la formule (28), la quantité' A (-A)' représente la partie de l'expression D' w 4(— A) (-A)' qui renferme des puissances négatives de A. Cela posé, la formule (26) donnera pourvu que l'on rejette après les différentiations tous les termes qui ren- fermeront des puissances négatives de z, et que l'on pose ensuite z = — A. » Pour montrer une application des formules qui précèdent , supposons l'équation (17) réduite à celle-ci x% + kx -f- B = o , alors on aura f(o) = B, ï'(a) = — î'(b) = a — b; par conséquent la formule (25) donnera a — ^L. a B "•" a — b[_ a b J' (949) et l'on tirera de la formule (29) A On aura donc a1 1 *' . .* 1 . a M* «tW ^F(6) _ F(o) F(z) B F(»; , B> n> F(z) pourvu que l'on rejette, après les différentiations effectuées, les puissances négatives de z, et que l'on pose alors z = — A.. » Si l'on réduit l'équation proposée à la suivante x% — 2r.rcos

l'ampoule s'est vidée en des temps respectivement égaux à 35o5",75; i83o",75; i75o". » En comparant les temps aux pressions correspondantes, on voit faci- lement qu'ils sont en raison inverse des pressions. » On enlève de ce tube une portion de 25 millimètres environ; le tube, réduit à 75""°,8 , donne les résultats suivants : » Aux pressions en mercure, de gjmm,']6i ; i47mm,832; i93n,m,632 ; 387mm,675; 738mm,7i5: 774mm,676, l'ampoule s'est vidée en des temps respectivement égaux à io36i"; 685i"; 5233"; ^6i2",5: i372",5; i3o8": on voit, comme précédemment, que les temps sont en raison inverse des pressions. » Le tube de 5imm,i de longueur offre toujours la même relation entre les temps et les pressions. »Mais, réduit aux longueurs de 25mm,55; iS"""^; 9mm,55; 6mm,75, cette relation n'a plus lieu; les temps pour des pressions de plus en plus con- sidérables, sont plus grands que ceux que donnerait la relation dont il est question. (965) » On prend le tube B, de plus petits diamètres que le précédent. , mm mm n ...... I d = 0 , 1 1 1 7 ; _ ,. |375, les temps sont en rai- son inverse des pressions; le tube réduit à 23mm,575, cette relation qui, pour le tube précédent, n'a plus lieu pour cette longueur, persiste pour ce tube B de plus petit diamètre; mais elle cesse d'exister pour les longueurs 9,nm, 3n"n,9: comme pour le tube A, les temps correspondants à des pres- sions de plus en plus considérables, sont proportionnellement plus grands. » Le tube C a des diamètres moindres que le tube B. Extrémité libre circulaire.. D = 0,084. Extrémité opposée.. J " ' „' » La loi précédente existe pour les longueurs, ioomm,325; r]^mm,g5: 49mm<7 î 24mm4' et auss* Pour iomm,»5 ; lorsque pour cette longueur le tube précédent B et à plus forte raison le tube A ne l'offraient plus. » Des remarques analogues s'appliquent au tube D, déplus petit calibre que C, dont les diamètres sont : / mm tom r. • iu I ^ =0,0460 „ . , I d=o,oA-x5 Extrémité libre. . < _ ; Extrémité opposée... < ^ ... | D = 0,0470. rr ! D =o,o445. » Quant au tube suivant E, dont les diamètres sont s mm , mm „..,. I à = 0,0286, „ I d=o,02o33, Extrémité liore. . . < _. „ Extrémité opposée... { _ « | D = 0,029b, ,r i D = o,o3ooo, et par conséquent d'un diamètre seulement trois fois plus grand que celui des vaisseaux capillaires des mammifères , la loi des pressions a lieu pour toutes les longueurs, même pour celle de 2 millimètres. » Il était important de voir si cette loi existerait encore pour des tubes de diamètres beaucoup plus considérables que ceux qui viennent d'être cités : nous en avons pris un de omm,65 de diamètre, c'est-à-dire d'un ca- C. R., 1840, a™< Semetire.CT. XI,N*24.' I 29 (966 ) libre 5oo fois plus fort que le précédent. Pour la longueur de 800 milli- mètres, on a eu le temps en raison inverse des pressions : il en a été de même pour les longueurs de 400 et 383 millimètres ; mais la loi a cessé d'exister pour 200 millimètres, et pour des longueurs inférieures, lors- qu'au contraire elle a lieu, ainsi que nous venons de le voir, pour des longueurs heaucoup moindres, dans des tubes de diamètres plus petits. » La pression, dans les expériences dont nous venons de parler, ne sur- passe pas une atmosphère; nous avons voulu nous assurer si la loi se sou- tenait pour des pressions beaucoup plus grandes; nous avons vu, en effet, pour des tubes dont les diamètres varient de o,oi3 millimètre à o,i3i6 millimètre, que cette loi a lieu jusqu'à 61 36 millimètres en mercure, c'est- à-dire pour une pression supérieure à huit atmosphères. Nous n'avons pas été plus loin ; la rupture d'un appareil , qui fit explosion à dix atmosphères, nous empêcha de faire usage d'une pression plus considérable. » 11 résulte des expériences dont nous venons de faire le résumé, expé- riences qui, au nombre de près de trois cents, ont été exécutées sur des tubes de longueurs très diverses, et d'un calibre qui a varié de 1 à 25oo , que, pour l'écoulement d'une même quantité de liquides, les temps sont en raison inverse des pressions. » Cette relation, qui paraît d'ailleurs indépendante de la température, puisqu'elle n'a éprouvé aucune modification en opérant à 8*, il" et 190 c. , nous permet d'établir facilement le lien qui unit les produits aux pressions, pendant le même temps. » En effet, soit a la quantité de liquide écoulé à la pression P et dans le temps t ; à la pression mV cette même quantité de liquide a s'écoulera en un temps — ; alors à la pression /reP dans le temps t, il s'écoulera ma : les produits sont donc entre eux comme les pressions. Si nous représentons par Q les produits correspondants aux pressions P, il viendra alors, pour l'équation du mouvement des liquides dans les tubes que nous considé- rons, relativement à la pression, Q=:£P, k étant un coefficient constant pour un même tube; nous verrons bientôt que ce coefficient est une cer- taine fonction de la longueur du tube, de son diamètre, et de la température à laquelle on opère. » Cette relation entre les produits et les pressions ne tient pas à cer- taines limites de la vitesse, puisque tel tube qui réduit à une certaine lon- gueur ne la présente plus, offre une vitesse comprise entre celles de deux (9^7 ) tubes pour lesquels la loi existe. Mais il résulte de ce qui précède que pour un certain diamètre, les tubes doivent avoir une longueur supérieure à une limite déterminée, sans quoi la loi n'existe pas; et cette limite, comme nous venons de le voir, diminue d'autant plus, que le diamètre du tube est lui-même plus petit : aussi la loi des pressions existe-t-elle encore pour la longueur de a millimètres , lorsque le diamètre du tube est de o,o3 de millimètre. De là nous sommes conduit à penser que la relation des pro- duits en raison directe des pressions existerait encore pour un tube de 0,0 1 de millimètre, lorsqu'il serait réduit à la longueur de o,5 ou o,3 de millimètre: ces dimensions sont celles des vaisseaux capillaires des mam- mifères, dans la trame ou réseau qu'ils forment entre les artères et les veines. » Dans une prochaine lecture, nous aurorfs l'honneur d'exposer à l'Aca- démie les lois relatives aux longueurs des tubes, a leurs diamètres et à la température. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS mécanique céleste. — Sur la détermination des inégalités séculaires des planètes , étendue aux termes qui, dans les équations différentielles, sont du troisième ordre par rapport aux excentricités et aux inclinai- sons ; par M. Le Verrier. (Commissaires, MM. Arago, Savary, Liouville. ) « On n'a conservé jusqu'ici, dans le calcul des inégalités séculaires des éléments des planètes, que les termes dépendants des premières puissances des excentricités et des inclinaisons. Les termes suivants seraient du troi- sième ordre par rapport à ces éléments, et l'on a cru pouvoir les négliger soit dans les formules destinées à représenter la marche des éléments des orbites pendant un petit nombre d'années, soit dans les intégrales générales qui doivent représenter l'état du système planétaire pendant une suite immense de siècles. » Dans le premier cas, pour justifier cette simplification apportée à la construction des tables des planètes, on s'est borné à remarquer que pen- 1 29. (968) dant 1000 à 1200 ans les éléments des orbites varient très peu; que les ex- centricités et les inclinaisons, qui sont aujourd'hui très petites, ne sauraient grandir beaucoup dans ce laps de temps; et qu'ainsi des produits de trois dimensions de ces éléments pouvaient être négligés. Ces considérations ne peuvent convenir toutefois au cas où l'on se propose de déterminer les va- leurs des éléments après une longue suite de siècles; et, pour rendre ad- missible cette méthode d'approximation qui permet d'intégrer rigoureuse- ment les équations différentielles, il a fallu effectuer l'intégration, et reconnaître que les formules qu'elle donne permettent aux excentricités et aux inclinaisons de rester toujours petites. Et cela ayant eu lieu effective- ment, on en a conclu que la stabilité du système planétaire était assurée par rapport aux excentricités et aux inclinaisons, même pour les planètes dont les masses sont les plus petites. » Ainsi, en rejetant les termes dépendants des troisièmes dimensions des excentricités et des inclinaisons, on s'est uniquement fondé sur ce que ces éléments étaient petits. Cette raison est insuffisante, et il est aisé de voir que les rapports des moyennes distances doivent avoir la plus grande in- fluence sur la valeur des termes du troisième ordre. L'orbite de Vénus, par exemple, n'est pas inclinée de trois degrés et demi sur l'écliptiquej et ce- pendant, à cause de la faible distance de cette planète à la Terre, il arrive au rayon vecteur qui joint ces deux astres d'être incliné de près de neuf de- grés sur le plan de l'écliptique. Les mêmes circonstances se présentent dans la théorie de Mercure, troublé par Vénus. Les plus légères différences dans le rayon vecteur ou dans l'inclinaison peuvent ainsi devenir sensibles, et Ton conçoit à priori que pour certains rapports des moyennes distances les termes du troisième ordre pourraient devenir tout-à-fait comparables à ceux du premier. Nul théorème ne nous a fait connaître ce rapport des moyennes distances pour lequel les termes du troisième ordre cesseraient d'être négligeables. Aucune recherche ne nous a donné la certitude que le rapport 0,723 des moyennes distances de Vénus et de la Terre au Soleil, est compris dans les limites qui permettent de s'en tenir aux termes du premier degré. » Quelques nombres serviront, au contraire, à faire apprécier combien il est nécessaire de ne pas s'en tenir aux termes du premier ordre, quand les rapports des moyennes distances ne sont pas très petits. » Dans la théorie de Vénus et de la Terre , plusieurs des coefficients des termes du troisième ordre sont quinze fois plus grands que ceux des termes (969) du premier ordre. D'autre part, la tangente

, ils n'en produisent pas moins, en définitive, une variation annuelle égale à — o*,070, qui surpasse le tiers de celle due aux termes du premier ordre; et l'on ne saurait la négliger. Dans Jn', au contraire, les termes du troisième ordre se détruisent presque complètement, à cause des positions relatives des éléments des orbites de Vénus et de la Terre, et Ton peut négliger leur action totale sans beaucoup d'erreur, quoique les sommes des termes po- sitifs et des termes négatifs soient séparément considérables. » Si l'on voulait vérifier les résultats que nous venons de citer, et quelques- uns de ceux que nous allons encore transcrire, il faudrait se garder d'em- ployer à cet usage les valeurs numériques des coefficients donnés dans le troisième volume de la Mécanique céleste. Plusieurs de ces coefficients sont erronés, ainsi que nous l'avons expliqué dans le Mémoire que nous avons eu l'honneur de présenter à l'Académie, le n mai dernier; et ce serait seulement en se servant des nombres qui y sont consignés qu'on retrouverait rigoureusement les résultats que nous allons donner ici. Ces nombres doivent être considérés comme le fondement du travail que je présente aujourd'hui. » Désignons par v la longitude vraie de Mercure dans son orbite, comp- tée suivant l'usage des astronomes; et par v son anomalie moyenne, comp- tée à partir du périhélie. Appelons /' son rayon vecteur; s sa latitude au- dessus du plan variable de l'écliptique; S la longitude de son nœud ascendant. Désignons par les mêmes lettres, mais affectées de un, deux, trois, quatre, cinq ou six indices, les mêmes quantités pour les planètes Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne et Uranus. Supposons enfin que t représente la durée de 100 années juliennes. «Les termes du troisième ordre produisent dans les coordonnées v, r et s quelques perturbations qui ne sont pas négligeables. Pour Mercure en particulier, le mouvement de l'inclinaison relative, dû à ces termes, s'élève aux deux tiers de celui qui est produit par les termes du premier ordre ; et il est d'autant plus nécessaire d'y avoir égard, que Mercure est, après Jupiter, la planète où les termes du premier ordre produisent le plus grand mouvement en inclinaison , relativement à l'orbite mobile de la Terre. Il conviendra donc d'ajouter aux tables existantes, lorsqu'on voudra s'en servira des époques un peu éloignées de leur construction , les équations suivantes, dans lesquelles j'ai seulement négligé les termes qui en 3oo ans ne pourraient altérer l'exactitude à laquelle l'auteur de la Mécanique céleste a voulu atteindre. ( 971 ) Mercure. . ^ii- ^,051 sint) + 6",o>' cosi> , -J- 1 " , 7g ( sin iv -f- i",53* eos2-u + o",47 t sm'iv + o",40/ cos3^ -f o",i3< sin4^ ■+■ o°,n ( cos4^ -f- o",<>4* sin5v -f- o",o3< cosôi», tr = 0,000001 38 « — 0,000 006 42' cosv -f- 0,000 oo5 58 sinv — o,oooooi3i* COS20» -+• o,ooooon3 sinav, <& =2 3",95« cos(t> — fl) — io",49t sin (^ — ô). la dernière de ces formules supposant qu'on prenne pour argument de la latitude la longitude vraie. La correction la plus considérable qui puisse en résulter est d'environ 1 1" sexagésimales par siècle , soit sur la longitude, soit sur la latitude héliocentriques. Au bout de 3oo ans ces erreurs dépas- seraient une demi-minute. Ce sont assurément des quantités dont on doit tenir compte, si l'on veut ne pas avoir à retoucher sans cesse aux tables astronomiques. On sait que moins d'un demi-siècle après leur formation, toutes les tables qui ont été construites jusqu'ici se sont trouvées en dé- saccord sensible avec l'observation. L'état actuel de l'astronomie ne permet cependant pas d'attendre qu'on découvre de nouvelles équations dont l'effet puisse s'élever très haut dans l'espace d'un siècle; et c'est seulement par la réunion de toutes les petites équations qui peuvent produire un effet sensible , qti'on arrivera à donner aux tables lenr dernière perfec- tion. T'ènus. " — o",2i t cos2i>", êr" = 0,0000011 t cos v™ — 0,0000067 sinv", ,v — o",07.l cos 2*", /»" = — i",o3* cos (f " — 6'") -f- o",i7 sin(e" — 6"). ^V = — i",54 f sin»v — 3", 18 cosv'. — o" , 1 1 i sin 2vv — 0*,22 COSîli', i*y s=o",27 / cos^» — 0T) +o",o3 sin(i>v— ev). Ces équations peuvent au bout de 100 ans produire 4" d'erreur sur la lon- gitude géocentrique de Saturne. Uranus. JV" = — o",o5* sinv" — o"24* cos?>vl, &" = — o",72/ cos(fvl — 0V1) — o",29 sin (fvl — 9"). II. » Maintenant qu'il est nettement établi que la considération des termes du troisième ordre est indispensable , même à l'Astronomie actuelle , serait il nécessaire d'insister pour faire admettre qu'on doit à fortiori en tenir compte dans l'intégration générale des équations différentielles du mouvement des éléments des orbites , lorsqu'on veut prévoir quel sera l'état de notre sys- tème planétaire dans un avenir aussi reculé que nos connaissances sur les masses des planètes peuvent le permettre? Non, sans doute. Et je dois seulement exposer le but que je me suis proposé, les résultats que j'ai obtenus dans cette seconde partie de mon travail. J'ose espérer que l'A- cadémie voudra bien le considérer comme le complément des recherches auxquelles je me suis déjà livré sur cette matière, et qu'elle a honorées de son approbation. » Je me suis proposé de reconnaître si, par la méthode des approxi- mations successives, les intégrales se développent effectivement en séries assez convergentes pour qu'on puisse répondre de la stabilité du système planétaire. En supposant que cette condition fût remplie, il était ensuite utile de donner aux intégrales toute l'exactitude qu'elles sont susceptibles de recevoir, dans l'état actuel de nos connaissances sur les masses des planètes. Ce degré de précision est indispensable pour qu'il soit permis de compter sur les résultats que fournit le calcul général des inégalités séculaires, dans les limites où les incertitudes qui régnent sur les valeurs des masses nous forcent à nous renfermer. » J'ai pris pour point de départ les intégrales rigoureuses qu'on obtient en ne conservant que les termes du premier ordre, et qu'on trouvera dans les Additions à la Connaissance des Temps pour l'année 1843. Et c'est en faisant varier les constantes introduites dans ces équations par l'intégra- tion, que j'ai pu tenir compte des termes du troisième ordre. Cette marche introduit des arcs de cercle en dehors des signes sinus et cosinus; mais on peut les effacer, en changeant convenablement les valeurs des arguments introduits par la première approximation. Il ne reste ensuite à déterminer que les coefficients des termes périodiques correspondants, et ceux des nouveaux termes périodiques introduits. » Le système des trois planètes, Jupiter, Saturne et Uranus, sensible- ment indépendant de l'action des autres planètes, peut se traitera part, surtout quand il s'agit de la seconde approximation. On trouve d'abord que les trois arguments g = 2",2584?-, g, = 3",7i36/j et g,= 22",4273, relatifs aux mouvements des excentricités et des périhélies, doivent subir les corrections suivantes : lg = o",o5872, ïgx == o",oi5i7, ïgt = o",3a3 t . La dernière de ces corrections, surtout, est beaucoup plus grande que celle qui pourrait être apportée plus tard à la valeur de ga par les changements qu'auront à subir les valeurs adoptées pour les masses des planètes; il est nécessaire d'y avoir égard si l'on veut prévoir réellement quelles se- ront les excentricités et les positions des périhélies de Jupiter, Saturne et Uranus, dans un grand nombre de siècles. L'inexactitude des argu- ments est, en effet, la principale cause qui empêche que les formules ne puissent recevoir une acception indéfinie. Plus les arguments seront C. R., 1840, ime SemcsOe. (T. XI, M° 24 I 3û ( 974 ) déterminés avec rigueur, et plus loin on pourra lire dans l'avenir. La correction o",o58o6, ' 58", o Inclinaison = 58° 16' 25", 5 Mouvement héliocentrique = Direct. (987 ) Excès des positions calculées sur les positions observées, ou erreurs des élé- ments. ERREURS EN LONGITUDE DATES. réduites en arcs de grand cercle. ERREURS EN LATITUDE. OBSERVATIONS. l84o. 0> 27 octobre. — 2",3 -f- >"',7 1™ obs. de Berlin. 28 0,0 0,0 2" ici. 6 novembre. — 2.7 -4- ii,8 irc obs. de Paris. 9 4- i3,4 -f- 12,0 Idem. i3 — 0,1 -r- 0,4 Idem. •4 -+- 3,o + 19,0 Idem. •7 -f- II, 1 + 4,7 Idem. 20 -+- 2,7 + 21,1 Idem . 25 0,0 -+- 0,2 Idem. 26 — «5,9 - 7.8 Idem . 27 - 2,4 - 8,7 Idem. 28 — 2,2 - 6,, Idem . a9 -f- 7,3 — 1 5 , 2 Idem. 3o — 6,6 — 1*3,4 Idem. 5 décembre. — '3,9 — i5,o Idem. PHYSIQUE APPLIQUEE. - Sur le zinguage par la voie humide. — Extrait d'une Lettre de M. Sorel. «Je suis parvenu, au moyen d'un appareil électro-chimique basé sur le principe de la pile à courant constant de Daniel , à fixer sur le fer une couche de zinc plus ou moins épaisse. Le fer ainsi galvanisé à froid, est complètement à l'abri de l'oxidation , et le zinc par ce procédé électro- chimique, adhère mieux au fer que par la voie de l'étamage dans un bain de zinc fondu. J'ai réussi également par des procédés analogues à fixer tous les autres métaux en couches plus ou moins épaisses, soit sur du fer, soit surtout autre corps métallique ou métallisé'.» L'Académie nomme MM. Arago, Savary, Pouillet et Babinet pour exa- miner la théorie des ouragans, des tornados que M. Espy, actuellement à Paris, a imaginée. (988) La famille de M. Littrow annonce la mort de ce savant, décédé à Vienne dans sa soixantième année, le 3o novembre 1840. M. Fabre, commandant de la Recherche, adresse copie d'une carte française du Spitzberg, dans laquelle sont indiquées les positions des vais- seaux français envoyés dans ces mers en i6g3,>pour s'emparer des balei- niers bollandais , et celle des bâtiments pêcbeurs eux-mêmes. 11 résulte de ces indications qu'à la fin du xvne siècle les côtes du Spitzberg étaient beaucoup plus libres de glaces qu'elles ne le sont aujourd'hui, plus aussi qu'elles ne l'étaient en 1773, à l'époque de l'expédition du capitaine Phipps, depuis lord Mulgrave. M. de Tessan demande à être autorisé à retirer les deux Mémoires de physique générale qu'il avait présentés dans les mois de septembre et de novembre ioVjo. Ces Mémoires n'ayant pas encore été l'objet d'un rapport, l'Académie accorde l'autorisation demandée. M. Millet demande une autorisation semblable pour quelques-uns des documents qu'il avait présentés à l'appui de ses expériences sur la conser- vation et la coloration des bois. (Renvoi à la Commission qui a fait le rapport sur les divers procédés rela- tifs à la conservation des bois. ) météorologie. — M. Chasles écrit de Chartres, à M. Arago, qu'il a aperçu le 3o novembre, à 7 heures du soir, en regardant le nord-est, une étoile filante qui , après avoir décrit une courbe de l'ouest à l'est, a éclaté et répandu une lueur vive, comme une chandelle romaine. M. Jobard adresse de Bruxelles une Note sur l'explosion d'une chaudière à vapeur, qui a eu lieu dans une distillerie de M. de Marotte, à Vieux- Waleffe, province de Liège. Les ravages qu'on dit avoir été produits par l'explosion de cette machine, de la force de huit chevaux seulement, dé- passent tellement les effets ordinaires, qu'il a paru convenable d'attendre la relation officielle avant d'entrer dans aucun détail sur cet événement. M. de Paravey écrit pour faire remarquer qu'un préjugé singulier, relatif à l'influence du tonnerre sur la production des truffes, a existé à la fois dans les temps anciens, d'une part chez les Grecs et les Romains, de l'autre ( 989 ) chez les Arabes et chez les Chinois. M. de Paravey insiste sur cette coïn- cidence comme tendant à prouver que c'est d'un même pays que la Chine et la Grèce ont reçu leur civilisation. L'Académie accepte le dépôt de trois paquets cachetés, dont deux sont présentés par M. J. Gukrin , et le troisième par M. Fermont. A 4 heures f l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5, heures \. A. C. R. l84o, J'"8 Scmeitre. (T. XI, N°24.) i32 ( 99° ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de ï Académie royale des Sciences; 2e semestre 1840, n°25, in-4". Bulletin de l'académie royale de Médecine; tome 6, n° 5, in-8°. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier ; déc. 1840, in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; décembre 1840, in- 8°. Revue progressive d'Agriculture, de Jardinage , etc. ; décembre 1840 , in -8°. A descriptive. . . . Catalogue descriptif de la Collection chinoise de Phi- ladelphie; Philadelphie, 1 vol. in-8°. Annalen. . . . Annales de Chimie et de Physique ; par M. Poggendorff ; Leipzic, 1840, n° 7, in-8°. Bericht ueber . . . Analyse des Mémoires lus à l'Académie des Sciences de Berlin et destinés à la publication ; août, septembre et octobre 1840, in-8°. Gazette médicale de Paris; n° 5o, in-40. Gazette des Hôpitaux; n0* 1 45 et 146, in-fol. L'Expérience , journal; n° 1 80. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCffiNCES. SÉANCE DU LUNDI 21 DÉCEMBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. L'Académie devant se former de bonne heure en comité secret, M. Biot demande à énoncer seulement le titre d'un travail qu'il se proposait de soumettre à l'Académie , et dont il remet la présentation à la prochaine séance. Ce travail est intitulé : Sur l'emploi des caractères optiques comme diagnostic immédiat du diabète sucré. chimie. — Recherches sur le véritable poids atomique du carbone; par MM. J. Dumas et Stas. (Extrait.) « Quand on combine les corps entre eux , quand on déplace un corps par un autre, on observe certains rapports numériques qui forment la base de la chimie moderne. L'existence de ces rapports, reconnue par Wenzel , généralisée par Richter, a servi de point de départ à la théorie atomique de Dalton et a reçu des travaux de M. Berzeïius une consécra- tion nouvelle. La précision bien connue de l'illustre chimiste suédois pou- vait porter à croire même que ces sortes de rapports étaient déterminés C. R., 1840, ame Semestre. (T. XI, N» 28 .) *«»3 ( 992 ) d'une manière plus que suffisante aux besoins et aux progrès delà science, au moins en ce qui concerne les corps les plus usuels, les plus impor- tants. » Nous venons montrer, cependant, qu'il existait une erreur de 2 pour 100 environ sur la détermination de la quantité de charbon qui exprime le rapport d'après lequel le charbon s'unit aux autres corps de la nature. Cette erreur, l'une des plus graves, il faut l'espérer, qu'il y ait à corriger dans les tables admises par les chimistes, cette erreur ne laisse néanmoins aucun doute sur la nécessité de réviser avec soin tous les autres nombres relatifs aux corps simples. Si ces nombres étaient aussi exacts que l'on pense, il y a long-temps que l'erreur relative au charbon aurait été aperçue et signalée, car elle se serait manifestée non-seulement dans les analyses qu'on fait chaque jour, mais surtout dans celles que M. Berzélius a récemment exécutées avec tant de soin et desquelles il a conclu qu'il fallait conserver le nombre précédemment admis pour le charbon. » En fait, la question peut être ramenée à la forme la plus simple, car elle consiste à demander si, clans la production de l'acide carbonique, par exemple, l'oxigène et le carbone s'unissent dans le rapport de 800 d'oxi- gène et 3o6 de carbone, comme l'a admis M. Berzélius, ou bien dans le rapport de 800 à 3oo, comme nous l'admettons. » Rien de plus facile à résoudre qu'un pareil problème en apparence. Et pourtant , lorsque l'on songe à toutes les conséquences qui en découlent, on hésite malgré soi, on craint d'avoir omis quelque précaution, on se défie de ses appareils, de ses produits, et voilà comment, pour une expé- rience qui semble si simple, nous avons dû nous livrer à un travail qui a duré plusieurs mois, et nous avons été conduits à la répéter un si grand nombre de fois et sous tant de formes, qu'à coup sûr on n'a jamais rien fait de pareil pour une détermination de cette espèce. » Mais ces précautions ne sembleront pas in utiles , si l'on songe que beau- cou p de formules admises en chimie organique vont se trouver profondé- ment modifiées par ce seul changement; il est facile de le comprendre. «Qu'un chimiste ait trouvé dans une analyse que 100 parties d'une substance quelconque lui ont fourni 36i4 parties d'acide carbonique, il en conclura, s'il adopte les nombres de M. Berzélius, que la substance ana- lysée est du charbon pur. Or cette substance contiendra au moins 1 -j pour ioo d'oxigène, d'hydrogène ou de tout autre corps. Cette erreur a néces- sairement été commise dans les analyses d'anthracites et de houilles récem- ment publiées. ( 99^ ) «Que, dans une analyse comme celle de la Cholestérine, on trouve 85 de carbone, 12 d'hydrogène et 3 d'oxigène, en calculant d'après M. Berzélius; on ne trouvera plus aujourd'hui que 83 de carbone. Or si l'on n'est pas frappé de l'importance d'un changement qui ramène 85 de carbone à 83, ce qui fait une modification d'une cinquantième, il devient facile de comprendre com- bien ce changement est grave quand on voit que tout ce qu'on ôte au charbon doit être ajouté à l'oxigène, ce qui porte l'oxigène de 3 à 4>5 environ, changement qui s'élève à la moitié du poids de cet élément si essentiel. » Ainsi, tel corps qui était censé exempt d'oxigène va en contenir; dans tel autre la proportion d'oxigène va doubler ou augmenter au moins dans un rapport tel que les formules admises en soient complètement changées. » C'est par cette diminution du carbone et cette augmentation de l'oxi- gène que l'on s'expliquera comment les analyses des corps gras, exécutées avec tant de soin par M. Chevreul et si dignes de la vénération des chi- mistes, demeurent généralement exactes, nous nous en sommes assurés, quoique les formules qui les représentent doivent, en certains cas, être changées. » Certains alcalis organiques, plusieurs huiles volatiles, beaucoup de résines, quelques matières animales neutres, vont éprouver des change- ments analogues, fondés sur les mêmes motifs. Nous ferons connaître dans d'autres Mémoires les résultats auxquels nous sommes arrivés sur ces divers points, si toutefois nous ne sommes prévenus à cet égard. » Ce qui nous arrête en ce moment, c'est la crainte de remplacer des formules fausses par des formules incertaines. Or rien de plus funeste aux progrès réels de la chimie organique. » Comme l'Académie a été souvent entretenue des phénomènes de subs- titution, elle mettra quelque intérêt à apprendre que c'est l'étude atten- tive de ces phénomènes qui a conduit à découvrir et à constater l'erreur qui nous occupe. Les formules déduites pour certains corps de l'ancienne valeur attribuée au carbone par M. Berzélius ne s'accordaient pas avec les lois de substitution. Il fallait que ces lois fussent fausses ou que la valeur adoptée par M. Berzélius fût elle-même inexacte. Une fois la question ainsi posée , c'était un devoir de conscience pour nous que de chercher tous les moyens de la résoudre, et nous n'avons rien négligé pour en rendre la solution irréprochable. » En effet, quand on soumet à l'analyse certains corps très riches en carbone, comme le sont les carbures d'hydrogène liquides ou solides sur i33. (994) lesquels on a cherché à approfondir l'étude des phénomènes de substitution, il se présente des circonstances qui paraissaient fort étranges. «Tout le monde sait que ce qu'on appelle l'analyse d'une substance orga- nique consiste, comme l'ont montré MM. Gay-Lussac et Thenard, en sa com- bustion totale, c'est à-dire en sa transformation en eau et en acide carbo- nique. L'opérateur connaît donc par sa propre expérience le poids de la matière qu'il étudie et le poids de l'eau ou de l'acide carbonique qu'elle fournit. De ces derniers il déduit le charbon et l'hydrogène, en se fon- dant sur la composition de l'eau et de l'acide carbonique lui-même. » Or, quand on fait la somme du carbone et de l'hydrogène que ces car- bures d'hydrogène renferment, on trouve, en partant des analyses de l'eau et de l'acide carbonique données par M.Berzélius, que cette somme excède de beaucoup le poids de la matière elle-même. » Ainsi ioo parties de naphtaline fournissent g5,5 de carbone et 6, i d'hy- drogène, ce qui fait en tout ioi,6. » Ainsi ioo parties de benzine seraient formées de g3,5 de carbone et 7,7 d'hydrogène, qui feraient en tout 101,2. » De tels résultats étaient absurdes, mais on pouvait en chercher l'ex- plication : i° dans la méthode d'analyse qui aurait été vicieuse; 20 dans l'analyse de l'eau qui aurait été inexacte ; 3° dans celle de l'acide carbonique qui pouvait l'être aussi. »En tous cas, il étaitimpossible d'accorder la moindre confiance aux ana- lyses de tels corps ou de leurs dérivés, des écarts aussi graves étant capa- bles de troubler toutes les formules. «Dans un Rapport fait à l'Académie au nom d'une Commission chargée d'examiner un Mémoire relatif aux huiles 'de résine que MM. Pelletier et Walter lui avaient soumis, l'un de nous proposa de considérer ces écarts comme dus à une erreur dans la détermination des éléments de l'acide car- bonique; cette opinion était parfaitement juste. » En effet, veut-on attribuer l'excès de poids que donne l'analyse à la méthode employée pour l'exécuter, on n'a qu'à la faire par d'autres moyens, qu'à perfectionner ceux qu'on met habituellement en usage, et l'on se con- vaincra bientôt que, loin d'atténuer l'erreur, ces nouveaux soins ne font que l'exagérer encore. «Relativement au carbone, les carbures d'hydrogène dont il est question, quand on parvient à les brûler d'une manière complète, fournissent toujours la même quantité d'acide carbonique, quel que soit le procédé. Dans les ( 995 V analyses ordinaires on en perd toujours par des raisons qui seront discutées plus loin. » Il en est de même de leur hydrogène; on a beau varier et multiplier les expériences, on retombe toujours sur les mêmes chiffres pour la quan- tité d'eau que leur combustion produit. » Ce n'est donc pas la méthode d'analyse qu'il faut accuser de cet excès; s'il y a quelques reproches à lui faire, ils sont en sens opposé. » Mais, à la rigueur, la composition de l'eau pouvait être mal établie. Nous avons fait à cet égard des expériences directes, et elles sont pleine- ment rassurantes. La composition de l'eau, telle qu'elle est donnée par les expériences de MM. Dulong et Berzélius, sans être parfaitement exacte, ne recevra de nos propres expériences qu'une modification insignifiante pour la question qui nous occupe. » Restait donc la composition de l'acide carbonique , qu'il fallait sou- mettre à une vérification attentive, et là, nous devons le dire, tous nos résultats , sans en excepter un seul , se sont accordés pour accuser une er- reur grave, seule cause des discordances signalées plus haut. » Sur ces entrefaites, M. Berzélius , comprenant toute la portée du chan- gement que l'un de nous avait proposé relativement à la composition de l'acide carbonique, s'était empressé de faire de nouvelles expériences sur cet objet. » Au lieu de chercher directement dans quel rapport le carbone s'unit à l'oxigène, M. Berzélius a préféré faire l'analyse du carbonate et de l'oxa- late de plomb. Or, en admettant que ces nouvelles analyses fussent exactes , la seule conséquence qu'il serait permis d'en tirer maintenant, c est que la composition de l'oxide de plomb, sur laquelle ces analyses se fondent, serait elle-même mal connue. » Il faut, du reste . que toutes ces questions soient éclaircies, et nous ne reculerons devant aucune des expériences pénibles et nombreuses aux- quelles nous oblige cette nécessité de réviser les principales analyses, celles qui servent de base à toutes nos spéculations. » Ainsi procèdent les théories, -et telle est leur utilité dans l'étude des sciences. Leurs adversaires peuvent se contenter de mettre les faits en doute; il leur suffit de dire qu'ils n'admettent pas les conséquences qu'on en tire; il leur est permis de rester dans un rôle tout passif. Les partisans des théories ont à remplir une tout autre tâche : c'est à eux à prouver leurs opinions par des faits, à contrôler les faits sur lesquels ils s'appuyaient d'abord, par des faits plus évidents encore. On a trouvé, il y a quelques ( 996). années, que le chlore, en agissant sur les composés organiques, leur en- lève de l'hydrogène , et qu'il en prend la place volume à volume. Pour que cette règle puisse s'appliquer à la naphtaline on à la benzine, il faut que le premier de ces corps, par exemple, renferme g4 de carbone et 6 d'hy- drogène, tandis que l'analyse directe donne g5,5 de carbone. Les adver- saires de la théorie des substitutions n'ont pas manqué d'en conclure, avec une grande apparence de raison , qu'il fallait repousser une théorie qui obligeait à admettre qu'un corps où l'on trouvait g5,5 de carbone n'en renfermait que g4, et cela leur a paru suffisant. Nous, au contraire, parfaitement convaincus que la règle des substitutions est une loi de la nature, nous n'avons pas hésité à chercher la cause de ces discordances, là où elle résidait, dans l'analyse de l'acide carbonique, et l'expérience nous a donné raison. » Cette épreuve était décisive; car, outre qu'elle avait pour garants MM. Berzélius et Dulong , l'analyse de l'acide carbonique n'est pas un fait isolé dans la science. Elle est d'accord avec les densités de l'acide carbo- nique et de l'oxigène; elle se lie aux densités de l'azote et de l'air; elle tient 46' 800 : 299,8 '.47' '5,395 800:299,9 Combustion du graphite artificiel. o,992 3,642 800 : 299,5 0,998 3,662 800 :* 399,7 1,660 6,o85 800 : 3oo,i i,465 5,365 800 : 3oo,5 Moyenne... 800 '. 299,93 Atome 74>982 Combustion du diamant. V- F- 0,708 2,5g8 . 800 : 299,7 0,864 3,1675 800 : 3qo,o 1,219 •• 4>4^5 800 : 300,4 1,232 4>5'9 800 : 3oo,o 1,375 5,o4i 800 : 3oo,o Moyenne... 800 : 3oo,02 Atome. ... 75,oo5' ( ioo6 ) » En tenant compte dans la pesée du diamant du poids de l'air qu'il déplace, et dans celle de l'acide carbonique condensé de l'air qu'il déplace aussi, ces rapports ne sont pas altérés. » Comme l'oxigène s'unit manifestement au carbone dans le rapport de 8 : 3. ce serait peut-être le cas de discuter ici la réalité de la loi énoncée par le docteur Prout. L'habile chimiste anglais admet que les rapports d'après lesquels les corps simples se combinent entre eux , sont exprimés par des nombres qui sont tous des multiples de l'hydrogène par un nombre entier. » Ainsi, i partie d'hydrogène se combinerait avec 8 parties d'oxigène pour former l'eau, et avec 3 de carbone pour former l'hydrogène car- boné des marais. Nos expériences confirment pleinement cette remarque , sur laquelle nous reviendrons, quand des recberches plus étendues nous auront éclairés sur les limites dans lesquelles il faut en faire usage. » En présentant à l'Académie nos résultats relativement à la combus- tion du carbone, nous aurions voulu lui faire connaître aussi nos re- cherches sur la densité de l'acide carbonique et de l'oxigène. Le retard que nous sommes forcés d'apporter à cette communication n'a pas besoin d'ex • plication pour les personnes qui connaissent les difficultés de ce genre d'expériences; nous espérons toutefois les avoir surmontées, comme on le verra bientôt. «Il résulte de ce qui précède que les carbures d'hydrogène formulés par la théorie des substitutions doivent conserver leurs formules; mais il en résulte aussi nécessairement que leurs analyses pondérales étaient fausses quand elles s'accordaient avec ces mêmes formules. » Voici , en effet , comment les choses se passaient. M. Berzélius ayant admis que l'acide carbonique renferme plus de carbone qu'il n^y en a réellement , on aurait, dans la plupart des cas, manqué la vraie formule des corps, si l'on n'eût perdu dans l'analyse le carbone qu'on trouvait de trop dans le calcul. «Cette perte de carbone se faisait de quatre manières différentes, et il serait même surprenant qu'on ne les eût pas remarquées, si la compensa- tion qu'on vient d'indiquer n'eût pas fermé les yeux des chimistes sur ce point. «Quand on fait une analyse organique, on brûle la matière à l'aide de l'oxide de cuivre. On recueille l'eau formée au moyen du chlorure de calcium, et l'acide carbonique à l'aide d'une dissolution aqueuse de po- tasse, puis on fait passer un peu d'air dans les tubes pour faire arriver toute l'eau et tout l'acide carbonique dans leurs condenseurs respectifs. ( 1007 ) » On perd du charbon dans ce procédé : » i°. Parce que, quelque soin qu'on prenne, il s'en dépose çà et là dans les tubes, qui, faute d'oxigène , ne se brûle pas; s 2°. Parce que le cuivre réduit se convertit en partie en carbure de cuivre; » 3°. Parce que la potasse liquide laisse échapper une partie de l'acide carbonique ; » 4°- Parce que l'air qu'on fait circuler dans l'appareil enlève de l'eau à cette potasse et diminue son poids. » Voilà comment il se fait que l'erreur sur la composition de l'acide soit 4meurée si long-temps inaperçue. On perdait d'un côté ce qu'on ajoutait par le calcul de l'autre, et les analyses semblaient excellentes, alors qu'elles étaient réellement très fautives. » Pour que l'analyse organique s'élève à toute la précision qu'exigent les recherches qui lui restent à accomplir, il faut donc modifier profondément ses méthodes. Nous sommes parvenus à des résultats rigoureux et tou- jours constants par le procédé suivant : » i°. Nous triplons au moins la quantité de matière employée ordinai- rement; » a°. Quand l'analyse est terminée nous faisons passer dans le tube une grande quantité d'oxigène , de manière à brûler tout le charbon déposé et à réoxider tout le cuivre, ce qui débarrasse du carbure de cuivre; » 3°. Pour recueillir l'eau , nous employons un tube à chlorure de cal- cium , accompagné d'un tube de ponce chargée d'acide sulfurique; » 4°- Pour absorber l'acide carbonique nous nous servons d'un appareil à potasse liquide, suivi d'un tube contenant de la potasse alcalisée d'un côté et de la potasse sèche de l'autre; la potasse sèche arrête l'eau dont le gaz se serait chargé. » Bien entendu qu'après avoir dégagé l'oxigène, on fait passer dans l'ap- pareil de l'air sec et pur pour le débarrasser de l'atmosphère d'oxigène qui augmenterait le poids des tubes. » En faisant par ce procédé , qui est d'une précision absolue, l'analyse de la même matière, on retombe toujours sur les mêmes nombres à de si lé- gères différences près, qu'on est bien loin d'avoir jamais obtenu une préci- sion pareille. » Quelques exemples montreront, d'ailleurs, combien étaient graves les erreurs commises dans les anciennes analyses. G. R. , 1840, ame Semestre. CT. XI, N« 23 ) I 35* ( ioo8 ) » On trouvait dans la naphtaline 94 de carbone , nous en avons trouvé » La benzine, qui avait fourni 92,3 de carbone, nous en a donné 93>5; » Le camphre , qui en contenait 79,2, nous en a donné 80,2; » L'acide benzoïque, où l'on en a trouvé 69,2, nous en a fourni 69,98; » Et ainsi de suite de tous les corps bien purs et bien définis que nous avons analysés. » En faisant avec précision l'analyse d'un composé organique quel- conque, on trouverait donc entre le calcul et l'analyse un complet dé- saccord , si l'on prenait pour bonne la composition de l'acide carbonique admise par M. Berzélius. Ce désaccord cesse dès qu'on emploie les résul- tats cités plus haut pour la composition de l'acide carbonique. » Du reste , par la méthode d'analyse que nous venons d'esquisser, la détermination de l'hydrogène acquiert une précision si extraordinaire, qu'on peut presque toujours en regarder le chiffre comme absolument exact. » Les deux objets que nous nous étions proposés sont donc atteints. Nous sommes certains de la composition de l'acide carbonique dans des limites étendues bien au-delà de ce qu'exigent nos recherches les plus dé- licates. Nous possédons un procédé qui permet de faire les analyses orga- niques avec une précision absolue. » Reste à parcourir le champ nouveau que ces recherches ouvrent à nos études; nous allons le faire avec toute l'ardeur qu'inspire la certitude d'être utile aux progrès de la science et avec toute la réserve néanmoins qu'impose la gravité des questions auxquelles nous sommes appelés à mettre la main, et qui sont sans contredit des plus sérieuses que la phi- losophie naturelle puisse atteindre, car elles touchent à la vraie nature des corps réputés simples. » calcul intégral. — Sur les intégrales multiples; par M. Augustin Cauchy. « Parmi les méthodes qui peuvent être employées à la détermination des intégrales simples ou multiples, l'une des plus fécondes est celle que j'ai appliquée à la détermination et à la transformation des intégrales sim- ples dans la première partie d'un Mémoire présenté à l'Institut le 2 jan- vier 18 1 5. Cette méthode consiste à remplacer, dans une intégrale donnée, ( io<>9 ) relative à certaines variables x, jrf zt. . ., un facteur de la fonction sous le signe f par une intégrale définie, choisie de manière qu'après ce rem- placement les intégrations relatives aux variables x, y, z,... puissent être facilement effectuées. On doit surtout remarquer le cas où l'un des fac- teurs de la fonction sous le signe /est une puissance négative d'une autre fonction. Souvent alors, pour rendre exécutables les intégrations relatives à x, y, z,. . ., il suffit de remplacer les puissances négatives dont il s'agit par une intégrale eidérienne de première espèce. Entrons à ce sujet dans quelques détails. » Considérons une intégrale multiple 8 de la forme P (i) • 8 =fjf ••• çpdxdydz..., P, Q étant des fonctions réelles ou imaginaires des variables x, y, z, . . . , et s une constante positive, ou même une constante imaginaire dont la partie réelle soit positive. Désignons d'ailleurs par T (s), avec M. Legendre, l'intégrale eulérienne de première espèce j^t'-'e-'dt. Si la fonction Q, ou du moins sa partie réelle, reste toujours positive entre les limites des intégrations relatives aux variables x, y, z,..., on aura Q' r(.)i, ' e m> et par suite . # * = F$ 'tfff <«"*?$ àxdydz...dt. Concevons maintenant que, P, et Qy étant des fonctions de la seule va- riable x; P„ et Q/y des fonctions de la seule variable y; Vu et Q^ des fonc- tions de la seule variable z, . . ., on ait (3) P = P^P,,,. . ., et Q = Q, + Q„ + Q„ + . . . Alors, en posant, pour abréger U =fvie-Q'dx, V —fv^-'dy, W = fv^e-^dz, . . . , i35.. ( IOIO ) on tirera de la formule (2) (4) s = i^/;V--uvw...rf, Donc alors, si l'on peut obtenir en termes finis les valeurs de U, V, W, . . . considérés comme fonctions de t, la détermination de l'intégrale mul- tiple S se trouvera réduite à la détermination de l'intégrale simple r°v-uvw...cfe. » Si l'on supposait la fonction Q liée aux fonctions non plus par la seconde des équations (3), mais par la suivante (5) Q= 1 + Q, + Q„ + Q,„ + ...; alors, au lieu de la. formule (4), on obtiendrait celle-ci (6) ' s = ^J,™t-1XJYW...e-tdt. » ire application. Supposons P => xljmz" ...eaxebre"..., et Q = 1 4- *x + fy + yz -f- . .., /, m, n,. . . désignant des nombres entiers, et a, b, c,. . . , a, 6, y,. . des constantes réelles ou imaginaires; en sorte qu'on ait rrr x' rm z" • . ■ e" e*r e" . . , , , Supposons d'ailleurs, pour fixer les idées, les intégrations relatives aux variables x,y, z, ... effectuées par rapport àx, à partir d'une certaine origine x = £; par rapport à ^, à partir de l'origine y= X; par rapport à z, à partir de l'origine z = £;... Enfin, concevons que dans le second membre de la formule (7) la fonction 1 -f- eux -f- £7- -f- yz -j- . . . ( «on ) offre toujours une partie réelle positive; ce qui arrivera, par exemple, si, les deux limites de chaque intégration étant des quantités positives , chacune dès constantes a, ë, y, ... acquiert ou une valeur positive , ou une valeur imaginaire dont la partie réelle soit positive. On trouvera U = D'„r éa-*t)xdx=D =Ç -, etc., Vf « — al et par suite (8) a = — D„D,, D, ... / . — r .. .t'~' e-'dt. v ' r (s) J o a — ttt b —Si On se trouve ainsi amené à cette conclusion remarquable, que la fonction S de x, y, z, . . ., représentée, en vertu de la formule (7), par une intégrale multiple, peut être réduite à une intégrale définie simple relative à une nouvelle variable t, quelles que soient d'ailleurs les valeurs attribuéesaux premières variables x, y, z,.., ou à leurs origines £, », Ç,..., pourvu que la somme 1 -f- ax -f- £j H- yz + . . . , ou du moins sa partie réelle, reste positive entre les limites des in- tégrations. » Si, en attribuant aux constantes a, b, c, . . . des valeurs négatives, ou du moins des valeurs dont la partie réelle fût négative, on supposait chaque intégration effectuée, dans la formule (7), entre les limites o, 00 , on trouverait etc., et par suite . r(/4-i)r(TO+ i)r(ra+i)... /*» t'-1 e-'dt W r (s) J o («« — a)!+' (& — a)m+' (y/ — a)"+'. • "■ ' » Enfin, si dans les formules (7) et (9) on remplace Z, m, n,... par / — 1, m — 1, n — i ,..., et a, b, c, . . . par — a, — b, — c,.. ., elles don- ( IOI2 ) lieront /"*» /-» r>tx> xl~ ' ym~Izn~ * ...e~ttxe~ bre~~cs... , , , Jo/o/„ ••• (l + e-"..., et Q = i + ax+Cj +yz + .. . , Z, m, n, ... désignant des constantes positives, ou même constantes ima- ginaires dont les parties réelles soient positives; et prenons d'ailleurs pour limites des intégrations relatives à chacune des variables x, jr, z,..., les deux quantités o, oo ; «i en sorte qu'on ait n) « = / / / ... — ■— ,„ r "Z — r. — cfxdrdz. . . On trouvera U — ( " y- ■ c-(«+ ">dx — r (/) etr et par suite , on tirera de la formule (6) (,i-) X — r(*)|ftw)r" • f t'-'e-'dt ^ ; r(s) J. (a + «0,(*4-ff0"(«+>0"..." Donc la formule (io) subsistera certainement, pour des valeurs réelles ou imaginaires des constantes /, m, n,.,., a, b, c,..., a, €, y,..., toutes les fois que ces constantes ou leurs parties réelles seront positives. » Corollaire i'\ Si, dans la formule (io), on réduit les variables x, y, z,. . . ( ioi3 ) à une seule, et si l'on pose de plus a = i, on trouvera J0 (T+^>- X— T{s)J0 {Tût)1 Donc, en écrivant r au lieu de l, et x au lieu de t, on aura V*l r {r) J0 (i+«)' aX ~ r(s) J0 (. + *x y ax' Cette dernière formule, qui devient identique, dans le cas où l'on prend s = r, est précisément l'une de celles auxquelles j'étais parvenu par la méthode ci-dessus exposée dans le Mémoire du 2 janvier i8i5. On pour- rait de cette formule en déduire plusieurs autres dignes de remarque, en différentiant les deux membres une ou plusieurs fois de suite par rapport à r. Les nouvelles intégrales , comprises dans les formules ainsi obtenues, seraient les dérivées relatives à r des intégrales comprises dans la for- mule (i3); et, pour passer des unes aux autres, il suffirait de multiplier une ou plusieurs fois de suite la fonction sous le signe f par \{x) ou par — l(i -\-cuc), la lettre caractéristique 1 indiquant un logarithme népérien. » La formule (i3), et celles que l'on en déduira par des différentiations relatives à r, subsisteront certainement toutes les fois que les constantes r, s offriront des valeurs positives, ou des valeurs imaginaires dont les parties réelles seront positives. » Corollaire 2°. Si, dans la formule (10), on réduit à zéro les constantes a, b, c,. . . , elle donnera (/"/'"T" g'-'.r— »'-... dxdrdz , ,. lJo Jo Jo ' {i+ax+Ç j-\-yz -{-... )' J ) - r(Qr(wi)r(w)...r(j — /— m— «—...), 1 \ r(s) ~ «'Sray". . .' Cette dernière équation subsistera certainement, lorsque s, l, m, n,. . ., oc, 6, y,. . ., seront ou des constantes positives, ou des constantes imaginaires dont la partie réelle sera positive et que la partie positive de la constante s sur- passera la partie positive de chacune des constantes /, m, «,... Si, pour fixer les idées , on prend ( ioi4 ) on trouvera / », / ^O A Jo (l-f-* + J-+3-|- . ..)' y r(/)r(m)r(n)...r(j — l-m — n— ...) L'équation ( i5) est l'une de celles auxquelles est arrivé M. Binet dans son mémoire sur les intégrales eulériennes. Cette même équation de laquelle on déduit aisément la valeur de l'intégrale Jo Jo Jo dxdydz. . (i+x +^ + s'+...)" ne diffère pas au fond d'une formule que j'avais obtenue dans le temps de mes premières recherches sur les intégrales définies. Je la retrouve sous diverses formes , non-seulement dans un cahier de cette époque , mais aussi dans l'un de ceux sur lesquels j'écrivais les leçons que j'ai don - nées au Collège de France. J'étais parvenu à transformer l'intégrale multiple qu'elle renferme en un produit d'intégrales eulérienues de seconde espèce, c'est-à-dire de la forme rœxa~'dx f. en remarquant, par exemple, qu'il suffit de poser successivement *=(• -r*+jr)w, et 7==(i-f-ar>, pour établir l'équation V „ (r+w)'./ „ (i + vf—J 0 (fi- x)' et cette remarque m'avait fait d'abord espérer qu'on pourrait tirer de la formule (i5) des relations nouvelles entre les deux espèces d'intégrales eulériennes. Mais cette espérance ne s'est pas réalisée. J'ai pu seulement , en partant de la formule (i5), arriver à des relations que l'on sait exister entre les intégrales eulériennes de première et de seconde espèce. Ainsi, en particulier, si l'on réduit les variables x, y , z,. . . à une seule, et si l'on remplace la lettre / par la lettre r, on reviendra de la formule (i5) à ( roi5 ) l'équation déjà connue , j r™ j"-' dx r(r) r(s—r) [voir le résumé des Leçons donnés à l'École Polytechnique sur le Calcul infinitésimal, page i3i]. Dans le cas où l'on prend s= i, l'équation (16) se transforme, comme on le sait, en la formule r(r)T(i — r)= jJ*. que l'on peut encore écrire comme il suit : (18) r(i+r)r(i— r) snm-r D'ailleurs ce que nous avons dit précédemment suffit pour prouver que l'on peut dans les équations (17) et (18), attribuer à r non-seulement des valeurs positives, mais encore des valeurs imaginaires dont les parties réelles soient positives. » Si, dans l'équation (18), on pose en particulier r== a V^l, a désignant une quantité réelle , cette équation donnera (19)! f e~xcos(a\x)dx 1 -f- / e"~*sin (a \x) dx \ = — — ^f_— » 11 est bon d'observer que, pour revenir de l'équation (1 5) à l'équa- tion (i4), il suffirait de remplacer x par ax, j par £y, z par yz,. . . » J'ajouterai que des transformations semblables à celles qui nous ont conduits à l'équation (16) fournissent, comme l'on sait, une formule de M. Dirichlet, analogue à l'équation (i5), et d'autres formules du même genre, que divers géomètres ont obtenues en prenant pour point de dé- part celle de M. Dirichlet. » 3e Application. Supposons que, dans la formule (1), on prenne P = x CD» (»)••■ _ dccdrdz J -cJ -cej—»' ' [,_(,«x + ffiy + y«4....)l/— î]* Mais alors, en adoptant les notations du calcul des résidus, on trouvera U =f"œ'-:^((,(x)e.^-^))_:lr:((x(7)^'/-.)).--w<; et, si dans l'équation (21) on effectue l'intégration relative à t , on tirera de cette équation, jointe à la formule (20), ( r r r *w^^w- jXJrd- ' "^ ' -» 0 -00 » '" [i--(*r-f-Sr + yz+...)i/^7]*' » L'équation (22), comme toutes les équations imaginaires, se décom- posera généralement en deux autres, qui fourniront les valeurs réelles de deux intégrales multiples. Lorsque les fonctions { 1017 ) deviendront réelles, ainsi que l'exposant s, ces deux intégrales multiples seront les deux suivantes : /■»» /■»« /~»oo (Z). , .cos [f arc tang (*x -)- Cjr+r»-)- • ■ •)] fa.jy.fc et (*c+Cr4-y*V«-->*3* » Si l'on réduit les variables jc, j, z",.". . à une seule, la formule (22) donnera simplement r* »(«) ^ = 2W v/ZTV £ «'<«»> Lorsque la fonction .) Annales de Chimie et de Physique, tome LXVII, pnge 1 13. (3) Revue médicale, juin 1839. C. R., 1840, i">' Semestre. (I. XI, N°!I6.) »38 ( io3o } sexes, présentaient des indices de pouvoir rotatoire. Je n'y en ai pas trouvé; ou, tout au plus, accidentellement, des traces à peine sensibles. I! ne serait pas étonnant que la sécrétion du sucre s'opérât quelquefois en si petite proportion qu'elle échappât aux remarques habituelles, et qu'il n'en résultât aucune apparence de maladie. On pourra toutefois saisir ainsi cette sécrétion en quelque sorte dans sa naissance, et bien avant qu'elle soit devenue dangereuse. J'avais d'ailleurs constaté depuis long-temps que l'urée, qui entre si abondamment comme principe dans les urines saines, n'a pas non plus de pouvoir rotatoire appréciable. » J'avais eu aussi l'occasion d'observer l'action rotatoire du sucre de diabète solide, soit pur, soit combiné avec le chlorure de sodium , sur des produits qui m'avaient été remis par M. Péligot. J'avais trouvé, dans ces deux états, son pouvoir de même sens et de même ordre d'intensité que celui du sucre ordinaire d'amidon , ce qui s'accorde avec l'identité de com- position pondérale que l'analyse chimique leur attribue. Je m'exprime à dessein avec cette indétermination, quant a l'intensité, parce que l'expres- sion générique de sucre d'amidon comprend plusieurs produits que les chimistes n'ont pas jusqu'à présent distingués, quoique l'inégale énergie de leur pouvoir rotatoire les présente comme étant moléculairement dis- tincts les uns des autres. Nous en avons ainsi obtenu deux, M. Persoz et moi, qui apparaissent successivement, et soudainement , aux diverses pé- riodes d'action de l'acide sulfurique sur la fécule, dans un même milieu liquide, sous l'influence plus ou moins prolongée de la chaleur, et qui opèrent des déviations très inégales. Celui que M. Jacquelin a produit, en faisant agir -^ôô d'acide oxalique sur la fécule, à une haute pression, est aussi fort différent, sous ce rapport, du sucre d'amidon ordinaire. Je lui ai trouvé un pouvoir fort supérieur à celui du sucre de cannes, et plus que double de celui du sucre de diabète que m'avait remis autrefois M. Péligot. Ce dernier pourtant s'est trouvé absolument identique en pouvoir rota- toire avec un nouvel échantillon de ce même sucre de diabète que M. Pé- ligot m'a remis dernièrement, après l'avoir purifié avec un extrême soin; et leur pouvoir commun est bien inférieur à celui d'un sucre d'amidon que le même chimiste avait tiré des fabriques où on l'obtient par la diastase, mais qu'il n'avait pas analysé. Il serait essentiel d'examiner si ces sucres de fécule, à rotation très énergique , ne seraient pas des mélanges , ou des combi- naisons, de la dextrine avec le sucre d'amidon qui s'obtient par l'action prolongée de l'acide sulfurique et de la chaleur; ou bien encore si le même ( !û3l ) sucre d'amidon ne pourrait pas se combiner moléculairement avec l'eau, et même avec des sels, de manière à leur communiquer le pouvoir ro- tatoire, comme quelques expériences me le font soupçonner. Des re- cherches chimiques, ainsi dirigées, jetteraient certainement beaucoup de lumière sur la constitution moléculaire des corps. Mais, pour les entre- prendre, il faudrait se défaire d'abord de l'idée préconçue, et trop com- munément admise, que l'analyse pondérale suffit pour définir cette cons- titution. » La diversité des résultats précédents, quant à l'intensité du pouvoir rotatoire, indiquait assez que, pour obtenir des caractères pathologiques certains, il fallait étudier l'action des urines diabétiques elles-mêmes. Car, sans cela, on aurait pu, à la rigueur, clouter si le sucre extrait existait, soit pur, soit combiné, dans les urines, avec le même pouvoir rotatoire qu'on lui trouve; ou s'il ne se modifiait pas, sous ce rapport, par les pro- cédés d'évaporation , et par les réactions chimiques, à l'aide desquels on l'isole. C'était aussi le seul moyen d'établir un diagnostic actuel, d'un em- ploi certain. Je n'ai donc pas négligé cette épreuve immédiate, qi e MM. Breschet et Rayer m'ont mis en état d'effectuer complètement. » J'ai d'abord étudié l'urine d'un diabétique qui m'a été envoyée par M. Breschet. Elle avait été rendue en sa présence par un malade actuelle- ment à l'Hôtel-Dieu; et les personnes qui connaissent les hôpitaux ne se- ront pas étonnées que j'insiste sur cette précaution. Ce malade, soumis depuis quelque temps à un régime alimentaire composé en très grande partie de substances animales, était considéré comme étant en voie de guérison , quoique encore affligé de diabétisme. Aussi ai-je trouvé que son urine avait encore un pouvoir de rotation considérable, dirigé vers la droite de l'observateur, conséquemment dans le même sens que le sucre de diahète solide, qu'on retire par i'évaporation. Sa déviation observée immédiatement à l'œil nu, à travers un tube qui n'avait que 3/\']mm,6 de longueur, était-f- io°,6 w ■ On peut accroître la précision de ce carac- tère, en augmentant la longueur du tube, sans autre limite que l'opacité résultante de l'épaisseur du liquide observé, laquelle se trouve ici assez faible lorsqu'on l'a épuré par une filtration préalable. Mais l'épaisseur que je viens d'indiquer suffisait; car, avec un peu d'attention, il n'est pas pos- sible de se tromper d'un degré sur cette évaluation , qu'il suffit d'ailleurs d'employer comme indice comparatif dans les observations habituelles. i38.. ( io32 ) C'est ce que M. Boiichardat a reconnu lui-même: quoiqu'il n'eût jamais fait d'expérience de ce genre, il est arrivé tout de suite aux mêmes nombres que j'avais obtenus. Le peu d'opacité de ces urines diabétiques, après qu'elles sont filtrées , laisse parfaitement voir les couleurs que la dispersion des plans de polarisation développe. L'opposition instantanée des teintes bleue, puis rouge jaunâtre, que présente l'image extraordinaire, avant et après le point de passage auquel la déviation se mesure, offre un caractère d'une précision extrême, que l'on saisit avec la plus grande fa- cilité. » Les échantillons d'urine diabétique que M. Rayer m'a remis, ont donné lieu à des observations plus comparativement suivies. D'après les indications écrites que cet habile médecin a bien voulu me donner, ces urines ont été aussi rendues en sa présence, à l'hospice de la Charité, par un malade qui, malheureusement, n'avait réclamé les secours publics qu'après avoir souffert depuis quatre ans de cette infirmité , jusqu'à se trouver réduit à un point de maigreur et d'épuisement excessif. Le premier échantillon qui me fut remis par M. Rayer, le 18 décembre, me fut an- noncé comme devant être très chargé de sucre. En effet, l'observation du pouvoir rotatoire, Fafte dans un tube précisément de même longueur que l'autre, c'est-à-dire de 347mm,6, donna pour déviation, toujours vers la droite, !8°,5. Cette urine contenait ainsi presque deux fois autant de sucre que celle du malade de l'Hôtel-Dieu. Si ce sucre pouvait y être considéré comme libre, ou comme combiné avec des substances qui n'altèrent pas son pouvoir, l'urine en devait contenir de 1 10 à 120 grammes par litre; ce qui en effet ne dépasse pas les proportions extrêmes que M. Bouchar- dat m'a dit avoir retirées de pareilles urines, dans des cas pathologiques aussi excessifs. Mais, pour calculer ainsi, avec une entière certitude, la quantité pondérale de sucrecontetiuedans l'unité de volume, d'après la seule grandeur de la déviation observée à travers une épaisseur connue de liquide, il fau- drait que les deux conditions spécifiées ici eussent été préalablement cons- tatées par la chimie, au moyen des 'expériences que j'ai indiquées plus haut. Et c'est pourquoi, jusqu'à ce qu'elles aient été faites, je me borne à pro- poser le diagnostic optique comme simplement comparatif, ce qui suffit pour diriger le traitement. » J'ai profité de cette occasion d'urines si chargées pour vérifier si le sucre diabétique, étudié ainsi dans son état naturel de sécrétion, a, comme celui de fécule, la propriété de n'être pas intervertible par les acides. En ( io33 ) conséquence j'y ai ajouté, à froid, i4 parties en volume d'acide hydrochlo- rique pur, pour 81 d'urine filtrée, et j'ai abandonné ce mélange à lui-même pendant vingt-quatre heures. Je l'ai alors observé de nouveau; et j'ai trouvé que son pouvoir primitif n'avait éprouvé aucune modification appréciable; bien entendu, en tenant compte de l'expansion donnée à l'espace dans lequel le sucre pouvait s'étendre. Le résultat aurait été bien différent si ce sucre dissous eût été d'une nature interverti ble. Car, si c'eût été, par exemple, du sucre de cannes, la déviation aurait été transportée vers la gauche d'une quantité égale aux -^ de sa valeur primitive; de sorte qu'elle serait devenue de 7°,4 dans ce nouveau sens, ou même un peu moindre; parce que , après un si long contact de l'acide , à cette dose, une portion du sucre interverti aurait été déjà détruite, ce qui aurait affaibli le rapport que je viens d'indiquer. L'invariabilité de la déviation à espace égal, sous l'influence de l'acide, confirme donc l'analogie du sucre diabétique avec le sucre de fécule, que l'analyse chimique indiquait. Mais ces épreuves du sens de sa déviation, et de sa permanence, dans le liquide sécrété lui-même, étaient indispensables. Car il eût été possihle que le sucre qu'il renfermait possédât, avant d'être solidifié, un pouvoir rotatoire différent, ou même inverse, de celui qu'on lui trouve après l'avoir retiré à l'état solide; puis- que ce phénomène d'inversion s'opère dans le sucre de raisin, avant et après avoir été solidifié, ainsi que je l'ai prouvé depuis long-temps par l'expé- rience faite successivement dans ces deux états. Et cOmme,une fois qu'il est arrivé au second, il ne retourne plus au premier quand on le redis- sout, il est bien présumable qu'il éprouve quelque changement de com- position chimique en passant de l'un à l'autre, quoique la chimie n'ait pas encore cherché à constater ce singulier effet. » Quatre jours après les observations que je viens de rapporter, le 22 décembre, le pauvre malade de la Charité fut atteint d'une pleuropneu- monie du côté droit qui exigea qu'on le saignât. Depuis le 20 il avait été soumis à une privation absolue d'aliments solides. Ce même jour 22 M. Rayer m'apporta un échantillon de son urine: elle avait beaucoup changé d'appa - rence; elle était devenue plus chargée et plus rouge. En outre, sous la double influence de l'inflammation et de la diète , la quantité de sucre y avait considérablement diminué. Car, en l'observant dans un tube presque de même longueur, 3/f.5mm,6, elle ne produisait plus qu'une déviation de -f- 6° 0 au lieu de 4-18", 5 f , "et toujours dans le même sens. ( io34 ) Le poids du sucre contenu dans chaque unité de volume se trouvait donc ré- duit dans la même proportion, c'est-à-dire à peu près au tiers de ce qu'il était précédemment. Cinq jours après, le 27, la maladie inflammatoire s'aggravant toujours, et toute espèce d'aliment continuant d'être interdite, sauf quelques potions liquides, l'urine ne présenta plus aucune trace de pouvoir rotatoire. Par conséquent toute sécrétion de sucre avait cessé. L'infortuné succomba le lendemain. Combien n'eût-il pas été plus facile de le traiter, et de le guérir, si, dans les premiers temps où cette cruelle maladie se manifeste par l'invasion de la soif et d'une faim dévorante , il se fût présenté à l'hospice; et que la simple inspection de ses urines eût fait, en un mo- ment, reconnaître le mal qui le menaçait! » M. Rayer m'a donné à observer les urines d'un enfant affligé aussi d'une sécrétion exagérée de ce liquide, accompagnée d'une soif violente, comme dans le diabète sucré ordinaire. Mais cet habile médecin avait cons- taté qu'elles n'étaient pas fermentescibles, et qu'elles ne laissaient même qu'un résidu à peine sensible quand on les faisait évaporer. L'observation ne m'y a indiqué non plus aucune trace de pouvoir rotatoire appréciable. Les procédés optiques et chimiques s'accordent donc encore ici dans leurs indications. Il est sans doute facile, dans un cas pareil , de reconnaître l'inap- titude du liquide à la fermentation alcoolique, et de l'évaporer à siccité. Mais il est encore plus simple de l'introduire dans un tube, et d'arriver à la même conséquence par sa seule inspection. » M. Rayer avait pareillement désiré mettre à profit la saignée qu'il avait été obligé de pratiquer à son premier malade, pour savoir si le sucre de diabète s'infiltrait dans le sérum. Mais, soit par une circonstance propre à l'inflammation , soit parce que nous n'avions pas sous la main de papier à filtre d'une assez grande finesse, ce sérum n'a pas pu être débarrassé d'un caractère opalin qui a rendu l'observation optique impossible. C'est le seul obstacle qu'il faudrait surmonter pour décider ainsi cette question ; et même l'épreuve aurait alors un degré de précision tout spécial. Car j'ai depuis long-temps reconnu que le sérum du sang, dans l'état de santé, . exerce un pouvoir rotatoire dirigé vers la gauche, probablement en raison de l'albumine qu'il renferme, laquelle agit aussi dans ce sens. C'est ce que l'on peut aisément constater, soit sur le sérum même, soit sur le blanc d'œuf non coagulé. Maintenant, si le sucre des diabétiques s'infiltre en quelque proportion dans leur sang, il devra s'en dissoudre dans l'eau du sérum. Alors le pouvoir propre de ce liquide en sera affaibli ou même in- ( io35 ) terverti. Et il suffirait de bien petites quantités pour que le premier de ces effets, ou même le second devînt immédiatement manifeste. On devra ob- server une direction semblable de la rotation vers la gauche dans les né- phrites purement albumineuses, lorsque les urines seront assez transpa- rentes, ou auront été assez décolorées pour laisser passer la lumière; si toutefois la matière qu'elles renferment, et par laquelle on les désigne, est en effet de l'albumine, identique à celle du blanc d'ceuf ou du sérum. «Mais déjà, en bornant l'application des caractères optiques aux autres cas que j'ai indiqués, et dont j'ai rapporté des exemples, on voit qu'ils fourniront un diagnostic sûr, exact, et de l'application la plus facile, pour constater en un moment l'état diabétique des sécrétions urinaires. Par là on pourra reconnaître le commencement de cette maladie dès ses premiers indices, en discerner immédiatement les diverses particularités; la suivre dans toutes ses phases, aux diverses époques de chaque jour. On en con- clura donc instantanément les effets, bons ou mauvais, du régime au- quel on soumet les malades , ainsi que des spécifiques qu'on pourrait vouloir essayer sur eux. Qu'il me soit permis d'exprimer le vœu que je forme pour que les habiles praticiens , qui dirigent nos grands hôpitaux, établissent au moins dans un de ces asiles des maladies du peuple, l'ap- pareil simple, et j'ose à peine ajouter peu coûteux, qui pourra leur donner en un moment, à la seule inspection, les indications qu'ils s'ef- forcent d'obtenir par des procédés bien plus complexes. Sans doute , dans leurs mains, il pourra fournir encore bien d'autres applications utiles, qu'eux seuls sauront suivre, ou même concevoir (i). » (i) Dans une autre communication , j'indiquerai les petites corrections qu'il faut faire aux déviations imme'diatement observées à l'œil nu, à travers les urines colorées, pour obtenir les mêmes résultats que si on les eût observées à travers un même verre rouge, ce qui rend les déviations, ainsi réduites, exactement comparables entre elles. Je prou- verai aussi, d'après les lois générales des phénomènes rotatoires, que si ces déviations devenues comparables, sont opérées par une même substance active , dissoute en di- verses proportions dans un milieu inactif, leurs valeurs, calculées pour des épaisseurs égales, seront proportionnelles aux quantités pondérales de substance active conte- nues dans l'unité de volume des solutions observées; de sorte que, si ce poids absolu est connu pour l'une d'elles, il le sera pour toutes les autres, d'après la déviation opé- rée, sans qu'on ait besoin d'observer la densité des solutions, qui n'intervient pas dans le rapport dont il s'agit. On a pu remarquer que j'ai fait ici plusieurs fois usage de ce théorème. Biot. ( io36 ) MM. Magendie et Roux annoncent l'intention de faire établir dans les hôpitaux auxquels ils sont attachés des appareils de polarisation , et prient M. Biot de vouloir bien les aider de ses conseils pour la réalisation de ce dessein. M. Biot accepte cette invitation avec beaucoup de reconnaissance. M. Augustin Cauchy fait hommag I 39 ( io38 ) NOMINATIONS. L'Académie procède à l'élection d'un membre qui remplira, dans la section de Physique, la place vacante par suite du décès de M. Poisson. La liste présentée par la Section est la suivante : i° M. Despretz; 2° M. Cagniard-Latour; 3° MM. Péclet et Peltier (ex œquo); 4° M.Duhamel. Le nombre des votants est de 6o. Au premier tour de scrutin , M. Duhamel obtient 38 suffrages; M. Despretz 20 M. Peltier 2 M. Duhamel, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est dédire élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. MEMOIRES LUS. chimie. — Recherches médico-légales sur l'arsenic,- par MM. Danger et Cn. Flandin. (Commission précédemment nommée pour diverses recherches sur l'emploi de l'appareil de Marsh.) « Le 2*3 novembre dernier, en adressant à l'Académie un paquet ca- cheté, nous avons annoncé que nous nous occupions de recherches mé- dico-légales relatives à l'arsenic. Bien que le travail que nous poursuivons ne soit pas terminé, nous croyons devoir faire connaître dès à présent quelques résultats qui nous paraissent ne pouvoir être trop tôt publiés, » Les procédés de carbonisation en usage ne nous ayant pas donné des produits identiques, selon l'état des matières- animales, selon la quantité des réactifs ou la manière de les employer, nous avons dû chercher le mode le plus sûr pour obtenir de l'appareil de Marsh son maximum de ( '«3g ) résultat. A. force de recherches, nous sommes arrivés à un procédé qui nous a permis de manifester un grand nombre de taches sur des quantités de chair très minimes. » Cinq grammes de chair musculaire nous ont donné trois soucoupes remplies de taches. La même quantité du foie d'un adulte, du cœur d'un enfant, ne nous ont pas donné un résultat moindre. » Frappés de la similitude de ces taches avec celles que produit l'ar- senic, nous les avons soumises à des réactions comparatives. Dans l'un comme dans l'autre cas la flamme offre les mêmes modifications; une odeur fortement alliacée s'exhale ; les taches sont également miroitantes et volatiles; elles se dissolvent dans l'acide azotique et donnent des préci- pités de même couleur que les dissolutions arsenicales, soit qu'on les traite par l'acide sulfhydrique ou l'azotate d'argent. » Par celte coïncidence si remarquable, persuadés de l'existence de l'arsenic dans les tissus animaux, nous avons été conduits à chercher à déterminer en quelle proportion cet arsenic se trouvait assimilé ou com- biné avec nos organes. Mais alors, quels qu'aient été nos moyens d'inves- tigation, il nous a été impossible de ramener à l'état métallique la matière qui nous donnait tant de taches. Et cependant nous trouvions des quan- tités infiniment petites d'autres métaux mêlés accidentellement aux ma- tières sur lesquelles nous opérions. Ainsi obtenions-nous de l'antimoine sur 5o grammes du cadavre d'un individu que nous avons su, après l'expérience, avoir pris de l'émétique dans les derniers jours de sa vie. » Il est résulté de là, pour nous, un doute sur la nature arsenicale des taches que nous obtenions si facilement et en si grande abondance des matières animales non empoisonnées. Ce doute nous a forcés, à examiner isolément et avec plus d'attention les divers composés qui prennent nais- sance pendant la carbonisation. Nous avons reconnu que plus il se pro- duisait simultanément de sulfite d'ammoniaque, d'huile volatile animale et de phosphore à divers degrés d'oxidalion, plus on obtenait de taches au moyen de l'appareil de Marsh. Nous avons fait une synthèse. Nous avons fait passer un courant d'acide sulfureux dans de l'ammoniaque à laquelle nous avons ajouté quelques gouttes d'huile essentielle de téré- benthine. Après la complète saturation de l'ammoniaque, nous avons in- troduit le mélange dans l'appareil de Marsh Immédiatement nous avons obtenu des taches identiques, sous tous les rapports, à celles que nous avait données la matière animale: coloration de la flamme, odeur d'ail réactions avec l'azotate d'argent' et l'acide sulfhydrique, rien ne diffère, 1J9.. ( TO/fO ) surtout quand le mélange contient des traces de phosphite d'ammoniaque. Nous présentons ici un échantillon de taches ainsi obtenues. » Admettrons-nous que ces taches sont de nature arsenicale? Il faudrait alors admettre que nous formons l'arsenic de toutes pièces. Telle n'est pas notre opinion. Nous sommes parvenus à isoler la matière qui donne des taches avec l'appareil de Marsh. Elle est composée de sulfite et de phosphite d'ammoniaque, unis à une petite quantité de matière organique. Il suffit de mettre quelques milligrammes de cette matière dans un ap- pareil de Marsh pour obtenir immédiatement des taches. Mais comme dans le traitement qui nous a servi à isoler cette matière, nous avons dé- truit une partie de l'huile volatile qu'elle contenait, il est nécessaire de la lui rendre, si l'on veut obtenir des taches très prononcées. » Nous tirons de ces faits les conclusions suivantes : » i°. Il n'existe pas d'arsenic normal dans les chairs des animaux. » En existe-t-il dans les os, dans le terreau de certains cimetières? Nous traiterons très prochainement ces questions devant l'Académie. » a°. Les taches que fournissent, avec l'appareil de Marsh, les matières animales non empoisonnées, ne sont que l'effet d'une réaction des sulfite et phosphite ammoniacaux sur une huile volatile organique, sous l'influence d'une force électro-chimique. » Dans une communication qui fera suite à celle-ci nous indiquerons les moyens d'isoler complètement les véritables taches arsenicales et de les distinguer d'avec celles qui en présentent à un si haut degré les apparences. En outre, nous ferons connaître un nouveau procédé qui permettra d'é- viter toute confusion à cet égard et qui donnera immédiatement l'arsenic à l'état métallique. » La matière animale à l'une des phases du traitement que nous lui fai- sons subir, et dans la condition où la montre l'échantillon que nous mettons sous les yeux de l'Académie, est à un état stable qui per- met de la conserver indéfiniment. Pour exécuter cette préparation il n'est nul besoin d'un chimiste. Ainsi, qu'une expertise médico-légale soit demandée dans une localité qui manque d'hommes habitués aux re- cherches toxicologiques, il suffira au magistrat instructeur de faire pré- parer par un pharmacien telle ou telle partie du cadavre sur lequel il s'agit de retrouver le poison , et d'envoyer la matière ainsi préparée à des chimistes de profession pour en faire l'analyse. De la sorte tout déplace- ment peut être évité aux experts juridiques, et l'analyse médico-légale être toujours confiée aux mains les plus habiles. » ( io4i ) physique. — Recfierches expérimentales sur le mouvement des liquides dans les tubes de très petits diamètres; par M. le docteur Poiseuille (Suite.) (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Arago, Savart, Savary, Piobert.) II. Influence de la longueur sur la quantité de liquide qui traverse les tubes de très petits diamètres. « Pour déterminer l'influence que peut avoir la longueur du tube, nous avons cherché les temps que met à s'écouler une même quantité de liquide, sous la même pression, et à la même température, en donnant au tube différentes longueurs. » Mais cette marche exige que les tubes de verre soient parfaitement cylindriques ; il n'en est point ainsi , tous sont coniques : cependant en faisant un choix sur plusieurs centaines de tubes, nous en- avons trouvé un certain nombre qui, s'ils ne sont pas rigoureusement cylin- driques, peuvent être considérés comme tels, par suite des petites diffé- rences de omm,ooi à omm,oo2 qu'offrent leurs diamètres aux deux extré- mités, pour une étendue de ioomm à i5omm. On a eu le soin de noter ces petites différences dans les diamètres des extrémités de chaque tube, et d'en tenir compte dans les résultats qu'on a obtenus. » Les diamètres ont été mesurés par deux moyens: dans l'un, on s'est servi de la caméra lucida adaptée au microscope horizontal d'Amici, après avoir toutefois déterminé le pouvoir amplifiant des lentilles, à l'aide d'un micromètre ; dans l'autre moyen on a fait passer un grand nombre de fois une certaine quantité de mercure à travers le tube dont on voulait avoir le diamètre , on a mesuré chaque fois la longueur de la colonne de mer- cure correspondante, on a recueilli toutes ces petites quantités de mer- cure, on en a déterminé le poids à l'aide d'une balance de Fortin, et par suite le volume; en divisant ce volume par la somme de toutes les co- lonnes de mercure, on a obtenu, pour la température à laquelle on a opéré, la surface d'une coupe du tube perpendiculaire à son axe, et conséquemment le diamètre du tube, ou son diamètre moyen s'il est ova- laire. L'un et l'autre mode ont conduit aux mêmes résultats; mais le se- cond exigeant un temps très considérable: nous avons préféré le premier, qui a d'ailleurs l'avantage de donner les petites différences qui peuvent exister, entre les diamètres du tube, lorsqu'il est ovalaire, comme il arrive le plus souvent. . ( io/b ) » Les longueurs des tubes ont été déterminées à l'aidfc d'un compas à verges de M. Gambey; à ce compas est adapté un vernier qui donne des vingtièmes, et, au besoin, des quarantièmes de millimètre. » D'après ce que nous savons de la loi des pressions , il était indifférent de prendre telle ou telle charge dans l'écoulement ; nous avons adopté la pression de r]jBm7a de mercure; quant à la température, nous avons agi à io°cent. » Rapportons maintenant les résultats que nous avons obtenus. » La longueur du tube est de ioomm,3a5, ses diamètres sont : mm I J __ n nfiK Extrémité libre circulaire.. D = o,o845. Extrémité opposée.. » _~ ' 0- ' | D = 0,000. On sépare successivement de ce tube diverses portions, on a les longueurs ioomm,325; 74mm,o,5; 49mm,7J 24mm,4; ion,m,i5; 6mm,o25. » Remarquons que le tube primitif étant, à son extrémité libre, d'un calibre sensiblement plus petit qu'à l'extrémité opposée, tout tube de moindre longueur est alors d'un diamètre sensiblement plus grand que celui qui le précède. » Les temps que met à s'écouler le liquide de l'ampoule, pour les lon- gueurs précédentes, sont respectivement, 30o,o",8; 1060"; ioa8",4; 497"' 2o3", i4; i3£",2. » Supposons pour un instant que les temps soient en raison directe des longueurs des tubes, et cherchons, d'après cette hypothèse, le temps d'une expérience, en la comparant à celle qui la précède immédiatement, on aura pour le temps de la 20 expérience, i562" au lieu de i56o*; Pour celui de la 3e, io34" au lieu de io28",4; Pour celui de la 4e» 5o4" au lieu de 497" 5 Pour celui de la 5e, 206" au lieu de 2o3",i4- lies temps obtenus expérimentalement sont, comme on le voit, tous plus petits que les temps calculés, mais de quelques secondes seulement ; aussi sommes-nous déjà conduit à penser que l'hypothèse des temps en raison directe des longueurs, est tout-à-fait fondée; car s'il en est ainsi, les temps obtenus par l'expérience doivent être tous sensiblement moindres que ceux qui résultent de notre hypothèse, puisque tout tube de moindre longueur étant d'un calibre sensiblement plus grand que celui du tube qui le précède, et auquel on le compare, le temps correspondant à l'é- ( io43 ) coulement d'une même quantité de liquide doit être nécessairement sen- siblement plus petit. » Mais si le tube, au lieu d'avoir, comme le précédent, son extrémité libre d'un plus petit diamètre que celui de l'extrémité voisine de l'ampoule, offre une disposition contraire; si l'on a Îi M II ! III Jll d = o,o46o, Extrémité voisine ( d =o,o4?.5, D = 0,0470, de 1 ampoule. \ D = o,o445, et qu'on procède à l'égard de ce tube, comme nous venons de le faire précédemment; alors les temps obtenus expérimentalement sont, au con- traire, tous plus grands de quelques secondes que ceux donnés par le calcul en vertu de notre hypothèse; c'est ce qui devait nécessairement ar- river, puisque tout tube de moindre longueur est ici d'un calibre sensi- blement plus petit que celui qui le précède. » De là nous croyons pouvoir conclure qu'effectivement, les temps sont en raison directe des longueurs. » Le premier tube réduit à 6mm,025, et qui pour cette longueur ne pré- sente plus la Toi des pressions, n'offre plus la relation que nous venons de constater pour ioomm,325; 74""m,95; 49mm,7; 24mm,4 et 10""", i5; mais de même que nous l'avons vu relativement à la loi des pressions, le temps, lorsque le tube a 6ram,o25, est proportionnellement plus grand que celui que donnerait la relation des temps en raison directe des longueurs; ainsi la sixième expérience comparée à la cinquième, donnerait, d'après cette relation, i2o",5, lorsqu'on obtient par l'expérience i3i",2. » Des résultats tout-à-fait analogues sont fournis par des tubes dont les diamètres sont omm,i4i6; Omm,u34. » Un tube de diamètres plus petits , mm . mm _, , . ... ( d = 0,0286, „ ... . I d = o,02o33, Extrémité libre.. ] _. „ Extrémité opposée... { ^ , ! D = 0,0290, " | D = o,o3ooo, donne pour les longueurs 23""", 1; 8mm,5; 2mm,i, les temps respectivement égaux à 2ûo3",4; 734",g ; iy8",i; en cherchant, comme précédemment, le temps d'une expérience comparée à la précédente, on trouve, 737", 18 au lieu de 734",g; et i8i",3 au lieu de 178",!. » Enfin, un tube dont le diamètre est o""",oi39^, et par conséquent peu différent de celui des vaisseaux capillaires des mammifères, donne pour ( io44 ) les longueurs i8mm,5o et imm,25 les temps respectivement égaux à 1240" et 84*,5; le temps de la seconde expérience comparée à la première se- rait, d'après la loi des longueurs, 83",5 au lieu de 84",5. » De ce qui précède, nous concluons que les temps de l'écoulement d'une même quantité de liquide, à la même pression et à la même tem- pérature , pour les tubes de très petits diamètres que nous considérons , sont en raison directe des longueurs qu'ils présentent. » Le tube de o^ôo de diamètre, que nous avons cité dans le para- graphe précédent, vient aussi confirmer cette loi, pour les longueurs de 800 millimètres et 4oo millimètres. » Soit a la quantité de liquide écoulé par un tube dont la longueur est L, et pendant le temps t, si la longueur du tube devient — , le temps qu'exi- gera la même quantité de liquide a pour s'écouler sera, d'après la loi précédente, — ; alors la quantité de liquide écoulé avec le tube — pen- dant le temps t, sera ma : les produits sont donc en raison inverse des lon- gueurs des tubes. » Nous pouvons maintenant faire entrer la longueur L du tube dans la k' P formule précédente Q=AP, nous poserons k =j-, et il viendra Q — k'j, le coefficient k' n'étant plus qu'une certaine fonction du diamètre du tube et de la température, comme nous le verrons bientôt. » La loi des longueurs existant en même temps que celle des pressions , nous pouvons dire que la relation qui vient d'être établie a lieu aussi pour des tubes de omm,oi de diamètre, et dont les longueurs seraient de oB"n,3 à omm,5. De là nous pouvons conclure, toutes choses égales d'ailleurs, que tel système capillaire de l'économie , dont les vaisseaux offriraient une étendue en longueur 2, 3,4 fois moindre que celle des vaisseaux capil- laires de tel autre système , donnerait passage à une quantité de liquide 2 , 3 , 4 fois plus grande que celle qui traverserait ce dernier système. III. Influence du diamètre sur la quantité de liquide qui traverse les tubes de très petits diamètres. » Dans le but de satisfaire à cette question , nous avons déterminé les quantités de liquide écoulé dans des tubes de diamètres différents, sous la même pression, à la même température, et dans le même temps, les tubes ayant même longueur. ( io45 ) » S'il est rare de trouver des tubes cylindriques , il ne l'est pas moins d'en rencontrer de circulaires; aussi, dans le choix que nous avons fait parmi un très grand nombre de tubes, nous nous sommes arrêté à ceux qui pou- vant être considérés comme cylindriques, approchaient le plus d'être cir- culaires; on a donc trouvé leur ouverture légèrement ovalaire; mais, en la considérant comme elliptique, et cela sans erreur sensible, on a pu obtenir le diamètre moyen des tubes. » Sans entrer ici dans le détail des calculs qu'on ai dû faire, et qu'il est facile de concevoir d'après ce qu'il vient d'être dit ; nous allons rapporter les résultats que nous ont donnés les expériences faites sur sept tubes de même longueur et dont les diamètres varient de omm,oi3 à omm,65a. » La pression est ,j'j5mm de mercure; la température io° centigrades et le temps 5oo": on a le tableau suivant: TCBES. DIAMÈTRES EN FRACTIONS DB MILLIMÈTRE. PRODUITS EXPRIMÉS EN MILLIMÈTRES CUBES. M mm. 0,01394 mm. c. 1,4648 E 0,02938 28,8260 D 0,04373 l4> , 5002 C o„o8549 2067,3912 B 0,1 i3.|o 6398,2933 A 0,14160 i5532,845i F 0,65217 6995870,2463 » Les diamètres des tubes étant entre eux , en nombres ronds, comme 1 , a , 3 , 6 y 8 , 1 o et 5o , il a été facile de voir que les produits étaient en raison directe des quatrièmes puissances des diamètres. » En effet, en cherchant, d'après cette relation, le produit du tube M, comparé au tube E, il vient imm,c,,465o au lieu de imm,c',46/}8 que donne l'expérience. » En procédant de la même manière sur les tubes E, D, le produit de E est 28mm,c-,8o8 au lieu de 28mm-c-,826 obtenus par l'expérience. C. ll.,i84o,a'n«S«mej/r«. (T. XI, N°2G.) l4° ( io46 ) mm.c. mm.c. » Le produit du tube D comparé à C est i4i,63 aulieude i4i,5oo, » Le produit de C comparé à B est 2o66,g3 aulieude 2067,39» » Le produit de B comparé à A est 6389,24 aulieude 6398,29, » Le produit de A comparé à F est i5547,to aulieude 1 5532,84- » Si nous cherchons le produit d'un tube en le comparant à un autre dont le calibre soit beaucoup plus grand , par exemple, M à D, on a pour le produit de M; imm-%464i5 au lieu de imm-%4648. « Le diamètre du tube F est environ 5o fois plus grand que celui de M, et par conséquent offre un calibre 25oo fois plus considérable; le produit du tube M comparé à F, est iram-%46448 au lieu de imn,-c4648. » Le produit de C comparé à F, est 2o65mm,c-,g2 au lieu de 2o67mm,c-,3g. » Toute autre combinaison de deux tubes donnant des résultats aussi satisfaisants, nous sommes en droit de conclure que les produits, toutes choses égales d'ailleurs, sont entre eux comme les quatrièmes puissances des diamètres. » En joignant ce résultat à ceux obtenus précédemment , il viendra pour l'équation du mouvement des liquides dans nos petits tubes, D représen- PD4 tant le diamètre, Q = k" -y—, k' étant un coefficient constant pour la même température et la même intensité de la pesanteur. « Nous avons déterminé la valeur de A" pour chacun de ces tubes, en mettant à la place de Q, P, D, L les nombres qui leur correspondent, et en supposant le temps de l'écoulement égal à 1"; on a obtenu : Pour le tube M k" — 24g5, Soi Pour le tube E k" = 2496 , 00 , Pour le tube D k" ■=■. 2494 >42> Pour le tube C k " = 2497,77, Pour le tube B k" == 2496,20. Pour le tube A k" = 2492 ,67 , Pour le tube F k" = ifaS , 00 . Ces valeurs de k", comme on le voit, diffèrent très peu les unes des autres, la moyenne étant 2495,224; l'équation ci-dessus devient Q= 2495,224 -s- à la température de io° c. Si la pression, au lieu d'être déterminée, comme nous venons de le faire, par une charge de mercure , l'était par une charge d'eau distillée, la formule deviendrait, toujours à io° c, Q = 183,783 -*- . ( io47 ) » L'expression de la vitesse, tirée de l'équation Q=A"— ^ — est L A.k" P D! V = — .— jr— (7r représentant le rapport de la circonférence au dia- mètre). Ainsi la vitesse, dans les tubes de très petits diamètres, est pro- portionnelle à la pression, en raison inverse de leurs longueurs, et pro- portionnelle au carré de leurs diamètres. » La formule de M. Navier, déduite par l'analyse , d'hypothèses faites à priori sur l'état des molécules fluides en mouvement, est V = H.-^— (H étant un coefficient constant); elle diffère de la précédente en ce qu'elle contient la première puissance du diamètre du tube, au lieu de la seconde. » Les dimensions des tubes capillaires de l'économie animale, étant telles que les lois du mouvement des liquides que nous venons d'établir, s'y appliquent parfaitement; il résulte qu'en considérant les systèmes ca- pillaires de deux organes, si les vaisseaux capillaires de l'un sont, par exemple, d'un diamètre 2 fois plus grand que celui des capillaires de l'autre, il passera dans le premier, toutes choses égales d'ailleurs, 16 fois plus de liquide que dans le second. P D^ » Il serait important d'examiner si l'équation Q = A:"-^— existerait en- core pour des tubes de diamètres plus grands que ceux que nous avons considérés. Les expériences de Dubuat, de Gerstner et de M. Girard, faites sur des tubes de diamètres compris entre 1 et l\ millimètres, ne s'appli- quent point à notre formule; mais les résultats que nous a offerts le tube de omm,65 de diamètre, d'un calibre beaucoup plus considérable que celui de nos autres tubes, coïncidant avec ceux de ces derniers, lorsque toutefois sa longueur est suffisamment grande, nous font présumer que les tubes employés par ces auteurs ne présentaient pas une longueur assez étendue, eu égard à leurs diamètres, pour que les phénomènes de mouvement qui s'y rapportent pussent s'accorder avec la formule Q = k" — '■ — . Nous nous sommes alors proposé d'agir sur des tubes de plus grand calibre, en leur donnant une étendue de plus en plus considérable; mais notre appa- reil qui, pour le tube de omm,6~> de diamètre, présente déjà quelque diffi- culté, ne peut se prêter à ces sortes de tubes; il nous aurait fallu en cons- truire un autre tout-à-fait différent de celui que nous avons employé, et qui aurait exigé des dispositions qu'il était impossible de rencontrer dans 140. ( «o48 ) notre laboratoire; mais, avec l'aide de M. Savart, qui a bien voulu mettre à notre disposition une partie de son observatoire hydraulique du Collège de France, nous espérons pouvoir étendre ces recherches à des tubes de dimensions beaucoup plus considérables, et déterminer quelles sont les limites de grandeur pour lesquelles les lois du mouvement des liquides que donnent les tubes de très petits diamètres cessent d'exister. » 11 nous resterait maintenant à exprimer la valeur de k" qui, pour io°c, est égale à 183,78, en fonction de la température ; nous avons agi depuis o° jusqu'à 45° c. et de 5 en 5 degrés ; nous avons vu pour nos tubes de petits diamètres, que la quantité de liquide écoulé à 45° était environ trois fois plus grande qu'à o°. Mais, dans la crainte d'abuser plus long-temps des moments de l'Académie, nous remettrons cette valeur de k" à une prochaine lecture. » micrographie. — Études des masses spongillaires ; par M. Laurent. (Extrait par l'auteur.) (Commission précédemment nommée, à laquelle sont adjoints MM. deMirbeletDutrochet. ) « A l'aide des observations faites sur les corps reproducteurs, sur les embryons et sur les individus à l'état parfait de Spongilles, jointes aux observations de soudure entre des fragments de ce corps organisé, on peut soupçonner le caractère zoologique des masses spongillaires. » Pour arriver à la démonstration du caractère de ces masses, il faut mettre à profit ces notions préliminaires et procéder à deux ordres d'ob- servations comparatives. » Le premier ordre de ces observations comprend l'expérimentation de la soudure qu'on peut obtenir dans des vases à eau stagnante en opérant sur les diverses sortes d'embryons, sur des fragments et sur des individus spongillaires à l'état parfait. » Les résultats de ces premières observations comparatives ne doivent être considérés que comme des données préparatoires, nécessaires pour procéder au deuxième ordre d'observations comparatives. Celles-ci doivent être faites en même temps, i° dans les vases à eau stagnante; 2° dans un bassin à eau courante , et 3° dans les divers habitats naturels des Spon- gilles. » Il résulte de toutes ces observations , répétées un grand nombre de fois : ( i°49 ) » i°. Que les masses spongillaires ne sont point des individus gigan- tesques, ni d»s successions de générations vivantes agglomérées les unes sur les autres ; » 2°. Qu'on obtient expérimentalement et qu'on peut recueillir naturel- lement des masses spongillaires naissantes; » 3°. Qu'on arrive directement par l'expérience , et par l'observation dans les sites naturels , à constater que toutes les masses spongillaires pro- viennent du rapprochement naturel, éventuel ou artificiel, de la soudure soit d'individus de divers âges, soit de masses plus petites. Les nombreuses variétés de masses spongillaires peuvent être distribuées en trois princi- paux groupes : PREMIER GROUPE. Masses spongillaires provenant de la soudure des diverses sortes d'embryons. i° Masses spongillaires par soudure d'embryons ciliés, libres; 2° — — d'embryons ciliés, retenus : 3° — — d'embryons cayeux ; 4° — — d'embryons d'ceufs de première saison ; 5° — — d'embryons d'ceufs d'arrière saison ; 6° — — de fragments de ces diverses sortes d'em- bryons. DEUXIÈME GROUPE. Masses spongillaires provenant de la soudure d'individus spongillaires à l'étal parfait. i° Masses spongillaires par soudure d'individus tous contemporains ; - - d'individus.. \ |es uns du même âge, i les autres d âges différents ; 3° , -- — d'individus tous de divers âges. TROISIÈME GROUPE. Masses spongillaires provenant de la soudure de masses plus petites. i° Masses de jeunes masses d'embryons spongillaires; 2° Masses de masses d'individus spongillaires à l'état parfait ; 3° Masses composées d'agglomérats d'embryons et de masses d'individus spon- gillaires à l'état parfait. » Pour parvenir à expliquer toutes les irrégularités de forme des masses spongillaires, il faut, connaissant leur caractère zoologique, avoir égard ( io5o ) aux formes des divers corps sous-fluviatiles, flottants ou immobiles, aux- quels elles adhèrent, et tenir compte delà rapidité, delà lecteur du cou- rant ou de la stagnation de l'eau dans les divers sites naturels qu'habitent les Spongilles. » La durée de la vie des masses spongillaires est subordonnée à l'iden- tité et à la diversité des âges plus ou moins avancés des individus ou des masses qui entrent dans leur composition. » La mort de ces masses, de même que celle des individus spongillaires, est produite normalement par deux sortes d'atrophie dont l'une est carac- térisée par la raréfaction , et l'autre par le racornissement graduel du tissu vivant, h micrographie. — Résultats d'observations microscopiques jaites sur les corps reproducteurs libres et vagants de /'Ectosperma clavata , et sur les embryons ciliés libres de la Spongille ; par M. Laurent. (Commission précédemment nommée, à laquelle sont adjoints MM. de Mirbel et Dutrochet.) « La nécessité de porter, autant que possible, une vive lumière sur les caractères communs et différentiels des corps organisés placés aux der- nières limites de leur règne respectif, n'a pas besoin d'être démontrée. » Convaincu de la nature entièrement animale de la Spongille, et par analogie de tous les spongiaires, j'ai saisi l'occasion de controverser moi- même l'opinion que j'ai émise à ce sujet dans une Notice adressée à l'Aca- démie , dans sa séance du 1 7 septembre 1 838. » Etant parvenu , en novembre dernier, à me procurer abondamment les corps reproducteurs libres et vagants de ï'Ectosperma clavata , au moment où je possédais encore quelques embryons ciliés et libres de Spongilles, je me suis empressé d'étudier comparativement ces deux corps organisés , en employant les procédés convenables. » Unger (Nova Acta phjsico-medica.... Naturœ curiosorum, T. XIII, Part. II) ayant publié en- i8>5 sa découverte des corps reproducteurs de l' Ectosperma clavata, et ayant donné une description exacte de leurs mœurs, je n'ai pu que confirmer ses observations; mais il m'importait beaucoup de déterminer les organes du mouvement de véritable trans- lation ambulatoire de cet embryon végétal, et dans ce but, j'ai placé un grand nombre de ces embryons. ambulants dans un verre de montre qui contenait des embryons ciliés de Spongilles nageants dans l'eau . et j'ai observé ces deux sortes d'embryons , à l'œil nu, au microscope simple et ( io5i ) au microscope composé, depuis le grossissement de 5o diamètres jusqu'à celui de 900. » Il résulte de ces observations comparatives : » i°. Qu'en novembre, les embryons ciliés et libres des Spongilles se meuvent encore deux ou trois jours de suite , tandis que les embryons am- bulants de l' Ectospenna clavata ne tardent pas à se fixer aux parois du verre. Leurs mouvements cessentau bout de deux heures, d'une heure, et même quelques instants après qu'on les a recueillis; » 20. Qu'en portant sous le microscope composé ces deux sortes d'em- bryons vagants, on peut voir facilement au grossissement de 2 à 3oo dia- mètres , sous un jour très favorable, les cils locomotiles de l'embryon spon- gillaire, tandis qu'on ne peut en découvrir sur l'embryon ectospermaire. Un courant très manifeste est produit autour de l'embryon de la Spongille, tandis qu'on n'en voit pas autour de celui de Y Ectosperma clavata ; » Ces observations microscopiques ont été faites d'abord sur les deux sortes d'embryons placés l'un près de l'autre, ensuite à distance, mais sur le même glissoir en verre , et enfin sur un seul embryon de chaque sorte disposé chacun à part sur son glissoir; » 3°. Qu'en augmentant beaucoup plus le grossissement pour tâcher de découvrir les organes du mouvement de l'embryon ectospermaire, j'ai pu parvenir une seule fois à voir autour de cet embryon un tourbillonnement de globules excessivement petits; » 4°- Que Ies embryons ectospermaires vagants ressemblent beaucoup aux embryons spongillaires ambiants , sous le rapport de leur forme ellip- soïde et de la translucidité de leur extrémité la plus volumineuse qui est toujours en avant pendant la locomotion , et sous celui de la vitesse et de la direction variée de leurs mouvements; mais que les embryons ectosper- maires ont toujours une couleur verte très prononcée, tandis que les em- bryons spongillaires retirés artificiellement ou sortis naturellement des Spongilles les plus vertes nous ont toujours paru jusqu'à ce jour être blancs, quoique les embryons cayeux de ces mêmes Spongilles vertes soient aussi verts que leur mère. Les embryons ectospermaires sont un peu plus petits que les spongillaires. » chimie appliquée. — Sur l 'éclairage au gaz de la houille ; par M. Cu- Blondeau de Caholi.es. (Extrait.) (Commissaires, MM. Arago, Thenard, Savary, Pelouze.) « Au milieu des progrès continuels que font les diverses branches de ( io52 ) l'industrie, l'éclairage au gaz seul est demeuré stationnaire, et les usines chargées d'éclairer aujourd'hui la capitale fonctionnent d'après les mêmes principes et sont construites sur les mêmes bases que celles qui furent éta- blies à l'époque de l'introduction en France du nouvel éclairage. » Sans rechercher ici les causes d'un pareil phénomène, on ne saurait admettre toutefois que cette industrie aient atteint dès son origine le der- nier degré de perfection. Le moindre examen suffit pour faire reconnaître combien l'emploi du gaz est encore soumis à des inconvénients que la science doit chercher à faire disparaître, encouragée qu'elle est par le dé- veloppement journalier de ce nouveau mode d'éclairage. » En étudiant la question de l'éclairage par le gaz, il n'est pas difficile de reconnaître que la décomposition de la houille est imparfaite, l'épuration du fluide vicieuse, son mesurage inexact, et la régularisation de la flamme tout-à-fait nulle. C'est sur les perfectionnements à apporter à ces quatre parties essentielles de cette industrie que j'ai dirigé mes recherches. » Le rendement de la houille n'a point augmenté depuis qu'on s'occupe à extraire de ce combustible minéral la lumière qui sert à nous éclairer. On doit même le reconnaître, de nos jours on est moins avancé qu'en 1727 , époque à laquelle le docteur Haies retirait de 1 58 gr. de charbon de Newcastle, 180 pouces cubes de gaz ( 340 lit. par kil. ). Aujourd'hui on n'obtient généralement que a3o à a5o lit. par kil. de combustible. » Une des causes qui se sont opposées à tout perfectionnement dans les procédés de décomposition de lahouille,provientdece qu'on a toujours cru en fabrique que la qualité du gaz diminue en même temps que la quantité augmente, de sorte qu'il s'établit une compensation telle, que l'on doit se contenter de la quantité obtenue sans chercher inutilement à l'augmenter. » Cette opinion erronée s'appuyait sur une donnée scientifique: on croyait que si à une basse température la houille produisait peu de gaz, du moins elle se transformait presque complètement en bicarbure d'hydro- gène, gaz très éclairant, tandis qu'à une température élevée, l'hydrogène proto-carboné, qui prenait naissance en plus grande quantité, ne donnait pas une somme de lumière égale à celle qu'on obtient au moyen du gaz bicarboné. On ne saurait admettre cette explication depuis que l'on sait que les gaz ne doivent leur pouvoir lumineux qu'à la présence des produits volatils qui les accompagnent , les saturent et leur communiquent, quelle que soit leur nature, un pouvoir lumineux suffisant. » D'après cela il s'agissait de rechercher en premier lieu quelle était la quantité de gaz à laquelle un kil. de houille pouvait donner naissance, afin de connaître le point vers lequel on doit tendre en fabrique , puis (' io53 ) déterminer les circonstances dans lesquelles la houille doit être placée pour pouvoir approcher de cette limite. » Après avoir démontré qu'un kilog. de houille peut donner naissance à 5io litres de gaz propre à l'éclairage, et qu'il n'en fournit que i5o au maximum dans la pratique , j'ai prouvé que cela tenait au mauvais sys- tème de distillation en usage, et qu'il fallait, pour se rapprocher du nombre que l'analyse indique, que la houille disposée en couches peu épaisses, se trouvât en contact immédiat avec les parois de l'appareil, de manière à ce que ses éléments, saisis par l'action d'une forte chaleur, se réunissent sous forme de fluide élastique permanent, auquel on doit encore faire parcou- rir un long trajet le long de surfaces chaudes pour opérer la décomposition complète des parties bitumineuses qu'il entraîne. ' » C'est en mettant ces principes en pratique que je suis parveau à retirer de la houille 38o litres de gaz par lui., c'est-à-dire i3o litres de plus qu'en fabrique. » Si la décomposition de la houille est imparfaite, l'épuration du gaz qui en provient laisse aussi beaucoup à désirer. Outre l'hydrogène sulfuré, dont on ne se donne pas toujours la peine de le dépouiller, il contient encore de l'ammoniaque et du sulfure de carbone que l'on n'a jamais cherché à lui enlever. La chaux dont on se sert dans l'épuration ordi- naire décompose le sulfhydrate d'ammoniaque, s'empare de l'hydro- gène sulfuré , met en liberté l'ammoniaque qui vient se mêler au gaz de l'éclairage et lui communique une odeur désagréable en même temps qu'il diminue son pouvoir lumineux. Il fallait s'emparer de ce gaz avant son arrivée dans les gazomètres: c'est ce que j'ai fait en me servant du coke recouvert d'une couche de chlorure de calcium , substances qui jouissent l'une et l'autre de la propriété d'absorber l'ammoniaque. » Le soufre que contient la houille venant à réagir sur le carbone à une haute température , produit un sulfure de carbone que l'on peut rendre moins volatil en le mettant en contact avec le soufre qu'il dissout. Une couche de soufre jointe à une couche de coke légère- ment imprégné de chlorure de calcium, suffit pour compléter l'épuration et empêcher que le gaz ne produise en brûlant du gaz sulfureux, qui, mêlé à la vapeur d'eau, altère les couleurs soumises à son action. » Ayant reconnu que tous les compteurs dont on se sert pour consta- ter la consommation du gaz sont sujets à de nombreuses causes d'erreur, j'ai cherché un mode de mesurage plus exact, en me servant de principes autres que ceux que l'on a mis à contribution jusqu'ici. Mon procédé est C. R. 1840, ame Semestre. (T. XI, N° 26.) 1 4 ' ( io54 ) fondé sur cette considération, que le gaz de l'éclairage est saturé de va- peur d'eau à la température à laquelle s'effectue sa combustion, en sorte qu'on peut, en absorbant cette vapeur au moyen de substances avides d'eau, telles que la chaux, la potasse, le chlorure de calcium, déterminer, par l'augmentation de poids de ces matières, la quantité de gaz consommé. En abandonnant la mesure des volumes pour recourir aux pesées, on suivrait la marche qui a été généralement adoptée en chimie , science à laquelle l'usage de la balance a rendu de si grands services en lui per- mettant de mettre plus de précision dans ses mesures. » Enfin , je parviens à régulariser l'émission du gaz au moyen d'un appareil dont la simplicité est telle, qu'il n'apporte aucune complication dans le service de l'éclairage. » Un Anonyme adresse, pour le concours de Statistique, une Note ayant pour titre : Statistique du département delà Haute-Loire. Le nom de l'au- teur est inscrit sous pli cacheté. (Commission de Statistique.) M. Percheron adresse, pour le concours au prix concernant les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre, un Mémoire sur le rouis- sage des lins et des chanvres. (Commission des Arts insalubres.) M. Bètovlle adresse une Note sur un niveau à eau à l'usage des arpen- teurs, avec une suite de tableaux pour la mesure absolue des hauteurs au moyen d'opérations faites avce cet instrument. (Commissaires, MM. Mathieu, Puissant, Gambey. ) CORRESPONDANCE. métallurgie. — Sur la soudobilité des métaux et sur le damassé dor et d'argent; par M. J. Focrnet. » C'est un préjugé admis en chimie, que parmi tous les métaux il n'y a que le fer et le platine qui jouissent de la propriété de se souder à eux- mêmes sans fusion préalable. Cependant quand on voit deux lamesdeplomb, ( io55 ) » parfaitement polies, acquérir par la simple pression une telle adhérence l'une pour l'autre, que malgré l'imperfection du contact, il faut un poids de plusieurs livres pour opérer la séparation, et qu'après cette disjonction les surfaces présentent de véritables étirements , on arrive à concevoir que le plomb lui-même doit être rangé au nombre des métaux soudables, avec cette seule différence qu'au lieu d'exiger Une température plus ou moins élevée, il possède déjà, dans les circonstances ordinaires, la molesse suffi- sante pour que la soudure puisse avoir lieu. » Cette dernière considération m'a fait entrevoir la possibilité de traiter diverses poussières métalliques de manière à les amener à un état d'agglomération , de ductilité et de cohésion parfaites sans passer par l'in- termédiaire de la fusion. J'exceptai pourtant du nombre les métaux aigres et fragiles, car le choc du marteau et la pression détruisent leur agréga- tion au lieu de l'augmenter. Cependant il serait peut-être possible de trouver des circonstances favorables à la cohésion de quelques-uns d'entre eux, puisque le zinc, par exemple, se laisse très bien étirer à la filière, à une température voisine du point d'ébullition de l'eau, et que j'ai obtenu une fois accidentellement du bismuth très pur et très ductile par une sorte de liquation, en opérant la sulfuration partielle d'une masse de ce métal; si même ma mémoire ne me trompe pas, M. Chaudet serait par- venu au même résultat en suivant une autre marche. » Il était évident encore qu'il fallait éviter, dans ces opérations, les inter- positions des poussières étrangères au métal à souder , parce qu'elles s'op- posent au rapprochement de ses molécules; par conséquent aussi il fallait éviter dans l'opération la formation des oxides qui jouent le même rôle que les autres -poussières. Le fer, par exemple , se soude à lui-même parce qu'il est capable de supporter, sans se fondre, une forte chaleur blanche qui permet d'obtenir la fusion de l'oxide des batitures que les coups de marteau font jaillir hors des surfaces mises en contact; c'est encore par la raison contraire que le même fer simplement étiré au laminoir et conser- vant une partie de son oxide dans l'intérieur de ses pores , n'offre souvent autre chose qu'un paquet de fibres sans union intime et entre lesquelles la loupe fait reconnaître une poussière grisâtre qui n'est que l'oxide inter- posé dont la présence détruit la cohésion de l'ensemble. » Ceci posé, j'opérai d'abord sur de l'argent pulvérulent réduit du chlo- rure par l'acide sulfurique et le zinc. Cette poudre, tassée dans un creuset, fut soumise à un simple recuit qui en rapprocha les molécules suffisam- ment pour qu'elles pussent supporter saus gerçures de très légers coups de i4i- ( io56 ) marteau. Cette première précaution prise, je chauffai de nouveau, puis je soumis la masse à un nouveau martelage et ainsi de suite, en sorte qu'au bout de quelques opérations j'obtins une barre parfaitement tenace, duc- tile et homogène, que je laminai et dont je fis fabriquer par la méthode du repoussé, un vase dont le poli mit en évidence la parfaite homogénéité. Ce traitement est, comme on le voit, la répétition exacte de celui qui a été suivi pour le platine. » J'essayai ensuite l'or obtenu en poudre par l'inquartation et le départ à l'eau forte 5 les résultats furent absolument les mêmes que pour l'argent. » Le cuivre devait se comporter d'une manière identique si je parvenais à m'opposer à la formation de l'oxide, et je tentai l'expérience sur la poudre métallique provenant de la réduction du peroxide par un courant de gaz hydrogène. Cependant j'éprouvai de grandes difficultés, à cause de la facilité avec laquelle il se forme des traces d'oxidule, même en opérant sous le charbon. La méthode qui m'a le mieux réussi est la suivante. Je choisis dans le tube quia servi à la réduction, un grumeau à peine cohé- rent de la grosseur d'une noisette; je l'imbibe d'huile et chauffe rapide- ment au rouge, à l'aidedu feu réductif du chalumeau, puis je martelle avec les plus grandes précautions; j'imbibe de nouveau d'huile, et ainsi de suite, en sorte que finalement il me reste, après un déchet notable, un petit prisme de cuivre rouge ductile que je peux ensuite forger et laminer comme l'or et l'argent. » Il est évident que l'oxide de nikel, qui se réduit par le moindre contact des vapeurs charbonneuses, et que la flamme réductive du chalumeau pré- cipite instantanément sous forme de pondre métallique, même au milieu du borax, se comporterait comme les métaux précédents et qu'ilserait possible d'obtenir ainsi des lames de ce métal jusqu'à présent si réfractaire. » Quoi qu'il en soit, la réussite si facile de mes tentatives sur l'or et l'ar- gent me fit concevoir la possibilité d'obtenir un damassé de ces deux mé- taux, damassé qu'il est impossible de produire par la fusion. Pour cela je disposai alternativement dans un creuset, des couches de poudre d'argent et d'or, et' l'opération me réussit à souhait, en suivant la même marche que pour les métaux pris isolément; mais la méthode imparfaite que je viens de décrire est naturellement susceptible de grands perfectionnements. On pourrait, par exemple , par le secours de la presse hydraulique, former une plaque de poudre d'argent suffisamment agglomérée pour se soutenir par elle-même. Cette plaque serait découpée à l'aide d'un emporte-pièce et l'on remplirait les vides avec de la poudre d'or aussi agglomérée. Il en ré- ( io57 ) suiterait une sorte de marqueterie que l'on condenserait par le recuit, puis parle martelage, et ainsi de suite, jusqu'à ce que la masse eût acquis la den- sité et la cohésion métalliques.. On conçoit qu'il serait très essentiel dans cette préparation de tenir compte de la contractilité des métaux; autrement il y aurait des solutions de continuité et par suite des déchirures. Cependant il ne faut pas trop s'effrayer de quelques légères gerçures qui pourraient se manifester au début de l'opération, car l'expérience m'a appris qu'elles fi- nissent par disparaître sous l'effet du marteau et du rapprochement molé- culaire. Il serait possible d'obtenir ainsi des caractères, des devises, des marbrures, en un mot des dessins quelconques d'or incrustés ou damassés dans une plaque d'argent, et réciproquement. Il serait possible encore de superposer l'or à l'argent et de fabriquer directement par ce procédé un doré aussi épais que l'on voudrait et plus solide que le vermeil ou le simple plaqué. » Le damassé serait encore susceptible d'être varié en polissant la sur- face or et argent, ou bien en donnant le mat soit à l'argent seulement par les eaux fortes , soit à l'or en passant sur sa surface du mercure que l'on vaporiserait ensuite. On pourrait encore modifier les résultats et produire des colorations en niellant l'argent ; cette opération m'a très bien réussi en enduisant la surface d'une lame d'argent avec de l'hydrosulfate d'ammo- nia-que et en exposant letoutdans unemoufleau degré dechaleur strictement nécessaire pour effectuer la combinaison du soufre et de l'argent; après quoi il faut retirer du feu, car autrement les inégales dilatations du sulfure et du métal détermineraient un décapage qui s'annonce par la décrépitation du sulfure. La masse ainsi sulfurée est d'abord terne et noire, mais le lami- nage que permet la ductibilité du sulfure d'argent en rapproche ensuite suf- fisamment les molécules pour que son éclat métallique et sa couleur bleue d'acier soient mis en évidence. » Je dois ajouter encore que, pour obtenir des effets agréables, il faut éviter de mettre l'or en trop petites masses dans l'argent, car dans ce cas il se forme un alliage des deux métaux identique à l'or anglais, qui, à cause de sa pâleur, ressort peu vivement sur la lame d'argent. » Par la même raison il faut se garder de pousser le laminage trop loin, autrement les parties d'or et d'argent qui sont alliées au contact s'étirent fortement et forment une zone intermédiaire plus ou moins large, dont la nuance est peu agréable. Cependant, en prenant les précautionsconvenables, on peut encore mettre à profit cette propriété que possèdent les deux mé- taux de s'allier sans fusion; car, en .passant ensuite les lames damassées à ( io58 ) l'eau seconde, on obtient une première série de zones ou de marbrures mates provenant de l'argent pur, puis une seconde série de veines blanches ou d'un jaune pâle, lesquelles, formées par l'alliage d'or et d'argent inattaquable, demeurent polies; et enfin, au milieu, régnent les bandes jaunes éclatantes qui sont de l'or pur. Je dois du reste me contenter d'avoir donné ces indications bien suffisantes pour mettre nos artistes sur la voie du perfectionnement, s'ils jugent que la découverte que je livre à la publicité soit susceptible de quelque emploi. » physique. — Sur les forces comparatives de différents éléments voltaïques ; par M. Ja.com. (Communiqué par M. Démidoff.) « Je prends la liberté de communiquer à l'Académie des Sciences la Note suivante , concernant la comparaison de la force de deux diffé- rents couples voltaïques à cloisons: l'un cuivre-zinc, chargé de sulfate de cuivre et d'acide sulfurique étendu de 6 parties en volume d'eau; l'autre platine-zinc, et chargé, d'après l'avis de M. Grove, d'acide nitrique con- centré et du même acide sulfurique étendu. Le premier couple , cuivre- zinc, avait 36 pieds carrés de surface ; le couple platine-zinc n'en avait que a,5. Pour mesurer la force du courant , je me suis servi de la balance électromagnétique de M. Becquerel. Cet instrument est précieux pour des mesures exactes , pourvu qu'on dispose les hélices de manière à pouvoir remplir les conditions d'équilibre stable qui nécessairement doivent exister dans une balance. On y parvient en ne faisant agir que la répulsion entre les barres magnétiques et les hélices. A cet effet l'une des hélices doit être fixée en-dessous, l'autre en-dessus desdites barres. Cette dernière hélice est traversée par la tige par laquelle la barre est suspendue au fléau de la balance; encore faut-il qu'une correction soit adaptée aux valeurs mesurées par la balance. Cette correction, dont d'autres travaux synchroniques m'ont démontré la nécessité , est comme le carré de la force du courant. En effet , soit A:' le courant actuel, k le courant mesuré par la balance, nous avons l'équation k = k1 — jà", d'où l'on déduit * = £(>-\A> -4*r)- ( »<>59 ) Pour ma balance j'ai trouvé, par une série d'observations, _/ = 0,00004228. ( Bulletin scientifique de l'Académie impériale des Sciences , t. V, p. 375.) » Le tableau suivant contient les expériences faites avec les combinaisons voltaïques en question. La première colonne contient les résistances L des hélices qui servent de fil conjonctif, résistance qu'on avait trouvée par d'autres expériences; les deux dernières contiennent la force des courants effectifs ou des courants mesurés en grammes et corrigés d'après la formule, indiquée plus haut. L. FORCE DU COUPLE cuivre-zinc. FORCE DU COUPLE platine-zinc. i35,3 a3,i osr,38o o«r,395 o*r,i35 » Soient A, A' les fonctions électromotrices, A, A' les résistances du couple même, on aura, d'après la formule de M. Ohm , les quatre équations suivantes : * = 38o, X -+• 23, I A a.+ i35,3 ~~ 97' /+A33,i = 39*> A' a'-t- i35,3 i35; d'où l'on tire A = 14610, A = i5,35, A' = a3ooo, A' as 35,, ou , prenant A' pour l'unité de surface qui est ici de 36 pieds carrés, A = 3g— = 2,4. » Soit s la surface totale d'une pile , z le nombre "des couples, C la force du courant , a une résistance quelconque; on a C = «As z''A -f- as' ( ioGo ) De cette équation il se déduit qu'on obtient le maximum de force si la pile est arrangée de manière que — = L, c'est-à-dire que la résistance totale de la pile soit égale à. la résistance du conducteur de nature quelconque qui entre dans le circuit et qui est étrangère à la pile. Comme, pour d'autres arrangements que ceux qui correspondent au maximum d'effet , il n'y a pas de relation constante entre différentes combinaisons voltaïques, on peut seulement les comparer et juger de leur préférence relative en se rapportant à ce maximum d'action. Or l'on a, en éliminant z, les équations C(mctct) = -T— = —7=, 2 y x» 2 y xu d'où l'on tire , en substituant les valeurs numériques trouvées plus haut pour A, A', A, A', / = j.0,06, et par rapport au nombre des couples, z' =s z. 0,6; c'est-à-dire, il ne faut qu'une pile de 6 pieds carrés de platine pour rem- placer une pile de 100 pieds carrés de cuivre, ou, par rapport au nombre • des couples : 6 couples chacun de 1 pied carré de surface de platine, produiront le même effet que 1 o couples de cuivre dont chacun offre une surface de 10 pieds carrés. » Cette supériorité éminente du platine s'est vérifiée par beaucoup d'ex- périences en grand. » météorologie. — Observations relatives aux étoiles fiantes , par M. Wartmann. « Le ciel ayant été couvert à Genève les nuits du 1 1 au i4 novembre 1840, nous n'avons pu faire aucune observation d'étoiles niantes; par contre, la nuit du 10 au 11 août de cette même année, un ciel pur nous a permis d'enregistrer en 6 heures \ d'observation, de 9 heures £ du soir à 4 heures du matin, temps moyen , 222 étoiles filantes. Nous étions six ob- servateurs; mais, à cause du grand clair deLune (car cet astre était dans ( io6ï ) le 1 3e jour de sa phase), nous n'avons explore que la moitié du ciel, soit les 1800 passant par l'est, le nord et l'ouest, laissant à dessein la Lune derrière nous. Parmi ces 22 a étoiles filantes, il s'en est trouvé 1 aussi bril- lante que Vénus, 4 ayant l'éclat de Jupiter, 41 brillant comme les étoiles de première grandeur, 3o comme celles de seconde, ^1 comme celles de troisième, 5g comme celles de quatrième, 27 comme celles de cinquième at 18 comme celles de sixième; en général les plus apparentes étaient toujours accompagnées d'une traînée lumineuse. Les trajectoires ont varié dans leur longueur, leur direction, leur durée; cependant celles qui se dirigeaient de l'est à l'ouest et du nord est au sud-ouest, ont été les plus nombreuses; les points d'apparition et de disparition ont été aussi j très divers: pas un météore n'a eu un mouvement ascendant, tous se sont effacés en l'air, sans bruit et sans parvenir jusqu'à terre. Mais une chose qui a fixé notre attention, et qui n'avait pas encore été remarquée jusqu'ici , c'est que dans le nombre des météores observés, il s'en est trouvé quatre qui ont affecté un mouvement demi-circulaire, c'est-à-dire qu'au lieu de se projeter sur le ciel en ligne droite ou peu sensiblement arquée, comme c'est ordinairement le cas, ils ont décrit Un véritable demi-cercle. » La nuit du 21 au 22 septembre de cette même année, les étoiles fi- lantes ont été ici très nombreuses et très brillantes; le ciel était clair, sans Lune, et l'air calme et sensiblement humide En 3 heures d'observation , de 7 heures à 10 heures, mon fils et moi nous en avons compté 106 dans tout le ciel, ce qui donne une moyenne de 35 par heure, nombre qui sur- passe de beaucoup les apparitions ordinaires. Elles se sont principalement projetées devant la grande Ourse, Céphée, le Dragon , Pégase, Andromède, la Lyre, l'Aigle, le Cygne, le Verseau. Quatre de ces étoiles filantes ont eu l'éclat de Vénus, 11 celui de Jupiter, 4?- ont brillé comme les étoiles de première grandeur, 18 comme celles de deuxième, g comme celles de troisième, i5 comme celles de quatrième et 7 comme celles de cinquième. Parmi les plus brillantes il y en a eu de teintes bleue, verte, blanche; presque toutes ont été accompagnées d'une traînée lumineuse, pas une n'a paru s'abaisser jusqu'à terre, toutes se sont effacées en l'air sans décré- pitation et sans bruit. » Cette manifestation inattendue d'étoiles filantes est remarquable par sa double coïncidence avec une perturbation de l'aiguille aimantée ob- servée à Bruxelles, à Parme, à Munich, à Prague, et avec une apparition d'aurore boréale observée à Bruxelles, par M. Quetelet , et à Parme, par C R, 1 «40, ime Semestre. (T. XI, 1S° 26.; *42 ( 1062 ) M. C0II3, qui de plus a vu un grand nombre d'étoiles filantes sillonner le ciel dans la région qu'occupait l'aurore. » Ne serait-ce point là , Monsieur, une circonstance qui indiquerait que ces aurores boréales et les étoiles filantes proviennent d'une source com- mune? On sait déjà, d'après les observations faites à Parme, à Milan et à Kœnigsberg, que lors des aurores du \6 décembre i83o, du 18 oc- tobre r836, du 28 juillet 18^7, des 7 mai, 3 septembre et 22 octobre 1839 el des 5 juillet et 19 octobre 1840, il y eut aussi une apparition remar- quable d'étoiles filantes, dont plusieurs avaient un brillant éclat : elles se montraient surtout dans les régions voisines de l'aurore, et plusieurs en venaient directement. Il serait donc convenable , ce me semble, de cber- cher à constater d'une manière positive si l'aiguille magnétique peut être influencée par la cause qui produit les étoiles filantes, comme elle l'est par celle qui donne naissance aux aurores boréales. Si l'on y parvenait une fois, la science aurait fait une nouvelle conquête, qui ne serait pas sans importance. » Outre les retours annuels des météores lumineux connus sous le nom d' étoiles filantes , il semble qu'un pbénomène d'un autre genre doive main- tenant prendre place parmi ceux qui ont des apparitions périodiques : je veux parler des aurores boréales. En effet, en consultant le Catalogue des principales apparitions d'étoiles filantes, publié par M. Quetelet, en i83g, à la suite duquel se trouve une liste des principales aurores bo- réales observées depuis le commencement de ce siècle, on voit, de même que dans les Annuaires astronomiques de M. Colla, de Parme, qu'à partir seulement de l'année 1827 jusqu'à l'année 1840, le phénomène s'est pé- riodiquement reproduit quatorze fois du 1.2 au 22 octobre, savoir: en 1827 le 16, le 17, le 18 et le 19; en 1828 le 10; en 1829 le 17; en i83o le 16 et le 17 ; en i833 le 12 et le i3; en i836 le 18; en 1837 le 18; en i83g le 22 et en 1840 le 19. » Serait-il possible que ces retours si remarquables eussent été ramenés par une cause purement fortuite? » M. Arago met sous les yeux de l'Académie un nouveau microscope simple que M. Lerebours vient d'importer d'Angleterre, où il est connu sous le nom de microscope Stanhope : c'est une modification d'une loupe déjà employée. La différence consiste en ce que les deux courbures sont calculées de manière que les objets appliqués sur une face vont se peindre au foyer de l'autre. 11 en résulte qu'en appliquant sur la première face C io63 ) un objet qui peut être observé par transparence, on est sûr de l'avoir tou- jours au point de vision distincte; tandis que dans l'instrument si connu de Wollaston, l'objet devant être maintenu un peu au-delà de la première surface, la moindre vacillation dans la main qui tient cet objet rend l'image confuse. physique appliquée. — Nouvelles applications des procédés ^alvano- plas- tiques. — Modification apportée au son d'un diapason en vibration quand on l'approche cVuneJlamme. — Lettre de M. Perhot à M. ^rago(i). « Je vieus d'apprendre, par un journal, que M. Sorel a annoncé à l'Académie des Sciences être parvenu, avec un appareil à courant constant, à fixer à froid sur le fer une couche plus ou moins épaisse et très adhé- rente de zinc, et qu'il a obtenu par ce moyen la fixation de plusieurs au- tres métaux les uns sur les autres. » J'ai en conséquence cru devoir envoyer immédiatement à l'Institut, pour y rester en dépôt, quelques objets rassemblés à la hâte, qui me restent des essais que je fais depuis plus d'une année sur les précipitations métalliques. » Parmi les objets contenus dans la boîte que j'ai adressée, il y a quelques essais d'un procédé d'incrustations métalliques que je suppose nouveau, et susceptible de recevoir quelques applications industrielles. J'obtiens ces incrustations à l'aide de courants galvaniques, en précipitant un métal d'une couleur, dans les parties rongées, d'après une méthode analogue à celle de la gravure à l'eau forte, d'une pièce métallique d'une autre couleur. » Ainsi qu'il était facile de le prévoir, les incrustations ont toute la per- fection de la gravure qui leur sert de moule, et l'imperfection des incrus- tations que j'ai eu l'honneur de vous adresser ne tient qu'à celle des nou- velles méthodes galvaniques que j'ai voulu essayer pour la gravure. » Pour ne pas abuser plus long- temps de votre bienveillance, je ne vous parlerai pas d'un nouveau procédé pour la dorure sur fer, acier, argent, plomb, étain, etc. «Comme il s'agissait pour moi de prouver des travaux faits depuis long- temps, j'ai pensé que l'on me pardonnerait d'envoyer, dans l'état de dété- rioration où ils étaient, les objets que j'ai retrouvés dans le premier (i) Cette Lettre est en ilatedu 20 décembre. 143- ( io64 ) moment. Si d'ailleurs la chose en valait la peine, je pourrais, pour prou- ver l'origine ancienne des résultats que j'ai obtenus, en appeler aux souvenirs de M. Pelouze, de M. Girardin, de M. Darnis, de M. Pru- sier, et de bien d'autres personnes. » Il y a long-temps que j'ai observé que la résonnance d'un diapason à fourchette en vibration est de beaucoup augmentée lorsque ce diapason est mis en contact avec la flamme d'une bougie, d'une lampe, etc. Cette expérience est si simple, que l'observation ne doit pas être nouvelle. » M. Miergues adresse une Note sur l'emploi économique que l'on peut faire des lignites d'Anduze. M. Savaresse écrit relativement à deux cas d'hydrophobie qui se sont présentés, à une année d'intervalle, chez des chiens qui buvaient habi- tuellement de l'eau contenant une notable proportion de sulfure de phos- phore. M. Savaresse pense que l'action du phosphore sur les organes géni- taux, à une époque où les chiens pouvaient être en chaleur, n'est peut-être pas étrangère au développement de la maladie. M. Vallot écrit que des crevettes d'eau douce qu'il avait laissées expo- sées dans un vase plein d'eau à une température de— 7°,5 cent., et qui ainsi furent pendant toute une nuit prises dans une masse solide de glace, recommencèrent à se mouvoir aussitôt que l'eau fut dégelée , et parurent n'avoir pas souffert de cet emprisonnement. MM. Flandin et Danger adressent un paquet cacheté portant pour sus- cription : Recherches médico-légales sur l'arsenic. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. A. ( io65 ) ERRATA. (Séance du 3o novembre.) Page 885, ligne 3i , au lieu de de leurs branchies desséchantes contre l'action de l'air, lisez de leurs branchies, contre l'action desséchante de l'air Page 886, ligne 4> au l,eu de les lames branchiales déployées, lisez les laines bran- chiales développées Page 887, ligne 9, au lieu de l'appareil, lisez l'appareil branchial Ibid. , ligne 14, supprimez le mot Ljgie.t. ( io6G ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. i/Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie royale des Sciences; 2* semestre 1840, n°25, in-4". Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Che- vredl, Savary, Dumas, Pelouze , Boussingault et Regn ault ; novembre i 840; in-8V Exercices d'Analyse et de Physique mathématique; par M. A. Cauchy , i ie liv. in-40 • Recherches sur le véritable poids atomique du Carbone ; par MM. Dumas et Stas. (Extrait des Comptes rendus de l'Académie des Sciences , n° 25.) {ii-4°. Étude nouvelle des phénomènes généraux de la Vie; par M. Gabillot; Lyon, 1840, in -8°. Mémoire sur la présence de l'Arsenic dans le sang et sur les précautions à prendre et les dangers à éviter dans une expertise médico-légale rela- tive à V empoisonnement par l'arsenic ; par M. le Dr Vanden-Broeck. (Ex- trait de la Revue scientifique de M. Quénesville.) In-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 6, décembre 18.40, in-8°. Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; 12" livrai- son, tome 19, in-8°. Revue critique des Livres nouveaux; 8e année , n° 11, in-8°. L'Instituteur, journal des Écoles primaires; 8e année, n° io, in-8°. Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie ; 8° année, décembre 1840, in-8°. Paléontologie française; par M. d'Orbigihy; io'Hv., in-8°. Revue zoologique; novembre i8/fo, in-8°. Notice sur /'Eurypterus de Podolie et le Chirotheriutn de Livonie; par M. Fischer de Waldheim; Moscou, 1840, in-8°. Huitième Notice sur les Plantes rares cultivées dans le jardin de Ge- nève ; par MM. Pyr et A. de Camdoi.le; in 4° ( 'o67 ) Mémoire sur la Diathermansie électrique des Couples métalliques; par M. le professeur Wartmann ; Genève, in-4°. On the expansion Sur l'expansion des arches; par M. G. Rennjk; brochure in-4°- Gazette médicale de Paris; n° 52, et Table de 1840, in-/,0. Gazette des Hôpitaux; n°* i5i , in-fol. La France industrielle; 24 décembre 1840. L'Expérience , journal; n° 182. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIQUES. JUILLET DÉCEMBRE l84o. TABLE DES MATIERES DU TOME XI. P.ges. Abyssiwe. — Observations météorologiques et observations sur l'état de l'agriculture dans ce pays ; par M. Lejebvre 167 Acide acétique. — Action de l'action sulfu- rique anhydre sur l'acide acétique ; Note de M. Melsens 36a Acide carbonique. Voir à Carbone. Acide nitro-saccharique. — Mémoire sur la composition du sucre de gélatine et de l'a- cide nitro-saccharique; par M. Boussin- gault. 919 Acide sulfureux. — Action de cet acide sur lTacide hypo-azotique. — Cristaux des chambres de plomb. — Théorie de la fa- brication de l'acide sulfurique ; Note de M. de Laprovoslaye 119 Acide sulfurique. — Action de l'acide sulfu- rique anhydre sur l'acide acétique ; Note de M. Melsens 36a Acides de l'azote. — Recherches sur les sels de plomb formés par les acides de l'azote ; par M. Péligot 860 Acides gras. — Examen d'un nouvel acide gras retiré de l'huile de palmes; Note de M. Frém? 87a Acides hydrogénés. — Existence de chlorures, sulfures, etc., dans les dissolutions obte- nues par l'action des acides hydrogénés liquides sur les oxides métalliques ; Let- tre de M. Munin 5C3 Acides nitrique, hyponitrique et nitreux. Voir à Acides de l'azote. Acides végétaux {Altération des). — Mémoire «ur l'altération des acides tartrique, ra- cémique, citrique, mucique et gallique, C. R., 1840, a« Semestre. (T. XI.) PngM. par les suroxides plombique et mangani- que ; par M. Persog 52 ( — Remarques de M. Biot à l'occasion de ce Mémoire ; importance des données qu'on pourraitobtenir, relativement à ces trans- formations, au moyen d'expériences sur le pouvoir rotatoiredes divers produits con- sidérés 526 Acoustique. — Nouvelles expériences d'acous- tique ; par M. Cagniard-Latour 608 — Théorie de la formation du son dans les cordes vibrantes, déduite de nouvelles expériences sur l'oscillateur acoustique ; par M. Cagniard-Latour ioa6 Voir aussi aux mots Voix, Cordes vi- brantes. Aérolithes. — Sur un aérolithe tombé le 17 juillet 1840 dans les environs de Mi- lan ; Note de M. Gregory 343 — Sur un bolide qu'on soupçonne avoir été la cause d'un incendie; Lettre de M. Vi- rusmor 293 — Sur une périodicité qui semble se mon- trer dans les chutes d'aérolitbes; Lettre de M. Capocci 35^ Aérostats. — M. René demande qu'il soit fait un rapport sur une Note qu'il a précédemment adressée concernant les moyens de diriger les aérostats 3 , , — Sur la forme à donner aux rames destinées à faire marcher des aérostats, et sur la manière dont doivent être mues ces rames; Note de M. Korilshy 36a et :jo5 — M. Lescuyer prie l'Académie de faire exa- miner quelques dispositifs qu'il a ima- 143 ( '07° ) ginés pour la direction des aérostats Affinité. — M. Atals lit un Mémoire ayant pour titre : « De l'affinité ou puissance de combinaison. » Agriculture. —Notes sur l'état de l'agriculture en Abyssinie ; par M. Lefebvre Aimantation. — Recherches sur l'aimanta- tion par les courants électriques ; par M. Ahria Air comprimé. — Sur l'action thérapeutique de l'air comprimé; Lettre de M. Tabarié. Observations relatives aux effets thérapeu- tiques du bain d'air comprimé; par M. Pravaz Algérie Observations médicales faites à la suite de l'expédition aux Portes de Fer; par M. Guyon De la plus grande longévité des anciens Romains de l'Algérie d'après les restes de leurs monuments tumulaires ; par le même Alimentation. — Note sur un nouveau moyen d'alimenter les classes pauvres ; adressée sous enveloppe cachetée, à la séance du 19 octobre; par M. Bustier Amazones. — Recherches sur les rapports existant entre les Amazones d'Asie et les Amazones américaines ; par M. de Para- ver Amérique. — M. de Paravey écrit relative- ment à des monuments mexicains qui lui paraissent fournir la preuve d'une an- cienne communication entre l'ancien et le nouveau continent, d'où serait résultée la transmission de dogmes religieux et de connaissances astronomiques — Note sur un terrain stratifié situé dans le haut des Cordillères , et sur les filons métallifères qui l'accompagnent ; par M. Domeyko — Recherches sur les rapports entre les Ama- zones asiatiques et les Amazones améri- caines; par M. de Paravey Analyse mathématique. — Mémoire sur l'in- tégration des équations différentielles ou aux différences partielles; par M. Cau- chy — Mcthode générale pour la détermination des mouvements des planètes et de leurs satellites ; par M . Cauchy — Sur les méthodes (générales à l'aide des- quelles on détermine les perturbations des mouvements des planètes ; par M. hiouville , — Sur les fonctions alternées qui se présen- tent dans la théorie des mouvements pla- nétaires; par M. Cauchy 297, 377 et — Méthode générale pour la détermination '«ges. 87a 226 ,67 26 910 56o 66a 630 609 i75 3.13 609 '79 25l 432 533 565 P«8<<- numérique des coefficients que renferme le développement de la fonction pertur- batrice ; par M. Cauchy ^53 — Note sur le développement de la fonction perturbatrice ; par M. Cauchy 5o I — Intégrales générales des équations différen- tielles qui représentent le mouvement de notre système planétaire ; par M. Cau- chy 5i2 et — Mémoire sur les perturbations des mou- vements planétaires et en particulier sur cul les du second ordre; par M. Cauchy.. — Mémoire sur la variation des éléments el- liptiques dans le mouvement des planè- tes ; par M. Cauchy 579 — Note sur les conditions de convergence d'une classe générale de séries ; par M. Liouville 6i5 et 676 — Mémoire sur la convergence et la transfor- mation des séries; par M. Cauchy 639 — Applications diverses des théorèmes rela- tifs à la convergence et a la transforma- tion des séries ; par M. Cauchy 667 — Sur la détermination simultanée de toutes les inégalités périodiques des planètes, lorsqu'on doit y comprendre des pertur- bations d'un ordre fort élevé par rapport aux excentricités et aux inclinaisons; par M. Le Verrier — Remarques nouvelles sur l'équation de Riccati ; par M. Liouville 729 — Sur la convergence des séries qui repré- sentent des intégrales d'un système d'é- quations différentielles; par M. Cauchy. — Sur les fonctions interpolaires; par M. Cau- chy — Sur la résolution numérique des équa- tions algébriques et transcendantes; par M. Cauchy 839 — Mémoire sur divers points d'analyse; par M. Cauchy 933 — Sur la détermination des inégalités sécu- laires des planètes , étendue aux termes qui , dans les équations différentielles , sont du 3e ordre par rapport aux excentri- cités et aux inclinaisons; par M. LeVerrier. — Note sur les intégrales multiples ; par M. Cauchy 1008 Anatomie comparée. — M. Duvernoy présente le tome VII des Leçons d'Anatomie com- parée de G. Cuvier, et donne une idée du contenu de ce volume Anatomiques (Préparations). — Sur un nou- veau procédé d'injection à froid pour les préparations anatomiques ; par M. de Li- gncrolles 345 — Reproduction en relief et en couleur de piè- ces anatomiques ; par MM. Robert et Phuz 1025 696 73o 775 9^7 543 Ancle {Trisection del').— Note de M. Schia- ( IO7 P.gM. 8a5 Antimoine. — Étude comparée de l'antimoine et do l'arsenic; paquet cacheté adresse par M. lacquelain (séance du 19 octobre). 636 Appareil de Marsh. — Note sur un nouveau mode d'application de cet appareil pour découvrir des qua»tités minimes d'arse- nic; par M. Lassaigne 606 — Sur quelques précautions à prendre dans l'emploi de l'appareil de Marsb ; Note de M. Dunglas 660 Remarques de M. Chevalier à l'occasion de cette Note 7o5 Sur la présence do l'arsenic dans divers réactifs dont on fait usage pour les opé- rations avec l'appareil de Marsh ; Note de M. Signoret 706 — Note de M. Coulier sur l'emploi de l'appa- reil de Marsh 767 — Modification apportée à l'appareil de Marsh, pour la recherche de l'arsenic dans les ca- davres ; par MM. Kœppelin et Kampmann. 916 Voyez aussi à Arsenic. Appareils divers. — Appareil pour mesurer la vitesse des courants, présenté par M. Lai- gnel s4 Tableaux comparatifs des expériences faites avec ces appareils et avec ceux qu'on employait précédemment ; par M. Laignel 121 — Nouvel appareil de vaporisation ; par MM. Turck et Carteron 4^' — Machines imitant la voix humaine; paquet cacheté adressé par M. Despierres (séance du 19 octobre) 636 — Figure d'un nouveau moteur ; adressée par une personne dont le nom n'a pu être lu 70'i — Description d'une nouvelle locomotive; par M. Maublanc 767 Arcs-en-ciel. — Sur un cas remarquable d'arcs. en-ciel secondaires ; Note de M. Quel .... 246 — Sur un arc-en-ciel lunaire ; Lettre de M. Forester ;ia Argent. — Procédé pour la soudure sans fusion de l'or et de l'argent : moyen d'obtenir un damassé de ces deux métaux ; par M. Four- net 1 o54 Arithmétique. — Rapport sur un Mémoire de M. Lucchcsini ayant pour titre: s Nou- velle méthode pour résoudre les problè- mes d'arithmétique. » :'f-li — Traité d'arithmétique rai sonnée ; par M. Gouillé ... 660 — Sur les moyens d'éviter les erreurs dans les calculs numériques ; Note de M. Cau- chr 789 et 826 ■ ) Pa|« - — Sur les moyens de vérifier ou de simplifier diverses opérations de l'arithmétique dé' cimalc ; par M. Cauchy ; . ' 847 — M. Jacoby présente à l'Académie un jeune pâtre des environs de Tours, chez lequel il a reconnu la faculté d'exécuter avec une facilité extrême les calculs numéri- ques les plus complexes 82e — Rapport sur les procédés de calcul imaginés et mis et pratique par cet enfant 9S2 — Propositions d'arithmologie élémentaire; par M. Léon Lalanne o/>3 Arsenic. — Note sur un nouveau mode d'em- ploi de l'appareil de Marsh pour décou- vrir des quantités minimes d'arsenic; par M. Lassaigne 606 — Élude comparée de l'arsenic et de l'anti- moine; paquet cacheté adressé par M. Jac- auelain (séance du 19 octobre) 636 — Sur quelques précautions à prendre dans l'usage de l'appareil de Marsh ; Note de M. Dunglas 660 — Sur les opérations qui ont pour objet de constater la présence de petites quantités d'arsenic ; par M. Chevallier ^o5 — Sur la présence de l'arsenic dans divers réactifs employés pour les opérations qui se font avec l'appareil de Marsh; Note de M. Signoret 706 — Remarques de M. Pelouze à l'occasion de cette Note Ibid. — Modification apportée à l'appareil de Marsh, pour la recherche de l'arsenic dans les ca- davres ; par MM. Kœppelin et Kampmann. 926 . — Recherches médico-légales sur l'arsenic; par MM. Flandin et Danger io38 et 1 064 Astacobdelles. — Note sur l'astacobdelle branchiale (sangsue des branchies de l'c- crevisse) ; par M. Yallot. 286 Astronomie ancienne. — M. Biot fait hom- mage à l'Académie d'un opuscule sur l'as- tronomie ancienne des Hindous, des Chi- nois et des Arabes 101 — Observation d'un phénomène céleste faite vers l'an 455o avant notre ère, et consignée dans une inscription en caractères hié- roglyphiques découverte récemment sur les parois d'une des chambres de la grande pyramide de Memphis ; par M. Thi- lorier 570 Atmosphère. — Sur un nouveau point neutre dans l'atmosphère; Note de M. Babinet,. 618 — Sur les changements que subit l'atmosphère pendant le développement de la tempé- rature élevée dans le spadice de la Colo- casia odora ; Note de MM. Vrolitk et de Vrièse 77' Attraction universelle. — Sur la pesanteur l43.. universelle et l'attraction moléculaire considérées comme résultant des proprié- tés connues de l'éther ; par M. de Tes- ( IO72 P.gts. san. M. Darlu adresse une réclamation de prio- rité à l'occasion, de cette communica- tion Aurores boréalbs. — Sur la lumière zodia- 481 575 Ptger. cale , les aurores boréales , etc. ; par M. Gandin 704 — Aurores boréales et aurore australe ob- servées dans le voyage de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du- Petit-Thouars. (Rapport sur les ré- sultats scientifiques de cette expédition.) 3i 7 Aurores polaires. — Voyez à Aurores boréales. Balances. — M. Maurice adresse, pour pren dre date, la figure d'une nouvelle balance qu'il fait en ce moment exécuter 824 Baromètres. — Comparaison des baromètres des principaux observatoires du nord de l'Europe avec ceux de l'Observatoire de Paris; par MM. Bravais et Harlins 710 Barométrique» (Observations) faites dans le cours du voyage de la frégate la Vénus. ( Rapport sur les résultats scientifiques de l'expédition commandée par M. le ca- pitaine Du-Petit-Thouars. ) 3o6 Bassinsfermés du département des Bouches-du- Rhône, étangs dont le niveau est inférieur à celui do la mer voisine ; Notes de M. Vallès 23 et 239 Lettre de M. d'Arcet sur d'anciennes ob- servations relatives à l'infériorité de ni- veau de ces bassins, comparé au niveau de la mer voisine . • . 168 Bateaux a vapeur. — M. de Iouffroy annonce l'application qu'il a faite de son appareil d'impulsion aux vaisseaux de haut bord et autres bâtiments de la marine militaire naviguant par la vapeur 56i Rapport sur le nouveau système de naviga- tion à la vapeur de M. de iouffroy . 659 et 687 Remarques de MM. Arago, Poncelet, Biot et Thenardb. l'occasion des conclusions de ce Rapport 65g Note de M. Curet sur des rames articu- lées qu'il croit analogues à celles des ba- teaux de M. de iouffroy 713 Sur un nouveau moyen d'employer un moteur quelconque, et principalement un moteur à vapeur, à la locomotion des bateaux ; Note sons enveloppe cachetée déposée à la séance du 16 novembre par M . Prisse 8a5 — Sur certaines conditions dans le mouve- mentdes pattes des oiseaux nageurs qu'on n'a pas reproduites dans le système pal- maire des bateaux à vapeur; Lettre de M. Darlu 877 BenzOïle. — Sur de nouvelles combinaisons azotées et sulfurées du benzoïle; Mémoire de M. Laurent • 660 Bétons. — Nouveau système de fondation à la mer en blocs de bétons ; Note deM. Poirel. 161 — Rapport sur ce travail 761 Voir aussi à Chaux hydrauliques. Bitumes. — Recherches chimiques sur les bi- tumes; par MM. Pelletier et Walter. ... 146 Bois (Conservation des). — M. Millet demande à répéter ses expériences sur la conserva- tion des bois en présence des Commis- saires qui ont été chargés de porter un jugement sur son procédé 210 — Bois colorés en masse par les procédés de M. Boucherie, employés dans l'ébénisterie comme les bois colorés naturels des pays tropicaux. 8a3 — Rapport sur un Mémoire de M. Boucherie concernant la conservation des bois 894 — M. Millet demande l'autorisation de re- prendre quelques-unes des pièces qu'il avaitdéposéesà l'appui de ses expériences 988 — Lettre de M. Letellier relativement aux pro- cédés de M. Boucherie 1 025 Bolides. — Sur un bolide que l'on suppose avoir été la cause d'un incendie ; Lettre de M. Vérusmor 292 — Lettre de M. Boutigny sur un bolide qu'il a observé le 2 novembre à Evreux 822 — Sur la direction dra bolides et sur le parti qu'on peut tirer des observations relatives a cette direction pour prévoir à l'avance les changements atmosphériques; Lettre dé M. Coulvier-Grayier 977 — Lettre sur un bolide observé à Chartres le 3o novembre; Lettre de M. Chasles à M. Arago 988 Bohbvx cecropia. — M. Audouin présente des larves vivantes de ce lépidoptère, nées en France d'individus qui y avaient été en- voyés de la Nouvelle-Orléans à l'état de chrysalides 96 Boussoles. — Recherches concernant l'attrac- tion locale exercée sur l'aiguille des bous- soles marines par les fers environnants ; par M. Coulier 1G8 Branchies. — Sur une nouvelle forme de branchies observée dans un crustacé dé- capode macroure ; par M. Duvetnoy 217 Briques. — Rapport sur unemachineà faireles briques , inventée par M. Camille Bromures. — Analogies entre les propriétés de certains bromures et celles qui dans l'iodure d'argent concourent à la produc- tion des images photographiques; Note ( io73 ) P«6«. 921 Page.. de M. Waller 568 Bulletins bibliographiques. . . 29, 126, 157, ai3, 948, 204, 363, 410, 430 >483j 532, 563, 5j6, 612, fôj, 664, 7'4> 773, 827, 879> 9I% 929> 99°> '020 et 1066 Cadrans. — Rapport sur un cadran solaire imaginé par M. de Saulcy, et qui donne di- rectement le temps moyen 6o3 Calao. — Description et figure de VAhba goumba d'Abyssinie; par M. Petit 168 Calcul intécral. Voir à Analyse mathéma- tique, Mécanique céleste. Calculs urinaires. — Note concernant quel- ques découvertes sur la destruction des calculs urinaires; paquet cacheté adressé par M. Millet (séance du 7 septembre).. . 440 — Procédé pour l'évacuation dos fragments après le broiement de la pierre dans la vessie ; par M. Rigal 863 Caléfaction. — Propositions physico-chimi- ques sur la caléfaction et l'état sphéroïdal des corps ; par M. Bouligny 167 — Continuation des précédentes recherches sur la caléfaction; par M. Boutigny 362 Camphre. — Etude du camphre solide et du camphre liquide de Bornéo, deux pro- duits que fournit , à différents âges , le Dryabalanops camphora; production arti- ficielle du camphre vrai (Mémoire de M. Pelouse sur les huiles essentielles , ir« partie) 365 — Expériences de polarisation sur le camphre liquide de Bornéo ; par M. Biot 371 Candidatures aux places pour lesquelles l'Aca- démie jouit du droit de présentation. — M. le Ministre de la Guerre invite l'Aca- démie à lui présenter un candidat pour la chaire d'analyse et de mécanique vacante à l'Ecole Polytechnique 123 et 56i — M. Comte demande à être porté sur la liste des candidats pour la chaire d'analyse et de mécanique vacante à l'Ecole Polytech- nique 210 — M. Sturm est nommé candidat pour la place de professeur de mécanique et d'analyse vacante à l'Ecole Polytechnique G06 — M. le Ministre de la Guerre invite l'Aca- démie à lui présenter un candidat pour la place de professeur de chimie vacante à l'Ecole Polytechnique par la démission de M. Gay-Lussac 872 — M. Regnault est présenté comme le candi- dat de l'Académie pour cette place 900 Candidatures aux places de membre ou de cor- respondant. — La section de Minéralogie présente comme candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Brochant de Villiers, 1° M. Dufrénoy, 2° M. Cons- tant Prévost, 3° M. Puillon-Boblaye . . . . 277 — M. lAmouzin-Lamoihe demande à être porté sur la liste de candidats pour la place va- cante dans la section d'Economie rurale.. 53 1 et 574 — M. Tollard se présente comme candidat pour une place de_ correspondant vacante dans la section d'Économie rurale 662 — M. de Gregory adresse une semblable de- mande _ |a — M. de Gregory retire sa demande 816 — M. Girardin se met sur les rangs pour la place vacante /j.H Chevaux. — Rapport en réponse à une ques- tion posée par M le Ministre de la Guerre, concernant le volume d'air nécessaire à la respiration d'un cheval à l'écurie aa3 074 ) Chimie atomique. — Mémoire sur la chimie atomique ; par M. Biot 6o3 et 620 Chimiques (Rayons). Voir à Spectre solaire. Chimiques (Théories). — Note 6ur quelques phénomènes de chimie organique qui s'ex- pliquent par la théorie de la chimie inor- ganique j^o Chine. — Sur certains préjugés répandus chei les Grecs et les Romains, et qui se retrou- vent également dans les livres des Chi- nois ; Lettre de M de Paravey 988 Chirurgie militaire. — Sur l'organisation du service de santé de l'armée égyptienne en Arabie; par M. Petit 168 Chloroxaméthane. — Note sur l'isomorphisme de l'oxa méthane et du chloroxaméthane; par M. de Laprovosiaye 635 Chlorures. — Sur la combinaison du cyanure de mercure et du chlorure de potassium ; par M. Longchamp i'j<> — Analogies entre les propriétés de certains bromures et chlorures , et celles qui dans l'iodure d'argent concourent à la produc- tion des images photographiques ; Note de M. Waller 5f>8 Chronomètres. — Observations sur la marche des chronomètres embarqués à bord de la frégate la Vénus. (Rapport sur les résul- tats scientifiques du voyage exécuté sous le commandement de M. le capitaine Du- Petit-Thouars.) 3oi — M. Billant présente les premiers résultats d'un essai pour construire économique- ment des chronomètres à pointage...... <)i3 Ciments. Voir à Chaux hydrauliques et à Bétons. Circulation des liquides. Voir à Liquides. Colocasia odora. — Sur les changements que subit l'atmosphère pendant le développe- ment de la température élevée dans le spa- dice de la Colocasia odora; par MM. de Vrolick et de Vrièse .• 7-, \ Combinaison chimique. — Sur l'état physique des corps, sur l'état de combinaison chimique et sur la théorie physique de la chaleur ; par M. de Tessan 766 Combustion. — Sur la quantité de chaleur dé- veloppée dans la combustion du charbon; Note de M. Ebelmen 346 — Nouveau procédé pour la combustion des matières organiques dans les opérations de chimie légale; paquet cacheté adressé par MM. Flandin et Danger (séance du a3 novembre) 878 Comètes. — M. Arago communique une lettite de M. Schumacher concernant la décou- verte d'une nouvelle comète , par M. Bre- micker, et une observation de cet^tstre c ■ Pages. faite le 27 octobre a Berlin , par M. Galle. M. Arago communique également deux observations de la comète faites à Paris le 6 et le 8 novembre par MM. E. Bouvard et Laugier 7"^ Éléments paraboliques de cette comète cal- culés d'après les observations de Paris, par MM. Laugier et Mauvais 8a I — Éléments rectifiés de cette comète; par M. Mauvais 986 Commission administrative. — M. Beudant est nommé membrede cette Commission pour le dernier semestre de 1840 et le 1er de 1841 394 Commissions des prix. — Commission -pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie delà fondation Montyon. Com- missaires, MM. Double, Roux, Magendie, Serres, Larrey, Breschet, de Blainville, Ouméril, Savart 196 — Commission pour le concours concernant les Arts insalubres ; Commissaires , MM. Dumas, Thenard , d'Arcet , Pelouze, Pel- letier 196 — Commission pour le concours au prix de Statistique; Commissaires, MM. Costaz, Mathieu, Dupin, Savary, Boussingault. . . 226 — Commission pour le concours nu prix de Mécanique; Commissaires, MM.Poncelet, Gambey, Coriolis, Piobert, Savary 3g} — Commission chargée de décernor la médaille de Lalande ; Commissaires , MM. Arago, Mathieu , Bouvard , Savary, Damoiseau.. 394 — Commission pour le concours au prix de Physiologie expérimentale ; Commissaires, MM. Magendie, Flourens, Serres, Bres- chet, Milne Edwards 47^ — Commission pour le concours au grand prix de Sciences mathématiques de Tannée 1841; Commissaires, MM. Arago, Poinsot, Cauchy, Savary, Liouville 52 1 Commissions modifiées par l'adjonction de nou- veauxmembres. — M. Audouin est adjoint à la Commission chargée de l'examen d'un Mémoire de M. Doyère sur l'organisation des Tardigrades 522 Commissions spéciales. —MM. Poinsot, Arago et Thenard sont désignés pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique pendant l'année scolaire 1840-41 226 Compteurs. — Rapport sur un compteur de ga7.de M. Clegg, présenté par M. Osmont.. 147 Constructions. — Sur la stabilité des revête- ments et deleurs fondations ; par M. Pon- eelet i34 — Nouveau système de fondation à la mer, en blocs de béton ; Note de M. Poirel 161 o75) Page*. — Rapport sur ce travail „•..') -fit — Sur un procédé employé pour construire sans batardeau une pile de pont au mi- lieudulitdel'Agly; Note de M. Fauvelle. 708 — M. Arngo rappelle qu'un procédé sembla- ble a été appliqué, sur une très grande échelle, par M. Brunel, pour les deux tours qui servent d'issue au tunnel de la Tamise 709 — Observations sur les constructions cyclo- péennes des anciens habitants du Pérou ; Lettre de M. Gay, communiquée par M. B. Delessert 569 Cordes vibrantes. — Mémoire sur les vibra- tions d'une corde flexible chargée d'un curseur ; par M. Duhamel 1 5 — Mémoire sur tes vibrations des cordes chargées d'un nombre quelconque de curseurs ; par le même ;...... 810 — Rapport sur ces deux Mémoires 957 Courants des rivières. — Appareil destiné à mesurer la vitesse de ces courants ; par M. Laignel ; . . 24 — Tableaux comparatifs des expériences faites avec cet appareil et avec ceux qu'on em- ployait précédemment; par M. Laignel. . . 121 — Sur un nouvel emploi des cours d'eau à pente rapide pour faire remonter à des chariots un chemin de fer établi le long des berges ; Note de M. Fouard 24 Courants marins. — Observations relatives à ces courants, faites dans le cours de l'expédition de la campagne de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Pelit-Thouars. (Rapportsur les résul- tats scientifiques de ce voyage.) 3ig — Sur un courant d'eau chaude dont l'exis- tence a été constatée, pour la première fois , par des sondes thermométriques faites dans la campagne de la Vénus; Lettre de M. de Tessan , 4"' ' Courbes. — Notes sur les courbes du 4e ordre : première division, B» < ^&-C; Mémoire de M. Mogino , 120 Créosote. — Sur une série de composés qui paraissent avoir pour radical la créosote; Note de M. Laurent 124 Crevettes. — M. Vallot annonce que des cre- vettes d'eau douce qui étaient restées toute une nuit prises dans la glace, se sont ra- nimées dans l'eau redevenue liquide, et sans paraître avoir souffert de cet empri- sonnement 1064 Cristallisation. — Recherches sur la cristal- lisation considérée sous les rapports phy- siques et mathématiques, ire partie : Sur la structure cristalline et sur quelques phénomènes qui en dépendent; par M. Delafosse 394 Sur la cristallisation, etc.; paquet cacheté déposé à la séance du 9 novembre; par M. de Mortillet 772 Crustacés. — Surune nouvelleformede bran- chies observée dans un crustacé décapode macroure; par M. Duvernor 217 — Monographie d'un nouveau genre de crus- tacés isopodes, les Képones; par M. Ou- ( io7°" ) Pages. D Uamassé d'or et d'argent. — Procédé de M. Fournet 1 o54 DÉCÈS de membres et de correspondants de l'Aca- démie. — La famille de M. de Krayenhqff, correspondant de l'Académie pour la sec- tion de Géographie et de Navigation , an- nonce le décès de ce savant, mort à Ni- mègue, le 24 novembre 1840 507 — La famille de M. Littrow annonce la mort de ce savant, décédé le 3o novembre 1840 9^8 Dépression de l'horizon. Voyez à Horizon. Diabète. — M. Biot demande à remettre la lecture d'un Mémoire ayant pour titre : Suri' emploi des caractères optiques comme diagnostic immédiat du diabète sucré. . . 991 — Lecture de ce Mémoire 1028 Diamants. — Sur la proposition de M. Arago, l'Académie adresse des remerclments à M. Halphen, qui a mis à la disposition de deux de ses membres de grandes quantités de diamants dont ils avaient besoin de faire usage pour des recherches de physique 906 Difformités articulaires du système osseux. —Sur une nouvelle affection des vertèbres cervicales (le torticolis articulaire); par M. Bouvier 4&1 Pas.f-4. vernoy. 1 5g8 — Essai d'une monographie des organes de la respiration des Crustacés isopodes ; par MM. Dwernoy et Lereboullet 85g et 88 1 Voir aussi aux mots Crevettes , Écrevisses. Cyanures. — Sur la combinaison du cyanure de mercure et du chlorure de potassium; par M. Longchamp 36o Cystotome présenté par M. Cittadini 209 — Essaid'une théorie générale de6 difformités articulaires du système osseux chez les monstres, le fœtus et l'enfant; par M. /. Guérin 5a6 et 55(i — De la rétraction du tissu musculaire sous l'action de la chaleur, considérée comme pouvant fournir des données relativement au mécanisme du mouvement et aux cau- ses de certaines difformités du système os- seux; par M. Kuhn Gfij Voiraussià Sections sous-cutanées. Dilivium. — Observations sur le phénomène diluvien dans le nord de l'Europe ; par M. Durocher a38 Dorure sur métaux. — M. de la Rive adresse des échantillons de doruresur laiton etsur argent, exécutés par ses procédés électro- chimiques a5 — M. Arago présente un vase de métal doré par les procédés électro-chimiques de M. de la Rive vx~i — M. de la Rive écrit que M. Hamman , de Genève, vient de faire une application de ce procédé à l'art du graveur en taille- douce Qi3 Eau oxigénée. — Sur les conditions au moyen desquelles on peut obtenir des corps ana- logues à l'eau oxigénée de M. Thenard; Lettrede M. Munin 563 Eaux courantes. — M. Laignel présente un appareil destiné à mesurer la vitesse de» eaux courantes a4 Tableau comparatif des expériences faites avec cet appareil et avec ceux qu'on em- ployait précédemment 121 Éclairs observés par un temps serein dans la nuit du i5 novembre ; Note de M. E. Flo.u- vard. 820 École Polytechnique. —MM. Poinsot, Arago et Thenard sont désignés pour faire partie du Conseil de perfectionnement de cette École pendant l'année scolaire 1840-41 . . 226 Ecoulement des liquides. Voir à Liquides. Ecrevisses. — Sur le mode de fécondation des œufs de l'écrevisse ; Note de M. Vallot. 82 'ï Ectosperma. — Observations comparatives sur les corps reproducteurs libres de YEcto- sperma clavata et sur les embryons ciliés libres de la spongille; par M. Laurent. .. io5o Écuries, — Rapport en réponse à une question posée par M. le Ministre de la Guerre, concernant le volume d'air nécessaire à la respiration d'un cheval à l'écurie 2i3 Egypte. — M. Vicat annonce qu'on a trouvé à Grenoble des papiers de M. Fourier, re- ( 1 Pâgw. latifs pour la plupart à l'expédition d'E- gypte. 876 — Remarques de M. Jomard à l'occasion de cette communication ibid. Élections. Voir aux mots Nominations, Can- didatures, Commissions. Électricité. — Sur les phénomènes mécani- ques qui accompagnent les décharges élec- triques ; par M. Abria 166 — Expériences sur les courants secondaires; par M. Matleucci '/.\i< — Remarques de M. Savary à l'occasion de cette communication 343 — Sur l'application thérapeutique de l'élec- tricité ; par M. Vogel -^7 — Résultats nouveaux sur la météorologie et l'électricité ; paquet cacheté déposé par M. Peltier. (Séance du 19 octobre.) 63fi — Sur le rayonnement chimique de la lumière solaire et de la lumière électrique ; NoU de M. E. Becquerel 70a — Sur les circonstances nécessaires pour qu'il y ait production d¥lectricité quand de l'eau passe de l'état liquide à l'état de va- peur ; Note de M. Peltier 908 — Sur les forces comparatives de différents éléments voltaïques ; par M. Jacobi io58 — Effets électriques du sirocco d'Afrique; Lettre de M. Ledinghen à M. Arago 823 — Dorure sur métaux exécutée au moyen de courants électriques. Voir à Dorure. — Moulages métalliques opérés par la voie humide au moyen de courants électriques. Voir à Galvano-plastique. — Application des procédés électro-chimiques à l'art du graveur en taille-douce. Voir aux mots Galvanographie, Galvanoplastique et Gravure. Electriques (Poissons). — Observations sur l'organe électrique du Silure électrique ; par M. Valenciennes 277 Éloges historiques. — M. Flourens lit, dans la séance publique du lundi 1 3 juillet 1840, l'éloge historique de M. F. Cuvier 86 — M. Flourens fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de cet éloge 186 Encéphale. — Recherches sur quelques dispo- sitions anatomiques de l'axe nerveux cé- rébro-spinal ; par M. Foville 906 Encre indélébile. — M. Bezanger présente un °77 ) J*»8«.. échantillon d'encre composée conformé- ment aux indications de la Commission des papiers de sûreté 977 Entomologie. — Histoire des métamorphoses et de l'anatomie des Mordelles ; par M. Léon Dufour 2o3 Épii.epsie. — Sur l'emploi du Galium rigidum dans le traitement de l'épilepsie ; Lettre de M. Miergues. ... 877 Éponges. — Sur une éponge qui se creuse des canaux dans l'épaisseur des valves de l'huître pied -de-cheval; Note de M. Du- vernoy 683 et 1021 Équations numériques. — Machine pour la ré- solution des équations numériques des sept premiers degrés; présentée par M. Léon Lalanne '. . 85g Voir aussi a Analyse mathématique. Étangs dont le niveau est au-dessous du niveau de la mer. — Note sur les bassins fermés du département des Bouches-du-Rhône ; par M. Vallès 23 et u3;| — M. d'Arcet transmet des documents qui montrent qu'une notable dépression au- dessous du niveau de la mer avait été re- connue j pour plusieurs de ces étangs , long temps avant la présentation du pre- mier Mémoire de M. Vallès 168 Éthers. — Mémoire sur l'éther chloroxalique et ses dérivés ; par M. Malaguti 203 Étoiles filantes. — Observation dts étoiles filantes du 10 août 1840; par M. Mauvais. 244 — Sur le nombre des étoiles filantes obser- vées à Parme dans les nuits du 9 au 10 et du 10 au 1 1 août 1840; LettredeM. Cola, .j"1' — Petit nombre d'étoiles filantes qui ont ap- paru cette année dans les nuits du 11 au i5 novembre ; observations de MM. E. Bouvard, Laugier et Mauvais 820 — Observations sur les étoiles filantes; par M. Coulvier-Gravier ann — Étoiles filantes observées dans la nuit du 21 au 22 septembre 1840; Lettre de M. Wartman 1060 Explosions. — M. Denis annonce avoir trouvé un appareil d'éclairage qui permet de pé- nétrer sans danger dans des galeries de mines où l'air est assez chargé d'hydro- gène carboné pour être devenu explosif. 824 Fécclerie. — Emploi avantageux des eaux infectes d'une féculerie pour l'arrosage des champs ; Lettre de M. Dailly 8a3 Feuilles. — Rapport sur un Mémoire de C. R., 1840, 2« Semestre. (T. XI.) M. Payer, concernant la nervation des feuilles 220 Fibrine. — Conversion de la fibrine en un li- quide présentant plusieurs des propriétés .44 ( J Pages. — Débris fossiles d'éléphants trouvés par MM. Rriggs et Rivière dans une sablonnière située entre Joinville-le-Ponl et Cham- pigny i'v' — Sur une nouvelle espèce fossile, le Metaxy- therium, de la famille des dugongs ; Note de M. Christol 527 — M. Gaultier de Claubrjr annonce la décou- verte qu'on vient de faire d'un amas d'ossements fossiles dans la commune de Saint-Pourçain 56a — Nouvelle caverne à ossements des environs de Caunes (Aude) ; Lettre de M. Marcel de Serres 818 — Découverte d'un squelette entier de Megaxy- therium ; par le même 819 — Note sur les fossiles les plus communs dans les environs d'Anduze; Lettre de M. Miergue. 037 Fossiles (Végétaux). — M. d'Andely présente deux rognons de grès dont l'un renferme un fruit fossile et dont l'autre, par ses formes, rappelle les formes extérieures d'un en- fant iai Foudre. — Sur quelques effets de la foudre observés dans le nord de la Russie ; Lettre de M. Robert 247 Fours a pain. — Note sur un four chauffé à la houille pour la cuisson du pain à bord des navires; par M. Pironneau 7o5 Fruits. — Traité des fruits par M. Couver- chel, mentionné honorablement par la Commission de Physiologie expérimen- tale 35 Fumerolles. — Recherches sur les fumerolles, les solfatares, etc. ; par MM. Melloni et Piria 35j Fusils. — Mécanisme de sûreté pour les armes de chasse, de l'invention de M. Ti- gnères 705 — Remarques de M. Séguier sur des dispositifs analogues imaginés par d'autres armu- riers 706 Fusion. — Recherches sur la chaleur absorbée dans la fusion ; par M. Desprets, 809 ( *°79 ) Galènes. — Sur la présence de sables aurifè- res dans le gisement de la galène de Saint- Santin-Cantalès; parM. Becquerel 129 Galium. — Sur l'emploi du Galium rigidum dans le traitement de l'épilepsie; Lettre de M. Miergues 877 Galvanograpiue. — M. Coulier adresse un , paquet cacheté portant pour suscription : « Essais de galvanographie.» 53 1 — Lettre de M. Coulier relative à ce dépôt. . 8î5 Galvano-plastiqoe. — M. Boquillon présente différents moulages métalliques obtenus par ses procédés gaivano-plastiques, et un appareil au moyen duquel on peut répéter dans les cours publics ces sortes d'expé- rienees 2.5 — Note de M. Boquillon sur ses procédés gal- vano-plastiquesetsurlesparticularitésqui les distinguent de ceux de M. Jacohy 120 — Incrustations en métal obtenues au moyen desprocédés gaivano-plastiques ; par MM. SoyereXlngé 292 — MM. Sorer et Ingé et M. Boquillon deman- dent que les communications qu'ils ont faites séparément concernant la galvano- plastique soient renvoyées àl'cxamen d'une Commission commune 4°5 — Épreuves d'une gravure en taille-douce ob- tenues au moyen des procédés gaivano- plastiques de M. Jacohy; présentées par M. Blchoux 636 — Sur la reproduction par la galvano-plasti- que des images daguerriennes ; Lettre de M.Krasner 712 — Procédé d'impression photographique des images héliographiques (paquet cacheté adressé à la séance du 2 novembre , par M. Jobard) 7'3 — M. Alexandre Brongniart met sous les yeux de l'Académie des épreuves de gravures galvanographiques imitant le lavis, faites parM.Ko&eH, deMunich, et d'autres épreu- ves obtenues au moyen du même procédé par M. Boquillon. M. Brongniart commu- nique également une description abrégée du procédé de M. Kobell 768 — Plaqué d'or, d'argent, de cuivre obtenu sur divers métaux par la voie humide ; Let- tre de M. Perrot I0«3 Gaz d'éclairage. — Rapport sur le compteur de gaz de M. Clegg, présenté par M. Osmont. 1 47 — Mémoire sur l'éclairage au gaz; par M. Blonduau de Corolles H>5l Gélatine. — M Gannal adresse une Note im- primée sur l'emploi des os dans les hôpi- P'g's. taux et demande que celle Note soit trans- mise, comme document, à la Commission chargée de faire un Rapport sur remploi de la gélatine dans l'alimentation qi3 Génération. — Observations sur les zoosper- mes des hommes et des animaux ; par M. Latlemand 750 — Loi générale de la reproduction des êtres vivants; Mémoire de M. Lallemand 799 — Sur le mode de formation et le développe- mentdes zoospermes chez les batraciens ; Lettre de M. Peltier a l'occasion du pre- mier Mémoire de M. Lallemand 816 — Sur le mode de fécondation des œufs de l'é- crevisse; Note de M. Vallot 825 Géologie. — Sur le gisement des terrains ter- tiaires du département de la Gironde; par M. de Collegno 1 9 — Excursion à la montagne de Saint-Pierre , près Maëstricht ; parM. d'Hombres-Firmas. 1 47 Observations sur le phénomène diluvien dans le nord de l'Europe ; par M . Durocher. a38 — Observations relatives à la géologie , faites dans le cours du voyage de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Petit-Thouars. ( Rapport sur les résul- tats scientifiques de cette expédition.) ... 336 _ Rapport sur plusieurs Mémoires de M. Ro- zet, concernant les montagnes qui sépa- rent la Saône de la Loire 255 Sur un terrain stratifié situé dans le haut des Cordillières, et sur les filons métalli- fères qui l'accompagnent ; par M. Do - Vt meyko J I J — Sur la géologie des environs d'Alger; par M. Puillon-Boblaye 348 _ Sur l'état géologique de quelques îles de l'Amérique tropicale ; Lettre de M. De- ville S83 Géographie. — Travaux relatifs à la géogra- phie , exécutés, sous la direction de M. le capitaine Du-Petit-Thouars, pendant le voyage de la frégate la Vénus. ( Rapport sur les résultats scientifiques de ce voyage. ) . 3oo Grains (Conservation des) . - M. Granier pro- pose un moyen pour la conservation des r . 125 grains Gravure. — Note sur un procédé de gravure typographique sur pierre, au moyen d'a- gents chimiques ; par M. Tissier 122 _ Transport sur cuivre et gravure en vingt minutes d'un dessin sur papier ; Lettre de M. Harin-Darbel sur diversesdécouvertes de M. Grekoff. , 8* 144" ( io8o ) Application à la gravure du procédé de dorage au moyen de petites forces élec- triques ; Lettre de M. de la Rive 913 Voir aussi aux mots Galvano-plastique et Galvanographic . *n» Greesovite , nouveau minéral (titanatc de manganèse) découvert par M. Dufré- noy .,. • .. 334 Grêlons remarquables par leur forme et leur volume ; Lettre de M. Jaubert de Passa. . 711 H Habitations. — Des habitations considérées sous le rapport de la salubrité publique et privée; par M. Petit , deMaurienne, 3e, 4e et 5e Mémoires 286, 4°4 ct I025 Hiéroglyphes trouvés sur les murs d'une des chambres de la grande pyramide, et rela- tifs à l'observation d'un phénomène cé- leste faite 4^5" ans environ avant notre ère; Notede M. Thilorier 570 Hippurie, nouvelle maladie observée par M. Bouchardat .447 Horizon. — Distance de deux points de l'horizon visible diamétralement opposés; déter- minations de cette distance, obtenues dans le cours du voyage de la frégate la Vénus , et destinées à fournir les éléments d'une discussion sur la manière de déduire l'ho- rizon rationnel de l'horizon visuel. (Rap- ports sur les résultats scientifiques de l'expédition commandée par le capitaine Du-Petit-Thouars.) 3o3 Huile de palmes. — Examen d'un nouvel acide gras retiré de l'huile de palmes; Note de M. Fremy 87a Huiles essentielles. — Nouvelles recherches sur l'huile essentielle de pommes de terre ; par M. Cahours 1^5 — Mémoire sur les huiles essentielles; par M. Pelouse. Première partie , étude de deux produits du Dryabalanops camphora et des corps qui en dérivent; production artificielle du camphre 365 — Expériences de polarisation faites par M. Biot sur l'essence liquide qui lui a été remise parM.Pelouze comme sécrétée par le Dryabalanops camphora. 37 1 — Nouvelles recherches sur l'essence de téré- benthine et sur les substances qui lui sont isomériques ; par M. Deville 444 — Recherches chimiques sur les huiles essen- tielles ; par MM. Cahours et Gerhardt. . . 900 Huîtres. — Mémoire sur une éponge qui se creuse des canaux dans l'épaisseur des valves de l'huître pied-de-cheval ; par M. Duvernoy 683 et 1021 Hydrauliques | < Roues). Voyez Roues hydrau- liques. Hydrographie. — Travaux relatifs à l'hydro- graphie , exécutés dans le cours du voyage de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Petit-Thouars. (Rap- port sur les résultats scientifiques de cette expédition. ) 3o4 Hydrographie médicale. — 2e et 3e partie ; par M. Gestm 927 Hydrophobie. — Mémoire sur un nouveau mode de traitement de l'hydrophobie ; par M. Delorme Ibid. — Cas d'hydrophobie observés chez deux chiens qui avaient bu de l'eau contenant une notable proportion de sulfure de phosphore; Letlrede M. Savaresse 1064 Inanition. — M. Chossat prie l'Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur ses recherches expérimentales concernant l'i- nanition 210 Incendies. — Sur l'emploi de la vapeur d'eau pour éteindre les incendies ; Note de M. Fourneyron 817 Infusoires. — Nouvelle classification de ces animaux, basée sur leur organisation; par M. Dujavdin 281 — Sur les animalcules qui colorent en rouge les eaux des marais salants méditerra- néens ; Lettre de M. loly 290 Inondations. — Sur la possibilité d'avertir plusieurs heures d'avance les riverains que menace une inondation ; Note de M. Coubard 82 '[ — M. Coubard annonce qu'il a terminé son travail sur le système de communications télégraphiques destinées à avertir de l'ap- proche d'une inondation 914; — M. Coubard envoie le Mémoire annoncé.'. 928 — Note sur les inondations; par M. Korilski. 797 Instruments de chirurgie. — Nouveau cysto- tome pour l'opération de la taille; pro- posé par M. Ciitadini 009 — Nouveau brise-pierre à pression et à per- cussion ; par M. Guillon 447 Instruments de physique. — Note sur des ins- truments de météorologie qui enregistrent ( io8i Pages. eux-mêmes continuellement leurs propres indications ; par M. Despierres 634 Iodhres. — Analogies entre les propriétés de certains bromures et chlorures et celles qui, dans l'iodure d'argent, concourent à la production des images photograph iques ; Note de M. Waller 5fi8 Isomowbisme. — Note sur l'isomorphisme de P.|«s. l'oxaméthane et du chloroxaméthane ; par M. de la Provosta}C 635 — Réclamation de priorité à l'occasion d'une Note de M. de la Provostaye surl'isomor- phisme du chlore avec l'hydrogène dans les substitutions ; Lettre de M. A. Lau- rent 876 Lampyres. — Remarques sur la phosphores- cence que présentent les lampyres dans les jours qui précèdent l'époque de leur copulation; par M. Audouin 7 "j 7 Latitudes. — Notes sur la détermination des longitudes et des latitudes en mer; par M. Martin 287, 4°5 et 481 — M. lo Ministre de l'Instruction publique de- mande communication du Rapport qui sera fait surces Notes 608 Lignites. — Sur l'emploi économique des li- gnites d'Anduze ; Lettre de M. Miergues... 1064 Liquides {Écoulement des). — Note sur un cas particulier de l'écoulement des liquides ; par M. VHermite 2 40 — Mémoire sur les pressions qui ont lieu dans l'intérieur d'un vase d'où l'eau s'écoule par un orifice circulaire horizontal percé '•* en mince paroi ; par M. Lechevallier a86 — Recherches expérimentales sur le mouve- ment des liquides dans des tubes de très petits diamètres; par M. Poiseuille. 961 et 1041 LitHOtritie. — Nouveau brise-pierre à pres- sion et à percussion; par M. Guillon 447 — Procédé pour l'évacuation des fragments après le broiement de la pierre dans la vessie ; par M. Rigal 863 Locomotives. — Description d'une nouvelle locomotive; par M. Maublanc 767 Voir aussi à Machines à vapeur. Lombrics. — Sur la phosphorescence des lom- brics ; Lettre de M. Forester .... 7 1 -j — Remarques de M. Audouin à l'occasion do cette Lettre ibid. — Indication d'observations anciennes rela- M Machines a calculs. — Machine pour la réso- lution des équations numériques des sept premiers degrés; présentée par M. Léon Lalanne 839 — Rapport sur cette machine g5g Machines a réaction. — M. Passot prie l'Aca- démie de vouloir bien hâter le Rapport qui doit être fait sur diverses Notes qu'il a adressées concernant les machines à réac- tives à la phosphorescence des lombrics pendant une certaine saison; par M. Du- méril 7,j7 — Remarques sur la phosphorescence que pré- sentent les Lombrics pendant les jours qui précèdent l'époque de leur copulation ; Remarque semblable relative au Lampyre; par M. Audouin -4- — M. Vallot cite divers ouvrages où des faits analogues se trouvent indiqués Ba5 Longévité. — De la plus grande longévité des anciens Romains de l'Algérie, d'après les restes de leurs monuments tumulaires ; par M. Gujon flfo Longitudes. — Déterminations de la longitude de différentes stations, obtenues au moyen d'occultations d'étoile, de distances lu- naires , etc. , pendant le voyage de la fré- gate la Vénus. ( Rapport sur les résultats scientifiefues du voyage exécuté sous le commandement de M. le capitaine Du- Petit-Thouars.) 30o — Note sur la détermination des latitudes et des longitudes en mer; par M. Martin. ••■ • 287, 4o5 et 481 — M. le Ministre de l'Instruction publique de- mande communication du rapport qui sera fait sur ces Notes gyg Lumière. — Sur le rayonnement chimique qui accompagne la lumière solaire et la lumière électrique; Noto de M. E. Bec- 1"erel ;oï — Mémoire sur la nature de la lumière, sur le sens de la vue, sur le spectre solaire, etc.; par M. Brenta rfâ tion, la détermination expérimentale de la force centrifuge, etc 4S2 et 878' — Rapport sur ces communications 898 Voir aussi à Machines à vapeur. Machines a vapeur. — Note sur une machine à vapeur rotative , à réactions successives produites par un même écoulement de va- peur; par M. Brunier 121 — Sur un appareil propre à faire le vide, et ( ' Pages. sur une machine hydraulique mise en jeu par cet appareil ; par M. Brunier 209 — Sur l'avantage qne Ton trouve à disposer autour du cylindre d'une machine à va- peur, une enveloppe dans l'intérieur de laquelle circule de la vapeur venant de la chaudière; Note de MM. Thomas Ri Laurens. fo \ — M. Deniel adresse, sous pli cacheté, une Note concernant les machines à vapeur (séance du 14 septembre) $2 — Note sur l'explosion d'une chaudière à va- peur , adressée par M. Jobard 988 Machines diverses. — Nouvelle machine mise en jeu par la dilatation et la contraction alternative de l'air ; Note de M. Franchot. a35 — Machine à faire les briques; inventée par M. Carville. — Rapport sur cette ma- chine 911 Magnétisme. — Observations concernant le magnétisme terrestre, faites durant le voyage delà frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Petit-Thouars. ( Rapport sur les résultats scientifiques de cette cxpéditfon. ) 3a8 — Recherches concernant l'attraction exer- cée sur l'aiguille des boussoles marines par les fers environnants ; par M. Coulier. 168 Recherches sur la cause du magnétisme de rotation ; par M. Haldat 345 M. Becquerel , en présentant le 7e volume de son «Traité de l'électricité et du ma- gnétisme » , rappelle le plan qu'il a suivi dans la rédaction de cet ouvrage 769 Maladies des pays chauds. Voir à Pays chauds. Marais salants. — Sur les animalcules qui colorent en rouge les eaux des marais sa- lants méditerranéens; Lottre de M. Joly. 390 Marées. — Observations de marée sur la côte occidentale de l'Amérique et de la Poly- nésie , faites pendant la campagne de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Petit-Thouars. Tableau de • l'heure de l'établissement et de l'unité de hauteur dans quinze ports différents. (Rapports sur les résultats scientifiques de l'expédition. ) 3o5 — Considérations sur la météorologie en gé- néral, et sur les marées en particulier; par M. Korilski 872 M*canique. — M. Lambert adresse un Mémoire ayant pour titre : Mécanique géométrique. a3 — Recherches sur la mécanique; paquet ca- cheté déposé par M. Viollet ( séance du 3 août) an Mécanique analytique. — Lettre de M. Jacobi au sujet d'une Lettre de M. Poisson 529 Mécanique céleste. — Méthodes générale s 082 ) P«g<- pour la détermination des mouvements des planètes et de leurs satellites; par M. Cauchy 17g — Sur les méthodes générales à l'aide des- quelles on détermine les perturbations du mouvement des planètes ; par M. Liou- ville a5r — Sur les fonctions alternées qui se présen- tent dans la théorie des mouvements pla- nétaires ; par M. Cauchy 297 , 377 et 43a — Méthode générale pour la détermination numérique des coefficients que renferme le développement de la fonction perturba- trice ; par le même 4^3 — Note sur le développement de la fonction perturbatrice ; par le même 5o 1 — Intégrales générales des équations différen- tielles qui représentent le mouvement de notre système planétaire; par le même. 5 12 et 53 3 — Mémoire sur les perturbations des mouve- ments planétaires, et en particulier sur celles du second ordre; par le même 565 — Mémoire sur la variation des éléments el- liptiques dans le mouvement des pla- nètes ; par le même 579 — Note sur les conditions de convergence d'une classe générale de séries qui se pré- sentent fréquemment dans les problèmes de Mécanique céleste; parM.LioupiMe. 6i5 et 678 — Mémoire sur la convergence et la transfor- mation des séries ; par M. Cauchy 63g — Applications diverses des théorèmes rela- tifs à la convergence et à la transforma- tion des séries ; par le même 667 — Sur ledéveloppement de la fonction pertur- batrice R pour le calcul des inégalités pé- riodiques et séculaires des planètes; par M. Le Verrier 696 — Sur la détermination des inégalités sécu- laires des planètes ; par M. Le Verrier. . . 9R7 Médecine militaire. Voyez Chirurgie militaire. Megaxytherium. Voir à Metaxytherium. Mer. — Observations de la température de l'eau de la mer à de grandes profondeurs , faites dans le cours de la campagne de la frégate la Vénus, commandée par le capi- taine Du-Petit-Thouars. (Rapport sur les résultats scientifiques de ce voyage.). . . . 3io — Températures sur les hauts-fonds et dans les attérages (même Rapport) 3i2 — Couleur de la mer. — Observations à ce su- jet, faites durant le même voyage 328 — Voir aussi an mot Océan. Mer Rouge. — Sur la navigation de la mer Rouge ; Note de M. Lefeb ère 167 Metaxytherium, nouvelle espèce fossile de la famille des dugongs ; Note de M. Christol. 527 — Squelette entier de cet animal découvert dans le calcaire-moellon exploité pour les constructions de Beaucaire ; Lettro de M. Marcel de Serres 8lO Météores lumineux, aurores polaires, arcs-en- ciel, halos, etc. , observés durant la cam- pagne de la frégate la Vénus. ( Rapport sur les résultats scientifiques de ce voyage.). 3l? Météorologie. — M. Brunner prie l'Académie de s'intéressera la continuation d'obser- vations météorologiques qu'il a commen- cées dans la Sénégambie , 36 — M. Korilski adresse une suite a de précé- dentes communications sur la météorolo- ( io83 ) Page». gie. — Rapport sur des observations de météoro- logie et de botanique faites dans l'Inde par M. Perrottet 186 — M. Talbot adresse une réclamation de prio- rité en faveur de M. Jordan, relativement à l'application des procédés photographi- ques aux besoins de la météorologie 5^4 — Note sur des instruments de météorologie qui enregistrent eux-mêmes à chaque ins- tant leurs propres indications ; par M. Des- pierres 634 — Résultats nouveaux sur la météorologie et l'électricité; paquet cacheté adressé par M. Pellier (séance du 19 octobre) 636 — Considérations sur la météorologie en gé- néral, et sur les marées en particulier; par M. Korilski 87a Météorologiques (Observations;. — Tableaux mensuels des observations faites à l'Ob- servatoire de Paris. . 3i, ai5, 452, 614, 176 et p3i — Observations météorologiques recueillies en Abyssinie par M. Lefebvre 167 Tableaux mensuels des observations météo- rologiques faites dans l'Oural, à Nijné- Taguilsk; transmis par 'M. Dcmidqff. ... 711 Microscopes. — Appareil d'éclairage pour les microscopes destinés aux démonstrations dans un cours public; par M. Donné. .... ia5 — M. Arvgo présente un nouveau microscope simple, récemment importé d'Angleterre, Navigation (Instruments de). — Nouveaux ins- truments destinés à faire connaître le sil- lage, la dérive d'un navire et la tempé- rature de la mer sous la q u i I le 977 Navigation tar la vapeor. Voyei Bateaux à vapeur. Navigation sous-marine. — Mémoire de M. Cas- tera, 1" et ie partie 56901606 — Paquet cacheté adressé à la séance du 26 octobre , par M. Fournier de Lempdes. . . . 653 !"•«<■«. 1 \( où il est connu sous le nom de microscope Stanhope 1 062 Minéralogie. — Catalogue des minéraux et des roches de la Vendée; par M. Rivière.. 20.S — Description d'un nouveau minéral, untita- nate de manganèse, la Greenovite ; par M. Dufrénoy a3£ Mines. — M. Cordier fait hommage de la 3e livraison de a l'Atlas du mineur, collec- tion exécutée par MM. les élèves de l'É- cole des Mines » a5 — M. Denis annonce avoir trouvé un sys- tème d'éclairage qui permet de pénétrer sans danger dans des galeries de mines remplies d'un air explosif 834 Monnaies. — Dictionnairedesmonnaies, poids et mesures des Hébreux , des Romains et des Grecs ; par M. Jaudon Morbelles. — Histoire des métamorphoses et de l'anatomie de ces insectes; par M. Léon Dufour ao3 Moteurs. — Sur un nouvel emploi des cours d'eau à pente rapide pour faire remonter à des chariots un chemin de fer établi le long des berges; Note de M. Fouard... il — Nouvelle machine mise en jeu par la dila- tation et la contraction alternatives de l'air ; Mémoire de M. Franchot a35 — Sur un nouveau moyen d'employer un mo- teur quelconque à la locomotion des ba- teaux ; paquet cacheté déposé à la séance du 16 novembre par M. Prisse 8a5 Moxa. — Del'ellicacitédumoxadanscertaines névroses et affections paralytiques graves, et des inconvénients du galvanisme dans ces maladies ; par M. Larrey Mccébinées. — Sur une mucédinéedéveloppée à la surfaced'une feuille de poirier (Sphas- ria Pyri ) ; Lettre de M. Y allât Muscles. — De la rétraction du tissu muscu- laire sous l'actionde la chaleur, considérée comme pouvant fournir des données rela- tivement au mécanisme du mouvement et aux causes de certaines difformités du système osseux; par M. Kuhn 66'j .84 290 K Névkologie. — Recherches sur les connexions anatomiques, physiologiques et zoologi- ques du système nerveux; par M. Bazin 289, 479 et — Recherches sur quelques dispositions ana- tomiques de l'axe nerveux cérébro-spinal; par M. Foville go(i — Sur les propriétés des racines antérieures et des racines postérieures des nerfs ra- chidiens ; Lettre de M. Longet. . . . 766 et ioa3 569 ( ! Nitrates. — Recherches sur le6 sels de plomb formés par les acides de l'azote; par M. Péligot 860 Niveau. — Mémoire sur un nouveau niveau à l'usage des arpenteurs ; par M. Bctoulle. io54 Niveau de la mer. — Plusieurs étangs voisins de la Méditerranée ont leur niveau infé- rieur à celui de cette mer ; Note de M. Vallès sur les bassins fermés du départe- ment des Buuches-du-Rhône ri3 et a3g Lettre de M. d'Arcet sur des observations antérieures, relatives au niveau de ces mêmes étangs 168 Nombres. — Sur la divisibilité des nombres; Note de M. Puton 704 Voir aussi au mot Arithmétique . Nomination de membres et de correspondants de l'Académie. — M. Begnault est nommé à la place vacante, dans la section de Chi- mie, par suite du décès de M. Robiquet.. 14 — M. Parry est nommé correspondant pour la section de Géographie et de Naviga- tion /*"*• — M. Du/rénoy est nommé à la place vacante , dans la section de Minéralogie et de Géolo- 084 PljCJ gie, par suite du décès de M. Brochant de Villiers 277 — M. Duhamel est nommé à la place vacante dans la section de Physique, par suite du décès de M. Poisson io38 — M. Lallemand est nomme correspondant de l'Académie, section de Médecine et de Chi- rurgie 659 — M. Puvis est élu correspondant, section d'Economie rurale 899 Nomination de candidats pour les places aux- quelles V Académie a le droit de présenta- tion. — M. Begnault est désigné, par voie de scrutin, comme le candidat de l'Aca- démie pour la place de professeur de chi- mie vacante à l'École Polytechnique par suite de la démission de M. Gay-Lussac. 900 Nuages. — Observations relatives à la hauteur des nuages, faites dans le cours du voyage la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Petit-Thouars. ( Rapport sur les résultats scientifiques de cette expédi- tion.) 3a8 — Mémoire sur la hauteur, la vitesse et la di- rection des nuages ; par M. Pouillet 717 0 Océan. — Observations relatives à la profon- deur de l'Océan , faites durant la campa- gne de la frégate la Vénus. ( Rapport sur les résultats scientifiques du voyage exé- cuté sous le commandement de M. le ca- pitaine Du-1'etit -Thouars.) 3a5 Œil. — Rapport sur unMémoiredeM. Vallée ayant pour titre : Explication du méca- nisme de l'œil 8o3 — Deuxième Mémoire de M. Vallée ga3 Optique. — M. Biot demande à remettre à une prochaine séance la lecture d'un Mémoire ayant pour titre : «Sur l'emploi des carac- tères optiques comme diagnostic immé- diat du diabète sucré. » 991 — Lecture de ce Mémoire 1028 Voir aussi au mot Œil. Or. — Surlaprésencedesablesaurifèresdans le gisement de la galène de Saint-Santin- Cantalès , et sur le gisement des sables aurifères en général ; par M. Becquerel. . . 139 — Soudure sans fusion de l'or et de l'argent: procédé pour obtenir un damassé de ces deux métaux ; par M. Fournet io54 Orchidées. — Observations sur des appendices particuliers de la caudicule dans l'appareil sexuel des Orchidées et sur plusieurs es- pèces de la tribu des Vandées 280 Organogbapbie et physiologie végétales. Voir à Végétaux. Orthopédie. — Sur l'emploi du bain d'air comprimé pour remédier à certaines dé- formations du thorax qui ne reconnais- sent pas pour cause une action muscu- laire; Note de M. Pravat 910 Voir aussi aux mots Strabisme, Sec- tions sous-cutanées , etc. Ostéogiuphik. — M. de Blainville, en présen- tant la 6e livraison de son Ostéographie des vertébrés, donne une idée du contenu de cette livraison : . Ovologie. — L'auteur d'un Mémoire sur l'ovologie, adressé pour un concours sur lequel il n'a pas encore été fait de rap- port , demande et obtient l'autorisation de reprendre son travail 10Î7 Oxaméthane. — Sur l'isomorphisme de l'oxa- méthane et du chloroxaméthane ; Note de M. de la Protlostaye Oxigène. — Sur l'emploi thérapeutique et hygiénique de l'oxigène ; paquet cacheté adressé par M. Tabarié (séance du 6 juil- let) 635 28 ( ro85 ) Panification. — Mémoire sur la panification; par M. Boland 1Î9 Paquets cachetés adressés par MM. — Tabarié (Emploi thérapeutique et hygié- nique de l'oxigène), 6 juillet 28 — Walter. Même séance lbid. — Hatin. Même séance lbid. — Martin , 20 juillet i ••:"> — Payen (Observations concernant le déve- loppement des végétaux); 27 juillet. . ... 176 — Beau. Même séance ... lbid. — Mandl (Recherches sur le sang), 3 août. ... an — Viollet (Recherches sur la mécanique), 3 août lbid. — /. Guérin, 3l août 4°9 — Romancé. Même séance lbid. — Millet (Sur la destruction des calculs nri- naires), 7 septembre , 449 — Deniel (Machines à vapeur), ^septembre. 4^2 — Cou lier (Essais de galvanogtaphie), 21 sep- tembre 53 1 — Payen, 5 octobre 5^5 — Ravel. Même séance lbid. — Bouchacourt (Recherches anatomiques sur le système veineux), 12 octobre 610 Despierres (Analyse de la vois, machines imitant la voix humaine), 19 octobre. . . . 636 — Jacauelain (Étude comparée de l'arsenic et de l'antimoine). Même séance lbid. Gariel (Nouveau mode de traitement des maladies du col de l'utérus). Même séance. ... lbid. Peltier (Résultats nouveaux sur la météo- rologie et l'électricité). Même séance. . . . lbid. Bastier (Nouveau moyen d'alimenter les classes pauvres). Même séance lbid. — Dar/u (Système de télégraphie nocturne) , 26 octobre 663 Fournier de Lempdes (Fortifications mo- biles. Bateaux sous-marins). Même séance lbid. — Dutrochet, 2 novembre 687 — Jobard (Impressions photographiques des images héliographiques), 2 novembre. . . 713 de Mortillet (Sur la cristallisation, etc.), 9 novembre. 77a Lataste. Même séance lbid. Prisse (Nouveau mode d'application d'un moteur quelconque à la locomotion des bateaux), 6 novembre 825 — Lanet. Même séance lbid. Flandin et Danger (Combustion des ma- tières organiques), a3 novembre 878 Lanet. Même séance lbid. ]. Guérin, 14 dé«embre. .. . , 989 R.C., 1840, 2« Semestre. (T. XI.) PâgM. — Fermont. Même séance 989 — Fermont (Sur la possibilité d'obtenir une musique oculaire), 28 décembre 1028 — Flandin et Danger ( Recherches médico- légales sur l'arsenic). Même séance 1064 Pavage. — Note sur un nouveau système de pavage ; par M. Léon Riant - 122 Pays chauds {Maladies des). — Sur une mala- die des régions tropicales, « le ver au fon- dement » , et observations médicales faites à la suite de l'expédition des Portes de Fer ; Note de M. Guyon 56o — Pièces d'anatomie pathologique concernant l'afTection connue sous le nom de ver au fondement ; adressées par M. Guyon 634 Pendule. — Comparaison du nombre des os- cillations du pendule invariable à Paris et a Toulouse ; Mémoire de M. Petit .... 2 r Pertes utérines. — Note sur l'emploi des ventouses sèches dans les cas de pertes utérines ; par M. Gondret 607 Perturbations des mouvements des planètes. Voir à Mécanique céleste. Peste. — Mémoire sur la peste et sur son mode de propagation; par M. Eusèbe de Salle 556 Phosphorescence de certains animaux. — Sur la phosphorescence des lombrics ; Lettre de M. Forester 712 — Remarques de M. Audouin à l'occasion de cette Lettre lbid. — Indication d'observations anciennes rela- tives à la phosphorescence des lombrics pendant une certaine saison ; Note de M. Duméril 747 — Remarques sur la phosphorescence que présentent les lombrics dans les jours qui précèdent l'époque de leur copulation ; remarque semblable relative au lampyre; par M. Audouin ;4" — M. Vallot indique plusieurs passages d'au- teurs qui parlent de la phosphorescence des lombrics et de divers autres articulés. 825 Phosphorescence de la mer. — Observations à ce sujet, faites durant le voyage de la frégate la Vénus. ( Rapport sur les résul- tats scientifiques de l'expédition com- mandée par M. le capitaine Du-Petit- Tbouars. ) 327 Photographie. — Sur une pièce à ajouter à la chambre obscure quand on l'emploie pour obtenir des portraits par les procé- dés photographiques ; Note de M. Foret. 168 — Procédé pour la fixation des images pho- togéniques ; par M. Ficeau 237 l45 ( 1 Page». — Transport sur pierre lithographique d'une image daguerrienne; Lettre de M. Bot- cawen 2^2 — Analogies entre les propriétés de certains bromures et chlorures, et celles qui, dans l'iodure d'argent, concourent à la produc- tion des images photographiques ; Note de M. Waller 5(38 — M. Talbùt adresse une réclamation de priorité en faveur de M. Jordan, pour l'application des procédés photographi- ques aux besoins de la météorologie. . / . &]] — Sur la reproduction par la galvano-plas- tiquedes images daguerriennes; Lettre de M. Krasner. •) l 3 — Paquet cacheté adressé par M. Jobard (séance du a novembre), et portant pour suscription : ci Procédés d'impressions photographiques des images héliographi- ques» 7 1 3 — Fixation des images photographiques, par M. Grèkoff; images photographiques ob- tenues par lui sur cuivre et sur laiton. Lettre de M. Marin-Darbel) 824 — Image photographique présentant des cou- leurs très différentes obtenue par M. Hu- bert; fixation par le procédé de M. Fizeau d'une image qui était restée exposée une année en pleine lumière 824 — M. Fizeau prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de faire un Rap- port sur son procédé pour la fixation des images photographiques ^7 — Sondages à de grandes profondeurs, exé- cutés durant la campagne de la frégate la Vénus. ( Rapport sur les résultats scien- tifiques de l'expédition commandée par M. le capitaine Du~Petit- Thouars. ) 325 — M. Arago met sous les yeux de l'Académie des enveloppes métalliques de thermomé- trographes qui ont été écrasées par la pression de l'eau dans des sondages faits à de grandes profondeurs ^o5 — Sur un courant d'eau chaude dont l'exis- tence a été constatée, pour la première fois , par des sondes thermométriques 089 ) faites dans la campagne de la Vénus Note de M. de Tessan — Température sous-marine indiquée approxi- mativement par la position de l'index d'un thermométrographe* qui a été écrasé par la pression de l'eau dans un sondage à une grande profondeur; Note de M. de Tessan Sons. Voir aux mots Acoustique, Voix. Soudures. — Sur un procédé au moyen duquel on obtient la soudure, sans fusion, de l'or et do l'argent; Lettre de M. Fou/ne*.. . Sources. — Mesures de la température des sources en différents points du globe , prises dans le cours de la campagne de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Petil-Thouars. (Rapport sur les résultats scientifiques de ce voyage).. — Mesure de la température des sources de la Marne, de la Seine et de la Meuse ; par M. Wal/erdin — Sur le bassin dans lequel se versent les eaux de la source de Saint-Seine; Lettre de M. Vallot, à l'occasion de la Note de M . Walferdin — Note de M. Walferdin en réponse à la let- tre de M. Vallot — Sur la position de l'abbaye de Saint-Seine; Lettre de M. Vallot, à l'occasion de celle de M. Walferdin — Sur la différence de température entre deux sources de la Seine qui apparaissent à des hauteurs différentes au-dessus du niveau de la mer ; par M. Arago Spectre solaire. — Remarques sur des obser- vations de M. Herschell concernant les rayons calorifiques du spectre et sur la méthode thermographique employée par ce physicien ; par M. Melloni — Sur le rayonnement chimique qui accom- pagne la lumière solaire et la I umière élec- trique; par M. E. Becquerel, — Mémoire sur la nature de la lumière, sur le sens de la vue, sur le spectre solaire, etc. ; par M. Brenta Sponcilles. — Recherches sur le mode de re- production des spongilles; par M. Lau- rent 47^> C06 , 6g3 , 1 048 et Statistique. — Recherches sur la Statistique inorale et intellectuelle de la France; par M. Fayet — Statistique du département de la Haute- Loire (adressée pour un concours) Strabisme. — Considérations sur le strabisme; par M. Roux — Méthode de traitement pour la guérison du strabisme ; Note de M. Dupuis — - Résultats obtenus dans le traitement du P.6c.< 4o6 448 io54 3i5 169 36 1 408 408 ,4. ■;oa 766 io5o 565 io54 «7 ni strabisme au moyen d'une opération chi- rurgicale; Lettre de M. Phillips Lettre de M. /. Guérin concernant quelques objections présentées par M. Houx contre le traitement du strabisme par une opéra- tion chirurgicale - Nouveau procédé pour la section sous-con- jonctivale des muscles de l'œil dans le cas de strabisme; Lettre de M. /. Guérin - Sur la section des tendons comme moyen de remédier à diverses difformités et par- ticulièrement au strabisme; Lettre de ( I Pag«. I71 OQO ) •74 (=61 Pages. M. Ripault 2II Substitutions. — Réclamation de priorité à l'occasion d'uneNotede M delaProvostayr sur l'isomorphisme du chlore avec l'hy- drogène dans les substitutions; Lettre de M. A. Laurent g-6 Sucre be gélatine. — Mémoire sur la compo- sition de cette substance et sur celle de l'acide nitro-saccharique ; par M. Roussir- g"ult 917 Sulfures. — Recherches sur le sulfure do car- bone ; par M. Couerhe 480 Tarmgrades. — Recherches sur l'organisation des tardigrades ; par M. Doyère 4;9 Télégraphes. — M. le Ministre de l'Intérieur demande communication d'un rapport qui a été fait en 1808 sur un projet de télégra- phe de nuit 574 — Paquet cacheté portant pour suscription : <( Système de télégraphie nocturne » ; adressé à la séance du 26 octobre par M. Darlu 663 — Lettre sur les télégraphes de nuit ; par M. Blondeau de Corolles 712 — Sur la possibilité d'avertir d'une inonda- tion , plusieurs heures d'avance, les rive- rains qui en sont menacés; Lettre de M. Couhard 8^4 — M. Couhard annonce qu'il a terminé son travail sur les communications télégra- phiques destinées à avertir de l'approche d'une inondation 914 M. Couhard envoie le Mémoire annoncé . 92'i Température propre des végétaux. — Sur l'é- lévation de température qui a lieu à une certaine époque de la floraison dans le spa dice de la Colocasia odora, et sur les chan- gements que subit l'air ambiant pendant cette période ; par MM. Vrolick et de Vrièse. 771 Températures des sources. — Mesuredela tem- pérature des sources de la Marne, de la Seine et de la Meuse; par M. Walferdin. 169 — Remarques sur la différence de tempéra- ture entre deux sources de la Seine qui apparaissent à des hauteurs différentes au- dessus du niveau de la mer; par M.Arago. 4°8 — Températures des sources observées en différents points du globe, dans le cours de la campagne de la frégate la Vénus. (Rapport sur les résultats scientifiques du voyage exécuté sous le commande- ment de M. le capitaine Du - Petit' Thouars. ) 3i5 — Mesures de la température au fond du puits de l'abattoir de Grenelle ; par MM. Arago et Walferdin . Températures sous-marines. — Observations de la température de la mer à de grandes profondeurs , faites dans le cours de la campagne de la frégate la Vénus , sous le commandement de M. le capitaine Du- Petit-Thouars — Températures sur les hauts-fonds et dans les attérages (même voyage) — Indication de la température de couches très profondes de l'Océan donnée approxi- mativement par la position de l' i udex d'un thermométrographe qui a été brisé dans le cours du sondage ; Note de M. de Tessan. — Existence d'un courant d'eau chaude dans la mer du Japon , constatée pour la pre- mière fois , pendant la campagne de ta Vénus, au moyen de sondes thermomé- triques ; Note de M. de Tessan Térébenthine 'Essence de). — Nouvelles recher- ches sur cette essence et sur les substances qui lui sont isomériques ; par M. Deville. Thermométriqces (Observations) faites durant le voyage de la frégate la Vénus. (Rapport ■or les résultats scientifiques de l'expé- dition commandée par M. le capitaine Du-Petit-Thouars Voir aussi au mot Températures. Thermométrographes. — M. Arago met sous les yeux de l'Académie des enveloppes métalliques de thermométrographes qui ont été écrasées par la pression de l'eau dans des sondages à de grandes profon- deur? — Température sous-marine à une grandi- profondeur indiquée approximativement par la position de l'index dans le thermo- métrographe écrasé; Note de M. de Tessan. — M. Breguet fils présente un thermométro- graphe métallique enregistrant d'heure en heure la température Thermonectramté. — Lettre de M. Hess à M. Arago 707 3io 3l2 m 406 m 3o8 40 > 448 24 978 Torticolis. — Nouvelles recherches sur le torticolis ancien et le traitement de cette difformité par la section sous-cutanée des muscles rétractés ; par M. /. Guérin. . . . — Sur une nouvelle affection des vertèbres cervicales (le torticolis articulaire) ; Note de M. Bouvier Tremblements de terre. — Mémoire sur les effets du tremblement de terre ressenti à la Guadeloupe le n janvier 183g; par M. Lherminier ( Ï091 P.gM. 48 1 865 Ulcères. — Mémoire sur un mode de traite- ment des ulcères des jambss , lequel n'as- sujetit point les malades au repos ou au ré- gime; par M. Boyer 207 — Rapport sur ce Mémoire 44^ Trisection de l'angle. — Un Mémoire sur cette question, adressé par M. Schiavoni , ne peut, d'après les règlements de l'Acadé- mie , devenir l'objet d'un rapport 82.5 Truffes. — Préjugés des anciens relatifs à l'influence du tonnerre sur la production des truffes; par M. de Paravey 988 Tubes de très petit diamètre. — Recherches sur le mouvement des liquides dans cette sortede tubes; parM. Poiseuille... 961 et 1041 Turbines. Voir à Roues hydrauliques . u Utérus. — Nouveau mode de traitement dans les maladies du col de l'utérus; paquet cacheté adressé par M. Gariel ( séance du 19 octobre) 63G Vagues. — Observations concernant la plus grande hauteur des vagues , faites dans le cours de l'expédition de la frégate la Vé- nus, commandée par M. le capitaine Du- Petit-Thouars. (Rapport sur les résultats scientifiques de ce voyage. ) B26 Vapeur d'eau. — Sur les circonstances néces- saires pour qu'il y ait dégagement d'élec- tricité quand de l'eau passe de l'état li- quide à l'état de vapeur ; Note de M Pel- tier ■ 908 Vaporisation. — Nouvel appareil de vapori- sation ; par MM. Turck et Carteron 481 Végétaux. — Delà nature des tissus végétaux; par M. de Tristan 168 — M. Payen adresse, sous enveloppe cachetée, les résultats de ses observations sur di- vers points relatifs au développement des végétaux (séance du 27 juillet) 176 — Nouveaux faits relatifs au développement des végétaux : substances inorganiques déposées dans certaines parties du tissu des plantes ; Mémoire de M; Payen 4°l Végétaux (Chaleur propre des). Voir au mot Température. Veineux (Système). — M. Bouchacourt adresse un paquet cacheté portant pour suscrip- tion : «Recherches anatomiques sur le système veineux. » (Séance du 12 octobre). 610 Ventouses. — Note sur l'emploi des ventouses sèches dans les cas de pertes utérines; par M . Gondret 607 Vents. — Rapport sur un mémoire de M. Lartigues ayant pour titre : « Nouveau système des vents. » 222 Vers a soie. — Note sur des cocons colorés en bleu verdàtre et en rose, provenant de vers à soie dans la nourriture desquels on avait fait entrer de l'indigo et de la garance; par M. Bonafous . 123 Vision. — Rapport sur un Méraoiro de M. Val- lée, ayant pour titre : « Explication du mécanisme de l'œil. » 8o3 — Deuxième Mémoire sur la théorie de l'œil ; . par M. Vallée 923 Voir aussi au mot Vue. Voitures.— Nouvelle voiture mécanique cons- truite par M. Duchemin 816 — Sur la production artificielle des sons graves analogues à ceux de la voix hu- maine; par M. Cagniard-Latour 703 — Description des produits du phonateur hu- main; par M. Garcia 8i5 Voix. — Analyse de la voix; machines imi- tant la voix humaine ; paquet cacheté adressé par M. Despierres ( séance du 1 9 octobre) 63G Volcaniques (Phénomènes). — Recherches sur les fumerolles, les solfatares, etc. ; par MM. Piriaet Mellon: 352 Voyages scientifiques. — Rapport sur les ma- nuscrits de météorologie et de botanique et sur les collections d'histoire naturelle faites dans l'Inde par M. Perrottet 186 — M le Ministre de la Marine accuse récep- tion de ce rapport, qui lui a été adressé par l'Académie 56i — Itinéraire du voyage de la frégate la Vé- nus, commandée par M. le capitaine Du- Pelit-Thouars 399 — Rapports sur les travaux scientifiques exé- cutés dans le cours de cette expédition. . . 33ij ( l<>92 ) Pages. Partie concernant la physique duglobe et la météorologie , Rapporteur M. Arago. 298 Partie concernant la géologie ; Rappor- teur M. Élie de Beaumont 336 Partie concernant la zoologie ; Rappor- teur M. de Blainville 339 • M. le Ministre de la Marine accuse récep- tion de ce rapport 608 - Rapport sur les collections d'histoire na- turelle, formées pendant un voyage aux Indes orientales, par AI. Ad. Delessert. . 385 - M. le Ministre de la Marine soumet à l'exa- men de l'Académie les documents re- cueillis dans la dernière expédition scien- tifiqueau nord de l'Europe, et la consulte sur la proposition qui lui a été faite par M. Gaimard, d'envoyer de nouveau au cap Nord les personnes qui, dans cette expédition , avaient été chargées des ob- servations magnétiques et météorolo- giques, afin qu'elles poursuivent ces ob- servations dans les deux années pro- chaines 607 - M. Biot demande que l'on sollicite de M. le Ministre de la Marine , pour les officiers qui avaient été chargés de ces observa- tions , l'autorisation de séjourner pour un temps à Paris, afin qu'ils puissent don- ner de vive voix aux membres de la Com- mission chargée d'examiner les docu- ments qu'ils ont rapportés, des explica- tions sur les circonstances dans lesquelles certaines observations ont été faites. .. . G07 - M . le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts annonce que, conformément au désir exprimé par l'Académie des Pagfs. Sciences, MM. Blondel, H. Vernet, P. De- larocke et Debret ont été désignés comme devant s'adjoindre à la Commission char- gée de faire un rapport sur les résultats scientifiques de la dernière expédition envoyée dans le nord de l'Europe 660 — M. le Ministre de la Marine annonce que conformément au désir exprimé par l'A- cadémie, il a autorisé MM. les officiers qui, dans la dernière expédition au nord de l'Europe ont été chargés des observa- tions météorologiques, de séjourner jus- qu'à nouvel ordre à Paris , pour pouvoir donner de vive voix à la Commission chargée de faire un rapport sur les ré- sultats scientifiques du voyage, les ren- seignements dont elle croirait avoir be- soin -„(> — M. \eMinistre de la Marine invile l'Acadé- mie à faire examiner, par la même Com- mission, de nouveaux documents scienti- fiques recueillis dans le Nord , et qui ' font suite à ceux sur lesquels cette Com- mission est déjà chargée de faire un rap- port Ihid. — Observations faites pendant un voyage au Chili et au Pérou ; Lettre de M. Gay à M. B. Delessert -g^ — M. l'abbé Gotteland, près de partir pour la Chine en qualité de missionnaire, offre de faire dans ce pays, des observations de météorologie et d'astronomie 8a3 Vue. — Mémoire sur la nature de la lumière, sur le sens de la vue, sur le spectre so- laire, etc. ; par M. Brenta -66 Voir aussi à Vision. w Waggons pour les chemins de fer. — Rapport sur les diverses dispositions proposées par M. Atnoux, pour faire marcher libre- ment les locomotives et les waggons des chemins de fer, le long des courbes de toutes sortes de rayons .... 101 — acclamation à l'occasion de ce rapport; par M. Renaud de Vilback Ij4 - Remarques de M. Arago, relativement à cette réclamation. ... 1 ^5 ■ M. Laignel adresse le modèle d'un waggon à un seul essieu, système pour lequel il a obtenu en 1 834 un brevet d'invention et qui a été depuis employé en Angleterre. 121 • Sur des waggons à essieux indépendants ; Note de M. Tournachon 346 Yeux [Maladies des). — M. Schlesinger adresse des documents relatifs aux résultats de sa méthode pour le traitement des maladies des yeux 12) M. Schlesinger demande à retirer ces docu- ments et des pièces sur le même sujet qu'il avait précédemment adressées 5^5 ( '°93 ) Pages. Zwgbaoe. — Sur le zinguage par la voie hu- mide j Lettre de M. Sorel 987 Zoologie. — Rapport sur les résultats scienti- fiques du voyage de la frégate la Vénus, commandée par M. le capitaine Du-Petit- Thouars. — Résultats concernant la zoo- logie 33g — M. Hilne Edwards fait hommage à l'Aca- démie du ier volume de la deuxième édi- tion de ses « Éléments de zoologie » aao Zoologie générale. — M. Isidore Geoffroy fait hommage à l'Académie, d'un^ouvrage qu'il vient de faire paraître sous le titre: « Es- sai de zoologie générale. » 659 — Sur la tendance actuelle vers les études de zoologie générale ; Note de M. E. Geqf- P«l». froy-Saint-Hilaire 686 Zoosperhes. — Observations sur les zoosper- mes de l'homme et de divers animaux vertébrés et invertébrés; par M. Lalle- mand , ^5o — Lettre de M. Peltier à l'occasion du Mé- moire précédent; observations sur le mode de formation et de développement des zoospermes chez les batraciens 816 — Loi générale de la reproduction des êtres vivants ; Mémoire de M. Lallemand 799 — Recherches sur les variations de forme que présentent les zoospermes chez certains Batraciens ; Lettre de M. Prévost à M. Du- mas •« 907 Voyez aussi au mot Génération. C. R., 1840, a« gimjitrr (T. XI.) 146 C '<>94 ) TABLE DES AUTEURS. MM. P>6<='- ABRIA. — Recherches sur l'aimantation par les courants électriques 22 Sur les phénomènes mécaniques qui ac- compagnent les décharges électriques. . . . 16S AMELIN demande à reprendre un Mémoire sur les reconnaissances militaires qu'il avait précédemment adressé 825 ANDELY (D') présente deux rognons de grès dont l'un renferme uu fruit fossile, et dont l'autre, par sa forme, rappelle grossière- ment les formes d'un enfant 122 ANDRAL. — Recherches sur les modifications de quelques-uns des principes du sang dans les maladies (en communavec M. Ga- varret). . . . l55 et 196 ANONYMES. — Note sur la quadrature du cercle 247 — Figure d'un nouveau moteur 706 — L'auteur d'un Mémoire sur l'ovologie, adressé pour le concours au grand prix des Sciences physiques de i843 , demande et obtient l'autorisation de reprendre son travail 1027 — Statistique du département de la Haute- Loire , adressée avec le nom de l'auteur enfermé sous pli cacheté to5 j ARAGO. — Rapport sur les diverses dispo- sitions imaginées par M. Arnoux , pour faire marcher librement les locomotives et les waggons des chemins de fer le long de courbes de toutes sortes de rayons. . . 101 — Remarques en réponse à une réclamation de M Renaud de Wilback contre quelques parties de ce Rapport , ij5 — Rapport sur les travaux scientifiques exé- cutés dans le cours de l'expédition de la Vénus , sons le commandement de M. le capitaine Du-P elit-Thouars 298 — M. Arago met sous les yeux de l'Académie les enveloppes métalliques de thermomé- trographes qui ont été écrasées par la pres- sion du liquide ambiant, dans des sonda- ges faits à de grandes profondeurs 40J — Sur la différence de température entre deux sources delà Seine qui apparaissent MM. Pages. à des hauteurs différentes au-dessus du ni- veau de la mer 4°8 — Remarques à l'occasion des conclusions d'un rapport sur le nouveau système de navigation à la vapeur de M. A. de Jouf- froy , .... 659 — Mesures de la température au fond du puits de l'abattoir de Grenelle ( en commun avec M. Wal/erdin) 707 — Remarques sur un procédé employé par M. Brunel pour la construction des deux tours situées aux extrémités du tunnel et qui serventd'issue à ce chemin souterrain 709 — M. Arago annonce que M. Halphen a mis à la disposition de deux membres de l'A- cadémie des quantités considérables de diamants pour servir à des recherches de physique, et propose que des remercî- ments lui soient adressés pour le service qu'il rend ainsi à la science 906 — M. Arago met sous les yeux de l'Académie un nouveau microscope simple connu en Angleterre sons le nom de microscope Stanhope 1 062 — M. Arago présente de la part de M. de la Rive un vase qui a été doré par les procé- dés électro-chimiques dont ce physicien a déjà entretenu l'Académie 123 — M. Arago communique une lettre de M. Schumacher concernant ia découverte d'une comète faite par M. Bremicier, une observation de cet astre faite le 27 octobre à Berlin, par M. Galle, et deux obser- vations faites à Paris , les 6 et 8 novem- bre, par MM. E. Bouvard et Laugier. . . . 768 — M. Arago communique les éléments para- boliques de cette comète, calcules d'après les observations deParis, par MM. Laugier et Mauvais 821 — M. Arago communique des observations relatives aux météores ignés des nuits du 12 au i5 novembre , par MM. les élèves astronomes de l'Observatoire de Paris.. 820 — M. Arago communique une Lettre de M. Ledlnghen concernant des observations ( 1 MM. P«ge». des effets électriques du sirocco d'Afrique. 822 — M. Arago met sous les yeux de l'Académie différents objets d'ébénisteric exécutés avec des bois colorés dans leur masse par les procédés de M. Boucherie 8a3 — M. Arago préseute une épreuve photogra- phique fixée par M. Grehqff àe Moscou, au moyen d'un procédé particulier, et des épreuves photographiques obtenues sur cuivre et sur laiton ; M. Arago fait aussi connaître, d'après une Lettre de M. Ma- rin-Darbel , un nouveau mode de gravure imaginé par M. Grekoff. 824 — M. Arago est désigné comme l'un des trois membres de l'Académie qui feront partie du Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique pendant l'année scolaire 1840 — 4' a26 — M. Arago est nommé membre de la Com- mission chargée de décerner la médaille de Lalande 3g4 — Et de la Commission pour le concours au grand prix de Sciences mathématiques de l'année 1841 5ai — M. Arago présente au nom de M. Hubert deux images photographiques de teintes variées , obtenues par le procédé de M. Fiteau 8a j — M. Arago communique une lettre de M. Hess, sur la thermo-neutralité 978 — Et une Lettre de M. Perrot sur de nou- velles applications des procédés galvano- 095 ) MM. P«(!M- plastiques io63 ARCET (D' ) transmet des documents qui montrent qu'une notable dépression au- dessous du niveau de la mer avait été reconnue pour plusieurs des étangs situés près du Rhône, avant la présentation du Mémoire de M. Vallès sur le même sujet. 168 — M. d'Arcet est nommé membre de la Com- mission pour le concours concernant les Arts insalubres '96 ARNOUX. — Le prix de Mécanique (concours de 1839 ) est décerné à M. Arnoux pour son système de waggons articulés 5a — Diverses dispositions destinées à faciliter la marche des locomotives et des waggons des chemins de fer le long des courbes de toutes nortes de rayons. ( Rapport sur ces inventions.) I0' AUDOUIN présente des larves vivantes de Bombyx cecropia, nées en France, d'oeufs pondus par des individus qui avaient été envoyés de la Nouvelle-Orléan3 à l'état de chrysalides • 96 — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Forester sur la phosphorescence des lombrics 712 — Remarques sur la phosphorescence que pré- sentent les lombrics dans les jours qui précèdent l'époque de leur copulation. Remarque semblable relative au lampyre. 774 AZAIS. — Mémoire sur l'affinité ou puissance de combinaison 226 BABINET. — Découverte d'un nouveau point neutre dans l'atmosphère 618 BASTIER. — Sur un nouveau moyen d'alimen- ter les classes pauvres (paquet cacheté adressé à la séance du 19 octobre ) 636 BAZIN. — Recherches sur les connexions ana- tomiques , physiologiques et zoologiques du système nerveux 28g , 479 et 56g BEAU. — Dépôt de deux paquets cachetés (séance du 27 juillet) 176 BECQUEREL. — Considérations générales sur les applications des sciences physico-chi- miques aux sciences naturelles , aux arts et à l'industrie; lecture faite dans la séance publique du lundi i3 juillet 1839 75 Sur la présence de sables aurifères dans le gisement de la galène de Saint Santin- Cantalès , et sur le gisement des galènes aurifères en général 129 M. Becauerel présente le 7e et dernier vo- lume de son « Traité expérimental de l'é- lectricité et du magnétisme. » 759 BECQUEREL (Edmond). — Sur le rayonne- ment chimique qui accompagnela lumière solaire et la lumière électrique, 3e partie. 702 — Recherches sur les pouvoirs réfringents des liquides (en commun avec M. Cahours). . . 867 BENEDICT (Manuel) demande à reprendre un Mémoire sur les morts apparentes, qu'il avait adressé pour un concours sur lequel il n'y a pas encore de jugement porté 772 BERTRAND. — Sa participation aux travaux scientifiques exécutés pendant la campa- gne de la frégate la Vénus. (Rapports sur les résultats scientifiques de ce voyage.) 298, 336 et 339 BETODLLE. — Nouveau niveau à l'usage des arpenteurs io54 BEUDANT est nommé membre de- la Com- mission administrative pour le 2e semes- tre de 1840 et le ier de 1841 3g4 146.. MM. )'»ges. BÉZANGER. — Nouvelle encre indélébile. . 977 BILLANT présente les résultats d'un premier essai pour la construction économique de chronomètres à pointage gi3 BIOT fait hommage à l'Académie d'un opus- cule sur l' Astronomie ancienne des Chi- nois , des Hindous et des Arabes 101 — Expériences de polarisation sur le camphre liquide, essence sécrétée par le Dryabala- nops camphora • 3^1 — Sur la construction et l'usage des appareils destinés à éprouver le pouvoir rotatoire des liquides \ 1 i3 — Remarques à- l'occasion d'une Note de M. Persoz sur l'altération de certains aci- des végétaux par les suroxides plombique et manganique ; intérêt qu'il y aurait :i pouvoir étudier ces transformations au moyen des méthodes optiques. 5î6 — M. Biot demande que l'Académie sollicite deM. le Ministre de la Marine, pour quel- ques officiers qui , dans la dernière expé- dition scientifique au nord de l'Europe , avaient été chargés des observations mé- téorologiques et magnétiques, la permis- sion de séjourner un temps à Paris , afin d'être à portée de fournir à la Commis- sion nommée par l'Académiedes Sciences, pour l'examen des résultats de cette expé- dition , certains renseignements néces- saires à l'interprétation complète des do- cuments écrits - 607 — Mémoire sur la chimie atomique. . 6o3et 620 — Remarques à l'occasion des conclusions d'un rapport sur le nouveau système de navigation par la vapeur de M. A. de Jouffiroy 65g — Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Helloni sur l'existence d'un pouvoir diffusif de la chaleur qui par ses variations change la valeur du pouvoir absorbant chez les corps athermanes autres que le noir de fumée 68a — M. Biot demande à remettre à une pro- chaine séance la lecture d'un Mémoire ayant pour titre : ■ Sur l'emploi des ca- ractères optiques comme diagnostic im- médiat du diabète sucré. » ggt — Lecture de ce Mémoire 1028 BLAINVHXE ( De ; , en présentant la sixième livraison de son Ostéographie des vertébrés, donne une idée du contenu de ce fascicule 12 — Rapport sur des débris fossiles de mammi- fères présentés par M. d'Hombres-Firmas. i3 «- Rapport sur les observations relatives à l'Histoire naturelle, faites pendant le voyage de la Vénus, sous le commande- ( '096 ) MM. Pau- ment de M. le capitaine Du-Petit-Thouars , et sur les collections de plantes et d'ani- maux formées dans le cours de l'expédition. 33g — Rapport sur les collections d'Histoire natu- relle formées pendant un voyage aux In- des orientales, par M. Delessert... . 385 et 389 — Rapport sur deux Mémoires de M. Puel, concernant des ossements fossiles de ren- nes et de divers autres animaux prove- nant d'une caverne desenvirons deFigeac. 3i;o — M. de Blainville présente la septième li- vraison de son Ostéographie récente et fos- sile , livraison qui contient, avec des généralités sur les Carnassiers, l'ostéo- graphie des genres linnéens Phoca et Tri- chechus ■ 802 — M. de Blainville est nommé membre de la Commission pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie, fondation Mon- tyon 196 BLONDEATJ DE CAROELES. - Sur les té- légraphes de nuit 712 — Mémoire sur l'éclairage au gaz io5i BOBLAYE (PDiLLON-)-Voir aPuillon-Boblaxe. BOBLET fait hommage à l'Académie de la relation manuscrite d'un voyage fait aux frais de l'ancienne Académie, par le chi- rurgien Morand, pour étudier la méthode de taille de Cheselden 362 BOLAND. — Mémoire sur la panification.. . 23g BONAFOUS. — Note sur des cocons colorés en bleu verdàtre et en rose, provenant de vers à soie dans la nourriture desquels on avait fait entrer de l'indigo et de la ga- rance BOQD1LLON présente différents moulages obtenus par ses procédés galvano-plasti- ques, et un appareil au moyen duquel on peut répéter, dans les cours publics y ces sortes d'expériences 25 — Note sur ses procédés galvano-plastiques et les particularités qui les distinguent de ceux de M. lacoby 120 — MM. Soferel Ingé, et M. Boquillon, deman- dent que les communications qu'ils ont faites séparément concernant leurs pro- cédés galvano-plastiques soient renvoyées à une Commission commune 4°5 — Note sur le procédé au moyen duquel M. Kobell obtient, par une action gal- vanique, des planches gravées dont les ' épreuves imitent 1ns dessins à la sepia. . . 768 BOSCAWEN. — Transport sur pierre d'une épreuve daguerrienne 292 BOUCHACOTJRT. — Paquet cacheté portant pour suscription : a Recherches anatomi- ques sur le système veineux. » (Séance du 12 octobre.) 610 ( ro97 ) MM. BOUCHARDAT. — Observation d'une nou- velle maladie , Vhippurie BOUCHERIE. — Divers objets d'ébénisterie fabriqués avec des bois de France colorés dans leur substance par les procédés de M. Boucherie, sont mis sous les yeux de l'Académie par M. Arago , — Mémoire sur la conservation des bois (Rap- port sur ce Mémoire) BOUSSINGAULT. — Mémoire sur la com- position du sucre de gélatine et de l'acide nitro-saccharique M. Boussingault est nommé membre de la Commission pour le concours au prix de Statistique BOUTIGNY. — Propositions physico-chimi- ques sur la caléfaetion et l'état sphéroïdal des corps... . Nouvelles recherches sur la caléfaetion. . . Sur un bolide observé à Evreux le a no- vembre BOUVARD est nommé membre de la Com- mission chargée de décerner la médaille de Lalande BOUVARD ( Eue. ). — Observations de la co- mète découverte dans les derniers jours d'octobre , par M. Bremicker Observation d'éclairs par un temps serein dans la nuit du 14 au 16 novembre; petit nombre d'étoiles filantes vues dans cette nuit et les deux précédentes BOUVIER. — Sur une nouvelle affection des vertèbres cervicales (torticolis articulaire). BOYER. — Mémoire sur un mode de traite- ment des ulcères des jambes , lequel n'as- sujétit point les malades au repos ni au régime Rapport sur ce Mémoire BRAVAIS. — Comparaison des baromètres des principaux observatoires du nord de l'Europe avec ceux de l'Observatoire de Paris (en commun avec M. îtartins) BREGUET présente un nouveau thermomé- trographe qui enregistre d'heure en heure la température BREMICKER. — Découverte d'une nouvelle comète dans les derniers jours d'octobre. BRENTA. — Mémoire sur la nature de la lu- mière, sur le sens de lavue, sur le spectre solaire , etc. BRESCHET. — Recherches expérimentales concernant la nature de la rage Rapport sur un Mémoire de M. Lallemand, intitulé : « Nouvelle méthode de traiter et de guérir les fistules vésico-vaginales. » . . Page». 447 . 8a3 «94 9'7 226 167 36a 822 394 768 48, 207 443 710 24 768 766 485 545 MM. — M. Breschet est nommé membre de la Com- mission pour le concours aux prix de Mé- decine et de Chirurgie , fondation Mon- tyon — Et de la Commission pour le concours au prix de Physiologie expérimentale BRIGGS. — Débris fossiles d'éléphants trou- vés dans une sablonnière située entre Joinville-le-Pont et Champigny BRTGHT, auteur d'un ouvrage couronné au dernier concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie, adresse à l'Acadé- mie ses remerctments BRISSEAU. — Sa participation aux travaux scientifiques exécutés pendant la campa- gne de la frégate la Vénus. (Rapports sur les résultats scientifiques de ce voyage.) ; 298, 336 et BROCHANT DE VILLIERS est remplacé, dans la section de Minéralogie et de Géo- logie, par M. Dufrénoy, élu le 17 août. . BRONGNIART (Adolphe). - Sur la structure intérieure du Sigillaria elegans comparée à celle des Lepidodendron et des Stigmaria, et à celle des végétaux vivants BRONGNIART (Alexandre) propose, au nom de la section de Minéralogie , de déclarer qu'il y a lieu à remplacer M. Brochant de Viîlîers — Met sous les yeux de l'Académie des épreu- ves galvanographiques faites par M. Ko- bell, de Munich; d'autres obtenues par M. Boauillan, au moyen du même pro- cédé, et une description abrégée de ce procédé , ainsi que des modifications qu'y a apportées M. Boquillon BRUNEL. — Remarques de M. Arago sur le procédé employé par cet ingénieur pour la construction des deux tours situées de chaque côté du tunnel de Londres, et qui servent d'issues à ce chemin souterrain. . BRUNIER. — Machine à vapeur à réactions successives produites par un même écou- lement de vapeur — Sur un appareil propre à faire le vide, et sur une machine hydraulique mise en jeu par cet appareil BRUNNER prie l'Académie de s'intéresser à la continuation d'observations météoro- logiques qu'il a commencées dans la Sé- négambie , BURGER est présenté par la section d'Éco- nomie rurale, comme candidat pour une place vacante de correspondant. ......... Pa(cs. '96 478 48a 48a 339 921 768 7»9 209 26 ?9i) ( io98 ) MM. pagt, CAGNIARD-LATOUR. — Nouvelles expé- riences d'acoustique 608 — Production artificielle de sons graves imi- tant ceux de la voix humaine ho3 — Théorie relative à la formation du son dans les cordes vibrantes , déduite de nouvelles expériences sur l'oscillateur acoustique 1026 — M. Cagniard-Latour est présenté par la sec- tion de Physique comme un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Poisson i038 CAHOURS. — Nouveaux résultats concernant l'huile essentielle de pommes de terre. . . i?5 — Recherches sur le pouvoir réfringent des liquides (en commun avec M. Ed. Bec- querel) 867 — Recherches chimiques sur les huiles essen- tielles (en commun avec M. Gerhardt). . . 900 CAPOCC1. — Sur une périodicité qui semble se montrer dans les chutes d'aérolithes. . 357 CARTERON et Tbrck. — Nouvel appareil de polarisation 481 CARVILLE. — Sa machine à faire des bri- ques. (Rapport sur cet appareil.) 911 CASTERA. — Mémoire sur la navigation sous-marine 56a. et 606 — Sur les moyens de diminuer les dangers résultant du choc de deux bateaux à va- peur ou de deux locomotives 8a5 CAOCÏTÏ. — Sur l'intégration des équations différentielles ou aux différences par- tielles 1 — Méthodes générales pour la détermination des mouvements des planètes et de leurs satellites i -g — M. Cauch;r fait hommage à l'Académie de la 9e livraison de ses « Exercices d'ana- lyse et de physique mathématique. ». .. . 255 — Sur les fonctions alternées qui se présen- tent dans la théorie des mouvements pla- nétaires 297, 3; 7 et 432 — Méthode générale pour la détermination numérique des coefficients que renferme le développement de la fonction pertur- batrice 4^3 — Note sur le développement de la fonction perturbatrice 5oi — • Intégrales générales des équations différen- tielles qui représentent le mouvement de notre système planétaire 5 1 2 et 533 — Sur les perturbations des mouvements pla- nétaires , et en particulier sur celles du MM- Pages. second ordre 565 — Sur la variation des éléments elliptiques dans les mouvements des planètes 5-g — Mémoire sur la convergence et la transfor- mation des séries ... 63q — Rapport sur le nouveau système de naviga- tion à la vapeur de M. de Jouffroy. . 6~.g et 687 — Applications diverses des théorèmes rela- tifs à la convergence et à la transforma- tion des séries 667 — Sur la convergence des séries qui repré- sentent les intégrales d'un système d'é- quations différentielles j3o — Sur les fonctions interpolaires 775 — Sur les moyens d'éviter les erreurs dans les calculs numériques 789 et 826 — Sur la résolution numérique des équations algébriques et transcendantes 829 — Sur les moyens de vérifier ou de simplifier diverses opérations de l'arithmétique dé- cimale 84- — Mémoire sur divers points d'analyse 953 — Rapport sur les procédés de calcul imaginés et mis en pratique par un jeune pâtre de la Touraine, H. Mondeux g52 — Rapport sur deux Mémoires présentés par M. Duhamel, et relatifs aux vibrations des cordes que l'on a chargées de curseurs.. . 9".- — Rapport sur une machine destinée à la ré- solution numérique des équations, pré- sentée par M. Léon Lalanne 959 — Note sur les intégrales multiples 1008 — M. Cauchy est nommé membre de la Com- mission pour le concours au grand prix de Sciences mathématiques de l'année 1841 , 5jt — M. Cauchy fait hommage à l'Académie de deux opuscules de mathématiques io36 CHASLES. — Lettre à M. Arago sur un bol ii le observé à Chartres le Jo novembre 988 CHEVALIER. — Sur les opérations qui ont pour objet de constater la présence de quantités minimes d'arsenic 703 CHEVREUL. — Rapport en réponse à une question adressée par M. le Ministre de la Guerre , concernant le volume d'air néces- saire à la respiration d'un cheval à l'é- curie 223 CHIRON. — Sa participation aux travaux scientifiques exécutés dans le cours du voyage de circumnavigation de la frégate la Venu s. ( Rapports sur les résultats scien- tifiques de ce voyage.) 29.8, 336 et 33<) ( ■ MM P«B««- CHOSSAT prie l'Académie de vouloir bien hâter le Rapport qui doit être fait sur des recherches expérimentales qu'il a précé- demment adressées, concernant l'inani- tion no CHR1STOL(De ). — Sur une nouvelle espèce fossile , le Metaxytherlum, de la famille des Dugongs 527 CITTADINI. — Nouveau cystotomo pour l'o- pération de la taille 30g CLEMENT. — Instruments nouveaux desti- nés à faire connaître le sillage , la dérive d'un navire et la température de la mer sous la quille 977 CODAZZI. — Géographie de Venezuela. ... 291 COLA. — Sur le nombre d'étoiles filantes ob- servées à Parme, dans les nuits du 9 au 10, et du 10 au 11 août uSjo 4"6 COLLEGNO Sur le gisement des terrains tertiaires du département de la Gironde. 19 COLLINS prie l'Académie de hâter le Rap- port qui doit être fait sur un Mémoire qu'il a précédemment présenté 712 COMBES-DESMORELLES. — Sur le sondage en mer à de grandes profondeurs 247 COMTE annonce qu'il se présente comme candidat pour la chaire d'Analyse et de Mécanique, vacante à l'École Polytechni- que , et présente à cette occasion des ré- flexions sur la nature des titres auxquels on doit, suivant lui, avoir principale- ment égard dans le choix d'un professeur. 210 CORDIER fait hommage à l'Académie de la 3e partie de l'Atlas du Mineur, recueil publié annuellement par l'Ecole des Mi- nes, et exécuté par MM. les élèves de cette École 25 CORIOLIS. — Rapport au nom de la Com- mission chargée de décerner le prix de Mécanique 28 — M. Coriolis est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix de Mé- canique 391} — Rapport sur un Mémoire de M. Poirel , relatif à un nouveau mode de fondations °99 ) MM. à la mer pour les jetées des ports CORRID1 transmet , de la part du grand-duc de Toscane, les Actes de la première réu- nion de la Société italienne des Sciences. COSTAZ est nommé membre delà Commis- sion pour le concours au prix de Statisti- que COUBARD Sur les moyens de donner avis des inondations aux riverains d'un cours d'eau sujet à débordements, plusieurs heu- res avant qu'ils n'en soient atteints.. ... — M. Coubard annonce qu'il a terminé son travail sur le système d'avis télégraphi- ques relatifs aux inondations — M. Coubard adresse le Mémoire annoncé.. COUERBE. — Recherches sur le sulfure de carbone COULIER. — Recherches concernant l'at- traction locale exercée sur l'aiguille des boussoles marines par les fers environ- nants i — M. Coulier adresse un os fossile de rhino- céros provenant d'une sablonnière située dans Paris — Dépôt d'un paquet cacheté portant pour suscription : «Essais de galvanographie. » — Note sur l'emploi de l'appareil de Marsh.. — Lettre relative à la galvanographie COULVIER-GRAVIER. — Observations re- latives à la direction des bolides et au parti qu'on en pourrait tirer pour prévoir à l'avance les changements atmosphéri- ques COUVERCHEL. — Son « Traité des Fruits » , mentionné dans le Rapport sur le con- cours au prix de Physiologie expérimen- tale pour l'année i83g CRUD est présenté par la section d'Économie rurale comme candidat pour une place vacante de correspondant CTJRET. — Sur des rames articulées qui sem- blent avoir quelque rapport avec celles dont M. de loujfroy fait usage dans son système de navigation par la vapeur P.K». ^6l lG8 226 828 9'4 928 480 m 210 53 1 767 8î5 977 35 899 7.3 D DA1LLY écrit relativement à l'heureux em- ploi qu'il a fait , pour l'arrosement des champs , des eaux infectes d'une féculerie. DAMOISEAU est nommé membre de la Com- mission chargée de décerner la médaille de Lalande D'ANDELY. Voir à Andely ( d' ). DANGER — Paquet cacheté portant pour sus- 8a3 394 cription : « JN ouveau procède pour la com- bustion des matières organiques dans les recherches de chimie légale u (en com- mun avec M. Flandin), séance du 23 no- vembre 8;8 Recherches médico-légales sur l'arsenic (en commun avec M. Flandin) io38 • Dépôt d'un paquet cacheté concernant les IOOO MM • Pages, mêmes recherches (séance du 38 décemb.) 1064 D'ARCET. Voir à Arcet (<*'). DARLU. — Réclamation de priorité à l'occa- sion d'uno communication de M. de Tes- san sur l'attraction universelle, considérée comme résultantde propriétés connues de l'éther 575 — Système de télégraphie nocturne ; paquet cacheté adressé à la séance du 26 octobre. 663 — M. Darlu appelle l'attention sur certaines circonstances du jeu des appareils de lo- comotion dans les oiseaux j circonstances qu'on devrait, suivant lui, s'attacher à re- produire dans les appareils d'impulsion des bateaux à vapeur 877 DAUSSE. — Le prix de Statistique (concours de i33j) lui est décerné pour sa «Sta- tistique des principales rivières de France » 60 DECOMHES-DESMORELLES. - Méthode de sondages en mer à de grandes profon- deurs 2 J7 DELAFOSSE. — Recherches sur la cristalli- sation considérée sous les rapports phy- siques et mathématiques 3g j DE LA RIVE. — Application à l'art du graveur d'un procédé pour dorer le cuivre, au moyen de petites forces électriques.. . . . gi3 DELESSE , premier élève sortant de l'École Polytechnique dans la promotion de i83g, reçoit le prix fondé par Mme de Laplace 64 DELESSERT (Ad.). — Collections d'histoire naturelle formées pendant un voyage aux Indes orientales. (Rapport sur ces collec- tions.) 385 DELESSERT (Benj.) transmet une Lettre de M. Gay concernant quelques observations que ce voyageur a faites au Chili et au Pérou 769 OELHOMME. — Note sur une presse méca- nique à mouvement continu pour l'im- pression en taille douce 1 ao DELORME. — Mémoire sur un nouveau mode de traitement de l'hydrophobie gay> DEMIDOFF transmet des observations mé- téorologiques faites à Nijné-Taguilsk. . . 711 DENIEL. — Paquet cacheté concernant les machines à vapeur (séance du 14 septem- bre) 482 DENIS annonce qu'il a trouvé un mode d'é- clairage qui met à l'abri des détonations dans des galeries de mines où l'air, par un mélange d'hydrogène carboné, esj de- Tenu explosif 824 — Procédé pour la transformation de la fibrine en un liquide présentant plusieurs des propriétés de l'albumine j Lettre de MM. Pa8«. M. Letellier sur quelques circonstances nécessaires pour la réussite de l'opération. 877 DENY DE CURIS. — Sur de nouveaux moyens d'obtenir des chaux hydrauli- ques 211 — Sur la préparation des chaux destinées pour des mortiers hydrauliques. . -. 345 DESPIERRES. — Instruments de météoro- logie enregistrant à chaque instant leurs propres indications 634 — Dépôt d'un paquet cacheté portant pour suscription : « Analyse de la voix ; ma- chines imitant la voix humaine » (séance du 19 octobre).. 636 DESPRETZ. — Recherches sur la chaleur absorbée dans la fusion des corps 806 — M. Desprctz est présenté par la section de Physique comme un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Poisson io38 DEVILLE. — Nouvelles recherches sur l'es- - sence de térébenthine et sur les substan- ces qui lui sont isoraériques 44i — Détermination de l'indice de réfraction de quelques corps appartenant à la chimie organique 865 DEVILLE (Charles). — Lettre sur l'état géo- logique de quelques îles de l'Amérique septentrionale 983 DLDION. — Mémoire sur les vitesses ini- tiales des projectiles 70 \ DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'ADMINIS- TRATION DES DOUANES adresse un exemplaire du Tableau général du com- merce de la France avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l'an- née i83g 66.) DOMEYKO. — Sur un terrain stratifié situé dans le haut des Cordillères, et sur les filons métallifères qui l'accompagnent. . . 343 DONNÉ. — Sur un appareil d'éclairage pour les microscopes destinés aux démonstra- tions qu'on peut avuir à faire dans les cours publics n5 DOUBLE est nommé membre de la Commis- sion pour le concours aux prix de Méde- cine et de Chirurgie, fondation Mon- tyon DOYÈRE. — Sur l'organisation des tardi- '96 479 DUBOIS signale quelques passages d'auteurs anciens et modernes relatifs à des prati- ques d'économie rurale et d'économie do- mestique dont on n'a eu la théorie qu'à une époque fort récente 913 DUBOSC. — Sa participation aux travaux scientifiques exécutés pendant la campa- gne de la frégate la Vénus. (Rapports s»r MM. I les résultats scieutifique6 de ce voyage). 398, 336 et DUCHEM1N. — Nouvelle voiture mécani- que DUFOUR (Léon). — Histoire des métamor- phoses et de l'anatomie des Mordelles.. . OUFRÉNOÏ. — Description d'un nouveau minéral, un titanate de manganèse, la greenovite — M. Du/rënoy est élu membre de l'Académie (section de Minéralogie et de Géologie), en remplacement de M. Brochant de Vil- liers — Ordonnance royale qui confirme sa nomi- nation DUHAMEL. — Recherches sur les vibra- tions d'une corde flexible chargée d'un curseur — Mémoire sur les vibrations des cordes chargées d'un nombre quelconque de curseurs — Rapport sur ce Mémoire — M. Duhamel est élu à la place vacante dans la section de Physique par suite du décès de M. Poisson DUJARD1N. — Sur une classification des infusoires en rapport avec leur organisa- tion DUMAS est nommé membre de la Commis- sion pour le concours concernant les Arts insalubres — Détermination précise du poids atomique du carbone — Rapport sur un Mémoire de M. Boucherie, relatif à la conservation des bois — Recherches sur le véritable poids atomique du carbone (en commun avec M. Slas).. DUMÉRIL. — Rapport sur la partie entomo- logique d'une collection d'histoire natu- relle formée , pendant un voyage aux Indes orientales, par M. A. Delessert.. . . — Indication d'observations anciennes rela- tives à la phosphorescence des lombrics ( 200I ) MM. 339 816 2o3 a34 377 4o5 Su. 957 io38 381 196 287 894 991 388 i*«s" 7§7 pendant une certaine saison — M. DumérileU nommé membre de la Com- mission pour le concours aux prix de Médecino et de Chirurgie, fondation Mon- tyon 196 DUNGLAS. — Sur quelques précautions à prendre dans l'usage de l'appareil de Marsh. 600 DU-PETIT-THOUARS. — Travaux concer- nant la géographie, l'hydrographie et la physique du globe exécutés par lui , ou sous sa direction, dans le cours du voyage de circumnavigation de la frégate laVénus. (Rapports sur les résultats scientifiques de ce voyage.). .. , 398, 336 et 339 DUPIN ;Ch.) est nommé membre delà Com- mission pour le concours au prix de Sta- tistique 326 DUPU1S. — Méthode de traitement pour la guérison du strabisme 121 DUROCHER. — Observations sur le phéno- mène diluvien dans le nord de l'Europe. 23b' DUTROCHET. — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 2 novembre) 687 DUVAL. — Une somme de 2000 fr. lui est accordée à titre de récompense pour son Traité pratique du pied-bot 4*> DUVERNOÏ. — Sur une nouvelle forme de branchies observée dans un crustacé dé- capode macroure 217 — M. Duvernoy présente le tome VII des k Leçons d'anatomic comparée » de G. Cuvier, et donne quelques détails sur le contenu de ce volume 543 — Monographie d'un nouveau genre de Crus- tacés isopodes, le genre Képone 5t)8 — Sur une éponge qui se creuse des canaux dans l'épaisseur des valves de l'huitre pied-de-cheval 683 et 102 1 — Essai d'une monographie des organes de la respiration des crustacés isopodes (en commun avec M. Lereboullet) 85g et 88 1 EBELMEN. — Sur la quantité de chaleur dé- veloppée dans la combustion du char- bon 346 EDWARDS (Milne) fait hommage à l'Aca- démie du premier volume de la seconde édition de ses k Eléments de zoologie». 320 — M. Milne Edwards est nommé membre de la Commission pour le prix de Physiolo- gie expérimentale 478 — M. Milne Edwards présente le 3e et der- C. R., 1840 2? Semestre. {'V. XI.) nier volume de son Histoire naturelle des Crustacés 634 ÉLIE DE BEAUMONT. — Rapport sur plu- sieurs Mémoires de M. Roset , relatifs aux montagnes qui séparent la Saône de la Loire 255 — Rapport sur les résultats relatifs à la géo- logie obtenus durant le voyage de cir- cumnavigation de la Vénus, sous le com- mandement de M. Du-Petit-Thouars 33 i47 MM. M. Elle de Beaumont communique une Lettre de M. Ch. Deville sur la géologie ( 20O2 ) MM. p,gM de l'Amérique 983 ESPY. — Théorie des ouragans 587 FABRE adresse une copie d'une ancienne carte française du Spitzberg 988 FAUVFXLE. — Construction d'une pile de pont au milieu de l'Agly sans l'emploi d'un batardeau pour contenir les eaux fil- trantes 708 FAYET. — Recherches sur la statistique morale et intellectuelle de la France. . . . 565 FERMONT dépose un paquet cacheté (séance du 3o novembre) 889 — M. Fermont adresse un paquet cacheté por- tant pour suscription: « Musique ocu- laire» (séance du 21 de'cembre) 1028 F1LLEUX. — Sa participation aux travaux scientifiques exécutés pendant la campa- gne de la frégate la Vénus. ( Rapports sur les résultats scientifiques de ce voyage.). 298, 336 et 339 FIZEAU. — Procédé pour la fixation des images photogéniques 237 — M. Ficeau prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de faire un rap- port sur son procédé pour la fixation des images photographiques 906 FLANDIN. — Paquet cacheté portant pour sus- cription : «Nouveau procédé pour la com- bustion des substances organiques dans les recherches de chimie légale «(en commun avec M. Danger); séance du 23 novembre. 878 — Recherches médico-légales sur l'arsenic (en commun avec M. Danger) io38 — Paquet cacheté portant pour suscription : a3 LAMBOTTE. —Sur quelques phénomènes de chimie organique qui s'expliquent par la théorie de la chimie inorganique. ..... 240 ( aoo6 ) MM. . •'»?«• LA.NET.— Dépôt d'un paquet cacheté ( séance du 16 novembre) 8î5 — Paquet cacheté ( séance du a3 novembre) . . 878 LAPROVOSTAYE(De). —Action de l'acide sulfurique sur l'acide hypoazotique ; cris- taux des chambres de plomb. Théorie de la fabrication de l'acide sulfurique 119 — Note sur l'isomorphisme de l'oxaméthane et du chloroxaméthane G35 LA RIVE (De) adresse des échantillons de dorure sur laiton et sur argent exécutée au moyen de ses procédés galvanoplas- tiques 25 — M. Arago présente, au nom de M. de la Rive, un vase de métal doré par ces procédés. . îaî — Application aux besoins de la gravure des procédés de dorage par la voie humide.. . 913 LARREY. — De l'efficacité du moxa dans certaines névroses et affections paralyti- ques graves, et des inconvénients du gal- vanisme dans ces maladies 184 — M. Larrey est nommé membre de la Com- mission pour le concours aux prix de Mé- decine et de Chirurgie, fondation Mon- tyon 196 Rapport sur un Mémoire de M. Ph. Boyer concernant un mode de traitement des ulcères aux jambes, par lequel les mala- des ne sont assujétis ni au régime , ni au repos 443 LART1GUES. — Nouvelle théorio des vents. (Rapport sur ce travail.) aaa LASSAIGNE. — Nouveau mode d'applica- tion de l'appareil de Marsh pour faire dé- couvrir des quantités minimes d'acide ai sénieux 606 LATASTE adresse deux paquets cachetés (séance du 9 novembre ) 772 LAUG1ER. — Observations de la comète dé- couverte dans les derniers jours d'octo- bre 1840 par M. Bremicker 768 — Observations des météores ignés, dans les nuits du 11 au 16 novembre 850 — Éléments paraboliques de la comète du 27 octobre 82 1 LAURENS. — Sur l'avantage que l'on trouve à disposer, autour du cylindre d'une ma- chine à vapeur, une enveloppe dans la- quelle circule de la vapeur venant do la chaudière (en commun avec M. Thomas). 4°4 LAURENT (Ace). — Sur une série de compo- sés qui paraissent avoir pour radical la créosote 114 — Sur de nouvelles combinaisons azotées et sulfurées du bensoïle 660 — Réclamation de priorité à l'occasion d'une Note de M. de la Provoslaye sur l'isomor- phisme du chlore avec l'hydrogène dans MM • P»8». les substitutions 876 LAURENT. — Recherches sur le mode de reproduction des spongilles 478) 606 et 693 — Etude des masses spongillaires 1048 — Observations comparatives sur les corps re- producteurs libres de V Ectosperma clavata, et sur les embryons ciliés libres de la spon- gille io5o LAURENT présente un modèle de roues hy- drauliques à aubes mobiles 906 LECHE VALIER. —Mémoire sur les pres- sions qui ont lieu dans l'intérieur d'un vase où l'eau s'écoule par un orifice cir- culaire horizontal percé en mince paroi. . 286 LEDINGHEN. —Sur les effets électriques du sirocco d'Afrique 822 LEFEBVRE. — Sa participation aux travaux scientifiques exécutés pendant la cam- pagne de la frégate la Vénus. (Rapports sur les résultats scientifiques de ce voyage.) 398, 336 et 33g LEFEBVRE. — Observations météorologiques recueillies en Abyssinie; état de la cul- ture dans ce pays ; navigation de la mer Rouge 167 LEREBOULLET. — Essai d'une monographie desorganes de la respiration des crustacés isopodes (en commun avecM.Duvernoy). 85g et S81 LEROY D'ÉTIOLLES. — Sur les signes qui peuvent faire reconnaître l'engorgement de la prostate à son début. 56;) LESCUYER prie l'Académie de lui désigner des Commissaires au jugement desquels il puisse soumettre divers dispositifs de son invention, relatifs à un moyen de faire mouvoir et de diriger les aérostats. .... 872 LETELLIER. — Expériences micrographi- ques sur le sang , la lymphe plastique et le pus — Sur le procédé employé par M. Denis pour convertir la fibrine en un liquide présen- tant plusieurs des propriétés de l'albu- mine — Remarques à l'occasion des communica- tions de M. Boucherie, relatives à la con- servation des bois ioa5 LEVACHER adresse une analyse de son ou- vrage intitulé : « Guide médical des An- tilles et des régions inlertropicales. »... 112 LE VERRIER. — Sur le développement de la fonction perturba triceR pour le calcul des inégalités périodiques et séculaires des planètes 69'' — Sur la détermination des inégalités séculai- res des planètes, étendue aux termes qui, dans les équations différentielles, sont du troisième ordre par rapportaux excentri- 5(i, 87; ( 2007 ) MM. • p"8«- cités et aux inclinaisons ;,(> ■ LEYMERIE. — Caractères distinctes et dif- férentiels des espèces nouvelles de coquil- les fossiles trouvées dans les terrains cré- tacés du département de l'Aube 9o5 LHERMINIER. — Mémoire sur les effets du tremblement de terre ressenti à la Guade- loupe le 1 1 janvier i83g 865 L'HERMITE. — Sur un cas particulier de l'é- coulement des liquides a4° LIGNEKOLLES (De). — Sur un nouveau pro- cédé d'injection à froid pour les prépara- tions anatomiques. 345 LIMOUZIN-LAMOTHE se présente comme candidat pour une place de correspon- dant vacante dans la section d'Économie rurale 53i et 574 LIOUV1LLE. — Sur les méthodes générales à l'aide desquelles on détermine les per- turbations du mouvement des planètes. . i5i MM. p^... — Mémoire sur les conditions de conver- gence d'une classe générale de séries. Gi5 01678 — Remarques nouvelles sur l'équation de Ric- cati 739 — M. Liouville est nommé membre de la Commission pour le concours au grand prix de Sciences mathématiques de l'an- née 18 ji 5ai LITTROW. — La famille de M. Littrow an- noncée l'Académie la mort de ce savant. 988 LONGCHAMP. — Sur la combinaison du cyanure de mercure et du chlorure de po- tassium 36o LONGET. — Nouvelles recherches sur les fonctions des racines antérieures et des racines postérieures des nerfs raehidiens. 766 et ioa3 LUCCHESINI. — Nouvelle méthode pour ré- soudre les problèmes d'arithmétique. ( Rapport sur ce Méu.oire.). .. . 47*> M MAGEND1E. — A l'occasion d'un Mémoire de MM. Andral et Gavarret sur les va- riations de proportions de quelques- uns des éléments du sang dans certaines maladies, M. Magendie dépose des ta- bleaux contenant les résultats de re- oherches qu'il a entreprises sur le même sujet 161 — M. Magendie est nommé membre de la Commission pour le concours aux prix de Médecine et de Chirurgie , fondation Montyon 196 — Et de la Commission pour le concours au prix de Physiologie expérimentale 47^ M. Magendie annonce l'intention de faire établir, dans l'hôpital auquel il est atta- ché , un appareil de polarisation pour pouvoir constater la présence des propor- tions du sucre dans lWine des diabètes. . io36 MALAGUTI. - Mémoire sur l'éther chlor- oxalique et ses dérivés 2o3 MALE adresse un modèle de chemin de fer à engrenage , 121 et 482 MANDEUX. Voyez Mondeux. MANDL dépose un paquet cacheté portant pour suscription : « Recherches sur le sang. »( Séance du 3 août.) 211 MARCEL DE SERRES. — Sur de nouveaux mollusques dés terrains infrujurassiques et de la craie compacte inférieure du midi de la France a4° — Sur la découverte d'une nouvelle caverne à ossements dans le voisinage de Caunes (Aude) j 818 — Sur la découverte d'un squelette entier de Melaxitherium 819 MAR1N-DARHEL. — Sur diverses inven- tions de M. Grékojf relatives à la photo- graphie.— Transport sur cuivre et gra- vure par un pr< cédé expéditif de dessins sur papier 824 MARTIN. — Paquet cacheté déposée la séance du 20 juillet i25 — Sur la détermination des latitudes et des longitudes en mer 287, 4o5 et 48 1 MART1NS. — Comparaison des baromètres des principaux observatoires du Nord de l'Europe avec ceux de l'Observatoire de Paris (en commun avec 1V1 . Bravais) 710 MATHIEU. — Rapport sur un Mémoire de IV) . hucehesini ayant pour litre : « Nouvelle méthode de résoudre les problèmes d'a- rithmétique. » 47^ — Rapport sur un cadran solaire de M. de Saulcy, qui donne directement le temps moyen 6o3 — M. Mathieu est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix de Sta- tistique 226 — Et de la Commission chargée de décerner la médaille de Lalandc 394 MATTEUCCI. — Expériences sur les cou- rants électriques secondaires 24° MATJBLANC. — Description d'une nouvelle MM. Pag». locomotive 767 MAURICE. — Figure et description d'une nouvelle balance J'a4 MAUVAIS. — Observations des météores ignés des nuits du 1 1 au 16 novembre . . . 8ao — Eléments paraboliques de la comète du '27 octobre 8a i — Eléments rectifiés de l'orbite parabolique de la comète de M. Bremicker .... 986 MELLONI. — Remarques sur la nouvelle méthode thermographique de M. Hers- chel et sur son application au spectre solaire i^r — Recherches sur les fumerolles , les solfa- tares, etc 35a — Mémoire sur la constance du pouvoir ab- sorbant du noir de fumée et sur l'exis- tence d'un pouvoir diffusif qui, par ses va- riations, change la valeur du pouvoir absorbant dans les autres corps ather- manes 65g et 678 MELSENS. — Action ^e l'acide sulfurique anhydre sur l'acide acétique 36a MIERGUES. — Sur l'emploi du Galium rigi- dum dans le traitement de l'épilepsie 877 — Note sur les fossiles les plus communs dans les environs d'Anduze 0/J7 — Lettre surl'emploi des lignites d'Anduze. . 106} MILCH. — Rapport sur une pompe de M. Milch io36 MILLET demande à répéter , en présence des Commissaires qui lui ont été précédem- ment désignés, ses expériences sur la conservation des bois aïo — M. Millet demande l'autorisation de retirer quelques-unes des pièces qu'il avait pré- sentées à l'appui de ses expériences sur la conservation et la coloration des bois.. 988 MILLET. — Paquet cacheté concernant la destruction des calculs urinaires (séance du 7 septembre ) 449 MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE adresse le 3ge volume des « Brevets d'intention expirés » 4°5 — Adresse la première livraison de l'ouvrage de M. Audouin sur les insectes destruc- teurs de la vigne 608 MINISTRE DE LA GUERRE invite l'Aca- démie à lui présenter un candidat pour la chaire d'analyse et de mécanique, va- cante à l'École Polytechnique. ... 1 a3 et 56i — M. le Ministre de la Guerre invite l'Acadé- mie à lui désigner trois de ses membres pour faire partie du conseil de perfection- nement de l'École Polytechnique pen- dant Tannée scolaire 1 840-4 1 aa6 rr- M. le Ministre de la Guerre invite l'Acadé- mie à lui présenter un candidat pour la ( 2008 ) MM. chaire de chimie vacante à l'École Po- lytechnique par suite de la démission de M. Gay-Lussac — M. le Ministre de la Guerre annonce la no- mination de M. Regnault à la place de pro- fesseur de chimie à l'Ecole Polytechnique. — M. le Ministre de la Guerre accuse réception du Rapport fait à l'Académie sur les pro- cédés de M. Boucherie, pour la conserva- tion des bois MINISTRE DELA MARINE annonce qu'il a reçu le Rapport que l'Académie lui a adressé sur les manuscrits d'histoire na- turelle et de météorologie de M. Perrot- tet, ainsi que sur les collectionsrecueillies dans l'Inde par ce naturaliste — M. le Ministre de la Marine soumet à l'examen de l'Académie les documents recueillis par la Commission scientifique du Nord, et la consulte sur l'opportunité d'envoyer de nouveau au cap Nord les personnes qui , dans la dernière expédi- tion, avaient été chargées des observations magnétiques et météorologiques , afin qu'elles poursuivent ces observations pen- dant les deux années prochaines — M. le Ministre de la Marine accuse récep- tion du Rapport que lui a adressé l'Aca- démie sur les travaux scientifiques exécu- tés pendant la campagne de la frégate la Vénus.. — M. le Ministre de la Marine adresse de nou- veaux documents recueillis dans le nord de l'Europe, et faisant suite à ceux qu'a rapportés de ce pays la dernière expédi- tion scientifique — M. le Ministre de la Marine annonce que, conformément au vœu exprimé par l'A- cadémie, MM. les officiers qui étaient chargés, dans la dernière expédition scientifique au nord de l'Europe, des observations météorologiques, sont au- torisés à séjourner jusqu'à nouvel ordre à Paris afin de pouvoir fournir, de vive voix à la Commission chargée de rendre compte des résultats de ce voyage, les renseignements dont elle croirait avoir besoin MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI- QUE transmet ampliation de deux Or- donnances royales confirmant, l'une la nomination de M. de Gasparin comme membre de la section d'Économie rurale ; l'autre, celle de M. Regnault comme mem ,g„. feuilles aao MOGINO. — Sur les courbes du 4° ordre bi- symétriques ; 1" division B' < 4AC. ... 121 MONDEUX, jeune pâtre des environs de Tours, qui exécute avec une extrême fa- cilité, et souvent par des procédés par- ticuliers de son invention , des calculs numériques très complexes 820 — Rapport sur les méthodes employées par cet enfant , MONTURIER. — Nouvelle serrure de sûreté. MORTILLET (De) adresse un paquet ca- cheté portant pour suscription : « Sur la cristallisation , etc. » (séance du 9 no- vembre) MUNIN. —Existence des chlorures, sulfu- res , etc. , dans les dissolutions obtenues par l'action des acides hydrogénés liquides sur les oxides métalliques 563 MUTEL. — Observations sur des appendices particuliers de la caudicule, dans l'appa- reil sexuel des Orchidées, et sur plusieurs espèces de la tribu des Vandécs. . . .• 2.S0 95a 816 772 N NÉBOUX. — Sa participation aux travaux scientifiques exécutés pendant la campa- gne de la frégate la Vénus. ( Rapports sur les résultats scientifiques de ce voyage.) 298, 336 et 33g NICOD. — Note portant pour titre : « Études sur Paérologie . » ] aa OSMONT présente un compteur à gaz de M. C/egg. ( Rapport sur cet appareil. ) jfa PARAVEY ( De ) écrit relativement à des mo- numents qui lui paraissent fournir la preuve d'une ancienne communication entre l'ancien et le nouveau- continent , d'où serait résultée la transmission de dogmes religieux et de connaissances as- tronomiques 175 — Recherches sur les Amazones. 609 — Sur la coexistence chez les Grecs et les Romains , et chez les Arabes et les Chi- nois , d'un préjugé relatif à certaines in- fluences météorologiques 988 PARRY est nommé correspondant de l'Acadé- C.R. i$$o,z* Semestre. (T. XI.) mie, section de Géographie et de Naviga- tion — Adresse ses remerçîments à l'Académie. . . PASCAL. — Description et figure d'un appa- reil hydraulique , 977 PASSOT prie l'Académie de vouloir bien hâter le rapport qui doit être fait sur diverses communications qu'il a faites relative- ment aux roues hydrauliques. ... 210 et — UneNote imprimée de M. Passot, formant complément à un Mémoire manuscrit du même auteur, est renvoyée à titre de ren- seignement à la Commission chargée de l48 tS 68 482 f I 1 IO MM- l'examen du premier Mémoire — Résume de plusieurs Mémoires précédem- ment présentés relativement à la déter- mination expérimentale de l'intensité de la force centrifuge dans les machines à vapeur et les machines à réaction — Nouveau systèmede pompes pour l'alimen- tation des chaudières à vapeur ... — Note sur une nouvelle pompe hydraulique rotative > — M. Passai prie de nouveau l'Académie de vouloir bien hâter le travail des Commis- saires chargés de faire un rapport sur di- verses communications qu'il a faites re- lativement aux roues hydrauliques — Rapport sur ces diverses communications.. PAYEN. — Le prix de Physiologie expérimen- tale, concours de 18Î9, est décerné à M. Payen, pour l'ensemble de ses travaux sur l'amidon — M. Pay en adresse , sous enveloppe cache- tée, une Noie contenant les résultats aux- quels il est arrivé dans ses recherches sur l'huile de pommes de terre (séance du 1- juillet) — Nouveaux faits relatifs au développement des végétaux ; substances inorganiques déposées dans certaines parties du tissu des plantes — Dépôt d'un paquet cacheté (séance du 5 oc- tobre) PAYER. — Essai sur la nervation des feuil- les. (Rapport sur ce travail.) PECLET est présenté par la section de Phy- sique comme un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Poisson PELIGOT. — Recherches sur los sels de plomb formés par les acides de l'azote PELLETIER. — Recherches chimiques sur les bitumes (en commun avec M. Walter). . . — M. Pelletier est nommé membre de la Commission pour le concours concernant les Arts insalubres PELOUZE. — Mémoire sur les huiles essen- tielles. Etude de deux produits de Drya- balanops camphora et des corps qui en dé- rivent; production artificielle du cam- phre — Remarques a l'occasion d'une Note de M. Si- gnoret, sur la présence de l'arsenic dans divers réactifs employés pour certaines opérations de Chimie légale. . — M. Pclouze est nommé membre de la Com- mission pour le concours concernant les Arts insalubres PELTIER. — Résultats nouveaux concernant la météorologie et l'électricité ( paquet Pagei. 53 1 606 660 767 878 89S 33 176 401 575 220 o38 860 146 365 iof) 196 ""• Pajes. cacheté adressé a la séance du 19 octobre). 636 — A l'occasion d'un Mémoire de M. Lalle- mand sur les Zoospermes , M. Peltier rap- pelle les observations qu'il a précédem- ment publiées relativement au mode de production des animalcules spermatiques chez les Batraciens 816 — Sur les circonstances nécessaires pour qu'il y ait dégagement d'électricité quand l'eau passe de l'état liquide h l'état de vapeur. 908 — M. Peltier est présenté par la section de Physique comme un des candidats pour une place vacante par suite du décès de M. Poisson 1 03g PERCHERON. — Rouissage des lins et des chanvres ( 05 r, PERROT. — Objets on acier, en fonte, en cuivre et en laiton , recouverts en totalité ou en partie d'unacouche métallique for- mée par voie humide au moyen de l'ac- tion des forces électriques Remarques sur l'augmentation qui se remarque dans l'intensité du son d'un diapason quand on l'approche d'une flamme io63 PERROTTET. — Observations faites dans l'Inde relativement à la botanique , à la météorologie, etc. (Rapport sur ces ob- servations.) 1S6 PERSOZ. — Sur l'altération des acides tartri- que, racémique, citrique, mucique et gallique, par les suroxides plombique et manganique 522 PETIT. — Comparaison du nombre d'oscil- lations du pendule invariable, à Paris et à Toulouse 2 1 PETIT. — Sur l'organisation du service de santé de l'armée égyptienne en Arabie; figure et description d'un calao d'Abys- sinie ,68 PETIT, de Madeiense. — Des habitations considérées sous le rapport de la salubrité publique et privée; 3e Mémoire : in- fluence de l'action solaire ssr l'économie. 286 — 4e Mémoire. Action de l'air sur l'économie animale 404 — 5e Mémoire io»5 PEYROT. — Note sur la cause des fièvres de Sologne 209 PHILLIPS. —Résultats obtenus dans le trai- tement du strabisme, au moyen d'une opération chirurgicale 172 PHUZ. — Reproductions de pièces anatomi- ques, en relief et en couleur (en commun avec M. Robert) 1025 PIOBERT est nommé membre de la Commis- sion pour le concours au prix de Méca- nique 3g4 P1RIA. — Recherches sur les fumerolles, les ( II mm. Pae«»- solfatares, etc • • 352 PIRONNEATJ. — Mémoire sur un four chauffé à la houille, pour la cuisson du pain à bord dos navires ?o5 POIINSOT est désigné comme un des trois membres qui feront partie du comité de perfectionnement de l'École Polytechni- que pendant l'année scolaire iS'io — 41- • ^^ — M. Poinsot est nommé membre de la Com- mission pour le concours au grand prix de Sciences mathématiques de l'année 1841 5ai POIREL. — Exposé sommaire d'un nouveau système de fondation à la mer, en blocs de béton ••• • 161 — Rapport sur ce travail 761 POISEUILLE. — Recherches expérimentales sur le mouvement des liquides dans les tubes de très petits diamètres. . . 961 et iuji POISSON , décédé le 25 avril , est remplacé dans la section de Physique par M. Du- hamel , élu le 28 décembre io38 PONCELET. — Mémoire sur la stabilité des revêtements et de leurs fondations 1 3-J — Remarques à l'occasion des conclusions d'un Rapport sur le nouveau système de navigation à la vapeur de M. A. de iouf- Jroy 659 — Rapport sur diverses communications de M. Passât, relatives aux roues à réaction, à la détermination expérimantale de la force centrifuge , etc 898 — M. Poncelet est nommé membre de la Commission pour le concours au prix de Mécanique !>.; j POUILLET. — Mémoire sur la hauteur, la vitesse et la direction des nuages 717 — M. Pouillet fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de la 3e édition , qu'il vient de faire paraître, de ses « Éléments de Physique expérimentale et de Météo- rologie » 8o3 — Rapport sur un Mémoire de M. Vallée, ayant, pour titre : « Explication du méca- nisme de l'œil » .... Jbid. PRAVAZ. — Observations relatives aux ef- fets thérapeutiques du bain d'air com- Il ) MM. P,8«. primé 910 PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE rappelle qu'il y a une place de correspondant va- cante dans la section de Médecine et de Chirurgie i5 — Invite la section de Minéralogie à faire connaître prochainement son opinion re- lativement à l'élection d'un nouveau mem- _ bre pour la place laissée vacante par la mort de M. Brochant de Villiers lor — Présente le tome XVII des Mémoires de l'Académie , dont l'impression vient d'ê- tre terminée 317 PREVOST. — Recherches sur les changements de forme que présentent les zoospermes chez certains Batraciens; Lettre à M. Du- mas, en date du mois de mai 1839 907 PREVOST ( Constant ) est présenté par la section de Minéralogie et de Géologie, comme candidat pour la place vacante par suite du décès de M. Brochant de Villiers. 277 PRISSE. — Paquet cacheté portant pour sus- cription : « Nouveau mode d'applicatior; d'un moteur quelconque à la locomotion des bateaux. » ( Séance du 16 novembre.). 8a5 PROVOSTAYE (Diu) .Voyez La Provostaye. PRUDHOMME. — Guide des taillandiers et des forgerons ; 168 PUEL. — Mémoires sur des ossements fossiles de renne et de quelques autres animaux provenant d'une caverne des environs de Figeac. (Rapport sur ces Mémoires. ). . . 390 PUILLON-BOBLAYE est présenté par la sec- tion de Minéralogie et de Géologie, comme candidat pour la place vacante par suite de la mort de M. Brochant de Vil- liers 277 — Note sur la géologie des environs d'Alger. 348 PUISSANT présente , au nom de M. le Di- recteur du Dépôt de la Guerre, 12 feuilles de la nouvelle carte de la France 220 PUTON. — Note sur la divisibilité des nom- bres ^04 PUV1S est élu correspondant de l'Académie pour la section d'Économie rurale (sé- ance du 3o novembre) 899 QUET. —Sur un cas remarquable d'arcs-en-ciel secondaires 2 tffi SAVARY. — Rapport sur un compteur à gaz ( II MM. V'l'>- de M. Clegg, présenté par M. Osmoni. . . 147 — Rapport sur la pompe Milch io36 — Remarques à l'occasion d'une Lettre de M. Matteucci sur les courants électriques secondaires 243 — M. Savary est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix de Statistique ! 226 — M. Savary est nommé membre de la Com- mission pour le concours au prix de Mé- canique i.j.j — Et de la Commission chargée de décerner la médaille de Lalande Ibid. — Et de la Commission pour le concours au grand prix de Sciences mathématiques de l'année 1841 521 SCHIAVON1 adresse une Note sur la trisec- tion de l'angle, Note qui, d'après les règle- ments derAcadémie,nepeutêtre renvoyée à l'examen d'une Commission 82a SCHLES1NGER adresse des documents rela- tifs aux résultais de sa méthode pour le traitement des maladies des yeux 121 — M. Schlesinger demande à reprendre les différentes pièces qu'il avait adressées.. . 575 SCHUMACHER annonce à M. Arago la dé- couverte d'une nouvelle comète par M. Bremicker, et donne la position de cet astre d'après une observation faite à Ber- lin, le 27 octobre 1840, par M. Galle. . . 768 SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉ- MIE DES BEAUX-ARTS annonce que , conformément au désir exprimé par l'A- cadémie des Sciences , l'Académie des Beaux-Arts a désigné MM. Blondel, Ver- net , Delaroche et Debret pour s'adjoindre à la Commission chargée de faire un rap- port sur les résultats scientifiques de la dernière expédition dans le nord de l'Eu- rope 660 i3) MM. pa,„ SEGUIER. — A l'occasion d'un appareil de sûreté pour les armes de chasse de l'in- vention de M. Tignères , M. Séguier rap- pelle que plusieurs armuriers français ont appliqué aux armes de chasse des disposi- tifs ayant le même objet jo5 — Rapport sur une machine à faire des bri- ques, inventée par M. Carville 911 SERRES est nommé membre de la Commis- sion pour le concours aux prix de Méde- cine et de Chirurgie , fondation Montyon. 196 — Et de la Commission pour le concours au prix de Physiologie expérimentale 478 SERRURIER. -Un travail sur la pathologie des voies aériennes, qui lui est commun avec M. Emmanuel Rousseau, est men- tionné honorablement dans le rapport sur les prix de Médecine et de Chirur- gie pour l'année t83g 3g SIGNORET. — Sur la présence de l'arsenic dans divers réactifs dont on fait usage pour les opérations avec l'appareil de Marsh 706 SOREL. — Sur le zinguage par la voie humide. 987 SOYER et Ikgé. — Incrustations en métal obtenues par les procédés galvano-plasti- ques 29 ; — MM. Soyer et Ingé et M. Boquillon de- mandent que les communications qu'ils ont faites séparément, relativement à la galvanoplastique, soient renvoyées à une Commission commune 4°^ STAS. — Recherches sur le véritable poids atomique du carbone (en commun avec M. Dumas) 991 STURM est nommé candidat pour la place de professeur d'Analyse et de Mécanique vacante à l'École Polytechnique. ....... . 606 TABARIÉ adressede nouvelles considérations sur l'action thérapeutique de- l'air com- primé 26 — Paquet cacheté déposé à la séance du 6 juillet 28 TALBOT. — Réclamation de priorité en fa- veur de M. Jordan pour l'application des procédés photographiques aux besoins de la météorologie 574 TESSAN ( De ). — Travaux de cet officier concernant l'hydrographie , la physique du globe et quelques parties de l'his- toire naturelle, exécutés pendant la cam- pagne de la frégate la Vénus. (Rapports sur les résultats scientifiques de ce voyage. ) 298, 336 et 33g Sur un courant d'eau chaude , dans la mer du Japon, dont l'existence a été cons- tatée pour la première fois par des sondes thermométriques faites pendant la cam- pagne de la Vénus 4°^ Température sous-marine indiquée ap- proximativement par la position qu'a con- servée l'index d'un thormométrographe qui a été écrasé par la pression de l'eau dans un sondage à une grande profondeur. . . ^\8 ( A MM. Pa6e». — Sur l'attraction universelle considérée comme conséquence des propriétés con- nues de l'éther 4^ ' — Sur l'état physique des corps, sur l'état de combinaison chimique et sur la théorie physique de la chaleur 766 — M. de Tessan demande à retirer ces deux derniers Mémoires de Physique générale. 988 THENARD. — Remarques à l'occasion des conclusions d'un Rapport sur le nouveau système de navigation parla vapeur de M. A. de Jouffroy 65g — M. Thenard est nommé membre de la Com- mission pour le concours concernant les Arts insalubres 196 — Est désigné comme l'un des trois membres de l'Académie qui feront partie du Con- seil de perfectionnement de l'Ecole Poly- technique pendant l'année scolaire 1840- 4i 226 THIBERT. — Ses imitations en relief et en couleur de pièces d'anatomie pathologi- que, sont mentionnées honorablement dans le Rapport sur les prix de Médecine et de Chirurgie pour l'année i83g 4° THILORIER. — Inscription hiéroglyphique »4) MM. p Page». de la grande pyramide de Memphi6, re- lative à l'observation d'un phénomène cé- leste, faite vers l'an 455o avant notre ère. 5^o THOMAS. — Sur l'avantage que l'un trouve à disposer, autour du cylindre d'une ma- chine à vapeur, une enveloppe dans la- quelle circule de la vapeur venant de la chaudière ;en commun avec M. Laurens). kok TIGNÉRES présente un usil de chasse muni d'un appareil qui ne permet au chien, même étant armé, de partir que quand on presse un ressort situé à la partie infé- rieure de la poignée -o5 TISSIER. — Gravure typographique sur pierre obtenue par des agents chimi- ques I2a TOLLARD demande à être porté sur la liste des candidats pour une place de corres- pondant vacante dans la section d'Econo- mie rurale 66a TOURNACHON. — Sur des waggons pour chemins de fer, à essieux indépendants. . 246 TRISTAN (De). — Sur la nature des tissus végétaux i63 TURCK. et Caktf.ron. — Nouvel appareil de polarisation 481 VALAT. — Un prix de 2000 fr. est décerné à M. Valat pour son lit de sauvetage à l'usage des mineurs blessés 36 VALENCIENNES. — Sur l'organe électrique du silure électrique 277 VALLEE. — Explication du mécanisme de l'œil. (Rapport sur ce Mémoire.) 8o3 — Deuxième Mémoire sur la théorie de l'oeil . 923 VALLEIX. — Une somme de 1000 fr. lui est accordée à titre d'encouragement pour sa >i Clinique des maladies des enfants nou- veau-nés » .]■'■ VALLÈS. — Sur les bassins fermés du dé- partement des Bouches-du-Rhône. . 23 et 239 VALLOT. — Sur le bassin dans lequel se versent les eaux de la source de Saint- Seine (à l'occasion d'une Note de M. Wal- t'erdin) 290 — Sur la position de l'abbaye de Saint-Seine (à l'occasion d'une réponse de M. Walfer- din à la Lettre précédente ) 4°8 — Sur une mucédinée développée à la surface d'une feuille de poirier [Sphœria pyri) . . . 290 — Sur l'Astacobdelle branchiale (sangsue des branchies de l'écrevisse) 286 — Sur diverses observations relatives à la phosphorescence de certains animaux arti- culés ; sur la fécondation des œufs de l'é- crevisse 825 — Sur des crevettes d'eau douée qui ont repris le mouvement après avoir été toute une nuit prises dans la glace ic64 VÉRUSMOR. — Sur un bolide qu'on sup- pose avoir été la cause d'un incendie. . .-. 292 VICAT. — Ses recherches sur les substances propres à fournir des ciments ou des mor- tiers hydrauliques, rappelées dans le rap- port sur le concours au prix de Statistique de 1839, et réservées pour un prochain concours '. 54 — Recherches sur les propriétés diverses que peuvent acquérir les pierres à ciments et à chaux hydrauliques par l'effet d'une in- complète cuisson; précédées d'observa- tions sur les chaux anomales qui for- ment le passage des chaux éminemment hydrauliques aux ciments 755 — M. Vical annonce qu'on vient de trouver dans les archives de la préfecture de Gre- noble un ballot de papiers ayant appar- tenu à M. Fouriei , et relatifs pour la plupart à l'expédition d'Egypte 876 VIELLOT dépose un paquet cacheté portant pour suscription : ■ Recherches sur la ( in5 ) MM. Pages, mécanique » (séance du S août) 21 1 VILBACK. — Note en réponse & des rcmar- ' quee critiques de M. Laignel sur le sys- tème de M. Vilbaek pour la direction des waggons dans les courbes des chemins de fer 928 VOGEL. — Sur l'application thérapeutique de l'électricité a4? VRIÈSE (De). — Sur les changements que MM. p,6„. subit l'atmosphère pendant le développe- ment de la température élevée dans le spa- dice de la Colocosia odora (en commun avec M. Vrolick ). ... , VROLICK. — Sur les changements que subit l'atmosphère pendant le développement de la température élevée dans le spadice de la Colocosia odora (en commun avec M. de Vrièse) Ibid. 77' w WALFERDIN. — Mesure de la température des sources de la Marne, de la Seine et de la Meuse • • 169 — Note en réponse à des Remarques de M. Vallot relatives à la communication précédente 36a — Mesures de la température au fond du puits de l'abattoir de Grenelle (en commun avec M. Arago) 707 W ALLER. — Analogies entre les propriétés de certains bromures et chloi ures , et celles qui, dans l'iodure d'argent, concou- rent à la production des images photogra- phiques 568 WALTER. — DépAt d'un paquet cacheté (séance du 6 juillet) a8 WALTER. — Recherches chimiques sur les bitumes (en commun avecM. Pelletier). . 146 WARTMANN. — Observations relatives aux étoiles filantes 10G0 ( "i6 ) Errata. (Tome X.) ;e 869, "ligne 8, a lieu du N. N. 0. un peu N. au S. S. E. un peu S., lisez a lieu du N. N. 0. un peu N. 0. (ou O.) au S. S. E. un peu S. E. (ouE.). Errata. (Tome XI.) 23, 11, qui communique indirectement avec la mer, lisez qui évacue ses eaux Ibid., 12, dans l'étang de Rassuen , lisez dans l'étang d'Engrenier Ibid., 23, 200 mètres , lis ez 900 mètres ia3, 23, ajoutez: M. Biot présente, de lapait de M. Talbot, plusieurs dessins photographiques sur papier. 236, 21, fonction, lisez fraction Ibid., ib., de combustible, lisez du combustible Ibid. , 3i, flottante, lisez frottante 345, à la fin de la Note de M. Domeyko, ajoutez les noms des Com- missaires, MM. Berthier, Élie de Beaumont. 38 1, 17, = z, lisez = x Ibid., t8, = — w, lisez — — u 385 , 7 , — , lisez — te * 44 • > 5, (8) , lisez (g), et (9) lisez (8). 442 1 1 • » C* » K] ■= o , #*ez [ 6, Millet, ZwezMillot 460 , 1 3 , p +p', Usez p -\- p + * Ibid., 14, », lisez » sin 4>, »cos /6»rf., i5, cos(Cos/, lisez -y('cos< •+■ cos«') Ibid., 17, », #jez »cos* (OS/ ^^COS/ Ibid., ibid., ajoutez : » sin* = — ■ sin (, /wez 2— ' — t( — 1)' 471, 8, a-*, lisez t.~1~Î{—\)1 4^3, 20, 1 -f- A, -1 — A, lisez i -f- A, 1 — A 475, 22, ^| 1,0,3, Usez •"*$/, o. A i-t-A • 2A-I-1 /Wrf., i&j (-1) 2 {k). + k, lisez (-1) 4 (*)^_. '2 5o2, 16, R, /hm R = 5o4, 587, N ... , »,, 588 , 1 1 , t, , lisez rt 592, 14, [>,, * -f- ^Dj-, Usez «Ds -+• $p, 735, 18, Dt, lisez Dr n3n, 8, — , lisez -- ' ;' ' ^S' aS 768, 7, le 28 octobre, lisez le 27 octobre Ibid., i3, déclinaison 6i° 38' 3a.", lisez déclinaison boréale 6o° 38' 32". 816, 23, M. Pelletier, lisez M. Pei.tier. 798, ligne 7, 9994% lisez 994" Ibid., ligne 19, 0,76923, lisez 0,076923 867, i" col., ligne 4> »,336a, lisez 1,366a Ibid. , ligne i3, 1 ,5639, ^sez '.3639 Ibid. , ligne 20, 1,3701, lisez 1,3670 Ibid., a'col., ligne 2, f,5i75, lisez 1 ,507 C . R. i84o , 2« Semestre. (T. XI.) '49 ( "'8 ) Page 867, 2" col., ligne 5, 1 ,47»» Usez i,5oi Ibid., ligne 7, 1 ,4814, Usez 1 ,5og Ibid., ligne 8, 1,4722, #*e* i,5oo 820, lignes io.et 14, Mandeux, &ci Momdedx. 836, ligne 2, f(a, b), lisez t(a,b,x) 885, 3i, de leurs branchies desséchantes contre l'air, lisez de leurs bran- chies, contre l'action desséchante de l'air 886, 4» les lames branchiales déployées, lisez les lames branchiales dé- veloppées 887, g, l'appareil, lisez l'appareil branchial Ibid. , 14, supprimez le mot Lygies go3, ligne dernière, 1 -f- 3 -f 3», lisez 7 + 3 -f- 3" go4, ligne 27, 25 par 35, lisez 25 par 35 go6, lignes a5 et 27, àlphen, lisez Halphen g63, ligne ig, on a placé, lisez on a tracé g64i 2, à la même hauteur, lisez à la même température / mm g65, 2, Extrémité opposée < « = 0,1 io | D = 0,1145 ira m d = 0,1120 D = o,n45 gt*>, 2, le temps, lisez les temps •<>4> Placez, en tête de la page , le titre MÉMOIRES PRÉSENTES

, Q., K., W, t', > T,, mîn>n'e le signet s'étendant d'une part à toutes les planètes m, pi",.... distinctes de m, d'autre part à toutes les valeurs entières positives, nulles ou né- gatives de n, n', et (m, m')n, n' désignant un coefficient relatif au système des deux planètes m, m'. Cela posé, si l'on nomme 0, 0',...; 0,, ©;,...; 0,„ 0,;,... ce que deviennent les anomalies moyennes T T' quand on y remplace successivement la variable t par Q , 0y , 6(/, ... ; on aura encore vi / '\ f0- "+- n'e') V— ' *, = ^("», m)n;n'e{ etc. . ., et par suite De plus , les valeurs de 0 , &, . . . étant (7) © = C(*-T),, 0' = c'(ô-t'),... on en conclura «0 -f- m'0' H- ... = (nc-f-n'c')ô — (ncT + n'dr'), rc0, -f- n'& ■+■ ... = («c + n'c')ô, — (ncr + n'eV), etc. ; et par suite on trouvera (7) /„ ^^{^m') — \ de la première édition , qui n'en font que 121 de la seconde. De ces 1 4 1 \ pages , il y en avait 33 de la rédaction de M. CtrviER; io ^ pour les généralités sur la respiration, et 23 pour la description des organes de la respiration dans tous les animaux sans vertèbres. Les autres 108 pages étaient de ma rédaction. Il y en a 5oo en sus, dans le volume en question, pour compléter la connaissance des mêmes organes, telle que la science actuelle doit la présenter. ( 545 ) cherches auxquelles j'ai pu prendre, plus particulièrement depuis treize années, une part active et non interrompue. » Je me suis fait un devoir, pour la rédaction de ce volume, comme pour les précédents , non-seulement de vérifier encore la plupart des faits que nous avions rapportés dans la première édition , mais, de plus, une grande partie de ceux qui ont été découverts depuis 1800. » J'ai cherché enfin, dans mes persévérantes investigations de chaque jour, à contribuer moi-même aux progrès de la science de l'organisation, par un certain nombre d'observations nouvelles. » Une partie de ces observations a été successivement le sujet des com- munications que l'Académie m'a permis de lui faire (1). » Le temps et d'autres soins m'ont empêché de lui en faire plusieurs autres. Elles resteront comme pierres d'attente, jusqu'au jour où il me sera possible de les lui# présenter avec de nouveaux développements, qui puissent mériter de fixer son attention et m'autoriser à la lui demander. » RAPPORTS. chirurgie. — Rapport sur un Mémoire de M. Lallemand, professeur de clinique chirurgicale à la Faculté de Médecine de Montpellier, inti- tulé : Nouvelle méthode de traiter et de guérir les fistules vésico- vaginales. (Commissaires, MM. Magendie, Double, Breschet rapporteur.) « M. Eallemand a pris pour sujet du Mémoire qu'il a présenté à l'Aca- démie des Sciences, une maladie dont la guérison a long-temps été con- sidérée comme impossible, et qui, aujourd'hui encore, malgré les progrès de l'art, est regardée comme très difficile. En effet, les méthodes curatives recommandées jusqu'ici , échouent dans le plus grand nombre de cas. » Cette maladie consiste dans une ouverture de communication, avec perte de substance, entre la vessie et le vagin. Parmi les obstacles à la (1) Ces communications, au nombre de sept, ont eu lieu dans les séancesdu ^sep- tembre i838; des 7 janvier, 3 juin et 8 juillet i83g; des a3 mars, i5 juin et 10 août 1840. (546 ) guérison, il faut compter au premier rang non -seulement cette perte de substance des parois de la vessie, mais encore le passage continuel d'un liquide par la fistule. Cet écoulement, qui maintient l'ouverture béante, irrite les tissus voisins, les enflamme, et fait de cette infirmité un sujet de dégoût et de répulsion pour tout le monde, de chagrin profond et de désespoir pour les malades. « Le plus souvent les fistules vésico- vaginales reconnaissent pour cause un accouchement laborieux dans lequel l'enfant reste au passage par l'en- clavement du diamètre occipito-frontal de la tête, dans le diamètre sacro- pubien du bassin. Dans cette position la tête vient comprimer et conton- dre la vessie contre la face postérieure du pubis. » Sans doute des lésions organiques anciennes, telles que des affections cancéreuses, peuvent aussi produire la perforation de la cloison vésico- vaginale, mais ces cas sont rares, et l'ouverture de communication entre ces deux cavités ne constitue pas la maladie principale. Les crochets, les branches du forceps, etc., causent parfois aussi le désordre dont nous parlons. Alors des escarrhes gangreneuses sont produites, les parties frap- pées de mort se détachent par un travail organique d'élimination, le per- mis fistuleux s'établit et donne continuellement passage à l'urine. » La simple résistance que les parties opposent à la marche de l'ac- couchement, est aussi une cause de fistule, depuis long-temps indiquée par les accoucheurs; ils ont signalé son action principalement cbez les femmes primipares , surtout chez celles qui deviennent enceintes un peu tard. » L'action des causes que nous venons d'indiquer fait comprendre pourquoi presque toutes ces fistules sont sur la ligne médiane, et ouvertes transversalement. M. Lallemand rapporte cependant des cas dans lesquels il y avait une fistule de chaque côté du col de la vessie ou une simple ou- verture latérale. Dans ces circonstances, la déchirure de la cloison vésico- vaginale résultait de manœuvres maladroites avec les crochets, pour ter- miner l'accouchement. » Bien qu'on pense généralement que la gravité de cette maladie aug- mente en raison de la plus grande profondeur de son siège et de sa proxi- mité de l'utérus, cependant M. Lallemand ne partage pas cette opinion, car il n'admet de différence réelle qu'entre les fistules urétro-vaginales et vésico-vaginales. Dans les premières, l'urine ne sort pas sans cesse et involontairement, car il faut alors pour que ce fluide parvienne dans le vagin, qu'il soit porté dans l'urètre, et alors l'excrétion est volontaire, ( 547 ) tandis que, lorsque l'ouverture fistuleuse est au bas fond de la vessie, l'urine sort continuellement et cause à la malade une incommodité de tous les instants. M. Lallemand prétend aussi, et contrairement aux idées re- çues, que le manuel opératoire n'offre pas plus de difficulté lorsque la maladie a son siège profondément, que lorsque l'ouverture est située très en avant. Son opinion pourrait n'être pas fondée s'il fallait employer dans le traitement de ces fistules des instruments tranchants, mais ce n'est pas à cette méthode qu'il a recours. » Cependant il est une espèce de fistule profonde dont la cure n'est pas plus difficile, mais dont le traitement n'est point sans danger pour la vie des malades: c'est la fistule qui touche au col de l'utérus, et c'est dans ce cas seulement que M. Lallemand a échoué et qu'il a perdu ses malades. Cette gravité résulte de la part que prend le tissu de l'utérus et le péri- toine, à l'inflammation provoquée par le procédé opératoire. » En voyant le col de l'utérus se déchirer si souvent pendant l'accou- chement, et sans le moindre inconvénient être cautérisé ou excisé sans accident aucun, on s'est habitué à regarder cet organe comme insensible aux solutions de continuité, aux opérations chirurgicales, et l'on a cessé de redouter les réactions qui peuvent résulter de ces diverses lésions de tissu. Je ne sais, dit M. Lallemand, si des catastrophes ont été dissimulées par certains praticiens avec .autant de soins qu'ils en ont mis à publier leurs succès, mais je né puis partager cette aveugle sécurité et je crois devoir faire connaître les faits sur lesquels se fondent mes appréhen- sions. » M. Lallemand nous prouve, dans son important travail, que non-seu- lement il est un chirurgien habile, un praticien consommé , mais encore qu'il est plein de candeur et de probité. Il rapporte avec détail l'observa- tion dans laquelle sa méthode opératoire a eu des suites funestes, et dans la crainte que nous ne missions pas suffisamment sous les yeux de l'Académie et sous ceux des praticiens cet exemple d'insuccès, il nous a dernièrement envoyé l'histoire d'un nouveau cas où des accidents inflammatoires in- tenses et surtout une péritonite ont fait périr sa malade. » Voici ce que nous a écrit M. Lallemand : « Vous savez que dans mon Mémoire présenté à l'Académie des » Sciences, j'ai parlé de deux femmes qui avaient des fistules vésico-va- » ginales situées immédiatement au-devant du col de l'utérus ou même à » travers ce col lui-même, et que ces deux malades ont succombé à la » suite d'une péritonite. Je viens d'éprouver la même catastrophe à l'Hô- ( 5/f8 ) » pital dans des circonstances exactement semblables. L'instrument était » retiré depuis deux jours et rien n'avait passé par la fistule, lorsque des » douleurs abdominales se sont manifestées, et m'ont forcé à retirer la » sonde de gomme élastique. Rien n'a pu arrêter la marche de la périto- » nite suraiguë qui s'est développée. A l'examen du corps nous avons » trouvé le péritoine rempli d'un pus épais comme celui d'un phlegmon ; » des adhérences s'étaient établies dans le reste de la surface du péritoine, » et la cicatrice s'était rompue, mais rien de particulier n'avait eu lieu dans » l'utérus: seulement j'ai constaté que les crochets avaient porté sur l'ex- » trémité du repli péritonial qui passe de la vessie à l'utérus. » Je pense que vous ferez bien d'ajouter ce fait aux deux autres, quoi- » qu'il soit postérieur au Mémoire. Si j'avais réussi, je l'aurais joint aux cas » de succès; il faut donc le comprendre parmi ceux de non-réussite. Ilim- » porte surtout aux praticiens de le connaître, lorsqu'ils auront à traiter » des fistules placées dans cette région dangereuse. On doit à tous, toute la » vérité. » » Vous voyez, Messieurs, quel esprit de loyauté anime M. Lallemand et avec quelle candeur il parle de ses opérations; c'est que chez le médecin bien pénétré de ses devoirs, on trouve une étroite union de l'amour de l'humanité avec celui de la vérité. » Il est certain que chez les malades qui ont péri par suite de l'opéra- tion , les accidents ont été la conséquence du voisinage de l'utérus et du repli péritonial qui passe de cet organe sur la vessie. La ressemblance des symptômes et des altérations doit faire attribuer le danger de ces opérations à la nature même des parties dans lesquelles ou près des- quelles les crochets ont été implantés. En admettant la possibilité, dans ces conjonctures difficiles, d'employer d'autres moyens que l'airigne de M. Lallemand, il est encore à craindre de voir des accidents survenir, si les agents mécaniques exercent leur action sur ces parties et altèrent les mêmes tissus. Dans les circonstances où les fistules avoisineraient le col de l'utérus, M. Lallemand préférerait à sa méthode, l'emploi de cautérisa- tions faites avec mesure et précaution grande , en les renouvelant à de longs intervalles les unes des autres. » Si la situation de la fistule peut avoir de l'influence sur la gravité du traitement, X étendue de cette ouverture doit aussi rendre la cure de cette affection plus ou moius difficile ou même rendre la guérison tout-à-fait im- possible. Ainsi une large voie de communication entre le vagin et la vessie avec perte considérable de substance feront que l'art par aucun moyen ne ( 549) pourra y remédier. M. Lallemand a vu trois cas de cette nature. Dans les deux premiers la cloison avait été presque entièrement détruite, depuis le col de la vessie, jusqu'au voisinage du col de l'utérus Dans le dernier, la perte de substance était moins étendue, mais il existait en même temps une perforation à la paroi recto-vaginale, de sorte que l'urine et les ma- tières fécales se rendaient continuellement dans ce cloaque. Ici, le méde- cin ne doit s'occuper que de trouver des moyens palliatifs. » Entre ces altérations très vastes et de petits pertuis fistuleux, il existe une foule de nuances intermédiaires. A quel degré d'étendue les chances de guérison sont-elles assez nombreuses pour justifier des tenta- tives de guérison, toujours plus ou moins douloureuses ou pénibles ? M. Lallemand dit avec juste raison qu'il est impossible de poser à cet égard aucune limite fixe. On peut admettre comme règle générale la possibilité d'amener les bords de la fistule à un contact exact, au moins dans la plus grande partie de leur surface; car si l'on n'obtenait pas une réunion en- tière du premier coup, on faciliterait une seconde tentative et l'on aug- menterait ainsi les chances d'une guérison complète, obtenue par plusieurs opérations successives. La plus grande fistule vésico-vaginale opérée et guérie par M. Lallemand avait dix-huit lignes. Il faut bien distinguer dans la grandeur de ces ouvertures fistuleuses le diamètre transversal du diamètre antéro-postérieur. Le premier a une influence bien minime comparée à celle du second, sur le traitement et sur la guérison delà maladie. » On est tout naturellement porté à penser que les fistules les plus étroites doivent être les plus faciles à fermer, et c'est rigoureusement vrai dans le plus grand nombre des cas. Cette règle souffre pourtant des exceptions, car lorsqu'il existe des brides qui tiennent le pertuis constamment ouvert, lorsque la femme est faible, d'une constitution molle, cacochyme, dété- riorée, etc., alors la cicatrisation se fait mal et l'oblitération des fistules est difficile à obtenir. » M. Lallemand fait très judicieusement observer que la cicatrisation est un travail de la vie sur lequel l'opérateur n'a presque aucune influence. Le médecin a des procédés, il met les parties dans la situation désirable pour obtenir une cicatrisation, mais la nature a seule des moyens, et c'est elle qui opère l'oblitération de la fistule en cicatrisant ses bords. y Cependant les dimensions de la fistule doivent permettre la cicatrisa- tion ou s'y opposer, et d'après ce principe les petites fistules se réunissent parfois très facilement et par les procédés les plus simples. Souvent de lé- gères cautérisations soit avec le fer incandescent, soit avec le nitrate d'ar- C. R., 1840, a"« Semestre. (T. XI, N° 13 .) 7 3 { 55o } gent fondu, ont suffi pour obtenir l'occlusion de pertuis fistuleux d'une étendue de quelques lignes. Votre rapporteur a plusieurs fois vu M. Du- puytren réussir en pareille occûrence, et lui-même a obtenu de semblables succès. Il a vu dernièrement encore MM. Récamier et Amussat produire la guérisori de fistules qui existaient depuis plusieurs années, et dont l'éten- due était de quatre ou cinq lignes, par de légères cautérisations de la membrane muqueuse du vagin avec le fer rouge. Mais en même temps qu'on touche avec des caustiques les bords de la fistule pour obtenir la tu- méfaction des tissus malades, leur inflammation adhésive et la sécrétion d'une matière albumineuse concrescible ou lymphe plastique, il faut s'op- poser à ce que l'urine vienne baigner les surfaces traumatiques. Pour atteindre ce but, une sonde doit être introduite et maintenue dans la vessie. » Une autre condition de réussite, c'est de n'espérer la guérison de ces fistules que lorsque les bords de l'ouverture accidentelle peuvent être mis en contact naturellement, ou qu'on peut les amener à ce contact par le gonflement inflammatoire qui résulte de la cautérisation. » L'ancienneté de la fistule, sans rendre cette infirmité incurable, ajoute pourtant aux difficultés du traitement. L'irritation habituelle provoquée par le passage de l'urine détermine une légère inflammation qui produit une in- duration des tissus; dès-lors on ne développe qu'avec beaucoup de peine une inflammation adhésive et la sécrétion de la matière concrescible. Il importe donc pour éprouver moins de résistance, de combattre ces fistules peu de temps après leur formation, et lorsque les escarrhes viennent de se dé- tacher. » Certaines circonstances locales doivent être notées et appréciées par l'opérateur indépendamment du siège, de la direction, etc., des fistules. Ainsi il faut tenir grand compte du degré de vitalité des tissus malades, de l'épaisseur des parois vésico-vaginales qui ne doivent pas être trop minces, surtout vers les bords de la fistule, car alors il serait difficile d'affronter les bords de l'ouverture, de les maintenir dans un contact régulier et d'y déve- lopper l'inflammation adhésive. Il est donc avantageux que la paroi vagi- nale soit épaisse , ainsi que la circonférence de la fistule, que la membrane muqueuse de la vessie ne soit pas malade, et que l'urine ne contienne pas trop de sels ou de mucosités continuellement déposés sur les surfaces trau- matiques. » Une dernière circonstance de réussite dépend dé la constitution de la malade: si l'on traite une femme d'une constitution forte, vigoureuse, ( 55. ) à chair ferme, dont le teint est animé , les muscles développés , on obtiendra bien plus facilement la guérison que si la femme est affaiblie, lymphatique , à chairs molles, au teint blafard, etc. Dans le premier état, M. Lallemand a vu des fistules de seize ou dix-huit lignes céder à une ou deux cautérisa- tions, tandis que dans la seconde supposition le traitement était long, la- borieux, fatigant, et parfois la guérison restait incomplète. Les trois plus grandes fistules qu'il ait guéries, s'ouvraient au has fond de la vessie, et ce sont celles dans lesquelles la cicatrisation s'est opérée avec le plus de rapi- dité, tandis qu'il n'a pu obtenir l'oblitération de plusieurs autres très pe- tites, occupant la partie voisine de l'urètre, parce que la constitution du sujet et sa vitalité n'étaient pas favorables au travail de cicatrisation. » Nous avons cru devoir signaler ces circonstances favorables ou con- traires à la réussite du traitement, parce que le vulgaire des médecins comme les gens du monde, ne tiennent le plus souvent compte que du résultat et trop souvent on juge les méthodes curatives d'après le bon ou le mauvais succès de leur emploi. Heureux encore sont les praticiens lorsque de petites passions ou un esprit de dénigrement de la part d'une médiocrité jalouse ne viennent pas se joindre contre eux à l'oubli des circonstances que l'art ne peut pas maîtriser. » Ainsi M. Lallemand raconte avoir vu plusieurs fistules à la surface desquelles il n'a jamais pu exciter une inflammation de bonne nature, soit par le fer rouge ou le nitrate d'argent, soit même en y introduisant de l'ammoniaque, des cantharides, etc. Elles sont toujours restées grisâtres, blafardes, sanieuses, peu ou point saignantes, enfin du plus mauvais as- pect. Quelques-unes se couvraient continuellement de croûtes fournies par les sels urinaires, et ces croûtes étaient tellement adhérentes qu'on ne pouvait les détacher que par lambeaux; quand elles tombaient spontané- ment, il en restait toujours la plus grande partie et elles se reproduisaient avec rapidité. » M. Lallemand pense avec juste raison que toutes les fois qu'on n'obtient pas une inflammation aiguë par la cautérisation ; toutes les fois qu'après la chute des escarrhes la plaie ne présente pas une surface nette et d'un beau rouge, il ne faut pas tenter la réunion , car l'excision elle-même ne donne- rait pas aux bords de la plaie la vitalité qui lui manque. Il indiquecomme conditions favorables à la guérison , la netteté de l'ulcération, sa couleur ver- meille, la facilité qu'elle a de laisser exsuder du sang de sa surface, lorsqu'on la frotte avec un bourdonnet de charpie, pour en détacher les escarrhes. Alors il faut opérer la coaptation, et ne pas même attendre au lendemain. 73.. f 552 ) C'est aussi clans ce cas que l'emploi d'un instrument dont nous allons bien- tôt parler (la sonde-airigne) , sera d'un grand secours, et assurera ht guérison. » D'après notre exposé , on doit reconnaître que le travail de M. Lal- lemand n'est point une simple description d'une méthode chirurgicale , car il a placé avant l'histoire graphique de sa méthode, de hautes consi- dérations pratiques qui distinguent le médecin du simple opérateur. » Trois indications principales doivent être remplies pour parvenir à fermer les fistules vésico-vaginales : i° aviver ou rafraîchir les bords de l'ouverture fistuleuse, pour la mettre dans les conditions nécessaires à la cicatrisation, en y excitant une inflammation modérée; 2° rapprocher les lèvres et les amener au contact, afin que l'agglutination se fasse et que le pertuis soit oblitéré; 3" enfin, s'opposer au passage de l'urine par le trajet fistuleux, pendant le travail de l'oblitération de cette voie in- solite. » Pour arriver à ces importants résultats, on a cherché à rafraîchir les bords de la plaie avec des instruments tranchants de plus d'un genre, mais le manque de point d'appui ou le petit diamètre de l'ouverture, rendent toujours cette manœuvre laborieuse, et son effet a parfois été d'ag- graver la maladie en rendant l'ouverture plus large, et d'ajouter ainsi aux difficultés d'en rapprocher les bords. »On a pensé que par les caustiques on atteindrait simultanément un double but : raviver la plaie et provoquer une inflammation. Ainsi les caustiques liquides, tels que les acides concentrés, la solution nitrique de mercure, et mieux encore le cautère actuel ou fer incandescent ont tour à tour été mis en usage. Si la fistule est très petite , on peut espérer quelque succès de l'emploi des caustiques; si elle est d'une étendue médiocre ou moins que médiocre, c'est-à-dire de six à huit lignes, le fer rouge pourra suffire pour amener la guérison , en ayant soin toutefois de cautériser légèrement la membrane muqueuse , de manière à ne point provoquer une inflammation de la vessie et à ne pas produire d'escarrhes, qui par leur chute agrandiraient la fistule. Plus d'une fois ces cautérisations ont été efficaces dans les cas de petits pertuis fistuleux; mais communé- ment ce moyen ne peut servir qu'à avi\ er les bords de la plaie et à les enflammer. , » Le nombre des procédés chirurgicaux n'a pas été moins grand pour ramener au contact les bords de la fistule et pour les y maintenir. Ici l'on a d'abord proposé la suture, que l'on a employée sous presque toutes ses ( 5« ) formes. Outre la difficulté de faire passer une aiguille et un fil du vagin dans la vessie et réciproquement, et bien cpie ces manoeuvres aient été simplifiées dans ces derniers temps, par l'invention d'instruments plus on moins ingénieux, on reproche à la suture d'exercer une traction doulou- reuse sur les tissus malades et de finir par déchirer les bords de la plaie, bien avant l'occlusion de la fistule: c'est pourquoi presque tous les pra- ticiens renoncent aujourd'hui à ce moyen de traitement. » En désespoir de cause on a proposé récemment de fermer le vagin au-devant de la fistule, en faisant adhérer ses parois, mais alors la femme est condamnée à la stérilité et ne peut plus se livrer aux actes qui pré- cèdent la fécondation. Plus nouvellement encore, on a essayé d'oblitérer la fistule, en portant dans son intérieur un lambeau de la membrane mu- queuse du vagin tenant encore par un pédicule, pour former une sorte de bouchon organique. Nous nous abstiendrons de porter un jugement sur ces deux méthodes, parce que l'expérience n'a pas encore suffisamment parlé. » (les rapides considérations sur les voies déjà suivies dans la cure des fistules vésico-vaginales feront mieux comprendre la méthode proposée par M. Lallemand, et qui remplit dans le plus grand nombre de cas toutes les indications. » Cette méthode consiste à cautériser l'orifice et le trajet de la fistule avec le fer rouge ou avec un crayon de nitrate d'argent, et à rapprocher les lèvres de la plaie avec une sonde-airigne. Le fer rouge doit être employé toutes les fois qu'on a besoin de détruire certaines parties, de niveler des inégalités, surtout lorsque l'ouverture est étendue; ou bien, quoiqu'elle soit petite, lorsqu'elle est masquée, sinueuse, et que son trajet ne peut être parcouru par un cylindre de nitrate d'argent. Les cautères olivaires n'ont pas besoin d'avoir plus d'une ligne de diamètre clans la portion la plus renflée, et la tige doit être beaucoup plus mince, pour qu'elle con- serve moins de chaleur. Pour les fistules étroites et sinueuses on doit se servir de stylets variés, contournés suivant les circonstances et la dispo- sition des parties. » M. Lallemand pense que la sonde-airigne mérite de beaucoup d'être préférée à la sulure, dans tous les cas où la fistule est transversale ou qu'elle peut être ramenée à cette forme, et c'est ce qui arrive presque toujours quand l'opération est praticable. Sur vingt-un cas de fistules, M. Lallemand n'en a trouvé qu'un seul de fistule oblique et irrégulière, dont la réunion n'aurait pu se faire d'arrière en avant. (554) » C'est avec cet instrument que les lèvres de la plaie sont rapprochées et maintenues en rapport convenable. Par cette sonde-airigne la pression peut être augmentée ou diminuée à volonté, ce qu'on ne peut produire avec la suture. Un autre avantage de cette sonde, suivant son inventeur, c'est que par son emploi les bords de la plaie ne peuvent se renverser en haut, parce que la sonde, exactement collée sur la vessie par les crochets, ne saurait être soulevée. Si les bords se renversaient en bas, le doigt in- dicateur, placé sous la fistule, pendant l'application de l'instrument, s'en apercevrait aussitôt et s'opposerait à ce déplacement. » L'emploi d'un instrument dont on peut graduer l'action est d'un grand avantage, parce qu'il permet de modifier la disposition des parties et d'ar- river, dans une opération aussi délicate , à une réunion régulière et exacte. Enfin cette sonde-airigne, non-seulement réunit les lèvres de la plaie, mais encore elle porte avec elle un conduit pour l'émission de l'urine au dehors, et ce conduit n'est pas vacillant et ne se déplace pas comme le fait une sonde d'argent ou une sonde de gomme élastique. » On voit que nous parlons d'un instrument sans le décrire; c'est qu'il est difficile de faire comprendre la construction d'une mécanique et son mode d'action par une simple description et sans l'avoir sous les yeux. Je soumets cette sonde-airigne à l'examen de l'Académie, et je me contente de dire qu'elle est composée de deux cylindres creux superposés l'un à l'autre. L'inférieur renferme des crochets ou airignes destinés à pénétrer dans les lèvres de la plaie et qu'un pas de vis fait sortir ou rentrer à vo- lonté. Un ressort à boudin est destiné à faire mouvoir une plaque qui doit fixer l'instrument. Le cylindre supérieur, ouvert à son extrémité vé- sicale, a pour fonction de donner passage à l'urine et de s'opposer à l'in- filtration de ce liquide entre les lèvres de la fistule. » Nous pourrions décrire ici avec détail le manuel opératoire; mais nous croyons devoir nous abstenir d'entrer dans des particularités trop techniques et qui appartiennent essentiellement à la pratique de l'art. » Nous croyons plus convenable de renvoyer au Mémoire lui-même. » Nous terminerons ce Rapport en donnant une sorte de statistique des opérations pratiquées par M. Lallemand, pour la guérison des fistules vé- sico-vaginales, d'après sa méthode. Ces renseignements nous sont arrivés depuis l'envoi du Mémoire à l'Académie. » Sur quinze opérations , M. Lallemand compte sept guérisons complètes et constatées long-temps après la fin du traitement. Il avait cru pouvoir en compter neuf; mais d'après des renseignements récents qu'il a reçus ( 555 ) de deux de ses malades, il résulte qu'elles perdent encore quelques gouttes d'urine quand la vessie est bien distendue, mais il leur suffit d'expulser souvent l'urine pour éviter cet inconvénient. Aussi ces femmes n'ont-elles pas d'abord réclamé les conseils de M. Lallemand , car cet état est telle- ment différent de celui dans lequel elles se trouvaient avant l'opération , qu'elles se regardent comme guéries. On peut donc ranger ces deux cas, sinon dans les succès complets, du moins parmi les améliorations très voisines de la guérison. » Dans ces sept cas de guérisons, quatre fistules avaient de 9 à 18 li- gnes d'étendue transversale. Trois étaient placées au bas fond de la vessie, deux étaient accompagnées de brides qui oblitéraient en partie le vagin, et qui ont rendu les manœuvres opératoires très difficiles. » Après ces cas de réussite nous dirons que M. Lallemand a eu six in- succès, dont trois cas de mort. Le dernier cas funeste est postérieur à l'envoi du Mémoire à l'Académie des Sciences. » M. Lallemand ne compte pas deux malades qui ont quitté Montpellier au milieu de leur traitement, l'une par nostalgie, l'autre par défaut d'é- nergie ou par trop de susceptibilité nerveuse. y II a observé de plus quatre fistules vésico-vaginales auxquelles il n'a voulu toucher à cause de leur énorme étendue, et une autre parce qu'elle était compliquée de fistule recto-vaginale considérable. » Ce nombre d'insuccès est sans doute bien grand, mais lorsqu'on songera que ce genre de maladie était naguère encore considéré comme une infirmité presque toujours incurable, on reconnaîtra que M. Lalle- mand a rendu un grand service à l'humanité, et qu'il a fait faire un pro- grès réel à la science. » Ces raisons paraissent plus que suffisantes à votre Commission pour proposer à l'Académie de témoigner à M. Lallemand la satisfaction que vos commissaires ont éprouvée par la lecture de ce travail , et ils en de- manderaient l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers, s'ils ne savaient pas que cet opuscule est destiné à une prochaine publication, » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( 556 ) MEMOIRES LUS. médeciiye. — Mémoire sur la peste et son mode de propagation; par M. EcsÈbe de Salle. (Commissaires, MM. Magendie, Serres, Larrey.) pathogéhie. — Essai d 'une théorie générale des difformités articulaires du système osseux, chez les monstres, le fœtus et l'enfant; par M.. Jcles GcÉrin. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Serres, Flourens, Breschet, Isid. Geoffroy-St.-Hilaire.) « Dès l'année i836, l'auteur avait été conduit à ramener toutes les dif- formités articulaires du système osseux , chez les monstres , le fœtus et l'enfant, à une cause commune. Les premières bases de cette doctrine avaient été exposées dans le travail présenté par lui à l'Académie , pour le concours du grand prix de Chirurgie. Depuis cette époque il en avait fait plusieurs applications aux difformités particulières du squelette, dans une série de Mémoires sur le torticolis, les déviations de l'épine, les luxations congéniales et les pieds-bots. Le travail'qu'il vient de lire devant l'Académie a pour but de reconstruire sa théorie dans son ensemble et ses propor- tions définitives , de la formuler dans ses termes les plus généraux, et de l'entourer de toutes les preuves qui servent à l'établir. » M. J. Guérin s'est proposé de démontrer : » Que toutes les difformités articulaires du système osseux chez les monstres , le j vêtus et l'enfant, sont le produit de la rétraction active des muscles , provoquée par une lésion du système nerveux , soit du cerveau ou de la moelle , soit des nerfs eux-mêmes ; et les variétés de ces difformités, le produit de la rétraction différemment combinée et distribuée dans les muscles du tronc et des membres. » L'auteur a recueilli un grand nombre d'observations, offrant toutes les formes imaginables des difformités du système osseux, depuis le degré le plus faible de la difformité isolée, jusqu'à la déformation la plus com- plète de toutes les articulations du squelette chez le même individu. Il a disposé cette collection de faits suivant une série régulièrement décrois- sante entre les deux manifestations extrêmes de l'action de leur cause commune, de manière à montrer la liaison intime et dépendance respec- (557) tive de chacun de ses effets intermédiaires, et de manière à nouer par une chaîne non interrompue les résultats de son action la plus profonde et la plus générale, sur la totalité du squelette, avec ceux de son atteinte la plus faible sur une seule portion de ce système. Cette série, qu'il appelle la série étiologique , lui a permis d'abstraire de chacun de ses termes, et de composer d'après l'analyse de chacun d'eux, une formule générale ren- fermant quatre ordres de caractères propres à établir et à vérifier la com- munauté d'origine des difformités chez les monstres et le foetus d'a- bord, ensuite chez l'enfant. Ces quatre ordres de caractères sont, i° les caractères de la cause éloignée ou de la lésion du système nerveux; ■i° les caractères de la cause prochaine, rétraction musculaire; 3° les caractères de relation de la cause éloignée, lésion nerveuse, avec la cause prochaine, rétraction musculaire; 4° les caractères de relation ou d'harmonie de la cause prochaine, rétraction musculaire, avec ses effets immédiats, les difformités. » i°. Caractères de la cause éloignée, de l'affection nerveuse. — Ce premier ordre de caractères est fourni successivement par les enveloppes osseuses et membraneuses du cerveau et de la moelle, parle cerveau et la moelle, et en dernier lieu par les nerfs. » Le crâne est tantôt développé outre mesure, comme dans l'hydrocé- phale générale ; tantôt l'une de ses deux moitiés est déprimée, l'autre sail- lante; tantôt les deux moitiés semblent avoir chevauché suivant un plan vertical, de manière à offrir une double saillie opposée, du frontal d'un côté , et de l'occipital de l'autre. Souvent les os sont disjoints et maintenus en rapports médiats seulement, par la dure-mère très dilatée. Dans tous les cas, la consistance des os est non-seulement diminuée par suite de leur ampliation, mais l'ossification y paraît retardée; on y voit des îlots os- seux en grand nombre, comme si les os avaient été le siège de fractures considérables. Dans d'autres circonstances, le crâne est largement ouvert, ses os renversés et à moitié développés ou à moitié détruits; ou bien ils sont affaissés sur la base du crâne ; mais quels que soient la forme et le siège de l'anencéphalie, il est presque toujours possible d'en retrouver les rudi- ments par un examen attentif, ce qui établit bien le fait de la disjonction, de la destruction , et non celui d'une absence complète de développement. » La colonne vertébrale conserve toujours aussi le nombre de ses élé- ments, au moins à l'état rudimentaire : corps vertébraux, apophyses trans- verses, apophyses épineuses, peuvent être retrouvés dans les cas de spina- bifida, avec ou sans courbures de la colonne. Les apophyses épineuses C. R., 1840, amo Semestre. (T. XI, N° 15.) 74 ( 558 ) divisées à leur sommet, n'offrent pas, comme on l'a dit, un défaut de sou- dure, de réunion, par arrêt de développement de leurs parties, mais sont vio- lemment disjointes , renversées , entraînées dans le sens de certains muscles, ou aplaties sur les côtés, et offrent leur entier développement jusqu'à leurs tubercules terminaux; leur écartement même dans les spina-bifida très complets, est presque toujours très considérable, et accuse une force de disjonction active, et non un simple défaut de réunion passive. Somme toute, le caractère général des enveloppes osseuses du système cérébro-spinal^ c'est la disjonction, le déplacement, l'altération , la déformation, mais avec persistance, à l'état rudimentaire au moins, et non l'absence complète de développement. » Les méninges du cerveau et de la moelle offrent des caractères ana- logues et de même signification. Jamais absence complète de développe- ment, mais traces d'altération ou de destruction. La dure-mère cérébrale sert souvent d'enveloppe au liquide tenant les résidus du cerveau en sus- pension. Quand il n'y a plus de poche encéphalique, on retrouve sous les os crâniens affaissés, tout ou partie de la dure-mère. Il en est de même des au- tres membranes du cerveau, qui forment avec le paquet des vaisseaux, un lacis inextricable, frangé , couronnant la base du crâne. La dure-mère et les autres méninges rachidiennes se retrouvent aussi, même dans les spina- bifida les plus complets. Ces membranes sont déchirées, amincies, ouvertes à la partie postérieure, collées contre la paroi restante du canal, mais on les retrouve constamment. C'est surtout dans les spina-bifida incomplets, qu'on peut le mieux constater le caractère essentiel de leurs modifications. A l'extrémité des parties saines qui continuent à envelopper la moelle, d'au- tres portions amincies, frangées, à moitié détruites, ou quelquefois épais- sies, correspondent aux interruptions de la moelle et à ses parties altérées, ramollies. En résumé, les membranes comme les os du système cérébro- spinal, s'offrent avec un seul et même caractère : déplacement, altérations de texture , destruction incomplète, mais toujours persistance partielle ou existence rudimentaire des parties. » Mêmes caractères dans le cerveau et la moelle. Altération de tex- ture sous toutes les formes et à tous les degrés, depuis la simple in- jection vasculaire , jusqu'au ramollissement le plus profond , depuis la destruction de quelques points périphériques , jusqu'à la disparition pres- que complète de la matière pulpeuse, réduite pour le cerveau à un liquide gélatiniforme , renfermé dans ses membranes , ou à de simples et rares résidus cachés sous les voûtes crâniennes affaissées. Mêmes indices d'alté- ( 559) ration et de destruction morbides pour la moelle, et d'autant plus sen- sibles dans cette dernière, qu'elles se circonscrivent plus fréquemment sur une seule portion de sa longueur. » L'état des nerfs complète bien la signification de tous ces caractères: ils sont gros, raccourcis, tendus, principalement dans les cas où les mus- cles sont rétractés; ou bien ils sont réduits de volume, flétris, dans les cas où la rétraction a fait place au relâchement et à l'atrophie paralytique. » 2°. Caractères de la cause immédiate ou de la rétraction musculaire,. — - Les muscles sont raccourcis, tendus. Leur raccourcissement n'a pas lieu seulement dans le sens des mouvements physiologiques, et comme pour rendre permanente une position normale ; il peut s'effectuer dan,s toutes les directions à la fois, et être porté à un degré extrême dans le sens op- posé aux mouvements normaux, et déterminer dans ce sens des flexions permanentes on des déplacements articulaires, et même des fractures des os longs. La trame musculaire commence à ipasser à l'état fibreux, comme dans tous les cas où les muscles sont soumis à des tractions permanentes exagérées. » 3°. Caractères de relation de la cause éloignée avec la cause pro- chaine. — Les caractères de la lésion du système nerveux, rapprochés de ceux de la rétraction musculaire, établissent bien la relation essen- tielle de ces deux ordres de faits, et la subordination des seconds aux premiers. Avec une lésion profonde ou destruction complète des organes centraux de ce système, rétraction générale et énergique de tous les mus- cles; avec une lésion profonde ou destruction dkin des côtés du cerveau, rétraction des muscles d'un des côtés ,du cor,ps ; avec une lésion profonde ou destruction de la partie déclive de la moelle, rétraction d'une partie des muscles du tronc et de ceux des membres inférieurs; avec altération de la partie inférieure d'un des faisceaux antérieurs de la moelle et des racines nerveuses qui en naissent , rétraction et paralysie des muscles du membre inférieur correspondant. En d'autres termes , relation intime entre l'étendue, le siège, le degré de la lésion du système nerveux, fit l'étendue, le siège et le degré de la rétraction musculaire; et relation con- firmative, du reste, des rapports établis par la physiologie entre ces deux systèmes. » 4°- Caractères de relation ou cT harmonie entre la cause prochaine , la rétraction musculaire , et ses effets immédiats , les difformités . — Il n'y a pas seulement un rapport exact et intime entre la somme des muscles rétractés et le nombre des articulations déplacées, le siège spécial de la 74-- ( 56o ) rétraction et la direction spéciale des déplacements; mais il existe une harmonie parfaite, essentielle, entre l'action spécifique, isolée, ou collec- tive des muscles rétractés, et la forme spécifique, partielle ou totale des difformités: de telle manière que chaque difformité, considérée dans tous les éléments constitutifs de sa forme, c'est-à-dire dans les rapports nou- veaux et permanents, imprimés aux différentes surfaces articulaires, aussi bien que dans l'expression d'ensemble résultant de ces divers déplace- ments, offre la représentation exagérée, mais exacte, des formes affectées aux mouvements physiologiques résultant de la contraction normale des mêmes muscles, et du déplacement temporaire des mêmes surfaces; d'où la confirmation de cette loi que l'auteur a formulée depuis long-temps, à savoir : « Que les causes essentielles des difformités possèdent une telle » spécifité d'action à l'égard des déformations auxquelles elles donnent » naissance, que chacune de ces causes se traduit à l'extérieur par des » caractères qui lui sont propres, et à l'aide desquels on peut, en général, » par la difformité diagnostiquer la cause, et par la cause déterminer la » difformité. » » Après avoir cherché à démontrer, à l'aide de cette formule, établie par l'observation et l'analyse, que les difformités articulaires chez les monstres, et le fœtus, sont dues à la même cause, l'auteur en fait l'ap- plication aux difformités congéniales et consécutives chez l'enfant ; il in- dique chez celui-ci un dernier ordre de caractères extérieurs, appréciables pendant la vie, propres à corroborer ou à suppléer les premiers, et il ter- mine en présentant une autre série de preuves tirées d'observations qui se sont offertes à lui avec quelques-uns des caractères de l'expérimentation directe. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. médecine. — Sur la nature d'une maladie des régions tropicales , connue sous le nom de Bicho de eu, ou ver au fondement; par M. Gcïon. Outre ce Mémoire , M. Guyon adresse : i°. Des observations médicales faites à la suite de l'armée qui a tra- versé les Portes-de-Fer, dans le mois d'octobre de l'année dernière; 2°. Des dessins représentant quelques accidents de scorbut, maladie qui règne dans quelques localités de nos possessions d'Afrique , depuis la fin de 1839: (56i ) 3°. D'autres dessins représentant des taches gangreneuses qui accom- pagnent parfois certains cas d'affections typhoïdes. (Commissaires, MM. Magendie, Larrey, Breschet.) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de la Guerre invite l'Académie à lui désigner, le plus promptement possible, un candidat pour la place de professeur d'Analyse et de Mécanique à l'École Polytechnique, devenue vacante par suite de la nomination de M. Duhamel à la place d'examinateur permanent. M. le Ministre de la Marine remercie l'Académie du rapport qu'elle lui a adressé, sur les manuscrits de météorologie et de botanique de M. Per- rottet, ainsi que sur les collections d'histoire naturelle faites dans l'Inde par ce botaniste. La Commission qui a fait ce rapport dans la séance du 3 août dernier, se composait de MM. Arago, Duméril, Savary et Richard rapporteur. M. de Jouffroy annonce qu'il a appliqué aux vaisseaux de haut-bord et aux autres bâtiments de la marine militaire, l'appareil palmipède qu'il avait déjà soumis au jugement de l'Académie. « Une série d'expériences faites sur une frégate modèle met, dit -il, hors de doute les avan- tages considérables de cette application, qui permettra de munir les bâti- ments de guerre de toute grandeur d'une puissance motrice, sans déran- ger un seul agrès ni une seule pièce d'artillerie. » M. de Jouffroy offre de répéter ses expériences devant les Commissaires que l'Académie voudra bien désigner pour examiner son appareil. (Commissaires, MM. Cauchy, Poncelet, Gambey, Piobert.) micrographie. — Expériences microscopiques sur le sang, la lymphe plas- tique , le pus et le lait; par M. Letellier, docteur-médecin à Saint-Leu. (Commissaires, MM. Magendie, Dumas, Milne Edwards.) Les conclusions de ce travail, extraites par l'auteur, sont les sui- vantes : « i°. Il n'est pas possible de prouver par le microscope que les globules rouges du sang humain sont, formés d'un noyau et d'une pellicule; mais le ( 562 ) microscope et les agents chimiques prouvent que ces globules sont formés d'une enveloppe , probablement tibrineuse , facile à déchirer par l'eau , et qui doit sa couleur uniquement au fer, et d'un noyau transparent plein , invisible dans l'eau par la perte de son enveloppe colorée, mais reparais- sant quand on sature le liquide d'un sel neutre. Ce noyau est inatta- quable par les acides, qui le rendent opaque, par la putréfaction, par la macération dans les sous-sels, par l'ébullition dans les alcalis; il offre ainsi les propriétés chimiques de l'albumine coticrétée par un acide. » 20. L'albumine est formée évidemment de grains transparents deve- nant opaques ou se précipitant les uns sur les autres par l'alcool ou les acides. » 3°. La lymphe plastique qui s'écoule des plaies renferme tous les élé- ments du sang, moins la couleur rouge des globules. » 4°- Le pus offre principalement un grand nombre de globules du sang, privés de matière colorante et devenus opaques une petite quantité de vésicules de dimensions et de formes très variées, formées par des cel- lules de fibrine; et enfin des débris de fibrine. » 5°. Le lait écrémé contient les noyaux opaques des globules du sang , et un corps particulier formé probablement de fibrine altérée par l'acide, et nécessaire à la formation du caillot. » 6°. La crème offre les deux mêmes corps, mais infiniment peu du se- cond ; les globules du sang entiers privés de leur matière colorante; le beurre même chez la femme : il flotte en nuages; enfin un corps gras particulier plus pesant que l'eau, s'attachant au porte-objet et simulant des vésicules. » paléontologie. — M.Gadltierde Clvubry annonce que, dans une tranchée pratiquée pour la construction du chemin de fer que la compagnie des houillères de Bert fait établir, on a traversé une formation d'eau douce renfermant une grande quantité d'ossements fossiles. La tranchée a une profondeur de 2 mètres, et les ossements ont été rencontrés à (5o ou 70 centimètres seulement, sur une assez grande étendue. Ce dépôt se trouve sur la commune de Saint-Pourçain, arrondissement de La Palisse, à peu de distance du terrain primitif qui circonscrit le bassin houiller de Bert. M. Gaultier de Claubry envoie avec sa lettre quelques ossements consis- tant en une vertèbre de P alœoiherium , et des restes de crocodile, de tortue et de poissons; il y a joint un fragment du calcaire qui les renferme. (Commissaires, MM. de Blainville , Flwurèns, Élie de Beaumont. ) ( 563 ) M. Mufun, professeur de physique au Collège de Bourges, annonce, à pro- pos du Mémoire lu par M. Persoz dans la dernière séance, qu'il s'occupe d'un travail où il démontrera l'existence des chlorures, sulfures, etc., dans les dissolutions obtenues par l'action des acides hydrogénés liquides, sur les oxides métalliques. « Il en déduira, dit-il, les conditions nécessaires pour préparer des corps analogues à l'eau oxigénée, c'est-à-dire des acides chlorhy- drique, bromhydrique, etc., chlorurés, bromures, etc. Il espère pouvoir bientôt présenter aux chimistes un acide chlorhydrique chloruré , très peu stable, et non moins remarquable par ses propriétés que l'eau oxigénée de M. Thenard. » La séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie royale des Sciences; a* semestre 1840, n° 12, in-4°. Journal de l'École royale Polytechnique; 270 cahier, tome 16, in-4*. Leçons d'Anatomie comparée; par G. Cdvier; a* édition, tome 7, revu et entièrement refondu; par M. Duvernot; in-8°. Observations médicales faites à la suite de l'armée qui, en octobre 1 83g, a traversé les Portes-de-Fer de la province de Constantine dans celle d'Al- ger; par M. le Dr Guyon; in-8°. De l'Air comprimé et dilaté comme moteur, ou des Forces naturelles re- cueillies gratuitement et mises en réserve; par M. Audrand; 2° édition, aug- mentée d'une partie expérimentale en collaboration avec M. Tessié du Motay; in-8°. OEuvres complètes de John Hunter, traduites de l'anglais; par M. Ri- chelot; 1 ic liv. in-8°, avec atlas in-4°. Carte géologique de la Turquie d 'Europe rectifiée ; par M. A. Boue. (564) Rapport et Observations sur différents sujets de Médecine; par M. Rt- pàtjlt; in-8°. Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Limoges ; tome 18, n° 5. Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 5* et 6* li- vraisons, in-8°. Maison rustique du xix* siècle. — Journal d'Agriculture pratique; sep- tembre i84o, in-8". Revue scientifique et industrielle; parM. Quesneville; sept. 1840, in-8". Supplément. . . . Supplément du 5' volume des Transactions de la So- ciété d'Agriculture et a" Horticulture de V Inde ; Calcutta, i838, brochure in-8°. The Athenœum, journal; août 1840, in-40 Die forst .... Sur les Insectes destructeurs des forêts ; par M. Ratzb- burg; Berlin, 1840; 2 vol. in-4'. Nuovi... Nouveaux Organes découverts dans le corps humain; par M F. Paccini; Pistoje, 1840, in-8°. Gazette médicale de Paris; tome 8, n° 39. Gazette des Hôpitaux; n° 1 12 — 1 14- L'Expérience, journal de Médecine; n* 169, in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCffiNCES. SÉANCE DU LUNDI 5 OCTOBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE M. Cauchy présente à l'Académie un Mémoire sur les perturbations des mouvements planétaires , et en particulier sur celles qui sont du second ordre, c'est-à-dire du même ordre que les carrés des forces perturba- trices. MÉMOIRES LUS. statistique. — Note sur la statistique intellectuelle et morale de la France; par M. Fatet. (Extrait par l'auteur.) f (Commissaires, MM. Dupin, Mathieu, Costaz.) Dans cette Note l'auteur fait connaître le mode de composition d'un certain nombre de tableaux numériques qu'il met sous les yeux de l'Aca- démie, les motifs qui l'ont porté à établir certains rapprochements diffé- rents de ceux qu'on établit d'ordinaire dans les travaux de ce genre, et C. II. , 1840, im* Semestre. (T. XI, N° 11.) 7$ m 4 1 ( 566 ) enfin il fait remarquer les résultats les plus saillants qui s'en déduisent. « Les cinq premiers tableaux contiennent la statistique intellectuelle et morale des départements du Cantal, de la Creuse, du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Seine. » Le sixième est extrait d'un tableau beaucoup plus étendu et contient la marche de lacriminalité en France pendant la période de 14 ans (i 825-38), pour vingt espèces de faits différents, crimes, délits et suicides. Cette marche est en outre représentée par des lignes dont les élévations et les dépressions font connaître les époques de progrès ou de diminution dans le mal. » Les trois tableaux suivants contiennent la criminalité spécifique de l'homme aux différents âges de sa vie, pour seize espèces de faits; cette criminalité est aussi représentée par seize lignes. » Les autres tableaux sont les tableaux comparatifs de la moralité dans les 86 départements de la France, d'après: » i°. Le nombre d'accusés de crimes quelconques; » 2°. Le nombre d'accusés nés et domiciliés dans le département; » 3°. Le nombre d'accusés âgés de moins de 21 ans; » 4°- Le nombre de suicides. Tableau particulier à chaque département. » Le tableau de chaque département se divise en trois parties : » La première partie , sous le titre d'introduction , contient la popula- tion, sa densité et son agglomération, les naissances, les enfants de 5 à 12 ans, et les conscrits; » La deuxième, sous le titre de statistique intellectuelle, contient l'état intellectuel du département sous le rapport de l'instruction primaire, d'a- près la situation des écoles primaires et d'après le nombre des conscrits qui savent lire ; » La troisième, sous le titre de statistique morale, contient la situation morale du département d'après quatorze espèces de faits différents (crimes, délits, suicides, enfants naturels, enfants trouvés, etc.); » Pour chaque espèce de faits, l'auteur a embrassé une période plus ou moins longue et qui varie de 10 à 20 ans, et comparé des époques diffé- rentes afin de saisir, autant que possible, la loi du développement de ces faits et par suite de pouvoir, jusqu'à un certain point, juger les situations antérieures et postérieures aux données de la statistique. (567) Marche de la criminalité en France de 1825 à i838. » Le tableau de la marche de la criminalité contient, pour chaque es- pèce de faits: i° le nombre annuel pour chacune des 14 années i825-38; 20 les nombres moyens annuels pour chacune des périodes de 3 ans, pour chacune des périodes de 6 ans, et pour la période de 12 ans comprise entre 1825 et 1 838 ; 3° l'augmentation ou la diminution en passant de cha- cune des périodes triennales à celle qui la suit immédiatement; 4° l'aug" mentation ou la diminution du nombre annuel en passant de la première à la dernière année, de la première à la dernière période triennale, ou sexen- nale; 5° une ligne construite en prenant l'année pour unité sur les abscisses , et la moyenne générale pour unité sur les ordonnées. » 11 résulte de ce tableau que le progrès moyen annuel de la criminalité en France a été : de 79 sur 2099 (moyenne annuelle), accusés de crimes contre les per- sonnes; de 25 sur 894 accusés de crimes contre les propriétés, autres que les vols; de 5^5 sur i5g36 vols simples ou qualifiés; de 1237 sur 3854o condamnés pour délits quelconques autres que les vols simples et les délits forestiers; de 74 sur 2o3o suicides. » Et en somme, de 1990 sur 5g499 crimes, délits ou suicides, c'est-à-dire environ 2000 sur 60000 ou —$ de l'année moyenne. » Mais deux faits dignes de remarque, sont: i° les accusés exerçant la profession d'ouvriers en soie, laine, coton, etc., dont le nombre diminue presque d'une manière continue ; 20 les accusés exerçant la profession de domestiques attachés à la personne, dont le nombre augmente d'une ma- nière effrayante, de -fo tous les ans. Criminalité spécifique de l'homme aux différentes époques de sa vie. » Sur les seize lignes qui représentent cette criminalité spécifique, et qui sont construites en prenant pour unité sur les abscisses , les différentes période de l'âge de 10 à 16 ans, de 16 à 21, etc., et pour unité sur les or- données, la criminalité moyenne des individus âgés de plus de 10 ans, il y en a douze qui sont à peu près semblables, et dont la marche générale est 75.. ( 568 ) une élévation plus ou moins rapide d'un minimum pour l'âge de 10 à 16 ans, au maximum qui a lieu de 21 à 25 ou de a5 à 3o ans, puis une des- cente plus ou moins régulière de ce maximum jusqu'au deuxième minimum qui se présente dans la vieillesse , et en coupant la moyenne de 35 à 5o ans. » Les quatre autres lignes offrent quelques singularités qui méritent d'être signalées: » La première, celle des viols ou attentats à la pudeur sur un enfant, au lieu d'un seul maximum, en présente trois, le premier, de 16 à 21 ans; le deuxième, de 25 à 3o; et le troisième, de 60 à 65, et se termine par une ordonnée égale à la moitié de la moyenne. » La deuxième, celle des faux, ne présente son maximum que dans la période de 3o à 35 ans, qui est l'âge des affaires. » La troisième, celle des incendies, ne présente son maximum que dans la période de 4o à 4r> ans. » Enfin la quatrième, celle des suicides, s'élève d'une manière presque régulière jusqu'à son maximum, qui n'a lieu que dans la période de 70 à 80 ans, et se termine par une ordonnée très peu différente de celle du maxi- mum, ce qui indiquerait que le dégoût de la vie est en raison de sa durée. » CHrjiiE. — Mémoire sur la Photochimie; par M. A. Waller, première partie. (Commissaires, MM. Dumas, Pouillet, Regnault.) Dans cette première partie de son Mémoire, l'auteur s'est principale- ment attaché à faire voir que certaines combinaisons du brome et du chlore partagent, avec celle que l'iode forme en s'unissant à l'argent, les propriétés remarquables qui, pour cette dernière, servent de base aux opérations photographiques, c'est-à-dire la manière dont elles se modifient sous l'action de la lumière et la faculté de fixer les vapeurs mercurielles. Ce sont ainsi de nouveaux traits de ressemblance qu'il faut ajouter à tous ceux qu'on avait déjà signalés entre les composés du chlore, du brome et de l'iode. M. Waller s'est de plus assuré que l'argent n'est pas le seul métal capable de former, avec les trois corps que nous venons de nommer, des combi- naisons jouissant des propriétés sur lesquelles la découverte de M. Daguerre a fixé récemment l'attention ; mais que le cuivre et l'étain la partagent avec lui, quoique d'une manière moins prononcée. (569) chirurgie. — Maladie de la prostate. M. Leroy d'Etiolles lit une Note sur les signes qui peuvent faire recon- naître l'engorgement de la prostate à son début, et sur les moyens par les- quels on peut combattre, dans sa première période, cette affection qui plus tard cause de grands désordres et offre beaucoup moins de chances de guéiïson. Cette Note est renvoyée à l'examen de la Commission chargée de faire un rapport sur d'autres communications de M. Leroy d'Etiolles, relatives aux affections de la prostate; Commission qui se compose de MM. Magen- die, Serres et Larrey. M. Casxera lit la première partie d'un Mémoire ayant pour titre : De la Navigation sous-marine. MEMOIRES PRESENTES. physiologie. — Sur les connexions des nerfs encéphaliques avec les parties centrales de l'encéphale ; par M. A. Bazin. (3° Mémoire.) (Commissaires, MM. Magendie, de Blainville, Serres, Flourens.) L'auteur résume dans les termes suivants les conséquences des re- cherches exposées dans son nouveau Mémoire. « Les nerfs olfactifs se continuent directement avec les faisceaux ner- veux des lobules du même nom, et vont dans les mammifères s'épanouir dans la partie antérieure et inférieure des lobes antérieurs et dans les lobes postérieurs. » Dans tous les animaux vertébrés ils sont en connexion, i° avec l'aire criblée et ses prolongements, ou avec le plexus grisâtre qui s'étend du chiasma optique au bord antérieur de la protubérance, entre les pédon- cules cérébraux; a0 avec les corps striés; 3° avec la commissure antérieure et, par conséquent, avec les pédoncules antérieurs. » Les nerfs optiques sont en connexion avec le plexus de l'aire criblée; par plusieurs faisceaux qui naissent ou sortent de la partie postérieure du chiasma; ils se continuent avec la base de l'infundibulum , les corps ma- (57o) millaires et leurs prolongements, ou pédoncules antérieurs de la voûte, avec les pédoncules cérébraux , les tubercules géniculés et quadrijumeaux, avec les couches optiques, les corps striés, et avec les hémisphères cérébraux. » Le nerf moteur commun ou troisième paire, est en connexion avec l'aire criblée par ses racines internes; les externes se prolongent en avant, dans les pédoncules cérébraux, et en arrière dans ces mêmes pédoncules, au milieu de faisceaux très mous, mêlés à une substance grise et noire, et se rendent, les unes aux tubercules quadrijumeaux, les autres dans les pédoncules cérébelleux. » La quatrième paire ou pathétique est en connexion avec les tuber- cules quadrijumeaux. » La sixième paire peut se suivre dans la queue de la moelle allongée, la protubérance, les pédoncules cérébraux et cérébelleux. » Le trifacial, le facial et Y auditif sont en connexion avec la protubé- rance, les pédoncules cérébraux et le cervelet. » Le glosso-pharyngien , le pneumo gastrique et l'hypoglosse, se conti- nuent avec les filets du plexus arciforme et pénètrent dans les ganglions olivaires. On peut suivre un faisceau appartenant aux premiers jusque dans la substance grise que traversent les faisceaux qui passent d'un pé- doncule cérébral à l'autre; et les filets que l'on nomme leurs racines ont un ganglion qui leur est commun. » Les nerfs encéphaliques pourraient, d'après leurs principales con- nexions, être classés en quatre conjugaisons, savoir : » i°. La conjugaison des nerfs olfactifs , ou de la première vertèbre; » 2°. La conjugaison des nerfs optiques , ou de la deuxième vertèbre ; » 3°. La conjugaison des nerfs auditifs , ou de la troisième vertèbre; » 4°- La conjugaison des nerfs glosso - pharyngiens et pneumo- gastri- ques , ou de la quatrième vertèbre. » astronomie ancienne. — 'Sur une inscription trouvée dans une des chambres de la grande pyramide de Memphis , et relative à l'observation d'un phénomène céleste; par M. A. Thilorier. (Commissaires, MM. Biot, Mathieu, Savary.) « On connaît la relation récente du colonel anglais Wyse , à qui l'on doit la découverte de quatre chambres nouvelles clans la grande pyramide: ces chambres, où il a pénétré le premier en i838, sont placées au-dessus t*p ) de celles du roi et de la reine. Parmi les hiéroglyphes, tracés à l'encre rouge et d'une manière cursive, sur les parois des chambres, se trouvent reproduits le cartouche déjà connu du roi Schoujbu, le Chéops d'Héro- dote et le Souphi de Manethon, et celui &' Ano-Schoufou , qui est le même nom précédé d'un titre divin. Ces deux cartouches sont accompagnés d'une légende composée d'un petit nombre de signes, d'une lecture facile, et qui se rapportent, selon moi, à une observation astronomique : cette légende nous fait connaître que, dans ces temps reculés et sous le règne de ce Pharaon de la quatrième dynastie, la Lyre, c'est-à-dire l'étoile Wega , faisait son lever à midi, le jour du solstice détè , et par conséquent se couchait à minuit le même jour. » Je me suis assuré, à l'aide d'une sphère à précession, que, sous la latitude de Memphis, cette circonstance remarquable n'existait et ne pou- vait exister que pour une époque où le solstice d'hiver se faisait à 900, à l'est du point tropique hibernal actuel, c'est-à-dire vers l'an 455o avant l'ère chrétienne. » J'ai été mis sur la voie de cette lecture par une tradition arabe des premiers temps de l'hégire : « Lors du règne du calife Almamoun, dit » l'historien Abou-Zeid-el-Balkhy, on trouva tracé sur la pyramide une » inscription qui apprenait l'époque de sa construction : c'est le temps où » la Lyre se trouvait dans le signe du Cancer. En calculant, on trouva deux » fois 36ooo ans avant l'hégire. » » J'ai cherché la solution de cette énigme. 11 m'a semblé, en premier lieu, que par ces mots le signe du Cancer, il fallait entendre le signe qui confine au cercle tropique estival , lequel cercle porte encore de nos jours le nom de tropique du Cancer, quoique depuis deux mille ans la portion de l'écliptique affectée primitivement au signe du Cancer ait cessé d'être tangente au plan du cercle tropique : le sens de ce passage obscur serait donc que le lever de la Lyre, lors de la construction de la pyramide , coïncidait avec le solstice d'été. En second lieu, les deux fois trente-six mille ans doivent se comprendre d'un même nombre de révolutions de l'orbite de la Lune, comme la chronologie antique en offre plusieurs exemples. » Or si l'on multiplie 27 jours -fâï, temps que met la Lune à parcou- rir son orbite, par deux fois 36ooo, on obtient 1,967,760 jours équi- valant à 5387 années solaires qui, selon le calcul de l'astronomie arabe, séparaient l'an 225 de l'hégire, date de la découverte de l'inscription, de l'époque où la Lyre se levait à midi, le jour du solstice d'été, c'est-à-dire (572) 454o avant Jésus-Christ; ce qui est à très peu près le nombre d'années in- diqué par l'hypothèse du lever de la Lyre, d'après le calcul empirique de la précession. » L'observation antique du lever de l'étoile de la Lyre mérite d'autant plus d'attention qu'elle semble vérifiée par un document historique qui acquiert de jour en jour plus d'authenticité. En supputant, à partir de l'an 525 avant Jésus-Christ, époque de l'invasion de Cambise, les années des 22 dynasties et des quatre règnes de la quatrième dynastie qui, selon le Canon de Mancthon, ont précédé le règne de Mycérinus, et en y ajou- tant les soixante dix-huit années qui, au rapport de Pline, se sont écou- lées entre la mort de Mycérinus et le commencement de la construction de la grande pyramide, on trouve qu'il s'est écoulé 4484 ans entre cette construction et la naissance de Jésus-Christ, résultat qui diffère fort peu des 45oo que fournit la légende de la pyramide. » Cette légende offre deux rédactions qui présentent le même sens, sous des emblèmes différents. » Légende du cartouche Schoufou : « Moi, Horus épervier, dont le » trône est près des Eaux saintes , j'opère le lever de la Lyre. » » Légende du cartouche d'Ano-Schoufou : « Moi, Soleil dont les rayons » sont perpendiculaires, dominateur de la région supérieure, j'opère le » lever de l'étoile brillante de la Lyre. » » Dans une variante de cette légende, il est dit que le lever de la Lyre se fait dans la contrée de pureté, c'est-à-dire au milieu du jour et dans le ciel éclairé par le Soleil. » Ces variantes de la même devise qui accompagnent deux cartouches différents, el surtout, comme on le verra plus loin, les modifications que subit le signe capital de la phrase hiéroglyphique, ne permettent pas de douter que nous n'ayons sous les yeux le premier jet et les premières études du thème sacerdotal de la légende dédicatoire qui devait être plus tard inscrite sur la pyramide et qui a été retrouvée et lue, comme il a été dit plus haut, sous le règne du calife Almamoun, l'an 2a5 de l'hégire. » On remarque d'abord que, dans les huit transcriptions du texte tracé sur les parois des chambres, le cadre qui constitue la formule hiératique, c'est-à-dire, i° les deux emblèmes solstitiaux; 20 les deux signes qui ex- priment l'action transitive, faire lever, et 3° la disposition grammaticale qui place la Lyre et son déterminatif entre les deux membres verbaux, ne subissent aucune modification; tandis que le mot ftintercallation , l'é- toile dont le lever était observé , n'est pas reproduit deux fois de la même ( 573 ) manière, et s'exprime tantôt par la Lyre théorbe vue de profil, et ren- versée comme la constellation elle-même ; tantôt par la Lyre à carapace de tortue; tantôt par la Lyre grecque à branches évasées _, etc. » Une autre particularité , qui s'explique par ce qui vient d'être dit, n'est pas moins digne de remarque : le seul signe tracé isolément sur les parois des chambres est celui de la Lyre , comme si l'hiérogrammate avait cher- ché par plusieurs tâtonnements le déterminatif astronomique le plus con- venable : elle est, en effet, représentée avec trois variantes dans le sens de la Lyre céleste, appartenant à la huitième sphère. On la trouve encore comme le symbole de la plus belle étoile de la constellation; ce que le scribe sacré a clairement indiqué par les cinq barrettes qui accompagnent la figure, et l'on sait, d'après Horapollon , que l'on exprimait une étoile par le nombre cinq. » Le déterminatif astronomique de la Lyre qui paraît avoir été adopté définitivement, puisqu'il se trouve répété huit fois dans le texte de la lé- gende d'Ano-Schoufou, est, comme je l'ai découvert, l'emblème hiérogly- phique par lequel on désignait celui des Ptolémées que l'on surnommait Épiphanès, c'est-à-dire l'illustre, le brillant, l'éclatant (inscription d'Edfou). Ce symbole me paraît être une bannière ou plutôt une de ces lanternes que l'on portait à Saïs dans la fête des Lampes. » Une circonstance qui se rattache à ces inscriptions , peut jeter quel- que lumière sur l'époque où s'était faite la cérémonie de la dédicace du monument. » Le colonel Wyse nous apprend que ces inscriptions n'avaient pas été tracées dans le lieu qu'elles devaient occuper, mais qu'elles étaient disper- sées sans ordre sur les blocs calcaires qui formaient les parois des chambres: ces inscriptions avaient été dessinées avant que les pierres ne fussent en place et lorsque ces pierres étaient encore dans le chantier. Il me paraît dès-lors évident que l'on ne s'était occupé sérieusement de la rédaction de la légende dédicatoire que lorsque les assises de la pyramide avaient été élevées à la hauteur de la chambre du Mort , vers le centre de gravité de la pyramide et au quart de l'élévation totale qu'elle devait avoir. Il est dès- lors probable que l'on trouverait cette légende gravée au-dessus de la clé du piafond de granité qui sert de voûte de décharge. L'inscription dédica- toire aurait ainsi été soustraite à la vue par le même motif qui avait fait graver, sous la base même des obélisques, le cartouche du monarque qui les faisait ériger. » C. 11., 1840, 2"" Semestre. (T. XI, N« 14.) 7^ ( iji ) PHYSiOLOGrE. « — Nouvelle théorie de la respiration ; par M. Romanowski. (Commissaires, MM. Becquerel, Breschet, Pouillet. ) M. Audodin est invité à faire un rapport verbal sur l'ouvrage de M. Ratze- burg concernant les insectes destructeurs des forêts , ouvrage écrit en alle- mand, et dont le 2e volume a été présenté à la précédente séance (voir au Bulletin bibliographique, page 564)- CORRESPONDANCE. M. le MimsTitE de l'Intérieur demande communication d'un rapport qui , en 1 808, a dû être fait par une Commission de l'Académie des Sciences, sur un projet de télégraphe de nuit. M. LiMouziM-L \mothe , qui se présente comme candidat pour la place de correspondant, vacante dans la section d'Economie rurale, et qui avait précédemment transmis une Notice sur ses travaux, adresse aujourd'hui un supplément à cette Notice. Sa nouvelle lettre sera renvoyée , comme l'a été la première , à la sec- tion d'Économie rurale, chargée de présenter une liste de candidats pour la place vacante. M. Talbot écrit que long-temps avant la communication qui a été faite à l'Académie, au mois de juin dernier, sur l'emploi des procédés photo- graphiques pour enregistrer les indications des instruments de météoro- logie, M. Jordan, secrétaire de la Société Polytechnique de Cornouailles, s'était occupé de la même question, avait exécuté l'appareil nécessaire, et obtenu des résultats satisfaisants. A l'appui de cette réclamation, M. Talbot adresse un extrait des Mé- moires de la Société, où se trouvent des détails sur le procédé de M. Jordan , la figure de son appareil, et la date des communications qu'il a faites à ce sujet (voir au Bulletin bibliographique). M. Riot, il y a quelques mois, avait mis sous les yeux de l'Académie plusieurs dessins photographiques sur papier, qui lui avaient été adressés par M. Talbot; c'est par erreur qu'il n'a pas été fait mention de cette pré- sentation dans le Compte rendu de la séance à laquelle ils ont été présentés. ( 575 ) M. Schlesingei» demande à reprendre divers documents qu'il avait adressés, relativement aux résultats d'une méthode qui lui est propre pour le traitement de certaines affections des yeux. La Note qui accompagnait ces pièces n'ayant pas été l'objet d'un rap- port, M. Schlesinger est autorisé à les reprendre au secrétariat. M. D.vnuj, à l'occasion d'une communication récente de M. de Tessan, sur la gravitation universelle considérée comme dépendant des propriétés de l'éther, rappelle qu'il a adressé, l'année dernière, une Note dans la- quelle il traitait la même question, et annonce l'envoi prochain d'un travail plus étendu sur ce sujet. La Commission qui fut nommée alors, étant devenue incomplète par la mort de M. Poisson, le Mémoire de M. Darlu est renvoyé à la Commis- sion nommée pour le Mémoire de M. de Tessan, à laquelle M. Coriolis est adjoint. M. Païen adresse un paquet cacheté portant pour suscription : Dis- position organique des feuilles automnales; causes de la panachure des feuilles et de la décrépitation au feu des feuilles de XAucuba japonica; sécrétion d'une substance soluble dans un tissu spécial. L'Académie en accepte le dépôt. L'Académie accepte également le dépôt d'un paquet cacheté adressé par M. J. Ravel. A quatre heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures. F. 76. (476) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus* hebdomadaires des séances de V Académie royale des Sciences; 2e semestre 1840, n° i3, in-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac, Arago, Ghe- vreul, Savary, Dumas, Pelouze, Boussingault et Regnault; juin 1840; in-8». Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris, n° r55, in-8°. Voyage industriel eu Angleterre , en Irlande et en Ecosse ; par M. F. Preisser; in-S". Recueil de la Société polytechnique ; août 1840, in-8°. Mémoire descriptif d'un nouveau système d'Essieux brisés, applicables à toute espèce de voitures; par M.. J.-B.-F. Constant ; in-4°. Journal des Connaissances nécessaires et indispensables ; octobre 1 840 , iu-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , de Toxicologie; octo- bre 1840, in-8°. Bibliothèque universelle de Genève; août i84o,in-8°. Deuxième Mémoire sur les variations annuelles de la température de la terre à différentes profondeurs ; par M. Quetelet; Bruxelles, 1840, in-40. Second Mémoire sur le Magnétisme en Italie; par le même, in-4°. The Transactions. . . Transactions de la Société Linnéenne de Londres, vol. 18, partie 3", 1840, in-/|°. Proceedings. . . . Procès- Verbaux de la Société Linnéenne de Londres; feuilles 1 à 7, 6 novembre 1 838 au 17 mars 1840, in-8°. The new system... Nouveau système d'Agriculture, application de machine à faire le vide pour la culture et pour les transports sur routes or- dinaires, chemins de fer et canaux; par M. H. Pinkus.— Londres, 1840, in-8°. (M. Séguier est chargé d'en rendre un compte verbal.) On a new . . . Sur un nouveau moyen d'enregistrer les indications des instruments de météorologie; par M. Jordan. (Adressé par M. Talbot à ( 577 ) l'appui d'une réclamation de priorité concernant l'application de la pho to- graphie à la Météorologie.) i feuille d'impression in-8°. Astronomische Nachricbten. . . 17e livraison, table et titre. Gazette des Hôpitaux; n° n5 — 117. Gazette médicale de Paris; tome 8, n°4o. L'Expérience , Journal de Médecine, n° 170; in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCffiNCES. SÉANCE DU LUNDI 12 OCTOBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. mécanique céleste. — Mémoire sur la variation des éléments elliptiques dans le mouvement des planètes ; par M. Augustin Cauchy. § Ier. Considérations générales. « Adoptons les mêmes notations que dans les Mémoires précédents, et soient en conséquence M la masse du Soleil , m , m', m", . . . celles des planètes. » Soient de plus, au bout du temps t, r, r', r", ... les distances des planètes au Soleil ; t,. . . les distances de la planète m, aux planètes m',. . . ; éT,. . . les distances apparentes de la planète m aux planètes m',. . ., vues du centre du Soleil. » La fonction perturbatrice R relative à la planète m sera Rrrir - m' = -^ cos tT + . . . — ■* . . . , C. R.. 1840, a"» Semestre. (T. XI, N° 13.) 77 ( 58o ) la valeur de t étant • = (r* — 2r/-'cos«f+r"). Nommons d'ailleurs A ce que devient R au bout du temps Q; et soient à cet instant Cl, K, W, t, &, ( 583 ) et l'équation dont il s'agit deviendra Si, dans cette dernière formule, on remplace successivement la lettre ç par chacune des suivantes a, R, W, t, •>, _ __ Irw , m')n, n —(ncT-hn'c'r') V —i q> Jnc-t-nVJfl l/— i __ (n«-|-n V)f t' ^7 ^ "" (ne + rie') V — I Si d'ailleurs on substitue la valeur précédente (le l'intégrale j^SLdh dans les formules (2) , on verra chacune des quantités an K,, W,, mrn ,©], x'= — neDTçDncv/'— >, on trouvera [f, é*j = X9 -f- *'«', et la formule (6) donnera généralement (8) ç, =2Xt + 2*'*'. ( 585 ) » Si la fonction ç ne renferme pas l'élément t , A,' s'évanouira en vertu des formules (7), et la formule (8) sera réduite à (9) (t = 2**. Ainsi par exemple, si l'on prend ç = Cl, on trouvera aé= ÏAÏ, la valeur de A- étant x = [a, e] = DTe, ou, ce qui revient au même, (10) X = ; — —(m, m') .. * » ne -f- ne v /n, n Mais lorsque ç renfermera t, x' cessera de s'évanouir; et si, pour fixer les idées, on prend ç = t, les formules (7) donneront (n) X es [t, G] = — Dne, x' sa — neDjjCV'- 1. » Observons maintenant que, dans le développement de &, le terme général représenté par l'expression (,a) Km)„,n'e » ou , ce qui revient au même , par le produit (m, m')nn, [cos(»0+ ri&) + V^T sin(n0 -+- ri®')'], sera une fonction périodique de 6 , si l'argument n® -h ri®' = (ne -f- re'c')6 — ncr — ric'r' ne devient pas indépendant de ô , c'est-à-dire si la condition (i3) ne ■+- h'c' = o n'est pas remplie. Si d'ailleurs les coefficients ( 586) sont ce qu'on appelle incommensurables entre eux , c'est-à-dire, s'ils ne peuvent vérifier aucune équation de la forme ne H- rie' -h ri'c" -f- ... = o, dans laquelle n , ri, n", . . . représentent des quantités entières qui ne se réduisent pas toutes à zéro, on ne pourra satisfaire à la condition (i3) qu'en posant (i4) n = o, ri = o. Donc alors le produit Km')B,^(ne+"0',v/~ sera une fonction périodique de 9, quand il ne se réduira pas à ('5) (m,m')0t0. Il y a plus : on pourra en dire autant de la fonction $ et du produit e$, qui seront des fonctions périodiques de 8 et même de t, à moins que l'on n'ait n = o, ri =s 9. Mais si n, ri s'évanouissent, alors, le produit (12) étant réduit à la forme (i5), le produit G<£ deviendra (l6) f\m,m')OtOS = (9-t)(m,m>)0i0, • et représentera dans le développement de l'intégrale t' SLdO un terme séculaire , c'est-à-dire proportionnel à t — 9. » Soit maintenant S la somme des termes indépendants de ô dans le dé- veloppement de <&. On aura évidemment • (17) *=2(m',n')o,. = (m'TO\o+ (m>m")o,o+ •••> et la partie séculaire de l'intégrale ri f ®.d9 (587) sera (18) J\d6 =2 S(6-~t). » Cela posé, concevons que, dans la variable s, on désigne par .v la partie séculaire, c'est-à-dire la somme des termes proportionnels à t — 9, ou à des puissances de t — 9. Soient de même i f> ' çn > les parties séculaires de çt, ç/t, ... ou ce qu'on peut appeler les variations séculaires des divers ordres de la fonction s , et £lt, K.,, Wy, t,, W„ t„ «y, (T),, ... etc., ou ce qu'on peut appeler les' variations séculaires des divers ordres des éléments elliptiques. Si ç ne renferme pas t, on aura, en vertu de la for- mule (i), çt = f°[ç,è]d9, par conséquent (19) ?, = (V,s](ô-*). Mais si ç renferme t, alors, en vertu de l'équation (8), jointe à la for- mule (5), on devra, pour obtenir la partie séculaire de çn ajouter au second membre de la formule (19) la partie séculaire de la somme C. H., i8}o, a'ne Semestre. (T. XI, N» 18.) 78 ( 588 ) savoir On aura donc alors (20) l = (6 - 0 [c, »] + (fi - t)^x' e^n'c')tV^ . Si, dans la formule (19), on remplace successivement ç par chacune des lettres iî , K , W, , pétant (6) * = (m, m')ly v B-VrX l'^'^~, fe* pM^ttBj ou bien encore (7) * = (,„,, n")l>re-^^l"c"""^-', l^e] $ £, -f- X^ [ilb, <£] + Db$ [X, ^] = [X, i)b] $^ + X^T^ifi, Dn <£ — ifb* D-rXD^, ; Ce n'est pas tout : x et ift>, considérés comme fonctions de r, sont respecti- vement proportionnels aux deux exponentielles ,—ncrV — t —Icty — i et, puisqu'on obtient les dérivées de ces exponentielles par rapport à r, en les multipliant par — n c\/^\ ou — le V/^7, on en conclura DtX = — ncX \/~\, D 'iib = — le itb l/^T. Enfin , en différentiant $ et ^ par rapport à 12 , on trouvera Dn^=ze^Dft6-v/=T, et On aura donc x^DTDbDn$ — i&*D,J.D0^ = c XDb (n«Dn^ — /^Dn«) |/â£, (%0 et par suite [JU«, *^]sa[X,Hb]*^+ In x^cH nc (0 — «)^"c + n'c')' V=7 Donc la formule (8) donnera En vertu de cette dernière formule , la partie de ç/f qui dépend de la varia- tion des éléments de la planète m pourra être aisément calculée. Car, eu égard aux valeurs données de 9 et ^[voir les formules (3), (6), (7),."]» ^es deux intégrales /fVrffl, /^-o^/â, sont du nombre de celles dont on obtient très facilement les valeurs. » Considérons maintenant la partie de çh qui dépend de la variation des éléments de la planète m'. Elle sera représentée par l'intégrale On aura d'ailleurs évidemment (10) a' = m&k les valeurs de Di>', ^ étant ou bien encore etc. Enfin l'on tirera des formules (2) et (10) , ( 593 ) (i3) ft\ç„ â']'^=2j(6[^, *YT^; puis, en raisonnant toujours comme ci-dessus, on obtiendra, au lieu de la formule (9) , la suivante ( /** [<,, *']'rfô =2cx> *»']' (>•'<*&* J 4- c'D^C'2;^'x1ft,'e(nc+',V)tV/-, f'(6-t)<£dQ, à l'aide de laquelle on calculera fort aisément la partie de çn qui dépend de la variation des éléments de la planète m'. Ainsi, en définitive, lorsque ç sera indépendant de t, c'est-à-dire fonction des seuls éléments fl, K, W, «, '$'' **]«•. (18) f*fo, A']'d8= 2 X' [•*•'*» ^Tr<#+2 XV*', *'#«•; et ,^pour retrouver les valeurs exactes des diverses parties de çn, c'est-à- dire des intégrales /i'c*/i «J-A //fo, A']'rfô,.» : 594 ) il faudrait aux seconds membres des équations (9) et (14) ajouter res- pectivement les sommes D'ailleurs les valeurs de ces mêmes sommes se détermineraient facilement à l'aide des formules 2/7i>% *W* = 2 Cx'' *j? JE e $'^ ^9 + c'd^2 5^'#'#TTî -S 'f , e (ô_<) ^9> qui s'établissent de la même manière que l'équation (9). » Pour compléter la détermination de ç , il nous reste à donner les valeurs exactes des intégrales que renferment les seconds membres des équations (i3), (14)1 (•£)) et (ao)- Or, en vertu de la seconde des formules (3), jointe aux formules (6) et (7) ou (11) et (12) , on aura, dans l'équa- tion (9), les valeurs de À-, h étant (ai) k—lc + l'c', /i = (/+n)f-r-(/' + n,)c', ou (22) kz=lc + l"c", h=={l + n)c-{-1!,c"+ric', etc.; et dans l'équation (14) ( 595 ) les valeurs de k', h' étant (a3) *'= l'c> + lc, h' = (r+ n')c'+(l + n) c, ■ ou (24) k" = Z'c' + l"c", h' = (l' + n') c' -f- l "c" + ne, etc. » Eu adoptant les valeurs précédentes de h et k, ou de h' et k', on aura, dans la formule (9), (26) f (Q-t)^d9= e—= (9-0 + we ; ,v ; J t '> k\/—i k et, dans la formule (i4)> (28) /; (ô-o^/9= e— ==(fl-o+e pf — . De plus, comme on trouvera, en vertu des équations (3), (6)5(7), ••• (' 0> (.2),... et (16), 9' = (0 — t) e(ne-^n'c')^~>t -f- *£, et par suite on aura, dans la formule (1 g), (29)/ «'^fl=Sïi-_(e-o+L — i^—' + 'L **«. C. R., .840, a"" S«n«lr*. (T. XI, N° 18.) 79 ' ( 5g6 ) et, dans la formule (20), ri a^V~i PHf)\/~r_-Vt\/Z7i re (3o) y;v^fl = -_=,(fl-o+2_îi_SJj — +tft f%m. Il est bon d'observer, i° que dans les formules (25), (27), un des rapports se réduit à lorsqu'on a (3i) k = o, ou k' = o, ou h = o, ou h' = o; a° que le second membre de la formule (26) ou (28), ou bien encore la somme des deux premiers termes contenus dans le second membre de la formule (2g) ou (3o) se réduit, sous l'une de ces mêmes conditions, à (S-0a . 3° qu'en vertu des équations (21) et (23), ou (22) et ( 24) chacune des conditions (3i) se réduira soit à l'une des deux formules (32) Zc + /'c' = o, (/+ »)c + (/' +n')c' = o, soit à l'une des quatre formules r, . | Zc + Z"c"=o, l'c' + l"c" = o, 1 } j {l + n)c + l"c" + n'c' — o, (/' + n')c' + Z"c" + ne = o. Ajoutons que, si l'on suppose (34) ne -f- »'c' = o, les fonctions ®, 9' se réduiront à zéro, et les cofficients G, A> , ' à £, mais ( 597 ) de manière que l'on ait ■ Dr(DDa> Un demi-siècle plus tard, en 1772, Fougeroux de Bondaroj recon- nut pour un insecte cet animal, qui selon lui s'attache à la chevrette (1). » Etudié par Latreille (2) au commencement de ce siècle, cet animal devient le type de son genre Bopjre, et fut rangé parmi les Crustacés isopodes. La description qu'en donne ce savant et laborieux entomolo- giste est assez détaillée , quoique incomplète. » En 181 7, époque de la première édition du Bègne animal de Cuvier, Latreille, qui s'était chargé de la partie concernant les crustacés et les insectes, classa le genre Bopjre à la fin tle l'ordre des isopodes; sans doute pour indiquer une sorte de dégradation organique, relativement aux autres animaux du même ordre. Mais dans la seconde édition de cet ouvrage, dont le tome IV parut en i8ag, le sous-genre Bopjre forme la première section de cet ordre, celle des Epicarides : c'est évidemment pour le rap- procher de la section des Cjmoihoadés, avec laquelle il a des rapports sen- sibles. » Postérieurement à Latreille, M. Rathke a fait connaître des détails intéressants sur l'organisation et le genre de vie de cet animal. Ils ont paru en 1837, dans deux ouvrages de ce savant. Les femelles observées par M. Rathke avaient cinq lignes (10 millim.) de longueur; les mâles une ligne et tiers (3 millim.). M. Rathke n'a jamais trouvé de Bopjre que sur des Palénions femelles, quoiqu'il en eût rencontré plusieurs centaines avec cet animal, et autant de mâles, mais toujours sans cet animal. (1) Histoire de ï Académie des Sciences pour 1772, p. 1 et suivantes. (2) Histoire naturelle générale et particulière des Crustacés et des Insectes, par P. -A. Latreille, tome VII, pages 5o à 55, et pi. 27,%. 2, 3 et 4- Paris, an xn. ( 6oo ) » M. Milne Edwards, dans le tome 111 de son Histoire naturelle des Crustacés, a fait connaître plus complètement la composition de la bouche de Ces animaux, dans laquelle il a, entre autres, découvert des mandibules, qui avaient échappé à la sagacité de M. Rathke. Notre collègue a placé dans sa méthode de classification des crustacés, la famille des Bopyriens parmi ses isopodes sédentaires , et immédiatement après la famille des Cymotho- adés, qui est la dernière de la section des isopodes nageurs, llya, sans doute, dans cet arrangement, l'intelligence du rapport, déjà compris par Lvmeille , entre ces deux familles. On doit yreconnaître encore une vue philosophique, qui assigne son rang au Bopjre d'après le degré de per- fection organique. » L'immobilité des femelles étant une dégradation fonctionnelle très sensible, ces animaux devaient être placés immédiatement après les Cy- mothoadés , à la fin de Tordre des isopodes, comme l'avait fait Latreille en premier lieu, et non au commencement, comme il s'y est déterminé plus tard. Les isopodes sédentaires- comprennent une seconde famille, celle des Ioniens, composée de même d'un seul genre, que Latreille a laissé parmi les Jmphipodes , sans doute à cause de ses branchies arborescentes et déployées autour de l'abdomen , et de l'existence d'appendices thoraci- ques et abdominaux vésiculaires, en massue et de différentes grandeurs. La seule espèce de ce genre dont les habitudes, ainsi que le remarque ce dernier, sont les mêmes (pie celles des Bopyres(i), a été découverte par Montagu, cachée sous le test de la Callianasse souterraine , et nommée par ce naturaliste Oniscus thoracicus (a). )> C'est Latreille qui a fait de cette espèce un sous-genre, sous le nom d'Ione. « M. Milne Edwards a cru devoir le ranger dans Yordre des isopodes, malgré ses branchies arborescentes et flottantes autour de l'abdomen , et l'existence de ses singuliers appendices vésiculeux. Cette détermination, que Latreille n'avait pas osé prendre, a pu paraître hardie aux naturalistes qui tiennent à des caractères de classification une fois admis. Mais ceux qui comprennent la méthode naturelle , cette méthode de l'ensemble des rapports, qui est en même temps un moyen de progrès continuels et (i) Règne animal de Cuvier, tome IV, \>. 119. Paris, 1829. (2) Trans. of Linn. Soc, tome IX, pi. III, fig. 3,4, 1808. ( 6or ) d'améliorations clans l'exposition de ces rapports* auront dû trouver cet arrangement très rationnel. » Un nouveau type générique que je viens de découvrir, et qui est in- termédiaire entre les Eopjres et les Iones , justifierait au besoin cette classification. » Les quatre exemplaires que j'en possède se sont trouvés parmi quel- ques autres crustacés isopodes qui m'ont été remis, pour mes recherches d'anatomie comparée , avec une rare obligeance, par le fondateur de la pre- mière société d'histoire naturelle de l'île Maurice, feu M. Julien Desjar- dins , dont la science déplore la perte récente. » Je propose pour ce genre la dénomination de Képone , du mot grec xtl7roÇi jardin, afin de le consacrer au souvenir du naturaliste auquel la science devra d'en avoir recueilli les premiers individus, et qui est d'ail- leurs connu par de bonnes observations sur la zoologie de l'île Maurice. » Si l'on compare les Bopjres , les Iones et les Képones , on trouvera qu'ils ont beaucoup d'analogie : 1°. Par les quatorze pattes ancreuses attachées à leurs anneaux thora- ciques; « 2°. Par les six segments de leur abdomen qui vont en diminuant du premier au dernier, et dont les cinq premiers au moins supportent des appendices branchiaux ; » 3°. Par la présence de quatre antennes dont les deux internes sont rudimentaires; » 4°. Par l'absence d'yeux chez les femelles; » 5°. Par la plus grande taille de celles-ci, relativement aux mâles; » 6°. Par l'existence, chez les femelles, de plaques d'incubation qui recouvrent la face inférieure du thorax et protègent les œufs. » Voici d'ailleurs les principaux caractères du genre Képone : » Le corps a tous ses quatorze segments, y compris la tête, très dis- tincts. Ceux du thorax sont profondément séparés, dans la femelle comme dans le mâle. » Les antennes externes ou postérieures, dans la femelle, ont quatre articles; les internes ou antérieures deux seulement. » La bouche, dans la femelle, a un labre, deux petites mandibules, une lèvre postérieure, des mâchoires. Toutes ces parties sont recouvertes par une paire de pieds-mâchoires, formés d'une grande lame, supportant, en avant , un petit article crochu , comme dans les Porcellions. » La hanche des quatre premières paires de pieds supporte, sur im court ( 6oa ) pédicule cylindrique, une pelotte hémisphérique multipapilleuse dirigée vers le haut. Dans les paires de pattes suivantes ce pédicule existe, mais sans la pelotte. » Les pieds ont cinq articles, dont le dernier n'a pas d'ongles; plus di- laté que le pénultième, il paraît former une petite pelotte, qui rappelle celle des Rainettes. » Les branchies se composent: i° de six paires d'appendices en forme de feuilles, à bord frangé, attachées et étalées sur les côtés des six an- neaux de l'abdomen ; 2° Aecinq autres paires iï appendices coniques ou pjrri- formes , qui sont attachées plus en-dedans, sons les cinq premiers anneaux de cette région ; elles répondent aux lames operculaires du plan ordinaire. Je les appellerai branchies accessoires , et les premières branchies princi- pales. » Il y a de chaque côté du thorax de la femelle cinq larges plaques d'in- cubation, qui recouvrent toute la face inférieure de cette partie du corps. » Le mâle n'a que moitié de la longueur des plus grandes femelles. » L'abdomen et les folioles branchiales principales sont plus dévelop- pés. Les branchies accessoires des deux dernières paires sont bifurquées. » Les antennes internes sont à proportion plus longues, et dépassent sensiblement le chaperon. » Il y a une apparence d'yeux à la face supérieure de la tête. » Les premières lames qu'on découvre autour de la bouche diffèrent beaucoup, pour la forme, des pattes-mâchoires de la femelle. » Ce nouveau type générique, et même de famille, appartient évidem- ment, par ses quatorze pattes semblables entre elles, et par le nombre des segments de son corps, à l'ordre des isopodes. » Nous avons déjà fait sentir ses affinités incontestables avec les Bopy- res et les Iones. »I1 se rapproche des Iones par le nombre de ses appendices abdomi- naux et par leilr disposition autour de cette région. «Il se rapproche des Bopyres , par la forme lamelleuse ou en feuilles de ses branchies externes ; mais les franges ou les dentelures de ces feuilles, qui ne se voient pas dans les Bopyres, rappellent un peu les di- visions des branchies arborescentes des Iones. » Ce nouveau type, intermédiaire entre les Bopyres et les Iones, me semble devoir confirmer la réunion de ces genres dans une même section. » Le nombre de ses appendices abdominaux, est le nombre normal le plus fort que l'on ait rencontré jusqu'ici dans l'ordre des isopodes. Mais ( 6o3 ) chez aucun animal de cet ordre la dernière paire d'appendices n'a subi la même transformation que les cinq autres qui la précèdent. Cette cir- constance singulière, et la disposition étalée des branchies dans les Iones et les Képones , tandis qu'elles sont imbriquées et sous-abdominales dans les autres isopodes , obligera de reformer, à cet égard, les caractères de cet ordre. » Ce sont ces questions de principes de classification , soulevées par la découverte de cette nouvelle forme animale, qui m'ont encouragé à la faire connaître à l'Académie, la découverte de ce nouveau type pouvant conduire à une appréciation plus exacte de certaines modifications organi- ques, dans leur application à la méthode naturelle. » Je joins à cet extrait une description détaillée du genre Képone, et une planche dont les figures donneront une idée exacte de ce genre. » Note de M. Biot. « Le Mémoire que je me proposais de présenter à l'Académie a pour objet la discussion des données que l'état actuel de nos connaissances peut four- nir pour établir les bases de la Mécanique chimique. Mais j'aurais désiré surtout pouvoir soumettre ce travail à ceux de nos confrères que l'on re- garde comme les maîtres de la science, et que je me félicite d'avoir pour amis. Ne les voyant pas présents aujourd'hui, je prie M. le Président de vouloir bien me permettre de remettre cette lecture à une séance pro- chaine. » RAPPORTS. gnomowique. — Rapport sur le régulateur solaire de M. se Sawicy. (Commissaires, MM. Bouvard, Puissant, Savary, Mathieu rapporteur.) nM. de Saulcy s'est proposé de construire un mécanisme portatif, qu'il nomme régulateur solaire, pour obtenir directement le temps moyen à une latitude quelconque. » Un cadran solaire bien orienté donne, chaque jour, le temps vrai à midi et à toutes les heures , et l'on en conclut le temps moyen en tenant compte de la différence entre le temps vrai et le temps moyen. Mais cette opération exige que l'on prenne, dans une éphéméride astronomique, l'équation du temps, et que l'on en fasse exactement l'application au temps C. R. , 1840, am« Semestre. (T. XI , N° 18.) 80 ( 6o4 ) vrai soit en l'ajoutant, soit en la retranchant. C'est pour éviter cette opé- ration que M. de Saulcy a imaginé un appareil à l'aide duquel on peut placer chaque jour le cadran dans la position convenable pour qu'il mar- que le temps moyen à toute heure, et cela sans rien emprunter aux éphé- mérides et avec la seule connaissance du jour de l'année. » Si l'on fait tourner un cadran autour de son style, le soleil arrivera dans les nouveaux plans horaires plus tôt ou plus tard que si le cadran était resté immobile, suivant que le mouvement a eu lieu vers l'orient ou vers l'occident. On voit par-là qu'en donnant au système la rotation con- venable, les ombres solaires pourront marquer sur le cadran les heures moyennes au lieu des heures vraies. Chaque jour il faudra incliner le mé- ridien du cadran sur le méridien du lieu , à droite ou à gauche d'un angle égal à l'équation du temps exprimé en degrés. Le jour où l'équation est nulle , le cadran donne à la fois le temps vrai et le temps moyen, ce qui arrive quatre fois dans l'année. » Quand le cadran est incliné vers l'orient, par exemple, il donne le temps vrai pour le point situé à la même latitude, sous un méridien éloigné d'un angle égal à l'équation du temps. Le soleil, arrivé dans le méridien du cadran, doit encore se mouvoir pendant un temps égal à l'équation du temps pour atteindre le méridien du lieu; il détermine donc alors le midi vrai de ce point et le midi moyen du lieu où l'on se trouve. » Les propriétés d'un cadran mobile autour du style seront encore les mêmes quand on le fera tourner de la même quantité autour d'une ligne parallèle au style ou à l'axe delà Terre. » Maintenant il nous suffira d'indiquer la construction du cadran de M. de Saulcy et les moyens employés pour le faire mouvoir. » Il a tracé sur une plaque de porcelaine d'environ 2 décimètres de longueur et de largeur, un cadran solaire horizontal pour la latitude de 45°. Ce cadran est attaché à un triangle rectangle en fer, nommé sellette, dont les deux côtés sont égaux. Par cette disposition l'hypoténuse est parallèle au style ; elle se trouve aussi parallèle à l'axe de la Terre quand le cadran est horizontal et bien orienté. C'est autour de cette hypoténuse que s'opère le mouvement du cadran, au moyen de deux pivots attachés à un support. Ce support est une espèce de pupitre; il consiste dans un prisme triangulaire droit. La grande face repose sur un plan horizontal; les deux autres étant égales et perpendiculaires l'une à l'autre, sont toutes deux inclinées de 45° sur l'horizon. C'est sur la face parallèle à l'axe de la Terre que se trouvent les deux pivots autour desquels tourne la sellette. ( 6o5 ) Sur la face du support parallèle à l'équateur est une roue dentée divisée en trois cent soixante-cinq parties égales pour tous les jours de l'année. Au centre de cette roue on a fixé une plaque en cuivre terminée par une courbe dont les rayons varient comme l'équation du temps. Une tringle, nommée gouvernail, garnie d'un repoussoir qui s'appuie constamment sur la courbe excentrique de l'équation du temps, s'incline dans le plan de l'équateur et détermine le mouvement angulaire du triangle qui porte le cadran quand on fait tourner là roue dentée avec un pignon , pour ame- ner le jour de l'année sous un index convenablement placé. » Le même cadran peut aussi être placé sur le côté vertical du triangle mobile et devenir cadran vertical. » Quand la latitude du lieu est plus grande ou plus petite que 45°, au lieu de placer le support sur un plan horizontal , on le pose sur un plan incliné d'une quantité égale à la différence entre 45° et la latitude du lieu, de manière que le style se trouve toujours parallèle à l'axe du monde. Alors le plan du cadran, qui n'est ni horizontal ni vertical, donne le temps moyen comme pour la latitude de 45°. » Cet appareil, disposé pour l'hémisphère boréal, peut aussi servir dans les pays au sud de l'équateur, en le plaçant dans un sens inverse. Le ma- tin devient le soir, et la courbe excentrique doit être tracée en sens con- traire. Conclusions . » Le régulateur solaire imaginé par M. de Saulcy nous paraît simple, ingénieux et propre à donner directement le temps moyen, avec tonte la précision que l'on peut attendre de ces sortes d'instruments, Nous propo- sons à l'Académie de remercier l'auteur des efforts qu'il a faits pour faci- liter et propager l'usage du temps moyen. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. 4 NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'un candidat pour la place de professeur d'analyse et de mécanique, vacante à l'École Polytechnique, par suite de la nomination de M. Duhamel à la place d'exa- minateur permanent à la même École. 8o.. ( 6o6 ) Les sections de Géométrie et de Mécanique, chargées de préparer une liste de candidats, avaient présenté pour candidat M. Sturm. Le nombre des votants est de 4 1 ; au premier tour de scrutin , M. Sturm obtient 36 suffrages; M. Comte 3 Il y a deux billets blancs. M. Stubm, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, sera présenté comme candidat de l'Académie , au choix de M. le Ministre de la Guerre. MÉMOIRES LUS. M. Passot lit un Mémoire ayant pour titre : Note sur l'ensemble de di^ communications relatives à la détermination de Vintensité de la force centrifuge dans les machines rotatives hydrauliques et à vapeur. Cette Note est renvoyée à la Commission chargée de l'examen de plu- sieurs autres communications du même auteur sur les appareils rota tifs. M. CUster v termine la lecture de son Mémoire sur la navigation sous- marine. (Commissaires, MM. de Freycinet, Dupin, Gambey.) M. Laurent commence la lecture d'un Mémoire sur les résultats de ses nouvelles recherches concernant le développement des Spongilles. Cette lecture sera continuée dans une prochaine séance. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. chimie. — Note sur un nouveau mode d 'emploi de l'appareil de Marsh dans les recherches médico-légales ; par M. J.-L. Lassaigne. (Commissaires, MM. Thenard, Dumas, Boussingault, Regnault. ) (6o7 ) médecine. — Sur l'emploides ventouses sèches dans les cas de pertes utérines; par M. Gondret. La Note de M. Gondret est renvoyée à l'examen de la Commission char- gée de faire un rapport sur son Mémoire concernant les effets physiolo- giques de la pression atmosphérique. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de la Marine invite l'Académie à vouloir bien renvoyer à l'examen d'une Commission les documents recueillis dans le dernier voyage scientifique au Nord de l'Europe. La Commission qui avait proposé des Instructions pour cette expédi- tion sera chargée de faire le rapport sur les résultats qui ont été obtenus ; et, comme, parmi les pièces rapportées, se trouvent de nombreux dessins, l'Académie des Beaux-Arts sera invitée à désigner quelques-uns de ses membres pour prendre part au travail de la Commission. M. le Ministre consulte également l'Académie sur une proposition qui lui a été soumise par M. Gaimard, directeur de l'expédition, savoir, que les observations magnétiques et météorologiques, faites à Bossekop, dans le cours de cette campagne, soient continuées dans le même lieu et par les mêmes personnes qui y seraient envoyées de nouveau pour y rester jusqu'à la fin de l'année 1842- La nouvelle série d'observations se lierait d'une part à celles qui ont été faites pendant la précédente campagne, et de l'autre à celles qui se poursuivent maintenant en différentes parties du monde, conformément au plan arrêté par la Société royale de Londres. M. Biot fait remarquer, à l'occasion de la première partie de la Lettre de M. le Ministre, que la Commission à l'examen de laquelle seront sou- mis les documents scientifiques recueillis par l'expédition, devra, pour remplir complètement sa tâche, ne pas se contenter de discuter les résultats numériques consignés dans les registres d'observations , et qu'elle aura besoin d'obtenir des observateurs eux-mêmes divers renseigne- ments; il propose, en conséquence, à l'Académie de vouloir bien s'adres- ser à M. le Ministre de la Marine, à l'effet d'obtenir que ces personnes, qui dépendent de son administration , puissent séjourner à Paris tout le temps que le permettront les exigences du service. ( 608 ) M. le Ministre de la Marine accuse réception du rapport fait par une Commission de l'Académie sur les travaux exécutés pendant la campa- gne de la frégate la Vénus. Il exprime le regret de ne pouvoir accéder sur- le-champ au vœu exprimé par l'Académie, relativement à la publication des résultats scientifiques de cette expédition; mais il annonce en même temps l'intention de prendre des mesures qui lui permettront sans doute de satisfaire plus tard à cette demande. M. le Ministre de l'Instruction publique demande communication d'un rapport qu'il suppose avoir été fait sur deux Notes de M. Martin, relatives à la détermination des longitudes et des latitudes en mer. La Commission à l'examen de laquelle ces Notes ont été envoyées, est invitée à faire prochainement sur ces communications un rapport qui sera transmis à M. le Ministre. M. ]g Ministre de l'Agriculture et du Commerce adresse la première livraison de l'ouvrage de M. Audouin , intitulé : Histoire des insectes nui- sibles à la vigne et particulièrement de la Pjrrale. ( Voir au Bulletin bi- bliographique.) M. Audouin fait remarquer qu'il se serait empressé de faire hommage de cet ouvrage à l'Académie , s'il n'avait su que M. le Ministre de l'Agricul- ture, sur l'invitation duquel ses recherches ont été entreprises, et qui a concouru à leur publication , n'avait désiré le présenter lui-même à l'Institut. M. le Ministre des Affaires Étrangères transmet un ouvrage sur la Résolution générale des équations numériques, dont l'auteur, le P. Badano, professeur de Mathématiques à l'université de Gènes, fait hommage à l'Académie. physique. — Recherches sur la formation du son dans les cordes vibrantes. — Extrait d'une Lettre de M. Cagniard-Latour. « Je prends la liberté de communiquer à l'Académie l'expérience sui- vante, à laquelle j'ai été conduit en poursuivant mes recherches sur la for- mation du son dans les cordes vibrantes. » Ces recherches, qui avaient pour objet principal de savoir pourquoi ( 6o9) dans une pareille corde le nombre des vibrations sonores ne répond, ainsi qu'on le sait depuis long-temps, qu'à la moitié du nombre synchrone des oscillations simples de la corde, m'ont conduit à essayer de produire un son, en faisant osciller très rapidement entre deux montants ou piliers métalliques un petit marteau dur et léger, c'est-à-dire formé d'un bout de tige de verre, et j'y ai réussi; mais ce qu'il y a de particulier dans le son obtenu, c'est que le nombre de ces vibrations sonores ne répond qu'à la moitié du nombre synchrone des oscillations simples du marteau, quoique l'appareil soit disposé de façon qu'à chaque mouvement de va-et-vient de ce marteau il doive se produire deux coups ou bruits d'égale intensité, par l'effet des chocs alternatifs que le marteau exerce sur les deux piliers.. .. » Quant au moyen que j'emploie pour produire les oscillations de ma tige de verre, et qui peuvent s'élever au nombre de deux cents par se- conde, il est fort simple, et je crois même nouveau, en ce sens que je ne connais aucun ouvrage de physique ou de mécanique dans lequel il en soit question, » Ce moyen consiste à établir dans un trou que porte l'extrémité libre de la tige de verre oscillante, le pivot supérieur d'une petite sirène à ailes obliques chargée d'un poids excentrique. De cette disposition il résulte qu'au moment où, par l'insufflation de la bouche dans le porte-vent de l'appareil, on imprime une rotation continue à cette espèce de moulinet horizontal, celui-ci, par l'effet de sa force centrifuge , fait, osciller la tige de verre, en sorte que par chaque tour entier du moulinet il se produit deux oscillations de cette tige, c'est-à-dire deux coups ou bruits. » M. de Par4vky adresse une Note ayant pour titre : Sur la pierre des Amazones et sur les migrations, dans l'Amérique du Sud, des Amazones d'Asie. «L'espèce de jade qu'on désigne quelquefois sous le nom de pierre des Amazones , se trouve à la fois, dit l'auteur, en Amérique et en Asie. On ne connaît pas précisément son gisement, mais ce qu'il faut reconnaître et ce qui est très remarquable, c'est que les pays desquels proviennent les figurines et objets d'ornements faits avec cette pierre excessivement dure e t difficile à travailler, sont, dans l'ancien comme dans le nouveau continent , ceux où l'on place des nations de femmes guerrières, iï Amazones ; n'y a-t-il pas lieu de penser, poursuit M. de Paravey, en trouvant les mêmes mœurs et la même industrie en deux régions différentes du globe, qu'il y (6io ) a eu communication d'un pays à l'autre, et que les Amazones de l'Asie, pénétrant dans l'Amérique par le Nord, peut-être à l'époque où des peu- plades asiatiques sont venues renverser, au Mexique, l'empire des Tol- tèques, ont poursuivi leur marche jusqu'aux plaines du Maragnon.» M. Gourdin prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Com- mission qui a été chargée de faire un rapport sur la Pompe-Milk. M. Bouchâcourt adresse un paquet cacheté pour suscription : Recher- ches anatomiques sur le système veineux. L'Académie en accepte le dépôt. La séance est levée à 5 heures. F. -=**OJi+< (6.i ) Errata. (Séance du 14 septembre, dans plusieurs exemplaires.) l'AGES. 460 Ibid. Ibid. Ibid. Ibid. 467 467 et 468 469 470 Ibid. 471 473 475 Ibid. LIGNES. •4 i5 Ibid. AUTES. P+P' COS.< COS/ COMIECTIOKS. p + p + * 1 sin n , r cos n •j-(COS< •+- COS(') »cos* cos/ — COSl t sin* sin { 180 81 ( 6.2 ) BtH.LF.TfN BIBLIOGRAPHIQUE. L Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de V Académie royale des Sciences; 2e semestre 1840, n° 14, in-4°. Annales des Sciences naturelles ; tome i3, mai 1840, in -8°. Annales maritimes et coloniales; par MM. Bajot et Poirré; sept. i8io in-8". Histoire des Insectes nuisibles à la vigne , et particulièrement des Pr- rales; par M. Audouin; ireliv., in~4°. Esquisse des principaux points de vue sous lesquels on peut considérer ÏAnatomie de l'Homme et des Animaux dans son état actuel; par M. Da- veknoy. (Extrait du Dictionnaire universel d'Histoire naturelle.) Voyage en Islande et au Groenland pendant les années i835 et i836 sous la direction de M. P. Gaimard. — Histoire de F Islande; par M. X. Marmier; ire partie, in-18, avec les liv. 17, 18, 19, 20, ai, 22 et 23 de planches in-fol. Voyage dans la Russie méridionale; 8e, 9e et 10e liv. in-8°, avec plan- ches in-fol. Cinquième addition à l'exposition du principe et des propriétés de la Turbine-Passot ; in-4°. Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; ocl. 1840, in-8°. Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; oct. 1840, in-8*. Journal de la Société de Médecine pratique de Montpellier; oct. 1 840 in-S°. La France industrielle, manufacturière, agricole et commerciale; 7e an- née, oct. 1840, in-8». Revue zoologique, parla Société cuviérienne ; sept. 1840, in-8". Revue générale de l'Architecture, Histoire; feuilles 36 et 37, in-4°, et 2 planches. Quelques recherches sur la Chaleur spécifique; par MM. de la Rive et Marcet. (Extrait de la Bibliothèque universelle de Genève; août 1840.) In-8°. ■ Monographia generis Melocacti; auctore F.-A.-Guil. Miquel; in-4% avec ( 6.3 ) pïraches. (Extrait des Actes de l'Académie (/es Curieux de la Nature; •Oi. 18.) The Spas. . . . Les Sources minérales d'Allemagne; par M. Granvu.le; Londres, i838, in-8". Counter-Irritalion. . . . La Contre- Irritation , ses principes et sa pratique déehppés dans cent observations des maladies les plus graves et les plus dodoureuses guéries par applications externes ; par le même; in-8°. fcobachtungen .... Remarques sur les Difformités des extrémités infé- rieures et de leur traitement ; par M. Heine; Stuttgardt , in-40. K.iaïskom .... Résumé des principaux Traités chinois sur la culture des Mûrbrs et l'éducation des Vers à soie; par M. St. Julien. (Traduction hisse, public par ordre de M. le Ministre des Finances de Saint-Pétersbourg.) Saint- îétersbourg, 1840, iu-5*. Nuo*e ricerche. . . . Nouvelles recherches sur la résolution générale des Equatims algébriques ; par le père Jérôme Badano, carmélite déchaussé, professeir de mathématiques à l'université de Gênes; Gênes, 1840, in-4°. Gazete médicale de Paris; tome 8, n° 4 1 • Gazette des Hôpitaux; n0s 1 18 et 1 19. L'Expérience, Journal de Médecine, n" 171 ; in-3\ Gazette des Deux-Mondes ; n° 4- • ce ( 6»4 ) eo H ■ w w © o O o o Cfl tO «3 K W 6 O "3 "» "3 Wryjc^dda'yî'aodddîoddryi w. . o'd ©KO in t« o co a g O O «5 «3 duo eVje/3 dooo ai vi c/i ifl O ■| a S Eh < 9 s ■o -a . ^ « • S • . 3 B5 ■ *!§■-• en • eu ■ • ao . « 2 x 333 Il 0 eu eo * es SSï-J-B'ï = 4) . ~ eu - e« — S ti w ;■)-***»-» .S eu eu u eu eu 3.2 3 3 O O eu > eu tj es eu 3 3 eu c > •— eu s JS-a o « J2 (J-W eu • x eu • 3 -S eu 2 ;« ao-= ~ a JS ►?£"" >> g-W -.. 3 0) eu > e>o 3 g ° J ° J«8 eseS « ;3 3 o o o I --srCO o oroxeororo es es i-^^f on o tO":o» Oio es ro -^- c^ eo rvo + ++ S S •-O CO es - CJVO <û>er CT.vrrOO O CJVO OOcocO C. t( (O a 10 m O es CT: O O OCOOCTlOfSOeSeS ei)«îlfl»rlP. ««« CTiOO ifltflin t> c^ro ro ro r^oo Kltûro r-« CJi O c-^m es +++++++4++++++++++++++++++++++ ro eu r^ 00 es - — - + ++I + • uiojSXjj G b ^COWifl C CO O ir^ro © eo es W es VI r^-ej-m o es 00 00 es r^ro in ovtft- "«•"»0)-0]-eieorfl " ^t-oo nmmifl r--* r^x ifleo >. ■ - cr.ve- o_ eo - es + + + C130 - 0 - O"c>00 CO »n O"! r» - es o CO CO O00 O00 0") r^00 00 eo **t COI niO VJ-tYJ vd-vs-jo ^-m eO «O «O vrJ-V3-V5 miOOIOKl es « 00 Os r^ c^ eo c?}^- »n ^r»n r^ !>• r^ •tno.iSAji - v^-io CD O eo 'O '-O - o vs-eo eo -» r^O OOOeo -»=r»o CJV es v^-go mOeo d c7iX eo C7»X &> - e-i es OO c^vs-eo ro •-■vri-fseoroioiO ^reO ro O fJIeTîV) ro t^io Oi es - - + + + 00 ro eo ro C71 — c^io ommto r^ OTO O r»io ro CT:« O00 c—c7>es crooOVO c^M 00 eO O 00 - V3-CO 00 es vfCO eseoeooommeovr-es c^'O - CD-m r^es C. Oi cT.» eo m O es - eo C7::0 es 00 CD <3YM 00 ro CT505 ^rO» m *ervj io io a f) m io in ut ui w ^-^i-ro ^-r^^eMn m in ^r^j-vn-m inuuiom ro O O eo es es eo CjY-5- ! c^ c^. r^> ! •ra0j3i[-i 00 CjHC O 00 eo eO «to ç7>eO «O 30 eo ^S-00 OOeO O CTiir^«-eo esOO'neO O00 •O r^ro C7i c^» - O O O '^ r^ro "O ro eO o ^efro es ±±±± + ++ + + -t + + + + + + + ++ + ++ + + + + ±±± + es - - + + + eo o eT.OO -oeO-^j-eseO«30-Oc^r^O(So--XrooO« r^ro eo m 00 c^ c~ - io r^ro 00 ro eû>^]-ro «oeO o CT. -XeO'O o r^ro 00 iO O «fflifl cSCO'.Otr^esOOO fûlêO eO -vi-OeO CTiO O00 O «0000 « OJOV) OOO m >c >o -o «n eo eo eo eO >o m m «o "^f ~a-ro v^i-n inmeoin ^a-^-m eO"3 io io in c~» t^* r*« r^« r~» t^« r™* c^* r^» t~*- r-« c^* r^ r^« c-'» c^* r-» tr* c^> r^ r^ c^ c^* c~* r"* r» r*» r~* r~* c» O >.!") lO C-- fj5v* ro uo^i-io o r~» r^ r- ■uioaBCxj iO O 00 c^eo O vs-êO t^ oeoeO c7>csv>rom -00 -00 O vd- r^ m .N va- — ro eo es "eet- CTi'O ">=t-êO e^ r^oo cTi'O »rt ---rr-eoro es o eûjo^r- o esoeo c^«n - + + + + + + + + + +++ + + + + + + + 4- + + ++++ +++ + eO Cîro CT> 00 « ro siohi np s.itioj- m oo eo NT C75 c^ o « n v* o o O) eo - es^rrtJ)C7:rseO -^i-esooeO ^reo eO Mt^-S-eO e~~-00 - G~- • ro - 00 éO eo es iO '-O ^O r^ r^ r^ - O - COYO eo »ieO00»n) CT)OO0o; -rooo r» » OCOeO CT5X eo eo eo »o ir> in m *<*-ro ro v^-m v--tc eo m va-^s-ij) eo in m vs-«o ^ • c-» r^ r- r^» r^-r- c» r^ r-» r-r^r^t~~»c^r'"ir^r^ r> f r> r> r> r> in eo '"3- - ro 'O r^ CT>r.*] m ^er»n r» r^ c-* — es ev, vr>n eO r>00 CTî o es ro "*»fl eo c^00 fus o - es ro v^-ï3 eo r- 00 CT. O -------- r:(SesesescSPi es esesro COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 19 OCTOBRE 1840. PRÉSIDENCE DE M. PONCELET. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE analyse mathématique. — Sur les conditions de convergence d'une classe générale de séries; par M. Liouville. (Extrait par l'auteur.) « On connaît assez les difficultés que présente dans un grand nombre de cas la théorie des suites infinies, à laquelle cependant on est forcé chaque jour de recourir pour résoudre les problèmes de mécanique céleste et de physique mathématique. Aussi depuis plus de deux siècles les géo- mètres en ont fait un des objets principaux de leurs méditations. Notre savant confrère , M. Cauchy, s'en est surtout occupé avec succès: il y est revenu plusieurs fois, en employant des méthodes diverses, et si les théo- rèmes qu'il a donnés ne suffisent pas encore pour épuiser la question , c'est qu'elle est vraiment de sa nature inépuisable. » Un des plus beaux résultats que l'on ait obtenus en ce genre de re- cherches consiste dans une relation singulière entre les conditions de con- vergence de quelques séries et la résolution numérique de certaines équa- tions transcendantes. Déjà Laplace avait fait voir que les séries à l'aide desquelles, dans la théorie du mouvement elliptique des planètes, on C. R., 1840, 1,ne Semestre. (T. XI, N° 16.; 82 (6.6) développe le rayon vecteur et l'anomalie vraie suivant les puissances crois- santes de l'excentricité, sont convergentes tant que l'excentricité ne dépasse pas une certaine limite; il avait montré qu'en supposant, pour plus de simplicité, l'anomalie moyenne égale à un angle droit, cette limite dépend de la résolution d'une équation transcendante dans laquelle entre la base des logarithmes népériens. Depuis, M. Cauchy a retrouvé et beaucoup étendu cette importante proposition : l'analyse élégante et rigoureuse dont il s'est servi lui a fourni, des règles commodes pour la convergence des séries qui proviennent de l'application de la formule de Lagrange et des autres formules analogues employées par les géomètres pour développer les racines des équations. » Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je me propose d'abord de discuter une série assez remarquable dont la conver- gence ou la divergence dépend aussi du rapport de grandeur existant entre le module du paramètre suivant les puissances duquel elle est ordonnée et une certaine racine d'une équation transcendante déterminée. L'équation dont je parle a une infinité de racines positives ; c'est tantôt la première, tantôt lajseconde, tantôt la m"me de ces racines qu'il faut considérer. La convergence a lieu tant que le module. du paramètre est inférieur à cette première, seconde, ou miin" racine : au-delà la série devient divergente. Je traite ensuite par les mêmes principes d'autres séries plus compliquées. On verra peut-être avec intérêt reparaître dans ces problèmes d'analyse pure, auxquels elles semblent d'abord étrangères, ces intégrales d'équations différentielles du second ordre , dont nous nous sommes tant occupés M. Sturm et moi , et qui jouent un rôle si important dans la théorie de la chaleur et dans celle des corps élastiques. » Soit x une variable réelle comprise entre deux limites x, X: dési- gnons par